aa. “i : se BD TR eo mr hr RQ re gt oh Érg EEE 2 rért < £ = “ etes ape YANN RL TE OCIÈTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION er 1 DE FRANCE © BULLETIN Soclété Nationale d Acelimatation de France FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 * RECONNUE ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE Par Décret du 26 février 1855 ANNÉE 1#7 = ANNÉE PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ Indice décimal | S BULLETIN = LA M NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE | \ (Revue des Sciences naturelles appliquées) 44e ANNÉE a L. JANVIER 1897 ; SOMMAIRE - 1 BOURDARIE. — A propos de la Domestication de l'Éléphant d'Afrique. . . . 1 WANDER SNICKT. — Considérations sur l'élevage pee raisonné des Poules, des Canards et des Pigeons pour la table. , , , . . . CRAN TE 0 ASS La gale chez les Animaux. Pelle lens ttal a eee ee nie de ele Le ee AU 15 HECKEL. — Note sur la culture de Laure dé hine. vs RS 19 Extraits de la Correspondance : Le Saumon de Fontaine dans le département de l'Isère . . . . . . . . ee PT CE 22 Élevage de la Truite arc-en-ciel dans le département de la Côte-d'Or. . . . . , . . SR 22 Extraits et Analyses : Max CORNU. — L’acclimatation végétale en Tunisie et le Jardin d'Essai de Tunis. . . 24 ( KT — La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. dE TO Pr Pa css A AU SIÈGE : $ DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE ; 41, RUE DE LILLE, 41 PARIS ET A LA LIBRAIRIE CERF, 12, RUE SAINTE-ANNE Le Bulletin paraît tous les mois. SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCEIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 BUT DE LA SOCIÉTÉ Le but de la Société est de concourir : 4° À l'introduction, à l’acclimafation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement ; 2° au perfectionnement et la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquéess 3 à l'introduction et à la propagation des végétaux utiles ou d'or nement. | Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au sol même de la France. L’attention des personnes compé® tentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’accli® mater dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. . | La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle. vulgarise les résultats dans ses séances publiques ou particulières; dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récom= penses honorifiques ou pécuniaires, organise des expositions ou des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graines qu’elle donne, par les cheptels qu’elle confie à ses membres ou aux Sociétés dites agrégées ou affiliées, la Société d’Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue entre toutes les asso ciations analogues uniquement préoccupées de science puré. Les récompenses et les encouragements de la Société d’Acclima= talion peuvent être obtenus par les Français et les étrangers, les’ membres de la Société ou les personnes qui n’en font point partie. Sont invités à prendre part aux concours : les naturalistes-voyageurs, less jardiniers, les gardes, les éleveurs de toute catégorie (aviculteurs, pisciculteurs, apiculteurs, sériciculteurs), et, en général, tous ceux qui servent, dans la pratique, avec ou sans salaire, le but poursuivi par la Société. APR 10 1554 A PROPOS DE LA DOMESTICATION DE L'ÉLÉPHANT D'AFRIQUE par Paul BOURDARIE () Messieurs, A l’occasion de la séance de rentrée de la Sociélé nationale d'Acclimatalion, je tiens, d’une manière particulière, à adresser à la Société mes plus vifs remerciements pour l'accueil favorable qu’eile a bien voulu faire à une proposition concernant la domestication de l'Eléphant d'Afrique. Ma campagne de conférences, de rapports, d’études, de communications aux Congrès géographiques et scientifiques, commencée il y a trois ans, a reçu sa pleine force du jour où la Société d'Acclimatation résolut de lui accorder son haut patronage. C'était donc un devoir — et il m'est agréable de le remplir — de le dire publiquement aujourd'hui et d’en expri- mer ici ma reconnaissance. Je tenais ensuite à prendre quelques instants la parole devant vous pour vous faire part des résultats déjà obtenus. Monsieur le Secrétaire général vous a dit quelques mots de la constitution d'un Comité d'initiative scientifique et écono- mique (2). Après avoir adressé aux membres de ce Comité l’as- surance de mon entier dévouement, vous voudrez bien me per- mettre d'exposer brièvement l’état de la question au point de vue international, c’est-à-dire les mesures prises par les Puis- sances européennes, qui possèdent des colonies en Afrique, dans le but de préserver l'Eléphant d’une destruction rapide et totale. D'abord l'Etat indépendant du Congo dont le chef est S. M. le Roi Léopold de Belgique. J’ai déjà eu l'honneur d’ex- poser devant vous la tentative faite sous ses auspices, en 1879, tentative avortée, puis définitivement abandonnée. La première mesure prise par le Roi Léopold à la suite de cet essai fut l'interdiction de la chasse. Elle ne fut jamais appli- (4) Communication faite dans la séance générale du 11 décembre 1896, (2) Voir Bulletin de la Soc. d’Accl., décembre 1896 et ci-après. Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 1. 2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. quée, et bientôt le commerce de l'ivoire prenant un grand développement, une taxe en nature fut instituée sur l'ivoire récolté par les indigènes. Devant les plaintes formulées de divers côtés, et devant la campagne menée en faveur de l'Elé- phant en France et en Allemagne, le Chef de l'Etat indépen- dant vient de réglementer la chasse à l'Eléphant. Voici en quoi consiste cette réglementation : Chasse à l'Eléphant. — De nouvelles dispositions viennent d'être prises par l'Etat du Congo en vue de réglementer la chasse à l'Elé- phani. É A dater de ce jour, le Gouvernement général et les Commissaires de district délégués pourront autoriser les chefs reconnus par l'Etat à chasser où à faire chasser l’Eléphant dans les domaines désignés par eux. La taxe qu'ils auront à acquitter, de ce chef, ne pourra excéder la moitié de l’ivoire provenant de la chasse. L'autre moitié sera leur propriété ; il sera apposé, sur cet ivoire, une marque spéciale et l'ivoire ainsi marqué sera exempt de toute imposition, exception faite des droits de sortie au cas où il quitterait le territoire de l'Etat. Afin d'assurer la conservation de l’Eléphant, la chasse sera interdite dans les forêts et aux époques déterminées par les Commissaires de district délégués (1). Il ne vous échappera pas, Messieurs, que cette réglementa- tion ne peut avoir, au point de vue qui nous occupe, un effet bien grand. L'Etat indépendant compte environ 1,500 Euro- péens : la destruction effectuée par eux est pour ainsi dire nulle: il est, de plus, aisé d'obtenir de ces hommes civilisés le respect du décret. Celui-ci doit donc atteindre les indigènes qui, eux, sont les agents nombreux et vagabonds de la destruction que nous voulons arrêter. Or un décret exige une surveillance pour obtenir l'observance de la règlementation imposée et une sanction si cette règlementation est violée. En Afrique, peut-on espérer ces deux choses? Dans les conditions actuelles, c'est impossible. Dans trente ans d'ici, ce sera presque aisé — mais nous n'avons pas le temps ou plutôt l'Eléphant n’a pas le temps d'attendre — dans trente ans, il n'y en aurait plus que de rares survivants. Surveiller l'indi- gene pour lequel les distances ne comptent pas, le temps non plus, qui s'enfonce dans les forêts vierges dont Stanley vous a donné une description des plus remarquables, qui traverse A) Mouvement géographique, ne 45, paze 551, Bruxelles, S novembr2 1826. DOMESTICATION DE L’ÉLÉPHANT D'AFRIQUE. 3 impunément les régions marécageuses affectionnées par l'animal et où l'Européen laisse sa santé, souvent sa vie, est chose naturellement impossible — lui signifier le décret est déjà une affaire fort compliquée ; appliquer une sanction à ce décret à plus forte raison encore. Un point de cette règlementation détruirait au surplus tout l'effet du décret si un moment on pouvait espérer en obtenir un résultat utile, c'est la taxe en nature perçue sur l’ivoire récolté par les indigènes. Du reste, le régime de la taxe contrebalance les effets de l'interdiction. Cette taxe en nature, qui auparavant était des 2/3 et qui est désormais de 1/2, oblige les nègres à amasser une plus grande quantité d'ivoire, par conséquent à massacrer un plus grand nombre d'Eléphants. En réalité le Roi Léopold semble hésiter à tarir ou tout au moins à diminuer le débit, pour ainsi dire, de la source des plus gros revenus de l'Etat du Congo. C'est, en effet, l’ivoire qui fournit le plus fort contingent des recettes et Anvers est devenue plus importante comme marché que Londres et Liverpool réunies. À vouloir simplement règlementer, le Chef de l'Etat indé- pendant pouvait songer à appliquer la proposition faite par l'explorateur français Lionel Dècle au Congrès international de Géographie de Londres en 1895. Elle consistait à n’admettre sur les marchés européens que les pointes atteisnant un cer- fain poids. On aurait chance ainsi de voir les jeunes animaux échapper au massacre. Mais ce remède serait encore insufti- sant. Quoi qu'il en soit, enregistrons ce décret du Roi Léopold comme une preuve d’égards envers l'animal éminemment sociable, intelligent et fort que nous voulons sauver. Qu'il me soit permis d'ajouter que le Chef de l'Etat indépen- dant se doit à lui-même et doit à l'Afrique de reprendre l'expérience avortée de 1879 et de faire plus qu'un décret, sans nul doute, illusoire, et à coup sür, insuftisant. % X x Les Anglais, de leur côté, se sont préoccupés de la question. Dans la conférence que j'ai eu l'honneur de faire devant la Société, le 10 juillet 1896, j'ai cité un extrait des débats de la 4 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Chambre des Communes, dans lequel il était demandé au Gouvernement de S. M. la Reine Victoria, quelles mesures il comptait prendre pour protéger l’Eléphant africain. Les mesures demandées sont prises aujourd'hui. Les voici : L'Eléphant d'Afrique peut reprendre courage: on s'occupe de sa préservation. Un correspondant du Tÿmes vient d'informer ce Journal qu'à sa requête et sur les instances du Gouvernement de Bombay, uve zone de protection pour les bêtes à trompe a été instituée dans le pays des Somalis par les autorités britanniques : elle s'étend du passage appelé Cheick à l'Est, jusqu'à la frontière abyssine, à l'Ouest, et oc- cupe une superficie d'environ 320 kilomètres sur 80. Pour chasser dans cette zone, il faut être munis d'un permis en forme ; de plus, un district d’une soixantaine de kilomèires carrés y a été déli- mité qui comprend les monts Gadabursi et dans lequel la chasse est absclument interdite. Déjà les autorités de l'Afrique orientale allemande avaient élabli deux sanctuaires pour leurs ressortissants de l’espèce pachyderme. On compte que ces efforts et la décision prise par le Gouvernement anglais auront pour effet de repeupler rapidement l’Est africain d'Elé- phants (1). Les mêmes observations que précédemment s'appliquent à la mesure prise par les Anglais. Cependant il y a progrès : délimitation précise de territoires de réserve plus faciles à surveiller que «les forêts » en général dont parle le décret du Roi Léopold. Le véritable remède serait : 1° la règlementation de la vente de l’ivoire plutôt que celle de la chasse à l'Eléphant. Cette règlementation, si elle doit se faire, doit viser l’interaiction . de ia chasse des jeunes animaux ; 2 enfin, et surtout, ia do- mestication et l'emploi de l'Eléphant aux transports et aux travaux de la colonisation. C'est cette voie que suivent les Allemands. L'interdiction absolue de la chasse à l'Eléphant dans toutes les colonies européennes de l'Afrique équatoriale a été demandée par M. le Er Barth, parent du grand voyageur, notre maitre à tous dans la science africaine. Certes, j'en 1) Le Temps, 30 novemtre 1206, 3 DOMESTICATION DE L'ÉLÉPHANT D'AFRIQUE. 5 serais partisan, à condition que la mesure ne souffrit pas une exception et fut loyalement exécutée : car elle aurait un résultat qu'il est bon de considérer, à savoir l'arrêt momen- tané de l’exportation de l'ivoire africain. Cet arrêt aurait-il de gros inconvénients ? Si nous interrogions le marché d’An- vers, devenu comme nous l'avons dit, en quelques années, plus important pour la vente de l’ivoire que ceux de Londres et Liverpool réunis, la réponse ne serait pas douteuse. L'application de la proposition offrirait donc des difficultés très grandes. Où donc est l’unique remède vraiment pratique et efficace ? Messieurs, c'est celui que la Sociélé Nationale d'Acclima- talion de France et le Comité d'initiative ont adopté : c’est la domestication. C’est l'emploi de l'Eléphant et la générali- sation de cet emploi chez les Européens et chez les indigènes. Les Allemands l’ont bien et sagement compris. Societé d'élevage d'animaux utiles dans les Colonies allemandes. — Le major Von Wissmann, par une lettre écrite de Dar es Salaan, à la date du 2 avril 1896, vient d'accepter le titre de membre d'honneur de la Société pour la domestication et l'élevage des animaux utiles dans es colonies allemandes. Cette Société, fondée il y a un an et demi, se composait primitive- ment d’un simple Comité qui s’occupail plus spécialement de la domes- tication de l'Eléphant d'Afrique. De ce noyau est sortie une Compagnie commerciale au capital de 250.000 francs. Cette Société se propose avant tout l'établissement d’un haras où seront élevés le Poney de Soënda, l’Ane de Maskat et l’Ane africain ordinaire, si utiles par leurs croisements avec les ani- maux de selle et de trait, qui actuellement font complètement défaut dans le Kameroon, le Togo et i'Afrique orientale allemande. L’Eléphant d'Afrique sera apprivoisé et multiplié, et de cette facon, l’on s’efforcera de réagir contre son extinction totale. Des bêtes bovines de l’Afrique du Nord, de l'Ouest et du Sud seront importées dans les colonies sous la ligne de l'équateur ; les Chèvres indigènes seront sou- mises à des essais d'amélioration. La Compagnie tâchera également d’acclimater des Moutons pour leur laine et des Porcs domestiques. Les nombreux Oiseaux utiles de l'Afrique ne seront pas perdus de vue. La Société espère, une fois que le bétail indispensable sera dans le pays, que l’émigration prendra une bien plus grande extension, car c'est précisément le défaut d'animaux de trait et de selle appropriés, ainsi que des animaux domestiques utiles, qui est le plus grand obs- 6: BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. table prévu par ceux qui auraient l'intention d’aller s'établir dans les colonies (1). Dans la communication que j'ai faite ici le 24 janvier 1896 (2) j'ai eu l'honneur de vous entretenir de ce Comité de Berlin. Dans celle du mois de juillet, je vous ai fait prévoir que ce Comité allait agrandir son champ d’action et s'appliquer à l'élevage de tous les animaux utiles dans les colonies alle- mandes, ce changement est fait, vous le voyez. Je n’en dirai qu'un mot, c’est que le programme de cette Société est point par point celui que j'indiquais, il y a trois ans, pour la Ferme d'essais à créer au Congo français. Mais vous avez déjà remarqué que cette Société s’occupera de l'Eléphant et que ses fondateurs ne paraissent pas douter de la possibilité d'en assurer la multiplication. Espérons qu'ils s’attacheront d'une manière particulière à ce point spécial. La forme de Société commerciale qu'ils ont adoptée, leur permettant de compter sur des ressources importantes, le succès est d'avence assuré. Voilà, Messieurs, où en sont les affaires de l'Eléphant d'Afrique. Vous retirerez de cet exposé la conviction qu'en appliquant une partie des efforts de la Sociélé à cet inté- ressant problème, vous la menez dans une voie où elle peut jouer un rôle des plus utiles à la fois pour la science et pour la colonisation. Cette œuvre, j'en ai la certitude, ne sera pas la dernière dont la Société d’'Acclimatation, avec l'esprit élevé qui la caractérise et les hautes influences que son Conseil met si libéralement au service du pays, facilitera la réalisation. (1) Chasse et Péche, de Bruxelles, 2 août 1896. (2) Voir Bullerin, mars et avril 1896. CONSIDÉRATIONS SUR L'ÉLEVAGE PRATIQUE RAISONNÉ DES POULES, DES CANARDS ET DES PIGEONS POUR LA TABLE par VANDER SNICKT Directeur du Journal (Chasse et Péche, de Bruxelles (1). Il y a une quinzaine d'années, nous avons organisé, aux frais de la ville d'Ostende, la première exposition de Poules, Pigeons, Canards et animaux de basse-cour, à laquelle les Anglais sont venus apporter, pour la première fois sur le continent, leurs superbes produits. S. M. le Roi des Belges, qui consacra par sa présence le succès de cette exposition remarquable, exprimait alors le désir de voir la Belgique de-- venir le jardin légumier et la basse-cour de l’agelomération londonnienne ; idée qui a été poursuivie depuis cette époque. A la vue des volailles remarquables exposées à Ostende, le Roi a demandé quelle était l'utilité de cette grande variété de formes et de couleurs, de la bavette blanche des Cogqs espa- gnols, des Poules de Padoue, à la huppe énorme, et des Pi- geons carriers anglais. Nous avons hésité un moment avant de répondre que ces anomalies servent à démontrer jusqu'où peut aller l'influence de l'Homme sur la malléabilité et l’amé- lioration des animaux domestiques en divers sens déterminés. Depuis cette époque, un certain nombre de Sociétés avi- coles plus ou moins concurrentes se sont fondées en Bel- gique. Elles organisent chacune des expositions annuelles souvent très importantes. Maïs l’organisation d’une exposi- tion exige beaucoup d’argent. Tantôt l’une, tantôt l'autre de ces Sociétés est allée solliciter l’assistance du Gouvernement et celui-ci, représenté par les Directeurs de l'Agriculture, d'accord avec le Ministre que les hasards de la politique pla- cait à la tête de leur département, ont répondu : « Messieurs, le Gouvernement ne veut reconnaitre qu'une seule Société centrale, dont doivent dépendre les Sociétés provinciales. Il (1] Communication faite dans la Séance générale du 11 décembre 1896, 8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. n'entend pas favoriser l’Aviculture sportive et n'accorde ses subsides qu'à l'Aviculture pratique, à celle qui se fait au pro- fit du cultivateur, de la consommation et de l'exportation. » Il s’est ensuite formé une Société nationale pour l’amé- lioration de l'Aviculture en Belgique, reconnue par le Gou- vernement, qui fournit gratuitement le matériel des expo- sitions. Des concours spéciaux ont été institués pour les races indigènes placées à la tête des programmes; la Société natio- nale, sur la proposition des spécialistes, fixe officiellement le Standard d'excellence, c'est-à-dire les points caractéristiques d’après lesquels chacune de ces races devra être jugée aux expositions. Le Gouvernement exagère en ne voulant pas entendre parler d'animaux, d'expositions et de concours sportifs. Sans les exposilions des amateurs, sans les records des perfor- mances des animaux, il n'est pas vossible, non seulement d'améliorer l'élevage, mais même de maintenir les excel- lentes qualités des races les plus utiles aux cultivaleurs. Mais les amateurs, au lieu de faire de l'élevage dicté par la simple fantaisie, doivent s'inspirer des besoins des gens de la campagne, des engraisseurs et des consommateurs ; si l'élevage était compris dans ce sens, et si jamais nous cr nons à créer un Musée dans lequel seront exposés, aux yeux du public et des étrangers visitant notre continent, les spéci- mens vivants de chacune de nos races indigènes anciennes et nouvelles, nous osons espérer voir la Belgique, ou du moins une partie de son territoire, redevenir le grand centre, non seulement des animaux de produit, mais celui des repro- ducteurs destinés à améliorer les races dans tous les pays. L'élevage des animaux domestiques, dans les départements fertiles du nord de la France, en Belgique et en GOSPUE, est demeuré stationnaire depuis des siècles. Nous pouvons admettre que ce qui nous reste encore de spécimens des vieilles races de Poules, de Canards, de Pi- geons, ne sont que les descendants négligés, abandonnés, dé- générés, d'anciennes races autrefois admirables par la taille et par des qualités dont nous soupconnons à peine l'existence aujourd’hui. En même temps, l’art, la science même de l'éle- vVage qui restent aujourd'hui sans direction, se sont perdus. L'aptitude à la culture et à l'élevage existe encore dans le peuple, la fertilité du sol est la même, mais nous avons à ÉLEVAGE PRATIQUE DES POULES, CANARDS, ETC. 9 retrouver les principes les plus élémentaires de l'élevage améliorateur. Le temps dont nous pouvons disposer ne nous permet pas de nous occuper aujourd'hui d'autres élevages que celui de la volaille de table sous le rapport du volume, de l'apparence et de la qualité de la chair. Le désir d’être utile au petit cultivateur, à l’agent principal de la fortune du pays, nous a conduit à rechercher les vieilles races de volailles, à étudier ce qu’elles étaient; com- ment et pourquoi elles ont été formées. Cette étude nous a montré combien nous sommes arriérés et pourquoi. Un homme passe sa vie entière à étudier une seule race de Poules ou de Pigeons; plus il vieillit, plus il apprend, et lors- qu'il possède une connaissance à peu près complète de l’ani- mal auquel il s’est voué, il meurt, et sa science disparaît avec lui. Le cas était prévu dans l’ancien pays flamand. Il y avait là des Gildes décrétées impérissables, les jeunes appre- naient de la bouche des vieux la science acquise et rien ne s’oubliait. Le grand mal a été d’avoir laissé périr ces Gildes que l’on appellerait aujourd'hui des Clubs spéciaux. Etant parvenu à recueillir quelques bribes de cette science, nous avons aujourd'hui l'honneur de soumettre à la Société nalionale d'Acclimatation de France, la plus éminente et la plus méritante en matière d'élevage, diverses formules qui, nous l’espérons, ne vous paraîtront pas trop osées. Elles sont la conclusion de toute une vie d'éleveur pratique : 1° La couleur de la plume a une grande influence sur la saveur et sur l'apparence de la chair. 2° La quantité et le développement de la plume, sur une variété, peut augmenter par croisement, le volume de la chair sur une autre. 3° Toute volaille en exploitation pratique, élevée pour le maximum du produit, doit réunir en elle plusieurs éléments, c'est-à-dire être le produit sélectionné de croisements. Comme une race croisée a une tendance continuelle à retour- ner vers l’un ou l’autre des éléments qui l'ont constituée, c'est-à-dire à dégénérer, il faut, de temps en temps, lui resti- tuer par de nouveaux croisements les qualités qu’elle tend à perdre. Ces trois règles, nous le craignons, sont compliquées et trop abstraites pour que leur simple énoncé puisse intéres- CS, cs, 0 70 90 «à Puf 10 ULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. ser ; nous allons donc nous permettre de les reprendre une à une et de les appuyer par des exemples choisis dans l'éle- vage pratique. 1° La couleur de ia plume a de l'influence sur la saveur, de 1ème que sur l'apparence d'une volaille tuée. Tousles gourmets sont d'accord pour accorder aux Canaräs noirs Labradors et Cayugas une saveur délicieuse, mais leur chair a un aspect gris qui empêche de les vendre au marché. Peut-être pouvons-nous attribuer cette saveur prononcée à l'effet du mélanisme, à la présence dans le sang d’une grande quantité de pigment colorant la plume, mais en même temps aussi, la chair. L'exces contraire est l'albinisme produisant le plumage blanc. la belle chair blanche, mais malheureuse- ment aussi une santé moins robuste, une taille plus petite et une saveur moindre. Les éleveurs ont cherché à combiner sur un même indi- vidu la bonne qualité des volailles noires et le bel aspect des blanches. Ils ont trouvé et fixé les couleurs dérivées du blanc et du noir. Il en est résulté pour les poulets : le plu- mage caillouté du Houdan, le Coucou du Poulet de Bruxelles. de Malines. de Rennes, ce Dorking et d’autres, le bleu du Compattant géant de Bruges. Pour les Canards, nous avons les Bleus et les Duciair (noirs marqués de blanc) et d'autres à bec rose ou bleu, mais pas orange. Pour le Pigeon, il y a le Tigré, le Gris cendré, le Heurté à queue grise et surtout le Rouge à bec blanc : car la couleur rouge du Pigeon est aussi un dérivé du noir tenant le milieu entre le noir, le jaune et le blanc. 2 La quantité et le développement des plumes sur un Oi- seau peut, par croisement, augmenter le volume de la chair sur le produit d'un autre du méme poids. La croissance de la corne, du poil et de la plume exige, supposons dix fois plus de nourriture, par conséquent d'acti- vité des organes digestifs, de force, que la formation d’une quantité égale de chair. Prenons pour exemple le Pigeon; Si l'on en accouple deux de poids égal, l’un à pattes lisses, l’autre fortement pattu, nous pourrions ajouter : boulant, ils pro- duiront des pigeonneaux chez lesquels les deux peuvent avoir la même force vitale, mais l’un être pattu et l’autre pas. Il est évident qu'une grande partie des forces de l’un servira à former les plumes des pattes tandis que chez l’autre, sur les ÉLEVAGE PRATIQUE DES POULES, CANARDS, ETC. A1 pattes duquel il ne poussera pas de plumes, cette force se convertira en chair et agrandira le jeune Pigeon non pattu. D'après les anciens auteurs, les plus grands Pigeons étaient les Romains, puis le Tigré d'Espagne, et le plus grand de tous, un gros Pigeon blanc venant de Belgique. . D’autres vieux ivres nous suggéerent qu’au temps de la grande prospérité de l'élevage en Flandre, les Pigeons avaient une taille et les Pigeonneaux un poids presque: doubles de celui des produits du pauvre élevage actuel. Nous avons pu retrouver quelques rares exemplaires de ce Pigeon blanc jadis géant. Disons tout d’abord qu'il n’était pas tout blanc ; c'eüt été contraire à la règle des couleurs formulée précédemment ; il était pattu et gavu, blanc heurté et à queue ni noire ni bleue, mais d’une couleur grise spéciale, dont nous avons déjà parlé. Il nous est resté, pour cette cou- leur, un terme technique flamand se traduisant par « queue qui se confond avec le ciel », car nous ne le savons que trop, notre ciel du Nord nous fait souvent grise mine. Citons encore comme exemples de l'influence de la plume sur le développement de la chair, la grande vogue de la Poule de Faverolles grâce au mélange du Brahma emplumé et l'effet, plus grand encore, du croisement avec cet asiatique pattu, sur la valeur du Poulet de Bruxelles, le Coucou de Malines. 3° Il nous reste à démontrer pourquoi un Oiseau élevé ex- clusivement pour étre vendu comme volaille de table, doit êlre formé à lasuite d'une combinaison de différentes qualités. Ces qualités différentes, développées au maximum, ne peu- vent se rencontrer sur un seul individu. L’ardeur, l’activité, la qualité et le maximum de chair proportionnée au squelette ne peut se trouver que sur un individu de petite taille, soumis à des exercices fatigants. La grande taille, la bonne couleur et le grand développement des plumes se trouvent sur un autre uniquement élevé pour la taille et la plume. Du mélange des deux sortira la race pratique. Cette loi démontre, en même temps, qu'il n'y a pas de progrès possible en élevage, non seu- lement sans les expositions pour les animaux de taille et de couleur ; mais que les expositions, pour étre de quelqu’utilité doivent être contrôlées par des concours sportifs, par des Concours à records. Nous allons mieux nous faire comprendre par un exemple puisé dans l'élevage en partie triple du Pigeon tournant, an- 42 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. cienne race de Pigeon comestible, qui allait s'éteindre à la suite de la disparition de la science de l'élevage déjà signalée. 1° Dans le pays d’Alost (Flandre orientale), il a existé et il existe encore quelques rares exemplaires d'une variété de Pigeons dite Ringslager (décrivant des cercles). Ce Pigeon a la spécialité de produire annuellement onze couples de pi- geonneaux à chair blanche, au bec blanc, aux pattes bien rouges, au plumage rouge ou jaune et à chair délicieuse, pe- sant une livre pièce avant la sortie du nid. Il se distingue par un œil cassé, une huppe et des marques régulières blanches. Le mäle, en poursuivant sa femelle ou une autre, se jette en l’air au-dessus d'elle, claque des ailes et décrit jusqu’à trois cercles dans le même sens avant de reprendre pied. Le Rings- lager est l'élément pratique. 2° Il a existé {les livres nous l’apprennent et le nom en est resté pour les gros Ringslagers) un très gros Pigeon, trop gros pour pouvoir encore décrire des cercles ; il se contentait de se jeter en avant en claquant fortement des ailes, de là son nom de Smijler (qui se jette). Il était ou huppé ou à tête lisse, pattu, probablement boulant, noir, gris, rouge ou jaune unis. Les amateurs s’en servaient pour donner plus de taille au Ringslager. Les noirs devaient être admis dans la race pour lui conserver plus de force et de taille, mais les rouges et surtout les jaunes, convenaient pour croiser avec le Rings- lager et agrandir sa taille. C'était le Pigeon d'exposition. 3° La troisième forme du Pigeon tournant est le Speelderke (petit joueur). Il est bleu marqué de blanc, huppé, et de la huppe descend une cririère jusque sur le dos. Il est petit, d’une ardeur folle, parvient à décrire sans toucher à terre et tout en claquant, jusqu'à douze et quinze cercles toujours alternativement, trois de droite à gauche et trois dans le sens opposé. Cet énorme déploiement de force dans l'aile a eu pour effet de développer les muscles de la poitrine à tel point que le Pigeon en paraît aplati. Le Pigeon joueur pouvait donc servir par infusion de sang, à donner plus de chair et de la meilleure (car la chair active est plus savoureuse que la chair acquise par stabulation), au pigeonneau du Ringslager. An- ciennement, il y avait, tous les dimanches, des concours de Speelderkes. Et nous cherchons à ressusciter ces concours actuellement.. Le Speelderke élait et est encore le Pigeon de concours sporlif à records. ÉLEVAGE PRATIQUE DES POULES, CANARDS, ET£. 43 Il est évident que ce système d'amélioration de l’ancien -Ringslager par les deux extrêmes, selon les besoins, est meilleur que si l’on avait recours à un nouveau croisement ou même à la consanguinité la plus étroite et sélectionnée. Les exemples d’élevages combinés ne sont pas rares pour des autres animaux que la volaille de table. Pour n’en citer que trois, les anciens éleveurs de Serins belges, dont les So- ciétés ont existé sans interruption depuis des siècles, conser- vent leur grand bel Oiseau aux formes de Vautour, allongées et au plumage lisse, par la combinaison d’un Oiseau jaune fin au plumage serré d’un côté, et de l’autre, d’un Oiseau blond, géant, au plumage ouvert qui deviendrait frisé (Serin hollandais et parisien) s’il n’était coupé par l'élément jaune. La Sociélé Royale Saint-Hubert voulant favoriser l’élevage du Chien d'arrêt pour la chasse pratique, institue à ses expo- sitions des classes de Pointers et de Setters à juger d’après la force et la beauté. Elle institue aussi des épreuves en cam- pagne, des fielatrials à records, où se distinguent le plus sou- vent des Chiens nerveux en dessous de la taille ordinaire, des ficelles. Il y a aussi dans les expositions canines des classes exclusivement réservées aux Chiens qui se sont distingués aux épreuves en campagne. Naturellement le chasseur pra- tique préférera acquérir un Chien de chasse pour son usage ou pour faire souche, garanti en même temps beau et bon. Le massif et vigoureux Cheval brabancon est actuellement le plus recherché sur le continent ; les meilleurs étalons se .sont payés 20 et 25,000 francs, les plus belles juments 10 et 12,000 francs. Il est issu d’une combinaison du colossal Cheval flamand et de l’infatigable petit ardennais. Pour en revenir à nos volailles de table, le Poulet de Bruxelles, Poule devenue de race pure et dont nous estimons le produit, rien qu'aux environs de Bruxelles, à plus de dx millions de francs par an, a été fixée d’après le systèrae de l'élevage combiné. Le Poulet de Bruxelles provient de l’an- cienne délicieuse Poule coucou de Malines à pattes lisses, et de l'énorme Brahma du Jardin zoologique d'Anvers d'il y a quarante ans (pas du Brahma américain croisé, actuelle- ment en vogue en Angleterre). La Poule de Faverolles dont l'avenir est immense, quoi- que méconnue par les amateurs francais pendant tant d'an- nées, est provenue du mélange de l'excellente Poule de 14 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Houdan au plumage caillouté, et du colossal Brahma herminé francais à crête simple et à manchettes, du Jardin d’'Accli- mataiion du Bois de Boulogne. Il reste d’autres règles à développer, telles que la nécessité de conserver différentes couleurs, nuances ou marques de plumage sur une seule et même race amélioratrice ; les soins à donner et le choix de la nourriture. La vie d’un homme suffit à peine à connaître expérimentalement ces détails com- pliqués, appliqués à une seule race. C'est pourquoi nous pro- posons la création de Musées où seront conservées les races vivantes et, avec elles, la science de leur élevage. Maïs il ne serait pas digne d'exiger de l'homme qui sacrifierait sa vie à faire valoir l'élevage national faisant la richesse du pays, qu il soit en même temps 2mpresario ou marchand. Nous constatons avec regret que la science de l'élevage n’a pas progressé depuis des siècles et pas davantage depuis trente ans. Cette stagnation provient probablement, du moins en ce qui concerne le Nord, de ce que l'élevage, cette orande source de richesse nationale, n'a ni direction, ni pro- tection et qu'aucune propagande n’est faite à l'étranger. Il y a aussi moins d'initiative qu'autrefois. Nous nous souvenons des grandes ventes d'Anvers, où les Directeurs des Jardins zoologiques, les grands marchands d'animaux, venaient annuellement faire leurs achats d'animaux sauvages et de reproducteurs domestiques. Quand il s'agissait de ces der- niers, la lutte aux enchères s’établissait souvent entre les deux plus grands connaisseurs de l’époque, M. Albert Geof- froy Saint-Hilaire, aujourd'hui Président honoraire de la Société nalionale d’Acclimatation, et son ami le Dr Bodinus, alors à Cologne. Lorsque les marchands plaisantaient les deux amateurs sur les résultats négatifs de leur commerce d’ani- maux, le Directeur du Jardin d'Acclimatalion du Bois de Boulogne ne manquait pas de répondre avec quelque fierté : « La France est assez riche pour se permettre de sacrifier annuellement 25,000 francs afin de s'assurer la possession d'animaux reproducteurs d'élite. » Parmi ces reproducteurs d'élite, nous comptons le grand Brahma. Le produit de son croisement avec la Houdan n’a pas seulement rendu les 25,000 francs dépensés annuelle- ment, mais rapporte aujourd'hui des millions. LA GALE CHEZ LES ANIMAUX On donne le nom de gale à l’ensemble des lésions tégumen- taires que provoquent chez l'homme et chez les animaux de petits Arachnides du groupe des Acariens. Ces animaux pré- sentent un ensemble de caractères communs : leur abdomen est inarticulé et il est largement uni au céphalotorax; les pièces buccales sont confondues en un rostre propre à la suc- cion, susceptible de perforer la peau de leur hôte. Enfin, rappelons que le cœur est toujours rudimentaire et que, dans certains cas même, il peut faire complètement défaut. Le type de ces parasites est représenté par la Gale de l'Homme, dont la connaissance a été révélée, il y a fort long-- temps déjà, par le célèbre médecin arabe Avenzoar. En Eu- rope, Guy de Chauliac, Scaliger, Rondelet, Ambroise Paré con- naissaient bien les Sirons, qui creusent des sillons tortueux entre cuir et chair; cependant ils ne savaient pas que la (Gale füt une affection parasitaire; à leurs yeux, la présence des Acariens était purement accidentelle. Cependant un auteur italien, Cosinio Bonomo, avait, dès 1687, établi la nature pa- rasitaire de la Gale et avait même formulé le traitement de cette affection au moyen des pommades mercurielles ou sou- frées ; malheureusement, les découvertes de ce savant passè- rent inaperçues et, jusqu'au commencement du xix° siecle, l'obscurité la plus complète ne cessa d’envelopper cette ques- tion. En 1812, un certain Galès prétendit avoir isolé l'agent producteur de la Gale; mais Raspail, quelques années plus tard, démontra la supercherie dont s'était rendu coupable cet individu : celui-ci, en effet, avait voulu faire passer la mite du fromage pour le parasite de la Gale. Enfin, en 1834, le Corse Reuncci, qui était accoutumé à rechercher dans son pays les Acares de la Gale, eut l’occasion, au cours de ses études médicales, de démontrer de la manière la plus irréfu- table la présence de l'Acarus scabiei chez tous les galeux des hôpitaux de Paris. La Gale humaine est trop connue pour que nous insistions sur ce sujet; nous nous bornerons simplement à rappeler le raitement actuellement usité, car il pourra rendre les plus 16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. crands services dans la plupart des cas de gale animale, dont nous aurons à nous occuper plus tard. L'individu infecté doit, tout d'abord, prendre un bain simple ou sulfureux suivi de frictions énergiques au savon mou de potasse ; ensuite il faut lui faire une application assez prolongée (de 1 — 12 heures en moyenne) de la pommade de Hardy, dont voici la formule : Pleuride SOU RP ETEE 4-0 D IDATIES, Carbonale de potasse M EE l AxXONGEMEAICNEM ECC Telle est la base de ce traitement aussi simple qu'efficace ; il faut simplement veiller à ne pas trop prolonger l’action de la pommade lorsque la peau du malade est délicate. Point n'est besoin d'insister sur la facilité avec laquelle la gale humaine se transmet d'un individu à l’autre; en revanche, c'est en vain que Delafon et Bourguignon tentè- rent d’acclimater chez divers animaux le Sarcopte de l'Homme. Chez le Chat, leurs tentatives échouèrent complèe- tement, et chez le Cheval, le Chien et le Singe, ils réussirent simplement à provoquer une éruption éphémère sans la moindre gravité. Néanmoins, la plupart des Mammifères sont susceptibles de présenter de véritables Gales, entièrement comparables à celle de l'homme, mais il s’agit alors de va- riétés spéciales du Sarcoples scabiei ou même d'espèces dis- tinctes. C’est ainsi que le Cheval présente assez fréquemment des altérations des téguments qui n’ont pas d’autre cause que la présence, dans la peau, du Sarcoples scabiei, var. equi. Cette gale se transmet avec la plus grande facilité du Cheval au Cheval ou encore à l’Ane ou au Mulet ; en outre, comme Gerlach l’a démontré en expérimentant sur sa propre per- sonne et sur les élèves de l'Ecole vétérinaire de Berlin, le Sarcopte du Cheval peut communiquer à l’homme une Gale qui généralement tend à guérir spontanément. Nombre d’autres gros Mammifères sont également sujets à la Gale : le Bœuf, le Bison, le Mouton, la Chèvre, etc. En 1841, le professeur Paul Gervais observa cette maladie sur un Dromadaire nouvellement arrivé d'Afrique, à la Ménage- rie du Muséum de Paris; un Lama, conservé dans le même établissement, communiqua la Gale à la personne qui le soi- wnait ; enfin, tout récemment, le professeur Neumann de Tou- louse a décrit une variété de Sarcopte spéciale aux Lapins; LA .GALE CHÉZ LES ANIMAUX. 17 chez ces derniers, cette affection revêt une gravité exception- nelle et peut décimer en quelques semaines des clapiers abondamment peuplés ; en outre, elle est transmissible aux Cobayes et aux Furets. Le Chien n'échappe pas non plus à cette maladie et la con- tagion à l'Homme n’est plus contestable depuis les expériences de Chabert, Grognier, Sauvage, Viborg, Moronval, etc. # / / Fig. 4. — Sarcoptes levis, var. gailine : mâle Fig. 2. — Sarcoptes levis, var. vu par la face ventrale, grossi deux cents fois gallinæ : femelle origère, vue (Railliet). par la face dorsale, grossie cent fois (Railliet). Nombre d'autres Carnassiers sont aussi sujets à la Gale; tel est, en particulier, le cas du Chat et du Lion. D’après Alibert, le cadavre d’un Lion aurait, un jour, communiqué la maladie en question au préparateur d'anatomie qui le dépouilla et au taxidermiste chargé de l’empaillage ; le capitaine du bâti- ment qui l'avait transporté, et son domestique avaient été, eux aussi, atteints par le Sarcopte. Chez les Oiseaux, on peut également constater l'existence de la Gale; dans ce groupe, la présence du Sarcoples mutans ne se traduit guère que par des altérations tégumentaires qui évoluent très lentement et qui persistent souvent des mois Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 2, 18 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. entiers sans compromettre la vie des animaux sur lesquels il se développe (Poules, Dindons, Pintades, Faisans et Per- drix). De plus, Raïlliet a montré que la Poule peut être in- fectée par un autre Arachnide qu'il désigne sous le nom de Sarcoptes lævis gallinæ. D'après cet auteur, auquel nous empruntons d’ailleurs la présente description et les figures qui l’accompagnent (1), cet Acarien détermine une gale du corps qui débute ordinairement par le croupion et qui vagne peu à peu les autres parties du corps. Les plumes se détachent et la peau est, de cette facon, dénudée sur une surface plus ou moins étendue; seules les grandes pennes de la queue et des aïles ainsi que leur couverture résistent à ce processus. La maladie semble être peu grave et n’avoir pas de retentissement sur la santé sénérale ; elle sévit de préférence en été et se transmet alors avec une rapidité remarquable surtout par l’accouplement. Observé pour la première fois, en 1886, par Raïlliet, dans un poulailler du pays de Bray, puis aux environs de Paris, ce Sarcopte a été rencontré de nouveau par M. Neumann sur des volailles de l'Aude, chez plusieurs Coqs en particulier. L'affection détermina fréquemment chez les animaux étudiés par le professeur de Toulouse, un état cachectique, suivi à bref délai de mort. Au point de vue thérapeutique, il semble rationnel d’ad- mettre que les moyens employés pour le traitement de la Gale humaine pourraient fournir ici encore d'excellents ré- sultats, sauf à leur faire subir quelques modifications peu importantes. En tout cas, la destruction par le feu des plumes, des cadavres et des objets contaminés, ainsi que la désinfection des poulaillers enrayerait rapidement le déve- loppement d’une épidémie. (1) Les clichés en ont été obligeamment prêtés à la Société d’Acclimatation par MM. Asselin et Houzeau, éditeurs du beau Zraîté de Zoologie médicale et agricole du professeur A. Railliet, 49 NOTES SUR LA CULTURE DE L'IGNAME DE CHINE par le Dr HECKEL ({). M. le capitaine Dubiau vient de faire à la séance générale mensuelle de la Société d'Horticullure et de Botanique de Marseille, dont il est le vice-président, une communication dont l'importance me paraït suffisante pour que je l'adresse sans retard à la Société d’Acclimatalion en raison même de ce qu'a publié, sur le même sujet, notre collègue M. Chap- pellier (Extrait de la séance générale du 7 février) dans le Bulletin du 1° juin 1896. Il s’agit de l’Zgname de Chine. M. Chappellier dans le cours de ses recherches ayant pour but de ramener le tubercule de l'Igname à des dimensions plus commodes pour la culture, indique (2) qu’il a obtenu des graines de jeunes semis d’un an, dont il donne la photogra- vure (n° 4 p. 270) au moins pour ce qui a trait à la partie souterraine tubérifiée. Il ajoute que si ces tubercules devaient conserver cette forme, ce serait parfait, mais qu'il sait par expérience que la plupart s’allongeront et retourneront à la forme trop longue de leurs parents. M. Dubiau est arrivé au même résultat par un procédé plus simple et qui, je le crois bien, aura l’avantage de fixer défini- tivement les tubercules dans l’état que M. Chappellier lui- même qualifie de parfait au point de vue cultural. Maïs cette dernière prévision est essentiellement théorique et nous ne serons fixés sur sa valeur que par l’expérimentation métho- dique que je compte faire de ce procédé en conviant nos con- frères à la reproduire et à en contrôler les résultats très inté- ressants. : Voici comment M. Dubiau nous a déclaré avoir obtenu les produits que j'ai envoyés par la poste à la Société d'Acclima- talion pour être communiqués le plus tôt possible à nos col- lègues. Il y a trois ans, j'avais remis à M. Dubiau un tubercule d'Igname que M. Chappellier m'avait adressé comme preuve concluante des réserves que j'avais cru devoir faire au sujet (1) Communication faite dans la séance générale du 15 janvier 1896. (2) Loc. cit., p. 271, 20 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. de la possibilité de la culture de cette Dioscorée sous le climat de Paris. M. Dubiau mit quelques yeux en terre et obtint une pre- mière, puis une seconde récolte de tubercules longs dont j'ai adressé à la Sociélé des spécimens desséchés. Ils présentent bien, quoique fort réduits, la longueur exagérée qu’on leur reproche avec raison. Cette année, M. Dubiau a pris les yeux sur ces tubercules longs, successivement de haut en bas, c'est-à-dire de la base au sommet libre du tubercule, et les a mis en terre séparément. En suivant la série complète des yeux d’un pôle à l’autre de ce tubercule, il a obtenu des plantes issues de ces yeux, des tubercuies très variés dans leur forme. Ce qu'il y a d’intéressant dans cette récolte panachée, c'est que les plantes issues de ces yeux ont donné des tuber- cules d'autant plus atténués en longueur et s’approchant d'autant plus de l’état sphérique, que les yeux étaient sur le tubercule mère, plus éloignés de la base et plus rapprochés du sommet libre. D'abord piriformes, ils se sont ensuite ra- massés en une boule liée à la plante productrice par un pédi- cule grèle. Il semble que la situation de l’œil sur le tubercule mère a eu pour résultat d’entrainer, dans les tubercules fils, l’atro- phie de toute la partie tubérifiée placée au-dessus du point qu'il occupe sur ce tubercule mère. Si bien que les bourgeons du sommet libre de ce tubercule mère n’ont reproduit sur les tubercules fils que ce sommet lui-même disposé en une sphère. Ce fait si surprenant qu’il paraisse, l’est plus encore quand ou constate qu'il est en désaccord avec les recherches connues de M. Prunet sur la polarité des tubercules de la Pomme de terre (1). Ce savant a montré pourquoi les bour- geons voisins du sommet se développent plus tôt et plus rapidement que les bourgeons voisins de la base, et parfois, en outre, les moitiés antérieures des tubercules cultivées iso- lément donnent des récoltes plus abondantes que les moitiés postérieures ainsi que l’a établi M. Wolny (2). D'après ces faits, le contraire de ce qu’a observé M. Dubiau aurait dû se (4) Sur la substitution physiologique des tubercules de Pomme de terre, dans ses rapports avec le développement des bourgeons (C. R. A. S. 9 mai 1892), (2, Das Zerschneiden der Kaïtofelsart Knollen (Wien. landwirthschaft. Zei- tung, 1882). NOTES SUR LA CULTURE DE L’IGNAME DE CHINE. 21 produire : au point de vue théorique l'expérience est donc à reprendre bien méthodiquement. Mais, au point de vue pra- tique, il n’en résulte pas moins qu’on peut, en choisissant con- venablement ses bourgeons reproducteurs sur un tubercule normal d'Igname, arriver à produire le résultat désiré que M. Chappellier a eu tant de mérite à obtenir à l’aide de semis successifs. Cette méthode simple et nouvelle s'impose à l’at- tention de ceux que préoccupe la solution du problème de la réduction des dimensions de l’Igname et, il semble, que c’est surtout dans ce sens que les nouvelles recherches expérimen- tales ont le plus de chances de succès. 22 EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. LE SAUMON DE FONTAINE DANS LE DÉPARTEMENT DE L'ISÈRE. La Buisse (Isère), 30 novembre 1896. Seriez-vous assez aimable pour me donner la description exacte du Salmo fontinalis ? J'en avais mis, il y a deux ans, dans mes eaux et croyais tout disparu ; mais je pêche en ce moment de jolis Poissons ressemblant un peu sur le dos à des Maquereaux, tout pointillés de rouge sur les côtés, avec le ventre jaune et rouge. Tout d’abord, j'avais cru retrouver des Ombres-chevaliers, mais le Poisson de la Buisse ne ressemble pas à l'Ombre du lac de Paladru. Les jolies bêtes, que j’ai essayé de décrire, n’ont pas plus de 20 à 22 cen- timètres et sont pleines d'œufs. Les mâles, plus gros, sont tout rouges sous le ventre avec les nageoires bordées de blanc. Il y en a beaucoup. Je ne puis trouver leur description exacte dans aucun ouvrage. Comte de GALBERT. >< ÉLEVAGE DE LA TRUITE ARC-EN-CIEL DANS LE DÉPARTEMENT DE LA CÔTE-D’Or. Dijon, le 13 octobre 1896. Malgré le pénible échec que nous avons éprouvé en juin dernier, je me propose de reprendre le plus tôt possible, à Montbard et à Beaugey (Pont-d'Ouche), l'élevage des Truites arc-en-ciel. L'installation existe à peu près à Montbard. Presque rien, au con- iraire, n’a été fait encore à Beaugey. J’ai recours à votre grande obligeance pour vous prier : 1° De vouloir bien me faire savoir quelle installation la plus promp- tement faile, et sur/out lu plus économique, je pourrais y établir, en vue de l'élevage de 3,000 à 4,000 petites Truites par exemple. Serait-il possible de se contenter de caisses flottantes ? 2° De me faire savoir, en outre, si la Société d'Acclimatation ne pourrait nous faire avoir gratuitement, ou à peu près, 6 à 8000 œufs embryonnés de Truite arc-en-ciel, dont moitié pour Montbard et moitié pour Beaugey. Je vous serais très reconnaissant d’une bonne réponse, et vous prie d'en agréer à l'avance mes meilleurs remerciements, elc. FONTAINE, Ingénieur en chef du Canal de Bourgogne. 19 co EXTRAITS ET ANALYSES. L'ACCLIMATATION VÉGÉTALE EN TUNISIE ET LE JARDIN D ESSAI DE TUNIS par Maxime Cornu, Professeur de Culture au Muséum d’histoire naturelle de Paris. M. L. Olivier, membre du Conseil de la Société d’Acclima- tation a bien voulu permettre de reproduire dans le Bulletin la notice qu'on va lire et qui a paru dans la Revue géné- rale des Sciences pures et appliquées, ‘1 année, n° 23, 15 dé- cembre 1896. Le Secrétariat remercie le Directeur de la Revue d'autant plus vivement, que gràce à son obligeance, il a même été pos- sible de donner ici quelques passages inédits du travail de M. Maxime Cornu. L’abondance des matières n’avait point permis en effet d'insérer entièrement dans la Revue géné- rale des Sciences:le travail si intéressant de notre collègue. L'arrivée des Français à Tunis et leur installation dans cette ville lui ont fait subir une transformation merveilleuse : l’établissement de magnifiques avenues, de superbes squares et promenades ne tarda pas à montrer ce qu’on pouvait obtenir dans le pays à l’aide de plantes nouvelles, convenablement choisies et cultivées. L’acclimatation, en Tunisie, de végétaux susceptibles d'y rendre des services est, en effei, possible dans une large mesure. Il y a d’ailleurs assez longtemps, on avait déjà introduit sur les rives méditerranéennes un certain nombre de plantes qui ont fini par changer l’aspect de ces pays : la Figue de Barbarie, l’Agave de l’Amé- rique du Nord, l'énorme Bella sombra de l'Amérique méridionale, les Eucalyptus de l'Australie, etc. ; mais la Tunisie n'avait guère eu sa part dans cette transformation. Cependant, la diversité des climats qu’on y observe, autorise l’espoir d'y cultiver une assez grande variété de plantes ornementales, fruitières, maraîchères et industrielles. Dans la zone montagneuse, dans les parties élevées, on retrouve la saison froide et les pluies abondantes, c’est-à-dire le climat tempéré froid ; on a un véritable hiver avec neige et glace. Sur ces points, les 24 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. cultures d'Europe s'appliquent presque entièrement et nous n'avons rien à en dire qui ne soit parfaitement étudié déjà : les légumes, les arbres fruitiers sont les mêmes qu’en France dans la région corres- pondante ; toutefois, pendant l'été, le soleil est plus chaud et plus brillant en Tunisie; on ne peut donc intégralement transporter les ha- b itudes culturales, les méthodes européennes sans des expériences préalables ; mais les résultats obtenus en Europe s’appliqueront sans doute à très peu de chose près. Il est donc certain qu'on pourra tirer de ces régions tous les produits qu'on voit de tout temps sur nos marchés à Paris : beaux légumes, fruits savoureux des pays tempérés, fleurs brillantes, dans une saison où la sécheresse a envahi et brûlé la plaine. On pourrait dire, d'une manière générale, qu’il existe en Tunisie comme zones principales pour les plantes à expérimenter : 19 Za zone du Pommier et du Poirier sur les montagnes rappelant le climat de la France centrale; 2° La zone de l’Olivier, rappelant celle de la Provence ; 3° La zone de l’Oranger, qui permet la plantation des Excalyptus, comme la région de Nice et Cannes; 40 La zone du Dattier proprement dit, c'est-à-dire celle des Oasis : Chacune de ces zones se fond plus ou moins avec ses voisines ; on peut cependant établir une sorte de classification qui aidera à séparer les cultures les unes des autres. Dans chaque zone la sécheresse et la présence du sel introduisent des subdivisions qui ont plus ou moins d'importance pour nous, sui- vant l'étendue de la région ainsi modifiée. I. — LE JARDIN D'ESSAI ET LA PÉPINIÈRE MUNICIPALE. Il est indispensable aujourdui de répandre dans le pays les végé- taux utiles. Une action énergique, et surtout continue, est nécessaire. Pour cela, un établissement spécial est indispensable : c'est le Jardin d'Essai ; il a été fondé par M. Paul Bourde, le très éminent Directeur de l'Agriculture, qui en a compris toute l'importance. Le terrain a été choisi en plaine aux environs de Tunis ; l’eau né- cessaire aux arrosages y a été amenée ; un personnel des plus choisis y a é‘é attaché (1). (1) Avec l’aide de M. Castet, jardinier en chef et de M. Roger Marès, ins- pecteur de l'Agriculture, l’installation a été rapidement menée et les travaux ont commencé. M. Roger Marès, ingénieur agronome, fils de M. Paul Marès, agronome très habile de la province d’Alser, élève fort distingué à l’Institut national agrono- mique, est lui-même un praticien de très haute valeur. Il fut après quelques années, remplacé par M. Thiry, fils de l'excellent directeur de l’école d’Agri- culture de Nancy, qui avait puisé également, à l’Institut agronomique, une EXTRAITS ET ANALYSES. 25 19 Ainsi constilué, le Jardin d’Essai fait d'excellente besogne et rend beaucoup de services. Il en rendra encore davantage quand le fonc- tionnement sera plus assuré ei que les colons y auront eu souvent recours. Quel est le rôle du Jardin d’Essai? Dans un pays neuf comme la Tunisie, c’est-à-dire dépourvu encore des moyens multiples d’action que l'on rencontre en Europe, le colon qui veut faire une tentative se trouve très embarrassé. Il ne peut s’a- dresser aux Etablissements de commerce — qui n'existent pas ou sont encore un peu rudimentaires; il ne peut faire venir les plantes de l'Europe, c’est très cher; du reste la loi ne le lui permet pas ; aucune plante ne doit entrer en Tunisie. Le colon doit donc, à ses risques et périls, essayer de se procurer les plantes nécessaires soit par la voie du semis, soit par une méthode de propagation appropriée, bou- turagé, marcottage, greffe, écussonnage, etc. Dans cette voie, combien peu sont aptes à diriger les ouvriers arabes et maltais que l’on rencontre en Tunisie! Supposons qu’un Colon veuille essayer de faire une plantation d’a- bricotiers, dans une région déjà sèche et voisine des Oasis, où l’Abri- cotier peut réussir très bien (ceux d'El Kantara sont célèbres en Algérie), et qu'il veuille essayer d'obtenir de beaux fruits soit pour les dessécher et les préparer à l’état de Pruneau, les fruits réalisant sous cette forme un bon prix. Il devra tout faire de lui-même. Réduit à ses propres forces, il ne peut ni choisir ses arbres, ni même se procurer les premiers éléments de sa plantation : les sujets à écussonner, les gref- fons de la variété la meilleure (le semis ne reproduisant pas fidèlement la plante). C'est le Jardin d’Essai qui devra lui fournir ce dont il a besoin ou, du moins, le Jardin d’Essai devra s'organiser pour être à même de le lui fournir dans un délai déterminé pour la somme la plus faible pos- sible. Il devra lui fournir aussi des indications sur les résultats obte- nus déjà et en faire profiter libéralement toute la colonie. Le Jardin devra donc être aussi riche que possible en végétaux variés, cultivables, utilisables en Tunisie et là les difficultés com- mencent ; où se les procurera-t-il, comment et par quelle voie ? Quels seront-ils? Quels sont ceux sur lesquels il devra insisler particuliè- rement? instruction agricole solide, continuation des saines traditions reçues dans sa famille. à M. Castet, jardinier chef, sorti le premier de l’École nationale d'Horticul- ture de Versailles, avait dirigé d’abord les cultures de l’établissement philan- thropique de Pessicart, près Nice, consacré à l’instruction horticole de jeunes apprentis, il connaissait à fond la théorie et la pratique de l’horticulture et était familiarisé avec les cultures de la région de l’Oranger. Les deux adjoints sont eux-mêmes de bons élèves, diplômés de l’École d’hor- ticulture de Versailles. 26 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Le Jardin d'Essai a voulu d’abord se procurer une collection aussi complète que possible de végétaux utiles. L'établissement d’une collection complète de ces végétaux est à peu près impossible en Tunisie, puisqu'on ne peut faire venir du dehors les plantes qui manquent; mais le Jardin devra être aussi riche que possible en végétaux variés, cultivables, utilisables en Tunisie, et là les difficultés commencent : Où se procurera-t-il, com- ment et par quelle voie? Quels seront-ils? Quels sont ceux sur lesquels il devra insister particulièrement ? Le Jardin, pour la préparation de ses plantes, procède de deux ma- nières : La voie du semis est la plus rapide et la plus expéditive, c'est celle qui est applicable aux végétaux qui se reproduisent par graines; on les renconire à la Pépinière et on les cède au prix de 5 centimes dans le vase à fleurs où elles ont été semées. C’est d'un bon marché extrême, c’est le prix du pot lui-même (1}. Le colon soucieux d'éviter les frais de transport ou d'achat, étudiera sur place au Jardin les opé- rations de semis et de culture de ces plantes en pots. La seconde méthode est celle de la greffe, pour les plantes qui nese reproduisent pas fidèlement par semis. Les Orangers et Citronniers, les Caroubiers, Amandiers, etc., se multiplieront ainsi; il faut un bon porte-greffe ; il convient, en outre, de choisir pour greffons les variétés les meilleures. Par ce moyen une seule plante, quelqu'éloignée qu'elle soit, peut fournir de nombreux greffons utilisables, en un point quel- conque de la Régence (2). Il serait désirable que les meilleures variétés fruitières fussent réunies au Jardin d'Essai et mises ensuite à la disposition de tous ceux qui en auraient besoin. De grands efforts ont déjà été tentés dans ce sens. Le programme du Jardin d'Essai est si vaste, il embrasse tant de détails, importants chacun pour certains colons, qu'il faut désespérer de contenter tout le monde. Sur les institutions de ce genre, la cri- tique s'exerce aisément, très souvent acerbe et même souvent justi- fiée : cela tient à ce que l'établissement, malgré tous les efforts pos- sibles, ne peut jamais répondre complètement à tout ce qu'on peut demander de lui; car on devient, à mesure des services rendus, de plus en plus exigeant, Il faut voir les résultats accomplis et ne pas trop exiger de lui : employer ce qu'il peut donner et lui faciliter les moyens de se rendre utile. Mais le conseil le plus important qu'on puisse donner aux colons est de ne pas faire eux-mêmes d'inutiles essais. Il faut avec grand (1) De ces petits pots on peut tirer des plantes qui deviennent de grands et beaux arbres. Témoin les plantations du chemin de fer de Bône-Guelma. {2] La méthode du marcottage peut d’ailleurs, dans certains cas, remplacer le greffage ; elle est trop connue pour qu’on y insiste ici. EXTRAITS ET ANALYSES. 27 soin éviter de recommencer ailleurs ce qui a été essayé là ; de refaire à nouveau les expériences qui n’ont pas réussi entre des mains ha- biles, expériences ainsi vouées à l’insuccès. Il y a certaines espèces dont l’acclimatation n’est pas même à tenter. Parmi les végétaux dont la culture ne peut ni ne doit nous ar- rêter un seul instant, on peut citer les plantes équatoriales ou fran- chement tropicales, que la température de l'hiver, le moindre abais- sement au-dessous de zéro tue infailliblement; que la sécheresse de l'atmosphère détruit en été, ce sont le Cacao, le Poivrier vrai (Piper), la Vaniile, le Manioc, le Cocotier, le Mangoustan et les fruits des régions tropicales proprement dites : en général, les plantes qui pros- pêrent à la Guyane, aux Antilles, à la Réunion, au niveau de la mer, car l'altitude change singulièrement le climat d'une région (sous une latitude déterminée). On trouve aussi à Tunis un service très important, celui de la Pepi- nière municipale, qui permet d'établir dans d'excellentes conditions de reussite les plantations des avenues. Les résultats en sont très remar- quables dès aujourd’hui et seront splendides dans l’avenir. On aurait tort de croire que ce service fait double emploi avec le Jardin d’Essai. En effet, le but quil vise est parfaitement défini et déterminé, les travaux qu’il exécute se résument en la production d’un nombre res- treint de plantes d'ornement ou d’alignement. Le parc du Belvédère, quelles que soient ses collections, ne peut évidemment pas se propo- ser le même but que le Jardin d’Essai. Il est placé sous la direction d’un Ingénieur des Ponts et Chaussées ; on sait les services immenses rendus à la Ville de Paris par les Ingénieurs de ce corps éminent, dont M. Alphand a été la personnification la plus illustre. Ils ont fait beau- coup à Paris, et peuvent faire également beaucoup à Tunis ; les résul- tats déjà obtenus en peu d’années montrent ce que l’on est encore en droit d'attendre de ce personnel d'élite. II. — QUELLES SONT LES PLANTES À INTRODUIRE EN TUNISIE? Pour résoudre cette question, on fera bien de s’inspirer en grande partie de ce qui est fait dans les pays méditerranéens, dont le climat est semblable à celui de la Tunisie; les côtes de la France méridio- nale, celles de l’Italie, de la Sicile, de Malte, du sud de l'Espagne, de la Grèce donneront d’utiles indications ; l'Algérie pourra aussi servir d'exemple (1). En dehors de ces régions, on peut encore espérer trouver des indi- cations nouvelles dans les contrées possédant un climat analogue à celui de la Tunisie. En première ligne l'Australie, le Cap, la Répu- (1) Voir à ce sujet l’article de M. Ch. Rivière sur la culture industrielle des plantes ornementales en Algérie, Revue générale des Sciences, 30 août 1896. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. blique Argentine. On peut y joindre encore le sud des États-Unis et les parties hautes et sèches du Mexique. Dans l'Asie centrale, le Tur- kestan, avec ses étés brülants, ses vents violents, offre de réelles ana- logies, quoique les hivers y soient rigoureux ; mais il y a des oasis, et les mœurs des musulmans établissent une parenté incontestable entre les deux pays. Ce qui importe particulièrement, c'est que, dans ces divers pays, il règne une activité extrême qui s'applique à tirer parti des ressources du sol par la culture ; nous ne considérerons plus seulement les jar- dins et leurs plantes d'agrément : en effet, les races européennes, implantées là-bas, ont changé les traditions des anciens habitants auxquels elles se sont substituées; c’est une agriculture nouvelle qui s’est développée sur place. Ces régions fournissent non seulement des plantes indigènes à introduire dans la Régence, mais elles font voir la direction à suivre pour metre en œuvre les richesses naturelles de la Tunisie, dans des conditions déterminées de sol et de climat. Il faudra introduire par le moyen des graines, le plus tôt possible, les espèces qui se prêtent à ce mode de propagation, afin de pouvoir au plus tôt se servir des graines qu'elles formeront à leur tour. Pour les plantes qui ne peuvent se reproduire de graines et dont les spécimens n'existent pas en Tunisie, il faudra les introduire à l'état de plantes vivantes et les tirer des points d'où l’on peut se les pro- curer. On les fera pénétrer ea pelit nombre, sous le contrôle et la sur- veillance du Gouvernement, qui, pour le cas unique du Jardin d’Essai, permettra de ne pas appliquer les sévérités de la loi qui interdit for- mellement l’apport de toute plante vivante. Ce sont les sujets spéciaux ainsi introduits qui serviront ensuite à propager, d'une manière authentique et parfaitement sûre, les végétaux dont on aura besoin (1). 4 III. — ARBORICULTURE. L’arboriculture a une importance extrême en Tunisie. Il est à peine besoin d'insister sur ce point après le magnifique Rapport de M. Paul Bourde (2), qui porte un titre modeste, mais qui est d’un haut ensei- gnement pour les colons; le mémoire de M. de la Blanchëre (3) sur (1) Divers ouvrages peuvent servir de guides dans l'étude de ces questions; nous citerons notamment : Select extratropical Plants, du baron von Mueller, botaniste officiel de l'Etat de Victoria, en Australie ; le Manuel de l'acchima- teur, de notre illustre compatriote M, Naudin, membre de l'Institut (publié sous les auspices et aux frais de la Société nationale d’Acclimatation) ; enfin les Cultures sur le littoral de la Méditerranée, du D: Émile Sauvaigo. {2} Rapport adressé à M. Rouvier, Résident général de France à Tunis, sur les cultures fruitières et en particulier sur les cultures de l'Olivier dans le centre de la Tunisie, (3) Rapport à M. le Ministre de l’Iustruction publique. Nouvelles Archives des missions scientifiques, t. VII. dr A À Es de rec en he ue ere 2 APR PMR TI SEE “ .. pi RE PRET. OU DES 47 Là Pi je à on) ” nn ftas di: à th du n or ongle dis EXTRAITS ET ANALYSES. 29 l'Aménagement de l'eau et l'Installation rurale dans l'Afrique ancienne n’est pas moins instructif que le précédent, et le confirme de tout point. Ces belles études montrent la nécessité de porter les tentatives d’acclimatation sur les plantes pivotantes ligneuses, qui sont le plus capables de résister à la sécheresse du climat et qui vont chercher la fraîcheur à de grandes profondeurs, et, d’une facon générale, celles qui admettent ou recherchent des bonnes conditions de même nature. $ 1. — Arboriculture fruitière. La région de l’Oranger se retrouve dans beaucoup de points tout autour du bassin méditerranéen ; elle est dans certains pays, soumise à des cultures très perfectionnées et très riches, mais souvent très localisées. Dans quelques régions se sont établies des traditions, et le pays tout entier se livre à une cerlaine culture. Sans doute, c’est que les conditions locales s’y prêtent, mais bien souvent ces cultures ne peuvent être transplantées ailleurs parce qu'on n’a pas facilement les éléments pour les établir ailleurs. Le Jardin d'Essai est destiné à faire disparaître cette difficulté primor- diale. Le nombre des espèces utilisables est très grand. On trouvera dans le catalogue que publie le Jardin un nombre assez étendu de variétés fruitières, livrables à des prix très bas. En attendant que toutes les variétés d'Orangers et de Citronniers puissent être mises en vente, on peut faire un large choix dans les variétés de nos divers fruits d'Europe, que l’on serait bien embarrassé de trouver ailleurs. C’est une précieuse ressource pour l'établissement de vergers dans les montagnes, où ces fruits retrouveront un climat voi- sin de celui de l'Europe. Cela ne veut pas dire que tous réussiront au niveau de la mer, mais ils méritent d'être essayés sur des porte-greffes nouveaux et mieux adaptés aux conditions climatériques de l’Afrique du Nord : Bibacier pour les fruits à pépins, Abricotier pour les fruits à noyaux ou bien espèces franchement propres à la région. ; L'’Abricotier, l'Amandier, la Vigne ont des représentants nombreux. Le Figuier, le Grenadier, l’Olivier, figurent avec quelques variétés indigènes. On ne saurait lrop recommander d'établir des collections de toutes les variétés cultivées dans le pays et y donnant de bons résultats : ce sont surtout celles-là qu’il conviendrait de propager. Pour arriver à ce but, comme nous le dirons plus loin (p. 36), des expositions périodiques seraient nécessaires, et de grosses récom- 30 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. penses seraient données à ceux qui feraient connaître les variétés mé- ritantes sous leur nom véritable et aideraient à les propager. Nous avons cité en passant les variétés d'Oranger et de Citronnier : on sait d’ailleurs que les oranges de Tunis sont exquises et que ces oranges devraient avec celles de Blidah, supplanter complètement les oranges que l'Espagne nous envoie chaque année en nombre consi- dérable. La culture du citron est si remarquable en Sicile, à peu d'heures de la côte de Tunisie, qu'on en expédie de cette île jusqu'en Californie, où cependant le Citronnier est largement cultivé. Ne peut-on imiter les Siciliens ? Il existe aux environs de Tunis une véritable forêt d’Orangers, dont les arbres sont énormes: ils paraissent avoir été négligés pendant quelque temps, mais ils montrent ce qu'on pourrait obtenir. La récolte des fleurs, des feuilles et des fruits non mûrs peut fournir quelques produits pour la distillation. Je ne parle de tout cela qu'avec une entière réserve; les colons savent parfaitement eux-mêmes comment ils doivent se diriger pour tirer parti des Orangers, ils sont les meilleurs juges. Je ne dirai rien de l’Olivier parfaitement étudié ailleurs, ni du Caroubier dont l'importance est extrême en Tunisie. Il serait cepen- dant fort nécessaire pour ce dernier arbre, dont la croissance est beau- coup plus rapide, en terrain bien préparé et fertile, qu’on ne pourrait le croire, de comparer les diverses variétés à gros fruits, et de pro- pager uniquement celles dont le rendement est le plus élevé. J'’ignore si on a désigné par des noms spéciaux les variétés les plus méritantes et si on les reconnaît à la forme ou à la nature du fruit. Le Caroubier est un arbre de première valeur pour la Tunisie. Enfin, il serait bon de rechercher les meilleures variétés de Bibaces, celles qui ont les fruits les plus gros et contiennent le moins de pé- pins; il faudrait les multiplier par la greffe et ne propager que celles-là. Ce fruit jouit d'une faveur méritée en Algérie et en Tunisie, mais on n’a trop souvent que des variétés de semis tout à fait inférieures. Parmi les arbres fruitiers qui peuvent pousser en Tunisie, mais ne prospèrent pas en Europe, on peut citer : 1° les Bananiers; la culture de ces plantes éprouve cependant dans la Régence quelques difficultés par suite de la violence du vent ; mais on pourrait les en préserver au moyen de rideaux d'arbres : 2° les Chirimoyas, sorte d'Ananas du Mexique; 3° le Sapote blanco du Mexique (Casimiroa edulis) ; 4° les Avocatiers, les Lefchis de Chine, la Tomate en arbre (Solanum beta= ceum), et surtoat les Kakis. M. Paul Bourde en a, paraît-il, fait venir une importante collection des pays d’origine. Ce sont sûrement, pour la Tunisie, de très pré- cieuses acquisitions. EXTRAITS ET ANALYSES. 31 Les Cactées, qui prospèrent facilement en Tunisie, peuvent fournir des fruits sinon délicieux, du moins acceptables, dans les régions où d’autres fruits ne pourraient aisément se former. Telles ces diverses variétés de la Figue de Barbarie, de nombreuses espèces de Cereus (Cierges} à fruits comestibles, plus ou moins gros, plus ou moins aci- dulés. Quelques-uns rappellent la Figue de Barbarie et lui sont même très supérieurs. D’autres plantes à formes globuleuses, hérissées d’épines crochues, et jusqu'ici confinées dans les collections d'Europe comme de simples curiosités, donnent à profusion des sortes de groseilles. On les nomme Pitaya (1). Enfin, dans les oasis, on pourra utiliser l’'Elgagnus hortensis, arbuste à feuillage argenté, semblable à l’Olivier de Bohême. Il donne des fruits semblables à une petite olive, et à une très grosse olive dans les formes améliorées. La chair du fruit est sèche, pulvérulente et sucrée ; c’est la Datte des oasis à très fortes gelées du Turkestan ; mais cet arbuste peut vivre parfaitement dans les oasis tunisiennes et admet les sols un peu salés ; les graines germent très aisément. Cet arbuste mérite d’être protégé. Il y a des variétés plus estimables, à fruits plus charnus et plus gros que dans le type. S 2. — Arboriculture d'ornement. La ville de Tunis montre, dans ses boulevards et ses avenues, une grande variété de végétaux qui peuvent rendre aux colons les plus grands services dans leurs propres demeures. Ce sont : Les arbres d’ombrage proprement dits, le : Ficus macrophylla qui res- semble au Caoutchouc et devient admirable et énorme ; le Ficus ilida, dont les feuilles ressemblent à celles du Poirier et le Ficus levigata, très semblable au précédent, mais à feuilles un peu plus grandes ; Les faux Poiriers : le Schinus molle à feuillage léger qui rappelle le Saule pleureur ; le Sck. terebinthifolius, rappelant un peu le Frêne; tous deux garnis parfois de grappes roses dans le premier, rouges et plus compactes dans le second; ils sont originaires de l'Amérique méridionale; Le gros, puissant Umbu de la République Argentine, dégarni de feuilles pendant l'hiver, qui devient rapidement colossal, se couvre de larges feuilles pendant l'été : c’est le Phytolacca dioica ou Bella sombra ; les arbres de la résidence ont eu, d’après M. Doumet-Adanson qui me l’a dit, exactement 60 ans en 1896; ils dépassent nos plus énormes Chênes et tous les arbres que nous connaissons ; Le Lilas des Indes (Melia Azedarach), originaire des contrées tem- (4) Consulter à ce propos un intéressant article de M. D. Bois, assistant au Muséum, dans le Bulletin de la Société d’Acclimatation, 20 juin 1888, et les articles Cereus et Echinocactus du Dictionnaire d'Horticulture de M. Bois. 32 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. pérées chaudes ou subtropicales de l'Ouest de l'Afrique, le Grevillea robusta de l'Australie, plantés dans diverses voies de Tunis, feront, avec les essences précédentes, une merveilleuse ligne d’ombrage ; le Pavia californica pourrait prendre la place du Marronnier de l'Inde. Si, à ces beaux arbres à feuillage, on peut joindre quelques Palmiers, Pritchardia filifères et robustes Cocos de Bonnet, C. plumeus, C. Datil; si on plante les formes vigoureuses, qui deviennent énormes, du Dattier des Canaries, on obtiendra des effets absoluments merveilleux, comparables aux perspectives des pays tropicaux. Les Bambous largement fumés et abondamment arrosés peuvent donner aussi une végétation d’une extrême beauté. L'Arboriculture comprend encore la défense des cultures contre les vents violents qui causent de très grands dommages, contre les ma- raudeurs et contre les animaux. Contre les vents violents, le Jardin d’Essai préconise des haies d’Acacia cyclopis en premier rang avec une bordure, en second rang, de Casuarina. On déplace aisément ces derniers, m'a dit M. Castet, à condition d'enlever une partie des branches, et de décapiter les arbres : jusqu’à quatre et cinq années, cette opération, toujours très grave pour l'arbre, réussit assez bien. Pour brise-vents, on peut prendre des arbres divers, des Euca- lyptus, des Acacia, suivant la hauteur que l’on veut donner au ri- deau, en évitant soigneusement que les racines ne viennent faire concurrence aux cultures ; on s’inspirera des usages locaux. Munies de fortes et terribles épines, certaines Légumineuses sont très défensives. L’Acacia eburnea V'Acacia de farnèse (Cassie) avec ses fleurs odorantes en boules orangées. Cette plante admet un peu le sel; elle offre à Biskra un développement magnifique. Le Parkinsonia, et même les Gleditschia pourraient sans doute être utilisés comme défenses, à condition d'être régulièrement taillés. Dans les jardins maraîchers, dans les Vignes jeunes, en Tunisie, on sème une simple ligne d’Orge, pour protéger les plantes herba- cées, légumes et vignes, dans les premiers temps de leur dévelop- pement. Le colon peut, dans cette voie, s’ingénier lui-même et pronortion- ner le rideau végétal d’abri aux besoins de la plante abritée. $S 3. — Arboriculture forestière. Nous passcrons très rapidement sur cette partie de l’Arboriculture, M. Loth ayant consacré un article aux Forêls de la Régence (1). Le groupe des Eucalyptus et des Conifères fournira des sujets méri- (1) Revue générale des Sciences, 1° année, 15 décembre 1896. EXTRAITS ET ANALYSES 39 tant d’êlre essayés ; le Cupressus, le Cryptomeria Japonica, les divers genres Pinus qui fournissent le Pitchpin, les Noyers (Juglans nigra, Carya alba, sulcata), les Araucaria, les Casuarina réussiraient proba= blement dans les forêts tunisiennes. Mais l’un des obstacles à ces plantations provient de l'impossibilité de se procurer des plants, même en nombre restreint, pour faire les premiers essais. C'est pour ces premières expériences que le Jardin d'Essai sera par- ticulièrement ulile. Il fournit les plants jeunes, transportables en petits pots (godets), d’une taille très réduite et d’un prix infime, per- mettant la reprise absolument à coup sûr. Un second obstacle, et qui n'est pas l’un des moindres, consiste dans le peu de sécurité que présentent ces plantations faites à l’aide d'élé- ments si jeunes. La dent du bétail (Chèvre et Chameau), les dépré- dalions des Arabes, les incendies volontaires ou involontaires peuvent détruire, entraver, arrêter les courages les plus résolus. Malgré ces difficultés, il faut aller de l'avant, ce sont les premiers arrivés qui obtiendront les meilleurs resultals. IV. — PLANTES MARAÎCHÈRES. On a traité à part dans cette série d’arlicles sur la Tunisie la partie agricole qui concerne les plantes alimentaires ; nous n’en étudierons ici qu'une partie plus restreinte : les plantes maraïchères ; elles ne diffèrent pas de celles d'Europe des régions septentrionales ou des ré- gions méridionales. Sous ce rapport, il ne semble pas qu'on ait grand'chose à emprunter à des pays plus chauds; ce sont, au contraire, ces pays qui empruntent à l'Europe ses variétés amétiorées et ses graines de choix. Il existe d'excellents marchands grainiers en France, en Italie, en Allemagne et en Angleterre. Nous avons, en France surtout, des mar- chands de premier ordre, qui ne laissent rien à désirer pour la haute valeur et le choix des semences qu'ils mettent en vente. La question si importante des primeurs doit être traitée également à part ; on n'y insistera point ici. Mais il est nécessaire de remarquer que pour les primeurs destinées au commerce (qu’il s'agisse de lé- gumes ou de fruits), la conservation parfaite pendant le transport est une condition primordiale de réussite. L’emballage doit être étudié avec un soin tout spécial; la beauté du produit à l’arrivée l'emporte en général de beaucoup sur la qualité elle-même ; si singulière que cette affirmation paraisse, elle est l'expression de la vérité. La préparation et l'emballage doivent donc être étudiés avec le plus grand soin ; un insuccès dans l'envoi peut compromettre les résultats culluraux les plus remarquables. Les primeurs peuvent avoir pour le commerce avec la France une Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 3. 34 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. importance extrême, comme le démontre, du reste, l'importance du commerce de ce chef avec l'Égypte. Dans le choix des produits à exporter on devra toujours avoir les yeux sur ce qui se fait en ce pays, afin de pouvoir faire mieux si c'est possible, en tout cas faire autre chose. Le choix de la variété à cultiver, de préférence à toute autre, exige du savoir et de la sagacité. Parmi les plantes qui se trouveront dans leur milieu naturel, on peut citer les Artichauts, les Tomates, les Aubergines ; on devra, d’ailleurs, il convient de le répéter, pour le choix des produits à exporter, avoir les yeux sur ce qui se fait en Egypte, pour laquelle la Tunisie pourra devenir une sérieuse concurrente dans cette spéculation. Il est juste de dire que :e marché ce Tunis montre déjà de magni- fiques produits maraichers, qui font grand honneur à la capitale de la Régence pour la variété et la beauté des légumes. La main-d'œuvre est très différente de celle qu'on emploie aux en- virons de Paris et plus généralement près des grandes villes de France; la merveilleuse organisation du travail, telle qu’elle existe chez les Parisiens, les premiers maraîchers du monde, ne peut être aisé- ment obtenue ailleurs ; elle est le résultat du concours de qualités natives rares et d'une éducation spéciale de la famille; dans aucun pays on ne voit une utilisation aussi parfaite du sol et des produits aussi beaux. Il ne semble pas qu’on puisse beaucoup changer l’organisation actuelle de la production maraîïchère en Tunisie, à moins d'efforts spé- ciaux unis à des capitaux élevés. V. — PLANTES ORNEMENTALES. On possède déjà beaucoup de belles plantes en Tunisie, qui sont utilisables pour la décoration des jardins : c’est plutôt l’utilisation bien appropriée qui fait défaut, que l'absence des plantes. Sans doute, on ne possède pas toutes nos variétés de Géraniums (Pelargonium), de Glaïeuls, de Cannas, d'Iris, d'Œillets, etc., mais on en possède quelques-unes, et cela suffit bien; on n’a pas le soin d'amener les jardins au degré de perfection où sont entretenus les nôtres en Europe. D'ailleurs, c’est une erreur de vouloir les copier servilement comme on le fait trop souvent; on peut se rendre compte qu'il y a autre chose à faire et qu'on doit tenter d'employer d'autres éléments. Sous le climat de l’Oranger, nos Géraniums d'Europe deviennent des arbustes au lieu de rester nains; les bordures ne sont plus basses et humbles, elles se dressent à 30 et 35 centimètres. Les Pyrèthres do- rés, les Cinéraires blanches, les Alternanthera, les plantes à feuillage, en général, fleurissent, se dégarnissent, se dressent en l’air, et font un EXTRAITS ET ANALYSES. 39 effet déplorable, bien différent de celui pour lequel elles sont recher- chées en France. Les amateurs de jardins doivent donc chercher d’autres plantes et d’autres méthodes culturales que celles qui ont cours sous nos cli- mats. Il y aura donc lieu d'examiner les plantes que l’on pourra culliver. Les Zæia, les Sparaxis, les Composées, les Scrofularinées, les Labiées renferment des espèces de première valeur ornementale, qu’on pourrait essayer avec chances de succés. Les expositions sont un stimulant puissant du progrès horticole, et il faudrait s’efforcer de les provoquer de les rendre régulières et suivies. Il serait vivement à souhaiter qu'un personnage important, qu’une sociélé locale disposant de quelques ressources, se missent à la tête du mouvement horticole en Tunisie. Dans ces conditions, les progrès pourraient être rapides, ainsi que le démontrent les exemples ana- logues qui se sont produits dans diverses régions de la France (1). VI. — PLANTES INDUSTRIELLES. Dans cet ordre d'idées, les essais doivent être étendus avec une certaine circonspection. C'est une erreur de tirer des conclusions trop optimistes des essais faits en petit dans un jardin. Au milieu de la campagne, sur de vastes surfaces, les causes d’insuccès s'accumulent pour ainsi dire. La Canne à sucre succombe actuellement sous les atteintes de la concurrence européenne de la Betterave et sous les attaques de divers parasites. Le Sorgho sucré peut donner des résultats partiels dans des condi- tions spéciales ; mais la coupe doit être faite tout d’un coup, sous peine de perdre la plus grande proportion de matière sucrée. Les semis successifs ne paraissent pas avoir donné de résultats très encou- rageants : le fourrage que l’on peut retirer des feuilles n'a pu être utilisé sans inconvénients en France ; M. Heuzé et M. Cornevin dé- clarent cette plante dangereuse pour le bétail. Le Coton est l’une des cultures qui ont été le plus encouragées par le Gouvernement en Algérie ; pendant la guerre de sécession, l’Amé- rique du Nord laissa tomberle chiffre de la production ; c'était une oc- casion excellente de faire surgir dans nolre colonie une production (1) L’un des exemples les plus remarquables a été donné par des amateurs de la ville de Roubaix. À ja suite d'expositions et de concours horticoles, il s’est créé un mouvement important en faveur de la production fruitière de pri- meurs, et plus généralement en faveur des produits horticoles de luxe. Ce mouvement s’est propagé dans plusieurs départements du nord de la France, Le nom de M. Anatole Cordonnier est bien connu dans cette œuvre de pro- grès. C’est lui, riche industriel, amateur éclairé et très ardent, qui a déter- miné cette impulsion première, aujourd'hui considérable, 36 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. rivale ; on fit de grands efforts principalement dans les départements d'Alger et d'Oran. Des succès locaux avaient fait naîlre de grandes espérances échafaudées sur des cultures trop restreintes et trop spé- ciales ; le Gouvernement, des sociétés particulières donnèrent des primes, promirent des récompenses ; l'industrie française était hau- tement intéressée à la réussite de ces expériences. Il a fallu délaisser cette culture qui n'existe plus qu’à l’état de souvenir dans la province d'Oran. Aujourd’hui les conditions économiques sont bien plus défavorables; les Etats-Unis ont rétabli leur puissante production, améliorant les mé- thodes d'exploitation, utilisant les produits jadis rejetés ; l'extraction de l'huile de la graine, autrefois sans emploi, donne des bénéfices im- portants ; la lutte devient donc beaucoup plus inégale qu'auparavant. Ce qui fait défaut pour la culture du Coton en Algérie, ce n'est ni l’habileté, ni l’ardeur, ni le courage de nos agriculteurs. Ce qui a em- pêché le Coton de s'implanter, c'est le climat. Il faut une température chaude, un sol fertile et suffisamment humide pour permeltre un bon développement. Mais une fois la floraison survenue, il faut encore que la maturation des fruits s’accomplisse sans pluie ; les coques s’eptr'ouvrent à la matlurilé, laissant les flocons blancs exposés aux intempéries ; il est indispensable que, du mois d'août à la fin de dé- ceinbre, il n’y ait jamais de pluies et que les cueillettes successives soient absolument assurées. Or, en Algérie, il survient des pluies accidentelles de la fin de sep- tembre à la fin de novembre. Elles sont irrégulières, courtes ou pro- longées ; mais elles ne manquent jamais, soit à un moment, soit à l’autre. Elles donnent des quantités d’eau souvent très faibles, inutiles pour l’agriculture, mais tombent en grosses gouttes et gâtent une par- tie de la récolle de Coton. La météorologie des mois d'automne en Tunisie, même dans les points déjà très secs, offre la même irrégularité et la même allure. En Amérique, la région consacrée à la culture du Coton est parfaitement délimitée et rigoureusement définie par le cli- mat. Il en est partout ainsi, pour les mêmes raisons. Dans les régions où l'on se contente d'une fraction de récolte, où l’on s'adresse à des plantes d’une autre espèce et où l’on a un climat très différent et une plante exigeant d'autres conditions, les résultats peuvent être autres. L'Egypte est souvent prise pour modèle et le Coton y est largement cultivé ; mais on ne doit pas oublier que l'Egypte est, pour ainsi dire, un lambeau du désert transformé en oasis par les inondations du Nil, fleuve dont les eaux sont, non pas salées, mais riches en principes fer- tilisants. En Tunisie, on ne pourra faire du Coton sur une grande échelle que dans les régions où l’on sera assuré d’avoir une absence complète de pluies du milieu d’août à la fin de novembre, tout en ayant un sol suf- fisamment frais el fertile pour permettre à la végélation de se pour- EXTRAITS ET ANALYSES. 37 suivre dans de bonnes conditions. Si l’on s’écarte de ces conditions, on s'exposera à de grands risques. Il est certain que, dans le voisinage des régions à pluies très rares, on se rapproche des circonstances requises, mais alors l'irrigation devient absolument nécessaire, et l’on reste cependant encore soumis à l’irrégularité du climat. C’est la pluie qui compromet la récolte, en mouillant le contenu précieux du fruit entr'ouveré à la maturité. Il existe au Turkestan des variétés diverses de coton, bien moins belles que les races à longue soie des Etats-Unis, et dont le fruit demeure clos à la maturité ; ces sortes de coton sont l'objet d’une culture étendue ; d’après M. Edouard Blanc, cette culture progresse d’une manière rapide, de telle sorte que la Russie arrivera à produire une masse énorme de ce précieux textile dans ses provinces nouvelles. Nous pourrions peut-être obtenir des récoltes utilisables à l’aide de ces races ; j'ai déjà envoyé, il y a plusieurs années, quelques-uues de ces graines au Jardin d’Essai de Tunis, et, grâce aux bons soins de M. Castet, elles paraissent y avoir prospéré. En avril 1896, j'ai pu en adresser un certain nombre de races variées, dues encore à l’obligeance de M. Edouard Blanc, qui connaît si bien la Tunisie, il est probable qu'on aura d'ici peu des résultats précis sur la manière dont ces races se comportent (1). L'utilisation du fruit clos exige une opéralion assez compliquée : il faut l'ouvrir, la bourre est très adhérente à la graine ; ce sont des dil- ficultés nouvelles. Dans les points où les pluies de fin d'été ei d'automne sont à craindre, on emploiera ces variétés pour tenter la culture du coton. Dans les régions dépourvues de pluies d'automne on essaiera les races fines des Elats-Unis : mais en existe-t-il beaucoup en dehors des oasis ? La Ramie a donné lieu à une quantité immense d'essais de toute nature ; il est peu de plantes qui aient fait naître en vain autant d’es- pérances. La décortication est, en effet, l'écueil de son exploilatiou ; pour être économique, elle doit être faite à la main, à l’aide d'un cou- teau, en utilisantune main-d'œuvre sans valeur, des enfants, ainsi que cela a lieu en Chine. Agave. — La Tunisie est un pays sec; les Agaves y réussissent par- faitement; on pourrait sans aucun doute y cultiver les espèces et variétés à fibres textiles, qui donnent de si excellents produits en Amérique, dans les contrées les plus sèches. (4) Voir l’article de M. Ed. Blanc dans les Mémoires de la Société nationale d'Agriculture en 1894 ; voir également le Bulletin de la Société d'Acclimatation. On sait d’ailleurs que la Société d’Acclimatation a distribué en 1896 un très grand nombre de graines de Cotonnier rapportées du Turkestan par M. Édouard Blanc, FL" 38 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. J'ai déjà insisté sur ce fait, il y a plusieurs années, dans une com- munication à la Société nationale d'agriculture. Il existe un grand nombre d'espèces et variétés d'Agave (ÿ compris le Fourcroya gigantez désigné souvent sous le nom d’Agave fétide, ou Chanvre de Maurice et les espèces de ce genre, F. de Cuba, etc). Les unes ont des feuilles plus ou moins larges ou longues, épaisses: les autres en ont de plus courtes : ces dernières particulières aux re- gions moins chaudes du Mexique ; les autres, au contraire, restreinies aux parties brülantes de ces régions. Elles s’accommodent parfaitement des sols impropres à toutes les autres cultures. Elles prospèrent en terrains très secs. L'exploitation de la fibre exige certaines machines et un peu d'eau pour le lavage après écrasement. L'exploitation des textiles a créé au Yucatan de véritables richesses; les fibres des Agaves s’emploieni à un grand nombre d'usages. La créalion de semblables cultures exige évidemment des essais préa- lables et suriout l'obtention de capitaux suffisants, nécessaires pour les premiers essais en grand. Plusieurs erreurs sont à craindre : erreur sur l'espèce ou la variété, sur la valeur relative et la rapidité du developpement dans des condi- tions données. Maïs je le répèle, celle culture ne sera profitable, sans doute, que dans les conditions où elle ne pourrait êlre remplacée par aucune autre plus rémunératrice. Il y aurait à voir si l’on ne pourrait pas relirer des deéchels herba- cés, par une manipulation simple ou pen coûteuse, une matiere nutrilive pour le bétail : Moutons, Chameaux, etc. A l'ile Mawrice, la culture des Fourcroya est trop coûteuse pour qu'on puisse l’entreprendre, malgré la haule valeur commerciale des fibres ; l’industrie doit se borner à employer les plantes naïssant sans culture sur des terrains abandonnés par la Canne. En Tunisie, la culture de l'Agave ne sera d'ailleurs sans doute pro- fiable que dans les conditions où elle ne pourrait être remplacée par aucune autre plus rémunératrice. En Algérie les Agaves (4. americana), qui sont pourtant très infé- rieures à celles qui donnent le sisal et l'ixtle, sont mises en coupe réglée par des vagabonds qui en lirent des mèches de fouet, des cordes, eic. Ils utilisent les touffes qui garnissent les fossés et les terrains vagues en cueillant les feuilles extérieures (adultes). Sou- mises à ce régime, les Agaves diminuent, semble-t-il, rapidement de nombre (1). Quant aux yganfes à fanin, en dehors des plantes indigènes de l'Afrique et de l’Europe, Chêne, Sumac, etc., on a conseillé diverses {1} Voir l’intéressante notice publiée par M. Van d2n Driesche, dans le Bu] Ltsn de la Socsété de Géographie commerciale, t. XII, 1889-90 ; p. 681. EXTRAITS ET ANALYSES. 13 39 espèces, notamment la Canaigre (Rumex hymenosepalus), sorte de Patience, qui réussit bien au Jardin d'Essai de Tunis; certains Acacia (4. decurrens, mollissima, leiophylla, etc.), connus sous le nom de Black, avattle, ont une teneur considérable en tanin; le bois en est dense et peut être employé au tour et à l’éhenisterie. Malheureusement, ces arbres ne peuvent être obtenus que de graines, lesquelles germent mal en pleine terre, surtout si le sol est calcaire. Les plantes à parfum : Oranger, Jasmin, Géranium Rosat et autres espèces, exigent à ia fois une culture très parfaite et une usine qui en utilise les fleurs. Les fruits desséchés demandent une sorte de préparation industrielle, dans les regions où des pluies accidentelles surviennent au cours des opérations ; la préparation des fruits desseéchés, comme la distillation des fleurs, se rattache intimement aux questions culturales : là encore le choix de la variété à utiliser a une importance prépondérante : toutes les Prunes ne fournissant pas de bons pruneaux, on ne devra pas faire de plantations sàns des essais préalables et sans avoir des renseignements précis sur le produit de la vente. On pourrait tenter dans les terres profondes ef fertiles d'établir des plantations de Réglisse. La partie souterraine du Glycyrritha glabra est vendue communément en France sous le nom de Bois de Réglisse, on en tire un extrait qui porte le nom d'Exérait de Calabre et qui paraît pro- venir exclusivement de ce pays peu éloigné de la Tunisie. Les graines peuvent servir à propager la plante qui drageonne énormément ; le Glycyrritha echinata donne un produit semblable. VII. — CONCLUSIONS. Les indications relatives aux plantes qu'il serait bon d'introduire et de culliver dans le nord de l'Afrique, sont loin d'être toutes très nou- velles; dans la masse immense de publications sur ce sujet, faites avec ou sans compétence pratique, on trouve beaucoup de conseils, les uns bons, les autres mauvais. Il est facile de désigner d’abord les plantes qui sûrement ne donneront aucun bon résultat; mais il en est d'autres plus douteuses, pour lesquelles les insuccès sont probables, surtout pour les exploitations faites en grand. Pour les vastes opérations, notamment, la plus grande prudence est nécessaire avant de les entreprendre. On ne peut rien conclure de définitif, ainsi que nous l’avons dit plus haut, en s'appuyant sur des essais restreints en terre de jardin, exécutés sous l'œil vigilant d’un expérimentateur assidu. Il faut livrer les plantes, en grand nombre, aux hasards des larges surfaces et des conditions aléatoires du climat et de préparation du sol. Après plusieurs années pendant lesquelles on aura étudié et reconnu les causes des insuccès, lorsqu'on aura pu les éliminer et les atténuer, 40 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. alors, el alors seulement, on pourra étendre la surface consacrée à ces plantes. Procéder autrement, c’est courir à la ruine. Avant de commencer une expérience de culture, il sera bon de voir comment elle aura réussi au Jardin d'Essai; on y trouvera les pre- miers éléments d’information, mais il faudra les contrôler soi-même, chez soi, par des observations préalables. L'initialive individuelle est excellente, mais le colon n’a pas tou- jours le temps ou les moyens d’y consacrer ses loisirs et son argent; a sous les yeux le moyen de s'épargner des déboires et des dépenses. APPENDICE. La loi interdit l'introduction des végétaux vivants en Tunisie. Une interdiction semblable existait, autrefois, pour l'Algérie : il y a deux années seulement, M. Viger, ministre de l’Agriculture, l'a en partie levée, mais il y subsiste encore beaucoup d’entraves. Les prescriptions rigoureuses conire l'introduction des plantes vivantes dans la Régence proviennent de la crainte que les racines n'introduisent le terrible Phylloxzera ; mais c’est toujours par des plants de Vigne phylloxérés, apportés près ou dans un vignoble, qu'a lieu la première invasion du fléau, dans un pays indemne jusqu'alors. Hâtons-nous donc de le dire, la Vigne seule est dangereuse; c'est contre elle qu’on devrait accumuler toutes les suspisions, toutes les rigueurs, toutes les pénalités, et en proscrire sous toutes les formes le commerce avec l'extérieur de la Régence. Mais, sans autoriser l'introduction libre des plantes, ne pourrait-on faire fléchir cette loi rigoureuse en faveur de l'établissement de l'Elat, qui a pour mission, justement, de répandre les espèces utiles ? Le Jardin d’Essai sel, et sous le contrôle efficace du Gouvernement, pourrait recevoir des plantes : cette permission rendrait sûrement les plus grands services. Elle enlèverait toute excuse aux fraudes qu’une interdiction absolue amène toujours, fraudes dont le résultat infaillible a été, pour tous les pays, de propager le PAylioxera. Mais alors le Jardin ne devrait cultiver aucun pied de vigne dans son périmètre. La propagation, la multiplication et la vente des Vignes serait confiée à un service tout à fait indépendant et n'ayant aucun échange avec le service ordinaire du Jardin. CONSEIL D'ADMINISTRATION Bureau Président honoraïre. Albert Groreroy-Sr-Hirairr, ancien directeur du Jardin zoologique dAceclimatation du Bois de Boulogne, Vault de Lueny, par Avallon (Yonne). Ed. Burrau, professeur de botanique au Muséum d'histoire naturelle, quai de Béthune, 24. D' LaBouLBÈNE, prof. à la Faculté de médecine, membre de l'Académie de médecine, boulevard Saint-Germain, 181. Vice-Présidents C. Ravercr-WarreL, directeur de la Station aquicole du Nid-de-Verdier, près Fécamp, rue des Acacias, 20. Henry pe VizmoriN, membre de la Société Nationale d'Agri- culture, ancien membre du Tribunal de Commerce de 14 Seine, rue de Bellechasse, 17. | Secrélaira général. Baron Jules pe Guernr, rue de Tournon, 6. Eugène Causripr, agrégé de l'Université, prof. au Lycée de Versailles, Secrétaire des Séances, à Viroflay (Seine-et-Oise). Charles BroxGxrarT, docteur ês sciences, assistant (Entomologie) au Muséum d'histoire naturelle, Secrétaire pour l'Intérieur, Secrétaires . rue Linné, 9. Henri Hua, licencié ès sciences naturelles, Secrétaire du Conseü, rue ce Villersexel, 2. Re de DALMAS, Secréluire pour l'Étranger, rue de erri, 26, Trésorier, Albert Iuaerr, administrateur judiciaire près le Tribunal civil de la Seine, rue Bonaparte, 17. Avéhiviste-bibliothécaire. Jean de CLAYBROOKE, Secrétaire général de la Société des Aviculteurs français, rue de Sontay, ». ÿ Membres du Conseil Edouard BLaxc, explorateur, rue Spontini, IS. Raphaël BrancHarp, membre de l'Académie de médecine, secrétaire général - de la Société zoologique de France, rue du Luxembourg, 32. €. DARESTE DE LA CHAVANXE, Dr ès sciences ét en médecine, directeur du labora- toire de tératologie à l'Ecole pratique des hautes études, r. de Fleurus, 37. Paul ne Lapourayr, ambassadeur de France, avenue des Champs-Elysées, 129. Pierre MÉéexiN, membre de l'Académie de médecine, directeur du Journal l'Eleveur, avenue Aubert, 6, à Vincennes (Seine), Dr Joseph Micuon, ancien Préfet, rue de Babylone, 3, A, Mrxe-Epwarps, membre de l'Institut (Académie des sciences) et de l’Aca- démie de médecine, dir, du Muséum d'histoire naturelle,.rue Cuvier, 57, Louis Oruvier, Dr ès sciences, directeur de la Revue générale des sciences pures et appliquées, rue de Provence, 34. 3: Ousrarrr, D: ès sciences, assistant au Muséum d'histoire naturelle, (Mammi- fères et Oiseaux), rue de Buffon, 55. Edmond Perrier, membre de l'Institut (Académie des sciences), professeur au Muséum d'histoire naturelle (Malacologie), rue Gay-Lussac, ?8. Georges Rozey, propriétaire, rue Grange-Batelière, 28, Dr Werre, médecin inspecteur de l'armée, ancien directeur de l'Ecole de médecine militaire du Val-de-Grâce, boulevard Saint-Germain, 180. QUARANTE-QUATRIÈME ANNÉE. — TABLEAU DES JOURS DE SÉANCE ls “Le vendredi à 8 heures LP 11 |15et29/12et26| 5et19 | 2et23 | 7et21 Le verres dues | det18 | Ret22 | 5et19 |12e126) 9et30 | 14 et28 Le lundi à 8 heures. ee ts nr Re miroir » 18 22 29 » 3 DU rares » 25 » 1er 5 10 Le lundi à 3 heures. » dE 8 12 17 eme heures. » >. 9 16 DORE NOTA. — Tout Membre de la Société prenant part anx séances indiquées dans le Tableau ci-dessus. reçoit, comme jeton de présence, une entrée gratuite au JARDIN 4OOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Du Bois RE BOULOGNE La Bibliothèque est ouverte tous les jours non fériés, de 10 h. à 4 h. Les personnes étrangères à la Société peuvent y être admises sur la recommandation écrite de 2 membres. Les livres doivent être consultés sur place, énteutm—. sm vtt. sodie-imses CAN UT RE 18 AE - Lens, 2 Ki D) phes ASTn DRE L te dd ES SR he tn stat ti iinsmsihe Bad 4 Charles NAUDIN Membre de l’Institut (Académie des sciences) Directeur du laboratoire de botanique de la Villa Thuret, à Antibes ET le Baron F. Von MUELLER Botaniste du gouvernement anglais à Melbourne. MANUEL L'ACCLIMATEUR! CHOIX DE PEANSS RECOMMANDÉES POUR L'AGRICULTURE, L'INDUSTRIE ET LA MÉDECINE Adaptées aux divers climats de l'Europe el des pays tropicaux OUVRAGE PUBLIÉ AUX FRAIS ET SOUS LES AUSPICES DE LA Société nalionale ŒdAcclimatation de France Un volume in-8° de près de 600 pages avec portrait. ———— TT INTRODUCTION : Considérations générales sur l’acclimatation des plantes ; Apercu général des genres de plantes auxquels sont empruntées des espèces déjà utilisées ou qui peuvent l'être ; Description sommaire des familles ou groupes naturels auxquels se rattachent la plupart des plantes indiquées dans ce volume ; Noms vulgaires des plantes et synonymes rapportés aux noms botaniques ; Énumération par ordre alphabétique des plantes, leurs usages et leur culture, formant un dictionnaire des végétaux à acclimater dans les diverses régions du globe; . Noms des auteurs cités dans le cours de l’ouvrage avec les abréviations - usitées. Prix : 7 francs. Pour les Membres de la Société nationale d'Acclimatation de France, 8 fr. 50 EN VENTE AU SIÈGE DE LA Socièlé nationale d’Acclimatation de France, 41, rue de Lille, PARIS. Le Secrétaire Général, gérant Versailles, — Imprimeries CERF, 59, rue Duplessis, Juces DE GUERNE tn ob LEA À À indice décimal BULLETIN 581.52 591.52 DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCEMATATION DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 44 ANNÉE — FEVRIER 1897 SOMMAIRE Hu DECAUX. — La transhumance des Moutons algériens. ........................ 41 ROM RON == L'hibernation des Hirondelles._.+.............42444.0 00,2. 5I Ch. NAUDIN S. l'Institut). — La longévité des graines et leur conservation dans la VETE o 000 0000086000 bombnbdpioitloo Doc idea on odde ain ice CE 0 SA 59 LP DPECROIX:— - Sur queiques propriétés médicinales des Agaves et des Caclées....... 62 Brtraits des procès-verbaux des séances de la Société : Séances générales des 15 et 29 janvier 1897... . ..................... ssl ee C4 Section = Mammifères. — Séance du 11 janvier 1897. :: LL .:.....:...!.1.1.. 77 trou pbofanique Séance dui)) février 1897. 2.7. 52... 00 18 Extraits de la Correspondance : Compte rendu de la pêche du réservoir de Tillot (Côle-d'Or)..... Biboton die dB ane ti oi 20 LE, Extraits et Analyses : NGRANDIDIER. — Les voyages du Prince Henri d'Orléans. .................... £2 Jures GRISARD: — L'arbre du voyageur. — Le Rovensara de Madagascar... ....... 85 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Z1, RUE DE ILLE, 41 PARIS ET À LA LIBRAIRIE CERF, Â2, RUE SAINTE-ANNE Le Bulletin paraît tous les mois. SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION DE FRANCE. Fondée le 10 Fevrier 1854 reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 BUT DE LA SOCIÉTÉ Le but de la Société est de concourir : 1e À l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des» espèces d'animaux utiles’et d'ornement ; 2° au perfectionnement et à | la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées ; « 3° à l'introduction et à la propagation des végétaux utiles ou d’or- nement. Ce programme s’applique au territoire des possessions extérieures M comme au sol même de la France. L'’attention des personnes compé-w tentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’accli-\ mater dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle ; vulgarise les résultats dans ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récom- penses honorifiques ou pécuniaires, organise des expositions où des conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les graines qu’elle donne, par les cheptels qu’elle confie à ses membres ou aux Sociétés dites agrégées ou affiliées, la Société dAcclimatation poursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue entre toutes les asso-u ciations analogues uniquement préoccupées de science pure. Les récompenses et les encouragements de la Société d’Acclima-w tation peuvent être obtenus par les Français et les étrangers, lesu membres de la Société ou les personnes qui n’en font point partie. Sont invités à prendre part aux concours : les naturalistes-voyageurs, les jardiniers, les gardes, les éleveurs de toute catégorie (aviculteurs, pisciculteurs, apiculteurs, sériciculteurs), et, en général, tous ceux qui servent, dans la pratique, avec ou sans salaire, le but poursuivi par la Société. LA TRANSHUMANCE DES MOUTONS ALGÉRIENS SA FUNESTE INFLUENCE POUR LA MISE EN VALEUR ET POUR LE REBOISEMENT DES HAUTS PLATEAUX Moyen de la supprimer par la culture du TAMARIX ARTICULATA par F. DECAUX ||}. La question de l'élevage du Mouton et de son perfection- nement en Algérie et en Tunisie a passionné, depuis 1852, toutes les personnes qui s'intéressent à l'avenir de la colonie. En réalité, cette grave question est complexe : elle ne touche pas seulement, au plus haut degré, les intérêts écono- miques, elle est de plus étroitement liée au reboisement des Hauts-Plateaux, duquel dépend, dans un avenir prochain, la richesse ou la stérilité du pays dans toutes les parties autres que le littoral et les oasis. Je montrerai tout à l'heure que tous les auteurs qui se sont occupés du Mouton algérien depuis 1852 s'accordent sur la nécessité de son perfectionnement : soit par la sélection, soit par des croisements avec des Mérinos de la Crau, partout où l’on peut abriter et nourrir les Moutons avec des fourrages de réserve. Le même accord existe entre les spécialistes les plus com- pétents pour préconiser le reboisement des Hauts-Plateaux sans retard. Plus de cent notes ou mémoires ont été rédigés sur ce sujet depuis quarante ans; nous devons faire remar- quer qu'on à beaucoup discuté sur les essences à employer : on a préconisé successivement divers arbres ou arbrisseaux exotiques provenant d'Australie, de la Californie, de la Nou- velle-Calédonie, des Nouvelles-Hébrides, etc..., dont l’accli- maiation souvent problématique sera toujours plus difficile, et les frais de reboisement plus coûteux, qu’avec les espèces existant déjà en Algérie. Le Gouvernement algérien ne s’est pas désintéressé de cette (1) Communication faite au Congrès des Sociétés savantes en 1895. Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 4, nee 32 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. importante question, une commission du reboisement a été nommée pour l'étudier, elle a publié un rapport extrémement documenté. faisant connaitre les variations de température, celles du sol, les essences d'arbres et arbrisseaux spontanés dans chaque cercle de l'Algérie. Qu'il nous soit permis de dire toute notre pensée : la solu- tion de la question n'est pas là, on a fait fausse route. Le déboisement des Hauts-Plateaux ne provient pas du plus ou moins de rusticité de tel ou tel arbre, il a une autre cause que nous indiquerons plus loin. Comparons, sans parti-pris, la statistique officielle du Ministère de l'Agriculture en 1887 avec celle d'aujourd'hui. En 1887, l'Algérie possédait environ onze millions de Mou- tons (11,052,740), tandis qu’en 1893, on en compte à peine neuf millions et demi (9,502,000). La marche du déboisement sur les Hauts-Plateaux s’accen- tue ; chaque année des incendies périodiques ont dévoré 30, 40 et quelquefois 50,000 hectares de forêts, c’est-à-dire plus d'un million d'hectares depuis trente ans. A quelle cause doit-on attribuer ce progrès à rebours, malgré les nombreux et précieux conseils si généreusement donnés depuis quarante ans ? A une cause unique : la iranshumance des Moutons arabes Sur les Hauts-Plateaux. On sait que l'élevage du Mouton est presque en entier entre les mains des indigènes (1), qui ne possèdent ni abri ni four- rages de réserve pour nourrir leurs troupeaux. Pendant quatre ou cinq mois de la période estivale, les Moutons doi- vent vivre du peu qu'ils trouvent sur la route de la grande transhumance, obligés souvent de faire 25 et 30 kilomètres par jour pour gagner les Hauts-Plateaux. Ce n'est un secret pour personne que les incendies perma- nents des foréts coïncident chaque année avec la présence des pasteurs nomades sur les Hauts-Plateaux et qu'ils sont dus, presque exclusivement, à l'imprudence de ces pasteurs. La question à résvudre peut donc se poser ainsi : 1° Aucune amélioration sérieuse dans l'élevage du Mouton {) Le recensement pour 1893 indique 333,892 Moutons pour les européens, 9,168,154 pour les indigènes, # Ÿ LA TRANSHUMANCE DES MOUTONS ALGÉRIENS. 43 ne peut aboutir chez les pasteurs nomades, tant qu'ils prati- queront la grande transhumance. 20 Les forêts existantes et les reboisements qu’on pourra faire sur les Hauts-Plateaux sont fatalement voués à une des- truction certaine, dans un temps plus ou moins rapproché, tant qu'existera la grande transhumance : en effet, les me- sures les plus rigoureuses de précautions et même de péna- lités n'ont pu empêcher les incendies de se produire chaque année au moment de la transhumance. 3° Enfin, dans l’état actuel des choses en Algérie, les pas- teurs indigènes ne peuvent nourrir leurs Moutons pendant la période estivale qu'en pratiquant la transhumance : décréter brutalement sa suppression, ce serait du même coup vouer à la mort les neuf millions de Moutons indigènes. Pour résoudre ce diflicile problème : La suppression de la transhumance, il n'existe, selon nous, qu'un moyen prati- que : produire une quantité suflisante de nouveaux pacages et de fourrages de réserve pour nourrir les Moutons des indigènes pendant les périodes estivales et hivernales. Nos recherches depuis dix années et un voyage d’explora- tion en Algérie, entrepris spécialement pour étudier la végé- tation spontanée : les arbres ou arbrisseaux susceptibles de pousser dans les immenses espaces de terrains salés et déser- tiques estimés à plus de 10 millions d'hectares (1) sans valeur aucune et inutilisés jusqu'ici, nous ont montré que le Taïma- rixæ articulata pouvait y être cultivé pour ainsi dire sans frais et produire, en quelques années, assez de pacages, sous son ombre, et de brindilles pouvant servir de fourrage de réserve pour nourrir en toutes saisons tous les Moutons des pasteurs nomades, supprimant ainsi, naturellement, la grande transhumance, reconnue si funeste pour les Moutons et pour le reboisement. (1) D’après une statistique déjà ancienne (1882), l'Algérie possède environ 34,432,000 hectares, savoir : 5 TERRES TERRES TERRES DÉPASREMENTÉ CULTIVÉES. CULTIVABLES. NON CLASSÉES. AFTER An ee 1,700,000 1,156,000 8,100,000 Constantine........ 3,211,000 1,186,000 7,145,000 Oran... GHetioe 1,808,000 2,110,000 7,836,000 a ———_—_——— Totaux. ...... ..... 6,839,000 4 512,000 23.081 ,000 #3 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Avant de discuter cette importante question de la nourri- ture, je dois rappeler succintement les opinions émises par quelques auteurs d'une compétence incontestée, sur les moyens à employer pour perfectionner, dans un bref délai, les Moutons algériens et tunisiens qu'on peut nourrir et abriter à l'européenne. Le zootechnicien Bernis (1), dont l'opinion est précieuse, dit ceci : « Il est certain que les Mérinos algériens ont un grand avenir et que le mieux est, pour notre colonie, d'en étendre le plus possible la pro- duction et l'exploitation. Leur viande a, en France, un débouché as- suré, et leurs toisons ont une valeur de beaucoup supérieure à celles que peuvent atieindre les autres variétés ovines de l'Algérie. » M. E. Pion, dans une étude sur le Mouton africain (2), s'exprime ainsi : « Les adversaires de tout croisement ont prétendu que le Mérinos aHaiblirait le sang des Africains et les laisserait sans défense contre le climat et contre la disetle. Les faits acquis leur ont donne tort, sur- tout dans les parties de la colonie où l'on peut nourrir même pendant la sécheresse. » A la suite d'une requête adressée au Cornice agricole d'Al- gérie par le Syndicat des bouchers en gros de la Villette, dans le but d'activer et d'améliorer la production du Mouton afri- cain, celui-ci a recu la réponse suivante : « Nos éleveurs, ou du moins la grande majorité, reconnaissent main- tenant, grâce aux résultats obtenus depuis deux ans par les distribu— tions de béliers de notre bergerie nationale de Moudjebeur, que la sélection, qui n’a jamais donné ici que des résultats insignifiants, doit faire place aux croisements. C'est aussi l'avis que vous exprimez. » Le temps manquerait d’ailleurs pour agir par sélection, opération difficile en présence du mélange et de l’abâtardissement de nos races. » Obtenir un produit homogène, avec ces éléments, dans ces condi- tions spéciales de milieu, de climat, me semble être une impossibilité. Il en est tout autrement, au contraire, avec le croisement, qui donne des résultats rapides et presque mathématiques. Malheureusement, le genre de vie spécial imposé à nos Moutons, errant dans les grandes steppes à températures extrêmes, nous force à être prudent dans le choix des sujets améliorateurs à introduire. » Il faut bien se rappeler que l'élevage est exclusivement, dans les (1) Rapport à M. le Maréchal Randon, 1552. (2) Revue des Sciences nat. appl., 5 mai 4891, p. 645-658. LA TRANSHUMANCE DES MOUTONS ALGÉRIENS. 45 milieux indiqués ci-dessus, entre les mains des Arabes qui possèdent aussi les plus grands parcours. La zone d'élevage, très restreinte, où l'Européen peut opérer, est réduite au climat littoralien et montagneux, c'est-à-dire relativement peu développée. » En pays arabe, le Mouton doit vivre de ce qu’il trouve : il n’a ni abri, ni supplément de nourriture et il s’abreuve périodiquement quand il trouve un peu d’eau! Pendant quatre ou cinq mois, il n’a, pour toute provende, que des pâturages aromatiques et sodiques com- posés de Thym, d'Armoise, de Soude, etc. » L'animal soumis à ce régime doit pouvoir vivre, sinon profiter pen- dant cette période si dure à traverser ; son état de transhumance exige, en outre, qu'il soit bon marcheur, puisqu'il est obligé de faire souvent 30 ou 40 kilomètres par jour. » Les essais faits avec le Mérinos nous ont prouvé qu’on pouvait lutter, au point de vue de l’endurance, avec le Mouton arabe, auquel il est bien supérieur; il est acquis, dès maintenant, que, seul, il peut prospérer entre les mains des indigènes. Il y a, de plus, une force d’atavisme, aidée sans doute par son origine, qui pourra mieux nous permettre de nous débarrasser spontanément des Moutons à larges queues si peu appréciés sur nos marchés. D'un autre côté, le Mérinos, par sa laine, aura toujours une grande valeur aux yeux des indigènes qui détiennent l'élevage et avec lesquels il faut compter. Ensuite la qualité de la viande est indiscutablement supérieure à celle du Mou- ton arabe. » Pour répondre à une question nettement posée par la Chambre des députés : Par quelle race remplacer la race Bar- barine à grosse queue ? M. Viger, député du Loiret, Ministre de l'Agriculture, a procédé à une enquête en Algérie (1893), au nom du Gouvernement français. Son rapport a fait sensa- tion dans la Colonie et la presse agricole locale s’est unani- mement appropriée ses conclusions ; elles contiennent les indications les plus nettes sur la solution cherchée. M. Viger est d'avis que, tant que les Arabes qui suivent le système de la grande transhumance n'auront ni abri, ni ap- provisionnements de fourrage et ne castreront pas les Béliers inférieurs mêlés à leurs troupeaux, toutes les tentatives pour mettre entre leurs mains une race plus perfectionnée que le Mouton algérien à queue fine, élevé actuellement par eux, ne pourraient constituer qu’une dépense inutile et une innova- tion peut-être dangereuse. Cependant, la race algérienne à queue fine ne doit pas être considérée comme le dernier mot de l'élevage dans l'Afrique L6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. du Nord. Si elle obtient des prix beaucoup plus avanta- geux que la race tunisienne à grosse queue sur le marché francais, elle n’y est classée encore qu'en troisième caté- vorie. Il n’est point prématuré de se préoccuper des croi- sements par lesquels cette race pourrait être perfectionnée dans les fermes françaises et dans les exploitations indigènes conduites à l'européenne. Le Mouton trouvant là des approvisionnements de four- rage et des soins particuliers, il n’y a point de risque à y in- troduire des animaux de race supérieure. Maïs quelle race ? Les conclusions de l'enquête de M. Viger nous permettent encore d'avoir une opinion bien arrêtée à cet égard. De nombreux essais de croisements ont été faits par les co- lons algériens ; les seuls qui aient donné des résultats satis- faisants sont les croisements de la race algérienne avec les Mérinos de l'Escurial, les Mérinos sans cornes de la Côte- d'Or et les Mérinos de la Crau. De ces trois dernières races. celle dont ïl est le plus facile de se procurer des sujets en Alzérie est celle de la Crau. Et comme c'est aussi celle qui a été essayée le plus fréquemment en Algérie, et que les pro- duits en ont toujours été bons, il n'y a pas de raison pour en chercher une autre. « Nous avons en France, dit M. Viger, des variétés de Mérinos pro- venant des anciennes bergeries nationales de Perpignan et d'Arles, dont les souches venaient directement d'Espagne et qui se rapprochent beaucoup des anciens Mérinos à grande transhumance, connue sous le nom de race de l'Escurial. Ces Ovinés sont capables de supporter des températures très élevées, les fatigues et la privation de longs voyages. » Les Mérinos, dits de la Crau, remplissent en France ces conditions, et c’est par assimilation avec les conditions que doit remplir le Mou- ton à grande transhumance de l'Algérie que Bernis et tous les auteurs qui ont traité la question depuis 1852, y compris M. le professeur Sanson, ont conseillé l'emploi comme reproduction dans la Colonie, des Mérinos de la Crau. » Il nous a été donné au cours de notre voyage, de constaler cer- tains résultats obtenus, tant avec les Mérinos de la Crau qu'avec les Mérinos sans cornes de la Côte-d'Or. Nous devons déclarer que ces esssais sont wéritablement encourageants et doivent engager à poursuivre l'œuvre déjà commencée et si souvent délaissée depuis les premieres indications données par Bernis. » Outre les essais dont M. Viger s’est rendu compte en Al- LA TRANSHUMANCE DES MOUTONS ALGÉRIENS. 47 série et dont la liste aurait pu être grossie, M. P. Bourde, Directeur de l'Agriculture en Tunisie, en signale d’autres déjà tentés en Tunisie par quelques colons, notamment chez M. Prouvost, à M’rira, chez M Potin, à Bordj-Cedria, et chez M. Gaillard, à Sousse. Tous ont également donné des résul- tats satisfaisants. Dans une étude approfondie et très documentée, parue en 1893, M. P. Bourde a aussi traité l'importante question des Moutons pour la Tunisie. Les éleveurs indigènes, « dit M. Bourde, ayant les mêmes habitudes en Tunisie qu'en Algérie, il s'ensuit que la seule race supérieure à la race barbarine à grosse queue, qu'on doive essayer de répandre parmi eux est la race barbarine à queue fine d'Algérie. Elle seule est assez rustique pour supporter les fatizues et les privalions auxquelles sont exposés leurs animaux. » Le Mouton algérien s’accommodera-t-il aux conditions d'existence qu'il trouvera en Tunisie ? Elant donné la similitude de climat et des pâturages dans les deux pays, on pourrait 4 priori répondre affirmati- vement. » Il existe, en effet, dans les contrôles de Beja, de Bizerte, de Souk- el-Arba, de Maklar, de Kairouan, de Djerba, de Tozeur, et dans le Sahara tunisien, au dela des Chotls, des troupeaux de Moutons à queue fine formant un total de 50 à 60,000 têtes. Ils ont été amenés d'Algérie, soit par des indigènes, qui ont émigré de ce pays, soit par des Tunisiens qui les préfèrent aux Moutons à grosse queue. Dans les régions montagneuses et couvertes de broussailles, notam- ment, le Mouton à queue fine est recherché comme plus apte à y pâturer que le Mouton à grosse queue. Les Moutons algériens grim- pent comme des Chèvres dans la montagne, où le Mouton tunisien ne saurait les suivre, et ils se défendent beaucoup mieux contre les Hyènes et les Chacals. « Aucun doute ne saurait donc subsister sur la possibilité de subs- tituer la race algérienne à la race tunisienne actuelle dans l'élevage du Mouton dans la Regence. Cependant, la race algérienne ne doit pas être considérée comme le dernier mot de l'élevage en Tunisie. » Le programme d’une amélioration de l'espèce ovine en Tunisie se trouve donc tracé avec toute la précision désirable et peut se résumer ainsi : > Substitution de la race barbarine à queue fine à la race barba- rine à grosse queue dans l’élevage indigène. » Croisement de la race Mérinos de la Crau avec la race barbarine à queue fine dans les fermes françaises et dans les exploitations indigènes conduites à l'Européenne. » 48 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Pour pousser à l’amélioration de l'espèce ovine en Tunisie, M. P. Bourde a proposé et obtenu un décret beylical {du 19 mars 1893), accordant des faveurs aux colons et aux indi- gènes qui se livrent à l'élevage des Moutons. La première consiste à permettre le pâturage gratuit sur les terrains domaniaux (l'Etat en possède de très vastes), pour les Moutons barbarins à queue fine (race algérienne) et croisés mérinos, et à imposer un droit de 0,05 cent. par tête et par mois, pour les Moutons barbarins à grosse queue; soit 60 francs pour un troupeau de 200 bêtes pendant un pâturage de six mois. Cette mesure constituera une prime d’une attrac- tion puissante. Le second moyen offert par le Gouvernement pour encou- rager l'élevage du Mouton à queue fine, consiste à se charger des acquisitions sur les marchés d'Algérie, au moment des grandes ventes, c’est-à-dire au mois de mars. A titre d’encou- ragement, le Gouvernement prendrait à sa charge les frais de transport et les pertes pendant le voyage. Les bêtes seraient livrées au demandeur, au siège des contrôles civils, au prix d’achat du marché algérien. Toutes les difficultés qui pourraient faire hésiter les éleveurs indigènes seront ainsi levées. Enfin des béliers mérinos de la Crau pourront être procurés dans les mêmes conditions aux propriétaires qui possèderont des abris pour leurs troupeaux et qui feront des approvi- sionnements de fourrage pour les saisons où les pâturages sont insuffisants, à condition de prendre un bélier mérinos pour chaque lot de vingt-cinq brebis de la race algérienne à queue fine. Il n’est pas douteux dans ces conditions, que les proprié- taires qui élèvent des Moutons en vue du profit qu'ils en retirent, discerneront très vite les avantages des Moutons à queue fine et des Moutons croisés mérinos. Ils sont très grands en effet ; prix beaucoup plus rémuné- rateurs des produits, en laine et en viande. Tandis que les Moutons barbarins à grosse queue ne se vendaïent sur le marché de la Villette (mai 1892) que 1 fr. 25 à 1 fr. 30 le kilo de viande nette, les Moutons barbarins à queue fine se ven- daient 1 fr. 60. L'écart est tel entre ces chiffres qu'il ne saurait manquer de frapper promptement tous les pro- priétaires, LA TRANSHUMANCE DES MOUTONS ALGÉRIENS. 49 Grâce aux avantages créés par le décret beylical, la race ovine tunisienne va promptement s'améliorer et l’on peut prévoir que le nombre de têtes, qui en 1892 était d'environ 1,223,481, va s’augmenter considérablement. Il serait intéressant pour les colons algériens et les no- mades de solliciter les mêmes avantages du Gouvernement de l'Algérie, que ceux qui ont été faits aux éleveurs de Moutons par le Gouvernement tunisien. Enfin, avant de terminer cette étude, sur l'avenir du Mou- ton perfectionné, il nous paraît utile de faire connaître l'avis d’un praticien expérimenté, bien connu, M. Charles Couvreux, ancien élève de l'Ecole de Grignon, grand propriétaire, en Eure-et-Loir, dirigeant personnellement sa propriété de la Mancelière, et qui a expérimenté en France l'élevage et le croisement des Moutons barbarins algériens avec des Mé- rinos (1). « J’estime, dit M. Couvreux, que si les colons algériens veulent ob- tenir un bon Mouton pour la reproduction et pour la consommation, ils devront abandonner la période de transhumance et faire, pendant la saison eslivale, ce que nous faisons en France pendant l'hiver, c'est-à-dire nourrir les ovins en bergeries ou hangars fortement aérés, avec des fourrages, des racines et des ramilles, qu’ils auront récoltés pendant la saison d'hiver. La période de transhumance que l’on opere en Afrique a, eu effet, une influence mauvaise sur le développement de la race ovine. Le Mouton est un animal de petits parcours, puisqu'il trouve sa nourriture partout où il passe; or, pour l'opération de la transhumance, c'est-à-dire pour gagner les Hauts-Plateaux pendant la saison estivale, il faut que le troupeau franchisse des distances consi- dérables, il en résulte pour l’animal une fatigue excessive qui l’épuise s’il est déjà formé, qui ariête sa croissance s’il est encore dans sa pé- riode de développement ; tout son organisme en souffre et les qualités de la laine et surtout de la chair sont considérablement amoindries... » La sélection, à la vérité, est un procédé fort long, si l’on veut aller vile et produire une quantité plus considérable de viande, il faut, je crois, adopter le croisement. À l’appui de mon dire, je montrerai sim- plement la statistique du poids de mes ovins. Les chiffres sont parlants, et qui est-ce qui empêcherait d’ailleurs de pratiquer ensuite la sélec- tion parmi ces derniers ? » Nous aurions pu citer encore, une quarantaine de notes et (1) Ze Mouton en Algérie et en Tunisie. (Journal Ze Fellah, Constantine, 15 mai 1893). 20 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. mémoires, édités depuis 1852. Les conclusions en sont les mêmes ; perfectionner au plus tôt les Moutons algériens, soit par sélection, ou mieux par le croisement avec le Mouton mérinos de la Crau, dans les exploitations menées à l'Euro- péenne. En lisant ces notes, mémoires et rapports, si unanimes. à reconnaitre la possibilité du perfectionnement des Moutons algériens par le croisement, dont il vient d'être parlé, on pourrait supposer, a priori, que cette importante question est résolue, et qu'avant peu, le marché de la Villette ne recevra plus d'Algérie que des Moutons croisés mérinos. J'ai le regret de dire que c’est là une pure illusion, et que le perfectionnement à espérer, ne concerne qu'une infime partie des Moutons algériens (333,892) élevés à l’'européenne. Les Moutons indigènes, soit 9,168,154 têtes (1), ne peuvent être améliorés, tant que les pasteurs ne possèderont pas de fourrages pour les nourrir et n'auront pas renoncé à la trans- humance. C’est en vain, que le Gouvernement algérien a créé et créera des Écoles d'Agriculture et des bergeries modeles ; ces sages mesures ne sauraient avoir aucune influence sé- rieuse sur les Moulons indigènes, dans l'état actuel des choses en Algérie, (A suivre.) (1) Voir la statistique ci-dessus, p. 42. L'HIBERNATION DES HIRONDELLES par Gabriel ROGERON (1. L'hibernation des Hirondelles, point obscur encore de l'histoire naturelle de ces charmants Oiseaux, préoccupe vi- vement depuis longtemps plusieurs de nos collègues. Mais il n'est pas douteux qu'avec les moyens dont notre Société dis- pose, et sous l’habile direction de M. Magaud d’Aubusson, cette intéressante question ne puisse d'ici peu être élucidée. La Société d'Acctimatalion est en excellente situation pour celà ; grace à ses membres dispersés un peu partout et qui ne refuseront pas, j'en suis convaincu, un actif concours, il sera, en effet, aisé de recueillir nombre d’intéressantes observa- tions en maints endroits les plus divers. Dans ces conditions exceptionnelles, bien plus favorables qu'elles ne l’ont jamais été pour ces sortes de recherches, il est évident qu'on devra de nouveau constater des faits de même nature puisque, ni ces Oiseaux, ni nos climats, n’ont changé; ou, dès lors, il de- viendrait présumable que tout ce qu'on a raconté d'Hiron- delles ayant passé l'hiver endormies dans nos climats, est pure imagination, qu'il en est de ce sommeil léthargique comme de leur hibernation au fond des eaux à la facon des Grenouilles, à laquelle on a cru aussi jadis, ainsi, du reste, qu'à maints autres faits mal observés d'histoire naturelie cités par d'anciens auteurs et qui n’ont pu supporter l’exa- men critique de la science actuelle. Quoi qu'il en soit, m'intéressant beaucoup moi-même à l’éclaircissement de cette curieuse question, je vais, pour mon compte, essayer d'apporter mon faible concours à l’en- quête commencée en ce qui concerne la région que j'habite, c'est-à-dire l'Anjou. Nous avons possédé un naturaliste distingué, Millet, qui ayant fouillé en observateur consciencieux le département pendant plus d’un demi-siècle et recueilli tout ce qu'on sa- vait, en Ornithologie, a publié, en 1828, la Faune de Maine-et- (1) Communication présentée à la Section d'Ornithologie, dans la Séance du 21 janvier 1897. 92 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Loire (1) et, vingt-cinq ans plus tard, un supplément à cet ouvrage ; il se borne pour les Hirondelles, à indiquer l'époque de leur arrivée et de leur départ ordinaire, sans y mention- ner aucune dérogation, et cela bien qu'il soit dans l'habitude constante de signaler tous les faits nouveaux dont il a pu avoir connaissance. En 1872, l'abbé Vincelot publiait égale- ment une Ornithologie en deux volumes (2), sur les Oiseaux de Maine-et-Loire. Dans cet ouvrage, moins serré, moins rigoureux que le précédent, où l’auteur ne s'en tient pas seulement aux faits absolument acquis, mais en indique un grand nombre d'autres seulement comme probables ou même contestables d’après le trop peu de données qu'il a pu recueillir, dans ce second ouvrage, dis-je, on ne signale non plus rien de particulier au séjour des Hirondelles chez nous. Enfin, j'ai eu la bonne fortune d'avoir été l'ami intime et le confident, pendant de longues années, de notre regretté M. Deloche, le créateur et le conservateur du remarquable Musée ornithologique d'Angers. Dans les longs et nombreux entretiens que j'ai eus avec lui (3), jamais il ne m'a parlé d'aucun fait ayant trait à l'hibernation des Hirondelles dont il eut eu connaissance. De même par ailleurs, en aucune cir- constance il n’a été fait allusion devant moi à une observation de cette nature, et jamais cette croyance n’a, je pense, eu cours en Anjou. Cependant les Hirondelles sont aussi nombreuses chez nous qu'elles peuvent l'être ailleurs (4), et ces faits d'hiberna- (1) 2 vol. in-$°. 2} 2 vol. in-8°, publiés chez Lachère, Angers, 1872. (3) Personne plus que Deloche n’a été épris de l’amour, de la passion de lOrnithologie ; non seulement il montait ses Oiseaux en véritable artiste, mais pendant plus de trente ans, lant qu'il posséda assez de vigueur et d'activité, il sillonna à leur recherche, en tous sens et en tout lemps, notre département, héberzé et fêté daus les châteaux et les maisons de campagne où sa nature sylupathique et originale lui avait fait partout des amis. De ses chasses et excursions, Deloche rapportait un nombreux butin pour son Musée, mais aussi une abondante moisson de faits intéressants d'histoire naturelle observés et ré- coltés de tous côtés. S’il n'a rien laissé d’écrit, ou fort peu de chose, nos meil- leurs naturalistes angevins, et notamment M. l'abbé Vincelot,ont puisé chez lui abondsmment, et il n’y avait pas, d’ailleurs, grande difficulté à cela ; son esprit et ses affections étaient presque entièrement concentrés sur les Oiseaux et c'était d’eux dont il vous entretenait toujours ainsi que des singularités qu'il avait pu recueillir à leur sujet. (4) Bien quelles aient aussi diminué d’une façon notable depuis un certain nombre d'années, L'HIBERNATION DES HIRONDELLES. 53 tion, quelqu’exceptionnels qu'ils soient, auraient dû étre néan- moins parfois constatés. Il est vrai que nous ne possédons pas en Anjou de « grottes » pour leur servir d'abri pendant l'hiver, mais nous ne manquons pas, sur nos fleuves et rivières, de ponts dans les voutes desquels elles se refugieraient aussi bien que l’'Hi- rondelle de Vieillot, plus quantité d’édifices antiques, de vieux châteaux, de ruines, d'arbres creux pouvant leur rendre les mêmes services. Les Hirondelles de rivage sont également communes sur nos nombreux cours d’eau ; elles y nichent chaque printemps en grand nombre dans les berges, et jamais je n’ai entendu dire que les enfants, comme ceux des bords du Rhin, allassent, pendant l'hiver, les tirer de leurs trous, et ils ne s’en feraient pas plus faute chez nous qu'ailleurs si ce fait d'hibernation leur était connu. J'en viens à présent à mes propres observations, ayant un rapport, il est vrai, plus ou moins éloigné, avec l’hiberna- tion des Hirondelles. L'arrivée légale de l’Hirondelle de cheminée (Hirundo rus- lica), à Angers, a lieu le 25 mars, aussi beaucoup appellent- ils, en Anjou, l’Annonciation: la fête des Hirondelles. Au temps où elles étaient beaucoup plus communes qu'elles ne le sont à présent, il était bien rare de ne pas en apercevoir dans notre ville quelques-unes à cette date; mais ce n'était que sept ou huit jours plus tard, vers la fin de mars et le commencement d'avril, qu'elles étaient toutes de retour. Je n’en ai jamais apercu avant le 20 mars. À présent, l’arrivée de ces premiers avant-coureurs parait moins régulière, sans doute parce que, ces Oiseaux étant devenus plus rares, on a moins de chance de se trouver sur leur passage, mais les gros bataillons arrivent toujours vers la même époque. L'appari- tion de l’Hirondelle de fenêtre (Chelidon urbica) est un peu plus tardive; celles de cette espèce nous arrivent dans la première quinzaine d'avril et toutes en même temps. Je n'ai jamais remarqué que la température influàt beau- coup sur l’arrivée des Hirondelles de cheminée; seulement, par le beau temps, elles font entendre aussitôt leur gai ra- mage tandis que par le mauvais, elles sont tristes et silen- cieuses. Mais il n’en est pas de même de leur départ qui est bien moins régulier que leur arrivée, et j’ai remarqué qu’elles disparaissent plus vite quand octobre est mauvais. Lorsque 54 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. la température est froide et pluvieuse à cette époque, il m'est facile d'observer leur migration. Elles passent des journées entières au-dessus de mes vignes et de mes champs, venant du nord et se dirigeant vers le sud par petites bandes de vingt-cinq ou trente, se succédant à peu d'intervalle les unes des autres. Les Hirondelles de chacune de ces bandes, parfois rasant le sol, d'ordinaire volant à une hauteur de 15 ou 20 mètres, sont fort espacées entre elles, souvent à une centaine de mètres en avant, en arrière, de côté; mais tout en ayant l'œil sur les moucherons qu'elles ne cessent de happer en se dérangeant à peine de leur ligne droite vers le sud, elles ne se perdent pas de vue. Au printemps, sans doute parce qu'elles volent à une plus grande hauteur, il est moins facile d'observer leur migration vers le nord. La migration d'automne a lieu dans la première partie d'octobre; à la fin de ce mois, d'ordinaire, on n’en voit plus en Anjou. Les Hirondelles de fenêtre disparaissent à peu près en même temps. Mais il m'est néanmoins arrivé assez souvent d'en rencon- trer accidentellement des deux espèces jusqu'aux derniers jours d'octobre. Une année, par une belle journée de fin d'automne, le 6 novembre, j'apercus une demi-douzaine d'Hi- rondelles de cheminée voltigeant saiement comme en plein été, autour de notre vieux château d'Angers. Le 21 novembre 18%, je pouvais également considérer tout à mon aise une Hirondelle de fenêtre, cette fois, accomplissant maintes évo- lutions à la poursuite des derniers moucherons, aux envi- rons et le long des facades de notre ancien Palais de Justice. Enfin, pendant toute la première partie du mois de décembre, de l’année 1881, je crois, c'est-à-dire jusqu'au 15 ou 20 de ce mois, on put voir, chaque jour, autour de l'habitation de mon beau-père, à Tigné, près Doué-la-Fontaine, au sud de notre département, une Hirondelle de fenêtre encore, vaquer à ses occupations ordinaires, poursuivre les Insectes ailés comme dans la belle saison. Maïs, à une fin d'automne très douce, ayant succédé les froids et les rigueurs de la mauvaise saison, elle disparut et on ne la revit plus. De même, dans les deux cas précédents, l'hiver ne s'était pas encore fait sentir jusque-là. Ainsi de ces seuls exemples, on pourrait induire assez fa- cilement qu'il n’y aurait pas impossibilité complète à ce que L’'HIBERNATION DES HIRONDELLES. 55 des Hirondelles passent l'hiver chez nous quand celui-ci est complètement doux. On peut donc voir, d'après ces faits isolés, que quelques individus au moins ont tendance à ne pas émigrer, comme cela a lieu, du reste, pour certains Oi- seaux de passage, tels les Cailles et les Fauvettes à tête noire; tandis que d’autres espèces, au contraire, ne veulent en au- cune sorte, nous rester et préfèrent même s’en aller bien avant la mauvaise saison, sans laisser jamais derrière eux aucun trainard. J'ai tiré une Caille dans les premiers jours de janvier, et des chasseurs consciencieux m'ont assuré que dans les hivers pas trop rigoureux, il en restait toujours quelques-unes en Anjou. Les Fauvettes à tête noire partent aussi très tardive- ment et, presque chaque année, il en est qui passent l’hi- ver dans les Lierres de mon jardin ; ce n’est qu'après les froids exceptionnellement rigoureux qu'elles disparaissent. M. Millet, dans sa Faune de Maine-el-Loire, constate, du reste, le même fait; il raconte avoir vu un mäle et une femelle dans le Jardin des Plantes d'Angers, au mois de janvier, le thermomètre marquant 7 degrés au-dessous de zéro (1). Quelques individus parmi les Hirondelles ont la même tendance à nous rester, seulement d’une nature plus délicate, elles succombent plus vite aux premiers froids ; mais, en général, elles se plaisent dans nos contrées. Elles se haätent d'y arriver à la joyeuse date fixée, avant la plupart des autres Oiseaux de passage, au risque, hélas ! d’éprouver bien des mécomptes de température à cette époque si va- riable elles semblent ne repartir qu'à regret, le plus tard qu’elles peuvent. Il en est même, ainsi qu'on vient de le voir, qui, trompées par de beaux jours tardifs, refusent de partir. D'autres profitant d'un site plus chaud, plus abrité, ajour- nent d'autant plus leur voyage, et n'émigrent que bien après les autres. C'est ainsi qu'en 1873, revenant d'Italie, à ce moment en partie couverte de givre, et où je ne rencontrais plus une seule Hirondelle, j'en retrouvais à Nice qui jouissaient encore le 19 novembre, d’une sorte d'été relatif. J'en aperçus une vingtaine volant aux alentours d’une maison et se reposant de temps à autre, en rangée, sur une corniche de sa façade (4) Zoe, cit, 1e* vol., p. 226. 56 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. bien ensoleillée. C'étaient des Hirondelles de rocher, mais parmi elles s'en trouvaient deux d'espèces différentes, une Hirondelle de cheminée et une Hirondelle de fenêtre. Plu- sieurs heures après, ayant eu l’occasion de repasser par le même endroit, je revis la même petite bande au milieu de laquelle se trouvaient toujours les deux Hirondelles de che- minée et de fenêtre. Dans la basse Egypte, où la belle saison se prolonge bien plus que chez nous, ces Oiseaux partent beaucoup plus tard. Au retour d’un voyage d'Orient, je passai la première partie de l'hiver à Alexandrie et au Caire, mais surtout dans la pre- mière de ces deux villes. Quand j'arrivai à Alexandrie, le 15 novembre, les Hirondelles de cheminée y étaient nom- breuses, volant, gazouillant, se comportant comme en France en plein été. Il est vrai que le temps était superbe, et s'il fai- sait un peu frais le matin, les journées éfaient belles et chaudes. Il en fut ainsi jusqu'aux premiers jours de dé- cembre ; il me semblait tout naturel que les Hirondelles ne quittassent pas un pays si doux, si hospitalier, où la belle saison semblait perpétuelle ; mais je fus fort surpris vers le 4 ou le 5 du même mois, de ne plus en apercevoir une seule ; elles étaient toutes parties, je n’en revis plus. Et elles avaient eu parfaitement raison d’émigrer plus au sud, il était grand temps ; car, à cet été qui ne paraissait pas devoir finir, succé- dait tout à coup une période pluvieuse et froide qui ne le cé- dait guère à nos mauvais jours du nord de la France; le ther- momètre marquait 4 degrés de chaleur dans la salle à manger de l'habitation où je me trouvais, ce qui annonçait 2 ou 3 de- orés tout au plus au dehors. Aussi les gens riches, les Euro- péens, étaient-ils comme chez nous à pareille époque, bourrés de pardessus, de cache-nez, et les pauvres Fellahs à peine vêtus, s'enroulaient-ils de leur mieux dans leurs chemises bleues et les maigres hardes de coton qu'ils pouvaient y ajouter. Les Hirondelles, quoique le plus tardivement possible, avaient donc bien fait de fuir l'hiver qui existe même en Egypte, quoique moins long et moins rigoureux qu’en Europe. Il est donc acquis que les Hirondelles peuvent être clas- sées parmi les Oiseaux les plus attachés à leur lieu de nais- sance, à leur pays, qu’elles ne quittent le plus tard pos- sible, que quelques-unes, poussent même l’amour de la patrie jusqu'à l’imprévoyance, jusqu'à y rester en dehors de L'HIBERNATION DES HIRONDELLES. 57 toute raison ; mais de là à la preuve d'hibernation, de som- meil léthargique d'Oiseaux si ardents, à sang si chaud, il y a loin encore. La plupart des faits cités datent d’une époque éloignée où l'on observait beaucoup moins bien qu'aujour- d'hui, où on accumulait beaucoup d'erreurs sur maints points d'histoire naturelle. D'ailleurs, le fait serait-il exact d’avoir trouvé une Hirondelle engourdie, qu'il ne serait pas absolu- ment probant. Ces Hirondelles observées, volant en plein hiver à Angers et à Tigné, que j'ai citées, n'ont vraisemblable- ment pas émigré. Elles ont disparu aux premiers froids, sans doute réfugiées toutes transies dans quelque grenier, dans quelque trou de muraille pour y périr ; celle de Tigné, ‘par exemple, n’a jamais été revue après la période de gelée passée. Il n'y aurait donc rien d'improbable que par hasard on eût pu trouver de ces Hirondelles attardées, au moment, où déjà engourdies par le froid, elles se disposaient à passer de vie à trépas, et qu'on les eût ranimées en les réchauffant. D'ailleurs, il y a des gens, bien qu'instruits et intelli- gents, qui observent si mal! Et j'en ai eu maintes fois la preuve dans le cours de mes études d'Ornithologie datant déjà de loin. Que de descriptions invraisemblables d'Oiseaux se rapportant aux espèces les plus ordinaires et les plus con- nues ! Combien de personnes même confondent Hirondelles et Chauves-souris, incapables de comprendre d'aussi subtiles distinctions ; et d’ailleurs il faut, le dire, tout ce que racontent Pline, Buffon et même Brehm, semble bien plus se rapporter à des Chauves-souris qu'à des Hirondelles. Je connais des personnes ayant une répulsion invincible pour les Chauves- souris, manquant de se trouver mal quand elles en aperçoivent le soir au crépuscule, on s’empresse de leur dire alors que ce sont des Hirondelles, et elles sont aussitôt rassurées. Ce que raconte le baron Larrey dans Sa campagne d’Ilalie en 1792, des grottes de la vallée de Maurianne, semble également beau- coup plus se rapporter à des Chauves-souris qu'à des Hiron- delles. Ces Oiseaux se cramponnent parfois à l'entrée de leur nid ou à des parois de muraille, mais on sent à l’écartement crispé de leurs ailes un effort qui ne peut être longtemps soutenu ; comment pourraient-ils songer à se suspendre ainsi par les pattes pour un hiver entier? Les Hirondelles sont essentiellement percheuses et on en a constamment la preuve en les voyant sur les fils télégraphiques, le sommet des Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 5, 58 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. toits, les cheminées, les arbres; elles tiennent dès qu'elles se posent à être parfaitement établies et d'aplomb sur leurs pattes ; comment pourrait-on croire que pour hiverner, pour passer un temps aussi long, tranquilles, endormies, et sans conscience d'elles-mêmes, elles ne prennent pas la situation qui leur est la plus naturelle, la plus commode ? Rien que ce simple détail prouve que le baron Larrey à vu autre chose que la réalité. Je ne nie pas l'hibernation des Hirondelles, il est possible qu'un certain nombre d'entre elles passent l'hiver chez nous dans un sommeil léthargique, mais la preuve de ce fait sin- gulier ne me semble pas suffisamment établie, je crois qu'il est nécessaire d'ajouter quelques observations positives à l'appui des dires anciens. Et si, par hasard, on trouvait une Hiron- delle dans ces conditions exceptionnelles, n'y aurait-il pas plus d'avantage à la laisser continuer paisiblement son som- meil, en invitant les naturalistes à aller voir la petite endor- mie afin de se rendre mieux compte des lieux et de la nature de son hibernation ! Un fait aussi curieux mérite bien un dé- placement, un voyage, tandis qu'autrement il pourrait dans certains cas perdre une partie de son authenticité. Quant à l'habitude des Hirondelles de se coucher sur les roseaux, je puis certifier la chose qui s'est toujours produite chaque été sur ma pièce d'eau, jusqu'à ce que un Milouin et un Morillon, que j'y introduisis, eussent par la suite à peu pres détruit fous mes joncs en les roggeant sous l’eau par la racine. C'était seulement après les couvées terminées que les Hirondelles prenaient cette habitude avec leurs jeunes fa- milles ; toutes celles de la région Sy réunissaient chaque soir au nombre d'une soixantaine. Mais ce qui prouve moins chez elles la recherche des roseaux que le voisinage de l'eau dans un but de sécurité, c'est que depuis la dispari- tion des joncs, elles n'ont point pour cela abandonné mes douves:; ayant seulement changé leur dortoir de place, elles continuent de se coucher chaque soir pendant l'été dans de grands Lierres attachés à un vieux mur et rasant l’eau de quelques pieds. Seulement la bande d'Hirondelles n'est plus ce qu'elle était autrefois, à peine se compte-t-elle aujourd'hui à une douzaine d'Oiseaux. LA LONGÉVITÉ DES GRAINES ET LEUR CONSERVATION DANS LA TERRE (1) par Charles NAUDIN (de i’Institut), On sait aujourd'hui que la terre est un vaste grenier où s'accumulent des graines de toutes sortes, qui s’y conservent pendant un temps indéfini, quelquefois plusieurs siècles, quand, par le hasard des circonstances, elles sont mises à l'abri des causes d’altérations atmosphériques ou de ieur des- truction par des animaux. Je vais en citer deux exemples qui me paraissent suggestifs au point de vue de la science et de la pratique horticole. Il y a environ 25 ans, quand je m'occupais de faire des expériences dans mon jardin de Collioure, en Roussillon, j'ai recu un petit sachet de terre poussiéreuse ramassée dans le Sahara. Je l'ai étalée sur un coin de plate-bande, et, après les premières pluies, j'en ai vu sortir un Æelianthemum à fleurs jaunes, que je n’ai pas réussi à déterminer et dont je ne me suis plus occupé depuis. Je cite le fait pour montrer que, même dans cette vaste région torride, bouleversée par des vents violents et où la pluie est un phénomène presque inconnu, la terre contient encore des germes capables de se développer sous des conditions plus favorables. Je suis très convaincu que si, par un changement de régime pluvial, comme il s'en produit quelquefois dans le cours des siècles, le Sahara, sous le rapport de l'humidité, redevenait comparable au Soudan, il ne tarderait pas à se couvrir d’un épais tapis végétal, comme à l’époque éloignée où il nourrissait des Éléphants et des Hippopotames dont on retrouve aujourd’hui les restes dans le nord de l'Afrique. L'autre exemple que j'ai à citer est plus démonstratif et intéresse plus directement l'industrie horticole. En 1895 j'ai (1) Communication faite en séance générale le 29 janvier 1897. 