L'AuN Le, MAO EE a ct M 'el :& ! CURE: PEU FC EC DEL OL DE LD NUE EL AL OA 7 ALES ALU, Ee 9; Be PS. JA Pas LS ca) MALE me e f. À 1€ Pé L EANTIN TT ET ATOARC ANT TE TIC ACTE OS D QE DEA 8 D EX ELU  daté IN N Ch TARA ALIAS APR DL RTL S “4, [UPS CRETE ECC L REC EECOIT Te) VA se AM À + put 4 PE At AA PES CONTACT CON ECS 4 4 ACER OETRE 4 1 RURAL A EE A AUDE w PA LCR CIE PA C CAR ji RER UN Re Ben 4 SAYS ASC PITAELTE NC AGE LENS Nr PA k # ACER AT Tr ‘ Le A EN A TE A IN TON | Ka 9 M GE ED tu UT EUR AE En ACER AU RRIOA TAF NUS tn \ ME Me nn TE Pa a AT do by Me d'u qi À Ve EN NU, HA van AE Ur Net 1 Us à (It LHC AAC DES PEL PAU EURO RME Ni UMA AMOR ‘A 4 i Rs a v AR RMI AAA EN Li : Li DA EU RTE) AL Ne AN TOME CRUE in M QE M rt AAA AN re CARE ET ti A KL os Pa Vera g VAR ARENA HER ARRETE ‘ M à SA Are AE 9 lat ÿ Ne û His Up AURAS na Noa { sui rt) CR ONCE TEEN MER EN EE ; KE f LAN il RATE AU Fe ji s il ie de YU D EUX ME ZE NE (54 PA PET RP EC PA EN SEE ART € DSC EN CAE vu La NO LE GCNORNEEN Eee RU DNS EN sh } A \ ve mel L ! 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LA 4 LAN \ GTR) ! Re BUIÈL EN DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE (BRUXELLES) PRÉSIDENT D'HONNEUR : S. À. R. le Prince ALBERT de Belgique Vingi et unième année Tome XXI — 1907 BRUXELLES HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 112, rue de Louvain, 112 1908 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE (BRUXELLES) PRÉSIDENT D'HONNEUR : S. A.R. le Prince ALBERT de Belgique Proces-Verbaux DES SÉANCES DE JANVIER, FÉVRIER ET MARS Vingt et unième année Tome XXI. — 1907 BRUXELLES HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADEMIES ROYALES DE BELGIQUE 119, rue de Louvain, 112 1907 202571 STATUTS DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE Fondée à Bruxelles, le 17 Février 1887 CHAPITRE PREMIER. But de la Société. — Dispositions générales. ARTICLE PREMIER. — La Société prend le titre de SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE, DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE. ART. 2. — Elle a pour but de concourir aux progrès de la géologie et de toutes les sciences qui s’y rattachent, en y comprenant notam- ment la stratigraphie, la paléontologie, l'étude des roches et des miné- raux, l’hydrologie, la géographie physique, ainsi que l'étude des phénomènes de la nature qui interviennent dans la formation des dépôts, dans la distribution des êtres, etc. Elle cherchera à contribuer en particulier à la connaissance du sol de la Belgique et de celui des régions, telles que le Congo, pouvant le plus intéresser ses nationaux; elle s’efforcera de mettre en lumière leurs richesses minérales et de décrire leurs fossiles. Elle a encore en vue de propager le goût des recherches scienti- fiques dont elle s’occupe et de faire apprécier leur utilité pratique. ART. 9. — La Société pourra encourager et honorer les travaux publiés dans ses annales, en acceptant ou en instituant des dons, des prix annuels et des fondations diverses. ART. 4. — La Société Ss'occupant spécialement de questions avant pour objet l'intérêt et les progrès de la science ou l'extension de ses applications économiques, interdit formellement à ses membres toute discussion d’un caractère personnel ou irritant. ART. 9. — La Société a son siège à Bruxelles. Des séances extraor- dinaires et des excursions pourront avoir lieu en province et à l'étranger. À la demande de dix membres au moins, le. Conseil peut décider de tenir hors de Bruxelles l’une ou l’autre des séances ordinaires. Arr. 6. — La Société ne peut être dissoute que du consentement des quatre cinquièmes des membres effecufs. L'assemblée générale qui prononcéra la dissolution disposera de l'avoir de la Société en faveur d’une institution scientifique ayant son siège à Bruxelles. ; ART. 7. — Le principe du vote par correspondance est adrnis pour tout ce qui concerne les modifications statutaires, de même que pour les élections présidentielles et pour tous les cas où la solution d’un débat serait de nature à engager l'honneur ou la dignité de la Société, sous quelque forme que ce soit. Le scrutin secret ne devient