SOCIÉTÉ GEOLOGIQUE ®a- ssbü.W'Bib» 3û6~, jmskïmerie de lâche vardiere , nie d» Colombier , 3o. flulWttn DE LA BS F Et ANC S. RESUME DES PROGRES DES SQBRCBS. ©É®LCXBI(^TO PENDANT L’ANNÉE 1853, par JH. 2lmi 0oué. — - :1 (j i (Lu aux séances des 17 et 24 février, et 7 am7 1 834.) &ome ('fomÿ//ce?ne. PARUS» AU LIEU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ, RUE DU VIEUX-COLOMBIER, 26. 1834. TABLE DES CHAPITRES Introduction. 1 Plan. 4 Nouvelles sociétés et nouvelles publications. Angleterre. ib> Association britannique. 8 Publications. io Recueils populaires. n France. *6 Associationsenprovince. ib. Ouvrages populaires. 2 5 Belgique. *6 Hollande. ib* Allemagne. ib. Autriche. 28 Publications populaires. 29 Suisse. 5o Italie. 5 1 Espagne et Portugal. 3 2 Russie. *b. Pologne. 55 Hongrie et Turquie. 56 Indes orientales. ib. Etats-Unis. 5 7 PREMIÈRE PARTIE. Sciences physiques chimiques et naturelles . 3g SECTION I. Sciences physiques. ib. CHAPITRE I. Astronomie. 4<> CHAPITRE II. Physique générale* 4^ Calorique. . ib. § 1. Optique. 4 7 Perspective. 49 Métrologie. 5o CHAPITRE III. Electricité et Magnétisme. ib. § 1. Expériences dans les mines. 53 S 2. Magnétisme terrestre. 54 a TABLE T CHAPITRE IV. Météorologie. 60 Traités. ib . § i. Progrès de cette science. ib . § 2. Observations locales. 62 § 5. Air atmosphérique. 65 Hygrométrie. ib. Trombes. — Ouragans. ib. Inondations. 66 § 4* Influence des astres sur le temps. 67 § 5. Températures du sol et de l'air. 69 § 6. Influence des phénomènes climatologiques sur Phomme. 7 5 §7. Aérolithes. 77 § 8. Aurores boréales. 8 1 SECTION II. Sciences chimiques. 82 Leurs progrès. ib. § 1 . Chimie minéralogique. §4 § 2. Production artificielle de minéraux. 88 Par la voie ignée. ib. Par la voie aqueuse et l’électricité. 89 SECTION III. Hydrographie . 91 CHAPITRE I. Eaux à la surface de la terre. ib. § ï. Mer. 92 § 2. Lacs. . 94 CHAPITRE II. Sources et eaux minérales. 97 France^, ib. Allemagne. ib. Suisse. 98 Hongrie. 99 Italie. ib. Espagne. 100 Suède. ib. Angleterre. ib. Sources de pétrole. ib. Eaux thermales , etc. 10 1 Eaux salées. io5 Gîtes de Peau. 106 § Puits artésiens. 107 SECTION TV. Sciences naturelles. 112 CHAPITRE I. Histoire naturelle générale . ib. Discussion sur Pespèce. n3 Espèces humaines. 11g § 1. Zoologie. 121 Amphibies. — Crustacés. — Insectes. — Conchiliologie. 122 Zoophytes. 120 DES CHAPITRES. “J § 2. Botanique. 12^ § 3. Géographie animale et végétale. Géographie des plantes. 12^ Liqison des plantes, avec le sol. *29 CHAPITRE II. Minéralogie . i3o Ses progrès. §1. Traités. 3^1 § 2. Cristallographie. ^9 § 3. Minéraux nouveaux. A42 § 4. Roches. *44 SECTION V. Géographie physique. 1 l\5 Voyages. i5i DEUXIÈME PARTIE. Sciences géologiques. i56 SECTION I. Géologie proprement dite. ih. CHAPITRE I. Traités de géologie. ih. Géologie appliquée. i65 § 1 . Géologie mosaïque. 166 § 2. Géogénie. 170 CHAPITRE II. Sujets particuliers de géologie. 176 § 1. Cosmogonie. ib. § 2. Origine du salpêtre. 177 § 3. Origine des divers terroirs. ib § 4. Origine dest fossiles py ri teux. - 178 § 5. Origine de l’ambre. ib. § 6. Origine des charbons de terre. 179 § 7. Excavation des vallées. 182 § 8. Destructions produites parla mer. i83 § 9. Géologie quaternaire. i 84 § 10. Origine des calcaires grénus. ib. § 11. Origine des quarzites. ib. § '-2. Origine des aecidens des filons métallifères. 1 85 § ï5. Stratifications des roches. 188 § 14. Origine du soufre. 191 § l5. Théorie des volcans. ~ ib . § 16. Histoire des volcans. i^5 §17. Tremblemens de terre. ib. § 18. Gaz des volcans. 194 § 19. Lagoni d’acide borique. 196 § 20. Dislocations et soulèvemens. 197 §21. Cratères de soulèvement. 198 § 22. Soulèvemens des continens. 199 § 23. Soulèvemens des chaînes. ib. Vosges. ib. r^r,> (&> OjTj IV TABLE Département du Cher. 200 Auvergne. ib. Wurtemberg. ao5 Thuringe. 206 Grèce. 207 Russie et Sibérie. 211 Indostan. 21 5 Epoques de soulèvement de M. de Beaumont. 216 Partie théorique. 217 Partie d’application. 226 CHAPITRE III. Géographie géologique. 2-j-* ^ 1 . Ecosse. § 2. Angleterre. Cornouailles. Dévonshire. Comlé de Sommerset. Susses. Surrey. Norfolk. Comlé de Buckingham. — de Gloucester. — de Montgomery. — de Chester. — de Leicester. Derbyshire. Shropshire. Pays de Galles. Westmoreland. Cumberland. ^orthumberland et Durham. Yorkshire. 5. Irlande. 4. France. — France septentrionale. Nord- est de la France. Alsace. Haute-Saône. Doubs. France occidentale. France centrale. Sud-ouest de la France. Pyrénées. Languedoc. Sud-est de la France. 5. Belgique. 6. Hollande. 7. Suisse* Grisons, § 8. Allemagne. Wurtemberg. Pays de Nassau. ib . 2±5 ib. 24 6 ib. ib. 249 ib. 200 ib. ib. ib. ib. s5i 2Ô2 255 ib. 254 ib. 255 ib. 209 262 260 264 265 ib. 270 27O 277 ib. 278 282 280 256 287 288 ib. ib. DES CHAPITRES. V Bords inférieurs du JRhin. Westphalie et Hanovre. Harz. Hesse. Cobourg. Thuringe. Royaume de Saxe. Brandenbourg. Bohème. Moravie. Autriche. Styrie. § 9. Hongrie. § îo. Pologne. Ukraine. § 11. Russie. Oural. Crimée. Moldavie , Valachie. § 12. Norvège. § i3. Italie. — Royaume Lombardo- Vénitien. Piémont. Massa-Garrare. Toscane. Ile d’Elbe. Etats romains. Royaume de Naples. Calabre. Iles de Lipari. Sicile. Ile de Pantellarra § 14. Espagne en général, et toutes ses provinces. Sol tertiaire des provinces de Grenade , de Séville , de Voyage de M. Leplay. Pyrénées. Ilots de Coîumbretes. § 1 5. Portugal. § 16. Grèce. Iles de la Grèce. Morée. Système volcanique. Phénomènes récens. § 17. Afrique. Egypte. Colonie d'Alger. Guinée. Iles Canaries. Iles de la mer africaine orientale. § 18. Indostan. Pointe méridionale de Plnde. Dukhun. -ib. 289 291 ib . 292 ib. 293 295 ib. ib. 293 ;b. ib. 299 301 302 3o4 313 314 3 1 5 ib. 316 317 319 321 323 ib. 324 ib. 327 328 ib. Malaga, etc. 33g 34i 344 345 ib. 346 349 369 ib. 378 383 ib. ib. 385 ib. ib. ib. 386 ib. TABLE vj Inde centrale. 387 Oodipoor. 3gi Plaine du Gange. 3g5 Cutch. ib. Bords de l’Indus. 3g5 Caucase-Hindou. 097 Himalaya. 598 Royaume d'Ava. 399 Java. ib, § 19. Japon. — Iles de Sandwich» ib . § 20. Amérique septentrionale. 4oo Etats-Unis. ib . Ohio. 402 Terrain crétacé. ib . Terrains tertiaires. 4o3 Alluvions. 4o5 Canada. 4°6 Montagnes rocheuses , 409 §21. Mexique. ib. Panama. 4l4 § 22. Antilles. ib » § 23. Guyane. 4*5 § 24. Brésil. 4 16 § 25 Paraguay. 4*8 § 26. Chili. ib, § 27. Buenos-Ayres, Haut-Pérou et Patagonie. 4 20 § 28. Océan Antarctique. 4 2 2 CHAPITRE IV. Cartes géologiques. 423 § 1. Chorographie. ib, § 2. Cartes et coupes. 4 25 § 5. Nivellemens. 429 SECTION II. Paléontologie. 43 1 CHAPITRE I. Traités généraux , c*6. CHAPITRE II, Paléontologie animale . 433 § 1. Cavernes ossifères. ib. § 2. Hommes fossiles. 44o § 3. Mammifères fossiles. 44 1 Allemagne. 442 France. ib. Italie. 443 Russie. ib. Pachydermes. - Etats-Unis. ib. Allemagne. ib. Curtognati. 444 Solipèdes. ib. Edentés. ib. Amérique méridionale. 443 DES CHAPITRES. V1J Rongeurs. ib. Ruminans, 446 § 4- Reptiles fossiles. ib. Crapauds dans des pierres. 448 § 5. Poissons fossiles. ib. § 6. Crustacés fossiles. 456 § 7. Insectes fossiles. 457 § 8. Coquillages fossiles. 458 Conchiliologie fossile locale. 45q France. ib. Angleterre. 46o Prusse. ib. Wurtemberg. 462 Silésie. 465 Pologne. ib. Autriche. ib. Tyrol. ib. Suisse. 466 Sicile. ib. Russie. 467 Suède. ib . Etats-Unis. ib. § 9. Echinodermes fossiles. 468 § 10. Polypiers fossiles. ib. CHAPITRE III. Botanique fossile. 469 § 1. Grands recueils descriptifs. ib. § 2. Troncs de végétaux fossiles. 484 | 3. Descriptions d’espèces de plantes fossiles. 490 CHAPITRE IV. Considérations générales sur la paléontologie . 49^ Coup d*oeil rétrospectif et prospectif. 498 Avenir de notre association. 5oi Addenda. 5o4 FIN. SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE. RÉSUMÉ DES PROGRÈS DES SCIENCES GEOLOGIQUES PENDANT L’ANNÉE i833; VAK M. BOUi. ( Lu aux séances des 3 et 24, février , et du 7 av ril 1 834* ) r-T**^ 1? iCTT"1 — — INTRODUCTION. La géologie est l’étude qui lie les sciences physiques et na- turelles; elle n’embrasse pas tous les détails de ces études, mais elle ne reste étrangère à aucune de leuis bases ni à leurs corollaires principaux. Présenter le résumé parfait des progrès annuels d’une science ayant un domaine si étendu et si élas- tique , si j’ose m’exprimer ainsi , est donc une chose imprati- cable pour une seule personne ; aussi , conscient de mes omissions , je vais au surplus exposer les circonstances ex- traordinaires qui tendent continuellement à augmenter la difficulté d’une telle entreprise. Avant d’entrer en matière, les critiques auxquelles j’ai été en butte les années précédentes m’engagent à rappeler que j’ai composé pour une société , non de savans spéciaux , mais de personnes s’occupant d’objets très divers d’étude. C’est donc de la variété que demandait mon travail. Il fallait en outre faire ressortir les ouvrages de nos confrères , pour qu’ils crussent à l’intérêt que nous leur portons. Sionécrivaitpour une académie, il serait tout simple qu’on se restreignît à l’indication de quelques découvertes très saillantes; mais chez nous ce n’est plus la même chose : il faut sans flatterie tâcher de contenter tout le monde, et re* Soc. géol, Tome V. 1 2 RÉSUME DES PROGRES cruter notre phalange par l'appât des objets divers qu'em- brassent nos éludés. Le quatorzième siècle a été illustré par le renouvellement des lettres; le dix-neuvième est celui où les sciences ont envahi le domaine public, changé la civilisation, et enfanté des pro- diges. Depuis quarante ans une masse énorme de documens , d’observations , d'expériences , de découvertes , se sont entassés dans les archives scientifiques ; et si l'esprit humain a suffi à cette besogne prodigieuse dans l’espace du tiers d’un siècle , quelles lumières , quelles féeries n’attendent pas nos descen- dans vers la fin de cette ère toute scientifique ! Partout où règne la civilisation européenne , et meme dans beaucoup de lieux du globe où elle ne fait que pénétrer, on voit se former journellement des centres bienfaisans de lumière : ici des écoles , là des sociétés. Dans ce mouvement vers la per- fection des races humaines , les sciences physiques et naturelles sont partout au premier rang parmi les études , soit à cause de leurs applications nombreuses et souvent immédiates , soit pour leurs effets salutaires sur l'esprit humain. Comparez ces sciences à toutes les autres, telles que les ma- thématiques pures , la médecine proprement dite , les sciences historiques, philologiques , métaphysiques , etc'. ; aucune ne présente ces immenses avantages , et aucune surtout n’est un antidote si puissant contre les préjugés de tout genre dans les- quels tant de nos semblables croupissent encore, et trop sou- vent pour le malheur de notre espèce. Les études physiques et naturelles sont véritablement le dissolvant des erreurs et le chemin du temple de la R.aison. Des esprits inquiets ou peu habitués à peser en masse les faits de détail trouveront peut-être que j’exagère; mais s’ils prenaient la peine de parcourir avec moi le monde civilisé , pays par pays, ils n’y distingueraient bientôt, comme moi, qu’un mouvement progressif plus ou moins fort. Non , l’influence funeste de l’invasion d’un nouvel Attila est impossible en ce sens que l’ignorance du vainqueur se noierait dans les flots de lumière de ce siècle, où , le voulant ou ne le sachant pas, tout le monde avance et personne ne recule, ni même n’a le pouvoir ou la volonté de retourner en arrière. En effet, pour aller à reculons il faudrait non seulement détruire toutes les écoles , tous les livres et tous les manuscrits, toutes les presses, tous les théâtres et toutes les sociétés, de 5 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. quelque nature qu’elles fussent, mais encore abolir les postes et les diligences , prohiber tout voyage et détruire tout com- merce, même clouer chacun dans sa résidence ou dans sa maison, enfin empêcher la transmission orale des idées : toute autre mesure moins impraticable n’est qu’une entrave momen- tanée. Or, personne ne songe à des choses aussi absurdes; tout ce qu’on désire , c’est de modérer , d’encaisser le torrent de la civilisation , pour prévenir ses crues trop rapides. Ces dernières années , des tempêtes politiques ont menacé, il est vrai, l’Europe; mais le dieu des combats s’est endormi dans les bras de la raison , qui fait tous ses efforts pour prolonger son triomphe et assurer son règne. Si l’Europe de i83o était semblable à un océan bouleversé par les vents et menaçant d’engloutir tous les nombreux navires épars sur sa surface, dans les années suivantes , Fouragan s’est modéré peu à peu, les flots se sont abaissés , et ce chaos de vagues s’est changé en une mer houleuse sur laquelle se balancent majestueusement les plus gros vaisseaux ; tandis que quelques autres, en général plus petits, ont eu le malheur de sombrer. Tous cependant n’ont pas encore gagné le port où ils sont attendus avec anxiété; quelques uns y arrivent à pleines voiles, d’autres marchent plus lentement à cause des avaries éprouvées, tandis que quelques uns sont encore cachés aux yeux inquiets des pilotes du rivage, derrière quelque écueil ou quelque grand promontoire. Mais le jour approche où cette mer encore agitée ne sera plus qu’un azur uniforme, ridé par un zéphyr bienfaisant. Au milieu de ce mouvement de civilisation , la presse n’a pas manqué de redoubler d’activité : devant une société aussi éclairée que la nôtre , il est inutile de dire que je ne parle pas ici de cette presse dont le mensonge est le principal gagne- pain, et qui ne s’applique qu’à exploiter sous diverses cou- leurs , aussi odieuses les unes que les autres , la crédulité , les passions ou les intérêts de coteries; je ne puis avoir en vue que cette presse bienfaisante, qui enregistre les faits et les découvertes , et qui s’ingénie de mille manières pour répandre les connaissances utiles dans toutes les classes de la société , et pour améliorer le sort des hommes, en même temps qu’elle ne cesse d’accroître le nombre de ses sujets et d’amasser des richesses. Sous ce rapport , les deux années qui viennent de s’écouler ont été extrêmement remarquables , car la vente des livres a 4 RÉSUME des progrès etc prodigieuse ; et depuis cette époque seulement l’Angle * terre, la France, l’Allemagne, l’Italie et même les Etats- Unis ont vu réussir, au-delà de toute espérance, une quantité de recueils curieux, instructifs et amusans (à planches ), qu’un prix très modique a mis à la portée pour ainsi dire de tout le monde sachant lire , et auxquels des noms connus ont donné la vogue. Jusqu’ici on n’avait vu de pareilles entreprises que pour les classiques de ces divers pays. ( Collections de classi- ques, Miniatur Bibliothek , Cabinets Bibliothek , publiés à Hildburghausen, etc.)Ces ouvrages sont, en un mot, les Ow* nibus de V instruction , dont l’idée a été suggérée autant par les évènemens extraordinaires par lesquels nous sommes passés, et dont nos descendans pourront seuls calculer toute la portée , que par l’idée élevée qu’il faut éclairer progressivement les masses pour pouvoir les conduire , et qu’il vaut mieux fonder des écoles que des hôpitaux et des colonies de pauvres. Il est bon de remarquer que de tels avantages sont obtenus partout en présence d’une législation fiscale et contraire aux progrès des lumières ; on peut donc à peine se faire une idée de l’impulsion que recevrait la civilisation , si la presse était affranchie de ces entraves , et si les divers gouvernemens s’en- tendaient au contraire pour la favoriser. Ce ne serait plus alors des journaux mensuels ni même hebdomadaires, mais tout homme sachant lire aurait tous les jours et peut-être même deux fois par jour, à sa disposition, d’une manière ou d’une autre, une foule de recueils de faits; et sa curiosité satisfaite, en même temps que son intérêt personnel, ne lui laisserait plus de temps pour prêter l’oreille aux mensonges ou aux scandales. Or ceci n’est point une utopie, témoin ces fran- chises que déjà quelques gouvernemens , tels que la Prusse, accordent pour les envois faits aux universités. PLAN DU RÉSUMÉ DES PROGRÈS DES SCIENCES GEOLOGIQUES. Le plan de mon Résumé des progrès des sciences géologi- ques sera un peu différent de celui que j’ai suivi jusqu’ici. Je voudrais tout à la fois donner une idée de l’esprit suivant lequel je travaille à ma bibliographie générale de ces mêmes 5 DBS SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 835» sciences ( voyez Bull. , tome III , p. 25g ) , et montrer les points de contact si divers que la géologie a avec la plupart des sciences naturelles , physiques et chimiques , et avec quelques bran- ches des mathématiques , de la médecine et de la statistique. Cela pourra donner aussi une idée de Futilité générale et jour- nalière dont sera mon ouvrage. Après la Revue des nouvelles sociétés et des publications les plus récentes dans les diverses parties du globe , j’aborderai mon travail analytique, qui se partage d'abord en deux grandes divisions : d’un côté, les sciences physiques , chi - niiques et naturelles , comme servant de base à la géologie ; et de Fautre les sciences géologiques proprement dites. Dans ma première partie, je commencerai par Fénumération de toutes les observations récentes , et des ouvrages nouveaux qui ont paru dans les sciences physiques et qui intéressent la géologie. Après avoir ainsi parlé d’ astronomie , de physique générale et à1 optique , de magnétisme et d’ électricité , je passerai à la météorologie développée dans toute son extension, si importante pour le géologue, et comprenant les découvertes faites concernant les aérolithes et autres météores atmosphé- riques. Une seconde section sera consacrée aux progrès de la chi- miey considérée surtout relativement à l’analyse des corps in- organiques, ou à la minéralogie chimique , et aux productions artificielles de minéraux ou de roches . Une troisième section comprendra tout ce qui a rapport à Y hydrographie et aux eaux minérales. Ma quatrième section sera l’exposé de ce qui concerne Vhis* toire naturelle générale et ses diverses branches particulières, qui ont trait à la géologie. Les découvertes eu minéralogie proprement dite viennent naturellement se placer après la botanique et la zoologie , comme autant de sous-divisions. La distribution géographique des êtres , des plantes et des minéraux y occupe nécessairement une grande place , et vient lier cette section à la suivante. J’ai rassemblé dans une section particulière ce qui regarde la géographie physique , dénomination un peu vague pour désigner les ouvrages de géographie, les voyages, et diverses recherches qui touchent au domaine de la physique géné- rale, de l’histoire naturelle et de la géodésie. On pourrait dire que c’est l’étude des caractères extérieurs de la croûte 6 RÉSUMÉ DES PROGRÈS terrestre , tandis que la géologie serait une cristallographie grandiose. Arrivé à ma seconde partie , la géologie proprement dite , j’y distingue deux grandes sections, la géologie et la paléon- tologie. Dans la première , je consacre un chapitre aux ouvrages généraux de géologie et aux classemens ; un autre aux ques- tions géologiques traitées isolément ; un troisième aux topo- graphies géologiques } et un quatrième aux relevés géognos- tiques , en y annexant certaines découvertes de géodésie , et le perfectionnement des cartes proprement géographiques . La paléontologie , divisée d’après les grands types des or- ganisations animale et végétale, termine ma seconde partie, et un coup d3œil rétrospectif et prospectif achève mon essai. NOUVELLES SOCIÉTÉS ET NOUVELLES PUBLICATIONS ETABLIES EN 1 833 ^ DANS LES DIVERS PAYS DU GLOBE. ANGLETERRE. Parcourons maintenant les divers pays pour enregistrer les nouvelles publications et les sociétés qui viennent d’y prendre naissance. Je commencerai par l’Angleterre , non pas que je regarde ce pays comme le modèle du bien-être social en gé- néral , mais parce qu’au milieu de sa fausse civilisation , elle renferme les germes de l’esprit d’association et d’entreprise, qui assureront plus tard le bonheur de toute l’espèce humaine. Si , par des combinaisons bien entendues , tant de gens vont en voiture, qui jadis n’allaient qu’à pied, de même, par d’autres moyens aussi simples qu’ingénieux, on parviendra à procurer à chacun une foule de commodités, sans augmentation de for- tune , si ce n’est pour ces nouveaux bienfaiteurs de l’humanité. Une Société d'histoire naturelle a été fondée en août der- nier, à Londres, et compte déjà de nombreux souscripteurs; elle formera une bibliothèque et des collections. D’une autre part, une Société d' entomologie y a tenu sa première séance le 22 mai 1 833 . Ainsi, dans cette capitale , une société spé- ciale est consacrée à presque chaque branche des sciences na- turelles ( Sociétés linnéenne , géologique , zoologique , en- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. 7 tomologique et botanique) et physiques ( Sociétés d’astrono- mie, Institut royal , Société royale ) , ainsi qu’à leurs appli- cations (Sociétés d'horticulture, d’agriculture, du génie civil, de la navigation , etc. ). Londres possède plusieurs instituts littéraires et scientifiques. Un nouvel institut avec un musée et des cours a été établi sous le titre Western literary a . scieniific institution dans le quartier riche et populeux de Belgrave-Square , tandis que l’ Institut semblable de St.-Mary-le-Bone prospère et compte déjà 600 souscripteurs. A côté de la capitale, à Hampsteacl , un institut scientifique a pris naissance , et M. Rob. Bakewell a présidé la première assemblée, composée de 3oo personnes : des cours et un musée y seront attachés. A Worcester , des amis des sciences naturelles ont fondé, le 6 avril , une Société Æ histoire naturelle et un Institut scien- tifique* M. le Rév. W.-B. Clarke a ouvert un cours de géologie à l’Institut scientifique et de mécanique de Poole , dans le Dor- setshire. A Dublin , il s’est formé sous la présidence de M. Apjohn une Société géologique . Le gouvernement anglais, jusqu’ici si parcimonieux pour l’encouragement des sciences , et en particulier des sciences naturelles , commence à entrevoir l’utilité de provoquer leurs progrès au moyen de votes parlementaires. D’abord , il y a en Angleterre une tendance à la création de nouvelles chaires de professeurs pour des branches spéciales , telles que l’as- tronomie , les subdivisions de la chimie, et des sciences natu- relles. Les universités anglaises en acquerront plus d’éclat , et les naturalistes, et les nombreux missionnaires sortis de ces écoles , se répandront sur la surface du globe avec plus de moyens de faire des découvertes. On parle d’établir une chaire d’astronomie et d’anatomie comparée à Edimbourg , oii il est évident que quelques professeurs ne peuvent plus faire honneur à la fois à plusieurs branches des sciences zoologiques et physiques. Ensuite les expéditions maritimes , pour lesquelles le gou- vernement avait jusqu’ici réservé presque exclusivement ses largesses, seront mieux fournies de naturalistes, et pourront ainsi venir accroître les richesses des musées d’Angleterre, et surtout du musée britannique , qui , vu la grandeur de 8 RÉSUME DES PROGRES. la marine anglaise et des possessions outre-mer de cette nation , pourrait dans peu d’années se mettre au niveau des musées de Paris , de Leyde , de Berlin et de Vienne. L'An- glais , et même celui au timon de l'Etat , commence à sentir enfin tout le mesquin du cabinet de curiosités de la com- pagnie des Indes , le contraste de certaines parties du musée britannique avec les superbes bibliothèques et les beaux marbres qui en dépendent ; et il comprend tout l'orgueil du Français , aussi satisfait de parcourir les créations du monde au Jardin des Plantes , que de voir les productions de l'art au Louvre. Sous ce point de vue , Y Association britannique pour les progrès des sciences fera un bien infini ; car, dans un pays aussi éclairé , il est impossible que le faisceau des lumières, ainsi réuni , ne fasse pas prendre le dessus sur toutes ces idées tournées exclusivement vers le profit pécuniaire immé- diat. Toutes les sciences , même les plus spéculatives en appa- rence , rapportent aussi , mais elles ne tiennent pas compte du temps nécessaire pour arriver à ce but. Ly Association britannique a tenu à Cambridge ses séances du 24 au 28 juin , et renferme déjà toutes les notabilités scien- tifiques de l'Angleterre. Elle était composée de 1369 per- sonnes , parmi lesquelles on comptait quelques savans de l’Eu- rope continentale; 789 savans se sont fait recevoir, ce qui porte le nombre des membres de cette société à 1256. La re- cette s’est élevée cette année à 2000 livres sterling. La société a eu des réceptions très brillantes, soit dans les divers colleges , soit dans des locaux publics ; et a tenu, sous la présidence de M. Sedgwick, deux séances générales, l'une le 25 , et l’autre le 28 juin. M. Whewell a ouvert la réunion par un discours. ( Edinb . rc. phil. vol. XVI, n° 3r , p. 90.) Parmi les travaux de la Société , on peut signaler surtout les euivans : Le 24 juin au soir, il y eut une discussion intéressante sur les aurores boréales , à laquelle prirent part successivement MM. Robinson, Dalton, Herscliel, Airy, Scoresby et Wlie- well. Le 25, dans la section de physique, M. G.-H. Fielding dé- crivit quelques phénomènes atmosphériques observés à Hull , en mars et avril 1 833. Dans la section de technologie, on s’oc- cupa d'archi lecture navale et des puits des mines. Dans la sec-» tion de zoologie et de botanique, M. Blackwall donna des DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. Q détails sur la structure et les fonctions des araignées; M. Bur- nett , des observations sur la moelle des plantes ; et M. le doc- teur M» Macartney, de Dublin, lut un Mémoire curieux sur le système nerveux. Dans la section de chimie et de minéralogie , MM. Turner et Mill présentèrent un rapport sur quelques ex- périences relatives à l’isomorphisme; M. le docteur. Daubeny lut un Mémoire sur la nature et la quantité des gaz exhalés à la surface de certaines eaux thermales. Le soir, M. J. Taylor fit , à la section de géologie , un rapport sur les filons , et montra des coupes des mines profondes du Cornouailles. Le 26, on lut le matin, dans les diverses sections, les Mé- moires suivans : sur l’action du verre d’antimoine sur la lu- mière, par M. Potter; sur un baromètre à citerne, par M. Neumann ; sur un nouveau télescope à réflexion, par M. Da- vison; sur la compressibilité [de l’eau, par M. Oersted; sur la pesanteur spécifique des gaz, par MM. Dalton et Prout; sur des sels de soufre , par les mêmes; sur le poids des atomes, par M. Turner; sur faction de la lumière sur les plantes, et fac- tion de celles-ci sur l’atmosphère, par le docteur Daubeny; enfin M. Peacock lut un Mémoire de mathématiques, et M. Beriiiie une notice sur f hydraulique. Le 27 , M. le professeur M. Christie fit son rapport sur l’état actuel des connaissances concernant le magnétisme ; M. Whewell lut, en l’absence deM. Barlow, un Mémoire surla force de divers matériaux, et dans la soirée , une dissertation sur les marées; M. le professeur Farish lui succéda , par des remarques sur les chemins de fer , et assura qu’on pourrait porter sur ces routes la vitesse de la course de 20 à f±o milles par heure. Dans la sec- tion de zoologie , M. Jenyns lut un Mémoire sur les genres et sous-genres; M. Gray, une Notice sur Peau dans les coquilles bivalves; et M. Ogiiby donna un nouveau classement des ru- minans. Dans la section d'anatomie et de médecine , on lut des observations sur le mouvement et le battement du cœur, sur les fonctions mécaniques de l’urètre , et les effets des poisons sur les tissus muqueux. Dans la section de géologie , M. Trevelyan donna des détails sur des coprolites et des poissons fossiles; et M. Murchison montra et expliqua à la Société ses cartes géo- logiques des comtés de Salop , de Hereford, dePtadnor, de Brecon et de Carmarthen. Le 28 juin, M. Challis lut un rapport sur la théorie des fluides, et on décida que la réunion de 1 834 aurait lieu à Edim- bourg du 8 au j 4 septembre, et le bureau fut constitué de la ma* 10 RÉSUMÉ DES PROGRÈS nière suivante : sirThomas Brisbane, président ; sirD. Brewster et le docteur Robinson , vice-présidens ; MM. Robison et Forbes , secrétaires (i). Enfin, le 29, les géologues, sous la conduite de M. le pro- fesseur Henslow , allèrent visiter en bateau le pays maréca- geux des environs, appelé Fens. Parmi les publications annuelles des sociétés savantes en Angleterre , je trouve à signaler le VIe volume de la Société d’astronomie de Londres; un volume de la Société de géogra- phie de la même ville, association qui publie aussi, depuis i83o , des procès-verbaux de son comité et de sa correspondance ( Pro- ceedings , etc. 2 vol. in *8°) ; un beau volume in-4° des Transac- tions de la Société zoologique ; le volume IV des Transactions de la Société royale géologique du Cornouailles; la ir° partie du second volume des Transactions de la Société d’histoire na- turelle du Northumberland et du Durham , un volume inté- ressant des rapports sur les travaux de l’Association britan- nique à York et à Oxford ( Report of tlie first a . second mee- tings of the british association , etc. octobre 1 833 ) ; enfin le journal publié par la nouvelle Société géologique de Dublin. Le nouveau volume des Transactions de la Société géologique de Londres ne paraîtra qu’en mai. Dans le siècle où nous vivons , les grandes collections académiques deviennent tous les jours davantage’ un hors- d’œuvre, parce que les découvertes ne s’y impriment que long-temps après avoir déjà été données par les journaux pério- diques. Le mouvement scientifique actuel demande une promp- titude extrême de publicité, avec un prix de vente très mor déré , deux conditions que ne présente aucun recueil acadé- mique. Les fonds de chaque académie devraient être affectés à la fondation d’un journal mensuel : tel est le besoin du temps. Cette remarque m’est suggérée par la publication, au nom du conseil de la Société royale de Londres , des extraits des Mé- moires de cette Société, depuis 1800 jusqu’à i83o ( Abstracts of the paper s y etc. Londres, i832. 2 vol. in-4° et in-8° ). Ce recueil , d’un prix modéré, met à la portée des physiciens bien des faits importans à consulter , tels que les travaux des Hers- chel , Wollaston, Davv , Watt, Young, etc. , etc. (1) Pour plus de renseignemens, voyez Literary Gazette , sep- tembre i833, et le Cambridge Quarlerly Magazine f octobre, n. i. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. 1 1 La presse scientifique trimensuelle a gagné l’an passé en An- gleterre : r Adventurer ou London s university Magazine , in-8° } commencé en mai ; le Cambridge quarterly Magazine , ou Ma- gasin de littérature des arts et des sciences, in-8°, commencé à Cambridge en juillet dernier; et la presse mensuelle, le F ields naturalists Magazine and Review , in-8° , publié à Londres depuis janvier i833 ; le Parents cabinet of amusement and instruction , in-8° , commencé en 1 833 ; F Edinburgh Magazine de Tait, commencé en avril i832; Y Edinburgh magazine commencé mensuellement à Edimbourg en septembre dernier, parM. Johnstone; le Dublin and London magazine , publié à Dublin , et le Dublin university review , commencé mensuel- lement en janvier i833. On peut citer encore un recueil hebdomadaire paraissant à Londres sous le titre du Critic ; la continuation du Journal zoo- logique et duMagasin entomologique , publication trimestrielle commencée en juillet i83s; la publication d’un journal de bota- nique trimestriel, parM.Hooker; l’amélioration du journal Y A- thenœum , et de la Gazette littéraire de Londres, pour la promp- titude et l’exactitude de la publication des travaux qui ont lieu dans les sociétés savantes. Je viens à présent à parler des recueils populaires instructifs et a bas prix ( 5 schillings le vol. ). Ils se publient , depuis i83i, sous la forme de Magasins pittoresques in-4° (i), ou mensuelle- ment ou à époques irrégulières, par volumes petitin-8°ouin-i2, à Londres et Edimbourg, et ils sont exécutés souyentavec un goût exquis. Plusieurs de ces publications ont eu déjà quatre ou cinq éditions , et meme quelques unes en ont eu deux dans une année. Le Harpers family library de Londres , dont il y avait déjà 53 volumes à la fin de i832, est une des plus anciennes. Le Little library , ou la Petite Bibliothèque , comprend une série de petits volumes pour servir d’introduction aux diverses bran- ches des connaissances utiles ( commencé à Londres en 1 83 1 , in-12). Parmi les quatorze volumes parus, je dois vous si- gnaler ; i° celui qui traite des mines ( The mines , in 12, f (i) La Bibliothèque du dimanche (the Sunday Library , Londres in-8° ) , le Magasin du samedi ( Saturday Magazine , in-8° ) , com- mencé à Londres en i833; le Magasin à un sou {the Penny Maga * sine, Londres, in-8° à vignettes) , etc. 12 RÉSUMÉ DES PROGRÈS à 1 6 pl . et jolies vignettes ,, 1 832. ) L’auteur, M. Isaac Taylor, Onger, a été récompensé de son travail par quatre éditions} 2° le douzième volume, qui traite de l’Océan , et les treizième et quatorzième , qui décrivent les quadrupèdes. Sur le même rang, on peut placer les recueils intitulés : i° la Bi- bliothèque des connaissances intéressantes (Library ojtîie enter- taining knowledge , Londres , in- 1*2 ), commencé en i832 ; 2° la Bibliothèque amusante de MudieÇLibrary of entertainment ,etc. Londres) ; 3° l’Encyclopédie britannique des arts, des sciences, des manufactures, du commerce, de la littérature, de l’histoire, de la géographie, de la politique, de la biographie, de l’histoire naturelle, etc.} espèce de Dictionnaire de la conversation ( British Cyclopœdia of arts , etc. Iu-4° ) , publié mensuelle^ ment à Londres par Charl. F. Partington; 4° Cyclopédie littéraire, ou Dictionnaire universel des idées, avec les meilleures définitions , et les opinions des hommes les plus distingués sur tous les sujets, etc. ( Theliterary Cyclopœdia , Londres, 1 833) 5° enfin l’Encyclopédie populaire, ou Dictionnaire de la con- versation ( Popular Encyclopœdia , etc. Glasgow et Edim- bourg , 4B parties , in-8° ) , par Th. Thompson. Quatre autres entreprises semblables méritent encore plus de fixer notre attention, étant uniquement consacrées aux sciences physiques et naturelles. L’une, sous la direction de M. le doc- teur Denis Lardner , a pris le titre de Lardners cabinet cyclo - pœdia, recueil publié, depuis 1829, à Londres. Il compte déjà 5o volumes in-8°, et se divise en grandes bibliothèques des sciences physiques, de la technologie, de l’histoire naturelle (Cabinet of natural history) y de la géographie , des sciences politiques , de la littérature , de l’histoire , de la biographie , y compris un dictionnaire général pour des recherches. La biblio- thèque d’histoire naturelle a 17 volumes, savoir : i3 volumes pour la zoologie et ses divisions (introduction, classification et géographie des animaux; conchiliologie, quadrupèdes, oiseaux, insectes, reptiles, poissons et zoophytes; classement des in- sectes, mœurs et instincts des animaux, ménageries, taxi- dermie et bibliographie); MM. W. Swainsonet J.-O. West- wood en sont les auteurs ; tandis que M. P.-M. Roget donnera un volume sur l’anthropologie , M. Lévi un traité de minéra- logie , M. Conybeare un traité de géologie , et un autre savant est chargé de la botanique. Quant aux sciences physiques , je trouve à mentionner, parmi les traités achevés, l’introduction à l’étudedela physique, parM. Herschel(vdf preliminary discourse BËS SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. î5 on the study of naturel philosophy, in-8° ) , et son Traité d’as- tronomie ( Treatise on astronomy , i833 ; traduit en allemand et en français , d’un côté, par M. Pelrot , de l’autre, par M. Cournot, et revu dans YEdinb. Review, i834, la Revue bri- tannique, 1 834? et la BibL imiv ., i833) ; un traité d’optique, par M. Brewster (republié à Philadelphie, par M. Bâche) ) ceux de mécanique et d’hydrostatique, par M. Lardner; celui de chimie, par M. Donovan ; celui sur la chaleur, par le docteur Lardner, etc. Une seconde entreprise, aussi mensuelle, et commencée à Londres en janvier i83s , porte le titre de Cyclopédie britan- nique d’histoire naturelle , comprenant tout ce qui est utile et intéressant dans l’histoire des animaux , des plantes et des mi- néraux ; recueil qui réunit, au moyen d’un double alphabet, les avantages d’une classification scientifique des produits natu- rels , avec un résumé populaire des mœurs des êtres vivans, et de leur utilité , ainsi que de celles des plantes et des minéraux. ( The british cyclopædia of natural history , etc. ) M. William Jardine a entrepris cette année, à Edimbourg, un recueil d’histoire naturelle, paraissant aussi par petits vo- lumes, c’est le Naturalisas library , in-8° , à planches et vi- gnettes. Je n’en ai vu encore que deux volumes, chacun de deux parties, et consacrés, l’un aux oiseaux, et l’autre aux mam- mifères , en particulier aux singes. D’une autre part , dans la même Athènes écossaise , une so- ciété de savans, de géographes et d’hommes de lettres a com- mencé en 1 83 1 un recueil qui est , pour ainsi dire , le complé- ment de la Cyclopédie de Lardner, qui en a le format, ainsi que le même fini dans les dessins, et qui coûte aussi 5 schill. ( 6 fr. io sous ) le volume. Il porte le titre d 1 Edinburgh cabinet library , et comprend les découvertes géographiques, les voya- ges, les biographies , l’histoire, et la littérature élevée. Je ne saurais trop recommander cette publication , d’une lecture at- tachante, et dont il est même curieux de faire connaître la vogue. Il en a paru jusquhei près d’une quinzaine de volumes. Le premier est la relation des découvertes dans les régions polaires , par M. Hugh. Murray , à laquelle MM. Leslie et Ja- mes on ont ajouté des résumés sur le climat , la géologie et l’histoire naturelle ( Narrative of dis cover y , etc.; 1 83 1 , avec une carte et i5 gravures). Cet ouvrage en est à la troisième édition. Le second volume est une relation des découvertes en Afrique , par M. Murray , avec des notes sur la géologie, la RESUME DES PROGRÈS i4 minéralogie et la zoologie, par MM. Jameson et J. Wilson ( Narrative of discovery , etc.; i83r , avec une carte et i3 gra- vures). Ce volume a déjà eu deux éditions, et est traduit en allemand. Le troisième volume est un coup d'œil sur l'an- cienne et moderne Egypte, et son histoire naturelle, par Mich. Russel ( 1 83 1 , avec une carte et u gravures). Ce vo- lume en est à la seconde édition. Le quatrième volume, du même auteur , est consacré à la Palestine ( i83 1 , avec une carte et 9 gravures) , et a déjà eu trois éditions. Un autre volume , de i832, contient les voyages de Drake, Cavendish et Dam- pier. Trois volumes renferment l’histoire et la description des possessions anglaises aux Indes, par M. Murray; et dans le der- nier volume se trouve un chapitre surla zoologie indienne , par M. Wilson; un autre, sur la botanique, par M. Greville; d'au- tres articles sur le climat, la géologie et la minéralogie, par M. J ameson , tandis que MM. Ainslie , Rhind , W allace et Dalrvmple v traitent de la topographie médicale, de l’astro- nomie des Hindous, des relevés trigonométriques , et delà navi- gation ( Hislorical a. descriptive account of british India ; i83-2 , 3 vol. , avec une carte et 26 gravures). Une revue historique des progrès des découvertes récentes dans l'Amérique septentrionale, avec une esquisse de l'histoire naturelle de ces régions, par Fraser-Tytler et J. Wilson, forme le neuvième volume ( Historical view of the progress of disco- very , etc.; avec une carte et 9 gravures , 1882), ouvrage déjà reproduit en i833 à Ycw-York. La Zvubie et l'Abyssinie ont fourni à M. Russell la matière ‘d’un volume semblable ( Nubia and Abyssinia , etc.; i833 , avec une carte et 12 gravures). Dans le onzième volume, M. Macgillivray a résumé les voyages et les principales découvertes de M. de Humboldt en Amé- rique et en Asie ( Travels a. recearches of Al. von Hum - boldt y etc. ; i83a, avec planches). Cet ouvrage a déjà un tra- ducteur allemand. Enfin d’autres volumes contiennent la vie de sir Walter Raleigh, celle du capitaine Cook et ses voyages ( Life a. voyages , etc. ; 1 833 , 22 gravures) , etc. M. Hugh Murray a commencé en 1 2 livraisons mensuelles une Encyclopédie de géographie, comprenant, outre la géogra- phie physique et la statistique, l'histoire, l'histoire naturelle de chaque pays, etc. ( Encyclopædia of geographv , etc. in- 18.) A Londres on a commencé une publication des voyages ré- cens. ( Modems voyages a . travels ) ; et M. Kidda entrepris un ouvrage de descriptions pittoresques sous le titre de Phares - DÈS SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. l5 que pocket comp union , in-8° à pl., dont chaque volume est consacré à une localité, une ville, etc. Enfin , il me reste encore à parler de certains traités popu- laires à bas prix, tels que : i° Les lettres écrites par J. L. Drummond à un jeune na- turaliste sur l’étude de la nature. ( Letters to a young natura- liste etc. Londres, in-12 à Yign.), ouvrage qui a eu deux édi- tions. 2° L’édition nouvelle faite à Edimbourg, par M. Th. Brown , de l’Histoire naturelle deSelborne, ou Observations sur diverses parties de la nature, par Gilbert White. ( The na - iural history of Selborne , etc. Edimbourg i833 , Ie* vol.) 3° Les Conversations philosophiques de M. F. C. Bakewcll , où l’on explique les effets et les causes des phénomènes natu- rels. (P kilo sophic al conversations , etc. Londres i833 in-8°.) 4° L’espèce de Vade-mecum de l’homme du monde, que M. Rich. Phillips a publié sous le titre de :Un million de faits et de données exacts sur toutes les sciences et les sujets spé- culatifs et pratiques de la vie domestique ou du grand monde. {A million of facts , etc. ire édition i83i, 2mc édition, i832, in-8°. ) 5° Le Livre de la science {The book of science , etc. Londres i833, in-8° à 200 vignettes. ) 6° Le Dictionnaire des connaissances générales, ou Expli- cation de tout ce qui concerne les arts et les sciences. ( Dict . of general Knowledge, etc. 3me édit. in-8°), de M. G. Crabb. f Le Philosophical rambler , ou le Promeneur philosophi- que. (Londres, i vol. in-8°). 8° Les traités sur le pouvoir , la sagesse et la bonté de Dieu, publiés d’après le désir testamentaire du duc de Bridgewater. ( On the power , wisdom a . goodness of god as manisfested etc. in-8°). Plusieurs de ces traités ont déjà paru, et sont à la 3e édition, sa- voir : celui de M. Chaîmer, sur la nature morale et intellectuelle de l’homme; celui de M. J. Kidd sur l’état physique de l’homme, surtout relativement à ses besoins, et l’exercice de ses facultés intellectuelles ; celui de M. Ch. Bell sur les mains , leur mécanisme et leur puissance vitale; celui de M. Whewell sur l’astronomie et la physique dans leurs rapports avec la théolo- gie naturelle. ( Edinb . Rev. n° 128, art. 8). Le traité sur la mi- néralogie etla géologie par.M. Buckîand ne sera fini qu’en juillet ou août ; celui du docteur Roget sur la physiologie animale et i6 RÉSUME DES PROGRES végétale; celui de M. W. Kirby sur l’histoire , les mœurs et l’instinct des animaux; et celui de M. Prout sur la chimie , la météorologie et la digestion, paraîtront aussi cette année. Enfin, M. Stevenson Buchnan annonce pour cette année une introduction à l’étude de la nature montrant les attributs de la divinité dans la création. FHAJffCE. En France 3 je ne sache pas qu’il se soit établi d’autres sociétés scientifiques nouvelles , si ce n’est X association normande , les congrès annuels de province et la société philomathique de Perpignan . * Néanmoins, avant de sortir de la capitale, je ne puis passer sous silence la transformation qu’a subie la société d’histoire na- turelle de Paris . devenant sous le nom de société des sciences naturelles une grande société de lecture et de conférences scientifiques. Placée dansunbeau local, et arrivée au nombre de quelques centaines de membres, cette société sera un véritable bienfait pour toutes les personnes studieuses de la capitale , qui y trou- veront des cours gratuits donnés par des hommes distingués, et à toute heure du jour , la plupart des journaux et des recueils périodiques publiés dans le monde entier. Cette société com- prend une section de physique et de chimie; une autre de zoologie et d’anatomie; une troisième de botanique, de géolo- gie et de géographie physique; et une cinquième d'antropologie. Si par la suite elle parvenait à fiire quelques publications , elle pourrait recruter des membres en province ; du reste, telle qu’elle est , elle diminuera toujours pour les Parïsiensle regret éprouvé généralement par la cessation du Bulletin universel de M. de Férussac , et préparera la voie à des publications ana- logues. Quant à l’espoir de voir se réunir sous un seul dra- peau, comme autant de sections, les sociétés de géographie, d’ horticulture , d’entomologie, de géologie, d’encouragement, et même la société philomatique, la réalisation d'un pareil projet, s’il n’est pas tout-à-fait impossible, ne se verra pas du moins de nos jours. On ne saurait trop encourager les associations scientifiques en province, et les moindres efforts pour sortir les dép u temens de rengourdissement dans lequel ils végètent encore, doivent être appréciés, d’autant plus qu’ils exigent un concours peu commun de lumières, de tact , et surtout de persévérance. Il DÎES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. J7 est temps que les publications de toutes les sociétés cle_province apportent aux sciences ou a leurs applications leurs tributs an- nuels, comme les sept à huit grands centres de lumière de la France. Plus de faits doivent remplacer tant de compositions simplement littéraires ou de futiles poésies 3 ceux à qui en de- vait jusqu’ici ces dernières productions de l’esprit, trouveront dans l’histoire et l’archéologie de riches mines à exploiter. Ils passeront ainsi delà classe des gens agréables du monde dans celle des hommes utiles et essentiels à la société actuelle, le positif étant le besoin de notre époque. Parmi les sociétés de province qui ont pour but de faire une application immédiate des sciences, continuent à se distinguer éminemment les sociétés industrielles de Mulhouse cl d’Au- gers. Toutes deux, non contentes demeure des sujets importans au concours, s’occupent de faire une statistique départemen- tale complète, et font exécuter diverses recherches locales. Ainsi, M. de Billy a fait à Mulhouse un rapport sur les re- cherches d’ardoise à Salbert , près de Belfort. ( Ballet . de la société industrielle de Midhausen,n° 25, p. 491 >, et M. Aug. Gautier en a fait un autre à Angers sur l’établissement des puits artésiens en Anjou, proposé par M. E. Moll. ( Ballet, de la soc. indust . d'Angers , 2me année , n° 1. ) Pour l’Alsace cet ouvrage est déjà avancé, et la carte géologique doit avoir été publiée. Pour le département de Maine-et-Loire, M. P. -A. Mil- let , secrétaire-général de la société d’agriculture et des scien- ces d’Angers, a publié un tableau synoptique des chapitres d’une statistique de ce département, et a fort bien développé son plan , auquel tous les hommes instruits de cette contrée sont invités à concourir. ( Ballet . de la soc. indust . d'Angers , n. 1 et 2, p. 14.) Le préfet du département de la Somme a proposé a l’acadé- mie d’Amiens de se charger des travaux de la statistique de ce département. Sous la direction de M. A. de Gaumont, une Association normande s’est formée à Caen. Cette société, qui compte déjà plus de 35o membres , a pour but de s’occuper d’encourager la civilisation clans les cinq départemens constituant l’ancienne Normandie. Son premier travail sera d’élaborer une statistiuuc générale , dont un plan a été proposé par M. de Pracomtah ( Assoc . normande , Caen 1 833 , in 8°. ) D’un autre côté M. de Caumont a provoqué la formation de réunions scientifiques annuelles en province Le premier con- Soc. gëol. Tonie Y. 2 RÉSUMÉ DES PROGRÈS 18 grès scientifique a été tenu à Caen et a réuni plus de 9.00 mem- bres , sous la présidence honoraire de M. Guizot. L’assemblée s’est divisée en six sections , savoir : section d’histoire générale, section des sciences physiques et agricoles, section des sciences médicales, et sections ddiistoire, de littérature et d’économie sociale. Les travaux de cette réunion ont donné lieu à la publica- tion d’un volume. {Congrès scientifiques de France , 1 session ; Rouen i833, in-8°.) Cette année le congrès se tiendra à Poitiers, et M. de La Fontenelle en a été nommé le secrétaire-général. L’idée de ces réunions est bonne et portera probablement ses fruits; mais on aurait pu désirer que le plan en eût été réa- lisé de concert avec plusieurs académies ou sociétés de pro- vince; en effet, si dans chaque partie de la France des savans faisaient isolément de pareils appels à des congrès , le but serait manqué. Or, notre observation est bien fondée, puisque déjà notre confrère M. Tournai convoque de son côté une réunion scientifique à Toulouse pour le 1 5 du mois de mai sous le nom de congrès méridional . Quelque instruit qu’on soit , si on est relégué dans des localités où il n’y a point de bibliothèques, ou seulement quelques vieux livres, on ne pourra jamais produire des mémoires et des ouvrages comparables à ceux de la capitale. A cet égard, j’avoue à regret n’avoir jamais compris le dis* parate offert par la plupart des bibliothèques de province; c’est-à-dire, d’avoir à côté des classiques ou des livres théolo- giques provenus des couvens , non pas les ouvrages générale- ment nécessaires, mais quelques grands in-folios pittoresques ou de luxe, pour le prix desquels radministration aurait pu envoyer à ces bibliothèques une grande quantité delivres vrai- ment utiles. C’est donc de l’indulgence qu’il faut avoir pour les essais de province, et ne pas rebuter leurs auteurs, en ne tenant pas compte des difficultés qu’ils ont à vaincre. Les ouvrages com- posés en province vont enfin s’améliorer ; une nouvelle vie va surgir inévitablement des nouvelles lois municipale et dépar- tementale, dont la France a été veuve si long-temps; les bi- bliothèques s’augmenteront, en même temps que les écoles de tout genre, et plus de discernement présidera au choix des livres dont les autorités locales ou le gouvernement dolent les institutions. On enseignera mieux, dans plus d’endroits, et plus de choses. Sous ce rapport, plusieurs municipalités de la Normandie commencent déjà à donner un heureux exemple. des sciences géologiques en 1 855. 19 Pour les mêmes raisons, parmi les capitales des anciennes provinces de la France, celles qui ont conservé leur rang et leur influence offriront à l’instruction un aliment mieux pré- paré; et des votes bien entendus de dépenses départementales pourront rendre dans peu de temps, à ces grands centres, l’importance bienfaisante pour la science qu’ils n’auraient ja- mais dû perdre au profit de la capitale , la quintessence de la science, le soleil , si l’on pouvait appliquer le nom de planètes aux grandes villes de province. Un fait , mis bien en évidence par le travail bibliographique dont je m’occupe, c’est le coup fatal que la division du terri- toire français en départemens a porté aux académies provin- ciales. Si la diffusion de l’instruction primaire et générale a été un résultat de ce fractionnement du territoire, les académies ( et malheureusement on peut presque dire toutes) sont dé- chues du rang quelles occupaient, et dans un état de léthargie. Les académies provinciales qui décèlent encore quelque germe d’activité et de talent, ne se trouvent jamais que dans des chefs-lieux de département jadis capitales de province, comme à Clermont, à Caen, à Strasbourg, Bordeaux, Mar- seille, etc. Ainsi, actuellement on ne trouve à opposer à ces grands recueils des académies de Dijon, de Montpellier, etc., qu’une masse, énorme ilestvrai, de journaux, et principalement d’agriculture, de littérature, de poésie peu relevée, etc. Toute la véritable haute science se trouve concentrée à Paris, fort à propos pour l’étranger, qui fait ainsi commodément son tour de France , mais sous plusieurs rapports très malheureusement pour les provinces. Si quelques unes ont le bonheur de possé- der des hommes supérieurs , d’autres ne sont que trop souvent le refuge de la médiocrité. U ne m’appartient pas d’apprécier jusqu’à queî point les académies provinciales remplissent le but de leur institution, pour surveiller et diriger la diffusion des lumières ; mais pour la culture et l’avancement des sciences, je ne crois pas être contredit en cherchant dans une réforme un remède contre leur peu d’activité. J’oserai même aller plus loin, et je dirai que FÂcadémie des sciences de Paris n’est plus tout-à-fait en harmonie avec le progrès, la subdivision et l’accélération du travail scientifique, et que cet état des choses a un reflet funeste sur les académies de province , influence qu’on a tort de coire neutralisée par le concours de sociétés savantes non académiques. L’ancien- 20 RÉSUMÉ DES PROGRÈS neté de son institution , la démonstration plus que séculaire de son utilité, la solennité de ses décisions, et l’illustration de ses membres , tout montre l’importance que l’Académie des sciences de Paris reste à la hauteur de sa mission européenne, et qu’elle soit le Panthéon de toutes les capacités, non pas seu- lement de Paris , mais de toute la France. Or, n’entend-on pas des membres de l’Académie avouer eux-mêmes que certaines sciences n’y sont que partiellement représentées, que la mar- che des séances et des publications présente des vices, que la multiplicité des affaires et l’âge arrêtent souvent les rapports sur des faits intéressans, ou que les auteurs n’ont pas la pa- tience d’attendre leur tour de rapport ou d’impression; tandis que quelquefois le temps de l’assemblée est consumé par la lecture de mémoires ou de rapports sur des lieux-communs, ou des théories fantastiques. Enfin , presque toutes les décou- vertes publiées dans les recueils académiques ne le sont que long -temps après avoir été données dans beaucoup d’autres journaux scientifiques. Depuis quarante ans , on ne cesse en France de faire des es- sais de gouvernement; mais en fait d’académies et de sciences, il faut l’avouer, on a été assez sobre en recherches d’améliora- tion; cependant on ne peut croire qu’au lieu d’aimer le progrès des lumières, on trouve qu’il y en a déjà assez. Si on prive la patrie du service de braves militaires, à cause de leur âge; sans réfléchir que le travail du cabinet tue plus vite que celui de la guerre, on n’a jamais pensé à ouvrir des retraites honorables aux personnes s’occupant de sciences et aux professeurs, et à pro- longer leur vie, en déchargeant à temps leur conscience de tra- vaux dont ils ne sont plus capables, malgré toute leur bonne vo- lonté, soit physiquement, soit par suite des témoignages hono- rifiques rendus à leur haut savoir. Malheureusement 3e remède aux inconvéniens signalés ne peut être porté que par l’adminis- tration supérieure, qui semblerait cependant pouvoir aisément combler les lacunes existantes, par des modifications régle- mentaires sur la tenue des séances, la division du travail , la bibliothèque ( 1) , les rapports , etde nombre des académiciens ; (i) L’état des bibliothèques publiques à Paris est vraiment étonnant pour quiconque a vu l’ordre admirable de celles d’Alle- magne, d’Angleterre, et même d'Italie. La Bibliothèque royale, si riche , n’ofFre guère de ressources que pour des livres d’ancienne 21 DBS SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. par rétablissement de la distinction des académiciens véritables et titulaires, comme des professeurs et des agrégés; par une date; tout ce qui est nouveau s’accumule dans les magasins au profit du public qui nous succédera, si tant est qu’on pourra em- pêcher que les livres ne se gâtent. Le local étant trop petit , il se- rait bien à désirer qu’on se déterminât une fois pour toutes pour un bâtiment plus vaste ; mais si par malheur on commençait à bâtir, au train ordinaire des grands monumens en France, les conser- vateurs actuels , avec toute leurbonne volonté , auraient le temps de mourir avant d’avoir la peine du déménagement. La Bibliothèque de V Institut est très utile aux savans; mais l’ordre est loin d’y être parfait et journalier ; d’ailleurs le prêt des livres, sans rentrée de rigueur à époques déterminées, en rend l’usage incommode aux personnes qui n’y sont qu’admises , et qui, d’ailleurs, n’y trouvent qu’un local fort peu agréable , surtout en hiver. La Bibliothèque royale s’est améliorée sous ce dernier rap- port. Un fait qui m’a frappé , c’est la réponse d’un employé de la Bibliothèque de l’Institut, qui, en me proposant beaucoup de séries complètes de journaux étrangers , me donnait l’avertisse- ment singulier que, en fait de journaux de province et d’acadc- mies françaises, la plupart des collections étaient incomplètes ! La Bibliothèque du Jardin des Plantes est celle où le plus d’or- dre se trouve réuni avec le plus de comforts ; on est tout aise de revoir à Paris ces salles agréables d’étude, chauffées en hiver, et présentées par quelques bibliothèques étrangères. La Bibliothèque de V école des Mines contient assez de livres, et surtout un bon nombre de collections de journaux nécessaires au géologue, et l’activité de M. Leplay tend à les compléter. .Néanmoins , on y remarque avec peine dans quelques journaux anciens des séries incomplètes dont les volumes manquans n’exi- geraient cependant qu’une très faible somme. La Bibliothèque Mazarine , de V Arsenal ( ouvrages surtout d’histoire, de géographie, etc.), d e Sainte- Geneviève (livres théo- logiques, etc.), et de /’ Hôtel-de-Ville , sont utiles comme collections de livres ; mais, en prenant toutes les bibliothèques de Paris en masse , et en donnant à chacune une destination plus spéciale, on produirait plus de bien sans augmenter les frais, en même temps qu’on épargnerait aux gens studieux ces allées et venues à diverses bibliothèques , souvent sans résultat final, si ce n’est une perte énorme de temps. En définitive, ceux qui s’occupent de bibliographie désirent que la Bihlothèqne royale soit casée dans lin local commode et non 22 RÉSUMÉ DES PROGRÈS publication, accélérée au moyen d'une commission nommée adhocy et rémunérée; bief, par d'autres dispositions semblables. Revenant aux académies de province , je puis ajouter qu'é- tablies sur des bases plus larges, elles provoqueraient d'elles- mêmes, d'une manière ou d'une autre, ce dédoublement de certaines chaires de professeurs, qui sont obliges d'enseigner diverses sciences , devenues chacune trop vastes pour être ap- profondies toutes par un seul homme. Il est bon , à cet égard, de signaler dans plusieurs pays cette tendance à spécialiser davantage les professorats , aussi bien que les journaux, et à donner ainsi en temps opportun un aliment convenable à une masse d'esprits ardens ou spéculatifs, dont le nombre s'accroît journellement, au risque de la société entière ou pour son plus grand bien. Sous ce rapport , la Prusse a compris toute l’importance de ce fait de statistique; et ses universités, grâce au système des professeurs libres , espèces d'agrégés, possèdent des pépinières de professeurs dans toutes les moindres branches des sciences. Yu la petitesse des états , les universités de la Confédération Germanique ne peuvent pas aller si loin que celle de Berlin, qui compte plus de cent professeurs. En Autriche et en Italie, il y a seulement une propension à diviser certaines chaires en deux, telles que la chimie et la botanique. Nous avons déjà fait remarquer le même fait pour l’Angleterre. Au milieu de ce mouvement progressif, je voudrais n’avoir pas à rappeler que la Piussie est occupée à faire tout le con- traire en Pologne et dans sa nouvelle université de Kief. Parmi les recueils publiés en i833 par des Sociétés savantes en France y je n’ai à signaler que la seconde partie du premier volume des Mémoires de la Société d’ Histoire naturelle de Strasbourg ; le Compte rendu des travaux de la Société des sciences et arts du Bas -Rhin y par M. Malle ( Strasbourg, 1 8 3 3 , in-8°.) ; un Rapport sur la Séance annuelle de V Aca- démie de Bordeaux un volume des travaux de V Académie de Rouen s un volume des Mémoires de la Société d'a- griculture y des sciences et arts de Douai ; et les publica- simplementbeau en dehors et incommode en dedans. Ce pas, une foisfait, en augmentant faibîementi’argent destiné à l'achat des li- vres dans les diverses bibliothèques, et enle distribuantsurtoutplus rationnellemeritjParis pourrait vraiment posséder tous les trésors de l'imagination et de l’ésprit humain. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833. 25 lions des Sociétés d' agriculture et sciences de Seine -et- Oise, dJ Angers, de la Charente , de la Marne, de Nancy, de Valenciennes , de l'Aube , de F Eure et de Mende . En 1882, a paru un volume de Mémoires de la Société royale d'agri- culture, d'histoire naturelle et arts de Lyon , et en i833, à Évreux, un Bulletin de V Académie ébroi demie du dépar- tement de F Eure. La Société linnéenne du Calvados annonce pour i834 deux nouveaux volumes de mémoires. Les Annales des sciences naturelles vont se diviser en deux parties séparées, consacrées, l’une a la zoologie, et rédigée par MM. Audoin et Milne Edwards; et l’autre, à la botanique, sous la direction de MM. Ad. Brongniart et Guillemin , qui cesse ses Archives de botanique. M. J. de Fontenelle publie un Journal mensuel de la Société des sciences physiques , chimi- ques et arts agricoles et industriels (In-8°). M. Jacquemin vient d’entreprendre, sous le titre de Minerve, une publication de mémoires scientifiques , traduits surtout de Lallemand. Il a commencé par l’exposé succinct de la phi- losophie naturelle de M. Oken. Les séances de F Académie des sciences fournissant hebdo- madairement des articles intéressans à plusieurs journaux quo- tidiens ( le Temps, le National , les Débats , etc.), on a essayé déjà plusieurs fois de rédiger un journal exprès pour rendre compte de ces travaux : c’est dans ce but que fut établi le Lycée, qui n’eut pas assez de succès , malgré le talent de ses derniers rédacteurs, MM. Saigey et Raspail. Depuis lors, le Temps fit faire une impression séparée de ses articles consa- crés à l’Académie des sciences, et dus à la plume habile de M. Roulin. M. Eugène Arnoult, convaincu par ses essais de la possibi- lité de fonder un journal utile, a commencé en mai i833, Y In* stitut ou le Journal hebdomadaire des Académies et des So- ciétés savantes de la France et de F étranger (in-40)* Conçu sur un plan plus vaste que ses prédécesseurs , et alimenté par une correspondance nombreuse et active , un tel journal devait réussir, s’il était livré à un prix modéré , et s’il pouvait atten- dre l’époque 011 il serait apprécié partout. Or, c’est ce qui est arrivé ; et ce n’est qu’en parcourant à présent la demi-année publiée qu’on s’aperçoit de la niasse de faits intéressans soi- gneusement enregistrés. Mais M. Arnoult promet de faire plus encore cette année ; eu conséquence, outre un appendice bibliographique mensuel, il a RÉSUMÉ DES PROGRÈS 84 explique son titre par la paraphrase de Journal général des So - ciéte's et des travaux scientifiques de la France et de V étran- ger. Il donnera beaucoup plus de matières, et cependant le prix est baissé d’un quart. Ainsi, son succès ne peut qu’aller en croissant. Ce journal met en évidence que les grandes Académies eu- ropéennes manquent toutes leur but, en ne consignant pas elles-mêmes dans un journal spécial tous les faits qui leur pas- sent sous les yeux. Or, il en est bien peu qui n’aient pas les fonds nécessaires pour un pareil recueil ; et celles qui auraient le plus besoin d’un journal hebdomadaire , sont celles dont les Mémoires n’apparaissent que comme des raretés, à derinter- valics très longs. La direction d’un journal hebdomadaire, publié par l’Academie des sciences, belles-lettres et arts de Paris, serait une fortune pour le rédacteur, bien loin d’être une charge poilr l’Académie, et ce serait, je le répète, se mettre au niveau des besoins de notre temps. D’une autre part, les nombreux cours publics à Paris pré- sentaient un autre élément pour la fondation d’un journal qui vient d’étre entrepris cette année sous le titre de Journal de V Instruction publique et des Cours publics (paraissant tous les trois jours ). La reprise du Bulletin de la Société philomatique devrait être aussi consignée, mais il ne paraît pas que cette publication continue cette année. En province , les Annales scientifiques de Marseille ont cessé, en étant en partie remplacées par des Comptes rendus annuels de la Société de Statistique de cette ville. Notre confrère, M. Pœboul, non content d’enrichir la science par des ouvrages, n’a pas craint, à son âge, d’entre- prendre pour le Languedoc, en septembre dernier, à Pézenas, une Revue hebdomadaire philosophique , littéraire et commer- ciale { in-8° ). J'ai entendu parler d’une publication qui doit se faire à Niort , et d’une autre à l’Athénée de la capitale de la Vendée. Les Revues de Rouen et de Normandie continuent, et M. de La Fontanelle a commencé en juillet, à Poitiers, une Revue anglo-française trimestrielle, destinée à l’archéologie (in-8° à plan cli. ) et celte année a vu paraître une Revue mensuelle littéraire du Calvados . M. Aimé Leroy a commencé, à Valenciennes, des Archives DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 855. 2 5 historiques et littéraires du nord de la France et du midi de la Belgique ( in-8° ). On connaît l’activité prodigieuse qu’a prise depuis 1 833 3a publication des ouvrages populaires à très bas prix ( 2 sous la livraison), et la plupart à figures; ouvrages où l’instruction est cachée sous les dehors attiayans de l’amusement. Tout en ayant la plus heureuse influence sur la société, ils pourront même inspirer le goût des sciences naturelles, et nous procurer des confrères. Sans parler des provinces où cette année a vu commencer aussi quelques recueils ou journaux s’occupant plus ou moins d’arts et de sciences, je compte déjà à Paris plus d’une ving- taine de publications nouvelles, dont quatorze sont hebdoma- daires (i) , six mensuelles (2), et six autres faites par livraisons à époques irrégulières (3). Il n’est pas douteux que, dans les années qui vont s’écouler, ces publications ne deviennent tou- jours plus riches en faits et en descriptions scientifiques ; tandis que la traduction des bibliothèques scientifiques et populaires d’Angleterre commence déjà à tenter l'esprit de spéculation des libraires français, tels que M. Paulin , etc. M. Àjasson de Grandsaigne a entrepris une grande Biblio- thèque populaire , historique et scientifique . (1) Dictionnaire pittoresque d'histoire naturelle , sons ladirec- tiondeM. Guérin; Dictionnaire technologique, deux Encyclopédies d'agriculture , le Magasin pittoresque , la Lanterne magique } la Mo- saïque , le Musée des Familles , le Magasin universel , Y Ency- clopédie pittoresque , la Bibliothèque du cabinet , la France pitto- resque , \ ' Univers pittoresque ( in *4° à vignettes ), etc., publie en même temps en Belgique, en Allemagne, en Italie et en Russie,etc. (2) Journal des Anecdotes et des mœurs de tous les peuples , le Panorama littéraire de V Europe , le Magazine français , ou fràg- mens de voyages et de traductions, Y Echo britannique le Nouveau Magasin encyclopédique , commencé le 20 décembre i833 à Paris et à Bruxelles le Magasin des Magasins commencé en 1834. (3) Collection des Voyages autour du monde , sous la direction de M. Dumont d’Urviile ( la livraison à 4 sous) , Dictionnaire de la conversation et de la lecture ( in 8°) , Encyclopédie des gens du monde (in-8° chez Treuttel), Encyclopédie moderne, par M. Cour- tin , Encyclopédie portative, de M. Bailly de Mcrlieux, et les Ma- nuels dç Roret. 26 RÉSUMÉ DES PROGRÈS BELGIQUE. Eu Belgique Y Académie royale des Sciences de Bruxelles a publié deux beaux volumes de mémoires sur la géologie de Liège, ouvrages couronnés, et dus, l’un à M. Dumont, et l’autre à M. Davreux. Continuant à porter son attention sur la géologie , l’Aca- démie a mis au concours la description de la province du Limbourg, si intéressante par la montagne de Saint - Pierre et celle du Brabant /curieuse à cause de ses ossemens fossiles , d’une nature si particulière. M. de Behr a remis à l’Académie un mémoire sur le zinc. Une société d’histoire naturelle a été installée à Gand sous le titre de Société physiophile. D’une autre part le Messager des sciences et des arts de Gand a cessé avec la fin de i833. Un nouveau Recueil encyclopédique belge a commencé en juillet i833, et a continué à paraître mensuellement sous le patronage du ministère de l’instruction publique et de plusieurs centaines de souscripteurs. Le but de ce journal est de réunir en un seul toutes les découvertes faites en Belgique dans les sciences et les arts, ainsi que des morceaux choisis de littérature belge. HOLLMÎDI!, La Société des sciences de Harlem a mis au concours pour 1 835 la question des cavernes ossifères, celledes restes humains fossiles et celle des tourbières, et autres dépôts d’origine végé- tale dans les Pays-Bas ( Institut , n° i5, p. 128). La Société d’Utrecht a demandé l’analyse de l’eau de mer, et son contenu de brome et d’iode; l’origine de la présence de ces substances~et l’influence de la pluie et des vents sur la nature de Peau de mer. ALLEMAGNE 9 E n Allemagne le congrès scientifique des naturalistes alle« mands s’est tenu à Breslau, et a offert à la section minéralogi- que assez de travaux. (Voyez Bulletin , y. l\y p. g40 Il ne s’est pas établi de nouvelles sociétés en Allemagne , à l’exception des sociétés de statistique. On a fondé à Brunswick une Académie polytechnique , dont la chaire de géologie a été donnée à notre confrère M. G. Hartmann. Si l’Académie de Berlin , de Gottingue , des Curieux de la nature, et la société de Breslau ont continué leurs recueils, on DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 853. 2 7 est heureux de pouvoir citer la reprise des Mémoires delà classe de physique de l’Académie des sciences de Munich ( Dcnkschrifi ten , etc., i vol. in-4° et 36 pl. , comprenant les travaux de 1829-30.) La Société cV histoire naturelle du musée de Senckenberg à Francfort sur-le~Mein , non contente d’enrichir ce bel établis- sement, avait publié en i83i un volume d’Essais sur l’histoire naturelle, sous le titre Jahrbuch zur Verbreitung naturwissen- schafitliche Renntnisse ; cette année elle a fait paraître des mé- moires sous le titre de Muséum Senckenbergianum , Abhandlun - gen ans derti Gebiete der beschreibenden Naturgeschichte . M. Hermann de Meyer y insère ses travaux paléontologiques. A Baireuth un Musée local dJ histoire naturelle vient de se former, grâce aux soins du, président dugouvernemeotjM, d’An- drian et M. le comte de Munster. Un Journal scientifique d'histoire naturelle doit être publié à Breslau sous la coopération des sociétés patriotiques de Silé- sie , de Moravie et du musée national de Prague. ( Voy. Bull . v.4,P-97-) Depuis i83s la Société d’ agriculture du TV urtemberg est devenue une société royale , et a commencé une nouvelle série bimensuelle de son journal, qui, non content de s’occuper d’a- griculture, renferme beaucoup d’observations météorologiques et des mémoires géologiques. Déjà en possession d’une assez jolie collection , cette société fait tous ses efforts pour compléter un Musée wurte n 1 berge 0 is d'histoire naturelle et de technologie , ainsi que sa bibliothèque. Tous les amis des sciences sont invi- tés à prendre part à cette œuvre toute patriotique. Une société de médecins et de naturalistes de Dresde a pu- blié un extrait des procès-verbaux de ses séances. ( Auszuge aus den Protokollen d . Gesellsch. fi Natur . u. Heilkunde in Dre$~ den , J. i83s. (in-8° i833.) La société de statistique du royaume de Saxe a fait paraître un cahier de ses Mittheilungen des statistischen Vereins. Quant aux publications périodiques, le déplaisir d’apprendre la cessation du Teuchland de M. Kcferstein est diminué par l’apparition des nouvelles Annales de minéralogie, de géologie, et de Fart des mines ( Jahrbuch de Minerai . Geolog . etc. Nu- remberg, in-8° à pl.), par M. C. Hartmann, et par celle de la revue annuelle de minéralogie ( Mineralogische Hefite , Breslau, in-8°), par M. Glocker de Breslau. La publication à époques irrégulières de M. Hartman semblerait être une espèce de con- 28 RÉSUME DES PROGRES tinuation dos nouvelles annales de M. Moll (1806 à 1826,6 vol, in-S°), qui ont cessé en 1826. Le premier cahier de ce journal ne contient qu’un mémoire original. Il a paru en 1 833 six cahiers, au lieu de quatre, des Annales de minéralogie, de géologie et de paléontologie, de MM. Léon - hard et Broun. Les Annales de physique , de M. Foggendorf, sont devenues hebdomadaires depuis 1 834* L’Annuaire des mines et usines de Freiberg ( Jalirbuch furden Berg u. Huttenmann , Freiberg, in-8°), est arrivé à son septième volume, et tient le public au courant des progrès de l’état des mines en Saxe. M. Freiesleben a terminé dans un sixième ca- hier son Magasin pour V O ry cto graphie de la Saxe. Il sera intéressant pour les naturalistes en général d’appren- dre que M. Gisk a commencé un journal de zoologie et d’ana- tomiecomposée,sous le titre d eFaunus, Zeitschrift sur Zoolo- gie , etc. (in-8°.) Les sciences géographiques ont gagné, l’an passé, en Alle- magne, quatre nouvelles tribunes. M.G.-G.Friederiberg a com- mencé à Berlin un journal mensuel de voyages ( Journal f. die neuesten Land u . Seereiscn , etc. in-8°); M. Ch. -F. Vollratli Hoffmann, à Stuttgardt, un recueil de voyages (, Jalirbuch der Reisen , in-8° à pl . ) ; M. Ed. Zimmermann, à Naumbourg , un journal de géographie sous le titre de TVelt u . Volkerkunde (iu-4° , deux fois par semaine); enfin M. Stahl, un journal pour le pays entre le Weser et la Meuse. (Hermann, etc. in-4° 2 fois par semaine. ) A Munich une publication sur l’histoire , la géographie et la statistique de la Bavière a changé, depuis i83‘2, de titre et de ré- daction ; ce sont les Neue Beitrage zur vaterlandischen Ges - chcihte , Géographie u. Stalistik . M. Memminger continue son utile journal de statistique sur le Wurtemberg ( Wurtemberg Jahrbucher , etc. ) , publication 011 le géologue trouve des faits intéressa ns. Je puis encore ajouter qu’il a paru de nouveaux recueils d'a- griculture à Celle , dans le pays de Hanovre ( Cellische Nachri- chien , etc. in-4°), à llmenau (. Landwirth schaftliche Bericlite , in 4° ) , et ix Darmstadt. Un journal mensuel sur les chevaux Hippologische Blatler , in-8° ) , se publie à Kiel en Holstein. Dans les Etats autrichiens le musée Ferdinand, à Insbruck, a fait paraître le 8e volume de ses Mémoires (Beitrage, etc. in-8°). A Vienne il a été publié un nouveau volume des An- DÈS SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 835. 20 naîes do l’Institut polv technique et des nouveaux cahiers de la nouvelle série du journal de physique (Zeitsclu f. Physik , in-8°). Les États de rarchiduché de la Basse-Autriche ont publié un troisième volume de leurs documens pour avancer la con- naissance de. 'l’Autriche. ( Beilrage zur Landeskunde , etc. ) M. J os. Schikto a publié à Vienne, des Mémoires sur l’art des mines. ( Beitrage zur Bergbaukunde insbes . zur B ergmas chi- lien lehre . 8°,av. pl. ) Enfin, a Leipzig M. Gross-Hoffinger a consacré un journal mensuel pour tous les documens sur l’Autriche^ il a pour titre ; Ans tria, Zeitschrift f Oesterreich u. Teuschland. (in-8°, com- mencé en janvier 1 833). Avant de quitter l’Allemagne il faut aussi dire quelques mots des Encyclopédies et publications populaires ; elles y exis- tent depuis long-temps, mais commencent aussi à devenir en- core plus nombreuses et à meilleur marché. M. J. -G. Stemler a fait paraître à Leipzig une encyclopédie allemande ( Deutsche Encyclopœdie , etc.), en 6 vol. in-8° (i83o). MM. Erch, Gruber, assistés de MM. A. -G. Hoffmann, II. -E. Meier, et F. Kamtz, ont commencé en 1 8 1 8 une encyclo- pédie générale dessciences et desarts. (Àllg. Encyclopœdie , etc., à Leipzig ), sur le modèle du Dictionnaire des sciences na- turelles. Cet ouvrage, divisé en trois sections, avance rapide- ment , et va avoir bientôt une quarantaine de volumes. À Dresde il a été publié une bibliothèque de poche des scien- ces naturelles ( Taschen bibliotek , 1 8*28-3 1 , 27 vol in-8°), par MM. Ficinus, Chaulant, Carus, L. Reichenbach, Holl et Prinz. M. Baumgartner a entrepris sur le modèle anglais une Bibliothèque des sciences intéressantes ( Bibliothek unterhal - tender FVissenschaften , in- 12). L’extrait des voyages de M. de Humboldt, par M. Macgillivray , en forme le premier volume. A Vienne M. J. -J. Prcchtl en est arrivé au 4e volume de son Encyclopédie technologique, chimique, etc. ( Technology En- cyclopœdie, etc., commencée en i83o, en 10 à 12 vol. in- 8°). Les éditions de divers dictionnaires delà conversation sous le titre de Dictionnaire ( Lexicon ) ou d’Encyclopédie, ne cessent de se succédera Leipzig. La huitième édition du Conversations Lexicon ( 12 v., i833) a été tirée à 22,000 exemplaires; et le Conversations Lexicon der neuesten Zeit . u. Lileratur (4 v. , ou 32 livr., à 12 sous lalivr., 1 833 ), à 3o,ooo exemplaires, f* Gn y cornait aussi depuis assez long-temps des revues 5o RÉSUMÉ DES PROGRES périodiques annuelles , des progrès des sciences géographi- ques, de l’histoire, et meme de quelques sciences physiques et naturelles, telles que la chimie (Rcpertoriiun, f. die Chimie , par Brandes), la botanique, la minéralogie et la géologie. (Re- pertorium d.Mineralog. u. Geognosie , etc.), par M. Hartmann • mais ce n’est que dans ces derniers temps qu’il a paru des recueils pittoresques à vignettes. Qo dit même qu’il y a des entreprises semblables au Magasin qui en font voyager les planches gravées d’Angleterre en France et d’ici en Allemagne. C’est à Leipzig et àCarlsruhe qu’on exploite cette industrie; la publication heb- domadaire de cette dernière ville, le Neue Bilderwerk , date même de janvier 1828, et a déjà eu trois éditions. A Leipzig M. A. Diezmann publie depuis 1 83o un Magasin pittoresque heb- domadaire ( TVelt . u. Zeit .), à vignettes et à bas prix ( 1 2 fr. par an); 1 eBilder Conversations Lexicon, ou Magasin pittoresque de Leipzig (à 8 fr. par an) a commencé en 1 833 5 et il paraît de plus dans cette ville deux magasins populaires, appelés, l’un, le Heller Magazin , l’autre , le Pfenning Magazin , magasins pour un denier. A Dresde il se publie, depuis 1 833, un ouvrage descriptif et pittoresque sous le titre de : Allg. Schauplatz der Natur. u . Kunst (in-4° à pl. ), et à Queblinbourg un Kosmorama ou ta- bleau de toutes les beautés et curiosités de la nature ( ii>4°, mens. ). On commence aussi à publier des traités scientifiques à bas prix, témoins les Elémens d’astronomie (Lehrbuch; e te. Mu- nich, in-8°), de M. Schubert; l’entreprise de MM. Leuckart, deLeonhard, Bronn eUBlume pour un Traité élémentaire d’histoire naturelle; l’Exposé populaire d’histoire naturelle ( Populaire Darstellang , etc. ) de M. Witting, commencé par volumes in-8°, avec pl., à Lemgo, en i83e; le Manuel géo- graphique, ou Encyclopédie systématique de 3a géographie physique ( Handbuch des geographisch. Wissens , etc. 2 vol. in-S°, avec planches), commencé à Leipzig en 1 833 , par li- vraisons , par MM. Cannabich, Littrow, Sommer, Wimmer et Zeune, savans bien connus, etc. En Suisse MM. Frobel et Heer, professeurs à Zurich, vien- nent de commencer un journal de géographie et de géologie [ Mittheilungen ans d. theoretischen Erdkunde , in-8°). Le DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 5l premier cahier contient un Essai sur un système des sciences géographiques, par M. Frobel ; la distribution des coléoptères dans les Alpes suisses, par M. Heer; le Rapport des monoco- tylédons et des dicotylédons dans ces montagnes, par le meme auteur, et des documens sur la Faune de la vallée d’Unsern , par M. Schinz. Les séances de la Société helvétique à Lugano, en juillet der- nier, ont offert peu de mémoires géologiques. ( Voyez la No- tice sur la 18e session de la société helvétique dans la Bi- bliothèque universelle y août i833, p. 461.) La Société d* histoire naturelle et de physique de Genève a fait paraître la première partie du 6e volume de ses mémoires. ITALIE. En Italie , je trouve à signaler le 56e volume des Mémoires de l’académie de Turin ; à Venise, Y Esercitazioni scienlifiche e letterarie dell Ateneo di Venezia ; en Lombardie y Y Iridié tore lombarde , journal mensuel de Milan , qui a déjà plus d'un an de date , et FAbeille (/’ Âpe , ecc. ) , qui est une com- pilation de notices sur les nouvelles découvertes dans les arts et les sciences; FA mi de la jeunesse, journal moral, histo- rique, politique, littéraire et médical ( V Amie 0 clella gio* ventUy etc., Milan, connu, en i833, 8° mens. ) ; enfin, une collection de Manuels in- 12, formant une encyclopédie des sciences , lettres et arts , commencée à Milan en i832. La traduction italienne du Dictionnaire des sciences naturelles se poursuit à Florence, et est arrivée au cinquième volume. Si un article, dicté par un patriotisme imprudent, a fait cesser à Florence F excellent journal F Anthologie , par contre, à Naples , le recueil el Pro grosso ( le Progrès des sciences, des lettres et des arts ) paraît avoir pris sa place. M. Vegezzi 111e marque qu’un abrégé de l’histoire scientifique, de la minéra- logie, de la géologie et de la paléontologie, en Italie, depuis la restauration des lettres jusqu’à la fin de 1 83 1 , se trouve dans le n° 3 du second volume, le n° 6 du troisième ( i832 ) , et le n° 9 du cinquième ( septembre 1 833 ). L’auteur de cette bibliographie est M. Léopold Pilla, qui a commencé en juillet i832, avec M. F. Cassola, un journal géologique bimensuel, intitulé lo Spettatore del V'esuvio di campi Flegrei (in-8). A Falerme, M. A. Barbucci a résumé les Travaux de l aca- démie royale des sciences de cette Allé , de i83 ( Païenne^ j 833 j in-8. ) Si RÉSÜMÉ DÉS PROGRÈS M. l’abbé Gaëtan publie, depuis janvier 1882, des éphé- mérides mensuelles scientifiques et littéraires sur la Sicile ( Ef- femericli scientifiche , in- 8) , et une Société économique s’est constituée le 8 septembre 1 83 1 à Calane; M. Salv. Scuderi en a fait le discours d’inauguration. La Société gioenienne de Catane a donné un septième volume de Mémoires d’histoire naturelle. PfUtfIfi7SU2.ES IBÉRIQUE ET SC ABÏBIKA VE. lé Espagne et le Portugal sont des pays devenus nuis pour les sciences; mais il est à espérer qu’ils vont enfin sortir de cette espèce de léthargie, et qu’on reverra fleurir en particu- lier, dans le premier beau royaume, ces Sociétés patriotiques , économiques ou scientifiques , qui furent établies vers 1 7 sous le roi Charles III et par le comte de Campomanes dans chaque capitale de province , et dont deux ou trois seules sub- sistent encore. En Danemark , la presse périodique paraît fort occupée à Copenhague. En Suède, une Société d’encouragement s^est établie à Stockholm , et l’Académie y a fait sa publication ordinaire. RUSSIE. En Russie , il s’est formé, à Riga, une Société pour é his- toire et R archéologie des provinces baltiques de la Russie ; elle compte publier des annales et créer une bibliothèque ainsi qu’un musée. À Reval , en Esthonie, la Société des amis de V histoire na- tionale a tenu sa première séance le 6 septembre 1 833 . Parmi les sociétés peu connues de la Russie, on peut citer encore celle des Amis de la littérature nationale , a Casan , la Société scientifique de Char ko w , qui compte dix-sept mem- bres; la Société pour les arts et la littérature , de Mittau, et la Société du musée ou athénée de la même ville. * Le Lycée Demidow à J aroslaw vient d’être réorganisé. Un nouveau gymnase a été réuni au lycée Richelieu , à Odessa ; et un gymnase a été fondé à Kischenew , en Bes- sarabie. Grâce h la libéralité de M. Demidow, l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg a, depuis i83i, 20,000 roubles à dépen- DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l855. 35 scr par an , pour des prix et l'impression des Mémoires cou- ronnés. D'après le rapport du ministère pour l’instruction du peuple, pour l’année i83i ( Isvletchenie , etc., 1 833 , in-8* ) ,il y avait alors en Russie plus de vingt gazettes , et environ vingt-cinq journaux périodiques, la plupart littéraires. La Société minéralogique impériale de Saint- P eterslourg n’a encore publié que quatre Mémoires en 1 83 1 . À côté de la continuation des recueils de Moscou ( Bul- letin, etc., vol. 6,) et de Saint-Pétersbourg ( i ), je dois signaler l’apparition d’un nouveau journal mensuel dans la partie baltique de cet empire : ce sont les Annales de Dorpat, s’occupant de la littérature, de la statistique et des arts en Rus- sie ( Dorpater Jalirbucher , etc. , in-8° ). Les rédacteurs sont MM. Blum, Bunge, Neue, Struve, der Borg, Friedlander, Kruse, Rathke et Walter. Ils nous feront passer successive- ment en revue les intéressans ouvrages publiés en langue russe, et nous donneront en outre des mémoires originaux. Les six premiers cahiers (juillet a décembre) sont fort in- téressans et contiennent plusieurs notices géologiques , en par- ticulier des lettres de M. Dubois de Montpeyreux, qui a parcouru en géologue toute la Crimée , et qui est au Caucase. U Université de Moscou a commencé, depuis le mois de juillet i833, un journal mensuel sous le titre de Mémoires scientifiques de l’université impériale de Moscou ( Outcheniia Zapiski imp. Moskovskago O université ta , in-8°). De 1819 à 1 83 1 , le Messager de Casan ( Kazanskii Vest - nik ) fut le seul recueil mensuel par lequel les professeurs de l’université de Casan donnèrent signe de vie, mais ce n’est que depuis 1 83 1 qu’il contient des articles dignes d’être signalés. Les matières y sont divisées sous les rubriques d’ordonnances du gouvernement , de mémoires et traductions , de poésies et d’observations météorologiques. On y trouve , en particulier p diverses notions zoologiques et des rapports de M. Eversmann , savoir : Sur un voyage entrepris en i83o dans le gouverne- ment du Caucase (février et mars i83i , p. 167-185), ou il a visité les eaux thermales et ferrugineuses près des montagnes (i) L’Académie de Saint-Pétersbourg a établi un dépôt de sef écrits chez Léop. Voss, à Leipzig. On bâtit un nouvel Observatoire à Saint-Pétersbourg* Soc. gèol, Tom. Y. 3 RÉSUMÉ UES PROGRÈS 34 porphyriques de Kum et d’Eisenberg ( voyez Bullet. des sc. nat. , i83o); sur un voyage dans les gouvernemens d’Orem bourg , d’ Astrakan et sur les bords de la mer Caspienne (juillet et août 1 83 r , p. 5o; novembre et décembre, p. i35; et jan- vier i832 , p. 70 ). Depuis 1 83 1 , MM. Polinowski et Rybuschkin font paraître àCasan la Fourmi transvolgaïque^avo/ges’Æzï Mouravei, in-8°), journal paraissant deux fois par mois et divisé en parties histo- rique, scientifique, géographique et anecdotique. Ce recueil paraît contenir des mémoires statistiques , philologiques et ar- chéologiques intéressans. En fait de géologie , on y trouve une notice de M. Sabandschikov sur le lac salé d’Elton , en Mogolie, Y A Itm-Nor ou Lac Doré, k cause de la réflexion rouge des rayons du soleil à sa surface. Ce savant a visité aussi la résidence du kan de la horde des Rirgis-Dschehangir. Dans le gouvernement dJ Orenbourg on commence une bi- bliothèque d’ouvrages scientifiques dans le gymnase d’Oufa, qui ne possédait que des livres de théologie; l’école militaire de Nepliujew à Orenbourg voit augmenter journellement sa collection de livres en diverses langues. M. le comte de Su- chtelen , gouverneur-général de cette province , a fondé un musée à Orenbourg, et a lui-même une bibliothèque nombreuse et bien choisie , qui est à l’usage du public. Enfin , il y a des bibliothèques spéciales pour les mineurs à Shatoust et Kaginski ( Dorpaler Jahrbuch. , volume 1 et 2 , page 190). Il est encore curieux d’apprendre les progrès que l'in- struction fait en Sibérie : ainsi dans le gouvernement d* Ir- kutsk , le gymnase qui existe depuis i8o5 dans la capitale a reçu, depuis 1828, plus d’extension; il a une bibliothèque de plusieurs milliers de volumes , un cabinet de physique , de minéraux , de roches et de coquilles. Dans une école prépara- toire de mineurs , on enseigne aussi la minéralogie et les sciences qui ont rapport aux mines. La Russie (1) offre donc un exemple remarquable de la rapi- dité avec laquelle les connaissances se répandent au milieu meme des peuples les moins civilisés. Le gouvernement y est à la tête de tous les progrès; son intérêt le porte à accroître de plus en plus ses ressources!: or celles-ci sont aussi grandes et (1) Article communiqué à M. Boue. 55 DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l855. diversifiées que les peuples et les climats soumis à sa domina- tion. Les sciences aident ainsi à l'augmentation des richesses nationales, et les recherches auxquelles elles donnent lieu tour- nent à l'avantage de leurs progrès. Elles reçoivent ainsi ce qu’elles prêtent. La géologie et la minéralogie ont surtout fixé Inattention du gouvernement russe, à mesure que ses richesses minérales se sont étendues. Le comte de Cancrin, ministre, également dis- tingué comme savant et comme homme d'Etat , a imprimé de- puis dix ans une impulsion remarquable à ces sciences si im- portantes pour l'économie publique : le journal russe des mines est là pour attester les résultats obtenus. Le gouvernement russe a fait entreprendre, en i83‘2, huit expéditions, dont quatre ont parcouru l’Oural , dans le but de compléter la carte géologique de cette importante chaîne de montagnes. Ces travaux doivent être terminés en sept ans par une carte générale de ces contrées. Une reconnaissance a été poussée dans le Nord de l'Oural1, dans le but de continuer les recherches sur les sables auri- fères. La colonie transcaucasique est de plus en plus examinée j comme dans les années précédentes, une expédition y a été faite en i83i pour des recherches de nouveaux gîtes métalli- ques. Les volcans boueux et de riches gisemensde sel de Glau- beront attiré surtout l'attention des géologues. Enfin les con- quêtes de la Russie vers l'Orient y ont été suivies de recherches scientifiques : ainsi la Moldavie et la Wallachie ont été exa* minées géologiquement. sm©ME. Après cet exposé sur les progrès des lumières en Russie, il est triste de dire que l'état des sciences est toujours le même eu Pologne. MM. Pusch et Zeuschner, professeurs de géologie, l'un à Varsovie et l'autre à Cracovie, ont reçu, dit-on, leur démission $ la collection de M. Pusch a été vendue en Russie,. On ne veut plus de grandes universités en Pologne, et on croit empêcher la propagation des idées en disséminant l’en- seignement dans diverses petites villes , ou en forçant les Polonais à chercher l'instruction universitaire en Russie. Tout homme sensé doit regretter ces mesures, autant^que le patriotisme mal éclairé des Polonais , qui ont trop négligé de donner a leur nation une homogénéité de mœurs et de civilisation. Espérons que la dissémination de rinstructioa 36 RÉSUME DES PROGRES contribuera seulement à répandre les lumières primaires , et préparer uu plus heureux avenir à cette nation , ainsi qu’à ses enfans égarés, et profitera même au peuple conquérant voisin. HONGRIE. En Hongrie l’Académie des sciences a imprimé le premier volume de ses mémoires, malheureusement pour le monde sa- vant, en hongrois. ( Trattner karolyi Nyomtatasa , i833, in-4°). À Hermannstadt , en Transylvanie, M. Jos. Benigni , de Mildenberg,et Ch. Neugeboren, ont commencé en i832 un jour- nal périodique sur la géographie physique et la statistique de cette principauté sous le titre de Transylvania . (in-8° à pl. ) TURQUIE. L 'empire Turc est à la veille de prendre une nouvelle forme. De nombreux Grecs, desValaques,des Serviens,etmême des Arabes, viennent s’instruire dans l’Europe plus civilisée, pour semer, à leur retour dans leur patrie, les germes de la culture des sciences. Le reste des pays musulmans se trouve pressé entre la civilisation européenne et indienne, aussi bien que par celle qui commence à poindre à Alger et en Egypte. Nous pouvons donc nous attendre à de grands changemens dans ces régions antiques ; mais ce ne seront guère que nos succes- seurs qui auront le plaisir de compter des confrères et de cor- respondre avec des sociétés savantes à Alger, au Caire, à Cons- tantinople, Bagdad et Ispahan. S’il fallait un indice certain que l’Orient est sur le seuil de la civilisation européenne, j’en appellerais à ce désir d’apprendre les langues orientales qui a envahi, depuis ce siècle, les principales écoles de l’Europe. Des gazettes paraissent aussi bien dans les capitales de la Servie et de la Walachiequ’à Constantinople, en Grèce et en Egypte. INDES ORIENTALES. Hors de l’Europe, la Société d'histoire naturelle de Vile Maurice paraît assez active et est naturellement occupée de géologie ; elle doit aussi nous procurer plus tard des renseigne- mens sur l’île presque inconnue de Madagascar. M. Julien Desjardins a donné une analyse des travaux de la société de l’île Maurice de i83o-32 ( Asiat . journ, , vol. ia , page 127). des sciences géologiques en 1 833. §7 Une petite Revue africaine a commencé dans l’îïe Maurice , sous le titre de Cerne en* Aux Indes orientales , les sociétés littéraires et scientifiques de Madras et de Bombay se sont affiliées à la société royale asiatique de Calcutta, tandis que des savans Hindous se sont réunis eu annexes de ces Sociétés, sous le titre de Madras {ou Bombay ), native brandi ofthe royal atiatic Society . Une Société de géographie a été fondée , dit-on , à Bombay. Un collège anglais a été établi par le gouvernement du Bengale à Allahabad. A Calcutta, la Société asiatique a fait paraître depuis 1882 deux volumes de mémoires géologiques et géographiques : savoir la seconde partie du dix-septième et le dix-huitième volumes des Asiatic researches , ou le sixième et septième des transactions de la Société médicale et physique de Calcutta. Le musée d’histoire naturelle de cette société est en train de s’accroître, depuis qu’il y a moins de répugnance, parmi les membres , à affecter les fonds considérables de la société à autre chose qu’à des recherches philologiques. Malheu- reusement le Bulletin de cette société et le Journal du Cap de Bonne-Espérance n’arrivent qu’à une ou deux personnes, àParis. Le Gleanings in science , fondé à Calcutta par sir Edward Ryan , a cessé. Un Journal mensuel de littérature çt de science ( Madras journal qf literature , etc., in-8° ) commence cette année à Madras. Une société savante a été fondée à la terre de Van Diemen • Quelques personnes s’occupent déjà des sciences physiques ou naturelles à la Nouvelle-Hollande, et bientôt il y aura proba- blement des sociétés savantes dans quelques îles de l’Océanie. Si l’activité de la société de Batavia a diminué beaucoup , on dit par contre qu’à Macao, en Chine , il se forme un musée d’histoire naturelle , qui promet de devenir important. Une école des sciences naturelles serait d’autant plus à désirer dans ces contrées , que les archipels des îles Philippines , Célèbes et de la Sonde paraissent recéler le secret de l’origine de bien des dépôts. Si , dans notre vieille Europe, les destructions semblent l’emporter sur les nouvelles formations, là, les animaux ma- rins, les volcans et les aîluvions s’efforcent à l’envi de créer et d’émerger d’autres terres. C’est véritablement la partie du globe qu’il seraitle plus pressant de faire examiner géologiquement. M. Gutzlaff a commencé à Canton un journal périodique pour mettre les Chinois au fait des découvertes des Européens. 58 RESUME DES PROGRES ÉTATS-UHIS. Aux Etats-Unis ) une Société historique a été fondée, le il décembre i83o, à Indiana, et nue Académie des sciences naturelles du Delaware > à Wilmington. Le Muséum d’histoire naturelle du comté de Chester a en- tendu son sixième rapport annuel ; cet institut est en pleine prospérité. Je trouve encore à citer deux nouveaux journaux améri- cains intitulés, Vun le Buffalo liierary enquirer , et Tautre the Advocate of science , par Ed. Gibbons. A Boston il se publie annuellement, depuis i83o, un vo- lume d’observations de statistique, de géographie, de géolo- gie^ de météorologie , etc. : c’est Y Américan almanach or Repository of usefid knovAedge ( in-8° ). On commence aussi à publier avec succès, aux Etats-Unis, des manuels pour diverses sciences; ainsi, par exemple, le Manuel botanique de M. Eaton a eu six éditions, et l’école de liensselaer, à Troye ( N. -Y. ) , a fait paraître plusieurs traités pour l’usage de ses élèves , en particulier une seconde édition des Eîémeos de géologie ( Geological text-book ) de M. Eaton , ouvrage accompagné de 68 figures de fossiles et d’une carte géologique de l’état de New-York. , MM. F. Lieber, Ed. Wigglesworth et F.-G. Bradford ont publié, à Philadelphie , une Encyclopédie américaine sur le modèle de la 7* édition du Dictionnaire allemand de la con- versation. ( Encyclopœdia americana , etc ., comm. en 1828, en 12 vol in-8°). Enfin, les réimpressions de certaines parties des bibliothè- ques populaires d’Angleterre commencent à prendre quelque extension aux Etats-unis. Dans le Teste de Y Amérique , je ne trouve à signaler que l’existence des musées d’histoire naturelle de Bogota , de Piio- Janeiro, de Buenos Ayres, de San-Yago, au Chili, et de la Pl&ta, dans le Haut-Pérou. des sciences géologiques EN 1 853* 59 PREMIÈRE PARTIE. SCIENCES PHYSIQUES, CHIMIQUES ET NATURELLES. Sans classement , point de connaissance réelle ni de science ; et plus les divisions sont rationnelles , plus les spécialités vien- nent se grouper convenablement autour de certains comparti- mens d’un cadre. Un de nos confrères, M. Ampère, a dressé des tableaux pré- sentant une classification des connaissances humaines , ac- compagnée d’un Carmen mnemonicum ( Paris , i833, une feuille in-8° ). M. d'Omalius a aussi fait un essai semblable. PREMIÈRE SECTION. SCIENCES PHYSIQUES. Toutes les sciences physiques, y compris l'astronomie, inté- ressent à un haut degré le géologue, et en particulier celui qui veut s'élever à des considérations d'un ordre supérieur; mais le nombre des physiciens est si grand, et l’activité desplus distingués si considérable , que, si je voulais analyser complètement leurs découvertes, je trouverais facilement à composer un second Compte-rendu. Je me vois donc forcé à donner seulement quel- ques indications rapides sur les principaux travaux de l'année, en cherchant à ouvrir la voie à un genre de publication qui manque encore au géologue, savoir : un résumé de toutes les principales notions astronomiques, physiques et chimiques, qui ont des rapports immédiats avec la géologie. Ainsi, pour l'astronomie nous ne pouvons rester étrangers, par exemple, aux beaux travaux de M. Herscheü , qui, au moyen de ses énormes instrumens et d'une patience admirable, multiplie les cieux et surprend le secret de la formation et de la durée des astres. Si les découvertes des Herschell, des Bessel, des Littrow, des Struve, des Bode, etc. , doivent nous être connues , nous sommes amenés à prendre une idée de la manière dont ils arrivent à des résultats si étonnans; aller plus 1 10 RÉSUMÉ DES PROGRÈS loin, scruter tous les détails minutieux des calculs, des instru- mens , des modes d’observation , etc. , ce serait devenir astro- nomes : dans l’état de développement actuel des sciences , il est impossible de faire deux choses parfaitement bien. CHAPITRE I. ASTRONOMIE. Le géologue peut prendre une idée de l’état de l’astronomie par le rapport que M. le professeur Àiry a fait sur les progrès de cette science au congrès savant d’Angleterre. Un extrait étendu , imprimé dans l'Institut, en prouve assez l’excellence, intérêt aussi encourageant pour l’association que flatteur pour le rapporteur. M. Airy parle successivement des observations et des publi- cations périodiques relatives à l’astronomie ; des instrumens , des catalogues d’étoiles, des étoiles doubles et des nébuleuses , des observations et des tables du soleil, de la lune, des an- ciennes planètes et de leurs satellites, des nouvelles planètes, des comètes périodiques et des comètes en général , des recher- ches relatives à la figure de la terre , des progrès de l’astrono- mie physique , des progrès comparatifs de cette science en Angleterre et ailleurs, et enfin des recherches propres à fixer l’attention des astronomes. De son côté, M. Will. Herschell a exposé brièvement, dans son dernier Traite' populaire cV astronomie , toute la grandeur des découvertes faites depuis un demi-siècle, et en particulier celles dues à lui ou aux siens. Dans ce dernier cas se trouvent surtout les nouvelles idées sur la nature du soleil, sa chaleur, son atmosphère , ses espaces brillans et obscurs, certaines par- ticularités delà lune , des satellites, des comètes, et surtout une foule de découvertes sur les divers genres d’étoiles. Dernièrement encore ( le 21 novembre ) M. Herschell a présenté un nouveau mémoire sur les nébuleuses et les amas d’étoiles observées depuis 1825 à i833. Son catalogue énumère a,5oo nébuleuses , dont 2,000 ont été découvertes par son père? et 5oo par lui; il n’y en a qu’une qui soit remarquable par sa grandeur. Les formes des nébuleuses et leur symétrie y indi- quent un système défini (Athenœam , du a3 novembre 1 833 ^ p. 795 , et Trans . phiL de Londres, ï 833 ). DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l853. l\i Le sixième volume des mémoires de la société astronomique de Londres contient plusieurs mémoires de M. Herschel sur les étoiles doubles , sur les orbites de Ç de Bootes et de yj de la Couronne , etc. Du reste, dans son traité, divisé en treize chapitres, M. Hers- chell traite, dans des chapitres séparés, des apparences générales ducieletde la terre, des instrumens et des observations astrono- miques, delà figure de la terre, de l’uranographie, du mou- vement annuel apparent du soleil , de la lune , de la gravitation universelle, des phénomènes et des lois de notre système pla- nétaire , des satellites , des comètes , des perturbations des étoiles et du calendrier. Ayant le grand art, pour un auteur populaire, de se mettre à la portée de tout le monde , il intro- duit véritablement le lecteur dans le sanctuaire de cette éter- nité resplendissante d'astres, et, se supposant au centre de ce monde sans limites, il tire, des couleurs ou de l'éclat différent des étoiles, de leur disparition ou apparition récente, d’un mouvement de translation de notre soleil , et de mille autres accidens astronomiques , les conséquences les plus curieuses pour tout être qui, oubliant sa faiblesse, tâche de dépasser les bornes mises à son intelligence par suite de son organisation. Ainsi, non content de nous éblouir de millions de systèmes planétaires, d’en détruire et d’en reconstruire, de nous faire suivre, même avec le télescope, ces opérations immenses, et de nous montrer tous ces corps flottans, non au milieu d’un vide, mais dans une substance éthérée , il tâche d’étudier chaque corps à part, et de suppléer à ce que le télescope ne permet pas de voir par des déductions tirées du monde qui nous en- toure. Ainsi il s’efforce d’acquérir une idée approximative de la nature du climat , des productions et des êtres, du certain nombre d’astres qui se prêtent le mieux à ce genre de recher- ches , tout-à-fait du domaine du naturaliste et du géologue. (Voyez Bibl. univ., i833, août et octobre; Edinb . rev., oc- tobre i833 , page 164 } Rtv. b rit. , troisième série, n° 12, page 193). M. J. -P. Anquetil a développé des idées analogues à celles de M. Herscliell sur la composition des cieux, dans ses Questions sur r astronomie , suivies de la proposition d'un nouveau sys- tème ( Paris, i833 , in-8° , 2 pl. ). C’est probablement aussi l’ouvrage de M. Herschell qui a suggéré à M. Jean Reynaud un article sur Y Infinité du ciel ( Rev . encycl. , atril-mai , i833 , p. 5 ). 42 RÉSUB1É DES PROGRES M. Will. Brelt vient de publier des Principes d’ astronomie (Londres, 1 834 ? in-8°). M. A. Fischer a publié un ouvrage intitulé Notre Système solaire, et la terre comme une partie de ce système ( Unser S onnen- System., etc. Stuttgard , i832, in-80). M. Hansen a publié en latin des Recherches sur la Théorie des Corps célestes (Alton, 1 833 ? in-4°)« M. Jean Simonov a publié un Traité élémentaire d’ Astro- nomie théorique ( Roukovodstvo , k. oumoritelnoï Astro - nomii , etc. Casan, i832. i vol. in-8° à pl. ). M. Grigor a publié un Essai sur la détermination des élé- mens de l’orbite des comètes et des planètes ( An Essai on the détermination , etc., Londres, 1 833 in-8°). On lit avec intérêt, dans l’Annuaire pour x834> un article de M. Arago, concernant les Etoiles multiples , sur lesquelles la famille des Herschell, Struve, South, etc. 7 ont fait tant de découvertes importantes dans le ciel boréal , et dont la con- naissance de celles du ciel austral va être étendue par le voyage de M. Herschell au Cap de Bonne-Espérance. Supposer que toutes les étoiles sans exception étaient des soleils, des points fixes dans l’espace , paraissait une hypothèse bien hasardée; mais il restait à fournir les preuves que le grou- pement de certaines étoiles formait des systèmes planétaires semblables aux nôtres. Ce pas une fois fait , le champ de l’as- tronomie devait s’agrandir sans cesse , en proportion de la masse des observations , et de la plus grande perfection des méthodes et des instrumens. Je fixerai encore l’attention des géologues sur l'ouvrage de M. J.-W. Lubbock sur la Théorie lunaire et les perturbations des planètes ( On the Theory of the Moon, etc. Londres, 1 833, in-8°) ; sur un Mémoire de M. J, Southey, concernant Y At- mosphère étendue de Mars ( Trans. pliil. de Londres, i833, part, i); et sur un ouvrage de M. J. -J. Littrow concernant la comète attendue en i83s , celle qui a fourni à M. Arago le sujet d’un article de l’Annuaire de i83‘2 ( Uber den gefurchte- ten Kometen d. gegemv. Jahres i832 u ub. Komelen uber - liaupt. Vienne, i832, in-8° à 1 pl.) Ce dernier traité des comè- tes est intéressant pour nous , en ce que M. Littrow s’y occupe beaucoup de la possibilité de la rencontre des comètes avec la terre, ou de leur approche de notre planète, et des effets qui en résulteraient. Il avait publié précédemment un Mémoire sur la rencontre DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN î855. l\5 possible des deux comètes de Biela et d’Encke; il y calculait le point probable de cette rencontre , qui éloignait peut-être encore plus le contact possible de la terre avec la comète de Biela, la seule dont l’orbite permette de faire une telle suppo- sition. {Zeiisch. f Plvysik .) Dans son ouvrage, M. Littrow reprend ces questions, et, après avoir traité des quatre principales comètes , savoir celles de Halley, d’QIbers, d’Encke et de Biela, il tâche d’estimer le nombre approximatif des comètes. Il fixe à environ un demi- million le nombre de ces corps dont le périhélie peut se trou- ver encore dans l’intérieur de notre système planétaire. Il explique la cause de ce nombre prodigieux de comètes d’après leur cours elliptique; il discute la probabilité de la rencontre d’une comète avec la terre, et si ce cas a déjà eu lieu. À ce sujet, il revient sur celle de Biela, qui s’est appro- chée, en i832, de nous à la distance de quatre rayons terres- tres et deux tiers, et se déclare contre l’idée de ces rencontres. Il signale les plus grandes comètes , leurs formes et leur na- ture , et examine si elles tombent quelquefois dans le soleil , si le déluge de Noé a été produit par une comète, si la lune a été une comète, s’il est permis de faire de pareilles suppositions pour expliquer l’origine des quatre petites planètes découver- tes depuis cinquante ans. Enfin , il montre la possibilité que des êtres particuliers peuvent exister dans les comètes, et que les extrêmes de température n’y sont pas aussi grands qu’il le semblerait au premier abord. M. Hussev, reprenant les Observations sur la rotation de la planète Venus, pense que Bianchini a raison de fixer la durée de sa révolution sur son axe à vingt- trois jours huit heures. M. Ivory a publié un Mémoire sur les inégalités des mou - vernens des planètes (Phil. Tr. Lond., i833, part. n). M. Poisson a donné un Mémoire sur le Mouvement de la Lune autour de la Terre, dans lequel il cherche à apprécier et à limiter toutes les variations qu’on a cru reconnaître dans les mouvemens de cet astre {Institut, i833, n° 9, p. 7^ et Rev* encycl. Juin, p, 5i 1). M. le professeur Gruithuisen a commencé depuis i832 une nouvelle série trimestrielle de ses Ânalectes pour la connais- sance de la terre et du ciel ( N eu Jnaleclen, etc. Munich, i832-33, 1 vol. de 6 cah. in- 8°). Outre des Notices extraites d’autres recueils, tant géologiques que physiques, et sur les- RÉSUMÉ DES PROGRES 44 quelles Fauteur donne son jugement, on y trouve beaucoup d’articles originaux tant astronomiques que géologiques. La géologie ne serait , d’après M. Gruithuisen, qu^une es- pèce de dépendance de l’astronomie* c’est dans les astres, et surtout dans la lune, que le géologue doit chercher les bases de ses théories. Ainsi , la surface de la lune peut seule donner une idée du fond des océans ; sa théorie d’agrégation des corps célestes s’appliquerait à la terre, et expliquerait, par exemple, la formation des chaînes de montagnes, un embrasement sem- blable à celui du soleil , la fusion du granit : son système four- nirait aussi les preuves que l’atmosphère primitive a contenu d’abord les eaux de la mer, etc. D’après M. Gruithuisen, M. de Beaumont a comparé avec beaucoup de justesse certains bassins primaires cratériformes du Dauphiné et de l’ile de Cevlan, avec les dépressions circu- laires de la lune. M. Gruithuisen trouve dans les chaînes de la terre beaucoup d’exemples semblables , et souvent sur une plus grande échelle que M. de Beaumont le suppose. Mais , tout en acceptant la comparaison , il est un antagoniste déter- miné des cratères de soulèvemens. Ses argumens contre ce système sont d’abord puisés dans les lois physiques, et appuyés sur un calcul mathématique qui doit prouver l’impossibilité absolue d’un soulèvement en cloche ou central, tel que le supposent les partisans de la doctrine en question. Vingt ans d’observations lunaires lui ont prouvé que les cirques de la lune sont composés de roches primaires : de là la similarité de forme signalée par M. de Beaumont. Si M. Gruithuisen a reconnu comme M. Herschell et d’au- tres astronomes des indications évidentes de stratification et de couches dans les environs des cirques lunaires , il est tout-à- fait en désaccord avec la plupart des astronomes sur la nature du sol de ces cavités. Il se donne beaucoup de peine pour prou- ver que ces cirques ne présentent aucune trace volcanique; qu’on n’y a découvert ni coulée, ni butte ignée; que plu- sieurs cirques y sont de simples entonnoirs à fleur de terre, et que M. de Beaumont s’est trompé en voulant restreindre trop le nombre des cirques lunaires, qui ont plus de sept myriamètres de diamètre. Enfin , suivant lui, la lune aurait positivement des nuages, par conséquent de l’eau. Donc , il n’est pas étonnant qu’il y ait des fleuves et des formations secondaires et alluviales qui s’a- dossent aux cirques primaires. Certainement ces derniers ne DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l833. sont pas plus des cavités d'érosion ou d’affaissemens que des cratères de soulèvement. Rien n’est plus propre, dit l’auteur, à guérir radicalement du volcanisme que la vue de la lune. Les dépressions singulières de cet astre résultent du système d’agrégation qui a présidé à la formation de la surface lunaire et terrestre. Dans l’un et l’autre cas, les chaînes circulaires ne sont que le bord de la croûte des corps planétaires, qui sont venus s’implanter dans ces surfaces (iV. Ancilecten, etc. Vol. I, cah. iv et v). J’observerai que d’autres célèbres astronomes n’admettent point d’eau dans la lune , quoique M. Herschell reconnaisse bien les grandes plaines alluviales de M. Gruithuisen, espaces plans dont la formation lui reste en conséquence inexplicable. Ensuite j’ajouterai que les diverses formations donnent lieu, parleurs chaînes, à des configurations si particulières, qu’a- vant de rejeter toutes les suppositions de M. Gruithuisen, il faut qu’un astronome-géologue s’en occupe sérieusement et voie si vraiment la lune a un sol primaire, des chaînes secon- daires, des montagnes semblables au Jura, un diluvium, etc. Si vraiment M. Gruithuisen a découvert toutes ces particu- larités, on peut lui pardonner d’avoir poussé l’enthousiasme jusqu’à avoir la prétention de nous décrire les êtres de la lune et leurs ouvrages, et même d’établir avec les hommes de la lune une communication télégraphique. Il n’en est pas moins évident que , vu le perfectionnement des instrumens et la construction récente de télescopes aussi grands que parfaits, nous puissions encore faire beaucoup de découvertes dans le satellite de notre terre. Quant aux Mémoires proprement astronomiques du journal de M. Gruithuisen, outre quelques articles de MM. Olbers, Clausen, etc., M. G. a donné un Mémoire assez étendu sur sa Théorie d’agrégation expliquant les apparences astronomiques, et il s’est occupé des limites de notre atmosphère; des lois qui règlent la quantité d’eau qui passe de la terre dans les espaces; de la réfraction et de la densité de l’atmosphère lunaire; des rapports de la lune avec les tremblemens de terre; des modi- fications dans les taches de la lune ; sur ce qu’était la lune avant son association à la terre; sur l’atmosphère solaire; sur les effets d’un grand embrasement du soleil ; sur les atmosphères des planètes ; sur les habitans de divers corps célestes ; sur le sort des êlrcs de notre terre, au cas où elle rencontrerait un autre astre, ou qu’elle irait tomber dans le soleil, etc. 46 RÉSUMÉ DES PROGRÈS CHAPITRE II. PHYSIQUE. M. Powell vient d’esquisser les progrès des sciences physiques et mathématiques (Lardners cabinet cyclopedia , vol. 5 i, 1 834-) Colriquc . M. Powell a fait un Rapport sur Tétât actuel des connaissances physiques sur la chaleur rayonnante ( Report of the brit . associât p. 259), champ d’observations que M. Mel- loni exploite avec tant de succès. M. Meîloni a donné un Mémoire sur la transmission libre de la chaleur rayonnante par différais corps solides et li- quides ( Ann. de chimie , vol. q5, Instit. p, . 212 , et Riblioth. univ. y octobre i833, p . 1 1 ). Ces expériences modifient les idées qu’on avait sur les températures des diverses parties du spectre solaire. On avait tort de les croire proportionnelles à l’intensité de la lumière. De plus, M. Melloni a constaté que les corps cristallisés agissent sur les rayons de la chaleur de la même manière dans toutes leurs directions. Il a aussi découvert une grande différence entre les rayons calorifiques émanés du soleil et ceux qui partent des sources terrestres : les premiers traversent le verre sans éprouver de diminution apparente, tandis que les seconds ne passent à tra- S vers la même substance qu’en très petite quantité. Ces modes d’action ne tiendraient pas à une différence essentielle dans la nature des deux chaleurs, mais à un simple mélange, en pro- portions variables, de plusieurs sortes de rayons, c’est-à-dire, que la chaleur de Tune et de l’autre origine est composée comme la lumière de rayons divers, et que les rayons de même espèce ne s’y trouvent pas dans les mêmes proportions. M. J. Hall a donné à la Société géologique une Notice sur une machine pour régler les hautes températures ( Procee- dings, n° 3i , p. 478)* Fibration. — M. Trevelyan a découvert que divers mé- : taux échauffés, mis en contact T un "avec l’autre, produisaient des vibrations ( Lond . a . Edinb., phil. mag. , nov. i833, et Institut , i833 , n° 32 , p. 268). M. James Forbes a donné un mémoire curieux sur la vi- bration entre des masses métalliques à différentes tempéra- tures. Il arrive à la conclusion que l’arrangement des conduc- teurs métalliques ne diffère pas plus de celui des conducteurs électriques , que chacun d’eux, pris isolément, ne présente de DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l853. 4 7 variations sous la main de différens observateurs ; ce qui serait une analogie plus simple que l'hypothèse de M. Faraday, que la vibration de deux métaux dépend directement de la diffé- rence de leur pouvoir conducteur par la chaleur, et inverse- ment de la différence de leur expansion ( E clin b, phil . Trans. y. i<2, et Lond. a. Edinb. phil. mag., n° ig,jduw. i83i,p. i5 ). M. Cagniard-Latour a publié des Recherches sur la réson- nance des liquides y et une description d’une nouvelle espèce de vibration ( Institut, 7 septembre i833, p» 1 44 )• § 1. Optique . M. Herschell a publié un mémoire ,sur l’absorption de la lumière par des milieux colorés par rapport a la théorie des ondes ( London phil. trans. î833; Lond. a. Ed . phil. mag. , déc. i833, p. 4o 1 ); M. Babinet a étudié V absorption de cer- taines parties du spectre transmis par des gaz chlorés ( N. Bull, de Sc. i833 , p. 1 15 ); M. Hamilton a donné un supplément à son essai sur la Théorie des systèmes de rayons ( dito , p. i3o). M. John G. Macvicar a publié des recherches sur le milieu de la lumière et la forme de ses molécules ( Tnquirics concer - ning the medium oflight, etc. London , i834, in-8°). M. Potter a cherché à déterminer la vélocité de la lumière à traverser des substances réfringentes , par des expériences sur l'entrecroisement de deux faisceaux de lumière homogène, à travers un prisme de verre ( Lond . a. Edinb. phil. mag. , vol. 2 , n° 8, février, p. 81 ) ; il a fait aussi de nouvelles ex- périences sur la reflexion de la lumière à la surface des corps ( N. Bul. de Soc. , i833 ,, p. 1 3 1 ) ; M. Wheatstone s'est oc- cupé de l'instantanéité de la lumière ( dito , p. 1 33). M. Arago a donné un mémoire intitulé : Sur les moyens de résoudre la plupart des questions de photométrie que la décou- verte de la polarisation de la lumière a fait naître ( Institut , 1 833 , n° i3 , p. 106). Quant à Y optique minéralogique, M. W. Whewella résumé de la manière suivante les travaux d’optique minéralogique de M.Brewster,en y ajoutant ceux de MM. Herschell, Àiry et Young? mais en omettant, à tort, ceux de plusieurs physiciens du cou- inent, tels que ceux de MM. Arago, Biot, Fresnel , Cauchy, SeebeeketMitscherlicïi.M. W.seconîente de mentionner les re- cherches de M. Savart sur la correspondance et la divergence entre les différences acoustiques d’élasticité, et les relations optiques. RÉSUME DES PROGRES 4$ Dans son mémoire sur les couleurs , M. Brewster indiquait la découverte de la double réfraction dans certains échantillons de sel, de fluoré et de diamant ( Ed . Trans . , v. 8, i8i3); fait contraire, en apparence, à la découverte de Haiiy , que les substances ayant certaines formes primitives ne jouissaient pas de cette propriété. Après ce mémoire, vinrentceluisurles lamelles ou filets inter- posés dans les cristaux, son mémoire sur les effets de la compres- sion et de la dilatation, donnant à des corps transparens une struc- ture produisant les mêmes effets que la cristallisation associée à la double réfraction ; la réduction, sous une loi commune, de toutes les apparences complexes qui résultent de l'action com- binée de plus d'un axe de double réfraction (. London , phil. Trans . , 1818 ). D’aprcs cette loi, tous les cristaux à un axe optique appartiennent aux systèmes hexagonal ou pyramidal , tous ceux à trois axes au système tessulaire , et tous ceux à deux axes à d'autres formes de cristallisation. Cette loi fut même débattue et confirmée pour certains cas douteux, tels que pour le sulfate tricarbonaté de plomb de M. Brooke. M. Brewster exposa aussi , dans ce mémoire, la loi remar- quable dont dépend la forme des courbes , vus dans les cris- taux à deux axes. Quant aux propriétés des cristaux , de choisir certaines cou- leurs pour exercer leur influence sur elles , on peut citer son mémoire sur l'absorption de la lumière ( Lond. , phil. trans. , 1816). On découvrit bientôt que plusieurs cristaux contenaient une structure bien plus compliquée que celle résultante du nombre restreint des axes d'un cristal. M. Brewster établit que cer- tains cristaux ne sont qu’une mosaïque véritable de cristaux dans diverses positions, et un arrangement très complexe quoique parfaitement symétrique. Sous ce rapport, il s’occupa des apophyllites , des analcimes et des topazes. M. Herschell découvrit , en 1820, que la direction de Taxe dédoublé réfraction est différente pour les diverses couleurs du rayon lumineux , ce qui lui donna l’explication de la déviation observée dans plusieurs cristaux, relativement à la succession des couleurs du spectre solaire , tel qu’il avait été établi par Newton ( London , pliil. trans. , 1820 ). De plus, cette déviation observée dans un cristal à un axe , la difficulté ne fut levée qu’en ayant égard à la théorie des on- dulations ( Cambridge phil . trans. , v. 1 , p. î ). DÉS SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. 49 M. Herschell prouva la constante réunion de la polarisation circulaire de la lumière à droite ou à gauche avec la cristallisa- tion pîagilièdre du quarz. M. Àiry donna une théorie sur les phénomènes très compliqués et en apparence non symétriques concernant la polarisation circulaire et elliptique des rayons de la lumière dans le quarz. Le phénomène du chatoiement du feldspath de Labrador, etc., avait occupé MM. Hessel et Nor- denskiold; M. Brewster chercha à prouver que les couleurs sont produites d’après le principe de coloration de lames min- ces au moyeu de cavités limitées par des surfaces planes paral- lèles {First report of the b rit . assoc , p. 335 à 543). L’an passé M. Brewster a publié un nouveau mémoire sur les couleurs des corps naturels {Bdinb. newphil. aviil i833, p. 594). Enfin, en comparant les propriétés polarisantes du diamant et de l’ambre, M. Brewster s’est assuré que ces deux substances contiennent des celluîosités remplies d’air, et que le diamant a dû être mou. Sa mollesse n’a pas dû provenir d’une fusion ignée , mais elle a été semblable à celle d’une gomme demi en- durcie , ce qui rend probable que le diamant est comme l’am- bre et le meiîite, un effet de décomposition végétale. En effet , les autres substances naturelles ou artificielles produites par la voie aqueuse ou la fusion ignée , et renfermant des cavités plei- nes d’air , offrent des propriétés de polarisation totalement dif- férentes. ( Londo a Edinb. phil, mag . , v. 3, n° i5 , p. a 19) , et Edinb. phil . Trans . 1820). Il y a plus de dix ans que M. le professeur Jameson avait aussi attribué au diamant une origine végétale pour des raisons minéralogiques. M. E. W. Brayiey n’adopte pas cette idée , et s’étaie du gîte des diamans aux Indes et au Brésil ( Lond . a . Edinb . phil. magaz . , n° 5 , v° 1 , p. 147 ). - M. Marx a fait des recherches intéressantes sur le déplace- ment des axes optiques de la topaze par V effet de la chaleur. Ces expériences démontrent la réalité de Agrandissement de Tangle des axes et la variété de cet agrandissement, selon que les topazes sont colorées ou incolores (IV*. Jahrb . d. Chem. , vol. 9, 3e cahier ). lé Etude de la perspective est essentielle au géologue voya- geur. C’est un autre point de contact entre notre science et celle de l’optique. L’an passé M. le docteur Hardie en a donné un bon exemple en décrivant l’aspect contrastant de l’Indos- tan pendant la saison des pluies et pendant celle des vents Soc. gêol. Tom. Y. 4 5o RÉSUME UES PROGRES chauds. La verdure d’une végétation extrêmement active, et la stérilité la plus horrible , modifient chacune à leur tour dans ccs deux saisons tellement la perspective , que les monta- gnes ont l’air de changer de forme ( Asiat. researches , vol. 17, part. 2). Métrologie. — M. Saigey vient de faire paraître un Traité de métrologie ancienne et moderne. (Paris, i834? ia-8°.) L’Académie des sciences de Suède avait décidé que l’unité de poids de la Suède serait rapportée au poids de l’eau prise à la température du maximum de densité , et pesée avec des poids de laiton dans l’air à -h i5°, o à om, 760 , et à l’état hygro- métrique moyen. M. Rudberg, chargé de faire les expériences nécessaires , a cru reconnaître que le kilogramme déterminé par la loi française était trop petit T au moins de 1 ]3ooo ( Institut , v. 44 ) F* 9° )• CHAPITRE III. ÉLECTRICITÉ BT MAGNÉTISME. Aucune branche des sciences physiques n’excite maintenant plus l’attention que l’étude des phénomènes électro-magnéti- ques. L’électricité et le galvanisme avaient fourni , au com- mencement de ce siècle, une grande masse de nouvelles décou- vertes; mais l’identité de l’électricité et du magnétisme, éta- blie par les expériences de M. Oerstedt , ont ouvert un champ encore plus vaste aux investigations et aux conceptions des in- telligences supérieures. Cette identité de principes avait été soupçonnée depuis long-temps; les archives de la science conservent même des faits énoncés à l’appui de cette doctrine ( Ane. Mémoires de l’Académie des sciences ) ; mais il restait à ouvrir les yeux à tous les physiciens, et surtout il fallait re- chercher les corollaires de ce fertile axiome. L’éîectro-magné- tisme a déjà acquis une telle extension , que les travaux isolés des physiciens viennent se grouper non autour de cette étude* mais autour de ses subdivisions; tandq que des auteurs , dans divers pays, s’efforcent chaque année de recueillir dans des traités spéciaux la masse toujours croissante des faits. Si, en France , MM. Ampère, Becquerel , Hachette ( Nou- velles propriétés des piles sèches et des piles thermo-électriques)) DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 8S3. 5î Peltier, Despretz, et plusieurs autres physiciens n’ont cessé de s’occuper de ce sujet, ils ont pour émules, en Angleterre* MM. Faraday, Prideaux, Christie ( LoncL , phil. trans. 1 833 p part. I), Ritchie,Cumming, etc. ; en Italie* MM. Nobili, Botto, Àntinori, de Negro ( Nuovi sagg. clella Accad . di $c. lett. et art. di Padova , v. 3), Ch. Mateucci ( Osserv* sopra i currenti electrico magnetici di Faraday. Forii , 8° ), Melloni, etc. ; en Allemagne, MM. Seeheck, Ricse, Dove ( Annal, de M. Pog - gendorf, \ IN. S., v. 28, p. 4)> Erman ( ditoy v. 27, p, 3); enfin, MM. Kupffer, Hansteen, etc. Tous ces phénomènes électro* magnétiques , électro-chimi- ques , thermo-électriques et thermo-magnétiques ( MM. See- beck et Ampère, dans le N. BulL des sc. , î 833 , p. 77 et 81), toutes ces influences reconnues à la lumière, et en particulier celles des rayons colorés sur l’aimant, conduisent à reconnaître une identité de principes pour les agens impondérables en gé- néral. Sur ce point, comme sur la réunion de l’électricité et du magnétisme, les physiciens ont été précédés de beaucoup dans les systèmes établis à priori par les philosophes de la nature, qui, depuis long-temps, ne voyaient dans l’électricité, la cha- leur, la lumière, les actions chimiques des trois règnes , qu’une seule matière soumise à quelques lois générales très simples. M. Auguste de la Rive a donné une Esquisse historique des principales découvertes faites dans V électricité depuis quel- ques années (Bibl. univ. de Genève ). M. J. Cumming a présenté, en i832, à l’Association britan- nique pour l’avancement de sciences un rapport sur l’état ac- tuel de la thermo-électricité ( Report of the first a . sec . meet . of the briU assoc. , p. 3o 1 )* M. Zantedeschi a fait l’historique des principales décou- vertes faites dans F électro-magnétisme (8°). M. Peltier a fait des recherches sur les causes desphéno - mènes électriques , savoir : i° sur la transformation des quan- tités en intensité, ou des intensités électriques en quantité , consécutivement sur la distinction exacte entre la quantité et l’intensité dans l’électricité dynamique; 2° sur les différences entre les phénomènes d’électricité statique, et ceux d’électricité dynamique ( Institut , n° 11 , p. 90 ). M. Melloni a exposé une nouvelle Méthode pour déterminer les rapports d! intensité des courans électriques ( Institut , n°38, p. 43). M. Becquerel a communiqué à l’Académie des faits qui con- 52 RÉSUMÉ DES PROGRÈS courent, avec d autres, à indiquer des Différences tranchée* entre les propriétés du fluide positif et du fluide négatif ( Rev. encycL , 1 833 , avril — mai , p. 277 ). Il a poursuivi en meme temps , avec un talent toujours plus fécond , ses expériences sur Félectro-chimie , aussi bien que sur l’influence de la chaleur, delà pression, du frottement , et du contact relativement à l’électricité des corps, et par suite relativement à l’arrangement de leurs parties constituantes, et leurs actions corrélatives {Mém . de V Acad, royale des sciences , vol. XII, 1 833 ^ An- nales de chimie et de physique , etc. ). M. Faraday, engagé dans des expériences sur Félectro- chimie , aussi bien que sur Félectro-magnétisme , a déjà donné cinq séries de recherches expérimentales sur l’électricité. Il s’est occupé dernièrement de son influence sur les décompositions et combinaisons chimiques (Lond. a. phil. Mag«, 3* sér. Oct., nov. et déc. i833, p. 45o; et Lond., phil. trans. i833, p. 2). M. Becquerel a donné un Mémoire sur le meme sujet et sur la réduction de V oxide de fer , de la zircone et de la magnésie , a laide de forces électriques peu considérables ( Mém. de F Acad. roy. des sciences, vol. XII). M. Bouchardat a étudié les Relations qui existent entre les actions électriques et les actions chimiques ( Annales de chimie, juillet i833, p. 284)* M. W. Ritchie a donné des Recherches expérimentales sur l électro-magnétisme et la magnéto- électricité ( Lond. phil. Trans. , i833 ) j un Mémoire sur la réduction des découvertes de M. Faraday concernant V induction magnético-électrique en une loi générale ( Lond. a. Edinb. phil. Mag., 3a sér., vol. IV .Janvier i834, p. 1 1); et un autre Mémoire sur la Rota- tion continuelle d'un circuit voltanique dans un autre cercle fermé ( dito , p. i3 ; Lond , phil. Trans. i833 , part. 2 ) . M. de Haîdat s’est occupé de plusieurs objets relatifs au magnétisme, tels que les figures magnétiques , lincoërcibilité du fluide magnétique , V aimantation de la fonte de fer , et V influence de la chaleur sur les corps aimantés ( Insti- tut, i833, n° i3? p. 109). M. Wathkins a donné un Mémoire sur les puissances ma- gnétiques du fer doux (Phil. Trans. Lond., i833, part. 2). M. G. Moll a publié une Note sur la formation d'aimans artificiels aumoy en du galvanisme (Institut, 1 833 , n°î3,p.i 10). M. Aimé a trouvé un nouveau procédé pour la préparation des aimans artificiels { clito, n° 42, p, 69). 55 DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 853. 3V1. Quetelet a publié des Recherches sur les degrés succes- sifs de force magnétique d'une aiguille ressentis pendant les frictions multiples, qui servent à T aimanter (Annales de china. Juillet, i833,p. 248). M. Will Harris a publié une note sur V emploi dé ai m an s vibrons dans les recherches sur V intensité magnétique du globe. (First report of tlie brit. assoc. i833, p. 558. ) § 1. Expériences électro-magnétiques dans les mines . Des expériences éleclro -magnétiques dans les filons métalli- fères ont de nouveau été faites dans les mines de cuivre du Cornouailles , par MM. Bennetts, et dans celles de Wicklow, en Irlande, par M. Thom. Petherick. On se rappelle celles faites par M. Fox , et les causes nombreuses d'erreur que peu- vent offrir de pareilles expériences. M. Petherick prétend ayoir trouvé dans la mine de Conmoree, au contact du schiste et du granité, des parties négatives et positives {fion d. a . Edinb . phiL Mag. Juillet i833, p. n , 16 et 18). M. Rob. W. Fox a republié , avec des additions, ses Remar- ques sur les filons métallifères du Cornouailles , et leurs pro- priétés électro-magnétiques ( Trans. of tbe roy. geoî. Soc. of Cornwall, vol. IY, p. 21 ); et il a donné une Note sur un instrument propre à s'assurer des propriétés diverses du magné- tisme terrestre (Rond, a* Edinb . phiL Mag . Février 1 834 ? p- o- Si les faisceaux de filons présentaient véritablement les dif- férences électriques que M. Fox prétend y avoir découvertes, le mineur aurait ainsi un nouveau moyen de reconnaître la pré- sence cachée de filons ou d’anciennes mines abandonnées* Frappée de l’influence possible de ce fait, la direction supé- rieure des mines à Bonn a donné àM. A. deStrombeck îa com- mission de répéter les expériences de M. Fox dans plusieurs mines du N. -O. de l’Allemagne. Malheureusement ses re- cherches ne confirment pas les résultats exposés par M. Fox; du moins les phénomènes observés dans le Cornouailles n’ont pas lieu dans les filons examinés par M. de Strombeck. De plus, ce savant fait remarquer que le dégagement d’électri- cité noté par 3Ï. Fox pourrait fort bien dériver des décompo- sitions chimiques, qui ont lieu sans cesse dans les filons, et sur- tout dans leurs portions supérieures. ( Àréhiv . de M. Karsten vol. YI, p. 43i. ) 54 RÉSUMÉ DES PROGRES § il. Magnétisme terrestre . Si l’étude complète des opérations électro-magnétiques, et leurs rapports avec la chimie intéressent à un haut degré le géologue, les observations sur le magnétisme terrestre , sur son intensité, ainsi que sur les variations annuelles et diurnes de raiguilie aimantée, sont pour lui un autre genre de recher- ches, qui font partie intégrante de son domaine. M. Hunter Christie a publié un Mémoire sur la direction et r intensité de la force magnétique terrestre , dans lequel il décrit de nouveaux instrumens et de nouvelles méthodes ( Lond . phil. Trans. i833, v. IL ) , et M. Ch. Fred. Gauss, un traité intitulé : Intensiias vis magneticœ t erres tt ris ad mensuram absolutam revocata . ( Gottingue , i833. In»4°. ) M. Traill a publié des expériences sur V intensité magné- tique, faites à Liverpool et Manchester ( Report of the british association , i833, p. 557). M. Quetelet a fait des observations sur F aiguille aimantée a Bruxelles , et des Observations comparatives de V intensité magnétique faites dans différens points de la Belgique , de V Allemagne , de V Italie, de la Suisse et de la Finance ( Insti- tut, n° 27, p. 226); M. F. Rudberg, des Observations sur l intensité magnétique en i83‘2, à Paris , Bruxelles , Got- tingue , Berlin et Stockholm (Rongl. Yet. Handlingar. pour a 833 , p. 1 à 3i , et London a . Edinb. phil. Mag. , vol. II , u° 7 ) ; enfin M. Dove, des Observations sur les changemens journaliers de déclinaisons magnétiques à Freiberg ( Annal, de M. Poggendorf, 1 834? vol. 3i, 110 7, p. 97). Je dois encore rappeler pour les vastes domaines de la Russie, les observations du même genre faites par MM. Ermann, Kupffer et Hansteen (Tidskrift , Ann. de chimie , i83'2, et Bibl. univer . , 1 833 , p. 407 ). M. Fuss vient d^en faire dans le S.-E. de la Sibérie, ou il a nivelé les contrées aux environs du lac Baikal • d’une autre part, M. Federoffva parcourir dans le même but la Sibérie occi- dentale, et M. Kovansko a envoyé à T Académie des sciences de Saint-Pétersbourg des Observations magnétiques faites à Pékin. C’est maintenant aux voyageurs dans l’intérieur de l’Afri- que, dans l’Asie mineure, la Perse, et le plateau élevé de l’Asie à fournir aux physiciens les moyens d’y tracer exacte- ment les courbes isodynamiques. M. le capitaine Ross a lu, le 19 décembre , à la Société DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN i835. 55 royale de Londres un Mémoire sur la découverte qu'il croit avoir faite du pôle magnétique septentrional (Athenœum 9 n° 321, 21 déc. i833, p. 873). Si la conquête du pôle magné- tique au profit de Sa Majesté Britannique paraîtrait devoir avoir le sort de celle de File volcanique dans la mer silicienne, MM. Ross n'en auront pas moins été fort près, et leur voyage périlleux complétera le cercle d'expériences nécessaires pour tracer avec exactitude , dans l’hémisphère boréal , les courbes de plus grande intensité magnétique. Leur séjour surhumain dans les régions polaires rehaussera le mérite de la publica- tion de leurs observations. M. Morlet a lu en janvier, à l’Académie des sciences, des Recherches sur les lois du magnétisme terrestre dans lesquelles il applique aux phénomènes magnétiques de la terre les prin- cipes généraux de la théorie du magnétisme que M. Poisson a donnés en 1822 ( Mém . de P Académie des sc»9 v. 5, et Insti- tut, n° 37 p. 34 et n° 38 p. 40* M. Samuel Metcalf a publié à New-York, en i833 , une nouvelle théorie du magnétisme terrestre ( a New-Theory oj terrest . magnétisme , etc. In-8° ) , dans laquelle il attribue au calorique la production de l’électricité et du magnétisme. Les différences de température entre les régions polaires et tropi- cales produisent des courans chauds de l’équateur au pôle , courans qui influent sur la direction des aiguilles aimantées. L'auteur admet au moins deux centres de plus grand froid, ou de plus grande intensité magnétique dans l’hémisphère bo- réal; ces pôles, l’un asiatique, l’autre américain, auraient une intensité différente, et seraient à distance inégale du pôle géo- graphique. Comme la quantité de terres émergées dans l’A- mérique arctique est trois fois plus grande que celle des terres d’Asie et d’Europe, le pôle américain étendrait son influence aux deux tiers de l’hémisphère boréal. Ces idées d’un homme qui n’a pas toujours l’air d’être tout- à-fait à la hauteur de son sujet, me conduit naturellement à l’exposé des considérations si importantes que M. le capitaine Duperrey a présentées sur le magnétisme de la terre , et sur sa carte des intensités magnétiques . Les lucides explications de notre confrère sont fondées sur ses propres observations autant que sur celles de MM. Hansteen , aidé de MM. Keilhau et Boeck ( Magaz.for Naturvidenskab. de Christiania , n. fi. , v. I, cah. i , p. i à 25 avec 2 cartes), sur celles du capitaine Lutke, de MM. de Rosse! , de HumJboldt ( Mém* de VAcad \ 56 RÉSUMÉ DES PROGRÈS de Berlin , et Bull, de la Soc . des natur . de Moscou, vol* Y, p. 3^6 ) , Due, Ermann, Rudberg, Kupffer, ainsi que sur celles des capitaines anglais Sabine, Ring, Franklin, Parry,Ross, etc. M. Hansteeu avait déjà tracé à peu près les lig s magnétiques situées dans l’hémisphère boréal , et en dehors du tropique; M. Duperrey y a ajouté celles de la zone équatoriale et de l’hémispère sud. Çes courbes sont au nombre de neuf, tant au nord qu’au sud de l’équateur magnétique , et elles sont d’autant plus irrégulières qu’elles sont plus voisines des continens. U équateur magnétique est pour notre savant la ligne des plus petites intensités magnétiques de tous les méridiens du globe ; c’était donc une erreur d’en faire une ligne d’égale in- tensité. L’intensité y varie de l’unité à 0,867, en sorte que la diffé- rence extrême est d’un dixième et tiers , c’est-à-dire d’un in- tervalle et tiers des lignes tracées sur la carte aeM. Duperrey ; il arrive alors que les lignes isodynamiques voisines de l’équa- teur magnétique viennent s’y terminer obliquement sans pas- ser outre. La détermination de l’équateur magnétique moyen a aussi occupé M. Duperrey; il a transformé pour cela en deux fu- seaux sphériques les deux fuseaux compris entre l’équateur magnétique vrai et l’équateur terrestre; il est arrivé ainsi à reconnaître que les latitudes des sommets du méridien magné- tique moyen sont de 1 1° 35' vers le nord, et io° 43' vers le sud de l’équateur terrestre. Si les résultats obtenus permettent de déterminer h priori les positions moyennes de toutes les lignes isodynamiques , il est convenable d’attendre encore plus de précision dans' le tracé des lignes, et par conséquent de l’équateur magné- tique. Quant aux pôles magnétiques , M. Duperrey a dû se con- tenter d’indiquer dans les régions polaires deux espaces bornés par des lignes isodynamiques de très forte intensité, qui doi- vent nécessairement contenir les pôles en question. L’espace austral est un triangle , dont les angles arrondis sont dirigés vers V Afrique , l’Amérique et la Nouvelle-Hollande , et l’es- pace boréal est très alongé, et ses extrémités sont l’une sur le nord de l’Asie, et l’autre sur la côte septentrionale de l’Amé- rique. Le pôle magnétique de chaque hémisphère serait l intersec* DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855 . 5 J non commune de tous les méridiens ) or, pour établir les vé- ritables méridiens, M. Duperrey part d’une nouvelle relation entre les intensités et les déclinaisons magnétiques. La ligne de déclinaison en un point quelconque de la sur- face du globe est normale à la ligne isodynamique, passant par ce point , car les actions magnétiques sont symétriques des deux côtés de cette dernière ligne. Mais pour chacun des points situés sur l'équateur magnétique, deux courbes isody- namiques y aboutissent, Tune de l’hémisphère boréal , l'autre de l’hémisphère austral, de manière que la direction de l’ai- guille de déclinaison doit prendre en ce point une direction moyenne entre les deux normales menées aux deux lignes iso- dynamiques aboutissantes. Or, il se pourra, et il arrive que cette direction normale n’est pas normale à l’équateur ma- gnétique, et M» Duperrey a trouvé jusqu’à 2° de diffé- rence. Les courbes isodynamiques loin de l’équateur ne peuvent jamais se rencontrer, quelque rapprochées qu’on les suppose. Si donc par deux points très voisins , on mène les courbes isodynamiques et une normale entre elles , cette normale sera la direction de l’aiguille horizontale et la partie decette normale comprise entre les deux courbes sera l’un des élémens de la ligne, qui couperait à angles droits toutes les courbes isody- namiques , ligue qui serait un véritable méridien magné- tique. Les lignes isodynamiques, coupant à angles droits les direc- tions de Faiguiile de déclinaison , ces deux séries de phénomè- nes sont désormais liées, tandis que d’autre part une seule observation d1 intensité , et une série de déclinaison autour du globe donnent le tracé de toute une ligne isodynamique . M. Biot a fait connaître la loi de l’accroissement de l’inten- sité magnétique de l’équateur au pôle , en se fondant sur deux actions agissant sur Faiguiile , et placées à une distance infini- ment petite du centre de la terre, supposant la terre parfai- tement homogène, il avait donné la formule/» \/ a-}-Z>sm*À, pour calculer l’intensité magnétique du globe en fonction delà latitude, et avait remis à l’avenir la confirmation de cette découverte mathématique (voy. Encyclopédie britannique de M. Biewster). M. Duperrey a calculé l’intensité moyenne de l’équateur, et de chaque parallèle terrestre de io° en io° au moyen de ses courbes isodynamiques. Il a multiplié la cir- 58 EÉSÜMÉ DES PROGRES conférence de chaque courbe par son intensité , afin d'avoir l'intensité totale; puis il a pris la moyenne des intensités to- tales des parallèles correspondais dans chaque hémisphère , et a obtenu ainsi tous les points de la courbe, qui représente la loi de l'accroissement des forces magnétiques d'après l'observa- tion. Cette courbe , tracée auprès de celle qui résulte de la formule de M. Biot ne s'en écarte que d'environ 0,01 5 d’in- tensité, en supposant l'unité sur l'équateur magnétique au Pérou. M. Biot avait donc devancé les observations, et sa formule serait l'expression véritable de l'intensité magnétique du globe , si ce globe était régulièrement magnétique sur chaque parallèle à l’équateur. Or, cette uniformité ne peut pas exis- ter à cause de l'inégalité des températures du globe à égale distance de l'équateur. L’électro-magnétisme et la thermo- électricité sont dans des rapports intimes , et il y a même une relation si complète entre les courbes isodynamiques et les courbes isothermes , que l'un de ses élémens pourra se dé- duire de Vautre , ou que les déductions de Vun seront con- trôlées par celles tirées de V autre . M. Duperrey a évalué la surface de chaque hémisphère magnétique, et il a trouvé que la surface de l'hémisphère nord est à la surface de l’hémisphère sud dans le rapport de 1,0000 à 1,01 54* Puis déterminant Tintensité moyenne des deux hémisphères terrestres , il a trouvé la partie nord moins ma- gnétique que la partie sud dans le rapport de i : 1,01 52, c’est- à-dire que les surfaces des deux hémisphères magnétiques sont proportionnelles aux intensités totales des deux hémisphères terrestres , d’où l'on peut déjà conclure une inégalité analogue de température. La courbe moyenne des intensités magnéti- ques de l'équateur aux pôles donne entreles magnétismes équa- torial et austral , une différence de 0,8017, tandis que la dif- férence des températures moyennes de l’équateur et des pôles de la terre est de 45° centigrades. Or, des variations de tem- pérature seront proportionnelles aux plus petites différences dans le magnétisme, et M. Duperrey arrive ainsi au résultat que Y hémisphère sud est plus Jroid que V hémisphère nord d'un peu moins dJ un degré . Les inégalités de température des parallèles terrestres sont produites par l’irrégularité de la surface aqueuse ©u continen- tale; mais ce qui trouble la distribution de la chaleur exerce aussi ses effets sur le magnétisme. Or, toutes les variations DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l833. 5q atmosphériques en produiront dans la température et le ma- gnétisme, de manière que les lignes isodynamiques aussi bien que les courbes isothermes varieront à chaque instant de forme et de position , en oscillant autour d'une position et forme moyenne . Un changement meme très léger dans la configuration des lignes iso dynamiques en pourra amener de très grands dans la déclinaison ; ces changemens seront très considérables près des continens, et très faibles à une grande distance des côtes au milieu des océans. Ceci est encore confirmé par l'observa- tion; ainsi, si le magnétisme change à peine dans le grand Océan , il subit des variations notables à l’ouest de l’Europe. Enfin, M. Duperrey complète son travail en s’occupant des variations diurnes de V aiguille horizontale , et de V expli- cation de ce phénomène produit par des causes locales , et surtout r influence de la température du sol et des corps placés au-dessus. Le soleil, échauffant successivement les méridiens de l’est à l’ouest , et à peu près de la même quantité, à lati- tudes égales nord et sud , il diminue l’intensité magnétique en ces points plus échauffés ; les lignes isodynamiques se renflent en s’éloignant del’équateur, comme si elles fuyaient le soleil. Par conséquent, l’aiguille horizontale, qui leur est toujours perpen- diculaire, dévie sa pointe nord de la manière suivante : pour les stations boréales , vers l’ouest , le matin ou pendant le réchauf- fement; et vers l’est, le soir ou pendant le refroidissement; pour les stations australes , c’est naturellement le contraire. La configuration et la distribution des terres et des mers vient encore a produire des exceptions locales à cette règle ; tandis qu’une autre cause s’ajoute encore aux précédentes pour produire des variations diurnes dans l’aiguille. Nous voulons parler de la variation diurne de température qu éprouvent seu- lement les couches les plus basses de V atmosphère , et une couche du sol épaisse de à 3 mètres . À la surface même de la terre , les influences magnétiques sont reçues en raison inverse du carré des distances des objets environnans; et si ces derniers sont disposés irrégulièrement et très proches , les variations magnétiques pourront être fort irrégulières. C’est donc en dessous , et à une assez grande dis- tance de la couche dont on veut reconnaître les variations magnétiques, qu’il faut se placer, masse qui n’agira plus sur l’aiguille que par une action régulière exercée par tous ses points. Ainsi } V observation des variations , soit diurnes , soit 6o RÉSUMÉ DES PROGRÈS annuelles y du magnétisme , ne peut se faire bien qu'a une profondeur d'au moins 3o mètres pour les unes et de 3 mètres pour les autres ( Mcm. lu à Y Acad, des sc . , le 23 déc. î 833 ; Annal, niarit. et colon», n°i, 1 834 ; Institut, n° 34, p. io). Telles sont , en peu de mots , les nouvelles vérités dont notre confrère a enrichi la science , et qui sont liées intimement à la géologie par les rapports de ces phénomènes magnétiques, avec la forme des continens , la distribution des mers et des terres, les courans des océans, les zones isothermes, les cli- mats, et même les variations diurnes de température. La pu- blication de ces résultats, que M. Duperrey est encore occupé à étendre, ne peut manquer de faire époque dans la science. CHAPITRE IV. MÉTÉOBOLOGI8. La météorologie est une des parties de la physique qu’il est le plus essentiel pour le géologue d'étudier; malheureusement, c’est une science peu avancée, en ce qu’elle exige, en général, une longue durée d’observations. Or, peu de personnes n’en ont la patience , et on aime mieux voir les progrès qu’on fait faire à la science , que d’amasser simplement des matériaux pour ses descendans. D’autres causes se joignent à celle-là pour faire, de la météorologie, une science, si ce n’est difficile, du moins très vétilleuse à traiter , lorsqu’on veut arriver à des conclusions tout-à-fait certaines. Traités généraux . — M. D.-J. Kamtz en a publié un à Halle ( Lehrbuch der Météorologie , 2 vol. in-8° à pl., î83i-3(2 ). M. Schubler en a inséré un dans l’Encyclopédie agricole et économique des Allemands , sous le titre d’Elémens de météo- rologie ( Grundsatze d. Météorologie , Leipzig, i83i,in-8°, à 8 pl. ). M. Saigev a commencé un tiaité populaire de météorologie ( Paris, T833, in-8°). M. Garnier veut publier, à Bruxelles, un traité de météo- rologie. § i. Progrès de la Météorologie. M. le professeur James D. Forbes a fait un rapport intéres- dès sciences géologiques en i833. 