SOCIETE GÉOLOGIQUE ©E FKÂMCE® ' §©CiElTE GEüEtGISJEE DE FRANCE. (CcÉe iiiOwatlf 3ed jcuu 3e (fiance, PENDANT L’ANNÉE 1832. LES SÉANCES SE TIENNENT A 7 HEURES 1/1 DU SOIR RUE JACOB , N° 5. ( 1er ET 5e LUNDIS DE CHAQUE MOIS.) Janvier. Février. Mars. Avril. Mai. ■Juin. Novemb. Décemb. 9 23 6 20 5 19 2 16 7 21 A 18 5 19 3 17 Le local de la Société est ouvert , pour tous ses Membres , les dimanches de 10 heures k 4 , et tous les lundis qui ne sont pas consacrés aux séances ordinaires , de , a .0 heures du soir. fluiletitt SOCIÉTÉ DE FRANCE. 1851 A 1852. AU LIEU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ, RUE JACOB, N° 5. h ,f r,"T fl <5 . .'j J A u •*. j :,<)!>. a.i :■■ IMPRIMERIE DE SELL1GEE rue des Jeûneurs, n° i/j- BULLETIN DE LA DE FRANCE. SÉANCES EXTRAORDINAIRES A BEAUVAIS (département de e’oise) , du 6 au 11 septembre 1831 . Les membres de la Société , dont voici les noms , ont assisté aux réunions de Beauvais , savoir : MM. de Blainville, Bineau, Boué, Cartier, Cordier, Daudin, Diaz, Duperrey, Graves, Héricart de Thury, Héricart Ferrand, Huot, Michelin, de Montalembert , Regley, Eugène Robert, et Roberton. Parmi les personnes étrangères à la Société , se trouvaient MM. Cramaille,Husson, Langlois, Leclerc, André Mouffle, Pierre Mouffle, propriétaires à Beauvais , Mutel-Delisle , avocat à la Cour royale de Paris , Pinault , professeur de mathématiques de la même ville , et Donati, de Naples. La Société , ayant employé les cinq jours qu’elle a passés à Beauvais à faire des courses géologiques assez longues , n’a pu tenir que deux séances , le 6 et le îo septembre , dans une salle de l’hôtel de la Préfecture, local qui avait été disposé par les soins de M. Graves , secrétaire-général de la Préfecture , avec l’autorisation de M. le Préfet de l’Oise. La discussion des observations faites dans la journée a sur- tout animé la conversation pendant les dîners que les membres de la Société ont toujours pris ensemble. Le 6 septembre , la Société , guidée par MM. Graves et Bi- neau , visite la localité de Saint-Martin-le-Nœud , et revient, après un détour, par le même chemin. G SÉANCES DU G Al 11 SEPTEMBRE 1 85 1 • Saint-Martin-le-Nœud est séparé de Beauvais par un plateau crayeux d’environ une demi-Jieue de large. La craie étant em- ployée dans ce pays comme pierre de bâtisse, les auteurs de la carte géologique des environs de Paris ont été amenés à l’erreur de croire que les hauteurs , à Fouest de Beauvais , étaient composées de calcaire tertiaire. Sur leur pente orientale près du couvent de Saint-Symphorien , à Beauvais , la Société voit, avec intérêt, deux ou trois liions distincts de silex pyromaque au milieu des bancs horizontaux de craie. D’après M. Graves , ces fentes remplies de silex se retrouvent dans beaucoup d’escarpemens crayeux , à dix Jieues autour de Beauvais. Un dépôt alluvial ancien d’argile limo- neuse jaune couvre cette roche , et son épaisseur est assez considé^ rable au-dessus de Beauvais. Le versant opposé du plateau offre , à Flambermont, sur un pente assez forte, de grandes carrières qui laissent apercevoir distinctement le relèvement des couches de craie. Elles inclinent au N.E. sous 22 %°. Cette craie, assez dure et fendillée, contient des silex, des rognons de pyrite en partie cristallisée, et de nombreux fossiles , tels que des Spatangues ( S. corcin guinum) , des Belemnites, le Dianchora striata, Sow., le Pa- chylos spinosa , le Podopsis striata , le Calillus Lamarckii , les Te- rehratula carnea , octoplicata , iniermedia et semiglobosa , le Stro- matopora concentrica Golf.? M. Graves fait remarquer que les Anan- chites sont rares dans ces assises moyennes de la craie , tandis qu’ils abondent dans la craie tendre , où au contraire il n’y a que très- peu de Spatangues. En s’avançant plus au sud-ouest , on voit, dans un petit chemin creux, près du château de Senefontaine , des affleuremens des couches inférieures à la craie , savoir : de la craie endurcie , fine et blanche, de la craie grisâtre à blocs de calcaire gris ou jaune très- dure, et renfermant des ammonites , des peignes , enfin de la craie marneuse à particules vertes, en partie sableuse, de peu d’épaisseur et contenant en grande abondance des pétrifications, telles que des Turrilites( T. costatus ou une espèce voisine ), des Hamites , di- verses Ammonites (y^. varians } Deluci , inflatus , subspiiiosus Lani. , B eu danti, Coupei , FF oolgari , Sow.) des Nautiles, la Cassis avellana Brong. , F Ostrea carinata , la Chaîna haliotoïdea , Sow. , le Pecten asper , des Belemnites, dcsTérébratules(Zr. gallina Brong. et Lyra , Sow. ) le Spatangus suborbiculatus Brong. , des dents de Squale , etc. Au-dessous , on aperçoit encore quelques lits de marne argi- leuse noirâtre , puis de la craie grise , et après un espace couvert , on arrive à des sables jaunâtres, avec des rognons de minerai do SÉANCES DU 6 AU 11 SEPTEMBRE 1 83 1 . 7 fer. Un épais dépôt d’argile limoneuse diluviale couvre ces cou- ches, qui paraissent former le sol de la forêt voisine de Belloy. Les couches inférieures à la craie ont Joutes la même inclinaison au N. E. , mais l’angle d’inclinaison est très-faible. Il est donc évi- dent que, dans ces lieux, les couches sont placées sur une pente, fait qui devient surtout intéressant par l’inclinaison opposée au S.-O. que les mêmes assises présentent, d’après MM. Graves et Bineau, à une demi -lieue plus à l’ouest près de la Houssaye , ainsi qu’à Vil lotran, Marché-Godard, Lalandelle, St-Aubin etSt-Germer. La Société, à défaut de temps et comptant voir ce fait ail- leurs , s’en est rapportée sur ce dernier point avec pleine confiance aux géologues de Beauvais. D’après ces messieurs , l’inclinaison opposée des couches de craie règne sur tous les coteaux qui bordent à droite et à gauche le pays de Bray ; elle est plus ou moins marquée selon qu’on se place au milieu ou vers les points de terminaison de ce pays. Près de Saint-Léger, on rencontre les argiles bigarrées de grès vert. La falaise crayeuse septentrionale du pays de Bray est moins élevée que celle du sud, et, au lieu d’être continue comme cette dernière, elle est divisée en mamelons. Dans la séance du soir, la Société élit pour président de la réunion, M. de Blainville; pour vice-président, M. Graves , et pour secrétaire, M. Michelin. Le Président proclame membres de la Société , MM. Bineau, ingénieur des mines à Beauvais, présenté par MM. de Blainville et Graves. Colson ( Alexandre) } docteur médecin, à Noyon, départe- ment de l’Oise , présenté par MM. Graves et Michelin. Daudin (Hyacinthe) , propriétaire à Pouilly, département de l’Oise, présenté par MM. Graves et Michelin. Rançon, propriétaire à Beauvais, présenté par MM. Héricart de Thury et Héricart-Ferrand. Le comte de Montlosier à Clermont-Ferrand, présenté par MM. Cordier et Boué. On détermine les tournées qu’on fera successivement, d’après les renseignemens fournis parM. Graves , qui met sous les yeux de la Société une carte géologique fort détaillée de tout le dépar- tement de l’Oise, et qui y joint celles de plusieurs arrondissemens du même département. Son but est d’enluminer géologiquemen t et successivement; les cartes de tous les arrondissemens. 8 SÉANCES DU G AU 1 J SEPTEMBRE 1 83 1 - Ott lit une lettre de M. le major Peterson relativement à un affaissement de terrain arrivé près de Ralisbonne. a Dans le calcaire jurassique deRatisbonne,la régularité des cou- ches est souvent interrompue par des fendillemens, et cette roche est assez caverneuse. Au mois de mars dernier, un éboulement as- sez curieux a eu lieu à deux lieues et demie au-dessus de Ratisbonne, un quart de lieue au-dessus des carrières de Kapfenberg, sur la rive gauche du Danube. Environ quatre-vingts arpens de terre , mqitié champs , moitié bois, se sont enfoncés , au milieu de la nuit , avec un fracas épouvantable, de seize à vingt pieds de profondeur. Peu de jours après P événement , j’ai été sur les lieux. Le coup-d’œil était vraiment remarquable , surtout dans la partie couverte de pins, les arbres se croisant dans tous les sens. Quoique personne n’ait connu de caverne dans cet endroit , il était manifeste qu’une voûte avait cédé et entraîné tout le terrain. Dans la partie supé- rieure , c’est-à-dire la plus éloignée du Danube et la plus étroite de l’éboulement, le terrain était élevé au-dessus du niveau du sol, qui présentait comme une crevasse. C’est sans doute par là que l’air , subitement comprimé dans la caverne, s’était fait jour. Des personnes qui se sont trouvées sur la grande route à l’heure de l’événement , prétendent avoir vu du feu ; ce qui n’a rien d’éton- nant, puisque un pareil phénomène ne peut guère avoir lieu sans dégagement de calorique et de lumière. Cette circonstance avait fait croire d’abord qu’il s’y était formé un petit volcan j mais il m’a été même impossible de découvrir la moindre trace de lave. » On communique, de la part de M. Zuber-Karth, deux bro- chures lithographiées : Tune , de lui , est un rapport sur une question industrielle; dans l’autre, M. Weber traite delà ca- nalisation de l’Alsace. M. Boué présente, i° une feuille in-folio, offrant les gravures de deux poissons presque parfaits , extraits de la craie par M. Mantell de Lewis. 2° le premier volume des Transactions de la Société littéraire et historique de Quebec. ( Transact. of lhe litterary and historical Society of Quebec. ) Un vol in-8° de 343 pages, avec six petites et cinq grandes planches de coupes. Quebec, 1829. On y remarque un mémoire sur la géologie du lac supérieur, par le commandeur Bayfield * des notes sur la contrée de Sague- nay , par M. A. Stuart ; des observations sur quelques roches et SÉANCES DU 6 AU 11 SEPTEMBRE 1 83 1 . 9 minéraux du Canada supérieur, par le capitaine Bonnycastle; sur la géologie d’une portion de la côte du Labrador, par le lieute- nant Baddeley; sur la géognosie d’une partie du pays de Saguenay; des notes sur les environs de la chute de Montmorency , par M. W. Green ; le catalogue des collections de la Société, ainsi que neuf autres mémoires: l’un sur les coquilles vivantes, par madame Sheppard, trois de botanique, et les autres de géographie et d’his- toire. Le deuxième volume , de cet intéressant recueil , était sous presse à Quebec, il y a trois mois. On entend la lecture d'un mémoire de M. Héricart-Ferrand, intitulé : Coupe gèognostique du département de l’Oise, entre Chezy en Orceois ( département de l’Aisne ) et Gournay sur Epte, accompagné d’un profil sur une longueur de i22,5oo mètres. « Un grand nombre d’observations qui me sont étrangères (1), et d’autres qui me sont personnelles , m’ont suggéré un essai de coupe gèognostique du département de l’Oise. C’est un profil qui coupe ce département de l’est à l’ouest , et traverse plusieurs vallées qui , à raison de leur profondeur au-dessous des plateaux voisins, permettent de bien juger la superposition des divers terrains, depuis le point le plus élevé jusqu’au point le plus bas. Sur toute la ligne de cette coupe on reconnaît ainsi les formations du bassin de Paris, sur un fond de craie , qui se relève tellement vers l’ouest, que les dépôts antérieurs sont à jour dans la vallée de l’Epte, et se prolongent vers le nord jusqu’à Aumale et For- ges. La formation qui leur est postérieure, la craie, forme un plateau très-élevé dans la partie occidentale d u département entre l’Epte et l’Oise. Le village de Coudray Saint-Germer qui est sur le plateau , est le point le plus élevé de tout le département, sa hauteur indiquée par M. Graves, est de 263 mètres au-dessus du niveau de l’Océan. Le point le plus bas de tout le département est celui du niveau moyen de l’Oise, près Chambly • il 11’est que de 27 mètres au-dessus (1) Voyez la Description des Environs de Paris , par MM. Brongniart et Cuvier ; le Précis de Statistique du département de l'Oise, par M. Graves, dans X Annuaire pour 1829 ; el un Mémoire de M. Robert , danè les Annales des Mines , vol. VIII, i83o. 10 SÉANCES DU G AU 3 1 SEPTEMBRE 1 85 1 • de l’Océan , de 236, par conséquent au-dessous de Coudray Saint- Germer. Cliambly est en avant de la ligne d’intersection de ma coupe. Mais en remontant l’Oise, on arrive à Creil, point le plus bas de cette coupe, et qui d’après la pente connue de l’Oise, peut être fixé à 3i mètres au-dessus de l’Océan ou 232 mètres au-dessous de Coudray Saint-Germer. Du côté de l’Est, il faudrait traverser tout le département de l’Aisne, et entrer dans celui de la Marne, pour trouver la craie, du côté d’Epernai, à la limite occidentale du département de l’Aisne ) la formation gypseuse existe sous le plateau , et le gypse y est exploité par puits, sans se montrer au jour dans la vallée de Chezy, ni dans celle de l’Ourcq à Mareuil. Le plateau entre la vallée de Chezy et la vallée de l’Ourcq, reconnu de plusieurs côtés , présente de haut en bas , les for- mations suivantes: i° le terrain d’eau douce supérieur, 2° les grès marins supérieurs, 3° les sables et les grès (de Fontainebleau, d’Ermenonville, de Mortefontaine ) , 4° Ie calcaire grossier marin. La prise d’eau du canal de l’Ourcq à Mareuil est élevée de 85 mètres , 43 décimètres au-dessus du niveau de l’Océan. La vallée y est assez profonde pour entamer entièrement les bancs solides de la formation du calcaire grossier marin , et mettre à jour des sables et des argiles. Ces derniers, d’après M, Bineau , appar- tiendraient encore à la formation du calcaire grossier marin , et non à l’argile figuline et à l’argile plastique de M. Brongniart. Remontant de Mareuil à la plaine de Thury , élevée de i55 mètres, on reconnaît au-dessus des sables et des argiles précédents, et particulièrement à la pointe de Houillou sur la grande route de Paris , la glauconie grossière, les bancs calcaires avec num- mulites , toute la masse du calcaire grossier marin, et entrant en plaine , les marnes silicéo-calcaires rapportées au calcaire siliceux, et des indices de la formation gypseuse représentée par des marnes contenant quelques quartz lenticulaires. Montant toujours , on at- teint et on dépasse la grande formation des sables et des grès ( de Fontainebleau ) , et on arrive au plateau du terrain d’eau douce supérieur. Les fouilles des puits constatent pour la composition de ce ter- rain d’eau douce supérieur et de haut en bas : i° Terre végétale , humus, limon argilo-calcaire , o m. 16 cent. ) 2° terre rouge, terre franche argileuse ,6 m. 5o cent. ; 3° terre brune, argileuse avec silex zonés en masse, ou rognons applatis , entiers ou fracturés , contenant des lymnées et des gyrogonites, 5 m. 5o cent. ; 4° marne SEPTEMBRE 1 85 1 . SÉANCES DU 6 AU 11 1 1 et calcaire d’eau douce contenant des lymnées et des gyrogonites, 4 ra. 90 cent, ; 5° marne graveleuse (nappe d’eau des puits ) o m. 65 cent. ; 6° marne argileuse verdâtre , o m. 3s cent. • total 18 m. o3 cent. Plus bas on a trouvé les sables et les grès. Les pentes du plateau de Thury montrent successivement tou- tes ces nuances du terrain d’eau douce supérieur. Sur la pente du midi on trouve, sous ce terrain d’eau douce, les grès marins supérieurs qui reposent sur la grande masse des sables et des grès (de Fontainebleau). Les coquilles des grès marins supérieurs sont toujours intactes et bien conservées; celles de la grande masse de sable sont usées et semblent avoir été roulées. La zone de sable dans laquelle elles se trouvent, contient ordinairement une quantité immense de discor- bites. C’est à Acy , un myriamètre au plus au midi , que se trouve le trou Saint-Pierre, ce gisement de fossiles, connu depuis peu d’an- nées seulement , et qui appartient aussi à la grande masse des sa- bles et des grès (de Fontainebleau). Revenant à la ligne de ma coupe, et descendant du plateau de Thury, vers l’ouest, dans le vallon de la Clergis, on retrouve les sables et les grès marins supérieurs , et au-dessous la grande masse des sables et des grès. Dans la longueur de ce vallon, et dans des endroits où tout est en place, on voit dans la partie supérieure de la grande masse de sable , une zone de sable noir de trois à quatre mètres d’épaisseur* Cette zone se retrouve dans une foule d’endroits avec une très-grande régularité, soit dans les escarpemens , soit sur les pentes et ies plateaux sableux. Ç’est elle qui fournit particuliè- rement le sable de bruyère. Le plateau de Leviguan , élevé de 140 mètres au-dessus de l’O- céan , offre la même formation de terrain d’eau douce supérieur que le plateau de Thury. Elle y est moins épaisse et finit prompte- ment à la sortie de ce village du côté du midi. Aussi trouve-t-on à peu de distance et notamment sur la grande route de Paris à Sois- sons , entre la 29e et la 3ie borne milliaire, des roches arénacées , classées par M. Brongniart dans Jcs grès marins supérieurs , tan- dis que M. Robert les place parmi les grès coquillers marins du calcaire grossier. Les sables forment lesol de toute la plaine autour de Rouville et d Ormoy-Emy-les-Champs, à l’ouest de Leviguan. On y rencontre quelques gisemens de coquilles, qui appartiennent à la même for- mation que les grès marins supérieurs de Leviguan. Le plateau de R.osicres du mont Luats est élevé de 109 mètres, 12 SÉANCES DU 6 AU 1 1 SEPTEMBRE 1 83 1 . Il est de sable surmonté par la formation d’eau douce supérieure , encore semblable à celle de la plaine de Tlmry. La butte de Montepilloy, qui n’est qu’un démembrement du plateau précédent, n’a plus que i3o mètres de hauteur, et porte encore sur son sommet un terrain d’eau douce, qui ne me paraît être que la partie inférieure du terrain d’eau douce des plateaux de Rosières, de Levignan et de Thury • mais M. Eugène Robert le rapporte au terrain d’eau douce moyen. La butte d’Aumont n’est que de sable, et n’est élevée que de 121 mètres. Elle a été fortement entamée du côté du midi, ayant four- ni depuis environ cent cinquante ans la matière première à la ma- nufacture des glaces de Saint-Gobain. La partie supérieure de la formation du calcaire grossier marin est exploitée dans la petite vallée d’Àunette, qui sépare la butte de Montepilloy de celle d’Aumont. La vallée de l’Oise à Creil est creusée dans le calcaire grossier marin et les argiles figuline et plastique. La rivière coule dans la craie. Sur le chemin de Creil à Verneuil on trouve les coquilles marines et fluviatiles des argiles figulines du Soissonnais. Au delà de l’Oise, sur la rive droite , les collines deMontataire , élevées de 74 mètres et de Mello de 98, font partie l’une et l’autre d’un même plateau de calcaire grossier marin , dont la base obser- vée dans la vallée du Therrain , présente encore les coquilles ma- rines et fluviatiles des argiles du Soissonnais. La vallée du Therrain , en face de l’église de Mello , est élevée de 39 mètres. La craie paraît à peu de distance sur son côté droit , en abordant la base du grand plateau de craie, qui porte Sainte- Geneviève-le-Vauroux, le Coudray-Saint-Germer et Saint-Germer. Toutes les observations précédentes constatent, sur la ligne de ma coupe géognostique du département de l’Oise, la présence des di- verses formations du bassin des environs de Paris . ou au moins les indices de celles qui n’existent point. Mais il reste à reconnaître si au passage des argiles plastiques à la craie, dans les vallées du Therrain et de l’Oise, on trouverait ces poudingucs siliceux de la vallée du Loing , si abondans entre Nemours et Château-Landon , et appelés terrain élastique par M. Brongniart. Les trois localités déjà connues de ce dépôt sont à la limite du bassin de Paris , Ne- mours et Moret , dans la vallée du Loing • et à peu de distance de Creil , La Morlaye , à l’ouverture de la vallée de la Thève dans celle de l’Oise. Ces mêmes poudingues supérieurs à la craie se trouvent dans la vallée du Loir, de Bonneval à Châtcaudun , et dans la vallée de la SÉANCES DU 6 AU 11 SEPTEMBRE 1 83 1 . l3 Couie qui descend du plateau entre Chartres et Orléans , et vient s’ouvrir dans celle du Loir. Ces deux localités appartiennent au dé- partement de l’Eure. A une grande distance, au Nord, dans le dé- partement de l’Aisne, près de Saint-Gobain, on retrouve encore ces mêmes poudingues. Sous la terre végétale du plateau de Thury, j’ai indiqué par les noms vulgaires de terre rouge, terre franche argileuse , un limon de six à sept mètres d’épaisseur. Cette couche limoneuse neressem- ble en rien à celle qui lui est inférieure. Elle ne contient point de silex. Appartient-elle bien au terrain lacustre supérieur , au groupe des terrains épilymniques , ou au terrain diluvien , au groupe des terrains clysmiens ? La terre végétale du haut plateau crayeux de Coudray-Saint-Ger« mer contient en grande abondance des galets siliceux qu’on retrouve sur tous les plateaux de craie du nord-est du département. Ils me semblent appartenir au terrain diluvien , mais aux galets du groupe des terrai ns clysmiens détritiques; le gravier et les galets de la vallée de l’Oise ne peuvent se rapporter qu’aux terrains alluviens cail- louteux. Enfin , les exploitations des tourbes herbacées des vallées de l’Ourcq et du Therrain constatent l’existence des terrains alluviens phytogènes. » La journée du 7 est occupée par l’inspection des points de Bresle et de Laversine. La Société visite près de Rochecondé, les sables argilo-marneux à grains verts, et coquillers qui forment, dans les environs de Beau- vais, la base du calcaire tertiaire reposant sans autre intermédiaire sur la craie. Elle y trouve des débris de Cucullées, et dans une marne brune supérieure à ces sables , des traces de lignite , et un mélange de coquilles marines et d’eau douce , accident qui rappelle les argiles à lignites du Soissonnais. La Société se rend à une éminence appelée le Mont-César ( à l’est du bois de Quesnoy ) , qui domine la contrée , et est formée des mêmes sables tertiaires, coquillers et à glauconie , sur lesquels est placé un lambeau de calcaire grossier. Elle observe , au milieu des marais de Bresles, un petit mamelon des mêmes sables qui offrent une très-grande quantité de fragmens brisés de Cucullées, de Pectoncles , de Corbules, de Limes, etc. La grande tourbière de Bresles lui offre la coupe suivante de haut en bas: ï° du limon calcaire pétri de coquilles terrestres, 2° de la tourbe blanchâtre mêlée de sable , 3° de la tourbe grise à coquilles fluvia- )4 SÉANCES DU 6 AU 1 1 SEPTEMBRE 1 85 1 . tilcs et lacustres, 4° de la tourbe noire ou brune à racines, 5° de la tourbe compacte bitumineuse sans débris de végétaux et à fer phosphaté , 6° de la tourbe brune à restes d’arbres , tels que des feuilles et des fruits de noisetiers , des branches et des troncs de coudrier, de bouleau , d’aulne. D’après la collection de M. Gra- ves , il y a aussi des bois de cerf , de chevreuil , de cheval , de castor et d’aurochs, 70 de la tourbe sableuse, 8° de l’argile brune ou grise. Le village de Laversine offre, au-dessus de la craie , un lambeau très-petit d’un dépôt calcaire coquiller qui occupe, d’une manière fort intéressante , les momens de la Société. Ce calcaire est compacte , poreux ou friable , blanchâtre ou jau- nâtre et plein de fossiles , la plupart en moules , tels qu’une es- pèce de Lime voisine de la Lima plicata de la Tourraine , une Arche voisine de Y Area clathrata du même pays, des Lucines, des Cerithes, des Trochus, des Turbos, des Pleurotomaires, des Cranies, des Cidarites } des Polypiers , des Spiropores, etc. Il forme un es- carpement de vingt à trente pieds de hauteur , et a environ cent mètres de long sur vingt de largeur. Il est divisé en bancs peu distincts ; néanmoins lorsqu’on peut y apercevoir les joints de stratification , l’inclinaison est au S. O. sous i5° , tandis que la craie, qui resort à vingt pas de là , incline distinctement au S. La masse inférieure du dépôt est plus compacte et renferme quelquefois des petits nodules irréguliers d’un silex corné grossier et se fondant avec la masse du calcaire , tandis que supérieurement elle est plus tendre, plus jaunâtre et pétrie de Limes. Ce dépôt repose positivement sur la craie.à Belemnites, puisqu’on la découvre dans le fond d’une des excavations faites dans ce cal- caire , dont elle est séparée par un petit lit d’un pouce environ de marne calcaire. De plus, la craie se montre clairement jusqu’à la surface du sol, dans un puits creusé à cinq pas du pied de l’escarpe- ment du calcaire problématique. Enfin la craie se montre au jour à vingt pas à l’ouest; tous les caveaux d’une grande partie du vil- lage sont creusés dans cette roche , et la plus petite portion du ha- meau est bâtie sur le calcaire coquiller, qui a été aussi miné pour des celliers. Il paraît donc clair qu’on a là, sur le bord d’un vallon très-évasé, un petit lambeau d’un dépôt placé en stratifica- tion discordante sur la craie , et adossé contre une pente du vallon , ou pour parler géologiquement, dans une petite anfractuosité d’un rivage crayeux. Il s’agissait maintenant de déterminer l’âge de ce dépôt; les fossiles et la nature minéralogique de la roche pouvaient être les seuls guides. Tout le monde avoue que ce n’est pas du calcaire tertiaire parisien , puisque la roche n’en pré- SÉANCES DU 6 AU 11 SEPTEMBRE î85l. l5 sente ni les fossiles, ni la texture- mais plusieurs personnes sont d’accord pour y reconnaître des analogies de fossiles et de contex- ture, soit avec certaines roches de Valognes et de Maëstricht , soit avec le calcaire tertiaire de Bordeaux et les faluns en général. Ce serait donc un dépôt tertiaire très-récent qui n’aurait pas été découvert jusqu’ici , quoique très-près de Paris. D’un autre côté quelques personnes, en admettant cette classification, voyaient s’élever dans leur esprit des doutes sur le classement véritable de certains calcaires de Valognes et surtout de Maëstricht. Malgré l’ absence des Baculites et des Bélemnites, on se demandait si les assises coquillères des souterrains de Maëstricht placées , d’après tous les observateurs , entre la craie à silex et un certain calcaire évidemment tertiaire , ne pourraient pas être une dépendance du sol tertiaire supérieur , et non pas de la craie. La présence seule des Bélemnites ne paraissait même pas tout-à-fait contraire à cette idée , puisque cette espèce de fossiles de la pierre de Maëstricht a l’air souvent d’avoir été roulée, et que M. le comte de Munster et d’autres personnes en ont observé , ainsi que des fossiles secon- daires, dans le sol tertiaire supérieur de la Westphalie. De plus, les roches particulières de Maëstricht ont toujours offert, à quel- ques membres de la société, un air de parenté, avec les grands dé- pôts de calcaire tertiaire supérieur ou calcaire à coraux de l’Au- triche , de la Hongrie , de la Gallicie, etc. Le temps ne permet pas à la Société d’aller voir , en revenant de Laversine, au nord de Bracheux, une petite butte composée de sa- bles verts tertiaires inférieurs et riches en coquilles. M. Graves y cite en particulier les fossiles suivans : Voluta depressa Lam. Cu- cullœa crassalina , Venericardia pectuncularis et multicostata , Melania plicatula Desh. Ostrea bellovacina , Cardium hybridum Desh. , Cytherea obliqua et bellovacina , Lucina uncinata , scala- ris et grala , Crassatella sulcata , Corbula longirostris Desh. , Nuculafragilis Desh., Lar varia fragilis Def. , Cerithium lacry- mabundum Def. Aucune de ces coquilles ne se rencontre , d’après M. Graves, dans les couches ordinaires du calcaire grossier, et il connaît déjà plus de dix gisemens semblables à celui de Bracheux. Dans quelques uns, le sable est agglutiné en grès dur, qui sert de pavé, alors il n’y a plus que des moules de coquilles. La Société se rend à Savignies , Saint-Germain-la-Poterie et Saint-Paul. En montant de Savignies à l’O. N. O. au Mont-Benard (228 mèt. de hauteur absolue ), clic voit successivement resortir les couches G SÉANCES DU G AU 11 SEPTEMBRE 1 85 1 . principales des assises supérieures du grès vertj, savoir : des assises assez puissantes de grès jaunâtre, blanchâtre et rougeâtre avec des traces de minerai de fer, des marnes argileuses ; enfin , sur le plateau des couches d’une excellente argile plastique ou à potier , surtout grisâtre et à pyrites : on y observe dans certains lits des petites bivalves ( Corbules et Nucules), et des traces végétales. L’inclinaison de toutes ces couches est au N. E. sous 22,0. D’après M. Graves , les couches composant le Mont Bénard , ne sont pas continues dans toute la butte et n’y ont pas non plus une épaisseur semblable. Malgré cette irrégularité il pense pou- voir en dresser la coupe suivante de haut en bas : Sable jaunâtre ferrugineux mêlé d’argile marbrée rousse et blanche , sable gris micacé à argile jaunâtre et grès en fragmens , ce banc contient un niveau d’eau, argile rougeâtre ou grès ferru- gineux à mica , argile bleue dite terre à grès contenant des pyrites ou lignites , Y Ammonites splendens , Deluci, Lcimberti , Le AU 11 SEPTEMBRE 1 85 1 • niant ensemble une épaisseur de quinze pieds, on rencontre des bois en général très-faiblement bituminisés et appartenant évi- demment à des espèces croissant dans le pays tels que le bouleau , le saule , le coudrier et le noisetier. L’écorce de ces troncs est sou- vent intacte ; et on y voit meme des noisettes. Plus bas au dessus de ces bois, empâtés dans un gravier noirâtre et incrusté de fer sulfuré, il y a, d’après MM. Graves et Bineau , une couche de lignite friable alunifère, ayant 3 pieds d’épaisseur ; enfin , un lit de galets siliceux noirâtre de 3 pieds. Malheureusement l’eau rem- plissait les excavations. Quelques membres vont visiter plus loin un autre amas tout-à-fait semblable, près de Goincourt , et sont assez heureux pour y trouver une coupe présentant 20 pieds de li- gnite pyriteux , 3 pieds de galets noirs et 3 pieds de lignite pyri- te ux. D’après M. Graves, on y distinguerait une couche d’arbres ren- versés (2 met.), de la tourbe noire compacte (25 centim.), du gra- vier vitriolique fin ( 2 mèt. ), du gravier semblable grossier avec des silex de la craie (60 centim.), des galets siliceux à pyrites avec des oursins silicifiés, et de l’argile. Des ossemens de chevaux , de bœuf et de chevreuil se trouvent dans ces deux dépôts. L’opinion la plus générale, dansla Société, est quec’esL un sédiment alluvial ou lacustre, sur lequel s’est formée postérieurement de la tourbe, mais ce sédiment doit être fort ancien, puisqu’il participe à la coupure de la vallée. L’après-midi est employé à visiter en détail la belle collection de M. Graves , où la Société voit avec le plus grand intérêt , outre toutes les roches de l’Oise , groupées géologiquement, une nombreuse et superbe suite de fossiles très - bien classés. Parmi ces derniers on remarque beaucoup d’ossemensde rumi- nans (bœufs, cerfs) trouvés dans les tourbières. M. Graves a des doubles en assez grande quantité pour qu’il veuille bien en pro- mettre à la Société un envoi considérable. Il fait la proposition d’adresser une circulaire générale aux membres pour les enga- ger à enrichir les collections de la Société ,et de leur indiquer en général les objets qui pourraient être utiles. M. Graves montre en particulier, à la Société, une craie jaune de Hedencourt (canton deFroissy) qui, par son aspect et sa na- ture cristalline avait l’air magnésienne, ce qui ne se trouve pas vérifié à cause de l’effervescence vive qu’elle fait avec les acides. Quant aux dents de cheval que M. Graves a recueillies dans un bloc de craie près de Beauvais , il reconnaît lui -même SÉANCES DU 6 AU 1 1 SEPTEMBRE 1 85 ï . 2 J combien ce fait est douteux, et il regrette qu’on en ait fait mention publiquement. La Société s’assure que la craie en- tourant les dents est moins fortement aggrégée qu’à l’ordi- naire, de manière qu’elle a plutôt l’air d’un limon crayeux, qui aurait enveloppé ces dents , qui seraient tombées accidentelle- ment dans une petite fente ou empâtées dans la surface délayée d’un bloc de craie. D’ailleurs elles ne sont nullement fossilisées. Après l’examen de la collection de M. Graves , la séance est ouverte par la présentation, au nom de M. Buckland, d’une suite nombreuse de divers Goproiites, tant en moules qu’en nature , et d’un mémoire extrait du volume , sous presse , de la Société géologique de Londres intitulé : « Sur les restes d’éléphans et d’autres quadrupèdes trouvés dans le limon gelé de la baie d’ Eschsclioltz dans le détroit de Bering t et sur d’ autres rivages des mers arctiques . » 11 est fait lecture d’une lettre de M. de Montlosier, qui té- moigne tout l’intérêt qu’il porte encore à la science. . On lit le mémoire suivant de M. Teissier d’Ànduzc, intitulé : Note sur une grotte à ossemens près d'Anduze, département du Gard, mémoire accompagné d’un envoi d’ossemens fossiles. de MM. de Léonhard et Brown. Hei- delberg, 1 85 1 . On y trouve un Mémoire de M. Rengger sur les cols et les pas- SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 8 3 1 . 67 sages praticables pour les voitures dans les Alpes, et une disserta- tion de M. Studer sur la place de la géologie parmi les sciences na- rélles et sur les subdivisions qu’on peut y établir. 6° La description géognostique du duché de Nassau, surtout p ar rapport aux sources minérales de ce pays ( Geognostische Beschreibung des H erzogthums Nassau, etc.) In-8° de 606 p. , avec une carte géologique en 4 feuilles. Wiesbaden, i83i. 70 Tableau des rapports orographiques et géognostiques du N. O. de l’Allemagne [Ubersicht der orographischen and geog- nosiiscken VerJmltnisse, etc.), par M, F. Hoffmann. 2 vol. in-8% avec une carte et deux planches de coupes. Leipzig, i'83o. On lit la lettre suivante de M. le comte Munster: a Les N ummulites citées par M. D’ Alberti dans le Muschelkalk du Wurtemberg , 11e m’ont offert aucune chambre et ne peuvent donc pas appartenir à ce genre. Eu général, je n’ai encore vu nulle part en Allemagne, soit dans la craie , soit dans le sol tertiaire de véritables Nummulites, mais il y en a dans les couches entre la craie et le ter- rain tertiaire des Alpes Bavaroises. D’un autre coté,, les autres dé- pôts tertiaires de l’Allemagne m’ont offert quelques centaines d’es- pèces de Céphalopodes foraminifères. Les fossiles qu’on a pris pour des Nummulites au Mont- Saint-Pierre près de Maëstricht appar- tiennent sans exception aux Orbitolites. Dans les formations plus anciennes il y a, commel’on sait, quelques espèces de la même classe des Céphalopodes foraminifères. J’ai visité les Alpes du Salzbourg et du Tyrol, j’ai eu le plaisir de rassembler dans ce dernier pays près de Saint-Cassian , dans le baillage d’Enncberg ( au nord de la vallée de Fassa ), plus de i3o espèces de coquilles avec leur test ; il y en a près de 100 qui sont nouvelles et je suis occupé à les décrire. La détermination des formations dans les Alpes au moyen de la zoologie, paraît être une chose difficile, puisque le même dépôt y paraîtrait recéler des fossiles qu’on croyait jusqu’ici appartenir à plusieurs formations. Je n’ai trouvé dans le calcaire compacte rouge à Oi tliocères du Salzbourg, ni Bélemnites , ni véritables Ammonites , mais deux espèces d’Ortliocères et des fragmens de Goniatites , tandis que le calcaire marneux brun rouge à Bélemnites, m’a offert i5 espèces d’ Ammonites , d’un pouce à un pied de diamètre , dont deux sont nouvelles et les autres caractéristiques du lias. 65 SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 . Les Bélemnites, les Trigonellites et les Térébratules de ces mêmes couches, sont à l’ordinaire dans la même classe de dépôt qui règne des deux côtés de la Salza et qui est moins élevé que les roches* à Orthocères.» On lit la lettre suivante de M. le professeur Studer , de Berne : « Les pétrifications, en particulier les Ammonites du pied nord du Stockhorn ou du Fallbach près de Blumenstein, ont été recon- nues par M.Y oltz pour des fossiles du lias, tandis qu’il classe d’après les caractères paléontologiques le calcaire de Chatel Saint - Denis , des Yoirons et de toute la chaîne du Stockhorn dans l’étage juras- sique moyen. Quant aux roches calcaires et charboneuses de Bol- t.igen, leurs fossiles les font ranger pai\M. Yoltz dans l’argile de de Kimmeridge et le dépôt Portlandien. Pour quiconque avait visité les lieux, il était impossible d’adopter le classement de M.Bron- gniart , qui aurait voulu retrouver des roches tertiaires à Boltigen. Au contraire les classifications que M. Yoltz a faites d’après l’ins- pection seule des fossiles, se trouvent conformes aux observations de gisement de ces divers dépôts. Eu effet, les roches de Boltigen sont superposées distinctement au calcaire ammonitifère du Stock- horn et les oolites foncées de cette chaîne sont bien à leur place dans la nature. En se prolongeant dans le pays de Fribourg, la chaîne du Stockorn change petit à petit sa direction de l’E. à l’O. , pour celle du N. E. au S. O.; or, d’après la théorie de M. de Beaumont le point où un pareil changement a lieu devrait offrir des disloca- tions et des entrecroisemens de directions ou de systèmes divers , ce qui n’a pas lieu , puisque ce changement se fait au moyen d'une courbure peu forte. M. de Beaumont se fiant au tracé défec- tueux des cartes , a cru retrouver un indice de son système Pyrénéo- Apennin dans l’extrémité orientale de cette chaîne; néanmoins il s’est laissé induire en erreur, car la direction y est encore celle de l’E. àl’O., et son extrémité vient toucher à Reutigen. D’un autre côté, une portion de la chaîne calcaire qui accompagne le versant nord de la chaîne du Niescn , s’étend à travers le Simmen- thaï , et vient se juxtà-poser à l’extrémité sus-mentionnée du Stockhorn. Dans le défilé de Wimmis , on coupe une por- tion de cette chaîne au sud du Stockhorn, et sur un aperçu su- perficiel, on pourrait croire qu’elle fait encore partie de cette dernière chaîne. J’avoue que je ne vois pas non plus ce qui peut porter M. de Beaumont à prolonger la ligne de son système des SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 . 69 Alpes occidentales à travers les Alpes Suisses ; je n’en connais pas d’indices même à Marti gnv , où les cartes pourraient en faire pré- sumer. Dans l’extrémité orientale des Alpes , cette chaîne subit une courbure pour se prolonger dans les Carpathes par Wimpassing et Theben. La carte géologique de M. Partsch et les mémoires de M. Boué ont suffisamment détaillé ce fait. Or, il en résulte que M. de Beaumont se serait aussi trompé en classant le Sommering dans le système Apennin, tandis que la forme du contour extérieur lui a suffi pour placer dans son système nord-sud ITstrie, qui ap- partient probablement au système Apennin.» La Société approuve les décisions suivantes du conseil : MM. Cartier, de Roissy et Clément Mullet sont nommés pour vérifier les comptes du Trésorier; MM. Iléricart Ferrand, Vé- ma-rd et Puillon-Boblaye pour examiner la gestion de l’Archiviste. On accepte l’échange du Bulletin de la Société contre le Mémorial encyclopédique de M. Bailly de Merlieux. Chaque membre de la Société n’a droit qu’à un seul exem- plaire du Bulletin, lors même qu’il offrirait d’en payer le prix. On nomme une commission composée de MM. Deshayes , Walferdin et Dufrénoy, pour s’entendre avec un libraire, sur l’impression des Mémoires de la Société, en s’en tenant , autant que possible, aux termes du réglement pour ce genre de publication. Le local de la Société sera désormais ouvert , pour tous les Membres, les dimanches, de 10 heures à 4 » et tous les lundis , autres que ceux des séances ordinaires, de 7 à 10 heures du soir. M. Dufrénoy lit une Note sur ia position géologique des prin- cipales mines de fer de la partie orientale des Pyrénées. «Les mines de fer sont répandues à l’extrémité orientale des Py- rénées avec une grande profusion; elles y forment ordinairement des masses plus ou moins considérables, disséminées d’une manière très-irrégulière dans un calcaire saccharin , gris clair, que l’on a regardé pendant long-temps comme de transition , et que nous rapportons à des formations différentes malgré ses caractères pres- que uniformes. Cette constance dans les caractères du calcaire, quel que soit son âge, parait due, ainsi que nous allons l’indiquer, à la même cause que la formation des minerais de fer, c’est-a-dire, au contact du terrain calcaire et de granité. SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 - 1° Les nombreuses mines de fer qui sont exploitées sur les pentes du Canigou fournissent un exemple très-remarquable de cette position; elles forment par leur ensemble une espèce de zone cir- culaire d’environ huit mille toises de diamètre qui enveloppe |le Canigou de tous côtés presqu’à la meme hauteur, et dont les prin- cipaux points sont: Py , Fillols , Saint-Etienne-dc-Pomers , Val- mague et Battere. Les minerais sont un mélange de fer spathique, de fer hématite brun , de fer oxidé rouge et de fer oligiste écailleux. Les deux premiers sont beaucoup plus abondans et forment seuls la base des exploitations. Ils sont inégalement réparfis dans les mines ; quelques-unes fournissent presque exclusivement du fer spathique, et d’autres de l’hématite brune. Le minerai existe également dans le calcaire et dans le granité; cependant il est plus pur et plus abondant dans la première de ces roches ; aussi les puits d’extrac- tion sont-ils ordinairement ouverts du côté du calcaire. Les gîtes métallifères se présentent tantôt sous forme de filons , de veines parallèles aux couches, ou d’amas, intercalés indifférem- ment, ainsi que nous venons de le dire, dans le granité et dans le calcaire. Ces gîtes ne se prolongent pas très avant dans ces deux roches ; elles constituent par leur réunion une espèce de bande placée au contact du granité et du calcaire , de sorte que , malgré la grande irrégularité du gisement de chacune de ces mines de fer, cependant leur ensemble affecte une certaine régularité. Le cal- caire qui accompagne les mines de fer du Canigou est constam- ment saccharoïde, et presque toujours blanc ; il présente alors (àPv, Fillols, Valmague, etc.) les caractères du marbre de Carrare. On ne rencontre pas de fossiles dans ce calcaire, on pour- rait donc le supposer primitif. Mais d’après des observations nom- breuses que nous avons été à même de renouveler cette année, les calcaires saccharoïdes de la chaîne des Pyrénées , ne sont que des exceptions locales, et ils dépendent des terrains qui les environnent. Les calcaires saccharoïdes du Canigou feraient donc partie des ter- rains de transition de Villefranche et de Livia situés au pied de ce massif de montagnes. Ils en auraient été séparés à l’époque où la montagne qui les supporte s’est élevée, et c’est à la même cause qui a fait surgir cette montagne que sont dus la texture cristalline du calcaire et les nombreux dépôts de minerais de fer de cette con- trée. Plusieurs années s’étant écoulées depuis que j’ai visité les mines de fer du Canigou, je ne saurais donner des détails plus cir- constanciés sur leur manière d’être, mais j’ai été à même d’étu- dier il y a peu de temps lin gisement analogue dans la vallée de si 1 N CE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 . 71 Gly; je vais le décrire pour donner une idée plus complète de la position remarquable de ces minerais de fer. Ce gisement est situé à une petite distance de Saint-Paul *de Fe- nouillet, à une demi-heure du pont de la Fou, où la Gly entre dans une gorge étroite et profonde ouverte dans un calcaire cristallin en couches presque verticales. Les caractères extérieurs de ce calcaire ne sauraient nous donner aucune idée de son âge; il a constamment été rangé avec les terrains de transition des, Pyrénées, et ce n’est que dans le voyage que je fis l’année dernière dans cette contrée, avec M. Elie de Beaumont , que nous reconnûmes qu’il appartient au terrain de craie inférieure. Ce calcaire est en effet associé à des mar- nes noires renfermant des fossiles de cette formation; il pré- sente en outre quelques indices d’Hippurites et de Dicérates. Ces fossiles disséminés dans le calcaire saccharoïde sont à l’état lamel- leux; ils se dessinent presque toujours en noir sur la pâte du cal- caire qui est d’un gris bleuâtre, analogue à la couleur du marbre bleu turquin. Il faut avoir vu un grand nombre de ces fossiles pour pouvoir les reconnaître; ils paraissent avoir été comprimés dans tous les sens , et de plus ils sont tellement adhérens au calcaire, qu’il est difficile d’en détacher des fragmens caractérisés. Au pont de la Fou , les couches sont redressées très-brusquement, circonstance en rapport avec la présence dn granité qui se trouve à une petite distance de la surface du sol, et se montre au jour de tous cotés. Les minerais de fer, dont je veux parler, sont précisément au contact même du calcaire et d’une pointe de granité qui sort au milieu du terrain secondaire. Depuis le pont de la Fou jusqu’à l’endroit où l’on voit les mine- rais de fer, le calcaire présente les caractères généraux que je viens d’indiquer; cependant on peut dire qu’il est de plus en plus cris- tallin à mesure que l’on s’approche des masses granitiques. Au pont de la Fou, le calcaire était encore un peu esquilleux ; à trois cents mètres du granité, il est tout-à-fait saccharoïde, et ne contient plus de traces de fossiles. Voici la disposition que l’on observe. Les conciles plongent vers FEst 25° Sud sous un angle de 7 5° , de manière à s’appuyer sur le granité qui forme les collines de St. -Martin. On marche sur le calcaire saccharoïde gris clair jusqu’à cent mètres environ de la masse principale de granité, et seulement à trente-trois mètres d’une rar mification de granité dont je vais bientôt parler. On trouve alors: i° Un calcaire rougeâtre saccharoïde ferrugineux , formant des couches régulièrcs?dont la puissance est de quinze mètres environ. On n’observe pas de passage de ce calcaire au calcaire saccharoïde gris 72 SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 . clair qui le recouvre. La ligne qui le sépare est très-tranchée; il n’en est pas de même de sa surface de contact avec la roche sur la- quelle *il est superposé. 2° C’est une dolomie assez solide quoique composée de la réunion de petits rhomboèdres isolés. Cette roche , non stratifiée, forme une masse carriée dans tous les sens, qui peut avoir dix-liuit mè- tres de puissance. Elle se décompose d’une manière très-irrégu- lière ; sa surface est fortement colorée , tandis que dans une cas- sure fraîche cette dolomie est d’un jaune terne très-clair. Elle con- tient quelques veines fort irrégulières de fer apathique à très-petits grains , et des taches de fer spéculaire. Le fer spathique se distin- gue avec difficulté au premier abord de la dolomie ; mais on re- marque bientôt qu’il est plutôt en lames qu’en cristaux. La couleur foncée des surfaces extérieures des masses de dolomie, est due à l’altération du fer spathique. 3° La dolomie recouvre immédiatement une roche feldspathi- que très-quarzeuse qui forme une espèce de filon couché de vingt- deux mètres de puissance. Il est difficile de donner une idée exacte de cette roche; elle est le résultat de la pénétration du granité dans le terrain , et formé par conséquent d’un mélange d’élémens très-différens. Cette masse ne présente aucune stratification. Elle est pénétrée dans tous les sens de fer spathique lamellaire qui y est disséminé sous forme de réseau. Il est accompagné de pyrites et d’un peu de fer oligiste. Ce dernier minéral est plus abondant dans une couche plus rapprochée du granité que celle-ci. 4° Le mélange de dolomie et de fer spathique qui recouvre la roche quarzeuse dont nous venons de donner la description, forme de nouveau une masse de 2 mètres de puissance. Elle s’appuie sur : 5° Une roche granitoïde non stratifiée, formant cependant une masse disposée parallèlement aux couches, et dont la puissance est de 37 mètres. Cette roche est composée de feldspath à très- grandes lames, de mica vert, et de quarz très peu visible. Elle est mélangée de fer spathique et de fer oligiste écailleux,distribués sous forme de petits nids. Les parties qui contiennent les minerais mé- talliques paraissent altérées , le feldspath qui est alors verdâtre se laisse entamer par une pointe d’acier ; 6° A cette roche granitoïde succède de nouveau de la dolomie , qui forme comme une salbande épaisse à l’espèce de filon feldspa- thique dont nous venons de parler. Cette troisième masse de dolo- mie , dont la puissance est de douze mètres , est beaucoup moins régulière que les deux premières. Ses surfaces de contact ne sont pas planes , la dolomie pénètre un peu dans la roche granitoïde SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE ï83l. ^3 précédente et dans le granité sur lequel elle s’appuie. Elle contient encore du fer spathique , mais elle est surtout riche en fer oligiste écailleux qui y est disséminé en nids assez abondans. 70 Enfin on trouve le granité qui forme les montagnes de St.- Martin. Il diffère essentiellement de la roche granitoïde n. 5 , il est à petits grains et à mica noir. Malgré cette différence , on peut assurer que la roche granitoïde intercalée dans la dolomie est une ramification du granité. C’est très-probablement à l’action réci- proque du granité sur le calcaire et aux dégagemens de gaz qui ont du se faire au contact de ces deux roches que sont dus la différence de texture du granité , les changemens que le calcaire a éprouvés et l’introduction des minerais de fer. Ce gisement intéressant nous fournit une nouvelle preuve du peu d’ancienneté du granité des Pyrénées. Comment concevoir en effet l’intercalation de la roche granitoïde entre deux couches de dolomie , si le granité ne s’y était introduit à la manière des fi- ions? La position presque verticale des couches et le parallélisme de la dolomie , et des masses de granité s’opposent à la supposition que le calcaire s’est déposé dans les anfractuosités du granité, tandis que le soulèvement de cette roche postérieurement au terrain de craie , et son épanchement entre deux couches de ce terrain, expli- quent d’une manière simple et naturelle le phénomène que nous venons de décrire Les mines de fer de Rancié dans l’Arriége qui alimentent à elles seules un grand nombre d’usines, nous paraissent d’après nos obser- vations et surtout d’après celles de M. Marrot, se trouver dans la même position que les minerais de fer du Canigou. En effet , le gîte métallifère est placé à la proximité du granité, dont le contact avec le calcaire s’observe à une petite distance de la mine dans le ravin de Sem, et il contient de la dolomie. En outre, M. Marrot annonce , dans un Mémoire inséré dans les Annales des Mines ( Volume 4 , page 3 1 4 ) ? « que les couches du terrain de tran- » sition sont quelquefois interrompues par d’énormes masses de » granité, auxquelles ces roches adhèrent parfaitement, quoique le » passage soit brusque de l’une à l’autre. Ces couches de transi- » tion renferment alors quelques filons contenant de la galène ar- » gentifère, du cuivre pyriteux et souvent des amas de minerai de » ter analogues à ceux de la vallée de Sem. » Ces détails nous conduisent à conclure que la plupart des mines de fer de la partie orientale des Pyrénées sont placées à la jonction des terrains de granité et de calcaire , que leur formation est en rapport intime avec le soulèvement de la chaîne granitique, enfin SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 83 1 . que la texture cristalline est également un résultat de cette action, laquelle s’est transmise au calcaire, quelle que soit la formation à i laquelle il appartient. » On lit un Mémoire de M. Reboul, intitulé Précis de quelques observations sur la structure des Pyrénées. « Les observations que j’ai eu l’honneur de soumettre àl’Académie sur la structure de la chaîne des Pyrénées m’ont paru mériter son attention, en ce qu’elles modifient et contredisent, à quelques égards , les opinions les plus accréditées sur la géographie physique de ces montagnes. Comme on est plus occupé qne jamais à chercher dans la di- rection des grandes chaînes, et dans leurs relations géologiques , des indices propres à décéler le mode et l’âge de leur formation ; • j’ai essayé de soumettre à un nouvel examen la détermination de l’axe pyrénéen et les rapports de cet axe , soit avec la direction des strates inclinés , soit avec les principales parties dont se com- pose la chaîne totale. Ces recherches m’ont conduit aux conclusions suivantes bien i peu conformes aux idées émises jusqu’à ce jour : i° Qne les Pyrénées ne sont point dirigées de FE.-S.-E. à l’O.-N.-O., mais à i5°, au moins, plus au sud de cet alignement} 2° Que la direction des stra- tes y est rarement parallèle à cet axe; 3° Qu’elles ne constituent point une chaîne simple , et qu’on puisse supposer avoir été formée d’un seul jet; 4° Qu’on y trouve, comme dans les autres chaînes de montagnes , des indices de plusieurs évulsions souterraines dont elles sont le produit; 5° Que ces évulsions, qui paraissent s’être succédées pendant la longue durée des anciennes périodes , se sont prolongées, comme celles des Alpes, jusque dans les temps assez avancés de la période tertiaire. Les monts Pyrénées , dit Pline , séparent les Gaules de l’Espagne eu jetant deux promontoires dans les mers opposées (i). Ptolomée a indiqué la situation du promontoire occidental au golfe de Gas- cogne . et l’a désigné par le nom d’OEaso , que Danville rapporte à la punta de Figuera , près l’embouchure de la Ridassoa , et Gos- selin au cap Macliicaco , sur les confins du Guipuscoa et de la Biscaye; mais ni ce cap , ni la punta di Figuera ne terminent la chaîne des Pyrénées. Ils en sont de simples appendices: et, en les laissant au nord , elle se prolonge jusqu’aux rivages de la Galice. (i) Ilist. nat. , 1. 3 ch. 3. SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 83 1 - C'est ainsi que l'avait envisagée Strabon, le plus judicieux et le mieux informé des géographes anciens. Cette erreur de Pline et de Ptolomée, quoique relevée par Danvillc , se retrouve néanmoins encore conservée textuellement dans la plupart des descriptions des géologues de notre siècle. Ceux même qni l’ont reconnue ont continué d’admettre les fausses conséquences qu’on en avait déduites. C’est ainsi que la direction de la chaîne des Pyrénées se trouve déterminée presqu’ unanime- ment du cap Créons à la punta di Figuera , deux points extrêmes dont l’un est situé au sud, l’autre au nord du véritable alignement de l’axe pyrénéen. Cet axe commence dans la Méditerranée , non au cap Créons en Espagne , mais à celui de Cervères dont la crête sépare le plus également les torrens dirigés au nord de ceux dirigés vers le midi. Cette crête centrale , formée par la ligne de partage des eaux , a été aussi adoptée par la politique comme limite naturelle des Gaules et de l’ Espagne (i). Le point où se termine à l’occident l’axe pyrénéen est plus difficile à déterminer , parce qu’aux approches de la mer de Galice la chaîne subit une bifurcation dont les deux branches vont se terminer, l’une au cap Ortégal , l’autre au cap Finistère. Un alignement dirigé du cap Cervères au point où commence cette bifurcation, viendrait atteindre la mer entre les deux caps auprès de la Corogne et à l’île Sisarga. Cet alignement remplit mieux qu’aucun autre les conditions prescrites pour un axe géographique , ou plutôt il est le seul qui les remplisse. C’est lui qui s’écarte le moins des sinuosités extrêmes de la crête formée par les deux versants , qui partage le plus éga- lement entre ces deux pentes la région montueuse , et qui lie plus naturellement les extrémités avec le centre , les sommités les plus notables avec les points eulminans d’où partent les principaux courants fluviatiles , tels que l’Aude , l’Arriége , la Garonne , les Gaves en France , et en Espagne la Sègre , le Douro et le Minlio. Or, l’alignement de cet axe pyrénéen qui , du cap Cervères à la Corogne affleure les sources de tous ces courans, bien qu’il laisse encore un peu au midi les arêtes dominantes des Maladettes et de Marboré , s’écarte seulement de 6 à 70 de la parallèle à l’équateur. Il y a loin de cette détermination à celle qui le suppose dirigé à l’O. N. O. Si on voulait n’avoir égard qu’à la chaîne - limite des deux (1) Cervaria finis galliea, Pomp. Mêla. 76 SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 . royaumes , un alignement tiré du cap Cervères au col d* Arrais , point culminant le plus voisin du golfe de Gascogne , ne s’éloignerait que de io° nord de la parallèle à l’équateur. Mais outre l’inconvénient de 11e point être applicable à la chaîne totale, il laisserait à une grande distance la région centrale et dominante de toutes les Pyrénées. Quant à la ligne dirigée du cap Créons à la Punfa de Figuera , elle est, non seulement oblique à l’axe total, mais encore à cet axe fractionnaire ou limite des deux royaumes dont elle va toujours s’écartant vers le nord , après l’avoir coupé à peu dedistance de son point de départ et de la Méditerranée. Cet axe supposé laisserait au midi , avec tout le versant espagnol une grande partie de celui de France, et notamment toutes ses hautes régions ; au lieu de limiter au sud ce versant , il le traver- serait obliquement, et le diviserait en deux parties, dont la plus considérable se trouverait jointe aux Pyrénées espagnoles déjà plus spacieuses que celles de France. Il suffit d’exposer ces faits pour en offrir la preuve , il n’y a point de carte des contrées pyrénéennes où il ne soit facile de les vérifier. On peut admettre dans une chaîne plusieurs axes géologiques , soit à raison de l’alignement de certaines roches spéciales , soit à cause de la direction qu’affectent les feuillets et les bancs des ro- ches stratifiées , mais il est évident que ces axes sont partiels à moins qu’ils ne se confondent par leur parallélisme avec l’axe cen- tral et géographique , qui est , par sa nature et par les considéra- tions géométriques, unique et universel. La recherche d’un axe granitique me paraît, jusqu’à ce jour, avoir été infructueuse. Les masses de cette roche forment au sein des Pyrénées comme de grandes îles qui ne s’éloignent, ni entre elles , ni avec l’axe géogïaphique. Dans la région occidentale dès Pyrénées françaises, M. Palassou a reconnu que les traînées de l’ophite se prolongeaient à peu près comme la chaîne de l’est à l’ouest , mais ces roches manquent presqu’entièrement dans la région orientale. Tous les géologues qui ont écrit sur ces montagnes paraissent unanimes touchant la direction générale des strates vers l’O.N. O. et leur parallélisme avec l’axe pyrénéen. Mais si cet axe ne s’écarte que de 6 à 70 vers le nord de la parallèle à l’équateur, et si les strates sont en effet dirigés vers l’O. N. O., ces deux lignes, loin d’être parallèles se coupent sous un angle de plus de i5°. Il existe dans les Pyrénées françaises , et notamment dans les SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE l8oi. 77 vallées où coulent les afflue ns de la Garonne et de l’Adour, un grand nombre d’arêtes obliques , dirigées ainsi que leurs strates vers l’O. N. O, et même vers le N. O, Le cours des torrens y est, à divers intervalles, parallèle à ces strates et à ces arêtes qu’ils interrompent ensuite en se repliant dans des coupures étroites et transversales. Cette direction fréquente des strates des Pyrénées vers l’O. N. O. ayant été d’abord reconnue par M. Palassou , puis vérifiée par d’autres observateurs , on n’a eu aucun égard aux exceptions que le premier avait indiquées , ni à beaucoup d’autres non moins réelles. On s’est hâté d’ériger cette direction en loi générale et de lui assujettir la chaîne toute entière. Mais cette in- duction s’évanouit devant la preuve directe que des bancs dirigés vers l’O. N. O. s’écartent au moins de i5° de l’alignement de l’axe pyrénéen. M. Palassou a eu le mérite d’apercevoir le rapport qui existe entre la disposition des strates et l’axe de la chaîne , quoiqu’il eût d’abord méconnu la vraie direction de celui-ci , mais en recti- fiant cette détermination comme l’a fait, eu 1819, ce respectable observateur dans ses derniers travaux sur l’ophite (x). Il suffit d’appliquer le rapport qu’il avait découvert, non à la direction locale de quelques strates , mais à la direction moyenne de tous. En effet, plusieurs arêtes des Pyrénées sont dirigées vers l’O. S. O., et leurs bancs suivent cette direction ; telle est celle du Ganigou dont on voit sur les sommités les gneis et les schistes micacée dirigés comme la protubérance dont ils forment le faîte. On rencontre aussi, mais assez rarement, des bancs dirigés comme la chaîne totale de l’Est à l’Ouest. Les anomalies de ces directions sont très nombreuses et souvent très rapprochées. Les sinuosités du faîte rendent manifeste la multitude de petites arêtes, qu’il est moins facile de distinguer dans les régions moyennes. Leur obliquité relativement à l’axe central, leur inci- dence réciproque et leur jonction en un faîte sinueux prouvent que la chaîne des Pyréuées a été comme toutes les autres , le pro- duit d’un grand nombre de soulèvemens partiels. Cette consé- quence qui se déduit des irrégularités de détail de la crête centra- le est confirmée par le rapport de ses grandes et principales divi- sions. Indépendamment des chaînons qu’on peut reconnaître sur les deux versans , il y en a trois principaux et bien distincts qui con- courent à former ce long faîte des Pyrénées. L’arête qui domine la région orientale suit la direction de l’E. N. E. à l’O. S. O. Elle s’é- (1) Suite des Méiwvr(,s . p. 4 1 :k ÿ8 SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 i . tend de la plaine du Roussillon à celle de la Catalogne en bordant en France la rive droite de la Tet , et en Espagne la rive gauche de la Sègre, jusqu’au-dessous de la Seu d’Urgel. Ses nombreux som- mets atteignent la hauteur de 14 à i5oo toises , entre le Canigou de Roussillon et le Puigmaljde Cerdagne , qui en est le point le plus élevé. La crête centrale qu’il interrompt entre Mont-Louis et Prats de Mollo lui est très inférieure. Les vallées de la Tet et de la Ségre qui se joignent par leurs sommets , forment au pied de ce chaînon une longue coupure lon- gitudinale, la seule de cette espèce qui se présente dans toute l’é- tendue de la chaîne. Le grand bassin dé Cerdagne occupe le col! culminant de la double vallée qui semble isoler cette région orien- tale du reste de la chaîne. Cette ancienne cavité lacustre, la plus! grande qui se rencontre dans les Pyrénées , se trouve ainsi placée1, dans l’alignement du faîte à une hauteur d’environ 6oo toises au-! dessous de ses sommets (i). C’est au N. O. de ce bassin que se relève la seconde arête dirigée vers l’O. i/4 N. Sa hauteur se rapproche de i5oo toises vers lesj sources de l’Ariège orientale, et dépasse ce terme dans la région | de l’Ariège occidentale! Elle se prolonge dans celle de Salat, et jusqu’aux premiers rameaux de la vallée dJAran , puis s’abaisse et se perd dans les montagnes du versant français. C’est celle-ci dont l’alignement prolongé viendrait se terminer près l’embouchure de i la Bidassoa. Le faîte des Pyrénées passe brusquement de cette arête à une, autre plus méridionale. Celle-ci est en effet la principale, elle em- brasse dans son alignement presque parallèle les points les plus notables de la chaîne. Plusieurs géologues ont cru que cette arête! maîtresse était la continuation de la précédente et qu’elles étaient réunies par un repli ; d’autres ont considéré l’une et l’autre comme; parallèles. Il est d’abord évident que l’alignement de la première (i) On a observé aussi , dans l’appendice des Pyrénées appelé Corbières , une déviation fréquente des arêtes et des strates vers l’O. S. O. , ce qui les rend pa- ! rallèles au chaînon du Canigou et du Puigmal. Cet appendice est lié aux Cévennes par une arête qne l’Aude traverse entre les villages d’Homes et d’Argens. Cette arête pyrénéo-gébennique en se prolongeant sur le N. E. et la vallée du Rhône , borde au nord les bassins tertiaires de l’Aude , de l'Orb et de l’Hérault. L’Orb y creuse un défilé au dessous de Cassenon, L’Ergue , au-dessous de Lodère , l’Hérault entre Gangen et St-Guillera. Ainsi , on peut suivre la trace des évulsions qui ont soulevé les Alpes occidentales dans les directions approchantes de l’O. S. O. à l’E. N. E., non seulement jusqu’au voisinage , mais jusqu’au centre des Pyrénées. SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 . £e dirige vers la mer de Gascogne, et que l’autre est la seule dont le prolongement atteindrait la mer de Galice. On peut aussi se con- vaincre qu’aucun repli ne èe fait remarquer entre les deux arêtes juxtà-posées , et qu’ellês se joignent seulement par leurs pentes in- verses dans le bassin de Beret qui fut aussi un ancien lac dont les eaux comme celles du grand bassin de Cerdagne ont dû s’écouler à la fois vers la France et vers l’Espagne. Ainsi, la chaîne des Pyrénées , quoiqu’elle soit l’une des plus simples, est néanmoins composée de plusieurs arêtes qui affectent des directions différentes , soit dans l’alignement de leurs masses , soit dans celui de leurs strates. Cette disposition l’assimile aux au- tres chaînes plus compliquées , et prouve que son exhaussement s’est pareillement opéré par le concours de plusieurs évulsions par- tielles , soit contemporaines, soit successives. Cette induction ne s’accorde point avec la théorie si ingénieuse et si séduisante de M. Elie de Beaumont qui attribue à diverses époques les soulèvemcns dont la direction n’est point la même, et suppose néanmoins que les Pyrénées ont été formées d’un seul jet. Que devient en effet cette théorie, si le chaînon du Canigou et du Puygmal et celui des sources de l’Ariège et du Salat qui se croi- sent sous un angle de plus de 3o°, ont été le produit d’une même évulsion. On trouve dans les Pyrénées les indices de roches soulevées à plusieurs époques , soit avant, soit après celle des dépôts secon- daires les plus récents portés au sommet du Mont-Perdu. Le plus ancien de ces indices est la présence des calamites dans les grauwack.es de la Maladetta et dans les dépôts d’anthracite des terrains intermédiaires. L’époque du soulèvement de ces terrains anciens n’est pas bien connue , mais quand ils se sont formés, les végétaux dont ils ont enfoui les restes couronnaient les hauteurs voisines de leurs bassins , et ces hauteurs étaient déjà des monta- gnes. D’autre part, on a observé dans le Roussillon les molasses ter- tiaires soulevées comme au voisinage des Alpes. C’est au débouché de la Tet , dans la plaine , qu’on peut vérifier ce fait important , le seul peut-être où le terrain tertiaire de sédiment , non alluvial et pareil à celui de l’Hérault ou des Apennins , se trouve en con- tact avec les roches pyrénéennes. Car depuis les bords de la mer de Gascogne jusqu’à l’embouchure du Tech dans la Méditerranée, la chaîne sc montre partout entourée de terrains d’alluvion : mais à Nafiach , près Millas , les sables du dépôt coquiller laissent à découvert un grand lambeau de molasses et de marnes sableuses 8o SÉANCE DU Ô DÉCEMBRE 1 85 1 . bleuâtres adossées à la roche quartzeuse pyrénéenne , soulevées avec elle et plongeant au S. avec une inclinaison d’environ 3o°(i). Non seulement il suffit de ce fait pour annuler les inductions qui ont fait considérer le soulèvement des Pyrénées comme anté- rieur à celui des Alpes , mais peut-être serait-on autorisé à tirer l’induction contraire de la comparaison des phénomènes des deux régions montagneuses; car les dépôts glauconiens qui occupent aux Pyrénées le point central du Mont-Perdu , ne se rencontrent aux Alpes que sur des sommités latérales et à des hauteurs moyennes (2). Et quant aux molasses soulevées , celles des Pyrénées reposent immédiatement sur les roches de l’arête centrale , au lieu qu’aux Alpes elles n’atteignent point cette arête, mais occupent seulement une partie de la chaîne extérieure, qui, d’après les observations de Saussure appartient plutôt au système du Jura qu’à celui des Alpes du Mont-Blanc. Ce grand observateur a fait remarquer que la vallée de Taninge et celle du Reposoir servaient de limites aux deux systèmes , et qu’à partir de cet alignement les bancs se rele- vaient d’un côté vers le Mont-Blanc pour former la grande arête des Alpes occidentales, de l’autre vers le cours du Rhône et le Jura (3). Or, c’est dans celle-ci seulement que se rencontrent les molasses. Comme la plupart des systèmes de montagnes ( les volcaniques exceptées) se ressemblent beaucoup par la composition et la dispo- sition de leurs roches , il est probable qu’ils diffèrent entre eux bien plus par les accidens locaux que par des rapports généraux, tels que les dates du temps où aurait commencé leur apparition et celui où elle se serait achevée. Cette apparition est le phénomène le plus saillant et le plus universel des anciennes périodes géolo- giques. Les indices du soulèvement des roches remplissent quel- ques époques de la primitive et toutes celles de la secondaire. Elles se reproduisent à plusieurs reprises pendant l’époque ter- tiaire, où les grandes évulsions terrestres qui avaient produit les j grandes chaînes de montagnes ont commencé à être suppléées par les éruptions volcaniques et les tremblemens de terre dont nous j sommes encore les témoins. » Après la lecture de ce Mémoire, M. Dufrénoy annonce qu’il ! a reconnu avec M. de Beaumont qu’il existe quatre directions (1) Voyez la Planche n° 1, (2) A la montage de Fis près Servos, et à celle des Diablerelz dans le Bgs-Valais. (3) Voyez la Planche n° 2. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1 85 1 . 8l de soulèvement dans les Pyrénées. Le plus ancien a suivi immé- diatement la formation des terrains intermédiaires. Le second a eu lieu entre le dépôt du grès vert , ou plutôt de la craie an- cienne et l’assise supérieure des terrains crétacés. Le défilé de Pancorbo entre Vittoria et Burgos en offre un exemple très-re- marquable ; sa direction est S. 25° O., la même que le système des Alpes occidentales. Le troisième est postérieur à tout le système crayeux; il se dirige de l’ouest i6° nord à l’est i6°sud. Enfin, le quatrième, qui a donné naissance aux ophites , aux gypses et au sel gemme, est d’une époque plus récente que les terrains tertiaires; sa direction est à peu près 0. 120 S., E. 120 N. , la même que la chaîne principale des Alpes. Malgré ces quatre directions , dont on observe des traces dans plusieurs vallées, il est néanmoins entièrement vrai , comme l’a annoncé M» de Beaumont, que la chaîne des Pyrénées doit son relief actuel et sa direction générale au troisième système de soulève- ment, celui qui est postérieur au terrain de craie, les deux pre- miers ayant été modifiés par le soulèvement de la chaîne. Quant au quatrième, il ne se fait sentir que dans les endroits où i’ophite s’est fait jour. M. Boué commence la lecture d’un Mémoire intitulé Essai pour apprécier les avantages de la paléontologie appliquée à la géognosie et a la géologie. Séance du 19 décembre 1831. M. Gordier occupe le fauteuil. Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la précé- dente séance, le président proclame membre de la Société : M. R avergie, naturaliste-voyageur du Muséum, présenté par MM. Brongniart et Michelin. La Société reçoit les ouvrages suivans : i° De la part de M. de Férussac, le cahier de mai du Bulletin des Sciences naturelles et de Géologie. 2° De la part de M. Bailly de Merlieux , le numéro 12 du Mémorial encyclopédique, Soc. gdol. Tome II. <> 82 SEANCE DU 19 DÉCEMBRE l83j. 3* De a part de la Société de géographie, le cahier d’octobre 1 85 1 de son Bulletin. 4° De la part de la Société d’histoire naturelle de Marbourg, dans la Hesse électorale, la seconde partie du premier volume de ses Mémoires ( Schriften der Gesellschaft zur Beforderung der gcsammten Nalurwissenscliaften zu Marburg. In - 8°. 1 85 1.) 5* De la part de la Société industrielle de Mulhouse, les numéros 2, 5, 4 et 5 de la Statistique générale du département du Ilaut-Bhin , publiée par cette Société et mise en ordre par M. Achille Penot. In 4'* Mulhouse, 1 83 1 . G0 De la part de M. Rozet, son Cours élémentaire de Géo- gnosie. In-8°. Paris , Levrault , 1880. 70 De la part de M. Boué , les Voyages minéralogiques en Calabre et dans la Pouille ( Miner alogische Beisen durch Cala- brien u. Àpulien ), par Albert Fortis. In- 8°. Weimar, 1788. Il est présenté par le secrétaire les ouvrages suivans ; i* L 'Itinéraire géologique et minéralogique dans les dépar- temens de la Moselle , du Haul-Bhin , du Bas-Bhin , des V os - ge s, de la Meurtlie et dans des contrées voisines , par M. Victor Senion. In-8° de 18 pages; extrait des Mémoires de l’Acadé- mie de Metz. 1 85 1 . 20 Les deux dernières parties du premier volume des Tran- sactions de la Société d'histoire naturelle du N orthumberland, de Durham et de Newcastle sur la Tyne. 2 vol. in- 4°, formant 237 p. et accompagnés de i5 planches, de coupes ou de cartes géologiques. Newcastle et Londres, 1 83 1 . On y trouve les mémoires géologiques suivans : Remarques sur la géologie des bords de la Tweed de Carnham dans le Nor- Jl thumberland jusqu’à la mer à Berwick , par M. Winch ; la Des- < ription d’un groupe de filons trappéens dans les houillères de Witehaven , par M. Williamson Peile ; une Notice sur les mines de charbon de Gilmerton , dans le Mid Lothian , pab M. DuUn * un Mémoire sur les grès rouges du Berwickshire , en particulier sur ceux de l’embouchure de la Tweed , par M. Witham ; une Description des troncs fossiles trouvés dans les mines de houille de Killingworth, à 48 toises de profondeur ? par M. Nicolas Wood; SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1 83 1 . 85 un Synopsis des lits de houille dans le district de Newcastle et des coupes détaillées des houillères de ce lieu, par M. Buddle; la Des- cription d’un arbre fossile trouvé à Craigleith près d’Edimbourg , par M. Witham ; et un Mémoire sur la géologie d’une partie du Northumberland et du Cumberland , par M. Wood. 3* Deux cahiers du vingtième volume du J ournat américain des Sciences et des Arts, de M. Silliman. On y remarque un Mémoire sur les roches intermédiaires du Cataraqui , par le capitaine Bonnycastle ; une Notice sur les traces d’érosion observées à la surface des rochers de grauwacke dans les Alleghany, parM. W. Thompson; une notice sur les régions vol- caniques de Pile de Owyhée, par M. Goodrich ; et un Rapport de MM. Cooper , Smith et de Kay, sur les ossemens fossiles dé Big- Bone Lick, dans le Kentucky. Le secrétaire donne quelques détails sur la première grande réunion des naturalistes et physiciens d’Angleterre , tenue à York du 26 au 29 septembre i83i, et sur les Mémoires géolo- giques lus dans ces assemblées. Le but de cette association est de donner une impulsion plus forte et une direction plus systématique aux recherches scientifi- ques, de mettre les savans de la Grande-Bretagne plus fréquemment en rapport avec les naturalistes étrangers , et en général de faire avancer les sciences en tâchant de lever les obstacles qui retardent leurs progrès. Outre les réunions annuelles , cette Société a établi des sous-co- mités et des comités locaux; un droit d’entrée d’une livre ster- ling couvrira les frais de correspondance et l’impression des Mé- moires lus. M. Philipps a fait un discours sur la géologie du Yorksliire et a discuté la détermination zoologique d’un fossile trouvé dans le charbon de West-Riding. Ce serait peut-être un poisson. M. Hutton a lu un Mémoire sur le grand filon trappéen de l’An- gleterre septentrionale. MM. Murchison et Philipps ont ajouté des observations sur les filons semblables du Durham , et M. Witliam a présenté une No- tice sur la végétation et la formation des houillères. La Société s’occupe pendant quelques instans d’un puits foré par M.Degouzée dans le faubourg St- Antoine, rue de la Roquette. 84 SÉANCE T)U 19 DÉCEMBRE 1 8 3 1 . L’eau ascendante a été trouvée h i5o pieds de profondeur, après? avoir traversé 5o pieds de sable, 5o pieds de marnes, 4& pieds de calcaire et de marne, 3o pieds d’argile pyriteuse, puis des sables verts et des grès. On parle ensuite d’un puits semblable exécuté près du Jardin des Plantes, et dans lequel on a trouvé , à 4<>o pieds de profon- deur, de l’eau s’élevant à un pied au-dessous du niveau du sol. M. Rozet fait hommage à la Société et met sous ses yeux une suite de roches d’Alger, de l’Atlas et d’Oran , consistant en 000 échantillons de roches et 96 fossiles. M. Teissier d’Anduze envoie à la Société le dessin de la figu- rine et de la lampe antique trouvées dans la caverne du Fort près de Miaîet. Il y joint le dessin d’une tête humaine et d’une mâchoire inférieure. L’angle facial , pris avec un équerre mo- bile, est de 70°. C’est la tête d’un vieillard , tandis que la mâ- choire inférieure appartient à un jeune sujet. Les deux molaires qui sont en place sont sans mamelons , usées, à couronne plate, et creusées chacune de cinq petits cnfoncemens. Cette forme 11’est, selon l’auteur, l’effet ni du temps, ni de l’ensevelissement, mais de la mastication de corps durs : ce qui indique un état frugivore , une civilisation peu avancée, et une nourriture au moyen de racines, de glands et de fruits acres et durs. Il promet de procurer à la Société quelques débris de po- terie. Depuis son dernier Mémoire , on a découvert dans la grotte de grosses dents d’hyène, mars en petit nombre; des fragmens de Jade et de silex effilés , mais petits , qui peuvent ayoir servi de petits couteaux ou d’instrumens de chirurgie; un crâne de ruminant surmonté d’un fragment de grosse corne ayant envi- ron huit pouces de longueur , et qu’il croit avoir appartenu au genre Antilope; enfin, une énorme patte d’ours entière , dont tous les os, même les sésamoïdes, étaient en connexion et em- pâtés dans de l’argile durcie. Tous ces objets, et la plupart de ceux décrits dans les précé- dentes communications de M. Teissier, appartiennent à M. Ju- 8o SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE l83i. lien, ex-étudiant en médecine, demeurant maintenant à Mialet. Ce dernier offre à la Société d’en faire l’acquisition, proposition qui est renvoyée à l’examen du conseil. On lit la note suivante de M. Teissier: « Ayant pour quelques jours à ma disposition une tête entière d'ours , que je rapporte à Yursus spelœus de M. Cuvier , je l’ai exactement mesurée dans tous les sens et dans toutes les parties , et j’adresse à la Société le tableau de ces dimensions. J’espère qu’elle le recevra avec intérêt. Les dimensions sont en général plus fortes que celles de Yursus spelœus d’Iserlohn et de Lunel-Viel; dJail- leurs, ces dimensions sont complètes, tandis que les tableaux cités offrent beaucoup de lacunes , sans doute à cause de l’imperfection des échantillons. ï . Longueur de la tête depuis l’épine ou protubérance oc- cipitale jusqu’aux incisives supérieures ( plus grande m. longueur de la tête ) o,535 2. Largeur du crâne entre les apophyses post - orbitaires du frontal , ces apophyses non comprises 0,1 3o 3. Distance de l’extrémité postérieure de l’épine occipitale à une ligne qui couperait en travers les apophyses post-orbitaires du frontal d’un côté à l’autre ( en sui- vant les courbures ) o,3oo 4- Distance de la même ligne aux incisives (en suivant les courbures) 0,270 5. Distance de cette ligne à la réunion des crêtes qui vien- nent des apophyses post-orbitaires du frontal pour former la crête sagittale <>,220 6. Plus grande longueur des arcades zygomatiques. . . . 0,200 7. Distance de l’apophyse post-orbitaire de l’os molaire d’un côté à celle du côté opposé ( les apophyses com- prises ) 0,1 5o 8. Longueur d’une incisive latérale ou troisième supé rieure, portion saillante hors de l’alvéole 0,020 9. La même incisive incrustée à la partie la plus épaisse de sa racine 0,020 10. Hauteur de la portion émaillée de cette incisive prise à sa face postérieure o,oa5 1 1. Pénultième molaire supérieure , mesurée dans son dia- mètre antéro-postérieur. o,o3o 86 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1 85 K 12. La même . mesurée dans son diamètre transversal. . • 0,010 13. Dernière molaire supérieure, mesurée dans son dia- mètre antéro - postérieur o,o5o 14. La même , mesurée dans son diamètre transversal. . . 0,028 15. Condyle du maxillaire inférieur , d’une extrémité à l’autre 0,070 16. Diamètre antéro-postérieur du demi-cylindre ou sur- face articulaire o,o35 1 7. Hauteur du maxillaire inférieur, prise dans l’intervalle entre la canine et la première fausse molaire 0,070 18. Epaisseur de ce maxillaire , mesuré en arrière du trou menton nier 0,028 19. Hauteur de la couronne d’une troisième incisive ou la- térale inférieure, prise en dehors 0,018 20. Canine inférieure isolée , mesurée en ligne droite. . . o, i3o 2 ï . Hauteur de la portion émaillée de la même canine. . o,o45 22. La même canine, mesurée à la partie la plus large de sa racine o,o38 23. An té-pénultième molaire inférieure, longueur antéro- postérieure. o,o3o 24. La même , mesurée transversalement 0,017 25. Longueur antéro-postérieure de la pénultième molaire inférieure o,o33 26. Même dent mesurée dans le sens transversal 0,019 27. Longueur antéro-postérieure de la dernière molaire in- férieure ou tuberculeuse o,o3i 28. Diamètre transversal de la même dent 0,021 29. Hauteur du maxillaire inférieur en arrière de la tuber- culeuse o,o83 30. Distance du condyle de la mâchoire inférieure aux in- cisives o,35o 3 1 . De l’angle de la mâchoire inférieure au sommet de l’apophyse coronoïde 0,220 32. De la voûte palatine au sinciput , hauteur du crâne. . 0,190 33. De la face externe d’un condyle de la mâchoire infé- rieure à l’autre o,25o 34. De la face externe d’une canine supérieure à l’autre. . 0,120 35. Plus grande largeur de la face externe d’une arcade zygomatique à l’autre o,3oo 36. Distance des incisives supérieures à l’extrémité posté- rieure des condyles de l’occipital 0,480 37. De l’angle de la mâchoire inférieure au sinciput. . . o,33o SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE l85l» 87 38. Du bas de l’apophyse mastoïde à la crête occipitale. . 0,200 3(). De la base d’une apophyse çoronoïde à l’autre , anté- rieurement o,i5o 4o. D’un angle de la mâchoire inférieure à l’autre, posté- rieurement 0,200 4i • D’une apophyse mastoïde à l’autre 0,280 42, Plus grande distance de l’arcade zygomatique au sphé- noïde q,t3o 43. Plus grande largeur de l’ouverture des naseaux. . . . 0,090 44. Plus grande hauteur de l’ouverture des naseaux. . . . 0,080 45. De l’angle inférieur et antérieur de l’orbite à l’extré- mité de la protubérance occipitale o,33o 46. De l’angle antérieur et inférieur de l’orbite à la racine de l’incision supérieure médiane 0,200 47. Plus petite largeur du front d’un orbite à l’autre. . . o,io5 48. Hauteur depuis le bord de l’alvéole de la dernière mo- laire supérieure jusqu’à la naissance du front. . . . . o, i3o On remarquera que supérieurement il y a cinq incisives; etqu’in- férieurement il n’y en a que quatre; mais le nombre normal paraît être de six, ce qui fait qu’on observe souvent de petites dents hors de place, qui percent antérieurement sous les autres, à la mâchoire inférieure surtout, car je ne l’ai pas observé à la supérieure. Inférieurement , la distance de la première molaire à la canine est de o,no65; supérieurement, de o,o52. D’une pointe de canine à l’autre , il y a supérieurement om09o, et inférieurement 0,080. Quoique la tête et la mâchoire inférieure se raccordent assez bien, il est probable cependant qu’elles n’ont pas appartenu au même individu. M. Boue achève la lecture du Mémoire commencé dans la précédente séance. Ce mémoire est divisé en quatre parties; dans la première, rauteursoumetàM.Dcshaycs quelques doutes sur ses conclusions géologiques déduites d’observations conchyîiologiqucs, dans îa seconde, il examine par quelles inductions le classement des diverses formations est entré petit à petit dans le domaine de la science; dans la troisième , il compare les résultats de classili - cation obtenus jusqu’ici par la méthode géologique et par la pa- léontologie, appliquées chacune isolément; enfin , dans la qua- trième, il oppose les unes aux autres les conséquences géogé 88 SEANCE DU 19 DÉCEMBRE l85l. niques qu’on peut tirer, d’un côté, de la géologie proprement dite, et , de l’autre , de la paléontologie appliquée à cette science. L’auteur conclut, comme M. de Beaumont, i° que l’obser- vation de la continuité des couches est encore jusqu’à présent la règle la plus sûre pour la détermination géognostique des dépôts. 20 Que la géologie sans la paléontologie possède assez de données pour amener à tous les grands résultats et à toutes les divisions et subdivisions importantes adoptées dans la science actuelle. 3° Qu’011 ne peut pas encore faire de la géologie sur toute la surface terrestre simplement avec les données paléontologi- ques , toute la terre 11’étant pas encore étudiée; néanmoins, connaissant bien un bassin ou un grand continent, l’observation de la distribution géologique des fossiles deviendra un guide assuré et quelquefois commode. 4° Que les indications données par les pétrifications peuvent, jusqu’à un certain point et dans des cas particuliers , être très- utiles, lorsque la superposition est obscure ou incertaine. 5° Que l’on peut déduire isolément des observations géolo- giques ou paléontologiques des idées géogéniques d’un intérêt égal, mais quelquefois d’une nature différente. M. Deshayes fait observer que M. Boué, dans le mémoire qu’il vient de lire , mémoire qui soulève la plus grave question que la science géologique puisse mettre en discussion , n’est point parti d’une base fondamentale pour appuyer son opinion.il est donc né- cessaire de ramener la question sur son véritable terrain ,, et l’on verra que par ce moyen on arrive rationnellement à des conclusions toutes contraires. Pour éviter toute espèce de malentendu dans la discussion, il est convenable de donner des définitions rigoureuses des diverses cho- ses qui seront discutées. Puisqu’il est question de décider si la géologie doit être minéra- logique ou zoologique , il faut d’abord se demander qu’est-ce que la géologie ? C’est la science qui s’occupe des couches de la terre dans leur nature et leurs rapports. Lorsque l’on a sous les yeux un grand nombre des couches SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1 85 1 . 89 de la terre ou quand on les a toutes réunies dans un tableau figu- ratif, l’idée simple qui naît de l’inspection de leur masse, c’est celle d’un espace de temps écoulé. Les couches de la terre ne représentent donc à l’esprit , en der- nière analyse , qu’un long chronomètre dont nous cherchons à connaître l’étendue. En examinant, en étudiant avec soin les couches de la terre, on s’est bientôt aperçu qu’elles n’avaient pas toutes été déposées sous l’influence des mêmes phénomènes ; on entrevit en même temps que les mêmes phénomènes avaient présidé en quelque sorte à la formation d’un certain nombre de couches : on les groupa dès lors, on brisa par la pensée la grande période , on la décomposa en pé- riodes plus petites , à chacune desquelles on a donné le nom de formation. S’il est vrai que les couches de la terre représentent un long espace de temps ; s’il est vrai que toutes les couches n’ont pas été déposées sous l’influence d’un même phénomène, mais que les phé- nomènes se sont succédé à mesure que des groupes de couches ont été formés , il faudra en conséquence que la définition la plus simple d’une formation soit celle-ci : Un espace de temps repré- senté par un certain nombre des couches de la terre , déposées sous V influence des mêmes phénomènes . Si cette définition simple d’une formation découle naturellement de ce qui précède , si elle en est la conclusion , il devient de toute évidence qu’on ne peut limiter une formation, sans avoir apprécié préalablement avec le plus grand soin les phénomènes et leur valeur respective : c’est là la conclusion logique. Dès lors on doit se demander qu’est-ce donc que ces phéno- mènes, et d’abord sur quoi ont-ils agi? Il est évident qu’ils n’ont eu d’action que sur deux sortes de choses : de la matière inorganique et de la matière organisée. La matière inorganique ou minérale des couches est extrêmement variable ; c’est un fait incontestablement prouvé et établi par l’ob- servation de tous les géologues : ainsi une même couche pourra être marneuse, calcaire, cristalline, siliceuse ou de sable ; elle sera tantôt blanche ou de tout autre couleur , selon les circonstances locales qui l’auront modifiée, etc. Les élémens chimiques sont éga- lement variables. On ne peut donc pas dire que deux couches que l’on ne voit pas en continuité sont du même âge parce qu’elles ont Ja même composition minérale. Lorsque l’on examine avec quelque attention les corps organisés contenus dans les couches terrestres, on voit leurs espèces passer 90 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1 85 1 . d’une couche à l’autre, quoique par leur nature ces couches soient trés-différentes j ces espèces restent les mêmes ou subissent peu d’altération , quoique la composition des couches qui les récèlent ait été considérablement modifiée. En admettant ces deux faits comme incontestables, et ils le sont, c’est-à-dire que la composition minérale des couches est très-va- riable , tandis que les débris d’êtres organisés qu’elles renferment ne le sont qu’infiniment moins, on peut conclure évidemment que, s-i l’on veut trouver un moyen , une mesure pour déterminer les limites d’une formation, on doit les chercher dans ce qui est le moins variable , on doit les prendre aussi dans ce qui présente quelque chose à l’esprit. Qu’est-ce qu’une période minéralogique ? On ne peut le conce- voir , tandis que tout le monde comprendra ce que c’est qu’une période zoologique. Cela sera d’autant plus facile , que nous avons sous les yeux une de ces périodes, et que nous pouvons la comparer avec une période de la nature ancienne , que nous pouvons par approximation nous figurer cette nature ancienne, parce que nous avons avec elle un point fixe de comparaison. Dès lors une formation est une période zoologique } conçue ra- tionnellement, elle est représentée par un certain nombre des cou- ches de la terre recéîant un ensemble d’êtres organisés qui ne se trouvent que dans ces couches. Il faut donc connaître les corps organisés pour décider les limites des formations ; cette conclusion est de toute rigueur. Ainsi une formation ne sera pas limitée par le changement subit de la nature de la roche, par la position contrastante des couches , par des phénomènes de soulèvement, de dislocation, etc. Tout cela peut fort bien n’être que des accidens locaux ) tous ces accidens ont pu survenir sans que les êtres vivans aient éprouvé d’altération, et c’est en effet ee que l’ observation démontre. Mais quand on pourra dire : U11 tel ensemble d’êtres organisés a commencé à telle cou- che et a fini à telle autre couche, et à cet ensemble en a succédé un autre qui ne lui ressemble pas, on aura fixé définitivement la lon- gueur d’une période de vie ou dJune formation • et il n’en faut pas douter, dans l’ensemble des couches de la terre il y a plusieurs de ces périodes. Si ce qui précède est fondé en raison , en logique, que devient donc l’opinion de ceux des géologues qui croient pouvoir soutenir, avec M. Boué, que la géologie peut se passer de l’étude des corps organisés fossiles? Il est évident que cette opinion nJa point de base. On peut bien dire que quelques personnes ont introduit des SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE l85l. 01 erreurs dans la géologie , en mettant en œuvre des matériaux pa- léontologiques incomplets ; mais peut-on raisonnablement con- clure de là quela science des fossiles ne doit jamais donner que de tels résultats ; que, plus parfaite et appliquée convenablement, elle ne deviendra pas de première importance ? Cette conclusion est trop évidemment fausse pour avoir besoin d’être sérieusement réfutée. En dernière analyse , tout l’important de la question consiste à décider si les caractères zoologiques auront la prédominance sur les caractères minéralogiques dans l’étude de la géologie. Sans diminuer en rien l'importance des caractères minéralogiques, nous avons l’intime conviction qu’ils ne sont, relativement aux premiers, que d’une valeur secondaire. La manière d’envisager la question n’est point une chose indif- férente ; elle touche à ce que la science a de plus fondamental , à son avenir; car elle décide si la géologie restera une science pra- tique , ou si , à l’égal des autres sciences , elle aura aussi sa haute philosophie. Ce que l’on peut dire, c’est que la géologie minéralo- gique conduit à la seule pratique matérielle de la science , la re- cherche des substances utiles : c’est l’art du mineur perfectionné ; tandis que la géologie paléontologique peut également conduire au même résultat, mais elle atteint un but plus élevé, la philosophie de la science. Quelle est en effet cette philosophie? La comparai- son de l’état ancien du globe avec l’état actuel ; l’appréciation des changemens successifs qne sa surface a subis. Comment pourra-t-on arriver à ce but, si l’on se borne à l’étude de la matière inorgani- que diversement modifiée? Ces modifications sont d’ailleurs d’une faible valeur. Quel que soit l’âge d’une argile, d’un calcaire , etcc, n’est-ce pas toujours un calcaire, de l’argile, etc. ? Ce qu’il y a ac- tuellement d’important à la surface de la terre , c’est la matière organisée soumise aux lois de la vie; ce qui est important, c’est de comparer cette nature vivante actuelle avec la nature ancienne ; c’est de reconnaître si les lois de la nature 11’ont point subi de mo- difications; c’est enfin de pouvoir conclure quelque jour l’état de la surface de la terre , d’après la nature des êtres dont nous étu- dions les restes fossiles. Voilà ce qui doit exciter l’attention des géologues et leur faire sentir toute l’importance, toute la nécessité de l’étude des fossiles ; en se livrant à cet égard à de nombreuses recherches, ils donneront à la science une nouvelle impulsion dans une route toute philosophique , dans laquelle elle ne fait à peine que d’entrer. Ce n’est donc pas sans quelque raison que j’ai pu dire ailleurs , et que je répète ici avec la plus grande conviction : Point de géologie sans zoologie. » 9‘2 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1 83 1 . M. Dufresnoy fait observer qu’en géologie le nom de forma- tion est donné à une série de couches déposées dans les mêmes circonstances ; comme, par exemple., entre deux soulèvemens. Il est persuadé que la manière dont M. Deshayes propose d’é- tablir les formations donnerait des résultats analogues à ceux obtenus par la différence de stratifications, parce que les révo- lutions qui ont suivi les soulèvemens ont nécessairement donné naissance à des groupes zoologiques. Il ajoute que l’étude des superpositions lui paraît la base actuelle de la séparation des terrains, et que, depuis 20 à 25 ans, on n’a fait autre chose que grouper les dépôts décrits dans les formations établies dès long temps par la seule observation des superpositions. Du reste , il regarde comme impossible, dans l’état actuel de la science, de se passer de la considération des fossiles , ce caractère étant souvent le plus facile à constater, et dans beaucoup de cas le seul que la nature offre au géologue. 93 SÉANCE DU 9 JANVIER î83‘2. Séance du 9 janvier 1832* M. Cordier occupe le fauteuil. M. Desnoyers tient la plume comme secrétaire en fonction. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Il est fait hommage à la Société des ouvrages suivans : i° De la part de M. de Bonnard , quatre ouvrages dont il est l’auteur; a . Essai gèognostique sur /’ Erzgebirge ou sur les montagnes métallifères de la Saxe. — Un vol. in-8°. Paris, 1816. b. Notice gèognostique sur quelques parties de la Bourgogne . — ïn-8°, avec 2 planches. Paris, 1825. c. Sur la constance des faits géognostiques qui accom * pagnent le gisement du terrain d’Arkose , à l’est du plateau central de la France. — Un vol. in-8° de 106 pages, avec trois planches. Paris, 1828. d. Mémoire sur les gîtes de Manganèse de Romanèche (Ex- trait des Annales des Sciences naturelles; mars, 1829). — In- 8°, avec une planche. 20 De la part de M. Graves : Deux mémoires qu’il a insérés dans X Annuaire de l’Oise de i832 , et contenant une description géologique générale de deux cantons de ce département: a. Précis statistique sur le canton d3 Estrées- Saint- Denis , arrondissement de Compiègne . — Un vol. in- 8° avec une carte. Beauvais, i832. b. Précis statistique sur le canton de F roissy , arrondisse- ment de Beauvais. — Un vol. in-8° avec une carte. Beauvais, i852. 3° De la part de M. Spencer-Smith : Coup d’œil historique sur C Angleterre depuis jusqu’en 16090 — In- 8°. Paris, 1 83 1 . M. le vicomte Héricart-Ferrand fait aussi hommage à la Société , pour chacun de ses membres , de 5 70 exemplaires d’une Coupe gèognostique du département de l’Oise , destinée à accompagner l’extrait de son mémoire inséré dans le deuxième volume, page 9, du Bulletin de la Société. ^4 SÉANCE DU 9 JANVIER l832. M. Yirlet fait présent à la Société d’une suite de soixante-cinq échantillons, extraits de la grande collection des roches de la Grèce , déposée au Jardin-des-Plantes , et recueillie pendant l’expédition scientifique de Morée ,, dirigée par M. le colonel Bory de Saint Vincent. Ces échantillons sont relatifs à la seule chaîne du Taygète, et se composent de 7 échantillons des ro- ches anciennes de transition ; de 40 de la série talqueuse , comprenant particulièrement des phylîades talqueux, des ana- génites, des marbres blancs , verts, rouges et tigrés de diverses couleurs; et 18 échantillons de la série des marbres et calcaires siliceux, firéchoïdes , à bandes et rognons de phtanite , et qui succèdent aux précédentes formations. La Société reçoit une lettre de M. Savi, de Pise, qui lui an- nonce le prochain envoi de ses observations géologiques sur la Toscane. La Société procède à l’élection du président , qui doit être choisi parmi les quatre vice-présidens en exercice ( MM. Alex. Brongniart, Brochant, de Blainville et Constant Prévost). La pluralité des votes des membres résidans et non résidans se portent sur M. Alexandre Brongniart , qui est proclamé président pour l’année i832. Les autres voix ont été données à M. Constant Prévost. M. Brongniart remercie la Société de cet honneur , et vient occuper le fauteuil. Sur la proposition du secrétaire en fonction , des remercî- mens sont votés à M. le président sortant , pour l’intérêt et l’empressement qu’il a mis à présider les travaux de la So ciété. M. Cordier annonce ? en quittant le fauteuil , que les démar- ches qu’il a faites pour obtenir l’autorisation royale pour la constitution définitive de la Société, auront incessamment leur effet. M. Elie de Beaumont, en raison de ses occupations et de ses voyages fréquens , donne sa démission de secrétaire. La Société renvoie au conseil le soin de décider s’il sera pourvu à son remplacement avant l’expiration de deux ans que doivent durer les fonctions des quatre secrétaires et vice-secrétaires. SÉANCE I)U (J JANVIER l852. C)5 MM. Deshayes et Desnoyers proposent que l’un des secré- taires soit positivement nommé secrétaire pour l’étranger , suivant l’esprit du réglement. Celte proposition est également renvoyée au conseil. D’après une proposition faite par M. Boué , et soumise déjà au conseil dans sa séance du 5 1 octobre 1 83 1 , la Société décide que pour la vice-présidence on ne peut pas pren dre des mem- bres du bureau. On procède à l’élection des quatre vice présidens : MM. CORDIER, DeFRANCE, Arago, De Bonnard, sont successivement élus et proclamés vice-présidens. Les autres voix se sont partagées entre MM. Fleuriau de Bellevue, Duperrey, Delafosse, Walferdin, Régley et Héricart de Thury. On procède au remplacement de cinq membres du conseil; savoir : de M. Coquebert de Montbrét, décédé; de M. Passy , préfet du département de l’Eure ; de M. de Bonnard , nommé à la vice- présidence; et de MM. Héricart de Thury et Delafossc , écartés par la voie du sort. MM. Constant Prévost , de Blainville , Brochant de Villiers, Elie de Beaumont et Cartier obtiennent la majorité des suf- frages. La Société décide que les membres du bureau ne pourront être nommés à d’autres fonctions que celles qu’ils remplissent avant l’expiration de leur temps d’exercice. M. Clément-Mullet, rapporteur de la commission pour l’exa- men des comptes du trésorier, présente , à la suite du compte des recettes et des dépenses faites pendant l’année 1 83 1 , son rapport à la Société. Les conclusions, tendant à l’approbation du compte, sont adoptées. COMPTES COMPTES des recettes et des dépenses faites pendant Vannée i83i,. par M. Hardouin Michelin, trésorier de la Société Géologique de France. RECETTE. NATURE w <5 0 “ RECETTES À M O H > S g • W w' “ S 'g « 'w - O »* P Q M L_i DES RECETTES. S S ÏJ h CQ O A FAIRE. EFFECT pS « • 44o >' 56o 160 400 de i83o. t Cots. annuelles. 770 >• 770 > 35o » 420 120 3oo Art. 3. ( Droits d’entrée . 120 >' 640 > 5oo » 140 x4o Année i83i. (.Cols. annuelles. Art. 4,Contrib. une fois payée par 4410 » 5370 > 2840 » 2,53o 750 1780 M. Sedgwick de Cambridge. . » » 3oo > 3 00 « » » » Art. 5.Vente du iervol. duBullet. » » 3 v 3 « y> » » Art. 6 Recette extraordinaire. . » » 22 25 22 25 » » » Totaux 7457 55 9262 80 56x2 80 365o io3o 2620 DÉPENSE. NATURE DES DÉPENSES. BUDGET. DÉPENSE EFFECTUÉE. EXCÉDANT. ÉCONOMIE. F. c. F. C^ F. G. Art. ier. Impressions diverses et lithographies. . . 200 i63 35 36 65 Art. 2. Bulletin . . . . 1 140 I °3q q5 100 5 Art. 3. Mobilier 200 218 5 18 5 » » Art. A- Affranchissement, ports de lettres et paq. 25o 265 70 i5 70 » » Art. 5. Agent de la Société . . . 400 4oo » » » » « Art. 6r. Loyer 1000 1 000 » » y » » Art. 7. Chauffage, éclairage. . . . 200 i38 » Y> » ‘62 » Art. 8. Dépenses diverses . . . . . 200 249 i5 49 ï5 >* » Totaux. . . 35g0 3474 20 82 90 198 70 Résultat final. La recette totale étant de 5, 612 fr. 80 c. La dépense totale de 3,474 20 Le reste en caisse au 3i décembre s83i est de. 2,1 38 fr. 60 c. Y compris 255 fr. provenant de la cotisation Sedgwick. Fait et présenté le 4 janvier i832 par le Trésorier soussigné , H. MICHELIN. SÉANCE DU 9 JANVIER l852. 97 RAPPORT SUR LES COMPTES DU TRÉSORIER. M. CLÉMENT-MULLET , RAPPORTEUR. Les membres de la commission nommée par vous pour F examen de la gestion de votre trésorier pendant Tannée i83i , ont bien voulu me charger de soumettre leur travail à votre approbation , et de vous exposer la position financière de la Société. Les comptes qui nous ont été présentés sont très-simples et très- faciles à saisir par eux-mêmes; nous avons cru devoir en faire la vérification en les rapprochant du budget de i83 1 . Un double motif nous a fait prendre cette marche. C’était d’abord un moyen de constater la prospérité de notre Société ; car un budget s’établissant à l’avance et sur les ressources existantes au moment de sa fixation, si l’actif présumé est ensuite dépassé par l’actif survenu , il y a une amélioration d’état qu’il est intéressant et utile de mettre au jour. L’autre raison, qui touche déplus près le comptable, c’est qu’il est plus aisé de constater l’exactitude de sa gestion , et de voir s’il y a économie, ou si les crédits ouverts ont été outrepassés, ce dont il est important de s’assurer. Ici , messieurs , nous avons économie et non excédant de dépenses. Le chapitre de la recette , suivant le compte du trésorier , se compose de six articles, (Voir le compte.) Les cinq premiers articles ne semblent demander aucune expli cation ; quant au sixième , indiqué sous le titre vague de recette extraordinaire , il lui faut quelque commentaire pour être bien compris. Notre Bulletin avait été saisi, parce que l’administration des domaines l’ayant confondu avec les journaux ordinaires , elle voyait dans l’absence du timbre une contravention passible d’a- mende. Une contrainte fut décernée , et votre trésorier s’est em- pressé de consigner cette amende pour éviter déplus grands frais. Depuis, Terreur ayant été reconnue, la consignation a été rendue. Telle est l’origine de cet article : la somme ayant été sortie en dé- pense, elle a dû y rentrer en recette. Je signalerai ici l’obligeance et le zèle apportés dans cette affaire par M. Lajoye, l’un des mem- bres de la Société, qui, par ses démarches réitérées, a pressé, à la direction générale des domaines, l’expédition d’une décision si fa- vorable dans ses conséquences. L’ensemble de ces six articles donne un total de 9,262 fr 80 c. Le budget de i83i avait fixé la recette à . . 7,45-7 55 Excédant. .... i,805 fr. a5 c. Soc. gdol. Tome I L 7 98 si ANClî DU 9 JANVIER l85ü. Mais , messieurs , ne nous faisons point illusion , la somme de 9,262 fr. 80 c. 11’est pas tellement certaine qu’on doive la porter pour sa totalité en avoir , car si nous avons eu nos succès , nous avons eu aussi quelques revers. Le décès de quelques membres, la démission de quelques autres ont amené une réduction de 1 ,o3ofr.; ainsi que F examen des registres , des démissions et autres pièces justificatives l’ont prouvé. Cette somme de 9,262 fr. 80 c. ou bien, après la réduction de la non-valeur. . i,o3o » celle restant de 8,232 80 n’a point été encaissée en totalité ^ il a été reçu seulement 5,6 12 80 Il reste donc encore à recouvrer 2,620 fr. Maintenant arrivant à la dépense, nous trouvons qu’elle se com- pose de huit articles, tous appuyés de quittances et de pièces justi- ficatives. Yoir le tableau de dépense au compte, dont le total est de 3,474 fr* c. Si, comme nous l’avons fait pour la recette, nous comparons la dépense avec le budget , nous trouvons que quelques articles ont dépassé la fixation, excédant qui s’explique très-bien , soit par les frais d’envoi nécessités par l’accroissement du nombre des membres, soit par les ports des échantillons reçus ou des meubles construits pour caser les collections ; mais en résultat nous avons encore une économie de 1 15 fr. 80 c. En effet, le crédit ouvert au budget était de. 3, 590 fr. » c. La dépense réelle a été de 3,474 20 Somme pareille à celle qui vient d’être dite. 1 1 5 fr. 80 c. Actuellement, balançantla recette qui s’élève à. 5, 61 2 fr. 80 c. Avec la dépense qui est de 3,474 20 ïi reste en caisse 2,i38 60 Ajoutant ce que doivent les reliquataires. . 2.620 » Nous trouvons que l’actif financier de la So ciété s’élève à 4,758 fr. 60 c. SÉANCE DU 9 JANVIER l852. 99 Vous avez sans doute été étonnés, messieurs, et vos commissaires Font été aussi, de voir, à la fin de la deuxième année de Fexistence de la Société , un arriéré aussi considérable. Il serait pénible et désagréable de vous signaler les retardataires. Nous avons cru de- voir consigner au procès-verbal l’invitation faite au trésorier d’em- ployer tous les moyens que les réglemens mettent en son pouvoir pour presser le recouvrement de ce qui est encore dû. Le compte que nous examinons nous fait voir que la Société est dans un état florissant, tant sous le rapport des finances que sous le rapport du nombre de ses membres j en effet, Fan dernier nous comptions 1 4 1 membres ) cette année nous en comptons 160, mal- gré l’influence fâcheuse qu’a dû exercer sur les esprits l’état de vague et d’incertitude des affaires politiques. Une collection précieuse pour la science commence à se former $ des envois déjà assez nombreux d’échantillons vous ont été faits et nous en font espérer d’autres. Il nous est donc permis , messieurs, de nous confier à un avenir de plus en plus satisfaisant. L’utilité de la Société de mieux en mieux comprise, elle s’élèvera à cet état désirable qui lui permettra de faire tout le bien que se sont pro- posé ses fondateurs. Je termine en vous proposant , messieurs , au nom de la com- mission , d’approuver purement et simplement sa décision , qui déclare M. Michelin , trésorier de la Société, quitte et libéré de sa gestion de l’année mil huit cent trente-un. J. -J. Clément-Mullet , Rapporteur. M. le trésorier dépose , au nom du conseil , le projet de budget pour 1 85*2. La discussion en est renvoyée à la prochaine séance. LTSTE DES MEMBRES LISTE DES MEMBRES DE LA DE FRANCE, AD 9 JANVIER 1832. COMPOSITION DU BUREAU. Président. M. Alexandre Brongniart. M. CoRDIER. M. Arago. V ice-présidens. M. Defrance. M. de Bonnard. Secrétaires. M. Desnoyers, Sre en fonction. M. Boue, Sre pour l’étranger. T rèsorier . M» Hardouin Michelin. V ice-secrètaires , M. Dufrenoy. M. Delafosse. Archiviste . 5 M. Félix de Roissy. Membres du Conseil. M. Elie de Beaumont. M. de Blainville. M. Brochant de Villiers. M. Cartier. M. Deshayes. M. Duperrey. M. de Ferussac. M. Huot. M. de La Jonkaire. M. Constant Prévost. M. Regley. M. Walferdin. LISTE DES MEMBRES. *0 Membres de la Société. MM. "'7S André, Conseiller de cour et Membre de plusieurs Sociétés sa- vantes, à Stuttgard, en Wurtemberg. Aràgo, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, à l’Obser- vatoire, à Paris. Bassano (Eugène de) , rue Saint-Lazare, n° 60, à Paris. Basterot ( de ) , Membre de plusieurs Sociétés savantes , chez M. Ramsault, cours d’Aquitaine, n° 107, à Bordeaux. Beaumont (Elie de). Ingénieur des mines, rue de Boufflers , n° 3 bis, à Paris. Belzons (Edouard), rue de Grammont, n° 1 3, à Paris. Berard (Simon), Membre de la Chambre des Députés, Directeur- général des ponts- et-chaussées, rue de Varenne, n° 26, à Paris. Bertrand-Geslin fils, Membre de la Société d’Histoire naturelle de Paris, sur les boulevarts, à Nantes. Billaudel, Ingénieur en chef des ponts-et-chaussées, à Bordeaux. Bineau, Ingénieur des mines, à Beauvais (Oise). Blainville (de) , Membre de l’Académie des Sciences, rue Jacob , n° 5, à Paris. Blucher (de) , Docteur ès-sciences , Munzstrasse , n° 16, à Berlin , Prusse. Bonar (H.), impasse Saint-Dominique-d’Enfer, n° 2, à Paris. Bonnard (de) , Inspecteur-divisionnaire au corps des mines, quai Malaquais, n° 19, à Paris. Bostock , Docteur-médecin , Membre de la Société géologique de Londres, rue Taranne, n° 10, à Paris. Boube'e (Nerée), Professeur de Géologie, de Minéralogie et de Con- chyliologie, etc., rue Guénégaud, n° 17, à Paris. Boue (Ami) , Docteur-médecin , Membre de la Société d’histoire naturelle de Paris, rue de Tournon, n° 17, à Paris. Brochant (Hyppolitc) , avocat , rue Saint-Dominique St-Germain, n° 70, à Paris, Brochant de Yilliers , Membre de l’Académie des Sciences , rue St-Dominique St-Germain, n° 71, à Paris. Brongniart (Alexandre), Membre de l’Académie des Sciences, rue St-Dominique-St-Germain, n° 71, à Paris. Brue, Géographe , et Membre de la Société de Géographie de Pa- ris, rue des Maçons-Sorbonne, 110 11, à Paris. Buckland , Professeur de Géologie de l’Université d’Oxford Membre de la Société royale et de la Société Géologique de Londres , etc, , à Oxford (Angleterre). 102 LISTE Caillaud (Frédéric), Conservateur-adjoint du Musée, à Nantes. Cambessèdes , Membre de la Société d’Histoire naturelle de Paris, place St-André-des-Arts, n° 3o, à Paris. Cartier , ancien Capitaine d’artillerie , rue des Ecuries-d’ Artois , n° 4» à Paris. Caumont (de) , Secrétaire de la Société Linnéenne , Membre de plusieurs Académies, à Caen (Calvados). Ciiesnel (Marquis de) , Lieutenant-colonel , à Restinclière , près Montpellier. Christol (Jules de), Secrétaire de la Société d’Histoire naturelle, à Montpellier (Hérault). Clément-Mullet, Membre de plusieurs Sociétés savantes , rue du Bac, nu 12, à Paris. Colson (Alexandre), Docteur-médecin à Noyon, Oise. Cordier, Membre de l’Académie des Sciences, rue de Seine (Jardin des-Plantes), n° 25. Courtigis (de) , Capitaine au corps royal d’état-major , à Melun (Seine-et-Marne), D’Abbadie, rue Cassette, n° 3y, à Paris. Dàlmatie (Marquis de) , Officier d’état-major, au ministère de la guerre, à Paris. Daudin (Hyacinthe), propriétaire, à Pouilly, Oise. Debaxjx, Naturaliste, rue Lalande, à Agen (Lot-et-Garonne). Defrance, Membre de plusieurs Sociétés savantes, à Sceaux(Seine). Delafosse, Aide-naturaliste au Jardin-du-Roi, rue des Mathurins- St- Jacques, n° 24, à Paris. Delcros , Chef-d’ escadron au. corps royal des Ingénieurs-Géogra- phes, boulevart St-Antoine, n° 61, à Paris. Belneufcourt, Elève-ingénieur des Mines, à Mons. Delorme, rue de Valois, n° 8 (Palais-Royal), à Paris. Delpon, Député du département du Lot, à Figeac. Deshayes, Docteur-médecin , Membre de la Société d’Histoire na- turelle de Paris, rue de Paradis, n° 9, au Marais, à Paris. Desmoulins (Charles), Membre de plusieurs Académies, à Bordeaux, Desnoyers (Jules), Membre de la Société d’Histoire naturelle de Paris, rue de Paradis, n° g, au Marais, à Paris. Diaz (Jean), de Panama, rue d’Enfer, n° 3g, à Paris. Dibon (Paul), à Louviers (Eure). Domnando (D,) , Conseiller honoraire de Russie, à Trieste , et à Paris, rue et hôtel Coquillière. DES MEMBRES. 