60 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION- recu du Gabon, par les soins de Mgr Leroy, évêque d’Alinda et Directeur des missions dans cette colonie, une certaine quantité de graines que l’expéditeur avait emballées dans de la terre du pays. Il y en avait moins d'un kilogramme et, si peu que ce füt, j'ai eu l'idée de semer cette terre dans un pot. Une quinzaine de jours après, je n'ai pas été peu surpris d'en voir sortir plus de vingt peliles planles, dont les graines, à l'insu du collecteur, étaient contenues dans cette faible quantité de terre. Toutes ces jeunes plantes apparte- naient à une même espèce de Cucurbitacée. Elles sont de- venues très belles pour notre climat provencal, donnant des tiges et des rameaux sarmenteux de 5 à 6 mètres de longueur. J'espérais les voir fleurir pour en reconnaitre le genre et l'espèce, malheureusement notre été, quoique chaud, n’a pas été suffisant pour amener ce résultat. Je me borne à faire remarquer que, si dans quelques poignées de terre ramassée au hasard, il s'est trouxé des graines d'une vingtaine de plantes, on aurait obtenu un bien autre résultat d'une quantité de terre dix fois ou cent fois plus forte, récoltée dans des endroits choisis. Les collecteurs de plantes et de graines, que les grandes maisons de commerce horticole expédient dans les pays tro- picaux, se heurtent à de nombreuses difficultés, non seule- ment pour faire leurs récoltes, mais aussi pour les envoyer en Europe. Beaucoup de plantes vivantes et de graines périssent dans les longs voyages par terre et par mer. Les graines perdent facilement leur vitalité, et pour diverses raisons, assez souvent pour avoir été récoltées avant maturité, car le collecteur ou le voyageur botaniste n'arrivent pas toujours au bon moment. Souvent aussi elles sont difficiles à atteindre au sommet des grands arbres ou dans les broussailles. Il y aurait, me semble-t-il, un moyen simple, expéditif et peu coûteux de parer à ces difficultés : ce serait d'expédier, en sacs ou en caisses, de la terre ramassée sous les arbres, dans les broussailles, dans les dépressions du terrain, où les pluies entraînent toujours des graines et autres lieux que la sagacité du collecteur lui ferait reconnaître. Ce ramassage de la terre aurait pu se faire en tout temps et avec les outils les plus primitifs. On m'objectera que ce serait compter sur le hasard; sans doute, comme le pécheur qui jette son filet à la mer sans savoir s’il en ramènera quelque chose, mais qui, en dé- LA LONGÉVITÉ DES GRAINES. 61 finitive, prend du Poisson. Il y a cependant une différence : c'est que si le collecteur qui prélève de la terre sur quelques centimètres d'épaisseur n'est pas sûr de trouver ce qu'il cherche, il a grande chance de trouver du nouveau et de l'excellent, ce qui est à considérer. Il faut en outre tenir compte du facile arrimage des ballots de terre sur les na- vires et de la conservation certaine des graines qu'ils peu- vent contenir, sans qu'il y ait à s’en occuper pendant les voyages. SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS MÉDICINALES DES AGAVES ET DES CACTÉES (1) par E. DECROIX, ancien vétérinaire principal de l’armée. J'ai lu avec un vif intérêt l’article de M. le D' Weber sur les Agaves el les Cactées, publié en 1896, dans le Bulletin de la Sociélé d'Acclimatation, et sur leur utilisation pour faire le Pulque, boisson des Mexicains; le Mezcal, espèce d’eaux-de-vie du pays; le Criu de Tampico; le Pitaya de Mayo, ou fruit d’un Cactus, etc.; mais notre savant collègue n’a rien dit des propriétés médicinales de ces deux genres de plantes. Je crois donc utile de revenir sur ce point parti- culier en rappelant ce que j'en ai écrit en 1861, dans le premier fascicule de la Société de médecine d’Alger (p. 108), et en 1863, dans le Journal de Médecine vélérinaire mili- taire (p. 119). Vers 1860, j'ai remarqué, au 1e Chasseurs d'Afrique, des cavaliers qui avaient aux mains une espèce d'inflammation érythémateuse après avoir lavé ia queue de leurs Chevaux avec une décoction de feuilles d’'Agaves — (4gave ameri- cana). — J’eus alors l’idée de rechercher si ces feuilles n’au- raient pas quelques propriétés révulsives ?... Pour résoudre la question, j'écrasai la partie charnue, dépouillée de l'écorce, et, ainsi réduite en pulpe, je l’appli- quai sur mon avant-bras gauche. À ma grande satisfaction, il survint du picotement, de la rougeur de la peau, du gonfle- ment, comme après l’application d’un sinapisme. J’ai répété bien des fois l'expérience, et toujours avec un plein succès. J'ai expérimenté aussi sur des Chiens et sur des Chevaux, notamment contre la pneumonie. Dans ce dernier cas, il m'est arrivé d'appliquer le sinapisme ordinaire sur un côté de la poitrine et la pulpe d’Agave sur le côté opposé, afin de comparer le résultat. J’ai pu constater, de cette facon, que (1) Communication faite en séance générale le 29 janvier 1897. PROPRIÉTÉS MÉDICINALES DES AGAVES ET DES CACTÉES. 63 l’Agave est aussi efficace, si ce n’est plus, que la farine de Moutarde. Lorsque je suis passé du 1° Chasseurs d’Afrique à la Garde de Paris, comme vétérinaire en premier, j'ai fait encore quel- ques expériences avec des feuilles d’Agaves, cultivées sous le climat de la capitale, et j'ai pu me convaincre qu'elles ont, comme celles des Agaves d Algérie, des propriétés révulsives, quoique peut-être moins accentuées. Dans les villes et partout où l'on trouve des pharmaciens dans son voisinage, il n’y a guère de raison de recourir à la pulpe d'Agave ; mais en campagne, et en particulier pendant les expéditions dans les pays chauds, les médecins et les vété- rinaires peuvent se trouver dans des conditions où il est possible de tirer parti des feuilles dont il s'agit. Je dois ajouter que ces feuilles peuvent conserver pendant des semaines et même des mois leur propriété. Il y aurait lieu, d'autre part, de faire des recherches sur l'action que le jus d’Agave produirait à l’intérieur. Est-ce un tonique, un purgatif ou autre ? La question est à étudier. À ma connaissance, un seul traité de pharmacologie à parlé de mes expériences. C’est celui de M. Tabourin, ancien professeur à l'Ecole vétérinaire de Lyon. Il n’est donc pas superflu, à mon avis, que notre Bulletin vienne les rappeler au public intéressé. Il me reste à dire quelques mots du Cactus opuntiu, sur lequel, en Algérie, on récolte la Figue de Barbarie. Dépouillées des épines dont elles sont garnies, et réduites, cuites ou crues, en pulpe, les feuilles tendres de Cactus peuvent remplacer la farine de Lin pour faire des cataplasmes émollients, très mucilagineux Dans les contrées où se trouve cette plante, on peut en tirer ainsi un parti assez avan- tageux. 64 EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 15 JANVIER 1897. PRÉSIDENCE DE M. RAVERET-WATTEL, VICE-PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Décisions DU CONSEIL, PROCLAMATION DE NOUVEAUX MEMBRES. Le Conseil a délégué pour représenter la Société au Con- grès des Sociétés savantes qui doit avoir lieu à la Sorbonne en avril prochain, MM. Doumet-Adanson, Jules Forest, le baron de Guerne et G. Rogeron. — M. le Président proclame l'admission de : MM. PRÉSENTATEURS. D is-Gustave), anci gOouver- | BINGER (Louis fs h cien gou | be neur de la Côte d'Ivoire, chargé des affaires d'Afrique au Minislère des Co- lenies, 15, rue de Prony, Paris. Baron J. de Guerue. A. Milne-Edwards. Cacueux (Émile), ingénieur, président de la Société l'Ense/gnement Fe ta é professionnel des Pêches maritimes, 2 quai Saint-Michel: Paris. Baron J. de Guerne. Edmond Perrier. Georges Koché. CHARLEUF (Albert), propriétaire, château Comte d’Esterno. de Varillon, par Étang (Saôue-et-Loire). A. Imbert. ne J. de Guerne. . Imbert. à Wuirion. FonTEs (Denis-Ferdinand), Ce de l'Enregistrement en retraite, 14, rue Charles-Laffilte, Neuilly-sur-Seine. Edouard Blanc. Baron J. de Gucrne. A. Imbert. ORvAL (Fernand D’), propriétaire, avenue de l’Alma, Paris, et au Ru Bonance, par Port-le-Grand (Somme). Edouard Blanc. rl 6) Edouard Blanc. Baron J. de Guerne. A. Imbert. POUTIATINE (Comte Eugène), nee | 26, Saint-Pétersbourg (Russiv). PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 65 MM. PRÉSENTATEURS. , Da {( G. Brunet THOMAS, avoué, 6, rue des Lavandières- \ Sainte-Opportune, Paris ) Banc d- 0e Crée: P / . Ç A. Imbert. Baron J. de Guerne. A. de Marcillac. E. van Muyden. Vocr, docteur en médecine, 80, rue Tait- bout, Paris. Baron J. de Guerne. WILLIAMSON, 17, rue de la Paix, Paris. A. Imbert. G. Rozey. DÉPOUILLEMENT DE LA CORRESPONDANCE. Notifications, avis divers, généralités. — M. J. de Claybrooke s’excuse de ne pouvoir assister à la séance. — M. le Dr Vogt remercie de son admission. — Uepuis la dernière séance, la Société a recu avis du décès de MM. Fore aîné, Gustave Prudhomme, le marquis de Pruns, le colonel baron de Reinach, Gustave Rey, Louis Vsac. — Le Secrétariat de l’Institut catholique de Paris annonce que le R. P. Camboué, qui a longtemps résidé à Madagascar, commencera, le jeudi 21 janvier, à 5 heures, 19, rue d’Assas, un cours de langue malgache. Les leçons qui se continueront tous les jeudis, à la même heure, auront un caractère essen- tiellement pratique ; à ce titre, elles intéressent les explora- teurs et aussi les officiers appelés à séjourner dans la co- lonie. — M. Louis Olivier, membre du Conseil, partant pour Pau, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance et adresse à la Société deux numéros de la Revue générale des Sciences pures et appliquées (30 novembre et 15 décembre 1896), qui sont entièrement consacrés à la Tunisie. C’est pendant le Congrès de l'Association française pour l'Avancement des Sciences, réuni à Tunis en avril 1896, et où il représentait la Société d’Acclimatation, que M. Olivier a pu réunir les élé- ments de cette publication. Elle comprend environ trois cents pages in-4°, illustrées de très nombreuses gravures exécu- tées, pour la plupart, d'après des photographies originales. Plusieurs des articles intéressent la Société, notamment ceux 66 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION- de nos collègues MM. Paul Bourde, Sur la cullure de La Vigne en Tunisie, et Maxime Cornu, Sur l'Acclimatation régélale en Tunisie et le Jardin d'Essai de Tunis. Mammifères. — M. F.-A. Blauw (Mb), délégué de la So- cité d'Acclimatation à S'Graveland (Hollande), annonce qu'il vient de se procurer un couple de Bisons d'Amérique qu'il espère voir se muitiplier dans son parc; il tiendra la Société au courant des résultats obtenus. — M. Bizeray (Mb) rend compte de ses élevages de Mam- mifères dans sa propriété du Jaguenau (près Saumur) ; il annonce l'envoi d'une série de photographies représentant les parties principales de sa propriété. — M. le D° Trouessart (Mb) adresse une note concernant la présence de l'Eléphant dans l'Osf{ Deutsch Africa, note mo- tivée par la publication dans le Bulletin (mai 1896), d'un ex- trait des Procedings de la Société zoologique de Londres. — M. le D° J.-L-C. Pompe van Meerdervoort, membre honoraire, félicite la Société d’avoir accordé son patronage au Comité de domestication de l'Eléphant d'Afrique : « J'ai cru pouvoir vous être agréable, ajoute-t-il, en vous faisant connaître ce que j'ai vu et constaté moi-même, lors de mon séjour dans les possessions hollandaises des Indes orientales. » Voir Correspondance. — L'explorateur Stanley félicite la Société d’Acclimation de s'occuper de la domestication de l'Eléphant d'Afrique, et M. le Secrétaire général donne lecture d’une lettre par la- quelle le célèbre voyageur autorise son inscription parmi les membres du Comité de l'Eléphant où de nouvelles adhésions arrivent chaque jour. Ornithologie, aviculture. — M. J. Forest (Mb) adresse une lettre dans laquelle il déclare abandonner, en ce qui le concerne, la question de l'élevage des Autruches en Algérie. Le probleme, extrémement important au point de vue de l’a- venir de la colonie, ne semble pouvoir être résolu qe par l'intervention gouvernementale. M. Forest déclare, en outre, mettre au service du pays toute l'expérience qu'il a pu acqué- rir en la matière. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 67. Aquiculture. — Un grand nombre de lettres sont parve- nues au Secrétariat annonçant l’arrivée en excellent état des œufs de Saumon de Californie et de Truite Arc-en-ciel, dont il est question plus loin. — M. Buttin (Mb) s’est occupé de prendre des observa- tions régulières sur les eaux du domaine de Dampierre (Seine- et-Oise) dont il est le régisseur. Il adresse à ce sujet divers renseignements pouvant permettre de juger quelles sont les espèces de Poissons ayant le plus de chance de prospérer dans lesdites eaux. — La Société centrale d'Aquiculture et de Pêche annonce qu'elle tiendra dans la grande salle de la Société d’Acclima- tation, le jeudi 21 janvier prochain, à & h. 1/2 du soir, une séance solennelle de distribution des récompenses. M. Ed- mond Perrier, membre de l’Institut, président annuel de la Société d'Aquiculture, y fera une conférence sur Les Progres modernes de la Piscicullure rnarine ; des invitations sont offertes aux membres de la Société d'Acclimatation. — M. Paul Gourret, sous-directeur du Laboratoire de zoologie maritime d’'Endoume près Marseille, adresse le pro- gramme du 3° Congrès de la Pêche côtière qui aura lieu à Cette, du 24 au 30 janvier 1897 et invite la Société à y prendre part. Cheptels, distribution de graines, etc. — M. Ro- land-Gosselin, de Villefranche-sur-Mer, demande des graines de plantes utiles ou ornementales dont la culture puisse réussir dans la région méditerranéenne. Il se met également à la disposition de la Société pour les expériences qu’elle ju- serait utile de tenter dans la contrée. — M. Charles Alluaud offre à la Société, pour être distri- bué à ses membres, un lot de graines provenant de Mada- gascar et des Seychelles. Ce sont surtout des Légumi- neuses de serre chaude. — M. A. Mariani met également à la disposition de ceux de ses collècues pouvant disposer d’une serre convenable, un certain nombre de pieds de Coca du Pérou. M. le Secrétaire général ajoute à ce propos que des démarches ont été faites déjà pour répartir les plantes dues à la libéralité de M. Ma- 68 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. riani, entre les Jardins botaniques ou les Sociétés d'Horticul- ture affiliées à li Société d’Acclimatation. COMMUNICATIONS ORALES. M. le Président adresse les félicitations de la Société à plu- sieurs de ses membres qui viennent d’être l’objet de hautes distinctions : A M. le baron de Courcel, ambassadeur à Londres, élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur. A S. A. le prince Henri d'Orléans, à M. Emile Cacheux et à M. Charles Janet, auxquels l’Académie des Sciences, dans sa séance du 21 décembre 1896, a décerné les prix Tchiatchef, Montyon et Thore. Ce dernier prix, fait ob- server M. le Président, a été attribué l’année dernière à un autre de nos collègues, M. Pierre Mégnin. M. Charles Janet l'a recu pour ses travaux sur les Hyménoptères, les Fourmis et Guépes. A M. Railliet, professeur d'histoire naturelle à l'Ecole d’Al- fort, élu membre de l’Académie de médecine. Enfin, à M. Prillieux, inspecteur de l’Agriculture, récem- ment nommé sénateur. « Ce n’est point la politique, dit M. le Président, dont nous ne devons pas nous occuper ici, qui in- téresse la Société dans cette nomination, mais nous avons lieu d'espérer que notre savant collègue voudra bien user des nouvelles influences dont il pourra disposer pour resserrer encore les liens qui unissent la Société d’Acclimatation au Ministère de l'Agriculture. » (Applaudissements.) — M. le Secrétaire général rend compte des distributions d'œufs de Saumon de Californie et de Truites arc-en-ciel adressés à la Société par la Commission fédérale des pêches des Etats-Unis, et qui ont eu lieu le 29 décembre 1896 et le 7 janvier 1897. Ces distributions, celle des œufs de Sau- mon, en particulier, ont été faites dans d'excellentes con- ditions ; une notice spéciale sur ce sujet sera insérée dans le Bulletin. — M. Jules Forest ainé fait une communication sur La do- meslicalion et l'élevage des Aigrettes. TI] souhaite que des essais soient tentés à Madagascar (voir Bulletin). A ce propos, le R. P. Camboué, procureur des Missions de PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 69 Madagascar, présent à la séance, dit qu'en effet l’Aïgrette est abondante aux environs de Tananarive où elle suit les trou- peaux de Bœufs. M. de Guerne propose que cette question fort intéressante soit mise à l’ordre du jour de la section d'Ornithologie ; l’on pourrait, d'autre part, charger M. Charles Alluaud, qui vient de s’embarquer pour Madagascar où il se propose d'explorer surtout les environs de Fort-Dauphin, d'étudier la question sur place. Le R. P. Camboué fait remarquer que si la domestication en volière est trop coûteuse, comme le pense sans doute avec raison M. J. Forest, il serait possible de tenter, à Mada- gascar tout au moins, l'élevage en semi-liberté : l'élevage du Bœuf, ne tardera point à se faire en grand dans les conces- sions qui viennent d'être accordées ; on pourrait mener pa- rallèlement l'élevage de l’Aigrette, cet Oiseau ayant cou- tume d'accompagner les troupeaux de Bœufs. — M. EF. Geay communique les observations faites par lui sur les Aïgrettes pendant un séjour d’une dizaine d'années dans l'Amérique tropicale et spécialement dans la région du Llanos (voir Bullelin). — M. le Comte de Moucheron (Mb) fait une communica- tion sur l’histoire de la Piscicullure en Normandie (voir Bulletin). — Au nom de M. le D' Heckel (Mb), M. E. Caustier donne lecture d’une note sur la culture de l'Igname de Chine. M. Chappelier (Mb) demande que la Société veuille bien lui confier les tubercules d’'Igname envoyés par M. le D: Heckel; il les plantera et rendra compte de ses observations à la Société. Le Secrélaire des séances, E. CAUSTIER. 30 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. SÉANCE GÉNÉRALE DU 29 JANVIER 1897 PRÉSIDENCE DE M. RAVERET-WATTEL, VICE-PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Décision pu CONSEIL. PROCLAMATION DE NOUVEAUX MEMBRES. M. le Président fait observer que la date des séances sénérales du mois prochain a été changée de facon à ce que, du 14 au 25 février, il soit possible d'installer dans la orande salle l'Exposition de Pêche et de Pisciculture, dont il a été question, et qui sera organisée par les soins de la Société. D'autre part, la seconde séance générale de février (le 26) coïncidera, de cette facon, avec les réunions générales an- nelles des Sociétés entomologique et zoologique de France; le Conseil a décidé que cette séance serait consacrée aux études concernant les Oiseaux utiles et en particulier leur protec- tion. Plusieurs de nos collègues de province, MM. d'Hamon- ville, Ernest Olivier, Xavier Raspail, etc., prendront la pa- role dans cette séance à laquelle seront invités les membres des Sociétés entomologique et zoologique qui ne font point évalement partie de la Société d’'Acclimatation. — M. le Président annonce que le 12 février aura lieu, sui- vant une tradition que le Conseil a décidé de reprendre et de perpétuer autant que faire se pourra, la séance publique de distribution des récompenses tenue le plus près possible de l'anniversaire (10 février) de la fondation de la Société. Cette année, une conférence avec projections sera faite par M. le vicomte J. de Cuverville, sur les Pécheries des Cosaques de l'Oural. C’est un sujet d'actualité, étant donnée l'Exposition de pêche franco-russe qui suivra de quelques jours cette conférence. Dix-huit médailles sont décernées, cette année, par la So- ciété, dont une médaille d’or, offerte par le Ministere de l'Agriculture, quatre médailies d'argent hors classe, à l’efti- gie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, sept médailles d'argent et six médailles de bronze, enfin une prime de 100 francs. PROCÈS-VERBAUX DES sÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. TA Le Conseil a pensé, en outre, qu'il convenait de proposer aux suffrages de la Société la nomination d’un certain nombre de membres honoraires. Son choix s’est arrété, après l'examen de bien des candidatures, sur les personnalités suivantes, qui se sont distinguées dans la Science à di- vers titres et ont rendu à l’Acclimatation des services émi- nents. M. Anton Fritsch, professeur à l'Université de Bohême, à Prague. M. Philip Lutley Sclater, secrétaire de la Société zoolo- gique de Londres. Le R. P. Armand David, correspondant de l'Institut, à Paris. M. Charles Naudin, de l’Institut, directeur du Jardin bota- nique de la villa Thuret, à Antibes. L'Assemblée, consultée, nomme à l'unanimité ces quatre naturalistes membres honoraires de la Société d’Acclimata- tion. (Apytaudisseinents.) - — M. le Président proclame les noms des membres admis par le Conseil dans sa dernière séance. MM. PRÉSENTATEURS. Barou J. de Guerne. A. Imbert. Raveret-Wattel. CHATEL (Victor), 201, rue de Crimée, Paris. ( Baron J. de Güerne. Daëry, pisciculteur, (Maison Carbonrier) | Rathelot 20, quai du Louvre, Paris. Raveret Wattel HécaEx (Zéphir-Émile), 35, boulevard de Strasbourg, Paris, et 9, rue des Trois- Frères, à Villemonble (Seine). Baron J. de Guerne,. A. Imbert. Raveret- Wattel. LOUGARRE, propriétaire, 38, rue de Jouf- A. Imbert. : froy, Paris. ".. Raverel-Wattel. D' R. Blanchard. Baron J. de Guerne. Raveret-Watiel. M:cHaApO DE CARVALHO (Georges), pro- priétaire, 10, boulevard des Fossés, Pontoise. Baron J. de Guerne. A. Imbert. Raveret-Watlel. Maizrarp, syndic, 4, boulevard Saint- Michel, Paris. ; Baron J. de Guerne. 72 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. MM. PRÉSENTATEURS. 7 ER Baron J. de Guerne. NICLAUSSE (Jules), ingénieur, 24, rue des A. Imbert. Ardennes, Paris. ï LA Raveret-Wattel]. ù : E. Blanc. Ossiporr (Alexis), 31, chaussée de Wi- at borg-Lesnoi, à Saint-Petersbourg PARA, 2 CURE 57e d F4 A. Imbert. ( D' R. Blanchard. Baron J. de Guerne. D' Trouessart. ROLLINAT (Raymond), propriétaire, à Ar- genton-sur-Creuse (Indre). DÉPOUILLEMENT DE LA CORRESPONDANCE. Notifications, renseignements, avis divers. — M. Im- bert, trésorier de la Société, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance et prie celui de ses collègues qui présidera la séance de bien vouloir donner sur le budget toutes les expli- cations nécessaires. — MM. Niclausse et R. Rollinat remercient de leur admis- sion. — M. le Dr Raphaël Blanchard, annonce que la Société z00- logique de France, dont il est le secrétaire général, tiendra sa séance publique annuelle, le 24 février prochain, sous la présidence d'honneur de M. Charles Van Bambeke, profes- seur à l’Université de Gand, M. Moniez, de la Faculté de médecine de Lille, étant président de la Société. A cette oc- casion, une conférence avec projections aura lieu, le ven- dredi 26 février, à huit heures et demie du soir, dans la crande salle de la Société d’Acclimatation. M. Joubin, pro- fesseur à la Faculté des sciences de Rennes, y traitera des Céphalopodes. Des cartes d'entrée sont mises à la disposition des membres de la Société d'Acclimatation, qui peuvent éga- lement assister à la séance du 23 février, 7, rue des Grands- Augustins, au siège de la Société zoologique. Mammifères. — Lettre de M. Gustave Taixon à M. Geof- froy Saint-Hilaire, président honoraire de la Société, sur le produit du croisement d’un Zèbre de Burchell (appelé Canon) avec la Jument. Ce résultat a été obtenu, au Brésil, par M. le baron de Parana. (Voir Correspondance.) PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 73 M. le Secrétaire - général fait remarquer l'intérêt de cette question, surtout en ce moment où l’on recherche des ani- maux de trait pouvant s’acclimater dans les colonies fran- çaises de l’ouest africain. Aquiculture. — M. le Préfet de Bourg, répondant à une demande du secrétariat, adresse à la Société divers travaux de M. Raphaël Dubois, professeur à la Faculté des sciences de Lyon, sur la disparition des Écrevisses dans les cours d’eau du département de l’Ain. — M. E. Cacheux (Mb) annonce que la Société l’'EZrxseigne- ment professionnel et lechnique des Pêches marilimes, dont il est le président, met au concours la question sui- vante : Etudier pour un port français les conditions de l’une de ses pêches maritimes, indiquer la marche à suivre pour augmenter la quantité de Poisson pêché et la manière d'en tirer le meilleur parti possible en vue d'améliorer la situation matérielle des marins pécheurs. Les mémoires devront être remis au siège de l'Association, quai Saint-Michel, à Paris, avant le 1e’ juillet 1897. Plusieurs prix seront décernés. Botanique. — M. Chappellier (Mb) adresse le programme d'une excursion horticole qu'il vient d'organiser avec le gra- cieux concours des Sociétés d’horticulture de Marseille, Tou- lon, Hyères, Cannes et Nice, ainsi que de plusieurs membres de la Société nationale d'Horticulture de France. Cette excur- sion, d'une durée de quinze jours (27 février au 15 mars), comprendra Turin, Gênes, le littoral de la Méditerranée, Nice, Menton, Monaco, Cannes, Antibes, golfe Jouan, Hyères, Toulon et Marseille. Cheptels, distribution de graines. — M. le comte J. de Lacsger-Navès rend compte de son cheptel d'Oies du Canada : la femelle a pondu six œufs qui ont donné cinq jeunes, dont un s’est noyé et un autre est mort âgé de huit jours ; les trois autres se sont élevés facilement. (Voir Correspondance.) — MM. Delaval (Saint-Max-les-Nancy), A.-R. Proschawsky (erottes Sainte-Hélène à Nice) et Le Moyne, de Birmandreis (Algérie), remercient des graines qui leur ont été adressées. — M.le Dr Cros, de Perpignan, demande des graines de Coton du Turkestan, rapportées par M. Ed. Blanc. Bali. Soc. nat. Accl. Fr, 1897 — 6. 74 PULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION- COMMUNICATIONS ORALES. M. le Président rend compte des travaux du Comité de l'Eléphant d'Afrique: les adhésions continuent à arriver chaque jour et, ce qui vaut mieux encore, les souscriptions. Celles-ci sont recues au siège de la Société d’Acclimatation. M. le Secrétaire-général fait remarquer que les dames sem- blent s'intéresser vivement à la question. Beaucoup ont sans doute été frappées de la douceur des Eléphants dans les mé- nageries où ils font la joie des enfants. — Au nom de M. Imbert, trésorier, M. le Secrétaire-géné- ral donne lecture du compte des recettes et dépenses de l’an- née 1896 et présente le budget tel qu’il a été approuvé par le Conseil. Les comptes ont été régulièrement vérifiés par la Commission des finances. — M. je Secrétaire général donne quelques indications sur l'Exposition de Pêche et de Pisciculture qui s'organise avec beaucoup d'activité en ce moment même pour étre ouverte dans la grande salle de [a Société du 14 au 25 février pro- chain. L'Exposition aura un caractère franco-russe résultant de son origine même et du groupement des objets qui en ont motivé l'installation. Elle devait se composer primitivement de l'ensemble des envois faits de France à Moscou pour l'Exposition de la sec- tion d'Ichtyologie de la Société impériale d’Acclimatation de Russie, envois que la Société d’Aquiculture et de Péche, d'accord avec la Société d’Acclimatation, avait décidé de centraliser au siège commun des deux associations. Sur ces entrefaites, d'importantes collections obtenues par M. Edouard Blanc pour les Musées français à l'issue de l'Exposition de Nijni-Novgorod, sont arrivées à Paris. Le Ministère de l'Instruction publique, auquel appartiennent ces collec- tions, a bien voulu autoriser la Société d’Acclimatation à exposer avant leur répartition, soit au Muséum, soit au Musée d’Ethnographie, ceux de ces objets, fort nombreux, qui concernent la pêche. Ainsi se trouvera mise, pendant quelques jours, sous les yeux du public, une série fort cu- rieuse d'engins de pêche et de Poissons conservés destinée malheureusement à être disséminée par la suite. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 75: L'Exposition est organisée par les soins d’un Comité formé des délégués choisis par la Société d’Acclimatation de Moscou et qui ont nommé comme président M. Léon Vaillant, pro- fesseur au Muséum. Le Comité se compose de MM. Emile Belloc, vice-président de la Société centrale d'Aquicuiture et de Pêche ; Edouard Blanc, membre du Conseil de la Société d’Acclimatation et de la Société zoologique de France, chargé de diverses missions scientifiques en Russie ; E. Chantre, directeur adjoint du Musée de Lyon, chargé de diverses missions scien- tifiques au Caucase; baron Jules de Guerne, secrétaire-général de la Société d’Acclimatation, ancien président de la Société centrale d'Aquiculture et de la Société zoologique de France ; Amédée Odin, membre du Conseil de la Société centrale d’Aquiculture ; Georges Roche. inspecteur général des Pêches maritimes : F. Secques, secré- taire général de la Société centrale d'Aquiculture. — À l’occasion d'un arrêté du maire de Lille en date du 14 septembre 1896 et qui a été affiché par toute la ville, pour être mis en vigueur à partir du 1% janvier 1897, M. Jules de Guerne parle de l'attelage des Chiens dans le nord de la France. M. le Secrétaire général résume une série de péti- tions et d'articles motivés par le décret dont il s’agit, lequel n'a point reçu l'approbation du Préfet. — M. de Claybrooke (Mb) cite les attelages de Chiens uti- lisés par certains pêcheurs sur les côtes de Normandie; il ajoute que depuis longtemps à Mantes, en Seine-et-Oise, M. Voitellier a organisé la traction canine pour desservir la majeure partie de son établissement d’aviculture. — M. Decroix (Mb) dit qu’à la Société protectrice des ani- maux dont il fait partie, il a entendu de nombreuses discus- sions sur les avantages et les inconvénients de l’aftelage des Chiens. Les avis ont toujours été partagés : les uns voudraient voir interdire formellement cet attelage; d’autres au con- traire, et M. Decroiïx est du nombre, pensent qu'en principe tout animal doit se rendre utile selon ses aptitudes et sa force, mais il faut éviter le surmenage et les mauvais traitements. — M. le D' Trouessart (Mb) fait remarquer que c’est la question de la rage qui a motivé les arrêtés des Préfets et des Maires interdisant d’atteler des Chiens. Le muselage des Chiens attelés est assez difficile ; le Chien qui travaille, sur- tout en été, a besoin de respirer à l’aise : or, la muselière, gé- néralement en usage, gêne la respiration de l'animal. 76 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. — M. F. Decaux (Mb) cite de nombreux exemples d'atte- loges de Chiens observés par lui aux environs de Valen- ciennes et utilisés pour porter le pain, la viande. le lait. Il cite le cas d'un Terre-Neuve qui transportait son maitre presque journellement, aller et retour, de Valenciennes au Càteau (35 kilomètres), dans l’espace d’une heure, et sans aucune fatigue. — M. de Guerne parle des Chiens utilisés dans les Ar- dennes pour actionner le soufflet des forges ; il rappelle aussi l’attelage du Chien à la bicyclette tel que le pratique le Dr Ma- beuf en Auvergne. — M. Edouard Blanc (Mb) dit que sur les hauts plateaux du Thibet, le Cheval, à cause de la décompression atmosphé- rique, est sujet aux hémorragies et ne peut être utilisé tandis que le Mouton peut résister même aux. grandes altitudes, aussi, l’utilise-t-on comme animal de somme. Il faut environ dix Moutons pour transporter la charge d'un Cheval. — M. Jules de Guerne rappelle à ce propos l'emploi du Mouton fait aux Acores dans l'ile San-Miguel, pour traîner des voitures légères et transporter notamment des provisions d'eau dans de petits barils. Durant les voyages qu'il a fait aux Acores avec le prince de Monaco, M. de Guerne a pu observer lui-même ces attelages qui rappellent, au luxe près, la fameuse voiture aux Chèvres des Champs-Elysées ou des Tuileries. Dans une prochaine séance, M. de Guerne appor- tera une photographie de ces Moutons attelés. — Au nom de M. Ch. Naudin, M. Hua, Secrétaire du Con- seil, donne iecture d’une notice sur La longévité des graines et leur conservation dans la terre (Voir Bulletin). — M.E. Decroix fait une communication sur Les propriétés médicinales des Agaves el des Cactées (Voir Bulletin). — M. le D' Weber {Mb) rappelle que non seulement les rhi- zomes, mais encore les feuilles des Agaves sont douées de pro- priétés saponifiantes. C’est ainsi qu'au Mexique un bouchon de fibre: d’Agave sert souvent de savon. Ces plantes con- iennent aussi des alcaloïdes dont les propriétés sont bien connues des Indiens, qui preunent souvent des infusions de cette plante pour s’enivrer et pour acquérir une sorte de se- condc vue. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 77 — M. Hédiard (Mb) dit qu'une certaine opposition est faite à la trop grande multiplication des Cactus en Algérie ; aux environs de Blidah, par exemple, les propriétaires de vi- ænobles détruisent les haies de Cactus parce qu’elles servent de refuge à divers Insectes qui attaquent la Vigne. Le Secrélaire des séanccs, E CAUSTIER. 1re SECTION (MAMMIFÈRES). SÉEANCE DU 11 JANVIER 189%. PRÉSIDENCE DE M. DECROIX, PRÉSIDENT. Il est procédé au renouvellement du bureau ; M. Mégnin ayant dé- cliné toute candidature, sont élus à l’unanimilé : President : M. Decroix ; Vice-Président : M. le D' Trouessart ; Secrétaire : M. Ch. Mailles ; Secrétaire- Adjoint : M. Maurice Loyer. M. le D' Trouessart est également délégué par la Seclion pour la représenter à la Commission de récompenses. Lecture de la correspondauce : M. Mailles s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. Lettres de M. Bizeray sur ses élevages de la villa Jagnenau, près Saumur, où les Maras semblent réussir et de M. F. A. Blaauw, délégué de la Societé d’Acclimatation à S'Graveland (Hollande), qui vient d'acheter un couple de Bisons d'Amérique. M. Bourdarie expose les travaux entrepris sous le patronage de la Sociélé en vue d’assurer la protection de l'Eléphant d'Afrique; il donne quelques détails sur la formation d’un Comité d'initiative scientifique et économique par les soins duquel sera poursuivie l'œuvre de haute ulililé qu’il s’agit de mener à bien. Du reste, comme on l’a pu voir dans le Bulletin, les adhésions arrivent de tous côtés. M. Bourdarie propose à la Section de rédiger un questionnaire qui serait adressé à toutes les personnes ayant manifesté quelque intérêt en faveur de l'Eléphant d'Afrique. 11 est décidé que MM. Trouessart, vice-président, et Mailles, secrétaire de la Section, s’occuperont, d'ac- cord avec M. Bourdarie, de rédiger ce questionnaire. Pour le Secrétaire empêché : JULES DE GUERNE, Secrétaire-général, 78 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. 5° SECTION (BOTANIQUE). SÉANCE DU 9 FÉYRIER 1897. PRÉSIDENCE DE M. HÉDIARD, VICE-PRÉSIDENT. I! est procédé à la nomination du bureau pour 1897. M. IH. de Vil- morin, président, et M. Chappellier, vice-président, sortants, ayant prié leurs collègues de ne point voter pour eux, la Section nomme à l'unanimite : Président : M. le D' Weber: Vice-Président : M. Hédiard ; Secrétaire : M. J. Grisard; Secrétaire-Adjoint : M. Soubies. En outre, M. Weber est désigné comme délégué rapporteur de la Section à la Commission des récompenses. M. Hédiard, en prenant place au fauteuil, remercie ses collègues de la confiance qu'ils veulent bien lui témoigner : il s'efforcera de se montrer digne de l'honneur qu'on lui fait. Dépouillement de la correspondance : Elle comprend, entre autres documents, une note du professeur Heckel concernant la cul!ure de l'Igname de Chine (voir ci-dessus, page 19) et une brochure de M. Pfrimmer. sur la culture de divers arbres fruitiers en Algerie. M. le Secrélaire-général dépose sur le bureau un certain nombre de graines envoyées de Nice par M. Prochavsky et invite les membres présents à prendre celles qui peuvent leur être agréables, en s'ipscri- vant toutefois, afin de laisser trace de la libéralité de notre collèzue. La Section vote des remerciements à M. Prochavsky. M. Hédiard présente le fruit d'un Cognassier du Japon dont l'odeur diffère beaucoup de celle du Coing du Porlugal, habituellement cultivé en Europe. M. Hédiard distribue ensuite des Haricois Saini-Ciboire, variété naine, très productive et intermédiaire entre les races avec et sans parchemin ; jusqu'à mi-grosseur du grain, on peut le consommer en mange-tout. M. Mailles cultive ce Haricot depuis plusieurs années ei confirme les assertions de M. Hédiard, concernant les qualiies de la varieté dont il s'agit, bonne en vert, en mange-tout ei en grain frais ou sec; elle produit beaucoup, se lient bien et peut être considérée comme fianche- ment naine. M. Hédiard parle de la culture de l'Igname de Chine sur à-dos élevés, ce qui en facilite la récolte. MM. Mailles et Chappellier font observer que cette methode n'est EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. 79 pas toujours bonne, notamment dans les années sèches, el surtout, dans les sols siliceux et calcaires non alumineux. A propos de la culture des Ignames. M. Chappellier donne divers détails complémentaires sur celles qu'il poursuit à la Commanderie dans le département du Loiret et dont il a été parlé pour la dernière fois à la Société dans la séance générale du 7 février 1896. (Voir Builetin 1896, page 1271). , M. Chappellier communique ensuite le programme d’une Excursion horticole organisée par ses soins avec le concours de diverses Sociétés d'Horticullure des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes-Maritimes. Deux notes de M. Jules Grisard concernant l’Arbre du voyageur et le Ravenala de Madagascar, sont déposées sur le bureau. Elles seront publiées dans le Bulletin. (D'après les notes de M. Henri Hua et Charles Maïlles, remplaçant les secrétaires empéchés.) EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. COMPTE RENDU DE LA PÊCHE DU RÉSERVOIR DE TILLOT (GÔTE-D'OR) EN NOVEMBRE 1896 (1). Pont-d'Ouche (Côte-d'Or), le 29 novembre 1896. La pêche de fond du réservoir du Tillot, fixée au 9 novembre, a été faite au jour dit, à midi, en notre présence. Le garde Bannelier, très au courant, d’ailleurs, de ces sortes de pêches, a manœuvré lui-même la vanne de fond par laquelle s’est effectuée la sortie du Poisson et, à part une grosse quantité de blan- chaille, quelques Carpes, Carpettes, Tanches et Perchettes ayant re- _montlé le courant du ruisseau, assez fort ce jour-là par suite des pluies des jours précédents, tout le Poisson contenu dans le réservoir est entré en bon état dans la pêcherie. La quantité toujours considérable de vase qu’entraîne la vidange complète d’un réservoir rend parfois le Poisson très malade, le blanc et la Perche surtout, et nous n'avions encore jamais vu de pêche de fond de réservoir qui n'ait fait périr du Poisson de ces deux espèces en quantité même notable. Aussi, avions-nous, pour ce motif, con- (1) Documents communiqués par M. Fontaine, Ingénieur en chef du Canal de Bourgogne. s0 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. voqué quelques marchands de Poisson à la pêche, afin de nous débar- rasser au plus vite du Poisson mort ; mais nous n'en avons pour ainsi dire point eu et nous n'avons vendu à M. X..., de Sainte-Sabine, sur soumission Ci-jointe, que 200 kilogrammes de Perchettes et de blan- chailles malades, mais non crevées. Du 10 au 12 novembre, il a été livré à dix-sept Sociétés ou parti- culiers 1,560 kilogrammes de Carpes, de Carpeltes et de Perches pesant en moyenne respectivement 0,750, 0,250 et 100 grammes. En plus des quantités de Poissons indiquées ci-dessus, nous avons remis au réservoir : 10 Carpes de 1 kilogramme chacune. 490 — de 0,750,90 1,300 Carpeties de 0,25.90 10 Tanches de 0,400 — 39 — de 0,010 — 300 Blancs de 0,100 — (Rousses et Gardons). Cette pêche a donc éié absolument brillante, si on considère sur- ioui que les Carpes de 0,750 ne pesaient guère, il y a un an, que 75 grammes et que l’alevin de Carpes recueilli (1.300480) est le fruit de quelques Carpes d'un kilogramme achetées au commence- ment de l’année et qui ne pesaient alors que 350 grammes. Elle montre que le braconnage ne rous a pas fait grand tort et témoigne d'une bonne surveillance de la part du garde-réservoir pour lequel nous demandons une gratification. Ellc montre, en outre, le profit à tirer de ce petit réservoir du Tillvt en y cultivant la Carpe et fait espérer, pour l'an prochain, à cozdition, bien entendu, de maintenir le réservoir à un niveau cons- tant au moment de l’alevinage, une quanlité d’alevins de Carpes que je n'ose évaluer, mais qui sera certainement supérieure à 20,000. Enfin, elle laisse entrevoir, si nous continuons à en repartir Île produit enire les amodiafaires de la pêche du canal, une concurrence énorme, lors du renouvellement du baïl d'amodiation de la pêche et partant un profit important pour le Trésor. Le Conducteur, Dijon, le 7 décembre 1696. Je pense que M. le Chef de Division de la Navigation verra avec intérêt les tres beaux résultats que nous avons pu obtenir des la pre- mière année de la prise en régie par l'Etat, au point de vue de la pêche. du très pelit réservoir du Tillot. Il était loué jusqu'ici 250 francs environ par an. Cette première année, il vient de nous donner, à mettre dans les autres lots de pêche EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. 81 du canal ou à remettre au même réservoir 1970 kilos de Poissons dont, 1550 kilos de Carpes (à 1 fr. 10) et 400 kilos de Perches à 1 franc. En ajoutant les Tanches, les Carpettes et les 60 kilos de Poisson malade vendu, c’est une valeur d'environ 2,200 francs. Et nous comptons que ce petit réservoir donnera bien le triple l’an- née prochaine et beaucoup plus encore ultérieurement. La prise en régie a donc été une excellente opération ct il y a cer- tainement lieu de continuer à cultiver ainsi ce réservoir tout en y fai- sant en même temps de la Truite Arc-en-Ciel. Je vous prie, etc. FONTAINE, Ingénieur en Chef du Canal de Bourgogne. Cette pêche a été magnifique ; mais je crois que celle de 1897 sera bien supérieure en alevin; car sur 13 Carpes de 350 grammes cha- cune que nous avions mises en avril dernier, on a obtenu 1780 Car- pettes et pour 1897 nous en avons mis 500 de 0 k. 750 le 13 no- vembre 1896. Le Brochet est détruit ; il n’y en avait pas un seul dans la pêcherie. Observation du Garde de navigation Guy BANNELIER en résidence en Vandenesse (Côte-d'Or). >< LE KURBIS, NOUVELLE PLANTE FOURRAGÈRE. L'an dernier, j'ai distribué 15,000 graines de Kurbis à 150 personnes; dans tous les pays, je recommencerai semblable disiribution cetle année. Le Kurbis cst une variété mal fixée de Courge #0on coureuse, il rendra des services comme culture dérobée, entre un fourrage de prin- temps et une céréale. J'ai semé pendant tout le courant de mai, sur une terre mal pré- parée, peu fumée et j'ai obtenu en octobre un rendement de 50,000 kilos. A côté, les Pommes de terre n’ont rapporté que 23,000 kilos, alors que dans de meilleures conditions la récolte s’elcvait à 36,000 kilos. Un correspondant m'écrit qu’il a obtenu la parité de 100,000 kilos. C’est peut être exagéré, mais je crois qu'on dépassera très facilement 50,000 kilos. Comme valeur nutritive, je compare le Kurbis au Navet, le bétail s’en accommode fort bien, le beurre est excellent. Le semis doit se faire à la fin d'avril au plus tôl. ANDRÉ GOUIN. 8? BULLETIN LE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. DISTRIBUTION DE GRAINES DE KURBIS AUX MEMBRES DE LA Sociéle d'Acclimatation. Haute-Goulaine (Loire-Iuférieure), 26 mai 1896. Monsieur le Secrélaire général, Je me suis cmpressé d'envoyer des graines de Kurbis aux per- sonpes que vous avez bien voulu me désigner (300 environ à cha- cune). Si les essais faits par les membres de la Société d’Acclimatation paraissent salisfaisants, je mettrai, avec plaisir, une nouvelle quantité de ces graines à votre disposition, l’année prochaine. Veuillez agréer, eic. ANDRÉ GOuIX. >< ENvOI DE DATTIS À PULPE ROUGE POUR SEMIS. Kairouan (Tunisie), le 14 novembre 1896. J'adresse aujourd’hui à la Société d'Acclimatation une caisse con- tenant un régime de Dattiers à fruits rouges (Phœniz dactylifera). A ma ccnnaissance, il n'existe qu'un seul arbre de cette variété à Kaï- rouaB ; les Djeridi., qui nous apportent en ce moment les Dattes B'sser, conuaissent des Palmiers à fruits rouges, mais ils sont très rares chez eux. Ces Dalles sont mangeables, mais de saveur âpre ; les noyaux sont moins longs que ceux des variétés à fruiis jaunes. L'aspect de ce Palmier est très ornemental, c'est ce qui m'a décidé à vous euvoyer ces Daltes pour en répandre l’espèce. E. BAGNOL, Collecteur aux contributions diverses à Kairouan. EXTRAITS ET ANALYSES. LES VOYAGES DU PRINCE HENRI L'ORLÉANS (1). Le prince Henri d'Orléans a fait irois grands voyages en Asie qui tous ont beaucoup accru nos connaissances tant géographiques et (4) Extrait du rapport présenté sur le prix Tchihatchéf, présenté à l’Aca- EXTRAITS ET ANALYSES. 83 elhnographiques que zoclogiques sur cette partie du monde. Ses débuts dans la carrière des voyages ont élé excessivement durs. Il a fait ses premières armes en Asie Centrale, en compagnie de M. Bonvalot et du R. P. Dedeken, missionnaire belge ; parti de Paris, le 6 juillet 1889, avec l'espoir très problématique de pénétrer dans le Tibet, région qui était depuis très longtemps fermée aux Européens, il se rendit à Saint-Pétersbourg et, de là, à Semipalatinsk, traversa la province chinoise de Kouldja, franchit les monts Thian-Chan, coupa le vaste désert de Gobi jusqu'au Lob-nor et, après avoir gravi le versant abrupt de la chaine d’Altyn-Tagh, arriva, le 10 décembre, au lac Tehong Koum Koul, point extrême sud, atteint par les explorations précé- dentes. A l'Est de ce lac, se trouve la route vers la Chine, qu'ont suivie Prjevalski et le colonel Carey ; au Sud est le ‘l'ibet, dont le relief tourmenté et l’âpre climat ajoutent des difficullés presqu'insurmon- tables aux obstacles et aux daugers que les autorités tibétaines créent aux Européens. Nos hardis explorateurs n’hésitèrent pas à se jeler en plein dans l'inconnu. Suivant les traces laissées par une caravane de pélerins Kalmouks, ils marchèrent pendant plusieurs semaines par une tempéralure variant de — 15° à — 409, à travers un chaos de mon- lagnes haules de 4,000 à 6,000 mètres, où quelques troupeaux d’Yaks et d’Antilopes, mettaient seuls un peu d'animation. Le 31 décembre, un ouragan de sable fit disparaître toute trace de la caravane mongole et, pendant tout un mois, ils allèrent à l'aventure, se dirigeant vers le Sud, à laide de la boussole. C’est dans ces dures conditions qu'ils atteignirent le Tengri-nor, puis la ville de Dam, située à 60 kilomètres au nord de Lhaça, ayant perdu deux de leurs serviteurs de fatigue et de froid, ainsi que tous leurs Chevaux et Chameaux et s'étant nourris presque exclusivement de farine délayée dans de la graisse, car l’eau qui bout à 52° environ dans ces hautes régions, ne cuisait pas la viande et n'infusait pas le Thé. : Les autorités tibétaines s'opposèrent à ce qu'ils s'avancassent jusqu’à Lhaca et ils durent prendre la route de Chine qui les mena à Batan. À partir &e celte ville, ils voyagèrent en pays connu, passant par Yun- nan-fou et Laokaï et arrivant à Hanoï à la fin de septembre 1890. Du Lob-nor au Tonkin, M. Bonvalot, le prince H. d'Orléans et le R. P. Dedeken avaient parcouru 3,000 kilomètres dont la moilié à tra- vers des pays entièrement nouveaux. Cette difficile exploration a enrichi la Géographie et la Météorologie de notions importantes sur une vaste région tout à fait inconnue et apporté de précieux renseignemenis elhknographiques sur des peuplades avec lesquelles les Européens n'avaient pas encore eu de relaliozs et a démie des Sciences par M. Alfred Grandidier, membre de la Société d’Accli- matation. (Séance du 21 décembre 1896.) 84 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. amené la découverte d'animaux nouveaux ou rares qui sont déposcs dans notre Musée d’Hisioire naturelle. En allant de la Chine à Hanoi, où il s'était embarqué pour rentrer en France, le prince d'Orléans avait Sescendu le fleuve Rouge. ei, malgré la rapidité avec laquelle il avait traversé le Tonkin, notre colo- nie l'avait inicressé. Aussi y est-il revenu en 1892, dans le but patrio- tique d'étudier ses richesses paturelles et de faire une enquête sur son avenir agricole et commercial. Cette enquête, il l'a faite avec succès et il en a consigpé le résullat dans un volume instructif intitulé : Aufour du Tonkin. Dans ce second voyage, il a visite les riches gisements houillers de Hong-haï et de Kebao et ses explorations de la vallée de la Rivière noire, entre Cho-bo et Laï-Chau, et du Laos, ont fourni sur une région encore peu connue, des données géographiques et économiques intéressantes. Il en a rapporté de riches collections zoologiques (274 animaux), botaniques (218 plantes). géologiques 39 échantillons de roches) et e‘hnographiques qui sont déposées dans nos Musées. Enfin, en 1895, un troisième voyage qui a été fécond en résultats d'une grande valeur géographique, a élé accompli par le prince d'Orléans, à iravers le Continent Asiatique, des Confins du Tonkin aux fronlières de l’Inde anglaise. Ni l'âpreté des pays visités, ni la barbarie de leurs habitants, ni les difficultés de transport et de nourri- ture, n'ont arrêté le vaillant explorateur, qui, avec ses deux compa- | gnons, M. Roux, chargé des levés topographiques et M. Briffaui, un vieux colon du Tonkin, a menée à bonne fin, grâce à son énergie calme et à une patience à toute épreuve, l’entreprise hardie qu'il avait formée d'explorer les régions inconnues silués entre notre colonie asiatique et les Indes. Partis le 27 février 1895, de Mong-tsé, ville du Yannan, qui est proche de nos fronlières du Tonkin. ils marchèérent vers l'Ouest, pen- dant 409 kilomètres, à travers un pays nouveau, presqu'impraticable, jusqu’à Notcha-Tiampli, ville située sur les bords du Mékong, au point extrême nord, qu'ont aitteint Doudart de Lagrée et Francis Gar- nier; reuuontaut le cours encore inconpu de ce fleuve à travers le Yunnan, pendant 700 kilomeires, ils arriverent le 26 mai, à Talifou, d'ou ils se rendirent aux Indes par un rude et très pénible itinéraire de irois mois, d'Atantse à Sadiya. Sur 3,300 kilomètres qu'ont par- courus les iutrépides voyageurs, 2,400 traversent des régions jusque-là inexplorées. Enire autres découvertes géographiques, il ressort de celte explora- tion que, contrairement aux idées reçues, le Salouen qui coule paral- lèlement au Mékong dans une gorge voisine et également entaillée profondément dans le plateau, mais à une altitude inférieure de 300 mètres. n'appartient pas au bassin de l'Iraouaddy et fait suite au Lou-tsé-Kiang qui descend du Tibet. Elle nous a fait en outre EXTRAITS ET ANALYSES 85 connaître les limites du bassin des sources de l'Iraouaddy, dont les deux principales, le Telo et le Tourong étaient inconnues, même de nom. M. Roux, qui était chargé de la partie géographique, a fait beavcoup d'observations astronomiques et altimétriques. Le prince Henri d'Orléans a fait d’importantes collections d'histoire naturelle et d’ethnographie, a réuni trente et un vocabulaires différents, a pris plus de mille photographies, tant de paysages que de types, auxquelles la nouveauté des populations traversées donne un réel intérêt. Alfred GRANDIDIER (de l’Institut). L’ARBRE DU VOYAGEUR (l). Madagascar est à l’ordre du jour. Les auteurs des nombreuses no- tices qui ont paru dans ces derniers temps sur la grande ile africaine, n'ont pas oublié de mentionner le fameux Arbre du voyageur; beau- coup ont rapporté la légende à laquelle il a donne lieu, mais aucun, à notre connaissance du moins, n’a parlé de ses qualités réelles qui sont assez nombreuses sans qu'il soit besoin de lui en prêter d’ima- ginaires. Nous pensons donc que les lignes suivanies seront accueil- lies avec intérêt. Il est bien connu aujourd'hui que rien ne juslifie la réputation faite au Ravenal et la légende qui lui a valu son nom vulgaire. Tous les auteurs anciens, et même quelques contemporains, ont raconté que ce végétal était la Providence du voyageur altéré, que ses feuilles engainantes tenaient en réserve une eau limpide el pure et qu’il suffisait de percer la base du pétiole pour obtenir immédiatement un liquide frais et engageant. La vérité est qu'il croît, non dans les déserts, mais bien dans les sols humides ou à proximité des cours d’eau, sur les collines aussi bien que près de la mer, dans les sables et même assez loin dans l'intérieur des Lerres, surtout dans la région orientale de l'ile, cet habitat bien caractéristique réduit à néant sou rôle providentiel. L'eau que renferme la base des pétioles doit du reste être peu potable si l’on considère qu’elle contient le plus souvent les cadavres en décomposition d'une multitude d'Insectes qui l’ont corrompue et rendue impropre à étan- cher la soif du voyageur le plus altéré et le moins dégoûté. Le Ravenal est une belle plante qui appartient à ia famille des Mu- (1) Ravenala madagascariensis Gmel., Urania madagascariensis Rauesch., U. Ravenalia Rich., U. specioss Willd., Ravinala, Ravenala des Madécasses. FER 86 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. sacces et se rapproche surtout du Bananier dont elle différe toutefois par la position de ses feuilles et sa tige ligneuse. Cette tige simple, arborescente, qui conserve les cicatrices des feuilles perdues, atteint généralement de 5 à 6 mètres de hauteur mais peut doubler de taille dans des conditions favorables de sol et &’expo- silion. diamètre de 30 à 35 centimètres ; elle est munie de chaque côté de 28 à 30 magnifiques feuilles, oblongues, entières, semblables à celles du Bananier, de 2" 50 à 3 mêtres de longueur, supportées par de longs pétioles canaliculés engaïnants à leur base et dont l’ensemble affecte, vu de face, la forme d’un gigantesque éventail. L'aspect de profil n’est pas moins curieux, surtout lorsque plusieurs Ravevals se trouvent orientés de la même facon, ils figurent alors une ligne. que de loin on prendrait pour de simples poteaux. Les usages du Ravenal sont nombreux et toutes les parties de la plante sont utilisées. Il est pour les habitants de Madagascar ce que le Bambou est pour ceux de la Chine et du Javon. C'est surtout dans la construction des cases qu’il rend de réels ser- vices. Les troncs durcis constituent les poteaux d’angle ; en les fendant en deux, puis en les creusant, on en obtient des sortes de goutiières qui, après avoir été aplaties et placées côte à côte, forment des plan- chers devenant au bout de quelque temps extrêmement durs et se con- servant fort longtemps. Ces planchers sont habituellement couverts de nattes. Les usages des feuiiles sont des plus variés. Débarrassées de leur nervure mCuianc et fendues dans le sens de la longueur elles servent à couvrir les constructions indigènes, mais elies doivent avoir été dessé- chées sur l'arbre même; il paraît qu'une dessiccation artificielle au soleil les rendrait impropres à cet usage. Dans le service de la table elles remplacent à la fois le linge et la vaisselle et on les utilise comme nappes, serviettes, plats pour le riz, assiettes, cuillers, verres ; elles servent pour emballer toutes sortes d'objets, comme écopes pour vider les pirogues, etc., elc..... Lorsqu'elles sont jeunes, les Malgaches les font entrer dans leur alimentation. Les pétioles entiers ou fendus et les nervures médianes sont em- ployés pour faire les cloisons, reliés entre eux par des rubans de Rafia ou réunis au moyen d’une tige de Bambou refendu très mince qui les traverse. On les utilise de même pour la membrure des {oits et parfois pour les parois extérieures des cases. Les graines, ombiliquées, sont entourées d’un arille pulpeux, d'un bleu magnifique qui donne une huile volatile abondante. Elles four- nissent une huile comestible estimée des indigènes et une farine que l'on consomme délayée dans du lait. Chez nous, la culture du Ravenal n'est pas à la portée de toutes les bourses, il exige en effet la serre chaude humide où on le multiplie de graines semées en terre de Bruyère, sur couche chaude. EXTRAITS ET ANALYSES. 37 Ce magnifique vésétal a été introduit dans la plupart des pays tro- picaux où il est apprécié pour son aspect pittoresque et tout spécial (1). Jules GRISARD. >< LE RAVENSARA DE MADAGASGAR (2). Le Ravensara de Madagascar, qu'il ne faut pas confondre avec le Ravenala du même pays, est un grand et bel arbre de la famille des Lauracées, à cime touffue et pyramidale, dont le tronc est revêtu d'une écorce rougeâtre ; ses feuilles simples, alternes, ovales-oblon- gues, arrondies et quelquefois rétuses au sommet, rétrécies à la base, trés entières, coriaces et épaisses, glabres, vertes en dessus et glau- cescentes en dessous, sont longues de 5 à 10 centimètres et larges de 2 à 4. Originaire de Madagascar, il a été introduit et prospère assez bien aux îles Mascareignes. Cet arbre est une des espèces végétales les plus aromatiques dans toutes ses parlies, excepté son bois ; son écorce, ses feuilles et ses fruits possèdent en effet une forte odeur de Girofle. Son bois, comme nous venons de le dire, est inodore, de couleur blanc jaunâtre ou gris, souvent traversé de veines rouges ou rous- sâtres, dur, lourd et très flexible, à grain moyen, à cassure courte et sèche ; il serait susceptible d'emploi dans la charpente, mais il n’est guère utilisé dans le pays pour cet objet. Sa densité de coupe fraîche est de 0,819. Dans l'écorce l'odeur est très développpée et on la considère comme un succédané de la Cannelle. Les indigènes se servent des feuilies, entières ou réduites en poudre, de préférence aux épices, pour assaisonner leurs mets parce qu’elles sont plus délicates. Ils arrivent à conserver ces feuilles avec leur arome par un moyen des plus simples. Ils les replient plusieurs fois sur elles-mêmes, puis les enfilent el en forment des chapelets qu'ils laissent pendant un mois exposés au grand air, afin de leur faire perdre leur eau de végétation. Au bout de ce temps, ils les jettent dans l’eau bouillante et les font sécher à nouveau, soit devant le feu, soit au soleil; elles ne se trouvent plus imprégnées que de leur seule huile et sont alors brunes et lui- (1) Note communiquée à la Section de Botanique dans la séance du 9 fé- vrier 189%. (2) Ravensara aromatice Gwel. ( Agathophyllum aromaticum Willd., À. Ra- vensara Mirb., Zvodin aromatica Pers., E. Ravensaræa Gaertn.,) Bois à clou, Arbre aux quatre épices. Ravensara, Ravendsara, etc., des Médécasses. 88 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. santes. On les conserve ainsi pendant plusieurs années avec tout leur parfum. La distillation des feuilies donne une huile essentielle absolument semblable à celle du Girofle et tout aussi estimée. Le fruit est une noix drupacée, à chair peu épaisse, de la grosseur d’une cerise, de forme presque globuleuse, à sommet obtus, terminé par un petit bouton peu apparent, la partie inférieure est prolongée en pointe : il est très léger, noirâtre et lisse, jaunâtre intérieurement, for- tement odorant. Le noyau est lisneux, coriace, peu aromatique et ren- ferme une amande d'un blanc jaunâtre. à 6-8 lobes du côlé du pédoncule, entière par la partie opposée : ces lobes placés dans autant de loges imparfailes. Fraïche, cette amande a une excellente et fine odeur, mais, tres chargée d huile, elle est d'une saveur âcre, piquante, presque caustique. Les Madécasses n'attendent pas que le fruit soit complèlement formé pour le cueillir; c’est à 6-7 mois qu'ils se livrent à sa récolte, alors qu'il met dix mois à atteindre tout son développement et à mürir. Jeune, ils le trouvent mieux approprié aux usages culinaires ; il cons- titue alors l'Epice de Madagascar usitée comme médicament, condi- ment et aromale. Son odeur est moins développée que dans la feuille. Ces fruits sont désignés sous les noms de Voix de Ravensara, de Gi- rolle ou de Madagascar. Râpes, ils servent comme la Muscade ou le Girofle, et peuvent remplacer ce dernier avec avantage en raison de leur volume. On les fait encore entrer dans la composition d’une liquear des îles dite Liqueur de Madagascar. On a employé chez nous ce fruit comme tonique, cordial et aroma- tique ; on dit sa pulpe stimulante. Le Ravensara commence à donner des produits dès l'âge de 5 à 6 ans (1). Jules G&ISARD- (4) Note communiquée à la Section de botanique dans la séance du 9 fé- vrier 1897. CONSEIL D'ADMINISTRATIGN Bureau Président honoraire. Albert GErorrroyx-Sr-IlHiLAIRE, ancien directeur du Jardin zoologique d'Acelimatation du Bois de Boulogne, Vault de Lugny, par Avallon (Yonne). Ed. Bureau, professeur de botanique au Muséum d'histoire naturelle, quai de Béthune, 24. D' LABOULBÈNE, prof. à la Faculté de médecine, membre de _ l’Académie de médecine, boulevard Saint-Germain, 181. C. Raverer-WATreL, directeur de la Station aquicole du Nid-de-Verdier, près Fécamp, rue des Acacias, 20. Henry pe Vizmorix, membre de la Société Nationale d’Agri- culture, ancien membre du Tribunal de Commerce de la Seine, rue de Bellechasse, 17. Secrétaire général. Baron Jules ne GUERNE, rue de Tournon, 6. Eugène Causrier, agrégé de l'Université, prof. au Lycée de Versailles, Secrélaire des Séances, à Viroflay (Seine-et-Oise). Charles BRoxGNIART, docteur ès sciences, assistant (Entomologie) au Muséum d'histoire naturelle, Secrétaire pour l'Intérieur, rue Linné. 9. Henri Hua, licencié ès sciences naturelles, Secrétaire du Conseil. rue de Villersexel, 2. ; son Raymond de Dazmas, Secrétaire pour l'Étranger, rue de erri, 26. Trésorier. Albert Imperr, administrateur judiciaire près le Tribunal civil de la Seine, rue Bonaparte, 17. Archivisle-bibliothecaire. Jean de CLAyBROOKE, Secrétaire général de la Société des Aviculteurs français, rue de Sontay, 5. Membres du Conseil Edouard BLaxc, explorateur, rue Spontini. 18. Raphaël BLancHarr, membre de l’Académie de médecine, secrétaire général de la Société zoologique de France, rue du Luxembourg, 32. C. DARESTE DE LA CHAVANXE, D: ès sciences et en médecine. directeur du labora- toire de tératologie à l'Ecole pratique des hautes études, r. de Fleurus, 87. Paul ne LABouLaye, ambassadeur de France, avenue des Champs-Elysées, 129. Pierre MÉexN, membre de l’Académie de médecine, directeur du Journa l' Eleveur, avenue Aubert, 6, à Vincennes (Seine), Dr Joseph Micuow, ancien Préfet, rue de Babylone, 55. A. Miixe-EnwarDps, membre de l’Institut (Académie des sciences) et de l'Aca- démie de médecine, dir. du Muséum d'histoire naturelle, rue Cuvier, 57. Louis Ouivier, D: ès sciences, directeur de la Revue générale des sciences pures et appliquées, rue de Provence, 34. Ousrarer, D: ês sciences, assistant au Muséum d'histoire naturelle (Mammi- fères et Oiseaux), rue de Buffon, 55. Edmond Perrier, membre de l'Institut (Académie des sciences), professeur au Muséum d'histoire naturelle (Malacologie), rue Gay-Lussac, 28. Georges Rozey, propriétaire, rue Grange-Batelière, 28. Dr WeBer, médecin inspecteur de l’armée, ancien directeur de l'Ecole de médecine militaire du Val-de-Grâce, boulevard Saint-Germain, IS0. Vice- Présidents Secrétaires . QUARANTE-QUATRIÈME ANNÉE. — TABLEAU DES JOURS DE SÉANCE 1596-1807 |] | er | We | 4 | 4» top 11 |i5et29/12et26| 5et19 | 2et25 | 7et21 Msn du Conseil Let 18 | Set22 | 5et19 |12e126| Det30 |14et28 eue CAPE 15 22 SUCRE nn ommmne |, | 18 | 22 | 29 | » | 3 e End heure ans » 25 » LE 5 10 € as houres : en re » Le 8 12 à #7 D » Nat 162 1E%0 25 ODA. — Tout Membre de la Société prenant part aux séances indiquées dans le Tableau ci-dessus. recoit, comme jeton de présence, une entrée gratuite au JARDIN Z00LOGIQUE D’ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. La Bibliothèque est ouverte tous les jours non fériés, de 10 h à 4 h. Les personnes etrar vent y étre admises sur larecommandation écrite de ? membres. Les livres doivent être cons Aa: ères à la Société ultés sur place, Charles NAUDIN Membre de l’Institut (Académie des sciences) Directeur du laboratoire de botanique de la Villa Thuret, à Antibes ET le Baron F. Von MUELLER Botaniste du gouvernement anglais à Melbourne. MANUEL L'ACCLIMAMEer CHOIX DE PER EE RECOMMANDÉES POUR L'AGRICULTURE, L'INDUSTRIE ET LA MÉDECINE Adaptées aux divers climats de T Europe el des pays tropicaux OUVRAGE PUBLIÉ AUX FRAIS ET SOUS LES AUSPICES DE LA Société nationale d'Acclimatation de France Un volume ïin-8 de prés de 600 pages avec portrait. ——__T% NDLR RS ENS E — — INTRODUCTION : Considérations générales sur l’acclimatation des plantes : Aperçu général des genres de plantes auxquels sont empruntées espèces déjà utilisées ou qui peuvent l'être ;: Description sommaire des familles ou groupes naturels auxquels rattachent la plupart des plantes indiquées dans ce volume : Noms vulgaires des plantes et synonymes rapportés aux noms botanique Énumération par ordre alphabétique des plantes, leurs usages et le culture, formant un dictionnaire des végétaux à acclimater dans les divers régions du globe ; Noms des auteurs cités dans le cours de l'ouvrage avec les abréviatio Prix : 7 francs. s Membres de la Société nationale d'Acclimatation de France, 3 fr. 50 yo © = ra bent œ EN VENTE AU SIÈGE DE LA Societé nationale d’Acclimatation de Frenee, 41, rue de Lille, PARIS. Versailles. — Imprimeries Cear, 59, rue Duplessis. "4 Indice décimal + BULLETIN 591.52 DE LA 4 SUCIUTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) — 44e ANNÉE MARS 1897 SOMMAIRE Baron D'IIAMONVILLE. — Sur les Oiseaux utiles de la France..........,......, 89 Dauer RASPAIL— La destruction de l'Alouette. .................,.,.,....... 95 Louis PETIT. — Quelques mots en faveur des Oiseaux utiles à l’agriculture. ....,.... 98 C. CONZE. — Les maladies des Abeilles. .... DO D DBÉTSE C Hdioe en MÉDOC ACER 100 Extraits des procès-verbaux des séances de la Société: Séance générale du 26 février 1897...... ee tee Le De led Se ee da ie ternst et at (12 4° Section : Entomologie. — Séances du 4 mai 1896 et du 1°* février 1897. ........ 122 Extraits de la Correspondance : Le Zébroïde, produit du Zèbre et de la Jument, obtenu au Brésil. — Éleyage d'Oies du Canada dans le département du Tarn. — La température des eaux de Dampierre. — Ostréiculture en Belgique.— Cultures dans les Pyrénées-Orientales. — Cultures dans les Alpes-Maritimes. — Sur le Srerculia nobilis.........., ne ae ne totale Nat 124-129 Extras et Analyses : Rapsarz DUBOIS. — Sur la disparilion des Écrevisses dans les cours d'eau du départe- HER LE ENS scocorcontacoc trot een PO D PO ET OO + 130 F. DECAUX. — La Casside verte, Insecte parasite 2e Artichauts.. Nouvelles et faits divers. La Bronchopneumonie chez les Lapins domestiques. — Le Daubentonia tripetiana et sa culture... . sonore D'où bo e cette 10000000 000006 06008 à devrnoroe 134-136 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. —— CR ER ——— AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 41, RUE DE LILLE, 41 PARIS ET À LA LIBRAIRIE CERF, 12, RUE SAINTE-ANNE Le Bulletin paraît tous les mois SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 BUT DE LA SOCIÉTÉ Le but de la Société est de concourir : 1° À lintroduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement ; 2 au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées 3° à l'introduction et à la propagation des végétaux utiles ou d'or- nement. Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures" comme au Sol même de la France. L’attention des personnes comép- tentes doit être appelée tout spécialement sur l’intérêt qu'il y a d’accli- mater dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles! choisis dans un milieu convenable, La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récom= penses honorifiques ou pécuniaires, organise des expositions ou des conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les graines qu’elle! 14 par les cheptels qu’elle confie à ses membres ou aux Sociétés! dites agrégées ou affiliées, la Société d Acclimatation poursuit un but! pratique d'utilité générale et qui la distingue entre toutes les 2sso- ciations analogues uniquement préoccupées de science pure. Les récompenses et les encouragements de la Société d'Acctima- tation peuvent être obtenus par les Français et les étrangers, les membres de la Société ou les personnes qui n’en font point partie. Sont invités à prendre part aux concours : les naturalistes-voyageurs, les jardiniers, les gardes, les éleveurs de toute catégorie (aviculteurs, pisciculteurs, apiculteurs, sériciculteurs), et, en général, tous ceux qui servent, dans la pratique, avec ou sans salaire, le but poursuivi par la Société. 89 NOTE COMPLÉMENTAIRE SUR LES OISEAUX UTILES DE LA FRANCE (1) par le Baron d'HAMONVILLE, Délégué de la Société nationale d'Acclimatation de France à Manonville (Meurthe-et-Moselle). La communication que j'ai eu l'honneur de faire à la So- ciété, lors de sa séance générale du 10 avril 1896, avait pour: but de résumer, aussi brièvement que possible, la question des Oiseaux utiles de France. Dans ce résumé, j'ai rappelé les grands services que ces petits êtres rendent journellement à l'Agriculture; énuméré les espèces utiles et leur genre de nourriture ; constaté toutes les destructions qui amènent fa- talement leur diminution progressive, et conclu, enfin, qu'il fallait les protéger moralement et matériellement, par une loi bien faite et bien accueillie. Je me propose, aujourd’hui, de compléter cette note en faveur de nos auxiliaires aériens, en citant et énumérant plus en détail les abus, les arrêtés, à mon avis illégaux, la méconnaissance des services rendus, les faits de braconnage et autres, qui formeront une annexe paturelle à mon plaidoyer ornithophile, dont ils seront en quelque sorte les pièces justificatives. Le paragrayhe 1° de l'article 9 de la loi du 5 mai 1844. — La loi sur la chasse, du 3 mai 1844, article 9, dispose dans son paragraphe 1°’, que les Préfets prendront, sur l’avis des Conseils généraux, des arrêtés pour déterminer l’époque de la chasse des Oiseaux de passage, autres que la Caille, et les modes et procédés de cette chasse. Ce malheureux para- graphe est devenu la source d’une foule d'abus ainsi que nous allons le démontrer. Cherchons, d’abord, ce que le législateur entend par Oiseaux de passage. Le petit Échassier, qui quitte (1) Communication faite en séance générale le 26 février 1897. Bull. Soc. nat. Acel. Fr. 1897. — 5. 90 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. l'Afrique au printemps, arrive sur nos côtes en avril- mai, pour aller nicher dans le Nord, et qui repasse en août, est bien, pour moi, un Oiseau de passage ; mais celui, comme le Rossignol, qui arrive à la belle saison pour se reproduire dans notre pays, et qui, cet acte accompli, repart passer l'hi- ver dans le Midi, doit-il être rangé dans la même catégorie ? Je ne le crois pas. Sans énumérer ici les déplacements effec- tués en tous sens et à différentes saisons par les diverses espèces ; je me contenterai de rappeler un fait parfaitement connu des ornithologistes, et qui prouve combien cette dis- dinction est arbitraire et impossible à établir. Ce fait le voici : il y a des espèces qui sont à la fois migratrices et sédentaires. La Sittelle Torche-pot, Sitta cœæsia, par exemple, a des re- présentants qui habitent notre pays, s’y reproduisent, et ne le quittent pas, même en hiver; ainsi que j'en ai en ce moment un exemple sous les yeux. D’autres vont passer la saison froide en pays chaud, et viennent se reproduire près de nous. Enfin, un bon nombre ne nous visitent qu'à leur double migration, et constituent alors une véritable espèce de pas- sage. Comment donc un Préfet pourra-t-il s’y reconnaître et libeller son arrêté de chasse, pour faire distinguer la Sittelle sédentaire de la Sittelle de passage. Poser la question, c’est la résoudre; aussi qu'’est-il arrivé dans la pratique ? c'est que l’Oiseau sédentaire est pris au lieu et place de l'Oiseau de passage; et c’est ainsi que, depuis cin- quante ans, on a détruit légalement les petits Oiseaux de notre sol, que la loi entendait protéger. On commence à se rendre compte des funestes effets de ce paragraphe, et un grand nombre de Conseils généraux ont eu la sagesse de sup- primer la chasse aux petits Oiseaux : mais cette sagesse, hélas ! n’est pas encore imitée partout. Nous allons le prouver par un exemple. L'Ortolan, Emberyza horlulana, est un charmant petit Oiseau, vivant beaucoup à terre, susceptible de prendre très facilement la graisse, et, malheureusement, trop apprécié des gourmets. C’est une des rares espèces qui se confinent presque exclusivement dans nos vignes en côte, où elle vit de petites graines insignifiantes, comme celles de la Renouée, d'In- sectes, et particulièrement d’'Eumolpes et de Pyrales, qui commettent, comme on le sait, tant de dégâts dans les vignes. L'Ortolan passe la saison froide en Afrique et arrive LES OISEAUX UTILES DE LA FRANCE. 91 dans notre pays par plusieurs voies d'émigration que nous allons indiquer. Les uns suivant la côte ouest d’Espagne, ar-- rivent par Biarritz, en avril-mai, et se répandent dans les vignes de l'Ouest, jusqu'en Bretagne ; d’autres, préférant la côte est, pénètrent en France au pied des Pyrénées par Port-Bouc et Port-Vendres. Un troisième courant traverse l'Italie, remonte dans l'Est de la France, et s'étend, comme dans l'Ouest, jusqu'aux dernières régions où se cultive la Vigne. Voilà un Oiseau qui ne nous cause aucun dommage ; qui rend les plus grands services aux viticulteurs et qui, malgré cela, ne nous arrive plus qu'en tres petit nombre, en raison de la destruction, autorisée, qui en est faite journelle- ment. En effet, aujourd'hui encore, un arrété préfectoral permet de capturer, en avril-mai, l'Ortolan (sans compter les autres Oiseaux) dans les Pyrénées-Orientales. J'ai vu, tout ré- cemment, les nombreux emplacements où se posent les filets destinés à les bourser; et c’est ainsi que dans un pays de orande culture viticole, on souhaite la bienvenue au fidèle allié du vigneron. Veut-on savoir la morale de ceci : le ten- deur vend son captif 15 ou 20 centimes pièce au nourrisseur, qui l’engraisse et qui l'expédie à 1 fr. 50 dans la grande cité. Il suffira de signaler ce fait pour faire comprendre à tous combien il importe d'obtenir le plus tôt possible l’abrogation du trop fameux paragraphe. Le Braconnage en temps de neige. — Un abus très grave et sur lequel il importe d’appeler l'attention, c’est l'énorme destruction d'Oiseaux sédentaires qui se fait en temps de neige dans plusieurs régions de l'Est. Ici ce n’est plus la loi qu'il faut blâmer ; mais l’insouciance des agents chargés de l'appliquer. En effet, dans nos campagnes, dès que la terre a revêtu son blanc manteau d'hiver, de petites places traîtreu- sement balayées, et amorcées de menue paille et de grain, sont préparées derrière un grand nombre de maisons. Les volatiles attirés par cette bonne aubaine se précipitent à l’en- vi tandis que le traître, homme ou gamin, embusqué près d’une lucarne de l'écurie, attend le moment propice pour en tuer davantage d’un seul coup de fusil. On comprend dès lors que, si la neige tient un peu longtemps, tous les Oiseaux qui hivernent près de nous, sont détruits entièrement. Les Alouetles, les Mésanges charbonnières, les Bruants jaunes, les 92 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Verdiers, les Pinsons de pays et d’Ardennes, les Moineaux qui ne sont pas tout à fait mes amis ; les Friquets, les Linottes et les Chardonnerets, pour ne citer que les plus communs, tout y passe, même la Perdrix grise, dont parfois des compa- gnies entières sont ainsi anéanties. Mais me dira-t-on, la chasse est défendue en temps de neige ; et d'ailleurs un chasseur qui se respecte, ne fait pas ce métier-là ; cela est vrai, ce ne sont point les vrais chasseurs payant un permis de chasse, un impôt sur leur Chien, et le reste; mais bien des campagnards qui charment leurs loisirs d'hiver, en s’improvisant tireurs, avec des fusils de l'Etat transformés, ou des carabines de salon qu’ils ont acheté 12 ou 15 fr. Il y a peut-être dix de ces tireurs improvisés dans chaque village; et aussi longtemps que dure la neïge, la fusil- lade continue, comme si la troupe faisait la petite guerre. On croira peut-être que j'exagère et pourtant je n’énonce que l’exacte vérité. Le docteur Gillet, qui habite à quelques lieues de chez moi, me signalait les mêmes faits, il y a quelques jours. « Je suis indigné, me disait-il, de tous ces massacres qui se répètent en chacun de nos villages ; aussi je vous auto- rise à vous servir de mon nom, s’il peut vous être utile dans la cause que vous défendez si justement ». Cet abus est telle- ment passé dans les mœurs, que les maires et leur gardes champêtres, qui ont d’ailleurs bien peu d'autorité, ne peuvent arriver à le faire cesser. Les gendarmes eux-mêmes sont trop rares, et trop visibles sur la grande route, pour pouvoir: constater les délits ; ils ne pourraient que faire de profitables enquêtes pour arriver à leur connaissance, et à leur répres- sion; mais il faudrait pour cela qu'ils eussent des ordres sérieux de ceux qui sont chargés de faire respecter les regle-: ments. Je ne parle ici que pour mémoire, des dénicheurs qui font aussi beaucoup de mal; mais il me semble que cette funeste habitude se perd un peu; peut-être parce que ces pauvres Oiseaux sont devenus si rares, que la recherche de leur nid, ne paye plus le temps dépensé. Il m'a paru bon de signaler ces causes de destruction pour attirer l'attention du Ministre compétent ; et dans l'espoir qu'il voudra bien rappeler aux Préfets et aux agents sous ses ordres, que si la loi qui défend la chasse en temps de neige est généralement respectée par les chasseurs, elle ne doit pas être lettre morte pour Messieurs les braconniers. LES OISEAUX UTILES DE LA FRANCE. 93 Le besoin de tuer. — Une cause de destruction à laquelle on ne pense généralement pas, et qui a pourtant son impor- tance, c'est la triste manie, je dirais même la passion, qui pousse certaines personnes à tirer à tort et à travers, en tout temps et en tout lieu, sur tous les Oiseaux qui ont le malheur de passer à la portée de leur arme. Il semble que ces inconscients ressentent la même émotion nerveuse qu’é- prouve le Chat, quand il voit un Oiseau. Pour donner une idée de la force de ce mauvais sentiment, je crois bien faire de citer un ou deux exemples tout à fait caractéristiques. Une dame jeune encore, ayant tout pour elle comme beaucoup de celles qui disparaissent prématurément et atteinte d’une maladie qui ne pardonne pas, avait été ramenée par son mari à la campagne quil’avait vu naître, et où elle voulait mourir. Installée dans une grande chambre au rez-de-chaussée, qui prenait vue sur le jardin; elle avait plaisir à reposer ses yeux sur les fleurs qu’elle avait plantées, et à revoir les ombrages qui avaient abrité ses premiers pas. Ce qui l’inté- ressait surtout c'était les petits Oiseaux du jardin. Pendant ses nuits si privées de sommeil, elle ne se lassait point d’en- tendre les ballades amoureuses de l’infatigable Rossignol. Le jour venu, elle aimait à voir voltiger le petit chanteur dans les branches des Lilas qui encadraient sa fenêtre. Un jour qu'elle le contemplait ainsi, un coup de fusil retentit soudain, et le pauvre innocent tombe mort sur le sol. 6 Oh mon Dieu! s'écrie la malade, c’est encore mon frère ! » Et en effet c'était bien son frère, qui certes aimait tendrement sa sœur, qui n’eût pas voulu de propos délibéré lui faire le moindre cha- grin, mais qui, inconsciemment poussé par sa folle manie, venait de causer à la pauvre malade, une véritable douleur. Le second fait du même genre que je vais raconter s’est passé dans les Pyrénées-Orientales, et j'en ai été témoin au printemps dernier. Rappelons d’abord que l’Oiseau dont il va être question, la Chevêche commune {Noctua minor), est un des Rapaces nocturnes les plus utiles. Ce Strigide vit de Rongeurs et d’Insectes, et particulièrement de Hannetons dont il nourrit presque exclusivement ses petits. Le 15 juin 1896 j'étais à la gare de Port-Vendres attendant le train, sur le quai les voyageurs étaient très occupés à exa- miner une Chevéche posée sur une hauteur en face de la gare et appelant fièvreusement près d'elle ses petits qui lui sem- 94 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. blaient sérieusement menacés. En effet, au même moment, arrivait près de nous, un Monsieur qu’on me dit habiter Port- Vendres, et qui se mit à visser une canne à fusil. En voyant qu'il se préparait à tirer sur la pauvre bête, je m’approchai de lui et je lui dis : « Vous n'allez pas, je pense, tuer cet Oiseau qui est très utile.» Tout en continuant ses préparatifs, ce Monsieur me répond un peu ironiquement « Té, il m'em- pêchait dé dormir » Me voyant si mal accueilli, je me tournai alors vers le gendarme de service, bon gros garcon blond, qui suivait la scène d’un œil souriant; je lui fis remarquer que la chasse était fermée, que la Chevêche est un Oiseau très utile, et que l’arme employée était prohibée. Imagine-t- on sa réponse ? la voici textuellement : « Oh Monsieur, c’est pour son plaisir. » J'aurais pu sans peine multiplier les exemples maïs j'ai pré- féré ne citer que les plus saillants, pour ne pas abuser de l'attention de mes auditeurs ou de mes lecteurs ; et persuadé qu'ils suffiront pour prouver combien encore il y a de per- sonnes qui ne se doutent pas de l'utilité des Oiseaux. Il est donc nécessaire que leurs amis les fassent connaître partout et préparent ainsi l'opinion, à bien accueillir la loi future qui, espérons-le, ne tardera plus à les protéger comme ils le méritent. Château de Manonville, janvier 1897. LA DESTRUCTION DE L’'ALOUETTE (1) par Xavier RASPAIL, de Gouvieux (Oise). Aujourd’hui, que tout le monde est unanime à réclamer une protection sérieuse des Oiseaux utiles à l’agriculture et à l’arboriculture, il me paraît nécessaire de prendre tout parti- culièrement la défense d'un Oiseau, dont les mœurs en font le plus précieux auxiliaire de nos cultures champêtres et que, par un aveugle parti pris, on condamne à une véritable exter- mination : J'ai nommé l'Alouette des champs (Alauda arvensis), l'Oiseau gaulois par excellence. Sacrifiée nominalement dans la détestable loi, votée il y a quelques années par le Sénat qui, sous le fallacieux prétexte de protéger les Oiseaux, leur enlève même le bénéfice qu'ils pouvaient tirer de la loi du 3 mai 1844; Sacrifiée par la Commission internationale, réunie à Paris en 1895, qui l’a exclue de la liste des Oiseaux qu'elle recon- naissait devoir être protégés ; Sacrifiée, enfin, tout récemment, par une circulaire minis- térielle prise spécialement en vue de sa destruction à l’aide de filets formellement prohibés par la loi de 1844, l’Alouette est, je le répète, de tous les Oiseaux, le seul capable de pro- téger nos céréales contre leurs parasites. Il me semble que ce doit être là le motif de la considération dont elle jouissait du temps des Gaulois et qui serait analogue au culte que les Egyptiens professaient pour l’Ibis, en recon- naissance des services que cet Oiseau leur rendait. Les espèces d’Insectes dont se nourrit l’Alouette et avec lesquels elle élève ses jeunes, sont nombreuses ; mais, outre les Charancons dont la réputation détestable n’est plus à faire, je me bornerai à citer celles qui s’attaquent spéciale- ment au Blé et qui, à ce titre, menaceraient l'existence même de l'Homme, s’il n’y avait pour restreindre leur reproduction, cette modeste Alouette, si grande par les services qu’elle rend et si singulièrement récompensée de ses bienfaits. (1) Communication faite en séance générale le 26 février 1897. 96 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Voici d'abord deux représentants de la famille des Elaté- rides : l'Agriotes striatus et le Corymbites latus dont les larves rongent les racines du Blé et dont le bec de l’Alouette arrête les ravages. Voici également un petit Longicorne l'Agapanthia gracilis dont la larve vit dans la tige du Bléet descend en rongeant l'intérieur du chaume jusqu'au niveau du sol où elle attend sa métamorphose. L'épi est stérilisé et certaines années, dans le centre de la France surtout, la perte va quelquefois jusqu'au quart de la récolte; elle irait à la totalité dans un temps prochain, s'il n’y avait pas l'Alouette pour percer le chaume et en extraire la larve. Comme excuse aux abominables massacres qui se font chaque année, on a pris l’habitude de répéter que le nombre des Alouettes ne s'en trouve pas diminué. C'est une erreur trop facile à constater par tous ceux qui parcourent nos campagnes en été et lors des passages de l'automne. L’A- louette sédentaire se raréfie là où naguère elle était encore abondante ; quant à l’Alouette de passage, elle ne se montre plus qu’en bandes de moins en moins nombreuses, lorsqu’à l'approche de l'hiver elle abandonne les contrées septen- trionales où elle a pu se reproduire en paix, grâce à la soli- tude des vastes régions qui s'étendent jusqu'aux Monts Oural. Et comment en serait-il autrement avec une destruction qui va toujours en augmentant, alors que pour combler les vides, la reproduction se trouve de plus en plus limitée ! J'ai dit ailleurs que, depuis quelques années, l’Alouette n'égaie plus de ses chants aériens une petite plaine située près de mon habitation; j'ai pu constater, à la saison dernière, qu'il en sera bientôt de même sur un vaste plateau où, il y a une dizaine d'années, j'estimais à une cinquantaine le nombre des couples qui s’y reproduisaient annuellement ; or, c’est à peine si, l’année dernière, j'ai pu en compter une demi-dou- zaine. De sorte que l’Alouette faisant trois couvées de quatre œufs en moyenne, la reproduction, qui pouvait être sur ce point de 600 individus, est tombée au chiffre tristement élo- quent de 72! La plus grande destruction à l’aide de filets s'opère dans le Loiret pour approvisionner la grande fabrication des pâtés de Pithiviers; elle y est quelquefois colossale quand les Alouettes viennent s'abattre dans ses plaines inhospitalières lors des passages ou après les grandes neiges. Il m'a été Là DESTRUCTION DE L’ALOUETTE. 97 cité un individu qui. aidé de ses fils, a pu prendre en une nuit 84 douzaines, c'est-à-dire plus de 1,000 Alouettes ! Le long des côtes de la Manche, lorsque l'hiver devient dur, que la neige couvre les campagnes et que les malheureuses Alouettes affamées gagnent les bords de la mer dans l'espoir d'y trouver un peu de nourriture, toute une population se livre à leur destruction. Voici, relevé dans un journal de Fécamp, à la date du 29 novembre 1896, un entrefilet qui se passe de commentaires : « Les chasseurs d'Alouettes sont dans le ravissement et préparent fiévreusement leurs filets et leurs collets. On annonce, en effet, l'apparition de la neige dans divers dépar- tements : » Cette destruction est doublement délictueuse puisqu'elle se lait sans permis de chasse et à l’aide des engins les plus for- mellement prohibés par la loi. Mais, là encore, le Préfet, après l’avis du Ministre qui ne veut pas déplaire à l'élu de ces populations, tolère et ferme les yeux. C’est ainsi que sur le littoral de la Seine-Inférieure, pen- dant la durée de la neïge, on peut voir d'immenses tendues barrant pour ainsi dire des vallées dans toute leur largeur. Toutes sortes d'Oiseaux y tombent aussi bien que les Alouettes ct des compagnies entières de Perdrix deviennent également une bonne aubaine pour ces braconniers, alors que l’honnête chasseur, qui paie 28 francs à l'Etat, se verrait dresser proces- verbal si, par ce temps de neige, il tirait un seul coup de fusil sur un Oiseau quelconque. Quand on considère la quantité d'Insectes de toute sorte, détruits par un couple d’Alouettes pour élever ses trois cou- vées annuelles, à quelle réprobation doit-on vouer ces héca- tombes qui se font sous le couvert administratif et qui se chiffrent par des millions d'individus ! Quel mince aliment leur petit cadavre fournit à la sensualité de quelques-uns, en Comparaison du puissant concours que ces petits êtres auraient apporté à la richesse nationale en protégeant nos récoltes contre leurs insatiables destructeurs ! Que l’on sauvegarde l’Alouette contre tous les modes illi- cites de destruction si on ne veut pas la voir disparaître, dans un avenir prochain, de nos campagnes privées dès lors de ce précieux pondérateur de la reproduction vertigineuse de l’Insecte. 28 QUELQUES MOTS EN FAVEUR DES OISEAUX UTILES A L'AGRICULTURE par Louis PETIT aîné (4) Après MM. d'Hamonville et Xavier Raspail dont vous venez d'entendre les intéressantes communications, permettez-moi d'ajouter quelques mots encore en faveur des petits Oiseaux et d'appeler votre attention sur la nécessité impérieuse d’en arrêter l’extermination. Nos collègues et la Presse elle-même sont d'accord pour “éplorer la destruction barbare et inconsidérée contre la- quelle nous protestons, pour agiter l'opinion et pour attirer toute la sollicitude des Pouvoirs publics sur cette grave ques- tion d’un si haut intérêt pour la prospérité de l'agriculture française. C'est bien! mais cela ne saurait suffire et ily a plus et mieux à faire en attendant que la loi protège les petits Oiseaux et édicte des peines sévères contre ceux qui font usage d'engins destructeurs. Notre collègue, M. le baron d'Hamonville, a eu la bonne pensée de s'adresser aux instituteurs et de stimuler leur zèle; dans une brochure spéciale, il leur démontre la grande utilité des petits Oiseaux et le grand danger de leur destruction. L’instituteur, s’il le veut, peut inculquer ces mêmes idées aux enfants qui sont de grands massacreurs d'Oiseaux, par cet instinct de cruauté que chacun d’eux garde au fond du cœur (cet âge est sans pitié), maïs aussi, disons-le, par suite d’un grand désir de voir, de connaître et de constater, notamment en ce qui touche les choses de la nature. Bien loin de chercher à réprimer cette tendance à s’instruire, qui se manifeste chez la plupart des enfants, il s’agit donc d'orienter leur esprit vers un but louable et protecteur. Chaque école devrait donc posséder et mettre en perma- nence sous les yeux des élèves, sinon les Oiseaux eux-mêmes, tout au moins des dessins muraux représentant toutes les (4) Communication faite en séance générale le 26 février 1897. QUELQUES MOTS EN FAVEUR DES OISEAUX. 99 espèces utiles ou nuisibles de la France, avec une indication très sommaire de leurs bienfaits ou de leurs ravages. Les explications et les conseils du maitre, joints à cet enseigne- ment journalier par les yeux, donneraient sans doute de bons résultats; car si l'enfant est instinctivement cruel, il est aussi très accessible à la pitié, à la tendresse et à la commisération. Voilà pour ce qui regarde l'Ecole, mais nous n'avons envi- sagé encore qu'une partie du mal. Ce sont maintenant les exportateurs de petits gibiers qu’il s’agit de frapper sans faiblesse : au midi de la France, d’Algé- rie et de Tunisie, on expédie sur les villes, et notamment sur Paris, sous le nom d’'Ortolans, une foule d'Oiseaux disparates, parmi lesquels l’Ortolan brille le plus souvent par son absence. C’est un fait bien connu, hélas! de tous les amis des Oiseaux et qu'une meilleure surveillance administrative devrait em- pêcher. J’ajouterai que dans les localités où se font ces hétacombes d'Oiseaux de toutes sortes, habitent des personnes qui savent plus ou moins en préparer les peaux, de sorte que si les Oiseaux ne passent point à la cuisine, ils sont employés pour la mode, et le mal s’en aggrave d'autant. Puisque les Pouvoirs publics ne semblent pas se soucier de dresser procès-verbal aux contrevenants qui, peut-on dire, s'étalent impunément au grand jour, puisque la loi de 1844 est restée lettre morte, pour le plus grand dommage de l’a- griculture, les naturalistes ne doivent pas se lasser de jeter: leur cri d'alarme, de réclamer la révision d’une loi notoire- ment inefficace et de solliciter nos hommes politiques de s’oc- cuper un peu plus des intérêts si compromis de l’agriculture nationale. ÉTUDE THÉORIQUE ET PRATIQUE SUR LES DIVKRSES MALADIES QUI ATTEIGNENT LES ABEILLES ET PRINCIPALEMENT SUR LA LOQUE OU POURRITURE DU COUVAIN (1) par C. CONZE. Apiculteur à Auroux, par Lanzozne (Lozère). AVANT-PROFOS. Les Abeilles sont sujettes à des maladies qu'elles peuvent contracter, soit pendant leur vie d'adulte, soit au berceau et qui ruinent parfois entièrement un rucher ou affaiblissent les colonies. Parmi les affections reconnues sur les Abeilles, nous étu- dierons séparément les quatre principales : la loque, la dyssenterie, la constipation et le dessèchement du couvain. Les autres appelées vertige, mal-de-mai, dénudation du cor- selet, etc., etc., ne sont pas encore connues dans leurs causes et ne peuvent être combattues d’une manière efficace D'ail- leurs ces affections sans importance, n’attaquent qu'un petit nombre d'Abeilles isolées et disparaissent presque toujours spontanément. Il n'en est pas àe même des quatre premières, surtout de la loque qui est une maladie excessivement contagieuse pouvant ruiner non seulement un rucher, mais tous les ruchers d’une contrée, si elle n’est pas combattue à temps. Nous essayerons de la décrire le plus complètement possible en indiquant 1° les symptômes de la maladie, 2° ses causes, 3° les moyens à employer pour la combattre. Apiculteur praticien peu au courant des termes techniques employés par les savants, notre étude sera rédigée dans un style très simple, mais qui n’en sera pas moins compréhen- sible pour les apiculteurs en général. (1} Mémoire adressé à la Commission des récompenses et ayant obtenu une médaille de bronze de la Société d’Acclimatation. SUR LES MALADIES QUI ATTEIGNENT LES ABEILLES. 101 LOQUE. Il paraît que la loque ou pourriture du couvain est connue depuis la plus haute antiquité. Aristote, qui écrivait il y a plus de deux mille ans, cite dans son Histoire des Animaux. (Livre XI),une maladie qui atteint les Abeilles et qu’on recon- nait à une sorte d'inertie des Insectes et à la mauvaise odeur qu'exhale leur ruche. A la fin du siecle dernier, Della Rocca, dans son Trailé complet sur les Abeilles, décrit une peste qui détruisit les ruchers de l'ile de Syra de 17757 à 1780: ce n'était autre que la loque. L'auteur cite Schirac et l'abbé Teissier comme ayant observé cette maladie avant lui. Mais, c'est de nos jours seulement qu’on a pu se faire une idée exacte de cette peste des Abeilles, beaucoup plus répandue malheureusement qu'on ne le pense. L'invention de la ruche à cadres a permis de mieux cons- tater la présence de la maladie et d'en déterminer la nature. Cependant des auteurs pessimistes ou de parti pris, n’ont-ils pas été jusqu'à incriminer cette ruche et à l’accuser de donner - la loque ? La vérité, c’est qu'avant son emploi la maladie était peu connue. Des ruchers dépérissaient et s'éteignaient sans cause apparente, et le fléau n'était autre précisément que la maladie dont il s’agit. L'emploi du cadre mobile, en rendant les rayons dela ruche indépendants les uns des autres et faciles à examiner, permet par la simple inspection du couvain de découvrir le germe de la maladie, de suivre sa marche aux différents degrés d'intensité et de faciliter le traitement antiseptique. Symptômes. — La loque est caractérisée par l’inactivité de la colonie. A un degré avancé de la maladie, on voit les Abeilles peu nombreuses séjourner inertes sur le placet de la ruche; elles se palpent les antennes, font une ventilation énergique au trou de vol, la planchette est salie de tâches brunes : mais ce qui indique surtout sa présence, c’est l'odeur nauséabonde qui s'échappe de la ruche; on la sent d'assez loin et elle est analogue à celle de la viande pourrie. Si l’on visite l’intérieur de la ruche, les Abeilles se mettent facilement en bruissement et ne sont jamais groupées comme dans leur état normal. Elles désertent le centre du nid à 4102 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'’ACCLIMATATION. couvain dont les cadres sont ordinairement les plus conta- minés pour se porter à la périphérie. J'ai observé dans des ruches loqueuses au dernier degré, que le premier et le dernier rayon du nid à couvain étaient parfaitement sains, tandis que ceux du centre étaient forte- ment attaqués. D'où l'on peut conclure que les larves péris- sent non seulement par les sucs recus des nourricières por- tant le germe de la maladie: mais encore par contagion, puisque le virus atteint son dernier degré d'intensité au centre du couvain et qu'il se trouve par là même dans un milieu favorable à son développement. C'est donc sur le couvain que cette terrible maladie exerce ses ravages ; cependant les Abeilles adultes n'en sont pas exemptes, mais elles y résistent, ou du moins les plus ma- vont mourir hors de la ruche. Au premier aspect, on reconnait un rayon loqueux; ie couvain est disséminé un peu partout, on trouve quelques larves saines à côté d'autres attaquées par la maladie, et la reine, au lieu de pondre en spirale, dépose ses œufs un peu partout sans symétrie et dans chaque alvéole laissée vide par la naissance d'une Abeille saine. Si on l'observe l’intérieur d'une cellule, contenant une jeune larve malade, on voit que celle-ci n’est pas placée dans son état normal, c'est-à-dire couchée en rond au fond de l’alvéole, mais allongée horizontalement contre la paroï. Elle perd sa couleur blanc perle pour devenir jaunâtre, puis brun foncé ; c'est alors qu'elle exhale une odeur insupportable. Les nymphes déjà operculées sont aussi victimes du fléau ; on les reconnait à cette particularité que le couvercle de la cel- lule est affaissé, au lieu de se montrer bombé comme celui des chrysalides saines. Quelquefoiïs l’opercule est percé d’un trou irrégulier, d’une sorte de déchirure. La cellule étant ouverte avec la pointe d’un canif, on voit une pâte couleur café assez consistante, que l'on peut extraire en longs filaments sem- blables à ceux de la glu desséchée. Une ruche dont le couvain est arrivé à un pareil état de décomposition ne peut se guérir d'elle-même et les Abeilles sont impuissantes à assainir les cellules ainsi empestées sans le secours de désinfectants. Causes. — L'origine de la loque est tout à fait inconnue; plusieurs ont supposé que c'était une rosée vénéneuse dont SUR LES MALADIES QUI ATTEIGNENT LES ABEILLES. 103 les fleurs se couvrent à certains moments. D’autres, accusent une petite Mouche de déposer ses œufs dans l’intérieur de la ruche et sur les larves des Abeilles ; mais ce sont là des hypo- thèses non prouvées et il est probable que la question restera un mystere pour bien longtemps encore. Il n'en est pas de même de la nature contagieuse de la maladie. D'après les observations de Cheshire, Klamann et tout récemment du docteur Lortet, doyen de la Faculté de Médecine de Lyon, la loque est engendrée et propagée par des Bacilles, microbes affectant la forme d’un bàätonnet. Ces organismes infiniment petits sont analogues à ceux du cho- léra pour la race humaine et se multiplient par division. Leurs germes ou spores ont une vitalité remarquable, s’atta- chent et se développent partout où ils pénètrent dans les ru- chers ; voilà pourquoi la maladie est si rapidement conta- sieuse. Une Abeille infectée reçue dans une colonie saine peut y transporter le germe de la maladie. L'emploi d'un cadre, d'un accessoire de la ruche malade, la brosse ayant servi à brosser des Abeilles loqueuses, les mains même de l’apiculteur peuvent devenir autant de moyens de propaga- tion de la loque. Les expériences de laboratoire, celles du Dr Lortet en par- ticulier, ont prouvé que les Abeilles adultes sont toujours les premières atteintes; mais le virus n’a pas d'action sur elles. Elles résistent longtemps à moins que la Bactérie loqueuse n'envahisse tout à fait leur tube digestif et leurs glandes nourricieres. Dans ce cas, les Insectes deviennent languis- sants et succombent au dehors au bout d’un temps plus ou moins long. Mais ce qui affaiblit et ruine surtout la colonie, c’est la mortalité du couvain, espoir et avenir de la famille. L’Abeille nourricière infectée de Bacilles loqueux transmet facilement la maladie à la jeune larve, soit par les sucs nourriciers qu’elle lui administre, soit par le contact de ses antennes ou de toute autre partie de son corps. Une fois le virus inoculé, les spores du Bacille se trouvant dans un milieu favorable à leur développement, grâce aux matières albuminoïdes qui entrent dans la constitution de la larve, se développent rapi- dement et entrainent la mort du couvain. Tels sont les ra- vages ou alférations organiques occasionnés par le microbe de la loque. 104 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Traitement. — D'après ce qui précède, on peut se faire unc idée de la nature et du caractère de la loque; reste à décrire les moyens à employer pour la combattre. Les uns conseillent de soufrer la ruche contaminée, d’enfouir ensuite tout le contenu et de brüler la caisse pour empêcher la contagion; mais si ce procédé est infaillible et radical pour la .ruche malade, il peut quelquefois ne pas garantir le reste du rucher. En effet, comme nous l'avons vu, les Abeilles ouvrières sont les premières infectées : Or, par la nature méme de leurs occupations, elles propagent facilement le fléau dans le voisinage en contaminant les fleurs où elles vont butiner et que les Abeilles des ruches saines visitent à leur tour. Tout apiculteur à observé aussi que les Abeilles se mêlent facile ment d'une ruche à l’autre pour piller, surtout celles de races différentes. Pour s’en convaincre, il suffit d'installer une colonie d’Abeilles italiennes dans un rucher, en peu de temps l’on trouvera des Abeilles de cette race dans toutes les autres ruches. Donc, au moment de la destruction de la ruche malade, celles qui paraissent saines peuvent déjà posséder le germe de la maladie qui se manifestera plus tard. Ilest donc préférable, au lieu de détruire la ruche atteinte d'un commencement de loque, de la soumettre à un traite- ment énergique pour la guérir tout en prenant des mesures préventives afin de garantir le reste du rucher. On a essayé un grand notubre de remèdes pour combattre la loque; les désinfectants sont en somme les plus efficaces et les plus commodes. La Bactérie loqueuse étant fort délicate dans ses moyens d'existence, il suffit d’une très petite quan- tité de substance antiseptique pour arrêter son dévelop- pement. Les principaux désinfectants employés contre la loque sont : l'acide salicylique préconisé par Hilbert; l’acide phé- nique par Butlerow; l'essence d’Eucalyptus par Bauverd; le camphre par Ossipow; le phényle par Cowan; le naphtol B par Lortet et enfin l'acide formique par Denneler. Nous avons toujours employé le traitement Hilbert lorsque nous avons eu à combattre cette terrible maladie et nous avons constamment réussi à guérir les ruches atteintes sans rien détruire; mais nous avons simplifié le procédé en ne préparant qu'une solution pour la nourriture. Pour les lavages, nous préférons employer l'acide phénique qui ne SUR LES MALADIES QUI ATTEIGNENT LES ABEILLES. 105 nécessite pas d’eau tiède. Nous allons décrire ce traitement tel que nous l’employons; pour les autres recettes, n'ayant pas expérimenté leur valeur comparative, nous décrirons leur emploi d’après les meilleurs renseignements puisés dans di- verses publications. Méthode Hilbert, emploi de l'acide salicylique. — La pre- mière chose à faire est une fumigation de la ruche malade, au moyen d’un appareil appelé fumigateur que l’on trouve chez tous les marchands d'articles d’apiculture. Cet instrument est une sorte de lanterne en fer blanc munie d’une petite lampe à alcool placée au-dessous d’une augette contenant 1 ou 2 grammes d'acide salicylique pur (antiseptique, que l'on trouve dans toutes les pharmacies). On introduit la cheminée de la lanterne dans la ruche en la séparant un peu de son pla- teau par derrière; le vide de chaque côté de la lanterne est fermé par des liteaux. La flamme de la lampe est réglée de manière à ce que l'acide s’évapore lentement sans brüler et se répande en vapeur dans la ruche; si l'acide ou la ruche venait à s’enflammer, il ne résterait que de l'acide carbonique qui pourrait tuer les Abeilles. L'opération dure de 8 à 10 mi- nutes; pendant ce temps, on désinfecte le trou de vol, le placet et les bords de la ruche au moyen d’un pulvérisateur contenant une solution d’acide phénique à 3 pour 100. Le pulvérisateur est préférable aux lavages parce que l'appareil projette le liquide dans tous les interstices du dehors de la ruche. La fumigation doit avoir lieu au moment où toutes les Abeilles sont dans la ruche afin qu'aucune d'elles n'échappe au traitement. On répète cette opération tous les quatre ou cinq jours jusqu'à guérison complète, celle-ci survient en peu de temps. On ne tarde pas à voir les Abeïlles nettoyer les cellules infectées. La fumigation assainit la ruche en tuant les Bactéries lo- queuses qui tapissent les boiseries, les rayons et les técuments des Abeilles ; mais elle serait impuissante à désinfecter le tube digestif et les glandes nourricières des Insectes qui commu- niquent la maladie au couvain en lui administrant la bouillie alimentaire; il est donc indispensable de pratiquer en même temps le nourrissage à l'acide salicylique. Pour cela on pré- pare la solution suivante : dans 100 grammes d’alcool à 90 degrés, on fait dissoudre 12 grammes d'acide salicylique pré- cipité très pur. On mélange 6 grammes de cette solution par Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 11897..—"8; 106 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. chaque litre de sirop, préparé avant qu'il soit complètement refroidi; cette proportion ne doit pas être dépassée. Tous les deux soirs, on donne un verre de ce sirop à chaque ruche malade. Par précaution, on peut étendre cette distribution aux autres colonies du rucher. Bien des gens nient l'efficacité de l'acide salicylique dans la nourriture ; mais, administré ainsi, il est toujours antisep- tique. Pour s’en convaincre, on n’a qu'à réduire une colonie malade à l'état d’essaim, en transvasant les Abeilles dans une ruche propre et en leur donnant une seule fois du sirop sali- cylé, la colonie sera radicalement guérie. J’ai fait cette expé- rience à plusieurs reprises. Le traitement Hilbert appliqué consciencieusement est infaillible contre la Loque. Méthode Butlerow lemploi de l'acide phénique).— Ce trai- tement est très simple : il consiste à introduire sous les cadres de la ruche une boîte carrée d'environ 10 centimètres de côté sur 1 centimètre de haut, garnie d’un feutre imbibé d'un mélange en parties égales d’acide phénique et de gou- dron de Norvège. L'addition du goudron a pour but de ralen- tir l'évaporation de l’acide phénique. La boîte reste en perma- nence dans la ruche; on peut renouveler la dose une fois pendant l'été. Ce procédé peut être recommandé comme préservatif. Méthode Bauverd (emploi de l'Eucalyptus). — On met un peu d'essence d'Eucalyplus dans une petite boîte dont le couvercle est percé de trous. La boîte est déposée sur le pla- teau dans la ruche malade. On nourrit la colonie en ajoutant au sirop une cuiller à café de teinture d'Eucalyptus obtenue par 9/10 d’alcool et 1/10 d'essence d’Eucalyptus. Méthode Ossipow (emploi du camphre).— Le camphre est éminemment antiseptique. Sa présence dans les ruches at- teintes de la Loque arrête le développement du mal et permet aux Abeilles d'extraire des cellules les larves pourries. Un morceau de camphre de la grosseur d’une petite noix enve- loppé dans de la mousseline et déposé dans un coin de la ruche est un bon préservatif pour garantir les ruches saines. I1 peut être aussi administré dans la nourriture en le faisant dissoudre dans son poids d’alcool. Méthode Cowan (emploi du phényle). — Le traitement consiste à prendre les cadres à couvain de la ruche malade SUR LES MALADIES QUI ATTEIGNENT LES ABEILLES. 107 et à en secouer les Abeilles dans une ruche propre et désin- fectée; les rayons sont rendus aux Abeilles après aspersion au moyen d'un pulvérisateur rempli du mélange suivant une demi-cuillerée à café de phényle soluble dans un litre d’eau. Les rayons superflus sont aspergés avec une solution beaucoup plus forte : deux cuillers à café de phényle dans un litre d’eau. On extrait le miel qu'ils contiennent et on les place derrière les partitions de la ruche; ils sont rendus aux Abeilles au fur et à mesure de leurs besoins. La colonie doit être nourrie abondamment pour stimuler l'élevage du cou- vain. Le miel retiré de la ruche peut servir à l'alimentation après l’avoir fait bouillir et en y ajoutant un quart de cuiller à café de phényle par litre de miel. Si on prépare du sirop, on mettra aussi cette proportion en l’augmentant graduellement, mais sans jamais dépasser une cuiller à café par litre. Méthode Lortet (emploi du naphtol). — Le Dr Lortet, qui a fait des recherches sur les Bacilles de la Loque, recom- mande le naphtol B comme un antiseptique énergique admi- nistré en nourriture à la dose d'un tiers de gramme par litre d’eau devant servir à la préparation du sirop de sucre. Il con- seille d'ajouter 1 gramme d’alcool par litre pour rendre le naphtol plus soluble. La ruche malade est nourrie abondam- ment, surtout au début de la grande ponte. A ce traitement interne, il est bon d’adjoindre un remède externe, comme les fumigations à l'acide salicylique ou l'emploi du camphre ou de la napthaline simplement déposés dans la ruche. Méthode Denneler (emploi de l'acite formique). Le trai- tement de la Loque par l'acide formique, préconisé tout récemment, semble donner de bons résultats. La solution à employer doit être dosée à 1/10 p. °/, d'acide pur. Cette sub- stance à l'état cristallin étant d’un prix très élevé (40 à 50 francs le kilo), elle ne se trouve guère dans les pharmacies que diluée au 1/25 p. °/, : acide 25, eau 75. Pour la ramener à la proportion de 10 p. 24, il suffit d'y ajouter une fois et demie son poids d’eau. Ainsi, pour avoir 100 grammes de ce médicament prêt à employer, dose suffisante pour une fois, il faudra prendre 40 grammes de la solution au 1/25 p. °/, des pharmacies et y ajouter 60 grammes d’eau. Voici maintenant la manière de l’employer : on retire de la ruche une partie des rayons (quitte à les rendre un peu plus tard) afin de res- serrer autant que possible les Abeilles sur les rayons malades. CATE.+ if. 108 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. © © On prend deux rayons vides, dans lesquels on verse sur une des faces seulement les 100 grammes de la solution, la moitié à chaque rayon. Pour cela, on projette le liquide sur le rayon en le tenant un peu incliné, de facon qu'il entre bien dans les cellules. On suspend ces rayons un de chaque côté du cou- vain, la face contenant la solution tournée du côté du couvain et les partitions immédiatement après. Huit ou dix jours plus tard, on visite la colonie, et si la guérison n'a pas été obtenue, on renouvelle la dose autant de fois que cela est nécessaire. Les rayons retirés de la ruche doivent être désinfectés au moyen d'un pulvérisateur avec la solution recommandée. Terminons ce chapitre de la Loque par un conseil. Il est plus facile de prévenir le développement de cette grave ma- ladie que d’avoir à la combattre. En conséquence, l'apicul- teur, dont les ruches se trouveraient placées dans un milieu suspect par le voisinage de ruches déjà contaminées, fera bien de soumettre son rucher à un traitement préventif. Un morceau de camphre ou de naphfaline placé en permanence sur le plateau de la ruche est un bon préservatif. Siles ruches sont nourries par spéculation ou par nécessité, un peu d'acide salicylique dans la nourriture peut arrêter le germe de la maladie. Une autre précaution excellente à plusieurs points de vue, c'est d'entretenir constamment un sang vigoureux dans le rucher par le croisement des races. Les sujets possédant un sang appauvri et dégénéré sont toujours les premiers atteints par toutes les épidémies. Cette remarque, d'ordre général, s'applique aussi bien aux Abeilles qu'aux autres animaux et même à l'espèce humaine. Donc, l'hybridation, en empêchant la dégénérescence des Abeilles, les rendra plus résistantes à la maladie contagieuse de la Loque. DYSENTERIE. Symptômes. — Après la Loque, la dysenterie est la mala- die la plus sérieuse qui atteigne les Abeilles. On la reconnaît à la malpropreté de la ruche. Dans les conditions normales, les Abeilles se débarrassent de leurs excréments toujours au dehors, mais celles qui sont atteintes de dysenterie abandon- SUR LES MALADIES QUI ATTEIGNENT LES ABEILLES. 409 nent leurs déjections sur les parois de la ruche, sur les rayons, voire même sur leurs compagnes qu'elles engluent. Ces excréments, noirs et larges comme des gouttes de purin, s’a- moncellent et répandent une odeur méphitique qui empoi- sonne la ruche. Aussi les Insectes périssent-ils en masse si l’on ne vient à leur secours. Causes. — Les Abeilles prennent la dysenterie surtout à la fin de l'hiver; elle est due à une aération insuffisante de la ruche et à la mauvaise qualité de la nourriture absorbée. Le miel non operculé récolté à l’arrière-saison, le sirop admi- nistré trop tard, produisent la dysenterie. Les miels de Bruyère, de Sarrazin, les miellats d'automne récoltés sur la feuille de certains arbres sont lourds et froids. Ils incommo- dent les Abeïlles pendant leur temps de réclusion. Traîiterient. — Une colonie d’Abeilles se trouvant dans de bonnes conditions d'hivernage passera facilement la mauvaise saison, et les Insectes pourront rester trois mois sans sortir pour cause de propreté si le temps s’y oppose, sans qu’il y ait néanmoins trace de dysenterie. Pour obtenir ce résultat, il est bon de prendre trois précautions essentielles en prépa- rant les ruches pour l'hiver, ce sont les véritables préserva- tifs de la dysenterie. La première, consiste à grouper pour l’hivernage de fortes populations par la réunion des ruchées faibles ou l'entretien de mères jeunes et vigoureuses. La seconde, de leur assurer de bonnes et d’abondantes provisions bien operculées ; la troisième, enfin, d’aérer suffisamment la ruche par le bas. Dans ces conditions, les Abeilles se trouve- ront à l'abri de la diarrhée. Le meilleur traitement curatif pour la dysenterie est une belle journée qui permette aux Abeilles de sortir pour se purifier et renouveler l’air de la ruche. En attendant, les soins se bornent à débarrasser le plateau des Insectes morts et des immondices accumulées qui empêchent l’air d'arriver jusqu'aux Abeilles. CONSTIPATION. Cette affection est due à un brusque changement de la tem- pérature extérieure au printemps, cela arrive souvent en mars et avril et force les Abeilles des ruches faibles à se 110 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. grouper et à consommer du miel pour élever la température de la ruche, alors qu'elles ont encore l'abdomen rempli de résidus. Avec une température moins basse, il se produirait de la dysenterie, mais le froid épaissit les excréments dans l'abdomen des Abeilles au point qu'elles ne peuvent plus les expulser.Plusieurs Abeilles atteintes de constipation essaient de s'envoler, mais elles tombent à terre pour ne plus se relever. D'autres meurent sur le plateau de la ruche ou entre les rayons. Les Insectes qui succombent de la constipation sont faciles à reconnaitre par la grosseur et la tension de leur abdomen. Les colonies fortes ayant des provisions de bonne qualité et bien operculées sont rarement atteintes de cette maladie. Comme remède, on recommande du bon sirop tiède administré à petites doses. Des auteurs ont écrit que la constipation, de même que la dysenterie, étaient des maladies contagieuses comme la Loque; mais cette assertion est erronée. Si la dysenterie ou la constipation sévissent sur quelques colonies isolées dans un rucher, elles laisseront les autres familles parfaitement indemnes., à condition que ces dernières se trouvent dans de bonnes conditions hygiéniques. DESSÈCHEMENT DU CouUvAIN. Cette affection ne présente pas de graves dangers pour la prospérité des ruches qui en sont atteintes, car la quantité de couvain qui périt ainsi n’est jamais bien considérable. Les apiculteurs novices peuvent confondre la dessiccation du couvain avec la Loque, maïs la différence est facile à éta- blir. Dans la pourriture du couvain, la larve qui meurt change de coloration, exhale une mauvaise odeur et se colle aux parois de la cellule, tandis que celle qui est simplement desséchée conserve sa couleur blanche et est tellement isolée qu'on pourrait l’agiter dans son alvéole dont les bords sont relevés et bien taillés. Cette maladie n’attaque que des larves isolées et les Abeïlles se chargent d'enlever elles-mêmes les nymphes desséchées qu’elles transportent hors de la ruche. La dessiccation du couvain provient d’un défaut d’alimen- tation des larves. La bouillie larvaire se compose de plusieurs SUR LES MALADIES QUI ATTEIGNENT LES ABEILLES. A1 substances : le miel, le pollen, l’eau, les sucs nourriciers pro- venant des glandes nourricières des Abeilles sont autant d’é- léments indispensables à la santé du couvain. Dans les ruchers où les Abeilles manquent d’eau, il est bon d'entretenir de petits abreuvoirs d’eau salée que l'on main- tient constamment pleins par le système de la pression atmos- phérique. On peut aussi leur donner de la farine de Seigle ou de Féverolles pour remplacer le pollen, quand celui-ci est rare dans les fleurs. On n’a qu'à saupoudrer une vieille ruche en paille que l’on place renversée à l’abri du vent du nord. Comme nous venons de le voir dans ce court exposé, la maladie vraiment sérieuse pour les Abeilles est la Loque. Les autres sont faciles à éloigner en prenant les précautions que nous avons indiquées et que tout apiculteur soucieux de la prospérité de son rucher ne doit jamais négliger. C’est le meilleur moyen d'éviter les affections qui sont le partage des ruches faibles et mal organisées. 142 EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 26 FÉVRIER 1897. PRÉSIDENCE DE M. RAVERET-WATTEL, VICE-PRÉSIDENT. — Le procès-verbal de la séance du 29 janvier est lu et adopté. — M, le Président proclame les noms des membres nou- vellement admis par le Conseil : MM. PRÉSENTATEURS. Courcow (Paul), antien élève de l'École polylechnique,ingénieur civil des mines, manufacturier à Thiers (Puy-de-Dôme). Baron J. de Guerze. A. Imbert. C. Raxeret-Wattel. Cuvervizce (Vicomte Jules pe), ancien { Edouard Blanc. officier de marine, rue du Four. 43, 4 Creité de Palluel. we l Paris. | Baron J. de Guerne. Baron J. de Guerne. A. Imbert. C. Rareret-Wattel. Op1x (Amédée), Directeur du laboratoire Baron J. de Guerne. LaAURENGE (Eugène), 6, rue Pierre Martel, Lille. de zoologie maritime. Les Sables-d'O- ; Edmond Perrier. lonne (Vendée). Georges Koché. Paiz:P0Ox (Edmond), propriétaire, avenue { J. de Claybrooke. Malakoff, 143, à Paris et Logis de Saint- 4 Baron J. de Guerne. Lambert par Chevreuse (Seine-et-Oise). { C. Raveret-Wattel. DÉPOUILLEMENT DE LA CORRESPONDANCE. Notifications, renseignements, avis divers. — Le R. P. Armand David, M. Charles Naudin et le professeur Anton Fritsch remercient la Société de les avoir nommés membres honoraires. La plupart des lauréats de la Société remercient également des médailles qui leur ont été décernées. Plusieurs lettres sont parvenues d'autre part au Secrétariat, félicitant les lauréats et approuvant hautement les choix faits par la Commission des récompenses. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 113 — MM. E. Cacheux, Machado de Carvalho et le comte C. Poutiatine remercient de leur admission. — Depuis la dernière séance, la Société a recu avis du décès de M. Lefebvre de Béhaïne, qui fut longtemps ambas- sadeur de France auprès du Saint-Siège et de M. Van Bem- melen, directeur du Jardin zoologique de Rotterdam. Mammifères. — M. Paul Boulineau (Mb) de Bône (Algérie) adresse une brochure indiquant les résultats obtenus dans l’'acclimatation, l'élevage et le croisement du Zébu de l'Inde. Il fait remarquer que ces essais, commencés en Algérie par M. Rabon et par lui, ont donné des résultats satisfaisants qui permettent d'affirmer que l'élevage du Zébu et de ses dé- rivés constitue pour la question du gros bétail algérien un cas particulièrement intéressant. Ornithologie, Aviculture. — M. Leroy (Mb) adresse di- vers renseignements sur la date de l’arrivée des premières Hirondelles observée par lui à Oran. (Voir Correspondance.) = M. le D: A. Pettit, adresse un résumé des recherches les plus récentes faites à Paris sur la Psittacose ou Maladie des Perruches. Ce travail sera inséré au Bulletin. Aquiculture. — M. Boulanger, meunier et maire d'Epou- ville (Seine-Inférieure) en remerciant la Société de la mé- daille qui lui a été accordée pour la protection du Poisson, dit qu'il serait bien utile d’agir partout avec énergie à ce propos. « Je suis très flatté de la distinction dont je suis l’objet, mais je verrais avec plus de satisfaction encore la modification de la loi sur la pêche qui ne punit le braconnage du Poisson que par des amendes, ce dont les braconniers endurcis se moquent. Je vous envoie le Journal de Montvilliers du 6 février 1897 où l’on annonce que les frères L... se proposent de fêter leur centième condampmation pour délit de pêche. Les invités seront paraît-il, nombreux au banquet où le menu sera uniquement composé de Truites accommodées à toutes les sauces et dont il est superflu d'indiquer la provenance. Il faudrait assimiler la loi sur la pêche à la loi sur la chasse. » Botanique. — M. Leroy (Mb) écrit qu'il n'a pu faire dé- terminer la variété de Cocotier décrite et figurée par lui dans le Bulletin de la Société (1896, p. 306). Les fleurs qu’on lui a envoyées étaient en mauvais état quand il les a reçues et, 114 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. d'autre part, les fruits sont tombés alors qu'ils étaient gros de » à 6 millimètres seulement. — M, H. de Fels (Mb) demande des renseignements sur une nouvelle plante à caoutchouc le Æickxia africana, dont il est beaucoup question actuellement en Angleterre et dont il serait sans doute possible de tirer un excellent parti dans la colonie française de Grand-Bassam (Voir Correspon- dance). Cheptels, distributions d'œufs de Poissons, de graines, etc. — M. Amédée Berthoule, secrétaire général honoraire, offre gracieusement à la Société pour étre distri- bués par elle vingt mille œufs environ d'Ombre-Chevalier provenant du lac Pavin. — M. le maire de Saint-Dizier (Haute-Marne) appelle l'at- tention sur les efforts faits par la municipalité ‘pour assurer le repeuplement de la Marne et prie la Société de les encou- rager par quelque envoi d’œufs ou d’alevins. — M. Chéron, président de la Piscicullure Drouaise dont le siège est à Dreux (Eure-et-Loir), sollicite l'envoi d'œufs de Saumon de Californie et de Truite arc-en-ciel. — M. le vicomte de Tocqueville demande à participer aux distributions d'œufs de Truite arc-en-ciel que pourra faire la Société dont il voudrait peupler les eaux de son domaine de Tour-la-Ville près Cherbourg. — M. C. Vasseur (Mb.) écrit de Sivry-sur-Meuse, à la date du 6 février : « J'ai le regret de vous apprendre qu'il ne me reste plus un seul alevin de Truite arc-en-ciel. Les œufs que la Société d’Acclimatation avait eu la bonté de m'envoyer étaient trop avancés. Un certain nom- bre d’entre eux étaient éclos dans la mousse d'emballage. Il est vrai, que nos collègues ayant participé à la première distribution avaient recu l'envoi plus tôt. Les soins les plus grands avaient pourtant été pris, un conducteur et un garde des Ponts-et-Chaussées s'étaient joints à moi pour la réussite de l'opération, car je me proposais de nourrir ces alevins artificiellement (ce que j'ai déjà fait pour 12,000 Truites arc- en-ciel), et quand ils auraient eu un an à quinze mois, de les accli- mater à l'eau de la Meuse où je les aurais enfin déversés dans mon cantonnement. » Espérons qu'une autre fois je serai plus heureux. PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 115 » Veuillez ne jamais m'oublier dans aucune des distributions d'œufs de Poissons que fera la Société. J'en dirai autant pour les graines. Tout cela m'intéresse beaucoup ». — M. Charles Rivière, directeur du Jardin du Hamma (Alger), adresse à la Société la fructification du Sterculia nobilis dont les graines pourront être distribuées aux socié- taires de la côte provençale. L'envoi est accompagné d’une courte notice sur cette plante (Voir Bullelin). — Au nom de la Société d'Agriculture du département de Constantine dont il est le président, M. Picot demande des graines des quatre variétés de Cotonniers du Turkestan, dont parle M. Edouard Blanc dans le Bulletin de septembre 1896. Jl demande, en outre, à la Société de vouloir bien lui pro- curer des graines de Mayten, nouveau fourrage préconisé pour l'Algérie. — M.le D' Cros, de Perpignan, remercie d’un envoi de graines qui lui a été fait et donne quelques détails sur l’en- droit où il compte les semer (Voir Correspondance). — M. le comte Gabrio Casati, de Milan, demande des ren- seignements sur l'Oranger de Chine dont il a été question dans le Bulletin, et prie la Société de lui envoyer quelques oraines de Cotonnier du Turkestan. — M. Prochavsky offre à la Société un lot de Graines récoltées aux environs de Nice et dont voici l'énumération : Acacia Cyanophylla, magni- Pelargonium sonale. fica. Penniselum ruppelliannum. » melanoæylon. Ricinus sanguineus. Artemisia argentea. Solanum giganteum. Bignonia capreolata. » marginalum. Dalura species ? {originaire Slernbergia vivipara, albo- de la Californie du Sud). variegala. Eryngium eburneum. Trachycarpus excelsa. Hedychium magnificum. Yucca undulala. Parkinsonia aculeata. Ces graines devront être semées dans un climat analogue à celui du midi, ou du moins dans une exposition chaude. M. Prochavsky donne quelques détails sur ses cultures et demande des graines de Dattier à fruits rouges et d’Æolcus saccharalus. (Voir Correspondance.) 116 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. — M.S.-T. Krishnamacharya a fait parvenir récemment à la Société, un certain nombre de Noix de Kola, obtenues à Pondichéry et qui ont été aussitôt envoyées à M. Cornu, professeur au Muséum de Paris, et à M. Heckel, à Marseille; on sait que celui-ci a reçu de la Société, en 1895, une médaille d'or pour ses travaux sur la Kola. — M. Charles Baltet, de Troyes, a envoyé d’autre part, à la Société, une quantité notable de graines de Polygonum sa- chalinense, dont la distribution, immédiatement commencée, se poursuit au fur et à mesure des demandes. M Baltet a donné lui-même, dans la Revue des Sciences naturelles ap- pliquées, en août 1893 les indications nécessaires pour la culture de cette plante. COMMUNICATIONS ORALES. M. le Président signale la présence à la séance de M. R. Moniez, professeur à la Faculté de médecine de Lille, prési- dent de la Société zoologique de France, et qui a bien voulu prendre place au bureau. Il constate que la réunion générale annuelle de la Société zoologique a fait venir à Paris beau- coup de nos collègues de province auxquels il souhaite par- ticulièrement la bienvenue. Plusieurs d’entre eux doivent, du reste, présenter des communications et, vu le nombre de personnes qui se sont fait inscrire pour prendre part à la dis- cussion sur la protection des Oiseaux, on n'aura pas trop à regretter l'absence de M. Ménétret, qui devait parler aujour- d’hui de la Sériciculture en Perse et qui précisément, à ce que nous écrit son père, vient d’être rappelé d'urgence dans ce pays. — M. le Secrétaire général donne un compte rendu som- maire de la trente-quatrième séance publique annuelle, tenue par la Société, le 12 février dernier. M. Méline, président du Conseil, ministre de l'Agriculture, s’était fait représenter par M. Daubrée, conseiller d'Etat, directeur des Eaux et Forêts. D'autre part, M. Leydier, chef du secrétariat particulier de M. Rambaud, représentait le Ministre de l’Instruction pu- blique, et M. Feillet, gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, le Ministre des Colonies. Après une courte allocution de M. Ra- veret-Wattel, vice-président, et la lecture par M. Hua, l’un PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 117 des secrétaires, d’une partie du rapport de M. Edouard Blanc, membre du Conseil, sur les relations extérieures de la Société, M. le baron J. de Guerne a résumé brièvement les titres des lauréats de la Société pour 1896, La séance s'est terminée par une causerie fort goûtée où M. le vicomte Jules de Cuverville a raconté, avec projections photogra- phiques à l'appui, les observations qu'il a pu faire sur les pêcheries des Cosaques de l'Oural, pendant un voyage ac- compli par lui en 1896. Le rapport sur les récompenses et la conférence de M. de Cuverville seront publiés au Bulletin. — Au lendemain de la séance publique commencçaient les travaux de l'Exposition franco-russe de Pêche et de Pisci- culture, installée dans cette salle même et qui a pris fin mercredi soir. Organisée par les soins d'un Comité formé comme il a été dit dans une précédente séance (voir ci-des- sus, p. 75), l'Exposition a obtenu un grand et légitime succès. Le i8 février, la Société centrale d’'Aquicullure et de Pêche, dont la plupart des membres avaient déjà fait à l'Exposition une première visite, s’est réunie dans la salle même, après la fermeture, pour y tenir de cinq à sept heures, sous la présidence de M. Emile Belloc, sa séance ordinaire mensuelle. Le lundi 22 février, la section d’Aquiculture de la Société d'Acclimatation tenait, à son tour, à l'Exposition, une séance extraordinaire rendue fort instructive par la présence de la plupart des exposants, dont les explications, données sur place, ont été fort goûtées par l'assistance. Enfin, le jour même de la clôture, un grand nombre de membres de la Société zoologique de France, réunis à l’oc- casion de la séance générale annuelle, s'étaient rendus à l'Exposition sur l'invitation qui leur en avait été faite. Et c’est ainsi que le professeur Van Bambeke, de l'Université de Gand, président d'honneur de la Société zoologique, M. le professeur Moniez, de Lille, président annuel, et nombre d’autres savants de Paris, des départements ou de l'étranger se sont rencontrés à la Société d'Acclimatalion. Le même jour, M. Mersey, chef du cabinet du Président du Conseil, ministre de l'Agriculture, a fait une longue visite à l’'Exposi- tion, témoignant ainsi de l'intérêt que portent les Pouvoirs publics et notamment le Ministère de l’Agriculture, à tout ce qui concerne la pêche et la pisciculture. 118 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. En résumé, cette manifestation nouvelle de l’activité et de l'initiative de la Société d'Acclimatation, très heureusement unie dans un effort commun avec la Société d Aquicullure, a recu l'approbation générale. Et c’est avec une satisfaction des plus légitimes que les organisateurs de l'Exposition se sont plu à relever les visites de députés, sénateurs, hauts fonctionnaires, chargés d'élaborer les lois sur la pêche, d’une part, et, d'autre part, des spécialistes les plus autorisés, professeurs ou directeurs de laboratoires rattachés au Mu- séum, à la Sorbonne, au Collège de France ou à diverses mu- nicipalités de province. Ausei tous les amis de la pisciculture, savants, législateurs ou praticiens, souhaitent-ils que l’on n’en reste point-là et que tôt ou tard, dans un local approprié, une Exposition ana- logue soit installée, iongtemps ouverte et accessible à tous dans l'intérêt général. Présentations d'ouvrages, photographies, etc. — M. E. Cacheux dépose sur le bureau le volume récemment paru des Comptes rendus du Congrès internalional des Pêches maritimes, etc., tenu aux Sables-d'Olonne, en sep- tembre 1896. Il fait hommage à la Société d'un volume qu'il vient de publier et qui a pour titre : Le Sauvetage en France et à l'étranger, ce qu'il est, ce qu'il devrait être, 1 vol. in-&, 255 pages et 16 planches. — M.J. de Claybrooke, bibliothécaire, signale entre autres ouvrages récemment entrés à la Bibliothèque de la Société l'Aistoire des Plantes, de feu le professeur Baïllon, vol. XII et XIII, offerts par le Ministère de l’Instruction publique, et deux livres de Charles Diguet : Nos amis les bèles et Lu Chasse en France, un fort bel ouvrage envoyés par l’auteur. — M. Anton Fritsch, membre honoraire de la Société, adresse une série de publications et de photographies sur la pisciculture et sur la pêche en Bohême. Ces documents sont renvoyés à l'examen de la section d’Aquiculture. — M. J. Forest donne lecture des vœux émis par la sec- tion d'Ornithologie et qui pourront être transmis aux Minis- tres de l'Agriculture, du Commerce et au Gouvernement gé- néral de l’Algérie. Ces vœux tendent à obtenir des Pouvoirs PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 119 * publics la création d’une ferme-haras de repeuplement d’Au- truches dans le Sahara algérien. — M.J. de Claybrooke donne lecture d’un vœu émis par la section d’Aquiculture et qui demande « que le Conseil veuille bien prendre les mesures nécessaires pour que des démarches soient faites auprès des autorités compétentes, afin de faciliter les rapports directs entre nos marchands et les producteurs russes, pour le commerce des Ecrevisses, et que leurs approvisionnements soient ainsi affranchis de tout intermédiaire. » — M. le baron d'Hamonville fait une communication sur les Oiseaux utiles de la France. (Voir le Bulletin.) — M. Cacheux félicite l’orateur de sa communication et de la persévérance qu'il apporte à plaider la cause des Oiseaux utiles. Les enfants dénicheurs font eux aussi, beaucoup de mal. Mais on peut leur donner de bons conseils et arrêter leurs dé- prédations. M. Cacheux cite l'exemple de M. Guillard, direc- teur de l'Ecole de pêche de Groix (Morbihan), qui a démon- tré à ses élèves l'utilité des petits Oiseaux au point de vue agricole et qui est arrivé à les faire respecter. Ii serait donc utile d'émettre le vœu que le Ministre de l’'Instruction pu- blique fit distribuer une circulaire aux instituteurs pour qu'ils agissent dans ce sens. — M. Ernest Olivier (Mb) parle des ravages causés par les Chats qui sont extrêmement nombreux dans les villages ; trop souvent les Chats délaissent les Rongeurs et spécialement les Rats pour chasser les petits Oiseaux dont ils découvrent les nids avec une grande habileté. Ils sont d'ordinaire plus nui- sibles que les Carnassiers sauvages qui chassent la nuit seu- lement. De plus, les Chats domestiques sont d’une grande fé- condité, ce qui rend plus difficile la lutte contre eux. Malgré la destruction très active qu’on peut en faire, il en reste tou- jours un trop grand nombre. — M. Georges Godart (Mb) dit qu'aux environs de Paris, où bien des personnes ne passent que l'été, les Chats aban- donnés par leurs maîtres, pendant le reste du temps, se nour- rissent exclusivement d'Oiseaux qu'ils chassent au cré- puscule. 120 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. — M. Chazal (Mb) dit que le Chat n’est pas le seul animal nuisible aux petits Oiseaux; les Pies font aussi un tort consi- dérable. Enfin, M. Chazal voudrait que le Chat cessâät d’être protégé par le Code, en qualité d'animal domestique, lorsqu'il est tué dans les champs. Actuellement, celui qui tue un Chat est exposé à être condamné correctionnellement pour destruc- « tion d'animal domestique et en plus à des dommages et intérêts. — M. Xavier Raspail fait une communication sur la des- truction de l’Alouette. (Voir Bullelin.) — M. le D' Trouessart, (Mb) tout en s’associant aux vœux émis par MM. le baron d'Hamonville et X. Raspail, appelle l'attention sur l'obligation où l’on se trouve de ne toucher qu'avec prudence à des abus invétérés et passés dans les mœurs de certaines populations. Il veut surtout parler de la chasse aux Oiseaux de passage autorisée en tous temps et par les moyens les plus destructeurs. Il faut donc préparer les choses de loin, agir sur l'opinion, et surtout demander aux pouvoirs compétents que la législation de la chasse aux Oi- seaux de passage soit enlevée aux autorités locales, pour être réglementée par une loi d'Etat, comme dans d’autres pays d'Europe, notamment en Autriche. — M. de Guerne fait remarquer que la réglementation de la chasse vient de passer de l'Administration de l'Intérieur à celle de l'Agriculture, ce qui certainement ne pourra que faciliter la solution du problème. — M. L. Petit ajoute quelques mots en faveur des Oiseaux. (Voir Bulletin.) — M. Ernest Olivier dit qu'il faudrait songer aussi à pro- téger les Oiseaux utiles des colonies françaises : « À propos de cette question si intéressante des petits Oi- seaux, il y à lieu de s'occuper, avec une sollicitude particu- lière de l'Afrique francaise du Nord où la destruction com- mence à prendre des proportions inquiétantes. Dans ces pays où le cultivateur doit lutter contre mille dif- ficultés, où à chaque instant un nouvel Insecte nuisible se fait connaître par ses ravages, les Oiseaux insectivores devraient être l'objet d’une protection toute spéciale. Or, pendant un PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 121 2 voyage que j'ai exécuté l’année dernière à Tunis, j'ai fait la connaissance d’un industriel qui expédie à des négociants de France et d'Angleterre des dépouilles d’Oiseaux, destinées à orner les chapeaux des femmes. C’est par milliers que l’Hi- rondelle de cheminée (Æirundo rustica), le Guépier (Merops apiaster), le grand Martinet (Cypselus melba) tous insecti- vores par excellence, sont capturés et exportés. Il existe à Tunis trois marchands qui font ce commerce, il y en a aussi à Bône, et il doit s’en trouver dans toutes les villes du littoral algérien. | On parle des maux dont souffre l'Agriculture et on les cherche trop souvent à côté; ces hécatombes d'Oiseaux utiles sont bien certainement un de ceux qui entraînent le plus de conséquences fatales. Maintenant que la Régence de Tunis est dotée d’un Directeur général de l'Agriculture, il y a tout lieu d'espérer que la destruction inconsidérée dont nous parlons attirera l'attention de ce fonctionnaire. L'un des meilleurs moyens d'y porter remède est d'interdire l'exportation des peaux de petits Oiseaux ; cette mesure sera bien, sans contre- dit, l'une des plus importantes de toutes celles prises jusqu’à ce jour en faveur des agriculteurs du protectorat. » — M. de Bonand (Mb) fait remarquer qu’en Algérie, il a vu des nuées de Moineaux causer de sérieux dégâts en dévastant des champs d'Orge. — M. le baron d'Hamonville résume la discussion et pro- pose d'émettre le vœu que le paragraphe 1% de l’article 9 de la loi du 3 mai 1844 soit rapporté comme inexécutable. « M. d'Hamonville est heureux de constater qu'il est d’ac- cord avec tous ceux de ses collègues qui viennent de prendre la parole. Il ajoute quelques mots à propos des différentes pro- positions émises concernant le Chat, l’Alouette, le Moineau, les Oiseaux de parure, etc., mais il prie l'assemblée de ne point faire de propositions partielles. La cause est gagnée sur les esprits éclairés, elle ne l’est pas encore sur les masses. Des adversaires puissants existent çà et là qui représentent des intérêts pouvant être lésés. Il faut donc faire cause com- mune avec la Commission ornithologique internationale, ne pas amoindrir son autorité en discutant ses conclusions, se grouper enfin pour être plus forts. Il importe surtout, avant tout, d'obtenir la suppression du paragraphe 1° de l’article 9 Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 9, 122 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. de la loi de mai 1844 qui va à l'encontre de son but protec- teur ainsi que cela est surabondamment démontré. M. d'Ha- monville espère que la Société voudra bien présenter un vœu en ce sens et s’en rapporte aux bons soins du Conseil à ce sujet. » — M. le Président remercie les orateurs qui ont pris la pa- role dans cette intéressante discussion, il ajoute que le vœu de M. le Baron d'Hamonwville sera soumis à l'examen du Con- seil, qui le prendra sans doute en très sérieuse considération et le transmettra sans retard aux Ministres compétents. — La séance est levée. Le Secrélaire des séances, E. CAUSTIER. 4e SECTION (ENTOMOLOGIE). SÉANCE DU 4 MAI 1896. PRÉSIDENCE DE M. A.-L. CLÉMENT, PRÉSIDENT. Lecture et adoption du procès-verbal de la dernière séance. M. Clément présente un morceau de bois provenant d'un linteau de porte et qui a été miné par des Fourmis, Camponotus ligniperdus. On ne s’apercut du dommage causé par ces Insectes qu'on voyait aller et venir le long du linteau que lorsqu'il se brisa. Le Camponotus ligni- perdus se rencontre généralement dans les bois et vit dans les vieux arbres morts, surtout dans les Pins et les Sapins. Les dégâts observés dans ce morceau de bois offrent une grande analogie avec ceux occa- sionnés par les Termites du Centre et du Midi de la France. M. Decaux présente des Acariens vivants, qu'il a recueillis le matin même, sur un Myopotame du Jardin d'Acclimatation. M. Decaux présente également divers Coléoptères vivants : Rhyn- chites conicus (TI1.), R. panxilus (Germ.), Anthonomus pomorum (Linné) et autres Insectes nuisibles aux Pommiers. Il donne des détails sur leurs mœurs et rappelle qu’il a publié une notice sur les principaux ennemis du Pommier (il en existe une trentaine d'espèces) et les moyens propres à les détruire (Feuille des Jeunes Naturalistes, n°5 26] et 262, 1892). Enfin, M. Decaux présente des feuilles d'Artichaut attaquées par un PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 123 Coléoptère : Cassida viridis Linné. Il montre un grand nombre de ces Insectes vivants qui lui ont été envoyés par le jardinier chef du chà- teau de Bel-Air (Indre-et-Loire). Au dire de ce correspondant, l’année dernière, l’Insecte en question a détruit la récolte et fait périr un grand nombre de pieds d’Artichauts. Cette année, il s’est encore mul- tiplié et menace de tout anéantir; que faut-il faire pour le détruire? M. Decaux donne de nombreux détails sur les mœurs de cette Casside, qui a deux générations, et sur celles de sa larve; il indique enfin plusieurs moyens de destruction dont la pratique lui a donné de bons résultats. Le Secrétaire- Adjoint, THUVIEN. SÉANCE DU 1°’ FÉVRIER 1897. PRÉSIDENCE DE M. A.-L. CLÉMENT, PRÉSIDENT. M. Thuvien, secrétaire-adjoint, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance, il envoie le procès-verbal de la dernière séance, publié ci- dessus et prie la section de ne pas le réélire secrétaire-adjoint. L'on procède au renouvellement du bureau. Sont élus : Président : M. A.-L. Clément; Vice-Président : M. F. Decaux; Secrétaire : M. P. Marchal; Secrétaire- Adjoint : M. F. Rathelot. M. le Président annonce que, dans sa séance publique annuelle le 21 décembre 1896, l’Académie des Sciences a décerné le prix Thore à M. Charles Janet pour ses travaux sur les Hyménoptères, Entre autres ouvrages concernant l’Entomologie et qui sont arrives à la Société depuis la dernière séance, M. le secrétaire signale un livre de M. J. de Loverdo : Le Ver à Soie, son élevage, son cocon, 1 vol. in-12 de l'Encyclopédie des Aide-mémoire, offert par les éditeurs, et diverses publications venues des États-Unis, nolamment le très inté- ressant Bulletin of the Illinois State laboratory of natural history, publié à Urbana par le professeur S.-A. Forbes. M. J. de Guerne annonce que M. Edouard Foa, le voyageur bien connu, lui a fait parvenir de l'Afrique centrale un tube contenant des Mouches Tsé-tsé simplement séchées et qui pourront sans doute être utilisées pour des études bactériologiques. Ces Insectes seront, en conséquence, distribués dans les laboratoires spéciaux de l’Institut Pasteur, de l’École d’Alfort, de la Faculté de Médecine ou du Muséum. 124 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. A la demande de ses collègues, M. le Secrétaire général résume les notions les plus récentes acquises sur la Mouche Tsé-tsé dont la pré- sence en certaines régions de l'Afrique centrale et australe arrête les progrès de la colonisation en empêchant d'y introduire les animaux domestiques les plus utiles. M. Paul Marchal fait une communication sur les Cecidies de Ceci- domyies qui attaquent l'Aériplez halymus, plante tunisienne pouvant être utilisée comme fourrage. Le Secréfaire, PauzL MARCHAL. EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. LE ZÉBROÏDE, PRODUIT DU ZEÈBRE ET DE LA JUMENT OBTENU AU BRÉSIL Plantation-Domaine de Lordella, 12 décembre 1896. J'ai le plaisir de vous annoncer que le 3 courant est né le premier produit du Zèbre Canon avec une Jument de 145 de hauteur. C'est un mâle bai très brun, avec des rayures comme le Zèbre; ces rayures sont noires au cou et à la tête ; à partir du garot, elles deviennent bai brun plus foncé que le fond, de manière qu'il est bai brun rayé de noir du garot à la tête et ton sur ton du garot à la queue. C'est un beau produit, très bien proportionné, oreilles petites, cri- nière tres fournie, queue également très fournie; il sera très grand puisqu'il a à peine dix jours et mesure déjà 1"10 au garot. Il est très vif et il semble quil deviendra un animal très fort qui pourra rendre les services du mulet, ayant de plus la beauté. La jument avait été saillie le 7 janvier, le produit est né le 3 dé- cembre, par conséquent la jument saillie par le Zébre a une gestation de onze mois, et non pas de douze mois comme on le prétendait assez généralement. Aussitôt que le jeune animal aura deux mois, je le ferai photogra- phier et je vous enverrai des exemplaires pour le Président de la Société national: d'Acclimafation de France, et pour quelques autres personnes. J'ai en plus trois Juments saillies par le Zèbre Canon; elles devront mettre bas dans trois mois. J’en ai encore d'autres saillies par le même Zebre Canon, qui devront mettre bas dans le deuxième semestre de celte année. EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. 425 Je propose le nom de Zebroïide pour le produit du Zèbre mâle avec la Jument. Je suis extrêmement satisfait de ce résultat. Baron DE PARANA. >< ELEVAGE D'OIES DU CANADA DANS LE DÉPARTEMENT DU TARN, Navès, 25 janvier 1897, Je suis bien en retard pour mon compte rendu de Cheptel d’Oies du Canada, mais appelé en voyage tous ces temps-ci, j'avais un peu négligé mes élevages, c'est ce qui vous explique ce retard que je vous prie d'excuser. Le couple que je possède en Cheptel, niche tous les ans dans une petite île située au milieu du bassin et la femelle, après avoir arrangé le foin qu’on met à sa disposition, a pondu six œufs qu’elle s’est mise à couver assidûment et qu’elle recouvrait entièrement avec du duvet et des brindilles de bois chaque fois qu’elle allait manger. Les œufs pondus au commencement d’avril, ont donné naissance à cinq jeunes, dont un noyé la première nuit, (sans doute il est tombé du nid dans l’eau), et un autre mort au bout de huit jours. Les trois autres se sont comme d'habitude élevés tout seuls et très facilement sur les pelouses dont ils broutent continuellement l'herbe. À trois mois, les jeunes sont aussi gros que les parents. Le seul écueil dans l'élevage de ces Palmipèdes est la funeste habitude qu'ont ces Oies, aussitôt leurs petits nés, d’aller vagabonder partout et surtout dans les grands prés, qui à ce moment là sont hauts, mais dans lesquels les jeunes se perdent. Il faut pendant les premiers jours maintenir ces animaux autour de leur bassin au moyen de fagots de bois. Au bout de huit jours on peut les lâcher et à partir de ce moment ils courent toute la journée et ue vont à l’eau que rarement et pour boire. Le vieux mâle, atteint, depuis le mois de juin, d’une forte boiterie dont je n’ai jamais pu déterminer la cause, est mort ces jours-ci, pendant mon absence. Ce couple étant dépareillé, je désire le rendre à la Société, que je prie de vouloir bien me fixer au sujet de l'endroit où je devrai expédier ces animaux ainsi que les jeunes dont je céderai ma part, si la Société en a le placement. Dans le cas contraire, je les vendrai avec le reste de mes élèves. Veuillez agréer, etc. Comte J. pe LACGER-NAVES. A A. 126 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. LA TEMPÉRATURE DES EAUX DE DAMPIERRE (SEINE-ET-OISE). La température moyenne des eaux de Dampierre des mois de juillet, août et septembre, a été de 22°, e maximum à la surface 23° et pour le fond 20°. L’abaissement de la tempéraiure à l'extérieur modifie peu celle de l’eau lorsqu'elle est échauffée. En juin, elle était de 15° au fond et 17° à la surface. En 1897, je iâcherai de prendre la température depuis le mois d'avril jusqu’à de- cembre. Ceite année, l'abondance des eaux a été telle que nous avons eu des inondations et je crains fort que les beaux Poissons (Saumons de fon- taine) que M. Philipon avait eu l’obligeance de me donner ne soient partis avec le courant. J'irai vous demander le moyen de me procurer des œufs de Truites à mon premier passage à Paris. BUTTIN. >< OSTRÉICULTURE EN BELGIQUE. Nieuport (Belgique), le 17 novembre 189%. Monsieur le Secrétaire général, Je lis à la page 228, du Bulletin de notre Societé, que, de la séance de la 3° section, du 3 février dernier, M. Roché a donne des détails sur l'industrie ostréicole. Permettez-moi de vous demander s'il existe un compte rendu plus détaillé de cette communication qui m'intéresse vivement. Je m'occupe depuis 25 ans d'Ostréiculture et je riens de faire construire ici un grand établissement à cet effet. Je m'empresserai de vous adresser un rapport à ce sujet quand la campagne de cette année sera finie ; je vous communiquerai Lous les détails et toutes les expériences qui pourront intéresser la Société d’Acclimatation. Veuillez agréer, etc. Docteur J. L. C. Pompe Van MEERDERVOORT, Membre honoraire de la Société d’Acclimatation de France. >< CULTURES DANS LES PYRÉNÉES-ORIENTALES. Perpignan, 15 janvier 1897. Monsieur le Secrétaire général, Je vous serai très reconnaissant de vouloir bien mettre à ma dispo- EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. 121 sition quelques graines des Cotons de l’Asie Centrale, rapportées par M. Edouard Blanc. 10 à 20 capsules de chacune des quatre variétés dont il est question à la page 402 du Bulletin de la Société (1896) me suffiraient. Je possède un petit jardin à Perpignan dont le climat est assez connu etfun grand de plus de 20 ares, à Vernet-les-Bains (Pyrénées= Orientales) où j'ai un choix d’arbustes d’ornement avec un terrain granitique et où j'ai réussi en 1880, quelques graines de Coton du Japon qui me venaient de M. Naudin, alors propriétaire d’un Jardin d’Acclimatation dans notre pays, à Collioure. Je n’ai encore rien demandé à la Société dont je fais partie depuis longtemps, les exigences de la profession militaire s’opposant à toute suite dans nos plantations. Aujourd’hui la retraite me donne des loisirs et la facilité de la sur- veillance. Si vous croyez pouvoir m'adresser d’autres graines ou des boutures, ces dernières en avril, je recevrai le tout avec plaisir et reconnais- sance. Veuillez agréer, etc. D' Cros, Membre à Vie. Perpignan, 29 janvier 1887. J'ai l'honneur de vous accuser réception des graines que vous avez eu l’obligeance de m'adresser, soit les suivantes : 1° Acacia pycnantha ; j'ai les renseignements qui lui sont relatifs dans le livre de Sauvaigo (Les cultures sur le littoral de la Méditerranée) ou dans la Revue des Sciences naturelles appliquées, 20 juillet 1894, 5 août 1895, etc; je ferai semer de ces graines chez des amis ayant des propriétés sur le littoral et j’en sèmerai à Perpignan et à la montagne. 20 Mimosa laphanta ; la plupart des jardins d'agrément possèdent ici cet arbuste. 3° Chameærops (Trachycarpus) excelsa du D’ Lecler. Je possède dans mon jardin des Camerops qui fructifient chaque année, donnant de grands régimes à fruits noirs ; des jeunes plants qui se sèment naturelle- ment naissent de tous côtés, on les arrache parce qu'ils sont trop nom- breux. J’ignore si les Chamerops du D' Lecler qui habite Rouillac (Cha- rente) constituent par hasard une variété distincte. Je sèmerai de ses graines.Le plus grand de mes Chamærops est dans ma propriété de Ver- net-les-Bains, en pleine terre bien entendu, et a 5 mètres de hauteur. _ 4° Zizyphus mucronata ; je n’ai aucune indication sur cette variété, je possède un Zizyphus sativa à Vernet (15 ans, — 4 mètres) me don- nant des fruits, mais pas tous les ans ; il aime la sècheresse. 128 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. 