61 sant sur les progrès récens et l état actuel de la météorologie. Ayant voyagé en Europe , il a pu se mettre ail fait des ou- vrages et des mémoires publiés dans ces dernières années ; il divise son sujet en cinq parties. MM. Dalton , Daniel! et Théod. de Saussure se sont occupés de la composition de U air ; ce dernier croit que les couches supérieures de l’atmosphère contiennent plus d’acide carbo- nique que les inférieures, et que la quantité varie, étant plus grande le jour que la nuit, pendant les temps secs que dans les temps humides. Quant à la température ou à la climatologie , M. Forbes s’occupe des thermomètres et du mode d’observation par divers physiciens ) il récapitule les résultats présentés récemment par les principaux d’entre eux, tels que MM. Bouvard, Schouw , Humboldt, Atkinson, Arago, etc. I! traite ensuite de la dimi- nution de la température, en rapport avec les hauteurs, et des expériences faites sur la température du globe , par MM. Cor- dier, Fox , Magnus , Kupffer , et il termine par quelques mots sur la température des mers. La pression atmosphérique lui donne occasion de parler des instrumens pour l’apprécier ; il distingue les variations de pression en périodiques et accidentelles , et appuie cette dis- tinction des faits recueillis sous diverses zones. Il traite du mode de mesurer les hauteurs, et donne des indications à ce égard. lé Hygrométrie n’a été convenablement traitée que dans ces derniers temps. Dalton a établi la véritable connexion de la température et de l’élasticité de la vapeur. M. F. parle des hygromètres, de MM. Daniell, Jones, Pouillet, De Larive, du psychromètre ou thermomètre mouillé de M. Auguste ; puis des variations annuelles et diurnes dans l’humidité de l’air, ainsi que des nuages , d’après M. Howard. Dans l’article des phénomènes atmosphériques et des préci- pités , M. Forbes traite des vents , de la prédominance de cer- tains d’entre eux dans quelques contrées $ des ouragans et de leur origine. La quantité de pluie , dans diverses zones, sous différens climats, à des hauteurs ou daus des localités dissemblables , a fourni , à M. Arago , la matière d’un grand nombre de re- marques curieuses. lé électricité atmosphérique est un sujet qui a occupé beau- RÉSUMÉ UES PROGRÈS 62 coup les physiciens. M. Pouiliet a démontre, dans la végé- tation et Févaporation , deux grandes sources d’électricité. La formation des nuages électriques reste néanmoins un point obscur. D’après M. Schubîer, l’électricité des précipités, en Europe, est plus souvent négative que positive, dans le rap- port de 1 55 : 100; mais la moyenne intensité de l’électricité positive est plus grande que celle de la négative, dans le rap- port de 69 : 43- Il faut encore recourir, pour l’origine des gros grêlons , à l’idce de la suspension des grêlons , et de leur mouvement entre deux nuages chargés d’électricité opposée. MM. Turn- bull Christie et Olmsted ont relaté des circonstances de ces phénomènes , observés hors d’Europe. M.Forbes termine par les aurores boréales ( First a . second report , of die brit. assoc. , p. 196 à 256). § iï. Observations locales . Aux archives de cette science, datant de peu de siècles, viennent s’ajouter chaque année des observations locales , faites maintenant dans les cinq parties du monde. Ainsi , pour me contenter d’exemples , M. Prinsep a résumé les observations faites de 1829-31 sur les oscillations mensuelles et diurnes du baromètre et du thermomètre, à Madras, Cal- cutta, Bénarès , Scharanpore et Ava ( J. of the Asiat. Soc. of Calcutta , n° 1 ). On observe à Pékin , dans le couvent russe, aussi bien que dans la Nouvelle-Hollande et au cap de Bonne- Espérance ( South. African journal ); tandis qu’aux Etats- Unis , on peut citer plusieurs bons observateurs , tels que MM. S. -P. Hildreth, àMarietta, dans l’Ohio ( Americ . j. of sc. , avril 3 833 ) , le général Martin Field , MM. F. Romeyn, Beck, à Albany ( Trans . of the Albany Instituiez v. 2, n° 1, p* o* Dans notre vieille Europe , il est inutile de rappeler les lieux d’observations; il me suffit de renvoyer surtout aux Transactions philosophiques d’Angleterre, au Rapport des tra- vaux de l’association britannique ( Mém . de MM Harvey, à De- vonport; Harris, à Plymouth; J. Phillips, à York; Forbes, en Ecosse), aux Annales de physique de Paris, de Berlin, de Leip- zig, de Nuremberg et de Vienne; au messager de Casan, à la bi- bliothèque italienne, aux actes de l’académie de Catane, etc. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 3855* 65 M. Luke Howard a publié un ouvrage intitulé : The cli- mate of London , Londres , i833 , 3 vol. in-8° ). M. Lévy a offert, à l’académie de Rouen], un Tableau d'ob- servations météorologiques , faites depuis le i*r novembre i83 1 , et indiquant les variations thermométriques et barométriques pour tous les jours de l’année, ainsi que l’indication des vents et de la quantité de pluie. M. Parisot a publié une Météorologie statistique du dépar- tement des Vosges pendant i832 (in-12). M- Ch. Gemraelîaro a donné, dans le sixième volume des Actes de Catane , un Mémoire sur le climat de Catane , après dix ans d’observations météorologiques; il y parle des eaux des sources, des vents régnans, des pluies, des météores, etc. Parmi les personnes faisant des recherches météorologiques, M. Schouw tient une place distinguée. S’étant occupé, en 1816, de la géographie des plantes (Diss. de sedibus origina- riis plantarum. Copenhague. in-8° ), il fut amené à étudier à fond la climatologie de l’Europe, tant méridionale que sep- tentrionale, et il en fit, en 1828, une ample application dans son grand Traité sur la géographie des plantes ( Grundzuge e. allg. PJlanzengeo graphie. Berlin , 1828; in-8°, avec atlas; ou en danois , à Copenhague). Depuis lors, il a lu à la Société royale des sciences de Co- penhague plusieurs Mémoires de météorologie, en particulier un Exposé des rapports climatologiques du Danemark, de la Grande-Bretagne, de la Scandinavie, de la Russie et de l’Alle- magne (Det Kong. Dansk. Vidensk. Selsk. Vol. II, 1826); 2° un Mémoire sur le climat et la végétation de l’Italie (dito, vol. III , p. 20; 1828 ); et en particulier sur les pluies de cette contrée (Hertha,v ol. V, cah. 1, p. 90; 1826); 3° des Considé- rations de géographie physique sur les Alpes, les Pyrénées et la chaîne Scandinave (D> K. Dansk. Vid. Selsk., vol, IV^ 1829 ) ; enfin, un Mémoire plein d’érudition sur la hauteur moyenne du baromètre sur la mer ( Dito, vol. V, p. 289 ; et Annal, de Chimie. i832; Juin, i833, p. 1 1 3). De plus, M. Schouw a commencé en 1827, sous le titre de Do eu me ns pour la climatologie comparée (Beitrage zur ver- gleichende Climatologie . Copenhague, 1 vol., i*r cah., in-8°), un recueil intéressant. Dans le Journal d’agriculture du Wurtemberg ( Correspon - denzblatt des K.Wurt. landwirth.V ereins. Nouv.S. 1882, v.II, cah. 2 et 3), on trouve un excellent Rapport sur les phénomènes 64 RÉSUMÉ DÉS PROGRES météorologiques observés en Wurtemberg en 1 83 1 . Ce tra- vail, probablement du en grande partie à MM. les professeurs Schublcr et Plieninger, comprend des remarques sur la tem- pérature atmosphérique et des sources, les variations baromé- triques, les vents, les pluies , l’élévation des eaux des rivières, leurs inondations, la gelée et le dégel, la hauteur et la tempé- rature du lac de Constance, l’état hygrométrique de l’air, les orages, la grêle, les météores particuliers, enfin les phéno- mènes particuliers présentés par les règnes animal et végétal. On y trouve aussi quelques observations sur ces singuliers brouillards secs et quelquefois à odeur bitumineuse ou parti- culière , qu’on observe sur les lieux élevés , sans pouvoir s’ex- pliquer leur formation : ils sont connus en Allemagne sous le nom de haarrauch ou hohenrauch (fumée des sommités); mais on confond souvent avec eux de simples brouillards secs. M. le comte Sternberg en a aussi parlé il y a quelques années (ISIS, i83o, cah. îv, p. 54q) } et M. Ideler les mentionne dans sa Discussion sur l’origine des bolides ( Ub. cL Ursprung , etc. p. 69). M. Schubler a su tirer de la comparaison des récoltes du vin en Wurtemberg, depuis 1236 à 1 83o , des conclusions cu- rieuses sur les variations météorologiques annuelles ( Cor- pond. , etc., i83i ). Les personnes qui s’occupent de météorologie trouveront encore des renseigne mens de tous genres dans la Chronique météorologique que M. le professeur. Plieninger publie dans le Journal d’agriculture de W urtemberg ( 1 832). Il vient encore de donner une notice sur la température moyenne en Wur- temberg , depuis avril à octobre de 1 833. ( Dito vol. 2, P- 194 )• M. Muller a publié, il y a quelques années, l’histoire des va- riations du temps pendant 5oo ans ( 5oo jahrige TVitterungs Geschichte , etc ., Brême, in-8° , 6 pl. ) , et M. Hudson a donné ses observations horaires sur le baromètre {Experimental investigations on the barometer . Hourly obs . , etc . Londres, i832 , in-4° ). H a remarqué une liaison frappante entre les changemens barométriques et les variations de température, et a trouvé que ce rapport était direct pour les heures de la matinée , et inverse pendant le reste du jour et la nuit. M. Brandes a imprimé un Catalogue d’observations baro- métriques , faites d’heure en heure, jour et nuit , pendant une année , en fVeslphalie . DE5 SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. G5 § ni. Air atmosphérique , etc . La nature de l'air en pleine mer ou sur ses bords est un sujet qui a peu occupé les physiciens. M. Yogel a analysé Taie sur la Baltique, et y avait trouvé moins d'acide carbonique et du muriate de soude. M. Fodéré a prétendu avoir découvert une trace de muriate de soude dans l'air sur la Méditerranée. M. Roulandi n'a reconnu dans l'air sur la mer ni acide hydro- chlorique, ni hydrochlorate ; et il croit que les particules sa- lines des eaux marines ne sont pas charriées par les vapeurs à plus de cent pas dans l'intérieur des terres. Cette assertion pa- raîtra bien hardie à tous ceux qui ont habité long-temps au bord de la mer, et ont senti toute l'âcreté saline de certains vents à de bien plus grandes distances du liquide marin (/. de Pharmac. Nov. i833). Hygrométrie . — M. le docteur E.-F. August a résumé les progrès de YJiygrométrie> dans ces dernières années, dans un article intitulé Hygromètre , et inséré dans le Dictionnaire physique de Gehîer (vol. Y, p. 5q3 et suiv.); et a publié en outre une brochure à cet égard {Uber die Fortschrittender Hygrométrie . Berlin, i83o, in-4°, à pl.). C'est une suite à son Mémoire sur l'emploi de son psychromètre ( Uber die Anwen - dung des Psychrometers. Berlin, 1828 , in-4°).Cet instrument est fondé sur le principe proposé par Leroi, de juger de l'état hygrométrique de l'air par la quantité d'humidité abandonnée par ce dernier, lorsqu’il est subitement refroidi artificielle- ment. Il donne des résultats plus exacts et plus comparables que les autres hygromètres employés jusqu'ici. Trombes.— Le phénomène des trombes n'est point encore suffisamment expliqué. L'an passé , M. Marey ayant eu occa- sion d'en observer une à Alger, attribue leur formation à une rotation rapide déterminée par les vents sans le concours d'une action électrique. La formation des dunes coniques des sables du Désert serait due aussi, suivant lui, à des tourbillons de vent soulevant d'immenses gerbes de sable ( Bullet . de la Soc . de géogr 110 128. Sept., i833, p. iq3). Ayant eu occasion de voir, en 1882, une espèce de trombe en Carinthie, et ayant suivi sur plusieurs lieux la zone étroite qu’elle avait totalement bouleversée, je suis loin de croire que M. Marey ait raison de n’y voir qu^un effet des vents. Ouragans . — Les ouragans sont un des plus grands fléaux de l’humanité • leur étude intéresse autant le navigateur et l'a- Soc. gèol Tome Ye 5 RÉSUMÉ DUS PROGRES 66 griculteur que le physicien et le géologue. Quels sont les pays les plus visités par les ouragans , quelle est leur marche ordi- naire , dans quelles saisons sont-ils le plus fréquens, quels sorit ceux qui ont été le mieux décrits , ou ont été les plus violens, et quelles sont les règles à suivre pour éviter leurs dangereux effets • telles sont les questions auxquelles M. le contre-amiral Bardenfleth a tâché de répondre dans un Mémoire inséré dans le 5e volume des Mémoires de la Société royale des sciences du Danemark {Kong, danske Vidensk. Selsk. 1882, p. 189, avec t cart.). Tout le monde sait que ces phénomènes acquièrent la plus grande intensité entre les tropiques, au nord de l'équa- teur, dans les Antilles , les mers de la Chine , des Philippines et du Japon* au sud de l’équateur dans le voisinage des îles de Madagascar, et des îles africaines voisines ; ainsi que dans l’o- céan Pacifique, dans le voisinage de l’Archipel des Nouvelles- Hébrides, de la Nouvelle-Calédonie, etc. La cause des vents alises et des moussons doit entrer comme élément dans la pro- duction de ces évènemens terribles, où la mer sort ordinaire- ment de ses limites ordinaires, où l’électricité atmosphérique est aussi enjeu, et qui sont accompagnés de tremblemens de terre. Toutes ces parties de la terre sujettes aux ouragans sont entre 10 et 3o° latit. des deux côtés de l’équateur, presque à la limite occidentale des grands courans des vents alises : elles renferment des contrées volcaniques, et sont au-devant des continens. M. Redfield a donné une notice sur les ouragans et les tempêtes aux Antilles et sur les côtes des Etats-Unis {Am. J . of. SC. , vol. 25 , p. I i4). M. Basile Hall est entré daæs de longs déveîoppemens sur les vents alises {Fragmens of F oyages a travels. Yol. I, p. 162 ). Inondations . — M. Fodéré s’est occupé des causes naturelles des inondations extraordinaires en 1824, dans le bassin du Rhin, en Hollande, le midi de la France, en Russie, etc. L’apparition de météores lumineux, le refoulement de quel- ques fleuves, les tempêtes sur le littoral de l’Océan, le dessè- chement subit des puits dans plusieurs localités, la production de nouvelles sources jaillissantes sur la plus haute montagne des Vosges (près d’Ernolsheim ), une multitude de phénomè- nes arrivés çà et là en Europe, semblèrent dénoncer une vaste modification du globe. M. Fodéré ne croit pas que les grandes pluies tombées en 1824 soient une cause suffisante pour expliquer ces inondations , et il a recours aux secousses éprou- vées par la croûte terrestre depuis 1820 } elles auraient produit DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN î 85 5. 67 des affaissemens de terrain , par exemple à Chivas et Kasroul , et auraient fait refouler l'eau existant dans les profondeurs (. Tnstit ., n° 24, p. 2o5). M. Franc. Sartori a donné une description détaillée des inon- dations extraordinaires du Danube en i83o (Beschreibung der unerhorten ZJberscliwemmung der Donau, etc. Vienne, i833, 2 vol. in-8°à 2 pl.). M. de Vincens a fait remarquer la coïncidence des crues si- multanées de la Saône et de la Seine en décembre i833 , et des vents S.- O. qui ont soufflé constamment et avec violence. Dans le même temps les eaux de îa Loire étaient fort basses. § iv. Influence des astres sur le temps. M. Eugène Bouvard a lu à T Académie , en 1 833, un Mé- moire relatif à V action que la lune exerce sur V atmosphère terrestre . L’ influence de cet astre sur V état de V atmosphère , suivant ses quartiers ? et suivant sa position à V égard de la terre , a de nouveau occupé , ces dernières années , quelques physiciens allemands , en particulier mon ingénieux ami M. le professeur Schubler de Tubingue. Ses Mémoires à ce sujet sont les sui- vans : Recherches relatives à l’influence de la lune, sur les chan- gemens de notre atmosphère ( Untersuchungen , etc. Leipzig, j83q, in-8°.)j Recherches sur les rapports climatériques de rADemagne ( Archiv.f \ Chem. u. Meteorolog. de M. Kastner. 1 83 1 ); Observations sur l’influence de la lunesur le temps par rap- port aux recherches semblables de MM. Bouvard et Flauger- gues(Dito, vol. IV, cah. 1; 1 83 1) ; Mémoire sur les recher- ches de Gronau concernant l’influence de la lune sur le temps (Dito, i83i, vol. IV, cah. 11, p. 1 3) ; Résultats de soixante ans d’observations sur l’influence de la lune sur notre atmosphère (Dito, i832 , vol. V, cah. 11, p. 169 ). Ces divers Mémoires se trouvent résumés avec habileté par M. Arago, dans l’Annuaire pour i833. Après avoir opposé l’autorité de grands savans à l’idée de l’influence de la lune sur l’état hygrométrique de notre atmo- sphère, M. A. semble plutôt pencher vers cette dernière opi- nion , qui est celle du vulgaire ; et il examine successivement le nombre de jours de pluie correspondant aux phases de la lune, l’influence de cet astre sur la quantité de pluie et sur la sérénité de l’atmosphère j l’influence que le lever, le coucher RESUME DES PROGRES 68 de la lune et son passage au méridien paraissent avoir sur la pluie; les hauteurs du baromètre dans les différentes positions de la lune, son influence sur les changemens de temps, les périodes de dix-neuf et neuf ans, qui, dit-on, ramènent les mêmes séries de phénomènes atmosphériques ; les pronostics tirés de la lune, etc. Depuis lors, M. Eisenlohr a publié des Recherches sur le climat et les variations du temps à Carlsruhe ( Untersuchungen liber das Klin ta u. die TVitterungs Verhaltnisse von Karlsruhe. Carlsruhe, i832, in-4°). Cet opuscule, fondé sur trente ans d’observations, confirme l’influence de la lune sur le temps. Les résultats donnés sur le poids de l’air concordent, quant au retour périodique des oscillations mensuelles moyennes, avec ceux obtenus à Viviers par M. Flaugergues, après vingt ans d’observations. Quant aux autres états de i’atmosphère , M. Eisenlohr n’a donné que le nombre des jours pluvieux, nuageux et sereins, ainsi que celui des orages. Or, en calculant d’après cela, ap- proximativement, les moyennes pour chaque jour, M. Schub- ler est arrivé à y reconnaître un ordre fort remarquable et en rapport avec les phases de la lune. C’est ce qui fait l’objet de son Mémoire , intitulé : Confirmation des périodes mensuelles dans les variations de notre atmosphère , d’après des observa- tions faites pendant trente ans, à Carslruhe ( Archiv . de Kast - ner} vol. VI, cah. n ). M. Littrow a discuté Y influence sur la température an- nuelle, que le vulgaire est enclin ci attribuer à V apparition des comètes . Il ne lui est pas difficile de montrer que si le ba- romètre permet difficilement d’étudier les variations exercées par la lune sur notre atmosphère, il l’est encore bien davan- tage d’apprécier les effets semblables produits par des corps plus petits que la lune, tandis que le rayonnement de ces astres n’est pas capable de produire un changement appréciable de température. M. Littrow a pris la peine d’examiner si pendant les deux derniers siècles les comètes avaient eu quelque in- fluence sur le temps en produisant des pluies , de grandes sé- cheresses , des brouillards , des orages , des météores, des ma- ladies, etc.; mais ses pénibles recherches ne l’ont conduit à aucun résultat ( TJber den gefurchtetcn Kometen , i83‘i, p. 94 et 12 1 ). Si , d’après M. Gruithuisen, l’état de notre atmosphère est modifié par les phases de la lune et la position de la terre, re- DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 833* 69 lativement au soleil • cet astronome admet aussi que les taches du soleil ont une grande influence sur le temps . Les taches noires en particulier exercent une action marquée quand elles sont nouvelles et grandes ; la température augmente d’abord , puis le temps devient variable , et en général les phénomènes solaires sont accompagnés d’alternatives irrégulières de cha- leur , d’orages et de pluie ( Analect. , etc. , vol. 1 ). Depuis vingt ans cet astronome n’entreprend jamais un voyage en été sans examiner attentivement le soleil, et il n’a jamais été trompé dans ses déductions relativement à la probabilité du beau ou mauvais temps ! D’une autre part^ les taches du soleil ne peuvent qu’augmenter l’humidité d'une année sans jamais la diminuer • la comparaison de l’humidité de plusieurs années est la meilleure preuve d’une espèce de périodicité dans ce phénomène. À ce sujet M. Gruithuisen cite le pronostic que Pilgram avait tiré de ses observations pour l’année 1 833 , an- née pendant laquelle le temps humide devait prédominer. Il avait fixé le degré de probabilité au rapport de 43 , 5 : 10 (Untersuchung u. d. FF alirscheinliche der FF etterkunde , etc. Vienne, 1788, v. 1 , p. 168). Or, cela s’est bien vérifié, et M. Gruithuisen assure qu’il ne se présentera plus d’année aussi humide dans la moitié de ce siècle , et il ne trouve dans l’autre moitié que l’année 1869, dont la probabilité pour être humide soit comme 44 : 10 ( N. Analecten , etc. v.| 1 , cah. 4, p. 80). § v. Températures du sol et de V air. Les températures du sol et de V air étant intimement liées ensemble, je réunis ici ce qu’on a publié à cet égard en 1 833 , en observant que ce genre d’observation continue à se mul- tiplier. Température du sol . — - M. J. Levallois s’est occupé depuis quatre ans de la température souterraine dans la mine de sel gemme de Dieuze . Pour montrer la difficulté de cette recher- che , il suffit de dire qu’il n’a pu encore trouver qu’un seul point dans la mine qui fut hors de l’influence de l’aérage très vif qui y règne ; ce point est à 107 mètres de profondeur. Or, la température moyenne de Dieuze étant io°i d’après des thermomètres soigneusement vérifiés et comparés entre eux, il a trouvé i3°i pour la température constante du lieu men- tionné de la mine. Son thermomètre était suspendu dans une niche fermée par un petit châssis vitré , et dans un cul-de*sac RESUME DES PROGRES 7° fort écarté. Il remarque que les observations ayant été faites pendant le travail et le chômage , la présence des ouvriers , la combustion des lumières et de la poudre avaient donc été sans effet thermométrique appréciable ( Ann . de min . , 3e ser. , v. 3 , liv. 3 , p. 629 ). On se rappelle que M. Gerhard a publié des observations faites dans diverses parties de la Prusse sur la température de l’intérieur de la terre ( Ann . d . Phys . , de M. Poggendorf, et Bull. y.. 11 , p, 208). Le même savant vient de publier quelques nouvelles remar- ques sur la température du fond d’un puits foré à Rudersdorf, près de Berlin , qui a fait le sujet d’un mémoire de M. Er- mann. ( Voy. mon Résumé de 1 833 , p. 180 ). M. G. conclut des résultats dressés sous forme de tables, qu’une augmentation de température devient sensible lorsqu’on s’enfonce dans la terre; mais il ne croit pas qu’on puisse encore en déduire la quantité progressive de cette augmentation. {Ann. d. Phys. 72. Chem de M. P oggendorf , N. S. vol. 28, cah. 1 , p. 233)* M. Gerhard se sert surtout des observations faites avec le géothermomètre de M. G. Magnus , instrument décrit dans le vol. 22 , cahier 1 des Annales de M. Poggendorf. De son côté M. Ermann a consigné dans les Mémoires de l’académie de Berlin pour ï83s , un nouveau mémoire sur V augmentation de température à mesure que P on s’enfonce dans la terre , d’après des observations faites dans le puits foré de Rudersdorf. Après avoir décrit les précautions prises et les appareils employés , il expose ses résultats , qui donnent pour une profondeur de 63o pieds une température presque double qu’à la surface. M Spasky a dressé en tableau les observations faites sur la température des puits artésiens aux environs de Vienne en Au- triche, et il en a déduit une augmentation de température d’un degré octogésimal pour chaque espace de 25 mètres. La tempé- rature moyenne à Vienne étant de 8° 2 R., le fond des puits a donné à 240 pieds de profondeur n°, 2( Annal . de M.dPog- gendorf , vol. 3i , n°. 23 , p. 365 ). Une notice sur la température du sol a Jakutzk, dans la Sibérie septentrionale, se trouve dans les Annales de Poggen- dorf (N. S. , v. 28, cah. 4 ? p- 63o). Le terrain y est gelé jus- qu’à une profondeur qu’on n’a pas encore percée; dans les étés les plus chauds, le dégel n’atteint qu’à une profondeur de 3 pieds. Un puits a été poussé jusqu’à 90 pieds à travers des cou- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. 7I ches de sable et de calcaire en apparence tertiaire, et le ther- momètre (de F.) marquait i° sous zéro à cette profondeur, tandis qu’il était h 6° sous zéro à la surface. On espère donc bientôt atteindre le sol non gelé. M. Quetelet a donné des Observations sur la température moyenne de i833 , et la quantité de pluie à Bruxelles ( Ins- titut, n° 38 , p. 41 )• M. Er, Burman a donné un tableau de la température moyenne de l’air à Neder-Calix , dans la Bottnie septentrio- nale, et à Calix-Fogderi; et M. J. Portin un tableau semblable pour Haapakvloe, dans la partie supérieure de Torneo ( Kongl. vet. Acad . Handl. i83a, p. 77 ). M. Kupffer a donné une note sur la température moyenne à Irkoutsk , en Sibérie ( Lond. a Edinb . phil. rnag. , y. 2 , n° 7 , janv. p. 1 ). M. Boussingault a adressé à l’Académie un Mémoire sur les températures moyennes dJun grand nombre de points de VA- mérique méridionale, déterminées au moyen de thermomètres placés dans des trous de sonde peu profonds, et il a publié son important travail sous le titre de Mémoire sur la profondeur à laquelle se trouve la couche de température invariable entre les tropiques , détermination de la température moyenne de la zone torride au niveau de la mer, et Observations sur le décroissement de la chaleur dans les Cordillières. Dans les régions équinoxiales le thermomètre , dans une an- née entière, n’oscille que de quelques degrés autour de la tem- pérature moyenne. Cette constance de chaleur permet donc d’obtenir la température moyenne d’un lieu, quelle que soit son élévation sur le niveau de la mer , au moyen de quelques ob- servations thermométriques faites au fond d’un trou foré de très peu de profondeur ( 1 pied ). En effet, si le climat d’un pays était absolument invariable , la température du sol serait égale à celle de l’air , et la profondeur à laquelle il faudrait descendre pour trouver la couche invariable en température serait exprimée par zéro. Au moyen de ce mode d’observations, M. Boussingault éta- blit que la température moyenne de la zone torride serait de 26° c. à a8°5. L’abondance des forêts et l’humidité qui en ré- sulte tend à refroidir le climat , tandis que la sécheresse et l’a- ridité augmentent la chaleur; c’est ce qui explique pourquoi la température augmente d’une manière sensible dans l’intérieur des terres en Amérique. Ainsi , la température moyenne de 72 RÉSUMÉ DES PROGRES. la vallée supérieure de la Magdelena égale celle de Carthagène, et surpasse celle de Guayaquil et de Tumaco, malgré une élévation de plus de 200 mètres. Le froid qui règne dans les points élevés du globe est attri- bué à la réunion de plusieurs causes; la plus influente serait 3a grande capacité pour la chaleur acquise par l’air des régions basses lorsqu’on s’élevant il vient à se dilater. D’après M. Bous- singault la radiation nocturne n’est pas sensiblement plus éner- gique sur les sommités que dans les plaines. Pour réfuter l’idée de quelques personnes que le froid des montagnes dépend aussi de la plus grande distance du feu cen- tral , M. Boussingault cite la température des mines de la montagne de siénite porphyrique métallifère de Marmato, à 1460 mètres de hauteur; la température moyenne à l’entrée de la galerie est de 20° c. , et en s’avançant dans la mine on observe une augmentation de i° pour chaque espace de 33 mètres. Dans les montagnes, les localités différentes ont des climats assez variés ; cela dépend du rayonnement des plateaux échauffés, de la nature du terrain, de l’abondance des forêts, de l’humidité ou de l’aridité du sol, du voisinage des glaciers , de l’accumulation des nuages, etc. Dans les Cordillières, les habitations sur les bords des plateaux ont en général un cli- mat plus froid que les villages dans l’intérieur. M. Boussingault termine cet intéressant mémoire, par un tableau des températures moyennes de cent vingt-huit lieux placés à différentes hauteurs dans les Cordillières intertropica- les, en indiquant la nature géologique du sol et l’aspect du pays. A hauteur égale les contrées sèches et arides sont aussi chaudes que celles entourées de forêts; la constitution géolo- gique et le voisinage des volcans même en activité , ne semblent pas affecter la température de la surface du sol. Quanta la température de la limite inférieure des neiges sous l’équateur, M. Boussingault' adopte le nombre i° 5 c. donné par M. de Humboldt {Ann. de Cliini. , juill. i833). M. Littrow s’est occupé de la Question du changement de température en Europe ; sul rejette l’idée populaire que depuis cinquante ans ou un siècle , le climat est devenu plus froid , les étés moins chauds et les hivers plus rudes , il trouve vraisem- blable que la température s’est élevée dans le Nord et le mi- lieu de l’Europe, depuis qu’on y a opéré des déhoisemens et des dessèchemens très considérables. Pour s’expliquer la dimi- nution de température moyenne qu’on éprouve à peu près sous DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. ^ la meme latitude, en se portant dans l’ancien et le nouveau continent de l’ouest à l’est; c’est-à dire, en comparant par exemple les températures de Hambourg, Kœnigsberg, Moscou, Casan , Tobolsk , Jakutsk et Ochotsk, il a recours à la suppo- sition d’une différence de niveau assez considérable pour rendre compte de ce phénomène , qui nous semble plutôt le résultat de plusieurs causes { Ub. cl. gefurchteten Kometen . p. ii6).' M. Ideler a aussi publié un Mémoire sur les changemens prétendus du climat européennes il arrive au résultat que, avant la disparition des grands mammifères fossiles, l’Europe n'a pas du avoir un climat différent de celui dont elle jouit; mais l’étendue plus grande des eaux devait lui donner plus d’u- niformité. D’ailleurs il prouve que le climat n’a pas changé depuis le temps des Grecs et des Romains, et il puise à cet égard dans les ouvrages de MM. Schouw et Link ; et combat les vues opposées de M. Mann. Il faut cependant tenir compte du dé- boisement de l’Europe et du soulèvement graduel du conti- nent scandinavien , si tant est que ce dernier accident soit un fait bien prouvé ( Ann. der Erdkunde de M. Berghaus. i832, v. 5, p. 4!7)* M. Libri a donné un Mémoire sur la théorie mathématique des températures terrestres (Paris, 1 833, in-8°). Il conclut : 1° que la température va en augmentant ou diminuant avec la pro- fondeur; 2° que les observations directes, le calcul des éclipses et la théorie mathématique de la chaleur, s’accordent pour démontrer que la température moyenne du globe n’a pas dû varier depuis les temps historiques; 3° que les observations futures de la lune pourront peut-être faire reconnaître si cet astre est arrivé à un état d’équilibre calorifique , ou si la tem- pérature moyenne varie. Enfin, dans un tempsdonné les refroi- dissemens dans chaque couche terrestre étant proportionnels à la quantité de chaleur, ces refroidissemens seront plus rapides dans les couches plus échauffées qui se trouvent dans l’intérieur de la terre. C’est surtout à des profondeurs considérables qu’il faudra désormais établir les appareils thermométriques, pour étudier les variations futures de la température moyenne delà terre {Ann. de Chim , et de Phys. i833, avril, p. 387). M. Ara go vient de donner sur V état thermométrique du globe terrestre, un article intéressant dans l’Annuaire pour 1 834- Partant de l’idée qu’à l’origine des choses la terre était proba- blement incandescente, et qu’elle conserve encore une partie RESUME DES PROGRES 74 notable de sa chaleur primitive, ce physicien avoue que le re« froidissement séculaire n’étant qu’une variation thermométri- que fort minime, il est réservé aux générations futures , à dé- terminer le nombre de siècles écoulés depuis l’origine du refroidissement de la terre. Ensuite, il établit par le mouve- ment de la lune, qu en deux mille ans la température géné- rale de la masse terrestre n'a pas varié de la dixième partie d'un degré , tandis que, d’une autre part, la surface du globe conserve à peine une trace sensible de sa température primitive, tous les changemens y sont accomplis à i /3o de degré près ; ainsi Buffon avait tort de croire à la congélation finale du globe. Quant à la température des espaces célestes , celle - ci étant probablement due au rayonnement de tous les corps de Fu- nivers , la disparition de quelques uns, l’affaiblissement de quelques autres, et l’augmentation de l’éclat d’un très petit nombre , ne peuveait pas affecter la température de la terre , vu le nombre total des étoiles et des nébuleuses visibles. M. Àrago s’occupe aussi de la question agitée en 1832 pa# M. Herschel , savoir , celle des variations limites de V excen- tricité de l'orbite terrestre ( Voy. mon Compte rendu de i833, p. CXXIV ). Si M. Herschel admet que la suite des siècles pourrait amener cette excentricité à être les 25/ioo du demi grand axe, M. Àrago croit que des variations si énormes sont peu probables • et d’ailleurs une excentricité de 25/iqo n’altèrerait pas d’une manière notable l’état thermométrique moyen du globe. Notre confrère joint ensuite ses remarques à celles de M. Schouw et d’autres physiciens, pour examiner les climats terrestres tels qu’on peut les déduire des observations faites dans divers siècles. La température moyenne de la Palestine ne paraît pas avoir changé depuis le temps de Moïse. Les détails sur l’agriculture en Europe et surtout en Italie, du temps des Romains, et sur la congélation de ses rivières principales de- puis le neuvième siècle, prouvent que le climat ne s’est ni dé- térioré ni amélioré en Europe. D’un autre côté, il y a eu des modifications locales . Ainsi il paraîtrait qu’en Toscane , les hivers sont devenus moins froids, et les étés moins chauds ; tandis que M. Libri a été conduit à conclure que le déboisement des montagnes de ce pays n’a pas amené depuis soixante ans une diminution sensible de tem- pérature. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. ? 5 Pour la France, M. Arago croit pouvoir établir que les étés sont aujourd’hui moins chauds qu’ils ne l’étaient ancienne- ment; c’est la suite de défrichemens , comme cela s’observe aussi aux États-Unis, où en même temps les hivers sont deve- nus moins rudes. Pour les variations du climat moyen de Paris, M. Arago arrive à la conclusion que si toutefois il y a varia- tion , les observations actuelles ne la portent qu’à un degré entier pour mille ans. § Vi. Influence des phénomènes climatologiques sur /’ homme. U influence des phénomènes météorologiques et des change - mens des saisons sur le corps humain , et , en parti culiery sur les maladies dominantes , a fait le sujet d’un mémoire de M. W.-B. Clarke, qui s’appuie sur la concomi tance de certaines maladies et d’états particuliers de l’atmosphère, modifications produites peut-être par des accidens volcaniques ( Mag . ofnat . hislor . , juillet i833 , p. 289). On ne saurait trop multiplier les exemples dans un pareil sujet, qui a défié jusqu’ici l’habileté des chimistes, et qui n’a fait que prêter à rire aux sots. L’optique a fourni les moyens d’étudier des corps infiniment petits, et d’autres à une distance prodigieuse de nous; n’est-il pas possible que, de même, on trouve une méthode de condensation propre à rendre les miasmes délétères appréciables pour une eudiométrie perfec- tionnée ? Connaissons-nous toutes les émanations volcaniques et terrestres, et surtout avons-nous pu, jusqu’ici, étudier leurs effets ou leurs produits? M. J.-M. D. Conolly a proposé d’établir, dans chaque comté d’Angleterre, des sociétés d’histoire naturelle pour étudier les circonstances qui, dans chaque localité, peuvent produire des maladies, ou contribuer à la santé ( À proposai to establish county natural history soc. , etc. , 1 833 , in-8° , et Mag. of nat . hist. , v. 6, n° 35, p. 4^8). M. le baron de Beaumont a publié un Mémoire sur la for- mation et la contagion apparentes des atmosphères cholé- riques. Avant l’apparition du choléra en Europe, les médecins, embarrassés de s’en faire une idée, se réjouissaient de pouvoir bientôt l’étudier à loisir. Enfin, ce fléau a paru, et, comme RÉSUMÉ DES PROGRÈS pour défier toutes nos connaissances en médecine , il a parcouru l’Europe de la manière la plus fantasque , et a passé bientôt en Amérique. Les mémoires et les ouvrages sur le choléra ont abondé de toutes parts ; or, sans parler de la différence des traitemens proposés et employés avec un succès du moins ap- parent , personne n’a pu remonter à la source du mal, à cette matière subtile quelconque, qui, telle que l’électricité , a fait le tour du globe , et n’a été guère arrêtée par les différences des climats, ni des localités des sols. D’après ces faits, il ne faudrait donc pas se hâter de traiter tout-à-fait de visionnaires ceux qui voudraient chercher la cause de pareils prodiges dans ce que M. Keferstein appelle 9 d’une manière métaphorique, les fonctions physiologiques de la terre. D’ailleurs, dans un mémoire sur le poids dé V air atmosplié* rique , a différentes périodes de V année , sous différentes tem- ratures , et sous diverses circonstances , telles que l’effet de certains vents, M.Will. Proust a fait une observation curieuse, relativement au poids de l’air, lorsque le choléra régnait en Angleterre. La moyenne de ses expériences sur le poids de l’air lui a donné , pour résultat , que 100 po. cubes d’air atmosphérique sec , sans acide carbonique , à la température de F., sous une pression de 3opo. du baromètre, et à la latitude de Lon- dres, pesait 3“2,ng58 grains, les différences extrêmes étant 0,507 8r* la moyenne d’un même nombre d’expériences, faites après l’invasion de la maladie, excédait la moyenne pré- citée de la somme de ,01 18 grains. Le vent vint à souffler du nord et de l’est, et continua ainsi fort long-temps, et il pense que quelque corps pondérable s’était répandu dans la région inférieure de l’atmosphère. N’étant pas découvert par l’eau de chaux et l’acide sulfurique, M. Proust le compare à une variété de malaria , et cherche à en retrouver les effets connus sur la grande masse des individus non malades ( Report of the brit . assoc. , 1 833, p. 567 ). M. Emile Isensée a publié , en latin , la première partie d’un ouvrage de statistique médicale , sous le titre d’ Elementa nova geographiœ et statistices medicinalis (JBerlin , i833, in-8° ). Ce volume comprend les faits géologiques; un exposé de la série des terrains, des faunes et des flores fossiles; un cha- pitre sur les climats et leur influence sur les hommes, leur con- formation, leur disposition, leurs maladies; et une autre sur DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 833. 77 l’eau , considérée dans tous les états, et comme influant sur les créations animales et végétales. C’est par des considérations analogues à celles qui ont fait le sujet des articles précédées, que les études statistiques sur la mortalité, les épidémies, les maladies endémiques, etc., vien- nent se rattacher à l’étude du sol et de la météorologie. M. Moraud de Jonnès a donné un Mémoire sur la Mortalité dans les différentes contrées de l'Europe {Institut , 7 sep- tembre i833,p. i49)* M. R. Wagner a publié une histoire des hommes, des peu- ples, de leurs maladies, etc. ( Geschichte der Menschen , etc,). Dans cet ouvrage, il y a un tableau de la série des formations de la croûte terrestre , et des créations enfouies dans cette dernière. M. Arnold a donné un mémoire sur l’influence de l’air et de l’eau sur la santé de l’homme ( Zavolgeskïi Mouravei} i83i). § vu. Aérolithes. Une masse de fer, en partie scoriacée, trouvée aux environs de Magdebourg, attire depuis deux ans l’attention des chimistes. Les uns n’y ont voulu reconnaître qu’un produit artificiel , d’autant plus que l’analyse lui donnait des élémens inconnus jusqu’ici dans les aérolithes. M. Stromeyer, qui avait le premier signalé cette masse comme appartenant à cette classe de corps, a repris son analyse, et a présenté différentes objections contre l'idée que ce n’était qu’une scorie de haut-fourneau. Ce chimiste y a reconnu une très petite ^quantité de nickel et de cobalt, du molybdène et de l’arsenic , et une trace d’ar- gent sulfuré y du cuivre natif capillaire et du cuivre panaché y remplaceraient la pyrite magnétique. Maintenant les miné- rais de fer et de cuivre employés dans l’Allemagne septentrio- nale 11’ayant pas offert jusqu’ici de molybdène , M. Stromeyer trouve dans ce fait une présomption défavorable à l’opinion de ses adversaires. Du reste, il est intéressant de voir confirmer par ce chimiste la présence de l’argent, découverte aussi à Vienne, en i83sï, par M. le professeur Wherle (Gott.geL Anzeig. , iB33, n° 38, p. 36g, et n° 90 et 91 ; et Lond. a Edinb. pJiil. Mag. , décembre i833, p. 4^4)* M. le docteur Hamel, de Moscou, prétend avoir découvert RÉSUMÉ DES PROGRÈS 78 un moyen mécanique de distinguer les masses de fer météo- rique de celles qui lui ressemblent. Berzelius a analysé le fer météorique de Bohumiliz , en Bo- hême ( Iiongl . vet. Acad . HandL , pour i832, p. 106)., et M.deHolger, celuide Stannern(Zeztacû.yi P/rysik, vol. II, p, 4)* M. le capitaine Colquhoun a décrit des masses de fer trou- vées au Mexique, savoir : à Zacatecas , à Cliarcas et Pobla- cion , près Catorze ( Lond . a Edinb. phil. Ma g, , nouvelle série, n° 17, p. 372). D’après M. Burkart, celle de Charcas pesait 9 quintaux ( Àrchiv . de Karsten , vol. 6,p. 522 ). La plupart des physiciens ont cru et pensent encore que le fer natif et les aérolithes sont élevés à une haute température en traversant rapidement l'atmosphère; cependant ils sont peu d’accord sur le degré de chaleur des aérolithes observés de suite après leur chute. Tout récemment une expérience de M. Bierley, répétée par M. d'Arcet, est venue rendre douteuse cette haute température : une barre de fer chauffée au rouge blanc étantprésentée au vent d'un soufflet de forge, le métal ne s’est pas refroidi , mais il a brûlé vivement en lançant des étin- celles; la température du fer n'a pas diminué,* et a plutôt aug- menté sous l’influence du vent du sou.fi}èl(Listiti{t7 n° 42, p. 71 ). M. Jules-Louis Ideler a discuté avec beaucoup d’érudition l’origine des bolides et des aurores boréales ( Uber d. Ursprung d . Feuerkugeln , etc. Berlin, 1882, in-8*). C’est le même au- teur qui a rassemblé les notions météorologiques des Grecs et des Romains (Meteorologia veterum Grœcorum et Romanorum . Berlin, 1882, in-8°) , et qui vient de publier des recherches sur la grêle et les phénomènes électriques de l'atmosphère , avec une notice sur la diminution delà chaleur dans ce dernier ( Untersuchungen uber den H a gel , etc Leipzig, i833 , 8° à 1 pl.). Les données réunies le conduisent aux conclusions sui- vantes : i° La chute des aérolithes a surtout lieu en été , et aux épo- ques des équinoxes, c’est-à-dire dans les momens des fortes pluies. 2° La fréquence de ce phénomène diminue de l'équa- teur aux pôles, tandis quJen général la quantité annuelle de pluie diminue avec la température moyenne des localités, abs- traction faite de l’influence considérable de la direction des vents. 3° La formation des aérolithes dans un nuage ayant leur cou* DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 79 leur est analogue à celle de la pluie : comme il pleut avec un ciel serein , de même il tombe des aérolithes sans qu’on aper- çoive de nuages . 4° Les apparences lumineuses , et le bruit semblable au ton- nerre, sont produits par l’électricité, qui se manifeste dans tous les phénomènes atmosphériques. Les diverses couleurs des bo- lides, pendant leur chute, sont l’effet du dégagement des diffé- rentes espèces d’électricité. Très probablement des aérolithes peuvent tomber sans qu’ils soient précédés de bolides , comme il pleut très fort sans éclairs quand la température de la colonne aérienne est inférieure au point du dégel. 5° Les aérolithes tombent quelquefois sans bruit , parce que l’explosion électrique a lieu dans des régions très élevées : c’est un cas analogue aux éclairs au zénith sans tonnerre (1). L’auteur regarde donc la formation des aérolithes dans l’at- mosphère comme l’opinion la plus probable , et revient ainsi aux idées exprimées, il y a deux mille ans, par Aristote et Sénèque : «Varia et multa terrarum orbis exspirat , quædam humida , « quædam sicca, quædam algentia, quædam concipiendis igni- « bus idonea. Nec mirum est, si terræ et omnis generis evapo- « ratio est. » Non content de toutes ses remarques, M. Ideîer en ajoute encore d’autres pour étayer cette hypothèse. Ainsi, il rappelle certaines grêles dont les grêlons avaient un noyau métallique ou semblable aux aérolithes; cpie l’apparition des bolides et des aérolithes est précédée de plus ou moins grandes lueurs de lumière, et que le phénomène en question est lié avec les chan- gemens dans l’atmosphère , et ceux-ci avec les révolutions qui ont lieu dans l’intérieur du globe. La chute simultanée des météorolithes dans divers pays est encore en faveur de leur ori- gine aérienne, et elle a lieu souvent durant des orages. M. F. -G. Fisher a publié, dans les Mémoires de l’Académie de Berlin, un Mémoire sur V origine des aérolithes , dans lequel il adopte les idées exposées ci-dessus, et pense que l’électricité joue un très grand rôle dans ce phénomène. Pour les étoiles fdantes , M. Ideler cherche à prouver par des faits qu’elles ne sont que des précipitations de particules animales et végétales disséminées dans l’atmosphère. (1) Voyez une note de M. Coriolis sur le bruit du tonnerre ( N, Ballet . 4 , Sc. par la Soc , PhiU 1 833 > p. 8o RÉSUME DES PROGRÈS Enfin, quant aux aurores boréales , il suppose que les pré- cipités formés par des vapeurs sèches dans la partie élevée de l’atmosphère, ont. lieu dans les régions des pôles magnétiques sous la forme d'aurores boréales, parce que les particules ferri- fères se placent autour du pôle dans un ordre semblable à celui que prend la limaille de fer autour d'un barreau aimanté, c'est- à-dire qu'elles s’y disposent sous la forme d’un secteur de sphère. Les observations ultérieures sur le magnétisme ter- restre achèveront dupliquer les anomalies de ce phénomène. De tous les corps solides et fluides il s’exhale des vapeurs sous chaque degré de température auquel est lié le maximum de leur densité; lorsque ce maximum est dépassé, un précipité a lieu, et il se forme alors des nuages, peut-être même des cirri, des brouillards ou des nuages touchant inférieurement la terre; c’est ce qu’on appelle la fumée des cimes ( Hohenrauch ) , ou bien une formation concrétionnaire a lieu. Ce dernier cas ar- rive en partie par suite de la condensation des nuages, en partie sous un ciel serein, quelquefois sans explosion électrique ( aéro- lithes ), ou avec des phénomènes d'électricité ( bolides); enfin la chute de ces corps se fait par petits morceaux ou en masses agglomérées plus grandes, et d’une manière analogue à la grêle. Si tels seraient les phénomènes hors des régions polaires; près des pôles magnétiques, les précipités, se trouvant attirés, seraient occupés à s'arranger continuellement en séries , et pro- duiraient les aurores boréales. Ce genre de précipité, pouvant avoir lieu en même temps que les précipités aqueux, il s’ensuit des pluies avec des mé- langes hétérogènes. M. le professeur G ruithuisen s’est aussi occupé de l’origine des aérolithes et des étoiles filantes, et il a prouvé, par des cal- culs mathématiques fondés sur la physique, que ces corps doi- vent se former nécessairement hors de notre atmosphère, dans les espaces interplanétaires, où les métaux et les métalloïdes , dit-il , sont encore tenus en dissolution au moyen de l’hydro- gène, et où ils trouvent tout le temps nécessaire pour former des corps opaques (N. Analecten , etc., vol. I, cah. 4> p» 33). Autant l’observation des météores lumineux dans les régions supérieures de V atmosphère est difficile, autant leur connais- sance exacte intéresse le géologue ; chaque année les Annales des sciences relatent des remarques à cet égard. M. James Woodward en a enregistré une dans le Magasin d'histoire na- turelle de Loudon , vol. YI , n° 35 , p. 4^3. DBS SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. 8î L’année i833 a été féconde en ce genre ; il y en a eu en par- ticulier le i3 novembre dans plusieurs points des Etats-Unis , en Autriche, etc. (Voyez Mém. de MM. Plitchcock et Oîmsted dans Y Amer. /. of. sc vol. 25, p. 354 et 363, Zeitsch /. Phys. . s. vol. III , p. 73 , et le Bulletin , vol. IV p. 160 ). D’après M. Herschell, l’observation des étoiles filantes peut être utile pour la détermination des longitudes. La hauteur de ces météores, vus par M. Quetelet, est estimée de 10 à 18 lieues de la terre , et leur vitesse , de 5 à 8 lieues par seconde , résul- tats qui s’accordent avec ceux de M. Brandes, et d’autres phy- siciens allemands. § vin. Aurores boréales . Il ne faut pas confondre des nuages lumineux par surabon- dance d’électricité avec les aurores boréales. M. Forbes re- marque qu’on peut voir à travers ces dernières de petites étoiles , ce qui n'est pas le cas pour les nuages. M. G. Fielding a donné ses observations sur une belle au- rore boréale vue à Hulî, le 12 octobre i833. Elle a offert des mouvemens ondulatoires et des rayons isolés se portant vers le zénith de la convexité de l’arc ( Mag . of nat . hist. , de M. Lou- don. Janvier i834, p. 5o ). M. Airy a calculé que les aurores boréales vues en Angle- terre le 17 septembre et le 12 octobre, étaient à une hauteur de 5o à 60 milles au-dessus de la terre ( Cambridge Chronicle. Novembre i833). M. Bal ton a calculé leur hauteur moyenne à environ 100 milles de la surface terrestre* cependant M. Farquharson ne l’estimerait qu’à 1 à 2 milles; mais ses observations sont trop vagues. D’une autre part, M. Je capitaine Parry prétend qu’il en a vu une entre lui et un sol élevé à 3ooo pieds de la place où il se trouvait; mais il faudrait savoir s’il n’a pas été le jouet d’une illusion d’optique. M. Potter a donné une méthode pour calculer la hauteur des aurores boréales. Ce phénomène paraît avoir une influence décidée sur les variations et l’inclinaison de l’aiguille aimantée, et l’intensité magnétique , d’après MM. Arago5 Hanstecn , Kupffer, Riess, Franklin , Richardson, Christie et Faraday, tandis que MM. Parry et Foster n’ont pas observé ces influences. M. Far- der. géoL Tome V. A 82 RÉSUME DÉS PROGRES quliarson a tâché d’expliquer ces contradictions de divers bons observateurs ( EncycL britcinnic . , neuv. eclit. art . Aurore boréale ). M. Scoresby prétend que les bruissemens entendus lors des aurores boréales sont illusoires. On a aussi reçu des détails sur les aurores australes; et des instructions pour les observateurs de ce superbe phénomène ont été communiqués à Cambridge , à l’Association britannique pour les sciences ( Edinb . N. phil.j ., voLXVI, n° 3i, p. 33 et N. Bull. d. Sc. i833 , p. 129). SECONDE SECTION. SCIENCES CHIMIQUES. Les géologues ont beaucoup à attendre des progrès de la chimie; néanmoins les personnes cultivant cette science sont les savans qui , le plus souvent , traitent la géologie avec le plus de dédain. Ils craignent d’entrer dans une étude où il se présente souvent des faits inexplicables pour eux, ou dont on ne peut se rendre compte qu’en violant le statu quo de la chi- mie actuelle. Comparant la chimie atomistique et pneumati- que à la doctrine du phlogistique et à l’alchimie , ils se com- plaisent dans la pensée qu’ils ont presque parcouru la carrière ouverte devant eux , tandis qu’en réalité les découvertes des quarante dernières années ne leur en ont entrouvert que les portes. Les problèmes géologiques expliqués à priori par nous , d’après les apparences naturelles , sont pour le chimiste , ce que les théories philosophiques sont pour le physicien. Jus- qu’ici on a été conduit également à la découverte des vérités par deux routes différentes , l’expérimentale et l’idéale , si je puis m’exprimer ainsi. Or, dans les hypothèses géologiques, il a déjà quelque chose de plus que de l’idéalité, lorsque certaines appa- rences inexplicables d’après les notions actuelles trouveraient une solution facile par l’adoption de quelques faits chimiques nouveaux. Tous les corps élémentaires sont-ils déjà décou- verts? toutes les lois présidant à leurs combinaisons et mu- tuelles influences ont-elles été étudiées ? Non ; ainsi, de grâce , messieurs, un peu moins d’assurance; écoutez avec un peu plus d’indulgence nos rêves , si vous voulez les appeler ainsi, et au lieu de nous décourager, aidons-nous mutuellement. Progrès do la chimie . — M* J. F, W. Johnston a essayé DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833. 83 d’esquisser les progrès récens y et l état actuel des connaissan- ces chimiques. Ce travail est divisé en trois parties ; les découvertes de la chimie inorganique et organique, et un exposé de l’état ac- tuel de la chimie atomistique, et des divergences d’opinion des chimistes sur ce sujet important. Cette dernière partie in- téresseau plus hautdegré le minéralogiste, et par conséquent le géologue ; car, après avoir discuté les bases de la doctrine ato - mistique , M. Johnston expose lesnouveliesidéesdeMM. Berze* lius, Mitsclierlicli, B.ose, Brewster , Bonsdorf, Wachmeister, Kohler, etc. , sur l’isomorphisme, surtout appliqué à la com- position des minéraux , et il donne une liste de corps isomor- phes divisés en seize groupes. Il établit qu’il existe des groupes plésiomorphes décomposés semblables de corps isomorphes , le mot de plésiomoj plies dénotant des formes extrêmement voisines auxquelles il ne manque qu’une identité parfaite dans la valeur des angles. M. le professeur Miller, de Cambridge, a dressé une liste considérable de groupes de combinaisons de minéraux iso- morphes ( 'Report etc.,p. i i8).EnsuiteM. J. parle des formes ho- miomorphes ou différentes par leurs angles, mais du même sys- tème critallin. À cet égard, MM. Mitscherlich, Fresnel et Rud- berg ont montré l’influence que la température exerce sur la dimension des angles de la même substance cristalline, et M Mitscherlich en attribue aussi une part à la nature de l’af- finité chimique entre l’acide et la base. Le Dimorphisme ou la propriété de prendre sous certaines circonstances des formes cristallines incompatibles , c’est-à-dire qui ne se laissent pas ramener à une forme commune est un autre accident de l’arrangement cristallographique des atomes et de leurs formes. A cet égard , M. Johnston ne voit pas de raison théorique ou physique , qui puisse empêcher les corps élémentaires à être trimorphes ou même tétramorphes. Parmi les minéraux dimorphes principaux, savoir, le sou- fre, le carbone, le bisulfure de fer, le carbonate de chaux, celui de plomb, le biphosphate de soude, le grenat et l’idocrase, il y en a tels que les deux carbonates cités , dont les deux formes sont isomorphes l’une de l’autre; c’est ce qui constitue ce que M. Johnston appelle Y isodimorphisme , et il va jusqu’à soup- | çonner que les deux bases des deux carbonates cités , ou même le calcium et le plomb sont aussi isodimorphes. Il est digne de remarque , que presque tous les cas de plé- siomorphisme jusqu’ici connus se trouvent dans certains com- 84 RÉSUMÉ DES PROGRÈS posés des deux bases mentionnées , ainsi que dans deux ou trois autres, qui, probablement, ont la même propriété , puisqu’ils appartiennent à l’un ou l’autre des deux mêmes groupes iso- morphes. M. Johnston s’occupe plus loin des corps isomériques, et de ceux que M. Berzeîiusa nommés par opposition polymériques et métamériques, et termine par quelques mots sur l’annota- tion chimique et minéralogique ( Report of the first a . sec . mect. of the british . assoc . , i833, p. 4r4 )• Les progrès de la chimie générale dépendent du perfection- nement de la théorie atomique. M. de Baudrimont a publié une Introduction à V étude de la chimie par la théorie atomique ( Paris , 1 834 • In-8° ) , et M. Turner des Recherches expérimentales sur les poids des atomes. ( Phil. Trans . Lond . , i83a , part. 2. ) M. R. F. Guérin-Varry vient de faire paraître de nouveaux élémens de chimie ( Paris , i833. In-8° ). M. G. J. B. Karsten a publié un Mémoire sur les combinaisons chimiques des corps {Jahrb. d. Chemie . Cah. i5 et 16, p. 3q4). Les autres découvertes chimiques en 1 833 onteusurtout pour but de rechercher les propriétés de certaines substances , leurs combinaisons possibles, et surtout la chimie végétale, qui com- mence à prendre enfin un grand développement, et à laquelle MM. Dumas , Pelouze , etc. , promettent de nouvelles con- quêtes. Je me contenterai, à cet égard, de rappeler l’ouvrage d’un homme de talent , que des dégoûts accidentels ont préci- pité malheureusement dans un abîme plein de pièges et de mécomptes ( Nouveau système de Chimie organique de M. Raspail). La découverte remarquable de la substance, le kreosot , par M. le docteur Pieichenbach, pourrait même avoir son applica- tion en paléontologie. Isolé et loin des grands centres des scien- ces, les découvertes successives (Eupion , mém. sur le Naphta- line) de notre confrère n’en acquièrent qu’un plus grand prix. § 1. Chimie minéralogique . M. G. Suckow a donné trois tableaux sur les essais au chalu- meau ( Dnei Tabellen , etc., ïéna , 1 833 , in-8°). L’importance des analyses chimiques pour la géologie aug- mente à mesure qu’elles gagnent en précision. Sous ce rap- port , nous devons être fiers d’avoir parmi nous une des per- 85 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. sonnes en Europe qui s’occupe le plus de chimie analytique, et qui en outre prend tant de peine pour joindre à ses ana- lyses celles des autres chimistes. M. P. Berthier a donné dans les Annales des mines ( 3e scr., v. II, liv. 6,p. 401 etsuiv.), l’analyse du Volkonskoîtede Russie, espèce de minéral d’hydrate de chrome, celle du fer titane disséminé dans le gneiss de Baltimore , celle du fer oxide octaédrique de Framont, qui est un péroxide de fer pseudo- morphique, celle du minerai de fer à acide phosphorique de la Lizolle et du Servan ( Allier ) , celle d’un minerai de cuivre d’Escouloubre ( Aude ) , celle d’un cuivre panaché de Nadaud (Haute-Vienne) , celle de deux variétés nouvelles d’Haidingé- rite du Puy-du-Dôme et de la Creuse , combinaison de sulfure d’antimoine et de sulfure de fer , celle de diverses calamines des calcaires de Westphalie , de Tunis, etc.; enfin celle de minerais d’argent aurifère du Mexique. M. Berthier vient de publier un traité classiquesur les Essais par la voie sèche pour les minéraux et les combustibles (Paris , i834. 2 vol. in-8° ). Parmi les personnes s’occupant de chimie minéralogique, M. Henri Rose, aidé de son frère M. G. Rose, ne cesse d’enri- chir la science. M. H. Rose a analysé un sulfate neutre df oxide de fer, pro- venant d’une roche feîdspathique de Kopiapa, dans la province de Coquimbo, au Chili (. Annal . der Phys . de M. Poggendorf, vol. XXVIII, p. 3o9 ). Le même chimiste a examiné le feldspath vitreux du Vé- suve , qu’il distingue par le nom de rhyakolithe d’avec l’adu- laire et le feldspath commun, et qui aurait été en même temps du feldspath vitreux et de l’anorthite (Dito, vol. XXVIII, p. 43). Il a aussi analysé le polybasite , minerai argentifère où le soufre est associé à des métaux, et dont l’analyse démontre que le sulfure d’argent peut remplacer celui de cuivre , comme le sulfure d’arsenic, celui d’antimoine (Dito, vol. XXVIII, p. i56). M. G. Ptose s’est occupé des formes cristallines du mésotype minéral du système hémiprismatique de M. Mohs, dont il a surtout examiné des cristaux hémitropes {Ann, de M . Pog- gendorf, vol. XXVIII, p. 424). Le même cristallographe a observé et décrit des cristaux de P argent et cuivre sulfuré ( bournon ), qui proviennent de Ru- 86 RÉSUMÉ DES PROGRÈS delstadt, en Silésie ; celui de Schlangenberg , dans l’Altaï, ne se présentait 'pas cristallisé, I/anaîyse faite par M. II. Rose a prouvé l’identité du minerai des deux localités. M. G. Rose «nonce que les formes cristallines de ce minéral et du cuivre sulfuré sont isomorphes (Dito, vol. XXVIII , p. 4^7). M. G. Rose a décrit , sous le nom de plagionite y un nouveau minerai d'antimoine trouvé à Wolfsberg, près de Magdes- prung au Harz. Ce minéral , du système cristallin prismatique rectangulaire oblique de M. Beudant, est associé avec de l’an- timoine sulfuré , et a été analysé par M. H. Rose ( Dito , vol. XXII, p. 422; et vol. XXVIII, p. 421). M. Kersten, de Freiberg, a trouvé que les minéraux appelés par les Allemands wismuth blende et arsenikwismuth , n’étaient que des variétés d’une même espèce (Dito, vol. XXVII, p. 96). Le sternbergite a été analysé par M. Zippe. M. Breithaupt l’appelle silberkies (Dito, p. 690). M. Th. Thompson a analysé le gmelinite ou hydrolite (Dito, vol. XXVIII, p. 418); et le wollastonite du mont Corstor- phine, près d’Edimbourg ( Edinb . N . phil. j. , n° 3o. Oct. , i833, p. 388). M. Noël d'Argy a constaté la présence du platine dans de la galène argentifère provenant de Y ouest de la France ; il y existerait dans laproportion de 2 2/ 1 00000 du poids du minerai, c’est-à-dire que 100 livres donnent 1 once 7 gros i4 grains de platine ( Institut , n° 26, p. 217). M. Villain réclame, à tort ou à raison , la priorité de cette découverte faite à Melle et Alloue. {Institut y n. 43 ). D’après M. Berthier, la quantité de platine ne s’élève à un cent millième dans aucun de ces minerais. ( dito n° 46 ). M. Gaultier de Claubry a découvert une matière inflam- mable dans la cornaline y et s’est occupé du plomb platinifère. M. Ange Sismonda a publié Y Analyse d'une idocrase vio- lette de Mus sa , dans la vallée d' Ala. L’auteur attribue sa couleur au silicate de manganèse, qui remplace une certaine quantité de silicate d’alumine {Méml de V Ac . de Turin, vol. XXXVII; et Instit. , 1 833, num. XV, p. 127 ). Notre confrère M. Clemson, déjà bien connu par ses tra- vaux , vient d’analyser le carbonate de fer de Plymouth( Ver- mont), et le bronzite d’Amity, dernier minéral qu’il propose comme une nouvelle espèce sous le nom de seybertite ( Americ . J. of Sc., etc., vol. XXIV,n°i,p. 17 1). M. Boussingault a analysé un sulfate d'alumine du volcan DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l855. 87 de Pasto , et y a reconnu la même composition que celui du terrain intermédiaire de Saldana. Il est composé de 35,68 d’a- cide sulfurique 14,98 d’alumine, et de 49,34 d’eau ( Ann . de Ch . t '.t de Phys. Avril, i833, p. 348). Au cap de Bonne-Espérance, sur le fleuve Bosjesman, sous 3o° 3o' lat. sud et 26° 4o' long, est de Greenwich, et à vingt milles anglais de la cote, M. Herzog a découvert, dans une ca- verne, des lits de divers sels. Le plus supérieur était composé d’alun de plume siliceux, et avait un demi-pied d’épaisseur; il recouvrait un lit d’un pouce et demi de sulfate de magnésie, qui est accompagné de matières minérales décomposées, et mélangé de lamelles de mica. M. Stromeyer a reconnu, dans ces derniers, de la silice, de l’alumine, un peu de fer, du man- ganèse, un peu de chaux et de magnésie, du muriate de soude, du sulfate de magnésie, du sulfate de manganèse, etc. Un quarzite micacé , à imprégnation d’alun ou de sel amer, sup- porte le tout; et le toit de la grotte est formé en général par un agglomérat quarzeuxà pyrites cubiques, et manganèseoxidé. Le pays environnant est composé de collines de sept à huit cents pieds d’élévation , et à cime calcaire. Cette dernière ro- che est grisâtre , compacte , à cassure un peu terreuse , et con- tient des huîtres , qui se trouvent même si abondamment à la surface du sol , comme sur les monts Gras-Ruggens , entre Uitenhage et Enon, qu’on les emploie pour faire de la chaux. Probablement ces roches font partie d’un sol tertiaire qui est très répandu dans la colonie du Colomi , et qui comprend aussi l’agglomérat ferrugineux, tandis que le quarzite serait un dépôt plus ancien. En analysant l’alun du Cap, M. Stromeyer a trouvé qu’il formait une nouvelle sous -espèce, à laquelle il donne le nom d’a- lun magnésien et manganésifère. Il l’a comparé à l’alun fibreux du lignite de Tschermig en Bohême , parce que M. Ficinus avait cru que c’était aussi un alun magnésien ; mais ses recher- ches ont confirmé les résultats obtenus par MM. Lampadius et Gruner, qui l’avaient classé dans l’alun ammoniacal. Quant au sulfate de magnésie d’Afrique, M. Stromeyer Fa trouvé mélangé d’une quantité notable de sulfate de manga- nèse. Ce même chimiste a été conduit, par ces travaux , à ana- lyser de nouveau certaines efflorescences salines d’Idria, de F Aragon et de Neusohl en Hongrie. Le sel d’Idria, au lieu d’être de l’alun, n’est que du sulfate de magnésie; les stalac- tites de sel amer de Hongrie doivent leur coloration rose à du RESUME DES PROGRES sulfate de cobalt, et renferment encore du sulfate de cuivre, de manganèse et d’oxidule de fer, ainsi que de l’eau, contenue mécaniquement dans de petites cavités. Quant aux aiguilles salines de Calatayud en Aragon, c’est un sulfate de magnésie pure ( Gotting . gel. Anz., n° 206 et 207, 26 déc. 1 833, p. 2049). M. L.Erdmann a analysé certaines obsidiennes, des sphéro- lites , des perlites et des retinites ( J. f. te clin . u. ok. Ch e mie, i832, vol. XV, p. 32), M. Rob. Walker a analysé de X argile schisteuse et un felds- path compacte de Newhaven en Ecosse Edinb. New. phil.j., n° 29, p. 195); et M. Drysdale, un grunstein de la même loca- lité, du feldspath compacte des monts Pentland, et un basalte d’Ecosse ( Dito, p. 195). Ce dernier s’est aussi occupé d’ana- lyser des roches stratifiées altérées par action platonique. L’argile schisteuse reçoit, par ce changement, une quantité notable de chaux et d’alcali , et diffère ainsi des schistes ordi- naires, ce qui est aussi important pour l’agriculture (Dito, n° 3o, p. 386). M. G. Forchhammer a publié, sur -V origine des parties constituantes des diverses espèces d'argiles, un Mémoire chi- mique intéressant. Ihtâche de retrouver les roches dont la dé- composition ou la destruction a produit les principales matières argileuses ( Det . KongeL danske Vidensk . Selsk ., etc., vol. Y, p. 265). § 11. Production artificielle des minéraux. L’analyse et la synthèse des minéraux pourront seuls nous faire arriver à la connaissance intime de leur nature ; la pro- duction artificielle de minéraux par la voie ignée ou aqueuse est donc un des appuis les plus intéressans que la chimie ait fournis à la minéralogie. Production de minéraux par la voie ignée . — Les cristal - lisations diverses dans les scories des hauts fourneaux étaient connues depuis long-temps, et on en trouve des indications dans divers recueils anciens ; mais leur étude n’a été appro- fondie que dans ce siècle. (Voy. Beilrage z. Kenntniss Krystal- lin. Huttenproducte par M. F. Kock.Gottingue, 1823, in-8° ). Parmi les plus récentes découvertes à cet égard, je choisirai les suivantes : MM. Wollaston et Buckland ont observé des cristaux de titane dans les scories de fer du pays de Galles. En 1825 , DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. 89 M. Mitscherlich reconnut dans des fourneaux, en Suède, des cristaux de pyroxène , de mica et d'autres minéraux. Dans le même temps, M. Berthier obtenait des produits semblables par la synthèse directe dirigée d'après la théorie atomique. M. Miller, de Cambridge, trouva des cristaux d’olivine dans un fourneau du pays de Galles. M. Wohler a donné une Notice sur les formes cristallines du fer {Annales de M. Poggendorf, i832, n° 9, p. 182). M. J. F. W. Johnston a donné une note sur la composition de quelques scories de fer des fonderies de Birtley, dans le Durham et dans le pays de Galles. Il y a reconnu des cristaux de titane efun minéral semblable à l'olivine, étant un silicate de fer avec de la magnésie, etc. (. Edinh . N. phil. J., Yol. XYI, n°3i,p. 190). M. Gaudin a découvert un procédé pour obtenir par le feu les persulfures métalliques, tels que celui de fer à l'aspect bronzé, des pyrites naturelles, des houppes et des tables hexa- gonales et régulières de deuto-sulfure d’étain {Institut, 28 sept., p. 170). M.E. Sclileiden a découvert au Mexique, dans des amas de scories de fourneaux, du charbon de bois couvert de malachite et de cuivre carbonaté, ainsi que du sulfate de fer au centre de boules de pyrite (IV. Jahrb . f Miner . i834, chap. 1 , p. 34 )• Productions de minéraux par la voie aqueuse et l’électri- cité.— L’examen attentif des. cristaux artificiels obtenus par la voie aqueuse est un autre mode d’obtenir des renseigne- mens sur la formation des minéraux. MM. Brooke, Haidinger et d’autres se sont occupés de mesurer des cristallisations ainsi produites. M. Haldat a produit des cristaux artificiels d'oxide de fer et d'oxide de zinc par le moyen de la décomposition de l’eau par des fils de fer. C’est ainsi que se forment probablement des cristaux de fer oligiste dans les cratères des volcans {Ann. de Chimie ). M. Becquerel a découvert de nouvelles méthodes pour faire cristalliser par la voie humide des sulfures, des iodures et des bromures de métaux, divers minéraux , et en particulier des oxides métalliques {Ann. de Chimie, oct. 1829 et sept. 1882 , p. 1 01 ). La galène étant volatile et susceptible d’être obtenue cris- tallisée par la sublimation , on en a conclu que cette substance 90 RÉSUMÉ DES PROGRÈS avait été formée par la voie ignée dans les filons métallifères. Néanmoins ce minerai occupe dans la nature d’autres positions où le géologue aurait été conduit à lui attribuer une origine neptunienne, si les notions chimiques ne s’y étaient opposées.* Avec son tact ordinaire, M, Becquerel a saisi toute l’impor- tance de la question ; et, se laissant conduire parles inductions géologiques , il s’est demandé si on ne pourrait pas produire du sulfure de plomb cristallisé par la voie aqueuse , et il a réussi. Il a employé à cet effetdu sulfure de mercure, sur lequel il a versé une dissolution de chlorure de magnésium; il y a plongé une lame de plomb, et fermé le tout hermétiquement dans un petit tube. Au bout de plusieurs mois, il a trouvé que le plomb était passé à l’état de sulfure par suite du développement d’ ac- tions électro-chimiques. Le contact du plomb avec le chlorure produit un double chlorure , le magnésium est mis à nu mo- mentanément, le plomb devient électro-négatif, et la dissolu- tion, électro-positive; le premier altère le sulfure de mercure, tandis que le soufre, qui est électro-négatif, se porte sur le double chlorure. Une portion du soufre se combine avec le plomb du double chlorure, et donne naissance à un sulfure, tandis que l’autre portion se combine avec le chlorure de ma- gnésium, pour former un sulfo- chlorure. Le sulfure de plomb artificiel cristallise en tétraèdres réguliers; or cette forme est comprise dans le même système cristallin que le cube et l’oc- taèdre , les formes ordinaires de la galène. M. Becquerel a obtenu par la même voie des résultats ana- logues pour le sulfure d’antimoine, de zinc et de fer ( Institut , n° io, p. 83 ; et Ann. de Chimie , mai, 1 833, p. io5). Les géologues doivent encore se féliciter de voir M. Bec- querel appliquer aussi ses connaissances en électro-chimie à l’étude des altérations qui ont lieu journellement a la surface du sol ou dans l intérieur du globe . Dans son premier Mé- moire à ce sujet, il s’est occupé de la formation du carbonate de -plomb sur des plaques de ce métal soumises à l’action diacide carbonique provenant de la décomposition du bois. Dans ce cas , l’énergie de l’action de l’acide était augmentée par le contact du métal avec un ligneux déjà décomposé et déterminant la circulation du fluide électrique. D’une autre part, il a examiné, sous un rapport analogue, la formation du fer phosphaté , cristallisé au milieu d’un amas de débris de végétaux, d’ossemens et de gneiss, et a été con- duit à observer que les cristaux étaient placés sur des morceaux DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. Ql de bois carbonisés , c’est-k-dire très bons conducteurs pour re- former à mesure le fluide neutre pendant le dégagement con- tinuel des deux électricités, qui avait lieu dans la réaction mu- tuelle des diverses parties du mélange. Il a aussi remarqué, entre des feuillets de gneiss, du fer phosphaté, formé au détriment du fer renfermé dans le mica , par Faction de dissolutions contenant d’autres phosphates 5 il en résultait un mica incolore. L’application immédiate de la chimie à la géologie occupe aussi les Anglais : témoins les travaux de M. Faraday et le Rap- port de M. Turner, sur une leçon de chimie géologique, faite a l’Université de Londres, et traitant en particulier de la dé- composition des roches et de la formation aqueuse de certaines matières regardées comme insolubles ( Eclinb . IV. Phil.j. Oct., x833, p. 246 ) et Lond. a . Eclinb . phil. Mag. Juill., 1 833). TROISIÈME SECTION. HYDROGRAPHIE. La plupart des dépôts stratifiés se sont faits au sein des eaux et des mers , et sous l’influence de leurs élémens et de leurs mouvemens : ainsi leur étude se rattache essentiellement à la géologie , qui trouve ainsi à puiser des renseignemens dans les ouvrages des hydrographes ou des navigateurs , aussi bien que dans les méditations des physiciens. CHAPITRE I. EAUX A LA SURFACE DE LA TERRE. Eau . — M. G. Hallstrom fixe à 3° 9 c. la température moyenne du maximum de densité de l’eau ( Institut , n° 40, p. 36 ). Glaçons . — La question de la formation des glaçons dans le fond des rivières a donné lieu à une Notice de M. Àrago ( Annuaire , p. 244? Edinb . new phil . j. , n° 29 , p. 192, et Ann . de M. Poggendorf, vol. XXVIII, p. 204 ). Glaciers , — M* L.-F# Kamtz a donné des observations sur RÉSUMÉ DES PROGRÈS 9* les glaciers et la manière dont M. Hugi les considère. Les glaciers ne poussent pas hors de leur masse les blocs des mo- raines, mais ils sont laissés sur place par la fonte des mers de glace ( Jahrb . der Chim . , i833 , vol. M , p. 249 ). § 1. Mer. M. Halleman a fait une dissertation chimique sur l’eau de mer ( Diss. chemico-medico inaug. de aqua marina . Utrecht, i833 , in-8°). Aux résultats déjà obtenus, l’auteur a ajouté neuf nouvelles analyses. C’est un sujet fort important pour les géologues. M. Despretz a fixé le maximum de densité de l’eau de mer agi- tée à 3° 67, son point de congélation étant à 20 55 • car, dans l’é- tat de repos, ce liquide peut être maintenu jusqu’à i5°,et au-delà , sans passer à l’état solide ( Revue encyclopéd . Fé- vrier i833 , p. 44^ )• Le même physicien continue ses expériences sur le maxi- mum de densité des dissolutions salines ( Institut , n° 25 et N. Bull . d. Sc. i833, p. 182). M. Gruithuisen a donné des tables sur la pj'ession exercée u ar ï eau de mer à différentes profondeurs (iV. Analecten , vol. I, cah. 2 , p. 25). Température de la mer . — M. d’Urville a lu à la Société de géographie un Mémoire important sur la température des eaux de la mer a différentes profondeurs . Il a réuni toutes les observations de ce genre faites dans la mer ou dans les grands lacs, ce qui lui a donné 4^i faits, dont i38 ont donné la tem- pérature des couches situées à 200 brasses et plus sous le niveau des eaux de l’Océan. L’auteur en adressé deux tableaux synop- tiques, dont les ordonnées sont, d’une part, l’échelle des de- grés de latitude de l’équateur au pôle, et de l’autre, l’échelle des brasses des diverses profondeurs jusqu’à mille brasses. Ainsi on peut saisir à l’instant , pour chaque parallèle, le rapport des températures de la surface avec celles des diverses profon- deurs. Dans les mers libres : i° la température générale des couches inférieures à 600 brasses et plus de profondeur est presque constante et très voisine d’une limite entre 4° et 5° , qui paraît être 4° 4; 20 cette température se modifie progressivement à mesure .qu’on s’élève vers la surface pour se rapprocher de la température des eaux superficielles, relative à la saison de l’ob- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. 9$ servation; 3° dans la zone la plus rapprochée de l’équateur, c’est-à-dire entre io° lat. N. et io° lat. S.; une cause parti- culière semble occasioncr dans les couches sous-marines , jus- qu’à 100 brasses, un refroidissement plus brusque qu’on n’au- rait lieu de l’attendre. Dans la Méditerranée, la température des couches infé- rieures jusqu’à i5o brasses paraît encore dépendre de celle des couches supérieures, et d’une manière d’autant plus sen- sible, que celles-ci ont été plus long- temps réchauffées; 2° au-delà de i5o brasses, les couches inférieures sont sou- mises à une température constante de i3°, à très peu de chose près. Enfin , dans les lacs ou réservoirs d’eau douce la tempéra- ture est en général d’autant plus basse qu’on s’éloigne de la sur- face, et le maximum du refroidissement est 4° 4? tant que les couches supérieures conservent une plus grande chaleur : tou- tefois ce maximum, sauf des circonstances purement acciden- telles , ne saurait dépasser le maximum de refroidissement des eaux superficielles. M. d’Urville croit devoir admettre pour les eaux de la mer un maximum de densité à 4° 4 ? ou a Peu piès, comme cela est déjà établi pour l’eau douce : du moins cette hypothèse lui pa- raît pouvoir seule expliquer ce refroidissement successif des eaux profondes de l’Océan vers l’équateur, le réchauffement de ces mêmes eaux vers les pôles , et la température constante des eaux de la Méditerranée aux plus immenses profondeurs. Enfin l’auteur propose avec doute l’idée singulière que dans l’Océan, entre les parallèles de 4° et 6o° de chaque hémi- sphère, les eaux inférieures se dirigeraient alternativement vers l’équateur en hiver , et vers les pôles en été, pour remplacer les eaux superficielles enlevées dans la zone torride par l’é- vaporation , et dans la zone glaciale , par la fonte des glaces ( Bullet . de la Soc . de Géogr. , n° 120, p. 221. Avril i833 ). Marées . — Les marées ne sont pas moins intéressantes à con- naître , dit l’illustre de la Place, que les inégalités des mouve- mens célestes; on a négligé pendant long-temps de les suivre avec une exactitude convenable , à cause des irrégularités qu’elles présentent ; mais ces irrégularités disparaissent en mul- tipliant les observations. En effet, il n’est pas de branche de l’astronomie physique qui laisse autant à désirer. Si l’on a fait beaucoup d’observations sur la vélocité et la di- rection des courans , le temps de la haute marée a été fixé po- RÉSUMÉ DES PROGRÈS 94 sitivemcnt pour très peu de points de la surface terrestre. Il faut distinguer soigneusement d'avec les vagues de la ma- rée, le mouvement des particules de l’eau en masse, dont la ra- pidité ne surpasse guère quelques milles à l’heure, et est mo- difiée par des courans produits par des cliangemens de tempé- rature. M. Lubbock a fait un court rapport sur les marées , et a montré toute la difficulté que présentent ces recherches ( First report of tlie british association , p, 189). Il a aussi republié le Traité du flux et reflux de la mer , par Daniel Bernouilly , et donné un Mémoire sur les marées ( Trans. phil. de Londres , 1 833 , part. 1 ). M. W. Whewell vient de faire une revue de l’état actuel de la science concernant les marées ( United service journal . Février i834, art. 1 ). L’académie de Saint-Pétersbourg amis au concours la déter- mination des mouveniens de V Océan , des forces qui y exer- cent leur influence , et la comparaison de la hauteur actuelle des marées et des instans de leur arrivée, déduite de la théorie. Courans. — Si l’étude des mouvemens périodiques des eaux des mers est importante, celle des courans des océans ne l’est pas moins pour le géologue , en tant qu’elle peut conduire à l’explication rationnelle de certains aceidens géologiques et paléontologiques très particuliers, et qu’elle est essentielle pour bien saisir les phénomènes de destruction et de recompo- sition qui se passent sous nos yeux. Sous ce rapport, nous' ne pouvons recevoir avec trop de gratitude des ouvrages hydro- graphiques tels que celui publié parle major J. Rennel, sous le titre de Recherches sur les courans de l’Océan atlantique , et sur ceux qui dominent entre ce dernier et la mer des Indes ( An investigation of the currents of tlie atlantic Océan , etc. Londres, t832, in-8°, avec un atlas in-fol.). M. Repfielcî a communiqué des remarques sur les courans, les moussons , etc. ( Amer. J-of sc ,, vol. a5 , p. 122 ). M. Duperrey, capitaine de frégate , a publié en 1822 une Carte du mouvement des eaux a la surface du Grand- Océan austral (Voyage de la corvette la Coquille , partie hydrographique). M. Scina a donné un Mémoire sur les gouffres ou tourbil- lons du détroit de Messine {Effemerid. scientif. e letter. di Palermo . Janvier i832 ), 95 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. § ii. Lacs . M. le colonel Jackson a fait des observations sur les lacs en général (/. ofthe geogr . Soc . of London, vol. III, part. 2). M. Yauclier a publié enfin son Mémoire sur les seiches du lac de Genève . On sait que ce nom est consacré dans le Léman à certains débordemens du lac, qui ont lieu surtout à son extrémité occidentale d’une manière très subite, et qui ne du- rent qu’un court espace de temps. C’est un phénomène com- mun à tous les lacs : ainsi il existe dans ceux de Zurich , d’Annecy, de Lucerne , de Constance, de Neuchâtel , du Tes- sin,de Corne, etc.; s’il est plus remarquable sur le lac de Genève, c’est que la cause qui le produit et qui existe partout n’exerce toute son influence que sur la surface de ce dernier. Ailleurs, la cause étant faible , son effet a souvent échappé à l’observation; moi-même, ayant vu plusieurs fois des seiches à Genève, j’ai eu occasion dans mes voyages d’en remarquer , sur une plus petite échelle , il est vrai, dans plusieurs lacs des Alpes de l’Autriche , et toujours environ sous des circon- stances telles que les décrit le savant M. Vaucher. Les seiches ont lieu dans toutes les saisons, et à toutes les heures du jour; mais étant influencées surtout par l’état de l’at- mosphère, elles sont en général plus fréquentes au printemps et en automne. La grandeur de ces inondations paraît même en rapport avec l’état plus ou moins pluvieux de l’atmosphère, la seiche étant plus considérable lorsque le temps est à l’o- rage et le baromètre bas que par un temps serein. Dans le lac Léman , les seiches sont d’autant plus grandes qu’on s’approche de la sortie du Rhône, tandis que l’extrémité orientale du même lac n’a pas des seiches plus sensibles que celles des autres lacs. Si le minimum des seiches n’a pas de terme, leur maxi- mum ne dépasse pas 5 pieds, et leur durée, quoique très va- riable , n’excède guère 20 à 25 minutes. Enfin les plus grandes seiches ont lieu en juillet et août, ou au commen- cement de septembre. L’explication de ce phénomène se trouve dans la pression inégale que différentes colonnes atmosphériques font éprouver à l’eau : or ces variations barométriques sont un fait reconnu surtout dans les pays de montagne. Une colonne d’air devenue plus pesante que celles qui l’avoisinent, à l’instant cette pres- sion relèvera le niveau des eaux voisines; et si ces dernières RÉSUMÉ UES PROGRES 96 sont enclavées dans un étroit bassin, il s’ensuivra un déborde- ment. Mais dans le cas du lac de Genève, les eaux, au lieu d’être de niveau , forment la pente rapide d’un fleuve : donc, si elles sont pressées, elles seront obligées d’obéir à deux forces, celle de la pente et de la colonne d’air , et elles suivront la diagonale entre ces deux forces selon une direction facile à déterminer. Elles seront plus ou moins relevées dans une grande étendue du courant; or cela ne peut avoir lieu sans diminuer ce der- nier retarder le cours des eaux , et les accumuler. Avec cette explication , on se rend compte aisément de toutes les appa- rences et de toutes les modifications locales des seiches. Ce phénomène a amené naturellement M. Vaucher à parler de l’apparence curieuse que présente sous certains états de l’at- mosphère la surface de tous les lacs, et même des baies marines très enclavées , comme en Ecosse. La surface du liquide, au lieu d’être calme ou agitée, présente sous mille formes diverses des parties parfaitement calmes et miroitantes à côté de portions agitées. Ces fontaines, ou ce mirage, comme l’appellent les ba- teliers , trop souvent attribués à des courans, doivent être une suite de l’immobilité de la colonne atmosphérique qu’ils sup- portent, tandis que les colonnes d’air voisines sont agitées ver- ticalement ou horizontalement. Si telle paraît être l’explication, M. Vaucher ne donne pas le nœud de l’énigme pour la pro- duction de cet état singulier de l’air. Néanmoins, comme les seiches annoncent la pluie et ont lieu souvent par un ciel en apparence serein, il s’ensuit qu’il se passe dans l’air des disso- lutions et des précipitations irrégulières, et par conséquent les variations remarquables de l’atmosphère dépendront princi- palement de ces phénomènes peu connus. Enfin M. Vaucher signale que du fond de certains lacs suisses il s’élève quelquefois des quantités considérables de gaz, dont l’échappement produit l’effet de décharges d’artillerie, M. Vaucher termine son intéressant Mémoire en demandant si un phénomène analogue aux seiches n’a pas du. se produire sur une grande échelle lors de la formation de la croûte ter- restre, lorsque l’atmosphère devait être chargée de plus de gaz différens en quantité et en densité. Il va même jusqu’à suppo- ser que des couches contournées ou brisées auraient pu être ainsi produites ( Mém . de la Soc. de physique et d’histoire nat . de Genève, vol. VI, part. ie, p. 35). DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l833s 97 CHAPITRE IL SOURCES ET EAUX MINERALES. M. Werber a publié un ouvrage sur la théorie des sources et les eaux minérales du Kniebis ( Théorie cler Quellen , etc. Fribourg, i83i. In-8°). En France, M. le Prévost a analysé l’eau d’un puits arté- sien fait à Rouen dans le faubourg Sain t-Se ver (Cor? grès scîenti- jïqiie de France ? première session , p, 36 ). M. Limousin Lamothe a analysé Veau minérale de Cra- maux . M. Mamelct a donné une deuxième édition de sa Notice, sur les propriétés physiques , chimiques et médicinales des eaux de Contrexéville , département des Vosges ( Paris, ï vol, in -8°) \ M. Mol in, une Notice sur Liixeuilet ses eaux minérales s M. J. Anglada, un Traité des eaux minérales et établisse- mens thermaux du département des Pyrénées-Orientales (Pa- ris , 1 833. u vol. in.-S° )'. M. le baron L. de Zedlitz va donner un Dictionnaire bah néographique général pour l’Allemagne, les Etats autrichiens, 3a Suisse , la France et la Belgique ( Balneograpldsch-statis - tis chd itéra ris c h es H and u. FForterbuch d. Heilquellen) etc. ii Leipzig , 1 834- In-8° ). , -M, B. Hundeshagen a décrit le bain de Godesberg , près de Bonn sur le Rhin ( Die Heilbrunnen u. Badeort Godes * berg, etc., Cologne, i833. In-ia , i pi. ) ; M. Femier de Fennerberg , une troisième fois le bain de Schwalbach ( Schwalbach. In-S0 ) , et M. Brandes les sources minérales et sulfureuses de Meinberg ( Die Mineralquellen zu Mein - berg y etc., Lerngo , i83‘2. In-4°), ouvrage dans lequel M. B. donne une idée de la végétation, de la géologie , et du climat de la principauté de Lippe-Detmold. Le sol y est sur- tout composé de dépôts secondairespostérieurs au grès bigarré, y compris ce dernier. M. Kastneraanalysé les eaux minérales de Brunn près d’Ems- kirchen en Franconie ( Die Mineralquellen zu Brunn , etc. , Nuremberg , i832. In. -8° ). M. J. E. Wetzer a examiné la sçurçç d’ Adelheid à Heibronn $oc. SQQl Iqhi, Y» ? RÉSUMÉ DES PROGRES 98 en Bavière ; c’est une eau saline alcaline et muriatifère , qui dégage assez d’hydrogène carboné, pour qu’on puisse en pro- duire une flamme à sa surface. (N. Jahrb. (1er Ch em. du docteur Schweigger-Seidel, vol. VIII , pag. 275 ). M. Henrici a donné une Notice sur une source à mouve- ment périodique près de Kissinger . Cette source donne en une minute 4o pieds cubes d’eau ayant 16 R., et a une légère salure, ce qui a conduit à faire exécuter un forage jusqu’à 325 pieds de profondeur dans le grès bigarré. Comme cette source est acidulé, il est probable que l’échappement du gaz est la cause qui abaisse subitement son eau. À Rothenfeld dans le pays d’Osnabruck , il y a une source semblable. ( Stud d . Gottlng. Vereins. bergman. Freund , vol. III, p. 821 et 324). M. Ed. Lange a décrit les eaux de Salzbrunn ( Salzbrunn , etc., Berlin , 1 833. In-12 , 8 pî.) , dont M. Zemplin a republié aussi une description à Breslau ( Die Brunnen , etc. In-8° ). En Autriche , la source sulfureuse et thermale de Baden, près de tienne , a été analysée de nouveau par M. de Specz ( Phys . chem . JJntersuchungen cl. Heilquellen von Baden , Vienne , 1828. In-8° ). M. Meitl a décrit le bain de Sternberg, près de Schlan , en Bohême ( Sternberg , etc. Prague , 1 833 ). M. B. Eble a publié un Essai sur le bain fameux et ancien de Wildbad à Gastein en Saizbourg ( Dus TVildbad Gas - tein , etc., Vienne, i832. In-8°). Pour la M.Gabr.Rusch a esquissé les bains delaSuisse ( Die Schweiz in ihren Heiquellen , etc. , Berne et Coire, i832);M. Rheiner a décrit le bain de Henry, en Appenzeil ( D. Moosberger ocl. Heinrichs Bad , etc. Saint-Galles, i833, 12° ). M. Kaiser a republié une deuxième édition de sa Description des eaux thermales de Pfeffers ( Die Heiquellen zu Pfeffers^ lc.; Coire, ! 833. 2 vol. in-8° ). M. J. U. Wettstein a décrit brièvement les eaux acidulés célèbres de Saint-Moritz dans l’Engadin ( Beschreib. d. San - Morizer Brunnen , etc. , Coire, 1 83 3 . în-8° ). M. Studer a présenté à la séance annuelle de la Société liélvétique à Lugano un rapport sur les eaux thermales de la Suisse, et en particulier sur celles du canton de Berne. Il a mentionné un travail de M. Genhard sur Vaqua rosa deBlenio dans le Tessin, canton qui possède en outre les sources thermales de Stabio , tTOlivone et d’Airolo, DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 99 M. J. «*G. Schwarzott a fait paraître une brochure sur les eaux chaudes de Meliadia dans le Bannat. Il y comprend rhistoire naturelle, et la géologie de cette localité déjà visitée par les Romains ( Die Hercules Bader bei Mehadia , Vienne, 1 83 1 . In-8°). M. Théodore Torosiewicz a publié des recherches physi- ques et chimiques sur les sources sulfureuses de Konopowka en Gallicie ( Rosbior fisyczno-chemiczny zrodla siarsczytego u . Konopowce , Léopold, i833. In-8° ). En Italie , M. L. Balardini a publié un rapport sur les eaux thermales et minérales de la province de Sondrio, savoir : Beau de Bormio, qui a 38° R. } l’eau saline de Masino, qui a 270, et l’eau acidulé, ferrifère et saline de Sainte-Catherine, dans la vallée de Furva ( Relazione intormo aile fonte ter- - ni ali y etc. ). M. Lavini a analysé Veau de Saint- Genis , pour en déter- miner la quantité de l’iode ( Mem. dell accad . di Torino , vol. XXXVI). M. Zecchinelli a donné une Notice sur les thermes de Padoue (Nuovi Saggi delle r . accad . di sc. ect, , di Padova , vol. III) • M. F. Sec. Beggiato un ouvrage sur les mêmes eaux ( Delle Terme Euganee , Padoue , 1 833. In-8° à "5 pl. ). M. Marc Mazzoni a publié l’examen chimique de l’eau de Torretta (Torella ) près des bains des monts Catini ( Analysi chimica dell acqua minérale , etc., Florence, i832. In-8° à 3 pl. ). C’est une eau saline et ferrugineuse. M. Ànt. Targioni-Tozetti a donné V analyse chimique des eaux minérales de Chanciano faite en i832 (Florence, 1 833 . i vol. in-8°). M. Jos. Guilj , dans le premier volume de son Histoire natu- relle des eaux minérales de la Toscane ( Stor. natural di tutte leacquey etc. Florence, 1 833 ), a décrit l’eau acidulé et saline de la commune de Lorenzana, dans la vallée de l’Arno: celles de Perla et de la Fossa , ainsi que les boues des lagunes du mont Cerboli, dans la vallée de Cecina, et l’eau des monts Catini, dans la vallée de Nievole. Dans ces dernières eaux, il a décou- vert , outre l’acide carbonique , des hydrochlorates de soude , de magnésie et de chaux ; des sulfates de chaux et de magnésie, et de rhydrobromate de magnésie. Les eaux de la Perla con- tiennent de l’hydrogène sulfuré , du fer, divers sels , et un peu d’acide carbonique. M. Jos. Ricci a analysé l’eau retiré d’un forage exécuté à 100 RÉSUME I>E3 PROGRES Nocera sur la terre dell Annunziata (. Antolog . , décembre , i83i , p. 71 )• U Espagne offrirait un beau champ aux chimistes occupés des eaux minérales, car presque aucune source n’y a été ana- lysée. M. leprofesseur Gutierrez m’a dit avoir examiné une eau gazeuse acidulé àBurgos de Orense dans le nord de l'Espagne; sa température est de i54°Fahr.ll m’a aussi communiqué que depuis long-temps on était dans l’usage de percer des puits ar- tésiens dans le sol tertiaire d’Alcantara. Madrid est en partie approvisionné d’eau au moyen de galeries creusées exprès dans le sol alluvial et primaire, pour recueillir les infiltrations des eaux puviales. M. Berzelius a analysé les eaux de Porla en Suède , qui ont une température de 70° centigrades, et ont une couleur jaunâ- tre produite par une substance qui est un mélange de deux acides nouveaux, l’acide chrénique et l’acide apochrénique; les deux acides dérivés de la décomposition de substances végé- tales se trouvent dans plusieurs eaux ferrugineuses de Scandi- navie. Les eaux de Porla contiennent en outre divers sels , surtout des carbonates, du chlorure potassique et sodique; et leurs parties gazeuses sont de l’azote et de l'acide carbonique ( Institut , n° 36, p. 49; et Annal, de chim. Octobre i833, p. 219). • En Angleterre on a analysé deux sources sulfureuses près de W ey mo u t h (Xorc d. a. Edinb . phil. mag.,\o\. 3, n° 1 4>p* 1 58). Du reste, l’ouvrage de M. Meredith Gairdnersurîes eaux minérales et thermales ( Essay on the nat . History, Londres, i83*2. In-8°), contribuera certainement à populariser ce genre d’études en Grande-Bretagne. La composition des eaux (parties constituan- tes, température, etc.), leur position géographique, topographi- que et géologique, leur origine, ainsi que celle de leurs divers ingrédiens; enfin, leurs vertus médicales fournissent à l’auteur autant de chapitres qu’on lit avec intérêt, et dans lesquels on reconnaît un extrait judicieux des ouvrages publiés les plus ré- cemment en Allemagne et ailleurs.Alapîacedece manuel, M. le docteur Daubeny nous promet toujours depublier dans quelques années un traité complet basé surtout sur ses observations. Sources de pétrole . — M. La Via a décrit une source de pétrole à Sa n ta-Agripp in a de Nicosie , en Sicile ; elle sourde du terrain de grès apennin secondaire, qui forme les montagnes de Grafagno, de Campanita et S. Martino, branche des Montes lierai, au centre de la Sicile, Oa sait qu’il y a des sources DES SCIENCES GÉ0L0GIQÜE5 EN 1 8 5 5 . ICI semblables près d’Agrigente et de Bivona ( Alti dell AccacL Gioenidi Stor. nat «, vol. VU, p. 1 3 1 ). M. Virlet vient de nous donner des renseignemens sur les sources de -pétrole dans la Grèce, et sur leur origine {B ullet. , vol. IV, p. 2o3 ). M. Silliman a donné une Notice sur une source de pétrole , à 20 milles dJ Angelica , limite du comté d’Allegliani et du Ca- taraugus , dans l’Etat de New-York. Elle sourde d’un sol in- termédiaire , composé de grès et de calcaire à encrines, poly- piers, térébratules , etc. Elle est imprégnée d’hydrogène car- boné , et contient probablement de l’acide carbonique et de l’azote. L’auteur fait dériver toutes ces substances des houil- lères de Pensylvanie , qui sont dans le voisinage ( Americ 9 J. of sc ., vol. XXIII , p. 97 ). Eaux thermales . — * Le docteur Daubeny a lu à la Société royale de Londres un Mémoire sur la quantité et la qualité de gaz qui se dégage a la source thermale de Rings Spring a Bath . Il a trouvé pour résultat moyen que 264 pouces cubes de gaz en échappent environ dans une minute , et il a supposé que ce gaz est accumulé dans quelque roche à une grande profondeur dans la terre échauffée à une époque très éloignée. La partie extérieure, en se refroidissant la première, produit probablement une pression sur la cavité dans la roche, et force le gaz à s’échapper. M. Daubeny a même observé dans l’échappement des gaz un flux et un reflux presque périodique. Les gaz ont été trouvés être de l’oxigène, de l’azote et du carbone sans trace d’hydro- gène carboné ou phosphoré. La quantité d’azote montre qu’il ne peut dériver de l’atmosphère, et l’absence des fluides in- flammables qu’il ne provient pas de la destruction de substan- ces animales ou végétales ( Athenœum , n° 821 , 21 décembre i833 , p. 873). M. Boussingault a examiné chimiquement des dépôts des eaux chaudes de Coconuco près du volcan de Puracé , non loin de Popayan, et il y a reconnu du carbonate de chaux (0,77 4 at.) et du carbonate de manganène ( o,23i ) : c’est donc le dépôt de source le plus riche en manganèse, métal dont M. Berzelius avait déjà trouvé des traces sous la forme de car- bonate dans les incrustations des eaux de Carlsbad ( Ann, de Chim. et de Phys . Avril, i833 , p. 3g6 ). M. Longchamp est parmi les chimistes français un de ceux qui s’occupent le plus des sources minérales. L’an passé, il a donné un Mémoire sur la barégine ou la prétendue matière 102 RESUME DES PROGRÈS grasse des eaux thermales de Barègcs : cette substance a quel- que analogie avec la fibrine. ( Institut , n° 16, p. l36). Quiconque s’occupe de ce sujet est naturellement amené à rechercher la nature intérieure du globe ; c’est ce qui est aussi arrivé à M. Longchamp. Dans ses Considérations sur la constitution intérieure du globe tirées de V analyse des eaux thermales sulfureuses des Pyrénées , M. Longchamp observe qu’en exceptant les sources salines de Salies, et quelques autres, plus de cent cinquante sources qui se rencontrent depuis la Méditerranée jusqu’à l’Océan , c’est-à-dire sur un espace de 90 lieues , sont de la même nature , et ne diffèrent que dans des limites fort étroites par la proportion de leurs élémens. Les eaux chaudes des Pyrénées contiennent du sulfure de sodium et du chlorure de sodium, ce qui vient déjà en con- firmation de Fidée première de Davy sur la nature de l’inté- rieur du globe. Mais il y a de plus du sulfate de soude , de la silice, de la soude caustique, de la potasse caustique, delà magnésie et de la chaux , ce qui ne s’accorde plus si bien avec l’idée de Davy. M. Longchamp pense que le sulfate de soude provient de la conversion du sulfure en sulfate par l’oxigène dont était pour- vue l’eau , qui a agi sur la masse intérieure de la terre. Quant aux bases libres, elles étaient dans le globe à l’état métallique et combinées avec le soufre, et la silice était à l’état de sili- cium en combinaison, soit avec le soufre, soit avec les mé- taux. La décomposition de l’eau a fait passer le silicium à l’é- tat de silice. Après avoir cherché à établir ces propositions , il appuie sur l’absolue nécessité d’analyser les eaux minérales sur les. lieux mêmes où elles sourdent. Il montre à cet égard les varia- tions que le mélange des eaux pluviales fait éprouver aux sources minérales sulfureuses. Ainsi, par exemple, le soufre disparaît , et est converti en acide hyposulfureux. Plus l’ana- lyse fera connaître de bases libres , plus on devra admettre qu’il y a dans la source un mélange d’eauxpluviales. Ce raisonne- ment, du reste , ne s’applique qu’aux eaux des Pyrénées, qui sont les seules en France à la fois thermales et sulfureuses. Toutes les eaux des Alpes, et d’autres montagnes de la France qu’on prétend être sulfureuses, ne contiennent pas le moin- dre vestige de soufre. Suivant M. Longchamp , les eaux thermales doivent leur DES SCIENCES GEOtOGIQtîÉS EN 1853. ! o3 origine, non pas à une masse d’eau qui se trouve dans l'inté- rieur de la terre , mais aux eaux pluviales qui arrivent dans les réservoirs souterrains, et que la pression ramène ensuite à la surface du sol. Il- croit démontrer cette hypothèse par le dégagement d’a- zote qui caractérise aussi bien toutes les sources thermales des Pyrénées que celles d’autres contrées. L’air de l’eau pluviale a été décomposé ; l’oxigène s’est porté sur le sodium et le soufre du sulfure de sodium, et la combinaison ayant eu lieu sous une pression de 5o à 60 atmosphères , il s’est formé du sulfate de soude et non de l’hyposulfate , tandis que le calcium et le magnésium ont été convertis de même en bases. Ainsi , le la- boratoire où se fabriquent les eaux des Pyrénées en question se composerait d’une masse de sulfures et de chlorures. Je ne puis omettre l’observation suivante à Fappui de cette doctrine : c’est qu’il y a dans un litre d’eau pluviale o,sr*of258 d’oxigène, ou la quantité nécessaire pour former o,sro5 de sul- fate de soude : or. Peau de la Buvette de Barèges contient o,gv- o5 desulfate de soude, qui renferment o,sr0224 d’oxigène. M. Longchamp a constaté la présence de Pammoniac dans les eaux thermales sulfureuses des Pyrénées : or, il a fallu de l’hydrogène pour le former, comme aussi pour produire la barégine. Il y a donc eu décomposition de l’eau, dont l’hydro- gène a servi à cette fin , et l’oxigène a été absorbé par le silicium. L’azote, l’autre élément constituant de l’ammoniac et de la barégine, est provenu de l’eau pluviale. À ce sujet, M. L. a cal- culé pour la source de Pauze à Cauterets, que le volume de gaz dégagé ( x 6 5,5 litres d’azote en vingt-quatre heures), plus celui contenu dans l’eau, ne donne pas^un total égal à la moi- tié du volume du gaz azote contenu dans l’eau pluviale ; donc l’autre moitié est entrée dans la composition de l’ammoniac et de la barégine. Le carbone nécessaire à la constitution de cette dernière substance provient de la matière végétale que contenait l’eau ) celle-ci a réagi sur la , masse qui minéraliseles sources sulfureuses des Pyrénées, de sorte que cette matière végétale a été con- vertie en matière azotée par l’azote ebntenu dans l’eau, effet produit sous la double influence d’une grande chaleur, et d’une immense pression. {Institut , n° 1 6, p. i34). Il serait à souhaiter que M. Longchamp voulut étendre ses études à toutes les espèces d’eaux minérales , ahn de voir si RÉSUME DÈS PROGRÈS 104 les explications théoriques quil donnerait pour chacune d’elles tendraient toutes à confirmer l’hypothèse fondamentale, de la nature métalloïde de l'intérieur du globe, et de l’imprégnation pour ainsi dire secondaire des sources minérales. M. Bischof a publié un Mémoire intéressant sur les Relations ries sources sur la pente occidentale de la chaîne westpha - lienne du Teutoburgerwald . Dans cette contrée, comme dans F Artois-, les réservoirs d’eau sont des fentes traversant les dépôts inclinés de la craie, du grès vert et du calcaire ju- rassique. Outre l’abondance des sources, l’auteur fait remar- quer leur accumulation dans certaines localités et la différence qu’elles présentent cependant relativement à leur température et à leur contenu gazeux. Ainsi, par exemple, à Paderhorn il compte cent trente sources qui diffèrent de température (de 7 à ï2°,q6 R.), quoique sourdant à une très petite distance Rune de l’autre. L’augmentation de température est en rapport avec celle des hydrochlorates contenus dans les eaux, et aussi avec celle delà quantité de leurs parties gazeuses.JM. B. croit que la séparation des fentes entre elles, et leur plus ou moins grande profondeur, est la cause de ces particularités. Dans ces cas , la température des sources ne peut donner que des indications fausses sur la température moyenne de l’air. Si cette dernière influe sur la température des sources, la profondeur du point ou l’eau est examinée doit aussi exercer un effet, puisque dans les forages on observe une augmenta- tion de température à mesure qu’on s’enfonce. Ainsi donc la température moyenne de l’air ne peut être déduite de celle des sources que dans le cas où le lieu d’examen ne se trouve pas encore sous l’influence de la dernière cause signalée; mais malheureusement ce dernier point ne peut être reconnu pour aucune source, et on a déjà trouvé i° Pt. d’augmentation de température pour quatre-vingts pieds de profondeur. | Quant à l’origine des gaz des sources en question, M. B. croit pouvoir l’expliquer par l’hypothèse suivante. Les fentes com- muniquant avec l’atmosphère, et remplies d’air atmosphérique, l’eau en absorbe une partie, et d’autant plus que la pression de la colonne d’eau est plus grande. Une partie de i’oxigène absorbé acidifie les substances carbonacées renfermées dans les calcaires, de manière qu’il se produit de l’acide carbonique, qui reste lié à l’eau, et dissout du carbonate de chaux. Cette eau venant à la surface du sol, il se dégage de l’acide carbonique, ainsi que la portion non décomposée de Pair atmosphérique, io5 M5 SCIENCES CÊOLOG ÏQMS É?f I 8 5 5 . ou contenant moins d’oxigène qu’à l’ordinaire. Il ne reste dans l’eau que la quantité d’air atmosphérique, qui est en rapport avec la pression ordinaire de la colonne aérienne. Néanmoins, M. Biscliof est loin d’attribuer à cette cause toutes les sources acidulés; car celles qui sont sur la pente orientale du Teuto- burgerwald doivent obtenir leur acide carbonique d’une tout autre manière. D’une autre part , l’acide carbonique de toutes les sources, même dans le sol alluvial, ne serait qu’une suite de l’oxidation de l’humus végétal, aux dépens de l’oxi- gène de l’air. Les sources dePaderborn ne peuvent être appelées ni mi- nérales ni salées; car s’il y a assez de sels, le contenu gazeux ne dépasse guère celui des sources ordinaires d’eau douce ( iV. Jahrb . der Chem., vol. VIH, p. Eaux salées. M.le docteur Daubeny vient d’appeler l'attention du public sur la Salure diverse qu’ont offerte à différentes -pro- fondeurs les puits salins du FEurtemberg . Dans la description du terrain salifère de ce pays, par M. d’Alberti , ainsi que dans plusieurs autres ouvrages ou Mémoires, il y a des données cer- taines qui établissent l’augmentation de la salure en proportion de la profondeur du puits. D’une autre part, il y a des cas où, en forant un puits, la salure diminue après qu’on a atteint une certaine profondeur ou traversé certaines couches ; comme il y a aussi des variations en plus ou en moins dans la salure avant d’atteindre le point réel du maximum de salure. M. Daubeny pense que la diminution de la quantité de sel à une certaine profondeur des puits, est un phénomène plus difficile à expliquer que le cas inverse ou leur augmentation (. Lond . a. Edinb.phil. mag. Janv., 1 834? P- 3i). J’avoue, à cet égard , ne pouvoir pas partager son opinion ; car s’il peut y avoir des sources salées d’origine volcanique, un bien grand nombre ne paraissent être que des cours d’eau atmosphérique, qui se sont imprégnés de sel en filtrant à travers certaines masses. Du reste, cette question mérite l’examen le plus attentif: l’intérêt de la science , autant que celui de l’industrie, y sont étroitement liés. Ainsi , si on partait de l’idée que la salure augmente en proportion directe de la profondeur ou en pro- portion inverse d’une certaine limite de profondeur, il est de toute évidence qu’il faudrait en tenir compte dans les travaux de forage , et dans la distinction des sources salées naturelles et celles produites artificiellement. tua s ü Mb bVA progrès 106 M. Daubeny est amené à considérer le mode probable du dépôt du sel gemme dans une solution saturée. Or, d'après la chimie actuelle, une pareille formation n'est guère possible , sans recourir à des causes telles que la pression, la chaleur, eftc. Il jette en avant l'idée qu’au fond de la mer la saturation de l’eau peut être ou avoir été telle qu'elle n’a demandé que le concours de pareilles causes pour abandonner une partie de ses sels. Espérons qu’ilcontinuera ses recherches, et lèvera toutesles difficultés chimiques, d’une explication qui intéresse vivement les savans et les industriels. Jusque là, la formation du sel gemme pur ou avec gypse, reste, surtout dans le sol tertiaire, un des problèmes les plus difficiles à résoudre. Dans les calcaires secondaires, et surtout ceux des Alpes, j'ai déjà dit plusieurs fois que ces dépôts sembleraient indiquer l'action de sublimations ignées ; mais 011 placer la limite de ces espèces de solfatares boueuses ? Peut-on étendre cette idée à tous les terrains, et n’y a-t-il point de sel qui ait été déposé simplement, par la voie aqueuse, dans la nature? Pour moi , je le répète, il y a des amas salins d’origine ignée immédiats; ce sont ceux des Alpes, dépôt de matières, boueuses et salines, poussées au milieu des grandes fractures du sol. Mais, outre cette espèce de moya des temps primordiaux , il y a des terrains saîifères en couches bien plus régulières , ou l’eau de mer sous une grande pression , et peut-être une certaine cha- leur, paraît avoir été obligée de déposer le surplus des impré- gnations muriatifères reçues par des solfatares ou éruptions boueuses sous-marines. Yoilà, à mon avis , où en est la ques- tion ; il reste maintenant à examiner comment , par la chimie , on peut reproduire en petit de semblables formations. Gîte de r eau, M. Hardie remarque, sur le gîte de Veau dans le sol -primitif de V Inde centrale , que la profondeur des puits dépend de leur voisinage ou de leur éloignement de grands lacs ; et il a trouvé fort juste la remarque du savant Shah Baber, qu'on était sûr de trouver de l’eau, non loin de la surface du sol, dans le cours des rivières et des torrens à sec, et même au milieu des plus fortes chaleurs. C'est la porosité du sable qui est probablement la cause de ce don précieux de la nature , au milieu d'un sol granitique d’une aridité ef- frayante en été. M. Hardie cite, à Hamirgher, à vingt et un milles de Chitor, un puits percé dans le roc solide à deux cents pieds de profon- deur; et il oppose l'eau saumâtre, qui domine dans le nord de ms SCIENCES GEOLOGIQUES EN ï855. I07 rAjmer et du Jaypur, à l’eau pure, très faiblement acidulée, des districts sud de l’Inde centrale ( Asiat . research, vol. XVII, part, 2). M. Le Prévost s’est occupé du phénomène, présenté par certains puits, d’avoir leurs eaux plus basses en hiver et au printemps qu’en été. D’après M. Deslongchamps, c’est un effet de l’évaporation, moins active en hiver, et de la filtration lente des eaux dans la teiTe (Congrès scientifiques de France, ire ses- sion, p. 39). M. W. J. Henwood a donné des Observations sur le niveau de Veau dans certaines sources du Cornouailles . L’eau, sor- tant surtout du calcaire, baisse principalement de niveau en oc- tobre et novembre; tandis que celle sortant du granité monte alors. Dans le calcaire, la quantité d’eau dépend plus de l’é- tendue horizontale que de l’étendue verticale des masses; le calcaire forme des espèces de bancs dans le schiste ( Lond . a . Edinb. phiL mag . Déc., i833, p. 4J7)* § Puits artésiens . Les applications du forage et des puits artésiens ne sont pas encore épuisées : témoin ces essais d’irrigation et de dessèche- ment faits au moyen de coups de sonde, en Westphalie, en France, etc., et ceux de chauffage de serres par l’effet de la température plus élevée des eaux artésiennes. En Wurtemberg, M. de Bruckmann s’est aussi servi de cette nouvelle source économique de chaleur, d’un côté, pour chauffer des fabriques de papier, etc. ( à Heilhronn ) , et , de l’autre, pour empêcher en hiver la formation de la glace autour des roues de moulins ( à la Kunstmuhle, près de Berg ; à Heii- bronn et à Heidenheim ( Polytechnisch . Journ. de Dingler, vol. XXXVII, p. ii5; et Corresp . Blatt . des FPurt . landw . V er. i833, vol. II, cah. 2). En Wurtemberg, on a aussi réussi à se procurer par le forage de bonnes eaux minérales, soit acidulés et ferrugineuses, comme à Berg, près, de Stuttgardt; soit tièdes, comme près de Kannstadt. .Lavais appuyé, l’an passé, sur l’opportunité de rechercher, par des sondages, les grands réservoirs souterrains d’eau dans les terrains calcaires à surface généralement aride ; si 011 ne peut y espérer la découverte d’eau ascendante , au moins celle d’eau de puits y serait déjà importante. RÉSUMÉ DES PROGRÈS 108 Convaincu aussi de cette vérité, M. de Bruckmann a cher- ché à îa mettre en pratique sur le plateau sec de l’Alb juras- sique du Wurtemberg. À cet effet, la Société d’agriculture du Wurtemberg a offert, gratis , l’usage de ses équipages de sondage aux communes qui désireraient se livrer à de pareils travaux ( Corresp. BL d. TYurtemb. landwirth. J^er, i832, v. Il, cali. i, p. 53). M. Plieninger a réuni en un Mémoire les résultats des fo- rages exécutés en Wurtemberg pour la recherche d'eaux as- cendantes, soit pures , soit minérales . A Stuttgardt , on a trouvé des nappes d’eau peu ascendantes dans les couches tout-à-fait supérieures du muschelkalk, qui, dans cette contrée, sont couvertes de keuper. A Berg, près de cette capitale , on a fait neuf forages qui ont ramené, du milieu du muschelkalk , à i32 à t63 pieds de profondeur, une eau fortement acidulé et ferrugineuse. A Kannstadt, on a percé le keuper, et trouvé dans quatre forages, soit des eaux artésiennes, soit des eaux minérales, ayant i6°,5 R. A Tubingue, on a percé dans trois points tout le keuper (484 pieds) pour atteindre le muschelkalk; et on y a trouvé des sources faiblement ascendantes. A Niederau , on a découvert un courant d’eau dans une fente du muschelkalk : les eaux minérales de ce lieu sont hy- dro-sulfureuses et bitumineuses. A Reutlingen , on a trouvé, à 36s pieds dans le lias , une eau faiblement ascendante. A Ulm, on a percé, a travers les alluvions et le calcaire ju- rassique, et découvert une petite nappe d’eau entre ces deux dépôts, et une source ascendante dans le dernier. A ÜNerenstetten , sur le plateau de l’Alb jurassique , on a creusé en vain, tandis qu’à Hayingen on a trouvé une source à 1 19 pieds de profondeur dans ce calcaire. AHeidenheim, on a découvert un courant d’eau non ascen- dant, sous des alluvions et des argiles, à 12 pieds de profon- deur. A fleilbronn , on a fait plusieurs puits artésiens, qui ont réussi , et qui sont alimentés par des nappes d’eau dans le keu- per; ces eaux, abondantes, ont une température de 4- io° R., et contiennent, en partie, du sulfate, du muriate, et du car- bonate de chaux, ainsi que des sels magnésiens. A Crailsheim, on a trouvé plusieurs sources, assez asccn- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. 10Q ' dantes, en perçant du musclielkalk , des argiles et des gypses; ce sont aussi, en partie, des eaux mélangées des mêmes sels que dans les précédentes. A Oehringen , on a aussi foré, avec assez de succès , dans la même formation ; et à Àalen on a poussé un forage, en i83o , à 638 pieds dans le lias , sans trouver d’eau ascendante , mais bien une source sulfureuse. On a foré encore, sans succès, dans le plateau jurassique à Sindelfingen , Munsingen , Niederstozingen , Alpeck, Luiz- hausen, Ebingen et Heldenfingen. D’une autre part, on fait trois puits dans ce moment dans le keuper et le lias du Fil- dern, près de Mussberg. Déjà, à Neuhausen sur le Fildern , on a trouvé de l’eau pour faire aller un moulin ( Ccrresp . BL des FFurt. landw. V er. i833, vol. Il, cah. 2, p. 1 44 )• On trouve encore, dans le Journal d’agriculture du Wur- temberg pour î832 ( vol. I, cah. ï), l’indication des princi- paux ouvrages, qui on t paru jusqu’ici sur les puits artésiens et le forage, surtout en Allemagne. Dans cet article, on déplore avec raison que les détails sur les forages manqués sont le plus souvent cachés au public, qui serait cependant intéressé à les connaître, pour se guidera l’avenir. On y remarque un ouvrage de M. J. -A. Spetzler ( Anleiiung zur Anlegung artesischer Brunnen. Lubeck, i832, in-8° ) ; et un autre de MM. Gambihler et Gugler ( Grundliche Anwei- sungy etc. Nuremberg, i832, in-8° ). Dans ce dernier ouvrage, on trouve les coupes des couches, traversées avec succès dans des puits forés, à Wurzbourg, Erlangen et Nuremberg. M. le docteur Osann a trouvé la température moyenne de l’eau d’un puits artésien, à Wurzbourg, -P io° R., tandis que celle de l’air est -p 8°, 3 R. Dans son ouvrage sur les puits forés (, Vollstandige Anleitung zur Anlage y etc. Heilbronn, 1 833, in-8° à 9 pl.), M. de Bruck- mann a réuni , aux notions acquises sur cet art, de nombreuses ob- servations par ticulières, et entre autres des considérationssurl’o- rigineprobable des sources naturelles et artificielles, ainsi que sur les vues géologiques qui doivent guider l’ingénieur. L’hydrogra- phie souterraine ou le gisement des sources dans les différentes formations, et un article particulier sur les puits artésiens éta- blis ou à faire dans le keuper, ajoutent au mérite de cet ou- vrage, le plus complet qui ait encore paru sur cette matière. Le Traité de M. L, Boner sur les puits artésiens ( VolUian* 1 ! O RÉSUMÉ DES PROGRÈS diger Untcrricht uber die Ànlage der Bohr od. artesisclien Brunnen , etc. 2e édit. Munster, i83t, in*8°), est curieux, en ce que Fauteur s'y occupe particulièrement des moyens d’irri- gation et de dessèchement au moyen du forage, et qu’il dé- montre l’emploi des puits artésiens en Westphalie dès i8i5; donc, bien avant que la Société d’encouragement de Paris eût mis cette question au concours. M. G . Meyer a publié un ouvrage sur les plus récentes obser- vations et les améliorations dans l’établissement des puits arté- siens ( Die neuesten Erjahrungen , etc. Quedlinbourg”, i833, in-8° à pb). M. Imbert avait donné, en i83o, des renseîgnemens sur la méthode très simple de faire des forages en Chine au moyen du foret de sondeur attaché simplement à des cordes. Ce mode de forage a été mis en pratique en Prusse; et M. Selîo, en particulier, a exposé les moyens dont il s’est servi pour l’em- ployer à la recherche des houilles dans le pays de Saarbruck {Arcliiv. f Minerai , par M. Karsten, vol. YI, p. 3/j3 ). M. Brey l’a employé près de Marseille , et M. Jobard en fait usage actuellement aux environs de Lille. Les puits artésiens dans le bassin tertiaire de Perpignan {Institut 5 Ann. des Mines, 1 833, tom. YI, p. 5i3), et ceux à travers la craie de Tours , ont offert , par l’abondance de leurs eaux, la démonstration de l’existence de véritables rivières souterraines; tandis que leur force d’ascension indique une pression dont on n’avait pas d’idée pour les sources jaillis- santes. Si vraiment quelques unes peuvent porter leurs eaux à 3o et 5o pieds, comme on le prétend pour le cas du Roussillon ( Journ . des Pyrén. orient 7 sept. i833), on sent quelle im- portance locale pourra venir s’ajouter çà et là à l’établissement des puits artésiens. À Caen et à Bordeaux, on a fait de l’éta- blissement des puits artésiens an objet de concours ( Institut , n° 3i, p. 264). M. d’Archiac a communiqué des détails sur le forage exécuté à Laneuville-sous-Laon [ Aisne ]. (Yoy. Bull., vol. 3, p. 254); M. Mulot nous a donné la coupe des couches traversées par le puits foré à Sainte-Marie près Coulommiers [ Seine-et-Marne ] { dito , 166 ). Cet ingénieur a employé aux environs de Paris le forage pour dériver des eaux inutiles, d’après l’annonce faite à la Société par M. YYalferdin ( dito, p. 820). Près du cap Uncino, dans le royaume de Naples, M. Auldjo a découverten i832; aumoyen du forage, une source ascendante 1 1 1 DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 855. d’eau minérale , acidulé , saline et ferrugineuse. Il a traversé des argiles sableuses et a rencontré la nappe d’eau au milieu d’un lit de cailloux , à 19 et 24 pieds de profondeur. ( Bibl. TJniv. mars i833 ). On a foré avec succès des puits artésiens à New-York , jus- qu’à 100 et 44‘2 pieds. M. Héricart de Thury a communiqué une Notice sur un dégagement considérable de gaz hydrogène sulfuré , dans un puits artésien percé à Gajarine, près de Conegliano, gouverne- ment de Trieste , au milieu d’un terrain d’argile tertiaire cou- vert de graviers. M. H. a cité des exemples semblables dans les environs de Paris , en faisant bien observer que plus souvent l’air dégagé par les puits forés était tout simplement de Pair atmosphérique entraînéxlans des cavités par des courans souter- rains d’eau {Ann. de Ch. et de Phys . Juin, 1 833, p. 208; Ann . des Mines , 1 833, livr. VI, p. 5 1 95 et Institut, 1 833, n° 9, p. 66). M. Gasp. Ghirlanda a publié sur cette découverte un mé- moire intitulé Observations et expériences sur un courant d’air inflammable dans un puits foré, à Gajarine ( Osservazioni , etc., Trévise i833, in-8°, et Biblioth . Ital. 1 834? N. 217 et 218) l’hydrogène carboné y est mêlé d’acide carbonique et d’hvdro • gène sulfuré, une petite quantité de soufre s’est déposé à l’en- trée du trou. À Pûemke, près de Bochum , dans le district d’Àrensberg, en Westphalie, l’eau d’un puits artésien a offert des poissons d’une espèce inconnue, qui provenaient d’un ruisseau souter- rain* car on a rencontré ce dernier en creusant un autre puits à Grumme, village dans le voisinage. Cela rappelle le phéno- mène des Pimelodes cyclopum , dans l’Àntisana , près de Quito. Près du château deSozay, à trois lieues à FO. -S. -O. de Cïa- mecy, il y a, dans le terrain jurassique, une très belle source jaillissante appelée Abîme . M. Virlet, qui a visité cette con- trée, compare cette source, soit à celles du Loiret et de la Touvre, soit aux Katavothrons et Kefalovrisi de la Grèce , qui ne sont que les extrémités des siphons naturels alimentés, non par des filtrations d’eau , mais directement par des réser- * voirs d’eau. Comme l’observe M. Boblaye, et comme c’est le cas pour les fontaines intermittentes du Geyser, etc. , la com- pression de l’air atmosphérique, dans ces cavités souterraines, doit jouer un rôle dans le dégagement de leurs eaux ( Institut , i833, n° 12, p. 98 )• 1 12 RÉSUMÉ DES PROGRÈS QUATRIÈME SECTION. SCIENCES NATURELLES. CHAPITRE L HISTOIRE NATURELLE GENERALE. M. A. J. L. Jourdan vient de publier un Dictionnaire rai- sonné , étymologique , synony inique , et polyglotte des ter- mes usités dans les sciences naturelles . (Paris, 1 834 • CJL vol. in-8° ). Les Traités élémentaires d’histoire naturelle se multiplient ; la composition de pareils ouvrages n’est pas moins honorable pour leurs auteurs que de véritables découvertes scientifiques , puisqu’ils exercent une influence incalculable sur l’esprit delà jeunesse. M. G. Delafosse a donné une seconde édition revue et aug- mentée de son utile Précis élémentaire d histoire naturelle , ouvrage dans le genre de celui de Blumenbach, et adopté pour les collèges et les écoles normales primaires. M. Milne Edwards a publié aussi un Manuel d histoire na- turelle { Paris, i833. In-8° à vignettes), et MM. Martin Saint- Ange et Guérin ont entrepris un Traité élémentaire d’his- toire naturelle , comprenant l’organisation , les caractères et la classification des végétaux et des animaux, les mœurs de ces derniers, et les élémens delà minéralogie et de la géologie ( 2 vol. in -8° à 160 pl. ). En Allemagne , V Histoire naturelle des trois règnes ( Na- turgeschichte der drey Reich e . In-8° ) , publié à Stuttgardt par livraisons à bas prix , continue à se publier. L’introduction générale, par M. Leuckart, a paru, ainsi que'quelques livraisons de la minéralogie , par le docteur Blum (5 livraisons), de la géologie , par M. de Léonhard ( 3 livraisons ) , de la botani- que , par le docteur Bischof ( io livraisons )m7 de la zoologie , ' par MM. Leuckart et Yoigt ( 1 1 à i4 livraisons) , et de la pa- léontologie , par M. Bronn (5 livraisons ). Un Dictionnaire général d histoire naturelle se republie à Ronneburg ( V ollstandiges Handbuch , etc* !n-8° à 3oo fig.). M. le docteur Malacarne a traduit en italien , et augmenté DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l855. 1 1 5 le Manuel cl'histoire naturelle de Blumenhach (Milan , 1 833 ^ 6 vol. in-12 ). M. Gaillon a publié des Observations sur les limites qui sé- parent le règne végétal du règne animal (Boulogne, i833, in-8°, et Annal . d. Se. nat. i834 , cah. i , p. 44 )• M. Dumortier a imprimé des Recherches sur la structure comparée , et le développement des animaux et des végétaux (Bruxelles, i832, x vol. in-4°. Institut , n° 29, p. 246). M. Boubée continue, sous format in-8° , son Bulletin d'his- toire naturelle de France , dont la première année forme deux volumes ; l’un contient cinq itinéraires ou promenades (1 vol.in-18 à 1 1 pl.), et l’autre est divisé en huit sections, savoir : trois pour les diverses classes d’animaux, la quatrième pour la botanique , la cinquième pour la paléontologie, deux autres pour la minéralogie et la géologie, et la huitième pour l’éco- nomie industrielle. M. Boubée compte cette année y joindre des portraits de naturalistes français, et il vient d'entreprendre ( en avril ) un journal hebdomadaire de nouvelles scientifiques, sous le titre de Y Echo du monde savant ( in-4°, fr. par an). Parmi les questions dJhistoire naturelle générale traitées l’an passé , aucune n’intéresse plus vivement le géologue que celle reprise par M. Geoffroy Saint-Hilaire ( vov. Mém. sur les déviations organiques Mém . du Muséum , v. XIII,. p. 289 • Mém. de V Acad, des sc. , vol. XII, 1 833 ^ Institut , i833, n° 3o , p. 253, et Rev. encyclop . Juillet i833 ). À cette question se rattachent un Mémoire de M. Léon Jennyns sur l’établissement , les genres et les sous-genres ( Mag. of. nat. hist.y 1 833 septembre, p. 385, et i834 mars, p. 97 ), et le Mémoire de M. Àudouy sur les phénomènes de la vie ( Acad, de Toulouse . Institut , i833 , p. 19). M. Geoffroy préparant un ouvrage étendu sur les animaux perdus T s’est foit la question suivante : L espèce est- elle réel- lement un être , ou seulement un mode particulier et momen- tané de la manifestation de la vitalité y qui embrasse tout le globe? Le naturaliste qui restreint le cercle de ses idées à la courte durée de sa vie , sera nécessairement porté à l’idée ancienne que l’espèce est un être sui generis formé une fois pour toutes, et devant se perpétuer tel , aussi Ion g- temps du moins que dure- ront les lois actuelles de la nature. L’autorité des écrits scolas- tiques et des législateurs les plus anciens vient encore corroborer cette opinion gravée dans la mémoire de la plus tendre en- Soc. géol Xqiq. V* 8 RÉSUMÉ DÉS PROGRÈS u4 fance. D’un autre côté, en parcourant toute l’échelle des créations, tant vivantes que fossiles, et en négligeant les indi- vidualités pourrie voir qu’un tout mis en mouvement par une matière subtile disséminée partout , on arrive aisément avec les Lamarck, les Geoffroy, et autres grands naturalistes, à une tout autre conclusion.. Exposez aux yeux d’un ignorant une pendule d’un rouage très compliqué , il n’y comprendra rien , tandis que si vous commencez par lui donner les premières notions de la méca- nique, et lui faites voir ensuite les montres les plus simples, cette pendule, si chargée de détails, ne sera plus pour lui qu’un problème à résoudre, et dont sa patience entreverra même déjà la solution. Il en est de même pour la question qui nous occupe; pour bien saisir ce que c’est que la forma- tion d’un être , il ne faut pas s’attaquer à ceux qui sont les plus parfaits, et dont les dissemblances sont par conséquent les plus frappantes ; mais il faut étudier d’abord ceux qui sont Je moins parfaits ou le plus voisins de Fétat de naissance , ainsi que les embryons. Conformément à cette marche logique , il faut commencer par ces organisations qui ont l’air de lier le règne minéral et végétal , pour s’élever ensuite progressivement aux plantes les plus parfaites, et passer enfin de ces dernières aux animaux, au moyen de cette classe de microscopiques , et d’êtres , qui , sui- vant les circonstances , présidant à leur développement, revê- tent tantôt la forme de la végétation, tantôt celle de l’anima- lisation. Ce n’est qu’ après avoir ainsi parcouru les gradins du portique de la perfection naturelle qu’on entre dans son tem- ple sur cette terre ou dans l’étude comparative de l’homme , et qu’on entrevoit encore au-delà l’existence possible d’une série d’organisations de plus en plus parfaites. Entre ce que nous appelons la divinité et nous, il y aurait, par exemple, dans d’autres systèmes planétaires , des êtres qui n’auraient pas au- tant de besoins animaux que nous , des sens plus perfectionnés, une intelligence supérieure, etc. , etc. Or, ceci est déjà plus qu'une supposition , puisque de célèbres astronomes, tels que les Hersçheî et d’autres, parlent déjà des hommes géans , dont l’existence est possible dans certaines planètes plus voisines du soleil que nous, des êtres particuliers aux comètes, etc. Le domaine de la nature serait donc sans limites pour le natura- liste, comme les deux pour l’astronome , idée à laquelle notre imperfection ne peut pas encore s’accoutumer. DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 855. 1 1 5 Malgré notre désir d’établir des séparations tranchées parmi les êtres , malgré le petit nombre de nos observations, on notre courte existence, des variations nombreuses sont admises dans Tespèce humaine , les animaux et les plantes. Ces diffé- rences, qui n’ont pu échapper à nos sens , ont formé ce que nous appelons des races ou des variétés; tout le monde est plus ou moins d’accord là-dessus; mais lorsqu’il s’agit de for- muler la limite des races ou variétés d’avec les espèces , un dissentiment prononcé s’empare des meilleurs esprits. Toute l’échelle des créations est loin d’être connue ; les voyages et les découvertes paléontologiques nous en révèlent sans cesse de nouvelles parties souvent très essentielles r et nous voulons déjà prononcer systématiquement, et circonscrire l’espèce dans un cercle duquel on dirait que nous voulons obliger la na- ture à ne pas sortir. Les lois naturelles étant immuables, s’il y a eu jadis des créations , il semblerait qu’il doit y en avoir encore aujour- d’hui; voyons donc d’abord s’il n’y a pas quelque réalité dans ce doute. Or, où chercher des éclaircissemens , des leçons, si ce n’est dans ce monde microscopique , qui nous presse de toutes parts sans que nous l’apercevions. Tout le monde sait combien les naturalistes diffèrent d’opinion sur les êtres entre les ani- maux et les plantes, et entre celles-ci et les minéraux, ainsi que sur leur mode de développement : or, cette divergence n’est- elle pas déjà en faveur de l’idée qu’il y a là des secrets naturels qui n’ont pas encore été surpris ?é Si M. Turpin croit avoir assez observé au microscope pour pouvoir établir que tout être organisé résulte toujours par extension de la substance d’une mer semblable qui pré- cède {Institut , i2 octobre i833, p. 1 88 ) , cette proposition est- elle adoptée universellement? Les personnes à qui l’ordre dans la nature ne semble pou- voir être qu’un arrangement aussi parfait que les casiers d’une bibliothèque , bien loin de vouloir entendre parier de ces pas- sages d’un règne à un autre, vont même jusqu’à refuser aux plantes l’espèce de vie qu’elles accordent aux animaux es uns sont des êtres, les autres des végétaux : or, je le demande, si réellement Y aura vitalis est partout, et ne se manifeste de diverses manières que par suite du genre d’organes sur les- quels elle agit, ne voit-on pas disparaître la plus grande par- tie de la différence entre les végétaux et les animaux? Admet- on l’opinion contraire, la generatio cquivoca^ ou n’a plus devant RÉSUMÉ DES PROGRÈS 1 1 6 soi qu’une série de formes liées les unes aux autres sans limites et sans interruption. Mais pourquoi , dira-t-on , supposer la formation spontanée d’êtres microscopiques, tandis que rien de semblable n’a lieu pour ceux que nos sens peuvent aisément apercevoir , et que nous avons donc le plus occasion d’étudier? La réponse à cette question nous paraît bien simple, et M. Geoffroy, comme d’autres philosophes , se hâte de la puiser dans la comparaison des créations qui ont précédé les nôtres avec celles qui nous entourent. ISotre globe a passé par divers états de température et de ita lité ; personne ne le nie , et beaucoup de savans reconnais- sent même que la zone torride ne peut donner qu’une faible idée de ce qui devait se passer à la surface terrestre; mais si les êtres enfouis dans les couches terrestres conduisent à ad- mettre dans ces temps primordiaux une force vitale bien plus grande que celle qui existe encorre actuellement, y a-t-il toute impossibilité à la supposition qu’il se formait alors spon- tanément des êtres plus parfaits que le monde microscopique actuel? Qu’on ne vienne pas objecter qu’ainsi l’homme aurait du être le premier produit de l’agglomération des molécules, obéissantes aux lois des affinités magnétiques autant qu’à celles du fluide vital. En effet , le globe a pu présenter d’abord des conditions défavorables, soit à son existence, soit même à sa formation, en étant envahi malgré cela par une masse de fluide vital bien au-dessus de tout ce qui existe actuellement, ou bien plutôt en présentant plus de circonstances favorables à l’action du fluide vital sur le jeu des affinités élémentaires. C’est la diminution de ces conditions accessoires pour la pro- duction des êtres, le changement du milieu ambiant, selon M. Geoffroy, bien plus que la diminution du fluide vital, qui semblerait différencier le monde actuel des mondes passés. Le globe terrestre a une fausse apparence d’épuisement; par des phénomènes cosmiques inconnus jusqu’ici , il trouvera à retremper sa vitalité, ou bien par des lois astronomiques, d’au- tres corps célestes seront appelés à faire le même office. Telles sont les deux suppositions que peuvent hasarder ceux qui ne veulent pas croire au dépérissement du globe, et à son anéantissement. M. Keferstein, qui se prononce pour la der- nière idée, compare cet effet à celui de deux aimans réagissant l’un sur l'autre ( voy. soa Traité de gdçlçgie7 yqL J ; p. 120 ). DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 853. I 17 M. Lyell est plutôt enclin à adopter l’autre hypothèse, ce qui lui a valu les critiques des naturalistes , probablement peu empressés à voir envahir leurs habitations par des monstres semblables à ceux du monde primordial. Maintenant, revenant à l’hypothèse de l’influence modi- fiante des milieux ambians sur les créations , une fois entré dans ce mode de raisonnement, on n’éprouve plus de difficultés; les espèces, les genres, les familles , les ordres, les classes et les rè- gnes viennent successivement disparaître , et se fondre ensem- ble comme un attirail artificiel , dont l’importance n’est due qu’à notre faible portée. En effet, si des modifications du mi- lieu ambiant, et des conditions d’action du fluide vital peu- vent changer assez les parties des êtres pour établir des variétés dans nos espèces, personne ne peut assurer que ces mêmes causes n’ont pas la puissance de diviser une espèce en plusieurs. Nos observations en histoire naturelle ont tout au plus deux mille ans ; accordons même quatre ou cinq mille ans, et nous vou- lons limiter le pouvoir créateur et modificateur de la nature à ce petit laps de temps, elle qui a des millions de siècles à sa dis- position. Rentrons en nous-mêmes, humilions-nous devant la majesté de la nature ; restons dans le doute sur l’existence éternelle des mêmes espèces, parce que cette dénomination devient d’au- tant plus vague qu’on descend dans l’échelle des êtres, et surtout dans sa partie purement végétative ; enfin dirigeons nos re- cherches vers tout ce qui peut nous éclairer directement, telles que les actions électro-magnétiques, l’embryologie (1), les monstruosités , etc. (2). La physiologie , soit végétale, soit animale , est encore dans l’enfance, quoiqu’il ne soit guère douteux que ces parties spé- ciales de notre science nous fourniront un jour les moyens , sinon de produire la vitalité dans toutes les créations, du moins de la modifier partout à notre gré , ce qui serait déjà un progrès immense. La transmutation des espèces admises , le changement total (0 Voyez les travaux du docteur Prévost; Breschet , Études anat. phys» et pathol. de V œuf dans l’espèce humaine ; et Recher- ches de M. Coste sur les œufs des mammifères , etc. (2) Voyez vol. II de la Philos . anaL de M. Geoffroy- Saint-Hi- laire, ses principes de philosophie zoologique . Paris , i83o, etc. | i 8 RÉSUMÉ DES PROGRES de système est presque accompli, car tout le monde s’accorde a regarder les autres divisions supérieures comme plus ou moins artificielles. Alors aussi la géologie cesse d’être embar- rassée de cet attirail de cataclysmes , et de féeries de créations détruites et reproduites, héritage inconsidérément accepté par des zoologistes paléontographes. fcli n’y a de créations possibles, dit M. Geoffroy, qu’en raison » de l’essence , et selon la nature des élémens ambians qui » s’organisent en eux. A chaque cycle géologique , ces élé- » mens se sont plus ou moins modifiés , et alors ce sont autant » de formes qui varient dans une même raison. Rien ne se re- » nouvelle quant à l’essence des matières principes des choses, » matières douées de toute éternité de leur raison d’affinité , » et de l’éventualité nécessaire de leur association ; mais il est » disposé d’eux à certains momens des arrangemens ou de la » vie de l’univers 9 selon qu’en ordonnent les conditions varia- » blés de leur monde ambiant et réagissant , d’où l’on peut » inférer que toutes les conformations qui furent successive- » ment ou qui seront de nouveaux départies aux êtres organisés » ont été et sont dès l’origine des choses déposées en germe , » c’est-à-dire sont et fuient en racine de toute éternité pour » reparaître à un moment préfixé , celui oii leur milieu am- » biant et réacteur se sera trouvé constitué pour en permettre » le développement. Ainsi, pour chaque végétal et chaque être » organisé dut arriver son moment possible et précis de for- » malion et de naissance ; ainsi l’homme apparut à son tour, » et je pourrais ajouter, ainsi apparurent probablement dans » d’autres mondes des êtres supérieurs à l’homme, êtres aux- 5) quels l’imagination a attribué de tout temps des qualités » et des noms particuliers. » Avant de quitter ce sujet appelé à juste raison sublime^ je veux venir encore au-devant des éternelles récriminations de matérialisme et de désordre dont on cherche à effrayer sans cesse les scrutateurs de la nature. Les considérations précéden- tes, bien loin de rabaisser notre nature, ne font que la re- hausser en l’opposant à ceux des êtres qui sont plus bas que nous dans ce monde. D’un autre côté, si l’individu disparaît pour s’absorber dans l’essence de la vie , le souffle vital , l’im- mortalité, ce n’est que la pensée même des livres religieux; et dans une société d’une haute civilisation , il y a à faire valoir pour la morale des mobiles bien plus puissans que la crainte DES SCIENCES GEOÉOGïQüES EN 1 855. 21$ des peines éternelles , conception au contraire heureuse pour un état de barbarie ou de demi-civilisation. M. Christ. Kappa publié un vol unie sur l’origine des hom- mes et des peuples , d’après la Genèse de Moïse ( V ber cl. Ursprung der Menschen , etc. , Munich , i83o, in-8° ). M. J. C. Pricharda publié des Recherches philologiques et physiques relativement à V histoire de l’espèce humaine . Il arrive à la conclusion que toutes les races humaines ont une seule et même origine, déduction que personne ne lui contestera, pou vu qu’il ne veuille pas restreindre la formation des pre- miers hommes à un seul point du globe. Mais ce que peu de personnes probablement lui accorderont, c'est qu’il soit tout-à- fait impraticable de diviser l’espèce humaine en différentes races distinctes, d’après le principe d’une transmission con- stante, et de mêmes caractères physiques. À ses veux il y a deux objections insurmontables à une pa- reille tentative : i° C’est que la distribution des langues ne coïncide pas avec celle des races. 2° Cette division des hommes en races distinctes est con- traire à l’idée adoptée par des naturalistes très distingués , tels que M. Cuvier, et il aurait pu ajouter la grande masse des théologiens encore si puissans en Angleterre ( Report of the first-a . sec. me et. of the hrit . assoc . , 1 833 , p. 53o ) (i). Si les langues et les races ne coïncident pas dans leur distri- bution , c’est qu’on n’est point encore fixé en tous points sur la véritable division de l’espèce humaine en races, tandis que l’é- tude de toutes les langues du globe est encore loin d’être com- plète ou parfaite; attendons donc avant de trancher la question. Mais supposant même que ces bases premières soient fixées , et que M. Prichard puisse en déduire logiquement sa proposi- tion , il resterait encore à ses adversaires la supposition sui- vante, dont les philologues ne me paraissent guère s’embarras- ser. Toute langue est innée , ou se forme petit à petit par le besoin et l’usage; adoptez telle opinion que vous voulez; mais si on admet une fois plusieurs centres de créations , n’est-i! pas possible que des langues très semblables ou même identi- (i) M. Allard a présenté à l’Institut un mémoire pour dé- montrer que la différence des races humaines tient à une diversité secrète dans les punitions des hommes au temps du déluge. 1 20 RÉSUMÉ DES PROGRÈS quesse soient produites en même temps dans quelques Uns de ces centres placés à des distances assez rapprochées ou même éloignées? Rien, absolument rien ne s’y oppose, dans la nature physique de l’homme; il n’y a que l’esprit aisément systéma- tique des philologues qui peut se révolter contre une pareille idée. D’ailleurs , dans toutes les langues il y a une foule de mots expressifs des choses même qu’ils désignent : or, ce sont les mots ordinairement les plus usuels ; ne doit-il pas nécessaire- ment y avoir d’autant plus de ressemblance entre ces mots dans les langages des peuples que leur demeure est plus voi- sine , et qu’ils sont entourés de créations plus analogues ? D’illustres naturalistes ont défini l’espèce; une masse d’indi- vidus ayant tous certaines formes qui se perpétuent depuis le commencement du monde sans dépasser les limites qui leur sont posées; les subdivisions accidentelles de ces êtres sont pour eux des variétés , et les races humaines sont toutes dans ce dernier cas. Si ces hauts personnages en science avaient as- sisté dès le commencement du monde à la formation et la transmission des espèces, il n’y aurait pas mot à dire, et M. Prichard aurait bien raison de trouver mauvais qu’on vienne contredire ce qui est bien établi par des témoins ocu- laires. Mais , malheureusement pour nous comme pour lui ces papes en sciences sont des observateurs passagers sur la terre , et par conséquent sujets à se tromper par des remarques trop limitées. Il y a plus , avant , pendant et après leur vie, ils ont eu des contradicteurs , des personnes qui n’ont point défini l’espèce et les variétés comme eux ; donc le raisonnement de M. Prichard se réduit à une prédilection de personne , à une prime de mérite offerte à tel ou tel individu sur tel autre. Sans revenir à la discussion de ce que c’est qu’une espèce, je demanderai seulement à M. Prichard de prendre pour juge le premier passant, et de lui demander, par exemple, s’il trouve plus de différence entre différentes espèces de chevaux qu’entre un Européen, un nègre ou un habitant de la Nouvelle-Hollande. Pour moi, géologue, je m’embarrasse fort peu qu’ensuite il veuille et puisse me prouver que si ses che- vaux sont des espèces , mes divers hommes ne sont que des variétés de ce qu’il lui plaît d’appeler une espèce. S’il est certain de son fait , il en pourra tirer toutes sortes de conséquences in- téressantes; mais celle qu’il n’en déduira jamais avec certitude, 12 1 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. c’est que son espèce n’a eu qu’une seule origine , c’est-à-dire qu’elle n’a été formée que sur un seul point du globe. En effet, tous les faits de géologie, de paléontologie et de géographie botanique et animale , tendent à démontrer de plus en plus sur le globe plusieurs centres de création. Pour tous ceux qui n’ont pas d’intérêt d’église ou de coterie à ména- ger, c’est un fait bien établi, incontestable, et surtout nullement sujet à toutes ces objections faites contre l’établissement de ce qu’on appelle espèce en histoire naturelle. Mais voyons donc les terribles conséquences d’admettre ces divers centres ; Moïse n’aurait eu connaissance que de l’un d’eux, quoiqu’il connût le nègre comme le blanc, ce qui n’est, au fait, qu’une conclusion aussi peu dangereuse que de croire avec tout le monde, voire même avec le pape, que la terre tourne autour du soleil, au lieu que Josué a énoncé le con- traire. Ensuite il y a encore une manière commode de s’arranger avec les naturalistes classiques , en leur concédant qu’au lieu d’espèces il ne s’est formé dans chaque centre de, création que des races diverses , ou ce qu’ils appellent des variétés d’es- pèce. Il leur resterait au moins encore la satisfaction de pou- voir continuer à dire jésuitiquement, qu’il n’y a sur la terre qu’une espèce humaine , de conclure avec M. Virey et d’au- tres personnes que la race mongole, la plus étendue de toutes à la surface, comprend aussi toutes les peuplades des deux Amériques ( Institut , i833 , n°. Y, p. 34 ). § i. Zoologie. Deux traductions du règne animal de M. Cuvier s’exécutent en Angleterre , l’une par MM. Griffith, Smith et Pigeon, et l’autre augmentée des nouvelles découvertes , et ornée de près de 5oo planches. D’une autre part, M.Yogt continue sa traduc- tion allemande à Leipzig, et M. Mac Murtrie a entrepris une traduction à New-York en 4 vol. in-8°. Les tableaux du règne animal de M. Cuvier, par M. Achille Comte, sont une utile entreprise , l’Iconographie de M. Gué- rin étant une acquisition trop coûteuse pour bien des personnes. M. Milne Edwards fait paraître des Elemens de zoologie ( Paris , i834 , in-8° ). En Angleterre , M. Jenyns a donné un Manuel des ani- maux vertébrés de la Grande-Bretagne ( 1 vol. in*8°). 122 RÉSÜME DES PROCHES Eli Russie , M. E. Eichwald a achevé sa Zoologie parti- culière des animaux, tant vivans que fossiles, de la Russie et de la Pologne ( Zoologia specialis , etc. Leipzig, 1829-32, 3 part. in-8°, à 20 pl. ). M. Dvigoubski a publié à Moscou le VI* volume de son His- toire naturelle des animaux de la Russie : savoir , celle des poissons. Je ne dois pas non plus oublier les ouvrages sur la zoologie des pays extra-européens , tels que ceux de MM. d’Ehrenberg, iiuppel, Esclischoltz , du prince de Neuwied, et des voya- geurs français en Grèce et autour du monde. Amphibies . — Le volume XII des Mémoires de l’Académie des sciences contient cinq Mémoires de M. Geoffroy-Saint-Hi- îaire, qui ont rapport à l’ostéologie des crocodiles et des rep - tiles iéolosauriens , et dont le troisième est consacré à des ob- servations sur les reptiles découverts dans le calcaire oolithique de Caen. La Monographie des testudinacées , de M. Thomas Bell est arrivée à la VIe livraison • et il est à souhaiter que M. Valen- ciennes accélère la terminaison du bel ouvrage sur les pois- sons. Crustacés. — M. Mil ne Edwards a présenté des Observa- tions sur les changemens de formes que les crustacés éprou- vent dans leur jeune âge , sujet qui se rattache à la théorie des arrêts, de formation et de développement ( Institut , 1 833 ^ u° 29, p. 243). _ Insectes .— Je ne puis passer sous silence Y Histoire naturelle générale des insectes , que MM. Audoin et Brullé ont entre- pris cette année, en 10 vol. in-8°. Les Observations de M. Audoin sur un insecte qui passe une grande partie de sa vie sous la mer , pourraient avoir des ap- plications en géologie (Rev. encycl. juin , p. 53g). M. Aug. Ahrens a fait une Revue de tous les coléoptères observés jusqiiici sur le sol salin ou les eaux saumâtres ( Isis , i833 , c. 7, p. 642 ). Ce sujet se rattache à la géologie, en ce que les insectes fossiles peuvent, par des analogies de mœurs , nous indiquer le genre de pays ou la station qu’ils ha- bitent. Conchiliologie . — M. Thom. Brown a republié son Con- chologists Textbook) l’intéressant Mémoire deM. Rich. Owen sur le nautile a été traduit en français , aussi bien que le clas- sement des ammonées , de M. de Buch par M. Domnando (An- 120 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. noies des sciences naturelles). M. Domnando va donner la tra- duction du Mémoire de M.de Munster sur les planulitcs et les goniatites. M. John Warren va publier a Boston un Traité de con- chiliologie * M. Gould a traduit dans la même ville les genres de coquilles de M. Lamark , avec un catalogue des espèces ( Lamarcks généra . of sliclls . 1 833 , in-i8° ). M. Lukis a publié des remarques sur les mollusques perjo «• rans y et les moyens qu’ils emploient pour s’introduire sous l’eau dans les roches et les cailloux ( Mag. of nat . hist. , vol. YI, n° 35, p. 4oi ). M. J. Ed. Gray a étudié la structure des coquilles et V éco- nomie des mollusques ( dito y déc. 1 833 , p. 45^ , et Phil. Trans . Lond . , 1 833 , part, 2 ). M. L.