1 o5 D’Orbigny père, Docteur-médecin , Membre de plusieurs Sociétés savantes, à la Rochelle (Charente-Inférieure). Doublier, à Rassuën, près Istres (Bouches-du-R.hôue). Dre'e (Marquis de) , Membre de la Chambre des Députés , rue des Saints-Pères, n° 71, à Paris. Dubreignou (le comte Henry), à Morlaix, Finistère. Duchatel (le comte), à Versailles. Duclos , Membre de la Société d’Histoire naturelle de Paris , rue de la Lune, n° 20, à Paris. Dufrenoy, Ingénieur des Mines, rue du Battoir-Saint-André-des - Arts, n° 19, à Paris. Dujardin, Professeur de chimie, à Tours (Indre-et-Loire). Dumas (Emilien), à Sommières (Gard). Duperrey , Capitaine de frégate, rue de Seine-St-Germain, n° 14, à Paris. FERUSSAc(le baron de), Directeur du Bulletin universel des Sciences, rue de l’Abbaye, n° 3, à Paris. Filhon, Chef d’escadron au corps royal des Ingénieurs-Géographes, et Directeur du Bureau topographique de l’armée d’Afrique, rue Bleue, n° 32, à Paris. Fleuriau de Bellevue, Correspondant de l’Académie des Sciences, à la Rochelle (Charente-Inérieure). Fontenelle(de la), Secrétaire de l’Académie de Poitiers, Conseiller à la cour royale, etc., à Poitiers (Vienne). Fourmont (Gustave), garde général des eaux et forêts, à Landrecies (Nord). Fournoue de Montalembert , rue Basse -du- Rempart , n° 44 > à Paris. François (Victor), Docteur en médecine, à Mous. Geraldi (Juste), Inspecteur des carrières du département de l’Oise, à Beauvais. Gérard, Avocat, au Parc, à Bruxelles. Gïrardin, Professeur de chimie, à Rouen (Seine-Inférieure). Gitton de Laribellerie, Commissaire-priseur, rue de Paradis, n° iG, au Marais, à Paris. Gossart, Pharmacien, à Mous. Graves , Secrétaire-général de la préfecture du département de l’Oise, à Beauvais. IIallowel, Docteur en Médecine, de Philadelphie (Etats-Unis). Ha rd oui n (Paul). LISTE Iû4 IIécart , Conservateur du Cabinet d’Histoire naturelle , à Valen ciennes (Nord). Hericart de Thury ( le Vicomte ) , Membre de l’Académie des Sciences, Président des Sociétés d’ Agriculture et d’Horticulture, rue de l’Université , n° 29 , à Paris. Héric art-Ferrand (le Vicomte) , Membre de diverses Sociétés sa- vantes, rue Sainte-Catherine-d’Enfer, n° i , à Paris. Hoeninghaus , Membre de plusieurs Sociétés savantes , à Crefeld , en Prusse (Westphalie). Hogard (Henri), Membre de la Société d’ Emulation des Vosges, à Epinal. Huot, Membre de la Société d’Histoire naturelle de Paris , à Ver- sailles. Jackson (Charles-J.), Docteur médecin , Membre de plusieurs So- ciétés savantes, à Boston, Massachussetts (Etats-Unis d’Amérique). Jacquemin (Maxime) , Capitaine - instructeur à l’Ecole royale de Saumur. Jacquemin, Architecte, à Tours (Indre-et-Loire). Jameson ( Robert ) , Professeur de Géologie , etc. , à Edimbourg (Ecosse). Ignon , Membre de plusieurs Sociétés savantes, à Mende (Lozère). Jobert , Membre correspondant de la Société d’Histoire naturelle de Paris, rue Guénégaud, n° y, à Paris. Jouannet, Président de l’Académie de Bordeaux, à Bordeaux. Jouve, Directeur de Sondages, à Châlons-sur-Marne. Karsten , Docteur ès-sciences , Conseiller supérieur des Mines , à Berlin. La Bêche (de) , Membre de la Société géologique de Londres , Atheneum club house , à Londres. Lacaze (Louis), rue Neuve-des-Mathurins, n° 34? à Paris. Lacordaire , Ingénieur en chef des ponts-et-chaussées , à Pouilly- en-Auxois (Côte-d’Or). Lajonkaire (de) , Membre de la Société d’Histoire naturelle de Paris, au Petit Montrouge , n° 63 , près Paris. Lajoye (Félix), Vérificateur des Domaines, quai de l’École , n° 8, à Paris. La Rochefoucault (le Comte Alexandre de), Pair de France, rue Saint-Dominique-Saint-Germain, n° ioo, à Paris. Lockart, Directeur du Cabinet d’Histoire naturelle d’Orléans , Membre de plusieurs Sociétés Savantes, à Orléans. Lefroy, Inspecteur des études de l’école des Mines , rue d’Enfer, n° 34? à Paris. DES MEMBRES. ÎOÔ Legentil (Laurencée), Membre de plusieurs Sociétés savantes, à Poitiers. Lehmann (de), Officier des Mines, à Saint-Pétersbourg. Lenoir (P. N. ), à l’Athénée des arts, près le Palais-Royal , à Paris. Leprevost (Auguste), Membre de plusieurs Académies , à Rouen , (Seine-Inférieure.) L’Eveillé (Charles), Vérificateur des Douanes , à Maulde , près St-Amand-les-Eaux (Nord). Magneville (Henri de), Membre de plusieurs académies , à Caen, (Calvados). Marcel (de Serres), Professeur à la Faculté des Sciences de Mont- pellier (Hérault). Martin, Naturaliste, aux Martigues (Bouches-du-Rhône). Mathieu (Léopold de), à Valenciennes (Nord). Meyranx , Professeur au collège Bourbon , rue des Beaux-Arts n° 8, à Paris. Michelin (Hardouin), Conseiller référendaire à la cour des Comptes, rue d’Orléans, n° 5, au Marais, à Paris. Montlosier (le Comte de), Président de l’académie Royale des sciences et des arts de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Moreau (César), Directeur président de la Société française de sta- tistique universelle, Place Vendôme , n°24, à Paris. Morren, Docteur ès sciences et Professeur de l’Université deGand, en Belgique. Murchison , Président de la Société géologique de Londres , etc., à Londres. Olivier , ancien élève de l’école Polytechnique , rue du Haut Pas, n° 34 , à Dieppe, et rue Sainte-Anne, n° 3G, à Paris. d’Omalius d’Halloy, Membre de l’académie Royale de Bruxelles à Halloy, par Namur (Belgique). Pareto (le Marquis Laurent), à Gênes. Paris (de), ancien Magistrat, rue des Moulins , n° 16, à Paris. Passini (Louis), à Schio , près Vicence. Passy (Antoine), Préfet de l’Eure , à Evreux. Peghoux, Docteur - Médecin , k Clermont - Ferrand ( Puy - dc- Dôme). Perrot, Géographe, Membre de la Société de Géographie de Paris, rue d’Angoulême , n° 25, Faubourg-duTemple ? a Paris. Pouchet , Professeur d’Histoire naturelle, à Rouen ( Seine - Infé- rieure ). Prévost ( Constant ) , Professeur de géologie à la Faculté des LISTE ioC sciences , Membre des Sociétés Pli ilomatique et d’Histoire na- turelle de Paris, rue de Paradis, n° 9, au Marais, à Paris. Puillon-Boblaye , Capitaine d’Etat-Major , Membre de plusieurs Sociétés savantes , rue des Saint-Pères , n° 27, à Paris. Puzos , Sous-intendant militaire, rue des Beaux-Arts , n° 17, à Paris. Pusch, Professeur de géologie, à Varsovie. Rançon, Propriétaire à Beauvais (Oise). Ravergie, Naturaliste-voyageur du Muséum, rue des Foureurs , n° 9, à Paris. Razoumowski (le Comte Georges), à Vienne (Autriche). Reboul , Correspondant de l’Institut , à Pézenas (Hérault). Regley, aide-Naturaliste au Jardin du Roi, rue St-Denis, n° 190, à Paris. Requien, Administrateur du Muséum, à Avignon (Vaucluse). Robert (E.), rue du Mont-Parnasse , n° 1 bis, à Paris. Roberton, Docteur en médecine, rue de la Ville l’Evêque, n° 23, à Paris. Robin Masse, Docteur en médecine, rue des Prêtres-St-Germain- FAuxerrois , n° 2 1 , à Paris. Roissy (Félix de), Membre de la Société d’Histoire naturelle de Paris, rue Cadet, n° 32, à Paris. Roulland, Officier de marine en retraite, à Bricquebec, par Valognes (Manche). Rozet , Capitaine au corps Royal des Ingénieurs géographes , rue de Verneuiï, n° 9, à Paris. Ruelle , Chef au ministère des Finances, rue de la Michaudière, n° 12. Ruelle (Antoine), Payeur du Trésor, Membre de plusieurs Sociétés savantes, au Puy (Haute-Loire). Savary (le général de), rue Taitbout , n° 38, à Paris. Savi (Paul), Professeur d’Histoire naturelle à l’Université de Pise. Schwerin (le Baron de ), Conseiller de cour, Membre de l’académie de Munich et de plusieurs autres sociétés savantes , à Hauzen- dorf, près de Ratisbonne. Schull (G. S.), avocat, à Dordrecht , en Hollande. Sedgwick, professeurWoodwardien de l’Université de Cambridge, en Angleterre. Spencer Smith (J.), Docteur en droit, Membre de l’académie de Caen, etc., rue Leroy, n° 2, faubourg Saint-Gilles, à Caen. LES MEMBRES. Ï07 Teissier (Jules), Membre de plusieurs Sociétés savantes , à Anduze (Gard). Thirria, ingénieur des mines , à Vesoul (Haute-Saône). Thurman (Jules), ancien élève de l’école des mines, et propriétaire à Porentruy (en Suisse). Tournal fils, Pharmacien , à Narbonne (Aude). Traulle , Officier supérieur en retraite , rue de Rochecliouart , n° 23, à Paris. Tremeau de Rochebrune , Directeur du Cabinet d’Histoire natu- relle, à Angoulême. Truman , Docteur médecin, rue St-Victor, n° 29, à Paris. Underwood , Membre de la Société géologique de Londres , rue Neuve-St-Augustin , n° 28, à Paris. Vallejo, à Léon, en Espagne. Van Breda , professeur d’Histoire naturelle, à I.eyde , en Hol- lande. Van-der-Maelen , Membre des académies Royales de Bruxelles, Turin , etc., rue du Boulet, n° 12, à Bruxelles. Vemard (Auguste), rue Rameau , n° 6, à Paris. Verger, à Nantes, Verneutl (Edouard de), Avocat attaché au ministère de la Justice> rue de Vendôme , nü 12, à Paris. Vinard, Ingénieur des Ponts-et-Chaussées , à Montbart, ( Côte- d’Or). Virlet (Théodore), Membre de la Commission scientifique de la Morée, rue des Pyramides, n° 6. Voltz, Ingénieur en chef des mines à Strasbourg (Bas-Rhin). Walferdin, chef de bureau à l’administration des douanes, rue St-Lazare , 110 1 1 , à Paris. Zuber-Karth, Président de la Société industrielle de Mulhouse , à Mulhouse (Ilaut-Rhin). M. D’ORBIGNY, Agent de la Socie'te, rue jacob, n° 5 , a Paris. MM. les Membres sont instamment priés de faire connaître au Secrétaire leur changement de domicile. io8 SÉANCE DU S 5 JANVIER l85‘2. Séance du 23 janvier 1832. M. Alexandre Brongniart occupe le fauteuil. M. Desnoyers tient la plume comme secrétaire en fonction. Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la précé- dente séance, le président proclame membres de la Société : MM. Puzos, ancien sofas- intendant militaire à Paris , présenté par MM. de Roissy et Deshayes,* Lehmann, officier des mines, à Saint-Pétersbourg, présenté par MM. de Roissy, Brongniart et Roué,* D’Abbadie, à Paris, présenté par MM. Boué et Régley. On passe à la correspondance. M. Lockhart annonce à la Société qu’il va lui envoyer une suite de fossiles de l’Orléanais. M. Keferstein , de Halle , après avoir exprimé tout l’intérêt qu’il attache au Bulletin de la Société, annonce qu’il va lui adresser le dernier cahier de son journal, auquel il joindra la collection complète des années antérieures * savoir : 19 volumes avec ï 2 cartes et coupes géologiques. M. le président charge le secrétaire d’exprimer spécialement à M. Keferstein les remerciemens de la Société. Il est fait hommage à la Société des ouvrages suivans : i° De la part de M. Boué : a. Une revue des observations géognostiques faites dans l’Odenwald ( Gedranzte U bersicht der Ergebnisse einer geog- nostischen Erforschunz der Odenwalder ) , par le docteur A. Klipstein. — In-4° de j 8 pages. Darmstadt, 1829. b. Protogœa de Leibnitz. — In- 4° de 1749 pages, avec 12 planches. c. Description de trois genres nouveaux de coquilles fossiles du terrain tertiaire de Bordeaux ; savoir : Spiricella , par M. Ranz; Gratelupia etJouannetia , par M. Ch. Desmoulins. — In- 8°, 1 828. d. Traité élémentaire de Géologie , par J, A. de Luc. — - In-8°. Paris, 1809. SÉANCE DU 25 JANVIER l832. I09 e. Distribution technique des pierres précieuses avec leurs caractères distinctifs, par M. le comte G. Razoumowsky. — In- 8°. Vienne, 1825. F. Second voyage de deux Anglais dans le Périgord et leur pèlerinage à Rocamdour , par M. Jouannet. — Petit in-8°. Périgueux, 1828. g. Supplément aux observations géognostiques ( Nachtrag zu den geognoslischen Beobachtungen , etc.) , par M. G. Ch. Sartorius, avec une carte de hauteur du cercle d'Eisenach. — In-8°. Eisenach, 1823. h. Essai d’une description géognostique des contrées des bords inférieurs du Necker, près de Heidelberg ( V ersuch einer geognoslischen Derstcllunz , etc.), par M. le docteur H.Bronn. — In-8°, avec une carte géologique. Carslrube, 1827. M. Boué offre en outre à la Société deux portraits , l’un de M. de Humboldt, et l’autre de M. le professeur Mohs, à Vienne. Ces deux portraits sont destinés à être réunis à la collection de lettres autographes dont la Société a autorisé la fondation. 20 De la part de M. Desnoyers, les mémoires suivans dont il est l’auteur : a. Notice sur le T artuffite , ou bois fossile à odeur de truffes. — In-4°, avec deux planches. 1822. b. Observations sur quelques systèmes de la formation oolitique du N. O. de la France, et particulièrement sur une oolithe à fougères de Mamers , département de la Sarthe ; sui- vies d’observations de M. Prévost sur Stonesfield. — • In-8° de 71 pages, avec une carte et deux planches. 1825. c. Mémoire sur la craie et sur les terrains tertiaires du Cotentin. — In-4° de 85 pages, avec carte et coupes. 1825. d. Observations sur un ensemble de dépôts marins , plus récens que les terrains tertiaires du bassin de la Seine, et constituant une série de formations géologiques distinctes ( Form . quaternaires) , avec un Aperçu de la non simultanéité des bassins tertiaires. — In- 8° de i36 pages. 1828. e. Deux caries doubles des terrains du Cotentin. f. Deux planches , l’une des principaux fossiles de Stones- field, l’autre des empreintes de plantes de l’oolilhe de Mamers. 1 10 SEANCE DU 25 JANVIER l852. M. Desnoyers fait encore hommage à la Société , pour sa bibliothèque, des neuf ouvrages et mémoires suivans. A. Essai sur la théorie des volcans d'Auvergne , par M. de Montlosier. — In-8° de 184 pages. 1802. b. Aperçu général des mines de houille exploitées en France par M. Lefebvre. — In-8° de 157 pages, avec carte. 1800. c. Observations minéralogiques et géologiques sur les prin- cipales substances des départemens du Morbihan , du Finistère et des Côtes-du-Nord , par M. Bigot de Morogues. — In-8° de 167 pages. 1810. d. Mémoire sur les bitumes , leur exploitation et leurs em- plois utiles, par M. Payen. — In-8° de 64 pages. 1824. e. Lettres sur la minéralogie, la géologie, et sur divers au- tres objets de l’histoire naturelles de l’Italie, écrites par Ferber à de Born, trad. de l’allemand par Dietricht. — In-8° de 5oy p. 1776. f. De Systematibus miner alogicis, par Wallerius — In-8C de iÔ2 p. 1778. C’est la première et la plus complète histoire des systèmes minéralogiques antérieurs au 29e siècle. g. Traité des pierres de Théophraste, trad. du grec par Hill. — In 12 de 287 pages. 1704* 11. Mémoire sur un nouveau genre de coquilles de la famille des Solénoïdes , par Mesoard de la Groye. — In- 4° avec une planche. 1. Observations et réflexions sur l’état et les phénomènes du V ésuve , pendant une partie des années 181 5 et 1 8 1 4 > par Ie même , extrait du Journ . de phys . — In-4° de 1 1 2 pages. 18? 5. 3° De la part de M. de Gaumont : a. Son Essai sur la topographie géognostique du départe- ment du Calvados. — In-8° de 3i2 pages , avec un atlas in-4° contenant sept planches de coupes. Paris, 1828. Chez Lance, libraire. b. Sa carte géologique du département du Calvados, dressée en 1825, et publiée en 1828. c. La troisième partie du premier volume de la Revue Nor- mande, rédigée sous la direction de M. de Caumont. — In-8°. Çaen, 1 85 1. 1 1 I SÉANCE Bü 20 JANVIER l802. 4° Le numéro i3 du Mémorial encyclopédique et progressif des connaissances humaines , sous la direction de M. Bailly de Merlieux. Janvier 1 85 1 . — ln-8°, en échange du Bulletin de la Société. 5° Les numéros 6 et 7 du Bulletin des Sciences naturelles et de Géologie , sous la direction de M. de Férussac. Juin et juillet 1 83 1 . — In-8°* 6° Les numéros 20 3 et 204 ( novembre et décembre 1 83 ï ) du Bulletin de la Société de Géographie de Paris. — In-8°. 70 Le numéro 11 du Journal des travaux de C Académie de r industrie agricole , manufacturière et commerciale, fondée à Paris par M. César Moreau. — In-4°. 1 85 1 . 8° Les numéros 6, 7 et 8 de l’ Européen, journal des sciences morales et économiques , paraissant tous les samedis. — In-4°. 90 De la part de M. Beshayes, son Tableau d’une classifi- cation méthodique des Mollusques acéphalés (Bivalves), extrait de V Encyclopédique méthodique. io° De la part de M. J. Steiningcr, Observations sur les fossiles du calcaire intermédiaire de C Eiffel. — In-4° de 44 P» Trêves, 1 85 1 . M. de Férussac envoie le prospectus de la continuation de son Histoire naturelle générale et particulière des Mollusques , et annonce qu’il va publier sept livraisons de 12 planches cha- cune de la classe des Céphalopodes. M. le professeur Georges Jan et M. Joseph de Christophori envoient l’annoncé de la fondation qu’ils viennent de faire h Milan d’un Musée d’histoire naturelle et d’une bibliothèque. Leurs collections consistent en 10,000 échantillons de miné- raux , 4»ooo espèces de coquilles, 17,000 de plantes, etc. Ils vont en publier les catalogues , et proposent de céder leurs doubles par action de 100 et 5o fr.,àun tiers au-dessous du prix courant. Il est encore fait hommage h la Société par M. Desnoyers, de la Description de V Ilot volcanique de Sicile, visité par M. Prévost. — Brochure in-8°, avec deux planches. Il est présenté à la Société : i° Par M. le docteur Turmah , un cahier de Vues de cette 1 1 2 SÉANCE DU 2 5 JANVIER l852. même île, publiées à Naples le 10 décembre i85i, par M. Mar- zolla. — In- 12 oblong. M. Turman communique en même temps deux échantillons de ce volcan et de l’eau contenue dans le cratère. 2° Par M. Boué , a. Le troisième cahier des Pétrifications de M. le professeur Goldfuss , où l’on remarque la même perfection de dessins que dans les précédentes livraisons. b. Conchiologie fossile etapperçugéognostique des formations du plateau P olhyni-Podolien , par M. de Dubois de Mont- perheux. — In- 4% avec une carte et 8 pl. Berlin, i85i. On annonce que M. de la Bêche va publier une seconde édition de son Traité de Géologie , ainsi que M. Lyell une se- conde édition du premier volume de ses Principes de Géologie * Le deuxième volume de ce dernier ouvrage vient de paraître. Il est enfin fait hommage à la Société de la part de M. de la Bêche, de deux fougères arborescentes de la Jamaïque, longues de 17 pieds, et garnies de leurs feuilles et racines. La Société vole des remerciemens à M. de la Bêche , et adopte la décision du conseil qui détermine que ces beaux échantillons seront déposés dans la salle de ses séances. Mt Ciément-Muliet présente à la Société la table du premier volume du Bulletin , qu’il a bien voulu se charger de rédiger. Cette table sera imprimée après l’examen de la commission d’impression. M. Boubée propose qu’on adresse le Bulletin de la Société à l’Académie royale de Toulouse , en en demandant l’échange contre les Mémoires de cette Académie. Cette question est renvoyée au conseil. M. Desnoyers communique les extraits suivans de deux lettres de M. Constant Prévost, adressées à MM. Brongniart et Cordier, la première de Syracuse, et l’autre de Palerme : Syracuse, le 29 octobre i83i. (Du lazaret où M . Prévost a fait quarantaine de 2 1 jours.) « Je rapporte de Malthe une collection très-nombreuse de roches et de fossiles. Je me bornerai à vous dire par anticipation qu’ après avoir parcouru l’île dans tous les sens, je la regarde comme formée SÉÀNCB mj 20 JANVIER l85s. n5 de terrains très nouveaux et qui entrent dans le groupe que Desnoyers a si judicieusement établi sous la dénomination de ter- rains quaternaires. Ce sont, ainsi 'que moi- même je l’avais avancé dans mon mémoire sur Yienne, des formations intermé- diaires entre les anciens terrains tertiaires parisiens et les forma- tions que je suppose (à bon droit , je crois) se déposer encore dans les bassins des mers actuelles. Seulement ici j’ai retrouvé les dépôts pe'lasgiques , contemporains des dépôts littoraux , dont le crag de Norfolk , les faluns de Touraine , du Cotentin, ceux de Dax, du littoral de la France méridionale, du bassin de Yienne en Autriche, etc. , sont des exemples. Aussi la pierre de Malte, les argiles qui alternent avec les bancs calcaires, ont-elles, par leurs caractères généraux, par leurs faciès , la plus grande analogie avec certaines parties des terrains secondaires, au point qu’un géologue qui s’en rapporterait aux caractères minéralogiques des roches , à la puissance des bancs , à la manière d’être des fossiles , etc. , pourrait se croire sur les côtes de la Normandie ou de l’Angleterre. Il trouverait sans peine les glauconies crayeuse et grossière , le green-sand , Y iron-sahd , les argiles de D iv es , celles dJ Honfleur , le calcaire de Caen , le coralrag , etc., etc. ; mais' sous des bancs presque entièrement composés de débris de polypiers, de térébratules , de plusieurs espèces d’oursins , et même d’encrines ; il verrait des sables et des argiles qui enveloppent les coquilles subapennines roulées , les grandes dents de squales, des os de lamantins , et peut-être même de mammifères , etc. Au milieu de ces dépôts de sédiment , on trouve plusieurs fois des bancs , ou plutôt des masses étendues de polypiers en place ; et le sommet ouest de Malte et de Goze est un banc de polypiers de plus de 0.5 pieds d’épaisseur qui a l’as- pect caverneux et la consistance de nos meulières , ou plutôt du calcaire siliceux; je l’avais pris d’abord pour un dépôt de calcaire travertin; mais je me suis assuré que son origine est marine et qu’il est du au travail des polypes. J’ai retrouvé également, au- tour de ce témoin d’un sol qui avait une bien plus grande étendue, les marques du séjour prolongé de la mer à différens niveaux , observation analogue à celle que j’ai déjà eu l’occasion de faire dans le bassin de "Vienne, oit j’ai indiqué une ligne horizontale à plus de 200 pieds au-dessus du Danube, le long de laquelle les roches calcaires sont percées par des mollusques lithophages.... J’ai retrouvé dans la bibliothèque de la cité Lavallette les dé- bris des collections faites pas Dolomieu ; ils étaient oubliés depuis bien des années , et l’abbé B'ellanti , homme aussi éclairé qu’obli- Soc. gèol. Toi». II. 3 i 1 4 SÉANCE DU *3 janvier i83j. géant , a bien voulu les faire sortir de la poussière pour les mettre à ma disposition. J’ai séparé tout ce qui appartient au sol de Malte; j’ai obtenu quelques fossiles que je n’avais pas trouvés , en échange d’autres que la collection ne possédait pas; j’ai dessiné tous ceux qui n’existaient pas en double ; j’ai mis des numéros d’ordre qui correspondent avec ceux de mes échantillons ou de mes dessins , afin de pouvoir, à mon retour, envoyer les noms des espèces , ou demander celles qu’il serait le plus important d’avoir à Paris. J’espère que les géologues qui viendront après moi à Malte me sauront gré de ce travail que j’ai fait en courant. Je me suis ménagé, au reste, les moyens d’obtenir de l’obligeance de M. Miege , notre consul , et de celle du capitaine du génie anglais M. Barry- Jones , tout ce qui pourrait nous manquer.... » Extrait de la seconde lettre de M . C. Prévost , adressée à M . Cordier , de P a 1er me , le 18 décembre i83i. Après avoir parcouru toute la côte sud-est et nord de la Sicile * depuis le cap Passaro , et avoir fait une excursion de dix jours dans les îles d’Eole, M. Prévost arriva à Palerme. Il a soigneusement comparé dans cette seule course des effets et des produits volcaniques d’époques évidemment bien distinctes. u Le cap Passaro, dit-il, est un des points les plus intéressans; mais au lieu de ces alternances nombreuses de basalte et de cal- caire dont on a parlé , je n’ai vu qu’une grande formation basal-, tique qui (probablement sous les eaux) a soulevé, pénétré de mille manières des calcaires de différens âges , depuis la craie jus- qu’à un terrain tertiaire moderne. Cette action volcanique a eu lieu* par conséquent , à une époque très récente , et elle n’a été suivie que parle dépôt d’un terrain qu’il faudra nommer quater- naire, dépôt très puissant lui -même et qui renferme un très grand nombre de fossiles analogues aux animaux actuellement existans dans la Méditerranée. C’est ce dépôt qui forme une cein- ture tout autour de la Sicile , et dont on retrouve des lambeaux dans l’intérieur de Vile. Il me semble analogue au crag et à nos Jahms , comme M. Desnoyers l’a déjà très bien remarqué. C’est lui qui constitue en partie le sol de Malte. Contre l’opinion de MM. Daubeny et Lyell , je crois que le calcaire de Passaro est de la craie semblable à celle d’Angoulême , avec hippurites ,età celle du midi de la France. Une faut pascon- SÉANCE DU 25 JANVIER l852. 1Î5 fondre ce calcaire avec celui du val di Noto , qui lui-même n’est pas semblable, peut-être, à celui de Syracuse. J’ai recueilli un grandnombre de notes, de dessins , d’échantillons, afin de pouvoir discuter cette opinion des alternances des basaltes et des calcaires. A Millili , j’ai visité le gisement du dussodyle qui se trouve au contact des roches volcaniques boueuses et des calcaires plus récens. Malgré la saison avancée , et grâces aux bonnes directions de MM. Gemellaro , notre course à l’Etna a été heureuse. Il faisait très froid, et de sept que nous étions, je suis arrivé, moi troisième, au bord du cratère, malgré la neige et les vapeurs qui se dispu- taient l’honneur de nous arrêter. Le reste de la caravane a été forcé de rester dans la maison de M. Gemellaro. J’ai marché sur une petite coulée qui y dans le mois de mars dernier , est sor- tie par la bouche même du cratère. Je me suis particulièrement attaché à recueillir les produits d’époques différentes, et à cons- tater les effets des influences postérieures aux diverses éruptions. DeCataneà Messine, la route est très intéressante. Aux envi- rons de Taormine commence un nouveau système de roches anciennes sur lesquelles reposent encore les formations récentes dont la brèche de Spallanzani fait partie , selon moi ; car , malgré le désir que j’aurais eu de trouver dans cette roche un dépôt qui continuerait à se former , les faits que j’ai observés me forcent à croire que Spallanzani a été trompé par les apparences , comme plusieurs personnes du pays le sont encore. A Messine, j’avais retrouvé le brick : j’espérais pouvoir faire avec lui mon excursion dans les îles d’Eole ; mais le capitaine m’a fait craindre qu’il ne lui fut impossible de débarquer, et surtout de rester dans ces parages dangereux , si la mer devenait mau- vaise. Je me suis décidé en conséquence à partir pour Melazzo,afin de prendre une barque qui pût me conduire d une île à l’autre y pendant huit jours j’ai été retenu par les vents. Heureusement que la presqu’île deMelazzo m’a offert des faits tellement curieux que je n’ose en parler sans avoir des pièces de conviction à faire voir en même temps. Cette presqu’île est formée par trois pitons de roches anciennes ( pcgmati te , gneiss, granité) que recouvre un calcaire quaternaire. Mais ces roches inférieures ont été évi- demment bouleversées à une époque postérieure au dépôt du calcaire , qui les a pénétrées jusqu’à une profondeur de plus de 200 pieds dans tous les sens ; de manière que dans beaucoup de cas il est difficile de décider si c’est le calcaire qui a pénétré les roches feldspathiqucs , ou bien si ce sont celles-ci qui ont passé Il6 SÉANCE DU 2 5 JANVIER l852. à travers mie vase calcaire , de même qu’au cap Passaro le basalte a traversé la craie. Leyalcaire a contractéla plus forte adhérence avec le gneiss; il a acquis une très grande dureté au contact des roches micacées. J’ai employé dix jours à visiter endétail les îles de Lipari, Vulcano , Stromboli , et autres îlots volcaniques de cette côte. De Païenne, je vais aller à Sciacca , à Girgenti , et reviendrai par le centre de l’île. Je ne compte pas pouvoir partir avant le i5 janvier pour Naples. La société approuve les décisions suivantes prises par le conseil les 7 et 21 janvier i832. La société formera une collection des autographes et por- traits de tous les géologues connus. Elle accepte l’échange contre le Bulletin, i° du Journal des travaux de l’ Acadèmié d* industrie 9 fondée à Paris par M. César Moreau; et 20 de Y Européen , journal des sciences morales et économiques (paraissant tous les samedis). Le conseil décide qu’on nommera un secrétaire pour l’inté- rieur en remplacement de M. de Beaumont, démissionnaire, et que ses fonctions dureront deux ans à partir du ier janvier. Le second secrétaire deviendra de droit secrétaire pour l’étranger. M. Boué propose que désormais la société tienne trois séances dans le mois de janvier, dont l’une serait spéciale- ment destinée aux élections et discnss:ons du budget. — Le conseil adopte cette proposition, et détermine une troisième séance extraordinaire pour le 5o janvier. En conséquence de ces décisions , la société procède à l’élection d’un secrétaire pour remplacer M. de Beaumont, démissionnaire. M. Desnoyers, vice-secrétaire, obtient la majorité, et est proclamé secrétaire. On procède ensuite à l’élection d’un vice-secrétaire en remplacement de M. Desnoyers ; la majorité des suffrages se porte sur M. Delafosse. Les secrétaires sont donc M. Desnoyers pour la France, et M. Boué pour l’étranger. Les vice-secrétaires, MM. Du- frénoy et Delafosse. M. le trésorier présente le budget pour i852 tel qu’il a été adopté par le conseil. SÉANCE DU 23 JANVIER, l83î. H 7 budget présenté pour l’année iS3a. RECETTE. 1 NATURE DES RECETTES. SOMMES admises par la société. Art. ier. Reliquat de z83i A., .. Arriéré de r83o. { *. \ Art. 3. Arriéré de i83i. { J ! ] Art. 4. Année .83, . . { J ; Art 5. Vente du premier volume du bulletin a,i38 6o 4oo » 3oo • i4o * 1,780 » 5oo • 5,25o » 45 » Totaux. . . io,353 60 DÉPENSE. ! NATURE DES DÉPENSES. BUDGET de i83i. SOMMES admises par la société. P Art. icr. Impressions diverses et lithographies. . 200 • 200 » | Art. 2. Bulletin 1,140 • i,5oo • ! Art. 3. Mobilier 200 9 200 • | Art. 4. Affranchissemens, ports de lettres et paquets. 260 9 3oo • 1 Art. 5. Agent 4oo 9 800 » P Art. 6. Loyer 1,000 9 1,000 » 1 Art. 7. Chauffage et éclairage. ...... 200 9 260 > |j Art. 8. Dépenses diverses et imprévues. . . . 200 9 250 ■ i: ( A. Abonnemens exislans , Art. q. Bibliothèque. > reliures et ports de livr. i v 1 j li. Acquisitions pour la bt- s 9 200 » I ( bliothèque 9 9 9 » | { Ne pourront être faites que sur décision de la société ). I [ A. Acquisitions de meubles Art. CoUections. 9 9 6«o • \ les à la société. . • . 9 9 • • ( N’auront lieu que par décisiou spéciale). Art. 11. Impression des mémoires 9 9 2,000 • Totaux. . . > — - - 3,590 • 7,3i° » RÉSULTAT. La Recette présumée étant de . . io,353 60 La dépense autorisée étant de 7,5io • La Recette présumée étant de . . io,353 60 La dépense autorisée étant de 7,5io • L’excédant de la recette sur la dépense serait de . . . 3,o43 60 Ainsi adopté en séance, le 23 janvier i832. 1 I S SÉANCE DU 25 JANVIER l832. Une longue discussion s’engage au sujet des collections et de l’esprit dans lequel la société doit les faire. Plusieurs membres (MM. Dufrénoy, de Bonnard, de Beaumont , etc. ) regardent comme inutiles les collections que pourrait former ]a société, à raison des riches et nom- breuses collections qui existent déjà à Paris; ils les regar- dent comme pouvant entraver la publication des mémoires, en diminuant trop les fonds nécessaires à ce dernier objet, et enfin comme pouvant embarrasser promptement la so- ciété, par suite de choix indiscrets d’échantillons. Ils deman- dent donc que la société ne forme point de collections , ou du moins qu’elle y apporte la plus grande réserve. D’autres membres (MM. Deshayes, Boué, Michelin) pen- sent, au contraire, que la société doit former des collections les plus étendues en espèces de fossiles et en échantillons de roches de toutes les localités , particulièrement de la France ; que ces collections, surtout celle des fossiles, seront delà plus grande utilité, soit pour la comparaison d’espèces de localités différentes, soit pour faciliter des échanges. Un membre (M. de Roissy) propose que tout envoi d’é- chantillons soit précédé d’un avis au conseil, qui ne les accueillerait qu’accompagnés d’observations ou d’un mé- moire. D’autres membres enfin (MM. de Blainville , Paris, etc. ) proposent que la société en restreigne le cercle dans de petites collections méthodiquement classées de roches et de fossiles, et dans la réunion des pièces à l’appui des mémoires, ces deux premières sortes de collections pouvant être particu- lièrement utiles aux membres qui n’ont point fait encore une étude spéciale de la géologie. M. Desnoyers rappelle qu’on doit aussi former, d’après une précédente décision, une collection de fossiles classés par terrains. M. le président , résumant la discussion , propose à la société d’interpréter ainsi qu’il suit l’article i'r du cha- pitre 7 de son règlement. La plupart des membres se ran- gent à cette opinion , et la société décide que ses collections ^composeront : SÉANCE EXTRAORDINAIRE DÜ 3û JANVIER 1852,* 1 1 g 1° j Des échantillons à l’appui des mémoires ou commu- nications verbales ; 2° D’une petite collection fondamentale de roches classées méthodiquement ; 3° D’une petite collection paléontologique également fon- damentale et distribuée par genres ; 4° Enfin, d’une série d’espèces des fossiles les plus carac- téristiques., groupées par formations géologiques . Séance extraordinaire du 30 janvier 1832. M. Defrance occupe le fauteuil. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Le président proclame membres de la société, MM. Traullé, officier supérieur en retraite à Paris, présenté par MM. Boué et Desnoyers ; Hallowel, docteur en médecine de Philadelphie (Etats- Unis), présenté par MM. Elie de Beaumont et Nérée Boubée. On passe à la correspondance. La société reçoit deux lettres de M. J. Teissier, docteur- médecin à Ancluze, l’une à la date du 18 décembre, l’autre du 5 janvier 1 85a. Dans la première M. T. donne des détails et mesures com- * paratives de la tête humaine trouvée dans la caverne de Mialet , dont il a déjà envoyé un dessin à la société. « II se peut, dit M. Teissier , que l’angle facial que j’ai indiqué soit un peu trop faible , ayant etc obligé, pour l’obtenir, d’in- cliner l’équerre mobile, pour faire passer l’une des branches par le trou auditif, et l’autre parle milieu du coronal. Vous calcule- rez facilement ce que cette projection peut faire perdre. Par mon nouvel examen , je me suis convaincu que cette tête appartenait à la race caucasique ; bien que par une circonstance que je crois produite violemment ( par compression dans l’enfance, par l’habitude de porter des fardeaux , ou par accident plus tard ) , le crâne se rapproche de la forme nègre. La tête de Mialet est en général plus petite et moins massive que celle de mon squelette , qui a appartenu à un homme do no SÉANCE EXTRAORDINAIRE 5 pieds 4 pouces. L’aspect et les détails de cette tête de Mialet ine font croire qu’elîe a appartenu à une femme. Ce qu’elle pré- sente de plus remarquable, c’est son alongement d’avant en ar- rière , comme les mesures le prouvent. Cette tête semble avoir été déprimée de haut en bas par une force considérable qui aurait produit l’oblitération de la suture sagittale vers le milieu de sa longueur. Par cette pression , le crâne a été affaissé, et comme obligé de s’alonger dans son diamètre antéro-postérieur. Les pariétaux se sont arqués davantage ; et par suite , la plus grande largeur du crâne se trouve vers leurs bosses , au lieu d’être vers la réunion des pariétaux et des temporaux. L’occipital est l’os le plus altéré dans sa forme ; ses condyles sont remontés plus haut que les apophyses mastoïdes; iis sem- blent rentrés dans le crâne. Une grande partie de la portion pos- térieure de l’occipital est devenue inférieure par suite de la plus grande courbure qu’il a prise. Les orbites ont très peu de hauteur; mais la partie orbitaire du coronal est très concave , ce qui fait que les yeux ont pourtant en dedans à peu près la même place pour se loger. La mâchoire inférieure, dont j’ai envoyé le dessin , n’appar- tient pas au même individu. J’ai parlé dans une autre lettre de ce que les dents présentaient d’extraordinaire ; on remarquera dans le mesurage actuel l’écartement des deux branches et la hau- teur et l’écartement des apophyses coronoïdes. Tête de mon squelette. Tête de Mialet. Hauteur de la tête au-dessus d’un plan horizontal, les deux têtes reposant sur les incisives et sur l’occipital, c’est-à-dire , posées sur une table, sans mâchoire inférieure. . . 0,1 53 Plus grand diamètre antéro-postérieur de la tête , des bosses frontales à la protubérance occipitale, 0,175 Diamètre du crâne de droite à gauche, d’une bosse pariétale à l’autre 0,1 45 C’est la partie la plus large de la tête de Mialet. ■ — Pour la tête du squelette , la partie la plus large est au-dessous et en avant de la bosse pa- riétale , à la rencontre de la portion écailleuse du temporal. Là les proportions sont inverses. 0,1 5o Largeur du frontal au-dessus des orbites. .... 0,098 o,i5o o,iq5 o,i5o o,i45 0,092 DU 5o JANVIER l85î. ï 2 1 Tête de mon squelette. Distance du sommet de l’apophyse mastoïde à l’angle supérieur de l’occipital o,i25 Longueur de la portion de l’occipital tournée vers le bas 7 0,049 Longueur de la portion de l’occipital tournée vers le derrière o;o65 Distance d’une apophyse mastoïde à l’autre. . . . 0,102 Plus grande largeur du trou occipital o,o36 Plus grand diamètre antéro-postérieur du trou occipital o;o34 Condyles de l’occipital , plus saiüans en bas que les apophyses mastoïdes o,oo5 D’une arcade zygomatique à l’autre 0,1 3o D’une grande aile du sphénoïde à l’autre, sous l’arcade zygomatique 0,077 Plus grande hauteur du trou orbitaire o,o33 Plus grande largeur du trou orbitaire 0,040 Hauteur de l’os malaire , prise dans son milieu. . 0,026 Mâchoire inferieure d’un autre sujet . Distance d’un angle à l’autre 0,110 Distance de l’angle au sommet du condyie .... o,o65 Distance d’un condyie à l’autre extérieurement. . 0,1 18 Distance d’une apophyse coronoïde à l’autre. . . 0,096 Largeur de la branche montante de la mâchoire inférieure, prise à l’angle o,o35 Distance du milieu de la première grosse molaire à l’autre o,o45 Télé de Mialet O, l35 0,066 0,062 °?°97 0,028 o,o32 0,000 0,124 0,072 0,025 o,o38 0,023 0,1 t 3 0,072 0,125 0,1 13 0,028 o,o5o Ayant vu une autre tète de Mialet presque entière, je me suis assuré que les différences étaient les mêmes. La plus saillante consiste , chez celle-ci , dans la distance de l’apopliysc mastoïde à l’épine occipitale. Cette distance étant de o,go pour mon squelette , est de 110 à 120 pour les tètes de la caverne, ce qui paraît provenir d’une compression soutenue du cerveau, opérée vers le milieu de la suture sagittale , laquelle aurait déprimé les hémisphères et fait saillir d’autant en arrière le cervelet et la convexité de l’occipital, en augmentant sa courbure et son 12* SÉANCE EXTRAORDINAIRE bombement d’en bas et en arrière. Deux vertèbres tiennent à cette tête, et elles sont dérangées dans leurs rapports d’une manière si forte, qu’elle ne peut être que postérieure à la mort; mais, quant aux différences du crâne , elles existaient certainement pen- dant la vie et tenaient probablement à une coutume générale, ou au genre de travail. J’ai pensé que ces détails intéresseraient la société, qui désirait savoir si les tètes de Mialet n’étaient ni mongolis , ni caraïbes; elles sont caucasiques , je l’ai déjà dit, mais déformées , je crois , parla violence, comme on l’observe de différentes manières chez beaucoup de peuplades sauvages. M. Razoumovski adresse un mémoire manuscrit sur les Tubulipores, dont les dessins ont été déjà remis à la société. M. Marcel de Serres envoie deux mémoires, l’un sur les fossiles végétaux de Lodève, l’autre sur le genre Gloisonnaire. Il annonce en même temps qu’il a découvert dans la Médi- terranée l’analogue du murex tublfer de Lamarck , et dans les sables tertiaires marins de Montpellier le genre cloison ^ naire ou septaria , genre connu dans les mers des Grandes- Indes, et retrouvé dernièrement dans la Méditerranée. L’espèce en question ne diffère pas de celle décrite par Lamarck sous le nom âarenaria. De plus, il a vu une coquille du genre clavagelle dans le calcaire moellon et les sables marins tertiaires. M. Pitorre a trouvé dans les mêmes couches CHaliotis philberli et deux autres espèces du même genre. Le calcaire moellon lui a aussi offert le planorbis cornu , Brong. Ces cal- caires sont chargés de galets de calcaire d’eau douce, ce qui prouve que ces roches ont été déposées bien postérieure- ment à ce calcaire. Au sujet du murex tubifer cité par M. Marcel de Serres dans la Méditerranée, M. de Blainville observe qu’il est connu depuis long-temps dans les mers de Sicile. M. Des- hayes ajoute à cette observation qu’il y a deux espèces con- fondues sous le même nom, et qu’il est à présumer que ce murex tubifer indiqué par M. Marcel de Serres est le murex fistulosus de Brocchi : tandis que le murex tubifer , fossile aux environs de Paris seulement , a aussi son analogue vivant 8 DU 5o JANVIER 183a. 1*5 dont on ne connaît encore que quelques individus et dont la patrie est ignorée. M. Michelin appuie cette observation de M. Deshayes, en disant qu’il possède dans sa collection un individu vivant du murex tubifer de Paris. M. Boubée observe que M. de Christol a retrouvé en quantité des Fistulanes dans le bassin de Marseille, et que c’est dans ce même bassin qu’ont été retrouvés les Septaria. M. le professeur de Lécnhard offre d’échanger son journal trimestriel le J ahrbuch fur Minéralogie, Geognosie et Paléon- tologie, contre le Bulletin de la société. Il annonce en même temps que son ouvrage sur les basaltes est très près d’être achevé, et qu’il pense que probablement les calcaires grenus de l’Odenwald sont du Muscheikalk altéré par la voie ignée. M. le marquis Paretto de Gênes annonce pour le mois pro- chain un envoi de fossiles et de roches de Lygurie. M. Boué fait hommage à la Société d’un nouveau recueil qu’il commence à publier, et ayant pour titre : Mémoires géologiques et p a léonto logiques. Les premières feuilles sont consacrées à un travail intitulé : C onsidérations générales et explicatives de sa carte géologique d' Europe 9 sur la distri- bution géographique , la nature et C origine des terrains de l'Europe. On y trouve ensuite le résumé des observations conchy biologiques de M. Deshayes, relativement au classe- ment des dépôts tertiaires . In- 8°, Paris, 96 pag. A l’occasion de ce mémoire sur les terrains de l’Europe, M. Boué fait les observations suivantes : Il pense avec MM. Jameson, Cordier et d’autres géologues que M. Brongniart, dans le rapport fait en iSag sur la Théorie des Soulèvemens, par M. de Beaumont, n’aurait pas dû prétendre qu’on n’avait encore observé avant cette époque aucun principe de liaisons entre les chaînes composées de couches redressées et les pays plats, à stratification régulière et horizontale ( Voy. Ann. de Chimie et de Phys. , p. 6 du Rapport). De pareilles déductions se retrouveraient , suivant M. Boué, dans des ouvrages même bien plus anciens que ceux de Saussure, ainsi que dans des publi- cations modernes. M. Brongniart donne comme une idée nouvelle que toutes les chaînes de montagnes n’ont pas été soulevées à la même époque. M. Boué n’y peut voir qu’un oubli involontaire de sa part* 124 SÉANCE EXTRAORDINAIRE M. de Beaumont ayant cité lui-même textuellement les grandes époques de souîèvemens ( voy . Ann. des Sc. liât. , déc. 1829, p. 3q5) que M. Boué a cru pouvoir établir par différentes con- sidérations géologiques auxquelles il reconnaît que la direction des chaînes est entièrement étrangère ( voy. Mémoires géolo- giques et p alé ontologique s , p. 5). — M. de Beaumont a donc seulement précisé davantage quelques époques de souîèvemens dont M. Boué ne croit pas pouvoir restreindre le nombre autant que le fait M. de Beaumont. En réponse à ces observations , M, Elie de Beaumont fait obser- ver que le nombre des personnes qui , en parlant du soulèvement des montagnes, y avaient déjà fait diverses distinctions plus ou moins explicites, était tellement considérable , qu’il n’est pas éton- nant que M. Brongniart, tout en en citant un grand nombre, en ait oublié quelques unes. MM. Parrot et Boué sont bien loin d’être les seuls géologues dont les noms pourraient être ajoutés à la liste des citations de M. Brongniart. MM. de Beaumont et Brongniart se seraient peut-être épargné toute espèce d’embarras, si, au lieu de citer quelques géologues modernes ou contemporains , au risque d’en oublier quelques autres , ils avaient eu Fidée de remonter tout simplement jusqu’à Stenon, qui écrivait déjà à Florence en 1669, (Ilje ^ es couches redressées avaient été formées horizontalement ; que les mon- tagnes que nous voyons aujourd’hui n avaient pas existé dès le commencement ; qu’il y en a qui sont le produit d’ éruptions ignées ; qu elles ont des directions diverses sur la surface du globe , etc.* et qui, relativement à la Toscane en particulier, avait démontré par des figures que le sol horizontal de sédiment marin (que nous appelons aujourd’hui tertiaire)^ est postérieur à l’ existence des vallées dans lesquelles il s’est déposé. Dates géologiques précises , noms propres de montagnes en rapport avec chacune de ces dates, direction particulière des chaînons de montagnes de chaque époque , Stenon avait manqué de données pour s’en occuper; or, personne n’y avait suppléé depuis, et il est défait qu’en 1829 il restait à essayer de donner une forme positive au point de vue que Stenon avait aperçu cent soixante ans auparavant. Aussi la réclamation de M. Boué ne porte-t-elle que sur un point particulier, sur l’annonce faite par lui du peu d’ancienneté relative des Alpes , dans un passage d’un mémoire allemand im- primé à Heidelberg en juillet 1827. M. de Beaumont, qui du reste a reproduit le passage en question dans une note de ses Recherches, sur les Révolutions du globe , rappelle que dans la DU 3o JANVIER lSSs. 125 première partie de son Mémoire sur les Vosges , imprimée dans la deuxième série des Annales des Mines (mai etjuin 1827), il avait lui-même , à une époque où il ne pouvait avoir aucune connaissance du travail de M. Boue, opposé les Vosges aux Alpes (p. 4°5) , sous le rapport de leur âge relatif, et mentionné la dis- location des couches alpines après le dépôt des terrains tertiaires. La société reçoit aussi : i° Le n° 9 de l’ Européen , journal des sciences morales et économiques. Paris, in-4° ? 20 Les nos 28 à 4i du Lycée , journal des sciences et des sociétés savantes. Paris, in-4°. La société reçoit de M. Boubée le Prospectus de son cours de géologie , divisé en deux parties , cours d’hiver et d’été. M. le secrétaire pour l’étranger présente à la Société les ouvrages suivans : i° Une Description physique et médicale des sources mi- nérales les plus connues dans les principales contrées de l’Europe ( Physikal medicinisch. Darstellung der bek. Ileil- quellen , etc.) , par M. E. Osann. Le premier volume in-8° de 46i pag, Berlin, 1829; 20 Recherches chimiques sur l’eau près de Niedernau [Che- mische Cnlersucliung des Sauerwassers , etc.) , par C.-G. Gmelin. ln-8° de 3 1 pag. Tubingue, 1828; 5° Recherches sur les rapports de température de l’Alpe de Souabe ( Untersuckungen uber die Temperatur-V erhalt- Ijïnse, etc.); Dissert, inaug. du Dr W. Fr. Kern. I11-80 de 28 pag. Tubingue , 1 83 1 ; 4° De Fonlium mutinensium admirandâ scalurigine tractatus physico - hydros ta tiens , par Bernard Ramazzini. ln~4°- Modène, 1691. C’est le premier ouvrage où les puits artésiens soient décrits complètement ; 5° Les Catalogues des collections de minéraux, de roches et de pétrifications qui sont en vente au Comptoir de miné- ralogie à Heidelberg, dans le pays de Bade. Le secrétaire pour la France présente l’ouvrage anglais de M. Smith, sur les fossiles d’Angleterre, distribués par ter- rain ( Strata idenlified et stratifica l arrangement ). Londres , 1816, in-4°j pi. coloriées diversement suivant les terrains. M. Boue fait hommage à lu Société de trente-huit lettres 1*6 SÉANCE EXTRAORDINAIRE autographes, destinées à commencer la collection de lettres et portraits de tous les géologues connus. Elles sont de MM. de La Bêche, Catullo, Hérault, Dau- beny, Graves, G. Hisinger de Stockholm, de Hoff, Hugi, de Humboïdt, professeur Jaeger de Suttgardt, professeur Ja- meson, Jouannet, Keferstein,Klipstein , de Léonhard, André de Luc, Lill, Murchison, Nils , Nordenskiold , Palàssou , Pusch, Rengger, de Rosthorn, Sadler, Sartorius, Sc'hubler, Steininger, Studer, Schwerin , Voith, de Vargas , Voltz, Waldauf de Waldenstein, Weavêr, Webster de Boston, et Razoumovski. M. Desnoyers développe quelques considérations sur les ossemens humains des cavernes (s) du midi de la France * tendant à prouver que ces bs , et les objets de fabrication humaine qu’on y a trouvés avec eux, y ont été laissés posté- rieurement aux derniers grands cataclysmes , et ne sont point contemporains des espèces détruites de mammifères aux- quelles on les trouve réunis. Il s’appuie d’abord sur un passage de Florus, historien du commencement du deuxième siècle. Florus rapporte que César ordonna dJ enfermer tes rusés ha - bitàns de T Aquitaine dans les cavernes où ils se retiraient , sui- vant un usage commun à plusieurs tribus de race celtique qui cherchaient dans ces retraites souterraines non seulement un refuge en temps de guerre, mais un abri contre le froid , des ma- gasins pour leurs chétives provisions de grains , pour les produits de leurs chasses et de leurs pêches, et qui même y cachèrent plus d’une fois avec eux des animaux déjà soumis à la domesticité. Les Gaulois avaient d’ailleurs , au récit de César, une grande habitude des travaux souterrains pour l’exploitation du fer et de la marne , mais le texte de Florus est bien plus spécialement applicable à notre sujet : Aquitani , callidum genus , in speluncas se recipie- hant , Cœsar jussit includi ( Florus , Jrlist. Rom. , Epit . L. Z , C. 10). (i)Ccs observations ont été aussi présentées à l’Académie des Sciences, et font partie d’un travail plus étendu que Fauteur se pro- pose de publier sur ce sujet historico-géologique. — Il ne sagit pas seulement ici des cavernes qui, comme celles de Durfort , contenaient des amas d’os humains isolés /mais surtout de celles où a été constaté leur mélange à des os de mammifères. DÛ 5o JANVIER 1832. *27 Ces malheureux Aquitains auront en partie péri dans ces grottes, et des cours d’eau y pénétrant postérieurement, auront confondu leurs ossemens avec les limons , les graviers , et les dé- bris d’animaux qui déjà étaient enfouis dans quelques unes, peut- être bien long-temps avant eux. Une pâte stalagmitique aura depuis, en certains endroits, comme à Bise , cimenté le tout en aggrégats solides • les os d’ours et de cerfs , des lits inférieurs avec les os humains , les poteries brisées, les coquilles terrestres , elles os d’animaux modernes, du limon noir superficiel. L’a- baissement irrégulier de la voûte aura produit sur certains points un contact , et une adhérence égalé des différens dépôts aux pa- rois de la roche. Cette explication est d’autant plus naturelle , que l’examen de plusieurs cavernes montre , même sans parler du fait des ébou- lemens qu’on y voit si fréquemment, la trace évidente de diffé- rens cours d’eau séparés par des intervalles de sécheresse , des lits de graviers ossifères , alternant jusqu’à trois fois avec des couches de stalagmites (cav. de Schockier, près de Liège). Les premiers limons ont été d’ordinaire tumultueusement introduits et déposés en lits très sinueux dont la surface ondulée a été irrégulièrement recouverte de limons plus modernes. Des couràns moins violens passant ensuite sur ces couches, tantôt les ont uniformément recouvertes d’un même sédiment, tantôt ils ont disséminé les corps gissans à la surface des limons plus anciens , et les ont entassés dans les anfractuosités du sol inférieur* tantôt enfin, enlevant une tranche horizontale de tous ccs dépôts , ils ont dû mettre à nu, et en apparence , à un même niveau géologique , des corps appartenant à des époques et à des couches en réalité très di- verses. Ces différens âges de graviers et de limons en lits ondulés se voient très bien dans la plupart des cavernes du midi de la France, dans celles de Bise , de Sommières , etc. ) et les alluvions récéntes prédominent même dans quelques unes. La surface très inéjg&le du limon ossifère est un fait qui s’observe dans beaucoup d’aütres cavernes , quoiqu’on ne l’ait pas assez remarqué. M. Des- noyers l’a vu de la manière la plus évidente dans la caverne de Bahwell, dans les Mendips, en Angleterre, M. Bertrand-Geslin l’a signalée dans celle d’Adelsberg. Recourant de nouveau à la comparaison des témoignages his- toriques et géologiques , M. Desnoyers fait observer qu’un grand nombre de cavernes du Périgord, du Sarladais , du Quercy, de la Guienne, provinces qui faisaient partie de la Gaule aquitanique, telle quelle fut limitée par Auguste , montrent eu effet des traces Iî8 SÉANCE EXTRAORDINAIRE évidentes d’habitations, et même, conformément au récit de Flo- rus , des traces de clôtures fort anciennes. On les nomme en- core en Périgord C lus eaux , mot dont on peut trouver l’origine dans- les cavernes inclasœ par César. Dans plusieurs , dans celle de Breingues (dép. du Lot), celle de la Combe-Grenant ( dép. de la Dordogne), décrites par M. Delpon et M. Jouannet, de nombreux ossemens de mammifères d’espèces en partie perdues , étaient enfouis, comme dans celles du Languedoc , sur le même sol qui , plus tard , reçut les débris de l’espèce humaine et d’une grossière industrie. Si l’on examine le sol extérieur de l’ancienne Aquitaine , on le voit presque aussi couvert de monumens d’ori- gine gauloise que la Bretagne ; dans le seul département du Lot, sur le territoire des anciens Cadurci , M. Delpon a signalé près de 5oo dolmen et un plus grand nombre de tumulus . Mais ce n’est pas seulement à la période gauloise ou gallo- romaine que peut se rapporter l’habitation des cavernes de cette contrée; elle a dû se conserver long-temps dans les mœurs d’un peuple exposé auxdésordres des guerres presque perpétuelles qui le tourmentèrent durant plus de dixsiècles, sous lesinvasions successi- vesdesGoths, desSarrasins, des Francs, desNormands, des Anglais. On en retrouve en effet une preuve aussi authentique que celle de Florus, six cents ans après cet historien. Eginhard nous apprend (Annal, de Gestis Car. magni , an 767) que le roi Pépin, après une lutte prolongée contre les Aquitains et les Wascons, se rendit maître de la plupartdes châteaux , roches et ça vern es dans lesquels se défendaient lessujei.sde Waifre, dernier duc d’Aquitaine : Cas - tella mulla , et petras , atque speluncas, in quibus se hostiwn ma- nus plurima defendebat , capit ( D. Bouquet , Recueil des Hist. de France T. F., p. 200). On retrouve en effet dans le dép. du Lot des traces nombreuses de ces cavernes habitées et fortifiées à différentes époques ; M. Delpon en a décrit plusieurs dans son intéressante statistique du Lot. On peut même dire que cet usage des demeures souterraines , soit passagères , soit fixes, est bien loin de s’être anéanti dans nos provinces, puisque, sur les bords delà Loire seulement, quinze à vingt mille familles des dép. de Loir-et- Cher, d’Indre-et-Loire, de Maine-et-Loire, n’ont pas d’autre ha- bitation que les grottes creusées dans les collines de craie tufau. Mais pour ne parler que des cavernes à ossemens humains du midi de la France^ et même en supposant ceux-ci de l’é- poque historique la plus éloignée, l’argument que MM. Marcel de Serres et Tournai ont particulièrement cru pouvoir tirer de la grossièreté des produits d’industrie qu’on y a découverts, pour leur attribuer une antiquité fort au-delà des temps his- »ü 5o JANVIER i83a. 129 toriques , ne présente pas à M. Desnoyers une telle conséquence. Les observations si exactement faites et une partie des objets d’art découverts par M. J. Teissier dans la caverne de Mialet , près d’Anduze (lampe et figurine d’argile cuite, bracelets de cuivre), indiquent même presque incontestablement pour celle- ci la période gallo-romaine, comme l’examen attentif des crânes humains démontre la race Caucasique, souche des habitans pri- mitifs de l’Europe • ce qui confirme encore le témoignage de Flo- rus, même pour les provinces voisines de l’Aquitaine, puisque dès-lors le territoire actuel du Languedoc faisait partie de la pro- vincia romana , dont les habitans primitifs , les Volces tectosages et arécicomans , n’avaient cependant point encore perdu tous leurs usages celtiques, sous l’influence de la domination romaine. Quant aux autres objets trouvés dans plusieurs cavernes des dép. de l’Aude, du Gard, du Lot, de la Dordogne, etc., et dans celle de Paviiand, en Angleterre, tels que des fragmens de poterie noire imparfaitement cuite et pétrie, des haches et des dards de flèche en silex* des os effilés , tels que les emploient les sauvages pour armer leurs flèches et leurs lances ; des os taillés en forme de fourchettes et de peignes , des coquilles et des dents d’animaux percées comme pour servir d’amulettes , etc. ; tous ces objets se retrouvent très fréquemment dans les fouilles des Tumulus, de s Dolmen et des Oppidum , sépultures, autels et foyers de défense des habitans primitifs de la Gaule, de la Grande- Bretagne et de la Germanie ; ils annoncent le même degré de civilisation qui fit élever ces monumens extérieurs, et non point une industrie antédiluvienne. En effet, malgré l’opinion des partisans exagérés de notre civilisation nationale à son berceau , opinion cependant partagée par des savans d’un grand mérite, il n’en est pas moins prouvé par une foule de témoignages historiques que , même à l’époque de la conquête de César, la plupart des tribus gauloises restées jusque-là indépendantes avaient encore l’usage de se tatouer, de se peindre le corps, de sacrifier des victimes humaines dans des sanctuaires de pierres brutes, d’habiter au milieu de vastes forêts et sur le bord des rivières , des huttes rondes comme celles des sauvages, de se servir d’armes de pierre , etc. Beaucoup d’autres usages qui montrent chez ces peuples une civilisation dans l’en- fance , tout- à-fait en rapport avec les monumens grossiers que ces peuples ont laissés sur notre sol et avec les objets d’industrie dont on peut avoir rencontré quelques faibles débris dans les cavernes. Par une autre coïncidence très intéressante à constater, on Soc. géol. Tom. II. 9 ïSo SÉANCE EXTRAORDINAIRE trouve souvent dans les fouilles des monumens gaulois , avec les mêmes objets d’industrie découverts dans quelques cavernes à ossemens de mammifères détruits, des os d’espèces encore exis- tantes d’animaux domestiques ou sauvages, surtout de cerfs , de moutons , de sangliers , de chiens , de chevaux , de bœufs , et des coquilles marines analogues à celles qui. vivent sur les côtes voi- sines. Ge fait a été observé dans le Quercy, comme dans plusieurs autres provinces. Nul doute que ces corps n’aient été placés dans les tombeaux et sous les autels celtiques, en mémoire, soit de Sacrifices offerts aux divinités gauloises , surtout à Hésus, le Mars des Gaulois (Maiti, animalia capta immolant , dit César), soit de repas religieux et funéraires , soit enfin par suite d’une croyance superstitieuse commune à beaucoup de peuples , et qui faisait déposer auprès des morts de là nourriture et des provisions destinées aux mânes, pour une seconde vie. N’est-il pas très pro- bable que dans certaines cavernes qui ont pu, à la fois ou succes- sivement, servir d’habitations, de retraites ^religieuses , comme les antres de Mithra et les grottes druidiques, et enfin de sépul- tures, les ossemens d’animaux plus modernes et les coquilles marines qu’on a trouvés avec les os humains , surajoutés à l’an- cien limon ossifère,si constamment fluviatiîe , auront eu une pareille origine historique plutôt que géologique? C’est dans cette nouvelle sorte de gisement des Dolmen et des Tumulus , gisement, pour ainsi dire, historique et monumental, qu’il faudrait rechercher , mais encore avec une certaine circon- spection, quoique avec une plus forte garantie d’authenticité que dans les caveriies , les débris de certains animaux contemporains des plus anciens peuples de la Gaule. On sait en effet que l’Au- roch, le Buffle ou taureau sauvage, certains cerfs qui vivaient alors dans les grandes forêts , peu à peu défrichées , de la Gaule et de la Germanie, n’en ont été qu’insensiblement expulsés par lès progrès dèla culture et de la civilisation, puisque l’Urus exis- tait encore dans les "Vosges, sous les premiers rois Francs, au y* siècle. Les Gaulois, grands chasseurs , se faisaient une gloire des dépouilles dé ces animaux, surtout des buffles et des cerfs, qu’ils offraient à Cernunnos, leur divinité de la chasse, ou qu’ils fixaient, avec les crânes de leurs ennemis, aux portes de leurs ha- bitations. Les cornes d’urus leur servaient aussi de coupes dans les festins. On a donc quelque chance de retrouver ces objets sous les pierres druidiques, et les tombelles, sous celles - là , du moins qui sont »ü 5o janvier i83a. i5i antérieures au mode de combustion des morts et des victimes , et antérieures aux invasions des Francs , des Danois , des Saxons , qui conservèrent long-temps partie des mœurs celtiques ou germa- niques. Cette recherche est un nouvel appui que les antiquaires peu- vent fournir aux géologues. M. Desnoyers a déjà attentivement examiné sous un point de vue analogue la riche collection de monnaies gauloises de la bi- bliothèque royale. Sur les plus anciennes;, sur celles qui ne parais- sent pas être une trop évidente imitation des monnaies grecques ou romaines , il a reconnu le plus habituellement , autant que le permettent des grossiers dessins, des représentations d’animaux, surtout de sanglier, de cheval, de taureau sauvage et de cerf , espèces qui vivaient alors sur le sol de la Gaule, et dont les os se retrouvent sous les monumens celtiques. On y voit bien en- core, beaucoup plus rarement, des animaux symboliques ou monstrueux, des copies infidèles d’oiseaux, ou d’autres animaux communs sur les monnaies grecques* mais les plus fréquens et les plus caractéristiques sont les quadrupèdes que l’histoire nous apprend avoir été propres au sol de la Gaule et à la vie indus- trielle de ses habitans. Si l’on rencontrait sous les monumens celtiques des ossemens d’ours , de rhinocéros ou d’autres espèces perdues qu’on trouve- rait d’un autre côté figurés sur les monnaies, c’est alors qu’on aurait droit de conclure la contemporanéité sur le même sol de ces animaux et de l’homme , bien plutôt que de leur réunion dans des cavernes où tant de causes ont pu et dû produire divers re- maniemens. Rien jusqu’ici , cependant, ne contredit les résultats généraux zoologico-géologiques constatés par M. Cuvier* et les fruits du très petit nombre de recherches faites dans cette nou- velle vue, ne nous montrent encore que des espèces analogues à celles qui vivent de nos jours. C’est ainsi que M. de Blainville, dans l’examen de quelques ossemens des Tumuli et des Tuguria de l’Oppidum Gallo-Belge ( Cité de Limes), des environs de Dieppe, n’a reconnu, dans six ou sept espèces ( chien , cochon , cerf, mouton , boeuf, etc.) , aucune espèce détruite. • D’après ces diverses considérations et d’autres témoignages his- toriques que rappelle M. Desnoyers, les ossemens humains des ca- vernes , qui sont eux-mêmes de différentes époques, lui paraissent être au plus loin d’origine gauloise ou celtique, quelquefois même bien plus récens et n’etre, pas plus que les monumens druidi- ques , antérieurs aux dernières grandes catastrophes du globe. Il l5a SÉANCE EXTRAORDINAIRE ne voit pas non plus jusqu’ici de preuves suffisantes que depuis rétablissement de l’homme dans la Gaule d’autres espèces de grands mammifères, surtout de genres des contrées équatoriales, aient été détruites, que celles dont l’histoire y a constaté l’existence. La question des ossemens humains des cavernes présentait trois points de vue principaux : Ou ces ossemens étaient antédiluviens, comme ceux des mam- mifères d’espèces perdues avec lesquels on les rencontre (ours, hyènes, rhinocéros, etc.), et l’existence de l’homme aurait alors précédé dans nos contrées les derniers soulèvemens de montagnes qui ont dispersé le gravier diluvien , et les grands çhangemens de température qui paraissent aussi avoir contribué à leur destruction. Ou bien ces grandes espèces de mammifères n’auraient été dé - truites par des causes lentes et naturelles que depuis les temps historiques, ou du moins depuis l’invention des arts et depuis l'établissement des hommes sur le sol de notre France méridio- nale; et les Gaulois, pourrait -on dire, auraient chassé aux rhinocéros , aux hyènes, comme à l’unis, à l’élan et au sanglier. Ou bien enfin la réunion sur le môme sol souterrain de ces différens corps n’était que le résultat de plusieurs causes fortuites non simultanées et distinctes du phénomène général des cavernes à ossemens. Plusieurs géologues se sont fortement prononcés pour les deux premières opinions et pour la contemporanéité de l’homme et d’un assez grand nombre d’espèces entièrement perdues. C’est l’opinion contraire et la troisième explication du fait que M. Desnoyers a essayé de soutenir. Cette opinion , qui paraît devenir celle du plus grand nombre des géologues , ne diminue en rien l’intérêt des découvertes et des observations dont MM. Marcel de Serres, Tournai, de Ghristol, Farines, etc., ont tiré des conséquences opposées en reproduisant , à l’égard des cavernes, la présomption à' hommes fossiles contredite par tous les autres gisemens; mais peut-être qu’envisagée plus particuliè- rement sous le point de vue historico -géologique, la question leur semblera plus douteuse et pourra être éclairée par de nou- velles observations. Toutefois le fait des os humains et des objets d’industrie dans les cavernes n’était pas nouveau; il avait été antérieurement signalé surtout par MM. Hosenmüîler et de Sommering pour les cavernes de la Franconie; et pour celles de l’Angleterre, par M. Buckland , qui même en avait fait l’objet *d’un chapitre spé- cial de ses Reliquiœ diluvianœ ; mais aucun de ces savans, non DU 3o JANVIER ï832. 1 53 plus que M. Cuvier, n’en avait conclu la contemporanéité de l’homme et de plusieurs grandes espèces détruites , regardées comme antédiluviennes , tant le sol meuble et graveleux du fond des cavernes, exposé à Faction réitérée des cours d’eau souterrains, peut avoir subi de remaniemens postérieurs à un dépôt primitif. M. Boubée observe que l’examen géologique de plusieurs cavernes du Midi de la F rance confirme , selon lui , ces témoi- gnages historiques. Les alluvions qui les remplissent lui parais- sent être plus modernes que le grand attérissement diluvien. Le rapport sur la gestion de M. de Roissy, archiviste, est renvoyé à la prochaine séance, par suite de la démission de l’un des trois commissaires ( M. Héricart Ferrand). Le président nomme en remplacement , M. Puzos. M. Boué, dans le dicours suivant, résume les progrès de la géologie, et ses applications pendant l’année écoulée. Messieurs , Appelé pour la seconde fois à l’honneur de vous présenter un tableau des progrès de la géologie et de ses applications , pendant l’année qui vient de s’écouler, je le ferai d’après mon ancien plan. La science devient toujours plus vaste; elle acquiert sans cesse de nouvelles branches de recherches ; la multiplicité des journaux transmet, dans peu de mois, les nouvelles découvertes d’un bout du monde à l’autre; et ainsi la plupart des mémoires géologiques deviennent classiques, ou sont au niveau des connaissances du moment. Si cet état des choses va bientôt rendre la vie d’un homme trop courte pour embrasser toute la science, il m’ôte vraiment la faculté d’être bref, tout en me tenant aux seuls faits, tandis qu’il m’oblige à vous donner plutôt un catalogue raisonné qu’une dissertation complète qui exigerait un volume. Les personnes qui s’occupent habituellement de géologie vou- dront bien pardonner certains détails qui ne s’adressent qu’à ceux de nos confrères plus novices dans cette science. Après l’énumération des nouvelles sociétés et des publications périodiques récemment entreprises et intéressantes pour le géo- logue , je passerai en revue les principaux travaux géologiques exécutés en 1 83 1 , savoir : les descriptions géognostiques de cer- taines localité Y ça de grandes contrées ; les cartes géologiques , les traités généraux , les ouvrages et les mémoires paie' ontolo- giques. ?34 RÉSUMÉ DES PROGRÈS J’exposerai ensuite les faits ou les problèmes géologiques qui paraissait avoir attiré plus particulièrement V attention des géo- logues, et je terminerai par résumer les travaux et les résultats des sondages ou des puits forés dans ces derniers temps. L’année 1 83 1 ayant été politiquement et sanitairement fort agitée pour l’Europe , nous ne devions guère nous attendre à Yé- tablissement de sociétés savantes ou de publications nouvelles. Néanmoins je trouve à signaler, en Angleterre , deux nou- velles associations , i’une à Bedford, et l’autre à Chichester. Un musée a été fondé dans la première ville , et la société philo- sophique et littéraire de Gliiçhester forme aussi des collections. Frappée des avantages des réunions annuelles et nomades des naturalistes de la Suisse et de l’Ailetïiâgçè , la ville d’York, a vu, en septembre dernier, la première assemblée des naturalistes et physiciens des Iles-Britanniques. Des personnes distinguées des trois universités d’Edimbourg, d’Oxford et de Cambridge , se sont mises à la tête de ce nouveau mouvement scientifique, et il n’est pas douteux que cette société naissante ne devienne bientôt nombreuse, et très efficace pour les progrès des sciences physiques etnaturellés. Déjà le compte-rendu des séances d’York est sous pressé; Oxford est choisi pour le lieu prochain de réunion ; et le bureau a été établi , pour cette année , sous la présidence de M. Buckland. Aucune réunion n’a presque lieu en Angleterre sans qn’il n’en coûte quelque argent aux membres présens ; et les Anglais étant, d’une autre part, fort jaloux de la gloire scientifique et nationale, il s’ensuivra naturellement que cette société publiera incessamment de beaux recueils, et distribuera, comme la Société royale et la Société géologique, des encouragemens aux personnes qui cultivent les sciences. Elle désire déjà spécialement de se mettre en rapport avec les sociétés semblables du continent; de manière que l’on arrivera enfin à l’établissement de grands congrès scientifiques , qui , en rapprochant les hommes éminens de nations très diverses , feront cesser les rivalités et feront tourner les qua- lités et les connaissances de chacun des peuples au bénéfice de tous. Avant de quittet l’Angleterre, je dois mentionner que la pre- mière distribution du prix de géologie , fondé par M. Wollaston , a étéàdjugéàM. W. Smith, comme auteur de la carte géologique de l’Angletérre , et comme ayant le premier employé les caractères paléontologiques dans la détermination des formations britanniques. Dans Y Europe continentale , les grandes réunions scientifiques annuelles n’ont pas eu lieu; en Suisse, à cause des évènemens pm de la géologie en i83o et i85i. i55 litiques; en Allemagne, par suite du choléra. Les séances de Tienne ont été remises à l’an prochain. Les publications des sociétés savantes en Angleterre n’ont pas souffert de la crise européenne. En Ecosse, je trouve à signaler la publication du sixième volume dés Mémoires de la Société werne'rienne , qui contient trois mé- moires géologiques, savoir : un mémoire sur la chaîne de Snow- don, dans le pays de Galles , par M. Stuart-Menteath ; une notice intéressante sur un fdon d’asphalte, dans le gneiss des monts de Castleleod , près de Dingwall, en Angleterre, parM. Witham, et un article sur les os fossiles de diverses cavernes d’Angleterre , par M. G. Young. La nouvelle Société de Newcastle sur Tyné , ou du Northum - berland et du Durham , a fait paraître les 2* et 3e parties de son premier volume , riche en documens de géologie locale. La société philosophique et littéraire de Plymouth a mis en vente le premier volume in- 4° de ses Transactions , contenant une monographie géologique des environs de cette ville , par M. Hennah. Si l’on n’est pas étonné que les sociétés royales et géologiques de Londres publient chaque année de beaux volumes , l’apparition et la réussite de ces publications provinciales sont d’autant plus étonnantes qu’elles ne sont point achetées par tous les géo- logues anglais. Ce sont les simples amateurs et les gens riches qui soutiennent ce genre de publications. Un nouveau volume des Transactions de la Société géologique de Londres vient de paraître. La Société de Cornouailles est occupée à imprimer son qua- trième volume. Si la Société wernérienne était en retard pour ses publi- cations, à cause des trois journaux scientifiques existant à Edim- bourg, les Instituts littéraires d’Invcrness (Northern institute) , de Banff et même de Ferth , de Scarborough et de Bristol , et la Société d histoire naturelle de Belfast, en Irlande, promettent de publier des documens géologiques; enfin MM. Webster et Ainsworth ont donné successivement des cours de géologie à l’In- stitut royal de Londres. M. Lyell est devenu professeur de géo- logie au collège royal à Londres ; et la vaste collection de feu M. Sowerby l’aîné a été achetée par une personne qui en a fait une espèce de musée public pour l’étude. En France, les sociétés de Strasbourg et de Bordeaux ont été seules actives. La dernière a récemment publié un cahier; la 1 56 RÉSUMÉ DES PROGRÈS seconde partie du premier volume des mémoires de celle de Strasbourg est sous presse. A Marseille, on vient de commencer la publication d’un journal scientifique intitulé Annales des Sciences et de V Indus- trie du Midi de la France. Il recevra surtout les travaux des Languedociens et des Provençaux. Vous savez que M. Boubée vient d’achever son second voyage de géologie fait avec des élèves. En Allemagne, outre la continuation de tous les recueils pé- riodiques, la Société de Marbourg , ainsi que Y Académie impé- riale Léopoldine, ont fait paraître chacune un volume. Je dois aussi signaler les articles géologiques de la Revue de Berlin ( Ialirbucher fur wissenschaftliche Kritik ). U Acad, des Sc. dêBerlin a proposé, pour 1 833 , un prix, pour la question de savoir si la tourbe est bien d’origine végétale. M. le professeur Czenmak a commencé, à Vienne, un jour- nal d’histoire naturelle. Un cours de minéralogie et de géologie est donné par M. Walch? ner à Carlsruhe , dans le pays de Bade ; et un cours de paléon- tologie a été établi à Freiberg par M. Reich. De plus je trouve, dans le n° 8, pour 1828, de Ylsis, un article intéressant sur les objets géologiques et palcontologiques dont se sont accru un bon nombre de collections particulières ou de mu- sées. Je renvoie les voyageurs naturalistes a cette énumération et à notre catalogue des collections d’Allemagne. Enfin je remarque que le Comptoir minéralogique de Heidel- berg n’a pas envoyé de livraison de sa Collection géologico- paléontologique; tandis que la Société wurtembërgëoise d’Es- lingen continue d’enrichir les cabinets des particuliers par des voyages entrepris par actions. Un Allemand, M. Teuschwanger, est même allé , par spéculation , faire des collections géologico- minéralogiques aux Etats-Unis. En Italie , les troubles politiques ont arrêté la publication régulière des Annales d’hist. nat. de Bologne , auxquelles coopé- raient les professeurs Bartoloni , Ranzani , Alessandrini etOrioli. Y^ePoligrqfe , rédigé à Vérone par M.Berti, a succédé, depuisîe milieu de l’année i83o, au journal de Trévise ; et les Annales des sciences du royaume lombar do-vénitien , publiées in-4° à Vicence par M. Fusineri, ont remplacé le journal d’histoire naturelle de Pavie. Enfin M. Vieusseux , de Florence, a annoncé la publica- tion font mieux connaître cette île. J_jeur travail sur Vile dé Arrari } déjà décrite par quatre géolo- (1) Dans le résume des progrès de la géologie pour i83o cette par- tie a été omise; le Bulletin ayant pris maintenant plus d’extension, nous reproduisons ici une partie de ce qui avait rapport à i83o; nous croyons répondre ainsi au désir manifesté par la société. l40 RÉSUMÉ DES PROGRES gués (MM. Jameson, Macculioch Necker et moi) , est surtout intéressant, comme point de comparaison avec une esquisse sem- blable de MM. Murchison et Sedgwick ( Trans . géol. N. S. vol. III, p. 1) , où ces géologues établissent, par la position et les fos- siles des grès rouges et des calcaires de la côte N.-E. de File d’Arran , que ces roches sont l’équivalent du grès pourpré , du calcaire de montagne, ou terrain houiller, du calcaire magnésien et du grès bigarré. MM. d’Oeynhausen et de Dechen arrivent à la même conclu- sion, quoiqu’ils précisent moins ces subdivisions artificielles éta- blies dans un seul et grand dépôt de grès rouge. M. Macgillivray a donné des renseignemens sur les roches de gneiss, de serpentines, etles filons granitiques et irappéens des Hé- brides extérieures [Edinb. Journ. of nat. cindgeog. Sc. Jany. i85o, p. 2^5, et mars, p. 4o3). M. Jameson a publié des notes géologiques sur les gîtes puis- sans de graphite dans le gneiss , au nord du canal Calédonien , et sur le groupe granitique et schisteux central des Grampians , autour de Castleton ofBraemar [Eclimb. phil. Journ. Oct. i83o). On y voit que ce professeur , jadis si zélé nepluniste, a adopté les idées huttoniennes, même pour les granités etles filons de cette espèce. Aucun fait nouveau n’est venu terminer la controverse entre M. Macculioch et MM. Sedgwick et Murchison, relativement à la question sur le granité de Caithnes , postérieur, suivant ces derniers, aux dépôts jurassiques écossais. M. Macculioch leur a contesté le dernier ce point si curieux [Quart. Journ. 1829). Enfin , je dois signaler l’annonce de nouvelles forêts sous- marines découvertes sur la côte nord-est de l’Ecosse, et une note sur des silex de la craie et des couches argileuses existant sur le rivage de la mer, près de Fetershead. Le silex étant, avec le fluoré, un des minéraux communs les plus rares en Écosse, cette indication est curieuse, et l’on peut se demander si le terrain crayeux n’existe pas au fend de la mer, non loin des côtes du golfe appelé Firlh of Murray. , En Angleterre , il y a eu , ces deux dernières années, non seu- lement des publications de mémoires, mais aussi des monogra- phies géologiques de certaines contrées ou de certains dépôts ; tels sont le travail sur le sol crayeux de la partie occidentale du Sussex, par M. P.-C. Martin [Geolog. Memoir on a part of Western Sussex). Le bel ouvrage de M. Fhilipps, sur les côtes DE LA GEOLOGIE EN l85o ET 1 83 1 . l^l du Yorkshire ( Illustrations of the geology of Yorkshire ) , la réimpression revue de celui sur le même sujet, par MM. Bird et Young ( Geological survey of llie coast of Yorkshire) , la des- cription de la géologie et des cavernes à ossemens du Sommersets- liire, par M. J. Rutiler ( Délinéation of the Northwestern divi- sion of the county of Sommerset , etc. ). Je dois rappeler aussi que MM. Robberds et Taylor ont chacun publié un ouvrage sur les aîluvions anciennes à ossemens et fos- siles des côtes de* Norfolk. Le classement et la formation de ces dépôts ont été éclaircis au moyen d’une controverse entre ces deux géologues. Parmi tous ces ouvrages, celui de M. Philipps est en première ligne, parce qu’il nous donne le détail complet des diverses assises calcaires marneuses, arénacées et charbonneuses du lias anglais, et qu’il en décrit et figure les fossiles jusqu’ici incomplètement connus. Dans les Transactions géologiques de Londres , pour i85o, nous trouvons trois mémoires géologiques concernant l’Angle- terre. Le premier, de M. J. Philipps, est sur un groupe de roches intermédiaires du Cumberland et du TV eslmoreland , et sur deux failles considérables dans le calcaire de montagne. Le deuxième est un travail très considérable sur le calcaire magnésien et la partie inférieure du grès bigarré, par MM Murchison et Sedgwick. Les auteurs retrouvent dans ces dépôts de l’Angleterre septen- trionale les équivalens des cinq terrains secondaires inférieurs de l’Allemagne , à l’exception du Muscbelkalk, comme un de nos secrétaires l’avait déjà dit depuis long-temps, mais sans en donner les preuves complètes. Dans la partie sud du même pays, l’ag- glomérat magnésien remplacerait le grès rouge secondaire et le zechstein. Le grès rouge est surtout développé dans les lieux où il couvre le grès houiller en stratification conforme. Enfin, ils appuient sur le dépôt mécanique aqueux du calcaire magnésien. Le troisième mémoire est de M. de la Bêche , et donne des ren- seignemens nouveaux sur les roches secondaires et intermédiai- res, et en particulier sur les fions trappéens d'une partie des côtes du Devonshire. Le premier volume des trafisactions de la société d’histoire na- turelle de Newcastle sur le Tync , contient .treize mémoires de géologie, dont six ont rapport aux filons trappéens et à leur effet sur les grès houillers ou les roches du calcaire de montagne RÉSUMÉ DES PROGRÈS 142 du Northumberland (i). Les mines de houille de ce pays offrent de belles occasions de s’assurer de l’élat de coke auquel est ré- duite la houille près des masses trappéennes. M. Francis Forster a inséré un mémoire étendu sur les houillères de la partie méri- dionale du pays de Galles . M. N. Wood est entré dans de grands détails sur les couches houillères du Northumberland et les dépôts supérieurs et inférieurs de ce comté et du Cumberland; etM. Hut- ton a donné un aperçu des localités et des coupes du grès rouge se- condaire sous le calcaire magnésien du comté de Durham. Enfin , des remarques géologiques sur les bords de la .Tweed , près de Berwick , en Ecosse , ont été présentées par M. 'Winch ; et le grès rouge du môme comté a occupé M. William. Parmi les autres mémoires publiés sur rAngleierre , on peut remarquer un mémoire de M. Sedgwick sur le calcaire de mon- tagne divisé en trois ou même sept groupes ; une notice sur le graphite en filons au milieu du porphyre verdâtre ou dioritique de Borrowdale , par M M. Dechen et d’Geynhâussen (Archiv. de Karsten, vol. 1, cah. 2) ; la description par M. Nelson de Vile de Jersey , composée de schiste cristallin et de gneiss ù filons et amas granitoïdes ; une description des filons couches trappéens dans le calcaire de montagne de V Angleterre septentrionale , par M. W. Hutfon; un aperçu sur les fossiles de dépôts secondaires et in- termédiaires dans les alluvions anciennes de Birmingham , par M. Jukes ( Mag . of nat. hist ., juiil. i83i) ; une notice fort im- portante de M. Gillierton sur des alluvions à coquilles marines , àPreston , dans le Lancashire , à 6 milles de la mer, et à 3oo pieds au-dessus de l’Océan. Ces coquilles ressemblent beaucoup plus aux tests des mollusques vivant encore sur les rivages d’Angleterre , qu’aux fossiles du Crag de Suffolk Enfin M. Trimmer a découvert des graviers d'alluvion conte- nant des coquilles des mers d’ Angleterre au sommet de Moel- Trifane , près de Caernarvon , dans le pays de Galles . Ces co- quillages ont été remis à la Société géologique de Londres. De plus, il a trouvé que les alluvions anciennes du comté de Caer- narvon * entre la chaîne de Snowdon et le détroit de Menai , exis- tent non seulement dans les vallées, mais encore sur les flancs et les sommités des montagnes , et qu’elles offrent des débris pri- maires et crayeux. Une élévation absolue de mille pieds est la (1) Ce sont les mémoires de MM. Buddle, M. Forster, Trevelyan et F. Forster et Williamson, Peile. DE LA GÉOLOGIE EN î83o ET 1 85 1 . i45 plus grande hauteur qu’atteignent ces alluvions, dont le char- riage a entamé çà et là les rochers. L'explication de ces faits exige la supposition d’un niveau plus élevé des mers, ou bien d’un soulèvement continental, ou d’un déluge. D’un autre côté , dans les pays de plaines ou de collines, il arrive souvent que les al- luvions des très anciens lacs ou des cours d’eau se trouvent main- tenant recouvrir des plateaux séparés par des vallées. Telle est au moins l’opinion d’une partie des géologues. En Irlande 9 M. Weaver, un des géologues les plus instruits de l’Angleterre , vient de décrire le S. O. de V Irlande , et en a présenté la carte géologique à la Société géologique de Londres. Il nous fait espérer, dans quelques années, un travail semblable sur la partie occidentale non encore décrite de cette île, de manière que la carte entière de ce pays sera bientôt achevée. Le nord a été décrit, vous le savez, par MM. Berger, Conybeare, Buckland [Trans. géol.) ; l’ouest, par MM. Weaver, Steffens, Fit- ton et Giesecke , les dépôts houillers deConnaught, de Leinster et Ballycastle par M. Griffith (trois mémoires séparés sous le titre de Miner, and geological survey > etc.) ; le reste le sera par M. Wea- ver, qui pourrait déjà donner une carte complète de l’Irlande , té- moin celle qu’il m’a permis de copier; mais sa modestie égale son savoir, et il veut donner à son travail toute l’exactitude qu’on peut attendre d’un seul individu. Il résulte des travaux de MM. Weaver et Griffith, qu’une partie des anthracites de V Irlande est au-dessous du grès pour- pré, et que ce dernier recouvre toujours le sol intermédiaire en stratification transgressive. Vous ne vous attendez pas à ce que je m’arrête long-temps aux travaux géologiques concernant la France , et publiés à la fin de i83o et en i85i; vous les connaissez mieux que tous les autres : il me suffit donc de les récapituler. MM. de Beaumont et Dufrénoy ont republié leurs grands eliin- portans Mémoires sur V ouest, le sud-ouest et le centre de la France. Ils poursuivent activement, sous l’inspection de M. Brochant, le perfectionnement de la carte géologique de la France, travail pour lequel ils ont visité, en i85o, le sud-est de ce royaume ; et celte année, les Pyrénées, et la partie sud-ouest. M. Clerc a donné une notice géologique sur la formation ardoisière du département des Ardennes. M. Thirria nous a appris à bien connaître le calcaire jurassique de la Haute-Saône et ses cavernes , ainsi que ces dépôts argilo - RÉSUMÉ DES PROGRÈS i44 ferriferes qui le recouvrent et appartiennent en partie au grès vert. Depuis lors, de nouvelles observations lui ont fait rectifier le classement de quelques points ; ainsi le terrain de Chailles est à placer dans le haut de l’argile d’Oxford, et non pas dans le Coral-rag, et le calcaire de Rupt dans le Cornbrash. Notre con- frère M. Thurmann a bien étudié les terrains de Mcntbelliard , où les superpositions sont plus claires que dans la Haute-Saône. Il a dressé , dit-on , des profils interessans pour le redressement des couches. M. Kœchlin continue ses observations sur les molasses et les alluvions de Mulhouse. MM. Manès et Creissac ont imprimé un mémoire fort in- structif sur le sud-ouest de la France; ils nous ont mieux fait connaître l’étendue du terrain primaire de la Vendée, un petit bassin houiller sur son bord méridional, et la distribution dp lias. Ils nous ont donné surtout des détails précieux sur la suc- cession des dépôts secondaires de la Charente-Inférieure, sujet déjà traité par M. Dufrénoy. Vous savez que M. Fassy a remis, il y a deux ans, à l’Académie de Rouen , une Description géolo- gique du département de la Seine-Inférieure. Cette esquisse est sous presse et n’a été retardée que par la gravure d’une grande carte géologique détaillée. M. Graves a donné des détails inléressans sur les cantons de Nivillers et d.\ 'Auneuil , dans le département de l’Oise. On a imprimé dans les Annales des Mines le mémoire très connu de M. Eug. Robert sur le grès coquillier marin à débris de pagure, au-dessus du calcaire parisien, de Bregy et de Nanteuil-le-Haudoim En Auvergne, M. Eecoq vient de faire paraître un Itinéraire au Puy-de-Dôme , et M. Bouillet imprime ses Observations dans le Cantal, dont il donnera une carte géologique. MM. Lecoq et Peghoux ont continué leurs publications géo- logiques dans les Annales scientifiques de Clermont , et le premier a terminé, avec l’aide de M. Bouillet, sa Collection de vues et de coupes du Puy-de-Dôme , ses, livraisons instructives de ro- ches, et son Itinéraire géologique de ce département. Les mémoi- res sur l’Auvergne de MM. Dufrénoy et Kleinschrod sont de i83o. Depuis le mémoire de MM. Chaubard et Reigniac , sur le sol tertiaire du Lot-et-Garonne, et les deux mémoires de M. Jouannet sur celui de la Gironde , et sur les sondages en- trepris près de Bordeaux; il n’y a eu sur le sud-ouest de la de la géologie en i83o Et i 85 i . i45 France que le mémoire sur les cailloux roulés de la Gironde, par notre confrère M. Biliaudel. M. Tournai a donné la carte et une Description géologique du département de V Aude. Il en tire la conséquence que les marnes bleues marines ou subapennines forment la base du sol tertiaire du Languedoc. M. Desnoyers vous parlera des idées de M. Reboul sur les dé - partemens de V Hérault et de V Aude. A Montpellier, M. Marcel de Serres, depuis ses mémoires sur Vaucluse , Salinelle et le Roussillon , en a composé plusieurs autres qui sont sur le point d’être publiés, et en particulier une indication des végétaux fossiles de Lodève. Les deux mémoires publiés par M. Pareto sur la géologie du Far font bien désirer qu’il en fasse le sujet d’une monographie, car ce département contient d’abord presque toutes les forma- tions secondaires, y compris le grès bigarré, le Muschelkalk et les dépôts porphyriques ; puis il est à une des extrémités du grand système géologique qui caractérise, comme je l’ai détaillé ailleurs, tout le S.-E. de l’Europe et les Alpes. J’ai donné un aperçu sur le gisement si curieux du gypse quarzifère de Fitou dans le Roussillon. Qu’on veuille y voir un élfet d’émanations ignées acides, ou qu’on rejette cette théorie, il n’en résulte pas moins qu’une masse syénitique oudio- ritique y est sous la forme d’un gros filon , dans un calcaire dont elle est séparée par une bande de cargneule ou rauchwacke et de calcaire siliceux , et que ce filon ne paraît pas avoir percé toute la masse calcaire, puisqu’il est séparé en deux portions par une butte de cette nature. On sait que le dernier gouvernement des Pays-Bas avait or- donné un relevé géologique général , à la tête duquel on avait placé MM. Van Breda, Van Gorkum etd’Omalius d’Halloy. Pour accélérer l’exécution de cette entreprise , des descriptions géo- logiques de certaines contrées avaient été mises au concours par l’Académie de Bruxelles et la Société des sciences de Harlem; c’est ce qui nous a valu deux Mémoires sur le grand-duché de Luxembourg , l’un par M. Steininger, et l’autre par M. Cauchy (en 1825). En 1800, MM. Dumont et Davreux ont chacun com- muniqué à l’Académie de Bruxelles un travail important sur la province de Liège. Le dernier géologue a publié, conjointement avec M. C. Willekens , une note sur le sol charbonneux et cal- caire de la Belgique ; et dans son mémoire sur les environs de $oc. géoh Tome II. 10 l46 RÉSUMÉ DES PROGRÈS Liège , il reconnaît les divisions anglaises du schiste de transi- tion, des calcaires intermédiaires , du grès pourpré et du grès houiller. Ce travail complétera celui de M. d’Oeynhausen et Dec- hen, et rectifie, dit-on, certains classemens proposés par RI. llo- zct. A la fin de 1829, il a été publié en Belgique deux ouvrages en hollandais qui sont peu connus, savoir : un mémoire de M. Van Breda sur V aspect de la dolomie près de Durbuy dans les Ardennes et sur la géologie de ce pays (in~4a avec 5 planches) ; et une brochure de M. le professeur V. Bronn sur les moyens à' utiliser des terrains incultes des Ardennes (in- 8°). Les troubles politiques ont empêché la société de Harlem de recevoir pour 1801 la description du Brabant méridional qu’elle avait demandée. Néanmoins M. Morren a étudié autant qu’il a pu les fossiles des dépôts tertiaires et d’alluvion des Flandres . Il serait bien à désirer qu’il décrivît tous les ossemens de batra- ciens, de rongeurs et de mammifères qu’il a découverts dans le calcaire tertiaire du Brabant. Ce fait, rapproché des concrétions siliceuses si fréquentes dans ce dépôt, et des ossemens découverts par M. Van Hees dans un pilier des souterrains de Maestricht, jette encore bien du doute sur le classement véritable de ces divers aiftas reconnus tertiaires par MM. Conybeare, Buckland, Fitton et Hony. N’y a-t-il pas une certaine probabilité à les pla- cer dans le groupe tout-à-fait supérieur? En Allemagne, nous trouvons d*abord dans le grand-duché de Bade l’ouvrage de M. Eisenlohr sur le Kaiserstuhl ; celui de M. d’Althaus sur le gypse d’eau douce et les molasses de l’Hégau ; et la description du cercle du Necker inférieur par M. Bronn. M. Jilipstein nous a décrit Y Odenwald , le Spessart et les dé- pôts secondaires anciens de la Wettcravie. M. Walchner nous a bien fait connaître le dépôt ferrifère soit alluvial , soit du grès vert de Kandern , dont j’ai aussi parlé en publiant une note sur les dépôts secondaires anciens qui se trouvent réunis et redressés dans cette localité. En Wurtemberg , depuis l’ouvrage classique de M. d’Alberti et les belles cartes de MM. d’Oeynhausen et Dechen , M. le doc- teur Hehl nous a donné une suite de mémoires, dont le dernier traite des basaltes en filons et culots au milieu du calcaire juras- sique , des cavernes de ce calcaire et du minerai de fer en grains superficiel. Il lie la formation de ce dernier à des sources miné- rales gazeuses, à des phénomènes ignés, et recherche en partie leur origine dans les oolites ferrifères inférieures du Jura aile- de la géologie en i83o et i 85 i . 147 mand. Il émet meme l’idée que de cette manière des cavernes ont pu être remplies de minerai de fer. M. d’Alberli prépare un nouvel ouvrage sur le Keuper, les marnes charbonneuses inférieures de ce dépôt et le Muschelkalk supérieur. Il montrera que ces trois masses ont exactement les mêmes fossiles. M. le professeur Schubler continue à enrichir de détails géo- logiques très circonstanciés la statistique du Wurtemberg que publie M. Memminger ( Jahrb . fur Slatïst ., i83o. cah. 2, et Bes- chreibung des Konigr. Wurtembergs , cah. 8.) Dans le dernier cahier de cet ouvrage, on décrit le district d’Urach. MM. de Yoigt et de Schwerin nous promettent de nombreux renseignemens géologiques sur la Bavière , qui possède moins de géologues actifs que d’autres parties de l’Allemagne. M. de Voilh a publié une note sur le bassin d'eau douce d'I/n Riess au milieu du Jura allemand. M. Hoff a donné un mémoire sur le pays de Cobourg , district intéressant , parce que le Keuper y renferme une puissante assise de dolomie , et que près de là s’élè- vent, sans l'intermédiaire du calcaire à gryphées arquées, les dolo- mies et les calcaires du Jura, placés sur le grès et les marnes du lias. Son ouvrage sur le nivellement du terrain entre Gotha et Cobourg se rattache à ce mémoire. En Saxe , M. Tauschner a décrit le sol secondaire ancien et métallifère de Kamsdorf, et M. Martini a donné des détails sur le minerai de fer au contact du granité et du schiste de Schneeberg ( Archiv , de Karsten , vol. 19, tab. 2). M. Rlipstein a visité le gîte stannijere d'Allenberg et de Zinnwald , et a ex- posé les résultats des travaux souterrains entrepris pour s’assurer de la position véritable de la syénile à l'égard de la craie et du grès vert. Tout aussi partisan dn plutonisme que MM. les pro- fesseurs Weiss et Hoffmann, il ne pense pas cependant que dans ce cas il faille précipiter son jugement, et il lui paraîtrait même probable que les couches secondaires se sont prolongées dans les anfractuosités ou les cavernes des falaises syénitiques, de manière que la craie a l’air d’être couverte par la roche ignée. M. Josa a donné une notice et une carte géologique des envi- rons d’Altenbcrg et de Zinnwald dans le journal russe (n» 1, i85i). M. le comte Munster a cherché éprouver, par une liste desybs- siles de certaines couches mises au jour par l'éruption syénitique de Hohnslein , qu’il y avait dans ce lieu des oolites inférieures. M. Naumann a rendu encore plus évident que les granités entre l48 RÉSUMÉ DES PROGRÈS Dresde et la Bohême étaient postérieurs au sol intermédiaire. MM. Zobel et (le Carnall viennent de compléter notre connais- sance des terrains houillers à porphyre trappéen et des autres dépôts soit secondaires , soit anciens , d'une partie de la Silésie inférieure , du pays de Glatz et des montagnes voisines de la Bo- hême ( Archiv . de Karsten, vol. 3 et 4)- Ce travail se joint à ceux de MM. Moteglek, de Raumer et d’Oeynhausen ; il est beaucoup plus étendu que ceux de MM. Buch et Schulze, et est au niveau des connaissances actuelles. La société scientifique de Breslau et M. Glocker nous promettent do nouvelles données sur la Silésie supérieure . Il y a eu un mémoire sur Y or de Silésie par M. Dechen [Archw. de Karsten ). M. Kloden a fait une étude particulière des îlots secondaires et du sol tertiaire du Brandebourg. Les géologues doivent lui savoir gré de ce travail difficile, et dont M. Hoffmann s’était déjà occupé dans tout le nord de l’Allemagne. De nouvelles localités de gypse secondaire et d’autres roches anciennes ont été le fruit de ces re- cherches. M. Karsten est revenu sur le gisement de Y ambre en Prusse , objet déjà traité par M. d’Oeynhau.sen dans la relation de son voyage en Poméranie et de file de Rugen ( Archw. de Karsten, vol. 18). Au Harz , M. Zinken , ingénieur des mines à Magdesprung, a donné une carte du Harz oriental , et promet de nouveaux détails sur le gîte des minerais sélénitifëres pr'es des masses pyrogènes. C’est encore en partie à lui qu’on doit la découverte du Palla- dium au Harz. M. Zimmermann a publié un Guide géologique dans le Hars , et une notice intéressante sur les amas ferrifères accompagnant des filons et des filons- couches de diorite ou de trapp dans celte chaîne, sujet déjà traité par M. Bobert. M. Sec- kendorf a observé un contact de la grauwacke et des granités des frcigmens coquilliers de la première roche dans des filons gmni- toides. Dans les Transactions des Amis de V art des mines de Goë.t- tingue , nous trouvons un mémoire sur le lignite du Habicht- swald , par M. Strippelmann ; un autre de M. Schwarzenberg sur les filons basaltiques et leur manière d'être dans les roches tertiaires et secondaires au Habichtswald ; un troisième sur les roches tertiaires d’Almerode , par M. Strippelmann; enfin, le grand travail de M. Hausmann sur les dépôts secondaires des bords du FFeser. Malgré quelques taches que M. F. Hoffmann a DE LA GÉOLOGIE EN 1 83o ET 1 83 1 . 1 49 relevées dans ce dernier, il n’en reste pas moins un ouvrage à pla- cer à côté de celui de M. Freiesieben sur le Mansfeld etlaThu- ringe. M. Hoffmann a fait de son côté une publication qui fait épo- que dans la science ; nous voulons parler de sa superbe Carte du nord-ouest de V Allemagne et de son Atlas de coupes. Jusqu’ici il n’avait pas encore paru de carte si chargée de détails géolo- giques ; et l’irrégulière distribution des dépôts en Allemagne rendait l’exécution d’un semblable relevé infiniment plus difficile qu en Angleterre et en France. Il est à regretter que ce savant n’ait pas accompagné ses cartes d’une description complète du nord-ouest de V Allemagne. Fati- gué malheureusement d’avoir consacré huit ans de sa vie à l’ex- ploration d’un même pays , et pressé de la faveur qu’on lui avait accordée de voyager en Italie, il ne nous a donné que deux vo- lumes de texte. Le premier est un traité complet sur Y orographie de celte partie de V Allemagne , et on ne saurait trop en recon- naître le mérite; mais dans le second il ne traite que de quelques terrains ou de quelques questions géologiques, et il ne fait qu’ef- fleurer le reste de son sujet. Un mémoire de M. de Veltheim , capitaine des mines , sur le grès rouge , les houilles et les por- phyres, se trouve à la fin de cet ouvrage. Il est bien fâcheux qu’un administrateur aussi savant que lui ne puisse pas nous faire con- naître toutes les nombreuses observations qu’il a faites dans le Mansfeld et le Harz. Il en a dressé, dit-on, des cartes extrêmement détaillées ; mais le bureau central militaire topographique de Berlin n’en a pas voulu permettre la publication. Le Mecklembourg , pays ondulé et de plaine, avait jusqu’à C03 dernières années peu excité l’attention des géologues. Dès i8a5, M. Bruchner nous a fait connaître les hauteurs qui traver- sent la portion méridionale du pays , et qui abondent en craie et en lignite ou terre aîunifère placée dans des sables. En 1829, M. de Blucher a publié un Aperçu géologique sur tout le Mec- klembourg, et s’est occupé des sources salées de ce pays, eaux dont l’origine est encore équivoque dans le terrain tertiaire. Des amas gypseux reconnus pà et là sous le sol vont être étudiés, complètement, et les notions que M. de Blucher a puisées sur les fossiles pendant son séjour parmi nous, nous procureront tous les détails désirables sur les coquilles d’un calcaire tertiaire assez rare dans ce pays . Depuis la publication de notre confrère, M. le docteur Kastner s’est aussi occupé des sources salées des bords I f)0 RÉSUMÉ DES PROGRES de la Baltique , et il a combiné ensemble les observations de MM. de Bluoher et d’Oeynhausen. M. de Dechen a décrit longuement deux exploitations de li- gnite tertiaire du district de Brühl, près de Bonn [Archiv* de Karsten, vol. o, cah. 2). M. Stifft a donné une description du pays de Nassau , ouvrage surtout précieux par ses vues sur les sources minérales et les détails sur les diorîtes et le Schaalstein du sol intermédiaire. Le Schaalstein est une roche trappéenne mélangée de débris de cal- caire ou de schiste, ou bien un schiste très modifié et même bour- souflé, et il forme tantôt des filons ou filons-couches, tantôt des salbandes de filons feldspaliques , pyroxéniques ou dioritiques. M. Bronn a visité soigneusement les deux localités coquillières du Bensberg et du Grafenberg sur les bords du Rhin inférieur. II n’a reconnu dans la première localité que des fossiles intermé- diaires, et dans la seconde des coquillages tertiaires. M. d’Hoe- riinghaus adopte le même classement; et M. Fitton a donc eu tort dé réunir le dépôt du Grafenberg, près de Dusseldorf, au grès vert d’Aix-la-Chapeile. 11 y a dans les deux endroits quel- ques genres semblables , mais les espèces sont différentes. Les indications géologiques données par M. Schlotheim sur ces trois localités étant très vagues, M. Bronn a rendu un service à la science en précisant les faits. MM. Lowe et Noggerath ont revu les dômes porphyriques qui s'élèvent hors du schiste argileux intermédiaire au mont Issen - berg , dans le district d’Arnsberg. Ils ont un gisement remar- quable en ce qu’ils s’y enfoncent en coin et altèrent sensiblement les couches schisteuses ; ce sont des culots injectés par la voie ignée. M. Schleiden a découvert des morceaux de schiste co- qu il lier dans ce porphyre. M. Steininger a observé une espèce de filon ferri fer e curieux au milieu du schiste de transition du Hundsriick. Dans les états autrichiens, nous trouvons à citer en Bohême l’ouvrage de M. Moteglek sur le sol ancien et secondaire du pied du Riesengebirge. Le tableau général des formations du pays par M. Zippe. M. le comte Rasoumowski nous a appris à connaî- tre une petite portion du sol primaire de la Moravie, qui offre plusieurs gîtes métallifères, et en particulier des quarz résinites (fsfsi i83i), et j’ai communiqué à la Société géologique de Londres une Esquisse générale de la Moravie , avec une carte géologique. M. le docteur Reichenbaçh promet pour Pâques une DE LA GÉOLOGIE EN î85o ET S 83 1. l5t description des environs de Bruno. M. le comte Razoumovski a publié ses Idées sur le grès de Vienne et certains fossiles de ses environs. M. Partsch a donné une coupe et une description géné- rale du bassin tertiaire de V ienne , qui cadrent tout-à-fait avec ce que j’en ai dit dans le Journal de Géologie. M. Ancker a publié une Notice historique sur les points volcaniques de la Styrie. Vous connaissez le Mémoire de M. Murchison sur le cak caire alpin à-fucoïdes et à poissons de Seefeld , en Tyrol, el le beau travail, et les coupes de feu M. Lill de Lilienbach , sur les montagnes si intéressantes du Salzbourg. Vous savez aussi que MM. Murchison et Scdgwickse sont occupés de ce pays et ont donné une coupe générale à travers toutes les Alpes du Salzbourg et de la Carinthie jusqu’à Venise. Ge Mémoire avait été précédé d’un autre sur les Alpes vénitiennes. J’ai aussi parlé brièvement du Salz- bourg. Avant de mourir, M. Lill a insisté sur la probabilité de l’existence du lias dans le Salzbourg. 11 en a envoyé des fossiles à M.Bronn, et a laissé sur ce sujet un Mémoire encore inédit. M.Ros- thorn a le premier spécifié la localité du calcaire à hippurites , et du dépôt de Gosau , près d’Aussée , en Styrie. On connaissait les fossiles de ces assises, mais on les avait trop souvent confondus avec ceux du terrain salifère- Propriétaire de grandes usines àAVolfsberg en Carinthie, et possesseur d’une vaste et belle collection de mi- néraux, de roches et de fossiles, ce savant s’occupe depuis long- temps de la géologie de son pays. Il en a dressé dernièrement une carte géologique qui comprend la Carniole et la Styrie méri- dionale. La publication d’un pareil travail sera précieuse, car depuis M. Hacquet nous n’avons eu presque rien de semblable sur ce pays intéressant. * MM. Studer et Iieferstein nous ont appris à connaître certai- nes parties de la Carinthie et la Styrie méridionale. Leurs travaux sont de véritables acquisitions pour la géologie. Je me contente de rappeler ici ces lambeaux épars de l'oches secondaires à co- quilles tertiaires , et ces molasses accompagnées d’agrégats ira - chy tiques et ponceux , près de Cilly . M. Studer a même poussé jusqu’en Croatie , et a vu mieux que moi le gîte de soufre et de lignite à poissons et insectes de Radeboy. Le même géologue a aussi revisité Prcdazzo , le mont Mulazzo et le mont Raldo, dans le Tyrol méridional. 11 est de ceux qui admettent les altérations su- bies par les roches calcaires au moyen de la voie ignée, et qui croient aussi que le calcaire grenu à idocrase de Predazzo et du mont Monzoni est une roche jurassique coquillière modifiée. 1Ô2 RÉSUMÉ DES PROGRÈS M. Zeuschner vient d’admettre encore la même opinion. ( Isis ). M. Necker nous promet, enfin, ses observations faites en Is- trie , qui , [jointes à^celles que j’ai publiées, et’que je publierai, achèveront de nous faire connaître ce pays entièrement occupé par le grand système secondaire à numulites. On trouve dans \e Journal de Géologie les caries de tous les dis- tricts miniers du Bannat , et des données sur plusieurs des plus célèbresmines de la Transylvanie. Nos renseignemenssur la Hon- grie se bornent cette année à ce que j’ai dit du sol tertiaire de ce pays, et à une note où j’ai insisté sur l’erreur de M. Beudant, d’a- voir regardé le calcaire d’ eau douce de Czigled, comme se formant encore actuellement. Ce vaste dépôt, particulier par le test con- servédes coquilles, est de la dernière époquetertiaire, oumêmede la période alluviale ancienne, car il estaumilieu de la grande plaine orientale de la Hongrie, au moins à i5o ou 200 pieds au- dessous du calcaire d’eau douce tertiaire qui recouvre déjà les sables tertiaires supérieurs , et qui est minéralogiquement ana- logue à celui du Lot-et-Garonne. J’ai soumis à la Société géolo- gique de Londres un esquisse générale de la géologie de la Tran- sylvanie, avec une carte géologique. Mes conclusions les plus curieuses sont : que le terrain salifere y est tertiaire , que les porphyres métallifères sont des éruptions ignées qui lient les tra- chytes aux porphyres secondaires et anciens, et que ces masses sont postérieures au grès carpathique , et, par conséquent, de la fin de la période crétacée; enfin ce qu’on a appelé jusqu’ici grau- wacke , en Transylvanie , "n’est autre chose que le grès secondaire des Garpathes, plus ou moins intact ou modifié. Le système ûesCarpathes étant intimement lié aux Alpes , l’in- térêt que la structure de cette chaîne a inspiré s’est porté aussi sur les premières ; montagnes. MM. Lill, Pusch, Zeuschner, Keferstein et moi nous sommes occupés des Carpathesen 1826, 1827, 182g et i83o. L’esquisse de M. Pusch, annexée à sa des- cription de la Pologne, présentait, suivant moi, des classemens faux; mais, depuis son nouveau voyage en i83o, nous sommes d’accord sur presque tous les points. Le grand massif marno-aré- nacé et calcaire à fucoides repose sur du calcaire jurassique récent, ou bien sur le calcaire alpin. Il contient des couches d’un calcaire à bélemnites et ammonites qui a quelques rapports avec la Scaglia. Tout ce qui est supérieur à cette dernière roche ap- partiendrait déjà au grès vert ou à son système à nummulites, tandis que ce qui est inférieur serait encore jurassique. Le soulè- de la géologie en i85o et i 85 1 . 1 53 veinent très récent du Tatra et d’autres masses primaires aurait donné naissance aux courbures des grès carpathiques, et aurait même produit des effets analogues sur la molasse au pied nord des Carpathes. JVi. Pusch a publié aussi quelques faits sur la Gallicie ; mais la plupart sont empruntés au travail que M. Lill a envoyé à notre société, et qui lui a été communiqué. En Suisse, je dois citer en première ligne l'ouvrage sur les Alpes bernoises , par M. Hugi, dont les observations si impor- tantes viennent d’être vérifiées par M. Studer. MM. Merian et Rengger nous ont donné, dans les Mémoires de la Société Helvétique , des notions bien précises sur la structure . de la partie septentrionale du Jura suisse. Les dépôts du lias, des oo- lites inférieures des oolites proprement dites, et du calcaire jurassi- que récent y sont distribués d’une manière irrégulière, soit àcause • des dérangemens éprouvés, soit à cause de la surface inégale of- ferte par le Keuper et le Mnschelkalk, dépôts qui ressortent cà et là dans cette pariiede la chaîne jurassique ; des lambeaux de molasse complètent la composition de ccs montagnes. La coupe depuis le Saint-Gothard à Altdorf, par M. le docteur Lusser, est un document précieux pour l’histoire des Alpes. Les porphyres qu’il a découverts se lient probablement aux éruptions dont M. Studer a trouvé çà et là quelque trace dans les Alpes suisses, et à celles de l’Àllgau en Bavière. Ce sont les ophites des Alpes, et ils paraissent d’un âge très moderne. Il faut espérer que M. le docteur Lusser pourra, à force de recherches, trouver dans les calcaires foncés bélcmnitiferes et placés sur le gneiss, des pétri- fications dont les espèces soient déterminables. Je dois encore rappeler le beau travail de M. Necker sur la vallée de V alorsine , où il a si bien détaillé l’injection des gra- nités dans les couches secondaires et les altérations et les déran- gemens que ces dernières ont subis. Sa découverte des sèla- gites de la V dltelinc est encore un fait tout nouveau dans la géologie des Alpes. Ce savant a fait de nombreuses observations sur celte chaîne, soit en Savoie, soit dans les Etats autrichiens^ et leur publication entière paraît très prochaine, et il nous don- nera une carte géologique des montagnes du Chablais et du F au- cigny% M. Studer a examiné de nouveau la chaîne du Stockhorn , et il ne la regarde plus que comme un grand massif calcaire intercalé entre des grès marneux gris à fucoïdes, et de l’époque secondaire récente. RÉSUMÉ DES PROGRÈS I 54 Les ouvrages et les mémoires publiés ces deux dernières années sur VItalic nous ont fourni peu de détails nouveaux pour la partie méridionale de cette péninsule. Sur les environs de Naples , nous n’avons à citer que le résumé des dix à douze mémoires intéressans dont l’auteur ou le compilateur estM. Forbes ( Edimb ., Journ. ofSc.). M. F. Hoffmann s’explique les phénomènes du temple de Sérapis comme de Jorio , Forbes et Lyell. MM. Mon- ticelli et Covelli étaient sur le point de publier une seconde édition de leur Description des produits minéralogiques du Vésuve , lorsque la mort a frappé le plus jeune de ces savans. M. Monticelli, à son âge , et privé du secours d’un chimiste, ne donnera pas peut-être de suite à ce projet. M. E. Hoffmann, de Russie, a publié un mémoire sur les environs de Rome ; M. Proc- caccini Ricci, un travail sur les plantes et les poissons fossiles des lignites du gypse- tertiaire de Sinigaglia ; et M. Capello , des discussions sur les changemens arrivés au cours de l’Anio ( Opus - coli scelti Scientifici. Rome , r85o , in 8°). En Toscane , M. Savi nous a donné des détails sur le grès des Apennins , et en général sur les roches de ce pays ( Nuov . Giorn. n° 5o); sur les environs de Campiglia et les dolomies de Seravezza. Il regarde ces dernières roches comme des pro- duits volcanisés , et décrit les altérations observées autour d’elles. Ce mémoire a fourni à M. Brongniart l'occasion de faire une remarque intéressante sur le groupement du talc autour de morceaux empâtés de calcaire grenu. M. Guidoni a décrit les roches de la Speszia en Ligurie , où il y a quelques Ammonites et quelques Bélemnites, cas rare en Italie. M. de la Bêche avait aussi parlé de ces roches, et il a repris la Description des environs de Nice , faite par MM. Risso et Allan. Il en a redonné la carte et l’a coloriée jusqu’à Vintimiglia. II est de l’avis de ceux qui y reconnaissent un vaste système de grès vert à nummulites et autres fossiles. M. Buckland a donné les observations qu’ils a recueillies en se rendant de Nice à Turin par le col de Tende. Quant à la Lombardie , depuis la belle carte des environs des lacs de Lugano et d’Orta, et du Lac Majeur, par M. de Buch, cette contrée, si classique pour la théorie sur la dolomisation et les porphyres pyroxéniques , a été visitée par M. Link , de Berlin, qui a confirmé les observations de l’illustre géologue de Berlin ( Archiv . de Karsten). M. de la Bêche a fait suivre son mémoire sur les bords du lac de Corne d’une jolie carte publiée DÉ DA GEOEOGIE EN 1 83o ET 1 85 1 . 1 55 dans son Atlas géologique. M. Stud.er a donné quelques notes sur Y Apennin t an sud de Castellarcuato ( Zeitsch . f M inval). Dans les anciens Etats vénitiens , M. Pasini est entré dans des détails curieux sur les bassins tertiaires et les craies près de Roveredo ( Bibliolh. ital. ), et a cherché à retrouver dans le Yicentin les systèmes de souîèvemens proposés par M. de Beau- mont; il a réuni pour cela beaucoup de données, tant sur la direction et le redressement des couches , que sur les masses ignées qui les ont traversées à diverses époques. Sa conclusion a été que le Yicentin ne paraissait guère se prêter à la théorie , telle qu’elle est exposée actuellement. M. Catullo a continué de nous faire connaître ses travaux sur les fossiles de ce pays comme complément de son grand ouvrage sur le même sujet. Il a parlé successivement des fos- siles des monts Euganéens ( Giornale sulle scienze , etc. , janv. et févr. 1829) ; de ceux des Pépérites ( dito , vol. 2, p. 207) de la classification de certains dépôts secondaires du pays de Venise ( Ann. di Sc. nat. de Bologne ) ; des cailloux et de la formation des vallées ( Journ . de Trévise ). J’ai décrit le porphyre pyroxéniqiie métallifère pies de Schio ; j’ai mon- tré que ces roches, postérieures à la craie, changent cette dernière au contact en un calcaire fendillé fréquent dans les Alpes, et qu’entre ces deux roches il y a une bande, composée des débris des roches anciennes traversées. Ce sont des érup- tions contemporaines avec celles de plusieurs roches aurifères de Transylvanie et de Hongrie. Enfin j’ai donné la coupe de Volterre et de Sienne ; et M. le docteur Bronn a publié, dans le deuxième volume de son Yoyage scientifique en Italie, des observations sur les fossiles et les ossemens qu’il a rencontrés dans ce pays. MM. P a veto de Gênes, Savi de Pise, Cristofero de Milan , et Pasini de Schio , travaillent activement à une carte géologique générale de tout le nord de V Italie, y compris la Toscane. Les relevés de la Ligurie et des états vénitiens sont déjà très avancés. MM. F. Hoffman, Escher et le doct. Philippe ont parcouru l’Italie, Nos renseignemens géologiques sur la Sicile se bornaient jus- qu’ici aux ouvrages ou mémoires de Spallanzani, Borch, Bri- done , Dolomieu , Ilamillon, Brocchi , ltecupero , Ferra r a , Smith, liephalides, Morieaiid , Daubeny et Hogg. Bécemment cette île a été non seulement examinée sur plusieurs points par pes nombreux géologues , mais encore par des savans distingués. 