5° Dattes à pulpe un peu astringente ne paraissent pas venir d'Algérie où j'en ai mangé dans mes pérégrinations, de toute prove- nance. J’ai pensé que ce pouvaient êlre des Dattes provenant du Phænixz, qui en Provence donne des fruits présentables (Revue des Sciences naturelles appliquées, juin 1894) ou du Phœnix, dont a parlé M. Leroy, d'Oran, dont j'ai visité souvent le jardin (Revue des Sciences naturelles appliquées, juin 1894) ou de celui de la villa Victor de Ces- sole, à Nice, dont le fruit gros, bien nourri, à pulpe épaisse, murit dès le mois de juin (Sauvaigo). Je vous suis très reconnaissant de cet envoi dont j'aurai l'honneur de rendre compte à la Société en temps voulu. Veuillez agréer, etc. D' Cros. >< CULTURES DANS LES ALPES-MARITIMES. Nice, Grottes Saint-Hélène, 40 février 1897. Je vous remercie beaucoup de votre offre de graines de Légumi- neuses de Madagascar, mais si ces graines proviennent toutes d’un cli- mat franchement tropical, je ne pourrais espérer les essayer avec succès, bien que parfois comme pour certaines plantes, surtout des Palmiers, il y ait des exceptions remarquables. Votre remarque, que ces graines doivent être plantées en serre chaude motive ces réflexions. Je cultive seulement des plantes que je puis espérer faire résister en pleine terre, même abritées artificiellement. Pourtant je dois ajou- ter, que je suis en train de faire construire comme je vous l'ai dit dans une lettre précédente une espèce de grotte, largement ouverte au midi, pour laisser entrer le plus possible de soleil et de jour, où j'ai l’inten- tion d'essayer, toujours en pleine terre, des plantes, qui ne peuvent résister ailleurs, même sous abri artificiel. Recevez, etc. A. R. PROSCHAVSEY. P. S. — Mon pelit Palmier S:kara, qui selon l'indication du paquet, provient justement de Madagascar (graines envoyées par la Société d’Acclimatation), serait-il un exemple d’une plante venue d’un climat tropical et résistant au climat de Nice. Je n’en sais rien, ne connaissant pas le lieu d’origine précis du Pal- mier Shara et son altitude au-dessus du niveau de la mer. >< EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. 129 SUR LE Séerculia nobilis, par Ce. Rivière. La fructification de cette plante a été particulièrement abondante au Jardin d’Essai d'Alger pendant l'hiver 1896-1897, c’est-à-dire de dé- cembre à février. Ce petit arbre de l’Inde orientale, remontant jusque dans la Chine, a un grand feuillage toujours vert, une floraison estivale répandant le parfum le plus suave, et des fruits remarquables par leur originalité, leur beauté et par le coloris écarlate de l’extérieur de la capsule. Cette dernière, entr'ouverte en deux et quelquefois en trois valves, laisse apparaître de grosses graines couleur chamois puis passant assez brusquement à la teinte acajou. Les valves contiennent une, deux ou trois graines, de la dimension d’une forte châlaigne qui brunissent en vieillissant, se rident en deviennent, à la surface, huileuses et poisseuses. Débarrassée de son testa et de son tegmen qui est amer, l’amande est blanche, de bon goût, tant qu'elle est fraiche : c’est une véritable châtaigne : grillée, elle a un goût agréable, mais vieillit rapidement en répandant une odeur particulière peu agréable. Ce fruit est fort recherché par les enfants du Hamma. La rusticité de cet arbre est assez grande sur le littoral algérien pour lui permettre de le quitter et de s’avancer dans la plaine : à exposition convenable sa fructification serait abondante. Cette dernière considération et surtout les propriétés stimulantes et excitantes qu’on a cru remarquer après l’ingestion de cette amande, nous font rechercher si le fruit de ce S/erculia nobilis, espèce voisine du Séerculia acuminata, aurait des qualités analogues à celles de la Noix de Kola. La Société d’Acclimatation sera fixée sous peu sur ce point inté- ressant. On sait que, malgré tous nos efforts, le Séerculia acuminala n'a jamais résisté aux hivers du Hamma, c’est dire qu'il ne vivra jamais dans aucune partie de l'Algérie. 430 3 EXTRAITS ET ANALYSES. SUR LA DISPARITION DES ECREVISSES DANS LES COURS D'EAU DU DÉPARTEMENT DE L'AIn (1) par Raphaël Dusois, Professeur à la Faculté des Sciences de Lyon. Au mois d'août 1892, j'ai présenté au Conseil général de l’Ain un premier rapport sur les résultats principaux de mes recherches entre- prises dans la région de Nantua. A cette époque, j'ai constaté que les Ecrevisses n'avaient pas reparu dans le lac, ni dans la partie inférieure du Merloz. On rencontrait seu- lement, dans la partie moyenne de ce cours d’eau, des Ecrevisses venues sans doute des régions supérieures. Beaucoup d'entre elles présentaient dans les mois de juin, juillet et août les symptômes obser- vés au moment de la grande veste des Ecrevisses. J'ai montré qu'il fallait les attribuer à un parasite se montrant exclusivement chez celles qui étaient malades et que j'ai d'abord considéré comme étant de nature végétale. Des recherches ultérieures, dont les résultats sont en partie conte- nus dans une note publiée dans les comptes rendus de la Sociélé de biologie et que je joins à ce rapport, m'ont fait admettre que le para- site en question est un Sporozoaire analogue à celui qui cause la Pébrine ou Maladie des Vers à soie. Mon opinion se rapproche ainsi de celle de Zopf et de Linsiow, qui ont étudié la Maladie des Ecrevisses au moment de la grande épidémie. Un organisme de même forme, mais dont on n’a pas suivi l’évolution, a été rencontré par mon savant collègue, M. Hernegay, du Collège de France, chez un Crabe marin. Dans ma note, citée plus haut, j'ai indiqué que j'avais trouvé, chez le Gardon, un parasite paraissant être le même que celui auquel j'at- tribue la maladie de l'Ecrevisse, mais à une phase particulière de son évolution. Ce parasite a été communiqué à des Ecrevisses nourries avec des Gardons du lac de Nantua. Si l'on rapproche ces faits de cet autre bien connu, à savoir que la maladie a remonté les cours d’eau au moment de la grande épidémie, 1) Deuxième rapport présenté au Conseil général du département de l'Ain, en août 4896. — Communiqué à la Société d’Acclimatation par M. le Préfet de Bourg (Séance générale du 29 janvier 1897). EXTRAITS ET ANALYSES. 131 et qu’elle à été arrêtée souvent par des barrages et des chutes d’eau, on arrive à cette conclusion qu’elle a dû être transmise par des Poissons. Pourtant il n’y a pas lieu d'admettre comme exacte, ainsi que je l’ai montré à la Societe de biologie, l'opinion de M. Bataillon, de Dijon, sui- vant laquelle la peste des Ecrevisses aurait été produite par un microbe s’attaquant également à la Truite. Les Truites, en effet, ont été épar- gnées à Nantua pendant la grande épidémie qui a sévi sur les Ecrevisses habitant les mêmes cours d'eau, et aussi ultérieurement, alors que la maladie y était devenue endémique : de plus, tous les auteurs sont unanimes à reconnaître que la peste des Ecrevisses n’était pas inoculable directement, ce qui n’est pas le cas du microbe de M. Bataillon. Pour reconnaître s'il existait un animal aquatique capable de faire passer, de l’eau de mer dans l’eau douce de nos cours d'eau, le para- site que j'ai décrit, je me suis transporté à Port-Saint-Louis, à l’em- bouchure du Rhône, en 1893; j'ai fait l'examen microscopique des muscles et des viscères des animaux habitant ces régions, sans pou- voir retrouver le parasite incriminé. Il est vrai que l’année suivante, en 1894, c'est à peine si j'ai pu rencontrer deux ou trois Ecrevisses présentant la maladie, dans Îles points où les malades étaient autrefois abondants. Cette année, je n’en ai trouvé aucune et, pour la première fois, j'ai observé dans la région moyenne du Merloz, de jeunes Ecrevisses de deux ans, bien vivaces. Ces faits tendent à prouver non seulement que l'épidémie a disparu, mais encore que le repeuplement se fait spontanément. Les pêches faites par le garde Pernot, dans divers points du lac ont donné un résultat négatif. Cependant, des pêcheurs affirment y avoir rencontré, rarement il est vrai, de grosses Ecrevisses. Elles pouvaient provenir des parties supérieures du Merloz ou encore du parc, que j'avais établi près du lac, grâce à l'obligeance de M. Dumont, pro- priétaire du château de La Cluze. Cette observation vient confirmer les conclusions de nos expériences de 1892-1893, à savoir que les eaux du lac ne sont pas impropres à la vie des Ecrevisses, à la condition que celles-ci ne soient pas nourries avec des Poissons contaminés. Il se peut d'ailleurs que les Poissons soient eux-mêmes, depuis cette époque, débarrassés du parasile. Ce point ne peut être établi positivement que par des investigations com- plémentaires. Avant d'entreprendre des recherches nouvelles, il me paraît indis- pensable de procéder de nouveau à une enquête minutieuse, comme celle qui a été faite par le Service des Ponts et Chaussées en 1892. Une carte avait été dressée avec beaucoup de soin indiquant les cours d’eau où les Ecrevisses avaient existé avant l'épidémie et ceux d’où elles 132 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. avaient disparu ainsi que les régions qui n'avaient jamais été dépeu- plées. Suivant les résultats fournis par cette seconde enquête, que je con- sidère comme absolument nécessaire, il sera possible de prendre des mesures efficaces contre le dépeuplement et pour le repeuplement, s’il y à lieu. En dehors de la maladie et du braconnage, je crois devoir signaler à l’Administration deux autres causes de destruction des Ecrevisses, qui sont le rouissage du Chanvre et l'empoisonnement fréquent des cours d’eau par le chlorure de chaux ou mieux par l'hypochlorite de chaux, appelé vulgairement chlore en poudre. Ce produit chimique est employé surtout au moment des fêtes publiques, quand on veut se pro- curer des Truites en grande abondance ; mais les autres animaux aquatiques sont atteints en même temps, ainsi que le prouvent les expériences faites dans le laboratoire de physiologie comparée de la Faculté des Sciences de Lyon. Ces dernières établissent en outre, ainsi que je l'ai dit dans la note jointe à mon rapport et publiée dans les comptes rendus de la Société linnéenne de Lyon (1), que les Truites ainsi capturées sont faciles à reconnaître et pourraient être saisies par- tout où on les rencontre. Les études relatives à toute question du genre de celle qui nous occupe doivent forcément porter sur un certain nombre d'années et je prie le Conseil général de l’Air et l'Administration départementale de bien vouloir compter dans l’avenir, comme par le passé, sur notre en- tier dévoûment, malgré la lenteur, plutôt apparente, de la marche de nos travaux. Lyon, le 1‘ août 1896. >< La Cassie VERTE (Cussida viridis). Tasecte parasite des Artichauts — Ses mœurs — Moyens de destruction (2) Par F. DEcaux. La Casside verte est un Coléoptère de la section des éeéframères, famille des Cycliques, tribu des Cassidaires. Son nom entomologique est Cassida viridis L. vulgairement Cusside verte. Maœurs. — L'Insecte parfait passe l'hiver enfoncé aux pieds des plantes, sous les racines des arbres, sous les écorces, etc... En temps ordinaire, il apparaît vers le 10 avril dans les jardins; après l’accou- (1) Reproduite dans Étangs et Rivières (Bulletin de Pêche et de Piscicuiture pratique) n° 216, 1° décembre 1896. (2) Note communiquée à la Section d'Entomologie dans la séance du 4 mai 1896, publiée dans le Moniteur de L'Horticulture, n°* des 25 avril et 19 mai 1896. "has EXTRAITS ET ANALYSES. 133 plement, la femelle va déposer ses œufs, de forme oblongue, petits, en tas les uns à côté des autres, sous les feuilles des Artichauts et autres Carduacées. Vers la fin du mois de mai, on peut remarquer sur les feuilles des Artichauts, dans les jardins, de petites masses noirâtres formées de grains amonceles, humides, d’un aspect dégoûtant. Sous ces masses se trouvent des larves d'une conformation particulière et remarquable qui méritent d'être examinées. La larve du Cassida viridis a le corps très plat, mou, et de couleur variable, depuis le vert clair jusqu’au noir; elle est composée de douze segments, non compris la tête, très petite (armée de deux mâchoires), cachée sous le premier segment qui forme une espèce de corselet ; chaque côté du corps porte un rang d’épines branchues; on distingue six pattes écailleuses sous les trois premiers segments; l’ex- irémité du corps, où est l’anus, est tronquée et relevée en haut: il est, en outre, armé, à droite et à gauche un peu avant l'extrémité, de deux appendices mobiles, sétacés, égalant presque la longueur du corps, et que l’'Insecte peut à volonté relever au-dessus du corps. Pour se garantir du soleil qui l’aurait bientôt tuée, cette larve use d'un moyen assez singulier, c’est de se faire un parasol avec ses excréments, et voici comment elle s’y prend. Les premières parcelles qui sortent de l’anus sont par celui-ci dis- posées sur les deux appendices dont nous avons parlé, et qui se trou- vent couchés sur le dessus du corps; là, poussées par d’autres, elles avancent toujours du côté de la tête, s’y durcissent et acquièrent assez d'homogénéité pour tenir entre elles sans êlre soutenues autre- ment que par celles qui viennent ensuite; cet abri ne touche nulle- ment au corps de l’Insecte, qui peut le rapprocher plus ou moins de son Corps en faisant varier les deux supports de la position horizon- tale à la position verticale. Lorsque la fourche est trop chargée d’excréments, la larve s’en débarrasse en les renversant en arrière; elle opère plusieurs mues avant d'arriver à sa croissance complète. Pour changer de peau, l’In- secte dégage d’abord son corps, et la vieille peau, par des ondulations du corps, se trouve chassée vers son extrémité, et de là remonte vers la tête le long des deux appendices qu'il faut tirer de la vieille dépouille, et ce doit être le plus difficile; cette opération entraîne naturellement la destruction de la couverture, mais, en quelques heures, l’Insecte a réparé sa perte. Cette larve broute les feuilles d’Artichaut et se nourrit de leur parenchyme, elle les perce jusqu’à la membrane inférieure sur diffé- rents points et les dessèche peu à peu; lorsqu'elle est abondante, elle leur porte un grand préjudice. Parvenue à toute sa taille, elle se dis- pose à se métamorphoser en nymphe, et pour cela, elle se fixe à la feuille par le côté du ventre; les appendices qui ont rendu tant de 134 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. services à l’Insecte disparaissent; le corselet s'agrandit beaucoup et offre en avant une forme demi-circulaire; les épines latérales acquié- rent un développement singulier, de branchues qu'elles étaient, elles deviennent foliacées, plates et dentées. L'état de nymphe dure une quinzaine de jours après lesquels l’Insecte parfait se montre sous sa forme adulte, vers la fin du mois de juin, et procède à une deuxième génération. Au premier aspect on remarque que la Cassida viridis ressemble à une Tortue microscopique; longueur 7 millimètres, largeur 5 millime- tres, ovale, verte en dessus; tête, dessous du corps et moitié des fémurs noirs; antennes, seconde partie des fémurs et pattes fauves: corselet débordant et couvrant la tête; élytres débordant lFabdomen aussi large que le corselet, deux fois aussi longues, fortement ponc- tuées, les points formant des stries régulières le long de la suture. L'Insecte parfait broute-les feuilles d’Artichaut comme le fait la larve. Destruction. — Au commencement d'avril, aussitôt l'apparition des Insectes adultes sur les Artichauts, dans les jardins, il faut s’em- presser de les recueillir en secouant les feuilles sur un linge, ou mieux sur un parapluie renversé, et les écraser au fur et à mesure. Contre les larves. on arrose les feuilles d’Artichaut en dessous et en dessus, au moyen d’un pulvérisateur, avec : De la nicotine étendue d'eau et ramenée à un degré; Ou la bouillie sucrée préconisée par M. Aimé Girard, mélange obtenu en délayant dans 80 litres d’eau 2 kilos de chaux éteinte: faire fondre ensuite dans 10 litres d'eau, en agitant, 2 kilos de mélasse du commerce et mélanger avec le lait de chaux. Ajouter enfin 2 kilos de sulfate de cuivre prézlablement dissous dans 10 litres d’eau (soit 100 litres de liquide). Un mélange : de deux parlies de cendres de bois tamisées très fines, une partie de soufre en poudre et une partie de chaux pulvé- risée, projeté sur les feuilles d’Artichaut après une petite pluie, donne également de bons résultats. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. La Bronchopneumonie chez les Lapins domestiques. — On sait combien sont défectueux, au point de vue hygiénique, les clapiers dans lesquels on élève habituellement les Lapins ; mais ce qu’on ignorait jusqu'à présent, c'est le retentissement profond NOUVELLES ET FAITS DIVERS. 135 qu'exercent sur ces animaux les conditions défavorables dans les- quelles ils sont condamnés à vivre. Un jeune médecin de Nantes, M. le docteur Labour, s’est fort judi- cieusement proposé d'étudier d'une facon approfondie l’état dans lequel se présentent les viscères des Lapins vendus sur les marchés: le tra- vail de ce savant n’est pas basé sur moins de 174 autopsies ; c’est dire que ses conclusions reposent sur un nombre d'observations ample- ment suffisant. Or, après un examen minutieux, M. Labour n'hésite pas à conclure que Za plupart des Lapins du commerce ont les poumons malades en partie ou en totalité. Ces lésions, d'ailleurs, ne sont pas d'ordre banal, elles constituent une véritable affection parfaitement caractérisée; il s’agit, en effet, d’une bronchopneumonie au premier stade. En outre, l’auteur de cet intéressant travail s’est astreint à complé- ter ses observations par des recherches histologiques et bactériolo- giques ; il a fait exactement 115 ensemencements de poumons et 103 fois le résultat a été positif. Il a trouvé 40 fois le staphylocoque blanc, 38 fois le tétragène, 25 fois une forme coli-bacillaire. Un point mérite l’attention. Quels que fussent la bonne santé appa- rente et l’embonpoint des animaux observés, quelle que fût leur prove- nance, tous ou presque tous avaient les poumons malades à des degrés divers. [ln y a, évidemment, rien là qui doive nous surprendre, tant les conditions dans lesquelles sont élevés ces animaux sont en général déplorables. En tous cas, cette bronchopneumonie paraît avoir d'ordinaire une évolution lente ; elle est susceptible de guérison et compatible pendant une période plus ou moins longue, avec les apparences extérieures de la bonne santé. Enfin, M. Labour fournit la preuve expérimentale de la légitimité de ses conclusions, en plaçant des Lapins dans des cages assainies, en nourrissant ceux-ci suffisamment et en les soumettant à une hygiène rigoureuse ; ce n’est que tout à fait exceptionnellement qu'il a cons- taté ces lésions de bronchopneumonie. Le Daubentonia tripetiana et sa culture. — Dans le Jardin du 20 mars 1897, M. Henri Theulier fils appelle l'attention sur cette superbe Papilionacée de la République Argentine, d’où elle fut importée en France par Tripet-Leblanc, en 1840. A cette époque, elle fit sensa- tion dans le monde horticole; mais comme beaucoup de belles plantes, le Daubentonia tripetiana est devenu très rare, on ne le ren- contre plus guère que dans les Jardins botaniques. Il est pourtant d’une culture facile, d’une croissance rapide et d’une floraison des plus abondantes pendant six mois de l’année. Que peut-on réclamer de plus ? Le Daubentonia paraît donc appelé à reprendre dans les jardins de la France la place qui lui est due. 136 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. C’est un arbrisseau rameux atteignant 2? mètres de hauteur, à feuilles paripennées ; on se fait une idée suffisante de ce que doit être un tel arbrisseau couvert de plusieurs centaines de grappes de fleurs cocci- nées à étendard taché de jaune, se succédant sans interruption depuis juin-juillet jusqu’à fin novembre. Ces grappes sont longues, simples et axillaires. Aux fleurs succèdent les fruits qui mürissent la même année. La multiplication du Daubenfonia se fait de graines semées sur couches chaudes et sous chassis, du 15 janvier au 1°° mars, et qui lèvent quinze ou vingt jours après ; on repique le plant, lorsqu'il a dé- veloppé sa quatrième ou sixième feuille. dans de petits pots que l’on enterre également sur couche chaude et sous chassis. On le conserve ainsi; en entretenant la chaleur par des réchauds de fumier neuf et en donnant de l'air, chaque fois que le temps sera beau jusqu'au 15 juin. Les jeunes plantes végètent beaucoup ; il faut avoir soin de les rem- poter dans des pots de plus en plus grands au fur et à mesure que les racines tapissent les pots et ne trouvent plus assez de nourriture dans la terre qui y est contenue. Au 15 juin, dans la partie du jardin la mieux exposée au soleil, dans un sol non humide, on creuse un trou que l'on remplit de terre passée à la claie, composée en parlies égales de terre franche et de terreau ou de fumier de Vache bien consommé et de bonne terre de potager. Dans ce mélange, exhaussé de 20 à 30 centimètres au-dessus du niveau du sol, on plante avec les précautions d'usage un des jeunes - sujets semés au printemps. Quand il fait sec et chaud, il faut arroser légèrement tous les cinq ou six jours. Ainsi traitée, la plante acquiert un développement remarquable et: fleurit vers le 15 juillet, conlinuant toujours à grandir et à briller du plus bel éclat jusqu’à la fin d'octobre, mois pendant lequel on a joui du gracieux effet produit par le mélange des fleurs et des fruits sur le même pied. Dans le courant de novembre, si le froid menace de-sévir, on pré- serve les plantes par les moyens connus, ou on les rentre en serre ftoide après les avoir rempotées, comme on le fait pourles Eryfhrina. Lorsqué le froid n’est plus à craindre, c'est-à-dire en mai, sous le cli- mat de Paris, on débarrasse la plante de son abri et on rabat les branches à 18 ou 20 centimètres de leur insertion sur la tige princi- pale ; de nouveaux rameaux se développent et la plante ne réclame pas d’autres soins que ceux indiqués pour la première année. BUREAUX DES SECTIONS (1397) PREMIÈRE SECTION. — Mammifères. MM: G: ROZEY, délégué du Conseil; E. DECROIX, président; Dr TROUESSART, vice-président Gh. MAILLES, secrétaire; Maurice LOYER, secrétaire-adjoint. DEUXIÈME SECTION. — Ornithologie, Aviculture. MM. OUSTALET, délégué du Conseil et président; Comte de CHABANNES LA PALICE, vice-président Jules FOREST aîné, secrétaire; Comte d'ORFEUILLE, secrétaire-adjoint. TROISIÈME SECTION. — Aquiculture. MM. RAVERET-WATTEL, délégué du Conseil; Edmond PERRIER, président ; ROCHÉ, vice-président J. de CLAYBROOKE, secrétaire; A. BOIGEOL, secrétairc-adjoint. QUATRIÈME SECTION. — Entomologie. MM. Édouard BLANC, délégué du Conseil; A. L. CLÉMENT, président; DECAUX, vice-président P. MARCHAL, scerétaire; F. RATHELOT, secrétaire-adjoint. CINQUIÈME SECTION. — Botanique. MM. Édouard BUREAU, délégué du Conseil; le Dr WEBER, président; HÉDIARD. vice-président Jules GRISARD, secrétaire, SOUBIES, secrétaire-adioint. COMMISSION PERMANENTE DES RÉCOMPENSES Le Président et le Secrétaire-Général de la Société. MM. E. BUREAU. E. CAUSTIER. ; : : J. de CLAYBROOKE. é.us par le Conseil. C. RAVERET-WATTEL. le Dr TROUESSART, élu par la 1re section (Mammifères). E. WUIRION, — 2 — (Ornithologie). Raphaël BLANCHARD, — 3° — (Aquiculture). A. L. CLEMENT, — 4c — (Entomologic). le D' WEBER, — 5e — (Botanique). QUARANTE-QUATRIÈME ANNÉE. — TABLEAU DES JOURS DE SÉANCE 1896-1897 ee) er | ee | 17 | A7 | 48 D Soiomes 11 |i5et29/12et26| 5et19 | 2et25 | 7et21 D 7 Pons 4et18 | Set22 | 5et19 |12et26| 9et30 | 14 et28 nn pres » TS 29 26 > A neue edité » SOUS 29 , 3 eee » PAURUE 1er HN NEO Sr » , 1er 8 12 17 D ou us » : 9 16 20 25 HA: — Tout Membre de la Société prenant part aux séances indiquées dans le Tableau ci-dessus, reçoit, comme jeton de présence, une entrée gratuite au JARDIN ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. ia Bibliothèque est ouverte tous les jours non fériés, de 10 h à 4 h. Les personnes étrangères à la Société vent yétre admises sur la recommandation écrite de 2 membres. Les livres doivent être consultés sur place. Charles NAUDIN Membre de l’Institut (Académie des sciences) Directeur du laboratoire de botanique de la Villa Thuret, à Antibes ET le Baron F. Von MUELLER Botaniste du gouvernement anglais à Melbourne. MANUEL. L'ACCLIMATEU CHOIX DE PLANTES RECOMMANDÉES POUR L'AGRICULTURE, L'INDUSTRIE ET LA MÉDECINE Adaplées aux divers climats de l'Europe el des pays tropicaux OUVRAGE PUBLIÉ AUX FRAIS ET SOUS LES AUSPICES DE LA Société nationale d'Acclimatation de France Un volume in-8& de près de 600 pages avec portrait. INTRODUCTION: Considérations générales sur l’acclimatation des plantes ; Aperçu général des genres de plantes auxquels sont empruntées espèces déjà utilisées ou qui peuvent l'être ; Description sommaire des familles ou groupes naturels auxquel rattachent la plupart des plantes indiquées dans ce volume ; Noms vulgaires des plantes et synonymes rapportés aux noms botaniq Énumération par ordre alphabétique des plantes, leurs usages et = culture, formant un dictionnaire des végétaux à acclimater dans les div régions du globe; Noms des auteurs cités dans le cours de l'ouvrage avec les abrévia usitées. Prix : 7 francs. Pour les Membres de la Société nationale d'Acclimatation de France, 3 fr. EN VENTE AU SIÈGE DE LA Société nationale d’Acclimatation de France, 41, rue de Lille, PARIS. Le Secrétaire Général, gérant Versailles. — Imprimeries CErr, 59, rue Duplessis,. Juzes pE GUERNE Indice décimal 506 BULLETIN 581.52 591.52 DE LA NOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLENATATIO DE-EEANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 44 ANNÉE AN ELY ES E SOMMAIRE Maurice LOYER. — Elevage et domestication d’une Mangouste sux environs de Paris. APE!PTIT. — La Psittacose (maladie des Perruches).................,.......:.. Core DE MOUCHERON. — Notes pour servir à l'histoire de la pisciculture en DONC RTE. à de co Don QU PA CR PP OR RENE RE ER RER EC RUE Evcène BAGNOL. — Le Jujubier lotus et le Jujubier épire du Christ en Algérie et en TIRE. 2e cor end en TO CE OR a ER RSC OPERA EE ANe" Extraits des procès-verbaux des séances de la Société : Sr acdiesdessiet 19 Mars 1897.34 405... naiss 2e Section : Ornithologie. — Séances du 18 Janvier et du 22 février 18€7......... 3 Section : Aquiculture. — Séances du 25 Janvier et du 1% Mars 1897............ Extraits de la Correspondance : Demandes de renseignements sur les hybrides chez les Insectes, les Poissons et ?es te) ? Reptiles. — L’Exposition de Pêche et de Pisciculture de Moscou............... Extraits et Analyses : « Pauz BOULINEAU. — L'élevage du Zébu et de ses dérivés en Algérie..........,... Der PEL Huile de Poisson au Japon-............................. Le Cocotier, l'Arbre à l’Huile el quelques autres Palmiers des possessions allemendes Le PET cou one ER SERRE PE PE PA AREAS 173 175 177 179 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions …_ émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. ——— "CE DI > ——— AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Æ41, RUE DE LILLE, 41 PARIS ET À LA LIBRAIRIE CERF, 12, RUE SAINTE-ANNE Le Bulletin paraît tous les mois. | ©! | nd. ur r SOCIÉTÉ RATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondee le 10 Fevrier 1854 reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 BUT DE LA SOCIÉTÉ Le but de la Société est de concourir : 1° A l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement ; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; L 1 3° à l'introduction et à la propagation des végétaux utiles ou d'or-. nement. Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au sol même de la France. L’attention des personnes compé tentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu’il y a d’accli- mater dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses séances publiques ou particulières, « dans ses publication: périodiques ou autres. Elle distribue des récom- penses honorifiques où pécuniaires, organise des expositions ou des conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les graines qu’elle donne, par les cheptels qu’elle confie à ses membres ou aux Sociétés « dites agrégées ou affiliées, la Société d’Acclimatation poursuit un but « pratique d'utilité générale et qui la distingue entre toutes les asso- ciations analogues uniquement préoccupées de science pure. Les récompenses et les encouragements de la Société d’Acclima- tation peuvent être obtenus par les Français et les étrangers, les membres de la Société ou les personnes qui n’en font point partie. Sont invités à prendre part aux concours : les naturalistes-voyageurs, les. jardiniers, les gardes, les éleveurs de toute catégorie (aviculteurs, « pisciculteurs, apiculteurs, sériciculteurs), et, en général, tous ceux qui“ servent, dans la pratique, avec ou sans salaire, le but poursuivi par“ la Société. ! \ 137 ÉLEVAGE ET DOMESTICATION D'UNE MANGOUSTE AUX ENVIRONS DE PARIS (1) par Maurice LOYER. J'ai l'honneur de soumettre à la Société quelques observa- tions faites durant l’année 1896, sur une Mangouste qui vécut, un an environ, dans une propriété du département de Seine- et-Oise. Je ne crois pas que l’on ait jamais cherché à acclimater, encore moins à domestiquer en France un animal de cette espèce; aussi m'a-t-il semblé intéressant, de rechercher si l’'acclimatation de la Mangouste ne présenterait pas une utilité quelconque pour l’agriculture, et si sa domestication ne fournirait pas quelques renseignements nouveaux touchant l'histoire naturelle de cette famille de Carnassiers. La Mangouste, en question, venait du Gabon, au dire du marchand parisien qui me l’a vendue. Néanmoins elle m'a semblé présenter tous les caractères de l’'Ichneumon, la Man- gouste égyptienne. Elle était en tous points, semblable aux individus de cette espèce qui vivent à la ménagerie du Museum. C'était une femelle adulte. Elle mesurait environ 0,45 cen- timètres, de la tête à la naissance de la queue, qui, elle-même était égale à la longueur du corps. Elle paraissait jeune, quoiqu'adulte, car elle jouait, comme un jeune Chat, avec tout ce quise trouvait à portée de ses dents. Au début de sa domestication, elle se laissait difficilement approcher, cherchant à mordre ceux qui se hasardaient à la toucher, mais bientôt ses attitudes farouches disparurent, et elle prit assez rapidement le parti de se laisser approcher et caresser. Tout d’abord, je l'avais mise en cage durant les premiers mois de 1896, et je remarquais que cet animal, comme la plupart des Carnassiers, dormait le jour et ne s’éveillait pour manger qu'à la tombée de la nuit. (1) Communication faite en séance générale le 19 mars 1897. Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 10. 138 (BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Maïs lorsqu'au mois d'avril, je me hasardai à la laisser courir en liberté, je m'apercus que ses habitudes se transfor- maient, elle courait le jour et dormait la nuit. J'avais, du reste, noté, l’année précédente, la même transformation dans l'attitude d’un Maki noir. Elle acquit rapidement une grande familiarité, obéissait à la voix, et suivait les promeneurs comme un jeune Chien. La nourriture de cette Mangouste consistait uniquement (durant les quelques mois de captivité que je lui fis subir) en viande de boucherie; mais bientôt, mise en liberté, elle dut chasser pour se nourrir. Elle avait un appétit vorace, mangeait tout ce qu'elle trouvait : Poissons morts, cadavres d'Oiseaux et de petits Mammifères, Batraciens et Reptiles. Elle chassait de préférence, dans le lit d’un ruisseau peu profond, alimenté par la Bièvre, dans lequel les Grenouilles foisonnaient et où les Couleuvres allaient de préférence passer le temps de la digestion. Elle se roulait dans la vase avec les animaux qu'elle venait de capturer ; puis, quand elle avait suffisamment joué avec eux, les laissait échapper, les rattrapait en quelques bonds ; enfin les rejetant sur la berge et là en plein soleil, les tuait d’un coup de dents et les dévorait avec avidité. Je cois, du reste, que la Mangouste jouit, comme le Hérisson, d'une immunité complète contre le venin des Reptiles. Je n’ai pu, à mon grand regret, m'en rendre compte, le pays où ma Mangouste opérait, se trouvant dépourvu de Reptiles venimeux. Je l'ai vue, à maintes reprises, prendre entre ses pattes de devant, une poignée de vase qu’elle délayait dans l’eau du ruisseau, afin d'en dégager les petits Mollusques, tels que les Limnées et les Planorbes qu'elle prenait plaisir à manger après en avoir rejeté la coquille. Elle poursuivait également les Rats d’eau, les Mulots et recherchait les Taupes, malheureusement elle aimait aussi les œufs, aussi dénichait-elle tous ceux qu’elle pouvait trouver au bord de l’eau. Aux approches de l'hiver, dès le mois d'octobre, les ani- maux qui servaient à sa nourriture disparurent. Les froids survinrent et je fus obligé de lui faire réintégrer la cage, où elle avait vécu l'hiver précédent. Elle se trouvait à côté d’un couple de Cynocéphales papions, et je remarquais un ÉLEVAGE ET DOMESTICATION D’UNE MANGOUSTE. 139 jour qu’elle mangeait les débris de pain que ses voisins avaient laissé tomber. Dès cette époque, je ne lui donnaï plus qu’un seul morceau de viande par jour, complétant sa ration à l’aide de mor- ceaux de pain. Elle s’accommoda parfaitement de ce nouveau genre de vie. Je la vis manger également avec une satisfac- tion évidente les sucreries que l’on apportait à ses voisins de cage, des biscuits, petits fours, morceaux de sucre, voire même des fruits; oranges et raisins secs. Ainsi que ses habitudes de vie nocturne, son alimentation s'était donc complètement transformée, sans que sa santé ait paru en souffrir. Néanmoins, en février dernier, elle prit froid, cessa de manger pendant deux jours et mourut. J'ai envoyé son cadavre au Museum et M. le professeur Filhol a bien voulu m'informer que l’animal avait succombhé à une congestion pulmonaire. Telles sont les quelques observations que j'ai cru pouvoir soumettre à la Société. Elle sont de nature à encourager ceux de nos collègues qui voudraient essayer d’acclimater et même de domestiquer la Mangouste dans notre pays. Reste à savoir si les avantages qu'offrirait ce petit Carnassier comme des- tructeur de Rats, de Reptiles et autres animaux nuisibles paraitraient suffisants pour entrer en balance avec les incon- vénients qu'il présente comme amateur occasionnel de fruits, d'œufs ou même de petits Oiseaux. 440 LA PSITTACOSE (1) (MALADIE DES PERRUCHES) par A. PETIT, Docteur ès-sciences. En 1892, éclatèrent à Paris les premiers cas d'une affection présentant des allures extraordinaires et semblant avoir une origine bizarre. Dès le début, l'émotion fut grande dans la population parisienne et la Préfecture de Police chargea le D: Dubief, médecin inspecteur des épidémies et le Dr Dujar- din-Beaumetz, de faire une enquête sur cette maladie. Après examen de la question, le D' Dujardin-Beaumetz émit l'opinion qu'il s'agissait d'une infection spéciale (Psitta- cose) dont le facteur unique était une Perruche malade et qui avait été introduite en France de la facon suivante (2) : Deux Français, Marion et Dubois, achetèrent à Buenos- Ayres cing cents Perruches en décembre 1891. Ils comptaient les importer en France et les vendre ; mais un grand nombre de ces oiseaux mourut pendant la traversée et lors de l’arrivée à Paris le 3 février 1892, il ne restait plus que deux cents Perruches environ. Ces oiseaux furent d’abord transportés chez un frère de Marion, demeurant à Paris, rue Dutot, n° 42; on les mit dans une cave, mais comme la mor- talité augmentait toujours, on les placa alors dans un pavil- lon du voisinage appartenant à un sieur G.-., tailleur, rue Regnier, n° 44. C'est là que se fit le partage et chacun des associés reçut pour son compte quatre-vingt-quinze Per- ruches. Marion laissa ses Perruches rue Dutot, n° 42: Dubois em- porta les siennes au n° 9 de la rue de la Roquette. Ainsi furent créés deux principaux foyers d'épidémies d'où partirent des foyers secondaires. Premier foyer principal : rue Dulot. — Marion tomba 1) Communication reçue par la Société dans la séance générale du 26 fé- vrier 1897. 2) Cité d'après Morange, De la Psittacose. Paris, 185. LA PSITTACOSE. 141 malade le 29 février et fut soigné à l'hôpital Necker, son frère fut pris de la même affection et mourut le 3 mars. Le beau-père et la mère de Marion devinrent à leur tour très malades et furent soignés à l’hôpital Cochin, dans le ser- vice de M. Dujardin-Beaumetz. Un marchand de vins et sa femme, habitant le même im- meuble, ayant soigné et caressé les Perruches tombèrent malades également de même que deux autres locataires. A ce moment, les Perruches furent transportées chez M. G...,rue Regnier, n° 44. M. et M G... devinrent malades ainsi que leur gendre. On remit trois Perruches à M. Alb..., rue Plumet, n° 7; M. et Mme AÏlb... furent infectés. Une dame Dec..., rue Plumet, n° 4, qui possédait aussi une Perruche, tomba malade. M. C..., rue de Courcelles, n° 32, au Grand Montrouge, recoit deux Perruches de M. G..., il est pris le 3 mars d’ac- cidents infectieux. Il donne une Perruche à M Vib..., ave- nue de la République, n° 36, à Montrouge; cette dame meurt le 24 mars, le concierge et sa femme sont contagionnés. De son côté, M. Alb..., demeurant rue Plumet, n° 7, remit une Perruche à M. B..., demeurant rue Saint-Dominique, n° 65; Mr° B... succomba le 29 mars; M. B... fut malade mais guérit. Enfin des Perruches furent prises par M. et Ms Buy..., rue des Francs-Bourgeois, n° 48 ; or, ces deux personnes tombèrent malades et moururent, l’une le 31 mars, l’autre le 1er avril. Pour ce premier foyer épidémique, on compte vingt-deux personnes atteintes dont six morts. Deuxième foyer principal : rue de la Roquette. — C'est rue de la Roquette, n° 9, que furent transportées les Perruches de Dubois. Celui-ci tomba malade le 2 mars mais guérit. Il logea suc- cessivement dans la famille Li... et dans la famille Ch... La famille Li... se composait de sept personnes; toutes tom- bèrent malades et furent soignées à l’hôpital Saint-Antoine ; deux d’entre elles moururent. M. Ch..., qui donna asile à Dubois, fut atteint le 9 mars, il guérit. La boutique du n° 9 de la rue de la Roquette était occupée 142 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. par un marchand de vins, M. Ba..., qui eut de nombreux rapports avec Dubois et avec la famille Li... et Ch... Le 10 mars, il tombe malade et meurt le 20 du même mois; sa femme prend la même maladie le 18 mars et meurt le 25. Enfin une nièce qui les soignait meurt le 16 mars. Une Perruche est donnée rue de la Roquette, n° 8, à M. Vass...,il est infecté le 8 mars, mais guérit. Une autre Perruche avait été remise à M. Bouss..., rue Eugène-Sue, n° 4, à Montmartre. M. Bouss... sa femme et sa fille furent malades. Mme Bouss... mourut. M. Va..., rue de la Roquette, n° 8, recut également une Perruche, fut infecté mais guérit. Les demoiselles Ga..., rue des Carmes, n° 10, achètent une Perruche : l’une des demoiselles succombe à la Pitié, l’autre est soignée dans le service de M. le professeur Cornil, à l'Hôtel-Dieu. En dernier lieu. M. Mau..., rue Charles V, n° 23, en rela- tion avec les L..., est infecté et succombe le 29. En 1893, de nouveaux cas furent observés rue de Vaugi- rard et rue Legendre, et, dès lors, on n’a cessé de signaler diverses épidémies moins importantes dans leurs consé- quences, mais tout aussi nettes dans leur origine. Les derniers cas observés à Paris par les D'S Debove et Gilbert datent de février 1896; et, comme on s’en convaincra aisément, on ne peut avoir de doutes sur l’origine de l'infection (1). Le 30 décembre 1895, M. X... achète trois Perroquets ; il en envoie un chez une parente, Me Z... Ce Perroquet meurt dans les premiers jours de janvier et quelques jours après Mre Z... et sa bonne tombent malades; l'affection dure trois semaines et la guérison ne survient qu'après une longue con- valescence. Des deux autres Perroquets gardés par M. X..., l’un meurt le 3 janvier, l’autre le 10 janvier. après avoir présenté tous deux les mêmes symptômes : diarrhée, tristesse, hérissement des plumes, refus de nourriture. M. X... est pris vers le 15 janvier de fièvre, de courbature, d’anorexie; cet état va en s’aggravant et, le 20 janvier, il a des frissons, sa température s’élève à 40° 8 et le pouls est à 100. Jusqu'au 22 janvier, les vomissements restent fré- (1) Voy. Gilbert et Fournier, Presse médicale, 1897. LA PSITI'ACOSE. 143 quents, la soif est très vive et l’état du malade s'aggrave de plus en plus; le délire apparaît presque continu. Le 22 jan- vier, l'examen de la poitrine révèle l'existence d’un foyer de pneumonie à la base; quelques jours après, le malade présente des phénomènes nerveux, d’une intensité remarquable, tombe dans le coma et meurt enfin le 26 janvier. Mme X... est frappée quelques jours après son mari, le 22 janvier. Le début est brusque et est caractérisé par une fièvre vive (température 39°,4 — 40). Les complications pul- monaires ne tardent pas à apparaître, l’état général s'aggrave rapidement, les symptômes nerveux sont très accusés ; la malade meurt dans le coma, le Ier février. Le fils de M. et Mn° X..., un jeune homme de 20 à 22 ans a été également atteint mais d'une facon très brusque. En somme, au cours de cette épidémie sur cinq personnes atteintes par la maladie, deux sont mortes en huit et neuf jours. On remarquera que ces deux dernières avaient plus que les autres, « touché et soigné les Perroquets; eïles les nourrissaient de bouche à bec, alors qu'ils étaient déjà ma- lades, leur donnaient des lavements pour combattre leur diarrhée, les réchauffaient sous les vêtements directement sur la poitrine, etc. » Il n’est donc pas étonnant que ces deux personnes aient été atteintes les premières et le plus gravement. Les plumes des Perroquets et des Perruches malades sont en effet souil- lées par les déjections qui contiennent en abondance le mi- crobe pathogène. La transmission de l'affection des Psit- tacés à l’homme trouve dans ce fait une explication nette. » (Gilbert et Fournier). Pendant toute la durée de la maladie (8-15 jours), la Per- ruche se tient en boule, les plumes hérissées, les ailes tom- bantes ; elle dort constamment et néglige de manger; cet Oiseau constitue alors un danger permanent pour les per- sonnes qui sont en rapport avec celui-ci. Or, comme on l’a vu ci-dessus, certains amateurs ont la déplorable habitude de gaver leurs Perruches de bouche à bouche ; il est rationnel d'admettre que c’est de cette façon que se transmet l'infection ; d’ailleurs chez plusieurs malades on a constaté dans la bouche et dans la gorge de véritables plaques diphthéroïdes. Mais ce contact n’est pas nécessaire et le fait seul de toucher à l’Oiseau malade est dangereux. 144 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Dès l'apparition de la maladie en 1892, des études bactério- logiques furent entreprises pour en élucider la nature. Seul le professeur Nocard aboutit à un résultat ; il découvrit, en 1893, dans la mœælle osseuse d'ailes de Perruches ayant suc- combé à la Psittacose un Bacille spécial que le distingué Di- recteur de l'Ecole d’Alfort décrit en ces termes : c’est une Bactérie courte, assez épaisse, à l'extrémité arrondie; à la fois aérobie et anaérobie, extrêmement mobile, elle se déve- loppe rapidement sur la plupart des milieux utilisés en micro- biologie. Son rôle a été nettement élucidé par les expériences de M. Nocard; nous citerons la suivante à titre d'exemple: Une dizaine d'ailes sèches provenant d'Oiseaux ayant suc- combé à la Psittacose furent déposées au fond d’une cage occupée par une Perruche saine. Cette dernière devint bientôt triste, somnolente et 19 jours après le début de l’ex- périence, la bête se mit en boule, les plumes hérissées, les ailes tombantes , dormit constamment et eut un peu de diarrhée; le lendemain elle mourut. L’autopsie montra des lésions identiques à celles observées chez les individus infectés spontanément ; 2! s'agissait sans conteste d'une Psittacose expérimentale. Le Bacille qui produit cette maladie est, comme l'ont. montré Gilbert et Fournier, extrêmement virulent « pour les Psittacidés qui succombent en dix ou douze heures à l'in- jection sous-cutanée d’une ou de deux gouttes de bouillon de culture. Les Souris blanches ou grises, le Pigeon sont égale- ment sensibles. Deux gouttes injectées dans la veine de l'o- reille du Lapin le tuent en dix à douze heures. Le Cobaye est plus résistant; il faut recourir à l'injection intrapéritonéale pour le tuer en trente-six ou quarante-huit heures; chez le Chien il se fait au niveau de l'injection une tumeur dure, douloureuse, qui persiste longtemps, puis disparaît peu à peu sans suppurer ». Chez l'homme, le diagnostic de la Psittacose est en général possible, grâce aux renseignements fournis par les malades ; en présence d'un état typhoïde ne cadrant pas avec les faits connus, il faut toujours rechercher si le malade n’a pas été en contact avec une Perruche malade; naturellement la consta- tation du Bacille dans les crachats, dans le sang, etc., per- mettrait de poser un diagnostic ferme, mais actuellement on n’a pas encore pu déceler sa présence chez l’homme vivant. LA PSITTACOSE. 145 La prophylaxie de la Psittacose est facile à établir. Il ré- sulte en effet des renseignements recueillis par le docteur Du- bief (1) qu'il est à peu près impossible de trouver chez les marchands d'Oiseaux des Perruches malades. Dès qu'un de ces animaux semble péricliter, le marchand s’en débarrasse par le moyen de marchands ambulants, qui trouvent très facilement à écouler une marchandise avariée dans les conditions particulières où ils opèrent et sans que jamais l'acheteur puisse protester puisque toujours le ven- deur lui est inconnu. La seule sanction pratique aux faits énoncés ci-dessus se= rait donc l'interdiction absolue de la vente des Perruches par les marchands ambulants. De plus, il importe de recommander aux personnes possé- dant des Perruches de ne jamais donner à manger à ces Oi- seaux de bouche à bec, de facon à éviter ainsi un mode de contagion que nous avons vu être très fréquent et qui favorise une infection plus profonde. En cas de Psittacose déclarée, on aura recours aux mé- thodes thérapeutiques qu’on oppose habituellement aux ma- ladies infectieuses. Il faudra donc : 1° Assurer l’asepsie buccale en ordonnant des lavages anti- septiques ; 2° Combattre la dépression vasculaire et l'excès thermique au moyen du drap mouillé et du bain froid ; 3° Soustraire les malades à l'infection broncho-pneumo- nique, en les isolant. Si malgré ces précautions, la Psittacose se complique de pneumonie, il né faut pas perdre espoir, mais redoubler d'activité et de soins; nombre de patients ont pu ainsi être arrachés à la mort. (1) Cité d’après Morange, 146 NOTES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE LA PISCICULTURE EN NORMANDIE (1) par le Comte DE MOUCHERON. La Société d'Acclimatation s’est toujours occupée, ayec beaucoup de zèle, des questions de Pisciculture. Et non seu- lement de la Pisciculture dans le présent et dans l'avenir (2), mais aussi dans le passé. Ayant eu récemment l’occasion de dépouiller un assez volumineux dossier des Archives de l'Orne, mis obligeamment à ma disposition par le modeste et tres savant archiviste de ce département, M. Louis Duval, jy ai trouvé précisément sur ce sujet quelques indications curieuses et dont peut-être la Société d’Acclimatation en- tendra certaines parties avec intérêt. Quelqu'un de mes collègues, après en avoir eu connaissance, sera sans doute à même de poursuivre en d’autres points de la France des re- cherches semblables et d'extraire des notes plus ou moins précises de dossiers analogues à celui du département de l'Orne. Le premier renseignement qu'on en peut extraire est celui- ci, d'ailleurs connu, que ce sont les moines qui pratiquaient le plus anciennement la Pisciculture en Normandie, et bien avant méme que le mot ne füt inventé. Faisant maigre la plus grande partie de l’année, il était naturel pour eux de chercher à se procurer le Poisson, base de leur alimentation. En outre, avant la Révolution, le droit de pêche étant exclusivement réservé aux propriétaires riverains, ils avaient en cette qualité, le droit de tirer parti de nombreux cours d'eau. On 1} Communication faite en séance générale le 29 janvier 1891. (2) Voir en particulier Raverer-WarrTez, Le passé et l'avenir de la Püisci- culture, coup d'œil historique sur l'industrie agricolz (Revue des sciences natu- relles appliquées, 20 août 1851). HISTOIRE DE LA PISCICULTURE EN NORMANDIE. 147 en trouve des preuves dans les chartes les plus anciennes. Le département de l'Orne étant notamment sillonné par de nombreuses rivières, dont quelques-unes, l'Huisne, la Com- meauche, l’Iton, sont profondes, sinueuses et glacées, c’'est-à- dire excellentes pour les Truites qui s’y plaisent, ils avaient ainsi, sur ce territoire, l'occasion d'exercer fructueusement leur industrie et de la rendre prospère. Parmi les Poissons que fournissent ces eaux, il faut citer d’abord la Truite. Dans les observations du baron de Mont- sandon sur la Pisciculture, insérées en 1854 dans le 1er vo- lume du Bulletin de notre Société, on lit que : «les plus » savoureuses Truites du monde entier naissent à Touillon » près Montbard (Côte-d'Or), dans une fontaine dite la Fon- » taine de Lorme. Là les Truites sont saumonées au plus » haut degré ; leur chair est rouge, s’exfolie en pièces arron- » dies comme des pièces de monnaie : dans les interstices, » entre chaque exfoliation, se rencontre une délicieuse graisse » figée par la cuisson, d’un blanc de crême et d’un goût » exquis (1). » En vérité, en lisant cette savoureuse description, je suis tenté de l'appliquer aux Truites de l’'Huisne. Elles sont exquises. L'Anguille est également abondante dans nos eaux, et son prix est même supérieur à celui des Truites (2. On trouve aussi la Perche, et d’autres Poissons inférieurs, la Carpe et la Tanche dominent dans nos étangs. On se procu- rait également, il y a peu d'années, à volonté dans le pays, d'excellentes Écrevisses, dont on ne saurait trop déplorer la disparition. Dans des conditions naturelles aussi favorables, on conçoit ce que les moines pouvaient faire, avec leur intelligence et leur puissance de travail. C'est encore un moine, Dom Pinchon, de l’abbaye de Réome, aujourd'hui Moutiers, qui employa le premier, vers le milieu du xrve siècle, la fécondation artificielle pour se procurer de l’alevin (3). Quoi qu'il en soit, le Cartulaire de N.-D. de la Trappe, (1) DE MoxTéaupry. Observations sur la Pisciculture (Bull. Soc. zool. d’Ac- climatation, vol, 1, 1854, p. 83. (2) Les braconniers les prennent sans doute plus difficilement, (3) MonrGaupry, loc. cit, 148 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. publié sous les auspices de M. le comte de Charencey, contient des détails curieux à ce sujet et huit chartes du comte de Meulan, de l'archevêque de Rouen et du seigneur de Laigle. Tout le monde connait ces magnifiques étangs de la Trappe. Et comme celui qui est propriétaire d'un moulin, l’est aussi du canal servant à l'alimenter, la jurisprudence avait établi que le droit de pêche dans ce canal lui appartenait. Les pé- cheries et les moulins étaient, en conséquence, fréquemment chargés de redevances en Poissons, et surtout en Anguilles, au profit des communautés religieuses. Les chartes les plus anciennes de l’abbaye de Saint-Martin de Séez, contiennent la donation faite en 1060 des pêcheries de Bures et de Saint-Paul sur Sarthe et de celle de Brieux, la moitié du moulin de Montaudin, et de la pêcherie de Chenay. Ils possédaient la pêcherie de Louves, avec la dime de celles de Saint-Léger-sur-Sarthe et de Lurson. Nous voyons également Philippe de la Pommerie, ou de Pommereux, donner à Saint-Martin-de-Séez la dime du moulin et de la pêcherie de Séran établie sur l'Orne, très pois- sonneuse à cet endroit. A Alencon, les moines de Saint-Martin possédaient une chapelle et un cimetière, à Saint-Nige. Ils se réserverent le droit d'y établir un vivier. Même stipulation en 1089, dans la donation d’un lieu appelé le Coudray. Il serait fastidieux d’énumérer tous les étangs possédés par des religieux. Signalons seulement, d’après le Cartulaire ou Livre Blanc de l’abbaye de Saint-Martin, la part qui revenait au meunier du Val lorsqu'il prenait du Poisson. Cette part était seulement le quart, les trois quarts appartenaient aux religieux. Il Au milieu du xvr° siècle, la Chartreuse du Val-Dieu, autre abbaye fameuse de l'Orne, ne possédait pas moins de douze étangs et plusieurs mares à Poisson. Nous pouvons aussi nous rendre à peu près compte des résultats obtenus par les moines au moyen des comptes des produits des étangs, notamment à Saint-Evroult. En 1762, l'étang de Charentonne renfermait 4.340 Carpes HISTOIRE DE LA PISCICULTURE EN NORMANDIE. 149 quand on le pêcha. On mit une partie de ces Carpes dans des réservoirs pour la provision de la maison. Le moine chargé de la surveillance des étangs remarqua que les Tanches avaient disparu. Et cependant les Brochets étaient peu nom- breux. « L’Anguille ajoute le bon religieux, fin connaisseur, a beaucoup donné, il s’en est trouvé près de trois sommes, dont un grand nombre de premier ordre. Pour la Perche, à peine en ai-je trouvé un petit panier. » En 1786, on mit dans le même étang 7,550 Carpes. Mais on n'en trouva que 5,220 quand on le pêcha l’année suivante. La pêche de l'Etang-Neuf, en 1786, le 28 mars, produisit 195 belles Carpes, bien grosses et bien dorées, environ 60 belles Anguilles et 5,092 Carpillons très-beaux. L’étang de Noireau en a donné 4,400. La satisfaction de l’habile pisciculteur et la jouissance an- ticipée que lui donnait la vue de tout ce peuple, se traduit dans la note qu'il consacre dans son journal à la pêche qu'il fit pratiquer le 13 février 1788 : « La pêche a été belle et superbe. On a trouvé environ 3.800 Carpes depuis 11 pouces 1/2 jusqu’à 13 et même 14, de sorte que dans 3 ou 4 ans, on trouvera des morceaux su- perbes. » Mais plus tôt que le bon moine ne pouvait s’y attendre, la Révolution vint détruire ses espérances légitimes, et livrer au pillage les étangs et les autres possessions de l’abbaye où partout on pouvait admirer les produits de l'intelligence et du travail à côté des vénérables monuments de l’art et de la littérature du moyen àge. IT Avant la Révolution, le droit de pêche était, ainsi que je l’ai dit, exclusivement réservé aux propriétaires riverains. C'é- tait un droit seigneurial et non domanial. Les seigneurs avaient néanmoins le droit de le louer indépendamment du fief. C’est ainsi que nous voyons l’abbesse d’Almenèches, ba- ronne de Camembert, affermer le droit de pêche dans la rivière de Camembert. {Archives de l'Orne.) 150 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Les lois de police de la pêche étaient extrêmement sévères. Défense de pêcher les jours de fête et dimanches, sous peine de 40 livres d'amende ; Défense de pêcher avant et après le coucher du soleil, excepté sous les ponts et dans les moulins; Défense de pêcher du 1° février au 12 mars dans les rivières peuplées de Truites, à cause du frai, et du 1e avril au 1er juin dans les autres rivières ; Le tout à peine de 20 livres d'amende et un mois de prison la première fois, 40 livres et deux mois la seconde, le carcan, le fouet et le bannissement du ressort de la maïîtrise des eaux et forêts pour la récidive. On trouve encore bien d’autres prohibitions, et l’ordre de rejeter à l'eau les Poissons ayant moins de 5 et de 6 pouces entre l’œil et la queue. Les engins prohibés étaient confisqués et brülés. Si nous rapprochons cette police de celle d'aujourd'hui, il n’y à pas lieu de s'étonner de voir le braconnage s’étaler au grand jour, pratiqué trop souvent par ceux qui devraient le plus énergiquement en provoquer la répression. Il n’est pas rare de voir dans nos villages les autorités locales bâcher les rivières, se servir d'engins prohibés, s’unir aux vagabonds pour tourmenter les Poissons en temps défendu et travailler ainsi “une manière déplorable au dépeuplement de nos rivières. Aïnsi que nous l’apprend l'Encyclopédie, les deux premiers arts que la nature ait enseignés aux hommes pour varier et améliorer leur alimentation. exclusivement végétale à l’ori- gine, peuvent être considérés comme fondés sur le droit naturel. Les restrictions qui y furent apportées dans notre ancienne législation semblent avoir été tirées des principes du droit romain : or il faut reconnaître que jamais nos an- cêtres ne les ont acceptées qu'imparfaitement et avec la plus grande répugnance. Vous connaissez tous, ces beaux vers, récemment modifiés par un citoyen patriote à l’usage des écoles laïques : Petit Poisson deviendra grand Pourvu que Dieu lui prête vie: Mais le lâcher en attendant, Je tiens pour moi que c’est folie. HISTOIRE DE LA PISCICULTURE EN NORMANDIE. 151 Si Jean de La Fontaine, officier des Eaux et Foréts et obligé par état de respecter les lois et règlements sur la pêche parlait ainsi, on concoit que jamais le simple peuple ne dût se faire scrupule de les violer. Une anecdote rapportée par J. Gauthier, curé de la Lande de Gul, dans son roman si curieux publié en 1787 sous le titre de Jean Le Noir, dédié à S. À. la princesse de Conti, nous apprend comment les choses se passaient d'ordinaire dans notre pays. Si le ciel est pluvieux, lorsque le soleil entre dans le signe du Capricorne, la Truite ne manque pas de remonter le sein pierreux de la noble Cance, qui après avoir baigné les murs de l’ancien château de Gul et fait marcher les forges de Bou- cey se jette dans l'Orne tortueuse, au-dessous de Méhandin. Le jeune Le Noir se promenait un jour sur le bord de cette rivière, vers sa source, et comme il ne connaissait encore que le droit naturel, il crut pouvoir prendre une petite Truite comme une Grenouille. Le sergent de la forêt le trouva, le battit, le fouetta et le baigna cruellement. Le roman de l’abbé Gautier contient, sous une forme pré- tentieuse et maniérée, la menace de la Révolution. On croyait alors, comme aujourd'hui, au retour prochain de l’âge d’or, et l’on s’imaginait que l’on allait reconquérir la liberté natu- relle en reconstruisant la société sur un plan complètement nouveau. Voici quelle en fut la conséquence pour la pêche. IV Le droit de pêche fut compris dans l'abolition des droits féodaux, en vertu des lois des 4 août 1889, 25 mars 1790 et 29 avril 1791. Un décret du 8 frimaire an II accorda à tout le monde l'exercice du droit de pêche. On ne tarda pas à voir chez nous les conséquences de cette belle opération. Dans une publication officielle consacrée au département de l'Orne, sur la demande du citoyen Lamagdeleine, Préfet, on peut, en effet, lire ce qui suit : « La liberté illimitée de la pêche a dépeuplé les rivières et même les étangs : on y comptait vingt-neuf espèces de Pois- 152 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. sons ; quelques-unes de ces espèces sont à peu près dé- truites. » Presque tous les ans le Conseil général de l'Orne est appelé à s'occuper de là question. L'an X, il signale le dépeuplement des rivières. L'an XI, la foule de pêcheurs qui se répand en toute saison sur les prairies qui bordent les rivières, rompt les clôtures, y pratique des sentiers et détruit l’herbe, aussi nécessaire que les Poissons. L'an XII, les braconniers, devenus la terreur des proprié- taires et des cultivateurs. L'an XIII, les délits de chasse et de pêche par àes bracon- niers arrogants, formant une sorte de féodalité plus redou- table que la première par le défaut de moralité. Je m'arrête, car je ne veux pas abuser de votre bienveil- lante attention, mais pour vous montrer que la situation n’est pas meilleure, l'insuffisance des moyens établis pour prévenir et punir les délits de pêche a encore été signalée par le Con- seil général de l'Orne, dans sa dernière session en août 1896. M. le sénateur Poriquet en a fait l’objet d’un vœu, présenté sous la forme la plus heureuse et que le Conseil général s’est empressé d'adopter. C'est sur cette parole d'espérance que je veux terminer cette causerie. J’observe que des Sociétés de pêche et de piscicul- culture se sont récemment fondées de divers côtés, pour con- courir au même but, notamment à Alencon, où la Société des pêcheurs à la ligne compte actuellement 155 membres. J'ai aussi recueilli de la bouche de notre Secrétaire général que M. A. Boigeol, de Randonnai, a recu une bonne part des œufs de Saumon de Californie et de Truite arc-en-ciel, récem- ment distribués par la Société d'Acclimatation. Je m'en ré- jouis pour mon pays si favorisé sous le rapport des eaux. Telles sont les quelques notes qu’il m'a été donné de prendre dans les Archives de l'Orne. Eiles ne m'ont point paru tout à fait dénuées d'intérêt, et j'espère que mes collègues me par- donneront d'en avoir communiqué le résumé à la Société. Ar LE JUJUBIER LOTUS ET LE JUJUBIER ÉPINE DU CHRIST EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE (4) par Eugène BAGNOL. On rencontre en Tunisie et en Algérie et notamment dans les plaines du littoral, des îlots de buissons épineux, formés de deux espèces voisines de Rhamnées : le Jujubier lotus et le Jujubier épine du Christ. Le Jujubier lotus (Zizyphus Lotus Desf.) de beaucoup le plus commun, est nommé par les Arabes Sedra, nom qu'ils appliquent aussi au Jujubier épine du Christ; ses buissons sont formés de tiges flexueuses gréles, très épineuses, à feuilles ovales ou oblongues elliptiques, à végétation tardive ; le fruit rouge-brun, de la grosseur d’une petite olive, est comestible ; les indigènes l’appellent : Ghechou, Ghechoua et aussi Mebeg, ce serait d’après Desfontaines, le Lotus (2) des anciens. Le Jujubier épine du Christ (Zizyphus Spina-Chrish Wild.) Zizyphus napeca Lmk., en arabe Nebiga, d’où le nom donné à cette espèce par Lamarck, se distingue assez facilement du premier par son port plus élevé, par l'aspect noirâtre des buissons qui en sont formés, ses feuilles cordiformes plus erandes, ses fruits (3) plus gros, plus charnus, comestibles. On le rencontre le plus souvent par bouquets isolés dans les plaines aux environs des Koubbas, dans les oasis où il est respecté, parfois même cultivé par les Arabes, pour ses fruits qu'ils apportent en grande quantité sur le marché de Kairouan. Les racines et principalement celles du Jujubier lotus sont énormes par rapport aux parties aériennes, pivotantes, diffi- (1) Communication faite dans la séance générale du 5 mars 1897. (2) Le Lotus des Égyptiens appartient aux Nymphéacées (Nymphwa ne- Jumbo). Voir Maspero, Histoire ancienne des peuples de l'Orient, page 9. (3) En arabe, Nebeg ; Beaussier, Dictionnatre arabe-français ; Grasselin, Dic- tionnaire francais-arabe au mot Jujube. Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897, — 11. 154 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. ciles à extirper, très drageonnantes et persistantes, elles opposent un obstacle sérieux au défrichement des terrains qui en sont envahis, à cause du prix de revient très élevé du dessouchement. D'aucuns ont essayé de tirer un profit immédiat de ces buissons en greffant sur le collet de leurs racines, le Jujubier commun, Zizyphus vulgaris Lmk. (1). Ces essais ne parais- sent pas devoir se généraliser à cause de la trop grande pro- pension des souches à émettre des rejets ; dans la plupart dse cas, les propriétaires abandonnent les parties trop envahies au pacage et l’Arabe, lorsqu'il les cultive, se contente de con- tourner les touffes avec sa charrue: si elles sont le désespoir du cultivateur, elles sont aussi le refuge de toutes les plantes de la plaine. On trouve sous le feuillage léger du Jujubier et à l'abri de ses aiguillons crochus, des Graminées, des Légumineuses, des Borraginées, des Ombellifères. Par les années les plus sèches, le botaniste est certain d'y faire toujours une ample récolte. Parmi ces plantes je citerai : L'Aîra flexzuosa, les Phalaris, Ksiba des Arabes, ainsi no umés à cause de la grosseur de leurs chaumes; la Bourra- che offcinale, Bou chenaf, Foudlokoum et aussi Bou Kre- rich, corruption de Bourrackhe, elle est aussi appelée Xahila. On la cultive en Tunisie, surtout aux environs des villes où elle est vendue sur les marchés comme Epinard; des Échiums plus particulièrement appelés Foudlokoum. Parmi les Légumineuses, le Sainfoin, Se!la, la Vesce, Gwerfala, Ouguifa aussi, et enfin el Ahdess, lequel s'applique à la Vesce lentille. De nombreuses Chicoracées, parmi lesquelles le Salsifis à fleurs violettes (2) et le Salsifis des prés, barbe de Bouc à racines comestibles. La Fédie corne d’abondance, connue sous le nom de Mäche d'Alger, le Fenouil, en arabe Bassbass ; des Résédacées ; (1) Zizyphus sativa Desf., Rhamnus zizyphus Lin. Cet arbrisseau est nommé par les Arabes Zefzouf, d’où le nom donné au genre (Zizyphus Tourn.); son fruit appelé Onnaba, semblable à une grosse olive, rouge brun, est récolté un peu avant sa maturité; les plus gros sont séchés et vendus à la droguerie phar- maceutique. Les jeunes pousses et les feuilles sont lézèrement astringentes. Obtenu de semis, cet arbrisseau ne produit que vers sa quinzième année. (2) En arabe Guiz. LE JUJUBIER EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE. 155 parmi les Cucurbitacées, une Bryone y est fort commune, sa racine est riche en fécule, c’est un drastique violent, mais elle pourrait être utilisée pour la nourriture des animaux après cuisson. L'Ecbalium élastique connu des Arabes sous le nom de Ketah; le suc du fruit est un violent purgatif, les racines volumiveuses sont utilisées pour l'alimentation des Bœufñs. Elles sont, en temps de disette (1}, vendues couramment sur le marché de Kairouan. Le Gouet commun ou Pied de veau (4rwm maculatum L.) s’y rencontre avec l'Arum ilalicuin (El aïernou); les tuber- cules séchés et torréfiés peuvent servir à l'alimentation, mais l’usage prolongé en est dangereux. Les Liliacées y sont représentées par l’Aïl triquètre, le Poi- reau sauvage, Et Kozast, l’Asperge blanche (2) (Asparagus albus L., espèce digne d’être remarquée ; elle entre en végé- tation aux premières pluies en octobre-novembre, améliorée par la culture, elle pourrait fournir des turions pour primeurs. Cette espèce est connue par les Arabes sous le nom de Sokoum, mais n'est que peu employée par eux ; l'Asperge à feuilles aiguës (4. aculifolius L.) à pousses très longues, s’y trouve également ; les jeunes pousses ont une grande amertume que la cuisson ne parvient pas à faire disparaitre complète- ment. Une Asclépiadée y est aussi fort commune, c’est la Stapélie d'Europe (Sfapelia europæ1) ; ses tiges charnues et succu- lentes semblables à celles de certaines Cactées (Cereus), con- tiennent un suc alibile et sont mangées crues par les Arabes. Ces buissons épineux de Jujubiers, coupés en automne au ras du sol, livreraient donc aux bestiaux une quantité de plantes à racines tuberculeuses ou à végétation rapide et peut-être un foin de bonne qualité ; mais l'enlèvement en est coûteux, car ni la sape, ni la hache ne peuvent enlever les épines d'une facon assez propre, les ouvriers se rebutent vite (1) Parmi les plantes servant à l'alimentation des Arabes dans les années de sécheresse, on peut citer le Bunium, noix de terre (Bunium bulbocastanum L.), en Arabe Thaleghouda ; le Tamier commun (7'amus communis), Dioscorée très commune dans les bois montueux de la Tunisie ; le tubercule mucilagineux, riche en fécule est à l’état cru, un purgatif diurétique et devient à la rigueur mangeable par la cuisson. (2j Voir Naudin, Manuel de l’Acclimateur, p. 150. L'Asperge blanche aurait ma préférence, à cause de la grosseur de ses turions blancs lavés de violet. 456 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. à ce travail, le feu est un moyen détestable, il n’est pas pra- ticable en tout temps ; pendant la saison chaude surtout, des incendies considérables sont à redouter. On pourrait semble-t-il, parvenir à les enlever avec la faux, mais cet instrument est trop faible et trop léger, plus fort il est trop lourd et devient alors impossible à manier. Le résultat cherché peut être obtenu à l’aide de fortes cisailles à manches courbes, portées sur un socle de fer pour les maintenir an peu au-dessus du sol, ou sur un chariot à roues basses ; soit à l’aide d'un outil analogue à une faucheuse que l’ouvrier pousserait devant lui. À l’aide d'un pareil instrument, on pourra nettoyer le terrain au ras du sol; par son emploi, l’éleveur trouvera les herbes nécessaires à son bétail pendant l’automne et l'hiver ; plus tard les Jujubiers entrant en végétation, les rejets émis par les souches lui procureront un nouvel appoint d'aliment vert; ces rejets pourront même être traités comme fourrage sec ou être ensilés. Les années suivantes le travail pourra étre exécuté à la faux. Nul doute que constamment fauchées ou abrouties, ces buissons épineux n'arrivent à péricliter et à disparaitre au boct de quelques années, laissant le passage libre à la charrue. L'agriculteur et l’éleveur arriveraient par ce moyen à tirer un bon parti de ces broussailles par l’utilisation des piantes qu'elles abritent, ils se débarrasseraient d’une quantité d'’ani- maux nuisibles, Souris, Mulots, Gerboises, Fourmis dont la présence cause de réels dommages aux récoltes. Dans les plaines sablonneuses, surtout aux environs de Kaïi- rouan, les touffes de Jujubiers retenant les débris végétaux et le sable emportés parle vent finissent par former de légères éminences nommées par les Arabes Zebara. Ces monticules, débarrassés à leur centre d'une partie des tiges de Jujubiers sont utilisés par les indigènes pour la plan- tation de Cactus. C'est une pratique à aider et à répandre chez eux ; on arriverait par ce moyen à tirer un excellent parti de ces terrains où aucune autre culture n'est possible en l’état actuel. Le Figuier de Barbarie végète sur ces Zebaras d'une excellente facon, il y trouve d'ailleurs une grande quantité d'humus, ses racines tracantes et envahissantes très avides, LE JUJUBIER EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE. 157 G < semblent vivre aux dépens du Jujubier, (1) qu'il tend à rem- placer ; le dessouchement du Cactus est difficile mais beau- coup moins que celui du Jujubier lotus, dont les racines pivo- tantes atteignent jusqu’à 3 mètres de profondeur, il serait donc possible, à l'aide de cette rotation, d'arriver sans grandes dépenses et à l’aide de moyens à la portée de nos indigènes, de renouveler et surtout d'améliorer ces terrains, par l'apport d’une couche de terre végétale aujourd’hui disparue et que la culture du Cactus ne manquerait pas d'y ramener pendant le temps qu’elle occuperait le sol. Le dessouchement d'une touffe de Jujubier revient de 50 à 10 francs, il est donc matériellement et pécuniairement im- possible d'enlever ces souches en vue d'établir sur les terrains envahis une plantation d'Oliviers, étant même donné que deux Oliviers puissent prendre la place d’une seule touffe de ces broussailles. {1) P. Bourde, Projet d'enquête sur le Cactus, Tunis, 1894. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 5 MARS 1897 PRÉSIDENCE DE M. RAVERET- WATTEL, VICE-PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. DÉCISIONS DU CONSEIL. M. le Président fait connaître la composition de la Com- mission permanente des récompenses, laquelle doit com- prendre, suivant l’article 101 du Règlement, en dehors du Président et du Secrétaire général, un membre élu par cha- cune des Sections et quatre membres nommés par le Con- seil. Ces derniers, désignés dans la séance du Conseil du 19 février, sont MM. Bureau, Caustier, de Claybrooke et Ra- veret-Wattel. D'autre part les sections ont désigné pour les représenter à ladite Commission : Mammifères, M. Troues- sart ; Aquiculture, M. Raphaël Blanchard ; Entomologie, M. E. L. Clément ; Botanique, M. Weber. La Section d'Orni- thologie n’a point encore nommé de représentant. Enfin le Conseil, appelé à choisir des délégués pour chacune des Sections, a désigné pour les Mammifères, M. Rosey; pour l'Ornithologie, M. Oustalet: pour l’Aquiculture, M. Raveret- Wattel;, pour l’Entomologie, M. Edouard Blanc et pour la Botanique, M. Bureau. DÉPOUILLEMENT DE LA CORRESPONDANCE. — M.le Secrétaire général fait remarquer que la corres- pondance est peu importante, à cause des dates rapprochées des deux séances consécutives. Par contre, le nombre et la qualité des r'ersonnes inscrites à l’ordre du jour promettent des communications orales fort intéressantes. Notifications, renseignements, avis divers etc. — M. P. L. Sclater, secrétaire de la Société zoologique de PROCÈS - VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 159 Londres remercie la Société du titre de membre honoraire qu’elle a bien voulu lui conférer. Ornithologie, aviculture. — M. F. Thiebaux (Mb) an- nonce qu'il a l'intention d’acclimater le Rossignol du Japon dans une propriété très favorable à une expérience de ce cenre et qui est située à proximité de Paris. Il demande quelques avis concernant l'essai qu’il voudrait tenter. Aquiculture. — M. le comte de Galbert (Mb), adresse le texte d’un vœu concernant la pisciculture et le repeuplement des cours d’eau. Ce vœu que notre collègue a fait adopter par la réunion des Agriculteurs de France, section du départe- ment de l'Isère, a dû être également soumis le 27 février 1897 à l'approbation du Conseil départemental d'Agriculture de l'Isère. (Voir Bulletin). COMMUNICATIONS ORALES. — M. le Président adresse les remerciements de la Société à M. A. Berthoule, secrétaire général honoraire qui assiste à la séance, pour les œufs d'Omble-Chevalier qu’il a bien voulu offrir à la Société. La distribution de ces œufs, qui viennent d'arriver, sera faite aujourd'hui méme, à l'issue de la réunion générale. — M. P. Bourdarie (Mb) dépose sur le bureau un question- naire concernant l'Eléphant d'Afrique et qui a été discuté dans la dernière séance de la section des Mammifères. MM. Trouessart, vice-président et Mailles, secrétaire de la Section, se sont appliqués, d'accord avec M. Bourdarie, a rendre aussi clair et pratique que possible ce questionnaire dont l'impression rapide est à souhaiter afin de le répandre partout chez les personnes susceptibles de s’y intéresser. — M. Charles Labrousse, appelle l'attention de la Société sur les propriétés reconnues du Grand Soleut contre le palu- disme. Il sollicite l’envoi à Madagascar, d’une série de pa- quets de graines de cette plante destinées à être semées un peu partout au voisinage des postes occupés par des Français. La Société d’Acclimatation, en prenant le patronage et la haute direction de cette expérience, rendrait au pays un nou- 160 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. veau service dans le domaine à la fois pratique et patriotique où elle a déjà tant de fois manifesté son action utile. — M. le Président remercie M. Charles Labrousse du juge- ment favorable qu'il veut bien porter sur l’œuvre de la Société et lui donne l'assurance que sa proposition sera bientôt suivie d'effet. — M. Bourdarie lit une lettre dans laquelle le R. P. Prieur de la Trappe de Trois-Fontaines, près Rome, répondant à une demande de sa part, annonce l'envoi de graines d'Eucalyplus globulus recueillies sur des arbres ägés de plus de vingt ans. Des indications sur la manière de les semer sont imprimées sur les paquets renfermant ces graines. M. Bourdarie destine celles-ci au Jardin d'essai de Libreville (Congo) et à Mgr Au- gouard, évêque de Brazzaville ; il espère combattre ainsi le paludisme africain comme les RR. PP. Trappistes ont com- battu la malaria en Italie. M. Bourdarie ajoute que : 1° il a pu procurer à M. Chap- pellier des Ignames provenant du Congo ; notre collègue lui a remis en échange pour le Jardin d'essai de Libreville des Ignames du Japon; 2° il a fait expédier de Colombie au Congo des graines de Castilloa elastica ; 3° il a fait envoyer du Congo à la Guadeloupe des graines d’un autre arbre utile, le Caoutchouc de Ceara (Manihol Glazioiwti). S'appuyant sur ces faits et sur la création de nouveaux Jardins d'essais en Indo-Chine, à Porto-Novo, à Konakry, M. Bourdarie montre le rôle éminemment utile que la Société d'Acclimatation est appelée à jouer en servant d'intermédiaire entre la France et ses colonies, entre les colonies elles- mêmes, entre les pays étrangers et les colonies françaises. Il faudrait dans ce but grouper les connaissances et les initia- tives en créant à la Société une Section coloniale qui pourrait rendre de grands services dans cet ordre d'idées. — M. le Secrétaire général dit que la question a déjà maintes fois préoccupé le Conseil. Une Commission perma- nente des Colonies a fonctionné longtemps à la Société. Nom- mée pour la première fois en 1858, elle cesse de figurer en tête des volumes du Bulletin en 1872, mais il est facile de voir, par les publications mêmes de la Société et aussi par les récompenses décernées par elle, que les questions coloniales PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 161 n'ont jamais cessé de tenir une très grande place dans ses pré- occupations. La seule raison qui semble avoir empêché une Section coloniale proprement dite de se constituer, c’est la nécessité de réunir dans ce groupe les compétences spéciales de toute nature qui se trouvent déjà réparties dans les cinq sections existantes et qu’il faudrait également grouper avec quelques autres dans ladite Section coloniale. — Au sujet de l'expédition des fruits et des graines, M. Hédiard (Mb) dit que le projet actuellement à l'étude au Ministère du Commerce afin de créer des colis postaux de 10 kilogrammes facilitera beaucoup des envois semblables. Cette innovation rendra également de grands services aux véritables producteurs qui pourront ainsi, sans passer par l'intermédiaire des négociants groupeurs, entrer en relations directes avec les consommateurs. Les intermédiaires seuls, qui ne sont pas d'ordinaire les plus à plaindre, pourront perdre à cette innovation. — M. Jules Forest, à propos de l’acclimatation et de l’éle- vage de l’Autruche dans la Russie Méridionale, fait une com- munication sur la nécessité de protéger cet Oiseau dans l’A- frique du Nord et de créer des fermes d’Autruches en Algérie. (Voir Bulletin). — Au nom de M. Bagnol, lecture est donnée d’un travail sur : Le Jujubier lolus et le Jujubier épine du Christ en Al- gérie et en Tunisie. (Voir Bulletin, ci-dessus, pag. 153). À propos de la communication de M. Bagnol, M. J. de Guerne signale un travail très complet de M. Edouard Blanc intitulé : Recherches sur le Lotus d'Afrique et qui a paru dans le Compte rendu du 18° Congrès de l'Association fran- çaise pour l'avancement des Sciences, Paris 1889. Notre collègue a pu en retrouver un tirage à part qu’il est heureux d'offrir à la Société et que M. le Secrétaire général dépose sur le bureau. La séance est levée. Le Secrétaire des séances, E. CAUSTIER. 162 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. SÉANCE GÉNÉRALE DU 19 MARS 1897. PRÉSIDENCE DE M. DE CLAYBROOKE, ARCHIVISTE- BIBLIOTHÉCAIRE. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. DéÉcisiox pu CONSEIL, PROCLAMATION DE NOUVEAUX MEMBRES. Le Conseil, dans sa dernière séance, a accordé à la Société d'Apiculture de la Haute-Satoie deux médaïiles de bronze qui seront décernées au nom de la Société d’Acclimatation dans les concours organisés : 1° pour le matériel et les pro- duits agricoles ; 2° pour la propagation de l’Apiculture mb- derne, œuvre populaire à laquelle la Société de la Haute- Savoie s'attache particulièrement. — M. le Président proclame l'admission de MM. : MM. PRÉSENTATEURS. BLaxcxox (H.-L.-Alphonse), propriétaire, J. de Claybrooke. aux Fresnes, La Beaume-Cornillanne, ) Baron J. de Guerne. par Monimeyran (Drôme). | A. Imbert. J. de Claybrooke. Baron J. de Guerne. Raveret-Wettel. Bou2x6#E01s (Henry). pisciculteur et indus- iriel, à Authie (Somme). DÉPOUILLEMENT DE LA CORRESPONDANCE. Notifications, renseignements, avis divers, etc. — M. Raveret-Wattel, vice-président, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. — M. C.-H. van Dam, Président du Conseil d’Administra- tion du Jardin zoologique de Rotterdam, informe la Société que M. le D° J. Büttikofer, conservateur au Musée d'Histoire naturelle de Leyde vient d'être nommé directeur du Jardin en remplacement de feu A. van Bemmelen. — M. André Suchetet (Mb) écrit du Château d’Antiville (Seine-Inférieure) pour demander tous les renseignements qu'on voudra bien lui envoyer sur les hybrides chez les Pois- sons, les Reptiles et les Insectes. (Voir Correspondance.) PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 163 Mammifères. — S. À. le prince Henri d'Orléans (Mb), ac- tuellement en Abyssinie, écrit à M. de Guerne, secrétaire général, qu'il ne manquera pas de recueillir tous les docu- ments qu’il pourra rencontrer sur les Éléphants sauvages ou domestiqués en ce pays. Botanique. — Le Secrétariat a recu communication de la note suivante avec prière de l'insérer au Bullelin : « J'ai l'intention de répéter l’intéressante expérience rela - tive à un nouveau mode de propagation de l’Igname qui a été décrite par M. Heckel dans le Bulletin de janvier 1897. Pour bien le faire, je désirerais être fixé sur le point suivant : M. Heckel écrit : « M. Dubiau a mis quelques yeux en LéRTeS.. » Quelle est la signification précise du mot yeux? S'agit-il de véritables yeux comme cela à eu lieu bien des fois, pour la Pomme-de-terre, dans des essais du même genre ? Dans ce cas, quel pouvait être à peu pres le volume de la portion de tubercule adhérente aux yeux : pois, noisette, noix. Ou bien M. Dubiau s'est-il servi de portions de tubercule comme cela se fait habituellement dans la culture de l'Igname ? — Dans ce second cas, quelle était approximativement la lon- oueur de ces tronçons : 5, 10, 30, 40, 50 millimètres ? » — M. de Bonand (Mb), ayant appris que l’un de nos col- lèegues, M. Gennadius, vient d'être nommé inspecteur de l’A- oriculture à Chypre, demande que la Société profite de la cir- constance pour le prier d'envoyer quelques détails sur la culture de la Vigne en cette contrée. Quels sont les cépages employés, soit pour le vin fin dit de La Commanderie, soit pour les vins communs qui pourraient servir aux coupages ? Il serait fort utile d'obtenir ces renseignements pour les viti- culteurs algériens. D’après M. de Bonand, la fabrication des vins de liqueur plus ou moins analogues à ceux de Chypre serait plus avantageuse en Algérie que la production des rai- sins secs de Corinthe, récemment préconisée par M. de Lo- verdo. Le séchage des raisins paraît devoir être en elfet assez difficile dans la colonie, à cause de l'humidité du climat. Cheptels, distributions d'œufs de Poissons, de graines, etc. — M. le comte de Galbert remercie des œufs d'Om- ble-Chevalier que la Société lui a envoyés et qu'il a recus en 16% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. parfait état Les Saumons de Californie provenant des œufs qui lui ont été adressés le 29 décembre 1896 grossissent rapi- dement. (Voir Correspondance). — M. d'Orval remercie des graines de Polygonum sacha- linense qui lui ont été envoyées et demande des renseigne- ments sur la culture de cette plante. — M. P. Chappellier offre à la Société un certain nombre de graines provenant de Diego-Suarez où elles ont été re- cueillies par un de ses petits-fils. Les paquets, au nombre de quatre, portent les indications suivantes : Faux caoutchouc, à latex coagulable, déjà utilisé, jolie plante sarmenteuse ; en forêt, grimpe en haut des arbres, fait de beaux buissons en plaine et pousse partout même dans les terrains salés. Jolie fleur violette de forme volubilis. Légumineuse grimpante à feuille découpée comme celle du Tamarinier. Jolie plante grimpante d'ornement. Pousse le long des cours d'eau. Fruits bizarres, poilus. Plante fourrag're, recherchée par les bestiaux, surtout par le Cheval; vivace, à fieur jaune en grappe. Elle atteint 1 mètre de haut et pousse partout depuis 200 mètres jusqu'à 1,000 mètres et au-delà, rustique même dans les mauvaises terres. — M. F. Decaux offre à la Société une certaine quan- tité des graines énumérées ci-après et qui proviennent du Japon : Arbre à suif, (Slilingia sebifera), Colza, Cotonnier, Sésame, et Opium. — M. Roland-Gosselin écrit de Villefranche (Alpes-Mari- times) à la date du 4 mars : « Je vous remercie de m'avoir compris dans la distribution des graines de S£erculia nobilis. À mon tour, j'ai le plaisir de vous expédier par la posle les graines suivantes : 1° Un Melon de Salta (République Argeniine) ; 20 Un Piment édible et surtout très ornemental de Chine; 3° Une Cucurbitacée nouvelle dont M. Naudin a publié récemment la description dans la Revue horticole, (Cucurbita andreana). Pour les deux premières espèces vous voudrez bien demander des renseignements à M. le D' Weber de qui je tiens les premières graines qui m'ont servi à obtenir ma récolte. » PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 165 COMMUNICATIONS ORALES. M. le Secrétaire-cénéral annonce que pendant les commu- nications qui vont être faites, des listes de graines circule- ront sur lesquelies les membres de la Société sont priés de pointer les espèces qu'ils désirent recevoir. Les adresses auxquelles les envois seront expédiés doivent être indiquées très exactement. M. le Président fait observer à ce propss que plusieurs de nos collègues se signalent depuis quelque temps par leur sénérosité. Il remercie tout spécialement MM. Charles Baltet, Edouard Blanc, P. Chappellier, F. Decaux, Prochavsky, Ch. Rivière et Roland-Gosselin grâce auxquels des distribu- tions de graines fort intéressantes ont pu et peuvent encore être faites. C’est du reste une tradition que connaissent bien les plus anciens membres de la Société et qui consiste à faire profiter l'association aussi largement que possible du résultat de leurs travaux et de leurs récoltes. M. le Président ajoute qu'un excellent moyen d'encourager ces dons se trouve à la portée des personnes qui en bénéficient, c'est de rendre compte à la Société des expériences réussies ou non entre- prises par elles précisément avec les graines qui leur sont remises. — M. Jules Forest (Mb) dépose une note concernant l'éle- vage de l’Autruche dans l'Afrique du Nord et donne à ce propos diverses explications. — À propos de la lettre de S. A. le prince Ienri d'Orléans citée plus haut, M. Bourdarie (Mb) en lit une de M. Favard, ingénieur en chef de la construction des Chemins de fer éthio- piens à Djibouti (Afrique Orientale) qui envoie son adhésion au Comité de l'Éléphant ; M. Favard dit que cette question est d’une grande importance pour toute l'Éthiopie et 1l ajoute que le Négus Ménélik s’y intéresse vivement. M. Debreuil (Mb) dit que des renseignements venus de Dji- bouti lui confirment qu'on fonde de grandes espérances sur la domestication. de l'Éléphant d’Afrique en Abyssinie. — M. le Secrétaire lit un certain nombre de lettres con- cernant l’attelage des Chiens dans le nord de la France; la question semble intéresser le grand public, devant laquelle la presse quotidienne l’a d’ailleurs portée. Des documents arri- 166 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. vent de divers côtés, mais sans faire avancer jusqu'ici la so- lution du problème. — M. Jules de Guerne présente des photographies d’atte- lages de Chiens prises en Belgique et qui lui sont communi- quées par M. Moniez, professeur à la Faculté de médecine de Lille. Il appelle particulièrement l'attention sur une belle épreuve placée auprès des photographies de Chiens et qui re- présente un Mouton attelé de l'ile San Miguel, Acores. Enfin M.le Secrétaire général offre à la Société à titre de souvenir de l'Exposition de pêche, un certain nombre de pho- tographies qu'il a pu prendre dans cette salle même. Les clichés lui appartenant, M. de Guerne se fera un plaisir d'en distribuer des épreuves à ceux de ses collègues qui voudront bien les lui demander. — M. Maurice Loyer (Mb) fait une communication sur une Mangouste élevée aux environs de Paris. (Voir Bulletin.) M. le D' Ballay (Mb), gouverneur de la Guinée française, dit qu'il a eu souvent l'occasion d'observer des Mangoustes au Gabon et qu'les deviennent vite très familières. Une fois, entre autres, l’un de ces animaux tenu en cage dans une salle commune où l’on ne s'’occupait pas de lui, s’apprivoisa tout seul au point qu'il ne chercha nullement à s'échapper un jour que sa prison fut ouverte par accident. M. le D' Trouessart (Mb) ajoute quelques observations. La Mangouste se rencontre dans toute l'Afrique, domestiquée dans les habitations des indigènes, où elle remplace nos Chats, faisant la chasse aux Souris, aux Rats, aux Reptiles de toute espèce. A la Jamaïque (Antilles), ce Carnivore a été introduit dans le même but et s’y est acclimaté au point de se reproduire à l'état sauvage : maïs après avoir détruit les Rats, les Mangoustes se sont attaquées aux Oiseaux et à leurs œufs, au point d'être actuellement un véritable danger pour les poulaillers et pour la culture. Il convient donc de faire quelques réserves au sujet de l'utilité que l'on peut re- tirer de l’acclimatation de ces Carnivores, dont une espèce d’ailleurs (Æerpestes Widdringtoni), très voisine de celle du Gabon, vit à l’état sauvage dans le sud de l'Espagne. Dans tous les cas, il y aurait lieu de tenir ces animaux en capti- vité ou de les confiner dans les habitations, pour éviter les dégâts qu'ils pourraient commettre à l’état libre en raison PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 167 de leurs mœurs analogues à celles des Fouines et des Putois indigènes. M. de Claybrooke dit que les Mangoustes rendent parlois dans les Jardins zoologiques des services très appréciés, en particulier pour débarrasser les cages des Singes des Rats qui y pullulent. — M. Jules de Guerne fait une communication sur divers Essais de piscicullure dans les lacs des iles Açores. (Voir Bulletin.) La séance est levée. Le Secrélaire des séances, E. CAUSTIER. ANS ECHMON PORN MAO LOICRE). SÉANCE DU 18 JANVIER 1897. PRÉSIDENCE DE M. E. OUSTALET, PRÉSIDENT. Il est procédé au renouvellement du bureau; sont élus : Président : M. E. Oustalet ; Vice-président : M. le Comte de Chabannes La Palice ; Secrétaire : M. Jules Forest; Secrétaire-adjoint : M. le Comte d’'Orfeuille. M. le Secrétaire général déclare que la correspondance relative à l'Ornithologie a été assez considérable pendant les vacances et qu'elle ne saurait être communiquée entièrement à la Section, faute de temps. Au reste, beaucoup de documents ont dejà été présentés dans les séances générales de décembre et de janvier. Quelques-uns d'un inté- rêt plus spécial ont été réservés pour la Section. Telle est la notice de M. G. Rogeron, sur l'hibernation des Hiron- delles (1) et un article du même auteur, publié dans le Journal de Maïne-et-Loiïre du 3 janvier 1897 à propos des Corbeaux. Notre col- lègue prend la défense de ces Oiseaux qui détruisent beaucoup d In- sectes et méritent ainsi qu’on leur pardonne quelques méfaits. Communication est donnée d’une note sur les Oiseaux de volière et de table en Afrique occidentale, note qui paraîlra au Bulletin. Le Secrétaire, JuLES FOREST ainc. (4) Publié au Bulletin, voir ci-dessus, p. 51. 168 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1897. PRÉSIDENCE DE M. DECROIX. M. Jules Forest donne lecture d’une étude sur la situation actuelle de l’élevage de l’Autruche au Cap de Bonne-Espérance. Une discussion s'engage à ce propos ; plusieurs des assistants cons- tatent avec regret qu’on semble négliger de s'occuper, dans les colonies françaises, d’une industrie susceptible d'y prospérer et qui se développe sans cesse à l'étranger. La Section consultée, émet le vœu que l'élevage de l’Autruche soit favorisé en Algérie par le Gouvernement et que celui-ci crée notam- ment dans le sud de la colonie un haras de repeuplement pour cet Oiseau. Le vœu dont il s’agit. entièrement conforme aux traditions de la Sociélé, sera transmis au Conseil avec prière de l’appuyer auprès des Pouvoirs publics. M. Jules Forest donne quelques renseignements sur la Pintade cou- ronnée dans la colonie du Cap. Cet Oiseau paraît y rendre des ser- vices réels comme destructeur de Sauterelles. Le Secrétaire, Jures Foresr ainc. 3e SECTION (AQUICULTURE). SÉANCE DU 25 JANVIER 1895. PRÉSIDENCE DE M. RAVERET-WATTEL, DÉLÉGUÉ DU CONSEIL. Il est procédé au renouvellement du bureau; sont élus à l’unani- milé : Président : M. Edmond Perrier ; Vice-président : M. Georges Roché ; Secrétaire : M. J. de Claybrooke; Secrétaire adjoint : M. À. Boigeol ; En outre M. le D' Raphaël Blanchard est délégué par la Section pour la représenter à la Commission des récompenses. Parmi les pièces de la correspondance, M. de Guerne, secrétaire général, signale une carte de M. Fcddersen, de Copenhague, bien connu par ses éludes sur l’Anguille, et un mot réellement touchant de M. René Caillaud, l'un des vétérans de l'Aquiculture, actuellement PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 169 âgé de quatre-vingt-huit ans, et qui, du fond de la Vendée où il s’est depuis longtemps retiré, se rappelle au bon souvenir de la Société, dont il a été lauréat et à laquelle il souhaite la plus grande prospérité. M. E. Cacheux rappelle que le 3° Congrès national de la Pêche côtière s'ouvre à Cette, aujourd’hui même. M. Georges Roché, inspec- teur général des Pêches maritimes, vice-président de la Section, se trouve précisément dans cette ville et pourrait représenter la Société d’Acclimatation au Congrès. Il est décidé qu'un télégramme sera envoyée à M. Roché au nom de la Section pour le prier d'accepter cette délégation dont le président du Congrès sera également avisé. M. Jules de Guerne annonce la création à Rome d’une revue men- suelle ayant pour titre : Giornale italiano di Pesca e Acquicoltura. Cette publication, dirigée par un naturaliste des plus compétents, le D' Decio Vinciguerra, trailera de la pêche et de la pisciculture dans les eaux douces, saumâtres ou salées. Lecture est donnée d’une note de M. Daniel Bellet sur l’Huile de Poisson au Japon (Voir Bulletin, ci-après p. 177). M. le préfet de Bourg envoie divers mémoires et documents sur la maladie des Écrevisses du département de l’Ain. M. Raphaël Dubois, professeur à la faculté des sciences de Lyon, a recu du Conseil général de l’Ain la mission d'étudier les causes de la disparition des Écre- visses dans une région dont ces Crustacés faisaient autrefois la ri- chesse. La maladie microbienne signalée par M. Dubois serait, d’après lui, assez souvent transmise aux Écrevisses par les Truites. M. Raveret-Wattel fait des réserves à ce sujet, car il connaît des localités où les Écrevisses ont totalement disparu et où les Truites, d'ailleurs abondantes, ne semblent souffrir d'aucune maladie. Toute- fois, et pour provoquer de nouvelles recherches sur cette grave question, M. Raveret demande que le rapport de M. Dubois soit re- produit dans le Bulletin (1). M. Raveret-Wattel entrelient la Section des essais d’acclimatation d’une Ecrevisse americaine (Cambarus affinis) qu'il entreprend actuelle- ment à la Station aquicole de Fécamp et eu présente deux individus, mâle et femelle. Ces Crustacés sont particulièrement intéressants parce qu’ils semblent être absolument réfractaires à la maladie qui sévit en Europe. Il y a quelques années, M. Max von dem Borne avait entrepris de repeupler en Écrevisses sa propriété de Berneuchen,. située sur un affluent de l'Oder, la Mietzel; à trois reprises différentes, il fit venir des quantités importantes d'Écrevisses, mais celles-ci ne- tardèrent pas à périr, succombant comme les premières à la maladie- connue. C’est alors qu’il eut l’idée de se procurer aux Etats-Unis des Cambarus, qui non seulement ne furent pas atteints, mais ne tardèrent (1) Voir ci-dessus, page 130, le texte même du Rapport de M. Raphaël Dubois. Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 12, 170 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. pas à se multiplier. Cet essai d’acclimatation paraissait être en bonne voie quand la mort vint surprendre Max von dem Borne. M. Raveret- Wattel résolut alors de reprendre cette lenlative et de se procurer aux Etats-Unis un premier lot de Cambarus. Ces Crustacés lui parvinrent avec un assez fort déchet, 55 0/0 environ, résullant d’un emballage défectueux : les paniers renfermant les animaux contenaient une trop faible quartité de mousse ; des vides se produisirent dans la caisse et les animaux furent soumis à des chocs violents pendant ia plus grande partie du voyage. Depuis leur arrivée à Fécamp, les Cambarus paraissent se porter à merveille et des accouplements ont clé. déjà observés. Ii y a donc lieu d'espérer un succès complet. La chair des Cambarus est un peu plus molle et aussi plus tendre que celle des Écrevisses d'Europe ; en cuisant, l'animal prend une belle couleur rouge, contrairement à ce que pensaient certains auteurs. Les pinces sont, il est vrai, fort petites, mais la queue (abdomen) étant très développée, une compensation s'établit par le fait. Les Cambarus semblent se défendre mieux queles As/acus d'Europe contre leurs ennemis, el en particulier contre les Anguilles; enfin, cette espèce produit un nombre d'œufs considérable, ce qui en rendra la propagation ‘acile. M. Raveret-Wattel dit que les marchands de Paris s'’approvisionnent toujours d'Écrevisses en Allemagne ; or, les éleveurs allemands, ne possédant pas des quantités de ces Crustacés assez considérables pour satisfaire à toutes les demandes, se les procurent en Russie. Ne pourrait-on pas supprimer cet intermédiaire et ne serait-ce pas le rôle de la Société d'Acclimatation de faire des démarches auprès des auto- rités compétentes pour arriver à ce résultat 7 Après une discussion à laquelle prennent part MM. Boigeol, Decaux, de Guerne et Rathelot. la Section, consullée par le Président, arrête les termes d’un vœu qui sera renvoyé à l'examen du Conseil. M. J. de Guerne dit qu'on s'occupe beaucoup, depuis quelque temps, aux Elals-Unis, de l'élevage des Grenouilles et que plusieurs demandes de renseignements ont élé adressées à ce sujet à la Société. M. Raveret-Wallel rappelle les essais qui ont été faits déjà en France sans donner de résultals bien importants. M. Philipon parle de l'Etablissement de pisciculture qu’il a organisé récemment à Saint-Lambert, dans la vallée de Chevreuse. Il serait heureux d'y recevoir à la belle saison ceux des membres de la Société d'Acclimatation qui désireraient faire une excursion piscicole dans les environs de Paris. Des remerciements sont adresses à M. Philipon pour son aimable proposition ; M. le secrétaire général étudiera, d'accord avec lui, le meilleur moyen d'y donner suite. Le Secrétaire, J. DE CLAYBROOKE: PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 174 SÉANCE DU 1°" MARS 1897. PRÉSIDENCE DE M. JULES DE GUERNE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. M. Perrier (de l’Institut), président, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. M. le Président rappelle que le lundi 22 février, la Section a tenu dans la grande salle, au milieu même de l'Exposition de pêche et de pisciculture, une séance extraordinaire. La réunion, fort nombreuse, a éleé particulièrement intéressante grâce aux exposants qui ont bien voulu donner eux-mêmes des explications détaillées sur les objets ou sur les produits exposés. À cause de la courte durée de l'Exposition, il m'a pas été possible d’en faire imprimer le catalogue. Mais M. J. de Guerne qui la connaissait particulièrement bien pour en avoir été le principal organisateur, a publié dans Etangs et Rivières (n° du 15 fé- vrier 1897), une descripiion sommaire de cette Exposilion. Un certain nombre d'exemplaires de ce journal sont déposés sur le bureau pour les membres de la Société qui voudraient conserver le souvenir de cette manifestation nouvelle et certainement réussie de l’activité des aqçuiculteurs français. M. le Président rappelle le texte du vœu émis par la Section le 25 janvier à propos du commerce des Ecrevisses et de l'intérêt qu'il y aurait pour la France à entrer directement en rapports à cet égard avec la Russie. Ce vœu a élé transmis au Conseil, qui l’a accuelli favorablement et par les soins duquel seront faites les démarches né- cessaires. Celles-ci seront sans doute activées sur place par un des membres de la Société, très familier avec les choses de la Russie, où il doit se rendre de nouveau prochainement. Il est procédé au dépouillement de la correspondance. Plusieurs demandes d'œufs de Truites arc-en-ciel arrivent trop tard pour être satisfaites cette année. M. Anton Fritsch, professeur à l’Université tchèque de Prague, ré- cemment nommé Membre honoraire de la Société, envoie une série d'ouvrages et d'épreuves photographiques concernant la Pêche et la Pisciculture en Bohême. Il convient de citer, entre autres documents utiles à consulter, une carte piscicole du pays. On y voit, par exemple, la situation exacte et la distribution des frayères de Salmonides. Cette carte est un modèle à suivre, et il serait fort désirable d'en avoir d'analogues pour diverses régions de la France. M. d’Orfeuille, reveuant sur la question de l'élevage des Grenouilles, soulevée à la dernière séance, demande si on ne le pratique nulle part en France. Il cite certains marchands parisiers qui mettent en vente des spécimens de ces Batraciens d'une taille remarquable, engraissés, paraîi il, avec des Limaces. Des renseignements seront pris à ce sujet. 472 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. M. de Guerne fait remarquer qu'en ce qui concerne les Grenouilles, il n’y a pas seulement à envisager une question d'espèce, mais encore de race, la taille moyenne d’une même espèce pouvant varier suivant les localités ; en Allemagne, par exemple, les Grenouilles semblent être souvent plus grandes qu’en France. M. de Guerne rappelle les belles recherches de feu Héron-Royer sur les Batraciens de la France, dont l'élevage ne semblait présenter aucune difficulté pour ce naturaliste. Il obtenait en effet, sans peine apparente, la multiplication des es- pèces les plus rares sur les appuis de fenêtre d'un petit appartement situé rue de Cléry, dans un quartier fort peu aéré du vieux Paris. M. Rollinat, notre collègue d'Argenton-sur-Creuse, arrive également, dans l'élevage des Batraciens, à des résultats remarquables ; M. de Guerne a pu s’en convaincre de visu. M. le Président ajoute qu'une fort belle monographie des Batraciens d'Europe est actuellement en cours de publication en Allemagne; M. Wolterstorff (de Magdebourg), qui en est l’auteur, a précisément recu de notre collègue M. Raphaël Blanchard, un certain nombre d'’a- quarelle: représentant les principales espèces de la France, que l'on pourra ainsi comparer à celles de l’Europe centrale. M. Boigeol signale les ravages faits par les Grenouilles dans une alevinière à Carpes et demande si quelqu'un des membres présents peut lui indiquer des moyens de destruction réellement efficaces. M. Rathelot défend la Grenouille en se basant sur ce que cet animal n’est pas chasseur. Différents moyens de pêche sont néan- moins passés en revue, l'hamecon garni de drap rouge, l'arbalète, la bougie. M. Decaux promet une note sur ce dernier procédé, dont la pra- tique ne saurait d’ailleurs être autorisée dans les eaux ouvertes, où l'on prendrait, grâce à la iumière, et sous prétexte de détruire des Grenouilles, tout autre chose que des Batraciens. M. d'Orfeuille demanae si l’on s’est occupé de la propagation des Crevettes d’eau douce et si l’on arrive à les élever pour la nourriture des Salmonides, comme plusieurs membres de la Société (M. le gé- néral de Depp, M. Delaval) semblent le faire pour les Daphnies. Le Bulletin de la Societé d'Acclimafation (décembre 1867) contient la des- cription d'une méthode d'élevage du Gammarus indiquée par M. Sau- vadon (1). Le Secrétaire adjoiut, A. BOIGEOL. 4) Voir le mémoire intitulé : De Putilité des Crevettes d'eau douce et du Véron pour servir à l'alimentation de l'alevin de Truite et de Saumon. 173 EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. DEMANDE DE RENSEIGNEMENTS SUR LES HYBRIDES CHEZ LES INSECTES LES POISSONS ET LES REPTILES. Château d’Antiville, par Bréauté (Seine-Inférieure), ce 10 mars 1897. Je me permets de vous faire savoir que je me propose de continuer la publication de mon ouvrage sur les hybrides (1) en étudiant ce sujet dans la classe des Insectes, dans celle des Poissons et celle des Reptiles. Je vous serai bien reconnaissant de me communiquer les cas de croiseinents que vous pourrez connaître, c’est-à-dire vos observations personnelles. Je ne vous serai pas moins obligé de me signaler les revues, les pé- riodiques, les ouvrages dans lesquels sont rapportés des faits d'Aybri- dité. Beaucoup de ces fails m'échapperont si je suis livré à mes propres recherches. Je vous prie, d’agréer, etc. A. SUCHETET. >< L’'EXPOSITION DE PÈCHE ET DE PISCICULTURE DE Moscou. Moscou, le 11/23 mars 1897. L’Exposition de celte année sera intéressante. L'un des beaux sa- lons du Club des chasseurs est transformé en une sorte de royaume de la neige et rempli d'objets concernant les pêches et les chasses maritimes du nord de la Russie. Ce salon sera décoré de panneaux de notre célèbre peintre Korovine dont on admire beaucoup ici le grand talent. Ces panneaux qui ont figuré à l'Exposition de Nijni-Novgorod, représentent des paysages et des scènes des bords de l'Océan glacial. Le professeur Léon Morokhovetz construit de magnifiques instru- ments pour projeter à l’aide du microscope électrique ses expériences sur la physiologie des animaux aquatiques microscopiques ; obéissant aux ordres de son élève, le docteur Statkevitch, les Infusoires feront sur l'écran de grandes manœuvres ni plus ni moins que des troupes militaires sur une place d'armes. (1) Le 1°" volume qui vient de paraitre traite des hybrides chez les Oiseaux à l’élat sauvage. 174 E BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. ..... L'ouverture de l'Exposition aura lieu dans deux semaines et j'espère que l'envoi des exposants français arrivera à temps. Nous avons celte année beaucoup d’exposants allemands, il semble que l Allemagne recherche avec soin l'amitié du commerce russe. Je fais traduire pour le Bulletin de la Societe d'Acclimatation, le discours sur les buts de l’acclimatation en Russie, que j'ai prononcé dans la séance solennelle de la Société Impériale d’Acclimatation de Russie, séance tenue sous la présidence de S. A. le Grand-duc Serge. Veuillez avoir l'obligeance de publier cette traduction ; je ue donnerai pas ce travail en russe parce qu'il a été imprimé presque en entier, après la séance, et dans notre langue, par la Gazette de Moscou- Je recois toujours avec grand plaisir des nouvelles de mes amis de Paris auxquels je serais très heureux de rendre visite de nouveau. Malheureusement ce n’est pas facile et je ne pense pas pouvoir venir en France avant 1900. Peut-être quelqu'un de vous viendra-t-il ici auparavant, nous l’espérons bien. N- DE ZOGRAF. EXTRAITS ET ANALYSES. L'ÉLEVAGE DU ZÉBU ET DE SES DÉRIVÉS EN ALGÉRIE (l). Mon cher Directeur, Vous m'avez obligeamment communiqué ce que vous aviez lu ou entendu dire touchant la récente entrée en cause, dans le monde agricole algérien, de la question des Zébus. Comme certains Comices régionaux ont protesté contre la valeur des faits acquis à ce jour el que des opinions particulières ont été émises dans un sens plutôt erroné, je vous demande la permission de préciser les points essentiels de la situation. Ni M. Rabon, à qui revient l'honneur des premiers résultats, ni moi qui me suis donné la peine d'étudier en délail tous les éléments d'une pareille tentative, nous n'avons l'intention de prôner outre me- sure les conséquences de nos initiatives et de nous poser en apôtres de l'amélioration obligatoire du bétail algérien par le Zébu brahmine. Il n’est guère probable non plus que les personnes qui se sont in- (1) Extrait d’une notice intitulée : Les Zébus au Brésil et en Algérie, ossier présenté au Comice agricole de Bône en 1896 ; lettre au Directeur de la Petite revue agricoie, de Bône. EXTRAITS ET ANALYSES. 175 téressées à ces expériences et qui ont constaté la très réelle supé- riorilé des mélis sur les animaux de race ordinaire, ne veuillent da- vantage sorlir de leurs rôles de simples particuliers. La chose se borne donc à des entreprises et à des appréciations individuelles. Chacun esl libre de les juger à son point de vue. Voici quel est ici le nôtre : En principe, nous sommes parfaitement d'avis qu’il n’y a rien de tel, en élevage, que la séleclion, et que notre race indigène, avec des soins et un système agricole un peu mieux entendus, n'aurait pas d’égale en Algérie, par la raison naturelle qu'elle s’est appropriée aux conditions qu’elle y trouve. Mais on ne peut nier que la colonisation, tout en supprimant la transhumance pour le gros bétail, n’a pas encore introduit dans le régime général des troupeaux rien qui supplée d’une facon meilleure et permanente à leur ancienne tenue. Si l’on réussit tres bien à perfectionner la race indigène par elle- même, si l’on obtient aussi des produits satisfaisants avec le sang charolais, breton ou tarentais, il faut bien reconnaître que cela ne peut avoir lieu que dans des exploitations spécialement organisées, au prix de soins attentifs et avec l’aide indispensable d’une méthode de culture qui n’est pas encore adoptée partout. Faute de ces con- ditions, les métis ne résistent pas et la race locale ne gagne rien. Il s'ensuit que la généralisation des quelques perfectionnements obtenus en telle ou telle localité est encore à faire et que la masse du bétail, dont la majeure partie est cantonnée dans les douars, reste immobilisée dans un élat précaire. Or, une heureuse circonstance a permis de censtater qu’un animal exotique, le Zébu, s’accommodait très bien du régime ordinaire, qu'il en profitait même plus avantageusement que les bêtes du pays; que telles variétés indiennes étaient appropriées comme taille et comme constitution, à nolre race de Guelma; que leur croisement engen- drait des sujets supérieurs aux Bœufs algériens en précocité, vi- gueur, ruslicité et endurance; qu’en particulier, ils étaient plus fa- ciles à entlrelenir et résistaient infiniment mieux aux infections endémiques : jaunisse, charbon symptomatique, etc., et que, au point de vue spécial de la boucherie, leur aptitude singulière à s'en- graisser et leur admirable finesse de squelette en faisaient des pro- duits d’un grand rendement. Partant de là et voyant combien la demande du marché outre-mé- diterranéen devient chaque année plus ferme — mais aussi quels efforts fait la concurrence étrangère pour l’accaparer, — il est permis de fonder quelque espoir sur des succès dont la preuve matérielle n’est pas niable. Faut-il rappeler les faits qui l’établissent ? Au point de vue de la résistance aux maladies, le troupeau de métis 476 BULLETIN LE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. campé dans les dunes, notamment à la ferme de Tif Sès, près du Bou- Kamira, n’a jamais éprouvé aucune perte, alors que la mortalité sur les bêtes indigènes voisines a parfois atteint jusqu’à 30 0/0 de l'effectif. Au point de vue de la boucherie, voici des chiffres : En 1895, au mois d'août, ces mélis sur le marché de Marseille, ont été vendus 148 francs le quintal de viande nette, alors que le cours pour les bons bœufs africains était au taux de 130 francs. Cela tient au rendement élevé dû à l'extrême finesse du squelette. Ce rendement a été, en effet, de 225 kilogrammes de viande pour un poids vif moyen de 360 kilogrammes, cela fait du 62 0/0. Pour les veaux de lait (poids vif moyen : 60 kilogrammes; viande nette : 39 kilogrammes), il atteint 65 0/0. Quant à la qualité de cette viande, entendons-nous bien. 11 ne viendrait à l’idée d'aucune ménagère de servir à ses convives un Canard de Barbarie; mais toutes s’efforceront de faire éclore des mulards pour les porter au marché. C'est exacten ent la même chose pour les Zébus. La viande des taureaux de pur sang est franchement coriace, encore qu'il faille sur ce point établir des distinctions entre les différentes races de Zébus qui n'ont ni la même valeur, ni les mêmes aptitudes en Afrique, à Madagascar, en Indo-Chine et dans l’Inde même, parmi les nom- breuses variétés qu'on rencontre dans cette dernière contrée. Quant aux métis, aussi bien ceux obtenus au Brésil avec les grandes races indiennes que ceux engendrés ici par des sujets dans lesquels on trouve les caractères communs aux variétés de South-Mahrata, Sou- thern-Madras, Trichinopoli et Punganur qui ont toutes du sang mysore, leur chair est des plus comestibles. Sur le point du caractère et de l'utilisation au travail, l'influence de ce sang mysore explique leur tempérament vif et ardent, mais leur douceur et leur docililé avec un dressage en somme facile, par des procédés bien connus, permettent d'apprécier leur vigueur et leur agilité, qu on les emploie à décamper des charges sur lesquelles les muleis eux-mêmes se rebutent, à emmener au trot un chariot, à trainer lestement une herse ou une faucheuse. Nous verrons au surplus si des reproducteurs d’une souche diffé- rente transmettent à leur descendance un tempérament plus placide tout en lui conservant ces mêmes précieuses qualilés. Mais tout ceci ne signifie pas que nous ayons, en faisant connaître les avantages conslatés, préconisé le remplacement dans toutes les fermes des bêtes communes par des métis de Zébu, ni que cet élevage ait pour but de fixer la race. La race donne à ses différents degrés des sujets intéressants dont l'étude est instructive, mais le véritable emploi du Zébu est dans la création du demi-sang, la méthode la plus immédiatement avanta- geuse est le croisement industriel. Quant aux autres combinaisons EXTRAITS ET ANALYSES 177 dont on peut tirer parti, nous en reparlerons s’il y a lieu; l’utilisation des demi-sang étant pour le moment la seule en cause et limitée d’ail- leurs à des régions et à des conditions faciles à déterminer. Nous n'avons donc voulu, en faisant connaître une pratique qui rend en bien des cas l’amélioration du bétail algérien aisément et rapidement réalisable, que montrer l'application d’une idée juste. Il n'y a pas dans l’entreprise en elle-même une simple fantaisie d'amateur et dans la divulgation de son succès une vaine gloriole de propriétaire, mais ceux même qui en contestent l'importance ne sau- raient sans partialité lui refuser tout intérêtet ne peuvent raisonnable- ment lui opposer &es objections sérieuses. Voilà toul ce que nous désirions établir en attendant qu'on nous montre en pleins champs un résultat comparable à celui qui est visible ici. Agréez, etc. Paul BOULINEAU. >< L'HUILE DE POISSON AU JAPON (1). par DantEz BELLET. L'industrie de la pêche, surtout de la pêche maritime, joue un rôle considérable au Japon: elle mériterait d'être étudiée dans ses diffé- rentes manifestations, et sans doute y reviendrons-nous quelque jour. Dernièrement, un de nos consuls évaluait en chiffres ronds à 3 mil- lions 300,000 individus la population qui s’adonne à la pêche, et le tolal paraît exact, car, d’après d’autres documents, il y a 710,610 pêcheurs proprement dits, chacun d’eux étant chef de famille, 186,517 ménages de saleurs de Poissons, préparateurs d'engrais marins, enfin 1,592,690 personnes recueillant des herbes marines et 748,231 s'occu- pant en sous-ordre de salaisons et d'industries connexes. Les produits de ces pêcheries s’évaluent à plus de 13 millions de yens (2), en y comprenant l'huile de Poisson, mais sans parler de la cire de Poisson et d’autres productions secondaires. Nous avons prononcé le nom d’une subslance sur laquelle nous voulons précisément insister aujourd'hui : l’huile de Poisson. Ce ne sont point les Japonais, comme nos lecteurs doivent le savoir, qui ont inventé l'huile de Poisson ; elle est irès connue dans nos in- dustries européennes. Extraite des Harengs, des Sardines, des Merlans et Merluches, des Raies, des Congres, des Thons, des Aloses, etc. (1) Note lue à la Section d'Aquiculture dans la séance du 25 janvier 4897. (2) Le yen vaut nominalement un dollar ou à peu près à francs; mais au cours acluel, il ne vaut pas même 3 francs. 178 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. (sans parler bien entendu de l'huile toute spéciale de Foie de Moruc), elle entre dans la fabricalion du savon mou, sert au graissage des machines, mais surtout à la tannerie et au chamoisage des peaux, en constituant le dégras, indispensable pour l’assouplissement des cuirs forts. Le procédé que l'on recommande généralement pour le traite- ment des Poissons afin d’en retirer l'huile, consiste à les accumuler dans des tonneaux et à verser par-dessus de l’eau bouillante. Ces Pois- sons se transforment avec le temps en une masse rougeâtre sur la- quelle l'huile ne tarde pas à surnager. Pour douner une idée de l'im- portance du commerce de l'huile de Poisson, nous ferons remarquer qu’à Stettin, qui est un grand centre pour cette matière, on a importé 2,611,000 kilogs de ce produit. Natureliement, avec leur esprit pratique, les Japonais n'ont pas été sans comprendre l'intérêt qu'il y aurait à tirer de l'huile de Poissons qu'il élait difficile de trouver à vendre, par suite de leur abondance même. Ils n'avaient d’abord que des petites usines très modestes pour traiter ces Poissons; mais ils ont vu que l'Europe formait un excellent marché pour cet article, et ils se sont mis à en fabriquer en assez grande quantilé. En 1887, l'exportation atteignait 37,971 yens ; c'était peu, mais c'était un commencement. Le fait est que des 1891 le chiffre correspondant était de 176,000 yens et en 1894 le mouvement appro- chait de 700,000 yens. Pendant cette année l'exportation totale a été de 16,603,107 caffies (1); l'Allemagne est le principal acheteur, pour 6,041,625 catties, ce qui confirme ce que nous disions à propos de Stettin; puis vient la Grande-Breiagne avec 4,608,168. C’est ensuite la France avec 2,911,197, enfin Hong-Kong avec 2,283,698 et l'Australie avec 291,645. Il est bien certain que, étant donnée la richesse extraordinaire en Poissons de leurs côtes, les Japonais vont se livrer d’une facon plus active encore à l’industrie dont il s’agit, et il y a là un bon exemple à signaler pour nos pêcheries des côtes, qui laissent bien souvent perdre les Poissons dont elles ne peuvent trouver acheteur comme articles d'alimentation. Pour ce double motif il est intéressant de doaner les procédés employés au Japon dans la fabrication de cette huile. Quand on veut oblenir de l'huile brute, on cuit les Poissons, des Harergs par exemple, en les mettant dans une chaudière remplie d'eau; lors- qu'ils sont assez cuits, on en extrait l'huile en les pressant. On estime que les frais de production ressortent à 0,46 cent. pour 2 gallons (2). Mais il faut ensuite transformer celte huile brule en huile filtrée ou raffinée , ou même en cire de Poisson, comme nous allons le dire dans un instant. Le filtrage seul s'effectue très facilement, les 2 gallons de cette (1; AO catties valent 60 kilogs 473 grammes. (2) Le cent est le centième du dollar, le galion est de 4,543 litres. EXTRAITS ET ANALYSES. 179 huile bonne pour l'éclairage reviennent à 0,47 cent; quant au raffi- nage, il s'opère par cuisson de l'huile filtrée dans une chaudière double en fer, au moyen de la vapeur d’eau à haute température, avec addition de quelques substances chimiques. Cette dernière opération porte les frais de production à 0,53 cent. les 2 gallons. Nous avons parlé de cire de Poisson : pour obtenir ce produit assez peu connu, on filtre, puis on fait congeler l'huile de Poisson brute ; on l'enveloppe alors dans un linge et on la soumet à une pression con- venable. Pour la raffiner on la traite de même facon que nous avons expliqué pour l'huile. La cire de Poisson raffinée s'emploie principale- ment pour la fabrication des Bougies japonaises, dont la mèche est faite de moelle de Roseau; le prix de revient est d'environ 3 fr. 75 les 100 livres anglaises de 453 grammes. On peut obtenir de la cire dure en plaçant la cire brute dans une chaudière chauffée à la vapeur, puis en la traitant ensuite par la crême de chaux pour la saponifier. Ré- duite à l’état de savon dur, la cire est mise dans d’autres appareils que l'on chauffe de nouveau à haute température; la décomposition du produit saponifié s'opère par l'acide sulfurique étendu d’eau; on place ensuite ce produit dans une chambre chauffée à 50° et on la soumet à la presse pour en enlever les parties molles; la cire dure obtenue en fin d'opération sert à la confection des bougies dites européennes; elle revient à 7 fr. 65 les 100 livres anglaises. Actuellement, du reste, la cire de Poisson ne constitue qu'un faible article d'exportation, car en 1891 il n’en a élé envoyé à l'étranger que 65,293 catties valant 2,254 yens. Sans doute les procédés japonais sont susceptibles de quelques améliorations; mais en tout état de cause ils forment une importante industrie subsidiaire à l’industrie générale des pêches maritimes. >< LE COCOTIER, L' ARBRE À HUILE ET QUELQUES AUTRES PALMIERS DES POSSESSIONS ALLEMANCDES DE L'EST AFRICAIN. Les Colonies allemandes de l'Est africain jouissent de l’heureux pri- vilège de présenter réunies plusieurs des plus utiles espèces de Pal- miers; comme ces végétaux constituent une source importante de produits alimentaires et industriels, le Gouvernement impérial n’a pas cru pouvoir se désintéresser de cette question et M. O. Wartburg a tout récemment consacré à l'étude des Palmiers de l'Afrique orientale un intéressant mémoire, dans lequel il s'attache à déterminer quelles sont les plantes susceptibles de fournir les rendements les plus avan- tageux et à rechercher les conditions dans lesquelles doit se pratiquer celte culture pour être rémunératrice. 180 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Très vraisemblablement, une partie tout au moins des résultats obtenus dans les Colonies allemandes est applicable à certaines de nos possessions africaines : à ce titre, les travaux de M. Wartburg mé- ritent d’être connus des membres de la Société d’Acclimatation aux- quels ils pourront, le cas échéant, fournir d’utiles indications. Neuf espèces croissent dans les possessions allemandes ; mais deux méritent surtout d'arrêter l'altention : le Cocotier et le Palmier à huile. Le premier (Cocos nucifera L.) est trop connu pour qu’il soit néces- saire de décrire la plante; bien qu'il ne soit pas indigène en Afrique et qu'il y ait élé vraisemblablement amené par les courants, le Co- cotier est néanmoins extrêmement répanäu dans toute la partie de l'Afrique voisine des Tropiques. En effet, d’après une estimation faite en 1891 (1), on ne compterait guère moins d’un million de ces arbres, disséminés sur le bord de la mer et se dénombrant de la facon suivante : Tanra see. eee 450,000 Cocotiers. PANTANI eee ce ce Lee 200,000 — BASAaMOMOEeL EC CCE CE LCL 100,000 — Saadanis RO ES RCE 20,000 — D'arntesiSalaamece rer en 50,000 — Lindi et Minkindani........ 100,000 —= 955,000 Cocotiers. Mais il faut reconnaître que ce chiffre est bien faible si on le com- pare à celui fourni par les plantations de l’Asie et de l'Océanie : Cey- lan, en effet, renferme 60,000,000 de ces arbres et Java tout pres de 70,000,000. Néanmoins, en quelques régions, la culture du Cocotier atteint une certaine importance dans le Tanga en particulier; il s’agit, d’ailleurs, d'une industrie, née d’hier, et qui pourra prendre une extension consi- dérable : des colons européens, dont les plantations remontent à peine à cinq ans, possèdent actuellement plus de 5,000,000 de ces arbres ; de même la maison Perrot et Cie a, tout récemment, planté 10,000 Coco- tiers. M. Schlunke, enfin, avait créé des enclos renfermant plusieurs milliers d'arbres qui malheureusement ont été gravement endommagés par des incendies. Les teutalives de culture méthodique ne peuvent manquer d'être couronnées de succès, puisque, entre les mains des indigènes, dont les procédés sont cependant très primitifs, le Cocotier fournit des résul- tats satisfaisants. Dans le Tanga, où, comme il a été dit, le Cocotier est abondant, les nègres se bornent simplement à semer les graines et à transplanter (1) Æolontal Elutr, 1891. EXTRAITS ET ANALYSES. 181 les jeuues plants trois à quatre mois après ; jamais ils ne fument les jeunes plants et c’est tout au plus s'ils prennent la peine d'en écarter les mauvaises herbes et les feuilles sèches. Malgré ces procédés de culture rudimentaires, l'arbre commence à donner des fruits vers 6 à 7 ans et il existe même une variélé dont les noix jaunâtres sont fort appréciées et qui fructifie dès la quatrième année. La période de fertilité dure assez longtemps et on compte an- nuellement de 60-120 fruits par pied. La cueillette se fait deux fois l'an; néanmoins, l'arbre fructifie d’une facon presque continue. D’après certains auteurs, les fruits véritablement utilisables sont ceux qui sont récoltés en février-mars el en août-septembre; les autres seraient de qualité inférieure. Cette assertion mériterait toulefois d’être vé- rifiée. Quant au produit annuel d’un arbre, son évaluation varie avec les auteurs ; en tous cas, il est loin d’être négligeable. Baumann l'estime de 3/4 à 1 roupie ; les indigènes de 1 à 1 1/2 roupie; Schmidt, qui s’occupait de cette question, en. 1SS8, indiquait le chiffre de 5 francs et, quelques années auparavant, un journal officiel allemand (KXo/onial Blatt) fixait le rendement moyen d'un Cocotier à % fr. 50 par an; enfin, un fonctionnaire du service des forêts, M. l’Inspecteur Kruger, estime qu'un hectare de terre ordinaire planté de Cocotiers produit annuel- lement, défalcation faite des frais de culture, de 500 à 1000 francs. Les usages de la noix de Coco sont multiples, ce fruit présente sur- tout une grade importance dans l'alimentation des indigènes qui le cultivent dans ce but; quant au lail de coco, c'est-à-dire le liquide aigrelet qui remplit le sac embryonnaire extrêmement développé, il constitue une boisson fort rafraîchissante et salutaire ; toutefois, il convient de reconnaître qu il est doué de propriétés légèrement purga- lives qui le font redouter des gens du pays à Zanzibar. Quand la noix est müre, les indigènes la désignent sous ie nom de nasi ou nazi, à ce stade du développement, le lait n'existe plus qu’en faible quantité et est devenu insipide; quant à l’endosperme, il a acquis une dureté trop grande pour pouvoir êlre consommé tel quel ; il ne sert alors qu à la nourriture des esclaves et des animaux domes- tiques, En général, on prend soin, préalablement. de râper l’endosperme ; sous forme de poudre grossière, il sert de condiment pour une infinité de mets; d’ailleurs sa valeur nutritive est assez grande. Il renferme, en effet, les principes suivants : ÉTAISS EMEA ER EE ICE 36 0/0 Albuminoïdes......... 5,5 0/0 SUCRE ET ER eee 8,1 0/0 Pour râper le fruit en question, les indigènes emploient un instru- ment particulier composé par une planche de 7 centimètres de long 182 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. sur 30 centimètres de large; une des extrémités repose sur le sol, l’autre est soutenue par une sorte de chevalet. Celte pièce de bois est munie d'un fort couteau denlé ou bien encore de deux lames croisées sur lesquelles on räpe la noix. Sous cette forme, ja noix de Coco sert à faire des gâteaux fort appré- ciés en Afrique. L'’'endosperme desséché et divisé en morceaux irréguliers forme scus le nom de Xopra un article de commerce important; c'est en effet une maliere renfermant une proportion considérable de corps gras uti- lisés pour la fabrication des bougies. Le Kopra a été pour Zanzibar une source de profils réels ; aussi, lorsqu au commencement de ce siècle, à la suite de l'introduction de la Girofle, la culture de cette plante devint l'objet d’un vérilable engouement, le Sultan crut prudent d’im- poser aux planteurs, sous peine de confiscation des propriétés fon- cières, “e conserver des Cocoliers dans leurs champs, dans la propor- tion minima de 1/3. Cette sage mesure sauvegarda les plantations. Avant qu’on fit commerce de Kopra, l'huile s’exprimait au moyen de grossiers moulins actionnés par des Chameaux; actuellement, ces appareils ne sont plus utilisés que pour la préparation de l'huile de Sésame. Au début du siècle, l’exportalion de l'huile se chiffrait annuellement par 30,000 kilogrammes environ; peu après (1856) le Kopra repré- sentait 12,000,000 de noix, et une maison francaise avait passé des marchés pour la fourniture de 50,000 noix par jour. En 1812, 1,000 noix ne valaient guère plus d'une douzaine de francs : mais, en 1867, le prix s'élevait à 60 francs. Plus près de nous l'exportalion atteignait des chiffres élevés : 1,280,000 francs en 1876- 1877, 1,000,000 de francs en 1877-1878 et 1878-1879. La léxère diminution dans la production de l'Est africain accusée par les nombres précédents semble d'ailleurs assez générale. Dans la région de Pangani, en effet, on a récollé, en 1888-1889, pour 2,352 roupies de ces fruits contre 1,713 en 1890-1891 ; en revanche, dans la région de Tanga, la récolte qui n’atteignait que 29,453 roupies en 1888-1889, s'élevait à 34,518 rouvpies l’année suivante. La prépa- ration des noix est fort simple : après les avoir dépouillées de leur enveloppe fébrillaire, on les coupe en deux et on les sèche au soleil. La masse comestible sort spontanément de la coquille par suite de la coulraction qu'elle subit ; pendant ce temps, les indigènes laissent les fruits à l'air libre; aussi, les avaries, causées par les agents atmos- phériques diminuent-el es sensiblement la valeur de la Xopra. Les fibres qui entourent la noix fournissent, dans certaines régions, la matière première avec laquelle sont fabriquées des nattes, des cor- dages, etc; mais celle industrie, qui est rémunératrice à Ceylan par suite de l'outillage perfectionné dont on y dispose, est presque complè- tement inconnue en Afrique. Les indigènes utilisent simplement la EXTRAITS ET ANALYSES 183 bourre de Coco pour confectionner de menus objets ainsi que pour assembler les plombs de leurs embarcations. Avec la coquille, enfin, on fabrique des vases à eau, des écuelles, des cuillers, etc. Le vin de Coco sous ce nom on désigne la sève qui coule du tronc incisé), enfin, est fort apprécié; dans chaque village il existe des arbres spécialement affectés à sa production. A l'état frais, cette bois- son est peu enivrante, mais les nègres en consomment de telles quan- tités qu'elles exercent use action nuisible sur leur organisme. La récolte du vin de Cocolier est incompatible avec la production des fruits, car celle-ci prive l’arbre de la sève nécessaire à sa fructifi- cation. Les Cocoliers destinés à cet usage sont décapilés et on re- cueille la sève qui s'en écoule dans des calebasses ou dans des coquilles de noix de Coco. Au sortir de l’arbre, le lait est trouble et légèrement blanchâtre ; il est peu enivrant, mais au bout de quel- œues heures, la fermentation le transforme en une boisson moins agréable au goùt, mais, en revanche, fort capiteuse. Les Portugais tirent de ce liquide un vinaigre de boune qualité ou encore le distillent pour obtenir une sorte de spiritueux malsain par suile des produits étrangers qu’on y ajoute. Quant aux feuilles, elle servent à couvrir des huttes, et à faire les palissades des enclos, elc. Le cœur enfin peut fournir un chou palmiste, mais on l’emploie très rarement car la section des bourgeons terminaux entraine la perte de l'arbre. Le second Palmier n’est autre que l’Arbre à huile (Z/æis quineen- sis L.) ; il a un tronc élancé, un peu élargi à la base et atleint commu- nément une hauteur de 10 à 15 mètres; quelques spécimens cepen- dant dépassent 25 mètres. Les feuilles, au nombre de vingt à vingt-cinq, mesurent 7 mètres de long ei sont garnies d’un grand nombre de folioles de 1 mètre environ. Le Palmier à huile commence à porter des fruits dès la quatrième année ; mais il n’atteint son développement complet que vers l’âge de quinze ans ; sa fertilité se conserve pendant une soixantaine d'années; pendant toute cette période, la récolte des fruits se renouvelle plu- sieurs fois dans le courant de la même année (3, 4 et même 7 fois). Les régimes de fruits forment des masses volumineuses pesant 20-30 (parfois même 50) kilogrammes et comprennent une centaine de fruits. Ceux-ci mellent six à sept mois à mürir. La pulpe du fruit, dont le goût est lésèrement amer, sert d'aliment aux nègres ; bouillie longtemps dans l’eau, elle fournit une soupe éga- lement utilisée. Schweinfurth préfère ce fruit à l'olive, dont sa teneur en huile le rapproche. L'huile extraile des fruits de l’Elœis est un produit culinaire de 184 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. bonne qualité : les Européens eux-mêmes s’habitueraient aisément à le consommer. Quant aux Indigènes, ils l'utilisent pour faire cuire les viandes, ainsi que pour s’en oindre le corps sans qu'il soit possible de déterminer si cette pratique a un but hygiénique ou simplement pro- phylactique contre les piqûres des Moustiques ; enfin, on l'applique en guise de topique sur les blessures. Mais c’est surtout comme article d'exportation que l'huile de palme est d’une importance considérable, d'après Pechuel-Lôüsche, les quan- tités importées en Europe, en 1881, représenteraient une valeur de 60 à 75,000,000 de francs. La fabrication de l'huile est encore fort primitive : les fruils sont séparés des régimes, puis chauffés sur un feu doux ; ensuite ils sont réunis dans une auge où on les concasse ; une fois réduits en fragments plus ou moins volumineux, on en remplit des sacs faits d’un lissu à mailles élroites ; ceux-ci sont altachés à un support et tordus au moyen d'un levier. Sous l'influence de la pression, l'huile s'écoule des fruils et vient tomber dans des récipients disposés d'avance. D'après Pechuel-Lüsche, 340 arbres donnant chacun de 3-4 régimes de fruits, représentant environ une tonne et demie, fournissent même avec ces procédés grossiers une tcnne d'huile. Comme le Cocos nucifera, le Palmier à huile produit également du vin de qualilé supérieure ; dans le Cameroun, c’est la boisson favorite des nègres, sur lesquels il exerce une véritable action démoralisante ; chaque régime coupé donne quolidiennement de 1 à 2 litres de cette boisson. Enfin nous nous bornerons à mentionner une série d’autres Palmiers moins importants au point de vue commercial et industriel, mais néan- moins susceptibles d’être utilisés. Tel est le cas du Phœnix dactylifera, trop connu par ses dattes pour qu'il soit nécessaire d'insister et du Phœnix reclinala Jacq., dont les nègres consomment les fruits et le vin, le cas échéant. Parmi plusieurs autres espèces, le Ruphia (Raphia Ruffia Marh.) mérite de nous arrêter quelques instants, car sa tige, comme celle des Sagoutiers, renferme une farine comestible qui constituerait, d’après Emin-Pacha, une ressource précieuse pour les voyageurs dans la disette; en outre, il a l'avantage de fournir un vin d'assez bonne qua- lité. Ses fibres sont textiles ; elles peuvent servir à garnir des lits et à fabriquer des nattes. BUREAUX DES SECTIONS (1897) PREMIÈRE SECTION. — Mammifères. G. ROZEY, délégué du Conseil; E. DECROIX, président; Dr TROUESSART, vice-président ; Ch. MAILLES, secrétaire; Maurice LOYER, sécrétaire-adjoint. DEUXIÈME SECTION. — Ornithologie, Aviculture. Conte de CHABANNES LA PALICE, vice-président ; + OUSTALET, délégué du Conseil ét président : secrélaire-adjoint. Jules FOREST ainé, secrélaire; Comte d'ORFEUILLE, TROISIÈME SECTION. — Aquiculture. M. RAVERET-WATTEL, délégué du Conseil; Edmoni PERRIER, président ; ROCHÉ, vice-président ; J. de CLAYBROOKE, secrétaire; A. BOIG EOL, secrétaire-adjoint. QUATRIÈME SECTION. — Entomologie. M. Édouard BLANC, délégué du Conseil; A. L. CLÉMENT. président; DECAUX, vice-président ; P. MARCHAL, secrétaire; F. RATHELOT, secrétairc-adJoint. CINQUIÈME SECTION. — Botanique. M. Édouard BUREAU, délégué du Conseil: le Dr WEBER, président; HÉDIARD, vice-président ; Jules GRISARD, secrétaire; SOUBIES, secrétaire-ad;oint. COMMISSION PERMANENTE DES RÉCOMPENSES | | l' | | Ê Président et le Secrétaire-Général de la Société. IN. E. BUREAU. È ho ouE élus par le Conseil. M GC. RAVERET-WATTEL. le Dr TROUESSART, élu par la le section (Mammifères). E. WUIRION, — 2° — (Ornithologie). Ë { | | È D Rarhacl BLANCHARD, — % ,— (Aquiculture). AL. CLÉMENT, — 4 7— (Entomologic). le D! WEBER, — pe — (Botanique) QUARANTE-QUATRIÈME ANNÉE. — TABLEAU DES JOURS DE SÉANCE F | L Ë - 1896 -1897 Décembre | Jaer | Fr | Aéor | 1807 | 1897 En 11 liset29|12et26| 5et19 | 2et25 | 7et21 Don im |4etis|Ret22 | 5et19 [12e 26 | 9et30 | 14et28 Dm con 6 | 2 | Peemons om |, | 18 22 | 29 | + | 3 Mages heure fe. » 25 » CEE 10 A RP RE OX SE CE 5° Section : Botanique : ; 9 CAE | 20 25 ! AE > mardi à 3 heures. WA. — Tout Membre de la Société prenant Ë présence, une entrée gratuit 5 - {a Bibliothèque est ouverte tous les j üvent y ètre admises Sur la recomman s dans le Tableau ci-dessus. reçoit, comme jeten de part aux séances indiquée PACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. e au JARDIN ZOOLOGIQUE D del0oh à 4 h. Les personnes étrangères à la Société ours non fériés, e ) Ë < membres. Les livres doivent être consultés sur place. dation écrite de 2 D. “D SOCIÈTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRAN La Sersture Kénéral, pirant Versailles. — Imprimeries Carr, 58, rue Duplessis. Jess pc GUERNE mA. Di er HN ie €: Qu Fondée en 1854 reconnue d'utilité publique en 1855 Paris, 41, rue de Lille (près Lu rue du Bar) BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1807 Bureau Président. ML Le Mvec se Vres, député, membre honoraire de la Société, (médaille d'er 188%. 3 rue Cambacérès, Paris. | Edouard Burao, professeur de botanique am Musémm d'his- toire naturelle, quai de Bétiume, 24, Paris. | Evwos» Pexeme, membre de l'insfitut (Académie des Vicz-Présidents., Stiences). professeur au Muséum d'Histoire naturelle 2+* rue Gay-Lussac, Paris C- Raverer-Warnez, directeur de la Stafion zquxole du Nid-de-Verdier, près Fécamp, rue des Aeartas, M0. Paris. Secrétaire géméral. Barom Jules pr Groxe, rue de Tourmam, 6, Paris. { Par pre nr en médecine ef docteur és-Sciencæs, di recteur adjoint de Siation entvmalogique de Paris, . IDE | Boucicant. Fontenay-aux-Roses (Seine). sa Snrélaires - EE eSscences nañurelles, 2, rue de Villersexel, | Eucène Carsner, asrésé de lUniversité, professenr am Lycée w de Versailles, à Viroflay (Seine-et-Oise). Comte Raymond de Duuwss, rue de Berri, 26, Paris. Trésorier : Albert Becer. administrateur judiciaire prés le Tribunal civil de la Seime, 17, rue Bonaparte, Paris Archivisie-bébliouhéanre : Jean de Cuaveecons, 5, rue de Sontay, Paris. Membres du Conseil L. &. Bones, ancien gouverneur de la Cüte d'ivoire, charge des affaires d'Afrique am Mimistère des Lolonies, 15, rue de Prony, Paris Edouard Bac, pen == he Gre ee Paris. Raphaël Bisscuanp, membre de -ulémie médecine, secrétaire général de Là Société zoologique de France, 235, boulevard Saint-Germain, Paris. Camille Duresre. dociewr em medevime et docteur ès sei _ directeur du laboratoire de Tératelizie à l'Ecole pratique des Hamtes Etudes, 37, rue de Charles DepRer:z, avocat, propriétaire. 3. rue de Chéfeandun, Paris. Fan be LsBocrave, ambassadeur de France, I, avenue des € Elysées, Paris. 24. Maxc-Eswanss, membre de l'Institnt (Académie des Sciences), directeur du Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Cavier, Paris. Louts Orvr, Docteur ès sciences, directeur de la Revue générale deg Sriemces Bures et apuliguées, 31,rue de Provence, Paris. Ovsrarer, Docteur és sciences. assistant am Nuséam d'histoire naturelle (Mammifères et SE PE Lis, rue Dotre Dame-des Cham Paris. À. Bamrær, membre de l'Académie de médecine. professeur d'Histare mafu- relle, à l'Ecole vétérinaire d'Alfart (Seime)- , De Were, médecin inspecteur de larmée, ancien directeur de l'Enole de médevine militaire du Val-de-Grâce, 140, boulevard Sain:-Germain, Paris. Président honoraire. Albert Goorreor Sacvr-Hinsme, ancien directeur du Jardin zoologique d'Acdimatation du Bois de Boulogne, Vault de Luguy, par Avallon (Yonne). Seerétairs général honoræire. Amédée Brrveocur, avocat, docteur en droit, maritimes, 18, rue du Chenche-Midi, Paris. Trésorier honoraire. Georges Muvess, propriétaire, Bourg-lz-Reine (Seine). Membres homoraires de Comseil- Pierre Mécss, membre de l'Académie de médecine, directeur du Journal l'Elevewr, avenue Aubert, 6, à Vincennes (Seine), L D° Edouard Mise, médecin de la maison de santé de Saint-Jean-fe Dien, rue Oudinot, 30, Parts. , 3 D. 2 Dr Joseph Micuo, ameien Préfet, rue de Babylone, 23, Paris. Auguste Paucers, propriétaire, 3, rue de Méicis, Paris- + CE PE BULLETIN 591.32 DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 44° ANNÉE MAE. FS59:7 SOMMAIRE ES Fes Arerettes 72.52.24. 20.62... 23 185 F. GEAY. — Observations faites sur les Aigrettes dans l'Amérique tropicale.......... 205 RaPHarz BLANCHARD. — La Chique des Oiseaux............................ 217 Extraits des procès-verbaux des séances de la Société : LHTHE DÉTECTE CE REIN UT RE EE RER ET 221 HEcHon: Botanique. —/Séance du 16 mars 1897 -.-.. 2222. 4 1... .. 228 Extras et Analyses : A- MILNE-EDWARDS. — Sur l'accroissement de taille et de poids d’un jeune ER Pl dat de tes un nu Pod a 0 ed ee mn à IE Her LECOMTE.— Le Kickria africana Benth. au Congo français. ........_..... 230 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 41, RUE DE LILLE, 41 PARIS ET A LA LIBRAIRIE CERF, 12, RUE SAINTE-ANNE Le Bulletin paraît tous les mois. SOCIÈTE MATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE | Fondée le 10 Février 1854 reconnue d'ulilité publique par décret en date du 26 Février 1855 ————_—_—_—_—_—e BUT DE LA SOCIÉTÉ Le but de la Société est de concourir : 1° A l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d’orsement : 2 au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées ; : 3° à l'introduction et à la propagation des végétaux utiles ou d'or nement. Fc RTS Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au sol même de la France. L’attention des personnes compé- tentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’accli- mater dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. ii “7 La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récom- penses honorifiques ou pécuniaires, organise des expositions ou des conférences. Enfin, d’une manière toute Spéciale, par les graines qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres où aux Sociétés dites agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation £oursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue entre toutes les 2ss0- ciations analogues uniquement préoccupées de science pure. 2] Les récompenses et les EnCOuragements de la Société d'Acclima- tation peuvent être obtenus par les Français et les étrangers, les membres de la Société ou les personnes qui n’en font point partie. Sont invités à prendre part aux concours : les naturalistes-voyageurs, les jardiniers, les gardes, les éleveurs de toute catégorie (aviculteurs, pisciculteurs, apiculteurs, sériciculteurs), et, en général, tous ceux qui servent, dans la pratique, avec ou Sans Salaire, le but poursuivi ‘par la Société. | | 185 LES AIGRETTES HISTOIRE NATURELLE — PRODUITS — CHASSE — DOMESTICATION — ÉLEVAGE (1) par J. FOREST aîné, Secrétaire de la Section d'Ornithologie. En notre fin de siècle, si troublée au point de vue écono- mique, l’on constate avec satisfaction quelques progrès dans l'utilisation des ressources qu'offre la Nature pour les besoins du Commerce et de l'Industrie. Parmi les conquêtes récentes de l’homme sur le monde animal, il convient de citer la domestication des Aïgrettes, moins importante sans doute que celle de l’Autruche, mais dont il serait téméraire de prédire l'avenir, étant donnée l’inconstance de la mode. Diffé- rente de l'élevage des Autruches qui se pratique en pays sec, son développement assure des ressources nouvelles aux régions marécageuses inexploitées actuellement. Les Aïgrettes sauvages des deux espèces Ardea (Herodias) garzella et egretta, petites et grandes Aiïgrettes, autrefois très communes, ont presque complètement disparu dans l’Europe méridionale, dans l'Afrique septentrionale, dans toutes les parties humides de l'Asie et de l'Océanie. Il en est de même aux États-Unis, notamment en Floride, dans les Carolines et dans la zone maritime des fleuves américains. En 1877, dans un article du Penn Monthly, sur la diminu- tion du nombre des Oiseaux aux États-Unis, M. J.-A. Allen dit des Hérons aigrettes que, malgré leur inutilité au point de vue alimentaire, ces Oiseaux ont énormément décru en nombre, soit généralement par des motifs naturels, soit par- ticulièrement à cause de la cupidité de l’homme. « On a, dit-il, récemment détruit beaucoup de Hérons, principale- ment en Floride, pour avoir leurs plumes. Le massacre de ces pauvres Oiseaux, incapables de se défendre, attriste les penseurs et fait honte (1) Communication faite dans la séance générale du 15 janvier 1897. Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 13. 186 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. à notre époque. On les attaque dans les endroits où ils couvent et on les tue par centaines dans l'espace de quelques heures, uniquement pour enlever les belles plumes, dont, malheureusement pour eux, la nature les a ornés. Souvent, quand les parents ont péri, les petits meurent à leur tour faute de soins et parce qu'ils ne peuvent encore se suffire à eux-mêmes. Quand les vieux Hérons quittent la contrée où leur race s’est propagée pendant de longues générations, le seul avan- tage que leur procure cette émigration est d'être tués, l’année suivante, dans la nouvelle contrée où ils ont cru pouvoir se fixer. Ce qui facilite l’extermination des Hérons, c’est que ces Oiseaux ont l'habitude de se réunir en grand nombre pour nicher et que leur extrème tendresse pour leurs petits, leur fait braver tous les dangers et même la mort. On détruit maintes couvées de Hérons, la nuit, par pure bravade, unique- ment pour pouvoir dire : J'ai abattu tant d'Oiseaux dans les vingt- quatre heures. » Nous constatons ce fait aujourd'hui, dans ce pays, comme d’ailleurs dans toute l’Europe et l'Afrique septentrionale, en communication facile avec l'Europe, partout les Aïgrettes ont disparu, tandis que leurs dépouilles ornent des coiïffures fémi- nines dans le monde civilisé subissant la mode parisienne. J'appelle l'attention sur les conséquences désastreuses d’une période décennale (très longue pour une mode) des parures d'Aigrettes. Cette vogue, par sa répercussion dans toutes les classes de la société et par les hauts prix payés pour ce plumage, me fait craindre dans un avenir prochain l’ex- tinction de ces Oiseaux. Leur chasse est aujourd'hui, en effet, une véritable industrie, qui, dans certaines régions, en deux ou trois mois, rapporte à quelques Européens, direc- teurs ou entrepreneurs de ces prospects, près d’un mülion de francs. L'invasion du territoire contesté anglo-vénézuélien n'a pas d'autre cause que la pénétration de plus en plus profonde des chasseurs d’Aïgrettes dans les Llanos (1). Il y a aussi (1) Le traité d’arbitrage permanent devant régler ces difäcultés a été signé entre les Etats-Unis d’une part et la Grande-Bretagne de l’autre, à Washing- ton, le 11 janvier 1897; cette convention marque une date. Le traité n’a pas fait grand bruit, à peine signalé dans quelques dépêches laconiques. Nous n’en avons pas encore le texte sous les yeux. Mais nous sa- vons que les Etats-Unis et l'Angleterre ont décidé par un écrit en bonne forme de soumettre dorénavant à un tribunal d'arbitrage les différends qui pourraient s'élever entre eux, et le roi Oscar de Suède a déjà accepté, à ce qu’il paraît, de remplir les atiributions indiquées par un certain article de ce traité. L’arbitrage entre des pouvoirs souverains qui confondent trop souvent leur volonté avec le droit est peut-être pour toujours une chimère. 11 faudrait d’a- LES AIGRETTES. 187 un contesté anglo-brésilien envahi par des chasseurs venus de la Guyane anglaise ; c’est ainsi la chasse aux Aïgrettes qui est la cause de ces différends diplomatiques à peu près incom- préhensibles pour le public, qui, sous l'impression des récits tragiques de nombreux Français ayant parcouru ces régions dangereuses de l'Amérique équinoxiale, se demande ce qu'on peut bien aller faire dans des pays si inhospitaliers, si dan- gereux, si malsains ? Telle est cependant l'unique et véritable origine des diffi- cultés anglo-américaines (1). En effet, depuis une dizaine d'années, la chasse des Aïgrettes a été plus productive que la recherche de l'or et du caoutchouc. Point n’est besoin de créer des établissements, d’immobiliser des capitaux : quelques fusils, quelques provisions, et en route à la recherche des Aïgrettes. Aussi la fraude s’est-elle déjà développée ; on nous en signale une entre autres que pratiquent les trafiquants de la République Argentine. Elle consiste à introduire une ai- guille dans le tube de la plume d’aigrette fraiche, celle-ci se rétrécit en séchant, ce qui rend la supercherie invisible. Nombre de mes confrères ont été victimes de cette escro- querie qui obtient l’absolution plénière des « padres » de l'Argentine. La consommation industrielle ne se ralentit pas ; au con- traire, elle est stimulée par des apports très importants dont je dois fixer approximativement la quantité. Les ports du Vénézuéla, en 1895, ont envoyé à Paris envi- ron 600 kilogrammes de plumes de parures de l’Ardea egret- ta. Ces plumes sont recueillies en majeure partie après la mue des Oiseaux, qui ne sont pas détruits, maïs vivent en liberté, près des villages à proximité des marais. La Répu- bord changer tout l’état de l’opinion du Monde, Elle se modifie peu à peu, il est vrai, et, dans un grand nombre de circonstances secondaires, quand les passions ne sont pas encore exaspérées, l'arbitrage peut rendre des services, comme dans l'affaire du Vénézuela. Aussi nous a-t-il paru curieux de faire ces remarques à propos d’Oiseaux dont la chasse a motivé les différends. (1) Voir plus loin, page 205, les observations de M. F. Geay sur les Aigrettes de ces régions de l'Amérique tropicale, 188 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. blique Argentine en a expédié environ 100 kilogrammes ; le Brésil, la Colombie, le Paraguay, l'Uruguay, le Pérou four- nissent en plus grande quantité des plumes d’Ardea garzetta ou crosses. Les productions du Mexique sont monopolisées par des Américains des Etats-Unis, qui font la saison, c’est-à- dire viennent annueïlement dans les mêmes régions pratiquer le commerce et chasser les Aiïgrettes. New-York, le marché de ce produit, monopolise presque toute l'exportation de la Chine et du Japon. Avant la guerre sino-japonaise, une maison parisienne faisait l'importation des plumes d’aigrettes de la Corée, je n’ai pas oui dire qu'elle ait encore actuelle- ment un agent dans ce pays. La Sibérie, le Turkestan sont encore des pays producteurs pour une quantité assez considérable, environ 50 kilogrammes, de qualité spécifique très inférieure. Cette variété de plume a un aspect absolument différent de l’aigrette d’autres prove- nances de l’Ancien et du Nouveau Monde. Les barbules, au lieu de retomber gracieusement, sont rigides et remontent dans le sens de la tige qui d’ailleurs est plate, tandis que dans les parures dorsales des Aïgrettes en général, cette tige est arrondie. Le mélange de l’aigrette dite de Russie, avec celle de toute autre provenance est une opération tres lu- crative qui se pratique chez le négociant en plumes brutes de parures. En Afrique, l’aigrette grise du Sénégal est également peu prisée, la production de la Sénégambie en crosse et aigrette atteint une dizaine de kilogrammes, celle de toute l'Afrique est évaluée à environ 25 kilogrammes seulement (ji). Dans l’Asie-Mineure, les Aïgrettes sont devenues fort rares ; elles sont très poursuivies en Perse ; aux Indes, la chasse est réglementée, ainsi que dans la presqu'ile de Malacca. Les Indes Britanniques semblent être la patrie d’une variété de Garzette, Ardea Sturmi, Egretla plumbea Swains. (Voir Bull. Soc. d’'Acclimatation, 20 septembre 1893), au plumage ardoise presque noir peu estimé dans la plumasserie mo- derne. L’aigrette de cette Garzette nègre est la parure parti- (1) Il existe dans l'Afrique du Sud une variété d’Aigrette (qu’on trouve éga- lement en Australie) l’Ardez flavirostris Temm., plus petite, à tarses noirs; elle se distingue en outre de l’espèce européenne par son bec jaune, et de l’es- pèce américaine par sa petite huppe. La faible valeur de son aigrette semble devoir assurer son existence. LES AIGRETTES. 