-C. Kiener vient de commencer un Species general et une Iconographie des coquilles vivantes, comprenant leMusée- Masséna, la Collection-Lamark , celle du muséum d’histoire naturelle , et les découvertes récentes des voyageurs. M. de Férussac a commencé la publication de sa Mono- graphie des céphalopodes crypto débranches , et celle des plé- ropodes , ouvrages faits avec MM. Rang et Alcide d’Orbigny. M. Martin Saint-Ange a fait un travail sur les cirripèdes , dans lequel il cherche à établir que cette classe, ou au moins les cirripèdes pédicules de Lamark, offrent des rapports nom- breux avec les annélides, et sont liés d’une manière beaucoup plus intime avec les crustacés inférieurs ( Institut , n° 27 p p. 226 ). Zoophytes . — M. le docteur Grant continue ses observa- tions sur la classe des zoophytes. Il a lu à la Société zoologique de Londres un Mémoire dans lequel il étudie les sécrétions de cette infinité innombrable d’animaux, et la formation des ro^» chers résultant d’êtres si petits ( Trans. of the zooL Soc . oj London y vol. Iep ). M. le docteur Ehrenberg prépare un grand Mémoire sur les polypiers et la formation des récifs de coraux dans la mer Rouge. M. Guill. Fréd. Jaeger a publié, à Zurich, une Dissertation inaugurale latine sur les holothuries (Holoihuria , in-4°, avec 3 planches ). § il. Botanique . M. Àug. Pyr. de Candolle a publié une Note sur la division RESUME DES PROGRÈS I 24 du règne végétal en quatre" grandes classes ou embranchement . II diviseles plantes d’après les organes de fructification et de nu- trition, en phanérogames (vasculaires), dicotvlédons ou mo- nocotylédons (endogènes), et en cryptogames (celluleux), œlheogames (semi-vasculaires), ou ampliigames (cellulaires). Passant aux idées philosophiques, il met en parallèle les dico- tylédons avec les animaux vertébrés, les monocotylédons avec les mollusques, les œthéogames avec les articulés, et les ani» phigames avec les zoophites. Sur 1,000 plantes, on connaî- trait dans l’univers 636 dicotylédons , 1 44 monocotylédons, 65 œthéogames, et 1 55 amphigames : ainsi il ne faut pas gé- néraliser outre mesure l’idée, déduite du règne animal, que les espèces des êtres organisés sont d’autant plus nombreuses dans la nature, qu’elles sont plus imparfaites, puisque, d’a- près les observations actuelles dans le règne végétal , elles of- frent le résultat contraire ( Bibl . univ ., nov. 1 833 ). M. le docteur Meyen a rapporté de Manille et de Puo-Janeiro des troncs de palmiers et de fougères arborescentes , dont la comparaison de leur structure intérieure lui a fourni le sujet d’un Mémoire botanique fort important pour la paléonto- logie végétale. En physiologie végétale je dois encore signaler les expé- riences sur la génération des plantes , par M. Girou de Buzar- eingues, qui nous intéressent par les détails sur l’hybridi té ( Institut , 14 sept. 1 833 , p. i54); le Mémoire, couronné par l’Académie, de M. Schultz sur la circulation des sucs dans les plantes ( Institut , n° 32, p. 271 ); les Observations de M. Gaudichaud sur l’accroissement des tiges ( Archiv . de Bo- tanique , 1 833 ) • les Recherches physiques et chimiques de M. Edwards sur la végétation (Rev. encycl. , avril, p. 292, et Institut , n° 34, p. 9 ); l’application faite par Becquerel de Y électro-chimie à la physiologie végétale ( dito , p. 289); les Recherches de M. Biot pour servir à l’histoire de la végé- tation ( Institut , n° 27, p. 229, n° 4<>? p. 34, et n° 4ï , p* 66, N. Bull . de Sc., i833, p. 1 1 8 ) ;les Nouvelles expériences de M. Goeppert sur l’influence de divers acides, des alcalis, de l’iode, du brome, etc., sur la germination des plantes; le traité de physiologie générale , végétale et animale ( Lehr- huchy etc. , Heidelberg, i833, in-8°), par M.J. B. Wildbrand; le mémoire sur la respiration des plantes ( de respiratione plant., etc., Heidelberg, 3 833, in-4° à 1 pl. ) , par M. G. W. Focke; les Recherches de M. Ad. Brongniart sur la structure i&5 DÈS SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. de l’épiderme des végétaux ( Institut , u° 34, p. 7 ), et les Ob- servations de M. Dutrocliet sur l’origine des moisissures (dito , p. 8 et Annal . des sc . nat . i834 )• § 111. Géographie animale et végétale . L’étude de la géographie des animaux et des plantes est liée étroitement aux déductions qu’on peut tirer de la paléonto- logie; il faut donc que le géologue rassemble péniblement tous les documens qui apparaissent successivement sur cette nou- velle branche d’histoire naturelle. A l’égard de l’homme, nous sommes heureux de posséder un des savans les plus versés dans l’étude philosophique de l’espèce humaine, et dont il me suffit de rappeler ici ses Prin- cipes de philosophie zoologique (Paris, i83o), son Histoire générale et particulière des anomalies de V organisation chez V homme et les animaux (Paris, i833), et en particulier ses Discussions sur les nains et les géans . M. Cox a publié un Mémoire sur les circonstances qui mo- difient ! existence des animaux dans les régions septentrio- nales (Lond. a . Edinh . phil. Mag., oct. i833, p. 3o3). Le ra- bougrissement des êtres, le changement de formes de certaines de leurs parties, leurs appareils protecteurs contre le froid, et leurs modes particuliers de vie et de nourriture, sont des objets dignes de fixer notre attention. M. Gloger a imprimé un Mémoire sur les changemens dans les oiseaux par V influence des climats (Breslau, i833, in-8°). Une autre question, qui se lie étroitement à celle-ci, c’est la cause des migrations de divers animaux du nord au sud dans certaines saisons , et du sud au nord dans d’autres. Les migrations des oiseaux ont occupé plusieurs zoologues ces dernières aimées , tels que M. Necker de Genève ; les Mé- moires de l’Académie de Stockholm contiennent de curieuses remarques à cet égard. En 1 833, M. W.-P. Bree a repris ses observations sur les hirondelles , ces oiseaux sur l’hivernage desquels on a fait tant de suppositions singulières, et dont on ne connaît pas encore précisément le lieu ( Mag. of nat . hist. , vol. Y, n° 24, p. i45). M. James Rennie a publié un Traité sur les mœurs des oi- seaux {Habits ofhirds . Londres, i833, in~ia). Si une foule de circonstances naturelles accessoires modifient les êtres yiyans , l’homme peut^wjsi produire des chaogemens ]*2f) RÉSUMÉ DES PROGRES dans les animaux en remontant aux causes premières des mo- difications : c’est là le point de contact de l'histoire naturel e géologique avec l’art vétérinaire. M. F. Schmalz a publié un traité sur les moyens d’amélio* rer les races des animaux ( Thier Vetedlungs Kunde . Ronigs- berg, i832, in-8°, avec 17 pl. in-fol. ). Quelques pensées sur la distribution géographique des in- sectes se trouvent dans le Magasin entomologique de Londres (vol. II, cah. 6, art. 4* Janvier i834 )• M. G. C. Reich a publié un Mémoire sur la distribution géographique des insectes, et surtout des coléoptères ( Verh. d. Leop . CaroL Acad . d . Natur ., vol. XVI, part. 2, p. 8o5). M. Osw. Heer a donné une Notice sur la distribution géo- graphique des coléoptères dans les Alpes de la Suisse, surtout d’après l’élévation respective de leurs îiabitations ( Mittheil. ans d. Gebiete d . theoret . Erdkund. Cah. I, p. 36). M. d’Orbigny a recueilli des notions précieuses sur la Géo- graphie des plantes , des animaux et des oiseaux , dans V Amé- rique méridionale , depuis le 1 1° latitude sud jusqu’au 43° , et depuis la côte jusqu’à i5,ooo pieds d’élévation. Ainsi, sur les Andes , sous le 16®, à une hauteur de 1 1,000 pieds, il a trouvé des espèces d’oiseaux analogues à ceux du 4*°* Il a aussi étudié la distribution des mollusquesetdes zoophy tes marins des côtes de ce continent. Géographie des plantes . — La géographie des végétaux a donné lieu en Angleterre à plusieurs Mémoires. M. Robsahn a publié une Dissertation sur la géographie des plantes cultivées ( Diss. geographiam plantar . cultar . , etc. XJpsal, i833,in-4°). M. C. Hewitt Watson a esquissé la distribution géogra- phique des plantes vasculaires de la Grande-Bretagne ( O ut- line s qf the geographical distribution y etc. Edimb* i833, in-8°). Le même auteur a fait des observations sur la végétation et la température des montagnes de l’Ecosse, très favorables pour observer les zones végétatives superposées les unes aux autres ( Edinb. n* phil.j. , i833, n° 28, p. 317). M. Haussmann a donné un article sur la végétation du Harz (Ub.de gegenw. Zustand u. d. TVichiigk. d. Hannov. Jlarzes7 1 83a , p. 34-4 ï ). M. Moris promet une Géographie botanique clu Pié- mont. D’après M. le capitaine Cook ; Y Espagne se divise en trois DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN î 855. I27 zones : celle du nord, comprenant la Gallieie, les Asturies et les provinces basques, la Navarre-Supérieure, et la partie mari- time de la Vieille-Castille. Ses limites naturelles sont les mon- tagnes de la Castille , le grand plateau central d’Espagne, et l'extrémité des Pyrénées Occidentales , dans la Navarre-Infé- rieure et la Vieille-Castille. C'est la région de l’humidité , de la verdure, des pâturages; et le long de la côte règne une égalité remarquable de température. La végétation y est caractérisée par les chênes ( Quercus robur et ilex) , le chêne vert, si répandu en Espagne, les bruyères ( Menziezia Daboeci ) , YUleæ stricta et europea > et d'autres plantes du Nord et de FEurope occidentale; on n’y produit ni vin ni huile. La seconde zone d’Espagne est plus étendue, et comprend les Castilles, l’Estramadure , l' Aragon , une partie de la Cata- logne , avec des portions élevées des royaumes de Valence et de Murcie , ainsi que de l’Andalousie. Une sécheresse presque constante de l'atmosphère caractérise cette portion considé- rable de l'Espagne, dont la fertilité est entretenue par des pluies tombant abondamment en hiver et dans le printemps , sur un sol en général tenace. Cette région comprend des climats, des élévations et des sois divers, sur lesquels on élève surtout les mérinos, et cultive de bons vignobles; l’olivier y croît dans quelques parties, et le ver à soie y prospérerait. La partie supérieure de l’Aragon et de la Catalogne a aussi un climat fort sec , quoique placé au pied des Pyrénées , parce que les vapeurs de l'Atlantique retombent en pluie ou neige sur les flancs occidentaux des Hautes-Pyrénées. De vastes forêts de pins se trouvent dans F Aragon , la Sierra de Cuença, celle de Segura, le Guadarrama, et la chaîne centrale de Castille ; Y Ilex d'Espagne, les chênes appelés Quercus losa et prasincij le citise blanc caractérisent la végétation de cette région. La troisième zone est celle qui s’étend le long de la côte de la Méditerranée dans F Andalousie-Occidentale et la vallée du Guadalquivir. Abrité du nord, l’air y est sec et chaud pendant une grande partie de l’année; les hivers y sont tempérés et ac- compagnés de pluies abondantes. C’est la région des citronniers, des orangers et des palmiers; l’aloès, les cactus, la hatate, le co- tonnier, la canne à sucre, le riz, y croissent. C'est presque la seule partie de l'Espagne où Fou cultive le mûrier et le ver à RÉSUMÉ DES PROGRES Î28 soie. Les salsolas y produisent la barilla, et la racine de réglisse y forme une branche de commerce. Naturellement les végé- taux et les animaux sont distribués suivant ces trois zones natu- relles ( Slietclies in Spain , vol. II , p. 2 i6-223 ). Dans les chaînes des Castilles les chênes , les châtaigniers, les noisetiers, etc., forment les forêts des Asturies dans le golfe de Biscaye; plus haut viennent les bouleaux et le Quercus pra - sina. Au sud de Yaliadolid la chaîne de Guadarrama a une zone élevée de P inus silvestris , au-dessous de laquelle se trouvent le Pinus pinaster , puis les bois de chêne ( Q . tosa,encinay etc.). Autour de Madrid végètent les Pinus halepensis , encina , etc., à un niveau inférieur ; au sud , le Pinus pinaster ; puis, dans la Sierra de Cuença, sur le versant nord, le Pinus pinaster ; sur le côté sud, le Pinus hispanica ? qui existe aussi dans la Sierra de Segura, et plus haut, descendant vers Aalence, de nou- veau le pin d’Alep ( Shetches in Spain , vol. II , p. 223 à 232 ). M. le capitaine Cook a encore donné d’intéressans détails sur la végétation forestière de V Espagne , dont la diversité forme autant d'échelons différens sur la pente des chaînes. Ainsi dans les Hautes-Pyrénées il nous montre, sur leur pied sep- tentrional , les chênes, les noyers, suivis successivement par la zone des bouleaux et des aulnes, parcelle du pin argenté (67/- ver fir ) et du pin d’Ecosse ; enfin par celle du Pinus uncinata , tandis que sur le versant méridional le pin d’Alep de la base de la chaîne est remplacé plus haut, dans les forêts, par le pin des Pyrénées , puis par ceux d’Ecosse, et le Pinus uncinata . Dans l’expédition scientifique de Morée, M. le colonel Borv de Saint- Vincent, aidé de notre confrère M. Chaubard , a inséré des notions précieuses sur la géographie des plantes, tant ter- restres que marines. La végétation de la Grèce a les plus grands rapports avec les flores de l’Italie et de la Bétique ; mais il s’y mêle des plantes de Libye et quelques végétaux d’Asie. La Méditerranée n’est pas riche en productions naturelles, tant végétales que zoophy tiques , comparativement à celles des côtes océaniques. La première mer serait- elle aux océans ce que sont aux plaines de notre terre les montagnes , où la végé- tation va en s’appauvrissant , en proportion et en nombre d’es- pèces à mesure qu’on s’élève. M. Martius a fait des observations sur la Géographie des plantes des Indes orientales (Al)g. bot. Zeit, 1834, n° j, p, 1 ). DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 835. I2Q L’observation des particularités des flores et faunes insu- laires est intéressante pour le géologue, en temps qu’elle peut conduire plus sûrement au but de ses recherches que celle des flores continentales. Sous ce rapport, la Flore de Madagas- car et des îles voisines , comparée à celle de l’Archipel indien et de l’Afrique, a offert à M. Bouton un sujet curieux à mé- diter. La Flore de Vile Juan Fernandez , donnée par MM. Gay et Bertero , est un cas intéressant semblable. Sur une centaine de plantes, plus de la moitié sont cryptogames, et notamment des fougères qui forment un cinquième de la végétation; deux tiers des végétaux paraissent propres à l’îie, et sont fort re- marquables. En étudiant la botanique de Vile de Timor , M. Decaisne a reconnu sur les côtes la végétation ordinaire des îles de l’o- céan Pacifique, sous les tropiques; mais dans l’intérieur, des plantes des îles africaines et de la côte d’Afrique. Il y a même des espèces identiques avec celles qu’on trouve en Sénégambie et au Congo. M. Ach. Richard a publié un Essai d'une Flore de la Nou- velle-Zélande dans le Voyage de l’Astrolabe. Cette végétation antarctique ressemble le plus a celle des côtes méridionales de la Nouvelle-Hollande; cependant quelques genres lui sont communs avec la côte du Chili. La question de la liaison des plantes avec le sol sur lequel elles croissent a occupé M. Watson, ainsi que M. Alex. Mur- ray' ( Mag . of hist . nat, , vol. VI, n° 35, p. 4*^4 ? et n° p. 335 ) , qui adoptent à cet égard les idées modernes et ra- tionnelles de M. de Candolle. M. Henslow a communiqué à la réunion des savans , à Ox- ford , un Mémoire sur la distribution géographique des plantes du comté de Cambridge , et a conclu que les trois régions bo- taniques de ce comté ne coïncident pas avec ses divisions géo- logiques. M. le docteur Daubeny a publié un Essai pour indiquer les stations des plantes, ainsi que la nature géologique du sol ou elles végètent , et en a fait une application à la Flore d’Oxford ( Specimen of a proposed index to the Oxfordshire Flora, etc., i833,in-8°). Comme chimiste , il a été conduit naturellement à examiner jusqu’à quel point les plantes choisissent les élémens terreux qui se présentent à leurs surfaces absorbantes. C’est le sujet d’un Soc* géoL Tome V. 9 l50 RÉSUMÉ DES PROGRES Mémoire qu’il a lu en novembre à la Société linnéenne de Londres. Ses expériences ne lui permettent pas de décider si les végé- taux eux-mêmes forment ou non leurs élémens terreux lors- qu’ils en sont éloignés • mais elles lui ont prouvé que les plantes jouissent de l’exercice d’un choix facultatif par rapport aux parties terreuses qui leur sont offertes , et que certaines lois originaires naturelles règlent les élémens de ce genre qui en- trent dans leur composition, quoique la quantité de ces der- niers dépende de leur masse plus ou moins grande autour des absorbans des végétaux ( Lond. a . Edinb. phil. Mag . Jan- vier i834, p. 53 ). CHAPITRE IL MINÉRALOGIE. M. W. Whewell a fait un Rapport sur les progrès et sur T état actuel de la minéralogie , qu’il considère successive- ment sous les rapports des caractères physiques des minéraux, de la cristallographie , des propriétés optiques des minéraux , de leur composition chimique, de leur classement , et de cer- taines découvertes particulières. Malgré quelques omissions relativement à des travaux faits sur le continent, ce résumé se lit avec un grand intérêt, comme on peut s’en convaincre par l’énoncé brief des sujets qui y sont traités. Pour les caractères physiques, MM. Mohs et Breithaupt (1) ont établi plus de précision dans l’emploi du caractère de la dureté , et les mêmes minéralogistes , ainsi que M. Beudant ont étudié plus scrupuleusement la pesanteur spécifique des corps f tandis que pour les couleurs et l’éclat des minéraux , MM. Brewster, Airv, et Breithaupt ont inventé des instrumens pour leur perception plus complète , ou ont étudié ces pro- priétés optiques. Quant au clivage, M. Brewster a suggéré une méthode pour rendre visibles les clivages indistincts. (1). M. Whewell se trompe , en qualifiant MM. Breithaupt et Haussmann d’élèves de M. Mohs ; rivaux tous trois , cette erreur lie leur doit pa$ même être agréable. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN i853. l5l Quant à la cristallographie, M. Whewell développe la nou- velle face de la science depuis que l’ancien arrangement et la théorie de Haiiy a fai t place à l’adoption d’un certain nombre de systèmes cristallins* Ce principe est si simple, et si conforme aux propriétés optiques des cristaux, qu’il a été admis généra- lement. M. Whewell montre la voie mathématique différente sui- vie par les diverses écoles et leurs élèves; d’un côté, Haiiy, MM* Mohs, Haidinger, et Haussmann, se tenant surtout aux constructions et calculs fondés sur la géométrie des solides. De l’autre, MM. Weiss, Levy , Rose, Kupffer et Kohler, employant les méthodes de géométrie analytique, et M. Nau- mann se déterminant enfin pour ce mode, comme le plus simple et le plus naturel , et offrant sous la forme de tables les résultats des combinaisons les plus fréquentes. De son côté, M. Brooke et d’autres ont employé en grande partie les formules de la trigonométrie sphérique , ce qui a jle grand avantage de permettre de faire les calculs immédiate- ment par le moyen des tables de logarithmes , tandis que MM. Grassmann (Ub. physikaL Kristallonomie , 1829 ) et Neu- mann , ont considéré la cristallographie ( Beitrage z, Kris- tallonomie, Berlin, 1823, in-8°)sous des points de vue mathé* matiques différens. MM. Phillips , Mar x(Geschichl d . Cristallkunde , Carlsruhe, ï825), Bernhardi (Beitrage z. Kenntnis. d . Cristallformen, Er- furt, 1827 ), et Hessel ( Cristallométrie , Leipzig, i83i), etc., ont fourni aussi leur part à l’avancement de la cristallographie. Parmi les Mémoires sur des questions particulières de cristal - loméirie,M . Whewell signale surtout la dissertation de M. Hai- dinger sur les macles , les cas de filets interposés dans certains cristaux, et leur donnant des propriétés optiques particulières , comme l’a démontré M. Brewster, la discussion de savoir si le prisme oblique et les formes qui en dérivent doivent consti- tuer un système particulier • enfin les limites posées par la na- ture à l’hypothèse de M. Haiiy sur les décroissemens. Quant au mode de déduire les lois de la formation des faces d’un cristal, il a donc été fort simplifié, puisque au lieu des calculs trigonométriques et algébriques, de M. Haüy , dans la plupart des cas la loi peut être déduite des propriétés visibles,, et surtout du parallélisme des angles des faces. Néanmoins la détermination des lois pour toutes les faces d’une espèce est un travail de tête et de patience. À cet égard , aux résultats pré^ RESUME DES PROGRES 332 sentes par Hatxy , sont venus se joindre ceux de M. Weiss en particulier sur les espèces de la sélénite, du feldspath et de l’é- pidote. M. Mohsa aussi fourni sa part de renseignemens; plus ré- cemment, M. Hessel s’est occupé du feldspath, et M. Zippe du carbonate de cuivre. Enfin , la notation cri stallom étriqué a subi des améliora- tions; c’est encore celle de M. Naumann qui serait la meil- leure. Quant aux propriétés optiques , Malus avait établi des différences relativement à la double réfraction ; M Biot avait séparé les cristaux à double réfraction en deux, savoir : ceux qu’ils appelaient attractifs, et les cristaux répulsifs. M. Haüv avait trouvé que les substances ayant le cube, l’octaèdre , le dodécaè- dre, etc., pour forme primitive, ne jouissaient pas de la double réfraction. Mais M. Brewster serait en grande partie le créateur et le puissant promoteur de la science qui nous apprend la dé- pendance mutuelle des propriétés optiques, et des formes cristallines {V oy. la section de la physique, article Optique ). Le fait est que, dans ses travaux , ce physicien n’a jamais né- gligé d’appliquer tout de suite ses découvertes à la miné- ralogie. L’étude de la lumière polarisée nous a donné de nouveaux moyens d’examiner les propriétés des minéraux et surtout des cristaux; l’optique et la cristallographie sont désormais les deux divisions d’une science dont les limites n’ont pas encore été appréciées. La Minéralogie chimique est la partie qui a fourni le plus de Mémoires , et qui cependant a fait le moins de progrès. On n’a pu établir aucune loi générale pour de grandes classes de minéraux , et même la nature véritable des espèces , à l’exception d’un très petit nombre , est sujette à contestation. Les chimistes s'occupant d’analyses sont rebutés en voyant leurs pénibles travaux s’accumuler sans en pouvoir tirer déjà quelque généralisation. Néanmoins la loi de Y isomorphisme établie par M. Mitscher- lich a ouvert la voie à un avenir de progrès , quoiqu’il faille répéter l’analyse d’une même espèce sur divers échantillons, de plusieurs localités , et sur quelques unes de ses variétés , avant de pouvoir espérer avoir une idée de la nature d’une espèce véritable. La notation chimique introduite par Berzelius , et modifiée par d’autres sayans, tels que M. Beudant , est indispeusable des sciences géologiques en 1 855. i55 pour le minéralogiste, surtout depuis rétablissement de la doctrine de l’isomorphisme. Une controverse s’est engagée entre MM. Berzelius et Whe- well sur la manière de construire les formules chimiques ; ce dernier reproche aux formules employées par l’illustre Suédois d’ètre fondée sur une hypothèse relativement aumodedecompo- sition; tandis qu’en employant des formules semblables, formées d’après les lois de l’algèbre , on peut indiquer la différence de composition , et les diverses opinions théoriques sans en em- brasser exclusivement aucune ( Rapport annuel de V Acad, des sc . de Stockholm, i832 , et Lond . a . Edinb . phil. Mag . f janvier i834 , p. 10 ). M. Kupffer a prétendu donner une loi montrant les rapports de dépendance des formes cristallines avec la pesanteur spé- cifique et le poids atomique des corps . M. Whewell n’en est pas satisfait, parce que dans la comparaison des résultats nu- mériques les propriétés exprimées par les nombres ne lui pa- raissaient pas être clairement les mêmes dans les différens cas. La connexion de la composition chimique avec la forme cristalline est le grand problème à résoudre ; aussi ne doit-on pas être étonné de voir des personnes énoncer à cet égard des hypothèses. Ainsi, M. Breithaupt conjecture que le boron est l’élément producteur de la polarité électrique et cristalline qu’il attribue au boracite , à la tourmaline et à l’axinite. (Auswahl d. Dresd. RV erner. Gesellsch. , vol. II. ) M. Magnus n’a pu découvrir la différence chimique entre le grenat, substance du système tessulaire, et l’idocrase, miné- ral pyramidal. M. Berzelius ne trouve pas de différence entre les pyrites hexaèdre et prismatique. Plus récemment, M. Am- j pecli a analysé plusieurs minéraux tessulaires (Spinelle, Pléo- naste , Gahnite, Franklinite, le fer chromé), et il a pu arriver à un commun type pour leurs formules chimiques , puisqu’ils 1 appartiennent tous au même système. Ces corps formeraient deux classes, dont les ingrédiens de l’une contiendraient trois fois plus d’oxigène que ceux de l’autre. On pourra arriver à des lois semblables pour les autres systèmes. Après avoir parlé de la production artificielle des miné- raux (voyez la section de la chimie ) , M. Whewell rappelle les intéressantes expériences de M. Beudant sur les circonstances si variées qui déterminent les modifications différentes de la forme primitive des cristaux \ ce savant est arrivé à trouver les moyens de produire à volonté l’une ou l’autre des mo- RÉSUMÉ UES PROGRÈS i54 difications {Ann. de chim.y et Syst. de Miner. , vol. I , p. 190). Dans la nature, on a surpris aussi dans l’acte de la cristalli- sation différentes substances qu’on ne peut pas encore obtenir cristallisées dans les laboratoires. Ainsi , M. Repetti a observé du quarz encore dans un état de mollesse, et on dit avoir vu des cas semblables pour l’opale , le béril et la baryte. M. Haidinger est le minéralogiste qui s’est le plus occupé des pseudomorphoses , de ce qu’il nomme les minéraux pa- rasites , sujet curieux , et offrant encore des problèmes chimi- ques à résoudre; enfin, les méthodes d’analyse minérale sont devenues plus exactes. Pour la classification des minéraux , on n’est encore tombé d’accord sur aucun principe fixe, et même on est encore en désaccord sur les limites et la définition des espèces en général. Dans l’école cristallométrique , on a substitué à la définition de l’espèce par Ilaüy la suivante : « La même forme primaire » avec les mêmes angles fondamentaux de clivage, combinée » avec une identité approximative des caractères chimiques et » physiques. » Mais avant d’en faire un axiome, il fallait voir s’il s’appliquait à tous les cas : or; maintenant on est convaincu du contraire. La question est de savoir dJabord si , comme le pense M. Brooke, les angles des cristaux varient per saltum , c’est-à- dire invariablement d’une substance à une autre , ou si une variation s’établit à cet égard par des degrés insensibles, et en correspondance avec des gradations dans les proportions des élémens , comme le croit M. Beudant. Dans les groupes isomorphes , la forme et l’égale valeur des angles ne sont guère établis qu’approximativement. M. Miller leur a donné pour cela le nom deplésiomorphes , et on peut se demander si, en exceptant toutefois ceux du système tessulaire, il y a vraiment des groupes strictement isomorphes. Ainsi , si M. Rose a établi de semblables groupemens pour le pyroxène, M. Bonsdorff pour l’amphibole, M. Whewelî demande si l’exacte identité des angles des cristaux a été toujours obtenue par le goniomètre, et si ces minéraux ne présenteraient pas à cet égard des différences comme le feldspath. M. Breithaupt a été même plus loin, et a trouvé que des an- gles correspondans ou homologues que la loi de symétrie donne pour égaux , donnent des différences appréciables sous le goniomètre. M. Wollaston a fait un beau présent aux miné- ralogistes dans le goniomètre à réflexion ; mais il restera une 1 3 5 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l835. expression précise d'une langue inconnue jusqu’à ce qu’on ait acquis la connaissance des lois de la constance et des variations des angles à mesurer. Nous ne savons pas encore si les groupes isomorphes ou plé- siomorphes correspondent à des espèces ou à quelques divisions supérieures, ou s’ils renferment en eux-mêmes une subdivision définie de sous-groupes. M. Gustave Rose a mis à nu cette incertitude par son Mémoire sur la réunion du pyroxène et de l’amphibole. Le Mémoire de M. Kobell sur le diallage et le bronzite tend au même but. Malgré l’importance des propriétés optiques des minéraux, elles ne nous tirent pas d’embarras f car du moins , pour le moment, les distinctions établies par cette voie ne peuvent pas prendre la place des divisions par familles. Ainsi, M. Brewster distingue dans l'espèce minéralogique et chimique de l’Apo- phyllite, son Tesselite et son Leucocvclite , et M. Herschel trouve même dans le cristal d’une substance trois portions possédant chacune des propriétés différentes. On connaît les variations d’angle entre les axes des topases de diverses locali- tés, et la perplexité inouïe dans laquelle l'optique jette le mi- néralogiste relativement aux micas. Parmi les propriétés qui ont été proposées comme limites de connexion entre les membres des groupes plésiomorphes,on peu t citer les formules de M. Naumann , exprimant certaines rela- tions algébriques simples entre les dimensions des différens axes. Ainsi , les formes primitives prismatiques droites dans le carbonate de baryte , de strontiane, etc. , sont toutes dans le rapport de 2 a = b -j- c , quoique la grandeur de a , b , c soit sujette à varier. M. Whewell passant ensuite au système de classification , expose les de M. Mohs, qui a voulu appliquer à la miné- ralogie la caractéristique de la botanique et de la zoologie; il a été imité par M. Breithaupt ( 1820) , et commenté en An- gleterre par M. Haidinger. M. Whewell oppose /’ 'école purement chimique de M. Ber- zelius à la précédente, qui a maintenant un bon nombre de cultivateurs, mais dont jusqu’ici la géologie n’a guère vu s’in- troduire dans son langage la nouvelle nomenclature. Si M. Whewell reconnaît dans le système du savant suédois la symétrie nécessaire pour l’arrangement des produits d’un laboratoire , basé sur la théorie électro-chimique et la doctrine des proportions définies , ce classement contenait, dès sa pre- 1 36 RÉSUMÉ DES PROGRES niière apparition en 1816 des germes de confusion. M. Whe well porte le même jugement sur les classifications analogues de MM. Brongniart et de Léonhard. En 1824, M. Berzelius fut obligé par la découverte de la doctrine de l’isomorphisme de modifier son système. Il classa les minéraux d’après leur élément électro-positif, et reconnut toutefois que la difficulté élevée par l’isomorphisme était diminuée et non levée. E11 1824, M. Beudant établit son. système sur deux princi- pes, savoir : que l’élément électro-négatif caractérise plus sou- vent les combinaisons que l’élément opposé , et que les élé- mens électro-négatifs peuvent être rangés en série circulaire. MM. Gmelin , Nordenskiold , Bonsdorff et Keferstein pré- sentèrent successivement des systèmes analogues aux précé- dens avec quelques modifications. Malgré toutes ces divergences , M. Whewell conclut qu’il y a une tendance de rapprochement entre les méthodes chi- miques et minéralogiques, et il cite à l’appui les plus récens systèmes de MM. Berzelius et Beudant, dont le premier, adopté dans le Musée britannique, donne à la collection un aspect plus intéressant que jadis. Néanmoins, il y a un milieu à tenir entre les classemens tout-à-fait chimiques et purement minéralogi- ques, et dans ce genre le système de M. Naumann paraît oc- cuper la première place. L’excellente caractéristique de M. Beu- dant y est réunie à la méthode cristallographique la plus perfectionnée. Après s’être élevé contre ce renouvellement trop fréquent de nomenclature en minéralogie , et les nouveaux noms don- nés sans utilité réelle , M. Whewell voudrait qu’on conservât à chaque espèce le nom de l’ordre avec un adjectif indi- quant son système de cristallisation, ou quelque particularité cristallographique. Enfin, il fait ressortir combien peu les minéralogistes an- glais se sont occupés de systématiser la minéralogie, tandis qu’ils n’ont fait que suivre à cet égard l’impulsion reçue de France , d’Allemagne et de Suède {Second report of the brit. assoc. , p. 322 à 365 ). M. de Kobell a résumé à l’Académie de Munich les progrès de la minéralogie depuis Haiiy [IJ ber die Fortchritte der Mi - neralogie , etc. , Munich. In-4° )• La publication minéralogique annuelle commencée par M. Glocker, de Breslau , sous le titre de Miner alo gis che J ah - rcshefte } doit être bien reçue du public ; car, à présent , il n’y DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833. l5y a aucun journal qui rende compte des progrès de la minéra- logie,science surtout cultivée en Allemagne. JadisM. Léonhard accomplissait cette tâche avec conscience , dans son excellent Taschenbuch. Maintenant la minéralogie chimique se trouve disséminée dans les Annales des mines , le Magasin philoso- phique, et les Comptes-Rendus annuels de M. Berzelius ; tandis que trois ou quatre journaux allemands renferment plutôt les nouvelles découvertes de la minéralogie cristallographique. Partout la géologie^ tend à empiéter sur le domaine delà mi- néralogie , d’autant plus que les progrès de cette dernière science deviennent toujours plus difficiles à suivre , vu l'accu- mulation des analyses chimiques, et l’impossibilité de voir et de toucher *ce qu’on croit suffisamment indiqué par une for- mule. Le cristallographe le plus exclusif nous donne au moins des moyens de reconnaissance , tandis que le chimiste semble vouloir nous obliger à une analyse pour chaque minéral qui nous tombera sous la main. M. Glocker commence par l’historique des progrès récens de la minéralogie • puis il entre dans les détails sur les découvertes faites en cristallographie , en physique et chimie minérale \ enfin il parcourt les diverses familles des minéraux pour y si- gnaler les nouvelles espèces ou les observations faites derniè- rement sur les espèces déjà connues. Son ouvrage se termine par un trop court résumé des progrès récens de la géologie, ré- capitulation faite par ordre de grand terrain. ( Voy. pour plus de détails , Institut , n. 47 ? p. n5 ). M. Fréd. Alex. Hartmann avait annoncé pour Pâques de i834 un ouvrage semblable , sous le titre de Répertoire des progrès récens de la minéralogie et de la géologie ( Reper - torium der Minéralogie , etc. Leipzig, in-8°, avecpl. ). § 1. Traités . M. Gérard Graulhie a publié à Londres une syntaxe de la minéralogie, ou les Familles naturelles des minéraux simples, doubles , et composés , formant un cercle complet d’affinités ( Syntax of mineralogy, etc. Londres, i833, une feuille in-fol.). M. C. Saucerotte veut présenter, sous la forme de tableaux synoptiques avec des figures , des Elémens d’histoire naturelle, et il a commencé par le tableau de la minéralogie (Paris, 1 833, in-4° ). M. Alex* Brongniari a publié une nouvelle édition de son i38 RÉSUMÉ DES PROGRES Tableau de la distribution méthodique des espèces minérales suivie dans son Cours de minéralogie . L’espèce minérale est, pour ce professeur, la réunion des individus minéralogiques composée des mêmes élémens dans les memes proportions , et présentant le même type ou système de cristallisation : défini- tion qui tourne autour de la difficulté opposée par le dimor- phisme aux classifications basées sur l’état encore imparfait de la chimie. Les corps qui entrent dans la composition delà croûte du globe se divisent : i° en corps inorganiques, molécules réu- nies en proportions définies , élémens de premier ordre com- posés de un à deux atomes , atomes ne jouant jamais qu’un seul rôle; combinaison fixe, corps cristallisables ( ex. soufre, métaux, acides, sulfures, etc.); 2° en corps organiques, molécules réunies en proportions définies, élémens de premier ordre dis- posés de telle sorte que le même corps peut y jouer deux rôles, celui de base et celui d’acide, combinaison facilement destruc- tive, corps cristallisables (ex. mellite, naphtaline); 3° en corps organisés , molécules réunies en proportions indéfinies , alté- rables après cessation de vitalité, non cristallisables (ex. succin, houille ). M. Brongniart divise les minéraux simples en trois classes : 1° les gazolytes de M. Ampère; 2° les métaux autopsides, ou métaux proprement dits; 3° les métaux hétéropsides, base des terres et des alcalis. Ces derniers comprennent l’ordre des oxides ou hydratés (quarz , etc.), des salifiés (fluorines, etc.), et les sous-ordres des silicates simples ou hydrates (disthène) , des composés de silicate d’alumine , ou de ses isomorphes, et de silicate de chaux , ou de ses isomorphes ( mica, épidote, etc. ) ; des sili- cates alumineux, composés et hydratés (chabasie, etc. ), des silicates d’alumine et de glucine (beril)', des silicates de zircone (zircon), des silicates de thorine, etc., des aluminates (spinelle); enfin les corps organiques et organisés se divisant en acidifères ( mellites ) , hydrocarbones ( naphtaline ) et charbons fossiles. M. F. de Kobell a dressé des tableaux pour la détermination des minéraux au moyen d’essais chimiques simples par la voie sèche ou humide ( Tafeln zur Bestimmwig d. Minera lien , etc. Munich, i833, in-4° )* M. G. Suckow a promis pour Pâques des Elemens de minéra- logie ( Grundriss der Minéralogie . Darmstadt, i834 , in-8°). M. de Léonhard a donné une seconde édition de ses Eié- DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 855. iSg mens d’oryctognosie ( Grundzuge der Oryktognosie , in-8° ). Il y adopte le système chimique de M. Gmelin. M. le docteur R. Blum a publié un Traité élémentaire d’oryc- tognosi e{Lehrbuch etc. Stuttgard, in-8°), dans lequel il suit un système particulier, et introduit des figures de cristaux dans le texte. M. Aug. Breithaupt a donné une troisième édition de sa Ca- ractéristique complète du système minéral ( Vollst . Charakte - ristik , etc. Leipsig, i832, i vol. in-8°). M. Zeiszner a publié un Système de minéralogie , d’après les principes de M. Berzelius ( Systemat miner alow wedlug ra- sud y etc. Cracovie, i833,in-8°). M. le professeur Démétrius Sokolov a publié , à Saint-Pé- tersbourg, un traité de minéralogie ( Roukovadstvo k. mine - ralogii , 2 vol. in-8° ). M. Fréd. Baddeley va publier à Quebec un tableau des mi- néraux métalliques , avec leurs caractères , leurs noms , leurs usages , etc. A Tabular view qf metallic minerais , etc. ( Amer . J. of. sc vol. 25 , n. 1 ). Minéralogie appliquée. — M. K. -B. Presl a commencé la pu- blication d’une Oryctognosie considérée sous le point de vue de la technologie ( Anleilung zum Slhslstudium der OryctQ~ gnosie , Prague, ier cahier. i833 , in*8°). M. C. R. Brard , bien connu par ses ouvrages sur la miné- ralogie appliquée aux arts, a publié la Description historique de sa collection de minéralogie appliquée aux arts (Paris, i833, in-8° ). Il classe les minéraux en huit divisions, suivant qu’ils sont employés dans la bijouterie et la joaillerie, dans les arts mécaniques, pour le dessin, pour l’architecture, dans la fabri- cation des sels, des combustibles et des métaux, dans la méde- cine, dans l’économie domestique et l’agriculture. M. Catullo a imprimé un premier volume d’une Minéralogie appliquée à la médecine ( Mineralogia , etc. Padoue, i833, in>8°). Il y aura un second volume. M. le cheik Refah du Caire est occupé à traduire en arabe une Minéralogie populaire française. § 11. Cristallographie. Voulant publier un Traité complet de minéralogie, M. Gus- tave Rose a commencé par en faire paraître la partie cristallo- graphique ( Elemente der Kry s tallo graphie , etc. Berlin, i833, in-8°, à 10 pl. ). Il y décrit les différentes formes dominantes RÉSUMÉ DES PROGRÈS 140 des six systèmes cristallins adoptés généralement, et il les dé- signe par les dénominations suivantes de M. le professeur Weiss : i° système régulier; trois axes de même espèce, et perpendiculaires entre eux (S. tessulaire de M. Mohs, isomé- trique de M. Naumann , et tétraédrique de M. Beudant)} 2° système, 2 und i axig ; trois axes perpendiculaires entre eux, mais dont deux seulement sont de même espèce (S. pyramidal de M. Mohs, monodimétrique de M. Naumann, et prisma- tique, à base carrée, de M. Beudant); 3° système, 3 und i axig] quatre axes, dont trois sont de même espèce, et se coupent sous des angles de 6o° , le quatrième d’espèce diffé- rente, et perpendiculaire aux trois autres (S. rhomboédrique de MM. Mohs et Beudant, et monotrimétrique de M. Nau- mann); 4° système, i und , i axig ; trois axes d’espèces dif- férentes, mais perpendiculaires entre eux (S. prismatique de M. Mohs, anisométrique deM. Naumann, et prismatique rec- tangulaire droit de M. Beudant) ; 5° système, 2 und i gliedrig ; trois axes d’espèces différentes : le premier, oblique sur le deuxième , et perpendiculaire sur le troisième , et le second et le troisième perpendiculaires entre eux (S. hémiprismatique de M. Mohs, monoclinométrique de M. Naumann, et prisma- tique rectangulaire oblique de M. Beudant); 6° système, i und i gliedrig ; trois axes d’espèces différentes, obliques les uns sur les autres ( S. tétartoprismatique de M. Mohs, trikli- nométrique deM. Naumann, et prismatique oblique, à base de parallélogramme obliquangle, de M. Beudant). Dans chacun de ces systèmes M. Rose distingue des formes homoèdres et hémièdres, c’est-à-dire des formes simples et des formes qui se déduisent des précédentes , lorsque la moitié des faces de ces dernières fait disparaître l’autre moitié. La forme hémièdre est dite à faces inclinées ou parallèles,, suivant que, par suite de la modification de la forme simple , les faces restantes ont perdu ou n’ont pas perdu leurs parallèles. A l’exemple de MM. Weiss et Ratzeburg, M. Rose donne ensuite un tableau complet des minéraux , arrangés d’après leurs divers systèmes cristallins; il ajoute, à côté de chaque mi- néral , la formule de leur analyse chimique , et termine par des discussions intéressantes sur certaines espèces. M. Uhde a donné un Essai philosophique concernant le dé- veloppement des lois mécaniques de la cristallisation, avec des remarques sur les conditions mécaniques de l’état triple d’ag- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN I 835. 1^1 grégation des corps ( V ersuch einer genetischen Entwicke- lung , etc. Brême , i833 , in-8° , avec 4 planches ). M. Kupffer a fait paraître des Elémensde calcul cristallono- mique ( Handbuch der rechnenden Kristallonomie. Saint-Pé- tersbourg, i83i, in-4° avec i4pl«)* M. A. Pokrowsky, de Casan , a développé les méthodes pour reconnaître la dépendance des différentes faces des cristaux, et P utilité des caractères cristallographiques ou extérieurs ( lia - sanskii Veistnik. Janvier i832, p. i-36). M. le docteur Ritgen a donné un Mémoire sur Y influence des différens axes sur la forme cristalline , et sur une parti- cularité en l’apport avec cette cause {N. Jahrb. f. Minerai. , i83 3, cah. 3 , p. 266). M. Voltz vient d'exposer à la Société naturelle de Strasbourg des observations sur les axes des cristaux , pour expliquer cer- tains phénomènes que présentent ces corps , et s'est occupé de la théorie du dimorphisme sous des points de vue nouveaux, ( Yoy. pour les détails Y Institut , n. 46 , p. io3 ). M. A.-E. Prestel a publié une Introduction à la projection en perspective des formes cristallines Anleitung zur pers- pectif. Entveerfung , etc. Gottingue, 1 833 , in-8°, à 7 pl.). A Pâques en iS33, M . le docteur Seebeck a imprimé à Berlin, comme écrit préparatoire des examens du Gymnase, un Mé- moire sur les essais relativement h la dureté des cristaux. Cette intéressante brochure n'étant pas devenue publique, M. Hartmann l’a reproduite dans son nouveau journal. I/au- teur conclut qu’on peut atteindre un degré assez grand de pré- cision dans la recherche de la dureté des minéraux en les rayant, à moins que les corps examinés ne soient soumis à des circonstances qui altèrent leur état propre de cohésion. L’au- teur y discute longuement les causes pour lesquelles des parties d’un même cristal présentent des duretés différentes. M. Fran- kenheim avait déjà montré la connexion de cet accident avec le clivage des cristaux {De Cristallorum cohœsione. Bres- lau, 1829; et Zeitsch. f. Phys., vol. IX , p. 94 et 332). M. Seebeck propose un instrument qui évalue, au moyen de poids, la pression faite en rayant les minéraux - et il donne, comme exemples , les résultats de ses expériences sur la chaux carbonatée et le gypse ( Jahrb . d. Minerai. , etc. Hartmann, vol. I , cah. 1 , p. 123). M. Naumann a donné une notice sur la mesure d’élasticité i4* RÉSUMÉ ï> ES PROGRÈS des substances cristallines homoèdres [Annal d. Phys., i834, vol. 3i , n. 12 , p. 177 ). M. le corate G. de Razoumowski s’est occupé de la perméa- bilité qu’offrent certains minéraux à Teau , à l’humidité et à la lumière. ( /sis. , 1 834 ? cah. 1 , p. 7 ). M. Etienne Davey a communiqué une Note sur des pseudo- morplioses d'étain oxide trouvés dans les mines de Huel CoateS, à Sainte-Agnès, en Cornouailles. Les cristaux ont la forme des rhomboèdres surbaissés du feldspath. Quelques uns ont l’air d’a- voir été brisés et cimentés de nouveau par de petits cristaux d’étain. Les filons qui les contiennent sont dans un granité ou eurite décomposé, et iis s’y trouvent à 35 toises de profondeur ( Trans. of the roy . geoL Soc. of Cornwall) vol. IV, p. 484). M. Breithaupt a déterminé la pesanteur spécifique exacte de plusieurs minéraux ( Jahrb . d. Chem. , i833, cah. VI, p. 44 1 ) y a donné une Note sur des substances métalliques de l’Oural, qui, en partie , ont une pesanteur spécifique plus grande que le platine (dito , cah. 1 , p. 1 ). § m. Minéraux nouveaux. M. Dufrénoy a publié une Note sur le gisement et la com- position de quelques silicates alumineux , qui se trouvent associés à divers minerais et minéraux, dans ces grès curieux décrits si bien par M. de Bonnard, sous le nom d’arkoses et d’arènes. Ces silicates, produits probablement par des sources minérales , sont en rognons, en filets, ou bien disséminés dans la masse de la roche, de manière qu’elles lui donnent une pro- priété pouzzolanique. M. Berthier a déjà fait connaître de ces silicates sous les noms de nontronite et de halloysite. En géné- ral, ils sont composés de silice, d’alumine et d’eau, dans des proportions peu éloignées les unes des autres, et quelques uns renferment du fer au minimum et de la magnésie. M. Dufrénoy a décrit et analysé, i° le silicate de Villefran- clie, placé au contact du granité du lias; *2° celui de la Voulte, dans des arkoses, entre le même calcaire et le granité et associé avec du fer oxidé hydraté; 3° celui de Saint Martin, près de Thiviers , placé dans un grès manganésifère , à la séparation du terrain ancien et de l’oolite inférieur; 4° celui formant la pâte des arènes de Brives et de Montmorillon , dans l’étage inférieur des colites ; 5° celui de[Huelgoet, ressemblant à la crhysoprase, et dans un filon en contact ayec une masse fel4-r DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. l4S spathique injectée {Ann. de Mines , 3mc série, vol. III, liv. 2, p. 3g3). M. Marcel de Serres a imprimé un Mémoire sur les silicates en général , et en particulier sur les silicates non alumineux à base de chaux et de magnésie {Biblioth. univ. Mai i833, P- *9> M. Fournet a décrit, sous le nom de volzine, un oxi-sulfure de zinc, trouvé dans le vallon de Rozier, près de Pongibaud. On ne connaissait jusqu’à présent qu’un seul oxi-sulfure, celui d’antimoine , le kermès natif. M. F. a fait des observations sur l’usage qu'on pourrait faire de la silice gélatineuse de Ceyssat et de Randanne ; elle ren- ferme, sur ioo parties, 87 de silice pure, et n’aurait été vue encore que dans peu de lieux (monts Coirons, Santa-Fiora, Ischia, etc.) {Institut 9 n° 3o, p. 252). M. G. Suckow a donné une description latine de Yapophyl - lite et de la célestine (Iéna, 1882, in-8°). Uozokerite ou cire terrestre, découverte par M. de Meyer, en Moldavie, près de Slanik^ mérite une mention particulière# Ce curieux minéral, décrit par M. Glocker {Journ. de Pliysik « deM. Schweigger ),est en nidsaumilieu d’un grès imprégné de bitume, et dans le voisinage de lignite, de sel et d’eaux miné- rales. Etant sur le pied des Carpathes , il est probablement dans le sol tertiaire; et sa liaison intime avec le naphte, avec lequel il s’identifie par la fusion, semble en faire un naphte concret. M. Breithaupt a donné des Notices sur les espèces du genre spinelle , sur la manière de distinguer le clialkolithe de Yura- nite y et sur un nouveau minerai de fer titanifère du nord de l’Amérique {N. Jahrb. d. Cherr\ie.> i833, n° 12, p. 206, 21 1 et 287). M. Rose est revenu sur la réunion du pyroxène et de l’am- phibole en une seule espèce {Annal, d. Physik. de M. Poggen- dorf, 1 833 ). On sait que M. Glocker a élevé plusieurs objections contre cette idée {Jahrb. d. Chem, de M. Schweigger-Seidel, i832, cah. 5 te 6 ). D’après M. Zippe, le pyrope formerait une espèce particu- lière cristallisant en héxaèdre {Idem, p. 692). M. Gustave Schuler a donné une Note sur ce qu’il appelle legrun eisenerde{le fer terreux vert). La plus grande partie des minéraux ainsi nommés appartient au pinguite de M. Brei- thaupt, et on a confondu sous ce nom le fer terreux de Ro- RÉSUMÉ DES PROGRÈS >44 thehutte au Harz, le choropale, le skorodite terreux, le cui- vre phosphaté, le plomb phosphaté et la terre verte. M. S. distingue le grun eisen erde de Schneeberg, qui con- tient du bismusth, ainsi que du phosphate de fer; il lui paraît être un silicate d’alumine, auquel il donne le nom de hypo - chlorite. Le pinguite existe dans les fentes du basalte , près d’Eisenach. D’après des échantillons de ligurite, envoyés par M. le doc- teur Senoner, de Venise, dans une roche composée de talc et de chlorite, ce ne serait qu’un sphène [N. Jahrb.f. Minerai ., 1 833 , cah. 4 , P* 4°5; et sa Dissertation latine De ferro ochraceo viridi , etc. Iéna, i833, in-8°). Un nouveau minéral , ayant quelque ressemblance avec le quarz , a été découvert associé, avec l’émeraude de Sibérie. M. Nordenskiold y a reconnu un bisilicate de glucinium, et on l’a baptisé du nom de phenakite ( N . Jahrb.f. Min., i833, cah. 5 ,p. 547 ; et Compte rendu de Berzélius, n° i3, p. 160). M. B. Hermann a décrit un nouveau plomb chromé, sous le nom de melanachroïte ; il provient des filons plombifères, dans le calcaire de Beresowsk , dans l’Oural , où il est associé avecduvauquelinite, du plomb phosphaté, chromaté et sulfuré, ainsi que du quarz ( Ann . de M. Poggendorf , vol. XXVIII , p. 162). M. Hess a caractérisé sous le nomd’ Hydroboracite une nou- velle substance du Caucase ( Annal . d. Phys . de M. Poggen- dorf , i834 , n. 4 ? p* 49 )• M. Nordenskiold a décrit et analysé le pyrargyllite ou nou- veau minéral du granité de Helsingfors, en Finlande ; et Yam- phodélite du calcaire de Lojo, dernier minéral ayant, par la cristallisation, quelque analogie avec le feldspath ( Jahresbe - richt . de M. Berzélius, trad. ail., ann. 12, p. 174)* $ M. Fuchs a donné un Mémoire sur l’opale et l’état de cer- tains corps sans formes régulières [Denkschrift. der Munchner Acad . 1 833 ). M. Jackson a décrit et M. Hayes a analysé un nouveau minéral appelé Ledererite . [Amer. J. of. sc., vol. 25, P. 78 ). M. Aug. Laurent a donné une notice sur les schistes bitu- mineux et la paraffine [Ann. de Chim . 1 833 , déc., p. 392 ). § iv. Roches . M. le docteur Freyer a publié à Cracovie une Dissertation sur la meulière [O Bursztynie , i833, in-8°). DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. M. Hessel fait remarquer que le plus ou moins d’efferves- cence avec les acides est un mauvais caractère pour distinguer les carbonates de chaux de ceux de chaux et de magnésie. Il a observé à cet égard des différences notables pour la prompti- tude et la force de l’effervescence (N. Jahrb.J. Minerai , i834> cali. i, p. 4°)* M. Braconnot a soumis à un nouvel examen certaines fier- res figurées et perforées des plateaux des environs de Nancy; et M. Gaillardot a fait des remarques sur d’autres pierres de Lunéville , qu’il conjecture être des coprolites. La connais- sance des zoophytcs fossiles , comme celle des divers genres de coprolites, est intéressée à des recherches de ce genre, que le ridicule jeté sur les pierres figurées fait trop négliger aujour- d’hui. M. de Dechen s’est occupé de la pesanteur spécifique de quelques roches d'Angleterre ( Edinh . N. Phil. j. , n° 29, p. ig4 )• M. le docteur Stockes a récapitulé les cas de formations glo- bulaires dans les roches et certains minéraux . Les causes de cet accident sont le frottement, la décomposition, la cristallisa- tion , le remplissage de cavités par des cristaux divergens, la force de cohésion combinée avec la rotation , enfin la subli- mation. Il tâche de rapporter à ces diverses causes les principales formes globulaires connues (/» of the geol. Soc . of Dublin . Yol. I, part. î, p. i5 ). M. Boblaye a fait des Recherches sur les roches désignées par les anciens sous les noms de marbres lacédémoniens et d’ophites , et a prouvé, par les citations des auteurs et la description des anciennes carrières , qu’on a donné ces deux noms à des variétés du porphyre vert : il propose de lui donner le nom de prasophyre ( Expédition scientifique de Morée )• CINQUIÈME SECTION. GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. M. Guntlier a publié un Traité général de géographie phy- sique (Physische Geschichte unserer Erde. Nuremberg. In*8°). M. Schouw a donné une Esquisse des diverses natures du continent européen [Europa, ein Naturgemalde . Kiel, 1833* Soc . géoL Tome V* io 1 46 RÉSUME DES PROGRES in-8°). M. Hausmann a comparé entre elles la configuration et le climat de la Scandinavie avec la nature de l’Europe méri- dionale et de Tltalie ( U m risse der Natur., i833, in-8°). Ce sont des essais calqués sur le Tableau des régions équatoriales, par M. de Humboldt. Dans son Tableau physique et géographique de l’Europe (Europa, phys. geogr. Schilderung . Copenhague, i83i, in-8°, avec un atlas), M. Schouw décrit successivement les diverses contrées de l’Europe, en indiquant leur configuration et leurs accidens, leur climatologie générale et leur végétation. Il com- pare ensuite les trois péninsules de l’Europe méridionale , puis le nord et le sud de ce continent, et termine par un coup- d’œil général sur la configuration de l’Europe entière, sa cli- matologie, ses lignes isothermes, et ses végétations diverses di- visées en quatre zones ; savoir : une zone septentrionale des pins et des bouleaux, et sans culture* une première zone moyenne des hêtres , des chênes et du blé; une seconde zone moyenne des châtaigniers , des chênes et des vignobles ; et une zone méridionale toujours verte ou des oliviers. Une table de hauteurs termine cet ouvrage intéressant, qui mériterait d’ê- tre traduit, et dont la valeur est rehaussée par une petite carie orographique, par des profils détachés pour chaque chaîne de l’Europe , et par les cartes des lignes isothermes et des zones de végétation. MM. Bredsdorff et Oelsen adressèrent en 1824, pour le con- cours ouvert par la Société de géographie de Paris, sur l’orogra- phie de l’Europe, un Mémoire accompagné d’une carte. C’est ce travail que M. Oelsen a étendu, et dont il a formé un volume in-4°sous le titre de Commentaire de V esquisse orographique de V Europe , avec cinq cartes à l’échelle de 1 /6,543,ioo. Il y adopte douze divisions; savoir : onze systèmes de montagnes, et ce qu’il appelle la grande plaine de l’Europe. L’orographie d’un pays ne peut pas se séparer de sa géologie; la négligence de ce principe est cependant une des fautes les plus communes des géographes. De son côté, M. le colonel Denaix continue avec activité sa Description de V Europe en régions naturelles ou hydrogra - phiques , et a publié une carte hydrogéique ou squeletto* graphique de l’Europe centrale. (Paris, 1 833, 1 feuille, avec une explication.) M. Vander Maelen a fondé à Bruxelles en i83o, pour les |èiëhce§ géographiques , un grand athénée portant le titré DES SCIENCES GEOLOGIQUES ÈN 1 855. i^7 à’ Etablissement géographique de Bruxelles. Les personnes s’occupant de sciences y trouvent des cours, une riche biblio- thèque, et diverses collections d’histoire naturelle et de miné- ralogie : cent cinquante jeunes gens y reçoivent annuellement une éducation gratuite ; et cet établissement fait des échanges en cartes et objets d’histoire naturelle. D’une autre part, au moyen d’une correspondance active , M. Vander Maelen , aidé de M. le docteur Meisser, recueille de tous côtés des observa- tions sur la géographie : déjà ces deux savans ont commencé la publication d’un Dictionnaire géographique de la Belgique , décrite par provinces. Ainsi, en i83ü , on a vu paraître les Descriptions des provinces de Liège et de Namur ; et, en 1 833 , celle du Hainaut. Le plan de ces utiles compilations est de commencer par un aperçu géologique et minéralogique, en considérant les roches, puis les minéraux , surtout sous le point de vue de leur emploi dans les arts ou l’agriculture. Néanmoins, les considérations géologiques proprement dites ne sont point négligées, et même des détails circonstanciés sur les ossemens fossiles et les pétrifi- cations terminent toujours cette première partie. Le reste de ces ouvrages est une revue des productions du règne végétal et animal , avec des détails anthropologiques , technologiques et commerciaux. Enfin, ils sont terminés par un Dictionnaire véritable et arrangé alphabétiquement. M. Ch. Ritter, de Berlin, a pris place depuis long-temps parmi les premiers géographes du siècle; et on peut même élever la question, s’il avait déjà paru un Traité de géogra- phie physique comparable à celui qu’il a intitulé la Connais- sance de la terre par rapport à la nature et à l’histoire de l'homme, ou Géographie comparée générale {Die Erdkunde Berlin, 1822 à i833, 3 vol. in-8° ). Son ouvrage n^est point une compilation faite sans tact ou simplement un tableau de statistique et de géographie topo- graphique; il place la science sur un plan plus élevé, et s’oc- cupe des formes des solides qu’il considère , de leurs clivages, de leurs aspérités, de leur nature, et des créations qui les cou- vrent, dans leurs rapports de distribution et devie avec le$ masses inorganiques. Si ce savant a su, malgré l’imperfection des données, esquisser d’une manière nouvelle la constitution physique de l’Afrique, et donner lieu à la belle carte de M. Berghaus (Berlin, 1826), son travail sur l’Asie a un intérêt encore 1 1 48 RÉSÜMë DÈS PROGRES rieur, par la masse des documens anciens et nouveaux recueillis sur cette partie du monde. Quoique je ne puisse rendre en français l'élégance du style, je ne puis résister au désir de donner une idée de cet ouvrage en citant comme échantillon la manière générale dont M. Rit- ter considère la masse continentale appelée l'Asie. « Une arête particulière dominante, avec des plans s'é- » tendant horizontalement, et surtout très développés au sud » et à l'ouest, avec de nombreux massifs isolés, ou des îles » placées à l’est et au S.-E. ; un grand plateau commun et » central , partagé en deux espèces de terrasses ayant des formes » géométriques et des hauteurs absolues différentes et des tem- » pératures froides ou tempérées; une portion continentale » très soulevée, sous la forme de séries de plateaux d'une élé » valion modérée comparativement au soulèvement total; ces » plateaux bordés de chaînes de diverses formes, et ayant au- » devant d’eux des contrées alpines , avec des réservoirs iné- » puisables d’eau , des contre- forts de différentes natures et des systèmes multiples de chaînons isolés et se divisant à p mesure qu'ils s’étendent ; telles se présentent les portions » bien liées qui composent l'Asie , et qui revêtent partout sans » répétition les formes les plus variées. Déplus, au S -E., » au sud et S. -O., les plans horizontaux se sont changés, au )> moyen de plateaux et de plaines élevées , en partie circon- » scrites, en presqu'îles isolées, montueuses, divisées en ter- » rasses plus ou moins basses, plus tempérées, et couvertes p des dons de la nature , ce qui a rendu ces portions plus fa- » vorables pour la distribution des créations, et plus accessi- » blçs aux hommes. La richesse de la partie méridionale de p l'Asie en a été une conséquence, d'autant plus qu'entre cette p portion et le plateau central se trouvaient surtout placées , » d'une manière favorable, de grandes plaines basses , comme » entre les Alpes et les Apennins. Des irrigations extrême- p ment abondantes dérivent des terrasses bordant ces dernières p contrées, et y entretiennent une fertilité comparable à celle »> de la Lombardie. » Les plateaux en étages se divisent au moins en douze mas- p ses colossales, qui s'étendent de tous les côtés d'un centre v commun , et dont les vallées sont les chaussées de la civilisa- p lion , de ses progrès et de son équilibre. Ces lignes de com- p munication pour l’air, la température, les eaux, les fleuves, » les faunes et les peuples, traversent partout en partie ; de- DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l855* l4g » puis le centre général jusque vers le bord extérieur dans les » deltas, les portions les plus basses des affaissemens naturels » du sol, dont le nombre s’élève au moins à six. » La nature du sol, le voisinage et la position , établissent » entre ces dernières cavités une certaine progression depuis » celles abondamment pourvues d'eau, et encore en partie avec » des populations dont la vie est océanique, jusqu’aux portions r> centrales et tout-à-fait continentales , qui n’ont plus rien ou très peu de chose de commun avec les mers , tandis qu’elles » ont dû, pour cette raison même, avoir la plus grande in- » fluence sur les populations des contrées au milieu desquelles » elles se trouvent. » Ainsi, on arrive à distinguer deux plateaux dominans, et » environ quatre autres d’un ordre subordonné , avec diffé- » rens systèmes de montagnes. Ce sont, i° la Haute -Asie orien- » taie, avec le système en plateaux du Thibet,de la Mongolie, » du Schamo et du Gobi ; masses qui ont une hauteur absolue » moyenne de 8 à 10,000 pieds, en omettant toutefois les nom- » breux points plus élevés ou plus bas. a° La Haute-Asie occi- » dentale, avec le système en plateaux de l’Iran , dont la hau- » teur moyenne n’atteint pas 4?°°° pieds; ce qui explique le » climat plutôt doux de cette partie de l’Asie, tandis que l’au- » tre portion a un climat plus froid. » De plus, l’Asie présente douze grands massifs de formes » intermédiaires. D’une part, le plateau arabique, celui du » Decan dans la presqu’île de l’Inde , et ceux des Malais et de » la Chine méridionale dans la presqu’île en-deçà du Gange; » de l’autre, les systèmes du Caucase et du Tauras, celui de » l’Elbrouz, celui de l’Altaï , les Alpes de la Daourie , la chaîne » élevée de la Chine , i’Himalaya, les chaînes du Belludschis* » tan , et la chaîne côtière et escarpée de la Perse. » Enfin , il y a six grandes dépressions bien circonscrites ; » savoir : le bassin chinois depuis l’équateur jusqu’au 4o° lat. » nord , le bassin indo-chinois entre le golfe de Tongkin et » Siam, le bassin de l’Indostan ou du Gange et de l’ Indus , le » bassin syrien et arabique entre le fond du golfe Persique, les » montagnes de la Syrie et de l’Arabie, le bassin de Sibérie, » qui n’a son égal que dans les dépressions colossales de l’Amé- » rique et de l’Australie; enfin le bassin de la Boukharie , qui » est le passage des formes européennes aux formes asiatiques , » et la grande porte des émigrations des peuples de l’Asie en » Europe. » RÉSUMÉ DES PROGRES |5o C’est dans ces dépressions que se terminent naturellement tous les grands fleuves de l’Asie : en Sibérie, l’Obi , le Jenisei et l’Amur; en Chine, le Hoang-ho et Yant-se-Kiang; dans le bassin indo-cliinois , Flrawaddi ; dans FIndostan, le Gange et TIndus; dans le bassin syrien, FEuphrate et le Tigre; enfin, dans le bassin de la Boukharie, le Gihon et le Cirr. « Le type du cours des grands fleuves de l’Asie est de s’asso- » çier deux à deux pour couler, d’abord dans des directions ; » totalement différentes , et le plus souvent dans de grandes » vallées longitudinales; puis, changeant brusquement de di- » rection, de converger vers le même delta. » Le cours de Tlndus et celui du Brahmaputra peuvent servir d’appui à cette observation. « L’Asie présenterait donc vingt-quatre grands types natu- » rels bien caractérisés, qui, distribués sur la charpente ter- restre de l’Asie, s’y groupent d’une manière toute particu» » lière ; en sorte que les combinaisons de ces formes et de leurs » groupemens doivent donner la caractéristique de la forme » de tout le globe, lorsque sa nature aura été bien examinée * partout. A ce système de configuration plastique se lie néces- » sairement le système de la vie dans les phénomènes qui en >> découlent naturellement, comme dans ceux qui n’en résultent » pas, et qui sont une suite de la volonté humaine. » M. Ritter n’a encore considéré, dans ses deux volumes sur l’Asie, que l’Asie orientale; les deux suivans traiteront des autres parties de ce vaste continent, M. O’Etzel, assisté de M. Grimm , a fait paraître les cartes d’Afrique et d’Asie, nécessaires à l’intelligence de l’ouvrage précédent ; elles sont d’un prix modique , malgré une exécu- tion supérieure. De son côté , M. Berghaus a commencé à publier un recueil de Mémoires relatifs à la géographie et l’hv- drographie de l’Asie ( Asia , Sammlungvon Denkschriften, etc. Gotha, i832, in-4°); ainsi que des cartes spéciales sur l’Asie, qui, fondées aussi sur l’ouvrage de M. Ritter, en facilitent la lecture. M. Ritter a donné lui-même, en 1882, une belle carte du haut Himalaya, dans son intéressante esquisse d’une carte pour le système de montagnes de FHimalaya [Ab h. der k. Acad . der JVissensch „ zu Berlin , i832, in-4°). Il est seulement à sou- haiter qu’il soit accordé à notre savant géographe une vie as- sez longue pour terminer tout son ouvrage; car il aura élevé DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. l5f a la science un monument colossal de recherches et de résul- tats de toute espèce. Dans un Mémoire sur la cause de la direction des contl nens, des îles, des presqu îles, des chaînes, des couches, des courans , des vents , des migrations et de la civilisation ( Lond . et Edinb. phil. mag. Déc. i833, p. 4^6), M. A. Walker avait cru apercevoir dans les chaînes du globe une prédominance de la direction nord et sud , des escarpemens faisant face à l'ouest, et des pentes douces descendant à l’est. M. W. D. Co- nybeare a pris la peine de montrer le peu de fondemens de cette idée systématique, rattachée par l'auteur à un effet de la rotation du globe. Après lui avoir prouvé que Stukeley ( Iti - nerarium curiosum ), Bergman (en 1773), Buffon (en 1778), Hermann , La Métherie , Forster, Kirwan , etc. , ont fait de semblables généralisations , il oppose aux chaînes de l’Améri- que , de l'Inde , de l’Angleterre et de la Norwège , celles de l’Oural, les chaînes du N.-E. de l'Asie, de l’intérieur de TA- frique,et de l'Australie. Si les premières coïncident plus ou moins bien avec la théorie de M. Walker, les autres présentent des directions et des escarpemens tout opposés. M. Conybeare ter- mine en cherchant à démontrer que l'Asie et l'Europe sont tra- versées par une grande arête se dirigeant de l’est à l’ouest [Lond. a . Edinh . phil. mag. Janv. i834? p« 0* M. A. Engelhard! a publié à Tienne un ouvrage pittores- que sur toutes les curiosités naturelles souterraines de l’Eu- rope {Prachtwerke der Unterwelt . Vienne, 1 833, 5 vol. in-8°, à planch. ) On trouve dans le Journal philosophique un article sur les avalanches en Grusie (n° 29 , p. 19a ) , et une description des chutes du Girsupah dans le nord du Cariera, dans le territoire de Madras {Idem. Avril i833, p. 385). M. Desjardins a décrit à la Société d’histoire naturelle de File Maurice, le trou Galet et du Souffleur ou la montagne Chaour, et la caverne du quartier de la rivière du Rempart ( Asiat . J. N. S., vol. XII, n° 46, p. 127 ) ; et M. L. Bouton , le cratère appelé le Grand bassin, qui est à 25o toises de hau- teur {Idem, p. 128). S Voyages. Parmi les voyages dans lesquels le géologue trouve à glaner quelques faits, je dois citer en première ligne, pour l’ancien continent , le voyage fait de 1 829 à i83o autour de la terre par l52 RÉSUMÉ DES PROGRÈS la Sibérie et les deux océans ( Reise um die Erde , etc.) , par M. H. Ermann. Cet ouvrage se divise en deux paities, savoir : la description historique et la partie scientifique , comprenant les déterminations géographiques, les observations magnéti- ques, la météorologie, la géologie, la zoologie et la botanique. Le premier volume de la description historique est en vente. M. P. Gordon a publié un Journal de voyage fait en Perse en i83o ( Fragment of a . Journal , etc. Londres, i833, in-8°): et M. James Fraser, une Relation historique et descriptive de la Perse , y compris l’Afghanistan et le Belvoschistan ( Histo - rical a . descript. aceount ofPersia, etc. Londres, 1 834 , in-12 ', avec cart. et pl.) Les lettres écrites de l’Inde et de l’Himalaya par feu M. Jac- quemont {Correspondance de Victor Jacquemont. Paris, i833, 2 vol. in-8°), doivent faire désirer la description complète des manuscrits de cet infortuné voyageur; d’autant plus qu'on pourra comparer ses narrations à celles de M. T. F. Royle ( Illustrations of the botany , etc., première partie ; et Journ . qf tlie Asiat . Soc. of Calcutta , i832, n° 2). M. Royle a trouvé dans l’Himalaya des poiriers à 1 4,000 pieds anglais, des peupliers et une belle végétation à i3,5oo pieds , et des abricotiers à plus 4e 10,000 pieds de hauteur ab- solue. Ces observations sont fortèurieuses, lorsqu’on se rappelle qu’en Amérique le Chîmboraço n’offre plus que quelques her- bes à 1 3,325 pieds d’élévation , et que les chênes ne dépassent pas 10,000 pieds à Popocayas. M. le capitaine Clément Johnson a visité en 1827 les sources de la Jumna et les sources chaudes de Junmotré, situées dans l’Himalaya, à 10,840 pieds. Notre voyageur, en traversant un champ de neige, a suivi les eaux de la Jumna jusqu’à une élé- vation de 1 1,200 pieds, ou il fut arrêté par un amphithéâtre de précipices, les montagnes s’élevant encore à 4,000 pieds plus haut. Le même voyageur a traversé la chaîne de Ilima- naleh, par le col de Brooanpass , quia id,3oo pieds d’éléva- tion. Dans ce passage il a vu une chute d’eau ayant 1 5oo pieds d’élévation. Ensuite il a visité la vallée de Sutley, qui , jusqu’à 6,000 pieds d’élévation , contient des vignobles et les arbres fruitiers de l’Europe. A 3, 000 pieds plus haut, au nord, est la ville de Kanuni ( Athenœum , n° 327, p. 89). On a publié la substance d’un Mémoire géographique sur le cours de ! Indus, par M. B urnes {J. of. the roy. geogr.; Soc* of London, vol. III, part. 2). Ce voyageur publie en ce mo- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 1 53 ment son voyage en Boukharie ( Travels into Bokhara , Lon- dres, 1 834 )• M. le major Archer a décrit une tournée dans l’Inde supé- rieure et dans certaines parties des montagnes de l’Himalaya ( Tour in upper India > etc. Londres, i833, 2 vol. in 8°). On a fait paraître à Londres une troisième édition du Me'- moire sur V Inde centrale , par Sir Malcolm. i834, 2 vol. in-8°, avec une carte géologique très fautive, par M. Danger- fieîd ). Sur X Australie, il a été publié en Angleterre deux ouvrages : l’un de M. Breton, intitulé : Excursions dans la Nouvelle-Gal- les du Sud, l’Australie occidentale, et la terre de Van-Diemen (Excursions y etc. Londres, in-8°, à pl.)j et l’autre du capi- taine C. Stuart, sous le titre de Relation de deux expéditions dans l’intérieur de l’Australie méridionale en 1828, avec des observations sur le sol , le climat et les ressources de cetle co- lonie ( Narrative of two Expéditions 9 etc. Londres, j833, 2e édit., 2 vol. in-8°, à cart. et pl.) Sur le Brésil y M. Auguste de Saint-Hilaire nous a donné, dans son voyage dans V intérieur du Brésil (Paris, a vol. in-8° ), des renseignemens sur la minéralogie des environs de Rio-Janeiro , du littoral , ainsi que sur le district des Diamans. M. T.-Em. Pohl a publié aussi les premiers volumes de son voyage dans le Brésil de 1817 à 1821 ( Reise im In- nern von B rasilien y etc. Vienne, i832-33, in-4°j à atlas). M. J.-E. Alexander a fait paraître des esquisses transatlanti- ques comprenant des visites dans les localités les plus intéres- santes de l’Amérique septentrionale et méridionale , et des Antilles (Transatlantic Sketches , etc. Londres, 1 833 , 2 vol. in-8°, à cart. et pl.) On y trouve en particulier une descrip- tion du lac d’asphalte de la Trinité ( Trinidad ). Pour les Etats-Unis et le Canada , outre la republication des voyages du capitaine Basile Hall ( Londres, 6 vol. in-8° , trad. franç. , Paris , i834), je puis citer ceux de M. J. Finch , qui décrit les instituts scientifiques, et donne des notices sur la géologie et la minéralogie ( Travels in tlie united States . Lon- dres , 1 833, 1 vol. in-8°). L’auteur y développe entièrement son Mémoire sur les limites naturelles des empires. M. Timothée Flint a donné une seconde édition de l’his- toire et de la géographie de la vallée du Mississipi , auxquelles est joint un résumé de la géographie physique des Etats-Unis atlantiques et de tout le continent américain ( The history a • l54 RESUME DES PROGRES Geography of Mississipi valley, etc. Cincinnati, i832 , 2 vol. in-8* ). Un voyage à la côte orientale du Groenland, par M. Grauh, a paru à Londres {V oyage lo the east coast of Greenland in 1828, i83i, i833, in-4°, à cart. et pl.) Cet ouvrage contient cinq appendices , dont quatre sont consacrés aux observations de zoologie, de botanique, de météorologie, et sur d’autres sciences. Les îles de Falkland ont fait le sujet d’un article de Y A the- nœum, et on y apprend que ces îles mon tueuses offrent des schistes bleuâtres ou ardoises , du grès rouge , de la tourbe et de l'argile ( Allien . Juillet, i833, p. 478). La description des terres australes nouvellement décou- vertes est attendue avec impatience. Sur Y Afrique centrale, des données certaines vont nous être procurées par les voyageurs anglais, que l’esprit mercantile et fort bien entendu du reste , pousse incessamment dans ces contrées inhospitalières. M. Richard Lânder est actuellement le prin- cipal de ces entreprenans aventuriers. La relation de son ex- ploration et de celle de son frère J. Lânder, a paru à Londres l’an pass ^{Journal of an expédition, etc. Xn-8°; et trad. en ail., à Leipzig, 1 833, 2 vol. in-8°). Les Notices de M. Smith nous promettent des détails sur la géologie de la colonie du Cap de Bonne-Espérance {South, afric . J., et Ed . phil. J. Avril i833, p. 377). Il pro- jetait, l’an passé, de pénétrer dans l’Afrique centrale, depuis cet établissement. M. Et. Ray vient de publier des voyages et des recherches historiques et topographiques sur la Caffrerie {Travels a. re~ searches in Caffraria, etc. Londres, i834, in- 12). Sur la régence d’Alger, M. R.ozet a publié trois volumes in- téressans, avec un joli atlas de vues, etc. ( Voyage dans le royaume d* A Iger ) . Quant à Y expédition scientifique de Morée, il serait inutile d’en parler, si je ne voulais pas saisir cette occasion pour re- connaître le service éminent rendu à la science par l’activité de M. Bory de Saint -Vincent; car, grâce à lui, à ses collabo- rateurs et à l’éditeur, un grand ouvrage qui au train ordinaire de publication aurait demandé des années, est déjà près d’être terminé. M. Sam. Brunner a donné un voyage en Crimée ( Ausflug DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 1 55 uber Constantinopel nacli Taurien im Sommer iS3i. Berne, in-8°, à 6 pl.) M. Alex. Daumont vient de publier un Voyage en Suède, contenant des notions de géographie physique, de géologie et d’histoire naturelle, etc. (Paris, i834? 2 vol. in-8°, avec un atlas in-4° )• M. J. G. Sommer a consacré au cercle de Leitmeritz , le premier volume de sa description statistique et topographique de la Bohême ( Das Konigr. Bolimen statist^ topogr . dargest . Prague } i833,in-8°). 1 56 RESUME DES PROGRES DEUXIÈME PARTIE. SCIENCES GÉOLOGIQUES. PREMIÈRE SECTION. GÉOLOGIE PROPREMENT DITE. CHAPITRE I. TRAITÉS DE GEOLOGIE, Progrès de la géologie . — Comme tout ce qui sort de la plume exercée de M. Conybeare, on lit avec intérêt son Es- quisse sur les progrès , V état actuel et V avenir des sciences géologiques . Après avoir fait Historique des progrès de la géo- logie , l’auteur passe en revue les principaux ouvrages récens de topographie géologique. Il signale ensuite le développement qu’a acquis la géologie tertiaire et volcanique; et il termine par les découvertes paléontologiques, et leurs applications réi- térées à la géologie. Dans le tribut d’éloges payé à la mémoire de l’illustre de Saussure, M. Conybeare rappelle la proposi- tion remarquable suivante, de son Agenda du géologue voya- geur , publié en 1786 : « Constater s’il y a des coquillages fos- siles qui se trouvent dans les montagnes les plus anciennes , et non dans celles d'une formation plus récente , et classer ainsi , s’il est possible , les âges relatifs et les époques de l’apparition des différentes espèces. » M. G. G. Ch. Reinwardt a prononcé, le 8 février i833, à l’Académie de Leyde, un discours latin et peu détaillé sur l’ori- gine et les progrès de la géologie ( Orado de geologiœ ortu, etc. Leyde, i833, in-4°, de p.); et, dans le XXL volume des Mé- moires de la Société des sciences de Harlem, se trouve un Ex- posé de l'état actuel de la géologie , essai écrit, en 1 83 1 ^ par M. Reinhard Bernhardi , professeur , près de Meiningen , en Thuringe. Traités. — M. d’Omaîius vient de publier une Introduction a la géologie y ou la Première partie des élémcns d’histoire na- DES 5CIÊNCES GEOLOGIQUES EN 1 833, l5j turelle inorganique, ouvrage contenant des notions d’astro- nomie, de météorologie et de minéralogie , ainsi qu’un classe- ment chimique nouveau des minéraux ( Paris, i834, in-8°, à 17 pl. et 2 tabl.). Comme tous les ouvrages de M. d’Oma- lius, cette compilation, ornée de ses observations particulières, et mise dans un ordre qui lui est propre, ne pourra qu’avan- cer les sciences géologiques» Quant à sa nouvelle classification, il nous suffira de dire qu’il sépare les minéraux en deux grandes classes ; i° les minéraux métalloïdes , c’est-à dire composés de métalloïdes chimiques, et de métaux susceptibles de se trans- former en terres et en alcalis ; 20 les minéraux métalliques, qui ne jouissent pas de ces propriétés, et qui contiennent, les uns, un métal électro-négatif, lés autres, un métal électro-positif. Plus la chimie analytique se perfectionnera et ses résultats s’augmenteront, plus on pourra trouver à grouper diverse- ment les minéraux, et plus aussi la connaissance des corps inor- ganiques se rationnalisera ; mais de ce que la minéralogie chi- mique devient tous les jours davantage une partie essentielle de la chimie, s’ensuit-il que la minéralogie géologique, et surtout son enseignement , doive se baser sur les analyses, au risque de négliger les formes cristallines et les caractères extérieurs ? c’est ce dont j’ose grandement douter. Il y a un milieu à garder en toutes choses : enseignez aux élèves la science par les moyens qui frappent le plus fortement et le plus aisément les yeux, savoir, la cristallographie, les caractères physiques et chi- miques; puis, à côtéde cette instruction, montrez-leur que ces corps, en apparence siconformes, ont des compositions tellement différentes, qu’elles conduisent le chimiste à des groupemens particuliers ; enfin discutez même la manière de faire concorder ensemble les analyses des variétés des substances minéralogi- ques. Telle me semble la solution du problème, qui ne devient difficile que par l’exclusion que le chimiste et le cristallographe veulent se faire mutuellement. La chose principale est l’é- tablissement de l’espèce minérale dans la nature et non dans le cabinet , pour la pratique et non pour la simple curiosité. Les arrangemens ou groupemens des familles des minéraux ne sont que des méthodes plus ou moins artificielles, dont la plus aisée à concevoir est celle qui popularisera le plus la science , et dont la plus embrouillée et la plus hiéroglyphique lui at- tirera le moins de cultivateurs. M. Boubée vient de faire paraître un nouveau prospectus , dans lequel il nous promet un Traité complet de géognosie et j 58 RÉSUMÉ DÉS PROGRÈS de géologie , en huit volumes , dont six in-8° , et deux in- 18 , savoir : d'abord pour les deux sciences réunies , Une Géologie élémentaire ( in-18 ), quatre séries d’itinéraires en France, comme exemples de la manière d’observer; puis, pour la géognosiè, un Tableau figuratif de la structure minérale du globe, un Cours abrégé de géognosiè, des Tableaux mnémo- niques des terrains , l’Examen des difficultés de la géognosiè ( 1 vol. in-8° ) , l’Agenda du géologue en voyage ( 1 vol. in-18), Un Tableau de la classification des roches, des minéraux et des fossiles, une Synonymie générale des sciences géologiques ( 1 vol. in-8°); enfin, pour la géologie , son Tableau de l’état du globe à ses différens âges (3e édition );"un Cours abrégé de géologie ( 1 vol. in-8°) , des Voyages autour du monde aux principales époques de la vie du globe, ou la Géologie en six tableaux, et l’Examen des questions douteuses de la géologie ( 1 vol. in-8° ). Ce plan d’études, bien exécuté, aura l'avantage d’offrir à chacun, à bas prix, les parties de la géologie qui lui sourient le plus , et de permettre à l’auteur de placer à côté des élémens de la science les discussions les plus approfondies. Quant à la formation de collections de roches et de fossiles, aux itinéraires et à l'enseignement de la minéralogie et de la géologie en plein champ et en voyages , j’ai déjà dit ailleurs que ces modes d’ins- truction ne sauraient trop être encouragés; et je suis même persuadé que le moment arrivera où des chaires seront ouvertes à Paris et ailleurs, pour les personnes se livrant à ce genre d’en- seignement. C’est à M. Boubée qu’on en devra l’introduction en France , quoiqu’il ait déjà été employé avant lui à l’ancienne école de Moutiers par M. Brochant, et en Écosse par M. Ja- meson. S’il n’est pas besoin de sortir de son cabinet pour se livrer aux mathématiques , à la plus grande partie des sciences phy- siques, et même des sciences naturelles ,1a géologie ne s’ap- prendrai jamais sur des collections, ou du moins quelques voyages "en apprendront toujours plus et en moins de temps que les cours les plus savans. Il en est de cela comme de l’art des mines , et en générai de la technologie : notre science est un art pratique. La fin de la seconde éditionfde la Géologie de M . d’ Aubuis- son doit paraître prochainement. C’est M. A. Burat qui s’est chargé de la tâche épineuse d’ajouter au premier volume deux autres volumes ( avec un atlas ) , dont un vient déjà d’être ini$ DÈS SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. lSg en vérité. Après une description des roches classées méthodi- quement, M. B. donne celle des terrains en décrivant pour chacun d’eux des localités remarquables, et en renvoyant pour les fossiles aux listes de MM. Brochant et de La Bêche. Le dernier volume contiendra les détails sur les dépôts ignés , la géogénie et les applications de la géologie. M. Rozet aurait envie aussi de refondre son Traité en un ouvrage plus considérable , et M. Huot prépare un Manuel de géologie. M. Brochant a fait un véritable présent à la science en tra- duisant en français le Manuel de géologie de M . de La Bêche et en rectifiant ses listes de fossiles par lui-même, ou avec l'as- sistance de M. Deshayes, et de l’édition allemande publiée par M. de Declien. L’indication exacte des figures de fossiles est une addition précieuse pouvant servir à l’établissement futur d’une bonne synonymie et d’une énumération parfaite de toutes les pétrifications ; elle est faite avec toute l’exactitude dont M. Bro- chant est le modèle. Une addition importante est le nouvel exposé de M. de Beaumont sur les douze ou treize époques de soulèvemens, qu’il croit suffisans pour le moment, pour rendre compte des chaînes observées sur la terre. M. Robert BakeweSl a publié la quatrième édition de son Introduction à la géologie, écrite pour donner une connais- sance pratique delà science, et comprenant les découvertes les plus récentes, et l’explication des faits et des phénomènes qui servent a confirmer ou contredire diverses théories géolo- giques ( An Introduction to geology , etc. Londres, 1 833, in-8°, à pl. et vign.). Cet ouvrage populaire va être réimprimé une seconde fois à Newhaven , aux Etats-Unis; il s*est successive- ment bonifié, car, pour ceux qui possèdent la première édi- tion de 1 8 1 6 , ils s’apercevront aisément que M. Bakewell a voyagé et s’est instruit considérablement. Je ne m’arrêterai pas à ce qu’il dit sur les fossiles , lés masses minérales du globe , la stratification , les différentes roches, les divers dépôts, les volcans, les filons, la formation des vallées par érosion ou ruptures violentes , car il n’expose que les notions généralement reçues. D’une autre part, je dois signaler les additions faites à son ouvrage , qui portent surtout sur l’origine des calcaires, les grès secondaires, et le dévelop- pement progressif de la vie organique ; sur les dépôts quater- naires , les courans souterrains et les cavernes , le soulèvement des montagnes et des continens , la température , la chaleur i6o RÉSUMÉ DES PROGRÈS centrale, et les causes astronomiques qu’on peut employer dans les théories de la terre. Ce qu’on doit surtout ne pas oublier de faire ressortir dans les écrits de M. Bakewell , ce sont les vues lucides sur certains filons ou culots de trapp, en Angleterre, ainsi que sur les eaux thermales des Alpes , les roches de la Tarentaise , comparées par lui au lias, en 1823, époque où l’on n’y voyait encore que du sol intermédiaire ; enfin l’élévation du granité ( protogine) des Alpes , déclarée plus récente que le redressement et le sou- lèvement des granités et des schistes en Angleterre. Sur ce der- nier point même , M. Bakewell réclame la priorité dans sou ouvrage, si tant est qu’on ne puisse pas découvrir la même idée chez quelque autre auteur. Je dois encore ajouter que M. Bakewell se déclare contre les classemens géologiques uni- quement par la zoologie, et contre la théorie de M. de Beau- mont en ce qui touche ses développemens. Enfin M. Bakewell distingue les soulèvemens des crêtes ayant eu lieu sur des lignes ou des courbes plus ou moins parfaites, d’avec les soulèvemens et les affais&emens graduels et lents de con tinens entiers. Ces der- niers seraient liés à des lois cosmiques encore peu connues, ou à des mouvemens dans les matières intérieures du globe, tandis que les redressemens partiels ne seraient que des effets locaux d’une nature un peu différente. M. de Leonhard a commencé la publication d’un Traité élémentaire de géologie et de géognosie ( Natur geschichte der dreiReiche ,Stuttgardt , in*8°),et est arrivé jusqu’au zechstein.en commençant parles généralités, puis la description des terrains les plus récens. De jolies gravures et des coupes coloriées ac- compagnent le texte, résumé succinct de la nouvelle géologie. M. A. Klipstein ^professeur de géologie , à Giesen , a pu- blié, sous le titre de Résumé de la géologie ( Ubersicht der Géologie. Giessen, i833 ,in-8°), un aperçu de la méthode qu’il suit dans son cours. Ce sont les têtes de chapitre d’un traité complet de géologie , et, sous ce rapport, ce petit écrit peut être utilement consulté. D’après les dernières nouvelles reçues de Freiberg, je me vois obligé de rétracter, comme prématurée, mon annonce d’un Traité de géologie par M. Kuhn. Ce savant, dont on cite cependant avec éloge le cours, paraît être retenu par des consi- dérations de personnes. Du reste, d’autres professeurs distin- gués, tels que les deux professeurs Naumann, MM. Kersten , Reich, etc., marchent avec les progrès de la science, et doivent contribuer à propager parmi les élèves les idées à Tordre du jour. Dans son Traité de géologie (Carlsruhe, 1 832, in- 8°, avec ii pi.), M. le professeur Walcliner commence parla description générale des roches, de leur composition, de leur structure, de leurs mélanges, etc. ; puis il expose son classement des roches en masses quarzeuses, feldspathiques, micacées, amphiboliques, serpentineuses, pyroxéniques, leucitiques, argileuses, calcaires, gypseuses, salines, ferrifères et charbonneuses. Les roches non cristallisées, ou agrégées , comprennent les grès et les agglo- mérats , dont il a le tort, suivant nous, de ne pas séparer les brèches. Enfin il parle de la terre végétale, des argiles, des I sables , des graviers et de la tourbe. Son chapitre sur Tétude j des masses de montagnes et de leur structure sera lu avec in- térêt, surtout par Topposition qu’il établit entre la configura* j lion de plusieurs chaînes de l’Europe. Le reste de son ouvrage est la description des terrains, en commençant parles alluvions , et terminant parle terrain inter- j médiaire et celui qu’il appelle Grundgebirge , ou terrain le plus inférieur. Divisant les formations en stratifiées et massives, c’est par ces dernières qu’il termine. Il décrit , d’après M. de Buch , les volcans et les îles basal- tiques; il poursuit les masses et les filons basaltiques à travers toutes les formations ; il aborde ensui te le porphyre pyroxénique, les trachytes, les sources minérales et les causes probables des phénomènes volcaniques. Après une digression sur les pseudo- volcans, il passe en îevue les dépôts plutoniques de granité , de porphyre, de siénite, de serpentine, d’euphotide, etc. Enfin il | arrive à la formation des vallées, d’un côté, par des érosions lentes ou rapides , et de l’autre , par suite de fendillemens ou de sou- lèvemens cratéri formes. Il expose aussi les douze époques de I soulèvement de M. de Beaumont; il reconnaît que ce nombre reste incomplet, et que certaines époques seront rectifiées, l’Europe même étant encore loin d’être étudiée suffisamment, i M. Keferstein vient de faire paraître le premier volume de j son Histoire naturelle du globe terrestr e( Naturgeschichte der I Erdkorpers , etc., in-8°), divisé en physiologie de la terre et j géognosie; le second volume comprend la géologie et la pa- ; léontologie. I Dans sa Physiologie , l’auteur s’occupe d’abord des matières j premières, de leur formation et de leurs combinaisons, ainsi imiques et morphologiques. Il arrive à la il RÉSUMÉ DES PROGRÈS l62 conclusion que tous les élémens chimiques ne sont des élémens fixes que pour un temps , et jusqu’à un certain degré, de ma- nière que, par des procédés morphologiques , ils peuvent se changer l’un dans l’autre, être produits par l’air et par l’eau, et se transformer de nouveau dans ces deux substances. M. Keferstein étudie ensuite les mouvemens intérieurs des élémens de la matière, le magnétisme, etc. , et les phénomènes résultant des relations des corps célestes avec la terre. De là, il passe à ce qu’il appelle les fonctions respiratoires de la terre, dont il fait découler les sources minérales. Get auteur voudrait donc étendre à la terre les expressions usitées pour désigner les fonctions des plantes et des animaux. Du reste, une fois qu’on est entré dans la nouvelle acception donnée à certains mots, on ne trouve presque aucune diffé- 1 rence entre ses idées et celles des géologues les mieux versés dans la matière. Ii donne successivement des exemples de 1 9 in* spiration de la terre , de ses exhalaisons, et des effets morpho- logiques de ces phénomènes , ce qui le conduit à établir un rhythme dans ces fonctions respiratoires, 11 parle, plus loin, des fonctions du développement cle la terre, considérées dans les corps individuels et dans les strates ; et enfin des organisations terrestres en général, et de leurs rapports avec le globe. Il termine sa physiologie géologique par l’article suivant : « Chaque corps individuel présente, outre de la matière, un principe vital, actif et mobile : il en est donc de même pour toute la masse de la terre; aussi long-temps que ce principe agit, la matière se modifie ; c’est des formes et des combinaisons circulaires ainsi produites, que nous tirons l’idée abstraite de l’être et de l’action du principe. » Le globe offre des mouvemens et des changemens analo- gues aux fonctions respiratoires des corps organisés; donc, on doit les lui reconnaître aussi. » Les corps organisés obtiennent leurs formes et leurs élé- îiiens par une création particulière ; de même la sphère ter- restre se produit pour elleunême ses matières corporelles. Nulle part n’a lieu cette chimie limitée des laboratoires; dans la na- ture dominent la transmutation et la morphologie. » Les corps organiques se forment, se développent et 5e dé- truisent : il en est de même dans la terre , où sans cesse de nou- velles masses se produisent et se modifient de milie manières; elles se durcissent, entrent en fermentation, s’échauffent, s’é- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. l65 lèvent, s’épanouissent, etse brisent, si on peut s’exprimer ainsi , pour recommencer à parcourir de nouvelles phases circulaires. )> Des mouvemens intérieurs, produits par la lumière et la chaleur, agitent tous les corps organiques, ainsi que tout le globe. » Une force extraordinaire règle le mécanisme intérieur des êtres organisés ; des courans électro-magnétiques analogues tra- versent notre planète, et y produisent des mouvemens rota- toires. » Pour les animaux parasites et les endozoaires, le corps or- ganique est une nécessité; la liaison du règne organique avec la terre serait à peu près de la même espèce ; et ce domaine ne serait qu’une dépendance essentielle , et non accidentelle, du globe. Son existence est aussi ancienne que celle de ce dernier, quoiqu’il ait subi des modifications individuelles. )> De tous ces faits il résulte donc que la terre peut être con- | sidérée comme un grand tout organisé, qui nous paraît im- mense, tandis que, mis en rapport avec tous les corps célestes, il disparaît dans l’immensité , et n’y est plus que comme un globule de sang, sujet à des développemens et des destructions | perpétuelles. » Pour la géognosie f M. Keferstein suit la méthode de la nou- velle école , de décrire séparément les dépôts stratifiés et mas- I sifs, et même d’annexer aux roches neptuniennes les masses modifiées et appelées jadis roches primaires ou roches schis- I teuses primordiales. Ainsi il met à la tête des formations nep- | tuniennes un terrain de killas, comprenant, outre les schistes intermédiaires, des gneiss et des granités. Le grès pourpré ( Oldred sandslone ) est pour lui le premier dépôt terrestre ou d’eau douce. Il le fait suivre de la descrip- tion du grès rouge des Allemands, dépôt du même genre selon lui , et renfermant des houilles , du calcaire et des por- phyres. Ces derniers y auraient été produits par le développement d’un principe particulier d’activité modifiante. Après cela vient la description du calcaire de montagne , du zechstein, du millstone grit , des houillères d’Angleterre, de l’agglomérat d’Exeter , du calcaire magnésien , du nouveau grès rouge des ! Anglais , du grès bigarré, du muscheîkalk et du keuper. M. Keferstein met en parallèle le grès pourpré avec le grès rouge des Allemands ; le calcaire des montagnes avec le zechs- tein; le millstone grit ainsi que le conglomérat d’Exeter avec le fcÉSüMé £> ES PROGRES î 64 grès bigarré; le calcaire magnésien avec le muschelkalk ; et le nouveau grès rouge avec lekeuper; ce qui lui donne trois formations marines et trois dépôts arénacés terrestres. La formation jurassique comprend le lias avec son grès, les oolithes inférieures, ou le doggei et les oolithes supérieures , qui se sous*divisent ensuite suivant les pays. D’après M. Keferstein , le grès vert, ou weald, compren- drait la molasse, tandis que dans les Alpes il ne voit que deux grandes formations , celles de Mels et du Flysch , qui com- prennent chacune plusieurs sous-divisions, et occupent, avec leurs roches modifiées , des espaces considérables. Pour les dépôts tertiaires , M. Keferstein les indique som- mairement bassin par bassin, et y distingue les couches formées sous la mer, sous l’eau douce, ou sur la terre. Les dépôts ac- tuels, ou les alluvions , comprennent celles de la mer pro- fonde , et celles qui ont lieu sur les continens. Quant aux roches plutoniques , ou massives , il commence par les laves, et termine par les granités; leur attribue des mo- difications et des soulèvemens; et il trace des lignes d’éruptions dont le foyer ne lui paraît pas placé si bas que le veulent les volcanistes. De même, M. Keferstein admet la transformation du calcaire en anhydrite , gypse et dolomie; mais il ne conçoit pas qu’on puisse rechercher les causes de ces changemens hors des masses elles-mêmes. X’ayant pas encore reçu le second vo- lume, je me contente de renvoyer, pour son contenu , à l’an- nonce faite par l’auteur lui-même. ( Voyez Bulletin , vol. IV, p. 88). » M. P. Savi a commencé la publication d’un Mémoire sur la croûte du globe, et la manière de l’étudier. Il donne une idée générale de la structure des terrains et des classifications géolo- giques ; il parle des relations des fossiles avec les dépôts, de la distinction des sols, des dépôts, des formations et des terrains; et il développe ensuite ses idées théoriques sur les roches de cris- tallisation de l’Italie. On conçoit dans quel sens il parle, d’a- près ce que j’ai déjà dit l’an passé. Je suppose que la fin de ce mémoire, non encore publiée, traitera des roches schisteuses ( Nuovo Giornalc de letterati , vol. XXV. Février i833). Aux États-Unis, M. Eaton a donné un nouvelle édition de son Traité de géologie, sous le titre de Geolog/cal text book ( Troye , in *8°, avec une carte géologique, et 68 figures de fossiles ). JVL Ebenezer Emmons, professeur au cQÜége William , a j65 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. publié une seconde édition de son Manuel de miuéralogie et de géologie (Manual of mineralogy , etc. Albany, i83‘2, in-12). Il y adopte la classification et la nomenclature de M. Mohs, avec la cristallographie de M. Brooke. M. Brown a publié un article sur la géologie en général ( Montly Àmeric. rev . Janv. 1 833 ). Notre confrère M. Van der Maelen a cru utile de réimprimer à Bruxelles les Tableaux théoriques de U état du globe , de MM. Brongniart , de La Bêche et Boubée; ainsi que la coupe théorique des terrains parisiens, d’après MM. Cuvier et Bron- gniart. M. Boubée étant occupé à faire graver, avec additions, une seconde édition de son Tableau, cette réimpression devient au moins superflue pour lui. Géologie appliquée. — M. Boubée a publié une Géologie populaire a la portée de tout le monde , appliquée h V agricul- ture et à r industrie (Paris; 1 833 , in- vi ). Notre confrère a cru devoir commencer par discuter l’âge du monde, la cha- leur centrale, les causes et les époques de soulèvement, avant d’arriver à la géognosie, et il place même entre cette seconde partie et la première l’histoire primitive du globe, c’est-à-dire toutes les idées théoriques sur les états successifs par lesquels la terre a passé , sur les créations qui s’y sont succédé, et sur le déluge. Cette manière de procéder pouvait convenir à un traité scientifique tel que celui de M. Lyeîl ; mais, pour un ouvrage populaire, j’ose élever la question si l’inverse n’aurait pas été préférable, et n’aurait pas servi davantage à infiltrer la science dans le public, qui aime avant tout le positif et l’applicable, et qui ne goûte les théories que sous la garantie de leur utilité. Du reste je ne doute pas que l’étude industrielle de la géologie, ou la géognosie géotechnique de M. Boubée, n’at- teigne son but; mais, pour les théories, s’il était convenable de parler de quelques unes d’entre elles , telles que le déluge , l’âge du monde, etc. i je ne pense pas qu’on doive jamais mêler la Genèse avec la géologie; c’est oublier notre siècle, d’autant plus que M. Boubée y appartient plus que tout autre, par son I zèle et scs bonnes intentions. j M. C. Hartmann s’occupe de la publication d’une Minéra- logie , et d’une Géologie appliquée à la technologie > aux arts et a l agriculture . 266 RESUME DES PROGRES § i. Géologie mosaïque . Certains théologiens anglais persistent ridiculement dans leur manie de vouloir faire concorder les résultats de la géologie avec la Genèse. L’Angleterre est tellement envahie par l’esprit de secte, que tout homme est obligé, de force ou de gré, de s’enrôler sous une bannière religieuse ; de manière qu’au milieu des mer- veilles de l’industrie, et d’une civilisation avancée, les esprits même les plus élevés y croupissent encore trop souvent dans des disputes théologiques, qui ne rappellent que le moyen-âge , et dont l’Europe continentale n’offre plus que de rares exemples, grâces aux lumières des peuples et des gouvernans. Néanmoins ne nous le dissimulons point : si les Anglais applaudissent de voir s’introduire en Europe leur civilisation perfectionnée, un grand nombre espèrent nous imposer en meme temps, et insen- siblement, leurs mille et une croyances plus absurdes les unes que les autres , et le tout pour le salut définitif de nos âmes. De même que la lumière de deux grands foyers dirigés sur un même point tend à se confondre, les idées rationnelles j de l’antique Europe commencent à agir sur les esprits de la vieille Angleterre. Du milieu même du clergé, la plus terrible comme la meilleure des institutions humaines, surgissent déjà des hommes qui séparent tout-à-fait les sciences de la religion, et entrevoient même l’épuration de cette dernière. Ainsi , à côté des Mason-Gods, des Turners, des Fairholmes, des Buggs, de F ignare Nolan , véritable capucin de carrefour, et d’une foule d’obscurs méthodistes , se présentent dans la lice les Co- nybeares, les Bucklands, les Sedgwicks, les Whewelis , etc. Aujourd’hui je ne puis me dispenser de parler de la géologie de ce M. Nolan , puisqu’en véritable chevalier errant il s’est mis en campagne contre toutes les associations scienti- fiques , contre les progrès des sciences en général , et surtout contre les géologues , ces agens les plus actifs de la machine in- fernale, « qui tend, dit-il, à renverser toutes les religions éta- blies, et à laquelle tous les corps savans travaillent, souvent sans le savoir. » Si M. Nolan était un homme se perdant dans la foule des missionnaires ou visionnaires, certainement il n’aurait pas valu la peine de faire attention à sa philippique ; mais il a été nommé d’office pour faire une série de sermons , par et pour la savante Université d’Oxford, corps assez puni de son impré- voyance pour avoir été obligé de l’écouter. DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 855. 1 67 Déjà M. le docteur Daubeny , jaloux de l’honneur de cette université, a fait des sermons du révérend docteur une critique pleine de sel et de bon goût ( London literary Gazette , 7 et i4 décembre 1 833 ). Une réponse absurde en ayant été la suite , M. D. a déclaré publiquement ne vouloir plus avoir rien à faire avec un homme aussi ignorant ( dito , 1 1 janv. 1 834 )• H me suffira donc dç reproduire un sommaire très abrégé dn sermon en question. Dans son analogie de la révélation et de sciences ( The ana- lo g y of révélation and science f etc. Oxford, i833,iu-8°), M. Nolan part de Fopuscule de M. Greenough pour attaquer la vanité de notre science], et pour regarder la formation de tous les terrains, sans distinction, comme un seul dépôt contempo- rain et instantané. D’après lui, M. de Humboldt attribuerait au déluge mo- saïque l’enfouissement des végétaux des houillères ; puis, fai- sant des rêveries physiques et chimiques contraires aux lois naturelles, pour s’expliquer la formation du globe, il va re- prendre, d’un côté, Fidéè de Voltaire, que les coquilles des hautes sommités y ont été apportées par des voyageurs , et de l’autre, celle de M. Rankin, de regarder les ossemens fossiles des mammifères comme des restes d’animaux employés à la guerre ou dans les spectacles par les Romains ou leurs prédécesseurs. Est-il possible d’oser débiter tant de sottises dans notre siècle, et devant un corps savant aussi distingué ! voilà l’Angleterre de i834! Néanmoins il ne faut pas que j’omette de dire que la partie éclairée du clergé anglican, et non ennemie des progrès, même én matière de religion, n’a pas voulu laisser rejaillirsur toutle corps le ridicule de pareilles doctrines. Notre confrère, M. le révérend professeur Sedgwick, a relevé le gant, et a pu- blié , sous la forme d’un sermon , un discours sur le Système des études à V université de Cambridge . La bile de M. Nolan ayant été surtout mise en mouvement par le Traité sur l’as- tronomie et la physique, par M. le révérend Whewell, de Cambridge, on comprend qu’une réplique ne pouvait être placée dans une meilleure et en même temps plus éloquente bouche. En traitant des rapports de la géologie avec la théologie naturelle, M. Sedgwick tombe à bras raccourcis sur tous ces absurdes compositeurs de géologie mosaïque. Il faut espérerque cette sortie, faite par un ecclésiastique aussi distingué qüe 1 68 RÉSUMÉ DÉS PROGRÈS notre confrère , mettra un ternie à ce déluge d’écrits sans lo- gique comme sans science. D'après la teinte d’esprit particulière aux Anglais, je n’ai presque pas besoin de dire que récrit de M. Sedgwick en est déjà à la seconde ou troisième édition, quoique la première ne date que de décembre. Le Magasin philosophique de Londres nous promet de nou- veau des Documens géologiques eu preuve directe des points les plus importuns de la chronologie des livres saints . Dans le n° itr du volume XXV du Journal américain des sciences, il y a un article sur la Concordance du récit mo- saïque de la création du monde avec les découvertes de la géologie . L’auteur y déploie sans utilité de l’érudition clas- sique. M. Letronne vient aussi de s’élever contre cette idée trop long-temps à la mode, que toutes les sciences devaient prendre leur origine de la Bible. Dans le moyen âge. surtout, les pro- grès des sciences d’observation furent retardés par l’autorité des saints pères, qui s’étaient persuadé que la seule cosmogra- phie possible était celle exposée dans les livres saints , et qu’on ne pouvait admettre les opinions des Grecs, c’est-à-dire le sys- tème de Ptolémée, comme étant contraires au texte de Moïse. Néanmoins quelques théologiens luttèrent isolément contre cette monomanie , tandis que d’autres crurent qu’il fallait sé- parer tout-à-fait la cosmographie biblique des discussions mon- daines. L’astronomie alexandrine fut le point de départ de beaucoup de dissertations de controverse, et bien des sa vans pères de l’Eglise accumulèrent sophismes sur sophismes pour démontrer que la terre n’était pas ronde [Major est Scripturœ auctoritas quant omnis humani ingenii capacitas , » disait saint Augustin. Ce n’est qu’en changeant le sens naturel des mots, et en bou- leversant la suite des idées , que les pères de l’Eglise, comme les géologues bibliques, depuis Burnet et Whiston jusqu’à Kirwan, de Luc et Fairholme, ont pu réussir à faire concorder la Genèse avec leurs idées. Il en est de même de l’explication de M. Boubée, quoiqu’elle soit basée sur des observations astronomiques récentes, et entée sur l’ancienne idée d’Anaxagore, que les corps célestes sont des pierres entraînées dans le ciel. Ainsi tous ont trouvé dans le mot jour, du récit de la création, l’indication commode d’un espace de temps que chacun pouvait DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. l6g alonger ou raccourcir à sa guise. Or cette interprétation reçue, tout le reste du récit devient inexplicable lorsqu’on part du point de vue scientifique. D’ailleurs les idées cosmographiques des saints pères dé- rivent, à leur insu , presque toutes des écoles philosophiques de la Grèce. Pour prouver ceci M. Letronne expose la topographie chré- tienne de Cosmas Indicopleuste, qui vécut à Alexandrie au seizième siècle. Dans cet ouvrage on trouve, comme dans Plu- tarque, les argumens démontrant l’absurdité de la sphéricité de la terre et des antipodes. Il suppose que le monde ressemble à un coffre, dont la terre serait le fond plat entouré de mu- railles, et dont le ciel serait le couvercle : le tabernacle en of- frirait une image. La terre devait ressembler à une table ayant une longueur double de sa largeur, et par conséquent à celle du tabernacle , qui avait à chacun des angles trois pains de pro- position, symbole des trois mois de chaque saison, etc., etc. La pluralité des cieux est une conception qu’on retrouve dans les poètes grecs, dans Beda et Raban Maur; quelques pères de l’Eglise voulurent même, comme les païens , en li- miter le nombre à sept, huit ou dix. Au moyen de ces cieux , placés l’un sur l’autre comme les étages d’une maison, et de réservoirs d’eau dans quelques uns, il était facile d’interpréter les cataractes tombant par les fenêtres de l’un des cieux pour diminuer la chaleur de la terre. Après avoir parlé de la place occupée par les anges dans le monde physique, d’après les anciens et les premiers chrétiens, M. Letronne parle au long des idées bizarres qu’on a eues sur la forme du monde et du mouvement des astres. Enfin il con- clut que les préjugés ne cessent de combattre la vérité tant que celle-ci n’est pas descendue dans tous les rangs de la société ; or c’est ce qui est déjà arrivé pour le vrai système du monde , dont l’établissement a coûté la liberté à Galilée, et a valu des persécutions ou des tracasseries à d’autres savans ( Revue des deux Mondes , 3e sér. , liv. 6 , p. 601 ). M. C. G. R... a publié un pamphlet sur les déluges des pays habités , ou Réponse à la question si nous avons encore à at- tendre un ou plusieurs déluges , et quelles en seront les suites ( Die Uberflutliungen der bewohnten Landern. Quediinb. et Leipzig, 1 833 , 8°). L'auteur commence par distinguer dans le monde la vie spirituelle , la vie organique , et la vie des corps célestes , c’est-à-dire la vie solaire , planétaire et cométaire* Il RÉSUMÉ DES PROGRES 170 croit aux affaissemens et à Y élévation lente des continens, au soulèvement des chaînes de montagnes ; celles d’Allemagne se- raient dirigées parallèlement à l’axe de la terre ou ài’écîiptique. Il donne un Aperçu de la série des terrains reconnus par les géologues , du mode de leur formation , et des créations an- ciennes. Il pense que la première race d’hommes a été noire , et que si les nègres n’en dérivent pas , ils peuvent nous en don- ner la meilleure idée ; il voudrait faire dériver toutes les au- tres races de celle-là. Enfin la terre habitée lui paraît devoir subir encore des métamorphoses semblables à celles qui ont émergé les continens, et produit par abaissement des fonds de mer. , § 11. Ge 0 génie. M. Lyeli a achevé ses Principes de géologie, ou Essai pour expliquer les changemens qui ont eu lieu sur la surface ter- restre par les causes encore actuellement en opération ( Prin « ciples of geology, etc., t83o-i833, 5 vol. in-8° , à pl. et vign.). Il s’agirait maintenant de donner un aperçu de cet ouvrage si important, et dont le succès a exigé, pendant l’impression même, une seconde édition du premier volume. La traduction allemande , par notre confrère M. G. Hartmann , fait présager que, transporté dans la langue française, ce livre aurait la vogue, surtout si on avait l’art de l’adapter toujours au goût des Fran- çais, et de lui conserver ses jolies vignettes et ses nombreux dessins. M. Lyeli a donné avec tact à son ouvrage un double titre; s’il n’avait offert que des principes de géologie , son œuvre au- rait trompé tout le monde; car ce n’est pas tant à la géologie qu’à la géogénie qu’il a appliqué la finesse de son esprit et sa plume élégante. En un mot, c’est une théorie de la terre dans le style de celle de Buffon , mais mise en rapport avec la ma- nière actuelle de traiter les sciences. Fidèle à son plan d’exploiter les hypothèses de tout genre, et de comparer le plus ou moins de probabilités de chacune d’elles , il entre en matière par l’exposé des cosmogonies ou des théories de la terie. Cette partie, toute de compilations, èst fort curieuse, en ce qu’orfpeut faire ressortir ainsi le prin- cipe des théories nouvelles, et déterrer au milieu de l’i vraie le bon grain qui a fructifié dans la suite. Arrivant aux temps modernes, M. Lyeli montre habile- ment, d’une part , l’influence que les controverses , les écoles DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l855. 17! diverses et îes sociétés ont eue sur les progrès delà science, tandis que, de l’autre, il expose les causes qui ont fait rétro- grader la géogénie , et qui nous empêchent encore à présent d’apercevoir les opérations continues de la nature , ces lois éternelles et immuables. De prime- abord, ce savant se raidit donc contre des systèmes très reçus, et, pour montrer toute la ressource de sa dialec- tique autant que son savoir, il aborde tout de suite la question des charigemens de température , à laquelle la surface ter- restre aurait été soumise . Après avoir exposé les raisons déci- sives pour l’existence ancienne d’une chaleur plus grande sous l’hémisphère boréal , il recherche les causes si diverses des vi- cissitudes des climats ? et emploie tous îes faits accumulés pour prouver que la distribution géographique des terres et des eaux a été telle une fois en Europe, qu’il en a dû résulter un cli- mat très chaud. La liaison intime du magnétisme et de la cha- leur pourra offrir dans la suite des faits en faveur de cette idée. Cette hypothèse amène naturellement M. Lyell à parler de la chaleur centrale , du refroidissement séculaire, des Mé- moires de MM. Fourier et Cordier. Ï1 est loin de rejeter ces brillantes hypothèses; mais avant de les admettre, il demande des expériences plus nombreuses, heureux, plus tard, de trou- ver dans leur réalité encore plus de facilité pour ses explica- tions. De ce sujet , il passe à la théorie du développement progres- sif de la vie organique. « Nous sommes des distillations du so- leil, de ce symbole de la chaleur, » me disait un jour une per- sonne d’esprit, et elle avait raison ; car sans chaleur point de vie. Or , si la chaleur est nécessaire à la végétation et aux ani- maux, n’est-il pas évident que les différens degrés de tempé- rature doivent aussi avoir des influences diverses sur îes créa- tions, ou donner même naissance à des séries dissemblables de plantes et d’êtres? M. Lyell est loin de nier cela; néanmoins il cherche à prouver que de tout temps les circonstances de po- sition ont pu être telles pour les plantes et les animaux , que les créations actuelles étaient toutes représentées dans les périodes anciennes, etque des hommes même ont pu exister alors, sans que pour cela on puisse en retrouver des traces dans l’écorce du globe. Des circonstances accessoires auraient fait varier la tem- pérature, et par suite modifié îes créations sans les changer to- talement ; et la surface du globe dût-elle repasser par ces in- fluences, les créations en éprouveraient encore les mêmes modi- RÉSUMÉ DES PROGRÈS I72 fications. Ce sont ces premiers chapitres qui lui ont valu le plus de critiques, en lui donnant en même temps une belle occa- sion de déployer son talent de la réplique. Les cliangemens qui ont eu lieu sur le globe sont aqueux ou ignés. L'eau agit comme masse en mouvement, comme ma- tière de suspension et dissolvant chimique; c’est sous ces trois rapports que l’auteur parle des effets destructeurs et recon- structeurs de l’eau, en consacrant des articles séparés aux dé- pôts des sources , à la formation des alluvions et des deltas, à l’effet des courans et des marées , à la production des dunes, des sables , etc. , etc. A ce propos , il est bon de rappeler que M. Lyell est un des premiers qui, en recherchant sur le continent, et en particu- lier en Auvergne , le diluvium , tel qu’il était décrit par MM. Buckland et Cuvier, n’y a rencontré que divers dépôts alluviens n’offrant pas les caractères dont ces derniers savans avaient faille type de leur produit du déluge de Noé. Après cela M. Lyell entre dans le domaine ignéy divisé en volcans et tremblemens de terre. Il indique les grandes régions volcaniques du globe, en présentant l’historique de celles de l’Europe, et mentionnant, pour chacune d’elles, les idées théoriques qu’elles ont pu suggérer aux géologues. Ainsi, par exemple, à propos des îles Canaries, il se déclare contre la théorie des cratères de soulèvement. Des recherches érudites lui permettent de donner un grand nombre de faits sur les tremblemens de terre et leurs effets ex- traordinaires de bouleversement, d’exhaussement, de redres- sement et d’affaissement , ce qui l’amène ensuite à examiner la profondeur des foyers volcaniques, la liaison probable des vol- cans et des tremblemens de terre, l’effet des gaz condensés sous la croûte du globe , la position presque insulaire de tous les vol- cans, les rapports des mouvemens de la mer avec ces derniers, les différences modifiant la chaleur et la pression à de grandes profondeurs , l’émersion des terres; enfin les preuves qui éta- blissent que la croûte terrestre ne s’affaisse pas plus qu’elle 11e se gonfle ou s’épaissit. L’eau salée est, suivant lui, un aliment nécessaire des volcans. Si tels sont les changemens qui ont affecté les masses dites inorganiques du globe , le monde organisé lien a pas subi de moins frappans , et ces cliangemens continuels influent consi- dérablement sur la matière inerte de la terre ; telle est la pro- position au développement de laquelle M. Lyell a consacré son DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 855. I 73 second volume , orné de la carte géologique des formes géné- rales de l’Europe, à l’époque tertiaire. L 'espèce est-elle une réalité dans la nature, ou doit-on adopter les idées de Lamarck sur la transmutation des es- pèces ? M. Lyell a réuni sur cette question beaucoup de faits curieux sur les variations amenées dans les espèces par mille causes différentes. Non content de parler des animaux et des découvertes physiologiques récentes sur les fœtus , il aborde aussi le phénomène des hybrides chez les plantes, et il conclut que l’espèce existe réellement dans la nature, et a été douée, lors de sa création, d’une organisation et d’attributs particuliers. D’une autre part , l’espèce est susceptible de grandes modi- fications, et de transmettre ses changemens à ses descendans; mais certaines limites sont posées à cette faculté, et la stérilité des hybrides en est une preuve. Après avoir vidé cette intéressante discussion , l’auteur s’oc- cupe de la distribution géographique des différentes classes d animaux et de plantes , ainsi que des causes qui ï ont réglée et qui font encore varier les stations des animaux et des plantes , ou meme font disparaître des espèces du globe. On comprend que ce sujet curieux était un des stimulans dont avait besoin l’imagination ingénieuse de notre auteur; aussi a-t-il dit sur cette matière beaucoup de choses intéressantes , sans toutefois l’épuiser. Toujours prêt à se débarrasser des lisières de la routine, il adopte, avec d’autres savans, plusieurs centres de création. Si les végétauxetles animaux vivent aux dépens de la terre et de son at- mosphère, ils viennent sans cesse ajouter des pellicules à sa croûte extérieure. Il est donc nécessaire d’étudier, de mesurer cette es- pèce de consommation et de reproduction pour toutes les classes de végétaux et d’animaux, y compris l’homme. Là viennent se placer naturellement les détails sur l'action végétale op- posée aux destructions par la voie aqueuse, la formation des tourbières , [des forêts sous-marines et du fer des marais, les effets des inondations et des éboulis , l’ensevelissement des restes organisés , êt même de l’homme ou des produits de l'art ; le mélange des fossiles marins et d’eau douce, des animaux et des plantes; enfin la production des bancs de coraux, dernier sujet sur lequel l’auteur a profité des observations inédites de plusieurs navigateurs modernes. Dans le troisième volume, M. Lyell aborde la géologie pro- prement dite, en adoptant toutes les idées à l'ordre du jour. 174 RÉSUMÉ DES PROGRÈS Ces idées concordent entièrement avec celles que j'ai exposées à Vienne, en septembre 1882, et l'an passé, dans mon Compte- Rendu (Voyez Ballet ., vol. III, p. 78); et je suis fier de me rencontrer si parfaitement avec un homme aussi distingué , quoique, du reste , bien d'autres que nous partagent ces idées sans les avoir publiées. Cette introduction achevée , M. Lyell considère les cir- constances diverses sous Lesquelles les dépôts secondaires et tertiaires ont du se former , l'origine de la position non con- forme de certains terrains , et des caractères de chaque forma- tion , par suite du changement de place dans les dépôts , et de l’extinction ou de l’introduction d’espèces différentes. Un chapitre entier est consacré plus loin à l'examen si im- portant des lois de la superposition et des alternatives ; il toucîie même à la question des régions zoologiques de la na- ture inanimée , qui, jointes aux différences dans les dépôts, m'ont donné occasion, jadis et encore l'an passé, à limiter des régions géologiques. C'est alors que M. Lyell est enfin arrivé à un de ses sujets favoiis : le sol tertiaire considéré en lui-même et dans ses rap- ports avec les volcans éteints et brûlans de l’Europe. Ses fati- gans voyages en France et en Italie , en Sicile et en Catalogne , se trouvent résumés dans cette partie , comprenant dix-sept chapitres , pleins d’observations souvent nouvelles, et toujours intéressantes : c'est presque un ouvrage à part, qui mériterait à lui seul une traduction. Non content d’adopter les quatre 'divisions zooîogiques que M. Deshayes a reconnues dans les dépouilles tertiaires des mol-» lusques, il les fait entrer tout-à-fait dans la géologie de super- position , et leur applique les noms nouveaux de période éo~ cène (Paris) , miocène ( faluns de Touraine), pliocène (col- lines subapennines et Crag), et pliocène récente (Sicile). Quelques planches de fossiles doivent rendre sensible la diffé- rence de ces quatre séries de mollusques. Je ne reviendrai pas ici sur les objections faites à ce classe- ment, et auxquelles M. Lyell me semble avoir négligé de répondre; et je laisse aux géologues à peser l’importance géo- logique des tableaux de fossiles tertiaires, dus aux recherches laborieuses de M. Deshayes, et publiés, pour la première fois , par M. Lyell. Si la géologie fait des progrès, la zoologie fossile ne nous dévoile pas des secrets moins curieux. Il m’est impossible de suivre notre confrère dans les dé- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 3 855. Iy5 tails de ses descriptions, ni de présenter des remarques sur les classemens essayés çà et là • je me permettrai seulement l’obser- yation que son travail est bien propre à faire ressortir de nou- veau toute la richesse des corollaires et des idées neuves qui ont découlé et découleront encore de l’établissement des ter- rains tertiaires, découverte qui est la plus grande étoile de l’auréole scientifique de M. Al. Brongniart. Comme exemple de sa manière de joindre toujours à l’obser- vation des faits un essai explicatif de leur, production , je men- tionnerai cependant son explication de la superposition des sables et des agglomérats tertiaires sur les marnes subapen- nines . Il suppose que les dépôts arénacés se sont d’abord for- més sur les rivages, aux débouchés des rivières • puis , lorsque ces dernières ont étendu leurs deltas , elles ont été déposer des sables sur les parties du fond de la mer déjà occupé par des li- mons plus fins , et d’un transport plus facile. Celte hypothèse vient de trouver sa confirmation, d’une ma- nière frappante et inat enduë, dans le mode suivant lequel ont lieu de nos jours les dépôts qui se forment dans le golfe du Saint-Laurent. M. le capitaine Bayfield a donné à cet égard des renseignemens très circonstanciés à la Société géologique de Londres. Les dénudations elle creusement des vallées fournissent à M. Lyell deux chapitres intéressans, où il développe de nou- veau ses idées sur l’action érosive des eaux courantes, tout en admettant des vallées formées en tout oit en partie par des dis- locations ou des soulèvemens. Suivant lui , toutes ces destruc- tions auraient été lentes et graduelles , en même temps que les couches éprouvèrent plusieurs redressemens. Il rejette donc le système des grandes perturbations, des déluges , des cataclysmes , et le diluvium ? le grand cheval de bataille de beaucoup de ses compatriotes. 1/ énumération des dépôts secondaires est faite très briève- \ ment; l’esprit de Fauteur a toujours hâte de rentrer dans les vues théoriques qui peuvent lui donner plus à réfléchir. Il s’occupe donc de préférence du hiatus entre le sol secondaire et tertiaire, de la durée des périodes secondaires, delà plus grande consolidation des roches secondaires , de la rareté des dépôts d’eau douce au milieu d’elles, de leurs déchirures plus grandes, ainsi que de leurs roches volcaniques diverses. Naturellement la théorie des soulèvemens de 31. de Beau- mont deyait aussi être examinée; M» Lyell s’en déclare l’anta- RÉSUMÉ Î>ES PROGRES I76 goniste,et nie la justesse des vues sur le prétendu parallélisme des soulèvemens d’une même époque. Il esta regretter qu’un homme de sa trempe n’ait pas épuisé ce sujet; car , tout en né- gligeant la discussion des faits , et ne s’occupant que de la théorie, il y aurait eu matière pour plusieurs chapitres; mais l’auteur était arrivé à la fin de son ouvrage; la lassitude ne lui permettait plus que d’ajouter deux chapitres sur les dépôts massifs ou platoniques , et sur les roches stratifiées primaires , appelées métamorphiques , par opposition au mot à’hypogène , proposé pour synonyme à celui de primaire . ** Je le répète , le Traité de M. Lyell est un ouvrage nouveau pour sa forme , et souvent pour son fond; et , en passant à une seconde édition, on ne peut y désirer que le développement entier, autant de la géognosie proprement dite et de tous ses termes, que de toutes les théories, sur lesquelles l’auteur passe çà et là trop vite, au détriment du lecteur, toujours avide de l’écouter. Une topographie géologique plus étendue lui ajou- terait aussi beaucoup de prix ; car, par exemple, les personnes occupées des Alpes ou des Pyrénées aimeraient à y trouver à cet égard plus de renseignemens , soit théoriques , soit des- criptifs. CHAPITRE II. SUJETS PARTICULIERS DE GEOLOGIE. § 1. Cosmogonie . M. Bûchez a publié dans son Introduction a la science de l histoire , ou science des développemens de V humanité (Paris, 1 833, 1 vol. in-8°), des Considérations géogéniques que je si- gnale en passant aux personnes aimant à lire les productions d’une imagination vive. M. Geoffroy Saint-Hilaire s’est donné la peine d’en faire un rapport verbal à l’Académie {Rev. encyclop.) La cosmogonie de Manou , exposée par M. Jean Reynaud , est à citer dans ce lieu ( Rev. Encyclop sept. i833, p. 347 )• On trouve dans le Magasin d’Edimbourg, de M. Tait, un ar- ticle sur Y âge de la terre (n° 20, p. i65). L’auteur y déve- loppe les quatre idées suivantes ; que la mer a reçu sa salure DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. 2 77 des rivières • que les eaux courantes sont sans cesse occupées à corroder la surface terrestre ; que la mer s^éloigne graduelle- ment des côtes , et que la terre est un grand organe qui s’é- puise. §n. Origine du salpêtre . La théorie de la formation du nitre est une question d’un haut intérêt pour la géologie, non seulement par elle-même, mais encore par sa liaison avec l’origine de diverses autres ef- florescences salines sur le sol de différens pays. Tout le monde connaît l’idée première des chimistes , que la nitrification exigeait la présence de matières animales $ tandis que certains savans, et en particulier M. Longchamp, soutiennent que le nitre peut se former uniquement par les parties composantes de l’air et de l’eau, dont le renouvelle- ment seul est exigé. M. Gautier de Glaubry a décrit l’opération de la nitri- fication, dans une Notice sur le calcaire crayeux nitrifiable de la B.oche-Guyon et de Mousseau , dans le département de Seine- et-Oise. Il conclut que si la craie contient des matières ani- males, dans les nitrières des lieux en question, ces matières sont trop éloignées pour pouvoir avoir quelque influence sur le phénomène. La chaux carbonatée, sans trace de matière orga* nique, se nitrifierait simplement sous l’influence de l’air et de l’humidité. Sous ces influences et celle du soleil, la craie pour- rait absorber les principes de l’air, et déterminer la formation de l’acide nitrique , par suite de la production d’ammoniac et de son action avec les substances azotées. M. Fournet propose une nouvelle explication de ce travail curieux de la nature. Il la trouve dans les actions réu- nies de l’eau et des corps poreux sur les élémens de l’air, pour former du protoxide d’azote , qui , combiné à l’eau , peut con- stituer immédiatement du nitrate d’ammoniac par une simple action isomérique. Ce nitrate, déposé peu à peu par le carbo- nate de chaux, se convertirait en nitrate de chaux et en car- bonate d’ammoniac volatil, qui est entraîné parles courans d’air nécessaires au développement de la nitrification ( 'Institut, 1 4 déc. i833, p. 258). § m. Origine des divers terroirs , Comme un sujet particulier de géologie, je peux recommarr* Soc, géol, Tom. Y. îa RESUME DES PROGRES I78 der à l'attention des géologues occupés de l’application de cette science, les observations que M. Loudon a consignées dans son Encyclopédie dJ Agriculture sur la Structure géologique de la croûte terrestre et la production des diverses espèces de ter- roirs, ainsi que les indications des engrais qui conviennent à chacun d'eux. On se rappelle que M. Haussmann a inséré, il y a peu d'années, une Dissertation latine à ce sujet, dans les Commentaires de la Société royale de Goüingue ( Specimen de rei agrariœ et salutariœ fundamento geologico, in-4°)* M. Zenneck a publié une Notice sur les élémens les plus es- sentiels du soi, d’après les rapports divers de leurs caractères extérieurs : ce sont le sable, l’argile, le calcaire, le gypse, l'hu- mus, les oxides de fer et de manganèse, et les sels non dissolu- bles ( Corresp . blatt. d. land . wurt , Ver., 1820, cah. 1 ; et |833, vol. II , cah. 2, p. 1 13 ). M. Puvis s'est occupé de la nature, de la formation et des propriétés du soi argileux non couvert d’humus ( Journ . d'a - gricult . des Pays-Bas , 3° sér., vol. VI, p. 1 13). § iv. Origine des fossiles pyriteux. Les pyrites et les fossilisations pyriteuses de dépouilles ani- males continuent à fournir chaque année des articles. Or, com- ment peut-on expliquer leur formation ? Comme la matière gélatineuse paraît avoir favorisé l'agglomération de la silice, et par suite la formation des pétrifications siliceuses , de meme il me semble que la putréfaction des matières animales ayant produit de ^hydrogène sulfuré , s’il y avait des particules d’oxide de fer dans Jes limons environnons, il s'est produit des pyrites qui se sont accumulés naturellement sur les places du dégagement du gaz en question. § v. Origine de V ambre. M. le chanoine Jos. Àîessi a discuté de nouveau Y origine de T ambre y qu'il dit être une résine de conifère : il s'occupe suiv tout de celui de Castrogiovanni, en Sicile; et il cite, avec doute il est vrai, un morceau d’ambre contenant une coquille terres- tre (Atti dell. Accad . Gioen. di Stor . nat . di Catania, vol. VI, , p- u )• M. Graffenauer a aussi donné à la Société des sciences de Strasbourg une monographie sur le succin, quhl croit provenir DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN î 835. t 79 d'espèces perdues d'arbres ( Instit. , i833, n° 26, p. ai 8 ). § vi. Origine des charbons de terre. Aux États-Unis, M. J.-Madison Bunker a confirmé l’idée que l’anthracite a une origine végétale, en décrivant des troncs d’arbres contenus dans ce combustible, et même des traces d’organisation végétale dans l'anthracite. (^/7zm‘c. J. of $c., vol. XXIY, n° 1, p. 172). M. G. Fairholme a présenté quelques observations sur la nature de la houille et la manière dont les diverses couches charbonneuses ont dû. avoir été déposées. Peu au fait de l’état de la science, il pense que ce dépôt a dû avoir lieu extrêmement rapidement ( Lond. a. Edinb. phil. mag. $883, n° 16, p. 245). D’une autre part, M. Wiil. îiutton a fait des recherches d’au- tant plus curieuses sur les bouilles anciennes , qu’elles concor- dent avec les faits chimiques établis par M. le docteur Rei- ch enbach. Les houillères du Xoribumberland forment une masse allu- viale d’environ 3oo toises d’épaisseur - leurs grès fins micacés prouvent que leurs parties constituantes n’ont éprouvé qu’une action mécanique modérée. La houille n’y forme que quarante lits exploitables; mais il y en a beaucoup d’autres qui, malgré leur petite épaisseur, occupent des espaces très considérables. Les deux couches de houille les plus épaisses s’étendent sans interruption , l’une sur plus cle 80 milles carrés, et l’autre sur 200 milles carrés. La succession des couches est très singulière, en ce qu’on passe subitement d’un strate à un autre ; mais nulle part ce fait n’est plus frappant qu’au-dessous du bassin bouiller, où un grès à débris de végétaux est placé au-dessous dJun calcaire pétri de coquilles marines. Les formes végétales des houillères ( les Sigillaires, les Lépidodendron , les Calamites et les Stig- maires) s’étendent , par le fait , à travers tout le calcaire carbo- nifère. La composition mécanique des grès n’y a permis que la conservation des plus gros troncs. La houille est, dit-on, un dépôt de matières végétales char- riées par des torrens dans des lacs ou des golfes marins, où elles sont descendues par leur poids , successivement, au fond des eaux, pour y être ensevelies entre des lits arénacés ou argileux. Les troncs droits dans les houillères sont encore empâtés dans le |sol où ils ont crû j mais ils ne sont plus à la placeoùpls étaient ; i8o RÉSUMÉ DES PROGRÈS M. Hutton les suppose avoir été charriés avec la terre qui en* tourait leurs racines, comme cela se voit, du reste, encore journellement dans toutes les crues des rivières. D’une autre part, il accorde que les troncs fragiles A’Equi- setum columnare du lias de Whitby, et la forêt fossile de Portland , ont été ensevelis sous des dépôts arénacés et calcai- res dans les lieux mêmes où ils végétaient. Partant de ces faits, il examine les houillères sous ce double rapport ; il oppose l’accumulation de certaines espèces de plantes , dans certaines couches, à la position des Stigmaires (S. ficoides ), dont les nombreuses branches partant du tronc s’é- talent dans une série de couches argileuses. Il observe, de plus, que les unio sont très fréquens dans la partie des houil- lères où abondent ces stigmaires; on en a reconnu des lits de 1 8 pouces d’épaisseur sur une surface de 5ooo pieds carrés. Un marécage a donc du exister dans ce lieu pendant un long laps de temps. Plus loin, M. Hutton trouve que J’hypothèse du charriage ne rendrait pas compte de l’étendue immense qu’occupe cha- que couche de houille ni de la formation des roches arénacées, qui les séparent, et qui sont à grains fins. Si les grès contien- nent des troncs portant les traces du charriage, et dans ce cas seraient ceux de Dicotylédons; l’état parfait des feuilles et des grappes de graines ne permet guère cette idée d’un trans- port. D’ailleurs un charriage aurait dû produire un mélange et non une succession régulière de roches diverses, objection qui ne me paraît pas fondée , témoin les alluviôns modernes des rivières. M. Hutton embrasse donc l’idée de De Luc, de M. Brongniavt, etc. , que les houillères sont des dépôts maré- cageux semblables aux tourbières ; et il s’explique l’alternance nombreuse de leurs couches en supposant à cette époque une activité de végétation dépassant autant celle de la zone tropicale actuelle, que cette dernière est supérieure à celle dominant à présent en Islande. Les stigmaires lui paraissent les végétaux qui ont contribué le plus à la production delà houille. Quant à la question de savoir où tous ces végétaux ont crû, M. Hutton ne peut la résoudre pour le Northumberland , puis- que les plus hautes montagnes voisines , savoir : celles du Cumberland, ont été soulevées après la formation houillère et les monts Cheviots, au moins après Je terrain carbonifère. Dans ces explications, il faut toujours se rappeler, d’un côté, MS SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 855. ï8l qu’il y a eu des affaissemens et des contrées qui ont pu s’abais- ser dans la mer, et de l’autre, combien il est difficile de se figurer l’état d’un plateau ancien , avant le soulèvement de la chaîne, qui n’en est plus que le représentant. M. Hutton termine par l’examen des houilles, dont il distin- gue trois variétés bitumineuses , savoir : la houille collante, caking coal , composé cristallin se brisant en rhomboèdres ; le cannel coal ou spliiit ou parrot coal , houille compacte à cas- sure conchoïde • enfin la houille schisteuse ( slate coal), qui n’est qu’un mélange des deux précédentes en lits minces hori- zontaux. Examinées au microscope entranches minces, la houille collante indique par sa cristallisation que ses parties constituan- tes étaient dans un état de solution. Le cannel coal , souvent à impressions végétales, laisse aper- cevoir clairement un tissu végétal , apparences qui sont comme confondues et empâtées mécaniquement dans les houilles fines. Une autre particularité curieuse de toutes les houilles se découvre au microscope ; c’est celle de contenir dans un nombre plus ou moins considérable de petites tubulosités une matière résineuse jaune et très volatile, qui n’est autre chose que celle obtenue par M. le docteur Reichenbach au moyen d’une distil- lation modérée, et comparée par lui au pétrole et à l’huile de térébenthine (Vov. Bull, de la soc., vol. IV, p. 176. N. Jahrb . f. Minerai, i833, cah. 5, p. 5a3 ). Dans la houille collante les cavités à huile résineuse sont alongées et petites • dans la houille schisteuse il y a deux espèces de cellulosités , savoir : des cavités alongées et d’autres circulai- res, tandis que dans le cannel coal où il y a peu d’indices de cris- tallisation, les premières cavités n’y existent que rarement, et il y a une division fibreuse. M. Hutton trouve dans ces données les indications des réticulations et des cellulosités du tissu végé- tal , et il est ainsi amené â supposer que les diverses houilles ont été produites par des végétaux différons. Si les Sigillaires, les Lépidodendrons , les Calami tes , les Stigmaires et les Fougères forment la grande masse des houilles, des végétaux dicotvlédons y ont aussi contribué, mais nous ne pouvons espérer d’en retrouver que les espèces les plus li- gneuses ou celles dont le tissu a été remplacé par l’infiltration graduelle d’eau tenant en dissolution du carbonate de chaux , ou de fer ou du sulfure de fer. RÉSUMÉ DES PROGRÈS iSi Enfin, M. Hutton partage mon soupçon relativement à l'existence du gaz inflammable comprimé dans des cellulosi- tés circulaires de la houille, et il ajoute qu’il y en a aussi dans l’anthracite de la partie sud du pays de Galles ( Fossil. flora , c. io, et Lond. a Eclinb. phil. Mag . , vol. Il ? n° io, p. 3o^). § vii. Excavation des vallées . M. Boubée s’est occupé du creusement des vallées a plu- sieurs étages ; cette particularité se représente partout avec des caractères constans et analogues, et a frappé tous les géolo- gues, qui y ont reconnu l’action répétée de courans d’eau ayant occupé successivement des niveaux différons. M. Boubée fait observer que les étages des vallées augmentent de largeur du plus inférieur au plus élevé, et que le volume des sables et des cailloux roulés s’accroît dans le meme rapport. Ainsi, les blocs sont sur les terrasses supérieures , et les sables dans le fond des vallées , comme cela se voit en effet en Suisse. Les alluvions# de gros blocs auraient été produits , d’après notre confrère, par ce qu’il appelle le déluge des géologues. Ce cataclysme général serait, d’un côté, en rapport avec des traces manifestes de grandes dislocations du sol, avec la dispersion des blocs erratiques, l’accumulation des cailloux roulés et des matiè- res précieuses, ainsi qu’avec le nivellement de grandes contrées formées de couches dures et inclinées, tandis que de l’autre il se- rait la cause de la disparition de beaucoup de grands quadrupè- des, dont les débris sontenfouis dans les dépôts de transport. Si jusque là M. Boubée ne fait que donner un nouveau nom à des effets décrits , et une cause souvent mentionnée, je le ré- pète avec plaisir, il lui reste toujours la remarque judicieuse que jusqu’ici les observations n’indiquent l’apparition des aéro- lithes qu’à une époque postérieure à la formation des alluvions anciennes. M. Boubée place sou déluge géologique entre les époques tertiaires moyenne et supérieure ( Institut , n° 1 1 , p. 94 , et Bull , vol. III , p. 353 ). M. de Montlosier a donné ses idées sur les creusemens des vallées par l'eau ( Voy. Bull. , vol. III, p. *2i5). Les faits relatifs à l’action diluvienne aux Etats-Lïnis , la des- cription des blocs , des traces ou sillons sur les rochers, etc. , ont été reproduits par M.Wilb Thompson ( Americ. J. of. sc.y vol. XXIII). DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. l85 § vin. Destructions produites par la mer . Le géologue puise d’utiles renseignemens dans les modifica • dons qu ont éprouvées les rivages et les falaises des côtes de la mer ; malheureusement, ilest difficile de bien établir toujours ces changemens. Plusieurs mémoires ont été composés sur ce sujet Fan passé. Ainsi, M. James Mitchell a cherché à démontrer que les escarpemens à Reculver dans le Kent étaient du temps des Piomains plus éloignées de la mer qu’actuellement. Recul* ver serait le Regulbluin des Romains. Sous Henri VIII, Recul- ver était à demi-lieue de la mer, et il y avait un pont entre ce point et l’41e de Thanet. Depuis lors, les destructions ont été si rapides, que, sans des travaux, i’église même de R.eculver au- rait été engloutie. Plusieurs bancs de sable à l’embouchure de la Tamise auraient été jadis des îles; ain$i , les bancs de Margate seraient figurés comme des îles dans les cartes de Ptolo- niée ( Lond. a , Edinb . phil. Mag. , fév. 1 834 ? P* I49)* Uîle de Helgoland, au-devant de l’embouchure de l’Elbe, à 1 4 lieues de la terre-ferme, est un point dont l’étude peut fournir de bonnes données sur la destruction exercée par les flots de là mer. Ce rocher au moyen âge, encore entouré d’une assez grande surface de prairies , m’est maintenant qu’une masse es- carpée d’une demi-lieue de long et moins d’un quart de lieue de largeur. A côté de lui , à 3oo verges de distance , s’élève à 20 pieds au-dessus de l’eau un îlot de sable et de débris crétacés qui était encore lié à Helgoland en Fan 1 120. M. Hoffmann classe dans le grès bigarré les marnes de diver- ses couleurs et peu inclinées à l’est , qui constituent l’île prin- cipale, tandis que le calcaire coquillier qui recouvre ces roches, la craie et le grès à lignite des rochers à l’est ont conduit MM. Lichtenstein et Kunowsky à n’y voir que du grès vert. Cinq à six espèces d’Aminonites y ont été trouvées en labou- rant les champs. L’historique de celte île et des changemens successifs dans sa forme se trouve dans l’ouvrage publié en i83o par M. Lappen- berg sous le titre de l’Etendue, et l’histoire ancienne d’Hel- goland ( Uber d. chemaligen Unifang , etc., Hambourg, in-8° à 1 carte). L’an passé T M. Ad.-Léop. Richter a joint des ob- servations topographiques et géologiques sur les îles de la mer du nord a une description des bains de mer à Nordernev, Wanderoog et Helgoland [Die Seebader auf Norderney> etc. Berlin » i833. In-8° ). RÉSUMÉ DES PROGRÈS l84 M. F. Charles Beke a donné une Note archéologique , mal- heureusement peu satisfaisante , sur V étendue ancienne du golfe Persique , et sur la séparation assez récente du Tigre et de V Euphrate ( Lond. a. Edinb. pliil . Mag. , février 1 834 ? p. 107). M. H. B. Palmer a publié une Note sur le mouvement pro- gressif des bancs de galets le long des côtes de la mer , et sur la formation des barres à l’entrée des ports, questions im- portantes pour la navigation comme pour la géologie. Il trouve que par suite du flux et du reflux les plus gros galets sont placés sur le haut des bancs d’alluvion, et le sable dans le bas (Athenœum , n° 66 , p. 387, et Institut , n° i3, p. 109 ). § ix. Géologie quaternaire. M. Reboul a publié une intéressante Géologie de la période quaternaire et une Introduction a V histoire ancienne (Pézenas et Paris, 1 833 , in-8° ). Je me serais fait un plaisir d’en offrir l’arçalyse, si cet ouvrage ne rentrait dans les travaux de la So- ciété, et si M. Boblaye ne s’en était chargé. Un autre Mémoire de M. R.eboul sur les comblemens ter- tiaires s’imprime dans la deuxième partie du premier volume des Mémoires de la Société. § x. Origine des calcaires grenus. M. de Léonhard compte publier un ouvrage sur les calcai- res grenus et les dolomies , leurs îgisemens, leurs divers gen- res de formation et leurs accidens ( Voy. Bull. , vol. III , p. 2126). L’auteur y considérera surtout si on doit admettre véritablement des éruptions et des coulées calcaires , ou la formation ignée immédiate de roches semblables , comme le prétendent MM. Savi et Rozet. § xi. Origine des quarzites . M. Christ. Kapp a donné une Note sur des quarzites du Taunus pj'ès de TViesbaden. Ils sont au milieu des roches cal- caires et chloritiques , qui passent aux schistes argileux et aux micaschistes. Il cherche à établir que ce quarzite est placé sous ces roches, en montrant ses rapports avec les filons quarzeux, en décrivant les contournemens des roches avoisinantes, et les surfaces extérieures polies et striées des amas quarzeux, etc. i85 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835* Certainement l’observation minutieuse du gîte du quarzite est à désirer; son gîte le plus fréquent est en amas dans les schis- tes auxquels l’auteur avoue lui-même qu’il passe. M. K. suppose que le quarzite a été poussé hors de terre dans l’état d’une gelée pâteuse ; on pourrait encore proposer d’y voir un dépôt de vapeurs gazeuses chargées de silice, et faites sous une grande pression. Mais avant de recourir à ces théo- ries, ingénieuses il est vrai , il faudrait voir si ce ne sont pas toujours ou quelquefois seulement des grès ou détritus quar- zeux fondus par la chaleur souterraine. Quant aux filons de quarz ou de silex corné, l’idée de M. Kapp paraîtra fort rationnelle à ceux qui ont bien étudié ce genre de dépôt. Le même auteur a même étendu ses observations à la formation du silex corné dans le granité de Carlsbad en Bohême ( Athe- nœum , cah. 3). M. Kapp distingue dans le terrain schisteux de Wiesbaden trois époques de soulèvement, dont la première aurait été con- temporaine de l’éruption granitique ou quarzeuse et la der- nière de celle des basaltes. Les filons quarzeux auraient été remplis lors de la première époque (N. Jahrb.f. Minerai . Geog. i833, cah. 4> p< 4I5)« § xii. Origine des accidens des filons métallifères . M. J. Taylor a appelé l’attention des géologues anglais sur un classement méthodique des gangues des filons , et un exa- men attentif de leurs rapports avec les roches qui les contiens nent; recherche du plus haut intérêt pour la science et l’éco- nomie publique. Il cite à ce sujet que des renseignemens pareils ont produit la découverte d’un riche filon à^Vita-Graude-Zaca- tecas, au Mexique, et d’un autre à Ramos, sous du basalte. Cette note a donné lieu à la remarque de M. Greenough , que dans le Derbyshire les filons étaient souvent interrompus par le trap, et qu’au point du contact le filon se ramifie. M. Sedgwick assure que les fiions traversent aussi souvent le trap qu’ils en sont coupés, tandis que quelquefois les filons ont été formés évidemment après l’injection trappéenne*. Tout en admettant le remplissage de certains filons granitiques par in- jection et sous une grande pression, et les regardant comme des appendices d’amas non stratifiés , M. S. ne confond pas la cause des filons granitoïdes avec celle qui a produit les filons métallifères, car ces derniers pe sont souvent que de véritables J 86 RÉSUME DES PROGRÈS fentes coupant les premiers filons, aussi bien que d’autres roches. Cet éminent géologue divise les filons du Cornouailles en trois sections, suivant qu’ils ont été formés par injection , par sécré- tion, ou par remplissage postérieur. Néanmoins il rejette la théorie de la formation contemporaine des filons et des roches aui les renferment. X M. Boase pense que les schistes inclinés du Cornouailles sont dans leur position originaire, et n’ont pas été soulevés par le granité, près duquel ils deviennent métallifères, et prennent une nature particulière. Il observe dans ce pays que les filons métallifères et non métallifères varient suivant la nature des roches qu’ils traversent , et il admet la formation contempo- raine des filons et des roches {Report of the brit . assoc i833, P. 579). M. Will. J. Henwood a donné quelques nouveaux rensei- gnemens sur les intersections de filons en Cornouailles, frag- ment de son travail général sur ce sujet ( Lond . a . Edinb. phi'L mag vol. Il, n° 8, p. 147). M. Buff a publié une Note sur des filons- couches de fer oxide' rouge en contact avec du schaalstein et des amygdaloïdes dé- composées du terrain intermédiaire de la Lahn, près de Wetz- lar. Dans un des gîtes, ce minerai forme, sur une étendue de 3/4 de mille d’Allemagne, une série d’amas-couclies qui ont de 4 à 7 pieds d’épaisseur et quelques centaines de toises carrées en surface. Dans un autre dépôt, les amas deviennent des nids et contiennent assez souvent des parties qui offrent des surfaces polies ou deglissement ( spiegel ). M. Buff pense que ces amas, maintenant horizontaux, ont formé jadis des filons inclinés qui ont été fendillés et placés dans leur position actuelle. Il attri- bue aux roches amvgdalaires la même double origine, c’est-à- dire qu’elles auraient été injectées, puis modifiées. D’assez hautes coupoles basaltiques s’élèvent dans le voisinage de ces mines de fer (Archiv, fi Miner . de M, Karsten, vol. TI, p. 439 ). M. Fournet a étudié les filons de P ont-Gibaud , en Auver - gne , sous le rapport de leur formation , et a présenté à leur égard des explications ingénieuses. Les schistes cristallins ou micaschistes à amas granitiques de Pont-Gibaud sont traversés de fentes remplies de roches fragmentaires ou de composés métalliques et terreux. Ces fissures laissent apercevoir entre elles un certain parallélisme, et elles recèlent des minéraux dif- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. l8j férens, d’après les roches qu’elles traversent. Le schiste micacé et talqueux sont les roches les plus métallifères, et, près des filons, elles sont décolorées en verdâtres ou jaunâtres, et leurs pyrites y produisent des efflorescences magnésiennes ou vitrio- liques. N’admettre dans le remplissage des filons que des sublima- tions, est aussi absurde que d’v voir seulement des dépôts par la voie aqueuse. M. Fournet Ta senti, et en conséquence il divise les filons en ceux d'origine ignée, tels que les dykes porphyriques, etc., ou la silice a été mise en combinaison par la chaleur, et en ceux remplis par des dépôts d'eaux minérales. L'auteur étudie avec soin les altérations subies par les frag- mens des roches engagées dans les filons , et voit ensuite les sources les recouvrir d’incrustations de silice , de sulfure de fer et de pyrite arsénicale. Après ce dépôt non cristallisé , M. Fournet croit pouvoir reconnaître quatre autres époques de remplissage; les fentes auraient été de nouveau dilatées, ce qui aurait produit plusieurs ramifications secondaires dans le mur ou le toit. Les fragmens des roches , et surtout de quarz, y auraient été enveloppés de zones alternatives de pyrites, de galène et de quarz cristallisé. À une seconde époque, une dila- tation nouvelle aurait eu lieu, et l’ébranlement aurait dé- tourné les sources produisant la blende et la galène, pour y introduire des liquides chargés de sulfate de baryte ou de sels capables de la produire par leur réaction. L’énergie des sources s’affaiblissant, les minéraux auraient pris successivement des formes de plus en plus régulières; ce serait alors que les saibandes se seraient formées au moyen d’argiles, qui ne seraient que des détritus des filons ou des alté- rations des roches voisines ou bien des produits de sources acidu- lés.Plus tard, les dépôts siliceux auraient continué et continuent encore, car la silice se dépose journellement à l’état gélatineux. Maintenant les dépôts ferrugineux et calcaires tendent à ob- struer les travaux du mineur; ce sont des ocres très compac- tes, du manganèse et des concrétions calcaires. M. Fournet tâche de se rendre compte des altérations qui ont lieu sous nos yeux. Le fer hydraté compacte et terreux provient des pyrites, la variété pulvérulente du carbonate de fer elle fer arsénialé dérivent des pyrites arsénicales, le plomb carbonate et sulfaté cristallisé vient de la galène , le zinc sul- faté et l’oxisulfure de zinc de la blende; enfin, le cuivre carbo- naté et sulfaté , ainsi que le protoxide de cuivre, du cuivre I SS RÉSUMÉ UES PROGRÈS pvriteui ( Institut , 16 nov. i833, p. 228; et Annales scient . d’ Auvergne, 1 833 ). Si ces derniers faits avaient été déjà la plupart constatés ail- leurs, l’idée de M. Fournet d’employer les eaux minérales pour le remplissage des filons ne se trouve pas, je crois, avec autant de développement dans les ouvrages géologiques qui ont paru jus- qu’ici. Dans cette opération, comme dans toutes celles de la natu- re, il faut nécessairement se garder d’ëtre trop exclusif. S’il y a eu des sublimations dans les filons, d’autres dépôts peuvent n’être que des combinaisons nouvelles ou des déplacemens de molé- cules par suite d’affinités électro-chimiques. Il en est de même des altérations observées dans les fragmens empâtés dans les filons, de celles des salbandes ou du toit et du mur. Beaucoup de ces apparences, que nous caractérisons d’imprégnations mi- nérales , provisoirement ou faute de meilleure dénomination, peuvent bien n’être encore que des effets des mêmes causes : les pyrites dans les roches voisines des fentes en offrent, par exemple, un bon exemple. L’étude de l’ensemble ou de la suc- cession de ces opérations chimiques ou électro - chimiques aqueuses et ignées, de longue ou de courte durée, devient une partie importante de la géologie, en tant qu’elle se lie intime- ment à l’exploitation des richesses minérales du sol; car, pour rechercher les causes de ces dépôts, il faut aussi s’attacher à suivre la formation et les accidens des cavités qui les contien- nent. La question chimique se trouve donc envelopper ici celle des effets des soulèvemeus et celle de la formation des failles, l’étude de la répétition des fissures et de leur direction respective, la dissémination variée des minerais sur le globe, enfin la topographie des crevasses que la terre a éprouvées à des époques très diverses. Des cartes exactes de tous les filons des districts miniers les mieux connus pourraient aider beau- coup dans cette recherche, et suggérer même au mineur des règles plus certaines que celles qu’on a cru reconnaître pour quelques localités limitées , tandis que le géologue trouverait probablement à raccorder ce relevé de fentes avec d’autres grands accidens, et même avec les rides de la surface terrestre. § xm. Stratification des roches. M. le professeur Charles Naumann a donné un Mémoire sur le parallélisme linéaire de quelques roches . Le gneiss, le mi- caschiste, la chlorite schisteuse, etc.; en général les silicates DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. 