1 56 RÉSUMÉ DES PROGRÈS tels que MM. Buckland, Lyell, de la Marmora , Escher, F. Hoff- mann, Christie, Prévost et Montalembert. Nous allons donc en avoir une connaissance parfaite, et les collections des roches et des fossiles de Sicile deviendront communes en Allemagne comme sur les bords de la Tamise et de la Seine. Les trois volumes des Actes de la Société dliistoire naturelle de Catane contiennent plusieurs mémoires géologiques impor- tons, dont cinq sont de M. le docteur Ch. Gemettaro, savoir: une Esquisse de la Topographie physique de VEtna et de ses environs ? sur V étendue occupée parce volcan , sur le Basalte et sa décomposition ; une Esquisse des environs de Contes sa, d’une partie de la vallée de Mazzara et de ses S aises, une notice sur les volcans éteints du Val di Noto. On y remarque encore des Observations sur le comté de Sommalino , par M. G. Barnaba La Via; une Relation géologique des environs de Militello , par M. A. de Giacomo , une Description physique et minéralogique dyEnna ou de Castro giovanni , par M. le professeur J. Alessi ; des remarques sur les environs de Nicosie , par M. La Via, et une Histoire critique des éruptions de VEtna , depuis les temps fabu- leux jusqu à la domination romaine, par M. le chanoine G. Alessi. Je suis fâché que l’espace me manque pour vous analyser ces utiles documens. M. de la Marmora a donné une coupe intéressante des couches coquillieres tertiaires supérieures et méditerranéennes de P alcrme ( Journal de Géologie , i83i). M. le docteur Christie a traversé la Sicile en se rendant aux Indes par l’Egypte; il a donné un Aperçu sur les formations de la Sicile ; il a reconnu le système crayeux à Nummulites et Hippurites, et il distingue deux dépôts tertiaires, outre le dépôt alluvial méditerranéen. Les coquilles de ce dernier vivent encore toutes dans les mers voisines, tandis que celles du sol tertiaire sont en partie éteintes. M. F. Hoffmann a déjà publié quatre Lettres sur la Sicile ( Arch . de i^ar5/en,v.3,cah.2,et v.4?cah. i).Ilest d’accord avec MM. Lyell, Deshayes et Prévost pour reconnaître, dans le sol terÇai^e d’une grande partie de la Sicile , des dépôts très récens ou quaternaires dont la plupart des fossiles sont des coquillages de la mer médi- terranée. lien a déjà cité 5y espèces d’une localité près de Ca- tane, à 200 pieds sur la mer; 70 espèces de Cefali ; 18 espèces à Buccheri et Sortino, etM. de Giacomo en a trouvé encore da- vantage à Militello. Mais, outre ces coquilles vivantes dont M. Hoffmann augmentera encore le nombre lors de l’exnen de DE LA GÉOLOGIE EN l83o ET l83l. ses collections, il signale aussi dans ce même sol tertiaire quel- ques pétrifications sans analogues vi vans, tels que VArca antiquata , des Lenticulines et quatre Térébratules. Le même savant a retrouvé les mêmes fossiles ou les analogues dans les tufs basaltiques alternant avec le calcaire tertiaire, ou en amas, dans cette roche à Sortino, Giormino, etc. Il a bien observé les alternatives de ces roches avec des basaltes et des filons basaltiques traversant les couches tertiaires des îles des Cyclopes, sans altérer sensiblement le calcaire. A Militelîo, il a signalé dans le tuf trappéen un filon basaltique à salbandes vi- treuses. Il a bien vu le calcaire à hippurites et à nummulites du cap Passaro, reposer sur des wackes amygdalaires et pyroxé- niques ; mais il n’a pas vu alterner ces roches comme l’a pré- tendu M. Daubeny, et il n’a point vu de cratères dans le Yal di Noto , ou à Yizzini, où M. Ch. Cemellaro en avait placé. S’il reconnaît dans le calcaire à hippurites celui de Trieste , de l’Is- trie, des Appennins ( à Subiaco et Avezzano), il n’ose pas affir- mer que ce dépôt soit décidément crayeux, quoiqu’il penche pour ceite opinion. Enfin, ayant adopté les idées de M. de Buch sur la formation des cratères de soulèvemens, il a été fort étonné de ne pas trouver à la base de l’Etna cette ceinture basaltique dont parle M. de* Buch. Le basalte n’y paraît que çà et là en mamelon; mais l’espèee de cavité élevée de l’Etna, appelée Valle del Bove , lui a paru un cratère de soulèvement, dont les bords sont formés d’alternats, de scories et de roches trachyli- ques modifiées. Le trachyte y paraît même en masse et filons. En Italie, nolresavant Prussien aaussicru retrouver des cratères de soulèvement dans les montagnes d’AIbano ; nous devons donc nous attendre à une controverse intéressante entre lui et M. Pré- vost, qui, comme M. Cordier, paraîtrait opposé à cet idée, et m’admettrait qu’une formation cratériforme , savoir : celle pro- duite par des déjections incohérentes et des coulées de laye au- tour d’un^ cratère. M. Hoffmann nous a appris que Vile de Pantcllarêa est volcanique, et qu’elle renferme beaucoup de matières vitreuses. 11 a lié cette île et les sources chaudes de Sciacca , en Sicile, avec le nouveau volcan de l’île de Julia (Preussische Slaats - Zeitung) , à côté de laquelle vient de s’é- lever un second volcan plus petit. Un Anglais vient d’appliquer à la formation de ces îles la théorie de M. de Buch , et le banc sur lequel elle paraissent assises n’ayant pas été observé avant leur élévation, est pour lui le pourtour du cratère de soulèvement, 1 58 RESUME DES PROGRES La géologie véritable de Malte étant presque inconnue , nous devons attendre avec impatience les observations de MM. Prévost et Christie. Quant a la Sardaigne, M. Prunner de Cagliari en étudie la mi- néralogie, et M. de la Marmora travaille activement à l’achève- ment de sa description détaillée de cette île. Les données sur la péninsule ibérique sont assez rares pour qu’on puisse dire que les années i83o et iS5i nous ont fourni sur cet intéressant pays un bon nombre de faits. M. le professeur Hausmann , quia traversé ce royaume, nous a esquissé sa struc- ture générale, et prépare maintenant un plus grand travail sous la forme d’un voyage ( Gotlinger gelelirt. Ànzeig. et Quart . Mining. Review, n° 1, 1802). Le grès vert qu’il a découvert sur le bord méditerranéen de l’Andalousie, l’étendue. qu’il a reconnue au lias et au grès du lias avec des couches de combustible et du minerai de fer, le redmarl de l’Angleterre retrouvé au centre de l’Espagne, et couvert d’un mince dépôt de niagnésüe, voilà les faits les plus saillans de sa notice. D'autre part, M. le colonel Silvertop a publié un Mémoire sur le bassin tertiaire d’ Alabama eide Bazay dans le royaume de Gre- nade. Cesont des cavités du solprimaire et intermédiaire, garnies de calcaire secondaire à nummulites et de marnes subapennines à gypse, soufre et sources salées, et couvertes d’un calcaire d’eau douce. S’il n’y a point là de coquillages marins tertiaires, l’au- teur en a reconnu dans les dépôts flanqués contre le revers op- posé ou méridional de la haute chaîne de Sierra-Nevada. M. le professeur Gutierrez a imprimé, dans le Journal de géo- logie, une Relation des tremblemens de terre arrivés en Murcie. Il y montre clairement que le terrain bouleversé est formé par la marne argileuse subapennine, couverte près de la mer de sables et de brèches coquillières. Le sol tertiaire formerait donc une bande presque continue le long de là Méditerranée, depuis Barcelone jusque dans le royaume de Grenade, s’il ne s’y trou- vait, comme sur la côte de Gènes et de la Toscane, dans des es- pèces de golfes entre les promontoires de l’ancienne mer, qui for- ment actuellement des chaînes basses. La sécheresse qui désole en été les plateaux de l’Espagne cen- trale a fait accueillir avec joie la proposition de forer des puits artésiens, ce qui a donné lieu à une petite Notice géologique sur les environs de Madrid , dans la Gazette espagnole de Bayonne. DE LA GÉOLOGIE EN l83o ET 1 83 1 . 169 M. de Pineda a imprimé à Madrid , l’an passé, une brochure sur les mines de plomb de la Sierra-de-Gador. Il paraîtrait que M. Silverlop , long-temps résidant en Espa- gne , nous donnera encore d’autres aperçus géologiques. De plus, M. Lyell a visité, en 1829, le nord de la Catalogne, et en particulier le district volcanisé de ce pays. M. Dufrénoy a revu Cardone, et vient de pousser, avec M. de Beaumont, une re- connaissance du Mont-Perdu, à Pampelürie; M Schulze, Hes- sois, au service des mines royales en Espagne, vient, en passant à Paris, de nous promettre des détails sur toute l’Espagne; M. le capitaine Edward Cook vient de lire, à la Société géologique de Londres, un Mémoire sur V Espagne méridionale. Vous savez qué c’est à MM. Torrubïa, Dillon, Bowles , de la Borde, Link et de Humboldt, qu’on doit tout ce qu’on savait jusqu’ici sur l’Espagne; et le premier est le seul qui ait parlé et figuré des fossiles du pays. MM. Pouqueville, Clarke, de Bucli et la collection de M. Pa- roîini, ont jeté quelque jour sur la géologie de la Grèce; et M. Webb a donné un fragment géologique sur la Troade : mais toutes ces notes isolées vont être effacées par la publication vrai- ment géologique de nos confrères qui ont visité ce pays derniè- rement. Le voyage de M. Yirlet à Smyrne et Constantinople doit nous procurer de nouveaux détails sur la Turquie; et la visite de M. delaBèche aux Iles Ioniennes des renseignemcns plus précis sur les calcaires jurassiques supérieurs à silex, les Colites et les gypses de cet Archipel. La Pologne , pays en grande partie plat, n’avait guère occupé les géologues avant ces dernières années. Les ouvrages et les mémoires ( Rosz> Towarz. Krolewsk. TVarszawsk. prz. nauk9 vol. 7-10 ) du savant abbé Staczie, et quelques notes éparses dans les ouvrages de Guètlard, de Hacquet, de Carosi et de Razou- movsky, et ayant rapporta la partie méridionale de ce royaume, étaient les seules sources de renseignemcns. Heureusement pour la science, M. Fuscli devint, il y a quelques années , professeur de l’université de Kielee, et conçut le projet d’étudier complè- tement le royaume de Pologne et la Gallicie, Après plusieurs années de courses, M. Pusch présenta, en 1828 , un résumé de ses observations à la Société des naturalistes d’Allemagne, réunie à Berlin. Ce travail augmenté .parut en i83o, en polonais, à Varsovie, et se trouve aussi dans le Jour- al de géologie. Le grand ouvrage allemand de l’auteur, avec de l6o RÉSUME DES PROGRES belles cartes et des coupes, est sous presse à Stuttgardt. En atten- dant, il est bon d’avertir que les auteurs de la grande carte de Gotthold, coloriée géologiquement, ont déjà profité des documens recueillis par M. Pusch. L’on sait que ce savant a reconnu dans le sud-ouest de la Pologne, non seulement une petite chaîne in- termédiaire négligée par tous les géographes , mais encore tous les dépôts secondaires , excepté le zechstein et le lias , qui paraît remplacé par son grès. M. Pusch donne aussi d’intéressans ren- seignemens sur le plateau primaire de la Podolie, et surtout sur le sol tertiaire , çà et là, si coquillier de la Pologne méridionale. Il est d’opinion qu’il y a, outre les dépôts subapennins, des cal- caires coquiiliers, qui correspondraient aux bancs moyens du cal- caire de Grignon. Je ne crois pas devoir partager cette idée ni celle par laquelle il admet un gypse crayeux. Celte dernière opinion a été aussi combattue indirectement par M. Becker, géo- logue, peu connu jusqu’ici. Son ouvrage sur les puits salés du sud-ouest de la Pologne russe tendrait à faire croire que le ter- rain de Wieliczka dépasse les limites de la Gallicie. i\l. Bloede a publié un Traité sur le sol intermédiaire des schis- tes de la Grauwacke et du calcaire métallifère de la Pologne méridionale. Cet opuscule est accompagné d’une carte détaillée. Déjà M. A. Schneider avait imprimé dans le deuxième cahier du dix-neuvième volume des Archives de M. Karsten , un mé- moire sur le même sujet , excepté qu’il y parle encore d’une partie de la Silésie. Il décrit aussi du terrain houiller, du Muschelkalk , du grès bigarré , et du keuper, et du grès de lias , et du grès vert. C’est le seul écrivain qui parle encore de zechstein en Pologne, ce qui est évidemment une erreur. M. le professeur Andrzejowski s’est occupé avec succès des dépôts tertiaires de la Volhynie , dont il en a tout récemment figuré treize espèces nouvelles de fossiles dans le Bulletin des na- turalistes de Moscou. Il avait déjà précédemment donné des observations botaniques et géologiques sur le pays entre le Bug et le Dniester. M. Dubois de Monipeyreux vient de faire paraître à Berlin une Conchyliologie fossile et un Aperçu géologique du plateau delà Volhynie et de la Podolie. Cet ouvrage est orné de plusieurs planches lithographiées représentant des pétrifications tertiaires; l’auteur y spécifie celles c re elles dont les analogues existent encore. M. Zeuschner, professe >r de minéralogie à Cracovie, a pu- DE LA CÉOLOGIE EN 1 85o ET 1 83 T. ffit blié un Opuscule polonais sur les basaltes, ül. le colonel Jackson a inséré clans la Bibliothèque universelle une notice sur les blocs erratiques dans lesquels il a retrouvé des roches primaires de la Finlande et des fossiles intermédiaires de i’Ingrie. Enfin , M. Dmitrieva donné dans le J. des min. rwssedeux mé- moires, savoir : une revue géognoslique des gîtes de houille en Po- logne { ’Journ . des mines. n° 12, i82jj), et une notice sur les mines dece royaume ( Dito , n° 1, 1 85 1 ) . Cette dernière est accompagnée d’une carte et d’une coupe qui offrent une idée de la structure de la partie de la Pologne russe non loin de la Silésie supérieure. Tels sont les travaux à signaler en Pologne ; il n’est pas dou- teux que le nouveau Journal des mines , réuni aux louables efforts de MM. Pusch et Zeuschner, ne nous procure encore beaucoup de renseignemens. En i83o, ces deux messieurs on employé six semaines à parcourir ensemble les Carpalhes de Ia Gallicie et du nord de la Hongrie. La Russie ne fournissait guère ou point de renseignemens géo- logiques, il y a une douzaine d’années. Cet ordre de choses ne pouvait pas durer dans des contrées auxquelles des connais- sances positives de géologie pouvaient procurer de si grandes sources de prospérité ; tandis que l’ouverture de nouvelles rou- tes, le creusement de canaux et l’établissement de grandes fa- briques devaient tourner nécessairement i’at tentîon vers la géolo- gie. Un changement complet a eu lieu à cet égard, et le zèle le plus louable a succédé à l’indifférence. Les exploitations de l'Ou- ral ont commencé d’abord à être poussées avec plus de vigueur, puis on a découvert de grands gîtes d’or alluvial , connus peut- être par les anciens. Plus tard, le platine et le diamant sont ve- nus se joindre au métal précédent. Depuis ces découvertes, les notices géologiques n’ont cessé de se multiplier; les propriétaires ont fait visiter leurs terres par des mineurs, et l’on a senti le prix réel de l'école des mines de Saint- Pétersbourg, non seulement pour former (les mineurs, mais en- core pour élever des géologues. Pénétré de cette vérité, l’empe- reur a augmenté les dotations des sociétés de Saint-Pétersbourg et de celle des naturalistes de Moscou, et a appelé M. de Hum- boldt en Russie, tandis que le gouvernement a fait voyager des savons dans presque toutes les parties de l’empire, et a fait exé- cuter même le relevé de la carte géologique de la Lithuanie , de la Courlande y de VEsthonie et de la Livonie , par MM. UJprecht, d’Engelhardt , Ulmann et Liaclmicky. Soc. géol. Tome II. iz 162 résume des progrès VEsthoniee tla Livonie ont fourni à MM. d’Engelhardt et TJIp- recht le sujet d’un mémoire sur les calcaires à orthocères, etc. , les marnes gypsiferes et les autres roches de ces contrées, mais leurs conclusions sont contraires à tout ce qui est connu, puis- que des roches regardées jusqu’ici comme secondaires récentes seraient au-dessous des couches intermédiaires ( Arcliiv. de Karsten , vol. II). Ce rapport ne cadre pas non plus avec l’es- quisse que M. Pusch a donnée de la Courlande et de ces pays d’après des collections de roches et comme un appendice à sa géologie de la Pologne. M. Eichwald a fait suivre son mémoire sur la Lithuanie et l’Ingrie d’un grand travail sur les formations de ta Lithuanie , de la Volhynie et de la Podolie. Il a ajouté des détails à ce que M. Pusch et d’autres géologues nous avaient déjà appris sur le sol granitique et schisteux et sur le calcaire à orthocères de la Podolie. Le sol tertiaire dominant dans ces pays, il nous a donné beaucoup de coupes de ces dépôts, et y a ajouté une liste de leurs nombreux fossiles. Malheureusement il paraîtrait avoir éta- bli trop légèrement beaucoup d’espèces nouvelles dont il ne donne que la phrase caractéristique latine. Comme ces contrées ont été aussi l’objet des recherches de M. Dubois de Neuchâtel , et que ces deux géologues ont envoyé à M. de Bucli une partie de leurs récoltes en fossiles, ce der- nier a pu rectifier la détermination de quelques coquilles ter- tiaires, et donner de plus Y indication de quelques fossiles du sol intermédiaire de Lithuanie décrit par M. Dubois dans un mé- moire séparé ( Archiv . de Karsten , vol. II, eha. 1 ). M. Hermann a dit quelques mots sur la formation crayeuse du gouvernement de Moscou , composé de craie dure , de grès , de marnes en partie coquillières. Ce dépôt forme un plateau dans la partie nord -du gouvernement de Toula jusque dans les mont9 \y aidai, et il est couvert de sable rempli de zoophytes pétrifiés. Iï y cite des Favosites, des Rètépores , des Astro'ites , des Ortho~ cères , des Bélemnites , des Ammonites , etc. L'ouvrage de M, Erdmann sur plusieurs endroits de la Russie est déjà beaucoup plus ancien. Dans le Journal des mines russe, on trouve depuis 1.828 un grand nombre de document géologiques , dont l’analyse m’entraînerait trop loin , et dont je crois cependant utile de donner les titres. Ce sont ; des Recherches géôgnostiqües dans F arrondissement de Sarskoselo , près de S L -P été rs bourg 9 par M. Sokolov (Jauni, des min . ,n°u DE LA GEOLOGIE ÉN l83o ET lS5l. l65 i85o) ; un mémoire sur les environs de la rivière d'Onega en In - grie, par M. Foulon (dito, n°i, i85i) ; une Esquisse géognostique du bord occidental du lac Onega , par M. Boutenev (dito , n* 5 »83o); un Relevé géologique du gouvernement de Nowogorod, par M. Olivieri (dito , n° 3, 1 85 1) ; un Mémoire sur le gou- vernement de Voitsk , par M. Gramattchikov ; un autre sur les mines d' Ononoketz (n° 4, i83o) ; un long Mémoire sur les dépôts et les houillères des bords du Donetz , par M. Kova- levski (n08 î , 2 et 5, 1829); un autre sur la géologie de V oyarsk, par M. Parandov (n° 1, 1828); une autre sur les mines d'O- lonetz , par M. Butenev (n° (\, 1B28); une Coupe géognostique des mines sur les bords du Don, par M. Syrochvatov (n° 5, 1828) ; une description et une carte géologique des bords du Don et du Donetz , près de leurs débouchés dans la mer d'yjzow , par M. Olivieri ( Journ . des Mines , n° 2, i83o). Celte contrée est composée de terrain houiller, de grès bigarré, de grès et de calcaire secondaire, de calcaire, grès et sable tertiaire coquillier et de marne; une description du gîte de tripoli dans le gou- vernement de Koursk et des environs de ce gisement, par M. Olivieri (dito n° 2, i85o); un relevé géologique de la rive droite du IVolga , de Samara jusqu'à l'extrémité du gouvernement de Saratov , par M. Chirokchin (dito, n° 3, i83o) ; on Mémoire sur les houillères du gouvernement d'Ecatharinoslavsk et de Tangarog , par M. Olivieri (n° 6, 1828); des Observations géo- logiques sur les environs des mines d'Igor , par MM. Gauriev et Dmilriev (n° 10, 1828); un V oyage minéralogique en Prusse, en Silésie et en Gallicie , par M. Kuhn (n° 4? 1829); une Description géologique, du canton de Chilkin, par M. Kovrighin, avec un carte géologique d’après laquelle le pays est composé de granité en partie porphyrique , de siénilc, de porphyre, de gneiss, de schiste micacé ou argileux, de calcaire et de grauwacke (n° 6, 1829) ; une Esquisse minéralogique intéressante du littoral de la Crimée , tirée de la description de M. Kosin (n° 5, 1828); des détails sur le lac salé d’Inder, par M. Hermann ; la Découverte des sables aurifères de JValadimir (n° 6, 1828); celle des mines d'or dans le gouvernement de Toinsk (n° 2, 1829). Nous avons eu successivement sur Y Oural et ses richesses aurifères deux brochures de M. d’Engelhardt, l’une sur le gisement du platine et de for , et l’autre sur celui du diamant , gemme qu’il voudrait placer dans le talc schiste (en allemand et dans le Journal des mines russe, n° 8, 1829; n°6, i83i). Ensuite i64 RÉSUMÉ DES PROGRÈS a paru le tableau de V Oural , par M. Knpfer ( Ann . des sciences nat. décemb. 1829, et Ann. de chimie, vol. 17, cab. 4)- De plus, on trouve dans le Journal des mines russe , un mémoire sur la houille de l'Oural ( Journal des mines russe , n° 4? 1828), des recherches sur V arrondissement d' Ekaterinenbourg , par M. Chaikovski, une description des gîtes diamantifères près de Vusine de Biserke dans les domaines de la comtesse Po- lie t , par M. Karpov {dito , n° 4 » ï83o) , cl une description et une carte géologique des environs de l'usine de Yongovsk , par M. Sa- moilov ( dito , 6, i83o) ; une description et une carte géologique des bords de la Toura , par M. Protasov , sur laquelle on a tracé le gisement des mines de cuivre, métal associé avec du fer et du grenat, et entre des dioriles et du calcaire grenu comine dans le Bannat (J ourn. des mines russe , i83o). Récemment MM. de Helmersen et E. Hoffmann ont visité la partie méridionale et S. -O.de celte chaîne, et viennent de publier leurs observaions ; MM. de Humboldt et Rose ont vérifié avec eux une partie de leurs observations. Yous savez que les dépôts métallifères de V Oural se trouvent, comme dans le Bannat sur- tout, au milieu d’un terrain schisto-talqueux, en amas et en ré- seaux au contact des roches pyrogènes, telles que la serpentine, la diorile, la syénite, et que les calcaires compactes y sont aussi changés en marbre. Vous connaissez aussi la structure de cette chaîne dont la pente est si douce, surtout sur le côté européen, et dont le granité et les matières d’épanchement sont sur son revers oriental. La présence de l’or dans les serpentines est un fait nouveau; celle du platine, de l’iridium et du diamant dans les débris de ces montagnes est encore plus intéressante. Là , comme au Brésil, les schistes talqueux et quarzeux sont l’un des gîtes de l’or. Les plus grandes masses d’or et de platine ayant été naturellement sublimées au milieu des portions les plus supé- rieures des roches, la destruction de ces dernières a disséminé ces pépites ou morceaux, dont la grosseur paraît surpasser tout ce que l’on rencontre dans les filons. Deux Anglais, MM. Morton et Webster, ont publié en i83o leurs voyages en Russie, le premier scus le titre de Travelsin Russia , et l’autre sons celui de Travels through Crimea (2 vol.). On vient de lire à la Société géologiquede Londres un mémoire sur la par- tie méridionale de la Crimée y et M. le docteur Brunner de Berne a parcouru la Russie méridionale jusqu’au Caucase. Je ne ferai que rappeler le voyage de M. de Humboldt , se» DE LA GÉOLOGIE EN ï 83o ET 1 85 1 . 1 65 lettres à M. Arago, et son mémoire sur les chaînes et les volcans del’Asie centrale. Le monde savant attend avec impatience toute la relation du voyage de M. de Humboldt et la partie minéralo- gique qui doit être rédigée par M. G. Rose. Dans le Journal des Mines russe, je trouve à signaler pour la Sibérie une description géologique de la vallée d’ O non- B or- sinsk , par M. Taskin ( Journ . des mines , n° 7 et 8, 1829). Uans ce mémoire fort détaillé et accompagné d’une carte géologique, l’auteur décrit les roches granitiques, porphyriques, schisteuses et houillères du pays, ainsi que leurs amas et filons de minerais ou de minéraux ; 2° Un coup-d’œil sur les environs de Doudergovsk et les mon- tagnes voisines , par M. Arseniev [Journ. des mines , n°9, 1829). 3’ Une description de la chaîne Adouchilon , par M. Koulibin (Journ. des mines , n° 10, 1829). Les deux cartes , qui accom- pagnent cette notice, indiquent, dans ces montagnes, du granité, du schiste siliceux, du schiste argileux, de la grauvvacke et du porphyre. 4° Une description géologique de la vallée de Ichaginskoi , près de la rivière Argin, par le même savant. D’après la carte, cette vallée serait composée de granité, de gneiss, de schiste argileux et de porphyre (Journ. des mines , n° 11 , 1829). 5° Une notice sur le gîte du jaspe , dans le mont Revncva , dans V Allai encore par le même savant (J. des mines , n° 11, 1829). 6° Une description des montagnes sur les bords de la rivière de Gasiïnour, par M. Melechin (Journ. des mines , n° 12, 1829). 70 Une description des montagnes qui s'étendent le long de la rivière d’Ouroulunga, par M. Rik (dito\ 8° Une notice sur les alluvio ns aurifères de U Allai ( dito , n° 4* i83i, et mes Mémoires géologiques vol. I). On sait que M. le docteur Ermann de Berlin a traversé toute l’Asie septentrionale , a passé dans l’Amérique russe, et est re- venu par mer en touchant à Olaïti et Rio-Janeiro. Ses lettres, datées de Sibérie, finit vivement desirer la publication de toutes ses observations géologiques sur le nord de l'Asie, les îlesAléoutes et la Californie. Elles seront accompagnées de remarques sur la température des inities, des sources et de la surface de la mer, d’une carte géognoslique d’une partie de la Sibérie et du Kamt- schalka et d’un profil des montagnes de cette dernière contrée. La partie historique du voyage sera enrichie de quatre vues des mêmes chaînes, d’une vue du volcan de Schwiweloutschi RÉSUMÉ UES PROGRÈS 166 de celle du yolcan de Kiioutschewsk ( Positions géographiques de VObi, depuis Tobolsk à la mer glaciale, 1832). MM. Ledebour, Meyer et Bunge ont voyagé dans les chaînes appelées par les géographes Allai et Koliwan , et leurs notes géologiques , revues par M. d’Engelhardt , forment un appendice à la relation de leur voyage b oîanico-géo graphique. Les phéno- mènes offerts par les filons granitiques se rencontrent dans ces montagnes sur une grande échelle, et ce voyage a rectifié le9 données publiées par Henovanz. M. le docteur Hess a visité les contrées à l'est du lac Baïkal ( Zeitsch. de Leonard ; Journal des mines russe , n° 3, 1.828, et Mémoires de Vacadémiede Saint-Pétersbourg, séance du 16 nov. 1829). M. E. Hoffmann a publié les observations qu’il a faites sur le pays volcanisé du Kamtschalka , sur lequel M. Ermann nous donnera encore des détails. On se rappelle la description du très petit volcan de Kosima , par M. Tiîesius. M. de Hedens- trom , qui a parcouru, il y a quelques années, la côte maritime de la Sibérie , va publier sa relation de voyage dans laquelle il don- nera des détails curieux sur cette immense quantité d’os d’élé- phans, de buffles, etc., qu’il a trouvés au milieu des glaces. Un voyage fait en 181 5 par MM. Genz, Teofiiatiev et Tche- kiaiov, dans la Steppe des Kirghis, a donné lieu à un Essai miné- ralogique sur ces pays inconnus jusqu’ici [Go moi journal 1829 , n° 5 , et Journal de géologie ). Vous vous rappelez que les expé- ditions russes à Buchara et à Khiva nous ont déjà fourni des ren- seignemens précieux sur une vaste étendue de l’Asie , et nous y ont fait connaître non seulement la nature du sol tertiaire très récent, mais encore des dépôts secondaires en partie coquilliers , et des montagnes dioriliques ou porphyriques. Le docteur Evers- mann , qui a été de ce voyage , en a fait de nouveaux sur les bords septentrionaux de la mer Caspienne. Il paraît que MM. Eichwa!d,de Hehnersen etE. Hoffmann ont aussi bien observé les rives des mers Caspienne et d’Aral, qui sont un énorme affaissement de la croûte terrestre dont le niveau est plus bas que celui de la mer Méditerranée et de l’Océan. M. Hermann a donné quelques observations sur les dépôts tertiaires au pied du Caucase. Ces roches, qui recèlent les co- quilles encore vivantes des mers Noire et Caspienne, reposent quelquefois à 2,5oo pieds d’élévation absolue sur le calcaire jurassique recouvert d’un système crayeux, arénacé, marneux, et elles s’élèvent à 5^ooo pieds. JU a observé aussi des coquille» DE LA GEOLOGIE EN l83o ET 1 83 1 . 16^ perforantes et d’eau douce dans ces couches rehaussées. Il en conclut que le Caucase n’a pris son relief actuel qu’après leur formation. M. Eichwald a imprimé on préparé un ouvrage sur le périple de la mer Caspienne, dont il décrira les vastes dépôts tertiaires ainsi que les curieuses salses qu’il regarde comme de petits volcans réels à cause de leurs produits, de leurs effets, et des blocs rejetés de roches anciennes. M. Gouriev a publié des recherches géologiques faites eu 1829 pendant un voyage de Kasachshoi à Chamichadilskoi , dans V arrondissement d’ Elisahethpol au Caucase. L’auteur donne une carte et des coupes géologiques, et décrit le pays sur la rivière Koura noire , près du lac Gotchi , comme composé de la diorite, d’amygdaloïde, de porphyre, de porphyre syénitique, de tra-. chyte, de basalte et de calcaire [Gornoi Journal, n° 10, i83o). M. Barozzi de Els a décrit l’éruption boueuse qui a eu lieu en juin i83o, dans le mont BozTépé, près de Bakou {dite. n° 6, i83o). Cette salse, au milieu d’un sol subapennin, a lancé beau- coup de grosses pierres appartenant à ce terrain. Il y a eu ensuite des détonations, des éructations argileuses, enfin un affaisse-* ment. L’hydrogène carboné était un des principaux agens du phénomène, le chlore et l’hydrogène sulfuré n’y étaient qu’acci- dentellement, des, sels, du soufre, et l’oxide de fer se trouvent dans des sources de la montagne. Le Caucase central a été visité par MM. Kupfer, Hermann et le docteur IHeljubin, qui ont déjà chacun publié quelques notes, sa- voir : le preuiiersur son ascension du mont trachilique de l’Elbrouz, et les autres des notes sur les environs des bains, au pied nord de la chaîne. C’est à MM. d’Engclhardt , Perrot, lleinegg, Frey- gang et Klaproth, que nous devions jusqu’ici nos notions sur la constitution géologique de cette vaste chaîne. II y a dans le Journal des mines russe (i83o, n° 2) des Recherches minéralogiques sur les environs de la colonie Moux - Ravan en Géorgie , et sur les mines d’argent et de cuivre d’Ellah - verdi, dans le même pays. M. Voskoboinikov adonné une description minéralogique des environs du fort Diadin sur V Euphrate , dans la Turquie asia- tique [J oiirn. des mines russe , n° 8, 1829,0! mes Mêm. géoL v. I)« En Arménie on a examiné des mines de sel gemme qu’on trouve décrites dans le 11® 12 du Journal des mines russe pour 1828. Des mines de «outre, d’arsenic, de plomb, d’argent et de cuivre y ont aussi excité l'attention. s 68 RÉSUMÉ DES PROGRÈS MM. Kuhn et Berozzi de Els ont donné une description geo/o- gtque de certaines contrées de /* Arménie dans les environs du lac de Goklchi ( Journ . des mines , n° 2 , 1829), pays où abon- dent les roches et même les verres volcaniques. L’on sait que M. Barrot et d’autres savans ont escaladé l’A- raral; ces sommités volcaniques sont couvertes de ponce et d'obsidiennes. * Depuis les rapports de MM. Fraser et Monteith, nous n’avons guère eu de renseignemens géologiques sur la Perse. Sur le bord du lac Ourmiah on a indiqué des roches primaires du calcaire grenu, etc. Le Liban nous est maintenant connu grâce à M. Botta fils, les renseignemens donnés par les missionnaires américains étant très vagues. La Finlande a été examinée par M. Nils Nordenskiold , qui nous en promet une description plus complète que celle de M. d’Engelhardt. Un mémoire sur ce pays est dans le Journal des mines russe ( 1 828 , n" 11). M. Foulon a publié un voyage minéralogique de Petrosavodska à V usine de Kontche [dito , n° 2, 1 83 1) . M. Koulibin a fait des recherches sur les gîtes aurifères sur VOpon ( Journal des mines russe , n° 1, i83o). M. Kovrigbin, sur les mines d’étain d’Oponsk {Dito, n° 4 , i83o). Sa carte indique dans celte contrée du granité, du gneis, du schiste mi- cacé , des schistes argileux primaires et intermédiaires. En Suède, je ne trouve ù noter qu’un catalogue français des fossiles de ce pays parM. Hisinger, et un mémoire de M. Pin- gel sur les roches intermédiaires de Bornholm. Vous savez qu’en 1825 ce dernier savant décrivit le grès vert ou charbonneux de cette île. Ce mémoire fut le résultat d’un voyage exécuté par le prince Chrétien de Danemark, avec MM. le comte de Yargas et Forchhainmer. Il s’agissait de déterminer le gîte véritable de cer- tains minerais de fer. Dans son second mémoire, il parle du schiste argileux, et du calcaire intermédiaire à E ntomo s tracées t Graplolithes et Trilobites , ainsi que d’une espèce d ’arkose ( Tid~ skriftfor naturvidenskaberne. Cah. i5, 1828). Cette île avait déjà fait le sujet de plusieurs mémoires plus an- ciens et dus à MM. Hisinger, Garlieb et Esmark. L’ile voisine d'Oeland a été décrite aussi par MM. Wahlenberg et Hisinger. Les géologues du Danemark , soutenus par les encouragemens et le goût du prince Chrétien , pour les sciences minéralogiques, continuent leurs observations sur la géologie des îles et du conti* de la géologie en ï85o et i83i. 16g lient danois, si MM. Forchhammer, Brecîsdorff (professeur de mi- néralogie, à Soroe, en Zélande), tardent à réaliser leur projet d’exécuter une carte géologique du Jutland, du moins leurs observations pourront servir à colorier géologiquement la carte départementale du Danemark, dont le gouvernement danois a commencé le relevé. MM. le docteur Pingel et Forchhammer ont commencé la publication de mémoires géologiques sur le Jutland. Celui de M. Pingel décrit la partie nord ouïes alluvions anciennes du Vendsyssel ( Tidshrift , etc., n° 14), celui de M. Forchhammer, inséré dans le 5e volume des Mémoires de la Société d’histoire naturelle de Copenhague ( Kongl . Danske , etc.), traite delà côte occidentale du Jutland; il y décrit divers sables en partie à kaolin, et des marnes micacées et coquillières du sol tertiaire. 11 ne donne que le nom générique des fossiles. Plus anciennement, M. Forchhammer avait parlé d u gypse du SegchcrgeX de la Zélande, et de ses roches crayeuses particulières ( Mémoire de V Acadé- mie des sciences pour i8a5), ainsi que de Vile de Syll ( Mémoire de l’Académie des sciences de Copenhague pour 1828). L’île de Helgoland , au débouché de l’Elbe, a été visitée ces dernières années par M. F. Hoffmann, qui y a reconnu, outre la craie , des grés secondaires. En Nonwège , M. Estnark a publié des détails intéressans sur le gisement d’immenses amas de porphyre et de roches granitoi - des au-dessus du sol intermédiaire de certaines contrées monta- gneuses peu connues. ïî a donné à des roches chlorileuses et quar- zeuses comme celles d’Ecosse, le nom de Sparagmitc. M. Eve- rell, Anglais, a inséré quelques observations géologiques dans son voyage en Norwège et en Laponie. M. Bobert, établi, près de Christiania, a retrouvé dans ce pays les diorites perçons comme au Harz, enfilons et filons couches, le schiste intermé- diaire. M. Keilh.au n’a publié, en 1800, à Christiania, que des Esquisses topographiques de ce pays. L’on connaît sa notice géo- logique sur les roches secondaires et basaltiques d’une partie du 6 pitzberg et des îles de Cherry ; on est étonné que le zèle de la géologie aille jusqu’à pousser les savons dans ces régions glaciales. Je dois rappeler que ce savant est encore du très petit nombre des géologues qui n’adoptent pas la théorie huttonienne pour les roches granitoïdes, quoique son bel ouvrage sur les environs de Christiania soit plein de faits à l’appui de cette doctrine. Il croit à la formation contemporaine des filons et des roches qui les con- tiennent. 1JO RÉSUMÉ DES RRO.GRÈS Enfin, M. Beck, conservateur du cabinet paléontologie du prince de Danemark, à Copenhague, s’occupe avec zèle de la détermination des fossiles Scandinaves. Il faut espérer qu’il ren- dra moins sensible la mort de M. Dalman, à qui la science doit des monographies sur les trilobites et 1rs térébratules ( Mémoires; de l’Académie de Suède pour 1824, et 1827). L’Islande a de nouveau fixé l’attention de M. le comte Vargas- Bedemar, qui est du petit nombre de ceux qui ont cru y aperce- voir des roches altérées par la voie ignée ( On vulcaniske pro- ducter , p. 9, 1817). La structure géologique générale de cette île nous est assez bien connue par les ouvrages de MM. Macken- sie , Henderson , Hoocker , Garlieb, etc. ; et les îles de Feroë ont été revues par M. Forchhammer, et dernièrement par M. le comte de Piaben. Le premier a déjà publié ses observations dans les archives de Karsîen. Pour Y Afrique, les années i83o et 1 83 1 nous ont fourni des notices intéressantes sur les états du pacha d’Egypte. MM. Rup- pell et Ehrenberg ont complété les rapports publiés par M. Cail- laud, et la commission scientifique d'Egypte. Le voyage de M. Ehrenberg a fait connaître surtout les contrées de l’Oasis de , Siwah, et les calcaires coquillier s du plateau du désert entre ce point et la vallée du Nil. Les données sur F Arabie-Pélrée, et quelques îles de la mer Rouge, sont aussi fort intéressantes; et sa carte géologique est la première esquisse d’une portion de l’Afrique continentale. M. Iluppeli a aussi parlé de la géologie de V Arabie-P étrée et de celle du Kordofan , où il n’y a que des roches primaires 9 des grès secondaires et des dépôts tertiaires » La mort prématurée de M. Brocchi nous a privé de la publica-* tion des nombreuses observations qu’il avait faites dans les -mêmes contrées. M. llozet, au péril de sa vie, nous a fait connaître une partie du pays d’Alger. Ses courses dans V Atlas et à Oran sont de véri- tables conquêtes pour la science. Si le lias reconnu dans l’Atlas, et le terrain subnpennin, à Alger, sont des faits curieux, le gîte des poissons marins d’ Oran, différent de celui d’Âix, et sem- blable à un de ceux du Liban, ne l’est pas moins. Le nouveau journal du Cap de Bonne- Espérance contient déjà quelques notices sur cette partie de l’Afrique. Les environs du Cap nous ont été décrits, il y a plusieurs années, par M. Macdonald. M. Verreaux vient de rapporter quelques minéraux du pays des Galfres. DE LA GÉOLOGIE EN 1 85o ET 1 85 1 . 1^1 Vous savez que le reste de nos documens sur l’Afrique se ré- duisent à quelques notes sur la Cyrénaïque, par MM. de la Cella et Beechey,sur la rouie de Tripoli au lac Tchad, par MM. Clap- perton et Laing, sur le Sénégal ( Annales des mines) , sur Sierra- Leone , par M. Bierley, sur le Congo , par MM. Tuckey et Smith. M. Murray a réuni dernièrement tous les documens géographi- ques sur les différentes parties de V Afrique ; et M. le professeur Jameson y a ajouté un résumé des observations géologiques . Dans ces dernières années, M. Buckîand adonné, d’après M. Farquharson, quelques renseignemens sur la géologie de Madagascar , MM. Bowdich et Colebrooke sur les îles du Cap - Vert , et MM. de Bucli, Bennett et Alison, sur les Canaries . Aux États-Unis la géologie prend de plus en plus faveur, té- moin les nombreux travaux géologiques qui sont publiés journel- lement dans ce pays, et la rapidité avec laquelle s’y succèdent les traductions d’ouvrages classiques européens. MM. Jackson et Alger nous ont donné la carte et la géologie de la Nouvelle-Ecosse, Ce pays est riche en roches basaltiques zooliliques , dépôt rare dans le nord de l’Amérique. M. Geddes a décrit le côté sud de la vallée de V Ontario ; M. Shepard, des portions de la Nouvelle- Angle- terre; M. Morse, les Grauwackes de l’état de New-York; M. Henry, la configuration du sol de cet état ; M. Nash, la géologie du II amp- shire {Amer. J. of Sc. v. 12). MM. Eaton et Silliman , les dépôts anthracitifères de Pensylvanic et du New-York; M. Silliman, les effets du trapp sur des grès secondaires [Amer. J. of S. ocl. 1829); M. Elisha Mitchell, les mines d’or alluvial de la Caroline , qui avaient déjà occupé MM. Roth et le professeur Olmsted; M. Hil- dreth , des portions de l’Ohio; M. Joshua Forman , la formation salifèrede Salina; M. Finch , le comté du Saint- Laurent ; M. Bon- nycastle, le sol intermédiaire de Calaraqui; M. Morton, le grès vert et ferrugineux du Nouveau- Jersey 9 et l'argile tertiaire : dé- pôts dans lesquels il a trouvé plusieurs fossiles caractéristiques de ces formations. Le comté d’Ontario a offert à Canandaigua des jets naturels d’hydrogène carboné. Enfin, les dépôts des bords du canal Eric ont été classés de nouveau par M. le professeur Eaton, qui n’a pas cru y devoir reconnaître les formations éta- blies en Europe, et qui a donné des noms nouveaux non seule- ment aux terrains, mais aussi à leurs différentes assises. Heu- reusement, M. Feasterslonough est venu nous donner la clef de ces dénominations nouvelles des dépendances du sol intermé- diaire et secondaire. U me suffit de dire que M. Eaton distinguo 172 RÉSUMÉ DES PROGRÈS trois grauwackes tant secondaires qu’intermédiaires ; qu'il parle du lias sans faire connaître sa place; bref, il ne donne point de synonymies ,011 il en donne de fausses. Le Canada a été examiné ces dernières années par M. le doc- teur Bigsby, et va l’être encore davantage par les membres des sociétés de Montréal et de Québec. M. Big-by nous a donné suc- cessivement d’intéressans mémoires sur les lacs Supérieur, Huron, Ontario , Erié , et sur les environs de la chute du Niagara. Il a complètement confirmé le classement proposé par M. Feasters- tonaugh, concernant les nouvelles divisions de M. Eaton. Les grands lacs sont entourés de terrain primaire et trappéen , et de terrains arénacés et calcaires de la classe intermédiaire . Les sources salées, les couches marneuses ou ferrifères, les calcaires géodiquesou coquilliers, n’y sont que des accidens. Le comlé de Saquenay a occupé M. Stuart ; et les environs de la chute de Montmorency, M. Green. M. le capitaine Bonnycastle a aussi donné une notice sur la chute du Niagara, tandis que le capitaine Bayfield nous a appris à mieux connaître les alluvions des bassins des grands lacs du Canada, et en particulier du lac Supérieur. M. Bair a publié quelques notes sur Terre-Neuve; M. Baddeley a décrit les syénites et les roches primaires de la côte du La- brador. Nous n’avons pas eu de nouveaux renseigncmens sur la géologie, soit du nord-ouest de l’Amérique, soit du Groënland, depuis les relations des voyages de MM. Franklin et Richardson dans les premières contrées, et de MM. Scoresby et Giesecke dans le second pays. M. Jamcson a réuni tous ces documens à la suite d’une relation des voyages entrepris dans les contrées arctiques, publication faite par M. Murray. M. Pingel,de Copenhague, vient de rapporter beaucoup de roches du Groënland occi- dental, où il avait été envoyé .avec une expédition pour retrouver les anciennes colonies qui ont existé dans ce pays. Vous connaissez tous le résultat des voyages dans l’intérieur de l’Amérique septentrionale et aux montagnes rocheuses par MM. Schoolcraft, Nutail, Keating, Lew, Clarke, et Long. Quelques nouveaux détails nous sont parvenus sur la géologie des bords du fleuve Columbas et de la Californie septen- trionale. Pour la Colombie , je ne trouve à citer que les notices de M. de Uumboldt sur le sol sub-apennin de Carthagène, et en général de la géologie en i83o et 1801. ï^3 de la côte de la Nouvelle-Grenade et sur les salses de Turbacoy genre de phénomène que ce savant croit lié aux volcans. Une formation aréuacée très étendue dans La Nouvelle-Grenade est ■classée par lui dans le grès rouge secondaire. Enfin il a donné des aperçus sur les bassins du Cauca et du Funza en Colombie. On y trouve du grès liouiller, un dépôt gypsijère et quelquefois mu - riatiferc, et un calcaire secondaire à poissons , à ammonites et ver- tèbres de crocodiles. Le dernier volume du Voyage au Brésil , de MM. Spix et Mar- lias, vient d’être mis en vente. Les trois volumes de ce bel ouvrage sont remplis de notices géologiques intéressantes. Le champ de leurs observations n’a pas été circonscrit, comme dans le cas de MM. Mawe, Eschwege, Schâffer, Caldcleugh et autres, à la pro- vince de Rio-Janeiro , et aux districts aurifères et diamantifères. Ils ont traversé plusieurs autres gouvernemens, et ont décrit en particulier, les premiers, la Constitution géologique de V immense bassin du fleuve des Amazones , occupé surtout par un dépôt de keuper , avec de rares lambeaux d' aggrégats coquilliers rua - rins et des îlots granitiques et quarzenx ; les montagnes calcaires près du St- François , leurs cavernes à os de Mégathérium ; les dépôts dioriliques sur la frontière des provinces de Bahia et de >Saint-Francois , les dépôts de lignites de la côte de Bahia , et ses manias coquilliers élevés et abandonnés récemment parles eaux de da mer , par suite du soulèvement du continent . Il est fort curieux d’apprendre que le phénomène des blocs erra- tiques , et même les dépôts tertiaires, sont entièrement étrangers iaux plaines du fleuve des Amazones, tandis qu’ily en a des traces (flans le bassin colombien de l’Orénoque. D’une autre part, d’a- près ces savons bavarois , le keuper gypsifère, mais non métal- lifère de ces plaines, serait le même dépôt que le Tapanhaucanga aurifère et diamantifère, encroûtant les montagnes quarzo-lal- tqueuses métallifères de Mineas-Geracs et d’autres provinces du .Brésil. Néanmoins il faut observer que M. de Humboldt place parmi le [grès rouge les aggiégats des Llanos de l’Orénoque et de la ri- vière de la Madeleine, et que M. Rengger n’a guère cru voir que de 4a molasse flans les plaines du Paraguay, qui paraissent ne faire 'qu’un tout avec celles des rivières des Amazones et de l’Orénoque. La partie montagneuse du Brésil aurait donc formé jadis une ümmense île iV l’orient des Cordillières des Andes, et les plaines 4e POrénoque, du fleuve des Amazones, du Paraguay et des 174 RÉSUMÉ DES PROGRÈS Pampas, une fois émergées, n’auraient plus été modifiées que par les eaux fluviatiles. Cette considération géologique est fort importante en prin- cipe; car, si certaines contrées ont été abandonnées pour tou- jours par la mer très anciennement, comme, par exemple, après la formation du grès bigarré, il n’aura pu s’y former depuis lors que des dépôts lacustres, fluviatiles ou terrestres, qui, malgré leur nature si différente de celle des roches déposées sous la mer, leur deviendront parallèles pour i’ôge de leur formation. M. le docteur Pohl, de Vienne, devrait aussi faire connaître ses remarques géognostiques sur le Brésil , pour qu’on en puisse former un ensemble avec celles des voyageurs précédens. La collection qu’il a rapportée du Brésil est belle, bien classée, et mérite bien de ne pas rester ignorée. M. Natterer, autre natu- raliste autrichien envoyé au Brésil, n’a cessé de l’enrichir jus- qu’à ce moment; et MM. Strauch et Regenhard , ingénieurs des mines, achèveront de nous faire connaître les parties abor- dables de ce vaste empire. II est bien à regretter que M. Les- chenault n’ait pas pu pénétrer dans l’intérieur de la Guyane française , où le sol paraît primaire. Au Pérou , M. de Rivero a donné une carte et un excellent mémoire sur les environs très élevés de Pasco , où il y a des mon- tagnes calcaires et des mines d’argent et d’autres métaux ( Journ . de Lima ) ; il n’a négligé que la détermination exacte des fos- siles. Nous aurons incessamment de nouveaux renseignemens 6ur les volcans des Andes du Pérou, puisque M. de Humboîdt va enfin achever son V oyage aux régions équatoriales. II paraîtrait qu’il y réunira les observations faites dans le haut Pérou par M. Pentiand, qui aurait plutôt dû lui-même nous donner son voyage. M. A. d'Orbigoy , maintenant dans cette contrée, nous en rapportera aussi quelques faits. M. Maclure s’est établi , pour quelques années , à Mexico , et a dit quelques mots sur la géologie du pays. MM. Schiede etDeppe ont visité le volcan d'Orlzaba ( Hertha 1829), mais depuis les belles cartes géologiques de V état de Mexico par MM. Berghes et Gérolt, et les mémoires de MM. Burkhart et Sartorius, il n’a rien paru de saillant sur ce pays, à l’exception de deux mémoires im- portans de ce dernier géologue ( Arch . de Karsten , vol. 5). Il y décrit divers districts miniers avec le talent qu’on reconnaît dans ses mémoires précédens, et de plus sa Description des environs de Ramos transporte le lecteur en Hongrie. On y voit, comme DE LÀ GÉOLOGIE EK l83o ET 1 85 1 . 1 75 dans ce pays, le sol schisteux intermédiaire des masses Syéni - tiques traversées de filons argentifères , recouvertes de deux éruptions trachy tiques , d’agglomérats trachy tiques et de dépôts tertiaires , et accompagné çà et là de roches basaltiques » I)’une autre part, autour de Catorze, il nous montre, comme dans les Alpes, sur les schistes, des dépôts arénacés rouges surmontés de calcaires ammonitifères a filons argentifères. M. Burkhart indique, au nord de Kamos, des roches ter- tiaires et des laves sur le terrain schisteux à filons métallifères, et il a découvert que la plaine de Salines, à 6459 pieds sur la mer, est couverte de couches tertiaires, savoir, d’agglomérat calcaire , de calcaire à polypiers et dun calcaire tufacé. L’eau potable se trouve sous ces trois masses dont on ne connaît pas encore le mur. Ne serait-ce peut-être pas une argile P La grau- wacke forme les montagnes environnantes. Le granité est très rare dans la partie nord du plateau mexi- cain; on ne le connaissait jusqu’ici avec du gneiss que dans la portion méridionale autour d’Oaxaca et entre Mexico et Aca- pulco; M. Burkhart l’a retrouvé au nord de Guanaxuato, près de Comaiga, et dans la montagne de Penon-Blanco , où cette roche flanquée de grauwacke s’élève à 8917 pieds anglais, et contient du fluoré. Nous avons encore à attendre des détails bien précis sur le Mexique, soit de M. Vanuxen, soit de MM. Lrbreich, Sieze et Schiëde , tous maintenant voyageurs stationnaires dans ce pays. Le nivellement de l’isthme de Panama a été exécuté et a con- firmé une différence de hauteur entre le niveau de la mer Paci- fique et des eaux du golfe Mexicain. La géologie n’a pas recueiili d’autres fruits de ce travail; elle avait clé plus heureuse dans l’opération semblable faite , il y a quelques années, par le gé- néral Orbegoso sur V isthme de Tehuantepec. Vous vous rappelez que le capitaine Ring a donné une notice sur les côtes de la Patagonie , près du détroit de Magellan. La découverte de la craie et du grès vert dans ces contrées est un fait curieux. M. Gilies a décrit le volcan de Pcùquènes dans les Andes du Chili. M. d’Orbigny, qui va bientôt revenir en France, nous donnera probablement quelques détails géologiques sur les deux derniers pays mentionnés, dont quelques parties ont été aussi décrites par MM. Miers et Galdcleugh. RÉSUMÉ DES PROGRES l^G Les voyages de WM. Stevenson et Andrews nous ont aussi fourni quelques renseignemens sur les mines de l’Amérique mé- ridionale espagnole. Quant aux Antilles, M. Wallon a publié en iSs5 un rapport sur les mines de la division orientale de Haïti. Dans le Journal de la Havane , on trouve décrits des minerais de fer et de cuivre, la houille de Villa Clara, et la géologie des en- virons d’Àlquiza, où il y a des calcaires coquilliers, des argiles, des calcaires tertiaires et du gypse [Biblioth. univers . , avril 1829). Vous savez que la géologie des îles de la Jamaïque , de MonlJ errât , de Trinidad , de la Barbade , d’ Antigua et des An • tilles françaises, nous est déjà assez bien connue; celle de Vile Saint - Christophe , aussi en partie volcanique, a été donnée dernièrement. M. Webster a publié quelques notes sur la terre des Etats au sud du cap Horn. M. Weston a esquis.-é la géologie d’une partie de Vile Sainte-Hélène. Nous avons eu, il y a quelques années, des détails sur la constitution des îles de Y Ascension , de Tristan, d* Acunha , de Timor , d* Albemarlc , de Banda , de la Nouvelle- Shetland du Sud. M. Bretero nous a appris que l’île de Juan Fernandez n’était composée que de basaltes sans traces de vol- cans. M. le docteur Macklot a pénétré dans la Nouvelle -Guinée , où il avait été envoyé avec M. Rualten et Zippelius. Cette ex- pédition a visité les embouchures des rivières Dourga, la Fausse Oclanata , l’üctanata, la Wameka, l’île d’Àiduma , le district de Lobo et Morvara, situé sur la côte occidentale. Les mon- tagnes s’y élèvent au - dessus de la ligne des neiges perpé- tuelles; mais celles de la baie de Triton n’excèdent pas 5,too pieds; les chaînes y sont calcaires, courent du sud-est au nord- ouest. Le calcaire grenu domine et repose sur un autre dépôt calcaire; M. Macklot y a trouvé des fossiles et une. vertèbre d’un grand animal. Dans l’intérieur il y a des formations argileuses, des grauwaekes , des grès rouges , du calcaire intermédiaire et primaire, et probablement dt s dépôts volcaniques à juger par les ponces et les obsidiennes charriées par les rivières. Les plaines près de la mer sont composées de sable quarzeux ou de calcaire composé de fragmens de coraux blancs et rouges. Pendant ma visite à Londres en 1 83 1 , M. le docteur Horsfebî a eu la complaisance démettre sous mes yeux une Carte géologique de Banca 1 île dont le sol est primaire et dans laquelle abondent les granités , les pegmalites , les hyalomictes slannifères et les gneiss . DE LA GEOLOGIE EN l83o ET 1 83 1 . ] 77 Les roches secondaires , les schistes et les syénitesdc Swanriver et de Vile de Buache à la Nouvelle -Hollande ont été décrites par M. Scott. Dans la Ncuvelle-G aUc-> c 1 }itd,on a découvert un 'volcan très curieux qui , si l’on en croyait les rapports , tendrait seulement à se former au milieu d’un terrain arénacé près duquel il y a de la houille. Malgré les détonations et les mouvemens qu’il paraît causer, la chaleur des roches, etc., il ne paraît pas encore sOr que ce soit un volcan véritable. Des détails sur les îles volcaniques de Sandwich ( TVoahoo , Morotoi, Ranay , Mowee et Owhyhec) ont paru dans plusieurs journaux américains et européens. Ils sont dus surtout aux mis- sionnaires Ellis et Goodrich , et à M. Menzies-(Magaz. de Lon- don , n° 9). M. E. Hoffmann nous a donné quelques notes géo- logiques sur les mêmes îles , sur Olditi et les environs de Nootka dans V Amérique russe , et sur la côte de la Californie. Enfin, M. Cordier a présenté un résumé des observations géo- logiques faites par V Astrolabe sur divers points de V Amérique méridionale et de V Océanie. En i83o , les mémoires sur les possessions anglaises de YInde ont été nombreux. M. Turnbnll Christie nous a fait con- naître le pays des Marattes ; M. Hardie le Meywar ; M. Frank- lin ( Trarts . géol. et Asiat. researches ) les mines de diamant de Panna et les districts de Sagar et de Jebelpur ; M. le capitaine Coulthard, le trapp de Sagar; M. Macpherson la route d'Hydra- bad a Masulipatan ; M. Hardie, celle de Raroda à Udayapur ; M. le docteur Govan , les lalcschistes et les schistes du pays entre Sunlah et Fakho ; M. Voysey, la géologie des mon- tagnes de Silabaldi (Nagpur), et les fossiles des montagnes de Ga - wilgerh; M. Jenkins a donné une Note sur les mines de Nagpur ; M. Calder, des Observations générales sur la géologie de V Inde ; M. Jones , une Notice sur le district houiller de Jéria à Sanan- pur ; M. Herbert, des Remarques sur les dépôts charbonneux de Vlndc. M. Traill a publié des renseignements sur le Kamaon; M. Eaton, sur VArracan; M. J. Low, sur la presqu'île Malaise ; et la géologie de V Himalaya a occupé MM. Herbert, Cautley, Colebrooke , Gérard , Richardson et Govan. Les premiers nous ont fait connaître des gîtes de gypse en partie anhydre et de li- gnite, et les derniers voyageurs ont pénétré jusque sur les fron- tières du Thibet, et ont trouvé à 17,600 pieds au-dessus de la mer des champs couverts de coquillages aussi frais que si la mer venait de les laisser sur un rivage. Sur les frontières du Ludak Soc. géol. Totn. II. 12 378 RESUME DES PROGRÈS et du Bussahir, les roches coquillieres paraissent atteindre le plus généralement une élévation de 16,000 pieds sur l’Océan. Tous ces travaux sur l’Inde nous ont fait mieux apprécier Y étendue des nappes trappéennes au centre de la Péninsule , et celle des granités et des quarzites de la portion orientale. Nous avons appris que quelquefois il y avait dès coquillages calcédo - niques au milieu des wackes. La découverte du grès bigarré sa- lifère et du lias dans le nord de V Inde est encore une autre conquête récente. II est important d’avoir des détails circon- stanciés sur les houillères de l’Inde et sur leur liaison probable avec des calcaires et des grès plus anciens, comme en Angleterre. MM; Turnbull - Christie et Jones nous ont décrit un singulier dépôt argileux alluvial sous le nom de Latente. Ne serait-ce pas un détritus trappéen on basaltique? Il est très intéressant d’en- trevoir que la chaîne si élevée de Y Himalaya s comme celle des Alpes , *est bordée de molasses à lignite , et est formée en partie de roches très coquillieres. Les conquêtes récentes des Anglais nous ont donné des aperçus sur les roches primaires , les mar- bres, lès calcaires et le sol tertiaire du royaume cVAva et de Siam. Vous vous rappelez la notice de M. Buckland sur les roches et }es fossiles du pays des Birmans. M. Jacquemont, maintenant au Thibet, nous en rapportera des observations géo- logiques. Nous avons aussi reçu des renseignemens nouveaux sur les îles deSalsette , de Senang et de Singapore , sur le volcan de Vile de Barren dans le golfe de Bengale, et même sur Manille et Bornéo'. L’Eèsaî minéraîogico-géoîogique sur Vile de Ceylan , par M. John Bavÿ, est déjà trop ancien pour en parler. D’un autre côté, dans ces dernières années, les mémoires de MM. Lesche- nauît , Yan Boon Mèsch et Jack, et les voyages de MM. Baffles, Cravvford et Borsfield nous ont mieux fait connaître les volcans de Java et de Sumatra. Le docteur Horsfield m’a fait voir sa belle collection , et, si l’on en excepte un calcaire tertiaire , toute l’île de Java est couverte de dépôts trachidques divers sans la moindre tracé de basalte. La carte géologique de cette île et de ses volcans doit être publiée incessamment. Il nous est arri vé de la Chine , empire si curieux, une Description des puits artésiens salés, et de ceux établis pour l’exploitation de la houille. Les premiers donnent lieu à des jets de gaz hydrogène carboné, qui est utilisé comme à Canîmdaigua aux Etats-Unis, et dans quelques mines de sel delà Hongrie , pour l’éclairage des DE LA GEOLOGIE EN ï83o ET l85l. 1 maisons. II paraît même qu’on fait des trous de sondes très profonds dans le but de se procurer ce gaz. On doit se demander s’il y a en Chine du sel décrépitant, ou si ïé gaz provient de mines de houille, ou bien si ces deux cas existent peut-être dans ce pays. II est heureux qu’enfîn un naturaliste , M. le physicien Fuss, ait été. adjoint à la mission russe à. Pékin ; car la géologie de la Chine jetterait probablement un nouveau jour sur plusieurs pro- blèmes importans. Un autre empire, d’un accès presque aussi difficile que la Chine, nous voulons parler du Japon , a été ou- vert. il y a quelques années aux recherches de M. Siebold , qui , quoique zoologue et botaniste , doit nous rapporter aussi quelques notions géologiques. Dernièrement M. Klaproth a donné des renseignemens sur èix volcans de ce pays , en appendice à la dissertation de M. de Humboldt sur certains points volcanisés de TAéie centrale. Le nombre des cartes géologiques' publiées en i85o et i85i est considérable, et s’élève à soixante-dix-huit. Ce sont les sui- vantes : les Cartes de l’île d’Arran, de la côte nord-est de l’Écosse et de la partie de ce pays au nord d’Edimbourg et de Glascow' par MM. Sedgwich et Mure bison ; celles de l’île. d’Arran, d’ime portion de l’île de Sky et du mont Ben-Nevis en Écosse, par MM. <1 Oeynhausen et Dechen; celle d’une partie du Craven dans le Westmoreland, par M. Philippe celles sur quelques parties du Notlmghamshire , du Derbyshire, .du YorksKire et du Durham, par M. Scdgwick; celle de la côte de Torbay dans le Devonshire par M. de la Bêche; celles de quelques filons du Nor humber and, par MM. Forster , Buddle , ïrevelyan et Willamson Pece; celle du grès rouge de Durham, par M. W. uuon; celle cl une partie du Benvickshire, par MSI. William et Winch ; celle d une portion houillère du pays de Galles mé- ridioua', par M. T Forster; celle del’Aude, par M. Tournai; ce'le des Pyrenees-Or.entales , par M. Marcel de Serres ; celle de Puy-de-Dome, par MM. Lecoq elBouillet; celle du Poitou, de 1 Angoumms, de la Saintonge et d’une partie de la Vendée, par MM. Mânes et Cre.séac; celle de Nice, par M. de la Bêche; M r . TT’JT *• ra,e"°; CC'lK du 1:1 Toscane, par M. G, ni,; celle du Val di Note, par M. Gemellàro; celle d„ cap Passaro, par MM. F. Hoffmann et Escher; celle des bords du lac de Lugano , par M. Bach ; celle de s rives du lac de Gô.ue mr MM 6 H Brhe; CMC de q,,elemens universels qui ont détruit tout ce qui était à sa surface. Or, n’est-on pas en droit de lui de- mander d’abord de prouver géologiquement ce principe fonda- mental qui n’est point encoredevenu un axiome de la science ? Au contraire, n’v a-t-il pas beaucoupde géologues quicroient qu’il n’y a pas un seul dépôt stratifié depuis le sol alluvial jusqu’aux roches sèdimentaires changées en schistes cristallins où l’on ne puisse démontrer dans quelques parties du globe, et pendant sa forma- tion, l’existence de végétaux terrestres, ou du moins celle d’un sol découvert ; or tout continent a des plantes, à moins d’y sup- poser un manque d’air et d’eau, ou une température très élevée ou trop froide ; mais ces cas particuliers ne paraissent pas s’être rencontrés partout; donc il y a eu probablement toujours une végétation quelconque. Je m’attends à la citation du dépôt pélagique de la craie des plaines; mais celle des Alpes, fourmille de débris de plantes !$8 RÉSÜMÉ DÈS PROGRES terrestre^, et offre même des lignifes ; d’ailleurs supposant un moment que les végétaux fossiles du calcaire jurassique, du muschelkalk 9 du zechstein et de la craie sont tous marins, cela n’exclut pas l’existence d’un sol découvert, puisque ces dépôts sont loin de former sur tout le globe une croûte con- tinue ; donc la mer n’était pas partout, donc ces révolutions gé- nérales n’ont pas eu lieu. Je ferai , de plus, ici, comme dans le cas des ossemens, la re- marque que le botaniste voudrait trouver des végétaux et même d’abonrians restes de plantes dans des dépôts qui se sont formés sôus une mer profonde, et peut-être en partie au moyen de ma- tières fournies par des sources minérales. Comment peut-on rai- sonnablement en attendre, à un assez graud éloignementdesconti- nens ou des îles, lorsque la nature des sédimens, pauvres en végétaux, montre clairement que ces dépôts ont eu lieu dans un temps de repos et non de charriage ? Au contraire, les plantes fossiles abondent là où il y a des matières arénacées, où l’on voit encore des marques de débâcles et d’inondations épouvantables. J’ose d'autant plus lui présenter ces objections qu’elles lui Ônf déjà fait modifier quelques unes de ses époques de végé- tation. D’une autre part, je ne puis me dispenser de recon- naître fout le parti qu’il a tiré de l’idée que la quantité d’acide Carbonique était jadis plus grande dans l’atmosphère qn’ac- tuellerïient. Cette hypothèse, qui lui est commune avec JV1. Parrot, est liée aux phénomènes volcaniques primitivement plus consi- dérables qu’autrefois , ce qui devait donner lieu à une exhalaison jrlus grande de gaz et à des sources minérales énormes, compa- rativement à celles actuellement existantes. Les mànières variées par lesquelles les substances végétales et animales se sont pétrifiées , la conservation du moule dé leur con- figuration intérieure ou extérieure, la destruction des pétrifica- tî6n$ et de ces moules après leur formation, et le remplissage postérieur des vides ainsi formés, voilà des questions sur les- quelles les géologues ont déjà assez écrit, mais dont la solution appartiendrait plus particulièrement aux chimistes. Malheureu- sement ces derniers ont tout-à-fait négligé cette sorte de recher- che, qui les conduirait nécessairement à de nouvelles décou- vertes sur les affinités de certains corps placés sous des circon- stances particulières souvent aisées à entrevoir et même à repro- duire expérimentalement. L’an passé M. Defrance a donné une àote relativement â la formation des moules de fossiles 9 et â ré- DE LA, GÉOLOGIE EN l83l. | §§ pondu à j\l. Morreri, qui avait prétendu que ces moufes étaient souvent antérieurs au dépôt qui 1rs empâte. Il a décrit de cu- rieux échantillons dans l’un desquels le test de la coquille a dis- paru, tandis que le polypier qui la couvrait s’est conservé et adhère par sa base sur son moule intérieur. D'une autre part, Ri. Brongniart s'est occupé spécialement du changement de la demeure des polypiers ou du lest des coquilles en oihicules siliceux. Il a ainsi développé une partie de ce qu’il avait déjà publié dans son intéressant article intitulé: Silex , et il a donné une liste des principales pétrifications siliceuses connues. Il a surtout appuyé sur l’état gélatineux que ce dépôt siliceux a eu originairement, et il a confirmé pleinement cette idée émise par beaucoup de géologues. Je puis ajouter que l'état gélatineux originaire des concrétions siliceuses est quelquefois clairement indiqué par le retrait que la masse a éprouvé, et qui a laissé dans son milieu non seule- ment un vide, mais encore des portions arénacées mobiles ou quelquefois un noyau calcaire ou sableux. La silice est proba- blement un produit de sources minérales puisqu’elles en dépo- sent ou en contiennent encore; mais comment s’expliquer sa dis- tribution si particulière au milieu des roches volcaniques ou nep- tuniennes P L’hyalile , en tapissant des fentes, serait un effet de sublimation, un dépôt formé par les vapeurs chaudes qui ont traversé les masses après leur éjection du sein de la terre. Mais pour la formation des agalhes , il semble que l’attraction entré les molécules siliceuses doit avoir été plus grande, ou que leur véhicule gazeux a pu plus aisément traverser la roche, cette dernière affinité n’étant surmontée que dans le cas où ces vapeurs atteignaient des cavités. Ensuite toutes les agalhes ont-elles été formées par sublimation, ou ne doit-on attribuer celle origine qu’à une partie des agathes, ou même y a-t-il possibilité que dans la même localité certaines agathes aient été formées comme certaines druses zoolitiques et calcaires, moitié par la voie ignée, moitié par la voie aqueuse? Ce sont des questions qui seraient fort intéressantes à traiter par l’observation géognosliqne et les expériences chimiques. Ou comprend bien qu’une masse volcanique et ses vapeurs élevant la température de l’eau qui la recouvre, et y introduisant une certaine quantité de matières alcalines et siliceuses, le liquide, amené à la température con- venable, pourra se charger de ces matières, et celle dissolution pourra former des dépôts en filtrant à travers les fendillemcns aoo RESUME DES PROGRES et les porosités qui abondent toujours dans les roches ignées. Ainsi s’expliquerait par deux voies différentes la formation des agathes et des filets qui les unissent assez souvent; c’est au chi- miste à nous guider dans l’application de nos théories. On a comparé dès long-temps, et en particulier M. Jameson, les filons aux agathes; ces derniers rentrent tout-à-fait dans le cas des fentes couvertes d’incrustations formées par sublimation ; aussi voit-on quelquefois des filons d’agalhes. Le quarz cristal- lisé n’y forme aussi que des druses, la silice y est en masse cofti- pacle et seulement à l’ordinaire plus mêlée de matières étran- gères que dans les agathes. Les roches granitoïdes ne présentent, au lieu de ces derniers, que des druses quarzeuses, parce qu’elles ont été traversées d’une moindre quantité de vapeurs siliceuses , parce qu’elles devaient offrir moins de prise aux infiltrations alcalino-siliceuses , cl parce que le quarz entrait déjà souvent comme élément dans ces roches. Si l’isolement des concrétions siliceuses, au milieu des roches dont je viens de parler, est un fait jusqu’ici inexpliqué, celui des silex dans les roches neptunicnnes est encore bien plus extraordinaire. D’après nos connaissances chimiques actuelles, nous devons admettre que des géologues ont eu tort de supposer que, sous certaines circonstances chimiques, les parties animales ou cal- caires pouvaient se changer en matière siliceuse. Si l’on a pu croire à quelques indications de la transformation d’une terre dans une autre sous certaines conditions électro-magnéliques , lu silice et la matière gélatineuse des animaux paraissent par leur propriété se refuser tout -«à - fait à de pareilles supposi- tions. Néanmoins il n’en reste pas moins le fuit géologique qu’au milieu des dépôts aqueux sédimentnires ou chimiques, la silice a trouvé mnyén de former des noyaux , des concrétions arrondies ou fort irrégulières , des petits lits et des filons , et même a rem- placé complètement certains animaux entiers ou seulement une partie de ces êtres. Il faut donc que des affinités chimiques particulières aient forcé le fluide chargé de parties siliceuses à déposer cette matière si irrégulièrement ; tandis que dans d’autres cas, comme dans ceux de la pierre de Cos ou la meulière, le Calp et le Rot - tenslone du calcaire intermédiaire, etc., elle a renfermé le cal- caire , l’argile ou le sable dans une espèce de réseau, ou même DE LA GÉOLOGIE EN 1 83 1 . 201 elle s’est combinée plus intimement avec les parties calcaires et alumineuses. Ces derniers dépôts se conçoivent facilement une fois qu’on s’est assuré de l’origine de la silice ; mais il n’en est pas de même des premiers. Néanmoins il y a une circonstance qui me semble assez propre à donner une idée de. leur formation; je veux parler de la nature gélatineuse de la silice lors de son dépôt, lin effet, supposant celle substance flottante au mi- lieu d’un fluide chargé de particules terreuses ou arénacées de matières animales ou végétales, si ces dernières se déposent quelque part par les voies chimique ou mécanique pendant que le fluide sera agité , il est évident que cette matière gluante , bal- lot'ée d’un point à un autre, tendra non seulement à s’agglo- mérer, mais encore à s’attacher aux corps étrangers, et surtout à ceux couverts d’aspérités. Or, n’est-ce pas le cas des polypiers, des éehinidées, des alcyons, des éponges, de plusieurs genres de coquilles surloutbivalves, des troncs et branches d’arbres, etc ? Ce sont . aussi surtout ces différentes sortes de corps organisés qu’on trouve silicifiés. Les bivalves le sont beaucoup plus fréquemment que les uriivalves, et certaines parties couvertes de rugosités dans les bivalves le sont préférablement à d’autres; ensuite cela me paraît aussi la raison pour laquelle on trouve si fréquemment des corps organisés empâtés dans des silex, ou attachés à ces pierres tuberculaires , dont souvent la surface indique positive- ment un corps pâteux roulé ou comprimé. La matière siliceuse, amenée ainsi par des mouvemens oscil- latoires en contact avec les corps organisés plus ou moins décom- posés, il est encore évident que petit à petit toutes les molécules des premiers, ou seulement cellesd’une deleurs parties, auront été remplacées successivement par des particules siliceuses , comme l’on voit encore dans les dunes des troncs d’arbres en putréfaction remplacés petit à petit en entier ou en partie par du sable. Il ne resterait donc plus qu’à s’expliquer comment a lieu cette transmutation chimique de molécules; ne devrait-on pas avoir encore recours ici aux déplncemens produits soit par l'infiltra- tion aqueuse , soit par les faibles affinités moléculaires électro- chimiques ; et ne serait-il pas aisé de reproduire ce travail lent par des expériences directes délicates? Les autres gisemens de la silice s’expliquent tout aussi facile- ment par notre théorie. Ainsi le silex sépare en plaquettes des lits de calcaire ou de grès, parce que le dépôt formant le slrate 202 RÉSUMÉ DES PROGRÈS supérieur aux plaques siliceuses a subi assez de mouvement avant sa consolidation pour permettre à la silice de s’être réunie en petites masses pesantes que les molécules calcaires ou arénacées, et pour s’attacher çà et là à quelques amas de corps déjà très désorganisés. Plus lard, le dépôt se consolidant aura aplati par sa pression le lit siliceux, tandis que les nids siliceux restés dans sa masse, pressés de tous côtés, ont pris diverses formes. La silice a rempli des fentes qui partent du haut ou du bas d’un lit, parce que, ballottée, elle s’est agglomérée, est devenue pesante, est tombée au fond du dépôt, et a rencontré un efente qu’elle a remplie plus ou moins bien. Pendant long-temps on a cru que le sol du nord de V Alle- magne ou de l’Europe ne recélait que des dépôts tertiaires infé- rieurs. J’ai été, je crois, le premier qui ait comparé les sables dè ces immenses plaines , et même certains de leurs blocs ou Cailloux, avec les alluvionsdu groupe tertiaire supérieur. Si cette idée a déplu aux Allemands dans le premier moment , ils y sont revenus plus tard, et nous avons vu M. German trouver dans les fossiles tertiaires du Magdeboürg plus d’analogie avec ceux du sol tertiaire supérieur qu’avec ceux dé sa partie inférieure. Depuis lors j’ai insisté encore plus fortement sur ce classe-* ment, et même j’ai mis en doute la présence en Allemagne des dépôts parisiens inférieurs, si ce n’est dans une ou deux localités douteuses. Tous ces lignites si nombreux en Allemagne et mêirié ceux des basaltes m’ont paru sur un horizon plus élevé que le calcaire de Paris. En un mot, le grand bassin de la Belgique , de V Allemagne septentrionale et de la Pologne , etc. , m’a paru bien plutôt subapennin que parisien. Or, celte classification paraît se con- firmer tous les jours davantage, d’un côté par le genre des fos- siles , et en particulier par les nombreux ossemens très divers ob- servés parMàl. Morren et VanHees.en Belgique, et de l’autre par les déterminations des coquillages tertiaires de la Pologne, de la Volhynie, de la Gallieie et du Mecklembourg. MM. de Buch et Dubois,, à qui o.i doit une partie de ces derniers renseigne- mens , viennent d’émettre publiquement la même opinion que moi; et la vue du sol tertiaire de Sicile a. suggéré la même idée à M. Hoffmann, qui , comme moi , place de plus les dépôts aré- nacés et basaltiques de la Hesse, etc., dans la même division. Il reste à voir s’il n’y a pas néanmoins dans le bassin de l’Aile- DE 1 GEOLOGIE Éff 1 85 1 . §ûd mngnë septentrionale quelques points qu’on puisse comparé? atrx depuis inférieurs de Paris. L’élude de ta mer , de ses propriétés, de ses profondeurs, de sa diverse salure , de sa température , de ses eournns, des Vents qui régnent dans ses diverses parties, des dépôts qui y ont lieu , etc. , a élé perfectionnée considérablement par les notii- breux navigateurs de ce siècle. Dernièrement encore, M. le capitaine Duperrey a prouve, par ses observations et celles d’autres marins et physiciens, que la mer Pacifique avait aussi un courant circulaire comme l’Océan atlantique ; mais que le Centre du cercle décrit par le mouvement des eaux n’était pas situé sur le meme côté de l’équateur quft celui du £rand courant équatorial. Celle découverte a jeté un nouveau jour sur les observations climatoriales des côtes ôcéi- denlales de l’Amérique. MM. Scrope et Manlell se sont occupés d’examiner les depots neptiiniens , par rapport aux traces qu’on peut y reconnàitré de l’action plus ou moins forte des vagues , du flux et du reflux , et de la marche de certains petits animaux marins. C’est une recherche qui exige des observations comparatives et qui mérite d’être con- tinuée, pour le bien de la science, avec toute la minutie anglaise. Ces apparences doivent être soigneusement distinguées de ces décompositions bizarres que présentent un si grand nombre de roches à leur surface. Ce dernier sujet a été traité , l’an passé, par MM. Boblaye et Philippe. Ce dernier en a parlé surtout pour démontrer l’origine des matières alluviales et la masse qui en est journellement produite. Il est revenu en particulier sur l’origine des blocs ou rochers, attribués souvent mulàpropos aux druides. Le charriage des allumions fluviatiles , la manière dont les eaux courantes les dé- posent, les accumulent et les conduisent jusqu’à la mer, est un autre point géologique qui a occupé MM. Conybeare, Pli ilipps et Yates. M. Conybeare a considéré les effets de l’action actuelle des rivières , pour les comparer avec les alluvions anciennes bu son diluvium. Si les phénomènes atmosphériques de la zone tent- perée ne peuvent être mis en parallèle avec ceux qui ont lieu entre les tropiques, si les fleuves de ces dernières contrées pro- duisent des effets que les rivières européennes n’offrent qu’en miniature, il est loui simple que M. Conybeare démontre facile- ment que les fleuves de l’Angleterre, sous le climat actuel , n’ont pas élé capables de produire les alluvions anciennes de la Grande- S04 RESUME DES PROGRES Bretagne. Or, il oublie cette circonstance essentielle, que ces dépôts ont eu lieu sous un climat équatorial, comme le prouvent les restes de mammifères qui leur sont particuliers, et dont les genres ne se retrouvent qu’entre les tropiques. D’une autre part , MM. Conybeare, Sedgwick et Daubeny ont avoué avec autant de franchise que de bonnes raisons qu’ils s’é- taient trompés en adoptant la théorie diluvienne telle qu'elle a été exposée jusqu’ici en Angleterre. Le déluge mosaïque n’a pu pro- duire et ré a pas formé ce que les Anglais appellent diluvium . Le travail complet de M. Haussman sur les blocs erratiques a paru dans le 19e vol. des Mém. delà Soc. des Scienc. de Harlem (p.27i-378). M. le docteur Daubeny a donné un mémoire sur certaines par- ticularités des allumions de V Auvergne , qui ont conduit M. Lyell à croire que le diluvium des Anglais ne s’y trouvait pas. Ja ne pense pas que cette question mérite de fixer l’attention d’un géologue du continent; car personne n’avait avancé, jusqu’ici, pareil paradoxe. Si les alluvions anciennes de l’Auvergne diffèrent de celles de l’Angleterre, c’est une chose toute simple; il en sera de même de toutes les alluvions des pays de montagnes compa- rées à celles des plaines et surtout à celles des bords de la mer. Ainsi M. Daubeny a parfaitement et aisément réfuté M. Lyell, qui, probablement sans le vouloir, voulait modeler le monde alluvial sur celui delà Grande-Bretagne M. Daubeny a combattu aussi les idées du même géologue et de M. Serope sur la forma- tion des buttes trachytiques , et il a donné raison sur ce point à la théorie de soulèvement de M. de Buch en ne l’exagérant pas. Les courons diluviens ont laissé } dit-on , des traces de leurs actions sur les côtes des vallées qu’ils ont parcourues , ou sur les rochers et les sommités qu’ils ont touchées. Ces bandes de rainures ou de sillons ont été signalées dès long-temps par de Saussure, sir James Hall, Underwood , et l’an passé par M. Yates en An- gleterre, et M. le comte Razoumovski en Moravie. Ces appa- rences doivent être frappantes dans plusieurs parties des États- Unis; car plusieurs mémoires ont déjà été publiés sur ce sujet. Il faut étudier pour cela les récits des débâcles ou des inonda- tions de rivières, telles que celles qui ont eu lieu dernièrement dans les Grampians en Écosse, et qu’ils ont été décrits par M. Dick-Lauderdale. Les vagues des lacs produisent aussi, comme l’eau de la mer, des sillons sur leurs bords, et si ces réservoirs s’écoulent petit DE LÀ GÉOLOGIE E Tî 1 83 1 . 205 à petit, ils laissent des vallées bordées de terrasses d’alluvions. Dans le cas des grands courans ou déplacemens d’eau produits par des soulèvemens . il a dû se former non seulement des dé- coupures dans le sol, mais encore les matières et les blocs entraînés ont dû entamer les bords des vallées déjà existantes, d’autant plus qu’elles étaient les points les plus bas de la surface balayée. Telle nous paraît l’origine de la plupart des alluvions anciennes placées aussi bien sur des plateaux que dans des fonds de grandes vallées. La formation de ces dernières a été traitée dernièrement par Màl. d’Omalius et de Hoff. L’un a démontré les effets de l’é- rosion aidée par des actions souterraines, tandis que l’autre a distingué plusieurs espèces de vallées, savoir : celles d’écarte- ment , de plissement, d’éruption , d’érosion et de refoulement, ainsi que celles formées par plusieurs de ces causes agissant suc- cessivement ou simultanément. M. de Hoff a cru retrouver dans b- lac circulaire de Salzungen au milieu du grès bigarré du Mans- feM ; un exemple de V écoulement d'un ancien cratère. Ce lac est environné de loin, au sud-est, nid et sud-ouest, par des buttes basaltiques près desquelles les couche^ deg ès bigarré sont toutes aussi tourmentées qu’uutour du lac. Il a offert des phénomènes extraordinaires lors de certains grands Ireinhlcmens de terre. Des gaz, se sont élevés quelquefois du fond de cette cavité. lien con- c!nl que lors des éruptions basaltiques des pays voisins, un sem- blable évènement a pu avoir lieu à l'endroit occupé maintenant par ce. Iac/ mais plus tard, la masse soulevée se serait affaissée et aurait entraîné avec elle une partie des grès altérés qui l’entouraient. Nos connaissances sur les dépôts ignés et les phénomènes vol- caniques n’ont pas été augmentées l’an passé, si ce n’est par rapport au genre de formation de ce.^ volcans sous marins qui s’élèvent petit à petit au-dessus des eaux au moyen des matières projetées. Les observations subséquentes nous montreront si la théorie des cratères de soulèvement doit être totale ment rejetée ou adaptée seulement à certains cas ou à quelques localités. Quant aux roehes pluloniques anciennes, M. Léonhard va faire paraître un Traité complet sur les basaltes , sur leurs variétés, sur leurs gisemens divers, et surtout sur les altérations si variées qu’ils ont. produites par leur contact avec les roches nepluniennes. On dira peut-être que c’est un thème trop rebattu; je ne crois qu’aucun sujet géologique n’a encore été traité à fond, et encore moins celui dont il s’agit. Ainsi, par exemple, il y a 29$ îtÉSUajÉ OE5 PROGRÈS bien des géologues qui oe connaissent pas bien le phénomène de$ culots basaltiques ou des filons semblables sous forme de grades cheminées, ainsi que celui des buttes basaltiques im- plantées dans le sol ancien sous la forme d’un coin dont la pointe est dirigée vers le bas. Ces gîtes du basalte sont pourtant tout aussi évidens en Allemagne que celui des basaltes en coulées en Auvergne ou en Vivarais , et il est tout naturel que celui qui n’en a pas vu de ce genre ne puisse pas comprendre certains gise- mens tout semblables , des serpentines et des ejupholides, J’en pourrais dire tout autant des filons-couches basaltiques; l’étude trop superficielle que beaucoup de géologues ont faite de ces appa- rences est funeste à l’avancement de nos connaissances, relatif veroent aux filons-couches des roches ignées anciennes, gisemens qui abondent dans les schistes et sont le plus souvent mal dé- crits. Je suis certain que la monographie sur les basaltes de M. de Léonbard sera lue et consultée avec un grand intérêt, parce qu’elle sera non seulement un résumé de tout ce qui a été dit d’essentiel sur la matière, mais encore un tableau des obser- vations nombreuses que l’auteur a faites depuis nombre d’années dans toutes les parties de l’Allemagne, en France et en Belgique. De plus on y trouvera des recherches chimiques sur les roches décolorées, altérées, endurcies, fondues ou même vitrifiées prés du basalte; Ton verra les altérations et les accidens particuliers à chaque grand district volcanisé, et l’on pourra par l’énumé- ration des roches étrangères empâtées dans les brèches basaltiques se former une idée de la croûte que les basaltes ont eue à percer pour arriver jusqu’à la surface. Bien n’est plus curieux et plus instructif pour l’étude des dépôts anciens que ces roches tufacées qui forment tantôt des salbandes de filons ou de culots, ou de filons-couches, tantôt des filons entiers, des mamelons ou même la partie inférieure de masses recouvrant le sol neptunien et dépendant d’une butte ou d’un culot. On doit seulement regretter que RI. de Léonbard n’ait pas visité le Vicenîin et le Tyrol méridional ; car, n’ayant qu’un objet en vue, il y aurait probablement vu des choses qui ont échappé aux Arduini, Ferber , Maraschini, Pnssini, de Buch, etc. Avant de quitter le domaine volcanique, il faut que je signale le mémoire intéressant de M. Gustave Bose, qui remet en ques- tion la séparation de V amphibole et du pyroxène par des raisons autant cristallographiques que géogéniques. Les angles des deux minéraux s c laissentrauienerles uns aux autres, leur composition DE LA GÉOLOGIE EN l85l. 2<>7 chimique est très semblable, leur pesanteur spécifique relative forme des séries qui s’élèvent tout aussi haut dans un minéral que l’autre , quoique la série des pesanteurs de l’amphibole des- cende plus bas que celle des pesanteurs du pyroxène. Les diorites de l’Oural renferment des cristaux qui réunissent la forme de ce dernier minéral avec le clivage de l’amphibole. Ces deux minéraux constituent ensemble des groupes réguliers dans les- quels les cristaux ont des axes parallèles et les arêtes latérales plus obtuses de l’amphibole y sont parallèles aux arêtes plus aiguës du pyroxène. L’Oural et l’Arendal offrent de ces cristal- lisations. Les différences de formes des deux substances s’ex- pliquent par les circonstances différentes sous lesquelles elles ont été produites par la voie ignée. La forme de l’amphibole est le résultat d’un refroidissement plus leutque celui qui a fait cristal- liser le pyroxène, et au contraire ce dernier a été produit par un refroidissement plus Ainsi on obtient des cristaux de pyroxène en fondant dans un creuset de platine de l’amphi- bole seule ou mêlée avec du pyroxène. On rencontre dans les scories des hauts fourneaux des cristaux de pyroxène, mais non d’amphibole. L’amphibole est associée ordinairement avec des minéraux, s’étant cristallisés par un refroidissement lent : dan9 ce cas sont le quarz, le feldspath, l’albite, etc.; tandis que le pyroxène est fréquemment accompagné de péridot formé par un refroidissement prompt. Lorsque les deux minéraux sont réunis les masses sont composées diversement, et ont par conséquent une fusibilité différente; la plus difficilement fusible est la masse pyroxénique , et la plus aisément fusible celle à amphibole , ce dernier minéral s’est cristallisé autour du premier. Ces considérations sont très importantes pour la géogénie, car les dernières sont applicables à la formation d’un nombre consi- dérable de cristaux empâtés dans d’autres cristaux à cause de la différente fusibilité des substances, Ensuite elles confirment les idées qu’on avait sur la différente origine des siénites et des basaltes , des amphibolites et des roches pyroxéniques. M. Vollz a appuyé sur les circonstances particulières des gisemens gypseux ; d’après lui, cette roche est toujours dans des cavités on au fond do vallées et de crevasses. C’est une obser- vation déjà faite ailleurs et étayée sur beaucoup d’exemples. On comprend que M. Voltz est pour la théorie de sublimation, et qu’il attribue aussi, comme Mi\l. de Buch , Hoffmann, de Beau- mont * Dul'resnoy et nous* la formation des cargneules ou 2o8 RÉSUMÉ DES PROGRES rauchwncke à l’action des gaz acides, accompagnés quelquefois de sublimations siliceuses. En outre, M. Voltz pousse très loin l’idée que les calcaires ont été changés dans le voisinage des gypses en marnes ou argiles , et il voudrait étendre celte théorie i\ la formation de certaines grandes masses marno- argileuses , gypsifères ou métallifères. Enfin il fait observer que dans les pays à minerais, ces derniers sont situés souvent dans les dépôts qui y ont le niveau le plus inférieur. Les Pyrénées se prêtent fort bien à ces idées, comme M. Du- fresnoy l’a développé en parlant des ophytes, et moi, en décri- vant le gîte si curieux de Filou. M. Strombeck est revenu sur la dolomiscilion des calcaires ju- rassiques, et observe que les tests des coquilles disparaissent dans les dolomies de certains lieux de la Franeonie, pour être rem- placés par une matière pulvérulente silicéo-calcaire. [Archives de Karsten , vol. 5, .cah. 2.) M. Gerhard a fait de nombreuses observations sur la lernpé- rature des mines de la Prusse à diverses profondeurs ; il a trouvé que certaines mines lui ont donné un accroissement de i° de tem- pérature pour chaque 172,5 ou 178,95 ou 180,6 pieds. Néan- moins il conclut qu’on a encore trop peu de données positives pour pouvoir en déduire une augmentation graduelle de chaleur de la circonférence vers le centre du globe. Les filons n’ont point encore été étudiés avec assez de soin ; cela dépend en grande partie de la difficulté du sujet. Dans les districts métallifères on n’a tenu compte que des filons exploitables, tandis qu’une bonne carte d’un district minier de- vrait indiquer, outre tous les filons riches, ceux recelant peu de minerais et ceux qui sont stériles. Alors on pourrait seule- ment avoir une idée parfaite du réseau de fentes et des fentfille- mens successifs (pii ont été remplis par sublimation et postérieu- rement par infiltration. M. Ketèrslein s’occupe de dresser une carte des divers groupes de filons en Europe ; mais avec les ma- tériaux actuels ii restera bien au-dessous de sa tache, malgré Futilité de son travail. M. J. Carne de Cornouailles a détaillé les i^apports entre les filons et les couches qui les renferment. M Henwood , un ingé- nieur des mines du Cornouailles, a !u à la Société géologique de ce pays un mémoire sur les cailloux roules dans les filons , et a proposé un plan détaillé d'examen pour les filons. Il y note soi- gneusement leurs ehangemens d’inclinaison et de direction, leurs DE LA. GÉOLOGIE EN 1 85 1 . *0Q éntrecroisemens, leur richesse à différentes profondeurs, la distribution particulière de leurs minerais et de leurs métaux , la température des mines et les phénomènes électro-magnétiques observés dans divers lieux. Il y a un point sur lequel les mineurs sont encore très souvent en désaccord avec le géologue , c’est la fixation des limites du filon et l’indication exacte de l’espace du mur ou du toit qui est imprégné de minerai. Tout ce qui est exploitable est loin d’être le plus souvent le véritable filon, et combien de mines qui ne poursuivent que des fentes impercep- tibles dont les côtés sont métallifères et exploités! C’est surtout dans ces malentendus qu’on doit chercher la cause de la théorie neptuniçnne du remplissage des filons. M. Meyer, habile ingénieur autrichien, et en service en Bo- hème, a> publié , dit -on, des considérations intéressantes sur l’age relatif des filons. Au fait des phénomènes du Tyrol méri- dional, il devrait bien faire connaître toutes ses observations sur la liaison de certains filons ou amas métallifères avec diverses roches épanchées du sein de la terre. L’étude des failles a été enrichie l’an passé par un mémoire de M. Sedgwiek, sur les principales failles , 'dans le nord de l’Angleterre. Les failles ont été presque entièrement négligéée jusqu’ici , si ce n’est dans quelques localités d'exploitations métallifères. Ces observations, en se multipliant, nous appren- dront à mesurer les mouvemeos que le sul a éprouvés, et à fixer leur date précise. D’après ce savant, les divers soulèvemens qui ont affecté les schistes intermédiaires ont eu une direction N.-E. vers E. à S. -O. vers O., tandis que le calcaire de montagne a été acci- denté par un mouvement dirigé du N. au S., ce qui l’a placé en stratification discordante contre les premiers dépôts. Il attri- bue à un même soulèvement la formation de toutes les chaînes de transition de l’Ecosse méridionale et de l’Angleterre occidentale, et trouve que les éruptions porphyriques y ont produit des inflexions dans les couches schisteuses inférieures et supérieures, tandis que le système central du sol intermédiaire n’a été que fendillé. Enfin les axes des divers bassins houillers ne sont pas parallèles ; ces derniers gisent en stratification contrastante sur le calcaire de montagne entre la Tweed et Derby, et les dislo- cations du terrain houiller ont affecté les couches secondaires au N. de Derby, mais très peu sur le canal de Bristol. Les anciens géologues portaient beaucoup d’attention aux Soc, géçl. Tom- IL 14 310 RESUME DES PROGRES dépôts en stratification discordante , e.t attribuaient à ce carac- tère une importance peut-être excessive. Une stratification transgressive n’est une chose fondamentale que lorsqu’elle est un phénomène général dans un continent ou du moins une contrée. Ainsi le calcaire jurassique est en général en stratifica- tion concordante sur le lias , mais localement ces deux dépôts ont été vus en stratification discordante ; voilà donc un cas où ce caractère n’a pas de valeur , et il serait facile d’en citer de semblables. Ainsi, non loin de Cobourg, nous nous rappelons une portion de grès bigarré redressé très fortement, le Mu- schelkalk et le Keuper placés presque horizontalement à côté de cette roche. On a aussi eu tort, comme l’a bien dit M. Deshayes , de croire que les dépôts en stratification discordante recélaient toujours des créations diverses; ainsi le zeehstein reposant avec le terrain houiller en stratification transgressive sur le sol intermédiaire, n’en offre pas moins des fossiles intermédiaires, et en général les pétrifications de la formation houillère ont plus d’analogie avec ces dernières qu’avec celles des autres dépôts secondaires. Il en est de même dest fossiles du calcaire de montagne et de cer- tains terrains schisteux. Les stratifications discordantes de toutes les masses ne me sem- blent que de grandes exceptions locales produites par des soulève- mens, puisqu’en combinant l’état géologique des masses minérales des divers endroits connus de la terre, on arrive à établir que tous les dépôts se suiventdans un ordre parfaitement concordant. La seule exception jusqu’ici connue et non encore levée est celle de la position relative du sol tertiaire et de la craie. Pour l’Europe, et en particulier pour les pays de plaines de ce conti- nent , il paraîtrait qu’il y a un hiatus immense indiquant des ré- volutions épouvantables ; mais n’en peut-il pas être autrement dans d’autres continens, ou même dans les contrées monta- gneuses de l’Europe ? C’est une question non encore résolue. Jusqu’à ces dernières années l’étude des sources minérales ne semblait que du domaine du chimiste et du médecin , et était bannie des traités de géologie. Un très petit nombre de géolo- gues ont toujours senti îa connexion de ces eaux avec les phé- nomènes géologiques. Parmi ces derniers je me plais à placer nos deux présideus. Ml. Brongniart a même voulu attribuer des effets prodigieux aux sources minérales qui jaillissaient du sein de la terre lors des époques géologiques anciennes et modernes. Î)E LA GÉOLOGIE EN l85l. 911 Vous vous rappelez que M. Rozet a même proposé de faire sortir de terre des eaux diluviennes chargées d'acide carbonique. Cette liaison des sources avec les propriétés du globe a été appelée une respiration sui generis , par M. Kcferstein. Certes le globe expire ou exhale beaucoup de substances, et dans ce sens n’étant pas inerte, on peut dire métaphoriquement qu’il vit; mais il y a encore loin de là à la vie animale , quoique les parties constituantes des êtres animés se retrouvent dans la croûte terrestre. Et supposant même qu’il n’y ait entre les objets inanimés et animés aucune différence, si ce n’est celle résultant de la diversité élémentaire et de l’emploi varié de certains fluides invisibles, on aurait néanmoins raison d’avoir des terme t dis- tincts pour indiquer la vie d’un être agissant et même rais J loant et celle d’un objet non doué de ces facultés. La connaissance exacte de la nature des sources numérales étant toujours plus sentie , et d’une autre part le chimiste et le géologue commençant à y attacher beaucoup d’importance, nous ne devons pa3 être étonné du nombre de descriptions locales qui s’accumulent chaque année. On a publié dernièrement les analyses des eaux sulfureuses de Moffat et des eaux ferrugineuses de V ica rs-B ridge , près de Dollar en Ecosse. MM. KaMner et Stifft ont donné celles des eaux minérales du pays de Nassau , qui sont si nombreuses et si variées. MM. Brandes et Pegeler ont examiné les eaux de Ta - tenhausen en tVestplialie ; M. le docteur Schlegel celles de Lie - benstein en Thuringe. M. Gmclin a imprimé une brochure intéressante sx\v V eau aci- dulé de Niedernau en FTurteniberg , qui sort du milieu de ro- chers magnésiens du Muschelkalk. M. Vogel nous a fait connaî- tre un grand nombre de sources de Bavière , M. de ïlolger cer- taines eaux d’Autriche et de Styrie. L’ouvrage de feu M. Kitai- bel sur toutes les eaux minérales de la Hongrie , du Bannat et de la Transylvanie , est un bon index à consulter pour celui qui voudrait les étudier à fond. M. G. A. Grundler a présenté dans un volume une récapitulation de toutes les sources minérales de V Allemagne et des états dépendans des souverains allemands. En Italie, M G. Melandri a publié de nouvelles recherches et des analyses sur les eaux ferrugineuses de Hecoaro ? dans le Vicentin ; M T. Giuly une Histoire naturelle de toutes les eaux minérales de la Toscane ; M. Grandoni une Analyse des eaux sa- lines etferrugineuses de Bovegno dans le val Trompia. 212 RÉSUMÉ DES PROGRÈS En France, on a analysé de nouveau les eaux de Bourbonne , localité curieuse sur laquelle M. Walferdin doit nous donnerpro- chainement une notice, avec des observations sur ses sources thermales sous le rapport chimique et sous le rapport géolo- gique. Les eaux nombreuses du pied nord du Caucase ont fait le su- jet de l’examen de MM. Conradi , Niliubin , Sobolev et Her- mann. Nous avons ainsi acquis une connaissance complète des eaux thermales acido-hulfureuses de Mascluika, et du pied du cône trach^tique de Kumgara, de la source acidulé qui jaillit dn milieu du calcaire jurassique de Kislawodsk , et des eaux chaudes et salines des bords du Terek. En Angleterre, le docteur Daubcny a continué ses observa- tions sur les eaux thermales , et vient de publier de nouveau avec des coupes ses idées déjà imprimées dans le Journal de géolo- gie ( Edinib . philos, journ n° 1 83a). Aux États-Unis on a retrouvé l’iode et le brome dans plu- sieurs sources salées ; on a analysé les eaux de Buffalo , de Bed- ford , de Bath , de ClinL dans le New-York , et de Salina. On a donné de nouveaux détails sur des sources de NaphLeel des émana* tions de gaz inflammable dans les contrées en deçà des Àlleghanys. La souiélé helvétique sentant aussi Futilité de Fexamén des eaux minérales, avait provoqué, il y a quelques années, une exploration de toutes les eaux de la Suisse. Il est à désirer que la mort de M. Ebeî, chef de la commission, ne ralentisse pas ces travaux , par lesquels se sont déjà distingués M. Kries pour les Grisons, M. Brunner et Fagensteeher pour le canton de Berne, M. GimbernPit, etc. Celle année a été fertile en ouvrages généraux sur les sources minérales. Le docteur Osann, de Berlin , a publié le premier vo- ,'iine d’une; Description physique et médicale des eaux miné- rales connues en Europe. Cet ouvrage, auquel il a consacré dix ans de travail et de voyages, paraît devoir remplir un vide dans la science, et mériterait à tous égards d’être traduit en français. Le premier volume contient les propriétés générales des sources connues en Europe; les volumes suivons offriront la collection des monographies locales. C’est surtout d’après cet ouvrage que M. le docteur Slucke a pu publier sa Carte géologique des sour- ces de V Allemagne , de la Belgique , de la Suisse , de V empire autrichien et de la France occidentale. Il y a joint les tableaux d’un grand nombre des meilleures analyses des eaux minérales. DE LA GÉOLOGIE EN 3 85 1. al 5? Vous connaissez la manière dont ce dernier savant les divise;?, il ne me reste donc plus qu’à vous parler des idées émises sur leur origine par MM. Stucke, Osann, StifFt, Benzenberg, Dau- beny et Keferstein. M- Benzenberg n’a pas eu de peine à prouver par les eaux thermales d’Aix-la-Chapelle et de Burtscheid , qu’elles n’étaient qu’une dépendance de la chaleur primitive du globe et des an- ciennes actions volcaniques qui ont bouleversé jadis le pays voi- sin , et qui maintenant ne se font reconnaître qu’en épanchant des eaux salutaires pour l’homme. Le mal est donc compensé par le bien comme dans tout le reste de ce qui a lieu dans le monde. Il paraîtrait qu’il faut distinguer dans les sources celles qui proviennent du sein de la terre , et qui ne sont que peu ou point soumises aux influences atmosphériques, et celles qui reçoivent au contraire leurs eaux de l’atmosphère et leurs parties étrangères des roches qu’elles traversent . MM. Haussmann, Bischof, Liebig, Brunner, Struve, etc., se sont occupés du dernier mode par lequel des eaux pluviales devien- nent minérales; et M. Struve a peut-être poussé la chose trop loin en voulant reproduire ainsi artificiellement les eaux minérales. MM. Stifft et Muller lui ont fait ce reproche , et ce dernier n’a pas obtenu par les procédés de M. Struve tous les résultats an- noncés par ce dernier. Les sources produites ainsi dans certaines localités par le la- vage des roches au moyen des eaux pluviales ne pourraient com- prendre que certaines sources minérales froides hydro-sulfu- reuses, ferrugineuses, salées, à sulfate de magnésie, à salpêtre ou alun. Les laboratoires où ces eaux se minéraliseraient seraient dans des dépôts de gypse, de Muschelk.dk, de Keuper ou de grès py- riteux, de sel, de houille et de lignite. En général ces sources sourdent dans le pays plat au milieu des alluvions ; et d’après M. Osann elles n’atteignent jamais en Allemagne un niveau plus élevé que 6 à 8oo pieds. L’autre classe d’eaux minérales ou les eaux volcaniques com- prendraient les eaux thermales et acidulés , et surtout les sources acidulés chargées de soude et de fer. Le foyer d’où elles dérivent est situé , non pas à la surface terrestre comme pour les autres, mais sous la croûte terrestre, et elles sourdent des roches pri- maires, intermédiaires, et ignées. On les trouve à des niveaux très divers, tantôt à de grandes élévations, tantôt dans des bas- fll4 RÉSUMÉ DES PROGRES fonds, des crevasses et des fentes. Déjà l’an passé j’ai noté l’observation que souvent, dans un même pays, les eaux aci- dulés se trouvaient à des hauteurs plus considérables que les sources thermales. L’ouvrage de M. SlifTt sur les eaux minérales du pays de Nassau confirme bien cette curieuse remarque de M. Buch. Les eaux minérales dont je m’occupe se trouvent surtout dans le voisinage des volcans ou des régions anciennement vol- canisées , et elles paraissent sous l’influence des grands phéno- mènes volcaniques qui décèlent leur puissance par des trem- blemens de terre. Les eaux thermales sourdent des crevasses au milieu des gra- nités, des gneiss, des roches volcaniques, ou près des basaltes, des porphyres, des roches trappéenncs et dans les grauwackes traversées d’éruptions ignées. MM. Sickler et Keferslein ont tracé en Europe des zones basaltiques accompagnées de séries de sources thermales; et M, SlifTt a pu classer Jes diverses sources volcaniques du Nassau par bandes, comme si chaque série des eaux du même genre sortait de la terre par une faille ou fente séparée. Les sources acidulés démontrent leur origine ignée, comme les précédentes par leur température, leurs parties constituantes et leur position. Si elles sourdent de diverses roches, telles que le calcaire intermédiaire, le calcaire des Alpes, le grès bigarré, le schiste argileux, le gneiss , les roches pyroxéniques, les argiles et les marnes , très souvent elles sont dans le voisinage d’énormes dépôts volcaniques ou basaltiques. Un exemple frappant de cette dernière position existe dans la Transylvanie orientale, où la vallée appelée Szekler Land , ou pays des Hongrois Szekler, est remplie de sources acidulés sortant du sol volcanique, alluvial ou intermédiaire; tandis qu’à côté s’élève une immense chaîne traehytique à cratères encore intacts et à solfatare. Les sources analogues du Caucase ont une position très semblable, d’après M. Hermann; tandis que tout le monde sait que celles de la Bohème et de la Silésie sont au pied ou au milieu des phonoîiles et des basaltes. Je terminerai ces généralités sur les eaux minérales par les considérations présentées par M. Stifft. D’après ce savant, les sources minérales paraissent en général indépendantes de la constitution géologique des lieux d’où elles sourdent , et sont sou- vent environnées d’un terroir marécageux ou tourbeux» Elles ne DE LA GÉOLOGIE BUT 1 85 1 . T\ sortent guère isolément de la terre , mais il y en a toujours plu- sieurs ensemble en occupant des espèces de zones. Dans leur voisinage, les couches ont subi des redressemens , des abaisse- rnens et souvent des fendilSemens. Les roches dont elles sortent sont réduites à une argile ou des aggrégats en sable; changemens identiques avec ceux qu’on a reconnus près des filons. Enfin les sources thermales fournissent une plus grande quantité d’eau et un volume moins variable d’eau que celles qui sont froides, et elles renferment en général plus de particules solides et moins de parties gazeuses. Les gaz sont plus fortement combinés dans les premières eaux que dans les secondes; tandis que les gaz qui né sont pas combinés dans les eaux thermales ne sont pas mêlé3 à l’eau, mais s’échappent seulement en même temps qu’elle. Dans les sources froides, les gaz sont rarement libres, mais plutôt en combinaison plus ou moins intime. Le forage des puits artésiens continue à avoir la vogue, et les notices sur ce percement perfectionné se multiplient dans tous les pays. Il est singulier qu’on ait négligé si long-temps une ma- nière si commode d’avoir de l’eau potable, puisque les Chi- nois connaissent les puits forés depuis très long-temps, qu’on les employait en 1740 (^ans la régence d’Alger, d’après le docteur Shaw, et qu’ils ont été décrits en 1691 par Ramazzini [de Fort - tium mutinensium adrniranda scaturigine tractatus, in~4°) en 1729, par Belidor ( Science de l’ingénieur) , et plus tard par Cassinî ( Acad . des *Sc.); cela prouve qu’il est bien difficile de faire maintenant une découverte qui soit tout-à-fait nouvelle. Dernièrement M. Waldauf de Waldenstern déjà avantageuse- ment connu par des ouvrages sur la géologie appliquée à l’art des mines, a publié à Vienne un Résumé de toutes les observa- tions et les découvertes faites à cet égard par MM. Garnier , Héricart de Thury , B aille t, di O malius , F lâchât, Beurier , de Bruckmann , etc. (in- 8°, i83i). Je ne ferai que vous rappeler les puits forés exécutés à Paris ou dans la banlieue, et poussés tantôt jusqu’à l’argile plastique ou les sables verts, tantôt jusque dans la craie. Vous connaissez tous les rapports répétés que M. Héri- cart de Thury a faits à ce sujet à la Société d’agriculture et d’en- courageinenl de Paris ( Ann . des Mines , i83i). Vous vous sou- venez aussi que M. Degoussé a traversé le premier la craie à Tours, et a trouvé de l’eau jaillissante à 371 pieds de profon- deur. C’est ce puits qui a offert ces graines et ces mollusques décrits par M. Dujardin. 2 1Ô RESUME DES PROGRES Le puits entrepris à la Rochelle a été interrompu ; ceux de Bor- deaux, d’Agen et de Toulouse ne paraissent pas avoir réussi ; ce qui a arrêté le forage de celui projeté à Auch , tandis qu’on a été plus heureux h Narbonne , à Perpignan et dans les environs de Montpellier. On en fore actuellement dans la commune de Saint- Arnaud dans le Cher. Vous connaissez l’ouvrage dans lequel M. Marcel de Serres a consigné le détail des couches tertiaires traversées dans le Languedoc. Les argiles marno - sableuses bleues forment décidément le fond de ces bassins ou anses mé- diterranéennes. Le forage a fait découvrir des bancs de sel à Salis près d’Arthes, et à Si-Paul près de Dax; et des lits de houille à Réalmont et Laguepy près de Carmont, non loin d’Albi. M. Roulland a donné, dans le Journal de la Charente , un petit article sur l’origine des eaux des puits artésiens, et sur la réussite probable d’un puits semblable creusé à Beaulieu dans la Charente. Nous ne savons pas si son heureux pronostic s’est trouvé vrai. En Italie , on s’en est surtout occupé dans la Toscane et dans le Piémont, pays où ce genre d’industrie, pratiqué dans ie Modénois et décrit par Ramazzini dès 1692, n’avait pas encore pénétré. En Pié- mont, un esociélé pourle forage despuits artésiens s’estétablie sous les auspices du roi actuel; et en 1829 M. le professeur Carpena a publié un ouvrage. sur cette matière sous le titre : Serbatoj artifi - cialei d'acque piovane , etc. , Réservoirs artificiels des eaux plu- viales pour l’arrosement ïégulier des campagnes privées d’eau, avec un Appendice sur les puits artésiens (in-8°, Turin). M. Ricci a donné les détails des forages entrepris autour de Florence , dont une partie ont entamé le grès secondaire récent, et ont eu géné- ralement du succès lorsqu’on a achevé le percemeutdes alluvions et des argiles bleues subapennines. Néanmoins certaines couches du système secondaire redressé offrent peut-être aussi les condi- tions nécessaires pour la réussite. M. Ricci entre dans quelques détails sur les émanations gazeuses qui s’échappent quelquefois du fond des puits artésiens ; il demande si c’est un effet de causes passagères ou locales , et il raconte qu’en nettoyant, en 1828, le fond d’un puits ordinaire, il s’en échappa avec explosion une quan- tité considérable de gaz. En Basse- Autriche , M. le baron de Jacquin a publié toutes les données géologiques recueillies jusqu’ici sur les nombreux forages qui ont eu lieu dans le bassin de Vienne. L’argile sub- / DE LA GÉOLOGIE EN 1 83 1 . 21 7 apennine y offre des lits aquifères de sables et de cailloux, et l’eau y provient probablement des montagnes voisines connues a Flo- rence et dans le Modénois. Dans ce dernier pays les couches aquifères sont fréquemment à 63 pieds sous le sol. Des forages ont eu lieu près de Nuremberg , dans les terrains secondaires anciens, mais sans résultats, si ce n’est de foire mieux connaître, la succession des combes du keuper, etc.; tandis que ceux de Munich ont été intéressans et productifs. A Greifenwald en Poméranie on a cherché, par le forage, des eaux salées ; et M. Hunefeld a détaillé les couches traversées et a confirmé ce que M. de Ëlucher avait dit sur la position des sources salifères dans un sol tertiaire argilo-sableux sans fossiles et couverts de tourbières ou d’aiiuvions. On verra dans la suite si ce terrain à lignite et à ambre n’est pas identique avec celui qui ressort, en Gallicie , de l’autre côté du grand bassin du nord de l’Europe, ou si l’on doit admettre des dépôts tertiaires supérieurs ou subapennins au sud, et des dépôts tertiaires in- férieurs ou parisiens au nord. Nous avons déjà dit combien il y avait plus de probabilités pour la première opinion que pour la seconde. En PVestplialie , on a traversé les dépôts crétacés inférieurs pour arriver à des couches aquifères qui dans un lieu ont offert, dit-on, des poissons. En Angleterre on a fait des puits forés dans le Middlesex, et M. W. Bland a lu à la Société géologique de Londres un mémoire sur l’influence des saisons, sur la quan- tité d’eau des sources. En Russie cette- industrie commence à prendre pied, et on trouve, dans le Journal des Mines russe, la traduction des arti- cles de M. Héricart de Thury à ce sujet {/. des M. 1800, n° 7). Enfin les journaux des États-Unis contiennent des discussions sur l’origine des sources jaillissantes. Arrivé à la fin de mon compte-rendu des progrès de la science, il ne me reste plus qu’à remercier la Société de la bienveillance qu’elle a bien voulu m’accorder pendant mon année de secréta- riat, et de mettre à sa disposition mon temps. Si nous continuons nos travaux avec la même ardeur, notre association est appelée à devenir très nombreuse et extrêmement utile sous tous les rapports. Nous sommes sur le point de recevoir l’autorisation royale; nous allons publier nos Transactions avec un certain luxe; notre Bulletin est devenu plus considérable; nos collections et notre bibliothèque s’augmentent journellement. Ces 21 8 SBÀWCB DÛ 6 FÉVÏBH l85a. derniers changemens dans notre organisation vont nous procurer nécessairement plus de membres en province, chacun voudra faire déterminer ses fossiles ou ses roches , et faire partie d’une société aussi utile qu’honorable. Si déjà il est peu de pays étrangers où nous n’ayons pas des confrères, les mêmes motifs vont stimuler encore plus les étran- gers à entrer dans nos rangs, où ils seront charmés de voir enfin la publication de leurs cartes levées avec soin , mais dont aucun libraire ne voudrait entreprendre l’exécution dans leur pays. Enfin l’autorisation royale ouvre l’accès à la Société , aux géo- logues des pays autrichiens et d’autres contrées, où les sociétés savantes doivent être toutes sous le contrôle du gouvernement. Si la voix de l’honneur et du patriotisme a de l’écho en France, l’amour de la science et de son avancement distingue bien des étrangers. Espérons que ces nobles mobiles tourneront au profit d’une société si éminemment utile à l’économie publique. Plus tard le bienfait d’une tranquillité plus parfaite achèvera une œuvre commencée avec succès, malgré le temps malheu- reux où nous vivons. Ainsi notre association et la géologie arrive- ront infailliblement à leurs grandes destinées pour le bien du genre humain et en particulier de la grande société européenne. Séance- du 6 février 1832. M. Brongniart occupe le fauteuil. Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la pré- cédente séance, le président proclame membres de la Société: MM. Mtttel-Delïsle , avocat à la Cour royale , présenté par MM. Boué et Boubée; Louis Agassiz, docteur en médecine et en philosophie, présenté par MM. Voltz et Elie de Beaumont. . M. le comte G. Razoumovski adresse à la Société un mémoire accompagné de planches, intitulé Monographie d un nouveau genre de Polipites , et M. Marcel de Serres un Mémoire sur les animaux découverts dans les diverses cou- ches des dépôts quaternaires , et une notice sur le genre Cloisonnaire. SÉANCE DU 6 FEVRIER l852. 3I9 La lecture de ces mémoires sera faite dans l’ordre de leur date d inscriplion. — M. Jameson annonce qu’un exemplaire est aussi par- venu aux sociétés royale et Wernérienne d’Edimbourg. Il promet de faire à la Société un envoi de roches d’E- cosse. Il dit avoir eu depuis long-temps l’idée que le pyroxène et l’amphibole n’étaient qu’une seule substance. M. Buckland a sous presse un ouvrage sur la géologie et la minéralogie en général : M. Heuland fait imprimer à Londres un ouvrage intitulé Minéralogie descriptive , en 3 vol. in-8°, et dont l’auteur est M. Levy, professeur à Paris. Il est fait hommage à la société des ouvrages suivans : i° Par la Société géologique de Londres, la liste de ses mem- bres, au ier janvier i832, et les vingt-trois premiers numéros de ' ses procès-verbaux ( Procedings of the geological Society of London) de 1826 à i832, formant 6 cahiers in-8°. 20 Par M. Ethelred Bennett : Catalogue des restes organiques du comté de Wilts (a Catalogue ofthe organic Romains of the countyofW ilts), Warminster 1 83 1 , in-4°, avec 18 planches lithographiées. 