189 culière et spéciale des sultans d'avant la conquête anglaise et des rajahs modernes (1). Des chasse-mouches en plume de crosses et d’aigrettes blanches étaient également réservés aux souverains. La couronne du Prince de Galles est ornée à son sommet d'un bouquet d’aigrettes noires de la Garzette nègre (2). L'histoire de ces plumes, estimées 500,000 francs, est fort peu connue. Il a fallu vingt ans et la vie d’une douzaine de chas- seurs, morts à la tâche, pour recueillir cette touffe de plumes unique au monde. L'Oiseau qui fournit ces plumes se nomme le Ferivah. Afin de les obtenir dans toute leur beauté, il est nécessaire de les arracher à l’Oiseau vivant. Le grand danger de cette chasse vient de ce que le Feriwah fréquente exclu- sivement les parages habités par les Tigres. En Birmanie, l’industrie de l'élevage des Oiseaux de ma- rais pour la parure, se pratique de temps immémorial. Il n’est pas rare de rencontrer des canaux et des îlots spécia- lement aménagés pour la reproduction des Oiseaux dont les plumes ont une valeur commerciale, Dans l’Indo-Chine, les marais du Tonkin, les rizières de l’Annam et du Cambodge hébergent des colonies assez impor- tantes de Garzettes. À Hanoï, quelques négociants font surtout commerce de plumes d’aigrettes (crosse) HORS à Paris. Les Aigrettes sont peu abondantes dans l'Océanie, on les trouve en Nouvelle-Guinée principalement. Les productions de l’Europe, de l'Afrique septentrionale sont épuisées ; en Egypte, les Aigrettes, autrefois abondantes, ne se retrouvent plus que dans le Fayoum, vers le Haut-Nil; celles des lacs Mariout, Menzaleh ont été exterminées. J'ai dit plus loin que les Aïgrettes de l’intérieur, d’une espèce différente, sont peu recherchées en raison de la mauvaise qualité de leur parure. Les Aiïgrettes commencent à se cantonner. On trouvait au- trefois des représentants de cette famille dans toutes les parties du globe terrestre, les régions polaires exceptées; les (4) Manucei, Histoire de l'Inde depuis Tamerlan jusqu'à Orengzeb, 1712. La galerie des Estampes de la Bibliothèque nationale de Paris possède des miniatures anciennes très intéressantes à consulter au sujet de ces emplois d’aigrettes. (Réserve SS.) (2) Cette aigrette, si j'ai bonne mémoire, a figuré dans la section indienne de l'Exposition universelle de Paris, en 1867. 190 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. rivages maritimes, les hauteurs montagneuses en abritaient d'habitude, dans le voisinage de l’eau (1). Les Aigrettes étaient assez nombreuses dans la zone tempérée, les marais du Languedoc, de la Provence, des Landes en France; de Cadix, d'Albuféra, près de Valence, dans le sud de l'Espa- gne; la Sardaigne, la Vénétie, la Hongrie et jusqu'à l’em- bouchure du Danube, en possédaient des colonies durant la bonne saison ; aujourd'hui, c'est à peine si, par hasard, un Oiseau égaré revient à son ancienne patrie, il serait donc tout à fait désirable de réparer l'erreur commise en les dé- truisant, par un élevage rationnel. Aucune famille d'Oiseaux ne présente autant de confusion que celle des Aïgrettes, dans la nomenclature adoptée par les naturalistes. Réparties sur diverses contrées de l’univers, elles different peu dans leurs dimensions générales : les jeunes se reconnaissent par l'absence de huppe, ils ont le plumage d'hiver de l'adulte; la plupart des variétés en beau plumage sont recouvertes d’une riche parure dorsale, du blanc le plus éclatant. L'espèce américaine (4rdea egretta Wilson, American Ornithology, planche LVI, fig. IV, vol. II. — Ægrelta leuce Jardine) n’a pas de huppe, les tarses sont plus longs que dans les autres variétés; elle paraît propre au Continent amé- ricain et iles avoisinantes (2). A l’Aigrette américaine s'ajoute celle que Bonaparte a découverte, Ardea Pealie de la Floride, se distinguant par la couleur chair du bec ; d’une taille plus petite que À. alba, elle diffère de A. garzelta par sa grande huppe composée et de À. candidissima par la qualité et la texture de ses plumes de parure. Au commencement du siècle, la grande Aiïgrette était ré- pandue depuis les Guyanes jusqu'à New-York ; elle arrivait aux Etats-Unis en février, ne visitait pas ou presque jamais les régions montagneuses de l'intérieur ; son séjour de prédi- (1) L'habitat des Aigrettes a été étudié dans Le Naturaliste, en 1895. (2) Les plumes de parure de la grande Aigrette américaine sont supérieures en qualité à l’espèce de l'Ancien continent. Le croisement de cette espèce avec celle de l'Ancien continent amènerait peut-être une modification de plumage très appréciée. rt... à 1 CAROL Le à Sn ‘ÿ D LES AIGRETTES. 194 lection étaient les marécages des plaines inondées, les ri- zières, les profondes dépressions marécageuses environnant les rivières où, en raison de leur blancheur éclatante, elles s’apercevaient de très loin. Dans cette espèce, le plumage parfait de l'adulte apparaît dès la troisième année. Nombre de naturalistes ont cru que l’Oiseau sans cette parure était d’une autre espèce, appelée le Héron blanc: maïs les différents états de l'Oiseau sont aujourd’hui mieux connus et ces con- fusions ont disparu. La Garzette américaine (Ardea candidissima) diffère de celle de l’Ancien Monde par sa taille, qui est presque double ; sa tête est couverte d’une huppe de plumes à barbules dé- composées. Au commencement du siècle, le célèbre natura- liste A. Wilson trouvait les Garzettes en abondance dans Summer Beach, sur la côte du cap May (Floride), où elles faisaient leurs couvées en mai. Leur parcours s’étendait sur les rivages maritimes de l'Amérique septentrionale depuis l’isthme de Darien jusqu'au golfe de Saint-Laurent. Aux Etats- Unis, c'était un Oiseau de passage arrivant du sud au com- mencement d'avril et quittant au retour les Etats du centre en octobre. Les Garzettes errant dans les criques et les forêts inondées fréquentaient de préférence les marais salants durant l'été et pénétraient très rarement au loin dans l'intérieur du pays. Leur nourriture consistait en Crustacés, Vers de vase, Mol- lusques, Grenouilles et Lézards. Les semences de différents végétaux et toutes sortes de plantes aquatiques étaient éga- lement recherchées par elles. Une héronnière offre un bien vilain spectacle, les arbres, les buissons, les roseaux où se trouvent les nids et autres lieux de couvée sont d’une saleté repoussante. En réalité, c'est une fabrique de guano. Les feuilles sont brülées par la fiente caustique des volatiles et les branches sont mécon- naissables sous une épaisse couche d’excréments aussi désa- gréable à la vue qu’à l’odorat. Pour compléter ce tableau, le sol couvert de déjections, de détritus de Poissons et des cada- vres en décomposition des poussins tombés du nid, tout cela sent horriblement mauvais, mais n'arrête pas le chasseur que ne rebutent ni les Moustiques, ni les Reptiles, ni les HOMPES. Au commencement de juin, les lieux de couvée et les refuges 4192 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. des Aïgrettes diverses sur les bords du Mississipi se trou- vaient dans des régions inondées, dont certaines parties éle- vées et boisées leur servaient d'aire pour leurs couvées en compagnie de Bihoreaux et de Hérons pourprés (1). Leurs ennemis étaient les Indiens cherchant à se procurer les pa- rures pour leur propre usage, les Faucons, les Corbeaux et les Goélands qui attaquent l'Oiseau au nid sur sa couvée et font des ravages parmi les jeunes Oiseaux, fort gras, paraît-il, et d'un excellent manger (2). Les Aïgrettes des deux sexes ont la parure caractéris- tique de l'espèce, cependant celle de la femelle est plus courte. Les jeunes Oiseaux ne prennent la parure qu'à l’état adulte; pour les Garzettes, la parure du poitrail et du dos apparaît dès la première mue. En octobre, la huppe commence à se former, l'Oiseau mesure alors 22 pouces de long et 34 en développement ; les tarses sont d’un vert jaunâtre barbouillé de noir, les pieds vert-jaunâtre pur; la mandibule supérieure blanche à sa base: les ailes fermées recouvrent presque la queue qui s’égalise à son extrémité (3). Tous les Ardéidés ont une nourriture très variée suivant leur habitat et la saison. Dans leur mode d'existence, ce sont plutôt des Oiseaux diurnes. La période de croissance et de mue des plumes de parure des diverses Aigrettes est fort intéressante à observer. Dans nos contrées, la mue est à peu près accomplie en juin ; l'Oiseau, dépouillé de sa parure dor- sale, peut s’observer en automne; en mars, la parure semble atteindre la moitié de son développement, qui coïncide avec la saison des amours et de la reproduction sur les deux hémis- phères. Dans l'Amérique méridionale, la parure de noces s’observe de fin juin à fin juillet. {1) Poussielgue, Quatre mois en Floride, 1851-1852. — Tour du Monde, 1869, 4er semestre. Autrefois les dépressions boisées marécageuses du New Jersey, les étangs des environs de Philadelphie étaient fréquentés chaque année par de nombreuses troupes d’Aigrettes. Les Indiens appurtaient leur chasse d’Aï grettes au marché de la Nouvelle-Orléans. (2; Il est remarquable d'observer que les Faucons américains ont une préfé- rence pour les Oiseaux à plumage #lanc qui, sans doute, a un attrait tout particulier pour eux. (3) Voir Alexander Wilson, American Ornithology, pl. LXIL, 6g. IV, vol. II, the Snowy Heron. L'intérêt tout particulier que nous accordons à la grande Aigretle américaine en raison de la qualité supérieure de son plumage, jus- tifera les développements donnés ici a son sujet. rs 60 LES AIGRETTES. 193 Les procédés de chasse en usage dans les diverses parties du monde varient à l'infini, et selon les régions, ce seront des armes à feu, des pièges, du riz empoisonné ou même des battues organisées comme dans les marais de Rach-Gia, dans lPAnnam, qui, entre autres, fournissent une énorme quantité de plumes et de dépouilles d’Oiseaux de toutes sortes. Nous admettons pour l’Ardea egrelta une production d’en- viron 3 à » grammes par Oiseau et environ 2 à 3 grammes pour l’Ardea garzetla, permettant de chiffrer le nombre fantastique d’Aïgrettes sacrifiées depuis une dizaine d'années. Aussi je ne crains pas d'affirmer que si les Gouvernements du pays où existent les Aïgrettes n’appliquent pas à bref délai des mesures de préservation devant au moins assul‘er la con- servation de l'espèce, très probablement le prochain siècle verra la disparition totale des Aïgrettes (Ardea egretla, Ardea garzelta). Cette disparition serait préjudiciable à l’une des branches les plus intéressantes de l’industrie parisienne, et, jetant le cri d'alarme, je me permets de signaler la possibilité d'un remède. En 1895, au Congrès international de Zoologie de Leyde, un vœu en faveur de mesures de sauvegarde et de la domestica- tion des Aiïgrettes a été présenté et appuyé sur ma de- mande par l’un des membres les plus autorisés de la Société d'Acclimatation, M. le baron d'Hamonville. Je viens solli- citer de la Sociélé d’Acclimatation une nouvelle manifesta- tion d'intérêt en faveur des Aiïgrettes. Les observations qu'il m'a été possible de faire au Maroc concernent des Garde-bœufs, des Garzettes et des Crabiers chevelus (A. bulbulcus-ibis, A. garzetla, À. comalta). Ces Oiseaux ne sont pas plus farouches que les autres Oiseaux du pays épargnés par les chasseurs ; les Arabes et les Berbères ont une grande vénération pour les Hérons blancs, Garzettes et Garde-Bœufs ; d'habitude, ces Oiseaux se trouvent en- semble ; rien de plus amusant que de les voir sur le dos des Ruminants, grands et petits, très affairés à la recherche de la vermine fort commune sur les Bœufs et sur les Moutons. Dans les prairies de la Hongrie, le Crabier chevelu rend 194 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. les mêmes services aux Porcs, très abondants dans les vallées du Danube et de ses affluents. Tous les voyageurs qui ont pu observer les Aïgrettes dans les pays où une poursuite incessante ne les a pas rendues farouches, ont constaté l'attachement de ces Oiseaux pour leur lieu de naissance ; un instinct bien remarquable, rappe- lant celui des Hirondelles, les ramène tous les ans dans leur patrie. Les Aigrettes vivent en grandes familles dans les ré- gions les plus difficiles à approcher ; ce sont des Oiseaux peu intelligents et fort poltrons, leur terrible bec ne les pere guère, même contre le Faucon. D'après les observations recueillies sur les Létéanièes des immenses Llanos de l'Amérique méridionale, il est reconnu que la destruction complète d'une colonie est le résultat des chasses par les armes à feu auxquelles ces pauvres volatiles n’essaient même pas de se soustraire. En Chine, des croyances superstitieuses assurent un abri inviolable à leurs hôtes im- maculés, presque domestiqués, dans les parcs environnant les pagodes et les cimetières du pays; les Oiseaux errants, seuls sont chassés. De l’ensemble des observations précédentes, nous pouvons admettre la possibilité de domestiquer les Aigrettes : À. egretta et A. garzetta. L'élevage serait-il aussi profitable que la chasse ? Cette question est assez complexe; mais ces Oiseaux étant omnivores, il me parait facile d'assurer leur existence. À Tunis, on les nourrit avec des viandes d’équar- rissage (Chevaux, Mulets, Anes) et l’on évalue à 5 francs le prix de la nourriture d’un Oiseau par an. La reproduction en volière est régulière, subordonnée toutefois à l’espace nécessaire pour l'existence de ces Oiseaux très querelleurs, quoique sociables. Les petits âgés de trois semaines n’ont plus besoin d’être alimentés par les parents, ils se nourris- sent seuls et sont en état de s’accoupler dès la première année. Les exemples que je produis sur la possibilité de la domes- tication des Aïgrettes sont à la vérité peu nombreux. Mes recherches n’ont pas eu la durée nécessaire pour fournir des résultats bien importants. Néanmoins la voie est ouverte, et sans doute quelque ami du monde ailé, ayant plus de loisirs que votre serviteur, pourrait compléter ce témoignage. Pour la Garzette, l'expérience pratiquée à Tunis, en 1895, établit LES AIGRETTES. 195 irréfutablement les avantages de l'élevage en captivité (1). La reproduction en volière amena dans les troupeaux une aug- mentation d'environ 30 petits, qui aujourd’hui doit dépasser le nombre de 400. La propriété affectée à l'élevage est située à peu de distance de Tunis. On y a installé une vaste volière contenant bassin et arbres et dont la construction n’a pas coûté moins de 14,000 francs. Cette volière renfermait en août 1896, 387 Garzettes. Elle a été peuplée, au début, en 1895, avec des Aigrettes sauvages capturées, qui étaient payées 4 fr. la pièce, et se sont facilement reproduites en captivité. Les femelles font deux pontes successives : en avril et en juin. Chaque ponte est de trois ou quatre œufs, qu’elles dé- posent dans un nid rudimentaire, par terre ou sur les arbres, avec de la paille ou des roseaux mis à leur disposition dans la volière (2). Les parents nourrisent les petits environ quinze jours et les chassent du nid; dès lors ils sont en état de manger seuls, c’est cette faculté qui, relativement, est, à mon avis la sauvegarde de l'espèce, les adultes seuls possédant la plume de parure qui occasionne le massacre. Je n'ai aucun doute sur la possibilité d’un élevage en do- mesticité libre, comme pour les Pigeons par exemple. D'après l’éleveur tunisien, le revenu d’un Oiseau par année est d'environ 35 francs, produit de deux plumées faites en mai-juin et de septembre au commencement d'octobre, de 6 grammes environ, au prix de 5 francs le gramme, auxquels s'ajoutent les produits vivants. Ce rendement par Oiseau me paraît définitif en raison de la diminution considérable du nombre d'Oiseaux de cette espèce, universellement cons- tatée. C’est l'espèce la moins sauvage, par conséquent la plus décimée. Pour la grande Aiïgrette, la domestication est contestée ; je rappelerai en passant que, dans un envoi de divers Oiseaux de la Guyane adressé à la Sociélé impériale d’Acclimatation, en 1857, se trouvait entre autres une grande Aigrette (4. egretta), élevée en liberté et parfaitement privée (3). Parmi (4) Voir E. Olivier, Un parc à Aigrettes em Tunisie, Bull. Soc. nat. d’Ac- climatation de France. Juillet 1896, p. 302. (2) L'œuf est d’un ovale allongé, pointu aux extrémités, couleur turquoise morte, sans tache, de nuance éteinte. (3) Cet Oiseau fut placé par les soins du Conseil de la Société, avec le reste de l'envoi, à la Ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle. {Bull. Soc. Imp. d’Acclimatation, 1857, p. 498.) 19% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. les voyageurs français, Paul Marcoy, Chaffanjon, Coudreau, Wiener, Geay, Thouar, le regretté Crevaux, et le voyageur allemand Ehrenreich, en 1889, dans sa traversée de l'Amé- rique, du Paraguay au fleuve Amazone, voyaient partout dans les villages indiens, entre autres Oiseaux domestiqués, des Aras, des Nandous, des Hoccos, des Canards, des Hérons et des Grèbes se nourrissant de détritus quelconques (1). Brehm a cité le fait de ponte d'Ardea garzetta dans les volières du Jardin zoologique de Cologne. Ce fait et les qualités omni- vores de l'Oiseau m'ont affirmé dans la croyance de sa domes- tication possible ; le succès de Tunis peut-être poursuivi et répété partout ailleurs, telle est la conviction que je voudrais voir s'établir. D'autres espèces de Hérons sont susceptibles ée domestica- tion. Dans toute la Mésopotamie, on en rencontre plusieurs espèces (Cheebi) ; le Héron à aigrettes d’un bleu cendré est domestiqué dans quelques maisons de Bagdad. Il ne faudrait pas croire, comme on le prétend parfois, que les plumes d'aigrettes puissent sensiblement baisser de valeur, alors même que de nouveaux élevages en augmenteraient la production ; il importe de ne pas perdre de vue que des mil- lions d'êtres humains entrent tous les jours dans le cercle de la civilisation européenne ; tels sont les habitants de l'Inde, de la Chine, du Japon, qui peuplent par centaines de millions l'Extréme-Orient. Le gout du luxe se développe de plus en plus dans la vieille Europe, il grandit sans cesse dans les Amériques, en Australie et dans les colonies européennes du Continent noir. D'ailleurs, si dans un avenir plus ou moins prochain, le beau sexe de l'Extréme-Orient, je parle des Japonaises, des Chinoïses, etc., adoptait les modes européennes, complément obligatoire de la civilisation occidentale, par extension, sans donte, le gout du panache pourrait être la conséquence natu- relle et la visible manifestation de la gloire militaire acquise par les Japonais. Le symbolisme du port des plumes remonte à la plus haute antiquité ; au début, c'est une amulette, l'ornement distinctif du chef et des principaux guerriers. Son importation, en 1) Le procédé des Indiens est d’une simplicité parfaite, ils recueïllent les petits incapables de voler et les entretiennent auprès de leurs habitations, en liberté. LES AIGRETTES. 197 Europe, a une origine orientale certaine, car, dès l'antiquité la plus reculée, les contrées du Nord de l’Europe et particu- lièrement celles des bords de la mer Baltique, ont entretenu avec l'Orient les relations commerciales les plus actives et cependant ignorées des populations occidentales jusqu’à l’époque de la conquête romaine. Le siècle prochain verra peut-être l'exportation européenne de ce symbolisme retour- nant dans son pays d’origine. Les régions favorables à l'élevage des Aigrettes sont : en France, la région ouest baignée par le Gulf Stream, les marais des bords de la Méditerranée ; en Tunisie, tout le territoire marécageux du littoral et de la Medjerda; en Algérie, les lacs de Fezzara, de Misserghin ; en Afrique occidentale, les régions marécageusés, le lac de Guier au Sénégal, la région des mari- gots autour de Tombouctou, les lagunes du Dahomey, les parties marécageuses de la Guinée française et du Congo, etc.; à Madagascar, les lieux favorables à l'élevage des Oiseaux de marais ne sont que trop nombreux; à la Réunion, l’Aigrette arrive en mai, émigrant de Madagascar, l’Aigrette grise (Ardea calceolata) naît etse multiplie le long des grandes ri- vières de l’île; en Indo-Chine, cette industrie me parait sus- ceptible d’un très grand développement, tout s’y prête admi- rablement, le pays et les gens. Les indigènes, fort intelligents, seront d'excellents éleveurs d’Aigrettes; les innombrables rizières du pays, les marais fournissent sans frais l’aiimenta- tion nécessaire (1), on sait que tous les Ardéidés sont doués de prodigieuses facultés digestives, il est donc très important de satisfaire leur gloutonnerie. Ces conditions existent égale- ment, bien que moins favorables, à la Guyane, dont la popu- lation, nègre en majorité, ne me paraît pas propre à assurer le succès de cet élevage; par contre, dans l’intérieur, les Roucouyennes et autres Galibis pourraient devenir des pro- ducteurs de plumes d’Aigrettes. (1) Le Grand-Lac, dans la province d'Hanoï a plusieurs lieues de tour; on en distingue à peine l’autre bord ; de beaux îlots bien ombragés se montrent de distance en distance, couverts de cases et de pagodes. Des bandes de Sar- celles, de Hérons et de Canards prennent leurs ebats dans les roseaux de la rive. 198 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. L'étude détaillée des contrées de l'Amérique méridio- nale fournissant la quantité prodigieuse de dépouilles d’Ai- orettes qui alimente presque tout le marché serait des plus intéressantes, mais elle m’entrainerait trop loin, et je me bornerai à renvoyer, pour de plus amples renseignements, aux descriptions classiques de la Géographie universelle d'Elisée Reclus (1).. Le grand champ d'exploitation du Vénézuela se trouve dans l'État de Bolivar, sur le Bas-Orénoque, et égale plus des deux cinquièmes de la France : 229,795 kilomètres carrés. Il est composé des deux départements de Guyane et d’Apure, dont la capitale est Ciudad-Bolivar, à 642 kilomètres de la mer en suivant le fleuve Orénoque et pourtant à 57 mètres seulement d'altitude, tant la plaine est peu inclinée. Le territoire du Haut-Orénoque, celui d’Amazones sont immenses. Le territoire de Caura n’a pas moins de 58,458 hec- tares carrés; on peut le considérer comme désert. Le territoire de Colon est formé d'iles littorales : Los Roquos, la Orchilla, Isla de Aves, etc. Le territoire Armisti- cio, dans le bassin de l’'Orénoque, au pays des Llanos, s'étend sur 18,526 kilomètres carrés. Le territoire Goajira (9,348 kilomètres carrés), tout à l’oc- cident du Vénézuela, est une péninsule peuplée d'environ 40,000 habitants, tous Indiens; enfin, le territoire du Delta (delta de l’'Orénoque) mesure 65,667 kilomètres carrés. Un simple coup d’œil jeté sur la carte d’Afrique montre l'importance de notre vieille colonie du Sénégal et de son prolongement, le Soudan français, au point de vue zoolo- gique, pays, par excellence, de l’Autruche et des Aigrettes. Nous pourrions, en utilisant les nombreuses régions favo- rables de ces territoires, y créer d'immenses héronnières qui pourraient fournir à tous les besoins de l’industrie plumas- sière francaise. Les Aïcrettes y sont encore abondantes, con- servons-les et sachons en tirer parti. D'ailleurs, les services réguliers de navigation mettant le Sénégal en relations suivies et rapides avec le Brésil et l’A- mérique méridionale, permettent l'importation des Aigrettes (4) Vol. XVIII, Amérique du Sud, les Régions Andines. Noir également, ci-après, la notice de M. Geay : Observations faites sur les Aïigrettes dans l'Amérique tropicale (Bull. Soc. Acclimat., mai 1897). LES AIGRETTES. 199 américaines au plumage de qualité supérieure, leur acclima- tation ne fait aucun doute. Pres de la mer, à un demi-degré de Saint-Louis, au bord de ces marigots, vaste région hybride, indéfinissable géogra- phiquement, qui n’est pas encore le Sahara et qui n’est déjà plus, cependant, le Sénégal, les Pélicans et les Flamants abondent. Les Hérons à aigrettes pourraient y faire l’objet d’un important commerce (1). La contrée desservie par le chemin de fer de Dakar à Saint- Louis, le Cayor, est assez accidentée. Il s’y trouve des étangs et des lacs assez importants, des marigots et des niaye (2). Presque tout le cours du Sénégal pourrait être converti en pays d'élevage d’Aïgrettés. La description topographique de cette contrée justifiera pleinement mon appréciation. La pente du Sénégal inférieur est si faible, si insensible, que la marée se fait sentir jusqu'à Djouldé-Diabé, à 440 kilomètres de l'embouchure ; c’est l’aire d'expansion de la grande Aïgrette et de l’Aigrette grise. Les inondations du fleuve sont immenses, surtout entre Podor et Saldé; souvent les eaux du Sénégal proprement dit se réunissent à celles du marigot de Doué, couvrant toute la vaste Ile à Morphil qui les sépare. La Falemé, grand affluent de gauche du Sénégal, a 200 me- tres de largeur à son embouchure. À Médine, à 900 kilomè- tres de la côte, la hauteur des crues du fleuve dépasse quel- quefois 20 mètres : il arrive parfois que le niveau monte de (1) Gaston Donnet, Une mission an Sahara occidental. Paris, 1896. (2) « Puisque j'ai écrit le mot xiaye, que j'explique tout de suite ce qu’il si- ganifie. C'est un bas-fond, réservoir d’eau douce, couvert d’une végétation luxuriante. Les Palmiers, drus et nombreux, dominent les Lianes, les Fougères serrées, parfois arborescentes, émergent d’une terre noire, grasse, couche épaisse d’humus. Lorsque du milieu de la plaine couverte d'herbes jaunies, le niaye apparait, on dirait une oasis vers laquelle alors le voyageur hâte le pas. Seulement y séjourner longtemps serait imprudent : outre la sensation de fraîcheur, même de froid qu’on éprouve sous ces ombrages touflus à travers lesquels jamais le soleil ne perce, il se dégage une buée dont la sensation pénétrante, sans odeur qualifiable, mais prenant à la gorge, rapp-lle ce je ne sais quoi qui, en France, après la pluie, émane des feuilles tombées que l’on fouie et que l’on déplace en passant sous les chesnaies, » (T. Hubler, Voyage de Saint-Louis à Paul. Bull. Soc. Géographie de Bordeaux), 1880. Les niayes les plus importants sont ceux de Diakhmat, Simp, Lissane, N'Gok Séne, Dioga- raff, Thieuss, Piésane, Tenguene, N'Deugne, Todd, etc. — N’Dacré est un des grains du chapelet de lagunes qui depuis au-üessus de Bététe, se continuent jusqu’à la Tanma. 200 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. 2 mètres en vingt-quatre heures ; de même la diminution est très rapide dès que les pluies ont cessé (1). Le lac Guier {ou Paniefoul) est en communication avec le Sénégal (par la Taouer), il croit avec le fleuve et la Taouey se dirige vers l'intérieur des terres; quand le fleuve décroit, il en est de même du lac, et le courant se dirige alors vers le Sénégal. Pendant la saison sèche, comme sur un très grand rayon à la ronde, on ne trouve d’eau que là, tous les animaux sauvages du désert du Ferlo y affluent. Lions, Gazelles, Anti- lopes, Oiseaux de toutes sortes, toutes ces bêtes y abondent alors. C’est un vrai paradis pour le chasseur. L'’abondance des Aïgrettes en Sénégambie est connue de- puis longtemps. Raffenel, en 1846, parlait de cette richesse ornithologique confirmée par les relations de Gallieni, Lenz, Mage, Binger, Peroz, etc., etc. Il faudrait un volume pour citer toutes les preuves de mon affirmation. J’appellerai seu- lement l'attention sur l’une des dernières en date, fournie par M. Félix Dubois, publiée d’abord par l’Alustration en 1896 et qu'on retrouvera dans un livre récemment paru. Une page charmante, écrite dans une gamme peu ordinaire, y est con- sacrée aux Aigrettes; c'est un véritable épithalame, et je regrette que la réserve des droits, faite par l’editeur, m'em- pêche de le reproduire in extenso (2). Passons maintenant dans la Guinée française : « Dans tout le pays riverain, d'innombrables rivières forment un réseau qui s’anastomose au rio Nunez proprement dit. On les nomme les #arigots. La marée et le jusant y changent continuellement le sens du courant, et piusieurs assèchent à marée basse, ne laissant plus que des ruisseaux de boue au milieu des Palétuviers. Ces arbres aux ra- cines adventives d'un effet si bizarre, bordent généralement toutes les rives du pays ; quand les eaux se sont retirées, ils ont l'air d’a- voir été taillées à leur partie inférieure par un jardinier soigneux, car les feuilles forment un plan horizontal correspondant au niveau des plus hautes eaux. Ces régions, d'une grande tristesse, paraissent inhabitées. Les Caïmans et les Aigrettes blanches semblent seuls y vivre. Le rio Cassini, au nord du rio Nunez, est le plus beau pays de chasse (1) D’après le Rapport du commandant Derrien sur la mission topographique du Haut-Niger, 1882. { (2) Félix Dubois, Tombouctou la mystérieuse, chap. 11, le Niger, p. 35, Paris, 1897. i LES AIGRETTES. 201 de la Séncgambie ; les Eléphants qui deviennent si rares prés de la côte, sont très nombreux dans celte rivière. Ce sera plus tard le lieu de rendez-vous des grands chasseurs devant l’Eternel (1). » Les chenaux, lagunes et marécages qui longent la mer ne sont pas l’un des traits géographiques les moins curieux de Madagascar (2). Il en existe dans toute la partie de la côte orientale qui recoit le choc du grand courant indien depuis 16°52’ de latitude sud jusqu'à 22°25'; cependant ce n'est qu'entre la bouche de l'Ivon-Drona (18°15'00'' lat. S.) et celle du Matitanana (2202445 lat. S.) qu'ils deviennent nombreux et assez rapprochés pour pouvoir être utilisés. M. Alfred Grandidier, notre éminent collègue, qui les a étu- diés avec soin, en a compté vingt-deux, fournis par plus de cinquante cours d’eau, entre ces deux points dont la distance est d'environ 485 kilomètres. La côte ouest possède de nombreux marais avec Palétu- viers. Le marais de Tanimandry est orienté du nord-nord-est au sud-sud-ouest et peut avoir, dans l'endroit où M. Catat le traversait, de 1,200 à 1,300 metres; c’est là, du reste, sa lar- seur moyenne, augmentant un peu dans la région sud, où elle atteint 2 kilomètres et demi. « Partout de grands arbres forment une véritable forêt lacustre ; ces arbres élancés, bien droits, dont quelques-uns atteignent plus de 20 mètres de hauteur, ont un feuillage vert foncé qui s'étale en touffes horizontales et offre à l'œil un aspect pittoresque. Au pied des arbres, des roseaux, des touffes de grandes herbes, des plantes aquatiques aux fleurs blanches ou jaunes et aux larges feuilles, puis au milieu de tout cela, dégageant une odeur infecte, l’eau noirâtre et croupissante, recou- verle çà et là de membranes ferrugineuses aux couleurs irisées. Flottant comme de larges taches d'huile, elles font un vif contraste avec la teinte noire des marais. | « Quelques rares Oiseaux voltigent autour de nous; des Papillons et des Libellules viennent se poser sur les fleurs; et pour animer la scene, tous les Crapauds et les Grenouilles des environs nous donnent un concert des plus variés ; il serait impossible d'analyser ces cris; il y (1) Coffinières de Nordeck, Voyage aux pays du Bagas et du Rio Nunez. 1884-1885. Tour du monde, 1886, 1°" semestre, p. 274. (2) Voir Henri Douliot, Journal du Voyage fat sur la côte ouest de Madagascar, 1891-1892, Bull. Soc. Géographie, 3° trimestre 1893, 1er trimestre 1895, 4er et 2e trimestres 1896. Bull. Soc. nat, Accl, Fr. 1897, — 14, 202 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. en a dans tous les tons et sur tous les rythmes ; je ne puis dire qu’une seule chose, c'est qu'il y a beaucoup de musiciens (1). » Evidemment cette région orientale marécageuse a des in- convénients au point de vue sanitaire ; c’est un foyer de fiè- vres où il vaudrait mieux ne pas s'établir, mais il y a d’autres localités favorables. Dans les environs de Fort-Dauphin, le pays est très gi- boyeux, on y trouve tous les Oiseaux de l'ile; les grands Flamants roses pullulent sur l'étang de Fanjihara {Tour du Monde, 1894, 2 semestre, p. 390). Dans la baie de Sainte- Luce, de Maudave et de Flacour:t se trouvent des espaces cou- verts de brousse d’une végétation spéciale coupés de marais et de lagunes, relevés, près du rivage de la mer, en hautes dunes de sable. La zone forestière voisine est en exploitation. Un Mauricien a d'importantes concessions de bois, et, au milieu de ses nombreuses occupations, il ne peut suffire à tous les besoins commerciaux de la contrée. Il me paraît que cette région serait éminemment favorable pour y tenter l'élevage des Aiïigrettes parallèlement à une autre industrie. Au Cambodge, on pourrait également tenter l'élevage des Aigrettes avec de tres grandes chances de réussite. Tout ce pays est sillonné d'anciennes chaussées qui traversent comme de véritables collines artificielles les immenses marais si ré- pandus dans cette partie de l'Asie tropicale. De place en place, on trouve le long des anciennes voies, de grands bassins carrés, parfois remplis d’une eau profonde et limpide, et qui servaient de réservoirs pour abreuver dans la saison sèche, les hommes avec leurs Buffles et leurs Zébus ou leurs cara- vanes d'Eléphants. Bien souvent aussi, ces Sras ou bassins ont été comblés peu à peu et sont transformés en rizières ou en bourbiers infects. Il serait facile d'y installer à peu de frais des volières en bambou et rotin, hébergeant des colonies d'Aigrettes. On sait que ces marais sont très poissonneux à toute époque de l’année, la nourriture ne manquerait donc pas. Outre le Poisson toujours abondant, les Batraciens des espèces les plus variées pullulent pendant la saison chaude. (4) Dr Catat, Voyage à Madagascar, Tour du Monde, 4* semestre, 1893, p. 15, 16; Description du lac Itasy, p. 52. LES AIGRETTES. 203 * x * Je ne pense pas que ma propagande en faveur de l'élevage des Aïgrettes en territoire français, soit mal vue en haut lieu, ces charmants Oiseaux obtiendront je l'espère, les faveurs administratives. Je souhaite que les Pouvoirs publics français prennent exemple sur nos concurrents les Allemands qui, dans l'Afrique orientale, viennent d'interdire la chasse aux animaux sauvages utiles du pays. Obtenons que le Ministère des Colonies fasse interdire la chasse des Aïgrettes (sans ou- blier l'Autruche), et qu'il favorise l'élevage rationnel de ces Oiseaux. La Sociélé a'Acclimalalion n’a-t-elle pas créé un prix en faveur de cet élevage, tant elle a jugé la question importante. D'autre part, le Gouvernement francais ne de- vrait-il pas encourager une industrie nouvelle que des concur- rents étrangers établiront tôt ou tard et qui nous échappera encore. Dans le cours de cette étude, j'ai développé aussi complè- tement que possible, les différences spécifiques appréciées dans le commerce de l’aigrette. Il convient d’en retenir ceci, les plumes d’'aigrettes (4. egrelta) de l'Ancien Monde sont de qualité inférieure à celles produites dans le Nouveau Monde. Les plumes de crosse (4. garzella) de l'Ancien Monde sont su- périeures à celles du Nouveau Monde, mais d’un poids double, par conséquent coûtent le double ; elles ne représentent pas cependant le double de leur valeur dans l'emploi indus- triel. Il conviendrait donc de modifier tout cela d'une facon pratique et avantageuse; il faudrait introduire les espèces indiquées et pratiquer le croisement dans les pays d'élevage avec les espèces américaines. Je dois faire observer cependant que celles-ci sont plutôt des Oiseaux de maraïs salants ou sau- mâtres ; nos espèces de l’Ancien Monde, au contraire, fré- quentent de préférence l’eau douce. En tous cas, l'expérience est très facile à tenter aujourd’hui, en raison des communi- cations rapides universelles. 204 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Apres avoir signalé l'importance de cette industrie, la chasse aux Aijgrettes ou plutôt le Massacre des Innocenls, aurai-je la bonne fortune d'aider à la propagation de la domestication des Ajïgrettes : (Ardea egretta et garzetta), et d'inciter nos compatriotes français à la pratique d'une industrie normale et régulière devant en égaler d’autres comme par exemple celle de l'élevage de l’Autruche, si florissante au Cap. Je confesse avoir le regret de ne pouvoir, moi-même, mettre en pratique la conception étudiée et réfléchie de l’éle- vage des Aigrettes. Mes déboires dans celui des Autruches à Mimerghin m'ont empêché de tenter en Algérie une expé- rience analogue sur les Aigrettes, « Chat échaudé, craint l'eau chaude » (1). Néanmoins, j'ai publié ici même, en 1893 et dans le Nalura- tisle en 1895, toutes les données que m'avaient inspirées mes observations sur la possibilité de domestiquer ces Oiseaux. Enfin, en 1894, sur la proposition que j'ai eu l'honneur d’a- dresser au Conseil de la Société d’Acchiimatation, un prix spécial a été fondé pour encourager l’élevage des Aïgrettes en territoire français. Ce prix me paraît mériter les efforts de nos concitoyens sur tous les points soumis à l’autorité fran- caise. Je souhaite qu'une émulation générale se produise et nous fasse triompher cette fois de la rivalité et de l'esprit d'i- nitiative des concurrents étrangers. (1) À ce propos, je rappellerai qu'en 1884, je fis la proposition à M. Charles Rivière, Directeur du Jardin d’Essai d’Alger, de convertir, en volière, le petit lac de cet établissement et d'y faire l'élevage des Aigrettes. Celte proposition n'eut pas de suite en raison de l'insécurité de ce jardin public; j’y introduisis d’ailleurs l'élevage des Tourterelles blanches, aujourd’hui assez répandu dans l'Afrique du Nord, OBSERVATIONS FAITES SUR LES AIGRETTES DANS L'AMÉRIQUE TROPICALE (1) par F. GEAY, Chargé de Miss'ons scientifiques. Pendant mon long séjour dans les Llanos du Vénézuéla et de la Colombie, j'ai pu observer les Oiseaux aquatiques dans leur milieu même, au sein des marécages, où il est si difficile et dangereux de pénétrer. Parmi cette population héterogène, par les caractères et par les mœurs, deux espèces sont des plus intéressantes et mériteraient que l'on en entreprit la domestication; ce sont l'Ardea leuce, la grande Garza blanca des indigènes et l’'Ardea candidissima connue là-bas sous le nom de Chumila. Ces deux espèces sont chaque année, de la part des naturels, l’objet d’une véritable campagne de destruction, et, très certainement, il en sera là comme ailleurs, la grande valeur des plumes précieuses ameènera si l’on n'y prend garde, la destruction de deux belles espèces d'Oiseaux. Mais ils ne sont chassés que depuis quelques années seu- lement, aussi les y rencontre-t-on encore par quantités énormes. Aucune région, d’ailleurs, ne se prête mieux aux exigences de leur vie vagabonde et sauvage; aujourd’hui ici, demain autre part, ils sont assurés de rencontrer des viviers amplement pourvus et, les marais, les lagunes, les caños leur assurent en toute saison une alimentation abondante et facile. L'Ardea leuce visite les marais, les rivages, les lagunes herbeuses, où abondent divers Poissons, les Guavinas (Cri- thrinus), les Caribes (Mylites), les Viéjitas, dont elle fait une consommation énorme. Quant à l'Ardea candidissima, la ma- onifique petite espèce qui fournit la plume de crosse, elle pré- fère le bord des rivières, les rives boisées des caños et des ruisseaux, Où perchée sur une racine qui effleure la surface de l’onde, un tronc d'arbre flotté échoué près des berges, elle (1) Communication faite en séance générale le 15 janvier 1897. 206 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. surveille le courant et saisit au fil de l’eau le menu fretin qui passe et dont elle se contente. La grande espèce nidifie la première, et seule possède une parure de verano (été) de peu de valeur qu'elle abandonne en mai pour se vêtir de sa parure de noces, dont on commence déjà, en juin, à distinguer de loin les aigrettes sur le dos de l'Oiseau ; mais, ce n’est qu'à la fin de ce mois et dans les pre- miers jours de juillet que la parure précieuse a atteint tout son développement. La nidification, qui est intimement liée à la venue des crues périodiques de l'Orénoque, commence dès que l'inondation a recouvert les savanes transformant l’immensité des plaines en une lagune gigantesque, mer intérieure que la luxuriante végétation herbacée, ensevelie sous les eaux, ne tarde pas à envahir de tous côtés. Seuls quelques forêts et des ilots sableux détrempés par les pluies, les #2edanos, émergent encore des eaux, et sont le rendez-vous des animaux qui fuient devant ce déluge et des Oiseaux aquatiques qui viennent pêcher au bord de l’eau. C'est un coup d'œil magnifique, on y remarque des Ibis rouges, des Spatules roses, des Cancroma, des Butorides, etc. efc., mais ce qui frappe le plus, ce sont les groupes compacts des Garzas à l'élégant plumage d’une blancheur de neige. C’est un va et vient incessant d’'Ardea qui pèchent, se pour- suivent, s’envolent pour se poser de nouveau à quelques pas en poussant des cris et étalent en plein soleil leur belle pa- rure fout fraichement éclose et encore immaculée. Le moment des pariades est venu, les querelles deviennent fréquentes et c’est à vigoureux coups de bec que les mâles se disputent l'honneur de choisir leur compagne. Les couples unis s'élèvent un à un dans les airs et gagnent aussitôt les rives marécageuses qui les ont vu naïtre, lagunes broussail- leuses et cachées où chaque année, des milliers de Hérons viennent construire leurs nids. Ces héronnières ou garzeros se rencontrent en assez grand nombre dans les plaines des Llanos ; en général, chaque grande savane possède la sienne. Les Oiseaux y nichent sur les épais fourrés qui émergent des eaux profondes ; massifs constitués par des touffes de Mangliers, de Goyaviers aquati- ques, de Cocoloba de marais, de Cordia nains et combien d’autres encore dont l’ensemble est recouvert, presque par- OBSERVATIONS FAITES SUR LES AIGRETTES. 207 tout par une abondante végétation de Mikania guaco et de Bufa; vastes dômes de verdure que les festons fleuris du Mikania et les étoiles d'or des Bufa décorent de toutes parts. Dans ce panorama étrange évolue tout un monde d'êtres variés ; c’est qu'en effet les grands Hérons blancs ne sont pas les seuls à prendre possession de la lagune. Sur les sommets les plus élevés des arbustes, les branches latérales et les massifs isolés que le Mikania n'a pas envahis, apparaissent bientôt les premiers indices de nids divers ; aucun espace n’est perdu. Ici ce sont des Ibis, là des Plotus, plus loin des Cancroma, des Spatules, des Butorides, etc., qui font retentir les airs de leurs cris variés. L'Ardea leuce dédaigne ces emplacements trop découverts, il ne choisit que les parties touffues et basses, mais cependant assez hautes pour éviter le voisinage dangereux des Caïmans. Les nids, d’une architecture très simple, sont faits de menus branchages entrelacés et disposés au milieu des herbes et des ramilles de chaque massif, de chaque fourré que tapisse le Guaco. Chacun d'eux renferme de deux à trois œufs d’un bleu pàle que mâle et femelle couvent à tour de rôle. Les Oiseaux, par leur instinct, ont pu se mettre à l'abri des Carnassiers en choisissant une lagune inaccessible, mais ils n'ont pu éviter leurs ennemis ailés, les Vautours qui, aux aguets, n’attendent qu'un moment d'oubli pour attaquer les nids ; aussi, les Artea sont-ils obligés de faire bonne garde pour éviter tout danger. Dans la seconde quinzaine du mois d'août, les petits com- mencent à naître et sont l’objet de la part des parents d’une sollicitude toute particulière. Les Hérons, heureux et fiers, voltisgent de tous côtés, apportant la becquée aux jeunes en faisant retentir les airs de leurs cris percants ; tout à la joie, ils se déplacent à peine au passage des pirogues qui circulent au milieu de la lagune pour inspecter les lieux. Quelques jours encore, et la guerre va commencer, adieu la couvée et l'espérance, il faudra fuir ou mourir. Dès la première quinzaine de septembre, les naturels mettent la héronnière au pillage, et font au Héron blanc une guerre sans trêve ni merci. La chasse aux Aïgrettes se pratique de trois facons bien différentes : 208 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. La première consiste à tuer un de ces Oiseaux, à le dé- pouiller et à le remplir d'herbes sèches, en un mot, à l’em- pailler ; en cet état, il constitue l'Oiseau fantôme, gràce auquel le chasseur, dissimulé sous un ramassis de branchages, près d'une lagune où les Hérons ont coutume de pêcher, peut attirer l'attention des Ardea qui viennent voir ce qui se passe. Un bon tireur, peut, en quelques heures, tirer, par ce pro- cédé, de soixante à cent Hérons selon la quantité qui va au rendez-vous de pêche, et cela sans qu'ils cherchent à fuir. Ce procédé peut s’employer jusqu'au moment où les petits sont abandonnés, et permet de recueillir en juillet, au mo- ment des pariades, la plus belle plume d’aigrette; elle est complètement blanche et la pointe n’a pas encore perdu les belles barbes qui la terminent. Le second procédé de chasse, celui que les naturels mettent en pratique dans les garzeros, est le plus lucratif, il consiste à guetter les Hérons au moment où ils apportent la pâture à leurs jeunes et à les tuer sur place avant qu'ils n'aient achevé de la distribuer ; il faut aller vite, car ils ne restent qu'un instant sur les bords des nids et, leurs devoirs rem- plis, disparaissent rapidement dans les airs. La chasse terminée, on ramasse les morts, en parcourant la lagune en pirogue et attirant à soi les cadavres au moyen de longues perches munies de hamecons. Très souvent, une notable partie de la chasse est perdue, car ceux qui tombent à l’eau, au lieu de rester accrochés aux branchages, sont la proie des Caribes voraces et des Caïmans qui guettent tout le jour et accourent au moindre bruit, accoutumés qu'ils sont à dévorer les petits et les blessés, qui culbutent des nids dans la riviere. Le dernier procédé consiste à ramasser sous les arbres, où couchent ces Oiseaux, après leur départ de la héronnière, les plumes d’aigrettes tombées sur le sol ou accrochées aux rameaux ; ces Oiseaux, en effet, commencant à muer aussitôt que les petits sont grands. A la fin d'octobre, presque tout le plumage de noces a dis- paru ; à peine reste-t-il encore à ces Oiseaux quelques rares plumes d’aigrettes sur les quarante-cinq à soixante qui com- posaient leur gracieuse parure et dont le poids varie entre 7 gr. 50 et 8 crammes. OBSERVATIONS FAITES SUR LES AIGRETTES. 209 On peut se rendre facilement compte de l'énorme quantité de Hérons blancs qui sont détruits chaque année, quand dans une seule de ces héronnières, celle de Chamizal, par exemple, située près du Rio Apure, on recueille chaque année de 50 à 60 kilogrammes d’aigrette. Quand l’Ardea leuce a quitté les garzeros, les Chumitas (A. candidissima) y viennent à leur tour en compagnie des erands Tantales qui s’établissent tout en haut des massifs dont ils brisent les ramilles et les branches terminales pour faire une sorte de plan sur lequel ils disposent de solides matériaux afin d'y construire leurs nids volumineux. Quant à la Chumila, elle préfère le voisinage de l’eau, et c’est à la partie basse des massifs qu'elle établit son nid, dans lequel elle dépose de deux à trois œufs bleuatres. Les petits naissent vers le 25 novembre, et les naturels recom- mencent les chasses dès les premiers jours de décembre. Ce Héron est très farouche, il est nécessaire de se dissi- muler dans des pirogues, sous les arbustes ou sous les nids; opération qui est alors facile, car les eaux qui ont baissé considérablement continuent de s’écouler et atteignent chaque jour un niveau plus bas. Chaque Chumita ne fournit que de 0 gr. 80 à 1 gr. 20 de plume de crosse ; malgré cela, certains garzeros donnent encore chaque année, de 6 à 8 livres de cette plume pré- cieuse. Cette espèce est très robuste, et, pendant une de ces chasses, je me suis intéressé à élever quelques jeunes de ces Hérons ; et, bien qu'ils ne se nourrissent que de menus Pois- sons, je les ai accoutumés à manger de la viande de Tantale, coupée par petits morceaux. Ces Oiseaux, devenus très fami- liers venaient prendre la nourriture dans ma main et ne pa- raissaient pas souffrir de leur nouveau régime. Il serait donc facile d’en essayer et sans doute d'en réussir la domestication. LA CHIQUE DES OISEAUX (1) (SARCOPSYLLA GALLINACEA WeEsrwoo) par le D' Raphaël BLANCHARD. La Chique ou Puce pénétrante, Sarcopsylla penetrans (Linné), est un petit Insecte très voisin de la Puce commune, Pulex irritans Linné, et dont l'histoire est d’ailleurs bien connue (2); nous devons en rappeler ici les points essentiels. Quand Christophe Colomb découvrit les Antilles, la prin- cipale occupation des indigènes consistait à s’extirper de la peau des pieds, des jambes ou de toute autre partie du corps, certaines tumeurs blanchätres, grosses comme le fruit du Gui ou du Groseiller à grappes. Ces tumeurs singulières, qui ont tant étonné les chroniqueurs, puisqu'il en est déjà ques- tion dans les plus anciens récits concernant l'Amérique, ne sont autre chose, on le sait maintenant, que le corps d’un In- secte. La Chique pénétrante est notablement plus petite que notre Puce commune. Pendant le jeune âge, le mâle et la femelle ont à peu près les mêmes mœurs que cette dernière : ils vivent dans la poussière, non loin des habitations humaines, sautillant çà etlàa. Quand la faim les presse, ils se jettent sur l'Homme, sur le Chien, sur le Porc et sur d’autres animaux domestiques ; ils peuvent s'attaquer également aux Oiseaux tels que la Poule et même aux animaux sauvages tels que le Singe. Ce ne sont pas alors des parasites permanents, car, une fois gorgés de sang, ils abandonnent leur victime et con- tinuent leur vie errante. Après l’accouplement, le mâle ne change pas son genre de vie et, sans doute, ne tarde pas à mourir, la femelle, au contraire, devient un parasite définitif. Elle se fixe bientôt sur l'Homme ou sur l’un quelconque des animaux cités plus haut ; elle s'enfonce dans l'épaisseur de la peau, se nourrit abondamment des sucs appelés à son voisinage par l'irritation qu’elle produit, et grossit petit à (1) Communication faite dans la séance générale du 22 mai 1896. (2) R. Blanchard, 7raité de Zoologie médicale. Paris, 2 vol. in-8°, 1885-1889, Voir t. II, p. 484-493. LA CHIQUE DES OISEAUX. 211 petit, jusqu'à ce qu'elle ait atteint les dimensions considé- rables que nous avons indiquées. Elle s'était accouplée avant le développement complet de ses glandes génitales : la se- mence, accumulée dans un réceptacle particulier, a gardé toute sa vitalité et ses propriétés fécondantes, en attendant que les ovules aient atteint leur taille définitive et leur matu- rité. C'est alors seulement que la fécondation a lieu : les œufs fécondés s'accumulent dans l'abdomen, qui se distend pro- gressivement. En même temps, les tissus voisins deviennent le siège d'une irritation plus vive et il se forme une sorte d’abces fu- ronculeux, qui tend à éliminer le parasite. L'exemple des Caraïbes est là pour nous montrer que l'Homme ne laisse pas d'ordinaire à l’Insecte le loisir de poursuivre son évolution en toute sécurité et que l'échiquage en a promptement raison. Chez les animaux, il n’en est pas de même : la femelle meurt dans la peau, son abdomen crève et les œufs qu’il con- tient sont expulsés avec la matière purulente ; ils tombent sur le sol et s’y développent de la même manière que ceux de la Puce. La Chique pénétrante est donc originaire d'Amérique : elle y est extrêmement répandue et l’on peut indiquer son aire de distribution avec une suffisante précision, en disant qu'elle occupe toute la zone intertropicale. On a prétendu qu'elle ne se rencontrait qu'aux basses altitudes, non loin du littoral ; mais c’est là une erreur manifeste : pour ne citer qu'un fait, je rappellerai qu’il m'en a été envoyé de Sucre (Bo- livie), c'est-à-dire d’une région située à près de 3,000 mètres d'altitude. Voilà vingt-cinq ans, cet Insecte n'avait pu encore s’accli- mater hors d'Amérique, bien qu'il eüt été transporté maintes fois en divers pays, par l'Homme ou par les animaux. En 1872 ou 1873, il a été introduit en Afrique, soit au Gabon par un navire anglais, soit à la côte d’Angola par un navire portugais : il y a trouvé les conditions requises pour sa mul- tiplication et, depuis lors, il s’est propagé en tous sens avec une extrême rapidité (1). Il abonde actuellement entre le 18 degré de latitude nord et le 15° degré de latitude sud. Il est certain qu'il n’a pas (1) R. Blanchard, Quelques mots sur la Chique. Bulletin de la Soc. zool. de France, XIV, p. 95, 1889. 212 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. encore acquis en Afrique toute l'expansion dont il est ca- pable : il remontera sûrement jusque dans les oasis méridio- nales du Sahara ; il se répandra probablement à Madagascar et aux Mascareignes; il franchira la Mer Rouge et pourra envahir progressivement tout le sud de l’Asie et les archipels voisins. Que dis-je ? Cette invasion serait déjà accomplie, puisque Blandford (1) signale sa présence en Chine. On peut donc penser que le jour n'est pas loin où, grâce aux plus faciles communications de peuple à peuple, la Chique aura fait le tour du globe et occupera toute la zone intertropicale. Ce préambule était nécessaire pour permettre une compa- raison entre la Chique pénétrante et la Chique des Oiseaux. Celle-ci, qui doit nous occuper spécialement, est beaucoup moins connue que la précédente, avec laquelle elle a été pro- bablement confondue maintes fois, puisque la Chique péné- trante se fixe volontiers sur les Oiseaux. Quoi qu'il en soit, c'est H. N. Moseley, le célèbre naturaliste du Chalienger, et Green (de Colombo) qui ont découvert la Chique des Oiseaux et c'est Westwood qui en a donné la première description (2), d’après de nombreux spécimens reçus des deux zoologistes susdits. Cette petite espèce, que Westwoood désigna sous le nom de Sarcopsyllus gallinaceus, attaque à Ceylan la volaille do- mestique : on la trouve en très grand nombre, solidement fixée par son rostre, autour des yeux et du cou. Elle se dis- tingue tout de suite de la Puce ordinaire, qui d’ailleurs ne se fixe jamais ainsi, en ce qu'elle est incapable de se détacher instantanément, et de la Chique pénétrante en ce qu’elle ne s'enfonce pas dans l'épaisseur de la peau. Quelques années plus tard, le juge Lawrence C. Johnson observa une épidémie très meurtrière qui sévissait à Gaines- ville (Floride) : les très jeunes Poulets encore en duvet étaient seuls atteints ; des sortes de Puces se fixaient autour de leur tête, à la facon des Tiques (3). L'animal ainsi attaqué perd la voix, puis son duvet tombe et finalement il se pro- 4) W.-F.-H. Blandford, The Chigoe in Asia. Zntomol. monthly Magazine (2), V, p. 228, 1894. 2) J.-0. Westwood, Description of a new Pulicidous Insect from Ceylon. Entomol. monthly Magazine, XT, p. 246, 1875. (3) Proceed. of the entomol. Soc. of Washington, I, p. 59 (12 novembre 1886), 1er mars 1888. LA CHIQUE DES OISEAUX. 213 duit des boutons et des ulcères. La mort ne tarde pas à sur- venir : d’un grand élevage, il ne survivait que quatre Poulets au bout de deux semaines. Le kérosène tue bien les parasites, mais il tue aussi les Poulets ; la poudre de Pyrèthre n’a qu'un effet temporaire. Des spécimens de la Puce en question furent envoyés à la Société entomologique de Washington et remis à C. V. Riley. Cette Chique, ajoute encore Johnson (1), est connue en Floride sous le nom de Jigger Flea (2). Elle abonderait dans les endroits ombragés, dans les vieilles maisons, dans les planchers en terre et dans tous les endroits poussiéreux et malpropres. Elle infeste les jeunes animaux, tels que Poulets, Canards, Chats, Chiens; on la trouve même sur les Veaux, les Poulains et les enfants; toutefois elle attaque également les animaux adultes. Elle est rare dans les poulaillers qui ne sont pas à l'ombre ou qui peuvent être arrosés ; elle n’attaque pas les animaux qui, en été, fréquentent les endroits hu- mides. Johnson, qui ignore apparemment la description qu'en a donnée Westwood, propose de lui donner le nom de Pulex pullulorum (sic). Par son aspect général, sa taille, sa couleur et sa forme, elle ressemble à une Puce, mais elle s’en distingue en ce qu'elle ne saute pas. Ses mœurs différent également : au lieu de piquer çà et là, comme le fait la Puce, puis de se détacher volontairement pour aller faire ailleurs une autre piqûre à la peau, elle reste là où elle s’est implantée une première fois, à la facon des Tiques : elle est alors si solidement fixée qu'une simple brossée ne suffit pas à la détacher. C’est alors, semble-t-il, qu'a lieu la fécondation : on trouve souvent des individus accouplés. Johnson pense que la femelle s'enfonce ensuite dans l'épaisseur de la peau, maïs cette opinion est contredite par les observations d’autres naturalistes; elle ré- sulte probablement d'une confusion avec la Chique péné- trante, qui existe aussi en Floride. Le professeur Packard, de l'Université de Providence (R. L.), ayant recu de Riley quelques-uns des exemplaires recueillis par Johnson, put les étudier et en donner une des- (1) L.-C. Johnson, The Jigger Flea of Florida. Proceed. of the entomol. Soc. of Washington, I, p. 203-205 (7 mars 1884), 15 mai 1890. (2) Jigger est une corruption anglo-américaine du mot Chigo ou Chigoe, Chique. 114 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. cription sommaire (1). Il reconnut notamment leur identité avec ceux de Ceylan, dont ilavait vu au Musée de Leyde, en 1889, des spécimens provenant de la collection de West- w00d. Il donna enfin une figure du mâle et de la femelle. Le professeur J. C. Hartzell, de la Claflin University, à Orangeburg (Caroline du Sud), a observé, dans cette région, ce même parasite sur des Chevaux (2). Il ne s'agissait point là d’un fait accidentel, dù par exemple à la proximité d’un poulailler ; dans l’espace de six mois, ce même parasitisme a été constaté plusieurs fois sur des Chevaux de provenance diverse. En 1893, J. Wagner, privat-docent à l'Université de Saint- Pétersbourg, recut de la région transcaspienne huit exem- plaires (quatre mâles et quatre femelles), de Sarcopsylla gallinacea : ces Insectes avaient été trouvés sur un Hibou d'espèce indéterminée (S{rix sp.?), tué à Suiran-Beir, sur les rives du Murgab (3). Packard lui ayant envoyé un individu mâle provenant de la Floride, et Wagner ayant adressé en retour au naturaliste américain un mäle et une femelle provenant du Turkestan, il fut aisé de vérifier la parfaite identité des animaux de l’une et l’autre origine. Ceux du Turkestan sont d’ailleurs con: formes au type de Westwood, dont ils ne different que par leur taille plus petite, par la forme de la tête chez la femelle et de l'abdomen chez le male. Wagner figure les deux sexes; il donne de l'animal une description assez exacte, sur laquelle nous reviendrons. J'ai récemment acquis de M. W. Hyslop sa belle collection d'Arthropodes parasites, à laquelle Piaget fait fréquemment allusion dans le supplément de son ouvrage sur Les Pédicu- lines. Cette collection, qui comprend environ 1200 prépara- tions microscopiques, renferme deux préparations de Chique des Oiseaux, étiquetées comme suit : « 1° Flea from eyelid of Ceylan Fowl 4 ©. Pulex adherans. » « 2 Fleas of Indian Duck and Fowl 6 ©. Like Chigoe, 1878. » 1) A.-S. Packard, Occurrence of the Hen Flea (Sarcopsylla gallinacea Westw.) in Florida. Znsect Life, VII, p. 23, 1894. (2) The Hen Flea on Horses. {nsect Life, VII. p. 280, 1894. (3) J. Waguer, Notiz über Pulez pallidus Tasch. und Sarcopsylla gallinacea Westw. aus Transcaspien. Æorae Soc. entom. rossicae, XX VIII, p. 440-443, 1895. LA CHIQUE DES OISEAUX. 215 Il est à peu près certain que les deux individus de la pre- mière préparation, pris sur la paupière de la Poule à Ceylan, proviennent de la récolte faite par Moseley. Quant à ceux de la deuxième préparation, capturés sur le Canard indien et sur la Poule, en 18738, jignore quelle en est l’origine; ils proviennent peut-être äes Indes. Quoi qu'il en soit, j'ai donc en ma possession deux couples de Chiques des Oiseaux, gràce auxquels j'ai pu reprendre l'étude de ces parasites. L'animal est presque moitié plus petit que la Puce ordi- naire (Puleæ irrilans Linné); il est plus arrondi, à dos plus bombé, beaucoup moins épineux : il répond d’ailleurs exacte- ment à la diagnose du genre Sarcopsylla, telle que Taschen- berg (1) l’a définie. IL est plus gros que la Srrcopsylla pene- trans, comme l'indique ce tableau : MALE. FEMELLE. RS SR . ZE LONGUEUR. HAUTEUR. LONGUEUR. HAUTEUR. Sarcopsylla gallinacea. 10,125 QE (0) out) omm,80 es Sarcopsylla penstrans.. O0? 0 51 0 10 O0 43 Malgré ces notables différences dans la taille des animaux, la trompe ne subit aucune variation : nous l’avons mesurée sur nos quatre Sarcopsylla gatlinacea et sur une dizaine de Sarcopsylla penetrans, tant mâles que femelles ; elle présen- tait chez tous ces individus une longueur uniforme de Omm,40, Wagner dit que la longueur du corps, chez le mâle, est un peu plus du double de la hauteur, tandis que, chez la femelle, elle est égale seulement à une fois et demie la hauteur. Nos mensurations montrent que cette conception n’est pas rigou- reusement exacte; on peut dire néanmoins, d’une facon sénérale, que le mâle est relativement plus allongé que la femelle. Le mâle (fig. 1) ne se distingue pas seulement à ce caractère ou à la présence de l'organe copulateur; la forme générale de sa tête permet aussi de le reconnaitre. Suivant J. Wagner, sa tête serait relativement un peu plus longue que celle de {1] O. Taschenberg, Die Flôhe. Die Arten der Însectenordnung Suctoria nach ihrem Chitinskelet monographisch dargestellt. Halle, in-4°, 1880. Voir p. 55-56, pl. I, fig. ü et 5 a. 216 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. la femelle, mais c'est encore là une opinion trop catégorique, qui n’est point confirmée par nos observations. Chez la Sarcopsylla penetrans (fig. 3), la tête présente un profil caractéristique : légèrement bombée dans sa partie supéro-postérieure, elle s'infléchit en avant et se déprime Fig. 1. — Sarcopsylla gallinacea. — Mâle grossi 53 fois. en une sorte d’ensellure transversale, qui bientôt se relève brusquement. Il se forme ainsi une crête transversale, qui limite la tête en avant et au-dessous de laquelle s'étend une large surface verticale correspondant au front. L'ensel- lure en question fait défaut chez la Sarcopsylla gallinacea : la tête est polygonale et formée de trois côtés inégaux; le supérieur est légèrement bombé et infléchi en avant, l’anté- rieur est vertical et plus court que les deux autres, l'inférieur est oblique en bas et en arriere. Cette disposition particu- lière est très visible sur les figures 2 et 4. En passant en revue, d’une facon comparative, les diffé- LA CHIQUE DES OISEAUX. 217 rentes parties du tégument de l’une et l’autre espèce, nous pourrions noter de même toute une série de caractères différentiels. On trouvera dans l’article de J. Wagner une bonne description, à laquelle nous n’aurions que peu de Fig. 2. — Sarcopsylla gallinacea. — Femelle grossie 53 fois. chose à ajouter. Cet habile observateur décrit notamment la hanche de la patte postérieure et montre en quoi elle diffère de celle des pattes antérieures. Il est pourtant un caractère qui lui a échappé et qui, à lui seul, établit une distinction tres nette entre les deux espèces de Sarcopsyllu. En effet, la forme générale de la hanche de la patte pos- térieure diffère déjà : sa face antérieure est très fortement bombée en son milieu chez la S. pencelrans (fig. 5), tandis qu'elle est légèrement et régulièrement convexe chez la Bull, Soc, nat, Accl, Fr. 1897. — 15, 218 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. S. galhinacea (fig. 6). Une différence encore plus appréciable consiste en ce que la S. penetrans présente à la moitié: antéro-inférieure de ce même article un petit nombre de Fig. 5. — Tête de Sarcopsylla penetrans femelle, grossie 120 fois, — En avant les deux palpes maxillaires à quatre articles ; en arrière, les deux mandi- bules accolées et denticulées sur leurs bords. Le stylet de la trompe ne s’est pas dégagé des mandibules. Fig. 4. — Tête de Surcopsylla gallinacea femelle, grossie 120 fois. — On re- marque d'avant en arrière le stylet ‘de la trompe, les deux mandibules et les deux papilles maxillaires quadriarticulées. fines spinules, tandis que la S. gallinacea porte en ce même endroit une véritable plaque d’épines larges à leur base et LA CHIQUE DES OISEAUX. 219 tres serrées les unes contre les autres. Sans entrer dans le détail, désormais inutile, en raison des distinctions positives Fig. 6. — Patte postérieure de Surcopsylla gallinacea, grossie 120 fois, que nous venons d'indiquer, notons encore que les pattes de la Chique des Oiseaux sont beaucoup plus velues que celles de la Chique de l'Homme, 220 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. La Chique des Oiseaux se différencie encore de l’autre espèce par son genre de vie. Les deux sexes sont également parasites, contrairement à ce quia lieu pour la Chique de l'Homme. La femelle, même lorsqu'elle a été fécondée, reste fixée par sa trompe et ne pénètre point dans la peau; elle ne crossit pas non plus, ce qui tient à ce que les œufs, au fur et à mesure qu'ils arrivent à maturité, sont expulsés et tombent dans la poussière. La distribution géographique de cet animal doit également fixer l'attention. Découvert à Ceylan, il a été revu dans le sud des Etats-Unis et au Turkesian. On ne perçoit pas, au premier abord, la cause d’une pareille répartition : il est vraisemblable que les Oiseaux migrateurs ont été les agents de sa dissémination. Les localités susdites sont comprises dans la zone intertropicale, où se rencontre également la Chique de l'Homme. Toutefois le parasite des Oiseaux re- monte beaucoup plus vers le nord que ne le fait cette der- nière : le fleuve du Turkestan, sur les bords duquel a été tué l'Oiseau qui a fourni les exemplaires étudiés par J. Wagner, se trouve vers le 35° degré de latitude nord ; de même la Ca- roline du sud et la Floride, où le parasite a été observé, sont situées sensiblement sous la même latitude. Si nous envisageons comment sont réparties à la surface du globe les lignes isothermes passant par ces différentes loca- lités, nous constatons qu'elles traversent aussi l'Europe. Par conséquent on peut craindre que l’Insecte en question ne pénètre et ne s’acclimate aussi chez nous. On l’a trouvé sur des Oiseaux migrateurs tels que le Canard; il ne s’agit, dans l'espèce, que du Canard domestique, mais il est évident qu'il peut s'attaquer tout aussi bien au Canard sauvage. On doit donc s'attendre à ce que les régions du nord de l'Afrique ou du sud de l'Europe soient envahies à leur tour. C'est pourquoi l’Insecte dont nous venons de retracer l’his- toire méritait d'être signalé à l'attention des éleveurs et des acclimateurs, dans les basses- cours et les volièeres desquelles il peut causer de grands ravages, 2 19 _ EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 2 AVRIL 1897 PRÉSIDENCE DE M. RAVERET-WATTEL, VICE=PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. PROCLAMATION DE NOUVEAUX MEMBRES. M. le Président proclame l'admission de : MM. PRÉSENTATEURS. Baron J. de Guerne. A. Imbert. Comie de Moucheron. BIANCHI, propriétaire, 6, rue Jean-Goujon, à Paris et à Longny (Orne). Baron J. de Guerne. Raveret-Wattel. Docteur Weber. GUILLAUME (Docteur en médecine), à Chaumont (Haute-Marne). impériales chinoises à Shanghaï et 17, 4 A. Imbert. rue Bonaparte, à Paris. G. Rozey. Baron J. de Guerne. A. Imbert. E. Tilliet, SzMONIEWSKI (Émile-Achille-Hippolyle), propriétaire, 130, avenue de Neuilly, RocxeR (Louis), commissaire des Douanes | Baron J. de Guerne. à Neuilly-sur-Seine. | DÉCISION DU CONSEIL. _ Dans sa séance du 26 mars, le Conseil a décidé qu'un certain nombre de volailles seraient offertes à M. le D' Ballay, Gou- verneur de la Guinée française, membre de la Société, qui va rejoindre incessamment son poste ; M. Ballay pourra emporter lui-même ces Oiseaux et veiller à leur bon entretien pendant . la traversée. DÉPOUILLEMENT DE LA CORRESPONDANCE. Généralités, renseignements, etc. — En l'absence de M. Caustier, secrétaire des séances, qui s'excuse de ne. pouvoir 299 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. venir, M. le Secrétaire général procède au dépouillement de la correspondance. Celle-ci est moins étendue que de coutume à cause de la date rapprochée des deux séances successives. — Le Ministre de l'Agriculture adresse un certain nombre de cartes d'entrée au Concours général agricole qui doit avoir lieu cette année du 7 au 14 avril, dans la Galerie des Ma- chines, au Champ-de-Mars. — La Société nationale d'Encouragement à l'Agriculture invite le bureau de la Société à suivre les séances de son assemblée générale annuelle qui se tiendra les 7, 8 et 9 avril à l'Hôtel Continental. — M. N. de Zograf (Mb) annonce l'envoi prochain de do- cuments relatifs à l'Acclimatation en Russie et donne quelques détails sur l'Exposition de pêche et de pisciculture qui s'ouvrira prochainement à Moscou. (Voir Correspon- dance, ci-dessus page 173). — Le bureau de la Société de Géographie de Marseille in- forme la Société que le Congrès national des Sociétés fran- çaises de Géographie tiendra sa. dix-neuvième session à Marseille en septembre 1898, sous la présidence de M. le prince Auguste d'Arenberg; dès à présent doivent être pré- parés les travaux destinés à être soumis au Congrès auquel la Société de Marseille se propose de donner beaucoup d'éclat. Mammifères. — M. R. Moniez, professeur à la Faculté de Médecine de Lille envoie quelques documents nouveaux sur l’attelage des Chiens dans le département du Nord. Bien qu'aucune autorisation formelle n'ait été donnée, l’Admi- nistration semble user d'une certaine tolérance, car on ren- contre cà et là des attelages de Chiens dans la ville de Lille. Ornithologie, aviculture. — M. Jules Forest (Mb), com- munique une lettre qui lui est adressée à la date du 25 mars 1897 et par laquelle M. J. Cambon, Gouverneur général de l'Algérie, lui fait savoir que l'Administration algérienne se préoccupe d'organiser une station d'élevage d’Autruches dans un terrain favorable. (Voir Correspondance). — M. Thiebaux (Mb), comme suite à une correspondance antérieure (Séance du 5 mars), donne de nouveaux détails sur un projet dont il poursuit la réalisation et qui consiste à PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ, 293 tenter l'acclimatation du Rossignol du Japon aux environs de Paris. — M. L. E. Boutard, ancien capitaine au long cours, adresse de San Nicolas (République argentine) à la date du 23 février 1897, divers renseignements sur les Aïgrettes et leur domestication. (Voir Correspondance). Aquiculture, Reptiles. — M. E. Cacheux (Mb) adresse le programme de l'Exposition internationale de pêche qui doit avoir lieu à Bergen du 16 mai au 30 septembre 1898. La So- ciété L'Enseignement technique el professionnel des Pêches marilimes se chargera d'organiser la section française et M. Cacheux fait appel au concours de ses collègues de la So- ciété d’Acelimatation qui peuvent avoir à exposer en Norvège des produits ou des appareils intéressants. La science pure et ses applications à la pêche et à la pisciculture seront également représentées à Bergen. Du reste, un Comité divisé en plu- sieurs sections fonctionnera prochainement et se mettra en rapports avec les spécialistes. — M. R. Roliinat (Mb) donne divers renseignements sur les élevages de Reptiles qu'il poursuit à Argenton (Indre) et annonce le prochain envoi d’un travail sur le Lézard des murailles (Voir Correspondance). Botanique. — MM. F. Cavara, professeur de Botanique et V. Perona, professeur d'Economie forestière à l’Institut royal forestier de Vallombrosa, près Florence, annoncent que par suite d'une disposition nouvelle donnée au Jardin botanique de l'établissement, l’Zndex seminuin de 1896, n’a pas été ré- digé. À partir de 1897, on dressera chaque année à l'usage des intéressés un catalogue unique pour les essences ligneuses de l’Arboretum et les végétaux cultivés dans le Jardin botanique de l’Institut de Vallombrosa. — M. E. Caustier (Mb) signale la création d'un Jardin d'essai à Tananarive dans le but de renseigner les colons européens et les indigènes sur les questions agricoles, de re- chercher les améliorations à apporter aux systèmes de culture ou d'élevage suivis jusqu'à ce jour à Madagascar, de tenter la culture de toutes les plantes dont les produits peuvent donner lieu à un commerce, d'introduire au besoin de nouvelles va- 224 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. riétés d'animaux domestiques, etc. L'initiative de cette fon- dation est due au général Gallieni. Cheptels, distribution de graines, etc. — M. Favez- Verdier, directeur de l'Etablissement d'Aviculture de Royal Lieu, près Compiègne (Oise), a bien voulu étudier la question des volailles offertes par la Société à M. Ballay. Celui-ci s’est rendu à l'Etablissement et M. Favez-Verdier, en même temps que divers détails sur sa visite, donne l’énumération des Oiseaux choisis par le Gouverneur de la Guinée fran- çaise pour être emportés dans la Colonie. (Voir Correspon- dance). — M.F. d'Orval remercie des renseignements sur la cul- ture du Polygonum sachalinense qui lui ont été adressés et donne un certain nombre de détails sur les conditions où il pourra cultiver cette plante. — MM. W. Atlee Burpee et C°, horticulteurs à Philadelphie (États-Unis) offrent à la Société quelques graines d’une variété nouvelle de Pois de senteur (Sweet pea). Ces graines ont été remises à M. Roland Gosselin. COMMUNICATIONS ORALES. M. le Secrétaire général annonce que les élections pour le renouvellement du Bureau et d'un tiers du Conseil auront lieu dans la prochaine séance générale, c’est-à-dire le 23 avril. La Société est appelée cette fois à élire un président et le choix du Conseil s’est porté sur une personnalité éminente du monde colonial, M. Le Myre de Vilers, actuellement député de la Cochinchine qu’il a gouvernée autrefois après avoir rempli de hautes fonctions administratives en Algérie. Chacun sait les services que M. Le Myre de Vilers a rendus également à Madagascar, mais ce qui nous touche surtout, c’est l’intérêt qu'il a toujours montré pour les travaux de la Société d’Ac- climatation. Aussi la Société le nommait-elle en 1881 membre honoraire et lui décernait-elle en 1882, une grande médaille d'or. Récemment encore, M. Le Myre de Vilers donnait un témoignage de sympathie à une œuvre patronnée par la So- ciété en présidant la conférence faite par M. P. Bourdarie sur la Domestication de l'Eléphant d'Afrique. Il convient donc que les membres de la Société, par leur empressement à voter, PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 225 montrent à leur tour combien ils désirent voir diriger l’Asso- ciation par un président actif et dévoué à l'œuvre d'utilité sénérale que chacun poursuit ici. Présentation d'ouvrages, de photographies, etc. — Au nom de M. le vicomte Edmond de Poncins (Mb) qui accomplit en ce moment avec S. A. le prince Henri d'Orléans un voyage d'exploration en Abyssinie, M. Edouard Blanc offre à la Société un livre intitulé : Chasses et Exploralions dans la région des Pamirs. Ce livre, qui a valu à son auteur une erande médaille d'argent de la Société de Géographie, est, comme le dif l’auteur dans une préface de deux lignes « un résumé de journal de route dans lequel les chapitres sont des étapes. » Mais ces étapes, sans parler des difficultés vaincues, ont été particulièrement bien remplies au point de vue de l'observation, de la chasse et de la photographie. « Aussi, ajoute M. Blanc, le livre de M. de Poncins, plein de faits et d'illustrations documentaires, sera-t-il apprécié de tous les amis de la nature si nombreux parmi ses collègues de la Société d'Acclimatation, » — M. le Secrétaire général dépose sur le bureau le premier fascicule du Bulletin des Œuvres de mer. Le Conseil de la Société, présidé par M. le vice-amiral Lafont et qui poursuit avec beaucoup d'activité le développement de cette œuvre de haute philanthropie, a bien voulu mettre à la disposition de la Société d'Acclimatation une quarantaine d'exemplaires de ce Bulletin fort bien illustré et renfermant des notes intéres- santes sur la pêche de la Morue en particulier. Les membres de la Société qui désirent le recevoir sont priés de s'inscrire dès aujourd'hui. — M. L. Chazal (Mb) fait une communication sur la Protec- tion des Oiseaux utiles et sur l’action des Instituteurs à cet égard, spécialement dans le département de Seine-et-Marne. M. Chazal présente une affiche de grande dimension, compo- sée et tirée en 1885 par les soins de M. Faugé, alors institu- teur à Marolles-en-Brie et qui a pour but de frapper l'esprit des enfants par des mots parfois sonores ou emphatiques, mais dont l’action est indéniable sur les élèves. Une discussion s'engage au sujet de la rédaction du tableau présenté par M. Chazal, notamment sur le point de savoir 226 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. quels sont les Oiseaux qu'il convient de regarder comme utiles. M. de Guerne fait observer que déjà, dans la séance du 26 février, beaucoup de remarques ont été faites à ce sujet à la suite des communications de MM. d'Hamonwille, X. Ras- pail et L. Petit. Il convient donc de ramener la discussion au rôle des Instituteurs. Dans plusieurs départements, ceux-ci ont été appelés à faire partie de Sociétés protectrices des Oiseaux, à la fonda- tion et à l'extension desquelles un certain nombre d'hommes dévoués ont apporté beaucoup de zèle. M. de Guerne rappelle notamment l’œuvre d’un naturaliste décédé en 1896, le Dr Félix Rabé, de Maligny (Yonne) qui s'était consacré à cette tâche et avait su créer autour de lui un grand mouvement de protection en faveur des Oiseaux utiles. Les Instituteurs étaient pour lui de précieux auxiliaires, et il leur a maintes fois rendu hommage. — M. F. Decaux (Mb) ajoute que des Sociétés scolaires ont été fondées en diverses localités, à Jeufosse (Seïine-et-Oise) entre autres, où un instituteur de grand mérite, M. Géry, s’est appliqué à dresser des listes aussi complètes que possible des animaux utiles et nuisibles. — M. le comte d'Esterno demande à revenir encore sur la question du caractère utile, nuisible ou indifférent de telle ou telle espèce. Absent à la séance du 26 février, il n’a pu prendre part à la discussion qui s’est élevée à ce propos. « Il n'est pas toujours facile de déclarer qu'un animal est utile ou nuisible. Cela dépend évidemment des circonstances, des localités, de l’époque de l’année et du nombre des animaux. Là, où un animal isolé sera inoffensif, un groupe nombreux de ces mêmes animaux pourra être très nuisible. Tel territoire qui ne souffrira pas de la pré- sence de certaires espèces à une époque déterminée pourra au contraire, avoir beaucoup à en souffrir à un autre moment de l’année. » Le département des Deux-Sèvres en offre un exemple assez frap- pant : à l'époque des semailles, les Alouettes lulu, dans leur migra- tion, s'y réunissent en si grand nombre qu’elles deviennent un vérilable fléau et que les habitants ont demandé au Préfet des Deux-Sèvres de vouloir bien prendre un arrêté autorisant Ja destruc- tion de l’Alouette lulu par tous les moyens possibles. » — Une discussion s'engage sur le point de savoir si le 1 PROCÈS -VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 22 Moineau doit être protégé ou non. M. le D' Trouessart (Mb), rappelle que ce sujet a été déjà maintes fois agité non seule- ment en Europe, mais encore aux Etats-Unis où l’on semble regretter d’avoir introduit le Moineau. — M. Jules Forest (Mb), dit que la Préfecture de la Seine s'est préoccupée de connaitre l'opinion des cultivateurs des environs de Paris sur le Moineau envisagé comme utile ou nuisible à l'Agriculture. M. Paul Vincey a publié récemment le résultat de cette enquête, résumé comme suit dans la Revue scientifique du 27 mars 1897. « L'enquête est, en somme très défavorable au Moineau. Tandis que 17 communes sont indifférentes et considèrent le Moineau comme n'étant ni particulièrement nuisible ni particulièrement utile, 46 com- munes demandent la destruction de l’'Oiseau et 5 seulement veulent qu’on le protège. Les 46 communes hostiles au Moineau demandent qu'on ait le droit de le chasser en toute saison. M. Vincey évalue les dégâts du Moineau — ses prélèvements sur les récoltes — à plus de 200,000 francs par an, et il fait observer que l'abondance des mets végétaux a amené le Moineau suburbain à renoncer au rôle d’insecti- vore, c'est-à-dire à cesser d’être utile à l'Agriculture. » Plusieurs personnes ayant demandé à se procurer l'affiche de M. Faugé afin de la répandre, de la faire connaître et d’en provoquer au besoin une nouvelle édition, M. Chazal propose d'adresser au siège de la Société un certain nombre d’exem- plaires de ce tableau que nos collègues pourront y retirer moyennant un prix modique. — Une notice de M. Glaumont sur la Cullure de l'Igname et du Taro (Arum esculentum) ex Nouvelle - Calédonie, est déposée sur le bureau. Elle sera insérée au Bulletin. Pour le Secrétaire des séances empéché : JULES DE GUERNE, Secrétaire-général, 228 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. 5e SECTION (BOTANIQUE). SÉANCE DU 16 MARS 1897. PRÉSIDENCE DE M. WEBER, PRÉSIDENT. Le procès verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le Secrétaire général dépose sur le bureau : 1° Les volumes 12 et 13 de l'Histoire des Plantes, par feu le profes- seur, H. Baïllon, offerts par le Ministère de l'Instruction publique ; 2 Les Géraniums, par H. Dauthenay, et 3° Les Animaux uliles et nui- sibles à l'Horticulture (Insectes exceptés), par Larbalétrier. Ces deux ouvrages sont offerts par M. O. Doin, éditeur. La Société d'Horticuliure de Picardie demande à échanger sa publication contre le Bulletin ; renvoi à l'examen du Conseil. M. le Secrétaire général dit que la Société a distribué depuis quel- ques temps, beaucoup de graines : plusieurs de ses membres se sont montrés fort généreux, et il a été possible, grâce à leur libéralité de continuer diverses expériences ou d'en commencer de nouvelles. A ce propos, M. Weber donne quelques détails sur le Melon de Salta, cultivé dans la République Argentine ; M- Roland-Gosselin en a expédié récemment à la Société des graines obtenues d’un petit envoi fait autrefois à M. Weber, et qui a été la source premiére de la multiplication actuelle. M. Decaux offre pour les distribuer une certaine quantité de graines qu'il a reçues du Japon (Yoko-Hama). Une discussion s'engage au sujet des planies fourragères nouvelles qui onf éfé récemment utilisées en divers points de la France. M. Decaux signale l'usage de plus en plus fréquent du Maïs caltivé pour fourrage, notamment dans le Nord de la France ; il parle ensuite des acciderts causés par le Tréfle incarnat, dont la matière duveteuse se détache et forme des pelotes dans l'estomac des animaux. M. Ra- thelot recommande, dans les sols maigres et secs, la culture des Topinambours, donnant, dans ces conditions défavorables, un bon rendement en fourrage et en tubercules, et n'offrant que l'inconvénient d'une extirpation difficile. Quart au Polygonum sachalinense, 1 semble qu'on ait un peu exagéré ses mérites; s'il résiste à la sécheresse, il végèle alors faiblement ; en réalité celte plante préfére les sols frais et profonds, alumineux, comme les autres grands Polygonum vivaces. L'expérience se poursuit d'ailleurs, et la Société d'Acclimatation conti- nue à s’y intéresser, et à la faciliter. Elle distribue en effet en ce mo- ment même de tous côtés, des graines de ce Polygonum envoyées par M. Charles Baltet. Pour le Secrétaire empêché, CHARLES MAILLES. EXTRAITS ET ANALYSES. SUR L'ACGROISSEMENT DE TAILLE ET DE POIDS D'UN JEUNE ÉLÉPHANT D'ASIE (Ælephas indicus) (1) Par M. A. Mine Enwanps, Membre de l’Institut, directeur du Muséum. M. le docteur Hahn, résident de France au Cambodge, a offert au Muséum d'histoire naturelle, pour sa ménagerie, un jeune Éléphant d'Asie. Cet animal est arrivé à Paris le 28 octobre 1894; il était âge d'environ 15 mois et il a été placé dans le nouveau bâtiment désigné sous le nom de Refraile d'hiver. Il s'est développé très régulièrement, sortant le matin, accompagné de son gardien, dans les allées du Jardin, et jusqu’à présent il est très docile et très doux. Pendant l'été de l’année 1896, il a été couvert de parasites qui s’altachaient à la peau en produisant de fortes démangeaisons. M. Mégnin a bien voulu les étudier, et il a reconnu que c’étaient des Poux d’une espèce fort rare dans les collections, l'Æaematomysus Ele- phantis décrit par Piaget dans sa Monographie des Pédiculines. Des lavages avec une solution faible de jus de Tabac en ont débarrassé rapidement l'animal. Le lableau suivant permet de suivre l’accroissement successif de sa taille et de son poids et montre qu’en deux années il a gagné 476 kilo- grammes et qu’il a grandi de 45 centimètres. DATES POIDS CIRCONFÉRENCE HAUTEUR Kilogr. Mètres. Mètres. 1e" décembre 1894..... 256 1 95 II Mani ISO ere 295 2 05 Al I GAME EC Se ES 343 228 1 25 MUC EISOSEE CEE 400 2 42 1 8 lécNoctobre 1895... 447 2 47 1 35 M Anvien ISO"... 510 2 57 1 38 1e aval TR GER re D90 2 65 1:39 Rule SIG 2007 618 2 14 1 45 leroctobre 18964 ...... 702 2 TU 1 53 1°’ novembre 1896..... 732 0) 0 1 57 (1) Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, 1896, n° 8). — Voir dans la Revue des Sciences naturelles appliquées du 20 mars 1891, page 452, une obser- vation analogue de M. Saint-Yves Ménard, concernant le jeune Éléphant de l'Inde (Toby), du Jardin d’Acclimatation. 230 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. LE Kickzia africana Benth. au CoNGo FRANÇAIS Par Henri LECOMTE. Jusqu'à ces deruières années, les Lianes du genre Zandolphia avaient fourni à peu près tout le caoutchouc exploité sur la côte occidentale d'Afrique ; les indigènes savent d’ailleurs fort bien mélanger au latex des meilleures espèces de Landolphia le latex d’autres Lianes du même genre ou appartenant à des genres voisins. Les forêts du Congo et des autres pays de la côte occidentale d'Afrique abondent en Lianes ou en arbres dont le latex est utilisé ou pourrait être utilise par les indi- gènes pour la préparation du caoutchouc. Les genres Ficus, Periploca, Tabernemontana, Malouetia, Clitandra, Carpodinus, Culotropis, etc, viennent s'ajouter au genre Landolphia pour grossir la liste des plantes à Caoutchouc. Le Xïickzia africana Benth. découvert par Mann à la rivière Bagroo, fut déterminé par Bentham en 1878. En 1888, on l'utilisait à Accra pour la préparation du caoutchouc et cette exploitation prenait, dès ce moment, à la Côte d'Or, un développement rapide. Les graines elles- mêmes, qui présentent une certaine analogie avec celles des Sfro- phantus, furent vendues frauduleusement à Londres sous ce dernier non. Le Kïckzia africana Benlh. fut ensuite rencontré à Lagos et à Fer- nando-Po. Dans la colonie anglaise de Lagos, ect arbre a recu des indigènes les noms de Jre, Ireh ou Ereh. À la suite -de la découverte du Xïckzia africana à Lagos, l'industrie du caoutchouc a pris dans cette colonie anglaise comme à Accra, un développement trés rapide. Les exploitations totales de caoutchouc des colonies anglaises de la côte occidentale d'Afrique ne s’élevaient pour l’année 1890 qu'à 33,876 cwts (1,716,900, kil.) représentant une valeur de 297,453 livres sterling, à raison de 135 livres le cwt. Sur cette exploitalion totale la part de Lagos n’était guère que de 30,000 à 40,000 livres sterling en moyenne. Or, pour la seule année 1895, par suite de l'exploitation nouvelle qui a élé faite du caoutchouc de KXïckzia, les exportalions de Lagos ont atteint le chiffre total de 5,069,404 livres anglaises, représentant une valeur totale de 269,893 livres sterling. On voit par là quel essor rapide l’exploitalion du caoutchouc à Lagos a recu de la récente découverte du Xzckzia dans cette colonie. Sans aucun doute, il serait intéressant de rechercher le Kickxia dans notre colonie du Dahomey, puisqu'il existe d’une part à Accra, et d’autre part à Lagos, c'est-à-dire à l’est et à l'ouest du Dahomey. L’aire d'extension de cette plante intéressante s'étend même beau- coup plus au sud sur la côte occidentale d'Afrique. Dans un voyage que j'ai cu l'occasion d'effectuer au Congo français pendant l’année 1893-94 pour la Sociéfé d'études el d'exploration du Congo français, j'ai rencontré le Kickzia à Kakamoeka sur les bords de la rivière Kouilou EXTRAITS ET ANALYSES. 231 par 4° 10’ de latitude sud et 9° 40’ de longitude est, En admettant que Sierra-Leone et Kakamoeka soient les deux points extrêmes d’exten- sion de cel arbre, ce qui est loin d'être prouvé, on le rencontrerait déjà sur une ligne de côtes dont le développement atteint environ 4,000 kilomètres. Dès mon premier passage à Kakamoeka, en octobre 1893, mon attention fut attirée par cet arbre dont j'avais rencontré un spécimen sur le bord d'un sentier conduisant d’une factorerie à une autre et qui, par la moindre incision, laissait couler un véritable flot de latex. Mais à ce moment l’arbre ne portait que des fruits présentant par leur forme extérieure une grande analogie avec ceux de S/rophantus. Plus tard, je pus, sur le même arbre me procurer des boutons avant leur éclosion. Le Xickæia ne paraît pas être utilisé par les noirs de la région de Kakamoeka, car ils ne lui connaissent pas de nom indigène. Tous ceux qui ont voyagé sur la côte occidentale d'Afrique savent en effet que les noirs connaissent un grand nombre d'arbres leur fournis- sant des produits utilisables soit pour leur alimentation, soit pour la construction de leurs cases, soit pour le traitement de diverses affec- tions ; ils les désignent sous des noms qui rappellent souvent l'usage qu'ils en font. Or le Kickvia ne nous a pas paru avoir atliré spéciale- ment l’attention des indigènes et n'avait reçu d'eux aucun nom spécial. Le Kickzia africana Benth., tel que l’a décrit l’auteur de l'espèce, est un arbre de 50 à 60 pieds de haut, à branches dressées devenant noirâtres par dessiccation. Les feuilles ont de 10 à 23 centimètres de long sur 4 à 7,5 centim. de large ; elles sont de forme oblongue, acu- minées, un peu coriaces et comptent de 8 à 10 nervures latérales sur chaque moitié du limbe. Le pétale mesure de 4 à 12 millimètres de long. Les fleurs sont groupées à l’aisselle des feuilles en cymes contractés. Les pédoncules ont environ un demi-centimètre de long. Le calice a cinq divisions; la corolle en a cinq ou six pouvant atteindre 12 milli- mètres de long. Etamines, cinq, insérées sur le tube de la corolle. Follicules de 10 à 15 centimètres de long environ, déhiscents, conte- nant une graine terminée par une pointe allongée couverte de longs poils renversés vers la graine, au lieu d'être dirigés en sens contraire comme chez les Sérophantus. Enfin, la graine fusiforme, creusée d’un sillon sur une des faces, contient un embryon à cotylédons repliés sur eux-mêmes dans le sens de la longueur et un albumen très réduit. Le Kickæia que nous avons rencontré au Congo présentait tous les caractères principaux du Kickæia africana Benth. Mais les fruits plus longs atteignent 25 centimètres de longueur et plus. En outre, les co- tylédons paraissent plus irrégulièrement repliés que ceux des graines du Kickæia africana provenant de Fernando-Po. Enfin les poils de l’ai- grette sont un peu plus gros ‘et présentent à l’intérieur des épaissis- sements très irrégulièrement distribues qui sont beaucoup moins 12 232 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. marqués dans les poils des graines provenant de Fernando-Po. D'ail- leurs, il faut bien dire que les divers échantillons de Xïckxia africana que nous avons pu voir dans l’herbier de Kew présentaient des diffé- rences de même ordre et les graines de Xickzia de Lagos différaient certainement davantage de celles de Fernando-Po que celles du Congo ne diffèrent elles-mêmes de celles de Lagos. Il ne nous paraît donc pas possible de faire du Xickæia de Kakamoeka une espèce nouvelle et nous l'enregistrons sous le nom de Æickæia africana. L'écorce grisâtre de cet arbre laisse écouler un latex abondant. À la Côte de l'Or les indigènes recueillent ce latex et le versent dans une cavité creusée dans un tronc d'arbre renversé; au bout d'une quinzaine de jours, le bois a absorbé une partie du liquide et une autre partie s'est évaporée ; on obtient ainsi un produit qu’on malaxe fortement et qui donne un caoutchouc de qualité médiocre valant de 10 deniers à 1 shilling 2 deniers la livre. A Lagos, les indigènes obtenaient d’abord la coagulation du latex par l’action de la chaleur; mais le caoutchouc ainsi produit est toujours plus ou moins gluant. Des essais entrepris à la station botanique de Lagos ont permis de lrouver un procédé qui n'a pas été dévoilé et à l’aide duquel on a obtenu un caoutchouc de bonne qualité qui a été estimé 2 shillings 3 deniers la livre par des commerçants anglais auxquels des échantillons ont été soumis. Les essais de coagulalion que j'entrepris à Kakamoeka ne me donnèrent que de mauvais résultats ; le caoutchouc obtenu était tou- jours gluant et collait fortement aux doigls. Je tentai même, sans succès d’ailleurs, la coagulation comme elle se fait à Para. Les indi- cations fournies plus haut montrent que cette coagulation est l’œuvre du temps plutôt que des procédés chimiques. On ne pense pas du premier jour à verser du latex dans une bille de bois! Y penserait-on d’ailleurs qu'on ne se trouverait pas là quelques semaines plus tard pour apprécier le résultat de ce traitement sommaire. Puisque le latex du Xicktia, traité de facon convenable à Lagos, a fourni du caoutchouc de bonne qualité ; puisque cette exploitation nouvelle a été pour cette colonie anglaise une source inattendue de richesse, il convient de nous inspirer de cet enseignement. Le Kickzia africana existe au Congo français puisque nous l’y avons rencontré; il est nécessaire de rechercher, comme l'ont fait les Anglais à Lagos, le moyen pratique d'en tirer un caoutchouc utilisable. Le Æïchæia pré- sente sur les Lianes du genre Landolphia l'avantage appréciable de pouvoir êlre saigné périodiquement sans détruire la plante; il pourra sans doute aussi être cultivé, tandis que la culture des Lianes a tou- jours paru très problématique, Nous espérons donc que la découverte du XÆïckæia africana au Congo français sera pour notre colonie, qui en a grand besoin, une source de prospérité (1). (1) Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, 1897, n° 2, BUREAUX DES SECTIONS (1897) PREMIÈRE SECTION. — Mammifères. M> G: ROZEY, délégué du Conseil; E. DECROIX, président; Dr TROUESSART, vice-président ; Ch. MAILLES, secrétaire; Maurice LOYER, secrétaire-adjoint. DEUXIÈME SECTION. — Ornithologie, Aviculture. : OUSTALET, délégué du Conseil et président; Comte de CHABANNES LA PALICE. vice-président ; Jules FOREST ainé, secrétaire; Comte d'ORFEUILLE, secrétaire-adjoint. BR TROISIÈME SECTION. — Aquiculture. [> RAVERET-WATTEL, délégué du Conseil; Edmoni PERRIER, président ; ROCHÉ, vice-président ; J: de CLAYBROOKE, secrétaire; A. BOIGEOL, secrétaire-adjoint, REP TT ES QUATRIÈME SECTION. — Entomologie. M. Édouard BLANC, délégué du Conseil; A. L. CLÉMENT. président ;- DECAUX, vice-président ; P. MARCHAL, scerctaire; F. RATHELOT, secrétairc-adjoint. CINQUIÈME SECTION. — Botanique. M. Édouard BUREAU, délégué du Conseil; le Dr WEBER, président; HÉDIARD. vice-président : | Jules GRISARD, secrCtaire; SOUBIES, secrétaire-adioint. COMMISSION PERMANENTE DES RÉCOMPENSES Président et le Secrétaire-Général de la Société. M. E. BUREAU. E. CAUSTIER. J. de CLAYBROOKE. : C. RAVERET-WATTEL. le Dr TROUESSART, élu par la lre section (Mammifères). élus par le Consei!. E. WUIRION, — 2° — (Ornithologie). Raphaël BLANCHARD, — où — (Aquiculture). A. L. CLÉMENT, — 4 — (Entomo!ogic). le D' WEBER, — 5e — (Botanique). QUARANTE-QUATRIÈME ANNÉE. — TABLEAU DES JOURS DE SÉANCE Boc-1807 ee | Mer | fr | fr | 4 CÉRSRT 11 |iBet2u|12et26| 5et19 | 2et25 | 7et21 Pedodhenes |del1S | Set22 | bet19 |12et26| Jet30 | 14 et28 Dee | 10 | 45 | ee | 26, | Be RAP 3 D eue » Durs tte 10 mdi à S heures. » » Ps PO RCRIQRE 17 je Section : Bolunique | 9 | 16 | 20 25 ardi à 3 heures. » ? | — Tout Membre de la Société prenant part aux séances indiquées dans le Tableau ci-dessus, reçoit, comme jeton de présence, une entrée gratuite au JARDIN. ZOO0LOGIQUE D'ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. ibliothèque est ouverte tous les jours non fériés, de 10 h. à 4 h. Les personnes étrangères à la Société ntyétre admises sur larecommandation éerite de 2 membres. Les livres doivent être consultés sur place. 4 = SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée en 1854, reconnue d’utilité publique en 1855 Paris, 41, rue de Lille (près la rue du Bac BUREAU ET CONSEIL D’ADMINISTRATION POUR 1897 Bureau Président. M. Le Myre DE Vicers, député, membre honoraire de la Société, (médaille d’or 1882), 3, rue Cambacérès, Paris. Edouard Bureau, professeur de botanique au Muséum d’his- toire naturelle, quai de Béthune, 24, Paris. Enmoxp PERRIER, membre de l'Institut (Académie des Vice-Présidents. Sciences), professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 28, rue Gay-Lussac, Paris. C. Raverer-Warrez, directeur de la Station aquicole du Nid-de-Verdier, près Fécamp, rue des Acacias, 20, Paris. Secrétaire général. Baron Jules pe GUERNE, rue de Tournon, 6, Paris. { Pauz Marcuar, docteur en médecine et docteur ès-sciences, di- recteur adjoint de la Station entomologique de Paris, 126, rue Boucicaut, Fontenay-aux-Roses (Seine). k Henri Hu, licencié es-sciences naturelles, 2, rue de Villersexel, Paris. Eugène Causrtier, agrégé de l'Université, professeur au Lycée de Versailles, à Viroflay (Seine-et-Oise). à Comte Raymond de Dazmas, rue de Berri, 26, Paris. Trésorier : Albert IMBERT, administrateur judiciaire près le Tribunal civil de la Seine, 17, rue Bonaparte, Paris < Archiviste-bibliothécuire : Jean de CLAYBROOKE, 5, rue de Sontay, Paris. Secrétaires. Membres du Conseil L. G. BiNGer, ancien gouverneur de la Côte d'ivoire, chargé des affaires d'Afrique au Ministère des Colonies, 15, rue de Prony, Paris. Edouard Bzanc, explorateur, 35, rue de Grenelle, Paris. Raphaël BLancaarp, membre de l’Académie de médecine, secrétaire général de la Société zoologique de France, 225, boulevard Saint-Germain, : Paris. Camille DARESTE, docteur en médecine et docteur ès sciences? directeur du laboratoire de Tératologie à l'Ecole pratique des Hautes Etudes, 37, rue de Fleurus, Paris. Charles DEBREUIL, avocat, propriétaire, 25, rue de Châteaudun, Paris. Faul pe LaBouLaye, ambassadeur de France, 129, avenue des Champs-Elysées, Paris. A. Muxe-Epwarps, membre de l’Institut (Académie des sciences), directeur du Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. Louis Ozivier, Docteur ès sciences, directeur de la Revue générale des sciences pures et appliquées 34, rue de Provence, Paris. Ousrazer, Docteur ès sciences. assistant au Muséum d'histoire naturelle (Mammifères et Oiseaux), 121 Lis, rue Notre-Dame-des-Champs. Paris. A. RaïLLiET, membre de l'Académie de médecine. professeur d'Histoire natu- relle, à l'Ecole vétérinaire d'Alfort (Seine). Georges Rosey, proprietaire, rue Grange-Batelière, 98, Paris. Dr Weger, médecin inspecteur de l’armée, ancien directeur de l'Ecole de médecine militaire du Val-de-Grâce, 180, boulevard Saint-Germain, Paris. Président honoraire. Albert GrorrroY SAINT-HiLAIRE, ancien directeur du Jardin zoologique d'Acclimatation du Bois de Boulogne, Vault de Lugny, par Avallon (Yonne). Secrélaire général honoraire. Amédée BERTHOULE, avocat, docteur en droit, membre du Comité consultatif des Pêches maritimes, 18, rue du Cherche-Midi, Paris. Trésorier honoraire. Georges Marmias, propriétaire, Bourg-la-Reine (Seine). Membres honoraires du Conseil: Pierre MéGxiN, membre de l'Académie de médecine, directeur du Journal l'Eleveur, avenue Aubert, 6, à Vincennes (Seine), D: Edouard MÈNE, médecin de la maison de santé de Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot, 20, Paris. Dr Joseph Micuow, ancien Préfet, rue de Babylone, 33, Paris. Auguste PAILLEUX, propriétaire, 3, rue de Médicis, Paris. Le Secrétaire Général, gérant Versailles. — Imprimeries CERF, 59, rue Duplessis. Jucxs DE GUERNE Le BULLETIN ,92 DE LA (Revue des Sciences naturelles appliquées) 44 ANNÉE JUIN 1897 | SOMMAIRE MYRE DE VILERS. — Allocution prononcée à la séance générale du 21 mai 1897... 233 ICHAZAL. — La protection des Oiseaux utiles: action des instituteurs. ...,...,..... 236 RASPAIL. — La légende de l’hibernation des Hirondelles........,.,.., Ro ro 241 DE MARCILLAC. — Documents aouveaux sur l’élevage de la Truite arc-en-ciel et du Saumon de Californie à l'établissement de Bessemont....... HO ER DU s He 248 Extraits des procès-verbaux des séances de la Société : Becsireneralesduiaaanrilietque21mal 19972220 ne Re PIE CAE 2#9 re Section : Mammifères. — Séances du 15 février et du 22 mars 1897..:........... 263 je Section : Ornithologie. — Séances du 29 mars et du 3 mai 1897................. 265 e Section : Entomologie. — Séances du 8 mars et du 12 avril 1897................ 267 Extrais de la Correspondance : roduction de Volailles de choix en Guinée française. — Aigrettes domestiquées dans la | République Argentine. — Elevage de Salmonides dans 1e département de l'Isère. — Les alevins de Rondes à la Station squicole du Nid-de-Verdier. — Les Jardins d'essai et la colonisation. — Sur le Ravenala madagascariensis. — Acclimatation des Dattiers du Sud de l'Algérie dans la plaine du Chelif ..... Do tr oo DO A Don DE 269 Extraits et Analyses. La reproduction de l’Anguille, d’après Grassi et Calandruccio .................. 275 Vœu concernant la pisciculture et le repeuplement des rivières. ......... FR NNENEReS 278 Nouvelles et Faits divers. Acclimatetion du Faisan commun au Chili. — Introduction du Caoutchoutier du Para au Congo Français..... À ER PCR PP dr 280 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions nises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. > C————— Un numéro 2 franes ; pour les membres de la Société 1 fr. 50 DEEE ——— 2 AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 41, RUE DE LILLE, 41 PARIS ET À LA LIBRAIRIE CERF, 12, RUE SAINTE-ANNE Le Bulletin paraît tous les mois. Voir la liste des graines offertes par M. Charles Naudin, à distribuer aux membres de la Société SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCEIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 BUT DE LA SOCIÉTÉ Le but de la Société est de concourir : 1° À l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement ; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées ; 3° à l'introduction et à la propagation des végétaux utiles ou d'or- nement. Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au sol même de la France. L’attention des personnes compé- tentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’accli- mater dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récom- penses honorifiques ou pécuniaires, organise des expositions ou des conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les graines qu'elle donne, par les cheptels qu’elle confie à ses membres ou aux Sociétés dites agrégées ou affiliées, la Société d’Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue entre toutes les asso- ciations analogues uniquement préoccupées de science pure. Les récompenses et les encouragements de la Société d’Acclima- tation peuvent être obtenus par les Français et les étrangers, les membres de la Société ou les personnes qui n’en font point partie. Sont invités à prendre part aux concours : les naturalistes-voyageurs, les jardiniers, les gardes, les éleveurs de toute catégorie (aviculteurs, pisciculteurs, apiculteurs, sériciculteurs), et, en général, tous ceux qui servent, dans la pratique, avec ou sans salaire, le but poursuivi par la Société. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée en 1854, reconnue d'utilité publique en 1855 Paris, 41, rue de Lille (près la rue du Bac) LISTE DES GRAINES OFFERTES PAR M. Charles NAUDIN, Membre de l’Institut, Membre honoraire de la Société d’Acclimatation à distribuer de suite aux membres de la Société : les demandes seront servies par ordre d'inscription. NOTA. — Plusieurs espèces sont en petite quantité. Abies Webbiana. Acacia acinacea. — argyrophylla. — albicans. — armala. — brachybotrya. — dealbala. — decurrens. — cultriformis. — cyanophylla. nn CYCIOPIS: — imbricata. — ileaphylla. —— nelanozylon. — obliqua. — pravis im. — verlicillata. Alnus integrifolia. Arundinaria macrosperma. Banksia verlicillata. PBauhinia purpurea. Petula occidentalis. Bignonia Tiveediana. Caæsalpinia minat. Callitris cupressiformis. — Mulleri. Colletia cruciata. — . Spinosa. Eucalyptus botryoïdes. —— Mulleri. Euscaphys staphylioides. Freesia (variétés diverses). Ficus allissima. TIpomœæa (de la Chine). Tinpatiens (de l'Himalaya). Juniperus Ulahensis. Malva fragrans. Melasioma sanguineum. Nephelium leiocarpum. Osteospermum moniliferum. Pitlosporum coriaceum. Planera crenala. Polygala virgata. Prunus americana. — maritima. — nigra. — puddum. Pyrus betulifolia. Quillaja saponaria. Rharïnnus crenata. —- Melanocarpa. Rhus integrifolia. — succedanex. — vernicifera. Ribes Menziesii. Rosa arkhansana. — sp (du Colorado). Viburnum cassinoides. — cotinifolium. — dilatafum. — molle. Vitis riparia. — Solonis. Yucca angustifolia. PALMIERS. Cocos australis. Pseudophænix Sargenti. Jubæea spectabilis. mt à D D CAC € Les membres de la Société qui désirent des graines sont priés de détacher simplement la présente feuille et e la renvoyer à M. le Secrétaire général après y avoir pointé les espèces demandées. — Pour la culture de la lupart d’entre elles, voir le Manuel de FAcclimateur, par Charles Naudin. SUPPLÉMENT La SOCIÈTE NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE + "] aa # j l AU BULLE DÉSINFECTANT ANTISEPTIQUE Le seul joignant à son Efficacité, scientifiquement démontrée, l'immense avantage de n'être ni Toxique ni Corrosif A Lh et Styptique puissant. ? LONs LAÎES V L Cobeé* - le Re de ee demande de Rapports scientifiques et Prospertes : SOCIÉTÉ | FRANÇAISE de ral SANITAIRES et ANTISEPTIQUES Pr en ne 33, nue O€Es FrOncs-5 Ni Vénéneux 1 21, Rue des Petiter-Ecuries), Paris. - MEDAILLE D'OR Ezpon Univile 1885 vins, Alcools, Bières, re nr etc. = Demander le Cstzlogue. — Envoi franco | Vendus > A ge S ruisseur du Jardin ZODE TE a’Acclimatation MT er es | | Instantenément { Seule Late garantie inoffensive, exell EAU FIL AR le CHEVEUX | de plomb ou autres produite nuisibles reprennent ts et Colonies (gare) 6 fr. 60. Trois ii Or.Nmb Rérmp. À De - COULEUR NATURELLE SOCIÉTÉ D "EYGIÈNE FRANÇAISE, ge, Rue de Châteaudun,l Pourfaciliteressai.: redu bon résultat, la 80: offre Büite Echant. Z#iacons | qius enaple) 110 f> (Erweï 1 ESSENCE pour CAFÉ à l'EAU AU LAIT FROID OU CHAUD Îndispensab foyece, 2 la ire _ CHEZ TOUS LES EPICIERS. ( il cit chané Ù mater Aus l'eau constituent 2 BOISSON LA PLUS HYGIENIQUE ÉTANGS ET RIVIÈRES 2 e Pisricalture pratique, fondé en. 1888! D la Piscic en: et la Pêche en eau douce. Fr en valeur des eaux improductives, repeuplement: ISCICULTURE :: phnit HUE Qué SDS posées pur | es avounés sur li Pêche ei sur LPisciculture: ], pa: pe née un volume d'environ 400 pages, nom tangs et Rivisres forme une encyclopédie! is spéc Von sur demande — France, 10 fr., Etranger, 12 francs par an. et publicité au bureau du journal, 21, rue de Vaugirard, PARIS, L'ACCLIMATA TION VÉGÉTALE DANS LES COLONIES FRANCAISES ROLE DES JARDINS D'ESSAI ALLOCUTION PRONONCÉE A LA SÉANCE GÉNÉRALE DU 21 Mar 1897 par LE MYRE DE VILERS, Président de la Société. Messieurs, Je suis confus de l'honneur que vous m'avez fait en m'ap- pelant à la Présidence de votre Société, tandis que vous pou- viez élire des savants de premier ordre dont le nom est universellement connu, des éleveurs et des agriculteurs qui depuis longtemps, rendent de signalés services à l’Acclima- tation. Ce choix anormal ne peut s'expliquer que par votre inten- tion, maintes fois manifestée, de nouer des relations plus intimes avec nos possessions d'outre mer. Vous avez pensé qu’un colonial de profession parviendrait mieux qu'un autre à entrer en rapports directs avec nos correspondants de l'extérieur. Pénétré de l'utilité de votre entreprise, je m'ef- forcerai de remplir vos vues et de mériter la confiance que vous m'avez témoignée. Nous trouverons le terrain bien préparé. En effet, la plu- part de nos Colonies possèdent des Jardins botaniques qui distribuent chaque année des milliers de plantes, de boutures, de graines et d’arbustes, au grand profit de nos compatriotes et des indigènes. Les résultats déjà acquis sont considérables. MM. Rivière, pére et fils, en introduisant l'Eucalyplus et en vulgarisant sa culture ont puissamment contribué à l’assai- nissement de l'Algérie et au développement de sa richesse. Fondé par l’illustre Poivre, le Jardin de Bourbon, un des, plus beaux du monde, s’est fait une spécialité de l’améliora- tion des fruits tropicaux. Il a fourni les plans de Filao avec lesquels ont été reboisées les terres basses de l’ile. En Cochinchine, un simple soldat d'infanterie de marine, Bull, Soc. nat, Accl. Fr. 1897, — 16, 234 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. M. Colombier, auquel vous avez accordé une de vos grandes médailles, a acclimaté tous les légumes d'Europe et rendu ainsi d'inappréciables services à notre armée et à la popula- tion civile. Grâce à la persévérance de cet homme de bien, les Jardins de la route de Cholon peuvent rivaliser avec ceux des contrées les plus prospères. Au Tonkin, le regretté M. Martin, un autre de vos lauréats, fort de l'expérience acquise, comme jardinier du Gouverne- ment de Saïgon, a pu, dès les premiers jours de la conquête, satisfaire à tous les besoins de la Colonie. Ses essais de Jute ont donné de si grandes espérances que M. Charles Saint s’est décidé à tenter industriellement cette culture. En cas probable de succes, l’Indo-Chine, au lieu d'acheter annuelle- ment 25 millions de mètres de toile gunnie à l'Inde anglaise, les tissera elle-même. Déjà le Protectorat possède une cen- taine d'hectares de Caféiers en plein rapport et en Annam la fabrication du Thé entre dans la période d'exploitation com- merciale. A Madagascar, M. Laborde a introduit le Murier, le Pêcher, le Lilas du Cap, le Chêne blanc. Tous ces arbres qui végétent avec une vigueur surprenante dans le sol argileux de l’'E- myrne, permettront de reboiser les montagnes dénudées et stériles de ces contrées. Du reste notre nouvelle Colonie, par la variété de ses altitudes et de son climat, est la terre pri- vilégiée de l’Acclimatation. Nous pouvons y cultiver toutes les plantes des régions tempérées ou tropicales, et sa flore excessivement riche, nous fournira de nouvelles espèces encore ignorées. Les Caoutchoucs du Fort Dauphin semblent spécialement être appelés à un grand avenir. Nous serons puissamment secondés par M. le général Galliéni qui vient de créer un Jardin d’essai à Tananarive. Sur la côte occidentale d'Afrique et en Nouvelle-Calédonie, nos colons se portent de préférence sur la culture du Café. Ils sont sortis de la période expérimentale et contribuent dans une notable proportion à alimenter le marché métro- politain. Vous connaissez de réputation les belles plantations de M. Verdier à la Côte d'Ivoire. Les Antilles qui traversent une crise douloureuse par suite de l’abaissement du prix des sucres, essaient de substituer à la monoculture de la Canne, les autres produits tropicaux qui, à l’origine, firent leur prospérité. Vous préterez certai- ALLOCUTION DE M. LE MYRE DE VILERS. 230 nement à nos compatriotes le concours précieux de votre science et de votre expérience. Dans le règne animal, nous sommes beaucoup plus en retard. Faute de capitaux et de méthode, les efforts indivi- duels n'ont pas suffi pour reconstituer les races locales abâtardies par la négligence des indigènes; on les régénèrera par l'introduction de reproducteurs bien choisis et appropriés au climat. De ce côté tout est à faire. Vous voyez, Messieurs, quel vaste champ d’études s'ouvre devant vous, quel rôle considérable peut remplir la Société d’Acclimatation. Si nous savons grouper les bonnes volontés et donner aux essais individuels la direction scientifique qui trop souvent leur a manqué, si nous parvenons à servir de centre et d'intermédiaire pour nos différents établissements d’outre mer, la Société nationale d’Acclimatation rendra d'immenses services à la France et à ses Colonies. Soyez persuadés qu’en ce qui me concerne, je ne négligerai rien pour obtenir ce résultat. 236 LA PROTECTION DES OISEAUX UTILES ACTION DES INSTITUTEURS (1) Par L. CHAZAL, Membre de la Ligue pour l’Enseignement populaire. Dans la séance du 26 février 1897, lors du débat sur les dispositions législatives ou administratives à solliciter du Gouvernement pour la protection des Oiseaux utiles à l’Agri- culture, un de nos collègues a signalé comme nulle ou tout au moins comme très insufiisante l’action que pourraient et devraient exercer les instituteurs sur leurs élèves. Il est malheureusement vrai que les enfants forment une classe active de destructeurs, maïs je crois qu'il y a beaucoup d'exagération dans le reproche de négligence adressé aux instituteurs ; il est un peu tranchant. Je n'ai pas cru devoir intervenir immédiatement, bien que sachant, par expérience personnelle, que dans un département au moins, et je crois qu'il n’est pas le seul, en Seine-et-Marne, département essen- tiellement agricole, les instituteurs, loin de négliger ce devoir, ont porté à son accomplissement autant d'activité que de persévérance et ontiobtenu les résultats les plus significatifs. Je voulais pouvoir en apporter des preuves et peut-être trouverez-vous qu'il n’est pas indifférent de les mettre sous les yeux de nos collègues, non pas tant au point de vue de la justification de nos instituteurs qu'à celui beaucoup plus inté- ressant de l'exposé d'un ensemble de mesures susceptibles de servir de base à une nouvelle discussion ou d'être utile- ment généralisées si on les trouve bonnes. Plusieurs de nos instituteurs de Seine-et-Marne avaient si bien compris toute l'importance de leur intervention sur ce point, qu'ils avaient devancé les instructions académiques ; l'un d'eux, M. Faugé, alors instituteur à Marolles-en- Brie, maintenant retraité et instituteur honoraire, rédigeait dès 1885 un tableau qu'il faisait imprimer à ses frais et qui était destiné à étre affiché dans les écoles ; je vous en remets un exemplaire. (1) Communication faite dans la séance générale du 2 avril 4897, LA PROTECTION DES OISEAUX UTILES. 237 Ce tableau n’est peut-être pas très scientifique, nos col- lègues les zoologistes y trouveront peut-être des erreurs, pas trop grosses cependant, je suis tenté de le croire ; mais il a le orand mérite d’être rédigé dans la forme et dans les termes les plus propres à frapper l'esprit des enfants auxquels il est destiné. Il ne faut pas oublier qu'il ne s'adresse pas aux petits citadins qui ne sont pas des dénicheurs, mais aux petits paysans, dénicheurs de race et par atavisme, ayant la tenta- tion à la porte de l’école et la désobéissance à la portée de la main comme corollaire à la lecon. M. Faugé ne craint pas les grands mots et il les met en grosses lettres ; les enfants n’en comprennent pas toujours absolument la portée, mais ils les respectent d'autant plus, ils savent que ces grands mots correspondent à des sentiments qui honorent ceux qui les pratiquent. JUSTICE, COMPASSION, HUMANITÉ. Voilà les mots par lesquels débute le tableau. L'intérêt n’est pas oublié : Paix aux petits Oiseaux protecteurs de l'Agricullure. L'Oiseau conserve; c'est l'ami, il ménage des millions. Abondance, richesse, bien-être. L'Insecte détruit ; c'est l'ennemi, il dime des millions. Disette, famine, pauvrelé, misère. et la conclusion, elle est admirable : Le petit dénicheur est déjà méchant, ingrat, esprit dé- pravé, cœur vil. Devenu homme, il sera inhumain, endurci, emporté, violent, brulal, cruel. Il y a heureusement des exceptions et j'ai connu de fa- rouches dénicheurs qui ont échappé à ces effroyables prédic- tions. Elles n’en sont pas moins excellentes, elles frappent l'esprit des écoliers et s’y cristallisent en formules devenues articles de foi. Comme moyen préventif, elles ont un grand effet. Il suffit de connaître les enfants pour le comprendre : elles servent de récriminations et quasiment d'injures entre camarades ; le jour où deux dénicheurs se prennent de bec, ils ne manquent pas de se reprocher leurs forfaits dans les 238 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. termes du tableau. Ils se renvoient l’un à l'autre les reproches de méchanceté, de cruauté, de dépravation. Oh ! quel terrible mot! d'autant plus terrible qu'ils ne savent pas bien ce qu'il veut dire. Combien d'enfants se sont abstenus de peur d'être trahis ou maltraités par leurs camarades. L'idée de faire représenter aux Oiseaux des abstractions morales fera peut-être sourire quelques-uns de nos collègues. Ils ne comprendront probablement pas pourquoi le Loriot per- sonnifie la Finesse et ils comprendront pourquoi le Coucou personnifie l’Znconstance. Ce n’est pourtant pas une idée neuve que ces sortes de personnifications; elles remontent à la plus haute antiquité et elles n’ont pas toujours été moins discu- tables que celles de M. Faugé. Le Lion a pu avec raison personnifier la force, maïs la générosité ? Je crois qu'il n'y a que le Rat de La Fontaine qui l'ait éprouvée. C'est à une con- naissance raisonnée du mouvement d'esprit des enfants, à leur besoin d’une mnémotechnie qu'a obéi M. Faugé en fai- sant entrer dans son tableau ces personnifications ; elles y tiennent une place voulue et qui, pédagogiquement, est loin d’être inutile. Il n’y a pas jusqu'à la forme de placard qui n'ait été raïi- sonnée. Le tableau est fait pour être affiché dans l’école, afin que l’instituteur puisse toujours y trouver une occasion d’en- seionement, afin que les enfants aient toujours sous les yeux un avertissement salutaire. La caisse cantonale des écoles de Ribaïs (Seine-et-Marne) a depuis longtemps fait l'acquisition de ces tableaux et en a fait placer un exemplaire dans chacune des écoles de garcons et de filles du canton. Je sais qu'il y en a d’affichés dans beau- coup d'écoles du département. M. Faugé a recu successivement de la Société protectrice des animaux des médailles de bronze, d'argent et de vermeil. Il a eu 25 médailles dans différentes expositions scolaires. J'ignore s’il entre dans les usages de la Société d’Acclimata- tion de reconnaître par une manifestation quelconque les ser- vices de la nature de celui que rend à l'Agriculture M. Faugé; vous apprécierez s’il y a lieu de lui faire connaître que son tableau vous a été présenté et a été examiné par nos collègues avec un grand intérêt. Une pareille approbation reproduite dans le Bulletin départemental de l'Enseignement primaire et dans la Tribune des instituteurs aurait le plus heureux effet LA PROTECTION DES OISEAUX UTILES. 239 sur le personnel enseignant et ne pourrait que stimuler son zèle pour la protection des Oiseaux utiles. N'est-ce pas là précisément un des desiderata formulés dans la séance du 26 février. Après les instituteurs et sous l'impulsion des Sociétés d'Agriculture, l'Autorité administrative s’est mise en mouve- ment à son tour et une circulaire du Ministre de l’Instruction publique, en date du 10 mars 1894, a prescrit la formation dans les écoles primaires de sociétés scolaires protectrices des animaux et conservatrices des Oiseaux utiles. Je ne crois pouvoir mieux faire que de transcrire la partie pratique des statuts modèles proposés à ces sociétés. ART. 2. — Cette Société a pour but de protéger les Oiseaux et les autres animaux autant que possible, le sort des animaux domes- tiques, dans une pensée de justice et de compassion, d'habituer, de bonne heure, les enfants à remplir leurs devoirs envers eux. ART. 3.— Les élèves composant cette Société prennent l'engagement d'être toujours bons, justes et compatissants pour les animaux domes- tiques, de ne pas les tourmenter, les agacer ni chercher à les effrayer, de se constituer les protecteurs des Oiseaux et les défenseurs d’autres animaux que l'ignorance et le préjugé persécutent. ART. 4. — La Société est composée de tous les élèves de l’école, son bureau comprend deux élèves par division et désignés par le sort. Ils sont renouvelés tous les trois mois. Les membres de la Société rendent compte au bureau des faits inté- ressant la Société : protection d'animaux, destruction d’Insectes nui- sibles, etc. La Société est contrôlée par l'instituteur; des récompenses sont accordées aux élèves qui remplissent bien leur mission. Si un nid a été enlevé, un acte de méchanceté commis, l’auteur en recoit une réprimande sévère; un certain nombre de bons points lui sont retirés, et, s’il se trouve en cas de récidive, les parents, et au besoin le Maire, en sont informés. ART. 5. — Les sociétaires prennent l'engagement de s’attacher à distinguer les animaux notoirement dangereux de ceux qui semblent inutiles ou indifférents et de respecter ceux de cette dernière caté- gorie comme faisant partie de l’ordre universel et admirable établi par le Créateur. Combien à ce sujet est plus éloquent, plus pratique et plus clair le tableau de M. Faugé ! ART. 6. — Peuvent faire partie de la Société les élèves qui fréquen- teront l’école à l'avenir et ceux qui l’ont quittée depuis moins de deux ans. 240 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Les autres articles ne sont destinés qu'à donner à ces enfan- tines et naïves sociétés la solennité administrative. Au défaut de précision des termes de ce règlement, au dé- faut d'instructions supplémentaires indispensables pour indi- quer aux enfants les animaux qu'ils ont à protéger, il est facile d'imaginer que de pareilles sociétés ne peuvent se for- mer et fonctionner sans l’active intervention de l'instituteur. Or, je sais qu'un nombre notable de ces sociétés fonctionne utilement dans le département de Seine-et-Marne. Je ne puis malheureusement pas rendre un compte personnel des résul- tats qu'elles ont obtenu, n'ayant pas encore eu l'occasion de visiter une école où il en existe. En résumé, l'instrument étant créé, le personnel est beau- coup mieux disposé à s’en servir que notre collègue n’a paru ie penser. Ce qui, à mon avis, nous appartient comme à tous ceux qui s'intéressent à la protection de nos récoltes, c’est de ne perdre aucune occasion de renouveler les avertisse- ments, de ne laisser refroidir aucun zèle, de ne décourager aucune bonne volonté par un trop long silence. Je sais, par expérience, que les meilleures instructions deviennent rapi- dement lettre morte si elles ne sont incessamment rappelées. Il ne suffit pas de dire que les agents d'exécution se négligent, il faut savoir se demander si l’on a fait soi-même tout ce qu'on pouvait faire pour les maintenir dans l'exécution de leur devoir et pour les y encourager. Paris, le 29 mars 1897. 241 LA LÉGENDE DE L'HIBERNATION DES HIRONDELLES par Xavier RASPAIL,, de Gouvieux (Oise): Dans une intéressante communication faite à la Société nationale d’Acclimatation dans la séance de la Section d’Or- nithologie du 21 janvier 1897, M. Gabriel Rogeron appelle de nouveau l'attention sur l’hibernation des Hirondelles. C’est là une vieille légende datant d’Aristote qui, le premier, a parlé de l’état d’engourdissement léthargique dans lequel les Hirondelles tomberaient pendant la saison rigoureuse. Il est certain que les naturalistes qui ont admis et perpétué cette légende, l'ont fait de confiance et sans se préoccuper de contrôler par eux-mêmes les prétendues observations à l’aide desquelles ils venaient donner créance à une erreur, excu- sable seulement en raison de l’époque où elle avait été com- mise. Du reste, le merveilleux ne perd jamais ses droits même sur les esprits supérieurs et c’est ainsi que Cuvier ne révoqua pas en doute la fable éditée au xvre siècle par Olaüs Magnus, évêque d'Upsal, qui donnait pour séjour hivernal aux Hiron- delles le fond des eaux ! Eh bien, sans être une aussi audacieuse négation du bon sens, le sommeil léthargique dans lequel passeraient l'hiver, les Hirondelles restées dans nos contrées septentrionales est tout aussi invraisemblable. D'abord, où sont les preuves, c’est-à-dire les observations présentant un caractère d'authenticité indiscutable ? Pour ma part, je n’en ai trouvé aucune et du reste beaucoup d’orni- thologistes tels que Vieillot, Degland et Gerbe, de Selys- Longchamps et plus récemment Amb. Gentil, d'Hamonwille, René Martin, se sont bien gardés d’y faire même allusion. M. Rogeron cite également des naturalistes distingués, Millet, l'abbé Vincelot et Deloche, auteurs d'ouvrages concernant les Oiseaux de Maine-et-Loire, qui sont restés muets sur ce sujet. (1) Communication faite dans la séance générale du 21 mai 1897. 242 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Le Maout, par exemple, y croit fermement; dans son AÆis- toire naturelle des Oiseaux publiée en 1855, il dit qu'un certain nombre d'Hirondelles n’émigrent pas et passent l'hiver dans les pays septentrionaux cachées dans des trous où elles sont plongées dans un engourdissement léthargique sem- blable, ajoute-t-il, au sommeil hivernal de certains Mammi- fères. Or, la seule observation qui soit venue appuyer cette vieille croyance à l'hibernation des Hirondelles est celle rap- portée par Achard de Privy-Garden, si toutefois on peut donner ce nom au fait cité par cet auteur. Ce naturaliste, descendant le Rhin à la fin de l'hiver 1761, vit des enfants qui, à l’aide de cordes, se laissaient glisser le long des falaises qui bordent ce fleuve et retiraient du fond des trous des Hirondelles engourdies et privées de tout mou- vement. Achard en prit une qu'il mit dans son sein ; au bout d'une demi-heure, cette Hirondelle s'était ranimée et parvint à prendre son vol. En réalité, qu'est-ce que cela prouve? Tout simplement qu'Achard à vu des Hirondelles retirées mourantes de froid et de faim de trous où elles s’étaient réfugiées, et rien de plus. Du reste, il spécifie bien que c'était à la fin de l'hiver; or, l'hiver ne finit pas rigoureusement à sa date officielle du 21 mars ; souvent ce mois est doux et le suivant très rigou- reux. Il a pu très bien en être ainsi en 1761 : des Hirondelles arrivées sur les bords du Rhin dans la seconde quinzaine de mars, surprises par un retour brusque des froids et par suite privées de la nourriture qui leur est indispensable pour con- server leur chaleur et leurs forces, n'avaient pu fuir vers des contrées plus hospitalières et s'étaient retirées dans ces trous qui leur offraient non pas les moyens de vivre, mais un abri contre les atteintes de la bise glaciale. Les Hirondelles supporteraient peut-être une température assez basse, mais non la faim; il leur faut pour entretenir le degré de chaleur nécessaire à leur vie active, une nourriture abondante et prise pour ainsi dire sans interruption ; c'est l’Oiseau le plus délicat sous ce rapport et le dernier auquel on aurait dù songer à attribuer la faculté de passer de longs mois dans un sommeil léthargique. Quelques heures de captivité et de jeûne suffisent pour affaiblir l'Hirondelle en abaïssant con- sidérablement sa température. Je ne crois pas qu'elle puisse vivre sans manger plus de douze heures, pendant le jour bien LA LÉGENDE DE L'HIBERNATION DES HIRONDELLES. 243 entendu, car la nuit, le sommeil chez tous les animaux ralentit les fonctions de l'organisme et ne nécessite pas d’a- limentation pour que la chaleur normale se maintienne. M. René Martin (1) cite les dates suivantes de l’arrivée dans le Cher de l'Hirondelle rustique (ÆZirundo rustica), qui ap- paraît la première dans nos contrées : 15 mars 1875 et 18 mars 1880 ; c'est-à-dire avant la fin de l'hiver et ainsi plus tôt que l’époque ou Achard avait vu prendre des Hirondelles dans les trous des falaises du Rhin. M. Rogeron fixe également au 25 mars l’arrivée de la même espèce à Angers. L'observation d'Achard ne présente donc aucune valeur sérieuse. Pour que cette hibernation ait pu être admise sans contes- tation dans la science, il eût fallu trouver le refuge hivernal d'Hirondelles plongées dans leur engourdissement léthar- pique ; y constater leur présence en décembre, janvier, fé- vrier jusqu'au moment de leur réveil et de leur essor dans l’espace à la recherche d'une nourriture bien nécessaire pour réparer les pertes considérables de substances devant néces- sairement résulter d’un aussi long jeûne. L’observateur qui eut fait cette découverte n’eût pas manqué de la compléter par des détails sur la situation choisie pour l’'hivernage, la position, l’état des Hirondelles et tant d’autres remarques toujours précieuses à noter en pareil cas et qui donnent aux observations leur réelle valeur scientifique. Mais, fera-t-on observer, pourquoi certains Oiseaux ne seraient-ils pas comme certains Mammifères, doués du som- meil hivernal ? À priori cette question peut paraître embar- rassante. Pour y répondre, je ne ferai qu’effleurer les consi- dérations que l’on pourrait tirer de l'étude comparative de l'organisme des animaux qui forment les deux classes des Vertébrés à sang chaud. Cette étude d’un puissant intérêt, fait justement, en ce moment de la part de M. Quinton, le sujet d'importantes recherches qui tendent à démontrer chez l'Oiseau une organisation fonctionnelle supérieure à l’organi- sation fonctionnelle chez le Mammifère, ce qui, pour le cas qui nous occupe, reviendrait à prouver que les Oiseaux ont besoin d’une somme de calorique plus élevée que celle qui est nécessaire aux Mammifères ; d'où il ressortirait l'impossibilité (1) Cataloque des Oiseaux de la Brenne; Bull. Soc. zoolos. de France; tome XII, p. 47 ; 1887. 2k£ BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. pour les premiers de supporter un long jeûne comme en donnent des exemples un petit nombre de Mammifères hiber- nants. Ilest évident que pour ces derniers, la température s’abaïsse au début du sommeil hivernal en raison même du ralentisse- ment de leur respiration et de leur circulation ; mais elle se maintient ensuite à un degré leur permettant de vivre grâce à la combustion lente de la graisse qui s’est accumulée dans leur épiploon et dans presque tout le corps au cours de l'été et de l'automne. Ces animaux possèdent une organisation toute spéciale et qui répond certainement au rôle qu'ils sont appelés à jouer dans la nature. Parmi les Chauves-Souris, les Loirs, les Marmottes même, il n’est pas un seul individu qui échappe à cette loi qui les soustrait à la vie active plusieurs mois durant. Tous s’endorment l’époque venue, tous se ré- veillent quand l’approche de ïa belle saison va leur permettre de trouver la nourriture qui leur convient. En est-il de même pour les Hirondelles ? Evidemment non. La somme de travail musculaire dépensée sans interruption dans leurs courses à travers les airs, ne permet pas la forma- tion de la graisse dans les tissus et ce combustible leur faisant défaut au moment de tomber dans le sommeil léthargique, elles ne tarderaient pas à périr faute de calorique. Et sans recourir à ces considérations physiologiques, ce qui pour moi suffit à réfuter toute supposition d’hibernation de ce gracieux et si utile Oiseau, c’est que la grande masse émigre et qu'on ne saurait s'expliquer comment et pourquoi un certain nombre d’entre eux feraient autrement ; c'est d'autre part qu'on trouve communément les Mammifères h1- bernants dans leur refuge et qu'on n’a jamais trouvé d'Hi- rondelles dans les mêmes conditions, ce qui n’aurait pas man- qué de se produire si le fait eût existé même à titre de simple exception. Quant à la présence dûment constatée dans nos contrées en novembre et décembre de quelques individus, ce ne saurait être qu'une bien insuffisante présomption en faveur de l’hiber- nation des Hirondelles, car il n’y faut voir que le fait d'Oi- seaux arrêtés dans leur émigration par suite d’un état de faiblesse ne leur permettant pas de poursuivre leur voyage. Parviennent-ils plus tard à rejoindre leur congénères ou meurent-ils de faim ? Certainement les deux alternatives sont LA LÉGENDE DE L’'HIBERNATION DES HIRONDELLES. 245 possibles. Dans tous les cas, ces retardataires ne sont en réalité que des impedimenta comme ceux que sèment en route les grandes armées. J'ai cité un exemple (1) qui montre qu'une Hirondelle a pu franchir sans encombre toute la période hivernale dans une localité de l'Oise où le climat est pourtant de 4° au-dessous de celui de Paris, et cela sans recourir à la prétendue faculté appartenant à son espèce de tomber dans un sommeil léthar- gique. Cette Hirondelle, qui a fait le sujet de l'observation que je vais résumer ici, appartenait à l'espèce Chelidon urbica ; elle était venue s'établir dans les premiers jours de novembre dans une écurie du Château de la Cave situé à Gouvieux où elle put trouver un nombre suffisant d’Araignées et d’Insectes (Diptères, Phalénites, Tinéites, etc.), réfugiés là contre les risueurs {de l'hiver, car elle ne cessa de se montrer vive et gaie pendant les cing mois de son séjour dans le champ d'évolution assez restreint que lui offrait cette retraite. IL est vrai que dès que le temps lui semblait favorable, elle sortait et entreprenait joyeusement une course aérienne qui devait lui procurer la satisfaction de faire quelques agréables cap- tures de Moucherons prenant leurs ébats aux rayons du soleil. Maïs elle ne s’attardait pas, et rentrée de bonne heure, elle reprenait sa place favorite sur une traverse reliant les pièces de charpente de la toiture et jamais les domestiques n'auraient fermé les ouvertures sans s'être assurés de la pré- sence de la petite solitaire. Souvent, si le temps le permettait, on ouvrait à son intention la porte de la serre et elle ne man- quait pas d'y aller faire une incursion certainement inté- ressée. Le mois d'avril vint ; avec lui se montrèrent les premières Hirondelles ; ia nôtre se joignit à elles et ceux qui l'avaient entourée de tant d’attentions ne la revirent plus. L’ingratitude n'appartient pas uniquement à l’espèce humaine. J'ai donné en 1890, cette observation comme une preuve suffisante que si des Hirondelles parvenaient à passer l'hiver dans nos climats, ce ne pouvait être que dans les conditions de l'Hirondelle du Château de la Cave et non en tombant dans un sommeil léthargique que rien jusqu'ici n’a pu sérieusement confirmer. (1) Bull. Soc, zoolog. de France ; t. XV, p. 103 ; 1890, 246 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. 11 est incontestable, ajoutais-je, que les Hirondelles n’é- migrent pas toutes en Afrique et en Asie et que beaucoup d'entre elles ne se sentant peut-être pas la force de traverser la mer s’arrétent sur quelques points de notre littoral médi- terranéen où l'hiver est un printemps perpétuel ; du reste on en a vu un grand nombre, surtout des Hirondelles de fenêtre (Chelidon urbica), passer l'hiver en Sicile dans les environs de Catane ; mais c'est évidemment à la condition qu'elles y trouvent des Insectes en quantité suffisante pour leurs besoins. Cette croyance à l'hibernation des Hirondelles provient à n'en pas douter de la confusion que bien des personnes ont pu faire en rencontrant dans les cavernes et les souterrains obscurs des Chauves-Souris qu'elles prenaient, en les voyant voler, pour des Oiseaux, et selon leur disposition d'esprit, pour des Hirondelles. M. Rogeron y fait une très judicieuse allusion ; il cite entre autres le chirurgien Larrey qui est tombé dans cette grossière erreur en visitant les grottes de la vallée à Maurianne. Prendre une Chauve-Souris pour une Hirondelle est aussi fort que de prendre le Pirée pour un Homme ; mais combien de gens n'observent les choses que superfciellement, s'en rapportent à leur première impression et n’en veulent plus démordre ! Certes, si l'on considère seulement les immenses services que nous rend la Chauve-Souris en continuant, après le cou- cher du soleil, le rôle de l'Hirondelle pour purger l'atmosphère des Insectes qui la sillonnent en tous sens, il est juste de vouer à l’une comme à l’autre le méme sentiment de grati- tude ; mais là s'arrête toute comparaison, car aucune confu- sion n'est possible entre le très peu gracieux Mammifère qu'est la première et le charmant Oiseau qu'est la seconde. On doit donc s'étonner que des naturalistes aient pu se tromper au point de ranger les Chauves-Souris, parmi les Oiseaux, et on ne peut que sourire quand, encore de nos jours, on entend des personnes commettre la même bévue plus communément qu'on ne pense. Un brave habitant de ma localité, non dépourvu d’une certaine instruction, me demandait, il y a quelques années, si j'avais dans ma collec- tion des œufs de Chauve-Souris, et voici un passage copié textuellement dans un article paru dans le Petit Journal du LA LÉGENDE DE L'HIBERNATION DES HIRONDELLES. 247 18 août 1895, sous la rubrique « La vie champêtre » et la modeste signature : « un Rural ». « Dans la catégorie des Oiseaux utiles à l’agriculture figu- rent les Fauvettes, Rossignols, Mésanges, Bergeronnettes, Rouge-gorge, Chardonnerets, Linots, Etourneaux, etc., et même les Oiseaux de nuit tels que Chauves-Souris, Chouettes, Effraies, Chats-Huants que l'ignorance poursuit encore comme Oiseaux de mauvais augure. » En résumé, l'hibernation des Hirondelles ne repose sur aucune observation digne de foi et ne peut supporter un examen sérieux ; c’est une pure légende à faire disparaitre une bonne fois de la science où elle fait tache. IL restera malheureusement encore beaucoup d’autres erreurs de ce genre dans l'Ornithologie pour ne parler que de cette aimable branche de l'Histoire Naturelle. 248 ‘DOCUMENTS NOUVEAUX SUR L'ÉLEVAGE INTENSIF DE LA TRUITE ARC-EN-CIEL ET DU SAUMON DE CALIFORNIE A L'ÉTABLISSEMENT DE BSESEMONT, PRÈS VILLERS-COTTERETS (AISNE) par A. DE MARCILLAC (1). Lorsque l’année dernière, à pareille époque, j'eus l'honneur de communiquer à la Société d’Acclimatation (2) les résul- tats que j'avais obtenus dans l'élevage de la Truite arc-en-ciel, j'étais parvenu à transporter régulièrement de Bessemont à Paris, des sujets vivants, pour la consommation journalière. Ces expéditions ont continué d’une facon régulière, et de- puis le début de ces essais jusqu'au 30 avril 1897, le montant total de ces envois s'est élevé à 3,351 kilogrammes. C’est bien là une preuve irréfutable de la possibilité d’ali- menter une ville avec du Poisson vivant, ce qui constitue, au poiüt de vue de l'hygiène publique, un avantage inappré- ciable sur l'alimentation par des Poissons morts, souvent depuis plusieurs jours, et qui portent certainement en eux des principes toxiques plus ou moins nuisibles à la santé des consommateurs. En dehors de ce fait du transport, de cette attestation dont je tenais à vous renouveler le témoignage, je suis en me- sure, aujourd'hui d'apporter quelques éléments nouveaux à la somme des connaissances que nous pouvons posséder sur les conditions économiques d’un élevage intensif de la Truite arc-en-ciel. La facilité de récolter et de mener jusqu’à l’éclo- sion un nombre considérable d'œufs, est un fait actuellement reconnu de tous; l'élevage des alevins, jusqu'au moment de leur déversement dans les eaux où ils sont appelés à acquérir leur développement définitif, ne demande, pour (1) Communication faite dans la séance générale du 21 mai 1897. (2) Séance du 22 mai 1896. Voir Bullerin 1896, page 255, ÉLEVAGE INTENSIF DE LA TRUITE ET DU SAUMON. 249 réussir, que l'application des mesures hygiéniques qui ont été portées à la connaissance de tous par plusieurs praticiens. Les revues spéciales ont publié, à ce sujet, de nombreuses études qui ont vulgarisé ces méthodes d'élevage, aussi simples que peu coûteuses. Maïs nous paraissons être beaucoup moins documentés sur tout ce qui concerne l'alimentation et la croissance des sujets adultes, ainsi que sur la proportion des pertes qui doivent entrer en ligne de compte dans tout élevage raisonné. Dans le courant de 1895, j'ai entrepris l'expérience sui- vante, dont l'exposé est surtout intéressant par les résultats obtenus, résultats d'autant plus importants que l'expérience a porté sur un grand nombre de sujets. Dans un étang de 4 hectares environ de surface, alimenté par un cours d’eau débitant de 1,000 à 1,500 metres cubes en vingt-quatre heures, ont été déversés au mois de no- vembre 1895, 18,000 alevins de Truites arc-en-ciel, nés à Bessemont, dans lie courant du mois d'avril de la même année ; ces alevins étaient donc âgés de 7 mois, au moment de leur immersion dans l'étang ; de la viande de Cheval, cuite et hachée, leur fut dès lors distribuée régulièrement deux fois par jour, et sans aucune interruption. Au mois de dé- cembre 1896, les pêches commencèrent et furent continuées à trois ou quatre jours d'intervalle, jusqu'au moment ou l'étang fut entièrement mis à sec et les derniers Poissons pêchés. Cette pêche finale eut lieu à la fin du mois de mars 1897. À chacune des pêches, l'on prit toujours les plus grosses Truites en ayant soin de rejeter à l’eau celles dont la taille n'avait pas encore atteint le développement voulu. Sur les 18,000 alevins mis à l'eau, il en fut retrouvé 15.730, soit une perte de 2,270 alevins représentant 12,60 /, sur le nombre des Truites immergées. Le poids total a été de 3,116 kilogrammes, soit en moyenne 200 grammes environ par Truite. Les Truites de plus faibles tailles ont été mises dans un réservoir spécial, où elles continueront à être nourries avec abondance, jusqu'au moment où elles auront atteint le poids marchand, soit 300 grammes environ. Des chiffres ci-dessus, on peut conclure que des Truites pêchées à partir de leur deuxième année révolue, en préle- Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 4897. — 17. 250 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. vant toujours les plus grosses, atteindront, dans le courant de leur troisième année, si elles sont suffisamment nourries, le poids moyen de 300 grammes environ. Pour obtenir ces 3,116 kilogrammes de Truites, il a été distribué un poids total de viande de Cheval de 7,400 kilos, ce qui donne une consommation de 2 kil. 355 de viande, pour produire 1 kilogramme de Truite. M. le professeur Oltramare a relaté dans Æfangs et Ri- vières (1), une expérience faite par lui à Genève sur quelques alevins de Truites arc-en-ciel : il a trouvé une consommation de 5 kil. 058 pour 1 kilogramme de Truite produit; mais cette expérience réalisée dans un bassin, sur un très petit nombre d’alevins, ne saurait être aussi concluante que celle de Besse- mont, car ilest bien évident que des Poissons élevés en cap- tivité, dans un réservoir étroit, ne sauraient se développer aussi rapidement et avec autant de profit que dans un vaste étang où ils se livrent à un exercice continu et où ils trouvent dans la faune naturelle un complément et une va- riété de nourriture qui sont à considérer. Dans son intéressant rapport sur sa visite à l'établissement de pisciculture de Sandfort, publié dans le Bulletin de février 1897 de la Société d’Aquiculture, M. Raveret-Wattel, notre dévoué collègue, nous dit que M. Jaffé, le propriétaire de Sandfort, estime qu'il suffit de 5 à 6 kilogrammes de nourriture pour obtenir 1 kilogramme de Truite; mais nous ne savons ni à quelle espèce de Truite se rapporte cette esti- mation, ni la qualité de la nourriture distribuée. Là encore, du reste, les Truites ne vivent pas en liberté dans des étangs de grande étendue, mais sont parquées dans des bassins d’éle- vage où tout exercice leur est interdit. Une remarque fort intéressante est à faire à ce sujet : à Bessemont, nous avons conservé des reproducteurs dans des étangs de peu d'étendue, à raison de un millier de reproduc- teurs répartis sur une surface d’eau de 2 à 300 mètres carrés; d’autres, au contraire, ont eu pour habitat un grand étang de 4 hectares ; les différences dans l'apparence et dans le ca- ractère des Truites se sont montrées considérables ; autant les premières étaient dépourvues de belles teintes qui carac- térisent l'espèce et lui ont fait donner le nom d’arc-en-ciel ; (1) Dixième année, 1° janvier 1897. ne 218: Note sur la croissance de la Truite arc-en-ciel soumise à l'élevage intensif en stabulation. ÉLEVAGE INTENSIF DE LA TRUITE ET DU SAUMON. 251 autant elles manquaient de mobilité, autant les autres étaient vives, batailleuses, et de coloration brillante. Beaucoup d’eau, de grands espaces et une bonne nourri- ture abondamment distribuée, sont les conditions, faciles à réunir, mais essentielles à la réussite d’un élevage qui de- vient alors largement rémunérateur. En résumé, l'élevage de la Truite arc-en-ciel a merveil- leusement réussi à Bessemont. L'établissement possède ac- tuellement plus de 3,000 reproducteurs et a mis cette année en incubation plus de 800,000 œufs ; les étangs d’alevinage, d'une superficie totale de 10 hectares environ, contiennent plus de 70,000 Truitelles âgées d'un an, et les bacs d’alevinage sont garnis à l'heure qu'il est de plus de 300,000 alevins, nés en mars et avril 1897. Malgré tout le bien que je suis en droit de penser et de dire de la Truite arc-en-ciel, j'ai voulu renouveler une expé- rience, malheureusement non réussie une première fois, d'élevage du Saumon de Californie. La Société d’'Acclimatation a bien voulu me réserver un certain nombre des œufs reçus par elle d'Amérique le 29 dé- cembre 1896; l’incubation de ces œufs a parfaitement réussi, et malgré le long voyage et les manipulations qu'ils avaient dû subir. la perte à l’éclosion a été presque nulle. Les alevins se sont développés tres rapidement, et dans des conditions bien meilleures que pour les Truites arc-en- ciel reçues également d'Amérique, à la même époque. La mortalité a été presque nulle; l’alevin de Saumon paraît doué d’un caractère infiniment plus doux qne celui de la Truite arc-en-ciel, chez laquelle le sentiment de com- bativité est très développé ; alors que celles-ci se mordent et se détruisent les unes les autres, ce qui occasionne dans les bassins des déchets souvent considérables, on ne re- marque rien de pareil avec le Saumon de Californie. Les alevins de Saumon ont été déversés, aux derniers jours d'avril, dans un étang séparé, aménagé avec le plus grand soin, et dans dix-huit mois ou deux ans. la question pourra être tranchée de savoir si le Saumon de Californie se reproduit régulièrement en eaux douces sans: être allé à la mer, ou bien si cette faculté lui faisant défaut, il doit être dé- finitivement relégué au rang plus brillant qu'utile de Poisson décoratif. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 23 AVRIL 1897. PRÉSIDENCE DE M. LE D' WEBER, MEMBRE DU CONSEIL. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. PROCLAMATION DE NOUVEAUX MEMBRES. — M. le Président proclame l'admission de : MM. PRÉSENTATEURS. BEAUCHAMPS (comte Étienne de), 90, boulevard Malesherbes, Paris, et au | J. de Claybrooke. château de Morthemer ({Morthemer), | Baron J. de Guerne. 2 A. Imbert. Vienne. Baron J. de Guerne. H. Hua. A. Imbert. | Édouard Blanc. Brux (M!: Henriette), villa de l’Horloge, | Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne). CaLMANN Lévy (Gaston), 8, rue Coper- ; ; Baron J. de Guerne. nic, Paris. A. Imbert. J. de Claybrooke. Comte R. de Dalmas. Baron J. de Guerne. J. de Claybrooke. Barou J. de Guerne. A. Imbert. CorDpEa (G.-V.), administrateur des pê- cheries de l’état de Dobrogea, à Tulcea (Roumanie). FonBRUNE (de), à Pontibaut, par Chaon (Loir-et-Cher). f GRANDIN, 3, rue Lafayette, Paris, et au Baron J. de Guerne. château de Ménardeau, par Ingrandes- ) H. Hua. sur-Loire (Maine-et-Loire). \ E. Weber. A. Boigeol. J. de Claybrooke. Baron J. de Guerne. L'HurLzziEeR, membre du Conseil général des Landes, 122, avenue des Champs- Élysées, Paris. De Confévron. Baron J. de Guerne. Raveret-Wattel. Royer (Ch.), propriétaire, Président de la Société des Pêcheurs de la Liez, Langres (Haute-Marne). L Li à > PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 253 DÉPOUILLEMENT DE LA CORRESPONDANCE. Notifications, avis divers, généralités. — M. Raveret- Wattel, vice-Président, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. — M.le Directeur du Muséum d'Histoire naturelle adresse le programme de l’enseignement spécial pour les voyageurs que professent dans l'établissement les chefs de service, leurs assistants et quelques spécialistes particulièrement qualifiés pour traiter certains sujets intéressants pour les explora- teurs ; la lecon d'ouverture sera faite par M. Milne-Edwards, le 27 avril, à dix heures du matin. — M. Raphaël Dubois, professeur à la Faculté des sciences de l'Université de Lyon et qui doit présider la section de zoologie au prochain Congrès de l’Association française par l’'Avancement des Sciences, à Saint-Étienne, du 5 au 12 août 1897, adresse une circulaire concernant les travaux de cette section. Il appelle tout spécialement l'attention de la Société sur les questions suivantes qui présentent pour elle un intérêt tout particulier : Maladies des animaux d’eau douce — Repeuplement des cours d’eau. — Avantages comparés des Poissons indigènes et des espèces exotiques. — Disparition des Ecrevisses et ses causes, leur remplace- ment par les Cambarus américains. — Introduction d'animaux de somme à Madagascar. — Conditions générales de leur acclimatation. Ornithologie. — M. de Confévron (Mb), écrit que les obser- vations de M. Rogeron sur l'hibernation des Hirondelles sont en parfaite concordance avec ses publications antérieures à ce sujet. Il ajoute n’avoir jamais vu de Caïlle, ni de Fauvette à tête noire, en hiver, sur le plateau de Langres. Enfin, il croit que ce n’est pas le froid, mais plutôt la privation de nourriture qui force les Hirondelles à émigrer. — M. Charles Sibillot adresse une notice sur l'emploi pra- tique des Pigeons messagers dans l’antiquité. (Voir Bulletin.) Botanique. — M. A. Proschavsky adresse une note sur le Ravenala madagascariensis. (Voir Correspondance.) 