1 89 cristallins primaires, produits probables du refroidissement de la croûte terrestre, offrent, dans leur intérieur, des traces plus ou moins distinctes d’un arrangement linéaire ou d’une divi- sion en feuillets ; quelquefois meme des divisions prismatiques ou tabulaires s’y subordonnent sur une grande échelle. Cette dernière particularité se revoit meme dans des roches silicatées plus récentes, qui sont des dépôts d’éruption • dans ce cas sont le diorite schistoïde,la siénite, certains gneiss récens; et elle est très fréquente dans les amygdaloïdes , les tracnytes et les laves. Dans ces dernières masses, les cas d’un seul parallé- lisme des plans sont plutôt des raretés. M. Naumann recherche la cause de cesaccidens, surtout pour les schistes primaires. Il observe fort bien que, dans les dépôts plutoniques récens, la structure linéaire et parallèle est pro- duite par la position des vacuoles alongées ou des cristaux aci- culaires dirigés dans le sens dans lequel se sont mues la masse fluide ou les concrétions qui la composaient. M. Naumann pense que cette donnée est applicable aux gneiss et aux mica- schistes ; ayant le premier refroidissement de Ja croûte terres- tre , ces masses auraient coulé conformément à leur pesanteur spécifique et à la rotation du globe, à peu près comme c’est encore le cas pour l’Océan. On pourrait supposer de très gran- des pressions exercées par des matières pâteuses, de l’intérieur de la terre vers l’extérieur, sur la croûte qui commençait déjà à se solidifier ; ces pressions auraient pu avoir lieu sur un point ou le long d’une ligne, ce qui aurait produit des coupoles ou des segmens d’ellipsoïde ou de cylindre. D’une autre part, on pourrait aussi penser que la première croûte a été crevassée pour donner issue à des matières pâ- teuses, qui , sorties avec violence , auraient inondé sa surface* On pourrait peut-être admettre dans ces masses un mouvement ondulatoire particulier, qui aurait produit ces contournemens, joints à une constance remarquable de direction. En examinant les plissemens des silicates cristallins schis- teux, on serait presque porté à croire que ce sont des masses épanchées sur de grandes surfaces, qui auraient éprouvé , pen- dant leur consolidation , des glissemens, des contournemens et des redressemens , par suite de relèvemens ou d’abaissemens (peut-être peu considérables) de leur base. Après avoir jeté en avant ces hypothèses , M. Naumann examine la manière de s’assurer de la direction d’une masse, d’un côté, pour des couches horizontales peu inclinées et on- n RESUME DES PROGRES igo dulées, et, de l’autre, pour des couches redressées ou verticales. Dans le cas de l’horizontalité parfaite, on doit supposer que le massif est encore dans sa position originaire, et la direction des feuillets donne la direction dans laquelle il a été formé. Mais lorsque les couches sont inclinées, on doit penser qu’elles ont été redressées, du moins quand on s’occupe des roches an- ciennes; car des dépôts d’éruption ont formé plus tard des masses parallèles verticales ou inclinées, qu’on ne peut pas ap- peler proprement des couches. Dans ce cas, la solution du pro- blème est donnée par la règle suivante : qu’on mesure dans le plan de la couche l’angle d’inclinaison du parallélisme linéaire, relativement à la ligne horizontale, et qu’on additionne cet angle du côté convenable à la direction observée de la couche. L’auteur décrit un instrument particulier pour mesurer exactement la direction; il indique la manière de s’en servir, et met en garde contre les graves erreurs dans lesquelles ou peut facilement tomber par les méthodes ordinaires, en voulant déterminer l’angle d’inclinaison de couches très inclinées ou verticales. Il faut faire attention au côté sur lequel le redresse- ment a eu lieu , et mesurer toujours dans le plan des couches. Autour de Freiberg, le gneiss a une stratification horizon- tale ou faiblement ondulée, et il offre un parallélisme linéaire très frappant et dans une direction assez constante, dont la moyenne est h. 7, 4 ou de l’O.-N.-O. à E.-S.-E. L’inclinaison oscille vers divers points de l’horizon, et va quelquefois jusqu’à i5 et 20°; de manière que le parallélisme linéaire tombe tantôt dans le plan de direction, tantôt dans celui d’inclinaison, et montre ainsi son indépendance de la stratification. Dans les parties où le gneiss passe au micaschiste, la roche perd son pa- rallélisme linéaire. D’après la théorie ultraplutonique, le micaschiste supérieur serait une croûte de refroidissement plus ancienne que celle du gneiss ; mais comme il y a passage de l’un à l’autre, sans con- stance de parallélisme linéaire, il faut admettre une expansion de la masse pendant la première période de consolidation. Au- tour de Freiberg, le gneiss inférieur paraît s’être alongé ou avoir coulé, à cette époque, dans une direction de l’O.-N.-O. à E.-S.-E. sous la croûte déjà consolidée de micaschiste et du gneiss supérieur (N. J ahrb , f. Minerai , , Geognost v 1 833, cah. 4, p. 383). DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l855. 101 § xiv. Origine du soufre . M. G. Gemellaro a lu à l’Académie de Catane un Mémoire sur une nouvelle théorie relativement ci V origine du soufre . Il croit que ce corps provient de la décomposition des mollusques nus, et que, s’étant acidifié par suite de l’action de feux souter- rains, il a converti le calcaire en sulfate de chaux, et donné lieu aux sulfates de strontiane, qui , dans les argiles tertiaires de Sicile, s’associe avec les minéraux précédens. Avoir une idée pareille au pied d’un volcan tel que l’Etna , rappelle presque M. Tondi , de Naples, s’obstinant à comparer le Vésuve aux embrasemens des houillères , et les laves , à des scories ter- reuses. § xv. Théorie des volcans . M.le comte deBylandt a publié en français un résumé prélimU naire cV un ouvrage en 4 volumes sur la théorie des volcansÇiSdL- pies, 1 833. în-8°‘ie édit. Paris, i834). Dans la première partie , l’auteur traitera dus ystème du monde en terminant par les causes et les effets des courans, des vents alises et du magnétisme. Dans le second volume, il s’occupera de Peau , de ses mouvemens, et des volcans entre les Alpes et les Pyrénées, en commençant par ceux de la Sicile. Le troisième volume contiendra l’histoire des volcans de la France, de l’Italie et de la Dahnatie , et dans le quatrième, il traitera du contre-courant volcanique qui passe sous le golfe de Saint-Euphémie ( lat. 3g° N.), et qui com- prend la Calabre. Il ajoute un classement des opérations volca- niques en huit classes, savoir : les éruptions, les demi-éruptions, les éruptions rayonnées, les éruptions partielles de galeries inférieures, les éruptions intérieures, les éruptions intérieures sans laves, les éruptions d’eau, de cendre et de boue , les laves et les émanations de gaz inflammable. Il reconnaît quatre grandes causes, le feu igné central, l’ébou- lement de la croûte du globe produit par la pression de l’eau , le soulèvement des couches par la pression inté- rieure, et lors la diminution du feu central , qui ne pouvait plus agir que sur les points de moindre résistance. Pour re- cueillir des faits à l’appui de sa théorie, il a consacré onze ans à l’étude des chaînes de l’Europe. • Après avoir traité des fluides de la nature , savoir, d’un éther répandu partout , du calorique 9 de la lumière, des flui- RÉSUMÉ DES PROGRES tg2 des électrique et magnétique, et du feu volcanique , il expose ses idées sur le parallélisme des volcans. Il admet des centres volcaniques, tels que le golfe du Mexique et l’ Archipel des Molluques , etil trace ensuite neuf parallèles volcaniques sur le globe indiqués environ par les îles Philip- pines, les îles du Japon, les Kouriles et l’Islande, les îles Ma- riannes les Carolines, les îles Sandwich, les détroits de Behring et de Magellan. 11 discute la nature du feu volcanique, et distingue deux sortes de volcans, savoir, les volcans sous-marins, et les vol- cans à l’air libre. Ces derniers se subdivisent en volcans directs, sur une large ouverture, en volcans indirects situés à l’extré- mité de branches latérales d’ouverture, en volcans permanens, en volcans éteints ou de boue, en volcans d’air, en volcans de fumée, et en faux volcans ou montagnes brûlantes. U remarque qu’au nord de l’équateur les volcans ont tous leur orifice tourné vers l’ouest , et qu’ils épanchent leurs laves au sud, tandis quele contraire a lieu pour les volcans au sud de l’équateur. Néanmoins Stromboli ferait exception à cette règle. Toutes les pentes des cônes volcaniques couverts de laves feraient face à l’équateur avec unelégère déviation versl’ouest. Les courans de l’océan sont attribués à l’action volcanique qu’il prétend être en rapport exact avec les lignes magnétiques et isothermes. Il croit avoir découvert un conduit volcanique faisant le tour du globe entre deux parallèles , et il s’expli- que ainsi les relations des volcans entre eux. M. Bvlandt attribue l’activité ignée la plus grande à l’intro- duction de l’eau de la mer dans le foyer volcanique ; dans tous les cas, c’est une fermentation produite par le contact des gaz et de l’eau. 11 termine par la description des roches volca- niques. M. Maravigna a examiné les effets que les découvertes chi- miques récentes , en particulier celles de Davv et de Berze- lius, ont eus sur la théorie des volcans . Ses conclusions sont : i° Que le globe était d’abord un composé de bases métalli- ques de terre ou d’alcalis; i° Que ces métaux étant entrés en combustion, ont rendu la terre lumineuse , et qu’ainsi se forma la croûte terrestre sous laquelle les portions non oxigénées, ainsi que du silicium, con- stituent les foyers volcaniques; DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l853. î 98 3° Que l'eau , et en particulier celle de la mer, est néces- saire à l’action ignée; 4° Que les laves ne sont pas des roches primaires fondues, mais des résultats de l’oxidation des métaux de l’intérieur; 5° Que la fluidité des laves et leur température dépendent de la combustion des atomes métalliques; 6° Que les volcans donnent lieu aux tremblemens de terre; 70 Que la silice est dissoute par l’action réciproque de l’eau et de l’acide sulfurique , et que les dépôts siliceux des volcans en résultent ( Alt. dell. Acccid . Gion di Stor. ncitural, y. VII, p. i3g). Un article sur les volcans , par M. le docteur Daubény, pa- raîtra cette année. § xvi. Histoire des volcans. L’historique des volcans en général a été continué par M. Higgins dans le Magasin d’histoire naturelle {Londres y juillet 1 833 ^ p.34 4 )• Le Mémoire entier deM. John Davy sur le volcan surgi des mers de Sicile se trouve dans la première partie des Transactions philosophiques pour 1 833 ( Lond a • Edi/ih. phil. Mâg. , vol. III, n° 1 4 9 P- J’avais oublié l’an passé de citer sur ces phénomènes le rapport deM. Charles Gemmellaro ( Relazione di fenomeni del nuovo vulcano , etc. Gatane, iB3i. ïn-8° à 2 pL ). M. Placide de Luca a décrit les nouvelles éruptions arri- vées en novembre 1 832 sur le côté occidental de l’Etna ( Antologie , vol. XLV1II, déc. 1882, p. i55). M. Jos. Alessi a continué son Histoire critique des éruptions de l’Etna, qu’il a amenée dans ses quatrième et cinquième discours jusqu’à la fin do seizième siècle {Aid de IL Accad . gioen. di Catania , vol. VI, p. 85, et vol. VU , p. I99 nier savant n’avait trouvé dans les îles de Lipari que des cra- tères d’éruption plus ou moins anciens. Quant aux considéra- tions présentées par M. Tournai , sur les volcans anciens de la France et sur les cratères de soulèvement, je crois qu’il me suffit, pour faire connaître l’idée de ce confrère, de citer quelques unes de ses propres paroles : «L’expression de cratère de soulèvement » peut être vicieuse, mais n’en désigne pas moins un phénomène » positif, comme il n’est même pas difficile de le piouver. L’on » pourrait aisément mettre tout le monde d’accord, si les adver- » saires opposés voulaient abandonner tout ce que leurs théories «peuvent offrir d’assertions hasardées, d’observations incom- » plètcs et de faits mal observés; or un tel résultat est facile à » obtenir lorsque les adversaires tiennent plus à faire triompher » la vérité que leur amour-propi e.Si la discussion se prolongeait « encore davantage, ajoute M. Tournai, elle deviendrait une >> discussion de mots et de personnes. » (Voyez Revue du Midi et Souvenirs d'un congrès scientifique 9 vol. V, liv. 1” de cette Pievue ). § xxii. Soulèvemens des continens . M. J. F. M. Johnston a reproduit, sur V élévation graduelle des continens européens dans les latitudes boréales élevées , les opinions en faveur de cette idée ( Edinb . new phil.fi Avril i833,p. )• M. Arago a inséré dans l'Annuaire du Bureau des longitudes pour 1 834 lcs principaux résultats con- tenus à cet égard dans un Mémoire de M. Hallstrom ( Kong. Vet . Acad . Handlingar). M. Gardner a donné la position relative des terres et. des eaux relativement aux antipodes. Seulement une ~ partie de la terre a pour antipode le continent. Les antipodes de l’hémi- sphère oriental sont presque entièrement dans l’Amérique mé- ridionale, à l’exception d’une ~ partie qui se trouve les avoir dans la Nouvelle-Zélande. D’un autre côté , les antipodes de l’hémisphère occidental sont dans la Chine et les archipels voisins ( Lond . a. Edinb. phil. Mag N. S., n° 17 , p. 37 1). On a exposé de nouveau l’idée souvent émise, que les baies du Forth et de la Ciyde étaient jadis des portions d’un détroit de mer séparant l’Ecosse méridionale de la haute Ecosse ( Quart, j. of a gricult. Avril 1 833 ). § xxiii. Soulèvemens des chaînes . Vosges. — M. Hogard fils a lu , à la Société d’émulation du 200 RÉSUMÉ DES PROGRES département des Vosges, un Mémoire sur les changements de niveau éprouvés par le grès vosgien , le grès bigarré et le mus - clielkalk y par suite des soulèvemens. Ce Mémoire est accom- pagné d’une coupe de Goibev an Haut du Roc. Departement du Cher. — M. Malinvaud fait coincider r époque de la formation des alluvions anciennes de la val- lée de tAubois dans le département du Cher avec celle du sou- lèvement de la partie orientale des Alpes, Les terrains de la Li- magne étaient auparavant à un niveau absolu bien moindre que celui auquel on les voit aujourd’hui , iis n’ont pris qu’à ce mo- ment la pente qu’ils ont actuellement du sud vers le nord, et la plaine horizontale de la Bresse a pris en même temps une in- clinaison moyenne semblable à celle des terrains tertiaires de la vallée de l’Ailier. Or, à l’époque de ces soulèvemens, des lacs d’eau douce couvraient encore l’Auvergne et la Bresse; par suite du mouvement subit imprimé au fond des lacs, leurs eaux ont dû s’écouler avec violence, et entraîner au loin des débris et des blocs. La direction de la vallée de TAubois est à peu près la même que celle de la partie inférieure de la vallée de TA Hier par laquelle les débâcles de la Li magne devaient déboucher; donc cette première vallée aura pn être creusée par l’action érosive des courans , qui ont démantelé le soi ter- tiaire ( Ann. des mines , 3e série, vol. IV, liv. 5, p. 247 )« Auvergne.- — M. A. Bu rat a dit quelques mots sur les soulève- mens qui paraissent avoir affecté l’ Auvergne. D’abord , le plateau primaire est traversé de fiions ayant une direction gé- nérale du nord au sud. Les porphyres se trouvant en plusieurs points semblent avoir occasioné le soulèvement de la chaîne d’Ambert. Quant au soulèvement du plateau primaire en gé- néral , il remonte à une époque fort ancienne , puisque les dé- pôts houillers nv ont pas pris part. De plus , la présence dans certaines dépressions de petites formations locales comme le grès rouge de la Haute-Loire, les bassins houillers de Langeac, de Brioude, deBrassac, etc., dans la vallée de l’Ailier, tendraient à faire supposer des soulève- mens partiels postérieurs aux principaux , et qui auront eu lieu entre les formations houillère et jurassique. Ce dernier terrain n’a pénétré dans aucun point du plateau. Ces soulève- mens partiels auraient isolé ces petits dépôts des formations plus considérables auxquelles ils appartenaient. Ainsi , les arkoses du Puy seraient un lambeau séparé des arkoses du Bas-Vivarais parle relèvement subit du terrain aol DES SCIENCES GEOLOGIQUES E& l835. primaire , qui a placé le haut Yivarais à 4oo mètres plus haut. Les bassins houillers de la vallée de F Allier auraient été en re- lation avec les formations étendues, accolées à l’extrémité nord du plateau. Telle aurait été , suivant M. Burat, l’origine des trois bassins tertiaires de l’Ailier, de laîîaute Loireetdu Cantal. Quant aux soulèvernens produits parie système volcanique , les centres d’éruption de l’époque trachitique sont disposés sur deux lignes ( le Cantal , etc. , et le Yelay ) , qui courent la pre- mière du S. -O. S. au 1N.-E.N., et la seconde du S.-E.-S. au N. -O. -N. Autour des groupes trachitiques , il y a une zone basaltique. Ces dernières éruptions eurent lieu dans le Yelay sur deux lignes parallèles à cette chaîne, et elles se terminè- rent par les volcans du Bas- Yivarais placé au pied des escarpe- mens sud du plateau primaire , c’est-à-dire sur la ligne de fractuie du soulèvement. Dans la Basse-Auvergne, les dépôts basaltiques eurent lieu plus irrégulièrement; mais ii est remarquable que, générale- ment , toutes les éruptions de cette nature eurent lieu dans l’espace compris entre les deux lignes trachitiques, sauf l’excep- tion des Coirons. L’apparit on d’environ soixante cônes volcaniques moder- nes ( Monts-Dômes) termina vers le nord la série des dépôts volcaniques de la France centrale. La direction générale des éruptions des diverses époques coïncide avec tous les grands accidens du sol primitif, comme les lignes volcaniques sont aussi parallèles entre elles. Ainsi, dans le Yeîav, M. Burat trouve une première émission de ba- salte coïncidant avec la direction de la chaîne trachytique , et deux autres séries d’éruption sur deux lignes parfaitement parallèles sur une longueur de 5o à 60 kilom. Il y aurait donc dans ce pays quatre hgnes parallèles d’éruption. Les dépôts trachitiques du Cantal, des Monts-Dores et des Monts-Domitiques ont eu lieu sur une meme ligne à l’est; les basaltes de la Basse' Auvergne suivent la meme direction , et à l’ouest ils formaient une chaîne parallèle depuis Roche- fort à Pranal; enfin, la chaîne des volcans modernes coïncide avec cette ligne. J’ai déjà dit que M. Burat reconnaît dans le terrain volcani- que différées cratères de soulèvement plus ou moins grands ; quant aux perturbations que l’action volcanique répétée a fait éprouver au sol primaire, il avoue que « ces effets sont tou- » jours très difficiles à constater ( p. 18) ? quoiqu’ils ne soient 202 RESUME DES PROGRÈS » pas moindres que ceux des masses épanchées. Comme ce sont » ici des formes que Ton a à étudier, et qu’elles ont été quelque- » fois profondément altérées par les agens atmosphériques , on » a besoin de s’appuyer sur les faits les plus récens, ou qui par » leur position ont échappé à ces altérations pour reconnaî- » tre ceux qui seraient méconnaissables sans cesrapprocheniens » ( p. 17 ). » Partant de cette proposition rationnelle, il est à regretter que M. Burat n’ait pas trouvé à citer dans la France centrale primaire d’autres cratères de soulèvement que celui du Pal dans le Haut-Vivarais ( Voy. Bull. , vol. III, p. 169 ). En ef- fet, le granité étant non stratifié, comment peut-on distinguer un cirque de soulèvement d’un cratère d’éruption ; car l’état fissuré du granité peut se rencontrer tout aussi bien dans l’un que dans l’autre cas. D’après cette manière de procéder, je ne vois pas pourquoi le cratère granitique du mont de la Coupe au-dessus d’Entraigues en Vivarais ne pourrait pas être trans- formé en cratère de soulèvement. On y entre aussi par un défilé; le granité est fendillé et désagrégé, du basalte s’y présente; la seule différence, c’est qu’une coulée basaltique s’y rattache évidemment ( Voy. Description des volcans du Vivarais , par Faujas, pl. 10 , p. 298 ) , tandis qu’au Pal il y a dans le cirque des proéminences ou culots basaltiques. Enonçant ainsi publiquement mes doutes sur une opinion isolée de M. Burat, on pourrait croire que je veux combattre ainsi tacitement le système des cratères de soulèvement dans les terrains schisteux ou stratifiés, ce qui est cependant loin de 111a pensée, puisque je présenterai bientôt à la Société unedes- cription détaillée d’un exemple de ce phénomène intéressant, pour lequel j’adopte même pleinement la dénomination, non équivoque, suivant moi et d’autres géologues, de cratère de sou - lèvement . Je ne m’embarrasse pas maintenant de sa fréquence ou de sa rareté, et je n’entrerai pas dans des discussions de mots avec mes adversaires; il me suffit. de dire pour le moment que je crois avoir des preuves de l’existence de pareils cirques. Quant aux élévations ou buttes que le terrain primaire ou stratifié soulevé par les roches volcaniques a pu former dans la France centrale , j’ai le même regret à exprimer de voir que M. Burat ne trouve à citer à cet égard que, i° la gibbosité primitive du suc d’Esteil , qui s’élève au-dessus du niveau or- dinaire des montagnes environnantes , et dont le point central et culminant est un pic basaltique. UES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833* 2oS 2° Le bombement des dépôts tertiaires du Cantal au-dessous des masses volcaniques qui les recouvrent. 3° La position élevée des marnes inférieures tertiaires d’eau douce dans la vallée de la Haute-Loire, aux abords du groupe du Mégal , position due au soulèvement du terrain primitif.Ces faits rappellent involontairement le rehaussement du sol secondaire ancien (y compris le Muschelkalk ) parles basaltes du Rhongebirge , et le premier fait aurait son analo- gue dans les environs de bien des buttes basaltiques de l'Alle- magne septentrionale. Wurtemberg. — J’ai déjà*eu occasion , Fan passé , de par- ler de certaines idées de M. Edouard Schwarz relativement aux soulèvernens arrivés en Wurtemberg; maintenant que je possède son intéressante géographie naturelle de ce royaume , je puis exposer toutes ses idées à cet égard. Les conclusions de son ouvrage sont les suivantes : Le terrain de gneiss-granite , lé plus ancien noyau de la Fo- rêt-Noire, a été formé sous la nier par suite d’une cristallisation ignée. Ensuite les plus anciens dépôts intermédiaires stratifiés ont eu lieu, et il s’est formé des porphyres. Les montagnes de ce genre et celles de granité ayant été démantelées , il en est résulté le grès rouge secondaire. À cette époque d’une haute température dépendante pro- bablement de l’état originaire de notre planète, la terre ou plutôt des îles , alors les seules traces des continens , étaient couvertes d’énormes végétaux, semblables aux roseaux et aux fougères ; mais il n’y avait pas encore de mammifères. Les débris des porphyres, des granités et des gneiss formè- rent pins tard le grès bigarré à 2,100 pieds, et même peut- être a 4,Ôoo pieds sous le niveau de la mer actuelle. Une quan- tité innombrable de Mollusques, de Radiaires, de Zoophyleset de Crus lacées vivaient alors dans la mer, et des poissons et de très grands reptiles se plaisaient aux débouchés des fleuves dans l’Océan. Tous ces êtres n’existent plus. C’est sous ces cir- constances que se produisit le Muschelkalk à 1,100, et peut-être à 3,5oo pieds sous le niveau actuel de FOcéan. Ce dépôt en- fouit les débris de tous ces animaux. Après cette formation , le terrain de gneiss-granite et tout ce qui le recouvrait, paraît avoir été soulevé pour la première fois; le mouvement le plus considérable se fit sentir au nord des points actuellement les plus élevés. Les dépôts sahfères et gypsifëres furent produits en même temps par des actions RÉSUMÉ UES PROGRÈS ü<>4 souterraines , agissant sur les matières argilo-calcaires encore molles du Muschelkalk ou du grès bigarré. Quelques districts furent émergés ; la formation de quelques grandes vallées en fut la suite , comme par exemple , celles des sources du Danube et du Necker.il y avait alors des îles avec des roseaux , des fougères et des graminées gigantesques, quoique d’une organisation déjà plus voisine de celle des créations semblables actuelles. Il y avait des espèces de reptiles mainte- nant éteintes , et demandant un climat des tropiques. Le keuper se forma , et empâta les débris de ces végétaux et de ces animaux à 100 et peut-être à 2,5oo pieds sous le niveau actuel de la mer. Il est possible que ce grès soit dérivé en grande partie des masses de grès bigarré soulevé et brisé , ce qui ex- pliquerait la ressemblance des deux dépôts. Il se produisit alors de nouvelles vallées. Si la mer était agitée par des courans et habitée par une foule de mollusques , les rivages étaient couverts de varecs, les débouchés des rivières fourmillaient de poissons ainsi que de singuliers amphibies entre les reptiles et les poissons , et le con- tinent était couvert surtout de fougères et de conifères. Le lias fut déposé à un niveau inférieur de 4oo pieds , et même peut-être de 2,000 pieds au niveau actuel de la mer; il nous conserva une partie de ces curieuses créations. Les vallées continuèrent à se former. La mer fut alors très agitée , et peut-être emportée par un mouvement dirigé du S.-O. au N.-E. C’est sous ces circon* stances d’inondation que se formèrent les oolites ferrugineuses, puis le calcaire jurassique, dépôts qui enfouirent les êtres exis- tans, et qui se formèrent à i,4oo pieds , peut-être seulement à 1,000 pieds sous le niveau actuel des eaux. Après cela, pendant une autre époque d’inondation marine, produite encore par quelque soulèvement dans un autre point delà terre , il se produisit du calcaire jurassique à polypiers, puis les eaux reprirent petit à petit leur niveau; il se forma des vallées sur les plateaux, les eaux de l’Àlb prirent leurs cours opposés conformément aux pentes, ill resta quelques lacs d’eau douce sur les plateaux, ils déposèrent du calcaire d’eau douce, et s’écoulèrent dans le bassin bavarois au moyen des grandes cavernes qu’on trouve encore maintenant dans les rochers calcaires du Wurtemberg. Le Danube fit éruption à cette époque à travers l’Alb dans sa partie S. -E. Après ces évènemcns, le terrain de gneiss-granite de la Forêt- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. 2ô5 Noire, de l’Odenwald et des Vosges fut soulevé une seconde fois en masse avec tous les dépôts secondaires qui le recou- vrent. Ce mouvement eut lieu sur deux lignes un peu conver- gentes, et dirigées du nord au sud, et la conséquence fut la formation de la vallée du Rhin , et la séparation des Vosges d’avec la Forêt-Noire et l’Odenwald. Il est probable que le mouvement occasioné ainsi dans la mer produisit cette configuration en terrasses dukeuperjla pente escarpée au N. -O. de l’Alb et les nageifluhs du Necker. Les autres résultats furent de nouvelles vallées , rétablisse- ment du cours des eaux moyennes de la Forêt-Noire, le creu- sement des vallées, et en général la formation du système hydrographique actuel de la portion occidentale du pays. Ensuite pendant un long espace de temps , il se produisit çà et là des minerais de fer en grains appartenant au grès vert, et de la craie sur le plateau jurassique et sur la côte S.-E. de l'Alfa. Le continent d’alors était couvert d’une végétation en rapport avec une plus haute température que celle qui y règne actuel- lement , et il y avait des oiseaux et des mammifères de genres éteints, et ces derniers étaient souvent gigantesques. La molasse se forma sur le côté S.-E. de la chaîne jurassi- que en couches horizontales à un niveau de i,6ooà i, 800 pieds sur la mer actuelle. Des débâcles y enfouirent les restes des créations de ce temps-là , et pendant cette formation il y eut des alternatives de dépôts marins ou d’eau douce. Les Alpes furent soulevées, et avec elles s’éleva toute la par- tie méridionale du district de Molasse en Wurtemberg , qui forma dès lors un pays montueux. Cette catastrophe produi- sit des mouvemens considérables dans la mer; elle couvrit sur le pied des Alpes toute la région de molasse depuis la Bavière jus- qu’au-delà de la Hongrie , tandis qu’il est possible qu’une dé- pression dans la partie S. -O. de la chaîne jurassique lui ait fa- cilité l’inondation de la partie basse du reste du Wurtemberg. C’est alors que s’amoncelèrent ces débris alluviens anciens, et que disparurent la plus grande partie des mammifères, etc. dont les ossemens se trouvent conservés dans le Lelim , ou limon marneux. Le niveau de cette mer intérieure au nord des Alpes s’a- baissa par suite de fendillemens survenus dans les montagnes de la Transylvanie, dans celles de la Bohême et de la Moravie, çt dau$ celles au nord de Ratisbonne. Ce ne fut plus qu’un 20Ô BÉSUMÉ DES PROGRES grand lac qui se dessala petit à petit; les anciens lits des princi- paux fleuves se formèrent. Le lit du Rhin au-dessus du lac de Constance changé en lac rompit ses digues, et creusa le lac de Constance, et se fraya une route entre la Forêt-Noire et les Vosges. Ces débâcles durent occasioner des inondations, d’où M. Schwarz déduit que la production des terrasses de Keuper et de l’Alb est peut-être seulement de cette époque, qui est celle des alluvions et des créations actuelles. Alors les masses volcaniques de l’Hegau se seraient fait jour, et auraient facilité par une commotion concomitante la for- mation du défilé du R.hin à Schaffhouse. En même temps au- raient paru les roches ignées de l’Alb et de Herdtfeld , et toutes ces éruptions se seraient faites sous les eaux, et avant l’émersion ou le dessèchement entier du sol. A l’appui de cette idée, il cite les sublimations ou infiltra- tions zéolithiques et calcaires, le remplissage de fentes, le peu de dérangement des masses fondues, la prédominance du ba- salte, et la forme en dôme des matières soulevées. Néanmoins il pourrait y avoir eu plusieurs éruptions au lieu d’une ( Reine naturliche Géographie von Wurtemberg , p. 229 à 233 ). Thuuinge. — D’après M. de Hoff, la Thuringe comprend six grandes vallées longitudinales , dont la direction est parallèle à celle de la chaîne du Thuringerwald et du pied méridional du Hartz. Les crêtes qui séparent ces sillons ne présentent qu’une ou deux ou trois coupures transversales; toutes les autres val- lées commencent dans ces crêtes , et se terminent dans les sil- lons longitudinaux. La direction des couches secondaires y est celle des crêtes et des grandes vallées, tandis que leur inclinaison est a angle droit de la direction des vallées longit udinales. La formation de cesdei nié» res, ainsique des crêtes, est la plus ancienne modification qu’ait éprouvée le sol delà Thuringe, tandis que les grandes coupures transversales sont d’une formation plus récente. Le premier évènement est sans doute lié à la manifestation des forces inté- rieures de notre globe, et le second doit avoir été accompagné de l’écoulement de grands lacs et de débâcles. Parmi les six grandes crêtes, les deuxième, troisième, quatrième et cinquième sont composées de couches arquées de musehelkalk , et la sixième, de grès bigarré. Les vallées longitudinales sont remplies de couches horizontales d’argile, de marnes et de cailloux; or s il est probable que le musehelkalk ait été déposé en couches ho- rizontales, il aurait été contourné et disloqué ayant la formation DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855* 26J des depots récens des vallées ( Hohemnessungen in u. um Thu - ringen , i833, p. 122). Grèce. — Dans la partie géologique de ly expédition scienti- fique de Morée (p. 25 à 35 ) , MM. Boblaye et Virîet ont donné des renseignemens intéressans sur les soulèvemens qui ont produit les chaînes de la Grèce , sujet qui était déjà fa- milier à M. Boblaye avant son départ pour la Grèce, et sur lequel il avait émis depuis long temps , de vive voix, des idées analogues à celles à l’ordre du jour. La disposition générale est celle de chaînes rectilignes ; les di- rections courbes y sont très rares, et la Haute-Arcadie ne forme un massif que par suite du croisement de plusieurs chaînes différentes. De plus, il y a des groupes isolés, tels que les mon- tagnes du Voïdia, duZivia, les éminences trachytiques deMé- thana, d’Egine, et de quelques îles de l’Archipel. Le même méridien passe par la pointe sud de F Afrique, le cap Matapan et le cap Nord. Gomme il Y a des fractures pa- rallèles ailleurs, cette disposition serait-elle le produit d’une flexion de l’écorce du globe selon ce méridien? Néanmoins ce n’est pas à ce phénomène que se rattachent les principaux traits du relief de la Grèce, mais aux systèmes de fracture N. -O. et N -N. -O., et à leur croisement par des directions à peu près E.-O. Le Système N. -N. -O. a dessiné les côtes occidentales et orien- tales de 3a Morée, et projeté les trois grands appendices qui la terminent au sud. C’est ce système et celui du N. -O. qui ont configuré les rivages de l’Afrique , les côtes de l’Eubée et de la Thessalie; tandis que les directions dans le sens des parallèles ont formé plus récemment la vallée du Danube, les Balkans, les montagnes achaïques et la coupure du golfe de Corinthe. Il en est résulté pour le Péîoponèse, la forme d’un quadrilatère oblique, son abaissement graduel du nord au midi , et la pro- fondeur de ses golfes méridionaux. La Grèce est déchirée et morcelée en îles, îlots et rochers, comme les côtes de la Norwège et de l’Ecosse : c’est le résultat des^ entrecroisemens de dislocations et des phénomènes volca- niques. De plus un soulèvement en masse a porté le terrain teitiaire de la Morée à une hauteur moyenne de 2 à 3oo mè- tres, tandis que dans les îles de l’Archipel, son absence, comme l’infériorité du niveau absolu de leurs sommets , prouve que le même phénomène n’y a pas eu lieu. Ce serait une suite de la grande flexion N. et S. de la croûte terrestre, 2o8 RÉSUMÉ DES PROGRES M. Virlet et Boblaye distinguent en Grèce neuf systèmes de soulèvemens. Le plus ancien est leur système olympique , ou de rOlympe. Sa direction est à peu près N. 4^° à 45° O. , et on peut le suivre par la ligne de faîtes, entre la Macédoine et la Thessalie, jusqu’à la rencontre du Pinde, puis en Dalmatie et en Illyrie jusqu’en Carinthie, où il aurait été modifié parie système pyrénéen de M. de Beaumont. Au midi dei’Glympe, il comprendrait l’Ossa (monts Kissovo ) , le Pélion (Mavro- vouni), la chaîne de l’Eubée , les îles d’Àndros , de Tine , de Mvcone, de Stenosa, d’Amorgos, de Stampalia, et peut-être de Scarpenthos. Toute la côte orientale de la mer Piouge a la même direction ; et les chaînes parallèles à ce grand arc seraient au centre de l’Italie , sur les côtes orientales de l’Adriatique et en Turquie , les trois pointes de la péninsule Chalcidique , et la chaîne du Despoto-Dagh. Les grandes lignes du système pindique ont presque entiè- rement effacé dans le Péloponèse les traces de ce premier sou- lèvement; mais la stratification des roches le révèle constam- ment. Si M. de Beaumont a rapproché ce système de celui du Mor- van, les terrains secondaires ancien manquant en Grèce, on doit se contenter de dire que ce soulèvement a redressé les roches granitoïdes et schisteuses anciennes, en y comprenait le terrain calcaire talqueux. Le système pindique court N. ^4° à 20° O. , et prend son nom du Pinde, situé au centre de la Grèce. Il a été modifié postérieurement par la direction N. -S. , et il se rapproche du système du Mont-Viso, puisque la direction de ce dernier ne fait, avec le méridien de celui du Pinde , qu’un angle de 14 à i5° O. Du reste, les époques de soulèvement coïncident ; car le système pindique relève tous les terrains secondaires, y com- pris les grès verts et ses poudingues. La chaîne du Pinde court depuis l’extrémité septentrionale de l’Albanie (Novi-Bazar) jusqu’à Lépante , se prolonge par les montagnes de l’Arcadie, et la chaîne du Taygète, jusqu’au cap Matapan, en formant des rides parallèles telles que la chaîne de Messénie, du cap Gallo à Arcadia, celle des Maîevos , du cap Malée au Ziria; enfin il dessine toute la côte orientale de la Marée. Une discordance a lieu entre le grès vert et les calcaires se- condaires inférieurs; mais elle est indépendante du système-qui nous occupe. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. 20Q Dans le nord de la Morée, des dislocations ont eu lieu entre l’époque crétacée et celle des terrains tertiaires : c’est ce qui forme le système achaique. Sa direction est Y. 59° à6o° O., de manière qu’elle ne diffère que de i à *2° de l’angle que fait , avec le méridien de la Grèce , le prolongement des Pyrénées. Cette catastrophe a précédé la formation des poudingues ter- tiaires de la Morée septentrionale. Elle a affecté la chaîne qui s’étend du mont Voïdia au mont Ziria; celle du Smerna ; les monts Zigos au nord de Missolonghi, la direction de l’isthme de Mégare , la direction d’une partie des côtes de FArgolide, et les monts de Phanari et de Yelonidia. Le système de V Erymcinthe , dirigé !N. 68° à 70° E. , a laissé encore moins de traces en Grèce , et a eu lieu peut-être entre le dépôt des poudingues tertiaires et celui des assises subapen- nines. Il se reconnaît dans les montagnes de Gavrias, de Yczitza, d’Argos et de Sophico; dans les îles de Koulouri (partie S.-E.) , d’Égine ( la partie calcaire ) , d’Hydra , de Sikino, de Nikaria, d’Amôrgos et de Cos, dans les dentelures de l’Asie Mineure, et les monts Paugées en Macédoine. Dans File de Skyros , suivant M. Yirlet , des trachytes péné- trant les schistes ont coupé Hle en deux parties , et soulevé le terrain secondaire dans la direction E.-N.-E. , qui se prolonge à travers l’Eubée, les sources thermales de Chalcis, et la grande vallée de la Béotie. Le système argotique e st un composé de petits chaînons à crêtes élevées ; sa direction est très rapprochée de la ligne E-.O. ou E. 4° S,; c’est celle des monts Géràniens, entre Corinthe et Mégare , de fîle de Candie, des monts Adhères en Avgolide, de la presqu’île de Daraz , de File de Poros, des monts Kheli et Angelo-Kastro , au sud de Corinthe, de plusieurs chaînons de la côte de Pellène à Ægire. Dans la Messénie une dislocation remarquable s’étend du col du San-Wicolo au pied S. du mont Lycodiino ( direction E. 8° S. ); mais elle est postérieure à toute la formation sub- apennine, et aurait rompu une ligne de cavités creusées par les lithodomes dans les sols tertiaires et crayeux : ce serait un loin- tain contre-coup du soulèvement des grandes Alpes. Les Balkans courent E. à O. en déviant de 5 à 6° vers le N. , et en offrant des séries de dépressions ou d’affaissemens fort remarquables. En Thessalie plusieurs chaînes ont la même direction; en Morée on peut y rapporter aussi divers accidens; mais ce sont Soc, géol, Tom. Y. i4 âlO RESUME DÉS PROGRES de ces PappPdcîiemens dont on doit d’autant plus se méfier, que le terrain subatlantique de la Grèce n’offre guère de ces dislocations du soulèvement récent des Grandes-Alpes. Il existerait donc en Grèce trois lignes de fracture peu éloi- gnées de la direction E.-O. , dont l’âge serait fort difficile à fixer; le terrain subatlantique n’aurait éprouvéquede légers dé- rangemens suivant cette ligne. Les poudingues sont soulevées à 1,800 mètres de hauteur sur tout le versant achaïque, dans la direction E.-O.; et le terrain subapermin (ou subatlan- tique) est en couches horizontales au pied des escarpemens du même système. Le système du Ténare , dont le Magne, ou prolongement du Taygète, offre le meilleur exemple, court du N. 4° à 5° vers l’O. Dans la Laconie, il y a plusieurs fractures dans cette direction , comme celle du Marathonisi au Lycovouno , etc. , la côte orientale de l’île de Elaphonisi , celle de Coron, l’es- carpement de Gargaliano , les trois presqu’îles de la côte oc- cidentale delà Morée. La montagne de Santa- Meri présente en quelque sorte un fera cheval, et semble le résultat d’un soulèvement central en ellipse alongée. Dans la Grèce continentale ce système N.-E. se dessine dans le cours de T Aspropotamos , la côte occidentale de l’Albanie , d’Avlone à Scutari, dans les grandes chaînes à l’est et à l’ouest du lac Okhrida et dans la vallée du Drin-Noir. Ce système a produit , comme en Hongrie, en Transylvanie, et à l’extrémité des Alpes orientales ( Voyez mon Résumé pour i833, p. cxxi; et Bulletin , vol. IV, p. 7 5) plutôt des failles que des redressemens de couches; il est incontestablement postérieur aux parties les plus récentes du terrain subatlantique; et tandis que les alluvions, au pied des escarpemens tertiaires N. -S., de Gargaliano en Messénie, etc., achèvent de fixer l'é- poque de sa formation. Il y aurait donc en Grèce deux systèmes de dislocations très voisins de la ligne jN\-S.; et celui dont je viens de parler, hors la direction, n’a rien de commun, quant à l’époque, avec celui que M. de Beaumont a appelé , celui de la Corse et de la Sar*» daigne. Le système dardanique a été reconnu par M. Virlet dans le nord de la Grèce et dans les îles , etc. Il comprend des fractu- res courant du N. 4°° E. ; il a produit les Dardanelles , et re- levé le calcaire d’eau douce d’Hihodromia et du petit archi- pel, du, PiaMe* Qu lie retrouve dans h chaîae du Bigha e« DÉS SCIENCES GEOLOGIQUES EN" l85§. 2 U Troade , dans 3a Chersonèse de Thrace , sur les côtes de la mer de Marmara, où il y a des lignites très récens. Ce serait un sys- tème très voisin de celui des Alpes occidentales ; leurs directions ne diffèrent que de i à o.°. Le terrain subatlantique et les allumions anciennes ont été soulevés en «za^edans toutela circonférence duPéloponèse.On doit signaler l’absence du sol tertiaire sur les rivages de l’Argo- lide,et la côte d’Argos àMonembasie ; il y a eu probablement des affaissemens dans ces lieux. Nos savans confrères démon- trent très bien , par les terrasses horizontales des rivages de la Grèce et par les lignes successives de Pholades, que ce soulève- ment n’a eulieuque graduellement. Us confirment ainsi pleine- ment la distinction que j’ai proposée entre les redressemens s’opérant d’un seul jet ou promptement , du moins relativement au temps qui est à la disposition delà nature, et les souîèvemens lents d’entiers continens, évènemens qui ri’ont eu lieu, et n’arrivent encore que par secousses répétées. Ce relèvement s’est fait sentir sur tout le pourtour de la Mé- diterranée. Un grès blanc calcaire, semblable à celui d’Egypte, de la Syrie et du détroit de Messine, aurait été le résultat d’une de ces dernières élévations. Les grandes nappes d’alluvions des rivages de Corinthe à Sicyone , et de la Messénie , s’élèvent à 3o à 4° mètres au-dessus de la mer, et sont le produit du dé- blaiement des vallées torrentielles. Enfin , il y a eu en Morée et dans F Archipel des souîèvemens circulaires , dont le mont Ziria , ayant ^4oo mètres , est le plus beau modèle. Le mont Voïdia, sur le golfe de Lépante; le mont Santa-Méri; les gros massifs trachytiques d’Egine, de Méthana, de Bélo-Poulo ou Kaïraéni , de Milo, de Polino, des îles Christiana, dePolvcandro, etc., sont des exemples du même genre. Dans les monts Voïdia et Ziria, les poudingues tertiai- res anciens en ont été affectés, leur soulèvement doit coïncider avec la première apparition des trachytes. On voit, d’après ce qui vient d’être dit, que MM. Bobïaye et Virlet s’éloignent des vues de M. de Beaumont avec autant de franchise qu’ils acceptent les parties fondées et ingénieuses de ses douze systèmes de soulèvement. C’est ainsi qu’on avance consciencieusement la science, mais, par le temps qui court, malheureusement trop souvent sans profit réel de position. La postérité vous en sait gré, lorsque l’intrigue ou la jalousie des médiocrités vous a réduit au néant, ïvussifi Ex Sibérie..— M* Eniiaan a donné un Résumé’ 112 RÉSUME DES PROGRES viatique de ses relevés géognostiques dans V Asie septentrio- nale. Il y distingue six systèmes de soulèvement, savoir : celui de la Finlande, delà Russie septentrionale, celui de l’Oural, celui d’Obdorsk, celui de l’Altaï, celui d’Aldan , et celui du Kamtschatka. Dans les systèmes de la Finlande et la Russie septentrionale , la direction des couches va du S. -S. -O. au N.-N.-E (h. i,5). Le soulèvement qui fait affleurer le granité de la Finlande diminue insensiblement en allant vers le sud, et une quantité de vallées transversales coupent à angles droits la ligne de sou- lèvement ; c’est la place des Fiords ou baies et des lacs de la Finlande. "Vers la Carelie, se trouvent au sud et au-devant des monta- gnes une énorme abondance de blocs granitiques. Les lacs, dans l’intérieur de la Russie, conservent, jusqu’au-delà du 6o° de lat. nord , un parallélisme remarquable avec ceux de Fin- lande. Autour des grands lacs de la Russie , le grès secondaire cu- prifère, recouvert de calcaire secondaire horizontal , repose sur les masses soulevées; ce qui placerait ce bouleversement après la formation des premiers dépôts secondaires. Dans les hau- teurs peu élevées des monts Waldaï, encore parallèles aux chaî- nes précédentes , le même calcaire secondaire ( calcaire alpin ? ? de M. Ermann ) n’a pas été soulevé. Depuis là jusque versf le Volga , les marnes bigarrées, la craie et le grès à lignite ri ont pas été dérangés. Le grès bi- garré domine entre Moscou et Casan ; les terrains plus moder- nes y manquent , parce qu’ils ont été détruits : le plateau se- condaire de Moscou aurait résisté à l’effet de ses courans, à cause de son niveau plus élevé. Le système de l’ Oural commence dans les contreforts de cette chaîne, en deçà de Casan , près d’Arsk ; de Perrn et de Malmuisch. La direction des couches y est nord et sud (h. io,5), et les assises du calcaire alpin (?), entre le grès bigarré et le grès rouge à bois siliceux , sont fortement redressés. A Rungur commence à s’élever la chaîne principale de zechstein ( ? ) , de rauchwackc et de gypse ; puis on arrive au calcaire intermé- diaire à fiions de fer oxidulé, ensuite aux alternats de schistes calcariferes et aux roches granitoïdes. Les filons courent paral- lèlement à la chaîne; l’or et le platine sont disséminés dans les talcschistes. Pans la partie nord de l'Oural , son bord oriental s’abaisse si5 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. subitement ; c’est là que l’auteur propose de rechercher la masse soulevante dans des porphyres pyroxéniqües très com- pactes. Près de Bogoîovsk, sous 6o° lat. N., on trouve des cou- ches redressées de calcaire encrinitique et madréporique. Ces masses, semblables à des récifs de polypiers, sont à côté des porphyres verts, et en empâtent des portions; donc , elles sont postérieures à ces derniers produits ignés. M. Ermann ne voit pas d’autres traces de soulèvement dans l’Oural , chaîne qui aurait été redressée plus tard que celle de Finlande. Le système d’Obdorsk est formé par une chaîne et un mas- sif de couches courant du N.-E. au S. -O. ( h. 2,5 ) ; ce système diffère complètement du précédent, comme l’indique aussi le cours des vallées longitudinales de l’Oussa etdu Pelschora, qui se réunissent à l’entrecroisement des deux systèmes. L’Obi décrit aussi un coude dirigé vers l’est, au-dessus d’Obdorsk et les cimes des montagnes d’Obdorsk sont à 8° du méridien de l’Oural. Quoique M. Ermann ne connaisse pas les terrains récens qui ont pu être soulevés en même temps que ce système, il pense qu’il a été redressé en même temps que l’Oural. Depuis Ramuischlow jusqu’au-delà de Tobolsk, la Steppe de Barabinz ne laisse apercevoir aucune roche; mais de nom- breux lacs salés y pourraient indiquer, suivant lui , le voisL nage du zechstein ; assertion qui mérite bien confirmation. Le système de V Altdi court de l’O.-S. O. à l’E.-N.-E. (h. 5), et|incline au N. -N. -O. Sur le chemin d’ïrkoutsk , on s’aperçoit déjà de l’approche de cette chaîne méridionale par les nom- breuses gorges à escarpemens. Le grès rouge y passe insensi- blement au grès houiller. Les bords du lac Baïkal, courant pa- rallèlement à la ligne de soulèvement , offrent des apparences curieuses. Du granité stratiforme alterne avec des grès rouges ou un agglomérat granito-porphvrique à ciment pseudo-grani- toïde ; c’est un cas semblable à ces roches de Fvre, sur le bord méridional du Loch-Ness , en Ecosse. Le fond de la vallée du Léna est fort élevé au-dessus du reste de la contrée; c’est peut-être une vallée de soulèvement sur une crête surbaissée. La chaîne en question n’offre de grands redres- semensquedansîa partie où sa direction serapprochede celle du sud au nord. Le calcaire alpin (?) est partout redressé, tandis que le grès houiller n’est pas dérangé. Une plaine sépare cette chaîne de la suivante. ïl est possible que des soulèvemens aussi récens que ceux- arrivés à Fépoque du grès bigarré, aient mo- Sl4 RÉSUME MS PROGRÈS difié quelques points de la portion septentrionale de cette chaîne. Le système des monts Aldan a une direction presque nord et sud (h. 12 et i), et s’élève tou|>à-coup, sans contre forts, sur une étendue de 7 5 à 80 milles d’Allemagne. Le calcaire ah pin (?) y est redressé, et le grès bigarré n’y occupe que des cimes isolées, en recouvrant le calcaire d’une manière trans- gressive et en couches moins inclinées. On en pourrait déduire deux redresse mens. À l’est, viennent le schiste argileux et la grauwacke , alter- nant avec du térénite ( ! ). Le granité n’y affleure que rarement; il est plus fréquent dans les montagnes sur la Judoma. Sur la pente orientale, vers Ochotsk, dominent les porphyres; en deçà des hauteurs basses du Marekan reparaît le granité, con- tre lequel vient se placer , en stratification discordante, le térénite avec des couches subordonnées charbonneuses et de pâture feldspathique ; c’est une dépendance du terrain de grau- •wacke. Un dépôt de porphyre pyroxénique interrompt cette formation ; et il paraîtrait que, sur la pente orientale du Ma- rekan, il a fondu le térénite, et l’a changé en traçhyte, perlite et marekanite : du moins il y a des passages incontestables en- tre toutes ces roches. Quant au système de soulèvement du Kamtschatka , les dé- pôts tertiaires, dont les couches courent h. 12 et 1, s’enfon- cent sous la mer sur la côte occidentale de cette presqu’île, et s’étendent dans le pays jusque dans une série de collines , à 5 milles d’Allemagne de la côte. Immédiatement, à l’est de ces dernières, il y a une grande muraille de porphyre pyroxénique, qui passe sous des roches crétacées vertes et des lignites à am- bre. Ces derniers dépôts, horizontaux, atteignent 7 à 800 pieds de hauteur absolue, et offrent, dans leurs couches sableuses , delà glauconie, des débris de feldspath vitreux et des cristaux de pyroxène. Une masse argiloïde et schisteuse à pyrite est re- dressée par les porphyres. La chaîne centrale du Kamtschatka est beaucoup plus éle- vée; on voit surgir, sous le 6o° lat, la portion occidentale tra- chytique des monts Wojompol , qui sont composés de grandes terrasses en échelons semi-lunaires, séparés par des escarpe- mens de 800 à 1000 pieds. Au milieu de chacune de ces ter- rasses , il y a un lac dont les eaux s’écoulent à l’ouest : ce sont les restes des anciens cratères. A Test, les laves deviennent toujours plus pyroxéniques; DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l83S. 2l5 dans les monts Stolbowaja-Tundra , ce sont de véritables por- phyres pyroxéniques prismés. Dans la vallée de ïelowka, sous 58° lat., il y a des masses redressées de grunstem et de talc- schiste et de serpentine, qui ont été formés avant le soulève- ment de la chaîne. Le dépôt redressé le plus récent doit être plus ancien que la craie. A l’est de cette chaîne s’élèvent, sous forme de cloches iso- lées , les volcans actuels , et qui déversent des coulées pyroxér* niques et trachv tiques (Annal. d.Erd.u . F olkerk . deM. Berg- haus, i832. Août et sept., p. 440* Indostan. — Sur les soulèvemens des chaînes de l’Indostan , nous ne possédons encore que très peu de données certaines. D’après M. le docteur Hardie il y a eu dans l’Inde centrale des soulèvemens en masse postérieurement aux redressemensdes couches de plusieurs anciens dépôts. Ainsi le district de Harowtee est flanqué au sud par la chaîne de Mokundra, composé de grès fortement incliné, et ayant percé les couches horizontales des grès et des calcaires qui les recouvrent. Sur le côté de la chaîne , vers le Harowtee, ces dernières masses ont été partiel- lement relevées, tandis que sur le côté du Maliva elles vien- nent butter horizontalement comme les couches inclinées et escarpées. Dans l’intérieur du Harowtee, le sol a été soumis à d’autres mouvemens , car ce pays a l’air d’une plaine couverte de mas- sifs cubiques. Le grès secondaire horizontal y forme le haut des buttes dont les bases sont des couches verticales d’anciennes ro- ches. Le rocher du fortdeMandulghur en est un exemple. Ainsi, il est possible que les masses anciennes aient été d’abord re- dressées, puis soulevées en masses et peut-être même çà et là comme les bouchons d’une bouteille poussés par un liquide gazeux. A ce propos , M. le docteur Hardie fait la remarque judi- cieuse que dans les soulèvemens la nature et l’ordre de succes- sion des roches mises en mouvement doivent avoir été pour quelque chose dans les apparences produites. Ainsi , le rehaus- sement d’une crête étroite et linéaire, composée de couches régulières de la même roche , et ayant une seule inclinaison , aura dû être accompagné de phénomènes différens de ceux qui sont résultés du soulèvement d’une masse de montagnes, ayant un axe schisteux et granitique , etc. ( Edinb. N. phil. j. , n° 28, 1 833 ). Je joins ici sur l’Indostan d’autres notions générales que je RESUME DES PROGRES 216 dois au même savant. D'après M. le docteur Hardie, la chaîne de l’Himalaya court du N. 25 O. au S. 25 E. , et l’Indostan est formé par trois ou quatre grandes chaînes qui décrivent un grand triangle inéquilatéral , et sont divisées en une série de terrasses et de bassins plus ou moins élevés. La chaîne des Gattessur la côte de Malabar, formée surtout de granités, de schistes et de trapps, court du N. au S. ; celle sur la côte de Coromandel du N. au S. , un peu à TE. , tandis que la stratification des couches y est différente , l’inclinaison étant au S. -O. Les montagnes de Neil'gherry au N. du cap Comorin courent de l’E. à TO. ; elles lient les deux précédentes chaînes, et complètent au S. le plateau triangulaire. Dans le nord , les deux chaînes côtières de l’Indostan sont réunies par les monts Vindhya qui courent del’E. à l’Ov et sont composés par une grande variété de roches primaires, secondaires et trappêenncs. Dans la vallée supérieure de Nerbuddah, les couches secon- daires ont la même direction que la chaîne. En outre, le Guzerat et TOodipoor sont traversés par la chaîne des monts Aravally, qui se prolonge jusque dans l’Àjimère en décrivant une espèce de courbe , dont la direction moyenne court du N.-N.-E- au S. -S. -O., tandis que le milieu est dirigé du N. au S., et l’extrémité S. à l’O. un peu S-, et l’extrémité N. à l’E. un peu N. Les montagnes du Guzerat, vu le cours différent de leurs rivières, et les plaines qui les environnent, ont l’air d’avoir formé une île. Quanta la partie de la chaîne des Aravally, elle a jusqu’à 60 milles de largeur, et atteint jusqu’à 5ooo pieds d’élévation dans i’Oodipoor. La chaîne des monts Neilgherrv a été décrite tout récem- ment parM. H. Jervis, qui y a visité la fameuse chute du Cavery près de Sivasamodrum. Elle a 3oo pieds d’élévation , et a donc une hauteur double de celle du Niagara ( Narrative of a journey to the falls of tlie Cavery , etc., Londres, i834, in-8° à pl. ). Les époc/ues de soulèvement d.e M, de Beaumont. M. de Beaumont a publié dans la traduction française du manuel de M. de La Bèclie un Résume' nouveau de ses idées sur les soulèvemens des montagnes , dans lequel il modifie considérablement et habilement son système. Son travail se divise en deux parties ; savoir : la partie purement théorique , et l’application de son système. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l853. Ù.IJ Quant à la première partie , je ne vois guère que M. Lvell avec lequel il soit en désaccord. Tout le inonde est convenu et a reconnu depuis long temps que la plupart des redressemens sont dus à des mouvemens violens et prompts , ou à des suc- cessions de mouvemens semblables , et cette dernière hy- pothèse devient d’autant plus probable que les redressemens gagnent en étendue. Ainsi, les Pyrénées , les montagnes pri- maires d'Ecosse^ certaines chaînes de Suède, etc., ont été citées, soit dans des ouvrages, soit dans des cours publics 7 comme offrant de bons exemples de ces mouvemens subits dans le sol. M. de Beaumont est le premier à le reconnaître (p. 6 17). D’un autre côté , si M. Lyell lui fait des objections très spé- cieuses sur le vague des limites assignées à ces révolutions (Voy. F ri ne ip le s , etc. , vol. III, p. 343 ), je crois que peu de personnes reprocheront à M. de Beaumont de rejeter l’hy- pothèse de ce savant , qui voudrait expliquer les redressemens par la répétition prolongée indéfiniment d’effets locaux , lents et continus • hypothèse qui peut être très juste pour les soulèvemens de continens en masse. Du reste, il doit être, et il sera toujours difficile de tracer la limite entre un mouvement très brusque ou très lent. MM. Lyell et Conybeare ont présente à cet égard des remar- ques fort judicieuses. Ainsi, en disant qu’un redi’essement s’est opéré promptement , veut-on dire que cela s’est fait instanta- nément , ou accordera-t-on l’espace de quelques mois ou de quelques années, ou même de quelques siècles pour la produc- tion de ce phénomène? Ne se pourra t-il pas que le redresse- ment ait pris beaucoup de temps à se produire, et ait même duré tout le temps nécessaire pour qu’un dépôt ait eu lieu sur une partie de la terre autre que celle qui était bouleversée? De cette manière , il ne serait pas resté partout des jalons géolo- giques de reconnaissance de ces grandes commotions du globe : or, c’est justement ce qu’admet M. de Beaumont. C’est probablement encore à M. Lyell que M. de Beau- mont reproche de vouloir considérer « les dislocations des cou- » ches dans le» pays de montagnes , comme les résultats de » phénomènes locaux qui se seraient répétés d’une manière » successive et régulière » (p. 6ca o). Ceux qui comme moi adop- tent la théorie des soulèvemens des chaînes , sans toutefois prétendre en connaître déjà toutes les causes , placent, comme M. de Beaumont ? au premier rang des caractères de ce 2 1 S RÉSUMÉ UES PROGRÈS phénomène, « la constance des directions moyennes suivant » lesquelles les couches de sédiment se trouvent redressées sur » des étendues souvent immenses » (p. 620). Malheureusement j’ai objecté, et je persiste à objecter à- M. de Beaumont qu’il n’a pas toujours assez étudié ces directions moyennes des cou- ches dans les diverses chaînes, tandis que d^autres fois il abandonne ce guide naturel dans le labyrinthe des dislocations pour se fier au tracé trop souvent fautif des cartes. Les Apen- nins en seraient un exemple que j’ai déjà signalé. De plus , l’étude théorique de tous les entrecroisemens pos- sibles de ses douze ou treize systèmes pourrait être fort utile pour se reconnaître, et pour voir s’il n’y aurait pas dans la par- tie connue du globe des accidens semblables qui ne rentrent dans aucun cas prévu , et qui nécessiteraient alors quelques nouveaux systèmes additionnels cle soulèvement. D’après M. de Beaumont , on avait remarqué depuis long- temps un parallélisme de direction dans les dislocations de cer- tains pays. Ainsi , parmi les anciens auteurs, je mer contente de citer Sténon, qui a écrit en 1667, et Bevnhard Varenius, qui en parle déjà en 1712 dans sa Géographie ( Geographia generalis in qua ajjectiones generales telle ris explicanlur . Cambridge 1712, in-8° ). Werner et plus tard Schmidt ( Théorie cl. Ver- cliiehungen altérer Gaenge , etc., Francfort, 1810) avaient appliqué cette idée aux filons; M. Humboldt à diverses chaînes ; M. Jarneson aux montagnes de l’Ecosse ; M. Hauss- mann ( en 1808) à celles de la Scandinavie ; M. Brochant aux chaînes du Jura et des Alpes ; M. Heim (en 1812) aux chaînes de l’Allemagne centrale; M. de Buch ( en 1824) aux chaînes du milieu de l’Europe, etc. M. Jarneson avait même lu à la société royale d’Edimbourg, le 10 janvier t8i8, un mé- moire circonstancié sur tes directions diverses des chaînes de montagnes en général , et en avait déduit des époques diffé- rentes de soulèvement ou de formation pour les rides du globe ( Voyez les journ. anglais de 1818, et ïsis 1818, cah.4> p. 576). « Cette notion de contemporanéité des fractures pa- » rallèles entre elles , et de la différence d’âge des fractures de » directions différentes» (p. 621 ) était donc un axiome de l’école de Frevberg. Rien n’était plus naturel , ajoute M. de Beaumont, que de songer à la généraliser, et à a l’étendre à » toutes les dislocations de l’écorce du globe. » C’est ici le cas de tracer une limite tranchée entre ceux qui rejettent tout-à-fait les bases de la doctrine de M. de Beaumont, DES SCIENCES GEOEOGIQITES EN 3 835; 21 <) et ceux qui les admettent, en ne croyant pas toutefois en pouvoir pousser les conséquences aussi loin que lui. Placé parmi ces derniers , je reconnais toute l’importance du paral- lélisme de direction des chaînes, ainsi que de celui des vallées longitudinales et transversales pour des contrées limitées. J’y trouve d’excellens renseignemens une fois que des oppositions géognostiques m’ont donné la clef des redressemens ; mais j’avoue que , vu l’état actuel de la science , je n’aime pas faire le tour du monde entre les parallèles d’un même soulève- ment sans m’embarrasser de la fausseté du tracé des cartes i et de notre ignorance complète sur la stratification, et la nature des couches de la plupart des chaînes terrestres. M. de Beaumont peut avoir très raison , comme il peut [ aussi bien construire les plus jolis romans ) dans le doute, je crois devoir m’abstenir de pareilles spéculations. D’après ce savant, « le nombre des phénomènes de disloca- » tion dans le sol de chaque contrée serait à peu près égal à | » celui des directions des chaînes de montagnes réellement dis- « » tinctes, et indépendantes les unes des autres qu’on y pourrait » distinguer » (p. 621). Je ne puis "adopter cette définition , parce que je fais entrer en ligne de compte les affaissemens comme les redressemens ; et d’ailleurs je ne connais pas dans ce cas la portée du mot à peu près . Les bouleversemens éprou- vés par un pays sont indiqués par des oppositions de séries de couches, dérangées dans certains sens. Tout bouleversement a pour effet de produire isolément ou tout à la fois des soulève- mens, des redressemens , des abaissemens et des fendillemens. Les dislocations d’une contrée seront donc indiquées par dif- férées accidens ; d’abord par des chaînes ayant certaines for- mes, certaines particularités de gisement sur leurs pentes , et certaines directions, puis par des redressemens de couches, même au niveau des plaines ou de la mer , par des enfonce- mens et par des fentes , c’est-à-dire des failles , des filons , des crevasses et des vallées. A l’ordinaire un certain groupement de direction s’observe encore dans ces dernières traces de bouleversement. Voilà une définition un peu plus longue et malheureusement moins nette ; mais, suivant moi, plus conforme à la nature des choses que celle de M. de Beaumont. Nos classifications tran- chées ne sont que de mauvaises caricatures des passages établis en toute chose par la nature. Maintenant, ce savant prétend que « le nombre des disîoca- 220 RÉSUMÉ DES PROGRES » tions n’est jamais très grand, qu’il est à peu près du même » ordre que celui des changemens de nature et de gisement » que présentent les dépôts de sédiment de chaque contrée , » changemens qui les ont fait distinguer depuis ( J. de Géol. , » vol. II, p. 190) Fuchseî et Werner, en un certain nombre » de formations, et qui ont été considérés comme étant » chacun le résultat d’un grand phénomène physique » (p.ficu). D’abord, je dirai avec M. Lyell ( yol. III , p. 34i ) , qu’il fau- drait s’accorder sur ce qu’on appelle une formation et une dislocation* si on voulait, par exemple, étendre la première dénomination , de manière à appeler le gypse de Montmartre une formation, et le calcaire grossier de Paris une autre, nous ne nous entendrions plus : or, je suppose bien que ce n’est pas ainsi que M. de Beaumont conçoit ce terme. Quant au mot de dislocation > il est synonyme de séparation et de déboîtement. Or, dans ce sens général, dans chaque con- trée, les d slocations du sol sont loin d’être en petit nombre ni a peu près égal à celui des directions des chaînes. Mais, entrant dans l’idée que M. de B, n’a voulu désigner par là que ces grands phénomènes qui ont redressé des séries de montagnes, et qu’il a fait abstraction des autres moindres accidens, je crois que , vu nos connaissances actuelles , son nombre de douze sys- tèmes est beaucoup trop restreint, même pour l’Europe, cette si petite partie du globe. Or, s’il reconnaît lui-même que ce nombre n’est pas défini- tif (p. 623), surtout pour le sol ancien (p. 63o) , àjdus forte rai- son , prenant tout le globe en masse, rien ne nous dit que ses douze révolutions ne 'pourront pas se doubler ou se tripler. Néanmoins, il doit y avoir une limite aux plus grands sou- lèvemens éprouvés , comme M. de Beaumont l’a bien exposé ( p. 661). Nous ne différons donc que sur le nombre à adopter, et j’ai une foi moins robuste que lui dans nos connaissances ac- tuelles. Quant à ceux qui voudraient supposer un nombre illimité d’époques de soulèvement, je leur opposerais , avecM.de Beaumont, la déduction logique de Saussure, de M. Bro- chant, etc., que « la constance de direction des couches redres- » sées , dans un certain ensemble de montagnes ou de terrains, » doit probablement résulter de ce que toutes ces masses ont » été déplacées en même temps par la même opération natu- » relie » {Bull, univers . des sc. nat, , vol. XXI, p. 344)* Or, comme ces ensembles de terrains sont en nombre nécessaire- 2 2 I DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 835. nient limité , en proportion de la petite surface de notre pla- nète, l’opinion des grands soulèvemens en nombre illimité pa- raîtrait donc devoir être rejetée. M. de Beaumont prétend , par son système , être sorti des aperçus généraux et vagues relativement aux rapports mu- tuels des soulèvemens et des formations géologiques (p. 621). Je crois encore, avec M. Lyell , qu’il s’exagère les résultats de son exposé; car, nous restreignant toujours à l’Europe, il ne s’y occupe uniquement que des chaînes, et de ce qu’il appelle des boutonnières géologiques et des rivages : encore n’a-t-il pas tracé sur une carte d’Europe ses douze systèmes de soulè- vement. Ce n’est pas cependant que les données manquent pour ce mode de généralisation; mais c’est que, si une pareille carte frappe plus l’œil que de longues descriptions, les erreurs y sont aussi plus aisément appréciées par ceux même qui ne connaissent pas tous les détails de la topographie géologique. Pour sortir des aperçus limités, M. de Beaumont aurait du réunir à ses vues sur la formation des chaînes de montagnes, d’après des accidens de directions, des idées sur ceux des pla- teaux et des pays de plaines; et il aurait dû y joindre davan- tage des considérations géologiques et géogéniques semblables à celles que j^ai présentées sur la nature et l’origine des ter- rains de l’Europe ( Mém . géologiq.). Dans ce cas, son travail devenait complet ; tel qu’il est , ce ne sont encore que des aper- çus généraux et vagues, puisque les limites géographiques res- pectives de ses systèmes n’y sont nullement tracées ; et tandis que, suivant ma manière de voir et de décrire la géogénie for- mation par formation , toute carte géologique un peu précise donne une idée très approximative des changemens éprouvés par l’Europe à diverses époques. On dira que je m’arrête à des choses de détail; oui , certes , parce que c’est là qu’on peut mettre tout de suite à nu une er- reur, qui glisserait inaperçue au milieu de généralités, en ap- parence très spécieuses, comme sont celles de notre confrère. Ainsi , lorsque M. de Beaumont aura divisé complètement tou- tes les chaînes et les crêtes de l’Europe, et tout ce continent entre ses douze ligues de soulèvement ou ses douze révolutions, alors il sera facile à chacun de reconnaître les vérités et les er- reurs de sa doctrine. Pour donner un exemple grossier de la facilité avec laquelle on appréciera ces dernières, je n’ai qu’à rappeler cette ligne tirée du nord au sud par M. de Beaumont sur l’Istrie, probablement surtout à cause de sa pointe tournée 222 RESUME DES PROGRÈS vers le sud; caria direction de stratification des masses miné- rales de cette contrée ne paiaît pas être celle du nord au sud , mais celle du nord-ouest au sud-est. Or, toute personne traçant sur une carte la direction véritable distinguera tout de suite jusqu’à quel point notre confrère s’est laissé égarer par son imagination trop bouillante. Ce qui me conduit naturellement à rappeler que pour distinguer les époques de soulèvement, l’observation exacte de la direciion générale des systèmes de couches me parait infini- ment plus importante que le tracé de la direction des crêtes de chaînes, ou des plus grandes aspérités produites par les redres- semens dans chacun de ces systèmes. Le géologue doit considérer les montagnes sous d’autres points de vue que le géographe. M. de Beaumont avait formulé et formule encore sa théorie Y Indépendance des systèmes de montagnes diversement diri- gées { Recherches sur quelques unes des révolutions , etc. , p. 3o3, et Manuel de M. de La Bêche, p. 622); c’est-à-dire que chaque système de soulèvement aurait une direction différente, sui generis . Partant de cette idée , que je ne crois juste que dans certaines limites, M. de B. nous fait apercevoir des faisceaux parallèles d’aspérités depuis le capOrtegai,en Gallicie, jusqu’au golfe Persique; depuis le Tennessee, aux Etats-Unis , jusqu’au cap Comorin, dans l’Inde, etc. {Bull, des sc . nat. , vol. XXI, p. 355). Or, il s’est cru en droit , après cela , en excluant toute- fois tout ce qu’il y a d’hypothétique, de prétendre que « l’é- » corce minérale du globe présente une série de rides dont le » parallélisme semble indiquer que la production a été instan- » tanée » {Idem, p. 356). L’an passé, après avoir reproduit mes objections contre ces assertions de M. de Beaumont , j’avais conclu des faits, « qu’on » ne pouvait admettre la coïncidence générale entre la direc- » tion des couches et celle des chaînes, le parallélisme constant » des dislocations d’une même époque et des chaînes contem- » poraines , le non-parallélisme constant des chaînes et des » couches redressées à des époques différentes » (Vov. mon Ré- sumé pour i832 , p. cxxii ). M. de Beaumont persiste à exposer les bases de sa théorie comme précédemment {Manuel , p. 622). On dirait que c’est lui qui a raison, et que, par égard , il a voulu épargner l’éclat d’un démenti à ceux qui se sont exprimés comme moi. Or, si c’était le cas, l’intérêt de la science devait l’emporter sur futiles jaenagemeos ; mais ou éprouve une singulière sur- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. 2 prise de voir que ses développemens ne concordent pas avec son programme. D’abord il croit devoir avertir que, vu la forme sphérique de la terre, les lignes de soulèvement ont dû. décrire des arcs de cercle, et qu’elles sont établies sur les tangentes de ces derniers. Pour des courbes peu considérables, c’était presque superflu de le dire; mais pour celles qui sont considérables, comme, par exemple, celle décrite par la chaîne jurassique [de l’Alb , dans le S. -O. de l’Allemagne ( de Schaffhouse à Ratisbonne, et de là à Cobourg ) ; pour celles des Apennins , des Carpathes, et de. quelques chaînesd’Asie(Voy. Bull., vol. IV, p. 78), ilauraitété essentielque M. de Beaumont s’expliquât clairement et discutât les opinions contraires aux siennes. Ensuite, en comparant ces arcs de cercle de soulèvement à des arcs de méridien , il ne prétend, d’un côté, que parler de petits arcs de grands cercles (p. 6^3); et, de l’autre, il énonce ne pas voir a de limite » à la distance à laquelle il serait possible de suivre des acci- » dens de soulèvement constamment soumis à une même loi » (p. 622 ). Or, M. de B. le dit lui-même : « Deux grands cer- » clés, se coupant nécessairement en deux points diamétrale- » ment opposés, ne peuvent jamais être parallèles dans le sens » ordinaire de ce mot » (p. 622). Mais j’abandonne cette discussion, de peur qu’elle ne soit classée parmi les chicanes de mots r et je viens aux faits et aux énoncés oh M, de Beaumont renonce complètement a sa doc- trine déduite du parallélisme de direction . Il me suffira de transcrire les quatre passages suivans : « La direction de son septième système, celui du mont PL » las, etc.;, court en général à peu près du l.-E. au S.-O. ; » cependant il y a quelquefois des déviations, suivant la direc- » tion de fractures plus anciennes. Ainsi, dans la Haute-Saône, v dans le midi de la Côte-d’Or, et dans le département de » Saône-et-Loire, on voit un grand nombre de fractures de l’é- » poque qui nous occupe suivre la direction propre au système y> du Rhin » (Fin de la page 658 du Manuel )• En développant son système des Pyrénées, n° 9, on remar^ que la phrase suivante : » Dans le nord de la France et le sud de l’Angleterre, la dé- î> nudation du pays de Bray, et celle des Wealds duSurrey,du 5) Sussex , du Kent, et du Bas-Boulonais, paraissent avoir pris » la place de protubérances du terrain crétacé, dues à des sou- » lèyemeas opérés immédiaicmem ayaal le dépôt des première^ RÉSUMÉ DES PROGRÈS ü‘24 )> couches tertiaires , suivant des directions générales parallèles » à celles des Pyrénées, mais avec des accidens partiels , paral- » lèles aux directions d’autres soulèvemens plus anciens » (p. 643 du Manuel). Passant au système n° 10 des îles de Corse et de Sardaigne, * il est assez curieux, dit M. de B. , de remarquer que les di- » rections du système du Pilas et de la Côte-d’Or, de celui des » Pyrénées, et de celui des îles de Corse et de Sardaigne, sont » respectivement presque parallèles à celles du système du » Westmoreîand et du ïlundsruck, du système des Ballons et » des collines du Bocage, et du système du nord de l’Angleterre. » Les directions correspondantes ne diffèrent que d’un petit » nombre de degrés, et les systèmes correspondans des deux » séries se sont succédé dans le même ordre, ce qui conduit à )> l’idée d’une sorte de récurrence périodique des mêmes di- » rections de soulèvement ou de directions très voisines » (p. 646), Je pense que ceci est assez explicite; mais il ajoute pncore plus loin, en analysant des objections faites par M. Conybeare : « La direction des dislocations de l’ile de Wight étant sensible- » ment parallèle à celle du système des Pays-Bas et du sud du » pays de Galles , on aurait un quatrième exemple du retour, » à de longs intervalles , des mêmes directions de dislocations » dans le même ordre » (Voy. plus loin les remarques de M. de La Bêche à ce sujet ). a Le système des Alpes occidentales, comparé au système du » Rhin, dont il partage la direction, à quelques degrés près, » pourrait fournir un cinquième terme à la série de rappro- » chemens , qui indique cette singulière périodicité des direc- » lions des dislocations)) (p. 6^7). Est-ce là Y indépendance des systèmes de montagnes diver- sement dirigées? et n’est-ce pas complètement donner gain de cause à tous ceux qui n’ont vu , dans cette abstraction, qu’une théorie mal fondée ? Cette partie de la doctrine est donc mo- difiée complètement par l’auteur lui-même. Acceptons cette espèce de rétractation dans les détails, lors même que la géné- ralisation semble dire le contraire. Il est bon de remarquer encore que M. de Beaumont n’a pas cru devoir répondre aux objections qu’on lui a faites sur la possibilité de la formation simultanée de chaînes décrivant des arcs de cercles très courbes, ni sur les difficultés offertes par des chaînes composées de couches horizontales ou soulevées en DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l855. 2*5 masse , ou présentées par des cavités comblées au moyen de massifs redressés. La question des chaînes dont la direction des couches ne coïncide pas avec celle des montagnes n’a pas non plus été discutée. Aux exemples donnésà cet égard, j’ajouterai aujour- d’hui le Thuringerwald , où. cet accident curieux a été déjà indiqué en 1798, par Heim (Geologisch. Beschreib. des Thu - ringerwaldes, vol. II, pag. 18). Au reste , pour les questions de détail , M. de Beaumont a laissé aussi sans réponse les divergences d’opinion de MM. Thur- mann, Schwarz, Pasini, Hibbert, etc. (V oy. Résumé de 1 833, p. cxviii à cxx). Quant aux révolutions, aux cataclysmes , aux destructions des créations que les soulèvemens des chaînes ont causés , cette idée se trouve reproduite sous diverses formes dans plusieurs auteurs anciens, et je crois suffisant de citer Fuchsel. M. Sedg- wick s’était empressé d’objecter qu’on avait voulu séparer , d’une manière beaucoup trop tranchée par des révolutions y des créations qui semblaient avoir entre elles de grands rapports. M. de Beaumont se contente de répondre que lorsque deux formations paraissent passer « insensiblement l’une à l'autre, il » n’y a jamais qiï’une petite épaisseur de couches, dont la clas- » sification puisse rester incertaine; et lorsque certaines espèces » de fossiles sont communes à deux formations successives, elles » ne forment en général qu’une fraction, souvent même » peu considérable , du nombre total des espèces de chacune » des deux formations » (p. 619). Or, cette incertitude de clas- sification est pour nous, non un manque d’exacti tude dans les méthodes, mais une suite du travail graduel de la nature ; d’ail- leurs tout le raisonnement de M. de Beaumont repose sur l’accep- tion donnée au mot de formation. Est-ce le synonyme d’un dé- pôt , d’une masse de dépôts de divers genres , ou d’une associa- tion de certains êtres organisés (1) ? Je pense qu’il choisira la se- conde définition ; dans ce cas ^descendant sans crainte des gé- néralités aux exemples, je trouverai facilement à montrer qu’on s’est trop hâté de séparer, par exemple, par des révolu- (1) Voyez à cet égard les remarques judicieuses de M. A. Burat, et son mode de classement. ( Traité de Géologie de M. d’Aubuis- son, deuxième édit. vol. II, p. 38Q* •Soc, géol. Tome Y. i5 RÉSUMÉ DES PROGRES tions générales les créations du zechstcin et du terrain houil- ler, ainsi que celles du grès bigarré , du muschelkalk et du keuper, trois dépôts qui ne forment en grand qu’un seul tout géologique. Au reste, M. de Beaumont prévoyant le cas des objections, entre tout-à-fait dans ma manière de voir, puisqu’il reconnaît « qu’entre les périodes des diverses formations il y a eu pour » le moins des déplacemens considérables dans les lieux d’habi- » tation de certains groupes d’êtres organisés en même temps » que dans les lieux de dépôts de certains sédimens » (p. 619). Tout le monde accordera qu'il y a loin de ce genre de révolu- tion anodine à ces cataclysmes généraux qui devaient avoir balayé tellement la surface terrestre que de nouvelles créa- tions étaient devenues nécessaires pour remplacer l’immensité sans êtres des terres et même des mers. La porte reste ainsi ou- verte à toutes les corrections et les additions qu’on pourra faire au système actuel de la distribution paléontologique par périodes géologiques. Je passe à l’examen des douze époques de soulèvement , Le plus ancien système de soulèvement reconnu jusqu’à présent par M. de Beaumont est celui du FF estmoreland et du Hundsruck ; ce sont mes îles émergées avant la formation car- bonifère et houillère (Voy. Mém. géolog. et paléont ., p. 18 ). Dans ce système , le redressement d es couches a eu lieu sur une ligne courant du N.-E. un peu E. au S. -O. un peu O. , ou h. 3 à 4 du mineur, et il comprend les chaînes anciennes des Iles Britanniques, du N. -O. de l’Allemagne, l’Erzgebirge , les Sudètes, une portion de la ForêtdNoire , des Vosges, du mont Pilas et de la Bretagne; la montagne Noire, le Bigorre etleCanigou aux Pyrénées, ainsi qu’une partie de la France centrale, des Maures, de la Corse, de la Scandinavie ( Wes- termanie, lemtland, Lappmark ) et de la Finlande. Le gneiss, le micaschiste, le schiste argileux, les roches quarzeuses et la grauwacke forment ces chaînes ou ces pre- mières terres. Le redressement de ces masses minérales, fort inclinées, a eu lieu certainement avant le dépôt du grès pourpré ( oldred ), et je me joins à M. de Beaumont pour penser qu’d est proba- blement même antérieur aux dépôts intermédiaires, qui ont précédé la formation de ce grès. La position horizontale ou fort peu inclinée des calcaires à orthocères et trilobites eu DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l855» Suède, dans la Russie baltique et la Podolie, sont en faveur de cette idée. Les couches à trilobites de Dudley et de Tortworth seraient aussi horizontales, si elles n’avaient pas été affectées par des dislocations plus récentes. Il en serait de même des schistes calcaires et arénacées à anthracite du sud de PIrlandej j’ajou- terai que , faisant abstraction des directions, certaines couches coquillières horizontales ou très peu inclinées du Canada vien- nent préciser l’âge des premiers soulèvemens éprouvés par le sol ancien de ce pays. L’horizontalité de ce système très ancien et ses couches parti- lières forment dans le nord de l’Europe et de l’Amérique une zone géologique bien caractérisée. Avant d’aller pins loin , il est bon d’avertir qu’il y a encore en Europe d’autres redressemens, qui ont été faits sur des lignes parallèles à la direction de ceux dont je viens de parler, et qui cependant, comme nous le verrons, sont d’un âge diffé- rent. D’un autre côté, il y a en Europe des redressemens dans des directions différentes de celui qui nous occupe, et qui doi- vent avoir eu lieu en même temps. Dans ce cas serait le soulè- vement des couches primaires du Ptiesengebirge et de PEu- îengebirge , qui courent du M.-N.-E au S.-S.-O , ou du N. -N.' -O au S.-S.-E. , et quelquefois de 0.-N-.-0 à E.-S.-E.; il en serait de même du sol primaire du sud delà Bohême, où domine la direction E.-ÜN.-E. à O. -S. -O. C’est ainsi que se serait formé le sol émergé , qui a été couvert des végétations insulaires enfouies maintenant dans les houillères de la Silésie et de la Bohême. Ceci est encore un exemple de la variété des directions d’un même système de soulèvement et on voit ainsi qu’avec mon mode de raisonnement on va plus loin , et plus sûrement que guidé par la doctrine des directions et des parallélismes de soulèvement. Si M. de Beaumont est assez habile pour décomposer plus tard toutes ces directions diverses en autant de systèmes, la question principale restera toujours pour lui de prouver que les directions des redressemens autres que celle du N.-E. un peu à l’E., auS.-O. un peu à PO. ont été formées bien pos- térieurement à cette dernière. Or, c’est justement ce que je lui conteste. En effet , d’après moi , chaque époque de soulèvement se- rait composée de plusieurs mouvemens de bascule, en nombre limité dans le même sens ou en diyers sens. Jusqu’ici nos donr RESÜME DES PROGRÈS 228 née? sur les directions et les inclinaisons 11e sont pas assez nombreuses pour subdiviser chaque période en momensj mais cela pourra peut-être avoir lieu dans la suite. En esquissant la place des îles européennes avant le dépôt carbonifère , j’ai énuméré à la suite des îles ou massifs que je supposais redressés et émergés , une série de chaînes sous-ma- rines ou de masses placées à un niveau inférieur, et composées de roches de transition les plus récentes ( Mém . géol. et pa - léont. , p. 19). C’est en partie avec ces dernières que M. de Beaumont a composé son second système de soulèvement qui est celui des Ballons osges ) et des collines du Bocage ( Calvados). Il comprendrait en outre l’intérieur de la Breta- gne , une portion du S. E. des Vosges et de la Lozère , les masses anthracitifères du S. de l’Irlande, certaines montagnes de grauwackeet de schistes du Devonshire et du Somrnersetshirej Enfin , en-deçà du Rhin , M de Beaumont y rattache des col- lines de grauwacke au N. -O. de Magdebourg, les montagnes de Sandomirz, dans le S.-O. de la Pologne, et la formation de l’escarpement terminal N.-N.-E. du Harz. Ce soulèvement, antérieur à la formation du grès pourpré ( oldred) présenterait des anomalies dans la direction des dis- locations. La plus marquée , probablement produite immé- diatement après le dépôt des roches « supposées redressées f » court suivant des lignes, dont l’angle avec le méridien varie » de go° à 67° 3o vers l’O., mais qui sont toujours très près » d’être exactement parallèles à un grand cercle qui passerait » par le Ballon d’Alsace , en faisant avec le méridien du lieu * un angle de 74° , ou en se dirigeant de l’O. 160 N. à E. » 16® S. » Or, M. Weaver attribue aux couches schisto-an- thraciteuses du S. de l’Irlande une direction générale de l’O. à TE. avec une inclinaison au S. et au N. Dans le Devonshire, «et le Sommersetshire la direction serait de O. io° N.àE. io°S. On voit par là la flexibilité que M. de Beaumont donne à sa doctrine, ce qui tend toujours plus à la dégager des idées trop systématiques. D’une autre part, M. de Beaumont répond ainsi habilement à l’objection de MM. Sedgwick, de La Bêche et Conybeare, relativement au non-parallélisme du soulèvement du sol ancien de l’Angleterre occidentale et du sud de l’Ir- lande , où , d'après eux , il se serait formé en même temps des redressemens N.-E. vers E. à S.-O. vers O. , et de l’E. à ro. J’ai avancé qu’il y ayait en Hongrie de? accidents de disloca- DÈS SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. Si 89 tiens, courant de l’E. à l’O., et d’un âge bien différent ( Voy. Bull . , vol. IV, p. ?5 ). Le troisième système de soulèvement, celui du nord de V An- gleterre, est établi d après les observations de M. Sedgwick , quia montré que l’Angleterre est traversée par un axe monta- gneux carbonifère courant du S. au N. , en s’écartant un peu vers le N. -N. -O. « Les forces soulevantes auraient agi, non » toutefois sans des déviations considérables suivant des li- » gnes dirigées à peu près de S. 5° E. au N. 5° O. » ( p. 63o). Il en serait résulté de grandes failles dans le Berbyshire, au pied des montagnes de Crossfell et de Craven, ainsi que la ligne anti- clinale des Western -Moors dans le Yorkshire. Toutes ces fractu- res auraient précédé la formation du grès rouge secondaire ( rothe todte ), il y aurait eu là une action violente et passa gère, et M. Sedgwick y lie l’apparition des roches trappéennes ( loadstone ). M. de Beaumont croit retrouver des traces de ces dislo- cations dans les monts Malvern, aux environs de Bristol, dans la direction de la côte occidentale du département de la Manche, peut-être dans la chaîne de Tarare, dans celle des Maures , et dans les montagnes primitives de la Corse, Si je ne craignais de me répéter, je pourrais reproduire ces exemples de fractures faites aussi dans la direction N. et S. , par exemple en Hongrie, en Styrie , en Carinthie , et cepen- dant d’une date bien plus récente (Voy. Résumé de i833, p. cxxi ). An reste , mes objections tombent d’elles-mêmes , puisque M. de Beaumont reconnaît la possibilité du parallé- lisme de redressemens arrivés à des époques différentes. Le quatrième système de soulèvement est celui des Pays- Bas et de la portion sud du pays de Galles . M. Freislehen et d’autres géologues avaient indiqué dans les couches du grès rouge secondaire et du zechstein du Mansfeld , des failles et des inflexions dirigées moyennement de l’E à l’O. Ces accidens ne paraissent à M. de Beaumont qu’un cas particu- lier d’un ensemble d’accidens de stratification, qui auraient af- fecté toutes les couches de sédiment non postérieures au zech- stein, depuis les bords de l’Elbe jusque dans le pays de Galles. Ainsi, M. de Beaumont attribue à ce système tous ces con- tournemens bizarres du terrain carbonifère et houiller de la Belgique et du canal de Bristol. Ces mouvemens seraient anté- rieurs aux poudmgues secondaires de Malmédy, commeaux conglomérats magnésiens de l’Augleterre, dernier dépôt dont RÉSÜMÉ DES PROGRÈS a5o M. Sedgwick place la date d'origine après celle du calcaire magnésien du nord de la Grande-Bretagne. Les roches houillères de Sarrehruck, recouvertes par les couches horizontales du grès des Vosges, auraient pris part à cette catastrophe , dont l'étude complète se recommande à l'at- tention des géologues. Si on compare ce que M. de Beaumont dit maintenant à cet égard sur la Belgique et le pays de Sarrehruck, avec les ob- jections que j'avais élevées contre son premier exposé ( J. d, GeoL , vol. II , p. 347 ) y et avec les exemples que j'ai donnés d’un soulèvement récent ayant la direction E. et O. ( Voy. Bull., vol. IV , p. 76) , on voit qu’il lève les difficultés par l'a- doption complète de son premier système, et par celle d’un retour de la même direction dans différens soulèvemens. Je persiste néanmoins à distinguer dans les houillères des irré- gularités de stratification dépendantes de leur mode de forma- tion , et non à confondre avec d’autres dislocations. (Comparez mes Mcm . géolog. , p. 28 à 3i et 35 ). M. Mérian cite dans le sol ancien de la Forêt-Noire des di- rections de stratification de l’E. à FO. , il y en a aussi dans la Silésie méridionale et dans la Sudermanie et le Smoland en Suède. Je ne vois pas trop comment faire concorder ceB accidens avec l’époque de soulèvement dont je viens de parler. Le cinquième soulèvement est celui du Rhin. Les monta- gnes des Vosges , du Hardt, de la Forêt-Noire et de FOden- wald forment deux groupes symétriques , qui opposent Fun à l'autre deux longues falaises légèrement sinueuses , parallèles entre elles et au cours du Rhin, et dirigées du N. 2ti° E. , au S. f2i° O. Ces lignes sont celles qui caractérisent ce que M. de Buch a nommé son système du Rhin. Les escarpemens des Vosges sont composés en tout ou en partie de grès vosgien; le grès bigarré , le muschelkalk et les marnes! irisées en venant butter contre ces falaises, indiquent l'époque de formation de ce système de fractures. Tout en établissant sa démonstration pour les Vosges, M. de Beaumont ne l'étend pas à la Forêt-Noire , oii le grès bigarré se trouve sur les plateaux inclinés à l’est, comme au pied de la falaise occidentale (Voy. Journ. de GeoL , vol. III, p. 349). Du reste , il faut comparer aux idées de M. de Beaumont sur la formation du relief des Vosges et de la Forêt-Noire, celles toutes différentes de M. R.ozet , qui n’y voit que des par- ties centrales avec des ramifications divergentes (Voyez Bull. , DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. SOI vol. IV, p. 129, et sa Description des Dosges maintenant sous presse en 1 vol. in ‘8° avec carte). M. de Beaumont croit reconnaître, d’après des directions de montagnes, des traces de ces dislocations dans les montagnes entre la Saône et la Loire, dans celles du centre et du midi de la France, et dans les parties littorales du Var, quoique les dépôts entre le terrain houiller et le grès bigarré manquent dans ces contrées (p. 635 ). Son sixième système est celui du Thuringerwald , duBohmer- waldgebirge et du Morvan . J’ai bien montré que le terrain jurassique s’est déposé dans des mers ou de grands golfes ( Mém . géoL , p. 48). Ces dépôts ont été faits sur des plans horizon- taux ou peu inclinés ; une partie a été redressée postérieure- ment; l’autre est restée dans sa position originaire, en formant soit des plaines ondes plateaux bas, soit des montagnes surbais- sées assez considérables , comme en Bavière. M. de Beaumont attribue à ce système une direction O. 4o° N. à E. 4o° S., les couches du grès bigarré, du muschelkaîk et des marnes irisées, ainsi que les masses plus anciennes, sont dérangées ou forment des falaises, au pied desquelles ou sur les- quelles viennent s’étendre horizontalement les couches juras- siques. Ce mouvement aurait donc eu lieu entre la période des marnes irisées et celle du grès inférieur du lias. M. de Beaumont donne comme exemples le N.-E. de l’Al- lemagne , le Thuringerwald , le Bohmerwaldgebirge occiden- tal , les environs d’Autun et d’Avaîlon , et ce que MM. Boblaye et Virlet appellent en Grèce le système olympique. Dans le nord de l’Allemagne, les dépôts secondaires, depuis le grès bigarré jusqu’au calcaire jurassique , sont en couches contournées ou inclinées; maintenant i! s’agirait de discuter la question si ces accidens sont originaires, ou si véritablement ces dépôts ont été tous horizontaux; mais, tranchant la question dans le sens de M. de Beaumont, il faudrait, pour le moins, faire dater le redressement de l’époque de la formation jurassi- que moyenne. Quant au Thuringerwald , le terrain jurassique et même le lias manquent entre le Harz et le Thuringerwald; ces dépôts n’arrivent pas même jusqu’au pied occidental de la dernière chaîne, et les marnes irisées ne s’en approchent que de loin. Si le zeehslein couvre en couches presque horizontales les grès rouges près d’Eisenach, on observe, dans quelques endroits^ comme près dTlraenau , des dérangements et surtout des failles RESUME DES PROGRES 3 3 2 singulières , qui s’étendent du terrain houiller jusqu’au grès bigarré. Voigt , de Iioff, etc. , nous les ont fait surtout con- naître. Nous avons vu que ce dernier savant soupçonne que le muschelkalk a été disloqué et contourné après sa formation, et avant les dépôts subséquens qui sont placés dans les vallées de cette formation (Vov. Bull. , vol. Y, p. 206). Déplus, M. Heim assigne la direction E.-O. à la stratifi- cation des parties schisteuses anciennes, sur les deux côtés de la chaîne porphyriqueduThuringerwald , et la direction de tous les dépôts y forme une ligne diagonale avec celle de la chaîne, qui court d’abord de l’O. à l’E., puis du N.-O. au S.-E. (Geo- log. Beschreib . des Thuringerwaldes , vol. II, p. 18 et 192). Dans le Cobourg, les marnes, le grès du lias et le calcaire jurassique, viennent s’étendre horizontalement sur le Keuper, qui semblerait çà et là être venu se placer dans des cavités for- mées par le muschelkalk , quoiqu’il le recouvre ailleurs dis- tinctement en couches horizontales. Près de Blumenroth , le Keuper supérieur , avec une couche subordonnée de calcaire magnésien, est fortement redressé sur une très petite étendue. Quant au Frankenwald, au Fichlelgebirge et au Bohmer- waldgebirge occidental , montagnes qui font suite au Thurin- gerwald, la stratification des schistes du Frankenwald est du N.-E. au S. -O. , comme ou peut s’en assurer facilement sur les cartes géologiques, par la direction des diverses couches, et comme l’a indiqué M. de Hoff, en 181 3 ( Tasclienb . d . Min . , vol. VII, part. 1 , p. i5i et 1 5q ). Quant aux deux autres chaî- nes mentionnées, la stratification y est dirigée de E.-N.-E. à o.-s.-o. , et leur redressement y paraît avoir précédé la for- mation du terrain houiller de Bohême et du pied du Franken- wald. Le système olympique est la plus ancienne dislocation de la Grèce, et n’affecte que des roches primaires, d’après le dire de nos confrères de la commission de Morée. Quant à cette direction presque N. -O. à S.-E. , je la re- trouve dans les masses de beaucoup de chaînes, telles que dans le Blekinge en Scandinavie , dans une partie du Harz, et des hauteurs d’Alvensleben , dans la chaîne secondaire westpha- lienne , dans les montagnes de la Lusace , dans une partie du Ttiesengebirge , dans les montagnes de la Silésie méridionale , enfin dans la chaîne ancienne du sud de la Pologne et de la Sicile, d’après M. Hoffmann. Les soulèvemens de ces diffé- rentes montagnes sont d’époques fort diverses ; et ne sem- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833. â35 bleraient pas correspondre, pour la plupart, avec l’époque que M. de Beaumont voudrait caractériser par cette direction. Le septième système de soulèvement est celui du mont Pilas ( en Forez ) , de la Cote -d* Or et de V Erzgebirge ; il compren- drait en outre les Cévennes et les plateaux de Larzac. M. de Beaumont en retrouve des traces depuis l’Elbe jusqu’à la Dor- dogne , et recherche son influence sur la distribution particu- lière des dépôts crétacés, en exposant à ce sujet des considéra- tions semblables à celles que j’ai présentées dans mes Mémoires géologiques et pale ontologique s ( p. 4& — 5o et 53 — 56 ). La direction de ce système serait du N.-E. au S. -O. ou de l’E. 4°° N- à FO. 4°° S. , c’est-à-dire , semblable à celle de son premier système. Ce bouleversement aurait eu lieu entre la fin des dépôts jurassiques et le commencement de l’époque crétacée. A cet égard , je renouvelle mes objections relativement à l’Erzgebirge ; je ne puis plus , il est vrai, objecter à M. de Beau- mont la position transgressive des houillères sur le sol redressé de cette chaîne, puisqu’il y admet des traces de son premier sys- tème.Or, comme cette direction du N.-E. au S.-O. est fréquente dans l’Erzgebirge, je ne vois pas pourquoi cette chaîne devrait caractériser sa septième plutôt que sa première révolution; mais il est bon d’ajouter qu’autour de Freyberg, l’exact M. Nau- mann a reconnu que la direction moyenne des schistes est h. 7,4 ou de l’O.-N.-O. à l’E.-S.-E. Après le redressement du sol schisteux primordial en divers sens, du N.-E. au S.-O. et de l’O.-N.-O. à l’E.-S.-E. , pour l’Erzgebirge , du N. O. au S. E. , du N.-N.-Q. au S.-S.-E. , du N. N.-E. au S. S-O. , et de l’O.-N.-O. à l’E.-S.-E , pour le Riesengebirge , et de l’E.-N.-E. à l’O.-S.-©. , pour les au- tres chaînes de la Bohême méridionale , la Bohême a formé, de toute ancienneté, une grande cavité fermée ou Caspienne, dans laquelle ne se sont déposés que du terrain houiller, du grès rouge, des dépôts crayeux et un peu d’argile tertiaire à lignite. Parmi toutes ces formations , il n’y a que le grès vert et la craie inférieure qui se prolongent , de ce bassin , dans les pays de plaines entourant l’anneau circulaire de montagnes. Ces circonstances particulières de gisement prouvent autant l’an- cienneté de la formation de cet anneau, que sa non-interrup- tion , dans aucun point , ayant le dépôt crétacé , de manière k 234 RÉSUME DES PROGRES avoir rendu impossibles tous les dépôts intermédiaires entre le grès rouge et le grès vert. La seule autre hypothèse qu’on pourrait faire , c’est de sup- poser que la cavité bohémienne qui a reçu les limons crayeux ne s’est formée par affaissement que peu avant la période crayeuse ; elle aurait été un plateau ondulé, ce qui conduirait à regarder le terrain houiller et le grès rouge comme des dé- pôts fluvialiles terrestres. Mais vu la présence du calcaire à trilobites, cette hypothèse en entraînerait une autre, savoir, celle d’une répétition d’affaissement, séparé par un soulève- ment en masse , ce qui serait une explication bien compliquée (Voyez mes Mém, ge'olog . , p. 71 ). Lors du dépôt du grès vert, une grande crevasse courant du N. au S. a séparé l’Erzgebirge du Riesengebirge , et une immensité de débris quarzeux s’y sont accumulés en couches horizontales ou peu inclinées, vu la configuration de la base. Maintenant, il y a des géologues qui font épancher des siénites sur la craie, qui est venue recouvrir ce grès vert. Il est pro- bable que quelques petits dérangemens auront accompagné ces éruptions* c’est cet évènement auquel j’attribuerais le redresse.- ment de quelques couches inférieures du système jurassique , fait découvert parM. le comte Munster {Teuschland, vol. VII, cah. 1 , p. 1 ). De même, M. laumann cherche à y rattacher ces inclinaisons locales de 45 à 70° du grès vert à Mariaschein, Liesdorf et Weilzen près d’Aussig ; accidens qui pourraient aussi être dus , en partie, à des glissemens. Du moins, jus- qu’ici, 00 n’en peut pas tirer des conclusions générales , puis- que le cas dominant est l’horizontalité parfaite ou presque parfaite du grès vert sur les dépôts anciens. Tels me paraissent être les faits que M. de Beaumont adapte à sa manière de voir , et qu’expliqueraient tout différemment les personnes de l’opinion de MM. Cordier, Naumann , P\.o- zet, etc. , relativement à l’origine des roches schisteuses. Si M. de Beaumont n’avait pas abandonné la constance du parallélisme de direction pour chaque système de soulèvement, je pourrais lui montrer les Carpathes occidentales courant du N.-E. au S.-O. , et composées, en bonne partie , de grès verts redressés, de manière que ce bouleversement appartiendrait, non pas à son septième, mais bien au huitième système de soulèvement, dont je vais parler. Le huitième système serait caractérisé par le mont Viso, M. de Beaumont admet comme moi ( voyez Mém . geoL ) , en opposi- s35 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. tion avec d’autres géologues, que presque toutes les cimes alpines doivent leur hauteur absolue à plusieurs soulèvemens succes- sifs (p. 64o). La direction des dislocations en question serait du N. -N. -O. au S.-S.-E. ; les exemples s’en trouveraient dans les Alpes françaises, dans l’extrémité S. -O. du Jura, de Nice jusqu’à Lons-le-Saulnier , de Noirmoutiers jusque dans la partie mé- ridionale du royaume de Valence en Espagne; enfin, dans le système pindique de la Grèce , sensiblement parallèle à un arc de grand cercle passant par le mont Viso. Ces redressemens auraient eu lieu entre le dépôt du grès vert et de la craie verte, et celui de la craie marneuse et blanche. Comme j’ai déjà cité des directions N. -N. -O. — S.-S.-E. , comme dans le Riesengebirge , on aurait encore ici un exemple des erreurs qu’on pourrait commettre par la doctrine du paral- lélisme des soulèvemens d’une même époque, à moins que M. de Beaumont pût retrouver son mont Viso dans ces autres chaînes. Les Pyrénées seraient le type du neuvième système de soulè- vement arrivé entre la fin de l’époque crétacée et le commence- ment des dépôts tertiaires. Tous les géographes ont reconnu , dans le massif de montagnes s’étendant du cap Ortegal en Gallicie jusqu’au cap Creuss en Catalogne, un cachet particu- lier d’uniformité de structure. Vu en grand, c’est la réunion de chaînes parallèles courant de l’O. i8° N. à E. i8° S. dans une direction oblique par rapport à la ligne joignant les deux points extrêmes. M. Pareto (vov. Bull. , vol. ï, p. 64) et moi ( /. de géol. , vol. III, p. 353 , et Résumé pour i832, p. cxvni) nous avons protesté contre la réunion des Apennins au système des Pyré- nées. M. de Beaumont persiste dans sa manière de voir.Onabeau lui dire que la direction des redressemens et des filons ignés y court du S. -O. au N.-E. , il a le talent de trouver, sur des cartes géographiques ou géologiques, des jalons de fracture que n’ont pu découvrir ceux qui sont allés sur les lieux; tandis que, s’il voulait reconnaître que son neuvième système de redressement s’est fait, comme les autres, suivant plusieurs directions, on ne serait pas loin d’être d’accord , à cause de la position res- pective du soi tertiaire. M. de Beaumont s’appuie beaucoup sur l’alignement présumé de masses ignées ; mais leur position ne prouve pas grand’chose, car, fluides ou pâteuses, elles ont pu naturellement entrer dans les fentes qui étaient produites lors d’un soulèvement ; or ces s56 RÉSUMÉ DES PROGRES fentes pouvaient être transversales à l’axe du mouvement prin- cipal. D’ailleurs , M. de Beaumont le reconnaît lui-même, que les ophites sont dans ce cas , et qu’ils ont suivi les directions de toutes les « anciennes fractures et de tous les clivages plus ou » moins oblitérés du sol » ( p. 656 ). Les autres exemples donnés par M. de Beaumont sont la fa- laise des Alpes méridionales, les Alpes-Juliennes, une partie de la Croatie, de la Dalmatie, de la Bosnie, le système achaï- que de la Grèce , la partie orientale des Carpathes, certains* accidens du Harz et les dénudations du pays de Bray, et celles des Wealds du Surrey, du Sussex et du Kent. Je ne reviendrai pas sur la distinction à faire entre les dénu- dations ou les inclinaisons de couches produites par redresse- ment , et celles qui ne sont que le résultat de surfaces convexes recouvertes de couches un peu inclinées (voyez Bull . , vol. II , p. a 3 , et Résumé pour i832, p. en et cxvi ). Pour frapper par des exemples extrêmes, je ferai remarquer que les dénudations , les soulèvemens ou cratères de soulève- ment de Beine et de Meudon ( p. 655 ) ne paraissent pas en- core être entrés dans le domaine de la science. Tout récemment M. Burat n’a pas craint d’avancer qu’au- cun dépôt sédimentaire ne peut avoir lieu sur une pente ayant une inclinaison de 25° et même seulement de i5°, proposition que peu de géologues, je pense, seront disposés de lui accorder sans preuves à l’appui (voy. Traité de géologie de M. d’Aubuis- son , vol. II, p. 445 ). Avec une pareille doctrine, il n’y aurait guère un coin de terre ou l’on ne pût se croire fondé à tracer des lignes de soulèvement. Quant aux autres exemples du neuvième système de M. de B. , ils correspondent parfaitement avec ce que j’ai exposé, p. 58 de mes Mémoires ; partout le grès vert a été disloqué et quelquefois soulevé, en partie, à de grandes hauteurs. Mais la direction de ces redressemens dans divers pays ne me paraît pas la même, et je ne trouve pas cette coïncidence que M. de Beaumont aperçoit. Ainsi, dans les Car- pathes orientales, ces dislocations, comme les vallées longitu- dinales, courent du N.-O. au S.-E. , et elles sont contempo- raines de celles qui ont redressé le reste des Carpathes du N.-E. au S.-O. (Voyez Bull.,x ol. IV, p. 73). Dans une séance de mars de notre Société, M. de Beaumont a prétendu que , d’après les cartes, la chaîne des Carpathes occidentales était parallèle à celle des Alpes occidentales , d’où il a conclu que l’époque de leur formation coïncidait. Or? s’il avait été sur les lieux ; il sau- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 257 rait que la direction de la stratification des couches coupe celle de la crête de la chaîne, de manière que la crête de cette der- nière court environ comme celle des Alpes occidentales, tandis que le redressement a eu lieu sur une autre ligne. Or, de deux choses Tune, ou le non-parallélisme de stratification indique, dans les Alpes ouïes Carpathes occidentales , deux systèmes différens de soulèvement, ou bien , ce qui est plus probable , à la même époque ces deux plateaux ont été ridés dans des sens un peu différens. Le phénomène des blocs est inconnu au pied des Carpathes , et les alluvions anciennes, ainsi que les dernières assises tertiaires, sont en couches horizontales, mais les molasses y sont redressées. Je ne sais jusqu’à quel point il est facile de faire évanouir les discordances au moyen des accidetis partiels parallèles aux directions d’autres soulèvemens plus anciens ( p. 643). Quant à la ligne un peu sinueuse tirée de Londres à l’em- bouchure du Danube, et ayant été le rivage méridional d’une vaste mer, M. de Beaumont a raison d’avertir qu’elle était on- dulée, car pour moi elle l’est tellement qu’en faisant abstrac- tion des golfes, et la supposant parallèle à la direction Pvré- néo-Apennine , je ne vois pas la conclusion qu’on en peut tirer, à moins de supposerque lereliefde toute l’Europe ait été modelé à cette époque sur ce système, ce qui n'est pas encore prouvé. Du reste, M. de Beaumont l’avoue lui-même : « Ce grand s) espace présentait aussi, dit-il, des irrégularités résultant de » dislocations plus anciennes, et dirigées autrement » (p. 644 )• Le dixième système serait celui des îles de Corse et de Sar- daigne, et aurait été formé entre le dépôt tertiaire inférieur de Paris, et la seconde formation tertiaire commençant par le grès de Fontainebleau. Les vallées de la Loire, de l’Ailier et du Rhône seraient une dépendance de ces dislocations N. -S. A l’imitation de M. Sickler ( Ideen , zu e. vulcanisch Erd-Glo - bus y 1 83 1 ), M. de Beaumont y rattache aussi certaines buttes basaltiques du nord de l’Allemagne, ce qui est d’autant plus particulier, que, d’après M. Keferstein, les basaltes de ce pays se coordonnent suivant des lignes parallèles courant environ de l’E. à PO. ( D. Basait . d. Nord . Deulschl ., 1820 ). J’ai déjà dit que ce dixième système paraissait établi sur des données insuffisantes, puisqu’on connaît trop peu la Corse et la Sardaigne pour le caractériser par ces îles ( voyez /. de géol ., vol. III, p. 355, et Résumé de i832, p. cvi). Néanmoins M. Reynaud admet un système N. -S. dans la partie septentrio- s58 RÉSUMÉ DES PROGRÈS nale de la Corse ( Mém. de la Soc. géol. , vol. VI , p. ü). La direction de stratification N. -S. se retrouve dans les cou- ches d’une partie de la Scandinavie ( Wermeland, Dalécarlie), dans l’Oural, dans les monts Àldan en Sibérie , dans le S. -O. du Hartz, dans la vallée supérieure du Leine en Hanovre, sur les bords sud du Weser et du Fulda, dans certains chaînons près de Paderborn, etc. Or, l’époque de tous ces redressemens ne concorde pas avec celle où M. de Beaumont suppose que la Corse et la Sardaigne ont pris leur relief. Quant au onzième système , celui des Alpes occidentales , M. de Beaumont reconnaît, avec les géologues qui l’ont pré- cédé, que cette chaîne a été formée par plusieurs soulèvement, répétés à de grands intervalles, et le plus souvent dans des sens différens. Un des plus récens a dû former la chaîne du Mont-Blanc , vu les blocs épars et leur position sur les plateaux de la molasse la plus récente. M. de Bucli, en 181 1, et M. Rau- mer, en 1817, opposèrent cette vérité au nom faux de protogin e, que M. Jurine avait donné aux roches du Mont-Blanc (Voyez mes Mém . géol.9 p. 357 et s.uiv. ). M. de Beaumont pense qu’il est facile de montrer, dans les Alpes, l’entrecroisement des systèmes^de soulèvement ) et il y " signale des cirques de soulèvement à Loueche , à Desbarre ns et autour du Mont-Blanc. Si déchiffrer les systèmes d’entrecroisement est un jeu pour M. de Beaumont, M. Studer aurait désiré qu’il n’eut pas cru superflu de lui répondre relativement à une chaîne du canton de Berne , dont les couches redressées changent de direction sans fractures ni entrecroisemens sensibles de systèmes. M. Stu- der est un géologue expérimenté et un galant homme, qui ne cherche que la vérité et ne craint pas la contradiction , si tant est qu’il ait tort ( voyez Bull., vol. III, p. 5i ). Le redressement des Alpes occidentales a eu lieu du N.-N.-E. au S. -S. -O. , ou , plus exactement, du N. 26° E. au S. 26° O. Dans l’intérieur des Alpes, les rides s’étant faites sur un sol déjà émergé et montueux, les dislocations n’ont pu s’étendre que jusqu’à la formation crétacée (Comparez mes Mém . géol.? p. 60); tandis que, sur les bords de ce massif, le terrain tertiaire moyen a été redressé comme à Superge , au pied de la Grande- Chartreuse , en Provence, dans l’Entlibuch, etc. M. de Beaumont trouve une relation entre la butte d’Ho- hentweil et la petite île de Riouj il me semble que c’est une assertion au moins hasardée. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. tôÿ î)e plus,M. de Beaumont croit liée à son système la direction delà côte orientale de l’Espagne, une chaîne de l’empire de Maroc, etc. , et il termine par des considérations sur le relief de l’Europe après cette convulsion naturelle ( Comparez mes Mém. , p. 61 à 75 ). D’après M. de Beaumont, l’hyène, l’ours des cavernes, l’éléphant velu, des mastodontes, des rhinocéros et des hippopotames auraient péri dans cette espèce de cata- clysme : hypothèse ingénieuse qui mérite au moins confirma- tion à certains égards. Quant aux molasses de l’Entlibuch , elles sont bien redres- sées, mais je 11e sache pas qu’elles comprennent les molasses coquillières, qui sont les parties les plus récentes des molasses, et qui sont en couches horizontales ou extrêmement faible- ment inclinées, près de Zurich , entre Thun et Berne, en Ar- govie, etc. M. de Beaumont classe encore le riâgelfluh du Rigi dans la molasse : or, cette cime indique déjà par sa hauteur absolue (de 187 mètres) qu’elle fait partie des dépôts crétacés inférieurs, puisqu’en Europe la molasse n’atteint nulle part cette élévation. D’ailleurs, M. Bertrand-Geslln a reconnu depuis long-temps le véritable gisement du Piigi , en y ayant trouvé des fucoïdes du grès vert* je l’ai déjà signalé plusieurs fois ( /. de géoL, vol. I, p. 58 et 187, et vol. Il , p. 338 ), et la coupe même de M. de La Bêche l’indique parfaitement (Manuel, p. 268). M. de Beaumont répète aussi l’erreur de MM. Murchison et Sedgwick, de croire que le terrain tertiaire entre dans les val- lées sur le pied nord des Alpes orientales ( p. 65o ). Les ügnites d’Hering en sont le seul exemple, et je crois l’avoir expliqué suffisamment ( voyez, à cet égard, mes Mémoires , p. 7 ). D’une part, les observations faites sur le pied sud des Alpes, en Bel- gique, aux Pyrénées, tendent à confirmer mon opposition à admettre dans le sol tertiaire les dépôts dits de Gosau (voyez mes Mémoires , p. io5 ). Si l’on s’en tenait seulement à la direction de stratification , on devrait encore annexer, à ce onzième système , une partie de la Scandinavie ( Upland , Smoland ) , le nord de la Russie et une portion du Riesengeblrge. Or, pour la Scandinavie , il n’y a pas de dépôts plus récens que le sol intermédiaire moyen; et M. Ermaim place le soulèvement russe après les premiers dépôts secondaires, ce qui ne correspondrait guère avec les idées de M. de Beaumont. Sou douzième système est celui de la chaîne principale des RESUME UES PROGRES 24o Alpes depuis le Valais jusqu en Autriche ; il a la direction E. -N.-E, à O. 4 S. -O. , et a eu lieu entre les derniers charria- ges tertiaires (ou le terrain de transport de M. de Beaumont) et les alluvions les plus anciennes. C’est le soulèvement qui a produit la dissémination des blocs alpins; les neiges des Alpes auraient fondu subitement, « des courans diluviens , qui n’ont w rien de commun avec le déluge de l’histoire » ( p. 653 ) , en auraient été la conséquence et auraient opéré ces charriages. Ce qui est particulier, c’est qu’en allant d’occident en orient ces blocs ne dépassent pas le débouché de l’Inn , et, qu’une fois passé le Pthin, leur grandeur diminue extrêmement : en Autriche, je n’ai pas aperçu de blocs, à moins qu’on veuille donner ce nom à des cailloux. D’après M. de Beaumont, les blocs du nord de l’Europe se- raient dus à une catastrophe plus ancienne ( Comparez Journ. dephys . , 1822 , vol XCIV, p i83, geogn. Gemalde Deu - tseJil. p . 365, et mes Mémoires , p. 77 et 35g). M. de Beaumont donne pour exemples de son douzième système, les crêtes de la Sainte-Baume, de Sainte-Victoire, du Leberou, duVentoux,le mont Pilate, les deux Mythen, etc., des lignes de faîtes en Espagne et la chaîne septentrionale de la Sicile. Il y rattache aussi, d’un côté, les éruptions d’ophite, avec le gypse, le sel gemme et les sources salées des Pyrénées et de la péninsule espagnole , et , de l’autre, la forme des rivages de ces temps reculés, rivages qui produisent des lignes sensible- ment parallèles à la direction de la chaîne principale des Alpes ( p. 656 ). De plus, M. de Beaumont reconnaît que ce soulèvement a produit , dans le sol du S.-E. de la France , une double pente ascendante, l’une de Dijon et de Bourges vers le Forez et l’Auvergne , et l’autre des bords de la Méditerranée vers ces mêmes contrées. Il y voit une ligne de faîtes s’établir ainsi de la Hongrie et jusqu’en Auvergne , ce qui expliquerait certaines anomalies des mesures géodésiques ; enfin il y lie, d’une manière fort juste, -la formation des crevasses ou grandes vallées du Cantal et du Mont-Dore , en croyant toutefois devoir donner à certaines parties le nom de cratères de soulèvement ( p. 654). J’ajouterai que, d’après la direction, on devrait joindre à ce système la chaîne de Fagaras , dans la Transylvanie méridio- nale , et les Balkans ; néanmoins , on sait seulement que le grès vert est redressé dans la première chaîne , et le calcaire juras- sique ( peut-être aussi le grès vert) dans la seconde. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. ^4* Quant aux rapprocliemens que M. de Beaumont fait entre ses époques de soulèvement et la formation de diverses chaînes du globe, je me bornerai aux observations suivantes , vu l’exiguïté des renseignemens géologiques, et de l’état imparfait des cartes géographiques. D’abord , je n’entrevois pas les ra;sons qui font rapprocher les monts Alleghanys et les Gattes du Malabar du soulèvement qui a donné aux Pyrénées leur relief actuel. Personne n’a ja- mais signalé du grès vert sur la cime des Alleghanys, qui sont des montagnes de schistes pins ou moins cristallins, et de ro- ches arénacées ou schistoïdes anciennes ; des bassins houillers se rencontrent dans leurs vallées, et assez loin d’elles viennent les grès salifères. Les coupes de MM. Maciure, Ackerîy, Brown, Tavîor, Hitchcock, et d’autres géologues américains sont là pour attester que c’est une chaîne qui a été soulevée avant la formation houillère , et qui a peut-être éprouvé quel- ques dislocations depuis lors. Quant aux Gattes du Malabar, leur direction est, d’après M. le docteur Hardie et les autres géologues, du N. au S. ou N. un peu à l'O. au S. un peu à l’E. , et leur composition principalement granitique, schisteuse et trappéenne^ exclurait déjà toute idée de rapprochement. Ce sont des séries de rides formées probablement avant le dépôt des houillères et du grès rouge salifère de l’Indostan • ainsi elles ne semblent avoir rien de commun avec le relief actuel des Pyrénées. Les montagnes de la Crimée et le Caucase paraîtraient plu- tôt se rattacher à l’époque de soulèvement des Carpathes orientales et des Pyrénées. Le rapprochement du redressement de la chaîne septentrio- nale de la Norwège avec celui des Alpes occidentales, d’après la direction du tracé des cartes , reste une pure hypothèse , vu le manque total des dépôts secondaires et tertiaires dans cette partie de la Norwège. Depuis le cap Nord jusqu’au cap Blanc d’Afrique, la ligne générale du littoral européen aurait la direction de ce soulève- ment (p. 65g). Les Alpes principales auraient leur pendant dans l’Atlas, la chaîne centrale du Caucase, etc. , enfin dans l’ Hima- laya. vol. I, n° 6; et vol. Il, n° 8, p. 149). M. Will. Ainswortli vient de publier une description des cavernes de Ballvbunian dans le comté de Kerrv ainsi que quel- ques détails minéralogiques ( An ac couni of the caves of Bal~ lyhunian , etc. , Dublin , 1 834 , in-8° à pl. ). Les excavations en question se trouvent surlaJcôte ducomlé deKerry depuis le débouché duFeeledans le Shannon et le cap de Kilconlypoiut, L’auteur les décrit Tune après l’autre, et en figure plusieurs; ce sont de véritables cavernes, des crevasses, des rochers perforés, des trous dans lesquels la mer entre, et que Beau est occupée à aggrandir, soit dans la direction de la stratifica- tion des couches, soit dans des directions transversales à cette dernière. N’y aurait-il pas là, comme sur plusieurs rivages de l’Ecosse, des indices d’un changement successif dans le niveau relatif de la mer et de la terre? Lhie des figures de l’ouvrage le ferait du moins supposer. Les roches de cette côte sont des schistes alumineux ou ar- gileux , et des calcaires de transition en couches peu inclinées. Du reste , toute cette partie de l’Irlande est formée par des dé- pôts du même âge, composés de schiste alumineux, de schiste argileux, d’agglomérats, de grauwacke et de quarzite. Cette dernière roche est surtout développée à Baltardspoint et a Kilkee; elle s’élève en montagnes isolées à Ballylongford , et est associée à des ampelites à Lick-Castle. L’auteur donne des détails sur la distribution générale du quarzite en Irlande où ifexiste dans le Killarnev, dans les comtés de Joyce, d’Erris, de Donegal, de Londonderry, de Dublin, de Wicklow, de Kerry, de Gare et Tipperarv. C’est le même dé- pôt que dans l’Ecosse occidentale. Il est associé aux schistes in- termédiaires, et quelquefois au granité et au gneiss (comté de Donegal), plus rarement au calcaire grenu (Dunfanaghv ou au diorite Killarneyharbour).Il constitue les groupes des monta- gnes de Croagli-Patrick, deNephin et d’Àrrigal, etc. Le calcaire à trilobites et calymènes forme des bassins dans le centre des comtés de Gare et de Limerick , et est entrecoupé par des roches pyroxéniques , porphyriques ou amygdalaires , qui ont quelquefois redressé les couches calcaires. Ces derniers produits ignés existent à Newcastle, à Limerick > au moût Caherparry, Soctgéol, Tome Y, 17 a58 RESUME UES PROGRES à Caherconlish. A Carrick, et a Gunnel, il y a des brèches pyroxé- niques à fragmens calcaires , et même à débris organiques. Dans la partie occidentale du comté de Clare^, dominent les dépôts intermédiaires supérieurs, savoir, des grès argileux con- tournés, et quelquefois impressionnés. L’ouvrage de M. Ains- wortli se termine par deux articles additionnels, l’un sur les sul- fates et phosphates d’alumine, dont quelques uns se trouvent à Ballvbunian , et un autre sur les minéraux métalliques. M. P. Kniglit a publié une Notice sur la géologie déErris , dans le comté de Mayo . Cette contrée est traversée par la chaîne de Maume-Thomas, montagnes de micaschiste et de quarz , courant du N.-E. au S. -O. Le grès pourpré ( oldred ) recouvre leur pied méridional, en inclinant au sud sous i5°. Le granité forme une partie des montagnes au sud de Lough- Gill, dans le Sligo. La chaîne appelée Curslieve-B.ange, entre le défilé de Maum-a-Rattha et l’Owenmore, s’élève à 0.3^0 pieds, court du N. -O. au S.-E., et a un grand noyau central granitique, entouré de quarzite et de micaschiste , avec des fi- lons porphyriques. Au nord de l’Gwenmore sont des hauteurs qui offrent le contact du micaschiste et du grès pourpré. Les filons porphyriques , courant ouest 270 sud, sont l’acci- dent le plus curieux du pays ; le micaschiste dans leur voisi- nage est disloqué et décoloré. Le granité du mont Tarmon paraît avoir percé le mica- schiste. Au nord de cette montagne , toute la presqu’île est composée de schistes ondulés, en partie micacés ou à feldspath rouge, mica et amphibole , avec une direction est et ouest, et des inclinaisons variées ( Journ . of the geoL Soc . of Dublin , vol. I, part. 1, p. 45). M. le capitaine Mudge a trouvé, dans une tourbière de la côte N .-O. de l’Irlande, une petite maison en bois de chêne à 16 pieds sous la surface ( Atlienœum, 23 nov. i833, p. 797). M. J. Bryce a publié une liste des minéraux simples des comtés de Down, d’Àntrim et de Derry ( Lond . a . Edinb. phil . mag vol. III, n° i4, P- 83). M. J. Bryce a produit des argumens en faveur de V action diluvienne dans toute V Irlande septentrionale ; d’où il con- clut que cette contrée a été balayée par des courans diluviens provenant du N. «O., à une période qui a précédé la forma- tion des baies de Belfast, de Lough-Neagh et Lough-Foyle • niais qui est postérieure à l’élévation des roches basaltiques à leur hauteur actuelle. Il ne peut pas répondre aux questions DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN |855. î&St) de savoir si les dépôts de gravier sont tous contemporains ou s’ils sont dus à une seule ou bien à plusieurs révolutions. Quant à lui, il n’a pas pu trouver d^indicationspour les séparer en diverses masses. Les collines diluviennes et les filons trappéens ont une direc- tion semblable ; de manière qu’on peut se demander s’ils sont dus aux memes causes perturbatrices. De plus, la formation des baies sus-mentionnées sur la jonction de roches dissembla- bles, savoir : de la grauwacke et du grès, peut être due à quel- que révolution en rapport avec le redressement des couches. Le foyer du dérangement aurait été au N. -O. En général, il paraîtrait probable que les alluvions anciennes de l’Irlande, de l’Ecosse et de l’Angleterre, ont eu pour ori- gine commune cette grande perturbation dans le Nord à la- quelle on attribue la formation des couches de cailloux du nord de l’Amérique, de l’Allemagne et de la Russie, et qui a été contemporaine d’un soulèvement des Alpes et même de l’émersion d’une grande étendue de pays. M. Richardson a déjà décrit les vallées de dénudation du nord de l’Irlande ( Jouvn . of the geol. Soc . of Dublin, vol. I, part, i, p. 34)* § iv. France . M. Le Saulnier de Vauhello a publié un Mémoire sur les atterrages des côtes de France (Paris, 1 833, i vol. in-4°? avec une carte ). France septentrionale.— M. Héricart-Ferrand continue à | nous donner des coupes géognostiques sur les environs de Pa- ris. L’an passé, il nous a détaillé celle de Paris à Ham (Voy. JBulL, vol. III, p. 281). Il nous a aussi communiqué des dé- 1 tails sur le Gisement du Lenticulites variolaria autour de Paris | {Idem, p. ^5), ainsi que sur les deux grès marins du bassin ; parisien et leurs crustacés fossiles {Idem, p. 85). Il continue, à cet égard , à être en désaccord avec M. Eugène Robert. De son côté , ce dernier, actif géologue, profite de ses voya- ges pour nous donner des notions détachées sur différentes parties de la France (Voy. Bull., vol. III, p. 206), et continue ! en même temps à étudier les environs de Paris {Idem , p. ^3), I par exemple la Ferté sous-Jouarre (p. 74)? les grès de Bregy j et de Beauchamp ( p. 7$ ), ainsi que ceux entre Senlis et Com** . ! piègne (p. 101). ado RÉSUME DES PROGRES M. Dufrénoy nous a lu dernièrement un Mémoire sur la meulière de La Fer té (p. 161). M. Castel nous a donné une Note sur le granité du Calvados (Voy. Bull., vol. IV, p. 80). M. Graves a composé , en i833, les Précis statistiques des cantons de Lassigny et de Pont-Sainte-Maxence , dans le département de V Oise. La surface de ce dernier canton est entièrement tertiaire et alluviale. M. Graves y décrit plusieurs coupes des couches sa- bleuses et calcaires de la partie inférieure du sol parisien, à Saint-Vaast, à Verberie, à Noël-Saint- Martin , à Roberval, à Pont-Point, à Pont-Sainte-Maxence, etc. Le calcaire tertiaire a une légère inclinaison au sud; et le pays entre Pont, Beaure- paire et Verneuil, ainsi que le canton de Creil , est sableux. La forêt de Halatte est une masse sableuse couronnée de cal- caire d’eau douce. M. Graves entre dans les détails de cette superposition , et termine son exposé en distinguant dans ce canton, de bas en haut, le système sableux, le système calcaire, les sables et grès supérieurs, des argiles à sélénites, avec du calcaire marno-siliceux , lacustre et des meulières coquillières. Le canton de Lassigny, sur la limite septentrionale du bas- sin parisien, a pour base le calcaire crayeux, recouvert parles premières assises du terrain tertiaire parisien , dont les couches Se développent en allant successivement du nord au midi. Dans la région septentrionale, les alluvions anciennes reposent im- médiatement sur la craie ; les premiers coteaux de la région in- termédiaire sont des masses sableuses à nummulites', qui sont couronnées par des lambeaux calcaires. M. Graves donne à cet -égard les coupes de la colline de Lagny et du Plessis. Le cal- caire grossier se développe en bancs réguliers dans la région méridionale et vers Elincoùrt ; on en voit même les assises supérieures. Le fait le plus curieux du canton est le dépôt argilosableux à lignite, que M. Graves trouve placé vers la partie inférieure des coteaux ou terrasses calcaires , et qui constitue quelquefois des éminences particulières. Il donne à cet égard les coupes de Crapeau-Mesnil , de Fresnières , de Lagny, de Metz, etc. C’est toujours le même accident lluviatile de marne , d’argile, de li- gnite et de coquilles d’eau douce, qui doit être le propre de toute formation de delta , telle qu’a été celle du calcaire ter- tiaire de Paris. Dans les alluyions anciennes, il y a des blocs de DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 26 1 grès quarzeux à débris marins ou terrestres, qui ont dû être enlevés des hauteurs plus ou moins éloignées. Comme pour le grès vert, plus on étudiera le bassin qui nous entoure, et plus on en fera de coupes différentes, plus ou trouvera d’enchevêtremens , non pas seulement de couches, mais même de dépôts. Une seule coupe n’embrassera jamais tous les détails du bassin ; on pourra différer toujours sur la position exacte de certaines masses, si on exige pour chacune d’elles plus qu’un horizon géologique approximatif. Un ordre général, une succession régulière d’un très petit no libre de grandes masses, y a été reconnu par celui à qui nous devons l’établissement des terrains tertiaires. Mais cher- cher à numéroter les diverses couches du bassin comme un gé- ' néral échelonne ses hommes , cela me paraît entrer dans un dédale, si toutefois on saisit toute l’immensité du golfe ancien, I dont le bassin parisien actuel n’est qu’une portion minime. C’est du moins adopter, pour le sol tertiaire , une marche bien différente que pour tous les autres terrains, dont la masse est bien autre chose comparée à celle des couches de Paris. Mais, dira-t-on, cette géologie de détail, que vous critiquez, | n’est que la science poussée à son plus haut degré ) et si nous pouvions rendre l’écorce du globe transparente, vous verriez toute l’importance de ces recherches microscopiques. Loin de moi d’appeler la géologie de carrières de pures niaiseries • mais à , côté de l’intérêt et de l’utilité véritable de ces dissections mi- ! nutieuses, n’oublions pas que si de petits secrets naturels sont ainsi surpris, on court risque de ne plus savoir saisir les lois générales de la nature, semblable à ces astronomes dont l’at- tention, absorbée par les petites oscillations des corps célestes, ne seraient pas capables d’embrasser l’harmonie majestueuse de leurs mouvemens annuels ou séculaires. D’ailleurs, la terre, dût-elle être rendue transparente, ce serait justement la meilleure démonstration que la nature suit, dans ses opérations, de grandes lois auxquelles se subordonnent une foule de petits détails ou d’accidens locaux. En géologie, il faut l’avouer, nous sommes trop enclins à formuler en lois géné- rales des faits particuliers • et, bien considérée, notre science se réduit, jusqu’à présent, à un nombre bien exigu de principes solidement établis. M. de Bonnard est revenu sur la position du terrain houil- j 1er de Hardinghen } dans le B as -Boulonnais ( Voy. Bull. , vol. III, p. i5o). RÉSUMÉ DES PROGRÈS s6* M. Leymerie, maintenant établi à Lyon, et occupé d’étu- dier la géologie peu connue du Lyonnais , a donné une Notice géologique sur la route entre Truyes et Nogent , et entre cette dernière ville et Resson . Ses conclusions sont, que Troyes est située sur des alluvions composées de graviers à ossemens d’élé- phant d’Asie , et d’une terre argilo-calcaire à coquilles terres- tres et d’eau douce. Autour de la ville, la craie se montre partout, excepté dans la direction du S.-E. , vers Menois. Elle ne contient pas de lits de silex , ni de bélemnites ou de podopsides; ce n’est qu’en avançant vers Paris que les silex et les catillus deviennent plus abondans. En tirant vers Faverolles ou Saint-Hilaire une ligne du nord au sud , tout l’espace compris entre cette ligne et la limite oc- cidentale du département est couvert de blocs erratiques de grès , dont la traînée se poursuit par Pont-sur-Yonne , dans la direction de Nemours et Fontainebleau. Ils ont dû être char- riés par un courant venant de l’O.-S.-O. , et pouvant avoir quelque rapport avec la cause qui a disloqué les grès de Ne- mours et de Fontainebleau. Entre Nogent et Yillenauxe, se trouve un lambeau tertiaire, le seul qui existe dans tout le département. Ce sont des argiles rougeâtres et du calcaire d’eau douce, en partie coquillier. Sur ce dépôt il y a, près de Fvesson, un petit mamelon de tuf calcaire à incrustations végétales, hé- lices, et os d’éléphant {Mém* de la Soc . d'agric . sc. et arts du dép. de r Aube , noS 46 et 47, i833, p. 70). M. Leymerie nous a donné une Note sur le soufre natif et la sélénite de la craie de Montgueux (Aube ) (Yoy. BulL , vol. III, p. a4o). N ord-est de la France. — M. Y. Simon va publier un nou- vel Itinéraire géologique et minéralogique de Metz a Sarre- louis, Oberstein, Bingen , Coblentz, Laacht Trêves et Sierk . Le même confrère a donné une Notice sur du lias de Guenan- ges,prèsde Thionville, roche qui renferme des pyrites suscep- tibles d’être utilisées pour la fabrication de l’alun. Il a aussi décrit diverses formes de fer oxidé hydraté, dans le calcaire jurassique à polypiers, de Jussy, près de Mets, ainsi que des bancs de fer oolitique dans la vallée de Mance ; et il a comparé les marnes de Gravelotte au forest marble des Anglais, tandis qu’on avait voulu les rapprocher de leur fuller s earth {Institut, n* 10, p. 80). L'Académie de Metz a proposé pour x834 un prix de 600 fr. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855a $65 pour un Itinéraire descriptif et statistique de Trêves aux sour- ces de la Moselle . Une source d'eau salée a été découverte dans les mines du fort Belle-Croix, à Metz. La proximité du keuper, placé sous des marnes et le lias , y ferait soupçonner à notre confrère , M. Simon , l’existence d’un banc salifère à une certaine pro- fondeur {Institut 9 n° io, p. 8o). Alsace . — M, Voltz a donné une Notice intéressante sur l'ar- gile de Bradford , de Bouæwiller et de Bavillers. Il avait cru long - temps que les argiles , au pied du mont Bastberg appar- tenaient à celles qui séparent, en Angleterre, l’oolite inférieure des oolites. Depuis lors, ayant retrouvé le même dépôt à Ba- villers, près Belfort, M. Yoltz le classe dans l’argile de Brad- ford. A ce sujet, il donne la liste de ses fossiles, et les compare à ceux du même dépôt en Angleterre, dans la France septen- trionale, et au Port-en-Bezin, en Calvados. Après cela, il leur compare les fossiles de l’assise argileuse, entre la grande oolite et l’oolite inférieure des mêmes contrées , et trouve , entre les deux listes, une dissemblance très grande. Il observe plus loin que les argiles du Port-en-Bezin sont classées à tort, par les géologues du Calvados , dans la terre à foulon des Anglais , tandis quel 'Ostrea costata, le Belemnites canaliculatus (Schl), la Serpula quadrilata (Goldf), etc., les caractérisent comme parallèles à l’argile de Bradford, M. Yoltz fait remarquer la constance avec laquelle lessous-di- visions jurassiques reconnues en Angleterre se retrouvent dans les assises du Jura et de ses ramifications. Ce sont surtout les cinq masses argileuses, qui forment les horizons géologiques les mieux déterminés, et se prolongent, de l’Angleterre par la Norman- die, jusqu’à l’autre côté du grand bassin secondaire du N. -O. de l’Europe. Néanmoins, dans le Jura, les marnes du lias et l’argile d’Oxford sont les seules masses qui se montrent avec une grande constance, tandis que la terre à foulon, l’argile de Bradford et l’argile de Kimmeridge, n’y existent que ça et là. Quant aux assises calcaires , il est curieux de retrouver celles d’Angleterre plus complètement dans le Jura qu’en Norman- die. Ainsi , la grande oolite et les pisolithes du Coralrag sont moins bien caractérisées dans le dernier pays ; le cornbrash, le forest marble , et le kelloway rock , ont leurs analogues dans le Jura. D’un autre côté, la ressemblance avec les roches d’An- gleterre, cesse dans les calcaires tout-à-fait supérieurs (. Mém . de la Soc. dihist. nat. de Strasbourg y vol. I, liv. 2, p. 17). M. Rozet a fait à la Société des communications importantes RÉSUMÉ DES PROGRES *64 sur la géologie des Vosges centrales y tant sur la région grani- tique (Vov. Biill-y vol. III, p. 1 3 1 ), que sur les terrains an- ciens en général ( Idem , vol. IV, p. 129). Ses idées sur les rela- tions des trapps, des porphyres, des eurites, des siénites, des granités et des leptinites, leur formation et leurs rapports avec les soulèvemens des chaînes, méritent une sérieuse attention : c’est une partie trop négligée de la géologie. Ces considérations rehausseront l’intérêt de l’ouvrage sur les Vosges, que M. 11 o- zet imprime dans ce moment, et pour lequel il fait graver des cartes et des coupes, qui rectifieront, dit-il , certaines erreurs de ses devanciers. M.le docteur Jacquot a publié un Essai sur la Topographie physique et médicale du canton de Gerardmer ( Vosges ), et une Notice minéralogique sur ce même canton ( Institut y 12 oct. i833, p. 186). Haute Saône, — Dans les Mémoires de la Société de Stras- bourg, M.E. Thirria a accompagné sa jolie Carte géologique du département de la Haute-Saône d’une explication intéressante, qui n’est qu’un extrait de sa statistique minéralogique et géolo- gique du département de la Haute-Saône (Besançon, i833 , 1 vol. in-8° avec 1 carte et coupes). Il serait à souhaiter, pour l’honneur du corps des mines et des ponts-et-chaussées , que chaque ingénieur stationnaire sût employer ses loisirs d’une manière aussi utile au pays. M. Thirria entre en matière par des idées générales sur la configuration du pays , l’origine des montagnes, des vallées , des plaines, etc. , et il donne une table des hauteurs mesurées. Ensuite il traite des divers terroirs (terres fortes , légères , mai- gres , ferrugineuses et magnésiennes), des sources intermit- tentes, salées et minérales , de leur origine et des sondages artésiens ; enfin , il passe à l’énumération des minéraux et des roches existans dans le département, au groupement des roches, et à la description des terrains, en terminant par les dépôts ignés, et le tableau de la richesse minérale de chaque commune. Le département en question comprend quinze espèces de dépôts , savoir : les granités et les siénites, les porphyres inter- médiaires, avec amas de fer oxidé rouge et filons plombifères et cuprifères ) les porphyres noirs ou pvroxéniques à fer oli- giste, les schistes de transition , avec des amas de calcaire et de dolomie ferrugineuse • les houillères (25-32 mèt. de puissance), le grès rouge (25o à 280 mèt.), le grès vosgien (12 à i5 mèt.), le grès bigarré (i5 à 18 mèt.), le muschelkalk (i5 mèt.), le keuper (70a 80 mèt.), le lias (gS^mèt.), le terrain jurassique. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. Sî65 (292 met.), le minerai de fer pisiforme (2 à i5 met.), un dépôt lacustre de silex , de lignite et de calcaire (Pont-de-Planche , Chapelle-Saint-Quilîain , Angirev, etc.); enfin, les alluvions anciennes et modernes. M. Thirria donne ensuite une coupe générale du terrain ju- rassique et du lias de la Haute-Saône, indiquant la nature, les fossiles, l’épaisseur et les localités principales de chaque groupe. Le lias comprend trois étages, savoir : le grès du lias (10 met. de puissance), le calcaire à gryphées (i5 met.) , les marner du lias , jaunes supérieurement (25 mèt.), bitumineuses inférieu- rement (45 met.). Le terrain jurassique se divise en trois étages : le premier, ayant 1 34 mèt. de puissance, se sous-divise en oolites inférieu- res, marne inférieure ( Fullers earth ), grande oolite, calcaires compactes inférieurs ( Forest marble ), et calcaires à oolites ori- formes (Kelloway rocks) le second étage (de 110 mèt.) se partage en deux masses, dont l’inférieure est divisée, de bas en haut, en marne moyenne, avec minerai de fer oolitique, argile avec chailles, calcaires compactes et suboolitiques avec fossiles siliceux (calcaire corallien de M. Thurmann ) , calcaires à nérinées ; et la supérieure, en oolite corallienne, calcaire compacte et marnes à nérinées, calcaires à astartes, et calcaires coralliens des Anglais. Enfin, le troisième étage jurassique , de 48 mèt. de puissance, se compose des calcaires et des marnes à exogyres ou de deux sous-groupes : l’inférieur , les calcaires et les marnes à gryphées virgules; le supérieur, les calcaires portlandiens. Ce travail , ainsi que ceux de MM. Thurmann et Voltz , montrent l’utilité des études minutieuses des géologues station- naires. Il ne faut guère se reporter a plus de douze à quinze ans en arrière de notre époque pour se rappeler l’ignorance profonde dans laquelle on était sur la structure des montagnes du Jura. On était à peine sorti des notions générales données par de Saussure , tandis que maintenant les progrès de la géo- logie secondaire et de la paléontologie ont conduit à des subdi- visions nombreuses et des idées plus justes sur les bouleverse- mens des masses jurassiques. Si ce résultat est dû en grande partie aux travaux de M. Smith et des géologues anglais en général, il ne faut pas oublier tous les efforts de M. Alex. Brongniart pour tourner l’attention des géologues vers ces recherches si attrayantes pour le zoologiste. Enfin, il faut aussi tenir compte de l’état de perfection auquel a6(5 RÉSUMÉ DES PROGRES est arrivé le Musée paléontologique et géologique de Stras- bourg , grâce aux lumières et à l'activité de M. Voltz. L'exé- cution entière du plan de M. Brochant, l'établissement d'une collection géologique complète de fossiles à l'École des Mines, achèvera de fournir à chaque département de la France des géologues aussi exercés dans les détails scientifiques que dans la pratique. D’un autre côté, ces divers Mémoires sur le Jura nous ap- prennent que les sous-divisions reconnues en Angleterre peu- vent être recherchées avec confiance dans le nord et l'est de la France : néanmoins ne négligeons pas d’observer que déjà des différences s’observent dans les pétrifications de masses qu’on n’hésite pas, malgré cela, à mettre en parallèle. Or, une fois sorti de ce grand bassin du N.-O. de l’Europe, il est naturel de s’attendre encore à de plus grandes divergences entre les dépouilles d’êtres marins , et par conséquent même entre la succession des diverses roches. Les notions déjà rassemblées sur les régions géologiques mé- diterranéenne et alpine , nous permettent d’entrevoir une res- semblance générale de leurs dépôts jurassiques avec ceux de l’Europe septentrionale; mais les subdivisions semblent y dispa- raître, ou du moins elles s’y groupent d'une manière siugeneris. Comment en serait-il autrement, quand on pense que c’étaient des bassins de mer totalement différens, sous un climat tout autre, ce qui amène à y supposer non seulement d’autres êtres, mais même d’autres phénomènes météorologiques et plutoni- ques ; par conséquent dans la même époque , dans le même moment, d’autres dépôts que dans les mers du Nord ? C’est donc une grave erreur d’attribuer la divergence des résultats géologiques obtenus dans le nord et le midi de l’Eu- rope, uniquement à ce qu’on n’aurait pas observé assez scru- puleusement cette dernière zone. Ainsi $ l’Italie , fût-elle habi- tée par les centaines de géologues que possède l’Angleterre , n’offrira jamais la même variété des créations zoologiques ; car ce pays a été assez parcouru pour qu'on connaisse les terrains qui y dominent et les genres de fossiles qu’on y découvrira en- core. On pourrait en dire de même de la Grèce, de l’Espagne, de l’Egypte, des Alpes, etc. En un mot, nous nous éloignons toujours plus de cette idée wernérienne, de comparer le globe à un oignon, en le supposant entouré complètement d’une sé- rie régulière des mêmes dépôts. Un fait qui prouve mieux que tout autre la division de la çurface du globe en régions géologiques particulières, c’est que Ï)ES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l835* «67 plus nous nous écartons de l’Europe septentrionale ou du bas- sin le plus fréquemment étudié, plus nous trouvons de nou- velles espèces de pétrifications. Une certaine ressemblance mi- néralogique continue même plutôt à exister entre des dépôts du même âge qu’entre leur botanique ou leur zoologie. Ainsi, parcourir le globe pour faire de la géologie uniquement par les fossiles , devient une véritable absurdité ; car, admettant même que l’assise examinée! offre une ou deux coquilles carac- téristiques d’un certain dépôt dans le nord de l’Europe, on y en observera presque toujours un plus grand nombre, qui se- ront des espèces non décrites, et propres à la région exami- née. Qui est-ce qui nous dira , dans ce cas , si ces fossiles du Midi , se retrouvant dans le Nord , n^ont pas pu exister dans la première région à une autre époque que dans la seconde? Çette supposition est même tout-à-fait dans l’ordre des choses: quelque ancienne ou moderne que soit la formation qu'on exa- mine,» elle ne devient absurde que dans le cas où il s’agirait de terrains séparés l’un de l’autre par un laps de temps im- mense. Or, dans le cas des dépôts jurassiques ou secondaires récens, qui nous occupe, cette hypothèse doit trouver souvent son application. J’ajouterai encore que si les fossiles étaient un guide si as- suré , non pas pour les formations modernes , mais même poüï* les terrains anciens , on aurait lieu de s’étonner du doute qui règne sur l’âge de certains dépôts secondaires des Andes, du Brésil, de l’Inde britannique, de la Perse et de l’ Afrique. Des pétrifications y ont été recueillies , des superpositions y ont été observées ; mais, comme pour les plantes vivantes, à part quel- ques cas rares d’identité parfaite d’espèces, on s’est trouvé tou- jours, surtout pour les espèces, dans un monde nouveau $ d’où est né le doute sur le parallélisme à établir entre les dépôts européens et ceux hors de l’Europe. Continuons donc, avec le plus grand soin possible, nos ob- servations sur la distribution géographique actuelle des êtres et des plantes ; tâchons de tracer les limites de chaque empire animal ou végétal , pour remonter ensuite , par le moyen des successions d’êtres et de plantes enfouies dans l’écorce du globe, aux centres primitifs des créations, et à la détermination exacte de ces points de départ de la vie végétative et animale sur notre planète. Ce qui existe a eu lieu jadis : comme il y a di- verses races d’hommes, il y a diverses zones de végétation, ainsi que des groupemens différens d’êtres continentaux ou *68 RÉSUME DES PROGRÈS marins ; il en sera de même , non seulement des créations perdues, mais encore de la succession des couches qui les recè- lent. Doubs . — Dans Y Annuaire statistique et historique du Doubs , par M. Laurens ( Besançon , in-8°, i833), on trouve quelques notions intéressantes dans les sections qui traitent de la topographie, des curiosités naturelles, des produits naturels du sol et du climat. Les nombreuses cavernes de ce départe- ment, les puits souterrains, les précipices, les glacières natu- relles, les sources minérales, et les mines de fer, de houille (Gemonval), de lignite, elc. , s’y trouvent indiqués. Si le sel gemme n’y a pas encore été découvert , il le sera tôt ou tard , vu l’existence des argiles salifères et des eaux salées. J’ajouterai, en passant, que Futilité de la publication des annuaires dépar- tementaux, pour les géologues, augmentera dès que la carte géologique de la France sera publiée; car, avec ces données, les savans de province pourront aisément faire connaître an- nuellement leurs observations dans un ordre méthodique et conforme à l’état actuel de la science. France occidentale. — M. Deslongchamps a lu au Congrès de Caen un Mémoire minéralogique et géologique sur le dé- partement d'Ile-et-Vilaine , où dominent les terrains primaires et intermédiaires, divisés en trois groupes. Le premier, com- posé de gneiss , de protogine , de granité , de leptinite et de micaschiste, comprend près delà moitié de cette contrée; le second groupe est formé de micaschiste commun, amphibo- leux, talqueux, maclifère, avec des diorites, des siénites et des granités ; et le troisième est le sol véritablement intermédiaire à roches fragmentaires (grauwackes, grès, agglomérats quar- zeux), ce dernier reposç sur des phyllades talqueuses et du quarzite. M. D. donne des détails sommaires sur chacun de ces grou- pes. Ainsi, il parle des ampélites et des ardoises pyriteuses de Poligné à veinules d’anhydrite; des thermanthides tripoléennes et de différens genres de trilobites dans la même localité; des al- ternats de roches arénacées, quarzeuses et schisteuses a Bourg- des-Comptes; des grauwackes de la forêt de Paimpont; des quarzites à productus de Saint-Germain-sur-l’Ille, de Saint- Aubin-d’Aubigné; des agglomérats rouges de Retiers; des gra- nités de Dol et de Saint-Malo, etc. Il termine en donnant quelques renseignemens sur le cal- caire tertiaire supérieur de la Chaussairie , qui offre des num - DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l833. 