3° Par M. de Bonnard, les neuf mémoires et ouvrages sui- vans dont il est l’auteur : À. Notice sur les diverses recherches de houille entreprises dans le département du Pas-de-Calais , et spécialement sur celles de Mouchy-le- Preux, près Arras; précédée d’un Aperçu sur les terrains houillers du nord de la France ( Ext. du Journal des Mines , tom. XXVI, décembre 1809) , in-8°, de 32 pages. B. Mémoire sur les filons (Ext. du nouveau Dict . d'Hist. nat . deuxième édit. tom. XI),in-8°, 1817. C. Mémoire sur la : houille ( Ext. du nouv. Dict . d'Hist. nat . deuxième édit. tom. XV), in-8°, 1817. D. Résumé sur les mines ( Ext. du nouv. Dict. d'Hist . nat. deuxième édit, tom XXI), 1818, in-8°, de 9 3 pages. E. Roche (Art. Ext. du tom. XXX de la deuxième édit, du nouv. Dict. d llist. nat.) , 1819, in-8°, de 84 pages. 320 SEANCE DU 6 FÉVRIER l852. F. Aperçu gèognostique des terrains (Ext. du nouv. Dlct. d’Hist. nat. deuxième édit. tom. XXXIII), Paris, 1819, in-8°, de 206 pages. G. Notice gèognostique sur la partie occidentale du Pala - tinat (Ext. des Ann. des Mines , tom. VI), Paris, 1821, un caliier, in 8°. H. Notices sur le Hartz ( Ext. des Ann. des Mines , tom. VII), 1822, in-8°. J. Notice sur une formation métallifère observée récem- ment dans F ouest de la France ( Ext. des Ann . des Mines , tom. VIII), Paris, 1823, in-8°. M. Bonnard fait encore hommage à la Société, pour sa Bi- bliothèque du Traité de géognosie de M. d’Aubuisson de Voisins, in-8°, avec coupes, 1819. 4° Le n° 21 du Bulletin de la Société industrielle de Mul- hausen, in-8®. 5° Le n° 11 de F Européen , journal des sciences morales et économiques, Paris, in-4°. Le secrétaire pour 1’éfranger présente les ouvrages suivans: i° Le second volume des Principes de Géologie deM. Ch. Lyeil , avec une carte de l’état de l’Europe lors de l’époque tertiaire , et une vue de l’Etna, in-8°, i852. 2° Le numéro de janvier i832 du Journal philosophi- que d' Edimbourg , contenaiit un mémoire sur les dépôts récens de la Sicile, et les phénomènes accompagnant leur soulèvement, par le docteur Alex. Turnbull-Christie , et des remarques sur les eaux thermales et leur connexion avec les volcans , par M. Ch. Daubeny. 3° Le second cahier du troisième volume des Archives pour la Minéralogie , la Géognosie et Fart des Mines , par le docteur C.-T.-B. Karsten, contenant une description géognos- tique d’une partie des montagnes de la Silésie inférieure, de Glatz et de Bohème, par MM. Zobeli et de Carnall; quatre let- tres de M. F. Hoffmann sur les environs de Rome, l’Etna et les dépôts crayeux tertiaires et quaternaires de la Sicile , une lettre de M. Burkart sur les environs de Ramos au Mexique ; une notice sur la dolomie jurassique, par M. de Strombeck. M. Boue présente, de la part de M, de Huraboldt, trois 221 SÉANCE DU G FÉVRIER 1 83^. échantillons d 'Ouralite, minéral qui offre, d’après M. Gustave Rose, la forme du pyroxène et le clivage de l’amphibole; ce sont : un morceau de porphyre de Cavellinskj près de Miask, dans l’Oural; un autre de Mostovaja près d’Ekatherinen- bourg ; un troisième de Muldakajevsk près de Miask ; et un cristal de la dernière localité. Dans le troisième échantillon les cristaux d’uralite renferment un noyau de pyroxène. M. de Humboldt fait observer qu’en décrivant les roches de Quilichao , dans son Essai géognoslique sur le gisement des roches dans les deux hémisphères (pag. i4o et \l\%) , il a parlé de grunsteins amphiboliques à pyroxène, jaune verdâtre, minéral qu’il prit sur les lieux pour ce que M. Freisleben appelait son olivine lamelleuse. Il paraîtrait que ces roches de la Colombie ont la composition de celles de l'Oural. M. Boue communique les nouvelles suivantes, extraites des journaux. Le i5 janvier la. ville de Foligno, dans la Romagne, a été dé- truite de fond en comble à la suite de trente-trois chocs de trem- blement de terre. La première secousse a eu lieu le i3 janvier à 2 heures après minuit. Les communes de Monte-Falco et de Bevagna ne sont plus que des monceaux de décombres; plus de cent cadavres ont été retirés de dessous les édifices détruits. La plaine autour de Bevagna a présenté pendant trois jours le cratère d’un volcan qui vomissait des feux souterrains, dés pierres calcinées et des cendres sulfu- reuses. Les tremblemens de terre se sont fait sentir à Perugia, Spello, et Cannaro. M. Boué fait observer que ces commotions sont probable- ment en quelques rapports avec l'éruption récente du Vé- suve , et même avec celle de l’Etna , ce qui ferait paraître peu fondée l’idée qu’il n’y a point de connexion entre les contrées volcanisées de l’Italie. . M. le président fait connaître à la société les décisions pro- posées par le conseil. La Société décide : 322 SÉANCE DU 6 FÉVRIER l852. i° que le Recueil géologique de M. de Leonhard sera ac- cepté en échange du Bulletin. 2° Que le premier article adopté par le conseil , relative- ment à l’impression des mémoires et au format de leur pu- blication, soit immédiatement discuté. La Société adopte en conséquence le format grand in-8° pour le texte , et in-8° oblong pour les planches , tel que la admis la majorité du conseil. La discussion des autres articles du même projet de traité pour la publication des mémoires , est renvoyée à la pro- chaine séance. M. Deshayes présente quelques observations sur l’ouvrage de M. Dubois , intitulé Conchyliologie fossile du plateau Wolhini-Podolien , 1 83 1 . Cet ouvrage très intéressant contient la description et les figures très bien faites de 1 12 espèces; malheureusement les détermina- tions des espèces ne sont pas fai tes avec toute la précision désirable, et on y remarque un grand nombre d’erreurs ; M. Deshayes les a inscrites avec soin , et elles sont au nombre de quarante-neuf. i° Le Conus Antediluvianus n’est pas le véritable cône an- tédiluvien qui ne se trouve qu’aux environs de Paris , et qui est propre à ce bassin. Le cône nommé de la sorte par Fauteur est le Conus Acutangulus qui se trouve à Bordeaux, Dax et dans la Touraine. 2° Marginella auriculala. Cette coquille n’est d’abord pas du genre margineîle, c’est une de celles qui ont été confondues avec F Auricula ringens de Lamarck., et il n’est pas bien certai n que Celle-ci soit î’analogne de l’espèce vivante de la Méditerranée. 3° La Mitra lævigata me paraît une variété de la Mitra inco - gnita de M. Basterot. 4° La Terehra pücatula de Fauteur est une espèce toute diffé- rente de laPIicatule de Lamarck et des environs de Paris. 5° Buccinum obliquatum est l’analogue d’une espèce de Bor- deaux et de Vicence , et non de celui de l’Italie. 6° Buccinum reticuiutum. L’espèce que Fauteur donne comme l’analogue de celle qui est vivante, en est toute différente; elle est semblable à l’une de celles qui sont communes en Touraine. 70 Ûe Buccinum semi-costaium me paraît fort douteux, en ce que c’est une coquille encore très jeune. SÉANCE Dü 6 février 185a. as3 8° Buccinum dissitam n’est autre chose que le Buccinum Listeri Bast. , lequel se trouve à Bordeaux , Dax , eu Touraine , à Turin , et vivant au Sénégal. 9° Il s’en faut de beaucoup que la coquille fossile que l’auteur donne comme le Murex brandaris ait avec cette espèce vivante la moindre ressemblance. Je ne conçois pas comment l’auteur ayant sous les yeux les figures qu’il cite dans sa synonymie a pu commettre une erreur aussi forte que le moindre écolier aurait évitée. Au reste la coquille fossile figurée sous le nom de Murex brandaris est la même que celle qui se trouve très rarement à Dax. io° Ranella granifera. Cette coquille n’est pas une Ranelle, c’est une variété du Fusus blavatus de Basterot. 1 1° Fusus echinalus . D’abord, la coquille que l’auteur donne comme la même que le Murex echinatus de Brocchi, ne lui res- semble en aucune manière: l’une, celle de l’auteur, est un fuseau qui a son analogue fossile à Dax^ l’autre, celle de Brocchi, est un Pleurotomus qui a son analogue vivant. 12° Fusus harpula de l’auteur est une espèce toute différente de celle que Brocchi nomme ainsi. L’espèce de Podolie est un petit pleurotome qui se trouve aussi à Dax. i3° Cancellarià macrosloma. Cette coquille n’est très proba- blement pas une cancellaire; elle ressemble beaucoup à une petite espèce de Rissoa que l’on trouve à Dax, et qui a une petite inflexion pliciforme surla columelle. 4° Cerithiuni rubiginosum est une variété du Cerithium cal- cules uni. Bast. i5° Cerithium baccatum est une variété du Cerithium incon- stans. Bast. i6° Cerithium coronatum . La coquille donnée sous ce nom comme la même que celle de Bruguière et de Brocchi en est en- tièremen t différen te; si elle ne se trouve pas en Italie, elle est fré- quente à Bordeaux. 170 Cerithium thiara. L’auteur donne sous ce nom une espèce qui n’est pas le Thiara de Lamarck ; elle en diffère par plusieurs caractères essentiels. L’espèce de l’auteur a son analogue à Vienne et Dax. 180 Turritella duplicata. Je ferai observer à l’égard de celte espèce que la Turritella duplicata de Brocchi n’est pas l’analogue de celle vivante de Linné, et que celle de l’auteur n’est analogue ni à celle de Brocchi ni à celle de Linné, 224 SEANCE DU 6 FEVRIER l85 2. 19* Tlirritella Archimedis , variété de l’espèce précédente. 20° Turbo rugosus. La coquille, figurée sous ce nom par l’au- teur n’est point l’analogue du Turbo rugosus de Liunée, mais bien celui d une espèce qui se trouve fossile à Angers et dans les faluns de la Touraine. 2i° Trochus turgiclus. Ce troque n’est pas, comme le croit l’auteur, le même que le Turgidus de Brocclii; c’est une espèce nouvelle analogue à Dax et Bordeaux. 220 Trochus détritus me semble la pointe d’une cérite ou d’une autre coquille turriculée. 23° Scalariapseudo-scalaris. La très petite coquille que l’au- teur décrit est très différente de celle de Brocchi, qui est toujours très grande et dont le jeune âge diffère, par tous les caractères, de la coquille de Podolie* cette dernière aurait plus de ressemblance avec le Scalaria mululamella de Bast. ; mais je pense qu’elle doit faire une espèce à part. 24° Si garetus haliotideus. D’après la figure, cette espèce me semble la même que celle de Bordeaux et Dax, qui certainement n’est pas l’analogue de X haliotideus actuellement vivant. 2.5° Neritina pi et a est la même que celle de Bordeaux , que M. Basterot avait confondue avec le fluviatilis. 26° Melania lœvigata. L’espèce de l’auteur n’est pas la même que celle de Paris. 27 0 Cj'dostoma scalare me semble un Rissoa ; 28° Cyclastoma planatum , une paîudine. 290 Bit lit nus acicula. D’après la figure , cette coquille fossile ne ressemblerait aucunement au Bulimus acicula qui est une Agathine. 3o° Bulla ovulata. L’espèce de l’auteur n’est pas la même que celle de Brocclii , quoiqu’il lui donne le même nom , et elle n’est pas non plus celle de Lamarck; c’est donc une nouvelle espèce. 3i° Bulla clandestine , Bulla spirata , Bulla terebellata , sont trois variétés d’age de la même espèce, et cette espèce, connue depuis long-temps , est la Bullina lajonkairiana , de M. Basterot. i° Panopea Faujasii. La coquille figurée , si elle est de cette espèce , ce que je ne crois pas , est identiquement la même que celle de Bordeaux , toujours plus étroite. 2° Maclra deltoïdes. Si la figure donnée parl’auteur est exacte, cette espèce ne serait pas celle des environs de Paris. 3° Corbula rugosa. Je crois que l’espèce à laquelle l’auteur donne ce nom est nouvelle, et non la même que la striata ou revo - SEANCE DU 6 FEVRIER l85g. 2S*5 luta , de Brocchi ; ce n’est certainement pas la même que cette dernière, qui est l’analogue fossile du Corbula nucléus. 4° Tellina plcmata. L’espèce figurée par l’auteur est exacte- mentla Tellina zonaria de Bordeaux et de Dax, dont l’analogue est vivante au Sénégal; ce n’est donc pas la Tellina planata de Linné, qui a des formes et une charnière toutes différentes. 5° Tellina restralina. Elle n’a pas la moindre analogie avec l’espèce de Paris. 6° Cytherœa polita. L’espèce figurée est plutôt un jeune indi- vidu du Cytherœa chione. 7° Luciha circinaria. Ce n’est pas l’espèce de Lamarck , ce n’est pas non plus celle citée de Brocchi ; mais bien une espèce encore nouvelle qui se trouve aussi à Bordeaux. 8° Lucina incrassata. Je cherche vainement dans Lamarck une espèce qui porte ce nom; ce que je puis dire, c’est que l’espèce indiquée sous ce nom est la Lucina scopulorum de M. Basterot; coquille qui se trouve aussi en Touraine. 9° Cyclas triangularis , Cyclas globus. Ces deux coquilles ne ressemblent pas aux autres cyclades, ce ne sont pas non plus des cyrènes; on les prendrait plus volontiers pour des lucines. io° Cytherea chione. L’auteur donne comme variété de cette espèce une coquille à gros sillons qui ressemble beaucoup à une variété constante de la Cytherea erycina. 1 1° Venus senilis , la Venus senilis de Brocchi est l’analogue fossile de la Venus gallina de Lamarck; celle de notre auteur est nouvelle et identique avec un fossile dans les faluns de la Touraine. 12° Venus incrassata . Cette coquille de Brocchi est lisse, elle appartient au genre Astarte Crassina de Lamarck. L’espèce figurée par l’auteur est une véritable Vénus fortement striée en travers. C’est une espèce nouvelle. i3° Venericardia intermedia. L’espèce que l’auteur nomme de cette manière n’est pas du tout la même que Y intermedia de Brocchi et de Lamarck, déjà M. Bastcrot avait donné le même nom à une espèce qui n’est pas non plus Y intennedia ; de sorte que sous cette dénomination voilà actuellement trois espèces. i4* Cucullea alata. Cette coquille n’est pas une cucullée, mai* une arche dont les dents antérieures de la charnière ne sont point divergentes comme les postérieures. i5° Pectunculus pulvinatus. C’est encore Y Area glycimeris 9 (Linné,) qui se trouve partout dans ma seconde période. Soc. géol. Tom. II. i5 1*6 SÉANCE DB 6 FEVRIER l8$2. Le Pectunculus pulvinatus n’est dans aucune des localités oii il est cité, si ce n’est dans celle de Paris. Parmi les espèces de Peignes il y en a trois qui sont aussi fossiles à Bordeaux. Sur les 46 genres il faut en ôter 5 , reste 4-1 5 sur les 4° espèces d’Italie il faut en ôter 23 , reste 17 ; sur les 21 espèces de Grignon il faut en ôter 1 3 , reste 8 ; aux 16 espèces de Bordeaux ajoutez 37, cela fait 53; sur les î3 espèces vivantes il faut en ôter 12, reste 1 1. Deux sortes de considérations peuvent se déduire de ce qui 1° Qu’il est nécessaire que les auteurs qui n’ont pas à leur dispo- sition tous les élémens nécessaires à la bonne détermination des espèces qu'ils observeront dans un terrain les fassent figurer sans exception , puisque la figure devient le seul et bon moyen de rec- tifier les erreurs qui pourraient échapper. 2* Selon que l’on étudie les espèces avec plus ou moins de soin on arrive à des résultats très différens ; il est important, en con- séquence, de n’établir de tableaux numériques que sur des maté- riaux suffisamment élaborés pour que les résultats de chiffres no subissent point d’altérations trop fortes, et l’on voit, d’après les rectifications qui précèdent que les nombres posés par l’auteur soit pour les genres, soit pour les diverses analogies sont fautifs; il en résultait une grande analogie des espèces de Podolie avec celles d’Italie, tandis qu’après rectifications cette analogie a lieu surtout avec les espèces de Dax, Bordeaux, la Touraine, etc* M. Desnoyers, secrétaire pour la France, commence la lecture de son RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ GEOLOGIQUE , PENDANT L’ANNÉE 1 83 1 . Messieurs , Quoiqu’ayant accepté avec empressement le soin de vous pré- senter le résumé des travaux de la Société de géologie , durant le cours de l’année dernière, je n’en ai pas moins senti, comme la plupart d’entre vous peut-être, que cette tâche appartenait plus naturellement , plus convenablement à celui de vos secrétaires qui , durant cet intervalle, enregistrait vos travaux avec la plus constante assiduité , et qui a si bien su faire profiter à la Société SÉANCE DU 6 FÉVRIER î 852- ses nombreuses relations avec lés géologues français ou étrangers , sa coopération active à la rédaction de plusieurs recueils de géo- logie, les ressources infinies de ses collections et de sa biblio- thèque , enfin sa connaissance approfondie de plusieurs langues étrangères (i). Aussi n’ai-je consenti à vous priver , Messieurs , de l’intérêt plus réel que vous eussiez trouvé dans le rapport de celui de vos secrétaires qui fut chargé de ce soin l’an dernier, que pour ne pas laisser peser sur un seul une tâche qui doit être partagée entre plusieurs membres du bureau. Si je ne réussis pas à vous retracer, comme je l’ai senti et avec l’impartialité, avec l’exactitude dont j’ai cherché à me pénétrer, tout l’intérêt de la plupart de vos séances , dans le cours de l’année dernière, vous en aurez déjà été dédommages parle vaste tableau que vous a présenté M. Boue des progrès de la géologie en Europe durant le même intervalle. Mais au milieu de cette immensité de travaux utiles, d’observations nouvelles , fruits des recherches de plus de cinquante sociétés scientifiques et des géo- logues disséminés sur toute la surface de l’Europe, les travaux d’une seule société isolée, et ne comptant pas encore deux années d’existence, risqueraient fort de passer inaperçus et d’être comme étouffés par le nombre. Voyons, cependant. Messieurs, si la Société géologique de France a rivalisé de zèle avec les sociétés ses aînées , si elle a com- mencé à réaliser les espérances que sa création fit concevoir en Europe , si elle a su profiter de son heureuse position centrale j enfin, si elle s’est approchée du rang qu’elle doit un jour occuper. Vous savez d’avance , Messieurs , que la France n’est restée en arrière sur aucune des questions importantes qui excitent le plus vivement l’attention des géologues ; qu’elle a, au contraire , continué de donner la même impulsion dans certaines routes nouvelles où les savans étrangers se sont empressés de la suivre; et que cette Société devenue un lien entre les observateurs de l’Allemagne et ceux de l’Angleterre, comme elle l’a été entre les géologues disséminés sur le sol de la France, dans les provinces, n’a pas peu contribué à cet heureux résultat , à cette transfusion (i) D’un autre côté , M. Élie de Beaumont était encore en voyage, lorsque la société' me confia le soin de ce rapport, ce qui put seule- ment me déterminer à l’accepter. / *28 RAPPORT SUR LES TRAVAUX de faits , de doctrines , dont le rapprochement est si propre à faire découvrir la vérité. En effet , les bases larges et l’esprit indépendant de votre asso- ciation vous ont attiré, en moins d’un an, l’adhésion d’un assez grand nombre de géologues étrangers. La Société compte maintenant plus d’une notabilité scienti- fique à Bruxelles , Mons , Namur, Gand , Valenciennes et Leyde ; à Londres, Oxford, Cambridge et Edimbourg ; à Vienne, à à Berlin, à Stuttgard, à Crefeld , à Darmstadt , à Brunswick ; à Léon en Espagne et jusqu’à Boston et à Panama. Vous voyez donc, Messieurs, que la remière sympathie excitée en Europe, par la naissance de cette Société, ne fait que s’accroître. Au com- mencement de 1 83 1 , vous comptiez cent quarante membres; à la fin de la iqême année, leur nombre était de cent soixante, quoique la mort et plusieurs démissions l’eussent diminué d’une douzaine. Si nous devons juger des accroissemens futurs parle premier mois de i832, ils seraient bien plus rapides , puisqu’à la fin de janvier huit membres nouveaux ont déjà donné leur adhésion. Si nous passons du nombre des membres à celui de leurs tra- vaux , nous trouvons une progression bien autrement favorable aux succès futurs de la Société. Pendant les huit séances tenues en i83o, elle n’a eu communication que de huit notes ou mé- moires. Pendant les seize séances de i83i, il lui a été présenté quatre - vingts mémoires ou notes , ou renseignemens sur des découvertes géologiques , c’est-à-dire , dix fois plus dans un in- tervalle double, et plus de quatre communications par séance, en ajoutant les deux séances de Beauvais. Je n’en ai pas mesuré l’importance à l’étendue, ce serait, vous le savez, Messieurs, une bien fausse base , et la science a souvent plus à profiter de l’annonce bien précise d’un fait que des plus longues disserta- tions. Mais le nombre n’a point fait tort à l’importance , et beau- coup de ces travaux sont de nature à concourir aux progrès de la géologie. Il eût été facile d’augmenter ce total de quatre-vingts com- munications scientifiques , car je n’ai point divisé les mémoires de géographie géognostique qui contiennent souvent, sur un même pays, plusieurs observations capitales. On ne compte point non plus ici les communications verbales qui ont eu lieu après la lecture de plusieurs mémoires , et qui plus d’une fois ont été l’occasion de discussions très instructives. On ne fait pas mention d’avantage delà plupart des observations dont plusieurs membres DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . SâQ ont accompagné la présentation d’échantillons ou d’ouvrages nouveaux. On ne peut non plus faire entrer dans ce cadre plu- sieurs mémoires importans qui ont été adressés à la Société vers la fin de i83i, mais trop tard pour que vous ayez pu jusqu’ici en avoir connaissance. Vous voyez, Messieurs, que c’est plutôt le temps que l’action qui a manqué à la Société géologique. Ce grand nombre de descriptions et de découvertes permet de les présenter dans un certain ordre qui aurait l’avantage de faire mieux ressortir les lumières qu’elles se portent mutuellement; et , comme la science fait des progrès si rapides que dans le cours d’une seule année le même fait peut avoir donné lieu aux inter- prétations les plus opposées, ou avoir été observé par différens géologues qui tiendraient à la date de leurs découvertes , j’ai tâché d’allier l’ordre chronologique à un plan méthodique en énonçant pour chaque mémoire l’époque de sa communication. Quant au choix du plan selon lequel il était le plus convenable de grouper les faits , j’ai adopté celui qui , dans l’étude de la géologie en elle-même , me semble , comme à plusieurs autres géologues , le plus rationnel , le plus propre à faire découvrir la vérité , c’est-à-dire que j’ai procédé du connu à l’inconnu , de la nature actuelle à la nature ancienne. levais donc avoir l’honneur de vous soumettre, messieurs , le résumé des travaux de la société dans cet ordre : 1. Observations relatives aux phénomènes de U époque ac- tuelle ; 2. Observations relatives à V ensemble de faits qua tort ou à raison on a nommés diluviens , c est-a- dire aux graviers , aux cavernes , aux brèches osseuses , etc. ; é 3. Observations relatives aux terrains quaternaires et ter- tiaires ; 4* Observations relatives aux terrains secondaires ; 5. Mémoires de géographie géognostique ; 6. Observations plus particulièrement relatives aux direc- tions et soulèvemens des montagnes ; 7. Classifications , mélanges , théories. J’ai essayé d’apprécier ensuite la tendance que ces travaux, et ceux publiés hors de la société dans le même espace de temps , semblent avoir imprimée à la science. Autant qu’il a été possible, les observations applicables aux fossiles ont été rapprochées du groupe de formations aux- s5o RAPPORT SUR LES TRAVAUX quelles elles se rapportaient. C’est ainsi que le travail de M. Des- haves commence la série des terrains tertiaires dont il facilite de nouvelles divisions, et que ceux de M. le comte Munster sont placés dans la série des terrains secondaires auxquels ils se rattachent presque uniquement. On ne peut attendre , que ces divisions soient bien rigoureu- sement conservées et qu’elles soient plus précises que la nature et l’état de la science ne le permettaient. Plus d’une fois je serai forcé de passer d’un groupe à l’autre, et aussi de ne point sé- parer des ensembles d’observations dont le partage eût détruit la piquante nouveauté; je veux parler surtout des travaux sur laMorée. la Barbarie et le Liban. Mais au moins, les faits ainsi rapprochés, tantôt géologiquement, tantôt géographiquement, s’éclaireront davantage. Avant d’aborder chaque travail isolément, il m’a semblé qu’un tableau de leur ensemble serait intéressant à envisager d’un seul coup-d’œil. r* SÉRIE. — - PÉRIODE ACTUELLE. 1 . Altérations des roches calcaires du littoral de la Grèce , par M. Boblaye (4 avril ) ; 2. Observations sur le nouvel ilôt volcanique qui s* est formé en juillet i83i dans la mer de Sicile , par M. Constant Prévost (lettre du 3 octobre , séance du 7 novembre). 3. Sur le volcan de Stromboli , par M. Donati, de Naples ( 18 juillet) ; 4. Sur les coquilles marines et les coquilles perforantes du temple de Pouzzole , par M. Roberton (6 mars). Cette note a été l’objet d’une discussion à laquelle plusieurs membres ont ajouté leurs observations ou opinions personnelles. 5. Sur un affaissement de terrain près de Ratisùonney par M. Peterson (6 septembre) ; 6. Sur le puits artésien de Tours et les objets rapportés à la surface par Veau courante souterraine , par M. Dujardin ( 7 février). Les puits artésiens n’étant point ici considérés sous le rapport des terrains qu’ils traversent , mais seulement des phénomènes de l’eau courante et ascendante , on renvoie aux autres groupes les faits de stratification que le forage a fait connaître. 6 bis. Sources intermittentes , et tufs modernes , observés en Lorraine et en Alsace, par MM. Barbe et Robert (24 janv.). DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 201 7. Observations relatives a la température souterraine dans la mine de sel de Dieuze , par les mêmes (24 janvier). 8. Sur la présence de V azote dans plusieurs eaux thermales des Alpes , par M. Daubeny (24 janvier et 7 novembre) 5 g. Sur le gisement des os de castors , de loutres et de chiens enfouis dans les tourbières du Brabant , par M. Morren (7 nov) ; 10. Tourbières des environs de Beauvais. Observations recueil- lies par la Société dans la course géologique de septembre. llme SÉRIE. TERRAINS NOMMÉS DILUVIENS. Sur la limite de l’époque actuelle et de la plus moderne des périodes géologiques , je place les cavernes où des ossemens hu- mains ont été trouvés réunis à des ossemens de mammifères d’es- pèces perdues. 1 1 . Observations sur les ossemens humains et les objets de fabrication humaine trouvés réunis ci des ossemens de mam- mifères appartenant à des espèces perdues , par M. Tournai ( 16 mai) } 12. Note sur la grotte de Rancogne , arrondissement de La Rochefoucault (Charente) , par M. Roulland (16 mai). 13. Note sur la grotte d’Ussat (Arriège) f avec nombreux osse- mens humains, par MM. Boubée et Beltrami (16 mai ). 14. Observations sur la caverne à ossemens de Miallet , près d* Anduze (Gard); contenant, avec des ossemens d’ours, et d’au- tres animaux , des os humains et des objets d’une industrie assez perfectionnée; par M. Jules Teissier (10 septemb. — 22 nov. — » 10 décembre). 15. Note de M. Sauveur sur les nouvelles découvertes de ca- vernes à ossemens des environs de Liège , par M. le docteur Schraerling (20 juin). t6. Sur les ossemens fossiles d'une brèche de la Nouvelle- Hollande , par M. Pentland (4 avril); 17. Expériences et considérations théoriques sur le mode de formation des brèches osseuses de Bise , de Cette et autres lieux voisins cle la Méditerranée , par M. l’ingénieur D’Estrem (4 juillet); 18. Sur deux Variétés de V éléphant primo-genus , d'après une mâchoire inférieure trouvée dans le Brabant méridional , par M. Morren (7 noy- ). 202 RAPPORT SUR LES TRAVAUX IIIme SÉRIE. — ■ TERRAINS QUATERNAIRES ET TERTIAIRES. 19. Tableau comparatif des espèces de coquilles vivantes avec les espèces de coquilles fossiles des terrains tertiaires de l’Eu- rope, et des espèces fossiles de ces terrains entre elles , par M. Desliayes (2 mai). Observations verbales de plusieurs autres membres ; divisions proposées par M. de Beaumont ; groupes des terrains tertiaires récens , ou quaternaires , proposés plus anciennement par M. Des- noyers. 20. Des terrains tertiaires des départemens de V Aude et de V Hérault ; précis d’une comparaison des terrains de la seconde époque tertiaire dans les bassins hétérogènes , par M. Reboul (21 mars , 18 avril , 2 mai). Ce mémoire a donné lieu à l’exposé des opinions de plusieurs membres. 2 1 . Détails sur les terrains traversés par le puits artésien de Toulouse ; 22. Coupe géologique du bassin tertiaire de Toulouse et de la Haute- Garonne , par M. Boubée (24 janvier et 4 avril) ; 23. Sur les Coquilles fossiles d’ un calcaire d’eau douce des bords du même bassin , par M. Boubée (6 juin ) ; 24* Sur des batraciens fossiles et autres os semens des calcaires tertiaires du Brabant , par M. Morren (7 nov. ). 25. Note sur la position géologique du calcaire de la Brie , et en particulier de celui des environs de Champigny , par M. Dufresnoy (20 juin). Objet de discussions intéressantes et du rapprochement de plu- sieurs coupes, par MM. Brongniart, Cordier, C. Prévost , D’Oma- lius , Underwood. 26. Observations recueillies par la Société , sur les terrains tertiaires des environs de Beauvais (course de septembre). 27. Coupe géognostique du département de l’Oise , entre Chezy et Gournay, avec profil , que M. le vicomte Héricart- Ferrand a fait exécuter à ses frais , et dont il a offert un exem- plaire à chacun des membres (6 sept.). 28. Age des grès marins de Lévignan , de Nantheuil-le- Haudouin et de Brégy (Oise) , par le même (7 nov.). 29. Coupe de Lisy-sur- O arques et de Saint- Aulde } près la Ferté-sous-Jouarre , par M. Lajoye (7 nov.). 30. Note sur les environs d’Epernay, parM. Beshayes (22 nov.). 3 1 . Note sur une coupe géologique des environs de Pontchar- train , par M. Boubée ( 18 juillet). DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 • 255 32. Strates découverts par le j orage du puits artésien , voisin du Jardin des Plantes et de celui du faubourg Saint- Antoine ( 1 9 déc. ). L’histoire des terrains tertiaires a encore reçu des documens nouveaux de la part de MM. Boblaye et Bozet ; nous ne les avons point séparés de leurs descriptions géogn. de la Morée et de la Barbarie. IVm® SÉRIE. TERRAINS SECONDAIRES. Sur la limite encore , on peut placer les dépôts de Gosau , dont l’âge a été si contesté , et qui ont été considérés comme types de terrains tertiaires de transition. 33. Description de divers gisemens intéressons de fossiles dans les Alpes autrichiennes (Hallein, Gosau, Aussée) , par M. Boué ( 7 mars). C’est ce mémoire qui a été l’occasion des importans renseigne- mens que la Société a reçus de M. le comte Munster , sur plusieurs genres de fossiles des terr. secondaires , et de réflexions présentées par plusieurs membres, MM. Prévost , Boué, deBlainyille , sur le mélange des fossiles de différons âges. 33 bis. Craie de Laversine, près Beauvais (course de la Société). 34. Notice sur l'âge des mines de sel de Cardone , par M. Du- fresnoy (24 février ). 35. Sur une lumachelle formée du pecten salinarius , par M. le comte de Munster ( 18 avril ). 36. Note sur la position géologique des principales mines de fer de la partie orientale des Pyrénées , parM. Dufresnoy (6 déc.). 37 . Notice de M. de Studersur les Alpes benioises , sur V âge de leurs calcaires et sur leur relèvement par V injection du gneiss . (22 novembre). 38. Observations de M. Voltz sur les coquilles fossiles de ces calcaires ( id . 22 novembre). 3q. Observations sur la craie des environs de Beauvais , le grès vert et le calcaire jurassique du pays de B ray , recueillies par la Société dans la course de septembre. 40. Note sur les calcaires de la Rochelle , par M. Bertrand Geslin ( 7 nov. ). 4o bis. Sur un fossile particulier du calcaire jurassique de la Répentie , près de la Rochelle , par M. Fleuriau de Bellevue( 1 8av.) . Objet de rapprochemens intéressans par d’autres membres. 41. Mémoire sur le Liban et V dnti-Liban , par M. Botta fils (20 juin et 4 juillet). 42 à 45. Observations de M. de Munster sur le gisement et la, distribution géognostique en Allemagne , RAPPORT SUR LES TRAVAUX «54 fpi bis. des ammonées . 43. des nautilaceés ( orthocères et nautiles). 44- des bélemnites. 45. des nummulites. Communications de divers membres relatives à l’âge de ces fossiles (24 janvier, 21 février, 7 mars, 2 et 19 mai , 22 nov.). 46. Sur les I cthyosar colites , par M. Boulland (16 mai); 47* Sur les oolithes formées de coquilles multiloculaires , par le même (id.) -; 48 et 49* Sur les Coprolites ; doutes présentés sur quelques uns de ces corps par MM. de Blain ville et Boubée (4 juillet) ; 50. Sur un poisson fossile (Zea) de la craie des environs de Troyes , par M. Clément Mulîet (18 avril) ; 5 1 . Sur des coquilles en partie gypseuses , en partie calcaires, du mont Warberg, près Heilbronn en Wurtemberg, par M. Boué ( 4 avril ) ; Ym* SÉRIE. MÉMOIRES PARTICULIERS DE GEOGRAPHIE GEOGNOSTIQUE. 52. Carte manuscrite de V Irlande, par M. Weaver, commu- niquée, avec développement, par M. Boué (24 février); 53. Carte manuscrite du Vicentin , par M. Pasini, commu- niquée par le même ; 54. Sur la structure géognostique des environs d’ Anduze, par M. J. Teissier (22 novembre) ; 55. Notes géologiques recueillies par MM. Barbe et Robert, dans un voyage fait en i83o dans la Lorraine et V Alsace (24 janvier); 56. Extraits d'un voyage dans V Argolide et Vile dlEgine , avec une carte et des coupes, par M. Boblayej 57. Observations sur la constitution géognostique de la Morée , par le même ( 24 janvier) ; 57 bis . Observations de M. Virlet sur la meme contrée ; 58. Notice géognostique sur le pays parcouru par V armée française dans é expédition de Média en Afrique , par M. Bozet ( 24 janvier). 5p. Note géognostique sur quelques parties de la Barbarie , parle même (21 mars). 60. Observations géognostiques faites dans le petit Atlas , par le même (20 juin ) ; DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . 2 35 6 1 . Notice sur les environs dJ Or an , par le même (21 nov.). Enfin , M. Rozet a complété ses intéressantes communications en vous donnant une collection de trois cents échantillons de roches et de quatre-vingt-seize fossiles du pays qu’il a décrit. Vl,ne SÉRIE. COMMUNICATIONS RELATIVES A LA DIRECTION DES CHAINES DE MONTAGNES, A LEUR SOULEVEMENT, A LEURS DIFFERENS AGES. 62. Note de M. de Studer sur la direction dJ une certaine partie des Alpes ( 5 décembre ) • 63. Précis de quelques observations sur la structure et la di- rection des Pyrénées , par M. Reboul ( 5 décembre ) ; 64. Note de M . Dufresnoy sur les quatre systèmes de direc- tion que M . de Beaumont et lui ont reconnus dans la meme chaîne (5 décembre). 65. A ces trois communications on peut ajouter les détails que M. de Beaumont vous a présentés : Sur les différens systèmes de dislocation reconnus par M. Sedgvich dans les anciens ter- rains calcaires du nord de V Angleterre , ainsi que la réponse du même géologue , M. de B., à l’opinion de M*. Rozet sur diffé- rens âges de soulèvement dans l’Atlas et les faits constatés dans le même esprit par M. Boblaye, en Morée, par M. Rozet , en Barbarie par M. Botta, dans le Liban. Voir aussi les § 2, 4? 5, 17, 19, 34, 36, 37, 3g. VIIme SÉRIE. MÉLANGES, THEORIES ET CLASSIFICATIONS. 66. Immédiatement après les travaux relatifs au redressement des couches et à la formation des montagnes, on peut placer les considérations générales sur l’importance des fossiles en géologie car il paraît y avoir une intime connexité entre les révolutions qui ont changé le relief des continens et les successions d’organisation. Essai pour apprécier les avantages de la paléontologie ap- pliquée à la géognosie et h la géologie , par M. Boué (19 décemb.)* Réflexions de M. Deshayes et de M. Dufresnoy à ce sujet ( id .) j 67 .Sur les faces polies de certaines roches, par M. Boué (4 avr.); 68. Observations de M. le comte de Montlosier sur la forma- tion des lacs ( 5 septembre ) • 69. Sur diverses sortes de joints et déformés inorganiques des grandes masses minérales , par M. d’Omalius (18 avril) • 70. Sur la classification des terrains , par le même (6 juin) ; RAPPORT SUR LES TRAVAUX *56 70. Tableau mnémonique des terrains primordiaux , par M. Boubée (7 mai) 5 7 1 . Nouveaux moyens propres à faciliter la détermination des fossiles , par le même (4 juillet) ; 72. Considérations sur la précession des équinoxes et V incli- naison de V axe de la terre , par M. Byarley (20 juin). Ire SERIE. PÉRIODE ACTUELLE. La société a reçu des communications relatives à Faction de la mer sur ses rivages j aux phénomènes volcaniques , à Faction des eaux souterraines et à certains dépôts alluviens continen- taux. § 1 . L’un des mémoires les plus intéressans qui vous aient été présentés dans le cours de l’année expirée, l’un de ceux où l’examen des causes physiques actuellement agissantes puisse le plus éclai- rer les phénomènes des périodes antérieures , est celui de M. Bo~ blaye sur les altérations des roches calcaires du littoral de la Grèce. L’auteur vous a fait connaître les différentes zones d’action de la mer sur les calcaires durs de ces rivages ; il en a distingué trois: la première, qu’il nomme zone du flot , forme un talus souS’ marin au niveau moyen de la mer* elle se termine du côté du continent par des roches cariées , fracturées , parfois caverneuses , où le flot vient se briser, s’engouffre, et d’où il rejaillit en jets d’eau. On doit retrouver de ces cavernes littorales aux anciennes li- mites des bassins marins ; elles se distingueront des cavernes d’érosion continentale, par un niveau à peu près constant, par des parois arrondies inférieurement , et par l’absence de galeries de communication. Aux produits de cette première zone du flot, M. Boblaye rap- porte l’existence de quatre ou cinq terrasses semblant indiquer par des amas de coquilles et par les perforations des roches , au- tant de niveaux successifs de la Méditerranée au-dessus de ses rivages actuels. La seconde zone que Fauteur nomme zone noire ou cariée , se montre au-dessus de la limite supérieure du flot dans une épais- seur de sept ou huit mètres au plus. La roche y est corrodée et couverte d’aspérités sinueuses et réticulées, qui lui donnent l’ap- parence de récifs de polypiers. G’est à la surface de ces aspérités qu’on remarque presque constamment une substance d’un brun DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . 23? noir éclatant, mamelonée, lisse, et ressemblant beaucoup au fer hématite. Enfin , en continuant de s’élever au-dessus de la limite que la lame peut atteindre , on voit une zone blanche dont la surface est unie, et encore criblée en tous sens de très petites cavités et de sillons se ramifiant à l’infini, et se dirigeant suivant la ligne de plus grande pente. Cette action ne s’observe plus à quarante mètres au-dessus et à deux mille mètres au loin de la mer ; elle paraît entièrement due à la dissolution des particules salines déposées par X aura maritima , et se voit sur les monumens comme sur les roches naturelles. Dans l’intérieur des continens , dans les Apennins, dans les Alpes , fort loin et fort au-dessus de la mer, et au contact des sédimens d’époques différentes, on a décrit des surfaces de cal- caires ainsi corrodées et sillonnées, qui peuvent bien annoncer de même d’anciens rivages et éclaircir la question si compliquée des émersions successives d’une surface continentale. § (i. — De tous les agens géologiques de la période actuelle, les mieux étudiés sont assurément les volcans ; et si les causes eu sont encore à peu près inconnues , leurs produits du moins et les cir- constances de leur dépôt, bien plus faciles à apprécier que les phénomènes exclusivement sous -aqueux, ont pu être scrupu- leusement étudiés. Ce né sont pas cependant les volcans exté- rieurs, quelle que soit l’énorme masse et la variété de leurs pro- duits, qui pourraient répandre le plus de lumières fuir les périodes géologiques plus anciennes. L’étude des volcans sous-marins , dont le nombre paraît être infiniment plus considérable que celui des volcans terrestres, présenterait de bien plus piqu ans résultats, s’il était possible d’en étudier toutes les circonstances* On verrait l’alternance de leurs produits primitifs ou remaniés par les eaux, avec les couches marines ; alternances ou i nfliltrations dontles terrains de sédiment présentent tant d’exemplos (le val de Ronca , le val di Noto, pour les basaltes, et tant d’autres pour les roches cristallines ignées, réputées plus anciennes). On étudierait les modifications produites sur les sédimens calcaires pairies roches brûlantes ou par des vapeurs acides; l’influence d’un sof soulevé sur les strates déjà déposés à sa base ; l’influence sur le niveau des eaux de l’apparition de montagnes au milieu d’un bassin ; les di- verses sortes d’altérations que la pression , les courans et la nature du liquide , favorisant le jeu des affinités chimiques, doivent faire éprouver aux coulées ou aux cendres , ou même aux parois inté- rieures des cratères. Ou étudierait encore la destruction et l’en- RAPPORT SUR LES TRAVAUX 258 fouissement des êtres marins dans le voisinage de ces volcans sous- aqueuv* ce qui pourrait expliquer la réunion sur un petit nom- bre de points , de bancs de poissons frappés d’une mortalité spon- tanée et simultanée. On apprécierait peut-être l’une des princi- pales causes du développement de certaines classes amies d’une haute température , comme paraissent être les polypes coralli- gènes qui entourent de leurs produits tant d’îlots volcaniques de l’Océan austral. Ce sont autant de questions qui, soulevées par l’étude des terrains volcanico-marins pourraient être éclairées ou résolues par l’étude des volcans sous-marins actuels -, et sans doute on prendrait sur le fait la formation des basaltes, des trachytesr des gypses, des dolomies , du sel gemme, du soufre, etc. L’histoire conserve et la nature actuelle offre de nombreux témoignages de i’existeuce de ces sortes de volcans, tels que les îles Santorin , dont la principale éruption est du commencement du dix-huitième siècle , une partie des îles Lipari , quelques unes j du golfe de Naples , une partie de celles des Açores, des Canaries , I des Antilles , ces nombreux îlots à lagunes centrales , de l’Archipel austral , etc. Mais ils ne se manifestent pas toujours par l’éruption au-dessus du niveau de la mer, d’un sommet cratériforme : Ce ne j paraissent être, le plus souvent, que des fumerolles sulfureuses ■| si connues dans l’Archipel grec , des dégagemens de vapeurs , des I jets d’eau , ou des sortes de trombes marines , des oscillations des eaux , des bancs à fleur d’eau , des crêtes de roches sous-marines, des eaux fortement colorées , etc. , etc. Enfin ce sont des volcans qui tendent à devenir extérieurs : ce qui a donné lieu à diverses théories de soulèvement , d’éruption , et même de séparation complète de masses flottantes , comme on le voulait croire de Santorin. Rarement les géologues ont eu occasion d’observer l’instant précis où le terrain volcanique sor- tait des eaux, et d?en étudier les premiers phénomènes. Cette cir- constance, qui s’était présentée en iBn pour File de Sabrina y dans les Açores, s’est reproduite en juillet i83i dans la mer de Sicile, et vous savez l’intérêt général qu’elle a excité. Ce phé- nomène arrivait d’autant plus à propos que jamais l’esprit des- géologues n’avait été plus diversement dirigé vers la question des soulèvemens , et qu’il était important de reconnaître s’il y avait là soulèvement ou éruption. L’îZot volcanique qui a surgi dans le commencement de juillet,, entre File volcanique de la Pantellerie et Sciacca , sur la côte oc- cidentale de Sicile , a été presque aussitôt observé par un célèbre géologue prussien, M. F. Hoffmann, par plusieurs voyageurs delà DE LA SOCIÉTÉ EH 1 85 ï . 25g mariné anglaise, et par l’un de vos anciens vice-présidens , M. Constant Prévost , spécialement chargé par l’Académie des Sciences d’aller étudier, dans l’intérêt de la géologie, ce point nouveau du globe dont le gouvernement français envoyait cons- tater la position réelle dans l’intérêt de la navigation. Je ne vous reproduirai point le récit succinct qui vous a été communiqué des premières observations de M. C. Prévost. Vous l’avez suivi avec un vif intérêt sur cette île qu’il a mesurée , étu- diée sous tous ses aspects. A son retour il vous offrira la descrip- tion la plus complète du phénomène, envisagé tant en lui-même dans ses différentes phases que dans ses rapports avec l’ensemble des autres phénomènes volcaniques des contrées environnantes , objet spécial de sa mission scientifique. Mais je ne puis me refuser à vous retracer, en attendant, quelques traits de la courte exis- tence de cette terre volcanique presque aussitôt détruite que formée, et dont on suit sans interruption tous les paroxysmes. J’en emprunte les détails aux différons récits qui ont été publiés, sans en discuter la valeur. On a vu naître, s’agrandir, puis diminuer et disparaître à une grande profondeur sous les eaux, après six mois d’existence, cette île successivement nommée Nerita-Ferdinanclea- Graem - Hoiham- Corao-Julia7 que semblaient devoir se disputer plusieurs grandes puissances, etqui n’existe déjà plus que dans les annales géologiques. Des secousses de tremblemens de terre s’étaient fait ressentir, du 28 juin au 1 juillet, sur la côte occidentale de Sæiie , dans la direction du S. O. au N. E. , et, suivant une observation curieuse de M. Hoffman . parallèlement à la ligne des phénomènes volca- niques de cette contrée. Le 28 juin, le vaisseau de l’amiral anglais Pultney-Maîcolm , traversant la place où l’île a surgi, éprouva les mêmes secousses que s’il eût heurté contre un banc de sable. Le 8 ou 10 juillet, un batiment sicilien aurait vu s’élever de la mer, entre la Pentellerie et la côte de Sicile , une masse d’eau qui surgit jusqu’à soixante pieds de hauteur, sur une circonférence d’à peu près quatre cents brasses. Cette sorte de trombe, difficile à concevoir sur une aussi large base, et qui 11’était peut-être déjà que la masse vaporeuse elle-même , [était accompagnée de déto- nations violentes , et aurait été remplacée un peu plus tard par une épaisse vapeur aqueuse, s’élevant jusqu’à près de 1,800 pieds. Le 18 , à son retour de Girgenti , le capitaine du même bati- ment, Jean Corr'ao , dit avoir reconnu qu’à la place où il aurait ainsi vu la mer se soulever était apparue une terre ayant la même étendue que la masse d’eau soulevée. Cette île, haute seulement RAPPORT SUR LES TRAVAUX *4o alors de douze pieds , présentait , aurait-il dit , vers son centre un cratère qui ne cessait de projeter des matières volcaniques et d’im- menses colonnes de vapeur. Ce premier sommet n’était sans doute qu’un des bords du cratère. La mer était couverte aux alern tours de scories, de cendres délayées ou suspendues, et de pois- sons morts. Il semble que les apparences lumineuses ne se sont pas manifestées dès les premiers momens de l’émersion des bords iné- gaux du cratère. Du i3 au 2a juillet , le volcan était dans sa plus grande activité, vomissant d’énormes colonnes de vapeurs noires , de matières pier- reuses, de cendres rouges , offrant, ainsi que l’électricité très vive de l’atmosphère , l’apparence de flammes; de violentes détona- tions se faisaient entendre; les explosions se renouvelaient toutes les deux heures. Les voyageurs qui observèrent l’île à cette époque et vers la fin de juillet, particulièrement le capitaine anglais Swinburne, auteur d’un rapport au vice-amiral anglais en station à Malte, sir Ilo- tham etM. Hoffmann la trouvèrent haute d’environ 5o à 90 pieds et d’une circonférence de trois quarts de mille anglais. Elle était alors presque circulaire , son cratère ne paraissait plus vomir que des vapeurs aqueuses avec odeur sulfureuse. Le 4 août, elle aurait atteint trois milles de circonférence. Le 25 août , un voyageur anglais lui trouva deux milles de tour, ou 14000 palmes; elle commençait à diminuer sous l’action érosive des vagues qui avaient déjà formé, des débris du cratère, une sorte de grève à l’entour. Dès-lors on ne voyait plus dans le cratère que de l’eau bouillante d’où s’échappaient toujours d’é- paisses vapeurs. Les bords , très inégalement élevés par les déjec- tions successives du cratère, avaient alors trente, quatre-vingts et deux cents pieds de hauteur. L’effervescence volcanique d’éruption était déjà entièrement calmée. Le 28 septembre, lorsque M. C. Prévost visita l’île , elle avait, d’après des mesures plus scrupuleusement prises qu’aucune de celles précédement indiquées, sept cents mètres de circonférence et trente à soixante-dix de hauteur; elle paraissait de loin par- tagée en deux mornes distincts. Il reconnut un cratère dé éruption presque central , rempli d’eau bouillante , et dont les bords avaient été uniquement formés , ainsi que l’étroite grève circulaire et tout l’ensemble de l’îlot, par l’éjection de matières meubles incohé- rentes (scories, ponces , rapilli, et surtout cendres) stratifiées , en sens diversement incliné autour de la bouche cratériforme. Aux débris volcaniques étaient mêlés quelques fragmens de cale, dolo- DE LA SOCIÉTÉ EN l83l. 'à kl mitique. Le soi était brûlant et lançait par des crevasses et par de petits monticules des gaz non inflammables , des vapeurs blanches sortaient aussi du cratère et de la mer à Tentour, Mais plus de détonations , ni d’apparences lumineuses , ni d’éà jection de matières solides; la destruction «avait commencé à succé- der à une création première. Les vagues avaient déjà violemment rongé les bords de File , et les parties les plus élevées étaient dans un état de désaggrégation qui annonçait une destruction pro- chaine. M. G. Prévost présuma que le volcan avait eu des coulées sous- marines, et que l’apparition du cratère si visible d’éruption avait pu être précédée du soulèvement du sol sous lequel surgissait le volcan , et qui paraît avoir été de cinq à six cents pieds sous le ni- veau de la mer. Dans ce'cas, Fiiot aurait été entouré d’une cein- ture de roches sous-marines , qui cependant auraient pu être for- mées par les pentes inégales du cône volcanique, non moins que par les bords du massif soulevé. Un mois après le passage de M. C. Prévost (le 27 octobre) , un Anglais qui visita File, ne vit plus qu’une plàme unie presqu’au niveau de la mer, et vers le milieu un monticule dê sables et de scories terminé à pic de toutes parts, le tout ayant une circonfé- rence de deux mille palmes, c’est à dire déjà sept fois moindre qu’à la fin d’août. Ce voyageur dit qu’on ne voit pas la moindre apparence de cratère ; seulement il signale à Fouest du monticule, sur la plage., un petit lac d’environ. cenL soixante palmes de tour, qui contenait de F eau bouillante, et d’où s’échappaient des fu- merolles. Il est évident , quoique Fauteur italien , M. Marzoia,qui a publié ce récit avec quelques vues de File qui vous ont été com- muniquées , 11e Fait pas exprimé, que c’était le cratère reconnu presque entier par M. C. Prévost, et dont les bords n’existaient plus quodu côté du tertre central , primitivement bien plus élevé. Gettc rapide altération de la physionomie extérieure d’un sol qui semblerait devoir être aussi facilement reconnaissable que la bou- che, d’un volcan, ne montre-t-elle pas combien les apparences actuelles des terrains représentent peu leur état primitif? Il paraît que depuis novembre les vapeurs ont peu à peu cessé, et que de hautes vagues ont de plus en plus démantelé, jusqu’à fleur d’eau , les vestiges du cratère , suivant les prévisions de M. C. Prévost. Vers la fin de décembre, quelques journaux ont annoncé que sur remplacement de File on avait vu surgir des jets d’eau sem- blables à ceux qui auraient précédé sa première apparition ; Soc. gêoU Tome II. j6 RAPPORT SUR LES TRATAUX 2 42 mais ce fait qui semblait annoncer une nouvelle éruption n*a point encore été authentiquement vérifié. On a dit aussi qu’un nouvel îlot avait apparu dans le voisinage du premier ; ce serait assez présumable, puisque sur plusieurs points environnans on a remarqué des fumerolles et des eaux troubles qui provenaient de la même action volcanique; mais ce fait est encore moins certain. Les nouvelles du commencement de janvier ont appris qu’il ne restait plus alors de l’île que desbrisans sous-marins sur lesquels la mer battait avec violence. A la fin du même mois et en février, nous apprenons de différentes sources qu’on a reconnu une hau- teur de cinquante , de cent et de cent cinquante pieds d’eau au- dessus du cône solide. Cette disparition graduelle de l’île doit- elle être attribuée à des causes mécaniques ou à un agent physique plus intérieur; c’est-à-dire Faction des vagues et les influences at- mosphériques ont-elles seules contribué à dégrader si rapidement le sol extérieur, ou bien doit-on reconnaître un affaissement résul- tant des mêmes causes qui auraient produit un cratère de soulè- vement? Les premières circonstances de la désaggrégation et de ja destruction progressive de l’îlot ne laissent pas douter que l’ac- tion mécanique n’ait d’abord été la seule, comme son origine a été si évidemment analogue à celle de tous les cratères d’érup- tion. Mais cet, abaissement considérable et rapide de cent cin quant e pieds au-dessous du niveau de la mer n’est peut-être pas uniquement le résultat de ces désaggrégalions. D’un autre côté , il paraît évident que celles de ces sortes d’îles volcaniques dont l’existence a été plus durable, n’ont été ainsi préservées de Faction érosive des eaux que par la présence de coulées solides servant de lien aux cendres incohérentes. Selon M. le capitaine Lapierre, ce n’est point sur le banc de Hérita, comme le répètent la plupart des premières descriptions , que s’est élevé cet îlot. M. C. Prévost, qui est retourné sur la côte O. de la Sicile quatre mois après sa pre- mière visite àTîlÇÿ aura constaté tous ces faits. La dernière éruption du Vésuve qui a été assez violente, et le désastreux tremblement de terre de Foligno, coïncident d’une manière assez remarquable , moins avec l’éruption qu’avec la disparition de l’activité volcanique de File. § 3. Rien n’est plus propre que la formation de ce volcan, à expliquer l'origine analogue des îles Lipari. également volcani- ques, mais montrant des produits de différentes époques d’érup- tion : de ces îles, les unes sont centres de cratères , les autres par- ties démantelées d’un foyer volcanique commun. M. G. Prévost DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . $43 les a soigneusement étudiées et en a distingué plusieurs âges. La description de l’une d’elles, de Stromboli ., vous a été adressée par M. Donati de Naples ; il fait connaître autour du foyer , actuelle- ment ignivome, sept bouches placées sur une ligne du S. E. au N. O. , il en a vu cinq à la fois en activité plus ou moins forte , jetant des flammes, de la fumée, des vapeurs accompagnées d'é- jections de matières fondues et pulvérulentes, de. détonations et de tremblemens du sol $ il fait connaître les matières projetées par chacune de ces bouches. Les différentes crêtes de File sont formées par les produits d’éruptions d’époques différentes et par des laves pétrosiliceuses,porphyriques, ou trachytiques, toutes à pyroxène. . Dans la partie méridionale de l’île se voit un cratère éteint , large d’un mille , profond de trois cents p., nommé la plaine de Poriella , d’où sont sorties dans toutes les directions de très nom- breux courans délavés trachytiques, porphyriques et basalti- ques, séparées par dessables, des ponces et des scories. Sur un seul point on compte plus de douze de ces alternances. M. Donati n’a vu dans cette île que des cratères d’éruption et ne parle point des cratères de soulèvement, adopté^ ,pav beau- coup de géologues d’après les ingénieuses théories de M. de JBuch. Il signale encore sur plusieurs points de File , entre autres vers le sommet de Fun des cratères en ignition des fumerolles qui dé- posent des efflorescences muriatiques, et altèrent les roches ignées plus anciennes. Il a observé , au milieu des débris de scories, des fragmens de syénite , et un gros bloc de granité qui, outre ses élémens constitutifs , renfermait encore du pyroxène. Si ce bloc que signale M. Donati, comme étant granitique, est en effet analogue aux granités anciens, sauf la présence du py- roxène , doit-il être regardé comme de formation moderne , ou ne peut-on pas y voir une application de la curieuse découverte de M. Gustave Rose, sur l’identité du pyroxène et de l’amphi- bole , formés à des températures différentes ? D’autres observations, relatives aux terrains volcaniques de File d’Egine et de la Barbarie , vous ont été communiquées par MM. Boblayc et Rozet ; pour ne point détruire l’ensemble de leurs descriptions géologiques , je n’en isolerai point ici cette partie. § 4» — A la question des phénomènes volcaniques et parti- culièrement des tremblemens de terre , se rattache le fait des co- lonnes du temple de Puzzoli , percées par des coquilles lithopha- ges , fait qui a été l’objet de tant de recherches et de discussions. La communication faite à la Société par M. le doct. Roberton, de coquilles marines recueillies par lui dans le sol environnant le RAPPORT SUR LES TRAVAUX *44 temple , coquilles reconnues pour être analogues à des espèces vivantes aujourd’hui sur le rivage voisin, a donné lieu, dans le sein de la Société , à un nouvel examen des causes de la perfo- ration de ces colonnes. Vous avez entendu à ce sujet les observations et les opinions de plusieurs membres ; un rapport devait même vous être fait , et il m’a semblé que ce pouvait être ici l’occasion de résumer les divers scntimens des géologues. Celui de vos membres qui devait vous présenter ce rapport , M. C. Prévost , ne terminera pas son voyage sans recueillir sur les lieux mêmes , dans le golfe de Na- ples , tous les faits propres à l’ éclairer. Je ne vous rappellerai qu’une partie des explications si oppo- sées , plus ou moins susceptibles d’objections, et la plupart si peu vraisemblables , qui en ont été imaginées. On a dit que les colonnes avaient pu être retirées de la mer ainsi perforées avant d’être employées au temple ( Spallanzani). On a dit encore (Raspe) qu’elles étaient peut*êti e percées même avant d’être taillées, et que le niveau des pholades sur les colonnes correspondait au niveau d’un banc percé par les coquilles litliophages , avant la retraite des eaux marines. Selon d’autres encore , après l’enfouis- sement du temple sous le tuf volcanique , il se serait formé au- tour une excavation qui devint un lac salé où les pholades auraient vécu , et qui même eut pu avoir une destination artificielle pour pêcherie, piscine ou autrement (Goëthe , Desmarets , Fini, de Jorio, Daubeny). Mais les deux opinions les plus vraisemblables étaient celles de l’élévation et de l’abaissement successif ou de la mer ou du sol sur cette partie de la côte. Il s’élevait contre la première, ou l’élévation delà Méditer- ranée à une vingtaine de pieds au-dessus de son niveau actuel , à une époque très rapprochée de nous, trop d’objections histo- riques et physiques pour qu’elle obtînt généralement du crédit, quoique soutenue par Ferber et Breislack. Restait donc la seconde , qui est en effet adoptée le plus géné- ralement , quoique la plus ancienne, que MM. Forbes et Lyell ont le mieux développée et appuyée du plus grand nombre d’observa- tions locales, positives (Forbes, Ediiub., journ.} oct. 182g. — Lyell, princ . of. geol. , 1 p. 449) y et (lue M. Hoffman a aussi adoptée. Cette explication, qui suppose la submersion et l’émersion de l’édifice par l’abaissement et le soulèvement alternatif du conti- nent , réunit en sa faveur le plus de témoignages empruntés soit k Thistoire , soit à la géologie. DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 245 Découvert en 1749? et déblayé, Tannée suivante, des cendres et vases marines dans lesquelles il était enfoui , l’édifice fut nommé dès-lors temple de Se'rapis , et regardé comme consacré à cette divinité égyptienne dont le culte admettait dans ses rites l’usage de l’eau minérale. On voit en effet dans son enceinte une source chaude qui se joint au plan particulier de l’édifice pour ne pas laisser douter que ce ne fut, dès l’origine, un de ces nombreux établissemens thermaux, la plupart sous l’invocation de quelque divinité , que les anciens fréquentaient dans le golfe de Naples , dont Sidoine Apollinaire parle encore vers la fin du cinquième siècle, et dont l’usage s’est perpétué à travers toute la durée du moyen âge. Construit à la fin du deuxième ou du troisième siècle, en grande partie ruiné dans le sixième ou septième par les Goths et les Lombards, cet édifice aurait été, en 1 198, en partie rempli de cendres par l’éruption de la Solfatare, et ses débris auraient été ainsi préservés pour l’avenir de l’action éversive des secousses du sol. En 1488, un grand tremblement de terre qui ruina Pouzzuole et toute la contrée environnante, l’aurait plongé sous la mer avec d’autres édifices de la côte dont une partie se voit encore sous les eaux; et des sédimens marins auraient achevé de le combler jus- qu’à la hauteur de dix pieds au-dessus de la base des colonnes. C’est en effet à cette hauteur qu’on observe la zone percée par les coquilles lithophages, dans une épaisseur de six pieds au- dessus. En i53o, le témoignage de Loffredo , auteur presque contem- porain, indique positivement que la mer baignait toute la plaine basse dite la Starza , dont le temple fait partie. En i538, le 19 ou 20 de septembre, se manifesta la terrible explosion suivie de l’apparition subite du Monte -Nuovo. Elle produisit une oscillation en sens inverse de la première , et sou- leva le sol où étaient ensevelis les débris du temple, mais non point à la meme hauteur que son niveau primitif, puisque le pavé du temple est encore aujourd’hui à un pied au-dessous du niveau de la mer qui n’en est distante que de cent pieds. L’édifice n’aurait donc été que cinquante ans environ à dix- huit ou vingt pieds sous les eaux, et les coquilles lithophages n’auraient eu que ce temps pour opérer leurs perforations. Spal- lanzani , je ne sais d’après quelle base, avait conclu du seul exa- men de ces cavités , et sans témoignage historique , que les rao- dioles n’avaient pas du creuser les colonnes pendant plus dm RAPPORT SUR LES TRAVAUX 24G cinquante ans. C’est aussi dans cet espace de temps , si toutefois il est incontestable que l’exhaussement du sol n’ait été le produit que d’un seul tremblement de terre dans une contrée où ce phé- nomène est si fréquent, que se seraient formés les lits de vases marines remplies de coquilles , *de débris de marbre , et alternant avec des cendres et des rapilli dont le temple et le rivage con- servent tant de traces. Au pied des falaises verticales de tuf endurci , qui forment le rivage depuis Naples jusqu’après Pouzzole , et au pied du Monte- nuovo , le terrain méditerranéen forme un second étage , épais d’une vingtaine de pieds au-dessus des eaux, et en talus vers la mer. C’est de ce dépôt moderne volcanico-marin , où il était en- seveli comme Pompeï dans ses cendres volcaniques , que le temple a été exhumé vers le milieu du dernier siècle. C’est là qu’ont été recueillies les coquilles que vous a communiquées M.Roberton, et que MM. Forbes et Lyell en ont aussi reconnu plusieurs espèces, toutes analogues à celles vivant encore dans la même baie. C’est aussi dans ces couches de vase marine que gisaient de nombreux fragmens de poteries, de marbre, dont les cassures sont couvertes de serpules, de colonnes, dont une a présenté à M. Underwood des trous de coquilles perforantes , aux deux extrémités. Combien d’autres exemples ne voit-on pas sur les côtes de la Méditerranée, même ailleurs que dans le golfe de Naples, de ces immersions d’anciens édifices sous les eaux de la mer par l’effet des tremblemens de terre? § 5. A l’histoire des mouvemens du sol, pendant l’époque actuelle constatés durant l’année dernière, se rattache encore cet affaissement décrit, aux environs de Ralisbonne, par M. le colonel Peterson. Le sol supérieur à des cavités souterraines, s’est enfoncé de seize à vingt pieds, sur 80 arpens, avec un grand dégagement de calorique. Les nuages de poussière, qui ont dû en résulter, auraient pu faire supposer, comme il y a peu d’années sur les bords du Rhin, un mouvement volcanique interne $ mais, de part et d’autre, le phénomène paraît avoir été uniquement mécanique. § 6. Si le sondage des puits artésiens } qui fait chaque jour plus de progrès en Europe, comme vous en avez eu la preuve par le rapport de M. Boué , est d’une si haute utilité sociale , s’il four- nit des renseignemens précieux sur la température du sol inté- rieur, sur la stratification et sur la présence de minerais utiles à de grandes profondeurs , ce phénomène peut aussi , envisagé sous un autre point de vue, éclairer la question des cours d'eau souterrains . DE LA SOCIÉTÉ EN l85l. $47 Les eaux jaillissantes se rattacheraient ainsi à un ordre de faits j dont le rôle géologique n’a pas été sans importance durant les j périodes antérieures : je veux parler des sources intermittentes , des eaux qui s’engouffrent pour ne reparaître à jour qu’après un. assez long trajet souterrain , comme on en voit fréquemment dans les pays de craie à silex , de celles qui sortent brusquement avec une grande abondance d’eau • de celles qui traversent encore pé- riodiquement des cavernes, suivant les crues plus ou moins fortes des courans extérieurs , suivantles barrages accidentels, et qui ont contribué et continuent à les remplir de graviers et1 d’ossemens. Les géologues de l’expédition de Morée, MM. Boblaye et Virlet ont observé dans ce pays un phénomène qui peut éclairer vive- ment la question des eaux souterraines , en même temps que celle des alluvions continentales : ce sont les katavotrons des vallées! closes de la Morée centrale, sortes de gouffres où se précipitent en tourbillonnant Jes eaux torrentielles amassées [durant les saisons pluvieuses, entraînant avec elles, après en avoir déposé une par- tie sur les plaines superficielles , le limon rouge qui les colore et les squelettes d’animaux , les débris de mollusques et de plantes , les graviers qu’elles introduisent dans les cavités souterraines d’où elles ressortent pures , limpides et douces , souvent à une assez grande distance dans la mer. Ce phénomène, qui sert à expliquer I d’une manière si satisfaisante le remplissage de la plupart des ca- vernes, ne peut-il aussi expliquer certains puits ou canaux sinueux, remplis de sables , de graviers qu’on ne voit point traverser les couches supérieures, et dont la présence au milieu de bancs régu- liers à d’assez grandes profondeurs , a fait plus d’une fois illusion. C’est ainsi que dans les environs de Paris, surtout du côté de Triel, de Nanterre et de Sèvres, des lits ondulés de graviers et de limons ferrugineux , observés entre les systèmes inférieur et moyen du calcaire grossier, considérés par M. Brongniart lui- même comme ayant été déposés dans des cavités sinueuses à parois lisses, formées avant le calcaire du second étage, pourraient bien n’être que les témoins de ces anciennes eaux souterraines. Quoi qu’il en soit de ces rapports plus ou moins réels des eaux souterraines avec certains dépôts de sédimens, les deux faits sin- guliers dont vous avez eu connaissance , à l’occasion des puits ar- tésiens , démontrent suffisamment que les eaux jaillissantes ne pro- viennent pas uniquement de minces nappes d’eau au contact do couches imperméables, et résultant de filtrations à travers des cou- ches de sables, mais qu’elles traversent de véritables canaux, ou du moins qu’elles ont communication avec des cours d’eau superficiels. RAPPORT SUR LES TRAVAUX 248 Le premier de ces faits vous a été indiqué par M. Dujar- din, professeur de chimie à Tours , qui s’est occupé avec un très grand soin des fossiles de la craie de ce pays. Il a observé, à la fin de janvier i83o, que dans le puits foré ouvert à Tours en 1829 jusqu’à une profondeur de trois cent trente-cinq pieds , au milieu de la craie inférieure, l’eau s’étant élevée durant plusieurs heures avec une grande vitesse, avait amené beaucoup de sable fin et de petits fragmens d’épines, des graines de plantes, la plupart ma- récageuses ( galium uliginosum ) , ainsi que des coquilles d’eau douce et terrestres non altérées (Plauorbzs niarginalus , Hélix rotunda et striata). De leur état de conservation et de la maturité des graines , M. Dujardin a pensé pouvoir conclure que ces eaux et les corps étrangers qu’elles ont entraînés*, n’avaient pas mis plus de trois ou quatre mois à descendre de quelque vallon humide de l’Auvergne ou du Vivarais. Mais cette présomption ne porte-t-elle pas un peu loin la source de ces corps organiques , et n’ont-ils pu être entraînés dans le courant souterrain principal par quelque petit affluent de source bien plus rapprochée ? Un second fait de ce genre est venu récemment à la con- naissance de la Société. L’eau d’un puits foré à Riemke, près de Boehuin en Westphalie, a amené jusqu’à son orifice , de la profondeur de cent quarante- trois pieds , de petits poissons longs de trois à quatre pouces • les cours d’eau superficiels les plus voisins sont à deux ou quatre lieues. Sur quelques graines, coquilles, poissons, sables ou graviers, qui , de ces profondeurs , parviennent à la surface , combien 11e s’arrêtent pas en route dans les sinuosités des canaux que ces ob- jets finissent par obstruer. Que les courans , par suite de ce rem- plissage , viennent à changer de direction , voilà pour les obser- vations futures la source de plus d’une erreur, ou du moins l’ex- plication très naturelle de faits qui déjà ont embarrassé ou trompé les géologues, et surtout de l’intercalation d’amas de matières hétérogènes traversant des bancs réguliers. § 6 bis. — Quant à d’autres faits relatifs aux eaux souterraines, l’histoire des cavernes bientôt nous en fournira. Je me bornerai à vous rappeler ici, messieurs, la fontaine intermittente dont M. Robert vous a signalé l’existence à Massevaux dans les Vosges, et le dépôt épais de travertin, observé, par le même géologue, dans la profonde vallée de Charmoz , près de Lussel , et dans Je voisinage de minerais de fer pisolithique formés dans des vallées , et probablement dans des circonstances semblables. DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . 349 § 7. — M. Robert nous a fait connaître que la température du puits d’exploitation de la mine de sel de Dieuze ( Meurthe ) à ^oo pieds de profondeur, au niveau de la huitième couche de sel ex- ploitée , qui est la plus épaisse, s’élevait à i5° 7/ io cent. L’ob- servation présentée à la Société en i83o par M. Fleuriau de Bel- levue , sur le puits foré de la Rochelle, indiquait à 36g pieds une température de i8° i a cent., et une augmentation sur la température moyenne du pays, d’un degré par jq, 7 1 m. , c’est à peu près la proportion la plus habituelle (i° par 25 m.), d’après le relevé des nombreuses observations recueillies par M. Cordier , sauf certains excès locaux extraordinaires en plus ou en moins , attribués par M. Cordier à l’épaisseur variable de l’écorce terrestre. g 8. — M. Daubeny poursuit ses intéressantes recherches sur les eaux thermales ci sur leurs relations avec les phénomènes! d’origine ignée, et avec les anciens foyers volcaniques, relations' qui paraissent jouer un grand rôle dans la théorie de la terre, ainsi que MM. Brongniart et Cordier le soutiennent depuis long- temps. M. D. a retrouvédans plusieurs eaux thermales des Alpes, et dans toutes celles d’Angleterre, Yazote, dont il avait déjà cons-f taté la présence dans l’eau de plusieurs autres sources chaudes où ce gaz se trouve rarement seul. Ces eaux thermales, gazeuses ou acidulés, paraissent suivre la grande faille du calcaire de Der- byshire et de l’Yorckshire , de même qu’elles sont, dans les au- tres pays, liées à quelques vestiges d’une action ignée plus ou moins ancienne. Il en a conclu de nouveau une oxcidation lente de l’écorce du globe et des phénomènes naissant dans cette écorce, de préférence à la théorie du feu central. Les deux opinions sont défendues par des savans d’un égal mérite : M. Ampère s’est pro- noncé pour celle qu’appuie M. Daubeny. Vous avez vu, par le rapport de M. Boue , quels dévcloppeincns a pris cette branche nouvelle de la géologie (Hist. des sources min.), qui s’est surtout enrichie des travaux deMM. Osann , Stuke , Stifft et Keferstein. § 9. — A un autre ordre de phénomènes, se continuant en- core de nos jours, à celui des tufs et des tourbes d’origine la- custre ou continentale , se rattache la découverte des ossemens de chiens , de cochons , de castors et de loutres enfouis dans les tour- bières du Brabant; M. Morron les a trouvés gisans en fort grand nombre , surtout ceux de chien d’une grande taille (sur dix crânes neuf de cette espèce) à 2 m. , sous la tourbe et au contact du sable qui forme la base des tourbières de ce pays. § 10. — Guidée par M. Graves, qui explore depuis plusieurs années avec tant de zèle la géologie du département de l’Oise , la RAPPORT sur les travaux n5o Société a observé près de Saint-Germer et Goincourt, entre Gour- nay et Beauvais, un depot tourbeux intéressant sous plus d’un rapport. On y voit une représentation parfaite , durant la période actuelle , des argiles à lignites fiuviatiles ou lacustres d’un âge plus ancien. Cette tourbe, pénétrée d’une aussi grande abondance de fer sulfuré que les lignites tertiaires de Picardie, est de même ex- ploitée pour en extraire de l’alun et du vitriol. Ce lignite pyri- teux acquiert une épaisseur de 20 pieds et présente plusieurs al- ternances d’argiles , de galets , de graviers , et de lignite compacte ou friables; des ossemens de bœuf, de cheval , de cerf et de che- vreuil se rencontrent abondamment dans les différens lits. On y voit un amas d’arbres renversés formant une sorte découché, et parmi lesquels on reconnaît des saules, des noisetiers et des bou- leaux. INous visitâmes , M. Prévost et moi, ce même dépôt, il y a cinq ou six ans, et nous fûmes frappés de l’étonnante similitude que l’ensemble de ces couches offrait avec les argiles à lignites du Soissonnais, et même avec certains lignites d’argiles de la forma- tion jurassique, quoique d’un âge si différent.. A la vérité, le dépôt de Beauvais est exclusivement continental et sans nul mé- lange marin, dont on voit tant d’exemples dans plusieurs baies des deux rives de la Manche. IP SERIE. TERRAINS DILUVIENS. § 1 1. — Que doit-on entendre par dépôt ou terrain diluvien? faut-il le considérer comme résultat d’une cause unique et géné- rale qui séparerait d’une manière tranchée les époques géologi- ques de F époque historique? Est-ce au contraire le produit de plusieurs inondations, de causes variables suivant les temps et les localités? Et faut-il admettre un passage insensible des temps an- ciens à l’époque actuelle qui présenterait les mêmes lois et la plu- part des mêmes phénomènes que les autres périodes géologiques? * M. Tournai, en nous rappelant cette difficile alternative, objet de tant de discussions , s’est prononcé pour la seconde opinion , celle qui a gagné le plus de partisans, après avoir été long-temps sou- tenue par un de vos membres , M. G. Prévost. Il vous a aussi ex- posé la difficulté de préciser rationnellement la valèur et les limites du mot fossiles , dans le but de déterminer que les os humains trou- vés par lui et par quelques autres géologues du midi de la France, || dans les cavernes à ossemens , étaient bien fossiles et contempo- ,| rains des espèces éteintes avec lesquelles ils ont été découverts. 1 Drun autre côté cependant , la destruction de ces mammifères DE DA SOCIÉTÉ EN I 85 1 . 25 1 paraissant coïncider avec le dépôt de la plus grande masse de dilu- vium les ossemens humains auraient été , suivant l’opinion d’un autre géologue du midi, et de M. Tournai lui-même, enfouis par cette même grande catastrophe plutôt que par aucune autre des causes secondaires et moins évidentes dont M. Tournai admet lacon- tinuation. Le fait essentiel était de montrer le mélange intime; de prouver que nulle cause postérieure ne pouvait avoir opéré un re- maniement de débris dont le dépôt et d’êtres dont l’existence peu- vent avoir été séparés par un très grand espace de temps, et sans doute par l’une de ces révolutions qui ont si puissamment modifié ïe relief des continens. Mais vous savez , messieurs , que les conclu- sions de tous }es géologues du midi (hors M. Teissier), auteurs de ces intéressantes découvertes , ont été pour la contemporanéité de l’houime et des grandes espèces détruites d’ours, hyènes, de cerfs, auxquelles ils en ont trouvé les ossemens associés. Cette question a même remplacé , dans l’histoire des cavernes, ceileà peu près ré- solue du remplissage de la plupart de ces cavités par un violent |J agent extérieur, par des cours d’eau en partie superficiels , en par- tie souterrains, opinion que M. C. Prévost s’est surtout efforcé d’é- tablir et queMiVl. Bertrand Gesîin et Marcel deSerres ont aussi for- tement soutenue, contre l’opinion ingénieuse de M. Buckland, mais trop exclusive , qui tendait à se généraliser , de l’habitation de ces grottes par des carnassiers , surtout par des hyènes qui y au- Il raient entraîné les os d’animaux paisibles, leurs contemporains. '( C’est à cette discussion plus qu’à toute autre qu’il convient d’apporter l’esprit d’éclectisme si nécessaire en géologie ; car nul phénomène peut-être plus que celui des cavernes à ossemens n’a été , malgré son apparente uniformité , le résultat de plus de mo- difications secondaires, indépendantes d’une première cause effec- tivement plus générale. Des cavernes auront été remplies par les dépouilles de mammifères qui y seront morts naturellement; d’autres l’auront été , en partie par cette cause , en partie par les débris qu’y entraînèrent des animaux carnassiers; le plus grand nombre, toutefois, aura été rempli par les eaux courantes, qui j ont également combié les fissures superficielles et formé les brè- | clies osseuses avec les mêmes limons et graviers. Si le remplissage de la plupart des cavernes s’est opérée pen- dant la période tranquille qui a précédé le dernier grand soulève- ment de montagnes , si le remplissage d’un grand nombre d’autres n’a été au contraire que le résultat de cette cause violente, com- bien de causes postérieures, dont on a tant de preuves et d’exem- ples, ont pu modifier ces plus anciens dépôts, telles que l’intro-» RAPPORT SUR LES TRAVAUX 2Ô2 duction d’animaux vivans plus modernes qui y seront morts , telles que le passage plusieurs lois répété et interrompu d’eaux cou- rantes , qui auront charrié les premiers limons par les fentes su- périeures , qui en auront ensuite entraîné et mêlé de nouveaux. Mais en restreignant la question des cayernes , à celle des os- semens humains qu’on y a quelquefois rencontrés, n’est- il pas évi- dent que le doute devient plus nécessaire encore ? Combien de fois ces lieux n’ont-ils pu servir de sépultures , de retraites ou passa- gères, ou même durables, aux diverses races d’habitans qui se sont succédé sur le même sol , et , s’il est permis de le dire , même à un géologue, en stratification discordante ! L’histoire, même celle des temps modernes, en a conservé de nombreux témoigna- ges, et les persécutions religieuses, depuis celle du druidisme, sous Claude, jusqu’à celle du calvinisme, au seizième siècle, les guerres d’invasion, les luttes de la féodalité, ont été autant d’oc- casions qui auront pu rendre les cavernes des lieux de refuge , si même il n’en est pas qui aient servi d’habitations à des races d’une Î civilisation moins avancée. De ces grottes, les unes (Bize, Som- mières, Mialet, Breingues, Paviland) , étaient en partie déjà rem- plies d’ossemens de mammifères; les autres (Burfort, Ussat , et la plupart des cluseaux du Périgord), étaient vides quand les os humains y ont été délaissés. ICe sont encore les objets d’industrie trouvés avec les ossemens de quelques cavernes et annonçant un état social assez barbare, qui ont porté plusieurs géologues à faire remonter jusqu’au ber- ceau de la société , et même au-delà des temps historiques et dans l’obscurité des dernières périodes géologiques, les ossemens hu- || mains trouvés avec ceux des ours et des hyènes, dont on les a Il supposés contemporains. Or, messieurs , le témoignage de Florus que j’ai cité à la der- nière séance, me semble d’un grand poids dans cette discussion. Florus , parlant des habitans de la Gaule méridionale , à l’époque où César en fit la conquête , c’est-à-dire cinquante ans avant notre ère, il V a dix-neuf siècles environ, dit au sujet des moyens bar- bares que César employa pour les soumettre : Les Aquitains f race prévoyante et rusée , se reliraient dans les cavernes , César ordonna de les y enfermer . Aquitani , callidum genus, in spe~ luncas se recipiebant -, jussit includi. (Florus, lib. III, cap. io. Edit, de Duker , pag. 5 1 9.) Il est inutile de faire de longs commentaires sur le récit aussi positif d’un écrivain qu’on n’accusera certainement pas de partialité; mais si l’on ajoute à ce témoignage l’habitude de plu- Ï)E LA SOCtÉTE EN i85l. s55 sienrs peuplades de race celtique de vivre dans des cavernes , qui s’est conservée dans plusieurs de nos provinces, sur les bords de la Loire, du Rhône, etc., on pourra conjecturer que les ossemens humains et les poteries des cavernes du midi de la France, dé- couverts en partie dans l’ancienne Aquitaine , en partie dans cette division de la Celtique devenue plus tard la Provincia romana et la Narbonaise , ont très probablement appartenu à quelques uns || des malheureux Gaulois que César fit murer dans leurs retraites. Il Là où le mélange est complet , des cours d’eau auront bien pu ]{ produire un remaniement assez récent; le même degré d’altéra- D tion des os d’hommes et de quadrupèdes , ensevelis sur un même soi , ne suffit pas pour prouver leur contemporanéité , puisqu’il est constant que l’état de calcination et l’odeur argileuse produits par la perte de la matière animale, et caractère de la fossilisation , se sont manifestés sur des corps enfouis depuis les temps histo- riques. La civilisation d’une grande partie de la Gaule , à l’époque de la conquête romaine, n’était certainement pas, d’après’tous les té- moignages historiques, et quoiqu’en aient dit les partisans exagérés de notre gloire nationale à son berceau , la civilisation gauloise n’était pas plus avancée que ne le donnent à penser les débris de poterie mal cuite, les épingles, et autres insirumens en os, les bâches et les couteaux de silex trouvés avec les ossemens humains dans les cavernes, c’est-à-dire celle de peuplades à peu près au même degré social que la plupart des tribus sauvages de l’Amérique à l’époque de la conquête, se tatouant, adorant les arbres, les pierres, les fontaines, sacrifiant des victimes humaines à leurs dieux, et en suspendant les têtes ou celles d’animaux à à leurs arbres sacrés, etc. Que l’on compare les débris d’indus- trie des cavernes à ceux qui proviennent évidemment d’éta- blissemens gaulois , et Ton verra la pi us parfaite identité. Partout où l’on fouille les tombelles qui servirent de sépulture à ces mêmes hommes de race celtique , habitans de la Gaule, ou de la Grande-Bretagne , ou de la Germanie , partout où l’on creuse sous leurs dolmen , grossiers autels formés de pierres brutes, ou bien sur l’emplacement de leurs oppida , on retrouve précisé- ment ces mêmes objets découverts dans les cavernes, et on les trouve souvent accompagnés d’ossemens d’animaux domestiques ou sauvages , mais d’espèces non détruites, et qui n’ont été pla- cés là que par honneur pour le mort, à la suite de sacrifices ou de repas funèbres , autre source d’erreurs possibles à l’égard des ossemens des cavernes. Qu’ou examine ces monumens en eux- RAPPORT SUR LES TRAVAUX *2 54 mêmes, on ne les supposera pas antédiluviens , comme l’a fait un Anglais qui montre à Londres des reliefs des grands sanctuai- res de Stoneheoge et d’Aybury, et pourtant on y reconnaîtra l’état social le moins avancé. (Tout en présentant ces aperçus à l’appui de l’origine récente des débris humains dans les cavernes , je suis bien loin de croire la question résolue et d’en faire une application trop générale. Les opinions sont encore très divisées : MM. Cuvier, Buckland , Rosen-Müller, Soëinmering , qui ont cité , il y a longtemps, des os humains dans les cavernes à osseraens d’espèces perdues, n’ont point admis la contemporanéité. Pour l’opinion contraire, vous ayez vu , outre les faits décrits par MM. Marcel de Serres, Tour- nai, de Christol , Farines et Dumas , ceux que M. Boué vous a rappelés de poteries ou dJos humains dans certaines brèches os- seuses , dans les sables ossifères de Baden , de Kosritz en Saxe,, dans les marnes du Rhin. La similitude fort curieuse d’une des, têtes découvertes en Autriche, avec les races nègres , a même, inspiré cette idée ingénieuse, que s’il a effectivement existé sur le sol de l’Europe une race d’homme contemporaine des anciennes alluvions , elle a dû offrir, avec les races de l’équateur, la même ressemblance que la plupart des animaux de cette période offraient avec ceux des pays chauds. Mais si i’011 pouvait attribuer à la même époque les crânes de la caverne de Miallet, cette analogie ne serait pas constante ; car ceux-ci, quoique comprimés, sont plu- tôt de race caucasique. D’on autre côté, M. Cuvier a prouvé que les mammifères de cette période , qui annonceraient un climat tropical, sont accompagnées d’autres mammifères de climats sep- trionaux; pour les débris de l’espèce humaine, s’ils remontaient; aussi loin, il pourrait y avoir déjà mélange de races. Mais, je le; ' répète, on ne peut encore que recueillir les faits et les objections.. Excusez-moi , messieurs , d’être revenu sur des considérations plus historiques que géologiques -j mais il m’a semblé que la lumière nouvelle qu’elles répandent sur un intéressant objet de contro- verse me ferait pardonner cette digression. Je reviens aux ca- vernes et aux ossemens dont plusieurs de vos membres vous ont entretenus. M. Tournai, après les considérations générales que je vous ai rappelées, en a fait l’application à la caverne de Bize , dans la- J jjquelle il a le premier découvert le mélange d’os humains et de- ] poteries avec les os d’animaux perdus. Il l’applique aussi aux ca- vernes de Sommières (Gard) , où le même mélange a été constaté par M. de Christol. Les os de mammifères des cavernes de l’Aude DE LA. SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 255 sont surtout de cerf , de chamois , de chevreuil , d’antilope , d’ours ; ceux des cavernes du Gard sont de rhinocéros , de bœuf, de cheval, de cerf et d’hvène. M. Tournai s’appuie surtout sur le même degré d’altération des os d’hommes et de mammifères , et sur leur mélange complet dans le même limon. Ses conclusions sont que l’existence des ossemens humains à l’état fossile ne peut être révoquée en doute; que ceux des cavernes de Bize sont anté- diluviens, et que, avant le dernier grand cataclysme , l’homme vi- vait en société dans la Gaule méridionale , simultanément habitée par un assez grand nombre de mammifères d’espèces aujourd’hui anéanties. § 12. La caverne de Rancogne, située à 3 lieues d’Àngouléme, est l’une des plus vastes et des plus anciennement renommées du canton de La Rochefoucault (Charente); mais sa réputation ne se fondait , comme celle de tant d’autres, que sur la variété et l’abon- dance de ses stalactites. M. Roulland y a découvert, sous le plancher staîagmitique et alluvial, une grande quantité d’ossemens de mammifères mêlés à des ossemens humains, à des débris de poteries et à des galets des roches environnantes. Mieux qu’aucune autre peut-être cette grotte laisse aperce- voir les circonstances probables de l’enfouissemeiit de ces corps étrangers. Un ruisseau la traverse encore. La Tardouère , qui coule à peu de distance et perd une partie de ses eaux dans divers autres gouffres de la contrée qu’elle traverse , l’une de celles que M. Des- marest père nommait, avec justesse , cantons absorbans , a sou- vent aussi , dans ses débordemens , pénétré dans la grotte de Ran- cogne. Les traditions du pays ont conservé le souvenir que des hommes s’y sont réfugiés à différentes époques, et que des loups, vivant en grand nombre dans la forêt de la Braconne , s’y retiraient aussi habituellement , y transportant leur proie et même des par- ties de cadavres exhumés du cimetière le plus voisin. Du mode de remplissage de cette grotte, tel que le conçoit M. Roulland, aux idées exprimées par M. Tournai , la différence est extrême; et, si l’on rapproche d’une partie des explications présentées par M. Roulland ce que MM. Yirlet et Boblaye ont observé des gouffres absorbans de Morée , on verra combien ce phénomène, qui se continue, avec tant d’autres, durant notre période, peut éclairer l’histoire des cavernes. § i3. — D’autres faits demandent d’autres explications , et le remplissage de la caverne d’Ussat, dont vous a entretenu M. Bou- bée, ne paraît pas être du à une cause analogue. Dans la seconde RAPPORT SUR LES TRAVAUX à56 partie de cette grotte , creusée au milieu du calcaire de transition,' étaient amoncelés, en très grande abondance, des os humains, en partie recouverts et empâtés par les incrustations calcaires, et su- perposés eux-mêmes à un dépôt alluvial très puissant de sable et de galets de roches primitives , qui ne contient plus de débris hu- mains, mais qui est également recouvert par les stalagmites sur le point où ne se voit pas la couche ossifère. On peut donc recon- naître dans cette grotte deux périodes distinctes , celle de l’intro- duction fîuviatile des graviers et le dépôt postérieur des os hu- mains. Le témoignage que j’ai précédemment cité me semble assez ap- plicable à cette caverne , eu égard à la grande quantité des os» semens humains. Toutefois, il ne paraît pas que dans cette grotte il y ait eu réunion d’ossemens de mammifères d’espèces perdues. § i4* — Mais de tous les faits de ce genre communiqués à la I Société, il n’en est peut-être pas de plus instructif que celui de la caverne de Mialîet, près d’Anchize (Gard), dontM. J. Teissier vous a plusieurs fois entretenu , avec des détails qui ont vivement intéressé la Société. Cette grotte, située sur les bords du Gardon, est ouverte dans une roche dolomitique subordonnée au lias , sur une pente abrupte, et à 3o mètres au-dessus de la vallée. Le lit inférieur de l’intérieur de la grotte est un sable dolomitique re- couvert irrégulièrement d’une couche mince stalagmitique , et çà et là d’un limon argilo-ferrugineux , dont l’épaisseur atteint plus d’un mètre, et adhère en plusieurs points à Ta voûte et aux pa- rois. C’est dans cette couche , semblable aux graviers diluviens os- sifères les plus anciens des cavernes, qu’on a découvert, en très grande abondance, des ossemens et des têtes d’ours d’une fort belle conservation. M. Teissier vous en a adressé les dimensions, qui indiquent une plus grande taille que celle habituelle de Yursus spæleus ; ils étaient accompagnés de quelques débris beaucoup plus rares d’hyène, de rummans et d’oiseaux. Sous les stalagmites , et sous une couche de sable limoneux de 2 à 4 décimètres, ont été trouvés en très grand nombre des osse- mens humains dans différentes parties de la grotte. Dans le fond, ils sont incontestablement mêlés avec ceux d’ours, qui prédomi- nent ; vers l’entrée , au contraire , ce sont les os humains qui pré- dominent et qui paraissent un peu plus récens. Sur le limon ossifère, et sous un petit avancement de roche, a été découvert un squelette humain presque entier, auprès duquel étaient une lampe, une figurine en terre cuite, et à peu de distance des bracelets de cuivre; en d’autres points ont été découverts des débris de poteries gros- DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 I . 25 7 sières , des os travaillés , de petits outils de silex , objets d’une in- dustrie plus grossière que les précédons. Les crânes humains , mesurés par M. Teissier, lui avaient pré- senté une dépression de haut en bas et urt alongement d’avant en arrière, qu’il regarda d’abord comme un caractère de race et comme offrant certaines analogies avec lès races nègres* mais il a bien reconnu depuis que cet aplatissement était artificiel, soit qu’il provînt de l’usage de porter des fardeaux sur le crâne , soit qu’il dût être attribué à une compression produite dès l’enfance , usage constaté chez plus d’une peuplade sauvage. Tous les autres caractères de ces têtes ont indiqué la race caucasique . M. Teissier a distingué , avec une très grande précision, les dif- férentes périodes qui semblent pouvoir être reconnues dans les débris dont cette grotte a été remplie. t° une époque anté-dilu- viennepour les ours , dont l’espèce est actuellement perdue , et qui peuvent s’y être succédé en plusieurs générations , ou bien y avoir été poussés en grand nombre à l’époque de quelque grand cata- clysme; 20 une époque de civilisation peu avancée (gauloise) pour les hommes, dont les ossemens sont accompagnés d’objets d’une industrie fort grossière. U peut y avoir eu séjour prolongé , refuge en temps de guerre, ou sépulture : c’est à cette dernière opinion que s’est arrêté plus volontiers M. Teissier; 3° une époque romaine indiquée par les vestiges d’un art plus perfectionné, et qui peut avoir présenté les mêmes circonstances que la période gauloise. Quant au mélange des ossemens d’ours et d’homme, il ne prouvé nullement leur contemporanéité, puisqu’il est évident que les uns et les autres n’ont pu vivre en même temps dans cette grotte; et en admettant, comme «1 est impossible de s’y refuser, que la lampe, la figurine, les bracelets ne sont pas antédiluviens, ce se- rait tout-à-fait arbitrairement qu’on les séparerait chronologi- quement, par un grand cataclysme , des objets plus grossiers qui les accompagnent et se sont retrouvés seuls dans d’autres cavernes. Le mélange dans les parties où il existe paraît donc s’être opéré ou par l’action d’un cours d’eau, ou par l’excavation artificielle d’une sépulture dans le limon primitivement ossifère. La plupart de ces objets précieux font maintenant partie du Musée de Nîmes. § i5. — Le nombre des cavernes à ossemens dont les découvertes se sont si rapidement multipliées en France, ne paraît pas être moins grand en Belgique. M. Sauveur, de Liège, vous a fait connaître que le nom- bre de celles découvertes aux environs de la même ville, par Soc. géol. Tom. II. rn RAPPORT SUR LES TRAVAUX «58 M. Sclimerling, s’élève maintenant a plus de quinze. L’une d’elles,, celle d’Engissoul, contenait des ossemens humains enfouis dans une couche argileuse mêlée de cailloux roulés , avec des débris d’ours , de rats , d’oiseaux, etc. § 16. — M. Pentland vous a fait part de la découverte d’osse- mens de plusieurs espèces de kanguroos fossiles, dans une brèche calcaire de la partie N. N. E. de la Nouvelle-Hollande, sur les bords de l’IIunter. Ces os ont été envoyés au Muséum par M. Jameson, qui , avec M. Clifft , les a décrits. Ils appartiennent à sept ou huit espèces détruites, mais de genres existans encore dans le pays; ils étaient accompagnés de débris d’éléphant ou de mastodonte , et , d’après l’examen de M. Buckland , d’un autre mammifère plus grand que l’hippopotame connu. La découverte en a été, je crois, annoncée d’abord en Angleterre, à la Société géologique de Londres , par M. Mittchell , qui a le plus complète- ment décrit les circonstances du gisement. On a déjà rencontré de ces ossemens dans plusieurs localités de l’Australie, et particu- lièrement dans la partie occidentale, à Wellington-Walley. Ils semblent appartenir à un même système , qui montre , entre les brèches osseuses des fentes et le gravier ossifère des cavernes , la même liaison qui s’observe si évidemment sur les bords de la Méditerranée, particulièrement aux environs de Paîerme et dans le département de l’Aude. La brèche calcaire qui les empâte est aussi tout-à-fait semblable à celle de l’Europe , et formée de fragmens de*palcaire compacte, et de débris osseux réunis par un ciment rouge. Yoilà donc à la Nouvelle-Hollande le dépôt ossifère des brèches et des cavernes comme dans les autres parties du globe : est-il contemporain de celles de notre Europe ? c’est bien peu pro- bable : il n’y aura eu, à différentes époques, d’analogue que le mode deformation; plusieurs catastrophes auront détruit et en- foui dans les fentes, dans les cavernes ou dans les lits alluviens, les grands ossemens de l’Ohio , ceux de l’Irrawadi , ceux des mers^ du Nord, de l’Europe centrale et de l’Australie. Quoi qu’il en soit, dès l’époque de ce dépôt, l’organisation du continent austral était en grande partie déjà ce qu’elle est aujourd’hui, puisqu’on y trouve4es types d’une classe de mam- mifères qui lui est encore particulière , mais toutefois accom- pagnés de genres (éléphant ou mastodonte ) qui y sont tout-à-fait inconnus. J § 17. — Les brèches osseuses sont généralement attribuées à [des eaux courantes qui auraient entassé les ossemens et les frag- DE LA SOCIÉTÉ EN I 83 1 . 2Ôg mens de roches dans des fentes formées, soit par le brisement des couches , soit par le retrait et la dessiccation de couches sorties de la mer, soit par le passage de gaz et de sources acides. M. D’Es- trem, ingénieur des ponts et chaussées, en a exposé une nouvelle théorie qu’il appuie sur des expériences. Il a soumis à une cha- leur violente (cent degrés de Wegwood) des blocs des différentes roches qui contiennent les brèches osseuses, et il a vérifié quelle peut être l’action de la chaleur sur la production des fentes et des fragmens; les uns se sont fendillés, d’autres ont décrépité en pous- sière, en petits débris ou en plus grosses masses. Il en conclut que la formation et le remplissage des fentes ont eu lieu presque instantanément et résulteraient d’une sorte de calcination qui se serait aussi exercée sur les os. Il suppose qu’à l’époque d’une des dernières catastrophes du globe , un épanche- ment de matière métallique bouillante , sorti de quelque point des Pyrénées à l’état de fluidité ignée , aurait coulé sur les bords delà mer, détruit les animaux, et fendillé, fracturé les roches sur lesquelles il passait et entassait instantanément les débris dans les fentes. L’auteur suppose , comme on voit, à l’extérieur, une action qui paraît au contraire avoir été en grande partie intérieure. Il n’est pas probable que cette hypothèse ait jamais de nombreux partisans, et qu’on admette ces courans d’une nouvelle espèce qui auraient fait le tour de la Méditerranée, et dont on ne retrou- verait d’autre trace que la pâte ocreuse qui cimente les brèches à ossemens. On sait que M. Savi a expliqué la formation de la brèche , beaucoup plus ancienne ( mischio ) de Seravizza , dans les Alpes apueones , par une action ignée qui aurait également fendillé, brisé la roche, et qui en aurait cimenté les fragmens dans les fentes j mais cette action aurait été toute intérieure et souterraine comme toutes celles de cémentation et d’épanchement des roches avec altération ignée.' g !8. — M. Morren a annoncé avoir reconnu dans les alluvions du Brabant une nouvelle variété de l’éléphant primôgenius. Il se propose d’en décrire une mâchoire inférieure se terminant par une symphisc à long bec. On sait que M. fischer a déjà dis- tingué plusieurs espèces dans les mammouths de Russie et de Sibérie. RAPPORT SUR LES TRAVAUX aGo III®’ série. — Terrains quaternaires et tertiaires. § ig. Je ne puis mieux commencer l’énumération des Mémoires qui ont été présentés à la Société, relativement aux terrains ter- tiaires , qu’en vous rappelant les principaux résultats du grand travail de M. Desliayes sur les coquilles fossiles de ccs terrains, fruit de plusieurs années de recherches et de la plus consciencieuse comparaison d’un nombre infini de coquilles fossiles et vivantes. Ce travail ouvre d’autant mieux la série des terrains les plus riches en fossiles , qu’il a soulevé plusieurs questions capitales sur les différens âges de ces terrains, et sur la valeur des caractères zoologiques en général. Vainement je chercherais à donner une forme nouvelle à l’ana- lyse de tableaux dont les chiffres ont été plusieurs fois reproduits depuis six mois qu’ils ont été livrés à la publicité ; par cela même que la base et les conséquences en sont numériques , et presque mathématiques, elles ne sont pas susceptibles de variantes; leur vérité et leur intérêt consistent dans le plus simple énoncé des résultats. Il serait aussi difficile d’ajouter aux éloges que M. Cu- vier en a fait dans son rapport à l’Académie. Voyons cependant comment M. Deshayes a procédé dans ses recherches, et comment ses résultats se lient à d’autres considéra- tions géologiqiies. Fermant les yeux sur tous autres caractères empruntés , soit à la nature des terrains , soit à leur superposition , et laissant aux géologues le soin de faire coïncider les faits de leur science avec ceux de la zoologie , il s’est borné à comparer les coquilles fossiles de nombreuses localités, réputées appartenir aux principales formations tertiaires ou secondaires ; il a groupé , pour en former des systèmes distincts , celles qui offraient entre elles les plus grandes masses de ressemblances zoologiques , et le plus d’espèces identiques ; puis il a classé ces groupes chronologiquement suivant la présence ou l’absence, suivant le nombre plus ou moins grand d’espèces analogues à celles de la nature actuelle , et il a fait des périodes zoologiques pour les coquilles, comme d’autres savans avaient fait pour les mammifères , pour les végétaux , et pour plu- sieurs grandes familles organiques. Par cette adoption du carac- tère zoologique comme seul et véritable type d“es grandes périodes géologiques, et comme le représentant le plus réel des lois fixes et naturelles des grandes révolutions du glohe , M. Deshayes est allé plus loin , sous ce rapport , que M. Brongniart lui-même, qui DE LA SOCIÉTÉ EN l85l. ifil le premier a fait sentir si positivement toute la valeur de ces ca- ractères pour déterminer l’âge d’une formation , quelle que fût la nature des roches dont elle se compose. M. Brongniart, en effet , a toujours laissé en première ligne , non les caractères exté- rieurs, auxquels nul géologue un peu exercé n’attache plus d’im- portance , mais le fait de la superposition directe qui restera tou- jours le plus certain et le moins contestable. On pourra objecte*!’ , entre autres argumens contre les caractères zoologiques , la nécessité de tenir compte des circonstances de vie particulières aux différentes espèces , de l’influence de la tem- pérature, des niveaux, des courans marins ou fluviatiles , de la nature des fonds, de la proximité ou de l’éloignement des ri- vages, toutes circonstances qui doivent, dans un même bassin et dans une même période , produire des différences qu’il est souvent bien difficile de distinguer des différences chronologiques. On objectera l’influence des causes locales variables selon les contrées, selon les temps , presque selon les saisons , et susceptibles de pro- duire de très grands changemens d’une couche à l’autre, même dans une seule grande période. On demandera quelles sont les limites précises du caractère zoologique pour fixer une période. On pourra objecter encore cette très forte probabilité que les mêmes espèces, expulsées d’un bassin par les révolutions du sol qui les ont empêchées de continuer d’y vivre et d’y imprimer pour l’avenir le même caractère zoologique, auront pu se reproduire dans des bassins plus éloignés , où leurs germes auront transmigré avec les mers chassées de leurs premiers bassins . On pourra dire encore, avec une apparence de solidité, qu’à la même époque les différences de température ont dû produire dans des bassins éloignés des différences aussi grandes peut-être que celles qui peuvent servir à distinguer des périodes différentes. On fait et l’on a fait bien d’autres objections plus ou moins spécieuses, et l’un de vos membres, M. Boué, vous a même dé- veloppé un assez grand nombre d’exemples des erreurs auxquelles l’emploi des caractères organiques, à la vérité mal compris, a exposé les géologues; tandis que contre la superposition envisagée j en grand , comme moyen de classification chronologique des ter- ! rains de sédiment, avec l’appui de tous les autres caractères, et ! en tenant compte du fait si compliqué des redressemens , il n’y a pas d’objection sérieuse, à. moins de renoncer à toute possibilité de reconnaissances géologiques. Mais, de son côté , M. Deshayes a envisagé la question de haut , tout en tirant ses argumens du plus 262 RAPPORT SUR LES TRAVAUX minutieux examen des espèces , et nous verrons bientôt qu’il y a jusqu’ici une harmonie des plus heureuses entre les résultats de la géologie et ceux de la zoologie. Quoi qu’il en soit, M. Deshayes , s’appuyant sur le caractère zoologique seul , distingue deux puissans groupes de terrains. A. Ceux qui ne contiennent aucune espèce de coquilles analo- gues avec celles de la nature actuelle , et nous voyons déjà ce groupe correspondre à l’une des divisions géologiques, les plus générales et les plus anciennement reconnues, celle des terrains secondaires. B. Les terrains avec espèces analogues , ou les terrains ter- tiaires. Se restreignant à ceux-ci , M. Deshayes s’est servi du même caractère pour les partager eux-mêmes en plusieurs périodes, et la proportion plus ou moins grande d’espèces analogues propres à chaque système lui a fait distinguer trois groupes qu’il regarde , a priori , comme de plus en plus récens, selon que le nombre des espèces analogues est plus considérable. i° Le premier, le plus ancien , comprend les bassins tertiaires les plus anciennement étudiés, celui de Paris d’abord j et quoi- que M. Deshayes ue l’exprime pas, sans doute tout l’ensemble de ce bassin , susceptible d’être subdivisé lui’- même eu plusieurs groupes, déjà si nettement déterminés, mais tous antérieurs, ainsi que j’avais essayé de le prouver, à la formation marine de ce- lui de la Loire, qui ne commença à recevoir le dépôt des faluns que lorsque le bassin de Paris était à peu près intégralement rempli. Au bassin de Paris , M. Deshayes ajoute ceux de F alognes , de Xî le de FFight, de Londres, partie de celui de la Belgique, une faible partie de celui de la Gironde et la plus grande partie de celui du Vîcentin. Ils ont présenté déjà quatorze cents espèces environ , dont trente-huit analogues à des espèces vivantes, ou environ 3 p. °/G. Quarante-deux espèces seulement se retrouvent dans les dépôts postérieurs. Ils n’offrent nulle analogie d’espèces avec les terrains secondaires les plus récens. Cette considération soulève la ques- tion des terrai ns tertiaires intermédiaires , dont j’aurai bientôt à vous entretenir. 20 Le deuxième groupe comprend les faluns de la Touraine et du reste de la f Loire, la plus grande partie du bassin delà Gironde, en y ajoutant celui de Dax, Y Autriche, la Hongrie , la Pologne ; et, par une distinction qui n’est pas l’un des faits les moins piquans du travail de M. Deshayes, et qui lui appartient en propre , une très petite partie seulement des collines subapennines , c.-à-d. ît 65 DE LA SOCIÉTÉ EN l85l. les environs de Turin. Jusqu’ici tous les géologues et les zoo- : légistes n’avaient formé qu’un seul groupe des terrains tertiaires de l’Autriche et de ceux de l’Italie ; on se souvient que leur pre- mier rapprochement fut même un des principaux résultats du Mémoire sur Vienne, de M. Constant Prévost, qui fit voir que ces deux terrains offraient plus de rapports d’époque avec la forma- tion marine supérieure parisienne qu’avec la formation inférieure au gypse, aperçu qui fut adopté plus formellement par M.Bron- gniart. Ce fut un premier pas vers cette subdivision des terrains j tertiaires envisagés en grand ; mais alors , et jusqu’à ces dernières) années, on n’avait eu l’idée que de deux grandes formations ma- rines tertiaires , à peu près parallèles avec les deux terrains pari- siens , opinion qui a encore tant de partisans. Sur neuf cents espèces que M. Deshayes a comparées de ce groupe ainsi formé , cent soixante- une ont leurs analogues vivans, c’est-à-dire 18 p. °/0, et cent soixante-treize, ou 19 p. °/0, ont continué de vivre dans le groupe postérieur. 