254 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. — M. le Dr Trabut, d'Alger, envoie des renseignements sur l’acclimatation des Dattiers du sud dans la plaine du Chélif ; il s’agit d’un Dattier précoce appelé Taddala importé de Ghardaïa par un indigène qui depuis neuf ans poursuit ces essais. (Voir CUurrespondance.) Cheptels, distributions d'œufs, de graines, etc. — M. Raveret- Wattel donne des renseignements sur l’état de la pisciculture à la station du Nid de Verdier et en particulier sur l'élevage des Saumons de Californie et des Ombles-Che- valiers dont les œufs lui ont été offerts par la Société. (Voir Correspondance.) — M. Clément Bernard, inspecteur des forêts au château de Lage (Le Dorat) demande à participer à la distribution d'alevins de Carpes miroir. — M. G. Rozey, membre du Conseil, répondant à une de- mande de M. le Secrétaire général, a bien voulu offrir à la Société une certaine quantité de souches de Polygonum sa- chalinense. Cette plante a parfaitement réussi chez lui, aux Hirtaignes, dans le Cher et c'est de là que M. Rozey a bien voulu adresser directement à MM. Chazal, de Guerne et d'Orval les souches en question qui sont dores et déjà plan- tées dans les départements de Seine-et-Marne, de l'Yonne et de la Somme. — MM. W. Atlee, Burpee et Cie, de Philadelphie, offrent à la Société, pour étre distribuées par ses soins, vingt et une variétés de Pois de senteur à cultiver au point de vue orne- mental, et dont plusieurs sont des nouveautés. Ils envoient en outre une série de graines potagères, parmi lesquelles diverses Cucurbitacées, des Radis, des Laïitues, Carottes, etc. Parmi les graines envoyées se trouve également un paquet de Maïs désigné sous le nom de lé préhistorique, et qui a été recueilli dans un tombeau, où il aurait, dit-on, séjourné 3,000 ans sans avoir perdu sa faculté germinative. Un cer- tain nombre de fleurs telles que : Abutilon, Aster, Bellis, Be- gomia, Cyclamen, Helianthus, Ipomæa, Tropæoluin, etc. méritent également d’être signalées. — M. Ch. Desrosiers demande des graines de Kurbis. PROCÈS -VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 255 COMMUNICATIONS ORALES. Présentations d'ouvrages, etc. — Au nom de M. le pro- fesseur E. Heckel, de Marseille (Mb), M. le Bibliothécaire pré- sente une Etude sur quelques Solanum tubérifères. — M. E. Caustier dépose sur le bureau une brochure de Mre Fischer, présidente d'honneur de la Société d’Apicullure de l'Aisne ; ce travail intitulé : Conférence sur l’'Apicullure, devrait être lu par tous ceux qui s'intéressent à l'élevage des Abeilles ; il a valu du reste à son auteur un prix de la Société des Agriculteurs de France en 1896. — M. Ch. Royer remercie la Société d’avoir bien voulu l’autoriser à prendre à l'Ecole d'Agriculture de Saint-Bon (Haute-Marne), une partie des alevins de Saumon de Cali- fornie provenant des œufs offerts par elle à cet établissement et dont l’'éclosion a donné un excellent résultat. « Par suite de circonstances tout à fait spéciales, M. Royer peut fournir sur l’acchimatation du Saumon de Californie des détails que, sans doute, aucun pisciculteur français ne pourrait donner. S'occupant depuis l’année 1889 de l’acclimatation de ce Salmonide, M. Royer a pu faire ses expériences dans un réservoir contenant dix-huit millions de mètres cubes d'eau, mesurant pres de 20 kilomètres de tour, et qui n'es: cependant habilé par aucun Poisson carnassier. C’est l’élang de la Liez à Langres (Haute-Marne). Les alevins de Saumon de Californie ont été donnés à plusieurs reprises, pour les expériences, par la Ville de Paris, dont M. Jousset de Bellesme dirige l’Aquarium. Cette année, grâce aux alevins recus de la Société d’Acclimatation, M. Royer pourra poursuivre ses essais sur une plus large échelle, d'une facon plus concluante encore. Mais il résulte déjà indubitablement des expériences faites : 1° que le Saumon de Caïiifornie peut vivre et prospérer dans certaines eaux françaises ; qu’il y grossit même avec une extrême rapidilé, puisque des alevins immergés à la fin de l’année 1889 atteignaient le poids de 4 et même de 5 kilogrammes en 1893; 2° que la chair de ce Poisson (à la condition qu'il soit arrivé au poids d'environ 2 kilogrammes) est ex- trêmement savoureuse et délicate, et pourra donner à l'alimentation un mets de iout premier choix. » M. de Guerne ajoute que la question importante à ré- soudre actuellement est celle de savoir si le Saumon de Cali- fornie se reproduira en eau close et de quelle manière il se comportera après la ponte et la fécondation, naturelle ou arti- 256 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. ficielle. Si les Saumons adultes doivent nécessairement dépérir ou retourner à la mer, on ne les reverra plus et mieux vaut alors cultiver des Truites que l’on est sûr de conserver : c’est pour élucider ce problème et non pour satisfaire une simple curiosité, que la Société d’Acclimatation a pris la peine de faire venir des Etats-Unis un dernier lot d'œufs de Saumon de Californie. Aussi le concours de personnes dévouées et placées dans des conditions favorables comme M. Royer est-il des plus précieux dans la circonstance. On doit savoir gré d’autre part aux établissements comme celui de Saint-Bon, qui ne pouvant conserver un grand nombre d’alevins au-delà d'un certain âge, préviennent la Société en temps utile pour qu’elle puisse en répartir le sur- plus dans des conditions satisfaisantes. C’est ainsi que M. Royer est parvenu à repeupler le réservoir de la Liez et qu'un autre membre de la Société, M. de Marcillac, se trouve à même d'essayer dans de grands étangs l'élevage intensif du Saumon de Caïifornie. Il est à remarquer d'ailleurs que les jeunes Poissons élevés à Bessemont et provenant des mêmes œufs que ceux dont l'incubation a été faite à l'Ecole d’Agri- culture de Saint-Bon se trouvent avoir atteint à la même époque une taille à peu près double ; cela tient certainement aux conditions de l'élevage. M. de Marcillac a du reste promis à M. le Secrétaire général de faire à ce sujet une communi- cation à la Société dans l’une des prochaines séances. — À propos du Polygonum sachalinense dont il a été question dans la correspondance, M. Doumet-Adanson, venu précisément à Paris pour représenter la Société au Congrès des Sociétés savantes, donne quelques détails sur la culture de cette plante qu'il a été l’un des premiers à propager en France. Elle réussit fort bien dans le parc de Baleine (Allier) et M. Doumet-Adanson se fera un plaisir d'en envoyer des graines pour être distribuées aux membres de la Société. — M. E. Caustier fait une communication sur l’ivoire, ses origines, l’industrie et le commerce auxquels 1 donne lieu. A ce propos M. Bourdarie (Mb) dit que les chiffres cités par M. Caustier ne font que justifier les craintes exprimées par lui concernant la destruction de l'Eléphant, destruction qui amènera bientôt sa disparition complète si l'on n’y met ordre en domestiquant l'animal. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 251 — M. de Guerne ajoute que les pièces d'ivoire de grandes dimensions semblent être plus difficiles à trouver aujourd’hui qu'autrefois. Un artiste éminent, M. Gérôme, qui s'applique depuis quelques années à remettre en faveur la sculpture polychrome où l’ivoire joue un grand rôle, déclarait dernière- ment avoir cherché assez longtemps certain morceau indis- pensable à l'achèvement d’une figure. « Il convient, d’ailleurs, de faire remarquer, dit M. de Guerne, que les figures de M. Gérôme n'ont pas les dimensions inusitées de celles de Simart, la Minerve chrysélephantine, par exemple, exécutée aux frais du duc de Luynes, et que l’on admire aujourd’hui dans la salle des fêtes du château de Dampierre. Pour l'exécution de cette statue, haute de 3 mètres, il fallait, en effet, des 1850, recourir aux Probosci- diens géants de l’époque quaternaire : Les bras, taillés d'une seule pièce dans deux énormes défenses d'ivoire fossile, sont d'une rare beauté ; la transparence éburnéenne, traversée de veines bleuâtres et de blancheurs rosées, joue la chair à faire illusion ; on croirait voir la vie courir sous cette belle substance si polie, d'un grain si lin qui imite le derme déiicat d'une jeune femme. (Théophile GAUTIER) ». PROCLAMATION DES RÉSULTATS DU VOTE. — M. le Président proclame les résultats du vote pour le renouvellement du Bureau et d’un tiers du Conseil. Le scrutin a été dépouillé pendant la séance dans la salle du Conseil en présence d’un certain nombre de membres de la Société, par une commission composée de MM. Bourdarie, Decroix, le comte d'Orfeuille, Rathelot et Wuirion, M. Decroix remplis- sant les fonctions de président. Le nombre des votants étant de 224, voici le nombre de voix obtenu par chacun des can- didats : PresidenveMe Le Myre deMilers.- 7..." 223 IWrcepPreSidentS ANIME Bureau cree 223 15 JDE Ems Cocos one ddoecsc 224 Raveret-Wattel.............. 223 Secrétaire général : M. le baron Jules de Guerne..... 213 Secrétaires : MM. Marchal (Znférieur)............... 224 ER Eua (Conseil) EE TEE Cet 223 E. Caustier (Séances) ........-.... 223 Le comte R. de Dalmas (Étranger). 222 258 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Membres du conseit : MM. Edouard Blanc ... ....... 224 Raphaël Blanchard..... DS AN223 A. Milne Edwards......... 224 Louis (Olivier. =" "-0-1E 221 Binger PC CEr GEL CCRRE CEE 224 KRailITetiE SAS CRE ERCREE 224 Charles Debreuil.......... 223 Plusieurs membres ont obtenu également quelques voix pour diverses fonctions. En conséquence sont proclamés élus : Président : M. Le Myre de Vilers. Vice-Présidents : MM. £. Bureau, E. Perrier et Raveret- Wattel. Secrétaire général : M. le baron Jules de Guerne. Secrétaires : MM. Marchal {/ntérieur); E. Caustier (Séances) ; H. Hua (Conseil) ; le comte Raymond de Dalmas (E{ranger). Membres du Conseil : MM. Edouard Blanc, Raphaël Blan- chard, A. Milne Edwards, Louis Olivier, nommés pour trois ans. M. Railliet, remplaçant M. E. Perrier, élu vice-président et M. Charles Debreuil remplaçant M. Joseph Michon, nommé membre honoraire du Conseil, resteront en fonctions jusqu’en 1899. M. L.-G. Binger, remplaçant M. Mégnin, nommé membre honoraire du Conseil, sortant en 1898, sera soumis à la réé- lection à cette époque. La séance est levée. Le Secrélaire des séances, E. CAUSTIER. SÉANCE GÉNÉRALE DU 21 MAI 1897 PRÉSIDENCE DE M. LE MYRE DE VILERS, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance du 23 avril est lu et adopté. La séance du 7 mai ayant été levée en signe de deuil à cause de l'incendie du Bazar de la Charité, survenu le 4 mai, il n’a pas été rédigé de procès-verbal. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANUES DE LA SOCIÉTÉ. . 259 — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis par le Conseil : MM. PRÉSENTATEURS. Baron J. de Guerne. A. Imbert. Raveret-Wattel. AUDIGUIER, docteur en medecine, 26, rue 2 HaALzNA Du FReraAy (baron), château “| Vicomte de Cuverville. Montardy, à Toulouse. Quéfferon, par Lamballe (Côtes-du- 4 Baron J. de Guerne. Nord). Le Myre de Vilers. Baron J. de Guerne. A. Imbert. Le Myre de Vilers. PERRETTX, rue Berthollet, 8, Paris. M. le Président remercie la Société de la confiance qu’elle a bien voulu lui témoigner en l’appelant à diriger ses tra- vaux ; il l’assure de son dévouement et prononce une allocu- tion où sont examinés rapidement les services déjà rendus par les Jardins d'essais à l’Acclimatation végétale dans les Colonies françaises (voir ci-dessus, page 233). — M. le Secrétaire général donne lecture d’une lettre de M. Charles Naudin, de l’Institut, membre honoraire de la Société, dont l'autorité vient s'ajouter à celle de M. le Prési- dent pour montrer les services que peut rendre la Société à la colonisation. (Voir ci-après page 272.) DÉPOUILLEMENT DE LA CORRESPONDANCE. Notifications, renseignements, avis divers, etc. — M. de Claybrooke s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. — MM. le comte de Beauchamps, L'Huillier et C. Royer remercient de leur admission. — M. P. Sclater, Secrétaire de la Société zoologique de Londres, adresse le compte rendu des travaux accomplis par cette Société en 1896. (Voir Correspondance.) Mammifères. — Un concours de Chiens de berger aura lieu à Angerville (Seine-et-Oise), le 30 mai 1897. Le premier concours de ce genre avait eu lieu l’an dernier à Chartres sous le patronage de M. le professeur Milne-Edwards et de M. Boulet, président du Club français du Chien de berger. 260 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. On verra surtout à Angerville les Chiens de la Brie et de la Beauce : le premier est spécialement le gardien de la pro- priété contre le troupeau; le second a de plus la force de défendre le troupeau contre les Loups, il sait également conduire un troupeau de Vaches ef même une bande de Cochons. Ornithologie, aviculture. — M. Chazal (Mb) adresse des renseignements complémentaires sur le rôle des instituteurs concernant la protection des Oiseaux dans le canton de Re- baïs (Seine-et-Marne). (Voir Correspondance.) Entomologie. — M. M. de Maupas qui possède dans le Loir-et-Cher une centaine de Vernis du Japon désirerait essayer l'élevage du Bombyx cynthia et demande à ce sujet divers renseignements. Ses lettres ont été renvoyées à l’exa- men de M. A. L. Clément, président de la 4 Section. Botanique. — Le Comité d'organisation de l'Exposition sénérale d'Horticulture de Hambourg invite la Société à se faire représenter à l'inauguration de l'Exposition. Celle-ci durera jusqu’en octobre et le programme joint à l'invitation montre qu'elle sera des plus intéressantes. — M. F. Rathelot (Mb) adresse une photographie de la Spiræa venusta, espèce à fleurs roses très odorantes (sem- blables à celles de la Spiræa ulmaria) ; cette plante se mul- tiplie par drageons, elle atteint 1" 30 à 2 mètres, et ferait très bien en massifs : « Je regrette de ne pouvoir vous en offrir pour le moment, n’en ayant que quelques pieds, maïs si j'ar- rive à recueillir de la graine, je m'empresserai de vous la faire parvenir pour être distribuée aux membres de la Société. » Cheptels, distributions d'œufs de Poissons, de graines, etc. — M. l'abbé Ruffié, de Carcassonne, demande des ren- seignements sur une Chèvre laitière d'Egypte dont il voudrait se procurer un bon spécimen par l'intermédiaire de la Société. — M. F. dela Grandière, qui pratique en grand l'élevage de la Chèvre au Texas, cherche à améliorer ses troupeaux indigènes et prie la Société de lui faciliter l'achat de Chèvres de Nubie ou de la Haute Egypte, de race absolument pure. — M. le comte de Saint-Innocent, président de la Société PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 261 horticole autunoise, demande à entrer en relations avec des amateurs d'Orchidées et prie la Société de le faire participer à la distribution de plants de Coca offerts par M. Mariani. — M. Charles Maurice remercie des graines de Palmiers qui lui ont été envoyées. — M. Chazal écrit du château de la Brosse Saint-Ouen (Seine-et-Marne), à la date du 11 mai : « Les graines de Polygonum sachalinense que vous avez bien voulu me donner ont élé semées, pendant la première quinzaine d'avril, dans une bonne terre fumée (plutôt un peu humide — sans excès — que sèche) et n’ont pas levé. Je recommence l'expérience dans une terre de potager fortement fumée. Au contraire, les boutures que la Société m'a également envoyées, plantées dans une terre de pré, simplement défoncée à la charrue, poussent admirablement. » — M. K. Rathelot offre à la Société, pour les distribuer entre ses membres, un certain nombre de graines de Légumi- neuses : 1° Pois chiche d’Espagne (Cicer arietinum); 2 Pois arborescent à fleur multicolore ; 3° Pois à cosses violettes ; 4° Haricot moka ; ce nom vient de ce que l’on emploie la graine en question, après l’avoir grillée, pour falsifier le Café. L'infusion du mélange de Haricot moka est, à ce qu'il paraït, fort appréciée en Normandie. M. Rathelot fait observer toute- fois qu'il ne s’agit certainement pas d’un Haricot, mais plutôt d'un Lupin ainsi qu'en témoigne un paquet de feuilles joint à l'envoi. — M. le docteur Lecler, de Rouillac (Charente) offre à la Société des fruits de Trachycarpus excelsa, récoltés en avril 1897 sur des arbres cultivés en pleine terre et provenant de graines envoyées par la Société d’Acclimatation il y a quinze ou vingt ans. Les plants ont été conservés en pots les premières années et sont en pleine terre depuis sept ans. Ils ont pour abri l'hiver un paillasson placé au-dessus d'eux pour empêcher la neige de s’infiltrer au centre. Cette année, M. le D' Lecler a deux pieds femelles et {rois mâles qui vont fleurir. COMMUNICATIONS ORALES. Présentations d'ouvrages, etc. — Au nom de M. A. L. Clément, président de la Section d'Entomologie, M. le Secré- 262 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. taire général présente une série de tableaux publiés dans le supplément hebdomadaire illustré du Petit Journal et qui sont consacrés aux animaux utiles et nuisibles. M. Clément, malgré le caractère essentiellement populaire du travail qui lui était demandé, s’est attaché à reproduire tous les sujets avec la plus grande exactitude. Le dessin très soigné est exécuté d’après nature et si la couleur n’est pas toujours aussi brillante qu’on pourrait le désirer, cela tient aux procédés typographiques qu'il faut absolument employer pour arriver à répandre une quantité d'exemplaires au prix de 0.05 cent., tout à fait convenable pour l’enseignement populaire. Il est d’ailleurs possible que les clichés étant conservés, un tirage plus soigné en soit fait par la suite. Maïs il n’en est pas moins vrai que de semblables publications contribuent de la ma- nière la plus utile à répandre dans les masses les notions pré- cises de zoologie ou de botanique appliquée. — Un livre intitulé La Truile et dont il convient de féli- citer également l’auteur M. A. Petit et l'éditeur, M. Dela- grave, tous deux membres de la Société, est déposé sur le bureau. Entièrement consacré à la péche de la Truite à la Mouche artificielle, ce volume renferme en dehors de la question sport, plusieurs chapitres d'un grand intérêt sur l'histoire naturelle de ce Poisson ou des Insectes qui forment sa principale nourriture. — À l'occasion du procès-verbal de la séance du 23 avril, relatant la communication de M. Caustier sur l'ivoire, M. le Secrétaire général présente divers objets (couteaux à papier, boutons de sonnette électrique, pièces d'échecs) taillés dans une matiere pouvant remplacer l'ivoire dans un grand nombre de cas. Cette substance. appelée Lactrle par suite de son origine, est fabriquée par M. de Marcillac avec le petit lait provenant de la beurrerie de Longpré. Elle est susceptible d'un beau poli et peut être teinte des couleurs les plus di- verses. — M. P. Bourdarie donne lecture d'une lettre de M. Fa- vart, ingénieur des chemins de fer d’Ethiopie à Djibouti: il espère obtenir la photographie des Éléphants du roi Ménélick et envoie en attendant celle d'un Éléphant ramené par M. La- garde de sa mission au Choa ; cet Éléphant, qui semble avoir à peine six ans, est très donx et très lamilier. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 263 — M.J. Chaffanjon fait une communication sur le voyage récemment accompli par lui en Asie centrale et en Sibérie et sur l'élevage du Chamenu, du Bœuf, du Cheval et de l’Ane dans ces régions (Voir Bulletin). — M. Xavier Raspail fait une communication sur la Lé- gende de l'hivernation des Hirondelles (Voir Bullelin, ci- dessus page 51). — M. Rollinat (Mb) adresse un travail sur Les mœurs et la reproduction du Lézard des murailles (Voir Bulletin). — Au nom de M. A. de Marcillac (Mb), M. de Guerne pré- sente une note intitulée : Documents nouveaux sur l'élevage de la Truite arc-en-ciel et au Saumon de Californie à l’éla- blissement de Bessemont. Ce travail sera inséré au Bulletin. Le Secrétaire des séances, E. CAUSTIER. ire SECTION (MAMMIFÈRES). SÉANCE DU 15 FEVRIER 1897. PRÉSIDENCE DE M. LE DOCTEUR TROUESSART, VICE-PRÉSIDENT, ET DE M. DECROIX, PRÉSIDENT. M. Bourdarie fait connaître le but que se propose le Comité de l’Éléphant d'Afrique, formé dans l'espoir d'empêcher l'extinction de l'Elephas africanus. Ce Comité pense que la domestication de cette espèce, réalisée comme celle de l'Éléphant d'Asie, assurerait la conser- vation d'un animal intéressant et utile qui pourrait rendre les mêmes services que son congénère. M. Bourdarie donne lecture d’un questionnaire qu’il a rédigé con- cernant l'Éléphant d'Afrique. M. Mailles, signale quelques points qu'il croit bon d'ajouter à ce travail. Une discussion s'engage au sujet des mesures déjà prises par les Allemands, les Anglais et les Belges, en Afrique, pour protéger l’Élé- phant. Quant à la reproduction de ces Pachydermes, en captivité, elle a eu 264 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. lieu, rarement, il est vrai. Au point de vue pratique, cette reproduc- tion offre peu d'intérêt, à cause de la croissance très lente des jeunes. Plusieurs membres parlent de la chair de l’Éléphant, parfaitement comestible. M. Wuirion déclare avoir mangé de l'Éléphant et de la Girafe, morts et non tués, sans en avoir éprouvé d'inconvénients. M. Decroix fait observer que ceci vient à l’appui de l'opinion qu'il a toujours soutenue, concernant l’innocuité des viandes quelconques parfaitement cuites. Ses expériences ont, d’ailleurs, été publiées dans le Bulletin de la Société d'Acclimatation. Quant à la viande de Cheval, M. Decroix dit que les deux abattoirs spéciaux de Villejuif et de Pantin, sont très rigoureusement inspectés, bien mieux certainement que les abattoirs ordinaires, beaucoup plus nombreux, et, par suite, plus difficiles à surveiller. Avant de se séparer, la Section nomme une Commission composée de MM. Trouessart, Bourdarie et Mailles, pour arrêter les termes du questionnaire de l'Eléphant d'Afrique, le plus vite possible, car il est temps d'agir, pour ne pas agir trop tard. Le Secrétaire, CHARLES MAILLES. SÉANCE DU 22 MARS 1897. PRÉSIDENCE DE M. DECAUX, PUIS DE M. DECROIX, PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Il est procédé au dépouillement de la correspondance. Plusieurs membres de la Société élevent actuellement des Maras; ils réussissent assez bien, mais se plaignent des parasites. M. Wuirion dit que les Maras sont souvent attaqués par un Ver, aux parties génitales; les Lièvres et les Lapins sont aussi décimés, tres fréquemment, par des parasites d'espèces voisines, qui ont été dé- crits par M. Mégcnin. M. Decaux parle d'un Phoque allaité par une Chienne, et, à ce propos, plusieurs Membres citent des cas d'adoption de Mammifères par des animaux divers. M. Bourdarie rend compte des travaux de la Commission nommée par la Section, pour arrêter les termes du questionnaire concernant l'Eléphant africain. Le travail est prêt, et toute l’activité possible sera employée pour mener à bien la protection efficace de l'Eléphaut dans la partie de l'Afrique soumise à l'influence française. M. Wuirion donne des renseignements sur la croissance des Gi- rafes, au Jardin d’Acclimatation. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 265 M. Decroix regrette que le Sénat n'ait pas suivi les avis de M. le sénateur Darbot, relativement aux achats de Chevaux pour l’armée. Plusieurs fois, déjà, M. Decroix a fait ressortir les inconvénients qui résultent de l'achat de Chevaux trop jeunes, du ferrage prématuré, et des dépôts de transition. La Section est absolument de l'avis de M. Decroix. La séance se termine en une causerie générale sur plusieurs espèces de Mammifères ; il est question entre autres choses du Morse et de l'ivoire qu'il produit ; de la reproduction de l’Ornithorhynque et de l’'Echidné. Enfin M. Mailles parle du vol diurne des Chauves-Souris, non seulement en hiver, mais même au printemps, en mars et avril, par des temps chauds et très ensoleillés. La lumière vive n'empêche nullement ces animaux nocturnes de poursuivre leur proie. M. De- caux pense que la faim seule les pousse à agir ainsi, après une absti- nence souvent prolongée ; d'ailleurs, les Insectes, dont se nourrissent les Chauves-Souris, et qui, en été, volent le soir, choisissent, au con- traire, les heures chaudes de la journée pour prendre leurs ébats, au début de la belle saison. Le Secrétaire, CHARLES MAILLES. RS ECER TION IORN SNL OIEOIG RE): SÉANCE DU 29 MARS 1897. PRÉSIDENCE DE M. DECAUX, PRÉSIDENT. M. Oustalet, président, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. Diverses observations sont faites au sujet des procès-verbaux qui, d’a- près quelques membres, reproduisent trop brièvement les discussions ou plutôt les causeries, de forme souvent familière qui font l'intérèt des séances. Il est difficile de résumer et surtout de publier ces cau- series sans doute fort instructives, mais dont les auteurs seuls pour—- raient donner la substance. Après l'échange de diverses remarques la section émet le vœu qu'un registre consacré à cet usage soit remis à M. le Secrétaire. M. Jules Forest lit un travail du lieutenant colonel de Trentinian sur l'élevage de l’Autruche au Soudan francais et le commerce auquel donne lieu la plume de cet Oiseau dans le pays. Ce mémoire sera pu- blié dans le Bulletin. Le Secrétaire, Jules FOREST, aîné. Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897 | = 266 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. SÉANCE DU 3 MAI 1897. PRÉSIDENCE DE M. F. RATHALOT. Le procès verbal de la dernière séance est lu et adopté. Dépouillement de la correspondance : M. Oustalet, président, retenu par ses travaux au Muséum, prie la Section d’excuser son absence. M. le Secrétaire général fait remarquer que la Section n’a encore choisi personne pour la représezter à la Commission permanente des récompenses. M. Ed. Wuirion est désigné à l'unanimité pour remplir ces fonctions. Lecture est donnée de divers documents sur la Psiffacose ou Maladie des Perruches dont plusieurs cas viennent encore d'être observés à Gènes. La Commission municipale d'hygiène de cette ville, pour rassurer la population, très effrayée par quelques décès, a fait placarder des instructions prescrivant les mesures à prendre en cas de con- tagion. M. Rathelot déclare à ce propos qu’il a perdu récemment une Perruche ondulée qui semblait présenter certains caractères de la Psittacose. = M. Clarté, de Baccarat, donne lecture d'un important mémoire où se trouvent résumées à l'usage des enfants, les principales notions que tout citoyen soucieux des intérêts généraux du pays doit avoir sur les Oiseaux utiles ou nuisibles. M. Clarté qui s'occupe depuis longtemps avee beaucoup d'activité d'assurer dans sa commune la protection des Oiseaux utiles, joint avec grand plaisir ses efforts à ceux de ses collègues qui poursuivent le même but et notamment de M. Chazal dont on se rappelle la com- munication récente. Il y était surtout question du rôle des instituteurs et par conséquent de l'éducation des enfants. Le mémoire de M. Clarté est renvoyé à l'examen de la Commission de publication. M. Jules Forest donne lecture de la notice préseniée par lui le 23 avril dernier, comme délégué de la Société d’Acclimatation au Con- grès des Sociétés savantes réuni à la Sorbonne. Cette notice intitulée : Nouvelles études sur l'élevage ef la domesfication des Aigreltes, est ren- voyée à la Commissior de publication. Avant de se séparer, la Section, désireuse de voir M. Oustalet prendre une part active à ses travaux, décide de changer l'heure des séances en choisissant un moment de la journée où son président puisse être libre. Le Secrétaire, JuLes FOREST aîné. PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 267 4e SECTION (ENTOMOLOGIE). SÉANCE DU 8 MARS 1897. PRÉSIDENCE DE M. A.-L. CLÉMENT, PRÉSIDENT. Le Procès verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le Secrétaire général rappelle que la Société dans sa séance publique annuelle, tenue le 12 février, a décerné pour l'Entomologie les medailles suivantes : Grande médaille d'argent (hors classe) à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint - Hilaire : M. Georges de Layens. — Travaux d’Apicullure pra- tique; propagande. — Médailles d'argent : D' A. Dugès à Guanajuato (Mexique). — Envoi de cocons d'Af/acus orizaba et de larves d’Axin. — M. Albert Fauvel, inspecteur des Messageries maritimes, pour son ouvrage : Les Séricigènes sauvages de la Chine. — Médaille de bronze: M. C. Conze, apiculteur à Auroux (Lozère). — Eludes sur les mala- dies des Abeilles, en particulier sur la loque ou pourriture du couvain. Afia d'encourager les travaux d Entomologie appliquée, le Conseil de la Société est d’ailleurs disposé à accorder d’autres médailles pou- vant être décernées au nom de la Société dans différents concours. M. Decaux fait une communication sur l’Anobluim paniceum, dont il signale la présence dans les localités les plus diverses (Timor, Cap Vert, Sénégal, Siam, République Argentine, etc.), et dans les végé- taux les plus variés (Graines de Xeculia, Acacia, graine de Pignon d'Inde, Pois, Arum, Anona, etc.). M. Clément fait quelques observations sur des Megachiles dont il a observé la nidification dans la tige florale d’un Oignon cultivé. Le projet d'une excursion pour la Section d'Entomologie proposée par M. le Secrétaire général est adopté à l'unanimité, M. Clément est chargé de son organisation. Le Secrétaire, PaAuz MARCHAL. SÉANCE DU 12 AVRIL 1897. PRÉSIDENCE DE M, A.-L. CLÉMENT, PRÉSIDENT. M. Marchal, secrétaire de la Section, partant pour une excursion scientifique, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance, et adresse le procès-verbal de la dernière réunion, qui est lu et adopté. 268 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Plusieurs ouvrages concernant l'Entomologie ont été récemment en- voyés à la Société : Faune de France, vol. 2, par A. Acloque, compre- nant les Insectes de tous les ordres à l'exception des Coléoptères et un opuscule de vulgarisation du même auteur, intitulé : Les Jnsecfes nuï- sibles. M. Clément offre à la Société le premier volume d’un ouvrage qu'il vient de publier en collaboration avec M. Troncet, et qui a pour titre : Animaux de France, utiles el nuisibles. Ce volume, entièrement con- sacré aux Vertébrés, sera complété par une série d’autres, où seront étudiés les Invertébrés. Celui-ci intéresse donc surtout la Section par l'étude qui s’y trouve faite des insectivores de toutes sortes. t A propos des animaux uliles et nuisibles et en particulier des Oi- seaux insectivores, M. de Guerne communique une affiche qui a été présentée dans la Gernière réunion générale de la Société par M. Cha- zal et qui a pour but de signaler aux enfants, en frappant leur imagi- nation, quels sont les Oiseaux utiles ou nuisibles, particulièrement les Insectivores. À ce propos, M. Clément donne quelques détails sur les tableaux populaires d'histoire naturelle édités par le Pefif Journal et auxquels il est appelé à collaborer dans des conditions de ra- pidité telle qu'il est parfois difficile d'arriver à une exécution satis- faisante. Lecture est donnée d’une note de M. René Martin, du Blanc (Indre) sur l'utilité des grandes Libellules au point de vue de la destruction des Insectes. Elles présentent en cela de grandes analogies avec les Hiron- delles. M. de Guerune rappelle des exemples de l'extrême abondance de ces Névroptères, et notamment une observation faite à ce sujet, en 1895, par M. Charles Barrois qui estime à 60,000 le nombre de ces Insectes alignés à la suite les uns des auires sur les fils d’une ligne télégra- phique, dans la direction du soleil couchant. M. Clément fait quelques réserves concernant l'utilité des grandes Odonates, tout au moins dans le voisinage des ruchers. Elles semblent en effet manger les Abeilles aussi bien que les Moustiques. Pour le Secrétaire empêché, JULES DE GUERNE, Secrétaire-généra|. EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. INTRODUGTION DE VOLAILLES DE CHOIX EN GUINÉE FRANÇAISE. (Extrait d'une lettre lue à la séance générale du 2 avril 1897.) « M. le docteur Ballay a bien voulu se rendre à Royal-Lieu. Apres avoir examiné en détail toutes les races élevées dans l'Etablissement, M. le Gouverneur a choisi pour un essai d’acclimatation et de croise- ment les Oiseaux suivants qui lui sont offerts par la Sociéte': Un Coq et deux Poules Langshan ; Un Coq et deux Poules Dorking. Bien que la race Dorking ne paraisse pas indiquée pour le climat de la Guinée française, il était intéressant de savoir comment elle s'y comporterait à l’état pur et le parti qu'il serait possible d’en tirer pour les croisements. Afin d'obtenir de cet essai un résultat plus prompt, M. Ballay a l'intention de composer ses parquets avec les reproducteurs suivants : Premier parquet: un Coq Dorking, une Poule Dorking, une Poule Langshan, deux Poules indigènes. Deuxième parquet : un Coq Langshan, une Poule Langshan, deux Poules indigènes, une Poule Dorking. Il ne sera pas sans intérêt de voir les produits de ces parquets comme chair, ponte et rusticité. Il sera également curieux de voir ce que donneront les croisements sous l'influence du climat. s Tous les Oiseaux pouvant être utiles ont d’ailleurs fixé l'attention de M. Ballay : Canards, Oies, Dindons et Pigeons. Les Lapins de toute race ont été également de sa part l’objet d’un sérieux examen. Les procédés d'élevage et l'engraissement des volailles destinées à la consommation semblent avoir particulièrement intéressé M. le Gou- verueur qui voudrait pouvoir doter sa belle colonie d'animaux de basse- cour rappelant, tout au moins dans une certaine mesure, aux gourmets de Konakry, les Poulardes de Bresse et les excellents Poulets de Hou- dan. L'établissement de Royal-Lieu fera tous ses efforts pour satisfaire la Société d'A cclimatation dans l'œuvre nouvelle d'intérêt public qu’elle entreprend dans la Guinée française et qu’elle voudra sans doute étendre à d’autres colonies. » FAVEZ-VERDIER, Directeur de l’Établissement d'A viculture et d’Acclimatation de Royal-Lieu près Compiègne (Oise), 270 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. AIGRETTES DOMESTIQUÉES DANS LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE. Saint-Nicolas (République Argentine), 23 février 1897. Je viens de lire dans le Courrier de la Plata, du 21 février, qu'une étude sur la domestication et l'élevage de l’Aigrette ou Héron blanc, avait été présentée à la Société d’Acclimatation, par M. Jules Forest. 11 doit être assez facile d'élever et de domestiquer l'Oiseau dont il s’agit, car je connais ici un chasseur qui en possède actuellement six ; quatre qu'il avait blessés légèrement et qui lui ont donné dernièrement deux petits. Ces Oiseaux sont devenus très familiers, ils accourent à sa voix, jouent avec les enfants. Ils vivent en liberlé dans son jardin, quelquefois courent dans le chemin assez loin de sa maison et revien- nent chaque soir à leur gîte. Plusieurs fois, j'ai voulu les lui acheter, mais ses prétentions m'ont paru exagérées ; l’année dernière il me les avait laissés à 100 piastres papier l’un, ce qui équivaut à 161 francs environ, mais depuis qu'un naturaliste allemand parti pour les Mis- siones les a vus et lui a promis qu'à son retour il les lui achèterait, il m'en a demandé 400 $ de chacun, ce qui fait environ 644 francs de chaque. Comme ce naturaliste n’est pas revenu, peut-être diminuerait- il ses prétentions. Si celte communication vous intéresse et que vous vouliez faire cette acquisition, vous pourriez recevoir ces Oiseaux en bon état et déjà tout domesliqués. Notre climat est à peu près celui de Marseille, mais ces animaux vivent aussisous des latitudes beaucoup plus froides. L'année dernière le général Bosch a vendu à la maison T... de Buenos- Aires pour près de 12,000 $ de plumes provenant de chasses failes par ses soldats dans la Pampa près du Rio-Colorado. Il y gèle trés fort en hiver. Ici on distingue deux espèces d’Aigrettes, quoiqu'elles aient peu de différences : Le Mirasol et la Garza. Les animaux dont je vous parle appartiennent à l'espèce nommée ici Garza. Je regrette que mes moyens ne me permeltent pas d'en faire don à la Société, mais depuis trois ans la Sauterelle nous a presque tous ruinés et aujourd'hui il nous faut recommencer à travailler. Veuillez agréer, elc. L. E. BOUTARD, Ancien capitaine au long cours. EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE, 271 ELEVAGE DE SALMONIDES DANS LE DÉPARTEMENT DE L'ISÈRE. La Buisse, 15 mars 1897, Monsieur le Sécrétaire Général, Les œufs d'Omble-Chevalier que vous avez bien vouiu m'adresser, sont arrivés en parfait état ; il n’en est mort que cinq, soit à l’arrivée, soit depuis. Les Saumons de Californie expédiés en janvier, sont dans le bassin d'alevinage. Il$ mangent beaucoup et grossissent à vue d'œil. Mais que leur réserve l’avenir dans mes eaux froides ? Nous le verrons et vous en rendrons compte. Le Conseil départemental d'Agriculture de l'Isère a voté à l’unani- mité le renvoi du vœu, dont je vous ai adressé copie (1), au Préfet du Département avec prière de faire entrer, autant que cela dépendra de lui, la clause prévue dans les cahiers des charges des adjudications de pêche. L’Administration forestière vient également de l'insérer dans un projet présenté pour une adjudication spéciale, sauf à le faire lors du renouvellement des baux. Merci de vos envois d'œufs que je vous prie de me continuer. Veuillez agréer, etc. Comte DE GALBERT. X< LES ALEVINS DE SALMONIDES A LA STATION AQUICOLE DU NiD DE VERDIER. Fécamp, le 22 avril 1897. Les petits Saumons de Californie provenant des œufs que la So- ciété d'Acclimatation a bien voulu envoyer au Nid de Verdier, le 29 décembre 1897, viennent à merveille et sont très beaux. La plupart d’entre eux dépassent 5 centimètres de longueur et sont gros en pro- portion. Nullement craintifs et doués d’un appétit insatiable, ils viennent prendre dans la main la nourriture (viande finement hachée) qu’on leur donne. Ils font aussi grand honneur à la semoule Pelisse, qui parait leur plaire beaucoup, et que nous leur donnons toute sèche, sans prendre la peine de la ramollir avec de l’eau chaude. Même de simples mies de pain ne sont pas dédaignées par ces petits Poissons, qui se montrent véritablement omnivores. Mais l’alimenta- tion artificielle qu’ils ont constamment recue et dont ils profitent si bien, ne leur a nullement fait perdre le goût des proies vivantes. Naïs et Vers de vase, quand nous pouvons en jeter dans leur bassin, disparaissent en un clin d'œil. Vers le soir, principalement, ils font (4) Voir ci-après, page 278. LE9] 272 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. une chasse active aux moucherons qui s’aventurent irop pres de la surface de l'eau, et c’est alors surtout qu'on les voit sauter et frétiller en faisant miroiter leur ventre d'argent. Les Ombles-Chevaliers obtenus d'œufs offerts à la Société par M. Berthoule et dont la Station du Nid de Verdier a également recu quelques milliers, viennent aussi fort bien et me paraissent devoir se développer d'une facon remarquable. Nos autres élevages marchent bien aussi. Je suis notamment très satisfait d'un lot d'environ 12,000 Salmo fontinalis provenant d'œufs de notre récolte, dont j'ai commencé les fécondations le 13 no- vembre 1897. Veuillez agréer, etc. RAVERET-WATTEL. >< LES JARDINS D'ESSAIS ET LA COLONISATION. 20 mai 1897. Le docteur Heckel, de Marseille, s'occupe d'’intéresser les marins à la récolte de la terre prise aux bons endroits et de la distribuer aux horticulteurs de la région. Si nous sommes secondés par les voya- geurs, capitaines de navires et marins, nous obtiendrons, je crois, d'intéressantes nouveautés par ce moyen. Je m'intéresse fort à la question coloniale, qui réserve, je l'espère, un bel avenir à notre pays. Elle est de première importance et je crois que le Gouvernement le comprend et secondera les efforts des hommes de bonne volonté. En fait de Jardins d'essais et d'expériences dans nos colonies, nous sommes fort en arrière des Anglais. Nous avons, il est vrai, un bon commencement dans les Jardins d’Alger et de Tunis et aussi de Saigon, mais cela ne suffit pas et il en faudrait deux à Madagascar, dans le Nord et dans le Sud. Il en faudrait un à Tombouctou, un autre dans le Fouta-Djallon, de même à Konakry., à la Guyane, etc., par- tout, en un mot, où s’établiraient des centres de colonisation et d'exploitation. Il faudrait aussi faire un bon choix des äirecteurs de ces Jardins, ce qui n’arrive pas toujours. Je vais m'occuper de préparer uu envoi de graines à la Sociefé d’Ac- climatation et, autant que je le pourrai, de lui recruter des adhérents. CHARLES NAUDIN, ide l'Institut’. EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. 273 SUR LE Ravenala madagascariensis. A propos de la note de M. J. Grisard sur le Ravenala de Mada- gascar insérée dans le Bulletin de février 1897 (voir ci-dessus, p. 85), M. Proschavsky écrit ce qui suit : « Permettez-moi de vous raconter une petite expérience faite au cours d'un voyage au Mexique. À Cordoba, dans un jardin dont les collections de plantes sont un but d’excursions pour les voyageurs, le jardinier percait avec son Machete, long couteau mexicain, une ou deux des bases des pétioles d’un Ravenala madagascariensis, et une eau extrêmement pure et fraîche en jàillissait. J'en ai bu ainsi que deux autres personnes, sans y constater aucun goût particulier. Je dois ajouter que, le jardin étant souvent visité, et les promeneurs voulant sans doute tous essayer l’eau de l’arbre, celle-ci n'avait très probablement pas le temps d’être souillée par des Insectes morts. En effet, je peux observer tous ies jours le même phénomène sur les Musa ensete de mon jardin. Les pétioles des feuilles d’un certain âge se détachent de l’ensemble et forment des réservoirs où l’eau de pluie s'amasse ; elle s’en évapore très lentement, au point que j'en trouve en quantité considérable même lorsqu'aucune pluie n’est tombée depuis des mois. Cette eau, d’abord aussi pure que de l'eau ordinaire, devient bientôt la tombe de nombreux Insectes. Ces réservoirs au- raient-ils une influence quelconque sur le développement de la plante, il m'est difficile de l’affirmer. Dans une brochure peu importante sur les plantes ornementales du littoral méditerranéen, je trouve indiqué comme pouvant être cultivé en pleine terre, le Aavenala madagascariensis. Pour ma part, je l’ai essayé à deux reprises, mais vers + 3° centigrade, les pieds sont morts. Je vais encore essayer dans des condilions spéciales la cul- ture de cette plante, que je n’ai pu faire résister jusqu'ici, même sous l’abri d'arbres. Pour cela j'ai fait construire quelques grottes, ouvertes seulement au midi, el peut-être ainsi pourrai-je réussir. Je ne connais que le jardin de M. Th. Hanbury à la Moriola, avec ses collections si nombreuses et si variées, où le Ravenala de Madagascar soit cultivé en pleine terre. On y a planté cette année uu sujet de moins d’un an. 11 reste donc à voir si la plante résistera, ce qu il nous est permis d’es- pérer en un endroit aussi favorisé, où la température ne descend que très rarement à zéro...» A,.-R. PROSCHAVSKY. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Lo —! Fr ACCLIMATATION DES DATTIERS DU SUD DE L'ALGÉRIE DANS LA PLAINE DU CHÉLIF. 19 avril 1897. J'ai l'honneur d'appeler l'attention de la Société sur un fait très intéressant d’acclimatation des Datliers du Sud dans la plaine du Chélif. Dès 1888, un indigène du M’zab, fixé à Orléansville, Ba-Amar-Ya- hia ben Kacem, eut l’idée d'importer de Ghardaïa un bourgeon d’un Dattier précoce appelé Taddala. À la quatrième année de la planta- tion, ce Dattier, fécondé par des fleurs mâles prises dans le pays, donna des fruits parvenus à parfaite maturité. Depuis, Yahia ben Ka- cem n’a pas cessé d'introduire des rejetons de Dattier du M’zab; il a eu des imitateurs et l’on prévoit, dans la région d'Orléansville, la pos- sibilité de cultiver en grand le Dattier, en utilisant un climat très chaud et les eaux abondantes du Chélif. Le transport des rejetons est facile, sans aucun soin, la reprise est assurée. Ce fait a une cerlaine importance, et, sous peu, je présenterai à la Société une note détaillée sur cette acclimatation du Dattier dans une plaine du littoral. Aujourd’hui je signale le mérite du promoteur de cette culture qui, depuis neuf ans, poursuit des essais qui paraissent concluants. Je joins à ma lettre un certificat délivré par M. le Président du Comice agricole d’Orléansville. Veuillez agréer, elc. D' L. TRABUT. Le Président du Comice agricole d’Orléansville certifie que le sieur Ba-Hamar Yahia ben Kacem, commercant à Orléansville, a planté, en 1888, sur le territoire de cette commune, deux Palmiers Dattiers de l'espèce Zaddala, provenant de Ghardaia ; ces Palmiers, d’une très belle venue, ont produit, la quatrième année de leur plantation, des fruits parvenus à parfaite maturité. En 1889. un nouveau sujet de l'espèce ÆE7 Rhars était importé par lui de Biskra à Orléansville, où il s’est très bien acclimaté et a pro- duit après deux ans de plantation. Enhardi par ces premiers essais, le sieur Ba-Amar Yahia ben Ka- cem a importé à nouveau, en 1896, cent quatre plants de Palmiers de ces deux essences qui ont été distribués et vendus dans la région et semblent y avoir tres bien pris. De quoi il lui a été délivré le préseut certificat. Orléansville, le 14 février 1897. Le Président du Comice, J. CASANOVA. EXTRAITS ET ANALYSES. LA REPRODUCTION DE L'ANGUILLE D'APRÈS LES TRAVAUX DE (GRASSI ET DE CALANDRUCGCIO (1). La question de la reproduction de l'Anguille qui, depuis Aristote, n'a cessé d’exciter la curiosité des naturalistes, semble être enfin résolue grâce aux efforts persévérants de deux zoologistes italiens, le professeur Grassi et son élève Calandruccio. En 1763, Pennant signala sous le nom de Leptocephalus Morrisii, un petit Poisson jusqu'alors inconnu et qui lui avait élé envoyé par un certain W. Morris, mais qu’on devait rencontrer plus tard en divers points de l'Atlantique et de la Méditerranée. Il s'agit de petits êtres transparents comme du verre, au corps très aplati, atténué en avant et en arrière et complètement dépourvu de pigment ; leurs nageoires pectorales sont très petites, mais ils sont munis en outre d'une na- geoire médiane ventro-dorsale, s'étendant sur le tiers postérieur du corps. Les viscères forment une seule poche étroite et rectiligne s’éten- dant de la bouche à l’anus sans présenter de renflement. L’organisa- tion de ces animaux est des plus simples : d’ailleurs ils sont pres- qu’entièrement constitués par un tissu gélatineux spécial; ils sont dépourvus d’yeux ct de vessie natatoire ; leur sang est incolore. Pendant longtemps, les Leptocéphales ont éte regardés comme for- mant une famille distincte, dont la place dans la série des êtres ne laissait pas que d’être fort incertaine jusqu’au jour où un ichtyologiste des Etats-Unis, nommé Gill (1864), émit l'hypothèse que ces êtres étaient les larves des Congres ; mais, ce fut seulement en 1886, que M. Yves Delage, le distingué professeur de la Sorbonne, démontra expérimentalement la légitimité de l'opinion du savant américain : il réussit à obtenir dans un aquarium la transformation du Leptocephalus Morrisi en jeune Congre. Quelques années plus tard (1892) Grassi et Calandruccio reprirent l'étude de cette question sur de nouvelles bases, en Sicile et particu- lièrement dans le détroit de Messine. (4) Grassi. The reproduction and meétamorphosis of the common Ecl. Quar- terly Journal of Microsc. Science, nov. 1896, p. 371-385. — Cunningham, 7%e discovery of the larva of the common Eel. Nature, 18 mars 1897. — Grassi et Calandruccio. Description of a Leptocephalus brevirostris 24 process of trans- formation into Anguilla vulgaris. Atti dell. R. Acad, dei Lincei vol. VI, p. 239, 1897 et Nature, juin 1897, 276 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Ces deux savants parvinrent à récolter un grand nombre de Leptocé- phales vivants dans le port de Catane et réussirent non sans peine à les garder en vie dans un aquarium, pendant assez longtemps. Les spécimens recueillis appartenaient à diverses espèces qui avaient été antérieurement distinguées et déterminées scientifiquement. Grassi et Calandruccio s'attachèrent alors à suivre avec le plus grand soin le développement des divers types et eurent la joie inespérée, comme ils le déclarent eux-mêmes, d'assister à la meétamorphese de ces larves en Poissons de la famille des Murenide ; ils purent ainsi faire con- naître les formes larvaires de différentes espèces : 150 exemplaires de Leptocephalus Morrisi se transformèrent dans leurs bacs en Congres ; les Leptocephalus diaphanus devinrent en quelque temps des Congro- murena balearica; les Leptocephalus Kefersleini se changèrent en Ophichthys serpens; quant aux L. Kollikeri., L. Yarreili et L. Heckeli, on dût reconnaître que ce n'étaient que les larves d'un mêmetype {Congro- mnurena #ystaxr) à divers stades d'évolution. Mais une espèce particulière, remarquable par sa petite taille et sa transparence parfaite, et désignée par les naturalistes sous le nom de Leplocephalus brevirosiris, demeurait encore une énigme pour les deux savants italiens. Néanmoins, après de longues comparaisons et di- verses déductions plus ou moins ingénieuses, Grassi et Calandruccio n’hésitèrent pas à affirmer que cette forme, bien qu'ils ne fussent pas encore parvenus à suivre son développement complet, était la larve de l’Anguille vulgaire. Aujourd'hui, on possède la démonstration com- plete de celte idée puisque ces deux zoologistes ont obtenu dans leurs aquariums la transformation du Lepéocephalus brevirostris en Anguille ; d’ailleurs, l'exactitude de ces faits a été récemment confirmée par le professeur Ficalbi. Un point mérite une mention spéciale, bien qu'il s'observe chez la plupart des Murenide : c'est la diminution de taille que présente l’Anguille lorsqu'elle perd ses caractères du Leptocéphale. En effet, la larve qui atteint en moyenne ure longueur de 8 centimètres, subit au moment de sa transformation une réduction de 3 centimètres, de sorte que la jeune Anguille ne mesure plus que 6 centimètres. La grazde majorité des Leptocéphales, que Grassi et Calandruccio ont eu a leur disposition, ont loujours été capturés en compagnie de divers Poissons appartenant à la faune profonde ; on doit vraisem- blablement conclure de ce fait que la ponte et le développement des œufs de l'Anguille et des autres Wurenide s'effectuent dans les gran ds fonds, à 500 mètres au moins au-dessous du niveau de la mer et que les larves ne viennent qu'accidentellement à la surface, lors- qu'elles sont arrachées à leurs retraites par les courants et les remous si fréquents dans le détroit de Messine ; et même, c'est vraisemblable- ment à cette agitation exceptionnelle des eaux qu'il faut attribuer la présence de ces animaux dans les ezux superficielles. EXTRAITS ET ANALYSES. 241 Seul, l'œuf de l'Anguille est imparfaitement connu, mais encore faut=il espérer que la solution définitive de cette question ne se fera plus longtemps attendre. En effet, Raffaële, dans ses belles recherches (1888) sur les œufs pélagiques du golfe de Naples, en a décrit cinq espèces différentes, présentant des caractères communs et se ratta- chant, dans son opinion, au groupe des Murænide. Or, Grassi estime que l'un de ces œufs, remarquable par l’absence complète de globules huileux (1), est celui de l’Anguille. En outre, les recherches de Grassi et Calandruccio sont instructives à un autre point de vue, car elles nous ont fait connaître dans tous leurs détails l’Anguille mâle et femelle à l'état de maturité sexuelle ; dans les pêches, en effet, ont été fréquemment recueillies avec les Leptocéphales, diverses espèces de Murænidæ présentant des œufs et des spermatozoïdes complètement développés ; or, c'est là une décou- verte dont l'importance ne peut échapper à personne puisque, seul, parmi les divers représentants du groupe, le Congre avait été jusqu'ici observé à l’état de maturité sexuelle (2) et conservé pendant quelque temps dans les aquariums de la Station biologique de Plymouth par Cunningham. Les Apguilles, en état de se reproduire, présentent certains carac- ières qui permettent de les distinguer de leurs congénères vivant dans les eaux douces ; et cela est si vrai que Kaup, qui avait eu de ces animaux entre les mains, les avait décrits comme des espèces distinctes. Les yeux, en particulier, sont manifestement modifiés et ils pré- sentent une grandeur anormale aussi bien chez les mâles que chez les femelles, ainsi que le montrent les chiffres suivants relevés sur trois exemplaires achetés au marché de Catane : 1° ©”. Longueur totale du corps : 34,5 centimètres. Diamètre de l'œil : 9 millimètres. 29 ©”. Longueur totale du corps : 33,5 centimètres. Diamètre de l’œil : 9 millimètres. 30 ©. Longueur totale du corps : 48,5 centimètres, Diamètre vertical de l’œil : 10 millimètres, Diamètre horizontal de l’œil plutôt supérieur à 10 millimètres En outre, la peau du ventre ne présente plus la coloration jaunâtre habituelle qu'on observe chez les animaux vivant dans les rivières ; elle affecte au contraire un aspect argenté. Dans le détroit de Messine, on ne trouve que rarement des Lepéoce- phalus brevirostris dans les eaux superficielles, sauf pendant la période (1) Les ichtyologistes, en effet, tirent grand parti pour la détermination des œufs des caractères tirés de l’absence ou de la présence, de la forme, de la disposition, du nombre, des gouttelettes huileuses renfermées dans le vitellus. (2) Un exemplaire observé par O. Hermes. 278 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. de l’année comprise entre les mois de février et de septembre ; il est curieux de remarquer que pendant ce temps l'estomac des Orfhago- riscus mola, qu’on s'accorde en général à considérer comme des Pois- sons des grandes profondeurs , renferme fréquemment des larves d'Anguille. Les différentes phases de la reproduction de l'Anguille semblent d’ailleurs s'effectuer avec une assez grande régularité : les œufs flot- tent à la surface de la mer d'août à janvier; les mâles et les femelles sont à l’état de maturité sexuelle de novembre à juillet et enfin la mi- gration dans les eaux douces a lieu d'octobre à janvier. La métamorphose des Leptocéphales en jeunes Anguilles exige une trentaine de jours, et il faut plusieurs mois pour que les adultes qui sont descendus à la mer au commencement de l'hiver soient suscep- tibles de se reproduire. Les œufs sont généralement fécondés en août ou quelque temps aprés, mais les premières larves ne font leur appa- rition qu'au printemps suivant ou parfois même en été seulement. Ces faits concordent d'ailleurs avec ce qu’on sait du Congre, dont les œufs exigent six mois pour se développer et qui ne prend aucune nourriture pendant tout ce temps. Les organes génitaux des Anguilles qui descendent les fleuves à l’automne sont à l’état de repos absolu; par conséquent celles-ci ne peuvent pas être les parents des Anguilles qui remonteront l’année suivante, aux environs &u mois de février ; il s'écoule, en effet, deux ans entre la descente des adultes et la #ontée de leur progéniture. >< VŒU CONCERNANT LA PISCICULTURE ET LE REPEUPLEMENT DES RIVIÈRES (1). « À l'avenir, tous les baux de pêche dans les lacs, torrents et rivières, consentis par l'Etat, devront, outre le prix du bail en argent, stipuler qu'un nombre d’alevins de Salmonides, proportionné à l'im- portance du lot exploité, sera chaque année versé en un point choisi par l'Administration. Les cahiers des charges indiqueront également les conditions d'âge et de qualité des alevins. Ceux-ci devront, de préférence, être de la variété la meilleure du pays. Les essais de variétés étrangères nouvelles seront laissées à l'Administration. Les versements seront toujours opérés en présence des agents forestiers qui vérifieront le nombre et la qualité. {1} Ce vœu a été soumis le 27 février 1897 par M. le comte de Galbert à l’ap- probation du Conseil départemental d'Agriculture de l'Isère, — Lu en séance générale le 5 inars 1897, EXTRAITS ET ANALYSES. 219 Des mesures seront prises pour permettre aux locataires, s'ils veulent faire eux-mêmes les fécondations et l’alevinage, de capturer sur l'étendue de leur lot de pêche, le nombre suffisant de reproduc- teurs. Cette pêche sera faite de date en date, sous la surveillance des gardes et les reproducteurs devront être remis à l’eau après les opé- rations. Afin de permettre l'exécution sérieuse de la clause nouvelle, et pour empêcher que les pêcheurs n'arrivent à se fournir à l'étranger d'œufs et d'alevins qu'ils y trouveraient peut-être à des prix très inférieurs, l'Administration forestière devra elle-même faciliter cette fourniture en installant en un ou plusieurs points de chaque conservation, des Etablissements destinés à faire éclore les œufs et à nourrir les alevins. Ceux-ci seront ensuite cédés aux pêcheurs aux meilleures condi- tions de prix. L’Administration pourvoira elle-même de cette facon à l’ameuble- ment des lacs, torrents et rivières qui ne seraient pas loués à raison de leur peu de produit, et les rendra ainsi en quelques années susceptibles d'être à leur tour d’un rendement sérieux. Afin de se procurer les reproducteurs nécessaires, l'Administration se réservera un ou deux lots importants qu'elle fera soigner d’une facon spéciale. Elle pourra aussi profiter de l’occasion pour favoriser la pro- duction française des particuliers. En attendant le renouvellement des baux, le réempoissonnement sera fait par les soins de l'Administration qui utilisera cette période transitoire pour faire des expériences et étudier les meilleures variétés. Une décision ministérielle devra pourvoir aux nécessités d’études des agents et gardes, pour les mettre à même d'opérer les fécondations et l’alevinage. En outre de cette méthode de réempoissonnement, il est tout à fait indispensable de renouveler les vœux précédemment émis au sujet de la répression du braconnage et notamment de demander : 1° Aux Tribunaux, une très grande sévérité; 2° à l'Administration forestière de ne jamais transiger en cette matière ; 3° au Gouvernement, d’intéresser très largement les gardes et les agents de la force publique par des récompenses honorifiques ou pécuniaires. Nul doute que semblable manière de procéder n’amène de très prompts résultats en donnant aux lots de pêche une valeur très supé- rieure et les quelques dépenses que pourra demander leur réalisation seront amplement compensées par l'élévation du prix des baux qui en résultera. On arrivera aussi à améliorer les espèces et à donner aux produits une plus grande valeur vénale. » 280 NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Faisan commun vivant et se reproduisant en liberté aux environs de Coquimbo. — Les procès-verbaux des séances de la Société scientifique du Chili, second semestre de 1896, qui viennent de paraître, résument en quelques lignes une communication de M. Lataste - « Le Faisan commun (Phasianus colchicus Lin.) serait actuellement acclimaté à l’état sauvage, aux environs de Coquimbo, lout comme le Colin de Californie (Lophortyr californianus), aux environs de Valpa- raiso. M. Chauvelet a rapporté la tête, les aïles et la queue d'un sujet de cette provenance. Ces pièces, sont d'un mâle de l'espèce sus-indiquée, variété à collier blanc. J'attends de M. Chauvelet des délails plus précis sur cette inté- ressanie acclimatation. » Introduction du Caoutchoutier du Para (Æevez guyanensis) au Congo français. — M. Chalot, directeur du Jardin d'essai de Libreville, écrit ce qui suit à M. Godefroy Lebeuf : « Je suis heureux de vous annoncer que, sur les cinquante plants d'Hevea guyanensis, ou Caoutcboutier du Para, que M. Maxime Cornu m'a donnés, sur ma demande, à mon départ de France, le 25 septembre 1896, quarante plants sont arrivés bien vivants au Gabon, le 20 oc- iobre suivant, malgré une très mauvaise iraversée. J'en ai gardé une vingtaine de pieds au Jardin d’essai pour les étu- dier et former une pépipière et j’ai distribué les autres aux planteurs de la Colonie. L'introduction de l’Æercea au Congo, qui est à l’heure actuelle chose faite, est extrêmement importante, surtout pour l’ayenir, Car vous savez que le caoutchouc produit par cet arbre est, de beaucoup, le plus coté sur les marchés européens. — 11 a valu jusqu’à 14 francs le kilogramme et vaut couramment de 7 à 10 francs le kilogramme. » Le Jardin, 20 avril 1897. FRE 20ER La Société offre à ses membres : Graines de Polygonum sachalinense, offertes par M. Charles Baltet. Graines de Cucurbilacées d'Egypte, deux espèces, offertes par M. Charles Debreuil. 1° Pois à cosse violette; 2° Pois multicolore à haute tige, | ornemental: 3° Pois chiche d’Espagne (Cicer arielïnum) ; 4° Haricot moka — café normand, — graines offertes par M. F. Rathelot (climat de Paris). La Société décline la responsabilité des annonces insérées ci-dessous A vendre un couple d'Aigles de dix mois, élevés depuis l’âge de trois mois chez le propriétaire. Animaux robustes. S'adresser à M. le comte de Barral, à Bissy, près Chambéry (Savoie). A vendre, une paire Faisans argentés de deux ans. Œufs de Faisans argentés 10 fr. les 15.— A vendre ou à échanger contre Poule de même race, Coq Lady Amherst. S'adresser à Mme Sébillolte, à Grignon, par Les Laumes (Côte-d'Or). Pisciculture. — 4 louer près d'Évreux : petit Établissement de Pisciculture modèle. Maison d'habitation avec bélier hydraulique, chambre d’éclosion et bassins d'alevinage en ciment ; auges Coste, etc, installation complète; 450 francs.— S'adresser à M.J.Williamson, 17, rue de la Paix, Paris. A vendre un très bon Chien de garde, forte taille, poils marrons, | longs et frisés, prix 3 francs. S'adresser à M. Persac, 28, rue du Mont-Thabor, Paris. Occasion exceptionnelle, 200 francs la pièce : deux splendides Fougères en arbre, plantes presque uniques, vu leur âge, 60 ans et | leur taille, très décoratives, très robustes, transport facile. S’adresser à M. le comte de Saint-Innocent, président de la Société horticole autunoise, à Sommant, par Lucenay-l'Evêque (Saône-et-Loire). Maisen fonéce en 1972 Plus do 408 Médailles ot 12 Prix d'houneu Halle d'er, Prix d'eusomble, Paris 1886 GVOIT ELLIER àMANTES(S.--0.) | Pourdétruire ls Punaises, Poux, Puces, Cai S : COU VEUSES L Fourmis, Mites, Mouches, ilnesttel que l ui ma | INSECTICIDE “'ŒUrS à COUVER | ou GENTAURE Race pure do Houdan @,88 «æ à ité 81 j yrèthre garantie pure of de qualité supérieure.) pr der Fa & Fr. la Boîte de 500 gr. | Dépot : Paris, Droguerie ‘AU CENTAURE” vel fras ogue illustré. | 2. — 200r. { 8, Quai de Gesvres, et dans toutes les 7° MAISON A PARIS 4 Pl du Théètre- Français jts, Fauteuils, Voitures et Appareils Mécaniques À Pour MALADES et BLESSÉS : AA ] DUPONT Faht breveté s.g.d.5. ë Fournisseur des Hôpitaux K AaPARIS ù 10, Rue Hautefeuille À au coin de la rue Serpente £ (près l'Ecole-de-Médecine) & re SELLERIE E. BERNARD 46, Bd de Strasbourg. 5, \] ot O LOGUE LV Î SELLES, HARNAIS, COUVERTURES, Fouets, Cravaches, ARTICLES D’ÉCURIE. ou al) | Les plus hautes = | Récompenses FAUTEUIL ROULANT aux Expons Françaises et Etrangères. pour Jardins. F Sor demande envoi franco du Catalogue — TÉLÉPHONE ENVOI FRANC CATA = Charles NAUDIN Membre de l’Institut (Académie des sciences) Directeur du laboratoire de botanique de la Villa Thuret, à Antibes ET lc Hard yes MUELLER Botaniste du gouvernement anglais à Melbourne. MANUEL L'ACCLIMATEU CHOIX DE PLANTES RECOMMANDÉES POUR L’AGRICULTUR E, L'INDUSTRIE ET LA MÉDECINE Adaptées aux div ers climats de l'Europe et des Pays tropicaux OUVRAGE PUBLIÉ AUX FRAIS ET SOUS LES AUSPICES DE LA Société nationale d'Acclimatation de France Un volume in-& de près de 600 pages avec portrait. ES NC TERRES ETS INTRODUCTION : Considérations générales sur l’acclimatation des plantes ; Aperçu général des genres de plantes espèces déjà utilisées ou qui peuvent l'être ; "4 auxquels sont empruntées Description sommaire des familles ou groupes naturels auxquels ! rattachent la plupart des plantes indiquées dans ce volume ; Noms vulgaires des plantes et synony Énumération par ordi culture, formant un diction régions du globe ; mes rapportés aux noms botaniqu € alphabétique des plantes, leurs usages et le naire des végétaux à acclimater dans les divers 7 Noms des auteurs cités dans le cours de l’o uvrage avec les abréviatioi usilées. Prix : "7 francs. Pour les Membres de la Société nationale d'Acclimatation de France, 3 fr. 50. EN VENTE AU SIÈGE DE LA Société natioiale d’Acclimatation de France, 41, rue de Lille, PARIS. Le Sacrétaire Général, gérant Versailles. — Imprimeries Juzzs DE GUERNE CERF, 59, rue Duplessis. {ndice décimal 506 BULLETIN 981.52 591.52 DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCEMATATION DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 442 ANNÉE JUILLET 1897 SOMMAIRE R. ROLLINAT. — Moœurs et reproduction du Lézard des murailles................ RAVERET-WATTEL. — La farine de viande d'Amérique pour l'alimentation de la Truite. R. MARTIN. — Les grandes Libellules considérées comme animaux utiles Extraits des procès-verbaux des séances de la Société : 1e Section : Mammifères. — Séance du 26 avril 1897.............,............... 3€ Section : Aquiculture. — Séances du 5 avril et du 10 mai 1897 ................ echon Botanique. -— Séareedu:25 mai 1897-22. L...............:....: Extraits de la Correspondance : Apparition des Hirondelles cn Algérie. — Sociétés protectrices des Oiseaux dans les CCR NE TE EE Mans ses 2e oleie cle eee à si0 ele plats ei oele cie ose oiete ee clos Extraits et Analyses. F. DECAUX. — Les Sociétés protectrices des Oiseaux dans les Ecoles primaires ..... Ecole de Jeufosse (Seine-et-Oise) : Statuts de la Société protectrice des Oiseaux eù GES Antenne tenodo oct ep tonooncococrbeoo sonate H. GADEAU DE KERVILLE. — Têtes de Cogs pourvues d’ergots greffés .....,..., Pesiéanpes tuberculenses de Velars, .” ..-:/2 9. ......24 0.0... FABRE DOMERGUE et BIETRIX. — La période critique post-larvaire des Poissons MANS UE Etc AOC 0 RS OR RTE RE PNR OR CR TO A AE ED C0 1610) 6 281 304 308 312 314 318 321 323 325 328 329 331 332 334 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. C————_——_— Un numéro 2 francs ; pour les membres de la Société 4 fr. 50 LD RE — AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 41, RUE DE LILLE, 41 PARIS ET A LA LIBRAIRIE CERF, 12, RUE SAINTE-ANNE Le Bulletin paraît tous les mois. Voir la liste des graines offertes par M. Charles Naudin, à distribuer aux membres de la Société P> re fe £rypgre 2 PE CE d l'Armee, la Envoi france ser demande de R Ni Corrosif Le seul joignant à son Efficacité, scientifiguement démontrée, l'immense avantage de n'être ni Toxique ni Corrosif. Hémostatique et Styptique puissant. Adopté par les Ecoles Nrfiontles Véfrinaires, Le Service de Sante / Zz Seine ef 1x plupart des Services d'Hygiène et de Desinfecton des Débartements. <+ cris scisatifiques ct Prospectus : SOCIETE FRAHÇAISE de PRODUITS SARITAIRES et ANTISEPTIQUES 35, Rue des Francs-Bourgeoïis (ci-devant 31, Rue des Petites-Ecuries), Paris. > Ni Véneéeneux ET CHFZ TOUS LES DeOGGNISTES ET PHARWACIENS. 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Bulletin de Pêche et de Pisriculture pratique, fondé en 1858- Bi-mensuel, par année un volume d'environ 400 pages, nom- serie des volumes parus F. trés complete de tout ce qui concerne la Pisciculture et la Pêche en eau douce. Envoi de numéros spécimens sur demande. — France, 10 fr., Etranger, 12 francs par an. Renseignements et publicité au bureau du journal, 21. rue de Vaugirard, PARIS. i PL du Théätre-Françeu aux Exyess Franpsises et Etrangères. | Sur demande envoi franco du Catalogue. — TÉLÉPHONE md Lo RC 7 = = d'Etangs et Rivières forme une encyclopédie LE . Æ OBSERVATIONS SUR QUELQUES REPTILES DU DÉPARTEMENT DE L’INDRE MŒURS ET REPRODUCTION DU LÉZARD DES MURAILLES (1) Par Raymond ROLLINAT. Dans l'Indre, le Lézard des murailles, Lacerta muralis Du- méril et Bibron, est le plus commun de tous les Reptiles. On l2 rencontre en abondance, dans les villes comme dans les campagnes, sur les rochers bien exposés, les vieux murs et les ruines, sur les tas de pierres ou de débris, dans les car- rières, sur les talus et dans les tranchées des routes ou des voies ferrées. Ici il habite un trou qu'il creuse lui-même dans la terre, ou un ancien terrier de Musaraigne, de Campa- oenol, de Mulot ; là il se loge sous les pierres, les débris, dans ne fente d’un vieux mur, dans une fissure ou un trou de rocher. Très agile, il est presque continuellement en mouvement, par les belles journées ensoleillées, donnant la chasse aux Lépidoptères, Diptères, Orthoptères et Coléoptères qui forment la base principale de sa nourriture. Dès qu'il a at- trapé un de ces Insectes, il le comprime fortement entre ses mâchoires armées de très petites dents aiguës et l’avale pres- tement ; mais si sa proie a une taille un peu trop forte, il la secoue violemment, la déchire en l’appuyant sur ce qui est à sa portée et finit toujours par la dévorer assez promptement. Il détruit une quantité formidable d'Insectes et de petits Mol- lusques. J'ai trouvé dans son estomac des Chenilles rases, des Papillons, des Sauterelles, l'abdomen d’une énorme Cour- tilière, des Mouches, des Coléoptères de faible taille, des Araignées, de très petits Mollusques et des fragments de Lombrics. C’est un animal fort utile, inoffensif, nullement redouté par l'Homme adulte qui, du reste, ne le tue jamais. Ses ennemis sont nombreux. En dehors des enfants qui tuent /e Lurais, la Lurette, la Lizerne ou la Rapielte sim- plement pour le plaisir de tuer, ce charmant petit Reptile est (1) Communication présentée dans la séance générale du 21 mai 1897. Bull, Soc. nat. Accl. Fr. 1897, — 19. 282 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. la proie des Belettes, des Musaraignes, des Faucons; j'ai aussi trouvé son cadavre dans le tube digestif de la Coronelle lisse et de la Vipère aspic ; les Chats en font un effroyable mas- sacre ! Il est peu sauvage et se laisse approcher facilement. On peut le capturer à la main, car sa morsure ne cause aucune douleur et ses petites dents ne peuvent même entamer l’épi- derme, mais en agissant ainsi on risque de briser sa queue, extrêmement fragile. Voici comment j'opère pour-prendre ce Lézard : Muni d’une canne à pêche en trois morceaux pouvant s’emboîter les uns dans les autres et former au besoin un bâton pour la marche, je fixe solidement à l'extrémité du plus petit des trois morceaux, celui qui forme le bout de la canne à pêche, un fil noir assez fort dont je fais un nœud coulant; je m’ap- proche doucement du Reptile, en évitant que l'ombre de mon corps ou de la perche ne vienne s'interposer entre le Lé- zard et les rayons du soleil, et, seloz que l’animal est à une distance plus ou moins considérable, j'emploie un, deux, ou les trois morceaux de ma perche, que je fixe aisément les uns au bout des autres; j'évite de faire des mouvements trop brusques et je passe délicatement le nœud coulant au cou de l'animal ; cela fait, je relève brusquement la perche, et le Lé- zard, stupéfait et gigotant, s’agite désespérément à l’extré- mité de l'engin. Il ne reste plus qu’à saisir délicatement la pauvre bête par le haut du corps, à desserrer le nœud cou- lant et à la mettre dans le récipient qui doit la contenir et qui est ordinairement un cylindre de zinc fermé par de la toile métallique, ou un grand bocal vide fermé par un mor- ceau de même toile et un peu de ficelle. Le nœud coulant doit être fixé immédiatement à l'extrémité de la perche et ne pas être pendant; on lui donnera un diamètre d'environ 0,03 centimètres lorsqu'on voudra capturer le Lézard des murailles, et de 0,04 lorsqu'il s’agira de prendre le Lézard vert, les Couleuvres ou les Vipères. Bien entendu, lorsqu'on a affaire au dernier de ces Reptiles, il est prudent de mettre la capture au-dessus du récipient et de couper le fil ; on place ensuite un nouveau nœud coulant, pour continuer la chasse. Partois, le Lézard, effrayé, disparait dans son trou ou dans les broussailles. On s'éloigne alors pendant quelques instants, et, presque toujours, l'animal ne tarde pas à reparaître. J'ai MOEURS DU LÉZARD DES MURAILLES. 283 repris souvent un sujet qui, mal pendu, s'était laissé choir du haut de la perche, et qui, ahuri par cet enlèvement extraor- dinaire, restait sur place au lieu de s'enfuir. Cette espèce se fait assez bien à la captivité ; j'ai conservé très longtemps, dans des cages contenant du sable humide recouvert d’une épaisse couche de mousse sèche et munies d'un petit récipient plein d’eau, de nombreux Lacerla mura- lis que je nourrissais en leur donnant des Blattes et des Mouches; mais je n’ai jamais pu parvenir à les faire repro- duire en cage. Dans mon jardin, j'ai de nombreux sujets vivant à l'état libre, et beaucoup d’entre eux habitent un rocher artificiel construit près du bassin des Cistudes d’Eu- rope. Je verse de temps à autre le contenu d’un piège à Blattes dans le bassin de mes Tortues, et rien n'est curieux comme de voir s’élancer du rocher les Lézards qui viennent saisir les Insectes parvenant à s'échapper du bassin, et de les voir s’en retourner rapidement, la queue en l'air, la Blatte en travers de la bouche et s'installer sur une saillie de leur de- meure afin d'y avaler leur proie. Pendant les chaleurs, ils viennent de temps en temps boire au bassin des Tortues. Ils passent toujours la nuit dans leur retraite, car ces animaux sont essentiellement diurnes. Ces petits Sauriens, très peu sauvages, se reproduisent parfaitement, car j'ai trouvé plu- sieurs fois leurs œufs dans différents endroits de mon enclos. Le Lézard des murailles, celui qui habite les trous des re- chers situés dans des endroits très bien exposés, n’a pas de période d'hibernation proprement dite, car il sort toute l'an née, même pendant les mois d'hiver (1). Dès qu'il fait un beau soleil, son joli museau apparait à l'ouverture de sa cachette, et l’animal ne tarde pas à sortir complètement et à s’allonger sur une saillie de roche, où, aplati, il présente la plus grande partie possible de sa petite personne aux rayons de l'astre bienfaisant ; il reste ainsi dans une immobilité presque complète, mais il rentre immédiatement dans sa de- meure dès que le soleil baisse ou dès qu’un nuage vient en intercepter les rayons. Parfois, quand la température est douce, il poursuit les Insectes de toutes sortes, qui, eux aussi, profitent des belles journées d'hiver pour venir à la (1) R. Roilinat. Sur l'hibernation du Zacerta suralis et du Zaceïta viridis. Bulletin de la Société zoologique de France. Tome XX, séance du 98 f6- vrier 1895. 284 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. surface des rochers prendre un bain d’air et de soleil. En no- vembre, décembre, janvier et février, j'ai capturé maintes fois ce Lézard sur les rochers des environs d’Argenton (Indre), et j'ai remarqué que les sujets que je prenais en dé- cembre et janvier étaient presque toujours des mâles; la fe- melle semble donc un peu plus frileuse que le mâle. Les indi- vidus de cette espèce qui habitent les rochers ayant une mauvaise exposition, ou bien encore ceux qui ont leur re- traite dans des trous de terre, se montrent très rarement pendant la mauvaise saison, et il faut plusieurs journées de très beau temps pour qu’ils se décident à sortir. Habituelle- ment, les sujets qui se réfugient dans des trous de terre, — trous presque toujours situés dans un terrain en pente —, passent la saison des frimas en compagnie plus ou moins nombreuse et se placent tous les uns sur les autres, formant ainsi une grosse pelote au fond de leur demeure. Alors que les Lézards qui habitent les rochers ou les muraïlles sont presque toujours assez propres à la fin de l’hivernage, ceux qui se cachent dans les trous de terre sont ordinairement souillés de boue et ne redeviennent propres qu'après avoir quitté leur vieil épiderme. Beaucoup de Lacerta muralis passent ainsi presque toute la mauvaise saison sans sortir et sans prendre de nourriture. Ils ont pour entretenir leur vie, pour réserve, en un mot, les corps gras de l'abdomen, qui se résorbent peu à peu lorsque le Reptile ne mange pas. Pendant la mauvaise saison, la dé- pense pour l'entretien de la vie ne doit pas être considérable, car ces masses de graisse jaunâtre sont encore assez volumi- neuses à la fin de l'hibernation. L'animal enfoui dans le sol, ou celui qui hiverne dans ies fentes des rochers, ne s’en- sourdit jamais d'une facon absolument complète ; lorsqu'on l'exhume, il se remue toujours un peu. Mais il est facile de comprendre que dans un état de repos presque complet, dans un milieu toujours humide, alors que la respiration et la circulation sont extrémement ralenties, la dépense pour la vie est presque nulle. J'ai dit que les Lézards qui hivernaïent dans les endroits bien exposés, et qui sortaient pendant l'hiver, donnaient, à l'occasion, la chasse aux Insectes que le soleil attirait hors de leurs retraites ; ces proies passagères sont suffisantes pour compenser ces instants d'activité, car chez ces sujets aussi, MOEURS DU LÉZARD DES MURAILLES. . 285 € les corps gras sont encore assez volumineux à la fin de la mauvaise saison. Les corps gras sont deux masses de graisse plus ou moins arrondies et aplaties, et occupant chaque côté de la partie postérieure de l'abdomen; leur coloration varie du jaune foncé, au jaune clair et au jaune brun ; leur grosseur est extrêmement variable ; mais ayant disséqué plusieurs cen- taines de Lacerta muralis pendant fous les mois de l’année, je puis indiquer quel est, en général, l’état de ces corps gras pendant chaque mois. À la fin des beaux jours, en octobre, les corps gras sont volumineux chez les femelles adultes et un peu moins gros, quoique très développés, chez les mâles adultes. Assez volu- mineux chez les deux sexes en novembre, décembre, janvier et février, pendant la mauvaise saison, ils diminuent un peu de volume chez les femelles dans le courant du mois de mars, mais c’est surtout pendant ce mois qu'ils se résorbent rapi- dement chez les mâles adultes qui, à cette époque, circulent beaucoup, poursuivent les femelles et songent plus à se battre qu'à manger; ils deviennent même très petits chez les mâles vers la fin de mars, lorsque commence l’accouplement, et ils sont alors d’un jaune foncé au lieu d’être d'un jaune clair ou d’un jaune légèrement brunâtre. Diminuant toujours de grosseur en avril, chez les femelles dont les ovaires sont en travail, et surtout chez les mâles, car l’accouplement semble fatiguer particulièrement ces derniers, ils disparaissent presque des femelles en mai, lorsqu'elles ont leurs œufs dans les oviductes, épuisées qu'elles sont par suite de la formation des œufs. De plus, lorsque les œufs sont dans les oviductes, ils occupent presque toute la place disponible dans l'intérieur du corps de l'animal, et par conséquent les femelles dans cet état ne peuvent prendre que fort peu de nourriture à la fois ; j'ai même remarqué que chez presque toutes les femelles portant leurs œufs dans les oviductes, l'estomac était vide ou ne contenait que quelques très petits Insectes. En juin, les corps gras sont toujours petits chez les deux sexes ef ce n’est ordinairement que vers la fin de ce mois et en juillet qu'ils commencent à augmenter de volume, les Lé- zards mangeant beaucoup pendant ces deux mois. Ils gros- sissent rapidement, et, dès la fin de juillet ces corps sont déjà très développés chez un grand nombre de mâles et de fe- 286 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. melles. Ils augmentent toujours en août, aussi bien chez les males que chez les femelles, et, chez certains individus, ils ne tardent pas à devenir énormes, car les Lézards absorbent beaucoup de nourriture pendant ce mois et les deux mois qui suivent, et ce n’est qu'aux premiers froids, fin octobre ou en novembre, que leur appétit diminue; en août, on trouve aussi quelques rares individus chez lesquels les COrps gras ne sont pas encore très gros, et ce n’est qu’en septembre que, chez tous les Lézards adultes, ils deviennent énormes ; à ce mo- ment, la réserve de graisse est prête pour les mauvais jours. Chez les jeunes sujets de deux ans, les corps gras de l’abdo- men sont proportionnellement moins volumineux que chez les sujets de trois ans et les adultes ; chez les individus d’un an, ils sont extrêmement petits. L'épiderme du Lézard des murailles se renouvelle plusieurs fois chaque année, à des intervalles indéterminés ; il se dé- tache par lambeaux. Après la chute de cet épiderme, l'ani- mal est très propre et ses couleurs sont plus vives. On distingue très facilement le mâle. adulte de la femelle adulte, et, avec un peu d'habitude, il est impossible de com- mettre une erreur ; même sans toucher les animaux qui se déplacent sur la terre ou sur les rochers, il est facile de re- connaître les sexes. Le mâle est très légèrement de plus forte taille que la fe- melle, sa tête est proportionnellement beaucoup plus grosse ; la base de sa queue est large, presque carrée en dessous, car c'est là que se logent les deux pénis, alors que chez la femelle la base de la queue est plus petite et plus arrondie ; les pores fémoraux sont, en toutes saisons, plus apparents chez le mâle que chez la femelle, surtout au moment du rut, époque à laquelle on verra plus loin quel est leur rôle; la queue est proportionnellement plus longue chez le mâle que chez la femelle. Le costume de cette espèce, aussi bien chez le mâle que chez la femelle, est assez variable, principalement en ce qui concerne les parties inférieures. On trouve dans l'Indre des variétés qui se rapprochent un peu de celles décrites par le D' Raphaël Blanchard et capturées à l'ile d'Yeu, aux Sables- d'Olonne, aux iles Glénans et à la pointe -du Raz G: (4) Dr R. Blanchard, Sur quelques eariétés françaises du Lézard des wu- MOŒŒEURS DU LÉZAND DES MURAILLES. 287 Ordinairement, le male adulte est brun roussàâtre en dessus, souvent lécèrement jaunâtre ou olivaätre, avec des marbrures ou mouchetures noires ou d’un brun noirâtre ; le haut de chaque flanc porte une raie d'un blanc jaunâtre plus ou moins interrompue et apparente, où même n'’existant pas chez un très grand nombre d'individus ; les flancs sont un peu plus sombres que le dessus du corps: le bas des flancs est marqué de taches d'un bleu pâle ; les parties inférieures sont blanches, légèrement olivâtres ou jaunâtres, d’un blanc rose ou d’un rouge brique assez foncé, et plus ou moins pi- quetées de noir. Le mâle adulte a 0,06 à 0,07 centimètres de tête et corps, et 0,11 à 0,12 centimètres de queue ; quelques sujets atteignent une plus forte taille. La femelle a les parties supérieures d'un brun roussâtre et beaucoup moins marquées de noir que chez le mâle, avec une étroite raie médiane noirätre, souvent interrompue et se réduisant parfois à quelques points ; elle porte une large bande d'un brun foncé sur chaque flanc, bande qui se prolonge sur les côtés de la tête; sur beaucoup de sujets, cette bande est bordée par deux lignes d'un blanc brunâtre ou jaunâtre, et le bas des flancs est orné des mêmes taches bleues que chez le mâle, mais ces taches sont beaucoup moins apparentes : les parties inférieures sont blanches, ou d’un blanc jaunâtre ou rose, avec la gorge souvent roussâtre, et elles sont beaucoup moins marquées de points noirs que chez le mâle, parfois même elles n’en portent pas. Chez les deux sexes, les parties inférieures ont souvent des reflets métalliques. J'ai trouvé des femelles dont les parties supérieures et inférieures n'é- taient pas marquées de marbrures et de points noirs. La fe- melle adulte mesure 0,06 centimètres du museau à l'anus et 0,10 à 0,11 centimètres de l'anus à l'extrémité de la queue ; on trouve des femelles qui sont un peu plus grandes. Comme on voit, aussi bien par la conformation que par la coloration, il est impossible de confondre les sexes chez les sujets adultes. Ce Lézard laisse souvent sa queue fragile en possession de l'animal qui l'attaque ; les màles se la brisent en se battant à l’époque du rut. Les femeiles sont encore plus exposées à ce genre d'accident par suite de la déplorable habitude qu'ont railles. Mémoires de la Soc. zool. de France, IV, p. 502, 1891, pl. IV, fig. 16, 1i, 12, 13 et 14. 288 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. les mäles de les saisir par la queue, dans la poursuite qui pré- cède l’accouplement, avant de les prendre à l’un des flancs avec leurs mâchoires; si le mâle saisit la femelle dans un endroit un peu éloigné de l'anus, et si la traction est un peu forte, un morceau de la queue de la femelle reste dans la bouche de l’agresseur, qui ne prend pas le temps de l’avaler et continue aussitôt la poursuite, plus aïguillonné par l’a- mour que par la faim ! Chez les deux sexes, le mal n'est pas irréparable; bientôt un bourgeon se développe à l'endroit de la blessure, et, petit à petit, la queue se reforme, mais ne devient jamais absolu- ment semblable à l'organe primitif. S'il se forme deux bour- geons, ou un bourgeon supplémentaire sur le bourgeon primitif, le Reptile sera pourvu de deux queues, d'inégale longueur le plus souvent : je possède dans ma collection trois sujets, capturés à Argenton, qui présentent ce curieux cas de monstruosité. Le Lézard des murailles chasse aux environs de sa de- meure ; il est peu nomade et ne s'éloigne point à une très orande distance de sa retraite. A la fin du printemps et en été, il rentre dans son trou pendant les heures où le soleil est trop ardent, ou bien il quitte les rochers surchauffés et se réfugie sous les herbes et les broussailles, où il est assuré de trouver une nourriture abondante et un peu de fraicheur. Avec le mois de mars arrive le véritable retour à la vie active ; les mäles commencent à se battre et il peut arriver qu'un morceau de leur queue reste sur le champ de bataille ; ce morceau frétillant, qui remue encore longtemps après l'accident, attire parfois l'attention de la belle, — cause de tout le mal —, qui l’avale sans scrupule : j'ai trouvé un oros fragment de queue dans l’æœsophage et l'estomac d’une femelle ! C'est le plus souvent dans le courant de ce mois que com- mence l’accouplement, et c’est le 23 mars que j'ai trouvé les premiers spermatozoïdes dans les oviductes de plusieurs fe- melles qui venaient de s’accoupler. En mars, les organes génitaux des mâles adultes et leurs pores fémoraux se développent rapidement ; dans la deuxième quinzaine du mois, les testicules, assez arrondis, deviennent gros et blanchâtres, et mesurent en moyenne 0,005 millimètres dans leur plus grand diamètre. Chaque testicule sécrète en MOEURS DU LÉZARD DES MURAILLES. 289 abondance les spermatozoïdes, et bientôt l’épididyme et le spermiducte qui lui correspondent sont gonflés de sperme extrémement riche en spermatozoïdes à corps cylindro-co- nique un peu recourbé et à appendice filiforme fin, délié et assez allongé. Les pores fémoraux sont très saillants, jaunes, et sécrètent de l'humeur épaisse et jaunatre qui se durcit au sommet des pores et forme à la partie interne de chaque cuisse une ligne de points rugueux; si l’on presse fortement cette ligne entre les doigts, on fait sortir de chacun des pores un faisceau de petits bâtonnets jaunes soudés par leur som- met. Ces pores fémoraux se modifient selon les saisons ; très développés à l'époque de l’accouplement, ils restent dans le même état jusqu'en mai ; mais dès le mois de juin, ils de- viennent, chez presque tous les sujets, un peu moins rugueux et moins jaunâtres ; en décembre ils grossissent de nouveau, la sécrétion recommence, et, même avant les premiers jours de mars, chacun d'eux est surmonté d’une petite protubé- rance d'humeur durcie. Sous les cuisses des mâles, on peut compter de 18 à 20 pores à droite et de 18 à 21 à gauche. Chez les femelles, les pores fémoraux sont très petits et il faut les presser très fort pour en faire sortir des bâtonnets minuscules et incolores ; ces pores, d’ailleurs, ne sont d’au- cune utilité à la femelle au moment de la copulation ; ils sont, en toutes saisons, extrêmement petits, non saillants, et ne subissent aucune modification ; leur nombre varie de 18 à 21 pour la cuisse droite et de 16 à 22 pour la gauche. Chez les deux sexes, ils sont parfois en nombre égal sous les deux cuisses, mais le plus souvent l’une des cuisses en porte un à trois de plus que l’autre. Les ovaires des femelles sont en travail ; il est facile de dis- tinguer, des très petits œufs incolores, réserve des années sui- vantes, les œufs jaunàätres en voie de développement et qui . mesurent déjà, à la fin de mars, 0,003 millimètres de dia- mètre. Dans les oviductes de plusieurs femelles disséquées le 18 mars, je ne trouve nulle trace de spermatozoïdes, l’accou- piement n'avait done pas encore eu lieu à cette date. Ce n'est que le 23 mars que je rencontre de très nombreux spermato- zoïdes dans les oviductes de trois femelles, dont deux étaient déjà munies des bouchons de mucus blanc qui ferment, après l’'accouplement, chez la plupart des femelles de cette espèce, l'entrée des oviductes dans la partie qui avoisine le cloaque, 290 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. ce qui dénotait que ces deux femelles s'étaient accouplées depuis quelques jours déjà. Le Lacerlta muralis commence donc à s'accoupler dans la seconde quinzaine de mars. J'ai assisté plusieurs fois, tant sur les rochers des vignes que sur les talus du chemin de fer, à l’accouplement de cette espèce. Le mâle poursuit la femelle et, ordinairement, la saisit à la base de la queue; il reste ainsi pendant quelques instants en attendant que sa compagne devienne un peu plus calme; puis il lâche brusquement la queue pour saisir dans ses machoires l’un des flancs de sa femelle, à peu de distance de la cuisse. Ïl se recourbe alors de facon à former un cercle presque complet, approche son cloaque de celui de la femelle en s’aidant de ses membres postérieurs dont l'humeur durcie et saillante, qui surmonte les pores fémoraux, empêche les glissements, et la copulation commence; pendant ce temps. la queue du mäle se retourne en sens inverse de celui du corps, de telle facon que l’animal prend parfois la forme d’un 8. Dans cette posture, le mâle est privé de l'usage de ses membres. Un jour, ayant surpris sur le talus du chemin de fer deux Lézards accouplés, la femelle s'enfuit assez rapi- dement en emportant son amoureux dans la position que je viens de décrire et se précipita dans un trou de sable; mais elle fut arrêtée brusquement par le corps du mâle, qui, for- mant cercle, bouchait l'entrée du trou et ne lâchaït prise ni d'un bout ni de l’autre, pendant que les queues des deux Reptiles s’agitaient frénétiquement et témoignaient des efforts que faisaient les animaux dont les forces se contrariaient; enfin la femelle finit par entrainer le male, — toujours re- courbé en cercle, — dans le trou dont l'entrée s'effondra! Après l'accouplement, les spermatozoïdes restent dans les oviductes et s'échelonnent peu à peu dans toute la longueur de ces organes; c'est alors que se forment, dans la partie des oviductes ‘qui avoisine le cloaque, deux bouchons de mucus blanc et opaque, qui se durcissent un peu et ferment l'entrée des oviductes; ces deux bouchons sont souvent réunis à leur base par quelques parcelles d'urine caséeuse restées dans le cloaque. L'examen de ces bouchons m'a permis de voir qu’ils étaient formés du mucus sécrété par la partie postérieure des oviductes, dont les parois sont assez épaisses près du cloaque, et par une grande quantité de spermatozoïdes fixés dans la masse et principalement à la partie antérieure de chacun des MOEURS DU LÉZARD DES MURAILLES. 291 bouchons. Ces bouchons restent en place jusqu'à la féconda- tion, c’est-à-dire jusqu'à ce que les œufs s’introduisent dans les oviductes, au pavillon ou dans l’intérieur desquels ils rencontrent les spermatozoïdes qui les fécondent; mais comme ces bouchons sont peu adhérents, ils peuvent étre accrochés et arrachés lorsque les fèces, expulsées du tube digestif, s'échappent trop brusquement par le cloaque, car on ren- contre, en mai surtout, des femelles qui ne sont pas munies de ces bouchons lorsqu'elles devraient les porter, ou qui n'en ont plus qu'un seul. Apres la fécondation, quand les œufs sont dans les oviductes, ces bouchons disparaissent. Je crois qu'ils ont pour but d'empêcher une partie du sperme de s'écouler au dehors, entre l’accouplement et la fécondation. Dans les femelles qui ne se sont pas accouplées, on ne trouve pas de bouchons. Lorsqu'une femelle s’est accouplée, il faut quelques jours pour que les bouchons se forment et se durcissent; on peut donc rencontrer des femelles qui, s'étant accouplées ré- cemment, ont des spermatozoïdes dans les oviductes et pas de bouchons. Chez les femelles de Lacerta viridis ces bouchons semblent se former beaucoup moins régulièrement que chez le Z. muralis ; pourtant, j'en ai trouvé chez quelques-unes. En avril, les testicules des mâles adultes sont gros, blan- châtres et contiennent de nombreux spermatozoïdes ; les spermiductes sont tellement gonfiés de sperme qu'il suffit d'appuyer légèrement dessus pour en faire sortir le liquide, extrêmement riche en spermatozoïdes. Les femelles adultes portent, presque toutes, leur réserve de sperme dans les oviductes; aux ovaires on voit des œufs jaunes, ronds, de 0,004 millimètres de diamètre chez les unes et de 0,007 milli- mètres chez les autres ; près de ces œufs, on trouve assez sou- vent un ou deux petits œufs jaunes qui n’ont pas continué à se développer,ettoujours d'assez nombreux œufs blanchâtres, incolores, très petits, qui ne se développeront que dans les années suivantes. Vers le 20 avril, chez quelques femelles, la fécondation a eu lieu, car les œufs ont quitté les ovaires et se sont intro- duits dans les oviductes : ceux de l'ovaire droit dans l’ovi- ducte droit, ceux de l’ovaire gauche dans l’oviducte gauche. Les œufs qui sont dans les oviductes prennent une forme ovale et mesurent 0,010 ou 6,011 millimètres dans leur plus grand diamètre; c'est là qu'ils seront revétus de leur enve- 292 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. loppe fibreuse, riche en sels calcaires sécrétés par les ovi- ductes, dont les parois, surtout dans la moitié postérieure des organes, sont plus épaisses qu'à l'ordinaire; il n’est pas rare d'y rencontrer des œufs réunis par un lien de même composition que la coque en formation, lien qui se rompt au moment de la ponte. Lorsqu'elle commence à se former, cette coque semble être d'un blanc jaunâtre, parce qu'elle laisse apercevoir le vitellus; elle parait plus blanche lorsqu'elle devient plus épaisse et lorsque l’époque de la ponte est plus rapprochée. Quand les œufs quittent les ovaires, chacun d’eux y laisse l'enveloppe qui le contenait; cette enveloppe se rétrécit aus- sitôt, s'aplatit, diminue rapidement de volume, et il est bientôt presque impossible de voir l'endroit par où s'est échappé l'œuf. En ouvrant l'enveloppe, sorte de petite poche flasque, on voit qu'elle contient quelques granules qui lui donnent une coloration jaunâtre. Chaque fois que les œufs sont dans les oviductes, on compte, à chaque ovaire, le même nombre d’enveloppes que celui des œufs contenus dans l’ovi- ducte correspondant; il n'y a jamais d'exception, ce qui prouve que ces poches qu'on observe aux ovaires sont bien les enveloppes des œufs qui sont dans les oviductes, et que ce ne sont pas des œufs arrêtés dans leur développement et qui se désagrègent. Ces derniers, d’ailleurs, se distinguent facilement des poches ; ils sont d’un plus beau jaune et plus arrondis qu’elles; on ne peut les confondre. En exa- minant les ovaires d’une femelle qui a déposé sa ponte, on peut connaitre, par le nombre de poches aplaties et jaunâtres, le nombre d'œufs pondus récemment par elle. Quelque temps après la ponte, en juillet ordinairement, chez les femelles qui ont pondu les premières, les enveloppes restées aux ovaires changent de couleur, deviennent brunâtres et se désagrègent ; puis leur coloration devient encore plus foncée, d'un brun rougeàtre; elles se désagrègent de plus en plus et finissent par disparaitre complètement en septembre ou au commence- ment d'octobre, ou même en décembre seulement chez les femelles qui ont pondu tardivement. Quant aux petits œufs jaunes qui ont été arrêtés dans leur développement, ils restent à peu près dans le même état pendant toute l’année, s'ils ne dépassent pas un diamètre de 0,001 à 0,002 millimètres ; mais lorsque leur volume est plus considérable, il peut arriver MOEURS DU LÉZARD DES MURAILLES. 993 qu'ils se rompent dans le courant de l'été et que leur contenu s'échappe dans le corps de l'animal, où il doit probablement se résorber et disparaitre, ou peut-être occasionner des troubles, car j'ai constaté l’état maladif des femelles chez lesquelles cet accident s'était produit. Fin avrii, on trouve aussi des femelles qui, quoiqu'ayant des œufs assez développés aux ovaires, ne se sont pas ac- couplées, car leurs oviductes ne contiennent ni spermato- zoïdes n1i bouchons. En mai, les organes génitaux des mâles adultes sont dans le même état qu'en avril; mais, vers la fin de mai et en juin, les testicules commencent à diminuer de volume. Pendant le mois de mai, on trouve des femelles dont les œufs sont aux ovaires et qui contiennent dans les oviductes leur réserve de sperme. On en trouve encore qui portent des œufs plus ou moins développés aux ovaires et qui ne se sont pas encore accouplées ; ce sont ordinairement de jeunes femelles qui vont avoir quatre ans et qui vont s’accoupler pour la première fois; on en trouve même qui ont des œufs jaunes assez petits. Presque toutes les femelles adultes ont leurs œufs dans les oviductes. Quand les œufs sont dans les oviductes, ces organes, devenus plus épais, comme on l’a vu plus haut, sécrètent l'enveloppe fibreuse, chargée de carbo- nate de chaux, qui protège chacun des œufs. Cette enveloppe n'est pas dure comme celle qui recouvre l’œuf de Cistudo europæa ; elle est, au contraire, souple, quoique très solide, et semblable à celle de l'œuf de Lacerta viridis, de L. stir- pium, de Tropidonotus natrix et de T. viperinus. Ordinai- rement, plus il y a d'œufs dans les oviductes des Lézards, moins ces œufs sont gros. Lorsqu'il y à un nombre impair d'œufs, c'est le plus souvent l’oviducte droit qui en contient un de plus que l’oviducte gauche. En mai, commence la ponte. En 1895, j'ai trouvé des œufs le 18 mai; en 1896, j'en ai trouvé dès le 6 mai, la belle saison ayant commencé plus tôt en 1896 qu'en 1895. La femelle du Lézard des murailles dépose sa ponte dans un trou qu'elle creuse au pied du vieux mur ou du rocher qu'elle habite, ou bien encore, mais plus rarement, elle fait cette excavation en plein champ ou au milieu d’un jardin. Les enfants des maraîchers connaissent bien les petits œufs de cette espèce que leurs parents mettent souvent à découvert 294 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. pendant leurs travaux ; ils s’en servent pour jouer, car ces œufs, à enveloppe souple et parcheminée, ne se brisent pas lorsqu'on les laisse tomber à terre sans les y jeter violem- ment, ils rebondissent, au contraire, exactement comme le ferait une minuscule balle de caoutchouc, — d’où la joie des enfants lorsqu'ils peuvent s'emparer d’une ponte ! Bien des fois on m'a apporté des œufs trouvés ainsi; j'en ai découvert moi-même dans mon jardin; mais c'est dans les banquettes de sable des voies du chemin de fer que j'ai fait les plus nom- breuses récoltes. En J894, ayant appris, par les ouvriers employés au renouvellement des traverses, que les œufs des Lézards étaient nombreux dans les banquettes, j'obtins, en 1895 et 1896, grace à l'appui de M. Baudu, chef de section à la Compagnie d'Orléans, et de M. Prillieux, inspecteur général au Ministère de l'Agriculture, ce dont je ne saurais assez les remercier, les permis de circuler à pied sur la voie ferrée entre le kilomètre 289 (tunnel de Chabenet) et le kilomètre 301 {pont de Villarnoux) : la ville d’Argenton-sur-Creuse (Indre), que j'habite, forme à peu près le centre de cette faible partie de la grande ligne de Paris à Toulouse. Sur cette ligne, des trains circulent à chaque instant, et cela ne semble guère gêner ou effrayer les Reptiles, car ils sont nombreux sur les talus et dans les tranchées ; j'ai même pu constater que les voies ferrées étaient, dans les endroits bien cultivés, la sauvegarde des Sauriens et des Ophidiens. Comme son grand congénère le Lacerta viridis, notre petit L. urais vient pondre dans les banquettes de sable où les trous, sauf lorsqu'il fait très sec, sont faciles à creuser, où la chaleur emmagasinée pendant le jour est excessivement favo- rable au développement de l'embryon, et où l'humidité, à une petite profondeur, n’est jamais trop faible ou trop considé- rable ; c'est là, en pleine banquette, ou près d'une traverse, ou même à quelques centimètres des raïls où circulent, par- fois à une vitesse vertigineuse et avec un bruit formidable, des trains pesants qui font trembler le sol, que la femelle opère tranquillement son travail afin de confier à la terre son précieux fardeau. J'ai pris des femelles qui creusaient leur trou; j'en ai pris d'autres qui étaient occupées à pondre; enfin j'en ai capturé qui, après avoir creusé leur trou et déposé leurs œufs, s’'apprêtaient à quitter l’endroit où reposait leur MOEURS DU LÉZARD DES MURAILLES. 295 ponte. La plate-forme du chemin de fer, comprise entre les deux sentiers qui bordent les banquettes, étant tenue très proprement, il est facile d'y voir le moindre trou. C'est ordinairement sur le flanc des banquettes de sable, c'est-à-dire dans le petit talus ayant une inclinaison de 45, que les femelles des Lézards, aussi bien celles du Zacerta viridis que celles du ZL. nuralis, creusent, horizontalement ou suivant une pente tres douce, le trou plus ou moins profond dans lequel elles déposeront leur ponte. Presque toujours on voit, dans l'endroit choisi par la fe- melle, trois ou quatre trous situés assez près les uns des autres, c'est dans le plus creux de ces trous, ordinairement droits, qu'on trouvera la ponte, les autres trous ayant été abandonnés par la femelle, soit parce qu'elle a trouvé le soi trop dur, soit parce qu'elle l’a trouvé trop mou et qu’elle a été génée par des éboulements, soit encore parce qu'elle a rencontré sur son trajet une pierre, un galet qui l’a empéchée de continuer son travail; si l'obstacle rencontré est peu con- sidérable, elle le contourne et suit une nouvelle direction tout en s'enfoncant dans le sable : la galerie n’a plus alors la forme droite habituelle. Pour savoir combien de temps les femelles mettaient pour creuser le trou dans lequel elles déposaient leur ponte, j'ai, plusieurs fois, en mai et juin, dans une partie de la ligne tres fréquentée par les Lézards, agrandi, visité et bouché soi- #neusement tous les trous, tant ceux qui n'étaient qu'ébau- chés que ceux qui contenaient les œufs dont je m'emparais et que je placais dans une petite boîte de fer blane contenant de la mousse légèrement humide. Pendant toute une après-midi j'opérais ainsi sur un parcours d'un kilomètre, ce qui, pour les deux banquettes, me faisait une longueur double pré- parée pour les observations du lendemain. Vingt-quatre heures après, je visitais les mêmes banquettes, et j'étudiais les travaux faits par les Lézards. Dans quelques endroits, je ne trouvais que des trous n'ayant que quelques centimètres de profondeur et abandonnés par la femelle, — trous creusés à peu de distance les uns des autres — ; en d’autres endroits, je rencontrais des trous du même genre et un, plus profond, contenant les œufs ; ailleurs enfin, je trouvais un seul trou contenant la ponte. Les femelles du Lézard des murailles et celles du Lézard vert peuvent donc creuser leur trou et 296 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. pondre en vingt-quatre heures, sauf lorsqu'elles rencontrent des obstacles pendant leurs travaux, et, dans ces conditions, la ponte n’a lieu que le lendemain ou même deux jours après. Chaque femelle dépose ses œufs en une seule fois, dans le même trou. La femelle du Lacerta muralis pond de trois à huit œufs ; elle ne fait qu'une seule ponte chaque année. Plu- sieurs femelles peuvent pondre dans le même endroit : j'ai trouvé vingt œufs de L. muralis près de la même traverse ; il est vrai que là une très petite fissure traversait entièrement la banquette de sable et aboutissait à la traverse, et les fe- melles en avaient profité pour venir y déposer leurs œufs. J'ai pris, comme je l'ai dit, des femelles occupées à creuser leur trou, et j'ai pu constater qu'elles travaillaient au moyen de leurs membres antérieurs et parfois même de leur museau, et que le sable était rejeté au dehors par les membres posté- rieurs. En ce qui concerne le Lézard des murailles, le trou contenant la ponte a de 0,10 à 0,20 centimètres de profon- deur ; il s'élargit vers le fond. Lorsque la femelle juge que la galerie qu'elle vient de creuser est assez profonde, elle se re- tourne et pond, tout au fond, dans un coin du trou, les œufs que contiennent ses oviductes. Ces œufs, d’un blane mat, dont je décrirai plus loin la forme et les dimensions, sont déposés les uns sur les autres et cependant ne se collent pas les uns aux autres comme il arrive pour ceux du Tropidonotus na- trix, qui forment presque toujours un gros paquet ; il m'est arrivé pourtant d'en trouver deux collés l’un à l'autre; j'en ai aussi rencontré qui étaient séparés par un peu de sable. La ponte terminée, la femelle se repose, — j'en ai pris plu- sieurs près de leurs œufs, exténuées, aplaties et portant au haut de chaque flanc, sur toute la longueur du corps, un large pli de peau qui ne disparaît complètement qu'après quelques semaines —, enfin elle se décide à sortir et ne s’oc- cupe plus de sa ponte. Je crois que la femelle n’interrompt pas son travail pendant la nuit, si elle a commencé à creuser son trou vers trois au quatre heures du soir. Lorsque rien ne détruit le travail de la femelle, la première grosse pluie d'orage fait tomber le sable de l'entrée du trou, et, au moment de l’éclosion, les petits Lézards n’ont qu'à cratter l'entrée de la galerie pour paraître au dehors, où, pourvus de tous leurs moyens, ils commencent immédiate- ment la lutte pour la vie. MOEURS DU LÉZARD DES MURAILLES. 907 En juin, on rencontre des femelles adultes ayant leurs œufs dans les oviductes et qui sont sur le point de pondre; on en trouve aussi beaucoup qui ont pondu et dont les flancs portent les plis caractéristiques. Pendant ce mois, les testicules des mäles adultes diminuent rapidement de vo- lume, et, en juillet, ils sont seulement un peu plus gros que des grains d’alpiste et ils en ont presque la couleur ; ils ont une forme très ovale et sont devenus d’un jaune brunatre; l'épididyme et le spermiducte ne contiennent plus qu’un peu de sperme, pas très riche en spermatozoïdes ; les organes composant l’appareil génital sont au repos. Les femelles qu'on capture en juillet ont, presque toutes, les oviductes vides ; la ponte ne se termine que vers la fin du mois, car le 24 juillet j'ai encore trouvé des œufs dans les oviductes d’une femelle. A la fin de juillet, il n’est pas rare de voir, sur les sentiers qui bordent les banquettes de la voie ferrée, quelques petits Lézards des murailles, nouvellement éclos, fuyant rapide- ment lorsqu'on s'approche d'eux ; ils proviennent des pre- mières pontes, qui ont été déposées en mai. En août, les testicules des males adultes deviennent un peu plus gros, mais il y a encore moins de sperme dans lépi- didyme et le spermiducte, et ce liquide ne contient plus de spermatozoïdes. Les femelles ont les oviductes vides, la ponte étant terminée. En septembre, les testicules, d'un blanc jaunâtre, augmen- tent de volume et, chez quelques mâles adultes, on y trouve déja d’assez nombreux spermatozoïdes, l’épididyme et le spermiducte ne contiennent que très peu de sperme dans lequel il n'y a pas de spermatozoïdes. Chez les femelles, les oviductes sont vides et, aux ovaires, les œufs qui devront être pondus l’année suivante sont très petits, blanchätres ou plutôt incolores chez la plupart des femelles et très légère- ment jaunâtres chez quelques autres. En octobre, les testicules des males adultes continuent à se développer ; ils deviennent d’un blanc jaunâtre et con- tiennent, chez la plupart, d'assez nombreux spermatozoïdes ; chez quelques sujets on trouve de rares spermatozoïdes dans l'épididyme. Les femelles adultes portent aux ovaires de tres petits œufs blanchâtres et d’autres, légèrement jaunâtres et d'environ un millimètre de diamètre, qui sont ceux qui vont Bull. Soc. at. Accl. Fr. 1897. 1), 298 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. continuer à se développer et seront pondus l’année suivante ; leurs oviductes sont vides. En novembre, les organes génitaux des mâles sont dans le même état que pendant le mois précédent ; il en est de même pour les femelles. En décembre et janvier, les testicules sont assez gros et d’un blanc iégèrement jaunâtre ; ils contiennent de nombreux spermatozoïdes ; l'épididyme et le spermiducte sont peu gon- flés de sperme dans lequel les spermatozoïdes sont encore peu nombreux. Chez les femelles, les petits œufs jaunâtres grossissent un peu ; leurs oviductes ne contiennent rien. En février, les testicules ont encore augmenté de volume et les spermatozoïdes y sont très nombreux ; l’épididyme et le spermiducte commencent à contenir une certaine quantité de sperme dans lequel, chez quelques mâles, les spermatozoïdes sont assez nombreux ; en mars, qui est le mois pendant le- quel commence l'accouplement, l’épididyme et le spermi- ducte sont gonflés de sperme très riche en spermatozoïdes. Pendant le mois de février, les œufs jaunâtres que les fe- melles portent aux ovaires ont la grosseur d’un gros grain de Millet ; il n’y a rien dans les oviductes. J'avais maintes fois essayé de faire éclore les œufs de Lé- zards que les jardiniers et les cultivateurs m’apportaient, et toujours l'embryon se laissait mourir lorsqu'il arrivait à la moitié de son développement ; j’essayais, chaque année, dif- férents moyens qui ne réussissaient jamais. Enfin, en 1895, j'organisai une boîte d'élevage qui me donna un plein succès et avec laquelle je fis éclore plus de deux cents œufs de La- certa muralis et de L. viridis, et autant en 1896; j'avais, bien entendu, aménagé plusieurs boîtes semblables. Cette boîte n’a pas de fond ; elle mesure 0,25 centimètres de hauteur, 0,33 de largeur, et 0,40 de longueur ; elle est recouverte d’un couvercle formé d’un cadre de bois sur lequel est tendue de la toile métallique ; ce couvercle est muni de charnières et de crochets. Il est bon de faire fabriquer cette boite en bois de chêne et de la faire peindre, pour qu’elle résiste mieux à l'humidité. Je fais un trou dans mon jardin, dans un endroit bien ex- posé, et j'y place ma boîte de façon à ce que le haut sorte d'environ 0,08 centimètres au-dessus du sol; cela fait, je la remplis, jusqu'au niveau du terrain extérieur, de sable ne MUEURS DU LÉZARD DES MURAILLES. 299 4 contenant pas de terre, pour permettre à l’eau de s'écouler rapidement dans le sol. Je prends ensuite quatre grands mor- ceaux d’ardoise que j'enfonce verticalement et entièrement dans le sable, jusqu'à ce qu'ils soient exactemént au même niveau que le sable. La partie supérieure et les côtés de ces morceaux d’ardoise étant coupés droits, et chacun de ces morceaux étant enfoncé parallèlement à 0,06 centimètres de chacun des côtés de la boite, je n’ai plus qu’à creuser le sable de 0,06 centimètres, dans la partie rectangulaire formée par les quatre morceaux d’ardoise, pour avoir une cavité assez spacieuse que je recouvre entièrement par une large ardoise, sur laquelle je place un épais matelas de mousse qui touche presque à la toile métallique du couvercle. Le sable de la cavité où sout les œufs doit toujours être humide ; il doit être arrosé chaque matin lorsque le temps est à la sécheresse, et pendant cette opération il faut éviter de verser l’eau sur les œufs ; lorsqu'il fait très chaud, il est indispensable d’arroser la mousse placée sur l’ardoise qui recouvre l'endroit où sont déposées les pontes. Il faut de grands soins pour faire éclore les œufs des Lézards ; si la sé- cheresse leur est nuisible, la trop grande humidité ne leur est pas moins funeste; on doit donc surveiller attentivement, chaque matin ou tous les deux jours, l'intérieur des boites, et, selon le degré d'humidité de la cavité où reposent les œufs, arroser légèrement tous les jours ou tous les deux ou trois jours, ou seulement une ou deux fois par semaine, ou même pas du tout si le temps est très pluvieux. Le 8 mai 1896, je visite minutieusement, sur la longueur d'un kilomètre, les banquettes du chemin de fer; je bouche tous les trous, après en avoir retiré les œufs que je mets dans du formol, pour les conserver en collection. Du 9 au 18 mai, je visite chaque jour les mêmes ban- quettes et je place les œufs que je récolte dans une des boîtes installées dans mon jardin. Avant de placer les pontes, j'ar- rose le sable pour lui donner l'humidité nécessaire et je mets les œufs sur plusieurs rangs. Au moment où les œufs du Lacerta murahs sont pondus, ils ont une forme assez allcn- gée ; ils mesurent de 0,010 à 0,012 millimètres de longueur et de 0,005 à 0,006 millimètres de largeur ; ils sont d’un blanc mat, sans aucune tache. Le 15 juin suivant, les œufs sont plus arrondis, plus gros; 300 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. ils ont de 0,012 à 0,013 millimètres de longueur et 0,010 de largeur. Chez les plus avancés, l'embryon, incolore, mesure de 9,011 à 0,012 millimètres de tête et corps, et 0,009 à 0,010 millimètres de queue ; ses yeux sont gros, sa tête est volu- mineuse, son corps mince, et ses quatre membres, encore rudimentaires, ont les extrémités palmées ; il est recourhbé sur lui-même ; le vitellus est encore considérable. Le 1er juillet, les œufs ont en moyenne 0,014 millimètres de longueur et 0,011 millimètres de largeur. L’embryon, blan- châtre, mesure 0,015 à 0,017 millimètres de tête et corps, et 0,015 millimètres de queue ; il est de plus en plus enroulé sur lui-même ; ses yeux sont gros, sa tête toujours grosse re- lativement au corps. Ses doigts se forment ; ceux de ses membres postérieurs sont déjà longs et la palmure n'existe plus. Le vitellus est encore assez volumineux. Le 15 juillet, les œufs, arrondis, ont de 0,014 à 0,015 mil- limètres de longueur et 0,011 à 0,012 de largeur. Le fœtus, enroulé sur lui-même, mesure 0,023 millimètres de lon- oueur du museau à l'anus et 0,030 millimètres de l'anus à l'extrémité de la queue; sa tête est moins grosse proportion- nellement au corps; il s'est beaucoup développé depuis quinze jours et il est presque entièrement formé; ses parties inférieures sont incolores ; ses parties supérieures commen- cent à prendre une coloration brunâtre et les raies blanches plus ou moins interrompues qui ornent les flancs sont indi- quées ; les doigts sont formés et ne sont plus palmés; les ongles se forment ; la dent caduque est bien visible au mi- croscope ; le vitellus est aux deux tiers résorbé. Lorsqu'on fend l'œuf, il s’en échappe beaucoup d’aibumine très limpide. Le 27 juillet, en ouvrant la boîte, je trouve deux jeunes sujets venant d'éclore; ces petits Lézards sont extrêmement vifs. Un œuf a ses coupures, et le jeune Lézard montre son museau à l’une des ouvertures faites à sa coque par la dent caduque. Le 28 juillet, il y a huit éclosions. Deux œufs ont des coupures et les Lézards naissent devant moi ; ils sont tres vigoureux des leur sortie de la coque. A sa naissance, le Lézard des murailles a de 0,024 à 0,027 millimètres du museau à l’anus et de 0,032 à 0,038 mil- limètres de l'anus à l'extrémité de la queue. Il a la coloration brunätre des adultes, avec deux lignes blanchâtres de chaque côté du corps et qui se prolongént en un pointillé blanchâtre MOEURS DU LÉZARD DES MURAILLES. 304 sur la queue; en dessous, il est d’un blanc très légèrement rose ou bleuâtre, avec des reflets métalliques. Le costume de quelques sujets se rapproche de celui des mâles ; les lignes blanchätres ne sont pas continues et le dessus du corps est marbré de fines taches noirâätres. Chez d’autres, au contraire, le costume est à peu près semblabie à celui des femelles; les lignes planchâtres ne sont pas interrompues et le dessus du corps porte une très étroite bande médiane noiratre. Avant l'âge de trois ans, il est difficile de reconnaitre le sexe des Lézards sans avoir recours à la dissection. Le 28 juillet, j'ouvre plusieurs œufs et j'y trouve des petits sur le point d’éclore. Ces Lézards ont toute leur coloration, mais portent encore un peu de vitellus attaché à l’ombilic. J'ai mesuré ces œufs avant de les ouvrir ; ils avaient de 0,014 à 0,016 millimètres de longueur et de 0,011 à 0,012 mil- limètres de largeur. Pendant les derniers jours qui précè- dent l’éclosion, l'œuf, volumineux, distendu, ne semble plus aussi blanc que de coutume ; cela provient de la coloration sombre du fœtus, qui se laisse vaguement apercevoir à tra- vers la coque. Dans la nuit du 28 au 29 juillet, ou dans la matinée du 29, cinq petits naissent. Pendant la nuit du 29 au 30 juillet, cinq petits naissent encore, et, dans la matinée du 30 juillet, un petit a coupé sa coque en plusieurs endroits ; ce dernier naïf dans la journée du 30. Dans la soirée du 30 juillet, deux petits ont fait des coupures à leur coque et passent leur museau hors de leur enveloppe ; ils naissent dans la nuit, ou dans la matinée du 31. Le 31 juillet, le dernier petit devant naître des pontes récoltées du 9 au 18 mai, coupe sa coque dans la matinée, et 1l sort de son enveloppe dans la soirée du méme jour. J'avais placé plusieurs pontes dans une autre boîte, et j'avais isolé chacune d'elles pour savoir combien de temps se passait entre l’éclosion du premier et du dernier petit de chaque ponte ; j'eus Les résultats suivants : 1° Ponte composée de cinq œufs : le premier petit naît le 11 août, le Cernier le 13 ; ‘2° Ponte composée de cinq œufs : le premier petit naît le 6 septembre ; le dernier sort de l’œuf le 15 du même mois ; 3° Ponte composée de cinq œufs : le premier petit naît le 9 septembre ; le dernier sort de l'œuf le 11 septembre. 302 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Dans d’autres boites, j'avais placé pêle-méêle un assez grand nombre d'œufs de cette espèce. En 1895, l'éclosion commença le 10 août et était terminée le 10 septembre. En 1896, l’éclosion commencait le 28 juillet, pour finir le 28 sep- tembre; on sait que la fin de l’été de 1896 fut tres humide. Lorsqu'une boite contient de nombreux œufs dont les petits sont sur le point d’éclore, plus il fait chaud, plus les éclosions sont nombreuses, et si la température devient fraîche les éclosions se ralentissent. Sur un grand nombre d'œufs ré- coltés en 1895 et 1896, je n’eus que des pertes insignifiantes. J'ai assisté bien souvent à l’éclosion du Lacerta murs, et beaucoup de sujets sont nés dans mes mains. Lorsque le petit Lézard veut sortir de son œuf, il s’agite sous son en- veloppe, et, au moyen de sa dent caduque, il fait à sa coque une première coupure aussi nette que celle qu'on pourrait faire à l’aide d’un rasoir; parfois cette ouverture suffit pour laisser passer le museau et la tête du Reptile. mais le plus sou- vent, il fait trois ou quatre incisions à sa coque. Il passe alors le bout de son museau à travers l’une des ouvertures, par lesquelles s'échappe un liquide albumineux tres limpide, et la tête ne tarde pas à paraître entièrement, il reste ainsi pen- dant quelques heures, souvent même pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures lorsque le temps est un peu froid, et se décide à sortir entièrement de sa coque. Il peut arriver que quelque nouveau-né porte encore un peu de ses enveloppes fœtales à l’ombilic, quand il sort de l'œuf, mais elles dispa- raissent bientôt, Dès sa naissance, le petit Lézard est très vigoureux et très agile; si on lui rend la liberté, il va immédiatement se cacher sous les herbes ou sous les pierres. J'ai dit qu'il ouvrait sa coque au moyen de sa dent caduque. Cette dent, située à la mâchoire supérieure, à l’intermaxil- laire, est placée horizontalement et dépasse le museau; on la sent parfaitement au toucher, lorsqu'on passe doucement le doigt sur l'extrémité du museau du jeune Reptile; elle est tranchante et parfois assez aiguë, plus aiguë que celle du Locerta viridis et beaucoup plus que celle du Tropidonotus natrixæ. J'ai fait de nombreuses expériences sur la chute de cette dent; chez le Lacerta muralis, elle tombe du premier au septième jour après la naissance, mais le plus souvent elle se détache le deuxième ou le troisième jour; quelques sujets MOEURS DU LÉZARD DES MURAILLES. 303 perdent cette dent au moment où ils achèvent de faire les coupures à leur enveloppe. Les cultivateurs trouvent quelquefois, en octobre et no- vembre, des pontes de Lacerta muralis contenant encore des embryons. On m'a apporté, le 17 octobre, six œufs dont les embryons étaient à peine arrivés à la moitié de leur déve- loppement et dont le vitellus était encore considérable. Les œufs qu'on trouve à cette époque proviennent de femelles - ayant pondu les dernières et ayant déposé leur ponte dans des endroits mal exposés; les premiers froids font périr le contenu de ces œufs. Le jeune Lézard des murailles grandit lentement. Ayant pris un très grand nombre de Lacerta muralis de toutes les tailles, il m'était facile de reconnaître les jeunes d’un an, et ceux de deux, trois et quatre ans. À un an,ce Lézard a en moyenne 0,037 millimètres de tête et corps, et 0,065 millimètres de queue. Sa coloration est à peu près la même qu'au moment de sa naissance, mais les raies claires des flancs ont un peu moins d'éclat, et, en des- sous, il a des teintes à reflets un peu plus métalliques ; à cet âge, il estimpossible de reconnaître extérieurement les sexes. A deux ans, il mesure environ 0,042 milimètres du museau à l'anus, et 0,073 millimètres de l’anus à l'extrémité de la queue. En dessus, sa coloration est la même qu'à un an, mais en dessous quelques points noirâtres commencent à se mon- trer ; il est encore presque impossible de reconnaitre les sexes sans ouvrir les sujets. A trois ans, les mâles et les femelles sont facilement recon- naissables à leur costume et à leurs caractères; ils ont en moyenne 0,049 millimètres de tête et corps, et 0,087 milli- mètres de queue. Ils ne sont pas encore en état de se repro- duire. À quatre ans, — je veux dire dans le courant de leur qua- trième année, les sujets ne devant avoir quatre ans qu'à l’époque de l’éclosion —, les Lézards peuvent se reproduire. La première ponte des jeunes femelles se compose ordi- nairement de trois œufs; je n'ai trouvé qu'une seule fois deux œufs dans une femelle de cet âge; ces femelles ont environ 0,052 millimètres du museau à l'anus, et 0,090 millimètres de l'anus à l'extrémité de la queue. Pr LA FARINE DE VIANDE D'’AMÉRIQUE POUR L'ALIMENTATION DE LA TRUITE (1) Par C. RAVERET-WATTEL, Vice-Président de la Société. J'ai déjà eu l'honneur d'appeler l'attention de la Société d'Acclimatation (2) sur l'emploi avantageux qui peut être fait, pour la nourriture du Poisson, des résidus de la fabrica- tion de l'extrait de viande dit Liebig. Peut-être ne sera-t-il pas inutile de revenir aujourd’hui, avec quelques détails, sur cette question. | Presque tous les pisciculteurs qui s'occupent de l'élevage de la Truite utilisent la viande de Cheval pour l'alimentation de leur Poisson, car c’est généralement la nourriture la plus économique que l’on puisse employer. Encore faut-il que cette nourriture ne coûte pas plus de 0,10 à 0,15 centimes le kilogramme. Achetée plus cher, elle ne laisse plus à l’éleveur qu'un bénéfice insuftisant sur la vente du Poisson, dont le prix de revient se trouve trop élevé. Or, dans certaines loca- lités, il devient parfois assez difiicile aujourd'hui de se pro- curer de la viande de Cheval à un taux acceptable et en quantité suffisante pour un établissement piscicole de quelque importance. J'ai signalé, dans la communication rappelée ci- dessus, les difficultés que nous rencontrions à ce sujet à la Station aquicole de Fécamp. Ces difficultés ne tendent qu'à s’accroitre, par suite des progrès constants de l’hinpophagie. A Rouen, au Havre, il existe des boucheries chevalines dont les propriétaires ont des agents qui, battant constamment la région pour garnir leurs étaux, ne laissent plus aux équar- risseurs que les Chevaux impropres à la consommation. Ces Chevaux, peu nombreux, se vendent beaucoup plus cher que précédemment; de telle sorte que le prix de la viande d’é- quarrissage atteint souvent jusqu'à 0,20 et 0,25 centimes le kilogramme, taux inabordable pour le pisciculteur. Nous (1) Communication faite à la Section d’Aquiculture dans la séance du 10 mai 1897. {2) Bull. Soc. Acclim. 1892, 1er semestre, p. 597. LA FARINE DE VIANDE D’AMÉRIQUE. 305 € avons donc été conduits à rechercher un mode d’alimenta- tion moins onéreux. Une semblable étude rentrait, d’ailleurs, essentiellement dans le rôle d’un établissement comme le nôtre, qui doit s'attacher à guider les producteurs et à leur faire connaître les procédés d'élevage les plus avantageux. Sans entrer ici dans le détail d'essais qui demandèrent quelque persévérance, je dirai que, de tous les produits mis en expérience pour remplacer la viande de Cheval, un seul jusqu'à ce jour (1) nous a donné des résultats vraiment satis- faisants; c'est celui que l’on trouve dans le commerce sous les divers noms de poudre de viande séchée de Kemmerich, farine de viande fourragère Liebig, etc., et dont les éléments sont fournis par l’industrie de la préparation des extraits de viande d'Amérique. Ce produit, qui se présente sous l’aspect d'une sorte de semoule jaunâtre plus ou moins fine, est, depuis quelque temps déjà, employé couramment dans cer- taines parties de l'Allemagne, eu Belgique, en Hollande, etc., pour rehausser, par sa richesse en principes azotés, les qua- lités nutritives de l'alimentation usuelle du bétail. En France, des essais entrepris à Haute-Goulaine (Loire-Inférieure) par M. André Gouin (2?) ont démontré l'emploi avantageux qui peut être fait de cette poudre de viande dans l’alimentation de l’espèce bovine. Mais si, par son titre élevé en azote, ce produit appelait forcément notre attention, son état pulvéru- lent, parfois presque poussiéreux, semblait, tout d’abord, devoir le rendre d’une utilisation peu commode pour la nour- riture du Poisson et en particulier des grosses Truites. Nous ne sommes parvenus, du reste, à l’'employer pour les Poissons d’un certain âge qu'en l’additionnant de farine de Blé, pour en préparer une sorte de pâtée, par un mouillage convenable. Voici comment nous opérons : La veille ou, mieux encore, l’avant-veille du jour où la nourriture doit être employée, on échaude la poudre de viande dans une bassine quelconque, en l’arrosant d'environ son poids d’eau presque bouillante, puis on la laisse tremper (1) Nous faisons, en ce moment, des essais sur un autre produit qui parait devoir être également recommandable ; mais ces essais n’ont pas encore été poursuivis pendant un temps suffisant pour qu'il nous soit permis de formuler, dès maintenant, une opinion définitive, (2) Journal d'Agriculture pratique des 2 novembre 1893, 27 septembre, 29 oc- tobre 1894 et 27 avril 1895. 306 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. et se gonfler pendant vinet-quatre heures. Ce temps suffit généralement pour lui permettre d’absorber la totalité de l’eau et de se ramollir complètement, en° perdant le toucher sec et grenu qu'elle avait tout d'abord, et qui la ferait refuser par le Poisson. On y ajoute alors, peu à peu, de la farine de Blé de seconde marque, dans la proportion de 50 °/,, en mouil- lant de nouveau avec assez d'eau pour obtenir, après un pétrissage énergique, une pâte épaisse, tenace, qui, divisée en petits morceaux et jetée dans l’eau, ne s’y désagrège que tres lentement. C’est dans cet état que nous la distribuons au Poisson. Lorsqu'on la prépare un peu à l'avance, soit, par exemple, un jour avant de l’employer, cette pâte acquiert plus de con- sistance, et l’on n'a guère à craindre de la voir se délayer dans l’eau. Nous y ajoutons généralement, pendant le pétris- sage, environ 5 ‘/ de sel marin. Par suite du prix peu élevé de la poudre de viande (28 fr. les 100 kilog.) et de la forte pro- portion d'humidité (environ 150 */, de son poids) que cette poudre reprend quand on la mouille (1), le prix de revient de la pâtée ne dépasse pas 0,12 ou 0,13 centimes le kilogramme. L'emploi de cette préparation est donc économique. Il pré- sente, en outre, cet avantage que l’éleveur est assuré de ne. jamais manquer de nourriture pour son Poisson, car la poudre de viande, se conservant très bien quand elle est tenue au sec, permet d’avoir constamment sous la main un approwi- sionnement de réserve. Il va sans dire que la pâtée de poudre de viande ne saurait être substituée brusquement à la viande de Cheval pour la nourriture de la Truite. On doit habituer le Poisson à cette pâtée, que l’on introduit graduellement dans son alimenta- tion, par petites doses. mélangées aux rations journalières de viande de Cheval, doses que l’on élève peu à peu jusqu'à substitution complète. Le mélange est d'autant plus néces- saire, au début, que la couleur blanchâtre de la pâtée, très différente de celle de la viande, tend naturellement à éloigner tout d’abord le Poisson. Celui-ci s’accoutume, du reste, très vite au changement. : Pour faciliter la transition, on peut mélanger à la pâte, du 1) Un kilogramme, soit environ 2 litres de poudre de viande-et 500 grammes de farine de Blé absorbent environ 2 litres d'eau et'donnent:ainsi plus-de 3 ki- lozrammes de pâte. LA FARINE DE VIANDE D’AMÉRIQUE. 307 sang d'abattoir qui en modifie la couleur. Maïs cette précau- tion n’est pas indispensable, les Truites s’habituant avec la plus grande facilité à la pâtée de farine de viande, dont l’em- ploi me paraît, par suite, pouvoir être conseillé partout où la viande de Cheval atteint un prix trop élevé, ou ne peut être obtenue que difficilement. Il y a là, je crois, une res- source que l'industrie piscicole ne saurait dédaigner. Je dois ajouter que la composition de la pàtée peut varier dans d'assez larges limites. Quand on y fait entrer du sang d’abattoir, on peut augmenter beaucoup la proportion de farine de Blé et mettre, par exemple : 1 partie (en poids) de sang, 1 partie de poudre de viande et 4 ou 5 parties de farine de Blé. Le sang ne coûtant rien, pour ainsi dire, et le prix de la farine de seconde marque ne dépassant généralement pas 18 fr. les 100 kilog., on arrive à préparer une patée qui revient, tout au plus, à 10 ou 11 centimes le kilogramme. On peut, avec cette pâtée, confectionner des galettes qu'on fait sécher, soit en les exposant à l'air, soit en les mettant quelques minutes dans un four tiède, et qui peuvent ensuite se conserver pendant plusieurs jours, en attendant le moment de l'emploi. Cassées en petits morceaux, ces galettes se distri- buent facilement, et les Truites vont fort bien chercher au fond de l’eau ceux des morceaux qui, n’étant pas saisis par elles pendant la distribution, tombent au fond des bassins. La poudre de viande est aussi une ressource excellente pour la nourriture de l’alevin des Salmonides. Truites com munes, Truites arc-en-ciel, Soimo fontinalis, Saumons de Californie acceptent parfaitement ce produit dans l’état où le livre le commerce. Mais il est toujours préférable, surtout pour le très jeune alevin, de ramollir préalablement la poudre en la mouillant un jour ou deux à l'avance, comme nous l'avons indiqué ci-dessus. La farine de viande commune, à 28 fr. les 160 kilog., étant parfois un peu grosse, il n’est pas inutile, quand on destine ce produit aux très jeunes Poissons, d'employer la qualité dite tamisée qui ne coûte que 2 fr. de plus, et qui, par sa finesse, convient mieux pour cet emploi. Quand nous employons cette poudre de viande pour les alevins, nous nous trouvons bien, après l'avoir fait gonfier dans une fois son poids d’eau environ, de la tremper dans du sang d'abattoir, qui lui communique une couleur brun-rou- geàtre, un peu comparable à celle de la viande fraiche. 3038 LES GRANDES LIBELLULES CONSIDÉRÉES COMME ANIMAUX UTILES DÉTRUISANT LES INSECTES NUISIBLES (1) par René MARTIN, de Blanc (Indre). Les Insectes directement utiles à l'homme, parce qu'il peut se servir de leurs produits, se réduisent à quelques douzaines d'espèces ; les Insectes nuisibles sont au contraire en nombre immense sur la terre, les uns ravageant les forêts, détruisant les récoltes, les objets de consommation, les vêtements et mille autres choses, les autres attaquant en face les hommes et les animaux domestiques; également très nombreuses sont les autres espèces, celles qui ne commettent aucun dégat préjudiciable à l’homme, mais semblent aussi, au premier abord, n être pour lui d'aucun intérêt immédiat. Pourtant, une partie de ces indifférents sont aïnsi quali- fiés à tort; ils nous rendent indirectement les plus signalés services en détruisant nos ennemis, et au lieu d'être classés dans le groupe des bêtes utiles, ils devraient former plutôt le sroupe des irdispensables. On pourrait certainement se passer des Abeilles et des Cochenilles, on ne pourrait pas peut-être se passer des Hyménoptères parasites et des Coléop- tères carnassiers. Il est, en beaucoup de cas, très difficile à l'homme de com- battre les Insectes nuisibles, parfois microscopiques, souvent nocturnes ou si bien cachés qu'on voit leurs déprédations sans les voir eux-mêmes, si pullulants surtout que l'imagination n’en peut concevoir le nombre; il lui faut, pour s’en débar- rasser, l’aide des Insectes de proie. Les Oiseaux insectivores peuvent coopérer à la destruction, mais, outre qu'ils laissent ordinairement de côté les espèces les plus malfaisantes, ils sont incapables de lutter et de s'opposer à l'énorme multipli- (1) Communication faite à la Section d'Entomologie dans la séance du 12 avril 1897. LES GRANDES LIBELLULES. 309 cation de ces terribles petites bêtes. Ce sont les Insectes in- sectivores qui seuls combattront victorieusement, et certains s’acquittent si bien de leur tâche qu'ils peuvent presque sup- primer, et très vite, non pas des milliers, mais bien des mil- liards d’ennemis. Qui n’a vu, en certaines années, ces chenilles velues couvrir de leurs bataillons innombrables des régions entières, et menacer de devenir, après une nouvelle multipli- cation normale, un épouvantable fléau ! Mais, au contraire, tout disparait, et ces chenilles deviennent plutôt rares parce qu'un Insecle ennemi à pu, au milieu d’une si abondante nourriture, se multiplier, lui aussi et opposer le nombre au nombre. On doit donc classer parmi les Insectes les plus utiles tous les ennemis des Insectes nuisibles, beaucoup de Coléoptères, d'Hyménoptères, de Diptères, des Hémiptères, voire quelques Orthoptères ; nous ajouterons et aussi des Névroptères et principalement les Odonates. Les Odonates ou Libellules naissent, comme on sait, d'un œuf déposé dans l’eau courante ou stagnante, suivant les espèces. La larve vit, durant une année, deux peut-être en certains cas, dans les rivières ou les étangs où elle est née, et, depuis sa naissance jusqu'au moment où elle deviendra Insecte parfait ou imago, elle chasse sans cesse et fait une ouerre sans trève à tous les petits animaux aquatiques. Il n’est pas prouvé que, durant cette période, elle doive être con- sidérée comme tres utile parce que, en dehors des larves de quelques bêtes malfaisantes, Cousins, Moustiques et autres, elle dévore surtout des animaux indifférents. Mais elle n’est pas non plus nuisible, et si les tres grandes espèces, repré- sentées en Europe, par les Anax formosus et parthenope, . attaquent exceptionnellement les très petits Poissons, cette destruction est certainement insignifiante. Un matin de printemps ou d'été, la larve (larve-nymphe de certains anteurs) sort de l’eau, grimpe sur une pierre, le long d'un brin d'herbe ou d’un jonc et demeure immobile au soleil. Peu apres, l’imago sort de son enveloppe larvaire, le corps se durcit, les couleurs se dessinent et les ailes s’éten- dent doucement, puis tout à coup l’Insecte s’élance en l’air et monte vers le ciel, aussi léger et aussi vif qu’il était aupa- ravant lourd et empêtré. 310 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Peu d'heures après sa naissance, la Libellule, à quelque espèce qu'elle appartienne, redevient un ardent chasseur, et soit qu’elle demeure aux aguets sur un jonc, prête à se jeter sur une proie, comme font les Agrionides, soit qu’elle explore d'un vol élevé et rapide les eaux et les champs à la manière des Æschnides, elle pourchasse tous les Insectes volant à sa portée. En cet état, les Odonates deviennent extrêmement utiles, utiles comme le sont les Hirondelles avec lesquelles ïls ont, comme chasseurs d'Insectes, tant de points de ressemblance. Du mois d'avril au mois d'octobre, nos Hirondelles euro- péennes, cantonnées dans les localités où elles nichent, s’en- volent dès l’aube à la recherche des Insectes aïlés et pour- suivent, tout le jour, leurs victimes dans tous les coins de l'air, Diptères variés, Ephémères nombreux, Trichoptères, plusieurs Hyménoptères, Coléoptères, Lépidoptères, une dou- zaine d'Odonates même, des Araignées, etc. Tout le monde s'accorde à les dire utiles parce que, avec une foule de Né- vroptères indifférents, elles avalent beaucoup de Diptères nui- sibles ou simplement incommodes. Or, tous les grands Odonates, Anax, Æschna, plusieurs Libellulines, Cordulines et Gomphines chassent exactement à la facon des Hirondelles, chassent les mêmes Insectes et en détruisent proportionnellement autant. Vous les voyez, aux premiers rayons du soleil, sur les rivières, étangs, champs, bois, prairies, passer et repasser d’un vol rapide, planer par moments, sauter les buissons, explorer les herbes et brusque- ment s'élever sur une proie qui est aussitôt saisie, broyée et rejetée en débris. Tous ces Anax, Æschna et Gomphus sont d’une extraordinaire férocité et tuent un nombre prodigieux de Diptères et autres Insectes, même d’autres Libellules. Aussi, en France, plus nombreux en certaines localités que les Hirondelles, ils contribuent autant qu'elles à purger l'air de ces myriades de Diptères qui souvent y pullulent. Ils font, de concert avec les Hirondelles, la besogne de jour, comme les Chauves-Souris font celle du crépuscule, mais ces der- nières ont un menu un peu différent, moins de Diptères et plus de Coléoptères. D'autres Odonates plus petits et moins agiles, comme les Diplax, ramassent sur le rivage des étangs, dans les champs et les bois, une foule de bestioles nouvellement écloses ; LES GRANDES LIBELLULES. ol d'autres, comme les Calopleryæ et plusieurs Agrions sont toujours à l'affut des Cousins, Tipules, petits Trichoptères et ondes voit à chaque minute saisir un Insecte microscopique, puis se poser sur une plante pour le dévorer à l'aise. Moins bons voiliers que les Æschnides, ils manquent souvent leur coup, mais la proie n’est pas plutôt dévorée qu'ils en recher- chent déjà une nouvelle. D'après les renseignements fournis par les chasseurs ento- mologistes, les Odonates des pays tropicaux, tout autant et plus que les Européens, font une effroyable consommation de Diptères, et comme les Diptères sont là-bas de terribles fléaux et que les Odonates y abondent, il faut les considérer comme éminemment utiles. Donc, partout l'Odonate est, à l'instar de l'Hirondelle, un animal utile à l'homme et là où manquent les Hirondelles, les Libellules peuvent les remplacer avantageusement. Que dire sur la protection à leur accorder! Personne ne songe à les détruire. Leurs vrais ennemis sont, en Europe, le Hobereau, qui dévore les grandes espèces, les Guifettes (Æydrochelidon), qui font une forte consommation des moyennes et des petites, les Hirondelles, qui attaquent sur- tout les moyennes nouvellement écloses ; et aussi certains Poissons qui se nourrissent de leurs larves. L'homme ne les détruit qu'en desséchant les étangs et en contaminant les rivières. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 4re SECTION (MAMMIFÈRES). SÉANCE DU 26 AVRIL 1897. PRÉSIDENCE DE M. DECROIX, PRÉSIDENT. M. Mailles, secrétaire de la Section, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance, et adresse le procès-verbal de la derniére réunion qui est lu et adopté. A l'occasion de la communication de M. Caustier sur l'ivoire, faite à la séance générale du 23 avril dernier, M. Decroix fait observer qu’une remarque de notre collègue concernant la dimension des dé- fenses des Eléphants femelles, toujours plus petites que celles des mâles, s'applique en général à'ioutes les femelles de Mammifères. Ainsi chez les Jumenis, les crochets sont moins saïllants que chez les Che- vaux : il s’agit là de caractères sexuels secondaires et les exemples analogues qu'on pourrait citer sont fori nombreux. M. Wuirion estime à 10 0/0 environ les Antilopes femelles dépourvues de cornes. A propos de la balle trouvée dans l'épaisseur d’une défense d’Elé- phant sans qu'aucune trace de blessure füt visible à l'extérieur, M. Wuirion cite un Zébre du Jardin d'Acclimatation dont la boiterie ne put être guérie que lorsqu'on ent procédé à l'extraction d'un silex gros comme une noix ef qui avait pénétré dans le sabot. En limant celui-ci. on s’aperçcut de la présence de ce corps pourtant assez volu- mineux mais que rien n'avait révélé jusque-là. M. de Guerne dit que le nouveau mode d'investigation fourni par les rayons X permet aujourd'hui de reconnaître très exactement les corps étrangers à l'intérieur des êtres vivants et de réussir par suite certaines opérations chirurgicales qu'on n'eût même pas songé à entreprendre autrefois. M. Decroix demande si le nouveau produit industriel dont il a été uestion, la laciite, destinée à remplacer l'ivoire pour de nombreux ee ne LUE pas amener une grande diminulion dans la vente de cette substance. M. de Guerne ne le pense pas. La laclite pas plus 2e celluloïd ne posséde l'élasticité de l’ivoire, qualité qui s'impose dans bien des cas, pour les billes de billard par exemple. Enfin l'ivoire Sera toujours recherché pour les travaux d'art et de luxe, sculpture, crustation, etc. Comme l'a dit M. Bourdarie dans la très intéressante conférence PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉIÉ. 313 faite par lui devant la Societé, l'Eléphant n’est recherché que pour l'ivoire. Les nègres et les explorateurs mangent les meilleurs morceaux de sa viande, faute de mieux et laissent perdre le reste. La place est d'ailleurs vite nettoyée par les animaux carnassiers, petits ou gros et la corruption, tres rapide sous le climat chaud de l'Afrique équatoriale achève rapidement leur œuvre. Pendant le siège de Paris, un Elé- phant fut acheté par un boucher au prix de 20,000 francs. La chair, dont beaucoup de gens affamés ont goûté à cette époque et qui fut sans doute mieux utilisée que celle d'aucun autre Eléphant, a paru généralement mangeable. M. le Secrétaire général signale, d'après M. R. Lydekker, de la So- ciété zoologique de Londres, la présences à Woburn Abbey (Angleterre), dans la ménagerie du duc de Bedford, d’un Cerf d'espèce nouvelle provenant du nord de la Chine. M. Decroix demande si le vœu émis par la Section pour propager Félevage de la Chèvre en Kabylie a été suivi d'effet. M. le Secrétaire général dit qu'il n’a recu aucun document nouveau à ce sujet : la question devra être reprise au Ministère de l'Agriculture. M. le Comte d'Esierno rappelle qu’en beaucoup de régions ce la France, les baux interdisent aux fermiers d’avoir des Chévres, La Chèvre se nourrit en effet suriout du bien d’autrui et quand elle de- meure chez son légitime propriélaire, elle n’est pas sans lui causer de sérieux dommages, car tout lui est bon, les haies, les jeunes pousses d'arbre, etc. Elle mange même parfois des plantes réputées véné- neuses sans en êlre incommodée. M. Decroix voudrait que dans les pays où la Chèvre a une utilité reconnue, les races les meilleures soient recherchées et vulgarisées. M. Wuirion indique la Chèvre d’Angora dont la peau se vend com- munémeut 20 francs, mais qui donne peu de lait. Certains établisse- ments commerciaux pourraient être cités comme ayant toujours trouve un beau produit dans l'élevage de ces Chèvres dont les petits à trois mois se vendaient 60 francs sans que l’on pût satisfaire à toutes les demandes d'achat. M. Milne-Edwards continue toujours ses démarches pour obtenir l'admission de la Chèvre aux concours agricoles, M. le Président fait observer que cette séance est la dernière de la session ; il remercie ses collègues de leur utile collaboration et ex- prime le souhait de les voir apporter à la Société, au retour des va- cances, des documents et des faits nouveaux en grand nombre. Pour le Secréiaire empêché, THUVIEN. Bull. Soc. nat, Accl, Fr, 1897. — 21, 344 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. 3e SECTION (AQUICULTURE). SÉANCE DU 5 AVRIL 1897. PRÉSIDENCE DE M. EDMOND PERRIER (DE L'INSTITUT), PRÉSIDENT. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Secrétaire général présente le programme de l'Exposition in- ternationale de pêche qui aura lieu à Bergen en 1898 et donne lecture des articles les plus intéressants pour la seclion. C2 programme sera publié #n ertenso dans le Bulletin. F ; M. Berthoule a visité une Exposition semblable qui a eu lieu voici quelques années à Gothembourg. Elle était fort intéressante et il est probable que par suite de l’émulation et de la concurrence qui existent entre les différents peuples scandinaves. d’une part, et les Allemands, d'autre part, l'Exposition de Berger sera irès belle. Que les Francais y participent ou non, ils trouveront certainement l'occasion de s’y instruire. A ce propos, M. Perrier annonce qu'un Musée de pêche marilime est en voie d'organisation à Saint-Vaast-la-Hougue, où le Laboratoire dépendant du Muséum d'histoire naturelle et dont il est le Directeur, dispose de vastes locaux. Les bâtiments réservés au Musée et dont on pourra voir les plans à l'Exposition de Bruxelles, sont déjà presque entièremert aménagés. M. le Secrétaire général présente des Carges conservées dans l’al- cool, provenant du réservoir de Grosbois (Côte-d'Or) et donne lecture d'une lettre {en date du 4 avril 1897), de M. Vaillard, conducteur des Ponts et Chaussées à Pouilly-en-Auxois, exposant les conditions dans lesquelles une grande mortalité s’est produite sur ces Poissons. « Le réservoir de Grosbois, quand il est plein, contient 9 millions de mètres cubes d'eau avec 120 hectares de superficie ; son fond est assez plat et l'été, quand on 2 tiré une assez grande quantité d'eau pour alimenter le Canal (de Bourgogne), une surface sérieuse est à découvert et les amodiataires des francs bords labourent et sément des Orges, Avoines et Blés noirs ; si la tenue d'eau monte avant la récolte, tant pis pour eux et lant mieux pour le Poisson. C’est ce qui est arrivé en 1896 ; à la veille de la récolte, une montée rapide a englouti les Céréales qui recouvraient peut être 30 hectares de la cuvette. Il est évident que le Poisson qui se trouvait alors au réservoir a profité de cet accident, et actuellement les Carpes qui meurent aujourd'hui, pe- saient seulement 330 grammes quand on les a mises au réservoir, en novembre 1895, clles pèsent en moyenne plus de 1 kil. 500. Elles ont trouvé à se nourrir avec d autant plus d'abondance que leur nombre était restreint; on n’en avait mis que 2,400 et en dehors de cetempois- PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 315 sonnement, il n’y avait au réservoir que du Poisson blanc de diverses espèces, de la Perche et du Brochet qui s’y reproduisent. Une con— dition très bonne encore a favorisé le développement des Carpes ; depuis l'automne dernier, le réservoir est plein et l’eau s’y renouvelle par des déversements considérables. La cuvette du réservoir formée d'un sol argilo-calcaire n’est vaseuse que tout à fait dans le fond où les Carpes ne se tiennent pas ; elle est complètement nue, sans arbustes ni roseaux, ce qui, avec les mouve- ments d’eau fréquents, est la cause du non alevinage de la Carpe. Les gens du pays attribuent la mortalité de ces belles Carpes à la trop grande quantité de Blé noir (Sarrasin) qu’elles ont mangé. Ils prétendent que ce fait s'est déjà produit une fois et précisément aussi à la suile dune submersion de récoltes. En tous cas, il n y a point trace de mortalilé dans le Canal où ont été mises des carpettes, provenant également des étangs d’eau limpide de Morvan. Au réservoir, aucun autre Poisson que la Carpe ne semble malade. Dans les petits cours d’eau de la région, il n’y a pas de Carpes et sauf l’Écrevisse que l'épidémie a fait presque disparaître, les rares Poissons qui s’y trouvent et qui échappent aux braconniers ne sont pas davantage malades. » M. Perrier pense que la fermentation et la décomposition des ma- tières organiques submergées a pu causer cette mortalité. M. Raveret-Wattel fait observer que la quantité d’eau du réservoir est bien grande pour qu’une pareille cause puisse produire un tel effet. M. le Secrétaire général dit que les Poissons seront examinés avec soin et qu'on cherchera en particulier à voir si quelque maladie mi- crobienne ou le développement de quelque Psorospermie n’est pas la cause du désastre. Lecture est donnée d'une note de MM. Fabre Domergue et Biétrix sur: La période critique post-larvaire des Poissons marins, voir ci-après, page 331. Lecture est donnée du vœu concernant la Pêche et la Pisciculture que M. de Galbert a fait adopter par la réunion des Agriculteurs de France, section du département de l'Isère (voir ci-dessus page 278; ce vœu a donné lieu dans la presse à diverses observations, et l’on ne peut nier que certaines d’entre elles ne soient assez justes. M. Boigeol s'étonne par exemple d’entendre réclamer la création d'établissements départementaux de pisciculture. Le Gouvernement n’a pas voulu reconstruire Bouzey afin de laisser les établissements privés se développer, et M. de Galbert demande, en somme, la création dans tous les départements, de laboratoires analogues à celui de Bouzey. M. Berthoule fait remarquer que les établissements départementaux seraient souvent les clients des particuliers et achèteraieut des œufs aux établissements privés, comme cela s’est souvent produit déjà. 316 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. M. le Secrétaire général donne lecture d’un rapport qui vient de paraître au Journal Officiel, et qui est adressé au Président de la République par le Président du Conseil, Ministre de l’Agriculture ; ce rapport est suivi d’un décret concernant les transactions consenties au sujet des délits et contraventions en matière de Pêche. Par une con- séquence naturelle du transfert récemment opéré du service de la Pêche, des Ponts et Chaussées aux Forêls, la seconde de ces Admi- zistrations se trouve investie des pouvoirs nécessaires à la surveil- lance de la pêche, rolamment pour ce qui concerne les délits ou contraventions. : Des renseignements sur l'élevage des Saumons de Californie pro- venant des œufs distribués par la Société sont ensuile communiqués. Ces Poissons semblent avoir tres bien réussi partout. Cette année, certains établissements ne pouvant garder tous les alevins qu'ils ont obtenus, ont même demandé à les partager. La Sociélé les a fait ré- partir entre plusieurs de ses membres qui continueront à les élever et à en faire l'étude dans de bonnes conditions. Peut-être saura-t-on enfin, daps trois ans, si le Saumon de Californie peut se reproduire en eau close sans aller à la mer et aussi sans périr, après s'être allégé, volontairement ou non, des œufs et de l2 laitance. M. Raveret-Wallei demande si quelques-ues de ses collègues se- raient disposés à faire des expériences pour recherchér les causes qui donnent à la chair des Poissons la ieïnte saumonée. La nourriture joue, certainement, un grand 1ôle dans ce phéncmene, mais rien n’est encore prouvé; en dehors de son côlé scientifique, la question est également intéressante à résoudre au point de vue pratique. On sait en effet, que la Truite saumonée, par exemple, est regardée comme de qualité supérieure à la Truite blanche. Le Secrétaire-adjoint, A. BOIGEOL. SÉANCE DU 10 MAI 1897. PRÉSIDENCE DE M. EDMOND PERRIER (DE L'INSTITUT), PRÉSIDENT, ET DE M. RAVERET-WATTEL, DÉLÉGUÉ DU CONSEIL. Le procés verbal de la dernière séance est lu el adopté. M. le Secrétaire genéral présenle un fort bel ouvrage de M. Albert Petit, intitule La Truite, entierement consacré à la pêche de ce Poisson, à la Mouche arüficielie. à M. de Guerne présente ensuite deux volumes qui viennent d'être envoyés à la Sociélé par la Commission des Pêcheries des États-Unis. On 7 trouvera, outre un grand nombre d'arlicles du plus haut intérêt, PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 317 d'excellents dessins et des fac-simile de photographies tirées avec une rare perfection. Dépouillement de la correspondance. Lecture est donnée d’une cir- culaire de M. Raphaël Dubois, professeur à la Faculté des Sciences de Lyon et président de la section de zoologie au congrès de l’Association française pour l'avancement des Sciences qui doit se réunir à Saint- Étienne du 5 au 12 août prochain. Plusieurs questions soumises à l'examen de la section intéressent l'Aquiculture (Voir ci-dessus, page 253). M. Thoulet, professeur à la Faculté des sciences de Nancy, se pré- occupe d'augmenter la consommation du Poisson en France et d’in- troduire l’usage habituel de la Morue dans l'alimentation de l’armée sous une forme agréable. Il demande si la Société ne pourrait pas lui procurer des échantillons de saucisson et de farine de Poisson, em- ployés en Allemagne. M. Wuirion fait remarquer que le Syndicat des Halles de Paris en- couragerait probablement ces recherches. Une démarche sera faite à ce sujet auprès de son Président. M. E. Cacheux envoie de nouveaux renseignements sur la section francaise de l'Exposition internationale de Pêche et de Pisciculture qui doit avoir lieu à Bergen en 1898. Plusieurs membres de la Société ont accepté de faire partie du Comité d’organisation. M. Ramelet, répondant à une letire de M. le Secrétaire général, écrit que les Truites arc-en-ciel provenant des œufs importés des États-Unis par la Société mesurent 6 à 7 centimètres à la date du 2? mai. Les Sau- mons de Cælifornie, de même origine, ont 8 centimètres et sont un peu plus forts que les Truites. M. Ramelet er a expédié un certain nombre dans des étangs où l'élevage s'effectuera dans de bonnes conditions. Tous les bassins de l’établissement de Neuvon sont d’ailleurs occupés par les alevins produits sur place et dont le nombre va s’accroissant chaque année. M. Raveret- Wattel donne des renseignements sur l'élevage du Saumon de Californie qui réussit très bien au Nid-de-Verdier. La grande voracité de cette espèce rend son alimentation très facile. À ce propos, M. Boigeol fait remarquer qu'il a été obligé de sup- primer la rate pour nourrir le Quinnot. Les alevins se précipitaient sur la rate avec une telle gloutonnerie qu’il en résultait souvent des accidents. M. Raveret-Wattel a, lui aussi, supprimé la rate et n’emploie plus pour l'alimentation des alevins que la farine de viande Liebig. Il pré- sente un échantillon de cette farine et donne sur son emploi des indi- cations qui seront publiées dans le Bulletin (voir ci-dessus page 304). M. Wuirion signale l'envoi d'œufs de Truites arc-en-ciel eéxpédiées de France à Constantinople par l'établissement de Bessemont. Ces œufs, transportés par l’Orient-Express, sont arrivés à destination "MENT 318 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. après sept jours de voyage ; bien que beaucoup d'entre eux fussent complètement blancs, ils sont cependant presque tous éclos. M. Raveret-Wattel donne de nouveaux renseignements sur l'élevage des Écrevisses d'Amérique (Cambarus affinis) en Normandie. Les fe- melles actuellement vivantes au Nid-de-Verdier sont chargées d'œufs. Un nouvel envoi de Cambarus. fait des États-Unis, vient d'arriver à l’é- tablissement. Ces Crustacés n’appartiennent malheureusement pas à la même espèce que les précédents. Ce sont des Cambarus virilis, remar- quables du reste, par leur belle taille, mais qui ne s’accoupleront sans doute pas avec les C. affinis. Le Secréfaire-adjoint, À. BoiGEox. 