269 mulites , des cônes , des calyptrées , des cérites , des térébra- tules, etc., et sur celui de Saint-Grégoire, à une lieue nord de Rennes, où on trouve surtout des peignes, des pectoncles, des cellépores, des dents de squales, avec des côtes de lamantin l Le poudingue siliceux ou caillou de Rennes se trouve en blocs au milieu d'argiles sableuses , au S.-E. de cette ville, sur la route de Châtillon ( Congrès scientifiq. de France , p. 27). M. Toulmouchea fait une carte géologique, et une descrip- tion de ce département (Voyez Bull .), tom. IV). M. Virlet nous a lu des Considérations sur le terrain houilltr de Saint- Georges- Clidtelais on ( Voy. Bull. , vol. 1 II , p. 76). M. de La Fontenelle a décrit, au Congrès de Caen, un gîte de caoutchouc fossile des houillères de la Vendée ( Congrès scientifiq . de France, vol. I, p. 35). M. E. de Billy a donné ses Observations sur le terrain de transition a fossiles de la Bretagne , et a tâché ainsi de com- pléter, par des remarques de détail , l'esquisse générale de la Bretagne par M. Boblaye. Le terrain intermédiaire de cette province est divisé en deux grands lambeaux , l'un à l’ouest , l’autre à l’est, et liés entre eux non loin de Rostrenen. Le pre- mier comprend le bassin de la rivière d’Aune , celui de la rade de Brest, d’où il s’étend , vers le nord, au-delà de Morlaix. Le second, plus étendu, renferme une partie de la vallée de Bla- yet, celle de l’Oust, le bassin de Rennes, le plateau de Bains à Angers ; et il se prolonge dans les départemens de la Manche, du Calvados et de l’Orne. En outre , il y a en Bretagne des roches intermédiaires aux environs d’Erquy, au nord de Lam- balle, et au nord de Guingamp. La formation de transition est limitée, au nord et au sud, par des masses cristallines. Les rapports de ces dernières avec les grauwackes, etc., sont curieux à observer, en ce sens qu’il .y a conversion du schiste en roche plus compacte, passage au schiste talqueux ou micacé (Morlaix), et même aux gneiss. La stratification des roches schisteuses se relève en général dans le voisinage des masses cristallines. La direction des cou- ches est entre E.-N.-E. à O. -S. -O. et E.-S.-E. à O. -N. -O. , et il y a une grande tendance vers la direction est à l’ouest. Pour bien faire connaître le terrain intermédiaire, sans avoir besoin d’en présenter une description générale, toujours plus ou moins artificielle, l’auteur se contente de l’étudier dans des coupes. La première est celle de Lorient à Morlaix , par Gouriu , Garhaix et Poullaouen j ce qui lui donne occasion de ijO RESUME DES PROGRÈS décrire les environs du Huelgoet et de Poullaouen. Les schistes de la première localité enclavent une grande masse feldspathique stratiforme et ça et là amygdalaire, tandis que plus bas viennent des granités séparées des schistes par des hornfels ou roches compactes maclifères. Les filons plombifères de Huelgoet et de Poullaouen traver- sent les grauwackes du nord au sud , et celui de Poullaouen n’a pas de salbandes ; leur puissance varie de i à io mèt. Plus loin , M. de Billy prouve, par des calcaires à encl ines, que les roches de Morlaix sont de transition ; et il voit, avec M. le comte de La Fruglaie, le granité de la colline d’Armori- que traverser, soulever et rompre les schistes. Dans la rade de Brest, M. de Billy décrit soigneusement, au milieu des roches arénacées et calcaires, des amas irréguliers de kersanton et de porphyre. Il passe , après cela, à la coupe de Nantes à Dol par Nozay, Rennes et Hédé ; ce qui le conduit à Bains, beau gisement de calymènes; au Tertre-Gris , chaînon à grès quarzeux blanc, et à schistes carbures, réduits par l’ac- tion de la chaleur à une espèce de tripoli. C’est près de Nozay qu’il détaille surtout les altérations subies par les schistes à leur contact avec les granités; là comme ailleurs il s’est formé aussi des amphibolites au milieu des gneiss et des granités. L’au- teur suppose que ces deux dernières masses ont été soulevées après la formation du terrain intermédiaire, tandis que les am- phibolites auraient surgi après l’épanchement des granités. Près de Lamballe , et vers la rade d’Erqui , il y a beaucoup de ces roches amphiboliques , qui s’associent avec des grès in- termédiaires. Enfin, M. de Billy s’occupe des siénites et des granités en avant de Guingamp et de Paimpol, etc., et des roches feldspa- thiques au nord du terrain de transition de ce dernier lieu ; ce sont des porphyres siénitiques^des eurites, des amygdaloïdes, des granités, etc. PourM. de Billy, les porphyres stratifiés joue- raient, à l’égard des autres masses non stratifiées, le rôle des gneiss à l’égard des granités ( Mém . de la Soc . d'hist . nat. de Strasbourg , vol. I, part. 2). M. Bertrand-Geslin nous a donné la Géologie de Vile de Noïrmoutier (Yoy. Bull., vol. III, p. 285 ; et Mém . de la Soc., vol. I, part. 2). France centrale. — La vallée de V Auhois, dans le dépar * tement du Cher, et sur les confins de celui de la Nièvre, offre trois terrains ; le calcaire jurassique; un terrain à minerai d^ DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. 2JX fer, et des alluvions anciennes. M. Malinvaud est embarrassé de classer précisément les masses de la première formation , composée d’alternatives de calcaire gris ou jaunâtre et d’argile. Près deNevers, on exploite des calcaires ooiitiques à espèces d’ammonites, de térébratuîes , de peignes, d’oursins, etc. , qui sont caractéristiques pour l’étage oolitique inférieur. Sur ces masses est un autre calcaire à gryphées dilatées. Le terrain à minerai de fer pisolitique est un dépôt d’argile sableux jaunâtre, qui se trouve sur la rive gauche de l’Aubois. Les nids et rognons ferrugineux y sont associés avec de petites masses nodulaires et même avec une espèce de couche d’un cal- caire compacte, cellulaire, gris, blanc ou jaune : il empâte des grains de quarz et de minerai de fer, et présente quelquefois une structure oolitique. Cette roche, ayant quelque rapport avec le calcaire d’eau douce, recouvre les argiles, ou se trouve au milieu d’elles. On remarque , dans ces dernières , quelques fos- siles erratiques des terrains secondaires. Je ne suivrai pas l’auteur dans sa discussion sur l’âge des grands dépôts de minerai de fer en grains, puisqu’il est bien établi aujourd’hui qu’il y en a d’abord dans le grès vert, comme le prouvent les fossiles même microscopiques et les ac- cidens de gisement et de superposition. Taxer de charriage les pétrifications de ces sortes de dépôts, c’est avouer ne pas les connaître. Ensuite, il y a un grand nombre de gisemens ferri- fères dans le sol alluvial , et les terrains tertiaires peuvent en recéler. M. Malinvaud pense que le minerai de la vallée de l’Aubois et du Berri fait partie du grand plateau de formation d’eau douce qui s’étend de la Manche à la Loire, et jusqu’en Au- vergne. Des remaniemens partiels ont pu affecter ces masses. Quant aux alluvions qui recouvrent le dépôt précédent, ce sont des sables , des cailloux roulés, et des parties argileuses; les galets quarzeux y dominent, M. Am. Burat avait conçu le projet de réunir en un seul ouvrage toutes les observations recueillies jusqu’ici sur les ter- rains volcaniques de la France centrale; mais il a trouvé, dit- il , plus opportun de n’en publier que la partie qui pourrait offrir des faits nouveaux. C’est donc le résultat de ses voyages qu’il a réuni aux descriptions de MM. Bertrand de Doue, Scrope, Lyell , Murchison, de Beaumont et Dufrénoy. Ainsi , comme, du reste, M. Boubée l’a déjà demandé (Promenade a u Mont Dore, p. 39), les consciencieux ouvrages de MM. Desro^ RÉSUMÉ DES PROGRES rets , de Montlosier, de Bucli , Lecoq, Bouillet , de Ghabriol , Johert, Croizet, de Laizer, Stcininger, Kleiuschrod, etc., ne lui ont pas offert de faits nouveaux ou de données intéressan- tes, ou bien il s’est réservé de faire usage de leurs observations dans json grand Tableau, qui ne pourra qu’être très utile à la science. Sa Description des terrains volcaniques de la France cen- trale commence par un coup-d’œil général de ce grand sys- tème, entouré de roches anciennes et tertiaires; M. Burat aborde ensuite les dépôts ti'achi tiques , et décrit comme exem- ples les groupes du Cantal, des monts Dores, et les monts do- mitiques du Puy-de-Dôme; gradation dans laquelle on va pres- que du composé au plus simple. Après cela, il entre sur le terrain si bien décrit par M. Bertrand de Doue, le pays curieux du ’Velay ; ce qui le conduit naturellement au terrain basaltL que bien caractérisé dans cette contrée, comme aussi dans le 'Vivarais. Ayant pris la nature sur le fait, dans la production des basaltes en coulées et en nappes, M. Burat a toutes les facilités nécessaires pour décrire le terrain basaltique de l’Au- vergne, et il termine par le terrain lavique ou la chaîne des Puys à cratères et coulées , encore scorifiées et fraîches, et ac- compagnées d’eaux thermales ou acidulés. Quant à l’ouvrage en lui-même, des notes mises en marge en facilitent la lecture : on voit que M. Burat a mis beaucoup de soin à la partie descriptive des roches de chaque terrain ; et à côté des observations sur le gisement des divers dépôts, sur la liaison de composition et la contemporanéité des basaltes et des trachvtes , etc. , on trouve dans des articles séparés des recherches théoriques sur la position des [masses et l’origine des formes actuelles des montagnes et des chaînes. M. Burat est partisan des soulèvemens dans les terrains vol- caniques, soulèvemens qu’il distingue en ceux produisant des dômes (Puy-de-Dôme , Sarcouy, Chopine, etc.), et ceux don- nant lieu à des cavités ou cratères de soulèvement ( Pal , dans le Haut-Vivarais , Cirquc-de-la-Croix-des-Boutières , dans le Mesenc , etc.). Il admet, de plus, des soulèvemens dans le sol tertiaire, surtout du Cantal et de la Haute-Loire, comme je l’ai déjà dit. Néanmoins, il ne néglige point de faire entrer en ligne de compte les érosions aqueuses dans la production de la configuration actuelle du système volcanisé de la France. Cet effet aurait été produit par des courans d’eau ou des débâcles de lacs. DES SCIÉNCES GEOLOGIQUES EN 1 S53, *78 Quant à la théorie volcanique, M. Burat pense que les phé- nomènes dynamiques ont seuls présidé aux révolutions ignées des premiers âges géognostiques , tandis qu’actuellement l’ac- tion des gaz augmente la force dynamique. Il rejette l'hypo- thèse qui fait alimenter l’activité du foyer volcanique par des filtrations aqueuses, et il en agit ainsi surtout parce que les exhalaisons des volcans n’offrent pas cette grande quantité d’hydrogène, qui devrait s’en dégager, dans le cas de l’oxidation par la décomposition de l’eau. D’ailleurs la chaleur , pro- gressivement plus élevée du globe à mesure qu’on s’enfonce, doit changer à une certaine profondeur l’eau en vapeur. M. Peghoux a lu à la Société un Mémoire sur les terrains cristallisés de V Auvergne ( Voy. Bull. , vol. IV, p. 3i et 53 ). M. Lecoq a donné une Description pittoresque du volcan de Pariou (Clermont, 1 833, in-8°). M. Peghoux a publié une Promenade au Cantal, ou Des- cription pittoresque, lue à l’Académie de Clermont, le ifF juin 1 833 (Clermont, i833, in-8°, à 2 profils) , et M. Boubée, une Petite promenade au mont Dore , pour V étude de la question des cratères de soulèvement (Paris, i833, in-12, à 2 ph). Ce dernier ouvrage, se rattachant directement à la question qui a surtout été discutée en Auvergne par la Société, je laisse à mon confrère M. Boblaye le soin d’en parler, tout le monde sachant d’ailleurs que M. Boubée attribue la formation des val- lées aux érosions aqueuses. M. Bertrand de Doue a constaté que le tufa basaltique prismé près d’Espâilly , est sous une couche de lave et sur une couche de graviers {N. Jahrb. f. Geol.? i833, cah. p. 402). M. Crochard publie une traduction de l’ouvrage de M. Scrope ttir Y Auvergne, accompagnée des planches même de l’auteur. Sud-ouest de la France. — M. Chaudruc de Crazannes a publié en entier son Mémoire sur les bancs d1 huîtres fossiles (G. edulis ), et non fossiles, qui se trouvent dans la Charente- Inférieure, à plusieurs mètres au dessus du niveau de la mer {Ann. des sc. nat., vol. XXVII, p. 332). Dans le Rapport de MM. Girard, Prony et Geoffroy Saint- Hilaire, on trouve l’indication d’un banc d’huîtres de 5 à 6 mè- tres de puissance, qui se trouve en Egypte, dans la vallée de l’Egarement, et à 60 kilomètres de la mer. Les huîtres y sont aussi remplies de limon, et ont encore leur ligament; la sur- face du sol est couverte de cristaux de sel. Ces savans supposent que, yu la sécheresse de l’air eû Soc.géol Tom. Y. 18 RÉSUMÉ DES PROGRES *74 Egypte, les parties salines laissées sur le sol par Tancienne mef n’ont pas encore été emportées, par les eaux pluviales, comme dans nos climats. Cette dernière opinion a contre elle l’exis- tence des mêmes efflorescences, sous un ciel pluvieux, comme en Hongrie, et l’hypothèse chimique de la formation spontanée de divers sels dans les steppes et les déserts de sable {Idem, vol. XXVIII , p. 280). M. Noulet a soumis à l’Académie de Toulouse des Obser- vations géognostiques sur le bassin septentrional des Pyrénées . L’auteur cherche à établir que la Garonne , l’Ariége , le Tarn et l’Agoul, ont roulé successivement leurs eaux sur tous les points et sur tous les niveaux de cet immense bassin, et que les couches des collines et des plateaux tertiaires ont été for- mées lentement, par voie de dépôts successifs, par le charriage des rivières encore existantes , et dans de grands lacs d’eau douce. M. Noulet a recueilli les coquillages lacustres et les osse- mens empâtés dans ces couches tertiaires. Il y distingue en particulier cinq espèces de P al œotheriiim ( t . magnum , aure - line ns e , issellanum , minus et crassum), des lophiodons, des mastodontes, des débris d’éléphans, de crocodiles, et de tortues \Tryonix) {Institut , i833, n° 1, p. 4)» M. Grateloup a publié dans les actes de la Société lin- néenne de Bordeaux, une Notice sur les roches de Tercis près de Dax ; localité déjà remarquable par les diorites. L’auteur pense, comme M. Dufrénoy , que ces dernières roches y ont traversé les roches jurassiques et crayeuses , ainsi qu’un calcaire ter- tiaire; et il rattache les sources thermales à l’apparition de ces produits ignés. Les environs de Tercis présentent une série de couches fortement redressées , et courant environ de l’O.- N.-O.-à-E.-S.-E. Une partie de ces masses, et, suivant M. Gra- teloup , les supérieures sont composées de calcaire crayeux vert avec les fossiles ordinaires; et non loin de là, il y a des couches de la craie verte la mieux caractérisée. L’estimable auteur ne se trouve dans l’embarras que pour le classement des couches inférieures composées d^un calcaire plus compacte à aspect cristallin, et de couleurs nuancées sans particules vertes ni mica. Il signale encore d’autres points ou cette roche reparaît, et surtout les calcaires en partie magnésiens des bords de l’Adour près de Dax , et non loin d’une butte de diorite. M. Grateloup n’ayant jamais vu les calcaires à hippuri- ies des Alpes ou des Pyrénées , il n’est pas étonnant qu’il DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 85S. hésite encore à réunir ces roches cristallines au grès vert de l’Europe méridionale, et qu’il se range à mon classement de i8^4* Lors de la formation du grès vert , il s’est passé dans le nord et le midi de l’Europe des phénomènes géogéniques différens, ce qui a donné lieu à deux séries parallèles de dépôts, distingués le plus souvent autant parla nature des roches que par le genre de leurs fossiles. Si l’on veut déjà maintenant aller plus loin, et déduire seulement de certaines pétrifications , que tout ce qu’on est convenu de classer dans le terrain crayeux du midi de l’Europe est postérieur en temps à ce qu’on, nomme dépôts jurassiques dans le nord , je pencherais pour l’opinion que comme pour le sol tertiaire classé zoologi- quement, on se hâte trop, et qu’il faut faire marcher de front , les données géologiques et zoologiques. Or , toutes deux sont encore incomplètes. Qui est-ce qui a déjà démontré dans les Alpes , les Pyrénées et le grand pourtour méditerranéen , l’existence des assises jurassiques, qui dans le bassin secondaire du N. -O. de l’Eu- rope séparent le grès vert du coralrag et même des grandes oolites? Dans l’état de nos connaissances sur les fossiles juras- siques , et réduits que nous sommes à l’étude d’un seul bassin, avons-nous même assez de données zoologiques pour décider de pareilles questions en simple naturaliste , et en sautant par- dessus toutes ces prétendues futilités du géologue wernérien? Rien de plus commode, il est vrai, que de colloquer les pre- mières nummulites et hippurites dans le grès vert : les animaux de ces coquilles ayant vécu en société, si leurs dépouilles sont quelque part, elles y sont toujours en quantité; donc, il est aisé de les remarquer et de faire de la géologie. Je sais bien que les zoologues géologistes ont une manière très facile de se tirer d’affaire, lorsqu’on vient à leur faire des objections géologiques. Ainsi, par exemple, dans ce cas ils sont dans Pembarras de retrouver, dans l’Europe méridionale, leurs curiosités locales de Tilgate, dePurbeck, de Portland, de Stonesfieldileur cornbrash,leur forest-marble, et d’autres pe- tits accidens zoologiques ou botaniques, autrement dits de delta, de débâcles, de sources, d’éruptions deproduits volcaniques, ete.Audessous de leur craie du Midi, ils ne trouvent qu’un massif immense de calcaire, oh les coquilles sont aussi rares qu’elles sont abondantes à Paris. Tous les géologues sont d’accord là- dessus; mais messieurs les zoologues qui ne les ont pas vus prétendent que nous n’y avons pas regardé d’assez près, et que, s’ils y allaient, ils y verraient plus que nous. Qui, uniquement RÉSUMÉ DES PROGRES £76 à leurs recherches , ils y découvriraient quelques fossiles de plus; mais ils ne transformeraient jamais pour cela le calcaire dit jurassique des Alpes, de l’Italie, de la Grèce, de l’Espa- gne, etc., encetamascoquillier, qui porte ce nom dans le N. O. de l’Europe. D’ailleurs , n’oublions pas que leurs découvertes porteraient surtout sur des espèces non décrites, propres à la. zone , et que leurs conclusions ne reposeraient véritablement que sur un nombre extrêmement exigu d’espèces de coquilles, qui De se trouvent peut-être que tout-à-fait accidentellement dans deux masses déposées, l’une dans un pays, et l’autre dans un autre, à des milliers d’années de distance et à des centaines de lieues d’éloignement. Un autre subterfuge fort commode de la géologie zoologi- que, c’est l’émersion et l’immersion successives des mêmes con- trées. A une époque, un pays s’est couvert d’une croûte énorme de dépôts qu’on ne sait retrouver dans un autre, à cause du manque d’identité des fossiles, aussitôt on a recours a la théo- rie susdite. Sans s’apercevoir qu’on ne sort pas des pures hy- pothèses, ni même de son cabinet, et sans s’enquérir si les re- dressemens , les superpositions et les accidens géologiques des environs permettent de pareilles fantasmagories, on pousse à points nommés le terrain comme un plancher de théâtre , tan- tôt en haut, tantôt en bas; et tout cela pour voir paraître et disparaître comme des marionnettes, certains genres à certaines époques, conformément aux déductions tirées du bassin du N. -O. de l’Europe, qui n’est qu’une partie pour ainsi dire im- perceptible des surfaces émergées. Voilà pourtant ce qui me semble la caricature exacte de la géologie à la mode. Un dépôt, aurait-il plusieurs centaines ou même des milliers de pieds de puissance, s’il se trouve par hasard en haut, en bas ou au milieu, une assise, ou même seulement un lit coquil- 3ier, tout de suite on prononce comme un oracle, d’après les fossiles de cette portion de la formation , que tout le dépôt a été créé à telle ou telle époque. Que ces dépouilles animales soient dans un calcaire, une argile, des sables, des grès, ou toute autre roche ; qu’elles n’y aient été amenées qu’à une certaine époque, cela ne regarde pas le zoologue, qui, fort de sa science haséesur une hypothèse, croit être l’arbitre souverain de la géo- ilogie. Supposez que tout le système parisien fût dépourvu de coquilles, et que tout en haut il se trouvât un lit de cerithium gigcinteum, est-ce qu’on serait en droit de mettre en parallèle 3out ce dépôt avec celai de Paris? Une autre singularité de la zoologie géologique; c’est l’im- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 277 portance qu’on attache à certaines indications locales; ainsi, 011 dit fossiles de Ronca , fossiles de Castelgomberto, de la Su- pergue, etc. Pour nous autres, géologues voyageurs, cela nous fait l’effet comme si on voulait opposer les coquilles du four à chaux de Grignon aux coquilles prises derrière le parc de Gri- gnon. Pyrénées. — M. Jules Itier a donné une Note sur le Dipyre des Pyrénées, et en particulier sur son gisement dans une roche argilo-stéatiteuse, àPousac, près de Bagnères-de-Bigorre. A Mauléon etAngoumer, la roche à dipyre est intercalée dans le schiste argileux ; et à Bagnères , c’est encore le même sys- tème, percé par les éruptions dioritiques (Annal, de Chim. Déc. i833, p. 384). Je dois rappeler le Mémoire sur la position géologique du marbre de Campan , dont M. Dufrénoy a donné un extrait à la Société (Annal, des sc. nat., vol. XXVIII, p. 181) ; ainsi , que son Mémoire sur le gisement de la mine de fer de Rancié , dont il fait, comme moi (Voy. Annal, des sc. nat., vol. II, p. 412 et 421)? une dépendance des éruptions granitoïdes (Voy. Bull., vol. III, p. 248). M. Boubée s’occupe toujours activement de la géologie des Pyrénées, et ne cesse d’y faire de nouvelles découvertes (Voy. Bull., vol. III, p. 237). Son Musée pyrénéen de Saint-Ber- trand pourra devenir un point de réunion intéressant, lorsque la Société visitera en masse cette chaîne de montagnes. M. Boubée a fait paraître un supplément à sa Relation des expériences faites au lac d’Oo, dans les Pyrénées (Voy. son Bulletin d’hisl. nat. de France ), et a continué son Bulletin de nouveaux gisemens en France , tant pour la minéralogie et la géologie, que pour la paléontologie. Je puis encore citer, pour les Pyrénées , les recherches his- toriques et géographiques sur la montagne de Rose et le cap de Creus (Paris, iS33, in-8°, à 1 cart.) ; et la Description des Pyrénées par M. Ghauzenque (Paris, i833, 2 vol. in-8°, à 1 c. et 3 vues). M. Valléjo a trouvé, au cap Creus, du basalte à olivine, et des porphyres dans le grès bigarré de T Aragon. Languedoc.— M. Tournai a donné des Observations sur les Corbières et les Pyrénées orientales (Voy. Bull., vol. III, p. n5). M. Reboul a détaillé une coupe géognostique du bassin Gé- henne -py rén écn (Voy. Bull., vol. III, p. 261). RÉ5ÜMÉ DES PROGRES *78 J’ai donné quelques indications sur les environs de Narbonne (Yoy. Bull., vol. III, p. 324). Sud-est de la France. — M. Rabv a donné une Notice sur le gisement des divers minerais de cuivre de Saint-Bel et de Chessy (département du Rhône). Le cuivre pyriteux de Saint- Bel est en veines contemporaines , dans un schiste talqueux blanc, associé avec des micaschistes, des schistes argileux, et une roche verdâtre compacte, la pierre de corne des mineurs, Yaphanite de l’auteur : toutes ces couches courent du W.-E. au S. -O. , et sont presque verticales. Le granité et le gneiss granitoïde se trouvent , à côté de ce massif stratifié. Le mi- nerai de cuivre y est mêlé de pyrite de fer, qui lui sert quel- quefois de chapeau ou de toit. Les gisemens sont ceux de Che- vinay, du Pylon, de Sourcieux, et du Gervais. A Chessy, on distingue quatre espèces de minerais : i° la mine jaune, composée de sulfure de cuivre et de fer 3 2°la mine noire ou deutoxide de cuivre mêlé de pyrite, de cuivre, de fer et de silice; 3° la mine rouge ou protoxide de cuivre, dans une argile rouge ; 4° la mine bleue ou cuivre carbonaté bleu ou vert. On sait que le terrain schisteux ancien est couvert, à Chessy, par le grès secondaire moyen ou une arkose, parle lias(calcaire à gryphées, calcaire à bélemnites avec marnes) , et le calcaire ooli- tique, qui est supérieurement terreux et à nodules de silex. La roche de corne supporte le terrain secondaire, mais le plan de jonction est presque vertical, et les couches de grès incli- nent de 45°, et viennent s’y appuyer par leurs extrémités. La direction des couches y est du N.-E. au S.-E. Entre le grès et l’aphanite, il y a une épaisseur de 20 mètres, occupée par une roche indistinctement stratifiée , à peu près de même nature que l’aphanite. Elle contient du mica, une quantité de pyrite de fer et de l’argile blanche entre ses feuillets; c’est, en un mot, un produit altéré. Entre cette roche et le grès, il y a une fente verticale de 2 à 4 mètres, remplie d’argile rouge mêlée de fragmens anguleux de quarz et d’aphanite. La mine jaune ne s^est trouvée que dans l’aphanite, où elle forme un amas alongé de 200 mètres de longueur, et sa plus grande coupe horizontale a donné i5 mètres sur la largeur et 120 sur la longueur. Il n’v a pas de salbande. Les mines noire et grise existent en rognons dans la roche grise, entre l’apha- nite et le grès, et sont d’origine contemporaine avec cette ro- che , qui fait partie du terrain de transition. Quant au deu- toxide de cuivre qui colore les minerais , il est résulté d’une DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833. 279 altération postérieure éprouvée en place par les pyrites de cuivre. L’auteur pense que toute la roclie a été désagrégée de haut en bas par l’action de l’eau et des agens atmosphériques , ainsi que par celle de courans électriques. Il cite à l’appui la masse de pyrite de fer de Claveysoles prèsdeBeaujeu, qui a une tête composée de fer hydraté. La mine rouge est dans l’argile rougeâtre, tandis que la mine bleue est dans le grès, et ses vei- nes d’argile , sous la forme de géodes, de rognons et de petits filons. La veine la plus considérable a été trouvée avoir oin,5o d’épaisseur, 3o de largeur et i5o de longueur. Le cuivre carbonaté est un dépôt postérieur au calcaire ju- rassique, puisqu’il se trouve entre deux couches de ce dernier, et qu’il est disséminé dans les grès secondaires de manière à aboutir à la fente remplie d’argile. D’ailleurs, la mine bleue n’existe dans le grès que sur une longueur horizontale de 4oo mètres , sur 4° mètres de largeur et 20 mètres d’épais- seur. CJest le résultat de la décomposition et du déplacement d’une quantité considérable de mine jaune. Le zinc sulfuré a été converti de même en calamine et le fer sulfuré enperoxide de fer. Il y a même une progression dans les degrés d’altéra- tion du minerai primitif, à mesure qu’on s’éloigne de son gi- sement. Pour s’expliquer ce dépôt de cuivre carbonaté, l’auteur sup- pose qu^une certaine épaisseur du terrain schisteux métallifère a été détruite, des rognons de mine jaune auraient été désa- grégés et décomposés par Faction de l’eau, de l’air, et peut- être aussi par de faible actions électriques {Annal, des Mines , i833, vol. IV, îivr. 6, p. 3g3). M. E. deBeaumont vient d’insérer, dans les Annales des Mines (vol. Y, livr. 1), son intéressant Mémoire [ sur les montagnes de V Oisans , qui avait été imprimé en 1829, dans le tomeV ( encore inédit) des Mémoires de la Société d’histoire naturelle de Paris. L’auteur y a ajouté quelques remarques en rapport avec la question des soulèvemens du Cantal et du Mont Dore. Je me contente de rappeler que M. de B. y décrit le grand cirque schisteux cristallin (gneiss, etc.) de la Bérarde, au cen- tre duquel se trouvent des éruptions granitiques ; tandis qu’il détaille des superpositions incontestables du granité épanché au-dessus de couches calcaires et arénacées , dont les fossiles indiquent une époque voisine de celle du lias. Diverses altéra- tions locales s’observent au contact des roches ignées et nep- tuniennes. J’ajouterai que les sommités dominant le col de TAlbula RÉSUMÉ DES PROGRES a8ô dans les Grisons, m’ont paru offrir des rapports semblables de gisement entre les roches granitoïdes et le calcaire secondaire schistoïde et foncé. Quant aux dépôts arénacés, antliracitifères, à fougères , etc. , et bélemnites du Dauphiné, j’en ai observé un lambeau assez considérable dans les Alpes élevées de 6 à jooo pieds au-dessus de Turrach , sur la triple frontière de la Stvrie , de la Carinthie, et du Salzbourg ( montagnes "de Frau- nock , Stangenalpe, Rosanin-Alpe, etc. ). M. P. Matheron a donné ses Observations sur les terrains tertiaires des Bouches-du-Rhône, et a décrit quelques coquil- les fossiles. Il distingue, dans ce département, le terrain à li- gnite , le terrain marneux à gypse , une formation marine, et une formation supérieure d’eau douce. Le terrain à lignite comprend les localités de Gardane, de Fuveau , de la Pomme , de Peynier, d’Aubagne , etc. ; et il en sépare les Martigues et le plan d’Aups , parce qu’il y a dans ces dernières localités des alternatives de couches marines et lacustres. Il décrit ensuite les masses à lignite de la vallée de l’Arc et de la Cadière (Var), dans lesquelles l’auteur distin- gue trois assises : les parties inférieures , placées sur la craie, renfermant des coquilles marines, et passant insensiblement aux couches lacustres ; les masses moyennes à lignite et pro- duits d’eau douce (mélanopsides, cérithes, physes); et les couches supérieures marneuses, calcaires et siliceuses, avec peu de fossiles, et se liant à des brèches et aux roches gypsifères ou marines. C’est là le grand type de tous les dépôts de lignite. Le dépôt crétacé de la Provence se termine presque tou- jours par une couche à railiolites, superposée à des bancs d’hip- purites et de radiolites; et une espèce de brèche à fragmens crayeux est la roche tertiaire la plus inférieure. A la Cadière ( Var), à la Pomme, à Saint-Simiane , etc. : dans les plus pro- fonds déchiremens , on découvre des couches à coquilles mari- nes ou de mélange. Les couches supérieures sont souvent très puissantes et étendues. Ainsi, elles constituent la montagne du Cengle, les collines de Mcyreuil, entre les vallées de l’Arc et de Luynes ; les collines sur la droite de l’Arc , de la Galante , à Aix$ les barres de Langesse et de la Galante, le massif d’Ar- bois, les collines de Cabries et de Bouc , et la colline dite la Tourette, près de Marseille. Les brèches du Tholonet font partie de ce dépôt, comme cela se voit bien à la colline du Grahd-Barry, où des alterna- tives de marne rouge et d’agglomérats reposent, en stratifi- cation concordante, sur le calcaire marneu* à lignite , et pas- DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 835. 28 1 sent insensiblement aux brèches. De plus, ces dernières sup- portent les mollasses coquillières ou le calcaire-moellon, comme on peut s’en assurer dans l’escarpement entre le plateau de Saint-Marc et la vallée du Tholonet. Le dépôt calcaire gypsifère , accident local , existe au pla- teau de Venelles, dans les collines d’Eguilles et de Saint-Eu- trope, entre Venelles et Beaulieu, aux environs des Camoins, près de Marseille ; à Allauch , près de La Bourdonnière, des Cayols et de Saint-Loup. M. Matheron y annexe encore le ter- rain d’eau douce de la montée de la Viste , des bouches de l’Huveaune et du bassin de carénage de Marseille. La formation marine s’étend , au pied des Alpines , dans les environs d’Ayguières et de Lamanon, au Vernègues, à Salon et Pélissane, à Lambesc, Rognes, Peyrolles, Jouques, etc., et elle constitue les collines de Fos et d’Istres. Il n^en existe pas de trace dans le bassin de Marseille. Ce dépôt ne comprend en général qu’une masse mal stratifiée ; mais au cap Couronne il y a des alternats de marnes et de calcaire. Le terrain d’eau douce supérieur ne présente que des co- quilles ayant la plupart leurs analogues vivans , et repose sur des formations diverses. La presque totalité du bassin de Mar- seille appartient à ce genre de terrain, terminé par une cou- che de poudingue calcaire , et il y en a un lambeau dans l’île de Ratonneau. L’auteur y cite des troncs de végétaux et di- verses planorbes, lymnées, etc. A Beaulieu, le massif basaltique est entouré de lambeaux de calcaire d’eau douce, qui ne devait pas être solidifié à l’époque où le volcan s’est fait jour à travers la masse marno-gypseuse , et où le terrain d’eau douce fut soulevé. La brèche volcanique y a une pâte calcaire semblable à la roche à lymnées , planor- bes, etc. Le dépôt semblable de Cucuron (Vaucluse) est su- perposé à la molasse coquilîière : ce sont des argiles rougeâ- tres ou des marnes plus ou moins compactes , ou friables , à co- quilles fluviatiles, et os d’hipparium, de rhinocéros, etc. Les couches en sont inclinées au -O. La description et la représentation de treize espèces nou- velles de coquilles fossiles terrestres des genres Hélix, Pupa , Bulimus , Cyclostoma , Lychnus , termine cette notice inté- ressante ( Ann . des sc . et de Vind . du midi de la France , vol. III, n° 9 et 10, p. 89). MM. Pareto et Bertrand-Geslin viennent de nous donner des coupes des Alpes , près de Digne (Voy. Bull., vol. IV, p. i85 et 240. ) RESUME DÉS PROGRES a8» § V. Belgique . La géologie de la province de Liège , mise au concours par l’Académie de Bruxelles, en i83o, a produit deux ouvrages fort intéressans, dont l’un, celui de M. A. H. Dumont, a rem- porté le prix, et l’autre, de M. C. J. Davreux, a eu un accessit : chacun d’eux a son mérite particulier ; et on doit savoir gré à l’Académie de les avoir imprimés tous deux. Le Mémoire cou- ronné ( Mémoire sur la constitution géologique de la province de Liège . Bruxelles, i832, avec i cart. et 2 pl. de coupes) est une description géologique et minéralogique très détaillée et soignée, et une belle carte en facilite la lecture; tandis que l’Essai de M. Davreux {Essai sur la constitution géognostique de la province de Liège . Bruxelles, i833, in-4°, à g pl. de fossiles ) est un travail descriptif qui offre des détails minéralo- giques et des indications sur les eaux minérales , ainsi que des déterminations de pétrifications. M. Dumont commence par le terrain ardoisier, dont il dé- crit les roches (quarzite, diorite, etc.), les filons et les couches, puis les détails locaux. Il procède de la même manière pour le terrain anthraxifère ; il parle successivement des roches infé- rieures du système quarzo-schisteux inférieur, de celles des parties supérieures avec leurs masses subordonnées , des roches des systèmes calcaires inférieur et supérieur avec leurs masses subordonnées , leurs filons et leurs amas. Ce travail est surtout remarquable par le développement de l’ordre de superposition des différens massifs, par les détails locaux, et la division des dépôts en plusieurs bassins. Ainsi, les cavités remplies de roches anthraxifères sont distinguées en bassin méridional et septentrional , sous-divisé chacun en bord sud et bord nord ; les systèmes composant chacune de ces divisions se trouvent décrits et limités; tous leurs accidens, leurs filons , leurs minéraux , leurs fossiles , sont soigneusement signalés. Après cela; le terrain houiller est esquissé de la même ma- nière; ses roches, ses failles, la succession de ses couches, les bassins de Liège, de Condroz et de Theux, sont étudiés et li- mités. La seconde partie est consacrée aux terrains crétacé , ter- tiaire et alluvial. Un tableau méthodique des espèces miné- rales et des pétrifications de la province de Liège termine ce beau volume. DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 3 853. Si85 Je suis bien fâché d’être obligé de m’en tenir à cette courte indication de la marche descriptive de Fauteur. Je recommande surtout la lecture de sa description, en bonne partie nouvelle, du terrain houiller et anthraxifère; et j’ajouterai seulement qu’il classe le poudingue de Malmédy dans le terrain pénéende 3VL d’Omalius ; qu’il réunit le calcaire de Maestricht à la craie, et certains calcaires tertiaires du N .-O. de la province, au cal- caire parisien. M. Davreux entre en matière par des considérations géné- rales sur la topographie physique et minérale , et il décrit les terrains en commençant par les aliuvions, et terminant par la formation ardoisière. Il distingue avec beaucoup de méthode les masses principales des divers terrains, qui, chacune, lui fournissent ensuite la matière d’un chapitre particulier. Ainsi , pour la formation houillère, il consacre à chaque roche un ar- ticle, dans lequel il épuise l’énumération de leurs caractères, de leurs fossiles et de leur emploi. Ensuite il passe aux miné- raux du terrain, puis à la disposition des roches sur lesquelles M. Dumont paraît avoir donné encore plus de détails que lui. Enfin , il arrive aux eaux des houillères , aux bassins charbon- neux, distingués en grands bassins de Battice et de Clermont , de Liège et Huy et petits bassins de Modave , de Bois-Borsu , d’Ocquier, deBeude, et de Juslenville, et il termine par les ex- ploitations de la houille. Pour la formation anthraxifère, c’est le calcaire, la dolomie, le schiste argileux, l’ampélite alumi- neuse , le grès et le poudingue , qui sont les titres de ses chapi- tres. Dans la formation ardoisière, ce sont les poudingues, les quarzites, les ardoises, le schiste argileux, l’ampélite alumi- neuse, le schiste coticuie, le stéaschiste diallagique, et ledio- rite. Un tableau méthodique des espèces minérales, des roches $ une récapitulation géologique des fossiles, et une table de me- sures de hauteur, complètent l’ouvrage , dont les figures de fossiles intermédiaires ne sont pas la moindre recommandation. M. Cauchy nous a communiqué une Notice sur les gîtes mé- tallifères des Ardennes (V ov. Bull, vol. III, p. 821; et Annal, des mines, 1 833), et M. A. Benoît a décrit le gîte plomb ifère de Longviîly , canton de Bastogne, province de Luxembourg (Yoy. Bull ., vol. III, p. 272; et Annal, des mines, 1 833 ). M. Moll a publié un Mémoire sur le ciment de Parker, ou le prétendu ciment romain. Ce ciment est fait avec Y argile à septaria, ou la continuation du London clay , qui s’étend, en Belgique, le long des rives de l’Escaut, Outre l’emploi consi- RÉSUMÉ UES PROGRES 284 dérabîe de cette substance en Angleterre, les Anglais en ex- portent encore plus de 1000 tonneaux, dont le prix moyen est de 16 schillings par tonneau. M. Moll fait un exposé histo- rique des travaux sur cette matière utile , et parle des diverses localités où elle gît. Il cite, pour la France, les départemens de la Saône-et-Loire, du Haut et Bas-Rhin, et des Ardennes. Blumenbach connaissait déjà la localité d’Anvers , où cette ar- gile abonde. L’intérêt que ce gisement inspire s’est encore ac- cru par un Mémoire récent de M. van Mous, et communiqué à l’Académie de Bruxelles, dans sa séance du 7 décembre. C’est une notice sur un moule pyriteux d’ammonite, qui provient de l’argile bleue des rives de l’Escaut , et fera peut-être rap- porter ce terrain de la marne bleue au gault des terrains cré- tacés. Cette ammonite serait nouvelle , et prendrait le nom ü Ammonites ( Goniatiles ) TV appert. M. Morren, à qui je dois la note précédente, a publié quel- ques détails sur un terrain semblable, à Saint-Nicolas, en Flan- dre, où l’on trouve encore le prolongement du bassin ossifère d’Anvers , décrit par M. de La Jonkaire : ce bassin d’Anvers s’étend plus loin qu’on ne l’aurait cru, comme le prouvent les découvertes d’ossemens fossiles de Zyphius , à Saint-Nicolas et à TV ommelghen. Il se prolonge de l’est à l’ouest, en coupant à angle droit l’Escaut. A Wommelghen , près de Lierre, on a découvert un superbe humérus de Ziphius. M. Kikx , dans sa relation d’une promenade botanique faite dans la Campine (Bruxelles, 1 833 , in*8°), a donné des dé- tails géologiques sur ce pays. La Campine est couverte de sa- ble pur; l’argile n’y est point commune, le grès ferrugineux , le fer hydraté , une mine de fer bitumineuse, y occupent tout Je cours de la grande Neth ; il y açà et là une sorte de terrain que les habitans appellent Schurft ou Gale : c’est une terre tout-à-fait stérile, plus ou moins noire, stratifiée sur une grande étendue , et composée de quarz et de fer oxidé. M. W.-B. Clarke signale un petit affleurement de craie entre Cologne et Bercheim, comme ayant été oublié par les géolo- gues. Elle passe sous l’argile tertiaire d’Aldenhofen ( Mag . of nat. hist. , vol. VI , n° 35 , p. 460 ). M. le docteur Van Hees a découvert un nouveau gîte de calcaire tertiaire coquillier dans les environs de Tongern et de Hasselt en Belgique. On se rappelle sa Notice sur Maestrichi ( Voy, Bull. , vol. III, p. 157). DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. *85 S vi. Hollande . M. W. Charles Hugo Staring a publié sur la géologie des Pays-Bas ou du royaume Néerlandais une thèse latine intitulée : Specimen academicum inaugurale de Geologia patriœ (Leyde, l833, in-4°). Après l’énumération des principaux auteurs qui ont écrit sur le même sujet , il entre en matière par la des- cription de la craie et du grès vert , et par l'indication générale des autres terrains plus anciens qui limitent le sol plus récent des Pays-Bas. Un second article est consacré aux dépôts tertiai- res de ces contrées; un tableau de leurs pétrifications le ter- mine , et est précieux à cause des indications de localités. La seconde partie de cet ouvrage traite des alluvions an- ciennes , des blocs erratiques et des sables , ainsi que de leur nature; puis, vient une récapitulation des ossemens de ce vaste dépôt. D'après Fauteur, ces derniers ne se trouvent ja- mais à plus de 20 mètres de profondeur ; et s’ils offrent des marques d’attrition, leur état encore assez parfait indique qu’ils ne sont pas venus de fort loin. Un exposé succinct des différentes hypothèses proposées pour expliquer la formation des alluvions anciennes forme le dernier article de cette partie. Les alluvions modernes sont le sujet de la troisième partie, qui est divisée en cinq chapitres : le premier traite de la tourbe , de ses variétés , de sa composition , de ses minéraux , de ses fossiles ( Cervus megaceros , Castor , Emys Europæ et Adipocire), de son origine, des troncs d’arbres (chêne, frêne, aulne, bouleau, saule, pins), des tourbières; enfin, d’une espèce de limon argilo- tourbeux appelé Derrie , Darrii ou Darg. Le second chapitre traite des alluvions fluviatiles, de la quantité de limon déposé par divers fleuves, et de la forma- tion du limonite. Dans le troisième chapitre, l’auteur parle des alluvions marines, qui ont une grande épaisseur. Dans le puits artésien creusé à Amsterdam, on n’est arrivé à une argile conchifère particulière qu’à 27 mètre de profondeur; cette der- nière est probablement tertiaire , puisque les coquillages ne sont pas ceux des côtes. Le sol alluvial marin , composé de sable et de limon argileux, surpasse très peu le niveau ordi- naire de la mer, ou est même au-dessous de son niveau dans plusieurs polders. On lit avec intérêt les détails sur les sondages faits en Hollande. Des ossemens, des armes, des carcasses de navires, etc. , se trouvent enfouis dans ce dépôt marin, dont ü86 RÉSUME DES PROGRES l’auteur retrace l’origine. Les dunes sont décrites dans le der- nier chapitre. § vii. Suisse. M. B. Studer a découvert dans les calcaires noirs et schis- teux du Jungfrau , une espèce de Trochus qui est fréquent au lac du Bourget en Savoie, et qui appartient aux oolites infé- rieures. C’est à ce dépôt, plutôt qu’à tout autre, que me paraî- trait devoir être rapportée jusqu’à nouvel ordre la grande bande de calcaire foncé inférieur des Alpes suisses, ce qui n’exclut pas, du reste, la possibilité de l’existence du lias dans d’autres points des Alpes , surtout dans celles du Dauphiné et des parties ad- jacentes de la Savoie , et peut-être même dans les Grisons. Dans les Alpes de la Suisse le lias n’existerait pas, ou du moins il aurait été rendu méconnaissable par suite de la for- mation des schistes cristallins, tandis qu’une fois passé le Vo- rarlberg les masses calcaires, comparées en Suisse aux oolites inférieures, deviennent sur les deux revers des Alpes toujours plus rares, et plus insignifiantes à mesure qu’on avance vers l’est. Ils sont remplacés par des massifs énormes de calcaire com- pacte à teinte claire ou par des dolomies, qui manquent dans le pays alpin de la Suisse, et qui me paraissent en général plutôt parallèles auxdépôtsjurassiques moyen etsupérieur etàla craie. Néanmoins on peut encore reconnaître çà et là dans les Alpes d’Allemagne des assises peu considérables, et probablement parallèles aux oolites inférieures ou presque inférieures ; dans ce cas, seraient par exemple certains calcaires noirs du Tyrol , de Werfen dans le Salzbourg , de Lietzen en Styrie, les schistes pétroliens à poissons de Seefeld , etc. Ce ne serait que sur les frontières du Tyrol, de la Styrie et de la Carinthie que certains dépôts arénacés et à fougères rappelleraient le Dauphiné, et peut-être le lias , qui , en général , y aurait été métamorphosé en calcaire grenu ou semi-grenu , et formerait corps avec le terrain cristallin feuilleté de ces contrées. M. Studer a donné sur le canton du Tessin et de la Valteline des observations intéressantes , tant pour l’âge relatif des por- phyres noirs et rouges que pour les schistes cristallins , coquil- liers et les agglomérats secondaires (Voy. Bull., vol. IV, p. 5 4) • M . Fréd. Hoffmann avait déjà avant lui examiné sous le même point de vue le gîte des porphyres pyroxéniques et quar - zi/e res de Lugano , ainsi que la théorie de la dolomisation (Dito, p. xo3) déjà entrevue par Arduino en 1779 (Dito p. n3 )• DÈS SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. 28? M. B. Studer a visité aussi les Grisons Tété passé; il y a été frappé comme moi par ces associations répétées de marnes schisteuses , de calcaire foncé à aspect secondaire , de talc- schiste et de serpentine. Ajoutez à cela des masses d'agglomé- rats rappelant assez certains poudingues de Valorsine , des roches agrégées , quarzeuses et micacées ( Latsch ) qui y sem- blent remplacer le système arénacé rouge secondaire ; enfin , des dépôts granitiques et siénitiques sur une grande échelle, et postérieurs, suivant moi, au calcaire jurassique : tels sont les traits principaux de cette partie , probablement la plus cu- rieuse de la Suisse , où le grès vert est relégué dans la portion septentrionale. Je puis ajouter que dans les Grisons la chaîne centrale des Alpes est presque totalement interrompue ; le terrain secon- daire surtout , marneux et calcaire, s’étend jusque sur le re- vers italien, où se trouvent à des niveaux inférieurs les schistes cristallins , ordinairement l’axe central des Alpes. Avant le dépôt des calcaires jurassiques et du lias, il y avait là un grand détroit de mer, qui coupait la chaîne alpine et en formait deux îles ayant des formes et des directions différentes. (Comparez le mémoire de M. de Buch dans les AbhL d. k . Acad . d.tVis- sen. Berlin, pour 1818, p. io5. Les montagnes de calcaire gris foncé et de marne, rappellent tout-à-fait celles du Dauphiné, et au contact de ces roches avec les granités il y a , comme je l’ai dit, des faits semblables à ceux cités par M. de Beaumont dans son mémoire sur l’Oisans. Sous ce rapport les environs du Col de l’Albula méritent la plus grande attention. Quant aux serpentines, elles forment dans le sol secondaire calcaire des immenses et épais filons (Rofna, etc.) qui ont pour salbandes des roches plus ou moins modifiées , tels que des roches talco- quarzeuses, des talcschis tes soyeux, etc.; lesjaspes n’y manquent pas non plus comme en Italie. Du fond du sillon longitudinal de la vallée supérieure de l’Inn sourdent d’abondantes sources acidulés ( St.-Moritz) , comme pour nous indiquer le voisinage des anciens centres ignés, d’où sont sorties sous la forme de pâtes, les masses granitiques envi- ronnantes. En meme temps les émanations gazeuses et la chaleur souterraine ont converti plus ou moins parfaitement des roches secondaires arénacées ou argileuses en schistes quarzo-talqueux pu même micacés. D’un autre côté, au fond de profondes crevasses des bouf- fées d’acide sulfureux ont changé le calcaire jurassique en gypse accompagné de corgneule ( Tiefenkasten ). Enfin les Grisons sont un beau champ pour observer le passage de ces caL 2 88 RÉSUMÉ DES PROGRES caires foncés à belemnites ( Mont Galanda près de Coire) aux calcaires cristallins, grenus ou semi-saccharoïdes, aux calcaires mêlés simplement de petites lamelles de talc, aussi bien qu'à de beaux calcaires grenus , glanduleux et talqueux. Les modi- fications ignéesy ont été aussi immenses que les bouleversemens et les fendillemens, dont les principaux ou ceux qui ont laissé les traces les moins équivoques paraissaient avoir suivi surtout deux directions, Tune de FE.-N.-E. à FO. -S. -O. , et l'autre plus ancienne environ du N. ou du N. -O au S. ou au S.-E. § vm. Allemagne. Wurtemberg. — M. le docteur Hehl a signalé dans le grès rouge de Bernek près d'Alpirsbach , dans la Forêt-Noire , des nids de calcaire magnésien à silex jaspoïdes, qui répondraient à certains amas dolomitiques séparant le grès vosgien du grès bigarré [N. Jahrb.f. Min . , i833 , cah. 2 , p. i85 ). Pays de Nassau. — M. Schmidt de Sieg a examiné les basaltes isolés au nord du grand terrain basaltique du Wes- terwald dans le pays de Nassau. Ils s'élèvent sur le terrain de grauwacke et de schiste, ou y forment des filons qui atteignent jusqu'à 1800 pieds d'élévation. Au nord et à l'est on trouve au contraire des porphyres. Sur la rive droite du Sieg on ne connaît jusqu’ici des culots basaltiques que près de Scheda , au mont Wittschertberg, et peut-être sur la côte orientale du Gie- belwaldgebirge. Au mont Wittscherberg la masse basaltique coupe le grauwacke, qui court h. 5, 4 > et vient en contact avec elle sur une ligne en zigzag, et au moyen de portion bréchoïde. Ce basalte ou cette dolérite à olivine contient dans ses vacuoles un minéral qui a l'air d'être du carbone. Il est as- socié avec du sphérosidérite, de Farragonite, de Fanalcime et du mésopyte, et recouvre le premier minéral (Archiv. f. Min . , par M. Karsten, vol. VI, p. 444 )• Bords inferieurs du Pihin. — La géologie des environs de Bonn a occupé M. Léonard Horner, qui a résidé dans ce beau site , et qui a été ainsi à même d’en faire connaître toutes les particularités à ses confrères de la Société géologique de Lon- dres ( Lond. a . Edinb. phil. Mag vol. III, n° i5, p. 220). Dans sa communication , il s'occupe en particulier des passages du trachyte au basalte, des filons de basalte , du loess ou de l'argile limoneuse , des insectes dans le lignite tertiaire, et des impressions de feuilles dans les argiles; à côté des palmiers, il y aurait des feuilles qu’on pourrait rapprocher de celles du Cinnamomum du(ce. DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 855. 289 M. A. de Strombeck a examiné de nouveau les lignites sur les bords inférieurs du Rhin. Après avoir décrit les craies de Maas- tricht, il parle dessables et des argiles à lignites, qui gisentsous le terrain crétacé des environs d’ Aix-la-Chapelle ( Langerweche et Lucherberg). Après cela, il cherche à lier aces dépôts de li- gnite ceux qui sont placés dans le golfe formé par le sol inter- médiaire près du Rhin : ce sont les lignites de Duren , de Brühl, de Friesdorf, etc., qui ne sont couverts que par des alluvions. M. INoggerath hésite à admettre ce rapprochement, quoiqu’il observe sur les lignites tertiaires du Rhin à Nens des bancs de silex crayeux. D’ailleurs , M. Strombeck ne tient pas assez compte des végétaux , des coquilles d’eau douce, etc., dans les lignites du Rhin ( Arcliiv. of Min. , vol. VI, p. 299 ). Westphalie et Hanovre. — M. Heuzer a publié ses Dé- couvertes faites dans divers dépôts du sol secondaire récent sur les bords du TVeser. Ainsi , il a trouvé des dolomies dans le lias du comté de Scliaumburg, et dans le Keuper de Lemgo, et il en a fait l’analyse. Il a reconnu de la blende au milieu du calcaire à grvphées, et quelquefois à la place du test des bival- ves ou dans leur intérieur; il s’est occupé des schistes alunifè- res placés dans les marnes immédiatementsur le muschelkalk ; enfin, il a cherché à s’expliquer l’association des cristaux de quarz et de pyrite avec les marnes , toujours grises et jamais rouges. Il observe que le gypse est entouré au contraire tou- jours de marnes rouges. Dans ces dernières le fer n’ayant pas trouvé de soufre , s’est disséminé sous la forme d’oxide , tandis que tout l’acide sulfurique s’est porté sur le calcaire pour former du gypse. Le manque de quarz prismé dans la marne rouge peut provenir de la grande affinité entre la silice et l’oxide de fer ( Studien d. Gotting. Vereins bergm. Freund , vol. IIÏ , p. 209). De son côté, M. Haussmann de Gottingue s’est appliqué à étudier tous les lambeaux tertiaires , surtout de calcaire ou de roches coquillières , épars dans la Basse-Saxe , et les parties adjacentes de la TV estphalie . Il commence par faire remarquer le morcellement singulier t]e ces masses et là coïncidence des localités basaltiques avec les gîtes de calcaire , observation facile à expliquer si on sup- pose les eaux acidulés en rapport avec les 'foyers volcaniques et la production du calcaire en grande partie un dépôt de ces eaux. M. Haussmann montre de nouveau que l’argile plas- tique se trouve dans le sol tertiaire sans y observer toujours la place particulière qu’il occupe autour de Paris. Soc. géol. Tome Y. 19 *9° RÉSUMÉ DES PROGRES Je suis fâché d’être obligé d’omettre toutes les indications loca- les que donne l’auteur, tant sur la Saxe et la Westphalie que sur le Mecklen bourg, et qu’il accompagne d’observations corn- parativessur d’autres dépôtssemblables. Dansce pays, le niveau général des couches calcaires tertiaires s’abaisse, à mesurequ’on avance vers le nord ; il est le plus haut dansleslieux où sont sortis des basaltes. En Hesse, des lignites viennent quelquefois se placer_sous le calcaire; dans le pays de Magdebourg , et à Bockup c’est le contraire; ainsi, il n’y a rien de constant à cet égard , d’autant plus que les remarques à ce sujet se bor- nent à des relevés de couches, d’assises, et non de terrains. Après avoir lié d’une manière intéressante le sol végétal aux roches tertiaires, M. Haussmann les distingue en quatre espèces, savoir : les marnes, les argiles, les sables et les calcaires aré- nacés. C’est dans les sables qu’on observe fréquemment des nids de fer hydraté jaune. Les lignites et les couches alunifères n’y forment que des accidens locaux, et les grès quarzeux , quel- quefois traversés de tubulures frittées, y produisent des amas stratiformes ou des blocs. La détermination de tous les fossiles observés jusqu’ici dans les calcaires tertiaires du nord-ouest de l’Allemagne termine cet intéressant travail. M. Haussmann s’y occupe de ladistribu- tion géographique des divers coquillages. Il les oppose à ceux du calcaire tertiaire des bords du Rhin, et fait remarquer dans le nord le manque de Nummulites et la rareté des Cérites. Il y indique une vingtaine de fossiles qu’on n’observe pas dans le sol tertiaire de la France septentrionale , et qu’on ne retrouve qu’en Italie. Une douzaine de ces coquilles fossiles ont encore leurs analogues vivans dans la Méditerranée. M. Haussmann ne se prononce pas sur le parallélisme d’épo- ques à établir entre les dépôts tertiaires en question et ceux de l’Europe occidentale ; il se contente de rappeler que le bassin de l’Europe septentrionale était lié à la mer Méditerranée , et séparé de la mer plus élevée, qui couvrait la Hesse et la vallée du Rhin. Le morcellement du calcaire est attribué par lui à l’écoule- ment des eaux de la mer septentrionale, tandis que des blocs de grès quarzeux frittés pourraient provenir de mouvemens occa* sionés par la sortie de certains basaltes ( Studien d . Gotting . Vereins . bergm. Freunde , vol. III, p. 253). M. Haussmann a reconnu son erreur d’avoir annexé au mus- chelkalk dans les environs de Gottingue, en particulier au mont Heimberg ? un petit lambeau de keuper ou de grès bi«j DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. gQI garré et du lias. Les accidens de stratification l’avaient induit en erreur. Il ajoute encore quelques rectifications à son classe- ment des dépôts jurassiques du Weser , où il reconnaît les oolites inférieures, etc. Le Harz. — Aidé de plusieurs savans du Harz, M. Christ. Zimmermann a fait paraître sa Description naturelle et tech- nologique du Harz {JD as Harzgehirge , etc., Darmstadt, 2 vol. 111-80, avec 1 carte géologique et 1 4 vues). Comme Manuel de voyageur, et résumé de ce qui est connu , cet ouvrage sera bien accueilli du public ; des chapitres séparés sont consacrés à l’o- rographie , à la géognosie , à la minéralogie , aux animaux et aux plantes , à l’art forestier, aux gîtes des minerais, à leur ex- ploitation, enfin aux opérations métallurgiques. Hesse. — Si l’étude encore peu avancée des calcaires tertiai- res de rAîlemagne septentrionale paraît occuper sérieusement M. le professeur Haussmann et ses disciples, un géologue dis- tingué, M. Schwarzenberg, de Cassel, a contribué puissamment à éveiller l’attention de ses compatriotes sur ces dépôts en leur montrant leur liaison avec des masses minérales exploitables. Occupé de lever une carte minutieusement exacte de la Hesse Electorale, ce savant a déjà tracé des couches tertiaires sur une étendue considérable de ce pays. En renvoyant pour ses précé- dons Mémoires et ses cartes à la Gazette de la Société d’agri- culture de la Hesse ( Landwirtii schaftliche Zeitung Kur - hessens , pour 1825, 1827 et i83o ) , je vais résumer en peu de mots ses observations sur le sol tertiaire de la Hesse inférieure. M. Schwarzenberg y distingue du calcaire quelquefois bré- choïde ou arénacé, et assez coquillier; des marnes argileuses ou calcaires à pyrites , impressions de plantes et coquillages ; des argiles pures plastiques à nids de fer hydraté argileux; des sables plus ou moins mélangés de mica, d’argile, de calcaire, ou de débris de coquilles, à petits amas ou veinules de fer hy- draté et de lignite; des grès quarzeux ou siliceux avec quel- ques pyrites, et rarement des pétrifications et des lits de cail- loux. Au milieu de ces couches, il y a des dépôts stratiformes considérables de fer hydraté compacte , ou ocreux arénacé, dont l’exploitation est possible , et a lieu même ça et là. L’auteur entre ensuite dans des détails sur les fossiles, la di- versité dans la succession des couches, les masses basaltiques ea filons ou en bancs dans les couches tertiaires, les sources qui ea sourdent , l’emploi de leurs roches; bref, les monographies de M» Schwarzenberg sont toutes calquées sur le même plan , la RÉSUMÉ DES PROGRES 395 science et l’utilité pratique ( Studien d . Gotting . V ereins berg. Freunde , vol. III , p. 219 ). M.Klipstein croit que les masses qu’on a appelées Quader - sandsteiiiy dans le Vogelsgebirge, dans la contrée d’Ohm, sont du keuper, car près de Lauterbach on voit au-dessous de ces grès une marne identique avec le keuper supérieur. Il prétend avoir découvert du rétinite à néphéline dans le culot basalti- que du Katzen-Buckel dans la Hesse {N. Jcihrb. d . Minerai^ te., i833, cah. 3 , p. 319 et 321 ). M. B. Cotta a examiné de nouveau le plateau basaltique et phonolitique du Rhongebirgc dans le pays de Fulda. Sorti du milieu des dépôts secondaires moyens , les éruptions ignées ont soulevé en masse ces derniers , sans déranger heaucoup leur stratification, tandis que élevées en culots ou dômes, les mon- tagnes basaltiques forment souvent le centre d’entonnoirs cir- culaires, qui ont été produits par la destruction d’une portion des roches neptuniennes à l’entour des culots ; enfin, il y a aussi des filons. Cette note confirme donc les observations de M. Sartorius , etc. Dans le culot basaltique, au milieu du grès bigarré de Marksuhl , il y a des cristaux de fer oxidulé oc- taèdre ( N. /. Minerai . Gecgn. , i833, cali. 4> P* 4°2 )• Cobourg. — M. À. C. Berger a décrit brièvement la géolo- gie des environs de Cobourg dans la vallée de l’Itz. Des crêtes alongées de muschelkalk s’y étendent du nord-ouest au sud- est au milieu d’un pays ondulé de keuper gypsifère ; ce dernier est couronné de grès feldspathique uni à des amas de dolomie a silex. M. Berger indique plusieurs de ces bancs de dolomie, dont les analogues se retrouvent, soit dans le Wurtemberg, soit dans la Lorraine. Cette contrée offre de plus des petits plateaux de grès du lias recouvert de marnes du lias , et les premières couches du calcaire jurassique (Die Versteinerungen der Fische u . PJlanzen, etc., Cobourg, i832, in-4°, p. 1). Thuringe. — M. B. Cotta a visité le Tîiuringerwald , et en a donné des coupes. Il a constaté de nouveau le redressement des couches secondaires moyennes sur les bords de ce grand unassif porphyrique. H y a même des parties soulevées degrés ihouiller qui sont restées encore sur la crête de la chaîne , connue au Trohberge, où elles atteignent une hauteur de s3oo pieds , au Schneekopf , qui a 25oo pieds d’élévation, etc. Ces masses isolées offrent chacune une direction et une inclinaison différentes. Ce sont des alternats de grès liouiller, d’argile schis- teuse et d’aggrégats porphyriques ? composés de fragmens de DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 2g5 porphyre, et de grès avec quelques morceaux rares de gneiss et de micaschiste. L’auteur suppose, comme M. de Buch , que ces agglomé- rats ont été poussés de bas en haut au milieu des grès. M. Cotta rapproche de ces dernières brèches le porphyre molaire de Schwarzwald, qui renferme des druses de quarz. Les porphyres du Thuringerwald diffèrent d’une montagne à l’autre. M. Cotta adopte la distinction faite par M. de Buch entre le porphyre rouge quarzifère et le porphyre noir. Il cite à l’appui près de Melhis un rocher de porphyre noir con- tenant du porphyre rouge, et près de là des argiles schisteu. ses houillères contournées et à Mytulites carbonarius. Le por- phyre noir pousse des filons dans le granité près de Zelle, et dans les argiles schisteuses vers Benshausen. Le granité por- phyrique de Zelle est traversé par des filons d’un granité plus récent. La crête porphyrique du Thuringerwald supporte, comme les montagnes trachytiques , une espèce de croûte bréchoïde. Le granité de Zelle vient se placer sur les porphyres; autrefois le grès houilier reposait sur le granité, maintenant il en a été séparé par les éruptions porphyriques. Des masses de granité, de gneiss et micaschiste ont été déplacées par ces dernières ( N. Jahrb.f. Minerai . Geogn etc., i833, cah. 4, P« 410)- M. Sartorius prétend avoir découvert près à1 Eisenach des amas de grès tertiaires à impressions de feuilles de plantes de marécages. Il jette en avant l’hypothèse du remplissage posté- rieur de cavités produites par des éboulemens dans le sol se- condaire. Des dépôts tertiaires seraient venus les remplir et occasioneraient ainsi des accidens singuliers de mélanges ( iV. Jahrb.f. Minerai. , 1 833 , cah. 4? P* 4°7)« Royaume de Saxe. — M. C. Naumann a donné une No- tice sur les apparences géologiques aux environs de Miitweida en Saxe . Le leptinite de la Saxe est une masse éruptive en- tourée par une muraille démantelée de micaschistes qu’elle a percée. Le contact des deux roches a lieu d’une manière, tan- tôt conforme, tantôt transgressive; le leptinite se prolonge en appendices dans le micaschiste , tandis que des portions alté- rées de ce dernier dépôt sont enclavées dans l’autre. Ainsi , le micaschiste est devenu même une roche très compacte cristal- line , et composée de feldspath, de quarz , de dichroïte et de mica noir. C’est sous ces points de vue théoriques que M. Nau- mann a visité le district du leptinite de la Saxe, décrit jadis par MM. de Raumer, Weiss et de Bonnard, RÉSUMÉ DES PROGRES D’abord M. Naumann suit l'enceinte ellipsoïde de mica- schiste ; il indique un îlot de micaschiste dans le leptinite près de Schonborn ; des amas de diorite, entre ce lieu et Irbers- dorf, où le micaschiste passe au schiste argileux • du granité for- mant à Mittweida un opus reticulatum dans du gneiss, et les filons du granité contenant des fragmens de la roche schis- teuse. C'est dans cette même localité que le dichroïte mêlé au feldspath et au quarz constitue des amas au milieu des gneiss micacés décomposés, et en couches contournées ( monts Galgen- - berg, Fischersche-Steinbruch , etc.) Le leptinite a dû sortir après la consolidation du grand terrain schisteux ancien , et après ou pendant le dépôt des grauwackes. Dans sa sortie , c’est plutôt les affinités chimiques qui ont été en jeu , qu’une force mécaniqne considérable ( Archiv. f. Minerai , vol. Il , p. 277). M. B. Cotta prépare une Description géologique des envi- rons de Tharandt en Saxe . J’ignore si cette annonce a rapport à un ouvrage descriptif, espèce de guide de la vallée de Weis- seritz et de la contrée de Plauen et de Tharandt, ouvrage ac- compagné d’une notice sur les houillères du pays ( D . FFeisse- ritz Thaler etc. Dresde, i833, in- 16 à x carte et 6 vues). M. Ezquerra del Bayo nous a donné une Notice sur la posi- tion du grès vert dans la Suisse saxonne , et certains dépôts ignés de V Erzgehirge (Yov. Bull. , vol. III , p. 162). M. B. Cotta a examiné la contrée de schiste argileux entre Oederan et Kirchberg , sur le côté sud du massif de gneiss et du micaschiste de l’Erzgebirge. En bon observateur, il n’a pas été long-temps à reconnaître que ce que l’école de Freiberg appelait schistes argileux, était bien plutôt un amas de roches quarzo-micacées à pâte argilo-micacée , genre de roches qui laisse apercevoir à l’œil nu la composition invisible des schistes argileux ordinaires. Malgré les contournemens et les ondulations des couches, elles ont une direction générale d’E.- N.-E. à O.-S.-O, et inclinent au N. -O. Au milieu de ces massifs stratifiés, il y a desdiorites,desg77/fts- teinchiejers y des schistes alumineux , des calcaires grenus , etc. Supposant que MM. Savi, de Léonhard et Rozet aient rai- son de croire à des éruptions de calcaire grenu , les roches de ee genre auraient eu , suivant M. Cotta , trois origines diffé- rentes : les unes seraient des matières plutoniques refroidies , et consolidées avec le reste de la plus ancienne croûte ter- restre } les autres seraient des masses d’éruption , et il y en au- rait encore qui seraient des calcaires compactes modifiés. Ï)ES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l855. 29$ M. Cotta trouve que les calcaires grenus des schistes de Plaue et d’Erdmansdorf ont tous les caractères d'être des amas contemporains; il n’y a pas la moindre trace d’altérations au contact. La même roche se retrouve entre des grunstein - schiefers près d’Harthau non loin de Chemnitz; ces masses sont même entrelacées les unes dans les autres. M. Cotta explique ensuite ce terme de grunsteins chie fer , mot équivoque , et trop souvent employé par les Allemands pour désigner des schistes verts et altérés au contact de diver- ses roches ignées, et formant le passage des diorites aux schaals - teins. C’est une roche avec beaucoup de grandes lamelles de talc, qui sont distribuées dans la masse avec régularité, et pa- rallèlement aux plans des feuillets; de là, son apparence de schiste vert à taches grises -jaunâtres. Il y a des druscs à mica, et des cristaux de chaux carbonatée, dephrénite, et de fer oxidulé. M. Cotta regarde le schiste argileux ou argilo-quarzifère passant aux micaschistes entre Oederan et Kirchberg comme un produit du refroidissement de la croûte fluide du globe. Au-dessous d’Olbersdorf , près de Chemnitz, on exploite plusieurs veines d’argile à graphite dans le schiste argileux; elles n’ont que quelques pouces d’épaisseur, et présentent des surfaces polies, et sont généralement parallèles au plan des feuillets du schiste, qui est noir dans leur voisinage. M. Cotta y voit un effet de sublimation, de fendillement et de glisse- ment en petit ( N. Jahrb. f. Minerai 1 834 ? cah. i, p. 37 ). Brandenbourg. — M. Kloden a fait paraître le 6e cahier de ses documens pour la connaissance minéralogique et géogn os- tique du Brandenbourg ( Beitrage , etc. , Berlin , in-8° ). Bohême. — M. Cotta le père a publié un petit écrit sur le Cratère d'éruption du Kammerbuhl près d’Egere n Bohême, et M. de Razoumowski un Essai géologique sur la vallée et les environs de Carlsbad (Yoy. Bull . , vol- III, p. 242 )• Moravie. — M. le docteur Reichenbach a donné des Obser- vations géologiques sur la Moravie centrale ,, savoir : sur la contrée entre Tischnowitz, Brunn, Bukowina , Bukowa et Lettowitz. ( Geologisclie Mittheilungen ans Mahren, Vienne, i834 ? in-8° avec 1 carte géologique et 2 pl. de coupes ). Il a ainsi comblé une lacune dans la topographie géologique de l’Allemagne. Après une bonne esquisse topographique, l’auteur décrit successivement le terrain considérable de siénite avec toutes RÉSUMÉ RES PROGRÈS îgG ses variétés de roches et ses accidens ; un grand dépôt arënacé souvent rouge; un calcaire intermédiaire à cavernes; des grès ressemblant à la grauwacke , et réunis par l’auteur avec le vé- ritable grès liouiller, et lesagglomérats ronges d’Oslawan, etc.; le grès vert avec ses argiles et des amas de fer hydraté et pisi- forme ; la craie grossière , coquillière, qui s’étend de là en Bo- hême; enfin quelques lambeaux d’argile subapennine elle calcaire moellon ou quaternaire, sur les bords de la vallée de la Zwittawa , extrémité de quelque ancienne baie tertiaire. M. Pveichenbach croit devoir classer dans le grès pourpré ou oldred sandstone des dépôts qu’on avait placés jusqu’ici dans le sol intermédiaire, et il propose le nom singulier de lathon pour cette formation. La siénite serait placée sur des masses schisteu- ses intermédiaires, et serait recouverte de lathon , qui mon- trerait une tendance à passer au schiste argileux et à la grau- wake. Il reconnaît que la siénite et son lathon forment dans ce pays la division la plus ancienne des grauAvackes. Il n’a pas rencontré de faits à l’appui de l’idée que la siénite ait été injectée ou éjectée sous une forme pâteuse ou solide. Sa struc- ture est plutôt schistoïde; ses variations porphyriques et dioritiques locales se laissent poursuivre dans le plan des masses. Néanmoins , M. Pieichenbach signale comme enclavée dans ces roches, des portions considérables de véritables schistes. Au-dessus de ces deux dépôts, s’est formé en Moravie un calcaire coquillier et à polypiers ; c'est le calcaire de montagne de notre confrère, et il se serait établi un passage de ce dépôt au terrain houiller. Jusqu’ici on n’avait reconnu les grès char- bonneux qu’entre Czernaliora , Drasow, etc.; tandis qu’on avait classé dans la grauwacke , les roches arénacées à l’est de Walcliow, de Sloup , d’Ostrow, etc. Ces classemens méritent donc d’être confirmés. Comme la Moravie ne possède pas de dépôts secondaires autres que le grès vert et les houillères, M. Pieichenbach s’ef- force de chercher la cause de cet accident local. Il établit que la mer a recouvert la Moravie pendant toute l’époque secondaire , et il pense que ses mouvemens ont été trop violens dans cette espèce de détroit pour permettre la formation d’un dépôt quelconque , ou au moins ce qui se formait était enlevé à fur et mesure. La même cause lui sert à expliquer la dénudation des montagnes de siénite, tandis que la formation des cavernes du calcaire de montagne serait un résultat du re- trait des eaux, et de leur oscillation à une époque plus récente. Or, pour le creusement des cavernes il a fallu qn’il y eût un sol DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l855. S97 découvert, des cours d’eau ; donc la mer s’était abaissée ou re- tirée; mais le grès vert remplit de grandes cavités, tandis que ces dernières n’offrent jamais de traces ni de débris de roches secondaires plus anciennes; par conséquent le calcaire a du être corrodé avant le dépôt crayeux. Plus tard, se sont déposées des roches tertiaires dansdes golfes qui faisaient partie du grand bassin de l’Autriche et de la Hongrie. M. le professeur Zeiszner (en allemand Zeuschner) a donné de nouveaux détails sur les si énit es et les diorites des environs de Teschen sur les frontières de la Moravie et de la Silésie. La plaine ondulée de Teschen est formée par des alternats de cal- caire compacte gris , de calcaire ferrifère, d’argile schisteuse, de grès carpathique et de schiste noir pyriteux. M. Zeiszner y indique comme moi des fucoïdes ( F. TargioniiBgt.)ct des bi- valves empâtés dans la roche, et ressemblant à des gryphées. Un autre calcaire compacte blanc et coquillier se trouve à Inv\aîd, et ressemble au calcaire jurassique de Cracovie, sans en avoir le silex. M. Zeiszner trace sa liaison avec des masses semblables, qui sont à Mogilany et Syncczowen Gallicie. On se rappelle que l’âge du grès carpathique m’a paru déterminé par la position de ces calcaires jurassiques supérieurs sous toute la masse arénacée des Carpathes. Comme feuM. Lill, M. Zeiszner sépare ces calcaires de ceux de Cracovie, et croit que la bande minced’Inwald à Syneczo w n’est qu’une dernière assise du grand dépôt jurassique de la Pologne. La séparation aurait lieu au moyen de quelques alternations de grès et de marnes de la na- ture de ceux qui composent les Carpathes , ce qui est très pro- bable , et ne fait que compléter les rapports du calcaire juras- sique cl du grès carpathique ( Comparez Journ . de Géol. , vol. I p .'7 3-7.5 ). M. Zeiszner expose ensuite les altérations que des filons de dioriteont produit dans le système inférieur de ce dernier dé- pôt en Silésie et en Moravie. Le calcaire secondaire est devenu grenu, les marnes calcaires et les grès sont plus compactes, et entremêlés de feuillets de chaux carbonatée; leurs teintes grises sont passées au rougeâtre , jaunâtre et verdâtre, de manière à ressembler au jaspe rubané; les argiles schisteuses se sont endurcies, etc. ( Comparez dito , p. 67-70). Passant des généralités aux exemples, M. Zeiszner compare jusqu’à un certain point les altérations des roches, au contact des diorites de Stanislawice près de Teschen, aux modifications qui ont rendu Predazzo classique; la carrière de Wyzcze-Pat- swiska rappellerait les apparences du culot basaltique de Blaue RÉSUMÉ DES PROGRÈS *95 * * 8 Kuppe, près d’Eschwege en Hesse. M. Zeiszner s’explique le passage de la siénite à la diorite par le mélange ou la fusion de matières calcaires enlevées aux roches stratifiées. En liant les diorites qui se trouvent sur le pied nord des Carpathes à Banow, autour de Teschen et à Szczawnica *près du Dunajec , M. Zeiszner y voudrait voir la cause du redresse- ment du grès des Carpathes , dont l’inclinaison sur le versant nord est au sud ( N. Jahrb.f Minerai , 1 834 ? cah. i , p. 16 ). Je crois bien que l’apparition des diorites est contemporaine de ce bouleversement des couches, mais je ne pense pas qu’elle en soit la cause; ces matières ignées étant pâteuses ont dû naturelle- ment , par la pression éprouvée, se mouvoir, et remplir quel- ques fentes du sol ; voilà tout le phénomène pour lequel la distribution géographique des amas diori tiques ne permet pas d’autre explication. Autriche. — M. Riepl a décrit les divers dépôts aurifères des Alpes autrichiennes ( Voy. Bull. , vol. III-, p. 14^ )• Styrie. — M. Anker a donné une esquisse des rapports géologiques de la Styrie ( Steyerm. Zeitsch , cah. 1 1 , 1 833 ). M. de Rosthorn a décrit les environs de Radeboy en Croatie ( Yoy. Bull . , vol. III. , p. 299 ). 5 ix. Hongrie. Pour la Hongrie et la Transylvanie , il a paru deux ouvra- ges non spéciaux, l’un par M. Fr.-Jacq. Ficker, est une Des- cription géographique et naturelle des montagnes de Tokay ( Geograph. u. naturhist. Schilderung . d. Tokay er Gebir- ges , etc., "Vienne, im8°), et l’autre un Tableau du pays des Szecklers en Transylvanie ( Das Land. u. V olk d. Szec- kler , etc., Pest , i833, 2 vol. in-8° à 1 carte), par Dan. G. Scheint. M. Zeiszner a traversé le Tatra de Kos'cielizko par le Mont Pyszna et la vallée de Kamienista ; le talcschiste à filons métallifères avec baryte, cuivre gris, etc., est placé à côté de protogines plus ou moins granitoïdes qui forment les cimes de cette partie du Tatra, comme aussi autour du lac Morskie- Oko, où il y a des filons quarzeux à antimoine sulfuré argen- tifère. Les riches filons des montagnes duZips, un prolongement des montagnes de Kralowa-Hola, sont dans des roches talqueuses. Entre Golnitz et Aranitka, les schistes passent à la protogine, en admettant entre leurs feuillets du quarz pur et du feldspath. A DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833. 899 Àvaniska , il y a des mines argentifères d’antimoine sulfuré. Les montagnes d’Eperies sont composées de grès carpa- thique et de trachyte, le sel de Szowar paraît intercalé dans ce grès, M. Zeisner n’adopte pas l’idée que la molasse soit salifère. Dans les mines d’opale de Czerwienica , il a vu suinter d’un trachyte verdâtre une matière laiteuse blanche qui s’est durcie à l’air; ce serait de l’opale fluide, et ce minéral serait un produit minéral récent. Dans les mines de Zlata-Bania près d’Eperies , il y a des fi- lons de cinabre aurifère avec de la blende , des pyrites , et des salbandes argileuses au milieu du trachyte très altéré; ces filons incontestables courent nord et sud. Les eaux acidulés de Bartfeld sourdent du grès carpathique qui forme toute la contrée, et s’étend par Lublau et Podoli- niée jusqu’à Kesmark et Leutschau. Il enclave une petite crête calcaire ammonitifère , qui s’étend de Czarny-Dunajec par Szaf- lary, Czorsztyn , Czerwony, Rlacztor , Smierdzionka , Ha- buezow et Lipnik jusqu’à Pîawy. Près de Szczawnica , deux coupoles de roche feldspathique sortent du grès carpathique , qui dans le vallon de P\.zyka a pris au contact une teinte rouge. Au mont Formuta la roche ressemblant au trachyte empâte des morceaux de grès et de calcaire ; certains grès sont altérés en micaschistes. Des sources acidulés paraissent en rapport avec ces masses éruptives T et déposent beaucoup de tuf cal- caire; en général ce genre d’eaux abonde en Gaîlicie et M. Zeiszner veut les indiquer sur une carte. Il signale] en même temps des blocs Scandinaves près de Joroslaw, non loin de Léopold ( N. Jahrb. d . Miner . etc . 1 833 , cah. 3 p. 317 ). Je dois rappeler en passant les journaux de voyage de M. Lill de Lilienbach , relativement aux Carpatlies septentrio- nales et à la Transylvanie . (Voyez Bull. vol. IV , p. 72 , et Mém . de la société y vol. I , part. 2, avec cartes et coupes ). Des notices sur les mines de sel de Transylvanie se trouvent dans le n° 2 du Gornoi journal pour 1 833. § x. Pologne . M. G. *G. Pusch a enfin publié le ier volume de sa descrip- tion géognostîque de la Pologne et des Carpathes septentrio- nales. (Geognost. Beschreibung von Polen , etc. Stuttgardt, i833. In 8°). Après avoir énoncé les sources où il a puisé, et avoir indiqué 5oo RESUME DES PROGRÈS ses voyages , il donne des notions topographiques et hydrogra- phiques, et établit ses grandes coupes de terrain. Ensuite il s’oc- cupe, i°de la description des terrains de grauwacke et de cal- caire de transition de Sandomir avec leurs dépôts métallifères (Miedzianagora), leurs fossiles, leurs sources; 2.0 du calcaireàor- thocères et du grès rouge ancien, en couches horizontales en Podolie; 3° des houillères anciennes’de la Pologne, article dans lequel il n’oublie aucune particularité intéressante; 4° duMus- chelkalk peu riche en métaux dans sa partie nord, et mé- tallifère ( plomb, calamine et fer) dans sa partie sud, vers la Si- lésie. Enfui , il parle d’un grès blanc dont les combustibles et les accidens semblent le faire contemporain du grès du lias. Les caries et les coupes ne devant paraître que cette année avec le second volume, il faut attendre la fin de la publication pour pouvoir en juger; d’ailleurs les détails sur les Carpathes et le sol tertiaire rendront toujours le second volume plus pi- quant que le premier. Dans tous les cas M. Pusch aura rendu un grand service à la science en faisant connaître tout d’un coup à fond la géologie de la Pologne, sur laquelle on n’avait jusqu’ici que des renseignemens vagues. M. Blodea discuté dans un mémoire le classement des ter- rains de la Pologne, d’après MM. Pusch, Becker, Schneider, et son ouvrage sur la Pologne de i83o. Cet écrit n’étant sus- ceptible que d’un très long extrait , il suffit de dire qu’il tombe d’accord avec M. Pusch, et montre aisément les erreurs qu'ont commises les autres géologues. (N. Jahrb.J. Min . i833, vol. II, p. 129. M. le professeur Zeiszner a découvert près de Cracovie un vallpn intéressant pour la distribution des assises jurassiques de la Pologne. Le système oolitique s’y trouve divisé en trois masses, dont la moyenne est un calcaire compacte inférieure- ment à silex. L’auteur en cite les pétrifications. L’assise infé- rieure est d’une nature plutôt crétacée et poreuse, et n’offre, en faitde fossiles, que le Scyphia clathrata . Des masses en gé- néral non stratifiées de dolomie viennent se placer sur les roches précédentes. Dans la partie orientale du plateau deSaüka, res- sortent des couches marneuses qui paraissent correspondre aux oolites inférieures. L’auteur y distingue deux massifs, l’un plus complètement calcaire que l’autre, et en indique les fossiles. En- fin, au-dessous de toutes ces roches, il a pu observer encore à Gluchowki un calcaire feuilleté ferrugineux ou jaunâtre, res- semblant minéralogiquement à certains muschelkalks métalli- fères de la Pologne ; des agglomérats à fragmens de quarz ; du DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l833. Soi sable et du grès avec divers fossiles ; roches qui toutes sont ca- ractéristiques des oolites inférieures de France et d’Angleterre. Des porphyres ressortent des sables à Gluchowki comme à Ostrowiec , et sur la pente septentrionale de réminence de Sauka. Ces éruptions ignées ont formé dans les environs de Cracovie des buttes isolées , un peu alongées , et elles paraî- traient avoir eu lieu après la formation du calcaire jurassique, qu’elles auraient soulevé et déchiré. La roche la plus ancienne de la gorge de Gluchowki est un schiste argileux qu’on a voulu rattacher au terrain houiller, quoiqu’un puits de 20 toises de profondeur n’y ait fait découvrir aucune trace végétale ni de la houille. (iV. Jahrb . f. Minerai . i833, cah. 5, p. 5440 Ukraine . M. Dubois a donné des Observations sur quelques parties de l' Ukraine entre Czaheryn et Kief. Le Dnieper traverse plu- sieurs bassins en étages; le plus supérieur est au-dessus de Pie- kari et est entouré de grès tertiaire siliceux, à huîtres, etc., et d’argile schisteuse noire. Au-dessous du défilé du Piekari, il y a une plaine basse inondée en hiver et bordée au sud par du grès vert crayeux et du grès tertiaire. Les collines de Moszna sont composées de grès vert , et les deux bassins précédens sont bordés de plateaux de 7 à 800 pieds d’élévation absolue. Le Dnieper a coulé jadis dans le lit du Irdyn et duTaszmin. Au sud de Buczak il y a des sables verts crétacés qui sont recouverts d’un banc sableux à lymnées, planorbes, hélices, cyclades, gry- phées colombes, et fragmensd’os. Au-dessus il y a du sable et 10 pieds d’argile limoneuse ( Lehm. ), alluvion qui contient des petites lymnées, des pupes, des hélices, etc. Les mêmes couches se voient dans la vallée de Buczak et à ü werstes au nord de Cobourg sur la rive du Dnieper; le sable tertiaire y est pétri de lucines, de corbis, de cardium, etc., et recouvert par le sable épilymnique. Entre Piekari et Kononce, des collines de sable tertiaire vert accompagnent le lit du Ross et du Rossawa; à Kononce il est couvert d’une argile rouge à fragmens de granité ressem- blant à celui de Korsun, etc. Ce dépôt est à 5o ou 60 pieds sur le lit de la rivière. Les plateaux autour du Dnieper sont des steppes fertiles quoique sans eaux, et sur elles s’élèvent en forme de mu- railles des petites hauteurs, dontlescimes n’ont quelquefois que 10 pas de largeur, et qui s’élèvent de 3 à 4 00 pieds sur le Dnieper. 5o 2 RÉSUMÉ DES PROGRES Rejetant l’idée que ce sont des effets de dénudation , M. Du- bois avance que ces crêtes ont été produites par Je soulève- ment des argiles schisteuses noires. Il lie même à cela des pe- tits dérangemens et des fendillemens dans les grès , ainsi que des sources hydro-sulfureuses , ayant 8° de température , même en hiver. ( Archw.f \ Min . vol. VI. p. 290.) ■> § xi. Russie . Dans le premier volume de son Voyage autour de la terre par l1 4 sic septentrionale et les deux océans, M. Adolphe Er- mann amène le lecteur jusqu'à Tobolsk, et lui fait faire, de là, une excursion à Obdorsk , à l’embouchure de l’Obi. Cet ou- vrage, d’une lecture attachante, est plein de données sur l’em- pire russe; néanmoins il est à regretter que l’auteur ne soit pas parti avec des idées plus arrêtées sur le classement des terrains secondaires. Il sera curieux de comparer ses observa- tions avec celles sur la Sibérie, par M. Gust. Rose. Les cartes de ce volume contiennent cinq coupes. La pre- mière coupe, deNarwa à Kasan, nous montre, à Saint-Péters- bourg , le grès cuivreux ou son zechstein , couvert de Jam- burg à Saint-Pétersbourg , par ce qu’il appelle le calcaire alpin(?), et ressortant dans les collines de Duderhof. Sur sou calcaire reposeraient des marnes bigarrées salifères depuis Nowgorod jusqu’aux monts Waldaï, ce calcaire formerait la pente orientale de ces montagnes et passerait encore sous les mêmes marnes à Wuischnji-Wolotschok. De Klin à Moscou et Bogorodsk , dominerait la formation ooli tique ; et dans ce dernier heu il y a un lambeau de grès tertiaire. Depuis là jusque vers Wladimir, les oolites repose- raient sur des marnes irisées , à amas et buttes gypseuses , comme à Osablikowo, Nijnei-Nowgorod,Wasili-Sursk,et Àka- sine. Ce dépôt s’étendrait jusqu’à Casan. Il a signalé encore un peu d’oolite entre Wladimir et Wuiska, du grès quarzeux bigarré sur les marnes irisées entre Weletma et Wuiska, ainsi qu’à Tscheboksar, et entre Akasine et Casan, où ce grès est recouvert par du calcaire oolitique. La seconde coupe va de Casan à Tobolsk; on y voit le grès de Casan reposer sur le calcaire alpin d’Arsk ; puis, depuis là jusqu’au pied de l’Oural à Kruilasowo, il n’v a que des col- lines composées de grès à nids de cuivre carbonaté, recouvrant du grès rouge secondaire (Perm). Les localités visitées par M. ErmannsontKojil, Suri^üubrowa, Qclm& et Jauuitschi* DÈS SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 5o5 Du gypse ressort à Kruilasowo , et s’adosserait au calcaire al- pin , qui s’élève , dans les montagnes, à Rungur, Slatoust, Bui- kowa, Biserskaja, et Rlenowskaja. Ce dépôt me semble bien plutôt être intermédiaire ( ou jurassique ?) ; car il s’appuie sur les alternats de schiste argileux (Rirgischansk ) et le calcaire de transition, qui existent entre ce lieu et Grobowsk, sur l’Oufa et à la cime de l’Oural . Sur le versant oriental de la chaîne apparaît, avant Reschotui , le micaschiste, puis viennent des talcschis- tes, enfin le gneiss, avec des masses de micaschistes $ et plus bas, ou après Jekaterinbourg , des diorites et des porphyres dioritiques. Ces dépôts , inclinant tous à l’ouest, ou verticaux dans les dernières masses , seraient couverts par des marnes rouges salifères, dominant autour de Ramuischlow, et incli- nant à l’est. Une coupe de l’Oural, de Solikamsk à Peluim, sous 6o° lat. nord , présente successivement , de l’ouest à l’est, et de haut en bas, du calcaire alpin, inclinant à l'ouest, à Solikamsk ; du grès secondaire cuprifère; des marnes rouges salifères; du grès cuprifère sur le Jaiwa; du calcaire alpin ; des montagnes considérables de dioiite et de porphyre amphibolique , avec un axe central de siénite et de porphyre siénitique dans le mont Ranjakowo. Après Bogoslowsk , se montrent des grès houiîlers recouvrant des schistes et des grauwackes , et sur la Soswa reparaissent les roches dioritiques à côté de masses gra- nitiques, qui sont recouvertes, à l’est, de calcaire alpin et de marnes rouges salifères. La coupe de l’Oural, du fleuve Àj à Troisk, sous 55° lat. nord , donne , de l’ouest à l’est , du calcaire alpin à Leskle et sur l’Aj ; des montagnes de granité à Rossotur; du gneiss sur le côté de la vallée de Slatoust, dont le fond est de granité, roche qui s’élève fort haut à Taganai. Entre Slatoust et Miask, il y a des grès houiîlers suivis de roches dioritiques associées à du schiste argileux et des grauwackes; puis se rencontrent jus- qu’à Troisk des granités enclavant, en deçà de Runtrawi, du, calcaire intermédiaire. Dans les montagnes d’Obdorsk, à l’embouchure de l’Obi, les roches dioritiques se juxta-apposent aux siénites et aux por- phyres siénitiques, recouverts de granité. Quant à l’île de Waigaz, on y trouve du granité et du schiste argileux alter- nant avec de la grauwaeke. Le Rapport de M. Brongniart , sur la collection de miné- raux de Russie , envoyés par l’empereur à l’Académie de Paris, fait connaître, soit de nouvelles espèces (pyrochlore, le seul mi- RÉSUMÉ DES PROGRES 5o4 lierai qui, avec le tliorite, contient du thorium), cancrinite, pyrophiilite, ouvarovite), soit de nouveaux gisemens de miné- raux rares (diaspore, dioptase, worthite, vauquelinite, pyrar- gillite). Le volume des cristaux ou des échantillons peut don- ner une idée de la richesse minéralogique de l’Oural et de la Sibérie. Cette collection offreencore du fer phosphaté dans des Vénus du sol récent de la Crimée, ainsi qu’une alunite bréchiforme de Géorgie. M. Brongniart a saisi cette occasion pour revenir sur la dis- tribution géographique des minéraux. Si des centres de départ, des chaînes de montagnes , des déserts et des mers , règlent la distribution des plantes et^des animaux - les minéraux, produits de forces souterraines ou dépôts neptuniens, se trouvent, sur la surface terrestre , par groupes. Il y a même plus , car deux groupes semblables affectent souvent dans deux pays des gise- mens différens. Cette étude de la distribution géographique des minéraux peut donc être très féconde en résultats expli- catifs du mode de formation , qui a produit le sol de chaque pays. M. Brongniart remarque que les minerais et les minéraux des parties septentrionales de la Russie, tant à l’ouest qu’à l’est des monts Ourals, sont plutôt disséminés dans les couches de roches cristallines qu’implantés dans de véritables filons. C’est donc un grand type des dépôts anciens, qui occupent une grande partie de la portion supérieure de l’hémisphère boréal, puis- qu’on le retrouve dans le nord de l’Amérique, en Ecosse, et surtout en Scandinavie. Les pierres précieuses ( corindon , bé- ril, zircon, distliène, tourmaline, etc.) sont dans le nord de la R.ussie, tandis que le sel (Erivan, Orembourg), le bitume, le soufre, le gypse, ainsi que les lignites (Tambor) et les trachy- tes, sont dans le sud de cet empire. En général, jusqu’ici les grands dépôts tracliitiques paraissent affecter les zones tempé- rées et torrides, ce qui est peut-être lié à l’état du globe lors de l’époque de ces éruptions. Oural . — D’après les ordres de M. le comte de Cancrin , la direction supérieure des mines de R.ussie a donné à la Société des renseignemens précieux et exacts sur le gisement des dia - mans dans V Oural (Voy. Bull., vol. IV, p. ioo). Le gisement du platine et de l’or dans la serpentine de l’Oural (à Kyschtym) est confirmé par les nouvelles les plus récentes. A Nijne-Tahil, la plus riche mine de platine de Si- bérie, ce métal est accompagné d’or, d’iridium osmié, de fer 3o5 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. magnétique , de chromate de fer, de fer hydraté , de titane oxide, d’épidote, de grenat, de quarz hyalin , et quelquefois de diamans : les fragmcns de roches qui accompagnent ces sables sont des débris de quarz, de jaspe, et de diorite (/. de Saint- Pétersbourg, du i4 au sept. i833). M Tschaikovsky a bien décrit les formations de V arrondis- sement de J ekaterinbourg, le centre des mines de laRussie(i). Après avoir donné beaucoup de détails sur le gîte de l’or à Bérésof, où le schiste taîqueux contient i5o filons aurifè- res , M. Tschaikovsky expose la position du granité, qui lui a paru constituer la base de toutes les autres roches, sous la forme d’ilcs flanquées de tous côtés de roches schisteuses ou en bandes considérables. Dans sa carte géologique il en représente quatre bandes, dont la position est très bien définie et la struc- ture fort semblable. Il fait connaître en détail toutes ces roches. Le granité recèle des filons de quarz, riches en améthistes; le pegmatite entremêlé avec du granité forme le gîte, de la topaze, de la tourmaline rouge et noire, de l’aigue marine et des grenats. l a quatrième bande de granité est surtout remar- quable par les gîtes considérables de béril et de topaze. Les roches schisteuses sus - mentionnées se trouvent cou- pées par le gneiss-granite, qui contient près de Beresof les fi- lons de quarz aurifère. Le calcaire s’étend au milieu des roches schisteuses sous la forme d’amas aiongés , qui sont souvent interrompus dans leur ligne de direction par des gîtes des minerais de fer. Leur structure est diverse dans certaines localités; ils renferment des trémolites. Très souvent le calcaire est su- perposé immédiatement au granité, comme on peut bien l’apercevoir sur la carte géologique annexée à ce Mémoire. Ce calcaire renferme dans un endroit un filon de corindon au milieu duquel il y a une veine de diaspore. • Dans les roches schisteuses se trouve le gîte considérable de silicate de manganèse, qui est exploité depuis longtemps. Les dépôts aurifères abondent dans les vallées et sur le bord des rivières qui traversent les roches schisteuses. Enfin , M. Tschaikovsky passe aux considérations générales. (i) M. de Teploff a bien voulu se charger cette année d’analyser le journal russe des mines , dont malheureusement les derniers numéros de i83ü manquent encore à Paris , et dont on n’a en- ! core que les 6 numéros de 1 835. Soc , géolt Tom. Y* 20 3o6 RÉSUMÉ DES PROGRES et en se basant sur l’identité des roches granitoïdes composant la chaîne de l’Oural , il croit qu’elles forment un seul grand dépôt , celui du granité et de la siéuite. Dans le schiste chloriteux, et dans les couches qui lui sont subordonnées, s’étendent les amas verticaux ou filons de gra- nité qui sont courbés ou se croisent, et sont au nombre de cent quarante sur un espace de 20 lieues carrées. Leur direc- tion principale est celle du nord au sud; leur longueur varie depuis 2 lieues jusqu'à une étendue insignifiante, et leur épaisseur depuis 5 jusqu’à 20 toises. Ce granité est composé de grains extrêmement petits, sur- tout de feldspath avec du quarz et du talc micacé; il varie en couleur et en structure d’après la prédominence de ces parties constituantes. Il est coupé partout transversalement à sa direction par des filons de quarz compacte et souvent cristallin. Ces derniers sont verticaux ou un peu inclinés, et leur puissance varie de quelques lignes à 71 centimètres. C’est dans ces filons du quarz que se trouve l’or natif de l’Oural sous différentes formes amorphes ou cristallisé en octaèdres et cubes. En outre, les filons contiennent des minerais de plomb , et surtout du chro- mate de plomb. Plus loin, M. Tschaikovsky continue la description de la chaîne de l’Oural comprise entre les deux grandes rivières de l’Issete et du Tschousova , dont la première se trouve sur la pente orientale , et la seconde sur la pente occidentale. L’es- pace entre ces deux rivières forme une espèce de parallélo- gramme, dont la diagonale est la chaîne de l’Oural. Dans le n° 4 ? Gornoi Journal de i833> M. Tschaikovsky présente ses observations sur la partie orientale de l’Oural, partie composée de différons chaînons subordonnés , et for- més par les granités , les amphbolites, les serpentines, les roches talque uses , chloriteuses et calcaires. Les premières roches forment les cimes et les hauteurs principales ; les autres roches s’étendent depuis le granité le long des rivières coulant dans l’Issete. Ces roches qu’il croit constituer un seul et même terrain , s’étendent du S. -S. -O. au N. -N. -O. ; elles sont en couches assez puissantes, plongeant à l’O.-S.-O. L’ordre de leur superposition est très variable, M. Tschaikovsky cite plusieurs endroits ( village de Mor- bfe ) , où après le granité suivi partout par le calcaire se ren- contrent les schistes talqueux entremêlés dè chlorites schistoï- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. des et de gneiss-granites, ou de serpentine avec différentes autres roches schisteuses. Dans une autre localité, à Bobrovka , apres les granités viennent les montagnes serpentineuses ou d’ophiolites avec deà couches subordonnées de schiste talqueux. Partageant ces roches en cristallines et semi-cristallines , M. Tschaikovsky est un peu embarrassé de se prononcer élit* l’époque de leur formation. Il les réunit toutes dans Une seule formation en s’appuyant sur les calcaires cristallins, et les schistes talqueux qui les suivent immédiatement; mais M. dé Teploff observe que les calcaires doivent avoir été modifiés après leur formation, par la chaleur des masses soulevantes de granité. M. Tschaikovsky explique ensuite comment les gra- nités se trouvent partout soulevés au milieu des ophioiites et des roches schisteuses. Il divise ces roches en deux formations différentes, celle du schiste talqueux et celle du gneiss-granite; le soulèvement des dernières roches serait la cause que les couches de la première classe ont pris leur position inclinée. M. de Protossoff, ingénieur des mines, a commandé une expédition envoyée par le ministre des finances pour la ré» cherche des gites métalliques dans la partie nord de V Oural . Il est parvenu jusqu’au 63° de latitude nord , malgré tous les obstacles dans un pays froid, privé de routes et d’habitations. L’expédition a découvert en quatre mois de recherches des dépôts aurifères qui contiennent, d’après un calcul très mo- déré, plus de 120 kilogrammes d’or. Ces découvertes, réunie aux précédentes que j’ai signalées dans mon dernier rapport, prouvent que les roches composant la partie du nord de l’Oural contiennent une grande quantité d’or; c’est donc une nouvelle source de richesses que le savant ministre , M. de Cancrin , a ouvert à la Russie. La direction générale de l’Oural septentrional est réellement celle du nord au sud. Les dépôts qu’on y a découverts appar- tiennent aux dépôts aurifères particuliers à l’Oural, car M. deProtossoff divise l’encroûtement sablonneux de la pente orientale de l’Oural en deux parties, qui se distinguent par leur position et leurs richesses. Les couches les plus répandues, et en même temps les plus pauvres forment ce qu’il appelle le dépôt général ; les autres , qui sont composées de couches interrompues extrêmement riches en or, et présentement exploitées , sont ses dépôts particuliers. Ensuite il détermine leur position. tes roches que M» de Protossoff a observées sur la pente oriea- 3o8 RÉSUMÉ DES PROGRÈS taie du nord de l'Oural sont : la siénite, Je schiste talqueux, le porphyre, la diorite, la grauwacke et le calcaire. Les forma- tions les plus développées sont les formations de calcaire et de diorite. La prédominence de la première est très évidente ; elle s’é- tend meme plus loin au nord, et distingue principalement cette partie de l’Oural d’avec la portion sud riche en granité et en roches schisteuses. En général , le calcaire est de couleur blanc jaunâtre et gri- sâtre; il n’est pas stratifié, mais dans plusieurs endroits il a une tendance à se diviser en masses parallèles. On y a trouvé des fossiles, savoir : des Vermiculites , des Encrinites et des Chamites . L’observateur le rapporte au calcaire secondaire. La siénite se trouve en très petite quantité, et paraît être sortie toujours du milieu des roches dioritiques. Les talcschisteset les roches chloriteuses avec des couches su- bordonnées de schistes argileux , d’amphibolites , ainsi que les grauwackes, les porphyres, etc., sont les roches les plus abon- dantes après le calcaire et la diorite; mais elles ne sont pas assez développées pour constituer des formations particulières. M. de Protossoff termine par la description minéralogique détaillée de toutes ces masses et de leur position ( Gornoi Jour - «a/, 1 833 , n° 6 ). M. Karpinsky a publié une Description géologique de r arrondissement des usines de Bogoslovsk. L’auteur com- mence par décrire les environs de Nikolaepovdinsk, une des j? usines de Bogosîovsk. Il parle d’abord de la chaîne principale de rOural, et ensuite de ses branches sur l’espace de 2 lieues de longueur et de largeur. Les montagnes de la chaîne principale atteignent une hau- teur assez considérable ; la plus haute, au nord, s’appelle Pav- dinsky-Kamen ; elle n’a pas été mesurée ; l’autre moins grande, [■ qui est au sud , a 3,6go pieds anglais de hauteur. La roche dominante dans ces montagnes de la chaîne prin- cipale est le schiste talqueux , qui se prolonge dans toute l’é- tendue de l’Oural ; eu descendant sur les pentes , cette roche est remplacée d’abord par les aphanites, et ensuite par les am- phibolites. Sur le sommet de a. chaîne on observe aussi des aphanites, qui en occupent lepoint ie'pîus élevé, et qui ont percé visiblement les couches de schiste talqueux. Cet aphanite se présente sous la forme d’une masse homogène, compacte, et passe quelquefois à l’arhphibolite. M. Karpinsky décrit trois branches de la pente orientale. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN î835. 309 La première est composée , près de la chaîne principale , de schiste talqueux, roche qui passe ensuite au schiste chlori- teux , et enfin insensiblement aux ampliiboHtes. C’est le seul exemple où on observe le passage du schiste talqueux aux am« phibolites, roches sur lesquelles il est placé. Les autres ob- servations ont prouvé que ce passage n’est qu’une modification accidentelle du taîcschiste, car dans toutes les autres parties on ne voit aucune liaison entre la formation d’amphibolites et celle qui la recouvre. La seconde branche est composée d’abord de talcschiste rendu porphyroïde par de grands cristaux de feldspath , qui diminuent ensuite à mesure que cette branche s’éloigne de la chaîne; à la fi-n , elle se trouve composée de diorite. La troisième branche est formée uniquement d’amphibo- lite et de diorite. La première roche en constitue un tiers , et la diorite le reste, M. Karpinsky réunit toutes les roches en deux grandes formations , savoir : celle du schiste talqueux et celle des am* phibolites, et à l’imitation de l’école de Freyberg, il croit devoir sous-diviser cette dernière en primitive et intermé- diaire, distinctions qui ont été reconnues arbitraires, et souvent purement min éralog i q ues . Le schiste talqueux est très développé, et passe souvent au schiste argileux , au schiste chloriteux et aux ardoises. La formation d’amphibolite primitive est composée d’aphanite, d’amphibolite et de diorite; on y trouve beaucoup de kaolin que lJon exploite en grand; il y a du quarz , du mica et de l’actinote. La formation d’amphibolite de transition n’occupe qu’un très petit espace dans le district décrit; mais elle est très déve- loppée dans les parties voisines. Si M. Karpinski ne la croit pas superposée à la première, mais seulement juxta-apposée, il l’a séparée à cause du calcaire, qui, d’après les fossiles qu’il contient , doit être regardé comme de transition. Les formations indiquées renferment quatre gîtes de mine- rai de fer, qui dans cette partie de l’Oural ne sont pas considé- rables. Elles contiennent aussi beaucoup de depots aurifères, qui proviennent évidemment des montagnes décrites, et ne sont nullement des débris transportés d’autres contrées; en effet . dans les dépôts situés surla formation du schiste talqueux, par exemple, on ne trouve que les débris et les morceaux pro- venans de cette formation , et on n’y trouve point ceux des 5lO RÉSUMÉ DES PROGRÈS autres formations ; la même chose s’observe dans les masses entourées des formations des amphiboliîes. Les dépôts les plus riches se trouvent principalement sur la troisième formation de M. Rarpinsky, et il est remarquable que l’exbtence de For cesse dans la formation de Famphi- bolite primitive ( G ornoi journal, 1 833, n° 2.) M, Tschecletzoff , officier des mines, a fait des Observations géologiques sur l arrondissement de Tscherdin dans le gou- vernement de Perm ( Gornoi journal , i833 , n. 5, avec une carte géologique et des coupes ). Cet arrondissement fait partie d’une grande contrée sur la pepte occidentale de l’Oural , qui a été Fobjet de recherches métallurgiques comme le versant opposé. Deux glandes rivières, le Cama et le Peschora, traversent cet arrondissement en le faisant communiquer avec la mer Caspienne et celle du Nord. Ce district contient un espace de 1 1,000 lieues carrées. M. Tschecletzoff a fait des observations sur des lignes transversales à la superposition des roches, qui sont dans plu- sieurs endroits mises à découvert par les rivières de Veîson, de Vischer, de Beresova , de Rolva, de Petschora, et de Rama. Il a trouvé que chaque proéminence centrale forme un axe séparé dans la succession des roches qui s’appuient dessus des deux côtés comme sur un toit, ou en conservant leurs places respectives , d’après le moment de leur formation. L’Oural, qui limite à l’est l’arrondissement de Tscherdin, est la base principale de ces dépôts. La surface est coupée par des vallées, et divisée en plusieurs branches que Fauteur appelle primitives et secondaires. Les premières touchent immédiate- ment à l’Oural, les secondes aboutissent aux premières. Le pays même est composé de roches primitives et secon- daires. Dans le sol primaire le granité est le dépôt inférieur à toutes les autres roches ; il se trouve le plus développé dans l’Oural même, et ensuite dans les branches occidentales, où on le voit percer les roches modernes, comme dans les mon- tagnes de Vischer et d’Oulsoui. Le granité y prédomine , tandis que les pentes sont composées de calcaire. Le granité se change en siénite, protogine et amphibolite ; mais l’eurite, qui est si fréquente à Jekaterinbourg , ne se trouve point dans ces lieux. Après le granité on rencontre dans ces lieux les schistes tal- quçux , micacés, chloriteux et argileux qui passent souvent les uns aux autres. Ces roches schisteuses forment une seule for- MS SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. 3 1 1 mation qui est celle des schistes. Ces montagnes de l’Oural sont couvertes de neige , même en été. Le schiste talqueux contient des gîtes de cuivre, et passe à la serpentine qu’on rencontre ici sous la forme de filons, d’amas ou de couches minces, tandisquesur la pente orientale de l'Oural cette roche forme des montagnes entières et isolées, qui d’un côté sont en contact avec les diorites, et de l’autre avec dif- férentes roches. La formation du calcaire primitif est intimement associée à la formation précédente; elle ne contient point de fossiles, et renferme des couches subordonnées d'ardoise. Ce calcaire ne se trouve jamais dans la position horizontale, mais ses couches sont inclinées sous un angle de 3o h 6o°. Les sables des rivières qui coulent entre les montagnes de ce calcaire ne contiennent point ou très peu d’or, et sous ce rap- port ils ne peuvent être nullement comparés aux sables de la formation schisteuse, surtout près des mines de cuivre. En gé- néral on a remarqué que dans l’Oural il existe une certaine dé- pendance entre les gîtes de cuivre et les dépôts aurifères; ces derniers accompagnent presque toujours les autres. L’auteur cite trois exemples frappans à l’appui de cette assertion. Quant aux roches secondaires, elles sont composées de cal- caires et de grès. Le système calcaire est toujours séparé de ce- lui du grès, et on ne trouve jamais les couches de ces deux roches alternantes entre elles. Le calcaire occupe toujours les endroits plus voisins de l’Oural, et un niveau plus élevé que le grès. Cette description n’est pas terminée dans le cahier 5 du Gornoi journal ; cependant, dans la carte géologique qui rac- compagne, on voitqu’après le calcaire primitif vient le calcaire alpin (?), puis la formation de marne calearifère, lemuscheikalk et le quadersandstein. La marne calearifère" est composée de couches dont l’épaisseur ne dépasse point 3 pieds ; elles sont extrêmement contournées en décrivant des côtes de triangles et différentes lignes géométriques. C’est donc à peu près la succession de couches indiquée par M. Ermann, et probablement il y a aussi des erreurs de c!as< sement , surtout pour ce qui regarde le calcaire alpin , qui sera intermédiaire ou secondaire. M. Archipoff a donné la continuaCon de ses Observations géologiques sur V arrondissement de Goroblagodat , entre Jekaterinburg et Bogoslovsk. M. Archipoff a fait, pendant l’année i83o, beaucoup d’ob- 312 RÉSUME DES PROGRES servations barométriques, et il a trouvé que la montagne de Blagodat (Grâce-de-Dieu ) a 1008 pieds anglais d’élévation au-dessus du niveau de la mer. C’est le plus riche gîte de fer oxidulé dans l’Oural. Depuis cent ans cette montagne fournit annuellement 1 1, 35g, 000 kilogrammes de minerai. A la distance de 2 lieues autour de Blagodat , on ne rencontre que du porphyre siéni- tique, qui passe plus loin au dionte et à l’amphibolite ; mais en montant du côté N.-E , on trouve du feldspath ressortant de la siënite , et au sommet on voit distinctement le feldspath rouge , cristallisé , entremêlé avec des grains de fer oxidulé et de l’amphibole. La grandeur des cristaux diminue vers le bas de la montagne , et la roche devient tout-à-fait compacte en renfermant quelquefois du talc extrêmement divisé. Le fer magnétique y est disséminé souvent assez régulière- ment j mais çà et là le feldspath du porphyre est remplacé par le minerai de fer. Quoique le porphyre contienne toujours du fer, le minerai de fer exploitable forme des masses séparées au milieu du porphyre ; et il contient, terme moyen, 67 °/0 de fer d’excellente qualité. On ne trouve point de quarz dans cette montagne, tandis que dans l’Oural il y en a une quantité considérable , soit en blocs, soit en rochers^. Sur la pente S. -O. de certe montagne, on voit du porphyre gris ou verdâtre poreux , renfermant des druses de feldspath. L’auteur rapporte la formation de Blagodat à l’injection du trapp(?). On ne connaît pas jusqu’ici des roches supérieures à celles de Blagodat. Dans un puits on a rencontré seulement le calcaire compacte avec des cristaux de spath calcaire pénétré de carbonate de cuivre hydraté* les recherches ultérieures à cet égard sont jusqu’à présent impossibles. A l’O.-S.-O. de Blagodat se trouve une autre montagne non moins curieuse sous le rapport géologique ; elle s’appelle Kameschec (Petite Pierre ). Sa hauteur est au moins de 1986 pieds anglais; elle présente trois cimes escarpées composées de serpentine, roche qui sort évidemment des porphyres siéni ti- ques et diori tiques environnant ce massif. Les sommités de la montagne sont remplies de fissures qui les traversent dans différentes directions; on trouve à la cime du milieu de la siénite porphyrique, qui paraît avoir rempli deux des fissures mentionnées. Cette roche n’y est pas compacte, mais elle est composée de morceaux parallélépipèdes qui se détachent aisément les uns des autres; les bancs de siénite sont inclinés. M.Archippoff suppose que la siénite est d’une forma- DES SCIENCES GÉOtOGIQtîES EN 1 835. 3 1 3 tion postérieure, ou du moins de la même époque que la ser- pentine. Des observations ont montré d’ailleurs que la serpen- tine ne couvre point les porphyres, mais qu’elle s’enfonce dans la profondeur sans aucune superposition. Dans un autre endroit M. Archipoff a trouvé deux grands rochers dont l’extérieur est analogue à celui de la montagne précédente; mais ils sontcomposés de feldspath compacte, gris- verdâtre, ou jaunâtre, à quarz disséminé en grains ,en petits fi- lons,en cristaux, en morceaux anguleux et en blocs de différentes grandeurs. Cette roche est coupée par des fentes dont quelques unes sont remplies par une espèce de scories , qui n’est autre chose que l’amphibolite altérée par le feu, et dont les cavités sont remplies d'une portion de talc et de ponce (?). M. Archipoff prétend que ces roches ont été formées par le feu souterrain, quand le pays de l’Oural se trouvait encore couvert d’eau; il suppose que le quarz a pénétré dans la masse encore liquéfiée , sous la forme de gouttes refroidies. Ensuite M. Archipoff passe à la description des roches de l’Oural, qui dans cette partie est formée de schistes talqueux; enfin, il décrit aussi les sables aurifères qui s’y trouvent. La continuation de ses observations sera publiéeplus tard. ( Gornoi j . i833 , n. 3.) M. Slobin a donné des Observations géologiques sur les en- virons des rivières de Courbe ? d1 0 non et de Selenga. 11 décrit une mine de cuivre sur le Courbe; ce gîte est une couche placée sur du calcaire à gros grains et couvert par le granité, il parle ensuite d’un gîte de grenat et de tourmaline noire ou verte. Ilrésulte de ses observations, i°queîe recouvrement du cal- caire par le granité avec le feldspath jaune est très développé dans ce pays , et cette dernière roche contient des couches su- bordonnées de schiste micacé ; 2° que dans les roches qui lui sont subordonnées il y a des minerais d’étain , des bérils jet des grenats; 3° que dans les schistes micacés se trouvent pro- bablement des émeraudes , comme dans l’Oural , l’Egypte et au Brésil ( Gornoi journ . , i833, n° 3 ). M. Redikortsev a donné une note sur les mines de houille du cercle de Tcheliabinsk près du fort de Miassk ( Gornoi journ . î833 , n° 4,p. i i6). Crimée, — Nous avons à attendre d’importans documens de M. Dubois de Montpeyreux, qui , après avoir consacré pres- que une année à parcourir toute la Crimée, a visité, en i833,le Caucase. Le schiste argileux compose tout le pays depuis le 3l4 RÉSUME DES PROGRES promontoire d’Utusop jusqu’au-delà de Gelindshik : c’est évi- demment la continuation de la chaîne côtière de la Crimée; il y manque seulement, du côté de la mer, la muraille cal- caire qu’on trouve dans cette dernière péninsule. La même formation schisteuse s’élève jusqu’aux plus hautes cimes des montagnes derrière Gelindshik. Malheureusement on ne peut pas faire des excursions dans ce pays habité par les Tsclierkesses, sans de fortes escortes ( Dorpater Jahrbuch. , vol. I, cah. 3 , p. 249). M. Dubois de Montpeyreux a récolté plus de six cents es- pèces de fossiles dans la Crimée, et y a visité les bains de boue salée, près de Sak, sur le bord N.-E. du lac salé de Tusly, en- tre Sympheropol et Koslow ou Eupatoria. Ce lac , de six à sept vrerstes de long sur deux à trois de large, est entouré par un sol argileux , et inonde en hiver ses bords , de manière que la terre est imprégnée de sel : c’est cette terre, réduite en bouil- lie, dans laquelle on se baigne. M. Goebel , qui a analysé l’eau du lac , y trouve , outre du muriate de soude, une quantité considérable d’hydrochlorate de magnésie, et de sulfate de soude, avec un peu d’hydrochlo- rate de chaux et de sulfate de potasse ( Dorpater Jahrbuch. , vol. I, cah. 3, p. 257 ). Moldavie, Yalachiè. — M. de Lvsel a publié une Descrip- tion des observations minéralogiques faites en Moldavie et V alachie . M. de Lisel, en décrivant les roches qu’il y a rencontrées, nous fait connaître l’existence de couches des houilles, les gîtes de sel, d’ambre et d’or. Malheureusement M. de Lisel , tout en s’occupant de la description des roches , ne les examine pas sous le point de vue géologique. Nous ne pouvons savoir si le combustible qu’il décrit est véritablement de la houille, ou si ce n’est pas plutôt du lignite , car il ne fait aucune mention ni des coquilles ni des plantes fossiles. Le gîte de l’ambre se trouve dans une petite colline com- posée du grès tertiaire bitumineux propre à la Yalachiè; cette roche est associée avec des couches d’argile schisteuse et inclinée sous 35 degrés; il y a dans les argiles du sulfate de fer, et dans les fissures beaucoup de cristaux de sulfate de chaux. Le succin se trouve dans les parties inférieures contenant le plus d’argile ; M. de Lisel en a trouvé lui-même un morceau très volumineux. Les dépôts aurifères de la Yalachiè ne méritent point d’être DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 835. 3l5 exploités, et se trouvent le plus souvent sur des calcaires, et des couches tertiaires ou secondaires de grès et d’argile, i Pi ’ès de TelegaenVaiachie,,on exploite un gîte de sel gemme, à io toises de la surface. Cette masse de sel s’étend sur une longueur de 60 lieues. Les puits qui y sont faits ont la profon- deur de 65 toises. Les roches principales observées en Valachie sont : le schiste micacé ou talqueux , le quarzite , le calcaire intermédiaire ou compacte gris-bleuâtre ou gris de cendre, le calcaire coquil- lier secondaire et tertiaire, l’agglomérat , le schiste argileux , le grès et les gypses. En Moldavie les roches principales reconnues par M. de Lisel seraient le schiste micacé, le quarzite, le grès carpathique, le schiste bitumineux, le calcaire et des agglomé- rats, indications bien vagues et peu en rapport avec les fatigues d'un pareil voyage ( Gornoi /., 1 833, n° i et 2). § xii. Norwège. Notre confrère M. Keilhau a publié en 1 83 1 un ouvrage dont j’avais oublié de parler dans mes précédens Comptes-Ren- dus. C’est un voyage dans le Finmark oriental et occidental et aux îles du Spitzberg, en 1827 et 1828 ( Reise i Ost og Vest Finmarken , etc. Christiania, 1 83 1 , in-8°). M. Keilhau fait imprimer une Description complète du dis - trict intermédiaire de Christiania ; et, aidé de deux de ses élèves, il en a pu exécuter la carte géologique. § xm. Italie . Royaume lombardo-yenitïen. — - M, L. Pasini a publié des Observations sur le calcaire ammonitifère , et sur des roches analogues duTiccnlin. Il en conclut que le keuper ou le mus- chelkalk de ce pays sont couverts par un calcaire compacte à cassure lisse , et alternant avec des dolomies. Ces dernières ro- ches sont en grande partie grenues et caverneuses, à peine stratifiées , très aptes à se décomposer et à couvrir de débris les flancs des montagnes. Au dessus de ces masses il distingue , dans le calcaire juras- sique une série oolitique inférieure, dans laquelle les couches alternent avec des lits de calcaire compacte, noirâtre ou rou- geâtre, et une série oolitique supérieure à lits coquilliers, lu- maclielles et brèches. Plus haut, viennent des masses calcaires à parties spathisées, 3 1 6 RÉSUMÉ DES PROGRÈS à fossiles et particules vertes , des marnes compactes , des grès jaunâtres, et des argiles. Ces alternats à nummulites, po- lypiers, et plantes fossiles (Rotzo), représenteraient le grès vert. Enfin, sur ces roclies vient le calcaire rouge ammoniti- fère, alternant inférieurement avec des couches de teintes blanches, et remplacées souvent dans la plaine par des scaglia rougeâtres. Des assises puissantes de biancone ou de calcaire très compacte et blanc ( espèce de marbre grossier ), reposent sur les roches précédentes , et les séparent de la véritable scaglia , qui est un calcaire compacte divisé en lits minces. Sur les hauteurs, la scaglia n’est jamais recouverte par aucun autre dépôt, tandis que dans la plaine ou à la base des mon- tagnes elle supporte le sol tertiaire. M. Pasini compare sa scaglia , son biancone , et son calcaire ammonitifère aux trois divisions delà craie supérieure moyenne et inférieure, et il s’appliquera à y rattacher le calcaire à hip- purite, qui se montre vers la Piave et plus à l’ouest. Il pense que les oolites ont au moins 85o pieds de puissance , et elles existent dans toutes les grandes vallées du Vicentin et du Véronais : comme, par exemple, au mont Baldo, oùse trouvent aussi le grès vert et le calcaire à uummulites. Ce Mémoire fait faire un véritable pas à la science , puisque jusqu’ici les géologues n’avaient pu établir une ligne tran- chée entre le calcaire ammonitifère et le calcaire jurassique, comme, par exemple, dans les Sept-Communes, à Trente, etc. M. Pasini prouve que les ammonites, les nautiles, les bélem- nites , les térébratules , etc. , de ces contrées , sont relégués dans son système crétacé inférieur {Annal, d. sc . diregno lomb.-venet. i832). M. da Rio a publié de nouveau quelques observations sur le Gisement des trachytes , et surtout sur ceux des Monts Enga- ne'ens , placés à côté de la scaglia {Mem. del Accad . di Turino, vol. XXXVI). MM. Brignoli et Reggi préparent un ouvrage sur Y Histoire naturelle du duché' de Modène . Piémont . — M. Ange Sismonda a publié un Essai géognos - tique sur les deux vallées de la Stura et de Vinay, en Fié - mont . Le calcaire et les phyllades , avec des mines de galène, forment la première , et dans la seconde il y a des roches de granité, de gneiss, et de micaschiste ( Mem . del Accad . r. di Torino, vol. XXXVI). DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. 3 1 7 M. Pareto nous a donné des Observations intéressantes sur les Alpes de la Ligurie, près du col de Tende (Voy. Bull. , vol. III, p. 188 ). J’ai donné diverses Notes sur la Corniche et le Vicentin , ainsi que sur les environs du lac de Corne , et certaines parties de rillyrie [Idem, vol. III, p. 89-97, et P* 333 ). Massa-Carrare. — M.F. Hoffmann a décrit la Géologie des Alpes apuennes, dans le comté de Massa-Carrare . Ces mon- agnes forment, dans les Apennins, un groupe isolé de deux lieues et demie de large et de cinq lieues de long. Ses limites sont, au nord et au N. -O., les affiuens orientaux du Magra; et à l’est et au S.-E.,la vallée du Serchio. Ses plus hautes cimes sont le Pizzo d’Uccello et le Pania-dclia-Croce, qui n’atteignent pas moins de 5, 800 pieds. Sur le versant maritime régnent, vers Massa, les talcschistes elles micaschistes à grenats, amphiboles, staurotides, et pyrites. Ces roches passent au gneiss, et alter- nent avec lui dans les vallées supérieures du Serra et du Fri- gide. A Forno, on y remarque des petits filons granitoïdes. Des calcaires-marbres ( bardiglio de Serravezza) y forment des couches subordonnées ou des amas, comme au Monte- Al- tissimo, qui a 4*890 pieds. C’est au contact du gneiss et de cette dernière masse qu’on peut bien suivre, près d’Azzano, le passage insensible du calcaire argileux, ou arénacé coquillier, ou oohtique secondaire , au marbre; cette transition se fait au moyen de calcaires fendillés , de dolomies imparfaites , de rauchwackcs , ou de corgneules, de bardiglio ou marbre mêlé de parties de talcschiste, et renfermant des nids de beaux mar- bres saccharoïdes blancs : ces derniers blocs sont quelquefois eu prismeslrréguliers. Sur le côté orientai du mont Aîtissimo, on reconnaît le calcaire gris secondaire récent des Apennins avec ses silex; mais vers Stazzema, cette roche devient le mar- tre connu sous le nom de mischio di Serravezza, à base argi- loïde rougeâtre, pétrie d’amphibole aciculaire, et à portions grenues blanches et à enduits talqueux. M. Hoffmann trouve que M. Savi a raisQn d’v voir une alté- ration produite par un filon de wacke ferrifère (Voy. /. de Géologie, vol. II , p. 255 ). Cette dernière pénétrerait en ré- seaux dans le marbre, qui , vers son toit, devient gris (bardi- glio fiorito), et est couvert de micaschiste passant au schiste argileux, ce dernier supportant des grès micacés apennins à bancs de calcaire. Mais bientôt on aperçoit , dans ce dépôt se- condaire , du quarzite micacé et des espèces d’ardoises, enfin des talcschistes et des micaschistes. Des petits filons de galène, de RÉSUME DES PROGRES 5 1 8 blende, de pyrites, d’antimoine sulfuré, de fer oligiste, et des filons de fer oxidé, oligiste et oxidulé, se trouvent dans ces ro- ches schisteuses. Une formation calcaire occupe en outre la plus grande par- tie des Alpes apuennes, et s’étend du S. E. au N.*0. , depuis Camajore , par Pania-del-Croee et la chaîne de Tamburra à Verruchia et Ugliancaldo. Ce dépôt se place en général sur la formation schisteuse et entre elle et le grès secondaire récent des Apennins. Néanmoins , sur ïe côté S. -O. des montagnes de Tambura, le calcaire plonge sous le gneiss : M. Hoffmann croit qu’il y a un renversement dans cette localité. En passant des couches inférieures du grès apennin au cal- caire en question, on remarque des couches ferrugineuses, des lits calcaires à petits filons de quarz et à nids de jaspe ou silex corné : c’est le galestro de M. Savi. Au-dessous viennent des corgneules , puis du marbre ou des calcaires compactes, foncés et stratiformes. C’est dans ces derniers que M. Guidoni a dé- couvert beaucoup de fossiles secondaires, tels que des huîtres, des peignes, des teilines, des corbules, des avicoles, des térébra- tuîes , des turiitelles , des cariophvllies , et même des écailles de poissons. Après cela, vient du calcaire carié ou caverneux , non stratifié, et en partie dolomitique; puis du marbre, et, au- dessous, des micaschistes et des talcscliis tes. Cette coupe sur la Tecchia se revoit sur la Brugianaet dans les vallées transversales de Carrare, avec tous ces détails par rapport aux pétrifications et à la succession des roches. On y observe de plus le talcschiste alterner avec le marbre sta- tuaire, avant d’arriver à la masse principale du calcaire grenu, c^ui est séparé des schistes et des gneiss sous-jacens par une masse de dolomie. En traversant la chaîne de Tambura , on peut voir encore les mêmes faits avec des accidens intéressans , tels que la pro- duction du cipolin, le mélange du marbre et de la dolomie en petits filons, des portions schisteuses à fer oxidé rouge com- pacte, et de mischio di Serras? ezza } des calcaires gris à turri- telies et favosites. Sur le côte N. -O. de la même chaîne, il y a un filon de feldspath lamelleux blanc oudecaolin, prèsd’Ajoia, à côté du calcaire foncé à veines spathiques et du quarz; le feldspath traverse même du talcschiste subordonné au calcaire, et forme dans ce dernier des petits filets parallèles , comme la siénite au contact du calcaire de Glentilt, en Ecosse. Les Alpes apuennes sont entourées et enveloppées de grès DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 835. apennin à fucoïdesou de grès vert crétacé; mais il s’établit, au moyen du galestro , une liaison intime entre ce dépôt et les roches cristallines de ces montagnes. M. Hoffmann croit qu’en Sicile et même en Italie il y a un passage du grès apennin au sol tertiaire, et que les Alpes apuennes sont des altérations d’un calcaire jurassique ou des masses inférieures du grès des Apennins. Comme MM. Mar- zari, Savi , Parelo, de Beaumont et moi , il admet donc, dans le sol secondaire, des talcschistes, des micaschistes, et des gneiss, et recherche leur nature originaire dans des couches appartenant à l’époque jurassique ou keupérienne. En Italie, de pareilles transformations existeraient dans cinq groupes de montagnes ; savoir : dans le promontoire d’Argentaro, les monts de Cam- piglia, les monts Pisani, et autour du golfe de la Spezia. D’après M. Hoffmann , le granité serait lié à ces altérations, admises seulement par les géologues de l’école moderne. Or, si cette roche ne se montre pas en Italie (à l’exception peut- être du voisinage de Campiglia ), elle s’élève en hautes mon- tagnes dans l’île d’Elbe, et y pénètre réellement dans les mas- ses calcaires inférieures du grès des Apennins, en les changeant aussi en marbres. Il devient même probable que les gneiss, les micaschistes, les talcschistes, et les marbres de la Sicile, avec leurs granités, ne sont que la contre-épreuve des roches sem- blables de l’Italie; ce qui expliquerait peut-être les superposi- tions singulières que M. Prévost prétend y avoir observées. L’euphotide a produit en petit des effets semblables, et est ac- compagnée de galestro, etc. , comme par exemple sur le Ser- chio, entre Poggio et Piazza ( Archiv, f. Miner., vol. VI, p. 229). Toscane . — M. Savi distingue, en Toscane, trois grands groupes de roches, savoir : i° Yarenaria macigno , le grès apennin à fucoïdes correspondant au grès vert, et passant in- sensiblement au calcaire compacte, son albarèse . À la partie inférieure, et peu au dessus de la grande masse calcaire, on rencontre des grès et des poudingues très calcaires avec des nummulites, des nodosaires, des discorbites, des saracénaires, des rotalites et des lenticulites ( Scandicci , près de Florence, Loppora, Selvena*, Diecimo , etc. ). Des hamites ont été dé- couvertes dans le calcaire compacte, alternant avec le maci- gno de Miclieli. 20 Le calcaire alternant avec des lits d’argile et de marne schisteuse et de schiste calcaire. Ces roches, çà et là altérées par la voie ignée, et alors rouges et contournées^ présentent 5so RÉSUMÉ DES PROGRES divers fossiles, suivant qu’on examine les assises supérieures ou inférieures. Dans les parties rouges, des ammonites s’asso- cient aux orthocères (Montieri, Caldana, Carrare, Spezia, etc.). Dans les masses inférieures, abondent les bivalves, les zoo- pliytes, et quelques univalves (îles de Tino, de Palmaria, Tec- chia , Carrare, Monti-Pisani , etc. (Yoy. Résumé pour i 83ql , p. xlv). 3° heverrucano, ou un assemblage de grès siliceux, alternant avec des ardoises silico-magnésiennes, comme à Cucigliana et Buti, dans lesMonti-Pisani, etc. Dans ces dernières montagnes, le verrucano est séparé du dépôt calcaire supérieur; mais dans les Alpes apuennes, des alternatives établissent une liaison entre eux. Ce verrucano passe souvent au stéaschiste nodulaire et granitôïde , ainsi qu’au gneiss talqueux ( M. Altissimo , etc.). Ce sont là les roches les plus anciennes de presque tous les Apennins : il n’y voit, comme moi , que diverses modifications des roches secondaires récentes, et revient sur la production plutonique des dolomies, des corgneules et des gypses (Yoy. Résumé pour i833, p. xliv ). M. Savi donne plus loin des coupes des Monti-Pisani , pour montrer la ligne de soulèvement placée dans la vallée, d’où sort la Zambra di Calci, l’élévation éprouvée par son verrucano , et les modifications exercées au moyen des vapeurs et des eaux : ces dernières auraient formé, par des infiltrations, tous ces pe- tits filons spathiques des roches secondaires , qui auraient été auparavant fendillées par suite de forces souterraines. Les produits plutoniquesdeces montagnes sont un filon de fer oligiste, à Saint- Antonio, et des filons de pyrite. Dans le premier lieu, le verrucano est converti au contact des filons, plus ou moins, en tripoli. Dansles Alpes apuennes, M. Savi reconnaît des centres de soulèvement danslesmonts deScravezzino etles hau- teurs de Massetano. Dans un de ces points (lava]îée duFrigido, l’Alpe deGrundicci, le Pizzo d’Uccello, etc.) les gneiss inclinés viennent se placer, d’un côté, sous des stéaschistes recouverts par du calcaire compacte à masses de calcaire modifié; et, plus loin, vient le macigno, tandis que de Pautre ils sont en contact avec des calcaires plutonisés, qui passent insensiblement au calcaire compacte, et sont aussi couverts de macigno à culots de serpentine , et inclinant dans un sens opposé. Dans l’autre point de redressement, à Sassalbo et l’Aîpe de Camporaghena, le macigno est simplement interrompu par du gypse; des dé- pôts ferrifères (filons de ferôxidulé et oligiste), pénètrent dans le stéaschiste 7 couvert de macigno incliné. DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 835, Stl M. Savi revient ensuite sur les cirques escarpés de calcaire grenu, blanc, àResceto, au Polle-del-Frigido, au Monte- Altis- simo, etc. M. Savi y voit des laves calcaires ayant fait éruption, étayant occasioné le soulèvement des stéaschistes , du calcaire stratifié, et du grès apennin à fucoïdes. Cinq coupes coloriées servent à mieux faire comprendre toute la nouveauté des vues de M. Savi ; idées qui , quoique extraordinaires, méritent une sérieuse attention de la part de ceux du moins qui recher- chent la vérité sans système, ou plutôt qui ne voient dans chaque théorie quJune nouvelle voie pour approcher de la vé- rité ( Naovo Giorn. deLetter., n° 70). Une description des environs de la Spezia , par M. de La Bêche , a paru dans les Mémoires de la Société géologique de France ( vol. I , part. 1). M. Savi a fait à cet égard quelques observations d’après lesquelles il trouve qu’on ne peut pas sé- parer les dolomies d’avec les calcaires compactes coquilliers ( Nuovo Giorn . de Letterati y n0rji ). M. Ridolfi a décrit quelques mines des maremmes de Vol- terre; savoir : des mines d’alun à Montioçi, celles d’albâtre de Castellino, celles de marbre de Campiglia, et celles de cuivre sulfuré et oxidulé, en nids et filons à Monte-Catini et Monte- Castelli. A Monte-Catini , ce dépôt est au milieu d’une argile schisteuse, avec du mica, du talc, de la serpentine , du feld- spath, et du spath calcaire : il repose sur l’euphotide, et est intercalé entre cette roche et le schiste argileux. Le gîte de Monte-Castelli est semblable ( Giornale agrar. toscan . i832? vol. YI, p. 480). Une relation de l’état actuel des mines dy argent de Pietra - Santa a été publiée à Florence ( Relazione sullo stato, etc. i832, in-8°). Ile d’Elbe. — M. Paul Savi a fait précéder la publication de la carte géologique de Vile d’Elbe d'une esquisse géognostique générale y accompagnée de six coupes. Cette île est presque entièrement composée de macigno ou grès apennin à fucoïdes, reposant, par l’intermédiaire d’assises calcaires, sur ce qu’il appelle le verrucano. Ce dernier dépôt, formé de couches cou- rant de l’ouest à l’est, constitue toute la côte orientale depuis Capo-di-Pero à Capo-Calamita , et au mont Calamita. Les schistes y passent à des schistes luisans, à des ardoises, et enfin à une espèce de gneiss. Sur ce terrain gît un dépôt calcaire qui se rencontre dans beaucoup de lieux (Porto-Ferrajo, etc.) : c’est une roche com» Soc, gèoL Tome Y* 2* RÉSUMÉ DES PROGRES pacte, grisclé fumée, alternantavec des argiles schisteuses. Elle est souvent modifiée, étant alors à petits grains, rougeâtre et imagée de vert et blanc (Scoglietto, etc.). Il y a des petits filons de calcaire et de spath magnésien. Ailleurs , elle est convertie en un calcaire caverneux ( rniniera di Rio ) ou saccharoïde (monts Fico et Arco ), ou même en un cipoün ( Cannelle ). Le grès secondaire dès Apennins recouvre ce calcaire parti- culier; il s’y lie par alternance, et est souvent modifié. Les jaspes y abondent. Il n’y a point de roches tertiaires dans l’île d’Elbe, mais des alluvions, telles que des poudingues calcaires à fragmens de feldspath ( Ghiaje), et des aggrégats tufacés ( Scalieri , Capo-alle-Viti ). Ces derniers , quoique au-dessus du ni- veau des eaux, sont tout-à-fait semblables à ceux qui se forment encore actuellement sur les rivages toscans, par l’ag- glutination de sables et de débris de coquilles. M. Savi s’expli- que cette différence de hauteur par l’observation faite à Cal- dana,sous Campiglia, près de Livourne, etc., que de semblables roches se produisent sur la terre-ferme au moyen des sources incrustantes. Les dépôts platoniques de l’île d’Elbe comprennent des amas de fer oxidulé et oligiste, des nids d’amphibole et de jénite> des roches serpentineuses, des ophiolithes, des roches dialla- giques et granitoïdes. M. Savi distingue trois gîtes de fer dans î’île : les gros filons de fer oxidulé, injecté au milieu des roches neptunien- nes ; les petits filons de fer oligiste, sublimé dans ces roches; et le fer oxide ou hydraté , produit secondaire de l’action de l’eau, de l’air, et des acides. La première espèce de gîte n’existe que dans son dépôt de verrucano, et y forme la fameuse mine de Rio ; le verrucano y est très altéré , les schistes quarzeux y sont convertis en schistes chlori tiques. Il y a encore des roches ferrifères sem- blables entre Langone et Capo-Bianco, près de Capo-di-Pero et de Terra-Nera. Le filon de fer oxidulé de Punta-Nera, dans le mont Calamita, s’élève au contact du calcaire et du verrucano . L’injection du fer a été accompagnée de la production du granité, d’une espèce de grunstein, et de roches serpentineuses. Le jénite, l’amphibole, l’asbeste, les sulfates de fer, de cuivre, et de plomb, le quarz cristallisé, le grenat ferrugineux, le gypse, et des marnes bigarrées , forment les parties concomitantes et jnélangées de ces accidens d’éruptions ignées. M* Savi regardé 525 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l85â. le jénite et l’amphibole comme le résultat de la combinaison des parties métalliques avec une portion des matières des ro- ches neptunienncs. Les serpentines et les euphotides sont au milieu du calcaire ou du terrain de grès apennin ( Garfiignana , Fivizzana). Elles ont rempli l'espace séparan t les hauteurs de grès apennin d’avec les montagnes de Riese composée de calcaire et de verrucano. On les trouve encore dans le golfe délia Stella, à Porto-Ferrajo, àSan-Pietro-in-Campo,danslegolfedePracchio,versPatresi,etc. Les roches granitoïdes abondent dans l’île d’Elbe, et présen- tent beaucoup de minéraux. A Porto-Ferrajo, le mont Saint- Hilaire est un feldspath compacte à amphibole. A Enfola, Seccheto, et Omo, il y a un véritable porphyre. A Caubbio, il y a des roches semblables à tourmalines. A SamPietro-in- Campo, ces dernières renferment des géodes de feldspath, de tourmaline, d’aigue-marine, de mica, de quarz, de grenat, de lépidolithe , etc. Ces roches sont en filons dans le sol secondaire; elles conver- tissent le verrucano en gneiss au Capo-San-Giovanni, vis-à-vis de Lugone, dans ce dernier lieu même, au fort de Focardo, et à Spartaja. Au cap Galamita, le granité traverse le verrucano , et pé- nètre dans le calcaire, qu’il change à Pasto-de-Cavoli , en dolomie à grammatite. Le granité est dans le macigno dans divers lieux , et il pénètre même en filons dans la serpentine. Ce fait se voit à Marina-di-Marciano , et surtout à San-Pietro- in-Campo ; la roche y est schorlifère , et enveloppe des frag- mens de serpentine, qui est convertie en nacrite. A Calcinajo, on a un gisement semblable , accompagné de quarz résinité ( Nuov . Giorn . de Letterati, n° 71). Etats-Romains.— M. Texier a donné une note sur la geolo gie des sept collines de Rome . ( Voyez Bull . v. III , p. 264* ) Royaume de Naples. — Dans les six premiers numéros du Spettatore del Vesuvio , MM. F. Cassola et L. Pilla donnent le récit de huit excursions au Yésuve , faites les 5 juillet, le 1 , 9 et 16 août, le 17 octobre , les 9 et 23 décembre i832 et le 12 février 1 833 . Ils rapportent soigneusement les apparences pré- sentées chaque fois par le volcan, examinent les laves qui en ont coulé, les matières rejetées, les substances salines déposées, et les substances volatiles ou gazeuses qui en sont émanées; enfin ils ajoutent des tableaux des phénomènes météorologiques, lors des époques d'éruption, C'est donc un travail qui, s’il RESUME DES PROGRES 524 était suivi long- temps , serait fort utile, et sous ce rapport, ce journal, au prix de 16 francs par an pour l’étranger, mérite bien d’être encouragé. Dans l’excursion du 5 juillet i832 ils ont observé au Vésuve les substances salines suivantes : les chlorures de potassium, de magnésie et de chaux, et une trace de soude ( n° i ) j dans celle du 23 décembre , mois où il avait eu une érùption , ils ont trouvé en outre du chlorure de cuivre, de fer , de sodium , de manganèse , de l’oxide de fer , et une trace d’un silicate (fasc. i, n° 3). Enfin, dans la course du 12 janvier i833 ils ont reconnu du soufre , du fer oxidulé titanifère, du chlo- rure de sodium, de potassium, de chaux, et de fer, et du sulfate de chaux hydratée (fasc. 2 , n° 1-2). Quant aux autres corps gazeux, le 5 juillet i832 ils y ont constaté la présence des acides liydrochlorique , sulfureux et carbonique , ainsi que celle de l’hydrogène sulfuré ( fasc. i,n° 1); le 23 décembre, ainsi que le 12 janvier 1 833 , ils ont trouvé des vapeurs aqueuses , des chlorures de sodium , de potassium , de fer, de cuivre, et les mêmes acides (fasc. 1, n° 3, et fasc. 2. n° 1). M. Léopold Pilla a adressé à l’académie des sciences de Paris un exposé des phénomènes observés dans le cratère du Vésuve , pendant V éruption de 1 8 3 3 . Calabre. — M. Hugi a visité la Calabre, et en particulier le mont appelé Serra-di-Buda , près d’Àcri. Ce cône est tronqué au sommet, et offre à sa cime une petite plaine circulaire de 5o pieds de diamètre Cette montagne a brûlé, il y a 3 à 4°o ans, mais cela n’a duré que quelques jours, grâces à l’inter- i vention bénévole du saint Angélus abÀcri,morl cependant seu- 1 lementen 1739; mais, ajoute M. l’abbé Hugi, les moines du lieu if se tirent de cette difficulté en disant ante conceptionem^suam per miraculum hoc fecity d’ailleurs on n’v regarde pas de si près pour un personnage qui a ressuscité des pigeons rôtis, qui^ a volé par-dessus une rivière, etc. Bref, le mont d’Acri est devenu le but d’un pèlerinage. Il est composé de granité, de gneiss, et de micaschite $ vers le sommet le granité prend l’aspect d’une lave comme celles du Vésuve ou de l'Etna. On y trouve des passages d’une de ces roches à l’autre. Au milieu de la petite cime aplatie du cône, s’élève une masse de granite-gneiss, sans traces d’altération (Isis, cah. 7 , i833 , p. 5Q3J. Iles de Lipari. — Une intéressante lettre de M. F. Hoff- mann àM. de Buch sur la Constitution géognostique des îles de Lipari , a été publiée dans les Annales de physique de M, Poggen- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l833, 3*5 dorf, et tirée ensuite à part (Leipzig, 183*2,, 8° à 4 pl. découpés). Ces îles ne se rattachent ni au système de l’Etna ni à celui du Vésuve , mais elles semblent être en rapport les unes avec les autres. L’île de Stromboli est un cône à cratère formé d'alter- nats de coulées de lave trachv tique et d’agglomérats inclinés sous 25 à 3o°, et coupés par des filons de la même lave, de manière que le tout rappelle assez bien les alternatives arénacées du Thuringerwald. Le nouveaucône d’éruption remplit l’intérieur de l’ancien cratère. Le rocher de Basiluzzo a 3oo pieds d’élévation, et est une masse d’argiloîite bleue ou rouge, couverte de petits fragmens de ponces. L’îlot de Panaria est aussi un rocher non stratifié de porphyre trachytique, quelquefois à enduits siliceux. A Caîa-Piccola il y a des blocs de réduite. L’île de Lipari se divise en trois parties, celle du sud, dominée par le mont Guardia, celle du nord, où se trouveîe cône S. -An - gelo , et celle de l’est ou de la montagne escarpée appelée Monte di tre Pecore, avec le mont Campo. Un amas de couches horizontales de tufa forme le centre de l’îlejces masses se relè- vent autour del’ancien cône d’éruption du mont San-Ange, et con- tiennent quelquefois des impressions de feuilles de dicotylédons et de palmiers voisins du Chamærops et duDattier. Dolomieu se serait trompé en y citant des algues marines. La présence de ces végétaux ne décide pas la question de l’origine terrestre ou sous-marine du tufa, car à Pausiîippeun tufaà huîtres, peignes, pectoncles , cardium , etc. , renferme des impressions de fou- gères et d’autres plantes terrestres. Des bancs de lave feldspathique alternent avec les tufas, et dans la partie supérieure du mont S. -Ange il y a encore les restes de deux coulées semblables. Naturellement les éro- sions postérieures ont produit des apparences , qui rappel- lent tout-à-fait les contrées volcaniques démantelées de l’Allemagne, telles que des collines de tufa avec un chapiteau délavé horizontale^ des surfaces de coulées à gros blocs, etc. Entre la grotte de San-Calogero et la vallée de Muria, les nom- breuses gorges présentent les traces de fumaroles, qui ont dé- posé des incrustations siliceuses ou sublimé du fer oligiste. Un autre phénomène lié à ces vapeurs pénétrant partout , c’est la formation du gypse qu’elle ont distribué en veinules dans cer- tains tufas, à la manière de celles des marnes du keuper ou du grès bigarré. Les deux autres districts de l’île de Lipari sont formés par Zî6 RÉSUME DES PROGRES des agglomérats d’obsidienne et de ponce. Le Monte Guardia n’offre pas de cratère distinct à son sommet; mais sur son côté nord la fossa délia Valledel Monte est un véritable cratère. Dans ces alentours, l’auteur a eu l’occasion de remarquer des passages du g^ès feldspatbique, et des brèches à l’argilolite et aux laves feldspathiques , apparences fort curieuses par leur analogie avec celles de certains dépôts porphyriques secondaires. Le Monte Campo-Bianco a un cratère d’un demi-mille de circonférence et de 5oo pieds de profondeur, ainsi qu’une grande coulée de lave feldspatbique. L’îlede Lipari offre donc une série continue de cratères d’é- ruption; les tufas en partie pyroxéniques, et les laves porphyri- ques y sont les produits volcaniques les plus anciens, et ont été suivies par des dépôts feldspathiques et ponceux. À Vulcano , le cône récent d’éruption est situé dans l’ancien cratère , à peu près comme le Vésuve est entouré par la Somma; des ponces et des verres volcaniques caractérisent le cône, tandis que des porphyres trachytiques forment les masses du cratère ancien. Vuicanello est le dernier cône d’éruption de Vulcano, et l’ile deSalines’élevantàSôoo pieds, est un amas de tufa et de bancs de laves à pyroxène avec deux cônes cratérifprmes démante- lés , et des filons de laves. Dans les agglomérats ponceux , Fauteur a reconnu des cailloux de granité. L’île de Felicudi est un cône de 2853 pieds de hauteur; ce sont encore des tufas et des bancs délavé feldspatbique. Àlicudi s’élève à 1 407 pieds, porte les traces d’un cratère, et offre du phonolite parmi les laves feldspathiques. Enfin , l’île d’Us- tica est formée par la réunion de deux grands cratères à demi- éboulés. M. Hoffmann y a reconnu des laves porphyriques pyroxéniques, de l’olivine et des coquilles marines dans cer- tains tufas ; il a vérifié aussi l’assertion de M. Gussone relative- ment à l’existence d’un agglomérat calcaire à fragmens volca- niques et à coquilles marines. Cette roche, placée quelquefois à plus de ioo pieds sur la mer indique que l’île ou quelques unes de ses parties ont été soulevées fort récemment , car les coquillages sont ceux de la mer Méditerranée. Le groupe des îles de Lipari, de Panaria, de Basiluzzo et les rochers voisins, sont probablement les restes d’un grand vol- can central. Des forces volcaniques auraient fendillé et dé- mantelé ce volcan d’explosion pour se faire jour sur ses flancs ainsi déchirés. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833. Zvj Les îles de Saline, de Felicudi et d’Alicudi d’un côté , et les îles de Lipari et de Yulcano de l’autre , semblent placées sur deux fentes volcaniques partant de ce centre , et dirigées, l’une de O.-S.-O. à E.-N.-E., et l’autre presque du N.-N.-E. au S. -S. -O. Stromboli reste isolé à F extrémité N.-E. de la ren- contre de ces deux lignes; néanmoins elle semble encore se rattacher au volcan central par une fente courant du S. -O. au N.