3° Dans ce dernier groupe , qui plus tard, étant mieux connu , sera susceptible de subdivisions nouvelles, M. Deshayes fait entrer les collines subapennines , les terrains tertiaires de Sicile (que des observations plus récentes forceront certainement de subdi- viser) , ceux de M.orée, le petit bassin de Perpignan, et sans doute d’autres petits bassins des bords de la Méditerrannée. Toutefois , il me paraît que les bassins de l’Hérault , de l’Aude, des Bouches- du-Rhône, delà Suisse, auraient plus de rapport avec le deuxième; mais M. Deshayes ne les a point classés, n’ayant pu en étudier un assez grand nombre d’espèces. Il y rapporte aussi provisoirement le Crag. Dans ce dernier groupe, le plus artificiellement formé, c’est-à-dire celui des trois qui paraît composé d’un certain nombre de dépôts ( surtout les différentes parties des collines subapen- nines, et de la Sicile ) que la géologie porterait à ne pas regar- der comme contemporains , M. Deshayes connaît sept cents es- pèces, dont plus de moitié auraient leurs analogues vivans. M. Deshayes a encore remarqué que treize espèces seulement étaient communes aux trois groupes , et avaient résisté seules aux causes destructives qui ont ainsi successivement modifié l’organi- sation sous-marine ; il propose de regarder ces espèces comme ca- ractéristiques de tout l’ensemble des terrains tertiaires. M. Deshayes a envisagé la question des analogues sous un autre point de vue, qui peut se lier de la manière la plus heureuse avec l’histoire dessoulèvemcns des dernières chaînes , et qui peut même servir à reconnaître, jusqu’à un certain point, les limites des fi APPORT sur les travaux 264 1 derniers bassins , ou du moins les directions suivant lesquelles les limites plus anciennes des chaînes et des bassins se rapportent avec la distribution géographique actuelles des mers; c’est en détermi- nant la distribution sur le globe des espèces encore vivantes qui exis- taient déjà à l’époque des terrains tertiaires. Il a constaté que sur les trente-huit espèces vivantes de la première époque , dont douze seulement lui sont propres , il y en a aujourd’hui de réparties à toutes les latitudes; que le plus grand nombre cependant appar- tient aux régions intertropicales. Il en est de même des cent soixante-une de la seconde époque. La plus grande partie se trouve au Sénégal, à Madagascar et dans l’Archipel des Indes; un moindre nombre habite le midi de la Méditerrannée, et quel- ques unes seulement les mers d’Europe. Quant aux espèces analogues de la troisième époque , elles vi- vent encore en grande partie dans les mers qui baignent une par- tie des dépôts qui les recèlent; c’est ce qu’on observe pour les collines subapennines dont les analogues sont surtout de l’Adria- tique, et pour le crag des comtés de Suffolk et de Norfolk , qui contient des espèces de la mer du Nord. Ces rapports seraient en- core plus frappans si l’on y ajoutait les dépôts plus récens de Nice , de la Rochelle , du Caernarvon , d’Udewaîia , les couches supérieures de la Sicile, etc., dont toutes les espèces paraissent analogues à celles des mers voisines; mais il me paraît incontes- table que ces dépôts littoraux forment une sous-période très dis- tincte, et qui lie zoologiquement l’ordre de choses actuel aux époques antérieures. Cette distribution géographique semble annoncer que la tem- pérature a été encore en décroissant depuis le commencement du dépôt des terrains tertiaires , et que le relief extérieur du sol et les limites des bassins actuels de nos mers ont plus de rapports avec les limites des mers aux périodes tertiaires les plus récentes qu’aux plus anciennes. A ce dernier résultat se rattache une opinion trop exclusive- ment appliquée par M. Marcel de Serres aux bassins tertiaires méditerranéens , c’est que les terrains de ceux-ci ont été formés depuis que la Méditerranée occupe ses limites actuelles. Les résultats du travail de M. Deshayes s’appuient donc, ce me semble, sur trois principes qui se lient assez intime- ment. r Le premier , que les terrains sont d'autant plus récens quils contiennent plus de coquilles fossiles analogues aux espèces ac- tuellement vivantes ; DE DA SOCIÉTÉ EN 1 53 1 . ü65 Le deuxième, qu’un changement notable dans U organisa lion et dans les proportions d’ analogie entre les coquilles vi- vantes et fossiles , doit suffire pour constituer des formations diffé- rentes, et coïncider avec les grandes révolutions de la surface du globe ; Le troisième , qui en est à la fois la conséquence et la preuve, suivant les argumens dont on l’appuie, est que les bassins ter- tiaires n ont été simultanément ni formés ni remplis. Si la superposition directe ne venait confirmer la première de ces conséquences , elle serait sans doute aussi rationnelle qu’ingé- nieuse , mais théorique : heureusement qu’elle est confirmée par l’observation des autres classes de fossiles qui conduisent toutes jusqu’ici au même résultat. Heureusement encore que la géologie a fortifié, en partie du moins , ces résultats zooîogiques, et que, par exemple, pour la coïncidence des époques de redressement des couches avec les changemeus d’ organisation, elle s’est trouvée jus- qu’ici assez en harmonie avec les grandes distinctions zoologiques : résultat que M. de Beaumont avait déjà rattaché à ses considéra- tions sur l’âge des montagnes. Il est toutefois plus d’un gisement contrastant non accompagné de différences organiques impor- tantes : M. Sedgwick en a cité plusieurs exemples. Quant à la série des terrains tertiaires particulièrement, il est bien reconnu qu’elle a été interrompue plusieurs fois par de puis- sans redressemens de couches. A la vérité ces deux considérations des différons âges tertiaires et des différens âges de soulèvemens les plus modernes, sont trop neuves encore pour qu’elles soient bien précisément constatées dans tous leurs rapports. Jusqu’ici, par exemple , il paraît que le dépôt de la craie a été séparé de ce- lui des terrains tertiaires par une plus grande révolution physique que les différens terrains tertiaires entre eux • aussi la différence organique est-elle plus forte et le vide plus grand. La conserva- tion do certains genres, et peut-être de certaines espèces d’une formation à l’autre, doit tenir aussi au plus ou moins de violence de ces catastrophes , et à la distance plus ou moins grande du foyer d’action. Quant au fait de la superposition directe , le seul qui soit le garant géologique le plus certain de toutes ces distinctions zoolo- giques, et qui permette de saisir au moins en un point la chaîne de ces terrains tertiaires récens, et leur liaison avec les terrains tertiaires anciens, j’eus, il y a quelques années, la bonne fortune de le constater pour le bassin de la Loire, et je pus dès lors le rattacher à de nombreuses considérations d’un autre ordre qui me RAPPORT SUR LES TRAVAUX «66 permirent de proposer une nouvelle période géologique (1). Persuadé, par l’examen des terrains marins tertiaires de ce ; bassin déposés si près de celui de Paris, et cependant si complè- j tement différens , qu’ils ne pouvaient appartenir à la même période, je ne tardai pas à constater sur divers points leur super- position directe au dernier terrain d’eau douce des bords méri- dionaux du bassin de la Seine. Je fus naturellement amené à i conclure que le sol où ils ont été déposés était à peine accessible aux eaux marines du bassin de la Seine quand celui-ci se rem- I plissait 5 et réciproquement qu’à l’époque postérieure où le bassin de la Loire commença à devenir rivage ou afchipel , et à recevoir le dépôt des faluns , celui du bassin de la Seine , antérieurement rempli , resta inaccessible à ces nouvelles eaux* c’est-à-dire, en d’autres termes , que les oscillations du sol et les soulèvemens des grandes chaînes s’étaient manifestées plus ou moins fortement sur des bassins plus ou moins éloignés, de manière à les émerger ou les immerger à des époques différentes durant la période ter- tiaire ) en un mot, que les bassins tertiaires , je ne dis pas seu- lement les terrains, mais les bassins, comme réceptacles, furent successivement formés et remplis , et que les derniers formés tenaient à la nature actuelle par des relations zoologiques et géo- graphiques plus intimes. Répondant ainsi d’avance à une des objections le plus souvent reproduites : « Que se formait-il dans » tel ou tel bassin tertiaire pendant les dépôts des deux systèmes » marins du bassin de Paris, si vous refusez d’y reconnaître les » analogues et les contemporains de ces mêmes dépôts ? » Les bassins, remplis de dépôts avec un plus grand nombre de fossiles analogues à ceux de la nature actuelle , n’ont eu que tardivement cette disposition sous-marine* pendant les plus anciennes pé- riodes tertiaires ils faisaient probablement partie d’un sol conti- nental, terrestre ou sous-lacustre ; ce n’étaient pas des bassins marins. Je rassemblai le plus de preuves géologiques et physiques que je pus à l’appui de cette opinion que je développai en 1828, et (1) Ann. des Sc. nat., fév. et avr. 182g. J’en avais précédemment communiqué les résultats aux Soc. Philom. et d’Hist. nat., et à la plupart des géologues de Paris, auxquels je cherchai à faire parta- ger ma conviction. Dès i8a5 ( Mém . Soc. d’Hist. nat. de Paris , II, 238 ) j’en annonçai la base , et depuis je rassemblai le plus de faits que je crus propres à la fortifier. Il est aisé de voir que ce travail ne fut pas improvisé. DE LA SOCIÉTÉ EN l83i. 267 j’en fis l'application directe à un ensemble de terrains que je pro- posai d’appeler provisoirement quaternaires , invoquant, à l’appui de cette distinction nouvelle, la considération des ossemens de mammifères , des polypiers , des coquilles , et surtout de la su- perposition directe. Accueillies d’abord avec une défiance natu- rellement produite par leur nouveauté , ces observations et leurs conséquences n’ont pas tardé à être confirmées par l’adhésion ou Jes observations personnelles de MM. G. Prévost, Lvell, de Beau- mont, Boué, Dufresnoy , de Studer, d’Omalius , Sedgwick , de La Bêche, Hoffmann et de quelques autres géologues (1). Mais il n’en est pas , en cette matière, de plus imposante que celle de M. Brongniart, du géologue qui, le premier, a donné aux terrains tertiaires toute leur importance, et en a distingué de nombreux types devenus classiques. En admettant décidément, comme il vient de le faire dans son dernier Traité et dans son Tableau géologique, que les J aluns de la Loire sont postérieurs au terrain d’eau douce le plus récent de la Seine , M. Bron- gniart entraîne à leur suite, dans cette série moderne, par une conséquence inévitable, quoique non exprimée, une grande partie des terrains tertiaires de la Gironde, des Landes, de l’Hérault , du Rhône, de l’Autriche, delà Pologne, des collines subapen- nines, de la Sicile, et d’autres bords de la Méditerranée; eh un mot les deux groupes les plus récens de M. Deshayes. Qu’on 11e se méprenne point , en effet, sur l’état incohérent des faluns de la Loire, qui pourrait faire supposer un trouble, un remaniement postérieur des fossiles de différons âges, un dépôt tout superficiel facile à confondre, sans conséquence, dans la série des terrains meubles : ce serait, selon moi, une grave erreur. La grande masse des coquilles marines y est toute spécifiquement différente de celles des deux étages parisiens : sur quatre cents espèces environ, à peine en voit-on une vingtaine d’analogues. Les coquilles terrestres ou fluviatiles y sont dans le même état de fos- silisation que les coquilles marines ; les ossemens de grands mam- mifères terrestres (mastodonte, rhinocéros, hippopotame, etc.) dans le même état que les os de cétacés , et ils sont recouverts les uns et les autres de polypiers encroûtans, de scrpules , qui (1) En adoptant le mot quaternaires , M. Marcel de Serres semble l’avoir restreint aux seuls terrains récens , formés depuis que les mers sont dans leurs limites actuelles. Je l’avais applique à tous les terrains postérieurs à l'ensemble des terrains tertiaire» de la Seine, si généralement pris pour types. RAPPORT SUR LES TRAVAUX 268 prouvent un séjour prolongé dans une mer quelque temps sta- tionnaire, fait dont on n’a pas le moindre exemple pour les grands mammifères terrestres de cette période dans le bassin parisien , qui semble cependant n’être point séparé physiquement de celui delà Loire* tandis qu’on le retrouve au contraire dans ceux de Dax , de l’Hérault, du Rhône , dans les collines subapennines et en Sicile. Les faiuns , du moins ceux de la Loire , sont un dépôt très ré- gulier, le plus souvent meuble, il est vrai , mais formé durant une époque de calme , et soumis à des lois dont faction se conti- nue sur les rivages actuels. Leur incohérence habituelle offre bien plutôt le caractère d’un dépôt littoral que d’un dépôt diluvien; c’est ce que j’essayai de prouver dans le mémoire que je rappelle. Je ne connaissais alors de cette période que des dépôts littoraux ; mais M. Prévost vient de retrouver à Malte des dépôts pélagi- ques, qu’il considère comme pouvant être contemporains. Or, les conséquences si précises du travail deM. Desliayes, sur les fossiles tertiaires , tendent incontestablement à faire considérer le groupe des faiuns de la Loire comme l’un des plus anciens dépôts de cette longue série, postérieure à tout l’ensemble des terrains de la Seine , dont il diffère cependant déjà lui-même sous tant de rapports , sur- tout par les fossiles, que nous devons supposer la série fortement in- terrompue au contact des dépôts des deux bassins. En un mot , les faiuns sont distincts de tous les terrains tertiaires de la Seine ; ils sont superposés au plus récent d’entre eux, et cependant ils pa- raissent à leur tour n’être que le terme le plus ancien d’un nou- veau système plus important , plus vaste que les terrains de Paris et de Londres , et qui s’est continué jusqu’à notre époque , à tra- vers de nombreux soulèvemens du sol , des changemens de niveau des mers et des continens , et des modifications successives d’orga- nisation. En propôsant ce grand ensemble aux géologues, j’indiquai bien qu’il me semblait devoir être sous-divisé en plusieurs sys- tèmes , suivant le nombre des fossiles analogues. J’insistai surtout sur la non-simultanéité des bassins , sur la coexistence , à chaque sous-période , de dépôts marins littoraux ou pélagiques , de dé- pôts continentaux , lacustres ou jluviatiles , et de dépôts de mé langes. Mais je ne me sentais pas le droit d’aller plus loin : les premiers pas étaient faits , c’était à la zoologie de les poursuivre et de les préciser. Voilà donç , Messieurs , plusieurs formations géologiques intro- duites incontestablement dans la science par des voies assez dîffé» DE LA. SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 269 rentes , par le fait de la superposition directe , par la comparaison des fossiles , par 1* observation de bassins très différens , et par les conséquences de la théorie des soulèvemens; ce sont, il me semble, d’assez fortes garanties en faveur de leur distinction. Je me suis permis de vous reparler de ces faluns de la Loire, parce qu’ils sont le point de départ de ce nouvel ordre de terrains destinés peut-être à jouer dans la science un aussi grand rôle que ce rôle a été important dans la nature, et parce que seuls jusqu’ici - ils ont montré les relations de stratification du groupe récent ; sur le groupe ancien des terrains tertiaires. C’est à ces terrains tertiaires récens que se rapportent ceux que . vous ont fait connaître M. Boblaye , dans son Mémoire sur la Mo rée ; M. Piozet, dans ses différentes notices sur la Barbarie; plu- sieurs autres que M. de La Marmora a récemment décrits en Sar- daigne... les plus récens de ceux dont M. Prévost vous a entre- tenus dans ses précédentes lettres de Malte et de Sicile, et que MM. Lyell, Hoffmann et Christie ont également observés dans cette dernière contrée. Je ne dissimulerai pas cependant qu’entre autres divergences d’opinions, dont l’histoire des terrains tertiaires récens sera sans nul doute le sujet, les rapports des terrains médi- terranéens de Malte et de Sicile , avec ceux de la France méridio- nale et de la Loire , en présenteront de suite une des plus fortes. M. Deshayes a classé, d’après l’examen des espèces, tous ces ter- rains dans son dernier groupe, auquel il associe également lescollines subapennines, et vous vous souvenez que M. Prévost a été frappé de l’étonnante analogie qu’ils présentaient avec l’ensemble du groupe quaternaire , surtout avec ceux de la Loire et du Cotentin , ana- logie qui m’avait aussi vivement frappé lorsque j’en indiquai le rapprochement, d’après l’examen d’un certain nombre d’espèces de polypiers et de coquilles. Les apparences des caractères exté- rieurs nous auraient-ils donc fait illusion ? Selon M. Deshayes, les terrains des collines subapennines auxquels se rapportent incon- testablement quelques uns des terrains tertiaires inférieurs de Si- cile , seraient déjà postérieurs à ceux de la Loire et de D.x , et cependant les analogues de ceux-ci en Sicile semblent plus moder- nes que les collines subapennines. § f20. — Contradictoirement à ces résultats, et sous un point de vue tout différent , M. Reboul a continué de reconnaître, dans les bassins de l’Aude et de V Hérault , deux grandes formations marines, avec des terrains mixtes fluvio-marins , intermédiaires , à nombreuses alternances; et ces trois systèmes il lesn identifiés, sinon couche par couche, du moins système à système avec les RAPPORT SUR LES TRAVAUX 27O 1 terrains parisiens , distinguant toutefois les bassins qu’il nomme , avec M. Brongniart, épilymnéen et prolymnéen , c’est-à-dire ceux qui se terminent par une formation d’eau douce , comme les bas- sins de Paris et de l’île de Wigbt , et ceux dont la série finit par des dépôts marins comme la plupart de ceux du midi , celui de la Loire , etc. Mais , partant de ce principe si long-temps regardé comme vé- ritable et appuyé de tant d’ingénieuses probabilités par les tra- , vaux de M. Brongniart , qu’il n’y a eu dans la grande série ter- tiaire que deux formations marines , qui toutes deux ont dans le bassin de Paris leurs types séparés par la formation gypseuse , M. Reboul a mis en rapport et identifié les différens étages des bassins du midi avec ceux de la Seine - il a aussi dressé des ta- bleaux comparatifs , principalement des genres propres à ces deux formations, et il trouve entre eux certaines analogies numériques que je ne vous rappellerai pas. Fondés sur l’examen des genres seulement, ces rapports n’ont aucun poids dans la question, car les genres sont une création artificielle , et l’on sait de plus en plus qu’ils peuvent se rencontrer les mêmes dans les formations les plus différentes. Dans la comparaison directe de ces bassins du midi et de celui de la Seine le fait est si réel, que, malgré des rap- ports génériques assez frappans , il n’y a pas la moindre analogie entre les espèces • celles des bassins de l’Aude , de l’Hérault , des Basses-Pyrénées , offrent un très grand nombre d’espèces analo- gues ; elles ont , de plus , une foule d’identiques avec celles des collines subapennines. Les ossemens des mammifères les plus communs sont ceux de la période des mastodontes 5 rien de pareil ne se voit dans le vieux et classique bassin de la Seine. M. Tournai paraît partager entièrement l’opinion de M. Re- boul; mais les descriptions de géographie géognostique données par ces deux géologues d’une contrée qu’ils ont étudiée à fond , peu- vent être fort utiles. Si les géologues ne s’accordent pas à voir dans ces bassins les représentai et les contemporains de ceux du nord de la France, la science profitera des nombreux gisemens recueillis en dehors de toute idée hypothétique. La solution de la question ne pouvant plus reposer que sur des analogies , puisque la superposition directe aux terrains parisiens est impossible à constater , tient beaucoup maintenant au carac- tère zoologique , et nous devons attendre de vives lumières du grand travail entrepris par M. Grateloup sur les fossiles du bas- sin de Dax , et dont les dessins inédits encore sont d’une si grande perfection. Le bassin de Dax n’est pas , il est vrai , complètement DE LA SOCIÉTÉ EN I 85 1 . ‘2 7 ï identique à celui de l’Aude et de l’Hérault, mais il s’en rapproche beaucoup plus que celui de la Seine; il représente dans le midi celui de la Loire, et les descriptions et les dessins de M. Grateloup pourront éclairer plus d’une incertitude de détermination spécifi- que existant encore à l’égard des coquilles fossiles de l’Hérault , malgré les utiles travaux de M. Marcel de Serres 9 et spécialement sa géognosie des terrains tertiaires. § 20 bis. — M. de Beaumont propose aussi de diviser en trois étages les terrains tertiaires, en se basant sur les débris des grands mammifères qu’ils contiennent; chacun correspond à une pé- riode de tranquillité intermédiaire entre deux époques de trou- bles, et chaque génération paraît être détruite par une catas- trophe. i. Jusqu’aux marnes supérieures au gypse; 2. Le grès de Fontainebleau, le terrain d’eau douce supérieur, les faluns de Touraine , les calcaires des Bouches-du-Rhône , les molasses de Suisse et celle de Supergue ; 3. Le terrain de transport de la Bresse , OEninghen , le grès d’Aix , le terrain marin supérieur de Montpellier , les collines subapennines , la. Sicile et le crag de Suffolk. La première période comprendrait comme caractéristiques les paléotlières; la seconde les mastodontes; la troisième les élé- pbans. Ces trois périodes correspondraient assez avec celles éta- blies par M. Deshayes sur l’examen des coquilles. Sans arriver à un résultat identique, j’essayai, dans mon mémoire sur les ter- rains tertiaires récens, de réunir le plus d’exemples que je pus pour démontrer la réalité d’une grande période à mastodontes , hippopotames et rhinocéros, dont une partie des sédimens étaient marins et littoraux, et l’autre lacustre et continentale. Ce fut ce même caractère des os de mastodonte qui se réunit aux co quilles et aux polypiers pour m’engager à soutenir , malgré l’opinion imposante de M. Boue, que les conglomérats du Leitlia- gcbirge n’étaient point de l’âge de la craie, mais des plus récens terrains tertiaires contemporains des dépôts de la Loire. Ces derniers, il est vrai , n’ont pas encore présenté d’éléphans; mais les dépôts d’anciennes alluvions continentales du même bassin, qui me semblent bien être contemporaines des dépôts marins de la Loire , en contiennent en même temps que toutes les autres grandes espèces qui sont dans les faluns, recouvertes de flustres et de scrpules , circonstance tout-à-fait inconnue dans le terrain marin , même supérieur, de la Seine. S’il y a effectivement dans les dépôts marins ces trois périodes de mammifères , elles doivent passer insensiblement de l’une à RAPPORT SUR LES TRAVAUX l’autre. En effet , dans les faluns de la Loire et dans le calcaire moellon de Montpellier, des os de paléotlières sont encore réunis aux os de mastodontes et d’hippopotames et dans le Plaisantin , il s’y ajoute des os d’éléphans. On cite même des brèches fluviatiles ferrugineuses du Wurtemberg, où, sont mêlés les os de ces trois périodes. § 2 i et 22. — Le bassin de Toulouse a été aussi le sujet d’une opinion nouvelle , contraire a celle que la plupart des géologues en avaient exprimée. On s’accordait à y reconnaître un terrain de molasse tertiaire surmonté vers les bords par des calcaires d’eau douce, auxquels le premier dépôt se hait par des alter- nances; c’était une disposition assez analogue à celle observée dans le grand bassin de la Gironde : dans celui-ci les sédimens marins prédominaient, et dans le bassin de la Haute-Garonne c’était au contraire les sédimens d’eau douce à l’état de marnes, argiles ou calcaires , de sables , de graviers , de galets , de grès , d’argile presque entièrement dépourvue de fossiles. M. Boubée a développé une opinion différente en vous pré- sentant une coupe géologique du puits artésien creusé à Tou- louse dans le cours de l’année dernière , jusqu’à une profondeur de 4°o mètres , o5o pieds au-dessous du niveau de la mer. Selon cet observateur, tout le système meuble de marnes et de graviers découverts dans ce bassin par cette profonde excavation serait effectivement d’eau douce; les fossiles, coquilles, poissons, mammifères , la nature, la structure des couches, la présence de certains minerais coïncident pour démontrer cette origine; mais ce ne serait, selon M. Boubée, qu’une formation alluviale des plus récentes déposée dans un grand lac creusé au milieu du terrain tertiaire, par les débordemens des eaux pyrénéennes, et à laquelle il propose de donner le nom de post-diluvium toulousain. Il en a déterminé les principales limites , il l’a vu recouvert par d’autres terrains d’ail uvion plus modernes, et limité vers les bords par des collines de calcaires d’eau douce; mais c’est précisément le contact du » terrain meuble et de ces derniers calcaires qui doit laisser de l’incertitude sur l’isolement que M. Boubée propose du dépôt central. En effet, si, vers quelques unes de ses limites, à Àvi^nonet, par exemple, le système meuble, graveleux, paraît s’appuyer obliquement sur les calcaires d’eau douce, ceux-ci, de leur côté, reposent sur d’autres bancs de grès , de sables, d’argiles , de pouddingues , de marnes à gypse, dont l’ensemble forme une alternance de couches qu’il est diffi- cile de ne pas rapprocher de celles du dépôt central de Toulouse DE LA SOCIÉTÉ EN l83l. ‘2^3 et d’Agen , que M. Boubée propose d’en distinguer d’une façon aussi positive. Il n’en résulte pas moins des observations de M. Boubée, même en n’en adoptant pas les conséquences théoriques , que les dépôts d’alluvions ont pris un grand développement au pied des Pyré- nées, au-dessus des terrains tertiaires deToulouse, et qu’ils remon- tent très haut vers leur source dans plusieurs grandes vallées de cette chaîne. § 23. — M. Boubée vous a aussi présenté plusieurs très belles espèces fossiles de coquilles terrestres et d’eau douce provenant d’un calcaire de la partie sud-est de ce même bassin. Ce sont des bulimes, helices, cyclostomes, lymnées qui paraissent être des espèces nouvelles, et que M. Boubée a nommés bul. lœvolongus , etmumia; cycl. elegantilites ; hel . lapicidites , serpentinites , ne- moralites ; lymn. orelongo. Vous avez remarqué surtout le B. lœvo-longus assez semblable aux clausilies et d’une longueur de près de 5 pouces. Par leur grande taille, ces coquilles rappel- lent une physionomie presque tropicale , comme les coquilles marines de la plupart des terrains tertiaires inférieures et moyens, dont les analogues vivans existent encore. § 24. — M. Morren a annoncé la découverte, près de Bruxelles, de nouveaux ossemëns de batraciens et de salamandres , avec des os de petits mammifères. Leur gisement est incertain; mais M. M01- -ren les présume du calcaire grossier, comme ceux qu’il a précé- demment découverts. Le même géologue a retrouvé les nombreux fruits fossiles ca- ractéristiques du calcaire grossier de Gand , et dont Burtin a plus anciennement figuré une partie. § 25. — Quelque complète que puisse paraître la connais- sance du bassin de la Seine , rendu si classique en Europe par l’ouvrage de MM. Bronguiart et Cuvier, il n’est cependant point d’année qu’une étude minutieuse des différentes couches de ce bassin n’ajoute quelques observations de détail au vaste ensem- ble de leur description ; et il reste encore plus d’une question im- portante à résoudre ou à fixer : l’âge positif des lignites du nord, des deux grands systèmes de grès de cette même partie du bassin , des j calcaires d’eau douce du sud et de l’est , etc. La Société a eu , l’an | dernier, huit communications qui touchent à une partie de ces j questions. ! Dans une note sur la position géologique du calcaire de Brie , | et en particulier sur celui des environs de Champigny , JM. Du- fresnoy vous a exposé qu’il considérait celui-ci comme intercalé Soc. géol. Tom. II. 274 RAPPORT SUR LES TRAVAUX entre le gypse et le grès marin supérieur , et comme étant le dernier terme de la grande formation d’eau douce moyenne, ter- rain dont on aperçoit des traces dans les petits lits calcaires à coquilles d’eau douce , des marnes supérieures du gypse. Néan- moins, M. Dufresnoy ne doute pas qu’une partie du calcaire de la Brie ne soit plus ancienne, et ne corresponde aux silex de Saint- Ouen ; mais non point les marnes magnésiennes de Coulommiers. Selon ce géologue, la formation gypseuse serait un grand amas subordonné au calcaire siliceux, formation d’eau douce importante , soit calcaire, soit marneuse, soit gypseuse , com- prise entre les deux formations marines de la Seine , et dont les différent membres peuvent se remplacer l’un l’autre. C’est une opinion sur laquelle M. C. Prévost a fortement insisté dans sa théorie du bassin de Paris, du moins pour le parallélisme du calcaire siliceux, du gypse, et du système supérieur du cal- caire grossier. M. Dufresnoy va plus loin en rapportant précisément à la par- tie supérieure du système d’eau douce moyen le calcaire siliceux , que primitivement M. Brongniart avait mis en parallèle, et comme placé bout à bout à l’égard du calcaire grossier, et que plus tard il a considéré , avec M. d’Omalius , comme intercalé entre cette dernière formation et le gypse , et dans le même étage que celui-ci. M Dufresnoy considérerait volontiers, ainsi queM. de Beaumont, les terrains parisiens, comme partagés seulement en deux groupes, dont la ligne de séparation serait le grès marin supérieur ; les assises de chaque groupe se remplaçant ou prédominant souvent l’un sur l’autre. C’est évidemment à cette prédominance acquise en différens points par chacun des systèmes subordonnés que tient la divergence des opinions sur les relations des différentes parties du calcaire grossier supérieur , du calcaire siliceux et de la formation gyp- seuse. MM. Brongniart , Cordier , C. Prévost , de Beaumont , d’O- malius , Underwood , Boubée , ont insisté sur la distinction ou le groupement de ces différentes parties. Très rarement en Vôit-on une série complète comme à Maffliers. Il y a passage évident , enchevêtrement , prédominance mutuelle. Les ossemens de pa- léothérium du calcaire grossier de Nanterre ; les lignites fluvio- marins du même étage de' Yaugirard • le sable à coquilles flu- viatiles et marines deBeauchamps; les marnes marines intercalées dans la masse inférieure du gypse j le calcaire compacte (cliquart), tantôt dans le calcaire grossier, tantôt en rognons au-dessus du I DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . gypse , tantôt enfin isolé comme dans la Brie • les marnes vertes supérieures à ce dernier dépôt , et contenant des crustacés mêlés à des coquilles fluviatiles , comme les sables inférieurs , ce sont autant d’exemples de ces passages zoologiques et de composition , qu’expliquent si bien les affluens fluviatiles au milieu d’un bassin marin. § 26. — Une partie des terrdins tertiaires des environs de Beauvais présentait une difficulté que la Société ne pouvait ré- soudre, dans une course rapide, et dont la solution tient au rapprochement d’un grand nombre de coupes prises sur différens points du département. Je veux parler de l’âge des sables de Bracheux , riches en fossiles marins particuliers , qui ne se retrou- vent point dans d’autres strates du calcaire grossier. M. Graves en a découvert plusieurs localités , toujours dans la même sorte de gisement , en îlots au milieu de vallées , dont les bords sont le plus souvent de calcaire grossier. Cette disposition analogue à celle des lignites soissonais , et la présence dans les deux terrains de Yostrœa hellovacina, ne peuvent-elles faire présu- mer qu’ils ne s’enfoncent pas plus que les lignites sous la grande masse calcaire ? Ces sables coquilliers sont très différens du calcaire de Laversine, dont nous parlerons plus loin , et qui semble plutôt de l’âge de la craie. Les autres couches tertiaires , observées par la Société aux environs de Beauvais , sont au-dessus de la craie de bas en haut : un sable vert avec cucullées , une marne brune avec traces de li- gnites, avec coquilles fluviatiles et marines, et Je calcaire gros- sier en lambeaux. g 27. — La coupe ge'ognoslique du dép alternent de V Oise que vous a présentée M. le vicomte Héricart Ferrand , traverse ce département de l’est à l’ouest , sur une longueur de 122,000 met. (26 à 27 lieues communes) entre Chezy en Orceois , sur les confins du département de l’Aisne et Gournay-sur-Epte , vers le dépar- tement de la Seine-Inférieure. Ce profil coupe huit vallées , dont les différentes profondeurs laissent apercevoir les terrains sui- vans, les plus récens sur les sommets de l’est et du centre, les plus anciens vers la chaîne crayeuse de l’ouest. C’est aussi dans cette dernière direction que la dénudation des vallées atteint les cou- ches les plus anciennes, qui, de ce côté, forment les vallées les plus profondes (celles de l’Oise à Creil et du Therrain) , ainsi que les sommets les plus élevés du département ( le Vauroux , la montagne Sainte-Geneviève, et le plateau d’entre l’Epte et RAPPORT SUR LES TRAVAUX 276 l’Oise , dont le point culminant est à 268 mètres au Coudray Sainte-Germer. Les vallées de Chézy et de Mareuil sont dans le calcaire grossier; les nombreux yallons entre Mareuil et Creil ne pénètrent pas au-dessous des sables ; la vallée de l’Oise à Creil mon- tre l’argile plastique à sa base , et la rivière coule sur la craie ; celle du Therrain montre la craie. Les terrains signalés par M. Héricart F. sont donc : i° Le terrain lacustre supérieur , composé d’argile, de silex et de marnes. Ce terrain , au mont Epiloy , a été rapporté par un autre membre de la Société, M. Robert , au terrain d’eau douce moyen. 2° Un épais dépôt de sables et de grès que sa superposition immédiate au calcaire grossier ne permet pas de rapporter in- contestablement au grès supérieur à la formation gypseuse , plutôt qu’à ceux dépendant du calcaire grossier. M. H. F. re- connaît deux systèmes; les grès marins supérieurs, et la grande masse des sables et des grès d’Ermenonville , de Mortefontaine , qu’il identifie avec ceux de Fontainebleau. Les coquilles des grès marins supérieurs sont toujours intactes; celles de la grande masse de sables semblent avoir été roulées. Le dépôt de Levi- gnan est rapporté par l’auteur aux sables supérieurs ^ tandis que M. Graves et M. Robert y reconnaissent un troisième dépôt de l’âge de Beauchamps. Nous verrons bientôt cette question plus spécialement étudiée. 3° Vers l’extrémité orientale de la coupe et du département, le gypse exploité dans des puits entre ces deux terrains fournit un argumen t en faveur de la première opinion ; mais partout ailleurs, la masse des sables et grès s’est montrée sans discontinuité sur le calcaire grossier. 4° Le calcaire grossier offre quelques lambeaux de calcaire siliceux , et des couches à milliolites et à nummulites. 5° U argile plastique qui s’arrête brusquement sur la rive orientale du Therrain , où est sa plus grande épaisseur, présente à Creil et à Mello , les coquilles marines et fluviatiles des argiles du Soissonais. 6° La craie qui forme le fonds du bassin et qui le borde vers l’ouest se montre seule, sur la rive occidentale duTherrain, où elle atteint un niveau et une épaisseur de 236 mètres; elle continue cette falaise presque verticale , cette chaîne de dunes crayeuses , si caractéristique de la partie occidentale du département de l’Oise. Les hapts plateaux crayeux du nord-est sont recouverts , à DE LA SOCIETE EN 1 85 1 . 277 Gournay, d’une grande abondance de galets siliceux, que M. Ilé- ricart rapporte au terrain diluvien, mais qui m’ont semblé , sur plusieurs points où je les ai observés, représenter, quoiqu’à un niveau bien différent, le pouddingue de V argile plastique que ce géologue indique comme étant encore à trouver sur le trajet de sa coupe. 70 Enfin , le terrain de sable vert et ferrugineux qui se montre à jour dans la vallée de l’Epte , et s’étend ensuite vers le nord ; mais cette coupe passe au sud de l’ilot soulevé du pays de Bray. Si l’on prolongeait ce profil géologique vers l’orient, à travers le département de l’Aisne jusqu’à la craie de Champagne vers Epernay , on verrait cette dernière formation se relever comme à l’ouest , et constituer de même la falaise qui limite de toutes parts le golfe septentrional du bassin tertiaire de la Seine. g 28. — La question de l’âge des grès marins de Levignan , de Nanteuil-le-IIaudouin , de Bregy , a été de nouveau examinée par l’auteur du précédent mémoire. Ces grès, fort développés au nord et au sud de la coupe qui vous a été présentée , dépendent- ils du calcairfe grossier , et sont-ils analogues à ceux de Beau- champs, comme le pensent MM. Graves et Robert , ou bien ap partiennent-ils au grand système des sables supérieurs au gypse , ainsique l’avait primitivement énoncé M. Brongniart ? C’est à cette dernière opinion que se range M. Héricart Ferrand. Il continue de rapporter au terrain d’eau douce supérieur le vaste dépôt de calcaire superficiel qui surmonte les grès marins de Nanteuil , de Levignan , de Montepillois qui forme la plaine de Dammartin , et que MM. Graves et Robert considèrent , au contraire, comme de l’âge du calcaire de Saint-Ouen, et par conséquent inférieur au gypse et au grès de Fontainebleau. Dans le calcaire des carrières d’Ognes , reposant sur une grande masse de sables et de grès, M. Graves avait reconnu le calcaire d’eau douce moyen , et présumait que les grès des plus hauts sommets lui étaient superposés; mais M. Héricart n’adopte point non plus ce classement , remarquant que la grande masse de sable inférieur au calcaire d’Ognes, qu’il identifie avec les grès de Fontainebleau , ne laisse paraître le calcaire grossier qu’à une assez grande distance, et à un niveau bien inférieur ; d’où il paraît inférer que dans l’intervalle pourraient exister des représenta ns du système d’eau douce moyeu. Si l’on adoptait l’âge moyen de ces grès, iljfaudrait y rattacher plus de la moitié de la grande formation des sables de la partie nord du bassin, que M. Bron RAPPORT SUR LES TRAVAUX 278 gniart a classés dans la dernière formation marine, conséquence que M. Héricart trouve inadmissible. La question ne paraît pouvoir être décidée que par l’examen des fossiles et par la comparaison de ces couches problématiques avec celles qui occupent une place incontestable dans d’autres parties du bassin. Ne pourrait- on pas aussi concilier ces opinions divergentes , en supposant d’une part, que tous ces calcaires d’eau douce n’occu- pent pas le même niveau géologique, et d’autre part, que cet ensemble de grès, de sables représente en réalité sur plusieurs points les deux systèmes inférieur et supérieur au gypse , par suite de l’absence du terrain intermédiaire, fait si fréquent dans le bassin parisien ? Les couches immédiatement superposées au calcaire grossier, et dont les coquilles ressemblent à celles de Beauchamps, comme Levignan et Nanteuil-le-Haudoin , dépendraient de cette der- nière formation, dont la place est incontestablement fixée au milieu du système fluvio-marin , compris entre le calcaire gros- siér et le gypse. La grande masse de grès sans coquilles de Mor- tefontaine et d’Ermenonville pourrait , au contraire , appartenir au grès de Fontainebleau. Peut-être aussi en est-il à l’égard des grès comme des calcaires siliceux? § 29. — M. La Joye vous a présenté les coupes de Lisy-sur - Ourcq et de Sainte- Aulde près de La Ferté-sous-Jouarre , en les accompagnant d’une série d’échantillons de roches et de fos- siles de ces deux localités. Toutes deux comprennent les systèmes moyen et supérieur du calcaire grossier. Le dépôt principal àLisy, est une masse de sables et de grès très riches en coquilles , entre deux couches de calcaire à cérithes , dont le lit supérieur contient de nombreux débris de pagures. Dans le grès se voient , comme à Valmon- dois , des galets de calcaire grossier, percés de coquilles perfo- rantes. A Sainte- Aulde , la masse inférieure du calcaire grossier paraît comprendre plus de couches ainsi que des alternances de marnes et de silex ménilites ou cornés. La masse des sables et des grès passe insensiblement au terrain d’eau douce moyen à cyclostoma mumia. § 3o. — M. Deshayes a constaté que les lignites d'Épernay reposaient entre la craie et des meulières qui recouvrent aussi le calcaire grossier ; et il a été porté à conclure que ces lignites étaient déposés parallèlement au calcaire grossier , qui , dans une DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 279 localité voisine, à Dammerie , contient près de quatre cents espè- ces de coquilles. 11 a vu près de Rheims le calcaire grossier et l’ar- gile à lignites placés bout à bout, l’argile déposée dans des vallées du calcaire grossier, et les deux formations recouvertes par des meulières. Les mélanges fluvio-marins de ce dépôt des lignites du nord-est de la Seine avaient depuis long-temps fait naître des soupçons sur leur prétendue contemporaineté de l’argile plastique. Lors- que M. G. Prévost et moi nous parcourûmes, il y a cinq ans, la Pi- cardie , le Soissonais et une partie de la Champagne , pour re- connaître l’âge des lignites du bord septentrional du bassin de Paris , dont le gisement d’Epernay est une dépendance , nous restâmes à peu près convaincus que la plus grande partie, pour ne pas dire le système entier, ne passait pas sous le calcaire gros- sier inférieur , mais en remplissait les vallées et était appuyé sui- des bords calcaires. Cette manière de voir, qui était alors en op- position avec les idées généralement reçues, a été depuis for- tifiée par la découverte d’ossemens de mammifères dans ces lignites, et par la présence de ménalopsides analogues à des es pèces encore vivantes, et du très petit nombre de coquilles ayant leurs analogues, qui se trouvent dans les terrains tertiaires de l’âge du bassin de Paris. Cette opinion que les lignites du Soissonais appartiennent à une époque plus récente que l’argile plastique paraît donc à peu près démontrée; elle a été adoptée par M. Bron- gniart , et il ne reste plus qu’à déterminer leur position dans les terrains supérieurs , recherche qui a retardé la publication du travail dont nous avons réuni de nombreux matériaux et déposé des échantillons dans les collections du Musée. § 3i. — M. Boubée a présenté à la Société les détails d’une coupe prise dans les environs de Neauphle-le-Yieux. Les collines de cette partie ouest du bassin lui ont montré dans une épaisseur de plus de ioo pieds les couches suivantes de bas en haut. a. Cal. Caire d’eau douce; b. Calcaire à milliolites et corbulcs ; c . Cal- caire siliceux ; d. Marnes d’eau douce à cyclostoma mumia ; e. Calcaire grossier avec nombreuses coquilles marines. C’est, comme on voit , les systèmes moyen et supérieur du calcaire grossier , et un nouvel exemple de cet état mixte fluvio-marin , compris entre les parties inférieures de cette formation et le gypse. M. Boubée, qui a adopté ce groupe antérieurement reconnu par plusieurs autres géologues , insiste surtout pour ne point en confondre le cal- caire d’eau douce avec le calcaire siliceux supérieur au gypse , dont il est question au § 2$. Les marnes dendritées, le cliquart, RAPPORT SUR LES TRAVAUX 2S0 les grès de Beauchamps , le calcaire de Saint-Ouen font partie de ce système, ainsi que plusieurs autres couches que j’ai précé- demment rappelées. § 3a. — Deux puits forés l’an dernier, dans l’intérieur de Paris , l’un rue de la Hoquette , dans le faubourg Saint -Antoine , sur la rive droite de la Seine, l’autre près du Jardin-des-Plantes , sur la rive gauche , ont bien montré les deux systèmes d’argile ; l’argile plastique et l’argile de calcaire grossier. Le premier a présenté jusqu’à la nappe d’eau ascendante qui a été atteinte à i5o pieds, 3o pieds de sable, 3o pieds de marne, 48 pieds de calcaire et de marne , 3o pieds d’argile pyriteuse , et au-dessous enfin des sables verts et des grès. Ces derniers lits étaient ceux du calcaire grossier inférieur, et les 3o pieds d’argile pyriteuse, immédiatement supérieure , cor- respondaient sans nul doute au système argileux à lignites du cal- caire grossier moyen de la plaine de Vaugirard, mentionné dans le paragraphe précédent. Le second puits , qui n’a rencontré le niveau d’eau qu’à 4oo p. de profondeur, a traversé, au-dessous des strates de l’autre puits, l’argile inférieure au calcaire dans une épaisseur de 60 à 80 pieds $ c’est la plus grande épaisseur connue aux environs de Paris. La prédominance du système d’argile plastique paraît avoir eu lieu , en ce point , aux dépens du calcaire grossier, mais seule- ment de ses bancs inférieurs. IVe SÉRIE. — TERRAINS SECONDAIRES. g 33. — Les transitions des grands terrains l’un à l’autre sont l’un des objets les plus dignes d’examen. Ces dépôts inter- médiaires peuvent jeter quelque jour sur la succession des êtres, et sur l’importance variable des modifications apportées aux pé- riodes organiques par les catastrophes successives que le globe a subies. Jusqu’ici , la limite de la craie et des terrains tertiaires avait été considérée comme l’une des plus tranchées sous les deux rapports géologique et organique , celle qui offrait l’une des in- terruptions les plus brusques ; mais durant les deux dernières années , la découverte d’un terrain très riche en coquilles d’ap- parence tertiaire , dont le type est à Gosau , et dans quelques autres localités du Salzbourg et des Alpes autrichiennes s’est jointe à d’autres faits observés par M. Dufresnoy dans le midi de la France , et au terrain plus anciennement connu de Maestricht , DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 ï . 28 î pour faire naître l’idée d’un terrain tertiaire clc transition qui comblerait cette lacune dans quelques bassins. MM. Scdgwick etMurchison, guidés par les apparences tertiai- res de la grande masse des fossiles de Gosau , et par la position du dépôt au fond de vallées alpines, lui ont assigné cet âge inter- médiaire. Ils distinguent dans les Alpes autrichiennes deux cal- caires à nummuiites, l’un dépendant de la craie supérieure, l’autre, plus nouveau, et constituant à Gosau et ailleurs le groupe qu’ils ont nommé terrain tertiaire de transition. Dans le dépôt de Gosau, particulièrement, ils semblent reconnaître aussi deux systèmes ; l’un inférieur avec les fossiles de la craie roulés , hyppurites ,nérinés , gryphées (G. colombe) , et l’autre supérieur, formé de marnes bleues avec coquilles tertiaires. Cette considéra- tion des fossiles roulés, introduits d’un terrain plus ancien dans une formation postérieure a été reproduite à la Société par plusieurs membres. Elle doit jouer un grand rôle à presque toutes les épo- ques géologiques ; mais il paraîtrait qu’à Gosau , les fossiles habi- tuels de la craie sont pénétrés de la même pâte que les fossiles de genres tertiaires , ce qui diminuerait la valeur de l’explication. M. Boue , contrairement à l’opinion des deux géologues anglais, a continué de rapporter à la partie inférieure du grès vert ( Mé- moire sur divers gisemens intéressans de fossiles dans les Alpes autrichiennes) l’ensemble du terrain de Gosau, et il vous a pré- senté un grand nombre de coupes et de rapprochemens pour établir l’intime liaison de ce terrain avec le grand système num* mulitique des Carpathes et de la Dalmatie. Relations de gisemens , parité de dépôts dans une vaste étendue géographique, absence desédimens tertiaires dans les grandes val- lées alpines plus récentes qUe ces mêmes terrains tertiaires, et analo- gues à celle de Gosau, tels sont les principaux argumenssur lesquels M. Boue s’est appuyé. Si la vallée transversale de Gosau offrait des couches tertiaires de molasse analogues à celles déposées par la grande mer qui a comblé les bassins au pied des Alpes orien- tales, n’en retrouverait-on pas, dit-il, dans les 'autres grandes vallées transversales? L’opinion de M. Boué s’accorde avec celles de MM. Keferstein , Lill et de Munster. M. Boué a reconnu inti- mement réunis aux coquilles d’apparence tertiaire de cette loca- lité devenue célèbre un bien plus grand nombre d’espèces carac- téristiques de la craie que n’en ont indiqué MM. Sedgwick et Murcliison* il cite des inocérames, hamites, gryphées , trigonies , le pecten cjuinque costatus , etc. ; et ce qui est plus important en- core , c’est que les espèces même dont l’état de calcination et le RAPPORT SUR LES TRAVAUX caractère générique semblaient le plus annoncer celles de la pé- riode tertiaire en sont toutes différentes spécifiquement , d’après l’examen de M. Deshayes. L’argument tiré des fossiles serait donc ici bien moins fort que pour la craie du pied nord des Py- rénées , où M. Dufresnoy a nommé des espèces identiquement tertiaires. On sait que dans des couclies incontestablement de l’âge du grès vert et de la craie , et probablement dans les couches littora- les , se trouvent des coquilles de genres assez nombreux, ordinai- rement. considérés comme tertiaires. Je me souviens d’en avoir vu à Bristol , dans la collection de M. Miller, si malheureusement enlevé aux sciences , une série fort intéressante, provenant du Green-Sand de Blackdown. M. Deshayes en possède aussi un bon nombre de la Belgique, et j’en ai du Maine et du Perche, dont la physionomie tertiaire est étonnante; mais toutes ces co- quilles sont spécifiquement différentes de celles supérieures à la craie. La question de Gosau est donc diversement soutenue par des géologues également bons observateurs , et qui ont visité les lieux à plusieurs reprises et en conscience : de quel côté est la vérité? § 33 bis. — On a quelquefois présenté le terrain de Maestricht comme un autre exemple du passage de la craie aux dépôts ter- tiaires; les membres de la Société qui ont suivi les séances de Beauvais ont observé au village de Laversine , près de cette ville , un lambeau de calcaire coquillier d’apparence assez analo- gue à la roche de Maestricht , et paraissant reposer, dans le fond d’une vallée crayeuse, sur la craie à Belemnites. Quelques fossiles ont semblé à plusieurs membres présenter des analogies avec ceux des faluns, et on a été porté à en conclure certains rapports entre ceux-ci et le dépôt de Maestricht et celui de Laversine , qui tous deux cependant ont bien plus d’analogie avec le grand système crayeux. La similitude extérieure de la roche , c’est-à-dire un mode de granulation commun aux dépôts littoraux de toutes les forma- tions, avait déjà occasi'oné dans le Cotentin, dans la Loire et en Autriche, des rapprochemens forcés entre certains strates crayeux, et les couches tertiaires les plus récentes, que depuis on a reconnus pour être tout-à-fait distincts. Le gisement de La- versine reste donc un point des plus intéressans à observer , et la fixation précise de son âge sera un nouveau service que la géo- logie pourra devoir à M. Graves , qui l’a déjà fort enrichie par de nombreuses et de précieuses découvertes de fossiles dans le dé- partement de l’Oise. DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1. 285 § 34* — Tandis que d’un côté on s’efforçait de retrancher certaines couches de l’immense formation crayeuse, d’un autre , son domaine s’agrandissait aux dépens des terrains plus anciens , et vous vous souvenez , Messieurs , combien depuis peu d’années le caractère seul de la superposition a acquis à son égard de pré- dominance sur tous les autres. Les roches les plus différentes de Y état crayeux , autrefois si caractéristique de cette formation, des marbres compactes et cris- tallins, des calcaires bitumineux, des calcaires oolithiques , des grès , des pouddingues , les couches les plus tourmentées , les plus élevées des Pyrénées et des Alpes y ont été successivement introduits. Nous venons de voir comment des fossiles , considérés jusque là comme exclusivement propres aux terrains tertiaires , du moins quant aux genres , ont cessé d’étre un obstacle à l’interca- lation de certains dépôts dans cette même période crayeuse. Vous vous rappelez par quel ensemble d’autres caractères tirés du gisement, M. Dufresnoy fut conduit, l’an dernier, à rappor- ter à cette période , des terrains du sud-ouest de la France et des Pyrénées, que les caractères zoologiques semblaient le plus en éloigner. La présence de certaines substances minérales a pareillement cessé d’être un obstacle aux classemens géologiques; les exemples s’en sont multipliés rapidement , et vous en avez un des plus frap- pans dans le nouveau Mémoire que M. Dufresnoy vous a lu sur les mines de sel de Cardonne en Catalogne , mines que M.'Cordier le premier a fait connaître géologiquement, il y a une vingtaine d’années, Déjà M. D.,dans son travail surla craie des Pyrénées, avait constaté l'existence d’amas puissans de gypse, accompagnés de souffe, au milieu des terrains qu’un ensemble d’autres caractères le portait à classer dans le groupe crayeux. C’est la même série d’observations et de rapprochemens qui l’a d’abord conduit à y rapporter l’étonnant dépôt salin de Cardonne. Il l’a vu subordonné à un puissant système formé de couches altcrnativesde grès, de pouddingues, deschistes micacés avec fucus, de calcaire gris à liippurites , nmnmulites et milliolites, et même de gypses sur plusieurs points. Une semblable association de roches s’est présentée sur le versant septentrional des Pyrénées , dans le voisinage, et comme sous 1 influence des ophites. On pourrait désirer que l’intercalation du système salin au \ milieu du groupe de roches rapportées à la craie par M. Dufres- \ noy fut plus incontestablement établie ; mais l’auteur a déterminé 1 I rapport sur les travaux dans les couches ool, h, ques.tout-à-fait supérieures, au contact du grand système de calcaire alpin récent représentant pour la plu part des géologues le sable vert et la craie. Ce dernier terrah, rnontie en Bavière Une certaine analogie pour les fossiles de MnrDufrertiaUeS "** 7 r°CheS du Pied des Pyrénées, que M- Dufi esnoy rapporte egalement à la craie. Mais s. , comme il est très probable , le sel et le gypse ont été généralement formés et introduits postérieurement fu dépôt de! roches qu, les enveloppent, par la voie ignée , soit par sublimation STZZT 8YPSeS ’ 7 Cémemati°n de calcai- pi™ an- ciens , et par 1 évaporation de gaz acides , comme il s’en produit nns dfr,éeS T* T ^ rinfluence de volc™ sous-ma- ' f \ ^ Corinthe, de Santorin et ailleurs cette introduction peut s’ être manifestée à plusieurs époques, ou bien dans le meme temps , s’ être arrêtée a différens étages. C’est ainsi que les dépôts salifères habituels au g ü bigarré et au Lper- I et des C ^ fr8 6 13 v 16 Sel Ct 16 6ypSe deS Alpes autrichiennes dans mm d '- “f 1 °°?itIle SUPérieure et le Green-Sand, ou ;rm dCri;leie formatl0n elle-même; le gypse et le soufre de fetngM BnS ra î:,Se!°n M’ P"SCh’ ^ -1 tertiaire,’ selon M. Boue; le sel de la Catalogne dans la 'craie ou dans lés ZlZl CdUi de Wi6lista et ^ la Transylvanie dans les = ^atres, pourrait n’être pas contemporains des roches auxquelles ils paraissent subordonnés. de^T^emm^f ^ *7 1>âf d6S dépÔtS de «yPse, de soufre et de sel gemme, dans quelque formation qu’ils semblent intercalés, DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . 285 quand ils ne sont point en bancs réguliers , mais en amas-, ou dans des crevasses, dans des vallées , gisement le plus habituel, s’est re- présen tée à tous les observateurs, et dans presque toutes les contrées étudiées. Ce fut, il y a peu d’années, et c’est encore une question des plus controversées relativement aux gisemens de gypse des Apennins. Par une circonstance très remarquable, dans cette con- trée comme dans les Pyrénées, l’incertitude est entre ‘la période crayeuse et les terrains tertiaires. Ëxisterait-il en effet quelque coïncidence entre l’une des plus abondantes expansions de matières gazeuses et le changement d’organisation et la forte lacune qui sépare ces deux grandes périodes ? g 35. — Le Pecten salinarius (Schlott) des Alpes , qui avait déjà fourni à M. Brown la distinction de deux genres, Monotis et Halobia , contient un assez grand nombre d’espèces auxquelles M. de Munster en a récemment ajouté deux nouvelles apparte- nant au premier. Les espèces de ces deux genres se rapportent à des formations secondaires différentes , au grès vert et au calcaire jurassique. Deux espèces , M. Inœquivalvis et H. Sa- linaria , sont exclusivement dans le calcaire ammonitifère du Salzbourg et de l’Autriche , auquel paraissent subordonnés les amas salifères des Alpes orientales. M. Boué vous les a commu- niquées. M. le comte Munster vous a écrit avoir trouvé ces memes co- quilles formant une lumaclielle entre le grès vert et le calcaire jurassique supérieur, près de Ratisbonne; ce qui peut jeter un nouveau jour sur l’âge des gypses salifères de cette partie des Alpes, que MM. Boué, Sedgwick et Murchison , paraissent s’ac- corder à classer dans le grès vert inférieur, ou vers le contact de cette formation et du calcaire jurassique. g 36. — Dans son travail sur la position géologique des prin- cipales mines de fer , de la partie orientale des Pyrénées , M. Du- fresnoy a encore montré l’un des plus curieux exemples de la for- mation de certains minerais , et de l’altération de sédimens par la voie ignée , en même temps que l’apparition assez moderne de roches granitiques. Ces mines , extrêmement abondantes et depuis long-temps ex- ploitées , forment une espèce de zone circulaire de 8,000 toises de diamètre, autour du Canigou, et une série de bandes ou d’amas au contact de roches cristallines (gneiss et granités), et d’un cal- caire noir saccarin. Le minerai se trouve également dans le cal- caire et dans le granité. Mais dans la vallée de la Gly , le calcaire au contact duque RAPPORT SUR LES TRAVAUX sS6 s’est pareillement trouvé le minerai , et qui présente la même apparence cristalline, dépend de la grande formation crayeuse des Pyrénées si étonnamment modifiée par l’action ignée et le redresserfient des couches. Au même système, M. Dufresnoy rap- porte la mine de Rancée, dans l’Arriége. M. Dufresnov a soigneusement décrit les divers modes d’alté- rations , et surtout la dolomisation que ces roches ignées ont fait subir, à différentes distances, aux calcaires, soit de l’époque de la craie , soit d’époque antérieure , ainsi que les entrelacemens de filets feldspathiques et métalliques dans le calcaire. Il en a conclu que l’âge de ces mines est en rapport intime avec le soulèvement de la chaîne granitique , et par conséquent bien plus ancien que la formation des gypses et du sel pro- duits par la même voie, mais dus à l’éruption des ophiolites. C’est un nouveau pas dans la théorie huitonienne ; les faits à l’ap- pui de la cémentation de certaines roches et de la production de métaux par la voie ignée se multiplient tous les jours. Les mines de fer des Pyrénées offrent des faits analogues au gisement des mines de fer du Bannat , produits de sublimation ignée , entre la syénite et les calcaires , qui semblent pareil- lement altérés par les vapeurs acides. On sait aussi que certaines substances minérales, la baryte sulfatée, le plomb sulfuré, etc. , fréquentes au contact de roches cristallines et de sédimens secon- daires, pénètrent également les deux sortes de dépôts, de même que les substances métalliques de la plupart des filons, qui s’insinuent en réseaux infinis dans les strates formant les parois. § 3^ et 38. — Dans une Notice sur les Alpes bernoises , M. de Studer, qui a appliqué depuis nombre d’années à l’étude des ter- rains secondaires de la Suisse, l’excellent esprit d’observation avec lequel il en a décrit les terrains tertiaires, vous a fait connaître l’âge des calcaires de la chaîne alpine entre la Dent de Morde et la Jung- frau. Ce sont toujours , comme dans les autres parties des Alpes calcaires , différens systèmes de la formation jurassique , dont les fossiles examinés par M. Woltz montrent beaucoup d’analogie soit avec ceux du troisième étage, le calcaire Portlandien de Besançon , soit avec ceux du calcaire jurassique du Wurtemberg, soit avec ceux du lias de Normandie; ce sont en outre les assises inférieures de la craie , terrain qui prédomine presque exclusi- vement , surtout à l’est du lac de Thoun j usqu’au Rhin. Les calcaires des Alpes , comme ceux des grands bassins secon- daires , ne présentent point de systèmes long-temps continus , mais une succession de groupes successivement prédominans aux DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 287 dépens l’un de l’autre. L’ignorance de ce fait et la recherche d’une conformité qui n’est point dans la nature paraissent à M. de Studer avoir contribué à la confusion qui a si long-temps régné sur ce terrain. C’est à l’étage jurassique moyen que ce géologue rapporte le calcaire du Stockhorn et des Voirons, et au Kimmeridgeclay la houille de Boltigen. Mais un fait bien plus piquant , et dont M. de Studer, après M.Hugi,vousa confirmé l’existence, est celui de l’entrelacement, de l’alternance plusieurs fois répétée, et de l’enfoncement en forme de coin au milieu du gneiss , d’amas épais de 4 à 5oo pieds d’un calcaire à Bélemnites analogue, par ses autres fossiles, au lias, ou aux assises jurassiques inférieures. C’est surtout dans le vallon de Rpththal, sur la pente occidentale de la Jungfrau et dans la vallée d’Urback , près Grindelwald , que s’est montré en grand ce nou- veau témoignage du soulèvement des couches alpines secondaires, par l’éruption des roches cristallines , comme la géologie en pos- sède déjà plusieurs, mais la plupart sur de moins grandes échelles. On ne connaît de comparable, pour l’étendue du phénomène et pour la précision des détails, que celui constaté en 1829 par M. E. de Beaumont, dans les montagnes de l’Oisans en Dauphiné, sur le redressement de bancs énormes de calcaires de l’âge, de la craie, et du terrain jurassique par des granités qui les recouvrent, et sont entrelacés avec eux d’une façon tout-à-fait analogue, et même encore plus en grand. C’est dans cet intéressant mémoire inséré au tome Y des Mé- moires de la Société d’Histoire naturelle de Paris , qui n’a point encore été livré au public , que M. E. de Beaumont a exposé les rapports de forme et de formation qu’il conçoit entre certaines montagnes de la Lune, et des sommets granitiques se présentant en crêtes circulaires autour d’un centre creux , disposition ana- logue, dans les anciens terrains de cristallisation, aux cratères de soulèvement , plus modernes, de M. de Bucli. M. Necker de Saussure a récemment aussi observé dans la Va- lorsine l’injection du granité dans les couches secondaires. Les gneiss viennent donc se joindre aux granités , aux syénitcs, aux porphyres pyroxéniques, aux porphyres rouges et verts , aux serpentines, aux euphotides, aux ophites, comme a gens de re- dressement des couches, postérieurement aux terrains secondaires même les plus modernes. § 3q. — Un fait géologique relatif aux terrains secondaires, qu’on avait cru se rattacher aussi cà cette théorie des soulèvemens du sol , est Y ilôt jurassique du pays de B ray, bordé et dominé de 2®® RAPPORT SUR LES TRAVAUX toutes parts par des collines crayeuses dont les couches semblent avoir ete relevées circulairement en sens divers par le bombe- ment du terrain central. L’examen de cette petite région natu- relle a ete 1 un des objets qui ait le plus fixé l’attention de la so- ciete durant la course de Beauvais. On a très bien reconnu les étages suivans : la craie blanche et la glaucome crayeuse des falaises de la bordure; 2» le sable ferrugineux accompagné à’ argiles long-temps confondues avec 1 argile plasüque, et qui forment la vallée de Bray proprement dite; 3 un autre etage de grès et de sables verts semblables à ceux qui , dans 1 île de Wight , alternent avec les sables ferrugineux ;° f terrain jurassique, formé de l’argile weldienne 1 eWealdday) et des lumachelles à gryphées virgules si carac- tenstiques du système jurassique supérieur. ra H*?. p6 ,V°S ;“Cml:''CS le,s Plus distingués , qui , des premiers , a .appelé I attention des géologues vers les puissans et nombreux effets de 1 action ignee a l’intérieur de la terre, mais sous un point de vue different de la theone des soulèvemens de montagnes en masses M. Cordier a exprime l’opinion que le pays de Bray n’était probablement pas l’axe central d’un soulèvement qui aurait re- dresse tout autour les falaises crayeuses qui bordent cette dénu Le peu d’inclinaison de toutes ces couches lui a fait penser quel es étaient dans leur position originaire, et qu’elles avaient pu etre ams. déposées sur les pentes d’un sommet préexistant. Une opinion differente était appuyée par les différons sens d'in- clinaison de couches argileuses et sableuses, inclinaison qui atteint jusqu a vingt pieds autour du mamelon jurassique , et par l’exis- tence d un phenomene a peu près analogue dans les Laids du kÜais hlre SUl k C°te °PP°Sée de rAnSIeterre et dans le Bou- § 4o. - Le terrain jurassique de la Charente-Inférieure ré- cemment étudié par M. Bertrand Geslin , ne lui a pas présenté Ls différons étages distingues par M. Dufresnoy, mais seulement le système moyen dont La Rochelle serait le type. M. Bertrand Ges! hn n a pu reconnaître d’argile ( V argile d’ Oxford) intermédiaire aloolitheinfeneureet à l’oolithe moyenne; il partage en cela 1 opinion de MM. de Cressac et Manès, qui ont décrit ce. te postérieurement à M, Dufresnoy. M. Roulland a remarqué'^ les couches oohthiques a nérinées dp pp ^ ^ue généralement à la craie , alternaient avec l^lum^!^ giles a gryphees virgules. Seraient-elles donc plutôt une dépen- DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 289 dance du système oolithique supérieur? § 4° frfr* — C’est au calcaire jurassique moyen du même pays qu’appartiennent des fossiles singuliers , sur lesquels M. Fleuriau de Bellevue a fixé l’attention de la société. Ces corps , qui sem- blent , au premier coup d’œil , avoir appartenu à des alcyons ou à des éponges , consistent en tiges et en rameaux très anastomosés, très flexueux , se terminant à l’une des extrémités en massues alongées , comme Y alcy onium tulipa du Green-Sand. Ils compo- sent , aux environs de La Rochelle , une couche de près d’un pied d’épaisseur, sur une étendue de 7 à 800 mètres , intercalée au milieu de l’oolithe moyenne. Ces fossiles, qui ne montrent pas à l’intérieur la moindre structure organique , ont rappelé la pré- sence en d’autres localités de fossiles d’une forme extérieure assez analogue. Les uns sont de véritables polypiers de l’ordre des alcyonnées (les paramoudra , les caricoïdes , les halliroé , etc.) ; les autres sont probablement d’épais fucus, et c’est à cette der- nière classe que m’ont paru ressembler davantage les corps dé- couverts à La Rochelle. § 41- — C’est en partie à la formation crayeuse et en partie à la grande formation jurassique que se rapportent les observa- tions, aussi neuves qu’intéressantes, que M. Botta fils vous a adressées sur la structure géognos tique du Liban et de V Anti- Liban , accompagnées d’une nombreuse série d’échantillons de roches et de fossiles. En voici les principaux résultats : Cette chaîne court à peu près N .-S. ; le Liban et le Sannine en sont les deux plus hauts sommets ; les pentes sont très rapides, et forment presque une muraille de 4 à 5 lieues de largeur. La di- rection des couches est N-.N.-E. S. -S. -O., presque parallèles à la chaîne. Leur inclinaison est à l’O.-N.-O., à peu près dans le sens des pentes et jusqu’à la verticale; tandis que les strates du sommet sont restés à peu près horizontaux. Voilà bien un exemple de sou- lèvement et de redressement de couches réunis. Ces montagnes se composent de trois différens terrains , qu’un ensemble de caractères zoologiques et géologiques permet de rap- porter aux trois formations suivantes : i° Calcaire jurassique supérieur, à nérinées ; a° i Grès ferrugineux et grès vert; 3° Calcaire crétacé , à sphérulites et à gryphées voisiiies de celles du Salève. Leur ensemble rappelle en grand le terrain crétacé des Bou- ches-du-Rhône et du Périgord. L’auteur décrit trois principales coupes de cette chaîne , celle Soc. géoL Xom. II. 19 2 gO RAPPORT SUR LES TRAVAUX de la vallée du fleuve du Chien , celle du mont Sannine et cefle du mont Liban proprement dit. Dans toutes trois on retrouve la même succession de couches , à de légères nuances près, c’est-à- dire un terrain de sable et grès ferrugineux entre deux puissans systèmes calcaires, avec silex, fossiles nombreux et cavernes, dont quelques unes à ossemens. C’est dans des couches schisteuses du calcaire supérieur à sphérulitès que sont les gisemens de poissons depuis long-temps connus des naturalistes. Le plus important , celui d’Hakel, est à une très grande élévation au-dessus de la mer ; celui de Sahel-Aalma n’est qu’à 3oo pieds : il appartient aux couches inférieures du même groupe , mais les espèces paraissent être toutes différentes, ainsi que les circonstances de leur gise- ment. Le terrain sableux contient des mines de fer et des lignites exploités ; à la surface on rencontre , dans une seule localité , du porphyre pyroxénique en boules au milieu d'une espèce de wacke. Sur toute la côte de Syrie, depuis Beyrout jusqu’à Tri- poli , on trouve de distance en distance des aggrégats coquilliers de formation récente , qui se durcissent à l’air , comme on l’a si long-temps prétendu de ceux de Messine et de la presqu’île d’Aboukir, en Egypte. La chaîne calcaire du Liban montre des traces de violens bou- leversemens; les assises supérieures semblent avoir été soulevées et s’être fait jour à travers les autres, qui se seraient écartées , re- dressées en sens contraire. Le soulèvement ou le brisement des couches semble avoir eu lieu suivant une ligne parallèle à la chaîne , mais un peu à l’ouest de son axe. Ce Mémoire, dont nous devons désirer la publication daps le premier volume de nos Mémoires, confirme et augmente les con- naissances que l’on avait déjà de la Syrie et de la Palestine , où l’on avait surtout décrit des calcaires secondaires et des roches volcaniques. § 4.2 , 4^ ? 44 5 4$- — Les nombreuses observations que nous a communiquées M. de Munster, de Bayreuth, sur les ammonées, les nautilacées, les bélemnites et les nummulites, sont presque toutes relatives à des fossiles de terrains secondaires , dont ses collections sont si riches. § 42. - Ammonées. — M. de Munster a distingué trois groupes dans la famille des ammonées , dont les différences organiques coïn- cident, avec des différences de gisemens , depuis les terrains les plus anciens jusqu’à la craie inclusivement : les ammonées des terrains de transition, celles du muschelkttlk et celles des calcaires secon- daires récens . Il n’en reconnaît point au-dessus de la craie , non plus qu’aucun autre géologue. Chacun des types caractérise un DE LA. SOCIETE EN 1 83 ï . 29 1 grand système de couches; ces types principaux sont les mêmes que ceux de MM. de Buch et de Haan. Quoique M. de Munster n’ait établi ses résultats que sur les fossiles d’Allemagne , il est facile de reconnaître qu’ils s’appli- quent également à ceux de France, d’Angleterre, de Suède , et même aux terrains de transition de l’Amérique septentrionale. i°Les ammonites des terrains de transition appartiennent à des genres particuliers, les 'goniatit.es et les cératites de M. de Haan , très distincts des ammonites proprement dites. Elles forment pas- sage aux nautiles ; leurs loges et leurs selles sont entièrement lisses . L’auteur en Connaît dix-neuf espèces, provenant , la plupart, des parties les plus anciennes du terrain de transition (du calcaire marbre de Bayreuth); elles sont beaucoup plus rares dans les couches plus' récentes , le calcaire de l’Eiffel par exemple. On ne voit jamais dans ce terrain d’espèces à lobes déchiquetés, caractère des espèces plus modernes. 2°. Les ammonées du muschelkalk , des marnes irisées , et du keuper , terrains dont , à raison des fossiles, M. de Munster ne fait qu’un groupe, ont les lobes seulement dentelés et les selles lisses . Ce caractère est si saillant, et ces espèces sont si particulières au muschelkalk , qu’un fragment a souvent suffi pour en reconnaître l’âge, vérifié ensuite par la superposition directe. L’auteur en connaît quatre espèces. 3° Vient enfin la grande famille des véritables ammonites à lobes et à selles également déchiquetées , et qui se trouvent dans tous les systèmes, depuis le lias jusqu’à la craie. Le nombre en est prodigieux , et M. de Munster pense , ainsi que MM. de Buch , de Haan , et la plupart des zoologistes-géologues qui les ont étudiées, que la forme et Je nombre des décliiquctures , la position, le dia- mètre du syphon , permettront d’y reconnaître des sous-familles, /qui caractérisent probablement autant de terrains. A cette division , l’auteur rapporte les orbulites, les baculites, les hamites, les scaphites et les turri 1 i tes , genres qui caractérisent également l’ensemble des formation^ secondaires supérieures au muschelkalk, jusqu’à la craie inclusivement. § 43. Nautilackks. — Les naiitilacées droites , ou orthocèresy paraissent à M . de Munster exclusivement propres aux terrains in- termédiaires. C’est-, vous vous en souvenez, messieurs,* la solution de cette question, qui a valu à la Société les premières commu- nications de ce savant. On peut cependant encore lui opposer deux Objections : l’une est l’existence d’une très petite 01 thocère, que M. de la Bêche a figurée comme provenant du lias de Lime- RAPPORT SUR LES TRAVAUX *92 Regis et une autre petite espèce d’orthocère, qui a été présentée par M. Boue, comme provenant du calcaire salifère du Salzbourg, de l’âge du grès vert. Mais il serait possible, de l’aveu même de l'auteur de cette dernière découverte , qu’il existât sur ce point un petit relèvement de calcaire intermédiaire; et quanta l’autre, son extrême ressemblance avec Y orthoceratites gracilis figurée par Blumenbach et reconnue dans des schistes de transition , permettraitde supposer qu’un fragment schisteux intermédiaire se serait glissé dans des collections de fossiles du terrain auquelM.de la Bêche la rapporte. La grande masse des orthocères , dont M. de Munster compte plus de trente^ espèces , la plupart des couches de transition les plus anciennes, offre toujours l’un des fossiles les plus caractéris- tiques de ces terrains. Cet observateur a remarqué qu’elles sont bien plus rares dans le calcaire de montagne, ou calcaire de transi- tion plus récent ; elles sont très rares dans les schistes et les grauwackes. M. de Munster a réfuté quelques citations fausses ou douteuses d’orthocères dans des terrains comparativement nouveaux , et il ne doute pas que ces fossiles , comme beaucoup d’autres , n’aient pu y être introduits fossiles déjà, comme l’auraient été des galets inorganiques : ce ne sont le plus souvent que des alvéoles de grandes bélemnites. Les nautiles proprement dits sont les seuls céphalopodes à syphon qui se retrouvent dans tous les terrains, depuis les cal- caires intermédiaires les plus anciens jusqu’à la nature actuelle. Il est vrai que les nautiles de transition montrent bien le carac- tère particulier d’avoir toutes les cloisons concaves , à bord non courbé , et une partie à syphon à peine visible. L’auteur distingue deux groupes de ces nautiles de transition , dont il n’a point retrouvé les espèces dans d’autres terrains. Les deux espèces de nautiles , communs dans le muschelkalk , forment le passage des groupes du terrain de transition à ceux des terrains secondaires. L’auteur divise encore en deux groupes les nautiles apparte- nant aux terrains postérieurs au muschelkalk , jusqu’aux ter- rains tertiaires inclusivement. i° Ceux avec des cloisons à bords simples, sans lobes et non fortement courbés. Ce sont les vrais nautiles; ils se retrouvent en toutes les formations. •2° Ceux avec des cloisons dont le bord offre des anfractuosités sondulées et fortement courbées (Aganides de Montfprt). Ils ne peu- DE LA. SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 2q5 vent être caractéristiques de formations ; car l’auteur les connaît également et dans les oolithes et dans les dépôts tertiaires. g 44* Bélemnites. — M. de Munster a confirmé, pour les terrains secondaires de l’Allemagne, les résultats de MM. de Blainville et Miller pour la France et l’Angleterre , savoir, qu’il n’existe point de bélemnites dans les terrains de transition ; que ces fossiles commencent au lias , et ne s’élèvent pas au-dessus de la craie : il n’en connaissait point dans le muschelkalk, et a com- battu les observations contraires. Cependant M. Woîtz, qui a rendu tant d’autres services à la science, vous a fait connaître que le muschelkalk de Marback avait présenté à M. d’Althaus une alvéole de ce fossile, mais sans traces de gaîne : toutefois, il ne doute pas qu’on n’ait trouvé des bélemnites, si non dans le muschelkalk même , du moins dans des couches à peu près contemporaines , dans les marnes du Keuper. M. de Munster a adopté, d’après M. de Blainville, pour carac- tère distinctif de ces fossiles, et pour leur distribution par forma- tions, la fente ou la gouttière de leur base et de leur sommet. Les plus anciennes, celles du lias n’en ont point à la base , mais elles en ont jusqu’à trois, fort courtes, à la pointe. Les bélemnites des oolithes supérieures ont à la base une gouttière qui ne dépasse ja» mais la moitié du fourreau ; celles de la craie ont à la base cette gouttière courte et large si caractéristique, qu’elle s’est retrouvée dans les bélemnites de la craie de tous les pays , depuis Mcudon jusqu’en Scanie. M. de Munster a présenté d’autres distinctions des bélemnites plus ou moins en rapport avec celles admises par MM. de Blain- ville, Woltz et Miller • mais son travail, étant sur le point d’être publié en français, avec les dessins, on y pourra trouver des dé- tails qui ne furent pas suffisamment saisis lors d’une première communication à la Société. g 45. INTummulites — Tous devez encore à M. de Munster quelques observations sur les nummuutes. Il n’en connaît point dans la craie , ni dans le sol tertiaire de la Bavière, les deux ter- rains qui en contiennent le plus , et presque exclusivement . dans d’autres contrées , particulièrement les calcaires secondaires de l’Istric, des Alpes et des Pyrénées. M. de Munster a toutefois re- cueilli plusieurs centaines d’espèces d’autres céphalopodes foi ami- nés dans les terrains tertiaires de l’Allemagne. Il a aussi reconnu des nummulites dans les Alpes bavaroises entre la craie et les ter- rains secondaires; mais non point dans le muchelkalk du même pays, ni dans la craie de Maestriclit, comme on l’a répété. RAPPORT SUR LES TRAVAUX *94 Nous avons déjà vu que MM. Sedgwick et Murchison ont dis- tingué dans la même contrée deux sy stèmes à nummulites, l’un de l’âge de la craie et du green-sand ; l’autre comprenant les couches qu’ils ont nommées tertiaires de transition. Viendrait un troisième grand système, celui du calcaire grossier , inférieur aux plus an- ciens terrains tertiaires; puis enfin un quatrième , des calcaires tertiaires récens, ou quaternaires, de ces conglomérats à polypiers du Leithagebirge , où les nummulites paraissent également très abondantes : mais pour établir ces systèmes nummulitiques qu’on peut, ce me semble , déjà distinguer, une bonne monographie de ce genre si difficile serait bien désirable. Un géologue anglais du plus grand mérite , M. Lonsdale , conservateur actuel des collec- tions de la Société géologique de Londres, a commencé à s’en oc- cuper, et il est parvenu à distinguer déjà quatre ou cinq espèces dans celles des Alpes autrichiennes seulement.- § 4^. — Les coquilles de l’ordre des Rudistes ont été l’objet d’opinions et d’un classement très divers. M. Lamarck lésa placées dans les cloisonnées ; M. de Blainville dans les multigaines ; M. Des- moulins en fit aussi des corps voisins des balanes, supposant le birostre déposé dans une matière cartilagineuse. M. Desliayes en a fait des coquilles bivalves, qu’il place entre les chahve-s et les ostraçées ,.,et ne voit plus, dans la plupart des Icthiosarcoîites , que la partie corticale des coquilles, le test intérieur ayant été détruit comme il l’a démontré pour d’autrës coquilles du groupe des spondyles. Pour lui , le birostre n’est que le moule intérieur, et les deux cavités du test persistant sont les tubes d’insertion des crochets de la valve supérieure. M. Roullaiid , à ans les observations qu’il vous a présentées, propose la suppression du genre ichly osar colite , prétendant qu’on a fait un double emploi du birostre des hippuritese t des sphé- rulites tubuliformes pour former les iclityosarcolites. Il reconnaît le syphon marginal double comme caractéristique des sphéru- lites , syphon n’existant pas dans les hippurites , qui ont, au contraire, à la valve inférieure, deux arêtes doubles à gauche de la carène. Les caprines même de M. Dorbigny pourraient bien en partie , selon M. Roulland, n’être que des hippurites , auxquelles il réunit aussi le genre sphérulite. § 4*7 - — Le même observateur a confirmé la découverte faite depuis plusieurs années, par MM. Dufresnoy, de Cressac et Manès, de milliolites dans les couches oolithiques à nerinées de la craie de Saintonge et d’autres provinces méridionales,* mais ayant étudié au microscope des échantillons de ces roches de la DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . 2 96 Charente, il a reconnu que la plupart des plus petits grains d’oo- lithe dont elles sont formées étaient de véritables alvéolites, des melonies et d’autres coquilles multiloculaires, long-temp s regardées comme postérieures à la craie. § 48 et 49- — L’intéressante découverte faite par M. Buc- kland de fœces fossiles d’animaux de toutes les classes , enfou i s dans presque toutes les formations , et auxquels il a donné le nom commun de coprolites , fut des plus rapidement généralisées, quo i que des plus neuves. La belle collection de ces corps , que la société a reçue de M. Buckland lui-même , a été l’occasion de doutes exprimés par deux de vos membres , non sur la généralité de la curieuse obseï - vation de M. Buckland , qui les considère essentiellement comme les fœces des animaux dont on trouve les débris dans les mêmes couches, mais, sur l’origine de quelques uns d’entre eux. M. de Blainville remarquant que les matières fécales des reptiles se trou- vent dans un cloaque sans disposition en spirale, en conclut que les coprolites du lias n’ont pu appartenir aux Mégalosaures ni aux Plésiosaures, et qu’à tort on les avait comparés à des moules pris dans le rectum de la raie disposé au contraire en valvules spiriformes. M. de Blainville ne nie point toutefois qu’on ne puisse trouver des coprolites de reptiles, aussi bien qu’il reconnaît, avec M. Buckland, la réalité et l’intérêt de cette découverte pour les fœces d’animaux d’autres classes (mammifères, poissons, etc.). M. Boubée a émis l’opinion que les coprolites pourraient bien n’être souvent que des moules d’intestins , puisqu’ils en présen- tent si exactement la forme , la matière pierreuse ayant pu s’y introduire après la mort de l’animal, gonfler l’intestin, et s’y pé- trifier avec la matière animale elle-même. § 5o. — Les poissons fossiles sont plus habituellement repré- sentés dans la formation crayeuse de la France par des écailles disséminées que par des squelettes. M. Clément Mullet vous a présenté de la craie des environs de Troie un squelette bien conservé qui se rapproche du genre Zéa. Cette espèce paraît assez analogue à une des belles et nombreuses espèces de la craie du Sussex figurées par M. Mantell. § 5i. — Lu offrant à la société des échantillons de gypse co- quillier du mont Wartberg , près de Hcilbronn en Wurtemberg, M. Boue est entré dans des détails fort intéressans. Cette mon- tagne est composée des marnes gypsifères du keuper reposant sur des lits calcaires du muscliélkalk ; les couches supérieures de ce cal- caire compacte sont irrégulièrement converties en gypse, ou traver- RAPPORT SUR UES TRAVAUX *96 sées de petits filets gypseux, accompagnées de taches de galène , de cuivre oxidulé et carbonate ; les mêmes réseaux gvpseux pas- sent du muschelkalk dans le keuper , et représentent au mieux le produit de ces émanations, sulfureuses et métalliques , qui pa- raissent avoir joué un si grand rôle durant la plupart des pé- riodes géologiques. Les coquilles fossiles qui se sont trouvées sur le trajet de ces gaz ont été partiellement converties en gypse , fait analogue à ce que j’ai observé très habituellement dans les co- quilles fossiles de l’oolithe inférieure d’Alençon (Orne), qui sont en partie tapissées delà même galène et baryte, qui, du gra- nité, a pénétré dans les bancs calcaires, très probablement aussi à l’état de vapeurs acides et métalliques (voir les § 34 et 36). Ve SÉRIE. MÉMOIRES DE GEOGRAPHIE GEOGNOSTIQÜE. Il me reste à vous entretenir, messieurs, des mémoires qui, embrassant une certaine étendue de pays et plusieurs terrains , pouvaient difficilement être morcelés sans perdre une partie de leur intérêt. § 52. — M. Boue vous a communiqué une Carte géologique inédite de V Irlande, coloriée d’après les nombreuses et conscien- cieuses observations recueillies par M. Weaver , sur une contrée dont il a déjà décrit plusieurs parties et le mieux étudié ïâ struc- ture : je ne pourrais rien ajouter à ce que vous a dit M. Boué du mérite de ce travail , qui sera sans doute publié par la Société géologique de Londres. § 53. — C’est encore à M. Boué que vous devez connaissance d’une carte, également manuscrite, du Vicentin , dressée par M. Pasini. Vous vous rappelez que cette partie de l’Italie sep- tentrionale a fourni déjà des descriptions importantes à M. Bron- gniart pour les coquilles de terrains tertiaires des plus anciens de l’Italie, et à M. Maraschini pour la structure géologique de l’en- semble du pays. Cette contrée offre un grand intérêt pour les relations et les contacts des roches pyroïdes et des terrains de sé- diment. § 54* — En déterminant la position de l’intéressante caverne de Miadet , M. Jules léissier a rappelé les principaux traits de la distribution géographique des terrains du département du Gard , dont M. Dumas, de Sommières, prépare une carte, et particuliè- rement des environs de Nîmes et dJ Anduze. On y observe les for- mations suivantes, ,des plus modernes aux plus anciennes, et à peu près du sud au nord. DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 J . 297 i° De Nîmes à la Méditerranée, un terrain d’alluvion analogue à celui de la craie. 20 Un grand système d'eau douce superposé à la craie, et qui , de l’est à l’ouest , couvre une grande partie du département, et se prolonge dans les départemens voisins de Vaucluse , de l’Aude et de l’Hérault. Il est surtout composé de calcaire , et montre aussi des poudingues et des marnes sableuses. C’est , je crois, dans ce terrain que le même observateur découvrit, il y a plusieurs années, à Briguolles, près d’Anduze, un gisement intéressant de reptiles. 3° Le terrain de craie est l’un de ceux qui modifie le plus l’aspect extérieur du soi de ce département. Il comprend une craie compacte et oolitbique employée dans la plupart des grands monumens romains de Nîmes , qui sont bâtis au pied des collines crayeuses. Cette roche paraît dépendre du calcaire à hyppurites ; on la voit aussi accompagnée de marne bleue et de craie argileuse. 4° Le calcaire du Jura forme des montagnes au pied des- quelles est bâtie la ville d’Anduze. 5° Le lias, plus développé que la formation précédente, com- mence à se montrer dans les vallons voisins de cette ville ; il se compose , en approchant des terrains plus anciens vers le nord, de calcaire bleu , dont un banc est très riche en fossiles; de schistes noirs et de dolomie compacte. C’est dans cette dernière roche, qui forme des collines près d’Anduze, que s’ouvre la grotte du fort de Miallet. 6° Des grès rouges , des arkoses , des marnes irisées , se mon- trent entre le lias et les terrains de transition. 70 Celui-ci enfin , qui constitue surtout la chaîne de P aliènes, ramification des Cévennes , est formé de schistes micacés et de granité traversés de filons de wacke, de baryte sulfatée, de quartz et de fer sulfuré. g 55. — Je vous ai précédemment rappelé la plupart des faits recueillis par MM. Barbe et Robert dans une course géolo- gique eu Lorraine et en Suisse; la température du puits d’ex- ploitation du sel de Dieuze , la fontaine intermittente de Masse- vaux , le travertin de la vallée de Charmoz , et le fer oolitbique déposé dans des vallées semblables. Ces messieurs ont particulièrement étudié, en outre, le calcaire jurassique qui forme des plaines au pied des Vosges, de Dieuze à Baccarat; le passage intime de l’oolithe au calcaire compacte, les amas de fossiles roulés , irrégulièrement disséminés dans le même terrain oolitbique , entre Porentruy et Bienne , comme le sont les coquilles vivant sur les rivages actuels. Ils ont aussi fixé RAPPORT SUR LES TRAVAUX 298 leur attention sur les grands amas de cailloux roulés au pied du Jura, entre Haltkirk et Ferret, et sur les mêmes terrains de trans- port et les blocs erratiques qui s’élèvent à une très grande hau- teur aux environs de Neufchâlel. Ils pensent , avec plusieurs géologues , que le Jura n’était primitivement que le prolonge- ment des Alpes, et que les blocs y avaient été transportés des cimes alpines, avant la séparation' violente des deux chaînes, et que l’exhaussement postérieur du Jura aura pu les placer aux ni- veaux élevés où on les trouve maintenant; ce qui ne s’accorde- rait pas avec l’antériorité que M. de Beaumont attribue à cette dernière chaîne relativement aux Alpes. § 56 et 57. — Les plus intéressans résultats que la géologie, et peut-être les sciences naturelles , aient jusqu’ici retiré de l’ex- pédition scientifique de Moréç , . sont les observations recueillies et qui nous ont été en partie communiquées par MM. Boblaye et Virlet, attachés, l’un comme ingénieur géographe , l’autre comme géologue, à cette même expédition. M. Boblaye vous a lu, sur la constitution géognoslic/ue de ce pays , un mémoire ac- compagné d’extraits de son Voyage dans V Argolide et dans l’île d’Egine, et d’une carte fort détaillée de cette île. Cet observateur a reconnu en Morée les formations suivantes ; après de longues et pénibles recherches , rendues plus difficiles par la prédominance des calcaires et des pouddingues sans fossiles : i° Des phyllades et des mica-schistes , qui forment , entre au- tres montagnes , la base de la haute chaîne du Tavgète. 2° Des schistes talqueux et diverses autres roches feldspathi- ques et quarzeuses , associées avec la plupart des marbres variés qui sont entrés , ainsi que les calcaires tertiaires, mais durant les derniers âges , dans la construction des grands monumens de la Grèce. Les roches ont tout-à-fait l’apparence des terrains de trans- ition ; mais leurs relations intimes avec le groupe suivant doivent plutôt les faire considérer comme secondaires et subordonnées à la formation jurassique, telles qu’elles se montrent modifiées par les soulèvemens et l’éruption des roches cristallines dans les au- tres grandes chaînes de l’Europe. 3° Des calcaires gris compactes avec bélemnites , avec jaspes et épanchemens d’ophiolites, paraissant représenter tout-à-fait les systèmes moven et supérieur du Jura. 4° Le grès vert et la craie compacte à nummulites , dicérates , hippurites , entièrement analogues à ces mêmes formations des Alpes maritimes , du Mont-Perdu , des Alpes autrichiennes , et sans doute aussi du Liban et de Sicile. DE LA SOCIÉTÉ EN l83l. 299 Ce système , si important dans l’Europe sud-orientale , ne paraît pas se retrouver dans la grande série (Trayeuse du nord et de Fouest. Il sJélève jusqu’à plus de 2,000 mètres au-dessus de la mer j des roches porphyriques et amvgdaloïdes paraissent être fréquemment Associées à ce groupe dans toute l’Argolide et la Laconie. 5° Des argiles et des pouddlngues atteignant à i,5oo mètres, et représentant peut-être dans le bassin méditerranéen les terrains tertiaires anciens de Paris. Cette formation est en gisement trans- gressif avec le groupe suivant. Des pouddingues de la Morée, les uns paraissent subordonnés au groupe crayeux inférieur (Mes- sénie) , les autres aux terrains tertiaires (nord de la Moréë). 6° Le terrain tertiaire méditerranéen , soit continental , soit littoral : le premier remplissant tous les hauts bassins intérieurs, souvent couronnés par des calcaires d’eau douce ; le second , formé de marnes bleues recouvertes de sables calcarifères , et offrant le plus grand rapport avec le terrain tertiaire subapennin ; il s’étend dans les grandes vallées du Pamissus , de FAlphée , de FEurotas, et couvre les riches plaines deFElide. 7° Des brèches coquillières toutes récentes avec débris de po- teries, et cependant à ciment cristallin , comme le calcaire coral- lique de la Méditerranée plus septentrionale. 8° Des trachytes et*autres produits de volcans anciens qui forment près de la moitié de File d’Egine, et dont l’éruption ne paraît pas remonter au-delà des marnes bleues. Enfin , des traces d’éruption , contemporaines^es temps historiques. Ces différens systèmes ont éprouvé plusieurs brisemens et soulèvemens ; M. Boblaye en a reconnu au moins trois époques , iddépendaminent de nombreuses oscillations partielles et locales. Le soulèvement des principales chaînes de la Grèce , surtout des montagnes de l'Arcadie, et dirigées du nord-ouest au sud- est , serait contemporain du soulèvement des chaînes parallèles de l’Apennin, et des Pyrénées, et antérieur au terrain tertiaire. Une seconde révolution aurait, dans la direction du nord au sud , imprimé , au sol de la Laconie et de la Messénie, les princi- paux traita de son relief. Une troisième série de fractures se serait opérée sur les ter- rains tertiaires de FAttique , de FArgolide , et se serait prolongée jusque dans le grand massif de la Morée, suivant une direction est-nord à ouest-sud , direction qui coïncide avec celle des Alpes du Valais jusqu’en Autriche. Je ne poursuivrai pas plus loin les descriptions si précises de RAPPORT SUR LES TRAVAUX 5oo M. Boblaye ; mais vous vous souviendrez , messieurs , de l’intérêt que vous a présenté son Itinéraire de Napoli à Egine , et la des- cription du srallon d’Epidaure , et cette observation , que les tem- ples consacrés en grand nombre à Esculape , dans la Morée , étaient, suivant le précepte de Vitruve , la plupart situés sur le bord de sources d’eaux vives et pures, mais nullement minérales; comme si leur salubrité , leur fraîcheur, au milieu d’arides mon- tagnes , étaient regardées en elles-mêmes comme un remède effi- cace, comme un bienfait des dieux. La description de Y île cC Egine par M. Boblaye vous a montré, dans la partie méridionale des tracbytes, au centre des calcaires compactes et dans le nord des terrains tertiaires composés de marnes vertes , de calcaire grossier , de conglomérats trachy- tiques et de calcaires lacustres : il reconnaît trois époques dans les révolutions plutoniques de cette île , dont la plus récente date très probablement des temps historiques , et est contemporaine de l’éruption du volcan de Méthana. Ces différentes périodes de redressement des chaînes de la Morée coïncident avec celles que M. de Beaumont , d’après l’étude de la direction des chaînes , les observations et l’examen des /échantillons rapportés par MM. Boblaye et Virlet, a fait coïncider avec plusieurs âges des chaînes de France et d’Italie. M. Boblaye avait déjà, en 1829 , adressé quelques observations géologiques sur la Morée qui ont été insérées dans le Bulletin des sciences naturelles (octobre 1829). Aux premiers aperçus géolo- giques , M. Boblaye avait joint des considérations relatives à la géographie physique , s’appliquant avec le plus grand soin à constater les relations de la topographie et de la géognosie de la nature du sol avec son relief. § 57 bis. — Avant ces travaux de M. Boblaye , la géologie de la Morée n’était connue que pour quelques points de la Messénie , et hormis les environs de Modon et de Navarin , qui furent dé- crits presque en même temps par un autre membre de cette so- ciété , par M. Virlet , dans une lettre adressée à l’Académie des sciences , tous les autres résultats de M. Boblaye sont aussi nou- veaux qne piquans. Quoique les premières observations deM. Virlet n’aient pas été communiquées à la société , comme elles forment avec les précé- dens mémoires à peu près les seules notions positives que nous possédions sur la géologie de cette contrée si classique pour l’an- tiquaire et si neuve pour le géologue , il ne sera sans doute pas sans quelque intérêt d’en retracer ici les principaux résultats. DE LA SOCIÉTÉ EN l85l. 3ol Dans le bassin de Navarin et de Modon , M. Virlet a décrit , outre des dépôts alluviens et diluviens , un calcaire tertiaire à nombreuses coquilles marines , la plupart analogues à celles en- core vivantes sur les mêmes rivages, et parmi lesquelles se trouve la même huître-grvphée que M. Rozet a rapportée d’un calcaire analogue d’Oran en Barbarie. Ce terrain tertiaire couvre les som- mités des collines qui bordent les vallées de ces deux villes; M. Virlet a reconnu en outre un système puissant atteignant au-delà de mille mètres de hauteur, formé de bancs inclinés et alternant plusieurs fois, de calcaires compactes et schisteux, de psammites, de jaspes , de phtanites, d’argiles, et surtout de poud- dingues en masses énormes. Ce terrain , qui n’a présenté à M. Vir- let ni minéraux, ni fossiles , se prolonge au-delà de la vallée de l’ancienne Messénie. Sans rapporter aussi nettement que l’a fait depuis M. Boblaye, à la formation du grecn-scind , cet ensemble de couches , et par- ticulièrement la grande masse des pouddingues à ciment siliceux du grès vert , qui forment la plus grande partie de la Messénie, toutefois M. Virlet les distingua nettement d’autres amas consi- dérables de pouddingues à ciment calcaire observés par M. Bo- blave dans le nord de la Moréc , ou ils s’élèvent également jus- qu’à 2,000 mètres , et que plusieurs géologues regardent comme tertiaires; le fait le plus piquant de l’histoire de ces pouddingues de la Messénie , plus anciens que ceux du nord de la Morée, est leur intime liaison par alternances avec les autres systèmes de la formation crayeuse et du green-sand y il en résulte que cette dernière grande formation avait déjà subi des dislocations et des modifications importantes avant son dépôt complet, puisque les galets, les sables et les cimcns appartiennent également au ter- rain du grès vert , au milieu duquel ces pouddingues se trouvent intercalés avec une puissance de près de i ,000 mètres. Je ne puis vous parler des autres observations recueillies par M. Virlet durant un voyage de près de deux ans tant en Morée que sur les côtes de l’Asie mineure , à Srnyrnc, à Constantinople, dans les Cyclades ; il se propose de les communiquer successi- vement à la société , et déjà il lui a fait don d’une collection des principales roches anciennes de la chaîne du Taygète. Les autres travaux réunis des deux géologues français attachés à l’expédition purement scientifique de Morée, destinés à être insérés dans la relation que dirige M. le colonel Bory Saint-Vincent, augmenteront les notions que nous leur devons déjà sur ces contrées. 002 RAPPORT SUR LES TRAVAUX § 58 à 61. — C’est encore à la France que la science sera redevable des premières notions exactes sur la géologie de la Barbarie . L’expédition militaire d’Alger en a fourni l’occasion , et M. Rozet , attaché à l’armée française en qualité d’ingénieur géographe , vous en a communiqué des descriptions, et donné à l’appui de ses mémoires des collections dont la nouveauté aurait seule déjà un grand intérêt. Les résultats de l’étude que ce géologue a faite de cette partie de l’Afrique septentrionale ont été consignés dans les notices que je vous ai précédemment citées. J’y ajouterai sa première des- cription d’Alger, qui complétera tout ce que nous possédons jus- qu’ici sur cette contrée. Les formations reconnues par M. Rozet, sont : «.un terrain de transition formé de schistes , de calcaires ; b. le lias ; c. le cal- caire marneux a poissons di Or an , probablement tertiaire ; d. un calcaire noir à fer carbonaté d’age également douteux , mais aussi probablement tertiaire ; e. les vrais terrains tertiaires sub- atlantiques , vaste système de marnes bleues , de calcaires , de pouddingues ; fi le terrain récent superméditerranéen ; g. à' an- ciennes allumions ; h. desN roches volcaniques. Voyons ces terrains dans les principales localités que M. R.ozet a observées. Alger. — La roche fondamentale d’Alger et du pays environ- nant est un schiste talqueux, à filons de quarz, tout-à-fait sem- blable à celui de Toulon. Les strates en sont fort tourmentés y ils plongent de 20 à 4$ degrés au sud* ils acquièrent une épaisseur de 5oo mètres, et une élévation de 4oo. Le schiste talqueux passe à des roches que M. Rozet rapporte au schiste micacé et au gneiss. Ce dernier recouvre même les couches talqueuses, quoique celles- ci semblent appartenir aux terrains de transition. Dans le groupe talqueux est intimement intercalé , en strati- fication concordante, un système de calcaire gris sublamellaire ou blanc saccarin , dont l’épaisseur atteint îoo mètres. Ce calcaire paraît être à M. Rozet de transition, comme le phyllade tal- queux. Le rapprochement qu’il a fait plus tard d’un calcaire de l’Atlas également subordonné à des schistes , avec le lias d’Eu- rope, n’est sans doute pas applicable ait calcaire d’Alger. Au dessus de ce groupe ancien, et jusqu’à une hauteur de 236 mètres sur la mer, surtout vers la pointe de Sidy-el-Ferruch , se voit un terrain tertiaire qui consiste : i» en grès calcaire sem- blable au calcaire moellon de Montpellier et de Provence pour la structure et les fossiles (grandes huîtres, grands peignes)} 2° en DE LA SOCIÉTÉ EN l83l. 5o3 Un calcaire compacte contenant, dans une pâte d’eau douce, des lymnées et des hélices, mêlés à des débris de coquilles marines. 3° Enfin, en pouddingues formés de débris des roches anciennes environnantes. Ce sol tertiaire paraît s’étendre en petites collines sur une sur- face de plus de vingt lieues Carrées au sud d’Alger. Ce double rapport des terrains tertiaires et de transition d’Al- ger, avec ceux du sud-est de îa France *>ffre une analogie curieuse entre ces deux bords opposés de la Méditerranée, analogie qui , du moins pour les terrains tertiaires récens , se retrouve sur pres- que tout le contour de ce vaste bassin , et dans la plupart des îles de cette mer, en France, Italie, Sicile, Sardaigne, Malte, Es- pagne, Grèce , et sur les côtes d’Afrique, tant vers Tunis et l’est , que vers Alger et le nord. En décrivant le pays parcouru par Vannée française , dans V expédition de Méde'a , M. Pajzel a fait connaître la plaine de Méditja, située entre les collines tertiaires au sud d’Alger, for- mées de marnes bleues recouvertes de grès calcaires semblables eficore au calcaire moellon de la Provence , et les premiers ra- meaux de l’Atlas. I/alluvion ancienne fort épaisse qui recouvre cette contrée plate paraît postérieure à toutes les dislocations de couches j elle est formée de couches horizontales de marnes argi- leuses et de galets arrachés des chaînes environnantes. A Bleida, les rameaux bas du petit Atlas atteignent leur plus grande élévation , qui est de 1/200 mètres. La crête en est décou- pée et les flancs très déchirés; des deux côtés il paraît se perdre dans la mer ; il est formé vers sa base d’un terrain que M. Rozet a pensé être de même nature (schiste et calcaire de transition) que celle de Beaujareali, près Alger, et plongent de même au sud. Les pentes supérieures observées directement par M. Rozet lui ont présenté une formation du calcaire gris noirâtre , compacte, ou marno-schisteux , accidentellement bréchiforme. Ce calcaire est traversé par de nombreux filons verticaux de fer hydraté et carbonate, de baryte sulfaté, de cuivre grh et carbonate, et de spath calcaire. Il est très généralement incliné de 10 à 70 de- grés au sud. Ce calcaire constitue presque tout le versant sud du premier chaînon de l’Atlas , et forme des montagnes hautes de 1,100 mètres. Les fossiles peu nombreux queM. Rozet y a obser- vés (fragmens d’huîtres, de bélcmnites, de coquilles du genre Pos- sidonie), et surtout l’aspect général de l’ensemble de cette forma- tion, ont porté M. Rozet à y reconnaître le Lias tout-à-fait ana- logup à celui de notre continent. RAPPORT SUR LES TRAVAUX 5o4 Au sud de ce premier chaînon calcaire , qui paraît s’étendre fort loin , de l’est à l’ouest , M. Rozet a observé , entre les deux bras de l’Atlas, un grand dépôt du même terrain tertiaire qu’il avait déjà observé près d’Alger. Ce terrain , toujours analogue à celui des collines subapennmes , et d’autres points du littoral de la Méditerranée , et formé comme lui à la base de marnes argi- leuses bleuâtres non stratifiées, atteignant une épaisseur de plus de ioo mètres. Cette marne contient du gypse laminaire exploité dans le voisinage de Média • M. Rozet y a vu des peignes et des bucardes : plus au sud , elle est surmontée, comme dans les col- lines subapennines , d’uu grès jaune ferrugineux , en masses cariées, alternant avec des sables aussi ferrugineux. Ce système supérieur plonge de 20 degrés au nord , et constitue des escarpe- mens nus, et atteignant une épaisseur de 3o à 5 o mètres; on y trouve des peignes depetuncles, et une immense quantité de ces grandes huîtres si caractéristiques du calcaire moellon de la France méridionale, et qui atteignent jusqu’à 3 décimètres. Elles paraissent être dans le lieu où elles ont vécu. Jusqu’à Media , trois lieues sud-est de l’Atlas, et tout autour de cette ville , le terrain tertiaire subatlantique règne exclusivement dans le même ordre de superposition ; il constitue de petites col- lines et des montagnes , dont plusieurs atteignent une hauteur de 1,000 mètres, se terminent par des plateaux , et sont coupées de vallées profondes à bords très escarpés. Cette formation est tout-à-fait identique avec celle que M. Ro- zet a reconnue au nord de l’Atlas et de la plaine de Méditja , et qui s’étend sur les côtes voisines d’Alger; elle aurait été déposée en même temps sur les deux versans du petit Atlas, mais non dans l’intérieur de la chaîne presque parallèle , qui s’étend fort loin à l’est et à l’ouest, et semble se terminer au sud par une se- conde chaîne , que l’auteur a considérée comme le grand Atlas. Les principaux sommets étaient à quarante lieues de Média ; le sol tertiaire paraît occuper tout l’intervalle de ces deux chaînes, et y constituer des groupes de collines échelonnées du nord au sud. Confirmant et développant ses premières descriptions dans une coupe de Sidi-el-Ferruch à Alger, M. Rozet a montré les diverses superpositions du terrain tertiaire au gneiss, et a signalé les nom- breux fossiles, peignes, bucardes, grands clvpéastres, huîtres, po- lypiers , toujours d’une physionomie parfaitement analogue à ces couches marines tertiaires de la Provence, de la Corse et delà Sardaigne. A 1,000 mètres de l’ancien Rustonium, M. Rozet a observé des DB LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 3o5 porphyres trachy tiques perçant les terrains tertiaires dont ils ont relevé les couches. N’est-ce pas un gisement analogue aux tra chytes de l’île d’Egine et de la côte sud-occidentale de la Sar- daigne? Le schiste talqueux qui forme le fond du sol sur la côte d’Al- ger se montre le même dans la province de Titerv, et y est éga- lement recouvert de collines tertiaires. Dans son dernier Mémoire , M. Rozet a fait connaître les en - virons cï Oran , dont la structure géologique se lie au même système que la côte d’Alger. Oran est situé dans une baie, sur les bords d’une vaste plaine tertiaire , qui s’étend au sud , à Test, et dont les inégalités se prolongent jusqu’aux pieds de l’Atlas, dis- tant de b ou 7 lieues. La ville est bordée à l’ouest par des collines hautes de 4 à 5oo mètres, et formées de schiste de transition , plu- tôt ardoisier que talqueux, en lits souvent verticaux, recouverts de lits tertiaires également inclinés, dont la partie inférieure pré- sente un amas immense de coquilles regardées par M. Rozet comme identiques avec celles qui vivent dans la nier voisine. Les couches tertiaires de la plaine, toujours horizontales, sont alternativement marneuses et calcaires; l’une d’elles, plus blan- che , plus feuilletée, contient, comme le terrain d’eau douce d’Aix en Provence, un très grand nombre de poissons fossiles, donl M. Rozet a reconnu trois espèces , qu’il présuma être d’eau douce. Cette détermination ne semble cependant pas définitive, et vous avez entendu M. Boué vous annoncer cette découverte comme celle d’un gîte de poissons marins différent de celui d’Aix, et semblable à l’un de ceux du Liban , dépendant de la for- mation crayeuse. Des bancs de grandes huîtres et de gryphées [Ostr. ncivicularis, espèce identique) recouvrent cet étage moyen ; la base de ce terrain tertiaire est encore çà et là la marne bleue , et le dépôt supérieur une brèche tantôt calcaire , tantôt ferru- gineuse. L’une des montagnes voisines d’Oran , à l’ouest , le fort Santa CruXf est en partie formée , au-dessus des schistes de transition , d’un calcaire noir, compacte, à lamelles brillantes, très dense, et parfois cellulaire, pénétré de veines de fer oligiste. Cette même roche s’étend depuis Oran jusqu’au cap Fulcon , où elle se pénè- tre d’une très grande quantité de fer carbonate. Les apparences de ce calcaire l’avaient d’abord fait regarder par M. Rozet comme un trapp volcanique ; mais il a reconnu à son retour que cette roche avait pu seulement être modifiée par l’action des gaz sou- terrains. L’âge de cette roche ne paraît pas à M. Rozet aussi cer Soc. géol . Tome II. ao 5o6 RAPPORT ÂUR LES TRAVAUX tain qu’il l’avait d’abord annoncé en le regardant comme posté- rieur aux terrains tertiaires. Mais si cette roche n’est point volcanique, il existe, non loin du cap Matifou, des porphyres trachytiques couverts de grès tertiaires. Enfin, une brèche ferrugineuse avec coquilles spathi- sées, analogues à celles de la mer voisine , aurait été déposée pos- térieurement à tous les terrains tertiaires de cette côte. Abordant la question des révolutions du sol dans cette contrée, M. Eozet reconnaît que le dépôt du terrain tertiaire subatlanti- que y est postérieur au soulèvement des schistes, et que dans la chaîne de l’Atlas , le terrain secondaire aura été redressé entre l’é- poque ool ithique et la fin de l’époque crayeuse ; postérieurement le sol tertiaire aura été soulevé jusqu’à nulle mètres; mais il u’y aurait pas eu de grands dérangemens depuis l’altérissement diluvien. La dislocation de l’Atlas, antérieure aux terrains tertiaires, aurait été parallèle au soulèvement de la chaîne principale des Pyrénées. M. Rozet avait pensé que ses observations sur ces différens âges, de redressement ne coïncidaient pas avec les différentes pério- des reconnues parM. de Béaumont, qu’il croyait n’admettre pour cette chaîne qu’une seule époque de soulèvement postérieure au terrain diluvien. M. B.ozet fait remarquer de nouveau, i° que le terrain diluvien de la plaine de Mcditja n’a éprouvé aucun bouleversement ; ri° que les terrains secondaires ont été redressés avant le dépôt du. terrain tertiaire, puisque les marnes bleues viennent buter en plateaux horizontaux contre les marnes in- clinées du lias; 3° enfin, que les terrains tertiaires marins, déposés dans de grands golfes au milieu de la chaîne, auront été posté- rieurement élevés au grand niveau qu’ils occupent aujourd’hui par le soulèvement de l’Atlas. M. deBeaumont, dans une lettreadresséeleiôjanvieràM. Arago, a répondu qu’il n’avait jamais énoncé que l’Atlas format une chaîne unique et d’un seul jet comme les Pyrénées; mais, qu’au con- traire, il le considérait comme composé de plusieurs ordres de chaînons se croisant dans des directions différentes , et soulevés à des époques diverses, comme les Alpes et les Apennins ; qu’il avait indiqué dans les montagnes de la Barbarie des dislocations paral- lèles aux Pyrénées, et comme telles antérieures aux terrains ter- tiaires, et reposant, ainsi que l’a indiqué M. Bozet, sur la tranche des couches plus anciennes. D’un autre/côté, le fait des couches tertiaires s’élevant obli- quement dans l’Atlas jusqu’à mille mètres , confirme ce qu’au- gurait M. Elie de Beaumont, qu’en Barbarie , comme eu Pro- DE LA SOCIETE EN 1 85 1 • So? vence, les derniers soulèvemens ont été postérieurs au dépôt des terrains tertiaires. Des alluvions de la plaine de Méditja ne paraissent à M. de Beaumont être que des alluvions plus ré- centes que le dernier grand cataclysme. VIme SÉRIE. AGES ET DIRECTIONS DES CHAINES DE MONTAGNES, BRISEMENT DES COUCHES. § 62 à 65. — Vous avez remarqué , messieurs, dans plusieurs Mémoires dont je viens de tracer l’analyse, de fréquentes appli- cations de la théorie des brisures , des redressemens , des soulè- vemens à la direction des couches et à l’âge des chaînes de mon- tagnes. M. Boblaye en Murée, M. Rozet en Barbarie, M. Botta dans le Liban , M. de Studer dans les Alpes , M. Dufresnoy et M. Reboul dans les Pyrénées, ont ajouté plusieurs faits intéres- sans à cette branche nouvelle , dont la géologie française a offert les premiers et les plus ingénieux développemens. Vous vous souvenez aussi d’avoir déjà entendu M. Elie de Beaumont, celui de tous nos géologues qui, avec M. de Buch , a ouvert le plus largement cette route nouvelle, qui en a intro- duit les principes le plus avant dans la science , et qui leur a donné le plus de popularité , vous exposer les résultats des nom- breuses et consciencieuses observations de M. Sedgwick, sur une partie des terrains anciens du N. -O. de l’Angleterre. Trois années à peine se soiit écoulées depuis que M. Elie de Beaumont a réuni en corps de doctrine les idées capitales et les faits qui forment la base de celte brillante théorie, admis isolé- ment pour la plupart par d’autres géologues , mais que leur isole- ment même avait rendus moins saillans ; et déjà ces principes ont été appliqués à la plus grande part e des chaînes de l’Europe. La base fondamentale du po.ut de vue sous lequel M. de Beau- mont envisage cette question repose surtout, vous le savez, sur les considérations suivantes : Le redressement des couches inclinées, opéré antérieurement au dépôt des strates horizontaux qui les recouvrent. Ce fait des gisemens transgressifs est un de ceux qui ont le plus ancienne- ment lixé l’attention- des géologues. La coïncidence générale entre la direction des couches et celle des chaînes; celles-ci s’étant élevées sur autant de lignes de dis- locations. Le parallélisme constant des dislocations d’une même épo- que et des chaînes contemporaines, même à de grandes dis- tances. 3o8 RAPPORT SUR LES TRAVAUX Le non-parallélisme des chaînes et des couches d’époques diffé- rentes. Les soulèvemens en dômes ou en cirques, les intercalations et injections entre les couches de sédimens de roches cristallines , sous forme de filons ou de culots, et non en coulées, paraissent avoir coïncidé, comme cause déterminante, avec différens systèmes de dislocations, et être devenus le noyau , Taxe de chaînes dont la crête est formée" de ces mêmes roches cristallines, et les pentes de strates diversement redressés. Aux porphyres noirs, pyroxé- niques , d’abord considérés par M. de Buch comme l’agent pres- que unique du soulèvement des montagnes , se sont bientôt ajou- tées toutes les autres masses cristallines , regardées jadis comme primitives , et qui forment relativement aux principales chaînes, tantôt des crêtes centrales , .tantôt des séries de mamelons au pied de leurs pentes. L’apparition des plus hautes chaînes aux époques les plus récentes. Et parmi les conséquences les plus immédiates , des al- térations, et modifications dans les couches soulevées, des chan- gemens dans les êtres organisés après chacune de ces périodes de révolutions. La distinction de plusieurs terrains diluviens, produits de cha- cun de ces nombreux cataclysmes. Enfin, de très fréquens chan- gemens dans les niveaux et la nature des eaux marines, lacustres oufluviatiles,et dans les limites de leurs bassins, dont cette théorie explique bien les nombreuses variations. Mais ce qui distingue particulièrement le point de vue sous lequel M. de Beaumont a envisagé l’origine des montagnes et des brisemens de couches , des autres interprétations de ces deux phénomènes , c'est l’idée de leur coïncidence et de leur liai- son intime avec les changemens géologiques et organiques pro- duits entre les grands étages des dépôts de sédiment, c’est l’in- fluence de l'érection de» montagnes sur les périodes des ter- rains; c’est surtoutla limitation des âges des montagnes à treize pé- riodes, personnifiées, pour ainsi dire, par autant d’exemples empruntés aux grandes chaînes * les phénomènes du redressement se seraient manifestés simultanément à chacune dans des contrées fort éloignées , et sous l’influence d’oscillations parallèles. C’est par cette détermination précise d’âges et de noms propres que M. de Beaumont diffère davantage de l’opinion de plusieurs géo- logues qui admettraient au contraire un grand nombre d’oscilla- tions , de dislocations partielles ou locales et d’épanchemens de roches cristallines , même pendant les périodes de calme. DE LA. SOCIÉTÉ EN 1 85 1. 3t>9 M. de Beaumont, au contraire, rapporte ces phénomènes à ses treize grandes périodes de disturbations , intermédiaires aux pé- riodes de sédimens tranquilles, les trois plus anciennes jusqu’au terrain houiller inclusivement - les six suivantes, jusqu’à la fin des terrains secondaires ; enfin les quatre plus récentes , jusqu’au der- nier grand cataclysme diluvien. Tels sont, si je ne me trompe, les points et les résultats les plus saillans de cette vaste théorie , dont les élémens étaient dis- séminés , et n’ont été admis qu’un à un, pour ainsi dire , dans la science. Mais les difficultés infinies de la classification des diffé- rentes périodes, et des observations qui doivent en être la base , n’ont pas tardé à fournir sujet à objections. Tout en abondaut dans le sens de cette ingénieuse doctrine, tout en admettant la justesse des principaux résultats auxquels ils étaient eux- mêmes arrivés par d’autres voies, plusieurs géologues ont commencé à en combattre des parties. Deux principes sur- tout, qui cependant semblaient être les plus conformes à la sim- plicité habituelle des lois de îa nature, je veux parler du parallé- lisme invariable des fractures de la surface terrestre à chaque révolution , et par suite la divergence des fractures non contem- poraines, ont été contredits. Rien ne prouvait, même a priori, si ce n’est pour des espaces peu étendus, que l’action perturbatrice intérieure ne se fut pas mani- festée au dehors par des mouvernens contraires durant une même période, et que ces mouvernens ne se fussent pas répétés les mêmes à différentes époques. Le phénomène des trombîemcns de terre actuels présente en effet souvent plusieurs lignes de dislo- cations contemporaines. Toutefois , en dernier lieu, IM. de Beau- mont admet des retours de la même direction, à des époques diffé- rentes , mais dans une certaine régularité. L’un des membres de cette société, M. Bouc, qui dans plusieurs écrits a soutenu relativement à l’age récent des Alpes , une partie des mêmes idées que M. de Beaumont, et qui a nettement fixé, l’un des premiers, la contemporanéité à toutes les périodes géologiques dérochés d’éruption ignée, causes de perturbations , et de sédi- mens aqueux, objets de ces perturbations , M. Bouc a recueilli récemment (n° n de son Journal de Géologie) la plupart des objections, dont la grande théorie des soulèvemcns , ou plutôt la classification chronologique des chaînes , telle que l’a présentée M. de Beaumont, a été le sujet. Ces objections n’ayant point encore été la plupart développées dans le sein de la Société , je me bornerai à vous rappeler les RAPPORT SUR UES TRAVAUX 3lO principales : outre l’attaque des deux principes du parallélisme des fractures contemporaines , elles portent encore sur la conti- nuité, sans dislocations , de certaines chaînes en lignes courbes et très fléchies , non susceptibles par conséquent d’établir des parallè- les fixes et comparables ; Sur le nombre trop limité des époques de soulèvemens admises par M. de Beaumont , et sur la difficulté de faire coïncider des dislocations parallèles de chaînes éloignées ; Sur la possibilité que certains sédimens aient été déposés très irrégulièrement sur des plans de pentes inclinées, qu’il faut bien distinguer des relèvemens du soi; sur la nécessité de tenir compte des dislocations des strates par bascule , autant par affaissement que par redressement; sur l’insuffisance de nos connaissances géographiques et géologiques touchant la direction et la structure de plusieurs chaînes, dont M. de Beaumont a fait coïncider l’épo- que de formation avec le soulèvement des terrains les mieux con- nus de l’Europe occidentale. Quoi qu’il en soit , la théorie de l’age successif des montagnes n’en restera pas moins Tune des phis ingénieuses. Toutes les doc- trinesphilosophiques, celles même qui reposent sur la combinaison la plus judicieuse du plus grand nombre de faits, sont sujettes àcon- troverse. Il était impossible qu’un aussi vaste ensemble d’observa- tions , présenté dans un esprit de généralisation si piquant et si hardi, ne dût pas au temps et à l’examen quelques modifications im- portantes; et M. de Beaumont sera sans doute le premier à reve- nir sur des idées qui auraient pu être généralisées ou exagérées au-delà même de sa propre conviction. Néanmoins , pour mieux apprécier les progrès rapides de cette branche de la géologie, et la vive sympathie qu’elle a excitée , il suffirait de comparer son état actuel, quelque incomplet qu’il soit encore ,. avec les opinions exprimées dans le seul Traité français de géologie qui fût classique, il y a douze ans. On y lit que la présence des corps marins sur les hautes monta- gnes est bien plus facilement explicable par le soulèvement des eaux mobiles de l’Océan que par le redressement de masses miné- rales, inertes et immobiles; cette seule pensée d’un géologue, wernérien modéré , rapprochée de l’état actuel des esprits sur cette matière, montre un progrès, ou un changement non moins grand sur cette question que sur l’âge des granités, et autres ro- ches cristallisées , long-temps appelées primitives. Bien plus récemment encore des géologues d’un très grand mérite ne répétaient-ils pas que les terrains les plus dislo- DE LA SOCIÉTÉ EN l83l. 5 1 I qués sont les plus anciens ? On pourrait tirer des groupemens de M. de Beaumont une conséquence presque diamétralement opposée. Il ne m’appartient pas de reproduire quelques objections plus spéciales, et pour ainsi dire géographiques, qui ont été faites à plusieurs déterminations d’âge ou de directions de chaînes , telles que M. de Beaumont les a présentées : M. Paretto pour la Ligu- rie , M. Pasini pour le Yicentin , M. Keferstein pour les Carpa- thes, M. de Studer pour les Alpes, M. Sedgwick pour quel- ques points de la Grande Bretagne, M. Reboul pour les Pyré- nées, ont élevé des doutes sur lesgroupemens deM. de Beaumont. Ce géologue a déjà répondu à plusieurs ; dès l’an dernier, à M. Paretto, sur la direction des montagnes serpentineuses delà Ligurie, et à M. Rozet sur l’Atlas. Je dirai seulement quelques mois des faits ou des opinions dont la Société a eu communication immédiate. — M. de Studer a observé que la chaîne du Stockhorn en se pro- longeant dans lepavs de Fribourg perdait insensiblement sa direc- tion première de PE. à PO. , et courait du N.