5° SECTION (BOTANIQUE). SÉANCE DU 25 MAI 1897. PRÉSIDENCE DE M. HÉDIARD, VICE-PRÉSIDENT. Le procès verbal de la séance du 16 mars est lu et adopté. M. le Secrétaire général fait observer que la Section ne s'est pas réunie le 20 avril, à cause des vacances de Pâques. Cette séance pourra être tenue ultérieurement ou remplacée par une excursion con- sacrée à la Botanique. En attendant, les membres présents sont priés d'assister à une visite organisée par la Section d’Entomologie et qui aura lieu ie 30 mai, aux ruchers du Jardin du Luxembourg et du Pare de Montsouris. Cetle visite intéressera certainement les botanistes, à cause des relations bien connues des Insectes avec les fleurs et de la question spéciale des plantes mellifères. M. le Secrétaire général signale deux publications périodiques, paraissant à Bruxelles et avec lesquelles la Sociélé échange depuis peu son Bulletin : Le Mouvement géographique et La Belgique coloniale. Ces recueils, illustrés de nombreuses reproductions photographiques, marlent surtout du Congo belge et de ses produits, notamment du caoutchouc. Cette substance commence à être falsifiée par les indi- gènes, qui y introduisent des matières lourdes, afin d’en augmenter le poids. M. Hédiard s'étonne de voir toujours importer le caoutchouc d’An- gleterre en France, alors qu'on pourrait le faire venir directement de nos colonies. Il pense que, si les producteurs français arrivaient à obtenir des Sociétés de navigation des tarifs favorables pour des expé- ditions d'essai, on triompherait peu à peu de la vieille routine, au grand profit de la richesse nationale. M. de Guerne cite, comme exemple de ee que l’on peut faire en ce PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. 319 sens, le résultat obtenu par la Belzique pour l’ivoire. Le marché créé à Anvers, pour la vente de ce produit, attire les acheteurs et fait aujourd'hui une sérieuse concurrence aux marchés similaires anglais et allemands. M. Hédiard se plaint de la qualité inférieure des gommes que l’on importe actuellement. Autrefois la gomme était pure, de bon goût, de couleur blonde, se brisant facilement. Aujourd'hui le goût en est amer, sans doute par suite de quelque mélange dans les provenances. M. Rathelot demande si la Société a reçu des graines de plantes à caoutchouc. Il désirerait que des essais de culture fussent tentés pour propager ces végétaux dont les produils recoivent des applications de plus en plus nombreuses. M. le Secrétaire général répond que des dé- marches sont faites pour se procurer de ces graines. Mais il fait observer que la culture des végétaux en question présente certaines difficultés et ne doit être tentée que dans des conditions spéciales bien déterminées. M. de Guerne demande comment on pourrait se procurer en forte quantité des graines de Grand Soleil, pour réaliser un projet récemment soumis à la Société par M. le commandant Labrousse et qui consiste à propager la plante dont il s’agit, dans les régions malsaines de Mada- gascar, les Soleils ayant la propriété de faire disparaître les fièvres paludéennes. M. Chappellier pense qu'il sera facile de trouver ces graires cou- ramment employées pour la nourriture de divers Oiseaux, des Perro- quets entre autres. Mais il fait observer que les Æucalyptus qui ont si bien réussi ailleurs, vaudraient peut-être mieux. Le Grand Soleil ne s’accommodera sans doute pas du climat des régions chaudes et maré- cageuses de Madagascar, précisément là où il importerait de le planter. A propos des plantations qui éloignent la fièvre, M. Rathelot cite une propriété possédant un étaug entouré de Peupliers, qui ne parais- sait pas malsaine et semble l'être devenue à la suite de l’abatlage des arbres. Ceux-ci ayant élé coupés, deux enfants furent atteints peu après de la fièvre dans la propriété même. Lecture est donnée dune note de M, Decaux, sur le Jujubier, en Corse et en Algérie. Cetle note sera publiée au Bulletin. M. Rathelot offre des graines de Pois : 1° Espèce à cosses violettes dont il a recu les premières graines de la Société d'Acclimatation. Ce Pois donne de jolies fleurs de coloration variée, rappelant le Pois de Senteur. 2° Pois arborescent à tige grosse et donnant un seul bouquet de fleurs au sommet. 3° Pois voisin du Lupin, servant à falsifier le Café et désigné pour cette raison sous le nom de Moka. En Normandie, on apprécie le mé- lange de ce Pois grillé avec le Café. L'infusion de ce mélange a un goût très agréable. 320 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. 4° Pois d'Espagne ou Pois chiche (Cicer arietinum). Au sujet des Pois chiches d'Espagne ou Garbanzos, M. Chappellier dit qu'il en a mangé dans le Midi ct les a trouvés très médiocres : ils étaient surtout remarquables par leur dureté. M. Hédiard cite des Pois d'Espagne, devenant tendres à la cuisson et d’un goût fort agréable. Ces Garlanzos viennent de Valladolid et de Salamanque. Ceux de Malaga ne sont pas bons. Les prix varient suivant la qualité. Les premiers se vendent de 120 à 140 fr. les 100 kilogs, les autres de 30 à 40 fr. seulement. Leur qualité dépend beau- coup du sol qui les produit. Provenant des terrains calcaires, ils cuisent mal. Les Pois de bonne qualité sont ordinairement carrés et ridés ; ceux de mauvaise qualité sont ronds et lisses. Le rendement de la plante est d’ailleurs faible ; il n’y a qu'un ou deux grains par cosse. Ce Pois est très bon à manger frais. M. Chappellier recommande également la Lentille fraîche comme un mets très délicat. Le seul inconvénient qu'elle présente est d'être fort longue à écosser. M. Hédiard fait l'historique de l'introduction de la Lentille en France. D’abord cultivée à Gallardon (Eure-et-Loir) où elle a acquis une grande réputation, la Lentille cessa d’être plantée en grande quan- tité à la suite de l'extrême multiplication des Charancons du genre Bruchus. Cultivée ensuite en Lorraine, le même fait se reproduisit ; en Auvergne, elle fait encore l’objet d’une culture assez étendue, malgré les Charancons. La France importe d’Espagne la majeure partie des Lentilles qu’elle consomme. Dès leur introduction sur notre sol, elle sont baptisées du nom réputé de Gallardon. M. Rathelot présente la photographie d’une plante ornementale, Spiræa venusta, qu'il avait trouvée rabougrie dans le departement de la Côte-d'Or et qui, grâce à ses soins, a pu alteindre jusqu'à 2 mètres de hauteur, vivace et donnant des fleurs odoranles. M. Hédiard, pendant un récent voyage dans le Midi de la France, a été frappé du développement des plantations de Palmiers, Dattiers, Cocotiers, etc. Ces arbres commencent à devenir réellement magni-— fiques. Leur acclimatation en ce pays peut être considérée comme un fait accompli. A propos des Palmiers, M. Rathelot rapporte quil obtient une imi- tation du port très décoratif de ces végélaux en faisant subir un trai- tement particulier aux Yuccas. Lorsque les Yuccas viennent à fleurir, on enlève la hampe florifère une quinzaine de jours après son appari- tion. Cette opération esi répétée toutes les fois que se montre une nou- velle hampe florale. On obtient ainsi, au bout d’un certain nombre d'années, un végètal qui peut s’élever jusqu'à 2 mètres de hauteur et dont les feuilles très développées présentent plus ou moins la forme d’un Palmier. Pour le Secrétaire empéché, THUVIEN. EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. OBSERVATIONS FAITES SUR L'APPARITION DES FIIRONDELLES EN ALGÉRIE. Oran, 19 février 1897. Monsieur le Secrétaire général, Plusieurs de nos confrères poursuivent des recherches sur la question de savoir si des Hirondelles séjournent en France pen- dant l’hiver. Cela m'a amené à faire la remarque de leurs premières apparilions à Oran et à en prendre note. — Or, j'ai vu, en 1896, des Hirondelles à ventre blanc, le mardi-gras, 18 février. Cette année, j'ai vu deux hirondelles noires (Martinets) voler toute l'après-midi du lundi 1°* février ; j'ai vu aussi d’autres hirondelles le 10 courant, je les crois à ventre blanc, mais je n'ai pu les examiner - assez pour l’affirmer positivement. Veuillez agréer, etc. LEROY, Sous-inspecteur des Domaines. >< LES SOCIÉTÉS PROTECTRICES DES OISEAUX UTILES DANS LES ÉCOLES DU CANTON DE REBAIS (SEINE-ET-MARNE). Château de la Brosse Saint-Ouen (Seine-et-Marne), 11 mai 1897. Monsieur le Secrétaire général, Voici un certain nombre de renseignements demandés aux institu- teurs du canton de Rebais et qui me sont parvenus trop tard pour être utilisés dans la communication que j'ai faite à la Société le 2 avril (1). (1) Voir ci-dessus page 256. — Il a paru bon de réunir ici divers documents sur la protection des Oiseaux utiles, beaucoup de membres de la Société s’in- téressant vivement à la question. [Note du Secrétariat.) 322 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Vous apprécierez s’il y a quelque intérêt à en donner connaissance comme suite à celte communication : Sur dix-huit écoles, quinze ont envoyé les renseignements de- mandes : Dans deux écoles, il existe des sociétés spéciales de protection des Oiseaux. Un des instituteurs a été récompensé par une mention hono- rable en 1595. Dans une école, il y a une société générale d’encouragement au bien, dont une des fonctions principales s'applique à la défense des nids et des petits Oiseaux. Des inscriptions à un tableau d'honneur et des punilions servent de sanction aux statuts de ces sociétés. Onze écoles font rentrer la protection des Oiseaux, soit dans l’en- seignement général, soit dans les lecons spéciales d'agriculture ou de morale. Dans toutes, il y a à celte occasion des devoirs spéciaux, rédactions et problèmes, auxquels le tableau Faugé sert de point de départ; Une seule école avoue être resiée étrangère à cette partie de l'ensei- nement ; elle est dirigée par un instituteur plein de bonne volonté et je suis sûr qu'il a suffi de lui indiquer cette lacune pour qu'elle ait été aussitôt comblée. A la suite de presque tous les questionnaires qui mont été ren- voyés, remplis par chacune de ces écoles, je trouve une phrase bien significative et analogue à celle que je cite textuellement - « Les parents des enfants comprennent maïntenant la valeur de ces pré- € cieux auxiliaires du culfioafeur. » Ce n’est pas le premier exemple du bieafait de l’école remontant de l'enfant aux parents et redescendant de ceux-ci à l’école en faisant d'eux les plus utiles surveillants de l’application des lecons qui sy donnent. Pardonnez moi, et faites moi pardonner au besoïn, l'insistance que j'ai mise à défendre nos instituteurs contre un soupcon d'indifférence au sujet d’une de leurs plus utiles obligations; j'y ai vu surtout l'occa- sion de prouver par ce qu'ils avaient fait et ce qu’on peut faire partout pour la remplir. Veuillez agréer, eic. L. CHazaL. EXTRAITS ET ANALYSES. LES SOCIÉTÉS PROTECTRICES DES OISEAUX DANS LES ECOLES PRI- MAIRES. — REMARQUES SUR QUELQUES OISEAUX UTILES (1), Par F. Decaux. Depuis une dizaine d’années, grâce aux encouragements donnés par ie Ministère de l’Instruction publique et le Ministère de l'Agriculture, un certain nombre d'Instituteurs communaux, de diverses parties de la France, ont créé, avec le concours de leurs élèves, des associations protectrices des Oiseaux et autres animaux utiles à l'Agriculture ; on ne saurait trop encourager ces petites sociétés qui, en appelant l’atten- tion des enfants sur les amis et ennemis de l'Agriculture, pourront aider, plus tard, à la connaissance de leurs mœurs et faciliter ainsi le moyen de protéger les uns et de combattre les autres. Dans sa séance du 24 décembre 1896, la Société nationale d'Horli- culture de France m'a fait l'honneur de me désigner pour donner mon appréciation sur les statuts d’une société de ce genre et sur la liste des Oiseaux, Insectes et animaux utiles et nuisibles à l'Agriculture, dres- sés par M. E. Géry, instituteur à Jeufosse (Seine-et-Oise). Les statuts de la société scolaire de Jeufosse comprennent dix ar- ticles. Son but est la protection des Oiseaux et animaux qui, en liberté, rendent des services à l’homme, principalement de ceux que certains préjugés font considérer à tort comme nuisibles, tels que : la Chauve-Souris, la Chouette, le Chat-Huant, le Hérisson, le Crapaud, etc. La société poursuit également la destruction de tous les animaux nuisibles à l'Agriculture. Pour en faire partie, il faut être élève de l’école, avoir 7 ans au moins et 14 ans au plus. La cotisation est fixée à 10 centimes par an; en cas de dissolution, l'actif social sera employé en achat de livres d'agriculture pour la bibliothèque scolaire. Deux tableaux : l’un indi- quant les principales espèces utiles, et l’autre les principales espèces nuisibles à l'Agriculture, seront affichés dans l’école. Des réprimandes sévères seront infligées aux petits sociétaires ayant détruit un nid. Des prix et récompenses seront décernés aux membres de l'association qui auront détruit le plus grand nombre de Hannetons, de papillons et autres Insectes nuisibles. Sous le nom de : Recherches sur les Oiseaux, les Insectes, les Vers, les Arachnides, utiles el nuisibles aux animaux et aux plantes, M. Géry a (1) Résumé d’observations présentées dans la séance générale du 2 avril 1897, à la suite de la communication de M. Chazal, voir ci-dessus page 236. 324 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. établi une longue liste contenant environ 475 noms, classés en 14 ta- bleaux. Chaque tableau est divisé en trois colonnes : la première donne le nom latin, la seconde le nom vulgaire, la troisième indique les services rendus ou les dommages causés et la plante ou l’animal attaqué. + x Pour en revenir à la question des Oiseaux utiles ou nuisibles, j'ajouterai que les petits Oiseaux qui fréquentent nos cultures, même les granivores reconnus, sont insectivores au moment des couvées, qu’avaut de proscrire telle ou teile espèce, on fera bien d’étudier, par des analyses, le mode de nourriture de chaque espèce, pendant toute l’année ; alors, seulement, on pourra se prononcer sur leur degré d’uti- liié. Je prévois, que celle étude donnera lieu à bien des surprises. Quelques exemples pris par hasard : le jabot d’un Corbeau freux, cap- turé le 20 avril, dans la plaine de Nanterre, près le Mont-Valérien, contenait une soixantaine d'O/iorhynchus Wgustici, Éenebricosus, picipes, rancus, scabrosus, peritelus, griseus, ete., (tous avalés entiers), Insectes des plus nuisibles à l’arboriculture fruitière et que les petits Oiseaux réputés insectivores n'atlaquent pas. Le Loriot, l'Etourneau, incriminés pour avoir mangé quelques cerises, nous débarrassent d'un grand nombre d'Insectes nuisibles laissés par les Becs fins. La Caille, à son arrivée dans nos cultures, du commencement d'avril à la fin de mai, vit uniquement d’'Insectes, plus particulièrement de Charancçons : Ofiorhynchus et autres; notre savant collègue, M. Creité de Pailuel, qui a minutieusement étudié la nourriture des Oiseaux et particulière- ment celle de la Caïille, pendant les deux premiers mois de son arrivée, a conservé, en alcool, une trentaine de leurs jabots remplis unique- ment d'Insectes, principalement de Charancons, à l'exclusion de toute graine. Dans un verger du départenent de la Somme, où An#honomus pomorum a détruit un tiers de la récolte, l'exploration minutieuse des parois d’un nid de Fauvette avec cinq jeunes, m'a montré des che- nilles de Chematobia (nuisibles) et quelques Hyménoptères, parasites de l’Anthonome (très utiles), mais pas un seul Anthonome? D'une facon générale, les Oiseaux insectivores (Becs fins) de nos jardins n’attaquent pas les Charancons, ni les Chenilles poilues, qui sont très nuisibles. Comme conclusion, j'émels le vœu, que je voudrais voir appuyer par la Société, que des recherches approfondies soient entreprises sur la nourriture des Oiseaux qui fréquentent nos cultures, que les Insectes trouvés dans leur jabot soient déterminés (au moins quant à la fa- ” mille) ; mieux éclairé à la suite de ces études, i'agriculteur pourra, selon ses intérêts, attirer et propager les espèces qui doivent lui rendre des services réels. X< EXTRAITS ET ANALYSES: USA ÉCOLE DE JEUFOSSE (SEINE-ET-OISE). STATUTS DE LA SOCIÉTÉ PROTECTRICE SCOLAIRE DES OISEAUX ET DES ANIMAUX UTILES, Encouragee par lettre de M. le Préfet de Seine-et-Oise en date du 12 août 1896. Article 1%. — Il est fondé, dans l’intérêt de l'Agriculture, par les élèves de l'école de Jeufosse, une Sociéfé protectrice des Oiseaux ef des animaux utiles, qui a pour but de protéger les Oiseaux, ainsi que les autres animaux qui, tout en vivant en liberté, rendent des services à lhomme (particulièrement ceux que certains préjugés font considérer à tort comme nuisibles, tels que : la Chauve-Souris, la Chouette, le Chat-huant, le Flérisson, etc.), et de détruire les animaux et les In- sectes nuisibles à l’Aericulture. Art. 2. — Kont pariie de cette Société, avec le consentement de leurs parents ou tuteurs, les enfants sachant lire et écrire, âgés de scpt ans au moins et de quatorze ans au plus, qui fréquentent l’école et qui s'imposent l'obligation de se conformer au présent règlement. Art. 3. — Le taux de la cotisation annuelle est fixé à 0 fr. 10 cent. En cas de dissolution, l'actif social sera employé à l'achat de livres d'Agriculture pour la bibliothèque scolaire. Art. 4. — L'association est administrée par un comité composé de l'instituteur, qui est le président et le trésorier de la Société, et de cinq membres élus au scrutin secret, à la majorité des suffrages ; ils sont nommées pour un an et rééligibles. — Le comité choisit dans son sein un secrétaire qui tient un registre des délibérations du comité, un registre des recettes et déperses el un cahier destiné à l'inscription des animaux et des Insectes nuisibles détruits par chaque associe. Art. 5. — Il sera affiché dans l’école deux tableaux : l’un indiquant les principaux Oiseaux et animaux utiles, et l’autre, les principaux animaux et Insectes nuisibles à l'Agriculture. Chaque sociélaire en fera une copie, qui pourra être affichre chez lui. Art. 6. — Les associés ne rechercheront jamais les nids d'Oiseaux, dont. il est expressément défendu d'enlever les œufs ou les petits, sous quelque prétexte que ce soit; il est également défendu de prendre ou de détruire les Oiseaux utiles. — Si par hasard un sociélaire découvre un nid (ou apprend qu'il en a été découvert un), il doit en informer immédiatement le president. Art. 1. — Si un sociétaire délruit un nid, le président lui inflige une réprimande sévère. Eu cas de récidive, le comité, la premiére fois, le privera pendant un an de ses droits d’électeur et d’éligible et la 326 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. deuxième fois l'excluera de l’association. Il en sera de même pour la prise ou la destruction d'un ou de plusieurs Oiseaux utiles. Arl. 8. — Il peut être délivré à tout élève quittant l’école après l’âge de treize ans, ou pourvu du certificat d'études, et qui fait partie de l’associalion, une attestation signée du président et du secrétaire, por- tant qu'à sa sortie de l’école il était membre ge la Société protectrice scolaire des Oiseaux et des animaux utiles de Jeufosse. Art. 9. — Une assemblée générale de l'association a lieu, chaque année, avant les vacances. Il est procédé, lors de celte réunion, à la distribution des prix et récompenses (livres d'agriculture et autres, livrets de caisse d'épargne, etc.), qu'il sera possible d'accorder aux plus merilants des sociétaires. Art. 10. — Pour pouvoir obtenir une récompense, il faudra avoir détruit, pendant l’année scolaire, un nombre de Hannetons, de Papil- Tableau des principaux Oiseaux et animaux utiles. OISEAUX. détruisent les Rats, les Souris, les Mulots et les Campa- gnols qui font de grands ra- vages dans les récoltes. Le Hibou, la Chouette et le Chat-huant signol, la Bergeronnetie, la Linotte, le Roi- telet, le Rouge- gorge, le Moineau, le Pinson, le Bouvreuil, le Merle, le Sansonnet, le Coucou, l'Engoulevent, le Chardonneret, cte., et, en général, tous les petits Oiseaux détruisent les Chenilles et une foule d’Insectes nuisibles à l'Agriculture. INSECTES. sont des Insectes utiles qui détruisent les Pucerons, les Fourmis, ainsi que toutes sortes de larves et de petits Insectes nuisibles à l'Agri- culture. Le Carabe ou Sergent, le Staphylin, le Four- milion, le Ver-luisant, la Coccinelle ou bête au bon Dieu, la Libellule ou Demoiselle, le Grillon ou Ce cri L'Hirondelle, la Mésange, la Fauvette, le Ros- AUTRES ANIMAUX. et la Taupe (qui n’est nuisible que dans les tité d’Insectes et de larves La Chauve-souris, le Hérisson, la Musaraigne }) détruisent une grande quan- © D jardins et dans les prés) \ nuisibles à l’ Agriculture. détruisent les Limaces, les Le Lézard vert, le Lézard gris, la Couleuvre, | Limaçons ou Escargots, et la Grenouille et le Crapaud beaucoup d’Insectes nuisi- bles à l'Agriculture. EXTRAITS ET ANALYSES. lons et autres Inse 327 ctes nuisibles, qui sera fixé chaque année par le président, après avis du comité, et n'avoir pas déniché ni pris d'Oi- seaux utiles. Jeufosse, le 7 août 1896. L'Instituteur, E. GÉRY. ——————— Tableau des principaux animaux et Insectes nuisibles. Le Busard, l'Épervier, PÉ= mérillon, le Milan La Pie et le Greai Le Hanneton (l’un des In- sectes les plus nuisibles) La Larve, appelée Turc ou Ver-blanc Les œufs des Papillons pro- duisent des chenilles La Courtilière ou Taupe-gril- Ion Les Charançons ou Calandres Les Altises Les Bruches Les Pucerons Le Rat, la Souris, le Mulot, le Campagnol La Martre, la Fouine, le Putois Le Loir et le Lérot La Limace et le Limaçon ou escargot ! \ ) ) | ) ) on 7 OISEAUX. mangent les petits Oiseaux utiles. mangent les œufs et les petits des autres Oi- seaux. INSECTES. dévore les feuilles des arbres. mange, pendant les trois années qu'elle reste en terre, les racines des arbres et des plantes cultivées dans les jardins. qui dévorent les feuilles des arbres fruitiers des légumes. Elles sont très nuisibles. faut détruire les Papillons. et Il coupe les racines des plantes et légumes. causent de grands dégâts dans les tas de Blé, dans les greniers. s'attaquent aux plantes potagères, telles que Choux, Navets, Radis- :] dévorent l’intérieur des Pois, Fèves, Lentilles. sucent la sève des arbres fruitiers. AUTRES ANIMAUX. dévorent les récoltes. font de grands ravages dans les basses-cours. mangent les fruits dans les jardins et dans les vergers. dévorent les feuilles des lézumes. BULLETIN DE LA SOCIÉIÉ D’ACCLIMATATION. MU 19 [° 2] NOTE SUR LES TÉTES DE COQS POURVUES D’ERGOTS GREFFÉS ar Henri Gapeau DE KERVIL:E. Aucun naturaliste n'iznore que les ergots des Gallinacés mâles, désignés aussi sous le nom d’éperons, sont des productions épidermi- ques. On sait également que l’on peut obtenir avec facilité des greffes épidermiques tres rariées, — celle d’un ergot de Coq sur l'oreille d'un Bœuf a été réussie, — et que, de plus, la greffe épidermique est une opération chirurgicale a Une des greffes ee rmiqu ssez souvent pratiquée. es que l’on obtient aisément et qu'on a faite un très grand nombre de fois est celle de l’un ou des deux ergots d'un Cog, implantés à la place où se trouvait la base de la crête, préa- lablement coupée. Autrefois, quand on castrait les jeunes Cogs pour en faire des chapons, on avait coutume, pour les distinguer des autres volaïlles, de sectionner un ou leurs de É es insérer dans la plaie ait aussi cette greffe sans 1 ! résultant de l’excision de faire l’ablation des testicules = ce : AL Clerneut- Lorean &. Si l’animal ne les faisait pas tomber, l'ergot ou les ergots se gref- faient solidement, continuaient de se développer, se contournaient, et, dans le cas où ils étaient deux, offraient l'aspect des cornes d’un Bélier ou d’un Bouc. Depuis que l’on a reconnu que l’engraissement des jeunes Cogs se fait aussi bien sans qu'ils soient castrés, on a cessé de praliquer cette opération, et, par suite, on ne greffe plus d’ergots sur leur tête, de telle sorte qu’on ne voit plus de chapons cornus, et que, très proba- blement, ceux que l’on verra désormais auront été obtenus, soit pour une expérience scientifique, soit à titre de curiosité. EXTRAITS ET ANALYSES 329 Bien que ces têtes de Coqs pourvues d’ergots greffés ne soient pas rares, elles sont néanmoins assez peu connues des amateurs de curio- sités biologiques. C'est pourquoi j'ai pensé qu'il était intéressant de faire dessiner l'échantillon de cette greffe épidermique qui se trouve dans les importantes collections du Musée d'Histoire naturelle d’'Elbeuf. __ Avec beaucoup d'obligeance, le sympathique et très zélé conserva- teur de ce Musée, M. L. Coulon, m'a confié cette tête curieuse, qui a élé très exactement dessinée par mon collègue et ami M. A.-L. Clé- ment, et Que représente, aux 4/5 de sa grandeur naturelle, la figure ci-dessus (1). >< LES CARPES TUBÉRCULEUSES DE VELARS. Trois savants de Dijon, MM. Bataillon, Dubard et Terre (2), viennent de découvrir dans l'Établissement de pisciculture de Velars, une nou- velle maladie des Poissons. Depuis quelque temps déjà, l’attention de ces observateurs avait été attirée par l'aspect tout particulier de quatre Carpes, dont les flancs étaient déformés, bosselés, sans que les téguments fussent malades. Frappés par l'apparence insolite de ces tumeurs, M. Bataillon et ses collaborateurs se décidèrent à les étudier attentivement ; ils constatèrent non sans surprise que les tubercules qui remplissaient la cavité générale étaient farcis d’un Bacille qui possédait tous les caractères morphologiques du microbe de la tuber- culose, afin de ne point laisser le moindre doute sur la véritable na- ture de ce micro-organisme, ils en firent des cultures : de cette facon, ils purent se convaincre que les Carpes de Velars étaient bien réelle- ment atteintes de tuberculose. D'ailleurs, l’inoculation des lubercules, prélevés sur les Carpes, permet d'obtenir les mêmes altérations chez divers animaux à sang froid : chez les Grenouilles, les Lézards verts et gris, les Couleuvres, l’injection intravasculaire ou intrapéritonéale de petites quantités du Bacille de Velars détermine des tubercules dans le foie, le poumon, le mesentère, la plèvre, le péricarde, etc..... Dans la petite épidémie de Velars, l’idée de la contagion par la tu- berculose aviaire (3) peut être écartée, attendu qu'il n’y a jamais eu de cas de cette affection dans cette région ; au contraire, la contami- nation par des déjections humaines des eaux où vivaient les Poissons (1) Cliché communiqué par la Société d'études des Sciences naturelles d’'Elbeuf. (2) Bataillon et Terre, Forme saprophytique de la tuberculose humaine aviaire. Comptes-rendus de l’Académie des Sciences, 21 juin 1897. — Dubard, Une troisième tuberculose. Le Bulletin médical, n° 52, 1897. (3) Voy. Bull. Soc. d'Acclimatation, 1897, p, 140. Bull. Soc. nat. Acc]. Fr. AISOTAEEN2 2 330 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. doit être prise en considération. En effet, une des parentes des sa- vants dijonnais, M€ P. D..., atteinte de tuberculose pulmonaire et intestinale, avait donné l'ordre de vider ses crachoirs et ses garde- robes, là même où étaient conservées les Carpes. Aussi, devant cette source constante d'infection, peut-on vraisemblablement admettre l’origine humaine de la tuberculose des Cyprinides : on peut d’ail- leurs reproduire expérimentalement ce fait fourni par le hasard et rendre tuberculeux des Poissons en les nourrissant avec des produits provenant d'Hommes ou de Cobayes atteints de bacillose. La nature de cette maladie une fois établie, une question, dont l’im- portance ne peut échapper ni aux pisciculteurs, ni aux pêcheurs, se pose : l’affection des Carpes de Velars est-elle transmissible à l'Homme et aux autres Poissons ? Actuellement, les recherches de MM. Bataillon, Dubard et Terre ne permettent pas de se prononcer catégoriquement ; toutefois, il semble que cette tuberculose est peu virulente pour les animaux à sang chaud. En effet, des inoculations de fortes quantités de Bacilles n’en- traînent ni la mort, ni même une généralisation tuberculeuse chez les Cobayes : trois de ces animaux, injectés à la cuisse avec la pulpe du foie d'une Carpe farcie de Bacilles, étaient encore en parfaite santé après plus d'un mois et ne présentaient plus traces de l’opération. En revanche, sur cinq jeunes Lapins ayant recu, par la veine de l'o- reille, 5 centimètres cubes de culture, trois sont morts vingt jours après. Mais, il serait imprudent de tirer des conclusions d’un fait isolé, d'autant plus que les Lapins adultes résistent toujours. Pour ce qui est de la contagion aux autres Téléostéens, à l’heure actuelle nous ne sommes guère mieux renseignés. M. Bataillon et ses collaborateurs ont bien montré que l'injection à d’autres Poissons de produits tuberculeux provenant de la Carpe, délermine la mort à brève échéance et qu’à l’autopsie. on constate que tous les lissus sont rem- plis de Bacilles de la tuberculose, mais ils n’ont pu encore élucider la question de la transmission de l'affection dans les conditions nor- males. En somme, il résulte des curieuses recherches des savants dijon- nais, qu'on doit admettre en outre des formes humaine et aviaire de la tuberculose, une troisième forme de la même maladie produite par le Bacillus tuberculosis piscium ; dans ce dernier cas, il s’agit vraisem- blablement d’une variété atténuée peu redoutable, mais sur la noci- vité de laquelle seules de nouvelles observations permettront de se prononcer d’une manière définitive; d’ailleurs, rappelons, que, dans une question de ce genre, toutes les personnes que leurs occupations ou leurs goûts mettent en rapport avec les Poissons, peuvent contri- buer à la solution du problème de la facon la plus efficace; et cela sera d'autant plus aisé dans la circonstance présente que MM. Ba- taillon, Dubard et Terre, avec une libéralité des plus louables, offrent EXTRAITS ET ANALYSES. 331 leurs conseils et des sujets d'étude à tous ceux qu'intéresseraient ces faits. >< LA PÉRIODE CRITIQUE POST-LARVAIRE DES POISSONS MARINS, Par FABRE-DOMERGUE et Eugène Brérrix. Dans un travail en voie d'impression qui sera prochainement inséré dans les Annales des Sciences naturelles, nous avons étudié les princi- pales conditions d'existence des alevins de Poissons marins et nous sommes arrivés à conclure que, «-d'une facon tres nette, sans au- cune exception, les larves nées d'œufs recueillis en mer au cours de leur développement ou provenant de fécondations artificielles, pé- rissent à une époque plus ou moins rapprochée de la fin de la résorp- tion vitelline ; qu'aucune condition expérimentale ne s’est montrée capable de leur faire franchir une époque critique qui les sépare de l’état post-larvaire caractérisé au contraire par leur grande résistance aux conditions de l’état de captivibé ». C'est à l'étude de cette période critique, à la détermination des causes qui l’occasionnent que nous consacrons actuellement nos efforts, persuadés que, de la solution de ces questions trop négligées, dépend l'avenir même de la pisciculture maritime.” Il ne faudrait pas croire, en effet, que seul le manque d’une nour- riture appropriée conduit les alevins à l’état d’anémie progressive que nous avons pu constater chez toutes les espèces où les éléments figurés du sang sont assez nettement différenciés à ce moment pour fournir un critérium de leur état de santé. Chez presque toutes ces formes, au contraire, dont les mâchoires se trouvent en état de fonctionner avant la résorption du vitellus, nous avons observé simultanément et l’ab- sorption de proies vivantes et l'apparition des phénomènes anémiques qui devaient en amener la mort. Par conséquent, nous devons cher- cher ailleurs la cause de leur étiolement et nous demander si les fonc- tions respiratoires ne jouent pas un certain rôle dans l’évolution de la période critique. ; L'influence prépondérante de la #4sse de l’eau où sont suspendus les alevins semble donner à cette hypothèse une certaine raison d’être. Tandis que nos larves de Coffus bubalis, conservées en petit nombre dans des cuvettes ou des cristallisoires de faible capacité se montrent à peu près indifférentes aux proies qui leur sont offertes (larves de Copépodes pelagiques), elles les happent avidement au con- traire lorsqu'on les place dans un vaste aquarium de trois à quatre cents litres. Il y a là un progrès évident qui dénote déjà l'existence pour ces alevins de conditions meilleures, mais qui est encore actuel- lement impuissant à en prévenir l’'anémie mortelle. L'on verra dans 332 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. le travail auquel nous faisons allusion plus haut que des alevins mieux organisés encore, ceux de l'A/herina presbyter, se conduisent de la même facon et que leurs congénères, à peine plus âgés, pêchés dans la mer, #ais ayant franchi la période critique se laissent sans dif- ficulté ‘nourrir et élever dans les mêmes appareils jusqu’à la forme adulte. En ce qui concerne les formes issues d'œufs pélagiques et apparte- tenant aux espèces comestibles les plus interessantes : la Sardine, le Maquereau, les Pleuronectes en général, les données du problème demeurent absolument les mêmes et se compliquent en plus de la dé- licatesse beaucoup plus grande et du faible degré d'organisation de ces espèces. L'on peut conclure de ces faits que la technique actuelle de la pis- ciculture maritime qui consiste à recueillir les œufs naturellement expulsés, à les faire éclore dans les appareils d’incubation et à rejeter ensuile dans la mer, après la résorption du vitellus, les alevins ainsi obtenus, manque de precision et de certitude. Si, en effet, l’anémie larvaire si facile à constater chez les larves déjà pourvues de globules sanguins se produit de même chez toutes les larves incubées artificiellement, il y aurait avantage à attendre le moins longtemps possible après l’éclosion pour mettre en liberté les jeunes larves obtenues artificiellement. En ne le faisant pas, on s'expose à ne jeter à la mer que des individus émaciés désarmés pour la lutte. D'autre part, en se contentant de préserver, pendant l'incu- bation seulement, les œufs, en nombre forcément très restreint, peut- on se flatter de faire œuvre utile de protection? Ces simples questions montrent bien que la pisciculture maritime ne doit pas êlre considérée comme ayant atteint le degré de perfection et de sécurité de la pisci- culture d’eau douce et qu'avant d’en tenter prématurément des appli- cations pratiques et utilitaires, il convient de poursuivre l'étude de la physiologie des larves dont on veut faire des animaux comestibles (1). >< SÉRICICULTURE. Application des rayons X à la détermination du sexe des chrysalides à travers les cocons. Dans le rapport présenté à la Chambre de Commerce de Lyon par le Laboratoire d’études de la soie (2), M. J. Testenoire, directeur de la (1) Bulletin du Museum d'Histoire naturelle, 1897, n° 2, Note lue à la Section d'Aquiculture dans la séance du 5 avril 1897. (2) Années 1895-1896, vol. VIII. EXTRAITS ET ANALYSES. 333 Condition des soies de Lyon et M. D. Levrat, chimiste, ont fait récem- ment de très intéressantes observations sur l'emploi des rayons X pour la détermination du sexe des chrysalides du Bombyx mori à tra- vers les cocons. Dans les croisements que l’on se propose de faire entre diverses races, il y a grand intérêt à éviter tout accouplement irrégulier, aussi est-on oblige de séparer sur des filanes distinctes les cocons mâles et les cocons femelles. Il n’existe jusqu'ici, pour permettre de recon- naître ces deux sortes de cocons, qu’un procédé très incertain. Comme on a reconnu empiriquement que les cocons femelles sont en général, plus lourds que les mâles, on sépare, d’après le poids, les cocons en deux catégories. On comprend tout l’aléa que comporte ce mode opé- ratoire. La soie, et, par conséquent, les coques soyeuses étant facilement traversées par les rayons X, on a pensé qu’il serait possible de trouver dans les organes intérieurs ou extérieurs de la chrysalide ou dans son contour apparent, cerlains caractères distinctifs des sexes, M. Le- vrat a eu l’ingenieuse idée d'utiliser comme indice caractéristique la présence des œufs dans la chrysalide femelle. Les œufs sont en effet, presque entièrement formés de sels minéraux. Ces sels absorbant en partie les rayons X, il était à prévoir qu’ils opposeraient un certain obstacle à leur passage ; comme ils occupent d’ailleurs toute la région abdominale, ce caractère doit être toujours visible, quelle que soit la position de la chrysalide dans le cocon. Ces prévisions se sont trouvées justifiées dès les premières expé- riences de M. Levrat, commencées en novembre 1896. L'existence des œufs se manifeste sur les radiographies obtenues par une ombre poiatillée très nette dans tout l'abdomen des femelles, tandis que les Chrysalides mâles restent presque transparentes. M. Levrat se propose de continuer ses expériences encore incom- plètes. Mais, dès maintenant, on peut conclure à la possibilité de dé- terminer à travers l'enveloppe soyeuse au moyen des rayons X, le sexe des chrysalides. Les graineurs pourraient tirer un réel avantage de ces expériences lorsqu'ils auront ‘à opérer des croisements ; il leur sera, en outre, facile d'obtenir le pourcentage des mâles pour chaque ponte et par conséquent, de pratiquer les accouplements nécessaires en vue d'obtenir une plus grande richesse en soie ; les cocons mâles, bien qu'étant généralement d’un poids inférieur à celui des femelles, donnent en soie, un rendement plus élevé. 334 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. GRAINES RAPPORTÉES DU TURKESTAN PAR M. EDOTARD BLANC Offertes par lui à la Société d’Acclimatation qui en a fait l’envoi a la Direction de l'Agriculture de la Régence de Tunis. COTONNIERS. Gossypium hirsulum. Race de Samarkande (laine blanche). Race naine de Boukhara (laine blanche). Race K£zil-Poufchak, à capsules rouges, la plus estimée de toutes pour l'abondance de ses fruits (laine blanche). Gossypiurm sp. dit Malla-goussa (laine brune). Variété du groupe des Nankins. MURIERS. Serie des variéles servant, en Asie Centrale à la nourriture des Vers & soie. Kara-Toutt (Mûrier noir). — Baies noires, paraît semblable au Mürier d'Europe. | Dourana-Toutt. — Baies d’un blarc sale, un peu rosé; feuilles très estimées. Ak-Toutt (Mûrier blanc). — Baies blanches, paraît semblable au Mürier d'Europe. Kalama-Touit. — Baies blanches. Kaïtchi-Toutt. — (Mùrier découpé). Baies rouge-foncé ; feuilles lobées. Hachak-Toutt. — Baies très petites, blanches. Ouvra-Toutt. — Baies blanc-resé. Considéré en Turkestan comme la meilleure de toutes les variétés pour les Vers à soie. CoNYOLYULACÉES. Min-back. — Convolvulus où Tpomæa sp? servant, dans la partie méri- dionale du Turkestan, de bruyère pour les Vers à soie. CRUCIFÈRES. Radis géant de Kachgar (Turkestan chinois. — Variété de forme al- longée, rouge. Radis chinois de petite espèce, provenant de Kachgar — Raphanus majalis ? CÉRÉALES. Orge nue, dite Orge céleste. — Variété intéressante, à très gros grains bleuâtres. Turkestan chinois. EXTRAITS ET ANALYSES. 339 Blé dit de la Mecque. — Variété précieuse. — Blé tendre à grain très gros et rond, résistant bien à la sécheresse. Très estimé en Turkestan, où il a été apporté par des pélerins. Blé dur dit Misri (Blé du Caire). — Graines atteignant au Turkestan occidental de grandes dimensions. Provenance : Djizak. Kaïa-boudai. — Blé dur à barbes noires, se rapprochant du Misri. Moins gros, mais de belle qualité. Ferganah. Blé d'automne. — Provenant de Kachgar. Sorgho à sucre. — Provenance Ferganah. Millet (Setaria). — Variété appelée Zchokim, la plus précoce de toutes. Millet noir. — Cultivé à Karakol, sur les bords du lac Issyk-Koul. Maïs dit Triomphe de Graichow. — Même provenance, mais paraîl im- porté de Russie. Avoine nue. — Variété de l'Avena himalayensis. — Provenance : lac Issyk-Koul. Très belle qualité. Croîl aux grandes altitudes. Rendement à l’hectare très supérieur à celui du Blé (une fois et demie). Avoine demi-nue. — Variété blanche. — Provenance Tokmak. Résiste mieux que la précédente à la destruction sur pied par les Oiseaux et au transport. La graine est protégée par une en- veloppe non adhérente qui se détache par le battage. Avoine demi-nue. — Variété à graines blanches et noires. — Prove- nance Aoulié-Ata (Turkestan septentrional). Kounak, (Setaria italica). — Bonne variété, à graines blanches. Bouk- hara. ELÆAGNÉES. Elæagnus hortensis. — (Tchidda). Comestible, bonne variété. Boukhara. Elæagnus hortensis. — Autre variété. Boukhara. LINÉES. Lin de Boukhara. Variété indigène. RENONCULACÉES. Clematis de Boukhara. GRAINES DE CUCURBITACÉES. provenant des Jardins de Boukhara, variélés presque toutes nouvelles. Melon var. Amiri (Melon de l’'Emir.) Boukhara. Melon var. Besaty. Boukhara. Melon var. Katta-Ovnavat (Grand Ornavat). Boukhara. Melon de Boukhara. — Variété sans nom. Melon var. Ktéchik Ovnavat (petit Ovnavat). Boukhara. Melon de Boukhara. — Autre variété sans nom. 336 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Melon dit Kara-Kant. Boukhara. Melon de Khiva dit Zamoutcha (très hâtif). Melon nain, croissant à l’état sauvage en Asie Centrale. Concombre du Khorassan. Melon Vichak. Boukhara. Melon persan oblong. Cultivé à Boukhara. Melon Goulebi. Boukhara. PAPILIONACÉES. Phaseolus radiatus. — Comestible. Var. de Kachgar. T'urkestan chinois. Id. Id. Même variété, provenant de Tach- kent. (Turkestan occidental). Id. Id. Autre variété, provenant de Tach- kent. Id. Id. En gousses. Dolichos (loubia ?) Tachkent (atteignant de très grandes dimensions). Plante désertique appelée par les Russes Acacia des sables. (Désert de Karakom). Soja (hispida ?). Turkestan occidental. Soja. — Même espèce. Variélé provenant de Race Sorte de Réglisse à fruits hispides. Turkestan septentrional. Plante du groupe des Glycyrrhiza, à fruits monospermes et à feuilles paucifoliolées. — Rapportée par M..E. Blanc de Min-Youl (versant oriental du Pamir). Croît dans le læss. Loula. — (Soja melanophthalma). Boukhara. Variété. Loula. Id. Id. Id. Autre variété. POLYGONÉES. Calligonum voisin de celui de Tunisie (C. comosum) maïs résistant à la gelée. Désert de Karakoum ; croît dans les sables purs. GNÉTACÉES. Ephedra recueilli à 4,200" d’altitude. Monts Célestes. NE La Société offre à ses membres : Graines de Polygonum sachalineuse, otfertes par M. Charles Ballet. | Graines de Cucurbilacées d'Egypte, deux espèces, offertes par M. Charles Debreuil. 1° Pois à cosse violette; 2° Pois multicolore à haute tige, ornemental; 3° Pois chiche d'Espagne (Cücer arietinum) ; 4 Haricot moka — café normand, — graines offertes par M. F. Rathelot | (climat de Paris). La Société décline la responsabilité des annonces insérées ci-dessous A vendre un couple d'Aigles d'un an, élevés depuis l’âge de trois mois chez le propriétaire. Animaux robustes. S'adresser à M. le comte de Barral, à Bissy, près Chambéry (Savoie. | A vendre, une paire Faisans argentés de deux ans. Œufs de | Faisans argentés 10 fr. les 15.— À vendre ou à échanger contre Poule de même race, Coq Lady Amherst. S'adresser à M Sébillotte, à Grignon, par Les Laumes (Côte-d'Or). qe | Pisciculture. — À louer près d'Évreux : petit Établissement de Pisciculture modèle. Maison d'habitation avec bélier hydraulique, chambre d'éclosion et bassins d'alevinage en ciment ; auges Coste, etc., installation complète; 450 francs.— S’adresser à M.J. Williamson, 17, rue de la Paix, Paris. A vendre un très bon Chien de garde, forte taille, poils marrons, longs et frisés, prix 3 francs. S'adresser à M. Persac, 28, rue du -. Mont-Thabor, Paris. Occasion exceptionnelle, 200 francs la pièce : deux splendides Fougères en arbre, plantes presque uniques, vu léur âge, 60 ans et | leur taille, très décoratives, très robustes, transport facile. S’adresser | à M. le comte de Saint-Innocent, président de la Société horticole | autunoise, à Sommant, par Lucenay-l’Evêque (Saône-et-Loire). REVUE DES CULTURES COLONIALES recteur : À. MILHE-POUTINGON, Directeur du Scrvice de l'Afrique et des Antilles à ion coloniale française. édacteur en chef : HENRI LECOMTE, Agrégé de l'Université, docteur ès sciences. éée sous les auspices de l'Union coloniale française, cette nouvelle publication a pour but defaire mieux aitre, en France, les diverses cultures et les productions coloniales; de vulgariser dans les colonies feilleurs procédés de culture, d'y provoquer l'introduction des meilleures variétés des plantes françaises éllement cultivées et l'acclimatation de plantes nouvelles. COMITE DE PATRONAGE DE LA REVUE M. MM. rince D'ARENBERG, député, vice-président du Groupe onial, président du Comité de l'Afrique française. Ommandant BINGER, ancien gouverneur de la Côte- fire directeur des affaires de l'Afrique au Ministère des onies. MEOURDE, ancien directeur des contrôles et de l'agri- füre en tunisie, ancien secrétaire général à Madagascar. 2AU, professeur de botanique au Muséum. JAILLEY-BERT, professeur à l'Ecole des Sciences poli- ues,-secretaire général de l'Union coloniale francaise. RLES-ROUX, député, membre du Conseil supérieur du mmérce, vice-président du Groupe colonial. NU, professeur de culture au Muséum. ù RAIN, membre de l'Institut, professeur de chimie agri- léau Muséum et à l'Ecole d'agriculture de Grignon. FLAHAUT, professeur de botanique à l'Université de ntypellier. 3 IS GRANDEAU. directeur de la Sfation agronomique de st rédacteur en chef du Journal d'Agriculture pratique. NDIDIER, membre de l'Institut. corn MNJuLES DE GUERNE, secrétaire général de la Societé na- Male d'Acclimatation. itale, 12 francs. Dr HECKEL, professeur à la Faculté des Sciences, directeur de l'Institut colonial de Marseille. LE MYRE DE VILERS, député de la Cochinchine, président de la Sociétè nationale d'Acclimatation. MES LEROY, supérieur général des Missionnaires du Saint- Esprit. a MILNE-EDWARDS, membre de l'Institut, directeur du Mustum. CH. NAUDIN, membre de l'Institut. OLIVIER, docteur ès sciences, directeur de nérale &es Sciences pures el appliquées. POISSON, assistant au Muséum. RAOUL, professeur du cours de cultures et productions tro= picales à l'Ecole coloniale. RISLER, directeur de l'Institut national agronomique. D’ TREILLE, ancien inspecteur en chef du service de santé des Colonies. VIALA, professeur de viticulture à l’Institut national agron0= mique, directeur de la Revue de Viticulture. H. DE VILMORIN, membre de la Société nationale d’Agricul- ture. ZOLLA, professeur à J'Ecole d'agriculture de Grignon età l'Ecole des sciences politiques. la Revue gé- à Revue des Cultures colonales paraît le 5 de chaque mois. Mureaux : 44, rue de la Chaussée d’Antin, Paris. Laonnements : un an : France, 10 francs — recouvré à domicile, 10 fr. #0. — Colonies et Uuion —" ————— ———— _— SOCIÈTÉ NATIONALE D’ACCEIMATATION DE FRANC Fondée le 10 Février 1854 reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1897 Bureau Président. M. Le Myre DE Viens. député, membre honoraire de la Société, (médaille d'or 1882), 3, rue Cambacérès, Paris. Edouard Bureau, professeur de botanique au Muséum d’his- toire naturelle, quai de Béthune, 24, Paris. Epmonn PERRIER, membre de l'Institut (Académie des Vice-Présidents. Sciences), professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 23, rue Gay-Lussac, Paris, C. Raverer-WatTeL, directeur de la Station aquicole du Nid-de-Verdier, près Fécamp, rue des Acacias, 20, Paris. Secrétaire général. Baron Jules DE GuERNE, rue de Tournon, 6, Paris. { Pauz MarcHaz, docteur en médecine et docteur ès-sciences, di- recteur adjoint de la Station entomologique de Paris, 16, rue Boucicaut, Fontenay-aux-Roses (Seine). Henri Hua, licencié es-sciences naturelles, 2, rue de Villersexel, Paris 00 Eugèné CAusTiER, agrégé de l'Université, professeur au Lycée de Versailles, à Viroflay (Seine-et-Oise). 4 Comte Raymond de Damas, rue de Berri, 26, Paris. Trésorier : Albert IMBerr, administrateur judiciaire près le Tribunal civil de la Seine, 17, rûe Bonaparte, Paris. Archiviste-bibliothécaïre : Jean de CLAYBROOKE, 5, rue de Sontay, Paris. Secrétaires. Membres du Conseil L. G. BINGER, ancien gouverneur de la Côte d'Ivoire, chargé des affaires d'Afrique au Ministère des Colonies, 15, rue de Prony, Paris. Edouard Braxc, explorateur, 35, rue de Grenelle, Paris. Raphaël BLancHarp, membre de l'Académie de médecine, secrétaire général de la Société zoologique de France, 226, boulevard Saint-Germain, Paris. Camille DARESTE, docteur en médecine et docteur ès sciences, directeur du laboratoire de Tératologie à l'Ecole pratique des Hautes Etudes, 37, rue de Fleurus, Paris. Ù Charles DEPREUIL, avocat, propriétaire, 25, rue de Châteaudun, Paris. Paul ne LABOULAYE, ambassadeur de France, 129, avenue des Champs-Elysées, Paris. A. Mrxe-Enwarps, membre de l'Institut (Académie des sciences), directeur du Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. Louis Ouvier, Docteur ès sciences, directeur de la Revue générale des sciences pures et appliquées 34, rue de Provence, Paris. OusraLer, Docteur ès sciences, assistant au Muséum d'histoire naturelle (Mammifères et Oiseaux), 121 Lis, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris. A. Razer, membre de l'Académie de médecine, professeur d'Histoire natu- relle, à l'Ecole vétérinaire d'Alfort (Seine). Georges Rosey, proprietaire, rue Grange-Batelière, 98, Paris. D: WeBer, médecin inspecteur de l'armée, ancien directeur de l'Ecole de médecine militaire du Val-de-Grâce, 180, boulevard Saint-Germain, Paris. Président honoraire. #lbert Georrroy SaiNt-HiLaïRE. ancien directeur du Jardin zoologique d'Acclimatation du Bois de Boulogne, Vault de Lugny, par Avallon (Yonne). Secrétaire général honoraire. Amédée BERTHOULE, avocat, docteur en droit, membre du Comité consultatif des Pêches maritimes, 18, rue du Cherche-Midi, Paris. Trésorier honoraire. Georges Maras, propriétaire, Bourg-la-Reine (Seine). Membres honoraires du Conseil: Pierre MÉGNIN, membre de l'Académie de médecine, directeur du Journal l'Eleveur, avenue Aubert, 6, à Vincennes (Seine). D: Edouard MÈNE, médecin de la maison de santé de Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot, 20, Paris. Dr Joseph Micuox, ancien Préfet, rue de Babylone, 33, Paris. Auguste PAILLEUX, propriétaire, 3, rue de Médicis, Paris. Le Secrétaire Général, gérant Versailles. — Imprimeries Cerr, 59, rue Duplessis, Jezxs vx GUERNE Le BULLETIN DE LA RS DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) &&° ANNÉE AOUT 1897 SOMMAIRE L DECAUX. — La transhumance des Moutons algériens...... Soo086e 00% Doco0ge Hances SÉBILLOT. — Sur l’utilisation pratique des Pigeons messagers dans l'antiquité. RAMELET. — L'élevage de la Truite arc-en-ciel à l'établissement piscicole de Neuvon (Côte-d'Or) M races. gersvscene-vsrseee.ve eee. 25599 229209253509 lHanLes NAUDIN. — Un nouveau Mûrier du Tonkin.....,................. Hécoco feouane BLANC. — Sur le Sorgho à sucre du Turkestan................,..,. ne ÆEzstraits des procès-verbaux des séances de la Société: 4e Section : Entomologie. — Séance du 17 mai 1897...........0,.........e ce Extraits de la Correspondance : Jemment on empêche le vagabondage des Chats dans la Haute-Savoie. — Sus au Moineau. — Pour améliorer le sort des marins pêcheurs. — Notes sur l’élevage des Salmonides. — Culture de la Phacélie à feuilles de Tanaisie. — Le Trachkycarpus excelsa dans le département de la Charente.— Renseignements sur les plantes dont les graines ont été distribuées en Juin et juillet aux membres de la Société d’Acclimatation, Extraits el Analyses. x. BARROIS. — Sur une apparition de vols de Libellules............... s fm. DECAUX. — Les Jujubiers en Corse et en Italie.......................... Dé GLAUMONT. — La culture de l’Igname et du Taro en Nouvelle-Calédonie......... QUÉTE ATOME D'ACCLDATATION 337 390 Es) 356 358 363 372 374 375 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. TETE 07— Un numéro 2 francs : pour les membres de la Société 1 fr. 50 —_————"“< 7) EE —— AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 41, RUE DE LILLE, 41 PARIS ET À LA LIBRAIRIE CERF, 12, RUE SAINTE-ANNE Le Bulletin paraît tous les mois. DESINFECTANT ANTISEPTIQUE Le seul joignant à son Efficacité, Scientifiguement démontrée, l'immense avantage de n'être ni Tozique ni Corrosif Hémostatique et Styptique puissant. Adoplé par les Ecoles Nationales Vélérinaires, le Srroice de Santé de l'Armée, ln Préfecture de la Seine et la plupart des Services d'Aygiene et de Désinfection des Départements. Reconnz ind spensable dans la pratique vétérinaire, LS a Corrosif voi franco sur demande de Rapports scientifiques ct Prospectus : SOCIÉTÉ FRANÇAISE de PRODUITS SANITAIRES et ANTISEPTIQUES 35, Rue des Francs-Bourgeois (ti-d:vant 31, Rue des Petites-Ecaries), Paris. ET CHEZ TOUS LES DROGrISTES ET PHsRYACIEXS 5 Pour ev..r les nombreuses Contrefaçons exiger rigoureusement sur tous les emballages les Marques, Cach2ts et le Nom CRESYL-JEYES. (Lits, Fauteuils, Vitres et Appareils Mécaniqué Maisen fondée en 1878 - Four MALADES et BLESSES Vas ds 460 Hidailus at {2 Pr d'homen DUPON | Enaills d'a, Prix d'onsamble, Paris 1304 VOITELLIER àMANTES (s.+0.) 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(SUITE ET FIN) (1) Des observations exposées ci-dessus, l’on peut tirer les dé- ductions suivantes : lo L'élevage du Mouton barbarin à queue fine, croisé avec le Bélier mérinos de la Crau, peut et doit être substitué gra- duellement à celui des autres races de Moutons, en Algérie et en Tunisie. 2 Ce résultat ne peut être obtenu qu’à la condition d’abri- ter et de nourrir les Moutons pendant les périodes estivales et hivernales. Ces conditions d’abri et de nourriture sont-elles irréali- sables pour les Arabes nomades faisant paître leurs troupeaux dans les plaines incultes du Sud-Algérien et Tunisien, où le fourrage fait défaut ? Nous allons essayer de montrer que ces desiderata, qui doivent enrichir considérablement la Colonie peuvent être obtenus dans une période de temps relativement courte (15 à 20 années), par la culture du Tamarix articulata dans les grands espaces de terrains salés et désertiques (estimés à plus de dix millions d'hectares), qui, jusqu'ici, sont restés inuti- lisés, aucune plante d’un produit rémunérateur ne pouvant y végéter. Nous indiquerons plus loin, comment nous comprenons ce boïisement, en vue d’en obtenir, à peu de frais, une quantité incalculable de brindilles formant un excellent fourrage, et une culture complémentaire de plantes de pacages, appro- priées aux terrains secs ou humides, sous le couvert et à l'ombre des Tamarix. (1) Pour la première partie de ce travail, voir ci-dessus, p. 41. Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 93, 338 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. On peut prévoir dès aujourd'hui, qu'au fur et à mesure de ces plantations, les nomades trouvant dans la contrée des puits et une nourriture suffisante pour leurs Moutons, suppri- meront d'eux-mêmes les fatigues de la grande transhumance sur les Hauts-Plateaux, Dès lors, le reboisement de ces Hauts-Plateaux pourra s'exécuter promptement ; les incendies périodiques des forêts existantes, presque toujours occasionnés par la présence des pasteurs, le plus souvent par imprudence, aussi quelquefois, pour augmenter les pâturages, cesseront de se produire. Enfin, le reboisement des Hauts-Plateaux, en Chénes et en diverses espèces d'arbres résineux, et les millions d'hectares plantés en Tamarix arliculata recouvrant le sol de leur ombre, retiendront l’eau des pluies et maintiendront une bienfaisante humidité du sol, dont l'influence ne tardera pas à se faire sentir sur le climat général de notre colonie. Jetons un coup d'œil rapide sur la culture du Tamarix arti- culata dans l'Inde et en Afrique où elle est pratiquée depuis des siècles, comme nous l’enseignent de nombreux auteurs dont nous allons citer les observations. Le Tamarix arliculata (T. orientalis Forsk.) cultivé au Punjab et dans le Haut-Sind (1), atteint 1 mètre d'épaisseur en douze ans, dans les terrains humides et salés ; les sujets de 20 à 30 ans donnent des troncs droits de 20 mètres de hauteur et de 2 mètres d'épaisseur. C'est l'espèce de Tamarixæ, qui atteint les plus grandes dimensions, et possède la croissance la plus rapide. En dehors de l'Inde, le Tamarix articulata est connu en Afchanistan, en Perse, en Arabie, en Egypte; en Afrique, on le rencontre au nord aussi bien qu’au centre. C’est le Asuwz ou Atul des Arabes, le Tacahout du Maroc. Duveyrier, observateur sagace, dans son livre sur les Touaregs du Nord, définit le Tamarix articulata, comme étant, chez les Touaregs, l'arbre le plus important par son nombre, par les proportions qu'il atteint et par les services qu'il rend. « À moins de mutilations dans le jeune âge, dit Duveyrier, le T. articulata, pousse toujours un tronc unique. Il donne un bois rose, (1) Balfour, Encyclopedia of India, 1885, — Brandis, Forest-Flora of central India, LA TRANSHUMANCE DES MOUTONS ALGÉRIENS. 339 léger, tendre, mais solide, et fournit des planches, des poutres, etc., mais surtout du bois de tour pour les plats, vases, et même des selles de Dromadaires. » Antonio Figari-Bey (1), qui a parcouru l'Egypte, dit : « Les Tamarix orientalis sont très communs dans l’intérieur du dé- sert, partout où des sources saumâtres donnent lieu à une stagnation palustre ; les Tamariæ y constituent de vastes forêts ; ils fournissent un bois assez solide, rougeâtre, bon pour la fabrication d'instruments aratoires, etc... » C'est surtout dans la limite du désert, où le sol commence déjà à _ devenir très salé et n'est plus bon pour les cultures ordinaires, qu’on fait des plantations régulières de cet arbre, par boutures ; celles-ci prennent avec une facilité remarquable. Tous les terrains lui sont indistinctement favorables, pourvu qu'il y ait assez d'humidité. La croissance est bien rapide, en quelques années on a de forts arbres de bel effet et toujours verts. » Nous mentionnerons aussi la remarquable étude sur la question du reboisement en Algérie, rédigée par le Bureau des affaires indigènes d’Alger (2). Ce rapport appelle l'attention sur les immenses espaces dépourvus d'arbres et les montagnes complètement dénudées, qui sont les causes principales de la minime quantité de jours pluvieux et du manque de sources permanentes dans le Sud Algérien et Tunisien. « Les vents, y est-il dit, ne rencontrant aucun obstacle, sont vio— lents, ils dessèchent tout sur leur passage; la température présente des variations considérables dans une même journée, souvent plusieurs degrés au-dessous de zéro pendant la nuit, et 30 et 40 degrés de cha- leur, la journée suivante... > Il y aurait un immense intérêt à reboiser ces régions, soit au moyen des essences du pays, soit au moyen d’essences exo- tiques, etc... » Ce rapport renferme un tableau des arbres et plantes de la végétation spontanée dans lequel les différentes espèces de Tamarix sont notées comme se rencontrant assez abondam- ment dans les diverses parties de l'Algérie. En ce qui concerne la fixation des sables, la commission est unanime pour reconnaître que «le Tamarix constitue un des meilleurs obstacles à l’envahissement des sables », (1) Ze studi scientifior sull'Egitto, Lucca (1865). (2) Reproduite dans le Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation (1884), 330 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. « La place de Laghouat a été sauvée des sables mouvants, pro- renant des dunes continentales, situées au nord de la crète du Raz- el-Aioum et arrivées sur l’enceinte même du fort, par les ouvertures de l'Oued M'zi et du col de Raz-el, en complantant les alentours de la partie menacée, surtout en Tamarir, auxquels on a mêlé quelques Pistachiers et des Pins d'Alep. » Notre savant collègue et ami, M. Jean Vilbouchevitch, a publié une suite d'articles très documentés, sur les Tamarix et leurs applications, leur valeur au point de vue du reboise- ment (1). Les plantes des terrains salants : Kendyr, Luzerne du Turkestan, Melilotus dentatus (2). Les Salt-Bushes indi- cènes et ceux d'Australie : Atripleæ, Chenopodium , Salsola, Hochia, Halozylon, etc... (3). C'est une œuvre d’un grand mérite, qu'on peut consulter avec profit. M. Ch. Naudin, membre de l'Institut, recommande la culture du Tamarir pour le Sahara Algérien, où il rendraït indubi- tablement de bons services. « D'ailleurs, dit cet éminent botaniste, il y croit spontanément. » M. Baronnet, administrateur délégué de la Compagnie française du Sud-Tunisien, dans une note : Naturalisation de végétaux en Tunisie (4), appelle l'attention sur la culture du Tamarix articulata, qui devrait étre encouragée... « Grâce à cet arbre intéressant, dit-il, on pourrait boiser de grands espaces de terrains salés, qui jusqu'ici n’ont pas été utilisés. J'ai même fait des essais de boutures de Tamarix articulata en pleine Sebka et ces boutures ont parfaitement poussé. Dans notre domaine, nous avons, depuis deux ans, donné un très grand développement à la culture du Tamariz, et cela dans des terres qui n'avaient aucune valeur et dont on n'aurait jamais pu tirer parti. » Le Tamarixz articulata, lorsqu'il est planté dans un sol humide, atteint de grandes dimensions. Un sujet, planté il y a six ans, mesure 1 mètre de circonférence au tronc et atteint près de 7 mètres de hauteur. » En résumé, tous les auteurs sont unanimes pour recon- naitre que la culture du Tamarix dans les immenses espaces (1) Vilbouchewitch. Les Tamariz et leurs applications. Revue des Sc. nat. appliquées, 1890, p. 849. (2) Les plantes des terrains saïiants, même Revue, 1893 (1*"semestre), p. 365. (3] Les Sah-Bushes d'Australie, même Revue, 1893 (1°° semestre), p. 174. (4) Baronnet, Naturalisation de végétaux, etc. Revue des Sciences nat. appliq. 1894, juillet, p. 45. LA TRANSHUMANCE DES MOUTONS ALGÉRIENS. 341 de terrains salants et désertiques de l'Algérie et de la Tunisie n'offre aucune difficulté. Il est impossible à un voyageur qui traverse une contrée de procéder à des expériences de culture qui exigent plu- sieurs années. Pour nous rendre compte des chances de succès de l’entreprise que nous conseillons, nous avons eu recours à l'obligeance de plusieurs amis, qui ont bien voulu planter quelques boutures de Tamarix dans diverses parties de l'Algérie et de la Tunisie : Bou-Saada, Ghardaïa, Laghouat, Biskra, Gabès, Kébili. Le Tamarix a poussé partout avec vigueur, même dans les terrains salants où les Salsolacées dépérissent, ETABLISSEMENT ÉCONOMIQUE DES PLANTATIONS. Le procédé de boisement en Tamarix arliculata qui nous parait le plus économique, consiste dans la plantation de bou- tures sur tout l’espace à boiser. Celles-ci reprennent avec la plus grande facilité, même dans un terrain très salé, où l’on ne rencontre plus que de rares Chénopodées. Il n’est pas indispensable de défricher les parties que l’on veut boiser, mais on fera toujours bien de nettoyer le terrain des Salso- lacées et autres plantes qui rendraient la plantation plus difficile. Le mode de nettoyage le plus économique d’un terrain cou- vert de Chénopodées, Salsolacées et autres broussailles, est d’y mettre tout simplement le feu, pendant un jour de vent. On peut aussi avoir recours à la charrue, en se bornant à la- bourer le sol à 12 ou 15 centimetres de profondeur, juste assez pour arracher les racines de ces plantes qui sont peu profondes. Les boutures devront être coupées sur des branches de deux ou trois ans, de 15 à 20 millimètres d'épaisseur, et d’une longueur de 40 centimètres ; on les plante en carré à 1",50 ou à 2 mètres de distance en tous sens. (La pratique démon- trera laquelle de ces deux distances est préférable.) Ces boutures peuvent être enfoncées dans le sol avec un pal en fer comme pour la Vigne. Il y a généralement peu de manquants, on fera bien de les remplacer dès l’année suivante, 342 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Les jeunes plantations prennent vite un assez grand développement et la troisième année, on peut commencer à les élaguer et à se servir des brindilles comme fourrage pour les Moutons. Dans les terrains humides, on peut obtenir d'excellents résultats par le semis des graines du Tamarix articulata. Les sujets venus par graines se développent bien plus rapide- ment que ceux obtenus par boutures, et ils constituent plus facilement de vrais arbres. Je crois qu’on doit envisager le boisement par les Tama- riz arliculata à deux points de vue différents : Le premier est celui de l'exploitation des terrains boïsés comme paturages des Moutons; en ce cas, il est indispensable de les émonder la troisième année, et de les établir sur des troncs de 2 = 30 à 2% 50 de hauteur, en les couronnant en tétards, comme on fait pour les Saules ; le Tamarix articu- lata se plie très bien à ce régime et donne une quantité énorme de jeunes pousses, qu'on peut récolter tous les deux ans et dont les brindilles donneront un bon et abondant four- rage de réserve. Dans la second cas, on élague seulement le tronc jusqu'à 2 = 30 ou 2 50 et on traite le Tamarix articulata en arbre forestier, en vue de la production de bois, d'autant plus utile, que la région en manque complètement. Des terrains qui n'avaient aucune valeur comme pâturage avant la plantation, se gazonnent assez vite et deviennent à partir de la quatrième ou cinquième année, une grande res- source pour les troupeaux de Moutons qui trouvent un abri sous ces arbres et un pâturage plus ou moins abondant selon la nature du terrain, mais qui se bonifiera chaque année, à mesure du dessalement du sol, par l’action du Tamarix, pro- priété dont nous parlerons plus loin. Une bonne plantation peut s'établir ainsi : Sur trois arbres, on en élague deux en tétards, qui donneront du fourrage de réserve, et le troisième en arbre forestier, pour la produc- tion de bois de rapport. Pour la récolte des brindilles, on ne doit émonder qu'un seul des tétards (de chaque série) chaque année; de cette façon la plantation fournit du fourrage chaque année et conserve toujours de l'ombre. Pour obtenir une belle culture de Tamarir articulala, il est essentiel de mettre la plantation absolument à l'abri de la 2% LA TRANSHUMANCE DES MOUTONS ALGÉRIENS. 343 dent du bétail, jusqu'à l'élagage à 2,30 ou 2,50. Tous les moyens sont bons, le plus sûr est encore une barrière en fil de fer à ronces artificielles. L'observation a montré que le Tamarix, après avoir occupé quelque temps un sol, le laissait moins imprégné de sel qu’il ne l'était auparavant et, par conséquent, plus propre à la culture d’autres plantes plus exigeantes. Dans une polémique engagée sur la valeur biologique des excrétions salines des feuilles du Tamarix, M. Volken, de Berlin (1), a exposé d'une manière nette la facon dont se font ces excrétions et recherché les organes spéciaux qui les pro- duisent. Il leur attribue la faculté, grâce à leur extrême hygroscopicité, de pourvoir le végétal d’eau dans une mesure suffisante pour sa nourriture, en la puisant dans l'humidité de l’air ambiant, surtout pendant la nuit ef au moment de la rosée. La culture du Tamarix arliculala, nous paraît d'un in- térêt pratique de premier ordre, pour les vastes régions in- cultes, pour les déserts de l'Algérie et de la Tunisie, dont les conditions économiques autant qu'hydrographiques ne laissent pas encore admettre comme réalisable dès aujour- d'hui, la mise en culture totale par la voie du dessalement radical et de l'irrigation. Des la troisième année, après l’élagage et le couronnement des Tamarix en tétards, on facilitera le gazonnement de la plantation par des semis de plantes pouvant servir de patu- rage sur place et végétant vigoureusement à l'ombre des Ta- marix. On rencontre dans le Sud-Algérien, un certain nombre de Graminées fourragères poussant dans les Oasis où elles se développent à la faveur de l'humidité qui y règne et à l'ombre des Palmiers ; tels sont : Poa, Avena, Fesluca, Bromus, Lolium, Agrotis, etc... En dehors de ces plantes qui exigent beaucoup d'humidité, il y en a d’autres, qu’on trouve à l'état spontané, qui peuvent être propagées avec succès, puisqu'elles paraissent résister aux sécheresses et donnent lieu à un engazonnement rapide, et bien brouté par les Mou- tons, ce sont les genres Gynerium, Aristida, et bien d’autres. Avec le temps, le Tamarix dessalant de plus en plus les terrains et bonifiant le sol, on pourra commencer sous leur (1) Volken, Flora der arabisch-æegyptischen Wüste, Berlin 1857. 344 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. couvert, des cultures plus productives : Trèfles, Luzernes, Viccia cracca, Fèves, Betteraves, Pommes de terre à grands rendements, etc..... Dans les meilleurs sols, rien n’empéchera, après une pé- riode d’une douzaine d'années, d’éclaircir les Tamarix, en arrachant un arbre sur deux et en supprimant une rangée d'arbres sur deux ; de cette facon l’écartement, en tous sens, se trouvera porté à 3 ou 4 mètres entre chaque arbre, per- mettant d'utiliser le terrain par des cultures rémunératrices. On fera bien dans les bons terrains, après une période de douze à quinze ans, d'essayer avec prudence de défricher quelques petites parties, de 1/2 à 1 hectare, au centre même des plantations de Tamarix arliculala, ces parcelles de terre, abritées de tous côtés, par les restes de Ja plantation, permettront peut-être la culture des Céréales ou autres ré- coltes importantes sans changer l'hydrographie obtenue par les boisements ? Il est facile de prévoir, dès maintenant, la révolution éco- nomique, qui apporterait des millions d'hectares d'espaces incultes, transformés en forêts de Tamarix articulata, et la quantité incalculable de nourriture obtenue avec les ramilles et les pâturages broutés par les Moutons sous les Tamarix. En adoptant cette culture, conduite comme nous l’avons indiqué, il n'y a plus d’impossibilité pour introduire chez les nomades les races de Moutons croisées mérinos, d’un rendement plus rémunérateur, en laine et en viande. On peut prévoir, qu'avant vingt ans, l'hydrographie générale de la colonie aidant, les terrains, sans valeur en ce moment, s'étant de plus en plus améliorés, produiront assez de four- rage pour nourrir, Sans avoir recours à la grande transhu- mance, un nombre de Moutons double de celui existant au- jourd’hui, triplant ainsi la richesse agricole de l'Algérie et de la Tunisie. Je ne saurais trop le répéter, s’il est possible d'améliorer la stérilité de certaines parties de l’Algérie et de la Tunisie, et de faire reculer le désert, ce ne sera qu’en établissant des forêts, non seulement sur tous les points élevés du pays avec des essences d’arbres appropriées (Chênes, et essences rési- neuses), mais surtout, en plantant les immenses espaces de terrains incultes, en Tamarix articulata. À l’aide de ces deux genres de forêts, on obtiendra des pluies plus fré- LA TRANSHUMANCE DES MOUTONS ALGÉRIENS. 345 quentes, plus abondantes et bien mieux emmagasinées dans le sol, jusqu'ici stérile, des plaines et du sol montagneux; de ce dernier, elles ressortiront en sources également bien- faisantes pour les plaines du nord et pour celles du sud. IL est de toute évidence que plus ces eaux seront abondantes, plus les cultures deviendront florissantes et aideront à la coloni- sation européenne du Sud-Algérien et Tunisien. CONCLUSION. Sans la suppression de la {ranshumance, il n’est pas pos- sible d'obtenir une amélioration sérieuse dans l'élevage des neuf millions de Moutons appartenant aux indigènes, et, tant que la transhumance existera, il n’y a pas de reboisement possible sur les Hauts-Plateaux. Les faits matériels, depuis quarante ans, sont probants : Le nombre des Moutons a diminué de 1,500,000 depuis 1887 (sta- tistique déjà citée). Les Hauts-Plateaux se dénudent : depuis trente ans, les incendies ont dévoré plus d’un million d’hec- tares de forêts. Le désert gagne chaque année ; beaucoup de terrains, en culture en 1852, sont aujourd’hui arides. J'ai montré la voie à suivre ; le boisement en Tamarix ar- ticulala n'offre aucune difficulté. Le nettoyage du terrain s'obtient par le feu, l’enfoncement des boutures espacées à 1,90 ou 2 mètres en tous sens, fait par des Arabes avec un pal en fer, exige de deux à trois journées au plus par hec- tare, et peut être surveillé par le maire dans chaque com- mune. Il est également facile d'opérer par semis dans les terrains humides ; en ce cas, on doit donner un labour pour arracher les racines des plantes qu’on fera bien de brüler. Le Tamarix arliculata n'est pas encore très répandu en Algérie, il est plus commun en Tunisie, et se trouve en nombre considérable en Egypte et au Maroc. Les boutures nécessaires pour faire les premiers boise- ments exigeront une augmentation de dépense, mais par la suite, on sait qu'au bout de trois ans ces cultures pourront être élaguées et que chaque hectare fournira des boutures pour une nouvelle plantation de 30 à 40 hectares, 346 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Par qui ce colossal boisement doit-il étre entrepris, et quelle en est l'économie pratique ? Pour résoudre ce problème dans tous ses moindres détails, il nous manque de nombreux renseignements. Nous nous bornerons donc aujourd'hui, à en esquisser les grandes lignes : Ces boisements devant profiter à la colonie tout entière, en procurant des pluies plus fréquentes et mieux emmaga- sinées dans le sol, doivent étre entrepris par le Gouverne- ment algérien, à ses frais et sur des terrrains lui apparte- nant. Ces terrains ne devront être aliénés sous aucun pré- texte avant 15 à 25 ans. Nous allons indiquer pour quels motifs. Au fur et à mesure de l'élagage des T. articulata et de leur installation en tétards (3° ou 4 année), le pâturage des plantes poussant à l'ombre de ces cultures devra étre abandonné gratuitement, par cantonnement, aux pasteurs indigènes ; ainsi que la récolte des brindilles à faire chaque année, comme ii a été indiqué plus haut. Ces boisements gigantesques de 5 à 10 millions d'hectares en 7. articulata, peuvent être terminés en 20 ou 25 années ; ils fourniront de la nourriture pour 20 millions de Moutons croisés mérinos (2 Moutons par hectare), qui ont un dé- bouché assuré en France, pour remplacer les Moutons alle- mands, hongroïs et russes. La transhumance, si désastreuse, disparaitra d'elle-même, au bout de 12 à 15 ans, c'est-à-dire lorsque 4 à 5 millions d'hectares seront en plein rapport. C'est alors seulement qu'on pourra entreprendre avec plein succes le reboisement des Hauts-Plateaux en Chênes et essences résineuses indigènes. BÉNÉFICES DE L'OPÉRATION. Les sommes avancées par le Gouvernement algérien, 30 à 50 millions de francs en vingt-cinq ans, pour des boïsements, pâturages, ne doivent pas être considérées comme une charge pour celui-ci; l'opération constitue, au contraire, un véri- table placement de père de famille. En plus des avantages généraux obtenus par une amélio- ration hygrométrique de l'Algérie ; de la plus-value des im- LA TRANSHUMANCE DES MOUTONS ALGÉRIENS. . 347 menses espaces dessalés par l’action du Tamarixæ; de la vente par le Gouvernement des Tamariæ éclaircis dans les plantations jugées susceptibles, après dix ou douze ans, de produire des cultures plus rémunératrices et de la vente d'une partie de ces terres à de nouveaux colons, il est une autre source de richesse, de laquelle il est bon de tenir compte. Ce n'est pas sans raison que nous avons conseillé d'exploiter ies plantations par séries de trois arbres, dont deux taillés en tétards, devant fournir des brindilles pour fourrages de réserve et le troisième en arbre forestier, pour donner du bois d'œuvre, dans un pays où il fait générale- ment défaut. J'ai montré qu'un 7. arliculala de vingt à trente ans pou- vait facilement atteindre 60 centimètres à 1 mètre de dia- metre et s'élever à une hauteur de 12 à 20 mètres. En éclair- cissant les plantations des arbres forestiers (600 à 800 par hectare, soit pour les 5 ou 10 millions d'hectares, le chiffre colossal de 3 à 8 milliards de Taimarix), on retirera un im- portant bénéfice, qu'il est impossible d'estimer dès mainte- nant dans un pays sans moyens de transports économiques mais qui devra se transformer d'ici vingt-cinq, quarante ans. Quoi qu'il en soit, on peut admettre qu’il sera difficile, même en vingt à vingt-cinq ans, de vendre la totalité de ces arbres comme bois d'œuvre surtout dans le Centre etle Sud-Algérien ; mais à défaut de cette source rémunératrice, on sait par l’ana- lyse, que les cendres de Tamarix donnent des sels utilisables. Les eaux méres contiennent beaucoup de muriate de ma- gnésie et de muriate de soude ; en arrosant ces cendres lessi- vées avec une eau légèrement aiguisée par l'acide sulfurique, on obtient des sulfates de magnésie. L'industrie saura bien trouver un emploi rémunérateur de ces sels ; à la rigueur, les cendres de Tamarix forment un engrais qui n'est pas à dédaigner sur place. Il est utile de faire remarquer que ces trois à huit milliards de Tamarix artliculata forestiers peuvent être exploités sans rien changer à l’économie fourragèere de la plantation, puisque deux arbres sur trois continueraient à donner une ombre bienfaisante pour les plantes de pacages et des brin- dilles pour nourrir les Moutons dans la mauvaise saison. Nous avons montré par la statistique, que l'élevage du 348 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Mouton a diminué de 1,800,000 têtes, depuis 1887. Cette dimi- nution était facile à prévoir et elle ne s'arrêtera pas là. En effet, on a, petit à petit, enlevé aux pasteurs arabes les meil- leurs pâturages du littoral, pour les donner aux colons, qui font très peu d'élevage de Moutons et exploitent leurs terres en Vignes, Céréales et autres cultures plus rémunératrices. Les pasteurs arabes réduits à faire paitre leurs Moutons dans les plaines salées et désertiques, où il ne pousse que des plantes chétives et clairsemées, sont bien forcés de faire la transhumance sur les Hauts-Plateaux, pendant la période estivale. On sait, en Algérie, que les mœurs de ces nomades s'opposent à toutes espèces de cultures, essayer de les con- traindre serait imprudent, il nous parait plus humain et de meilleure politique, pour le Gouvernement algérien, de se les attacher par la reconnaissance, en leur procurant des pàtu- rages gratuits. N'oublions pas que l'élevage du Mouton est la plus impor- tante source de richesse pour notre Colonie, que les pasteurs indigènes conduisent encore aujourd’hui plus de 9,000,000 de Moutons, et qu'avec 5 à 10 millions d'hectares plantés en Tamarix articulata, ils en nourriront 20 millions de race perfectionnée (d'ici quinze à vingt ans), et pourront alors ap- provisionner les marchés francais du nombre de Moutons nécessaires à l'alimentation, supprimant ainsi, répétons-le, les arrivages de Moutons allemands, hongrois et autres, au grand profit des intérêts nationaux. Dans notre pensée, la question qui doit primer toutes les autres, aux yeux du Gouvernement algérien; c’est la rareté des pluies résultant des déboisements périodiques; la stérilité va s’accentuant chaque année. Nos observations personnelles et nos recherches pendant dix années, nous ont donné la conviction absolue que le boisement en Tamarix articulata par boutures n'offre au- cune difficulté, qu'il est de beaucoup le plus économique et d’une réussite assurée ; qu'en plantant 5 à 10 millions d’hec- tares de terrains salés et désertiques inutilisés, on trans- formera le climat général de notre colonie et on tranchera cette difficile question de la transhumance, au mieux des in- térêts de ces malheureux pasteurs indigènes et de l’Algérie tout entiere. Il n'est pas prématuré de prévoir qu'avec des pluies plus LA TRANSHUMANCE DES MOUTONS ALGÉRIENS. 349 fréquentes et mieux emmagasinées dans le sol et la bonifi- cation des terrains par le Tamarix on pourra, d'ici 12 à 15 ans, coloniser le Centre et le Sud-Algérien, en offrant à 10 ou 15 francs l’hectare des lots boisés en Tamarix, qui attireront les pasteurs basques, pyrénéens et d’autres pays du Midi et du centre de la France. Voilà, m'objectera-t-on, une belle perspective, ou plutôt une belle utopie, mais qui a le malheur d’être tout à fait hors de proportion avec les moyens proposés pour en faire une réa- lité. Est-ce avec la culture du simple et unique Tamarix ar- hiculata, dans des terres sans valeur, qu'on peut espérer: une si heureuse révolution? Pourquoi pas? qu'on veuille bien entreprendre quelques expériences, elles ne sont pas rui- neuses, et jusqu'à ce qu'elles aient été faites sérieusement sur un espace un peu important, on n’a pas le droit d'en mé- dire; j'ajouterai que, bien souvent, des petits moyens ont produit de grands résultats et ont fait la fortune de pays entiers. 350 SUR L'UTILISATION PRATIQUE DES PIGEONS MESSAGERS DANS L'ANTIQUITÉ (1) par Charles SIBILLOT. À la Société nationale d'Acclimatation de France. Hommage reconnaissant d'un lauréat. Messieurs, Vous avez bien voulu m'accorder une médaille d'argent pour mes travaux sur l'emploi pratique des Pigeons voya- geurs. Je croirais manquer à mes devoirs en ne vous offrant pas la primeur de mes nouvelles recherches sur l’utilisation pratique des Pigeons messagers dans l'Antiquité. Les dessins que j'ai l'honneur de soumettre à votre examen sont la reproduction de documents curieux corroborant deux des principaux usages primitifs de la colombophilie. DEssix N°1. Fragment du palais de Sennacherib (700 ans avant J.-C.). Représente la procession du Pigeon-Dieu. Les princes et monarques d’Assyrie, comme les prêtres et chefs des premières heures en Phénicie et en Egypte, utilisèrent secrètement la poste aérienne pigeonnière au bénéfice du pou- voir. C'était un beau moyen de domination que la connais- sance rapide de tout ce qui se passait dans le monde privé de (1) Communication adressée à la Société dans la séance générale du 23 avril 1897, 2 LES PIGEONS MESSAGERS DANS L'ANTIQUITÉ. 351 tout autre système de télégraphie! Afin d'assurer le monopole de l'emploi des facteurs aïlés, on divinisa le Pigeon. Il s’agis- sait, en outre, de le protéger contre les masses isnorantes et grossières qui auraient pu l'arrêter dans sa mission secrète. Il existe de nombreux textes à l'appui; leur nomenclature ou leur analyse feront l’objet d’un ouvrage spécial. Je ne citerai aujourd’hui que le témoignage de Tibulle, nous apprenant que de temps immémorial, la Colombe messagère voyageait en Syrie sous le couvert de la divinisalion. Afin d’inculquer davantage dans l'esprit des populations le Cuile du Pigeon voyageur, les prêtres organisèrent des céré- monies où l'effigie du Pigeon-Dieu était promenée solennel- lement devant le peuple agenouillé. C’est une de ces céré- monies que représente le fragment du Palais de Sennachérib (Layard, Monuments, série I, pl. 67). Les savants appellent cette scène colombhophile « Portement des Dieux », sans ex- pliquer pourquoi le Dieu a pris la forme d’un Pigeon court bec tenant des genres Columba tabellaria syriaca et indica, c'est-à-dire des messagers dits de Beyrouth et de Bassorah actuellement. < Renseignements divers sur les plantes dont les graines ont été dis- tribuées en juin et juillet 1897 aux membres de la Société d'Ac- climatation. Note de M. CHarzes Naunix (de l’Institut) Membre honoraire de la Société Abies Webbiana, de l'Himalaya. Un des plus beaux du genre. Déjà introduit en Europe, mais rare dans les collections de Conifères. Acacia acinacea. Petit arbrisseau d'Australie, à fleurs jaunes, pré- coces ; ornemental. Acacia argyrophylla. Idem. feuilles soyeuses, argentées. Bel arbrisseau d'ornement. À cacià albicans. = COMTE — brachybotria. D'Australie, arbrisseaux d'ornement, fleurs jaunes, de plein air dans le Midi. De. 7 Acacia dealbala. Grand arbre, à feuillage composé, glauque, blan- châtre ; floraison superbe, jaune, précoce, expédiée aux mar- chands de fleurs du Nord sous le nom de Wimosa. Acacia decurrens. Grand arbre, presque semblable au précédent ; belle floraison. L’écorce de l'arbre est très riche er tanin et exploitée par le commerce à ce point de vue. Acacia culériformis. Grand arbrisseau, glauque -blanchâtre, superbe floraison, excellente pour le commerce des fleurs en hiver. Acacia cyclopis. — imbricala. — ileaphylla. ) Acacia melanoxæylon. Arbre moyen, très beau, touffu, ornemental, à fleurs blanches ou presque blanches, ce qui est une exception l simples arbrisseaux d'ornement, tous d’Aus- tralie et propres aux jardins du Midi. dans le genre. Acacia oblique. ; à à ÿ Arbrisseaux d'ornement, curieux par leur feuil- — pravissima. : cn lage menu et par leurfloraison. — verticillata. Tous ces Acacias sont d'Australie, et tous rustiques en Provence. La plupart sont d’orangerie dans le nord. Alnus integrifolia. Aune de Californie. Nouveau. Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 925, 370 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. Arundinaria macrosperma. Sorte de Bambou de la Louisiane, belle Graminée ornementale, encore inconnue chez nous. Banhsia verticillata. Proteacée arborescente d'Australie. Bauhinia purpurea. Petit arbre de l'Inde, à grandes fleurs pourpres, rustique en Provence. Betula occidentalis. Bouleau nouveau, de l'Amérique du Nord. Bignonia Ticeediana. Superbe plante grimpante, à fleurs jaunes, de Buenos-Ayres, rustique en Provence. Cesalpinia minax. Mimosée de l’Inde, encore inconnue. Callitris cupressiformis. ) Deux Conifères nouvelles d'Australie, orne- — Mulleri. \ mentales en attendant mieux. Deux arbrisseaux du Chili, très curieux, tout er épines. Le (. cruciata surtout est bizarre de figure et d’aspect. Colletia cruciata. — Spinos4. Eucalyptus botryoides. ) Très grands arbres d'Australie, remarquables — Mulleri. N\ par la rapidité de leur croissance. Euscaphis staphylioides. Arbrisseau d'ornement du Japon, fleurs blanches. Freesia. Plante d'ornement, bien connue aujourd’hui, importante pour le commerce des fleurs, diverses variéiés. Ficus altissima, de l'Inde, encore inconnu chez nous. Pourra rendre des services dans les colonies. Ipomœæa. Nouvelle espèce envoyée de Chine par les missionnaires, grimpante, floribonde, fleurs blanc rosé. Tinpatiens. Nouvelle espèce de l'Himalaya. Juniperus Utahensis. Genévrier nouveau de l'Amérique du Nord. Malva fragrans. Arbuste d'ornement, à fleurs roses, de Chine. Melastcna sanguineum, de l'Inde, superbe fleur pourpre violet, arbris- seau de serre chaude ou d’orangerie. Nephelium leïocarpum. Petit arbre d'Australie, ombreux et ornemental, rustique en Provence. Osteospermum moniliferum. Sous-arbuste, fleurs jaunes, rustique. Pitlosporum coriaceum. Grand arbrisseau à feuilles persistantes, à fleurs pourpre noir. curieux, très ornemental, rustique en Pro- vence. Planera crenata. Arbre forestier d'Orient, rustique, déjà connu. Polygala virgata. Joli arbrisseau d'ornement, à fleur rose pourpre. Prunus americana. : à : 2e Trois Pruniers de l'Amérique du Nord, encore — MATME. à ( peu connus, — _niqix- EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. 371 Prunus puddum, de l'Inde, connu en Europe, mais toujours rare. Pyrus betulifolia, de l'Amérique du Nord. Nouveau. Quillaja saponaria. Grand arbre du Pérou et du Chili, rustique en Pro- vence, feuillage persistant, fleurs blanches. L’écorce est employée pour le lavage des étoffes. Rhaïnnus crenata. 2 Le | De l'Amérique du Nord. Nouveaux. = melanocarpa. \ Rhus integrifolia. Nouveau, peu connu, rustique. Rhus succedanea. Arbre industriel du japon, producteur de cire, rus- tique seulement dans la région méditerranéenne. Rhus vernicifera, du Japon, très industriel, il produit la substance connue sous le nom de Vernis du Japon. C’est un arbre de moyenne taille, très rustique dans toute la France. On com- mence à le cultiver en Allemagne, pour le profit. Ribes Menziesi, de l'Amérique du Nord. Nouveau. Rosa arkhansana. ae À À ù l de l'Amérique du Nord, espèces inconnues. — species? ) Viburnum cassinoides. — cotinifolium. | Arbrisseaux de l'Amérique du Nord. Nou- — dilatatum. veaux ou peu connus. = molle. Vitis riparia. } Types sauvages de l'Amérique du Nord. Espèces déjà — Solonis. Ÿ introduites comme porte-greffes. Yucca angustifoliu. Belle plante d'ornement, de Californie et du Colo- rado. Encore rare en Europe. PALMIERS. Cocos australis. Arbre superbe de l'Amérique du Sud, très glauque, tout à fait rustique en Provence, abondamment fructifère à la villa Thuret, fruits comestibles. Très recommandable. Pseudophænix Sargenti. Tres beau Palmier, récemment découvert dans le sud de la Floride. Probablement rustique dans la région de l'Oranger, à recommander aux amateurs. Les graines germent très lentement. Jubæa spectabilis. Enorme Palmier du Pérou et du Chili, où on l’exploite comme saccharifere. Très rustique dans la région de l'Oranger. Il fructifie régulièrement à la villa Thuret depuis trois ans. L'arbre craint l'humidité, et se contente de faibles ar- rosages. EXTRAITS ET ANALYSES. OBSERVATIONS SUR UNE APPARITION DE VOLS DE LIBELLULES Par CHARLES BARROIS. Remarques de Charles JANET et de René MARTIN. M. le docteur Ch. Barrois, professeur de Géologie à la Facullé des Scieuces de Lille, a fait en seplembre 1895 une intéressante obser- valion. Il était à cette époque, dans le Morbihan et suivait, une après- midi par un très beau temps, une route orientée de l’est à l’ouest. C’est une époque où l'on voit fréquemment dans cette région, sur- tout près des mares d'eau, de nombreuses bandes de Libellules; ce jour-là, elles paraissaient très préoccupées et l’objet de leur préoccu- pation était le fil télégraphique qui longe la route. Ces Insectes qui appartenaient à une seule et même espèce, élaient posés uniformément sur ce fil, (ous dans la même position, le corps dans l'axe du fil, la tête tournée du côté de l'ouest vers le soleil cou- chant et l’abdomen faisant avec le fil un angle d'environ 25 degrés. De tous côtés arrivaient de nouvelles Libellules. Les nouveaux arri- vants se précipilaient d’abord vers les Libellules fixées et planaient au- tour d'elles à une distance de deux centimètres. Mais cela ne durait pas. L'Insecte fixé relevait subitement l'abdomen à 45 degrés, et immédia- tement le second Insecte cessait son vol plané et allait se fixer sur le fil, comme ceux quil'y avaient précédé, dans la même position et dans un é!al de rigidité absolue. La distance entre les Insectes fixés variait de 10 à 30 centimètres comme minima et maxima. La moyenne assez régulière était de 20 centimètres, et ils n'étaient jamais plus près les uns des autres que 10 centimètres. Ils ne venaient jamais de plein vol sur le fil, mais on les voyait fondre de tous les points de l’espace sur les individus fixés; aussilôt après le mouvement de queue iudi- qué, ils se dirigeaient en avant, c'est-à-dire vers l'Ouest et se fixaient sur le fil, dès qu'ils trouvaient de ce côlé un espace libre suffisant. M. Barrois n’a vu aucun individu agir d’une facon différente. Il a suivi la route en question pendant trois heures, de Penestin à Ca- moël ct Feret, sur une longueur de 12 kilomètres et sur celte longue distance, le fil était couvert de Libellules, posées de 20 en 20 centi- mètres. Cela donne un total de 60,000 individus. Les Libellules, une fois posées, restaient absolument immobiles. Elles semblaient hypnolisées par le soleil réfléchi sur le fil, comme le Coq par le trait de craie que l’on trace devant son be. EXTRAITS ET ANALYSES. 313 Exceplionnellement, l'une d'elles quillait le fil, mais c'était tou- jours pour aller se replacer immédiatement quelques mètres en avant; aucune ne s’envolait pour reprendre sa course dans l’espace. Mais la roule qui étail jusque-là rectiligne et orientée est-oucst, tourne ensuite brusquement vers le sud et se trouve airsi orientée nord-sud. À parlir du point où la route change ainsi de direction, il n'y avait plus aucune Libellule posée sur le fil télégraphique ; eiles passaient au-dessus de la route sans s'arrêter. En présentant celte observalion de M. Charles Barroiïs, M. Janet appelle l’altention de la Société sur quelques points. Le fait que toutes les Libellules sans exception étaient lournées vers l’ouest, prouve bien qu'elles élaient allirées par la lumière du soleil. Quant à la régularilé de leur écartement, elle clait peut-être due à ce qu'elles ne se posaient qu'aux points du fil où le soleil pouvait se refléter sans être masqué par la présence de la Libellule précédente. Il eût été in- téressant de voir ce qui s’est passé au moment où le soleil s’est abaissé au niveau du fil et au moment où il a disparu. M. René Marlin à qui l'observation de M. Barrois a élé communi- quée donne à son sujel les indications suivantes. L'espèce observée doit êlie, à cause de la saison et de la localité où l'observation a été faite, et à cause des habiludes de l’Insecle, un Diplax très probable- ment le D. sanguinea ou le D. sériolata. Ce sont des Libellules de taille moyenne, à ailes limpides, à teintes jaunes, devenant rouges chez les vieux mâles. L'observation de M. Barrois ne paraît pas pou- voir être rapportée à d'autres espèces, car en seplembre, on ne voit plus guère voler que des Diplax ou de très petits Agrions ou de trés grandes Æschnides. M. Marlin a vu souvent des Odonates se poser ainsi sur des fils télégraphiques; mais ils n'étaient jamais en aussi grand nombre et ils ne se posaient pas exclusivement sur les fils. Les Diplax naissent par milliers, au hord de certains étangs et ensuite émigrent à de petites distances, ordinairement dans la même direc- tion. Cette émigration ne se fait pas tout d’une traite et les Insectes se posent continuellement sur les branches sèches les plus élevées des buissons. Parfois sur une haie, tous les bouts de branches portent un Diplax sanguinea. Si un autre survient au vol, le premier occupant relève l'abdomen et lui donne la chasse pour revenir aussilôt sur son perchoir, où il reste immobile, dans un état de rigidité absolue et ne remuant que la tête par moments. Les Diplax striolata recherchent moins les buissons élevés et préfèrent, pour faire le même manège, les joncs et les herkes (1). (1) Bull. Soc. entomologique de France. Communiqué par M. Jules de Guerne à la Section d'Entomolosie daus la séance du 12 avril 1897, 374 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. LES JUJUBIERS EN CORSE ET EN ITALIE (l), par F. Decaux. La culture du Jujubier remonte à une époque très reculée. Pline nous apprend qu'au temps de la République romaine, le Jujubier commun, Zizyphus sativa, n'existait point en Italie, qu’il y fut apporté de Syrie sous le consulat de Sextus Papirius, c’est-à-dire aux premiers jours de l'ère chrétienne et qu'il ne tarda pas à se répandre à cause de la beauté de sa tige et du feuillage brillant qui le décore. D’après Théophraste, cet arbre serait originaire de la Perse et non de Syrie, où il n’a pas été rencontré à l’état sauvage. Le Jujubier commun végète lentement et pousse tard; bien cultivé, il peut atteindre (dans la zone de l’Olivier) de 8 à 10 mètres et plus; livré à lui-même, il pousse partout : sur les coteaux arides, dans les ravins, au bord des chemins; en ce cas, il est réduit à l’état d’arbris- seau rameux, tortueux, garni d’aiguillons. Bien qu'on ait dit le con- traire, cet arbre peut supporter le froid des hivers de France; j'ai connu un Jujubier dans l'arrondissement de Cambrai, atteignant 5 à 6 mètres et donnant des fruits chaque année, mais qui venaient à ma- turité seulemert lorsque le mois de septembre était chaud. Le fruit du Zizyphus sativa appelé Jujube, est un drupe d’abord vert, puis jaune, enfin rouge, de la forme et de la grosseur d’une olive, dont la pulpe blanchâtre. aigrelelte, vineuse, d'un goût assez agréable, est ferme, sucrée, très nourrissante lorsqu'elle est arrivée à point. Elle a la doubie propriété de rafraîchir, de calmer un peu la soif et de sou- lager les personnes affectées de toux et de catarrhes. Avec les dattes, les figues, les raisins secs, il constitue les fruits appelés béchiques en médecine, et fournit, par la décoction, une tisane adoucissante re- commandée contre les inflammations chroniques des poumons. J'ai vu en Corse et en Italie, des cultivateurs suspendre au plancher des rameaux chargés de fruits de Jujubier et les y laisser plusieurs jours pour se rider; ailleurs, on les cueille et on les expose au soleil sur des claies ou sur des nattes. On les livre ainsi aux pharmaciens et au com- merce. Dans les villages, ces fruits constituent une grande ressource pour les familles pauvres, qui en font une grande consommation et les préfèrent aux figues. Une autre espèce de Jujubier, fort célèbre, sur laquelle Desfontaines a publié en 1788, un mémoire très intéressant dans les Actes de l’Académie des Sciences de Paris, est le Jujubier des Lotophages, Zi- (1) Résumé d’une communication adressée à la Section de Botanique dans la séance du 25 mai 4897. EXTRAITS ET ANALYSES. 375 zyphus lotus, des plaines arides et incultes de l'Afrique méditerra- néenne, arbuste de 2 à 4 mètres, dont les nombreux rameaux, d'un gris blanchâtre, se dressent ou se courbent vers la terre. Le fruit, de la grosseur d’une prune sauvage, d'abord vert, puis safrané dans la maturité, la forme sphérique et renferme un noyau petit, osseux, arrondi, biloculaire. La patrie primitive de cet arbre paraît être la chaîne de l'Atlas; l'Ile de Gerby, dans le golfe de Gabès, est le pays où on le cultiva le plus; ses habitants en faisaient leur nourriture habituelle. Ce sont eux que nous trouvons indiqués dans les auteurs grecs sous le nom de Lofo- phages. Au rapport de Polybe, ils cueillaient les baies, les broyaient et les renfermaient dans des vases pour les manger quand la saison élait passée; ils en retiraient aussi une liqueur qui ne se conservait pas au delà d’une décade, aussi n’en préparaient-ils que par petites quantités. De nos jours, d’après les renseignements qui m'ont été donnés, les habitants des bords du golfe de Gabès et du voisinage du désert mangent ces fruits, les vendent sur les marchés, et en nourrissent même leurs bestiaux. En Sicile, le Jujubier est assez répandu, le fruit y est employé comme nourriture par les cultivateurs, qui en font une sorte de gâleau d'un goût agréable. Le Zizyphus lotus paraît souffrir du froid; il est beaucoup moins commun en Corse, que le Z. safiva, qui pousse partout. Pour me résumer, en Corse et dans le midi de la France, dans les. terres susceptibles d'une autre culture plus rémunératrice, celle du Jujubier en grand serait une faute, à cause de ses racines tracantes, des épines dont ses branches sont garnies et qui blessent les animaux venant paître parmi les buissons; mais, dans les terrains arides, les ravins, au bord des chemins, on doit propager le Jujubier commun et en recueillir les fruits qui peuvent être d’une grande ressource, pour la nourriture des habitants pauvres. >< LA CULTURE DE L'IGNAME ET DU TARO EN NOUVELLE - CALÉDONIES TRAVAUX GIGANTESQUES DES INDIGÈNES (l) Par GLAUMONT. Les Néo-Calédoniens sont de grands agriculteurs. Je ne parle que- pour mémoire de la culture du Bananier, dont le fruit est cependant (1) Mémoire présenté dans la séance générale du 2 avril 1897. — Publié dans L'Anthropologie vol. 8, 1897; les clichés ont été mis gracieusement à la dispo- sition de la Société d’Acclimatation, par M. G. Masson, éditeur. 376 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. un appoint considérable dans la nourriture du Canaque, de la Canne à sucre, du Manioc, des Patates douces et du Cocotier. Je vais m'occuper spécialement de deux plantes qui sont les bases presque essentielles de l'alimentation végétale du Néo-Calédonien, et pour la culture desquelles il exécute des travaux d’art vraiment re- marquables ; je veux parler de l’Igname et du Taro. IGNAME. L'Igname est une racine féculente dont la culture est en grand hon- neur en Nouvelle-Calédonie. C’est pour le Canaque la nourriture par excellence ; suivant que la récolte en est bonne ou mauvaise, c’est pour lui l’abondance ou la disette. On trouve dans l’île plusieurs sortes d’Ignames : la Dioscorea sativa, D. aculeaia, D. alafa ; les trois espèces sont cultivées. La racine, qui seule est comestible, varie comme couleur du blanc au violet et au noirâtre. Elle est plus grosse à l'extrémité inférieure qu’à la supe- rieure, ce qui rend difficile son extraction. Elle peut dépasser 75 cent. de longueur et peser de 15 à 20 kilogrammes ; elle contient jusqu'à 25 pour 100 d’amidon. Ce dernier chiffre est un maximum. Les meil- leures Ignames, les blanches, contiennent plus de farine et moins d’amidon. L’'Igname se pique comme la Pomme de terre. Pour débrousser le sol qui doit recevoir le fruit, les Canaques, après avoir choisi un champ en repos, en friche depuis cinq ans au moins, arrachent l'herbe et y meltent le feu. C'est le seul procédé d’amendement et de fumure qu’ils connaissent. Il a un inconvénient grave, c'est de causer quelquefois d'immenses incendies. Les hommes défoncent alors le sol avec de grandes et longues perches en bois, pointues et durcies au feu, travail long et pénible, pour lequel plusieurs familles s’unissent, car il faut, pour avoir une bonne récolte, que le sol soit défoncé jusqu’à 1 mètre de profondeur au moins. Ce travail est fait par les hommes seuls. L'Igname en Nouvelle-Calédonie est cultivée de deux manières principales : en plaine ou sur les flancs des collines et même des mon- tagnes, de préférence dans les intervalles des montagnes, dans les gorges. Sur les collines, aujourd’hui dénudées, on apercoit, jusqu’à 100 et 400 mètres de hauteur, des sortes de renflements, de ialus en demi- lune, que l’on ne s’expliquerait pas, si l’on n'avait pour se guider, les ignamières en pleine exploitation. Dans le sol qu'il a défoncé, le Canaque enfouit un morceau d’I- guame, et fait au-dessus un petit monticule. Autour de ce monticule, recouvrant le plant, les femmes avec leurs mains et des paniers, les hommes avec des pelles en bois dur relèvent la terre en talus, de facon EXTRAITS ET ANALYSES. 371 à former une demi-lune dont les pointes sont dirigées vers le bas. C’est ce que montre la figure 1. Un peu plus bas, le Canaque établit une autre demi-lune, puis à gauche, puis à droite, et cela jusqu’au bas de la colline. Cette dispo- silion se retrouve avec des variantes sur toutes Tes collines à igna- mières de la Nouvelle-Calédonie. Plus tard, le Néo-Calédonien piquera au centre de chaque monti- cule, une longue perche, de façon que la tige de l’Igname puisse s'y enrouler. C’est une facon de ramer les Ignames. Ces talus ainsi faits n’ont qu’un but, empêcher les eaux de pluie, lorsqu'elles descendent des montagnes, d'entraîner dans leur course et la terre meuble et l'Igname. Sans cette précaution, cela arriverait infaillibiement sur les collines qui ont souvent une pente variant de 10 à 30 degrés. Le Canaque ne plante pas seulement l'Igname sur les collines, il la cultive également en plaine. Là, son procéde de protection change, se modifie, de simple il devient double. Sur la colline en pente il ne craignait que l'eau tombant des hauteurs : son talus, en demi-lune, suffisait pour protéger le plant. Dans la vallée il craint l’inondation de tous les côtés. Il ferme alors complètement la demi-lune, qui devient ainsi un cercle parfait, protégeant le mamelon de tous les côtés. Pendant la saison sèche, qui dure quelquefois cinq à six mois, il tombe peu d’eau relativement, mais quand elle tombe, c’est souvent à torrents. L'eau emporte tout dans sa course, et trois jours après, la terre est aussi sèche qu'auparavant, la pluie n'ayant pas eu le temps de pénétrer le sol. Ce talus fermé est en même temps pour le plant de l'Igname, un réservoi: d’eau et une protection contre les eaux Le Canaque, décu plus d’une fois dans ses espérances de récolte, a ima- giné des protections que l'observation lui avait indiquées. Pour ramer ses Ignames de plaine, le Néo-Calédonien modifie le 378 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. procédé décrit tout à l'heure : au lieu d’une simple perche fichée ver- ticalement, il enchevêtre des morceaux de bois flexibles dont l’une des extrémilés est fichée dans le monticule, l’autre sur les bords du talus. Au moment où l'Izgname s’y enroule, on a l'aspect d’une véri- table corbeille de verdure. Tels sont les deux principaux procédés employés pour la culture de l'Igname en Nouvelle-Calédonie. Celle-ci étant la nourriture par excellence, je ne puis passer sous silerce une cérémonie qui s’y rattache. Au moment de la plantation, les Canaques ont l'habitude de frotter chaque morceau d'Igname avant de l’enfouir, avec une pierre sortilégique. Cette pierre, appelée Pe- Maho, ce qui veut dire : « qui produit l'Izname », est cylindrique, aplalie à une de ses extrémités et mesure 0%,25 à 0,30 de longueur. Plusieurs de ces Pe-Maho doivent figurer au Musée du Trocadéro avec toutes les pierres sortilégiques de la Nouvelle-Calédonie. J’ai raconté, dans la Revue d’Efhnographie (1), la fête Moulim qui se célèbre dans l'île Belep, au nord de la Nouvelle-Calédonie, au mo- ment de la récolte des Ignames. Je vais relater celle en usage dans le centre de Bourail, au pied de la chaîne centrale. Avant de faire la récolte des Ignames, les Canaques de Ni et des environs consultent une pierre, non portative, mais fixe. C'’esi une sortilégique énorme, que les hommes ne peuvent regarder quand leurs femmes sont enceintes. Pourquoi ? Mystère : Le chef de Poté, Cate- raine, dont la femme est grosse actuellement, fait un grand détour pour éviter celte pierre afin de ne pas compromettre la récolte. Cette pierre est sous la garde d’un vieil évocateur de la tribu de Poté, un vieux lépreux atteint d’éléphantiasis. Le vieux consulte donc la roche tabou, quand il croit le temps de la récolte venu. Il fait alors prévenir les hommes des tribus amies des environs, de venir à sa case dès le lendemain, Après un long discours (les Canaques sont tous orateurs), il les envoie dans la montagne cher- cher un tas de branches de bois de kiarou (bois sacré de l’Igname). A leur retovr, il en fait de petits paquets qu'il remet à chaque chef de famille. Le lendemain, l’évocateur accompagné de cette troupe nombreuse se rend dans les tribus éloignées qu’on a l'intention d'inviter. On leur annonce que, dans cinq jours, on mangera «la première Igname ». Chaque indigène accourt et offre au vieux sorcier des pièces de rha 1) Usages, mœurs et coutumes des Néo-Calédoniens, Zoc. cit., vol. VIII, 1889, page 93. EXTRAITS ET ANALYSES. 379 (étoffe confectionnée avec les écorces de Banian ou de Bourao feutrées au marteau-foulon). Celui-ci leur remet en échange des petils paquets sortilégiques faits la veille. Et le soir, en rentrant, le vicillard s’enferme dans sa case, à l'abri des regards indiscrets, et, seul de toute la tribu, mange la première Igname. Pendant les cinq jours qui précèdent la fête, les femmes ne doivent se montrer sous aucun prétexte. Elles vont coucher dans les bois. C’est pendant ces quelques jours que sont plantés deux poteaux devant la case de chaque guerrier; à chaque perche on attache les petits paquets sortilégiques donnés par le sorcier. Après cela, les hommes retournent à la forêt à la recherche d'une autre plante que _ l'on attache au sommet des pieux qui soutiennent les rameaux de l’'Igname. Le cinquième jour, tant désiré, arrive enfin. Ce jour-là, la tribu va pour la première fois manger le fruit nouveau. Tout d’abord, sept ou huit Ignames sont déterrées avec la plus grande précaution, enveloppées de feuillage et ornées à la plus fine extrémité d’une branche de bois de Kiarou à feuilles gaufrées. On porte en grande pompe ces Ignames, ces prémices de la récolte, devant les Tabous protecteurs de la tribu, grandes images en bois dur, de 3 à 4 mètres de hauteur, représentant une figure humaine grossière- ment sculptée ; ces stalues sont bariolées de noir, de rouge et de blanc. Le terrain choisi pour la fête est, en général, une allée de Cocotiers, large de 10 à 20 mètres, longue de 50 à 100 mètres. Au centre, sont piquées en terre de longues perches ornées de brindilles et de feuilles. À chaque extrémité de cette allée, au pied d'un bouquet d'arbres, est enterrée une petite marmite canaque, en terre cuite, qui ne sert qu’à cette occasion. Ce sont des enfants qui doivent la déterrer. Cette année, ce furent le fils de Cadouba, chef décédé et le fils du frère de ce chef, Badoucha, qui furent choisis pour cette cérémonie. Chacun d'eux s’en fut déterrer sa petite marmite et fit lui-même les préparatifs de sa cuisine. Lorsque l'Igname nouvelle fut cuite, chacun des enfants mangea la sienne et enterra sa marmite à l'endroit où il l'avait prise. Alors, le chef, ou le plus vieux de la tribu, monte sur une grosse et longue perche taillée à échelons (le plus souvent les nœuds servent d'échelons) et de là, à 3 ou 4 mètres de hauteur, dominant la foule, il prononce un discours qui dure une demi-heure, uue heure même, sui- vant son degré d’éloquence et surtout de la force de ses poumons, car il parle sans s'arrêter et à tue-tête ; à peine prend-il le temps de res- pirer. En substance, il dit que les anciens ont toujours respecté et fêté la première Isname, il engage les jeunes gens de la tribu à en faire autant dans l’avenir ; puis se tournant la tête haute vers les tabous de la tribu, il les prie, comme étant leurs ancêtres, de bien vouloir donner 389 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. chaque année à eux et à leurs descendants une bonne récolte d'I- gnames, les adjurant de se souvenir que, lorsqu'ils étaient sur la terre, ils ont toujours bien mangé ; qu'eux, leurs fils et HER désirent faire de même et être aussi heureux. Tous les Canaques poussent un Oué formidable et le discours est fini. On fait cuire alors, pour tous et dans une seule marmite par fa- mille, les Ignames nouvelles. Quand je dis chaque famille, il va sans dire que les femmes man- quent toujours à ces fêtes, et que, pendant leur durée, elles doivent rester hors du village, cachées dans la brousse. Elles ne doivent ni manger cetle première Igname, ni même la voir manger. Cinq jours aprés, on va manger les Ignames chez les tribus amies que l'on avait invitées et qui vous régalent à tour de rôle. Ce sont des festins continuels accompagnés de danses, de Pilous à n’en plus finir. Le Canaque est un grand enfant qui ne songe guère à l'avenir. Dass l'intervalle, on a planté une perche devant la case de chacune des femmes de la tribu, et dix jours aprés a lieu la grande fête de l'igname pour toule la tribu, pour toute la famille, car hommes et femmes mangent l’Igname nouvelle, mais pas ensemble; car, tandis que les hommes ont le droit &e la manger cuite au four canaque (elle est ainsi bien meilieure), les femmes, qui, elles, en mangent pour la première fois de l’année, doivent la cuire à la marmite. Pendant plusieurs mois, ce sont des fêtes et des bombances conti- nuelles. Enfin, défense est faite à tous de travailler pendant les cinq jours qui suivent chaque fête. Cette défense, est-il besoin de le dire, n’a jamais été violée par les Néo-Calédoniens. Telles sont les cérémonies usitées dans les tribus du centre de Bou- rail, à l’occasion de la récolte des Ignames. TaRroO. Il me faut maintenant parler du Taro, la plante qui vient au secon@ rang dans la nourriture du Canaque, au premier rang si l'on tient compile des travaux gigantesques que nécessite en Calédonie la culture de celte plante. e Le Taro, Arum esculentum, est une plante tuberculeuse de la tribu des Colocasiées, plus féculente, plus substantielle que l'Igname. Son rhizome volumineux, arrondi et blanchâtire, renferme un principe vé- néneux qu’il perd par la dessiccation, l’ébullition ou la torréfaetion. Les feuilles sont également comestibles. Comme l'Igname, on cultive le Taro sur les collines et en plaine. EXTRAITS ET ANALYSES 381 Mais à cette plante, il faut de l’eau pour vivre, et beaucoup d'eau. Comment le Canaque va-t-il faire pour arroser ses montagnes pelées sur une étendue parfois considérable ? Pour parer à cette difficulté et la résoudre, le Calédonien a fait preuve d'une science vraiment remarquable. M. de Rochas a signalé un des premiers, l'existence en Nouvelle- Calédonie, d'immenses travaux faits pour l'établissement des taro- dières. Les traces qu'il avait observées en Calédonie, il les a retrou- vées également aux îles Fidji. Voyons ce que fait le Calédonien. Je suppose qu'un cours d’eau prenne sa source sur un plateau élevé, couvert d'une couche arable (ce cas se présente fréquemment en cer- tains points de la Nouvelle-Calédonie), l’indigène ulilise alors ce cours d'eau de la facon la plus simple et en même temps la plus ingénieuse. À l'endroit où le ruisseau commence à descendre, il arrête son cours au moyen d’un barrage de pierres cimentées avec de l'argile et le dé- tourne horizontalement dans un canal creusé jusqu'à l'extrémité laté- rale de sa plantation ; il établit à ce point un saut de moulin pour faire arriver la source dans un second canal de même largeur pratiqué plus bas que l'autre, mais parallèlement à lui, et à une distance de 2 ou 3 mètres environ, et il continue ainsi jusqu’au pied de la mon- tazne qui se trouve alors sillonnée d’un ruban de canaux au milieu desquels pousse le Taro. La plantation s’élage donc en amphithéâtre sur la montagne, et le coup d'œil est magnifique, car la Canne à sucre, croissant très bien aussi dans les lieux humides, le Canaque la plante de chaque côté du canal sur les talus de la larodière. On a ainsi une masse de verdure s’étageant en échelons sur les flancs de la colline. On voit dans toute la colline, d'anciennes tarodières abandonnées, ce qui tend à nous confirmer dans l'idée qu’autrefois, la Nouvelle - Calé- donie devait être beaucoup plus peuplée qu’à présent. Une des plus remarquables tarodières que j'aie vues est celle de Téné. Téné se trouve situé à 17 kilomètres de Bourail, au pied de la chaîne centrale. C’est une immense cuvette qui a recu des Blancs le nom ca- ractéristique de « Trou du Diable ». Celte station élait gérée par un colon nommé Drouin. Nous y fûmes ensemble et complämes les em- placements vides aujourd'hui, de plus de vingt villages et mille cases ou foyers. D'immencses tarodières sillonnent les montagnes tout autour de la vallée. On en peut estimer le développement minimum à 100 kilomèlres au moins, les tarodières partant du sommet des mon- tagnes et les sillonnant jusqu'au bas en suivant ous les contours des collines. | Pour donner une idée de l’aspect d'une tarodière ancienne ct au- jourd'hui à sec et en friche à ceux qui n’en ont jamais vu, voici je crois, à quel monument actuel on peut ia comparer. 382 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. La vallée de Téné étant le fond de la cuvette, et les montagnes qui l'entourent en étant les bords, le spectateur étant au centre jouirait du même coup d'œil que s’il était au milieu d’un cirque romain, du Co- lysée par exemple, et regarderait de toutes parts les gradins s’élevant jusqu'au sommet du cirque. L'aspect que présente le cirque romain de Doué-la-Fontaine (Maine- et-Loire) où les gradins sont taillés à même dans le tuf de la colline, donne une idée encore plus parfaite de la ressemblance. Pour la taro- dière, les proportions étant plus grandes, plus gigantesques, l'aspect est nécessairement plus grandiose. Ajoutons encore que les canaux font le demi-tour de la montagne, en suivant les sinuosités, et vont se continuer sur plusieurs autres collines. Le Canaque, avec le même cours d'eau, a su arroser trois ou quaire collines et même davantage. Il a obtenu ce résultat en suivant le pour- tour des collines, travail considérable, qu'il n’a fait que lorsqu'il avait à sa disposition un énorme volume d'eau, et un seul cours d’eau, comme c'élait le cas à Téné. Aujourd'hui, tout cela est sec et aride, les collines pelées et brü- lées ; le ruisseau descend directement de la montagne par son ancien lit et coule dans la plaine sans que son cours soit utilisé d'aucune facon. Si par la pensée nous inondons tous ces canaux, aujourd'hui à sec et à demi cfondrés, si de même nous y plantons des Taros aux larges feuilles d'un vert glauque, et que sur les talus, nous rétablissions les Cannes à sucre, les Bananiers, et toutes les herbes qui devaient croître spontanément sur cette terre toujours arrosée et chauffée par un so- leil torride, nous aurons le spectacle, vraiment féérique, que cette vallée de Téné offrait autrefois. Hélas, aujourd’hui, à part quelques bouquets de Cocotiers disse- minés çà et là, sur les emplacements des villages détruits, tout est sec, aride et en ruine. N'importe, les traces qui restent, tout en ruines qu'elles soient. suffisent à nous montrer combien le Canaque, livré à ses seules forces, était industrieux, et combien ses travaux d'ir- rigation témoignaient chez lui d'intelligence, de travail et d'ingé- niosité. La terre de Calédonie contient beaucoup de terres bonnes, mais dis- séminées en pelites surfaces. Je veux dire qu'à part les plaines d’allu- vion, qui sont rares, et les intervalles, les gorges des montagnes, la terre est aride, difficile à cultiver sur les collines en pente. Le Canaque avait dû d'abord utiliser les plaines, les coins fertiles, c'est certain; mais devant les besoins d'une population qui croissait sans cesse, dans une île montagneuse où ne se trouvait aucun Mammi- fére (à part la Roussette et un Rat), il lui fallut augmenter sa surface de cultures. Et il fut ainsi amené à cultiver pour ses Ignames et ses Taro- EXTRAITS ET ANALYSES. 383 diéres, d'abord les gorges des montagnes (1) où il avait remarqué la bonne qualité de ia terre et plus tard, les montagnes pelées qu’il réussit à arroser en faisant véritablement œuvre d'ingénieur. On cultive aussi le Taro en plaine. Là, moins de difficultés, moins de travail d'entretien ; aussi, allons-nous voir le Canaque donner libre- ment cours à son imagination vagabonde et artistique. On connaît les dessins concentriques ou rectilignes, mais toujoürs réguliers, que les indigènes graveni sur leurs poteaux de cases et sur leurs Bambous. Eh bien, pour leurs plantalions de Taros dans la plaine, il leur arrive souvent de s'inspirer de ces dessins, Quand le cours d'eau qu'ils ont utilisé pour leurs tarodières de mon- tagnes arrive dans la plaine, ils s’en servent encore pour la fertiliser et l'arroser. Maïs le Canaque ne va pas tout simplement la noyer et en faire un vaste étang dans lequel poussera le Faro. I1 veut, comme sur la montagne, que toutes les plantes dont il fait sa nourriture soient groupées et il veut pouvoir se promener dans ses plantalions. Pour cela, il creuse en plaine un canal, l’enroulant comme la coquille de l'Hélice (HE RE L'eau arrive en A et suit le fossé B: on a ainsi un fossé plein d’eau B, où pousse le Taro et des plates-formes C où croissent Cannes à sucre, Bananiers, etc. La largeur du fossé n’est guère que de 1 à 2 mètres. Le Canaque peut donc le franchir aisé- ment soit pour se promener au milieu de ses plantations, soit pour y faire ses ré- coltes au fur et à mesure de ses besoins. Les dessins de ces cultures varient à l'infini. Je me contenterai d'en indiquer un second que j'ai observé à l'ile Ouen et dans le nord de la colonie, au Diahot. Le fossé est rectiligne (fig. 3). L'eau entre en A et sort en B après avoir arrosé des plates-bandes. Quelquefois, en sortant de B, l’eau va encore arroser un recoin de terrain. Un autre dessin encore plus compliqué existe également dans lequel l’eau entre en À et sort en B après avoir parcouru un énorme circuit. (1) Souvent, dans ces gorges coule un petit ruisseau, premier principe, pre- mière idée de l’établissement d'une tarodière, germe des travaux d'irrigation qui furent faits plus tard. 384 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. J'ajouterai que l’eau doit être presque slagnante ou du moins que le courant en doit être très faible. Le Canaque a ainsi des plantations couvertes d'une verdure éternelle. Les cases étant établies non loin de là et entourées de Cocotiers et de Bananiers, il a sous la main les plantes qui compo- sent journellement sa nourriture. Un seul cnnui, mais (lerrible, c'est que tous ces Canaux Stagnants sont des nids à Mous- liques, et qu’on ne sort jamais d’une plan- tation canaque sans être criblé de milliers de piqûres de ces Insectes. Tels sont les travaux exécutés par ce primilif, cet enfant de la nature, qui n’a pour oulils que ses longues perches en bois dur. Il est vrai qu'il a également pour lui son ingéniosité, et que celle-ci l’a servi merveilleusement. Je n’avais et n'ai eu qu'un but en com- mençant cette élude bien courte : montrer l'art et la science dont le Néo-Calédonien a fait preuve dans ses cultures. Je serai heureux si j'ai su le démontrer clairement. En lisant cette étude, le lecteur n'aura pas manqué de faire une réflexion socio- logique : c'est que ces travaux gigantes- ques n’ont pu être l'œuvre de chaque par- ticulier, ou même d’une seule famille. En effet, pour ces travaux de terrassement et d'irrigation qui regardent et intéressent toute la iribu, toute la tribu a travaillé en Fig. 5. commun : et lors de la récolte, la distribu- tion est faite par le grand chef entre tous les villages, ensuite par chaque chef de village entre chaque chef de famille. C'est une forme de collectivisme ; mais là, tout le monde travaille pour avoir sa part. AE La Société offre à ses membres : Graines de Polygonum sachaliïnense, offertes par M. Charles Baltet. Graines de Cucurbifacées d'Egypte, deux espèces, offertes par M. Charles Debreuil. 1° Pois à cosse violette; 2° Pois mullicolore à haute tige, ornemental; 3° Pois chiche d’Espagne (Cücer arietinum) ; 4 Haricot moka — café normand, — graines offertes par M. F. Rathelot (climat de Paris). AVIS. — Le Secrétariat prie les Membres de la Société qui désirent participer à la distribution les graines offertes par M. Charles Naudin et dont la liste a paru dans les numéros du Bulletin le. juin et juillet derniers, de vouloir bien se hâter d'envoyer leurs demandes. Nombre d'espèces ont déjà épuisées, les Palmiers entre autres. Toutefois la Société peut offrir quelques graines de PAænix melanocarpa (de Nice), expédiées out recemment par M. Charles Naudin, de Trachycarpus excelsa (dc la Charente), envoyées ïar le docteur Lecler, et de Dattiers à fruits rouges récoltés à Oran par M. Leroy. REVUE DES CULTURES COLONIALES Directeur : À. MILHE-POUTINGON, Directeur du Service de l'Afrique ct des Antilles à Union coloniale française. Rédacteur en chef : HENRI LECOMTE, Agrégé de l'Université, docteur ès scicnces. Créée sous les auspices de l'Union coloniale française, cette nouvelle publication a pour but de faire mieux onnaître, en France, les diverses cultures et les productions coloniales; de vulgariser dans les colonies es.meilleurs procédés de culture, d'y provoquer l'introduction des meilleures variétés des plantes françaises Ictuellement cultivées et l'acclimatation de plantes nouvelles. COMITÉ DE PATRONAGE DE LA REVUE MM. 1e prince D'ARENBERG, député, vice-président du Groupe colonial, président du Gomité de l'Afrique française. ‘e commandant BINGER, ancien gouverneur de la Côte- d'Ivoire, directeur des affaires de l'Afrique au Ministère des Colonies. 'AUL BOURDE, ancien directeur des contrôles et de l’agri- culture en Tunisie, ancien secrétaire général à Madagascar. JUREAU, professeur de botanique au Muséum. ICHAILLEY-BERT, professeur à l'Ecole des Sciences poli- tiques, secrétaire général de l'Union coloniale francaise. HARLES-ROUX, député, membre du Conseil supérieur du commerce, Vice-président du Groupe colonial, >ORNU, professeur de culture au Muséum. JEHERAIN, membre de l'Institut, professeur de chimie agri- | cole au Muséum et à l'Ecole d'agriculture de Grignon. 1 FLAHAUT, professeur de botanique à l'Université de Montpellier. : 5 OUIS GRANDEAU, directeur de la Sfation agronomique de VEst, rédacteur en chef du Journal d'Agriculture pratique. SRANDIDIER, membre de l'Institut. MM: Dr HECKEL, professeur à la Faculté des Sciences, directeur de l'Institut colonial de Marseille. LE MYRE DE VILERS, député de la Cochinchine, président de la Société nationale d'Acclimatation. . LÉ LEROY, supérieur général des Missionnaires du Saint- sprit. MILNE-EDWARDS, membre de l'Institut, directeur du Muséum. CH. NAUDIN, membre de l'Institut. OLIVIER, docteur ès sciences, directeur de la Revue gé- nérale des Sciences pures et appliquées. POISSON, assistant au Muséum, ; RAOUL, professeur du cours de cultures et productions tro- picales à l'Ecole coloniale. RISLER, directeur de l'Institut national agronomique, D' TREILLE, ancien inspecteur en chef du service de santé des Colonies. VIALA, professeur de viticulture à l’Institut national agrono- mique, directeur de la Revue de Viticulture. J H. DE VILMORIN, membre de la Société nationale d'Agricul- ture. ZOLLA, professeur à l'Ecole d'agriculture de Grignon età 3ARON JULES DE GUERNE, secrétaire général de la Société na- tionale d'Acclimatation. l'Ecole des sciences politiques. La Revue des Cultures coloniales paraît le 5 de chaque mois. Bureaux : 44, rue de la Chaussée-d’Antin, Paris. Abonnements : un an : France, 10 francs — recouvré à domicile, 10 fr. 50. — Colonies et Union postale, 12 francs. PEINTURE IGNIFUGE DITE ANTI-PÉTROLEUR Au moment où l’horrible désastre du Bazar de la Charité est encore présent à toutes les mé- moires, il convient de signaler la découverte récente, par M. de Preux, d’un produit désigne Sous le nom d'Axti-Pélroleur ct qui rend les objets trailés par lui absolument Incombustibles. » M. de Preux a fait, il y a peu de temps, à Saultain, près Valenciennes, des expériences déci- sives à ce sujet. Deux baraques de bois blanc recouvertes de carton bitumé et tendues de jute, Pune imprégnée du nouveau produit, l'autre à l’Ctat naturel, ont été remplies de copeaux imbibés d'éther. Les copeaux ayant été allumés, la baraque qui avait subi la préparation resta complètement intacte, tandis que l’autre était détruite en quelques instants. Mis en présence d’un Chalumeau dégageant 1,200 degrés de chaleur, le bois n’est percé qu'après 25 minutes et 1e carton bitumé se contracte, mais ne brûle pas et ne se fond pas. Les 6bjels en celluloïd ne s’enflamment pas 10rs-— qu’ils ont été traités par lAxti- Pélroleur. - » Le produit inventé par M. de Preux rendra d'immenses services. Il est déjà employé dans un Certain nombre d'usines et il a élé adopté par la Compagnie du Nord qui s’en sert dans ses dépôts de machines. S'adresser pour les commandes et les renseignements au régisseur du château de la Villette, à Saullain (Nord). oo = ONE SOCIÈTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE | Fondee le 10 Février 1854 reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1897 Bureau Président. M, Le Myre DE Vicers, député, membre : honoraire de la Société, (médaille d’or 1882), 3, rue Cambacérès, Paris, Edouard Bureau, professeur de botanique au Muséum d'his- toire naturelle, quai de Béthune, 24, Paris. Epmon» PERRIER, membre de l'Institut (Académie des Vice-Présidents, Sciences), professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 23, rue Gay-Lussac, Paris. C. RavererT-WaTreL, directeur de la Station agricole du Nid-de-Verdier, près Fécamp, rue des Acacias, 20, Paris. Secrétaire général. Baron Jules DE GUERNE, rue de Tournon, 6, Paris. { Pauz Marcuaz docteur en médecine et docteur ès sciences, di- recteur adjoint de la Station entomologique de Paris, 126, rue Boucicaut, Fontenay-aux-Roses (Seine). Secrétaires ./ Henri Hua, licencié ès sciences naturelles, 2, rue de Villersexel, LS 0 Paris. rent ’ : sg . } Eugène Causrier, agrégé de l'Université, professeur au Lycée À de Versailles, à Viroflay (Seine-et-Oise). a Comte Raymond de Dazmas, rue de Berri, 26, Paris. Trésorier : Albert IMBERT, administrateur judiciaire près le Tribunal civil de la Seine, 17, rue Bonaparte, Paris. : Archiviste-bibliothécaire : Jean de CLAYBROOKE, 5, rue de Sontay, Paris. Membres du Conseil L. G. BixGer, ancien gouverneur de la Côte d'Ivoire, chargé des affaires d'Afrique au Ministère des Colonies, 15, rue de Prony, Paris. Edouard BLaxc, explorateur, 35, rue de Grenelle, Paris. À Raphaël BLancHarp, membre de l’Académie de médecine, secrétaire général de la Société zoologique de France, 226, boulevard Saint-Germain, Paris. Camille DARESTE, docteur en médecine et docteur ès sciences, directeur du laboratoire de Tératologie à l'Ecole pratique des Hautes Etudes, 37, rue de Fleurus, Paris. Charles DEBREUIL, avocat, propriétaire, 25, rue de Châteaudun, Paris. Haul pe LaABouLaye, ambassadeur de France, 129, avenue des Champs-Elysées, Paris. : A. Muxe-Evwarps, membre de l'Institut (Académie des sciences), directeur du Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. Louis Ouivier, Docteur ès sciences, directeur de la Revue générale des Sciences pures et appliquées 34, rue de Provence, Paris. Ousraer, Docteur ès sciences, assistant au Muséum d'histoire naturelle (Mammifères et Oiseaux), 121 Lis, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris. A. RaizueT, membre de l'Académie de médecine, professeur d'Histoire natu- relle, à l'Ecole vétérinaire d’Alfort (Seine). Georges Rosex, propriétaire, rue Grange-Batelière, 28, Paris. Dr Weger, médecin inspecteur de l’armée, ancien directeur de FEcole de médecine militaire du Val-de-Grâce, 180, boulevard Saint-Germain, Paris. Président honoraire, Albert GrorrRoY SAT-HiLaIRE, ancien directeur du Jardin zoologique d'Acclimatation du Bois de Boulogne, Vault de Lugny, par Avallon (Yonne). Secrélaire général honoraire. Amédée BErRrnouLe, avocat, docteur en droit, membre du Comité consultatif des Pêches maritimes, 18, rue du Cherche-Midi, Paris. Trésorier honoraire. Georges MaTmias, propriétaire, Bourg-la-Reïine (Seine). Membres honoraires du Conseil: Pierre Mecxi, membre de l'Académie de médecine, directeur du Journal l'Eleveur, avenue Aubert, 6, à Vincennes (Seine). Dr Edouard MÈNxE, médecin de la maison de santé de Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot, 20, Paris. É : ; | Dr Joseph Micuox, ancien Préfet, rue de Babylone, 33, Paris. Auguste PAILLEUX, propriétaire, 3, rue de Médicis, Paris. Le Secrétaire Général, gérant Versailles, — Imprimeries CERF, 59, rue Duplessis, Juzes x GUERNE nue. à. serait TTC UE ATEN T PAL TN TV titnlos nt 2” ATV NL 7 dd CRC Le -| >. Ÿ ui ' a” | Lost nd gt ne : 0 BULLETIN DE LA MU MADONALE DACELNNTATIN DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 44° ANNÉE SEPTEMBRE 18397 SOMMAIRE EAN CHAFFANJON. — Voyage à travers l'Asie centrale et la Chine. — Sur les Mammifères domestiques ........-..................!................ 385 JEAN pe CLAYBROOKE. — Les engins de chasse et de pêche (suite). ............. 399 Culture et préparation du Thé en Annam............... PROS DE dE ou : SA Extraits de la Correspondance : Sur l'hibernation des Hirondelles. — Demande de matériaux d'étude concernant la biolo- gie des Hyménoptères parasites. — Culture du Maté en Algérie; culture du Cat des Arabes (Celastrus edulis) à Oran. — Récoltes de graines à la Villa Thuret ; le fruit du Phœnix dactilyfera melanocarpa......... ........ TETE 423 Extraits et Analyses. Les Éphémères. — Pêche et histoire naturelle, d'après M. G.-Albert Petit............ 428 | La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles inséres dans le Bulletin. ——— 0 EST — Un numéro 2 franes ; pour les membres de la Société À fr. 50 EEE — AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 41, RUE DE LILLE, 41 PARIS ET À LA LIBRAIRIE CERF, 12, RUE SAINTE-ANNE Le Bulletin paraît tous les mois: DÉSINFECTANT ANTISEPTIQUE Le seul joignant à son Efficacité, scientifiquement démontrée, NYS l'immense avantage de n'être ni Toxique ni Cerrosif Hémostatique et Styptique puissant. A dople Par les Ecoks Nafionales Vétérinaires, Le Service de Sante de l'Armés, la Préfecture & a Seine ef la plupart des Services d'Hygiène ef de Désinfrction des Départements. Reconnu indisp Corrosif Envoi franco sur demande de Rapports scientifiques ct Prospectus : SOCIETE FRARÇAISE de PRODUITS SARITAIRES et ANTISEPTIQUES 35, Rue des Francs - Bourgeois (ci-dsvant 31, Rue des Petites-Ecuries), Paris. ET CHEZ TOUS LES DROGUISTES Er PHARMACIENS. Pour ver les nombreuses Contrefaçcons exiger rigoureusement sur tous les emballages les Marques, Cachets et le Nom CRESYL-JEYES. : ‘Maisen fenééo en 1972 Pas és 409 Médailles et 12 Pr Chow El der, Prix l'anrunble, Paris 113$ IVOITELLIER 2HanTEs (S.+0.) is COUVEUSES 3 . ARTIFICIELLES MATERIEL B'ÉLEVAGE Volailles de Race ŒUFS À COUVER Bseo pure do Houéan 0,85 CHIENS de chasse éressta. Iarei franse dx Catulogus {lerieé. MAISON À PARIS LP du Fhédtre- François is, Fauieuils, Voitures et Appareils Mécani - Pour Yo L É MATADES et BLESSES es DUPONT abthrevetés.s à s. Fournisseur des Hépitau} 2PARIS 1C, Rue Hautefeuilh au coin de la ice Serpente {près l'Evole-de lédecine Le sg. qu ne + om : pair ar VOITURE DE PROMENADE LE lus Lattes entous genres. Parasol articulé RÉéCOMDENSES aux Exy°®s Françaises et Etrangères TETE Sur demande envoi franco du Catalogue. — TÉLÉP HONE EAUMINÉRALE G1 ZEUSE, déclarée dINTERET PUBLIC Décret du 74 rril 1886) NG NEMIE, GASTRALGIE. COLIQUES NEPHRÉTQUES, GRAVELLE, ARTHRITISME RECONSTIT UANTE indiqué dantoutes les CONVALESCENCES 38Ù SOUVENIRS D'UN VOYAGE À TRAVERS L'ASIE CENTRALE ET LA CHINE NOTES SUR LES MAMMIFÈRES DOMESTIQUES (CHEVAL, ANE, CHAMEAU, MOUTON, PORC) par Jean CHAFFANJON, Chargé de Mission du Ministère de l’Instruction publique (1). La Mission scientifique que je viens d'accomplir en Asie centrale, de la mer Noire à ia mer du Japon, par la Trans- caspie, le Turkestan, la Mongolie, la Mandchourie, la Sibérie orientale et les Provinces maritimes de l'Amour avait pour but des études géographiques et historiques. Je devais égale- ment recueillir des collections d'histoire naturelle destinées aux Musées nationaux français. C’est un devoir pour moi de déclarer tout d’abord que j'ai pu réussir pleinement dans ce voyage, grace à la générosité de M. Lucien Mangini, père de l’un de mes compagnons, à qui la Science doit la plus grosse part des résultats obtenus ; j'ai rapporté un relevé géographique nouveau, de nombreux documents historiques, archéologiques et ethnographiques, enfin, j'ai recueilli d'importantes collections d'histoire natu- relle (Zoologie, Botanique et Géologie). Pendant mon séjour en Asie, j'ai traversé des régions à températures extrêmes, des climats très différents ef aussi très variables et où les animaux domestiques employés ap- partiennent à des espèces ou à des races distinctes. Bien que l'étude de ces animaux soit plus spécialement du domaine de l'Agriculture et se rattache par conséquent plutôt au Commerce ou à l'Industrie qu'aux Sciences naturelles proprement dites, je me suis occupé de ces auxiliaires de l'homme, soit comme bêtes de somme, soit comme animaux d'exploitation agricole. (1) Communication faite en séance générale, le 21 mai 1897. Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 26, 386 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. L'exposé très simple que je vais faire des observations qu'il m'a été donné de recueillir à ce sujet, suivra l’itinéraire même du voyage et l'on voudra bien m'excuser d'un manque de mé- thode apparent dans le groupement des faits. Je les rapporte à peu près comme ils se sont offerts à mon étude en cours de route. C’est par Batoum sur la mer Noïre que j'ai pénétré en Asie au mois d'octobre 1894 (1). Au Caucase, le Cheval n'est pas de tres grande taille, mais il est très robuste et très résistant; on l'emploie surtout pour la selle, car les routes sont peu carrossables et les habi- tants de ces régions préfèrent le Cheval à tout autre moyen de locomotion. -Les transports se font par de petites voitures traïnées par des Chevaux ou des Buffles et aussi à dos de Cheval, d’Ane ou de Chameau. Les agriculteurs emploient de préférence les Bœufs, les Buïfles ou le Chameau pour les travaux de labours et le transport des récoltes. Dans les montagnes du Caucase, on pratique l'élevage du Mouton et de la Chèvre et il se fait, à Tiflis surtout, un très grand commerce de laine, de poils de Chèevre et des peaux de ces animaux. La Transcaspie se présente sous deux aspects distincts : au nord de la ligne de chemin de fer, s'étendent d'immenses dé- serts sablonneux et sans eau tandis qu’au sud, en approchant des montagnes limitant l'Empire russe, de la Perse et de l’Af- ghanistan, la région est tout autre; les prairies et les champs de culture font la richesse de cette contrée. De nombreux ruisseaux descendent des hauteurs et forment méme des ri- vières importantes qui, après avoir porté la fertilité dans la plaine, vont se perdre dans les déserts de sables mouvants que rien n'arrête et qui suivent le caprice des vents. Dans ces parties arrosées, depuis la Caspienne jusqu’en Boukharie, sur les bords de l'Amou Daria et du Syr Daria, les Turkomans élèvent un Cheval de race appelé Carabaïire, grand, élancé, vigoureux aux membres grêles avec des mus- cles d’acier pouvant fournir de longues courses presque sans (4) Voir dans le Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, 1897, n° 4, p.116, une relation sommaire du voyage de M. Chaffanjon à travers l'Asie, MAMMIFÈRES DOMESTIQUES DE L’ASIE CENTRALE. 387 fatigue et qui est pour le Turkoman ce que le Cheval arabe est pour son maitre africain. Ces peuples qui étaient encore des nomades, voici dix ans à peine et qui en ont conservé toutes les allures et tous les caractères, sont de fiers cavaliers et de grands amateurs de Chevaux; ils les élèvent et les soignent comme leurs enfants. Ils aiment les courses, et s’y adonnent avec passion. La Baïga est de toutes les courses, celle qui est le plus en honneur chez eux. Ce n’est pas une course proprement dite; il s’agit plutôt d’un jeu où cependant la vitesse et surtout la force de résistance du Cheval jouent un grand rôle. Les courses de Baïga les plus célèbres se donnaient autre- fois à la cour des Khans de Khiva ; aujourd’hui, l'Emir de Boukhara déploie un faste tout oriental pour l’organisation de ces jeux favoris des peuples de l’Asie centrale. Les cavaliers qui veulent prendre part à une Baiga se réunissent dans l’arène qui est un point désigné du steppe, dominé par un monticule de terre, généralement un Xour- gan, ancienne construction en ruine et offrant l'aspect d’un tumulus, ou une estrade en bois recouverte de tapis et de tentes aux couleurs chatoyantes. On amène un jeune Bouc au- quel on coupe la tête : le corps, débarrassé de tout le sang, est ensuite porté au milieu des cavaliers et jeté à terre par le commissaire des fêtes qui annonce le commencement de la course. Du haut de sa monture, un cavalier s'empare du Bouc et disparaît poursuivi par ses concurrents quile lui disputent. Bientôt les Chevaux s'animent et semblent comprendre de quoi il s’agit. De véritables tournois s'engagent entre deux où trois cavaliers courant à bride abattue : c'est là qu'inter- viennent la ruse, l'adresse de l’homme jointes à la force et à la vitesse du Cheval; ce n’est souvent qu'après plu- sieurs heures de lutte que le vainqueur est proclamé à l’una- nimité des membres du jury et des cavaliers participant à la course. Comme chez nous, le Cheval gagnant est primé : c’est celui qui tout en étant le plus rapide coursier, se prête le mieux à ces exercices de luttes : il est conduit en triomphe à l'Emir au milieu des acclamations et sa valeur matérielle est aussitôt discutée. IL arrive souvent que le Cheval est mis à l’encan et adjugé à un prix quelquefois considérable, 388 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. A côté de ce Cheval de course ou Carabaïre, véritable Cheval de luxe, on trouve une espèce plus petite, moins belle, mais également très résistante, rappelant le Cheval sibérien. Ce Cheval connu sous le nom de Kirghiz, est très répandu en Transcaspie et au Turkestan : on l’emploie pour la voiture et les transports ; cependant, il est aussi très recherché comme Cheval de selle. Le Chameau de la Transcaspie et du Turkestan est plus grand que le Chameau d’Afrique : celui de Boukhara semble être de tous, le plus beau et le plus fort. Si l'été, il a le corps nu, l'hiver, il est recouvert d’une épaisse et chaude toïson qui le défend des rigueurs des froids continentaux: le cou est garni d’une longue fourrure pendant souvent jusqu'aux ge- noux et le front est orné d'un haut et superbe toupet. Ces animaux dont l'étude zoologique demanderait de longs développements et ne saurait être abordée ici, rendent les plus grands services à l'Agriculture (1). De même qu'en Transcaspie, on emploie le Chameau en Turkestan aux tra- vaux les plus variés et notamment au labourage (2). L'élevage du Chameanu se pratique sur les confins des dé- serts, aux points où les rivières descendant des montagnes de la Perse et de l'Afghanistan viennent se perdre dans les sables, et dans les grands steppes qui bordent l’'Emou Daria et le Syr Daria. La première année, les jeunes Chameaux restent dans le steppe avec leurs mères, mais à la fin de la deuxième année, ils sont déjà dressés pour la marche en caravane, c’est-à-dire les uns à la suite des autres, soit avec un licol, soit à l’aide d'un anneau ou d'une aiguille de bois qui traverse un des pa- villons des narines ; on leur fait exécuter quelques marches en les habituant au bât de charge et en les faisant coucher côte à côte, comme cela arrive en voyage. Pendant la route, le chef de caravane doit toujours sur- veiller la file des Chameaux, car ceux-ci ne marchent que s’ils se sentent tirés ou poussés. Il arrive fréquemment qu'un de ces animaux se détache, soit que la corde casse ou qu'il (1) La Société d'Acclimataïion a publié en 1894 (Revue des Sciences naturelles appliquées, 2° semestre), une intéressante notice de M. Vilbouchevitsch Swr Fem- ploi du Chameau en Russie. (2) Voir la figure ci-contre, “(aofuegegn ‘çp ‘Jù ed eonbronmwos orydeiSojoyq) uesoxinz ue ‘soyies sinoinoqe"T MAMMIFÈRES DOMESTIQUES DE L'ASIE CENTRALE. 391 la coupe avec ses dents; le Chameau s'arrête alors et com- mence à brouter (ceux qui le suivent font comme lui) et n’es- saye jamais de rejoindre ses congénères. Cet animal a un caractère si indépendant qu'il lui faut toujours des gardiens ; s’il s'éloigne du campement ou de la hutte de son maitre, il marche à l'aventure et ne revient jamais de lui-même. Vers la troisième année, à l’époque des transports, c'est-à- dire à l'automne, les Chameaux gras sont amenés dans les villages et pendant quatre ou cinq jours, on les tient dans un endroit absolument sans nourriture. Au bout de ce temps, la graisse est tassée : on les charge ef on leur fait faire une petite journée de marche après laquelle on les attache sans leur laisser prendre de nourriture; on fait de même le second jour, mais le troisième, ils mangent pendant une heure et les journées suivantes ils mangent de plus en plus. Bien que le Chameau soit un animal très sobre et pouvant rester plusieurs jours sans boire ni manger, il est de toute nécessité, lorsque l'animal est préparé pour la route, de lui fournir tous les jours la quantité de nourriture nécessaire, de ne pas faire de trop grandes marches, 20 à 25 kilomètres en moyenne, et de lui donner une journée de repos tous les cinq ou six jours. Dans ces conditions seulement, le Chameau peut accomplir des voyages de plusieurs mois en portant des charges de 100 kilogrammes et plus. L’Ane est très employé en Kachgarie eten Boukharie pour le transport des marchandises qui circulent entre ces régions et le Turkestan et vice versa. Le transport par Ane, pour des parcours de quelques cen- taines de kilomètres, est bien plus facile et bien moins coûteux qu'avec les Chameaux ou même les voitures. L’Ane ne coûte que 5 à 6 roubles, tandis que le Chameau en coûte de 60 à 80 et deux Anes portent facilement la charge destinée à un Cha- meau. Il est vrai qu'avec les Anes on ne peut transporter que de petits colis, mais les étoffes, les soies, le thé, le sucre etc, dont on fait un grand trafic dans ces régions, sont mis en paquets de 20 à 25 kilogrammes, et l’Ane en porte deux tandis que les cotons, les laines, les cuirs, etc. en gros ballots sont préparés pour être transportés par des Chameaux. Les Anes chargés s’en vont par bandes à travers le steppe, 392 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. passant partout, broutant ca et là, poussés par les conduc- teurs ; ils parcourent presque sans s’en apercevoir et sans fa- tigue, des distances de 25 à 30 kilomètres par jour et souvent davantage. : Deux espèces de Moutons donnent un rendement considé- rable aux populations pastorales de la Transcaspie et du Tur- kestan. L'espèce la plus répandue est ce Mouton à queue rudimen- taire avec deux énormes bosses de graisse qui se développent à la partie postérieure de l'animal. Le Mouton a d'autant plus de valeur que la masse de graisse est plus volumineuse et plus lourde, car elle se vend trois et même quatre fois plus cher que la viande. Ces bosses de graisse sont quelquefois si considérables et atteignent de telles proportions, qu'on est obligé de les soute- nir par une sorte de brouette que l'animal traîne derriere lui. Comme la chair du Mouton est à peu près la seule con- sommée par les populations musulmanes de l'Asie centrale, l'élevage se pratique en grand et l’on fait un commerce con- sidérable, non seulement du Mouton. mais de la laine, de la peau et des intestins qui alimentent plusieurs fabriques de cordes à violon de Samarkande. L'autre espèce de Mouton moins répandue, est celle qui fournit ces belles fourrures dite Astrakan ou Kara Koul. En Boukharie, l'élevage se fait en grand et Kara Koul est le point renommé ou les fourrures des jeunes agneaux sont les plus belles. Le Mouton en question est d’une grande taille et'de cou- leur foncée, il differe de l'espèce précédente par la qualité de la laine et par la queue qui est généralement très longue. A la naissance de ces Moutons, les éleveurs choisissent la quantité d’agneaux nécessaire pour la reproduction; les autres sont tués et dépouillés presque aussitôt. La fourrure est en- suite préparée, teinte en noir par les ouvriers teinturiers de Boukhara : et elle a d'autant plus de valeur que la laine est plus ferme et plus régulièrement frisée, que sa grandeur est plus considérable et aussi que la qualité de la teinture em- ployée est meilleure. Une belle peau dite Kara Koul vaut couramment à Kara Koul ou à Boukhara 10 à 12 roubles. Le Mouton à fourrure est surtout très répandu en Trans- MAMMIFÈRES DOMESTIQUES DE L'ASIE CENTRALE- 393 caspie et en Boukharie; l’autre se trouve dans ces mêmes régions, mais C'est surtout au Turkestan dans les grands steppes kirghiz qu'on en trouve d'immenses troupeaux : ïl pénétre de Chine vers la Dzoungarie et descend au sud vers lAfohanistan et le Thibet. En Mongolie, la race est un peu différente. Le Mouton est toujours blanc avec la tête et les quatre pieds noirs, la queue est plus longue et dépasse de 6 à 8 centimètres les masses eraisseuses qui n’atteignent jamais les proportions qu'elles ont chez les premiers. Pour distinguer ces deux races, les naturels désignent les uns sous le nom de Mouton kirghiz, les autres sous celui de Mouton kalmouk. Les Kalmouks ou Mongols qui sont bouddhistes, mangent très peu de Moutons; ils en font l'élevage, se nourrissent de leur lait et les vendent aux Chinois qui les emmènent à l’au- tomne. Des troupeaux nombreux traversent le Gobi à l’en- trée de l'hiver et sont amenés à Koukou Khoto, en dehors des grandes murailles, où se tient une des foires les plus importantes du Céleste Empire. Dans les grands steppes de Balckhach, les Onagres, Kou- lanes ou Kiang, vivent par bandes nombreuses ; ils sont si farouches qu'on les approche difficilement et si l’on en cap- ture quelques-uns, on ne parvient jamais à les domestiquer complètement. Dans la région ouest du désert de Gobi, aux abords de l'Irtich et du lac Oulioun Gour, dans le grand désert de Bouloun Tokoï, on rencontre des Chevaux sauvages qui vivent par petites bandes isolées, composées de huit à dix in- dividus. Cet animal connu des Kalmouks et des Kirghiz sous le nom de Sourtaki,est le Cheval de Prjevalski. Zquus Prje- valskii. Cependant, je crois devoir signaler une particularité, c'est que dans les planches figurant les races de Chevaux russes, On représente l'Equus Prjeralskii comme ayant une robe alezan foncé, tandis que le Sourtaki du Gobi, celui que j'ai vu, est bien clair, avec des zébrures à la jointure des pattes ; tous ceux que j'ai pu observer, dans cette région, deux bandes d’une dizaine d'individus, étaient sans excep- tion de cette même couleur. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour me procurer le Cheval 394 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. sauvage, mais il est si méfiant qu'il détale à plus d’un kilo- mètre et que je n'ai jamais pu l’approcher d'assez près pour le tuer. Comme le Chameau sauvage, il se rapproche du lac Oulioun Gour l'hiver, et se tient dans les Saxaouls (arbustes des déserts) à l'abri et aux pieds des montagnes Narin-Kara. Toutefois, en parcourant les steppes et les déserts fré- quentés par ces quadrupèdes, j'ai heureusement pu me pro- curer quatre crânes, deux jeunes et deux adultes, ainsi qu'une partie du squelette. D'autre part, les chasseurs que j'ai engagés ont pu tuer un de ces animaux qui est actuel- lement en préparation au Muséum. Le Cheval sauvage est de petite taille, sa tête est grosse et courte, son encolure égale- ment courte est très forte, le corps est trapu; la queue, longue et bien fournie ainsi que la crinière, flottent au vent et sont légèrement plus foncées que le reste du corps. Dans le bassin intérieur des lacs Oubca-Nor et Kirghiz- Nor, les Kalmouks appartenant à la famille des Minghites s’adonnent à l'élevage d'un Chameau, dit Chameau mongol, moins grand que ceux du Turkestan, mais plus robuste et supportant plus facilement les températures extrêmes. C'est cette espèce qui est employée pour les grands transports à travers le Gobi depuis Kalgou jusqu’en Russie par Ourga et qui font le trafic sur l'Amour et les autres rivières gelées pendant la saison d'hiver. D'après les dires des chasseurs kalmouks, le Chameau sauvage se rencontre dans les déserts sablonneux qui s’é- tendent au Sud de l'Oulioun Gour et sur la rive gauche del'Ou- roungui. Dans les bas-fonds qui semblent de véritables affais- sements du sol, où les eaux séjournent sur une base argileuse, j'ai vu de nombreuses empreintes et traces de Chameaux qui sont attribuées au Chameau sauvage. Il ne s'approche du lac que pendant l'hiver et c’est à cette époque que les chasseurs kirghiz et kalmouks le recherchent, car ils estiment beaucoup sa chair. A mon passage à Ourga, où j'ai recu la plus cordiale hospi- talité de la part du Consul général russe, M. Chichmareff et de son secrétaire, M. le Consul Loubet, j'ai appris que l'explo- rateur russe, Rabarovsky, le continuateur des travaux de Prjévasiski, avait tué plusieurs Chevaux et Chameaux sau- vages. M. Chichmareff qui est l'ami des explorateurs et de Raba- MAMMIFÈRES DOMESTIQUES DE L'ASIE CENTRALE. 395 rovsky en particulier, me promit d'écrire à son compatriote afin d'obtenir pour le Muséum de Paris un échantillon du Cheval et du Chameau sauvages. Quelques mois après mon retour en France, le Muséum recevait comme don gracieux de S. M. l'empereur Nicolas IT, une peau du Cheval sauvage, et une autre du Chameau sauvage, rapportées de l’Asie cen- trale par l'explorateur Rabarovsky. Ces deux spécimens rares viennent ainsi augmenter les collections du Muséum et donner un intérêt tout particulier à la série déjà très riche des Mammifères de ces régions qu'on y voit figurer. Dans la partie septentrionale du Gobi, dans les régions voisines de lAitaï au Nord comme au Sud, les Mongols élèvent ie Bœuf et l'Yack et en tirent des produits choisis qui sont tres recherchés pour les transports. L'espèce préférée est le produit du Yack femelle avec le Bœuf : il est plus fort, plus dur à la fatigue et résiste mieux aux privations que le produit de la Vache et du Vack male. Il y a là une question assez intéressante à étudier que je signale simplement et qu'il serait curieux de connaitre à fond. Les transports à travers le Gobi entre Kalgan, ville du Nord de la grande muraille de la Chine pres de Pékin, grand entrepôt de thé chinois et Kiakhta, grand marché sibérien, se font par caravanes à dos de Chameau ou par voitures trainées par des Bœufs, des Vacks, des Chevaux et même des Chameaux. Depuis le mois de septembre jusqu'en mars ou avril, la route du Gobi qui rejoint Ourga et Kalgan est des plus fré- quentées ; le voyageur ne restera pas une seule journée sans rencontrer trois ou quatre caravanes composées de cent cin- quante à deux cents animaux chargés de thé en feuilles ou en briques de différentes qualités. La Mongolie orientale est habitée par plusieurs familles mongoles, mais la plus riche, la plus intelligente et la plus indépendante est celle des Solons. Ces Mongols solons vivent sur les bords du Keroulen, ri- vière que va grossir le Dalaï-Nor; la vallée se continue par lArgoun qui va former ie fleuve Amour avec le Schilka. Les Solons sont grands et forts, au caractère altier, guer- rier et indépendant, ils sont très travailleurs, ce qui les dis- 396 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. tingue des autres Mongols, qui sont très paresseux; ils s’en distinguent encore par leur instruction, leurs richesses et l'amour des exercices violents, luttes ou courses à Cheval. Les Solons élèvent un Cheval qui a beaucoup de ressem- blance avec le Cheval arabe : de la taille du Cheval mongol, il en diffère par la tête, plus longue, plus fine et par une grande finesse de jambes. Ces Chevaux sont très recherchés des Chinois et même des Russes, qui les emploient de préférence comme Cheval de luxe à la selle ou à la voiture. Les Solons font également l'élevage des Moutons et de quelques bestiaux, maïs ce sont surtout les Bouriates et les Tchipitchines établis à l'ouest du Dalaï-Nor et dans la vallée de l’Argoun, qui ont de nombreux troupeaux de bestiaux, vendus et expédiés vivants, l'été, à travers les Khinghans ; pendant l'hiver, on les transporte morts et gelés sur des traineaux. Ces animaux servent à la nourriture des popu- lations des grandes villes de l'Amour du personnel et des exploitations de placers aurifères. La région des Khinghans est d’une fertilité extraordinaire, le versant est surtout; les montagnes sont couvertes de forêts de Chènes, de Bouleaux, de Sapins et autres Coni- feres : les vallées plus au moins marécageuses possèdent une végétation si extraordinaire, que les naturels les ont dési- gnées sous le nom de Zerre des Herbes, et en effet, ces herbes atteignent de telles proportions qu'un homme à Cheval y disparait complètement. Si la région est riche, elle est à peu près inhabitable quatre mois l'hiver et trois mois l'été; l'hiver, à cause de la grande quantité de neige et l'été, par de véritables nuages de Moustiques, de Taons et de Mouches de toutes sortes, qui en rendent le séjour des plus difficiles et des plus pénibles. Les animaux qui ne peuvent manger à leur aise et qui sont dévorés par les Taons, dépérissent très vite et on ne peut faire ni élevage ni grandes cultures. Les Insectes rendent les Khinghans si inhospitaliers sur- tout en juillet et en août, que même les animaux sauvages, l'Élan et le Cerf, émigrent dans les steppes ou vivent au fond des vallées, cachés ou enfoncés sous les grandes herbes. Pour ménager nos animaux, nous voyagions le soir et une partie de la nuit ou le matin avant la chaleur, de façon à pouvoir les laisser manger pendant quatre ou cinq heures et MAMMIFÈRES DOMESTIQUES DE L’ASIE CENTRALE. 397 Ja nuit. Dans la journée, il fallait faire de grands feux avec des herbes vertes, produisant une épaisse fumée où les Chevaux et nous-mêmes étions hors d'atteinte des Taons, véritable fléau qui désole les Khinghans. Dans la vallée de la Nonni, les Chinois et les Mandchoux s'adonnent à l'élevage du Cheval et surtout du Porc. Le Cheval mandchou est une variété du Cheval sibérien, le Cheval bouriate croisé avec le mongol; il est à peu près de même taille, mais il a beaucoup plus d'élégance; quant à la résistance, il ne vaut ni le Bouriate ni le Mongol. Le Porc élevé par les Mandchoux est un animal de taille moyenne, il a les jambes très courtes, et le ventre des fe- melles traine par terre : il est noir et ne devient jamais très gras. Aux mois d'octobre et de novembre, un certain nombre de ces animaux sont abattus, salés et expédiés en Chine, à Pékin surtout, où les salaisons mandchoues jouissent d’une très grande réputation. Pendant les grands froids de l'hiver, décembre et janvier, une grande quantité de Porcs sont tués, débarrassés des vis- cères et transportés gelés soit à Pékin, soit sur les bords de l'Amour où ils sont vendus aux Sibériens qui en font une très grande consommation. La Mandchourie peut se diviser en trois zones bien tran- chées. La zone de culture, la zone de pâturages et la zone forestière ou des montagnes. La première comprend les terrains bas, voisins des grandes rivières, Nonni, Soungari et leurs affluents et qui peuvent produire en grande quantité toutes les céréales, les Pois à huile et les légumes d'Europe. La seconde s'étend sur les immenses plateaux situés dans la grande courbure que forment la Nonni et la Soungari, et, au Nord, jusque sur les bords de l'Amour et des millions de Bœufs, de Chevaux, de Moutons pourraient y vivre bien à l'aise. Seulement il faudrait faire disparaître les herbes mau- vaises, Digitales et autres, qui font tous les ans de nombreuses victimes et auxquelles les habitants attribuent cette fameuse peste dite plaie de Sibérie. Ce qu'il y a de curieux, c’est que la peste est presque régulière chaque année et surtout pen- dant la floraison des plantes ; elle disparait aussitôt après la fructification. 398 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Quant à la troisième région forestière et montagneuse, on y rencontre à chaque pas des mines de fer, de charbon et d'or dont l'exploitation peut apporter la richesse et la prospérité dans toute cette partie de l'Empire chinois. Devant l'émigra- tion qui s’accentue tous les jours et le nouveau tracé du che- min de fer transsibérien qui va pénétrer dans cette province encore chinoise, la Mandchourie est appelée, dans un avenir très prochain, à jouer un rôle économique important dans le monde de l'Extrême-Orient. Ne pouvant gagner en ligne droite la ville de Vladivostok par les plaines de la Soungari entièrement inondées depuis le commencement de l'année, j'abandonnaïi cette région et gagnai Blagowijeschtschensk sur l'Amour. J’explorai ensuite le fleuve jusqu'à Khabarowka, après avoir visité la région carbonifère de la Zea. Khabarowka, capitale des Provinces maritimes de l'Amour, est bâtie au confluent de l’Oussouri et de l'Amour. C'est une ville militaire et un port dont l'importance est incontestable ; elle commande l'entrée du fleuve, c’est la clé de la Sibérie. Mon voyage d'exploration commencé au Caucase en 1894, se terminait à Vladivostok. Apres avoir parcouru la Trans- caspie, le Turkestan, le Simériétché en Russie ; la Dzoungarie, le Gobi, la Mongolie septentrionale et orientale et la Mand- chourie pour la partie chinoise, un séjour d’hivernage (1895- 1896) à Irkoutsk me fit connaitre en outre la région du Baïkal. Enfin la Sibérie orientale et les Provinces maritimes de l’A- mour complètent ce grand itinéraire à travers le continent asiatique. Les documents que j'ai pu recueillir pendant deux années de voyage sont loin d’être mis en œuvre ; de méme l'étude des collections rapportées, entreprise par des spécialistes, deman- dera du temps. On pourra juger, toutefois, prochainement de l’ensemble de ces dernières par l'exposition qui va en être faite au Muséum d'histoire naturelle. Je serai heureux si les membres de la Sociélé d’Acclimatalion veulent bien prendre la peine de les aller voir ; cela leur donnera peut-être quelque indulgence pour un voyageur rentré en France depuis peu et qui s’est contenté d’efileurer aujourd'hui quelques-uns des sujets dont l'observation s'offre sans cesse en cours de route. 399 NOTICE HISTORIQUE ET DESCRIPTIVE SUR LES ENGINS DE CHASSE ET DE PÊCHE (ARMES, PIÈGES, ACCESSOIRES, ETC.) par Jean DE CLAYBROOKE (|), Archiviste-Bibliothécaire de la Société. Armes de jet. Nous allons retrouver dans la plupart des armes de jet, les types que nous avons déjà rencontrés en étudiant les armes de main: ces types se sont modifiés plus ou moins pour cet emploi nouveau, mais sans changer de nature à proprement parler. — Le caillou, le casse-tête, le bâton, la lance, etc..., se sont transformés tout naturellement en projectiles, et l’on peut admettre sans peine que l'invention de ces nouveaux engins a dû suivre de bien près l'usage des premiers. Supposons en effet un chasseur des temps primitifs guettant une proie qu'il a longtemps poursuivie, qui lui a peut-être échappé déjà plusieurs fois. Il est sur le point de lui porter enfin le coup mortel avec les armes imparfaites et grossières qu'il tient à la main: simple caillou, casse-tête, baton ou lance. Si la bête s'enfuit à nouveau, le malheureux voit partir avec elle toutes ses espérances: bon souper, chaud vêtement, et, de dépit, il lance son arme dans la direction du gibier convoité. Par bonheur, l'animal est atteint; il ne s'enfuit plus cette fois ; il est resté sur le coup! La premiere arme de jet est inventée. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour la perfectionner. Notre chasseur vient de cons- tater, il est vrai, qu'en projetant son arme, il peut atteindre sa proie de loin et il s'efforce maintenant de recommencer le (1) Pour la première partie de ce travail, voir la Æevue des Sciences naturelles appliquées, publiée par la Société nationale d'Acclimatation, 5 août 1891 et 5 mars 1894. 400 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. « même coup; mais il ne tarde pas à s'apercevoir que cette arme correspond mal, soit par sa forme, soit par son poids, à l'effet attendu, et, après un certain nombre d'essais, il lui vient une prompte expérience qui lui enseigne à la modifier pour la rendre plus apte au résultat cherché. \ Cette scène des temps primitifs, à laquelle nous venons d'assister par la pensée, ne nous semble-t-elle pas suffisante pour expliquer l’origine des armes de jet et pour nous faire croire à leur ancienneté ? Passons-les donc en revue maïin- tenant, et pour cela, suivons l'ordre que nous avons adopté précédemment pour les armes de main, en prenant d’abord les plus simples : le baton et la pierre. Bâtons de jet. Le premier bâton venu, pourvu qu'il soit suffisamment léger pour la main qui le tient, peut être projeté au loin et produire des effets assez meurtriers ; mais il est facile de s’apercevoir que, dans ces conditions, sa direction n'est pas très assurée : il peut frapper le but par un de ses bouts ou par son milieu, ce qui est loin de produire le même effet. Au contraire, si le bâton est choisi avec un bout plus lourd que l’autre, il suivra plus facilement une ligne droite pendant sa trajectoire. Le premier perfectionnement consiste donc à prendre comme bâton de jet une sorte de légère massue, c’est-à-dire une tige relativement courte et terminée par une tête, une boule, un renflement quelconque qui lui donne plus de poids à l’une de ses extrémités. Un autre procédé consiste à faconner une pièce de bois de forme aplatie, une sorte de latte légère et à bords minces, afin qu'elle offre moins de résistance à l’air en la lançant de champ. Le coup, dans ce cas, sera peut-être moins violent, mais il sera beaucoup plus rapide, ce qui a son importance pour des proies qui, comme les Oiseaux, s'enfuient avec une grande vitesse. Nous avons en effet deux types pour les divers bâtons de jet qui nous sont connus : la forme Zatle et la forme massue. La première est représentée par une arme bien remar- quable et bien souvent décrite: le boumerang australien, sorte de sabre en bois, arqué ou coudé suivant un certain angle, qui se projette à des distances considérables et dont LES ENGINS DE CHASSE ET DE PÉCHE. 401 les indigènes se servent pour la chasse aux Oiseaux et aux Opossums. Il possède parfois une propriété curieuse, celle de revenir au point d'où il a été lancé, après avoir décrit dans l'air une certaine courbe. On croit généralement que les indigènes de l'Australie, malgré leur intelligence peu développée, ont été amenés à fabriquer cette arme, en observant certaines feuilles d’£uwca- lyptus dont la forme présente quelque vague ressemblance avec le boumerang. Lorsqu'elles sont desséchées, elles sont légèrement tordues en spirale, et si le vent vient alors à les détacher, elles reviennent souvent tomber au pied de l'arbre après une trajectoire plus ou moins allongée. Quoi qu'il en soit, il est peu d'instruments qui aient excité l'intérêt autant que celui-là, et c'est précisément cette parti- cularité du vol en retour qui a le plus frappé les esprits. Cette arme, qui, après avoir atteint son but, vient, dit-on, retomber aux pieds du chasseur, comme aimantée par un fluide mystérieux, cette simple latte de bois qui, lancée par une main habile, peut décrire des courbes si singulières, a donné lieu aux légendes les plus surprenantes, aux descrip- tions et aux explications les plus variées, quelquefois même les plus fantaisistes. Il est peut-être prudent, au point de vue de l'exactitude, d'en rabattre quelque peu sur le compte des exploits accomplis par les Australiens avec leur boumerang ; contentons-nous de leur reconnaître une étonnante habileté dans le maniement de cette arme. Quant à celle-ci, étudions- la dans sa forme et dans ses proportions, voyons ce qu’elle est en elle-même, abstraction faite des récits merveilleux qui pourraient égarer notre imagination. Il convient tout d’abord de faire une distinction entre les différentes espèces de bâtons de jet comprises dans la déno- mination générale de boumerang. Tous les boumerangs australiens, en effet, ne sont pas destinés à la chasse: il en est aussi qui sont plus spécialement employés à la guerre. Ces derniers sont généralement assez grands, épais, tran- chants sur les bords, à courbure très allongée, quelques-uns même présentant une certaine ressemblance avec une lame de sabre ; enfin ils portent un nom spécial: on les distingue dans le pays par le nom particulier de barn-yeel ou barnyett (Yarra) ou celui moins euphonique pour nos oreilles euro- péennes de praah-ba-rviltoo-ah (Murray). Il existe encore Buüi. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 27. 402 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. une autre forme appelée quiriang-an-wun qu'on lance rare- ment et qui est à proprement parler une sorte de sabre en bois. Ces données nous étaient nécessaires pour bien déterminer les caractères du boumerang de chasse, le seul qui doive nous occuper ici. Celui-ci, contrairement au barn-geet, est coudé suivant un angle plus ou moins fermé; il est plus petit, plus plat, plus léger, et présente le plus souvent dans son ensemble une sorte de spirale allongée à laquelle est due sa propriété de retour. On le nomme, suivant les localités, wvonguin où kylie, plus rarement wittoo-ah-will. Le boumerang de la figure 42, qu'il nous a été permis de dessiner d’après na- ture, et qui appartient. au Musée d’Ethnogra- phie du Trocadéro, est un excellent type de boumerang de chasse; c'est un kylie de l'Aus- tralie occidentale, Figure 42. mentionné comme doué du vol en retour. il est formé d’un bois dur de couleur rouge-brun bril- lant, à aubier jaunâtre dont on voit une bande sur chaque bord. La longueur est de 0",26 pour la plus petite branche, et de 0,29 pour la plus grande ; la largeur moyenne est de 0,042; l’épaisseur de 0®,0065 ; il est plat sur une face et légèrement bombé sur l’autre. Ce type peut présenter des variations; l'angle s'ouvre ou se ferme, la forme géné- rale change dans des proportions assez notables ; mais quand on a vu et manié un certain nombre de ces armes, on re- connaît facilement le boumerang de chasse au premier coup d'œil. Le poids d’un instrument de ce genre est ordinairement de 115 à 300 grammes ; les plus légers sont ceux de l'Australie occidentale, d’où provient le kylie décrit ci-dessus, légèreté due surtout à leur peu d'épaisseur, encore plus qu'à leurs dimensions réduites. Les boumerangs sont toujours taillés dans le fil du bois; Ils ont donc la forme de la branche naturellement coudée d’où on les a tirés, ce qui explique l’angle plus ou moins pro- LES ENGINS DE CHASSE ET DE PÉCIE. 403 noncé qu'ils peuvent présenter. Les bois généralement usités sont différentes espèces de bois durs, tels que l’Acacia, l'Eu- calyptus et le Chêne (She-oak). On se sert aussi quelquefois de l'écorce des Arbres à gomme, quoique les instruments fa- briqués avec cette matière soient moins estimés que ceux en bois dur. L’écorce est façonnée suivant la forme voulue, puis on chauffe l’arme ainsi obtenue dans des cendres et on lui donne une légère torsion autour de son axe longitudinal. Ce procédé s'applique aussi quelquefois aux boumerangs pris dans le cœur et l’aubier du bois ; ils se ramollissent sous l'effet de la chaleur et deviennent plus malléables, ce qui permet de leur donner ou de leur rendre, au moyen d’une torsion appropriée, la spirale qui doit produire le vol en retour. Nous venons d'indiquer les caractères qui distinguent les deux types d'instruments, à différences facilement saisis- sables, en somme, que nous avons appelés boumerang de cuerre et boumerang de chasse : mais hâtons-nous de dire qu'il ne fauärait pas spécialiser, d’une facon absolument tran- chée, l'usage qu'on peut faire de chacun d’eux. En effet, le barn-ceet, capable, dit-on, de transpercer le corps d’un homme lorsqu'il est convenablement lancé, peut aussi quel- quefois servir à tuer de gros animaux ; d'autre part, si le wonguin, le kylie, sont destinés à la chasse des Oiseaux, principalement des Oiseaux aquatiques, de ceux qui vivent en troupes et volent en formant des voiliers, ces armes sont encore très souvent employées comme instruments de joute, dans les concours d'adresse qui ont lieu dans les fêtes appe- lées Corrobores. C'est là que certains indigènes exécutent de véritables tours de force, atteignant le but soit directement, soit par ricochet, soit encore derrière leur dos. Il leur faut alors une arme particulièrement soignée, dont la fabrication est fort compliquée, et que peu d'ouvriers arrivent à confec- tionner avec toutes les qualités désirables. Pour la chasse, au contraire, on comprend facilement qu’un boumerang qui ne revient pas, peut être tout aussi bon qu’un autre : il a autant de puissance, il est plus facile à fabriquer ; et d’ailleurs, se- rait-il doué du vol en retour, qu'il s’arrêterait dans sa course en atteignant l'animal que le chasseur à visé. Aussi les indi. gènes se soucient-ils peu de se donner la peine nécessaire pour obtenir des instruments tres perfectionnés; ils se con. 404 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. tentent le plus souvent de boumerangs assez grossiers et même, trouvant ceux-ci trop difficiles encore à établir, ils les emploient bien moins communément à la chasse qu'un bâton à section ronde, de forme excessivement simple, qu'on nomme dans le pays konnung et dont nous aurons à reparler plus loin. La distance à laquelle un boumerang convenablement lancé peut atteindre est environ 100 à 120 mètres; mais pour agir avec précision et suffisamment de force, il est probable que cette distance doit être notablement réduite. Le boumerang est tellement connu comme arme spéciale à l'Australie, qu'on serait peut-être tenté de croire qu'il n’en existe que là et que c'est le seul engin de ce genre qui aït jamais existé. Ce serait une erreur. Nous allons montrer au contraire que les bâtons de jet en forme de latte se rencon- trent en des points du globe bien différents et à des époques tres diverses. Certaines populations de la Californie méridionale, de l’Ari- zona et du Nouveau-Mexique, les Moquis, les Shimmos et les Pimus, par exemple, possèdent un bäton courbe et plat qui leur sert pour la chasse aux Lapins. Nous représentons dans la figure 43 un de ces instruments, appartenant au Mu- sée d'Ethnographie au Trocadéro. Ce bâton, désigné sous le nom de bâton à ricochet, est peint par zones en jaune et en rouge, avec des bandes noires; il est fait d’un boïs qui ressemble à celui de l'Acacia. M. A. de Mortillet (1) nous apprend que les Koles du Guzerat (Inde occidentale) et les Marawas de Madura (Dekkan méridional) font usage d'un instrument de bois, ayant la forme d'un croissant, et se rapprochant beau- coup du boumerang. Enfin, certaines tribus de l’Afrique sep- tentrionale se servent d'une arme absolument semblable pour chasser les Oiseaux, le Lièvre et le menu gibier. Ces projec- Figure 45. 1) Dictionnaire des Sciences anthropologiques. LES ENGINS DE CHASSE ET DE PÈCHE. 405 tiles, dits Schweinfurth (1), sont répandus sur une grande étendue de la moitié nord du continent africain; on en trouve parmi les tribus nègres mahométanes du Soudan, du lac Tchad à l'Abyssinie; ils sont faits en bois, plats et à double tranchant, courbés plus ou moins en faucille en s'élar- gissant vers la pointe. Dans le haut Senaar ces instruments portent le nom de {rumbache. Nous voulons parler ici d’un véritable bâton de jet, spécial pour la chasse, et non de ces armes de jet en fer comme en fabriquent les Niams-Niams (Fig. 44, gauche) sortes de lames apla- ties, à plusieurs limbes diver- sents, tranchants et pointus, aux- quelles on a donné souvent aussi le nom de érumbache. Cela vient de ce que ce mot est le « terme gé- néral employé au Senaar pour dé- signer toutes les armes de jet dont se servent les Noirs »; mais, au sens propre du mot, le trumbache est l'instrument de bois que nous avons décrit ci-dessus et dont on peut se faire une idée d’a- près la figure 44 (droite), reproduisant un dessin du lieutenant général Pitt Rivers, d’après deux exemplaires du Musée de Copenhague. Les tribus, comme les Karthoums, qui traversent le territoire des Niams-Niams dans leurs expéditions com merciales, ont donné le nom de {rumbache au couteau de jet de ces derniers; de là, la confusion. Ajoutons que les cou- teaux de jet en fer, usités non seulement par les Niams-Niams, mais encore par beaucoup d’autres populations du Soudan, portent, suivant les localités, les noms de pingah, kulbeda, kamba, midschri, etc...; ils servent à la guerre comme à la chasse, enfin, peut-être même plus soavent à la chasse. M. E. Knight (2) cite un bâton de jet de l'Uganda, rapporté par le capitaine Long (Bey) de son expédition de Karthoum : « Il est, dit-il, long de 3 pieds ; la tête a la forme d’une lance; on le projette avec un mouvement de rotation, à peu près comme le boumerang australien. » Fiqure 44. (1) Arées africane. (2) Srithsoniau Report, 1879. 406 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. L'usage du boumerang, en prenant ce terme pour désigner les bâtons de jet en forme de Zatle, n’est pas seulement tres répandu de nos jours, comme le montrent les exemples ci- dessus ; mais il remonte aussi à la plus haute antiquité. C’est ce que nous attestent de nombreuses peintures égyptiennes, représentant des scènes de chasses aux Oiseaux de marais, et où non seulement on voit un boumerang entre les mains du personnage principal, mais encore l'instrument venant de frapper le gibier visé. Ces images nous renseignent de la facon la plus claire sur la forme de ces anciens bâtons de jet, sur leurs dimensions, leur usage, comme d’ailleurs sur toutes les péripéties de cette chasse spéciale. En outre, plusieurs spécimens de ces instruments Ç ont été retrouvés à différentes \ époques, principalement à ( Thèbes. et sont conservés dans les Musées du Caire, de Lon- dres, de New-York, de Berlin et de Paris. La plupart sont en bois ; le Musée du Caire en possède un en os. Nous don- nons dans la fig. 45, quelques exemples de ces boumerangs, qu'il est intéressant de com- parer à l’arme des Australiens. Fiqure 45. Quelquefois, la forme géné- rale était celle d'un S allongé, comme on le voit sur une peinture très belle de Benihassan ; d'autres instruments ne présentent qu'une courbure, ou un crochet à l'un des bouts. Ces boumerangs de l’ancienne Egypte portent le nom de shbot, Ceux qu'on a retrouvés en nature sont plats; on peut affirmer que ce sont de véritables boumerangs, sans avoir à rechercher s'ils étaient oui ou non doués du vol en retour, comme l'arme australienne qui, d’ailleurs ne possède pas toujours cette particularité: maïs, sur les monuments figurés dont nous avons parlé, on en voit souvent aussi qui paraissent avoir une section arrondie et qui n’appartiennent point par conséquent, à la forme latte; ils sont représentés avec une épaisseur bien plus réduite que chez les précédents et sont ornés à l’une de leurs extrémités d’une tête de Ser- LES ENGINS DE CHASSE ET DE PÈCHE. 407 pent sculptée. La plus belle scène de ce genre, la plus com- plète est celle que nous a fait connaître Prisse d'Avennes. C’est une esquisse représentant Séli I", de la XIVe dynastie et provenant de la nécropole de Thèbes. Debout sur une barque de papyrus, le Roi, de très grande taille par rapport aux personnages voisins, afin de montrer toute son impor- tance, est accompagné de sa femme, plus petite que lui, et d'un serviteur minuscule qui manœuvre la barque. Le Roi tient dans la main droite un shbot à tête de Serpent et dans Ne CC LL Fiqure 46. la main gauche un Oiseau vivant qui sert d’appelant. A ses pieds, est placé un récipient rempli de shbots. Devant lui se trouve une touffe de Lotus, d’où s'envole une nuée d'Oiseaux ; deux d’entre eux sont frappés au cou par un shbot de même forme que celui dont le Roï est armé. La Reine tient à la main un Oiseau vivant et un shbot. La composition de cette scène est très harmonieuse, très décorative et le dessin est d’une pureté admirable, (figure 46). Le shbot des Egyptiens est-il le seul boumerang qni ait été employé dans l'antiquité? N'existe-t-il pas d'instruments tout au moins analogues dans l’antiquité classique, grecque ou romaine ? C’est là une question bien délicate, difficile à résoudre, et dont nous ne pouvons donner ici qu’un rapide aperçu. D’après le scoliaste Isidore de Séville, qui vivait au 303 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. commencement du vu siècle, les Ganlois auraïent été en possession d’une arme, la Caieia, qui semblerait avoir été un boumerang si l'on s'en rapporte à la description qu'il en donne : « Cateia est genus gollici teli, ex maleriä quam maszime lentä, que jaclta quidem non longe propier grati- tatem ecolat, sed quo pervenit ti miimid perfringit. Quod si ab artifice miûttatur rursum venil ad euin qui maisit. » Il parait bien permis, d'après ces termes très précis, de sup- poser que la cateïa était un boumerang, et même doué du vol en retour ; cette opinion a été soutenue par de bons au- teurs, et même on a identifié également au boumerang l’aclys des écrivains latins. Malheureusement, aucun monument figuré n'était venu corroborer ces suppositions, et nos plus éminents archéologues gardaient-ils sur ce sujet la plus pru- dente réserve, quand, en 1884, M. Alexandre Bertrand, en décrivant une plaque de ceinturon en bronze, provenant du cimetière gaulois de Watsch (Carniole) a cru y reconnaître la figuration d’une cateia. Cet instrument ne serait dès lors qu'une hache de jet, arme de guerre comme sur le ceinturon en question, et certainement peu ou point employée à la chasse, Ainsi semble tomber le seul témoignage que nous ait donné l'antiquité d'un boumerang de chasse. Il n’en est pas de méme pour les bätons de jet du type massue, qui ont été connus à presque toutes les CRE et dans bien des pays différents. D'abord, il faut citer ceux des shbots égyptiens auxquels DOUS avons supposé une section arrondie, et qui étaient ter- minés par une tête de Serpent sculptée. En outre, les auteurs cynégétiques grecs ef romains nous ont fait connaître sous les noms de pedum et de kzywBsov, des projectiles de bois usités surtout pour: la chasse au Lièvre, maïs aussi contre les Renards et même les Chevreuils. De nombreux monuments figurés nous montrent des chasseurs armés de ces instru- ments, qui s'y trouvent représentés avec une grande variété de formes. Le pedum romaïr ou le 2zywfBshoy grec (ces deux expres- sions désignant le méme objet, nous les emploierons indiffé- remment dans le cours de ce chapitre) n'est autre chose que la houlette des premiers bergers, c'est-à-dire un simple bâton recourbé en crosse, dont ils se servaient pour attraper par la patte les Brebis ou les Chevres qu'ils voulaient traire. C’est LES ENGINS DE CHASSE ET DE PÊCHE. 409 cet instrument qu’on retrouve dans l'antiquité entre les mains des divinités champêtres et qui, plus tard, devint l’insigne de nos évêques, pasteurs des peuples. Des scènes de chasse nous le montrent sous cette forme primitive; citons entre autres, le superbe bas-relief figuré par Bouillon, dans son Musée des antiques. Il représente un faune assis près d'un rocher et faisant jouer un jeune fauve, probablement une Panthere, avec un Lapin qu'il tient en l’air dans la main droite. Au fond est un arbre après lequel est suspendu, avec une chlamyde et un autre Lapin tué, un pedum en bois recourhé, garni de nœuds et muni d'une courroie destinée à le porter au poignet. K PR Les détails en sont rendus avec SX A os ) une grande minutie et nous || \| | montrent exactement la struc- I] | | ture de l'arme. Nous donnons L. L dans la fig. 47, à défaut de la k L scène entière, d'une facture si :: remarquable, au moins le dessin i 1 de ce pedum. D'autres fois, le (ue d | | | | lagobole, au lieu d’être tordu à une extrémité, est droit dans Û 4 À toute sa longueur et présente * 1} MOI CENS) seulement un renflement ter- Nr N | minal, comme cela se voit sur Figure 41. un vase peint antique, d'ori- gine grecque, ayant appartenu à la collection C. Edwards, en Angleterre. Le sujet de cette composition est un retour de la chasse; les personnages, désignés chacun par une inscrip- tion, sont : Acteon, Theseus, Tydeus et Castor, quatre chas- seurs renommés, élèves du Centaure Chiron, le patron de la chasse. Tydeus et Theseus sont armés de lagoboles, à l’un desquels est attaché un Lièvre mort. Ces lagoboles sont des bâtons droits, d’une longueur d'environ 8Ù centimètres, si l’on en juge par la tailles des personnages; ils présentent des nœuds espacés et sont terminés par une portion élargie, pro- bablement la partie en forme de bulbe où s’attachent les racines d’un jeune arbre arraché. Ces bätons sont ceux de gauche dans la figure 47. Il existe encore des lagoboles qui se rapprochent davan- tage d'une massue légère, c’est-à-dire qu'ils sont plus courts 410 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. et terminés par un renflement plus prononcé, quelquefois même par une sorte de boule, à peu près comme une mailloche de grosse-caisse. Comme exemple des premiers, AN ZI ZX , LA rVy | | | Figure 48. nous indiquerons les instruments de la figure 48 tirée d'un vase peint de la collection du Comte de Lamberg. On y voit deux chasseurs, dont l’un plus jeune et l’autre à barbe blanche, qui se préparent à la chasse au Liè- | vre ; l'animal est accroupi au pied d’un arbre | /_ figuré sur la droite. Chaque personnage est ) € 7 armé de deux javelois légers et, “en outre, ( d'une légère massue, allongée et de forme ne à ) [l | irrégulière, qui n’est autre chose que le lago- bole classique. Dans cette scène, l'instrument | parait être de fabrication soignée ; dans une / D autre figure, peinte sur un vase décrit par Minervini, c'est une sorte de branche gros- sièrement taillée, que le jeune Céphale et Figure 49. son compagnon, poursuivis par l’Aurore, tiennent dans leur main droite (fig. 49). Enfin, il convient de citer, comme exemple de lagobole à boule, la remarquable amphore de Vulci qui représente également l’Aurore poursuivant Céphale, et la situle de bronze trouvée en 1869 dans les fouilles de la Certosa, à Bologne, laquelle LES ENGINS DE CHASSE ET DE PÂCHE. an nous montre sur une de ses zones, ornée au repoussé, un chasseur tenant dans chaque main un instrument semblable et poursuivant un Lièvre qu'il dirige vers un filet tendu (fig. 50). Ici, comme dans l’amphore de — Vulci (fig. 51), le la- sobole est une tige mince, régulière et droite, terminée par une boule assez forte. Nous pour- rions citer un grand nombre d’autres monuments antiques où notre instrument se trouve représenté, mais tous donnent toujours une des trois variétés que nous venons de décrire ; il serait donc inutile d'en parler plus lon- guement. Nous ne pouvons cependant omettre de mentionner le passage que nous a laissé le géographe grec Strabon, qui vivait sous le règne de Tibère, et d'après lequel les populations du Nord de la Gaule auraient été en possession d'un bâton de jet de chasse. Voici ce pas- sage : « Quelques-uns d’entre eux font usage de l’arc et de la fronde, ils ont aussi un bâton en forme de javelot (yc00- wweotxos Euhov), qui se lance à la main, non avec une courroie, qui porte plus Figure 51. loin qu'une flèche, et dont ils se servent surtout pour la chasse aux Oiseaux (Strabon, I. 4, ch. 1v, $3). Voyons maintenant si, à une époque plus rapprochée de nous, et même de nos jours, nous ne retrouverions pas des bâtons de jet analogues à ceux de l'antiquité. Nous allons voir que leur usage est extrêmement répandu, sur tous les points du globe. Le Airi de l'Afrique méridionale (fig. 52, b) est une arme absolument identique au lagobole à boule, par exemple celui représenté sur l’amphore de Vulci; c’est l’arme favorite des populations cafres, qui ont acquis une grande habileté dans son maniement ; elle leur sert à la chasse des Oiseaux et des petits Mammifères. Les Boschimans la connaissent et l’em- ploient également (Baine). La longueur du kiri peut varier Fiqure 50. 412 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. de 0m,35 à Om,90 ;: on en a vu ayant jusqu'à 1,80 (Wood). La matière employée est le plus généralement l’Acacia capensis, le Laurus bullata, ou encore, pour les armes de luxe, la corne de Rhinocéros. Le manche est ordinairement recti- ligne; cependant il parait qu'en lui donnant une légère courbure, on transforme le kiri en arme à ricochet. Au Maroc, les indigènes (province de Schanja) chassent le Lièvre et le Lapin avec une légère massue à manche courbe appelée sernatla. Le Musée d'Ethnographie de Berlin possède une de ces armes, provenant de l'expédition de M. Quedenfeldt dans SET «2 y : RS it = SRE EEE) ne Fiqure 52. ces contrées (fig. 52, c). Une forme analogue, appelée es- sellem, est en usage parmi les pasteurs des confins du désert (fig. 52, a). L'Australie, véritable patrie des bâtons de jet de toutes formes, ne pouvait pas manquer d’avoir elle aussi son kiri. On le retrouve, en effet, dans la partie méridionale du continent, sous les noms de nwlla-nulla ou de warra-warra. Ce sont des kiris a tête terminée par une pointe, longs de 60 centimètres environ, qu'on prend dans un jeune Arbre à thé, le renflement de la racine formant la tête (fig. 51, eet f). Les indigènes font aussi un usage très fréquent du Æonnung, dont nous donnons la forme dans la fig. 52, 4. Ce n'est plus positivement la forme kiri;, c’est un simple bâton rond, pesant, assez court, aminci au milieu, pointu à l’une des extrémités, que les indigènes emploient très couramment et avec succès à la chasse. Les Tasmaniens, aujourd’hui dis- LES ENGINS DE CHASSE ET DE PÊCHE. 413 parus, avaient aussi, dit M. de Quatrefages, le waddy, simple eros bâton, court, arrondi et renflé à l’une de ses extrémités plus qu'à l’autre... Dans la chasse aux Oiseaux, il semble avoir remplacé le boumerang, mais sans présenter les avan- tages de cette arme si curieuse. Le mot de waddy est d’ailleurs, le terme générique adopté en Australie pour désigner les bâtons de jet ; il en existe une variété de formes incroyable. En Amérique, nous avons, outre les bâtons à ricochet du Nouveau-Mexique, le macana des Indiens du Grand-Chaco, région de La Plata. Enfin, dans l'ancien continent, les bergers de l'ile de Chypre se servent d’un lagobole fort pesant et très dur; c’est un pied d'Olivier sauvage, muni de sa racine bulbeuse, long de 0", 95 environ, et terminé par un renflement de la grosseur du poing. On s’en sert en le portant en travers des épaules, la tête à gauche, la poignée à droite, à la maniere des Ours que l’on fait danser dans les foires. Le chasseur s'approche du Lièvre qu'il aperçoit au gîte ; il peut même s'en appro- cher très près, jusqu’à 2 mètres, la forme de l'arme et l'allure lente du berger n'éveillant pas les craintes de l'animal. Quand il est à bonne portée, le berger pèse fortement sur la poignée, lèche brusquement le côté de la boule, qui décrit une courbe et va frapper violemment la tête du Lièvre. Ceux qui se livrent à cet exercice en ont une telle habitude qu'ils manquent rarement une pièce de monnaie de petit diamètre placée à terre à 2 mètres d'eux (1). Tous ces exemples suflisent, pensons-nous, pour montrer combien cet instrument primitif, le bâton, a été de tout temps et se trouve encore employé à la chasse. Il en est de même de la pierre, du caillou ; mais la première pierre venue, non taillée, pouvant servir de projectile, nous n’aurons à parler que de l'emploi de la pierre au moyen d’un instrument accessoire : la fronde. (4 suivre.) (1) Ces renseignements très intéressants, en ce qu’ils nous montrent dans toute son évidence le maniement de l'arme antique, ont été fournis, il y a quel- ques années, à M. Geoffroy Saint-Hilaire, de qui je les tiens, par M. G. d'Or- cet, qui s’est beaucoup occupé de la question du pedum, 1% NOTICE SUR LA CULTURE ET LA PRÉPARATION DU THÉ A PHUTHUONG, PRÈS DE TOURANE, PROVINCE DE QUANG-NAM (ANNAM) (1) Etablis depuis de longues années au Tonkin et en Annam, pays qu'ils avaient parcourus un peu dans tous les sens, MM. Lombard et Leroy avaient été frappés par la fertilité du sol, notamment en Annam. Ils avaient remarqué que, dans certaines régions, les indi- gènes avaient établi, avec juste raison, étant donnée la nature du sol, des plantations de Thé qu'ils cultivaient, il est vrai, d'une facon très rudimentaire et avaient observé que la ma- nière dont ils récoltaient les précieuses feuilles était par trop primitive. Is en conclurent qu'une culture raisonnée et une préparation autre que celle employée par les Annamites pou- vaient devenir rapidement une source de richesse pour la Colonie. Parmi les plantations de Thé existant au Tonkin, on peut citer celles qui sont dans la région du Loch-Nam et celles du De-Kiou (ancien chef rebelle actuellement soumis), sur le Fleuve Rouge, dans la province de Hung-Hoa. Le Gouverne- ment a supprimé depuis très peu d'années la Ferme des Thés du Loch-Nam, qu'il mettait auparavant en adjudication par période bi-annuelle. Dans l’Annam, des plantations de Thé existent dans le Binh-Dinh, dans le Phuyen, dans le Quang-Nam. Mais, de toutes ces diverses plantations, la plus importante actuelle- ment est celle de Phuthuon£g, dans la province de Quang-Nam, à environ 18 kilomètres de Tourane. Le Thé est un arbrisseau toujours vert, d’une forme agreste, qui se plait dans les lieux escarpés ou sur le penchant des col- (1) Mémoire communiqué par M. Le Myre de Vilers, Président de la Société d'Acclimatation. CULTURE ET PRÉPARATION DU THÉ EN ANNAM. 5, lines. Il est originaire de l’Asie orientale, comme toute la fa- mille des Caméliacées à laquelle il appartient. Sa culture fut importée vers la fin du xvirie siècle, pres- qu’en même temps à Java, aux Indes, et même en Annam, où son acclimatation date de 1770 à 1789, époque à laquelle, d’après les renseignements recueillis, fut commencée à Phu- thuong la culture du Thé. Toutefois, pendant de longues années, elle resta à l'état embryonnaire. Ce ne fut qu'à l’arrivée du R. P. Maillard, missionnaire français installé à Phuthuong, en 1884, que la culture prit un sérieux développement. Le P. Maillard avait compris, dès le premier jour, que cette culture pouvait devenir une source de richesses pour la région, il usa donc de toute son influence pour la développer chez les indigènes, et le succès vint cou- ronner, après une période des plus difficiles causée par l’in- surrection annamite de 1885, l'énergie et l’activité qu'il avait déployées. Ce fut au village même de Phuthuong que les premiers jar- dins furent créés. Mais, bientôt l'exemple fut suivi par tous les villages environnants : tous les mamelons de Tungson, de Kien-Kien, de Phu-Ha, etc., furent débroussaillés, défrichés et plantés de Thé, et c'est ainsi que l’ensemble de la planta- tion, qui s'étend sur une longueur de plus de 12 kilomètres et représente plus de 250 hectares de terrain, comprend à l'heure actuelle plus de deux millions de pieds en plein déve- loppement. Malheureusement, si les indigènes avaient augmenté dans des proportions considérables cette culture, s'ils avaient créé un grand nombre de nouveaux jardins de Thé, ils ne s'étaient nullement préoccupés d’en faire un produit commercial d'ex- portation. Ils se contentaient, après avoir prélevé ce qui leur était né- cessaire pourleurs besoins personnels, d’écouler la récolte dans le pays. Ils ne faisaient aucune distinction entre les jeunes pousses et les grandes feuilles. La cueillette leur était incon- nue; ils coupaient tout, branches et feuilles, ne laissant que le tronc de l’arbuste absolument dépouillé, et vendaient ie pro- - duit tel qu'ils venaient de le couper, sans lui faire subir au- cune préparation, aux marchands de Thé qui, eux-mêmes le revendaient, au détail, sur divers marchés de la province dont le principal est celui de Tuy-Loan, à 12 kilomètres de Tourane. 416 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Cependant, quelques indigènes commencèrent à préparer le Thé noir avec les jeunes pousses. Maïs ce Thé était préparé d'une facon toute rudimentaire : opération de la dessication insuffisante, roulage à la main, séchage au soleil simplement. Néanmoins, des échantillons de ce Thé, bien qu'il n'eût subi . qu'une préparation primitive et sommaire, furent envoyés à M. le Médecin chef de l'hôpital de Hanoï pour le faire appré- cier. Ce fut M. Speder, pharmacien des Colonies, qui en fit les premiers essais et voici la note qu'il adressa à son chef de service : SERVICE DE SANTÉ HÔPITAL DE HANOÏ — Hanoï, le 24 mars 1894. Le pharmacien de deuxième classe des colonies, Speder, à M. le Meédeciu-Chef de l'hôpital. - En réponse à votre demande d’apprécialion du Thé d'Annam que vous m'avez adressé, j'ai l'honneur de vous rendre compte que les malades, officiers, soldats, ainsi que les divers services hospitaliers l'ont trouvé de bonne qualité et supérieur à celui qui est consommé à l'hôpital. Les caractères orgauoleptiques m'ont paru bons. Son aspect exté- rieur et son arôme ressemblent à ceux des bons thés de Chine dits Souchon . Les Annamites, chez qui j'ai expérimenté ce Thé et qui n’en connais- saient pas la provenance m'ont déclaré qu'il était de qualité supe- rieure, mais au-dessous des bons Thés de Chine. Sans prendre exactement à la lettre celte opinion. je crois, pour ma part, que ces feuilles de Thé cueillies parfaitement ont des qualités excellentes et qu'elles auraient uniquement besoin de subir une torré- faction un peu plus avancée pour le développement de l'huile essen- tielle. D'ailleurs l'analyse chimique seule permettait d'affirmer cette opinion. Signé : SPEDER. Vers le milieu de l’année 1894, le P. Maillard et M. Leroy furent envoyés, sur leur demande, par M. le Gouverneur zénéral de l'Indo-Chine, en mission officielle, le premier en Chine, le second à Ceylan et à Java, pour y étudier la culture et le préparation du Thé. Ce fut à la suite de cette mission que fut formée, dès les derniers mois de 1894, entre MM. Lombard et Leroy, la So- CULTURE ET PRÉPARATION DU THÉ EN ANNAM. 417 ciété Lombard et Ci, dont l’objet était l'exploitation des plan- tations de Thé existantes et la création de nouvelles plan- tations. Le premier soin de la Société fut d'acheter quelques jardins de Thé pour y pratiquer une taille rationnelle des arbres à Thé et les amener à prendre la forme régulière qu'ils doivent avoir, c'est-à-dire d'un arbrisseau très rameux et très touffu. La Société ne pouvait songer à pratiquer ces essais de taille que sur des arbres lui appartenant en toute propriété ; les indigènes se figuraient, en effet, que cette taille, qu'ils n'avaient jamais vu faire, devait amener la mort de l’arbre. En même temps, la Société louait, à un certain nombre de propriétaires, leurs jardins sur lesquels la taille ne pouvait être pratiquée que lorsque les indigènes seraient entièrement rassurés sur le résultat qu’elle donnait et ceux-ci le furent promptement en voyantle développement magnifique ainsi que la erande vigueur des arbres taillés d’après la nouvelle mé- thode. Elle payait aux indigènes, comme prix de location, ce que le jardin leur rapportait auparavant par le système de la taille usitée dans la province et sur estimation faite par les notables du village. Elle possède ainsi, par baux emphytéo- tiques, environ 600,000 pieds ; c’est elle-même qui fait la taille et la cueillette, le propriétaire ne devant que le binage. En outre, elle commença elle-même, sur des terrains achetés aux indigènes, des plantations de Thé, de Café et de Cacao. Dès qu'elle le put, elle commenca la taille des arbres dans les jardins loués pour les empêcher de pousser tout en hau- teur et les amener, au contraire, à se développer en buisson. Tous les jardins qu'elle avait loués (et elle n’avait loué que ceux dont les arbres lui paraissaient suffisamment jeunes pour prendre la forme nécessaire), n'avaient naturellement été traités jusqu'à ce jour que par le procédé annamite. La hau- teur moyenne donnée aux plants ne doit pas dépasser 1 mètre à 1m,20. L'opération de la taille doit être recommencée chaque année. Forcément, quand cette taille n’est pas commencée sur des jardins très jeunes, elle est faite au détriment de la récolte, et les pieds ne pourront arriver à leur plein rapport qu’à la troisieme année de taille, au plus tôt. La Société installait en même temps une usine provisoire pour y faire ses premiers essais. Elle faisait venir de Ceylan les diverses machines nécessaires dont la principale était le Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 28. 48 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. rouleur mécanique, et engageait, vers le milieu de 189%, un préparateur indien de Ceylan, connaïssant bien la culture et la préparation du Thé. La Société s'empressa d'envoyer des échantillons en faisant faire des analyses dont voici les principales : la première faite en Suisse, la seconde à Paris, par M. Girard, au Labo- ratoire municipal, et la troisième à Marseille, par MM. André et Lieutier, pharmaciens-chimistes. Première analyse : DÉPARTEMENT DE L'INTÉRIEUR SERVICE DK POLICE SANITAIRE. Laboratoire du contrôle des boissons et denrées du canton de Vaud Analyse faite d'un échantillon de Thé Résultat de l'analyse chimique et microscopique : Ce Thé ne contient aucune autre feuille végétale que celle du Thé véritable ; les débris de pédoncules qui s’y trouvent sont également du Thé pur; Il contient 3,22 0/0 de théine ; Il n’est pas coloré artificiellement et ne contient pas (de sels mé- talliques ; Conclusions : Ce Thé est une marchandise absolument pure et de très bonne qualité ; sa teneur en théine est supérieure à la moyenne des Thés de Chine. Lausanne, le 3 mai 1895. Le Chimiste du contrôle, Signé : (illisible). Deuxième analyse : VILLE DE PARIS Laboratoire municipal de chimie Analyse quaniilative n° 554 Le chef du Laboratoire municipal certifie que l'échantillon déposé sous le numéro 304, par M. Nessler, contient : Hans etes Eee 8.10 0/0 Cendres. ROME 8.02 0/0 CULTURE ET PRÉPARATION DU THÉ EN ANNAM. 419 Cendres solubles....... 74.10 0/0 0 dbnoiis des cendées Cendres insolubles ..... 25.90 0/0 S Extrait aqueux....... 40.15 0,0 THERE Le OS PAPAS 3.92 0/0 Examen microscopique : rien d’anormal. Paris, le 27 juin 1895. Le Chef du Laboratoire municipal, Signé : GIRARD. Troisième analyse : Analyse faite par MM. André et Lieutier, pharmaciens, rue Pavillon, 9, à Marseille. THÉ DE L'ANNAM Ban ÉCOLOS Ra 5.60 0/0 { solubles....... ES :9010710 ÉRENEE cosoese * } insolubles......... 1.90 0/0 5.80 0/0 iiréiiaogoscoeosesoovs CD 0)/0 Théine brute........... 5.74 0/0 Marseille, juillet 1895. Signé : ANDRÉ et LIEUTIER. Il y a lieu de remarquer que, dans l'analyse faite au Labo- ratoire municipal de Paris, M. Girard a recherché la teneur en théine nette, tandis que MM. André et Lieutier l'ont re- cherchée en théine brute (1). Ces diverses analyses étaient donc concluantes au point de {1) Une nouvelle analyse du Thé de Phuthuong vient d’être faite encore iout dernièrement à l'Hôpital militaire de Saïgon. Sur la demande de MM, Lom- bard et Leroy de participer aux fournitures faites à l'Administration pour les troupes et les hôpitaux de l’Annam et du Tonkin, M. Doumer, Gouverneur général de l’Indo-Chine, leur avait demandé des échantillons de leurs produits pour les faire analyser à l'hôpital de Saïgon et comparer au Thé actuellement fourni par les Chinois. Le résultat de l’analyse fut très favorable et, lors de son dernier voyage au Tonkin en mai 1897, M. Doumer, recevant à son passage à Tourane les fonctionnaires et les colons, a déclaré devant tout le monde que le Thé de Phuthuong avait été trouvé très bon par la commission, que sa qualité avait été reconnue tellement supérieure à celle des Thés fournis jusqu’à ce jour, que l’augmentation demandée par MM. Lombard et Leroy sur le prix payé par l'Administration était pleinement justifiée, et il ajoutait qu’il ailait, dès son arrivée au Tonkin s'occuper de faire donner à la Société Lombard et Ci, la fourniture des troupes et des hôpitaux de l’Indo-Chine. 420 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. vue de la qualité et de la valeur intrinsèque du Thé de l'Annam. Aussi, dans le courant de 1896, la Société demanda au Gou- vernement et obtint une concession importante de terrains montagneux où elle pourra développer ses plantations. De nombreuses pépinières furent faites cette année-là : elles comprennent du Thé de l’Annam, du Thé de Ceylan et deux qualités de Thé de Chine : l’une de la province de Canton, l’autre de la province de Houé-Tcheou, réputé le meilleur Thé de Chine. Les pépinières de Café, araticaret Diberia (ce dernier en très petite quantité), proviennent de Ceylan, de l'Inde, du Tonkir, de Phong-Le (plantation appartenant à M. de Pongerville à quelques kilomètres de Tourane), et enfin de Phuthuong même où existent depuis de longues années des plants de Café fort beaux. Dans les derniers mois de 1896, la Société a construit une usine définitive, en briques et pierres, couverte en tuiles, dont l'aménagement et l'installation intérieurs n'ont pu être achevés que dans les premiers moiïs de 1897. Tous les ma- tériaux ont duü être apportés de Tourane. Cette usine, y compris ses trois avant-corps, présente un développement de 88 mètres de longueur. Elle comprend une salle pour la pesée du Thé à son arrivée des jardins, la salle de dessication où les feuilles sont disposées sur des rayons, enfin la grande salle où se font successivement les diverses opérations de la préparation : elle contient un rouleur méca- nique (un second rouleur sera mis en place avant la fin de l’année) six fours chinois, douze fours à griller, les grandes tables de tri, un trieur mécanique (un second trieur sera éga- lement installé bientôt), enfin les grandes cçaïsses et les jarres dans lesquelles le Thé est enfermé après avoir subi toute la préparation, en aftendant la mise en caisse dans les caisses d'expédition. Le défrichement de la concession a été commencé au mois de mai, et c'est là que seront repiqués, à l'automne, tous les plants de Thé et de Café provenant des pépinières préparées à la fin de 1896. Deux opérations bien distinctes sont donc effectuées dans la plantation : 1° La taille des jardins (maïs la taille raisonnée et non plus la mutilation véritable que les indigènes faisaient subir aux CULTURE ET PRÉPARATION DU THÉ EN ANNAM. 421 arbres), et la vente aux marchands du produit de cette taille dans les mêmes conditions que les ventes faites par les pro- priétaires annamites. 20 La cueillette qui fournit les jeunes pousses, seules em- ployées pour la préparation du Thé commercial ou d'expor- tation. Cette cueillette, une des opérations les plus impor- tantes, est un travail très facile qui peut être fait indifférem-— ment par des hommes, des femmes et même des enfants. Elle consiste à pincer délicatement avec les ongles les jeunes pousses survenues depuis la dernière récolte et qui se com- posent ordinairement de deux ou trois petites feuilles. L’ou- vrier porte suspendu à son épaule un léger panier en Bambou tressé dans lequel sont déposées toutes les jeunes pousses cueillies. La cueillette peut se faire à la journée. Mais ce système est très désavantageux avec le caractère paresseux des Anna- mites. La Société Lombard et Ce a pu arriver à la faire faire à la tâche ; mais elle a eu à lutter longtemps contre le mau- vais vouloir des indigènes opposés à ce mode de travail et elle n’a réussi à faire prévaloir ce système que depuis quelques mois. Comme la cueillette se fait dès que les jeunes pousses se sont formées, il faut une surveillance permanente. La planta- tion s'étendant sur une très grande longueur a été. divisée en plusieurs zones et, dans celles-ci, chaque chef de zone prend journellement le nombre d'ouvriers qu'il juge nécessaire, suivant la poussée qu'il a constatée. À onze heures du matin, quelques ouvriers apportent à l'usine ce qui a été cueilli dans la matinée, les autres mangeant sur place. Le soir, tous les ouvriers reviennent à l'usine avec la cueillette de l'après-midi. Au fur et à mesure de leur arrivée à l'usine, les feuilles après avoir été pesées, sont étendues sur les rayons pour la dessication. Celle-ci demande de vingt à trente heures, sui- vant les conditions atmosphériques. Les feuilles subissent ensuite successivement toutes les opérations : roulage, fer- mentation, grillage ou torréfaction, etc. Depuis ses débuts, la Société Lombard et Ci° a préparé le Thé comme à Ceylan et à Java, c’est-à-dire sans addition d'aucun parfum. D'ailleurs ie Tea-maker indien qu'elle a fait venir n'en a jamais connu d'autre. Mais, actuellement, elle doit avoir recu du nord de la Chine un préparateur chinois, connaissant la préparation du Thé et les procédés employés 422 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. pour le parfumer et lui donner cet arome artificiel qui fait rechercher et préférer en Europe, en France principalement, le Thé chinois aux autres produits naturels. Le Thé se plantant habituellement par rangées espacées de 1 mètre à 1,20 et les pieds distants les uns des autres de 0,90, on peut compter sur environ 9,000 pieds par hectare. Mais les indigènes le plantent beaucoup plus serré et on peut, sans exagération, évaluer à 10,000 pieds par hectare les plantations annamites. La moyenne de rendement par pied, aux Indes et à Java, est de 65 grammes de Thé préparé. On peut compter, d'une manière à peu près certaine, sur un ren- dement égal en Annam. L'Annam est indiscutablement appelé à un très grand ave- nir pour toutes les cultures dites riches, principalement le Thé. Malheureusement, ce pays, délaissé jusqu’à ce jour, n’a été que fort peu visité ; les richesses qu’il renferme et la ferti- lité de son sol sont presque inconnues. Bien que possédant un hiver, ou mieux une saison fraîche, on n’y voit jamais les températures relativement basses du Tonkin et qui peuvent être un danger pour certaines cultures. Le Thé demande un terrain accidenté ou tout au moins mamelonné, mais surtout élevé. La plaine, comme le fond des vallées, ne lui convient pas, et un climat chaud peut être parfait à condition qu'il ne soit pas trop sec. Le sol qui convient le mieux à cette culture doit être per- méable, légèrement ferrugineux, mélangé de schistes. L'Annam possède donc des terrains et un climat réunissant toutes les conditions désirables pour obtenir, par une culture raisonnée, un Thé pouvant rivaliser avantageusement avec les qualités de la Chine et les meilleurs produits actuels des Indes. Il faut donc espérer que de nouveaux colons français vien- dront mettre en valeur les magnifiques et immenses terrains, actuellement incultes et couverts de brousse, que renferme l'Annam, et tirer parti des richesses de son sol. 423 EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. SUR L'HIBERNATION DES HIRONDELLES (1). Cette, le 6 juin 1897. Monsieur, J'ai lu dans la Revue scientifique du 29 mai (n° 22) l'extrait, malheu- reusement trop court, d'un article de vous sur l'hibernation des Hiron- delles en France, article paru dans le Bulletin de la Societé d'A cclima- tation (2). Comme vous y demandez des documents nouveaux, je viens vous apporter ma petite contribution. Le fait est vieux déjà, car il date de fin novembre ou des premiers jours de décembre 1890 ou 1891 ; à ce sujet la mémoire me fait défaut, mais il n’y a aucune raison pour qu'il ne se reproduise pas encore. En chassant à cette époque (le froid était déja depuis longtemps fort rigoureux) chez un ami, au village de la Josselière, près Pornic (Loire-Inférieure), j'ai constaté la présence d’une petite colonie d'Hi- rondelles, au pied d'une falaise peu élevée, couronnée d'un bois de Pins, exposée au S.-0. en plein soleil et parfaitement à l’abri des vents froids du Nord et de l'Est. Comme je manifestais mon étonnement de voir ces Oiseaux à une date aussi avancée, il me fut affirmé par mon ami et par un homme du pays qui nous accompagnait que, éous les ans, ces Hirondelles res- taient le long de la côte, malgré les plus grands froids. Il est certain qu’elles n'avaient pas l'air d'être en cours de route, mais bien d’ani- maux domiciliés, chassant le long du rivage et à la surface de l’eau, mais sans jamais s'élever au-dessus de la falaise où la température était beaucoup plus froide, — 6° à 7° au moins. Pour désigner l'espèce, la mémoire me fait encore malheureusement défaut. C'était certainement Æirundo urbica (Chelidon) ou Æ. riparia, mais sûrement, il ne s'agissait pas d'A. rustica. Je suis presque cer- (1) Lettre communiquée par M. Gabriel Rogercn qui en accompagne l’envoi des réflexions suivantes : «...Les faits d’hibernation paraissent se simplifier à mesure que la date où ils ont été observés se rapproche de nous. D’abord on a vu ces Oiseaux tomber par bandes à la fin de la belle saison dans les mares et dans les étangs pour y passer l'hiver engourdis dans la vase à la façon des Grenouilles. Ensuite, on s'est borné à les trouver en léthargie dans les grottes; enfin, depuis trois ans que M. Magaud d’Aubusson a soulevé de nouveau la question, on n’a rien trouvé du tout... » (2) Voir ci-dessus page 51; voir également page 241, le mémoire de Xavier Raspail intitulé : La légende de l'hibernation des Hrrondelles. 42% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. tain que c'était A. riparia (Mortreuse à Nantes et dans les environs) ; je n'ose cependant rien affirmer après sept ans! Il ne pouvait non plus être question d’Æ. rupestris, espèce de la Méditerranée qui ne s’aventure que rarement sur nos côtes bretonnes, et, dans tous les cas, toujours solitairement, c'est-à-dire un couple ou deux ; de plus, cette espèce ne serait pas restée dans le Nord d’une facon aussi anormale. D'ailleurs, dans les environs de Pornic (pays de Retz ou de Ray), ce n’est pas le seul cas d’hibernation à constater ; à quelques lieues de là, à Arthou, il y avait autrefois de grandes landes, d'immenses champs de Genêts. Il était de notoriété parmi les chasseurs que les Cailles et les Râles (Crex pratensis) y passaient l'hiver. Pour ma part, j'y ai tué des Cailles et des Râles en janvier. Ce pays doit être maintenant dé- friché et il est probable que ce cas ne se produit plus. Si mon ami possède encore sa propriété de la Josseliére, ce que j'ignore, et qu'il y passe encore l'hiver comme autrefois, quoiqu'il ne soit pas très expert en la matière, je pourrai avoir quelques nouveaux renseignements à la saison prochaine. Pour moi, je crois parfaitement à l’hibernation sur quelques points bien exposés pour cela, mais plutôt à l'hibernation de 1 Æ. riparia et de l'A. urbica qu’à l'hibernation de l'A. rustica qui, malgré son nom, me paraît une espèce bien plus sensible et moins capable de s'adapter à un genre de vie et à des conditions d'habitat anormales pour elle. Je me souviens également d’avoir rencontré, à la date du 18 no- vembre, Æ. rustica solitaire et faisant route vers le Sud dans la baie de Somme. Il neigeait et cet Oiseau avait l’air complètement épuisé. Je doute de sa bonne arrivée dans le pays du soleil. Au mois de dé- cembre 1887, le 3 ou le 4, j'ai vu dans la rade d’Ajaccio (Corse) beau- coup de Mortreuses (A. riparia), mais je n’ai pu m'’assurer si leur présence était normale et habituelle. Æ7. riparia me paraît hiverner sur le lac de Tunis, car, en cette même année 1887 et dans le commence- ment de 1888, j'ai constaté chaque jour sa présence en chassant sur le boraä du lac, de Tunis à la Goulette. L'arrivée de ces Oiseaux est aussi chose bizarre. Dans la Loire-Infé- rieure, dès la mi-mars, les trois espèces apparaissent et seulement vers le 20 avril, les Martinets (Cypselus apus). Mon frère m'a écrit cette année avoir vu des Martinets à Nantes, le 12 avril. Généralement, ils repartent de cette ville, vers le 3 ou 4 août. Au contraire, dans la baie de Somme, à Saint-Valery, ils demeurent jusque vers le 15 août. Les gens du pays prétendent même qu'on peut les voir avant la grand'messe et qu'après ils ont déménagé. A Cette, l'ypselus apus est à peu près inconnu. J'en ai vu trois pour la premiére fois le 1° mai et encore faisaient-ils roule vers le Nord. Depuis, j'en ai vu deux ou trois fois, mais c'est évidemment une ra- relé. Les Hirondelles sont également rares dans ce pays. Raphaël LADMIRAULT. EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. rs te Qe DEMANDE DE MATÉRIAUX D'ÉTUDE CONCERNANT LA BIOLOGIE DES HYMÉNOPTÈRES PARASITES. Monsieur et cher colegue, Ayant abordé l'étude biologique des Hyménoptères parasiles, je re- cherche tous les matériaux susceptibles de fournir des éclosions de ces aBimaux. à Vos relations vous mettant à même de connaitre les Insectes qui prédominent à chaque moment de l’année dans votre région, je vous serais très obligé et très reconnaissant de bien vouloir m'apporter volre précieux concours pour m'aider à me procurer les malériaux nécessaires à mon travail. Ces matériaux consistent en pontes d’Insectes ou d’Araignées, en galles, jeunes larves, Cochenilles, chrysalides, etc. La condition nécessaire est que les échantillons de l’espéce choisie existent dans la même localite et sur les mêmes plantes en abondance suffisamment grande. Des exemplaires isolés ne peuvent être d’aucune utilité ; les espèces les plus abondantes, à un moment donné, présen- teront au contraire les meilleures conditions de succes. Les pontes de Papillons lels que les Bombyx, les pontes de Saute- relles ou de Criquets (en terre), de Névroptères (plantes aquatiques), les galles de Cécidomyies ou de Cynipides, les feuilles ou les rameaux couverts de Cochenilles (Cochenilles de la Vigne, etc.\, les jeunes Chenilles d'une même espèce vivant en grand nombre sur une même plante (yponomeutes, etc.), fournissent d'excellents matériaux. Mais ce ne sont là que des exemples, et bien d’autres encore pourraient être cités. Les Insectes à l'état parfait ne présentent aucun intérêt pour cette étude. Si vous voulez bien accéder à ma demande, je vous prie d’adresser vos envois celle annte el les années suivantes, en port dù ou par colis postaux, à la Sézéion entomologique de Paris, 16, rue Claude Bernard. Il est désirable que les envois contiennent le plus grand nombre d'échan- tillons possible d’une même espèce, et qu'ils soient enlièrement frais, avec les plantes fraîches qui leur servaient de supports. Veuillez agréer, etc. D' P. MARCHAL, Secrétaire de la Société nationale d'Acclrmatation ({ntérieur). 426 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. CULTURE DU MATÉ EN ALGÉRIE. CULTURE DU CAT DES ARABES ((elastrus edulis) À ORAN. Oran, le 11 Août 1897. Monsieur le Secrétaire général et cher collèsue, En me rappelant la note que j'ai publiée, en 1890 (1), sur le Waf, vous avez bien voulu me demander si j'ai fait des expériences récentes avec cetie plante et si je suis disposé à en faire encore, auquel eas la Société d'A cclimafafion s'efforcerait de m’aider autant qu'elle le pourrait. Je réponds avec plaisir à votre demande. J'ai cultivé, pendant plusieurs années, quelques plants de Maté que je m'étais procurés chez un pépiniériste du département d'Alger. Placés dans les mêmes conditions que mes Orangers et Citronniers, ils poussaient assez bien. Mais pendant une absence de deux mois, que je fis en 1892, pour me rendre en France, ils furent, sans doute, laissés trop longtemps sans arrosage par la personne que j'avais chargée de l’entretien de mon jardin, car je les ai trouvés en mauvais état, à mon retour, et ils ont péri la même année. J'aurais voulu recommencer l'expérience, non plus sur des sujets provenant des environs d’Alcer, dont le climat est plus humide que celui d'Oran. mais avec des plants de semis faits chez moi et qui, ne subissant pas de changement de climat et d’eau, seraient probable- ment plus rusfiques. Mais je n’ai pu me procurer des graines de bonne qualité. L'expérience peut être reprise, car feu M. Nicolas, inspecteur de l'Agriculiure en Algérie, m'a dit posséder des plants de Malé aussi vigoureux que les Orangers dans une propriété qu'il avait aux environs de Bône. En ce qui me concerne, je n’ose plus, actuellement, entreprendre cette expérience, ne pouvant plus, par suite de diverses circonstances, con- sacrer à mes semis ef plantations les soins et la surveillance néces- saires. Je pourrais cependant m’entendre à ce sujet avec le professeur d'Agriculture du département, qui a la direction d’un jardin d'expé- riences agricoles, créé récemment à Oran. Je vous serai donc obligé de vouloir bien me réserver quelques graines de Maté, si la Société en obiient de bonnes. x + + Je vous expédie des graines que je viens de récolter de l'Akeriz cafra, de Cesalpinia tincloria, de Cerasus caroliniana (voir le Manuel de l’Acclimateur, par C. Naudin). (1) Revue des Sciences naturelles appliquées, page 63. EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. 427 Je joins à l'envoi un petit paquet de graines du Celastrus edulis (Catha) que je cultive. Cet arbuste, sur lequel j'ai donné quelques renseignements dans ma note sur la culture et la propagation de végétaux en Algérie (Rev. Sc. nat. appl., 1894, 2° semestre, page 222), réussit parfaitement à Oran. D'après une monographie que le D' Bertherand en a faite, dans l’4/- gérie agricole du 15 août 1889, le Caéha edulis (Kat de l'Arabie, Tchud ou Tchat de l’'Abyssinie), considéré en Orient comme aphrodisiaque, « doit » avoir de grandes analogies avec la Coca. Il ralentit l’assimilation et » la désassimilation ; il utilise toutes les combustions et transforme » la chaleur en force ;... il est efficace comme gargarisme, collutoire, » dans la gingivite, le scorbut, les angines chroniques, les relâche- » ments de la luette... Il aurait la propriété de suspendre la faim, > sans pour cela constituer un aliment réparateur ou de réserve ;... » enfin, en infusion, il calme rapidement et pour longtemps la soif... » C’est donc une plante à propager en Algérie, j'y contribuerai autant que je le pourrai. Veuillez agréer, etc. LEROY, Sous-Inspecteur de l'Enregistrement et des Domaines, à Oran. X< RÉCOLTES DE GRAINES À LA VILLA THURET. — DIiFFICULTÉ D'AT- TEINDRE CELLES DES Æuwcalyplus. — LE FRuIT pu Phœenix dacty- lifera melanocarpa. Villa Thuret, Antibes le 3 août 1897. Monsieur et honoré collègue, Je suis très occupé de faire récolter des graines à mesure qu'eiles müûrissent, et j'espere vous en envoyer prochainement une nouvelle provision à distribuer aux membres de la Société d'Acclimatation. Je tiendrais surtout à vous envoyer des graines des plus belles espèces d’£Zucalyptus, arbres qu’on est encore loin d'apprécier comme ils le méritent, après tout le bruit qu'on a fait autour de l'Eucalyptus globulus, comme s'il était le seul du genre. Il en existe beaucoup d’autres qui ne sont pas moins dignes que lui de l'intérêt des accli- mateurs et des colons. Il y a de nombreux services à en attendre. La difficulté, pour nous, est d'en récolter les graines. Nos arbres de la Villa Thuret sont devenus si grands, leurs troncs et leurs branches sont si lisses et si glissants, qu'on n'ose guère y faire grimper des hommes pour en atteindre les graines à l'extrémité des branches. L'opération est réellement périlleuse. En Australie, on n’est pas si embarrassé pour faire ces récoltes : on abat les arbres, et tout est dit. À la Villa Thuret, nous devons ménager et conserver nos arbres. Nous 428 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. trouverons peut-être cependant, le moyen de surmonter l'obstacle, sans risquer la vie de nos ouvriers. J'ai recu, et je vous prie d'en agréer mes remerciements, les graines de Cucurbilacées économiques que vous avez bien voulu m'adresser. Parmi elles se trouvent, en outre, celles de l’Arbre à Suif de la Chine. C'est le Crofon sebiferum de Linné, le Séllingia sebifera de de Candolle et de Baïillon; l’Excœæcaria sebifera de Müller Argoviensis. L'arbre porte encore plusieurs autres noms. Nous en avons un à la Villa Thuret, qui commence à fleurir pour la première fois, et qui nous donnera probablement des graines en automne. Cet arbre indus- triel est aujourd'hui cultivé dans beaucoup de pays intertropicaux. x° x 17 août 1897. Je viens de recevoir de M. le chevalier de Cessole quelques fruits de son Phenix dactylifera melanocarpa. Je vous les envoie, emballés un peu à la diable, pour que vous en preniez une idée. Malheureusement, les dattes qui müûrissaient au mois de juin, ne sont plus fraiches aujourd'hui ; elles ont perdu leur beauté primitive, et, ce qui est plus fâcheux, la plus grande partie de leur sucre. Il ne faut pas oublier qu'elles appartiennent à la catégorie des dattes molles qui ne se conservent pas et doivent être consommées dès leur maturité. L'arbre de M. de Cessole est exirêmernent fertile, mais, cette année, la récolte a été fort diminuée par les déprédations des Moineaux, qui se sont abattus par bandes nombreuses sur les régimes, qu'il a fallu eutourer de gaze pour les protéger, comme on le fait pour les raisins exposés au même accident. M. de Cessole m'envoie en même temps une certaine quantité de noyaux de ses dattes, que nous distribuerons aux amateurs. CH. NaAUDIN. EXTRAITS ET ANALYSES. LES EPHÉMERES. — PÊCHE ET HISTOIRE NATURELLE. Nous avons eu déjà, à une autre place (1), la bonne fortune de signaler uu livre récemment paru, tout entier consacré à la reine des eaux douces (2), livre écrit par un praticien du sport halieutique doublé 1) Voir Etangs et Rivières, 10° année, 9 227, 13 mai 1897. 2) La Truite de Rivière [Pèche à la Mouche artificielle), par G.-Albert EXTRAITS ET ANALYSES. 429 d’un entomologiste, mêmement d'un météorologiste. Car, en dépit du facile dédain des beaux esprits du turf et du vélodrome, qui ne consi- dèrent dans la pêche à la ligne que le vulgaire passe-temps d'individus hypnotisés par la vue d’un bouchon ou d’une plume flottant sur l’eau, le pêcheur digne de ce nom doit être ceci et cela, et quelque peu poète par-dessus le marché. Aussi, pour n'être qu'un de ces modestes philosophes du bord de la rivière où habitent les Peupliers, trouvons- nous grand plaisir à reprendre la lecture de l’intéressante monographie de M. Albert Petit. En attendant qu'un vent propice nous ramène sur les rives ver- doyantes d’où s'envolent les Éphémères, voici, juste à point nommé, un texte auquel on ne saurait guère refuser le mérite de l’actualité, puisque l’auteur nous le sert sous cette curieuse rubrique : D'une cer- éaine facon de pécher particulière à la Macédoine : « C’est par ouï-dire que j'ai appris cette manière macédonienne de pêcher. Dans uu fleuve nommé Astréus, qui coule entre Bérée et Thessalonique, on trouve des Poissons nuancés de diverses couleurs. Quant à leur nom, demandez-le aux habitants. Ces Poissons se nour- rissent de Mouches indigènes qui volent sur le fleuve et qui n’ont rien des autres Mouches. Les gens du pays les nomment Æippurus. Entrai- nces à la surface de j'eau, elles n’échappent pas aux Poissons, quis’en nourrissent. Dès que l’un deux voit une de ces Mouches se poser sur le fleuve, il s'avance avec précaution, craignant que l'agitation &@e l'eau ne fasse changer sa proie de place ; puis, lorsqu'il est tout près, la gueule ouverte et menacçante, il saute dessus comme le Loup qui enlève une Brebis au milieu du troupeau, ou comme un Aigle qui ra- vit une Oie dans la basse-cour, et aussitôt il plonge de nouveau sous l’eau. Les pêcheurs savent cela, et cependant ils ne se servent pas de ces Mouches pour prendre le Poisson. « En effet, aussitôt qu'elles sont touchées par une main humaine, elles perdent leur couleur naturelle, leurs ailes s’évanouissent, et elles deviennent tout à fait impropre à attirer le Poisson. Et voilà pourquoi les pêcheurs les méprisent et en dédaignent l'emploi. Mais, en hommes habiles, ils poursuivent le Poisson à l’aide du stratagème suivant : ils enveloppent l’hamecon avec un morceau de laine couleur de pourpre, et ils y adaptent deux plumes de la couleur de la barbe d'un Coq res- semblant, pour la couleur, à de la cire. La perche est de 4 coudées et la ligne à la même longueur. Ils font couler sur le fleuve celte amorce trompeuse. Les Poissons, attirés par la couleur, se hâtent et viennent tout contre ; puis, croyant sans doute qu’ils vont manger un bon mor- ceau, à en juger par l'aspect, ils se jettent la bouche ouverte sur celte proie crochue. Ils la trouvent piquante, mais ils sont pris. » Cette citation est empruntée à Ælien, le plus ancien auteur qui fasse Petit ; illustrations de G. Fraipont, Guydo, Juillerat, etc., grand in-$° de 439 pages, Paris, librairie Ch. Delagrave, 15, rue Soufflot, 430 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. mention de la pêche à la Mouche artificielle; car lepassage de Martial : ce. qUuis nesci Avidum vorata decipi scarum musca cité dans quelques ouvrages paraît concerner plutôt, d'après M. Petit, la pêche à la Mouche naturelle. Mais quittons les bords de l’Astréus, et allons donner un coup de ligne dans quelque rivière à Truites de l'Auvergne ou de la Normandie. Mai (quand il ne gèle pas, comme cette année) est le meilleur mois pour la pêche à la Mouche des Salmonides ; car c'est le temps des -Phryganes et des Éphémères dont la Truite est si friande et dont elle n'a pu goûler qu'avec parcimonie en avril, pendant les journées chaudes que nous avons eues. Or, quand vient le soleil de mai, la Truite qui a faim saute après tout ce qui passe à portée de sa vue sous forme de proie en mouvement, et c’est ce qui explique pourquoi, à dé- faut d’une proie vivante, accrochée au bout de sa ligne, on peut encore réussir avec un quelconque Insecte artificiel. Sans doute, l'Insecte naturel est l’amorce par excellence; car, quel que soit l’art d'imitation où l'on est parvenu, le leurre ne sau- rait donner l'illusion de la vie, puisqu'il lui manque le mouvement naturel des pattes et des ailes. Cependant, M. Petit tient pour la Mouche artificielle, de préférence à l'autre. La raison qu'il en donne est du reste conforme à la pratique du noble sport auquel il a consacré son livre. On ne peut pas toujours, en effet, faire une cueillette suffi- sante de Mouches naturelles, d'une conservation difficile du reste, si bien qu'on ne les a jamais sous la main au moment voulu. En outre, les amorces naturelles ont l'inconvénient de se détacher ou de se dété- riorer à chaque lancé de ligne exigeant quelque vigueur. N'empêche que. lorsque la Mouche de mai est éclose, les riverains savent la cueillir et l'utiliser avec succès, sans être outillés comme des sportmen, Qu'est-ce donc que la Mouche de mai ? Si le lecteur veut bien nous accompagner jusqu au bord d’un ruisseau tout rempli d'herbes et de broussailles, nous lui ferons donner un coup de râteau en lui recom- mandant de râcler jusqu'au fond. Il retirera quoi ? Pas grand’chose, si ce n’est un amas de branchetles pourries. - Eh bien! examinons une de ces branchettes. De son pourtour émergent des ramuscules noirâtres qui se terminent brusquement par une brindille plus menue, en forme de queue. Délachons un de ces ramuscules, et pressons-le légèrement : aussilôt, à son extrémité, se montre une lête brunâtlre entre deux petites pattes. Celte tête, vous l’avez bien vue, n'est-ce pas? Saisissez-la entre vos doigts, exercez une traclion légère, et vous amenez un ver d’un blanc jaunâtre, long d'un centimètre et demi environ, assez semblable d'aspect à ces ermites dodus qui, d'une noisette, font leur logis. C'est le Ver d’eau, nommé portebois, portebûche ou portefaix, selon les localités : c’est la EXTRAITS ET ANALYSES. 431 larve de la Mouche de mai, qu’un rayon de soleil a fait éclore au som- met d’un Roseau, la larve y ayant grimpé pour répondre aux fins de la métamorphose, Ô Phrygane! « Pauvre Ephémère, dans deux jours tu seras morte !... Pourtant ne te plains pas, jolie Mouche de mai ! Dans le vertige de tes rondes aériennes, toi qui vis moins de temps que n’en met une rose à se flé- trir, tu as aimé. Mère féconde, écoute la chanson du ruisseau qui t’appelle. Va lui confier ces œufs qui alourdissent ton corps déjà fati- gué. Sur l’eau qui t’a donné asile quand tu étais laide et rampante, sème à ton tour les germes dont tu es sortie. » Ainsi chante à son tour l’auteur du bel ouvrage sur la pêche de la Truite à la Mouche artificielle. M. Petit apprendra ensuite aux pro- fanes de l’entomologie que c’est en se poursuivant dans l'air que les Ephémères font leurs noces, aussi en volant qu'elles laissent tomber dans l’eau leurs œufs qui viennent d’être fécondés. « Quand l’œuvre de reproduction est accomplie, leur corps se raidit, leurs ailes large- ment étendues perdent tout mouvement, puis la mort arrive très vite et la rivière charrie pêle-mêle agonisants et cadavres. » Mais il con- vient de faire observer ici que, en disant swr l’eau, le chantre des Ephe- mères a généralisé les espèces, inclue l'affreux gnome qui deviendra tout à l'heure la Mouche de mai. Nous aurions encore à citer plus d’une page de ce beau livre, mais ce serait peut-être abuser de l'attention du lecteur. Une derniere, cependant. « L’Anglais Ronalds a publié en 1836 un ouvrage intéressant où il a représenté, en regard d’une série de Mouches artificielles, les Insectes naturels correspondants, avec leur nom latin. Sans parler des Insectes appartenant à d’autres familles, quinze espèces d'Ephémérines y sont indiquées comme types d'une vingtaine de Mouches artificielles. C’est tout à fait insuffisant. Quoique le livre de Ronalds ait eu un très grand succès en Angieterre, aucune publication postérieure conçue dans le même ordre d'idées n'est venue le compléter. Il faut croire que la tâche effraye les plus hardis. C’est regrettable : car Ronalds a laissé de côté bon nombre d'Insectes dont l’imitation est aujourd’hui courante. Il serait utile de rapprocher ces imitations, trop souvent défectueuses, de modèles copiés sur la nature avec une exactitude scientifique (1). « Les mœurs et les métamorphoses des Ephémérines sont restées un mystère pendant des siècles. Aristote, Pline, Ælien, n y ont rien vu. Le moyen âge a eu autre chose à faire que de s’en occuper. Quelques savants, presque contemporains ont percé cette obscurité à force de patientes recherches. Il faut leur en être reconnaissants : car l’histoire (1) M. EF. M. Halford, nous apprend M. Petit dans une note bas de page, prépare un ouvrage qui comblera cette lacune. Ce sera, dit-il, un nouveau et bien précieux service rendu à notre pêche par l’auteur de Dry-Fly Fishing. AAELE TS < TASER DE 432 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. de ces Insectes symboliques n’est pas la moins merveilleuse des mille poèmes que la nature sait murmurer à l'oreille de ses fervents. » Parmi ces savants, nous citerons Réaumur et Pictet,‘et aussi M. Petit, quoi qu’il s'en veuille défendre: car tous les Insectes lui sont familiers. Un jour, par exemple, il lui arriva de faire une jolie pêche avec de petites Fourmis ailées qu'il n'avait pas remarquées auparavant sur la rivière, et dont il avait découvert l'espèce dans les mailles soyeuses d'une toile d’'Araignée tendue entre les herbes aquatiques. Le pêcheur s'en rapportera également soit aux inductions tirées de la saison, de l'état de l'atmosphère et du moment de la journée, soit à l'expérience des jours précédents. « Il y a des chances, ajoutera M. Petit, pour que la Mouche qui vous a réussi hier vous réussisse aujourd hui si les cir- constances d’eau, de temps et d'heures sont semblables. Mais... la Truite est capricieuse autant qu'une jolie fille. » Complétons ce ais par quelques observations générales. Aujourd’hui le Poisson a faim, et il mord, que ce Poisson soit sim- plement l‘Ablette ou le Gardon ; le lendemain, vous avez beau tenter sa gourmandise, il fuit dédaigneusement l'appât; parfois même, il semble avoir émigré en masse pour d’autres cieux. Influence atmos- phérique : la trop grande chaleur Ôôte l'appétit au Poisson le plus vorace. Ou bien encore, si un vent sec et froid ride la surface de l’eau, n’essayez pas de pêcher : le Poisson se territ. Un signe infail- lible, du reste, par lequel les pêcheurs pourront distinguer leur chance, c'est l'Hirondelle. Si elle vole haut, c'est que l’Insecte ailé se tient lui-même en l'air, au lieu de raser la surface des eaux, comme il le fait par les temps humides et chauds. La pêche, dans ce dernier cas, est 2resque toujours heureuse et abondante. Les vents mauvais sont les vents du nord, du nord-est et du nord-ouest, qui inquiètent le Poisson. Le chapitre vir de l’ouvrage de M. Albert Petit en apprendra long là-dessus aux jeunes praticiens du sport halieutique. Enfin, arrivé à la deruière page du livre, voyez ceci : « Et maintenant, ami lecteur, adieu ! Si tu es un maître en notre art, pardonne-moi de t'avoir fati- gué de choses que tu sais mieux que moi. Si tu es un néophyte, retiens le plus utile de tous mes avis : aussi souvent qu'il te sera loi- sible, cours au ruisseau visiter la Sibrlle mystérieuse. Sois fidèle à son culte, aime-la, et elle te livrera tous ses secrets, secrets de la pêche, de la santé, de la bonne humeur, et, si ton âme est meurtrie, le secret pour un instant d'oublier ta peine. » Nous retenons pour nôtre cet aimable et philosophique adieu, avec l'espoir que le secret de la bonne humeur, si libéralement donné par un pêcheur de Truites, profitera au Monde où l'on s'ennuie. M. Petit aura ainsi, sans le vouloir, dispulé avec M. Pailleron, conseiller ordi- naire de la Comédie Française. Emile MaAlsON. À dire pendant la fermeture de la pêche des Salmonides. RUE RVIARE, LA PH UC AN CIL par G. ALBERT PETIT l 8° de 440 pages, avec nombreuses figures dans le texte ations de FRAIPONT, GUYDO, JUILLERAT, etc. | ‘14 | Un volume in- | Illustr Na Librairie. Charles DELAGRAVE, 15, rue Souffiot. PARIS: | PRIX srocxé : 20 FR. D —————— REVUE DES CULTURES COLONTALES Directeur : À. MILHE-POUTINGON, Directeur du Service de l'Afrique et des Antilles à Mnion coloniale française. Rédacteur en chef : HEN Éréée sous les auspices de l Union coloniale fr RI LECOMTE, Agrégé de l'Université, docteur ès sciences. ançaise, cette nouvelle publication à pour but de fai i fnaître, en France, les diverses cultures et les productions coloniales; de Vülsariser dans 1 ao Len) Mmeilleurs procédés de culture, d'y provoquer l'introduction des meilleures variétés des plantes françaises fuellement cultivées et l'acclimatation de plantes nouvelles: COMITÉ DE PATRONAGE DE LA REVUE MM. MM: prince D'ARENBERG député, vice-président du Groupe Dr HECKEL, professeur à la Faculté des Sci î ÉOlonial, président du Gomité de l'Afrique HonARee de l'institut colonial de Marseïlle. D ancien gouverneur de la Côte- LE MYRE DE VILERS député de la Cochinchine, prési la Société nationale d'Acclimatation. È ra ( commandant BINGER, à fi È | Re directeur des affaires de l'Afrique au Ministère des Colonies. | Mer LEROY, supérieur général des Missionnai ints des contrôles et de l'agri- ÉSprit. ë ï DÉS GA RE MILNE-EDWARDS, membre de l'Institut, directeur du Muséum: (UL BOURDE, ancien directeur CH. NAUDIN, membre. de l'Institut. culture en Tunisie, ancien secrétaire général à Madagascar. JREAU, professeur de’ botanique au Muséum. | ) VCHAILLEY-BERT; professeur à l'Ecole des Sciences poli- OLIVIER, docteur ès sciences, directeur de la Revue gé- tiques, secrétaire général de l'Union coloniale française. mérale des Sciences pures el appliquées. JARLES-ROUX, député, membre du Conseil supérieur du POISSON, assistant au Muséum. : RAOUL,, professeur du cours de cultures et productions, tro éommerce;, vice-président du Groupe colonial. SRNU, professeur de culture au Muséum: picales à l'Ecole coloniale. RISLER, directeur de l'Institut national agronomique. ÉHERAIN, membre de re jen de chimie agri- cole au Muséum et à l'Ecole d'agriculture de Grignon. D' TREILLE, ancien inspecteur en chef du service FLAHAUT, professeur de botanique à l'Université de des Colonies. # vice de santé VIALA, professeur de viticulture à l'Institut national agrono=— mique, directeur dela Revue de Viticulture. Montpellier. À È directeur de la S{ation agronomique de membre de la Société nationale d'Agricul= DUIS GRANDEAU: ( ( Dist, rédacteur en chef du Journal d'Agriculture pratique H. DE VILMORIN, ture. BANDIDIER, membre de l'Insfitut. , Fee ARON JULES DE GUERNE, secrétaire général de la Société na- ZOLLA, professeur à l'Ecole d'agriculture de Grignon età tionale d'Acclimatation. l'Ecole des sciences politiques: La Revue des Cultures coloniales paraît le 5 de chaque mois. Bureaux : 44, UC de la Chaussée d'Antin, Paris. A Donnements : UN AN : France, 10 francs — recouvré à domicile, 10 fr. 50. — Colonies et Union ostale, 12 francs. es — PEINTURE IGNIFUGE DITE ANTI-PÉTROLEUR Éh, moment où l'horrible désastre au à hoires, il convient de signaler la découverte récente, par M. de Preux, d’un produit désigné jous le nom d'Anti-Pétroleur ei qui rend | Em. de Preux a fait, il y à peu de temps, à Saultain, près Valenciennes, des expériences déci- fives à ce sujet. Deux baraques de bois blanc recouvertes de carton bitumé et tendues de jute, fune imprégnée du nouveau produit, l'autre à l'état naturel, ont été remplies de copeaux imbibés Yéther. Les copeaux ayant été allumes, ja baraque qui avait subi la préparation resta complètement intacte, tandis que l'a dégageant 1,200 degres de chaleur, Éontracte, mais ne brûle pas et ne se qu'ils ont été traités par l'Anfi- Pétroleur. À Exposition de Bruxelles, au parc du Cinquan- Après les mêmes expériences faites en grand à l'EXpOS] | a accordé, à l'unanimité avec ses plus sincères félicitations, fenaire, le Jury internationa dé, | VAnti-Pétroleur, un diplôme de médaille d’or, la plus haute récompense dont il pouvait disposer. ; À MLe produit inventé par M. de Preux rendra d'immenses services. Il est déjà employé dans un Certain nombre d'usines et il a été adopté par la Compagnie du Nord qui s’en sert dans ses dépôts de machines. À “ S'adresser pour les commandes et les renseignements au régisseur du château de la Villette, à Saultain (Nord). Fondée le 10 Février 1854 : reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE Se di BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1897 Bureau Président, M. Le Myre 2e Virers. député, membre honoraire de la Société, (médaille d'or 1882). 3, rue Cambacéres, Paris. Edouard Bureau, professeur de botanique au Muséum d'his- toire naturelle, quai de Béthune, 24, Paris. Evmoxr Perrier, membre de l'Institut (Académie des Vice-Présidents, Sciences), professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 23, rue Gay-Lussac, Paris. C. RavererT-WaTtez, directeur de la Station aquicole du Nid-de-Verdier. près Fécamp, rue des Acacias, 20, Paris. Secrétaire général. Baron Jules pe Guerxe, rue de Tournon, 6, Paris. Henri Hva, licencié ès sciences naturelles, 2, rue de Villersexel, Paris mice Pauz Marcxa docteur en médecine et docteur ès sciences, di- recteur adjoint de la Station entomologique de Paris, 1%, rue Boucicaut, Fontenay-aux-Roses (Seine) (Intériewr). Comte Raymond de Dazwas, rue de Berri, 26, Paris (Etranger). Eugène Cavstier. agrégé de l'Université, professeur au Lycée | de Versailles, à Viroflay (Seine-et-Oise) (Séances). Trésorier : Albert IuserT, administrateur judiciaire près le Tribunal civil de la Seine, 17, rue Bonaparte, Paris. Archiviste-bibliothécaire : Jean de CLAYBROOKE, 5, rue de Sontay, Paris.” Membres du Conseil L. G. BixGer, ancien gouverneur de la Côte d'Ivoire, chargé des affaires d'Afrique au Ministère des Colonies, 15, rue de Prony, Paris. Edouard Bzaxc, explorateur, 35. rue de Grenelle, Paris. Raphaël BLaxcearp, membre de l'Académie de médecine, Professeur à la Faculté .de médecine, secrétaire général de la Société zoologique de France, 226, boulevard Saint-Germain, Paris. Camille DARESTE, docteur en médecine et docteur ës sciences, directeur du laboratoire de Tératologie à l'Ecole pratique des Hautes Etudes, 37, rue de Fleurus, Paris. Charles Deereuiz, avocat, propriétaire, 25, rue de Chäteaudun, Paris. Paul ne LagouLaye, ambassadeur de France, 129, avenue des Champs-Elysées, Paris. : A. Mnxe-Evwarps, membre de l'Institut (Académie des sciences), directeur du Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. Louis Ozrvier, Docteur és sciences, directeur de la Revue générale des sciences pures et appliquées 34, rue de Provence, Paris. , Ovusraer, Docteur ès sciences, assistant au Muséum d'histoire naturelle (Mammiferes et Oiseaux), 121 Lis, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris, A. Razer, membre de l'Académie de médecine, professeur d'Histoire natu- relle, à l'Ecole vétérinaire d'Alfort (Seine)- Georges Rosex, propriétaire, rue Grange-Batelière, 28, Paris. Dr WEzger, médecin inspecteur de l'armée, ancien directeur de l'Ecole de médecine militaire du Val-de-Grâce, 180, boulevard Saint-Germain, Paris. Secrétaires . Président honoraire. Albert GEOFFROY Saint-Hilaire, ancien directeur du Jardin zoologique d'Acclimatation du Bois de Boulogne, Vault de Lugny, par Avallon (Yonne). Secrétaire général honoraire. Amédée BERTHOULE, avocat, docteur en droit, membre du Comité consultatif des Pêches maritimes, 18, rue du Cherche-Midi, Paris. Trésorier honoraire. Georges Matuias, propriétaire, Bourg-la-Reïne (Seine). Membres honoraires du Conseil: Pierre Mécxn, membre de l'Académie de médecine, directeur du journal l'Eleveur. avenue Aubert, 6, à Vincennes (Seine). D: Edouard MÈxe, médecin de la maison de santé de Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot, 20, Paris. Dr Joseph Micaox, ancien Préfet, rue de Babylone, 33, Paris. Auguste PaiLzecx, propriétaire, 3, rue de Médicis, Paris. Secrétaire Général, gérant Versailles. — Imprimeries Cerr, 59, rue Duplessis. Juzss ox GUERNE re Co. PROG A TO SET 4 È ad : F- _ BULLETIN DE LA î 1 MCIÉTÉ NATIONALE D'AGCLMATATI DE FRANCE (0 (Revue des Sciences naturelles appliquées) | 44° ANNÉE OCTOBRE 1897 SOMMAIRE Banon pr PAEANAa. — Le croisement du Zèbre avec la Jument, obtenu au Brésil. ..... 433 Générez N. ne Derp. — L'aquarium serre d'un amateur de pisciculture, ea Russie.... 439 Méënsenr J. Wegger. — La Jacinthe d'eau (Piaropus crassipes Mart.), de l’Amérique équinoxiale, en Floride. .... ÉTÉ SE ONE SUR DÉC DUO SR SE oo 449 Extraits de la Correspondance : Mlevase de Saumons de Californie au lac de Malaguet (Haute-Loire). — Remarques au | sujet d’un Vœu concernant la pisciculture et le repeuplement des rivières, — | Nouvel euvoi de graines par M. Charles Naudin..........,......... Sn LT Extraits et. Analyses. À. Mrzxe Enwanpsg. — Une incubation complète faite par un mâle de Cygne noir..... 471 GEORGES CouTAGNE. — Travaux de la Station séricicole de Rousset en Provence, en LARE CET MER OR ARE 2 -cbc ae osésoct LOC OT EN ss cei= ele . 472 HE. HuwBrorT. — Essai d'introduction de l’Arbre à Gutta-Percha à la Grande-Comore... 478 lantes pouvant servir à l'alimentation du Chameau, en Australie occidentale .......... 480 l La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions : émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. Un numére 2 francs ; pour les membres de la Société 4 fr. 50 ED —— AU SIEGE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 41, RUE DE LILLE, 41 PARIS ET À LA LIBRAIRIE CERF, 12, RUE SAINTE-ANNE Le Bulletin paraît tous les mois DÉSINFECTANT ANTISEPTIQUE Le seul joignant à son Efficacité, Scientifijuement démontrée, l'immense avantage de n'être ni Toxique ni Corrosif. Hémostatique et Styptique puissant. Adopté par les Ecoles Nationales Vétérinaires, Le Service de Santé de l'Armée, la Préfecture de la Seine et la plupart des Services d'Hygiene et de Désinfection des Départements. Reconnu indispensable dans la pratique vétérinaire. Envoi franco sur demande de Rapports scientifiques ct Prospectus : SOCIÉTÉ FRANÇAISE de PRODUITS SANITAIRES et ANTISEPTIQUES 35, Rue des Francs-Bourgeois (ci-devant 31, Rue des Petites-Ecuries), Paris. ET CHEZ TOUS LES DROGUISTES ET PHARMACIENS. Pour év..ir les nombreuses Contrefaçons exiger rigoureusement sur tous les emballages les Marques, Cachets et le Nom CRESYL-JEYES,. Ni Corrosif À Lits, Fauteuils, Voitures et Appareils Mécanig à Pour MALADES et BLESSES DUPON Fabt breveté s.g.d.c.… Fournisseur des H6pité | Maison fonééte en 1572 Plus de 409 Médailles ot 12 Prix d'honseur Eéalile d'or, Prix d'ensemble, Paris 1336 € RATER TES COUVEUSES ARTIFICIBLLES MATÉRIEL D'ÉLEVAGE Volailles de Race ŒUFS$ À COUVER Race pure do Houdan 6,883 CHIENS de chasse dressés, Auvol franco du Catalogue illustré. MAISON A PARIS EPL du Théâtre-Françeu 10, Rue Hautefell au coin de la rue Serpek (près l'Ecole-u'e-Médec aux Expons Françaises et Etrangi) — te — VOITURE mue au moyen de 1 ou ? lewers. ANEMIE, GASTRALGIE, COLIQUES NÉPHRÉTQUES, GRAVELLE, ARTHRITISME RECONSTITUANTE, nliquéedastoutesls CONVALESCENCES D 0 © = 5 1 Re TE Re CR né 433 LE CROISEMENT DU ZÉBRE AVEC LA JUMENT OBTENU AU BRÉSIL (1) par le baron DE PARANA. Ce croisement n’est pas le résultat d’un hasard, mais la réalisation d'une idée depuis longtemps arrêtée et pour laquelle je travaille depuis 1892. Quand j'ai vu, en 1874, des Zèbres domestiqués au Jardin d'Acclimatation de Paris, l’idée du croisement m'est venue tout de suite et je me suis informé si on l'avait déjà tenté; il me fut répondu : Oui, mais sans résultat. En 1886, de retour en Europe, je m'informai auprès de tous les Jardins zoologiques ; partout on me fit la même réponse : Oui, sans résultat. Malgré cela, je pris la résolution de faire l'expérience aussitôt que je le pourrais. Je me disais en effet, que la domestication du Zèbre une fois réalisée, son croisement avec la Jument s'impose, et, si de l’Ane, animal laid, difforme et très différent de la Jument, on a obtenu le Mulet, animal si utile et beaucoup plus beau que l’Ane, à plus forte raison du Zèbre, dont les formes sont élégantes, qui a de la force, de l’agilité et qui se rapproche beaucoup de la Jument, on devra obtenir un produit, sans doute aussi utile que le Mulet, mais beaucoup plus beau. Suivant les informations que j'avais pu recueillir, le Zèbre refusait de saillir la Jument; par conséquent, le premier essai à faire, consistait à procéder avec le Zèbre de la même ma- nière qu'avec les Anes pour en faire des Mulassiers. J'achetaï donc en 1892, un couple de Zèbres (Canon et Carabine) nés au Jardin d’Acclimatation du Bois de Boulogne, à Paris. Je me proposais d'obtenir un petit Zèbre, de le faire allaiter par une Jument, sans le laisser jamais revoir ses parents et d'avoir ainsi un Zèbre qui saillirait les Juments de la même (1) Communication adressée à M. le Secrétaire général par la gracieuse en- tremise de M. Gustave Taizon, membre de la Société. Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 29, 434 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. manière que l’Ane, allaité par une Jument, devient un Ane mulassier. Je ne fus pas heureux par ce moyen parce que le Zèbre femelle, Carabine, mourut d'un accident au bout de six mois; je fis venir une autre femelle, Zsabelle, qui, malgré des saillies répétées, demeura stérile. Voyant que cette méthode serait trop longue, j'essayai d'amener le Zèbre à saillir une Jument en plein rut; le Zèbre ne s'occupa nullement de sa compagne. Malgré cette tentative manquée, je ne me suis pas décou- ragé; au contraire, depuis ce moment, j'ai eu la conviction que le moyen était trouvé, parce que la Jument ne fuyait pas le Zèbre; au contraire, elle le recherchaït, ce qu'elle ne faisait pas en dehors du rut ; il était done clair que : si le Zèbre se trouvait dans un état semblable en même temps que la Jument, il ne refuserait pas celle-ci : il fallait donc observer le Zèbre et lui présenter au moment favorable une Jument en chaleur, c'est-à-dire, faire coïncider le rut de tous deux. Les animaux dans l’éfat sauvage, se reproduisent à une époque certaine de l’année; hors de cette époque, les mâles ne recherchent pas les femelles ; quelques-uns même s'en sépa- rent. Le Zèbre, dont la domestication date de peu d'années, conserve encore cette habitude, ou plutôt, n’a pas acquis ce que j'appellerai le vice des animaux civilisés, dont les mâles sont toujours disposés à la saillie pourvu que les femelles s'y prétent. J'ai commencé dès lors, à diriger mes expériences dans ce sens ; je séparai le Zebre de sa compagne et l'enfermai dans un petit enclos (20 mètres carrés environ) avec une Jument ; les animaux se tinrent d’abord éloignés; mais au bout de quinze jours, ayant fait connaissance, ils s'étaient si bien habitués l’un à l’autre qu’ils mangeaient au même ratelier; je mis alors le Zebre et cette première Jument dans un pré avec plusieurs autres Juments, qui, au bout d’une vingtaine de jours, étaient toutes habituées à voir le Zèbre et ne le fuyaient point. Au printemps (novembre) de 1895, je séparai le Zebre des Juments et je le laissai seul dans son enclos; en décembre, il commença à montrer des indices de rut; à ce moment, je faisais tous les jours promener les Juments autour de son LE CROISEMENT DU ZÈBRE AVEC LA JUMENT. 435 enclos, et je remarquais que de jour en jour, il s’excitait davantage au point de vouloir sauter la palissade de l’enclos quand il voyait les Juments ; enfin, le 5 janvier 1896, je lui présentai une Jument très en chaleur ; la saillie eut lieu de suite et fut répétée le jour suivant sur la même Jument; deux jours après, cette Jument lui fut encore amenée, mais elle le refusa, ce qui prouvait ou que la fécondation avait eu lieu, ou que le rut avait cessé pour elle. N'ayant plus alors de Jument dans l’état voulu, je ne pus continuer l'expérience. | Onze mois exactement apres la première saillie, c'est-à-dire le 5 décembre 1896 est né le premier Zébroide. Quinze jours après la naissance de ce premier produit, j'ai présenté la même Jument au Zebre, qui l’a de nouveau saillie; quelques jours après, je lui ai présenté d’autres Juments qu'il a également saillies et depuis lors, il a sailli toutes celles qu’on lui a présentées, c’est-à-dire qu'il est déjà devenu vicieux ; seulement, depuis que nous sommes en hiver, il n’est plus aussi ardent; en tout cas, on peut dire qu'il est habitué à saillir les Juments ; au printemps et en été, il sera comme de juste beaucoup plus ardent qu’en hiver. Jusqu'à ce jour, 2 juin 1897, il a sailli six Juments, qui sont toutes gravides. Je pense après cela pouvoir dire que : le croisement du Zèbre avec la Jument est un fait acquis et qu'on n’a plus qu’à lui donner le développement qu’on voudra. En résumé, les moyens, pour obtenir la saillie des Juments par le Zèbre sont les suivants : 1° Avoir un Zèbre de sept ans; avant cet âge, il ne fonc- tionne pas absolument. 2° Le séparer entièrement de sa femelle. 3° L’enfermer dans un petit enclos (20 mètres carrés en- viron) avec une Jument très douce et qui ait déjà été saillie par un Cheval. 4 Aussitôt que le Zèbre et la Jument seront bien habitués l’un à l’autre, les mettre tous deux dans un pré avec d’autres Juments. 5° Au printemps, séparer le Zèbre des Juments et le tenir en observation pour voir quand il sera bien en rut; lui pré- senter alors une Jument également bien en rut. 6° Dès qu’on aura obtenu la première saillie, présenter au 436 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Zèbre d'autres Juments en chaleur, avec intervalle de deux à trois jours pour le faire devenir vicieux, c'est-à-dire, pour qu'il remplisse son rôle d'étalon à n'importe quelle époque de l’année, pourvu que les Juments soient en chaleur. Je pense que, par ces moyens, on obtiendra toujours les résultats que j'ai obtenus. Parlons maintenant du produit, c'est-à-dire du Zébroïde. Il a actuellement six mois; c’est un mâle; couleur bai brun avec des zébrures pareilles à celles du Zèbre; ces zébrures sont bien marquées au cou, à la tête et aux jambes, celles du corps ne sont pas visibles à cause du pelage d'hiver; crins noirs et dressés comme ceux du Zèbre; queue semblable à celle du Mulet, mais avec les crins plus longs ; oreilles petites avec la pointe arrondie comme chez le Zèbre; hanche très bien faite, très arrondie et bien large; encolure très large et très haute, ce qui lui fait tenir la tête toujours haute et par conséquent avoir un joli port; yeux grands et très vifs, nari- nes larges, lèvres minces ressemblant beaucoup à celles des Chevaux arabes (la Jument, mère de ce Zébroïde a 1/4 de sang arabe); tête petite; jambes bien musclées, mais fines, montrant qu'il sera très agile; sabots petits, noirs et très durs ; il est très vif, mais très doux et aime beaucoup à s’ap- procher des personnes pour être caressé. Il mange très bien, non seulement au râtelier, mais au pâturage. Vers le mois d'octobre, il commencera à perdre le pelage d'hiver et en novembre, sa robe sera bien fixée en couleur et en zébrures; à ce moment je le ferai photographier et j'en enverrai des photographies à la Société nationale d'Acch- matalion de France. Plantation Domaine, Lordello (Brésil), 5 juin 1897. L’aquarium serre du Général N La partie latérale dont le plan est repr . de Depp, à Odessa (d’après une photographie). ésenté ligure 1, vue dans sa longueur et en son milieu, 439 L'AQUARIUM SERRE D'UN AMATEUR DE PISCICULTURE EN RUSSIE (1) par le Général Nicolas DE DEPP, Délégué de la Société d’Acclimatation à Odessa. La serre que j'ai consacrée à l'élevage des Poissons a été construite sur un terrain assez peu favorable et dont j'ai cherché à tirer le meilleur parti possible. Je n'avais à ma dis- position qu'un emplacement rocheux peu étendu, compris entre ma maison d'habitation à Odessa et la limite de ma propriété. Pour ne point assombrir les fenêtres du rez-de- chaussée de ma demeure, je fus obligé de creuser, à grand” peine et à grands frais, le terrain en question à 280 de pro- fondeur. Par suite de cette disposition, je dus donner à la serre une forme allongée et la diviser en trois parties, afin d'y entretenir plus facilement une température égale (voir la figure 1). Les parties latérales ont chacune 10 mètres de long sur 420 de large; celle du milieu a la même largeur et une longueur de 300: la superficie totale dépasse 120 mètres carrés. Les murailles de la serre sont bâties en pierre calcaire du pays; le toit est en fer, à l'exception de la partie qui donne sur le terrain extérieur et qui est munie d’un double vitrage. Le plafond et le toit reposent sur la muraille de derrière, sur quatre murs transversaux, ainsi que Sur six petites colonnes en bois (CB, fig. l et3). Dans chacune des parties latérales se trouvent huit bassins pour l'élevage des Poissons exotiques (Br, Bu, etc., figure 1 et B, figure 3). Ces bassins sont construits en briques et en ciment, et leurs parois sont recouvertes d’une couche unie de ciment. Le fond est incliné vers la partie centrale de la serre; il est pourvu d’une petite cuvette (C, figure 3) où s’accumu- lent les déjections des Poissons qu’on enlève à l’aide d’un siphon en caoutchouc. Les bassins sont un peu éloignés de (4) Communication faite à la Société dans la séance générale du 29 janvier 1897, 430 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. UN if B: pu ll parties latérales de l'aquarium sorre, partie centrale et de l'une des qure 4, — Plan de la L'échelle des proportions est Fi indiquée on mètres, — Pour la signification des lottres, voir page 442 L’AQUARIUM SERRE D'UN AMATEUR DE PISCICULTURE. 44 = — /, ne. Va totinttiui tin Say Figure 9. — Coupe de la partie latérale de la serre passant par le point P du plan de la figure io L'échelle des proportions est indiquée en mètres, — Pour la signification des lettres, voir page 442, RS RS AS KRNNSS NK SERIE SKK ANNNIITENNNNTS) QKEON LITRES à SN NN RATE JS N > RRKKRÉ=—= NN — NN ÈS S SE ROSE = KK 442 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. LÉGENDES DES FIGURES 1, 2 et 3. FiGurE 1. — Plan de la serre ; la partie centrale et l’une des parties laterales ont seules été représentées. A>, Bassins pour la production des petits Crustacés ; A3, petits aquariums ; B1.... Bvrxt, Bassins ; CB, colonnes en bois; D, tuyau de décharge ; E, E, échelles donnant accès aux aquariums d'observation (A1. figure 3); Eg, égout passant sous la serre et servant aussi à l’écoulement des eaux de la cour et de la maison d'habitation. Derrière les petits aquariums, As, on voit les fenê- tres destinées à l'aération. FIGURE 2. — (Coupe de la serre, partie latérale, au point P de la figure 1. A3, pelit aquarium; B, bassin dont on voit le fond incliné isolé du sol et de la muraille par les conduits T ; on en voit éga- lement le trop-plein 4, la petite cuvette c, et le tuyau d'écoulement, e, aboutissant à la rigole ;; (pour le détail de cette partie, voir la figure 5, dans le texte), CB, colonne en bois; CE, conduite d’eau ; P, poêle ; V, vitrage. FiGuRE 3. — (Coupe de la serre, partie centrale, suivant la ligne Eg — D de la figure 1. A1 Aquarium d’obcervation ayant trois parois de marbre, et une seule en verre faisant face à la serre; CE, conduite d'eau ; D, tuyau de décharge; E, échelle; Eg, égout; F,F, filtres; V, vitrage. Nota. — Divers détails de construction quil n’a point paru nécessaire de désigner par des lettres, s'expliquent suffisamment d'eux-mêmes. On remarquera l'épaisseur des murs et les précau- tions prises dans la construction du plafond; d'autre part, le vi- trage est double. L43 L'AQUARIUM SERRE D'UN AMATEUR DE PISCICULTURE. “soxjeu uo sgnbipur 159 suorodoid S0p 2184997 — *L eanëy e[ op (I 1° 3 ouSiy eun quearns (357 ZA ZA AI (LL (UZ 4 7 ) 1) qnoño \ )N L'iuesioaei} ‘ous 8j op ojeruos otyied ej op odno NN NA ANT NAN \| D VA \ 2) ON} ) \ = Nr UU WI lo 20,1) y || 7 ) | IA xed juessed 7) — ‘'g o4nbIT 444 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. la muraille qui donne sur le terrain; ils reposent sur des tuyaux (T, figure 2) communiquant avec la cheminée, de facon à assurer une circulation d’air continue. Ces dispositions permettent d'isoler complètement les bas- sins et du terrain et de la muraille de la serre qui se trouve à proximité; or, c’est là une condition indispensable pour maintenir l’eau à une température constante. Chaque bassin mesure à l’intérieur 1"45 de longueur sur 110 de largeur; la profondeur moyenne est de 0"55. La partie centrale de la serre {voir les figures 1 et 3) ren- ferme deux aquariums mobiles sur des rails (A1, figure 1); le fond et trois de leurs côtés sont en marbre; seule, la qua- trième face qui est tournée vers l'intérieur de la serre est en verre. Ces appareils mesurent 1"45 de long sur 0"90 de large et 0"71 de profondeur ; ils sont entourés de bois et sont pourvus de petits volets à deux battants qui permettent, en assombrissant la partie centrale de la serre, de mieux ob- server les Poissons. Quand on veut mettre des plantes dans ces aquariums ou en retirer les Poissons, on n’a qu'à monter par les échelles (E, figures 1 et 3) sur les planches, qui sont disposées de part et d’autre des aquariums; au-dessous de ces derniers et en contre-bas de la serre, se trouvent deux bas- sins en ciment (A», figure 1), pour l’élevage des Daphmnies et des Cyclopes, mesurant 1"70 de long sur 1"40 de large, avec une profondeur de 095. Le trop-plein des bassins et des aquariums s’écoule par de petites rigoles en ciment, aménagées dans le sol de la serre dans le bassin de droite; ensuite elles passent dans le bassin de gauche qui est muni d’un filtre de sable (F), empêchant les Daphnies et autres petits Crustacés de s'échapper ; tout excé- dent d’eau passe par le filtre et s'écoule au dehors par un tuyau de décharge (D, figures 1 et 3). Ces aménagements permettent d’avoir constamment, pen- dant toute l’année, une quantité suffisante de Crustacés. Entre les deux bassins destinés à l'élevage des Crustacés, se trouve un petit plomb où l’on jette l’eau sale et où s'écoule également l’eau qui est répandue sur le dallage de la serre. Le sol est recouvert de carreaux en ciment et est incliné du côté du plomb pour les eaux sales, ainsi que du côté des rigoles qui courent le long des bassins. Un égout est aménagé sous la partie centrale de la serre L'AQUARIUM SERRE D'UN AMATEUR DE PISCICULTURE. 445 pour évacuer l’eau provenant des toits de la maison voisine et du petit jardin contigu à la serre. L'eau, empruntée à l'aqueduc de la ville,se distribue dans les bassins par des tuyaux en fer (CE, figures 2 et 3), disposés le long de la serre et fixés aux châssis qui supportent le vitrage (V, mêmes figures). Au-dessus de chaque bassin et de chaque aquarium se trouve un robinet fixé sur un tuyau en caoutchouc au bout duquel est attachée une trompe en verre (figure 4) qui permet d'introduire dans l’eau du bassin le maximum d’air frais pour une dépense minimum d’eau. Cet appareil entraine l'air sous forme de fines bulles qui se dissolvent facilement dans l’eau. Le trop-plein des bassins et des aquariums s'écoule d’a- bord par des tuyaux en fer recourbés qui traversent les murs en ciment, puis dans de petites rigoles aménagées le long des bassins dans le car- relage (figure 5). Afin d'éviter que le plancher (s) ne soit éclaboussé par l’eau qui sort Fiqure 4. — Trompe de verre destinée des tuyaux en fer (a) et qui à assurer l’aération des aquariums. tombe dans les rigoles (r), 5 Éd indique la sur- a adapté aux tuyaux en fer des petits tuyaux cylindro-coniques en zinc (b). Les portions des rigoles qui entourent les colonnes de bois sont munies de couvercles de même malière (d) sur lesquels on pose des plantes. En outre, la cuvette (c) de chaque bassin est munie d’un tube (e) en fer, fermé par un obturateur en cuivre, qu'on ôte seulement pour le nettoyage après qu'on en a enlevé tous les Poissons. Le chauffage de la serre est assuré par des poéles en briques (P, figure 2) disposés horizontalement dans les parties latérales, tout le long du mur opposé aux bassins. Ces poêles s'ouvrent au centre de la serre. Les cheminées, ainsi que les tuyaux de ventilation, sont installés aux deux extrémités de 436 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. la serre. Les tuyaux à ventilation traversent également la muraille à l’intérieur de la serre; on ne les utilise, du reste, que pendant la saison froide. En été, on rafraichit l'air en ouvrant les fenêtres percées dans la muraille opposée aux bassins et qui n’ont été établies que dans ce but tout à fait spé- cial. Durant la saison froide, on entretient dans la serre une tem- pérature de 10 à 13° Réaumur. En hiver, la température de la serre peut, en forçant le chauf- fage, être portée jusqu'à + 24 Réaumur. - ; Pour préserver les bassins des rayons ardents du soleil, car le toit vitré de la serre est orienté | JJ/ au sud-est, on dispose au-dessus d'eux des cadres en bois tendus de toile blanche. Au-dessus des poéles horizon- taux sont placées des tables en Fiqure 5. — Schéma du dispositif bois supportant de petits aqua- assurent l'écoulement du top rinmsen verre (A;, figures 1 et 3) plein des aquariums au pied des ] colonnes. (Voir le texte pour l'ex- et des plantes. plication des lettres.) Tous les autres détails de con- -Struction sur lesquels je n'ai pas insisté, sont assez clairement figurés sur les plans et sur les photographies d'ensemble joints à ce mémoire, {pour rendre inutiles de plus amples explications. ù Une expérience de deux années m’a montré que, d’une ma- - nière générale, l'installation de cette serre répondait parfai- tement à toutes les exigences de la pratique: grâce aux dis- positions adoptées, on y peut conserver et y élever avec succès les Poissons exotiques. NW 1 omgg ej op uejd 9j ans sonbiput HTAG 12 HAG ‘IA ‘AG ‘AIG SUISSE sop 9nA *(ergdeiSojoqd ean seide,p) essepO e ‘dde ep ‘N 1812u92) np eus unrenbe/T Ÿ 449 UNE ACCLIMATATION FACHEUSE LA JACINTHE D'EAU (PZAROPUS CRASSIPES MarT.) DE L'AMÉRIQUE ÉQUINOXIALE EN FLORIDE par Herbert J. WEBBER. La Jacinthe d’eau {Piaropus crassipes Mart. Eichhornia crassipes Mart., E. speciosa Kunth), est une Pontédériacée originaire de la partie tropicale de l'Amérique du Sud. Elle porte des grappes de fleurs bleu clair ou violettes; elle fleurit facilement, aussi peut-on la cultiver en Europe et en Amé- rique. D’après Schünland, elle est extrêmement répandue dans l'Amérique tropicale et subtropicale. La plante est aquatique et flotte ordinairement à la surface de l’eau, sans être fixée ; cependant, dans les eaux peu profondes, les racines s’enfon- cent dans la terre et s’y fixent solidement. En nombre d’en- droits, sur les bords de la rivière Saint-John, on observe des pieds dont les racines s'implantent profondément dans le sol humide des berges; mais, pour que la plante prospère, il faut que le terrain soit très meuble et saturé d’eau; elle est alors moins vigoureuse qu'à l’état flottant. Dès que le sol com- mence à se dessécher, la plante périt. Les feuilles de la Jacinthe d’eau forment une touffe d’un à deux pieds de hauteur qui se développe toujours en dehors de l’eau. La base des feuilles des jeunes plantes présente un renfilement considérable; mais au fur et à mesure que la plante vieillit, ces renflements diminuent et finissent par dis- paraître le pétiole est alors sensiblement de même épaisseur dans toute son étendue. Les renflements des jeunes feuille: jouent le rôle de vésicules aérifères, assurent la flottaison et empêchent ainsi la plante de s’enfoncer ou d'être sub- mergée par le ventet les vagues; chez les plantes plus âgées, les tiges et les feuilles s’enchevétrent tellement qu'elles ne peuvent plus être séparées les unes des autres ni renversées. Leurs longs pétioles sont pourvus de chambres à air qui probablement, renferment plus d’air que les feuilles courtes et Bull. Soc. rat. Accl. Fr. 1897. — 50. 450 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. étroites des jeunes sujets; les racines forment une masse compacte et épaisse dont la longueur atteint et dépasse sou- vent deux pieds. La Jacinthe d’eau habite de préférence les eaux à courant faible, les lacs, les étangs. La nature de l’eau paraît avoir une grande influence sur sa croissance. Dans la rivière Saint- John et ses affluents où cette plante a présenté un développe- ment si rapide, l’eau est jaunâtre et trouble, probablement à cause de l'humus et des matières organiques tenues en sus- pension. Dans les lacs où l’eau est pure et limpide, la plante n'atteint que de petites dimensions. Dans le Blue Spring où le soufre est assez abondant pour être facilement reconnu au goùt et à l'odorat, la plante ne peut pas vivre. Elle ne se plaît pas dans les eaux contenant même très peu de sel et elle meurt rapidement dès qu'elle arrive dans l’eau de mer. Dans les parties basses de la rivière Saint-John (au-dessous de Mandarin), l’eau est évidemment trop saumâtre, aussi le Pia- ropus x est-il moins abondant, bien que le courant y X< RAPPORT SOMMAIRE SUR LES TRAVAUX EXÉCUTÉS A LA STATION SÉRICICOLE DE ROUSSET-EN-PROVENCE, EN 1896-1897, par GEORGES COUTAGKE, Ancien élève de l’École Polytechnique, Directeur-fondateur de la Station séricicole de Rousset-en-Provence. Lu Station séricicole de Rousset, qui a été fondée en 1895, sous le patronage et avec les subventions de la Chambre de Commerce de Lyon, de la Société des Agriculteurs de France, de la Société dépar- tementale d'Agriculture des Bouches-du-Rhône et des Conseils Géné- raux des Bouches-du-Rhône et des Basses-Alpes, est un centre de recherches séricicoles qui ne se désintéresse d'aucune des questions susceptibles de contribuer au relèvement de la sériciculture française, mais qui a plus particulièrement pour objet la mise en pratique du nouveau procédé de sélection imaginé en 1888 par le fondateur de la Station, et étudié par lui à Rousset même depuis lors, c’est-à-dire pendant dix années consécutives. Je rappellerai que ce procédé consiste à déterminer, pour un grand nombre de sujets, la richesse en soie individuelle du cocon, rapport du poids de la coque vide au poids total du cocon (coque et chrysa- lide). Pour cela, chaque cocon examiné est pesé au cenligramme près, puis ouvert avec précaution, puis repesé après extraction de la chrysalide, qui est enfin réintégrée dans sa coque. On ne garde pour la reproduction, dans chaque sexe, que les cocons à richesse en soie nettement supérieure à la moyenne. Un outillage spécial de balances, casiers, jetons, etc., et une orga- nisation rationnelle du travail, permettent d'opérer assez rapidement; trois ouvrières avec trois balances sysième Coutagne (une pour les cocons femelles, une pour les cocons mâles; et une pour les coques vides des deux sexes), peuvent déterminer en un jour la richesse en (1) Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, 1897, n° 5. EXTRAITS ET ANALYSES. 473 soie individuelle de 500 cocors environ, soit mille pesées au centi- gramme prés. L'efficacité de cette méthode est actuellement bien démontrée, et j'estime qu’en opérant chaque année une sélection au divième, c'est- dire en ne gardant, sur 100 cocons, que les 10 plus riches en soie, on peut améliorer le rendement en soie d’une race de plus de 30 pour cent en dix ans. Je donnerai prochainement les preuves de cette assertion dans un travail plus étendu, où seront exposées en détail toutes les recherches séricicoles que j'ai faites depuis 1888. Je me bornerai (dans le présent rapport, à reproduire le tableau des richesses en soie moyennes des meilleurs cocons (5 de chaque sexe) rencontrés chaque année, au cours de mes sélections méthodiques. RICHESSE EN SOIE. MOYENNE DES 2 7 5 meilleurs 5 meilleures 10 meilleurs cocons mâles. femelles. 5 de chaque sexe. SSSR ie 17,1 0/0 14,0 0/0 15,2 0/0 SSP. 18,6 » 15,2 » 16e NEC) RASE IEEE > 16,1 » 17,6 » lÉSONESÉRONRE 18,6 » 16,0 » Sn) HSE 20,8 » AG 5 18,5 » TÈGRLE Does 21,0 » NÉE) 10) 18,9 » SA 1e 22,5 » 18,4 » 20,2 » SOS PERRET 23,900 20,3 » EC TG cocve dec 22,2 » SN 19/80 17 00086 © 24,6 » 21,9" > 23,0 » La discussion des chiffres de ce tableau est des plus intéressantes ; c'est ainsi que les deux retours en arrière, que l’on constate en 1891 et 1896, correspondent précisément à des croisements faits en 1890 et 1895, croisements avec d’autres races qui n'avaient jamais été sou- mises à la sélection. Il est donc certain que la race « Jaune-Defends » que j'ai constituée par dix années de sélections méthodiques, est bien plus riche en soie que la race « Jaune Ver » dont elle est issue. Mais, d’autre part, le mode d’élévage que j'ai suivi, petites éduca- tions de pontes isolées, presque toujours consanguines, semble avoir eu pour effet de diruinuer la vigueur des vers ; peut-être même aussi, la chambrée qui m’a servi de point de départ en 1888 n'était-elle pas irréprochable comme santé, en sorte que la consanguinité aurait mis en évidence, en l’exagérant, ce défaut de robusticité. Toujours est-il que dès 1893 et 1894, je remarquai quelques signes fâcheux dans mes 474 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION- élévages : éclosions souvent incomplètes, vers restant inégaux, gras- serie fréquente à la fin de l’éducation, et au papillonnage, nombreux papillons mal conformés. Pendant ces dernières années, je me suis eforcé d'atténuer ces défauts, soit par des sélections en sens con- traire des défauts constatés, soit par des croisements ayec des races robustes. Cette année 1897, de nombreux élevages faits dans des régions très différenies, m'ont permis d'apprécier ecfin si la race « Jaunz-Défends » de la Station séricicole de Rousset, avait les quali- tés requises pour êire recommandée aux sériciculteurs. La Station a étudié, en 1897, onze lots provenant de 225 grammes de graines distribuées gratuitement par elle, et élevées-par divers édu- cateurs de Rousset ou des villages environnants, Peynier, Puyloubier et Pourrières (Var). Ces 11 chambrées ont été surveillées très étroi- . tement par le personnel de la Station, et les cocons récoltés ont été achetés par elle. En outre, j'ai reçu jusqu’à ce jour, des renseigne- ments précis sur 30 chambrées, provenant de 849 grammes de graines de la race < Jaune-Défends », élevées dans les départements du Var, des Bouches-du-Rhône, de Vaucluse, des Basses-Alpes, du Gard, de la Drôme et de l'Ardèche. Pour 45 autres chambrées, cor- respondant à 666 grammes (un grand nombre étaient de 5 grammes seulement}, je n'ai pu obtenir des éducateurs l'indication précise du poids des cocons récoliés. L'essai pratique de la race « Jaune- Défends » que la Station séricicole de Rousset a fait faire cette année, porte donc en définitive sur 41 chambrées et sur 1074 grammes de graines mises en incubation. La Chambre de Commerce de Lyon a distribue en outre 400 grammes de la même graine à divers sériciculteurs; mais elle a confie à son Laboratoire d’études de la soie l'examen des éducations qui ont été faites avec ces graines, ei dès lors, je n’ai pas à m'en occuper dans le présent rapport. Le produit iotal des 41 chambrées provenant des 1074 grammes de graines a été de 1237 kilogrammes de cocons, ce qui fait 1 Kk. 150 au gramme en moyenne, ou encore 34 k. 530 pour l’once de 30 grammes. Rappelons que la moyenne générale pour la France du rendement de l’once, a été de 42 k. 028 en 1896, d'après l'enquête officielle du Ministère de l'Agriculture. Voici quelques-uns des résultats partiels constatés. Chez certains éducateurs il y a eu insuccès complet : chambrée Sartre Romain, aux Ollières {Ardèche), 45 gr. ont donné 7 k. 6; chambrée Maulin, aux Ollières, 23 gr. ont donné 2 k. 5; chambrée Wolf, à Oraison (Basses- Alpes), 5 gr. ont donné 0 k. 800. Mais ces insuccès partiels, qui con- iribuent à beaucoup diminuer le rendement moyen indiqué ci-dessus, ne sont pas le fait le plus grave; un insuccès peut provenir de cir- constances indépendantes de la qualité de la race : graine expédiée trop tard, accident pendant le chauffage de la graine, conditions clima- EXTRAITS ET ANALYSES. 475 tériques exceptionnellement défavorables au moment de la montée... 11 n’en est pas de même de la fwiblesse des rendements matima, particu- larité qui est l'indice incontestable d’un défaut de vigueur de la race. Voici les six rendements maxima constatés, classés par ordre croissant : chambrée Gilbert à Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône), 30 gr. ont donné 54 kilogr.; chambrée Lardeirol, à Miramas (Bouches-du- Rhône), 30 gr. ont donné 56 kilog.; chambrée Manuel, à Rousset, 23 cr. ont donne 44 k. 500 : chambrée Nielly à Cavalaire (Var), 5 gr. ont donné 10 k. 300 ; chambrée Froment à Grospierre (Ardèche), 5 gr. ont donné 10 k. 700 ; et, enfin, chambrée Marie Vitalis, à Rousset 8 gr. ont donné 17 k. 600. Tous ces rendements maxima ne dépasseut pas ou ne dépassent guère 2 kilos de cocons au gramme, 44 moins chez quelques éducateurs, et ce sont précisément les chambrées ayant donné environ 3 kilos au gramme, et dans lesquels, par conséquent, la mortalité a été presque nulle, qui doivent seules être réservées pour les grainages de reproduction, lorsqu'on veut conserver sans altération la robusticité d’une race. Je citerai à ce propos, un passage d’une lettre de M. Nielly de Ca - valaire (Var), l’un des correspondants de la Station, passage qui ré= sume très exactement la question. Il est à noter que M. Nielly est au troisième rang pour les meilleurs rendements (voir ci-dessus) sur les 41 chambrées qui font l’objet de l’enquête que je résume dans le pré- sent rapport. « Le rendement total des 5 grammes a été 10 k. 300 ; les » vers élaient vigoureux pendant l'éducation ; cependant à la fin il y » a eu quelques morts. Ici, on ne fait les vers à soie que pour le grai- » nage. M. Pla, sériciculteur à la Garde-Freinet, m'a donné cette an- » née 48 gr. de graines qui ont produit 128 kil. de cocons ; quoique » étant dans les mêmes appartements, soignés en tout et pour tout de » la même facon, vos graines ont donné un rendement inférieur à ces » dernières. J’attribue cela à ce que les vôtres ont mangé la feuille » très dure, élant venus trois semaines plus en retard. En moyenne la » récolte dépasse toutes les années, deux kilos et demi par gramme de » graine dans nos pays. » Les défauts constatés en 1897 et signalés par les éducateurs, sont toujours ceux-là même que j'avais reconnus dés 1893 : graine dure à éclore, inégalité des vers, grande sensibilité à la grasserie. Quant aux qualités des cocons, je ne pourrai donner que dans quelques mois, des chiffres précis de rendement à la bassine, lorsque les essais de filature auront été faits, et que les résultats en auront été adressés à la Station. Je me bornerai, pour le moment, à signaler quelques-unes des appréciations des éducateurs ou des graineurs cor- respondants de la Station. M. Fénéon, de Morières (Vaucluse), m'a communiqué le bulletin d’une éducation de 5 grammes, qui portait : « cocons par hecto 45, pas gros, très durs, couleur Var ». M. Ch. Froment, de Grospierre (Ardèche), m'a écrit le 16 juin : « L'ensemble 476 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. des cocons obtenus n’a rien laissé à désirer, très durs, de forme régu- lière, de couleur uniforme, ils ont fait l'admiration de tous ceux à qui je les ai présentés. » Enfin, fait plus caractéristique, 830 kilos de co- cons, produit de 22 onces élevées à Saint-Chamas ou aux environs, ont élé achetés avec prime par un grand filateur de la Drôme et de l’Ar- dèche, qui avait pu déjà se rendre compte les années précédentes de la supériorité des cocons de la race « Jaune-Défends ». Les graines distribuées par la Slation, en 1897, avaient l'origine suivante : Deux cellules de 1894, l’une n° 61, de race pure « Jaune- Défends » (sept ans de sélection), et l'autre n° 9, d'une race non encore sélectionnée (race Bertoglio et Jaume, de Sommièëres), don- nèrent les lots G et M de 1895, chacun de 1 kilo de cocons environ (exactement : 1 k.175 et 0k.955). Les graines obtenues par le croise- ment des femelles de G et M avec les mâles de M et G, formèrent plusieurs chambrées des environs de Rousset en 1896, et les cocons des meilleurs de ces chambrées ont fourni la graine distribuée en 1897. L’essai de cette année, dont nous venons de rendre compte, porte donc sur un croisement entre la race « Jaune-Défends » après sept ans de sélection, et une autre ‘race non sélectionnée ; l'amélioration du ren- dement en soie est donc assez faible, et comparable à celle qu'on ob- tiendrait en trois ou quatre ans de sélection méthodique, mais sans croisement. La race « Jaune-Défends » semble donc avoir, en définitive, un défaut et une qualité indissolublement liés ensemble : d’une part, une robusticité insuffisante des vers, et d'autre part, une richesse en soie tres améliorée. Par le croisement avec des races robustes, et de richesse en soie ordinaire, on alténue bien le défaut, mais aussi, et dans la même proportion, la qualité caractéristique de la race. Par contre, rien n’autorise à supposer que le défaut que je viezs de mettre en relief, soit corrélatif physiologiquement de l’amélioration de la richesse en soie. Il est au contraire à peu près évident que ce défaut est, soit originaire dès le point de départ de la race en 1888, soit la simple conséquence du mode d'élevage que j'ai suivi de 1888 à 1894: petites éducations par pontes isolées, sélection annuelle d’un très petit nombre de reproducteurs, et reproduction en consanguinité toujours plus ou moins étroite. En sorte que si la race « Jaune-Défends » n'est pas utilisable pratiquement, et doit, dès lors, être abandonnée, il n'en reste pas moins démontré que la méthode nouveïle de sélection est très efficace, et permet d’obienir une amélioration rapide de la richesse en soie. Mais il faut appliquer cette méthode dans de nouvelles condi- tions qui soient telles que la robusticité des vers ne puisse recevoir aucune atteinte. Pour la réalisation de ces conditions, je compte établir, à partir de l'année prochaine, une nouvelle organisation des travaux de la Station, organisalion dont je vais esquisser le programme. EXTRAITS ET ANALYSES 477 Une dizaine de graineurs seraient affiliés à la Stalion; leur collabo- ration, dans les conditions particulières que je vais indiquer, sera facile à obtenir, et peut même êlre considérée comme acquise d'avance, étant données les excellentes relations que la Station entretient, déjà depuis plusieurs années, avec les principaux d’entre eux. Chacun de ces collaborateurs enverrait à la Station dix kilos de cocons des 2 ou 3 de leurs meilleurs lots, c’est-à-dire des lots ayant donné les plus forts rendements en cocons, soit environ trois kilos de cocons au gramme de graine mise en incubation. Chacun de ces lots de 10 kilos sera sélectionné 4% dixième, c’est-à-dire que l’on mettra à part, environ 1 kilogramme de cocons, les plus riches en soie, après examen indivi- duel de tous les cocons. Ces 400 à 500 cocons sélectionnés, les plus riches en soie des 10 kilos, donneront 200 cellules environ, qui constitueront la graine de reproduction sélectionnée ; moitié de cette graine sera rendue au graineur, en même temps que la graine des 9 autres kilos du lot qu'il aura fourni ; et l’autre moitié restera à la Station, pour ses dis- tributions gratuites et pour les élevages qu'elle fait faire sous sa sur- veillance directe, à Rousset et dans les environs. Chaque fois que deux lots de 10 kilos bien assortis comme grosseur des cocons, forme et nuance, et recus de régions très différentes se trouveront contemporains, la Station effectuera, en outre, le croisement systématique entre les papillons des cocons sélectionnés de ces deux lots, en sorte que les graineurs qui les auront fournis recevront chacun, dans le cas, la même graine de reproduction, sélectionnée el croisée. D’année en année, les graineurs ainsi affiliés à la Station, et devenus ses collaborateurs et associés, auront leurs races peu à peu améliorées comme richesse en soie; et quant à la robusticité de ces races, elle ne sera pas diminuée du fait d’une modification quelconque dans les usages traditionnels de l’industrie du grairage, usages qui ne sont en somme qu’une sélection très rigoureuse, et certainement très efficace, des chambrées au point de vue de la santé des vers, quand on s’as- treint à ne garder, pour la reproëuction, que les chambrées ayant donné 3 kilos environ de cocons par gramme de graine. Deux lots de 10 kilos de cocons ont déjà été traités comme il vient d’être indiqué ci-dessus, en 1897; toutefois la campagne touchait à sa fin lorsque nous avons cherché à nous procurer ces deux lots, en sorte que, faute de temps, on n’a pu déterminer la richesse en soie indi- viduelle que d'environ un millier de cocons dans chacun d’eux. L'un avait été fourni obligeamment par MM. Galfard et Perrier, d'Oraison; l’autre avait été acheté à un éducateur des environs du Luc (Var). La Station a en outre élevé elle-même dans ses salles, en 1897, 122 lots différents, tous soigneusement isolés, et poursuivi les recherches entreprises depuis quatre ans, en vue de l'étude des lois générales du croisement ; les résullats, déjà très intéressants de ces recherches sur le croisement, seront publiés prochainement. 578 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. Enfin, la Station a déterminé, en 189%, la richesse en soie indivi- duelle &e 3,760 cocons (188 casiers de 20 cocons), ce qui correspond à 7,520 pesées au centigramme prés. Ce travail délicat a été plus particulièremen: dirigé avec zèle et intelligence, par M. Pierre Vieil, ingénieur-agronome et sous-âirecteur de la Station. En résumé, pendant l'année 1896-1897, la Station séricicole de Rousset a développé encore l'importance de ses travaux. Elle est ac- tuellement en correspondance suivie et ex relation d'échanges avec plusieurs filateurs expérimentés et avec une cinquantaine de sérici- culteurs, graineurs ou simples éducateurs, qui sont devenus, les uns et les autres, ses collaborateurs bienveillants et dévoués. Après dix années de sélection méthodique et de recherches expérimentales sur les effets de cetie sélection, la race « Jaune-Défends », qui a été constituée au cours de ces tâtonnements, est reconnue il est vrai, à peu prés inutilisable dans la pratique. Mais du moins les conditions dans lesquelles la nouvelle méthode doit être appliquée se trouvent maintenant précisées, et des lors, cette nouvelle méthode, inaugurée en 1888 par le fondateur de la Station, va pouvoir être pratiquée par elle et généralisée avec les plus grandes probabilités de succès. Si des ressources suffisantes pour accomplir son œuvre lui sont assurées, on peut donc espérer que la Station séricicole de Rousset réalisera bientôt l'amélioration graduelle de 14 richesse en soie des cocons français, conformément au programme qu'elle s’est imposé. Rousset, le 15 juillet 1897. >< ESSAI D'INTRODUCTIOX DE L'ARBRE A GUTTA-PERCHA (Zsonandra gutla), A La GRANDE-COMORE, par L. Huwscor, correspondant du Muséum, M. L. Humblot, Résident honoraire à la Grande-Comore, a adressé à M. le Directeur du Muséum une lettre renfermant le renseignement suivant : « En 1889, j'emportai à la Grande-Comore quatre pieds de Gutta- percha (Zsonandra gufta Hooker). Je réussis à en sauver trois, qui arriverent bien malades. Ils avaient perdu toutes leurs feuilles et ne mesuraient que 15 centimètres de haut. J'en plantai un sur le littoral, le second à 250 mètres et le troisième à 500 mètres d'altitude. Pendant deux ans, ces plants boudèrent, ne poussant pas, mais ne moururent point. La troisième année, ils se mirent à donner de très belles pousses, et, en 1896, le pied planté sur le littoral était chétif, celui qui avait été planté à 500 mètres était beau, mais celui qui avait élé planté à 250 mètres était au-dessus de EXTRAITS ET ANALYSES, 479 tout ce que l’on peut imaginer; il était devenu un grand et fort bel arbre qui a de 5 à 6 mètres de hauteur et supporte un homme sur ses branches, pour la cuillette des feuilles, car j’ai pratiqué des saignées dans le tronc et aucun lait n’est sorti, quand, au contraire, les jeunes pousses de l'année et surtout les feuilles donnent un lait qui se coa- gule de suite. Je suis donc persuadé que la thèse que plusieurs savants ont sou- tenue et soutiennent encore, que les Guttas ne peuvent pousser que sous une certaine latitude n’est pas fondée. Je crois que cet arbre peut venir dans la plus grande partie de nos colonies, en le plantant dans des endroits humides et ombragés, dans les terres de Cacaovers ; car j’ai planté mes trois Guttas à l’abri de cet arbuste et elles le dépassent de beaucoup maintenant. Les Cacaoyers ont fait comme les Guttas; ils sont bien plus jolis à 250 mètres qu’à 500 et surtout plus beaux qu’au littoral. Il y a encore une erreur que j'ai constatée, c'est que si les Cacaoyers poussent magnifiquement jusqu’à 500 metres seulement, ils mettent plus de temps à rapporter. Ce que je vous détaille ici n’est pas un cffet de l'imagination, mais bien le résultat d'observations et de la mise en pratique des sujets qui m'intéressent à la Grande-Comore et que l'on peut voir sur une plantation de plus de 200,000 pieds dis- posés depuis le littoral jusqu'à 500 mètres d’élévation. Je pense que la Gutta arrivera à se cultiver dans ces conditions et que l'on pourra couper tous les ans, et peut-être deux fois par an, les jeunes pousses productrices du latex. L'arbre arrivera à former des souches, comme le font les Saules en France, car il me paraît très vigoureux. J'attends que l’arbre rapporte des graines et je continuerai mes ex- périences par semis. 11 est fort regrettable que n'aie jamais pu obtenir en France qu'on me confie quelques pieds de ce végétal si intéressant, car j'aurais pu faire des expériences plus sérieuses (1). » En reproduisant la notice ci-dessus, dans la Revue des Cultures colo= niales (vol. I, n° 2). M. H. Lecomte, dont la compétence est bien connue, a fait suivre la lettre de M. Humblot, des réflexions suivantes, il semble convenable de les reproduire également ici. « Cette lettre nous paraît appeler certaines réserves. On peut se de- mander, en effet, si l'arbre transporté de la Grande-Comore est véri= tablement l'Zsonandra gutta de Hooker; à défaut, on ne saurait tirer des conclusions fermes des essais restreints qui sont rapportés ; en outre, l’auteur paraîl croire que la latitude peut exercer une action (1) Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, 1897, n° 5. 450 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. quand il s’agit simplement de la température; or, température etlati- tude ne varient pas du tout de Ja même facon d’un point du globe à . un autre ; il suffit pour s’en convaincre, de consulter une carte des lignes isothermes annuelles, et on verra que l’isotherme de 25° passe par la latitude des Comores, alors que, sur la côte occidentale d'Afrique, au point situé à la même latitude, se trouverait à peu près sur l'isotherme de 20°, ce qui est très différent au point de vue de la # culture. Enfin, M. Humblot n'ayant pu extraire de latex de la tige £ de son Zsonandra, il n’est pas bien sûr, même s'il s'agissait du véritable Zsonandra guita, que le latex fourni aux jeunes pousses A donnerait un produit analogue à la Gutta. Tout en formulant ces re- serves, nous exprimons le désir de voir continuer les expériences sur <4 une plus grande échelle, mais pour cela, il faut le concours de la métropole. Quels que soient, en effet, sa bonne volonté, son intelli- … gence et son esprit de suite, un colon perdu sur une île au milieu de l'Océan Indien, ne peut pas se procurer par lui-même les matériaux ; d'études dont il a besoin. Il appartient à la métropole de seconder ses eforts intelligents. » OL: >< fa PLANTES POUVANT SERVIR A L'ALIMENTATION DU CHAMEAU DANS L'AUSTRALIE OCCIDENTALE. Au cours d’un voyage accompli avec une petite caravane de Cha- meaux dans l’intérieur de l’Australie occidentale (plaines aurifères de l'Yilgarn), M. Spencer L. M. Moore (1) s’est préoccupé d'établir la liste des plantes susceptibles d'être utilisées pour la nourriture de ces animaux ; celles-ci appartiennent à des familles botaniques très di- verses et sont au nombre de soixante-quinze ; leur valeur est d'ail- leurs très variable: il y en a d'excellentes ; d’autres au contraire ne De: sont maugées par les Chameaux qu'en cas de disette. à Parmi les meilleures, il faut citer : Crucifêres, Raphanus sativus L. — Caryophyllées, Drymaria calyptraia Bih. — Géraniacées, Brie cicutarium Lher. et E. cygnorum Nees. — Nombreux Zygophyllum. — Composées, un grand nombre d’Aelipterum, Senecio vulgaris, Sonchus oleraceus. — Chenopodiacées : Rhagodia, Salsola, Salicornia. — Poly- gonées : Rumez crispus. — Loranthacées, Loranthus pendulus. Gi En outre, M.fMoore a tenté d'élucider la question des plantes 4 toxiques pour les Chameaux ; divers végétaux, Gastrolobium, Podalyrie, Solane, sont en effet considérés comme exerçant une action fatale sur ces animaux ; malheureusement, aucun exemple indiscutable d’in- toxication n’a pu être constaté. (1) The Camel joûder plants of Western Australia. The Journal of Botany. Mai 1817. REVUE DES CULTURES COLONIALES » recteur : A. MILHE-POUTINGON, Docteur en droit, Directeur du Service de l'Afrique >Ss Antilles à l’Union coloniale française. rétaire de la rédaction : H. JACOB DE CORDEMOY, Docteur ès sciences, préparateur Sorbonne. ée sous les auspices de l'Union cotoniale française, cette nouvelle publication a pour but de faire mieux tre, en France, les diverses cultures et les productions coloniales ; de vulgariser dans les colonies éilleurs procédés de culture, d'y provoquer l'introduction des meilleures variétés des plantes françaises Îlement cultivées et l'acclimatation de plantes nouvelles. COMITÉ DE PATRONAGE DE LA REVUE MM: Dr HECKEL, professeur à la Faculté des Sciences, directeur de l'Institut colonial de Marseille. LE MYRE DE VILERS, député de la Cochinchine; président de bince. D'ARENBERG:; député, vice-président du Groupe Pmial, président du Comité de l'Afrique française. Pmmandant BINGER, ancien gouverneur de la Gôte- oire, directeur des affaires de l'Afrique au Ministère des Ja Société nationale d'Acclimatation. onies. Mgr LEROY, supérieur général des Missionnaires du Saint MBOURDE, ancien directeur des contrôles et de l'agri- Esprit. reenTunisie, ancien secrétaire général à Madagascar. MILNE-EDWARDS, membre de l'Institut, directeur du Muséum: U, professeur de botanique au Muséum. CH, NAUDIN, membre de l'Institut. ! JAILLEY-BERT, professeur à l'Ecole des Sciences poli- OLIVIER, docteur ès sciences, directeur de la Revue gé- 1es, secrétaire général de l'Union coloniale francaise. mérale des Sciences pures et appliquées *LES-ROUX, député, membre du Conseil supérieur du POISSON, assistant au Muséum. imerce, vice-président du Groupe colonial. RAOUL, professeur du cours de cultures et productions tro” VU, professeur de culture au Muséum. picales à l'Ecole coloniale. . ERAIN, membre de l'Institut, professeur de chimie agri- RISLER, directeur de l'Institut national agronomique, PauMuseum et à l'Ecole d'agriculture de Grignon. D! TREILLE, ancien inspecteur en chef du service de santé ÉLAHAUT, professeur de botanique à l'Université de des Colonies. | VIALA, professeur de viticulture à l’Institut national agron0= ntpellier. S GRANDEAU directeur de la Sfation agronomique de mique, directeur de la Revue de Viticulture. Ê St, rédacteur en chef du Journal d'Agriculture pratique. H: DE VILMORIN, membre de la Société natioriale d'Agricul- ture. ZOLLA, professeur à l'Ecole d'agriculture de Grignon età, l'Ecole des sciences politiques. DIDIER, membre de l'Institut. Fur NMJuLes DE GUERNE, secrétaire général de la Société na- hale d'Acclimatation. à Revue des Cultures coloniales paraît le 5 de chaque mois. ureaux : 4h. rue de la Chaussée d’Antin, Paris. Donnements : un an : France, 10 francs — recouvré à domicile, 10 fr. 50. — Colonies el Union tale, 12 francs. USSR PEINTURE IGNIFUGE DITE ANTI-PÉTROLEUR ‘u moment où l'horrible désastre du Bazar de la Charité est encore présent à loules les mé—- ïires, il convient de signaler la découverte récente, par M. de Preux, d’un produit désigné (S le nom d'Awti-Pélroleur et qui rend les objets traités par lui absolument incombustibles. L. de Preux a fait, il y a peu de temps, à Saultain, près Valenciennes, des expériences déci- és à ce sujet. Deux baraques de bois blanc recouvertes de carton bitumé et tendues de jule, ne imprégnée du nouveau produit, l'autre à l’état nalurel, ont été remplies de copeaux imbibés fher. Les copeaux ayant éle allumés, ja baraque qui avait subi la préparation resta complèlement acte, tandis que l’autre était détruite en quelques instants. Mis en présence d’un Chalumeau >ageant 1,200 degrés de chaleur, le bois n'est percé qu'après 25 minutes et le carton bitumé se vid ne s’enflamment pas lors= Nracte, mais ne brûle pas et.ne se fond pas. Les objels en cellul lis ont été traités par l'Anéi-Pétroleur. Après les mêmes expériences faites en grand à l'Exposition de Bruxelles, au pare du Cinquan- jaire, le Jury international a accordé, à l'unanimité avec ses plus sincères félicitations, WAnti-Pétroleur, uu diplôme de médaille d'or, la plus haute récompense dont il pouvait poser. Le produit inventé par M. de Preux rendra d'immenses services. ll est déjà employé dans ur Plain nombre d'usines et il a été adopté par la Compagnie du Nord qui s’en sert dans ses pôts de machines. Sadresser pour les commandes et les rense fullain (Nord). ignements au régisseur du château de la Villette PP ONE CNP NT PAF 4. h'ÉPEN SIT « L L > e A? Fondée le 10 Février 1854 reconnue d'ulilité publique par décret en date du 26 Février 1855 BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1897 Bureau Président. M. Le MyRE DE Viens, député, membre honoraire de la Société, (médaille d’or 1882), 3, rue Cambacérès, Paris, Edouard Bureau, professeur de botanique au Muséum d'his- toire naturelle, quai de Béthune, 24, Paris. Epmonp PERRIER, membre de l'Institut (Académie des Vice-Présidents, Sciences), professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 23, rue Gay-Lussac, Paris. C. RAveRET- WaTTEL, directeur de la Station aquicole du Nid-de-Verdier, près Fécamp, rue des Acacias, 20, Paris. Secrétaire général. Baron Jules DE GUERNE, rue de Tournon, 6, Paris. { Henri Hua, licencié ès sciences naturelles, 2, rue de Villérsexel, Paris Conseil). Pauz Marchaz docteur en médecine et docteur ès sciences, di- recteur adjoint de la Station entomologique de Paris, 1%6, rue Boucicaut, Fontenay-aux-Roses (Seine) (/rtérieur). Comte Raymond de Damas, rue de Berri, 26, Paris (Etranger). Eugène Causrier, agrégé de l’Université, professeur au Lycée de Versailles, à Viroflay (Seine-et-Oise) (Séances). Trésorier : Albert ImBErT, administrateur judiciaire près le Tribunal civil de la Seine, 17, rue Bonaparte, Paris. Archiviste-bibliothécuire : Jean de CLAYBROOKE, 5, rue de Sontay, Paris. Membres du Conseil L. G. BINGER, ancien gouverneur de la Côte d’lvoire, chargé des affaires d'Afrique au Ministère des Lolonies, 15, rue de Prony, Paris, Edouard BLaxc, explorateur, 35, rue de Grenelle, Paris. Raphaël BLancHar», membre de l’Académie de médecine, Professeur à Ja Faculté de médecine, secrétaire général de la Société zoologique de France, 226, boulevard Saint-Germain, Paris. 3 Camille DarESTE, docteur en médecine et docteur ès sciences, directeur du laboratoire de Tératologie à l'Ecole pratique des Hautes Etudes, 37, rue de Fleurus, Paris. Charles DErREuIL, avocat, propriétaire, 25, rue de Châteaudun, Paris. Faul ne LaBouraye, ambassadeur de France,,129, avenue des Champs-Elysées, Paris. A. Muxe-Enwarps, membre de l'Institut (Académie des sciences), directeur du Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. Louis Ouvier, Docteur ès sciences, directeur de la Revue générale des sciences pures el appliquées 34, rue de Provence, Paris. : Ousrazer, Docteur ès sciences, assistant au Muséum d'histoire naturelle (Mammifères et Oiseaux), 121 Lis, rue Notre-Dame-des-Champs. Paris. A. RalLEr, membre de l'Académie de médecine, professeur d Histoire natu- relle, à l'Ecole vétérinaire d’Alfort (Seine). Georges Rosey, proprietaire, rue Grange-Batelière. 28, Paris. Dr Weger médecin inspecteur de l’armée, ancien directeur de l'Ecole de médecine militaire du Val-de-Grâce, 180, boulevard Saint-Germain, Paris- Secrélaires. Président honoraire. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE. ancien directeur du Jardin zoologique d'Ac:limatation du Bois de Boulogne, Vault de Lugny, par Avallon (Yonne). Secrélaire général honoraire. Amédée BERTHOULE, avocat. docteur en droit, membre du Comité consultatif des Pêches maritimes, 18, rue du Cherche-Midi, Paris. Trésorier honoraire. Georges Marias, propriétaire, Bourg-la-Reine (Seine). Membres honoraires du Conseil: Pierre MéexiN, membre de l’Académie de médecine, directeur du journal l'Eleveur, avénue Aubert, 6, à Vincennes (Seine). Dr Edouard MÈxE, médecin de la maison de santé de Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot, 20, Paris. , è Dr Joseph Micuon, ancien Préfet, rue de Babylone, 33, Paris. Auguste PAILLEUX, propriétaire, 3, rue de Médicis, Paris. Secrétaire Général, gérant Versailles. — Imprimeries CERF, 59, rue Duplessis. Jurxs ve GUERNE " ice décimal, mn. __ BULLETIN 591.52 DE LA MCIUTE MATONALE D'ACELNATATION M DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 44° ANNÉE NOVEMBRE 1897 SOMMAIRE D'° Nicozas ve ZOGRAF. — Les problèmes de l’acclimatation en Russie, ........ Der Cancers RIVIÈRE. — Le Manioc en Algérie et dans le bassin méditerranéen. ...... 4190 Extraits el Analyses. H: VERNET. — De quelques repeuplements en Suisse...,....................... 497 D° DENEUVE. — Le Pigeon messager et les pêches maritimes. ................... 509 La Nitragine...... ... ARS at 5 So 96 D old do 0 0.9 0 0 AAA EDGE à 510 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. TC > ———————— | Un numéro 2 francs ; pour les membres de la Société 4 fr, 50 TE —— AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 21, RUE DE LILLE, 41 PARIS ET À LA LIBRAIRIE CERF, 12, RUE SAINTE-ANNE Le Bulletin paraît tous les mois. »4l ES W 7 qu À 2 TS 2e The ÉD ee > Se RE LE aleiees DÉSINFECTANT ANTISEPTIQUE Le seul joignant à son Efficacité, scientifiquement démontrée, l'immense avantage de n'être ni Toxique ni Corrosif : Hémostatique et Styptique puissant. D Adoplé par les Ecoles Nationales Vétérinaires, Le Service de Santé de l'Armée, la Préfecture de la Seine et la plupart des Services | Z'Aygiène el de Désinfection des Départements. Reconnu indispensable dans la pratique vétérinaire. are Corrosif Envoi franco sur demande de Rapports scientifiques ct Prospectus : SOCIÉTÉ FRANÇAISE de PRODUITS SAMITAIRES et ANTISEPTIQUES 35, Rue des Francs-Bourgeoïs (ci-devant 31, Rue des Petites-Ecuries), Paris. ET CIIEZ TOUS LES DROGUISTES ET PHARMACIENS. IN1 Pour ev..cr les nombreuses Contrefaçons exiger rigoureusement sur tous les emballages les Marques, Cachets et le Nom CRÉSYL-JEYES. | Lits, Fauteuils, Voitures et Appareils Mécaniques Pour MALADES et BLESSES M DUPON Fabt breveté s.g.d.g. Fournisseur des Hôpitau àPARIS 10, Rue Hautefeuil au coin de la rue Serpent® Maisen foné6o en 19372 Plas de 408 Médailles ot 12 Prix d'honneur Hétalile d'er, Prix d'ensemble, Paris 1886 VOÏTELLIER àMANTES(S.-4-0.) 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Deux hommes de grande énergie et de grande valeur ont posé la pre- mière base de la science de l’acclimatation dans le grand em- pire de l’Europe occidentale. L'un d’eux, M. Etienne Masslow, secrétaire perpétuel de la Société Impériale d'Agriculture à Moscou, était déjà célèbre et connu de tous les amis de l’a- griculture en Russie; l’autre était un jeune savant, élève de Charles-Françcois Rouillet, qui professait alors la zoologie à l’Université de Moscou, admirateur et disciple d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, dont il suivait les cours à Paris, se- lon les recommandations de Rouiïllet; j'ai nommé le regretté professeur Anatole Bogdanow, le fondateur véritable de la Société Impériale d’Acclimatation de Moscou. Ces deux hommes formèrent un petit groupe de savants et de prati- ciens, et c’est ainsi que prit naissance le Comité d’Acclimata- tion, rattaché à la Société Impériale d’Agriculture, ce même Comité qui, quelques années après, a formé la Société Impé- riale d’Acclimatation. Les premiers pas du jeune Comité ont été guidés par la Société Impériale d'Agriculture de Moscou et la Société nationale d’Acclimatation de France, et depuis ce temps, le Comité, transformé en Société Impériale d'Acclimatation de Russie, est toujours resté le fidèle et bon ami de la célèbre Société française qui a soutenu ses premiers pas et l'a conduit à ses premiers succès. Ainsi, c'est avec l’aide de la France, que la Russie a commencé à donner à ses essais d’ac- climatation et d'élevage une base réellement scientifique. A vrai dire, les Russes étaient, depuis les temps les plus (1) Communication faite en séance générale, le 26 novembre 1897. Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 32, 482 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. anciens, de parfaits éleveurs et acclimateurs praticiens. Cha- cun connait la valeur des Chevaux de trot russes, des Lévriers et des Chiens-courants russes, des Bœufs de l'Ukraine et des autres animaux domestiques et des plantes, élevés ou cul- ivées en Russie. Mais ni les savants, ni les agriculteurs russes ne se contentaient des plantes et des animaux qu'ils avaient sous les yeux; ils désiraient introduire dans leurs ménages des formes nouvelles, soit plus intéressantes, soit plus produc- tives, et telle fut la cause du grand succès obtenu par le nou- veau Comité des son origine. Il ne faut pas oublier que l’époque de la fondation du Co- mité d'Acclimatation coïncidait avec une période très grave et intéressante dans l'histoire de l’agriculture russe. C'était en 1857, peu après l'avènement au trône d’Alexan- dre Il; on attendait l'émancipation des serfs, on comprenait qu'il faudrait changer radicalement l'économie rurale en Russie, et on espérait que la science, cette science au nom si difficile à prononcer pour un campagnard russe, l'Acclima- tation, en un mot, aiderait à transformer la « culture primi- tive » à trois « assolements » et à la remplacer par quelque chose de plus savant et de plus profitable. Le Comité d’Acclimatation n'avait pas encore d'expérience personnelle ; aussi, dans les premiers temps de son existence, se bornaïit-il, dans ses séances et dans ses publications, à attirer l'attention du public sur les succès d’acclimatation obtenus en France, en Allemagne et en Angleterre. Beaucoup de propriétaires, encouragés par la réussite des expérimentateurs occidentaux, ont commencé chez eux, en Russie, les mêmes expériences, et je me souviens encore des essais faits par feu mon père pour cultiver dans le gouver- nement de laroslav, près de sa frontière avec celui de Vo- logda, le Tabac, les Tomates et le Maïs. Les essais furent heureux dans les jardins potagers, mais lorsqu'on transporta les cultures dans les champs, le climat continental de la loca- lité, située à peu près sous la même latitude que Saint- Pétersbourg, détruisit totalement ces plantes délicates. C'est pendant cette période qu’on a tenté de planter dans les environs de Moscou, des Müriers, dont j'ai encore vu les restes, pendant mes années de collégien; ce fut durant la même période, qu'on essaya d'introduire l'usage des nou- velles mach nes agricoles, très commodes en France ou en LES PROBLÈMES DE L'ACCLIMATATION EN RUSSIE. 483 Allemagne, mais impossibles à bien manœuvrer en Russie. La nouvelle science n’a pas aidé les propriétaires ; les expériences n'eurent pas de succès; enfin, la grande crise qui suivit l'émancipation des serfs fit oublier toutes ces ten- tatives, ef c’est ainsi, que les questions d’acchimatation furent pour longtemps délaissées par le grand public russe. On ne doit pas juger sévèrement ce monde des proprié- taires et des cultivateurs russes. La réforme d'Alexandre IT était si grande et si fondamentale, qu’elle a totalement boule- versé la campagne russe. Il fallut beaucoup de temps pour que les populations rurales s'habituent à leur situation nou- velle et pour qu’elles recommencent en toute paix leur tâche de culture et de progrès. Malheureusement, les échecs des expériences faites pen- dant le temps qui précéda l'époque de l'émancipation et celle qui la suivit, ont engendré, dans le monde des propriétaires et des cultivateurs, une méfiance très grande envers la science. On regardait les conseils des savants comme les produits théoriques du travail de cabinet, et, dans les meilleurs cas, on prenait seulement note de ces conseils. Les cultivateurs et les propriétaires russes ont oublié que c’est pendant cette période d'expérience, qu'on a introduit, en Russie, les belles races de Poules cochinchinoïses et brahmapoutres, ies nou- velles races de Moutons à la toison fine, les nouvelles plantes fourragères, dont une, le Polygonum sachalinense, propagée en France par la Société d’Acclimatation, a aidé quelques agronomes français à supporter le temps sec, d'il y a trois ans ; on se souvenait seulement des échecs, sans vouloir se rappeler les succes. La fin de cette méfiance commence à venir, et les proprié- taires s'adressent de nouveau à la science. Cette fois, nous l’espérons, le succès sera tout autre, parce que, première- ment, les représentants des sciences appliquées, en Russie, sont devenus plus expérimentés ; secondement, les culti- vateurs ne suivent plus ces conseils à corps perdu; au con- traire, ils se souviennent, quelquefois même un peu trop, qu'ils sont du peuple et qu'ils ont dans leur vocabulaire des proverbes comme les suivants : Il faut mesurer sept fois avant de couper. Qui s’est brûlé avec du lait, va souffler sur l’eau. N'entre pas dans l’eau sans connaître le gué. 484 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. A mon avis, les insuccès des innovations dans notre cul- ture sont dus à ce que nous ne connaïissions presque pas la nature de notre pays. Nous avons fait ce raisonnement que nos gouvernements méridionaux se trouvent sur les mêmes latitudes que la France, que le centre de la Russie est situé sur la même latitude que l'Angleterre, mais nous ayons ou- blié que, tandis qu'à Moscou les températures de + 30 centi- grades, en été, ou de — 30, en hiver, ne sont rien qu'ordi- naires, il en est autrement en Angleterre, où croissent le Laurier, et le Myrte. Les sympathies de tout habitant du Nord se dirigent naturellement vers le Sud; il en fut ainsi lors des premiers essais d'acclimatation en Russie, et c'était notre faute la plus grave. * + + Comment faut-il donc agir à l'avenir ? Quels problèmes doit poursuivre l'acclimatation, en Russie ? Je pense que nous sommes en présence de trois genres de problèmes : 1° Nous devons acclimater ou mieux réintroduire les plantes et les animaux caractéristiques de la Russie, maïs que la culture a fait disparaitre. Parmi ces animaux et ces plantes il y a une quantité de formes tres utiles et très avantageuses. 2 Nous devons porter notre attention, non seulement sur les formes du sud plus ou moins lointain, mais il faut nous souvenir aussi que l'Asie centrale et septentrionale nous a déjà fourni des espèces qui sont devenues domestiques. 3° Nous devons fonder une série des stations intermé- diaires, où les formes délicates des pays plus chauds ou plus humides puissent s’habituer peu à peu aux conditions nou- velles et, après s'y étre habituées, être transportées dans les régions à climat plus rigoureux. Je vais analyser et développer ces trois thèses. D'animaux et de plantes exterminés en Russie, nous pou- vons citer beaucoup d'exemples. Le déboisement dans le sud de la Russie d'Europe trans- forme peu à peu cette région fertile, en une contrée souffrant presque toujours de la sécheresse, des ouragans de sable et des autres inconvénients caractéristiques des steppes qui empêchent toute culture rationnelle. C’est une tâche tres dif- ficile que de lutter contre ces steppes, vainqueurs et triom- LES PROBLÈMES DE L’ACCLIMATATION EN RUSSIE. 485 phants, et de planter, de reboiser cette région; le Gouver- nement russe, ainsi que les propriétaires se donnent la peine de résoudre ce grand problème, et beaucoup d'essais sont déjà couronnés d’un succès décisif. Nos eaux, jadis si riches en Poisson, deviennent chaque année de plus en plus pauvres. Les Poissons de la famille des Salmonides manquent presque totalement dans les eaux de la Russie centrale; il en est de même pour les Poissons plus ou moins délicats de la famille des Cyprinides ; ainsi les Brèmes, autrefois si abondantes dans ces eaux, à présent ne se sont conservées que dans quelques petits lacs ou rivières dont les rives sont rarement habitées ; il en est encore de même pour le Soudak ou Sandre (Lucioperca sandra), Pois- son jadis populaire, et maintenant devenant plus rare ; le fa- meux et délicieux Sterlet a tout à fait disparu des eaux de la Russie centrale ; les autres Esturgeons deviennent aussi plus rares dans le cours inférieur de nos fieuves. Les bois sont également dépeuplés de leur fameux gibier, et c’est seulement au nord de la Russie que les Coqs de bruyère et les Gélinottes abondent. Les forêts du gouvernement de Koursk, jadis fameuses par l’abondance du gibier, sont tel- lement dépeuplées, que quelques propriétaires commencent à les repeupler avec du gibier importé de localités plus sep- tentrionales. Nous verrons la même chose parmi nos animaux et nos plantes domestiques. Une quantité de belles races de Blé, de plantes fourragères, ont totalement disparu; les races de Chiens lévriers, des Oiseaux de basse-cour se sont tellement mélées avec d’autres races transportées en Russie, qu’on à souvent beaucoup de peine à trouver un individu ayant du sang plus ou moins pur. Ainsi, comme nous le voyons, notre première tâche con- siste à réacclimater, à réintroduire en Russie les espèces et les races d'animaux et de plantes qui la peuplaient autrefois et qui ont disparu grâce à la mode, car il y a de la mode dans la culture comme dans les autres branches de la vie humaine, ou grâce à une dévastation barbare, ou pour d’au- tres raisons encore. 486 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. La seconde tâche des acclimateurs russes est d'introduire en Russie des formes nouvelles, provenant de contrées dont le climat ne diffère pas essentiellement de celui de la Russie. Bien que la Russie soit tellement vaste, qu’on puisse décla- rer avec le prince de Bismarck, que c’est non seulement un Etat, mais encore une partie du monde, cependant son cli- mat, Ou pour mieux dire ses climats, sont très uniformes ; c’est que les climats en question sont pour la plupart conti- nentaux ,; ils sont secs, et sont caractérisés par des étés chauds et des hivers froids. C’est donc parmi les habitants des pays à climat continental que les Russes devront chercher les animaux et les plantes à acclimater chez eux. L'exemple de M. Falz-Fein, propriétaire d’un vaste domaine dans le gou- vernement de Tauride, et où il à réussi à acclimater des Au- truches, est assez frappant et nous montre quel succes inat- tendu on peut obtenir en introduisant les formes continentales en Russie. Quelques propriétaires, par exemple M. Nekrassov, em- ploient les Chameaux des steppes asiatiques pour les travaux agricoles dans les environs de Moscou ; enfin, le Peuplier du Canada, introduit depuis longtemps déjà en Russie méridio- nale, nous montre qu’une plante de l'Amérique du Nord, au climat continental, peut s’acclimater en Russie, à tel point que le Petit-Russien le considère, ainsi qu’un autre immigrant de l'Amérique, le Tournesol, comme l'une des plantes les plus caractéristiques de son pays. Mais n'oublions pas que nous avons nos propres pays russes à climat continental, pays qui nous ont déjà fourni des plantes regardées comme caractéristiques pour notre culture. Ce sont la Sibérie, l'Asie centrale, le Caucase et la Transcau- casie.A la Sibérie nous devons déjà ce Blé sarrasin, qui nous donne le célèbre mets national, le Xacha noir. C’est de l'Asie centrale que nous viennent les diverses races de Melons, de Citrouilles, d’autres plantes potagères répandues dans nos jardins. Mais nous ne possédons encore qu'une bien faible partie des trésors à leur emprunter. C’est parce que nous ne connaïs- sons pas encore assez, ni la nature même de la Russie, ni celle de nos possessions asiatiques. Ces domaines sont si vastes, qu'il y a encore beaucoup à y faire pour le naturaliste. Il n'y a pas longtemps que nous avons trouvé sur les pentes LES PROBLÈMES DE L'ACCLIMATATIUN EN RUSSIE. 487 de l’Altaï diverses espèces de magnifiques Violariées hiber- nantes, qui seront l’ornement de nos jardins ; c’est dans ces dernières années seulement que nous avons commencé des expériences avec le fameux Æendyr, de l'Asie centrale, qui promet de devenir une grande plante industrielle. La Sibérie, l'Asie centrale et le Caucase ont des climats qui, bien que continentaux, sont si différents, qu’on peut y trouver des plantes et des animaux pour toutes les contrées de la Russie d'Europe. Reste à les étudier et à les introduire. # % x Ainsi la Sibérie, l'Asie centrale et le Caucase nous donne- ront à l'avenir beaucoup de formes utiles et productives ; ces contrées peuvent aussi servir pour l’accomplissement de la troisième tâche, je veux parler de l'importation progressive par voie de stations et d'étapes, des animaux ou des plantes des contrées au climat plus doux. La Russie possède une quantité de plantes venues de pays au climat plus doux que le sien ; il en existe qui, bien que devenues populaires et indispensables pour le ménage popu- laire, ne se sont pas acclimatées totalement ; on les plante cependant chez nous depuis des siècles. Tel est, par exemple, le Chou, indispensable au paysan russe et lui donnant sa soupe favorite, la célèbre Cktchi. Ce végétal ne supporte pas les froids du printemps de la Russie moyenne, et on doit le planter d’abord dans des bà- ches pour les replanter en été sur les plate-bandes. Les Concombres ne sont pas non plus acclimatés totalement, et ils périssent souvent dans nos jardins potagers pendant les nuits froides de l'été. Nous ne savons pas avec certitude par quelle voie nous sont arrivées ces plantes, mais nous savons qu'elles ne sont pas venues par la voie directe des bords de la Méditerranée ; elles ont dû passer par plusieurs étapes avant d'arriver en Russie. Ce sont surtout le rivage méridional de la Crimée et la Transcaucasie qui peuvent nous rendre les meilleurs services comme stations pour ces acclimatations intermédiaires. Ces contrées ont le climat tempéré et presque maritime, dans quelques endroits même totalement maritime; c’est là que les plantes et les animaux du climat plus humide et plus doux 488 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. que celui de la Russie peuvent commencer à s’acclimater. Du reste, nous n'avons qu'à suivre l'exemple de nos amis les Français qui possèdent par exemple de belles stations inter- médiaires à la Villa Thuret, à Antibes et au Hamma, près d'Alger. Heureusement, il ne nous manque pas non plus d’es- sais en Russie, et ces essais ont obtenu un succès des plus heureux. Je citerai M. Théodor Noïév, l’un des meilleurs hor- ticulteurs de Moscou, qui a donné l'exemple en fondant à Souchoum-Kalé, sur les bords de la Mer Noire, une station horticole qui réussit fort bien. X KI Tels sont les trois problèmes que doivent, à mon avis, envi- sager les acclimateurs russes. Mais avant de faire des essais d’acclimatation, il importe de bien connaître les détails les plus précis de la nature du pays qu'on veut repeupler. C’est ce qui fait encore défaut en beaucoup de points de la Russie. Nous avons bien peu de Sociétés locales d'histoire naturelle et de Stations ou d’autres Etablissements scientifiques. Tous ces Laboratoires, Stations et Musées sont centralisés dans les villes universitaires, principalement à Saint-Pétersbourg. Pour arriver à connaître la nature de la Russie, il faut cou- vrir son territoire d'un réseau de Stations et de Laboratoires, comme on l’a fait, entre autres choses, pour la météorologie. Bien que le climat de la Russie soit presque partout conti- nental, il n’est pas cependant tellement uniforme, qu’en étu- diant la nature d’une capitale, par exemple de Saint-Péters- bourg ou de Moscou, on puisse prétendre connaitre celle de la Russie entière. En ce cas, la centralisation doit se faire sentir d'une manière différente de celle employée quelquelois chez nous. Il ne faut pas se contenter de beaux Musées, Laboratoires et Stations à Saint-Pétersbourg, même si ces établissements utiles sont dirigés par des hommes de la plus grande valeur, mais il faut installer, dans toutes les contrées de la Russie, des établissements analogues. Ceux-ci devront obéir à un organe central quelconque, suivre les programmes et les instructions rédigées par cet organe, mais ils devront étudier avant tout, dans ses moindres détails la région qui leur est confiée. C’est alors que la Russie connaïtra ses be- soins et qu'elle pourra repeupler son territoire d'animaux et LES PROBLÈMES DE L’ACCLIMATATION EN RUSSIE. 489 de plantes utiles et y détruire les animaux et les plantes nuisibles. Il ne manque pas de cadres, pour ainsi dire, pour ces éta- blissements ; la Russie possède déjà quelques Sociétés d’His- toire naturelle, d’Acclimatation et d'Agriculture, et ce sont ces Sociétés qui peuvent servir à l’accomplissement de cette grande et importante tache. Quelques-unes de ces Sociétés s’y appliquent déjà. Je citerai entre toutes la Société Impériale d'Acclimatation de Russie, dont les sections travaillent énergiquement pour connaître la nature de la Russie centrale sons ses différents aspects. Ainsi, la section d'Agriculture étudie la situation de l’agricul- ture en Russie et propage les connaissances d'agriculture rationnelle, la section d’Aviculture fait de même pour ce qui concerne la basse-cour, la section d’Ichtyologie étudie le Plancton des lacs de la Russie centrale ainsi que la nature de ses eaux, elle a fondé une Station hydrobiologique au Gloubascoïe osero (Lac profond); elle propage aussi par la voie des expositions et avec l’aide généreux et fraternel de deux Sociétés françaises : la Sociélé nationale d’'Acclima- talion et la Sociélé centrale d'Aquicullure et de Pêche, les connaissances de pisciculture rationnelle. Je signalerai aussi le Comité de Sériciculture, dont le président, M. le profes- seur À. Tichomirov, 'ainsi que sa femme, ont fait, avec un tres brillant succès, des essais d'alimentation du Ver à soie avec le Scorzonère (1). On peut citer encore beaucoup d'exemples confirmant tout ce que j'ai dit et montrant, qu'en Russie, il y a des organes locaux assez forts et expérimentés pour résoudre ce pro- blème. Il faut seulement créer entre eux un lien, leur fournir un programme, commun en certaines parties, différent en d’autres, parce que, malheureusement, ces organes excellents travaillent isolément, en oubliant la célèbre devise : l’Union fait la force ! Je suis certain que le temps où le Ministère de l’Agricul- ture et des Domaines réunira ces forces isolées n’est pas éloigné, et j'espère que les Sociétés russes s’uniront bientôt pour ce grand et généreux but : connaître la nature du pays et peupler celui-ci d'animaux et de plantes utiles importés des autres pays ou disparus du sol de la Russie. (1) Voir Bulletin de la Société d’Acclimatation, 1896, page 471. 490 LE MANIOC EN ALGÉRIE ET DANS LE BASSIN MÉDITERRANÉEN (1) par Charles RIVIÈRE, Directeur du Jardin d’Essai du Hamma (Alger), Délégué de la Société nationale d’Acclimatation. Parmi les plantes de haute exoticité dont la culture a été et est encore conseillée dans l'Afrique du Nord, en Algérie et en Tunisie, figure forcément le Manioc, Manihot utilissima Pohl (Brésil, Colombie, Mexique), espèce féculente apparte- nant à l’agriculture tropicale et qui ne peut économiquement sortir de ces limites entre lesquelles certaines régions cons- tituent des milieux plus ou moins favorables à sa végétation et à son rendement. Au début même de la conquête de l'Algérie, avant de con- naître la climatologie du pays, dont le littoral seul était abor- dable, les théoriciens avaient compris le Manioc parmi les premières cultures à indiquer aux nouveaux colonisateurs. Odolan-Desnos, en 1831, dans son étude sur la Possibilité de celoniser Alger, parait être le premier à signaler la cul- ture du Manioc, avec le Blé, le Cannellier, la Luzerne, le Rocou, etc., singulier mélange de végétaux des zones froides, tempérées et chaudes. Mais, si cet auteur n'avait aucune autorité pour traiter ces questions culturales, des savants distingués, comme Loise- leur-Deslongchamps ont commis la même erreur, fort excu- sable d’ailleurs à cette époque, puisque la climatologie du pays était inconnue, et qu'aucune tentative culturale n'avait pu encore donner la moindre indication sur la nature des végétaux originaires des régions chaudes et tempérées, à im- planter en Algérie. Loiseleur-Deslongchamps avait été chargé, en 1832, par la Société d'Horticulture de Paris, de faire un rapport « sur les cullures qui pourraient étre utiles à la Colonie d'Alger ». (1) Communication faite en séance générale le 26 novembre 4897. LE MANIOC EN ALGÉRIE, EN TUNISIE, ETC. 49 C'était une réponse à la demande de la Société coloniale d'Alger, qui sollicitait tous renseignements sur les questions de nature à intéresser l’agriculture et l'horticulture du Nou- vel Elal. | Parmi les plantes signalées à ce groupe de colons impa- tients de déterminer rapidement les cultures applicables à un pays qui, dans l'esprit de tous, avait un climat analogue à celui des colonies tropicales, le Manioc fut conseillé par Loi- seleur-Deslongchamps. En effet, cet auteur disait « que le Manioc, dont on tire la farine de Cassave, et le Tapioca sont des racines tubéreuses, dont la culture peut être plus ou moins assimilée à celle de la Pomme de terre ou de la Patate et qui doit réussir à Alger ». Vers 1850, on retrouve encore des traces de différents es- sais malheureux du Manioc, au Hamma et dans la Mitidja, mais tous font reconnaitre combien le climat a été contraire à ces cultures, sans résistance aux premières atteintes de l'hiver. On à conservé longtemps au Musée des Colonies, à Paris, des fécules de Manioc, obtenues en Algérie, et qui avaient figuré aux Expositions de Londres, en 1862, et de Paris, en 1867. Oubliant les expériences antérieures, un membre de la So- ciété d'Agriculture d'Alger proposait à cette association, en juillet 18%, d'encourager la culture du Manioc. On pouvait penser que la difficulté du traitement écono- mique de cette plante dans nos climats était assez reconnue pour ne plus jamais voir renaître une semblable proposition : c'était une erreur. Actuellement, la Tunisie veut refaire les écoles fort dures et très coûteuses subies par l'Algérie : elle a tort, car sa si- tuation climatologique, même dans les régions marines, est beaucoup moins favorable que celle du littoral algérien. Mais ce besoin de recourir à l’exoticité à outrance est telle- ment impérieux que, malgré l'application féroce de ses règle- ments prohibitifs concernant les végétaux vivants, ce pays a cru devoir faire une exception unique en faveur du Manioc, dont l'entrée a été permise à l'état de végétal vivant. Etrange utopie! Chercher à grands frais de culture et de préparation des matières féculentes quand on a des Blés d'aussi belle qualité ! 492 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’'ACCLIMATATION. Plusieurs essais ont été tentés aux environs de Tunis, à la Soukra, dans des sols légers. Ils ont été infructueux, cela va sans dire, la plante ne passant pas les hivers, ainsi qu'on le verra par la note culturale suivante, et demandant, pendant l’époque de végétation, des conditions de sol, de chaleur pro- longée et d’irrigations régulières encore assez inconnues dans la Régence. Les caractères botaniques du Manioc sont écrits partout : il est inutile de les retracer. Le Manihot utuissima Pohl (Jathropha) est une Euphor- biacée, ayant de nombreuses variétés : il y a même des espèces voisines également alimentaires. On retire de leurs racines fortement tubériformes des matières farineuses exigeant une préparation spéciale, à cause des principes vénéneux plus ou moins accusés que contiennent certaines espèces ou variétés. Pendant un grand nombre d'années, cette plante a été ex- périmentée au Jardin d’Essai d'Alger. On a pu en apprécier les défauts et des difficultés culturales sous notre climat du littoral. Au Manihot ulilissima àcre, on a substitué ensuite, sans plus de succès, le Manihot aïpi ou Manioc doux, espèce fort voisine de la précédente et manquant également de rusticité pour nos climats. L'absence de principe toxique et d'acide cyanhydrique avait fait préférer cette espèce à la première. Le Manioc exige, en Algérie, même en culture expérimen- tale, le milieu le plus chaud et le plus abrité, les terres les meilleures, perméables et profondes, une abondante fumure, car il est épuisant, et enfin,une irrigation copieuse et régulie- rement assurée pendant toute la période estivale. On ne peut le traiter que comme plante annuelle, car le com- mencement des intempéries et des froids de novembre altère rapidement les tiges, ensuite, le refroidissement du sol et son humidité hivernale ne permettent pas de faire passer sans danger la souche d’une année à l’autre. Aussi, dans nos expériences du Jardin d’'Essai, la conser- vation de la plante devenait fort difficile pour reconstituer en grand la culture de l’année suivante, et il fallait savoir LE MANIOC EN ALGÉRIE, EN TUNISIE, ETC. 493 prendre des dispositions très dispendieuses pour assurer la multiplication subséquente par bouturage. Les tiges coupées à l'automne, avant leur évolution com- plète, pour les soustraire aux premiers abaissements de tem- pérature et aux orages de grêle de novembre, devaient être conservées en stratification. On sait qu’elles sont semi-li- gneuses dans les pays d’origine, mais imparfaitement consti- tuées dans nos climats. La méthode de stratification se décrit ainsi : Dans une grande caisse, les tiges bien ressuyées, propres, à section bien nette à la base, étaient étendues par lits sé- parés par des couches de sable sec et assez fin. Cette caisse était déposée dans un grenier, sain, sec, et elle était exposée aux rayons du soleil. Evidemment, au printemps suivant, au moment de la multiplication, il y avait un déchet, mais le _ bouturage est facile et peut être réduit à des tronçons de 8 à 13 centimètres. Par ce procédé, on conserve également de petites souches, mais on prévoit quel encombrement produirait même une quantité restreinte de ces organes souterrains ! L’enracinement de la bouture est facile, mais en terre bien meuble avec une humidité très modérée au début. Végétation rapide dès les premières chaleurs et sous l'effet des irriga- tions. Quelquefois, les averses de grêle, redoutables jusqu’au 15 mai, alterent fortement les jeunes pousses ; les tendres feuilles palmatilobées sont lacérées ; le bourgeon terminal brisé et souvent la tige meurtrie par les grélons. Alors, il y a un arrêt bien marqué dans le développement et souvent un retard sensible dans la maturation. La floraison s'obtient facilement : la fructification parfaite est plus rare, même dans les automnes chauds qui sont très favorables à une meilleure évolution de la plante. Suivant la douceur des hivers, le Manioc peut passer cette saison en pleine terre, mais dans la zone marine seulement, dans des conditions spéciales, c’est-à-dire avec un abri bien fait. Cependant, malgré cela, la souche est quelquefois altérée quand la température du sol atteint un degré trop bas. L’opi- nion des anciens cultivateurs dans le bassin méditerranéen était donc erronée quand ils pensaient que les froids n'étaient pas trop à craindre, puisque les organes essentiels du Manioc étaient sous terre. Malgré l'abri, les tiges pourrissent au collet 494 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. par suite de ce froid constaté dans la couche inférieure de l'air, et qui y maintient longtemps le thermomètre au-dessous de zéro(l). Le Manioc exige une culture surveillée et l'emploi d’une main-d'œuvre habile dans les facons pour ne pas blesser les grosses racines assez voisines du sol. L’arrachage de la souche est peu facile et doit être délicatement fait, car les racines blessées constituent un véritable déchet si elles ne sont pas converties immédiatement en farine. Dans nos expériences au Jardin d'Essai, comme l’arrachage se pratiquait à la fin de l'automne, dans la période d'humidité froide à laquelle la plante est fort sensible, une partie de ses racines devenait inutilisable, soit par les attaques de certains Insectes, soit par pourriture, soit surtout par une récolte prématurée, où alors le liquide laiteux était en trop grande quantité par rap- port à la matière solide utilisable. à Dans notre agriculture des régions les plus favorisées — et il faut exclure le sud de l'Algérie de ces zones favorables pour ces sortes de végétaux — le Manioc n'offre donc aucun avan- tage : c'est une plante à reléguer entièrement dans les Jar- dins botaniques. On comprend son rôle dans la zone intertro- picale où les céréales ne viennent pas, mais dans le pays des Blés durs, ces matières féculentes impossibles ou fort coù- teuses à obtenir sont sans intérêt. On a cultivé au Jardin d’Essai une autre espèce de Jatro- pha, dont les feuilles devaient nourrir un Bombyx séricigène ; la rusticité de ce végétal était peu marquée. *# x x Sans refaire l’histoire et la bibliographie du Manioe, il con- vient, cependant, d’esquisser à grands traits les essais qui en ont été tentés dans des climats analogues au nôtre et surtout dans certaines régions de la Méditerranée. Cette étude documentaire expliquera et confirmera les in- succès algériens qui ont été bien antérieurs à toutes autres tentatives aussi infructueuses. L'idée d'introduire le Manioc dans le bassin méditerranéen (1) Ch, Rivière. Bulletin de la Société d'Agriculture d'Alger et l'Algérie agricole. LE MANIOC EN ALGÉRIE, EN TUNISIE, ETC. 495 a persisté pendant longtemps. De grands efforts ont été faits en Italie par Parlatore et Bertolini, pour cultiver cette plante à Florence et à Bologne. On l’a essayée également à Gênes. Dans ces régions, elle a donné une végétation estivale satis- faisante, mais économiquement insuffisante. Sur ces pre- mières apparences, on prévoyait déjà vers 1860, l'extension de cette culture dans tout le climat de l’Olivier, dans le midi de la France. On la conseillait même fortement pour l'Algérie, ignorant qu'elle y était déjà depuis longtemps à l’état d'insuccès expé- rimental le plus complet, sans être jamais entrée dans le do- maine de la culture pratique. Si l’on reprend les documents italiens de l’époque où cette question a été traitée avec les entrainements inévitables pour les choses nouvelles, on sent déjà que les expérimenta- teurs ont eu plus d'une déception concernant le rendement et le peu de résistance de cette Euphorbiacée pendant l'hiver. Aussi avait-on pensé, pe” -eiéver la rusticité de sujets sou- mis depuis longtemps a la culture, à procéder par semis. On s'était trompé, car les graines ne reproduisirent, malgré tous les soins d'éducation, qu'un type sauvage, à racines peu dé- veloppées, au lieu de cette souche volumineuse et charnue que l’on avait espérée. D'autre part, aucune rusticité ne fut cons- tatée sur ces types sauvages. Le semis, qui permet quelquefois d'obtenir une amélioration de l’espèce, a souvent, pour contre-partie, le grand désavan- tage de produire des retours en arrière, toujours dangereux ou tout au moins inutiles à provoquer sur une plante de cul- ture ancienne. En effet, la régénération de l'espèce par les semis, préconisée par quelques auteurs, n'est pas toujours assurée. Le semis facilite quelquefois à la nature la manifesta- tion d’une heureuse variation dont l’homme peut profiter en la fixant principalement par le bouturage ou le greffage. Le Manioc étant une plante cultivée depuis longtemps et arrivée à un degré relatif de perfectionnement, il était plus sage de demander à ce facile bouturage, la perpétuation des qualités de l'espèce. En effet, d'où vient cette forme du Manioc à dé- veloppement volumineux du système souterrain ? Peut-être est-elle un débris d’une agriculture antique de quelques peuples américains à civilisation avancée ? Les cultures italiennes, inutile de le dire, n'ont donc donné 296 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. aucun résultat, et les tentatives espagnoles n’ont pas été plus heureuses dans quelques jardins de l’Andalousie. Les Américains ont également essayé cette culture : ils ont voulu faire remonter la plante dans les parties chaudes de la Louisiane. Pendant l'été, on a cru à un succès: on tenait, en- fin, une racine à grand rendement de fécule ! Maïs les intem- péries hivernales sont venues détruire ces illusions. Toutes les difficultés signalées ci-dessus avaient été re- connues dans les diverses expériences algériennes, car, tout en recommandant le Manioc, les recherches se portaient sur d'autres matières féculentes à demander à certains autres végétaux exotiques : l’Igname et l'Arrow-root paraïissaient avoir une préférence marquée, mais injustifiée, comme nous le verrons par la suite de ces études qui ne sont que la conclu- sion de nombreux essais personnels portant sur des séries d'années. En résumé, le Manioc, avec sa faible valeur nutritive, in- comparable au Blé, équivalente à peine à la Pomme de terre, ne saurait trouver place dans notre agriculture rationnelle. Si, dans les contrées intertropicales, on rencontre cette plante dans des terres sèches et de qualité passable, où, d’ailleurs, le rendement n'est pas élevé, il ne faut pas oublier qu'elle y végète, grace aux pluies estivales. Sa place n’est donc pas indiquée dans le sud de l'Algérie. La matière féculente, abondamment produite partout à notre époque ne saurait étre fournie, en Algérie, par le Manioc : il vaudrait mieux avoir recours aux grands rendements fécu- liers des Pommes de terre, Richters imperator, Czarine, Géante bleue, etc... 497 EXTRAITS ET ANALYSES. DE QUELQUES REPEUPLEMENTS EN SUISSE (Perdrix, Sanglier, Chevreuil, Cerf, Tétras, Bouquetin) par H. VERNET. Toutes les personnes qui ont entrepris de faire un repeuplement quelconque, ont appris par expérience qu'elles devaient s’armer d’une forte dose de patience, comme aussi d’une grande résignation en pré- vision d'un insuccès possible. Il arrive souvent que l'on manque le but visé, lors même que l’on pense avoir pris toutes les précautions voulues. 11 y a des inconnues sur lesquelles on ne comptait pas ; une année exceptionnellement sèche ou particulièrement humide, un hiver froid, les bois enfouis sous la neige pendant bien des mois, la grêle, les gelées du printemps qui dérangent les nichées, les bêtes puantes nombreuses, les Rapaces qui se régalent des jeunes Oiseaux, etc. Il y a encore, et ce sont les causes les plus fâcheuses, celles que l'on ne pouvait pas prévoir, celles que l'on n'arrivera jamais à découvrir, mais qui existent bien cependant, puisqu'elles peuvent dérouter toutes nos savantes com- binaisons. Quelquefois le repeuplement réussit partiellement ; il n’a pas donné tout ce que l’on espérait, mais il a donné quelque chose; toute la peine que l’on a prise n'a pas été perdue. Rarement il réussit tout à fait bien, cela arrive cependant. On est alors triomphant, on croit connaîlre toutes les ficelles du mélier, on ne doute plus de rien pour l'avenir. Enfin il arrive aussi, sans que personne fasse rien, sans même que quelqu'un songe à un repeuplement quelconque, il arrive qu'il se fait naturellement ; un gibier complètement détruit dans une contrée, reparaît spontanément, sans que l’on puisse connaître son origine exacte. Occupons-nous d'abord de ces repeuplements naturels, de ceux au moins que nous avons pu observer personnellement, nous dirons en- suite quelques mots d’un repeuplement mi-naturel, mi-artificiel, puis enfin de deux repeuplements artificiels qui, bien que n'ayant pas réussi, offrent cependant un certain intérêt. Repeuplement naturel. Perdrixz. — Dans la partie occidentale du Canton de Vaud, il ne Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897. — 33. 498 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. restait pas une seule Perdrix avant 1862. Au dire des vieux chasseurs, ce gibier avait disparu depuis longtemps, à la suite d’un hiver très rigoureux et très riche en neige, 1830 sauf erreur, puis tout d’un coup, sans transition aucune, sans qu'on ait pu le prévoir d'aucune manière, on retrouvait nombre de belles compagnies pour l’ouverlure de la chasse. Cette abondance n’était que relative et ne pouvait pas être comparée à celle des plaines de l'Allemagne et de l'Autriche, mais enfin un chasseur entreprenant était à peu près sûr de lever plusieurs fois des Perdreaux dans une journée. Nous en étions à notre première année de chasse en 1864 et, malgré notre inexpérience absolue, nous trouvions des Perdreaux. Un vol, réunion de plusieurs compagnies, devait s'être abattu dans nos champs, les avait trouvés de son goût, y était resté et s'y était reproduit. D'où venaient ces Perdrix ? C’est ce que personne n’a jamais su. Ce fait du reste ne présentait rien d’extraordinaire et avait déjà été observé plusieurs fois ; il est seulement regrettable pour les contrées dépeuplées, que ces invasions ne soient pas plus fréquentes (1). Sanglier. — Les Sangliers aussi font des migrations en grand. Citons quelques lignes du Manuel de vénerie francaise par le comte le Couteulx de Canteleu. « Du reste le Sanglier est extrêmement voyageur. Un pays peut être vingt ans et plus sans Sangliers, puis tout d'un coup arrivent un ou deux Sangliers éclaireurs, et l’année d’après une invasion com- mence, qui s'étend et se propage. Dans ce siècle-ci, on peut compter deux grandes invasions de Sangliers. Partis de la grande Forêt-Noire en Allemagne, à la suite d'années de grande sécheresse où la faîne et le gland avaient manqué, les Sangliers passèrent le Rhin de 1816 à 1818 et envahirent les Ardennes et le Luxembourg, et de là se répan- dirent en sept ou huit ans dans toute ia France jusqu'aux Pyrénées. La seconde invasion a eu lieu quelques années avant la guerre de 1870. » Beaucoup de chasseurs suisses se rappellent l'invasion de 1871-1872 et même des années suivantes. Notre pays n'était pas sur la ligne prin- cipale, nous n'élions visités que par quelques éclaireurs qui gardaient le flanc de la colonne et cependant on tuait des Sangliers dans tout le Jura, plus particulièrement dans le Jura bernois. Plusieurs sont tom- bés dans la région d'Orbe et quelques-uns, quoique en petit nombre, dans la partie de la chaîne qui domine La Côte. Cela nous rappelle un certain solitaire dont nous avions suivi la (1) A côté de cela, de nombreux apports de Perdrix vivantes ont été faits de \ l'étranger, dans ces dernières années, en différents cantons. EXTRAITS ET ANALYSES. 499 trace à la neige ; nous avions fait le bois, il s'élait relaissé dans un fourré presque impénétrable de Sapins, de Genévriers, de Ronces et d'Epines, le tout couché et entremêlé par une forte chute de neige. Nous n’avancions que fort difficilement en faisant plus de bruit que nous n’aurions voulu. L'animal très confiant, sentant notre impuis- sance, n’a pas même vidé l'enceinte. Nous avons dû l’abandonner, la nuit approchant. De l’autre côté de la frontière, en France, ils étaient très nombreux ; nous en avons mis debout à réitérées fois en chassant la Bécasse dans les environs de Belfort en 1876 et 1877, mais, continuant leur voyage vers le sud et vers l’ouest, ils étaient déjà devenus rares en 1878 et depuis lors, ils ont presque complètement disparu. A quand la prochaine invasion ? Avant peu, espérons-le du moins, et puisse-t-elle prendre le Jura comme ligne principale de direction. Chevreuil. — Depuis fort longtemps, depuis le siècle dernier, le Chevreuil avait disparu du Jura suisse ; on ne voyait plus jamais ce gracieux hôte des bois ; il était devenu plus rare que l'Ours, puisque quelques-uns de ces derniers animaux ont encore été tués dans la première moitié du siècle. Peu après l’époque qui avait vu la fombée de Perdrix à La Côte, on commençait à signaler de loin en loin le cas d'un Chevreuil qui avait passé la frontière suisse, souvent chassé par des Chiens venant de France. Nous nous rappelons une Chevrette prise dans ces conditions par des ouvriers près de Saint-Cergues, en 1869. L'année précédente, un chasseur avait tué un Chevrillard dans les bois de Bonmont, près de la frontière. On annonçait quelques bêles tirées dans le Jura bernois, soleurois et en Argovie, même sur la rive droite de l’Aar, moins favorisée cependant que la rive gauche sur laquelle, plus an- ciennement déjà, des Chevreuils venant du grand-duché de Bade, à travers le Rhin, avaient élu domicile. Nous nous rappelons que, chas- sant en 1869 dans les environs d’Aarau, on nous parla comme d’une chose extraordinaire d’un Chevreuil tiré quelques jours auparavant dans la chasse où nous étions invité. La présence de ces Chevreuils isolés n’était cependant pas un pur hasard ; un mouvement dans la direction de la frontière suisse, mou- vement presque insignifiant d’abord, se dessinait distinctement. La guerre déclarée, de grands déplacements de troupes se firent à nos frontières ; puis survinrent l'occupation de l’Alsace, le siège de Belfort, les combats en Bourgogne, la marche de l’armée de l'Est, les rudes journées sur la Lisaine, le Lomont et enfin la retraite sur Pon- tarlier. Ce bruit continu n’était certainement pas du goût des Chevreuils ; la première petite immigration en Suisse, signalée depuis un an ou deux, s’accentua fortement et beaucoup d'animaux durent passer la frontière ; 500 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. nous arrivons forcément à cette conclusion, car de suite après la guerre on trouvait dans le Jura, non plus seulement par-ci par-là un individu isolé, mais un vrai petit peuplement, peu riche d’abord, mais assez régulièrement répandu. Ces nouveaux habitants furent bien recus, dans le canton de Vaud tout au moins, car, par une singulière anomalie, quoique le Chevreuil n’existât plus dans le canton, la loi interdisait de le tuer. L'immigration continua-t-elle, ou bien les animaux qui étaient venus s’établir chez nous prospérèrent-ils rapidement ? C'est ce que nous ne savons, mis on peut dire que d’une facon continue leur nombre allait croissant. Depuis cinq ou six ans, la loi permet de les chasser pendant quinze à vingt jours en septembre ou en octobre, suivant les années; on en tue un nombre assez respectable, une centaine environ dans le canton, sans parler de ceux qui sont braconnés ou pris par les Chiens en dehors du temps de chasse, et, malgré cela, leur nombre reste toujours à peu près le même. Ils s'étendent de plus en plus sur la surface du pays ; du Jura, ils ont gagné les bois de la plaine jusqu'au lac. Il est probable qu'ils pénétreront dans les Alpes vaudoises, étant déjà fixés dans le Jorat qui relie le Jura aux Alpes. Un individu a été tué dans les montagnes du Château d'(Ex l’automne dernier, mais il venait peut-être du canton de Fribourg où i’espèce a été introduite par les soins de la Diana. Ainsi que nous l'avons dit en commencant, nous désirions surtout parler de ce que nous avions pu observer nous-même ; c’est pour cela que nous avons dit ce qui s'était passé dans le Jura vaudois, mais la même invasion se faisait tout le long de la chaîne jusqu’au Rhin. Nos voisins de Neuchâtel facilitèrent eux aussi, le repeuplement en interdisant de tuer les Chevreuils jusqu’en 1893. La guerre n’était pas la seule cause de cette diffusion, avons-nous dit plus haut ; nous en trouvons la preuve évidente dans le fait que l'invasion se faisait non seulement par les frontières française et alle- mande, mais aussi par la frontière autrichienne (Vorarlberg et Tyrol). I1 n’y avait pourtant aucune guerre de ce côté-là. En résumé, si nous regardons à vingt-cinq ans en arrière, nous pouvons dire qu’à cette époque on aurait pu compiler les Chevreuils qu'il y avait en Suisse, tandis que, maintenant, on rencontre ce gibier dans presque tous les cantons. Il n’a pas encore pénétré au sud de la chaîne centrale des Alpes bernoises et uranaises, en Valais et en Tes- sin, mais par contre, dans les Grisons, il a marché avec une rapidité réjouissante, essaimant dans les petites vallées latérales, tout en sui- vant les grandes, et il est arrivé dans la haute Engadine jusque tout près de la frontière italienne, EXTRAITS ET ANALYSES. 901 Repeuplement mi-naturel, mi-artificiel. Cerf. — Après le Chevreuil, nous devons parler du Cerf, qui lui aussi a été pris d'humeur vagabonde. Il ne s’est cependant montré que dans deux parties de la Suisse, dans les Grisons (Prättigau) et dans le Canton de Vaud (Jura). Dans le Prättigau, cette apparition est toute naturelle, ce gibier royal étant très répandu de l’autre côté de la frontière, dans la princi- pauté de Lichtenstein et dans toutes les montagnes du Vorarlberg do- minant le Montafonerthal. Nous avons chassé plusieurs fois dans ces régions, où toutes les chasses sont louées ou gardées ; elles contiennent réellement beau- coup de Cerfs. Ceux-ci, de temps à autre, franchissent un col et vont se faire tuer dans le Prältigau, ce qui arrive toutes les années. En 1895, à notre connaissance, cinq animaux sont tombés sur sol suisse, aussi l'espèce ne gagnera-t-elle jamais beaucoup de terrain si elle n’est pas protégée sérieusement. Dans le Jura, la présence du Cerf est bien plus extraordinaire, puisque cette espèce n’habite pas les portions de la France voisines de la Suisse. Un animal cependant est venu spontanément au pied du Jura, il y a quatre ans (1). Un second, plus fort que le premier, a été vu au sommet du Jura, près de la frontière francaise ; nous avons nous-même relevé son pied sur le terrain humide d’un pâturage à la fin de l’automne 1894, mais depuis lors cet animal a disparu. Le premier, qui était toujours resté fidèlement fixé dans les mêmes forêts depuis quatre ans, a attiré l’attention de la Section de La Côte de la Diana. Elle a ouvert une souscription à laquelle le Gouvernement vaudois a bien voulu s'intéresser, et dont le résultat a été de faire hommage à ce dix-cors de six biches et d’un rival plus jeune, ce der- nier destiné, non pas à le contrarier dans ses amours, mais à assem- bler les biches qui se seraient écartées des forêts où elles ont été lâchées, et à former ainsi peut-être une seconde petite harde au mois de septembre. La chasse au Cerf a été interdite pendant six ans, il y a donc lieu d'espérer que l’espèce prospèrera. Repeuplement artificiel. Tétras à queue fourchue. — Le Tétras à queue fourchue, Tetrao letrix, répandu dans presque toute l'Europe, depuis l'extrême nord jusqu’en Italie, ne se rencontre pas au Jura. Il habite cependant les Vosges, montagnes peu accidentées, moins élevées que le Jura et distantes seulement de 40 à 50 kilomètres de cette dernière chaîne. |) Les bois, mis bas en 1893, 1894 et 1895, figuraient à l'Exposition natio- nale suisse, à Genève, en 1896. 502 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Dans les Alpes, on le rencontre partout, plus ou moins abondant il est vrai, mais il ne manque nulle part entre 1400 et 2500 mètres d’al- titude, suivant les régions. Les contreforts qui s’avancent sur le pla- teau suisse en sont peuplés, mais ce gibier ne traverse le plateau que très rarement, tout à fait accidentellement et par individus isolés. Cette traversée ne serait que d’une trentaine de kilomètres entre les Voirons et le Colombier de Gex, de 40 à 45 kilomètres entre les Alpes Fribourgeoises et le Suchet, mais le Tétras ne se lance pas, il reste fidèle à ses montagnes. Pourquoi ? Nous ne le savons pas, nous constatous seulement le fait. En été et en automne il se tient surtout à la limite supérieure des forêts alpines, de préférence près de groupes d'arbres isolés, Sapins, Mélèzes, Aroles, etc., sur un sol recouvert d’un épais tapis de Myr- tilles, d’Airelles, de Fougères, de Sorbiers nains, de Framboisiers et autres arbustes. Il trouve dans ces régions une abondante nourriture. Les épais halliers de Pins rampants et d'Aunes verts sont aussi ses lieux de retraite préférés, surtout pendant le gros du jour. Il recherche tout particulièrement le bord des rochers très inclinés ou à peu près perpendiculaires ; il aime à se blottir dans une touffe, au bord ex- trême de la grande pente, ou à se percher sur les branches basses ou sur les troncs qui surplombent l’abime. Il se sent en sûreté, il défie le Chien qui l’arrête, et souvent, après être reslé immobile pendant un certain temps, il se lance la tête basse, par quelques vigoureux coups d'ailes d’abord, puis en planant ensuite au bas des rochers, sans que le chasseur ait eu le temps de rien voir. Cet instinct qui le pousse à se rapprocher des pentes inclinées, quand il sent venir le danger, sauve beaucoup de ces Oiseaux et donne en même temps un attrait particulier à cette chasse. Les vieux mâles sont assez farouches, quoique bien moins que ceux du Coq de bruyère, Tetrao urogallus. Les jeunes, en septembre, se laissent assez bien approcher ; il arrive même, quand ils sont bien couverts, qu'ils ne partent pas au coup de fusil qui a tué un de leurs frères. En hiver, sans abandonner complètement les hauteurs, souvent dé- garnies de neige, les vieux aussi bien que les jeunes vont volontiers chercher un refuge dans la forêt, où ils trouvent plus facilement à se nourrir. Dans certaines parties plates de l'Allemagne et de l'Autriche, Silésie, Hanovre, Holstein, etc., le Tétras vit heureux dans ces plaines; il y est même tres abondant et semble être tout à fait dans son élément. Pourquoi donc délaisse-t-il le Jura, alors que son cousin le Coq de bruyère s’y rencontre sur presque toute la chaîne ? Cette montagne généralement bien boisée, qui possède quelques crêtes dénudées, quelques belles parois rocheuses rappelant en petit celles des Alpes, semble cependant devoir lui convenir ; elle représente EXTRAITS ET ANALYSES. 503 un genre de terrain qui tient le milieu entre les plaines du nord et les Alpes, terrain en tout cas aussi favorable que celui des Vosges. Telles étaient, nous n’en doutons pas, les réflexions que faisaient, il y a quelques années, les sociétaires de la Diana (section de Neuchâtel), quand ils décidèrent de chercher à acclimater les Tétras à queue four- chue dans leurs montagnes. M. Paul de Coulon, inspecteur forestier à Neuchâtel, et M. le D' Vouga, à Saint-Aubin, ont bien voulu nous donner des renseigne- ments qui nous permettent de rendre compte de cet essai de repeuple- ment tenté en mars ou avril 1890 ou 1891, la date n’ayant pu être pré- cisée. L'emplacement choisi, le Creux-du- Van, semblait remplir les condi- tions voulues ; un vaste cirque à parois perpendiculaires dont le fond à 1200 mètres d'altitude, est garni de forêts. Au-dessus du cirque, des pâturages et des forêts couvrent les points culminants de la chaîne, haute de 1300 à 1465 mètres. Trois coqs et six poules expédiés de Suède, mirent neufs jours pour faire ce long voyage. Il restait encore à l’arrivée des Airelles con- servées dans les mangeoires, mais neuf jours en boîte, c'est beau- coup. Les caisses portées à dos d'homme furent déposées et ouvertes au bord d'une ancienne coupe rase envahie par les herbes etles Framboi- siers. Nous laissons la parole à M. de Coulon qui a fait ce lâcher : « Les trois coqs sont partis à tire d’aile, se perchant sur les arbres de l’autre côté de la coupe (100-150 mètres). Quatre poules les sui- virent comme elles purent, mais les deux dernières étaient si misé- rables qu'elles eûrent de la peine à sortir et s’enfuirent cahin-caha en trébuchant. » Le garde-forestier était présent au lâcher et au mois de juin de la même année, il m'assura avoir revu deux poules. » En automne, au mois d'octobre, des chasseurs au Chien courant abattirent sur la montagne de Boudry (à l’En-droit) un coq qui fut empaillé et se trouve à Noiraigue. » En novembre, le garde et un chasseur, tous deux sans fusil, sur- prirent un coq prenant un bain de soleil et de poussière à quelques pas d’eux au milieu d'un chemin, à l’En-droit également, mais non loin de la coupe susmentionnée. » Enfin, M. X., de Genève, a tué sur Vaud, à 4 ou 5 kilomètres de l'emplacement du lâcher, une poule de Tétras (vieille et horriblement coriace). C'était deux ou trois ans après le lâcher. » En 1894, chassant au Chien d’arrêt dans les Framboisiers et Ai- relles à proximité immédiate de la coupe, je vis assez loin deux pièces partir d’un Sapin et qui ressemblaient beaucoup à des poules de petit Tétras ; je ne puis pourtant rien affirmer . » s M. le D' Vouga nous a informé qu'un an après la mise en liberté, 504 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. il levait un cog à la montagne de Boudry et une poule dans un bou- quet d'Aunes à Treytel près Bevaix, au bord du lac de Neucbâtel. Cette dernière était évidemment égarée. Voilà tout ce qu'il nous a été possible d’apprendre sur une expérience tres intéressante par elle-même. quoique le succès ait absolument fait défaut. Personne n'a pu constater la moindre trace de reproduc- tion ; c'est là le côté le plus noir de l'affaire. Les cogs ont-ils rappelé au printemps ? Nous ne le savons pas; on devrait toujours constater ce point important dans un repeuplement de ce genre. Malgré cet insuccès, il nous semble que plus nombreux, et après s'être acclimatés pendant un certain temps, les Tétras devaient finir par prospérer dans le Jura aussi bien que dans les Alpes, dans les plaines du nord et même dans les steppes d’Asie. Les quelques indi- vidus lâchés là-haut, ont prouvé que les conditions matérielles néces- saires à leur existence ne faisaient pas défaut, puisque leur présence a été constatée pendant un an, deux ans et peut-être même trois dans les environs du Creux-du-Van. Il ne fallait compter que sur quatre poules, car sur les six emportées, deux étaient très malades, et sont probablement mortes peu après leur arrivée. Quatre poules, c’est bien peu pour repeupler une montagne, surtout si l'année du lâcher, par suite du voyage, la période des amours a été plus ou moins troublée. Un an plus tard, les individus peuvent être disséminés et ils courent la chance de ne pas se retrouver facilement. En lâchant nombreux, ce côté fâcheux serait évité et la reussite serait presque assurée. Nous ne voulons pas terminer sans remercier nos collègues de Neu- châtel d'avoir tenté cet essai; si jamais leur idée était reprise, on profiterait des expériences faites. Bouguetin. — De tous les gibiers qui peuplaient les Alpes, le Bou- quetin, Capra ibez, était certainement le plus majestueux; nous n'avons eu qu'une fois la chance de voir cet animal à l’état sauvage, sur le glacier de Chiarforon, à la base du Grand-Paradis, près de la cabane Victor Emmanuel du Club alpin italien. Voir une fois suffit cependant pour graver dans votre souvenir l'as- pect de ce Ruminant. Ses belles cornes noueuses, arquées et renversées sur le dos, donnent à toute la bête un port magnifique, une apparence fière et superbe. ; Le Bouquetin, beaucoup plus fort que le Chamois, est moins timide que ce dernier et par conséquent plus exposé. Malgré ses formes un peu lourdes, il fait des bonds prodigieux et sait garder son équilibre eur les moindres saillies. On cite le cas de Bouquetins apprivoisés qui se tenaient très bien sur un fil de fer tendu. Au parc de Langenberg EZurich), nous avons vu des jeunes gambader sur un toit couvert en EXTRAITS ET ANALYSES. 505 tuiles, ils montaient par une échelle longue d’au moins 12 ou 15 éche- lons. En Suisse, l’espèce est absolument éteinte. Déjà aux xv° et au xvi° siècles on pouvait prévoir sa disparition, car elle se retirait lentement mais régulièrement au cœur des Alpes. Von Tschudi, dans son ouvrage classique : Le monde des Alpes, parle du dernier sujet tué dans le canton de Glaris au Glärnisch en 1550. | Dans les Grisons, l’espèce se serait maintenue pendant un siècle de plus, mais depuis 1650, aucun exemplaire n'aurait été signalé. Le Saint-Gothard plus favorisé, comptait encore un certain nombre de ces animaux au milieu du xviri° siècle. C’est le canton du Valais qui a nourri les derniers représentants suisses de l'espèce, et cela se compreud assez bien, vu la proximite des montagnes piémontaises dans lesquelles le Bouquetin est relati- vement encore nombreux, quoique confiné dans le seul massif du Grand-Paradis et de la Grivola. La Valteline était la voie tout indiquée pour l'immigration de la Suisse. Cette vallée qui débouche à Aoste, descend des crêtes qui relient la Dent d'Hérens aux Dents de Bertol, aux Dents des Bouquetins, etc. C’est précisément dans ces montagnes que les derniers sujets avaient été vus. Enfin Tschudi cite trois exemplaires tués au Mont Rose en 1853 et, à notre connaissance, on n'en a pas vu depuis lors. On pourrait donc, en ce qui concerne la distribution géographique, faire un rapprochement entre le Bouquetin et l'Aurochs, Bison euro- pæus. Ce dernier n'existe plus en Europe que sur un seul point, une forêt de Lithuanie, qui est une chasse impériale. Le Bouquetin lui aussi, n’est conservé que dans une chasse royale au-dessus d’Aoste, de la vallée de Cogne et du val Savarenche. Une petite armée de gardes surveille tout le massif, et, grâce à cette heureuse mesure, on peut espérer que ce bel animal sera conservé encore quelque temps à la faune des Alpes. La réintroduction du Bouquetin en Suisse était certainement une question intéressante et propre à tenter les amis de la nature; elle avait déjà été étudiée par plusieurs personnes, sans cependant avoir jamais trouvé un commencement d'exécution. La Rhätia, section grisonne du Club alpin suisse, résolut en 1869 d'aller de l’avant dans cette voie, malgré les frais relativement consi- dérables qui étaient à prévoir. Nous allons rendre compte de cette tentative de repeuplement, en puisant la plupart de nos renseignements dans un article de M. Florian Davatz (1). Deux essais ont été faits, un premier avec des métis provenant du (4) Akklimatizationsversuche mit bastard und ächter Steinwild (Jahrbuch des sch. Alpenclub, 26° ann. 4890-91). 506 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. croisement du Bouquetin avec la Chèvre domestique, un second avec des Bouquetins purs. Inutile de dire que si une première fois la Rhgfia a dù se rabatire sur des sangs mêlés, c’est parce qu'elle n’avait pu irouver d'animaux d'espèce pure. Le 13 mai 1879, un troupeau fort de quatre boucs demi-sang, quatre boucs trois quarts de sang et cinq chèvres demi-sang, dont quatre encore à l'état de cabris, était amené à Coire, puis conduit de cette ville Gans le Welschtobel, au pied de l’Aroser Rethhorn, au pâturage de Ramoz. Là ces treize animaux furent mis en liberté et livrés à eux- mêmes pendant tout l'été. En automne, on les fit descendre un peu plus bas dans le même vallon, à Isel, où ils furent nourris régulièrement. La mort avait déjà fait quelques victimes, il ne restait que dix exemplaires. Malheureusement pour cette colonie, deux des vieux boucs ne virent pas d'un bon œil un touriste schaffhousois, plus connu comme fabricant d'hectographes que comme chasseur ; ils l’attaquèrent, mirent ses habits en lambeaux sans lui faire grand mal, mais plainte fut portée et par mesure de police, les deux coupables durent être éloignés. Après avoir été quelque temps à Zurich, ils furent dirigées sur l'Amérique où on les montrait comme des animaux érès dan- gereux. Bref ils furent perdus pour les Alpes. En 1882, il restait au Welschtobel deux boucs et cinq chèvres ; le garde signalait toujours ces dernières comme portanies, mais on ne voyait jamais de cabris. Ces métis mettaient bas à la même époque que les Chèvres domestiques, eu mars, alors que la température était encore très basse et peu favorable au bon développement des jeunes. Nous pensons que, de même que chez tous les métis, la fécondité ne devait pas être une des qualités des Bouquetins croisés Chèvres. - Le garde annoncait en 1884 à la fin de l'automne, que deux femelles étaient portantes. Il reçut l’ordre de les prendre, ce qui ne lui fut guère facile, mais il réussit néanmoins après quelques essais infruc- tueux. Ces bêtes furent conduites à Arosa et les 2 et 22 mars 1885, elles donnèrent chacune le jour à deux jeunes mâles ; l’un d’entre eux mourut bientôt, les autres prospérérent pendant un certain temps. Dans le courant de l'automne 1885, le Jardin zcologique de Bâle faisait cadeau à la section RhGtia d'une femelle demi-sang qui fut ins- tallée dans une étable à Filiseur en compagnie d’un jeune mâle, et le 16 mai 1886, un cabri mâle venait au monde. Le 12 juillet, père, mère et jeune furent conduits au Welschtobel où on avait laissé tout le troupeau passer l'hiver. Malgré ces nouveaux renforts, la colonie ne deyenait pas plus forte, elle faiblissait au contraire. Deux bêtes avaient été trouvées mortes, une autre s'était brisé une corne et finalement, en octobre 1886, il ne restait que trois animaux, sans que l’on ait pu découvrir ce qu’étaient devenus les autres. : EXTRAITS ET ANALYSES. 507 Le résultat était donc absolument négatif, profondément décou- rageant et démoralisant pour la section Rhäfia, qui n’avait cependant économisé ni ses peines, ni sa bourse. Sur ces entrefaites, la Société suisse de chasseurs Diana offrait gra- tuitement à la Rhäfia une femelle pur sang. Un marchand de gibier proposait de céder trois jeunes de neuf mois pour le prix de 900 francs. Le temps des déboires semblait devoir être terminé; on entrait dans une voie nouvelle, voie plus rationnelle, en renoncant aux métis, et, cependant dès le commencement, les espérances ne furent pas réalisées. Au lieu de deux femelles et d’un mâle promis, le marchand ne livra que deux femelles ; il s’engageait il est vrai, à faire suivre le mâle dans quarante jours, mais il n’a jamais tenu sa promesse. Les animaux furent installés dans le Val Spadlatscha au-dessus d’Alveneu et de Filiseur, à Sela, à la lisière d'une forêt, dans un enclos contenant deux #azots servant d’étable et de magasin à fourrage. Nous avons passé en 1892 et en 1894 à cet endroit ; les Bouquetins n’y étaient plus, mais ce coin de terre ne nous a pas semblé bien ap- proprié au but auquel il était destiné. Il présente, il est vrai quelques bons côtés, c'est de ne pas être très éloigné des lieux habités, une heure environ, d’avoir de l’eau et un petit pré, mais il rappelle trop un parc de plaine. Quoique situé sur le versant de la montagne, qui fait sur ce point un petit ressaut, il présente une surface concave, très ombreée, sans aucune crête ou sommet plus ou moins escarpé. Un peu plus haut, dans ce même vallon, on aurait nous semble-t-il, trouvé des endroits plus favorables. Nous ne voulons cependant pas faire des observations tardives qui pourraient paraître désobligeantes. Rappe- lons-nous cet adage : « La critique est aisée, mais l’art est difficile. » La commune de Filiseur accorda gratuitement le bois nécessaire pour les clôtures ; le Département fédéral de l’industrie et de l’agri- culture, lui aussi, s’intéressa au repeuplement en allouant à la section Rhätia une subvention égale à la moitié des frais d’achat et de trans- port. Enfin la caisse centrale du Club alpin suisse versa trois cents francs à la Section grisonne. Le 26 août, cinq semaines après son arrive, la femelle mit bas un jeune mort. Que faire ? Il ne restait aucun mâle et on ne trouvait à en acheter nulle part. Deux ans plus tard, en juillet 1888, le même marchand qui avait fourni les premiers animaux, offrait pour le prix de 1,600 francs, voyage compris, deux jeunes boucs et une jeune chèvre. Le marché fut conclu, mais, comme on ne vit arriver que deux chèvres et un bouc au lieu de deux boucs et de la chèvre promise, le prix d'achat fut réduit à 1,300 francs. Toute la colonie fut malade en été, maladie sans gravité apparente, 308 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. et, quand la santé semblait être revenue, deux des jeunes achetés depuis peu moururent. Ne sachant plus à quelle branche se raccrocher, on pensa devoir utiliser un mâle trois quarts de sang du Jardin zoologique de Bâle, et comme dernière ressource, on prit le parti d'envoyer dans cette ville les deux femelles. Cette fois encore, il fallait s'attendre à une dé- ception ; les animaux étaient trop jeunes et du reste, même si cela avait réussi, on serait retombé dans le métissage qui avait si mal fini. La Rhätia montrait réellement la persévérance et la tenacité des vieux suisses ; elle ne s’avouait pas encore vaincue et, malgré ses nombreux échecs, elle introduisit encore un mâle et une femelle de quatre mois payés 1,000 francs, en juillet 1889, mais, peu après, ces animaux moururent. Ce fut le coup de grâce, les clubistes grisons, profondément découragés, décidèrent d'abandonner les essais et de- mandèrent aux autorités fédérales de vendre les deux femelles qui restaient. Le Département fédéral de l'Industrie et de l’Agriculture l’entendait autrement, il décida de persévérer et se chargea de tous les frais. Les deux femelles furent de nouveau expédiées à Bâle; non seulement elles ne furent pas fécondées, mais l'une d'elles périt. La dernière survivante fut alors envoyée au parc de Langenberg dans le Sihlwald (Zurich); elle est morte depuis, sans laisser de descendance. Dans ce même parc, on a continué les essais, mais toujours sans grand espoir de réussite. Un mâle de cinq ans est mort l’automne dernier et il ne reste en tout, à côlé d'une chèvre de quatre ans, que trois jeunes boucs qui ne seront utiles que dans trois ans. Tout ce que nous venons de raconter ne laisse pas beaucoup d'’es- poir pour l'avenir et il nous paraît de moins en moins probable que l’on puisse repeupler de Bouquetins les Alpes suisses. Même en disposant de beaucoup d'argent, la réussite ne peut pas être assurée, vu la grande difficulté de trouver, dans le commerce, au moment voulu, des animaux de l’âge et du sexe que l’on désire. On doit quelquefois attendre un an ou deux avant que l’on vous offre un jeune de quelques mois, qui mettra lui-même trois ans pour être mür. Et pendant tout ce temps, que deviennent les survivants de la co- lonie ? Et que de chances fâcheuses n'ont-ils pas contre eux ? En outre, si l'on observe toute cette question à un point de vue de moralité publique et d’honnêteté, il ne faut pas oublier qu'en achetant on encourage le braconnage et le vol dans les chasses royales ita- lienues (1). >< (4) Notice extraite du Catalogue illustré, Chasse et Péche, de l'Exposition nalionale suisse, Genève, 1896. EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. 509 LE PIGEON MESSAGER ET LES PÊCHES MARITIMES, par le Dr DENEUVE. C'est une grave erreur de croire que l’ensemble des marins vit à une distance considérable des côtes, sans avoir de moyens de commu- nication avec la terre ferme. Autrefois, en effet, avec la navigation à voiles, les voyages s'éternisaient. Une traversée de trois mois d'Amé- rique en Europe n'était pas chose rare, et, comme le personnage de l’histoire, on pouvait assurer que l'heure du départ était, comme celle de l’arrivée, laissée à la volonté de Dieu. Aujourd’hui, avec des vitesses moyennes de 14 à 18 nœuds, on va d'Angleterre à New-York en cinq jours, de Dieppe à Newhaven en quatre heures, d'Angleterre en France, par Calais et Douvres, en quatre-vingt-quinze minutes. Il faut à une rapidité aussi considérable des moyens de communication aussi brefs ; et, où les trouver, si ce n’est chez le Pigeon ? Toutes nos côtes françaises sont parcourues et sillonnées sans cesse, à quelques milles au large, par les 3/5 de notre population maritime, adonnée à la pêche ou au pilotage. Eh bien, dans ces trois cas, traversée rapide d’un point à un autre dans les limites de 500 kilomètres, séjour prolongé à quelques milles au large, arrivée subite d’un navire dans un port où il est attendu, je vais vous démontrer très facilement l’importance de la colombophilie. Dans le premier cas, si le navire est muni d’un cageot, dans lequel seront répartis quelques Pigeons établis aux deux points extrêmes, si vous le voulez, France et Angleterre, qu'un accident sur- vienne à bord, en cours de route, qu'une branche de l'hélice se casse, vite le capitaine rend la liberté aux Pigeons du port le moins éloigné, quelques heures après, la latitude étant marquée sur le télégramme, un remorqueur de secours viendra recueillir navires et passagers, qui, sans ce moyen, courraient grand risque de demeurer sur l’océan de longues journées, alors que la population flottante, réduite au déses- poir, cherche vainement dans le lointain l’approche du pavillon qui, pour elle, est la vie. A côté de ces voyageurs qui, pour leurs affaires ou leurs plaisirs, brûlent l’espace, se trouve une agglomération pauvre, intéressante, honnête, dévouée à son prochain. J'ai nommé nos marins, pêcheurs et caboteurs, dont les prouesses de sacrifice et de dévouement ont fait battre nos cœurs, à la lecture des grands journaux quotidiens. La source de la vie pour tous ces braves gens réside dans la pêche ; mais, combien ingrate et difficile dans ses résultats, non pas pour capturer le Poisson, car, pour nos compatriotes, c’est jeu d'enfant ; mais, dis-je, le point important, c'est que cet aliment nous parvienne frais, avec toute sa saveur si appréciée des gourmets. Que notre pêcheur ait em- porté quelques-uns de nos messagers emplumés d’un colombier de 510 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. l'endroit. La pêche est bonne, amis ; soit, repiquons les lignes et ne vous inquiétez de rien. Le mareyeur aura vite fait, au reçu d'une dé- pêche, annonçant que nos gars ont fait ample récolte, d'envoyer sa patache à voile ou à vapeur s’approvisionner sur le banc de pêche. Nos pêcheurs n'auront pas eu besoin de perdre leur temps et leur marée, la journée pour eux aura élé double. Allez-vous nier après cela l'utilité du Pigeon voyageur ? Et ne croyez pas que j'invente, Messieurs. Je reste, bien au contraire, au-dessous de la vérité, car, il y a près de huit ans, un armaleur du nord s’est servi de ce procédé pour relier ses lougres et ses dundees de pêche avec la terre ferme. Les Anglais, plus entreprenants que nous, nous ont aussitôt pris le procédé ; dans quelques années, j'espère, il n’y aura plus un seul port important qui, imitant les exemples donnés par Saint-Nazaire, Brest, Dieppe, Grand- camp, etc. etc., ne soit fier, à son tour, de posséder son colombier maritime. Et, si je voulais m'étendre sur cette question, que de sauvelages facilités, que de sinistres évités ? Il a fallu cependant que l’un de nos plus importants transatlantiques, La Gascogne, se trouvât à deux doigts de sa perte, à quelques milles de Long-Island, pour que la vérité nous saute aux yeux et nous fasse apprécier la nécessité impérieuse de la colombophilie maritime (1). >< La NITRAGINE. Depuis les travaux de Hellriegel et de Wilfarth en Allemagne et de Bréal en France, on sait que le rôle fertilisant des Légumineuses est dû à des microbes spéciaux qui se développent sur les racines de ces plantes. Il est d’ailleurs facile de se rendre compte de la présence de ces micro-organismes: il suffit en effet, de déterrer avec soin, en évi- {4) M. le Dr Deneuve ajoute qu’il va établir à l'Ile-de-Groix un colombier personnel, pour les expériences jusqu’à 500 kilomètres en mer; il a déjà offert à plusieurs colombophiles vendéens de faciliter leurs entraînements sur l'Océan par l'intermédiaire de cette station. Le vœu suivant est alors adopté à l’unanimité : Le Conzrès propose la mise à l'étude de Pigeons messagers, destinés à relier avec la rapidité la plus grande le bateau se trouvant sur un banc de pêche avec le contigent. La notice du Dr Deneuve est extraite des comptes rendus du Congrès finter- national des Pêches anaritimes, d'Ostréiculture et d'Aguiculture marine tenu aux Sables d'Olonne en septembre 1896. Voir sur l'emploi des Pigeons à la mer diverses publications faites par la Société d’Acclimatation : E. Caustier, Les Pigeons voyageurs à la mer (1895); Charles Sibillot, Swr l'utilisation des Pigeons messagers dans l'Antiquité (189), etc. EXTRAITS ET ANALYSES, 511 ‘tant de briser les radicelles, un pied de Luzerne, de Trèfle ou de. tout autre représentant de cette famille, pour constater l'existence, sur les portions souterraines, des tubérosités, parfois volumineuses (1), pro- duites par la Bactérie spéciale que Beyerinck a décrite sous le nom de Bacillus radicicola. Jusqu'à présent, ces micro-organismes semblent être l'apanage exclusif des Légumineuses dont chaque espèce possède une variété spéciale d'un même type (Bacillus radicicola Beyerinck) ; sa présence chez les végétaux se traduit toujours par l’apparition de tubérosités qu’il est d'ailleurs facile de provoquer expérimentalement : Hellriegel inocule les terres en les arrosant avec de la délayure d’un sol portant de bonnes récoltes de Légumineuses; Franck ajoute simplement de la terre arable; Bréal enfin a recours à une méthode plus élégante et ino- cule directement une racine avec des Bactéries prélevées aseptique- ment dans les nodosités d’une plante de la même famille. Dans les terres cultivées depuis longtemps, on peut toujours faire pousser facilement du Trèfle, des Pois, ou toute autre Lésgumineuse, sans précaution spéciale; dans les terrains neufs, il n'en est plus de même et les Légumineuses peuvent alors manquer des micro-orga- nismes nécessaires à leur vie normale; dans ces conditions, il con- vient de provoquer artificiellement l’apparition des Bacilles nitrifiants pour que ces végétaux puissent prospérer : en un mot, 27 faut inoculer ces terrains en s'inspirant des procédés préconisés par Wilfarth, Franck et Bréal. Les premiers essais faits dans cette voie datent de 1887 et sont dus à M. Salfeld qui renouvela ces tentatives en 1889 sur une prairie artificielle (2) : « Le sol consistait en un terrain tourbeux qui fut brûlé, puis laissé en jachère pendant cinq ans.... On y mit de la chaux et des doses de 4000, 3000 et 2000 et 1000 kilogrammes à l’hectare d’une terre marécageuse pour l’inoculation; on y sema en avril de l'Avoine, puis en mai un mélange pour prairie, où dominaient diverses variétés de Trèfle. Sur l’Avoine, on ajouta du nitrate de soude. La céréale se développa normalement sans être influencée, naturellement, par l'ino- culation. Mais l’addition de terre étrangère fut favorable pour le Trèfle; avec 1000 kilogrammes à l’hectare, les différences furent considé- rables, visibles au simple aspect; les plantes inoculées présentaient un développement quatre ou cinq fois supérieur à celui des plantes venues sur les parcelles non inoculées. L'influence de la quantité de terre étrangère a été très nette, mais n’a pas donné lieu aux mêmes différences constatées entre les lots non inoculés et ceux inoculés avec la plus faible quantité de terre étrangère. Une expérience faite sur de la Serradelle (Orniéhopus sativus), est (1) Les tubérosités peuvent atteindre le volume d’une noisette. (2) Miller, Journal Roy. agricul. Soc. England, 1896, p. 236, et Ann. d’A- gronom., 1896, traduction Demoussy. 512 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. intéressante au point de vue de la question des engrais verts. La moitié d’une pièce de terrain tourbeux recut de la terre ayant porté de la Serradelle à raison de 1000 kilogrammes à l’hectare, après que le champ d'expériences tout entier eût été chaulé et eût reçu des en- grais minéraux; puis, sur toute la surface, on sema du Seigle et ensuite, au mois de mai 1892, de la Serradelle. Le développement du Seigle fut identique sur les deux moitiés du champ; la Serradelle germa convenablement, mais dépérit bientôt sur le terrain non ino- culé, tandis qu’elle devint très vigoureuse sur les parcelles inoculées. Le rendement fut évalué à 18.000 kilogrammes à l’hectare, en vert; cette quantité, enfouie dans le sol, représente un apport d'azote cor- respondant à 394 kilogrammes de nitrate de soude. L'année suivante, on planta des Pommes de terre en ajoutant 2500 kilogrammes de fumier à l’hectare, puis des engrais chimiques. Les rendements en tubercules furent les suivants : Sur la parcelle sans engrais vert : 16.500 kilogrammes. Sur la parcelle avec engrais vert : 21,000 kilogrammes. L'excès de récolte, 4500 kilogrammes, pré- sentait une valeur de 225 francs. La troisième année, 1894, on sema du Seigle : la parcelle inoculée en 1892 donna un rendement supérieur à celui de la parcelle non inoculée, un excès de 490 kilogrammes de grain et de 473 kilo- grammes de paille. » : Cette méthode présente encore d’autres avantages ; elle permet d'économiser beaucoup de fumier et de réduire par suite le nombre des animaux. L'expérience a été faite en Allemagne par M. Dehlinger, qui, ayant acheté une ferme aux environs de Darmstadt, n'hésita pas à se débarrasser de presque tout le bétail et à remplacer le fumier par les engrais verts et les engrais chimiques. De cette manière, l’azote des Pois et de la Vesce revient à moins de 0,25 centimes le kilogramme, tandis qu'il coûte 1 fr. 50 dans le nitrate de soude et 2 fr. 50 dans le fumier de ferme. L’inoculation est aujourd'hui définitivement entrée dans la pratique et grâce aux perfectionnements réalisés en ces derniers temps, elle est vraisemblablement appelée à jouer un rôle considérable en agri- culture (1). Aujourd'hui, en effet, le Bacillus radicicolz est devenu un produit industriel qu'une fabrique allemande débite sous le nom de Nitragine, au prix de 2 marks 50 le flacon ; la dépense à faire pour l’inoculation d’un hectare de terre ne dépasse pas 15 francs. Chaque fiole est accompagnée d'une instruction détaillée relative à son emploi. (1) J.-A. Vælcker, Journal Roy. agr. Soc. England, 1896, p. 253, et Ann. d'Agronom., 1896, traduction Demoussy. 513 EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE. Naïleh-Tchiflik, Adabazar (Asie-Mineure), le 2 décembre 1897. Monsieur le Secrétaire géneral, J'ai l'honneur de vous informer que j'ai remis à la poste, à l'adresse de la Société d'Acclimatation, comme échantillons recommandés, cinq sachets contenant les graines suivantes : 1° Dolic comestible, 5° Melon de Smyrne, 2° Dolic d'ornement, _. 6° Courgette, 3° Coton de Smyrne, 7° Gombo, 4° Maïs blanc à poulels, 8° Fèves mange-iout. Ces graines, que je me fais un plaisir d'offrir à la Société, sont des- tinées à être distribuées aux amateurs parmi nos collègues. Elles pro- viennent toutes de nos cultures. 1° Dolic comestible (Banette), peu usité en France, je crois, appelé ici Kara Gueuz (œil noir), est généralement plus petit que l'échantillon que je vous envoie. Mes terres étant très fertiles, j’ai obtenu un ac- croissement de volume. La culture en est facile : elle est la même que celle des Haricots nains. J'ai obtenu 100 kilogrammes de graines sèches sur une surface de 500 mètres carrés environ. Ce Dolic constitue un légume avantageux, d’une cuisson très rapide. Son enveloppe est mince et son goût se rapproche beaucoup de celui de la Lentille. Lorsque les gousses, qui atteignent à 0m,20 de long et sont minces comme un crayon, sont aux deux tiers de leur développement, on peut les consommer comme les Haricots verts. 2° Le Dolic ornemental dont je vous envoie des graines (noires avec le hile blanc), appelé aussi Fève d'Egypte, est une plante remarqua- blement belle; ses tiges, ses fleurs, ses gousses et même le dessous de ses feuilles sont d’un beau violet pourpré. Il atteint 3 à 4 mètres de hauteur. 1l faut en semer 7 à 8 graines dans un même paquet, à bonne exposition, contre une palissade ou contre un mur, si possible; on obtient alors une touffe grimpante vigoureuse d’un bel effet. Je joins à cette lettre trois petits croquis de cette jolie plante. 3° Les semences de Colon me viennent de Smyrne. J'en ai fait un essai de culture cette année, bien que dans notre région les gelées tardives et précoces empêchent d’en obtenir un produit avantageux. Il n’en est pas moins vrai que ces Cotons herhacés ont très bien pros- péré et la récolte eût été bonne si nous n'avions pas eu un temps abo- minable et exceptionnel d'ailleurs dès le commencement de novembre, époque à laquelle il est tombé un mêtre de neige en trois jours. Bull. Soc. nat. Accl. Fr. 1897..— 34 PRIOR NET 7 PUS Dre a a dust TA FORT VAT AG PTE d14 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. La culture en est simple; il faut semer quelques jours avant les der- nières gelées printanières, biner deux ou trois fois, arroser si on peut. Je joins à ces graines un peu de Coton récolté qui me paraît être de belle qualité. Chacun sait que le Cotonnier ne peut être cultivé que dans les pays méridionaux. Cependant cette Malvacée est une plante d'un bel effet et peut parfaitement servir d'ornement, sous le climat de Paris; mais comme la végétation en est lente dans les débuts, il faudrait dans ce cas semer en godets sous châssis vers février, et mettre en place après les gelées printanières. 49 Maïs blanc poulets; grains très petits d’une grande régularité, excellent pour l’engraissement des volailles. Je dois dire, cependant, que dans les terrains très fertiles il a une tendance à augmenter de volume. La plante est de petite taille, on peut donc semer assez serré. 5° Melon de Smyrne. Remarquable par sa saveur très sucrée et très parfumée. Il est de grande taille : 0m,25 à 0",30 de diamètre. A Con- stantinople, il est d’un prix relativement élevé : 4 à 5 piastres pièce (la piastre 0 fr. 22). On le conserve jusqu’en novembre et décembre. On le consomme lorsqu'il est tout à fait mou sous la pression du doigt, et s’il a quelques parties gâtées, celles-ci, une fois enlevées, ne nuisent pas à la qualité des parties saines. On prétend que ces Melons ne viennent bien qu’à Smyrne et ses environs; je vais cependant en essayer l’année prochaine et j'engage beaucoup les amateurs qui ha- bitent les pays chauds à en faire autant. 6° Courgettes (Sakis Kabak). C'est une Courge longue de la forme du gros Concombre blanc, mais double de volume à la maturité complète. On les consomme lorsqu'elles ont 0®,15 de développement et elles constituent alors un légume agréable. On les prépare de diverses ma- nières : farcies, en ragoût, frites en tranches à la facon des Auber- gines. La culture en est très simple, cette plante étant peu exigeante. 7° Gombo (Kelmic comestible, Corne grecque, Bamia en turc). Ces graines proviennent de mon potager où j'ai obtenu des pieds mesurant 2 mètres de haut lorsque généralement cette plante n’atteint guère que 02,70. Les fruits (capsules) ont suivi le même développement, c’est- à-dire qu'ils avaient 6 à 7 centimètres au lieu d’en avoir 2 au moment de la cueillette; à la maturité complète, les capsules ont atteint jusqu'à 0,15 de long. Ce légume, très recherché en Turquie (il se vend au cent), l’est beaucoup moins en France à cause de la consistance mucilagineuse qu'il acquiert après la cuisson. Mais j'ai tout lieu de croire qu’en France on n’a jamais su bien préparer ce légume estimable et sain, et, suivant le mode de préparation, le mucilage devient abondant ou bien il n'est presque pas perceptible, ce qui est préférable. Voici la facon turque d'accommoder les Bamias : On doit détacher le pédoncule du EXTRAITS ET ANALYSES. 15 fruit, non par une section plane, mais bien conique. Les fruits sont alors salés et humectés de vinaigre ou de jus de citron. Dix minutes après, on les lave et on les fait revenir dans une poêle. Enfin, on les ajoute à de la viande de Mouton coupée en très petits morceaux, à moitié cuite au préalable dans un autre ustensile avec de l'oignon et de la tomate. Il ne faut pas que les Bamias soient très cuits, ils doivent . rester un peu fermes. Les Gombos secs ne sont pas mangeables, à mon avis, car ils restent rugueux même après un raclage énergique. 8° Fèves mange-tout (Bakla). Toutes les Fèves cultivées ici sont con- sommées avec leurs gousses, comme les Haricots verts, lorsque ces gousses ont + à 6 centimètres de long et lorsque les grains sont à peine formés. On les prépare avec de la viande, comme la plupart des légumes, d’ailleurs, en Turquie où la viande n'entre guère que comme assaisonnement. Je ne saurais vous dire si les Fèves cultivées ici constituent une variété spéciale et peut-être notre Fève des marais, cueillie jeune, donnerait-elle le même légume. En tout cas, les Fèves vertes turques sont très bonnes. Veuillez agréer, etc. X. DyBOwSKI. EXTRAITS ET ANALYSES. La MÉNAGERIE DU DUC DE BEDFORD À WOBURN ABBEY. Point n’est besoin d'insister auprès des lecteurs du Bulletin de la Société d'Acclimatation sur l'utilité scientifique et pratique des ména- geries ; aucun d'entre eux n'’ignore cependant qu'un des graves incon- vénients de ces sortes d'établissements est de confiner les animaux dans des espaces trop restreints pour qu'on puisse se rendre compte de leur genre de vie et de leurs mœurs. À la vérité, il est impos- sible de procéder autrement dans une ménagerie publique; ce n’est que dans certains grands parcs privés qu'on peut espérer placer les animaux dans des conditions comparables à celles de leur pays d'origine. Pénétré de l'importance que présentait une telle tentative, le duc de Bedford, membre de la Société d'Acclimatation, n’a pas hésité à transformer sa terre domaniale de Woburn Abbey en une vaste ména- gerie où les animaux peuvent se développer librement. L’antique pare des ducs de Bedford convenait, d’ailleurs, merveilleusement à cet effet ; il présente une étendue considérable et se compose d’une série 516 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION. de bois, de prairies herbeuses et de lacs dont les rives sont couverles d'une abondante végétation. Le naturaliste peut aujourd'hui étudier beaucoup d'animaux exotiques dans des conditions assez voisines de celles où ils vivent à l'état sauvage : la flore seule est entièrement différente. ( Il suffit d'une courte promenade dans le parc de Woburn Abbey pour se rendre compte de l'intérêt que présente une telle ménagerie : à ce titre, l'observation du troupeau d'Elans est démonstrative : au lieu de voir, comme dans la plupart des jardins zoologiques, ces ani- maux errer lamentablement derrière les grilles d’un enclos de quelques dizaines de mètres de superficie, ici, on peut réellement étudier leurs mœurs : ils mènent en somme leur existence normale. Un peu plus loin, sur les pelouses, des Antilopes prennent leurs ébats; ailleurs enfin, de vastes étendues sont réservées à des raretés zoologiques qu'on n’a eu que fort rarement l’occasion de voir en Europe : l’Ane sauvage du Tibet, le petit Bœuf de Célèbes, etc... Nous ne pouvons donner la liste complète des hôtes nombreux qui peuplent Woburn Abbey; signaions simplement quelques animaux que nous ne con- naissons guère que par les empaillages des musées et les récits des voyageurs : le Cerf de David, le petit Cerf chinois, désigné sous le nom d'Æydropotes inermis, diverses Antilopes fort rares, etc. La collection ornithologique mériterait aussi une description dé- taillée; nulle part, en effet, on ne peut voir un assemblage plus bril- lant d'Oiseaux provenant des contrées les plus diverses : les lacs sont sillonnés par une infinie variété de Cygnes; les pelouses et les hal- liers ne sont pas moins peuplés : les Faisans, gibier favori du duc et de la duchesse de Bedford, y pullulent. En somme, le parc de Woburn Abbey constitue la ménagerie idéale qui doit servir de type aux établissements similaires où on a pour but l'étude scientifique des animaux : ce n'est, en effet, que dans de telles conditions que peut être poursuivie utilement l'observation des espèces intéressantes pour l’acclimatation. Ajoutons, en lerminant, que le duc de Bedford ne réserve pas à son entourage la contempla- tion de ce bel et utile établissement, mais que le grand public y est : admis avec une libéralité qui fait le plus grand honneur au noble lord. >< La MOUCHE DE WOHLFART COMME PARASITE DE L'HOMME. Note de zoslogie médicale. Dans les déserts de la province d’Akmolinsk, occupée par des Kir- ghises nomades de la Moyenne-Horde menant une existence pastorale, on observe souvent une espèce particulière de parasite de l'homme et EXTRAITS ET ANALYSES. 517 des animaux domestiques. Ce parasite est peu connu en Europe occi- dentale à cause de la rareté de son apparilion dans ce pays. C’est un Diptère de la famille des Muscidæ, appartenant au genre Sarcozhaga. La biologie de cet Insecte a fait l’objet des recherches d’un savant en- tomologisie russe, M. J. Portchinsakÿ, qui même avait nommé l'espèce Sarcophila Woklfarti. Cette Mouche est vivipare et dépose ses larves sur les membranes muqueuses de l’'tomme, dans les cavités libres de l'oreille, du nez, etc. et dans les blessures. Ces larves sont pourvues de crochets, à l’aide desquels elles se fraient un chemin dans les tissus, y pénètrent et provoquent chez leurs victimes de graves désordres accompagnés de vives douleurs. Au moment où elles quittent leur mère, les larves sont très petites, environ l millim., mais elles grandissent rapidement et atteignent la dimension de 8 à9 lignes. Le corps de la larve est couvert de dures épines et l’irritalion provenant des mouvements qu’elle exécute est très considérable. Le nombre de ces larves varie de deux à cinquante sur un seul homme. Ces animaux venant à tomber sur la cornée de l’œil, y pro- voquent une conjonctivile aiguë et dans la plupart des cas, les malades ont recours au médecin; il importe surtout d'extraire les larves. Il m'est arrivé d'enlever des yeux près de cinquante larves. Plus souvent, se produit le cas de pénétralion des larves dans les oreilles. Ici, grâce à cette circonstance qu'il est difficile de les voir à l'œil nu, les larves atteignent leur développement complet; il m'est arrivé d'extraire de deux oreilles jusqu’à cinq adultes. En pareils cas, le conduit auditif externe présente une plaie continue, souvent le tym- pan est détruit et il peut en résulter la perte de l’ouïe. La Mouche de Wohlfart dépose également ses larves dans les plaies découvertes de la surface du corps et dans les blessures purulentes, ce quiretarde leur guérison. C’est d'ordinaire en juin, juillet et août que les enfants sont exposés aux attaques de ces Mouches. Chaque été, une dizaine de malades at- taqués par le Diptère se présentent à l’infirmerie d'Akmolinsk, mais le plus grand nombre en reste inconnu des médecins, parce que l’extrac- tion des larves est pratiquée d'ordinaire par les parents et connaissances du malade. Quelques larves extraites de l'oreille ont été élevées par moi sur un morceau de viande, et j'ai obtenu un exemplaire de la Mouche de Wohl- fart que j’ai placée dans l'alcool avec une larve adulte et sa nymphe(?) Ce Diptère vit dans les déserts et se tient auprès des troupeaux ; l'invasion des larves se produit toujours au voisinage des animaux, ec jamais dans les villes. KOUZNETZOFF, Médecin à Atbasarsk. PMR 518 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. TRAITEMENT DU ROUGET DU PORC PAR LA SÉROTHÉRAPIE. A diverses reprises déjà, les vétérinaires allemands ont tenté d’im- muniser contre le rouget des Porcs exposés à l'infection; mais leurs efforts sont demeurés stériles. M. Leclainche, professeur à l'École vé- térinaire de Toulouse, vient de reprendre l'étude de cette questionen se servant d’une méthode qui ne pourra manquer d'être fécondeen résultats. me En inoculant à des Lapins des cultures de virulence croissante, cet expérimentateur est arrivé à obtenir un sérum possédant une action immunisante manifeste, de courte durée malheureusement. Mais en inoculant un mélange de sérum et de virus, on confère à l'animal #re immunité solide qui, établie quelques heures après l'injection, DEGRÉ pendant plusieurs mois au moins. Les expériences de M. Leclainche ne portent encore que sur des Lapins et des Souris; l'application de ces données théoriques à la pratique nécessite, il est vrai, des recherches nouvelles, mais elles sont relativement faciles à exécuter. en re 519 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. Bacnor (Eugène). Le Jujubier Lo- tus et le Jujubier Épine du Christ en Algérie et en Tuni- sie, 153. BezzxT (Daniel). L'Huile de Poisson au Japon, 177. BerTaaux. Culture de la Phacélie à feuilles de Tanaisie, 367. BLanc (Édouard). Sur le Sorgho à sucre du Turkestan, 358. BrancHarD (D' Raphaël). La chique des Oiseaux, 210. BouzinEau (Paul). L'élevage du Zébu et de ses dérivés en Al- gérie, 174. BouRDARIE (P.). À propos de la do- mestication de l’Éléphant d'A- frique, 1. Bourarp (E.-L.). Aigrettes domes- tiquées dans la République Ar- gentine, 270. BuTTin. La température des eaux de Dampierre (Seine-et-Oise), 126000 CHAFFANJON (Jean). Notes sur les Mamnifères domestiques de l'Asie centrale et de la Chine, 385. CxazaL (L.}. La protection des Oi- seaux utiles; action des insti- tuteurs, 236. —— Les Sociétés protectrices des Oi- seaux utiles dans les écoles du canton de Rebais (Seine-et- Marne), 321. CLraysrookg (J. px). Notice sur les engins de chasse et de pêche, 300: Coxze (C.). Sur les maladies des Abeilles et principalement la Loque et la pourriture du Cou- vain, 100. Cornu (Maxime). L'acclimatation végétale en Tunisie et le Jar- din d’essai de Tunis, 23. Couragne (G.). Rapport sur les travaux exécutés à la station séricicole de Rousset en 1896- 1897, 472. Cros (D'). Cultures dans les Pyré- nées-Orientales, 126. Decaux (F.). La Casside verte, in- secte parasite des Artichauts, 1132 — Les Jujubiers en Corse et en Ita- lie, 374. — Les Sociétés protectrices des Oi-: seaux utiles dans les Écoles primaires, 323. — La transhumance des Moutons al- gériens, 41, 337. — Sur quelques propriélés médici- nales des Agaves et des Cac- tées, 62. Deneuve (D'). Le Pigeon messager et les pêches maritimes, 509. 520 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION. Dspp (Général DE). Adquarium-serre d'un amateur de pisciculture en Russie. Dusois (Raphaël). £ur la disparition des Æcrevisses dans les cours d’eau de l'Ain, 130. Fasre-DomMEerquEe et Bietrix. La période crilique post-larvaire des Poissons marins, 331. Favez- VERDIER. Introduction de Vo- lailles de choix en Guinée française, 269. FonTaine. Élevage de la Truite Arc- en-ciel dans le département de la Côte-d'Or, 22. Foresr (J.). Les Aigrettes, 185. Gapeau DE Kervizce (H.). Note sur les têtes de Cogqs pourvus d'er- gots greflés, 328. GazBEerT (Comte pe). Élevage de Salmonides dans le départe- ment de l'Isère, 271. —— Le Saumon de fontaine dans le département de l'Isère, 22. GEax (F.). Observations faites sur les Aigrettes dans l'Amérique tropicale, 205. GLaumonT. La culture de l’Igname et du Taro en Nouvelle-Calé- donie, 375. Gouin (André). Le Kurbis, nouvelle plante fourragère, 81. GranDipier (A.). Les voyages du Prince Henri d'Orléans, 82. GrisarD (Jules). L'arbre du Voya- geur, 85. — Le Ravensara de Madagascar, Sue Hamonvize (Baron ’). Les Oiseaux utiles de la France, 89. Hecxez (D'). Note sur la culture de l'Igname de Chine, 19. Huwecor (L.). Essai d'introduction de l’Arbre à Gutta-Percha à la Grande-Comore, 478 JANET (Ch.) et Manrin (R.). Obser- vations sur une apparition de vols de Libellules, 372. LacGer-Navès (Comte DE). Élevage d'Oies du Canada daus le dé- partement du Tarn, 125. Lanmirauzr (Raphaël). Sur l’hiber- pation des Hirondelles, 423. Lecrer (D'). Le Trachycarpus ex- celsa dans la Charente, 369. Lecomre (Henri). Le Kickria afri- cana au Congo français, 230. Le Mvre DE Virers. L’acclimata- tion végétale dans les colonies françaises, 233. Leroy Maté (Culture du)en Algérie, 426. — Observations sur l'apparition des Hirondelles en Algérie, 321. Loyer (Maurice). Élevage et domes- tication d’une Mangouste aux environs de Paris, 137. Maison (Émile). Les Éphémères, 428. Marcizcac (A. pe). Documents nou- veaux sur l'élevage intensif de la Truite Arc-eu-ciel et du Saumon de Californie à l’é- tablissement de Bessemout, 2 48. MarrTiaz (A.). Élevage du Saumon de Californie au lac de Mala- quet (Haute-Loire), 463. MarrTin (René). Les grandes Libel- lules considérées comme Ani- maux utiles, 308. Miznwe-Epwanos (A.). Sur l’accrois- sement de taille et de poids d'un jeune Éléphant d'Asie, 229. — Note sur une incubation incom- plète faite par un mâle de Cygne noir, 471. Morin. Notes sur l'élevage des Sal- mouides, 367. Moucneron (Comte pe). Notes pour servir à l’histoire de la pisci- culture en Normandie, 146. Naupin (Ch.). Les jardins d'essai et la colonisation, 272. — La longévité des graines et leur conservation dans la terre, 59. — Récoltes de graines à la Villa Thuret, 427. — Un nouveau Mûrier du Tonkin, 356. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 521 Parana (Baron DE). Le croisement du Zèbre avec la Jument obtenu au Brésil, 433. — Le Zèbroïde, produit du Zèbre et de la Jument obtenu au Brésil, 124. Perir (L.). Quelques mots en faveur des Oiseaux utiles à l’agricul- ture, 98. Perrrr (D' A.). Lä Psittacose, ma- ladie des Perruches, 140. Proscaowsxi (A.-R.). Cultures dans les Alpes-Maritimes, 128. — Sur le Ravanala madagascarien- sis, 21e. Ramerer (J.). L'élevage de la Truite Arc-en-ciel à l'établissement de Neuvou (Côte-d'Or), 353. RaspaiL (Xavier). La destruction de l'Alouette, 95. — La légende de l’hibernation des Hirondelles, 241. Raverer-WATTEL. Les Alevins de Salmonides à la station aqui- cole du Nid-de-Verdier, 271. — La farine de viande d'Amérique pour l'alimentation de la Truite, 304. Rivière (Ch.). Le Manioc en Algé- rie et dans le bassin méditer— ranéen, 490. — Sur le Srerculia nobilis, 129. RoGERON (Gabriel). L’hibernation des Hirondelles, 51. RoLLINAT (Raymond). Mœurs et re- production du Lézard de mu- railles, 281. Rozer (A.). Sus au Moineau, 365. SiBizzor (Charles). Sur l’utilisation pratique des Pigeons messa- gers dans l'antiquité, 350. TragutT (D' L.). Acclimatation des Dattiers du Sud de l'Algérie dans la plaine du Chelif, 274. Van per SNicxT. Considérations sur l'élevage pratique raisonné des Poules, des Canards et des Pigeons pour la table, 7. Verner (H.). De quelques repeuple- : ments en Suisse, 497. Voar (D'). Comment on empêche le vagabondage des Chats dans la Haute-Savoie, 365. WeEer (Herbert-I.). La Jacinthe d’eau, 449. Zograr (N. DE). Les problèmes de l’acclimatation en Russie, 481. — L’Exposition de pêche et de pis- ciculture de Moscou, 173. FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. Aiïgrettes, 185, 205, 270. Alauda arvensis, 95. Alouette, 95. Ane, 391. Anguille, 275. Bouquetin, 504. Canards, 7. Carpes, 329. Cassidia viridis, 132. Casside verte, 132. Cerf, 501. Chameau, 388, 480. Chats, 365. Chevreuil, 499. Chique, 210. Cygne noir, 471. Lézard de murailles, 281. Libellules, 308, 372. Mangouste, 137. Moineau, 365. Moutons, 41-77, 331. Oies du Canada, 125. Onagre, 393. Ortolan, 90. Perdrix, 498. Perruches, 140. Pigeons, 7, 350. Pigeon messager, 509. Pore, 397. Poules, 7. Salmonides, 271, 367. Sanglier, 498. Écrevisses, 130. Sarcopsylla gallinacea, 219. Éléphant, 1. Saumon de Californie, 248, 463. Éléphant d'Asie, 229. Saumon de fontaine, 22. Elephas indicus, 229. Tetras, 501. j Emberyza hortulana, 90. Truite, 304. Éphémères, 428. Truite Arc-en-ciel. 22, 248, 353. | Faisan, 280. Vers à soie, 332. d Hirondelles, 51, 241, 321, 493. Zèbre, 433. | Jument, 435. Zébroïde, 124. Lacerta muralis, 281. Zébu, 174. Lapins, 134. FIN DE L’INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX. Er 5230 INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. Acacia pycnantha, 1217. Agaves, 62. Arbre du voyageur, 85. Artichauts, 132. Atriplez nummularia, 465. Cactées, 62. Caoutchoutier de Para, 280. Chameærops excelsa, 127. Cocotier, 179. Dattier, 274. Daubentonia tripotiana, 135. Gutta-Percha, 478. Hevea quyanensis, Igname, 375. Igname de Chine, 19. Tsonandru-gquita, 478. Jacinthe d’eau, 449. Jujubier, 374. Jujubier lotus, 153. Jujubier Epine du Christ, 153. Kickæzia africana, 230. Kurbis, 81. Manihot utilissima, 490. Manioc, 490. Mûrier, 356. Palmier Sihara, 128. Phacélie, 367. Piaropus crassipes, 449. Ravanala madagascariensis, 85-273. Sorgho, 358. Sterculia nobilis, 129. Tamarix articulata, 465. Taro, 375. Trachycarpus excelsa, 368. Zizyphus lotus, 153. Zixyphus Spina-Christi, 153. FIN DE L'INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX. 524 TABLE DES MATIÈRES C. Coxze. — Abeilles (Maladies qui atteignent les) et principalement la Loque et la pourriture du Couvain............. DAC do LOUER Le Myre DE Vizers. — Acclimatation og végétale dans les Colonies D françaises se Recette eee s ER ete en EE ES 233 Max Connu. — L'acclimatation végétale en “'unisie et le Jardin d'Essai de Tunisie 4... 1.02 emeuce de N RER EEE EEE ÉMBES | E. Decroix. — Agaves (Sur quelques propriétés médicinales des) et k des CR RE Se in - ne à RE TTOS e AN 4 J- ÉOREST. — ANPrelles.----=- "1-0 RE NES ne 185 { F. GEAy. — Aigrettes (ou faites sur les) dans rs à tropicale. ...........-.. RCD Dion neie.e a 00. noo Aigrettes domestiquées dans la République Argentine.......... Léa X. Raspail. — Alouette (La destruction de l). LR COTE SE DE ne Anguille (La reproduction de l’) d’après les ve de Grassi et CE druccios te PERRRLE 2-2 CECILE See ce CCE <È Application des rayons X à la détermination du sexe des Chrysalides à noce les Cecons...... MAD O Sa 40 D duc Het Dh e S0 2 muse CCE Ce ere HA MM one o0 ce SC CRE nes J. GrisarD. — Arbre du voyageur......... DD io nioe ce 0 Bronchopneumonie (La) chez les Lapins domestiques.......... NAS 2 CS E. Decnorx. — Cactées (Sur quelques propriétés médicinales des A gaves ét-des) ie Sbreure lecraeteee SFA TRES CR Caoutchoutier du Para el euss du) au Congu frauçais.......... Carpes tuberculeuses de Velars................. Sao ececiaee F. Decaux. — Casside verte (La), insecte parasite des Artichauts. ... D' Vocr. — Chats (Comment on empêche le vagabondage des), dans la Haute-Sayaie:--7.-.12-0CECCECEONE RTC Ste Dr R. BLaxcæaro. — Chique des Oiseaux (La)...... SAT STE Cocotier, l’arbre à huile et quelques autres Palmiers des possessions allemandes de l'Est africain............... eee cceere A. Mizxe-Enwarps. — Cygne noir (Note sur une incubation incom- plète faite par un mâle de)........ AO - sec Ce A.-L. Proscaowsx!. — Cultures dans les Alpes-Maritimes......... D' Cros. — Cultures dans les Pyrénées-Orientales............:... Leroy. — Culture du Maté en Algérie et du Cat des Arabes à Oran... TABLE DES MATIÈRES. D' TraBuT. — Dattier (Acclimatalion du) du Sud de l'Algérie dans la plaine du Chelif........ S 0 080.0 06 RAA SE D BND 02.0 pe ice à Daubentonia tripetiana (Le) et sa culture..........,...... NE RIRS A. DE MarciLLac. — Documents nouveaux sur l'élevage de la Truite Arc-en-ciel et du Saumon de Californie à l'établissement de Bes- SOU De Me nico vos ce ie à dalcie se cle ae Eaux (La température des) de Dampierre (Seine-et-Oise)........,... Raphaël DuBois. — Écrevisses (Sur la disparition des) dans les cours eau deleAin eee er ne SDS GES De A NOR TER APTE A POS EN Le P. Bounparie. — Éléphant d'Afrique (à propos de la domestication de INSEE d'a b 0 08 06 Ed SOON ESA ANR RUE RES PRES QE OL A. Mine-Epwarps. — Eléphant d'Asie (Sur l’accroissement de taille si de pacs im ibmo)on ee OR RSR RACE VAN DER SNICKT. — Élevage pratique et raisonné des Poule *s, des Canards et des Pigeons pour la table.......,................ J. DE CrayBuookE. — Engins de chasse et de pêche (Notice sur les). . Emile Maison. — Les Éphémères. Pêche et Histoire naturelle... .... Faisan commun vivant et se reproduisant en liberté dans les environs de Conrato (GS ET Re ROLE DUT RENNES Frle (lo) els RETRO ER er Ch. NauDiN. — Graines (La longévité des) et leur conservation dans la HBMBs ocbéocodotoooucoddccetotbo0cobconduoboC ob TO ONU L. Humscor. — Gutta-Percha (Essai d'introduction de l'arbre à) à la Grande Gomorra cer icul APE Leroy. — Hirondelles (Observations sur l'apparition des) en Algérie... G. Roceron. — Hirondelles (L’hibernation des)................... R. LaDmiRAULT. — Hirondelles (Sur l’hibernation des)............. X. Raspail. — Hirondelles (La légende de l’hibernation des)........ Daniel BeLET. — Huile de Poisson au Japon (l’).................. GLAuMoNT. — Igname (La culture de l’) et du Taro en Nouvelle-Calé- GONE so cogb obovobo0o 100 ee HoOboocoodondeoogeobe D' Hecxez. — Igname de Chine (Note sur la culture de l’)........,. Favez-VerDier. — Introduction de volailles de choix en Guinée fran- Gaisehi... 2 DIE 0 010 1 4 O0 te ER RENE MER EEE RICE ET En EN Herbert J. Ne — Jacinthe d’eau (La (Piaropus Crassiger)...... Ch. NauDIN. — Jardins d’essai (Les) et la colonisation ............. F. Decaux. — Jujubiers (Les) en Corse et en Italie.. ............. E. Bagnoz. — Le Jujubier lotus et le Jujubier Epine du Christ en Nséneretienpiunisieers ces --iciceleleeleie etes ces H. Lecomre. — Kichæia africana (Le) au Congo français ........... Kurbis (Le), nouvelle plante fourragère -......................... Raymond RorzinaT. —- Lézard des murailles (Mœurs et reproduction ANR) PURE ER RATER Te are tete Ie DEBUG S site R. Martin. — Libellules (Les grandes) considérées comme animaux leo ceteb os ee lola lee lelelcheeere 000 doc Ch. Janet et R. MarTiN. — Libellules (Observations sur une apparition HEMOIS RAS) Enr see lle la nn ace ele oi sioialeteraluisheielete RMS Et J. CHAUFFANJON. — Mammifères domestiques (Notes sur les) de l’Asie centraletetide lan@hines. 1 RE L M EPICERIE E EEE 312 Maurice Loyer. — Mangouste (Élevage et domestication Ge aux environs de Paris. .-:.-......-.t-2-°e--ecten-re- Se Ch. Rivière. — Manioc (Le) en Algérie et dans le bassin méditer- TANGER LS 252 vec vmie sons 0e se ne ee CEE ES RER Fe = A. Rozer. — Moineau (Sus au) EN N. De Zocrar. — Moscou (Exposition de pêche et de pisciculture de). . F. Decaux. — Moutons (La transhumance des) algériens..... Ch. NauDix. — Mûrier (Un nouveau) du Tonkin Nitragine (La) Comte de Laccer-NavÈs. — Oies du Canada (Élevage d’) dans le dé- partement du Tarn L. Perir. — Oiseaux (Quelques mots en faveur des) utiles à l’Agri- culture L. Cxazaz. — Oiseaux utiles (La protection des). Action des insti- tuteurs Baron d'HaMONvizce. — Oiseaux (Note complémentaire sur ir 1e utiles de la France Ostréiculture en Belgique Pêche du réservoir de Tillot (Côte-d'Or) Fasre-DomerGue et E. Bierrix. — Période critique post-larvaire des Poissons marius BerTEauD. — Phacélie à feuilles de Tanaisie (Culture de la) Ch. SiBizcorT. — Pigeons messagers (Sur l'utilisation pratique des) dans l'antiquité D' Deneuve. — Pigeon messager (Le) et les pêches maritimes. Comte de MoucaeroN. — Pisciculture en Normandie {Notes pour servir a l'histoire de la). ::2 2200 ..1-RREEE 52 Plantes pouvant servir à l'alimentation du Chameau dans l'Australie oc- cidentale D: A. Petit. — Psittacose (La). Maladie des Perruches A. Proscaowsx. — Ranavala Madagascariensis (Sur le) Jules Grisarp. — Ravensara (Le) de Madagascar Ch. Naupin. — Récolte de graines à la Villa Thuret Russie (Les problèmes de l’acclimatation en).............. ME Raverer-WATTEL. — Salmonides {Les Alevins de) à la station aqui- cole du Nid-de-Verdier . Comte de GaLBERT. — Salmonides (Élevage de) dans L département de l’Isère Morin. — Salmonides (Notes sur l'élevage des) - A. MarTia. — Saumon de Californie (Élevage du) au lac de Malaguet (Haute-Loire) ECTS UR RE R Re sourde ae de GaLBERT. — Saumon de fontaine (Le) dans le département de F. es — Sociétés protectrices (Les) des Oiseaux utiles dans les Écoles primaires siolae sis L. Cæazaz. — Sociétés protectrices (Les) des Oiseaux utiles dans les Écoles du canton de Rebais (Seine-et-Marne)...,....... Edouard BLanc. — Sorgho à sucre (Le) du Turkestan........... 55 G. Couracxe. — Station séricicole de Rousset (Rapport sur les travaux exécutés à 18) en 1896-97........-...:.2 PNR TABLE DES MATIÈRES. RO RamERE Se remleainobalis. 4... .. 0400. c'e H. VERNET. — Suisse (De quelques repeuplements en)............ où H. Gapeau DE Kervicre. — Têtes de Coqs pourvues d’Ergots greflés. Thé (Notice sur la culture et la préparation du) à Phuthuong....... dk D' Leczer. — Zrachycarpus excelsa (Le) dans la Charente, ......... RAvERET- WATTEL. — Truite (La farine de viande d'Amérique pour l’a- limentation de. la}... :....... SD CA PR EURE TT Meet FonTaINE. — Truite arc-en-ciel (Elevage de la) dans la Côte-d'Or. .... J. RamgzeT. — Truite Arc-en-ciel (L'élevage de la) à l'établissement de Neuvon (Côte-d'Or) ...... els nee CE ER ER EE _ Vœu concernant la Pisciculture et le repeuplement des rivières. ...... © A. GRANDIDIER. — Voyages du prince Henri d'Orléans (Les)........ Baron de ParaANA. — Zèbre (Le croisement du) avec la jument, obtenu Re JMD e cotes UOTE TES ENORME EEE RE SERERE Le même. — Zébroïde (Le) produit du Zèbre et de la Jument obtenu au réal, 4e RTS MR RS RENE A ES te des dinutte . Paul BouziNEau. — Zébu (L'élevage du) et de ses dérivés en Algérie. . FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. 5 % Û Ée f Leone Dr - | \ ! Ù E 1e ve Wire A PA res rÉ ! Hs , | 528 11h CENTS “+ TABLE DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCES GÉNÉRALES. Séance du 15 janvier 1897... 64 | Séance du 19 mars 1897... — 29 — — ,4. 70 — CARE VAR I IOS — 28 février — ... 112 — DEC = 5 mars — ... 158 OMAN SÉANCES DES SECTIONS. A'8 section. — Mammifères. Séance du 1° mars 1897... _— D'avnil #2 Séance du 11 janvier 1897... 77 2 VAR — A5février — ... 263 R: ESS EE 22 mars —... 264 4e section. — Entomologie. == PO ETUL — 00112 ” k Séance du 4 mai 1896...... 28 section. — Ornithologie. + 4. SAME ASE UNS Imars = Séance du 18 janvier 1897... 167 Eh 42 avril LR = D'OFFÉVIeR EN EU S ee 17 mai > — 29 mars hou 00 205 ; — 3 mai — ... 266 5 section. — Botanique. Séance du 9 février 1897... — 16 mars — .. Séance du 25 janvier 1897... 168 | — 25 mai — f Ld . 3° section. — Aquiculture. FIN DE LA TABLE DES SÉANCES. TABLE DES GRAVURES Aquarium-serre du général de Depp à Odessa..................... 438 — plan dela partie centrales. ”..."....""".".4..%....... 440 = coupe de la partie latérale.......:................ 44Q — couperde la-partie Centrale. 2-0... eee 443 —= vue du bassin ....... Dedobbobonconoocovvocoedbe 446 BEEN COTE 402, 403, 405, 406, 407, 409, 410, 411, 412 Champ de Sorgho à sucre à Tachkent........................... 360 Monireiinnames 2.0... 00.0... ne 377,385, 386 PFragment du palais de Sennacherib ............................. 350 Raboureurs Sartes au lurkestans ......:........................ 389 | Lâcher colombophile étrusque.......................,.....,.... 351 / Sarconsyllaiqullinacen male. se... seen ee eee se esse ee 216 — ONE caches 20020760 217 — lemellonitéterde) seems mm eyes 218 = Dalle POS ÉNeUTEs eee -crte- ee 249 Sarcopsuilas penetrans (Léte de)... ...................... 0. 218 — pattelpostérieure- es -ri--l-eec-rclclelerie 219 Sarcoptes lœævis mâle......... coodc dom 0co nm ne ao es évodonc 17 — EME EEE RER - ----ee-reecese cell 17 Schéma de l'appareil pour l'écoulement du trop-plein des aquariums.... 446 Tête de Coq pourvue d’Ergots greffés. ...,,............ Hobcr oc ... — 328 Trompe de verre pour l’aération des aquariums..................... 445 FIN DES TABLES. VERSAILLES, IMPRIMERIES CERF, 59, RUE DUPLESSIS. REVUE DES Darecteur : À. MILHE-POUT: ct des Antilles à l’'Uxion coloniale française. PR JLTURES COLONIALES 'N, Docteur en droit, Directeur du Service de l'Afrique “Créée sous les auspices de l'Union coloniale française, cette nouvelle publication a pour but de faire mieux vonnaïtre, en France, les diverses cultures et les productions coloniales: de vulgariser dans les colonic: les meilleurs procédés de culture, d'y provoquer l'introduction des meilleures variétés des plantes francaises actuellement cultivées et l'acclimatation de plantes nouvelles COMITÉ DE PATRONAGE DE LA REVUE MM. Le prince D'ARENBERG, député, vice-président du Groupe colonial, président du Comité de l'Afrique française. Le commandant BINGER, ancien gouverneur de la Côte- d'Ivoire, directeur des affaires de l'Afrique au Ministère des Colonies. PAUL BOURDE, ancien directeur des contrôles et de l'agri- Culture en Tunisie, ancien secrétaire général à Madagascar. BUREAU, professeur de botanique au Muséum. J'ICHAILLEY-BERT, professeur à l'Ecole des Sciences poli- tiques, secrétaire général.de l'Union coloniale francaise. HARLES-ROUX, député, membre du Conseil supérieur du commerce, vice-président du Groupe cvlonial. CORNU, professeur de culture au Muséum. DEHERAIN, membre de l'Iustitut, professeur de chimie agri- vole au Muséum et à l'Ecole d'agriculture de Grignon. HA ELAHAUT, professeur de botanique à l'Université de Montpellier. ÉOUIS GRANDEAU, directeur de la Station agronomique de DESt, rédacteur en chef du Journal d'Agriculture pratique. GRANDIDIER, membre de l'Institut. | BARON JULES DE GUERNE, secrétaire général de la Société na- tionale d'Acclimatation. MM. Dr HECKEL, professeur à la Faculté des Sciences, directeur de l'Institut colonial de Marseille. LE MYRE DE VILERS, député de la Cochinchine, président d la Société nationale d'Acclimatation. È MES LEROY, supérieur général des Missionnaires du Sainl Esprit. MILNE-EDWARDS, membre de l’Institut, directeur du Muséum CH. NAUDIN, membre de l'Institut. OLIVIER, docteur ès sciences, directeur de la Revue gé- nérale des Sciences pures et appliquées. POISSON, assistant au Muséum. RAOUL,, professeur du cours de cultures et productions tro- picales à l'Ecole coloniale. RISLER, directeur de l'Institut national agronomique. D' TREILLE, ancien inspecteur en chef du service de santé des Colonies. VIALA, professeur de viticulture à l’Institut national agrono- mique, directeur de la Revue de Viticulture. H. DE VILMORIN, membre de la Société nationale d'Agricul- ture. ZOLLA, professeur À l'Ecole d'agriculture de Grisnon età l'Ecole des sciences politiques. /l La Revue des Cullüres coloniales paraît le 5 de chaque mois. Bureaux : 41, rue de la Chaussée d’Antin, Paris. Abonnements : un an : France, 10 francs — recouvré à domicile, 10 fr. 50. — Colonies el Uni “postale, 12 francs. | PEINTURE IGNIFUGE DITE ANTI-PÉTROLEUR Au moment où l’horrible désastre du Bazar de la Charité est encore présent à loules les mc- moires, il convient de signaler la découverte récente, par M. de Preux, d’un produit désign Sous le nom d’Anti-Pétroleur et qui rend les objets traités par lui absolument incombustibles. M. de Preux a fait, il y a peu de temps, à Saultain, près Valenciennes, des expériences déci- hsives à ce sujet. Deux baraques de bois blanc recouvertes de carton bitumé et tendues de jute, Pune imprégnée du nouveau produit, l'autre à l'état nalurel, ont été remplies de copeaux rmbibés déther. Les copeaux ayant élé allumés, la baraque qui avait subi la préparation resta comp.ètement intacte, tandis que l’autre était détruite en quelques instants. Mis en présence d’un chalumeau dégageant 1,200 degrés de chaleur, le bois n’est percé qu'après 25 minutes et le carton bitumé se contracte, mais ne brûle pas et ne se fond pas. Les objets en celluloïd ne s’enflamment pas lors-— qu’ils ont été traités par l'Anti-Pétroleur. Après les mêmes expériences faites en grand à PExposition de Bruxelles, au parc du Cinquan- tenaire, le Jury international a accordé, à l'unanimité avec ses plus sincères félicitations, à VPArnti-Pétroleur, un diplôme de médaille d’or, la plus haute récompense dont il pouvait disposer. ; Le produit inventé par M. de Preux rendra d'immenses services. Il est déjà employé dans ur cerlain nombre d'usines et il a été adopté par la Compagnie du Nord qui s’en sert dans ses dépôts de machines. Ë ; $ S'adresser pour 1cs commandes et les renseignements au régisseur du château de la Villette, à Saullain (Nord). D N Co Les Ù Wu k EUR à Ê DM a+ DA + à 4, es 7 'F% LA) + à w #: ÿ ee à NT vT pe SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLINA'ATION DE FRAI Fondée le 10 Février : 324 DE reconnue d'utilité publique par décret en dule du ?6 Février 1855 BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1897 Bureau Président. M. Le Myre DE ViLers, député, membre honoraire de. la Société, (médaille d'or 1882). 3, rue Cambacérès, Paris. Edouard Bureau, professeur de botanique au Muséum d'his- toire naturelle, quai de Béthune, 24, Paris. J Epmonp PERRIER, membre de l'Institut (Académie des Vice-Présidenls. Sciences), professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 23, rue Gay-Lussac, Paris. ; C. RavereT-WATTEL, directeur de la Station aquicole du Nid-de-Verdier, près Fécamp, rue des Acacias, 20, Paris. | Secrétaire général. Baron Jules DE GUuERNE, rue de Tournon, 6, Paris. { Henri Hua, licencié ès sciences naturelles, 2, rue de Villersexel, Paris ‘Conseil). Pauz Marcxaz docteur en médecine et docteur ès sciences, di- recteur adjoint de la Station entomologique de Paris, 126, rue Boucicaut, Fontenay-aux-Roses (Seine) (Intérieur). Comte Raymond de Damas, rue de Berri, 26, Paris (Etranger). Eugène CausrTier, agrégé de l’Université, professeur au Lycée de Versailles, à Viroflay (Seine-et-Oise) (Séances). S Trésorier : Albert IMBERT, administrateur judiciaire près le Tribunal civil de la Seine, 17, rue Bonaparte, Paris. Archiviste-bibliothécaire : Jean de CLAYBROOKE, 5, rue de Sontay, Paris. Secrétarres. Membres du Conseil L. G. BINGER, ancien gouverneur de la Côte d'Ivoire, chargé des affaires d'Afrique au Ministère des Colonies, 15, rue de Prony, Paris, Edouard Bzaxc, explorateur, 35, rue de Grenelle, Päris. f Raphaël BLancaarp, membre de l'Académie de médecine, Professeur à la Faculté de médecine, secrétaire général de la Société zoologique de France, 226, boulevard Saint-Germain, Paris. à Camille DARESTE, docteur en médecine et docteur ès sciences, directeur du laboratoire de Tératologie à l'Ecole pratique des Hautes Etudes, 37, rue de Fleurus, Paris. Charles DEBREUIL, avocat, propriétaire, 25, rue de Châteaudun, Paris. Paul pe LABouLaye, ambassadeur de France, 129, avenue des Champs-Elysées, Paris. > A. Mue-Enwarps, membre de l'Institut (Académie des sciences), directeur du Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris. Louis Ouvier, Docteur ès sciences, directeur de la Revue générale des sciences pures et appliquées,34, rue de Provence, Paris. tr Ousrazer, Docteur ès sciences, assistant au Muséum d'histoire naturelle (Mammifères et Oiseaux), 121 Lis, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris. A. RaiLLiETr, membre de l'Académie de médecine, professeur d'Histoire natu- relle, à l'Ecole vétérinaire d'Alfort (Seine). De Weger, médecin inspecteur de l'armée, ancien directeur de l'Ecole de médecine militaire du Val-de-Grâce, 180, boulevard Saint-Germain, Paris Président honoraire. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE, ancien directeur du Jardin zoologique d'Acclimatation du Bois de Boulogne, Vault de Lugny, par Avallon (Yonne). Secrétaire général honoraire. Amédée BERTHOULE, avocat, docteur en droit, membre du Comité consultatif des Pêches maritimes, 18, rue du Cherche-Midi, Paris. Trésorier honoraire. Georges Marais, propriétaire, Bourg-la-Reïne (Seine). Membres honoraires du Conseil: , Pierre MéGxin, membre de l'Académie de médecine, directeur du journal l'Eleveur, avenue Aubert, 6, à Vincennes (Seine). De Edouard MÈNE, médecin de la maison de santé de Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot, 20, Paris. f t Dr Joséph Micuox, ancien Préfet, rue de Babylone, 33, Paris: 1 nantes Secrétaire Général, gérant Versailles. — Imprimeries CErr, 59, rue Duplessis,. Juces DE GUERNE, Juillet-Août-Septembre SUPPLÉMENT AU Bulletin Trimestre DE L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL ET TECHNIQUE DES PÊCHES MARITIMES Société approuvée par Arrêté ministériel du 16 Mai 1894 Le Patronnée par les Chambres de commerce de Paris et de Dieppe ! a a SIEGE SOCIAL : 23, Quai Saint-Michel, 23 PARIS L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL ET TECHNIQUE des Pêches maritimes SOCIÉTÉ AUTORISÉE PAR ARRÊTÉ MINISTÉRIEL DU 16 mar 1895 COMPOSITION DE LA SOCIÉTÉ Membres honoraires MM. Audren de Kerdrel, sénateur du Morbihan Armez, député des Côtes-du-Nord. Du Bodan, député du Morbihan. C: Bollot, Commissaire du Gouvernement au Conseil de guerre Boucher-Cadard, présiéent de la Fédération des Sauveteurs de France. D. Bouloumié, secrétaire -général des OEuvres d'assistance par le travail. F. Buisson, directeur de l'Enseignement primaire. Cabart-Danneville, membre du Conseil supérieur des pêches. Calvet. sénateur de la Charente-Inférieure. G. Canet, directeur de l’Artillerie des Forges et Chantiers. Cauvet, ancien directeur de l'Ecole centrale. Caumont, commissaire de l’Inscription maritime de Trouville. C:® de Chambrun, fondateur du Musée d'Economie sociale. Ct Clavaud, administrateur délégué de la Société centrale de Sauvetage des naufragés. C* Coignerait, président des Sauveteurs bretuns. C« Derué, inspecteur général de la gymnastique. Maihias Duval, professeur à la Faculté de médecine. Funck Brentano, président des Secouristes français. Frogier, commissaire général de la Marine, Paris. A. Godillot, Ingénieur des Arts et Manufactures. Guillemet, questeur de la Chambre des Députés. Gomot, sénateur, ancien Ministre de l'Agriculture. Gerville-Réache. député de la Guadeloupe. Huguet, sénateur, membre du Conseil supérieur des pêches. Layrle, commissaire de la marine à Philippeville. Lebeau, commissaire général de la Marine, Toulon. Levasseur, membre de l'Institut. Lourties, sénateur. ancien Ministre du Commerce. Loti (Pierre), membre de l’Académie française. Massoni, commissaire de la Marine, Cherbourg. Marbeau, président de la Société des Crèches. Marty, député, ancien Ministre du Commerce. Mesureur, ancien Ministre du Commerce. Nègre, commissaire général de la Marine, Rochefort. Pereire, président du Conseil d'administration de la Ci° transatlantique. Le Président du journal le Génie civil. Raftalovich, correspondant de l'Institut. F. Hp député, membre du Conseil supérieur de la Marine mar- chande. Baron Arthur de Rothschild, vice-président de l’Union des Yachts français. Roussin, Commissaire général de la marine en retraite. Sauvage, président de la Société centrale du Travail professionnel. Th. Villard, président d'honneur de la Société centrale du Travail professionnel. PRÉSIDENT D'HONNEUR M. l'amiral Ch. Duperré, président du Conseil des Travaux au Ministère de la Marine. VICE-PRÉSIDENT M. Edmond Perrier, Membre de l'Institut. 2 } EXPOSITION INTERNATIONALE DES PÊCHES SO BERGEN Sous le Patronage de S. M. OSCAR II ROI DE SUÈDE & DE NORWÈGE SCT ION. HE ANCATSE L'Enseignement professionnel et technique des Péches maritimes a pris l'initiative de la création d’une Section française à l'Exposition internationale de pêche qui s'ouvrira à Bergen le 16 mai 1898, pour se terminer le 30 septembre de la même année. M. GRÈvE, vice-consul de France à Bergen, et M. PéraR», ingénieur des arts et manufactures à Paris, ont bien voulu accepter les fonc- tions de commissaires généraux de la Section. Un comité d’organisa- tion, dont la composition est donnée ci-après, a pour mission d’exa- miver les objets destinés à l'Exposition de Bergen. Ce Comité décline toute responsabilité des suites du refus d'exposer les produits soumis à son appréciation et il se chargera, d'accord avec l'administration de l'Exposition, de placer les objets admis dans les groupes qui leur con- viendront. À Le Comité s’est engagé à envoyer à Bergen, avant le 1° décembre 1897, la liste des exposants français, les notices sur leurs produits destinées au catalogue officiel et l'étendue de l'emplacement dont ils auront besoin. Nous prions donc les exposants de nous renvoyer le plus tôt possible la feuille d'adhésion ci-jointe. Les exposants recevront, en temps utile, les renseignements néces- saires pour expédier leurs produits, en tenant comple des formalités exigées par la douane. Le Comité s’occupera de l’'emmagasinage des caisses vides, du matériel d’exposition, de la fourniture de force motrice en cas de besoin, de la surveillance des objets exposés de leur assurance contre l'incendie, de la vente des produits exposés, et il avertira les exposants du passage du Jury. Le Jury sera international, il aura le droit de faire toutes les expé- riences qu'il jugera nécessaires pour se rendre compte de la valeur des produits. Les récompenses accordées consisteront en diplôme d'honneur, médailles d'or, d'argent et de bronze et en mentions honorables. Enfin, le Comité s’occupera de l'enlèvement des produits exposés. GER COMITÉ D'ORGANISATION Président M. Émile Cacueux, ingénieur, membre du Conseil supérieur de la Marine marchande. L Commissaires généraux MM. Grève, vice-consul de France à Bergen; PÉrarD, ingénieur des Arts et Manufactures à Paris. Comité I. — SCIENCES nie des pêches. — Instruments de recherches et d'études. — Recherches scientifiques sur les animaux comestibles. — Collections. — Livres. — Cartes. — Dessins. — Enseignement. — Étude des eaux douces et salées. — Écoles de pêche. — Laboratoires. — Pisciculture. — Faune et flore marines. — Aquariums. — Océanographie. Président. — M. le baron J. de GuerNE, secrétaire général de la Société d’acclimatation, ancien président de la Société contre d'aquiculture et de la Société zoologique de France. Membres. — MM. Raphaël BLrancHar», professeur à la Faculté de médecine ; Émile Berroc, vice- président de la Société centrale d'aquiculture et de pêche; Tuourer, professeur à la Faculté des sciences de Nancy; Raverer-Water, vice-président de la Société nationale d’Acclimatation; Édouard BLanc, explorateur. — M. René DE Cuers, secrétaire général du Syndicat de la presse coloniale. Comité EE. — INDUSTRIE PRODUITS DE PÊCHE. — Poisson frais, glacé ou gelé. — Poisson salé, séché ou fumé — Poisson conservé hermétiquement d'une manière quelconque. : MATÉRIEL DE PÊCHE. — ENGINS DE PÈCHE. — Fils de pêche, lin, coton, chanvre, soie et autres matières. — Liège. — Lignes, hamecoos, bouées, flotterons, filets, nasses, etc. — Harpons, outillage pour Ja chasse aux marsouins, tridents. — Appâts naturels er artificiels, rogue.. BATEAUX DE PÈCHE. — ÉQUIPEMENT. — Moteurs. — Cabestans, ancres, grappins, chaînes, quincaillerie pour la marine. — Toile à voile, cor- dages, poulies. — Fanaux, pavillons, peinture, goudron, coaltar. — Vins et eaux-de-vie. — Fournitures pour le bord, conserves alimentaires, cuisines. — Vêtements de matelot — Télégraphe. — Pigeons voyageurs. — Machines à fabriquer les filets. PRÉPARATION ET CONSERVATION DU POISSON. — Sel, huile, acide bori- que. — Boîtes de conserves, barils. — Fours pour fumage, saurisseries, fabriques de co2serves. — Glacières, industrie du froid. — Fabrication des boîtes de conserves et des barils. — Voitures de transport, bateaux viviers, wagons glacières. — Caisses et autres apparéils propres à l'envoi du poisson. PRODUITS MANUFACTURÉS DÉRIVÉS DE L'INDUSTRIE DES PÊCHES. — Huile de foie de morue, stéarine, colle, engrais, guano.— Ambre, peaux, plumes, ivoire, éponges, écailles, corail, nacre et perles fausses. Appareils et usines servant à la fabrication de ces produits. Président. — M. Pnau», ingénieur en chef du Bureau Veritas. Vice-président. — M. Caxu, directeur de la station aquicole de Boulogne-sur-Mer. ; Secrétaire. — M. P. Durar, directeur de la succursale des anciens _ établissements Cail, à Saint-Denis. : Membres. — MM. Boucaurr, directeur des anciens établissements Cail, à Paris ; Ducmesne, ingénieur du Bureau Veritas; Courrois, Ingé- nieur chimiste ; Forest, ingénieur-constructeur ; BoucLey, co-proprié- = taire de la corderie centrale, à Paris ; Nortier, constructeur-mécani- cien, à Boulogne-sur-Mer ; Pierre Leuv, de la maison Dumayou et C*, fabricants de conserves; Gournay-Hépouin, fabricant de filets de pêche ; Douaxe, ingénieur, constructeur d'appareils frigorifiques, à Paris: Carver, sénateur, président du Syndicat des viticulteurs des Charentes. Comité LII. — OSTRÉICULEURE _ Huïtres. — Moules. — Coquillages. — Plans d'établissements ostréicoles. Président. — M. PorriEr, commissaire de la marine, à Arcachon. Membres — M. Decamarre-DEBOUTTEVILLE, ingénieur ; SÉPÉ, ostréi- culteur ; Laroque, ostréiculteur ; Jarpix, ostréiculteur ; GonEFRoY, ostréiculteur. Comité IV. — ECONOMIE SOCIALE EX STATISTIQUE Statistique des pêches. — Commerce. — Écoulement des produits. — Assurances. — Caisses de secours. — Maison des marins. — Sauvetage. — Pharmacie. — Hôpitaux flottants. — Phares. —- Halles, — Marchés. Ports de pêche. Président. — M. G. Hamon, professeur à l’Institut commercial, Secrétaire. — M. Deréarpe, chef de la branche accidents à la Foncière. | Membres. — MM. BertHouze, membre du comité supérieur des pêches; D'Orgieny, président de la Chambre de commerce de la Rochelle; Mourier, membre du conseil supérieur de la marine marchande ; Léon Mart, actuaire ; Disos, ingénieur maritime ; de BsruencourT, publiciste; Gnawperer, publiciste : Turquan, ancien chef du bureau statistique. : = Comité V, — PÈCHE CONSIDÉRÉE COMME SPORT Engins de luxe — Cannes à pêche. — Embarcations. — Yachts. — Sociétés de pêches à la ligne et autres. — Costumes de canotiers. — Médailles. Diplômes. — Bannières. _ Président. — M. ne Mowrcommery, membre de l'Union des yachts. Secrétaire. — M. le docteur Aumowrt. Membres. — MM. Tezuier, constructeur de yachts ; G. ParcLarn, membre de l’Union des yachts ; RENAUD. RÈGLEMENT 1° Une exposition internationale de pêche s'ouvrira l'an prochain à Bergen, le 16 mai et se terminera le 50 septembre ; 2 La section française et le terrain qui lui est attribué seront placés sous le contrôle exclusif du comité français; Ë 3° La section française n’admettra que des produits de fabrication française ou présentés par des exposants ayant en France, dans ses colonies ou dans les pays sous son protectorat, leur principal établis- sement ; 4° Les enceintes de la section française sont constituées en entrepôt réel de douane. Les produits français y sont admis en transit ; »° Aucun objet exposé ne pourra être reproduit par la photographie sans une autorisation spéciale de l’exposant visée par le Ds du comité de la section française ou son représentant ; 6° Le comité de la section française ne pourra pas être rendu responsable des détériorations ou dégradations qui pourraient être commises ; il décline toute responsabilité vis-à-vis des exposants et de l'administration de l'exposition ; | 1° Les demandes d'admission devront parvenir au comité, au plus tard le 1* novembre 1897; elles devront indiquer la raison sociale de l’exposant et spécifier la nature, le poids et le volume des objets à exposer; ces demandes obligent leurs signataires et les soumettent à tous les règlements spéciaux d'ordre, de police, etc., qui émane- ront de l'administration ; _8° L'attribution des emplacements sera faite par le comité : - 9 Le sol et le plancher des salles ne pourront pas être modifiés sans l’assentiment formel et par écrit de la direction; 10° Les exposants se conformeront rigoureusement aux délais d'expédition qui leur seront officiellement indiqués ; | 11° Ils surveilleront leur propre installation et, à la clôture, l'enle- vement de leurs produits; toutefois, ils auront le droit de se faire représenter par des agents de leur choix : : 12° Les membres du jury au titre français seront désignés, deux tiers par le bureau du comité et un tiers par les exposants ; ils seront répartis dans les différentes classes par le comité ; 13° Le tarif des emplacements est fixé de la manière suivante : Un mètre superficiel du sol ....... ER REECR .. 20 francs. Surface couverte, le mètre superficiel ......... 40 — “. Surface murale, — PR RS 5: ces prix comprennent le transport du port d’ embarquement dési- gné par le comité, à Bergen et vice versa, les frais de manutention et le gardiennage général. Des vitrines seront fournies suivant des prix à débattre ; 1% La force motrice sera fournie à des conditions spéciales. L'Exposition internationale des Pêches à Bergen La commission que le Conseil avait nommée pour étudier la création d une section française à l'Exposition de Bergen a fini sa tâche; c'est au comité d'organisation, formé suivant les idées _ émises dans nos réunions, qu’il appartient désormais de faire réussir la participation française à cette manifestation interna- tionale de Bergen, qui aura, au point de vue de la pêche et des industries qui en dérivent, des conséquences du plus grand intérêt. : La Norvège vit en grande partie de ses pêches, et ses braves et hardis marins sout des plus habiles et des plus instruits dans l’art de prendre le poisson et de préparer les produits de la pèche. À cet égard, l'Exposition de Bergen ne peut manquer de nous fournir un utile enseignement. Mais ce que nous pouvons surtout espérer, c'est d'augmenter d'une manière sérieuse le chiffre de nos importations pour les produits que la Norvège se procure à l'étranger. Nous donnons plus Join la reproduction de la circulaire que nous arons envoyée à toutes les personnes intéressées à notre entreprise ; à cette circulaire est annexée un tableau qui est pour nous assez instructif. Nous y voyons, entre autre chose, que l'Angleterre et l'Allemagne fournissent ensemble plus de la moitié des huiles d’olive importées en Norvège. (Allemagne, 24 0/0; l'Angleterre, 28 0/0.) Une participation de nos fabricants français à l'Exposition de Bergen pourrait changer cet état de choses et augmenter le chiffre de 15 0/0, représentant la quotité de la France pour ce produit. Pour le sel, l'écart est encore plus considérable, nous n’arrivons qu'au septième rang, après l'Italie, l Espagne, l'Angleterre, l'Allemagne, le Portugal et la Suède. La France ne fournit que 0,2 0/0 des 1,239,354 kilog. de sel importe. La presque totalité de ce produit (60 0/9), est fournie par l'Italie: Espérons que nos salines du Midi et de l'Est sauront profiter de Foccasion qui leur est offerte pour vaincre la concurrence étran- gère. Il en est de mème pour les lièges ; la participation française de 0,7 0/0 liège brut et de 6 0/0 liège ouvré, nous paraît trop faible. Nos industriels d'Algérie et de Tunisie auraient donc tout intérêt à faire connaître leurs produits en Norvège. Mais c’est surtout pour les objets de consommation comme les conserves de toutes natures, les vins et eaux-de-vie qu'une exposition des produits #* français pourrait ouvrir à nos commerçants de sérieux débouchés. Il en est de même pour les bijoux artistiquement travaillés dans le corail ou.l’ivoire des animaux marins. Le marché de Bergen est un des plus importants de la Norwège. « La vieille ville han- séatique », éerivait M. Berthoule, dansun rapport adressé au mi- nistre de la marine sur les grandes pêches de la Norvège, « avec son vaste port, hérissé de mâts, battant les couleurs de toutes les nations, avec ses larges quais, pleins d'animation, que bordent des maisons de bois à pignons pointus, ses riches comptoirs où s’en- tassent, sans jamais y séjourner longtemps, les richesses arrachées à la mer semble n'avoir rien perdu de son antique splendeur, c'est la même vie d’affaires, ce sont les mêmes amoncellements de barils d’huile et de salaisons, de poissons desséchés. Il y a plus de trois siècles que Christopher Walkendorf a brisé la Hanse par les armes et depuis qu'a disparu le lourd monopole qu elle s'était adjugée de vive force, le commerce de la ville n’a cessé de pros- pérer ; il dépasse, aujourd'hui, en importance, un chiffre de 60,000,000 de francs. Bergen, malgré les effroyables incendies qui l'ont désolée à maintes reprises, est la seconde ville de la Norvège; si la vapeur en ouvrait un plus facile accés par terre, elle pourrait bien, un jour, grâce à sa situation privilégiée, prendre le premier rang. » Nous extrayons encore de ce rapport le passage suivant, de nature à intéresser vivement nos armateurs de pêche à la morue. « La mer étant ouverte sur les côtes scandinaves, n'eüt-il pas été désirable de voir nos armateurs, dont les équipages sont inactifs pendant l'hiver, en profiter pour courir les chances d'une première expédition, le retour pouvant s'effectuer à temps pour les armements d'Islande et de Terre-Neuve, Vaillants et hardis comme ils sont, les hasards d’une croisière dans le Vestjord n'étaient assurément pas pour les rebuter. Les récoltes de rogue qu'ils auraient trouvé à y faire leur eussent permis de nous affranchir, au moins en partie, de l’impôt que nous payons de ce chef aux pêcheurs norvégiens (1). Mais tous les appels qui leur ont été faits jusqu'à ce jour sont restés sans écho. » Nous donnons, ci-après, la reproduction de la circulaire dont nous avons déjà parlé, elle complète l'exposé de notre commerce avec la Norvège. (1) L'exportation de rogue de morue, dont la presque totalité est dirigée sur n0s ports de l’Atlantique, a donné les chiffres suivants : En 186, 53,065 hectol. du prix moyen par hectol. de 12 k. 98; En 1387, 63,927 hectol. du prix moyen par hectol. de 12k. 46; En 1883, 41,149 hectol. du prix moyen par hectol. de L4 k. 22; En 1889, 73,613 hectol. du prix moyen par hectol. de 12 k. 97; En 1890, 87,700 hectol., dont 77,800 ont élé expédiés en France. lb 0h. date 2 : | 3 = 7 = SECTION FRANÇAISE EXPOSITION INTERNATIONALE DE PÊCHE Cou Ouverte du 16 mai au 30 septembre 1898 J. PÉRARD, Ingénieur PARIS Sous le Patronage de S. M. Oscar Il, roi de Suède etde Norwège 25, Quai St-Michel A BERGEN (NORwWÈGE) ARS SE CS POSE TEA EME TRE 1897. MoxsteuR, Au mois de mai prochain doit s’ouvrir à Bergen une Exposition internationale, placée sous le patronage de S. M. Oscar IT, roi de Suëde et de Norvège. En raison de l'importance considérable, et connue de tous, que présentent les pêches maritimes en Norvège, la section relative à ces industries doit offrir un intéret tout spécial. Aussi, toutes les nations du Nord de l'Europe invitent leurs commerçants, armateurs et indusiriels, intéressés aux pêches à un titre quelconque, à exposer leurs produits à Bergen. En France, la Société l'Enseignement professionnel et technique des Pêches Maritimes a pris l'initiative de la for- mation d'un Comité d'organisation, dans le but de faciliter à nos nationaux les moyens de se faire représenter à cette Exposition. D’après les renseignements fournis par notre consul à Bergen, M. Grève, qui a bien voulu accepter les fonctions de commissaire général de la section française des pêches, bon nombre d'articles de consommation courante sont vendus en Norvège sous une étiquette française, bien qu'étant fabriqués hors de France et par des étrangers. Il y a donc un intérêt réel à ce que nous fassions connaître, dans une pareille leçon de choses, les différences qui existent entre notre fabrication nationale et l’imitation étrangère. De plus, par elle-même, la Norvège peut offrir de sérieux débouchés à notre industrie ; le chiffre des-importations dans ce pays dépasse, en effet, 300,000,000 de francs et la France ne contribue à ces importations que pour 6,000,000 de francs, soit environ 2 0/0 de la valeur totale. En ce qui concerne les produits français provenant des pêches ou utilisables par l’industrie des pêches, nous constatons les faits suivants : Nous n'importons, en Norvège, ni poisson salé ou séché, ni poisson mariné autre que la sardine, ni filets, ni hameçons, ni toiles à voiles, alors que le chiffre total de ces importations, en provenance d’autres pays européens, a été, en 1895, de 7,000,000 de kilogrammes de marchandises. En ce qui concerne les huiles, la France ne contribue qu’à 15 0/0 des 275,000 kilog. d'huile d’ olive et à 6 00 à de 6 0,000 kilog. d'autres huiles débarquées en Norvège en provenance des pays européens. Pour les conserves à l’huile comme celles de la sardine, nous n’atteignons que le chiffre de 17 0/0. RS Pour le liège brut, la France ne représente que 0,7 0/0 ; pour le liège ouvré, 6 0/0 sur 70,000 kilog. 5 Pour le sel nous ne fournissons que 0,2 0/0 sur 1,250, 000 kilog.… 4 Enfin, nous n’importons que 3 0/0 des instruments nautiques et. 0,2 0/0 des vêtements huilés et caoutchoutés. Ces chiffres montrent d’une manière bien évidente quel intérêt | présente pour nous le marché norvégien, mais il faut remarquer, en outre, que, toutes les nations participant à cette Exposition, son action ne se bornera pasau marché norvégien et pourra avoir une réelle efficacité sur les débouchés de notre industrie dans les : autres pays. _ Nous avons donc l’honneur, M, de vous prier de vouloir bien prendre part, en qualité d exposant, à l'œuvre que nous nous proposons d' entreprendre, en organisant la section des pêches et des industries qui s’y rattachent, à DENT pu nationale de Bergen. 7 Le Président de la Commission d'organisation, E. CAcHEUXx, Ingénieur, Président de la Société l'Enseigmement technique et Professionnel des Pêches Maritimes, Membre du Conseil Supérieur de la Marine Marchande et des Travaux ie des Colonies. = Espérons que notre appel sera entendu, que nos armateurs, nos commerçants, nos industriels voudront bien se rendre compte : l'importance générale d’une participation française imposante à l'Exposition de Bergen, de l'utilité spéciale qu’elle aura pour eux, et nous faciliter notre tâche en nous accordant leur concours. = Po 201% |°l0 0|°/0 GE 9Rg'ITI98 [CGI (981 'F [ re — ri al — = (YA 7 | = 1970 7 pog:e [IT lO8L |6LI CRT ne OI 6 gt 10 AO PE TA at ASE PS CASA Che Le nu MN STE TI EME EEE ä Ro NE TE S9U94 S9P SLISNPUL] E IUOU9IDAAPUT NO JURU9YIDAD juejioddes os sgoduir SIMpPOIY Sp 21NJEN % € 00G & 007 (OT 00L 00€ — "& . DIET sonbrneu SJuouMmIISUT %o 9 |°o L‘O | Jo O | O | o 0 L1G°69 GOT TI Pa) ET GEGUT 006 L ais QUI oJAno 98 7 OTG'6c9/L9G"8T 06L'6T 0GE' 06 09G"2EC 089 7 OLG 6€ |FIG 8I 0ÿG 9 OTF & 0€8' LAG|FEG O8L 7 OI 006 PF |pr “TI ‘TO quaq 0517 SUOIAULCET &L8 € ECG FT ETF ‘299 “UIJ ue QIAUCUD U9 SJOIlH ‘Jo 9 I&L'FelOIL'8IS 9 AE mn US a Dci ma |0ZL'LVY FE9°ET|0ZS" ILS'S — |0P9"LOF — |08F 306 6L& OL|0GG 98 TI 7 |O6L EST |808 096 87 TA ‘Ts ee) NE m € £ 822 8 Dit (e] =} [=] ‘lo QT OL8' 9LC 09 0c OOT'PI OLET 020 ©7 O£C:L9 OE9' TT 089 "07 0GG° 99 OST 68 OLGLE ‘TO eA1T0,p eINH « ‘Jo &‘0 PER CECI 0F9 000"8GL LTO"O6T 086 9€ YYV € GOF'ECT "TD guuy}ez no Jniq [0S jne QUIIEU UOSSIO 4 soogdsoe soi %o LV ‘lo 0 Say G9100& 19L°9 991 000 9 a ANONET fo [es Es G ES, Cor Fr LT TPS 008 G6IL la TS Of O8 GI GCL'I (061 F£ TFS'T [067 CLT 9 087: 0G|O8T "IS ‘1 "x S ED Le) de in a P o, © 6 25 | Se suOr)e}I0AmI 599 suep 9QULIJ EI 9P J1Ed Re : SIUN-S3EYX °°: ‘aIssny *OU91nV °° "erre1T - oubedsq “yefny10q °°" AINVUAX 911999]fuV **-onbtfrog °°°" epUETOH aufeurariy HIEWQAUC(T ‘+: apans sos. ss... OS9MION U® sqrnpoud sine quojaoduut 1nb SAVd NDE D'ADMISSION û (cy : e » de, soussigné_ | Nom et Raison sociale - . - gene ee Vütte emande à eæposer à Bergen les produits ci-après : a Ji me faudra un emplacement : É : A - . LONGUEUR | LARGEUR HAUTEUR Ourface couverte murales - ro Chevaux vapeur . . « _ Ÿe m'engage à me conformer aux conditions du _ règlement, dont j'ai pris connaissance, et à payer le SIGNATURE : Monsieur Pérard Æ ; Commissaire général de l'Exposition de Berg: PRESIDENT . Emile Cacheux, membre du Conseil supérieur de la Marine marchande. VICE-PRÉSIDENTS MM. H. Durassier, directeur de la Marine marchande. P. Guieysse, député du Morbihan, ancien Ministre, Le sise député du Morbihan. SECRÉTAIRE GÉNÉRAL . Hamon, professeur à l'Institut commercial. SECRÉTAIRE-TRESORIER M. Pérard, Ingénieur des Arts et Manufactures. MEMBRES MM. G. Batiot, député de la Vendée. F Dr Baudouin, rédacteur en chef des Archives principales de Chirurgie. pe Bougault, directeur des Etablissements Cail. _ E. Brulé, architecte de la Compagnie Le Monde. :#e Chansarel, directeur du Bureau des pêches. À Coutant, directeur du Collège Chaptal. R. De Cuers, président de la Société de secours aux Militaires coloniaux. P. Dubar, directeur des anciens Etablissements Cail, Saint-Denis. Duchesne, ingénieur au Bureau Véritas. G. Deneuve, directeur de la France aérienne. Baron de Guerne, secrétaire général de la Société nationale d’accli- matation. Ch. Moutier, directeur de la Fonciere- Transport. G. Roché, inspecteur général des pêches. Toutain, sous-directeur de la Marine marchande en retraite. MEMBRES CORRESPONDANTS … MM. Joubaud, président de la Chambre de Commerce du Morbihan. à Odin, directeur de l’école de pêche des Sables-d'Olonne. Chagnard, inspecteur des prisons à Landerneau. 0 Dr Pineau, médecin à La Rochelle. . ni Paubert, conseiller général et maire de Port-Louis. pu Romieux, maire de Groix. | le colonel Van Zuylen, de l’Institut des Ingénieurs des Pays-Bas. - C' Labrousse, ancien lieutenant de vaisseau. à Ct Jubault, ancien lieutenant de vaisseau à Dieppe. 4 Lavieuville, directeur de l’école d’hydrographie de Dieppe. 108 Gourret, directeur de l’école de pêche de Marseille. 14 Guillard, directeur de l’école de pêche de Groix. Grève, vice-consul de France à Bergen. E. Canu, directeur de la station agricole de Boulogne. FE Mouttet, commissaire de la Marine à Groix. j Bauer, agent au commissariat maritime à Trouville. Dr Ehrenberg, secrétaire de la Chambre de commerce d’Altona. Dangibeaud, commissaire de la marine au Croisic. Pottier, Commissaire de la marine à Arcachon. Benoît Lévy, président de la Société populaire des Beaux-Art . : D' Monin, chroniqueur scientifique du Gil Blas. 44 F. Damico, secrétaire des Secouristes française. fi C. Gairaud, directeur de l’Echo du Venezuela. E. Rouillon, agent du commissariat maritime de Philippeville. l’abbé Carlier, directeur de l’Ecole de pèche de Blankenberghe. Nobre, du laboratoire zoologique de Porto. Augustin Sarda, Madrid. k ri . Willequet, membre de la Commission de Pisciculture, Gand. A . D'Andréis, Commissaire de l’Inscription maritime à Dieppe. ” - L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL des Pêches maritimes & huis 14 re 3 { . a! Le. fa ME _. ne} . ee. AA LEO NOTE > rs re 8 5 Société autorisée par arrêté ministériel du 16 mai 1895 ARTICLE PREMIER. — La Société L’Enseignement professionnel et technique des pèches maritimes, fondée à Paris les 11 et 27 février 18%5, a pour objet : la création d'écoles professionnelles et de cours d'adultes à l'usage des marins pêcheurs, pour leur permettre d'exer- cer leur industrie avec moins de danger, d'élever leurs gains de façon à pouvoir s'assurer contre la maladie, les accidents et la vieillesse et d'en tirer le meilleur parti possible au point de vue de l’'améliora- tion de leur sort. | Elle s'interdit toute discussion politique ou religieuse. Le siège de la Société est à Paris, 25, quai Saint-Michel. Il pourra être transféré ailleurs par simple décision du Conseil d'adminis- tration, sous réserve de l'autorisation préalable de l'autorité compé- tente. ART. 2. — L'association se compose de membres honoraires, de membres donateurs, de membres fondateurs, de membres titulaires et de membres correspondants. # Les membres honoraires sont ceux qui ont rendu des services à la Société ou qui par leur situation peuvent lui être utiles. Hs sont nommés par le Conseil d'administration et ne sont pas astreints à payer de cotisation. < Les membres donateurs versent dans la Caisse de la Société une somme de mille franes au moins. Les membres fondateurs paient une cotisation annuelle de vingt francs ou une somme de trois cents francs une fois donnée. Les membres titulaires s'engagent à payer annuellement une somme de dix francs. Ils peuvent racheter leur cotisation par un ver- sement unique de 100 francs pendant l’année 1895 et de 200 francs dans le cours des années suivantes. F: Les membres correspondants sont nommés par le Conseil d'admi- nistration ; ils ne contractent aucune obligation pécuniaire envers la. Société en acceptant le titre de membre correspondant. à. Les mineurs ne peuvent être admis à faire partie de l'association qu'avec le consentement de leurs parents ou tuteurs. aa Eur NOR CS ne." 27/ RIA TA À LU’ \ « Re NS D EE < / , | } ) SIT U y LU. D ne Let LA | ae LL To ISSN | 1/4 1/ PT dé D ef 2e Ce y LS ai AE RME Z re” Lu h/l Garden IR SN ts CRE CPE TE CARS - RE Er né sers LA : qe ae <= LEE rade AT ù CM 9 2 Mie : e - em ñ. K- ce ART RER 4 = 7 0 RD 0 De + Au de ao ".