-E. Ainsi , les îles de Lipari formeraient un type intermé- diaire entre les volcans centraux et les volcans disposés en lignes. Sicile. — M. Ch. Gemellaro a donné des détails su le sol de Catane et ses environs ( Atti del Acead. Gioen • d. Sc, nat. di Catania, vol. VI, p. i33). Au nord et à Foues^ de la plaine de Catane, on trouve des collines argileuses tertiaires, quelquefois coquillières, qui sont en partie cou- vertes de laves, ou qui sont en liaison avec des éminences pro- venant de coulées de laves et de couches de tufas. Au midi , la mer vient battre un rivage de masses volcaniques ou de laves; et, à l’est, il y a surtout des coulées. M. Gemellaro signale aux géologues les rochers de Fasano, composés de couches hori- zontales de tufa volcanique et d’argile calcaire à impressions végétales , dont les plus distinctes ont quelque ressemblance à des restes de myrthe. Le même auteur a parlé aussi d’une massé de lave de l’Etna, rongée par les eaux de la mer. Il conclut que les forces destruc- tives de l’eau sont surtout mécaniques , quoiqu’elles dissolvent aussi lentement les laves. L’agent principal de cette action est le muriate de soude, dont l’acide agit sur les terres, et la soude, sur la silice. Plus les laves sont siliceuses , plus elles sont facile- ment décomposées; et les laves, en perdant leur pyroxène et leur péridot, deviennent poreuses et légères. M. Gemellaro cherche même à rattacher à l’action du muriate de soude, sur les laves, la production de la silice gélatineuse observée à Pan- tellaria, par le comte Beffa {Idem, p. 71). M. C. Gemellaro a lu à l’Académie de Catane un Mémoire sur la géologie de la partie sud delà vallée de Messine, où on voit se succéder le gneiss, le micaschiste de Scalette, le schiste argileux , la grauwacke , et le calcaire de transition d’Ali ; le terrain anthraxifère de Limina et d’Alessio; les poudingues d’Ali, d’Alessio, de Latojouni , et de Giardini ; la formation jurassique (?) de Taormine ; le calcaire tertiaire de Caltabiano, et le terrain volcanique de l’Etna. Nous devons attendre avec impatience la publication de RÉSUMÉ DES PROGRES 3*8 toutes les Observations de M. F. Hoffmann ( Yoy. Bull., vol. III, p. 170), ainsi que celles de M. Prévost. Ile de Pantellaria. — M. le duc de Buckingham , accom- pagné de M. Donati , a visité en 1828 File de Pantellaria , et en a donné une courte description. Au centre de Fîle s’élève , à 3,5oo pieds sur la mer, le cône tronqué, appelé il Bosco, vers le sommet duquel sont des fumaroles sortant de dessous un courant trachytique à fer oligiste. À l’extrémité S. -E. de l’iie est une autre éminence tronquée, le Codia-di-Scaviri-Supra , s’élevant à 5oo pieds. Il v a des coulées de lave semi -vitreuse, et des fumaroles ont existé, à dif- férentes époques, dans ce cratère. La lithomarge, le hyalite, la calcédoine , sont des produits des laves feldspathiques de ces lieux, et y ont été déposés sans doute par les eaux thermales. Dans la partie occidentale de l’île, il y a un grand cratère presque rempli de lave trachytique prismée. Au pied d’un autre cône à cratère, au-dessus du Baguo, il y a des eaux chaudes acidulées, et des laves vitreuses. Le mont Arca-delîa-Zélia est un cinquième cône volcanique à restes de cratère , et à trachyte en partie perlitique. Le Monte-Saterno, et d’autres buttes, sont aussi volcaniques. Quant aux rivages de l’île, ils sont formés d’alternats de lave, mêlée de brèches, formées de débris de scories, de ponces, et de pouzzolane. La côte S.- O. est composée de lave trachytique passant à l’obsidienne. Au N.-E., il y a une baie à laves de di- verses espèces. Les ponces, les scories, les sables et des fragmens de lave et d’obsidienne, couvrent les espaces entre les coulées de l’île. A la Codia-di-Scaviri-Supra, il y a de grandes masses de do- lérite, et quelques morceaux de granité parfait. Toutes les eaux de cette île fertile sont sulfureuses. L’auteur signale en- core un fait curieux, c’est la coïncidence d’un choc de trem- blement de terre et d’un vent très chaud qui a eu lieu à Pantellaria, en même temps que le Vésuve jetait des flammes, et que l’île d’ischia était ébranlée [Report of the brit. assoc. 1 833, p. 585 ). § xiv. Espagne . M. le capitaine S. E. Cook vient de publier des esquisses sur l’Espagne, faites pendant les années 1829 à i83a ( Sketclies m Spain, i834. Paris, 2 vol. in-8°). Dans la partie d’histoire na- turelle, on remarque , outre des notices sur les marbres et les ms SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l853. 3*9 mines , un Coup -ci* œil géologique sur la totalité de ce beau pays (vol. II, p. 288 à 336). Le centre de l’Espagne est traversé par une chaîne primaire élevée, qui sépare les Castilles, et s’étend vers le Portugal. Elle passe, à l’est, sous les formations secondaire^, en partie arénacées, qui forment les plateaux du district de Soria, dans la Vieille-Castille, et qui sont la continuation des hauteurs en- tre Madrid et Sarragosse. Cette dernière chaîne a une hauteur considérable , à en juger depuis Talavera-de-la-Reyna , Somo- Sierra, ou les montagnes de Guadarrama. Quoique considérée comme l’épine dorsale de l’Espagne , elle ne porte pas de nom propre. Les formations des deux Castilles sont partagées par cette barrière dans leur partie occidentale. Dans la Nouvelle- Castille, le pied de la chaîne, vis-à-vis de Madrid , est surtout graniti- que ; et plus haut, viennent des détritus de roches anciennes et les marnes gvpsifères de Madrid , avec le dépôt superficiel de magnésite, et des amas d’ossemens de grands animaux. En allant de Madrid à Cuenca par Tarancon , du calcaire blanc horizontal s’associe aux marnes gvpseuses, à Arganda, et couvre les hauteurs de Péraîes, de Villarejo et Tarancon. De làà la Sierra-de-Cuenca, on rencontre une butte de gypse, puis des grès qui semblent la supporter, et qui disparaissent avant d’at- teindre la crête qui sépare les eaux du Xucar de celles du Tage. Cette dernière est composée de grès rouge horizontal, sc prolongeant jusque vers Cuenca, où il est recouvert par le cal- caire qui forme Ta Sierra-de-Cuenca et les escarpemeus de Cuenca à Priego. De ce dernier lieu à Guadalaxara par Sacedon , dominent de nouveau les marnes bigarrées et rouges, dépendance du grès rouge. Le Guadiela , branche occidentale du Tage , y a creusé son lit ÿ les vallées y sont très fertiles , et les cimes des collines sont couronnées par le même calcaire blanc , en couches hori- zontales. Ces dépôts s’étendent de Priego, à travers l’Alcarria , dans la province de Guadalaxara , et à l’est , jusqu’à Stera , ou ils paraissent reposer sur les grès de l’arête de partage des eaux de l’Ebre et du Tage. Cette longue ligne n’est interrompue qu’à Sacedon, par une masse d’un calcaire secondaire, semblable à celui de Cuenca : il forme une chaîne assez haute, qui est coupée par le Tage. Le grès de la partie nord du Guadalaxara repose probablement sur le sol primaire , en-deçà de la plaine, et existe peut-être HÉSÜMé DES PROGRES 53 O dans le district de Cogolludo, renommé pour ses térébratules. La marne rouge constitue le sol de la plaine fertile de Gua- dalaxara, près d’Alcaîa*de-Hénarés, et est remplacée, vers Ma- drid, par des argiles blanches gypsifères. A Colmenaz, non loin d’Aranjuez, il y a du calcaire blanc, employé dans l'architec- ture. Il couvre un espace triangulaire , dont un des sommets est près de Priego, à 220 milles de Madrid ; il est en couches horizontales sur la marne du grès rouge, qui plonge sous le côté nord de la Sierra-de-Cuenca. Ce dépôt diffère de celui qui forme cette dernière chaîne et des autres calcaires de l’Espa- gne ; en ayant tous les caractères d’un vaste dépôt lacustre formé après le soulèvement de la chaîne de la Sierra-de-Cuenca. Il couvre tout le terrain entre la Sierra et les montagnes pri- maires de Guadarrama. Géographiquement, ce dépôt occupe une place semblable à certaines couches marines et fluviatiles, qui, dans la Vieille-Castille, se trouvent entre la chaîne secon- daire, ou la partie nord du grand plateau et la chaîne centrale primaire. Il y aurait donc eu là des lacs et des mers, séparés par les montagnes actuelles. Sur le versant nord, la Sierra-de-Cuenca n’est qu’un gradin élevé du plateau de la Castille. Le grès y alterne, dit-on, avec du calcaire , ou y supporte ce dernier. Près de Cuenca , on a trouvé des orthocères. En se portant de Madrid à travers l’Estramadure, les marnes gypseuses d’Aranjuez forment encore la contrée d’Ocana. Le calcaire marneux constitue le pays entre les deux routes de la Manche, dans la direction d’Albacète à Valdepenas. Plus loin, la chaîne primaire de la Sierra-Morena sépare ce district de l’Andalousie. A Valdepenas même , le calcaire couvre le schiste primaire, et il y a un petit lambeau coquillier secondaire ou tertiaire. En descendant le Tage depuis Aranjuez , on entre dans les roches primaires centrales. A Tolède, le sol est granitique; à Puente-de-Almaraz, les schistes verticaux courent nord et sud ; à Puerto-de-Miravete, régnent les quarzi tes; à T ruxillo, le grani- té, etc. La plus grande partie de l’Estramadure, depuis le Tage à la Sierra-Morena, paraît être un sol primaire couvert d’allu- vions. AMerida, il y a du diorite; à Badajoz, du calcaire grenu; et entre cette forteresse et Séville , la Sierra-Morena est com- posée de schistes, de calcaire saccharoïde, de roches amphibo- liques, etc. Quant à la Vieille- Castille, la portion supérieure f sur la DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. 33 1 droite de l’Ebre, est formée par le grès recouvrant la chaîne centrale primaire, et lié à la formation semblable de la rive droite de l’Ebre eu Aragon. Près de Burgos , il y a du grès et du calcaire, qui sont en rapport avec le dépôt calcaire de Pon- corbo et les hauteurs de Soria. À la citadelle de Burgos, le cal- caire est couvert par un dépôt plus récent à coquilles marines. Entre cette Ville et Yalladolid, il y a des couches horizontales semblables, dans lesquelles a été excavée la vallée de Pisuerga.  Valladolid, les argiles et les sables sont couverts d’agglomérats; et ces matières de transport s’étendent sur la pente de la chaîne centrale, qui sépare cette contrée de la Nouvelle-Castille. À Lerma , il y a un dépôt de calcaire lacustre blanc, sembla- ble à celui de cette dernière province. Toute la partie basse de la Vieille-Castille, entre Valladolid, Ben e vente et Léon , n’est qu’une masse continue (tertiaire?) d’argile , de graviers, et de sables qui reposent sur la chaîne des Asturies. M. Cook a observé des fragmens de calcaire à orthocères et à nummuiites, sur la route de Léon. Tout ce pays n’offre pas les marnes gypsifères de la Nouvelle-Castille; le soi est sableux, et c’est surtout le cas vers Salamanque. Cotes du Nord . — Depuis les Pyrénées, une série non inter- rompue d’alternajs de grès et de calcaire à métaux et combus- tibles se prolonge dans les Asturies, parallèlement à la ligne de la côte. C’est , en un mot, un prolongement des Pyrénées se- condaires. Ainsi, le calcaire à nummuiites existe à Riba-de-Cella, entre Santander et Gijon. A l’ouest de Riba , il forme des montagnes escarpées , suivies de grès à lits minces de calcaire; dépôt qui couvre toute la contrée d’Oviedo depuis la chaîne centrale intérieure jusqu’au cap Penas. C’est cette formation qui recèle les couches et les mines de houille, au milieu de grès et d’agglomérats fort inclinés. Le Nalon les coupe, et expose les houilles sur une étendue de qua- tre lieues. M. Cook suppose qu’il y a, dans la partie occidentale des Asturies, vers le sol priqiaire, un autre dépôt houiller plus ancien et tout- à -fait différent de celui du calcaire charbonneux de Viüoria et d’Oyarsun. Quant à 1 ’ Aragon , la route de Madrid à Sarragosse laisse voir du calcaire horizontal , placé sur des marnes rouges , et suivi de grès, etc,, s’étendant vers Ariza. Près de là, en suivant le Xalon, il y a, près d’Alhama, des indications d’un axe de RÉSUMÉ DES PROGRES 53* schistes verticaux, qui se prolongerait dans les montagnes de Sierra de Moncayo, près de l’Ebre, sur la frontière de l’Aragon et de la Vieille-Castille. Il est probable que ces schistes recèlent les mines de cuivre de Molina-de-Aragon , et qu’ils s’étendent au-delà de Cala- tayud, où ils sont couverts de grès rouge, de marnes gypsifères, et d’alluvions • ces dernièrs débris forment le fond de la vallée de l’Ebre et les environs de Sarragosse. Dans l’Aragon et la Catalogne supérieure, il y a des dépôts secondaires calcaires et arénacés, qui se lient à la chaîne cal- caire traversée par l’Ebre à Tortose , arête qui se prolonge depuis là, presque sans interruption, jusqu’à Gibraltar. Espagne méridionale . — Le grand plateau de la Nouvelle- Castille est supporté, au sud, par une grande chaînede calcaire secondaire, dont une partie forme la Sierra-de-Cuenca, et qui constitue la majeure portion des royaumes de Murcie et de Va- lence, en se terminant au cap escarpé de Saint-Martin, à l’ouest de Valence, et à Carthagène. La Sierra-de Segura , entre Baza et Orcera , est une masse non interrompue de calcaire compacte, blanchâtre, ou gris. Son extrémité est couverte, près de Baza, de grès gypsifère et matières de transport, et des collines s’élèvent comme des îlots au milieu de ces dépôts récens. Parmi ces dernières, la Sierra - de-Baza est la plus large, et se prolonge vers la Sierra-Nevada. La chaîne principale secondaire tourne au nord depuis Poco- de Alcon , et produit les hautes cimes blanches de Jaen, en se prolongeant, par la Sierra-de-Loxa, à Antequera, et parla Ser- rania-de-Ronda à Gibraltar. Dans la Sierra-de- Cazorla, un embranchement de la Sierra-de- Segura , le calcaire , est associé avec un schiste stéatiteuxbrun, qui est plus ancien. La pente de la chaîne de Segura est forte vers l’Andalousie ou sur le côté occidental, et plus insensible vers la Murcie , ce qui est l’inverse pour la Sierra-de-Cuenca , à pente rapide au sud, et faible au nord. Au-dessous d’Orcera , le lit du Guadalquivir est granitique ; ce qui est la dernière trace des formations anciennes de la Sierra-Morena. Plus bas sur la même rivière, se montrent les marnes et les grès bigarrés , près de Veas, et le granité en res • sort à Linarès. A Cabriilas, entre Ubeda et Grenadi, il a des montagnes de grès rouge. Après Veas, sur la gauche du Guadalimar, commence une DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. 355 sérié de couches argileuses; elles s’élèvent dans la crête d’Ubeda, qui supporte Bueza, et sont couvertes, à Torre-de-Ubeda, par du calcaire arénacé verdâtre , à caractère lacustre , comme à Alhamaetà Grenade. Quoique séparés par la chaîne secondaire de Jaen , ces deux points auraient été des fonds de lacs d’eau douce. Sous les hauteurs d’Ubeda , vers Lin ares, il y a des marnes blanches et des agglomérats analogues aux marnes gyp- sifères de différentes parties du nord de l’Andalousie. Ces roches recouvrent probablement le grès. A Jaen, elles reposent sur la chaîne secondaire , prolongement de la Sierra-de-Segura , qui se lie à celle de Cabra. Des montagnes élevées et occupant en- viron une largeur de 70 milles, séparent Jaen d’avec Gre- nade. Près de Campillo, il y a de la serpentine, du graphite, et ailleurs, du grunstein, La chaîne secondaire court au nord de la Sierra-Nevada, dont elle est séparée par la formation récente de Grenade, quoiqu’une liaison puisse exister entre ces montagnes, à l’est de la Sierra-de»Elvira, au moyen des marnes et du calcaire se* condaire reposant sur le flanc N.-E. de la chaîne, dans la ligne de Guadix. La formation secondaire s’étend de Jaen à Loxa et Ante- quera , en ayant sur son côté septentrional des marnes et des argiles gypsifères, qui forment les roches de la contrée de Cordoue, d’Ecija, et d’Antequera, localités de sources salées. A Estepa, à l’ouest d^Ecija, il a des calcaires-marbres. Grenade. — Le côté nord delà Sierra Nevada est en grande partie du micaschiste et de la serpentine s’élevant à plus de 10,000 pieds; mais ces roches disparaissent bientôt sous les formations secondaires et récentes. Dans les vallées d’Alpu- Jarras, le calcaire secondaire repose sur des schistes métalli- fères , des grunsteins , du calcaire grenu , etc. La Sierra de Gador est calcaire et renferme des mines de plomb ; c’est un dépôt probablement ancien. La pente nord de la Sierra-Nevada supporte le plateau de Grenade , qui s’élève à environ 2000 pieds sur la mer ; le mi- caschiste forme encore le centre des montagnes ; il s’associe à la serpentine (source du Xenil ) , et est couvert par du calcaire ancien ( Huejar) se terminant à Monachil. Des agglomérats très épais existent à Grenade, et atteignent une hauteur de 3ooo pieds sur le Yega , et sont coupés par le Xenil, le Monachil et leDarro. M. Cook y distingue une masse ancienne, rouge et composée de roches primaires, et une autre RÉSUMÉ DES PROGRÈS 334 formée de fvagmens calcaires, La base de tout le dépôt est une marne rouge, et un agglomérat calcaire. Dans quelques lieux , ces poudingues paraissent avoir été un peu redressés, peut-être par le même événement qui a produit l’écoulement du lac d’Alhama. A une lieue de la terminaison de ce dépôt est la Sierra de- Elvira, composée d’un calcaire secondaire, gris foncé, ammoni- tifère {A. Gori ) , et inclinant au nord. En-deçà de la Yega , il y a près de Grenade des masses d’ar- gile et de sable à gypse etsel, avec coquilles marines(Peignes, etc. àEscurzar). Ce dépôt marin s’élève à 1000 pieds sur la Yega, ouà3ooo pieds sur la mer, et est placé entre la formation lacus- tre d’Alhama et les marnes gypsifères et sahfères de La Mala. Cette formation tertiaire repose sur le grès rouge secondaire, les marnes et les calcaires, qui constituent la Sierra-de-Tejeda, et celle-ci se place sur le micaschiste, qui est un prolongement de la Sierra-Nevada. Sur la route de Motril et d’Alpujarras , on remarque à Pa- duî les restes du dernier lac mis à sec artificiellement. Un dé- filé ouvert conduit de là àla mer, en étant bordé d’un côté parle flanc occidental de la Sierra-Nevada, et de l’autieparles monts schisteux de Tejeda. îl y a beaucoup d’ailuvions. Près de Gre- nade il yaà Yiznar des masses de calcaire marneux , d’où sourdent des sources incrustantes j il y en a de même à Lun- jaron. Au pied de la Sierra de Filabrcs , la continuation orien- tale de la Sierra-Nevada , il y a des buttes de sable et de ma- tières de transport ancien. La ville de Guadix est bâtie sur ce dépôt d’où ressort la Sierra de-Baza , qui le sépare du dépôt lacustre décrit par M. Silvertop. A l’est du bassin de Baza , en- deçà de la Guadiana , il y a du grès gvpsifère. Le terrain aré- nacé s’étendant depuis Grenade à Guadix et Baza , supporte probablement le depot lacustre de Baza, et continue au sud- est , vers Murcie et la vallée de Lorca tandis qu’au sud il s’é- tend jusqu’au delta d’Almanzora. Sur le côté opposé delavallée d’Almanzora . il recouvre la chaîne primaire de la Sierra-de- Macael , où il y a des marbres. Sur la droite de l’Almanzora il forme un pays assez plat, mais vers Murcie il y a des collines, et le terrain arénacé rouge y recèle du gypse et du lignite. Le dépôt de détritus de Grenade peut être suivi de l’em- bouchure de l’Almanzora par Purchena, Baza, Guadix, Grenade, Padul et Tablarte jusqu’à Motril sur b* mer, en DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 855. 555 formant ainsi un cercle autour de la Sierra-Nevada. Une semblable alluvion ancienne borde T Alméria jusqu’à Tabernas, et présente des coupes de plusieurs centaines de pieds de hau- teur. La Sierra de Filabres est peut-être détachée de la chaîne principale , et couverte de dépôts plus récens sur la ligne de Guadix à Alméria. Le micaschiste et le calcaire grenu la com- posent.D’après M. Cook, on ne connaîtrait jusqu'ici de vérita- ble calcaire à nummulites qu’à Valez, à Ilubio et Murcie, et on n’y aurait réuni qu’hypothétiquement d’autres masses. Le territoire de Malaga est formé par du grès rouge à lits de calcaire gris. Il y a des indices de houille dans des grès à 3 lieues à l’ouest. Un schiste compacte bleuâtre forme la base du pays, et ressemble à certaines roches du Montserrat en Catalogne. Sur la route d’Antequera, il y a des roches pri- maires couvertes de grès, de calcaires arénacés et de la craie. A Antequera, il y a du grès rouge ; à Puerto, il y a des préci- pices calcaires reposant sur le grès. Au nord de la Sierra de An- tequera une vaste plaine d’argile salifère recouvre la chaîne secondaire, et s’étend le long du Guadalquivir. A l’ouest de Malaga, en-deçà de laVega , il y a des montagnes de calcaire bleuâtre qui font partie de la Serrania de Ronda , et présentent à leur extrémité occidentale de la serpentine ou du grunstein. Le micaschiste et le calcaire grenu forment le noyau de ces montagnes. A Marbella , où ces roches s’élèvent considérablement, elles sont suivies de grès rouges à lits de cal- caire gris, qui se prolongent jusqu’à la grande plaine de la basse Andalousie. Entre cette zone et la mer Méditerranée se trouve placée la Serrania-de-Ronda , composée de grès et de calcaire secon- daire avec des marnes endurcies, et reposant sur des serpen- tines. Le rocher de Gibraltar est un massif du même calcaire com- pacte secondaire récent, dont je n’ai cessé de parler depuis que j’ai abordé l’ Aragon. Comme ailleurs, cette roche , quelquefois magnésienne ou dolomitique , offre peu de fossiles. Cependant on y trouve des térébratules, une grande coquille turriculée, une patelle et une fissurelle. A la pointe suddu rocher, il y a des indices du voisinage du sol primaire, et près de la pointe d’Europe sont les brèches osseuses. On y a trouvé des os d’oi- seaux^ sur le côté oriental du roc il se trouve une dune de sable, et autour de Saint-Roque un dépôt marin récent. On sait que §36 RÉSUME ©ES PROGRÈS les mêmes dépôts calcaires et arénacés se continuent en Àfriquëj Andalousie inferieure. — De grandes masses d'argile el de marne couvrent la Serrania-de-Ronda , et constituent le ter- ritoire de Xérès , et la plus grande partie de la Basse- Andalou- sie ou sa partie occidentale. Un dépôt arénacé marin existe à Xérès , à Vejer, à Medina-Sidonia et Arcos , et on en extrait des meules comme dans la Ligurie. Ce dépôt a une grande étendue et un niveau élevé ( quel- ques cents pieds). A Carmona , près d’Alcala, il repose sur les marnes bleues à peignes, dépôt fort épais comme à Xérès. La formation marine s’étend fort loin dans ^intérieur le long du Guadalquivir , où elle est couverte d’alluvions. A VillaNueva del Rio elle recouvre le grès charbonneux • à Carmora et à Alcala de Guadaira c’est un aggrégat grossier de débris d’êtres marins ; l’aqueduc qui fournit de l’eau à Séville traverse cette formation. A Cadix et dans les environs , il y a un crag en apparence plus récent et à huîtres. Sur le côté nord du Guadalquivir, vis-à-vis de Séville, exis- tent des argiles tertiaires analogues à celles de Xérès, qui doi- vent recouvrir les roches primaires de la Sierra Morena. Plus haut, le long du Guadalquivir, à 3o milles de Séville, sont les grès houillers de Yilla-Xueva del Rio associés avec des grès rouges anciens ( Cantillana). Un lambeau tertiaire recouvre le tout. Il est possible que le grès de la Serrania de Ronda soit lié à ces grès de Cantillana par-dessous les alluvionsetle sol ter- tiaire ancien du bassin du Guadalquivir. Côte méditerranéenne. — Le long delà côte de Valence, à l’extrémité occidentale de la Péninsule , on a une foule d’oc- casionsd’étudier le terrain subapetinin et le dépôt quaternaire de M. Desnoyers. Depuis l’Ebre , une plaine cultivée s’étend à l’ouest, entre la mer et la chaîne secondaire j la plaine de Valence, appelée l’Huer ta, est formée d’alluvions, etestlimitée à l’ouest par les montagnes secondaires de Cuenca et de Se- gura. Vers Alicante se montrent des marnes blanches endur- cies , avec gypse, à Xixona, et sur la côte il y a des dépôts ter- tiaires récens à coquilles marines ( Peignes , Huîtres , Vénus , Pectoncles). A Alicante un lit de nummuii tes s’associe à ces marnes et ces aggrégals j à l’embouchure de la Segura, on revoit les mêmes marnes blanches. Torre-Vieja est aussi sur un sol tertiaire récent , et les mar- nes s’étendent jusqu’au pied des montagnes secondaires d’Ori- huela y ville ébranlée jadis par des trerablemens de terre. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. 537 La vallée de Murcie sur le cours du Segura est bordée de calcaire secondaire, et de dépôts plus récens. Du grunstein ressort ça et là , et au Monte Agado le calcaire le recouvre. Il y a encore beaucoup de traces des bouleversemens produits par les tremblemens de terre. Entre la Segura et la mer, régnent au sud les grès et les ag- glomérats avec les marnes tertiaires , puis vient la plaine allu- viale de Carthagène dans un golfe de calcaire secondaire. Près de cette ville le grès est percé par des trachytes placées dans la direction du district volcanique d’Almazarron. Plus à l’ouest, vers ce lieu, il y a des dépôts marins récens. A Alma- zarron les agglomérats volcaniques accompagnent le trachyte, et à Saint-Cristobal il y a un rocher d'alunite avec des por- phyres, des schistes primaires, et des roches tertiaires ré- centes. La chaîne primaire de Lomo-de-Vaca interrompt ces dépôts et doit recéler les anciennes mines des Carthaginois. Des mar- nes et des dépôts récens couvrent les flancs de cette crête , qui se termine dans la mer entre Almazarron et Aguilas. Cette dernière localité offre du calcaire secondaire, et du schiste ancien et contourné. La plaine d’ Aguilas est primaire et couverte d’allu- vions et d’agglomérats; il y a aussi des marnes tertiaires k huîtres et peignes. Le delta d’Almanzora correspond par sa nature avec celle du sol de Grenade et de Guadix. Alméria est dans une anse de montagne secondaire, flanqué degrés ferrugineux, de marne et de calcaire tertiaire à peignes et baîanes. A l’est , s’élèvent tout-à-coup les rochers voîeani~ ques du cap de Gatt. On dit qu’il y a un cratère à Nijar. Le cap de Gatt , Almazarron et Olot sont les seuls endroits vol- caniques de la côte méditerranéenne de l’Espagne. A l’ouest d’Alméria , il y a une plaine de marne endurcie avec une lagune, et un banc d’huîtres un peu au-dessus du niveau de la mer. A Adra, M. Cook a vu du schiste primaire couvert de sables et d’aggrégats à balanes , dépôt qui s’élève sur la route de Berja, à 4oo pieds sur la mer. D’Adra à Motril, la côte est formée de schistes primaires y recouverts de calcaire secondaire (Salobrena). Près deNerja, il y a des marnes à coquilles récentes. AprèsVelez-Malaga , il y a des roches tertiaires à clypéastres, qui atteignent une hauteur absolue de 45o pieds. Près d’Alhauriri et de Malaga, il y a fies dépôts semblables à huîtres. Entre Malaga et Gibraltar, ou rencontre des schistes primaires, du calcaire, et du grès alter- nant avec du calcaire et des lambeaux de marnes blanches ré- Soc, géol. Tome V. 3a RÉSUMÉ DES PROGRÈS 538 centes. Aux portes de Gibraltar, il y a le même dépôt marin tertiaire qui Vejer , à Xérès, à Carmona , et qu’en général dans le bassin du Guadalquivir. D’après ces détails , la côte orientale d’Espagne aurait été soulevée sur une étendue de plus de 200 milles. L’élévation aurait été quelquefois jusqu’à quelques centaines de pieds, comme à la Sierra de Almagro ; mais si on y réunissait la formation de Grenade, il faudrait encore supposer de plus grands soulèvemens. On retrouve donc complètement dans le midi de l’Espa- gne, l’aspect et la géologie de la France méditerranéenne, de l’Italie , etc., c’est-à-dire une étendue immense de terrain sub- apennin ou subatlantique. Ce sont les mêmes argiles marneu- ses, quelquefois à gypse et à sel, et les mêmes alternatives supérieures de sables, de marnes, d’agglomérats et de calcaires coquilliers,' grossiers ou friables. Ces dépôts forment des montagnes basses ou des collines , ou bien ils remplissent des plaines ou des anses , et des dé- troits bordés de rochers ou de calcaires et de grès secondaires. Comme en Toscane, en Grèce, en Afrique, ils s’avancent au loin dans le pays, et y remplissent des cavités occupant des niveaux supérieurs à ceux des bassins de la côte, et séparés de ces derniers par des crêtes, quelquefois en partie primaires. Le Mémoire suU vant de M. Silvertop vient compléter à cet égard le travail de M. Cook. Il y a en outre, dans l’Espagne orientale, des accidens ignés qui rappellent le pied sud des Alpes , et qui dépendent probablement du voisinage du sol primitif. Quant aux mines cT Espagne , il y a quelques lavages d’or sur le Darro à Grenade. Dans la Sierra Morena, vis-à-vis de Séville, on trouve ac- cumulées dans une petite contrée la mine abandonnée d’argent de Guadalcanal , celle de Puebla de Los [Infantes, les mines de mercure d’Almanden, et la mine de cuivre pyriteux à Rio Tinto. Il y a des mines de plomb et de cuivre carbonaté dans le granité à Linarès , dans la partie inférieure de la Sierra Morena. Le cuivre existe aussi à Cadiar, dans l’Alpujarras et dans l’Aragon près de Teruel , et à Molina de Aragon. Les riches mines de plomb de la Sierra de Gador, près d’A- dra , sont dans le calcaire. 'Ce minerai abonde dans la même chaîne près d’Alméria, et il y en a dans le Guipuzcoa. Le zinc existe près d’Alcaraz dans la Manche, dans la Sierra Morena , ainsi que dans les Asturieso A Ghtau, dans les Pyrénées , il y a des mines abandonnées de cobalt. DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 833. 33 hvr# i , p. ih5 , et livr. 2, p. 209, avec 6 vues). M. Lyell a détaillé deux coupes à travers les Pyrénées , l’une, de PamiersàPuycerda, et l’autre, de Ja Estela, en Cata- logne, à Ceret. La première offre successivement des agglo- mérats à Verhilles, des calcaires contournés à nummulites, des grès alternant avec des calcaires arénacés et avec du combus- tible, une répétition des calcaires à nummulites et des grès, enfin, entre Ussat et Puvcerda, les roches granitiques et schis- teuses couvertes de calcaire sans fossiles. Dans la seconde coupe, on passe des agglomérats semblables à ceux qui forment les sommets du Montserrat, au calcaire à nummulites de Tarrades , puis aux schistes et grès , enfin on arrive à une for- mation de grès et de marne rouge 9 aux schistes argileux, aux DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 853. 345 micaschistes, et aux gneiss. Les roches volcaniques d’Olot ne s’étendent pas au-delà de Castel-Follit. M. Lyell a donné aussi une note sur un dépôt argileux la- custre à lignite, lymnées et planorbes, qui se trouvent à Ur, à Estaven, etc., dans la partie supérieure de la vallée granitique et schisteuse de Segré, dans la Cerdagne française . Sa hauteur absolue doit être de 3 à 4?ooo pieds , et ses couches sont hori- zontales. Le lignite se trouve à Estavan et à Prats , près Sena- bastre {fond, a, Edinb. phiL Ma g. Mai i834, p. 376). M, le capitaine Smyth a reconnu que les îlots de Colum- bretes , sur la côte de Valence, étaient des rochers volcaniques. La plus grande de ces îles ne paraît être comme Santorin, que le pourtour d’un grand cratère. Le mont Colibre y est couvert de verdure, mais tout le reste de l’île 11’offre que des laves felds- pathiques, des obsidiennes et des scories. Au sud dePort-Tofino sont des mamelons de trachyte vitreux. L’ilot de Malaspina est peut-être aussi un reste de cône d’éruption , le rocher de Ferrer est phonolitique et entouré d’une mer profonde de !\o à 5o toises, sur le fond de laquelle il y a des sables et des coquilla- ges brisés, des fragmens de ponce, de perlite, etc. ( Jour . of thc roy . geogr . soc . of London vol. I, p. 1 pï. ). § xv. Portugal . M. d’Eschwege a exposé la géologie des environs de Porto , et a décrit les houillères intermédiaires de San-Pedro-da- Cova , en Portugal. Dans les provinces septentrionales de ce royaume, savoir : dans le Minho, leTras-os-Montes, etleBeira, le sol est formé par des roches primaires et intermédiaires. Le Douro sort d’une chaîne de granité, de gneiss v et de quarzites, roches auxquelles succède le terrain du schiste argileux des vi- gnobles de Porto. Plus bas, vers cette ville, reparaissent les granités et les gneiss. En allant de Foz aux mines de charbon de San-Pedro , on traverse les roches primaires courant h. 1 1 et 12, avec une inclinaison à l’est sous 5o à 6o°. Sur le Campanham, le mica- schiste se mêle au gneiss , et lui succède en contenant , vers Pi- lar, des staurotides et des grenats. La Serra-de-Vallongo, ayant 800 pieds d’élévation, est composée dans le bas, de micaschiste, et dans le haut, de schiste argileux, qui supporte le dépôt an- thraciteux, accompagné d’agglomérat quarzeux et d’impres- sions de roseaux et de fougères. Il est recouvert par des grau- waekes , avec du schiste argileux et siliceux , ainsi que du RÉSUMÉ DES PROGRES 346 quarzite. Cette dernière roche forme surtout les cimes de la Serra-da-Santa-Justa , et y contient des filons à minerais d’é- tain, de manganèse oxidé, etc. Les Romains y ont extrait de l’or ( Archiv.f Miner . de M. Karsten, vol. VI, p. 264). § xvi. Grèce . Poussé parce désir extraordinaire de civilisation qui envahit l’Europe, la Grèce secoue ses lourdes chaînes, et engage avec ses stupides conquérans une guerre à mort. Aux acclamations de tous les cœurs généreux, la France ne se contente pas d’en- voyer de l’or, mais ses enfans rendent aux Hellènes une patrie ; à l’Europe et à la civilisation , une intéressante contrée, pour ébranler plus tard l’Orient, et lui rendre son ancienne splen- deur. Comme jadis l’Egypte avait vu la science s’allier à la guerre, de même une commission scientifique fut envoyée en Grèce sous la direction de M. le colonel Bory de Saint-Vincent. Cette mission , si honorable pour ceux qui la conçurent , nous a mis tout d’un coup au fait delà géologie d’une grande partie de la Grèce. Nos confrères, MM. Boblaye et Virlet, ne sau- raient être trop récompensés de ce précieux présent fait à la science au détriment de leur santé. C’est sans contredit le plus important ouvrage de géologie descriptive que j’aie à ana- lyser (1). La géologie et la minéralogie de l’expédition scientifique de Morée comprend la seconde partie du second volume de la section des sciences physiques ( 46 feuilles in-4° divisées en 7 chapitres ). Une magnifique carte topographique en 6 feuilles, accompagne ce travail, qui comprend en outre une carte gé- nérale coloriée géologiquement, sept planches découpés, quatre planches de roches (!) , et huit planches des dessins de pétrifications et de plantes fossiles. Grâces à l’activité bien connue de M. Bory Saint-Vincent, jamais expédition scientifique n’aura publié plus promptement ses observations. M. Boblaye ouvre la description géologique de la Grèce par ( 1 ) Je pense qu’on me saura gré de ce long extrait des obser- vations géologiques faites en Morée, pour deux raisons : d’un côté parce que c’est le travail consciencieux de deux de nos confrères les plus distingués , de l’autre parce que tout est nouveau dans ces récits, et que l’ouvrage de la Morée, vu son prix, n’estentre les mains que de très peu d'individus; on aurait dû faire un tirage à part de la partie géologique. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833. 347 un coup d’œil sur les progrès récens de la géologie et son état actuel. On y reconnaît la touche d’un habile géographe et d’un géologue, qui recherche avant tout la vérité avec le calme d’un mathématicien. Chargé d’un travail sur l’antique Grèce, il a été obligé de relire tous les classiques , et il se hâte de nous faire part du passage de Strabon , dans lequel l’exhaussement ou rabaissement des eaux est attribué aux déluges, aux trem- blemens de terre, aux éruptions, aux soulèvemens, ou aux affaissemens subits du lit de la mer , ainsi qu’à l’émersion des continens ( t. I, liv. i, p. 128, édit. Gosselin). Or, ces idées de Strabon prouvent que la constitution physique de la Grèce est assez particulière pour avoir occupé vivement les philosophes anciens. La géologie actuelle a trois classes de roches à considérer , savoir : les roches neptuniennes, les roches plutoniques , et les roches neptuniennes modifiées par les agens ignés. La pa- læontoîogie est un instrument utile pour le géologue ou une spéculation philosophique. Le n’est que sous ce dernier point de vue que M. Lyell peut définir la géognosie, la science qui traite des changemens survenus à la surface du globe dans les règnes organique et inorganique ( Principles of geology.) La théorie de M. Cordier sur la chaleur centrale , celle de M. Deshayes sur les fossiles tertiaires , les douze époques de soulèvement de M. de Beaumont, la connexion des éruptions ignées, les dislocations et les modifications des couches, les cratères de soulèvemens, tels sont les points intéressans de géologie pour lesquels l’observation de la Grèce fournit des doc u mens intéressans. De plus , ce pays offre des traces de ca- tastrophes récentes volcaniques et aqueuses ; les montagnes sont remplies de tubulures caverneuses, le littoral est corrodé journellement de diverses manières, et des carrières anciennes et modernes y fournissent les plus beaux matériaux pour l’ar- chitecture ou la sculpture. Envisagée sous le rapport de la géographie physique , la Grèce disparaît dans cette immense zone méditerranéenne , qui, de la péninsule ibérique, s’étend au loin en Asie et en Afrique ; ciel, qualités du sol , formes , aspects , productions, sont les mêmes, circonstances qui toutes expliquent l’étendue •ancienne du berceau de notre civilisation. Considérée en elle- même, la Grèce est un amas de lambeaux •de terre et de lignes de montagnes renfermant une multitude de petits bassins fermés : c’est en petit ce que le midi de l’Es- pagne est en grand. Cette dernière circonstance explique la RÉSUMÉ DES PROGRÈS 548 division fédérative de ce pays , dont les marbres ont porté jadis ses habitans aux arts de la sculpture et de l’architecture. Après avoir donné leurs idées sur les neuf systèmes de soulève- mens reconnus en Grèce, nos confrères résument ce qu’on connaît de la géologie de la Grèce continentale. L’Olympe et le Pinde sont des massifs primaires à gneiss, granités, mica- schistes, stéaschistes , et calcaires grenus. Toute FAttique , le mont Athos, la Chersonèse chalcidique , les montagnes de la Macédoine , et l’île de Tasso avec ses marbres , sont aussi pri- mitives. M.deHauslabnous a donné une idée des Balkans (Vov. Bull. , vol. III ? p* 97) , et M. Partsch nous a montré , à côté des cal- caires à nummulites, ou du grand système crétacé et jurassique supérieur de la Dalmatie, de la Carnioîe, et de la Croatie, des terrains anciens intermédiaires et métallifères, surtout dans la Croatie turque, la Bosnie, et la Servie. Une grande bande de terrain secondaire jurassique et crayeux se prolonge , de la Carnioîe , par l’Albanie et les îles Ioniennes , jusque sur le golfe de Lépante. Partout on retrouve les mêmes caractères, savoir : ces calcaires compactes , gris , rouges , ou de couleurs claires et à silex ; des grès verts, des calcaires ànummulites, etc. Ainsi, les rochers d’Anatolico et le mont Zigos, au nord de Missolonghi , ce tombeau de la bravoure , sont composés de calcaire compacte reposant sur du grès vert. La même composition se retrouve au mont Rigani, à Lépante, au mont Lyacoura ( Parnasse), dont la cime recèle des ammonites, ou des fossiles appelés dans le pays cornes de bœuf. Desoolitcs et des calcaires scaglia, ainsi que du minerai de fer argileux et de la poix minérale existent, soit dans les îles Ionien- nes , soit dans l’Albanie. Il y a aussi des amas gypseux et des dépôts de sel gemme, comme à Nisista, dans les montagnes de Djoumerca en Albanie; enfin , il y a des brèches osseuses et des sources salées. Sur le côté opposé de la Turquie , M. Virlet a retrouvé les calcaires à hippurites et nummulites de la Dalmatie , de lTs- trie et du midi de la France , dans les îles du Petit- Archipel , du Diable , sur la côte nord de la mer Egée , a\ix environs de d’Enos en Troade , et le même dépôt existe au cap Bon en Afrique. C’est, en un mot, le type secondaire de la zone médi- terranéenne, car il enclave toute cette mer, tandis que le terrain subatlantique est venu achever la configuration de# contrées appartenant à ce vaste bassin. DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l853. 34g En Dalmatie et en Albanie il y a des dépôts isolés d’eau douce à lignites , coquilles d’eau douce et marnes à sélénites ; le même fait se représente dans l’Archipel du Diable , sur les rivages de la mer de Marmara, près de Rodosto, et sur la mer Noire au Bosphore. En Macédoine, le terrain tertiaire s’élève assez haut ; il existe dans toute la Chersonèse de Thrace , dans les îles de Lemnos, d’Imbros, de Samothrace, de Ténédos, et sur les côtes de la Troade. Dans le chapitre II, M. 'Virlct a présenté la géologie des îles de la Grèce, divisée d’après les systèmes de soulèvement en deuxgroupes.Les premières, sur le prolongement de l’Olympe, sont Négrepont, Andros , Tyne , Mycone, les deux Délos , Stenosa, Amorgos, Saint-Jean deCherny et Scarpanthos. Les secondes peuvent être rangées sur trois lignes parallèles ; la ligne la plus orientale est formée par Naxie , Skynosa, les écueils voisins, Amorgo-Poulo , Namphio , etc.; la ligne du milieu par Jaoura, Syra, Paros, Antiparos, Nio et Santorin ; enfin, la ligne la plus occidentale par Zéa, Thermia, Serpho, Siphante et Polycandro. Les îles de Milo, d’Antimilo , de l’Ar- gentière, de Polino, de Sykino, et de Candie appartiennent à d’autres systèmes. Quant aux îles volcaniques , elles sont dans le golfe d’Athè- nes, Égine et Poros avec la presqu’île de Méthana; dans l’Ar- chipel, les écueils de Bélo-Poulo ou Kaïméni , deFalkonéraet Karavi , les îles d’Antimilo, de Milo , de l’Argentière, de Po- lino, de Polycandro, de Sikino et de Santorin avec ses Jia'ïmé- nis , et plus au sud les rochers de Christiana. Négrepont ressemble par sa forme à la botte italique ; elle est séparée du continent par un détroit très peu large, qui jouit d’un flux et reflux ; ces marées sont régulières les six premiers jours de la lune, du \l\ au 20, et les trois derniers jours, tan- dis qu’elles sont très irrégulières le reste du mois lunaire. Cette île est hérissée de montagnes assez hautes pour con- server de la neige pendant une partie de l’année; elle renferme des vallées vastes et fertiles ; la principale est celle de Lclan- the, qui a des eaux très chaudes. Les roches granitoïdes, le gneiss, le micaschiste et le calcaire grenu composent les montagnes qui contiennent aussi de beaux Cipolins talqueux ( Caryste au pied du mont Ocha ). Les caps d’Oroet de Montelo sont composés de talcschistes reposant sur des micaschistes; en général, la présence des couches talqueuses et serpentineuses y semble indiqué par l’amiante dont on fa- briquait des toiles. Il y avait aussi des mines de cuivre et de 55o RÉSUMÉ DES PROGRÈS fer, et peut-être d’argent. Près d’Oktavia, on cite de l’écume de mer dont le gîte est dans le calcaire compacte à silex comme dans l’Asie-Mineure. On dit aussi qu’il y a des ponces , et sur certains points des cotes les sables sont titanifères. Enfin, près de Koumi, il y a un terrain de lignite à poissons. L’île d’ A ndr o s est très montagneuse, et est formée des mê- mes roches que Négrepont et Tine. Desquarzites y constituent des couches dans les lalcschistes et les micaschistes. L’île de Tine est aussi couverte de montagnes, et se divise en Apcinomeridj ou partie méridionale et haute, et en Kato • meria ou portion septentrionale et basse; ces deux parties sont séparées par une ligne partant de SanlNicolo, passant par le pied du mont de Bourgo ( 577 mètres de haut ) et aboutissant à Kolymbythra. À Bourgo , il y a des pegmatites et des leptinites qui sont suivis vers San-Nicolo de gneiss et de micaschistes amphiboleux ou grenatifères, puis se montre du schiste calcarifère et tégu- laire. A ce propos, M. Virlet observe que les beaux marbres sont ceux qui sont le plus voisins des schistes les plus cristallisés. Entre San Nicolo et le port Stavro, il y a une leptini te talcifère suivie de serpentines diverses et de schistes talqueux , et chloriteux avec des bancs de cipolin talcifère et de calcaire magnésifère. Tout ce massif de couches repose sur des calcaires saccharoïdes très beaux. Le granité constitue toute la partie orientale de Tine, depuis le cap du S.-E. ou des grottes d’Eole jusqu’à la rivière de Pe- rastra, et à partir des montagnes de Bourgo et de Sikina jusqu’à la côtedeCalnia. Entre Bourgo et Sfeni , il y a des gneiss grenatifères et des micaschistes à feldspath noduleux, ainsi que de Jaleptinite. En allant à Potamia et à la fausse grotte d’Eoîe , on trouve dans la montagne de Sikina (de 680 mètres de hauteur) des roches grani- toïdes, des gneiss, des micaschistes, des amphibolites , des stéaschistes et de la serpentine calcarifère à fer chromé. Dans cette direction toute la côte est schisteuse, et offre deux bancs de calcaire. A Monasteria , il y a des tàlcschistes et des ardoises; en faced’Andros du schiste, aux environs d’Oxomeria des filons de galène. Sur la côte occidentale , au nord de San Nicolo, sont les carrières de beaux marbres qui reposent sur les gneiss. A Goura, on exploite la serpentine. La terre végétale de Tine provient surtout du feldspath dé- composé* DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. 35 1 À Mycone domine surtout le granité qui passe vers le cap Trullo à la siénite, quelquefois grenatifère, et dans le centre de l’île, il y a des alternatives de gneiss ou de protogine, et de granité scliistoïde avec des filons et nids de pegmatite, et du quarzite. Au pied du mont Saint-Elie le granité s’adosse au pegma- tite , et il y a du caolin coloré en noir par des matières char- boneuses et recouvert par du calcaire gris-bleu, en partie sub- saccharoïde, ferrugineux et caverneux. Au port de Panormos il y a des collines de grès grossier ou granitique, cette roche tertiaire repose sur le calcaire compacte. Un dépôt de fer oxidé, hydraté et résinoïde présentant l’aspect d’une coulée recouvre ce dernier dans la colline de Mavrospilia, et en encroûte les pentes en contenant du sulfate de baryte(Yoy. Bull. , vol. III , p. 20 1). Le même minerai se prolonge en filons à travers le grès jusque dans le granité. La baryte forme le mi- lieu d’un de ces filons. Ceci viendrait à l’appui de l'observation de M. Brongniart, que les caolins sont dans le voisinage de gîtes métallifères , comme à Limoges , en Bretagne, en Portugal et en Chine, et que la décomposition de ces roches peut dé- pendre du phénomène qui a produit les substances métalli- ques. La presqu’île d’Anavolousa est composée de granité associé avec du calcaire grenu; elle est unie à Micone par du sable , et un grès à coquilles vivant encore dans les parages de la Grèce. C’est donc un dépôt de l’époque actuelle analogue à celui des environs de Marathonisi et d’Arcadia. Le grès d’Anavolousa est incliné de 20° , et s’élève à 5o ou 6o mètres sur la mer. Sur les rivages , comme ailleurs , en Grèce et dans l’Asie- Mineure, il y a des petits fragmens de ponces. De'los , la plus petite des Cyclades, offre à peu près la consti- tution de Mycone, et est presque entièrement granitique et siénitique ; néanmoins il y a des micaschistes noirs à filons et amas de pegmatite, ainsi que des gneiss leptinoïdes (Apano- Rématiari et Kato-Rémafiari ). Rien dans cette île n’appuie l’idée ancienne de sa sortie des eaux. Rhénée , ou la grande Délos (Sdili ), offre les mêmes roches; il y a de plus des siénites épidotiques à sphène et zircon. La même formation se retrouve dans les écueils de Prasonisi , de Tragonisi , de Stapodia, de Rématiari , de Kounélonisi, de Georgionisi, de Kavaronisi, ainsi que dans les îles de Sténosa, d’Amorgos , de Stampalia, et probablement aussi dans celles de Saint- Jean de Gherni et de Scarpauthos. RÉSUMÉ DES PROGRES 552 L’île de Naxie est hérissée de hauteurs , et ses roches prin- cipales sont les granités , les gneiss , les micaschistes et les cal- caires grenus. Toute la partiesud-ouest estgranitique etcontient des pegmatites à tourmalines. Le mont Stellida est composé de jaspe et de silex, gris, rouge ou noir, et il y a des blocs d’Eme- ril. Le mont Dia , au centre de l’îie, s'élève à 1007,5 mètres, c’est un massif de marbre cipolin , plus ou moins magnésien , et associé avec du micaschiste. Une grotte s’y rencontre, qui paraît être le résultat de la flexion ou du brisement des couches. Au mont Coronée, le calcaire repose sur du granité et des gneiss, passant aux micaschistes à filons de pegmatite et à la protogine. Le principal gîte d’Emeril existe près de la Calamitzia au- dessus de Perato; mêlé avec du mica, du fer oligiste, et quel- quefois avec du fer oxidé résinoide, ce minéral forme des amas ou filons-couches dans les micaschistes et les gneiss. M. Fon- tanier en a aussi observé dans le calcaire grenu* l’amas était incliné de 4o° et avait 2 pieds d’épaisseur. L’Emeril a la même position en filons-couches ou filons ordinaires que le fer de Syra. On exploite des matières serpentineuses à Thermia. Skinosa, Radia, Karos et Gophinisa sont granitiques ou calcaires. L’écueil d’Amorgo Poulo est primitif. L’ile de Namphio ou d’Anaplie est en fièrement schisteuse et calcaire. M. Virlet voudrait lier son émersion à l’apparition des masses de Mcthana , et aux renversemeus de Rhodes et de Svcione. L’îled 9 Taoura est montagneuse et primitive; de riches mines de fer y ont existé. A Sj'ra, au centre desCyclades, dominent les micaschistes et les talcschistes , quelquefois amphiboleux et grenatifères roches associées avec des calcaires grenus ; le gneiss y est rare. L’îlot de Grado , comme toute la région méridionale, est mi- cacé; le micaschiste passe au talcschisteetaucipolin. Surla route de D strata, il y a des filons de fer carbonate , spathique et oli- giste. Plus loin, au nord, les micaschistes renferment des éclogites avec de petits bancs de disthène en roche, qui ont de 4 pouces à 1 pied de puissance. Des talcschistes à actinotc sont dans le voisinage, ainsi que de belles variétés d’euphoti- de avec des amphibolites vertes et noires, et des chlorites schis- teuses a épidote. Ces modifications des schistes paraîtraient liées à l’existence défilons de fer, et reposent sur un gneiss talqueux, et sur des gneiss ordinaires grenatifères et amphiboliques Supérieurement ce système se lie à des calcaires au moyen 355 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. de diallage schisteuse calcarifère à filons de fer hématite et spathique. Encore plus haut viennent des calcaires bizarre- ment nuancés de bleu et de blanc en zones contournées. Un fi- lon-couche de 2 pieds de fer oxidé et oligiste se trouve dans cette roche, d'où sourdent aussi deux sources salées à plusieurs mètres au-dessus du niveau de la mer. Plus loin, il y a des brèches calcaires, puis des calcaires schisteux et micacés alter- nant avec des calcaires gris-blancs. Des calcaires grenus et ci- polins alternant avec des micaschistes forment les sommités de la montagne de Kiperousa et de Saint-Elie ( 780 mètres ). La direction des couches est du N. -O. au S.-E, quoique le relief de rîle paraisse appartenir plutôt au système N. -S. En descendant du mont de Pvrgos, vers la ville de Syra , on revoit les micaschistes grenatifères et amphiboleux, les roches à diallage , disthène , etc. U y a deux cavernes dans cette île. Les îles de Paros et d ' Antiparos sont composées de gneiss , de micaschistes et de calcaires grenus. Il y a , de plus, des diori- tes granitoïdes à épidote , titane oxidé rouge et manganèse oxidé. Le marbre forme les trois quarts de l'île de Paros (mont Kapresso , à 3 milles de Perakia). La direction des couches est du N. -O. au S.-E, quoique le système N.*S. domine dans leur relief. La beauté de la grotte d'Antiparos a été exagérée. Le calcaire grenu constitue la plus grande partie de l'île de Nio , et y repose sur des schistes et des roches granitiques , courant du S.-E. au N. -O. Le sol ancien , composé de schistes et de marbre se montre aussi kSantorin dans les montagnes de Saint-Etienne, de Saint-Elie (»j5o mètres) et de Saint-Guil- laume, dont les bases sont entourées d'agglomérat trachytique blanc. La direction des couches y est encore du N. -O. au S.-E. Dans l'île de Zeay on trouve des gneiss, des micaschistes, des schistes talqueux/des serpentines et des calcaires grenus. Le mont Saint-Elie y a 670 mètres d'élévation. L'île de Thermia présente des gneiss talqueux , des mica- schistes grenatifères ou amphiboleux , des talcschistes , des marbres, et surtout des schistes argileux à noyaux de quarz, à fer carbonate spathique, et filons de fer oligiste et hvdraté. Dans une plaine de la partie orientale et septentrionale de rîle, des sources chaudes un peu amères sortent de dessous un escarpement calcaire ( à Loutro ) ; ces eaux forment un dépôt calcaréo-ferrugineux. Une caverne existe dans les schistes, au village deSillaka (Yoy. Bull,, vol. II, p. 329). Soc . géol. Tome V. a3 354 RÉSUME SES PROGRÈS L’île montueuse de Serpho a ]a même constitution géologi- que, et il y a beaucoup de filons ferrifères. UWeàeSiphante est principalement schisteuse; cependant il y a quelques portions de granité , des roches talqueuses et de la pierre ollaire. La partie méridionale est toute composée de mica- schiste gris et de stéaschiste verdâtre. Il y a aussi du calcaire saccharoïde blanc. On y cite du fer oligiste oxidulé , et les an- ciens y indiquent de For et de l’argent. Polycandros , Antimite , F Argentière et P o lino, appartien- nent au système volcanique, les roches anciennes ayant été extrêmement modifiées par les feux souterrains. La première de ces îles court du N. -O. au S.-E. Jdîle de Milo est liée à un système différent de celui des îles précédentes, et est en partie recouverte par le terrain sub- atlantique. Elle est sur la ligne dardanique , passant par F Ar- gentière, les deux Délos et Mycone, et courant nord 4o° est. Il y a des trachytés ; le terrain subapennin est relevé à une grande hauteur. Les roches schisteuses de Milo ont été alté- rées par les feux volcaniques et les exhalaisons sulfureuses , à l’exception de sa région méridionale. Le mont Saint-Éiie est formé par du calcaire grenu reposant sur des stéaschistes à diorites. L’alun de plume s’exploitait , au milieu des schistes convertis en tufs légers et friables", tandis que des pierres meu- lières sont d’autres produits de ces altérations. Tout le nord de l’île est couvert de calcaire tertiaire coquillier récent. Près de Plaka, des agglomérats d’obsidienne à pâte calcaire reposent sur ce dépôt. L’île de Sikinos est montagneuse, calcaire, schisteuse et gra- nitoïde. L’île de Candie est traversée par une chaîne courant E. i5 à i6° S. à O. i5 à i6° N. , ce qui Féloigne de la direction du système achaïque et de celui de la chaîne principale des iklpes. Ds plus, cette île offre des lignes de crêtes dirigées les unes du N. 68 à ,jo0E. (du cap Théodia au cap Saint-Jean, du cap Krio à la pointe deKryphto) • d’autres dirigées du N. -S. ( montagnes de Grabuse , presqu’île de Rliodopou ) ; et même on y trouve une direction nord, environ 4o° E. Cette dernière se rapporterait au système dardanique (entre les caps deSidero et de Langada) , auquel appartiendrait tout entière l’île de Rhodes. Le mont Psilorhyti (Ida) est la cime la plus élevée de la chaîne courant E. i5° S. , et même de tout l’Archipel : la neige y reste une grande partie de l’année. Dans cette île, 355 DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 833. dominerait la formation crayeuse méditerranéenne, et peut- être aussi des roches jurassiques, car il y a des oolites. Des schistes et des granités sont indiqués entre Àrmyro et la Sude, et les hauteurs entre Candie et Armyros sont des calcaires compactes ou tertiaires. Une partie des montagnes Blanches , dans la province de Selino, sont schisteuses. La petite île de Dia, près de Candie, est calcaire, et fournit des marbres blancs. Des collines tertiaires paraissent régner sur tout le côté sep- tentrional de l’île de Candie ; mais ce terrain manquerait pres- que généralement dans la partie méridionale : cependant , à Gortvne, le labyrinthe y serait creusé. Enfin, il y a du gypse àKisamos, des schistes à poissons fossiles à Grabuse, et des sources salées à Armyros. On peut distinguer dans la Morée trois grandes formations. La première , composée de micaschistes , de schistes argileux , dequarzites, et de calcaires , y occupe peu d'étendue, et est l'équivalent du terrain ancien des îles. La seconde, ou le groupe calcaréo-talqueux, est très répandue et formée de schistes argi- leux ou talqueux, de poudingues, de grauwackes, et de marbres variés. Enfin, la troisième serait composée de roches porphy- roïdes et anyygdalaires ( cime du Ziria ) , avec des aphanites , des porphyres verts ou prasophyres , quelques roches à cris- taux d'amphibole ( vallée de Kloukinaes ), ainsi que des aggré- gats particuliers; ce ne serait au fond qu’un appendice de la seconde. On ne voit nulle part en Morée les granités, les gneiss, etc., qui dessinent , dans l’Archipel , les chaînes dirigées du N.-O. au S.-E. , et quelquefois du N.-N.-O. au S. -S.-E. Les cimes aiguës de l'Archipel étaient soulevées quand le terrain inter- médiaire du Péloponèse s’est déposé; mais, en Thessalie et en Macédoine, ce dernier se subordonnant à l'axe des chaînes cristallines par la constance de sa direction N. -O. -S.-E., et, par son inclinaison, appuyant auN.-E., il faut qu'il ait subi posté- rieurement une série de redressemens parallèles. Les micaschistes ? quelquefois à minéraux divers, dominent, surtout dans le canton de Saint-Pierre, entre ce point et Tri- politza ; ils alternent avec lesquarzites, au mont Ziria, dans les hautes cimes de la chaîne Monembasique et dans celle duTavgète. Les tqlcschistes , avec les schistes argileux et les schistes tachetés ou glanduleux, remplacent les schistes maclifères dans les localités ou il n’y a pas de granités; ce sont, en un | mot , des schistes en train de se macliser, ou bien des roches à 356 RÉSUMÉ DES PROGRÈS glandules de fer silicate et aluminaté ( revers occidental de la chaîne de Monembasique, Taygète, etc.). Un calcaire grenu ou peu cristallin , foncé , et à odeur em- pyreumatique , s’associe quelquefois aux schistes , et devient ça et là ferrifère (Lebetsova, etc.). Le quai'zite pur ou micacé ( revers oriental du Taygète ) est mélangé ça et là de fer oligiste , qui y a formé après coup des liions ; car ils traversent le terrain talqueux supérieur. Il y a des quarzites criblés de vacuoles amygdalaires , tapissés de talc argentin : nos confrères pensent que dans ce cas des noyaux calcaires ont été détruits par des émanations gazeuses (revers oriental de la chaîne Monembasique, etc.). En fait de couches et de substances accidentelles , on ne peut citer que du fer spathique , oxidé, hydraté , et oligiste. La stratification de ces roches est N.-O.-S.-E., appuyant 60 à 75° vers le N.-E. ; donc elle est différente de la direction générale des chaînes. * Le groupe c aie aréo -talqueux repose sur le précédent , sans être toujours en stratification concordante avec lui. La limite supérieure de ce groupe est difficile à établir, car on y observe des calcaires compactes à caractères récens ; il est très déve- loppé dans toute la chaîne du Taygète , et se divise en deux étages : i° inférieurement, les schistes argileux et talqueux, très variés, et quelquefois à fer oligiste ; les quarzites , les pou- dingues, et les calcaires rouges, verts et blancs ou tigrés; 20 supérieurement, les mêmes schistes , avec des calcaires à tex- ture globuleuse, et variant du gris au noir. Le gisement de ces deux divisions ne paraît pas être concordant, et la stratifi- cation delà partie plus récente est moins inclinéeetplusirréguliè- re pour sa direction et son inclinaison. Dans cette dernière, des schistes argileux, ou des ardoises calcaréo-magnésiennes, verdâ- tres ou violâtres, sont suivies de grauwaekes schisteuses, de schistes argileux calcarifères ternes , et de calcaires compactes ou grenus. Je suis fâché de ne pouvoir détailler les coupes que nos confrères donnent de ces derniers terrains , au mont Cour- coula, près de Monembasie , à la presqu’île du cap Malée, en Arcadie, en Argolide, à Salamine et dans l’Attique. Le groupe des roches porphyriques est extrêmement cu- rieux , et répond aux schaalsteins et aux trapps intermédiaires des Allemands. Ce sont partout les mêmes roches, ressortant au fond des vallées ( plaine de Brinico et de Bezani , Apidia , vieux Monembasie , vallée d’Adami ) , et des gorges, fractures produites par l’apparition ou la production de ces roches DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 3 833. 357 ignées. Comme ailleurs , elles donnent au pays un aspect par- ticulier, et sont disséminées sur un grand nombre de points (mont Courcoula, sources de l’Alphée, etc. ). En Laconie, près de Stephania, et au N.-E. de Lebetsova, on voit, sur des calcaires bréchoïdcs , subsaccharoïdes , alter- nant avec des poudingues argileux • des schistes verdâtres ou violâtres , à noyaux calcaires ou bréchoïdes , et à fragmens de wacke; ensuite des brèches, à morceaux de porphyre vert et à filons d’épidote et d’eurite; enfin, le prasophyre, en salbande, un peu argilolitique (Yoy. Fart. Minéralogie ,p. i45, et Bull., vol. III, p. 63). Sur l’une des collines de Stephania, le porphyre est couvert de calcaire ( à Dicerates ? ) fendillé , passant à la corgneule , et reposant sur des grès verts. Des serpentines diallagiques s’associent quelquefois aux roches feldspathiques , comme cela arrive aussi dans le Fichtelgebirge , etc. : le col entre Théo- doros et Sikia, et l’Argolide, en offrent des exemples. Des amygdaloïdes forment des filons au milieu des calcaires lithographiques et violets, ainsi que danslesjaspesdes montagnes de Koutra, en Arcadie. A Hiero, le feldspath compacte passe au jaspe vert, jaune, et rouge ; et à Phanary, il y a de Feurite siliceuse, qui se prolonge vers Methana. Gomme dans la Styrie méridionale , le voisinage des trachytes pourrait faire penser que ce ne sont que les restes des cheminées dont sont sorties ces dernières roches. L’époque d’éruption des roches feldspathiques paraîtrait en partie postérieure à la portion inférieure du grès vert , et en partie peut-être antérieure aux dépôts secondaires de laMorée. Les substances accidentelles du sol primaire et des roches modifiées sont For et l’argent ( Cimolis, etc. ) , le cuivre, le plomb, l’émeril , le gypse, l’alun, le soufre, le bitume, le manganèse , la baryte , le fer oligiste , oxidé , sulfuré et carbo- nate, enfin le gypse. Au cap Malée , il y a dans des marbres des veines de fer oligiste qui offrent des accidens remarquables et analogues à ceux du gîte de Framont. Le fer carbonaté fournissait jadis à de grandes exploitations. Le gypse se trouve à Yervena et aux environs du lac Phonia, où le calcaire bleu est passé à l’état de corgneule ; mais il n’est exploité que dans la profonde vallée de la Kelephina, au Àïani-Theologos. Il est aussi accom- pagué de calcaire sublamellaire , de dolomie , de corgneule 9 et de filons de fer oligiste. G’est un amas de masses altérées au milieu des schistes. 358 RESUME DÉS PROGRES Près de là , dans tous les sommités schisteuses de Vourlia et les collines, le calcaire est fendillé, et dans un état d’altération plus ou moins voisin des dolomies ( entre Sparte et Mistra), ou de brèche calcaire et ferrugineuse. De semblables métamor- phoses et fractures se voient dans l’île de Salamine. Dans le sol secondaire de la Morée , le sujet du chapi- tre IV. nos confrères décrivent d’abord une formation de marbres siliceux, ou marmoréo-siliceuse , qui existe dans la partie la plus élevée du Taygète, en Laconie. Ces roches se trouvent à son sommet, et forment en même temps au pied des deux pentes de cette chaîne, une énorme muraille de 3 à 4od mèt. de hauteur, et d’une puissance moyenne de 3 à 4°o mèt. La direction des couches est du N. s>4° O. au S. ^4° E. > avec une inclinaison moyenne de i5 à 20° à l’ouest. En allant de bas en haut, on observe, à la cime du Taygète, des calcaires subsaccharoïdes à cristaux de quarz, espèce de calcaire arénacé , des calcaires compactes à noyaux silicéo- calcaires, des calcaires grenus mêlés de talc et de petits filons deqüarzj des calcaires subsaccharoïdes, des calcaires grenus bleuâtres, des calcaires amygdalins à tubercules siliceux, des marbres noirs , fétides , à lits de plitanite calcarifère , et des marbres gris, bleus, ou blancs. Dans la chaîne Monembasique, on revoit des couches semblables sur son revers oriental, entre Malevo-de-Castagna et Lenidi. Quant aux masses sur les flancs du Taygète, ces murailles sont fameusesparleurs crevasses etleurscavernes, et elles donnent lieu à la magnifique vallée del’Eurotas, Les schistes anciens avaient été soulevés et plissés dans la direction du N. -O. au S.-E. , quand ce dépôt a eu lieu; plus tard, une fracture dirigée nord 20° ouest, détacha et souleva à plus de 2,000 mèt. de hauteur4 un prisme de 25 lieues de longueur sur une largeur qui ne dépasse pas 3 à 4 lieues. Les marbres soulevés au sommet du prisme, conservèrent à peu près leurs caractères; mais ceux qui à l’est et à l’ouest glissèrent sur ses flancs, furent totalement altérés, et convertis en une masse compacte sans stratification; De là la configuration actuelle du Taygète avec son noyau primaire. M. Boblaye décrit ensuite le terrain secondaire de la haute Arcadie et de l’Àrgolide, qui fait naturellement suite à celui de la Laconie, puisque, dans ce pays, le soi ancien est couvert de formations plus récentes, qui toutes, redressées vers le cen- tre de certaines vallées , représentent, sur une grande échelle* des vallées ou fonds cratériformes de soulèvement , comme DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. 55g cela se voit ailleurs en Europe , par exemple , en Carinthie. Sur le versant de la Laconie, les roches primaires, les por- phyres, et les amygdaloïdes, percent à travers des calcaires bleus et des argiles schisteuses endurcies , tandis que dans le plateau d’Arcadie ces roches conservent leurs caractères sédi- mentaires. Quand un terrain est soulevé en masse, ses roches sont peu modifiées; mais le contraire a lieu lorsqu’il est, frac- turé et brisé en chaînes minces, comme au Taygète et dans la montagne du Marmarovouno , qui lie les calcaires altérés de la Laconie aux calcaires bleus de l’Arcadie. La montagne de Marmarovouno fait partie d’une chaîne courant nord au sud, et elle est coupée par une fracture transversale de l’est à l’ouest ; d’un côté se trouvent les marbres blancs reposant sur les schistes, et de l’autre, les marnes et les calcaires bleus foncés, souvent cariés , avec des nids de gypse et de fer oligiste. M. Bobîaye suit le gisement de ces masses bleues , secon- daires, en Laconie, et voit au-dessus d’elles des calcaires de teintes claires. Les localités principales du système calcaire bleu, sont le pic du Malevo-de-Saint-Pierre , le versant occidental de la chaîne Mohembasique, la cime de la montagne de Courcoula, les montagnes de Rremasti et de Pukia, au nord de Monembasie, Lyra, le groupe du Lycovouno, le cap Té- naro, M ara thon isi , et Guéranos , le flanc occidental du Tay- gète, la montagne aux sources de l’Alphée et de l’Eurotas,etc . La plaine de Tripolitza est un bassin fermé, vers le centre duquel les couches se redressent à l’est et à l’ouest ; mais au nord et à l’est l’enceinte est complétée par des fractures trans- versales , qui croisent le système pindique. On voit la même succession de roches secondaires en des- cendant vers l’Argolide ou en traversant le massif du Mœnale, vers Megalopolis. La chaîne du Mœnale est formée par du calcaire bleu, qui est, inférieurement, nummulitique, et que M. Boblaye sépare des calcaires noirs à nummulites de Boleta. De même qu’en ïstrie, il y a aussi dans ce pays du calcaire gris ou bleu, pétri de mélanies. A la citadelle de Tripolitza , on voit le calcaire bleu , à grandes nummulites, placé sousdesmarnes noires et du calcaire marneux à petites nummulites ; puis du grès vert et du cal- caire compacte à veines spathiques; plus loin, vient la scaglia ou la craie de Navarin et de toute la côte de la Messénie. Il ne m’est pas permis de suivre notre habile ingénieur dans les détails qu’il donnesurles couches disloquées du grès vert et des calcaires à teintes claires qui formentles montagnes, autour de 56o RÉSUMÉ DES PROGRÈS la plaiue de Tripolitza. Avantétudié des terrains identiques, je comprends fort bien l’embarras dans lequel M. Boblaye s’est trouvé pour classer les calcaires bleus à grandes nummulites; mais jepense que le meilleur parti à prendre est de se rangerde l’avis de M. Dufrénoy , qui, sans s’embarrasser de la stratification non concordante, ni des brèches placées entre ces calcaires, ni des couches à petites nummulites et hippurites, considère toutes ces roches comme la base du grand terrain crétacé. Or, si dans la suite il se constate que la zone méditerranéenne est dépourvue de couches analogues aux masses tout-à-fait supra- jurassiques , ces calcaires inférieurs, à nummulites, rentreront dans le Jura. Du reste, j’ai cru voir des nummulites sous les grès verts de l’île d’Aix et de Fouras , à la pointe de Châtellal- lion, tandis que je n’en ai jamais vu dans le calcaire jurassique des Alpes ou du Jura. La vallée de la Laconie, remplie de dépôts subapennins, sans grès vert, a dû s’être formée après ce dernier dépôt. Entre l’isthme de Corinthe et les rivages de l’Hermione, il n’y a que des crêtes dentelées et des plateaux arides, recouverts de calcaires compactes blancs , et séparés par des vallées pro- fondes , où percent des agglomérats gris ou verts , des marnes , des serpentines , et des amygdaloïdes. Le calcaire bleu ne ressort que çà et là en Argolide, et repose sur les agglomérats des porphyres , etc. (monts Adhères, etc.). Le grand terrain calcaire se divise en deux systèmes, savoir : i ° celui des calcaires lithographiques , s&° la série marneuse et arénacée, avecla craie compacte ou scaglia. Le premier système se trouve au Palamide-de-Napoli , où sa base est verte et enve- loppe des fragmens de calcaire siliceux, de jaspes verts, et de diorite. Au-dessus, viennent des calcaires violets, et ensuite de grandes masses grises , qui renferment , supérieurement , des plaquettes et des nodules de silex. Ce système, de 5oo mèt. d’épaisseur, en supporte un autre qui a 3o mèt. : ce sont des calcaires bréchoïdes, amygdalins , et des roches arénacées. Un second exemple de ces dépôts se trouve dans la coupe de l’Hagios-Elias, près deTirvnthe, entre Argos et Epidaure , dans les montagnes de Phanari , à fentes étroites , etc. Revenant aux roches arénacées , il faut ajouter qu’elles of- frent des agglomérats de serpentine, d’euphotide, de jaspe, et de diorite , et qu’on y rencontre des dicérates et des nérinées ( 4 espèces), des tornatelles ( T . prisca ) , des dentales , des as- trées, et des cariophyllies. À Hagia-Moni , près Napoli, ces roches sont placées sur des serpentines. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. 36 1 Je ne m’appesantirai pas sur ces alternats de grès micacé, de calcaire compacte gris, de jaspe, et de marne, qui forment les parties supérieures de ce terrain de grès vert ; le midi de l’Eu- rope présente à cet égard une similitude frappante, etpartout on observe la meme ressemblance entre certaines parties de ces grès et les molasses. La plaine de Napoli est donc composée de grès vert divisé en groupe serpentineux; en groupe des grès et des calcaires schis- teux ; en groupe des calcaires spathiques ; en groupe du grès vert proprement dit, en couches multipliées et contournées; en groupe des calcaires compactes fins avec jaspe; enfin en groupe du grès rudimentaire, espèce d’agglomérat à fragmens de grès , de quarz , de calcaire , de jaspe , de micaschiste , et de gneiss. Le pied nord du mont Arachnée , le pied des monta- gnes de Phaneromeni , la vallée de Bedeni , les collines de la partie orientale de la plaine d’Argos , les vallées de Nauplie à Ligourio et à Tolon, sont des localités de grès verts. La craie compacte ( scaglia ) forme la plupart des hauts som- mets de l’Argolide , tels que l’Arachnée, les monts Tricôrphi , au-dessus de Mycènes ; le Didyme , etc. Enfin , depuis le cap Malée jusqu’à l'extrémité de l’Argolide , il y a une chaîne qui court du N. -N. -O. au S.-S.-E. , et qui est formée de grès vert et de calcaire compacte crétacé, gris, jaune, ou rouge. A Larissa et à Palamide^ ainsi qu’au mont Chaon,on voit des cou- pes de ces dépôts, et le Zavitza laisse apercevoir aussi , outre la. scaglia, ces alternats de calcaire et de grès marneux micacés à fucoïdes qui caractérisent les Apennins > les Carpathes , et certaines parties des Pyrénées, M. Yirlet a donné un article sur le terrain secondaire de la Messénie et de la Basse-Arcadie , dans lequel il résume de son côté les divisions et les caractères des trois étages de la for- mation crétacée , couvrant plus des trois quarts de la surface du Péloponèse. Ce grand système comprend cinq groupes de roches ; IV- tage inférieur se compose d’un seul groupe, celui des marnes et des calcaires bleus ou noirs à Nummulites , Dicérates et Radiolites; Y étage moyen en comprend deux; le premier grès vert avec jaspe , et la grande série des calcaires com- pactes et lithographiques , et Y étage supérieur offre égale- ment deux masses, savoir : le second grès vert, et les calcaires compactes blancs à Nummulites et Hippurites. lu étage inférieur ayant au moins 3oo mètres de puissance repose sur les grauwackes ou schistes anciens, et est bien 36a RÉSUMÉ DES PROGRES mis à découvert dans les enfoncemens de la plaine de Tri- politza , et autour de la montagne Ziria. Les mêmes roches forment une partie de la chaîne de l’Orexis , du Saïta , des en- virons du lac Phonia, ainsi que tout le Khelmos. Dans les calcaires, la partie interne des radiolites a été dissoute, et la partie corticale seule est restée. Dans les environs de Tripolitza, il y a des calcaires ayant l’aspect d’un dépôt fluviatile, em- pâtant" des mêlâmes et des paludines? mélangées de madré- pores. Lés calcaires bleus sont accompagnés de brèclie-portor sur le côté du mont Orexis , regardant le lac Phonia. Ces roches ont été modifiées en raucliwacke depuis le mont Orexis , jusqu’à Lafka, Voürlia , etc. ; ils sont même devenus des calcaires grenus à Marmarovouno. M. Virlet remarque que les agglomérats serpentineux con- tiennent certains fossiles identiques avec ceux du Coralrag à Saint-Mihiel, faitsemblable à ce qui a été observé par M. Du- frénoy dans la craie des Pyrénées. Il attribue la dislocation des calcaires bleus à nummulites à l’apparition des roches serpentineuses antérieurement au dé- pôt des calcaires lithographiques. Quant à X étage moyen crétacé , les jaspes souvent nodu- laires y paraissent liés aux masses de serpentine, et passent aux grès au moyen d’argiles très siliceuses. Pour M. Virlet, ce groupe indique une période de trouble ayant succédé à la période de calme des calcaires à nummuli- tès* Ce groupe se rencontre entre Arcadia et Pavlitza, à Si- dero-Kastro , entre Saint-Basile, Vourcano et Psoriari , dans là vallée du Pamisus , à l’est de Kalamata , du camp de Sa- kona, dans les plaines de Bedeni, depuis Kastri à Damala, etc. M. Virlet signale dans ces alternats arénacés des amas de calcaire compacte , qui maintenant y produisent des buttes pointues, comme cela a lieu aussi en Istrie , etc. Notre confrère donne ensuite des exemples des alterna- tives de calcaires compactes lithographiques blancs, gris, jaunes ou rouges; ainsi qu’une coupe à travers la Messénie, depuis le cap Gallo à Arcadia. Dans X étage supérieur le groupe du second vert renferme des marnes, des argiles marneuses micacées , des poudingues et des grès ou macigno impressionnés , ou à traces de lignite , à débris de poissons, à dentales , etc. Comme dans les Garpa- thes, ces dernières roches se divisent quelquefois en plaques, hexagonales « DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. 563 Le groupe des calcaires compactes blancs vient se placer sur les calcaires marneux du groupe précédent, et a quelquefois une épaisseur de 3oo mètres. Ces roches renferment des pisoli- tes, des hippurites , des nummulites , des tiges d’alcyôns et des madrépores. Mais si ces restes organiques caractérisent l’immense formation calcaire et arénacée, en couches relevées depuis Modon et Navarin jusqu’à une lieue à l’ouest de Corôn, nos confrères n’ont rencontré aucun corps organisé en Mèssérïié, dans le groupe des calcaires compactes et lithographiques. Comme en Dalmatie , ces calcaires produisent des montagnes à contours rudes , tandis que les argiles et les grès se désa- grègent en collines mamelonées, et les poudingues en escarpe- mens. Cette scaglia constitue l’île Sapience , la montagne du Saint- Nicolas, celles de Navarin, les collines deKatakolo, de 3^.1emout- zi,deKounoupeli, du Movrovouna jusqu’au cap Baba, à l’ouest de Patrâs, et une partie du Santa-Meri. On la retrouve en Livadie, au nord de Missolonghi, au mont Zigôs, dans les collines d’Anatolieo , etc.; en Àrgolide, elle forme les monts Kheli et Dydime. C’est surtout ces calcaires de la partie occi- dentale de la Morée qui renferment des fentes remplies dë brèche ferrugineuse rouge sans ossemens , mais avec quelques coquilles terrestres ou d’eau douce. Le système des grès verts supérieurs et des argiles bleues et vertes suit à peu près la même direction que les calcaires blancs ; ainsi , il s’étend des plaines de Modon tout le long de la chaîne de poudingue , depuis le cap Gallo jusqu’à Àrcadia , et il forme les plaines de la partie occidentale de la Morée jusqu’à Patras ( Smerna , Beceré , etc. ). Il est couvert de poudingues tertiaires dans les hauts plateaux de l’Elide, et il renferme des lignites ( Tripolitza, Argos , Modon). Les poudingues à ciment siliceux ont une épaisseur de 5oo mètres , et constituent la partie occidentale de la chaîne mes- sénique depuis le cap Gallo jusqu’à Arcadia. Ils sont compo- sés de galets, de calcaire compacte lithographique , de silex et de jaspe de l’étage moyen , circonstance qui indiquerait une dislocation ou un bouleversement arrivé avantle dépôt de l’étage supérieur. M. Dufrénoy a observé dansles Pyrénées un sembla- ble accident , et en Grèce la dernière apparition des serpenti- nes s’y lierait, à moins qu’on ne dût y rattacher les roches amygdaîaires de la Basse-Arcadie. Or, ces dernières percent à travers les calcaires lithographiques des montagnes deKoutra, et au milieu des grès et des jaspes au pied du Lykodino. RÉSUMÉ DES PROGRÈS 364 Je ne puis entrer dans les détails locaux donnés par M. Virlet sur les monts Mali , sur le mont Psykro, sur la route de Mes- sène à Androussa, sur les environs de Sidero-Kastro et de Pavlitza , la plaine de Koritaena , et le Diaforti; ce sont tou- jours des calcaires compactes crétacés , des grès verts avec jas- pes et silex, et çà et là des roches ignées. A Zaraka , les calcaires bleus à nummulites sont couverts par le calcaire lithographique, et sur celui-ci viennent les pou- dingues calcaires tertiaires du mont Gavrias, et du côté mé- ridional du lac de Stympliale. Le Mont Vodia, à l’est de Patras , les îlots d’Ankistri , de Moni et de Metoki près d’Egine , FAcrocorinthe , les monta- gnes de la presqu’île de Dara , et une partie de l’île de Poros appartiennent encore à ce système de calcaire gris à silex , et quelquefois à hippurites, dicérates, etc. Nos confrères distinguent en Grèce et dans l’Archipel deux sortes d’ éruptions s erp entineus es et diallagiques) l’une dans les terrains anciens , et l’autre dans le sol secondaire récent de la Morée, et répondant aux diorites des Carpathcs et des Pyré- nées. Cette dernière division comprend deux variétés dérochés, les serpentines noires compactes ou diallagiques ( isthme de Corinthe , Acrocorinthe, collines de Katchingri , de Damala , d’Epidaure et de Kastri ) , et des serpentines sans lamelles de diallage , réticulées , et à teintes sales et bigarrées (Argos, Be- deni, Trinisa et Poros ). A Hiero , il y a dans ces roches des enduits de manganèse oxidé. Les euphotides y sont plus rares qu’en Italie. Près de Nauplie , la serpentine paraît avoir précédé le dépôt de l’étage moyen crétacé, et a produit un agglomérat à graviers serpenti- neux, comme en général les grains verts des grès crétacés de Morée peuvent être provenus en grande partie de roches semblables. A FAcrocorinthe , la serpentine perce les calcaires violets et verts, et renferme du carbonate de magnésie ; les bancs y sont parallèles à la stratification des jaspes et des calcaires , et leur direction est N.-O. S.-E. Les mêmes circonstances se présentent sur le versant des montagnes de Phanari. Entre Nauplie et Epidaure un filon serpentineux se ramifie au milieu des scaglias rouges à silex. Dans l’île de Poros l’éruption ignée a fracturé les calcaires, et en a enveloppé des lambeaux. Derrière Argos , la serpentine a contourné les calcaires , et brisé des couches de jaspe. A Ellio , il y a des alternats de serpentine, de calcaire et de grès verts. Dans la plaine de Bedeni, la serpentine a produit DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. 565 avec les couches marneuses des espèces de brèches ou des ro- ches variées à lames de diallage ; il y a même des roches à noyaux calcaires. L’épanchement des serpentines en Grèce est antérieur à la formation des plus anciens dépôts tertiaires de ce pays, puis- que ces derniers les recouvrent à Cranidi , et sur la route de Monembasie , dans le col qui sépare la côte orientale et la val- lée de Phiniki. Au sud d’Epidaure, la serpentine supporte du tuf calcaire , et le plus, souvent les serpentines ont peu influé sur les calcaires compactes , tandis que les premières roches sont cellulaires, et traversées de giobertite près des calcaires, celles-ci ayant réagi sur les serpentines. D’une autre part, les argiles marneuses ont été fort altérées, et ont été changées en brèches , et les grès sont devenus quelquefois fragmentai- res et lustrés. Les jaspes alternent en bancs réguliers avec les serpentines comme les grès verts avec les calcaires ; ces jaspes forment sou- vent des amas sphéroïdaux (Saint-MercurioprèsNauplie), qui, comme en Italie , viennent couper et lier ensemble plusieurs lits semblables. Nos confrères n’osent pas émettre leur opinion sur la formation d’origine mixte ou multiforme des jaspes • en résumé la plus grande partie des serpentines ont paru avant la scaglia et Je grès vert supérieur et après la série lithographi- que , et M. Virlet présume qu’une éruption a pu avoir lieu dès l’époque du premier grès vert , mais après le dépôt des calcaires bleues à Nummulites. Rien n’annoncerait que l’épan- chement serpentineux se soit prolongé jusqu’à la période sub- apennine , comme M. Dufrénoy l’a constaté pour le sud des Pyrénées. Dans le chapitre Y on apprend que la Morée n’offre , en fait de dépôts tertiaires , que deux grands terrains. Le plus ancien , rélegué dans le nord de la presqu’île, est un massif de poudingues polygéniques , de sables , de calcaire marneux , et d’argiles caîcarifères rouges ou brunes , reposant en stratifica- tion non concordante sur la craie. Ce terrain s’élève jusqu’à 1800 mètres de hauteur, tandis que le terrain subapennin dessine autour de la Morée une ceinture horizontale, dont l’élévation dépasse rarement 3oo mètres. A la première époque, le Péloponèse était une île océanique, et à la seconde une île méditerranéenne. Les poudingues tertiaires ne se distinguent de ceux du grès vert de la Messénie que par leur ciment calcaire, tandis qu’il est siliceux ou arénacé et rarement effervescent dans les autres j 366 RESUME DES PROGRES leurs élémens sont du reste les mêmes, savoir: du calcaire çoippacte noir, Lieu , jaune, gris , violet ou blanc , du jaspe , des silex et des grès crétacés. L'île de Spezzia, qui en est entièrement formée, donne à ce <}épôt au moins 3oo mètres de puissance; ses couches sont en général peu inclinées, de 10 à n° au S. -O. Le poudingue , reposant sur le grès vert , forme toute la presqu'île de Kra- nidi , du port de cette ville à celui de Kastri. Il se prolonge vers le N.-O. jusqu’à la plaine d'Argos ; il forme le pourtour des plaines de Neméeet de Saint-George; il flanque, au nord et au sud, le montZiria, en formant le Mavronoros etles plateaux de la côte d’Aegire, ainsi que la chaîne du Gavrias et du Yezitza. Depuis Mavronoros jusqu'au Voidia, tout le versant nord de Ja chaîne achaïque appartient aux agglomérats à travers les- quels percent des calcaires compactes à silex. Entre Corinthe et Patras ils forment les rochers pittoresques de Mavrolithari , et plusieurs escarpemens brisés; enfin, ils se trouvent à Kala- yrita sur le mont Voidia , sur les contreforts d'Olenos,, et ils constituent les plateaux élevés à la base de FErymanthe, sa- voir ceux de Lala ou de Pholoë. Dans ces derniers lieux , les couches sont horizontales , quoiqu’à 800 mètres d'élévation. Les poudingues étant placés entre la craie et la formation subapennine, sont à placer en parallèle avec les agglomérats de Supergue ou le calcaire parisien. Or, la première supposition paraîtrait la plus probable , quoiqu’on n’y ait pas reconnu de fossiles. Quant au rapprochement que nos confrères veulent établir entre ces poudingues et les nagelfluhs de la Suisse dans la partie supérieure de la molasse , je pense qu'ils se trompent , puisque les molasses à coquilles subapennines gisent en Suisse sous ces nagelfluhs, qui ne s’élèvent jamais à 1000 mètres, si une fois pour tout on voulait reconnaître le poudingue de Rigi pour une dépendance du grès vert. Cette formation s’abaisse graduellement des sommets de l'A- chaïe jusqu'à l'extrémité de l’ile de Spezzia, et disparaît dans le midi de la Morée; les couches inclinant toujours vers le S. et le S.-E., le soulèvement des montagnes de l'Achaïe a du être accompagné d'un mouvement de bascule qui a plon- gé sous les eaux la Morée méridionale. Le terrain subapennin ne forme qu’une bande étroite et in- terrompue entre le golfe de Corinthe et le grand escarpement de poudingues des montagnes achaïques. Il constitue F isthme de Corinthe et de Mégare; il est en lambeaux soulevés dans tout le golfe de l'Attique, dans les îles de Platia ; d'Eleousa et DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l835. 867 d’Egine, sur la côte orientale de la presqu’île de Methana. Dans l’Argolide son étage supérieur ressort de la mer de Me- t li an a à Nauplie. Il en est de même sur toute la côte occiden- tale du globe argotique, oii cette formation manque sur les rivages escarpés, et ne paraît en nappes qu’à l’ouverture des vallées. Dans le golfe de Laconie, elle forme une bande d’autant plus large que le rivage ancien a moins d’élévation , et elle s’étend jusqu’aux sources d’Eurotas , en s’élevant çà et là à 5oo mètres de hauteur , par suite de dislocations. Dans la Messénie, elle recouvre le plateau entre Navarin et Coron • elle comble la vallée du Pamisus, et constitue sur le revers occidental duTaygète une lisière qui atteint 5oo mètres d’élévation à Androuvitsa, tandis que sur les côtes de la Mes- sénie 011 en observe une large bande qui , resserrée entre les montagnes de la Triphylie , se développe dans toute la Basse- Elide et la Pisatide au pied des escarpemens despoudingues de Lala. Le même terrain se retrouve dans la vallée de l’Alphée, aux environs d’Olympie, et sur les deux rives du fleuve jus- qu’au-delà d’Avani. Enfin , il forme une partie de l’ancienne Achaïe jusqu’à Patras et Vostitza • ses dénudations y ont pro- duit la plaine sableuse et alluviale de Patras. Cette ceinture subapennine est très bien indiquée dans la carte topographique de la Morée , et on dirait que c’est un dé- laissé de la mer qui s’est abaissée. En poursuivant la même formation dans tout le pourtour de la Méditerranée , sur les deux revers des Alpes et à travers les mers Noire et Caspienne, fort loin en Asie, on est obligé d’y reconnaître un type tertiaire bien autrement important que tous ceux qu’on en sépare ou qu’on a voulu en séparer. Nos confrères pensent que l’émersion de ce dépôt d’une si grande étendue est due en grande partie au soulèvement des chaînes parallèles des Alpes et del’Atlas. Il y a encore en outre des dislocations dirigées à peu près suivant la ligne N.-S. , sans que les couches soient inclinées. Les caractères de cette formation sont ceux de dépôts litto- raux sur le pied de rivages élevés. A quelque distance de ces derniers, il s’est formé, comme en Italie, des marnes bleues souvent à lignite surmontées de sables jaunes et calcarifères ou verdâtres et micacés, tandis que sur la partie supérieure sont venus se placer des calcaires fins , peu coquilliers , des calcai- res moellons ou pierre P oros. Au pied des escarpemens les marnes sont remplacées par des agglomérats détritiques, et le» calcaires par des alternatives de sables et de poudingues. RÉSUME DES PROGRÈS 368 Nos confrères ont recueilli deux cents espèces de fossiles dis- tribués irrégulièrement dans ces assises , et établissant , d'après M. Desliayes , l'identité de ces dépôts avec ceux d’Italie. Ils s’expliquent le peu de pétrifications des calcaires-moellons, parce que ces couches auraient été formées dans des eaux très salées , ou au contraire seulement saumâtres ; en un mot , dans de petites lagunes. Après ces indications générales , nos savans géologues décri- vent : i° le sol subapennin de Coron à argiles avec YOstrea naviculciris y des Spondyles ( S. quinquecostatus ), des peignes ( P.Jlabelliformis ) , et à sablesj aunes avec des térébratules ( T. vi- treaeiAmpulla )j fi° le gisement d’Androussa en Messénie, à sables et poudingues; 3° celui deModonetde Navarin ( Y. BulLy vol. II, p. 3oi ), où la masse des calcaires et des poudingues porte les traces de perforations de lithodomes à deux niveaux différens; l’un à io mètres y et l’autre à 6o mètres de hau- teur absolue; 4° les roches de Maratlionisi , composées de bas en haut d’argile rouge à sélénite, d’argiles ferrugineuses et de sables calcarifères ou micacés à huîtres ; 5° le gisement de Sparte, savoir, des poudingues, des sables et des marnes bleues; 6° les couches de la Basse-Messénie et de l’Elide; 70 celles de l’Argolide, réduites aux masses supérieures. La liste des fos- siles déterminés par M. Deshayes termine ce chapitre. Dans un article séparé M. Yirlet décrit un terrain calcaire d’eau douce à lignite dans l’île d’Hiliodromia , appartenant à l’Archipel du Diable. Ce dépôt est à ^5o à 3oo mètres au- dessus de la mer, et repose sur un calcaire crayeux, qui a pour base des schistes micacés et argileux à bancs calcaires. Comme ailleurs , ces roches recèlent des coquillages d’eau douce et terrestres, et des impressions de plantes, en particulier, du Taxodium europœum , genre n’existant plus en Europe, et se retrouvant dans d’autres dépôts tertiaires récens de ce con- tinent ( Voy. à ce sujet la note de M. Ad. Brongniart dans les Annales des sc. natur . , i833, vol. XXX, p. 168). Les couches en question ont été relevées en dos d’âne par le système de dislocation, qui a produit le détroit des Darda- nelles, et que M. Yirlet compare au soulèvement des Alpes occidentales. D'une autre part , il établit que sa formation a exigé l’ existence/!’ un lac, dont une partie du fond et des parois sont maintenant englouties dans la mer. L'Archipel du Diable atteste assez les déchiremens que le continent turc a éprouvés. M. Virlet a reconnu que le sol primaire domine dans les rochers de Dio Delphia ainsi que dans les îles de Skiathos et de DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 835. 369 Skanzoura, tandis que Xero, Xera-Panagia, Jaoura,Pipéri, etc., sont formés par le calcaire crétacé à liippu rites de l’Europe méri- dionale. M. Y. a pu bien étudier ce terrain dans l’ile de Skopelos, où il repose sur les schistes argileux , et où il contient des tornatelles ( T. prisca Desh. ) , et des turritelles ( T . antiqua Desh. , Expédition de la Morée, p. 233, et Ann . des sc. nat., vol. XXX). En Morée, à 2 lieues à l’est de Karitœne, il y a, d’après M. Virlet, sur la rive droite de l’Àlpliée des monticules d’ar- gile marneuse, blanc-bleuâtre, sans fossiles, et sur la rive gauche des argiles plastiques avec du lignite à coquilles lacus- tres ) ce dépôt s’est formé lorsque la plaine de Sinano formait un lac entre Léondari et Karitœne. Plus tard, une fracture dirigée du S.-E. au N. -O. a mis ce lac à sec, comme cela est arrivé dans la vallée de Tempe, qui sépare l'Olympe del’Ossa. L’âge de ce lignite pourrait correspondre à celui de la for- mation marine subapennine. Dans Y île de Skyros, M. Virlet a trouvé des micaschistes, des schistes argileux et des calcaires grenus, et des schistes à noyaux quarzeux. Sur ce sol ancien se trouvent des calcaires crétacés modifiés, avec des serpentines et des roches diallagiques au centre de la partie occidentale. Dans ces dernières roches , il y a du fer chromé, du fer oxidé manganésifère , et des masses granulaires et prismées de fer oxidé hydraté et magné- tique. Dans la partie méridionale de Vile des trachytes ont pénétré à travers les feuillets ondulés et plissés des schistes alumineux. Du grès tertiaire à Madrépores existe dans la partie N.-E. de Skyros, et est recouvert de calcaire d’eau douce. Dans le chapitre VI sur les dépôts volcaniques de la Grèce, M. Virlet ne nous y montre qu’une seule formation de trachyte, qui ne s’observe hors de l’Archipel que dans la presqu’île de Méthana. Le basalte iTexiste pas en Grèce , mais en Asie- Mineure , comme sur la côte en face de Samos , à Lesbos , entre Smyrne et Pergame , et dans la Troade. Dans la région méridionale de la Grèce , le sol trachytique comprend dans l’Archipel l’îlede San torin, les rochers de Chris- tiania, Milo, Antimilo, l’Argentière, Polino, Poîycandros, les écueils de Kténia , des Annades, de Phalkonéra, deKaravi, la petite Kayméni ou Bclo-Poulo; dans le golfe d’Athènes, Poros, Egine ; enfin , l’ile de Skyros. Dans File de Négrepont, Strabon indique une éruption de boue enflammée, ayant eu lieu dans la plaine de Lelarite , après un tremblement de terre. Soc . géol . Tome V. 24 RÉSUMÉ DES PROGRÈS 570 Parmi les îles delà Thrace, Imbros, Samotfiraki, Lemnos et Ténédos appartiennent aux dépôts trachytiques qui existent aussi dans la Cliersonèse de Thrace , ie long de la falaise de cette presqu’île, dans le golfe deSaros, à l’O. et au N. -O. de Gallipoli. Ces roches se trouvent aussi à Smyrne , à Per- game, dans la Troade ; elles forment une chaîne à Test d’Eski- Stamboul , et sur les rives du Bosphore de Thrace vers son embouchure, dans la mer Noire , elles constituent les îles Cya- nées. La configuration du sol trachytique présente un aspect âpre, raboteux et aride; il est couvert de caroubiers, d’arbousiers, et d’oliviers épars ça et là. Les trachytes sont des masses fendillées et fragmentaires sans stratification; en Grèce, ils paraissent avoir été soulevés en masse à l’état pâteux. M. Viriet émet l’idée que des roches ignées, telles que les granités, auraient pu par des actions chi- miques et volcaniques être soulevées, et poussées sur des ro- ches formées bien postérieurement à ces dépôts. De même des altérations auraient pu avoir lieu sur les roches au contact avec les granités, et des passages difficiles à expliquer autre- ment en seraient résultés. Les dômes ou pitons trachytiques sont isolés ( Poros, Milo) , ou groupés (Méthana, Egine ) ; ils sont à pentes raides, en- tourés de mers profondes ; ainsi , à Méthana , on trouve 80 brasses à ^5 pas du rivage , et le trachvte s’y élève à 700 mè- tres de hauteur absolue. Le pic d’Oros, à Egine , atteint 534 mètres; celui de Rastron, à Milo, est -en forme de pain de sucre. De véritables coulées de trachytes se présentent à San to ri 11 et à Méthana. Au milieu des trachytes fragmentaires, il y a des apparences schisteuses ( Méthana , Egine ) , et les caractères de stratification sont encore mieux marqués dans les lieux ou il y a de nombreux conglomérats* comme à Milo, à TArgentière, à Polycandros et Santorin. Les différences observées entre les laves , les basaltes et les trachytes tiennent plutôt au mode d’agrégation chimique qu’à leur composition, qui paraît être à peu près la même. En Grèce, les trachytes n’ont pas cessé de se montrer depuis le dépôt des anciens poudingues tertiaires, et ils sont à la fois contemporains des formations tertiaires les plus lécentes , et de l’époque actuelle. Ainsi, Santorin , Méthana, et même Egine, nous offrent des exemples de trachyte de l’époque mo- derne , tandis que leur apparition se lie à la dislocation des DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. 3?! anciens poudingues tertiaires. Ils redressent les calcaires com- pactes à Egine, Méthana et Skyros, dans la direction du N. 68 à 70° E. S’ils sont couverts par la formation subapennine à Egine , Méthana et Milo , ils relèvent les argiles subapennines, à Egine , et les sables et les calcaires-moellons à Méthana , entre "V romo Limni et Rosonia. Dans le sud de la Grèce, le terrain tracliy tique paraîtêtre en rapport avec le système pyrénéen. Celui de Poros et de Mé- tliana affecte la direction achaïque N. 5g à 6o° O. Une ligne parallèle partant d’Egine passerait par le torrent de Ko? rantzia, où des éruptions gazeuses produisent journellement du gypse, du soufre, du sulfate de fer et de l’alun • elle rencontre- rait aussi les eaux chaudes de Loutro , et les eaux thermales sulfureuses à l’ouest de Lépante , dans le défilé de Kaki-Skala. Plus au sud , il semblerait y avoir un second parallèle voR canique , comprenant Santorin, Christiania, Polycandros , Polyno, l’Àrgentière, Milo , Àntimilo, Falkonéra, Karaviet Bélo-Poulo. Si cette bande, dans la direction achaïque ( O. -N,? O. à E.-S.-E. ) était prolongée , elle passerait^ aussi sur les boues thermales sulfureuses deRatakolo. C’est à tort qu’on a voulu rattacher au système olympique ( N. -O. S.-E ) les massifs trachytiques de la mer Egée. Poros , Méthana et Égine sont à quatorze ou quinze lieues au nord de l’alignement de ces îles trachytiques, et tous ces points paraissent appartenir à une large bande irrégulière assez rapprochée de la direction du golfe de Lépante* ils ont apparu dans la mer des dépôts tertiaires , et sont situés au sud de l’axe granitoïde, qui divise en deux parties le bassin de la merEgée. Déplus, tous ces pointemens trachytiques ont conservé jusqu’à nos jours un foyer d'actions ignées , en sorte qu’ils n’ont cessé d’être des points de moindre résistance dans la croûte du globe. Ceci amène M. Virîet à énoncer, en contradiction avec des géologues célèbres , que les trachytes ne sont pas la cause des divers soulèvemens qui ont affecté le sol tertiaire de la Grèce $ mais que leur apparition est la conséquence de ces derniers, et des dislocations qui ont permis le percement des trachytes. La presqu'île de Méthana est un mamelon trachytique de 74 1 mètres de hauteur, adossé à du calcaire à Jiippurites, et lié par les mêmes roches à la presqu’île de Dara. Le trachvte en coulée sorti d’une fente ou d’un cratère effacé , y recouvre des grès verts inférieurs , et est accompagné de conglomérats, Strabon et Ovide y indiquent positivement des éructations Ira» RÉSUME DES PROGRES 37*2 chytiques récentes suivies de vapeurs méphitiques; c’est proba- blement à Kayméni-Pétra qu’eut lieu cette addition à l’ancien groupe trachytique au moyen de trachytes noirs scoriacés. Pausanias dit que les bains chauds à 3o stades deMéthana, à Yromo-Limni , n’apparurent que sous le règne d’Antigone. Dans la partie septentrionale de la presqu’île, il y a une autre source thermale sulfureuse. A Hagios-Théodoros des conglomérats trachytiques à ciment calcarifère recouvrent les calcaires subapennins. Entre Kay- méni et Yromo-Limni, à Kato-Mouska, il y a des trass , et les villages d’Apano-Mouska et de Korésio sont situés dans un amphithéâtre cratéri forme. Des enfoncemens semblables exis- tent dans les montagnes dominant Yromo-Limni, et dans cette région élevée se fait sentir une odeur sulfureuse prove- nant , suivant M. Virlet, de la décomposition des pyrites du trachyte alunifère. L’île de Poros est composée de deux massifs séparés par un isthme de sable : l’un est secondaire et serpentineux , et l’autre est un piton ou bouchon trachytique soulevé à un endroit où il y avait des conglomérats trachytiques : de manière que ces derniers ont été traversés et redressés. Le trachyte y est am- phibolique et micacé, quelquefois quarzifère, comme à Mé- thana. Le terrain trachytique d 'Egine est curieux par sa compo- sition diverse et par les bancs irréguliers de ses différons amas volcaniques. Ces bancs suivent deux directions : l’une , de l’O.-N.-O. à l’E.-S.-E. ; l’autre, de l’O.-S.-Q. à 1 E.-N.-E., ou à peu près; elles sont parallèles l’une au système du golfe de Lépanîe et l’autre à celui de l’Erymanthe. Serait-ce une consé- quence des directions des fractures d’où ces roches sont sorties? Les trachytes ont paru à M. Yirlet avoir des indices de stratification dans les lieux où ils sont en coulées. Les variétés de trachyte d’Egine sont des roches porphyroïdes bleuâtres, à amphibole ou pyroxène , et à mica ( mont Maurato, dans le nord de l’île, etc.); des trachytes granitoïdes , poreux, et quarzifères (au centre de l’île ) ; des trachytes euritiques (pic Oros), des domites micacées ( pied de Palæakhora ), des trachytes porphyroïdes rouges ou ferrugineux (Péribolia), à amas bleuâtres, accidens qui se revoient en Transylvanie, en Hongrie , Italie, etc. Quant aux trachytes altérés , la domite n’est due qu’à une iécoloration acide des roches bleues ; phénomène qui se re- marque dans toute la vallée de fracture O.-N.-O. à E.-8.-E. DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 835. 3?5 du centre de l’île , en particulier dans le mont Fendu. C’est aussi le gisement du gypse et des alunites, que M. Virlet nous a décrit en i83s (Voy. Bull vol. Il, p. 35*]). Les agglomérats trachytiques d^Egine sont de deux espèces : ceux composés uniquement de trachyte, et qui ont été déposés sous une eau non agitée; et ceux à ciment tufacé, calcaire, et produits par les destructions éprouvées postérieurement par les roches trachytiques. Les premiers alternent avec des argiles tertiaires , sablonneuses , et des marnes coquilîières, indiquant le commencement de la formation des calcaires tertiaires aré- nacés. Nos confrères ont cru y remarquer l’absence des tra- chytes rouges, qui seraient, d’après eux, postérieurs aux roches de teintes bleues. L’agglomérat tufacé, plus abondantque le pré- cédent, s’élève en collines jusqu’à smoinèt. au-dessus de la mer. M. Yirlet nous a fait connaître en détail l’île de Santorin , avec son cratère, son port, ses îlots volcaniques , Paîéo-Kay- méni , Micro-Kay méni , et Néo-Kayméni ; et ses parties détachées formant les îles de Thræasia et d’Aspronisi. A l’ex- ception d’un noyau de schistes anciens et de calcaire, toute l’île de Santorin est composée de conglomérats trachytiques et incohérens, de cendres ou decinérites, quelquefois à fragmens d’obsidienne , de trass , de pépérinos, et de rapilli , alternant avec quelques coulées trachytiques et des roches vitreuses (Néo-Kayméni ). Quant à l’origine de cette île et de son cra- tère, quant à la formation successive de ses appendices, de leurs soupapes ignées , et de leur activité volcanique actuelle, je renvoie aux Mémoires insérés dans le Bulletin ( vol. III, p. io3, 287, 3o2, 3iq, et 3i3). Milo a un port circulaire, comme Santorin, de manière qu’on a cru y voir aussi un cratère sous-marin , tandis que c’est une île plutôt volcanisée que volcanique. Ce n’est pas une île formée par un soulèvement central circulaire, mais le résultat de diverses dislocations, en partie plus récentes que celles auxquelles sont dus les reliefs des autres îles de l’Archipel. La partie S.-E. de l’île s’élève à 75 6 mèt. , et est composée de gneiss , de micaschistes , de schistes argileux, de calcaires gre- nus, de diorites, et de serpentines. Le fer abonde dans la région, entre le cap Raisso et Saint-Élie , et la portion N. -O. est tra- chy tique. Cette dernière s’étend du cap Kerdhari jusqu’au mont Kastron , et comprend les écueils d’Àkradies, et proba- blement d’Antimilo ou Remomilo. Le trachyte y est encore amphibolique et micacé , et quel- quefois assez dur pour servir de pierre à aiguiser* En face de RÉSUMÉ UES PROGRÈS 3?4 FArgentièrè, ces roches produisent une colonnade de prismes, ainsi que l’écueil de Kaloyeri. Dans la partie S.-E. et S.-O. de i île , les roches anciennes , recouvertes par les terrains tertiaires et les aggrégats trachv- tiques , ont été plus ou moins altérées par le feu et les vapeurs acides. Cette altération a procédé du sud au nord, depuis la montagne de Kalamo jurqu’ à Apollonia. Les roches y sont de- venues plus ou moins alunifères, se sont mélangées de soufre, couvertes d’efflorescences, ou bien elles sont décolorées, ou cou- leur lie devin, ou verdâtres , et sans végétation. Ces accidens sont extrêmement importans à observer, en ce qu’ils nous don- nent la clef des décolorations et des colorations de masses mi- nérales, maintenant fort éloignées de toute bouche volcanique. A Agia-Marina , il y a des trachytes couverts de trass et d’agglomérats j et entre Kalamo et la vieille ville, il y a des trachytes granitoïdes, altérés et blanchis. Le terrain subapennin s’élève, à Milo, jusqu’à s5o met., et constitue la partie supérieure des collines entre la plaine de la Vieille-Ville et la montagne de Kastron. Les calcaires moel- lons s*y rencontrent, et il y a assez de fossiles. Sur ces roches, viennent des agglomérats trachvtiques , à fragment d’obsi- dienne et de perlite( Voy. Bull., vol. II, p. 356) , ou des con- glomérats ponceux, ou trass, comme autour d’ Apollonia. Près d’ Agia-Marina, le ciment calcaire d’un agglomérat trachytique est converti en gypse. Près de Saint-Cyriaque et la montagne de Kalamo, au sud de Kastron , le sol ancien est crevassé , et on y observe encore actuellement une grande chaleur : il s’en dégage de l’hydro- gène sulfuré, et on y remarque des efflorescences de soufre et de mu:iate de soude. Quant aux roches, elles sont passées à Pétat d’alunite, couvert d’alun et de sulfate de fer. Des bancs argileux ou un peu marneux ont été convertis en terre à fou- lon ou cimolite,qui n’est donc pas une roche trachytique, comme l’a prétendu Olivier. Les schistes anciens sont devenus friables ou méconnais- sables, ayant perdu leur structure schistoïde; les roches feld- spathiques sont passées à l’état d’aluminite, ou de tufs blanchâ- tres, souvent pulvérulens, tandis que çà et là des portions sont peu altérées ou intactes. Au sud du mont de Kalamo, il y a la Soufrière, qui est une eau thermale salée , sourdant d’une grotte tapissée de soufre êt de sels alumineux. Tous les conglomérats trachytiques , les trass et le!» pépérinôs, ont été convertis en alunites , ou roches DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 835. 575 alunifères, qui ont été quelquefois silicifiées. Ainsi se sont for- mées des brèches alunitiques, en partie siliceuses , comme à Munkacz, en Hongrie. Les plus grandes exploitations d’alun étaient à une demi- lieue au N.-E. de la vieille ville de Milo. L’alun de plume est accompagné de gypse fibreux. Une autre ressemblance que cette île a avec la Hongrie, c’est rexistence des meulières, provenant des infiltrations siliceuses, dans les brèches ponceuses , les pépérinos , et les agglomérats trachytiques. Le silex carié est le terme extrême de cette transmutation. Le soufre se trouve en filons et nids dans ces pierres molaires, qui forment un objet d’exportation. Comme en Hongrie, il y a aussi à Milo de ces alunites blan- ches , a moitié terreuses et à moitié porcellanites ; des espèces de quarz neclique, enveloppant des noyaux de jaspe blanc , ou résinoïde, gris ou rouge; enfin des silex améthystes ou calcédonieux. Les ponces abondent à Milo, et étaient employées jadis. Le soufre, résultant de la combustion lente du gaz acide hydro- sulfurique, se trouve à la Soufrière et a Rheuma , dans les alunites silicifères. Le sol de Milo est encore travaillé fortement par- les feux souterrains, témoin la chaleur des carrières d’alun, à la grotte des Corsaires, au pied d uSaint-Elie, et dans celle de Lou- tro , a eau salée. A Protothalassa , non loin du dernier lieu , il y a des eaux chaudes, sortant des sables du rivage, et conte- nant du sulfate d’alumine et de fer. Deux autres sources exis- tent entre Saint-Constantin etKastron. Cimolis a été appelée l’Argentière, à cause des mines d’ar- gent situées vers le cap faisant face à l’îlot Saint-George. C’est une île entièrement volcanisée, comme Milo ; les roches y sont calcinées, et altérées par l’action des feux souterrains et des fluides élastiques, qui les ont traversées. Comme cette dernière île, Cimolis est composée de roches anciennes, detrachytes, de conglomérats trachytiques et ponceux , et de terrain subapen- nin. Ce dernier existe surtout dans la partie méridionale et la pointe S. -O. Les conglomérats se trouvent partout, et ont été réduits la plupart à l’état d’alunite. Les agglomérats ponceux y passent aussi au silex molaire, et des brèches trachytiques , infiltrées de quarz, y produisent des meulières. Enfin, il y a des grès feldspathiques, alunifères, ou passant au silex ; et ces roches sont toutes imprégnées de muriate de soude. 3^6 RÉSUMÉ DES PROGRÈS Dans cette île , comme à Milo, M. Yirlet croit que des cris- taux de feldspath vitreux se sont formés dans certains conglo- mérats ponceux , au moment où ils devenaient, par une espèce de fusion, des espèces de porphyres verts siliceux. Il cherche à étayer cette idée, émise la première fois parM. Beudant, en supposant la division des élémens du feldspath au milieu d’une masse pâteuse, ainsi qu’un grand développement de chaleur, le jeu des actions électro-chimiques, et le concours de vapeurs aqueuses mêlées de muriate de soude. Poursuivant ce genre de raisonnemens , M. Yirlet entrevoit même la possibilité de la formation en place de porphyres et de trachytes , par suite d’actions chimiques et électro - chimiques , dans des roches aggrégées ; espèce de transmutation que je crois aussi seule capable d’expliquer certains bancs et amas cristallins, et cer- tains passages au milieu du sol schisteux ancien. M. Yirlet cite à l’appui de son opinion un grès feldspathique grossier d’Imbros, qui a été changé aussi sur plusieurs points en un porphyre trachy tique, et ailleurs en une roche cariée ou un jaspe. Ces modifications et ces passages ont lieu horizontale- ment $ et près de ce lieu il y a une espèce d’amphithéâtre en- touré de monticules nus, semblables à autant de monceaux de débris d’incendie, les uns ayant les formes coniques d’un cra- tère, les autres crevassés, et ayant laissé échapper des gaz élas- tiques. Sur ce sol brûlé, jadis chaud , sont éparses des masses énormes de jaspes, qui sont devenues pulvérulens, ou se délitent en petits fragmens; et le passage de ces mêmes ro- ches au porphyre trachy tique y a lieu en grand et eu petit. C’est donc bien une modification sur place, et non pas une in- jection porphyrique, avec des salbandes d’altérations au milieu d’un grès. La cimolite , abondamment répandue dans l’île, est une argile blanche, bleue , onctueuse, et molle, résultant de l’al- tération ignée d’une argile probablement un peu marneuse. Elle présente encore des grains de quarz et d’autres fragmens altérés; elle est remplie de sélénite , et contient de la pyrite de fer : c’est, en un mot, une roche subapennine un peu muriatifère. Le rocher de Thermo-Pétra est volcanique, et il s’en dégageait jadis une grande chaleur. Polyno et l’îlot Saint-George ont la même constitution géognostique que Cimolis et Milo. Partout on y retrouve les traces de l’action du feu et des gaz : les alunites pulvérulentes et silicifères s’y rencontrent , ainsi que des agglomérats, des trass, et des roches primaires. Ces trois îles, ainsi que les DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 'S'/J écueils qui les entourent , constituent un groupe volcanique plus moderne que le reste des îles de l’Archipel; ce foyer a commencé à manifester son action, avant le dépôt subapennin, par l’apparition de trachytes, et, plus tard , par des éruptions sous-marines contemporaines et postérieures à cette époque. Depuis l’émersion de ces îles , et le relèvement du terrain ter- tiaire, leur sol crevassé a surtout souffert des émanations gazeuses. L’ile de Polycandros établit une liaison entre Milo et San- torin, et est encore un massif volcanique et voicanisé à tra- cbytes et ponces. Il y a une grotte avec du fer oligiste étoilé. Les îles de Bélo-P oulo ou Kay nié ni , de Phalkonera et l’écueil de Karavi ont la même composition que Milo et Cimolis. L’île de Bélo-Pouîo est séparée en deux massifs par un large filon jaunâtre tufacé. Les îlots de Christiania sont des pitons trachy tiques. Le plus grand, celui d’Àskania, offre du trachyte lilas ou gris à amphibole , et quelquefois à fragmens de granité. Des brèches et des agglomérats trachy tiques, roches contenant du muriatede soude, et des agglomérats décolorés en jaune par des vapeurs sulfureuses. Dans la partie orientale de l’isthme de Corinthe, à une lieue à l’ouest de Kaîamaki , des éructations gazeuses ont lieu dans le fond d’une fracture du terrain subapennin, repo- sant sur le système crayeux. Les fluides élastiques s’échappent à travers les serpentines diallagiqucs avec jaspes. Ils ont une odeur styptique et sulfureuse , et le sol est tout imprégné de soufre et de concrétions alumineuses et magnésiennes , ainsi que de sélénite qui cimente une espèce de brèche. Il s’y forme aussi du sulfate de fer et du sulfate double d’alumine et de magnésie , et même du sulfate de peroxide de fer liquide jaune. La décomposition du bronzite y produit sur le sol de la ma- gnésie. Les serpentines sont bizarrement réticulées, les jaspes corrodés et cariés • il y a sur le terrain des fragmens decorgneu- les , de calcaire imprégné de muriate de soude, mais point de dolomie. Ace propos, M. Virlet éinet ses doutes sur la théo- rie de la dolomisation. Ces émanations gazeuses n’étant pas mentionnées par les an- ciens, n’ont dû commencer qu’après leur époque ou du moins avant l’occupation des Vénitiens. Strabon cite des gaz fétides au mont Tapliius et Pausanias près de Karitœna. Quant aux sources thermales et minérales^ il y en a à Né- RÉSUMÉ DES PROGRÈS O78 grepont, à Milo, àThermia,àMethana, et àlabase méridionale des monts Gëraniens, savoir: àLoutraki, à31ieuesauN.-EdeCo- rinthe. Ces dernières sourdent d’un grand troudansles calcaires compactes crayeux, et sont assez abondantes pour faire mouvoir un moulin; leur température est de 3i°centigrades, et elles ont une odeur sulfureuse. Au sud de Ylogoka , entre Corinthe et Patras, il y a eu des bains chauds du temps des Romains; mais les sources ont disparu. Une source tliermale très salée existe à Kounoupoli,à 10 lieues S. -O. dePatras, au pied d’une colline de calcaire crétacé. Il y avait autrefois des eaux chaudes sul- fureuses à l’ouest de Pyrgos sur la presqu’île de Katakolo ; près de Phi gai ée sur la Neda ; à Vroma , en Eli de et à Vro- movrysi près de Poliani, dans le Taygète. Près de Kastri,en Ar- golide, il y a une source à sulfate de potasse. Enfin, il y a dans beaucoup de points de la Morée des sources saumâtres ( Lenidi , Àrmyros dans le Magne , etc. ). Toutes les eaux thermales et minérales de la Grèce sont sa- lées ou sulfureuses, ce qui s’accorde bien avec les émanations gazeuses et d’hydrogène sulfuré, et l’imprégnation muriati- fère des roches volcaniques de la Morée et des îles ; une liaison réciproque s’établit ainsi entre tous ces accidens na- turels. Comparant le système volcanique grec à ceux d’autres con trées, M. Virlet fait ressortir l’analogie qu’il a avec celui de l’Amérique équatoriale , ou le sol est trachytique , les érup- tions des projections de matières sèches et froides , et les fluides gazeux de Pacide hydrosulfurique. La seule différence qu’on observe est en Amérique l’absence de l’acide hydrochlorique qui est particulier aux volcans de la Grèce, et d’une partie de l’Italie. Les nitrières abondent en Grèce ; les plus célèbres sont celles de Kalavrytaet de Corinthe. Le dernier ou septième chapitre delà description géologique est consacré aux phénomènes récens ou postérieurs à la for- mation subapennine . M. Boblaye y reproduit avec tous les détails convenables, son intéressant Mémoire inséré dans les Annales des Mines sur les dépôts terrestres de la Morée , et ensuite celui sur les phénomènes littoraux ou l’ Aura- Marina , déjà publié dans le Journal de Géologie , en février i83i. La Morée était déjà en partie émergée lorsque les conglomé- rats tertiaires furent formés , et que ce pays éprouva de gran- des dislocations, et des soülèvemens de 1000 à 1200 mètres. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. Zjp Nous devons donc y trouver des depots épigéiques de l’épo- que subapennine et des époques suivantes. L’auteur commence par esquisser l’aspect que présentait la Grèce au moment où les dépôts tertiaires furent suspendus par une catastrophe. Le Péloponèse formait une île escarpée inoitis élevée qu’aujourd’hui (3 à 4°° mètres ) , une portion delà Grèce (l’Elide, la Messénie ) était encore sous les eaux, le golfe de la Laconie se prolongeait aux sources de l’Eurotas, et s’unissait aux bassins de Tripoiitza, d’Orchomène et de Pho- nia; le golfe de Lepante communiquait avec la mer Egée par deux ouvertures; l’Archipel avait moins dhles , les massifs volcaniques étaient moins considérables , et des portions ac- tuelles de la mer Méditerranée étaient des lacs d’eau douce. Il ne fallait plus que quelques mouvemens violens ou même un soulèvement général pour donner à la Grèce son relief Ac- tuel. Les bassins maintenant remplis de couches subapentiines ayant préexisté à cette formation , ils ont pu recevoir à la même époque des dépôts lacustres, détritiques et allhviénS. C’est ce qui amène notre savant secrétaire à étudier le régime actuel des eaux intérieures de la Grèce , pour en déduire les dépôts qu’elles ont dû. former jadis. C’est là l’objet principal d’un Mémoire intéressant, dont l’espace ne me permet de donner qu’une faible annonce. . La division du sol en bassins fermés, avec lacs permanens , comme exception à la règle, et à cours d’eau souterrains, est le type du grand terrain méditerranéen secondaire, et calcaire; mais c’est encore plus particulièrement le type des formations jurassiques et crayeuses. Dans presque toute l’Europe, les eaux s’écoulent par dé grands sillons qui , le plus souvent, décèlent l’ancienne exis- tence d’une série de bassins, placés en étages les uns au-dessus des autres. La destruction de ces derniers se conçoit facilement, car, sans recourir à des fendillemens volcaniques, un bassin à fond peu ou point perméable recevant de l’eau et des alluvions ten- dra naturellement à se remplir, se vider et se combler, à moins que l’évaporation n’en puisse enlever autant de fluide qu’il en reçoit journellement. Or, dans le midi et l’est de l’Europe , ce dernier rapport se présente ; de plus , le sol jurassique et cré- tacé y fournit peu d’alluvions et est très crevasséou caverneux. De la l’origine des gouffres , des cliasma ou katavothra , non seulement de la Grèce et de la Dalmatie , mais encore du Jura de France et d’Allemagne. 38o RÉSUMÉ DES PROGRÈS Comme M. Boblaye l’a très bien dit ? le sol disloqué, vu la dureté et la fragilité du calcaire compacte, s’est brisé, sans tas- sement et sans affaissement , et a laissé de nombreux vides ou des débris sans cohésion. De plus, les couches argilo-sableuses sous les calcaires ou au milieu des calcaires ont facilité singu- lièrement ce travail de déblaiement des eaux. C’est le cas le plus fréquent en Grèce, en Dalmatie, en Carniole, etc. ; mais il y a, de plus, dans le terrain calcaire, soit jurassique ( dépar- tement du Doubs , Saléve), soit intermédiaire (Westmore- land), des tubulures et des gouffres , qui ont été rongés évi- demment par les eaux , mais dont la première origine est souvent difficile à assigner. Si quelquefois des petites fentes ou des filets de spath calcaire ont permis les premières infiltra- tions, ailleurs on aimerait presque mieux supposer dans la roche même des cavités originaires , dépendantes du mode de sa for- mation, par dépôt chimique ou par agrégation. Je ne puis reproduire les détails curieux que M. Boblaye donne sur les katavothra de la Grèce , qui ne sont au fait que la contre-épreuve delà perte du Rhône , et surtout des enton- noirs du lac de Joux dans le Jura suisse. Comme ces derniers, ils sont sujets à varier de place, à se boucher, et à occasioner des inondations auxquelles le travail de l’homme peut obvier. Ces trous doivent naturellement se remplir du limon rouge produit par tous les rochers calcaires , ainsi que de sables et de débris du règne végétal et animal. C’est donc l’origine la plus probable de la plupart des cavernes ossifères, d’autant plus que dans les temps de sécheresse, les gouffres se changent en cavernes, et deviennent laretraite desrenards et des chaca s. Si les eaux s’engloutissent dans un lieu , il faut qu’elles sortent de terre dans un autre; ainsi, comme l’Orbe est le ré- sultat de l’écoulement du lac de Joux, de même sur une grande partie du littoral de la Méditerranée, et en particulier en Grèce, on voit sortir subitement des flancs des montagnes, sur les rivages, ou même du fond de la mer de véritables tor- rens ou rivières. Ce sont les kephalovrysi des Grecs, qui, en général , percent au-dessus des couches marneuses de la partie inférieure du terrain crétacé. Le fleuve sous- marin- de laSpezzia se retrouve dans celui de l’Anorolo en Grèce, et il doit se formera la sortie de cestor* rens des dépôts de mélanges marins et d’eau douce. Les observations sur la constance de la température élevée des kephalovrysi prouvent encore qu’avant de sortir ceseauxont séjourné dans de grands réservoirs souterrains. Un des plus eu- 38 1 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l853. l'ienxkephalovrysi est lelac d’Ino, près d’Epidaui^e-Limera; c’est une cavité remplie d’une eau à peine saumâtre, que M. Boblaye compare à l’une des branches d’un siphon dont l’autre serait dans la mer. La différence de densité de l’eau douce produirait une répulsion dans la colonne de cette dernière. Outre ces crevasses et ces tubulures, le sol calcaire présente sur les plateaux, les montagnes ou les cols, de nombreuses dé- pressions, ou des entonnoirs à formes plus ou moins régulières, sans trace d’eau , et le plus souvent à surface limoneuse rou- geâtre. Ce sont les lacos des Grecs , et les clolines de l’Illyrie , cavités qui répondent à ces trous cratériformes des terrains se- condaires gypsifères de l’ÀHemagne septentrionale, et qui sont surtout le résultat d’affaissemens locaux. Des fentes ou kata- vothra se sont changés en entonnoirs, la voûte de con- duits d’eau souterraine s’est affaissée çà et là , ou bien la place d’anciennes sources, probablement acidulés et fort abondantes, ont été remplacées par des dolines (i). Lorsqu’on a devant soi un de ces singuliers plateaux arides, couverts de blocs fendillés etpercés de trous orbiculaires, comme un tamis , on est amené naturellement à se demander si les bassins circulaires et sans eau du sol jurassique et crayeux pourraient avoir la même origine que les lacos . Tout en avouant la difficulté de distinguer toujours avec exactitude les grands clolines des véritables vallons circulaires, il m’a paru qu’il y avait dans le Jura français et allemand , comme aussi en Illyrie, des cavités de ce dernier genre qui avaient une tout autre origine. Les uns sembleraient les restes du bassin intérieur d’anciennes îles madréporiques, dont les navigateurs modernes nous ont bien décrit la formation graduelle , et dans lesquelles ils nous indiquent presque toujours une baie circulaire, qui se change peu à peu en lac d’eau douce ou en cavité émergée ; d’autres ne seraient que le résultat de l’ondulation des couches. En général , les alluvions comme les dépôts chimiques n’ont guère eu lieu d’une manière uniforme ; certaines localités rece- vaient plus de matières que d’autres , et ainsi il a dû se former naturellement des creux et des bosses : c’est ce que tout le monde peut vérifier dans le moindre dépôt d’inondation. Les bassins formés de cette manière se distinguent de ceux (i) En 1712, Bernh. Yarenius a assez bien exposé dans sa Géo- graphie générale le phénomène dont je parle. RÉSUME DES PROGRES 38a produits par affaissement , par leur contour beaucoup plus doux , tandis que ces derniers sont bordés d’escarpemens ou au moins de couches brisées , accidens qui se revoient aussi en partie dans les cavités madréporiques. Pour achever l’histoire des cliangemens éprouvés par les surfaces des montagnes calcaires, M. Boblave décrit la forma- tion de cette terre poreuse , rougeâtre, qui est le résidu-type de ce genre de terrain et de ses nombreuses sources acidulés. C’est le ciment des brèches osseuses, la gangue du fer pisoli- tique , en un mot , un limon calcaire avec des grains siliceux, et de l’hydroxide de fer. M. Boblave semble croire que cette matière résulte uniquement de la réaction du muriate de soude sur le carbonate de chaux, mélangé de fer et de silice; mais ce phénomène se présentant dans l’intérieur des conti- nens comme sur le bord de la mer, sa cause peut être multiple. Le travail de M. Boblaye se termine par l’exposé des phé- nomènes récens arrivés dans la vallée tertiaire de l’Eurotas , divisée jadis en quatre bassins, qui n’ont pas été émergés en même temps, dans lesquels le sol tertiaire a souffert des des- tructions immenses , et qui présente le phénomène des blocs erratiques ou d’un transport violent de débris de roches an- ciennes. Quant aux phénomènes littoraux , je suis obligé de me con- tenter de rappeler les curieuses observations de M. Boblaye sur l’action de la mer et de Y aura marina , sur les rivages de la Grèce; la comparaison qu’il établit entre les modifications éprouvées par les rivages actuels et les côtes littorales ancien- nes, et ce qu’il dit des cavernes , ainsi que des trous ou per- forations de lithodomes dans les rochers des zones marit mes modernes et anciennes (Yoy. Bull., vol. II I , p. 345)- Il termine sa narration par les dépôts littoraux ailuviens sous-marins ou continentaux , suivant les diverses périodes , savoir : des alter- nats de sables, de galets, de dunes , et de vases marines ou lacustres; il récapitule aussi ce qu’on a observé sur les brèches ferrugineuses et quelquefois ossifères. Enfin, M. Boblaye expose les cliangemens que la main des hommes a fait éprouver au solde la Grèce . Dans la Grèce , les débris de céramique et les ossemens d’hommes et d' animaux domestiques sont si abondans dans la terre végétale , qu’on peut regarder les premiers comme une de ses parties conslU tuantes, et les seconds, comme ses fossiles caractéristiques. Une culture prolongée a dénudé les parties élevées. Les golfes de la Morée ont du recevoir des rivières une quantité DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833. 383 plus grande de limon rouge depuis l’apparition de l’homme sur la terre, qu’avant son existence, parce que ses travaux ont dû diminuer la fréquence des inondations fluviatiles. Les forêts ayant été détruites par le feu, pour y produire des pâturages ou des champs, les roches calcaires sont devenues ternes et friables; les quarzites se sont fendillés ; et les schistes ont pris des teintes rougeâtres : les sources et les puits des val- lées se sont taris. Les hommes ont dégradé les rochers en y creusant des cryptes , ou tombeaux souterrains , tandis que par suite des naufrages le fond des mers de la Grèces s’est couvert de débris de navires, M. James Wolfe a fait des observations géographiques sur le golfe d’Arta (/. of the roy. geogr. Soc , of London, vol. III, part, i, p. 77). § xvii. Afrique . Sur Y Egypte, nous avons à attendre des renseignemens géologiques détaillés de la part de M. Burton, voyageur an- glais, qui a consacré plusieurs années à des recherches dans cette contrée. D’un autre côté , on a annoncé l’arrivée prochaine de M. Botta fils, qui a résidé long-temps dans la Haute-Égypte, et celle de M. Ruppell , qui a parcouru l’Abyssinie. M. Letronne a discuté, dans son cours au collège de France, Y origine du delta du Nil et l’épaisseur de l’atterrissement sé- culaire de ce fleuve : il réduit ce dernier à 126 millimètres. Le Nil ne recevant point de rivière depuis un point situé à 400 lieues de son embouchure, il est tout naturel que l’accumulation de son limon dans le delta doit avoir lieu plus lentement que dans d’autres fleuves. Il est donc de toute évidence que le delta actuel du Nil a demandé, pour sa formation, un espace de temps beaucoup plus considérable que quelques savans l’ont avancé. C’est un ancien golfe de la mer Méditerranée, dont le comblement date déjà de l’époque tertiaire , et ce n’est que plus tard que les alluvions sont venues recouvrir les couches tertiaires récentes et démantelées (Journ. général de UinstrncU puhliq.y n° 55, p. 288, et n° 56, p. 291). Colonie d’Alger. — M, R.ozet a réuni dans un Mémoire, inséré dans les Nouvelles annales du Muséum d’histoire natu- relle (tom. II , p. 284 et suiv.), ses Observations géologiques sur les provinces d’ Algtr et de Titerie (Barbarie). Il y a joint deux cartes géologiques et deux planches de coupes. Ces inté- RÉSUMÉ DES PROGRÈS 584 ressans documens se retrouvent aussi dans son Voyage dans la régence d* Alger, ou sa Description du pays occupé par l'ar- mée française en Afrique , contenant des observations sur la géographie physique , la géologie , la météorologie , l’histoire naturelle, etc. (Paris, i833, 2 vol. in-8°, avec un atlas in-4°)' Il faut y ajouter la découverte récente des diamans dans la province de Constantine (Voy. Bull., vol. IV, p. 164 ). M. Rozet ayant communiqué ses remarques à la Société ( Voy. Bull., vol. III , p. 234 ) y je me contente de rappeler sa description de coulées de dolomie sur les schistes intermé- diaires d’Oran , celle des roches jurassiques inférieures ou du lias dans l’Atlas, et l’étendue assignée au terrain subapennin. M. Rozet donne à ce dernier le nom de subatlantique , et y reconnaît , probablement avec raison , le type des dépôts tertiaires dans l’Europe méridionale , et peut-être même dans la zone torride. D’après les fossiles de cer;ains strates tertiaires, vouloir placer leur formation après celle des dépôtsparisiens,me semble aussi hasardé que de vouloir y chercher des parallèles aux roches parisiennes. Chaque bassin, et surtout chaque zone, a eu son climat , ses animaux , donc aussi ses dépôts. Or, la zone du terrain subapennin est immense; elle embrasse, non seulement tout le pourtour de la Méditerranée et des Alpes , mais encore elle paraît comprendre une grande partie de l’Afrique, au nord de l’équateur, et de grandes portions de l’Arabie , de l’Inde occidentale , ainsi que l’immense bassin de l’Asie septentrionale ou centrale. C’est donc cette énorme masse continentale que, dans le système de MM. Deshaves, Lyell , etc. , il faut supposer à sec lors de la formation du ter- rain parisien , pour la plonger plus tard dans les eaux de la mer. On ne tient ainsi nullement compte des affaisscmemens considérables que la croûte terrestre a dû nécessairement éprouver, et qui ont dû faire baisser les eaux. Ses bassins ont pu être ainsi desséchés en graude partie , et même , aidés de l’évaporation , des affaissemens successifs peuvent expliquer l’abaissement graduel que le niveau de certaines mers a subi , à la connaissance de tout le monde. Je ne veux pas nier que çà et là, non loin des rivages, de pareils va-et-vient de la mer ont eu lieu ; mais dans l’intérieur des continens, autant que s’étendent nos connaissances , je ne vois, dans les bassins tertiaires , qu’une succession de dépôts marins entremêlés, quelquefois localement et accidentellement, de couches à coquilles d’eau douce. Les eaux se sont petit à petit dessalées, des lacs d’eau douce ont remplacé les petites 585 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. méditerranées, et les alJuvions ont commencé. La comparaison des coquilles vivantes et fossiles conduit à d’autres résultats : cela est possible; mais pourquoi s’obstiner à ne vouloir éta- blir cette comparaison que sous un seul point de vue, et ne pas voir si , établie d’une manière différente , la géologie ne cesserait pas d’être en désaccord avec la zoologie? C’est sous ce rapport que les vues de M. Piozet sont importantes. Dans la Guinée , le micaschiste constitue la chaîne des mon- tagnes de Kong, traversées par les rivières de Nun et de Tschadda, et au-devant desquelles se trouve le delta de Quorra. Iles Canaries. — Dans une note sur les îles Canaries , M. Jauffret signale des impressions de plantes dans le tufa de Ténériffe y des masses considérables de tufa-calcaire , à frag- mens de basalte, et contenant des coquilles terrestres dans des lieux élevés, et des coquillages de mer sur des niveaux bas ( Bibl . univ. Avril 1 833 , p. 347)* Iles de la mer africaine orientale. — M. Jules Desjardins a décrit, à la Société de Pile Maurice, la géologie , la botani- que , et la zoologie de Y île tV Amber> qui n’est qu’une masse madréporique sans roches volcaniques (Asiat. j., vol. XII, n° 4G, p* 127). M. I. Taylor a décrit l’ascension du liront Peter-Botte , sin- gulier pic de matière volcanique dans l’île Maurice ( /. of the voy. geogr. Soc. of London y vol. III, part. 1, p. 99; et United service J . Juin 1 833 ). M. Sauzier a donné des détails sur les éruptions du volcan de Vile BourbQn , en 1 83 1 et i832. Le 14 juillet i83i, une coulée commença à s’en échapper, et parcourut pendant trente jours un espace de 3 milles, en ayant une largeur de 35 à 4° m. Dix jours suffirent peur permettre qu’on pût marcher sur la lave. Ce courantn’est pas sorti du cratère deDoIomieu, mais sur le flanc de cette montagne. En mars 1 832, il y a eu de nouveau deux coulées ( Asiat . j. N. S vol. XII, 110 46, p. 1 29 j et Institut y n° 23, p. 19 ). M. Tailfair a donné une note sur un agglomérat très récent , à débris d’hippopotame , qui se trouve dans Vile de Mada- gascar ( London a. Edinb . phil . mag.y vol. III, n° i5, p. 23 1). M. Goudot qui , après une résidence de plusieurs années dans cette île, est de retour en France , a dû y faire quelques observations géologiques. § xvm. Indostan . Chaque année nous apporte de nouveaux documens sur Soc. géol, Tom. V. 3 5 386 RÉSUMÉ DES PROGRÈS Tlndostan : les morts s’y succèdent , il est vrai , avec une rapi- dité déplorable; mais le zèle des naturalistes , surtout anglais , n’en est pas abattu : Uno avulso non déficit alter. Aux nom- breuses victimes des fièvres endémiques du pays se sont venus joindre l’actif Jacquemont , ainsi que les zélés Anglais MM. Turnbull Christie et Hardie. Ces deux derniers ayant été chassés de l’Inde par les maladies, l’un n’a revu ce beau pays que pour y terminer ses jours , tandis que l’autre vient de mourir à Paris. Pointe méridionale de l’Inde. — On alu à la Société royale de géographie de Londres un Mémoire sur les détroits entre Vile de Ceylan et la presqu'île de V Inde. On y remarque une description des îles de Manar et de Ramisseram, liées ensemble par un banc de sable appelé Adam9 s- Bridge (Pont-d’Adam ). La première île est très près de la côte de Ceylan, et la seconde, assez voisine de la province de Ramnad , dans l’Iudostan. Le détroit n’a que (te milles ( 20 lieues) de large. Le canal le plus usité pour les petits bâtimens est sur la côte occidentale du détroit, où l’action de la mer produit de singulières digues au moyen de grès désagrégé. D’après les documens conservés dans la pagode de Ramisseram, cette île était encore liée à l’Indostan, vers la fin du xve siècle. Suivant la direction des moussons, le sable est transporté d’un côté à l’autre du banc appelé Pont- d’Adam (Àthenœum, n° 3 1 8. 3o nov. i833, p. 819). Dukhun. — M. W.-H. Sykes a décrit une portion du Dukhun. Cette contrée est à l’est des Gattes (Gliauts), ou monts Syhadree, entre 160 45' et 190 27' lat. nord, et 73° 3o' et 75° 53' lat. est. Les plateaux y ont 1800 pieds de hauteur, et les plus hautes cimes atteignent 4^00 pieds. C’est un massif im- mense d’alternats de basalte et d'amygdaloïde , sans aucun autre dépôt. Les chaînes de Vindhva, de Gawelghur, et de Chandore, présentent des rapports géognostiques semblables. Les vallées sont étroites, ondulées, ou en forme de fentes, ou bien larges et évasées. Toutes les rivières coulent de l’ouest à l’est. Le basalte est massif, prismé, ou globulaire; il est en assises horizontales; il renferme des filons basaltiques qui se croisent quelquefois. Des bancs d’argile basaltique, ferrugineuse, sup- portent les nappes de basalte. Le quarz , l'agate , le jaspe , le quarz résinite , les zéolites , tels que la stilbite, l’heuîandite, la mésotype, et l’apophyllite, forment, dans le basalte, des petits filons ou des noyaux. On y voit aussi du minerai de fer, ainsi que de la soude carbonatéç et muriatée, Il n’y a pas de traces DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833. 887 de cratère, ce qui indiquerait que les nappes se sont échappées par des fentes ou des trous que le basalte a lui même bou~ chés. Ces éruptions récentes pourraient correspondre à un dernier soulèvement des monts Himalaya, et leur masse serait en rapport avec la hauteur de cette chaîne. La formation du trapp, du latérite , du calcaire nodulaire ou kunkur, du granité, et du gneiss, occupent une étendue extraordinaire dans la péninsule de l’Indostan. La grandeur de la région trappéenne peut être évaluée à 200,000 ou 25o,ooo milles carrés ; elle se ramifie, à Test, jusqu’aux montagnes trappéennes de Rujmalil, sur le Gange; et, ausud, elle s’étena par le Mysore jusqu’à l’extrémité de la presqu’île de Pln- dostan. Dans le Bundelkund , le trap recouvre un grès rouge secon- daire : c’est pour cela que M. Franklin a voulu en faire un dépôt ancien. Les masses de latérite se prolongent, pendant plusieurs centaines de milles, sur les deux rivages de l’Indostan jusque dans l’île de Ceylan. Le granité et le gneiss forment la base de toute la presqu’île, et y occupent 700,000 milles car- rés ( Lond . a . Edinb . phil. mag 1 833. Avril , p. 3o4 )• Jnde centrale. — M. le docteur Hardie a esquissé la Geo * logie de l'Inde centrale , non compris le pays de Malwa, Les formations primaires de l’Inde centrale comprennent la partie septentrionale du Guzerate, la plus grande portion du Bagur* les districts de Serui, de Mewar, de Marwar, d’Ajmere et de Jaypur. La chaîne centrale de ces contrées est formée par les montagnes autour de la vallée d’Oudeypur ou Oodipoor. Ce sol primaire s’étendant au sud vers Narbudda est séparé de celui de la pointe sud del’Indostan par la grande formation trappéenne, qui se prolonge du nord de Malwa à travers la Péninsule jusqu’à la côte au sud de Baroda , d’où les trapps bordent l’Océan jus- qu’au cap Comorin , et passent même dans l’île de Ceylan. Au S. et S. O., régnent les alluvions anciennes du Guzerate, suivies au nord par des roches secondaires récentes, comme dans le Kutch sur les bords du Run et du Jesselmer. En effet, on sait qu’il y a des lacs salés dans les districts de Jesselmer et de Bikone , et du sel gemme dans le Lahore et le désert. Des dépôts semblables existent encore plus au nord : le lac de Sambhar , entre Ajmere et Jaypur , donne du sel ; et toutes les sources de l’Inde, au nord de ces lieux, sont salées. A l’est , les formations primaires s’étendent à travers le Jay- pur vers Biana , où elles sont suivies par les grès deBharatpur et d’Agra. Au sud, elles sont limitées par le trapp de Malwa, 588 RÉSUMÉ DES PROGRÈS qui se termine au nord de Nimach , et entre les deux dépôts il y a une étroite bande de roches. Il resterait à déterminer les limites du sol primaire dans les directions de Harowtce, de Sa- gar et de Bundelkhund, points sur lesquels les Mémoires de MM. Calder et Franklin pourraient être utiles. Quant à la zone secondaire, étroite sur le bord de la région trappéenne , M. Dangerfield en a déjà parlé dans la descrip- tion de l’Inde centrale , par M. Malcolm. M. Hard ie donne quelques détails à ce sujet sur les roches, entre Oudeypur et Wimacli, où les quarzites et le granité por- pliyrique sont suivis, vers Bari, d’alternats de grès plus ou moins micacés , de schistes quelquefois impressionnés , et d’agglomé- rats de teintes rougeâtres, ou bigarrées de blanc et de gris. L’in- clinaison peu forte des couches y est au 8.-E. et à l’E., ou bien elles sont horizontales. À l’instar de M. Dangerfield, l’auteur classe ce dépôt dans le grès bigarré ; cependant il observe que la présence du sel n’y est indiquée que par des efflorescences > et le sel et le gypse ne se trouvent que plus au nord, en-deçà d’un district primaire. M. H. exprime en même temps le soupçon que ce grès bi- garré est lié avec les roches salifères et gypsifères au nord d’Aj- mere , de Lahore , de Moultan , et même avec celles qui sont au sud vers le Kutch, ainsi qu’en Perse. S’il y a réunion entre ces masses, elle aurait lieu par le district de Bharotpur, et au nord vers Dehîi. L’Inde centrale primaire serait entourée par ces dépôts , comme le Hartz l’est en petit par des roches sem- blables , et en même temps, ces masses auraient servi à com- bler une partie de l’espace entre l’Himalaya et l’Inde centrale. Revenant à notre zone secondaire*, l’auteur y signale un calcaire qui recouvre les grès , tout en avertissant que M. Dan- gerfield y a voulu voir du calcaire magnésien, et même du calcaire de montagne. La roche observée par M. Hardie est compacte, grise, en couches peu inclinées au S.-E. ou à TE., à lits subordonnés de calcaire argileux, à fossiles nombreux, tels que des polypiers, des alcyons ( ? ), des bivalves, peut-être des peignes , et même à poissons ( ? ). Il n’y a point de métaux ni de cavernes. L’auteur rapporte avec doute ce dépôt au lias. Une brèche quarzeuse le borde sur les frontières du Mey- war et de l’Harowtee , et y forme les sommités aplaties de montagnes , s’élevant à 3oo pieds sur la plaine , et ayant pour base des grès en partie schisteux. Cette brèche passe à un quar- zite rougeâtre ou bleuâtre, et est en couches horizontales ( Ni- mach , Bari , Chitor ). La cime de ces montagnes est escarpée. DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l835. 589 Des nodules et des amas ou lits de fer hématite et oxidulé sont renfermés dans ce dépôt sans fossiles. Des blocs de cette roche gisent dispersés dans le pays par suite de grandes dénu- dations. L’auteur montre quelque velléité pour rapprocher ce dépôt du grès vert. Les montagnes primaires courent du N. au S. , et attei- gnent 1200 pieds de hauteur, tandis que les localités graniti- ques ont plutôt une surface mamelonnée. Elles comprennent la partie nord du Guzeraîe, le district de Bayar, des portions du Ratli , du Sliiri et du Mewar méridional. Une ligne tirée de Nimacli, à l'extrémité septentionale de la vallée d'Oudeypur, limite les portions nord et sud du district primaire à l’est de la grande chaîne centrale. La partie sep- tentrionale est caractérisée par des plaines à groupes de buttes. Ainsi, le district d’Ajmere présente sur une grande échelle , comme en Bretagne , des plans horizontaux établis sur des couches verticales. Des lacs nombreux ornent ces plaines , trop souvent mal cultivées. Quant aux pays à l’ouest de la chaîne centrale, les montagnes s’abaissent graduellement vers l’Indus, et sont suivies par des dépôts secondaires et tertiaires. Le mont primitif Aboo s’élève à 5ooo pieds, et est lié aux montagnes semblables du Sirohi. Plus au nord , est la contrée de Marwar qui est plus basse , et enfin , les districts stériles de Bikaner et de Jesseîmer qui bor- dent le grand désert occidental. Quant aux roches du sol primaire, se sont des granités massifs, ou prismes ou stratiformes, comme par exemple, sous les allu- vions du Guzerate à Pandua^ des schistes argileux et chloriti- ques; des quarzites, et assez fréquemment des micaschistes et des gneiss avec des bancs de serpentine et de marbre ( Salum- bher, partie nord de l’Ajinereet du Jaypur). Dans les premiers schistes, il y a aussi des roches amphiboliques et descalcschistes. Les schistes argileux sont plus abondans dans la partie sud du pays examiné , et les roches graniloïdes micacées et amphibo- liques ( lac de Dhabar ) dans la portion nord , tandis que le quarzite abonde partout ( entre Baroda et Oudeypur, etc.), et est quelquefois divisé en masses prismatiques. Cette dernière roche, donnant lieu à des cimes escarpées , forme une bande entre les grès et les roches granitiques , entre Mow et Baroda , à Sahar, dans le Bharatpur, et l’auteur la regarde dans ce cas comme la roche primaire la plus récente. Les schistes argileux ou chloriteux traversés de filons dequarz prennent souvent cette apparence arénacée, qui leur fait donner RÉSUMÉ DES PROGRES 3go quelquefois le nom peu convenable de grauwacke. Comme, dans le pays de Galles, les collines de la vallée d Oudevpur of- frent des alternats de schistes et de roches appellées grunstein par Fauteur, masses quelquefois prismées ou porphyriques. Ces roches constituent la plus grande partie du district mé- ridional de l’Inde centrale, et sont en couches souvent con- tournées, presque verticales, ou fortement inclinées au N.- E. ou E.-N.-E.; mais il y en a aussi qui inclinent au N. -O., ou entre le N.-E. et le N.-O. ou même au S.-E. Les minéraux du sol primaire sont comme ailleurs , lequarz, l’améthiste , le grenat, le schorl , l’actinote, la pyrite , la ga- lène , etc. Quant à la partie septentrionale de l’Inde centrale , les gra- nités, les gneiss et les micaschistes commencent à se montrer un peu au nord d’Oudeypur dans les parties septentrionales du Mewar, dans le pays d’Ajmer, et sur les frontières du Marwar. Dans le pays plat , entre ces masses et la zone secondaire de la chaîne de Chitor, les couches primaires courent du N.-O. au S.-E. Au nord 3e Mertah il se présente rarement du lepti- nite. Il y a des granités amphibohques et épidotiques , ainsi que des chlorites schistoïdes. A Natlidwara , le sol est formé par des alternats de schiste argileux ou micacé, et de quarzitç passant aux gneiss. Dans le Mewar septentrional , l’Ajmere et le Jaypur, ce ter- rain renferme des bancs de calcaire et de serpentine , et le marbre ou la dolomie de Kankarauli et de Rajnagar est une roche connue et employée depuis long-temps. L’inclinaison des couches de ce dernier lieu est au sud , un peu vers l’est sous 45°. Les montagnes y ont une direction pa- rallèle à celle des couches schisteuses micacées. Au nord et à l’est de Kankarauli sont les roches primaires les plus anciennes. Une plaine parfaite s’étend au N.-O. d’une li- gne tirée de ce point au fort de Banira, à 4^ milles au nord de Chitor , et partout le sol est formé par les tranches de couches primaires fort inclinées. Ou ne revoit des hauteurs que près de Banai , à 19 milles S.-E. de Nasirabad. Au S.-E. de la même ligne le pays plat continue, quoiqu’il s’en élève des buttes isolées, et même des séries de collines courant du N.-E. au S. -O. C’est encore un terrain de mica- schiste , et de schiste argileux à quarzite et amphibolite, passant quelquefois (Bhilwara ) au granité siénitique. Plus au nord les roches granitoïdes prédominent et forment la chaîne à l’extrémité septentrionale de laquelle est situé Banira. Près DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 3g 1 de ce lieu , la plaine recommence, et est couverte de grenats dérivés du granité quelquefois schorlifère. Cette dernière roche offre ça et là du feldspath irisé ou labrador. A Banai , les roches amphiboliques prennent le dessus, les couches inclinées courent du N. -O. au S.-E., et offrent surtout des espèces de gneiss amphiboliques ou de granités siénitiques. Ces roches s’étendent vers Nasirabad , placé sur une plaine élevée , et dominée à 1*0. et N. -O. par de hautes montagnes, dont quelques unes atteigent 2200 pieds près d’Ajmere. Les gneiss, les micaschistes, et les roches amphiboliques granitoïdes , ou siénitiques, y forment un sol aride, et leurs couches courent du N.-O. et S.-E. , et sont probablement en connexion avec celles de Shapoora, à 14 milles à Test de Ban ira. En allant de Nasirabad à Bamboli, les mêmes roches s’asso* cient, vers le dernier lieu, avec des schistes micacés et chlo- ritiques, et on y revoit ces décompositions globulaires des roches anciennes, accident si fréquent dans l’Inde centrale. Au N.-E. de Banira , vers Tonk, on ne trouve aussi que le terrain de granité, de gneiss, etc. A Tora, les montagnes cou- rent du N.-E. au S. -O. , le gneiss y passe au micaschiste , et il y a du caolin. Près de Tonk, le granité produit des buttes £ formes dentelées ou bizarres. De là à Sowali , les roches schisteuses passent au quarzite et à la chiorite schisteuse. Près de Bopai , à 26 milles au S. -O. de Sowali , il y a des crêtes de quarzite. A Sowali même , 011 trouve des roches granitoïdes, avec des schistes micacés et du quarzite, dernière roche qui prédomine à Sahar. L’auteur ajoute qu’il y a des mines de galène dansPAjmere, des minerais d’antimoine et des mines de cuivre près de Man- dai , dans le Mewar. Quant à la géologie de la portion primaire, au milieu de l’Inde, à l’ouest de la chaîne centrale, le district de Serooee lui a offert aussi des roches granitoïdes ou amphiboliques , et du calcaire grenu ou compacte ( Asiat . researches , vol. XVII, part. II). Oodipoor. — M. le docteur J. Hardie a publié un Mémoire sur la géologie de la vallée dJ Oodipoor, où il a résidé plu- sieurs années. Cette capitale du Mewar est située dans un bassin ondulé qui a une élévation de 2,000 pieds et près duquel la chaîne des Aravulli s’élève jusqu’à 3, 600 pieds de hauteur. La vallée d’Oodipoor renferme deux lacs considé- rables le lac Pucliola, et le lac Oodisagor $ le niveau du RÉSUMÉ DES PROGRÈS O92 premier est supérieur au pays environnant. Si Ton fermait îe canal qui donne issue au Bédus , tout le bassin d’Oodipoor formerait un grand lac, ce qui a dû avoir lieu jadis. Le sol de la vallée se couvre d’efflorescences salines, comme dans les plaines du Mewar , les districts d’Àjmere , de Jeypoor , et en général dans tout le Rajpootana. C’est un composé de carbonate de soude avec du sulfate de soude et du chlorure de sodium, et il est mélangé de grains de quarz, de calcaire, etc. La présence du carbonate de chaux, et peut- être celle du feldspath et des roches contenant de la soude, ainsi que l’humidité, peuvent rendre compte de la formation de ces sels, qu’il faut bien distinguer des efflorescences de muriate de soude, qui couvrent de grandes surfaces aux Indes. Le dépôt le plus superficiel de la vallée d’Oodipoor est le kunkur y roche calcarifère très fréquente dans l’Indostan , et d’un âge intermédiaire entre les alluvions les plus anciennes et les roches tertiaires les plus récentes. Il ne faut pas confondre le kunkur avec des tufs calcaires, qui se forment encore journellement , ni avec des terres calcaires renfermant des fragmens de kunkur, comme cela a eu lieu souvent dans l’Inde. Dans l’Inde centrale, le kunkur forme des bancs ou des amas le long des gorges ou dans des lieux bas, tandis que quel- quefois on le trouve sur des sommités, à 2 ou 3, 000 pieds d’é- lévation : c’est, en un mot, le travertin ancien des Alpes et du bassin tertiaire , sur le pied nord et oriental de cette chaîne. L’auteur décrit soigneusement les variétés de son kunkur , qui varie du blanc ou brun-rouge, est compacte ou nodulaire, pisolitique , oolitique , ou crétacé, pur ou mêlé de sable, de grains de feldspath, et même de fragmens de granité, de gneiss, de micaschiste, de quarzite, de calcaire, etc. Le kunkur offre aussi du calcaire siliceux , comme c’est le cas dans la val- lée d’Oodipoor, Aucune coquille n’y a encore été découverte, quoique des pîanorbes , des mullettes, etc. , du pays se trou- vent dans le sol qui le recouvre. Dans la vallée d’Oodipoor, les couches de kunkur sont fort étendues , et accidentellement placées sur des filons quarzeux dénudés , ils ont l’air d’être traversés par ces derniers. Çà et là le kunkur , empâtant des cailloux roulés, prend l’aspect d’un agglomérat; dans ce cas ces derniers n’y sont pas placés hori- zontalement , mais implantés verticalement, comme dans une boue semi-liquide. D’après la position des masses peu épaisses^ et éparses du DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 853. 