-E. au S. -O. sans dislocation ni entrecroisement. Il y aurait donc là dans un même système d’une seule époque une double direction. Le même géologue n’admet pas les indices du système pyré- néo-apenmn que M. de Beaumont a indiqués à l’extrémité orien- tale de la même chaîne. Il ne reconnaît pas non plus les empiè- temens du système des Alpes occidentales à travers les Alpes suisses. A leur extrémité orientale les Alpes se courbent pour se prolonger dans les Carpathes ; cette courbure ne constituerait point un système différent , et dans lequel M. de Beaumont a re- connu son groupe pyrénéo-apennin. La chaîne calcaire de l’Is- Irie , rangée par M. de Beaumont, à raison du contour extérieur, dans le système N. -S. , paraît bien plutôt à M. de Studer apparte- nir au système des Apennins. M. Sedgwick , tout en professant un vif assentiment aux idées de M. de Beaumont, qu’il a dit si heureusement dévelop- per un sens géologique nouveau, trouve un trop grand nombre de dislocations locales pour pouvoir faire coïncider tous les redresse- mens de l’ Angleterre avec les grands systèmes des chaînes de mon- tagnes du reste de l’Europe. Il remarque qu’on pourrait indi- quer des directions différentes dans des dislocations de couches que l’ensemble des caractères porterait à regarder comme con- temporaines , que les axes de quelques bassins houillers con- temporains ne sont point parallèles, et qu’il y a des exemples RAPPORT SUR LES TRAVAUX 5i a d’une direction parallèle entre des systèmes qui paraissent être d’âges différens. Cet habile géologue montre aussi que la discor- dance de stratification entre de puissans terrains n’est pas toujours accompagnée d’un changement notable dans les fossiles. M. de Beaumont a répondu à une partie de ces faits en mon- trant que M. Sedgwick avait réuni deux époques de dislocations distinctes dans le seul système calcaire du Westmoreland. — Les Pyrénées , suivant la première opinion de M. de Beau- mont, auraient été soulevées d’un seul jet à la fin des terrains secondaires, antérieurement à tous les terrains tertiaires. M. Reboul a combattu ce résultat, prétendant au contraire y reconnaître plusieurs directions de couches contrastantes. Cette dernière opinion paraît plus près de la vérité; M. de Beau- mont lui-même, et M. Dufresnoy, dans leur dernier voyage à ces montagnes, ont reconnu quatre systèmes de direction et de re- dressement , dont ils ne manqueront pas' de vous entretenir avec plus de détails. Mais il faut toutefois bien distinguer, que dans beaucoup de circonstances une dislocation récente a dû réagir sur des dislo- cations antérieures, et les compliquer, soit en imprimant une phy- sionomie plus générale aux produits du dernier âge , soit en lais- sant prédominer le caractère primitif. Relativement aux Pyrénées en particulier, les directions contraires à celle assignée à la grande chaîne ne sont que des accidens comparativement à cette direc- tion générale. Cette direction elle-même, que M. de Beaumont à reconnu être , comme la plupart des géologues et géographes , de l’E.-S.-E. à l’O.^N.-O. , ainsique celle des strates, M. Re- boul la contredit , et décomposant toutes les petites chaînes pa- rallèles, mais non précisément bouta bout, qui effectivement courent de l’E.-S.-E. 160 au N. , à l’O.-N.-O. , il en déduit une ligne moyenne de faîtes qui lui paraît moins s’écarter des sinuosités de la crête centrale, et qu’il indique être à peu près de l’E. à l’O. depuis le cap Cervères jusqu’à la Corogne. D’après cette nou- velle direction peut-être artificielle, les strates ne seraient plus parallèles à la chaîne, et M. Reboul indique d’assez nombreuses anomalies dans cette direction. Le chaînon du Canigou et du Puygmal , celui des sources de l’Ariège et du Salat se croisent sous un angle de plus de 3o° , et ne lui paraissent pas avoir pu être le produit d’une même évulsion. Il conclut que la chaîne des Pyrénées , quoique des plus sim- ples , est néanmoins composée de plusieurs arêtes qui affectent des .directions différentes, soit dans l’alignement de leurs masses. DE U SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . 5 1 5 soit dans celui de leurs strates. Cette disposition porte à croire que son exhaussement s’est opéré par le concours de plusieurs évulsions en sens divers , soit contemporaines , soit successives. Il admettrait donc un certain nombre d’époques de redresse- ment des couches de cette chaîne ; le plus ancien serait celui des grauwackes de la Maladetta' et de l’anthracite intermédiaire avec empreintes de calamites; le plus moderne, celui qui a agi sur les terrains tertiaires eux-mêmes , et serait contemporain de celui qui a réagi des Alpes occidentales sur ïa molasse de Suisse. Loin d’admettre que le redressement des Pyrénées soit plus an- cien que celui des Alpes, M. Reboul pencherait vers l’induction contraire, parce que le terrain de craie qui occupe aux Pyrénées le point central du mont Perdu ne se rencontre aux Alpes que sur des hauteurs moyennes, et parce que les molasses suisses lui sem- blent plutôt s’adapter au système de redressement du Jura qu’à celui des Alpes, tandis que des terrains tertiaires du pied des Py- rénées ont évidemment participé au relèvement de cette chaîne. MM. Dufresnoy et de Beaumont ayant étudié de nouveau les Pyrénées, admettent effectivement trois systèmes de direction, outre le redressement général qui imprime à la chaîne son relief, les deux antérieurs ayant été modifiés par le soulèvement de la chaîne, et le dernier, celui des Ophite y, n’étant que très local , très moderne, et seulement appréciable là où l’Ophitc s’est fait jour. Le plus ancien est celui des terrains intermédiaires; le deuxième, entre le dépôt de la craie ancienne et celui de la craie supérieure. Voilà une nouvelle période qui n’avait point encore été reconnue entre ces deux membres d’un même terrain; la direction est celle des Alpes occidentales. Le troisième , postérieur à tout le système crayeux, et qui court de l’O. i6° N., à l’E. i6° S., est la direction principale ; le quatrième enfin , postérieur aux terrains tertiaires, et dont la direction O. i2°S. , à E. 1 2° N. , est le même que celui de la chaîne centrale des Alpes; c’est lui qui contient le sel, les gypses et les Ophites . — Je ne puis terminer l’article des révolutions du globe dues au soulèvement des chaînes de montagnes, sans vous rappeler, mes- sieurs, la publication récente des Fragmens géologiques sur V Asie centrale , fruits du dernier voyagedeM.dcIIumboldt, dont le nom appartient à l’Europe entière, et surtout à la France, sa patrie scientifique, s’il n’est pas encore inscrit parmi ceux des membres de cette société. M. de Humboldt a reconnu que la partie haute de l’Asie cen- trale; qu’on appelait vulgairement le grand plateau , se corapo- RAPPORT SUR LES TRAVAUX 5i4 sait de quatre puissans systèmes de montagnes , tous dirigés de l’est à l’ouest , et supportés par une base commune également sou- levée au-dessus des pays qui l’entourent. Au pied de cet immense système est une énorme cavité de dix- huit mille lieues carrées de surface et d’une profondeur de i5o à 3oo pieds au-dessous de l’Océan ; le niveau supérieur de la mer Caspienne et de la ville d’Astracan y est à 3oo pieds , le cours du Volga à i5o. Cet affaissement considérable a paru à M. de Hum- boldtêtre le résultat du souJèvément du plateau qui porte la chaîne de l’Himalaya , de l’Iran, et peut-être aussi du Caucase, masse énorme dont le soulèvement ne serait comparable à aucun phénomène géologique du même ordre observé sur les autres continens. M. de Humboldt a aussi rapproché les traces encore subsistantes dans le centre de l’Asie, des agens volcaniques qui peuvent se lier plus ou moins directement avec la puissance intérieure qui a produit de si énormes résultats. L’âge présumable de ces soulèvemens n’a pas été précisément indiqué par M. de Humboldt ; mais les découvertes récentes dans les régions les plus élevées du Caucase et même de i’Himalava , de coquilles tertiaires analogues à celles des mers environnantes, doi- vent porter à envisager ces chaînes comme de formation postérieure à l’ensemble des terrains tertiaires; ce qui confirmerait encore ce résultat si imprévu que les plus hautes chaînes sont les plus ré- centes. — A l’histoire de ces révolutions se rattache encore l’ingénieux plaidoyer, pour me servir d’une expression de l’auteur, que l’un de vos vice-présidens , M. Arago , secrétaire perpétuel de l’Aca- démie des sciences, vient de publier en faveur des comètes {Ann. du Bureau des longitudes , i83‘2). La comète de six ans trois quarts, dont l’apparition prévue pour t832, semblait devoir jeter l’épouvante, à raison de la distance assez rapprochée à laquelle elle doit passer de notre planète , a fourni à M. Arago l’occasion de passer en revue les effets possibles de ces corps célestes relati- vement à la terre. Ce savant astronome, qui a montré dans l’ana- lyse des idées de M. de Beaumont sur l’âge des montagnes, insérée dans l’un des derniers volumes du même recueil , tout l’intérêt qu’il portait aux grandes questions géologiques, a démontré, avec l’admirable clarté qui caractérise tous ses écrits , que le rôle des comètes ne pouvait avoir été en aucun temps la cause des grandes catastrophes de notre planète, ainsi que le supposent de célèbres théories et les préjugés populaires. 11 en résulte aussi que l’ori- DE LA SOCIÉTÉ ETÏ 1 85 1 • 5l5 gine de ces puissans phénomènes est bien plus probablement ter- restre qu’astronomique. Le mémoire de M. Arago est donc plu- tôt un plaidoyer en faveur de l’innocence que de la puissance des comètes. VIIme SÉRIE. MÉLANGES. § 66. — Les réflexions présentées à. la société par M. Boué, tendant à apprécier les avantages de la paléontologie appli- quée h la géognosie et à la géologie , se rattachent à une des plus importantes questions de la science ; mais vous ayant déjà entre- tenus, messieurs , à l’occasion du travail de M. Deshaves sur les coquilles des terrains tertiaires (5 19), des objections plus ou moins spécieuses dont peuvent être l’objet les caractères zoolo- giques trop exclusivement employés, je me bornerai à repro- duire ici en peu de mots les conclusions particulières de M. Boué. iVL Boué s’est surtout attaché à opposer les unes aux autres les classifications et les conséquences géogéniques, fondées d’une part sur la géologie de superposition proprement dite, d’une autre sur la paléontologie appliquée à cette science. L’observation de la continuité des couches lui semble rester encore la règle de dé- termination la plus sûre. Il trouve que la géologie, sans les fos- siles, possède assez de données pour conduire à tous les grands résultats, à toutes les divisions chronologiques admises; que le caractère paléontologique , qui peut être un bon chronomètre dans les limites d’un seul bassin, ou sur un grand continent bien connu , et être fort utile quand la superposition est incertaine , ne peut suffire , sans risque des plus graves erreurs, pour faire de la géologie sur toute la surface terrestre, et au milieu de bassins dont les relations de couches n’ont pas été antérieurement déter- minées. M. Deshayes, considérant que la géologie est la science des couches de la terre dans leur nature et dans leurs rapports, que cette série de couches ne présente à l’esprit qu’un long chrono- mètre décomposé en autant de sous-périodes qu’on peut recon naître d’influences diverses ayant présidé uniformément chacune à un dépôt d’un certain nombre de couches, M. Deshayes définit ainsi une formation géologique : espace de temps représenté par lin certain nombre de couches de la terre déposées sous l'in - jluence du meme phénomène. Or, ces phénomènes n’ont pu agir que sur la matière inorga- nique ou organisée : la première est essentiellement variable à la même époque suivant les circonstances locales qui l’auront mo- 5l6 RAPPORT SUR LES TRAVAUX difiée; on voit au contraire les mêmes espèces de corps organisés fossiles persister eux-mêmes, malgré la diverse nature des cou- ches qui les renferment. Le 'moyen de reconnaissance le plus fixe semble à M. Deshayes devoir remporter sur tout autre, et tandis qu’une période minéralogique est, selon lui, inadmissible, les périodes zoologiques sont seules naturelles et susceptibles d’être limitées. La succession des terrains en présente évidemment plu- sieurs auprès desquelles la période actuelle peut servir de terme de comparaison 5 les giscmèhs contraslans , la dislocation des cou- ches peuvent, ainsi que la différence minéralogique, être des acci- dens locaux : les changement d’organisation au contraire tien- draient à des lois plus générales, et seraient seuls propres à faire envisager sous un point de vue philosophique les révolutions que la surface du globe terrestre a subies. Ces raisonnemens ont porté de nouveau M. Deshayes à, con- clure qu’il n’y avait point de géologie possible sans zoologie , conclusion diamétralement opposée à celle de M. Boué , et qui mettrait un peu brusquement hors de la science les travaux des de Saussure, des Dolomieu, des Werner, des Deluc, et d’autres géologues qui ne furent point zoologistes. M. Desjiayes a montré aisément le peu de réalité de cette ob- jection , que l’emploi incorrect et erroné du caractère zoologique devait prémunir contre l’importance du caractère même ; mais il en est de plus sérieuses , de plus philosophiques, et que ne peu- vent se dissimuler les naturalistes même aux yeux desquels ce ca- ractère conserve le plus de valeur. Il en est une surtout à laquelle on n’a point encore répondu , quoiqu’elle se fonde sur l’examen attentif de la nature actuelle et sur les considérations les plus ration- nelles et les plus simples. Je veux parler de l’impossibilité de préciser l’étendue géographique et les limites chronologiques de ce qu’on voudrait nommer exclusivement une période zoologique. En comparant, comme le fait M. Deshayes lui-même, à l’é- poque actuelle les périodes antérieures, ne pourrait-on pas de- mander quels seraient les moyens de reconnaître et d’identifier comme contemporains et membres d’une seule période les fos- siles des couches qui se forment aujourd’hui sous les différentes latitudes, dans les différens bassins de mers, de lacs , de fleuves, sous l’influence des énormes courans sous-marins , sur les rivages, dans les profondeurs? Et si ces dépôts venaient à être mis à sec par une des grandes catastrophes qui semblent avoir limité les plus importantes formations , d’après quelles données pourrait-on re* garder comme contemporains les débris de marsupiaux de la DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 3 1 ^ Nouvelle-Hollande, les éléphans d’Afrique et d’Asie et les rennes du nord, les plantes alpines et les fougères en arbres, les co- quilles de la Baltique et celles de l’équateur, en un mot les êtres des différentes zones géographiques et climatériques, si l’on ne trouvait eii dehors de ces physionomies organiques, si différentes, quelque point de repère , quelques relations même éloignées de superpositions , qui permissent de lier de proche en proche les uns aux autres ces dépôts si disparates, zoologiquement plus en- core que géologiquement , et d’y reconnaître les élemens d’une seule et même période. Les bases de cette objection se trouvent dans le mémoire de M. C. Prévost sur la submersion itérative des continens , où sont clairement développées les nombreuses causes physiques qui peuvent avoir fait varier sur la même place les corps orga- nisés fossiles d’une seule période. L’exemple qu’il a choisi des dé- pôts uniformes que doit entasser durant notre ■ ériode, sur des espaces immenses comparativement à nos bassins géologiques, le grand courant équatorial , taudis qu’en même temps se forment, sous les mêmes latitudes, des produits organiques si différens, et que le moindre changement dans la direction de ce courant peut faire brusquement changer, cet exemple , dis-je , est aussi philo- sophique, qu’il serait décourageant pour les conséquences à tirer des caractères zoologiques , si l’on ne convenait qu’il est encore nécessaire en géologie, autour du caractère capital des fossiles, de grouper tous les autres moyens possibles de détermination et de distinction chronologiques. Les différentes voies de reconnais- sance conduiront sans doute à des résultats assez identiques, et c’est ce qu’a fait observer M. Dufresnoy. à l’occasion des idées opposées de M. Boué et de M. Deshayes. Les formations géolo- giques n’étant que des séries de couches déposées dans les mêmes circonstances, comme entre deux soulèvemens de montagnes, il est tout-à-fait présumable que les révolutions qui ont suivi les soulèvemens ont nécessairement donné naissance à des groupes zoologiques qui devront le plus souvent s’accorder avec les diffé- rences de stratification. L’étude des superpositions paraît toujours être à M. Dufresnoy la base de la distinction des terrains , et depuis vingt-cinq ans on s’est à peu près borné à faire coïncider le caractère des fossiles, d’ailleurs si généralement utile, avec les âges de formations de- puis Ion g- temps établies par le seul fait des superpositions. § 67. Un fait intéressant qui aurait pu se rattacher à l’his- toire des dislocations du sol , est le fait des surfaces naturellement 5 1 S RAPPORT SÜR LES TRAVAUX polies de certaines roches , sur lequel M. Boue vous a commu- niqué des détails intéressans , appuyés d’une série d’échantillons. M. Boue pense que la plupart de ces polis naturels sont dus à des glissemens et à des frotte mens plus ou moins considérables produits la plupart par le brisement des couches. On les observe en petit dans un grand nombre de roches argileuses , marneuses , char- bonneuses, et même calcaires ou arénacëes , ainsi que dans cer- tains minerais, particulièrement auprès des failles et des plisse- mens de couches. On a aussi observé fréquemment dans les Alpes des masses calcaires fendillées qui présentent sur de très grandes surfaces ce poli naturel , accompagné de stries parallèles indiquant la direction dans laquelle s’est opéré le frottement de grandes masses de roches, et dans celles-ci des parties séparées semblent avoir été frottées les unes contre les autres par un mouvement plutôt prolongé que brusque et passager. Ces stries de dislocation sont à distinguer de celles que présen- tent souvent les parois des filons, et qui sont plutôt le résultat de la cristallisation. § 68. — M. le comte de Montlosier, dont le nom respectable se réunit à ceux de GueUard , de Desmarets, de Malesherbes, de Monnet , pour rappeler l’un des premiers ouvrages classiques (1788) sur l’iiistoire des volcans éteints de l’Auvergne , n’a point cessé d’appliquer son espr.t d’observation aux phénomènes géo- logiques, quoiqu’il n’ait presque rien publié depuis. La création de cette Société a ranimé ses anciens goûts , et il s’est empressé de s’associer à vos travaux , en vous communiquant sa manière d’envisager les méthodes d’observation dans les sciences natu- relles, particul.èremenV en géologie. Il vous a aussi communiqué ses idées sur la formation d'un grand nombre de lacs , d’après des observations anciennement recueillies par lui en Suisse, en Italie et ailleurs. On sait que le bassin du lac d’Aidat, en Auvergne, a été formé par le barrage opéré sur la vallée de ce nom par des coulées délavé sorties du cratère connu sous le nom de P uy- de-la- Vache. Appliquant ce fait des barrages des vallées, non uniquement par des coulées volcaniques, mais bien plus généralement par des dépôts d’alluvions , M. de Montlosier a observé que tous les lacs de la Suisse, sans exception , et encore tous les lacs sur le versant de l’Italie avaient été formés , sur une bien plus grande échelle que le lac d’Aidat , par des digues naturelles, par des transports énormes de terrains d’alluvions qui arrivant à angle droit sur lès anciennes vallées où coulaient tranquillement des fleuves, les ÎDE LA SOCIETE EN 1 85 1 . SlQ Ont fermées à leur extrémité et ont occasioné ces vastes stagna- tionsd’eaux douces, qui figurent aujourd’hui sous différens noms. Un pareil obstacle formé par des matières meubles n’est-il pas de nature à céder tôt ou tard à la pression d’une aussi énorme masse d’eau , et plus d’un lac des périodes antérieures , formé peut-être de la même façon, n’a-t-il pas dû sa rupture à la cause même de son origine? M. de M. ne peut entendre appliquer cette théorie de la for- mation des lacs à tous les grands réceptacles d’eau douce , car ceux des contrées volcaniques paraissent occuper la plupart des fonds d’anciens cratères , ainsi que M. de M. les a distin- gués lui-même sous le nom de cratères -lacs. D’autres remplis- sent dans les montagnes à calcaires secondaires des bassins for- més par les dislocations des couches ; d’autres enfin peuvent oc- cuper les sinuosités de la surface ondulée des grandes plaines formées de terrains de sédiment. § 69 et 70. — M. d’Omalius d’Halloy a publié, l’année der- nière, des Elémens de géologie dont il vous avait communiqué plusieurs fragmcns. Dans une première note sur la structure de V écorce solide du globe , il a passé en revue les différentes sortes de joints que l’on peut observer dans la masse incohérente de la terre; il en reconnaît cinq modifications : joints de texture , de stratification, d* injection , fissures et failles ; les trois premiers états lui présentent des formes qu’il range sous quatre subdivisions, massives , fragmentaires , cristallines et organiques ; puis il fait rentrer dans les deux premières les différentes variations habi- tuelles de la matière inorganique irrégulière. M. d’Omalius con- vient toutefois que ces distinctions ne sont pas le plus souvent plus saillantes qu’on ne le doit attendre de substances pour ainsi dire amorphes. M. d’Omalius vous a aussi communiqué, messieurs . des ob- servations sur la classification qu’il a suivie dans ses Elémens de Géologie. Sa base première a été celle adoptée par M. Bron- gniart , et proposée , je crois , par M. Boue , des terrains plutoniens et des terrains neptuniens formant deux séries paral- lèles. Il a de même adopté les deux dénominations créées par M. Brongniart de terrains agalysiens pour les roches cristallines des terrains primordiaux ou de transition et de terrains hémily - siens pour les dépôts de sédimens de ces deux mêmes groupes. Il a nommé les terrains secondaires ammonéens , et les terrains ter- tiaires, en y comprenant le diluvium , terrains teriairès , à rai- sou de l’abondance de débris de grands animaux qu’ils renfler- 320 RAPPORT SUR LES TRAVAUX ment* à ces groupes il ajoute les terrains modernes et les terrains pyro'ides. Je ne pourrais suivre l’auteur de cet ouvrage dans les subdi- visions secondaires correspondant aux formations ou unités géo- logiques , sans reproduire l’ensemble même de ses tableaux, qui présente 22 de ces unités partagées en 97 types de roches ou sous-formations. Yoici toutefois , en allant du plus récent au plus ancien, les terrains admis par M. d’Omalius, dont quelques uns ont reçu de lui des dénominations nouvelles : Terrains nept u n iens . Terrains modernes : terrains madré- porique, tourbeux, détritique , alluvial, (fluviatile et marin); tuf- face (terrestre et marin); terrains teriaires : diluvien , nymphéen (ce terrain contient les différées étages d’eau douce tertiaires) , tritonien (tous les* étages marins de la même période) ; — terrains ammonéens : crétacé , jurassique , liasique , keuprique ? pénéen ; — terrains hémylisiens : houiller , anthraxij ère , ardoisier , tal- queux. Terrains teuton ïens. Terrains agalvsiens : granitique , por- phyrique ; terrains p y roïdes : basaltique , trachy tique , volca- nique. Si j’avais à vous entretenir de l’ouvrage de M. d’Omalius dans son ensemble et en dehors de cette division méthodique, qui n’en est pas la partie la plus importante , je ne croirais pas me tromper en exprimant qu’on y reconnaît l’esprit clair et métho- dique propre à tous les travaux de ce géologue. Ii est divisé en trois parties : Géographie physique , ou histoire de la forme ex- térieure du globe; Géognosie , nature et division des matériaux constituant la science d’observation proprement dite; Gcogénie , partie théorique embrassant les explications diverses données de la formation des terrains. Cette dernière partie est d’un grand intérêt par la précision avec laquelle M. d’Omalius a rapproché les doctrines les plus récentes et les plus importantes pour l’inter- prétation des grands phénomènes géologiques. La publication de cet ouvrage a coïncidé avec celle de plusieurs autres traités élémentaires dus à MM. Brongniart, de la Bêche, Macculloch, Lveîl , de Léonhard ; récemment encore M. Bron- gniart a complété son ouvrage par un tableau graphique de la succession la plus générale en Europe des terrains qui compo- sent V écorce du globe. Dans ce tableau , ou les alternances et les enchevêtremens des terrains ont été si heureusement indiqués, M. Brongniart a rendu plus sensible sa nouvelle et méthodique nomenclature des formations que vous connaissez, messieurs. DE LA SOCIÉTÉ EN 1 S 5 1 . 5âi Le nom de M. d'Omalius vous aura rappelé la seule Carte géologique de France que nous possédions encore. Bientôt elle sera remplacée par le grand travail dont s'occupent depuis plusieurs années MM. Brochant , de Beaumont et Dufres- noy, fruit d’une masse énorme d'observations recueillies dans des voyages multipliés, et rendues plus intéressantes par leur grou- pement dans un vaste ensemble, et par leur représentation gra- phique. Mais les géologues ne devront pas oublier que M. D’O- malius, le premier, recueillit sur le terrain , et combina, avec les observations rassemblées parM. Coquebert de Montbret, dont lé vaste savoir eût produit tant de fruits s'il n'eût été gêné par une excessive modestie , les matériaux d’une carte qui , malgré ses groupes trop limités et la petitesse de son échelle , n'en aura pas moins été long-temps utile. § jo bis. — M. Boubée vous a communiqué , sous le titre de Tableau mnémonique des terrains primordiaux , une sorte de représentation graphique des roches cristallines autrefois consi- dérées comme primitives. Son but paraît avoir été de montrer comment les principales roches de ce terrain (gneiss , mica- schiste, etc., etc.), gravitent, pour ainsi dire, autour du granité comme centre , comme type de toutes les autres , qui n’en se- raient , selon ce géologue , que des modifications la plupart con- temporaines, et passant de l'une à l’autre le plus souvent avec les mêmes substances minérales disséminées, mais avec prédominance soit du mica, soit du talc, soit de l’amphibole , réunis au quartz et au feldspath. M. Boubée en représente quatre séries : dans chacune des trois premières prédomine l’un de ces trois élémens qui man- quent tous trois dans la quatrième série. 11 a cherché à expiimer leurs relations de superpositions présumées, mais très incertaines, et à montrer comment chacune de ces roches , après avoir été le type d’un groupe principal , se retrouve isolée dans les autres groupes. Tous les terrains dits primordiaux ne constitueraient , selon lui , qu’une seule et même formation , à laquelle il joint , comme étant d’origine plus évidemment plutonique , certains porphyres , des gypses , des dolomies. Mais, avec la tendance ac- tuelle de la géologie à considérer les granités et autres roches cristallines dites primordiales comme étant aussi bien roches d’épanchement et d’origine ignée que les porphyres , et comme ayant dû surgir à plusieurs époques même des terrains secon- daires , il semble bien difficile de fixer encore un groupement vrai de ces roches qui soit d’une utile application; le résumé graphique de M. Boubée peut avoir toutefois l'avantage d’ai- 4 Soc. gcol. Toro. II. ai 322 RAPPORT SUR UES TRAVAUX der la mémoire et de montrer les relations les plus habituelles de ces dépôts cristal lins. M. de Bonnard , dans son traité des terrains ( Dict . dJhist. nat, 1819) , avait aussi distribué les roches des formations géologique- ment et minéralogiquement par séries , dont chacune avait pour types le quartz le feldspath , le pyroxène , ete. , et il pour- suivait ces séries depuis les terrains les plus anciens j usqu’aux plus modernes. Malgré d’assez fortes ressemblances, le point de vue sous lequel M. Boubée a rédigé son tableau mnémonique , borné aux roches anciennes, n’est pas tou t-à-fait analogue. § 71. — M. Boubée , pour dégager la détermination des co- quilles fossiles d’erreurs trop fréquentes dans les descriptions des géologues, propose une sorte de c on chilio mètre qui permettrait de déterminer les espèces et même les variétés de ces corps, soit en nature, soit à l’état de moules intérieurs ou extérieurs, avec une précision plus rigoureuse que par l’usage des caractères ha- bituellement énoncés, précision presque géométrique et à peu près analogue à celle du goniomèti e. Dans les coquilles univalves, il y aurait à mesurer l’angle de la spire à son sommet , l’angle d'ouverture , et celui que fait la di- rection des tours despire avec l’axe de la coquille. Dans les co- quilles bivalves équilatérales , l’angle extérieur de la charnière serait le meilleur caractère , auquel se joindrait pour les inéqui- latérales la mesure des autres angles. M. Boubée pense que l’application du même instrument se- rait facile aux moules de coquilles, aux écltinides, aux radiaires et aux polypiers. Sans obtenir la précision rigoureuse qu’on pourrait attendre d’un instrument de mathématiques , les zoologistes exercés , sur- tout les conchyliologistes, expriment souvent, parmi les caractères, des ouvertures d’angles, tout en décomposant le plus possible les dimensions des diverses parties. On en voit de fréquentes appli- cations dans le premier volume de Bruguières ( Encycl . nie'th. y ers ), ouvrage si consciencieusement continué par M. Deshayes. M. Desmarets , dont la méthode descriptive est toujours si vraie et si précise, se sert, pour chaque espèce à décrire, de cadres lithographiés où. sont inscrits d’avance tous les caractères jusque dans les plus minutieuses subdivisions et dans l’ordre de leur importance, ce qui rend toute omission impossible. C’est d’après cette méthode qu’il avait commencé à exécuter le traité des oursins fossiles , dont M. Brongniart devait faire la partie géo- logique, travail qui comblait une lacune dans la science avant le magnifique ouvrage de M. Goldfuss. DÉ LA SOCIETE EN 163 i . î/ouvrage deM. Miller sur les crinoïdes, autre modèle de des- criptions, paraît avoir été exécuté d’après des principes analogues. En combinant l’usage de l’instrument proposé par M. Boubée, avec cés cadres descriptifs * on aurait une forte garantie d’exacti- tude pour les fossiles des classes inférieures. § 72. — Le mémoire de M. Byarley sur la précession des équinoxes et V inclinaison de V axe de la terre , ayant été seule- ment communiqué à la société , et n’étant point resté dans ses archives , j’ai le regret de ne pouvoir vous en rappeler que le titre. Les astronomes et les physiciens ont plus d’une fois prêté leur appui à la géologie, à cette science qui tient à presque toutes les autres , et fait avec elles un mutuel échange de faits et de lu- mières. Il y a peu de temps que M. Herschell a communiqué aux sociétés royale et géologique de Londres ses idées touchant l’in- fluence des phénomènes astronomiques sur les révolutions géo- logiques. ! MM. Foncier, Ampère , Àrago , ont aussi montré en France combien il y avait loin des lumières que la géologie pouvait at- tendre des hautes sciences physiques et mathématiques , à l’abus qu’on en faisait autrefois pour appuyer les théories conçues en dehors de toutes observations des faits, et sans tenir compte des conséquences directes auxquelles la géologie conduit par ses pro- pres voies d’induction. Tels sont , messieurs , les nombreux travaux dont j’avais a vous retracer l’esprit et l’essence; heureux si j’ai pu , en retour de la Confiance que vous m’avez témoignée en me chargeant de cette honorable tache, montrer de l’impartial. té et de l’exactitude. Pour compléter l’histoire des travaux de la société depuis sa première séance scientifique, tenue le 21 juin i83o jusqu’au ier janvier i832 , je rappellerai qu’en i83o elle avait eu commu- nication des mémoires suivans : 1 . Des caractères particuliers que présente le terrain de craie dans 1e sud de la France , et principalement sur les pentes des Pyrénées , par M. Dufresnoy (21 juin i83o). 2. Aperçu sur le sol tertiaire de. la Gallicie , par M. Boue (28 juin 18 >0). 3. Considérations sur la valeur attachée aux expressions sui- vantes : Epoque ancienne et époque actuelle ; époque an te'di la- rme et postdiluvienne ; époque antékistorique et historique ; RAPPORT SUR LES TRAVAUX f>*4 période saturnienne et période jovienne , par M. Constant Pré- vost (28 ju%^i83o). 4. Sur la présence de cycladcs et d' ancyles dans le calcaire d'eau douce supérieur d' Etampes, par M. J. Desnoyers (28 juin i83o). 5. Notice sur la température du puits artésien entrepris en i83o près de La Rochelle y par M. Fleuriau de Believue (8 no- vembre). 6. Remarques sur un Mémoire de MM. Sedgwich et Murclii - son , relatif aux terrains de Gosau, dans les Alpes autrichiennes , par M. Boue (8 novembre). 7 . Note sur des ossemens (de pachydermes) dans un terrain de transport près de Nancy , par M. Bobert (22 novembre). 8. Description du bassin ? ou pays plat de la Gallicie et de la Podolie , par feu M. Lili de Lillienbaeh : Mémoire accompagné d’une carte et de coupes géologiques (22 novembre). 9. Observations sur la direction et l'âge relatif des montagnes serpentineuses de la Ligurie , en réponse à une Note de M. Lau- rent Pareto , par M. E. de Beaumont (6 décembre). 10. Observations sur un Mémoire de MM. Buckland et de la Bêche , relatif aux liges de cycadées et de conifères gisant ver- ticalement dans un limon noiry entre le Purbeck et le Portland- Stone, de l'ile de Portland, par Ms C. Prévost (6 décembre). Je terminerai ce rapport, dans lequel je me suis permis, peut- être indiscrètement , d’introduire quelquefois mes propres opi- nions ou mes incertitudes , toujours guidé , j’aime à le répéter, par une conscience que je me suis efforcé de rendre impartiale , si je n’ai pu réussir à la dégager d’erreurs ou de préventions, en in- diquant la direction que la géologie me semble avoir prise durant le cours de l’année dernière, direction à laquelle n’a certainement pas été étrangère la fondation de cette société. S’il était possible d’apprécier la tendance générale d’une science dont les élémens se rattachent à tant d’autres connaissances posi- tives, et à laquelle apportent leur tribut tant d’observations iso- lées et indépendantes , tant d’opinions individuelles parfois con- tradictoires , 11e pourrait-on pas formuler ainsi en quelques traits celle que les nouvelles découvertes ont imprimée à la géologie? La marche n’en a été ni brusque ni rétrograde , elle s’est conti- nuée dans le même sens que les quatre ou cinq années précé- dentes. DE LA. SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . 5*5 L’éclectisme s’y est de plus en pins profondément introduit. Chaque jour s’est affaiblie une précision trop rigoureusement méthodique , commode sans doute pour l'étude , mais qui , sou- vent au détriment de la vérité, ne laissait d’incertitudes ni sur l’âge d’un terrain , ni sur la valeur réelle de caractères zoologi- ques ou minéralogiques propres à le fixer, sur les limites vraies ou possibles de ces caractères et des formations géologiques elles- mêmes. C’est ainsi que le caractère zoologique , d’abord limité à un petit nombre de genres par formations , s’est étendu peu à peu à des limites bien plus larges , et que , tout en conservant son im- portance , cette importance s’est restreinte aux espèces les plus nettement caractérisées. Les types de chaque terrain ont été regardés comme de moins en moins exclusifs , de moins en moins généralisés; et l’on a tenu plus rigoureusement compte des nombreuses influences locales modifiantes auxquelles les sédimens ont été exposés. Il ne paraît pas qu’on ait appliqué aussi généralement aux fossiles cette in- fluence si puissante des agens locaux naturels qui peuvent avoir, durant une même période , changé les espèces des corps organisés enfouis dans les couches superposées d’un même bassin, sans que, de cette différence , on soit en droit de conclure des destructions et des renouvellemens si fréquens d’organisation. On a continué d’attacher la plus grande valeur, en la fortifiant par une foule d’observations directes, à cette vaste théorie de la puissance du calorique dans l’intérieur et au-dessous de l’écorce solide de la terre; soit qu’elle se soit manifestée dans les anciennes périodes par les injections et soulèveniens de roches cristallines à l’état d’une fluidité pâteuse , soit par les altérations, carbonisa- tion , cristallinéité , ou par la cémentation des roches préexi- stantes, au contact des dépôts d'épanchement, soit par la subli- mation de métaux dans les filons et autres gangues métallifères , soit par les produits des émanations gazeuses ou acidifères, sulfu- reuses, carboniques, magnésiennes, etc., soit enfin , durant notre époque, par les gaz des eaux thermales, la chaleur croissante avec la profondeur, et par les différons phénomènes volcaniques. Le rajeunissement de presque toutes les anciennes roches cris- tallisées long-temps dites primordiales et de transition, autant des granités et des gneiss que des syénites , des euphotides , des por- phyres; la probabilité de leur éjection , même à des époques secon- daires assez récentes, ont continué de reposer sur des observations nouvelles , de plus en plus précises. 3 2 6 RAPPORT SUR LES TRAVAUX UE LA SOCIETE EN l8)I. . Il en a été de même du parallélisme et de la contemporanéité à toutes les périodes de roches de stratification et de roches d’é- panchement et de leur mutuelle intercalation* cette distinction, presque unanimement admise , a achevé de faire disparaître la vieille querelle des neptunistes et des vùlcamstes. La théorie des mouvemens du sol , de leurs dates , de l’âge des montagnes , des dislocations découches , jadis considérées comme caractère d’ancienneté, et reconnues aujourd’hui comme propres à toutes les périodes, et même plus en grand aux plus récentes, a continué d’obtenir un grand crédit en Europe^ et les objections qu’on a faites à cette ingénieuse théorie , en rectifiant certaines parties faibles, ne paraissent devoir que l’éclairer et en fortifier les bases. Déjà la direction des strates et des chaînes commence à se joindre aux fossiles et à la superposition pour fournir un nou- veau chronomètre géologique. La tendance à rajeunir certains terrains de sédiment a été pres- que aussi sensible que pour les terrains de cristallisation , et s'est étendue depuis les calcaires des hautes montagnes jusqu’à une partie des dépôts tertiaires. A la contemporanéité , durant la même période et dans le même bassin, des dépôts ignés et aqueux , s’est jointe , comme une loi naturelle dont la vérité a été assez généralement reconnue, la simultanéité des dépôts fhiviatiles et marins, littoraux ou profonds et par conséquent delà nature la plus diverse, sous un mêmeliquide. La succession de longues périodes de calme et d’époques passa- gères de violens bouleversemens ; La distinction des sédimens tranquilles et des dépôts de char- riage; La reproduction à chaque période, même les plus récentes , des causes et des résultats long-temps limités à des époques plus anciennes , tels que la cristaîlinéité des sédimens , la production de certaines substances métalliques, etc. ; Le mode d'examen du connu à l’inconnu appliqué aux phéno- mènes géologiques, en opposition à la théorie d’abord plus sédui- sante de grandes lois et d’une puissance d’action anéanties ; Telles sont encore quelques unes des tendances qui semblent se manifester de plus en plus. En un mot , deux idées philosophiques prédominantes, si elles ne sont point générales, l’action de la température intérieure de la terre , et la continuation jusqu’à notre période inclusivement des phénomènes de la plupart des époques antérieures de tranquillité, paraissent tendre à obtenir l’assentiment général des géologues. SÉANCE DU 20 FEVRIER l832. 627 En voyant les chefs de la science céder au mouvement, appuyer eux-m^mes de leurs observations ou de l’autorité de leur assen- timent , des idées nouvelles contraires à des opinions qu’ils ont long-temps professées et fait adopter en Europe comme vraies , on doit reconnaître autant de véritable savoir que de générosité, et bien augurer de l’avenir de la science. Ne devons-nous pas espérer que la formation d’une société géo- logique française continuera à diriger dans ces voies rationnelles, à les éclairer, à répandre plus généralement des principes qui fructifieraient moins isolés , et à apprendre que le doute n’est pas moins propre souvent que le dogme à faire découvrir la vérité. Depuis longues années, l’Europe avait, dans la Société géolo- gique de Londres y un modèle dont la France devait, plus qu’au- cune autre contrée, être jalouse. En la suivant dans une route que cette société a si bien tracée , guidée par l’amour du vrai , par l’examen consciencieux des faits, par l’indépendance la plus entière des opinions et des doctrines, et manifestant, autant qu’il appartient à la France, une absence de toute individualité natio- nale , pour ne voir dans les géologues de tous les pays que des observateurs de la nature, des amis d’une même science, réunis par un lien commun , et tendant à un seul but, les progrès de cette science, la société géologique française est assurée d’un suc- cès qui non seulement sera national , mais qui peut devenir eu- ropéen. Séance du 20 février 1832. M. Brongniart occupe le fauteuil. Après la lecture et l’adoption du procès verbal de la der- nière séance , le président proclame membres de la Société : MM. Gràteloup, docteur en médecine, à Bordeaux, présenté par MM. Boué et Deshayes; Bonnet (Gatien François) , étudiant en médecine, à Paris, présenté par MM. Eugène Bobert et Michelin ; Levy, professeur à l’école normale de Paris, présenté par MM. Gordier et Brongniart; Reynaud, ingénieur des mines, à Paris, présenté par MM. Dufresnoy et Élie de Beaumont. 5*8 SEANCE DU 20 FÉVRIER l85*. La Société royale de littérature de Londres adresse à la Société ses remerciemens pour le premier volume du Bul- letin. La Société reçoit le prospectus d’une nouvelle société fondée par M. Spurzheim, sous le titre de Société anthro- pologique. La Société reçoit les ouvrages suivais : 1° De la part de M. Herman de Meyer, son Mémoire sur des pétrifications. (Extrait des actes de l’Académie des cu- rieux de la nature, Torn. XV , part. 2. Bonn , 1829. ) In-4*, avec 8 planches lithographiées. a* De la part de M. Alcide d’Orbigny, son Tableau mé- thodique de la classe des Céphalopodes , et le Rapport fait sur cet ouvrage à l’Académie des sciences , par MM. Geoffroy Saint-Hilaire et Latreille. 5° De la part de M. Underwood, un ouvrage intitulé: Association impériale des mines du Brésil : Rapports des directeurs adressés à leurs cominettans ( Reports of the di- rectorSy etc.). Londres, 1826, in-8° de 128 pages, avec une planche. 4® Les nM 11 et 12 de l' Européen , journal des sciences morales et économiques. Paris, i85a. 5° Les nM 10 à i5 du Journal de C Académie de C indus- trie , fondé à Paris , par M. César Moreau. i832. 6° Le n° 14 du Mémorial encyclopédique et progressif des connaissances humaines , sous la direction de M. Bouilly de Merlieux. Paris, in-8°. y* De la part de M. Defrance, un exemplaire de son por- trait gravé. Il est fait hommage à la Société géologique de France, par souscription , des sept années (de 1824 à i83o inclusi- vement) du Bulletin universel des Sciences et de ly Industrie (section des sciences naturelles et de géologie) , par MM. de Blainville, de Bonnard , Boubée , Boué, Brochant de Villiers, Clément Mullet, Cordier, Defrance, Delpon, Desnoyers, Fleuriau de Bellevue, La Joye, Michelin, de Paris, Puzos, Régley, Robin Massé, de Roissy, Yemard, de Yerneuil , Un- dtrwood* SÉANCE DU îi O FÉVRIER l832. M. Lehmann offre à la Société deux échantillons de grès des Carpathes, altérés et prismatisés par la chaleur des hauts fourneaux. Le secrétaire à l’étranger présente le quatrième cahier , pour 1 83 1 , du J ahrbuch fur minéralogie , géologie , etc., qui contient en particulier un mémoire sur le gisement géolo*. gique de quelques Monolis , par M. le comte Munster; un article sur la température de l’intérieur du globe, par M. Kloden ; une esquisse du système géognostique de M. Ke- ferstein ; une note sur les fossiles du cabinet d’histoire natu- relle de Carlsruhe, par le docteur Bronn; une lettre de M. de Meyer sur te genre Cœlodonla , et une autre de M. le comte Munster sur certains fossiles jurassiques. Il annonce que quatre nouveaux cahiers du Montkly .Ame 7 rican journal of Geology and nalural I listory , sont arrivés à Paris ; mais il n’y a que peu d’articles géologiques, savoir; une description des mâchoires et dents du Megalonyx lar queatus , par R. Haplan (n° 2) ; un voyage aux cavernes de Virginie avec une liste proportionnelle des espèces de mam- mifères dont on y a découvert les ossemens ( n° 2 ); et une notice sur des fossiles trouvés à Ann, comté d’Arundel, dans le Maryland (n° 3 ). — M. Virlet lit une notice géologique sur l’ile de Therraia, suivie d’un essai sur une nouvelle théorie de la formation des cavernes : > L’île de Thermia, la Cythnos des anciens , fait partie du groupe des Cycladcs proprement dites, et se trouve sur les lignes de pro- longemens sous-marins des chaînes de la Livadie et de la Thessalie. Son sol très montagneux est essentiellement compose de roches primordiales; ce sont des gneiss talcifères avec pyrites de fer et quelques grenats , des micaschistes grenatifères et amphiboleux , des phyllades satinés à filons et noyaux de quarz , traverses par des filons de fer oligiste; (c’est la roche dominante de l’île) , des stéachistes et des calcaires grenus , qui sont très peu développes et très subordonnés aux stéachistes. Dans la partie septentrionale de l’ile , dans un lieu appelé Lou- tro (bains) , à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer et 330 SÉANCE BU *20 FEVRIER l83ll. à peu de distance du rivage, se trouvent plusieurs sources ther- males, salées, un peu amères, sans odeur sensible , et contenant peu de gaz; elles sourdent du sol d’une petite plaine , en produi- sant de petits bouillons, qui se réunissent pour former un ruisseau qui va se jeter à la mer : quoique très rapprochées , elles diffèrent cependant de température ; la source principale, qui sert encore aujourd’hui de bains, n’a élevé le thermomètre qu’à 4o°, tandis qu’une autre le fait monter à 5o°, et une troisième, la plus chaude de toutes, à 57° centigrades. Au village de Sillaka , situé dans la partie centrale del’île, à environ 45o mètres au-dessus du niveau de la mer, existe une caverne immense qui a son entrée dans le village même; elle est en tièrement creusée dans des micaschistes et des phyllades souvent très durs. L’existence d’une semblable caverne dans des roches de cette nature, est un fait nouveau et intéressant pour la géologie, qui tf avait pas encore été signalé ; elle est d’une étendue considérable, et ses Caractères sont parfaitement conformes à tout ce qu’on ob- serve dans les cavernes à ossemens. Des parois arrondies et irré- gulières, divers embranchemens dans lesquels régnent d’autres petites cavités latérales sans issues, une suite de salles nombreuses, plus ou moins vastes , communiquant entre elles par des couloirs Souvent fort étroits, sont les principaux de ces caractères ; ils sont d’autant plus faciles à saisir que , par la nature des roches et l’ab- sence du calcaire dans les environs, elle est dépourve de stalactites et stalagmites. Toutes ces circonstances ne permettent pas à M. Virlet de douter qu’elle n’ait servi de passage à un courant souterrain, au- quel est dû le dépôt limoneux et argileux bleuâtre qui en forme Te sol. Il exprime ses regrets de ce que la fièvre, qu’il avait con- tractée depu s long-temps en Morée, ne lui ait pas permis défaire faire, dans la grotte de Sillaka, des fouilles pour s’assurer, comme il en est persuadé, que c’est une véritable caverne a ossemens; et il cite à l’appui de cette opinion un fait, que M. Boblaye et lui ont eu souvent l’occasion d’observer en Morée, et dont ils parle- ront à l’article de la configuration générale de cette contrée; ce sont des espèces de gouffres ou canaux souterrams, appelés dans le pays Katavotrons , par où s’écoulent les eaux des grandes plai- nes fermées, si remarquables, qui donnent à la Grèce un aspect tout particulier. Ces katavotrons, comme il a eu occasion de le vérifier plusieurs fois, sont de véritables cavernes à ossemens, SÉANCE Ï)ÏI 50 FÉVRIER î8$2. 35 1 dont le dépôt limoneux ossifère se forme encore tous les jours. M. Virlet passe ensuite en revue toutes les hypothèses par les- quelles on a cherché à expliquer la formation des cavernes, et il reconnaît que si elles ne sont pas même admissibles pour le cas de roches solubles, comme les calcaires , elles le seront encore bien moins pour des roches phvlladiqucs anciennes de la nature de celles de Sillakas En effet, dit-il, comment doncevoir que les eaux d'un lac, d’un torrent, etc., etc., de quelque nature qu’elles fus- sent, auraient pu se creuser un passade a travers, des montagnes d’une épaisseur immense, comme ces canaux souterrains qui existent en grand nombre en Morée et dans la Grèce continen- tale , si ces canaux n’avaient pas existé préalablement? Pour arriver à une explication probable de la formation de la caverne de Sillaka, et expliquer cette préexistence , M. Virlet a recours à un autre ordre de phénomènes ; il suppose que la plupart des cavernes ont bien pu n’èti e dans le principe que des fractures ou fissures occasionées par quelques actions volcaniques, telles que de violentes secousses de trembtemens de terre; que ces fissures, dans quelques circonstances , sont devenues de« es- pèces de cheminées par où se dégageaient les gaz produits par l’action intérieure des volcans. Ces gaz, soit qu’ils aient été mu- riatiques, fluoriques , sulfureux, etc., etc., élevés à une très haute température par le fait seul de'îeur propre ‘formation , ont très bien pu , par une action plus ou moins prolongée , altérer les ro- ches qu’ils avaient à traverser, quelle que fut d’ailleurs leur nature. M. Virlet rapporte à ce sujet un fait qu’il a eu occasion d’ob- server dans l’isthme de Corinthe, et qui prouve très bien la possibilité de ces altérations pour des roches autres que les cal- caires; des jaspes et dcS silex y Sont journellement corrodés et dénaturés par l’action prolongée de gaz souterrains, arrivant à la, surface avec une température encore très élevée. Il regarde ces gaz comme le résultat d’une action volcanique qui se manifeste depuis long-temps dans le voisinage, et à laquelle sont sans doute dus les trachy tés d’Eginc , de Méthana et de Paros ; cetle action continuerait à se manifester aujourd’hui d’un côté par ces dégage- mens de gaz, de l’autre par la production des eaux chaudes de Loutro(i), situées aussi dans l’isthme, et par les eaux thermales sulfureuses de Méthana. M. Virlet admettant ensuite que ces fentes corrodées ou non (i) Le mot Loutro est un mot générique, employé en Grèce pour indiquer toute espèce de sources thermales. 55a SÉANCE DU 20 FÉVRIER l85î». corrodées par des gaz, ont été relevées ensuite par des actions volcaniques plus violentes qui ont donné naissance à quelque chaîne de montagnes, ou ont exhaussé celles qui existaient déjà; alors plusieurs de ces fentes ou fissures planes ou peu inclinées , ont pu fournir passage aux eaux de la surface , qui ont eu d’au- tant moins de peine à s’y introduire que les roches qu’elles tra- versaient avaient été plus corrodées. Telle est l’origine qu’il suppose à la plupart des cavernes, sur- tout de celles qui ont servi ou qui servent encore , comme en Morée , de passage aux eaux de la surface ; mais là il n’y a eu au- cune action corrodante, tandis que la grotte de Sillaka, aussi bien que le canal qui sert encore aujourd’hui de conduit aux eaux thermales deThermia, ont été très probablement de ces chemi- nées ou fissures par où s’échappaient les produits gazeux de l’in- térieur. Une circonstance fort importante qui à Sillaka vient surtout à l’appui de cette hypothèse, et qui semble se lier à la formation de la caverne, c’est la présence des nombreux filons de fer qui courent dans tous les sens au milieu des micaschistes et des phyl- lades , en se rapprochant toutefois de la perpendiculaire au plan des couches qu’ils traversent. On peut donc supposer raisonna- blement qu’ils sont contemporains de la fissure ou cheminée prin- cipale qui a donné naissance ensuite à la caverne , et que c’était par cette grande fissure que s’échappaient et les gaz et le fer qui , en se sublimant, est venu remplir toutes les petites fissures laté- rales du terrain , et donner naissance aux nombreux filons qu’on y remarque. Enfin, M. Virlet pense, d’après son hypothèse, que si les ca- vernes sont plus nombreuses dans les roches calcaires que dans les autres roches, cela ne tient pas seulement à leur nature plus so- luble , mais bien aussi à leur nature plus cassante et peu flexible • circonstances qui font qu’elles ont dû se fracturer bien plus sou- vent que les roches schisteuses, au moindre soulèvement, quelque faibje qu’il ait été, et donner lieu à de nombreuses crevasses, élémens d’autant de cavernes; tandis que les roches schisteuses, naturellement plus flexibles et plus tenaces , en résistant à de fai- bles soulèvemens, ont éprouvé, au lieu de se fracturer, une certaine extension qui a été quelquefois assez considérable, si l’on doit en juger paries nombreuses ondulations et plis , ou refoulement de la roche sur elle-même, qu’on y observe souvent , et qui se seront formés lorsque ces roches momentanément soulevées ont repris ensuite leur position première. SÉANCE DÜ 30 FÉVIlIEft 1 83^. 555 Il termine son mémoire en annonçant que J a fameuse grotfe M. Yirlet lit quelques observations sur un gisement de trachytes alunifères dans File d’Egine, dont il présente a la Société une suite d’échantillons: « 11 existe à Egine un gisement d’alunite assez remarquable f que M. Boblaye, dans un excellent mémoire sur cette île, a déjà signalé. f » Il est situé dans la partie orientale de File, près de l’extré- mité d’une grande vallée très remarquable, dirigée de l’E. a l’O. N.-O. • elle traverse toute i’îîe , en la divisant en deux parties; à peu près égales ; ce lieu s’appelle Feninda ta Vrakia (c’est-a- dire cinquante brasses ), nom qui vient de ce que dans cet endroit, la côte étant très abrupte, présente un escarpement ou mur ver- tical d’au moins cinquante brasses. » Cet escarpement très remarquable est formé par de beaux trachytes gris-blanchâtres très durs, affectant les formes prisma- tiques des basaltes. Les trachytes alunifères constituent une col- line assez élevée qui s’avance dans la mer à l’extrémité de cet escarpement, et y forme une espèce de cap. Ils sont d’un jaune d’ocre souvent très foncé et quelquefois assez pâles et ferrugineux 5 leur présence se manifeste de loin , par une forte odeur sulfureuse, produite par la décomposition des pyrites qu’ils contiennent. La partie supérieure de la colline est formée par une roche siliceuse très dure, à éclats gras, avec des cavités quelquefois marquées par un cercle brun ferrugineux , renfermant des noyaux siliceux ou trachy tiques 5 cette roche paraît avoir appartenu primitivement à l’agglomérat trachy tique qui la recouvre, et semblerait n’avoir été silicifiéc que postérieurement à son dépôt, soit par infiltra- tion, [soit plutôt par une espèce de fusion pâteuse j elle affecte, aussi bien que l’agglomérat à ciment de calcaire tu face qui lui est superficiel en quelques points, les memes couleurs que les trachvtes qu’elle recouvre, et dont il n’est pas facile parfois delà distinguer. Ces trachytes, qui ontévidemment étéaltérés, ontparu à M. Virlet n’être devenus alunifères que par une transmutation des trachvtes gris‘ blauchâtresduvoisiuage,opéréepardesdégagemcns de vapeurs m SÉANCE DU ÎQ MARS l83a. sulfureuses ? comme l’a fort bien annoncé, dès 1819, M. Cordier^ en décrivant l’alunite du Mont-D’or , que îe premier il a fait connaître. En effet , si l’on suit les traces de F altération , on la voit dimi- nuer graduellement, jusqu’à ce qu’enfin elle disparaisse au milieu de cette grande masse trachytique , à laquelle elle passe par les ïiuances les plus insensibles. De plus, les élémens , à la couleur pfès , sont absolument les mêmes dans les trachytes altérés ët ceux qui 11e le sont pas ; seulement la division prismatique dé ceux-ci a disparu , et a été remplacée par une division irrégu- lière, en boules imparfaites , au milieu desquelles se sont formés des filons d’alunite fibreuse d’un blanc nacré et soyeux, presque toujours accompagnés de petits rognons mamelonnés de fer pyrt» teux, qui , eu se décomposant, devient noir et dégage cette forte odeur sulfureuse qu’on sent de loin. Les trachytes, en devenant plus ou moins alunifères , sont aussi devenus plus tendres et 6e désagrègent facilement, ce qui en rend l’exploitation plus facile j mais la présence des pyrites empêchera qu’on puisse en retirer de bons produits. La partie supérieure de ces trachytes alunifères , jusqu’à une certaine profondeur, forme une masse réticulée en grand , enve- loppée par un réseau de gypse rayonnant , qui a dû s’v former à la manière des gypses des solfatares. Cette formation alunifèrè présente un autre intérêt, en cë qu’elle se lie à un autre gisement de gypse qui se trouve au milieu du terrrain tertiaire, et au phénomène du mont Fendu, dont à parlé aussi. M. Boblaye, comme annonçant un soulèvement ail milieu des roches trachy tiques , passées à un état voisin de la domite , phénomène qui doit avoir eu lieu à une époque très récente et postérieure au terrain tertiaire supérieur. Le mont Fendu , situé vers la partie centrale de l’îîë , près de la vieille Egine , se trouve aussi près du point de séparation des eaux de la grande vallée que l’auteur a signalé en commençant; et que M. Boblaye a très bien fait sentir dans sa carte géognos- tique de File d’Egine. Cette vallée, dont l’ouverture paraît se rattacher à la formation de l’alunite, est formée, d’un côté, par des montagnes entièrement trachytiques, de l’autre, par des trachytes et un chaîne de calcaire compacte, recouverte sur plusieurs points par des lambeaux du terrain tertiaire. L’altération des trachytes , tout le long de cette vallée , est très remarquable j elle se fait sentir depuis le gisement de l’alunite , SÉANCE DU 19 MARS 1 853. S5g jusqu’au-delà du mont Fendu , dans tout le fond de la vallée et sur quelques collines qui en dépendent; toute la masse trachy4 tique y est devenue friable, blanchâtre, jaunâtre ou verdâtre, couleurs qui se rencontrent habituellement dans le voisinage du terrain d’alunite. Chauffés fortement, ces traclivtes deviennent bruns-rougcâtres. Dans quelques points, ils sont si décomposés qu’on a de la peine à les reconnaître; aux environs de PalœoKas- tro (vieille Egine), et du mont Fendu, ils ressemblent à une brèche trachytique ; les parties qui ont mieux résisté y paraissant colline agglomérées par les parties les plus altérées. Un teinturier de l’île , qui s’est beaucoup occupé de ces tra- çhytes, et qui cherche à en tirer parti , dans l’intérêt de son art, a assuré en avoir essayé beaucoup, de différens points; et il a titmvé dans tous une plus ou moins grande quantité d’alun. . Le gypse se trouve aussi dans cette vallée, en un lieu appelé Mesagros tou Traboucou , entre le mont Fendu et le gisement des tràchytes alunifères , sur une colline tertiaire; cette colline est formée , d’abord à la partie supérieure , par un agglomérat trachytique à énormes fragmens, cimentés par un tuf blanchâtre; àu-dessous duquel on trouve des assises d’un tuf calcaire jaunâtre, et quelquefois verdâtre , renfermant encore des fragmens de tra- chytes; au-dessous viennent de£ marnes schisteuses blanches et Jaunâtres très feuilletées, très f iables, même pulvérulentes et loüces au toucher, au milieu desquelles se trouvent des bandes d’ün Silex tantôt gris -bleuâtre, tantôt brunâtre , semblable alors à èelui de Ménil-Montant : ces silex résinites qui dégagent, quand on les brise , une odeur très fétide , sont en bandes ou continues ; ou simplement formées par une suite de rognons. Ce terrain de marnes et de silex, où il n’a pp rencontrer aucun fossile, lui paraît devoir être rapporté à une formation d’eau douce; en- fin au-dessous vient un dépôt de calcaire sableux à coquilles marines recouvrant les argiles bleues qui forment partout la partie mrénëuie de ce terrain tertiaire. C’est au milieu de ce calcaire sableux que se trouve 1res in éga- lement disséminé le gypse, soit en cristaux détachés ou groupés, mit sous forme un peu fibreuse; i! est; parfois très rare dans la masse, et parfois très abondant; il semble indiquer alors des lignes de fissures, par où se seraient échappées les vapeurs sulfureuses , auxquelles il pense qu’il doit sou origine, et l’on pourrait, en quelque sorte, le suivre comme on le ferait d’un filon. Il eut été très curieux de pouvoir vérifier si les tràchytes qui sont à la partie inférieure sont aussi alunifères, il ne pourrait res- 360 SÉANCE EU 19 MARS ï832. ter, dans ce cas , aucun doute sur l’origine ignée de ces gypses. Le terrain d’alunite d’Egine diffère donc essentiellement, quant à la nature de ses roches, de celui du Mont-D’or, décrit avec tant de détails par M. Cordier, et de ceux que M. Beudant nous a fait connaître en Hongrie par son grand ouvrage sur cette con- trée; puisque dans les diverses localités décrites par ces deux savans géologues, l’alunite paraît n’appartenir qu’aux conglo- mérats trachy tiques et aux trass ; mais il n’en est pas de meme quant à l’origine , car il est facile de reconnaître dans les circon- stances de ces divers gisemens, des rapports qui paraissent établir, entre eux et celui d’Egine une identité parfaite dans leur mode de formation. M. Boué a observé en Transylvanie un gisement de trachytes ; au milieu duquel on observe une grande fente, par laquelle s’échappent des vapeurs sulfureuses très chaudes, qui altèrent les trachytes et les transforment en alunite ou en trachytes alunifères, et au pied de la montagne, 011 observe une grande quantité de sources froides, très fortement acidulées et ferrugineuses. 11 en a donné une description dans l’ouvrage de M. Daubeny , sur les ! volcans. Cela confirmerait le mode de formation reconnu par M. Virlet dans l’alunite d’Egine qui n’est au reste que celle dçjà émise en 1819 par M. Cordier. i On lit un Mémoire de M. Razoumowsky sur un nouveau genre de polypites, provenant des monts Weldai, auquel il donne le nom de lubulipore. Ce genre paraît avoir été déjà figuré par M. Goîdfuss sous le nom de Sériopore ; il offre aussi de grandes ressemblances avec les fibrillites de M. Ra- finesque, et les clicietites de Fischer. Les polypiers décrits par M. Razoumowsky, accompagnés de dessins très soignés, sont classés par lui en deux espèces principales, les Tub, pleins et les Tub, creux, qu’il sous-di- vise en plusieurs variétés , auxquelles il donne les noms de T, panache , T. presque amorphe, T . multiple , T. jonc ma- rin, T. éventail , T. poteau, T. irrégulièrement sphérique , T, carrié , pour la première espèce; et T. en boule, T, en demi-boule oblonguc en éventail bombé , pour la seconde. Ces corps , tous siiicifiés, ont été découverts dans les gra- viers cTalluvion de la Russie; et le gisement, connu des es- pèces décrites par MM. Goîdfuss et Rafinesque, comme pro- venant des terrains de transition , doit faire présumer que SEANCE DU I9 MARS |B5si. 56 1 celles des alluvions de la Russie ont la même origine , et pro- viennent, ainsi que les blocs de ces alluvions, d’anciennes formations détruites ou existant plus au nord. On lit un Mémoire de M. Tournai fils sur les roches vol- caniques des Gorbières; en voici un extrait : Les montagnes des Gorbières forment un petit groupe qui est séparé des Pyrénées par la vallée de îa Gly, La composition gé- nérale de ces montagnes est du calcaire compacte appartenant au terrain de. craie. Cependant on y voit aussi une petite bande de terrain de transition et des indices de terrain houiller. La strati- fication du terrain calcaire est extrêmement irrégulière , surtout quand on l’étudie sur une petite échelle ; néanmoins , la direction générale est la même que celle de la chaîne des Pyrénées. D’a- près les observations de M. Tournai, les accidens nombreux et bizarres que présente le groupe qui nous occupe , sont dus à la présence de roches singulières , que Fauteur regarde comme vol- caniques , et qu’il considère cependant comme analogues des ophites par leur position et par plusieurs autres caractères. Ces roches ont un aspect mat, se divisent facilement en fragmens po- lyédriques , venfermant des globules ou amandes de différente na- ture, et paraissent formées en général par du pyroxène, du feld- spath altéré , de l’argile et de l’oxide de fer. Elles contiennent accidentellement du quartz cristallisé. , de la chaux carbonatée , du fer oligiste , du mica et de Fépidote. Ces roches se présentent presque toujours sous îa forme de petites buttes coniques, ou bien de petits mamelons liés entre eux • on les voit sortir de des- sous le terrain calcaire , qui montrent presque toujours à leur contact des caractères particuliers. Ces roches volcaniques p’of- frent aucune stratification; elles 11e renferment jamais de fossiles et sont accompagnées presque constamment de masses rougeâtres et de grands amas de gypse fibreux, renfermant des cristaux de quartz prishié. « L’éruption de ces roches ignées nous semble, dit Fauteur, » avoir eu lieu au commencement de la période tertiaire, et avoir » suivi immédiatement la dislocation du sol secondaire; or, » comme les forces qui ont soulevé ce terrain ne paraissent pas » avoir suivi une direction constante, puisque, les crêtes des mon- » tagnes environnantes se coupent soùs différens angles, il est » probable qu’ elles ont agi à différentes époques , et pendant une » période de temps assez longue. » 36? SÉANCE DU 19 MARS lS5*. L’auteur, après cet aperçu général , entre dans quelques çjé- tails sur plusieurs localités voisines de Narbonne; les principales sont : Sainte-Eugénie, Prat-de-Cost , elles environs de Gléon et de Vibesèque. " M. Boubée fait observer, à l’occasion de ce Mémoire, qu’il serait difficile aux personnes qui n’ont vu que les véritables ophites des Pyrénées , d’admettre au premier aspect aucune idée de rapprochement, et surtout de synchronisme entrç les roches amphiboliques de Palassou et les produits volca- ïiisés envoyés par M. Tournai ; que néanmoins il pense que l’on ne devra pas refuser de les admettre, parce que dans le Béarn , aux environs d’Oleron , il existe plusieurs dépôts ophiteux, dont M. Forest conserve une riche série d’échan- tillons , qui présentent très bien le passage des véritables ophites dont l’aspect est le moins plntonique, à des roches» conglomérées, et d’aspect tout-à-fait volcanique, parfaite- ment semblables à celles qu’envoie M. Tournai. jVL Boubée a reconnu de la mésotype radiée bien carac- térisée dans les échantillons d’ophite basaltique de M. Fo- rest , et des nodules de talc dans diverses ophites propre- ment dites des environs de Saint-Girons. Reconnaissant aussi dans les nodules noirâtres que présentent les roches de Narbonne des globules de talc compacte , il signale ces cir- constances minéralogiques comme venant à l’appui du rap- prochement proposé par M. Tournai, D’ailleurs, à Oleron comme à Narbonne , ces différente^ roches sont également accompagnées des mêmes gypses guarzifères , des mêmes argiles , et paraissent bien dater de )a même époque. Enfin, M. Boubée a observé les mêmes différences orictognostiques et les mêmes relations géognos- tiques dans plusieurs dépôts ophiteux du département des Landes, où l’on trouve même de l’analcime rouge de brique en cristaux concrétionnés. M. Rozet lit un Mémoire sur la géognosie de quelques par- ties de la Barbarie. Dans ce travail , Bailleur a rassemblé toutes les notices qu’il a envoyées à M. Gordier pendant son séjour en Afrique , et qui SÉANCE t)ü 19 MARS l8§2. 56$ ünt été communiquées par ce savant à l’Académie des sciences ; friais ici les différentes formations sont classées méthodiquement, et décrites avec détail. Yoici les faits les plus important consigné^ dans ce Mémoire : Les schistes talqueux de transition , avec des calcaires subor- donnés, constituent le terrain le plus ancien de la contrée. Ces schistes forment une grande partie des falaises depuis le cap Ma- tifou jusqu’à Svdi-el-Ferruch, et la masse principale des monts Bou-lZaria, à l’ouest d’Alger. Le schiste talqueux passe insensiblement au gneiss , et cette roche , qui le recouvre sur plusieurs points , prend un dévelop- pement assez considérable pour qu’on puisse la considérer comme une formation indépendante. Les schistes et le gneiss sont recouverts , à stratification con- trastante , par un terrain tertiaire identique avec celui des col- lines subapennines , et que l’auteur nomme terrain subatlan - tkjiie , parce qu’il prend un développement très considérable entre les deux chaînes de l’Atlas. Ce terrain forme, le long de la cote , une bande de collines qui s’étend depuis le cap Matifou jusqu’à plus de quinze iieues à l’ouest d’Alger, Au sud de ces collines , se trouve la grande plaine de la Mi- tîdja, formée par un terrain de transport ancien , dont les maté- riaux proviennent des montagnes qui la bordent. Cette plaine détend jusqu’au petit Atias, qui s’élève brusquement à une hau- teur de i,4oo mètres au-dessus d’elle, et de 1,600 mètres au- dessus du niveau de la mer. Toute la portion du petit Atlas, vi- sitée par M. Rozet, est formée par des calcaires et des marnes schisteuses passant au phyHade, dont il regarde l’ensemble comme identique avec notre lias d’Europe. Les fossiles qu’il cite sont : une ammonite , quelques bélem- nites , des posidonies, des peignes et des fragmens d’huîtres. Au sud du col Doténio, les marnes schisteuses renferment des filons de cuivre carbonaté assez lâches pour qu’on puisse les exploiter avec avantage. La gangue du minerai est de la baryte sulfatée laminaire. Toutes les couches du lias inclinent vers le sud , sous un angle qui augmente à mesure qu’on s’approche des crêtes. De l’autre coté du petit Allas , le terrain tertiaire firme une masse de col- lines qui paraît s’étendre jusqu’à la chaîne qui horde le désert. Dans les collines , les couches plongent au nord en sens contraire de celles du lias, contre lesquelles elles viennent même buter quel- quefois. 564 SÉANCE DÜ 2 AVRIL 1 832. Sans la falaise du cap Matifou, on voit des porphyres trachy- tiques qui se sont fait jour au milieu des couches tertiaires en les brisant et les rejetant vers le nord-est. Enfin, sur tout le littoral d’Alger, il existe des agglomérats de coquilles passées à l’état spathique , qui sont identiques avec celles qui vivent encore actuellement dans la mer. Des faits exposés dans son Mémoire, l’auteur tire les conclu- sions suivantes : i° Il existe une grande similitude entre les phénomènes géo- gnostiques sur les deux rives opposées de la Méditerranée. 2° Le terrain tertiaire subatlantique se retrouvant avec tous ses caractères sur une grande partie de la surface de l’Europe , en Asie, etc. , doit être pris pour type de l’époque tertiaire; et les bassins de Paris, de Londres, de Bordeaux, etc., ne peuvent plus être considérés que comme des cas particuliers. 3° D’après le mode de formation du terrain tertiaire par bas- sins, et sur les rivages des mers, son grand développement au nord et au sud du petit Atlas , et les renseignemens qui lui ont été donnés par M. René Caiilié, M. Pu>zet annonce que c’est ce ter- rain qui constitue le soi du désert de Sahara , et que les calcaires et les grès se trouvent là , en couches horizontales , recouverts par des sables qui ne sont autre chose que ceux que l’on rencontre fréquemment à la partie supérieure du terrain subatlantique. A cause de la marne argileuse qui doit exister au-dessous des grès , il pense qu’on pourrait établir des puits forés dans le désert. 4° La discordance de stratification entre le lias et le terrain ter- tiaire démontre que la chaîne du petit Atlas a été soulevée avant le dépôt de ce dernier. C’est à l’irruption des porphyres trachv- tiques au milieu des couches de cette époque qu’on peut attribuer leur redressement. 5° Enfin , la composition des dépôts diluviens des environs d’Alger et de la plaine de la Mitidja confirme la théorie de la for- mation de ces dépôts, exposée par l’auteur dans le premier cahier du Journal de géologie. Séance du 2 avril 1832. M. Brongniart occupe le fauteuil. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. On lit l’extrait suivant d’une lettre écrite de Narbonne le 2 5 mars par M. Tournai : SÉANCE DU 3 avril i85a. 565 « Plus que jamais j’ai l’intimefoonviction que la clef des terrains tertiaires se trouve dans nos environs ; les phénomènes y sont d’une simplicité extrême. Toutes les nouvelles observations qui nous arrivent nous confirment plus que jamais dans cette idée , qu’il n’existe tout autour de la Méditerranée qu’une seule for- mation marine, caractérisée par les marnes bleues, et dont le prétendu calcaire moellon n’est qu’une dépendance. (Notez bien que le calcaire moellon est le seul qui serve de pierre de taille ; nulle part on ne l’emploie comme moellon ; les ouvriers ne connaissent pas ce nom.) » Cette formation , composée de marnes bleues, de calcaire et de sable , forme toujours la base des terrains tertiaires , et n’offre jamais de mélange de fossiles ou de sédimens marins et lacustres; elle est recouverte accidentellement par des dépôts lacustres et par un terrain mixte , offrant beaucoup d’analogie avec les roches du bassin delà Seine : c’est ce dernier terrain (mixte) qui repose quelquefois sur des sédimens lacustres. La grande formation ma- rine ne se trouve jamais dans cette position , mais forme toujours la base des terrains tertiaires. Les terrains tertiaires du midi sont évidemment contemporains de ceux du nord de la France : les mêmes débris de mammifères terrestres se rencontrent dans les deux bassins; et quant à la différence que l’on remarque dans le catalogue des coquilles, il est bien évident qu’elle dépend de l’influence climatérique , qui, pendant la période tertiaire, devait déjà être bien marquée. » Je viens d’adresser à la Société géologique une belle suite d’échantillons de nos terrains tertiaires , et un tableau représen- tant les dépôts comparés de Paris , Pézénas et Narbonne. » Sous peu j’adresserai également une collection d’ossemens fossiles de Bize, et les roches du terrain àlignites de la vallée de la Cesse. Ce terrain est bien évidemment contemporain des sédimens qui ont comblé le vaste bassin de la Garonne, et que M. Boubée appelle, je ne sais trop pourquoi , post-diluvium toulousain. Ce * prétendu post- diluvium toulousain est bien tertiaire, et même contemporain de tous les terrains tertiaires imaginables. Les mammifères que l’on rencontre à Paris , Pézenas et Montpellier, se rencontrent également dans le prétendu post-diluvium : je nTen suis assuré, il y a peu de temps, à Toulouse. » Les dépôts fluvialiles et lacustres qui ont comblé le vaste bassin de Toulouse, et qui, vers Bordeaux, sont recouverts par des bancs très puissans de calcaire d’eau douce, se continuent sans in- Soc. géol. Toiuc II. *4 566 SÉANCE Dtr * AVRIL 1 83*. terruption jusqu’à Carcassonne et même jusqu’à Capendu et Moux. Les Pierres de Ramouse appartiennent à cette formations M. Boubée proteste contre l’assertion de M. Tournai, qu’il considère comme gratuite ou comme basée sur un exa- men de fossiles qui ont dû l’induire en erreur, ces fossiles ayant été recueillis sans distinction, par un botaniste, dans le terrain de transport qui recouvre le bassin de Toulouse, dans le terrain même du bassin , et enfin dans le terrain ter- tiaire qui lui sert de limites. M. Boubée représente sur le tableau les circonstances qui distinguent le postdiluvium toulousain du terrain qui l’en- vironne. Ce n’est pas seulement le calcaire d’eau douce qui manque dans le bassin de Toulouse /comme s’il avait été ba- layé ou enlevé de la surface; mais c’est aussi la série des ro- ches qui sont au-dessous , qui est toute différente dans les deux terrains, et il suffit d’être sur certains points de limites pour en être frappé. Un fait bien notoire proclame d’ailleurs, selon M. Boubée, en faveur de cette assertion : tout le pays occupé par le postdiluvium toulousain est complètement privé de pierre à plâtre , de pierre à chaux et de pierre à bâtir,* toutes les villes et les villages y sont construits en briques. Aussitôt, au contraire, que l’on atteint les limites du bassin de Toulouse , et que l’on arrive au terrain tertiaire qui l’environne de toutes parts, les habitations ont un tout autre aspect; elles sont toutes en pierre de taille; le plâtre et la chaux se retrouvent partout, et sont même employés avec profusion. Le président communique et soumet à la Société les déci- sions prises par le conseil dans sa séance du 26 mars i83a. Elles sont , après discussion , ainsi adoptées ou modi- fiées : i° Pielativernent à la publication des mémoires : « Les mémoires de la Société seront publiés format in-8° avec un atlas oblong. Le volume se composera de 32 à 35 feuilles (5i2 à 56o pages) çt l’atlas de 20 à 25 planches. » Chaque volume sera publié en deux parties. SEANCE MJ 2 AVRIL l852. S67 t Le prix de vente au public est de 18 francs pour chaque Volume avec l’atlas. Ce prix est fixé à G fr. pour tous les membres de la Société. » Comme le prescrit l’art. 7, ch. VI , du règlement constitutif de la Société, chaque mémoire pourra être vendu séparément; le prix en sera déterminé, en raison du nombre de feuilles d’im- pression et de planches dont chaque mémoire se composera , dans la proportion de moitié en sus du prix de vente au public du volume complet et de l’atlas. Ce prix sera réduit de i5 p. 100 pour les membres de la Société. » La maison Levrauît , libraire, à Paris, rue de la Harpe, n° 81 , et à Strasbourg, rue des Juifs , n° 33 , a été, après con- currence , chargée de la publication des mémoires de la Société. » 2° Aux deux membres déjà nommés de la commission pour l’impression des mémoires seront adjoints MM. Deshayes et Walferdin. » 3° Les membres de la Société seront prévenus que l’impres- sion du premier volume sera commencée prochainement , et que les mémoires devront être adressés à la Société avant le i5 mai. » Après que les mémoires auront été lus à la Société, le conseil les examinera, et décidera sur leur admission. » Cette décision sera prise aux deux tiers des voix des membres présens , et toujours à bulletin secret. » Conformément au règlement , les mémoires des personnes étrangères à la Société seront examinés par une commission nommée ad hoc pour chaque mémoire. » 4° Le conseil adopte la proposition faite par M. Voltz, que, lors des courses d’été , la Société invite à prendre part à ses tra- vaux les personnes étrangères à la Société que ces travaux peuvent intéresser, et les amateurs de sciences naturelles en général. » 5° M. Walferdin communique, au nom de la commission d’impression , un traité pour l’impression du Bulletin de la So- ciété, adopté , après concurrence entre les imprimeurs de Paris, qui ont le plus contribué à abaisser le prix de vente des livres en simplifiant les procédés du tirage. lia été adjugé à M. Laclievardicre, rue du Colombier, n° 3o, à Paris, à des prix inférieurs , non seulement aux prix ordinaires du commerce , mais encore à ceux de l’imprimerie royale. » D’après ce traité , le prix de chaque feuille d’impression sur papier collé , livrée de 5 1 5 à 5*20 exemplaires au lieu de 5oo, revient, en caractère philosophie 4^ f* 9$ c. 568 séance du a avril i85a. » En caractère petit-romain (0, à 4^ ^7 » Il a été stipulé que chaque membre de la Société aurait le droit de faire imprimer pour son compte des livres ou brochures aux mêmes prix (2). Le secrétaire annonce avoir reçu des nouvelles de M. G. Pré- vost, de Palerme, à la date du 19 mars. M. Prévost venait de parcourir l’intérieur de la Sicile dans tous les sens, ét était revenu à Palerme en côtoyant la côte occidentale. Il annonce qu’un officier du brick la Flèche a vérifié que le point ou était apparue la nouvelle île volcanique était cou- vert de près de 1 00 pieds d’eau. — M. de Rosthorn, de W olfsberg en Carinthie, propose d’en- voyer différentes roches et des fossiles du pays qu’il habite, en particulier des schistes à impressions de fougères du mont Stangalp et de Frauennok, des pétrifications du schiste rouge sous 1^ calcaire alpin jurassique des environs de Léopold- Steinerssee , près d’Eisenerz enStyrie, etc. Il annonce qu’il y a des impressions de poissons et de (j) La feuille ainsi composée contient une. fois plus de matière que la compo- sition en caractère ordinaire ( cicéro ). (2) En voici le détail : » Composition d’une feuille en philosophie , contenant 49 n à la ligne et 38 lignes à la page ; à 1 fr. o5 c. la page 16 fr. 35 c. Composition d’une feuille en petit-romain : Si n à la ligne, 42 lignes à la page: à i fr. 18 c. la page »... 18 fr. 85 c. Mise en page fr. 7 5 c. Tirage de 5s5 , soit 5oo exemplaires, des deux côtés 5 fr. 3o c. Celui de io5o, soit xooo exemplaires , idem 7 fr. » Etoffes sur les frais de composition , de mise en page et de tirage. 37 p. °f 0. Papier collé , semblable à celui du Bulletin , la rame de 5oo feuilles à 10 fr. a5 c. la rame, plus 25 feuilles pour les passes 10 fr. 76 c. Les feuilles dites de passe sont restituées par l’imprimeur; ainsi il doit être livré à l’auteur de 5 15 à 520 feuilles imprimées au lieu de 5oo , ou io3oà io4oau lieu de 1000. 1 Le prix du pliage est fixé , par rame , à 1 fr. 10 c. Celui de la pirjûre pour deux feuilles, par cent exemplaires, à . » 5oç. pour quatre feuilles , idem , à . » 7 5 c. Dans ces prix ne sont pas compris les frais de corrections et cbangemens d’au- teur , qui seront payés à raison de 70 c. par heure , y compris les étoffes ; ainsi que les frais qu’occasionent les tableaux, dont la valeur ne peut être estimée que de gré à gré. Enfin les prix fixés pour la composition en philosophie ou en petit- romain seront réduits ou augmentés suivant qu’on emploiera des caractères plus gros ou plus petits. SÉANCE DU 2 AVRIL i85a. 369 tiges de plantes dans le calcaire feuilleté fétide et noir qui repose sur le calcaire dolomitique et plumbifère de Raibel. O11 a trouvé deux échantillons d’une impression de feuille de palmier dans la grauwacke schisteuse de Bleiberg; un de ces morceaux est dans sa collection. L’été passé, M. de Rosthorn a visité la chaîne calcaire des Alpes méridionales de l’Illyrie. Les observations les plus importantes qu’il ait faites con- cernent les granités et les siénites d’ Appel , la mollasse de Saguria en Garniole , les grès tertiaires à points verts alter- nant avec des marnes et des roches trachitiques à Letusch et Presberg en Styrie. Près de Saguria en Garniole , il y a un gisement de poissons qu’il compte revoir cette année. M. Anker a écrit à M. de Léonhard (. Zeilschr . i83o, cah. ...) qu’il y avait des silex dans une argile tertiaire à Weiskirchen en Styrie. M. de Rosthorn ajoute que ce silex corné est d’eau douce, et renferme des coquilles calcinées des genres Hélix et Planorba. Enfin, il va achever sa carte des provinces illyriennes , entre la Drave et la Save, depuis la route du Loibl à la chaus- sée qui va de Vienne à Trieste. Get ouvrage, qui sera soumis à la réunion des naturalistes d’Allemagne , cette année , à Vienne, sera accompagné de plusieurs coupes, dont deux sont terminées. —La société polymathique du Morbihan, résidant à Vannes, propose, par l’intermédiaire de M. Roué, d’entrer en rela- tions avec la Société géologique. Gette proposition est ren- voyée au conseil. La Société reçoit les ouvrages suivans : 1° De la part de M. de la Bêche , la seconde édition de son Manuel de géologie (Manual geological, etc.). Lond., 1802, in-8* de 564 pages, avec nombreuses vignettes. 2° De la part dcM. Rozet,les deux mémoires suivans , dont il est Fauteur : A. Notice géognostique sur quelques parties du départe- ment des Ardennes et de la Belgique . Paris , 1819 , in-8° de 4i pages, avec une coupe. $7° SÉANCE DU a AVRIL 1 83 8. B. Description gèognostique du bassin du Bas-Boulo« nais. Paris, 1829 , in-8° de 126 pages, avec une carte. 3° Les N°* 17 et 18 de X Européen. 4° De la part de M. Passy, le prospectus de sa Descrip- tion géologique du déparlement de la Seine-Inférieure , ou- vrage couronné en 1829 par C Académie des sciences , belles - lettres et arts de Bouen. 1 vol. in-4°, accompagne d’un atlas et d’une carte géologique. M. Bénard fait hommage de 4 échantillons de fragmens de roches ayant l’apparence de bois silicifiés recueillis dans une grotte où la mer communique , sur le côté nord de Mer- seksibir, baie d’Oran. M. Deshayes offre aussi àTa Société une suite de roches et de fossiles de la Belgique,* elle se compose de roches du terrain de transition, avec quelques uns des fossiles caracté- ristiques et des échantillons des différentes craies qui Repo- sent sur ces terrains; M. Deshayes développe les circon- stances du contact des sédimens secondaires sur le calcaire de transition, percé par des coquilles lithophages de l’âge de la craie inférieure. M. Desnoyers indique plusieurs autres contacts de ter- rains secondaires ou tertiaires sur des roches plus anciennes qui portent tous les caractères d’anciens rivages. Ces roches de fonds ou de bords sont dures, cariées, polies, couvertes de flustres, de serpules, et si elles sont calcaires, percées par des coquilles lithophages. Aux environs de Yalognes, les faluns reposent de cette façon sur la craie compacte , et celle- ci sur les terrains plus anciens. Les faluns de Touraine rem - plissent de même sur quelques points les anfractuosités d’un calcaire lacustre percé de pholades.Aux environs de Falaise , le calcaire ooîithique moyen se présente de même en dépôt littoral sur le grès pourpré de transition à surfaces corro- dées et ondulées. M. Boué présente les ouvrages suivans : %* Une introduction à la théorie atomique, comprenant une esquisse des opinions des physiciens les plus distingués anciens et modernes sur la composition de la matière ( An SÉANCE DU 2 AVRIL l852. §7 1 introduction to the atomic iheory , etc.) , par Ch. Daubeny. In-8° de 147 pages. Oxford , 1 85 1 . 2° Des recherches géognostiques sur la détermination de lage des filons et sur le mode de formation des filons ar- gentifères et cobaltifères de Joacheinsthal dans l’Erzgebirge Geognost. Untersuchung zur Bestim Mung des Alters , etc.), par A.-F. Maier. In-8° de 28 pages, avec une carte. Prague, i83o. L’auteur lie le remplissage des filons au voisinage des masses porphyriques et granitiques. 3° Les Dendrolithes par rapport à leur structure inté- rieure [Die Dendrolithen , etc.) , par C. Bernard Cotta. In 4* de 88 pages, avec 20 planches. Dresde, i83a. Cet ouvrage est le premier fruit du cours de paléontho- logie récemment ouvert par M. Beich. Il remplit une lacune dans la science , et complète en particulier ce que Sehip- pan, Sprengel , Witham , etc., nous avaient appris sur lés bois de palmiers et de dicotylédons dans le grès rouge se- condaire, y compris ses agglomérats porphyriques et le ter- rain houiller. 4° Le premier rapport des séances, des avis et des transac- tions de l'association britannique pour l’avancement de la science ( Fins report of the proceedings , recommendations , transactions , etc.). in-8° de 112 pages. York , i832. Parmi les excellentes résolutions prises par cette première assemblée des physiciens et naturalistes des îles britanni- ques, on doit remarquer la formation de comités chargés de l’examen de questions particulières , dont ils auront à rendre compte à la session prochaine (Oxford). Le comité de minéralogie a pricM. le professeur Wliewell de préparer un rapport sur l’état actuel et les progrès de la minéralogie. Le comité de géologie a chargé MM. Murchison et Sedg- wick d’examiner si la partie de la théorie de M. de Beaumont consistant à déterminer lage des lignes de perturbation par leur parallélisme de direction, est applicable au royaume uni de la Grande-Bretagne. s7* SÉANCE Dü 8 AVRIL l85l. M. Philipps est chargé de dresser un catalogue systéma- tique des fossiles des îles britanniques ; on désire qu’il soit aussi complet que possible , et qu’il y indique le gisement , les localités et les espèces non décrites. M. Robert Stevenson est chargé de faire un rapport sur les destructions et l’extension de la côte orientale de l’An- gleterre, et de s’occuper de la question de la permanence du niveau relatif de la mer et de la terre-ferme. M. Clément Mullet présente une tête humaine fort an- cienne trouvée dans un caveau funéraire à JNogent-les-Vier- ges, près Creil, département de l’Oise. Il donne à ce sujet les explications suivantes : « Cette tête paraît présenter beaucoup d’analogie avec celles dont M. Tessier a déjà entretenu la Société de géologie. Le caveau sépulcral où cette tête fut rencontrée a déjà fixé l’attention des savansq il existe un mémoire de M. Barbier du Bocage sur ce sujet , inséré dans les Mémoires delà Société des antiquaires de France, tom.II, 1821, page 298. Mais l’auteur n’a considéré cette découverte que-sous le rapport historique; il a laissé de côté toutes les considérations physiologiques. Cette tête appartenait à un squelette qui fut trouvé , avec deux cents autres environ , à Nogent-les-Vierges , dans une cavité alors remplie d’une terre argileuse assez compacte. Tout porte à croire que ce fut un caveau sépulcral où furent déposés les cadavres de guerriers tués dans un combat. Ce qui conduit à cette opinion , c’est d’abord parce qu’on a trouvé des armes en silex , dont la figure accompagne le mémoire cité ; ensuite , parce qu’une tête porte une ouverture faite par un instrument tranchant. Cet individu , est-il dit dans le mémoire , n’est pas mort sur le coup , car des lames osseuses formées sur les bords de la plaie témoignent qu’il a dû vivre en- core plusieurs années. Telle fut l’opinion de M. Cuvier. » On n’a pu reconnaître de quel côté la tête du cadavre fut tournée, observation importante à faire dans l’examen des sépul- tures antiques. Ces têtes étaient bien conservées, comme le fait voir l’échantillon. Quelques personnes qui ont visité le caveau de Nogent-les-Vierges ont parlé d’une tête d’une dimension plus grande que toutes les autres , et surtout remarquable par sa blan- cheur. Le mémoire de la Société des antiquaires n’en dit rien. SÉANCE DU 2 AVRIL l832. 3^5 » La tête de Nogent-les-Vicrges ne paraît avoir d’analogie qu’avec celles trouvées dans la caverne de Miallet près d’Anduze, et dont M. Tessier, docteur en médecine à Anduze , a donné la description et un dessin. L’examen fait par M. Clément-Mullet des crânes conservés dans les galeries d’anatomie du muséum d'his- toire naturelle, ceux qu’il a étudiés dans la collection de l’Acadé- mie des Beaux-Arts, ne lui ont rien offert qui pût y être rapporté. Cette analogie sera mieux sentie par l’examen des mesures et leur rapprochement de celles données par M. Tessier. M. Clément, qui n’a pas voulu entrer dans des recherches aussi détaillées que notre collègue d’Anduze, s’est contenté des points principaux. » Hauteur de la tête au-dessus d’un plan horizontal, et placée dans les mêmes conditions que celles indiquées par M. Tessier o,i54 » Plus grand diamètre antéro-postérieur de la tête, des bosses frontales à la protubérance occipitale 0,176 » Diamètre du crâne de droite à gauche , d’une bosse pariétale à l’autre; c’est, comme à Miallet, la partie la plus large 0,129 » Largeur du frontal au-dessus des orbites. . . . 0,090 » Distance du sommet d’une apophyse mastoïde à l’autre. . 0,095 » Plus grand diamètre antéro-postérieur du trou occi- pital o,o34 » Plus grande largeur de la face externe , d’une arcade zygomatique à l’autre 0,122 » Plus grande hauteur du trou orbitaire 0,028 » Plus grande largeur o,o32 » Distance de l’extrémité de la mâchoire supérieure à la réunion sincipitalc du frontal et des occipitaux. . . 0,174 Si nous mettons ces chiffres à côté de ceux donnés par M. Tes- sier (voyez plus haut, page 120), nous 11e voyons de différence que pour la largeur d’une bosse pariétale à l’autre , c’est-à-dire 0,016 de plus dans la tête du squelette de M. Tessier, et 0,021 de plus dans le squelette de Miallet. Peut-être cette différence vient-elle de la manière de faire les observations. Le dessin et les autres chiffres font reconnaître l’exactitude dans les rapports ÿ quelques nombres même sont égaux. » Dans l’un comme dans l’autre cas , nous retrouvons les carac- tères de la race caucasiquc, rameau celtique, de la division pro- posée par M. Bory Saint-Vincent : le crâne alongé, le front un peu déprimé vers les tempes, le nez distingué du front par une dépres- 574 SÉANCE DU * AVRIL l85*. sion , les arcades sourcilières assez prononcées. Ces conjectures sur l'origine de la tête de Nogeut-îes- Vierges sont devenues une cer- titude par l’examen qu’en ont fait le docteur Spurzheim et le docteur Edwards, auteur d’un ouvrage sur l’espèce humaine considérée dans ses rapports avec l’histoire. »Un point de conformité entre les squelettes du midi de la France et ceux du département de l’Oise , et qui mérite d’être cité, c’est que, chez les uns et chez les autres, les dents étaient usées par le frottement : d’où il résulte identité dans les habitudes, identité dans l’origine, comme nous trouvons identité dans l’es- pèce. » Sur d’autres points du sol français , des sépultures antiques ont aussi été découvertes : les restes humains qu’elles contenaient étaient quelquefois accompagnés d’armes en silex , mais on n’a à cet égard que de simples indications. La seule découverte de ce genre qui puisse être citée avec fruit, est celle faite dans le dé- partement des Ardennes, à Cous-la-Grand’-Ville , le 1 6 novem- bre 1829. Elle fait le sujet d’un rapport consigné dans les Mé- moires de la Société des antiquaires de France (i83o). La tête du squelette était oblongue et aplatie , la direction des orbites était telle qu’on la remarque chez les individus de la race caucasique. Il est à regretter qu’on n’ait pas donné des renseignemens physio- logiques plus détaillés ’ mais , tels qu’ils sont , ils constatent l’iden- tité d’espèce avec les têtes humaines qui nous ont occupé plus haut : et nous arrivons à cette conclusion , que des restes d’êtres humains, quoique trouvés à de très grandes distances, apparte- naient à la même race, et que cette race habitait le sol où se ren- contrent ses débris. M. de Beaumont communique à la société une lettre de M. de la Bêche; celui-ci annonce que M. Murchison a lu à la société géologique de Londres un Mémoire sur des tiges déposées verticalement et perpendiculairement aux strates dans les couches carbonifères de la série oolithique de l’Yorkshire. Il les considère comme une sorte de forêt d’2£- quisetum submergés. M. Brongniart voit dans ce fait une confirmation de celui qu’il a constaté, il y a plusieurs années, relativement aux tiges du terrain houiller de Saint-Étienne. M. Underwood rappelle que les cycadées découvertes en grand nombre dans l’île de Portland reposent aussi vertica- SÉANCE DU l6 AVRIL l83*. 5?5 lement à la surface du Portlandstone , dans une sorte de limon noir assez semblable à de la terre végétale. Ce gise- ment a été décrit par M. Webster et par M. Buckland. M. C. Prévost fit l’an, dernier, quelques objections sur l’existence de ces végétaux à la place où ils sont enfouis. Séance du 16 avril 1832. M. Michelin, trésorier, occupe le fauteuil. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Tournai adresse à la Société une série d échantillons de roches et de corps organisés des terrains tertiaires des environs de Narbonne, savoir : 62 échantillons de roches, 2 morceaux d’ossemens , 4 échantillons d’impressions végé- tales, et une vingtaine de fossiles. M. Hœninghaus fait aussi hommage à la Société, par l’en- tremise de M. Brongniart, de 22 échantillons de corps or- ganisés , savoir : 1. Ca lamopora avec des Cyrloccr alites et une Dclthyris ; 2. Cyrtocer alites costatus (Goldfuss); 3. Orthocera inflata(G.), partie inférieure et supérieure; 4* Orthocera nodosa (Schlo- theim) 5. Orthocera Breynii (Sowerby) ; 6. Orthocera Stein- haueri (?) ( Sowerby); 7. Orthocera ; 8 Evomphalus radiatus (Goldfuss); 9. Turilella elongata ; 10. Pecten priscus (Goldfuss); 11. Sanguinolaria concen- triez (G.) ; 12. Calceola sandalina, avec opercule; 10. Idem sans opercule; i4- Productus elegans (Goldfuss); 1 5. Lep - teena rugosa (Dalman); 16. Dclthyris crispa (0.); 17. Tcre - bratula affinis (Schlotheim) ; 18. Terebralula intermedia (ScliL); 19. Calymena macrophtalnia ; 20. bouclier et yeux d’une grande Calymène. Plus, un polypier et un morceau de roche de transition. On reçoit de M. Boué une lettre écrite de Bordeaux, le 1 5 avril 1 852 ; en voici l’extrait : « Depuis que je suis arrivé à Bordeaux , je n’ai eu d’autre but géologique que de rechercher si le calcaire marin parisien existait 376 SÉANCE DU l6 AVRIL l83a. réellement dans les environs de la ville , et sur les rives de la Garonne ou de la Gironde. » Je ne vois pas les raisons de séparer en deux dépôts les calcaires coquilliers de Blaye , de Bourg , d’entre deux mers , de Saint-André-de-Cussac et du Fronsadais; le calcaire constitue plusieurs couches alternant avec des marnes ou des roches aré- nacées , et renferme toujours les mêmes genres de fossiles , quoi- que quelques espèces paraissent propres à certaines localités , ou même à certaines couches. » Il serait bien à désirer que M. Beshayes pût voir les environs de Bordeaux , pour se convaincre que certains fossiles de Paris sont associés dans d’autres bassins avec des coquillages dont les espèces lui paraissent indiquer un dépôt plus récent que le cal- caire marin de Paris. M. Beshayes pourrait voir dans les collec- tions de MM. Jouannet et Besmouîins le calcaire à clavagelles , à crassatella lumida , à terebellum convolütum , etc. , empâter les fossiles ordinaires , non seulement dans le calcaire marin or- dinaire de Bordeaux, mais encore dans le faîun qui recouvre ce dernier. Ainsi ce calcaire à clavagelles, etc., qui, d’après M. Bes- hayes, serait le dépôt équivalent du calcaire marin parisien, pré- senterait, le rapprochement dut-il être admis des anomalies zoolo- giques qui nous semblent inconciliables avec le système de clas- sification purement zoologique de M. Beshayes. »Bans le bassin du S. -O. de la France , la distribution des fos- siles présente des différences locales assez particulières pour que celui qui voudrait suivre strictement le mode de classification de M. Beshayes, soit obligé de séparer ce que la nature a réuni ou formé dans le même moment , ou pendant la même période de temps. Ainsi, outre les différences bien connues entre les fossiles de Bax et de Bordeaux, dans ces deux cantons il y a long-temps qu’on a reconnu des accidens locaux , et l’on sait que certains co- quillages sont propres à certaines localités, ou du moins n’abon- dent que là. Les zoologues connaissent aussi les particularités des falunières de Terre-Nègre à Bordeaux (térébratuie , delphinuîe, cranies, nummulines, etc. ) de Merignac, de Sauças, de Leo- gnan , de Salles ( Jouannetia , etc.); dire que tous ces faluns , ainsi que ceux de Bax forment une seule et même couche , ce serait avancer quelque chose qu’on ne peut pas prouver, puisque la continuité des masses est impossible à tracer; mais regarder ces faluns comme sur le même horizon géologique , cela paraît être une opinion très raisonnable. Boit-on maintenant pour quelques espèces de coquilles qui se trouvent à Paris, adopter d’autres idées SÉANCE DU l6 AVEIL l83s. et attacher à leur présence seule plus de valeur géologique qu'à celle des fossiles ordinaires de Bordeaux ? C’est à la Société à le décider* «Pour nous, il nous semble qu’il faut sortir de cette routine de comparaison, et. étudier bassin par bassin; or, sous ce point de vue , celui de Bordeaux et de Dax présente des caractères inter- médiaires entre celui de Paris et de la Méditerranée. Si l’on vou- lait procéder autrement , les rudistes caractérisant le terrain crayeux du S. -O. de la France , et n’existant pas dans tout le nord de l’Europe, on donnerait gain de cause à celui qui, malgré les caractères tirés de la position géologique , prétendrait que la craie du midi est un dépôt plus ancien ou plus récent que la craie du nord de l’Europe. »Des types particuliers de formation géologique , des dépôts xoologiques particuliers caractérisent ou plutôt différencient les diverses parties de l’Europe , ou peut-être même du globe; étu- dions-lcs jusqu’à ce qu’il nous soit possible de nous expliquer l’origine de ces différences. »M. Deshayes supposant tout le bassin de Bordeaux rempli après celui de Paris, sera toujours obligé de se jeter dans les hy- pothèses, lorsqu’on lui demandera ce qui se formait à Bordeaux, lorsqu’il se déposait de si grandes masses à Paris. D’un autre côté, «en modifiant la rigueur de sa doctrine , si ces fossiles de Paris , épars à Bordeaux, pouvaient être cfe quelque poids dans la ba- lance des équivalons géologiques ; si l’on pouvait s’y fier, vu la position de ces coquillages dans des masses associées, à des mol- lasses , les conséquences géologiques qu’on en tirerait resteraient des faits extrêmement curieux. » La Société décide que M. Boue sera invité à adresser les to clies , fossiles et coupes qu’il croira propres à éclairer la question. La Société reçoit : i° De la part de M. Keferstein, les ouvrages suivons, 'dont il est l’auteur : A. Description géologique de T Allemagne ( TcutschlancL geognostisek DargestclU). a o cahiers in-8° formant la collec- tion complète de tout ce qui a paru jusqu’à ce jour de ce jburnal (de 1821 à 1832). B. Tableaux sur la géognosie comparative ( Tabcikn über 878 SÉANCE DU l6 AVRIL l832. die vergleicliende Geognosie). 3n-4° de 60 pages. Halle * 1825. C. Notice sur les causes des variations régulières du ba- romètre (ücber die Ursachen der regelmassigen Barometer Schwankungen ). ïn~4° de 10 pages. D. Deux numéros de la Gazette littéraire et universelle d’Iéna ( Ienaische Allgemeine litlcralur-zeitung) ; et deux autres numéros du îahz hacher fur wissenschaftliclxe Kritik , contenant des articles critiques de Fauteur sur différens ou- vrages géologiques. In-4°. E. Un exemplaire de ses observations sur les formations basaltiques de l’Allemagne occidentale ( Geognostische Be- rner Kungen über die basaltischen Gebilde des westlichen fieutsclilands). 1 voL in-8° de 207 pages, avec une planche coloriée. Halle, 1820. 2° Les ouvrages suivans donnés par M. Airlet : A. Voyage au Montamiala et dans le Siennois , conte - nant des observations nouvelles sur la formation des vol- cans, C histoire géologique , minéralogique et botanique de cette partie de C Italie , par Georges Santi. 2 vol. in-8°. Lyon, 1802, B. Système de Hutton sur la théorie de la terre expli- quée par Playfair, et combattue par Murray . 1 gros vol. in-8° de 662 pages , avec figures. Paris , 1 8 1 5. C. Essai géologique , par M. Dufour. Brochure in-8° de 28 pages. Paris, 1821. D. Essai sur la théorie des volcans d'Auvergne , par M. de Montlosier. 1 788 (première édition). E. Notice sur MM. de Gallois , ingénieur en chef des mines , et Joseph Bessy , par M. Virlet. In-8° de 14 pages. 3° De la part de M. Tournai fils , sa Description gèognos- tique du bassin inférieur de C Aude et de la Berre . I11-80 de h pages, avec une carte. 40 De la part de M. London , le N° 25 (avril 1832) de son Magasin d’ histoire naturelle , journal de zoologie , botani- que, minéralogie , géologie et météorologie. Londres, in-8°. M. Loudon demande à échanger cet ouvrage contre le Bulletin de la société : cette demande est renvoyée au conseil. SEANCE DTI 16 AVRIL 1 85s. $79 5° Le N° d’octobre i85i du Bulletin des sciences natu- relles et de géologie . 6° Le N° 106 (février 1 85 a) du Bulletin de la société de géographie de Paris . 70 Le N° iG (avril 1802) du Mémorial encyclopédique et progressif des connaissances humaines. 8° La deuxième livraison (i5 mars 1802) du tome V des Mctes de Société linnéenne de Bordeaux. 90 Les Nos 19 et ao de V Européen. io° De la part de M. Fée, l’année i85o à 1 83 1 des Mémoires de la Société royale des sciences, de P agriculture et des arts de êMle . — Le conseil décidera si l’on doit en- voyer en échange le Bulletin de la Société. M. Boubée fait hommage à la Société de son Tableau de l* état du globe à ses différons âges , basé sur l'examen des faits , ou Résumé synoptique de son cours de géologie. On donne lecture des deux notices suivantes de M. Tournai: 1. Rapport des terrains tertiaires de Paris, Pézénas et Narbonne. PARIS. PÉZÉNAS. NARBONNE. Sol végétal. Sol alluvien. Sol végétal. Sol végétal. Sol alluvien. Sol alluvien. Calcaire à meulières. Calcaire d’eau douce. Sables marins. Terrain mixte. Terrain mixte. Calcaire d'eau douce cl Calcaire d’eau douce gyp- Marnes lacustres, calcaire grand dépôt de gypse. seux et siliceux. d’eau douce , manies avec soufre tubercul. Sables marins. Calcaire grossier. Calcaire grossier. Calcaire grossier. Marnes gypseuses. Calcaire grossier. Marnes d’eau douce. Tufs à coquilles marines. Sables marins. Marnes bleues. Calcaire grossier. Marne à lignilés. Calcaire grossier. Marne a li gui tes. Cale, grossier ou moellon. Calcaire grossier. Marnes bleues. Marnes bleues. Argile plastique. Craie. Terrain secondaire. Terrain secondaire . » Je crois inutile d’entrer dans de plus grands détails sur les I 38o SEANCE DU j6 AVRIL l8Sâ. terrains tertiaires , ce tableau fera mieux comprendre ma pen- sée que la meilleure description ; d’ailieurs mon mémoire imprimé sur le bassin inférieur de l’Aude et de la Barre , n’est que le dé- veloppement de ce tableau. » Les considérations tirées de l’étude comparée des coquilles fossiles du nord et du midi de la France , me semblent d’une im- portance très secondaire, parce que, pendant cette période, l’in- fluence climatérique était déjà très marquée , et que les coquilles devaient meme varier dans cbaque subdivision des bassins océa- niques et méditerranéens. Les considérations tirées de la présence des grands mammifères sont d’un plus grand poids ; aussi tous les jours des observations nouvelles de cette nature viennent prouver la contemporanéité des dépôts tertiaires océaniques et méditerranéens, et même de ces immenses dépôts fluviatiles la- custres qui ont comblé le vaste bassin de Toulouse. » Mais si l’étude des coquilles fossiles ensevelies dans les ter- rains tertiaires me semble peu importante, parce que l’influence climatérique devait nécessairement faire varier les espèces d’un point à un autre , il n’en est pas de même des coquilles renfer- mées dans les terrains plus anciens, parce que, à ces époques recu- lées, la température du globe était à peu près uniforme sur toute sa surface. » Dans l’état actuel de la science , le concours des caractères géologiques et paléontliologiques est encore nécessaire pour la détermination géognostique des dépôts, il ne suffit plus pour déterminer la nature et le rapport des formations entre elles d’examiner seulement la continuité des couches qui les compo- sent, mais il faut y joindre F observation de l’ensemble des fossiles qu’elles renferment. Quant aux caractères tirés de la nature mi- néralogique des dépôts , ils sont à peu près sans importance, puisque des roches absolument semblables sc rencontrent dans des formations différentes, et vice versa . » En thèse générale , il me semble qu’il est permis de dire que l’importance des fossiles est d’autanFplus grande que les terrains sont plus anciens. » 2. Cavernes a ossemens de Bize (Aude). » Je me propose d’adresser sous peu à la Société une collection d’ossemens fossiles et de brèches osseuses. Malgré les observations de M. Desnoyers, qui me semblent pouvoir s’appliquer à un grand SÉANCE DU l6 AVRIL t852. 58 1 nombre de localités; je persiste à penser que les poteries , les os- semens humains , et les ossemens travaillés des cavernes de Bize sont contemporains des ossemens appartenant aux espèces perdues qui se trouvent dans les mêmes cavernes , et que par conséquent les ossemens humains méritent le nom de fossiles. » Si l’on admettait en principe que toutes les fois que Ton ob- servera dans les grottes à ossemens des poteries et des ossemens hu- mains, le mélange a eu lieu accidentellement et après coup, ce serait une véritable fin de non-recevoir , et annoncer à priori que le problème de la contemporanéité qui est depuis si long-temps en discussion ne peut pas être résolu. » Mais il est une preuve dont M. Desnoyers n’a pas fait men- tion, et qui cependant mérite d’être prise en considération; c’est l’altération égale des ossemens que l’on croit appartenir à des époques différentes. Je dois ajouter que les observations de M. J. de Christol sont de nature à ne laisser aucun doute dans l’es- prit, et que, dans la caverne qu’il a observée , les ossemens hu- mains se trouvaient tout-à-fait à la base du dépôt, qu’ils étaient aussi altérés que les ossemens d’ours et d’hyène , et que le limon n’était nullement bouleversé. » Toutes les cavernes à ossemens n’ont pas été comblées par de grands courans d’eau et dans une période de temps extrêmement courte ; plusieurs au contraire ont été comblées très lentement par des phénomènes purement locaux et dans une période de temps très longue; il me paraît d’ailleurs impossible de supposer que certaines cavernes ont pu être comblées par l’ouverture de la val- lée , puisqu’elles offraient des cailloux roulés et des ossemens em- pâtés à la voûte , c’est-à-dire la preuve la plus positive qu’à une certaine époque elles ont été entièrement comblées ; il faut donc admettre de toute nécessité qu’à une certaine époque, l’ouver- ture de la vallée n’existait pas, et que ces cavernes ont été rem- plies par des fissures verticales. » Il suffit d’un simple examen des cavernes de Bize pour s’as- surer que l’ouverture de la vallée n’a été formée que par suite des dégradations successives de la montagne ; j’ai même fait ob- server dans des notes publiées il y a déjà plusieurs années, qu’à Bize une de ces espèces de cheminées était encore comblée par du limon et des ossemens. Ce phénomène établit d’une manière positive la liaison qui existe entre les brèches osseuses et les ca- vernes à ossemens; on conçoit, en effet, que lorsqu’une fissure verticale communiquait dans une caverne , le double phénomène Soc . géol. Tom. II. 25 582 SÉANCE DU l6 AVRIL *852. des brèches et des cavernes a dû se produire simultanément (i). M. Boubée signale, au sujet de cette dernière notice, quel- ques observations qu’il a pu faire sur les lieux, dans son der- nier voyage. Selon lui i l’examen géognostique de la contrée ne pourrait appuyer que l’opinion de M. Desnoyers - il lui a paru qu’il n’existe même pas de terrain diluvien dans les environs de ces cavernes, qu’il n’y a que des dépôts alluViens toujours argileux, évidemment postérieurs au terrain diluvien à blocs erratiques. C’est ainsi que M. Boubée a fait observer à M. Tournai lui-même , sur ses propres échantillons , que les ossemens de Bize sont em- pâtés par une argile grossière , sablonneuse et terreuse, qui, loin de rappeler le§ caractères des argiles du terrain diluvien , pré- sente cette texture lâche , occasionée par le mélange de parties reconnaissables de terreau végétal, que l’on ne remarque que dans les dépôts les plus modernes des alluvions de nos fleuves. Enfin , M. Boubée fait observer que ces cavernes sont situées dans le bas de la vallée , qu’elles ont dû toujours être exposées aux grandes inondations , et que rien ne saurait démontrer d’a- près l’état des lieux, et surtout d’après les caractères géognosti- ques de la contrée , que l’introduction des débris humains , celle de l’argile alluviale qui les empâte , celle de plusieurs ossemens d’animaux de l’époque actuelle qui s*y trouvent aussi, et leur mélange dans ces cavernes par l’action des eaux , ne puissent avoir été opérés long-temps après le creusement de la vallée ; or, le creusement même de ces vallées ne paraît pas dater d’une époque ancienne, et M. Boubée croit devoir le rapporter à l’é- poque post-diluvienne avec plusieurs autres faits, mieux carac- térisés il est vrai , qu’il a reconnus dans le midi de la France et dans l’Auvergne. — On lit un Mémoire de M. Ezquerra del Bayo, ingénieur des mines , pensionné du roi d’Espagne , sur les montagnes (i) M. Desnoyers n’a pas prétendu que les cavernes du midi avaient été' remplies exclusivement par des cours d’eau provenant des vallées, mais aussi souvent par des courans qui ont dû entraîner les ossemens et les graviers des hauts plateaux dans des fissures, remplir celles-ci de brèches osseuses et pénétrer dans les cavernes inférieures. M. Tournai a montré lui-même l’intime liaison de ces deux faits géologiques. SÉANCE DU l6 AVRIL l852. 58& primitives de l’ Erzgebirge , et sur leurs rapports avec la formation du grès vert de la Suisse saxonne. L’auteur réunit dans ce Mémoire un grand nombre d’ob- servations et de considérations à l’aide desquelles il établit que le relief de l’Erzgebirge a été modifié après le dépôt du grès vert et de la craie; il pense que l’expansion des basaltes a été la cause du soulèvement des roches granitiques dans l’Erzgebirge, vers l’époque tertiaire. — On donne lecture d’une lettre deM. le professeur Viviani à M. Pareto, sur les restes de plantes fossiles trouvées dans les gypses tertiaires de la Stradella, dans laquelle il tend à démon- trer que ces feuilles appartiennent toutes à des espèces ana- logues à celles de la flore européenne , et qui existent en- core maintenant dans le royaume de Naples, en Corse et en Provence. — On lit un Mémoire de M. Reboul sur le Synchronisme des terrains tertiaires inférieurs, mètalymnéens et prolymnéens* L’auteur cherche à faire prévaloir sur la doctrine de l’émer- sion successive des bassins de la Seine , de la Loire , et des collines subapennines , celle de l’émersionf simultanée de ces terrains sous-marins par un abaissement unique du niveau des mers. Il continue de combattre l’opinion des géologues qui, comme MM. Deshayes , Desnoyers , de Beaumont , ont reconnu parmi les terrains tertiaires plusieurs périodes ma- rines en partie plus récentes que celles du bassin de Paris, et qui ont appuyé leurs distinctions, soit sur les caractères zoo- logiques, soit sur les faits propres à démontrer la succession des bassins durant cette grande époque, soit suri interruption de ces terrains par des soulèvemens de montagnes (voir An- nales des sciences naturelles , février 1829; Mém. deM. Des- noyers. — Bulletin de la Société géologique , 1 85 1 , tom. I, pag. 186; Résultats des tableaux deM. Deshayes. — Idem , pag. 1 87; Divisions proposées par M. de Beaumont. — Et § 19 et 20 du Rapport des travaux de cette société pour i85i). « Jusqu’à présent, dit M. Reboul, on 11’a aperçu aucun vestige 584 SÉANCE DU l6 AVRIL l85st. de révolution ni dans le bassin de Paris , entre le terrain protéique et l’épilymnique, ni dans le midi de la France, entre le calcaire moellon et le terrain marin supérieur (i), ni dans les intervalles des autres terrains indiqués. On ne saurait supposer aucune relation géognostique entre des soulèvemens qui auraient eu lieu dans une contrée et le dépôt paisible de sédimens qui se serait fait dans une autre. Le soulève- ment des mollasses alpines n’a pas plus interrompu la formation des strates tertiaires de la Pologne et de la Puissie, que les érup- tions de l’Etna n’ont dérangé les derniers dépôts marins des côtes de la Sicile et de l’Italie. La période tertiaire, si on la compare aux précédentes, pa- raît avoir été tout entière une période de tranquillité, puisque le dépôt des sédimens y a été à peine dérangé sur la centième partie du sol qu’elle a recouvert. Les soulèvemens locaux qui s’y sont opérés n’y ont donc produit aucune interruption générale dans la série des phénomènes. C’est ainsi que dans la période ac- tuelle les Lremblemens de terre et les plus grandes éruptions volcaniques n’affectent que les lieux où leur action est circon- scrite. La divergence des opinions sur la chronologie tertiaire pro- vient surtout de la manière dont on a considéré les fossiles. On s’est fond^ d’abord sur des différences qu’on a exagérées entre les fossiles marins tertiaires, pour les classer en tritoniens et pro- téiques. On a essayé de dresser des catalogues de fossiles supposés caractéristiques des deux terrains. L’immense travail de M. Deshayes est venu renverser toutes ces idées. C’est maintenant le bassin de Paris tout entier, pro- téique ou tritonien , qu’il faut considérer à part et mettre en tête des terrains tertiaires , puisque , sur quatorze cents espèces de mol- lusques , il ne s’en trouve que trois pour cent d’analogues aux espèces vivantes. Les terrains de deuxième époque ont offert dix-neuf pour cent de ces espèces analogues, et ceux de la troisième cinquante-deux pour cent; dans une quatrième on en compte jusqu’à quatre- vingt-treize pour cent (*2). (i) Je dois faire observer ici que ceux qui ont proposé et adopte' la de'nomination de calcaire moellon l’ont appliquée à la formation ma- rine tout entière du midi de la France , en l’assimilant à celle appelée prole'ique par M. Brongniart. (a) Cette quatrième époque est hors de la période tertiaireet séance du 16 avril i83a. 585 Tl faut distinguer dans ce travail important les faits et les rap- ports positifs qui subsisteront toujours , des inductions qui de- meurent subordonnées aux recherches futures. Ce principe que , plus les terrains sont anciens , plus leurs fos- siles s’éloignent des espèces du monde actuel. 11e peut être con- testé dans tous les cas où il est applicable, mais il est des circon- stances qui en modifient l’application. On a déjà fait observer que les caractères empruntés à la zoologie fossile sont bien plus dis- tincts et plus constans dans les terrains secondaires que dans ceux de la période tertiaire. L’uniformité des fossiles, soit végétaux, soit animaux, dans les dépôts secondaires correspondans , quelle que soit leur latitude , semble indiquer qu’un même climat régnait à la fois sur tous les points de la superficie terrestre aux diverses époques de cette pé- riode, au lieu que l’inégalité des températures contemporaines a déjà exercé quelque influence sur la répartition des fossiles ter- tiaires dans les diverses contrées , selon leur voisinage des pôles ou de l’équateur. » ... Les différences qui s’observent entre les fossiles de localités voisines , dépendantes d’un même bassin, offrent à M. Reboul un nouvel obstacle qui se réunit à l’incertitude de détermination des genres, etàia multiplicité des espèces, pour lui faire douter de l’importance du caractère conchyliologique dans l’étude des ter- rains tertiaires. « Si l’on considère des dépôts testacés actuels, situés en diverses contrées, on voit qu’ils diffèrent beaucoup entre eux , quoique à de médiocres distances, et que cette différence est quelquefois sen- sible sur la même plage par le seul effet du changement de saisons. Or, quelle autre condition a pu être mieux appropriée à in- troduire de grandes différences entre Jes mollusques d’un même temps que l’habitation d’1111 golfe de la mer ou celle d’un bassin dont les eaux marines ont été constamment mélangées et souvent remplacées par les eaux douces stagnantes. Cette différence d’ha- bitat n’explique- t-clle pas bien mieux qu’une différence d àge le contraste des constitutions géologiques de deux calcaires, l’un pu- rement marin, l’autre semi-lacustre, où les neuf dixièmes des mollusques consistent en cérites? Pourquoi exigerait-on entre les gîtes coquilliers des terrains tertiaires, dont les conditions cli- matériques ne sont pas les mêmes, une similitude de composition appartient à la quaternaire, 5 raison de l’analogie de ses monumeus avec ceux du temps présent. 586 SÉANCE DU 16 AVRIL l852. qui ne se trouve point entre les dépôts de même nature existans actuellement à diverses expositions et à diverses latitudes? «M.De France a fait cette remarque importante, que les co- quilles des terrains tertiaires de la France et des régions voisines se rapprochaient les unes des autres par des transitions successives, et qu’on pouvait suivre la liaison des fossiles du bassin de la Seine avec ceux de l’Italie parles dépôts intermédiaires de l’Anjou, de la Touraine et de la Gironde ; les changemens lui ont paru en proportion avec les latitudes. Ainsi, dans la période tertiaire, comme au temps présent , les contrastes des groupes coquilliers doivent être attribués bien plus à la différence des lieux qu’à celle des temps. En effet, si les fossiles d’un même bassin tertiaire sont à peu près les mêmes dans les sédimens inférieurs et dans les supé- rieurs, ainsi que l’indiquent les observations deM. Deshayespour le bassin de Paris , dont la formation a exigé tant de siècles; et s’il est prouvé d’ailleurs que les bassins tertiaires appartiennent tous à une même période , ce n’est plus dans la succession des temps qu’il faut chercher la cause de leur différence. » Au midi de la France on a inscrit dans la même catégorie et rapporté à un même temps les coquilles fossiles de Nafiach et de Banyuls-les-Aspres , en Roussillon , et celles du calcaire des marnes bleues , appelé moellon , des bords de la Méditerranée. Cepen- dant ce calcaire est un terrain inférieur et de première époque dans les bassins méditerranéens , au lieu que les dépôts coquilliers de Nafiach et de Banyuls appartiennent aux sables et aux limons de terrains de transport, c’est-à-dire à la troisième époque. A Na- fiach on voit distinctement ces sables et ces limons, qui ont comblé l’ancien golfe de Roussillon , recouvrir en stratification discor- dante les marnes bleues et les mollasses du terrain marin inférieur. w S’il est difficile d’apprécier les effets du temps sur la distribu- tion des fossiles entre les divers membres de la période tertiaire, ces effets deviennent très sensibles dans les sédimens postérieurs à cette période, où la plupart des fossiles sont analogues aux espè- ces actuellement vivantes sur les rivages voisins... »... Les débris depalmiers enfouis dans le bassin tertiaire de Paris prouvent que sa température a été peu différente de celle qu’on éprouve maintenant en Egypte et en Mauritanie; on doit donc s’attendre à retrouver les analogues de ces mollusques dans les mers voisines des Tropiques. »L’ abaissement de la température terrestre de lapériode tertiaire à la quaternaire correspond à peu près à io° du thermomètre centigrade dans la zone du bassin de la Seine; mais il est probable SÉANCE DU l6 AVRIL l832. 58? que ce refroidissement a été moindre dans les contrées plus voi- sines de l’équateur. » Toutes ces considérations prouvent combien il est difficile de distinguer dans la variété des dépôts coquilliers tertiaires , ce qui est dû aux circonstances locales , de ce qui est l’effet du progrès des temps. J’avoue quelles ne font qu’élever des doutes, et qu’elles ne peuvent suffire par elles-mêmes à résoudre la question ; mais celle-ci me paraît nettement résolue par l’examen critique de l’hypothèse que nécessite la doctrine de la formation successive, et par échelons , des bassins tertiaires ; ici , la preuve cherchée est acquise par l’emploi de la méthode d’exclusion. » Pour que l’émersion du bassin de la Seine eût précédé celle du bassin de la Loire , et celle-ci celle des marnes bleues de l’Apen- nin, du Danube et du Languedoc, comme l’horizon de tous ces terrains est à peu près le même, il faudrait supposer qu’un sou- lèvement très régulier, a d’abord exhaussé d’environ deux cents mètres ce vaste plateau tertiaire parisien ; qu’après un intervalle, le même phénomène a eu lieu en Touraine, puis en Italie, en Languedoc, et aux bords du Danube, et qu’il s’est reproduit aux différentes périodes tertiaires, pour élever tous les dépôts sup- posés de différens âges à un niveau à peu près égal... L’auteur combat , comme tout-à-fait invraisemblable , cette hypothèse du soulèvement successif de tous les terrains tertiaires, et lui oppose , comme bien plus naturelle , celle de leur émersion simultanée , par suite d’un abaissement général et unique du niveau des mers à la fin de cette grande époque. » Les terrains tertiaires soulevés sont, dit-il , ordinairement sur la lisière des grands plateaux. Cette position , le petit nombre de leurs lambeaux épars, et l’horizontalité presque générale de ces terrains, doit convaincre que ces grandes masses si régulièrement disposées, n’ont pas été déplacées , et surtout ne l’auraient pas été h différentes époques, pour atteindre toujours le même niveau (i). (i) Évidemment M. Rcboul a interprété la théorie du remplissage successif des bassins tertiaires ieiie que l’avait proposéeM. Desnoyers, dans un sens tout autre que l’auteur lui-même, et il applique sesobjec- tions à des idées qui ne semblent pas avoir été exprimées, c’est-à- dire à une hypothèse d 'émersion successive, par soulèvemens des cou- ches tertiaires. Ils’agissait, au contraire , de l'immersion successive en forme de hassîn d’un sol préexistant pouvant servir, par suite de son affaissement, do nouveaux réceptacles aux sédimens et aux eaux des mers après leur retraite de bassins plus anciens. M. R. sein- 388 SÉANCE DU 16 AVRIL l832. En géognosie, il faut chercher la règle dans les faits généraux, non dans les exceptions. Il est constant qu’au midi de la France, en Italie, dans la vallée du Danube, sur tout le littoral de la Méditerranée, et peut-être partout où manque le sédiment crayeux, le terrain marin métalymnéen succède immédiatement aux dépôts secondaires. On ne Fa vu nulle part séparé de ces dé- pôts par une formation analogue à celle du calcaire grossier, qui est dans son essence, mixte , accidentelle, et seulement aussi an- cienne qu’elle puisse l'être parmi celles de son espèce. C’est par sa composition mixte , et non par son âge , qu’elle diffère du ter- rain des marnes bleues, qui est le véritable terrain marin tertiaire, homogène, le moins accidentel de tous, et le plus universel... » Si le synchronisme des terrains inférieurs métalymnéens et prolymnéens ne peut être démontré par les analogies des dépôts coquilliers, il est du moins indiqué par celles des ossemens fossiles des plus anciens mammifères. » Parmi les cétacés , les baleines ét les lamantins , parmi les mammifères terrestres , les lophiodons, les palœothères (i) etlei anoplothèi es , ont été reconnus contemporains du calcaire gros- sier. Ces mêmes animaux ont laissé leurs ossemens dans le terrain métalymnéen des marnes bleues et de leur calcaire; savoir: la baleine dans les marnes bleues du Plaisantin , les lamantins dans le calcaire de Pézenas , les lophiodons dans celui de Boutonnet près Montpeyier, les palœothères dans les marnes bleues du Mé- tauro, dans les marnes argileuses de la Gironde, et dans le cal- caire de Saint-Geniez et de Pézenas (2). ble avoir rapproché , pour les combattre , deux séries d’idées distinctes : le fait rendu incontestable parles nombreuses observa- tions de M. de Beaumont , du redressement des couches tertiaires solidifiées , jusqu’à un niveau supérieur de plusieurs milliers de pieds au niveau habituel des grandes plaines tertiaires, et le fait du creusement successif durant cette même période de bassins pro- pres à recevoir des sédimens et des fossiles non existans encore , et différens autant â raison de l’intervalle chronologique que des distances climatériques. [Note du secrétaire.) (1) Ceux de baleine dans le calcaire grossier de Paris , de laman- tins dans les marnes inférieures de Marly. Recherches de M. Cuvier% t. 1, p. 271. Ceux de Jophiodon,d’anopIothére, de palœothère, dans le calcaire grossier de Nanterre. (2) La carrière de Sl-Geniez , où Faujas a trouvé des ossemens de palœothère y est de calcaire marin et non d’eau douce. En 1731 , on SÉANCE DU 7 MAI l852. 38g » D’autres ossemens d’animaux, peut-être moins anciens , ont été observés dans plusieurs bassins métalymnéens, et notamment dans celui du Danube ; mais ces bassins ont aussi leurs terrains supérieurs, de deuxieme et de troisième époque; et ce n’est point aux inférieurs que se rapportent les gîtes où ont été trouvés les ossemens des grands pachydermes, des carnassiers et des ruminans (i). » Je n’offre point cette considération zoologique comme une preuve isolée ^ mais comme une confirmation de celles que four- nissent toutes les indications géognostiques du synchronisme des terrains tertiaires inférieurs , soit métalymnéens , soit prolym- néens. Séance du 7 mai 1832. Présidence de M. Brongniart. Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la der- nière séance, le président proclame membres de la société : M. Simon (Victor) , juge à Metz, présenté par MM. Boue et Desnoyers. M. Albert de la Marmora, lieutenant-colonel au corps royal d’état-major général de S. M. sarde, présenté par MM. Boué et Michelin. On lit une lettre de M. Victor Simon (Metz, 27 avril), dans laquelle, après avoir exprimé le désir qu’il a de faire partie de la Société géologique , il donne la note suivante a extrait de la carrière de Gigiri , près Pézenas, un fragment mutilé où il est facile de reconnaître la tête d’un tibia de palœotherium magnum, semblable à celle décrite par M. Cuvier; t. 3, pi. 28, %• 7- M. Billaudel a trouvé les mêmes ossemens dans le calcaire de la Gironde. Ann. des Sc. nat. , t. 18. Revue bibl. , p. \^6. (1) Cette explication n’est pas applicable aux ossemens desfaluns de la Loire , où les débris de mastodonte , d’hyppopotame , de rhino- céros , etc. , couverts de polypiers , sont dans la partie inférieure du dépôt. On sait, au contraire, que le bassin de Paris , quoique si rapproché de celui de la* Loire, n’a présenté dans aucune de ses couches marines, ou d’eau douce, les ossemens des mêmes animaux considérés généralement comme plus modernes. {Note du secrétaire.) 390 SÉANCE DU 7 MAI l85‘2. des principaux mémoires qu’il a publiés sur une contrée généralement peu connue : « Mémoire sur le calcaire bleu à gryphites des environs de Metz- Mémoire sur le Quadersandstein d’Hétange et les environs de Sierck; Essai géognostique sur les terrains du département de la Moselle; Rapport sur le gisement du fossile trouvé par M. de Pouzzoli , près de Thionville; Notice sur les débris d’un rhino- céros trouvé «à Louvigny près Metz ; Rapport sur les ossemens fossiles trouvés a la côte de Rosemberg près Thionville; Itinéraire géologique et minéralogique des départemens de la Moselle , du Haut-Rhin et du Bas-Rhin ; Notice sur les carrières de lias de Guenange; Notice sur une dent de rhinocéros, trouvée à Gour- melange près Metz; Itinéraire géologique et minéralogique de Metz à Sarrelouis , Oberstein , Bingen, Coblentz , Laach , Trê- ves et Sierck. La plupart de ces Mémoires sont consignés ou men- tionnés dans le Recueil des travaux de l’Académie de Metz. » M. Simon annonce encore qu’il vient de fonder à Metz une petite Société géologique qui se réunit chez lui, et fait une course chaque semaine; elle commence à établir des re- lations avec les villes voisines; son but est de compléter l’Histoire géognostique du département de la Moselle. — M. Desnoyers communique l’extrait suivant d’une lettre de M. le lieutenant-colonel de Ghesnel (Prades , près Mont- pellier, 26 avril). « Je pense absolument comme vous au sujet des ossemens hu- mains trouvés dans les cavernes du midi de la France , qu’il suffit de s’éclairer de l’histoire et de la topographie des lieux où se trouvent ces cavernes, pour repousser le système récemment établi sur la contemporanéité de l’homme avec les grandes es- pèces perdues. Je ne prétends pas nier positivement l’existence de la race humaine à une époque plus reculée que celle que lui as- signent les documens historiques; mais je veux dire que les savans qui cherchent à prouver la contemporanéité en question , se fon- dent sur des faits qui, loin d’être concluans en faveur de leur hy- pothèse , me semblent tout au contraire déposer contre elle ; ainsi , pour qui s’est donné la peine d’observer attentivement l'action générale du cours des eaux , et ce que celles-ci opèrent ordinairement dans les cavités souterraines , où elles charrient ce qu’elles ont rencontré sur leur passage , il ne se voit rien que dé SÉANCE DU 7 MAI l832. 5gi fort simple dans la réunion sur un même sol de corps de diverses natures, et de différens âges , et liés quelquefois en un aggrégat stalagmitique ; c’est par cela même , je le répète , qu’il se trouve ensemble des ossemens d’animaux anciens et modernes, mêlés à des débris de coquilles terrestres, de poteries, d’ustensiles, etc.* qu’il n’est pas possible, pour ratifier cette circonstance , de s’arrê- ter à des causes simultanées , c’est-à-dire, aux phénomènes géné- raux qui résultent des cataclvsmes qui ont bouleversé notre globe. -» J’ai eu occasion, dans mes voyages, de me convaincre de l’exactitude des faits rapportés par Florus et Eginhard que'vous citez ; et dans un Mémoire que je communiquerai prochainement, je ferai connaître un assez grand nombre d’observations sur les cavernes et les camps fortifiés de la Novempopulanie , remarques qui me conduisent à des conséquences pareilles à celles que vous déduisez de vos propres investigations... » — Une lettre de M. Albert de la Marmora annonce qu’ix se propose de compléter incessamment sa description géologi- que de la Sardaigne; il donne les détails suivans sur ses der- nières courses en Piémont : « J’ai Visité les serpentines de Baldissero , où le jaspe est pres- que plus abondant que dans l’Apennin et la Ligurie , dans une région apparemment non visitée par M. Brongniart. ; ce jaspe est en contact avec une espèce d’arkôse, et des schistes, dans lesquels je n’ai pu découvrir jusqu’ici d’empreintes. Près de Bielle, j’ai vu un filon de serpentine , lié d’un côté, comme celle de Baldis- sero, avec la syénito, et de l’autre avec un porphyre, contenant des parties chloriteuscs et quelques cristaux de pyroxène. Ce por- phyre a dans son ensemble beaucoup de ressemblance avec un porphyre que je pris moi-même à Grantola , non loin du Pech- steiu de cette célèbre région; il se lie ensuite avec ceux de Creva- cuore, qui , de nuance en nuance, passent à ceux d’Arona , dé- crits par M. de Buch. J’espère pouvoir visiter de nouveau ce heu (Crevacuore), où paraît être la jonction des porphyres verts aux porphyres noirs. Les débris tertiaires de Masserano et de Cro- vacuore appartiennent au système de marne bleue subapenniue. Ils ont cependant quelque relation avec ceux du Vicentin, et pjy- raissent faire passage entre les terrains de la Superga et ceux de l’Astesan (vallée d’Andona) , etc., etc. J’ai trouvé à Crevacuore la scaglia (?) soulevée et modifiée par les porphyres , mais non dolomisce ; et à Goyano (où l’on trouve aussi un dépôt tertiaire, 392 SÉANCE DU 7 MAI l832. pareil à celui de Maggiora) , je trouvai un calcaire rouge à Téré- bratules, à petites ammonites (?), et autres fossiles que je n’ai en- core pu déterminer. Ce marbre rouge, que je compare à celui de Vérone, est un peu bréchiforme, et est identique avec celui d’Arzo et de Viggin , près du lac de Corne, dont parle Amoretti dans son voyage aux trois lacs, et connu en Lombardie sous le nom de Macchia Veccliia. (Voir la note sur les marbres d’Arzo et de Bisaccio , page 169 de son Viaggio da Milano ai tre laghi , faisant partie de la Bibliotheca scella di opéré italiane , vol. 28. Milano, presso Silvestri, 1824, 1 vol. in-12 de 3*y3 pages.) » — La Société reçoit , delà part de la société géologique de Londres, la première et la deuxième parties du tome III de ses Mémoires ( Transactions of the geological Society of London) . La première partie, publiée en 1829 , in-4° de 240 pages et 27 pl. de cartes, coupes et fossiles, contient douze mé- moires , savoir : 1° Sur un groupe de roches schisteuses ( On a group of slate rocks) s’étendant est-sud-est, entre les rivières Lune et Wharfe, depuis Kirby-Lonsdale, jusqu’à Malham, et sur le phé- nomène qui lui est particulier, par M. Phillips. 2 J pag. , 2 pl. 2° Sur la relation géologique des strates secondaires dans l’île d’Arran, par MM. Sedgwick et Murchison. 16 pages et 1 planche double. 3° Sur les relations géologiques et la structure interne du calcaire magnésien et les parties inférieures du nouveau grès rouge dans le Nottinghamshire , le Derbyshire,le Yorkshire, le Durham , et les extrémités méridionales du Northumber- land, par M. Sedgwick. 88 pages , 9 planches. 4° Sur la structure et les rapports des dépôts contenus entre les roches primitives et les couches oolitiques dans le nord de l’Écosse , par MM. Sedgwick et Murchison. 36 pages, 5 planches. 5° Sur la géologie des baies de Tor et Babbacombe (De- vonshire), par M. de la Bêche , 1 1 pages , 3 planches. 6° Sur la géologie des environs de Nice et de la côte, depuis cette ville jusqu’à Vintimiglia, par M. de la Bêche, 16 pages, 4 planches. SÉANCE DU 7 MAI l852. 5()5 70 Observations sur les formations secondaires entre Nice et le col de Tende , par M. Buckland. 4 pages, 8° Sur la géologie d’une partie du Bundelcund , Boghel- cund, et des districts de Saugor et Jubulpore, par le capi- taine Franklin. îo pages, 2 planches. 90 Tableau des restes organiques du comté de Sussex, par M. Gédéon Mantell. 1G pages. io° Sur la découverte d’une nouvelle espèce de Ptérodac- tyle dans le lias à Lyme-Regis, par M. Buckland. 6 pages, 1 planche. 1 1° Sur la découverte des coprolites oufœces fossiles dans le lias , tant à Lyme-Regis que dans d’autres terrains , par M. Buckland. 14 pages, 4 planches. 12° Lettres de M. Prout à M. Buckland sur l’analyse des fœces fossiles d’Ichthyosaures et d’autres animaux. 3 pages. La deuxième partie , publiée en 1 83 2 , in-4° de 200 pages et 9 planches doubles de coupes , cartes et fossiles , contient les mémoires suivans : i° Sur le district oolitique de Bath , par M. Lonsdale. 35 pages, 1 planche de coupes. 20 Sur un renard (fox) fossile découvert à Æningen , près Constance , avec une description du terrain qui le con- tient, par M. Murchison. 14 pages, 2 planches. 3° Description anatomique de ce renard, par M. G. Man- tell. 3 pages, 2 planches. 4° Sur les causes astronomiques qui ont pu avoir de l’in - fluence sur les phénomènes géologiques , par M. Herschel], 7 Pages- 5° Sur la structure des Alpes orientales , avec coupes traversant les formations les plus nouvelles des flancs nord de la chaîne, les terrains tertiaires de Styrie, etc., etc., par MM. Sedgwick et Murchison. In*4° de 120 pages, 1 char- mante carte des Alpes orientales , 1 grande planche de cou- pes, 3 planches de coquilles et de polypiers fossiles de Gosau. — La Société reçoit aussi : i° De la société géologique de Londres, le rapport an- 5g4 SÉANCE DU 7 MAI l832. nuel sur ses travaux de i83i , par le président M. Mur- chison. In- 8° de 26 pages. 2° De la part de M. Murchison , son Mémoire sur un re- nard fossile découvert à Æningen, près Constance ; avec une description du terram qui le contient. In-4° de 14 pages, avec 2 planches. Londres, i83-2. 3° De la part de la société philosophique de Cambridge ; les première, deuxième et troisième parties du tome III, et la première partie du tome IV de ses Transactions ( Trans- actions ofthe philo sophi cal soc . of Cambridge). 4° De la part de M. le comte Razoumovsky, ses Obser- vations sur les envirçns de Vienne. In-4° de 58 pag., 10 pl. 5° De la part de M. Gordier, l’extrait de plusieurs lettres de M. Jacquemont , voyageur naturaliste du Muséum , en mission aux Indes orientales (extrait des nouvelles Annales du Muséum d'histoire naturelle , tome Ier, pages i55 et sui- vantes). In-4° de 19 pages, 6° La 22e livraison de la Description des coquilles fossiles des environs de Paris , par M. Deshayes. ln-4° (les planches sont d'une exécution de plus en plus soignée). 70 Les numéros 1 à 7 du Recueil supplémentaire du pre- mier volume des Mémoires de i Académie de l'industrie agricole , manufacturière et commerciale , fondée à Paris par M. César Moreau, et les numéros i3 , 1 4 , i5 et 16 du deuxième volume du Journal des travaux de la même Aca- démie, In»4°* 8° Le numéro 17 (mai i83a) du Mémorial encyclopé- dique et progressif des connaissances humaines. Paris, in 8°. 90 Les numéros $ 1 , 22, 23 de Y Européen. M. Michelin fait hommage à la Société de 33 échantillons de roches et corps organisés de Maestricht et des environs. Il lira dans la prochaine séance un Mémoire de M. Van-Hess sur cette même localité. M. de Léonhard annonce que le comptoir de minéralogie d’Heidelberg , dont il envoie le dernier catalogue, désirerait entrer en relation d’échanges avec les géologues français qui habitent des localités riches en fossiles. séance du 7 mai ï852, 3g5 — La Société reçoit de M. le comte de Montlosier la lettre suivante (Randanrfê*, près Clermont, 5 mai i83*2). « Messieurs, je lis dans le résumé des progrès de la géologie pendant l’année i83i , Bulletin de la société , pag. i56 , les paroles suivantes : « L’espèce de cavité élevée , appelée Valle del Love , a paru à » M. Hoffmann un cratère de soulèvement dont les bords sont » formés d’alternats de scories et de roches trachy tiques modi- » fiées. En Italie , notre savant Prussien a aussi cru trouver des » cratères de soulèvement dans les montagnes d’Albano... » L’au- teur du Résumé ajoute : a Nous devons donc nous attendre à » une controverse intéressante entre lui et M. C. Prévost , qui , » comme M. Cordier, paraîtrait opposé à cette idée , et n’ad- » mettrait qu’une formation cratériforme, savoir, celle produite » par des déjections incohérentes et des coulées de lave autour » d’un cratère. » « L’intérêt que je prends aux progrès de la géologie , l’intérêt aussi que je prends à des hommes aussi honorables que MM. C. Pré- vost et Cordier, m’engagent à vous adresser les explications sui- vantes : » D’abord, je n’admets pas tout-à-fait l’expression de cratère de soulèvement , créée par M. de Buch et adoptée par M. Hoff- mann. Cette expression suppose une force irrégulière opérant des effets irréguliers, pouvant être étrangers aux effets volca- niques. Les cratères de soulèvement mentionnés sont tous d’une composition cratériforme, ainsi que l’ont observé MM. Prévost et Cordier. Mais il faut en demeurer là , et surtout ne pas parler de courans de Lave; car l’absence de courans de lave est un des caractères précis qui les distinguent. » L’Auvergne est en possession de deux de ces cratères appelés de soulèvement , c’est le lac de Pavin et le gour ou gouffre de Tazcnat. En examinant, dans ma jeunesse , la nature et les cir- constances de ces deux cratères formant des lacs , je leur avais re- connu, une composition toute particulière, en ce que, i°àla différence des autres cratères , la dimension de leur orifice était énormément plus considérable; a° en ce que leur pourtour était à peine marqué de quelques points de torréfaction ; 3° en ce qu’il n’en était émané aucune émission hi courant délavé. Frappé d’é- tonnement, d’un côté , de la puissance d’explosion qui avait pu 3()6 SÉANCE DU 7 MAI 1 8 5 Sè . opérer un tel vide sans l’accompagner de J^gits violens de torré- faction, apanage ordinaire des phénomènes volcaniques, je l’étais encore plus de la forme particulière du pourtour intérieur qui laisse à peine au bord de l’eau trois pieds de largeur , au bout desquels se présente immédiatement le gouffre en forme de cuve abrupte , cuve qui donne pour le lac de Pavin une profondeur de 3oo à 3o2 pieds ; pour le gour de Tazenat, environ 200 pieds. »Des circonstances particulières m’ayant amené, au commence- ment de 1789, à publier mon Essai sur la théorie des volcans dé Auvergne , mon attention, fixée sur ces deux cratères-lacs, dut, faute de points de comparaison suffisans , demeurer incomplète et indécise. » En l’année i8i3 , ayant pu m’échapper un moment de la po- litique, je me hâtai de passer les Alpes pour aller chercher en Italie, sur ce point, objet continu de mes inquiétudes, les éclair- cissemens qui m’étaient nécessaires • je les trouvai avec abondance dans les lacs de Yiterbe, dans ceux d’Albano, ainsi que dans les champs phlégréens. Là, comme en Auvergne, mêmes caractères : i° orifice d’une dimension énorme en comparaison des cratères ordinaires ignés ; 20 absence sur leur pourtour, je ne dirai pas posi- tivement de laves, mais de cette abondance de matières violem- ment torréfiées ; 3° absence decourans délavé. » Cependant , convaincu depuis long-temps que la nature , qui présente souvent des opérations parfaites , a aussi quelquefois des ébauches, j’eus bientôt à reconnaître que, tout ainsi que parmi les cratères ordinaires ignés, il se trouve par-ci par-là quelques petits cratères qu’on pourrait appeler des cratérillons ; de même parmi mes cratères à explosion , dont plusieurs étaient des cra- tères-lacs, il y en avait aussi d’une petite dimension , même sans eau, et dans lesquels, quoique de la même espèce, la nature qui s’y était essayée semblait avoir manqué de puissance. En récapi- tulant dans mes notes les cratères de ce genre, soit parfaits, soit en ébauche, que j’ai observés en Italie, je peux en compter trente- deux. » Un phénomène plus grave, plus extraordinaire, plus inat- tendu en ce genre, devait bientôt attirer mon attention • je veux parler du mont Vésuve. » Relativement à cette montagne , je n’étais pas tout-à-fait sans instruction. J’avais lu attentivement ce qu’en disent Denys d’Ha- licarnasse, Pline, mais particulièrement Strabôn , qui, quoique géographe, en a mieux connu la nature que Pline. Après cela, je n’avais pas négligé ce qu’en disent, dans les temps modernes, SÉANCE DU 7 MAI l85‘2. ^97 les savans , et en général les voyageurs. En m’en rapportant à ces seuls documens, ce qu’on appelle aujourd’hui mont Vésuve pou vait être pour moi un objet de curiosité. En fait de montagnes vol- caniques, j’étais depuis long-temps familiarisé avec les phéno- mènes propres à ces sortes de montagnes ; toutefois, un point me restait et me revenait toujours dans la pensée , c’était la montagne appelée Somma, qui est presque contiguë au Vésuve, et qui l’en- ceint dans une fraction de cercle. Aucun des savans et des voya- geurs qui avaient depuis long-temps visité le Vésuve n’avait com- pris cette singulière position. Après l’avoir étudiée long-temps et soigneusement, je reconnus et pus constater les deux points suivans : » i° Ce qu’on appelle aujourd’hui mont Vésuve est un misé- rable usurpateur; c’est une simple excroissance moderne qui date de la fameuse éruption sous Titus, et qui s’est , depuis cette épo- que jusqu’au moment présent, diversement accrue, modifiée, détériorée , en raison des diverses éruptions qui ont succédé. » 2° Ce qu’on appelle aujourd’hui mont Somma est le reste légitime du véritable ancien mont Vésuve, tel que les anciens l’ont connu , que Strabon l’a décrit , et que la fameuse éruption sous Titus nous l’a laissé, après avoir détruit, démantelé et em- porté dans les airs la principale masse de la montagne. » Pour l’explication plus complète de ces deux points , je dois revenir à ce qui a été l’objet spécial de cette lettre. » J’ai précédemment supposé deux espèces de volcans cratéri- formes : l’une formant des cratères d’une dimension ordinaire , amas désordonné de matières violemment torréfiées , et desquels sont sortis en général des courans de lave ; l’autre , dont les ori- fices sont d’une dimension extraordinaire, dont le pourtour, soit intérieur, soit extérieur, offre peu ou point de matières ignées, et des flancs desquels ne sont point sortis des courans de lave. » En Auvergne comme ailleurs , on peut reconnaître et dis- tinguer parfaitement ces deux espèces de volcanisations cratéri- formes. Ces foyers, quoique rapprochés quelquefois , sont cepen- dant toujours distincts. L’enceinte qui renferme aujourd’hui le mont Vésuve et le Somma offre à cet égard une particularité re- marquable. « En ce que les deux espèces de volcanisations ayant eu lieu à la fois, et presque dans le même temps, sur deux foyers extrêmement rapprochés, il en est résulté d’un côté un mouvement d’explosion par lequel l’ancien mont Vésuve presque entier, mis en pièces et lance dans les airs , a été au midi recouvrir et ensevelir sous ses Soc. géol. Tom. II. 26 5()8 SÉANCE DU 7 MAI 1 8 5 K . débris argilo-ponceux les malheureuses villes de Pompéia et de Stabbia , laissant à ses pieds le promontoire qui forme aujour- d’hui l’ermitage du Sauveur ; tandis qu’un nouveau foyer, formé en conflagration , s’est ajouté au foyer d’explosion , a commencé le mont Vésuve d’aujourd’hui, et a donné un courant de lave qui , se dirigeant à l’ouest , a été couvrir et ensevelir Herculanum . Jusqu’à présent , comme on n’avait eu encore aucune notion juste sur la différence des volcans d’explosion dont les caractères sont particuliers, et qui ont produit tous les cratères-lacs , d’avec les volcans ordinaires ignés qui ont produit des cônes, amas de déjections violemment torréfiées , ainsi que des courans de lave , il était impossible d’avoir quelque lumière sur la nature du mont Somma, ainsi que sur le fragment de cratère d’explosion qui en- ceint une portion de ce qu’on est convenu aujourd’hui d’appeler le mont Vésuve. » Je viens, messieurs, de vous parler de mes recherches dans l’année 1 8 1 3 . En l’année 1817, étant parti de Randane pour aller en Allemagne m’assurer de quelques points sur lesquels je conservais de l’inquiétude , après avoir parcouru la Hesse, la Saxe et une partie de la Bohême, j’eus , à mon retour , à m’arrêter sur la rive gauche du Rhin , dans un vaste pays qu’on appelle YEifell, entre Trêves et Aix-la-Chapelle. Je trouvai là, relativement aux volcans d’explosion (toujours cratéri formes) , une nouvelle et abondante source d’instruction. Dans un grand nombre de ces volcans d’explosion qui ont formé des cratères- lacs , et qui ont tous les caractères que j’ai Assignés à ces cra- tères , je pus noter sur le pourtour de quelques uns diverses zones de matières torréfiées intercalées verticalement dans des masses qui ne l’étaient pas , avec les nuances suivantes : quelques cra- tères ayant le tiers de leur pourtour en matières torréfiées , quel- ques autres seulement le quart , quelques autres le cinquième * enfin , j’en pus trouver un entièrement dépourvu de matières torréfiées. Ce cratère-lac a éprouvé son explosion au sein d’une roche argileuse feuilletée, sorte de cornéenne, ou de phyllade des géologues modernes. Ce cratère-lac , situé à environ trois lieues de Trêves , a cela de particulier que son pourtour extérieur, quoi- que presque abrupte, pourrait absolument être accessible aux pas de l’homme. » A l’occasion des observations de M. de Montlosier sur les cratères de soulèvement , M. Cordier proteste fortement con- tre la réalité de ces prétendus cratères. Il expose qu’il n’a SÉANCE DU 7 MAI 1 85îî. 899 pu reconnaître dans les volcans brulans ou éteints que trois sortes de cratères, savoir : i° Cratères dans lesqueïs les gaz seuls ont été en action , et ont opéré à la surface du terrain d’une manière tout-à-fait analogue à l’explosion des mines que l’on fait jouer dans l’attaque et la dé- fense des places. Ces cratères ont peu ou point de saillie ; ils affec- tent la forme d’un entonnoir irrégulier, dont les bords sont com- posés des couches mêmes du sol qui a été percé. Lorsque ces cou- ches sont solides , l’affouillement offre souvent des escarpemens peu ou point accessibles. On ne voit autour de l’hiatus que les débris dispersés et communément peu abondans du sol qui a été superficiellement évidé par la violence des gaz. 20 Cratères dans lesquels l’éruption des gaz, amenant des pro- fondeurs de la terre de la lave liquide et incandescente, a pro- jeté en l’air cette lave à l’état de déjections incohérentes de volu- mes divers , et qui se sont successivement accumulées sous forme de montagne conique plus ou moins parfaite , autour de la che- minée éruptive. Ces cratères ont toujours une grande saillie; la coupe, abstraction faite du travail ultérieur des solfatares, est toujours parfaitement accessible à l’intérieur. 3° Cratères qui , après avoir été formés comme les précédens, ont fini par dégorger de la lave liquide , qui , en s’épanchant , a plus ou moins échancré leurs contours. La formation de chacun de ces différens cratères effraie le vul- gaire , et souvent même le géologue , par les détonations qui l’ac compagnent; mais en résultat, la percée du sol n’en est pas moins un phénomène purement local , qui n’affecte pour ainsi dire qu’un point dans la masse du terrain traversé , qui opère sans soulèvement aucun de cette masse , qui s’effectue par une série de fentes très peu étendues , et dont les effets paraissent excessi- vement minimes quand le bruit a cessé. De plus , les tremblemens de terre accompagnans ne laissent communément aucune trace sensible de bouleversement dans la masse du pays environnant. Cette partie de l’écorce du globe est restée comme immuable dans ses fondemens. Quant à la dénomination de cratère de soulèvement , l’associa- tion de ces deux mots est, selon M. Cordier, presque vide de sens. Elle est, suivant lui, aussi fausse et aussi vicieuse que l’hypo- thèse qu’on a eu l’intention de qualifier par son moyen. En ef- fet , cette hypothèse est gratuite ; elle pose en fait l’existence et le • renouvellement multipKe d’un phénomène qui est sans exemple, 400 SÉANCE DU 7 MAI l83‘ii et qui d'ailleurs, par les forces prodigieuses et purement locales qu’il aurait exigées , ne serait en aucun rapport avec l’intensité et la nature des effets volcaniques authentiquement constatés. Non seulement elle ne soutient pas un examen sérieux lorsqu’on l’ap- plique à l’état réel et non systématisé a priori des terrains volca- niques plus ou moins démantelés -, qui sont antérieurs au dernier cataclysme diluvien • mais à plus forte raison est-elle complète- ment en défaut lorsqu’on veut s’en servir pour expliquer iso- lément certaines formes du relief de tous les autres terrains, au lieu de reconnaître que ces formes ne sont que des cas particuliers au milieu de tous ceux qui ont été produits par les ruptures suc- cessives , par les dislocations plus ou moins générales que l’écorce die la terre a éprouvées dans toute sa masse. Sous ce dernier point de vue l’hypothèse dont il s’agit n’est propre, d’une part, qu’à induire en erreur les géologues peu exercés , en leur faisant croire qu’il y a identité entre les effets volcaniques observés et observa- bles , et quelques unes des cavités non volcaniques du relief de la terre , qui d’ailleurs s’expliquent si naturellement et si évidem- ment, suivant M. Cordier, en les rapportant aux causes générales qui ont occasioné et reproduit les grands phénomènes de la dis- location de l’écorce du globe ; et d’une autre part à rapetisser et à fausser l’idée qu’on doit avoir des effets si variés de ces iinmen ses phénomènes. A l’occasion dé la communication faite à la Société par M. Cordier, M. Élie de Beaumont présente l’analyse d’un Mémoire auquel il travaille en commun avec M. Dufrénoy, sur les cratères de soulèvement qu’on observe dans les con- trées volcaniques de l’intérieur de la France. Ces deux géologues pensent : i° Que le groupe du Cantal présente un cratère de soulève- ment dont la crête circulaire comprend nommément les cimes du Plomb-du-Cantal et duPuy-Mary , dont les vallées de Mandailles, de Vie, de Murat, de Dienne et du Falghoux forment les cre- vasses de déchirement , et dont le point central est occupé par une masse de phonolithe tabulaire, dont le Puy-de-Griou est la cime la plus élevée ; 2° Que les masses de phonolite tabulaire qui constituent la roche Sanadoire , la roche Tuilière , et une troisième roche plus petite, mais de même nature, qui avoisine les deux premières , forment SÉANCE DU 7 MAI l832. 4^1 de même un centre de relèvement par rapport aux nappes de tra- chytes et de conglomérats trachytiques qui constituent le sol en- vironnant, supportent les pâturages voisins du lac de Guery, et viennent présenter leurs tranches dans les escarpemens qui font face aux roches de phonolithe précitées , et les entourent en partie ; 3° Que le groupe du Mont-Dore, proprement dit , présente lui-même un cratère de soulèvement, dont la haute vallée de la Dordogne, et celle beaucoup plus courte où la Tranteine com- mence son cours, forment les crevasses de déchirement, dont la crête circulaire comprend nommément le Puy-Gros, le Puy-de- l’Aiguillier* le Puy-Ferrand, le Puy-de-la-Grange , le plateau de Cacadogue , le roc de Cuzeau, le Puy-du-Cliergue, et le pan de la Grange, et dont le point central est occupé par la réunion de filons de trachyte , roche qui constitue la masse dentelée du Puy-de Sancy et de ses annexes. Ils croient aussi pouvoir prouver que la formation de ces dif- féreras cratères de soulèvement est plus moderne que l’épanche- ment des Basaltes, et qu’elle est le résultat d’une commotion sou- terraine particulière, qui a eu lieu entre la période des Basaltes et celle des volcans à cratères. M. Cordier entre dans quelques détails sur ces mêmes sys- tèmes volcaniques de l’intérieur de la France. « Dans les vallées plus ou moins convergentes du Mont-Dore et du Cantal, dans les cirques qui terminent chaque vallée, dans les massifs et les mamelons centraux, dans les longs plateaux à gra- dins qui séparent les vallées , dans les gibbosités à surfaces ordi- nairement planes qui sont disséminées sur quelques plateaux , dans les chapeaux de laves isolés qui correspondent à ces mê- mes plateaux vers les plaines, M. Cordier ne voit que les ré- sidus d’une immense accumulation de courans de toute espèce , alternant avec des couches de déjections incohérentes , les unes encore meubles, et les autres consolidées; accumulation qui s’é- levait autrefois en forme conique très surbaissée, comme les grands volcans brûlans actuels, que des filons et des amas colon- nades de lave de toute espèce avaient successivement traversée, à mesure que les tremblemens de terre formaient des fentes et que des laves pressées dans des sens divers pouvaient s’y introduire, et qu’enfin la grande érosion diluvienne qui est admise parles géo- logues est venue dénuder, démanteler et sillonner à des profon- 4oa séance DU 7 MAI iSSîJ. deurs aussi variables que les résistances; Une foule de faits prouvent que toutes les couches volcaniques sont en place et à leur niveau primitif. Elles remontent toutes avec une pente de quelques de- grés vers le centre du massif des montagnes , parce que c’est de ce centre ou des points qui en étaient voisins qu’elles sont sorties pour s’étendre au loin, ou pour couler en rayonnant vers les plaines. Dans le but d’expliquer un état de choses si simple et si naturel , l’hypothèse des prétendus cratères de soulèvement est complètement superflue. Il est bien inutile d’invoquer à cet effet des forces insolites , imaginaires , purement locales et vraiment merveilleuses , puisqu’elles auraient eu à remuer l’écorce de la terre jusque dans ses fondemens (io à 20 lieues d’épaisseur au moins), sur une étendue de près de douze lieues de diamètre (plus de cent lieues carrées de surface). M. Cordier fait un grand nombre de remarques pour prouver que l’état des lieux ne répond nullement à l’hypothèse dont il s’agit. Il insiste surtout sur ce qu’on attribue à l’hypothèse des effets précisément contraires à ce qu’indiquent les plus simples notions delà géométrie des solides. Ainsi, par exemple, tout est plein et formé de couches successi- ves à peu près horizontales au centre du Mont-Dore et du Cantal ( sauf quelques filons et quelques amas colonnaires qui indiquent la place de diverses cheminées éruptives), et d’une autre part les vallées vont en s’élargissant et en se multipliant du centre vers la circonférence. Or, le prétendu soulèvement aurait produit un effet absolument différent * il devrait y avoir au centre de ces deux massifs de montagnes un immense entonnoir , un gouffre énorme, profond de toute l’épaisseur du sol primordial qui sup- porte la pellicule volcanique , large en proportion de cette épais- seur, dont la bordure serait au moins superficiellement dessinée, malgré les matières adventives qui auraient pu le combler en partie , et duquel partiraient d’énormes crevasses , des gorges es- carpées, qui se rétréciraient en s’éloignant du centre commun , et viendraient se fermer et disparaître à la circonférence. » M. Cordier expose ensuite que l’hypothèse des prétendus cra- tères de soulèvement est encore bien moins applicable aux grands massifs volcaniques anté-diluviens , dont la dégradation superfi- cielle n’a pas eu lieu avec la spécieuse régularité du Cantal et du Mont-Dore. Il cite notamment le grand massif du Mézin dans le Vivarais , lequel est presque entièrement démantelé du côté de l’est, tandis que les autres faces n’ont presque pas été entamées. Il termine en faisant remarquer i° que dans tous les grands systèmes de volcans brûlans, tels que l’Etna et le Vésuve, les cou- SÉANCE DU 7 MAI l802. t\ o5 clies sont naturellement relevées vers un centre commun , et dis- posées précisément comme dans le Mont-Dore et dans le Cantal. 3° Que si une grande érosion diluvienne dans le genre de celle qui est admise par tous les géologues, et qui a plus particulièrement lacéré la surface des terrains tertiaires que celles de tous les au- tres , venait à se reproduire et à atteindre ces grands systèmes de volcans brûlans , l’effet de cette catastrophe serait incontestable- ment d’entamer chaque système , de manière à produire toutes les modifications de relief que présentent non seulement les grands massifs démantelés de l’ intérieur de la France, mais encore toutes celles qui caractérisent l’aspect particulier des îles de l’Archipel grec , de Lipari , de Madère , des Canaries , et de tous les lambeaux volcaniques du même temps, qui sont dispersés soit au sein de l’Océan , soit à la surface des continens, — M. Cordier communique l’extrait d’une lettre qui lui a été adressée de Naples par M. Constant Prévost; à cette let- tre étaient jointes une carte géologique de la Sicile et deux coupes générales des terrains de cette île, qui sont mises sous les yeux de la société : la première des deux coupes, allant de Trapani (extrémité nord-ouest) au cap Passaro , en passant par Palerme , Ficari , F a lie- Lun ga^ C altanisette , Castrogiovcini , Piazza , Calatagirone , Fizzini , Modlca t PachinOj a pour objet d’indiquer non seulement le nombre et les rapports des terrains qui ont été observés par M. Con- stant Prevosf , mais encore de donner, autant que possible, l’idée de la physionomie de la surface du sol ; l’autre coupe remonte du cap Passaro jusqu’à celui de Melazzo au nord, en passant par Catane, coupant l’Etna, et la chaîne des ter- rains anciens qui sépare ce volcan de la presqu’île de Me- lazzo. La lettre de M. Constant Prévost étant un long mémoire qui contient le résumé des observations qu’il a été à même de faire en Sicile, le Bulletin doit se borner aux citations suivantes : « Le aB janvier j’ai quitté Palerme, et je me suis dirigé par Caltanisctte , Castrogiovani , etc., sur Militello, Palagonia et Vizziiii , où j’ai trouvé la preuve que je cherchais, de véritables alternances entre les produits volcaniques et les calcaires tertiai- 4o4 SÉANCE DU 7 MAI l852. res. Je suis disposé à croire que les roches volcaniques sous- ma- rines de ces contrées, depuis le cap Passaro jusqu’au bord sud de la plaine de Catane , n’appartiennent pas à une même épo que; les plus anciennes sont peut-être antérieures à la craie qui reposerait dessus; d’autres, parmi lesquelles sont de véritables basaltes, semblent avoir traversé de bas en haut les dépôts calcaires (la craie et le calcaire tertiaire ancien ) qui ont été quelquefois alté- rés au contact , tandis que de plus nouvelles roches , qui ressem- blent beaucoup plus aussi aux laves modernes, auraient coulé pendant le dépôt du calcaire tertiaire récent , avec les bancs duquel elles alternent. Il en est de ces produits et phénomènes volcaniques comme des calcaires qu’ils accompagnent : ceux-ci passent de l’un à l’autre par des nuances presque insensibles de- puis la craie inclusivement jusqu’aux sédimens qui se déposent et se consolident encore maintenant , et si dans une localité on voit des caractères et des superpositions qui semblent annoncer des pé- riodes bien tranchées, dans une autre on trouve des transitions graduées. C’est ainsi que de Syracuse à Pachino par Noto, on voit les terrains tertiaires les plus modernes passer graduellement à la craie, transition que l’on retrouve encore aux environs de Trapani , au pied du mont Erix. » A l’occasion des dépôts gypseux et sulfureux , dont l’âge relatif paraît difficile à déterminer rigoureusement, M. Con- stant Prévost entre dans une discussion assez étendue pour appuyer son opinion qu’ils sont placés à la limite des terrains tertiaires et secondaires plutôt qu’au milieu de la formation de ceux-ci. « L’association presque constante du gypse, du soufre, du sel gemme, avec deux roches calcaires, dont l’une marneuse, tendre, est très analogue par ses caractères extérieurs, soit à la craie, soit plus encore peut-être aux marnes du gypse des envi- rons d ' Argenteuil près Paris , et l’autre, également blanche, plus dure, caverneuse, et offrant des parties siliceuses qui la font res- sembler quelquefois de la manière la plus exacte à notre calcaire de Champigny , et même aux meulières inférieures, est un des principaux traits de la géologie de la Sicile. Cette grande forma- tion , pour ainsi dire mixte entre les sédimens et les précipités , dans les caractères particuliers de laquelle on reconnaît avec les effets d’un dissolvant liquide, l’influence plus ou moins directe d’un ou de plusieurs agens qui auraient exercé leur action de bas SÉANCE BU 7 MAI l852. 4o& en haut, se voit dans presque toutes les parties de la Sicile, depuis les environs de Melazzo jusqu’à Trapani , et de là à la plaine de Catane; partout elle a le même faciès ; mais elle n’est pas conti- nue : elle apparaît , çà et là, comme des mamelons isolés , et quel- quefois formant de longues collines à surface très tourmentée qui semblent s’élever du fond de bassins ou de vallées ouverts dans des terrains d’âge très différent... » En preuve de cette disposition , M. Constant Prévost donne dans sa lettre quatre coupes relatives à ces différens gisemens, et après être entré dans quelques détails explica- tifs , il ajoute : « Je n’ai voulu présenter que quelques faits pour f^ire voir à quoi tient la difficulté que présente la solution de cette question du gisement de la formation gypseusej elle tient sans doute au mode de production des substances dont elle se compose : si celles-ci ou les élémens qui ont contribué à les former ont pris leur source dans le sein de la terre , ils ont pu traverser des terrains de différens âges et s’arrêter à différens étages, soit que le phéno- mène ait eu lieu à diverses époques , ou seulement à une époque récente. » ... De Vizzini j’ai rejoint la côte méridionale à Terra-Nova, et l’ai suivie jusqu’à Trapani • j’ai visité les exploitations de soufre de Catolica si riches en beaux cristaux de strontiane, de soufre et de gypse ; j’ai étudié avec soin les volcans boueux de Maealuba, dont j’avais vu précédemment un exemple auprès de Calta- nisette... » Il m’a semblé , autant que l’on peut en juger dans une course aussi rapide, que l’on pourrait reconnaître deux époques distinctes dans la formation des anfractuosités principales du sol de la Sicile -, leslignes saillantes dirigées du N. -O. au S.-E. (de Tra pani, Palerme, etc. , au cap Passaro) se rapporteraient à l’époque d’apparition delà chaîne des Pyrénées j et en effet les terrains ter- tiaires déposés postérieurement reposent sur la craie en superposi- tion contrastante, et ils sont généralement en place ) la deuxième époque comprendrait les montagnes de la pointe de Messine , qui, quoique composées des roches les plus anciennes, sont di- rigées duN.-E. au S.-O., et n’auraient apparu qu’après le dépôt du calcaire tertiaire récent qui a été déchiré, bouleversé par ces roches anciennes, ainsi qu’on le voit à Melazzo et auprès de Messine... C’est entre Nicosia et Pâli que l’intersection aurait lieu, 4o6 SÉANCE DU 7 MAI l85i. et c’est aussi le point où les différentes formations sont le plus difficiles à séparer j c’est le point que Ton désigne vulgairement comme l’ombilic de la Sicile. » J’ai vu dans beaucoup de lieux plusieurs lignes de ni- veau qui attestent le séjour des eaux postérieurement à l’état ac- tuel du sol.» Note explicative jointe à la carte et aux coupes géologi- ques de la Sicile , envoyées par M. C. Prévost. ( V oir la coupe A, JB.) A. Massif des monts Pelores , qui s’étend depuis la pointe Rasocolun jusqu’à la base de l’Etna. La partie centrale et extrême est occupée par des roches cristallisées feldspathiques et micacées, qui, par leurs caractères , tiennent le milieu entre le gneiss et les vrais granités; le granité ne forme pas de grandes masses, mais presque toujours des filons très divisés, qui semblent avoir péné- tré les roches feuilletées; celles-ci passent aux phyllades qui alter- nent avec des bancs de calcaire et de grès , et des conglomérats de roches anciennes. — Le calcaire marbre, à entroques, ammonites et même bélemnites de Taormine, des Madonies et des environs de Palerme, alterne dans la partie inférieure avec ces grès et schistes. B. Calcaire de Taormine , des Madonies et des environs de Palerme. Il est d’un gris bleuâtre, en bancs puissans, très peu distincts dans certains lieux ( monte Pelegrino , Cefalii ), et en d’au- tres il est en assises nombreuses de quelques pouces d’épaisseur qui alternent avec des schistes ( Ter mini , Taormine ); cette der- nière disposition indique plutôt la partie inférieure de la formation. Il renferme des entroques , des térébratules , des ammonites , des bélemnites ; quelques bancs supérieurs sont oolitiques ( Taormine'). C. Calcaire du mont Érix. Il a tous les caractères de la craie, et contient des bélemnites, hippurites, nummulites, huîtres, des silex blonds et noirs ; il est en assises nombreuses et distinctes, et beaucoup plus blanc que le précédent, auquel il se lie d’une ma- nière insensible , ainsi qu’on peut le voir au sud d’Alcamo ; c’est la partie supérieure d’une même grande formation calcaire. C’est lui qui constitue les monts Saint-Calogéro de Sciacca , les monts de Calatabelota et le mont Camarata, qui a 4>^oo pieds d’élévation ; il reparaît à la pointe du cap Passaro. I). Terrain tertiaire ancien dont la partie inférieure, que l’on voit a Noto et auprès de Pachino , forme une sorte de transition I SÉANCE DU 7 MAI l85^. 4°7 avec la craie , tandis que la partie supérieure paraît devoir se rap- porter plutôt aux calcaires du midi de la France qu’au calcaire grossier de Paris. E. Calcaire tertiaire plus récent , généralement plus sablon- neux, contenant les mêmes fossiles que le précédent, dont il est impossible de le distinguer lorsqu’il le recouvre d"une manière concordante ; — mais quelquefois la superposition est contrastante, il remplit même des anfractuosités et des fentes dans le premier ( Syracuse , Trapani ). Le calcaire D a été traversé par des roches volcaniques du Yal di Noto , et souvent il a été altéré par elles , au point de contact , tandis que le calcaire E repose sur les mêmes roches volcaniques dont il contient de nombreux fragmens. F. Les deux calcaires tertiaires couronnent tous les plateaux du centre et du midi de File; ils reposent évidemment sur des argiles verdâtres et grises , dont la puissance augmente progressivement en allant d’orient en occident (de Terra-Nova à Girgenti ), et au centre de l’île. Les argiles sont quelquefois recouvertes par des bancs puissans j de cailloux roulés et de pouddings ( ogliastro ) , qui paraissent être un équivalent du calcaire tertiaire ancien . G. Formation gypseuse , se composant 1 ° de calcaire marneux à parties tendres et parties dures , souvent siliceuses ( tout-à-fait semblable au calcaire de Champigny et aux meulières de ce cal- caire); 2° de gypse en grands amas cristallisés ou quelquefois stra- tifiés , ayant alors les caractères extérieurs du gypse parisien ; les couches sont , ou horizontales , ou plus souvent contournées et même verticales ( Calatagirone) 3° de la marne blanche tendre , renfermant partout ( Termini , Calatagirone , Sciacca, Alcamo ) de petits corps sphériques microscopiques ; ces marnes, qui res- semblent à la craie tendre, ont encore plus d’analogie avec les marnes d ' ArgenteuiL C’est dans un calcaire qui diffère peu de celui qui accompagne toujours le gypse que l’on trouve le soufre qui le pénètre inti- mement et remplit toutes ses cavités. Quelquefois le gypse est en amas au milieu des argiles, ainsi que le sel qui est recouvert par le gypse ( Alimena , Catolica). II. Roches volcaniques sous-marines. Il faut en distinguer de plusieurs époques, celles du cap Passaro et de Sortino pa- raissent plus anciennes que celles de'Militello et de Yizzini. On met en discussion le point de la France sur lequel la Société tiendra cette année ses séances extraordinaires. 4*>8 SÉANCE DU 2 1 MAI 1:83g.. La Société décide , après examen des diverses localités proposées dans le conseil, que la réunion d’automne aura lieu à Caen (Calvados), du 1er au 5 septembre.. Séance du 21 mai 1832. Présidence M. Brongniart. Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la der- nière séance, M, le président proclame membres de la Société : M. Le Yalois, ingénieur des mines à Dieuze, présenté par MM. Êlie de Beaumont et Dufrénoy. Labbé Croizet, curé de Nechers, près d’Issoire (Puy-de- Dôme), présenté par MM. Dufrénoy et Éiie de Beaumont. La Société reçoit les ouvrages suivans : i° De la part de M. Nérée Boubée, la première demi-li- vraison de son Recueil d itinéraires pour servir de guide au minéralogiste^ au conchjliologiste et au géologue t dans toute la F rance , accompagné d'un Bulletin de nouveaux gise- mens pour toutes les parties de l'histoire naturelle. In-ia. Paris, i832. 2° La quatrième partie du premier volume de la Revue normande , sous la direction de M. de Gaumont. 3° Le N° 27 (juin i83a) du Magasin d’ histoire naturelle } par M. Loudon. 4° Le N° 11 (novembre i85i) du Bulletin des sciences naturelles et de géologie , sous la direction de M. de Fé- russac. 5° Le N°io7 (mars 1852) du Bulletin de la société de géographie de Paris. 6° Les numéros 24 et 25 de l'Européen 3 journal des sciences morales et économiques. 70 Les numéros 24 et 2 5 des procès-verbaux de la société géologique de Londres . 8° Le N° 1 7 du deuxième volume du Journal des travaux de l'Académie de l'industrie agricole , manufacturière et commerciale , fondée à Paris par M. César Moreau. — Ou lit une lettre de M. Steininger, traduite de l’allemand SEANCE DÛ 2 1 MAI l852. 4oq par M. Boue. Cette lettre est accompagnée d’un assez grand nombre de figures d’espèces nouvelles de fossiles des terrains dé transition de l’Eiffel, que la Société juge dignes d’être publiées dans ses Mémoires. — M. Reynaud lit une Note sur la géologie de la Corse, En voici le résumé : « Les observations générales que renferme cette note me por- tent à regarder les montagnes occidentales de la Corse comme indépendantes, au moins en partie, des montagnes orientales, et, suivant toute apparence, d’un âge antérieur. En considé- rant cette partie de l’île en elle-même, et suivant l’indication de ce cachet si saillant qui y a empreint la direction O. -S. -O., on est porté à la comparer à la partie granitique du département du Var et à quelques parties des Pyrénées, qui sont sillonnées à peu près dans le même sens. » La grande netteté de direction que présente la longue chaîne N.-S. de la Corse et de la Sardaigne, son antériorité au dépôt de l’étage tertiaire , et son rapport avec la sortie des trachytes , ï permettent de rattacher ce point du bassin de la Méditerranée ! à quelques uns des accidens du continent européen. » La position horizontale du calcaired’Aleria au pied des couches inclinées des montagnes de Fiumorbo , le dépôt de Saint- Florent, compris dans le fond d’un golfe déterminé par les rides N.-S., et chargé des débris des roches talqucuses et serpent» ncuses qui paraissent contemporaines du soulèvement des montagnes sur lesquelles il repose , ne permettent pas de douter que le relief de la zone orientale n’existât déjà, au moins en partie, au mo- ment de la formation du terrain tertiaire. Des dislocations parti- culières ont dû. amener la différence qui se rencontre dans la hauteur de ce terrain au-dessus du niveau de la mer. Des trois lambeaux que j’ai décrits, celui de Saint-Florent est celui dont les couches présentent les indices les plus frappans de soulèvement. La grande arête de fracture court à très peu de chose près dans la direction S. 25° O. Peut être les mouvemens dus à l’action des serpentines se sOnt-ils continués postérieurement au soulèvement de la grande chaîne. À Bonifacio les couches sont surtout inclinées dans le voisinage des grandes fissures , leur inclinaison atteint en quelques points 8 à 10 degrés, et près de Canetta on voit sortir du calcaire une petite source chargée d’hydrosulfate comme dans le Fiumorbo. 4»0 SÉANCE DU 21 MAI l852. » Les fissures profondes qu’on observe dans quelques parties du j cap corsé, surtout aux environs de Bastia, et le dépôt considéra- ble de blocs roules , mélangés d’argile et de sable grossier qui for- ■ ment la plaine marécageuse de Biguglia , ont probablement qnel- que rapport ^vec le soulèvement du terrain de Saint-Florent qui i se trouve dans leur voisinage. » Au reste, le sol de la Corse ne paraît avoir subi aucune variation de niveau depuis les temps historiques. Il existe sur le littoral i deux points de repère qui permettent d’en faire une vérification assez exacte. L étang de Diane , qui formait le port de la ville an- tique d'Aleria , a conservé Une profondeur qui le rendrait encore commode aujourd’hui pour les bâtimens de petite dimension, si, par suite de son abandon, l'entrée n’en avait été complètement ensablee. L île de Cavalo , dans le détroit de Bonifacio , a servi long- temps de carrière aux Bomains qui y faisaient exploiter par leurs esclaves un beau granité grisâtre à grains fins : on voit en- core la petite anse dans laquelle les navires venaient charger les blocs et les colonnes , et le pilier tout usé auquel on attachait les amarres. En Sardaigne , on retrouve des carrières analogues , mais leur caractère de stabilité n’est point démontré par une preuve aussi claire. » J e ne puis terminer cette note, qui ne sera peut-être pas inutile aux personnes qui visiteront apres moi la Corse, sans joindre aux renseignemens des points que j’ai visités , l’indication de ceux que j’aurais voulumieux voir, et sans appeler leur attention sur Fétude de la Serra del Prato et de la Serra d’Ese , sur celle de la Pienosa, et sur celle assez commode dans la bonne saison , des terrains de la plaine d’Aleria. » — M. Dufrénoy lit un mémoire intitulé: Sur la relation des ophiteSj des gypses et des sources des Pyrénées , et sur ; C époque à laquelle remonte leur apparition. Les conclusions de ce Mémoire sont : i° L’ophite, presque constamment composé d’amphibole et de feldspath distincts, est quelquefois homogène; il ressemble alors **** pyroxene en masse ou Lherzolite ; dans quelques localités rares cette roche est amygdaloide. 2° Cette roche , produite par soulèvement , occasione toujours par sa présence des dérangemens dans les terrains stratifiés auprès desquels elle se trouve. Ces dérangemens sont fréquemment ac- compagnés de brèches. SÉANCE DU 4 JUI^ l85a. 4 11 3° L’ophite est venu au jour à une époque qui est comprise en- tre les terrains tertiaires les plus modernes (ceux qui correspon- dent aux terrains de la Bresse ) et les terrains d’alluvion du com- mencement de l’époque actuelle. 4° Son action s’est fait sentir suivant des lignes qui courent E. i8° N. à O. i8° S. Une grande partie de la Catalogne, de la Navarre et de la Biscaye , des Pyrénées-Orientales et des Basses- Pyrénées doit sa forme actuelle à ce soulèvement. Il se rapproche par sa direction du système principal des Alpes, et paraît en être une dépendance* malgré l’intensité considérable de cette action , î’ophite ne forme ordinairement que des monticules de peu d’étendue. 5° L’ophite est constamment accompagné de gypse, et fré- quemment de sel gemme. L’existence du sel n’est souvent annon- cée que par des sources salées. 6° Les terrains calcaires ont éprouvé fréquemment des altéra- tions par la présence de l’ophite , les parties en contact avec cette roche, presque toujours caverneuses, sont à l’état de dolomie. | Le gypse lui-même n’est peut-être que le résultat d’une altéra- j tion du même genre. 7° Enfin, l’ophite est souvent accompagné de beaucoup de sub stances étrangères , telles que fers oxiduiés , fer oligiste , quarz cristallisé, épidote, etc. — M. Michelin lit une notice géologique sur les environs de Saint-Pierre de Maestricht, extraite de sa correspondance j avec M. Yan Hees. — On lit une notice de M. Marcel de Serres sur la caverne j àossemens deMialet.près Anduze (Gard). Ce sont les mêmes | faits que ceux décrits par M. J. Teissier, et analysés dans le | Rapport des travaux de la Société pour i85i,é§ 14, Séance du 4 juin 1832. Présidence de M. Brongniart. Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la der- nière séance, M. le président proclame membre de la So- ciété : M. Baudin , ingénieur des mines à Clermont, présenté par MM. de Beaumont et Dufrénoy. 4 18 SÉANCE DU 4 JUIN 1 8'5 2 . M. le président annonce que la Société vient detre auto- risée par le gouvernement, et reconnue comme établissement d’utilité publique par une ordonnance du Roi , du 5 avril 1 802, inseiee <\.\\ B ul lettn des lots du 1 2 mai, 2e partie, ire sec- tion, n° 1 55 , et au Moniteur du 19. M. Cordier fait hommage à la Société de 26 échantillons ! dérochés et fossiles de terrains intermédiaires , recueillis àj bile de Gothland par M. le comte de Yargas. La Société reçoit les ouvrages suivans : i° De la part de la société philosophique de Cambridge , la deuxième partie du volume IY de ses Transactions. In-4°, 1 14 pages, 1 5 planches. 20 De la part de M. Thurmann, son Essai sür les soulève - mens jurassiques du Porentruj. Description géognostique de la série jurassique , et théorie orographique du soulève- ment , avec 6 planches représentant la classification des sou- lèvemens jurassiques en quatre ordres. In-4° de 84 pages (extrait du tome II des Mémoires de la Société d'histoire na- turelle de Strasbourg , i832). . 3 0 De la part de M. Boubée , la Relation de ses expé- ; riences physiques et géologiques faites au lac d’Oo , près Bagnère de Luchon; suivie de C itinéraire du naturaliste deRagnère au lac . In-18, 4o pages, 6 pl. Paris, i852. 4° Le N° 22 du Bullet. de la société industr. de Mulhouse. 5° Le N° 18 (juin 1882) du Mémorial encyclopédique. 6° Le N° 108 (avril 1832) du Bulletin de la société de géographie de Paris. 7° Les N»’ 26 et 27 de Y Européen, journal des sciences morales et économiques. On lit une lettre imprimée de M. Hœninghaus qui donne une description de la grande Tridacne ( Tridacna gigas) d’après un échantillon complet, accompagné de l’animal, qu’il a pu étudier récemment. Il est donné lecture d’une lettre de M. de Caumont (de Caen), qui annonce que la société linnéenne de Normandie, présidée par M. Deslongchamps, a appris avec une vive satis- SÉANCE Dü 4 JXJIN l85‘i. 4*5 faction que la Société géologique tiendrait cette année ses séances extraordinaires dans le Calvados, et qu elle a l’inten- tion de fixer à la même époque saséance générale. Le conseil ayant eu déjà communication d’une première lettre à ce sujet, le secrétaire fera connaître à M. de Cau^ mont les projets de la Société, de sorte que les membres qui feront partie de cette course puissent profiter des obli- geantes dispositions et des connaissances locales des natura- listes de Normandie. On lit une lettre de M. César Moreau , directeur de l’Aca- démie d’industrie, qui demande que la Société géologique veuille bien examiner et déterminer des échantillons de marne adressés à l’Académie de l’industrie par M. Dela- brosse, maire de Ciron (département de l’Indre); la lettre d’envoi de celui-ci est aussi communiquée à la Société. M. le président charge MM. Dufrénoy et Héricart de Thury de prendre connaissance de ces échantillons. M. Héricart Ferrand présente à la Société un essai découpé géognostique des terrains du bassin de Paris , depuis Laon jusqu’à Châtillon, ou du nord au midi, sur une étendue de treize myriamètres un quart, et s’applique particulièrement à démontrer : i° Que la nummuUles Lcovigala (La- marck), qui se trouve sur la montagne de Laon, à une hauteur au-dessus de l’Océan de 2o5 mè"'ct 7 1 0 mU s’est aussi retrouvée dans le puits artésien de la maison de Seine , à l’embouchure du canal de 'Saint-Denis dans la Seine , à une profondeur au-dessous de l’Océan de . . 4* 84 Ce qui établit une différence de niveau entre ces deux points de 245 794 2° Qu’autant ce même fossile est abondant sur la montagne de Laon et sur les plateaux du Soissonnais, autant il dimi- nue en nombre, et devient de plus en plus rare à mesure qu’il approche vers le midi , baisse vers la Seine , et plonge au-dessous du niveau de l’Océan. Site, géol, Tom. II. V 4 1 4 SÉANCE DU 4 JUIN l852. De ces deux faits, M. Héricart Ferrand pose cette question : t L’être organise auquel a appartenu cette dépouille vi- ®vait-il dans une épaisseur d’eau de a45 à 246 mètres, et » était-il de pleine mer, ou n’était-il que de rivage , ne trou- > vaut plus les conditions de son existence à mesure que le » rivage prenait de la profondeur ?» * M. Gonstant Prévost fait observer que rinclinaison des cou- ches tertiaires de Laon vers Paris a été constatée depuis long- temps par MM. d’Omalms d’Halloy et Brongniart, et que cette différence de niveau tient à des relèvemens postérieurs , bien plutôt qu’au dépôt originaire de la même couche et des mêmes fossiles à des niveaux aussi différens; les nummu- lites peuvent ainsi avoir été primitivement déposées sur un fond à peu près horizontal ; elles ne semblent pas non plus a M. G. Prévost avoir vécu sur la place où elles sont enfouies; mais les mollusques auxquels ces corps ont appartenu étaient probablement flottans et grands nageurs à la manière des spirilles , qui , suivant les saisons , apparaissent en grandes troupes, et leurs dépouilles peuvent être ainsi très inégalement enfouies dans les sédimens marins. M* Deshayes rappelle que beaucoup de céphalopodes sont pélagiques ou habitans de la haute mer pendant la plus grande partie de leur vie, et qu’ils deviennent littoraux pendant la saison des amours. M. Desnoyers lit un Mémoire sur les terrains tertiaires du nord-ouest de la France autres que la formation des f aluns de la Loire. Ces terrains, déposés en dehors [des limites habituellement as- signées au bassin de Paris , recouvrent une surface à peine inter- rompue de plus de deux mille lieues carrées sur quinze ou seize départemens, depuis le département du Nord jusqu’à celui de la Vienne. Ils s’étendent surtout du N. au S. sur une longueur d’environ cent lieues , sur une largeur moyenne de vingt à trente, particulièrement au-dessus de la formation crayeuse dont ils con- tiennent tant de débris, et avec une épaisseur très variable , mais qui atteint jusqu’à plus de deux cents pieds. Les terrains secondaires ne se montrent sur cette vaste surface SÉANCE DU 4 WN 1 8 5 2 . 4^ que pai l’excavation des vallées, et avant les dénudations l’écorce tertiaire paraît avoir été continue. Elle se prolonge encore au- delà de ces limites en lambeaux , disséminés sur des terrains plus anciens que la craie jusque dans le Cotentin, la Bretagne, l’An- jou, la Vendée , et se réunit, d’une part, aux terrains analogues du bassin de la Gironde, par le Périgord; d’une autre, à ceux de la France centrale par le Berry et le Nivernais. M. Desnoyers a constaté cette disposition générale pour l’espace qu’il a spéciale- ment étudié depuis la Picardie jusqu’à une douzaine de lieues au S. de la Loire , par un grand nombre de coupes partielles et pai sept coupes principales de trente à quarante lieues chacune, par tant de Paris et se dirigeant en rayonnant au N. O. àl’O. au S. -O. et au S. : i° Jusqu’au Boulonais par Beauvais, Amiens et Arras; 2° jus- qu’à Dieppe, par Rouen; 3° jusqu’à Dives par Evreux et Li- sieux; 4° jusqu’à Alençon par Dreux et Mortagne ; 5° jusqu’à la Flèche par Chartres , Nogent-le-Rotrou et le Mans; 6° jusqu’au- delà des falunières de Touraine par Châteaudun, Vendôme, Tours et Châtellerault ; enfin jusqu’à la Sologne par Etampes et Blois. Dans ce vaste espace deux fois plus étendu que le bassin de Paris proprement dit ■, et faisant partie du grand plateau physi- que, si apparent, qui s’étend en pente douce des montagnes d’Auvergne aux bords de la Manche, les dépôts tertiaires présen- tent quatre groupes principaux dont les différens termes ont été rapportés soit à la craie inférieure , soit à quelques parties des terrains parisiens, soit aux alluvions anciennes, et qui cependant ne constituent qu’une seule grande formation. Les géologues qui en ontsignalé l’existence sur"quelques points, par des observations impriméesou inédites, sont surtout MM- Bron- gniart, P. d’Omalius , C. Prévost, Mcsnard, Mauluy, Hé ault, de Magnevillc, Passy, de Caumont , de Tristan, Dujardin , Hé- ricart-Ferrand , Dufrénoy, et quelques naturalistes plus anciens; mais chacun pour quelques localités isolées , et sans les considérer comme parties d’un même ensemble. L’auteur du Mémoire en a plusieurs fois aussi parlé dans ses travaux antérieurs. M. de Beaumont a énoncé l’opinion partagée par M. Dufré noy, qneles calcaires d’eau douce de l’Auvergne se liaient intime ment avec ceux delà partie méridionale du bassin de Paris, dont ils seraient un relèvement. Or, comme ceux-ci, les plus récens du bassin, se lient eux-mêmes intimement , suivant M. Desnoyers , aux terrains tertiaires de l’ouest, il en résulterait que ce vaste dépôt se serait étendu géologiquement jusqu’à l’Auvergne , eu 4lG 'SBÂMCE DU 4 JTJ1N l85‘J. même temps qu’il s’y rattache par la disposition extérieure du sol ; mais les observations de M. Desnoyers ne s’étendent que jusqu’à 1 5 ou 20 lieues au midi de la Loire. Les groupes qu’il distingue sont : i° Le groupe des argiles , avec silex brisés de la craie, minerais de fer exploités , très abondans , brèche ferrugineuse , brèche et pouddingue siliceux. Ce système semble passer sensiblement à des dépôts d’alluvion. 2° Le groupe des sables avec grès commun , lustré et ferrugi- neux, brèches et pouddingues siliceux, bois silicifiés , silex de la craie et fossiles silicifiés, particulièrement des alcyons, provenant du même terrain, terrain auquel on les a généralement rapportés. Ce sont les grès et les brèches siliceuses de ce terrain qui forment, comme dans le S.-E. de l’Angleterre, les nombreux monumens druidiques des pays dont le fond du sol est la craie. Ces deux groupes de la surface des craies, terrain auquel on les a généralement rapportés , paraissent représentés sur les terrains plus anciens de l’ouest par des dépôts également argileux et sa- bleux , mais avec des débris des roches qu’ils recouvrent. 3° Le groupe des calcaires et des silex évidemment d'eau douce, avec marnes, sables, argiles, et graviers subordonnés, avec brèche crayeuse à ciment d’eau douce , et craie remaniée ou endurcie en place par le même ciment. 4° Le groupe (plus problématique) des couches mélangées a f ossiles fluviatiles et marins , bien moins développé , seulement aux extrémités du plateau et plutôt dans les parties inférieures. Recherchant les relations de ces différens systèmes entre eux, M. Desnoyers a reconnu que des superpositions constantes dans certains départemens , par exemple , l’argile à silex au-dessus des sables dans l’Orne et l’Eure-et-Loir, n’étaient pas constantes, et même étaient tout-à-fait contraires en d’autres ( Eure et Seine- Inférieure ). Les brèches et les pouddingues à débris de la formation crayeuse et à ciment, soit calcaire, soit siliceux, soit argileux, occupent habituellement les parties inférieures des groupes, et cependant la brèche ferrugineuse recouvre d’ordinaire les points les plus élevés des plateaux. Les silex brisés se rencontrent dans presque tous les dépôts. Les grès forment des amas ou des bancs au milieu des sables irrégulièrement cimentés •, on les voit aussi en blocs isolés au mi- lieu des graviers et des argiles. Les calcaires et silex d’eau douce remplissent de petits bassins SÊÀWCli DU 4 JUIN l85ü. 4^7 assez bien limités au milieu des autres dépôts; M. Desnoyers en a observé une quinzaine, dont les principaux sont aux environs de Nogent-le-Rotrou, la Ferté - Bernard , Mamers, le Mans, la Flèche, Saumur, Château-du-Loir , Château-R.egnault, Ven- dôme , Tours, Blois , Mayenne ; et au S. -O. du bassin de Paris, les prolongemens très ondulés du grand système d’eau douce supé- rieur de ce bassin. Ces dépôts, riches la plupart en coquilles d’eau douce, forment habituellement un étage à niveau inférieur, bordé de toutes parts par des sables et des argiles , qui ne les recouvrent pas le plus souvent, mais qui sur les bords s’entre- mêlent avec les sédimens chimiques, calcaires et siliceux , plus purs et plus isolés vers le centre. On y reconnaît très bien les deux agens du dépôt, les sources calcarifères et silicifères du centre et les eaux courantes qui entraînèrent à plusieurs reprises dans ces petits bassins lacustres des sédimens d’alluvion contemporains, al- ternant à plusieurs reprises avec les calcaires et les silex purs des sources. Le bassin de Nogent offre surtout ces dispositions de la manière la plus évidente et plus clairement qu’aucun autre; il rappelle , par le mode de remplissage , les bassins tout récens des lacs d’Ecosse , décrits par M. Lyell. Les trois premiers groupes n’ont présenté à M. Desnoyers que des fossiles d’eau douce ou des végétaux terrestres sans la moin- dre trace de coquilles marines , soit de l’âge du bassin de Paris , soit même de l’âge des faluns. Seulement vers les extrémités de ce vaste plateau, i° vers Paris, à Etampcs, à Epernon; a° aux environs de Dieppe; 3° dans le Cotentin; 4° aux environs de Rennes; 5° aux environs de Nantes, on voit dans les parties infé- rieures se mêler aux fossiles et aux couches d’eau douce , des fos- siles et des sédimens marins assez analogues à ceux du calcaire grossier supérieur ( orbitolites, milliolites), ou identiquement les mêmes que ceux de la dernière formation marine , et à Dieppe les fossiles des lignites problématiques du Soissonnais; mais en même temps ces dépôts marins sont tout-à-fait distincts des faluns qui les recouvrent sur quelques points, en gisement transgressif. La liaison des vastes dépôts sans fossiles , ouà fossiles d’eau douce aux couches mari nés 'plus anciennes que les faluns, est plus douteuse que la liaison des autres groupes entre eux. Du mélange intime et incontestable, du passage de l’un à l’autre et du remplacement mutuel des trois premiers groupes et dans chaque groupe des différons dépôts de ce vaste système, M. Des- noyers est porté h conclure qu’ils sont tous à peu près contempo- rains, et qu’ils ne diffèrent entre eux que par suite des circonstan- 4 1 S SÉANCE Dü 4 JUIN l852. ces diverses de leur sédimentation chimique ou mécanique, dans li les lacs ou sur des cours d’eau , sur des rivages ou dans des parties plus profondes. Ils semblent avoir constitué une surface d’abord continentale, puis sous-lacustre et sous-fluviatile. Vers les extrémités et aux bords extérieurs, il paraît y avoir eu jonction de ces dépôts continentaux] avec des dépôts et des bassins vraiment marins. Mais il serait possible que sur quel- ques points il y eût eu seulement superposition. Au contact du bassin de Paris, ils se lient intimement à la formation supérieure soi . des sables et grès, soit des calcaires et meulières d’eau douce } ! sur quelques points aussi ils semblent se lier avec”le dépôt géolo- gique de l’argile plastique ; mais plus loin les deux groupes se con- fondent tellement et l’argile minéralogiquement plastique passe i tellement à celles qui contiennent les mines de fer , et qui enve- loppent les meulières, qu’il est bien difficile de les séparer, et que les rapports naturels sont plutôt en faveur du groupement del’en- semble de ces dépôts dans le dernier étage du bassin parisien qu’avec tout autre. Tous les détails de gisement qui conduisent à ces résultats généraux se trouvent dans le Mémoire qui fera partie du premier volume des Mémoires de la Société géologique. » M. Michelin dit avoir remarqué, aux environs deBroglie, la brèche ferrugineuse de ce système. M. Dulrénoy, qui a aussi constaté l’existence de ces ter- rains, ainsi que M. de Beaumont, pour la carte géologique de France, reconnaît leur importance et leur vaste étendue. Ces deux, géologues les rapportent positivement à l’étage su- périeur du bassin de Paris, ne reconnaissant dans ce bassin que deux grands étages, l’un jusqu’au gypse inclusivement, l’autre postérieur. M. G. Prévost fait remarquer que la liaison de ce système j avec l’argile à lignites et à coquilles fluviatiles et marines de Yarengeville, près Dieppe, système qui paraît bien plus ana- logue au dépôt supérieur d’Headen-Hill (île de Wight) qu’à l’argile plastique inférieure , conduirait au même rapproche- ment, et qu’à cet étage il faudrait aussi sans doute rapporter les lignites du Soissonnais , que lui et M. Desnoyers sont de- puis long-temps portés à considérer comme plus modernes que l’argile plastique. SÉANCE DU II JUIN l852. 4J9 M. de Beaumont annonce ne pas partager cette dernière opinion relativement aux lignites du Soissonnais, et avoir de fortes raisons pour continuer à les regarder comme infé- rieure au calcaire grossier. Il place aussi les lignites deYa- rengeville, avec ceux du Soissonnais * au-dessous du cal- caire grossier. M. Deshayes au contraire partage l’opinion de MM. G. Pré- vost et Desnoyers. M. de Beaumont annonce la découverte qu’il vient de faire d’une couche de dolomie dans la partie supérieure de la craie, à Beyne, près de Grignon. Cette craie forme un ma- melon sur les bords duquel s’appuient , en se relevant, des couches du calcaire grossier. La déchirure des vallons en- vironnans présente à M. de Beaumont une disposition tout- à-fait analogue à celles d es cratères de soulèvement sur une petite échelle. La formation de cette dolomie et le relèvement des couches du calcaire grossier coïncideraient , selon M. de Beaumont, avec la période d’évaporation magnésienne qui a déterminé les grands systèmes de dolomies alpines. Sur la proposition de M. le président, il y aura lundi pro- chain une séance supplémentaire. La séance est levée à onze heures, Séance du 11 juin 1832. Présidence de M. de Bonnard. Le prmjès-verbal de la dernière séance est lu et adopté , sauf quelques légères modifications. MM. G. Jackson et Francis Aljrer font hommage à la So- ciété de leur ouvrage intitulé : Observations sur la minéra- logie et la géologie de la Péninsule de la Nouvelle-Écosse , accompagnées d’une carte coloriée indiquant la structure du pays ( licmarks on llie mineralogy and geolosy of tlie Pc - 4sï 0 SÉANCE DU II JUIN l85‘20 jdnsula of Nova Scotia). In-4° de 1 15 pages , avec 4 plan- ches. Cambridge, i832. La Société reçoit aussi de la part de M. Tournai une suite de roches et de fossiles des environs de Narbonne , départe- ment de l’Aude , savoir : 1 6 échantillons de roches , et une soixantaine d’échantillons de corps organisés, tels que bé- lemnites , ammonites , sphérulites , hippurites , huîtres , gry*» phées, peignes, cyclolites, etc. M. Héricart Ferrand présente à la Société une coupe de la vallée de Montmorency, de Saint Denis à Pontoise, et com- munique quelques observations relativement à cette coupe. « Les auteurs de la Description géologique des environs de Paris ont laissé dans le doute, si le calcaire grossier marin existait sous la plaine de terrain d’eau douce moyen , dont la vallée de Montmorency fait partie. Les sondages opérés à Saint-Denis, à Stains , à Epinay , ayant révélé dans leur profondeur la présence du nummulites lœvigatci , fossile caractéristique de la partie infé- rieure du calcaire grossier, M. Héricart Ferrand en conclut qu’il y a lieu de substituer un fait positif au doute émis par MM. Cuvier et BrOngniart. De Saint-Denis vers Paris , Gentilly et Châtillon , le calcaire grossier se relève subitement, et cette élévation du cal- caire s’observe également vers l’est à Charenton et à Saint-Maur, et vers l’ouest, à Conflans Sainte-Honorine, Ârgenteuil etPassy. Il suit de là que le point le plus bas où le calcaire grossier ait été re- connu jusqu’à présent est de Saint-Denis à la Seine* et qu’à l’ob- servation déjà ancienne que ce calcaire est incliné du nord au midi , on doit ajouter qu’il se relève ensuite dans les trois direc- tions du midi , de l’est et de l’ouest. Au sujet des grès de Beau- champs et du terrain d’eau douce qui les recouvre, M. Héricart rappelle que MM. Cuvier, Brongniart et C. Prévost s’accordent à rapporter les premiers au calcaire grossier marin ,miais que M.C. Prévost a émis une opinion distincte quant aux teiTains d^eau douce qu’il regarde comme du terrain hors de place. M. Héricart se range à l’avis de M. Constant Prévost * et il fait remarquer que pour adopter cette opinion il ne faut pas aller seulement à Beau- champs, mais venir vers ce lieu de divers points de la grande plaine de terrain d’eau douce moyeu, et notamment du Ménii- Amelot, et de Yilleron. M. Héricart Ferrand fait connaître les résultats de onze sondages qui ont été pratiqués dans la vallée de SÉANCE DU 11 JUIN J 852. 42S Montmorency sur la ligne que devait suivre le canal de Saint- Denis à Pontoise. Il résulte des indications données par ces sonda» ges que l’inclinaison du terrain d’eau douce de l’ouest vers l’est est constante , et suit celle du calcaire grossier marin. Les sonda- ges de Saint-Denis ont démontré que ce terrain d’eau douce des- cend jusqu’au niveau de l’Océan. Sa plus grande élévation est sur le sommet de la montagne de Champigny; ce qui établit en- tre ces deux niveaux une différence de 73 m. » M. Elie de Beaumont communique à la société le résultat de l'analyse de la dolomie de Beyne, près Grignon (Seine-et- Oise). Cette analyse a été faite par M. Le Play, ingénieur des mines , qui a trouvé les proportions suivantes : Carbonate de magnésie, o,443» Acide carb. 0,228. Carbonate de chaux, 0,54°. Idem. 0,256. Argile, 0,018. 1 ,000. Il faut observer que le mode d’analyse qui a été suivi était propre à donner une petite perte sur le carbonate de ma- gnésie, et une petite augmentation sur le carbonate de chaux; il y a donc lieu de conclure du résultat obtenu, que les quantités d’acide carbonique des deux carbonates ne dif- fèrent pas sensiblement, et que par conséquent la composi- tion de la dolomie de Beyne correspond exactement à la formule CaC2 -h MgC». On lit un Mémoire de M. de La Bêche sur les environs de la Spezzia . L’auteur ayant appris que l’attention de la Société était portée sur le mélange des ortliocères avec Y Ammo- nites Conjbeari , et une Goniatite, voisine du Gon, Ilenslowi dans le calcaire salifère du Salzbourg, a cru devoir lui adres- ser une notice sur une association semblable d’orthocères et de bélemnites qu’il a observée dans un calcaire de la Spezzia. il pense que plus les faits de ce genre se multiplieront, et mieux l’on pourra évaluer l’importance attribuée maintenant à la présence ou à l’absence de certains genres de fossiles dans certains dépôts. Après quelques considérations générales rela- tives aux conditions variées sous lesquelles les dépôts ont pu se former, 1 auteur aborde la description des environs de 422 SÉANCE DU 11 JUIN 1852. la Spezzia. Les dépôts stratifiés sont indiqués dans leur ordre de superposition en commençant par les plus supérieurs. Il parle successivement des blocs et graviers de Massa, des li- gnite , argile et grès de Caniparola , du grès siliceux , du ma- cigno , du calcaire compacte gris , ou marbre de Porto vé- néré* des schistes bruns, des grès bruns et schistes gris, du calcaire grenu du Capo-Corvo , du marbre de Carrare, du schiste micacé de la vallée du Frigido , des euphotides et serpentines. Ce Mémoire est accompagné de plusieurs cou- pes , et d’une carte coloriée représentant les environs du golfe de la Spezzia; il entrera dans le ier vol. des Mém. de la Société. M. Texier, architecte, lit un Mémoire sur l a géologie des environs de Fréjus , département du Far. En voici un extrait : « La ville de Fréjus, qui, du temps des Romains, était située au bord de la mer, offrait aux vaisseaux un port et des arsenaux con- sidérables. Aujourd’hui elle est située dans l’intérieur des terres. Les observations , basées sur l’inspection des monumens antiques de cette ville , font connaître que ce phénomène de la retraite des eaux continue encore aujourd'hui. » Le golfe de Fréjus avait autrefois une étendue très considéra- ble , la mer venait baigner le pied des montagnes qui s’étendent au-delà deFayence ; des traces du séjour de la mer existent dans les roches calcaires qui forment, le contour de l’ancien golfe , au fond duquel on trouve un terrain houiller qui contient les débris d’une forêt de bambous tous inclinés dans la même direction ; une éruption volcanique lança plus tard une coulée de laves qui cou- vrit une partie de ce terrain, et fut jusqu’à la mer, où son extré- mité forma un promontoire. » Enfin les débris des montagnes de Fréjus roulés par les eaux jusqu’à la mer, formèrent des attérissemens qui consolidèrent le terrain et le rendirent habitable; ces attérissemens continuent depuis ; il viendra un temps où le golfe de Fréjus sera entièrement comblé. Depuis les Romains jusqu’à nos jours, le retrait de la mer a été de io5o mètres, ou 2 pieds par année. Les montagnes de l’Esterelle sont de porphyre rouge. Entre la base de ces montagnes et la mer on remarque un gisement de SÉANCE DU l8 JUIN l852. [{lly porphyre gris-bleu ,, contenant des cristaux de feldspath blanc. Ce porphyre a été remarqué par les Romains , qui l’ont exploité pour en décorer le port de Fréjus, et qui en ont porté jusqu’à Rome , où on le regarde généralement comme provenant d'E- gypte. Les carrières antiques existent encore dans ces montagnes; elles sont situées à 1070 mètres du rivage de la mer, ce qui faciliterait beaucoup l’exploitation de ces roches , si l’on trouvait l’occasion de les employer de nouveau. » Séance du 18 juin 1832. Présidence de M. Brongniart. Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la der- nière séance , M. le président proclame membre de la So- ciété : M. Charles Texier , architecte à Paris , et membre de plu- sieurs sociétés savantes, présenté par MM. de Bonnard et Michelin. La Société reçoit les ouvrages suivans : i° De la part de M. Constant Prévost, ses Observations sur les grès coquillievs de Beauchamps. In-4° de 18 pages. (Extrait du Journal de physique, février 1822). 2° Le premier rapport de l’association britannique pour l’avancement de la science ( First report of thc britisli association for thc advanccment of science (York , i832 , in-8* de 112 pages.) Cette première assemblée annuelle des naturalistes et des physiciens de la Grande-Bretagne, à l’imitation des grands congrès scientifiques de l’Allemagne et de la Suisse , s’est réunie, en septembre i83i, h York. Cette année, le lieu choisi est Oxford. M. Buckland doit la présider. (Voir séance du 2 avril, Bull., t. II , pag. 371.) 3° Le N° 18 du deuxième volume du Journal des travaux de C Académie de /’ industrie. 4° Le N° 28 de Y Européen. 5° Le N° 109 (mai i852) du Bulletin de la société de géo- graphie de Paris. 4 24 SÉANCE DU l8 JUIN l 83i?. M. Desnoyers offre également à la Société des échantih Ions de silice pure kydrophanique . « Cette substance provient d’une argile verdâtre remplissant des fissures verticales de la craie marneuse inférieure, dans des carriè- res de la Mariette , commune de Courthioust, aune lieue et demie nord-est de Bellesme ( Orne), sur le bord de la grande route de Paris à Alençon. Elle s’y trouve disséminée en petits nodules d’un pouce au plus de diamètre , ou en plaquettes de quelques lignes d’épaisseur, présentant, comme les agathes , des zones dont la nuanee varie d’un blanc de neige au brun café au lait , opaque, avec l’apparence de gouttes de cire. Elle est légère et poreuse comme le silex nectique et le cacholong. La plus faible pression le réduit en une poussière très fine et d’une grande blancheur telle qu’on en voit dans l’intérieur de certains silex delà craie, ou des meulières ; elle happe fortement à la langue ; plongée dans l’eau , elle l’absorbe avec la plus grande avidité , remplace l’air qui s’en dégage rapidement avec un sifflement semblable à celui du contact de l’acide nitrique sur du calcaire. Cette absorption est si rapide , que souvent le morceau imbibé s’éparpille en éclats. » Elle prend alors dans l’eau, en moins d’une minute, la trans- parence du cristal de roche ; elle absorbe aussi des liquides diver- sement colorés qui laissent leur teinte à la pierre après l’évapo- ration ; plongée dans la cire fondue , elle y devient de même vitreuse et transparente. Par le refroidissement , elle redevient laiteuse; chauffée de nouveau , elle reprend sa transparence. » M. Berthier a bien voulu , dès il y a plusieurs années , analy- ser cette substance , voici le résultat de son examen : » Elle est composée de silice 95 eau hygrométrique. . . 5 Ses molécules sont à l’état élémentaire ; elle est dissoîuble dans la potasse caustique, à la température de l’ébullition de l’eau. La silice ne se présente avec de tels caractères que dans les eaux du Mont d’Or , dans la magnésite du Piémont et dans la chaux hy- draulique de Senonches. On pourrait nommer cette variété de si- lex , silex dialy tique ( dialutos , dissoluble ). »L’ Hydrophanéite se manifeste dans plusieurs substances miné- rales, mais particulièrement dans différentes variétés desilex(résini- te, opalin, agathe, calcédoine , etc.) auxquelles on attachait autre- fois une grande valeur; on la remarque aussi habituellement dans des silicates d’alumine distingués sous le nom d’haîloïsite^ liévrite, SEANCE DU l8 JUIN l852. 4^5 walierite, collyrite , lenzinite; mais aucune ne paraît assez po- reuse pour que cette propriété se manifeste à un si haut degré (i). « Les gisemens les plus célèbres de silex hydrophane sont ceux des serpentines ( Musinet près de Turin, et plusieurs autres loca- lités du Piémont). » Ceux des trachytes et autres roches volcaniques décomposées ( Schemnitz en Hongrie, îles Féroé ). » Ceux des filons métallifères ( île d’Elbe , Liège, Châtelau- dren , Pyrénées ). » Ceux des dépôts tertiaires calcaréo-siliceux ( Champigny , etc.), des dépôts argileux du Mans , de Saint- Sever, etc. » C’est à cette dernière sorte de gisement que se rapporte la nouvelle substance de Bellesme; elle paraît avoir été déposée par une des nombreuses sources silicifères du grand plateau tertiaire du nord-ouest de la France, précédemment décrit par M. Des- noyers. » M. Boubée présente des considérations sur le parallélisme des terrains de transition , dans lesquels il comprend les groupes schisteux, quarzeux , fragmentaire, calcareux} houiller , rudimentaire , et pénéen} du tableau des terrains de M. Brongniart. Il met sous les yeux de la Société une esquisse d’un tableau mnémonique qu’il a dressé de tous ces terrains considérés comme à peu près parallèles , et ne constituant qu’une grande formation. « Les géologues admettent généralement un grand nombre de formations ou terrains en série représentant autant d’époques successives de ia vie du globe. On les désigne le plus souvent par le nom de la roche qui domine au milieu de celles que l’on nomme subordonnées. C’est ainsi qu’à partir des terrains de trans- ition l’on a le terrain ou l’époque des grauwaekes , le terrain de schiste argileux, le terrain de calcaire de montagne, le terrain de grès rouge, le terrain houiller, l’époque des schistes cuivreux, l’époque du zechstcin, celle des arkoses , celle du grès bigarré, celle du Muschclkalk, celle des marnes irisées et autant d’autres époques encore qu’il y a de terrains , ou que l’on a formé de groupes de terrains au-dessus de ceux-là. (i) Il existe plusieurs dissertations sur l’hydrophanéite par Berg- man , Klaproth , Bossi , do Bournon , Bonvoisin , Théodore de Saussure , et Patrin. ^2$ SÉANCE DU l8 JUIN 1 85 ‘2. » Si chacun d’eux représente une partie de la vie du globe , il devrait représenter l’ensemble des phénomènes qui se sont passés sur le globe pendant cette portion de sa longue vie , et l’on devrait y trouver les traces de tous ceux qui sont susceptibles de se con- server par quelque moyen dans les archives naturelles des for- mations. En d’autres termes , une formation qui représente une portion de la vie du globe doit renfermer dans ses registres stra- tifiés l’indication des animaux vertébrés et invertébrés qui vi- vaient pendant cette époque , soit dans la mer , soit sur le sol, soit dans les eaux douces ; l’indication des plantes marines, fluviatiles et terrestres qui végétaient alors , l’ensemble des débris fragmen- taires roulés et non roulés que les eaux arrachaient aux terrains existans , les sables qu’elles charriaient , les limons argileux quelles déposaient au loin et les matières dissoutes qu’elles lais- saient cristalliser de toute parta la surface du sol , et par infiltra- tion dans l’intérieur des terrains a la manière des eaux arté- siennes. » Après quelques détails sur le parallélisme des divers produits géologiques à toutes les époques , rendu sensible par l’examen des phénomènes actuels , M. Boubée conclut que les caractères géo- gnosticjiies des formations peuvent entraîner à de grandes erreurs de détermination , que les caractères paléontologiques , encore moins certains , sont insuffisans dans le plus grand nombre de cas, et que les caractères minéralogiques bien entendus devront être les moins trompeurs , puisqu’ils résultent le plus immédiate- ment de l’état physique du globe qui a dû être nécessairement uniforme sur toute sa surface , à toutes les époques. » M. Boubée cherche à prouver qu’aucunes des formations de transition , figurées d’ordinaire comme autant de terrains en série, ne sauraient représenter isolément uue époque quelcon- que de la vie du globe* qu’aucune d’elles ne peut donc être con- sidérée comme un terrain dans le sens propre de ce mot , et qu’il faut , par conséquent , chercher dans plusieurs groupes voisins \es complémens réciproques les uns des autres. Ce n’est que dans „a réunion des sept formations énoncées qu’il croit pouvoir trouver la réunion des produits contemporains de l’époque qui suivit la formation des terrains primordiaux. » En résumé , dit l’auteur , toute véritable formation , toute représentation d’un laps de temps de la vie du giobe, devra pré- senter dans l’ensemble des groupes sédimenteux ou plutoniens qui devront y être rapportés parallèlement , des arkoses , des brèches, des pouddingues, des grès, des argiles , des marnes ? des SÉANCE DU l8 JUIN l832. 42 7 calcaires , des matières minérales et salines de différentes sortes , en couches , en amas, en rognons , produites par dissolution ou par infiltration des minéraux disséminés , des produits plutoni- ques , des produits épigéniques , des débris d’animaux vertébrés , d’animaux invertébrés et de végétaux marins , fluviatiles et ter- restres, disséminés ou amoncelés et diversement altérés ; enfin, toute véritable formation devra se retrouver distribuée sur le monde entier partout où les formations plus modernes , ou bien les formations d’épanchemerit ne couvrent pas la surface du sol (i). » Plusieurs membres rappellent que beaucoup de géologues s’accordent à reconnaître la convenance de distinguer à cha- que période géologique des dépôts de nature et d’origine différentes. L’auteur de l’article Terrains du Dict. class. (Thist. nat., a particulièrement insisté sur ces idées. Le Mé- moire sur les terrains tertiaires récens en présente une autre application aux terrains de cet âge, parmi lesquels sont rapprochés, comme contemporains, des dépôts sous-marins et des dépôts continentaux lacustres et fluviatiles de com- position très différente. M. Dufresnoy lit une note sur les calcaires amygdalins. « Ces calcaires , dont le type principal est le marbre campan , présentent un mélange intime de calcaire et de schiste argileux. La chaux carbonatée forme en général des nodules plus ou moins enveloppés de schiste, structure qui rappelle la disposition des amygdaloïdes , et les a fait comparer à ces roches porpliy- riques. » Un examen attentif de ces noyaux calcaires a démontré à Fauteur de cette notice, que dans la plupart des cas et peut-être même dans tous, ces amandes calcaires ne sont autre chose que des moules de nautiles qui ont servi de centre de cristallisation à la chaux carbonatée , et l’ont fait concentrer dans les parties de la roche de la même manière que les alcyons ont déterminé la forma- tion de la plupart des silex de la craie. Dans quelques échantillons rares on voit assez distinctement la forme spirée des nautiles et même les cloisons qui leur sont particulières j dans un grand ^2$ SÉANCE DTJ l8 JUIN l852. nombre la forme est indiquée par des surfaces courbes qui pré- sentent la cassure, ou par des taches arrondies dans lesquelles on observe des couches concentriques de nuances différentes ; mais ordinairement on n’observe plus aucune trace de fossiles , et rien ne rappellerait leur existence , si on ne suivait pas par des gradations insensibles le passage des nodules présentant des formes positives d’êtres organisés à des taches alongées et infor- mes ; ces calcaires amygdalins que l’on a associés pendant long- temps aux terrains anciens , sont donc aussi riches en fossiles que les calcaires secondaires; ils doivent leur forme particulière à l’a- bondance des nautiles : seulement il paraît qu’une cause que l’on ne peut indiqüer exactement a rendu le calcaire très cristallin , et a par suite détruit en grande partie les traces de ces fossiles qui souvent ne sont plus représentés que par des taches. » M. Régley annonce avoir recueilli avec M. Cordier, dans ce même marbre de Gampan , des échantillons d’une grande espèce de nautile. M. C. Prévost développe quelques considérations tem dantes à appuyer l’opinion qu’il a plusieurs fois énoncée avec M. Desnoyers, que les lignites du nord du bassin parisien sont postérieurs à Y argile plastique. Il rappelle la coupe des terrains tertiaires d’Alum-Bay , d’Headen-Hill, dans l’île de Wight, localité dans laquelle on voit au-dessus de la craie, 1® l’argile plastique; 2° l’argile de Londres (correspondant au calcaire grossier), toutes deux en couches verticales ; et 5*un système de couches horizontales composé de deux formations d’eau douce avec lignites sé- parées par un dépôt marin, que l’on a désigné sous le nom de terrain marin supérieur. Comparant les fossiles et les caractères minéralogiques de ce dernier terrain , dont la po- sition est parfaitement fixée , il fait observer qu’ils ont beau- coup de rapports avec ceux des lignites du Soissonnais et de la Champagne ; et , à l’appui de ce rapprochement , il présente une liste dressée par M. Deshayes des coquilles fluviatiles d’Headen -Hill et d’Épernay. Il en résulte que plus des trois quarts des fossiles comparés ont été trouvés ana- logues. Sur les fossiles d’Headen-Hill : Deux espèces ne se trouvent pas dans le bassin de Paris : Cyrena obovata, Planorbis evompkaloides . SÉANCE 1)U l8 JUIN 1 832. 429 Les espèces suivantes se trouvent dans le Soissonnais et les environs d’Epernay : Melania inquinata , Melanopsis buccinoides , Paludina tenta , Neritina pisiformîs , Ceri- thium fasciculatum , Cyrena gravesii , Ostrca sparna- censis. On trouve les espèces qui suivent à la partie supérieure du calcaire grossier : Natica mutabilis , Cerithium conca- vum , Cerithium duplex , Potamides ventricosus , Murex plicatilis . Dans tout le calcaire grossier, le Fusus excisus . L’objet de la communication de M. C. Prévost étant de montrer à la Société l’un des points sur lesquels reposent ses doutes à l’égard des lignites soissonnais, ce géologue engage M. de Beaumont à exposer les motifs de l’opinion contraire qu’il a énoncée dans l’avant-dernière séance. M. de Beaumont demande à remettre à la prochaine séance le développement de son opinion. On lit un Mémoire de M. Bertrand Geslin sur le terrain de transport du val d’Arno supérieur, « L’auteur décrit successivement la disposition de ces terrains si riches en ossemens d’éléplians, de rhinocéros, d’hippopotames, de bœufs, et d’autres grands mammifères, dans les trois bassins étagés d’Arezzo, de Figline, de l’incisa, qui constituent le Val-d’Àrno supérieur. Dans le premier , le terrain de transport consiste sur- tout en amas puissans de cailloux roulés , déposés sans ordre , avec ossemens à leur partie inférieure, et recouvrant une argile bleue micacée, puissante, contenant aussi des ossemens et un banc de lignite tourbeux. Dans le deuxième, sur la même argile bleue, reposent des cailloux roulés , des sables fins , des sables jau- nes grossiers et quartzeux , avec oSscmens dans toutes les couches. Le troisième présente les mêmes dépôts, mais sans galets; ceux-ci sont d’autant plus abondans et plus gros qu’ils sont plus voisins de la chaîne secondaire de Yallombrosa ; les sables grossiers occu- pent la partie centrale de la vallée, et les plus fins bordent le pied de la chaîne des Montegrossi. L’argile bleue micacée forme con- stamment la' base du dépôt. » Mais ce dépôt d’argiles et de sables , quoique dans un ordre de superposition analogue à celui des collines marines subapenni- ncs , est bien plus réceut , appartient à la série des terrains d'at. Soc. géol. Tome II. a 8 450 SÉANCE DU l8 JUIN l8o2. ténssemcnt , et ne contient que des coquilles d’eau douce mêlées aux ossemens. Il remplit tout le fond de la vallée , la marne s’éle- vant de quelques toises, et les graviers de 200 pieds au plus au-des* susdu cours de l’Arno actuel. Il est stratifié horizontalement, et ne se relève point sur les bords du bassin. Les ossemens placés à la partie moyenne et inférieure dessables jaunes et à la partie supé- rieure des argiles bleues sont très abondans vers la partie centrale du val, sur la rive droite de l’Arno, et rares sur la gauche de ce fleuve. Ils sont déposés plus ou moins régulièrement sur plusieurs plans , suivant le plus ou moins d’ordre des galets et des sables. Neuf coupes très soigneusement figurées présentent les détails de ces superpositions. » Le mémoire se termine par des considérations théoriques sur le mode de formation de ce terrain de transport. La présence des ossemens intacts parmi les cailloux roulés porte l’auteur à penser que l'enfouissement des os est postérieur à la trituration des ga- lets, et que ceux-ci ont été ainsi arrondis sur des bords plus éle- vés, au pied des chaînes de Casentino et de Valîombrosc. Il fau- drait donc reconnaître deux périodes ; l’une pendant laquelle les matériaux (calcaires et macigno) extraits des chaînes secondaires auraient été convertis en cailloux roulés et en sables ; l’autre posté- rieure, durant laquelle les argiles bleues , les galets, les sables jaunes et les ossemens abandonnés sur les flancs des chaînes au- raient été à plusieurs reprises charriés dans le bassin lacustre du Yal-d’Arno supérieur. » On lit un Mémoire de M. Marcel de Serres sur les ani- maux découverts dans les diverses couches des dépôts qua- ternaires. « L’auteur définit d’abord le sens qu’il attache au mot quater- naire, le restreignant beaucoup plus que ne l’avait fait M. Des- noyers en le proposant. Pour M. Marcel de Serres , ce sont les dépôts formés depuis la retraite des mers, hors de leur influence, postérieurement à l’existence de l’homme , et ne différant pas des dépôts actuels, quoique renfermant des espèces détruites. » Se fondant sur ce fait, que depuis les temps historiques plu- sieurs espèces d’animaux ont été expulsées de leurs stations pri- mitives, ou même totalement anéanties, sans l’action de catastro- phes violentes, et, d’un autre côté, considérant comme non sujet à objections, comme susceptible d’être généralisé, Je fait du mélange SÉANCE DU ï8 JUIN 1 832 . 4^1 accidentel d’os humains ou d’ohjets d’industrie humaine dé- couverts dans deux ou trois cavernes du midi de la France, M. Marcel de Serres en conclut que tous les débris d’animaux enfouis dans des gisemens analogues (brèches osseuses , cavernes , alluvions , marnes dJeau douce) postérieurs aux derniers terrains tertiaires d’origine marine , sont contemporains de l’homme et non point antédiluviens. Il nomme ces innombrables débris hu- matiles {humains, enfoui), voulant ainsi les distinguer des fossiles qui n’appartiennent , dit-il , qu’aux temps géologiques , ou anté- rieurs à la retraite des mers. » Les causes lentes , naturelles , qui ont pu et peuvent encore expulser ou même anéantir certaines espèces, sont surtout l’in- fluence de l’homme et les inondations. La diminution de la tem- pérature semble encore à l’auteur avoir dû contribuer à restrein- dre les limites d’habitation, et dans l’état actuel la plupart des espèces tendraient plutôt à se concentrer qu’à s’étendre. L’auteur distingue ainsi qu’il suit ces espèces détruites ou qui ont changé de station , postérieurement à l’existence de l’homme : i° Celles qui, ayant encore leurs analogues, ont disparu des lieux qu’elles habitaient primitivement j telles que l’ours, le chackal, le lion, la panthère , le castor, le sanglier, plusieurs cerfs , l’élan , le renne, le moufflon , l’aurohcs, et parmi les êtres marins, la baleine. D’autres espèces ont été modifiées par leur changement d’habitation, et ont également fait varier les espèces dont elles ont partagé la patrie. 2° Celles qui paraissent n’avoir plus de représentant sur la terre et qui se sont éteintes à des époques connues des temps historiques, telles que le cerf à bois gigantesque, décrit en i55o, comme exis- tant encore alors dans la Prusse, le dronte ou Dodo , qui, depuis le commencement du dix-septième siècle, a disparu des îles de France et de Bourbon ; deux espèces de crocodiles des catacombes d’Egypte dont M. Geoffroy pense qu’il n’existe plus d’analogues. 