5g5 kunkur , hauteur rejette l’idée de leur origine lacustre ou de leur formation par suite des propriétés dissolvantes des eaux pluviales , et il a recours, avec justesse, aux sources minérales, qui ont dû jadis, comme aujourd’hui, être en rapport avec l’intensité des phénomènes volcaniques. Or, lorsqu’on réfléchit à ces extraordinaires nappes basalti- ques et amygdalaires , qui couvrent le Malwa et en général l’Inde centrale, et quand on tient compte des soulèvemens récens de l’Kimalaya, comme de ceux de quelques autres chaînes de l’Inde, on trouve fort probable qu’à la suite de ces phénomènes la terre aura dû évacuer, au moyen des sources thermales, une énorme niasse d’acide carbonique et d’alcali , et par conséquent il aura dû se déposera l’air libre, sous l’eau des lacs ou des étangs, et même sous la mer, de grands amas de chaux carbonatée. Du reste, M. Hardie a eu le plaisir de surprendre la nature sur le fait ; car , dans l’île volcanique de Java , il a retrouvé des tufs et des agglomérats tufacés res- semblant étonnamment au kunkur , et formés encore actuelle- ment par les sources minérales. Il cherche à expliquer l’absence des corps organisés dans le kunkur par la présence de l’acide carbonique, dumuriate de soude , etc. ; et il retrouve encore dans l’Inde beaucoup de sources thermales , comme dans le Rajpootana, à Gungra, et dans le Harowtee. Il pense que le kunkur , sur le sommet d’une montagne à Buncera , provient d’un soulèvement. Je dirai à ce sujet que c’est une difficulté semblable à celle de l’exis- tence de ces amas de fer pisolitique à ossemens sur certaines cimes de l’Alb jurassique du Wurtemberg, D’ailleurs, il y a eu encore dernièrement, en 1819, dans l’Inde , un exemple de soulèvement et d^émersion d’une por- tion du pays , à la suite d’une éruption volcanique dans le Cutch; et des traditions disent que des cendres volcaniques ont couvert la cité d’Ougein, dans le Malwa (. Edinb . N. pliil • n° 28, p. 263. i833). D’un autre côté, il ne faut pas oublier de dire qu’au moins dans le Cutch il n’y a pas de volcans proprement dits; les phénomènes extraordinaires qui y ont eu lieu, n’ont l’air que d’être une répétition de ce qui s’est passé en Murcie il y a quelques années. Le sol subapennin et tertiaire supérieur envi- ronne les terrains anciens de l’ïndostan septentrional , comme il le fait en Espagne , et il domine dans le Cutch. Ce ne sont donc que des effets de ce qu’on est convenu d’appeler des salses. Dans la vallée d’Oodipoor, M. Hardie a trouvé le sol an* RÉSUMÉ DES PROGRÈS 394 cien composé de schiste argileux et talqueux , de grunstein , de quarzite , et de calcaire ; la direction des couches y est du N. -N. -O. au S.-S.-E. Les mêmes dépôts sont fort étendus dans le Mehvar. Dans les monts Àravulli , il y a une partie centrale graniti- que, dont le point le plus élevé est le mont Aboo, qui a 5,ooo pieds. La plaine de Mèista s’élève à 2,000 pieds sur la mer; le gra- nité y domine avec les pegmatites , les siénites , et les roches amphiboliques. Il y a aussi du calcaire grenu, du gneiss à am- phibole, et du leptinite. Le Bédus sort de la vallée d’Oodipoor par un défilé ou une fente qui a 5o pieds de long et 200 verges de largeur, et qui coupe à angle droit la direction des couches {Edinb. N . pliiL j., vol. XYI, n° 3 1 , p. 59). A deux milles au nord de la digue ( bund ) du Oodisagor, la chaîne qui limite le bassin est traversée par une autre vallée transversale, dont l’entrée est fermée par le défilé de Dubaree. A neuf milles à l’ouest d’Oodipoor, on retrouve le quarzite de la digue du Oodisagor. Ce quarzite est associé avec du schiste argileux, talqueux, ou chloritique; il y a aussi des cou- ches de calcaire et de grunstein, ou de roches feldspathiques tachetées et quelquefois bréchoïdes. Dans les lieux où se trou- vent ces dernières roches , les couches sont contournées dans différentes directions, quoique la stratification soit toujours dans la direction du N. -N. -O. au S.-S.-E. Néanmoins, dans le lit du Bédus, à 2 milles au nord d’Oodipoor, la direction va de l’E. N. E. à O. -S. -O. Les schistes y offrent un clivage perpen- diculaire à l’horizon et à angle droit de leur direction , c’est- à-dire du N. -N. -O. au S.-S.-E. Dans quelques grunsteins, on observe , outre les plans de division des couches et les lignes de clivage, une division horizontale. M. Hardie a revu des acci- dens semblables dans le Piajpootana , par exemple à Deosa, à 4 milles à l’est de Jepoor, localité où dominent le quarzite et le gneiss. La vallée d’Oodipoor est bordée , à l’ouest , par des monta- gnes de la même nature que celles à l’est. A Oodipoor même, il y a une crête de quarzite; et à l’ouest de Puchola , il y a des schistes passant au grunstein. La direction de la chaîne orien- tale court du nord vers l’est au sud vers l’ouest, et la chaîne occidentale , du S.-S.-E. au N.-N.-O. ; ce qui donne une forme triangulaire à la vallée de Puchola. Dans ce dernier lieu , les DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. 3g5 couches de quarzite et de calcaire magnésien siliceux courent du nord au sud , avec une tendance à l’ouest vers le nord. Enfin , M. Hardie décrit les filons métallifères de ce terrain schisteux (Edinb, new. phil.j. Avril 1 834 ? P* 278). Plaines du Gange. — À Calcutta, la Société asiatique a engagé le gouvernement à faire poursuivre le forage au moins jusqu’à 5oo pieds, dans l’espoir de rencontrer quelque nappe d’eau potable et ascendante. Jusqu’à présent les travaux n’ont été poussés que jusqu’à 176 pieds. On a traversé d’abord au niveau de la mer une espèce de tourbe ou d’amas végétal , tel qu’il s’en forme encore sur le bord de la mer; puis des argiles avec des restes de plantes, du bois, enfin des sables. Sous les ar- giles s’étendant jusqu’à 10 pieds de profondeur, on a rencon- tré du kunkiir ou un dépôt calcaire tufacé d’eau 'douce ou de sources , comme l’indiquent des coquilles terrestres. Depuis ce point jusqu’à 125 p:eds, on a trouvé du sable rouge, et surtout des argiles jaunes avec quelques lits de kunkur ; à 128 pieds du sable , et depuis là jusqu’à 1^6 pieds des sables et des graviers quarzeux ( Asiat. j . y mars 1 834 5 P* ^*4)* M- R. Everest a calculé que le Gange charrie annuellement dansl’Océan indierucinq à six milliards de pieds cubes de limon ou de débris continentaux {BILL JJniv. ,janv. i83i,p. 47)* Le Cutcii. — M. Henderson a décrit la Géologie de la moi - tié occidentale du Cutch. Cette contrée est traversée par deux chaînes. Celle du sud court à un ou deux milles d’Anjar, s’é- tend vers Narayansir, et s’élève à 600 pieds; elle est composée de schiste argileux passant au grès , et recouvert de grès jaune. L’inclinaison y est au sud. Entre Mandavi et Anjar, il y a de petites montagnes trappéennes. Dans la chaîne septentrionale , les plus hautes sommités at- teignent 1200 pieds ; le schiste argileux y domine, et supporte des argiles schisteuses et bitumineuses, un dépôt calcaire , du trapp et un grès rouge. Ainsi, les cimes les plus élevées sont quelquefois formées de grès blanc recouvert par le schiste argileux, et surmonté de trapp ferrugineux. Les eaux du pays sont saumâtres ( Asiat . /., mars 1 834? P* 211). M. Sykes a apporté à Londres des fossiles du pays de Cutch. Bords de l’Indus. — M. le capitaine Burnes, accompagné du docteur Gérard , a relevé le cours de V Indus de la mer jus- qu h Lahorey et a fait un voyage remarquable dansla Perse et la Bucharie , route par laquelle la civilisation européenne en- vahira bientôt l’Indostan. Il a déjà communiqué aux Sociétés géographique et géologique de Londres, lesprincipaux résultats RESUME DES PROGRES 3g6 géologiques de son voyage , savoir : des détails sur la structure géologique des bords de l’Indus, sur le Caucase indien , les plaines de la Tartarie, et le pays entre Astrabad , Téhéran , Ispahan et Busheer, etc. Il a même adressé des cartes et des coupes, et rapporté des échantillons de roches. D'abord M. Burnes a donné des détails curieux sur la géogra- phiephysique de la partie du Cutch fertilisée par des irrigations dérivées de la branche de l’Indus appelé Phurraun . En 1762, les Sindiens tirèrent une digue à travers de ce fleuve , ce qui ôta l’eau à ce pays , et en 1819, un tremblement de terre éleva une digue naturelle encore plus forte, de manière que la province a perdu sa fertilité. Un désert, appelé Runn , sépare cette contrée du reste du continent : cet espace a 200 milles de long sur 35 milles de large, et occupe 7000 carrés. Plu- sieurs oasis s’en élèvent, et offrent de l’eau fraîche; mais si l’on y creuse des puits jusqu'au niveau du désert, l’eau est toujours saumâtre. Quoique plus élevé que le niveau de l’O- céan , c’est le fond d’une ancienne mer intérieure , car on y trouve encore des morceaux de fer ayant appartenu à des vais- seaux, et la tradition y indique la place de plusieurs anciens ports (Allienœum , n° 3s3 , tom. IV , p. *6). M. Burnes a visité le pays inconnu de Parkur dans la partie 3NT.-E. de Cutch; c’est une presqu’île ou une île bordée de trois côtés par les déserts du Runn, et sur le quatrième par un autre désert moins aride, et appelé Thurr. Le Parkur est une vallée cultivée. Le granité constitue le sol de toute cette province, qui a une étendue de 23 milles de l’E. à l’O., et de 20 milles du N. au S.; il est curieux de ne pas y trouver le grès qui abonde dans le Cutch. L’eau s’v trouve à 10 pieds sous la surface, tan- dis que dans le désert de Thurr les puits ont toujours de 35o à 400 pieds de profondeur ( Alhenœum , n° 335 , p. 242). M. Alex. Burnes décrit la province de Cutch comme une contrée montueuse; le sol est sablonneux ou rocailleux avec des masses éparses de laves. Il y a du soufre, de la houille, du fer et de l’alun. Des calcaires à nummulites composent une crête sur la rive droite de l’Indus, dont le delta ayant une base de 120 milles de largeur, est formé d’alternats d’argile et de sable. La char- riage de ce fleuve est si grand que la mer est trouble jusqu’à 3 milles de distance du rivage. Le calcaire à nummulites forme les sommités des monts Hala, qui courent du S. au N., depuis la côte à l’O. du débouché de l’Indus , et se terminent au N. -O. de Caboul dans le Caucase hindou. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. Hydrabad est bâti sur un calcaire coquillier; à Scbwan et Cùrachée , il y a des eaux chaudes ; Vile de Bukhur et le ro- cher de Roréesont des masses siliceuses. Sous 33° delat. àKara~ Bagh , Tlndus traverse des collines salifères, les monts Zylum, qui atteignent 1800 pieds d’élévation, courent du N. -O. au S. «O., et sont les seules proéminences du district de Punjab. Les couches y sont très inclinées, et il y a beaucoup de gor- ges. Le sel est rougeâtre, et forme dans l’argile des lits de 4 a 5 pieds d’épaisseur. On l’exploite surtout près de Pindee-Dadun- Khan, non loin de l’Acesinus, et on l’embarque sur l’Hydapse. Entre le Sutlège et Lahore, le pays est composé d’argile en- durcie et de graviers. Lahore est à 1000 pieds sur la mer. A Attock se montre le micaschiste qui s’étend au sud jus- qu’à la chaîne salifère. Le sable du fleuve y est aurifère. At- tock est à 1700 pieds, et Peshawur à 1800 pieds de hauteur absolue. Lahore a été le théâtre de tremblemens de terre. A Cohatil y a de la houille bitumineuse, et le même dépôt argilo-sali- fère. Caboul jouit d’un climat délicieux , et offre tous les fruits d’Europe. La rivière de Caboul coule à travers un défilé, dont les parois s’élèvent à 2000 pieds , et sont composées de couches verticales degrés , de quarzite et de micaschiste. Caboul est à 6000 pieds sur la mer, et entouré de collines d’agglomérats; il y a dans les environs du marbre blanc. Caucase hindou. — Dans le Caucase hindou , Hindoo - Koosh , entre Caboul et Balk, la neige ne reste toute l’an- née que sur le Koh i-Baba, entre Caboul et Bameean. Le grand défilé du Hindoo-Koosh n’est ouvert que trois mois de l’année. Il y a deux autres cols qui s’appellent Rohee-Baba et Bahmian , et de ces points partent deux plans inclinés de 60 pieds par mille , l’un se rendant à Caboul et l’autre en Tar- tarie. La hauteur des trois cols est, le premier de 8,000 pieds, le second de 12,400 pieds, et le troisième de ï 3, 000 pieds; ils sont dominés par des pics neigeux de 5 à 8,000 pieds de hauteur. La descente en Tartarie se fait à travers une fente calcaire n’ayant que 2Ôo verges de largeur. Sa profondeur est si grande que le capitaine Burnes voyagea pendant 70 milles sans pouvoir voir ni le soleil , ni l’étoile polaire. La chaîne du Hindoo-Koosh est privée de forêts , qui abondent au contraire dans l’Himalaya; le sol est aride, ou couvert de plantes aromatiques. Les plus hauts pics entre Caboul et Hajeeguk sont composés de gneiss ou de granité suivi de schistes bleus , de quarzites et M RÉSUMÉ DES PROGRÈS de micaschistes. Des granités verts paraissent exister dans les sommités. Plus bas, il y a des agglomérats calcaires et des argiles rouges , et la partie inférieure du défilé de Hindoo-Koosh est composé de calcaire brun esquilleux, et suivi de grès. Autour de Bameean , on indique de l’or, du plomb, du cuivre, de l'étain, de l'antimoine, du soufre et du fer. Sur les deux versans de cette chaîne, il y a beaucoup de blocs de granité. La plaine du Turkistan descend graduellement vers la mer Caspienne. M. Burnes ne croit pas que l'Oxus ait jamais dé- bouché dans la mer Caspienne; les lits à sec entre Astrabad et Khiva sont les restes d'anciens canaux. Les habitans croient à une communication souterraine entre le lac Aral et cette mer. En 183*2 , la vallée de Badakhskan a été bouleversée par un tremblement de terre; dans ce lieu , il y a des rubis (?) dans le calcaire. La plaine de la Tartarie a un niveau absolu de 1700 pieds. Vers Boukhara, le pays est formé par un calcaire jaune, oolitique, couvert de gravier et d'argile; il y a çà et là des dé- pôts de sel et des eaux saumâtres. Entre l’Oxus et la mer Caspienne , est le grand désert de sable des Turcomans. Le désert de Khorasan est formé de sable avec des buttes de la même nature; ce sont les landes de France en grand , moins leur végétation ( Lond . a . Edinb . ptiiL Mag . , mars 1 834 5 P* 225, et Journ . of the roy . Soc . of Lcnd . , vol. I , p. 2*22 , et vol. III, part. 2,,p. 1 13 , et Athenœum , n° 3*2 1 , p. 874 )* Himalaya. — M. Pvoyle confirme pleinement le rapproche- ment que j'avais fait il y a quelques années, d’après les descriptions des voyageurs, entre des molasses des Alpes, et les grès qui flanquent le pied sud de rilimalaya. Ces grès à lignite forment une série de hauteurs ou de contreforts, dont les som- mités atteignent même 3,ooo pieds; car les couches arénacées ont été redressées, et inclinent au N.-N.-E. sous un angle de 3o°. Comme en Suisse, ces roches sont imprégnées de carbonate de chaux. M. Boyle a observé un grand dépôt d'aîluvions anciennes dansla vallée de Dhera, à 2,000 pieds d’élévation. Il a récolté aussi des impressions végétales dans les houillères de China- kuri et de Raniganj , entte Calcutta et Dak. Il pense que la comparaison des végétaux houilles, et de ceux des marécages ou puis de llndostan, près de Calcutta, fournirait des don- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. 399 nées pour se faire une idée de la formation des dépôts char- bonneux. M. le docteur Falkoner a découvert dans FHimalaya, aux sources du Bylikeka, des osseniens fossiles de crocodiles et de tortues, ainsiquedes huîtres, etc .(Bibl. Univ., Janv. i834,p* i). Royaume d’àva. — M. Prinsep a signalé quelques miné- raux du royaume d’Ava ( Journ . of the Asicit . Soc . of Calcutta, i83a, cah. i ). Ile de Java. — M. le docteur Hardie a visité Fîle de Java, et est le premier qui en ait rapporté des fossiles appartenant à une formation très récente calcaréo-volcanique. Ce dépôt environne un immense massif de trachyte, et de volcans encore actifs, et rappelle , soit les molasses du Bellunois , soit les calcaires du Vicentin ( Voy. Bull ., vol. IV, p. 218). § xix. Japon . Les ouvrages de Kœmpfer et de Thunberg sont presque les seuls ouvrages qui nous aient fait connaître la géographie et Fhistoire naturelle du Japon. On sera donc bien aise d’ap- prendre que M. le docteur Siebold est sur le point de publier en allemand toutes ses observations (faites de 1824 à i83o), sous le titre à1 Archives du Nipon, ou Description du Japon et des contrées adjacentes, surtout d’Iezo, des îles Kouriles du sud , de Karafto , de Kouroe ou Corée , et de Liou-Kiou ou Lou- Chou. Cet ouvrage, publié en 20 à 25 livraisons in-4°, chacune avec 20 pl. , sera divisé en neuf parties , savoir : la géographie ma- thématique, avec des cartes géographiques et géologiques; la description du pays et des voyages de Fauteur, la partie histo- rique, Fétat des arts et des sciences au Japon, Fagriculture et l’industrie, la description des contrées environnant le Japon , etc. , etc. De son côté, M. Fischer, qui a résidé dix ans au Japon, et a fait un voyage à Jedo , est occupé à imprimer une Relation sur ce pays. M. Réinusat devrait bien tenir sa promesse de publier Fhis- toire naturelle de l’Encyclopédie japonaise ou chinoise de Li- Schi-Tschin : ce serait une acquisition précieuse. Iles de Sandwich. — M. Jos. Goodrich a donné de nouveau quelques détails sur les volcans de Kirauea et de Mauna-Kea, à Hawaii ( Owyhee ) , sur les éruptions volcaniques et récentes RÉSUMÉ DES PROGRES 4oo du Mauna-Roa , dans l’ile d’Oahu , et en général dans les îles dece groupe ( Americ . Jof S vol. XXV, n° i, p. 199). § xx. Amérique septentrionale. Etats-Unis. — Depuis qu’on a découvert aux Etats-Unis des dépôts aurifères, soit en aliuvions, soit en filons, l’agriculture a été négligée dans plusieurs comtés, dans ridée de faire for- tune par l’exploitation des mines. D’une autre part, l’atten- tion générale est dirigée continuellement vers cette par- tie de la géologie des Etats-Unis, par des Mémoires qui ne cessent pas de se succéder. MM. J. -B. Crawe et A. Gray ont esquissé la Minéralogie d’une portion des comtés de Jefferson et de Saint-Laurent, où il y a de beaux minéraux ( pargasite , tourmaline , paren- thine, etc.) ( Americ . J. of Sc., vol. XXV, n° 2, p. 346). M. J. Peck a donné un Mémoire sur les mines d'or de la partie occidentale de la Caroline septentrionale > et sur la portion orientale du Tennessée. Cette contrée comprend trois grandes chaînes : le Wuaka ou Smokv-Mountain, séparant du Tennessée la Caroline septentrionale • la chaîne de Cowata , à 3o à 4° milles des Montagnes-Bleues ( Blue-Ridge ). Toutes ces chaînes ont une direction du N.-E. au S. -O. : elles attei- gnent au-delà de 4,000 pieds , et le Blue-Ridge est encore plus élevé. Les monts Wuaka séparent le sol intermédiaire des masses primaires. Néanmoins, dans les comtés de Washington , les grauwackes dominent au S.-E. et les roches primitives au N. -O. Entre les vallées de Hiwasser et de Coosawatcr, il y a une autre chaîne courant environ de l’est à l’ouest, et se joignant à d^autres chaînes courant du N. -N.-E. au S. -S. -O., savoir : les Lookout-Mountains et les montagnes de Cumberland. Une bande de diorite occupe le milieu, entre les montagnes de Yeona et de Horserange, et s’étend depuis Alabama et Six ( comté de Cherokée ) , à Habersham, à Raybora , jusque dans le comté de Burke, dans la Caroline septentrionale. La direction de cette masse est N. 35 à 4°° U. Des deux cô- tés de ce banc, on a trouvé le plus de filons aurifères, et çà et là il y a des pointes de granité. C’est donc un gisement ana- logue à plusieurs de ceux de l’Oural. Le gneiss et le mica- schiste alternent avec le diorite, et il y a du talcschiste, du quarzite et des grenats. Les couches sont généralement verticales. Les filons sont dans le quarz, accompagné de talcschiste et de DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 835. ^01 beaucoup de fer pyriteux. Il y a aussi des filets aurifères dans le diorite. L’auteur décrit les filons de Habersham , où le mur est de talcschiste et le toit de talcschiste passant au micaschiste; la gangue est pleine de blocs quarzeux. L’oxide de titane et le cuivre pyriteux existent à Rayburn ; on trouve du plomb à Habersham , et de l’argent avec de l’or, au Nouveau-Potosi , sur le Chistitee. Il y a dans ce lieu des grenats , des tour- malines, des staurotides , deszircons, etc. Sur le Valley-Ri- ver, le micaschiste talqueux contient les masses aurifères, et est pétri de staurotides. Dans la Caroline du Nord , on exploite de l’or, surtout dans le Cherokee ; il y en a sur les affluens supérieurs du Little- Tennessée et du Tuckasage. Sur les rives duTennessée et du Nauteale, les sables aurifères reposent sur des gneiss, des micaschistes et des talcschistes. La chaîne de Smoky-Mountain est composée de quarzite, de talcschiste et de grauwacke. Le Blue-Pudge est composé de gneiss, avec un petit nombie de couches de quarzite. Entre les monts Wuaka ou Smoky-Mountains et les Mou- tagnes-Bleues , il y a un district de cinq milles carrés, qui est composé de quarzite, de talcschiste et de grauwacke, et dont la plupart des cours d’eau charrient de l’or. Quant à la chaîne de Chitteaweerange , il y a surtout des ar doises, des marbres, des grauwackes schisteuses et du grès rouge. Une carte accompagne celte Notice ( Americ . /. o/Sc, vol. XX1ÏI, n° i, p. i). Les mines d’or alluvial de la Géorgie ont donné lieu à un Essai de M. Will. Phillips, dans lequel il montre comment les dépôts d’alluvions se produisent , quels sont les gîtes de l’or, et les moyens de l’exploiter. Les mines d’or de Shelton , sur le Soquee, une branche du Chattahoochie, sont dans une contrée où domine le gneiss , avec des bancs de micaschiste et de talc- schiste , et la surface du sol est couverte de débris quarzeux [Am, J, oj Sc vol. XXIV, n° i, p. 17). Le gouvernement de Massachusetts a fait imprimera ses frais un Rapport de M. Ed. Hitchcock sur la géologie , la mi- néralogie, la botanique et la zoologie de cette province (i?e- port on the geology of Massachusetts , un volume in-8°, avec cartes, coupes et vignettes ). Il est divisé en quatre parties, sa- voir : la géologie économique ; la topographie géologique; la géologie scientifique ; la zoologie et la botanique; et il y a une liste de roches et de minéraux. Soc, géol. Tome V, 3g RÉSUMÉ DES PROGRES 402 M. Hayden a décrit les montagnes appelées Barehills , et situées non loin de Baltimore. Elles sont formées, en grande partie, de serpentine à dialîage, fer chromé, et minéraux sili- ceux. Cette roche est associée à des masses feldspatliiques , et le sol alluvial de certains vallons présente des blocs graniti- ques , ou quelques gemmes , tels que du béril , etc. ( Americ . J. ofSc vol. XXIV, p. 349). Ohio.— Le docteur Hildreth a donné des observations sur la formation salifère secondaire qui forme le fond de la vallée de r Ohio y depuis les sources de ce fleuve jusqu’à Shawneetown, dans l’Illinois. Le même dépôt paraîtrait composer, le long des Alleghanys , une zone de plusieurs centaines de milles de lon- gueur et ayant plus de cent milles de largeur. Au nord et à l’ouest , les roches salifères commencent à se montrer dans la région des houilles et du grès, ainsi qu’au sud de la région calcaire du Mississipi et des grands lacs : ce terrain donne naissance à une grande quantité de sources salées. M. Hildreth entre en- suite dans des détails sur les contrées salifères des rivières de Muskingum et de Big-Kenhawa. Une coupe d’un puits percé près de Macconnelsville (Ohio), et poussé jusqu’à mille pieds, fait voir, au-dessus des grès à particules de sel ou à sources très salées , des alternats nombreux de grès et d’argile schis- teuse, avec quelques lits de houille bitumineuse. Toutes les eaux salées sont accompagnées d’un dégagement plus ou moins grand d^hydrogène carburé , ce qui s’explique aisément depuis qu’on a reconnu ce gaz dans des petites vacuoles du sel de Wieliczka , du Marmarosch , de Halistadt, etc. Le pétrole abonde dans la contrée à l’ouest des monts Apallachiens , et accompagne aussi les sources salées sur le Renliawa ; la pré- sence des lits de houille explique-t-elle suffisamment celle de cette huile minérale ? [Voy. à cet égard la note de M.‘ Virlet, Bull. , vol. IV, p. 2o3.) M. Hildreth termine par l’analyse de quelques eaux salées , qui ne contiennent guère que des muriates, et point de sul- fates : l’une dViles a offert une trace de bromide de calcium {Americ. J . of S c., vol. XXIV, p. 46). Terrain crétacé. — M. S, -G. Morton a publié un supplé- ment à son Synopsis des fossiles du sable ferrugineux et vert des Etats-Unis , et a figuré vingt-trois coquilles , en particulier un Baculite, etc. {Americ. J. of Sc vol. XXIII, p. 291, et vol. XXIV, n° 1, p. 128). Dans la partie atlantique des États-Unis , le groupe crétacé paraît beaucoup plus étendu qu’on ne Bayait cru. M. Conrad DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833. 4<>3 i la retrouve près de Wilmington ( N. C.), d’où il longe la côte depuis le cap Fearriver au cap Hatteras : il y en a aussi un bas- sin étendu entre Charlestown et Eutaw-Springs, dans la Caro- line Méridionale. On ne sait pas encore si ce dépôt est séparé du sol primitif par d’autres terrains secondaires. En général, en Amérique, l’étude de ces derniers est encore dans l’enfance, quoiqu’on trouve mentionnés du nouveau grès rouge et des roches oolitiques. Quant au sol tertiaire, les géologues améri- cains croient pouvoir distinguer, parles fossiles, non seulement un terrain marin supérieur, mais encore l’argile de Londres, et même l’argile plastique. ' M. Morton a signalé le grès ferrugineux , d’abord dans la Nouvelle- Jersey, la Delaware et le Maryland, plus tard dans plusieurs comtés des Etats-Unis, savoir, dans la Caroline Sep- tentrionale, à Ashwood , dans la Caroline du Sud (Mars’s-Bluff, sur la Pedee, à Nelson’s Ferry, sur le Santee et sur leLynch’s- creek); en Géorgie, près de Sandersville j dans l’Alabama, entre Portland, Caliawba et Montgoméryj dans le Mississipi, dans le pays de Chisakaw, sur leTennessée; dans la partie S. -O. du Tennessee $ dans la Louisiane, entre Alexandrie et Nachetoches , en particulier à Wachito; dans l’Arkansas , sur le plateau calcaire de Redriver, près de sa jonction avec le Kiamesha ; enfin , dans le Missoury, sur le fleuve de ce nom, à 43° 4°' îat. nord et 720 long, ouest. Certains fossiles se trou- vent partout, tels que X Ammonites placenta, Baculites ova* tus , Gryphœa vomer, et mutabilis, Ostrea falcata, etc. Dans les Etats méridionaux , il y a, au-dessus des grès, un calcaire à nummulites , grvphées , peignes, etc. (Clairborneà Alabama et Wilmington ). Enfin M. Morton décrit vingt-huit nouveaux fossiles créta- cés, des genres Ammonite , Baculite, Scaphite, Nautile, Num- mulite, Patelle, Tornatelîe , Rostellaire , Téredo , Pholado- mie, Cythérée, Cardite, Plagiostome, Peigne, Grvphée, Ano- mie, Spatangue, Cidaris, Clypeastre, etc. ( Americ . /. of Sc,M vol. XXIII, n* 2, p. 288). ^ Sol tertiaire. — M. Isaac Lea a donné des renseignemens précieux sur les dépôts tertiaires des Etats-Unis dans un ouvrage intitulé : Contributions to Geology (Philadelphie, 1 833, in-8°). Le terrain de Clairborne à l’Alabama, à go milles du golfe du Mexique, lui a offert plus de ^5o espèces de fossiles , dont sigsontnouvelles, et dont 25 ont été déjà figurées par M. Con- rad dans sa ConcJiiliologie fossile ( nos 1 et 2). ' Ces pétrifications existent dans la butte sur laquelle est bâti 4o4 RÉSUME DES PROGRES Clairborne, et sont à 200 pieds sur la mer. On y voit se succé- der de bas en haut du calcaire tertiaire micacé à Volutes, Na- tices,etc. ; 2 pieds de calcaire compacte à Huîtres; 17 pieds de sable quarzeux très coquillier à palais de poissons , etc. , etc. , c’est la couche la plus riche en fossiles; 18 pieds de sable quarzeux, à Avicules , Vénus , etc.; 2 pieds de sable quarzeux ferrugineux à coquilles et Scutelles; 45 pieds de sable d’argile et de gravier à Nucules , Corbules et Peignes; enfin il y a des alluvions. Cette butte fait partie d’un vaste dépôt qui commence à 10 milles au sud de Clairborne , et s’étend du nord au sud sur un espace de 100 milles ; son commencement est dans le golfe du Mexique, près de Marc et Tallahessee, d’où il se prolonge au N.-O. à travers l’état du Mississipi , et se termine aux collines de Chirkasawa , dans l’ouest du Tennessée. La même formation traverse la Caroline méridionale , la Géorgie et la Floride; elle court du N.~E. au S. -O., et entre cette zone et le Mississipi ainsi que le golfe du Mexique y il n’y a que des sables couverts de pins. M. Lea en fait un terrain tertiaire exocène ou ancien , et il émet à cet égard des doutes sur l’existence du dépôt miocène ou tertiaire moyen aux Etats-Unis. Quant au dépôt pliocène ancien , il le signale à Saint-Mary’s dans le Maryland. M. Conrad en a figuré 26 espèces de coquilles, dont un tiers vivent encore sur les côtes , et quelques unes se trouvent sous des latitudes plus méridionales. On connaît le même dépôt à Yorktown , h Smithfield et à Suffolk en Virginie , à Easton et Saint-Mary’s, dans le Mary- land , et dans le comté de Cumberland , dépendant de la nouvelle Jersey. Le dépôt pliocène récent a été reconnu à l’embouchure du Potomac, à 45 milles en ligne droite de l’Océan; ses coquilles sont celles qui vivent encore sur les rivages des Etats-Unis , à l’exception de cinq à six qu’on n’y a pas encore trouvées. Le même agrégat coquillier a été observé à Charlestown , par M. Vanuxem, et il renferme des Arches, des Fuseaux, des Olives, des Tellines, des Marginelles, etc. M. Isaac Lea a aussi découvert un dépôt lacustre cle marne calcaire friable à Lymnées , Physes , Planorbes , Paludines et Àncyles , près de Chitteningo , à i5 milles à Test de Syracuse, dans le comté d’Onondaga (Nouvelle-Jersey). C'est un dépôt récent d’un lac écoulé ou disparu, et il le compare à ces amas immenses de coquilles lacustres , quir forment une épaisse DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 83 3. croûte autour de l’étang de Milk-Poud , dans le comté de Susses ( Nouvelle-Jersey). Ce dernier détritus de coquilles a plusieurs toises d’épaisseur; et si le lac se vidait, on aurait tort d’en faire un dépôt séd inventaire , car ce iCest tout bonne- ment qu’un agrégat de coquilles ( Contributions to Geology, p. 223 ). Alluvions. — Dans un dépôt considérable d’alluvions mo- dernes et limoneuses, près de Schenectady sur la Mohawk aux Etats-Unis, M. Tomlinson a observé une grande quantité de feuilles , remarque intéressante pour l’explication de certains dépôts stratifiés ( Amer . J . of Sc . , vol. XXIII, p. 207 ). De gros blocs granitiques mobiles ont été signalés par M. Polter, près de Hanovre aux Etats-Unis. M. Shepard a donné des observations géologiques sur U A la- bama , la Géorgie et la Floride. Il s’y occupe du sol ter- tiaire inférieur et coquillier de Prairie- Bluff , à 5o milles au-dessus de Clairborne, des environs de Montgomery, et de Columbus sur le Uhattahoochee. Sur l’Alabama , il y a du gneiss, près de Milledgeville, et sur le Flintriver; il est accompa- gné de granité. Près d’Augusta, il a remarqué un grès calcaire en couches horizontales , passant à un calcaire compacte à ap- parence d’eau douce. M. Shepard a recueilli des ossemens à la source du Suannee en Floride; ce sont des os et des dents du Manatus americanus y des piquans d’oursins, des palais de poissons , et des huîtres. Ces fossiles rapprocheraient ce dépôt de celui de Maestricht. Il y a aussi des incrustations siliceuses. M. Bartram, dans ses voyages dans l’Amérique Septentrionale (Dublin, 1793), a décrit cette source, qui contient de Fhy- drogène sulfuré, et dépose des pyrites. Il indique une autre source semblable à 3o milles de la Nouvelle-Smyrne , et à 100 milles au-dessus de Saint-John. A 4o milles de ce dernier lieu, et à 70 milles de Sainte-Augustine, il y a une source aussi très abondante et transparente. Près du lac George, il y a des eaux sulfureuses et thermales. Il existe, de plus, dans ce pays des étangs très profonds , et des sources intermittentes , par exemple près de Tailahassee ( Amer . J . of Sc. , vol. XXV, n° 1 , p. 162 ). M. Sayrs Gazlay a donné une notice sur les bois fossiles dé- couverts en creusant des puits à Palmyre , à Springfîeld et aux environs de ces villes, dans l’Ohio. Ces bois sont placés dans des argiles en lits horizontaux de 6 pouces à 4 pieds d’épaisseur. Il n’y a point de roches primaires, à l’exception des blocs qui RESUME DES PROGRES 4o6 existent dans l’Ohio, et qui manquent dans le Kentucky. Le sol est composé de calcaire intermédiaire (Amer. J . of.Sc.y vol. XXV, n° Ï,p. io4). M. R. W. Withers a communiqué quelques details sur les prairies ou plaines en partie boisées du comté de Greene ( AJabama ). 11 cr it que ces localités ont fait partie de l’ancien fond de la mer, et il décrit leur sol comme composé de cal- caire et de coquilles plus ou moins altérées ; telles que des huîtres, etc. U y a amsi des dents de requin , des vertèbres d’un animal de la grandeur de l’éléphant. Les ossemens ont été perforés par les vers de mer. Quant au calcaire, il est tendre, blanchâtre, et plus ou moins coquiilier. Une zone de prai ies semblables s’étend depuis la partie orientale du comté dans ce- lui du Mississipi , en ayant une largeur de 3o à 4o milles, et eu étant éloigné de ‘200 milles du golfe du Mexique. Depuis Erie à Saint-Stephens, il y a des collines de plusieurs centaines de pieds de hauteur et un dépôt houiliier. De Saint Stephens à Mobile-Point, c’est une plaine parfaite de 100 milles de long avec quelques bancs de coquilles. A 3o milles au-dessus de Saint-Stephens, il y a des montagnes de grès, et le calcaire coquilüer marin n* existe que sur le boid du fleuve ( Am . J. qf. Sc., vol. XXIV, 11° 1 , p. 187). M. Rush Nuit se propose de publier une théorie de la terre • en attendant, il a donné ses idées sur la composition et le comblement de la vallée inférieure du Mississipi . 11 montre que le delta actuel du Mississipi a été jadis un espace occupé par la mer, à cause des coquillages qu’on y rencontre. Il parle ensuite de la terre argileuse végétale, des sources d’eau douce, du terroir produit par l’ Ariuido, du Mississipi, des lacs le long de ce fleuve, et des amas de bois sur ses rives {Am. J ’. of Sc -, vol. XXIII , n° 1 p. 4q)- Canada. — M» le capitaine Bonnycastle a achevé sa des- cription des roches intermédiaires du Cataraqui . Il décrit le contact de la siénite avec le calcaire de transition. Entre Point-Henry et Aldimand-Cove , le calcaire noir est entremêlé de parties feldspathiques et quarzeuses, et traversé de filons de quarz, et près de Kington , ce calcaire se trouve même divisé en masses prismatiques irrégulières et horizontales. La con- servation des fossiles dans ce mélange de calcaire et de siéniLe est un fait curieux ( Am. J. ofSc. , vol. XXIV, n° 1, p. 97 ). M. Baddeley a donné la description des îles de Madeleine , dans le golfe du Saint-Laurent. Elles sont formées de grès bigarré , surmontées de buttes trappéennes, ce qui leur donne DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l833. 4^7 un aspect tout particulier. Les grès , sans fossiles , sont accom- pagnés d’argile et de gypse fibreux, spathique, ou terreux; leurs teintes sont le rouge, le jaune, le grisâtre, ou le ver- dâtre : ils sont divisés en strates horizontaux, et forment, le long des côtes, des escarpemens de 20 à 120 pieds de hauteur. Le gypse existe surtout à Amshert-Island , Entry-Island , et à House-Harbour. On n’y a pas découvert de sel, à l’exception d’une source salée. Dans le Canada, on ne connaît pas de dépôt semblable, excepté sur le lac Huron , ou le gypse est peut-être comme celui du Niagara , d’une époque plus ancienne. Le trapp est une roche feldspathique rouge ou grise, quel- quefois porphyrique, poreuse, amygdalaire, ou bréchoïde. C’est, en un mot, un dépôt analogue à celui qui abonde dans la Nouvelle-Ecosse. Près de ces masses, les grès, ordinairement horizontaux, ont subi des redressemens (port d’Àmherst , île de Bryon, etc.). Le trapp de l’île Gross-Isle, et près d’Amherst- Harbour, présente des enfoncemens cratériformes, et contient du fer oligiste. Près de là , il y a des sables magnétiques ou titanifères , avec des gemmes ( spinelle ou grenat), et une assez grande masse de gypse. Ces îles ont été émergées par suite d’actions volcaniques. M. B. termine par des détails sur la topographie et l’agri- culture de ces îles, ainsi que par un catalogue de leurs miné- raux. On n’y trouve aucun reptile. Une carte accompagne cette notice ( Transctct . of the literar . a . historié . Soc . of Québec - Avril 1 833 , vol. III, part. 2, p. 147). M. le capitaine Bayfield a communiqué à la Société géolo- gique des Notes sur la géologie de la côte septentrionale du fleuve et du golfe de Saint- Laurent , depuis le point où il re- çoit le Saguenay (long. 69° 16'), au cap Whittle (long. 6o°). L’auteur a fait le relevé de 5oo milles de côtes , traversées par des rangées de collines arrondies, ne dépassant pas 1 ,000 pieds en hauteur, et s’abaissant à leur extrémité orientale. Les gra- nités , les siénites , le calcaire , un dépôt d’argile , de sable et de gravier, et des alluvions modernes constituent le soi de cette contrée. Les roches grànitoïdes forment toutes les hauteurs , à l’exception d’une portion, vis-à-vis des îles de Mi ngan. Le granité proprement dit y est rare, et la roche dominante est composée de feldspath , de quarz , dJhypersthène et d’amphibole. U y a du porphyre passant à la siénite, aux chutes du Manitou, et des filons de trapp dans cette dernière roche. Le fer oxidulé abonde dans les sables de rivage , et entre très souvent comme partie constituante dans les roches. RESUME DES PROGRES 4o8 Le calcaire compose les îles de Mingan et d’ Esquimaux , et, sur le continent voisin . il repose en couches horizontales sur la siénite. L’île d’Anticosta et le cap Gaspé en sont aussi formés. C’est un calcaire compacte ou terreux, arénacé ou cristallin, et abondant en fossiles intermédiaires, comme le calcaire de Quebec et du lac Huron. Le dépôt argilo-graveleux forme une série de couches hori- zontales, qui ont 3oo pieds de puissance, et remplissent les in- tervalles des montagnes si énitiques. L’argile forme la base de cette formation sans coquilles, et les graviers sont à la partie supérieure. Les alluvions modernes augmentent journellement. Ainsi, à la baie d’ Ou tard , à la surface de la mer, l’eau était chargée de particules terreuses , tandis que plus bas il y avait de l’eau claire. Il y a aussi des tourbières. La partie la plus curieuse des observations de M. Bayfield est la succession de terrasses graveleuses, qui s’étendent du ri- vage vers l’intérieur, et dent la plus éloignée, couverte d’ar- bres, dans les îles de Mingan , s’élève à 60 pieds sur les plus hautes marées. Dans le golfe des Sept-Ues , et dans presque toutes les autres baies , comme aussi au débouché des vallées sur la mer, il a trouvé des gradins sableux parallèles , attei- gnant quelquefois 100 pieds de hauteur, et offrant çà et là les coquillages du golfe Saint-Laurent. M. Bayfield pense que la contrée a été soulevée ou émergée graduellement, et il est conduit à cette idée par l’impossibilité de supposer un abaissement dans le niveau des eaux du Saint- Laurent et de son embouchure, sans un abaissement corres- pondant dans l’océan Atlantique. De plus, les alluvions qui se forment actuellement sur les rivages sont les mêmes que celles des terrasses • les mêmes roches calcaires, rongées paràl’eau, les accompagnent, et la distance entre ces cavernes calcaires et les bancs de cailloux sur les terrasses est la même que celle qu’on observe encore à présent sur le rivage actuel. Il y a donc eu là, comme sur le littoral de l’Ecosse, etc., une succession d’actions lentes. Le rivage méridional du golfe de Saint-Laurent , depuis le méridien de Saguenay au cap Gaspé, est composé d’alternats de grauwacke et de schiste, recouvert, d’une manière con- forme, par du calcaire coquillier intermédiaire ( Edmb . et Lond . pliil. mag. Janv. i834> p* 5i). Dans le troisième volume de la Société historique et litté- raire de Quebec, pour i83a, ou remarque un Rapport de no- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833. tre confrère, M. Baddeley, sur les îles cle Madeleine , avec une jolie carte lithographiée. Montagnes Rocheuses. — M. John Bail a visité les monta - gnes Rocheuses, qui s’élèvent du milieu d’un plateau déchiré de grès rouge horizontal. Elles sont composées de gneiss, d’am- pliiboîite, de talcschiste et de micaschiste. Le grès rouge a été percé par un grand nombre de masses trappéennes , quelque- fois prismatiques. Le grès s’élève en buttes de quelques cen- taines de pieds de hauteur. Des neiges perpétuelles couvrent certaines parties des montagnes Rocheuses. Sur leur versant oc- cidental , M. Bail a trouvé les grauwaekes , et le calcaire in- termédiaire le long des branches supérieures du Colorado, Plus à l’est, le grès rouge, avec l’agglomérat et le trapp, oc- cupent tout le pays jusqu’à l’océan Pacifique. Les blocs pri- mitifs qui sont sur la base de la chaîne ne disparaissent qu’à ioo milles de distance de cette dernière mer ( Americ . /. of Sc., vol. XXV, n° 2, p. 35 1). On annonce comme devant paraître très incessamment la partie géologique et zoologique du voyage fait au détroit de Behring , etc. , par le capitaine Beechey. Dans la relation de son voyage , il donne beaucoup de renseignemens , non seule- ment sur l’hydrographie, la météorologie et le magnétisme, mais encore sur la géologie , sur la formation des récifs de co- raux, sur la distribution des mers, des plantes et des races d’hommes, et la géographie physique en général. L’île de Chamisso est granitique ; le cap Déception est com- posé de calcaire compacte, et près de là il Y a des talcschistes et des schistes alumineux avec du calcaire schisteux. A la baie d’Escholtz, M. B. a observé des argiles ossifères , au pied de montagnes de 6oo à i,ooo pieds d’élévation. Le cap Lisburn de Cook est calcaire et schisteux. Au cap Beaufort , il y a des grès houiiliers (/. oj the roy . geogr . Soc. ofLond ., vol. I, p. 1 93). § xxi. Mexique. M. E. Schleiden s’est occupé, en 1 833, de la Description géologique du district minier Æ Angangeo , au Mexique . Il a découvert, dans un tuf trachytique, une grande dent d’un ruminant , probablement d’un mammouth. Le calcaire grenu de Saint-Jasi-del-Oro est au contact du siénite et du trachyte et dans le voisinage de sources chaudes ( N . Jahrb.f. Minerai ., i834, cah. 1, p. 33). J’avais oublié Y an passé de parler des observations intéres- 4lO RÉSUMÉ DES PROGRES santés que M. Burkart a faites dans l’Etat de Michoacan ou de Valladolid, au Mexique, contrée sur laquelle les renseignemens se réduisaient à ceux donnés par MM. de Humboldt {Essai ■politique sur la Nouvelle-Espagne, 1 8 1 1 ) et J.-J.-M. de Le- janza ( Estatistica del Estado de Valladolid en 1822. Mexico, i8u3). Entre Tlaîpujahua et Àngangeo, les porphyres intermé- diaires et les trachytes lui ont fourni la matière d’un Mémoire déjà publié en 1827 (. Zeitsch f. Mineralog • Nov. 1827). Entre Àngangeo et Zita-Quaro, on rentre dans le schiste argileux et le porphyre métallifère, qui est plus récent que le schiste ; et après cela il y a, entre Orocutin et San-Felipe, un grand dépôt de trachyte , quelquefois foncé , et d’agglomérat trachytique : ces masses forment la pente de la Cordillère. Depuis Oracutin à la rivière las Balsas, on traverse un pays ondulé, composé d’alternats de grès secondaire gris, de marnes et de calcaire compacte, grisâtre, sans fossiles. Sur les hauteurs d’Orocutin, ainsi qu’entre le Rancho-Sancanguerito et Iluetamo , ce grand dépôt est recouvert par un calcaire compacte jaune , gris ou jaunâtre, qui forme des rochers nus et fendillés. Enfin, des porphyres amphiboliques et des diorites s’élèvent en dômes du milieu de la formation arénacée inférieure , ou y prennent l’aspect de filons-couches, comme près de Rancho-el-Naranjo. On peut se figurer le plaisir que me causa cette description, car il y a cent à parier contre un que ce grand terrain n’est autre chose que le grès carpathique avec son calcaire crétacé et ses diorites. M. Burkart est tout aussi embarrassé de le classer qu’on l’était jadis avant la connaissance approfondie du grès vert d’Angleterre et du système jurassique et crétacé de l’Eu- rope méridionale. C’est un autre rapport que le Mexique aurait avec la Hongrie , dont elle offre si parfaitement les calcaires jurassiques, les schistes altérés, les siénites, les porphyres métal- lifères , les trachytes, et même certains dépôts tertiaires. Entre la rivière des las Balsas et le Rancho las Ànonas , il y a une chaîne trachytique à gorges escarpées; mais au sud du Rancho-Javali , vers Sierra-Madre, et de là à Sinandaro jus- qu’au Rancho-Cujaran, on parcourt un grand terrain composé de siénite , de granité, de leptinite, de quarzite, de diorite et de porphyre. Comme dans la Transylvanie occidentale, les masses granitoïdes et siénitiques de cette partie du Mexique sont assez riches en métaux non précieux , tels que la galène argentifère (mine Mariche sur le Rancho, San Ànonas ), la galène accompagnée d’un peu de carbonate de plomb , le fer DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 4*1 hydraté, et le cuivre pvriteux ou carbonate ( Si erra- Ma dre) ; enfin il y a aussi des indices de fer oxidulé (bord du las Balsas). L’auteur s’est trouvé aussi embarrassé queM. de Humboldt pour classer ces dépôts qu’il a bien vus recouverts, comme en Transylvanie, par des roches à aspect trachy tique , mais dont la base lui est restée cachée. Il les a donc rejetées encore, sans preuves péremptoires, dans ce grand magma, qu'on appelle fort commodément le terrain intermédiaire. Sa seule raison, pour en agir ainsi , est la présence de quelques roches schisteuses, et encore avoue-t-il que ces dernières sont plus anciennes que certaines roches porphyriques et métallifères semblables d’An- gangeo , de Real del Monte, etc. D’après ce qu’on connaît maintenant de la Hongrie et de la Transylvanie , je ne doute pas que tous ces dépôts ne soient fort récens, et que les schistes soient des roches altérées; mais je sais parfaitement que des géologues célèbres sont loin d’être de mon avis. L’a- venir montrera de quel côté est la vérité. Après avoir décrit la siénite, les porphyres siénitiques, les diorites et les amygdaîoïdes de la rive droite du las Balsas , et y avoir indiqué des filons cuprifères , M. B. se porte vers la région volcanique de Joruilo. Depuisla visite de M. de Humboldt, c’est-à-dire depuis vingt- quatre ans, et surtout depuis la cessation totale des éruptions, ce volcan est devenu à peine reconnaissable, et même la tem- pérature d’une source sulfureuse a diminué. On traverse un chaînon basaltique avant de l’apercevoir, et son côté occidental est rendu difficilement abordable par les coulées de laves, et les exhaussemers éprouvés par le sol , de manière qu’il se pré- sente , de ce côté , une muraille de basalte à olivine de 3o à 35 pieds d’élévation. Du bord de cet escarpement , le sol s’é- lève graduellement vers le cône , et offre encore çà et là quelques petits hornitos ou cônes, dont un très petit nombre décèlent une température plus élevée que celle de l’air. Près du cône , le terrain est formé par un agglomérat volcanique. Le volcan de Joruilo coupe à angle droit la vallée qui le con- tient, et se lie à ses bords par de plus petits volcans; son pied est à *2806 pieds sur la mer, et le bord du cratère principal atteint 4029 pieds d’élévation. Il y a encore plusieurs autres cratè- res, qui tous sont sur une ligne pour laquelle le compas in- dique la direction de h. 11. Les éruptions sont sorties d’en haut par une fente courant h. 1 1 , et ayant donc une direction à an ;le droit de celle sur laquelle sont placés tous les volcans du Mexique. Du fond du cratère s’élèvent encore quelques RÉSUMÉ DES PROGRÈS 4l2 vapeurs sulfureuses , et les seules roches du volcan sont des laves basaltiques ou doléritiques , avec des blocs de siénite peu altérée. En montant au nord du Playa de Jorullo à Patzquaro , M. Burkart n’a rencontré que des basaltes, des laves basaltoïdes poreuses et des cendres. La ville de Patzquaro est située sur une lave tephrinique, enclavant un lac situé à 6889 pieds de hau- teur absolue. Près le Ranclio-Guarocho , on rentre dans les amygda- loïdes , les diorites et les porphyres siénitiques. Entre Capula, Taciquaro et Yalladolid , il n’y a que des roches volcaniques poreuses; près de Taciquaro existent meme plusieurs volcans éteints, et des sources chaudes. De Yalladolid à Tlalpujaliua , on descend jusqu’à Indapa- rapeo; puis on continue sur un plateau jusqu’à Zinapecuaro , et on ne rentre dans les montagnes que plus à l’est. Toute cette contrée est composée de tufa trachy tique, qui recouvre du porphyre trachy tique à Charo, Zinapecuaro, etc. A l’est et à l’ouest d’Ucareo , des perlites porphyriques forment de petits dômes sur les roches précédentes, et sont associés de nids d’obsidienne. À Ucareo, une grande masse de cette der- nière roche se trouve enclavée dans un trachyte blanc et dé- composé. On ne quitte plus le sol trachy tique jusqu’à ce qu’on entre dans la vallée de Tlalpujaliua, où dominent les schis- tes , et les grauwackes métallifères ( Archives de M, Karstc?i} vol. Y, cah. 1 ). M. Burkart a fait encore des remarques géognostiques sur les montagnes de Santiago , à V est de Zacatecas dans V Etat de San-Luis-Potosi . À la Blanca, et dans les montagnes de San- tiago le sol est granitique, tandis que de Zacatecas à la Blanca, on traverse un terrain de trachyte et de brèches trachvtiques. A l’est du Cerro de San-Augustin, il y a de nouveau du granité, qui s’étend vers Penon-Blanco , où il est recouvert de calcaire intermédiaire. Le Cerro de Santiago n’a que 833o pieds rhen. de hauteur absolue, donc 47° pieds de moins que le Cerro de Angel, le point le plus élevé à Zacatecas. La plaine au pied du mont Santiago à la Blanca, a 65*27 pieds. Cette chaîne est porphyrique, et sans métaux. Au sud du Cerro de Santiago , il y a du gra- nité limité par le calcaire de Potosi, et formant même une par- tie de cette Cordillère. Du leptinite s’associe au granité près de Tatahuelo, et il y a des filons aurifères (cuivre carbonate et oxidulé) dans cette dernière roche. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. 4 1 3 Plus au sud se trouve la mine d’argent del Realillo, et à demi -lieue plus loin , entre ce lieu et Rancho el Baxio, il y a un autre filon argentifère qui a été exploité à Guanaxua- tillo. La gangue de quarz y renferme encore des fragmens de granité, de porphyre et des cristaux de feldspath. Près la Blanca , il y a dans le granité un filon de fer hydraté avec un petit filon de galène • enfin, au siid de la mine San-An- tonio, sont des filons de plomb carbonate avec de la galène et du cuivre carbonate. Au nord et au sud, le granité est couvert de calcaire, mais à l’est il se lie à celui de Penon-Blanco. Le calcaire sans fossiles court h. 4 f avec une inclinaison au nord sous un angle de5o°; il s’étend du mont de Santiago par Cerro de Potosi , versCerro de Colorado , et se lie probablement avec celui de Tepesala et d’Asientos de Ybarra, qui renferme des filons cuivreux ( Ar- chives de M. Karsten , vol. VI , p. 4i3 ). M. J. Bui kart a visité en mineur les fameuses mines de Feta-Grande dans la province cle Zacatecas , et a étudié les rapports géognostiques de cette localité. Le filon de Veta-Grande est le plus septentrional des filons de la chaîne de Zacatecas, et se trouve sur la pente nord de montagnes composées de schiste argileux et siliceux avecgruns- tein. Le filon principal court h. 7 à 7 * , et incline au sud sous 60 h 65°; mais il a quatre à six branches latérales. Beaucoup de filons de Zacatecas ressortent comme à Schemnitz, sous la forme de rochers quarzeux. Des salbandes d’argile, et des sur- faces polies et striées accompagnent les filons sur leur mur ou sur leur toit. La gangue des filons est le quarz , le silex corné, la chaux carbonatée magnésienne , des fragmens de la roche voisine, rarement du spath calcaire et de la baryte -les minerais sont l’argent natif et sulfuré, l’antimoine sulfuré argentifère, la galène , la blende et la pyrite. L’auteur entre dans beau- coup de détails sur les variétés des minerais , et leur position dans les différens filons ( Archiv. f. Miner . de M. Karsten, vol. VI, p. 319). M. Burkart a examiné aussi les mines de los Alamos de Catorze. En allant de Catorze à Mazapil , on rencontre des séries de cônes composés de basalte prisme, à fer magnétique; à leur pied la plaine est formée par le calcaire de Catorze à schiste siliceux. Après San-Eustaguio, on trouve du calcaire noir stratifié, sans fossiles , et couvert de blocs de granité et de fer oxidé rouge , minerai qui forme un banc entre le granité elle calcaire, à 3 lieues de San-Eustaguio. Au-dessus de ce RESUME DES PROGRES 4i4 gîte le calcaire recouvre le granité en stratification contras- tante, et y offre des lits de calcaire grenu, gris-blanc et de grenat en roche. Les mines sont près de Mazapil , et le gîte composé de fer hydraté , de minerais de cuivre y de plomb et d'argent se trouve entre le granité et le calcaire ( Arcliivf \ Min . de M. Karsten, vol. *VI, p. 4^2 ). M. Julius Schwarz a visité depuis Real-Angangeo le bain de Tepetonco . Cette route lui a offert d'abord du porphyre, puis, depuis Tlalbuxbuaba il a rencontré du schiste argileux à filons de quarz, et à a lieues plus loin, du grès blanc suivi d'une formation considérable de calcaire foncé. Dans la vallée de Tepetonco, il y a un agglomérat récent de fragmens calcaires et porphvriques ( N. Jahrb. f Min . , i834 , cah. a , p. ao5 ). M. J. A. Lloyd a donné une Note sur V isthme de Panama , La direction des montagnes y est du N.-E. au S. -O. et leur hauteur n'excède pas 1000 à i ioo pieds près de Panama ; mais elles sont beaucoup^ plus hautes et boisées, à l'est de Porto- Bello. Le dépôt dominant est un calcaire flanqué au nord de rochers de polypiers ( tertiaires), et au sud d'argile endurcie. Il y a aussi des silex, de la calcédoine , du jaspe, du minerai de fer, etc. (Gatun sur le Chagres). A Santa-Rita, Pequeni et Veragua, il y a des lavages d'or; il y a en outre du cuivre, et même, dit-on, de l’étain et du mercure ( /. of the roy . geog. Sc. of London , vol. I , p. 70). § xxiî. Antilles . Je trouve annoncés dans les journaux anglais des essais sur l'histoire naturelle de la Jamaïque, sous le titre d 'Illustrations of Jamaica , et attribués à M. de La Bêche, tandis que M. Ja- mes Dottin Moycock vient de publier une Flore de la Barbade , ou un catalogue des plantes indigènes, naturalisées, et cultivées à la Barbade , avec une description géologique de cette île ( Flora Barbadensis , Londres, 1 834 ^ in-8° avec 1 carte et des coupes). M, Mathéron a reçu de M. Mille des renseignemens in- téressans sur le terrain tertiaire des environs de la Pointe-ci- Pitre, à la Guadeloupe . C’est un terrain analogue à la molasse coquillière du midi de la France, et abondant aussi en peignes, bucardes, pectoncles, lithophages, échinodermes , etc.; ce sont des moules et des coquilles à test conservé. Il n’y a pas identité parfaite de fossiles, mais seulement analogie relative; c'est-à- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. 4*5 dire que les pétrifications du terrain de la Guadeloupe sont, aux êtres vivans dans la mer des Antilles, dans le même rap- port que les fossiles du sol tertiaire du Languedoc aux êtres marins de la Méditerranée. Ainsi , si parmi les fossiles de la Guadeloupe il y en a très peu qui se retrouvent en France ( Echinoneus semilunaris Lam. ), néanmoins ces deux terrains ont dû s’être formés à une même époque géologique *7 et s’ils ne constituent pas une seule et même formation, on peut au moins les considérer comme parallèles. De plus, les différences qui existent entre les fossiles des deux dépôts prouvent qu’à l’époque de leur formation la terre présentait comme aujour- d’hui , entre les Antilles et la France septentrionale, des tem- pératures différentes ( Annal . des Sc. et de l’ indus t. du midi de la France , vol. IIÏ, n° g et io, p. i). C’est encore un exemple ajouté à plusieurs autres de l’axiome, que plus on s’approche des pôles vers l’équateur, et plus les dépôts examinés sont récens , plus grande sera l’ana- logie entre les créations enfouies dans la terre et celles qui ornent actuellement la surface terrestre dans chaque contrée* Telle est la proposition que je persiste, avec M. de Férussac, et l’école du midi de la France, à regarder comme fonda- mentale pour tout classement géologique rationnel, et qui me paraît peu compatible avec la nouvelle géologie zoologique de M. Deshaves. « Il n’est bruit , dit M. Geoffroy Saint-Hilaire, que des hau- » tes révélations faites par la zoologie au profit de la géologie, )> et que cette dernière, avec toute confiance et docilité, se © trouve avoir acceptées et adaptées aux principales bases de » ses théories. Pour moi , je ne partage pas l’idée qui a séduit » tant de personnes, et je pense tout au contraire que l’impor- » tation n’a pas été aussi heureuse et aussi utile qu’on le croit » généralement)) ( Revue encycl. Oct. 1 833 ) . Les géologues qui ont vu par eux- mêmes la nature applaudiront à cette pen- sée, qu’il était temps de voir émettre par des personnes émi- nentes dans la science • caria géologie courait déjà risque d’être escamotée habilement au profit de la zoologie, puisque les dé- ductions mathématiques tirées de la superposition et du pro- longement des couches allaient se modifier devant des compa- raisons microscopiques de tests de mollusques. § xxm. Guyane . M. Hilihouse, ingénieur-géographe à Demerara, efcM. Jesch- RÉSUMÉ DES PROGRÈS 4 1 6 maker, ont remonté, en septembre i83o, l’Essequibo, puis le Mazarony, dernier fleuve sur lequel ils ont reconnu un grand nombre d’iles, de rapides et de fentes granitiques. Après douze jours de navigation, ils ont découvert un grand plateau appelé Arthur’s-table, et s’élevant à 3,ooo pieds sur la rivière, ou 5 à 6,ooo pieds sur la mer. À l’horizon , ils ont vu une chaîne ap- pelée Mérumeh. Dans la rivière de Carulang, près de Teboco, les voyageurs ont trouvé de grandes cascades, formées encore par le terrain granitique , l’une à ioo, une autre à 6oo pieds d’élévation. Près de la première, appelée la chute Macrebah , il y a une source acidulé sourdant d’un dépôt quarzeux. D’une autre part , M. Hillhouse rapporte qu’en forant un puits artésien dans le sol alluvial de Saint-George à Demcrara, on trouva, à 120 pieds de profondeur, au contact des alluvions argileuses et des micaschistes , une source d’eau semblable à celle de Macrebah. À 10 à 12 pieds sous la surface du sol, on apercé un amas irrégulier de troncs d’arbres couchés, ressem- blant à ceux appelés courida dans le pays. À 5o pieds , cet accident s’est renouvelé, et la couche était placée entre des ar- giles bleues et rougeâtres de 12 pieds de puissance : le reste des couches traversées était composé d’une argile très pure et savonneuse. M. Hillhouse en conclut que, lors de la formation de ces dépôts de végétaux, cette partie de la côte américaine devait être habitable à 5o pieds plus bas que son niveau actuel (. Athenœum , n° 325, p. 67 ). L’intérieur si inhospitalier de la Guyane française a été vi- sité par M. À. de Bauve, qui, conjointement avec M. Leprieur, a entrepris dernièrement une seconde incursion. § xxiv. Brésil . M. d’Eschwege a réuni dans son Pluto brcisiliensis (Berlin, i833, 1 vol. avec 4 cari, et 8 pl.) une suite de Mémoires sur les mines d’or et de diamans du Brésil, le gîte des pierres pré- cieuses et d’autres matières minérales. Il sJy occupe non seu- lement de la position géologique de ces masses , mais il fait, de plus, l’historique de la découverte de sdiverses mines, de leur mode d’exploitation , de leurs produits à différentes époques, et des lois qui régissent les mines du Brésil. Ainsi , il consacre la première partie à l’historique de la découverte des dépôts au» rifères dans les provinces de Minas-Geraes, de Goyaz, de Matto- Grosso, deCeara , de Rio-Grande-do-Sul et de Rio-de- Janeiro, tandis que les deux parties suivantes sont entièrement du res- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 835. 2^7 sort du mineur et du géologue. Il en agit de même pour le diamant, dont il parle dans line quatrième partie ; puis il traite des autres métaux, en particulier du cuivre, du platine, du plomb, du mercure, etc. Dans un article séparé, il s’occupe du fer, qui forme, au Brésil , des massifs si considérables ; et un chapitre particulier est consacré aux lignites, au soufre, aux divers sels (salpêtre, muriate de soude, etc.). L’ouvrage se termine par des considérations générales sur la législation des mines du Brésil et le commerce des nègres. Pour certains points, il faut comparer cet ouvrage aux relations données sur les mines par M. Auguste de Saint-Hilaire. M. le docteur Jean Pohl a fait imprimer à part la partie mi- néralogique et géologique du premier volume de son voyage au Brésil ( Beylrage zur Gebirgskwide Brasiliens, Vienne , 1802, in ‘4°) avec 3 coupe ). Il y décrit les environs de Rio-de- Janciro, le pays entre cette capitale , Viîla~Angrados-R.eys , Villa-de-Barbacena et San-Ioao-d’EI-Rey. Le granité et le gneiss y dominent ; ce n’es que vers Barbacena que commence la grande formation des roches quarzeuses , taiqueuses et schis- teuses. DeVilla-San-Ioao-d’El-Rey, M. Pohl s’est rendu à Villa-Pa- racatu-do-Principe, en traversant encore des roches primaires; savoir : des granités, des gneiss, des micaschistes, des talc- schistes, des quarzites , des schistes argileux , etc. Des masses de calcaire compacte, près de Nossa- Senhorza-de -Oii- veira , viennent appuyer le soupçon que ces dépôts sont du genre de ceux auxquels on a donné jusqu’ici le nom d’intermé- diaires. Entre Villa -Paracatu et Villa -Boa, les dernières roches schisteuses et quarzeuses continuent à occuper 3e pays ; les quarzites y forment des masses immenses; ils s’associent quel- quefois avec des brèches quarzeuses, et contiennent des mines d’or, avec divers autres minerais. A cette occasion, l’auteur décrit soigneusement les caractères des quarzites , ainsi que leurs passages aux talcschistes, la flexibilité de certains lits min- ces , et leurs masses subordonnées d’itabirite ou de fer oligiste schistoïde. Les environs de Villa-Boa fournissent à M. Pohl l’occasion de décrire les divers gîtes aurifères associés avec du fer hy- draté, etc., et placés au milieu de la même grande formation; et il termine en parlant des mines de diamant du Rio-Claro, et par une description minéralogique des variétés et des formes des diamans qu’il a observés. En général , cet ouvrage est plein Soc. gêol. Tome V. 27 RESUME DÈS PROGRES 4i8 de détails minéralogiques sur les roches dont parle Fauteur, et qui se trouvent dans la collection brasilienne de Vienne. § xxv. Paraguay. M. le docteur P. Soria a donné des renseignemens sur la contrée qui borde le Rio-Fermejo, au Paraguay . Ce fleuve, de 4 à 800 pieds de largeur, est, sur un espace de 3oo milles , un véritable canal au milieu d’une plaine fertile . qui ne s’élève que de 6 à 12 pieds au-dessus du niveau des eaux du fleuve, et qui est inondée annuellement comme l’Egvpte. Cette immense plaine peu élevée du Paraguay, entre les Andes et les chaînes du Brésil , est en communication avec le bassin des Amazones, et même- avec celui de l’Orénoquej elle forme un type d’au- tant plus singulier de l’Amérique méridionale, que jusqu’ici on n’y a pas cité de dépôts tertiaires autres que des molasses, et que personne n’y a observé des coquillages marins. Néan- moins , cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de couches co- quillières , surtout sur les bords du bassin ou de cet immense détroit. En effet , l’habitation des mollusques et des zoophytes ne devait pas être au milieu de cette mer, mais dans le voisi- nage de ses rivages. D’ailleurs , le fond de cette plaine est pro- bablement argileux , et ce limon peut receler des pétrifica- tions. On aurait donc encore là un exemple d’un bassin rempli, d’abord de limon, puis de matière plus arénacée ; fait impor tant à constater, dont l’inverse se présente aussi , et qui est une indication précieuse du mode de comblement. D’après M. llengger, le phénomène des blocs erratiques, si général dans les Etats-Unis du Nord, et si connu dans certains bassins de l’Europe, n’existerait pas au Paraguay. Malheureu- sement, la géologie des chaînes enclavant ce bassin est trop imparfaitement connue pour pouvoir bien s’expliquer cet in- dice de l’absence d’un soulèvement très récent. § xxvi. Chili. M. Ed. Poeppig est monté sur le volcan d3 Antuco, au Chili ; il s’élève à 2.750 pieds au-dessus de la ligne des neiges perpé- tuelles, et offre un cratère laissant échapper des vapeurs blan- ches sans odeur, ou noires et sulfureuses : ses éruptions sont accompagnées d’eau, ce qui forme des coulées boueuses à odeur suffocante. Toute la contrée d’Antuco est volcanique , et ce sol s’étend à quelques degrés au sud : toutes les cîmes sont yolca- DF. 5 SCIENCES GEOLOGIQUES EN î 855. 4*9 niques. On y distingue trois systèmes de volcans : les plus an- ciens, qui ont donné des basaltes, en partie prismés, et des laves; les plus récens , à coulées de laves et les volcans en ac- tivité. Le phonolite ne se mon ire que çà et là. Les verres volcaniques font partie des anciennes éruptions, et il y a des masses d’agglomérats grossiers (Notizen de M. Froriep, vol. XXXI, p. 33). Les environs de Juanjuy jusqu’à Chassuta , sur le Pongo, ne sont qu’un dépôt immense de sel en lits minceé, dans un grès eu sable rouge. Il occupe pour le moins 60 milles carrés géo- graphiques > niais peut-être son étendue est trois ou quatre fois plus grande ; car il y a des mines de sel sur le Huallaga supé- rieur, près d’Uchiza, à deux degrés de latitude plus bas au- dessous du Pongo. Tout près de l’embouchure du Moyabamba se trouve la saline de Pilîoama , il y a dans ce lieu un escarpe- ment de 200 pieds de haut , qui est formé de couches de sel rouge et blanc , alternant avec des agglomérats calcaires, et ayant plus d’un mille anglais de longueur. La pluie lavant ces rochers, y produit des aspérités et des cellulosités. Une végéta- tion particulière couvre ce sol (Idem, 1 832, vol. XXXJ.Up. 1 49)- On doit attendre avec impatience la publication de toutes les Observations géologiques que M. Gay a faites au Chili , ainsi que celles que M. cTOrbigny aîné, de retour en Europe, a faites en Patagonie, au Chili et dans le Haut Pérou. D’après le rapport de M. Brongniart, M. Gay a surtout examiné les environs de Santiago, le bassin du Puo-Cachapual et du Rio-Tinguiriripa , et a remonté ces rivières jusqu’à leur source dans les Cordilières. Le sol primaire, presque toujours recouvert, ne perce que çà et là dans la partie du Chili parcourue par M. Gay, tandis que les dépôts volcaniques, soulevés en masse, ou quelquefois épanchés en coulées, y dominent. Des couches tertiaires for- ment la troisième classe des terrains observés par M. Gav, et indiqués par lui sur une carte géologique. Les dépôts ignés sont composés de porphyres, de basaltes, de trachytes, de dolérites, etc. ; masses séparées ou mêlées en- semble sans ordre , et formant des buttes , des collines , des montagnes, ou des chaînes à cimes déchiquetées et à profondes anfractuosités. M. Gay cite plusieurs de ces fentes-vallées, dont la verticalité des parois ne permet pas leur étude parfaite (vallée de los Cyprès- sos). Près de l’Hacienda de Canquenes , la Gordilière ne lui a présenté que du basalte ou des roches analogues; ce sont les RÉSUMÉ DES PROGRÈS 420 seuls produits ignés existant à 20 lieues à la ronde, et ce» pendant les vallées sont encombrées jusqu’au tiers de leur hau- teur par un immense amas de galets et de blocs de granité. Ce fait est fort curieux , et paraît venir à l’appui de l’idée que de semblables depots ont été formés quelquefois par éjection sou- terraine , si toutefois leur isolement et leur grand éloigne- ment de tout terrain granitique se confirment. Pour le sol tertiaire du Chili , M. Brongniart a signalé sur- tout le terrain de la Navidad à l’embouchure du Rio-Ra- pel , qui , situé à plus de i4o pieds sur la mer, présente des assises assez semblables à celles du Vicentin \ ce sont des alter- nats de tufa basaltique coquillier, avec des roches tripoliennes presque entièrement sableuses , et à grains plutôt fins. Quant aux fossiles, M. Brongniart n’en trouve aucun à iden- tifier tout-à-fait avec les coquilles tertiaires de Bordeaux ou d’Italie, quoique certaines espèces offrent une grande ressem- blance à cet égard. En général, les fossiles tertiaires du Chili ont paru à M. Brongniart moins différons des coquilles ter- tiaires de l’Europe , que les coquilles vivantes des mers du Chili ne diffèrent de celles de la Méditerranée , avec lesquelles les débris organiques du Vicentin paraissent être liés. Sur les côtes du Chili, des soulèvemens très récens ont élevé, à quelques mètres au-dessus de la mer, des matières sableuses qui renferment des dépouilles de mollusques peuplant encore la mer dans ces parages ( Institut , i833, n° 9, p. 67). § xxvii. Buenos -Ay res , Haut-Pérou et Patagonie . M. Alcide d’Orbigny nous a rapporté des notions géologiques précieuses sur la Patagonie , la Bande orientale, la républi- que de Buenos- Ay res, le Chili et le Haut Pérou. Une portion du Brésil et toute la Bande orientale de la Plata ne lui ont of- fert que des terrains primaires en grande partie schisteux , et l’immense bassin tertiaire et alluvial des Pampas de Buenos- Ayres, ancien fond de mer qui s’étend du 25° lat. sud jusqu’au 38° , et sur plus de 200 lieues de largeur de l’est à l’ouest. Le sol tertiaire y est peu varié , et se laisse bien étudier le long du Parana ; ce sont toujours des argiles , des sables ou des grès ou molasses ; quelques fossiles se rencontrent dans les couches in- férieures, et des os de mammifères se présentent dans les assises supérieures, et sous d’autres masses à coquillages fluviatiles. La chaîne des Andes est couverte de roches plutoniques et DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 43î volcaniques , encroûtées d’agglomérats ponceux ou de cendres feldspathiques. En allant de l’ouest à l’est, dans le Haut-Pérou , on remar- que que le plateau compris entre la grande chaîne des Andes, et la Cordillère orientale forme un bassin particulier de grès anciens sans traces de corps organisés. Au-dessus de ce dépôt in- termédiaire, on voit çà et là un calcaire à productus , spiri- fères et térébratules , comme par exemple, sur les bords du lac de Titicaca. Des êtres marins s’y trouvent à une hauteur abso- lue de plus de 12000 pieds. La chaîne orientale offre sur quelques points des sommités granitiques; mais dans ses parties orientales les roches primaires sont remplacées sur les cimes par des schistes et des roches à tri- lobites ou autres fossiles de transition. Sur le versant oriental de cette chaîne, on ne rencontre que des grès anciens, quelquefois à fossiles; ils forment un massif énorme reposant sur des schistes maclifères , et ont éprouvé beaucoup de dérangemens, étant inclinés dans tous les sens. Néanmoins l’inclinaison gé- nérale est E.-N.-E. Ces dépôts forment le bord du grand bassin de Majos , dont le fond est couvert d’alluvions mo- dernes. La province de Chiquitos est composée par un autre système de montagnes primaires très fréquent auBrésil ; le micaschiste y domine; mais, au S.-E. , c’est-à-dire sur les rives du Para- guay, il est quelquefois recouvert par des grès ferrifères an- ciens sans pétrifications. Il y a en outre beaucoup de petits bassins particuliers, et des dépôts volcaniques locaux, que M. d’Orbigny décrira plus tard. Une chaîne primitive , presque inconnue , et omise dans les cartes , sépare le bassin des Pampas de celui de la Patagonie, qui est aussi composé de dépôts tertiaires ayant quelque analogie avec la succession des assises des environs de Paris. Ainsi , on y remarque des bancs d’huîtres sur des cou- ches ossifères superposées à du gypse, et des alternatives fhivia- tiles et marines. Les falaises des côtes de 100 à 200 mètres d’élévation, ainsi que celles le long du Bio-Negro, offrent de belles coupes de ce terrain. Un grand nombre de lacs saumâtres se trouvent dans les plaines de Patagonie, et même aune grande distance de la mer; l’eau douce y est fort rare. M. le capitane Ph. Parker King a donné quelques in- dications sur la géologie du détroit de Magellan. Son débou- 4^2 RÉSUMÉ DES PROGRES chc occidental et sa partie centrale est roontueuse et primaire, tandis qu’un terrain récent et bas forme sa portion orientale. Le granité et le grunstein dominent dans la partie occidentale; le schiste argileux au milieu du détroit et dans des montagnes de 3 à 6000 pieds d’élévation. A Test du cap Negro, reparaissent dans le schiste des mas- ses de granités et d’amphibolites, ce qui donne lieu à des îlots, dont le détroit n’est pas embarrassé dans son milieu. La Terre de Feu est divisée en trois îles par deux détroits, celui appelé Magdalen-Sound , sépare le schiste argileux des roches dioritiques , et offre à son extrémité du micaschiste. Le Barbara-Channel est sur la limite de ce dernier dépôt et du granité. L’île orientale ou Kin-gs Charles-S outh- Land est for- mée par le schiste argileux , avec du grunstein sur sa partie méridionale. Les îles de Host et de Navarin sont amphiboli- ques ( Journ. of the roy. geogr. soc. of London , vol» I, p. i55 ). D’après M. le capitaine Ring , la côte orientale de Patago- nie, depuis la rivière de Plate au détroit de Magellan, est basse. Des argiles tertiaires horizontales régnent du cap Virgins au fort Saint-Julien-. Le porphyre argilolitique s’étend de ce fort jusqu’au 44° de latitude. Plus au sud, on retrouve desescarpe- mens d’argile marneuse tertiaire, rarement à bivalves (huîtres) et uni valves. § xxviiî. Océan Antarctique. Les explorations tentées ces dernières années dans Y Océan antarctique doivent piquer la curiosité des géologues, puis- qu’il est maintenant bien établi qu’il contient d’assez grands ar- chipels , tels que les îles Shetlands méridionales et les Orcades australes , visitées par les capitaines Weddeî , Forbes et Biscoe , et la terre de Gra’ham avec les îles d’Adélaïde, découverts en î 83 1 par le dernier de ces navigateurs. Ce qui est surtout re- marquable pour nous, c’est l’absence totale des quadrupèdes dans ces îles et la réunion de cet accident avec la nature géo- logique ancienne de leur sol. Notjvellcs-Shetlands. — M. le capitaine Forster a décrit Vile de la Déception , l’une des îles de cet archipel. Ces terres paraissent être un prolongement des formations anciennes de la Cordilière des Andes et de l’Archipel delà Terre de Feu. Toutes ces contrées ont la même constitution géologique, al exception de File de la Déception, qui , semblable aux îles d Amsterdam et de Saint-Paul, n’est que le pourtour d’uu cratère encor» DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l853. complet. Ce cratère-lac a sur son côté S.-E. une ouverture de 1600 pieds de largeur; sa profondeur est de 97 toises. Le sol de l’île de la Déception n’est qu’un alternat de bancs de cendre et de glace. On y observe un très grand nombre de trous, dont sortent avec bruit des vapeurs. Il y a des sources d’eau chaude, dont l’une contient de l’alun. Les montagnes s’élèvent à 1800 pieds de hauteur, et sont composés de tufas , de scories et de bole rouge ; il y a çà et là des obsidiennes , et des laves compactes ( Jour . of the roy. Sc. of London , vol. I, p. 62, avec une carte). CHAPITRE IV. CARTES GEOLOGIQUES. § i . Ch orogra p h ie . Le géologue est vivement intéressé à l’art de lever les cartes, aux triangulations , et surtout à la manière de rendre par le dessin , la gravure ou la lithographie , les accidens de la surface terrestre. Je vais même plus loin , et je pose en principe que , si sans cartes exactes , on peut faire de la topographie géologi- que, on s’expose aussi à commettre les plus graves erreurs. Ainsi , ne pouvant tirer de l’analogie de la configuration ex- térieure, aucune déduction sur la nature du sol, on serait obligé de visiter chaque point, ce qui serait exiger plus qu’on ne le doit de la vie d’un homme , ou restreindre son action à un cercle bien étroit d’observation. Ensuite pour les conclusions sur les directions et les incli- naisons des masses et celles des chaînes , une bonne carte est une chose indispensable ; or, malheureusement bien des con- trées de l’Europe n’ont pas été relevées encore avec soin. Ainsi, par exemple, la configuration de la Suisse , ce point si capital du relief de l’Europe, n’est bien rendu nulle part; il en est de même de la Canntliie , de la chaîne des Carpathes, etc. Nous devons donc favoriser de toutes les manières possibles les relevés topographiques, rendre grâces aux gouvernemens qui en supportent les frais, et reconnaître les services si importans, et en même temps souvent si effroyablement pénibles du corps des ingénieurs-géographes de l’Europe. RÉSUME DES PROGRES 4*4 L’an passé, M. Littrow, savant’directeur de l’Observatoire deYienne, a publié un Traité sur le levé des cartes sous le titre de Choi'o graphie (N ienne, i833 , in-8°). Parmi les états de l’Europe , le gouvernement autrichien se distingue éminemment par les beaux travaux topographiques qu’il ne cesse de faire exécuter. Je répète ceci, parce que ces cartes ne paraissent point aussi généralement connues qu’elles mériteraient de l’être. Or, en ce genre, il y a peu de meil- leurs juges que les géologues, car la moindre faute dans le manque de différence du ton des cartes , ou l’absence de l’in- dication de tel ou tel accident de terrain ou de montagne ne peut leur échapper; c’est là leur science. Il est donc d’une utilité incontestable de donner aux élèves ingénieurs une idée précise de la géologie, et surtout de faire marcher en même temps les relevés topographiques et géologiques. Dans la carte de Morée, notre savant secrétaire , M. Boblaye , nous a donné la preuve matérielle de ce que j’avance , et le tracé en est si naturel, que le géologue n’a pas besoin de coloration pour y reconnaître les principaux types de formation. Espérons que celle de la Grèce septentrionale restera à cette hauteur d’exé- cution. Si telle est l’importance géologique des bonnes cartes , les grandes opérations de triangulation offrent lin moyen d’ap- précier à leur plus juste valeur les inégalités de la surface du sphéroïde terrestre. C’est le point de liaison de l’astronomie, de la géodésie , et de la géologie. À ce sujet , je dois signaler le Mémoire de M. le colonel Puissant, intitulé : Nouvelles comparaisons des mesures ge'o- désiques de France , et conséquences qui en résultent rela- tivement a la figure de la terre . Ce travail a pour but princi- pal de faire mieux ressortir les inégalités de la forme terrestre, d’après les comparaisons des mesures géodésiques et astrono- miques consignées dans la nouvelle Description géométrique de la France (Paris, 1 833,in-8°), en faisant subir aux principaux résultats trigonométriques des corrections dépendantes de la rectification de la méridienne de Dunkerque , dans la partie comprise entre Pitliiviers et le parallèle de Bourges. À en juger par l’état actuel de la géodésie encore incom- plète de la France, les deux nappes principales composant la surface de la France, divisées parie méridien de Paris, sont très dissemblables, et appartiennent en général à deux ellipsoïdes irréguliers à aplatissemens très différens. L'arc du méridien terrestre en France est une courbe à double courbure très pro- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN ,855. 4^5 noncée, puisque si la terre était réellement un solide de révo- lution, les différences entre les azimuths géodésiques et les azimuths astronomiques correspondans seraient nulîes sur tous les points de cette ligne , quel que fût l’aplatissement, abs- traction faite des erreurs d’observation. Les anomalies nombreuses ressortant du travail comparatif de M. Puissant, ainsi que celles trouvées en Italie, indiquent donc dans le sol de ces contrées des variations d’une très grande étendue, que des mesures géodésiques comme celles du pendule à secondes sont propres à signaler aux géo- logues. Comme moyen de faciliter les calculs , je dois mentionner que M. Babbage a inventé une machine pour faire les calculs logarith iniques , Les globes terrestres aréophyses fabriqués à Paris , par MM. Tardieu et Schmidt, ceux de M* Benoît, ainsi que ceux de M. Kummer, de Berlin, doivent fixer l’attention des géolo- gues : en tant que bien faits , ils pourront donner de la position relative des lieux et des chaînes du monde une idée bien plus exacte que les meilleures mappemondes. § ii. Cartes et coupes géologiques . Le nombre des cartes géologiques qui ont paru l’an passé n’est pas considérable. En Angleterre , je ne trouve à citer que celles du Norfolk, par M. Woodward ; celle de Hastings, par M. Fitton* celle des environs de Penryn , en Cornouail- les, par M. Fox , celle du Devonshire , par M. de La Bêche , ainsi que celles si détaillées que M. Murchison va donner sur le sol intermédiaire de l’Angleterre occidentale. M. Plugh Strickland a soumis à la Société géologique de Londres une carte donnant plus exactement lesiimites du lias et du red mari dans les districts de Pershore, deEvescham, de Bitford, d’Alcester, de Droitwich et de Worcester ( Lond. a . Edinb. phil . Ma g. , fév. 1 834 ^ P- T47)- On apprendra aVec peine que la Grande Carte géologique de France ne pourra être livrée au public que dans deux ans; au point oh elle en est, elle pourrait déjà être bien utile pour la confection des Cartes départementales. D’un autre coté il est agréable de pouvoir signaler le relevé géologique de quatre départemens de la France occidentale. M. Dubuisson vient de donner une carte géologique détail- lée de la Loire- Inférieure. Elle se trouve dans son ouvrage RÉSUMÉ DES PROGRÈS 426 intitulé : Catalogue de la collection minéralogique , géognosid que et métallurgique du département de la Loire- Inférieure (Nantes, i83o , in-8°). On y trouve distinguées une trentaine de roches diverses , tant primaires que tertiaires. Le mica- schiste avec des masses de granité, de gneiss, d’amphibolite , de quarzite et de serpentine , forment la plus grande partie de ce département , dont le nord est occupé par les phyllades à couches subordonnées de grès , de quarzite , de schiste gra- phite et de serpentine. Entre ces deux régions , s’étend une bande de stéaschiste (entre Severac et Saint-Sigismond ) à amas de quarzite , de calcaire intermédiaire et de trapp. Il y a , de plus, des grès houillers et du porphyre, des argiles, des grès et des calcaires tertiaires , etc. , etc. M. de Caumont a présenté au congrès scientifique de Caen sa carte de la Manche , qui sera insérée dans le 5e volume des Mémoires de la Société linnéenne, imprimés désormais in-4°. M. Toulmouche a dressé une carte du département dJ Ille- et-Vilaine , et M. Triger celle de la Sarthe et de la Mayenne . Ces relevés intéressans feront probablement partie des Mé- moires de notre Société. Quant à la France centrale , tout le monde connaît les cartes du Mont-Dore et du Cantal , par deux de nos con- frères, ainsi que la nouvelle çoupe des environs de Paris, par M. Prévost. M. Xlaby a communiqué la carte géologique, qui fait con- naître les relations du terrain ancien et des terrains secondai- res de la contrée de Chessy et de Saint-Bel ( Ann . des Min. , i833, liv. 6). La carte géologique -de V Ardenne, et deses gîtes métallifères, extraite delà carte géologique de la France, se trouve dans la même livraison des Annales. M. Thir ria a donné une carte détaillée de ia Haute-Saône ( Mém . de la Soc. Æhist . nat . de Strasbourg , vol. I . part. 2 , et Descrip. minér . etgéol. de la Haute -Saône, Besançon, 1 833) . La Société de Mulhouse publie la carte de Y Alsace, et M. Rozet fait graver celle du centre des Vosges . En Belgique , M. Dumont a publié un belle carte de la province de Liège , sur laquelle il a indiqué l’allure des prin- cipales masses houillères et anthraxifères. En Allemagne , on est occupé à Berlin à publier une 4e édi- tion de la grande carte géologique de Simon Schrppp et com- pagnie , carte qui , avec celles d’Angleterre et de France, doit être dans les mains de tout géologue, car elle embrasse un bon DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. /S ‘i ~ tiers de l’Europe. On parle aussi d’en faire une réduction. M. Ch. Rath a annoncé un plan en relief du Wurtemberg, qui aura 26 pouces de hauteur et 20 pouces de largeur; il y joindra une explication et une coloration géologique, d'après les indications de M. le professeur Scliubler. M. Schwarz a donné une petite coupe du même pays. M. Zimmermann a publié la carte géologique du Harz , où on trouve non seulement l’indication des diverses formations , mais encore celle de beaucoup de masses subordonnées; elle se vend avec ou sans sa description du Harz. 11 a paru une carte de la vallée et du bassin houiller, entre Plauen et Tharand près de Dresde en Saxe. M. E. W. Linding a donné des coupes d’une galerie dans les houillères , près de Briessnitz, et des couches entre 3’Eîbe et Zankerode ( Zeich - îiung , von Konigl. Erbslolln bei Briessnitz , etc. , Freiberg , i833 , 1 pl. litli. , et une pi. col. ). M. Naumann a publié les premières livraisons de la grande carte géologique du royaume de Saxe ( Plus. Jeudi, lithogr .). M. Schmidt de Siegen prépare une carte de la contrée au nord du W ester wald dans le pays de Nassau . M. le docteur Reichenbach a donné la carte du centre de la Moravie, et M. Anker une carte géognostique des environs de Gratz en Styrie ( Gratz, 1 833 , in- fol. ). M. Dubois a levé la carte du pays entre Czeheryn et Kief en Ukraine . M. Keilhau va publier celle des environs de Christiania en Norwège. En Russie , M. Tschecletzoff a donné 3a carte géologique d’ lekaterinburg { Gornoi , journ . 1 833 , 110 4)* M. Tschia- kovski , celle des mines de R arrondissement de Tscherdin , dans le gouvernement de Perm ( dito, n. 4 }, et M. Karpinsky celle de Boslovsk , dans le même gouvernement; ces travaux se rattachent au relevé général de l’Oural. Pour la Suisse , nous allons avoir dans quelques mois la carte géologique de V Oberland bernois , par M. Studer. En Italie , je ne trouve à citer que la fin de Y Atlante geo - grajico fidco e siorico délia Toscana , par Attil. Zucgagni Orlandini (Florence, i83o-i83ri, 20 ph), la carte de laSpezia , par M. de la Bêche, ainsi que la carte et des coupes des Alpes Apuennes , par M. Hoffmann. Ce dernier savant nous donnera plus tard , tant la carte de la Sicile que celle des environs de Rome , tandis que M. Paul Savi publie dans ce moment une carte géologique des monta » RÉSUMÉ DES PROGRÈS 4*8 gnes de Vise (Monti-Pisani ) , et nous promet celles de Y île d'Elbe et des Alpes Aptiennes. M. F. Hoffmann a donné la carte des îles de Lipciri , ainsi que des coupes ( Annales de M. Poggendorf). M. Jean Auldjo a publié en i832, à Naples, des vues du Vésuve avec un précis de ses éruptions principales depuis le commencement de V ère chrétienne jusqu'à nos jours . Il a paru , en i833 , des vues des volcans d’Italie ( Vedute dei vulcani d' Italia) , chez Mansfeld et compagnie, à Vienne, et un panorama de Naples , par Wentzel, à Munich (i832 , 4 feuill. in-fol. ). En Espagne , M, Vallejo est toujours fort occupé du relevé de la carte géologique de tout ce royaume, ouvrage considé- rable, s’il doit en rester seul chargé. MM. Cook et Silvertop n’ont donné que des coupes de quelques parties du midi de l’Espagne. La carte géologique delà Morée, avec 7 planches de coupes^ va paraître incessamment. Avant de quitter Y Europe , je dois aussi signaler îa grande coupe que M. Convbeare a joint à son résumé des progrès de la géologie. Elle s’étend depuis Venise jusqu’en Ecosse , et est le plus grand essai qu’on ait fait en ce genre ( Report of the british Association , 1 8 5 3 ) . M. Greenough a été prié de tous côtés de publier sa carte géologique de toute l’Europe. M. Gust. Rose et Errnann nous donneront des cartes et des coupes de quelques parties de la Sibérie . Pour Y Afrique, M. Rozet a publié îa carte géologique des environs d' Alger et d’ Oran , avec plusieurs coupes ( Nouvelles Annales du Muséum ). Aux Etats-Unis , M. Eaton a donné la carte de V état de New-York , et de quelques contrées adjacentes. La carte du Massachussetts , dressée par M. Hitchcock, a été publiée aux frais du gouvernement de cet état. M. Troost a été chargé par la législature du Tennessee de lever la carte géologique de cet état. M. William Lester Junior va publier une carte géologique des comtés de la Nouvelle Londres et de Windham , d’après les relevés du lieutenant W. W. Mather. Le micaschiste y forme une bande de Franklin à Harapton- Woodstocke , et se lie à celui du Massachussetts. Le gneiss con- tourné se prolonge de ce comté jusqu’au détroit de Long-Is- Jand, sur une largeur de 3 à 10 milles. La siénite couvre 20 DES SCIENCE5 GEOLOGIQUES EN 1 853. à ^5 milles carrés de pays , et traverse les roches schisteuses en filons. ( Am. J. of Sc. , vol. XXIIÏ , n° 2 , p. 4°4 )• M. R. Brown a fait une coupe géologique , et un nivelle- ment du pays entre Philadelphie et Norristown. Entre Stony- Creek et Sandy-Hill le sol est composé de grauwTacke; entre Sandy-Hill et Barren-Hill, on trouve du schiste argileux recou- vert par un grand dépôt calcaire , et il y a de J’eunte des deux côtés de cette espèce de bassin. Depuis Streepers - Hill et Wissacliiccon-Creek , on traverse des montagnes de mica- schiste et de talcschiste avec des amphibolites ; les talcschistes avec des roches chîoriteuses et des bancs de serpentine se trou- vent surtout sur le Schuyikill , près de Hagey’s-Tavern , tan- dis que les amphibolites existent surtout à Manyank sur le Schuyikill. Des alluvions anciennes couvrent la surface du sol. Un terrain de gneiss s’étend de Bridge à Philadelphie, et sépare aussi la région micacée des schistes argileux, en formant les monts appelés Stréepers-Hill. M.Baddeley a donné la carte des îles de Madeleine dépen- dantes du Canada. § iiï. Nivellement et mesures des hauteurs . M. Benj. Bevan a offert à l’association britannique de lui communiquer une table générale des hauteurs mesurées en Angleterre et en Irlande , sujet dont il s’occupe depuis treize ans ( Report of the hrit. Assoc 1 833 , p. 876). MM. Bunel et de La Foye sont engagés à faire exécuter des nivellemens géologiques dans le Calvados qu’on rattacherait à ceux exécutés dans la Normandie par MM. Duquesnoy, Del- cros , Béautré et Passy. M. Passy est occupé à faire prendre des mesures de hauteurs dans le département de l’Eure, où il a distribué à cet effet six baromèties. M. de La Roque a donné au congrès de Caen des mesures de hauteurs faites dans le département de la Manche , tandis que le nouveau Neptune contiendra les mesures trigonométriques queM. Bc autemps-Beaupré a faites dans le même département ( Congrès scient, de France , ire session, p. 43). M. Héricart-Ferrand a donné une coupe et un nivellement du département de r Oise de Paris a Ham, M. Fdhona donné des déterminations b n om étriqués pour le département du Py - de -L ôme(Bibl. Univ., janv., 1 834,p. 64)» M. Roger a fait des observations sur les estimations de hau- teurs du col de la Furca en V alais et de Saint- Moriz en En- RÉSUMÉ DES PROGRÈS 43o gadine ( Grisons)} la Furca aurait i53o mètres, et Saint» Moriz, 1878 mètres de hauteur absolue. M. de Iioff a publié un second ouvrage sur des mesures de hauteurs faites en Thuringe et en Franconie , et il y a joint des indications géologiques ( Hohenmessugen in u. uni Thu - ringen , etc. ( Gotha , i833, in-4° à 2 pi. , ou 6 profils in-foî.). Dans cet ouvrage, le savant et laborieux auteur a déter- miné la hauteur de 1102 points et rectifié certaines mesures, puis il a donné des coupes depuis le Harz jusqu’à l’extrémité de la Thuringe , ainsi que quatre tables d’observations baromé- triques faites dans divers lieux. On y lit aussi avec intérêt un chapitre sur la position, la constitution naturelle, et le climat de la Thuringe. Ce savant est maintenant occupé à ajouter un 3e volume à ses recherches classiques sur les modifications survenues à la surface terrestre ( Geschichte der durch Uberiieferung , etc. Gotha 1822-24 )• M. Berghaus a republié et augmenté la première livraison de ses mesures de hauteurs faites en Allemagne } il s’y occupe du Fichtelgebirge , et du Jura de Franconie ( Deutschland’s Hohen , etc. , Berlin , i833 , in-8° ). M. T. Bauza a communiqué à la Société de géographie de Londres une table de mesures de hauteurs déplus de 200 points en Espagne ( Journ. of the roy . Geogr. Soc., vol. II, p. 269). M. Wilîam Galbraith a fait des remarques sur la mesure géométrique du pic de T cnëriffc , par Borda ( Edinb . phil. j avril 1 833 , n° 28 , p. 337 ). M. J. Burkart a mesuré barométriquement une quarantaine de localités, entre Tialpujahua et Vaîladoîid, dans l’état de Michoacan en Mexique (. Archw . de M. Karsten, vol. Y, cah. 1). M. Beechey a donné des mesures de hauteurs exécutées dans les deux Amériques pendant son voyage au détroit de Behring {J. of the roy . Geogr . Soc . of London , vol. I , p. 220). M. W. B. Clarke a rassemblé diverses données relatives au niveau des mers intérieures de V Europe , et a montré des dis- cordances entre les assertions de MM. Lyell , de La Bêche , Strangways et Maîtebrun ( Mag. of nat. hist. , vol. VI , n° 35 , p* 477 )* Depuis les remarques géologiques de M. Eichwald sur les environs de la mer Caspienne ( Edinb. N. phil.j. , janv. i833, p. i3a , et avril p. 324), M. le colonel Monteith a donné des détails sur la variation du niveau des eaux de cette mer in- térieure dans son journal de route à travers l’Azerdbijan et »ur DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 85 5 . 4^1 les bords de la mer Caspienne (J. of the roy. Geogr. Soc. of Lonclon , vol, III, part, i ). M» E. Lenz s’est occupé des changement de niveau observes dans La mer Caspienne juscjiien avril i83o, changemens in- contestables et s’élevant à plusieurs pieds, au moi ns depuis 1 826. Cette Méditerranée, située a 3 12 pieds sous le niveau de la mer Noire, offre sur son bord septentrional des traces évi- dentes d’une élévation plus grande de ses eaux. M. Lenz croit qu’après la séparation des mers Caspienne et Noire ( entre les- quelles il y avait encore en l’an 449 des marais), le fond et le ri- vage méridional de la première se sont affaissés. Des forces vol- caniques peuvent encore modifier son fond; ainsi, le niveau peut diminuer jusqu’à ce que l’accumulation des eaux fluviatik s a.t rétabli les choses comme elles étaient auparavant. Des froids et des chaleurs extraordinaires peuvent aussi être en jeu dans ce curieux accident delà mer Caspienne ( Annal . d . Erd u . Volkerk . de M. Berghaus, i832, août et sept. , p. 4°9)« Dans sa description des Steppes des Kirgis-Kasakcs ( Opisa - nie K irgis- K asalchik , etc. Saint-Pétersbourg, i832, 3 voî. in-8° ), M. Al. Lewschin a discuté l’hydrographie comparative des mers Noire et Caspienne, et du lac d’Aral. Ce dernier et ses environs seraient à i83 pieds au-dessous du niveau de la mer Noire, et depuis quarante ans, ses eaux auraient laissé à sec une étendue de pays de 60 werstes. Il parle aussi du vol- can éteint de Aral-Tjuba dans le lac salé d’Alaktu Kul. Dans son ouvrage sur le Canada , M. Mac-Gregor prétend que le niveau du fond de tous les grands lacs de ce pays correspond au niveau de celui du golfe de Saint-Laurent , as- sertion curieuse dont on désirerait la confirmation. SECONDE SECTION, PALÉONTOLOGIE, CHAPITRE I. TRAITES GÉNÉRAUX. Il n’existe point encore de traités complets de paléontologie ; tous les géologues s’en plaignent ; personne ne se sent le cou- rage d’entreprendre cette besogne, dont les ouvrages de Par- RÉSUMÉ DES PROGRÈS /,3a kinson ne sont qu’une faible esquisse. Pour la botanique, on attend la terminaison des ouvrages sur les Plantes fossiles de MM. Ad. Brongniart, Gaspard Sternberg, Lindley et Hutton. Pour les ossemens fossiles , on n’aurait qu’à faire un extrait du grand ouvrage de M. Cuvier, en y ajoutant certains détails ex- traits des monographies de quelques auteurs , telles que celles de M. Raup , Meyer , etc. * mais on est arrêté pour la partie des animaux invertébrés. Aucun paléontographe , à l’excep- tion de M. Goldfuss, n’a fait jusqu’ici une étude spéciale des zoopbytes , qui sont cependant les corps organisés fossiles les plus fréquens , et qui , examinés, fourniraient sans doute de bien utiles indications pour le géologue : il serait bien à souhaiter que M. Desnoyers, qui avait paru une fois em- brasser avec beaucoup de zèle cette branche d’étude , voulût bien continuer ses recherches à cet égard. Quanta la conchiliologie fossile, elle est devenue une science sui generis, pour laquelle, vu le nombre des espèces, la vie d’un homme suffit à peine. J’ai déjà dit (Vov. Ballet vol. II, p. 188) dans combien d’ouvrages principaux se trouvaient dis- séminées les données les plus exactes acquises en cette matière. Nous sommes heureux de posséder un homme tel que M. Des- hayes qui, voué en elitier à cette spécialité, va enfin faire paraî- tre la première livraison d’un grand Traite méthodique général sur la conchiliologie fossile , avec l’indication et la représenta- tion des espèces les plus intéressantes pour le géologue. Un tel ouvrage , en deux ou trois volumes in-4°, s’il est offert à un prix modique , ne pourra manquer d’avoir un succès aussi grand que sera son utilité pour l’avancement de notre science. D’après Y Echo du monde savant, M. Brochant serait sur le point de commencer à publier à très bas prix des figures de fossiles , en particulier de ceux qui peuvent servir essentielle- ment à la détermination des terrains. En Allemagne, M. Je professeur Rronn, de Heidelberg, sen- tant aussi Je besoin d’un traité de paléontologie, a distribué, Fan passé, le prospectus d’une Lethœa , ou d’un ouvrage gé- néral de paléontologie, qui devait paraître par livraisons à très bas prix (i3 fr.), et avoir un grand nombre (3oo) de planches. Nous souhaitons vivement l’exécution de ce projet ; car, dût- il avoir des lacunes, il faut un commencement à toute chose. M. Keferstein a dressé dans sa Géologie une liste géologique de toutes les pétrifications connues. M. Ch. Fréd. a publié des Documens pour Fhisloire primi- DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l855. 4^5 tivo de la physique du globe ( Beitrage zur Urgeschichte de Physlsk. Nordhausen, i833, in-4°, à i pL). M. Àd. Gegehès a publié un ouvrage sur l’Intérieur de la terre ou les habitans du monde primitif [Das Innere der Erde, etc Quedlinbourg, 1 833 , in-8°). CHAPITRE IL PALÉONTOLOGIE ANIMALE. § i. Cavernes ossifères . Avant de parler des mammifères fossiles , je crois rationne, de présenter les découvertes faites sur les cavernes ossifères , et d’analyser la Notice de M. Parandier, sur les causes de P exis- tence des cavernes en général et de celles du Doubs en par- ticulier. D’après l’auteur on ne peut les attribuer à une érosion aqueuse, puisque les eaux , au lieu d’agrandir les grottes , v forment des dépôts ; d’ailleurs la dureté des roches du Doubs présente un obstacle invincible à Faction érosive de Feau , même chargée de gravier. M. P. rejette aussi l’idée que ce sont des effets dus à des courans particuliers chargés d’acide carbonique, et il oppose à cette hypothèse les sillons longitudinaux qui se trouvent sur les escarpemens, et qui sont dus à la même cause que les caver- nes. Quant aux affaissemens, ils ont pu causer des dérangemens fréquens, mais jamais des cavités à parois arrondies; et il en est de même du retrait des matières calcaires pendant leur dessic- cation. L’hypothèse des boursouflures produites par l’échappement de gaz est, suivant lui, une idée plus heureuse; mais cela ne doit avoir été qu’un cas fort rare. Enfin , la dissolution des matières solubles des masses calcaires n’a pu produire les caver- nes , parce que leur configuration s’y oppose. M. Parandier attribue la formation de ces cavités à la com- binaison de quatre classes de faits , savoir : i° l’état de résis- tance, de dureté ou de mollesse des divers dépôts calcaires à l’époque des bouleversemens qu’ils ont éprouvés, et leur endurcissement progressif depuis cette époque. Soc géol, Tom. Y. 28 RÉSUMÉ DES PROGRES 454 20 La température et la densité des eaux (déterminant, tout égal d’ailleurs leur puissance de corrosion ), à l’époque désignée et la diminution progressive de ces propriétés dans la suite des temps. 3° Les souîèvemens éprouvés avant et pendant le retrait des eaux, et conséquemment les formes qui en sont résultées pour la superficie du soL 4° L’abaissement progressif du niveau des eaux, d’abord sur toute l’étendue du pays, puis dans les vallées seulement et les alternatives fréquentes et immenses de ce niveau. La mollesse des couches et leurs bouleversemens lui sont prouvés par le contournement et le brisement des couches. Il signale des sillons et des surfaces polies produits par des masses qui ont dû glisser Tune sur l’autre. Les contournemens sans fracture ne s’observent jamais dans le lias, et encore moins dans les grés et les calcaires inférieurs du Doubs; ils se trouvent, au contraire, dans les calcaires ju- rassiques , surtout dans les assises supérieures , ce qui indique des souîèvemens à une époque assez récente où les masses inférieures étaient déjà durcies. La diminution progressive de la température et de la den- sité de l’eau., depuis les temps anciens jusqu’aux temps moder- nes , lui paraît prouvée; et il applique cette idée à l’expli- cation du transport des blocs alpins et erratiques du Jura. M. P. signale, dans le département du Doubs, des effets de soulèvement suivant des lignes dirigées du N.-N.-E. au S. -S. -O,, et parallèles entre elles , au moins sur de grandes étendues; c’est ce qui produit cette division en vais longitudinaux, entre lesquels la stratification des couches a pris les formes d’un bassin creux. Ce dernier serait semi-cylindrique, si l’intensité des souîèvemens eût été la même sur toute la longueur; mais la variation de cette intensité, et la non correspondance en sens transversal des points où elle était la plus grande , ont produi une oscillation dans la position topographique des lignes, qui subdivisent en diverses parties l’intervalle compris entre deux crêtes de soulèvement. C’est dans ces sillons longitudinaux que se sont formés des lacs, qui se sont écoulés par des entonnoirs, et forment maintenant des bassins fermés. L’auteur trouve dans les traces longitudinales sur les flancs des vallées une preuve que les eaux se sont abaissées gra- duellement , outre qu’elles ont éprouvé, à certaines époques , de plus grandes variations de niveau. Il suppose que la mer, sous l’effet d’une plus grande densité DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 855. 4^5 et une grande vitesse, a enlevé la majeure partie des dépôts supérieurs du Jura, et a agi transversalement et parallèlement aux chaînes de soulèvement. Après cela , les eaux des bassins fermés ont pénétré dans les fissures , les failles et les intervalles des couches , et ont produit les cavernes, en agrandissant ces vides et en produisant des réservoirs souterrains et des enton- noirs d’écoulement. Ou je ne comprends pas fauteur, ou il rentre dans la première hypothèse qu’il a combattue, si ce n’est qu’il suppose que le creusement a commencé pendant que la roche n’était pas encore aussi dure qu’aujourd’hui. Je ne crois pas la cause indiquée suffisante pour expliquer la production de réservoirs, quelquefois si vastes; comme dans le cas des élargissemens des filons , il faut tenir compte de l’action possible des matières gazeuses. Or, il n’est pas improbable que, faisant abstraction de l’effet des sources minérales , jadis plus abondantes , les eaux, en général , devaient autrefois contenir plus d’acide carbonique qu’actuel iemeni. Quant aux sillons longitudinaux sur les flancs des vallées , il distingue quatre espèces de conduits d’eau dans les rochers ; savoir : i° des ouvertures à courans d’eau correspondans à des conduits qui paraissent se diriger horizontalement; 2° des ou- vertures dont les conduits s’élèvent à mesure qu’on s’éloigne de leur entrée ; 3° des puits , plus ou moins verticaux, d’où il ne sort de l’eau que dans des temps d’orage ou de grandes pluies ; 4° enfin , des ouvertures à sec sur les côtés des vallées, et communiquant à des grottes ou des séries de cavernes. L’auteur place les premiers cours d’eau et conduits presque au niveau supérieur de grands réservoirs d’eau, et observe que ce sont les sources les moins variables dans leur volume (sour- ces de la Loue, du Lizon, etc.). Les eaux sortant de canaux obliques sont très variables ; elles tarissent dans les temps de sécheresse; c’est le produjt de la réunion de filets d’eau coulant sur une couche marneuse, de meme qu’à Madrid, en Espagne, on se produit de l’eau par le creusement de longues galeries dans le sol granitique, per- méable aux filtrations des eaux superficielles. M. P. s’explique la formation des puits comme des espèces de dégorgeoirs supplémentaires pour de vastes réservoirs dans les grandes crues d'eau; dans ce cas seraient les puits de la Brème, le Frais-Puits , près de Yezoul, etc. De plus, il est fréquent qu’ayant suivi long-temps un certain conduit et leur volume venant à diminuer, des eaux se sont perdues dans des enton- noirs creusés dans leur lit , pour sortir par des embouchures /|56 RÉSUMÉ DES PROGRÈS placées au pied des escarpeinens que baignaient jadis leurs cascades. Enfin , ces séries de cavernes sèches ont été produites par des courans souterrains d’eau provenant de plateaux supérieurs : dans le fond de la plupart , il y a encore quelque peu d’eau. Toutes les grottes, les entonnoirs et les grandes cavités exis- tent dans l’étage inférieur de la chaîne jurassique, parce que les massifs supérieurs ont été trop démantelés, et n’ont pu donner lieu qu’à des sources peu volumineuses ( Institut , 2 r sept. 1 833 ). M. Héricart de Thury a lu une Notice sur les cavernes calcaires de Cusy dans les Beauges \, en Savoie, et sur les sa- bles aurifères du Cheran (Yoy. Bull., vol. III, p. 229). MM. Prévost , de Beaumont et Dufrénoy nous ont commu- niqué leurs idées sur les cavernes [Idem, p. 222 et 228). M. Tournai a publié des considérations générales sur les phénomènes des cavernes à ossemens [Annal, chim. et phys., 1 833. Févr., vol. LU , p. 161-181). M. de Bonnard a découvert des os d’hippopotame dans les grottes d* Arcy -sur- Cure, département de l’Yonne (Yoy. Bull., vol. III, p. 222). Belgique . — Notre confrère, M. le docteur P. -G. Schmer- ling, a fait paraître les deux parties du premier volume de ses recherches sur les ossemens fossiles découverts^dans la pro- vince de Liège (Liège, i833, in-4° avec atlas de 34 ph in-fol.). Ce bel ouvrage aura 2 volumes et 5o planches. Après des généralités sur les cavernes du calcaire intermé- diaire de cette province (voy. Bull., vol. III, p. 17 ), l’auteur observe que ces cavités se trouvent dans les replis, ou près des sinuosités des bancs calcaires, et rarement sur des escarpemens éloignés de ces accidens. Un dérangement notable dans l’incli- naison des couches est un signe caractéristique de leur entou- rage. Des blocs irréguliers sont soutenus le plus souvent par les parois de l’entrée des cavernes , tapissées de stalactites , à couches de graviers , et à contours arrondis par des eaux cou- rantes. Cependant, M. Schmerling n’admet point leur formation par les eaux , ni par des dégagemens de gaz • il préfère y voir desaccidens de dérangemens modifiés postérieurement par des filtrations et des cours d’eau. Il décrit fort en détail le limon à ossemens, en donne une analyse , et signale l’état divers de conservation des os. Quant au remplissage des cavernes, l’hypothèse la plus vraisembla- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN ]8j5. l{ 5 7 ble est celie qui les fait remplir par les eaux, comme le prou- vent le limon ossifère identique avec la terre argileuse à la surface des rochers calcaires, l’entrée de certaines cavernes trop étroites pour y admettre des animaux, la disposition des os à toutes les hauteurs, l’état des os , et la présence des restes d’animaux marins, de poissons, de coquilles terrestres et d’eau douce, de bélemnites, debaculites, etc. L’espace me manque pour suivre l’auteur dans sa descrip- tion individuelle des cavernes de Chokier, d’Etigis , d’Engi- houl , des rives de l’Ourthe et de la Yesdre , du fond de Forêt et de Goffontaine; je me hâte d’arriver à ses réflexions sur les ossemens humains , dont la présence dans les alluvions an- ciennes a été regardée long-temps ^ et est encore regardée par bien des gens comme une hérésie scientifique. M- Schmerling, bien au fait de la difficulté du problème, et reconnaissant toute l’inexactitude avec laquelle les cavernes ossifères ont été scrutées jusqu’ici , a fini par conclure que les restes humains ont été enfouis dans les entrailles de la terre à la même époque , et par conséquent par les mêmes causes qui y ont entraîné une masse d’ossemens de différentes espèces d’animaux éteints. Ses raisons sont que ces ossemens présentent tous les carac- tères et les variétés de nature ou d’état des os des autres marn* mifères , et qu’ils ont été trouvés au milieu des débris de rhi- nocéros, de chevaux, d’hyènes et d’ours, et dans une terre en apparence nullement remaniée. De plus , ayant eu le bonheur de découvrir dans cette posi- tion une tête humaine, il se trouve que , comparée à celle de la race européenne , elle présente des différences de formes qui la rapproche plutôt du crâne de l’Ethiopien, C’est donc un cas tout semblable à celui offert par les crânes trouvés dans le Loess en Autriche, et conservés, soit au Musée de Paris, soit chez M. le comte G. de B.asoumowski à Vienne. La caverne d’Engis a fourni à M. Schmerling les restes de trois individus de notre espèce; les os des extrémités sont en général brisés, comme cela arrive pour les débris d’ours, etc., et il a observé aussi des fragraens dJos recollés par la sta- lagmite. Ne retrouvant pas des squelettes humains entiers, ni même dans la caverne d’Engis tous les os des trois hommes fossiles, M. Schmerling en déduit que leur introduction dans ce ci- metière de l’ancien monde est duc aussi à des cours d’eau douce. RÉSUMÉ DES PROGRES 458 Le reste de la première livraison de M. Schmerling est la description avec figures d’un grand nombre d’ossemens de pe- tits carnassiers, tels que quatre espèces de chauves-souris, un hé- risson ( Erinaceus europeus Lin .), deux espèces de muscaraigne (. Sorex araneus et tetragonerus Herm.), et une taupe. Tous ces animaux vivent encore clans le pays , et , en général, l’auteur pense que dans les cavernes on a trop négligé jusqu’ici les res- tes de petits animaux semblables. La seconde partie du premier volume est consacrée aux ours fossiles. Il compare successivement en détail les dents fossiles des ours de cavernes , puis leurs têtes, les omoplates, les hu- mérus , et autres parties de leur charpente osseuse. D’après cela, il trouve à établir deux nouvelles espèces sous les noms àlUrsus gigcinteus et à’ZJrsus leodiensis. Les restes du grand ours à front bombé sont en Belgique, comme ailleurs; les os les plus abondans, les têtes à front bombé sont probable- ment celles qu’Esper a nommées têtes de doguins. Les têtes du grand ours à front plat ( Jj . arctoïdeus) sont rares; cette espèce devait avoir à peu près^ la taille de la précédente. L’ Ursus pris eus de Goldfuss existe aussi dans les cavernes de la Belgique. Tous ces animaux vivant au milieu de vastes forêts et de> plaines incultes, y sont morts naturellement, et leurs os ont été entraînés avec des pierres et de la terre, par des cours d’eau dans les cavernes, dont les plus basses ont pu seules se combler entièrement. L’hypothèse de l’habitation des cavernes paries ours ne se trouve pas appuyée par les accidens de celles de la Belgique. M. Schmerling termine son premier volume par la des- cription d’ossemens fossiles du blaireau, son Me/es cintidilu- vianus , et du Glouton. Allemagne. — Les gazettes ont annoncé la découverte d’une caverne a stalactites et ossemens à Rabenstein près de Baireuth en Bavière. Sicile. — Le professeur Âlessi ayant recueilli assez di os- semens fossiles autour de Syracuse , a décrit ceux qui ont été découverts jusqu'ici en Sicile, savoir : des éléphans, des dents de plusieurs espèces d’hippopotame , etc. , trouvés à Trapani et Palerme. 11 décrit ensuite la grotte ossifère de Maredolce, près de Païenne , et ensuite deux grottes semblables décou- vertes à Syracuse. L’une s’appelle Grotta-Santa ; elle est à 80 pieds sur la mer , et on y trouve de bas en haut les couches horizontales suivantes : des cailloux calcaires recouverts par de DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 85 5 . 4^9 l’argile; du grès rougeâtre à fragmens de coquilles, de l’argile grise sableuse à coquilles marines, serpules , dentales , etc.; enfin , de la terre noire à coquilles terrestres , hélices et clausilies du pays ( Atti dell. Accad . gioenia , vol. VII , P- 1 99 )• Une notice de M. Sam. Peace Pratt confirme tout ce que M. Turnbull-Christie a racouté des cavernes ossifères de Santo-Ciro à ci milles au S.-E. de Palerme ( Lond . a . Edinb . phil . mag., n° 17, p. 3^1). Il suppose qu'après le perce- ment des roches par les lithophages , la côte a été soulevée graduellement. Russie . — Dans le n° 6 du Gornoi journ. pour 1 833 , se trouve la description des cavernes calcaù es sur les bords du Chanchara et Tscharitsch dans le gouvernement de Tomsk en Sibérie (1). Dans cette localité, il y a deux cavernes; l’intérieur de l’une a été bouleversée , il y a long- temps , par les habitans du pays en recherche de trésors. L’autre est plus conservée ; elle a 3s toises de longueur; il n’y a presque pas de stalactites ; l’argile entremêlée d’os remplissait tout Pespace de la caverne ; à présent, elle ne se trouve que sur le sol de l’entrée , et dans les fentes qui existent dans les parois latérales des ca - vernes. Les us y sont dans l’état de la plus parfaite conserva- tion, ou brisés; ils sont dispersés dans l’argile sans aucun ordre; mais on ne remarque nullement qu’ils aient été usés, car leurs protubérances et leurs cavités ont conservé leur forme. La plus grande partie des os est composée de dents, de mâchoires, etc., d’animaux herbivores , et on y remarque surtout des dents de chevaux. Dans l’autre caverne , sur le bord de Chanchara , il y a un mélange d’une très grande quantité d’os énormes d’her- bivores et de carnivores , avec ceux de très petits ani- maux. Une collection de ces ossemens a été envoyée â l’école des mines de Saint-Pétersbourg, et y ont été déterminés par M. Sembinzki et les naturalistes de la capitale. Ils y ont re- connu des ossemens de rhinocéros , de chevaux , de cerfs , de bœufs, de lamas, de chats , de hyènes, de grisons , de chiens , de loups , d’ours ( Ursus spelœus) , de rats , de souris , de la- (ï) Article rédigé .par M . de TeplofF. 4^0 RÉSUMÉ DES PROGRES gomis , de chauves-souris , et des restes d’oiseaux non encore déterminés. Les cavernes se trouvent dans des couches calcaires subor- données à une grande formation de schiste argileux super- posée des siénites. Le calcaire où se trouvent les deux cavernes a 1 io toises de puissance. On a apporté à Saint-Pétersbourg trois squelettes de mam- mouth trouvés dans une caverne souterraine de Vile de Po- drese. Dans la Grotte calcaire de Samaoun , à un quart de lieue de la chaîne près de Mahabdeh en Egypte,, on indique dans les stalactites des vertèbres de squale , et cependant cette caverne est à ioo lieues de la mer. Est-ce que ces restes marins y au raient été portés par les anciens habitans ? 'M. Malcolmson a observé près d’Hydrabad aux Indes des os- semensetdesexcrémens de hyène et de divers animaux (souris et chauves-souris, etc.) dans desfentes et des cavernes granitiques, 11 y a même reconnu des rochers polis par le passage des bêtes fauves, comme le suppose M. Buckland. Il a cru donc utile de signaler ce fait qui se passe sous nos yeux, et qui appuie l’explication donnée par M. Buckland sur le remplissage des cavernes à ossemens ( Asîat. j. , nov. i833, p. 217, et Institut , n° 32, p, 272 ). § 11. Hommes fossiles . L’hypothèse de la contemporanéité de V homme et des espè- ces d3 animaux perdues a fourni à M. Marcel de Serres le sujet de trois articles {Revue encycL , i832, juiliq i833, fév., p. 262; et sept., p. 37g; et Biblioth. univ ., 1 833, juill. , p. 277). Dans le premier Mémoire, il cherchait à prouver cette supposition par le mélange des objets d’arts et d’ossemens humains dans les limons des cavernes. Dans les deux autres, il s’efforce de retrou- ver des animaux perdus parmi les êtres mythologiques repré- sentés ou sculptés sur les monumens antiques. A cet effet , il donne une liste des êtres réels et actuellement existans, repré- sentés ou sculptés sur ce genre de monumens, et dont on peut reconnaître les espèces. Il y joint un catalogue soigné d’ouvra- ges, que les amateurs peuvent consulter à cet égard, et qui ont été publiés depuis i5oo jusqu’à nos jours {Revue encyclcp fév., p. 281). Enfin, il traite des êtres mythologiques représentés ou sculptés (griffon , chimère, etc.), et des êtres réels et actuelle- ment existans, représentés ou sculptés , et dont on ne peut re- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l8o5. 44 1 connaître îes espèces. 11 donne encore des indications biblio- graphiques , et promet la fin de cette curieuse dissertation archéologique dans un prochain numéro. À ce Mémoire vient se rattacher sa Notice sur îes causes de la plus grande taille des espèces fossiles et humatiles com- parées aux espèces vivantes {Rev. encyclop., avril et mai i833, P- 97)- M. Marcel de Serres a donné aussi une Notice sur la licorne des anciens ( Bibl . unh\, sc . et arts, i833, vol. LÏI, p. 3o4). M. Morren a publié son Mémoire sur les ossemens humains des tourbières de la Flandre (Gand , i83f2, in 8° ), dont il ne m’avait communiqué , Fan passé, que les conclusions (Voyez Résumé pour 1882, p. cxxxn). Il a réuni tout ce qu’on a dit jusqu’ici pour et contre la contemporanéité d’existence des hommes et de certains ani- maux perdus, et a figuré des crânes fossiles. Ses observations sur les tourbières sont aussi fort curieuses. En Belgique, celles situées à des niveaux bas seraient plus anciennes que celles sur des plaines élevées, et il n’y en aurait pas de marines. Les plantes marines donnent lieu çà e" là, sur les côtes, à de petits dépôts qui se rapprochent des tourbes , sans leur être identiques. D’une autre part, je crois avoir vu des marais d’eau saumâtre se remplir de tourbe formée par l’accumulation de divers vé- gétaux palustres. De plus, parmi les tourbières de plateaux ou de montagnes, il m’a semblé qu’il y en avait d’extrêmement anciennes; car, dans certains beux, ces dépôts remplissent des cavités très con- sidérables; et, s’ils étaient redressés, ils formeraient de vérita- bles montagnes. La partie septentrionale du globe est fameuse pour ces tourbières, dont la grande épaisseur est démontrée par des accidens de fendillemens ou d’érosion. Ce dépôt a dû commencer dès que le climat a été favorable à sa formation , et que les végétaux marécageux des zones tempérées ont en- vahi tout-à-fait le domaine jadis occupé par les grandes fou- gères et les autres végétaux analogues aux plantes des savanes des tropiques. §iu. Mammifères fossiles . Une quatrième, ou, pour parler sans .charlatanerie de li- braire, une troisième édition en io vol. in-8° des Recherches sur les ossemens fossiles de M. Cuvier , avec notes laissées par Fauteur, a été annoncée à bas prix (ioo fr.) par MM. Dufour RÉSUMÉ DES PROGRÈS et d’Ocagne , par suite de l’offre faite par M. Pinard de livrer la seconde édition pour 120 fr. x^llemagne. — M. Sclioll a publié le Catalogue des plâtres des ossemens fossiles de la collection grand-ducale de Darm- stadt [Idem, i832, in 8° ), et M. Kaup a donné une troisième livraison de sa Description des ossemens fossiles de nouveaux mammifères contenus dans cette collection. France. — M. Geoffroy Saint-Hilaire a publié des Considé- rations intéressantes sur des ossemens fossiles , la plupart in- connus, et observés dans les bassins de V Auvergne. A Saint- Gérand, le calcaire indusien à Hélix nemoralis , Cypris faba et Paludines , contient des os d’un nouvel Anoplotherium {A. la - ticurvatum ), des restes d’une Lutra V alletoni , formant peut- être même un genre nouveau ( Potamotherium ); des os de rumi- nans, en particulier d’un Bremotherium , genre de la famille des Mos clins ; un crâne de Sleneofiber , animal entre le castor et Y Ondatra ; des os d’oiseaux échassiers et nageurs, une cara- pace de tortue , ainsi que des restes de nouveaux animaux crocodiliens. M. Geoffroy ajoute que des carnassiers vivaient en même temps que ces grandes espèces d’herbivores ; et il rend compte du Musée d’os fossiles de l’abbé Croizet, qui prétend avoir dé- couvert les débris d’à peu près cent espèces d’animaux n’exis- tant plus sur la te re. Parmi ces derniers dominent les cerfs; il y a aussi des carnivores voisins des ours , et M. Croizet en a fait le nouveau genre Steneodon (St. megantereon et cultridens) (Rev. encyclop. Juill. i833). M. Croizet a composé aussi un Mémoire sur les débris fossiles de F Auvergne (\ oy. Bull., vol. IV, p. 22). On a trouvé un amas argileux ossifère à Pons , dans la Cha- rente-Inférieure j au lieu dit laSotCte. Cette ancienne alluvion recouvre la craie, et offre surtout des os de bœufs, de chevaux, de chiens, de loups, d’éléphans , de tigres, de rhinocéros, d’hippopotames, de cerfs, de buffles , de bisons, de rennes, d’élans , et de différens rongeurs (lièvres , lapins , rats , etc.). Tous ces os sont non fossilisés ( Institut , n° 54, p* 1 65). M. Marcel de Serres a publié dans le troisième volume des Annales des Sciences du midi de la France, son Mémoire sur les animaux découverts dans les terrains quaternaires ( Voy. Bull., vol. Il, p. 480). M. V. Simon a communiqué à l’Académie de Metz sa dé- couverte d’une dent et d’ossemens de rhinocéros , trouvés à Gommelange , sur la Nied , et il en a rapproché la découverte DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN I 8 5 5. l\!fh semblable faite dans les alluvions , a Louvigny, sur la Seille {Institut , n° 10, p. 80). Italie. — Une notice de M. feu Borson, sur quelques osse- mens fossiles du Piémont , se trouve dans le volume XXXVI des Mémoires de l’académie de Turin. Russie. — M. Parrot s'est occupé des ossemens fossiles des bords dit lac de Burthneh , dans le district de TV dinar, en Livonie, et en a donné une description à l’Académie des scien- ces de Saint-Pétersbourg. Pachydermes . — Etats-Unis. — M. Tsaac Hays a publié la Description des os maxillaires inférieurs des Mastodontes , conservés dans le Cabinet de la Société philosophique amé- ricaine , a Philadelphie , avec des remarques sur le genre Tetracaulodon. Ce Mémoire a pour but de confirmer la dé- couverte faite par feu M. le docteur Godman, qu’il fallait séparer le Tetracaulodon du Mastodonte , et que le premier genre n’était point un jeune individu du Mastodonte gigan- tesque. À ce propos, l’auteur s’occupe de la dentition des Masto- dontes; il décrit et figure avec soin des mâchoires inférieures du Mastodonte dans son jeune âge, son adolescence, et dans l’âge adulte. Puis il donne des détails et des figures des mâ- choires inférieures du Mastodonte gigantesque adulte, du Mas- todonte de Cuvier, et leur oppose les mâchoires semblables du Tetracaulodon dans son jeune âge et dans l’âge adolescent. Enfin , il distingue et figure les mâchoires des Tetracaulodon Collinsii et Godmani, Il distingue neuf espèces de ce genre, savoir : M. giganteum (Etats-Unis), angustidsns (Europe, Amérique méridionale), Cordillerarum, Humboldtii (Chili), parvus (Europe), tapy - roïdes (Orléans ), arvernensis (Auvergne), lalidcns ( A va ), et elevliantoides (Ava) ( Trans . of die Americ . phil. Soc, N. S. vol. IV, 1 833). Allemagne. — D’après M. Kaup, le Mastodonte longirostris ( Tetracaulodon ), serait le plus grand mammifère connu. M. Kaup a reçu des dents de rhinocéros, qu’il classe dans son sous-genre Acèrotherium , comprenant les R. incisivus et (fric anus. Elles proviennent de Weinbeim , et sont accompa- gnées de dents de requins. Il y avait à Eppelsheim les restes de quatre espèces de rhi- nocéros, savoir : R. Schleiermacheri , incisivus , minutus , et Goldfussii ; espèces figurées dans le troisième cahier de son ouvrage sur les ossemens fossiles du grand duché de Darmstadt 444 RÉSUMÉ DLS PROGRÈS (N. Jahrb, d . Minerai., 1 833 ? cah. 4; et Isis , 1 83‘-i , p. 898). Curlognati. — M. Kaup a reçu de nouveaux ossemens d’Eppelsheim, et a reconnu que le Dinothérium medium était véritablement bien différent duD. giganteum. M. Kaup a pu faire aussi quelques corrections et additions a sa description du Dinothérium. Il pense que ses deux énor- mes défenses ne lui servaient pas seulement pour extraire des racines de la terre, mais encore , comme à la morse, pour l’aider à mouvoir son corps si lourd. D’après la forme des os intermaxillaires, cet animal devait avoir une trompe pour porter la nourriture à sa bouche. Il est à placer entre les Mastodontes et les Bradypus, et il formerait une famille particulière à laquelle M. Kaup donne le nom de Curtognati. Elle serait caractérisée par la mâchoire inférieure courbée vers le bas , et les deux défenses dirigées vers le bas et en arrière (N. Jahrb. f Minerai. Geognosie , etc., i833, cah. 5, p. 509 avec 1 pl. ). M. Kaup a donné une notice pour déipontrer que les pha- langiens du Munis gi gante a de Cuvier trouvés à Eppelsheim appartiennent à son Dinothérium ( N. Jahrb. f. Min., i833, cah. 2 , p. 172 ). M. Hermann de Meyer a décrit des ossemens d’un Dino- thérium bavaricum , nouvelle espèce rhenane ( Verh . d. Leop. CaroL Acad. d. JSaturf. , vol. XVI, part. 2 , p. /^SS à 3 pi- )• Solipèdes. — Les ossemens des chevaux fossiles sont encore plus embarrassans que ceux des bœufs, et trop souvent on a confondu les dents de chevaux fossiles avec celles de chevaux vi- vans. M. Kaup vient d’ajouter aux notions acquises sur ce sujet par MM. Cuvier, Croizet et Jobert, la description abrégée d’un Er/iius b reviivos tris , dont les débris se trouvent dans 1rs allu- vions anciennes du Rhin. Il paraît que dans celles du Danube les os de chevaux sont aussi assez fréquens (N. Jahrb. f. Min., 1 833 , cah. 5 , p. 5 1 8 ). M. Kaup décrira en outre dans son 3e cahier d’ossemens les espèces de YEquus caballus , savoir VE. M ulus primigenius , de YEc/uus asinus primigenius de M. de Meyer. M. Kaup en fait son genre Hippotherium , qui établit le passage des chevaux aux Palœotherium,ç, t donne à ces deux espèces dcM. de Meyer les noms à' Hippotherium gracilis et nantis ( N. Jahrb. f. Min. , 1 833 , cah. 3, p. 3*27 ). Edentés . — M. Richard Harîan a publié à Philadelphie, sous le titre deMélanges zoologiques et médicinaux [Zoologicat DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 S 3 5. l\ /| 5 a. medical Miscellany 1 1 833„ ^ vol. in-8°), une collection de ses Mémoires , au nombre de trente-et-un , et insérés dans diffé- rons journaux scientifiques. On remarque, en fait de géologie, les notices suivantes : une description des os fossiles du Me- galonyx de 'White-Cave au Kentucky, celle des mâchoires, des dents et des clavicules du M. laquetus , celle de deux fu~ coïdes, une excursion aux cavernes de Virginie , et un examen des grands ossemens trouvés au débouché du Mississipi, Amérique méridionale . — La collection de M. Bonpîand semble établir, dit-on , qu’il y a eu plusieurs espèces de Mé- gathérium dans l’Amérique méridionale. M. Weiss a donné la description d* ossemens fossiles , et de portions d’une cuirasse animale trouvée par M. Sellow dans la Bande orientale à V extrémité méridionale de la chaîne du Brésil . Les morceaux de cuirasse découverts sur l’Arapey- Chico, non loin de Gassepava, et entre Montevideo et Maldo- nado appartiennent au Mégathérium. En outre, M. Sellow a reconnu un grand nombre d autres ossemens, qui provenaient tous d’un squelette gisant à 3 pieds sous terre dans une argile marneuse à tubulures calcaires. Ce dernier dépôt recouvre des roches basaltiques et amy gelai aires, entre l’Estancia des Se- rai do et le Chacara-del-Larcon , sur le bord du Sangapelada, un affluent du Arapey-Chico. Cette localité est sujette à des inondations annuelles. D’autres os de Mégathérium ont été trouvés par M. Sellow sur le Queguay , près de l’Estancia de Don Pedrito. De plus , le Musée de Berlin à reçu de M. Sellow des dents d’ours, qui ont à peine une apparence fossile; des os de rep- tile ou de poisson provenant du Passo dei Catalan , sur la route du Saîtogrande; enfin des morceaux de cuirasse d’une nouvelle espèce de tortue fossile ( Testudinites Sellovii '). ( Ahh . d . k. Acad. cl. JVissensch . zu Berlin , i83o, p. 276, pl. 1 à 5 ). Rongeurs. — M. Kaup a décrit trois espèces de rongeurs fossiles, savoir : le Paleomys castoroïdes , plus petit que le castor; le Chalicomys Jaegeri , voisin du castor, elle Chelo- dus typus , ancien être entre le Castor et l’Hytrix ( Isis, i832, P- Ô92 )• M. Rodolphe Wagner a enfin publié toutes ses observations sur les ins ectif ères , les rongeurs et les oiseaux fossiles de Yé- poque alluviale ancienne ( Denksclirift d. Akacl. d. TYiss. zu München , 1 833 ). M, le comte de Munster a trouvé dans Ja caverne de Gailen- reuth une mâchoire de castor, qu’il appelle C. spelæus. 446 RÉSUMÉ DES PROGRES Ruminans . — T. K. a parlé de plusieurs squelettes de Y Elan fossile trouvés près de Killaloe eu Irlande ( Mag . of the nat. hist vol. VI, n° 35 , p. 463). M. J. Hart a figuré et décrit de nouveau l’Elan fossile d’Irlande ( Ce/vus megaceros ) • il place sa destruction à l’é- poque de la formation des graviers des alluvions anciennes J. of gecl. Soc. of Dublin y vol. I , cah. i, p. 20). M. H. de Meyer a découvert et décrit , sous le nom de Cer - vus alces fossilis , une espèce différente du cerf d’Irlande ( Verh . d. Leop . Carol . Akad.d. Naturf, vol. XVI, part. 2, p. 464 à 3 pl. ). M. Kaup a décrit quatre espèces nouvelles de cerfs fossiles , savoir: Ccrvus anocerus , dicranocerus, trigonçicerus et cur- tocerus > dont il figure des bois ( Archiv.f Min. y vol. VI , p. 2'7). A Eppelslieim , il y a une nouvelle espèce fossile de cerf, qu’il nomme C. Bertlioldi ÿ et dans les alluvions du Rhin, une espèce nouvelle de cochon ( Sus diluvianus ) (N. Jahrb.f Mi- nerai. Geogn.y etc., i833, cah. 4, p* 4!9 )• Enfin, M. Kaup a établi, avec une mâchoire inférieure à sept molaires et quelques autres ossemens, un nouveau genre de ruminant voisin des daims , sous le nom de Dorcatheriurn ( D. de Nau). Le daim de Montabusard de M. Cuvier fait peut-être partie de ce genre. § iv. Reptiles fossiles . Pour les reptiles fossiles y j’ai à signaler les Mémoires de M. Geoffroy Saint-Hilaire, sur les lames osseuses du palais dans les principales familles d’animaux vertébrés , et en particulier sur la spécialité de leur forme chez les crocodiles et les reptiles téléosauriens ( Mémoire de V Académie royale des sciences de France , vol. XII ). M. T. Hawkins a publié un Mémoire sur les Icththyosaures et les Plésiosaures ( a Mem. on the Ichthyosauri , etc., Londres, in-fol. à pl. ). Il en a une belle collection , et un de ses échan- tillons parfaitement conservé de la tête jusqu’à la queue a 25 pieds de longueur. T. Mantell a donné des observations sur les restes à? Iguano- don, et d’autres reptiles fossiles dans les couches de Tilgate ( Lond. a. Edinb . phil. Mag ,, vol. II, n° 8, p. i5o) et M. Ed. R. Willamson , une courte description d’un squelette de Plé- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN ï 855. 447 siosaure trouvé près de Bedford ( Mag. of nat. liist. , vol. VI, n°35,p. 422). M. de La Fresnaye a découvert des os peut-être de Mega- losaure à Falaise , dans le Calvados ( Congrès scientifique de France , ire session, p. 4o), et M. Bertrand-Gesîin une vertè- bre de cet animal dans l’argile de Kimméridge , près de La Rochelle. M. de Meyer vient de décrire, sous le nom dé Ganthosaurils subulatus , les restes d’un reptile dans le calcaire lithographi- que de Solenliofen. Ce reptile crocodiloïde se rapprocherait le plus du genre Aeiodon. Sa graudeur est intermédiaire entre celle du Rhacheosaure et du Pleurosaure. M. de Meyer a aussi décrit un reptile du muschelkalk, sous le nom de Conchio sauras clavatus , genre qui a aussi les dents carénées des sauriens crocodiloïdes,rnais le museau tronqué des crocodiles véritables et même des caïmans. Il en compare la tête, pièce par pièce, avec celle du crocodilus rhombifer . Ce reptile est associé avec des os de poissons, de tortues gi- gantesques , de plésiosaures , et de sauriens inconnus. Le muschelkalk de Saxe a offert à M. de Meyer quelques os qui ressemblent , les uns à ceux des plésiosaures, et les autres à ceux des chélonies. Il a aussi figuré à ce propos des dents de sauriens ou de poissons , provenant du muschelkalk de Got- tingue. Le grès bigarré a présenté des ossemens de reptiles , dont les échantillons semblables n’ont été revus que dans très peu de localités -, dans ce cas se trouvent la vertèbre découverte par M. Vernon, dans le calcaire de montagne , et le protorosaurus du Zechstein , ou du lias de Caïthness. M. Merian a cité des ossemens, dans le grès bigarré près de Bâle, M. Voltz dans celui deWasslenheim; je puis rappcîerque j’en ai cité, en 1822, dans celui de Pyrmont. Dernièrement M. le docteur Al. Braun a découvert des os incontestables de reptiles , dans ce dépôt, à Babenhausen , près de Deux-Ponts ; ce sont des vertèbres , des côtes et d’autres pièces que M. de Meyer a décrites. M. Cre- dener lui a communiqué des côtes de sauriens du grès bigarré de Jenzig près de Jena. On se rappelle que M. Zenker a décrit, dans ce terrain, un nouveau genre de reptile, sous le nom de Psammo-saurus ( Muséum Senkerbergianum 1 833 ^ vol. I, p. 1, p. ià 26, pl. 1 et 2.) M. le docteur Otto va décrire les restes d’amphibies et de poissons du muschelkalk de la Silésie. 448 RÉSUME DES PROGRES Coprolites. — M. Robert a donné une note sur les coprolites (1) d’amphibies du calcaire de Passy, Nanterre, près Paris (voy. Bull.';, vol. III, p. 79. ) Crapauds dans les pierres , — Les expériences deM. Buckland, sur les crapauds enfermés dans des pierres , ont donné lieu à plusieurs notices dans le Magasin d’histoire naturelle de M. Lou- don. M. Delson a cité le cas de batraciens renfermés dans des roches ou du bois (vol. VI , 11. 35 p. 458.); M. J. Howden , un crapaud dans le bois d’un arbre (id. p. 459), ce qui a amené d’autres personnes à parler d’un nid d’oiseaux et d’une chauve* souris trouvé dans le bois d’un arbre ( id, p. 460 ). De son côté, M. J . Murray a assuré posséder un crapaud , qui a été retiré dans des carrières à 9.00 pieds de profondeur , et a vécu qua- rante-huit heures; il oppose donc ce fait aux expériences de M. Buckland ( id, p. 457)* M. Vallot a rassemblé, dans une notice, beaucoup d’indi- cations anciennes, sur des crapauds etd’autres animaux vivans, renfermés dans des corps solides ( Bibl, univ. Janv. 1 834 ^ p. 69 ). Dans le vol. 95 du Journal américain de M. Sillimanfp. 81), il y a un article sur le même sujet, où l’auteur trouve que M. Buckland a tort de se refuser de croire à la découverte de crapauds vivans dans des pierres; le fait aurait été reconnu au- thentiquement en Europe et en Amérique. § v. Poissons fossiles , La première livraison des recherches sur les poissons fossiles , par M. Agassiz , est en vente ( Neuchâtel , in~4° avec 99 ph in-foî. ) et la deuxième paraîtra en juillet. Cet ouvrage aura 5 volumes de texte et e5o pl. in- fol., et sera achevé dans cinq ans; une livraison de 90 pl. paraîtra tous les quatre mois, et coûtera 94 francs. Pour donner plus de variété à ce recueil , notre confrère a commencé la publication de plusieurs familles à la fois, afin que les personnes qui ne possèdent des fossiles que d’une époque ne soient pas obligées d’attendre trop long-temps la (1) Cerlains coprolites ont été' regardés jadis comme des bezoars fossiles (Voy. Osservaz. Raturai, nel Museo di fisica , par Boc- cone); la composition assez analogue de ces corps a dû contri- buer à cette méprise. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 44 9 détermination de quelques uns d’entre eux. Ainsi il a donné 7 planches du premier volume , io du second , 3 du quatrième et 3 du cinquième , èt a même renvoyé à une livraison pro- chaine l’introduction de l’ouvrage et les chapitres sur la classi- fication et sur l’ostéologie comparative des poissons fossiles et vivans , partie accompagnée de figures de squelettes de pois- sons vivans. Après avoir cité scrupuleusement les musées et les collec- tions oii il a puisé ses matériaux , et récapitulé celles qu’il n’a pas encore pu visiter, ainsi que leur richesse en poissons fossiles, il donne une liste des ouvrages principaux, qui traitent de cette partie de la paléontologie. Ensuite on trouve un tableau synoptique des familles , des genres et des espèces de l’ordre des Ganoïdes, ses Goniolepidoti , qu’il place en tête de la classe des poissons, parce qu’ils s’éloi- gnent beaucoup du type des familles actuellement prédomi- nantes. Néanmoins il ajoute que l’ordre des Placoïdes s’en écarte encore davantage; mais il n’a encore eu l’occasion que d’en étudier des espèces mal conservées , et ne peut pas tracer la marche de leur organisation à travers les formations géologiques, aussi complètement que pour l’ordre des Ganoïdes. Les espèces de cette dernière division remontent jusqu’au terrain houiller, tandis qu’il est p estimable que les débris de poissons décou- verts dans des dépôts encore plus anciens, appartiennent à l’ordre des Placoïdes. Des écailles anguleuses rliomboïdales ou polygones, formées de lames osseuses ou cornées, recouvertes d’émail, caractérisent les Ganoïdes, qui comprennent les familles des Lépidoïdes, des Sauroïdes , des Pycnodontes , des Sclerodermes , des Gymno- don tes et des Lopbobranches, etc. C’est à la suite deces familles qu’il faudra ranger certaines familles de poissons vivans, sa- voir : les Goniodontes Agasa; les Siluroïdes Cuv. et les Acipen- serides Ag. LesLepidoïdes Agas. sont caractérisés par des dents en brosse, sur plusieurs rangées, ou une seule rangée de petites dents obtu- ses, par des écailles plates, rliomboïdales, parallèles au corps qui en est tout couvert et par un squelette osseux. Si le corps est alon- gé, fusiforme, le lobe supérieur de la queue vertébré et plus long que le lobe inférieur , et toutes les dents en brosse, ce sont des Acanthodes , Catopterus , Amblypterus , Palœoniscus ou Os - teolepis. Si le corps est plat, large avec le lobe supérieur deda queue vertébré , ce sont des Platysomus ou Gyrolepis . Le corps plat et large , associé avec une queue régulière , carac- Soc. géol. Tome V. 29 RESUME DES PROGRES 4ÔU térise les Tetragonolepis et Dapedius . Enfin, un corps alongé, fusiforme, avec une queue fourchue ou arrondie, sont le type des Semionotus , Lepidotus > Pholidophorus , Microps et No- ta go gu s. Entrons maintenant dans le détail zooiogique et géologique de ces familles. Les Lepidoïdes présentent la particularité re- marquable que tous les genres dont le lobe supérieur de la caudale est plus alongé que l’inférieur , et porté sur une lon- gue série de vertèbres (les Hétérocerques), se trouvent dans les terrains antérieurs aux dépôts jurassiques , savoir: les Acan- diodes^ Catopterus , Amblypterus , Palœoniscus et Platysomus. Ceux qui sent terminés par une caudale régulière (les Homo* cerques ) , sont de formation plus récente. Cette famille n’a plus de représentans dans la création actuelle. Cette famille contient douze genres : \° Acanthod.es (A c an - thœssus Ag.), (. A . Bronni^des houillères de Saarbruck). 2° Catoptenis À g. , C . analis comprenant probablement les quatre espèces appelées dans les Transactions géologiques de Londres (2e série , vol. 3 ), Dipterus ni a cropygo p te ms , brachy- pygopterus 9 macrolepidotus , Valencienne si , et provenant des schistes secondaires anciens du Caithness en Ecosse. 3° Amblypterus Ag., comprenant une espèce de Ceara , au Brésil, VA. Olfersi , et quatre espèces des houillères de Saar- bruck, savoir : A. macropterus ag. (syn. Palœoniscum ma- cropterum de Broun), eupterygius, lateralis et latus. 4° Palœoniscus Ag., genre renfermant dix espèces , et appar- tenant exclusivement au terrain houilîer d’Europe et des États-Unis, et au zechstein ou calcaire magnésien; néanmoins les espèces houillères (P. fultus ( Anieric . /. of Sc., vol. 6. ), Duvernoy > minutus , au gus tus, Blainvillei et Vollzii)? (syn. P. inœquilobnm et parvum Blainv.) ont les écailles lisses, tandis que celles des espèces du Zechstein ( P . ma crop orrais , Freiesle- beniy magnus > (Woîfart, pl. 1 5 ) , et elegans) sont striées. ( GeoL Trans. N . S. y vol. III, pl. 9, fig. 1). Quant au genre ài Osteolepis de M. "Valenciennes, prove- nant du Caithness, ce ne sont pas des Amblypterus. 5° Platysomus A g., contenant cinq espèces propres au zech- stein anglais ou allemand; savoir : P. gibbosus (syn. Stroma - teus Bl. ), rhombus y striatus > macrurus et panais. À côté de ce genre, vient se placer encore, avec doute , celui des Gyrülepis établi sur quelques écailles à stries d'accroissement, en saillies concentriques à leur surface. Ses quatre espèces connues , savoir : G. maximus, tennis triât us y Albertii et asper. sont pro- pres au muschelkalk. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 45 1 6° Tetragonolepis (Bronn), genre comprenant sept espèces., restreintes au lias et aux oolites inférieures ; savoir : T . Trail- lii , Leachi ( Angleterre ) , pholidotus , semicinctus et hété- ro de rm a ? du Wurtemberg; T • Bonei, de Seefeld, en Tyrol ; et T. Magnevilli , de l’oolite de Caen. fj° Dapedius , de La Bêche ; savoir : D. politus , du lias ; et altivelis , espèce jurassique. 8° Semùtoîus (Ag.), genre de l’époque du lias ou d’une pé- riode très voisine, et comprenant le S. lepiocephalus , du lias de Boll ; le S. Bergeri (Ag.), du grès du lias (?) ; A. lattis ? de Seefeld, en Tyrol , et S. Spixi, du Brésil. g° Lepîdolus ? dont M. Agassiz compte quatorze espèces, distribuées, quatre ( X. umb ouatas ,f rondo sus ? gigas , lalissi - mus), dans le lias; une (X. ornatus ), dans le calcaire jurassique inférieur des alpes du Tyrol; deux (X. minor ), dans le schiste de Stonefield et la roche de Portland; une (X. unguiculatus ), de Solenhofen ; quatre (X. subdenticulatus , Mantelli , Virleti et s tria tus ), dans le grès vert , soit d’Angleterre et des Vaches- Noires, soit de la Morée; enfin, une espèce (X, Maximiliani ), dans le calcaire parisien ; et deux espèces ( X. radiatus et un- datas ), peut-être jurassiques. io° Polidophorus (Ag.), genre de cinq espèces (iX limbatus dors ali s , latins culiis , pusillits et microps ), du lias ou de See- feld, en Tyrol, à l’exception de la dernière, qui est dans la pierre lithographique. ï i ° Microps furcatusp de Seefeld ; enfin, le Notagogus (A g.) ; savoir : (lY. Zieteni ), de Sohlenhofen ; et jY. Penilandi et la- tior ? des environs de Naples. La seconde famille , celle des Sauroïdes P présente pour ca- ractères des dents coniques, pointues, alternant avec de petites dents en brosse, des écailles plates, rhomboïdales, parallèles au corps, qui en est tout couvert, et un squelette osseux. Elle se divise, i° en genres qui ont le corps alongé, fusiforme; le lobe supérieur de la queue vertébré et plus long que l’infé- rieur : ce sont les Pygopterus et Acrolepis ; 2° en genres à corps alongé, fusiforme, et caudale régulière : Ptycholepis 9 Saurop- sisp PachycormiiSp Thrissops, Urœus, Leptolepisp Megalarus et Macropoma ; 3° en genres à corps très alongé, cylindri- que, caudale régulière et mâchoires prolongées : Saurostomus et Asp idorhynch us * Les Sauroïdes présentent la particularité que les genres à queue prolongée, dans le lobe supérieur de la caudale (les hétérocerques), ont vécu avant le dépôt des terrains jurassi- RÉSUMÉ DES PROGRES 452 ques; ceux à caudale régulière (les homocerques ), plus tard. Cette famille n’est représentée, dans la création actuelle, que par deux genres, les Lepidosteus et les Polypterus , et elle comprend les onze genres suivans : i° Pygopterus (Àg.), genre de quatre espèces, dont le P* Humboldti (Syn. P alœothriss . magnum , BL), scoticus ( Trans . geoL y 2e sér. , vol. III, pl. io et ii) et Bonnardi , caracté- risent le zechstein ; et la quatrième espèce , P. lucius , existe dans les grès houillers de Saarbruck. 2° Acrolepis Sedgwicki ( Ag.), du calcaire magnésien ( GéoL Tr., 2e sér., vol. IIlj pl. 8). 3° Ptycholepis bollensis (Àg.), du lias. 4° Sauropsis longimanus, de Solilenhofen ; et latus, du lias allemand. 5° P achycormus furcatus , de Solilenhofen ; et gracilis, ainsi que P. macropteniSy du lias. 6° Thrissops salmoneus , formosus et micropodius , tous ju- rassiques. 7° U reus muchalis > pachyurus , macro cephalus , miccole- pidotus et ma cr urus ? dans la pierre lithographique de Bavière. 8° Leptolepis, genre dont trois espèces , L . Bronni, Iœgeri et longus, sont dans le lias; une espèce, X. tenellus, dans le cal- caire des alpes bernoises , comparé au lias (?) ; deux espèces, L. (Syn. Clupe a , BL), sprattiformis et Knorri , de Sohlenhofen; et une espèce appelée L. dubius. 9° Megalurus lepidotus , de Solilenhofen , à côté duquel est à placer, sous le nom de macropoma , Y Amia lewesiensis , de M. Man tell. i o° Saurostomus esocinus, du lias ( ? ), de l’Oberland bernois. A ce sujet, l’auteur fait la singulière question, si les mâchoires de sarigue de Stonefield ne seraient pas des restes de sau- roïdes ! 1 1° Aspidorliynclius , dont deux espèces, ( A . tenuirostris et acutirostris ) sont à Solilenhofen; et un autre, A . TValchneri, dans le prétendu lias des alpes de Berne. Enfin , M. le comte Munster a encore découvert des poissons d’un ou de deux autres genres de cette famille. La troisième famille, les Pycnodontes , est caractérisée par des dents aplaties ou arrondies, sur plusieurs rangées; par des écailles plates, rhombbïdales, parallèles au corps, qui en est tout cou- vert ; par un squelette osseux , et un corps plat et large. Cette famille n’a plus aucun représentant dans la création actuelle. Par analogie, l’auteur suppose un lobe supérieur de la eau- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 455 dale alongé et vertébré dans les genres antérieurs au calcaire; du Jura; mais il n’en connaît encore que des dents. Le premier genre, le P lac o dus , est représenté dans le grès bigarré par le P. impressus , et dans le muschelkalk , par le P. gigas. Le deuxième genre, le SpJiœrodus , a fourni le plus de bu- fonites : ce sont le S, mini mus , de Tubingue; les S . gigas et rhomboidalis , du Jura; le S. crassus et mammilaris , de la craie ; le S . oculus serpentis , d’Aix en Provence; et le S. par- vus, de Paris. Le troisième genre, Gyrodus, comprend cinq espèces juras» siqûes : G . jurassiens , Cuvier i, Umbilicus , runcinatus et minor; et le quatrième genre, Microdon , cinq espèces, provenant de Sohlenhofen , savoir : M Jiexagonus , abdom inalis , analis , platurus et elegans . Dans le cinquième genre , Pycnodus , on connaît onze es- pèces, distribuées : deux (P .wnbonatus etBucklandi), dans le Jura moyen ; une (le P. gigas et Hugii ), dans le Jura supé- rieur; une (P. microdon ), dans le grès vert; quatre (P. de - pressus, latior, subclavatus, angustus ), dans la craie ; et deux (P. orbicularis et plalessus ), à Bolca. Dans cette distribution étendue de ce genre, il est bon de savoir que les Pycnodus an- térieurs à la craie ont des dents symétriques, et ceux de la craie et des terrains postérieurs, des dents plus étroites d’un côté et souvent arquées. La quatrième famille, les Qymno doutes (Cuv.), offre les ca- ractères distinctifs suivans : arcade palatine immobile, mâchoi- res recouvertes d’une gaîne d’ivoire, formée de dents réunies ; écailles saillantes, en pointes ou piquans, obliques au corps, qui en est tout couvert ; squelette fibreux, ossification tardive. Ces espèces appartiennent à des genres de la création actuelle, et on n’en connaît qu’une ( Diodon tenuispinus ), à Bolca. La cinquième famille, les Sclerodermes , est caractérisée par la phrase suivante : Arcade palatine immobile, museau sail- lant, armé de quelques dents distinctes; écailles plates, en forme de larges plaques rhomboïdales ou polygones , obliques au corps, qui en est tout couvert; squelette fibreux , ossification tardive (Cuv.). Elle est dans le même cas que la précédente, et n’a qu’un représentant ( Y Ostracion micrurus ) à Bolca. Enfin, la sixième famille, les Lophobranches , sont des pois - sons à branchies réunies en petites houppes rondes, un corps alongé, anguleux, recouvert de plaques anguleuses, un mu- seau tubuleux, terminé par des mâchoires libres, et un sque- RÉSUMÉ DES PROGRES /|54 îette osseux. Elle n’offre qu’un genre qui n’existe plus et ne comprend jusqu’ici que le Calcimosioma breviculum et Syn- gathus opisthopterus de Bolca. Après avoir décrit ainsi son ordre des Ganoides , M. Àgassiz consacre im chapitre au genre si curieux des Acanthoïdes , qui se distingue, comme les Palœoniscus et Amblypterus, par une peau à laquelle de petites plaques rliomboïdales donnent l’as^ pect d’un chagrin très fin ) mais il se distingue des Palœoniscus par la nature et la disposition des nageoires. Une seule espèce en est connue ; c’est VA. Bronni des houillères , et dont on ne saurait donner une idée plus parfaite qu’en plaçant sur le corps du Silurus Glanis la peau chagrinée de certains balistes, et en ajoutant que les nageoires ventrales manquent , que la dorsale est très reculée et très rapprochée de la caudale, que l’anale est un peu plus en avant , et le bord antérieur des pectorales de la dorsale et l’anale est soutenu par un gros rayon simple qui s’étend jusqu’à l’extrémité delà nageoire. Un troisième chapitre traite des Catopterus ( syn . Diptcrus ), un quatrième est consacré au genre Amblypterus , ce qui donne à l’auteur l’occasion de discuter certains points de la classification de M. Cuvier. 