3° Enfin, les espèces qui auraient également disparu depuis l’existence de l’homme, mais sans qu’on puisse fixer l’époque de leur destruction , c’est-à-dire, toutes celles des cavernes, des brè- ches, des alluvions et des terrains d’eau douce récens. L’auteur en présente l’énumération , ou renvoie à des listes déjà publiées • leur nombre est fort considérable : pour les cavernes seulement , il cite vingt-un carnassiers , six rongeurs , sept pachydermes , douze ruminans , huit oiseaux, douze coquilles terrestres et même dix coquilles marines. On y voit figurer toutes les espèces d’ours ctd’hyèncs fossiles, l'éléphant primigénius , le grand hyp- 45a SÉANCE DU 2 JUILLET l85s. popotame , les deux grandes espèces de rhinocéros , de nombreux cerfs, etc. Il en est de même des espèces des brèches osseuses, parmi lesquelles on distingue un palœothcrium (p. medium ?) et un cheropotarne. Dans les terrains d’eau douce supérieurs sont in- scrits : une nouvelle espèce d’ours , un rongeur analogue au castor, Yelephas meridionalis , Yhippopotamus major , un che'~ ' ropotame , neuf cerfs , un grand nombre de coquilles et de végé- taux terrestres. A l’appui de ce groupement nouveau de tant d’espèces perdues et de la plupart des mammifères fossiles, au mi- lieu des temps historiques, M. Marcel de Serres rappelle surtout les fragmens de poteries et autres objets d’une grossière industrie trouvés dans quelques cavernes du Midi , et il fait connaître le fait nouveau de fragmens de verres émaillés différens de tout ce qui se fabrique dans le pays , qui lui ont été remis comme prove- nant de l’intérieur d’un crâne de Yursus Pitorii , de la caverne deFausan, (Hérault) (1). Séance supplémentaire du 2 juillet 1832. Présidence de M. Brongniart. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le président proclame membres de la Société : M. Ange Sismonda, professeur de minéralogie à Turin, présenté par MM. Boué et Michelin. M. Keilhàu , professeur de minéralogie à l'université de Christiania, présenté par MM. Boué et de Roissy. M. Guillemot , ingénieur des mines à rétablissement de Decazeville (Aveyron), présenté par MM. Yirlet et Du- M. le président annonce que le conseil vient de compléter le choix des Mémoires qui doivent composer le premier demi-volume que va publier la Société , et quainsi on pourra le livrer de suite à l’impression. Le conseil a décidé dans la même séance que le rendez- (î) Cette question a été envisagée sous un point de vue différent par d’autres géologues. (Voir le Rapport sur les travaux de la Société pendant Vannée i83i , § 1 1 à i4-) SÉANCE DU a JUILLET l83ï. 1$ 5 vous à Caen, pour la réunion d’automne , est fixé au 4 sep- tembre au soir. Les membres de la Société en seront préve- nus par des circulaires. M. Michelin annonce la perte douloureuse que la Société vient de faire de l’un de ses membres par le décès de M. Mey- ranx,, professeur d’histoire naturelle au collège Charlemagne, à Paris. La Société reçoit les ouvrages suivans : i° Le N° 4i (premier trimestre de i852) d es Mémoires de la société d'agriculture , sciences , arts et belles-lettres , du département de l’Aube. a° Les N°* 29 et 5o de 1* Européen , journal des sciences morales et economiques. M. Boubée communique les observations qu’il a faites avec MM. j Domnando, Hallowell , Beltrami , Rigault et Chais , dans une course aux environs de Lyon , sur le terrain dilu- vien à blocs erratiques , et sur le creusement de la vallée du Rhône. « Cette vallée lui paraît formée par érosion de la part des eaux, » et nullement par dislocation plutonique. 11 décrit le terrain di- » luvien du plateau de Saint -Laurent; il signale des caractères » nouveaux pour distinguer les terrains diluviens des terrains « alluviens . Les premiers , dit-il , sont infertiles et privés de ruis- » seaux , ou s’il y en a, ils sont profondément encaissés. Les ter- » rains diluviens et postdiluviens , au contraire, sont généralement » très fertiles, et présentent beaucoup de ruisseaux très peu ou » point encaissés. » L’auteur décrit les blocs erratiques ; il fait remarquer que ces blocs sont formés des mêmes roches primordiales que les ga- lets qui les accompagnent , qu’il y a un passage insensible, sous le rapport du volume , entre les blocs les plus gros et les petits cailloux du terrain diluvien au milieu desquels on les trouve confondus et comme ensevelis. » De ces observations , M. Boubée conclut que ces blocs et le terrain diluvien datent de la même époque ; qii ils appartiennent au meme phénomène , et qu’il 11e saurait admettre que les blocs proviennent d’un transport postérieur à celui des cailloux roulés. y> De plusieurs autres faits, l’auteur conclut encore qu’une par» 454 SÉANCE DU 2 JUILLET l83*. tie des terrains de molasse, et notamment divers dépôts de nagel- flue, sont de l’époque diluvienne, et non de celle des terrains ter- tiaires; que leur agglutination en grès et en poudingue est entière- ment due à des infiltrations post-diluviennes qui se continuent de nos jours. M. Boubée rattache à sa théorie des infiltrations un grand nombre d’autres faits géologiques dont il annonce devoir bientôt présenter le cadre à la société. » M. Élie de Beaumont lit des observations sur l’étendue du terrain tertiaire inférieur dans le nord de la France et sur les dépôts de lignite qui s’y trouvent. Le but de ce travail est de montrer que les lignites du Soissonnais et des contrées adjacentes doivent continuer à être considérés comme subordonnés à la partie inférieure du système du calcaire grossier. Indépendamment des rappro- chemens qui lui paraissent indiquer cette conclusion , Fau- teur décrit une coupe du plateau des bois de Yermand, entre Saint-Quentin et Pérenne , dans laquelle on voit un gîte de lignites recouvert par un dépôt de sable jaune qui contient des rognons calcaires pétris de nummulites , de polypiers et d’autres fossiles. M. Élie de Beaumont annonce ensuite que, dans le calcaire grossier des environs de Sartevil et de Vigny (Seine-et-Oise), il a observé avec M. Dufrénoy des couches composées en partie de grains oolithiques. 11 y a aussi dans les mêînes couches des milliolites ; mais l’existence des grains oolithi- ques est mise hors de doute par leur passage graduel à de petites masses calcaires à surface irrégulière et arrondie sur tous les angles. Le même géologue annonce que , dans une course qu’il a faite l’année dernière dans la vallée de Montmorency, avec M. Dufrénoy et plusieurs autres personnes , il a observé dans la partie supérieure des sables coquilliers verdâtres de l’une des carrières de Beauchamp , une couche d’environ deux décimètres de puissance, d’un calcaire grisâtre, zoné, dont l’aspect indiquait d’une manière difficile à méconnaître une origine d’eau douce. La carrière était ouverte au milieu de ces amas de calcaire lacustre, en apparence hors de place, dont M, Constant Prêyost s’est occupé en les désignant quel- SÉANCE DU 2 JUILLET l832. 4^5 quefois sous le nom de magma, et dont M. le vicomte Hé- ricart-Ferrand a récemment entretenu la Société. La couche de calcaire d’eau douce observée par M. Élie de Beaumont dans le sable coquillier connu pour contenir un mélange de coquilles marines et fluviatiles lui paraît une preuve que les fragmens de calcaire d’eau douce qui forment la surface du sol, quoique évidemment dérangés de leur position natu* relie, ne sont pas éloignés du lieu de leur origine. Après la lecture du Pvlémoire de M. Elie de Beaumont, sur la position géologique des argiles à lignites du Soissonnais , M. Desha jes demande à l’auteur si , dans les lo- calités où il a vu ces argiles sous les calcaires grossiers, il y a trouvé les coquilles fossiles, d’eau douce et marines, qui ca- ractérisent essentiellement ces terrains. Sur la réponse néga- tive, M. Deshayes émet , avec toute la circonspection néces- saire, l’opinion que les argiles observées sous les calcaires grossiers par M. Elie de Beaumont pourraient bien ne pas être les véritables argiles du Soissonnais. M. Deshayes appuie son opinion sur ce fait zoologique que , parmi le petit nom- bre d’espèces propres à ces terrains, il y en a quatre encore vivantes aujourd’hui dans le midi de l’Europe et de l’Asie, ce sont : les Melanopsis costata et buccinoïdea , la Melania inquinata et la Paludina subcarinata . Si l’on se rappelle que dans le calcaire grossier il y a à peine trois pour cent d’analogues vivans, on pourra supposer que les terrains dans lesquels cette proportion est de 4 sur i5 doivent être plus nouveaux , s’il est vrai , comme cela semble incontestable, qu’un terrain est préjugé d’autant plus nouveau qu’il contient en plus grand nombre des espèces encore vivantes. M. deLehmann lit une lettre de M. Fénéon, professeur de géologie à l’École des mineurs de Saint-Etienne, dans la- quelle ce dernier développe ses idées sur la formation des gypses tertiaires , et notamment sur ceux des environs de Paris : Ayant appris la découverte, par M. de Beaumont , d’une dolo- mie bien caractérisée , près de Beiue , où elle se trouve dans un 456 SEANCE DU 16 JUILLET l83s. monticule que l’on pourrait prendre pour un cratère de soulève- ment, M. Fénéon trouve la preuve la plus concluante des phéno- mènes volcaniques éprouvés par le sol tertiaire des environs de Paris, dans la structure et la position des masses de gypse si sin- gulièrement intercalées au milieu du système calcaire. Depuis que l’on a constaté que le calcaire grossier contient les mêmes restes organiques que les gypses, M. Fénéon ne considère les plâ- trières que comme des produits de solfatares anciennes qui ont agi postérieurement sur quelques points des bassins tertiaires , et ont converti en sulfate les bancs de carbonate de chaux. En développant ces conjectures , il les appuie : i° Sur la configuration extérieure des gypses tertiaires, qui, identiques sous ce rapport à ceux du lias des Alpes et des autres terrains secondaires , forment , au lieu de couches , de gros amas irréguliers , fait général et demeuré presque sans explication sa- tisfaisante, soit qu’on compare cette substance aux dépôts méca- niques des argiles et des grès à grains fins , soit qu’on la compare aux sels très solubles , aux carbonates de soude de l’Amérique et de l’Afrique et au nitrate de soude du Pérou. 2° Sur leur disposition en monticules dominant le sol environ- nant , à la manière des cônes volcaniques , comme si , dans la pointe qu’ils occupent , il y avait eu soulèvement partiel et gon- flement de couches en même temps que changement de nature. 3° Enfin , sur les accidens de coloration en vert , en rouge , en violet, que les marnes des gypses tertiaires présentent au même degré que les schistes associés aux gypses des Pyrénées' et des Alpes. Séance du 16 juillet 1832. Présidence de M. de Bonnard. Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la der- nière séance, le président proclame membres de la société: M. J.-G. Beltràmï, membre de plusieurs sociétés savantes, présenté par MM. Brongniart et Delafosse. Fausto de Elhuyar, directeur des mines d’Espagne, pré- senté par MM. de Beaumont et Dufrénoy. M.Verina, inspecteur des mines d’Espagne, présenté par MM. Dufrénoy et de Beaumont. SÉANCE DU l6 JUILLET 1 852. 457 La société reçoit les ouvrages suivans : i° Revue encyclopédique , publiée par M. Carnot. Mai et juin i832. In-8° de 547 Pages* Paris. 2° Mémoires pour servir aux éloges biographiques des sa - vans de la Belgique, par M. Charles Morren. In-4° de 19 p., avec deux portraits , dont l’un détaché pour la collection de la société. Gand, i832. 5° Le N° de septembre 1 83 1 du Bulletin des sciences naturelles . 4° Le N° 19 (juillet i832) du Mémorial encyclopédique et progressif des connaissances humaines sous la direction de M. Bailly de Merlieux. 5° Le N° 110 (juin i832) du Bulletin de la société de géographie de Paris. 6° Les N0* 5i et 3a de X Européen. 70 La 2 3e livraison des coquilles fossiles des environs de Paris , par M. Deshayes. 8° De la part de M. Buckland, on the Vilality ofthe Toads cnclosed in slone and wood. In-8°. 90 De la part de M. Michelin , le portrait gravé de M. B.-G. Sage, né à Paris le 7 mai 1 740. De la part de M. Constant Prévost : Observations sur Stonesfîeld . Paris, 1825, in-8°. Note sur un nouvel exemple de la réunion de coquilles marines et de coquilles fluviatiles fossiles dans les mêmes couches. Paris, 1821, m-40, 12 pages (6 exemplaires). Essai sur la constitution physique et géognoslique du bas- sin à l'ouverture duquel est située la ville de Vienne en Au- triche. Extr. du Journ. de phys.,nov., 1 820, in-4°,55 p. 1 pi. Rapport fait à l’ Académie royale des sciences sur le voyage à l’îleJulia en i83i et 1802, par M. C. Prévost. Mémoires pour servir à l’histoire naturelle , et principa- lement à l’ory cto graphie de C Italie et des pays adjacens , par M. Albert Fortis. Paris, 1802 , 2 vol. in-8° de 5oo à 4oo pages, avec pl. Rapport fait à C Académie royale des sciences , par M. Brongniart (décembre 1810) sur le Mémoire précédent. In-4°, 7 pages (6 exemplaires). 458 SÉANCE DU l6 JUILLET l852. Atias géologique de Smith . Contenant 4 grandes cartes géologiques de Norfolk, Kent , Wiltshire et Sussex . Lon- dres, 1819 a 1 8a 1 . M. Michelin remet aussi à la Société , au nom de M. A. Passy, préfet du département de l’Eure \ l’annuaire de ce département pour 1882. Ce volume contient, entre autres choses, une notice ar- chéologique et historique par M. Aug, Le Prévost, membre de la Société de géologie , et une notice géologique sur le même département, par M. Passy, aussimembre de la Société. Le secrétaire donne ensuite lecture de la correspondance* M. de Montlosier adresse une lettre à la Société, dans laquelle, après avoir exprimé l’opinion que la Société géologique doit s’oc- cuper principalement des hautes questions de la science , il dit : <1 II faut prendre garde, dans ce recueil important, d’enregistrer des inutilités , il faut prendre garde aussi de donner trop d’at- tention à des travaux tenant à des goûts particuliers. Ce ne sont pas là des jalons pour la route que nous avons à suivre; je suis charmé de savoir l’identité du pyroxène et de l’amphibole, je l’ai toujours soupçonnée. Pourtant, en point de géologie , je dé- clare que ce fait ne me présente aucune importance. Faisons- y attention ; nous voulons aller à la science , de quelle manière certains détails nous y conduiront-ils? Vous voulez encourager, prenez garde de détourner. » Il n’en est pas de même d’un fait aussi important que celui de la formation de grands lacs, par des apports de matières d’alluvion ; ces convois énormes, comment se sont-ils produits? d’où est venu le volume de fluide qui les a produits? à quelle époque de la vie du globe appartiennent ces évènemens ? Je sais, moi , que ce volume de fluide est un précipité qui , des sommités de l’atmosphère , est tombé verticalement sur la masse solide du globe. Je le sais, parce j’ai suivi des deux côtés des Alpes , du Jura , des Vosges et de9 montagnes d’Auvergne , la traînée de ce précipité , et que je l’ai vu ayant emporté, sur chacun des revers de ces montagnes, les substances diverses spéciales qui leur appartenaient. En possession de ce fait , il ne s’agit pas de l’abandonner; il faut le poursuivre dans toutes ses circonstances. Si nous examinions la profondeur des lacs, celui de Genève est reconnu pour avoir de 8 à 900 pieds; le lac de Constance paraît être beaucoup plus profond ; le lac Ma- SÉANCE DU l6 JUILLET l8^2. 4^9 jeur,le lac Como/sont estimés par les pêcheurs d’une plus grande profondeur encore. Pourtant , si cela est ainsi , il se trouvera que le fond de ces lacs^est de niveau , ou même inférieur, à la surface actuelle de la mer * il s’en suivrait que, depuis l’époque de quatre ou cinq mille ans, à laquelle ces apports appartiennent, la hauteur de la surface de la mer et la masse de ses eaux se sont considéra- blement augmentées. Cependant , est-ce sur ce point seul que ces apports de matières d’alluvion se sont formés? On les trouve par- tout. Elles ont élevé la masse solide du globe comme la masse du fluide. On se donne la peine de suivre des courans de lave depuis leur foyer jusqu’à leur dernier terme, mais je n’ai pas vu qu’au- cun de nos grands géologues ait suivi en détail la distribution diverse de ces apports , dont quelques uns ont cependant com- posé des contrées entières. La Sologne, par exemple, n’est con- struite que de la partie septentrionale de la grande gibbosité de l’Auvergne dans une ligne que peut représenter le cours du Cher ; tout le territoire de Fontainebleau, y compris ses montagnes, est composé d’un grand apport provenant de l’est. » Négliger de tels faits, ou passer légèrement sur leur caractère, est un procédé qui éloigne de la science. Voici ce qui peut en éloigner encore davantage ; c’est l’admission de'faitsqui pré- sentent une grande importance, mais qui, selon moi, ne’ sont pas encore établis. Je mets dans ce nombre ce que j’aperçois dans plusieurs parties de vos Bulletins, relativement à des for- mations de montagnes par souîèvemens ; on ne fait nulle fa- çon de signaler de cette manière le Caucase , les Pyrénées, les Alpes, le Jura, les Vosges. Dans mes nombreux voyages, j’ai eu occasion d’examiner cette supposition ; je ne l’ai pas trouvée fondée, non pas que je regarde comme impossible toute espèce de soulèvement ; il a lieu d’une manière régulière sur les eaux de l’Océan ; il se décèle quelquefois dans ce qu’on appelle tremblement de terre. En tout, je soupçonne que la partie solide du globe n’est qu’une carapace sous laquelle la vie de la terre qui s’y est réfugiée se défend de l’action continue , foudroyante, du soleil. Une formation de montagne par soulèvement ne me paraît donc pas impossible; seulement ce qui est possible ne doit pas être légèrement supposé ; si quelque chose se prêtait à cette idée, ce serait certainement le Mont-d’Or, le Cantal et le Mésiu. »Nulleparton ne pourrait trouver des indices plus remarquables, et pourtant , en recherchant attentivement la pose et les circon- stances de ces montagnes , j’ai dù repousser toute supposition de leur formation par soulèvement ; en général, si on veut y regar- 44 0 SÉANCE DU l6 JUILLET l85î2. der de près ? il semblerait qu’il n’v a pas de montagnes propre- ment dites; ce sont toujours de simples déchiremens qui, pour la hauteur et la coitiposition , se rattachent à un continent élevé qui les précède. D’après l’observation de M. le général Pfiffer, rapportée par M. de Saussure , toutes les montagnes des Alpes , y compris le Jura, représentent, dans leur ensemble, un conti- nent plein à pente douce; on n’a pour cela qu’à combler de gran- des déchirures ou vallées qui les découpent, les Vosges abruptes du côté du Rhin , le Jura abrupte du côté de la vallée de Genève, les montagnes de la Saxe abruptes du côté de l’Elbe , le Rhoen abrupte du côté de Fulde; toutes ces montagnes à pente douce sur leur revers opposé ne m’ont présenté aucune apparence de soulèvement. De l’immense vallée des Pays-Bas, si vous voulez pénétrer en France du côté de Namur et au-dessus , vous trouvez de temps en temps des espèces de promontoires isolés qui sem- blent figurer comme des montagnes. Il en est ainsi de ce qu’on appelle montagnes de Fontainebleau ; en les abordant du côté de Paris , vous pourrez croire que ce sont réellement des montagnes; poursuivez jusqu’à Nemours, vous trouverez la suite de ces mêmes montagnes ; mais cette fois au même niveau que tout le grand continent qui s’étend d’une manière indéfinie jusqu’au- delà de Bois-le-Roi » M. Desnoyers communique à la Société une lettre qu’il a reçue de M. Charles Desmoulins, de Bordeaux, dans laquelle ce géologue lui donne des détails qu’il lui avait demandés au nom de la société, sur les terrains tertiaires de cette partie de la France. Cette lettre, adressée à MM. Desnoyers et Deshayes, peut servir de réponse à la lettre que M. Boué a écrite de Bordeaux le i5 avril, sur le même sujet , et qui est insérée dans le deuxième volume du Bulletin , page 675. Nous en extrayons les passages suivans : « Le mélange des fossiles bordelais et des fossiles parisiens est très évident dans les collections ; mais il est fortement modifié sur le terrain , et c’est là l’important. Il y a des espèces , il est vrai , qu’on retrouve à tous les étages du terrain tertiaire; mais il y a des nuances de composition zoologique tellement tranchées entre ces étages, que , malgré ces traits de ressemblance générale et d’iden- tité fondamentale, on peut et on doit établir des distinctions très nettes entre eux. SÉANCE DU l6 JÜILLET l832. 44* » Le mot mélange , que vous employez dans votre lettre , est précisé et expliqué par M. Deshayes, qui me demande en pro- pres termes s’il y a alternance , intercalation des calcaires de Blaye et de Pauillac avec nos falunières. Non , monsieur, il n’v a rien de semblable, à ma connaissance, et je crois pouvoir assurer qu’on n’en trouvera pas d’exemple. » J’ai bien montré à M. Boué des échantillons de falun légère- ment durci , dont la partie inférieure passe à un véritable calcaire grossier qui ne présente plus que des moules et des empreintes. Je lui ai bien dit que je ne voyais pas de séparation bien tranchée, sous le rapport minéralogique et zoologique , entre nos faluns et le calcaire de Laroque et des collines de la droite de la Ga- ronne , lesquelles sont pour moi le calcaire moellon de M. Marcel de Serres, et pas autre chose qu’un falun plus ou moins modifié, plus ou moins durci ou cristallisé, plus ou moins riche en fossiles. Mais il ne s’agit nullement ici des calcaires de Blaye et de Pauil- lac , qui sont extrêmement différens sous tous les rapports. » Je n’ai point étudié la molasse; M. Jouannet seul a pu le faire. "Voici ce que je trouve, de haut en bas, dans les parties dont j’ai fait , par le moyen des fossiles surtout , une étude approfondie. » i°Nos faluns sablonneux de la gauche de la Garonne passent, dans leur partie inférieure , à l’état de calcaire grossier de mau- vaise qualité. C’est le dépôt le plus récent , et il l’est plus que les faluns bleus et violacés de Dax. » Selon M. Elie de Beaumont, nos faluns se divisent en deux sortes. Les plus communs (Léognan, Saucats , Mérignac , Gradi- gnan) sont pour lui le calcaire moellon. Les plus rares , qui se trouvent à Bordeaux môme (Terrenègre) , sont pour lui du cal- caire grossier parisien , parce qu’il y a de crassatella tumida. Il m’est impossible de voir la chose ainsi. Je vois bien une nuance entre ces deux faluns , mais pas assurément une différence aussi grande. » 2° Le calcaire grossier de baroque et de la rive droite de la Garonne, lequel contient des fossiles de Paris en moindre nombre d’espèces , des fossiles plus nombreux de nos faluns ordinaires , et par-dessus tout des fossiles semblables à ceux des faluns bleus de Dax {Turbo Parkinsoni , Ampullaria maxima , etc.) Pour moi, c’est le calcaire moellon de M. Marcel de Serres, et il se lie à nos faluns ordinaires , auquel il est pourtant constamment inférieur. » Pour M. Elie de Beaumont , c’est encore le calcaire grossier parisien. » 3° Le calcaire de la citadelle de Blaye; c’est le seul poiut où 44$ SÉANCE DU l6 JUILLET l85«. je l’aie trouvé. C’est une pâte de miliolites , mêlées de clypèaster stelliferus deLamarck (galerites stellifera , nob. ined.). » 4° Le calcaire des derrières de Blaye, qui passe sous la Gironde et ressort à Pauillac , Saint-Estèphe , et jusque dans tout le Bas- Médoc. Voilà , comme le dit avec une parfaite raison M. Des- hayes, voilà le vrai calcaire grossier parisien . » Clavagella coronata , Gerithium giganteum , Miliolites cor - anguinum , Vulsella deperdita , Terrebellum convolutum , Car- dita avicularia , Lam., Calyptrœa trochiformis , et ses subdivi- sions , Pileopsis cornucopiæ , Cfypeaster depressiusculus , Des- marest , ined. ( Fibularia depressiuscula , nob. ined.) » Laplupart de ces fossiles y sont par milliards, et nous ne con- naissons rien au-dessousde ce calcaire. À quelques lieues plus bas , en Saintonge, la craie se montre. Il faudrait des développemens dans lesquels je ne puis entrer en ce moment, pour montrer, par le détail des faits et par les listes de fossiles de chaque étage , les rapports et les différences qui existent entre eux ; mais en voilà assez, je pense , pour vous montrer deux étages principaux (moel- lon et parisien) divisés chacun en deux subdivisions, toujours par- faitement distincts entre eux, malgré les espèces communes qu’ils renferment , et ri alternant jamais F un avec Vautre . » En somme, M. Boué n’a pas pu étudier assez long-temps nos terrains et nos collections pour embrasser les détails qui peuvent seuls servir de base à des conclusions générales. » Ces conclusions , M. Deshayés les a atteintes , parfaitement vraies , au moyen de l’étude approfondie d’un des deux élémens de détermination fies fossiles). » Telle est dumoins mon opinion. Au reste, je le répète, toutes ces différences , ces étages , ne sont que de simples nuances , et je crois leurs résultats très variables selon les localités. En somme, il y a une identité fondamentale très évidente dans toute la for- mation zoologique de la période tertiaire. L’étude que j’ai faite des fossiles me donne la conviction , quoi qu’on en puisse dire, qu’il n’existe pas une seule espèce de fossiles qui soit commune au terrain tertiaire et au terrain secondaire, tandis qu’il existe des espèces ( Pectunculus cor et pulvinatus , etc.) qui sont com- munes à tous les étages tertiaires et à l’état vivant. Sur ce point , il ne suffit pas des ressemblances que les géologues trouvent entre certaines espèces secondaires et tertiaires. Les conchyliologistes seuls peuvent prononcer sur une identité d’espèces , et cela en- core avec de nombreux échantillons, des comparaisons attenti- ves, et après une étude consciencieuse, sévère et toute spéciale. » SÉANCE Dü l6 JUILLET J 85a. 44& M. Desnoyers a joint à la lettre de M. Desmoulins la note suivante : ®La lettre de M. Ch. Desmoulins, relative auxdifférens âges de9 calcaires tertiaires de la Gironde, confirme pleinement les dis- tinctions établies par M. Deshayes à l’aide des fossiles , et celles auxquelles j’étais arrivé pour les faluns de la Loire identiques zoologiquement et chronologiquement avec ceux de Bordeaux. » M. Desmoulins distingue dans la Gironde deux étages, princi- paux , moellon et parisien , qui ne se confondent point. Les mêmes rapports existent dans la Loire , où le contact du terrain tertiaire des faluns montre évidemment un gisement transgressif sur le calcaire d’eau douce de la dernière formation parisienne (Sainte-Maure en Touraine , Blois , et plusieurs points de la So- logne). » La même discordance s’observe dans le petit bassin du Coten- tin, où les tufs marins de Carentan et le falun de Rou ville , avec fossiles analogues à ceu$ de la Loire, ne se confondent point avec la grande masse de coquilles analogues à celles du calcaire gros- sier, et contenues soit dans des faluns incohérens, soit dans le cal- caire à miîliolites, d’Orglandes , de Néhou, etc. » Les environs de Rennes nous offrent une discordance ana- logue; le calcaire grossier parisien représenté dans cette loca- lité par le calcaire de Pontpéan , avec orbitolites , miîliolites, et plusieurs espèces toutes parisiennes , présente des alternances de calcaire d’eau douce; tandis que dans le vallon voisin, à un niveau plus bas que la surface des anciens travaux de la mine , les tufs marins, correspondans au calcaire de Douai, sont adossés au terrain tertiaire plus ancien de Pontpéan , sans se confondre avec lui , et ne contiennent plus que les fossiles (coquilles, poly- piers, os de lamantins, etc.) qui se retrouvent si abondamment au nord de Rennes et jusqu’à Dinan , lesquels sont analogues à ceux de Touraine, quoique avec un bien plus petit nombre d’espèces. «Dans la Loire-Inférieure, lebassin des Cléons, et la plupart des dépôts coquilliers à l’est, au nord-est et au sud-est de Nantes, sont la continuation de la formation récente de Touraine et d’Anjou , mais à un niveau bien inférieur; tandis qu’au nord-ouest et au sud-ouest de la ville , vers Pont-Château , les calcaires à chaux de Cambon, de Bcrgon , etc , sont , la plupart, comme ceux de Pontpéan , des couches alternatives de calcaire à miîliolites et de calcaire d’eau douce, semblables aux bancs mélangés de Sergy et de presque toute la partie supérieure du calcaire gros-; 444 SÉAtfCE DU 16 JUILLET 1 85 2 sier des environs de Paris. Ces deux sortes de dépôts de la Loire- Inférieure ne m’ont pas semblé se confondre davantage que ceux de Rennes et du Cotentin : les faluns récens sont presque toujours au pied des calcaires tertiaires plus anciens. Les calcai- res marins de la Loire-Inférieure , et surtout celui de Pontpéan , plus anciens que les faluns , ressemblent beaucoup à celui de Pauillac. » Après la lecture de la lettre de M. Desmoulins , M. Dufré- noy observe que les caractères géologiques ou de superposi- tion confirment la séparation que M. Deshayes a admise dans les terrains tertiaires de Bordeaux d’après l’étude des fos- siles. En effet , la suite de collines qui bordent la rive droite de la Gironde, depuis Marmande jusqu’à Blaye , présente plusieurs coupes dans lesquelles le calcaire parisien est sé- paré des faluns ou molasses coquilliers par une formation très épaisse de calcaire d’eau douce, le même qui recouvre presque tout le département de Lot-et Garonne : depuis long-temps M. Dufrénoy avait reconnu ce fait important qui lève tous les doutes que l’on avait sur les terrains ter- tiaires du Bordelais. Il annonce qu’il a parcouru de nouveau, cette année, cette partie de la France, dans le but de com- pléter les données qu’il avait recueillies plus anciennement , et qu’il se propose de rédiger un travail sur ce sujet. M. Elie de Beaumont annonce qu’il partage l’opinion que M. Dufrénoy vient d’émettre sur le terrain tertiaire des en- virons de Bordeaux ; mais il annonce que c’est à tort que M. Desmoulins le cite dans sa lettre, parce qu’il a puisé ses idées auprès de M. Dufrénoy, avec lequel il a fait un voyage dans le sud de la France en 1801. M. Boubée présente à la Société deux grandes espèces de nummulites qu’il nomme et qu’il caractérise de la manière suivante : « i° Nummulites mille-caput , dont la spire est dichotome et se bifide à plusieurs reprises , de telle sorte que l’on voit dans l’in- térieur de la coquille le nombre des spires augmenter successive- ment jusqu’à neuf ou dix , lesquelles s’enroulent toutes ensemble SÉANCE DU l6 JUILLET i832. 44$ dans le même plan , comme si plusieurs animaux avaient simulta- nément concouru à former la même coquille. » En outre, cette coquille est striée extérieurement ; mais les stries sont parallèles, et ne couvrent dé chaque côté delà coquille que la moitié de sa surface, la moitié striée d’une face correspon- dant à la moitié non striée de l’autre. Cette espèce est la plus grande connue; dans un échantillon déposé au Muséum, son dia- mètre dépasse 5o millimètres ; épaisseur, 5 millimètres. » La nummulite a mille têtes se trouve à Baskérus (Landes) dans un calcaire grossier, avec trois autres nummulites nouvelles que M. Boubée a brièvement décrites dans le Bulletin de nouveaux gisemens de France (ire livr.) , sous les noms de N. lenticularis , N. crassa et N. plano-spira. » 2° Nummulites papyracea. M. Boubée nomme ainsi une espèce qui semble voisine de la précédente ; elle est beaucoup plus mince. Son tissu est si compacte , qu’on n’y distingue aucune trace de tours de spire , ni de cloisons , mais seulement la séparation mé- diane des deux parties. Elle est sensiblement sonore, sans qu’elle soit cependant siliceuse ( diamètre , 4o millimètres ; épaisseur, ‘± millimètres. » Cette espèce se trouve aux environs de Boulogne (Haute-Ga- ronne) , dans un terrain que l’on avait toujours regardé comme tertiaire , mais que M. Boubée annonce être du groupe crétacé. On y trouve avec elle des rétépores 7 des griffées, le pecten quin que-costatus , et une espèce nouvelle, très jolie, que M. Boubée met sous les yeux de la Société , et qui paraît se rapporter au genre sigaret. » M. Elie de Beaumont ajoute quelques nouveaux dévclop- pemens à la note relative aux lignites du nord de la France , qu’il avait lue dans la séance précédente. Afin de faciliter les moyens de comparer les positions des loca- lités qu’il a mentionnées, il a présenté à la Société une esquisse de la forme de la nappe d’eau, sous laquelle se sont déposés les terrains tertiaires inférieurs du INord de la France et de l’Angle- terre, esquisse qu’il avait déjà eu occasion de produire dans le cours de géologie de l’Ecole des Mines, en mars i83i. Cette esquisse a été dessinée d’après l’ensemble des matériaux existans , que Fauteur a complétés et liés entre eux, autant qu’il lui a été possible, d’après scs propres observations et d’après les conjectures qui lui ont paru les plus vraisemblables. Soc. gêol. Tom. II. *9 446 SÉANCE DU l6 JUILLET J 852. Il a adopté pour dresser cette ébauche Re carte marine, d’une partie de l’Europe , la projection s té réograph iq u e sur l’horizon du Mont-Blanc , projection qui lui a paru une des plus propres à mettre en lumière les rapports de formes et de position des dif- férentes masses minérales , dont le sol de l’Europe se compose, et qui possède en même temps des propriétés géométriques , qui pourront être d’un grand secours dans la solution des problèmes relatifs aux directions. Afin de se faciliter les moyens de dresser j des cartes analogues pour toutes les périodes géologiques, M. Elie de Beaumont a fait graver le canevas de la partie centrale de la projection dont il s’agit, sur une échelle qui suppose à la mappe- monde entière un diamètre de 2,546 mètres; les méridiens et les parallèles y sont tracés de degré en degré; les lignes de division des feuilles de la carte de Gassini y sont construites avec soin , et une grande partie des positions géographiques données par la Con- naissance des Temps y sont également marquées** M. Elie de Beaumont a mis ensuite sous les yeux de la Société géologique un nautile trouvé dans les Carrières de calcaire gros- sier, exploité entre Vigny etLonguesse (Seine-et-Oise). Les cloi- sons de ce nautile sont très contournées , caractère qui, d’après M. de Roissy, est propre aux nautiles des terrains récens, et qui rappelle le nautile des environs de Bordeaux et de Dax. La craie vient au jour dans la vallée de V igny , et ce relèvement s’aligne avec ceux de Beaumont-sur-Oise , et de la côte de Marigny près Compiègne , dans une direction à peu près parallèle à la chaîne principale des Alpes , et dont le prolongement va traverser la ré- gion volcanique des bords du Rhin. M. Constant Prévost offre à la Société , pour ses collec- tions, une série de roches et de fossiles des formations à li- gnites du Soissonnais. II rappelle que, dans la séance du 4 juin dernier, il a cru devoir reproduire l’opinion par lui émise depuis long-temps avec M. Desnoyers, que la plupart des dépôts argileux et à lignites exploités pour l’amendement des terres , depuis Epernay jusqu’aux environs de Soissons et de Laon , sous le nom de cendres pyriteuses , ne doivent pas être confondus avec l’argile plastique inférieure au calcaire grossier. A cette occasion, M. Elie de Beaumont, ayant annoncé avoir de fortes raisons pour être d'un avis contraire, et pour continuer àcroire SÉANCE DU l6 JUILLET l8&2. 4 47 que les lignites du Soissonnais doivent être regardés comme inférieurs au calcaire grossier ; M. Constant Prévost a, dans la séance du 18 juin, développé les motifs sur lesquels se fondent les doutes quila précédemment exprimés ; prenant pour exemple les terrains d’Alum-Bay et d’Headen-Hill , dans file de Wight , qui offrent divers étages de dépôts ar^ gileux et à lignites, il a fait voir, par la comparaison des espèces et par le mélange de coquilles marines et fiuviatiles, que les formations à lignites du Soissonnais et d’Epernay ont les plus grands rapports avec celles d’Headen-Hill , dont là position au-dessus du London-Clay qui représente le calcaire grossier n’est pas contestable. D’un autre côté, pour soutenir son opinion , M. Elie de Beaumont, dans la séance du 2 juillet , a lu de nouvelles ob- servations sur les lignites du Soissonnais, qu’il ne regarde plus comme inférieurs au calcaire grossier, mais comme sub- ordonnés à la partie inférieure de cette formation. M. Constant Prévost annonce 11’avoir rien à ajouter aux développemens qu’il a donnés précédemment dans la séance du 18, Mais il fait remarquer : i° qu’il a toujours distingué dans le Soissonnais, comme aux environs de Paris et dans Plie de Wight , le système argileux contenant des lignites, et très rarement des coquilles (Noyer, La Fère , Gisors, Dreux , Vanes, Gentilly, Alum-Bay) qui constitue la formation d’argile plastique de MM. Cuvier et Brongniart, de plusieurs systèmes argileux et également à lignites, mais contenant un mélange presque constant de coquilles marines et fiuviatiles qui lui paraissent subordonnés au calcaire grossier et même au gypse (Vaux-Buin, Osly, Epernny, Varangevilie, Bagneux, Vaugirard, Montmorency, Belleville, Hcaden-Hill). Et c’est à ces derniers systèmes que, selon lui , appartient nent la plupart des lignites exploités dans les vallées du Sois- sonnais. 2° Que les observations de M. Elie de Beaumont ne s’ap- pliquent probablement qu’au premier système, puisque ce géologue n’a pas rencontré dans les localités qu’il a visitées, les fossiles que M. C. Prévost met sous les yeux de la Société. 5° Qu’cnûn, M. Elie de] Beaumont ne regardant plus 448 SÉANCE DU l6 JUILLET l83a. les dépôts à lignites dont il est question comme une formation d’eau douce indépendante et inférieure au cal- caire grossier, mais comme étant subordonnés à la partie inférieure de celui ci, il voit avec plaisir que la première opi- nion de M. de Beaumont, ainsi modifiée, se rapproche de celle qu’il a depuis long-temps fait connaître; savoir : que ces dépôts à lignites sont dus à des cours d’eau fluviatile qui , agissant pendant que se formaient le calcaire grossier, le gypse et le calcaire siliceux, et peut-être long-temps encore après, ont été intercalés à plusieurs étages dans ces forma- tions, ce qui conduit à rejeter de plus en plus toute idée de changemens successifs dans la nature des eaux , pour expli- quer les alternances de dépôts marins et d’eau douce dont les terrains des environs de Paris offrent tant d’exemples. M. Dufrénoy fait ensuite à la Société le rapport suivant sur une question adressée par M. de La Brosse , maire de Giron, relative à la nature de certaines marnes. Le département de l’Indre, composé, sur une grande partie de sa surface, de formations jurassiques, et de craie, présente de nombreux plateaux couverts de sables et de fragmens de silex qui constituent un terrain tertiaire semblable à celui de la Normandie et du Maine, dont M. Des noyers vous a entretenus dans une de vos précédentes séances. Le sol de ces terrains tertiaires est en gé- néral peu fertile , le seigle est le seul grain qui y prospère. Ces terrains ne sont recouverts que de bruyères et de taillis de mau- vaise venue. On y voit de distance en distance des fermes isolées, et, sauf celles appartenant a des propriétaires assez riches pour faire venir à grands frais de la marne , prise à une assez grande distance, ces exploitations sont toujours très languissantes. Depuis quelques années, l’agriculture de ce pays a reçu des améliorations sensibles, par la découverte de plusieurs marnières, et les propriétaires fout sans cesse des recherches pour en décou- vrir de nouvelles; le peu de connaissances de la plupart d’entre eux en minéralogie et en chimie ne leur permettent pas de recon- naître, soit par l’aspect de la pierre, soit par des essais docimas- tiques, si les matières qu’ils trouvent sont de véritables marnes. Ils sont obligés de faire des épreuves agricoles , qui demandent toujours beaucoup de temps et entraînent dans des dépenses assez SÉANCE DU lG JUÉLLET 1 85 2 . 449 grandes; souvent même ces expériences ne sont pas aussi con- cluantes qu’on devrait le croire , parce que les sols sur lesquels ils opèrent sont de natures différentes. Il résulte de ces différentes circonstances, que les personnes qui font ces expériences ne sont pas toujours d’accord sur la nature des matières qu’ils essaient comme marnes. M. de La Brosse , maire de Ciron , désirant avoir des notions plus exactes sur la nature des marnes , a adressé une lettre à M. le président de l’Académie de l’Industrie , pour lui demander quels étaient les moyens de les reconnaître. Il a joint à sa lettre diffé- rens échantillons de marnes , employées avec avantage dans le pays où sont situées ses propriétés , et deux suites d’échantillons de substances présumées être de la marne , provenant des recher- ches faites en deux points éloignés l’un de l’autre d’une lieue en- viron. Il ajoute à sa lettre quelques détails sur ces nouvelles mar- nières , et il dit que les agriculteurs qui les ont essayées ont été d’avis très différens sur leur nature et sur leur emploi. M. le président de la Société de l’Industrie a renvoyé à la Société de géologie la lettre de M. de La Brosse, ainsi que les échantillons qui y étaient joints , en la priant de vouloir bien faire examiner ces échantillons par un de ses membres. M. Héricart de Thury et moi, nous avons été chargés de cet examen, malheu- reusement peu concluant, parce qu’il ne suffit pas de connaître la nature de la pierre pour savoir si elle pourra être employée avec avantage dans l’agriculture. Tout le monde sait que l’on entend par marnes un calcaire en général , mélangé d’une certaine quantité d’argile , qui jouit de la propriété de s’effleurir à l’air , et de tomber en poussière dans un temps plus ou moins long. Cette dernière propriété est indis- pensable. C’est elle qui permet de faire un mélange intime de la matière calcaire avec la terre végétale , et de composer par con- séquent un sol factice auquel on donne les élémens qui lui man- quent. Il est impossible de constater cette propriété par des essais en petit; il faudrait, pour y parvenir, faire des expériences sui- vies sur des quantités assez considérables. La seule chose que la chimie puisse nous indiquer, c’est la composition des substances supposées marnes. Pour pouvoir émettre une opinion plus positive sur les sub- stances envoyées par M. de La Brosse , nous avons prié M. le Play, ingénieur des mines , attaché au laboratoire de l’Ecole des Mines, d’avoir la complaisance de faire l’analyse, non seulement de ces substances, mais même des marnes envoyées par M. de La 45o séance du 16 juillet i852. Brosse comme réputées de bonne qualité, et employées avec suc- cès dans le pays. M. le Play a analysé sept variétés de marnes éprouvées dans le pays ; elles sont pour la plupart très riches en carbonate de chaux; voici les résultats de ces analyses : i° Marne pulvérulente blanche ; portant dans la lettre de M. de La Brosse l’indication, située sur la ligne du courant. Carbonate de chaux 0,84 Argile . . 0,16 20 Marne blanche pulvérulente , et petits morceaux de marne terreuse compacte , désignée sous le nom de marne de ly enton- noir. Carbonate de chaux 0,97 Argile . . . o,o3 3° Marne blanche pulvérulente sans indication particulière. Elle perd au feu par la calcination o,43 C’est donc un carbonate de chaux pur avec un pour cent d’argile. 4° Marne compacte blanche , cassure terreuse ; elle est désignée sous le nom de marne en pierre éprouvée. Elle perd au feu par la calcination. . o,458 C’est donc un carbonate de chaux absolument pur. 5° Marne grisâtre en petits morceaux avec parties rougeâtres. Elle fait avec les acides une très légère effervescence; elle laisse dissoudre du fer dans un acide faible. Argile et fer hydraté 0,91 Carbonate de chaux 0,11 Elle a abandonnée un acide faible o,o3 d’hydrate de fer. 6° Marne grise , douce au toucher et faisant pâte avec l’eau. Même indication que le n° 1 . Cette dernière substance ne contient pas la moindre trace de carbonate de chaux. 70 Marnes noires terreuses. Elles ne font pas effervescence : ce- pendant elles sont regardées dans le pays comme d’une excellente qualité. Cette circonstance mérite d’attirer l’attention des agri- culteurs, puisqu’elle prouverait que les argiles sont dans quel- ques cas d’un usage très utile. SÉANCE DU l6 JUILLET l85î. 4^1 ESSAIS DÉS SUBSTANCES SUPPOSEES MARNES. Première marnière n° i , a , 3 , 4 > 5 et 6 , de V envoi de M. de La Brosse. Ce sont des argiles grises et blanches, en général peu colorées par 'hydrate de fer- les variétés blanches se délitent aisément dans l’eau en dégageant des bulles de gaz. Les acides concentrés leur enlèvent une assez grande quantité d’alumine ; la descrip- tion de chacune des six variétés de cette marnière est donnée dans la lettre de M. de La Brosse. Aucune d’elles ne fait effervescence avec les acides. Echantillon provenant de la deuxième marnière. Outre les substances supposées marnes, on a joint sous le n° 7 un échantillon de la terre formant le sol. Elle a été prise à 400 mètres de la marnière; cette terre ne donne aucune trace d’effer- vescence avec les acides ; elle est donc de meme nature que les échantillons envoyés comme marnes. Les échantillons de la deuxième marnière sont de deux sortes , les uns désignés par M. de La Brosse sous le nom de marnes en terres , et les autres de marnes en pierres. Les échantillons de cette marnière n’ont , comme ceux de la première, donné aucune trace de carbonate de chaux , «on plus que le sol des environs ; la variété dite de pierre paraît au pre- mier coup d’oeil être une marne terreuse; ce n’est autre chose qu’une argile assez douce au toucher, et qui fait légèrement pâte avec l’eau. , Nous terminerons cette note par quelques réflexions sur les en- grais. O11 reconnaît assez généralement que les marnes calcaires s’emploient dans les terres franches et fortes, auxquelles elles don- nent de la légèreté, tandis que les marnes argileuses conviennent aux terres légères et sablonneuses. Ainsi l’analyse des échantillons des deux nouvelles marnières ne prouve pas du tout qu’elles ne puissent être d’un emploi utile dans les terres qui les environnent. Les échantillons dé ces terres ont prouvé, il est vrai, qu’elles étaient assez argileuses, et qu’elles ne manquaient pas de consistance lorsqu’elles étaient humides; mais il est absolument impossible de juger de la qualité du sol d’une contrée, par l’examen de quelques grammes de poussière , sur lesquels on a dû opérer. Quoique les bons effets des marnes argileuses soient bien con- statés dans certains cas , il est certain que les marnes calcaires sont 452 SÉANCE DU 16 JUILLET l85a. d’un emploi fréquent et beaucoup plus général. Elles réagissent d'une manière toute particulière sur les fumiers qu’on emploie conjointement avec elles. Elles déterminent par la présence de la chaux la transformation des engrais animaux et végétaux en acide ulmique , qui paraît être un des excitans principaux delà vé- gétation. L’acide carbonique, devenu libre, est lui-même un autre excitant très énergique. Les marnes argileuses, au con- traire, ne peuvent en aucun cas exercer un genre d’action ana- logue. Si des expériences nombreuses ont constaté que la marne grise argileuse, dont nous avons parlé sous le n° 6, est employée avec avantage pour l’amélioration du sol, il résulterait de l’examen qui a été fait des produits des deux marnières nouvelles , que ceux- ci pourraient être utiles dans les mêmes circonstances. Mais , dans tous les cas , ces marnes argileuses ne peuvent en aucune manière remplacer les marnes proprement dites , c’est-à-dire la variété blanche en pierre ou pulvérulente qui fait effervescence avec les acides. C’est peut-être ce qui explique les opinions diverses au sujet de l’emploi de ces marnes, emploi qui vraisemblablement aura été fait dans des circonstances différentes. M. de La Brosse demande un procédé sûr pour reconnaître les marnes et les pierres qui conviennent à chaque espèce de sol. La solutionne ce problème est en effet de la plus haute importance pour la contrée ; mais cette solution ne pourrait être évidemment trouvée que sur les lieux mêmes , après une étude approfondie des circonstances locales. Cependant , comme l’analyse des marnes éprouvées montre que dans les environs de Leblanc , les marnes calcaires sont de beaucoup les plus répandues , et que leur emploi est plus géné- ral on doit surtout recommander les recherches de celles qui, étant pulvérisées , font une très vive effervescence avec le vinaigre fort ou mieux avec l’acide nitrique; les meilleures seront les va- riétés blanches, qui , tout en ayant une consistance terreuse qui leur permette de se déliter facilement , ne laissent qu’un faible résidu quand on les met en digestion avec de l’acide en excès c’est-à-dire, ajouté jusqu’à ce qu’il ne se produise plus d’effer- vescence. FIN DU TOME DEUXIEME. T AB E E A U INDICATIF DES DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE, depuis la 17 mars ï 85 o, jusqu’au r' août 1 83a , (Disposé suivant l’ordre alphabétique des donateurs). — *==œ^ donateurs . cartes , coupes ? etc. MM. bailwiïeweauedz. Mémorial encyclopédique et progressif des con- naissances humaines. N09 3 ( mars i83i) à 19. ( juillet i83a ). In-8°, Paris. BfSADMOHn’ (ÉtlE DR) EX DWaEKOY Mémoires pour servir à une description géolo- gique de la France. T. I j in - 8°, 469 pages,, 9 planches. BB*ETi(M.ExnB«,«ED). A Catalogue ofthe organic remains ofthecoun- try ofWilts. Warminster., .1801 ; nwpV 18 pi.. bowhiaïib (dk) Notice sur les diverses recherches de houille en- t reprises dans le département du Pas de- Calais , et spécialement sur celle s de Mouchy de -Preux] près Arras s précédée d’un aperçu sur les ter- rains houillers du nord de la France. Extr. du Journ. des Mines. ,T. 26.Déc. 1809; in.8», 32 p. Essai géognostique sur l’Ergebirge , on sur les montagnes métallifères de la Saxe. Paris 1816; in~8°. Mémoire sur les filons. ( Extr. du Nouv. Dict. d’Hist. nat, 2e édit. T. XI. ) In-8% 1817. Soc. géol. Tome II. 5o DONS FAITS A LA SOCIETE Mémoire sur la houille. ( Extr. du Nouv. Dict. d’Hist. nat. ae édit. T. XV.) In-8°. 1817. Résumé sur les mines . (Extr. du Nouv. Diction. d’Hist. nat. 2e édit. T.XXI. 1818. ) In-8° de 93 pages. Roche. ( Article extr. du 3o* vol. de la 2* édit, du Nouv. Diction. d’Hist. nat.. 1819.) In-8 , 84 pages. Aperçu géognostique des terrains. ( Extr. du Nouv. Diction. d’His. nat. 2* édit. T.XXXIII.) Paris 1819, In-8° de 256 pages. Notice géognostique sur la partie occidentale du Palatinat. ( Extr. des Ann. des Mines, T. VI. ) Paris 1821. Un cahier in-8®. Notice sur le Hartz. (Extr. des Ann. des Mines. T. VII. ) Paris 1822. In-8°. Notice sur une formation métallifère observée récemment dans V ouest de la France . Extr. des Ann. des Mines, T. VIII.) Paris 1823.10-8°. Notice géognostique sur quelques parties de la Bourgogne. Paris 1825. In-8° avec 2 pl. Notice sur la constance des faits géognostiques qui accompagnent le gisement du terrain Ar- kose à lest du plateau central de la France. Paris 1828. In-8°, 106 pag. , 3 pl. Mémoire sur les gîtes de -manganèse de Roma - nèche. ( Extr. des Ann. des sc. nat. Mars 1829. ) Un cahier in-8° avec 1 pl. Traité de géognosie , par M. d’Aubuisson dk Voisins ; 2 vol. in-8° avec coupes. 1819. BOtiBÈB. ( Niais)* • à » Tableau de V état du globe à ses différens âges > basé sur l'examen des faits j ou résumé sy- noptique du cours de géologie de V auteur. Une feuille. i852. Recueil d' itinéraires pour servir de guide au minéralogiste , au conchylio logis te et au géolo- gue , dans toute la France ; accompagné d'un bulletin de nouveaux gis e mens , etc. Prera. demi-livr. In-*3. Paris i832. Relation des expériences physiques et géologi- ques faites au lac d'Oo> près Bagnères de Lu - 454 bonnard (db). BOUBÉE. boué ( Ami) GÉOLOGIQUE DE FRANCE. 455 chon , suivie de L'itinéraire du naturaliste de Bagnères au Lac. Paris i832. In-18, 4o pag. , 9 P1- • Essai géologique sur l'Ecosse. Paris. In-8° , 5ig pag., 9 pl. i3 exemplaires. Mémoires géologiques. Prem. vol. contenant des considérations générales sur la nature et l’origine des terrains de l’Europe. In*8°, i832. Protogœa , de Leibnitz. — Gœttingue 1749* In-4°> 86 pag. , 12 pi. Nachtrag zu den geognoslichen Beobachtungen and Erfahrungen. — Supplément aux obser- vations géognostiques. Par M. Sartorius. — Eisenach 1823. In-8®, 24 pag. , 1 carte. Versuch einer geognostischen Darstellung , etc. — Essai d’une description géognostique des contrées des bords inférieurs du Neker , près de Heidelberg. Par le docteur R. Bronn. In*8°, 128 pag. , 1 carte. 1827. Second voyage de deux Anglais dans le Péri- gord, et leur pèlerinage à Rocamadour. Péri- gueux 1828. In-12. Descriplionde trois genres nouveaux de coquilles fossiles du terrain tertiaire de Bordeaux , sa- voir : Spiricella, par M. Rang. Gratelupia et Jouannetia ; par M. Ch. Desmoulins. In-8% 1828. Mémoires pour servir à la description géologique des Pays-Bas , de la France et de quelques contrées voisines ; par M. o’Omalius d’Halloy. Namur, 1828. 1 vol. in-8° de 307 pag. 1 pl. Mémoires de la société linnèenne de Normandie ; publiés parM. de Gaumont. Caen 1829. Prem. vol. prem. part.; in-4°« Distribution technique des pierres précieuses , avec leurs caractères distinctifs ; par M. le comte Georges de IIazoumowsky. Vienne i8a5. ln-8°. Revue des observations faites dans l'Odenwald; par M. Klipstein. Darmstadt 1829. In-4°; 18 p. Traité élémentaire de géologie ; par M. J. -A# Deruc. Paris 1809. In-8° , 3p5 pages. 456 BOUÉ (AMI) .... dons faits a la société . . . Carte géognoslique de VOdenwald et des con- trées voisines ; par M. Klipstein. i grande feuille, publiée à Darmstadt. Journal des Mines. Les 44 premiers n°*. Quarante- quatre lettres de divers géologues et d’autres savans naturalistes , pour la collection d’autographes que forme la Société. Deux portraits lithographiés , l’un de M. de Humboldt , l’autre de M. le professeur Mohs, de Tienne. bronghiart ( Alex. ). Tableau théorique de la succession et de la dis - BUCB (de) CAOIHOWT (db). . position lapins générale enEurope des terrains et roches qui composent la croûte du globe, ou description graphique du tableau des terrains . Paris i83i. Une feuille. Essai sur les orbicules siliceux et sur les formes à surface courbe qu’affectent les agates et les autres silex. Paris i83r. In-8°, 4opag- •> 4pJ* Mémoire sur une excursion à Londonderry , Ti- rone et Downe en Irlande ; par M. Giesecke. ïn-8°. • • . Carte physique de Vile de Ténériffe . Paris i83i. • • • Revue normande , rédigée par une société de sa- vans et de littérateurs de Rouen , de Caen et des principales villes de la Normandie , sous la direction de M. de Caumont. Caen î83i. Prem. vol., Ire, IIe et IIIe parties. In-8°. Essai sur la topographie géognoslique du dépar- tement du Calvados. Paris 1828. In-8° de3i2 CORBIEU pag. avec atlas in-4° contenant 7 pl. Carte géol. du dép. du Calvados f dressée en i8a5. . . . Instruction pour les voyageurs et pour les em- ployés dans les colonies , sur la manière de recueillir, de conserver et d’envoyer les objets d’histoire naturelle; rédigée par l’administra- tion du Muséum d’hîst. nat. Paris 1829. In-8°. Extrait de plusieurs lettres de M. Jacquemont voyageur-naturaliste du Muséum , en mission aux Indes-Orientales. (Extr. des Nouv. ann. du Muséum d’histoire naturelle. T. I. ) In-4% 19 pages. GÉOLOGIQUE DE FRANCE. 457 deprawce Tableau des corps organisés fossiles. Paris 1824* In-8». Coupe générale des terrains des environs de Pa- ris y d’après la géographie minéralogique de ses environs , par MM. Brongniart et Cuvier. Paris 18 13. Portrait gravé de M. Def rance. 1827. delcros Nivellement barométrique de la Forêt Noire , ou Schwartzwald et de ses environs ; exécute' et publié par M. Michàelis. (Extr. de l’Herta de 1827, par M. Delcros. Un cahier in-8«. uelfgrt Statistique du département du Lot : ouvrage cou- ronné par l’académie des Sciences. Paris i83i. T. I. In-4° de 554 pages. «essayes Description des coquilles fossiles des environs de Paris. Les 12 prem. livrais. in-4° cont. 48 pl. Description des coquilles caractéristiques des terrains. Paris 1 83 1 . In-8° ; 264 pag. i4 pl* Table au d’une classification des mollusques acé- phalés ( Bivalves ) , extrait de l’Encyclopédie méthodique. Une grande planche lithographiée , représentant le Cerithium giganieuniy de grandeur naturelle. sîesîcoyers ( J clés ) . . Notice sur le bois fossile à odeur de tniffes.Va.ris 1822. In-4°avcc 1 pi. double. Observations sur quelques systèmes de la forma- tion oolithiquc du nord-ouest de la France y et particulièrement sur uncoolithe à fougères de Mamers , dans le départ, de la Sarthe. Paris i825.(In-8a) ; 72 p., 1 carte et 2 pl. doubles. Mémoire sur la craie et sur les terrains tertiaires du Cotentin. Paris 1825. In-4°. 80 p., carte et coupes. Observations sur un ensemble de dépôts marins plus récens que les terrains du bassin de la Seine , et constituant une formation géologique distincte ; précédées de considérations sur la non-simultanéité des bassins tertiaires. Paris 1828. Iu-8°, i36 pag. Traité des pierres , de Théophraste , traduit du grec par Hu-l. Pari? 1754. Iu-8°, 187 pag. 458 DESNOYERS (Jules). . D^ORBI&ety. (Alcide). DDPERREY 7ÉRUSSAC (de). ,, , DONS FAITS A LA SOCIETE . Lettres sur la minéralogie , la géologie , et sur divers autres objets de Vhistoire naturelle de V Italiey écrites par Ferber à Born, traduit de l’allemand par Dietrich. Strasbourg 1776. In-8°, 507 pag. De systematibus miner alogicis , par Wàllerius. In-8% i5î pag., 1778. (C’est la première et la plus complète histoire des systèmes minéralo- giques antérieurs au 19e siècle. ) Essai sur la théorie des volcans d3 Auvergne, par M. de Montlosier. In-8°, 184 pag. 1802. Aperçu général des mines de houille exploitées en France. Par M. Lefebvre* Paris i8o3. In-8°, l37 Pa8* Observations minéralogiques et géologiques sur les principales substances du département du Morbihan, du Finistère , et des Côtes-du-Nord. par M. Bigot de Morogues. Paris 1810. In-8% i57 Pa§- Observations avec rèjlexions sur V état et le s phé- nomènes du Vésuve pendant une partie des années i8i3 et i8i4> Par M. Mesnard de la Groye. (Extrait du Journal de Physique. Paris i8i5. In-4°> 112 p. Mémoire sur un nouveau genre de coquilles de la famille des solénoides (panopée).Par M. Mes- nard de La Groye. In-4®, 1 1 pag., 1 planche. Mémoires sur les bitumes, leur exploitation et leurs emplois utiles. Par M. Payen. Paris 1824. In-8°. 64 pag. . Tableau méthodique de la classe des céphalo- podes, et rapport fait sur cet ouvrage à V Aca- démie des Sciences. In-8°, 1825. . Carte de la configuration de V équateur magné- tique. . Bulletin des Sciences naturelles et de Géologie. Année i83i. 12 cahiers. Les volumes des années antérieures , formant la collection complète , ont été donnés à la Société par plu- sieurs membres de Paris qui avaient ouvert une souscription à cet effet. GEOLOGIQUE DE FRANCE. 459 SXEURIAU DE BELLE- VUE Notice sur la température d’un puits artésien , entrepris à la Rochelle en 1829. In-8° , i83o. Dessin de fossiles remarquables des terrains jurassiques de la Répentie , près la Rochelle . CA&jhot Revue encyclopédique . Paris, mai et juin 1832- In-8°, 347 pag. GiHARmK Considérations générales sur les volcans 3 et exa- men critique des diverses théories qui ont été successivement proposées pour expliquer les phénomènes volcaniques. Rouen i83i. In-8°. Rapport sur l’emploi de la gélatine des os dans le régime alimentaire des pauvres et des ou- vriers. Rouen i83i. In-8°. graves Précis statistique sur les cantons de Creil , Nan- teuil le Haudouin , Nivillers , Auneuil , Chau- mont , Estrées St-Denis et Froissy ( Oise). 5 vol. in-8° avec cartes. ( Extr. des Annuaires du de'parternent de l’Oise , de 1827 à i83i). gerault Tableau des terrains du département du Calva- dos. Caen i832. In-8° ; 192 pages. hériOart de thury. Rapport fait à la société d’encouragement pour l’industrie nationale , sur le procédé proposé par M. Brard , pour reconnaître immédiate- ment les pierres qui ne peuvent point résister à la gelée , etc. Paris 1824. In-4°î 34 pag. 1 pi. Discours d’installation de la société d’horticul- ture de Paris. Paris 1827. In-8°; 28 pages. Programme d’un concours pour le percement des puits forés , suivant la méthode artésienne, suivi de considérations géologiques et physiques sur le gisement de ces eaux , etc. Paris 1828. In-8° ; 2 planches. Notice historique sur la plantation de la montagne de Saint-Martin-le-Pauvre , entre Thury et BoulardÇ Oise). Paris 1829. In-8°. Rapport sur le concours ouvert pour le percement des puits forés. Paris i85o. In-8°; 2 pi. Notice sur les recherches entreprises à Luzarches, et sur le degré de possibilité d’y trouver une mine de houille. Paris iS3o. In-8° ; 5pl. Extrait du rapport fait à la société d’ encourage- 460 BONS FAITS A LA SOCIETE héricart de thory. ment , sur le concours ouvert pour rétablisse - ment des puits forés. Paris i83o. In-4°. Du dessèchement des terres cultivables sujettes à être inondées. Paris i83i. In-8°; 76 pag. herkanndemeïir • Mémoiresur des pétrifications. (Extr. des Actes de l’acad. des curieux de Ja nat. In-4° ; i44p* 8 planches. i832. hœninghaus Description et catalogue de sa collection , réunie au Musée de Bonn. Grefeldz 1800. 3 cah. in-8°. jACE-SOar bx Francis alger Remarks on the minerahgy of the Peninsula of JYovaScotia, etc. Observations sur la minéralo- gie et la géologie de la péninsule de la Nouvelle Ecosse. Cambridge i832. In*40; n5 p. 1 carte. JOURNAUX V Européen, journ. des sc. moral, et économiq., (paraissant tous les samedis). Nos 6 à 32. Le Lycée. Journal des sciences et des sociétés savantes ; par MM. Saigev et Raspail. Les4i prem. n09. Paris i832. In~4°. Journal de géologie ; par MM. Bodé , Jobert et Rozet. Les 5 prem. vol. en 12 livrais. in-8°. Parisi83o à i83i. Gazette littéraire et universelle d’iéna: par M. Keferstein ; 2 n03. i832. Bulletin de la Société géol. de France. Tom. I, 246 p. i83o- i83i. Tom. II, 467 p., 3 pl. i83i-i832. kloden *. Beitrage zur miner aiogischenund geognostischen Kenntniss der Mark Brandenburg. — Observa- tions pour avancer la connaissance minéralo- gique et géognostique de la Marche de Bran- debourg. Berlin 1828 a i83o. 3 cah. in-8°. Ueberdie Gestaltunddie Urgeschichte der Erde. — Sur la forme et l’histoire ancienne du globe. Berlin 1829. In-8° ; 8 pi. keferstein. Teutschland geognostiche dargeste/lt, etc. — Description géologique de l’Allemagne. 20 cah. in-8°, avec cartes et coupes. 1821 à iS32. Tabellen iiber die vergleichende Geognosie. — Tableaux de géognosie comparative. Hall 1825. In-4°i 60 pages. Ueber die Ursachen der regelmassigen B arôme t GÉOLOGIQUE DE FRANCE. 46 1 keferstexn. ter Schwankungen. — Notice sur les causes des oscillations régulières du baromètre. In-4°; 10 pages. Geognostische Bemerkungen uber die basaltis - chen Gebilde des westlichen Deutschlands. — Observations sur les formations basaltiques de l’Allemagne occidentale. Hall 1820. In-8*; 207 Pag- 1 P^ x.a bêche (de) Geological notes. — Notes géologiques. Londres i83o. In-8° ; 109 pag. 2 pl. Sections et view s of illustrative of geological phœnomena. — Coupes et vues explicatives des phe'nomènes ge'ologiques. Londres i83o. In-4°; 71 pag. 4o pl. A geological manual. — Manuel de ge'ologie. Prem. édit. i83i , deux, e'dit. i832j In-8° avec vignettes. leyuxerie Essai sur les pyrites des environs de Troyes. ln*8° ; 24 pag. i83o. Coup d'œil sur les terrains du département de CAube. Troyes i83o. In-8°; 18 pag. lockhart Description des ossemens fossiles d'Avarai. Orléans 1829. In-8° ; 8 pag. Notice sur les ossemens fossiles d'Avarai. In8° ; 12 p. Orléans 1827. LOunonr Magasin d'histoire naturelle , ( journal de zoo- logie , botanique , minéralogie et météorologie. N°» 25 et 27. Londres i83a. In-8°. LYEX.X. et Mürchxson. Sur les dépôts lacustres tertiaires du Cantal , et leurs rapports avec les roches primordiales et volcaniques. ( Extr. des Ann. des sciences nat. Oct. 1827 ). I11-80. BÏICHELÏÏST ( IIardouin). Rapport fait à la société d'encouragement , au nom d'une commission spéciale ; parM. Mal- let, sur le ciment découvert à Pouilly , en Auxois (Saône-ct-Loire ), par M.Lacordaire. Paris 182g. In-4°; 22 pag. De l'art dufontainier sondeur , et des puits arté- siens ; par M. Garnier. Paris 1822. Iu-4° ; i43 pag. igpl. Portrait de J. -B. Sage , ne' à Paris , le 7 mai 1740. Lithographie contenant plusieurs coquiUes fos- 46* DONS FAITS A LA SOCIETE siles , du terrain tertiaire , de'crites par M. MICHELIN. NORREN Mémoire pour servir aux éloges biographiques des savans de la Belgique. In-4°i 19 pag. 1 pî. Gand i832. munster* • * . • . . Berner kungen zurnahern Kenntniss derBelem- niten. — Observations pour la connaissance plus parfaite des belemnites. Bayreuth i83o. In-4° ; 18 pag. 2 pl. XJeber einige ausgezeichnete fossile Fischzaehne , etc. — Sur quelques dents fossiles remarqua- bles de poissons dans le Muschelkalk de Bay- reuth, In*4°; 4 Pag* 1 pb Bayreuth i83o. Appendice au mémoire du professeur Goldfuss , sur l’Ornithocephalus Munsteri (Goldf,). Bay- reuth i83o*In-4° >8 pag. îpl. Description d'une nouvelle espèce du genre Pterodactylus de M. Cuvier , ou Ornithocepha. lus deSommering. Bayreuth i83o. In-4#; i* pag. i planche. Lithographie d’une tortue d’eau douce fossile, trouvée dans le schiste calcaire di Solefthofen. 1831. MURCB180N*. . . . . . Rapport annuel sur les travaux de 1 83 1 delà société géologique de Londres. In-8*; 36 pag. ‘ Sur un renard fossile découvert à OEningen , près Constance , avec une description du terrain qui le contient. Lond. i832. In-4° ; i4 P* 2 pb Carte géol. de la structure des Alpes orientales. XPOMALXUS s^allot. Elémens de géologie. Paris i83i. In-8° ; 558 pag. passy (Antoine) .... Annuaire pour le département de l'Eure , pour 1832. In-12. Discours prononcé à la société d3 agriculture , sciences , arts et [belles-lettres du départe- ment de l'Eure. i83o. PREVOST ( Constant). . Observations sur les grès coquiïliers de Beau- champ. ( Extr. du journ. de physique. Fe'vr. i832 ). In-4° } 18 pàg.( 6 exempl. ) Observations sur Slonesfield. Paris 1825. In-8°. Notes sur un nouvel exemple de la réunion de coquilles marines et de coquilles fuviatiles GÉOLOGIQUE DE FRANCE. 4^5 frévost (Coustakt). fossile s dans le s meme s couches . Paris 1821. In-4°; 12 pag. Essai sur la constitution physique et géogno s ti- que du bassin à Vouverture duquel est située la ville de Vienne en Autriche. (Extr. du Journ. de physiq. Nov. i82o).In-4°; 33 pag. 1 pl. Rapport fait à V académie royale des sciences , par M. Brongniart ( déc. 1820), sur le mé- moire précédent. ln-4°; 7 pag. (6 exempl. ) Extrait d’une lettre adressée de Malle , par M. C. Prévost , à P Acad* des Sciences , sur le nouvel îlot volcanique de la mer de Sicile . 1 83 1 . Rapport fait à l’académie des sciences , sur le voyage à l’île Julia^en i85i et i832y par M. C. Prévost. Première partie. Mémoire pour servir à l’histoire naturelle , et principalement à l’oryctographie de l’Italie et des pays adjacens , par M. Albjjrt Fortis. Paris 1802. 2 v. in-8° de 3oo à 4oo p., avec pl. Atlas géologique de Smith , contenant 4 grandes cartes géologiques des comtés de Norfolk, Kent , Wilts etSussex. Londres, 1819 a 1821. rakoumowsky ( Lb comte Geohges de ) . . Observations minéralogiques sur les environs de Vienne. i832. In 4°; 58 p. 10 pl. Sept dessins inédits , contenant un nouveau genre curieux de polypier appelé Tubulipore par M. Razoumowsky , et que M. Fischer a surnommé Chaetites. roulland Six planches lithographiées , représentant des figures des polyconites , sphérulites et ophi* lites, décrites par lui. Rozet . Cours élémentaire de gèognosie , fait au dépôt de la guerre. Paris i83o. In-8° ; 460 pag. 7 pl. Notice gèognostique sur quelques parties du département des Ardennes et de la Belgique. Paris 1829. In-8° ; 4i pag. 1 coupe. Description gèognostique du bassin du Bas-Bou lonnais. Paris 1828. In-8»; 120 pag. 1 carte. fcCHWEninr Geognostische profile. — Profils géognostiques. Munich 1828, In-8* avec 6 pl. DONS FAITS A LA SOCIETE 464 SEDGWICK ET mtJR- Esquisse de la structure des Alpes autrichiennes. Londres 1800. 34 pag. 1 pi. Discours prononcé le 18 février i83i à la société géologique de Londres sur les travaux de Vannée i83o.In-8. somter wxllemet. . Observations sur quelques plantes de France , suivies du catalogue des plantes vasculaires des environs de Nancy. 1828. In-8°. sipekcer smztb. . . . Coup d’ceil historique sur V Angleterre , depuis il\&5 jusqu’en i5og. Caen 1826. In-8°. STEiDiiBïGrER Observation sur les fossiles du calcaire intermé- diaire del’Eifel. Trêves i83i. In-4°; 44pag- studer. . . . . f ... Monographie der Molasse. — Monographie sur la molasse. Berne 1 85 1 . In-8» ; 427 pag. 2 pl. SOCIÉTÉS Actes de Ja Société Linnéenne de Bordeaux. Tom. IV, livraisons 1 à 6 ; tom. V , livraisons 1-2. In-8° i83oà i832. Bulletin de la Société de Géographie de Paris. Nos 97 (mai i83i) à 100 (juin i83a). In-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhausen. N°8 17 à 22. In-8° avec pl. Bulletin de la Société industrielle d’Angers et du département de Maine-et-Loire . Nos 1 , 2 , 3 , iTe année ; n° 1, 20 année. i83o*i83i. In-8°. Mémoires de la Société d’histoire naturelle de Strasbourg. Tom. I, première partie. In-4° 17 pl. Strasbourg i83o. Mémoires de la Société d’agriculture , sciences , arts et belles - lettres , du département de l’Aube . Nos 37 à 40. In 8°. Troyes i83i. Mémoires de la Société royale des sciences de l’agriculture et des arts de Lille . Année 1829- i83o. In-8% 554 p • 5 10 pl. Procedings of ihe Geolocical Society of London. N0' 1 à 25. In-8°. 1826-1852. Transactions of ihe Geological Society of Lon- don. Tom. III, ire et 2e part. 1829 i832. In-4°. 420 P* 4o pl* Transactions of the Cambridge Philosophical Society , Tom. III, ir#2c et3e part. 1829-1830. GÉOLOGIQUE DE FRANCE. £6$ In-4°. 448 p.,9pl. Tom. IV, ire et 2e part. i83i-i832. 322 p., 6 pl. Abhandlungen der natur for schendert Gesells- chaft, etc. (Mémoire de la Soc. d’hist. nat. de Gorlitz).2 vol in-8°; 2 pl. Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Marbourg. In-8°. i83r; 258 p. i pl. Quatre dessins, dont deux représentent une figu- rine et une lampe antique trouvées dans la ca- verne du fort, près de Mialet , et les deux au - très , une tête humaine trouvée dans la même caverne. Description géognostique du bassin inférieur de l'Aude et de laBerre. In-89,47pag. une carte. Beschreibung der heidnischen Begrabniss- plaelze , etc. Description de quelques lieux de se'pulture païenne , près de Zilmsdorf, dans la Lusace supérieure. In-8% 4 pl* Gorlitz i83o. Essai sur les soulèvemens jurassiques du Po. rentruy, etc. In-4°; 84 p. 5 pl. — (Ext. des mém. de la Soc. d’hist. nat. de Strasbourg). i832. Notice sur MM. de Gallois , ingénieur en chef des mines , et J. Bessy, maître de forges. In-8°; i4p. Système de Hutton sur la théorie de la terre , expliquée par Plàyfair , et combattue par Murray. In-8° j 662 pag. avec figures. Paris i8i5. Voyage au Montamiata et dans le Siennois3 con * tenant des observations nouvelles sur la for- mation des volcans, et sur l’histoire géologi- que etc. , de cette partie de l’Italie. Par M. Georges Sànti. 2 vol. in-8°. Lyon 1S02. Essai géologique. Par M. Dufour. In-8* -, 28 pag. Paris 1821. Essai sur la théorie des volcans d'Auvergne. Par M. de Montlosier. 1788. ir0 édition. Tableau général du commerce de la France , avec ses colonies et les puissances étrangères pendant l'année i83o. In-4° ; 71 p. 466 WAH-DER» WSXSS. . • WILLIAMS DONS FAITS A LA SOCIETE ■maelen. . Dictionnaire géographique de la province de Liège , etc. In-8° ; Bruxelles i83i. Sud-Baierns Oberflache , etc . Description ge'o- gnostique et topographique de la Bavière mé- ridionale. Munich 1820. In-8°, 2 pl. sers. . . Untersuchungen iiber die Tempe ratur Verhalt- nisse der Schwabischen Alp. Recherches sur les rapports de la tempe'rature de PAlpe de Souabe. Tubingen i83i. In»8°. \ GÉOLOGIQUE DE FRANCE. 467 DONATEURS. BOCHES ET CORPS ORGANISES. sa §1 « g MM. • bénard • • Fragmens de roches ayant l’apparence de bois silicifiés , de la baie d’Oran Bertrand GESLiw. . Roches et fossiles de l’ouest de la France , d’Angleterre, d’Italie, etc boué. Roches des Alpes, de l’Autriche et de la 4 ■294 Bavière Roches du sol tertiaire de l’Autriche Roches du sol tertiaire de la Gallicie. . . . Roches des localités géognostiques remar- quables de l’Europe Fossiles des localités géognostiques re- marquables de l’Europe bqrclabs Suite intéressante de Coprolites du Lyas, de Lime Regis, tant en moules qu’en nature deshates Suite de roches et de fossiles de la Belgique. BESNOTERS Silice pure , hyrophanique , en nodules friable s, dans une argile verdâtre ter- tiaire, qui remplit des cavités de la craie marneuse inférieure, de la marnière de la Mariette près de Bellesme ( Orne ). . . d^orbigbit (Chahees). Fossiles des terrains jurassiques des envi- rons de La Rochelle ( Gharente-Inf. ) 140 40 20 977 600 46 33 10 20 ELEURXAU DE BELLE- VUE Fossilles des terrains jurassiques de la Repentie , près La Rochelle (Charente- Inférieure ) hoeninghaus. .... Corps organisés du calcaire de transition des environs de Gerolstein (Eiffel ). . , de la bêche Fougères arborescentes de la Jamaïque , longues de 17 pieds, et garnies de leurs feuilles et racines la joie ( Friux ). . . . Roches et fossiles de Lisy-sur-l’Ourcq et de Saint - Aulde près la Ferté - sous- Jouarre (Marne) 40 22 2 7â 468 DONS FAITS A LA SOCIETE GEOLOGIQUE DE FRANCE. x.a joie (Fiux). Roches diverses (Pyrénées, Fichtelge- birge, etc., etc. ) de Grès des carpathes , altérés et prismatisés par la chaleur des hauts fournaux lOC&art Collection d’ossemens fossiles du Loiret , de Loir-et-Cher, et de l’Indre mxchelïht (Hàrdûuin). Roches et corps organise's fossiles de Maestricht et des environs pr±vost (Constant). . Lave du Vésuve, de la coulée de mars i832. Série de roches et de fossiles des forma- tions à lignites du Soissonnais Modèle en plâtre d’un scaphite remarqua- ble trouvé prés de Senez (Basses- Alpes), parM. Melchior Yvan.(Le dessin litho- graphique de ce fossile est joint au Bulletin , tome 2, page 355.) robert. (Eugène). . . Calcaire du Jura entre Porentruy et Bienne Grés vert de Cluse en Savoie de roissy. . . . . . . Orbicule siliceux de Fossoy,prés Château- Thierry (Aisne) rozet Roches et fossiles des environs d’Alger, d’Oran et de l’Atlas.. Poissons fossiles d’Oran TEisssER Ossemens trouvés dans une grotte prés d’Anduze ( Gard ) tournai. Roches et corps organisés des terrains tertiaires des environs de Narbonne (Aude) vargas (La Comte de). Roches et fossiles de terrains intermédiai- ( res de l’île de Gothland j vïrbet Roches anciennes de la Morée, et particu- j lièrement de la chaîne de Taygèle 40 a i5o 33 1 35 4 5 2 246 23 *7 201 33 65 / BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE. TABLE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS POUR LE DEUXIÈME VOLUME. PAR M. CLÉMENT-MULLET. ANNÉE 1831 A 1832. A Affaissement du sol près de Ratis- bonne, p. 8 et 246. Agates. Leur formation, p. 199. Alger. Géologie de cette partie de l’Afrique, p.3o2. Alpes en général. Fossiles constatant l’existence de divers étages juras- siq es , p. 55. Alpes bernoises. Notice sur ces mon- tagnes, par M. Studer de Berne, p. 5 1 , citée p. 286 et 3u. Dis- position remarquable du gneiss et du calcaire , p. 53. Alluvions marines et fluviatiles, p. 2o3. — Alluvions en Auvergne, p. 204. Ammonces , par M. de Munster, p. 290. — Ammonites mêlées aux orthocères , p. 42 *• Amphibole identique avec le py- roxène, p. 243. Anduze (Gard). Note par M. Tcis- sier, sur une grotte à ossemens près de cette localité, p. 21 et 56. — Sur la géologie de ses environs, p: 56. Animaux. Considération sur les épo- ques de leur disparition, par M. Marcel de Serres, p. 45o. Archives de la Société. Rapport aur leur situation . p. 34o. Argile de Kimmeridge dans les Al- pes , p. 55. Argile à lignites près d’Epernay , p. 63. — Dans le nord de la France, p 4*6, 4-H et 435. Argile plastique dans le département de l’Oise, p. 176. — Sa position dans diverses localités, p. 4^8. Asie. Géologie du grand plateau de cette contrée, par M. de Huni- boldl , citée p ,3i4, Auvergne. Considérations sur le» cratères de soulèvement de cette contrée, p. 3g5, 4oo et 4o», B Basaltes. Considérés en général et I cette contrée , par M. Rozet , p. dans leurs variétés, p. 2o5. I 262, 3o5. Barbarie. Géognosie des côtea de j Bassin , Ce qu'on doit entendre par &c. géol, Tora. II, 3o TABLE DES MATIERES 470 ce mot en géologie , page 266. Beaumont (Elie de). Considérations sur les cratères de soulèvement de l’Auvergne, p. 4oo. — Découverte de dolomie près de Grignon , p. 419- — Observations sur l’éten- due des terrains tertiaires infé- rieurs dans le nord de la France, et sur ïe: lignite qui s’y trouve , p. 434. — Note additionnelle, p. 445. Beauvais. Séance extraordinaire dans cette ville, p, t. — Coupe du ter- rain entre cette ville et la ville de Gournay, p,>a3. Bêche (De la). Compte rendu de son Manuel de géologie , p. 355. — Mémoire sur les environs de la Spezia , p. Bertrand-Ges tin. Mémoire sur le ter- rain de transport du val d’Arno supérieur, p. 429. Bordeaux. Note sur les environs de cette ville, par M. Boue, p. 376. — Lettre sur le même sujet, par M. Desmoulins, p. 44o* — Note de M. Desnoyers à l’appui des faits énoncés dans cette lettre, p. 445*- — Observations de M. Du- frénoy, p. 444* Boita. Géognosie du Liban et de FAnti-Liban , p. 289. Boubée (Nérée). Coupe du terrain des environs de Neauphle - le- Ÿieux. — Tableau mnémonique des terrains primordiaux, p. 321. - — Conchyliomètre . p. 3is. — Note sur le post diluvium toulou- sain, p. 333. — Tableau représen- tant l’état du globe à ses différens Calcaire amygdalin. Mémoire de M. Dufrénoy sur cette roche, p. 426. — Observations à ce sujet, p. 428. Calcaire en général. Sa position par rapport au gneiss dans les Alpes bernoises , p. 5a, 54» — Dans la Sicile , p. 4°6 et 4°7* Calcaire de Brie. Sa position, p. 27a. Calcaire d’eau douce à lignités d’I- liodroma (Archipel) p.346. — Dans le nord-ouest de la France , p. 4t5 & 4 16, Calcaire grossier marin dans le depar- tement de l’Oise? p. to et ia, 276. âges, p. 348. — Observation sur un Mémoire de M. Tournai fils , p. 362. — Sur les cavernes de Bize, p. 38a. — Considérations sur le parallélisme des terrains de trans- ition, p. 425. — Mémoire sur le terrain diluvien à blocs erratiques, et sur le creusement de la vallée du Rhône, p. 438. — Présentation à la Société de deux nouvelles es- pèces de nummulites , p. 444* Baaè ( Ami). Offre à la Société de fos- siles et dérochés provenant de di- verses localités, p. 29. — Avantages de l’application de la paléontolo- gie à la géologie, p. 81, 87. Cité p. 3i5. — Compte-rendu des pro- grès de la géologie pendant l’an- née i83 : , p. i33. — Compte rendu du Manuel de géologie de M. de La Bêche , p. 355. — Note sur le terrain des environs de Bordeaux, p. 576. B ray (Pays de Bray, Oise ). Axe cen- tral d’un soulèvement , p. 23. — Considéré comme un îlot ju- rassique , p. 287. Brèches osseuses en général, p. 194- 2 58. — Brèches ferrugineuses dans le nord-ouest de la France, p. 4 1 G. — Aux environs de Broglie, p. 4i8. Brégy. Mémoire sur les grès marins de cette localité, p. 38 et 276. — V. Grès marins de Lévignàn. Bresle . Visite de cette localité par la Société , et coupe géologique , p. i3. Budget pour l’année i832j p. 117. Calcaire jurassique supérieur soulevé dans le département de l’Oise , p. 23. • — Calcaire jurassique dans le dép. du Gard, p. 5y et 58. Calcaire tertiaire remarquable à La- versine (Oise) , p. i4* Cartes géologiques publiées en i83i, p. 179. — Carte géologique de France , citée p. 32 1. Cavernes dans les micaschistes de File Thermia , p. 329. — Conjec- tures de M. Virlet sur l’origine de ces cavernes , p. 33 1. Cavernes à osseméns. Considérées en général, et travaux publiés â Ce !ET DES AUTEURS. sujet , p. 193 et 25a. — Note par M. Teissier sur une caverne à os- semens près d'Anduze (Gard) , p. 21 et 2.56. — Cavernes à osse- mens du midi de la France ^con- sidérées sous le rapport historique, p. 126. — De Bize, p. 38o. — Remplissage des cavernes, p. 247 et 25i. — Considération sur -l'ori- gine des cavernes par M. Virlet, p. 33o. — Cavernes d’Antiparos et de Jupiter âNaxie (Grèce), p. 333. Celles , race celtique , race caucasi- que, p. 119, 126 , 194? 262 , 257, 372 , 38i. — V. aussi au mot Homme. Clément - Mallet. Communication d’une tête humaine celtique trou- vée dans le dép. de l’Oise, p. 372. Coprolites envoyés parM. Buckland, p.ai. — Considérés en gén.,p.295. Cortières. Mémoire sur les roches volcaniques de cette chaîne , par M. Tournai fils, p. 36i. — ^Obser- vations de M. Boubée, p. 56 1. Détuge.'-Diluvium. Déluge mosaïque, p. i83 , 2o4- — Influence des co- mètes sur les catastrophes diluv., Î). 3i4. — * Considérations sur le dé- uge de la Samolhrace , par M. Vir- let, p. 342. — Terrains diluviens en général, p. 260. — dès environs de Lyon , p. 433. Descriptions géologiques de diverses contrées du globe , avec un extrait des observations générales sur cha- cune de ces contrées , p. 109 et suiv. — sur l'Ecosse, p. i3q. — sur l’An- gleterre, p. î/jo. — sur l’Irlande, p. i43. — sur la France , p. i43. — sur les Pays-Bas, p. i45. — sur l’Allemagne, p. r/|6. — sur la Saxe , p. i47» — sur les États autrichiens , p. j5o. — sur la Suisse, p. i53. — sur Naples, sur la Toscane , sur la Lombardie, p. i54- — sur les États vénitiens, p. i55. — sur la Sicile, lb. — Sur la Sardaigne, p. i5S. — sur l’Espagne , lb, — sur le Grèce et sur la Turquie, p. i5(). — sur la Pologne, Jb. — Sur la Wolhynie et sur la Podolie , p. 160. — sur la Russie, p. 16». — sur la Suède, p. 168. — Sur le Dancmarck, lb. — sur la Norvège, p. 169, — sur 471 Cordier. Observations sur les systè- mes volcaniques et les cratères de soulèvement, p. 398 et 4ot. Corse. Géologie de cette île, par M. Beynaud , p. 409. Craie et terrain crayeux. Accidens qu’il présente dans le département de l’Oise en général, p. 9, 12, 276. — A Saint-Martin-le-Nœud , p. 6. — A Laversine, p. i4* — Craie jaune à Hédancourt (Oise), p. 20. — Ses couches , inclinées par l’effet d’un soulèvement dont l’axe passerait par le pays de Bray, p. 23. — Dans quelques parties du département du Gard , p. 56. Cratère de soulèvement. Considéra- tions sur les cratères de soulève- ment , par M. de Montlosier, p. 3Q5. — Observations sur le même sujet, par M. Cordier, p. 398 et 4 01 • “7 Cratère de soulèvement indiqué par M. de Beaumont, près deGri- gnon , p. 4 »9* — a — en Amérique , p. i38. Julia (île). Lettres de M. Constant- Prevost sur cette île volcanique, p. 3a , a38. liatavolrons de la Grèce centrale, C< 4 73 Grès vert dans le département de l’Oise , p. 16, 17 , 19, 277. — Sou- levé dans ce département , p. 23. — Coupe de cet étage, 1b. — Grès vert dans le Liban, p. 289. — à Giengeo (Souabe), p. 307. Gryphèe signalée dans le terrain ter- tiaire, p. 49- — Observations de M. Deshayes à ce sujet, p. 5o. Gypse et dépôts gypseux en général, p. 2<>7, 284. - — Gypse dans le dé- partement de l’Oise, p. 276. — dans l’île d’Égine, p. 359. — For- mation gypseuse en Sicile , p. 4o4 et 407. — Considérations sur son origine dans le bassin de Paris, p. 435. Homme. Tête et squelette qui ont ap- partenu à la race celtique, p. 84, 1 19, 272. — Questions sur l’origine des divers ossemens hum.,p. 59, 61, 194» 38 1 . — Considérations, sur les ossemens humains du Midi de la France, appuyées sur les recherches historiques, p. 126, 2Ô2 , 25y, 390. V. au mot Celte et Ossemens fossiles. Hugi. Scs observations dans diverses parties des Alpes , citées par M. Stu der, p. 53-54» Insectes. Fossiles, p. 192. Jurassique (formation). Dans les Alpes, p. 55 , 386. (Oise), p. 287. — dans le département du Gard . p. 57. — dans la Charente- Inférieure, p. 28S. — daus le Liban, p. 289. R isid. sur ce phénomène, p. a 47 cl ^3o. «*>0 474 TABLE DES MATIERES La Bêche ( de). Oompte-rendu de son manuel de géologie, p. 355, etc. ( Voyez Bêche. ) Lajoye présente la coupe du soltis- tiaire de Lisy-sur-Ourcq, près la Ferté-sous- Jouarre , p. 28, cité p. 278. Laversine. Visite que fait la société de cette localité , p. x4. — Son cal- caire tertiaire, rapporté aux fa- luns , p. i4 et i5 ; cité p. 282. Levignan. Méqrroire sur le grès ma- rin de cette localité, p. 38, rap- pelé p. 2 77. Lias dans le dép. du Gard, p. 57 et 58. — En Afrique, p. 3o3. Liban et Anti-Liban. Coupe géo- Maëstricht. Considérations sur le ter- rain de cette ville, p. 282. Malte. Séjour de M. Constant Pré- vost dans cette île, et quelques indications sur sa constitution géo- logique , p. 1 1 3. Marcel de Serres. Mémoire sur les animaux découverts dans divers dépôts quaternaires, p. 4^0. Marmara (Albert de la). Note sur la géologie du Piémont, p. 391. Marnes a gryphées Leur disposition dans le département de l’Oise , p. 25. — Considérations sur les marnes et leur emploi en agricul- ture, par M. Dufrénoy, avec l’a- nalyse de divers échantillons de marnes, p. 448. Media en Afrique. Aperçu sur la géologie de cette localité , p. 5o5. Mémoires et publications relatifs à la géologie et à l’histoire naturelle , p. r 35 et 296. — de la société, décision prise à ce sujet, p. 366. Mer. Etude des phénomènes qu’elle présente , et son action sur le globe , p. 2o3. Meulières , près d’Epernay et de La Ferté -sous- Jouarre , p. 65 et 64. Moellon-calcaire. Calcaire moellon Nanteuil-le-Hardouiii. V. grès marins de Lévignan , p. 58 et 277. Nauphlo-le-Vieiix, Coupe géologique gnostique par M. Botta , p. 289. Lignites dans la Champagne et dans le Soissonnais, p. 279. — posté- rieurs à l’argile pl. dans le bassin de Paris, p. 428. — Dans le nord de la France, p. 4-H et 435.— Fossi- les du Soissonnais, tirés de ce terrain, présentés par M. Cons- tant Prévost, p. 44 6. Lipari (îles de) Considérations sur leur origine volcanique, p. 242. Liste des membres, de la société, p. 100. Loire. Relation géologique et géo- graphique des dépôts d’ossemens fossiles dans le bassin de cè fleuve, p. 336. en Afrique, p. 3o2.— Cité p .386. Molasse de Giengen. Note sur cette roche par M. Schubler, p, 357. Montagnes. Direction des chaînes de montagnes et leur âge, p. 307. Mont Bernard. (Saint) Visité par la soc. p. i5. — Coupe géolog. p. 16. Montlosier , Lettre sur les soulève- mens, et cratères de soulèv. p. Sgô. Observations générales, sur l’abus de la théorie des souièvemens, et sur les faits géologiques, p. 4^9. Montmorency. Coupe de la vallée de ce nom par M. Héricart-Ferrand, p. 420. Moréee t Grèce. Considérations géné- rales sur ces contrées, p. 298 et 299. Morren , professeur à Gand. Lettre sur divers objets d’histoire natu- relle , p. 26. Morse . Dent de ce cétacé dans la Molasse, p. 337. Munster. ( comte de ). Observations sur les nummülites , p. 67 , 293. — Sur les ammonées , p. 290. — Sur les nautilacées , p. 291 — Sur les belemnites, p. 293. Murex lubifer. Discussion à l’occa- sion dé ce fossile, p. 122. de cette localité par M. Boubée , P- 279- Nautilacées. Observations sur ce ET DES AUTEURS. genre de coquilles par M. le comte de Munster, cité p. 291. Nivellement et mesures de hauteurs, p. 182. Norwège. Note de la géologie de ce pays , p. 355. Nummulites « Observations sur ce Obsidienne avec fragment de calcaire coquillier dans Pile de Milo,p.356. Omalius d’Halloy. Sa théorie géolo- gique citée p. 019. Oplùtes. Epoque de leur apparition dans les Pyrénées , p. 5 13 et 4* 1 • Oran. Notice géolog. sur les envi- rons de cette ville, par M. Rozet, p. 4^* ; rappelée p. 3o5. Orlhocères. Mêlées avec les ammo- nites, avec les bélemnites, p. 421. Os fossiles , humains et de divers ani- maux. Questions sur leur origine, p. 59,61,62, 194 et 38j Coh- Palèonlologie. Ouvrages publiés sur cette partie de la science , p. 187. — Considérât, sur son applic. à la géologie , p. 3 1 5 . Paris . Exhaussement géolog. de son sol, p. 334. — Rapport des terrains tertiaires du bassin de Paris avec ceux de Pezenas et de Narbonne , p. 379. — Température du climat de Paris 5 l’époque de la for- mation des terrains tertiaires, et celle des terrains quaternaires , p. 386. — Considération sur les nummuliles tœvigata par rapport au bassin de Paris, p. 4i3. Périodes zoologiques, p. 260 et 5 16. Pétrification , considérée en général, p. 198. Piémont. Note succincte sur la géo- logie de quelques unes de ses par- ties, p. 391. Poissons fossiles , p. 191. Post - diluvium toulousain , p. 272, 333, 365. Poudingue (format, de) dans la craie et hî terrain tertiaire de la Grèce, ! p. 5oi. Pouzzolc. Histoire chronologique des , révolutions arrivées dans le sol de cette ville , p. 244- Prévoit ( Constant). 1 ' Lettre, rela 475 genre de fossiles par M. le comte de Munster, p. 67, citées p. 293. Nummulites lævigata , trouvée sur la mont, de Laon, et dans un puits artésien, p. 4i3, citée p. 43o. — Deux espèces de nummulites, présentées par M. Boubée, p. 444* O sidérations sur les ossemens hu- mains du midi de la France, par M. Desnoyers, p. 126. — Par M. du Chesnel, p. 390. — Trouvés à Pa- ris , p. 334. — Trouvés dans le dép. du Loiret, p. 335. — Tableau des gisemens d’ossemens fossiles dans le bassin de la Loire, p. 336. — Tête humaine, trouvée à Nogent- les-Vierges (Oise), p. 372. — -du Val-d’Arno, p. 439- — de divers dépôts quaternaires, p. 43o. Ours fossile. Dimensions des os de ce mammifère, p. 84. P tive à l’exploration de I’île de Ju- lia , p. 3a. — 2e , relative à Pile de Malte, p. 112. — 3° , relative à la Sicile, p. 114. — Extrait de sou mém. sur la géologie de la Siciie , p. 4o3. — Observations sur l’incli- naison des couches tertiaires du bassin de Paris, et sur la présence d’une nummulite dans ces cou- ches, p. 44. — Sur la position re- lative des lignites et de l’argile plastique dans le N. de ce bassin , p. 428. — Divers échantillons des terrains 5 lignites du Soissonnais offerts à la société , p. 446. Puits artésiens considérés générale- ment, et indication des ouvrages qui ont été publiés sur ce sujet en 1 85 1 , p. 2i5. — Creusés à Paris, p. 280 et 538. Puits géologiques des environs de Paris, expliqués p. 2 4j. Piizos présente à la société un Sca- phite très remarquable , p. 355. Pyrénées. INote de M. Dufrenoy sur les principales mines de fer de ces montagnes, p. 69. — Conjec- ture sur leur ûge géolog., et sur celui du granité dans lesPyrénécs, p. 73. — Observation sur la struc- ture de ces montagnes, pai M. Re- TABLE DES MATIERES 476 boul, p. — Conjectures sur leurs diverses époques de soulève- ment, p. 79, citées p. 3i3. — Divi- sion de ces époques en divers sys- tèmes, par M. Dufrénoy, p. 80. — Relation des ophites, des gyp- ses et des sources salées dans les Pyrénées, p. 4 10 . Pyroxène. Son identité avec l’am- phibole , p. 243. Q Quaternaire (terrain), p. 267 et suiv. R Ratisbonne. Affaissement de terrain près de cette ville, p. 8, cité p. 246. Razoumovski (le comte de). Extrait de son Mémoire sur les tubuli- pores , p. 36o. Reboul. Précis de quelques observa- tions sur la structure des Pyré- nées, p. 74. — Mémoire sur le syn- chronisme des terrains tertiaires inférieurs qu’il appelle mètatym- néens et prolymnèens , p. 583. Règlement. Diverses dispositions ré- glémentaires adoptées par la so- ciété , p. 45 et 119. Sables ferrugineux. Leur disposition dans le département de l’Oise , p. 16, 23 et 288. Sables tertiaires dans le départ, de l’Oise , p. i3 , 276. Sables verts , dans le même départ, p. 288. S aint-Gratien, S aint-Martin-le-Nœud. Localités visitées par la société , p. 16 et 19. Samothrace. Lettre sur cette île et sur son déluge, par M. Virlet, p. 342. Scaphites. Fossile remarquable de ce genre communiqué par M. Pusoz, p. 555. Schubler. Note sur la molasse de Gien- gen,p. 337. Sel gemme. Considérations sur les sa- lines , leur position géologique , p. 285. — Corrélation du sel gemme, du soufre et du gypse, p. 284, et conjecture sur leur origine com- mune, 1b. — Sel de Cardonne, p. 283. Sicile. Observations sur quelques lo- calités de cette île , par M. Constant Prévost , p. 114. — Extrait du Mé- Repliles fossiles , p. 191. Révolutions du globe en général , p. 182 et suiv. Voir aussi au mot soulèvement. Reynaucl. Note géologique sur la Corse , p. 409. Roches à surfaces polies. Considéra- tions sur ce phénomène , par M. Boué , 4x7- Romagne. Tremblement de terre dans cette province , p. 221. Rozet. Notice géolog. sur les envî- rous d’Oran , p. 4b. — Mémoire géol. sur les côtes de Barbarie , p. 262. moire de ce dernier sur la géologie de cette iie, p. 4o 3. — Extrait de lettres de M. Hoffman sur la géolo- gie de la Sicile , p. i56. Silice et concrétions siliceuses. Considé- rations sur leur origine, p. 199. — Silice pure et hydrophanique ; note sur cette substance, par M. Des- noyers, et son analyse par M. Ber- Ibier, p. 421. Sociétés géologiques fond. en i83 1 ,p. 1 36. Soissonnais. Terrain à lignites de cette province , p. 279. Soulèvemens des terrains dans le dé- partement de l’Oise, p. 20. — dans les Pyrénées, p. 79. — Discussion sur l’ancienneté du système des soulè- vemens, p. 124. — Soulèvemens en Grèce , p. 399. — Soulèvemens si- multanés dans le bassin de ia Seine et de la Loire, p. 583 et suiv. — Lettre sur les soulèvemens et cra- tères de soulèvement par M. de Montlosier, p. 3o5. — Observation sur ce sujet, par M. Cordier, p. 3g8 et 401» — Soulèvement à Beyne près de Grignon, p. 4 «9.— Observa* ET DES ÀUTEÜRS. 477 tioti sur l’abus des théories de sou- lèvement, par M. de Montîosier, p. 43p. Sources minérales. P. eio. 2i3 et 249. Spezia. Extrait du Mémoire sur la géologie des environs de ce golfe, p.421. Stockhorn (Alpes). Observations sur son classement, p, 68. Stratification discordante . Considéra- Teissier. Note sur une caverne à osse- mens près d’Anduze , p. ai. — Note sur une tête d'ours fossile, p. 84, 85. — sur deux têtes humaines de la race caucasique, p. 119. — Citées, p. 257. — sur la caverne à ossemens de Mialet, p. 35o. Température des mines en Prusse , p. 208. — des salines de Dieuze , p. 249. — du climat de Paris à l’é- poque de la formation des terrains tertiaires et des dépôts quaternaires, p. 386. Temple de Sérapis. Considérations sur le phénom. qu’il présente p. 243. Terrains en général. De leur classi- fication, p. 264. — Circonstances observées à leur contact, p. 270. Terrain mixte, ou fluvio-marin, p. 269. Terrain d'eau douce dans le départe- ment de l’Oise , p. 10 et 11. — Sa profondeur à Saint-Denis, p. 233 et 280. Terrains tertiaires . — Leur sous-divi- sion proposée par M. Brongniart, p. 271. — Considérations sur l’ori- gine de ces terrains , par M. Rozet , p. 364- — par M- Tournai, p. 365. — Synchronisme des terrains ter- tiaires, et considéra lions sur leur formation, par M. Rehoul, p. 383. — Terrain tertiaire de Lisy - sur- Ourq et de Saint-Aulde , p. 28.— — dans le» environs, p. 4j* — Gryphée signalée dans ce terrain , p. 49. — Rapport des terrains ter- tiaires de Paris , de Pczenas et de Narbonne, p. 379. -*> Terrain ter- tiaire en Sicile ,,p. 4o6. — Mémoire tions sur les dépôts qui présentent cette disposition, p. 210. Sluder. Notice sur les Alpes bernoises, p. 5i. Observations sur le classe- ment géologique du Stockhorn , p.68. Suède et Norvège. Note par extrait sur la géologie de ces contrées , par M.Hisinger, p, 553. sur le terrain tertiaire du N.-O. de la France, par M. Desnoyers, p.4i6. Liaisons de ces mêmes terrains avec ceux d’autres localités, p. 4*8 et 419. — Mémoire sur l’étendue du terrain tertiaire à lignite dans le Nord de la France, par M. de Beau- mont, p. 454* — Observations de M. Desbayes sur ce sujet, p. 455. — Terrain tertiaire des environs de Bordeaux, par M. Desmoulin*, p. 440. Terrains de transport dans le val d’Ar- no supérieur, par M. Bertrand Ges- lin,p. 429. Tcxier. Mémoire sur la géologie des environs de Fréjus, p. 4^2. Thermia. Note géologique sur cette île, par M. Virlet, p, 329. Tourbe et dépôt tourbeux , p. 249. Tournai fils. Rapports des terrains ter- tiaires de Paiis, Pézenas et Nar- bonne , 279. — Mémoire sur les ro- ches volcaniq. des Corbières, p. 56 1 . Considérations sur l’origine des terrains tertiaires, p. 364- — Ob- servations à ce sujet parM. Boubée, p. 366. — Note sur les cavernes à ossemens de Bize, p; 38o. Tracliytes alunifères d’Egine, p. 357. Trappcen (terrain) des environs d’O- ran , p. 48. — Observations de M. Cordier, p. 5o. Trésorier. Rapport sur ses comptes, p. 97. — Il présente le budget pour l’année i83a , p. 117. Tu b u li pores. Extrait du Mémoire de M. Razoumowski sur ces fossiles , p. 3Go. V Vallées considérées en général, p, ao5. { Végétaux fossiles en général, et tra- TABLE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS. ▼aux publiés sur ce sujet , p. 196 et cuir. — Disposition des végétaux fossiles dans les couches carboni- fères, p. S74. — Végétaux fossiles de la Stradella cités d’une manière générale , p. 383. Vésuve. Note historique relative aux éruptions de ce volcan , p. 5q6. Virlet. Géologie des envir. deModon et Navarin, p. Sou — Notice sur nie Thermia ( Cythnos des an- ciens), p. 329. Fossile inconnu présenté par lui, p. 34 1. Lettre sur Je déluge de la Samothrace, p. S4.2. — - Obsidienne avec or* bicules de l’île de Milo,, p. 356. Observations sur les trachytes alu- nifères d’Égine, p. 357. Volcans et phénomènes volcaniques en général,p. 205 et 337. — Con- sidérations, sur les roches volcani- ques, par M. Tournai fils, p. 36i. Considérations générales, parM. de Montlosier, p. 3p6. — par M. Cpr- dier, p. 3g5. — Terrain volcanique sous-marin en Sicile , p. 407. Voyez aussi Soulèvement . Votlz. Lettres contenant l’énuméra- tion des divers fossiles trouvés dans les Alpes, p. 55. FIN DE LA TABLE. ERRATA. Page 5a, ligne 18 , sud ; lisez nord. 52, 108, 108 , 108 , 109» I 12 , H 2, n3, 123, 125, i52 , *56, ï57, 164, 164 , a35, 248, 277 » 281, 297» 337, 357, 337, 435, 435, 452, 455, 455 , - — 9, miolet; lisez Miallet. — 27 , de i749 pages; //.yezGoettingue, 1 749* — 24 , gedranzte ; lisez gedrangte. — 25 , Erforschunz ; lisez Erforschung. — i3, derstellunz lisez darstellung- — 9, conchiologie; lisez conchyliologie. — 37, Malthe; lisez Malte. — 4r > Pas Dolomieu ; lisez par Dolomieu. — 16, Lygurie ; lisez Ligurie. — 3 7 , et; lisez and. — 5 , numiiites; lisez nummilitcs. — 8, Gemmettaro; lisez Gemellaro. — i5, Gemellaro; Usez Gemellaro. — 9, Yongovsk lisez Yougovsk : — 10, i83o ; lisez 1 83 1. — 17 , Sedgvich ; lisez Sedgwich. — 9, galium uliginosum ; lisez galium fuliginosum. — 4 » pouddingues ; lisez pouddingue. — 12, hyppurites'; lisez hippurites. — 4, hyppurites; lisez hippurites. — 11, mollasse , lisez molasse. — i4, mollasse; lisez molasse. — 24 , mollasse; Usez molasse. — (lig. dernière) Bcine ; lisez Beyne. — 24 > des griffées ; lisez gryphées. — 8, M. ; lisez Miss. — 6 , Me'inoires géologiques; Usez mémoires ge'ologi- queset paleonto ogiques. 8 , in-8° i832 ; ajoutez accompagnés de la carte géo logique de l’Europe. I BULLETIN D E I, A SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE. TABLE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS POUR LE PREMIER VOLUME. ANNÉE 1830 A 1831. Mlenau. Course dan? la vallée de ce nom, p. 129. Alluvions (idées sur les ). Par M. Boué, p. 94. — Dans la Gallicie el la Podo- lie p. 47. Alpes autrichiennes. Remarques sur un Mém. qui leur est relatif , p. 4o. — Divers gisemens de fossiles , p. 128, — Du Salzbourg ( pecten - salinariiis qui en provient ), p. 126. Alpin (calcaire). Saclassificat., p. 108. Ammonces et ammonites. Leurs limites, p. 137, i38. — Leur gisement en Allemagne, par M. de Mu.ister, p. 173. — Division en Goniatites, et barbarie. Note sur quelques parties de ce pays par M. Rozot, p. i4 > * Icauniont (Elie de). Observ. sur les montagnes sorpentineuscs de la Ligurie . p. 64. — Observations sur l’absence du dépôt tertiaire, p. 1 85. — Fixation des étages géol. de div. localités , p. 187. — Observations sur la caverne de Pondrcs, p. 202. Observations sur le grès de Fon taincblcau , p. 224. en Cératites , p. 174. — Leur dis- tribution dans diverses formations géologiques, p. 175, j 76, etc. — Observation sur diverses questions relatives à ces fossiles, par M. de Munster, p. 177. Apennins (Observ. sur les mont, de la Ligurie, en réponse à M. Paréto, par M. Elie de Beaumont) ,p. 64. Aptychus. Description de ce genre, p3r M. Meyer, p. 228. Allas (Petit). Observations laites dans cette chaîne par M. Rozet, p. 2a5, Aussce en Styrie. Notice sur ses envi- rons, par M. Boué, p. i35. üèlemnites. Dans un cale., à Orthocè- res, en Gallicie, p. 76. — Discussion sur leurs limites, p. 137 et i83. — Nouv. espèce caractéristique, par M. le comte de Munster, p. iS3. Itiroslre. Sa définition parM. Desbayes, p. 192. Blainvilte (de). Observation sur div. fossiles cloisonnés, p. 137, i3S, 139. — Observation sur les Coprolites , p. 229. TABLE DES MATIERES 248 Blocs erratiques en général, p. 118. — Dans le Jura, p. 89. Boblaye (Puillon). Observations géo- gnostiques sur la Morée, p. 82. — Notice sur les altérations des roches du littoral de la Grèce , p. i5o. Botta. Mém. sur le Liban, p. 204. Boubée (Nérée). Détails sur un puits artésien , près de Toulouse , p. 76. j — Géologie et topogr. du bassin de Toulouse, p. i46- — Observations laites dans la grotte d’Ussat ( Ar- rtege j, p. 201 Tableau mnémo- nique des terrains primord.,p. 202. — Fossiles d’un terrain d’eau douce du bassin de Toulouse, p. 212.' — Observations sur un cale, d’eau douce du bassin de Paris, p. 225. — Ob- servations sur les Coprolites, p. 227. — Nouveaux moyens pour détermi- ner les fossiles, p. 23o. Boue (Ami). Mém. sur le sol tertiaire de la Gallicie, p. i5. — Rem. sur un Mém. de MM. Sedgwick et Mur- chison rclat. aux Alpes autrich. p. 40. — Compte rendu des travaux de la société, et des progrès de la géologie, p. 71, 94> 10 . — Mém. sur div. gisem. de fossiles dans les Alpes autrich. , p. 128. — Notice sur les environs de Ilallein en Salz- bourg, et courses de Hallein à Go sau , p. 1 29. — Fossiles et roches de diverses parties de î’ Allemagne offertes à la société; observations sur l’origine du gypse, p. i45. — Autres échantillons offerts , dont quelques uns sont naturellement polis ; observ. sur ce poli, p. 1 5y. — Observ. sur la distribution des ter- rains, en réponse à un mém. de M. Desbaye3 , p. 188. Brandenbourg. Observations pour avan- cer sa géologie et classification de ses formations, par M. Klœden . p. 60. Brie. (Note sur le cal. de Brie et de Charapigny , par M. Dufrenoy , p. 220.) Brongniart (Alex.). Observation sur le cale, de Saint-Ouen , et sur le gypse de Montmartre , p. 224. Budget pour l’année 1 85 1 , p. 91 . Buckland. Observation sur son mém. relat. à la baie de Weimouth , p. 68. — Envoi de coprolites , avec quelques observations , p. 227. Caleaire compacte , — grossier, — ter- tiaire en Gallicie, p. 48. Cardone (terrain salifère d~). Rapporté au terrain de craie, p. 12. — Mé- moire de M. Dufrenoy, p. 99. Carpaihes. Souvent cités dans le mém. sur la Gallicie par M. Boue, p. i5^, et dans un autre mémoire du même auteur, p. 41* Cèratites . p. 174. Champigny . Mémoires sur les calcai- res de ce lieu, par M. Dufrénoy, p. 223. Classification en général , p. 107 p. 2l3. Coprolites.' Observations sur ces fos- siles, p 227. Cordier . Observations sur un cale. paludines du bassin de Paris, p. 223 et 224. Craie (Dufrénoy , en France), p. 9, — dans la Gallicie, p. 52 ; — en Morée, p. 82. — Poisson fossile de 1 s craie , p. i58. Cyclades dans un terrain d’eau douce.; près d’Étampes , p. 26. Cyrtocératites , p. 178 , 180. D Daubeny. Découverte d’azote dans les eaux therm. des Alpes , p. 77. Déluge. Catastrophe diluvienne , v. Révol. du globe , et p. 24 et 196. Dcshayes. Observation sur des fossiles de la Gallicie, etc., p. 55. — Obser- vation sur les gisemens de fossiles, p. 184. — Tableau comparatif des espèces de coquilles vivantes , avec les espèces fossiles, etc. , p. 1 85 . — Observations sur les Rudistes et le» Podopsides , p. 192. Desnoyers. Observations sur la pré- sence de cyclades et d’ancyles d ans le calcaire d’eau douce supérieur d’Étampes , p. 26, \ ' ET DES AUTEURS. Diluvium et terrain diiuvien[en général, p. 196. — Dans les environs de Tou- louse, p. 146. Dolomie , Dolomisation. Hypothèse sur ce phénomène, p. n4» Donati. Notice sur la structure géo- 249 logique et sur 1 élévation de Strom- boli, p. 292. Dufrenoy. Mém. sur le terrain de craie dans le sed de la France, et surtout les Pyrénées, p. 9. — Mém. sur les mines de sel de Cardone, p. 99. — Notice sur les calcaires de Brie et de Champigny, p. 22a. E Époque» géologiques, p. 19. t F Fer (minerai de) en grains. Sa classifi- cation , p. r i3. Fleuriau de Bellevue. Notice sur un puits artésien près de La Rochelle, p. 4o. — Notice sur des fossiles du calcaire jurassique dans un lieu voi- sin de La Rochelle, p. i 58 et suiv. Gallicie , p. 1 5 , 16, 47- Géologie. Ouvrages , recueils périodi- ques, et journaux relatifs à cette science, p. 72 et suiv. , et 9$. Géologues connus en Europe. Leur nombre , p. i4- Goniatites, p. 174. Gosau, cité p. 4», 1 1G, 12S, 129. Des- cription du bassin de ce nom , p. i3o. Grèce. Observations géognostiques sur ce pays par M. Boblaye, p. 82. Grès. Eu général, p. 4^» — Verts en Ilultein en Salzbourg. Course dans les environs, p. 129. Hélix. Description de plusieurs fos- siles de ce genre , p. 2 1 3. Homme. Son apparition sur la terre, p. io5 , ig5. Fossiles. Fossiles marins et d’eau douce mêlés, en Autriche et en Hongrie, p. 18. — Tableau des fossiles de la Gallicie , p. 5 1 . — Trouvés dans le Brandebourg, p. 60. — Ce qu’on doit entendre par cemot, p. 197. — Fos- sile en généial, p. a3o. Gallicie et en Podolie, p. 53; — de Fontainebleau, p. 187. Grottes. De Rancogne (Roulland), p. 200 ; — d’Ussat ( Boubée ), p. 2U1 ; — de Pondres ( Dumas ), p. 202. — Observées près de Liège, p. 222. Gypses. Hypothèse sur leur formation, p. 85; — 'dans quelques localités du bassin de Paris, p. 223, 224 et 22a. Gypse uses. Formation en Gallicie et en Podolie, p. 49- Houille. Théorie sur son origine , p. 1 18. Houillier ( terrain ). Sa classification, p. 10S. IJippuritcs. Observations sur ce genre par M. lloulland, p. 190. I îellùusarcolitcs. Observations sur ce genre, par M. Roulland , 150. \ / 260 TA BLE .DES MATIERES J Jurassique (cale. ). En Podolie et en R Karpalhes (monts). Cités souvent dans un méra. sur ia Gallicie, p. i5, 16, 47- Klœden. Extrait de son ouvrage sur la L \ ' Gallicie, p. 53; — en Lorraine, p. 87; — en Suisse, p. 89. forme et sur l’histoire primitive du globe, p. 57. — Observations sur les formations de Brandenbourg , p. 60. Lairm . Course dans ia vallée de ce nom, p. 129. Liban. Mém. sur cette chaîne , par M. Botta , p. 234. Liège , p. 222. Ligurie , p. 64. LUI de Lilienbach. Description du Marnes. Dans quelques localités du bassin de Paris , p. 223 , 2?4 et 225. — Gypsifères et salifères dans le S. O. de l’Europe, p. i5. Mastodonte. V. Meyer. Media (Afrique). Etudié par M. Rozet, p. 86. Meyer (le docteur). Description d’Or- thocères,d’un mastodonte, du genre Aphtychus.de trigonellites (Park.)/ et de nouveaux sauriens , p. 228 et 229. Molasse.. Sa position géologique dans le S. O. de l’Europe, et dans les Rarpathes , p. i5 et suiv. — Dans bassin, ou pays plat de la Gallicie et de la Podolie, p. 47» cité p. 16. Lituite. Coquille du genre des nautila- cées , p. 180. Lorraine. Note géologique sur quel- ques pays qui en font partie, par Robert, p. $7. les Salines de Wieliczka, p. 16. — Dans la Transylvanie , la Mora- vie , la Hongrie, p. 17. Montagnes. Direction des chaînes, p. r 19. Montmartre { gypse et marnes), p. 225, 224. Munster (le comte de). Mém. sur les Ammonées, p. 1 57, r 73 et suiv. — sur les Nautilacées, p.177, 178. — Indi- cation de quelques espèces d’Ortho- cères, p. 228. Muschethalk. Ammonées dans cette formation, p. iy5, Nautilacées de cette formation , p. 1 82. N Nancy. Ossemens fossiles observés près de cette ville, p. 46; cité pour l’abaissement d’une colline , p. 87. Nautilacées , Nautiles. Distribution dans diverses formations géologi- ques, p. 178, i 80. Nouvelle- Hollande. Ossemens de quel- ques animaux trouvés dans cette contrée, remarque à ce sujet, par M. Pentland , p. i44* — Autres ossemens indiqués par M. Buck^ land , p. 227. ET DÉS AUTEURS. 2Ô1 O Omalius d’Haltoy. Essai sur les joints des roches , et sur les formes qui en résultent, p. 168. — r Observation sur la classification des terrains , p. 21 3. Tableau de cette classifica- tion , p. 219. — Observation sur le calcaire siliceux du bassin de Paris, p. 224. Orlhocères dans le sol secondaire du calcaire alpin. Discussion à ce sujet, Pareto . Cité pour la direction des Alpes de la Ligurie, p. 64. Paris. Notes et observations sur quel- ques formations du bassin de Paris, p. y23 et 2.4 iv Parrot. Opinion sur le soulèvement des montagnes, l'origine des dépôts ignés et salifères, p. 229. Pentland. p. 1 44* Podolie. Description de ce pays} par M. Lill, p. 47. Podopsides. Observations sur ce genre, par M. Deshayes, p. 192. Poisson fossile de la craie, p. i58. Postdam. Formation géologique de ce district, p. 64. Prévost (Constant). (Considérations sur les expressions employées par les p. i3j; — dans diverses formations, p. 178. Ossemens fossiles. Observations de divers membre* sur des gisemens d’os fossiles, p. 97. — Nouvelle' Hollande, p. 1 44- — M. Buckland, p. 229. — M. Robert, p. 4^* — M. Tournai, p. 195= — Apparition de l’homme sur la terre, p. io5. géologues, et sur les époques géolo giques, p. 19. — Observations sur un mém. de M. Buckland relatif aux liges verticales du raie. dePort- and , p. 68. — Observation sur un mélange de fossiles, p. 139. — Ob- servation sur la distribution des ter- rains , p. 18^. Puits artésien. A Rouen, à Dieppe, auHavre, p. — Notice de M. Fleu- riau de Bellevue , p. 4o. — Puits artésien de Toulouse décrit par M. Boubée, p. 76. — Fait extraordi naire observé dans les eaux d’un puits, à Tours, p. 94. — Hypothèse sur leur théorie , p. 121. Pyrénées. Caractères de la craie sur leurs pentes , p. 9. R Iieboul. Comparaison de terrains des époques tertiaires dans les bassins hétérogènes, p. 161. Règlement constitutif, p. 6. — Disposi- tion supplémentaire, p. 14. — Dis- position relative à un emploi de fonds, p. 126. — Relat. aux membres démissionnaires rentrant , et sur quelques détails d’administration , p. 172. — Relat.au diplôme , p. 229. Révolutions du globe. M. C. Prévost, p. 19. — M. Ivlœden , p. 57. — M. Parrot, p. 229. > Robert (Eug.). Note sur quelques osse- mens fossiles observés près deNancy, j). 46. - — Notes géologiques sur quelques localités de la Lorraine et de la Suisse , p. 88. Robcrton. Coquilles du temple de Sé- rapis , et observations, p. 127. Rochelle (La). Notice sur un puits ar- tésien dans ce lieu, par M. Fleuiiau de Bellevue , p. l\o. Roulland. Observations sur les genres ichtyosarcolites, hippurites et sphé- rulites, p. 190. — Considérations sur les grottes de Rancogne, p. 200. Rozet. Géognosie du pays de Média en Afrique, p. 86. — Note sur quel- ques parties de la Barbarie, p. 1 4 1 - Observations faites sur le Petit At- las , p. 225. Rudiste. Observations sur les Rudistcs, par M. Deshayes, p. 192. 2Ôk2 TABLE DES MATIERES ET DES AUTEURS. Sauriens , Nouvelles espèces , p. 229. Sel. Dans les Karpathes, p. 17. — De Cardone (mém. de M. Dufrenoy); P* 99* ~~ Dépôts salifères d’origine volcanique, p. 229. Sèrapis. Enfoncement et soulèvement des colonnes du temple de ce nom , p. 116. — Mollusquescn provenant, et discussion à ce sujet, p. 127. Serpentine. Roches serpentineuses , p. 64. Siliceux (calcaire). Dans le bassin de Paris , p. 223. Société. Installation, p. 5. — Nomina- tion du président et du bureau , p. 8. — Élection des membres du Con- seil , p. 9. — Présentation et discours au roi, p. 27. — Liste générale des membres, p. 3o. — Compte rendu de ses travaux en rS3o, p. 71. Sources minérales , p. 94; — salées, p. 96. Soulèvement , p. 120. Sphérulites. Observations sur ce genre, par M. Roulland, p. 190. Stromboli. Notice sur cette île, par M. Donati, p. 292. Suisse. Notice de M. Robert , p, 88. Tableau comparatif des. coquilles vi- vantes avec les fossiles, par M. Des- bayes, p. i85. Température du globe, p. 120. Terrains en général, par M. d’Omalius d’Halloy , p. 2 «3 et 219. Tertiaires (terrains). Dans la Gallicie, p. 1 5 ; — dans le Brandebourg, p. 61 ; — en Morée , p. 85. — M. Reboul ,161. Toulouse. Puits artésien, p. 76 — Géo- logie et topographie de ce bassin, p. i46.— Fossiles de ce bassin pré- senté par M. Boubée, p. 212. Tournai. Mém. sur les ossemens hu- mains et sur les espèces de mam- mifères perdues, p. 195. Tours. Grains et végétaux jetés par uu puits artésien de cette ville, p. 94- Trésorier • Vérification de ses comptes, p. 78. — Il présente le budget de i83i, p.. 92. Vallées. Théorie sur leur formation, p. 117. Vanadium. Nouveau métal trouvé en Suède , p» 9'- . Volcans et phénomènes volcaniques, explications théoriques, p. 116. w Wieliczka. Coupe de ses salines, pari PVeymouth. Note sur un mém. relatif M. Boué, p. 16. I à la baie de ce nom , p. 68. FIN DE LA TABLE. ERRATA. ■kïÊBBÊ l)mm r@m ' V WÊsmm^ \ Page ir , ligne 8 , saccaroide : lisez saccliaroïdes. » — 9, compacte ; lisez compactes. 12, — i3, houillers; lisez houilliers. 3 9, — 3i , houillers -, lisez houilliers. lig, — 5i , coquilier; lisez coquillier. j> — 3i , coquillère; lisez coquillière, 5i, — 2g, Jsocardia ; lisez Isocardia. ’ 53, — 24 , coquilier ; lisez coquillier. 57, — 12, salinarinsinæqualvis; //.yezsalinariusinæquivalvis. 62, — 9 , Polygomme ; Usez Polygonum. 77, — avant dernière, Giraldin ; lisez Girardin. 78, — 3o , Clement Muller ; lisez Glement Mullet. 80, — i3 , pourrait ; lisez pouvait. - 84, — 33, phorphyroides; lisez porphyroides 95, — 37 , fouilles ; lisez failles. 98, — i3, Szeerbakow ; lisez Szcerbakow. 106, — 54 , se voûtant , Usez s’encroûtant. 1 1 r, — 4°) Kessemberg; lisez Kressenberg. ii2, — 4 > Kessemberg; lisez Kressenberg. 1 1 5, — 12, Save ; lisez Savi . 123, — 16 , Kloden ; lisez Klœden. 126, — 7 , Serrovezza; lisez Serravezza. i32, — 2 1 , B. ; lisez T. 137, — 38 , Conybeari ; lisez Turneri. » — 38, A. Iiensloii ; lisez une espèce de la division des A. macrocéphales de M. de Buch, 167 , — 18, Ninscnbach ; lisez Niesenbach. J 58, — 1 2 , Ninsenbacli ; lisez Niesenbach. 178, — 3, goniatitc voisine du; lisez une espèce qui n’est pas le. 21 3, — 6 , observe; lisez fait observer. 227, — 2, coquillère, lisez coquillière.