11 conclut que les Lepidosteus et les P olypterus ne sauraient être réunis aux Clupes : comme les Amblypterus et les Palœoniscus , iis forment une famille dis- tincte, dont presque tous les genres sont fossiles. De plus, le classement de Cuvier ne peut être conservé , parce qu’il est basé sur des considérations souvent en opposition directe avec les affinités naturelles des familles, et en même temps tirées de parties d’une importance trop secondaire. Le cinquième chapitre traite des Palœoniscus ? et lui donne l’occasion de relever l’erreur dans laquelle de mauvais échan- tillons ont fait tomber M. de Blainville relativement aux Pa - lœoniscum et P alœothrissum , ainsi qu’à son Clupea LametJie- rii . M. Cuvier avait déjà réuni les deux premiers; il est impos- sible de réunir les Palœoniscus aux clupes ou à quelque autre ordre des Malacoptérygiens abdominaux : c’est un genre des Lépid oïdes. Plus loin, 011 trouve un chapitre consacré au genre Cyclo- poma, de la famille des Percoïdes. Ce ne sont point de grandes Lates ; l’opercule est terminé par une grosse pointe très forte, le préopercule est fortement dentelé dans son bord postérieur, ces dentelures deviennent de plus en plus fortes vers l’angle inférieur de cet os, qui est arrondi , et nullement prolongé en pointe, comme dans les Lates ; au bord inférieur du préopercule, DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 4^5 les grosses pointes des dentelures sont dirigées en avant, comme dans les Plectropomes. L’humérus est terminé, au-dessus des pectorales, en une proéminence arrondie, et non dentelée. La caudale est arrondie, et son lobe supérieur est plus grand que l’inférieur. L’auteur ne signale que deux espèces de Cyclopoma, savoir, C . gigas et spinosum de Bolca. Quatre espèces du genre Laies (Z. gracilis , gibbus , notœus et macrurus ), aussi de Bolca, sont décrits dans un autre cha- pitre, après lequel M. A. commence à parler des Smerdis , genre qui prouve la dépendance dans laquelle semblent se trouver les dimensions absolues d’un animal et les parties gé- nériques de son organisation. Enfin , cette livraison se termine par un fragment du cin- quième volume, savoir : la monographie du genre Gasterone - mus , caractérisé par la prédominance de l’abdomen , la singu- lière conformation des ventrales, de l’appareil huméral, de l’appareil hyoïdien et de l’osselet stvloïde, qui va s’attacher aux interapophysaires de l’anale. Ce genre est auxVoméroïdes ce que le Pristigaster est aux Clupéoïdes. Ayant le plus de rap- port avec le genre V orner , l’auteur lui compare le squelette d’espèces de ce genre, et décrit ensuite le G. rhombeus et oblon- gus de Bolca. Enfin, il commence à parler du genr e Acanthonemus , qui est de la famille des Scombéroïdes , et renferme deux espèces découvertes à Bolca. L’auteur le compare au squelette d’un Equula^ car ce sont des Eqiutla dont toute la dorsale épineuse a des rayons extrêmement prolongés, ainsi que les épineux air térieurs de l’anale ; de plus, le museau est également protrac- tile - les dents sont en brosse fine; les apophyses épineuses, très dilatées ; et les osselets interapophysaires très gros. Enfin , les os du crâne sont sculptés en granelure saillante. Je désirerais que cet aperçu put donner une idée de l’importance de l’ou- vrage de M. Agassiz , qui y a consacré une partie considérable du tempsr précieux de sa jeunesse. Le keuper de Cobourg présente des impressions et des débris de poissons qui ont été étudiés par M. le docteur Berger. Il en a figuré deux impressions assez parfaites , et en a décrit une demi-douzaine d’autres. Après avoir comparé ces poissons avec ceux d’Ecosse, du Tyrol , du lias d’Angleterre et du zechstein d’Allemagne, il se voit obligé de les rapprocher des Palœonis- cum , sans cependant les identifier tout-à-fait avec ce genre. La plupart de ces poissons formeraient une espèce appelée P. me- RÉSUMÉ DES PROGRES 456 naceurn , tandis que quelques uns appartiendraient décidément à d’autres genres , en particulier l’un d’eux serait voisin des Scombcr et du Gadus Merluuius ( Die F erstein eriingen d. Fis- che , etc. Cobourg, i832, in-4°, à 4 ph). M. Zenker a décrit et figuré un Leuciscus cepîialon , petit poisson du dusodile, d’une localité inconnue (peut-être de Kaltennordlieim),et une espèce voisine du Gyprinus {Leuciscus) 7 papyraceus de Broun, dont il se distingue par des différences de grandeur, des particularités dans sa grande tête, etc. L’au- teur y ajoute la figure d’un individu incomplet d’une autre espèce de Cyprin (IV. Jahrb, f Min . Geogn., i833, cali. 4? P. 395). M. le docteur Traill a décrit des restes de poissons dans des schistes marno-arénacés foncés, qui forment la partie supé- rieure du vieux grès rouge de File de Pomona, une des Orca- des. Les uns paraissent appartenir à des poissons abdominaux et thoraciens , et les autres à des poissons voisins des raies ( Proced . of ihe roy . Soc . of E din b u rgh, 1 833-34, n° 3, p. 37). A Wardle, près de Leith, en Ecosse , on a découvert pres- que un poisson entier dans des couches houillères (. Edinb . new , phil.j., n° f2Q, p. iq4). M. R.-E. Grant rapporte aux poissons osseux une dent trou- vée dans le grès rouge, qui est sur le terrain houiller de Paxton, dans le Rerwickshire (Idem, n° 3o, p. 397; et n° 3i, p. 39). M. Piiley a donné une Note sur les restes d’un Squalaraia dolichognathos , découvert dans le lias de Lime-Regis ( Lond . a. Edinb . phil. mag. N . S n. 17, p. 367). M. Bunel a trouvé un poisson fossile dans des argiles, près de Caen , et des trilohites , ainsi que des productus , dans un agglomérat porphyrique intermédiaire de la même contrée ( Congrès scient, de France, première session, p. 4°)* § vi. Crustacés fossiles . M. J. Green a publié une Monographie des trilohites de l’Amérique septentrionale (Monography of the Trilohites , etc. Philadelphie, i83‘i). Il y décrit beaucoup de nouvelles espèces, et ajoute aux dix genres connus les suivans : Isotelus (de Kay), Cryptolitus , Dipleura , Trimeras, Ceraurus, Triaethrus , Fut- talnia (Eaton) et Brongniartia (Eaton). Sur ses trente-deux espèces, vingt-deux sont nouvelles. M. Green termine par des considérations générales sur les trilohites, qu’il regarde, de- puis la découverte deM. Eights, comme des restes d’un genre DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 855. 4<$7 encore existant. Depuis la publication de son ouvrage, il a décrit un Asaphus myrmecoides , un Calymène (?) odonto- cephala , deux asaphes ( A . astragalotes et tetragonoceplia - lus), et le Paradoxides Harlani ( Americ. J. ofSc. , vol. XXIII, n° 2, p. 396; et vol. XXV, n° 2, p. 334). M. le docteur T. Eigbts a trouvé, sur les côtes de la Pata- gonie près du cap Horn, et sur celles des îles Shetland du Sud, des animaux cjui ont une très grande analogie avec le genre tri- lobite; et M. Green compare même ces individus vivans aux Paradoxides ou à Y Ogygie de Boltoni. M. Eiglits a décrit, sous le nom d eJBrongniartia trilobitoides , ces curieux animaux, avec leur tégument solide et calcaire, leurs deux yeux sessiles et immobiles, leurs quatre antennes, la bouche composée d’un lobe, de deux mandibules à palpes, deux paires de mâchoires, une langue et un labium; enfin leurs quatorze pieds et une petite queue ( Trans . of the Albany Institut , vol. II , n° i? p. 53 ). Je ne dois pas oublier de mentionner que M. d’Orbigny aîné a trouvé dans les mers du Pérou un crustacé vivant du genre Sérdle, qui a aussi une certaine ressemblance avec les trilobites ( Institut , i833, n° i4? P* 122). M. Herm de Meyer a figuré et décrit des pattes de P ali nu- rus Sueri . Desm., espèce identique avec le Macrourites gibbo- sus de M. Schubfer, et caractérisant le muschelkalk en Wur- temberg ( Perh . d, Leop . CaroL Acad„ d . NaturJ\ vol. XVI, part. 2 , p..5i7 à i pb ). § vu. Insectes fossiles . Julus . — M. le docteur B. Cotta a décrit et figuré la pétri™ fication d’un Julus terrestris dans une chaux' carbonatée con- crétionnée, qui remplit des fentes de gneiss, près deTharandt, non loin de Dresde en Saxe (N. Jahrb.f Min. Geog ., i833? cah. 4 ? P- 392 ). M. Jos. Prestwich Junior a découvert des insectes dans le milieu du dépôt houiller de Coalbrookdaïe en NorlJiumberland. Il y a reconnu un coléoptère , et un autre insecte en appa- rence du genre Araignée. Ces couches lui ont offert aussi des Trilobites, des Productus; en général, dix-huit genres de co- quilles , dont douze seulement sont marines. Le Mémoire in- téressant dans lequel ces faits sont consignés a pour but Fétude des failles du terrain en question ; Fauteur a pu y reconnaître cinq grandes failles, et plusieurs de moindre importance (Lond* a. Edinb. phiL Mag,, mai, i834, p. 368), 458 RÉSUMÉ DES PROGRÈS § viii. Coquillages fossiles . M. Goldfus vient de faire paraître une cinquième livraison de son grand ouvrage sur les pétrifications . Il y décrit et figure 71 espèces d’Huîtres, SGryphées, 19 Exogyres, 5 Anomies, et 91 Peignes, fossiles appartenant à des formations très diverses. M. L. de Bucli a tâché de classer les Térébratules, Il y éta- blit d’abord deux grandes divisions, suivant qu’elles soiit plissées ou non plissées. Donnant le nom de Deltidium à îa partie deltoïde entre l’ouverture du bec de la plus grande valve et le bord cardinal , il partage la première section : i° en celles dont les plis sont simples et deviennent plus larges vers le bord sans augmenter en nombre ; ce sont ses T, plicosœ ( T. pugnas , letraedra , variai! s , plicatilis , lacunosa , alata , etc.) ; 20 en celles dont les plis se subdivisent et augmentent en nombre vers le bord ; se sont ses T, dichotomœ ( T , spinosa , caput serpcntis , rigida , p édita , etc. ) Les térébratules non plissées se partagent en celles qui sont à côtes et celles qui sont lisses ; celles à côtes se subdivisent , i° en celles dont les côtes de la plus grande valve sont les par- ties enfermées et celle de îa plus petite, les parties enfermantes; ce sont ses T, loricatœ ( T , loricata , tegularis, senticosa ) etc., 20 en celles à côtes correspondantes sur les valves, et réunies sur le dessus des valves en un trait retourné; ce sont ses T . centœ ( T. trigonella , digona , diphya , etc. ). Dans les térébratules lisses, les côtes ne paraissant que sur le milieu de la longueur des valves; les côtes de îa supérieure sont les enfermantes, et celles de l’inférieure les enfermées. Elles se subdivisent, i° en celles dont le milieu du dos est af- faissé en forme de sinus vers le bord postérieur de la valve , et où îe milieu de la plus petite valve s’élève en bosse; ce sont ses T. ornithocephalœ ( T, ornithocephala , vitrea , vulgaris , semiglobosa , etc. ); 20 en celles dont le dos est caréné sur toute sa longueur ; deux sinuosités sont sur les côtés de la carène ; îa plus petite valve est échancrée dans le milieu, et a deux plis rehaussés sur les côtés; ce sont ses T . biplicalœ (T. biphcata , nucleata , etc. ). Cette étude amène naturellement M. de Buch à considérer toute la série des Brachiopodes , pour lesquels il propose la classification suivante : les brachiopodes sont adhérens par le bord de leurs coquilles ou par leur surface inférieure. La première classe comprend ceux où l’adhérence a lieu au bord DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 85 3. 4^9 des deux coquilles sans charnière (Lingule) , et ceux ou elle a lieu au bord de la valve supérieure au-dessus du bord cardi- nal. Ces derniers se subdivisent en deux sections; ceux où la perforation est au milieu du bord, et ceux sans perforation. Les premiers ont , les uns , un Deltidium ; ce sont les térébra- tules, comprenant les genres Atrypa , Orthis en partie , Stry- gocephalus , U licites , P entameras , ■ Magas et Thecidea ; les autres n’ont pas de Deltidium; ce sont les Delthyris , compre- nant les genres Spirifère^ Cyrthiae t Gypidium. Les Bracliiopodes sans perforation sont attachés par une sé- rie de fibres le long du bord cardinal, ce sont les Calcéoles; ou bien les fibres passent par de longs tubes; ce son lies Leptènes, comprenant les Productus et les Strophomènes. Quant à la seconde classe adhérente par leur surface infé- rieure, l’ouverture d’adhérence est au milieu de cette dernière dans les Orbicuîes , ou bien elle a lieu par la surface sans ouver- ture dans les Crames (IV. Jahrb.f Min ., i833, cah. 3, p. 257). M. de Buch a présenté quelques observations critiques sur les térébratuïes, figurées par M. Zieten (IV. Jahrb.f. Min . etc., 1 833 , cah. 3 , p. 822 ). M.de Meyer vient d’augmenter encore le genre Âptychus par la description de VA. ovatus du lias de Banz; il le compare à VA. bullatus , dans lequel l’arrangement des stries est différent. Certains échantillons de VA. elasma lui font présumer qu’on confond sous ce nom plusieurs espèces , et il ajoute encore dif- férens caractères pour distinguer ses A. lœvis, imbricatus , ova- tus , bullatus et elasma ( Muséum Senkenherg. î 833 , vol. X ? p. i ), M. le comte de Munster réunit le Mytilus gryphoïdes de Schlotheim ou Y Inoceramus dubius de quelques géologues aux Gervillies; il se trouve dans les marnes du lias, et y res- semble aune Posidonie par l’aplatissement qu’il y a subi. Il est mieux conservé dans le calcaire du lias. Une bivalve trois fois, plus grande et assez semblable existe dans le calcaire de transi" tion a Hof; c’est sa Posidonia speciosa ( N. Jahrb. .Min . % 1 833^ cah. 3, p. 326). M, J. Ed. Gray a publié un catalogue descriptif de coquilles vivantes et fossilles (a descrip. catalog. , etc. Londres , i8337 in-8G). , Conchiliologie fossile locale. France. *— Au congrès scientifique de Caen, M. La Pilaye7 RÉSUMÉ DES PROGRÈS 40o a présenté un catalogue des fossiles du Calvados ; il en compte huit à neuf cents espèces. Le cinquième volume des Mémoires de la Société linnéenne du Calvados contiendra la description d’un grand nombre de fossiles secondaires et intermédiaires du Calvados , par M. Des- Jongchamps. M. Michelin a publié une notice sur une Clausilie (C. cam- panica) , et une Lymnée ( L . Naudoti ), fossiles découverts avec des os de Palœotlierium , dans le calcaire d’eau douce de Provins. La Lymnée a 8 à 9 centimètres de longueur et 35 mil- li mètres pour la largeur du dernier tour* il n’existe dans les Lymnées vivantes aucune espèce de cette grandeur. Le genre Clausilie étant fort rare parmi les pétrifications, les conchilio- logistes examineront avec plaisir la figure qu’en a donnée l’au- teur ( Mém . de laSoc.dJag . , etc., du départ, de V Aube , n° 44 ? 1882 , p. 201 ). Angleterre. — Dans son intéressante esquisse de la géologie des environs de Cheltenham , M. Murchison a cité soigneuse- ment les fossiles des oolites et du lias de cette localité remar- quable par des failles, et par des eaux salines, dont M. Mur- chison place l’origine dans le grès bigarré ( Qutline oj the geology , of the Neighbourhood of Cheltenham , Cheltenham , 1 834 ? in-8° , avec 2 coupes et des vignettes). P-rüsse. — M. K. P. Kloden a publié, sur les fossiles du Brandebourg , et en particulier sur ceux des blocs , un ouvrage très intéressant ( Die Versteinerungen der Mark Branden- burg ? etc., in 8° avec ïo pl. ). Il entre en matière par l’historique de cette étude dans le pays dont il s’occupe; il cite les ouvrages utilisés, et expose la difficulté de l’entreprise. Le Brandebourg est une plaine sableuse, ondulée , ou un plan incliné du sud au nord , et dont le niveau supérieur n’at- teint que 5oo pieds. Des vallées très évasées coupent les ondu- lations, et renferment çà et là des lacs ou des tourbières. Le fond des sinuosités est composé de terre végétale, de marne, de tourbe, de fer limoneux , de limon , de sable et rarement de calcaire d’eau douce récent. Sur les hauteurs 011 ne trouve sous la terre végétale qu’une marne d’eau douce à coquilles terrestres calcinées , et quelquefois à débris de poissons et de mammifères; sous ces alluvions est placé le diluvium composé de blocs (calcaire intermédiaire et de montagne, musehelkalk , oolite, fer hydraté, craie, silex, grès oolitique, grès gris, rouge ou gris , grès grossier et à coquillages , grès compacte et ferrugineux, aggrégat de coquillages crayeux , grès tertiaires DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833 . 4^1 coquilliers), de gravier, de sable, de marne et d’argile; des osse- mens de grands quadrupèdes et des lits de fer pisiforme, se rencontrent dans les alternats du sable et de la marne. Le sol tertiaire du Brandebourg est couvert parles alluvions précédentes, et y forme la masse des parties les plus élevées; les roches qui le composent sont des sables, des marnes, quel- quefois à coquilles d’eau douce, restes de végétaux et ossemens, du calcaire grossier? (Gumtow), de l’argile , des graviers rare- ment coquiliiers, du lignite ou de la terre alunifère. La craie res- sort, près dePotzlow, le gypse àSpérenberg, le muschelkalk à Rudersdorf; dans ce dernier lieu on a reconnu le grès bigarré jusqu’à 700 pieds de profondeur. Le mont Rrienberg, plus à l’ouest, offre des débris de calcaire glauconien. Quant au cal- caire de Storkow , l’auteur le classait jadis dans le calcaire gros- sier ; mais , d’après les fossiles, cela paraît un affleurement in- termédiaire ou un immense bloc. Après cette introduction , M. Rloden énumère , dans un or- dre méthodique , les pétrifications du Brandebourg , en faisant des observations sur les espèces; il consacre un chapitre à la considération des fossiles problématiques , telles qu’un frag- ment deleptène, de crinoïde, d’un radiaire ( Echinospherites pomum ? Wahlenb.) , dans le calcaire intermédiaire; des corps ayant l’aspect de serpens , dans le muschelkalk, corps qu’il propose derapprocher des coprolites; des silex de formes très particulières, etc. L’auteur donne ensuite, par terrain, la liste des pétrifica- tions découvertes dans le Brandebourg avec l’indication de leur gisement dans d’autres lieux , et des principaux pays où ils se trouvent , ce qui le conduit au résultat suivant : TERRAIN. ESPÈCES trouvées dans le ; Brandebourg. ESPÈCES reconnues dans d’autres terrains- restant ESPÈCES en Suède. Calcaire iniermédiair- i63 0 i65 70 Muschelkalk 56 O 56 O Ooiite 200 23 177 5 Grès vert 27 5 22 0 Craie i36 1 1) 120 38 Grès brun tertiaire 90 *4 76 0 Grès tertiaire 46 1 5 3i 0 Diluvium 52 1 5i 1 Alluvium i5 3 12 4 745 77 668 118 RÉSUMÉ DES PROGRÈS 46‘i Les espèces sont distribuées de la manière suivante : mammi- fères , ii espèces; amphibies, 2; poissons, 8; crustacés, 21 ; céphalopodes, 53; gastéropodes, 96; acéphalés , 290; ra- diaires , 61 ; zoopbytes , 107; phvtolites , 7. L’auteur termine son ouvrage en appliquant ses observa- tions paléontologiques à la recherche del’origine des blocs épars dans la plaine au sud de la Baltique. Il est conduit à penser que la plus grande partie des blocs erratiques de l’Allemagne sep- tentrionale, ressemblent, par leur nature et leurs pétrifications, aux roches de la Scandinavie; il y a même, dans ces blocs, des roches et des fossiles qui n’ont encore été trouvés que dans cette dernière contrée , tandis que plusieurs roches et pétrifications caractéristiques des pays septentrionaux n’ont pas été remar- qués dans les blocs. Les fossiles fréquens en Scandinavie sem- blent remplacés par cfaut-res en Allemagne. 20 Une autre portion des roches coquiüières , composant les blocs, ont une ressemblance apparente avec des roches du nord, mais elles contiennent des fossiles qu’on n’a pas encore décou- verts en Scandinavie; plusieurs de ces derniers se trouvent même plus fréquemment dans les blocs. 3° Une troisième partie des blocs offre des roches qui man- quent en Scandinavie, et si par hasard elles sont coquillières, leurs fossiles n’existent pas non plus dans ce pays. Ainsi donc la première division de blocs peut seule être pro- venue du nord, l’origine de la seconde est plus douteuse, mais la troisième espèce de blocs n’est pas venue clu nord. Pour ces derniers, il est remarquable qu’on ne peut pas non plus les rattacher aux formations bordant la plaine au sud delà Baltique ou les faire provenir de couches détruites sur place , ou de ro- ches qui ont existé dans le nord. Le problème n’est donc pas résolu entièrement, et la pro- duction des blocs est probablement due à des causes et des forces plus compliquées qu’on ne le croit communément. Wurtemberg. — M. de Zieten a donné quatre nouvelles li- vraisons (L. 9 à 12.) de ses pétrifications du Wurtemberg , dont la dernière est déjà un supplément à Fouvrage ; elles con- tiennent 4 espèces de Gryphées, 9 Plagiostomes , 16 Peignes, 2 Lymes , 2 Pernes , 2 Posidonies , 2 Gervillies, 5 Avicules, SPinnes, 4Cucullées, 5 Arches, 7 Nucules, 7Trigonies, 3 Moules, 2 Modioles , 5 Unio, 3 Astartes, 1 Crassine, 5 Isocardes, 1 Bu- carde , 1 Vénus, 1 Mactre, 1 Lucine , 3 Amphidesmes , 1 Cy- thérée, 1 Corbule, 1 Lutraire, 6 Myes, 8 Pholadomyes, 3 Ino- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 8 5 5, 4^ cérames du. système liasiquc , i Myophorie, 2 Ammonites, 1 Turritelle, 1 Troque du musclielkalk. Parmi ces fossiles, il y en a beaucoup qui appartiennent au musclielkalk , au lias et au keuper. Le douzième cahier est terminé par un index alphabétique des quatre cents espèces de fossiles déjà décrits, ainsi que par une indication du gisement exact de chaque espèce , et quelques observations critiques. En général , vu la beauté des figures et le bon marché (72 à 80 fr. pour 4oo espèces figurées), l’ouvrage deM. Zietenne saurait être trop recommandé aux personnes désireuses de dé- terminer les pétrifications des terrains secondaires, inférieurs à la craie. M. de Munster avait démontré la différence zooiogique qu’il y avait entre le grès des marnes du lias de la Bavière et du Wurtemberg , et celui qui appartient, dans les mêmes contrées, aux oolites inférieures. Pour prouver encore plus complètement son opinion, il a donné la liste d’une quarantaine de fossiles de ce grès supérieur du lias. (N. Jahrb.f Minéral . i'833c. 3 p. 325). M le comte de Munster a donné la liste revue des fossiles , des couches jurassiques inférieures et moyennes, qui ressortent au contact des roches granitoïdes , et du grès vert de la Suisse saxonne. (Ostraumuhle sur le Kernitschbach, Schandau, Ho- henstein, entre Pirna et Tauhitz). M. de Léonard y a ajouté des détails et des coupes géologiques. Dans ce mémoire, ce dernier savant confirme aussi deux faits très importans , savoir : que le porphyre phonoiitique de Tœplitz a percé la craie, et que la siénite de Weinbohla , en Saxe , recouvre la craie, dont elle a dérangé les couches (iV. Jahrb .,f Miner . 1 834 , cah. 2, p. 127 avec 2 pl. ) Silesie. — M. le docteur Otto de Breslau va donner la description complète des fossiles de la Silésie , en commen- çant par les ossemens du sol alluvial et du musclielkalk. Pologne.— M. Pusch va publier à Berlin un ouvrage géné- ral sur les fossiles de la Pologne, de la Volhynie, de la Podolie et des Carpathes. Il sera accompagné d’observations critiques sur la paléontologie, et de i5 planches, avec plus de 200 figures. Autriche. — J’ai donné une liste revue par M. Deshayes des fossiles tertiaires du bassin autrichien et hongrois (Y oy. Bull. , Vol. III, p. 125). Tyrol. - — M. le comte Munster a donné un aperçu succinct des fossiles nouveaux découverts à Saint- Cassian, dans le Tyrol RÉSUMÉ DES PROGRÈS 464 méridional, et il en a figuré les curieux Cératites (N. Jahrb . f. Min . , i834, cah. i à 2 pl.). Depuis long-temps la localité de Saint-Cassian , non loin de Brunecken, dans le district d'Enneberg, a fourni aux marchands naturalistes des fossiles que les collecteurs conservaient sans savoir leurs localités. Nous devons la connnaissance de ce gîte à M. de Pfaundler et aux patriotes tyroliens , qui ont fondé le musée ou Ferdinandeum d’Insbruck. Gomme d'autres voya- geurs , M. de Munster, frappé de la belle conservation et de la variété de ces fossiles, a tâché de s'en procurer, autant que possible* mais personne n'a encore bien constaté à quelle for- mation, ou à quels terrains secondaires appartiennent ces co- quillages marins, maintenant à une élévation de plus de 5ooo pieds. Quelques personnes de notre Société comptent remplir cet été cette lacune importante dans la connaissance des Alpes, et visiter en même temps dans ce pays la localité voisine de Badia, dont beaucoup de fossiles entrent annuellement dans le commerce d'histoire naturelle. Les pétrifications des marnes calcaires de Saint-Cassian sont bien conservées; néanmoins les bivalves laissent rarement apercevoir leurs charnières. Malgré cela, M. de Munster y a déjà reconnu 43 genres et 128 espèces , qui seront toutes figu- rées dans l’ouvrage de M. Goldfuss. Ce sont 9.4 espèces des Zoophytes des genres Tragos , Cnemidium (4 espèc.), Scyphia , Achilleum (4 esp.) , Ceriopora , F lustra , Ccllepora , Antho- phyllum (6 esp.), et Lilhodendron ; 11 espèces de Pvadiaires des genres Cidarites{ 8 esp.); Enormités, {E. liliiformis Lam . , Apiocrinites , Pcntacrinites ; 3 espèces d’Ànnelides du genre Serpula ; 97 espèces de bivalves des genres Pecten , Avicula (4 espèces, dont une très voisine de Y A» socialis Sclil.), Tri go - nia , Gervillia (3 esp.) , Nucula (4 espèces , dont 9 sont dans le lias, et 9 autres N. elongata et trigonalis , dans le muschel- kalk) , Cucullœa{ 9 esp.), Cardium ( C. acuticostatum , espèce identique avec celle du keuper de Bamberg), Cardita , Iso- cardia y A s tarte , Lucina , Terebratula ( T. vulgaris , Schî.) , Orbicula\ 5o espèces d’univalves des genres Dentalium (9 es- pèces), Emarginula , P a Le lia , Pileopsis , Turbo ( Helicites turbilinus , Schl. et socialis du muschelkalk ) , Monodonta (9 esp.), Sigaretus (3 esp.), Evomphalus ou Delphinula (3 esp.), Trochus (7 esp.), Neritina (4 esp.)) Turritella ( T \ nuda des marnes du lias, et T \ prisca du calcaire à orthoceres d’El- bersreuth) , Melania (9 esp. ), Rissoa (3 esp.) ; enfin, i3 espèces de Céphalopodes des genres Orthocera , Nautilus DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833. 4^5 (aesp.), Ceratites(C. glaucus , Beotus, Busiris, Aon, Brotheus , Acis , Achetons, Agenor, Eryx , et cingulatus. Les céphalopodes montrent que c’est un dépôt secondaire. Parmi les trachélipodes , il n?y a que des phytiphages, et point de véritables zoophages , mollusques qu’on ne commence à rencontrer qu’en petit nombre dans le lias. Si l’absence des goniatites , des trilobites, et des productus ne semble pas favorable à l’idée de l’existence de roches inter- médiaires à Saint-Cassian ; d’un autre côté , en offrant FOr- thocera elegans et la Turritella prise a , cette localité des Alpes vient se joindre à d’autres, pour démontrer dans ce système des accidens particuliers dans la distribution des organisations animales perdues. À ce propos , M. le comte de Munster reconnaît enfin qu’il y a de véritables orthocères dans certains calcaires ammoniti- fères, et à polypiers du Salzbourg , roche qu’il rapproche du lias. Les fossiles de Saint-Cassian n’offrent pas de types du terrain crétacé; ils indiquent donc des dépôts secondaires moyens: or, parmi les espèces déjà décrites, il y en a sept qu’on retrouve dans le muschelkalk et le keuper , deux dans 3e lias, et six dans le calcaire jurassique. Parmi les pétrifications du lias et du Jura , il y a deux zoophytes , deux cidarites, deux nu- cules, un Turbo et une turri telle-; mais on n’y observe pas de bélemnites ni de gryphées, ni de véritables ammonites. D’une autre part, F Encrinites liliiformis , la Terebratula vulgaris , et ses variétés, petites et grandes, les Nucula elon- gataet trigonalis , le Turbo socialis , et F Helicites ( Syn . He- licites turbilinus , Schl. ) sont des fossiles caractéristiques du muschelkalk de la Bavière. Les Myophoria acuticostata e t vul- garis se trouvent fréquemment avec Y A Acuta socialis dans le keuper du sud de l’Allemagne, tandis que F A Acuta arcuata n’est qu’une variété de VA. socialis du muschelkalk , et plu- sieurs moules de trigonellites , Schl. ( syn Myophorie de M. Brorin), ont la forme du M . linearis de Saint-Cassian On en peut dire autant des moules de turri telles et de mélanies. D’après ces considérations zoologiques, M. le comte Munster arrive à la même conclusion que moi , et qu’on a voulu me contester, c’est- à dire que les fossiles de cette localité appar- tiennent au muschelkalk, et aux dépôts qui lui sont juxtà- posés ( Geognostisch. Gemalde Deutschlands , p. 23o, et mes Mémoires géolog. et paléontoL, p. 186). Cette localité est l’extrémité du golfe dans lequel se sont accumulés lessédimens Soc. géol. Tome Y. 5o RÉSUMÉ DÉS PROGRÈS 466 secondaires de la vallée de FAvisio; il est possible que le cal- caire jurassique superposé au keuper , au muschelkalk , et au grès bigarré de ce pays fournisse aussi quelques pétrifications en bon état; mais pour le lias coquillier et conservé intact , on ne peut trop répéter que jusqu’ici rien ne prouve son exis- tence dans le Tyrol méridional. Suisse. — La découverte réitérée des Bélemnites dans le talcschiste des Alpes centrales, entre leValais et l’Engadin , est un fait que peu de personnes veulent croire , et qui est pour- tant certifié par les collections de MM. Charpentier et Studer. L’association du grenat avec les bélemnites découvertes par ce dernier viendra encore ajouter au scepticisme de ceux qui veu- lent supposer que des staurotides ou macles ont été confondus avec des bélemnites. Il faut absolument aller sur les lieux pour se convaincre de pareils faits, qui défient à la fois notre pré- tendu savoir en paléontologie, en géologie, et même en chimie. La nature a encore bien des secrets dignes de piquer notre curiosité, et dans peu de temps, pi'obabiement , personne ne doutera plus des faits avancés par des hommes si dignes de foi, et vérifiés par divers observateurs. Sicile. - — M. C. Gemmellaro a publié une description des coquilles fossiles de V argile tertiaire de Cijali , près de Catane. Non loin de cette ville, les laves recouvrent Fargilesubapennine à petites veines de sable rouge. Ce dépôt est plein de fossiles, qui se trouvent conservés principalement dans le sable; MM. Gemmellaro, Hoffmann et Philippi en ont découvert 62 espèces. Les sables offrent beaucoup d’orbulites et de lenticu- lites; mais les jolies nummulites et miliolites des sables de Trezza n’y sont pas. M* Gemmellaro donne une liste de 5g fossiles, et remarque que toutes ces coquilles, souvent avec leurs couleurs, vivent encore dans la mer Méditerranée. C’est dans la colline de Cifali que le dépôt coquillier est à dé- couvert, et il y occupe un niveau de 3oo pieds au-dessus de la mer, en formant la base des collines qui atteignent près de Fasano une élévation absolue de 600 pieds. Les alluvions de Fasano couvrent l’argile, et ces masses ont acquis la dureté d’une brèche, de manière à indiquer le séjour prolongé des eaux. Les laves de Poggio appartiendraient aux plus anciennes de l’Etna , puisqu’elles sont recouvertes par des courans ré- cens, et de puissantes alluvions. Les basaltes de Trezza re- posent aussi sur les roches tertiaires à nummulites et nu lio' lites. DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 855. 2^7 M. Gemmellaro émet une singulière idée sur les orbulites et les lenticulites des sables de Catane; comme il ne les retrouve pas dans la mer Méditerranée, il suppose que ces fossiles ont été pétrifiés à une époque plus ancienne, et mêlés posté- rieurement aux sables , ce qui paraît bien peu probable , vu la petitesse et Ja quantité de ces corps organisés {Atti délia Accad. Gioenia , vol. "VU, p. 243., i833). Russie. - — M. Fisclier, de Moscou , publie dans ce moment un second volume de so n O ry cto graphie du gouvernement de Moscou . Suède. — M. Nilson a donné une notice sur les pétrifications animales des couches charbonneuses de la Scanie : ce sont des dents d’un reptile, un poisson , une aile d’insecte , et di- vers coquillages ( Kongl. Svensk. V et. Acad . EandL pour i83i , p. 352 , avec pl.J. États-Unis. — M. Isaac Lea a mal figuré et décrit un nou- veau genre fossile de la famille des sphérulacées , sous le nom de Talmula sagittaria . Cette pétri fication^ provient du dépôt crétacé de Timber-Creek, dans le Nouveau- Jersey {Contribué to Geology , p. 217). M. ïsaac Lea a décrit six espèces de fossiles tertiaires du Maryland et du Nouveau-Jersey, savoir : Balanus Finchii , Mactra clathroides , Acte on FF etherilli, Ranella nana, Fusus pumilus et Miliola marylandica {Idem, p. 211 à 216). Enfin, il a figuré et décrit en détail cent quatre-vingt-neuf nouvelles espèces tertiaires , provenant de Clairborne , dans l’Àlabama. Elles sont des genres suivans : Lunulites (2 espèc.), Orbitolites (2 esp.), Turbinolia (5esp.), Siliquaria, Dentalium (2 esp.) , Spirorbis , Serpula , Teredo , Solecurtus , Mactra ( 3 esp.), Corbula (4 esp.), Byssomia, Egeria{ 10 esp.), Lucina (6 esp.), Gratelupia (1 esp.), Aslarte {Q esp.), Cytherea (6êsp . ) , Venericardia (4 esp.), Hippagus, Area, Pectunculus (5 esp.), Nucula (1 1 esp.), Avicula, Pecten (2 esp.), Plicatula, Ostrea , Fissurella , Hipponix , Crepidula , Bulla (2 esp.), Pasithea (9 esp,), Natica { 8 esp.), Acteon (6 esp.), Scalaria (3 esp.), Delphinula (2 esp.), Solarium (6 esp.), Turbo (3 esp.), Plana - ria , Turritella (2 esp.), Cerithium , Tuba (3 esp.), P leur o- toma (11 esp.), Cancellaria (8 esp.), Fasciolaria (2 esp.), Fusus {iô esp.), Pyrula (3 esp.), Murex, Rostellaria (2 esp.), Moncceros { 3 esp.), Biicciniim , Nassa, Terebra{Z esp.), Mi- tra (5 esp.), Voluta ( 7 esp.), Marginella ( 8 esp.), Anolax (2 esp.), Oliva (8 esp.), Montoptygina (2 esp.), et Conus . Toutes ces espèces n’ont pas d’analogues vîvans, et même RÉSUMÉ DES PROGRÈS 468 quelques uns de ces genres sont inconnus sur les côtes, et quel- ques uns existent aussi à Tétât fossile, en Europe. Dans ce der- nier cas, seraient une espèce très voisine du Venericardia planicosta ; un Fuseau extrêmement voisin du Fusus longæ- vus , de Lam ; X Acteon lineatus > fort semblable au Torna- tella inflata de Férussac. Plusieurs de ces espèces ont les plus grands rapports avec les coquilles de Bordeaux , telles que certaines Lutines , Ve- néricardes, N ucules, etc., etc. ; il faudra voir ce qu’en diront les paléontologistes d’Europe. Grâce aux ouvrages de MM. Lea et Conrad , on pourra enfin établir une comparaison entre les fossiles tertiaires des Etats-Unis et de l’Europe. Or, il paraîtrait déjà qu’on observe , des deux côtés de l’Atlantique , des varia- tions dans les fossiles des mêmes dépôts à mesure qu’on s’a- vance du nord au sud [ Idem , p. 3o à 21 1. Voy . l’article de Géographie géologique , p. 368). M. T.-A. Conrad a décrit des fossiles tertiaires nouveaux des États-Unis, savoir : dans le sol tertiaire supérieur, Mactra , clatlirodonta , congesta , confraga , et modicella , Corhula idonea (Yorktown ), Chama congregata (Easton Md.), Pétri - cola centenaria ( Easton ), Pecten eh or eus , Cytherea mary - landica , Fulgur incilis ; et dans le sol tertiaire inférieur de Clairborne , Corhula oniscus , Cardita alticostata , Astarta tellinoides et ungulina , Pectunculus cuneus, trigonella , sta- mineus , Lucina pondata , dolahra , Nucula hella et cœlata , Melongela alveata, Crepidula lirata , Solarium elahoratum , Sigaretus ,BilixzlTyphis gracilis^Americ. J. ofSc.y ol. XXIII, n° 2, p. 33g). M. Gérard Troost se propose de réimprimer à Nashville , dans le Tennesée, l’ouvrage de fossiles de M. Goldfuss. § ix. Echinodermes fossiles . M. Agassiz prépare un Mémoire sur les Astéries fossiles. Ophiures. M. Nath. Thom. Wetherell a décrit les ophiures trouvés dans les Septaria de l’argile de Londres, près de Hampstead , ainsi que dans des oolites fond, a . Edinh. phil. mag.yV ol. II, n° 10, p. 3o4). M. Hermann de Meyer s’occupe d’un travail sur les échini- dées. Le Galerites speciosus de M. de Munster est son Nucleo- lites disais. § x. Polypiers fossiles. Hollande. — Les Annales academiœ G roninganœ pour 1827 DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 853. 4^9 à 1828 (Groningue, i83s avec 7 pl. ), contiennent un Mémoire couronné et intitulé : Responsio ad quœstionem à Math. , Phys.r ordine in academia Groningana , anno 1828, propositam : Quœretur descriptio coralliorum fossilium in Belgio reperto- rum, quœ prœmium reportavit. L’auteur, M. C . F. A. Morren, examine la nature des polypiers , énumère les ouvrages sur ce sujet intéressant, les classifications proposées, et indique les principales localités de la Belgique, riches en ce genre de fossiles, savoir : Pour les fossiles tertiaires ou secondaires ré- cens , le mont Saint* Pierre, Ciply , près de Mons , la partie sud et ouest du Brabant méridional ; pour les polypiers intermé- diaires, les provinces de Liège, de Namur, d’Hennegau, du Luxembourg , etc. A Hondrug , près Groningue , il y a des fossiles crayeux et du calcaire tertiaire. M. Morren décrit et figure plusieurs espèces nouvelles , savoir : Achilleum orbiculalum , Manon Bredaniamnn , de Bruxelles; Isis spiralis, de Ciply y Nullepora Dekini , delà Craie; Groningana et Burtiniana , de Groningue ; Eschara v élans , fibrifcra , Brugmansii , de la même localité ; Celle - pora trigona , de Bruxelles; Ceriopora quadripora et mam - millifera de Maestricht; Lunulites spongia et intermedia , de la Craie ; Orbulites Faujasii, de Maestricht ; Lithodendron fastigiatum, de Namur; Cary ophy Ilia afjixa , du grès vert; Cyclolites nummulitoides , Turbinolia striata , reticulata et granulata , du calcaire de montagne; Cyathophyllum ocel - latum et lamellosum, de Groningue; Astrea granulata , du calcaire de montagne; porifera, de Bruxelles ; corona et gi- ganteay du Brabant; en tout i5o espèces. C’est un nouveau service que notre savant confrère a rendu à l’histoire natu- relle , dont aucune branche ne lui est étrangère. CHAPITRE III. BOTANIQUE FOSSILE. § 1. Grands Recueils descriptifs* M. Ad. Brongniart nous a donné neuf livraisons de son in~ téressante Histoire des végétaux fossiles . Nous n’avons jus* qu’ici que la description des Confervoïtes (3 esp.), desFucoïdes RÉSUME DES PROGRES 4 7° (26 esp., livraison 1 et 9), des Mousses (9. esp.), des Equisetum ( 5 esp.), des Calamites (18 esp., livr. 9 et 3); et le commence- ment de celle des Fougères, qui occupe déjà quatre livraisons, et qui 11e sera achevée que dans la dixième livraison. Malgré quelques critiques contre cette dernière partie du travail de M. Brongniart (et sur quel ouvrage humain n’y en a-t-ilpas à faire? ), il n’en reste pas moins ce qu’on a fait de mieux jus- qu’ici en ce genre.* Partant de l’examen botanique minutieux des différentes espèces de feuilles dans les fougères actuelles, et d’un classement établi sur ces parties; étudiant surtout les genres arborescens des régions équatoriales, et donnant les caractères des feuilles, du tronc et de la racine des mêmes arbres, M. Brongniart en- tre dans son sujet avec tous les renseignemens que peut lui fournir l’état actuel de la botanique. Il nous a décrit, i° deux P achypteris , des marnes du lias de Whitbv. Dans ce genre, les nervures sont confondues dans le parenchyme de la fronde; de manière qu’on ne les voit pas extérieurement. 9° Trente-six espèces de Splienopteris > dont vingt-huit sont dans le terrain houiller, et les huit autres dans le grès bigarré (S. myriophyllum 9 pcilmetta) , dans les oolites inférieures ( S . W illiamsonis y crenulata , denticulata , liymenophylloïdes ) , dans le calcaire de Stonesfield (S. macrophylld) , et dans le grès vert ( S . Mantelli ). Si la forme des feuilles ne diffère pas essentiellement dans les détails de celle des feuilles du genre Pecopteris , leur aspect générai établit, au premier coup- d’œil , une différence tranchée entre ce dernier genre et les Sphenqpteris , 3° Six Cyclopteris, du terrain houiller, à l’exception du C. dzgitatciy des oolites d’Angleterre ; genre dont les feuilles res- semblent, parleur forme et la disposition des nervures, à celles du Trichomanes reniforme, et des Adianthum reniform e et asarifolium . 4° Quatre Glossopteris . savoir : deux espèces des Indes orientales, une (G. Phillipsii ), des oolites du Yorkshire; et une (G. Nilsoniana ), du grès du lias de Scanie. Ce genre'se rappro- che des fougères à feuilles simples ( P oly podium , etc.), sans avoir avec aucune (?) une affinité très marquée. 5° Vingt-huit Neuropteris > dont vingt-quatre espèces sont dans les terrains houillers de l’Europe septentrionale et cen- trale ou des Etats-Unis; deux du grès bigarré (iV*. V oltzii e t elegans ), une du muschelkalk (N. Gaillardoti ), deux du ter- rain à bélemnites de la Tarentaise (N. Loshii et Sorelzï)* Ce DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. l genre est le plus naturel parmi ceux des fougères fossiles. Toutes ces plantes se ressemblent par leur fructification au- tant que par la forme et la structure de leurs feuilles, en même temps que ces caractères les éloignent des fougères vi- vantes. L’ Osmunda regalis, et des espèces voisines, n’ont avec elles que des analogies éloignées. 6° Trois O dontopteris , des houillères; genre ayant quelque chose de l’aspect des Trichomanes , mais étant différent de toutes les fougères vivantes. 7° Une Anomopleris Mougeotii , du grès bigarré ; genre dont la structure des feuilles diffère complètement de celle des feuilles de toutes les fougères vivantes et fossiles connues jusqu’ici : leur forme générale les fait ressembler aux Blechnum et Lomaria ; mais leurs nervures secondaires simples ont une autre disposition. • 8° Trois Tœniopteris , l’une du grès du lias (T. vittala), l’autre du calcaire de Stonesfield {T. latifolia ), et la troi- sième du terrain tertiaire du Vicentin (T. Bertrandi). Enfin, quarante-sept espèces de Pecopteris , genre qui pré- sente la structure la plus habituelle parmi les fougères vivantes et le plus grand nombre d’espèces, qui se rapprochent assez intimement des fougères encore existantes, pour qu’on puisse même douter si ces plantes n’ont pas réellement encore leurs identiques. Ce genre fossile est plus voisin des Cyathea que des P oly podium . M. B. sous-divise les Pecopteris en cinq groupes : i° les Di- plazioïdes ( Pinnulœ basi contractas, crenulatœ vel sinuatœ , nervulis pinnatis ) , qui comprennent une espèce du terrain houilîer. 2° Les Pteroïdes ( Pinnulœ distantes , basi dilatatâ de curr en- tes, nervulis nervo medio subperpendicularibus, vel farcatis ramis simplicïbus vel dichotomis ), qui offrent onze espèces, dont dix sont dans le terrain houilîer , et une (P. Meriani) dans le keuper. 3° Les Cyathoïdes ( Pinnulœ subcontiguœ , basi rarius dila- tâtes, inter se magis minusve connatœ , intégras vel vix denti - culatœ, nervulis obliquis medio furcatis vel rarius simplicibus ). Ce genre se rapproche, par la forme générale des feuilles, des Glossopteris, tandis qu’il en diffère par la disposition des ner- vures, cjui ressemblent davantage à celles des Pecopteris . Les genres vivans Aspidium, Asplénium et Polypodium ont des rapports avec les Glossopteris, le premier par le groupement des fructifications et les nervures, les autres par les particula*^ 472 RÉSUMÉ DES PROGRÈS rités des feuilles. Ce groupe arborescent renferme vingt-deux espèces , sur lesquelles dix-huit sont dans le terrain houiller, dont une ( P . Cyathea ) se trouve aussi dans le schiste marno- bitumineux a poissons de Muse , et deux autres (P. punctulata et arborescens) sont dans les# couches charbonneuses se- condaires de FOisans. Il y a , de plus, une P . plalyraclius dans les masses carbonacées de Lamure (Isère); un P. nebbensis dans les oolites ou le lias de Bornholm ; un P. Phillipsii dans les oolites du Yorkshire; et un P. Reichiana dans la craie verte de Saxe. 4° Le groupe des Neuroptéroïdes (Pinnulœ contiguœ dis- crètes vel basi vix connatœ, non decurrentes, rachi adnatœ, nervuli bisfurcati vel dichotomi arcuati , apice margini sub - perpendiculares ), qui comprend douze espèces, dont huit sont dans le terrain houiller, et trois autres, Tune P. Sulziana dans le grès bigarré, le P. Beaumontii à Petit-Cœur, le P. TVit- biensis et TYilliamsonis dans l’oolite du Yorkshire, et le P. tenuis dans celui de Bornholm et de Whitby. 5° Les JJnitœ{ Pinnulœ brèves , interse basi ma gis minusve connatœ, nervulis obliquis, simplicibus vel furcatis , lenuibus ), dont M. Brongniart n’a encore décrit qu’une espèce du terrain houiller. Tel estjle point où en est cet ouvrage, dans lequel on trouve, de plus, des détails importans sur chaque genre et sur l’éta- blissement des espèces et de leur synonymie. Le mérite de l’ouvrage de notre savant confrère consiste surtout dans un groupement plus rationnel des fougères, dont il a accru beau- coup le nombre, dans des observations curieuses sur les Cala- mites et les Equisetum , et dans la description d’un bon nombre de Fucoïdes; algues le plus souvent mal classées avant l’appa- rition de ses premières esquisses. Malheureusement la lenteur de cette publication fait le désespoir des géologues, avides de posséder toutes les belles observations de M. Brongniart. Je me trouve heureux de pouvoir encore citer comme exemple de l’utilité et de la valeur de ses travaux, la traduction russe qu’on a faite de son Prodrome de la Flore fossile ( Gornoi journal ). J’ai cette année à analyser cinq cahiers ( n° 8 à 12 ) de la Flore fossile de la Grande-Bretagne , de MM. Lindlev et Hutton, où ces messieurs ont le tort de reproduire des plantes déjà décrites; je dis le tort, parce c’est un impôt inutile mis sur la bourse du public. Ils devraient se contenter de donner des nouveautés, ou de figurer des choses non encore bien re- présentées. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 833. 47^ Les nouvelles espèces proviennent en grande partie du ter- rain houiller de Newcastle, à l'exception d’une Araucaria peregrina et d’un Strobilites elongata du lias, et du Neurop- teris undulata , fougère des oolites, et voisine du N. Dufres - noii ( Br. ), trouvée dans le grès bigarré. Les autres espèces nouvelles sont un Asterophylliles comosa, un Sigillaria monos - tachya, un Knorria taxina , probablement une portion de branche de Taxus ou de quelque plante voisine (cali. îo); un Calamites , avec des racines et la base d’un tronc du même genre; un Botliodendron punctatum, débris de quelque grand conifère; un Myriophy llites gracilis , une Pinnularia capil- lacea , un Hippurites gigantea , un Antholithes Pitcairniœ , reste de plante en fleur ayant quelque analogie avec la tribu des Bromélies (cali. g, pî. 82) ; enfin un Carpolïthes alata, qui pourrait encore provenir d’un conifère, et auquel on pourrait comparer seule la graine des Araucaires. En fait de fougères nouvelles , on trouve figurés les jolis Pe - copteris repanda, serra et insignis ; un Neuropteris ingens et arguta , un Sphenopteris adiantoides , obovata et crenata , voisin du S. Dubuissonis ; un Cyclopteris dilatata , un Tæ- niopteris major des oolites, voisin du T. viltata, et qu’on ne peut guère distinguer de l’ Aspidium TVallichianum de l’Inde, tandis que le T. majora les mêmes caractères que le Scolo- pendrium officinarum. Déplus, M. Lindley cite, en Angleterre, le Knorria im - bncata et Selloni , dont la première espèce se trouve aussi dans les mines de houille d’Orenbourg , en Russie. Il ignore dans quel genre M. Brongniart fait rentrer les Knorria', ayant extérieurement le plus de rapport avec les Lépidodendrons et les Stigrnaires, elles sont cependant bien différentes du pre- mier genre, et se distinguent du second par les tubercules proéminens et ronds d’où, partent les feuilles. M. Lindley place dans ce genre toutes les plantes fossiles dont les feuilles serrées sont arrangées en spirale, et dont la chute laisse des escarres proéminentes, définition pour le moins vague (cah. 10). Le genre Halonia est créé pour comprendre tous les végé- taux offrant la surface des Lépidodendrons et le mode de rami- fication de certains conifères. Les Lycopodiacées ont la ramifi- cation dichotome; or, les Lépidodendrons ne seraient qu’une forme éteinte de cette dernière famille. Nos auteurs décrivent un Halonia gracilis ; et ils donnent avec doute le même nom générique à un tronc d’une plante de petite dimension et toute couverte de petites proéminences qui cachent des taches en 4 RÉSUMÉ DES PROGRÈS quinconces. C'est le Halonia (?) tort uos a , sur la ramifica- tion duquel on est encore dans l’incertitude (cah. 9). Les Cycadites pecten et sulcicaulis ( Phillips ) , des oolites du Yorkshire reçoivent, de ces messieurs , les noms de Pte - rophyllum pecten et de Ctenis falcata y dernier genre rappro- ché surtout des Acrostichnm. Le Phyllites nervulosus de M. Phillips devient le Diclyophyllum rugosum. Ils réservent le terme de Phyllites aux feuilles de monocotylédons, dans les- quelles les veinules principales convergent à la base et au som- met, et donnent le nom de Dictyophyllum aux feuilles dou- teuses de dicotylédons à structure réticulée. MM. Lindley et Hutton figurent, autour d’une branche de Sphenopteris , une plante sous le nom d eSchizopteris adnasccns (cah. 11 ), en rapprochant ce genre obscur des Lygodies, ou plutôt desHyménophylles et en supposant que XeFilicites cris- pus de 3IM. Germar et Kaulfuss en serait une espèce. Quant aux autres remarques critiques de classement, M. Lind- ley observe que le Favularia tessellata est voisin desSigillaires, mais il ne croit pas qu’on puisse suivre M. Brongniart dans la réunion de ces deux espèces de végétaux; dans les Favulaires les feuilles venaient en contact les unes avec les' autres parleur base, de manière que c’étaient des plantes très couvertes de feuilles, tandis que le tronc des Sigillaires en avait beaucoup moins. C’était , suivant nos auteurs , un végétal dicotvlédon , avec une constitution ultra-tropicale (cah. 8 , p. 207 ). Pour les fougères, M. Lindley observe que l’absence des graines dans les fougères fossiles provient de l’adhérence plus grande de leur surface couverte de graines, avec la matière qui les empâte , que celle de cette dernière avec leur surface supérieure plus lisse. Quant à la graine appelée Cardiocarpon acutum , M. Lindley observe que les graines sont rares dans le terrain houiller , à l'exception des Lépidostrobes et de quelques espèces provenant de monocotylédous. Il n’adopte pas l’idée de M. Brongniart, que le Cardiocarpon est le fruit d’unLépidodendron ou d’une Lvcopodiacée, et le rattache avec doute auxÀstérophyllites et au genre Calli triche , etc. (cah. 8 , p. 2 1 1 ). Les mêmes auteurs ont décrit un tronc pyriteux ou de fer car- bonaté sousle nom de LepidodendronHarcourti{KTrans ofthe nat. hist.soc. of Northum h erland ; vol. 2, p. 236; Fossil Flora de Lindley n. 10. et Edinb . n . philr7 1833, n° 28, p. 567.). Ce fossile se trouve dans un lit de houille du calcaire de montagne, et même au milieu des encrines, des productus, des mêla- DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN l835. nies , etc. Ce tronc présente au centre Une colonne de tissus cellulaire lâche, tandis que vers l'extérieur ce tissu devient serré , et il y a de plus une série circulaire de vaisseaux spiraux, à une certaine distance du centre; ces derniers donnent nais- sance à des faisceaux courbes qui se portent vers la circonfé- rence, et correspondent à l’insertion des feuilles. Enfin il est très important d’apprendre la découverte de conifères dans le lias et même dans le terrain houiller , et F A- raucaria peregrina du lias montre , de plus , que la végétation de l’Europe dans ces temps-là était semblable à celle de l'hémi- sphère austral, non seulement parla présence desCycadées, mais encore par les genres de conifères trouvés actuellement au sud de l’équateur. Les quatre espèces d’Araucaires connues jusqu’ici viennent de la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, de l’ile de Norfolk, du Brésil et des Andes du S.-E. de l’Amérique. Il sera curieux de voir s’il se confirme que le fruit appelé Stro- bilites elongata appartient à F Araucaria peregrina , comme le soupçonnent MM. Lindley et Hutton. MM. Lindley et Hutton regardent ce végétal comme inter- médiaire entre les Conifères et les Lycopodiacées. Il s’éloigne de la première famille, en n’ayant pas de fibres ligneuses glandu- laires, ni de bois, ni même peut-être d'écorce; d’ailleurs les Co- nifères ne présentent pas ces faisceaux courbes de vaisseaux. Ces caractères rapprocheraient cette plante des Lycopodiacées, mais ces dernières n’ont pas de cavités fistulaires dans leur té- gument cortical ni tissu cellulaire autour de la moelle , ce qui est une structure des dicotyîédons. Ce nouveau type des Lépidodendrons établit un meilleur passage entre les plantes à fleurs et sans fleurs, que \esEquise- tum ou les Cycadées, et c’est une confirmation de l’idée que les vides observés dans la série naturelle des créations actuelles se- ront comblés petit à petit par la découverte de nouveaux gen- res fossiles. Ces messieurs remarquent qu'en exceptant les fougères il y a, dans les houillères, environ quatre-vingts espèces de plantes arborescentes de la classe des dicotyîédons, dont les feuilles croissent en séries parallèles. Leurs Megaphyton approximation et distans ( cah. 12. ) sont aussi dans ce cas , et ce caractère est encore propre aux genres Sigillaire, Favulaire, Bothro- dendron et Ulodendron. M. le comte Gaspard Sternberg a fait paraître un cinquième et un sixième cahier de son Essai d’une description géognos tique et botanique de la flore de l’ancien monde ( Versuch, eincr RÉSUMÉ DES PROGRÈS 476 geog. bot . Darstellung , etc.; Prague, i833, in-fol.) ; il promet d'en donner bientôt un septième. Cet auteur examine d’abord si, depuis 1824, époque de la publication de son premier essai, des faits sont venus appuyer l’idée que toute la surface terrestre a été cou- verte jadis d’une végétation infiniment plus uniforme, et a joui, par conséquent, d’une température beaucoup plus égale qu’actuelîement. Si le Mexique et le Brésil n’ont encore offert aucune donnée à cet égard , M. Robert Brown assure que les fougères des houillères de la Nouvelle-Hollande , ne dif- fèrent que par les espèces de celles du même terrain en Europe. M. Ad. Brongniart est venu confirmer cette assertion par la description de quelques espèces , tant de l’Australie que des Indes , tandis que M. Jameson a identifié les plantes des houil- lères des contrées boréales de P Amérique avec celles de l’Eu- rope. Du reste, pour toute la zone tempérée au nord de l’é- quateur, M. Sternberg a prouvé jadis qu’une végétation fort semblable devait exister dans toutes les contrées situées sous cette zone, dans l’Ancien comme dans le Nouveau-Monde. En conséquence , l’auteur regarde comme assez bien établie cette première hypothèse d’une plus grande égalité de température dans le monde ancien. Cette première proposition tend à dé- montrer en même temps que les zones n’ont pas souffert de dé placement , et qu’ainsi les analogues des plantes fossiles d’une zone ne se retrouvent pas à présent dans une autre zone. M. Sternberg considère ensuite la probabilité d’une série suc- cessive et régulière , de différentes végétations sur le globe , et oppose à cette idée les fougères du terrain houiller dans un calcaire à bélemnites, et les particularités de la flore du grès bigarré. M. Sternberg rappelle que , dans son quatrième cahier, il a reconnu, dans la flore fossile, trois périodes de végétation : la première était une végétation insulaire, environ comme celle des îles de l’océan Pacifique; mais il devient plus difficile de comparer la seconde avec la flore des contrées maritimes, et la troisième avec celle des grands continens. M. S. ne croit pas qu’entre les deux premières périodes de végé- tation, le globe ait été bouleversé par une révolution générale, car si des formes végétatives de la première période ont dis- paru dans plusieurs dépôts de la deuxième période , cepen- dant elles ont trouvé les moyens de se conserver çà et là. M. St. trouve donc plus probable d’admettre un passage gra- duel et lent entre les diverses flores , modifications en rapport avec le rehaussement des continens ou l’abaissement des mers. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. 477 Le cas des plantes de Petit-Cœur, etc., lui semble indiquer dans cette contrée la conservation d’une flore insulaire, à une épo- que où ailleurs se développait déjà une flore submaritime. Les trois périodes de végétation sont caractérisées par le rapport numérique des plantes des diverses familles. La végé- tation insulaire commence avec le sol intermédiaire , et est for- mée pour plus de moitié par des fougères; en outre les Lepidoden- drons , les Sigillaires, les Rotulaires et les Annulaires, la carac- térisent, et ont été enfouis, par suite de bouleversemens pluto- niques , dans les grèsliouiller et rouge. Les Cycadées seraient le type de la seconde période, dans laquelle disparaissent les gen- res précédens, tandis que, dans la troisième période, les plantes du terrain jurassique et crayeux, en particulier les Fucoïdes, établissent mie espèce de période de passage pendant laquelle les Dicotylédons prennent toujours plus le dessus. D’un autre côté, depuis le keuper, les formations de delta et les submer- sions de certaines parties du sol , tantôt sous l’eau douce, tan- tôt sous l’eau salée, viennent embarrasser autant le botaniste paléontbographe que le conchiliologue. Si telles sont les limites que la botanique permet d’établir , elles sont bien difficiles à fixer par la géologie ; à cet égard , M. Sternberg observe que le grès rouge, faisant partie de la première époque, offre des troncs de Palmiers, de Calamites et peut-être de Cycadées, et qu’il y a des fougères dans le schiste à poissons duzechsîein. Il est probable que les Cycadées dispa- raissent , et que les feuilles de Dicotylédons commencent à se montrer entre la fin de la formation jurassique et celle du grès vert , tandis que les Chamœrops existent encore dans les lignites tertiaires récens. Après ces observations , M. Sternberg analyse brièvement l’exposé théorique de M. Adolphe Brongniart , sur les végéta- tions anciennes. Sa première période correspond assez bien avec celle de ce dernier savant, mais il rejette la période végétative établie sur la flore du grès bigarré, parce qu’il la trouve fon- dée sur une flore trop locale , et il donne à cet égard des détails comparatifs sur la distribution actuelle des végétaux. D’après des découvertes récentes , faites dans le keuper et le muscheikalk, M. Haussmann est arrivé à la même conclusion, et l’identité des plantes fossiles l’engage à comprendre dans la seconde période le grès bigarré , le muscheikalk et le keu- per; ôr, cette manière de voir serait tout-à-fait conforme aux idées des géologues ^ puisque, vu sur une grande échelle, le muscheikalk se subordonne tout-à-fait à ces deux masses are- RÉSUMÉ DES PROGRÈS 47s nacées. Le lias 7 dépôt accidentel de quelques parties de l’Eu- rope, offrirait un de ces passages d’une végétation à l’autre. Il est presque inutile de revenir sur la dénomination de for- mation pélagique et sans plantes terrestres, queM. Ad. Bron- gniart a cru devoir donner au zechstein, au musclielkalk et à la craie; la science fait tous les jours des progrès, et maintenant il a été établi , par M. Brongniart lui-même , et par d’autres , que les végétaux terrestres ne sont étrangers à aucune de ces formations, et qu’elles abondent surtout dans le grès vert. Sous ce dernier rapport, les indications de feuilles de Dicotyiédons, dans le grès crayeux de Schona en Saxe, de Tetschcn en Bohême, etc. , méritent toute Inattention des botanistes pour bien s’assurer de la réalité du fait; car certaines feuilles de cryptogames vasculaires ressemblent étonnament à des feuilles de Dicotyiédons. D'un autre part, M. Sternberg partage tout-à-fait l’idée de M. Brongniart etla mienne, que jadis la température était ultra- tropicale , sans examiner si cela provenait du refroidissement moins avancé de la croûte du globe , ou de plus de chaleur émise par notre soleil , comme l’ont voulu supposer certains astronomes, par suite de l’observation des taches du soleil et de leurs modifications. Un autre point important admis par M. Sternberg, c’est la position des troncs verticaux dans leur sol originaire, idée que je suis loin de généraliser autant que lui , quoiqu’elle soit admissible pour certaines localités. M. Sternberg signale de nouveau que, depuis la publica- tion du prodrome de M. Brongniart, la présence des Dicotylé- dons dans le dépôt houiller, et même j’ajouterai dans le terrain carbonifère , a été rendue certaine par les publications de MM. Witham , Nicol, Lindlev, Hutton et Cotta. Les Conifè- res , comme les Fougères, se seraient perpétués sous différentes formes depuis les temps les plus anciens jusqu’à nous. Sous ce rapport , il serait important , si M. Girou de Buza- reingues peut vraiment établir que la limite qui sépare des Monocotylédons des Dicotyiédons ne forme pas une solution réelle dans la chaîne des plantes , et qu’elle a pu être aisément franchie par d’insensibles perfectionnemens dans les organes des végétaux. On sait que l’Académie des sciences de Paris a proposé, pour i835, un prix pour la question de savoir s’il existe dans l’accroissement des Acotylédones et desMonocoty- iédones autant de différence qu’on le croit. M. Sternberg revient aussi sur la question de la formation DÈS SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855 . /j^g des houilles, et persiste avec M. Voltz, et d’autres géolo* gués , à ne pas y voir des restes de tourbières, mais des dépôts littoraux, ou de delta, ou bien çà et là des produits de débâ- cles , peut-être en rapport avec la périodicité des phénomènes métérologiques des saisons de ces âges reculés. A ce sujet, il serait bien essentiel de vérifier si l’ Algacites ou le Fucoïdes acuUis du terrain houiiler de Wettin, et le Cciulerpites Bronnii du même dépôt de Birkenfeld sont bien véritablement des algues marines. Enfin , M. S. s’abstient de se prononcer sur l’hypothèse de MM. Parrot et Brongniart relativement à la plus grande quantité d’acide carbonique dans l’atmosphère du monde pri- mordial. On sait que M. Parrot y ajoute encore la présence de l’acide fluorique gazeux. Cette hypothèse ingénieuse rentrerait tout-à-fait dans celle de ces géologues qui, tels que M. Boubée, supposent au globe, lors des premiers périodes de refroidissement, une atmosphère non seulement beaucoup plus étendue, mais encore plus dense, soit à cause d’une masse prodigieuse de vapeurs aqueuses , soit par suite du mélange de beaucoup de substances voîatilisa- bles. Or, dans cette idée développée par M. Boubée , l’air au- rait exercé d’abord une pression infiniment plus grande , et aurait fourni de plus matière à certaines combinaisons; ce se- rait donc un élément à faire entrer dans ^explication de l’ori- gine des premiers dépôts de la croûte terrestre. Faisant ensuite ressortir toute l'excellence du travail de M. Brongniart, M. S. parle des services que la botanique fossile a à attendre pour les classes inférieures d’une comparaison mi- nutieuse des organes de végétation et de fructification, et pour les classes supérieures de l’observation de la structure intérieure, ou des impressions des formes extérieures. A ce dernier égard , l’étude des vaisseaux nutritifs, et de leur position déterminant la forme des organes, est plus importante que celle du parenchvne qui les entoure. Pour les feuilles , la distribution des nervures a fourni à M. Brongniart dfimportantes distinctions. Quant aux fruits, l’extérieur et leur pédicule doivent servir de carac- tères au défaut des particularités de l'intérieur, qui sont pres- que toujours effacées dans les pétrifications. Sous tous ces rapports de comparaison avec les plantes vivan- tes, M. Sternberg déplorel’état peu avancé dans lequel se trouve encore la botanique proprement dite. Il proposerait de con- server les noms des genres botaniques aux espèces fossiles ap- partenant décidément à des genres encore existans, et de n’ap- RÉSUMÉ des progrès 480 pliquer la terminaison en ite qu’aux genres fossiles non entiè renient identifiés avec ceux qui existent encore. M. S. recommande aussi de comparer la distribution géogra- phique des plantes vivantes avec celle des plantes aux diffé- rentes périodes géologiques , afin d’en tirer des déductions cli- matériques. En continuant à rendre compte des détails botaniques de l’ouvrage de M. Brongniart, M. Sternberg oppose à l’assertion que les agates herborisées ne sont que des infiltrations fer- rugineuses ou d’autres matières , l'opinion de MM. Agardh et Raspail. M. Agardh possède deux agates renfermant des parties déplantés, et dans l’une d’elles est un fragment de varec. Quant a M. Raspail, il a cru découvrir uneBangia atrovirens (Lvnbye) dans les figures de M. Brongniart , et il s’explique la déforma- tion des conferves par la compression et l’action des acides. M. Sternberg ne croit devoir admettre pour les plantes fos- siles que deux divisions , dont la première comprendrait les plantes cellulaires avec exclusion des Mousses rejetées dans l’autre près des Characées , la seconde classe serait celle des plantes vasculaires cryptogames et phanérogames, monocoty- lédones et dicotylédones. Enfin, il n’admet pas avec MM. Brongniart et Rhode que la croûte extérieure carbonacée des végétaux fossiles fasse par- tie de ces plantes. Il voudrait la comparer à ces enduits char- bonneux, que M. de Humboldt a observés sous l’équateur sur des troncs de Cvathées et Méniscies. A cet égard , il distingue ces enduits en quatre classes , sa- voir : les enveloppes de houille grasse; dans ce cas , les troncs fossiles adhèrent si complètement qu’on ne peut les sortir sans altérer un peu leur structure; 2° les enveloppes de houille sè- che, ou croûtes charbonneuses translucides; 3° les enveloppes de houille mêlée d’anthracite autour de petits troncs, et sou- vent seulement de faibles enduits; enfin, les enveloppes d’an- thracite pulvérulente. Quant aux plantes fossiles décrites et figurées par M. le comte Sternberg, ses nouvelles espèces se trouvent intercalées au milieu de beaucoup d’autres déjà décrites par lui ou d’au- tres auteurs. Ainsi, dans ses Algacites, son sous-ordre des Con- Jervoïdites ne renferme que 3 espèces de M. Brongniart ; 2 espèces de M. de Schlotheim, et une de M. Jaeger. Dans son sous-ordre des Ulvoidites , il décrit au contraire deux Codites nouveaux ( C. serpentinus et crassipes ), et dans les Caulerpi- tes [Fucoides de M. Brongniart), on remarque 26 espèces, DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. dont environ 1 8 sont nouvelles , savoir : C. pteroïdes , Schlot - heimiie t spiciformis du schiste cuivreux du Mansfeld; C.py- ramïdalis et candelabrum du grès viennois; C. colubrinus , sertularia , elegans, laxus, princeps du calcaire de Solenho- fen ; C . tludcefonnis , expansus , Bucklandianus du schiste de Stonesfield; C.fastigiatus de îa craie; C. Bronnii du terrain houiller, observation curieuse, et méritant un examen atten- tif; C. preslianus et heterophyllus du calcaire du Vicentin , et C 1 JUifortnis de la molasse de Carinthie. Son troisième sous-ordre des Algacites porte le nom de Flo- ridotes; il se compose d’un certain nombre de Fucoïdes de M. Brongniart, et de pétrifications de Solenhofen , etc., qui ont été classées quelquefois dans les zoophytes , telles que Y Achilleum dubium de Goldfuss, qui est le Ralymenites Goldfussii de notre auteur. Ce sous-ordre comprendrait, i° les Rodomelites^Syn. Fu- coïdes strictus , Brongniart ) ; 2° Les Chondrites avec 12 espèces , dont une seule est nou- velle, savoir : le Ch. taxas de Solenhofen ; 3° Les Sphœrococcites avec 7 espèces , dont 3 sont nou- velles, savoir : S. ciliatus de Solenhofen , et S. af finis et incli- na tus du grès viennois; 4° Les Halmenites avec i3 espèces, dont g sont nouvelles, sa- voir : Tl. vermiculatus , cactformis, varias , subariiculatus , secundus , Schnitzleinii , cernuus7 Goldfussii , concatenatus , toutes du calcaire lithographique de Solenhofen ; 5° Les Baliosticïius (j B. ornatus du même lieu); B° Le Munsteria avec 6 espèces , dont une seule était con- nue, savoir : ( M. vennicularis et lacunosa de Solenhofen, M. Hoessii, flagellaris et geniculata du grès viennois; 70 Le Delesserites avec 7 espèces de Bolca, dont 2 sont nou- velles, savoir : D. ovatus et pinnatifidus. Son quatrième sous-ordre des Fuco'ïdites est composé des Encoelites ( E . Mertensii de Solenhofen ; 2° Des Haliserites ( H, dichotoma du grès vert) ; 3° Des Zonarites {Fucoïdes flabellaris , digitatus et mal- tifidus de Brongniart), dont le second provient du schiste cui- vreux du Mansfeld, et les autres de Bolca; 4° Des Laminarites ( L . tuberculosus , Brongniart, du grès vert, et L. crispa du keuper); 5° Des Cy stoseirites , savoir : C. Parts chii elfrfiformis du grès carpathique ; C . nutans de Solenhofen , et C . taxiformis et dubias de lignite de Hering en T y roi ; Soc. géol. Tom, V. 3 1 RÉSUMÉ DES PROGRES 482 6° Des Sargassites , savoir : 5 espèces, dont 2 sont nouvelles,, savoir: S. RosChormï de Carinthie , eLglobiferdo. Bolca; enfin, 3 Algacitcs douteuses, savoir : A . erucœformis et intertexius du calcaire de Solenhofen , et acutus du terrain houiller. Qaand aux Muscoïdites ou Muscites , il n’en cite que 4 espèces, savoir : M . Tournalii , Brongniart, Stoltzii du lignite tertiaire de Bilin en Bohême ,falcatus du terrain secondaire moyen d’ An gle terre, et squamatus de L011 gj umeau .M.S lernberg ajoute qu’il a plusieurs espèces de Jungermannes dans les mor- ceaux d’ambre delà collection du docteur Behrendt à Dantzig, et M. Procaccini-Ricci figure peut-être des mousses dans son ouvrage intitulé : Qsservazionï salle gessaje del terrilorio sinigagliese ( Rome , 1 828 ). Dans son Introduction auxEquisetaeées , M. S. nous apprend que M. le comte Munster a découvert un Equisetum fossile en fleur, de manière que ce rapprochement entre les végétaux vi- vans et fossiles est établi positivement; néanmoins , ce qu’on appelle Equisetacées dans la flore primitive, comprend pro- bablement plusieurs genres, qu’on ne peut mieux distinguer faute d’avoir la fructification. Les Equisetacées se distinguent bien des Calamites, comme M. Brongniart Fa établi. Quanta ces dernières plantes, très voisines des Equisetacées , M. Stern- berg diffère d’opinion avec M. Brongniart, en deux points : d’abord l’extrémité arrondie des Calamites est , pour ce der- nier, le rliizoma, et l’extrémité pointue la partie supérieure; M. Sternberg allègue ses raisons pour penser tout le con- traire. Puis, n’admettant pas, comme M. Brongniart, que l’enveloppe extérieure charbonneuse des plantes est leur épi- derme, il donne beaucoup plus de valeur aux tubercules de la surface extérieure, sur lesquelles passe cette enveloppe. En conséquence de ces divergences d’opinion , sa définition des Equisetacées est différente de celle donnée par M. Brongniart. M. St. énumère onze espèces à’Equisetites , dont trois sont nouvelles, savoir : E. Munsteri , conicus du Keuper, et E. mi- rabilis du terrain houiller. Ses Calamites comprennent trente espèces, dont deux sont nouvelles, savoir : C . varians et verrucosus du terrain houil- ler, et dont plusieurs donnent malheureusement lieu à une synonymie embrouillée , ainsi le E elongatus (St.) est le C. re/notas (Brong.), etM.St. a aussi un C. remotus; le C. œqualis (St.) est le C. Suckowii (Bg. ); le C. Lindleji (St.) est le €• Moageotii de Lindley , et non pas le C . Mougeotïi de MM, Sternberg et Brongniart. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN l855. 483 M. Sternberg a conservé son genre Volkmannia , classé , par M. Lindley , clans les Àsterophillites , parce qu'il trouve également difficile le classement de l’un ou de l'autre genre de ces plantes. Il en énumère quatre espèces des houillères de la Bohême, savoir: F, distachia , arbores cens , polystachya et gracilis , Les fougères sont presque les seules plantes fossiles dont on puisse bien définir Tordre et le genre. M. Sternberg reproche à notre savant confrère, M. Brongniart, de distinguer, dans les feuilles de fougères , un rachis applati ; M. Sternberg prétend que ce n’est qu’un accident de la pression qu’on peut produire sur toutes les plantes vivantes. Ensuite il avertit que dans ses phrases caractéristiques des espèces, il a cru plus clas- sique de se servir du mot frons au lieu de celui de folium . M. St. énumère les fougères suivantes : i°2 espèces de Pa- chypteris. 9° 44 Splienopteris , dont 4 provenant du terrain houiller, sont nouvelles, savoir: S. meifolia y a cuti lob a ? irregularis, bo~ tryoïdes (Syn. Pecopleris venusta). Le S. stricta (St.) n’est pas celui de M. Brongniart, qui reçoit de M. Sternberg le nom de S . Brongniarti . 3° 19. Cyclopteris , dont le C. digitata de Lindley devient le C. Huttoni de M. Sternberg. 4° 4- espèces de Glossopteris déjà décrites. 5° 38 Neuropteris 3 dont deux sont nouvelles, savoir : N. al - pina du sol secondaire moyen de Savoie et de Styrie , et bi - striata des lignites tertiaires de Bohême, dernier accident assez peu commun jusqu’ici. Quatre espèces ont une synonymie em- barrassante- ainsi les N. heterophylla et crenulata de M. Bron- gniart sont le N. Brongniarti et s errata de M. Sternberg, et les N . Loshii et Soreluda M. Lindley sont les N. Lindley a~ na et thymifolia de M. Sternberg. 6° 1 1 Odontopteris , dont trois, portant les noms O. digitata, imdulata etfoliata, et provenant desoolites du Yorkshire, sont classées, il me semble, plus rationnellement par M. Brongniart, dans lesCycadées. Si je me permets cette remarque dans mon analyse de l’ouvrage de M. Sternberg, si j’ai parlé des diver- gences d’opinion entre ce savant et M. Brongniart, je ne l'ai fait que comme rapporteur , laissant aux botanistes à peser le mérite relatif des deux coryphées de la botanique fossile, et à réduire à leur juste valeur les objections qu’ils se font mutuel- lement. 484 RÉSUMÉ DES PROGRES § I. Troncs de végétaux fossiles . M. Fréd. G. Luke a fait des remarques sur la décomposition des troncs des plantes succulentes , et a comparé leurs divers états aux aspects de divers troncs fossiles , afin qu’on ne multi- plie pas inutilement les espèces fossiles ( Mag . of nat . hïst., J j 834 ? P- 32). M. B. Cotta a trouvé de nouveaux échantillons de troncs de Rhytidolepis qui prouvent que les impressions observées à l’intérieur font partie de la plante, ce qui rend probable que la Medulosa stellata n’est qu’un Rhytidolepis . Parmi les mé- duloses, il ne voudrait rapprocher des Cycadées que les Medullosa elegans et porosa ( N ., Jalirb Minéral , i833, cah. 4, p. 4i7*)* M. de Gutbier décrira et figurera les impressions de plantes du terrain houiller et de grès secondaire des environs de Zwickau en Saxe, dont il prépare une description géognos- tique. M. William Nicol a découvert un mode de préparation des bois fossiles y qui facilite beaucoup leur examen, au moyen du mi- croscope) maintenant il cherche à augmenter nos connaissances en botanique fossile , par la comparaison soigneuse des bois de certains arbres avec les troncs, qui se trouvent enfouis dans la. terre. Son Mémoire récent sur la structure desConifères vivans et fossiles fournit les preuves de l’utilité de ces comparaisons. La coupe transversale de la plupart des bois de Conifères , sous tous les climats, présente des couches annuelles distinctes, et leur épaisseur augmente de la circonférence au centre. Dans certaines espèces , telles que le P inus larix, etc., l’épaisseur de quelques couches est toujours plus grande d’un côté que de l’autre. Les couches annuelles des Conifères sont séparées les unes des autres par des lignes distinctes , c’est le cas dans les véritables pins, les Taxas , les Juniperus , les Cvpresses et les Thuyas; mais ces séparations n’existent pas dans les Araucaires, du moins dans les quatre espèces examinées par M. ATicol. Un autre caractère , qui distingue encore ce dernier genre, c’est le manque de ténacité des séparations concentriques. Des coupes transversales des différens bois de Conifères pré- sentent des textures fort différentes , à mailles plus ou moins serrées. Les coupes longitudinales donnent des résultats non moins curieux , que l’auteur décrit avec soin et rend intelligi- bles au moyen de figures. Après cela il aborde l’examen des Conifères fossiles qui ont ou qui n’ont pas de couches an- DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 8 3 5 . 4$5 nuelîes; ceux à couches annuelles sont plus fïéquens que les autres, mais ces derniers ont été reconnus dans un plus grand nombre de lieux, par exemple dans le lias de Whitby , les houillères de Newcastle, à Edimbourg, etc. Près de cette dernière capitale, on a découvert, en octo- bre i833, un tronc incliné de 33°, qu’on a déjà mis à dé- couvert sur 4 pieds de hauteur, Une coupe transversale dans la partie la plus épaisse a donné une surface de 20 pouces carrés. La texture des conifères y est fort reconnais- sable , excepté dans les parties situées à l’extrémité oîi les vais- seaux sont oblitères ou tordus. Longitudinalement, on y a dé- couvert des rangées doubles, triples et quadruples de disques. Les séparations présentent des traces d’expansion telles qu’on l’observe dans les Araucaires, et ce tronc ressemble beaucoup à l’espèce del’Àraucaire de la baie de Moreton. Dans le bois fossile de Whitby, il n’y a point de traces de disques dans les coupes longitudinales; dans un autre échan- tillon de la même localité, M. Nicol n’a pas observé distincte- ment de couches concentriques annuelles , mais une texture réticulée, semblable à celle des Conifères, et quelques indices discoïdes sur la coupe longitudinale. Ces dernières parties n’é- tant pas distribuées également, M. Nicol met les botanistes-géo- logues en garde contre l’erreur possible de constituer deux genres avec le même échantillon; ainsi , par exemple , dans ce cas, on pourrait en faire un Pence et un Pitusy ou un Finîtes , ou même un Anabatlirci de Witham. Un troisième échantillon de bois fossile de Whitby lui a offert la forme et l’arrangement des disques dans les Arau- caires et les couches annuelles des Conifères vivans. Jusqu’ici le lias de Whitby a présenté trois Conifères distincts, l’un sili- ceux , et ressemblant aux Araucaires , et sans couches an- nuelles , l’autre semblable aux Pins par les couches annuelles et l’arrangement des parties discoïdes , et le troisième se rap- prochant des Pins par ses couches annuelles, mais s’en distin- guant par des disques polygones placés sur deux rangées, les disques de l’une rangée alternant avec ceux de l’autre. M. Nicol reproche à M. Witham de négliger ces distinctions , et de réunir tous ces bois dans son genre hétérogène, qu’il nomme Pence. M. Nicol décrit aussi un tronc de Conifère trouvé au milieu des débris des rétinitcs prismées de l’île d’Eigg (Hébrides). Ce Conifère n’a pas de couches annuelles, circonstance qui ne l’éloi- gne pas cependant des Conifères du terrain houiller, témoin 486 RÉSUMÉ DES PROGRÈS certains échantillons des houillères de la Nouvelle-Hollande. M. Jameson a des troncs fossiles du terrain houiller ancien de la Nouvelle-Ecosse , en Amérique , dans lesquels on re- trouve tous les caractères des Pins existant encore aux Etats- Unis. M. Nicol conclut que tous les troncs fossiles à structure li- gneuse, dans les houillères anciennes et le lias, sont de la classe des Conifères, et qu’à une exception près, ceux du sol tertiaire sont monocotylédons ou dicotylédons. Ainsi il n’a pu reconnaître aucun Conifère dans les bois d’Antigue, qui sont ter- tiaires, siliceux, dicotylédons ou monocotylédons; ceux de Java lui ont paru dicotylédons, et l’exception à la règle se trouve x dans l’île de Sheppev (Kent), où il a trouvé une espèce de Co- nifère ( Edinh N., phil. janv. i834). M. Nicol vient de présenter des observations additionnelles, ayant eu à sa disposition des fragmens d’Araucaries, du Dam- mara australis , de Callilris et du Pinus lanceolata . Il figure des coupes de Y Araucaria excelsa ; il a remarqué que la struc- ture intérieure du bois du Dammara australis ne peut pas être distinguée de celle de Y Araucaria, tandis que la structure du Pinus lanceolata en diffère essentiellement, quoique cet arbre ressemble beaucoup, par son port et ses feuilles , aux Àraucai- res. Quoique 1 e Salisburia adiantifolia ne soit pas classé parmi les conifères par les botanistes, néanmoins son bois offre la même structure que celle de ces derniers. L’existence des disques hexagonaux réguliers dans les Conifères vivans montre le peu de convenance de séparer de ce genre des espèces fos- siles qui ont ces caractères. Dans les véritables Pins, les Jum - pénis , les Thuya et lesCypresses, les disques sont toujours cir- culaires, et dans les Araucaires ils sont tantôt circulaires, tan- tôt polygones {Edinh., N-, phil., avril 1 834 ? P* 3 1 4- )- M. Witham a publié, en 1 83 1 , des Observations microscopi- ques faites sur les végétaux ou troncs fossiles, d’après la mé- thode de M. Nicol ( Qbs . on fossil vegetahles . Edimb., in-4°? à 6 pL). Depuis lors , il a inséré des Mémoires sur le même sujet dans les Transactions de la Société royale d’Edimbourg et de la Société d’histoire naturelle de Newcastle. Ce sont toutes ces observations, jointes à celles qu’il a faites depuis lors, qui com- posent son nouvel ouvrage intitulé : Description et représen- tation de la structure intérieure des végétaux fossiles trouvés dans les dépôts carbonifères et oolitiques de la Grande-Bre- tagne {The internai structure oj fossils vegetahles, etc. Edimb., i833, in 4°, à 16 pl.). DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855 . 4^7 Après avoir remercié publiquement M. Macgillivray pour la confection des dessins et des descriptions botaniques (p. 4)? il communique ses remarques sur les restes de végétaux trouvés dans les différentes couches, depuis le grès pourpré intermé- diaire ( oldrtcl ) jusqu'à la craie. Tl admet que la végétation , à l’époque du calcaire carboni- fère et du terrain houiller en Ecosse, n'était pas si simple qu'on le supposait mais qu'elle était au contraire aussi compliquée que les plantes phanérogames actuelles; ce qui renverse, dit- il , la doctrine du développement progressif des formes végé- tales et animales du plus simple au plus compliqué. Les arbres, à ces époques éloignées, avaient un tissu ligneux et cellulaire qui différait entièrement de celui des plantes cryptogames vasculaires, tels que les Equisétacées , les Lvcopodiacées et les Fougères. Plusieurs végétaux fossiles de cette période appar- tiennent aux Conifères ou à une famille très voisine, ce qui est contradictoire à l'opinion des géologues , qui ne voulaient y voir que des cryptogames vasculaires. M. W. admet qu’il existait alors des Equisétacées de io pieds de hauteur, des Monocotylédons et des Fougères de 5o à ôo pieds, et des Lvcopodiacées de 60 à 70 pieds; mais il y avait en même temps des espèces de Conifères à texture ligneuse et d’une élévation égale aux végétaux précédens. Cependant, du moins d’après les observations recueillies jusqu’ici , les cryptogames vasculaires prédominaient essentiellement ; et dans la partie inférieure du terrain houiller, il y a en particulier beaucoup de plantes phanérogames gymnospermes, ou des arbres analogues. Tl a reconnu des débris de Conifères de l\o à 5o pieds de hau- teur dans le grès houiller de Craigleith, à Edimbourg; à Lennel- Braes et Allenbank, dans le Berwickshire; à Tweed-Will, près de Newcastle, et à XJshaw* College, à l’ouest de Durham. A la mine de Jarrow, sur le Tvne, on a découvert de jeunes bour- geons du genre P inus , que M. Ad. Brongniart appelle Lepi - doslrobus ornatus . Les Conifères des grès houiliers d’Edimbourg et de New- castle, etc., diffèrent des véritables conifères, et ont une grande ressemblance avec de véritables dicotylédons , sur- tout dans leurs coupes longitudinales. Il fait la remarque cu- rieuse , que les restes des cryptogames , et en particulier des fougèi’es , sont fort rares dans le bassin houiller du Lothian , en Ecosse , où il y a cependant trente-trois lits de houille ; et il en est de même pour la partie inférieure des houillères de 488 RÉSUMÉ DES PROGRES F Angleterre septentrionale. Il pense que la distribution géo- graphique des plantes de l’ancien monde peut expliquer Fa- bon dance des fougères à Newcastle, en opposition à la quantité des troncs de phanérogames en Ecosse. En Ecosse, les houilles se sont formées dans des lacs inté- rieurs par les charriages de végétaux arrachés aux forêts exis- tant sur les hauteurs , et par conséquent composées surtout de Conifères, tandis que les houillères du N.-E. de l’Angleterre n’étant pas entourées de hautes montagnes, n’ont pu être ali- mentées, en grande partie, que par les cryptogames vasculaires végétant dans des marécages. IFest conduit par ces observations à soupçonner que Je jayet dérive de végétaux dicotylédons , de Conifères, ou de plantes d’une structure très voisine, tandis que le cannelcoal a le tissu cellulaire des plantes vasculaires. Quant à la houille schisteuse et fibreuse du calcaire métallifère, elle contient des traces non équivoques d’une structure ressemblant beaucoup aux coni- fères; ce qui metjiors de doute l’existence des phanérogames à cette époque, reculée. Ce sont probablement des masses de plantes cryptogames, vasculaires et cellulaires, mêlées avec des arbres phanérogames gymnospermes , ou d’autres d’une struc- ture très analogue. M.W. donne des figures de ces végétaux dé- couverts dans la houille , et forme avec F un d’eux un Finîtes carbonaceus . Depuis le calcaire magnésien jusqu’au keuper, on n’a dé- couvert surtout que des cryptogames agames et vasculaires, tels que des Fucoïdes, des Equisétacées, des Lycopodiacées, des Fougères; et dans les couches oolitiques il y a des Cy- cadées, des Fougères, dès Equisétacées et des Conifères. Dans tous les troncs du Yorkshire et d’autres parties ooliti- ques d’Angleterre, il iFa reconnu jusqu’ici qu’un véritable arbre di cotylédon ; tous les autres appartiennent aux phané- rogames gymnospermes. Le jayet de Bovey et les ligniies du Rhin n’offrent que des bois dicotylédons ou à couches concentriques. Dans un second chapitre, M. Witham donne les caractères distinctifs des différentes familles de plantes en général et des Conifères en particulier, en profitant du Mémoire sur l’orga- nisation des plantes, par M. le docteur Kieser, et en exposant les caractères des six classes adoptées par M. Ad. Brongniart , savoir : les agames (Lichens, etc.), les cryptogames cellulaires (Mousses, etc.), les cryptogames vasculaires (Equisétacées, etc.), fes phanérogames gymnospermes (Cycadées et Conifères), les DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1855, 4^9 phanérogames monocotylédons ( Graminées , etc.), et les pha- nérogames dicotylédons. M. W. ne trouve à décrire que des plantes de la troisième et de la quatrième classe, et il observe que leur structure inté- rieure est remplacée souvent par une matière carbonacéeet du sable, ou bien il y a au moins des infiltrations calcaires ou sili- ceuses, dont la cristallisation a dérangé le tissu originaire. Après cela, il donne Implication de deux planches consa- crées à présenter la structure intérieure de plantes vivantes appartenant aux phanérogames gymnospermes et aux phané- rogames, tant monocotylédons que dicotylédons. Un troisième chapitre est consacré aux troncs fossiles décou- verts dans les couches carbonifères. Celui de Lennel-Braes , dans le Berwicksliire , présente l’apparence d’un cylindre mé- dullaire de 2 pouces de diamètre , autour duquel il y a une zone ligneuse semblable à celle des Conifères , mais avec des rayons médullaires plus ou moins ondulés; il y a aussi une ap- parence de lignes concentriques. C’est donc douteux que ce soit un Conifère véritable; il lui donne le nom de Fi tus antiqua . Ensuite il décrit en détail les troncs de Craig-Leith , situés dans urugrès sous le terrain houiller, soit par rapport à leur position et leur état de pétrification, soit par rapport aux carac- tères de leurs coupes transversales et longitudinales. M.Withâm conclut que l’un d’eux est le reste d’un dicotylédon ou d’une plante phanérogame gymnosperme, tandis que deux autres présentent la structure des conifères; ce sont les Pinites FFit- hami et medullaris de MM. Lindley et Hutton. L’analyse donne pour ces troncs une composition différente de celle des roches qui les contiennent , ce qui a lieu aussi dans ceux du calcaire de montagne, où les troncs, dans les grès, renferment plus de parties calcaires que cette dernière roche, tandis que la silice prédomine dans les troncs des grès houillers. Quant aux végétaux fossiles de Tweed-Mil! , sur la Tweed ? leur examen et les dessins de leurs coupes longitudinales et transversales portent M. Witham a les classer sous le nom P. primœva, dans le genre Pitus , qui ne serait presque qu’une section des Pinites. .Le fossile d’Allenbank lui paraît, nécessiter l’établissement d’un nouveau genre Anabathra, à cause des lignes transversales des cellules alongées. Le tronc a une moelle; entre elle et la surface , il y a des fibres ligneuses, comme dans les Conifères , mais sans cercles concentriques , et avec quelques rayons mé- dullaires. Il appelle l’espèce A. pulcherrima . RÉSUMÉ DES PROGRES 490 Près de Gosforth, sur la Tyne , le terrain houiller a offert un tronc de 72 pieds de longueur; c’est le Pinites Brandlingi de MM. Lindley et Hutton ; taudis que le tronc fossile d’Ushaw forme leur Peuce Withami , M. Witham décrit et figure en- core , sous le nom de Pinites ambiguus , un grand tronc de 3o pieds de long , trouvé à Gateshead , dans le comté de Durham. Il termine ce chapitre par la description du Lepi - dodendron I£ arc ourdi ^ dont j’ai déjà parlé {Voyez Bull. Vol, 5; p. 474)- La quatrième section de son ouvrage est la description des troncs fossiles- du lias et des oolites; il commence par rappeler que les dépôts plus anciens 11e présentent pas d’espèces de Conifères ressemblant exactement à celles qui existent actuel- lement. Il se félicite d’avoir découvert de Véritables pins dans les couches de Whitby, et il y distingue déjà trois espèces de Peuce , dont l’une porte le nom de P. Lindleiana, et l’ autre . celui de P, Huttoniana. Enfin , il décrit, dans les ooli tes des Hébrides , un Peuce Eggensis. L’ouvrage se termine par la récapitulation des espèces dé- crites , avec une courte phrase caractéristique , et l’indication des figures nombreuses de cet intéressant essai. Les troncs fi- gurés présentant dans leurs couches concentriques la même irrégularité que nos arbres actuels , les uns étant çà et là plus épais , d’autres plus minces , M. Witham en voudrait déduire qu’il y avait alors des étés aussi irréguliers que les nôtres ; remarque qui ne s’applique, du reste, qu’aux végétaux du lias et des oolites. Les conifères des houillères et du calcaire de montagne of- frent peu de traces de lignes de séparation des couches annuelles; ce qui est encore le cas pour les arbres des régions tropicales. Ainsi , il est possible qu’à ces époques les changemens de sai- sons n’étaient pas considérables, quant à la température. Les cellules des conifères fossiles étant plus grandes que celles des arbres actuels, cela ne suffit pas pour indiquer une vigueur végétative plus grande qu’à présent, puisque nous avons dans les contrées froides des deux mondes des arbres plus grands que ceux décrits dans l’état fossile. § m. Description d9 espèces de plantes fossiles. J’ai encore à citer quelques additions isolées faites à la connaissance des végétaux fossiles; mais ce sont malheureu- sement des indications moins précises que les précédentes, ce DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 853. 49 * qui provient, soit de la mauvaise conservation des échantillons, soit du manque de points suffisans de comparaison. M. le docteur Fitton alu, ie6 novembre i833, à la Société géo- logique de Londres, une notice sur les couches secondaires mises à nu dans une coupe de St- Léonard à Hastings. Il Y a reconnu un nouveau végétal, Y Endogenites erosa , qui n’a encore été trou- vée que dans le S.-0. de l'Angleterre. Il en a examiné des tran- ches polies longitudinales et transversales. Le tronc est cou- vert d’une matière carbonacée ; les tubes ou vaisseaux con- tiennent des cristaux de quarz , et il y a des fentes remplies de spath calcaire blanc (. Athenœum , n° 3 1 5, 9 novembre , p. 754)'. MM. Germar et Kaulfuss ont indiqué et représenté quel- ques plantes fossiles des houillères de Wettin, dans la Saxe prussienne , savoir : Sphenopteris geniculata , Calamites , alternans , Rotularia oblongifolia et dichotoma , Filicites , conchaceus , et un Fuco'ides acutus ( V erhandl. d. Leop . Ca~ Acad . , vol. XVI, part. 1 , pl. 6 et 7 ). La présence des Fucoïdes dans les houillères anciennes est aussi mentionnée par M. Sternberg; mais c’est jusqu’ici un cas bien rare, et les feuilles de certaines fougères ressemblent tel- lement à celles des varecs, qu’on ne saurait mettre trop de précaution dans ces sortes de déterminations, ainsi que dans l’admission du fait, avant qu’il soit vérifié par différens ob- servateurs M. Zenker a décrit et figuré un Galium spkenophylloides trouvé dans des couches houillères de Zittau, et n’ayant l’air que de présenter les caractères des Àstérophyllites de M. Ad. Brongniart ( 2V . Jahrb f. Min . Geog. , i833 , cah. 4 ? P* 3g8). Les graines d’une plante , peut-être de la famille des renon- cuiacées, ont été nommées par le même savant Folliculites Kaltennordheimensis , parce qu’ elles se trouvent dans le lignite tertiaire de Kalten-Xordlieim, près d’Eisenach en Saxe ; elles sont associées avec des poissons du genre Leuciscus e t voisin du Cyprinus Papyraceus ( N . Jahrb. f Min i833, cah. 2 , p. 178). M. le docteur A. C. Berger a décrit et figuré les fossiles dé- couverts jusqu’ici dans le keuper des environs de Cobourg T et pour compléter leur énumération, il a obtenu du gouverne- ment un ordre de remettre au musée de Cobourg toutes les impressions qu’on trouvera désormais (1). (1) Malheureusement l’expérience a prouvé à Soleure et ail- 492 RÉSU3IÉ DES PROGRÈS Il a trouvé dans le keuper Y Equisetum columnare de Bron- gniart, et arenaceus B. 9 Licopodites phlegmarioïdes , St. et Br. , des morceaux eu apparence de bois , des portions de fougères et de feuilles. Quant aux coquilles, il y en a fort peu , et certaines bival- ves pourraient être des Posidonies, et il y a aussi rarement des coquilles turbinées dans certaines couches. Dans le grès inférieur du lias, il signale des restes de dicoty- lédons , savoir : des feuilles qui auraient quelque ressemblance avec celles du châtaignier. H leur donne le nom de Iuglandiles castanœfolius , quoiqu'il leur reconnaisse quelques points de rapport avec des feuiiles de la Scanie, classées par M. Bron- gniart dans les fougères- Une autre impression qui est dans le même cas forme son Quercites lobatus ; une troisième son Çycadites alatus -, une quatrième son Cp cadites pectinatus ) une cinquième son Odon - topteris cycadeusy ayant des rapports avec le Pecopteris Reglei, Br.; une sixième son Pecopteris rosœfolia , et une septième est peut-être identique avec le Glossopteris Nilsolniana; enfin, M. Berger y signale avec doute des fruits , appartenant à son Juglandite, et des impressions de roseaux. Trois planches contiennent les figures des principaux objets décrits ; mais la plupart n’étant que des portions de feuilles , leur détermination botanique exacte pourra être mise en doute par bien des botanistes. Néanmoins on doit savoir gré à M. Ber- ger de nous avoir fait connaître ce qu’il avait pu observer, car, en botanique fossile, on n’est que trop souvent obligé dJétablir les espèces sur plusieurs fragmens , faute d’avoir découvert un échantillon parfait. M- Berger termine son opuscule par quelques considérations sur le gisement de ces diverses végétations dans le keuper de Grossheiratli et de Buchenroth. La mer y aurait opéré une rupture, et déposé dans un sable fin ces plantes et ces portions ligneuses , ainsi que des coquillages, tels qu’un Ammonite \A* costulatus ) , des Ostracites et des Astéries ( A . lumbricoïdes ) (. Die V ersteinerungen d> Fisclie u. Pflanzen , etc. Cobourg, i832, in-40). leurs , que de pareils rescrits concédant une espèce de inonopole d’actat, font que les ouvriers des carrières, peu satisfaits de la modicité de la rétribution offerte . conservent les plus beaux morceaux pour les étrangers ou les marchands naturalistes. DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. 4$^ M. T. Perl a décrit et figuré l’impression d’une feuille de fougère ( Neuî'opteris ) sur la face d'un cristal cubique de ga- lène. Cette curiosité naturelle a été découverte dans les rognons de fer carbonaté du terrain liouiller de Zwickau en Saxe. La substance végétale a été remplacée par du plomb, puisque l’im- pression est en relief. Si l’auteur n’ose donner son idée sur l’origine de ce nouveau genre d’impression , je crois que les expériences électro-chimi- ques lui feront plutôt attribuer une origine neptuniennequ^une origine ignée (N. JaJirb.f d. Min i833, cah. 3, p. 3oq). M. Taylor a trouvé le Fucoïdes Àlleghaniensis > du docteur Harlan dans les roches intermédiaires récentes de la Pensylva- nie ( Mag. of nat. hit. de Loudon. Janv. *834 , p* 27 ). M. Sartorius a découvert de belles impressions dans le keu- per du Pferdeberg, entre Kreuzburg et Treffurth en Thu- ringe. Ce sont des Equisetites Bronnii? Calamites arenaceus minor , Jag. ; des restes de Cycadées et de Qlossopetris. L’ag- glomérat du grès liouiller de Hainchen en Saxe renferme des troncs droits de Lépidodendrons et de Calamites (?).' M. S. Nilson a donné 4 planches de plantes fossiles de Sca - nie y dans les Mémoires de l’Académie de Stockholm, pour i83i. Enfin , M. Viviani a cru pouvoir rapprocher des feuilles du gypse de Stradella de celles de plusieurs plantes vivantes en Europe, essai contre lequel les botanistes s’élèveront peut-être à cause de l’étude peu avancée des nervures propres à chaque espèce de feuilles , et de la forme même des feuilles de chaque plante. La comparaison devient encore plus douteuse lorsqu’on songe qu’un assez grand nombre de végétaux ont même plusieurs espèces de feuilles, et que certaines formes se retrouvent exacte- ment les mêmes dans des plantes d’espèces fort différentes ( Mém . de la Soc. géol. de France , vol. I, p. 129). CHAPITRE IV, CONSIDERATIONS GENERALES SUR LA PALEONTOLOGIE. De tout temps il y a eu un sol découvert, et par conséquent des sources et des cours d’eau ; à toutes les périodes se sont for- mées diverses espèces d’alluv ions, ainsi que de la terre végétale, RÉSUME DES PROGRES 4q4 et il est meme possible qu’il y ait eu toujours des plantes et même des animaux. Si la terre a été vraiment un sphéroïde embrasé, le refroidissement a dû produire à sa surface une croûte mince, dans un espace de temps court , comparativement à l’éternité de la nature : or, les forces vitales de cette dernière ont bien pu y développer aussitôt certaines organisations végétales et animales , qui étaient adaptées à une température si élevée , et qu’on peut même supposer disparues entièrement ou ca- chées, du moins à nos yeux. Pour aller du petit au grand, on peut s’en faire une idée en voyant des conferves ( C. ilierma- lis , Dec.), et des mollusques ( Melanopsides thermalis et Neri- tina Prevostianci) dans des eaux thermales. Pour le reste de ma proposition , elle est trop simple et évi- dente pour que j’aie besoin d'en offrir les développemens; néanmoins beaucoup de bons esprits en ont jugé autrement, et ont voulu faire dater de l’époque diluvienne, par exemple, la formation de la terre végétale ; de la période secondaire , celle des alluvions ; tandis que l’existence des rivières, des deltas, des falaises, et les effets des marées et des courons, n’é- taient admis par ces savans que pour les dépôts de l’époque al- luviale. Or, la conséquence de cette espèce de système préconçu a été d’introduire dans la science paléontologique une autre théorie non moins hasardée. D’abord on a voulu voir dans les créations anciennes, tant végétales qu’animales, une succession d’organisations toujours plus parfaites; et ensuite on a essayé d’assigner péremptoirement à chaque classe, et même à des genres de plantes ou d’animaux, leur époque d’apparition sur le globe. Ajoutez à cela ce tableau pittoresque, mais imagi- naire, d’un cataclysme général, ayant séparé d’une manière tranchée cîiaque grande opération créatrice , et vous aurez en raccourci le système de plusieurs géologues et savans distingués de la fin du dernier siècle et de celui dans lequel nous avançons. Nous avons même le plaisir de compter parmi nous un savant, qui a contribué prodigieusement à propager ce sytème , et dont à mes yeux, au moins, le moindre mérite ne sera pas de s’en être départi à temps , lorsque les faits se sont tournés contre lui. Depuis une vingtaine d’années ce système est battu en brèche, il a fallu presque dix ans avant que les contradic- teurs aient pu se faire entendre, et les dix autres années ont été employées à assurer la victoire de ces derniers. Aujourd’hui le système des cataclysmes et des déluges, des coups de théâtre créateurs, et des hypothèses, est abandonné par tout le monde : DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN 1 855. ^5 tout ie monde est entré enfui dans la voie philosophique de la marchevdu connu a l’inconnu. Pour le règne végétal 9 les découvertes récentes ont fait re- monter une végétation semblable , ou extrêmement analogue à celle qui couvre maintenant les régions tropicales, aux épo- ques les plus anciennes qu’on ait reconnues dans la partie non cachée de la croûte terrestre. Ainsi se sont évanouis tous ces beaux rêves de l’apparition première des cryptogames marins , puis des cryptogames terrestres , enfin de la succession pos- térieure des phanérogames monocotylédons et dicotylédons. Toutes ces classes d’organisations se sont développées en même temps , et on a même été obligé de modifier l’idée que, dans chaque classe, la nature a procédé du simple au composé, comme un botaniste écrivant un système naturel de botanique. Des espèces et des genres ont été simplement remplacés par d’autres, lorsque les conditions nécessaires à leur existence ont cessé ça et là sur la terre ; rien n’indique jusqu’ici que ces mé- tamorphoses aient été déterminées à certains momens par des cataclysmes généraux , quoiqu’il devienne de jour en jour plus probable qu’à côté des causes journalières d’ensevelissemens des organisations naturelles, des dislocations du sol , des soulève» mens de chaînes, des cvènemens cosmiques, peut-être même l’approche de quelques corps célestes ont bouleversé de temps en temps certaines parties du globe , et enfoui dans sa croûte les créations qui les couvraient» La paléontologie zoologique n’a pas subi de moindres changemens. Sans parler des petites erreurs, telles que d’avoir voulu exclure du calcaire parisien les animaux du gypse de Montmartre, d'avoir voulu séparer d’une manière trop tran- chée les êtres de la craie et du sol tertiaire, etc. (i) , si l’on s’en tient seulement aux grandes classes d’animaux , on voit depuis une vingtaine d’années les poissons , les reptiles , les cétacés et les mammifères , les oiseaux , les insectes et les crus* tacées descendre graduellement des degrés de l’échelle des périodes géologiques auxquels on avait attaché leur apparition a Puisqu’il y a des reptiles et des poissons jusque dans le grès pourpré intermédiaire, on peut presque dire que ces classes d’animaux marins ou fluviatiles ont toujours existé, ou du moins dès qu’ils l’ont pu; mais leur genre de vie et leur difficile fossili - ( i) Dans les Alpes et le sud-est de l’Europe, ces deux genres de dépôts se lient peut être par des passages insensibles. RÉSUMÉ DES PROGRÈS 49° sation demandant des rivages, des embouchures de fleuves, et la formation de deltas , ce n’est donc que dans ces sortes de dé- pots qu’on doit s’attendre à les trouver; et si ces derniers n’ont pas une grande étendue, ils peuvent fort aisément échapper à notre observation d’ailleurs encore bornée. Ainsi, on connaît ces pétrifications surtout dans les dépôts de plages ou de côtes, dans certaines assises argilo-calcaires des couches jurassiques, dans le lias et le schiste cuivreux du Mansfeld, dans des bassins de delta du terrain houiller et du calcaire carbonifère. Il est bon de faire remarquer ici que des roches semblables , d’une nature particulière, des masses arénacées, terreuses, des espèces de limons de rivage, correspondent, dans ce cas, à des osse- mens analogues entre eux , de manière que l'importance du caractère minéralogique des roches, trop délaissé de nos jours, en ressort avec toute l’évidence désirable. Si cette considéra- tion produisit jadis . la confusion du lias et du zechstein, et d’autres singuliers rapprochemens, cette nature des roches donne, sur le mode de formation de ces dépôts, des renseigne- mens aussi précieux que les animaux qu’ils empâtent. Les insectes ont été reconnus jusque dans le terrain houiller et carbonifère; ils sont donc dans un cas bien semblable d’épo- que créatrice ; et d’ailleurs on comprend combien il y a eu de chances contre leur fossilisation. De grands crustacés sont admis actuellement par tout le monde, jusque dans le muschelkalk ; ainsi, ils ne sont pas déjà trop loin du terrain houiller, qui renferme des ento- mostracées. Quant aux trilobites, encore aujourd’hui le type des dépôts intermédiaires, des insectes vivans dans les mers aus- trales nous en retracent un croquis assez parfait, et viennent même nous compléter leur image. Les oiseaux ont été reconnus dans le calcaire jurassique, dans certains dépôts de delta , ou il y a aussi des insectes et des rep- tiles , comme à Sohlenhofen. Quoique leurs os soient fragiles et leur conservation fort chanceuse , on doit s’attendre à en découvrir dans des dépôts plus anciens; car l’exemple de Soh- lenhofen , joint à ce qu’on n’en a point découvert jusqu’à présent dans les autres couches jurassiques et la craie, tend à montrer que les oiseaux ont pu exister sans laisser de traces de leur présence : il fallait des circonstances particulières pour que cela eût lieu. Ainsi , si dans le gypse de Montmartre il y a des os d’oiseaux, personne ne s’étonnerait qu’on en découvrît dans tous les calcaires grossiers tertiaires. Les cétacés , habitans des grandes mers , n’ont été trouvés en- DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 855. 4g 7 core que dans le sol tertiaire; mais est-ce une raison suffisante pour les exclure des périodes plus anciennes ? Nous n’avons que 3a preuve négative à opposer jusqu’à ce moment à ce soup- çon, qui paraît assez fondé, d’après ce que nous allons dire des mammifères . Ges derniers ont été reconnus dans le calcaire jurassique de Stonesfield , comme pour nous rendre bien circonspects dans nos décisions sur la délimitation des époques de création des diverses classes d’animaux. Je crois meme devoir aller plus loin, et, sans revenir sur les hommes fossiles , dont l’existence me paraît acquérir quelque espèce de probabilité , je me garderai bien d’exclure les singes de l’époque alluviale ancienne , et je dirai que nous ignorons encore absolument les périodes de temps que la nature a sui- vies dans le développement successif des organisations de mam- mifères, si tant est, toutefois, qu’elle se soit astreinte à cette idée flattant notre imagination. Les faits se réduisent à quel- ques hommes fossiles problématiques , à la non-découverte' jusqu’ici des os de singes dans les alluvions anciennes, à l’en- sevelissement dans ces dernières de tous les autres genres de quadrupèdes , et au miracle de conservation des mâchoires de deux didelphes dans le sol secondaire de Stonesfield. Maintenant, y a-t-il eu des mammifères avant l’époque ju- rassique ? nous l’ignorons. D’après l’analogie avec le règne végétai , nous devons croire que les créations animales se sont remplacées petit à petit comme, celles des plantes; mais nous manquons tout à-fait des données que nous avons pour les vé- gétaux , pour pouvoir dire si tous les grands types actuels des organisations animales ont été produits en même temps ou successivement. Lorsque, dans quelques siècles, la surface ter- restre aura été bien examinée , de deux choses l’une : ou l’on arrivera par des faits aux mêmes conclusions que pour les vé- gétaux, ou bien on aura des preuves négatives de non-exis- tence de certains genres d’animaux , à certaines époques , à op* poser à clés hypothèses plus ou moins ingénieuses. Gardons-nous donc d’établir nos classemens sur des aperçus paléontologiques encore si incomplets , et de préférer ces der- niers aux données géométriques des superpositions. Jusqu’ici la distribution des débris organiques, dans les diverses forma- tions, n’a donné lieu à aucune subdivision géognostique, tandis qu’elle a été souvent l’occasion de discussions locales, mesquines et interminables. Pour le moment actuel , la Pa- léontologie est bien plus applicable à La Géogénie qu’à la Géologie proprement dite; en reconnaissant tout l’intérêt de cette étude, le géologue nedoUencore s’en servir, dans les cas Soc, géoL Tome V. 5q 4 9 8 RÉSUMÉ DES PROGRÈS très douteux , que comme d’un instrument, dont l’emploi peut aussi aisément l’égarer que le conduire à la vérité. Une science aussi difficile ne s’improvise pas dans un quart de siècle; elle est encore loin de son apogée. coup- d'oeil rétrospectif et prospectif. Arrivé à la fin de mon Résumé des progrès des sciences géologi- ques pendant l’année 1 833, si nous jetons un regard en arrière, il me semble découler de mon travail les résultats généraux sui- vans. D’abord l’esprit d’association s’infiltre toujours plus dans toutes les sociétés civilisées , les lumières et la civilisation con- tinuent à se répandre avec une rapidité sans cesse croissante sur toute la surface du globe, tandis que l’Europe se divise en deux grande? masses de peuplades : celles d’Occident, en grande partie maritimes; et celles d’Orient, établissant un passage entre l’Europe et l’Asie. Les premières, plus avancées en civi- lisation que les secondes, sont occupées à améliorer leur sort par tous les moyens créés par les sciences modernes, soit phy- siques, soit mécaniques; tandis que les secondes , en contact avec des peuples barbares ou extrêmement en arrière de no- ire siècle, sont incessamment occupées à agrandir la sphère de leur action, qui est autant bienfaisante qu’elle serait inutile et même momentanément malfaisante, si elle était dirigée vers l’Occident. Ce dernier, il est vrai, s’émeut : autrement placé, il ne comprend guère ce genre de mouvement progressif, dont il n’éprouve plus autant le besoin, et auquel il craint trop de s’asso- cier; tandis que ce serait cependant un moyen puissant de recréer le bien-être général. Mais le Sud et TOrient demandent la lu- mière , et , quoiqu’on fosse, les destinées s’accompliront pour le plus grand bien du genre humain; car les hommes, leur rivalité et leur ambition, aussi bien que l’égoïsme national , ne seront toujours que le jouet de la fatalité. Où en serait la civi- lisation du globe sans les conquêtes des Romains, et où est à présent leur empire ? Chaque époque de la vie des nations a ses mœurs et sa tendance. Passant ensuite aux progrès des sciences proprement dites, nous voyons dans les sciences physiques , l’astronomie, la géo- désie, le magnétisme et la chimie avancer extraordinairement, l’optique et la météorologie se perfectionner, tandis que l’his- toîre naturelle semble prête à sortir des classifications trop systématiques, et la minéralogie s’enrichit de nouveaux faits. Le nombre des observateurs est devenu si considérable , qu’une année suffit pour fournir des renseignemens sur la plus grande partie du globe : dans peu d’années, il n’v aura plus de contrées dont l’homme ciyilisé n’aura pas foulé le sol. L’an- DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 855. 499 née passée a été surtout remarquable par les importantes des- criptions qu’elle nous a fournies , tant sur les trois péninsules de l’Europe méridionale que sur le Mexique, l’Amérique mé- ridionale et l’Indostan. Du reste, l’Angleterre, la France, l’Aî - lemagne, Fltalie, la Russie et les Etats-Unis, continuent à tenir le premier rang dans ce genre de publications. Leur nombre donne, d’après l’ordre de nomination précédente, la succession des chiffres suivans : 45, 46, 3 1, 19? i5 et 1 6. Vu la petitesse de leur territoire , la Belgique et la Suisse , représentées par les nombres 7 et 5, sont bien à la hauteur des autres États. Pour les traités de géologie , on doit distinguer ceux de MM. Lyell et de La Bêche. Quant aux sujets particuliers de géologie traités dans l’an- née i833, de nombreux matériaux ont été rassemblés , surtout en France, en Angleterre et en Allemagne, sur les cratères de soulèvement^ la théorie des dislocations et de la formation des montagnes s’est perfectionnée ; enfin de nouvelles idées se sont fait jour relativement à l’origine de certaines roches, telles que les quarzites , les calcaires grenus, les roches porphyriques et trappéennes , etc. Les eaux minérales et les puits artésiens continuent à donner lieu à des observations intéressantes. L’an passé, elles se sont faites principalement en Allemagne, en France et en Italie ; et la théorie de l’origine des sources minérales, comme celle de la chaleur terrestre, a continué à se perfectionner, surtout en Am gle terre et en France. Enfin , la paléontologie ne cesse de nous développer les ri- chesses des créations animales et végétales anciennes. L’année iB33 a été marquée par l’apparition d’ouvrages spéciaux, tant sur les plantes que sur diverses classes d’animaux, telles que celles des mammifères et des poissons. Si l’Allemagne a donné en i833 le plus de renseignemens sur la zoologie fossile, elle n’en a pas fourni plus que la France et l’Angleterre pour les impressions végétales , tandis quJen ce genre le dernier royaume s’est particulièrement distingué. En paléontologie, toutes les autres contrées, excepté les États-Unis, sont restées foi t en arrière. Ceci prouve qu’une civilisation très avancée est nécessaire pour la culture entière et minutieuse d’une science , comme pour la discussion des hautes ques- tions théoriques, tandis que des ouvrages purement descriptifs s’adaptent fort bien à un état moins avancé de l’esprit national. Ceci donne aussi la clef des différences entre les chiffres des pu- blications théoriques et descriptives faites dans les divers États. SOC RÉSUMÉ DES PROGRES Par ordre de matières, les ouvrages et les Mémoires dtt Notices publiés en 1 833 seraient répartis de la manière sui- vante : 0 2 0 ' < SS > _ ï 0 0 H > , < 53 ► K- S O H ► O » Cl w Ç1 05 ça ce Astronomie» 10 10 20 G é ogr a ph i e géol 0 gi q . 22 208 23o Physique, 3 20 23 Cartes géologiques , » » 3 1 Magnétisme, 2 38 4o Coupes géologiques, V » 28 Météorologie, 12 43 65 Nivellemens , Y 10 4 Chimie, 5 42 4 7 Paléontologie géné- Hydrographie, 2 i3 i5 rale. 3 i 4 Eaux minérales , 22 2 1 4i Sur les hommes fos- Puits artésiens, 3 i5 18 siles , » 2 2 Histoire naturelle, 29 4i 7° Sur les mammifères Minéralogie* 24 29 53 fossiles , 2 22 4 Géographie physiq», 32 1 1 43 Sur les cavernes à os- Traités de géologie, i5 8 20 semens, 1 10 1 * Sujets particuliers de Sur les reptiles fos- géologie, 3 22 25 siles. 1 6 7 Mémoires sur les vol- Sur les poissons fos- cans., 2 12 *4 siles, 1 7 8 Mémoires sur les fi- Sur les crustacés fos- lons , » 5 5 siles, 1 5 6 Mémoires sur les cra- Sur les coquilles fos- tères de soulèvem. , » 16 16 siles. 5 17 22 Mémoires sur les sou- Sur la botanique fos- lèyemens, n 4 4 sile , 4 1 1 1 1 5 Il a donc paru, pour les sciences physiques et naturelles, 1 44 ouvrages et 276 Mémoires en tout ; et pour la géologie et la paléontologie, 61 ouvrages et 4*4 Mémoires, ou, en tout, 2o5 ouvrages et 690 Mémoires, ou bien 8q5 publications. Le rapport des nombres différens de ces deux genres de pu- blications est bien propre à caractériser notre époque, où, outre l’esprit dominant d’association, règne un désir immodéré de faire connaître ses idées aussi promptement qu’on les a con- çues. L’ilotisme des savans a cessé en même temps que la pu- blication des ouvrages très volumineux, qui jadis paraissaient de temps à autre comme des raretés, et étaient le travail de toute une vie. Si autrefois on produisait quelquefois des œuvres parfaites , les auteurs isolés ne jouissaient pas comme à présent de l’avantage de s’éclairer par la discussion pendant le temps même de la composition de leurs ouvrages. Livrés ainsi à eux-mêmes , ils étaient plus aptes à s’égarer qu’à présent, où chaque chapitre d’un traité est disséqué d’avance dans des re- cueils périodiques. En comparant le nombre des ouvrages de 1 833 avec celui DES SCIENCES GÉOLOGIQUES EN 1 85 3. So i que donnent îes années i83o, 1 83 1 et i832, on trouve environ la proportion établie par les nombres 3oo , 4^° , 5oo et goo. Ainsi, je crois n’être pas fort loin de la vérité en avançant qu’il paraît à présent chaque année plus de miile ouvrages, mémoires ou notices, qui intéressent le géologue. Or, d’après cela je calcule approximativement que ma Bibliographie gé- nérale des sciences géologiques et pale ontologique s contiendra entre cent cinquante mille et deux cent mille indications , dont j’ai classé déjà environ la moitié et réuni près des deux tiers. Avenir de notre association « ÎI ne me reste plus qu’à dire quelques mots sur l'accroisse- ment et le développement de notre Société. Lors de sa fonda- tion , on nourrissait l’espérance de pouvoir réunir au moins trois cents personnes. Maintenant, nous approchons d’être qua- tre cents, et nous pouvons nous flatter d’atteindre encore, si ce n’est le double de notre nombre actuel, du moins, dans peu de temps, un bon tiers en sus. L’heureuse imitation de notre esprit d’association par d’autres sociétés prouve que nous avons établi de bonnes bases. Reconnaissons aussi que notre position est unique dans le monde ; faisons-en donc profiter l’humanité, et produisons quelque chose en rapport avec les moyens d’exécution que la nature nous a prodigués. A cet égard, les grandes réunions scientifiques de cette an- née offriront des occasions favorables , et le conseil de la So- ciété ne négligera pas de s’occuper des moyens d’accélérer cet état de prospérité désirée. Parmi les mesures à prendre, les trois plus essentielles res- teront toujours: celles d’augmenter le nombre de nos séances; de publier par an deux volumes de Bulletin ornés de coupes; enfin , de diviser, au moins entre trois ou même six personnes , la charge de rapporteur des travaux de la Société, des progrès de la géologie et de ses applications. Si des publications intéressantes et régulières accroîtront ra- pidement notre nombre, ce surcroît de revenu permettra d’ap- pliquer de plus fortes sommes aux moyens d’exécution. Sous ce rapport , nous devons continuer aussi nos efforts pour ré- pandre le goût de notre Société, non seulement en France, mais dans chaque pays , et chercher dans les contrées qui nous sont restées j usqu’ici étrangères les appuis importans dont nous honorent déjà îes empires de Russie et d’Autriche. D’une autre part , correspondant régulièrement avec pla& 002 RÉSUME DES PROGRES de cinquante des Sociétés savantes les plus renommées dans les deux hémisphères , de nouveaux élémens de succès nous sont ainsi ouverts , en même temps que notre bibliothèque et nos collections ne cessent de s’enrichir des dons que nous procure l’établissement de cette heureuse confraternité (i). Il nous reste encore à persévérer dans nos efforts pour en- trer en rapport avec un plus grand nombre de rédacteurs de journaux scientifiques périodiques ; mais dès que nous publie- rons régulièrement deux ou trois volumes par an, les échanges avec toute espèce de publications semblables auront lieu bien plus facilement. Quant à la marche même de nos recherches , ne négligeons pas les applications immédiates de la géologie, pour ne nous occuper que de discussions théoriques. Loin de moi de vouloir restreindre le champ de nos observations à la géologie de super- position et au relevé de cartes géologiques; mais il me semble que, parmi les théories, il serait utile de faire ressortir surtout celles qui peuvent, a priori ou posteriori, conduire à des résultats importans pour la pratique. Cette dernière, par exemple, a l’air de ne pouvoir guère tirer de secours de la théorie des soulèvemens en général ; tan- dis que, restreinte au redressement des couches et aux failles, ces vues théoriques se trouvent avoir leur application immé- diate dans certaines exploitations très importantes. Passant à un autre exemple : les dissertations descriptives ou théoriques sur la topographie géologique et la distribution des couches dans divers bassins paraissent à tort s’éloigner fort des besoins usuels de la vie sociale ; tandis que des fouilles, des puits artésiens , des constructions et d’autres entreprises , font aper- cevoir bientôt toute l’importance de ce que le vulgaire était tenté de classer parmi les rêves creux des métaphysiciens. C’est en procédant de la sorte que nous attirerons à nous cette foule d’hommes instruits qui méritent si bien de la société, en lui fournissant l’eau potable, le sel , les combustibles , les mé- taux, et certaines matières précieuses, ainsi que les voies de communication, les demeures salubres et solides, les édifices de luxe, etc. Nous profiterons de leurs lumières, comme eux des nôtres , et ainsi se formera cette alliance si nécessaire et trop souvent méconnue de la géologie et des arts, en particulier de l’art des mines , ou de la théorie et de la pratique. (0 La bibliothèque renferme déjà plus de 700 volumes, 5o5 DES SCIENCES GEOLOGIQUES EN >855. Si nous arrivons ainsi à un des principaux buts de notre as* sociation , c’est en poussant jusqu’à la dernière limite la curio- sité géologique , c’est-à-dire en étudiant dans le détail le plus ' minutieux les créations ensevelies dans les entrailles du globe , et en tâchant d’apprécier l’origine des dépôts de sa croûte, que nous grossirons nos rangs des savans de toute espèce au- tant que des personnes aimant l’instruction. Peut-être même arriverons-nous à voir se parer nos séances de ce sexe dont la pudeur n’a rien à craindre de notre science, et dont nous pou- vons contenter au-delà de toute expression l’excessive curio- sité. Ainsi npus avancerons la zoologie et la botanique, en popu- larisant tout à la fois la géologie, et la faisant entrer dans le domaine des faits authentiques ; nous faciliterons même aux médecins, aux staticiens et aux jurisconsultes leurs recherches en faveur de l’humanité, tandis que nous guiderons les artistes dans l’imitation du beau naturel. Mais je m’arrête; je n’ai pas besoin de faire ressortir plus longuement la noble carrière qui nous est ouverte. D’une part, donner de l’occupation à un grand nombre de nos semblables, améliorer leur condition, augmenter les revenus de chaque Etat; de l’autre, civiliser en diminuant les préjugés, intéresser et amuser, telle est cette tâche pour laquelle notre science et notre Société sont appelés à porter un si fort contingent. Avan- çons donc d’un pas assuré, raisonnons librement entre nous sur toutes les questions , mais ne méconnaissons jamais la voix des chefs que nous nous sommes donnés ; que chacun soutienne son voisin , sans faire attention à sa couleur, et que notre de- vise soit sagesse, travail et persévérance; car, sous ce signe , nous arriverons au but désiré, et nous transmettrons nos noms avec honneur à la postérité. ADDENDA. A la page io. Depuis Tan passé, les Sociétés royales de Lon- dres et d’Edimbourg publient les procès-verbaux de leurs séances ( Proceedings , etc.), à l’instar de ceux de la Société géologique de Londres. A la page 16. Une Société philomatique s’est formée à Pons, dans la Charente-Inférieure. A la page 28. M. Gerstdorf a commencé depuis 1 834 un Ré- pertoire bibliographique pour l’Allemagne ( Repertorium d. ges. deuts chen Literatur . Leipzig ; deux fois par semaine ). A la page 38. La Société historique et littéraire de Québec a commencé à publier un troisième volume de ses Transactions. A la page 67. M. Marcet a donné une Note relative à l’in- fluence supposée de la lune sur le temps ( Bibl . univ . Fév. 1 834 )• A la page 84 , ligne 33. M. Reichenbach a découvert l’Eu- pion , le Paraffine et le Picromèle. A la page 1 36. Pour les progrès de la cristallographie , il est bon de comparer ce qu’en dit M. Whewell avec le Résumé bien fait de M. Hessel, dans sa Krystallométrie (Leipzig, i83i, p. 289-3 17); ouvrage extrait du Dictionnaire des sciences physiques de Gehler. Page 160. Je me hâte de rectifier un renseignement fautif relativement au Traité de Géologie ( Handbuch der Géogno - sie, Freiberg 1 833, in* 8°), de M. A. Kuhn. Le premier volume , de 1022 pages, vient de m’arriver. Il renferme, dans cinq parties, les généralités sur les propriétés physiques et les rap- ports cosmiques du globe terrestre ; les détails sur les surfaces continentales et les mers; un exposé des restes organiques , de leur nature et de leur distribution géologique ; enfin un résu- mé des effets des élémens atmosphériques sur la production de certaines masses minérales, et sur les modifications éprouvées journellement par la croûte terrestre. Dans cette dernière par- tie, l’auteur s’occupe, avec beaucoup d’érudition, non seule- ment des effets de l’air sur la surface terrestre, mais encore de ceux du feu volcanique et de l’eau; il termine par épliquer les phénomènes observés à l’explication de l’origine de la croûte du globe. Je suis fâché de n’avoir plus que la place d a- jouter que M. Kuhn , tout en reconnaissant les côtés faibles des anciennes théories neptuniennes, s’efforce de tenir un juste addenda. 5o5 milieu entre le plutonisme et le neptunisme , et attribue au premier moins d'effets quon est accoutumé de le faire généra- lement, comme par exemple pour les trachytes, les réduites r le remplissage des filons métallifères , les filons-couches trap» péens, etc. , etc. Pour pouvoir porter un jugement équitable, M. Kuhn aurait dû visiter un terrain volcanique incontesta- ble. Le second volume sera l’exposé de la Géognosie , ou l’His- toire des terrains. A la page 180. M. L.-A. Necker a donné un Mémoire sur la détermination de la position des couches stratifiées, et a dé- crit un compas clinométrique ( T reins, oj the roy. Soc. of Edinburgh , vol. XII , part. 2, p. 363 ). A la page 218. Pour la1 théorie de la formation des monta- gnes, il est intéressant de lire les Essais sur les montagnes , par le C. de N*** (Amsterdam, 1785, 2 vol. in-8°). M. Conybeare vient de donner une seconde notice pour montrer qu^en Angleterre les mêmes époques de soulèvemens ont produit des redressemens dans des directions différentes ( Lond . a. Edinb . phil. Mag . Juin 1 834 )• Je n’ai pas non plus pu profiter de la Revue critique des époques de soulève- mens deM. de Beaumont, par M. de Wagner ( Archiv.f. Na-* turlehre , de M. Kastner, 1 83 3 ). A la page 262. Le Mémoire géologique sur l’Ilîe-et-Vilame est de M. Toulmouche, et non de M, Deslongchamps. Page 4^7* Ayant reçu dernièrement les six derniers numéros du Journal des Mines russes pour i833, je dois y signaler cinq cartes géologiques; savoir : i° celle des environs d’Ekaterin- burg, par M. Tchaikovsky ( cah. 7 ); 20 celle des environs de Perm , par M. Schumann ( cah. 8 ) ; 3° celle des environs de Marienpol, dans le gouvernement d’Ekaterinoslav, par M. ïvanitsky (cah. 10); celle des montagnes qui bordent la vallée de Kourlitcliine , dans la Sibérie orientale, par M. de Taskin (cah. 11 ); 5° celle de la partie occidentale du gou- vernement d’Omsk, en Sibérie ( cah. 1 1. ). Page 345* M. Sûhulz vient de compléter les notions ac- quises l’an dernier, sur la Géologie d’Espagne , par une des- cription et une carte géologique delà Galice (Yoyez Bull., voh IY, Séance du 7 juillet ). Page 443» M. lierai, de Meyer va publier en septembre la Description des ossemens fossiles des environs de Georgens- gmund, en Bavière, et de leur gisement (Die fossilen Knochen der Gegend von G e or gens gmund , etc. Francfort-s. -M. , in-4°, avec r4 pi-)* H Y traitera surtout des genres Palœomeryx , 5o6 ADDENDA. Palœotherium y Dinothérium et Mastodon y ainsi que d’autres animaux vertébrés voisins des rhinocéros et des cochons. Page 458. M. P.-L. Duclos a distribué le prospectus d’une Description et classification de toutes les espèces de coquilles univalves marines vivantes et à tétât fossile ; ouvrage publié par monographies et par livraisons, avec figures coloriées. ERRATA. 19, avant-dernière ligne, coire. lisez croire. 34, ligne 25, Shatoust, — Slatoust. 3 7, — 7, Atiatic, — Asiatic. 39, — 8, in-8°, — in-folio. 42, — 7, Alton, — Altona. 46, — 3, colrique, — calorique. 47 9 — 37, coninent , — continent. 56, — 4, liges, — lignes. 61, — 3o, Auguste, — August. 00 , — 00 , ni des localités des sols , 77, — 7, Moraud, 8, — 32, Heiquellen , ' 119, — - 34 , se forme, 1 44 » dernière ligne, meulière, 222, ligne 9, direccion, 244, 248, 268 , 295, 3i6, 324, 328 , 38o , 3o7, ni par celles des localités ou des sols. Moreau. Heilquelîen. s’est formée, ambre, direction, ensevelissement. 5i, Porlsmouth , ajoutez sous le règne d’Edouard Ili. 21, de Caen, — - pour M. Toulmouche. 38, ans, lisez aus. 32 , Enganécns, — Euganéens. 55 , micaschite , micaschiste. 2\ , pouzzolane, — pouzzolane. 28, chacas, — chacals. 4o, Manitou, — Maniton. — 35 , envahissement , — * .* ' ■-* *r • - ^ * lyUXXKuO ;î ra'UKF. ; ^ : ' : ' rn liï . ■ (.-£ - % -A ,V.' A * : * Jÿi'# : o Ov* A . : ri , à ! • • =.; , - î •• ’5- - ■ q , # v)Vî 0fr H f| , f 0*1$!^ . » sï * r ■ a - - vd^l Afq ■ ■"■ k B U L L E T I N DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE. TABLE DES .NOMS DES AUTEURS CITÉS DANS LE COMPTE-RENDU DE M. Ail BOUE, DES PROGRÈS DE LA GÉOLOGIE, POUR I/’ANSÉE 1833 A 1834, PAR M. CLÉMENT MULLET. A Upjohn ( 3 . ) , p. 266. Arago , p. 4 a , 4; , 61 , 67 , ;3 , 74. ( (T ) , p. 78. Archer , p. 1 53. Arckiac ( (T ) , p, 1 îo. Archipoff , p. 3i » . ( Noël cT) , p. 86. Arnold , p. 77. Arnoult , ( Eugène ) , p. 25. Atkinson „ p. 61. Audoin , p. 2 5 , 122. Audouy , 11 3. August ( E. F. ) , p. 65. Auldjo , p. 110,428. Baumgartner , p. 29. Banza (T. ), p. 45o. Bayfietd, p. 407. Beaumont ( baron de), 75. Beaumont (Éliede ) , 198, 216 , 279 456. Beaulems-Beauprè , p. 429. Beck , p. 62. Becquerel , p. 5o ? 5i , 62 , 89 , 90, 124* Beechey , 409 , 45o. Beggiato ( F. Sec. ) p. 99. Bell{ Ch. ), i5. Bell (Thomas ) , p. 122. Behr (de ) , p. 26. Agassiz, p. 448, i68. Ahrens (Aug), p. 122. Aimé y p, 52. Ainslie , p. i4* Ainsworth (Will. ) , p. 2.57. Airy , p. 4o , 49 » 81 » i5o. Ajasson de Grandsagne , p. 26. Alessi ( Jos. ) , p. 178 , ip3 , 458. Ampech , p. i33. Ampère y 59, 5o, 5i , 198. Anglada ( 3. ) , p. 97. Anker , p. 298. Anquetil (J. P. ) , p. 4i. Antinori , p. 5 1 . Babbage\ p. 425. Bâche, p. 10. Baddeley ( Fred. ) , p. 189, $06, 409, 429- Bakewell (F. C. ) , p. i5. Bakwell ( Robert ) , p. 1 09. Bailly de Mer lieux , p. 20, Bail ( John ) , p. 409. Blackwell , p. 8. Balardini ( L. ) , p. 99. Barbucci ( A. ) , p. 3 1 . Bardenflelh , p. 66. Barlow , p. g. Bartram , p. 4o5. Baudrimont ( de) , p. 84. Soc, gèol. Tome Y. 55 TABLE Ô lO JBcke ( F. Ch.), p. 184. Bennetiy , p. 53. Benigni ( Jos. ) , p. 36» Benoit, 283 , 4 25. Berger ( A. C. ) , j>. 292 , 4ol- B erg haut, p. 1 4-7 5 43o. Bernhardi , p. i3i. BernouiUy ( Daniel ) , p. o4* Bertero , p. 129. Berlhier ( P. ) , p, 85 , 89. Bertrand de Doué , p, 198. Bertrand- G es Un , p. 239 , 270, 281. Berzelius , p. 78, 100, 101 , 102, i53. Beudant , p. i3o , i32, 1 33. Bevan ( Benj. ) , p. 4.7g. Bierley , p. 78. Billy (de ) :, p. 17 , 269, Biot , p. 5p , 124. Bischof , p. io4 , 112. B Iode , p. 3oo. Btum , p. 3o. B lum [R.. ),p. 33, 11 2, 5q, Boasi 3, p. 186. %>■ Boblaye ( Piuilon ) , p. 1 1 1 , i45» 198, 207 , 246 et suiv. Boccone , p. 448 , ( note). Boeck , p. 55. Bonnard ( de) , p, 261. Bcner ( L. ) p. 109. Bonnycasîle , p. 4o6. Borson , p. 443- B ory- St.- Vincent , j 54 , 346. Boito . p. 5i. Boubée ( Nérée ) , p. 1 1 3 , 157, 1 65 , 182 , 198 , 277 , 479. Bouchardat , p. 62. Boue (Ami), p. 278, 287, 299, 3 17, 463. Boussingautt , 71, 87, 101 , 194. Bouton , 129 , 1 5 s, Bouvard , p. Ci , 67. Bouvard ( Eug. ) , p. 67. Braconnot , p. 1 45. Br ad for d ( F. G. ) , 38. Brandes , p. 81 ,97, Brard ( G. -B. ) , p. 159. Braun ( Al.) , 44^* Bree ( W.-P. ) , p. 1 2 5, Breihaapt , i3o , i53 , i3p , 14 1 „ *43. Brett ( Will. ) , p. 42. B rems 1er , p. i3,4&>49> i3o. Breytey ( E.-W.) , p. /19, Breton , p. i53. Brey , 110, Brochant , p. 1 5g. Brongniart (Ad. ), p. 25, 1*4» 3 68, 4Ô9 , 4j7 et sniv. Brongniart ( Alex. ), 137 , 3o3 , 45 9* Broun . 28 , 3o , 112. Brooke , p, 89 , 1 5 1. Brown ( R. ) , p. 429. Brown ( Th. ) p. ï5, 122 , 1 65. Bruckmann ( de ) , p. 107, 109. Brutlè « p. i 22. Brunner (Sam) , p. 1 54 . B urnes , p. 3p5, Bryce ( J. ) , p. 258. ( de ) . p. 287 . 458. Bûchez , p. 176. Buckingham (le duc de) , p. 328. Buckland , p. i5 , 88 , 448* Buff , p. 1 86. Bunet , 436. B ange , p. 33» Burat ( A. ) , i58 , 198, 200, aa5 , 27 1. Burkart ( J. ) , p. 4 1 o » 4 1 2 » 4 3o. B arîtes , p. i5a. Burneli , p. 9. Byiandt ( comte de ) , 1 9 1. Cagniard-Latour , p. 47- Cancrin ( comte de ) , 3o4* Cannabich , p. 3o. Came , p. 245. Car us , p. 29. Cassola ( F. ) , p. 3 r , 3a3. Castel , p, 280. Cuiullo , p. 139. Cauchy , p. 283. Caumont (de), p. 1 7 , 426. Cavendish , p. 14 ChaU\s , p. 9. Chalmer , p. 1 5. Char in g- P car ce ( J. ) , 246, c Chaudruc de Crczçnnes , p. 2-3. Chauzenqne , p. 277. Chaulant , p. 29. Christie ( Turnbull ) , p. 62. Christie ( H un ter ) , 9 , 5 i , 54- Clarke ( W.-B. ) , p. 75 , 284, 43o. Clément- Johnson , p. i52. Clemson , p. 86. Colquhoun , p. 78. Conolly ( J. -M.-D. ) , p. 75. Cook , p. 126. Co/Za ( A. ) , p. 194. Colenso ( J.-W. ) , p. 245. CamZe ( A ch.) , p. 1 21. DE& AUTEURS. Conrad ( Ï.-A. ) , p. l\ob , 468. Cony heure , p. 12, i5i,i56, 244 » 25i f 42^» 5o5. Cooh( S.-E.) , 3a8, 33 1, 428. Cordier , p. 61. Coriolis , p. 79. Colta ( père ) , p. 295. Colla ( B. ) , p. 292 , 294, 457 , 484* Cournot , p. 10. Dadd ( R. ) , p. 249. Datrymple , p. i4« Dation , p. 9 ^ 6i , 81. Dampier , p. 14. Daniell , p. 61 Daubeny ( Charles ) , p. 9 , 101, io5, 129,167. Daumont ( Alex. ), p. i55. Davey ( Et. ) , p. i42- Davis on , p. 9. Davreux , p. 26 , 282. Davy ( John ) , p. 193. Decaisne , p. 129. De Candolle ( Aug.-Pyr.) . p. laS, Deehen ( de ) , p. i45* Desgenevez , p. 298. Delà fosse ( G. ) , Delson , p. 448. Denaix , p. 146. Der-Borg , p. 33. Desfiayes , p. 368. Desjardins (Julien ), p. 36 , i5i, a85. Eaton, p. 38 , 164 , 4^8, Ebenezer-Emmons , p. 164. Eble ( B. ) , p, 98. Edwards ( ainé ) , p. 124. Edwards ( Milne ) , p. 23 , 112. Ehrenberg (A’ ) , p. 122 , 125. Egerton ( Th.-Grey, ) , p. 45o. Eichwald 3 ( E. ) , p. 122 , 4-5o. Eights 3 p. 456 , 4^7. Eisenlohr , p. 68. Elie de Beaumont . Voy. Beaumont . Fairholme ( G. ) , p. 179. Fatkoner , p, 099. Faraday , p. 5i , 5a . 91. Farish } p, 9. Si 1 Courtin , p. 25, Cox , p. 125. Crawe ( J.*B. ) , p. 4oo. Credner , 447» Crabb ( G. ) , p. ? 5. Croizet , p. 194 , 449* Curmming , p. 5i. Cuvier , p. 4-4 1 • Deslongchamps , p. 268 , 460. Despretz , p. 92. Diezmann (A.) , p. 3o, D' O malins , 3g , i56. Domnando , p. 125. Dove , p. 5i 9 54. Drake , p. Drummond ( J.-L. ) , p. i5, Drysdale 3 p. 88. Dubois de Mont peyr eux , 33, 3oi , 3i5, 427. Dubuisson , p. 425. Ductos ( P.-L. ) , p. 5o6. Due , p. 56. Dufrènoy , p, 142, 198 , 260, 277 , 436. Dumont ( A. ) , p, 26 , 282 , 426. Dumoni-d’Urville 3 p. 25 , 192. Duperrey f p. 55 , 94. D umortier , p. 1 13. Dutrochet , p. 126. Dvigoubski , p. 122, Engelhardt ( À. ) , p. «5 1 . Enys ( J. -S. ) , p. 245. Erse h , p. 29. Erdmann ( L. ) , p. 88. Ermann ( Adolphe) , p. 5? , 54 * 56, 70 , iÔ2 f2ii, 239 , 3o2 , 4^8, Eschscholtz , p. 122. Eschwege ( d’ ) , 345,4*6. Eversmann , p. 33. Everest ( R. ) , p. 3g5. Ezquerra del Bava, p. 294» Farquharson , p.81, Federoff , p. 54. Fenner de Fennerberg , p. 97. Férussac ( de ) , p. ia5. TABLE Si 2 Ficher , p. 298. Ficinus , p. 29. Field ( Martin ) , p. 62. Fielding ( G. -Iï. ) , p. S , $1. Filhon , p. 429. Finch , ( J. ) , p. i53. Fischer ( A) , p. (2, 399 , 467. Fisher ( F. -G. ) , p. 79. Fitton , p. 246, 248 , 4 25 » 49°* Flauçergues , p. 67. ; F/m* ( Thimothée ) , p. i53. Focke , p. E24. F or b es ( James ) , p, 46 , 60 , 61 , 62. Forchkammer ( G. ) , p. 88. Fodèrê , p, 65 ,■ 66. Fcrster , p. 422. Gaëtan ( l’abbé ) , p. £5 2, Gaillardot , p. î45. Gaillon , p. 1 îo. Garnier , p. 60. Gambihler , p. 109. Gardncr , p. 199. Gaudichaud , p. 124» Gaudin , p. 89. Gautier ( Âug. ) , p. 17. Gaultier de Glaubry , p. 86, 176. Gauss ( Cb.-Frev. ) , p, 54. Gay , p. 129 , 4J9. Galbraith ( Will. ) , p. 4^0. Geliler , p. 65 , 5o4* Gemme tlaro { Ch.) , p. 63, .191, 190, 327, 4^6. Geoffroy-St-Hilaire , p. n3, 273, 442 , 446. Genhard , p. 98. Gerhard , p, 70. Gerard-Graulhie , p. 107. Germar . 491 • Gerstdorf , p. 5o4* Ghirlanda ( Gasp. ) , p. ni. Gilbons ( Ed. ), p. 38. Girard , p. 2j3. Girott de Buzareingues , p. 124. Gisk , p. 28. Glocker , p. 27, 106. G^er,Vp. 12 5. Fournet, p. 43, 177, 186, 198. Foæ ( Rob.-W. ) , p. 53 ^ 61 , 245 , 425. Frankenheim 9 p. 1 4 1 s Franklin , p. 387. Franklin ( le capit. John ) , p. 56. Fraser (James), p. i52. Fraser-Tyller , p. 14. Freislebcn , p. 28. Fresnaye , ( de la ) , p. 44/* Freyer , p. 144. Friedenberg ( G. -G. ) 9 p. 28. Friedlander , p. 33. Frobel , p. 3o , 3i. Fuchs , p. i44« Fus s , p. 54. Gcebet j 3 1 4* Goldfuss y p. 458. Goodrich ( Jos. ) , p. 399, Gordon s p. 162. Gould. , p. 1 23. Graffenauer , p. 178. Grant ( R.-E. ) , p. 123 , 4^6. Grassmann , p, i5i . Grateloup , p. 274. Grauhy p. i54. Graves , p. 260. Gray ( A. ) , p. 4oo. Gray ( J.-Ed. ) , p. 9 , ia5 , 4^9- Greenough , 1 85 , 4 28. Green ( J. ), p. 4 56. Greville } p, 1.4. Griffith y p. 12 i. Grigor , p. 42. Gross-Hoffiinger , p. 29. Grubery p. 29. Gruithuisen , p. 43 » 63 , 69 , 80 9 9 Guérin, p. 25, 112,121. Guèrin-Varry ( R. -F. ) , p. 8|- Gugler , 109. Giulj ( Jos. ) , p. 99. Guillemin , p. 23. G uni her , p. i45. Gutbier ( de ) , p. 434 - Gutierrez, p. 100. Gutzlaff, p. 37. Hachette , p. 5o. Iloidinger , p. i3i, 1 34- Haldat ( de ) , p. 62 , 89. Hall ( J. ) , p. 46. Hall (Basile) , p. 66, i53. H Halleman , p. 92. Hallstrom ( G. ) , p. 91. Hamel y p. 77. Hansen , p. 42. Hansteen , p. 5? , 54 , 55 , 56. DES AUTEURS. 5 1 3 Hardie ( 3. ) , p. 4$)* 106 , 2»S , *4» . 58; , 599. Harlan ( Kieh. ) , p. 44-4* Harris ( Will. ), p. 53 , 6?* Hart ( .L ) , p. 448. Hart ma ji ( Fred,- Alex.-Ch. ) , p* 27 , 5a , i5- , 65. Harvey . p. 62. Hans la b (de ) , p. 348. îiaussmann , p. 126, 146, 178, 289, 291 , 4/7; //awy , p. i3i . Hawkins ( J. ) , p. 45 , '46. Hawkins ( T. ) , p. 44 8. Hayden , p. 4 02. Hayes , p. *44» Hays ( Isaac ) , p. 445. He 55. ! Hundeshagen ( B. ) , p. 97. | Hussey , p ^7), j Huiton ( Will.) , p. 179 , 18p. 182, I 254 . 4/2* Ide/er ( Jules-Louis ) , p. 64, ;3 , 78 Imbert , ,p. no. Isensée ( Émile ) , p. 76. hier ( Jules ), p. 277. Jvanitsky , p. 5o5. Ivory , p. 45. Jackson , p. 95 , 44* Jacquemin , p. 23. Jacquemont , p. i5a, Jacquot , p. 264. Jaeger , p. 125. Jameson , p. i3 , 4 . 49* Jardine ( W. ) , p. i3. Jauffret , p. 385. Jenyns ( Léon ) , p. 9 , 1 13 , 121. . ferais ( H. ), p. 216. Jeschmaker , p. 4 16. Jobard , p. 110. Johnston ( J.-F.-W. ), p. 1 1 , 82 , 89, 199* Jourdan ( A.-J.-L. ) , p. 112. K Kaiser , p. 98. Kamtz ( D.-J. ) , p. 60. Kamtz (L.-F. ) * p. 29, 91. Kapp ( Christ. ) , p. 119 , 184. Karpinsky , p. 3o8. Karsten ( C.-J.-B.) , p. 84, 110. Kastner , p. 67 , 97. Kaulfuss , p. 491. Kaup , p. 442 , 443, 444 , 445. Kay ( Et. ) , p. i5^. Keferstein , p. 27, 76, 116 , 16 1, 23; Keilhau , p. 55 , 3i5, 427. TABLE 5l 4 Kersteri , p. 86. Kiener ( L.-C. ) , p. 12". Kidd ( J. ) „ 14 , i5. Klkx , p. 284. King , p. 56 , 422. KUpsiein , p. 2p2; Kirby ( W. ) , 16. K loden ( K. -P. ) , p. 296», 460. K ni g ht ( P; Y, p. ?58. I>rc//e (de ) , p. 246 , 02î , 44, 420 ,427. La Fontenelle ( de ) , p, 2 3 , 24 , 269. Lânder ( les frères ), p. i 54 . Lange ( Ed. ) , p. 98. Lappcnberg , p. 5 83. Lardcrcl , p. 196, Lardner ( Denis ) , p. 12 , î 3. Laurenr, , p. 268. Laurent ( Aug. ) , p. 1 44* Larlve ( Aug, de ) , p. 5i , 61. L« Via , p. 1 00. Lavini . p. 99® Lee ( Isaac ) , p. 4 <.>3 , 467. Lecoq , p. 1 98. Lejanza ( J.-J.-M. ) , p. 410- Léonhai d ( de ) , p. 2S , 00 , 107 , 1 38 , 160, 1 84. Le Prévost , p. 97 , 107. Leroy ( Aimé) . p. 24. Lesaulnier de Vauhcllo , p. 209. Leslie , p. i5. Aenz ( E. ) , p. 4^i- Le play ( Fr. ) , p. 34 0. Lester jun. ( Wiil.) , p. 4 28. .4/ ac-Gregor , p. 43** Mac- Mur trie , p. 121. Macariney , p. 9 Macgillivroy . p. i4 * 29. Macricar ( John. -G. ) , p. 4”. Madison-Bunker ( M.-J. ), p. 479. Magnus , p. 61 , 70. Matacerne, p. 112. Maclauchlan ( H. J , p. 266. Malcolm , p. i53. Maleolmson , p. 44°* Malinvaud , p. 200. Malle , p. 22. Mamelet , p. 97. Mantell ( F.-Gédéon ) , p. 249 ® 4|6. Mnravigna , p. 192. Marcel de Serres , i^3 , 44o , 44 2. Marcel , p. 5 04. Kobcll { de) , p. 1.35,138'. Kovansho , p. 54» /Yrt'es ( F. ) , p. 194. Kruse , p. 53. Kuhn , p. 5o4» Kummer , p, 425. Kunowski , p. i83. fcupffer, p. 5.i, 54 5 56, 61,71, i35 i4». hetronne , p. 16c , 383. Leuckart , p. 3o , 112. Levatlois ( J. ) . p. 69. Aeet , p. 12 , 65. Lewschin (Al. ) , 43 1. Leymcrie, p. 262. J Abri t p. 70. Lichtenstein , p. i85« Lieber ( F. ) , p. 3S. Lill de Lilienbach , p 299. Limousin-Lamothe , p. 97. Lindley , p. 472, Linding ( E.-W. ) , p. 427. Liitrow . p. 3o , 42 , 68 , 72 . 424. Lloyd ( J. -A. ) , p. 4.14. Long champ . p. 101. Lonsdale ( Wilî. ) , p. 2 5o. Loudon , p. 178 , 448. Luca ( Placide de ), p. 19a. Lubbock ( J.-W. ) , p. 42 , o{. Lut ïe ( Fred.-C. ) , p. 4S|. Luhis , p i 25. Lulhe , p. 55. Lyell , p. 1 1*7 , 170 , 2 1 7 , 544 Ay.sc/ ( de ) , p. 5 1 4 Marcy , p. 65. Martin-St-Angc , p. 112, 125. Martius , p. 128. Marx , p. 4p * 1 5 1 . Maleucci (de) , p. 5i. Miithcron ( P. ) , p. 280 j 4 ]4- Mazzoni ( Marc ) , p. 99. Maycock ( James-DoUin ) > p. 4 *4- Meill , p. 98. Mel/oni , p. 46 , 5x. Menninger , p. 28. Meredilh-Gairdner , p. îoo. Merton , p. 447* Melcatfy p. 55. Meyen , p. 124. Meyer ( de) , p. 1 4 5« Mtier ( E. ) , p. 29. Meyer ( G. ), p. 1 10. DES AUTEURS. 5 1 5 Meyer ( Hermann de) , p. 27 , 444 » 44 6 , 447 1 45" j 4^9 » 468 , 5o5. Michelin , p. 4 60. Mildenberg , p. 56. M/7/, p. 9. Miller , p. 85 , 89. Millet ( P. -A. ) , p, 17. Mitchell ( James ) , p. i&5. Mitchell ( Y. ) , p. 2 5 o. Mitscherlich , p. 83, 89,152. Mohs , p. i5o. Mutin 5 p. 97. Moll , p. 28 , 2S0. Moll [G. ), p. 52. Monteith , p. 43o. Montlosier , p. 182 , 198. Moreau de Jonnès , p. 77. Morts , p. 1 26. Morren , 284 , 44 1 * 4^9* Morlet , p. 55. Morton ( S.-G. ) , p. 402. Mons (\an) , p. 284. Madge , p. a580 Mudie , p. 12. Muller , p. 64. Mulot, p. 110. Munster ( comte de p. 254 # 445, 459, 465 . 465. ' M ur chison , 9 , 197 ,198, 244 . a5û# 252 , 4do Murray ( J. ) , p. 448° Murray ( Hugh ) , p. i3 , i4- Murray (Alex. ) , p. 129. N Naumann ( C. ) , p. i4-i . tSS , 293 , 427. Neumann , p. 9 , 1 3 1 . Negro ( de ) , p. 5 1 . Neugcboren , p. 56. Ncuwied ( prince de ) , p. 122. N eue y p. 35. Nicol ( Will. ) , p. 484. Nobili , p. 5i. N oggerath , p. 289. 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Pokrowsky ( Aug, ) . 1 4 1 * Polinowski ( J . ) , p. 34 . Portin ( J. ) , p. 71. Porllock , p. 255. Potter , p. 9, 47, 8i,4o5. Pou illet y p. 61. 5i6 TABLE Powcll , p. 4^. Prechll ( J.-J. ) , p. 29. Presl ( K. -B. ) , p. 1 5p. Prcstel ( A.-E.) , p. il\ 1. Presiwicli ( J os. ) , p. 4^7. Prévost ( Constant) , p. 198, 4 26. Prichard ( J.-C. ) , 1 1 g- Pridcaux , p, 5i. P r insep , p. 62 , 099. Queielet , p. 53 , 54 , 71 , 81. Raby , p. 278 , 4^6. Rankin , p. 167. lias poil j p. 84. Rathke , p. 33. Razoumovuski ( le comte G. ) , p. 142. Reboul , p. 24 . i84 » 277. Redfield , p. 66. Redikortsev , p. 3i5. Refah , p. i3g. Reich ( G.-C.) ,p. 126. Reichenbach ( L. ) , p. 29. Reichenbach (le doct. ), p. 84 , 181 , 290 , 427 , 5o5. Reinward ( G.-G.-Çh.,) , p. 1 56. Rengger , p. 4i8. Rcnnel ( J . ) 5 p, 94 • Rennie , p. 9, î 25. Repelti , p. 1 34* Reynaud ( Jean ) , p. 4l* Rheiner, p 98. Rhind , p. i4« Ricci ( Jos. ) 5 p. 99. Richard ( Àch. ) , p. 129. Richardson > p. 269. Richter ( Ad. -Léop. ) , p. 1 83. Ridolfi , p. 321. Rieplj p. 298. Riese , p. 5i. Riley , p. 4^6, Prinz , p. 29. Prony, p. 290. Protossoff , p. 307. Proust ( W. ) , p* 76- Prout , p. 9 , 16. Puissant , p. 424* Pusch ( G. -G. ) , p. 35 , 399 , 463. Puvis', p. 17S. Rio ( da ) , p. 3 16. Rit chie ( W. ) , 5a. Rilter , p. i47 ? 242. Robert , p. 448. Robison , p. 2 44- Robsohn , p. 1 26. Roger , p, 429. Rogers ( J. ) , p. 246. Roget ( P.-M. ) , p. 12 . i5. Rose (Gustave ) , 85 , 1 5 5 , 109 , 4 28. Rose ( Henri ) , p. 85. Romeyn ( F. ) , 62. Roy , p. 54 , 56. Rosset ( de ) , p. 55. Rosihom ( de ) , p. 298. Roth (Ch. ), p. 427. Roulandi , p. 65. Rozet , p. 1 54 , 159, 200 , 260 , 583 , 426 , 428. Roy le ( T.-F. ), p. i5a , 3gS. Rudberg ( F. ) , p. 5o , 54 . 56. Rumley-TVright , p. 252. Ruppel , p. 122. Rusch ( Gabr. ), p. 98. Russcl ( Mich. ) , p. î j. Rush-Nutt , p. 4o6. Ryan ( Edward) , p. 37, Rybuschkin , p. 34* S Sabandschikov } p. 34. Sabine , p. 56. Saigey } p. 5o . 60. 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SUvertop , p. 538 , 539 , 428, Tailfair , p. 385* Tait , p. 176. Tardieu , p. 4a5. Targioni-Tozetti ( Ânt.) , p. 99. Taskin (de), p. 5o5. Taylor ( J. ), p. 585. Taylor ( Isaac) p. 9 , 1 2 , i85, 49^. Tcliaikovsky , p. 5o5. Texier , p, 323. Thirria ( E. ) , p. 264, 4»6. Thompson (Th. ) , 12 , 86. Tomlinson , p. 4o5. €hde , p. i4o. Valenciennes , p. 122. Vallejo , p. 277 , 428. Vallot , p. 448. Fonder- Maeten , p. i46 , i65. Simon ( V. ) , p. 262 , 44a* Simonov ( Jean ) , p. 42- Sismonda ( Ange ) , p. 86, 5i6. Slobin , p. 3 1 3 . Smith , p. 121, i54* Smyth , p. 345. Soches , p. i45. Sokofov ( Demetrius ) , p. 13p. Sommer ( J. -G. ) , p. 5o , i55. Soria ( P. ), p. 4 18. Southey ( Jos. ) , p. 42- Spasky , p. 70. Specz ( de ) , p. 98. Spetzler ( J. -A. ) , p. 109. Stahl , p. 28. Staring ( W.-Ch.-Hug. ) , p, 285. Stemles ( J. -G. ) , p. 29. Sternberg ( comie Gaspard ) , p. 64, . 4j5- Stevenson-Bachnan 3 p. 16, Strabon , p. 347- Strickland ( Aug. ) , p. 425. Strombeck ( de ) , p. 289, Stromeyer , p. 77 , 87. Struve , p. 33. Stuart ( G. ) , p. i53, Studer ( B. ) , p. 98 , 286 , 427* Suchow ( G. ) , p. 84 , i38 , i45, Swainson ( W. ) , p. 12. Sykes ( W.-H. ) . p. 386. T Torosiewicz ( Théodore ) , p. 99, Toulmouche , p. 269,426, 5o5. Tournai (fils ’j , p. 198, 277. Traill, p* 54 ,456. Trevelyan , p. 9 , 46 » 255. Triger , p. 426. Trimmer ( Joshua ) , p. 25o. Troost , p. 428. Tschaikovsky , p. 5o5 , 5o6. Tschectetzoff , p. 5io . 427» Turner , - p. 9 . 91 . Turpin , ( M. ) , p. 1 1 5. u Y Fan-Hees , p. 284* Farenius ( B^rn. ), p. 218, 58i. V aucher , p. 95 . Fernon p, 447- TABLE DES AUTEURS. 5/8 Fersclioyle , p. a 56. Villain , p. 86. Finccns , ( de ) , 67. V irey , p. 1 ai. Firlet , p. 10 i , 1 11., 1 97 , 198, 207, 269 , 346 et suiv. PFagner ( R. ) , p. 77 , 445 , 5o5, TF alchner , p. 161. TFalker ( Rob. ) , p. 88. TFal/ace , p. i4* W allier ( A. ) , p. i5i. PFaller , p. 33. ÎFarren ( John ), p. 123. TFathkins , p. 62. TFalson, p. 129. TFeiss , 10 2,445. PFherle , p. 77. TFhewell ( W ) , p. 47 > 94 » i3o, 167. PFerber , p. 97. JF" erner , p. 218. PFcstwood (J. -O. ) , p. 12. PFelzer ( J.-E. ) , p. 97. TFihte ( Gilbert) , p. i5. Zante-Descki , p. 5i. Zecchinelli , p. 99. Zedlitz ( L.-D. ) , p. 97* Zeizner ( Zeuschner ) , p. 297, 298 . 000. Zemplin , p. 98. Zen/ier , p. 447 , 456 , 4gi. Zenneck, p. 178. Fiviani , p. 49$. Fogel , p. 65. Fogt , 121. , 112. Fol fe ( James) , p. 383. Foltz , 141 , 265 , 44 7* w PFcthretl ( Nalh.-Thom. ) , p, 468. PFettstein ( J.-V.) , 98. TFlggtesworlh ( Ed. ) , p. 58. PFillamson (P.. ), p. 446. PFildbrand ( J. -B. ) , p. 124. PFilson ( J. ) , p. 14. PF immer , p. 00. PVinch , p. 255. TFiiham , p, 486. TFithers ( R.-W.) , p. 4o6. PFitting , p. 00. TVohler 9 p. 89. PFollaston , p. 88. TFoodward ( James), p. 80. PFoodward ( Sam. ) , p. 249 , 4^5. TVoodbine-Parish , p* 247* z Zeuschner- Zeiszner , p. 35. Zeune , p. 00, Zieten ( de) , p. 262. Zimmermon ( Christ. ) , 291 , 4^7« Zimmerman ( Ed.) , p. 28. Zippe , 86 , i32 , i43. Zucgagni-Orlandini ( Attil.), p. 427' FIN DE LA TABLE DU TOME CINQUIEME.