de rigueur pour les votes, nominations, et pour tout ce qui à un caractère personnel, que dès qu’il est demandé même par un seul membre. ART. 8. — Le titre de la Société (voir art. 1%) et les dispositions contenues dans les chapitres suivants peuvent être modifiés par une assemblée générale spécialement convoquée à cet effet par le Conseil; les modifications proposées, annoncées d’avance, devront réunir les trois quarts des votes exprimés. ART. 9. — Aucune modification ne pourra être apportée aux huit derniers articles du présent chapitre sans le consentement des quatre cinquièmes des membres effectifs présents, convoqués à cet effet en assemblée générale par le Conseil. Si le nombre des adhésions réunies ne suffit pas pour former la majorité voulue, une seconde assemblée générale sera convoquée de la même façon, à quinze jours d'intervalle. Elle pourra prendre décision sur les questions portées à l’ordre du jour de la première assemblée, à la majorité des quatre cinquièmes des votes exprimés. CHAPITRE Il. Composition de la Société. ART. 10. — La Société comprend des membres protecteurs, des membres honoraires, des membres effectifs, des membres associés étrangers et des membres associés regnicoles. Les Belges et les étrangers peuvent également faire partie, sans distinction de nationalité, de la première, de la troisième et de la dernière catégorie de membres de la Société; le titre de membre honoraire est réservé aux étrangers, tandis que celui d’associé regni- cole est exclusivement consacré aux Belges. ART. 11. — Le titre de membre protecteur est décerné, sur la propo- sition du Conseil, approuvée par les trois quarts des suffrages expri- més en assemblée générale, aux personnes qui, même sans s'occuper spécialement de science, se seraient rendues ou pourraient se rendre utiles à la Société, soit par donation, soit par appui matériel ou moral. Les membres protecteurs reçoivent toutes les publications de la Société; ils ont le droit d'assister à toutes ses réunions, séances et eXCUrSIONS. _ ART. 42. — Le titre de membre honoraire est accordé, sur la propo- sition du Conseil, approuvée par le vote d’une assemblée générale de la Société, aux notabilités scientifiques de l'étranger dont la Société désire reconnaître les services rendus aux sciences qu’elle cultive. Le nombre des membres honoraires est limité à quarante. Les membres honoraires jouissent des mêmes prérogatives que les membres protecteurs: de plus, ils ont voix consultative et délibérative dans les questions d'ordre scientifique que la Société pourrait avoir à résoudre, à l’occasion de congrès, d'entreprises ou de problèmes d'intérêt général, ete., avant rapport à la géologie ou à ses applica- lLons. Ïls ont le droit d'assister, sans voix délibérative pour les questions d'élection et d'administration, à toutes les réunions, séances et excur- sions de la Société. ART. 15. — Le titre de membre effectif est accordé, sur demande écrite, à toute personne, belge ou étrangère, qui, acceptant les devoirs et obligations mentionnés par les présents Statuts, se fait présenter au Bureau par deux membres de la Société et qui, admise par au moins les trois quarts des suffrages du Bureau, tome la majorité des suffrages d’une assemblée ordinaire. ART. 44. — Un droit d'entrée, fixé à dix francs, est perçu pour toute adhésion de membre effectif. La cotisation annuelle de cette classe de membres est fixée à quinze francs; mais elle peut être modi- fiée par l’assemblée générale sur la proposition du Conseil, lorsqu'il le juge nécessaire. | ART. 45. — Les membres effectifs reçoivent toutes les publications de la Société; ils jouissent de toutes les prérogatives accordées aux catégories précédentes de membres. Ils ont le droit de faire convo- quer en tout temps, par requête d'au moins dix d’entre eux, soit le Conseil, soit une assemblée générale extraordinaire. ART. 46. — La cotisation annuelle des membres effectifs peut être remplacée par le versement d’une somme de deux cents francs. Ce versement donne le titre de membre effectif à vie. ART. 17. — Le versement par un membre effectif, en une ou en deux fois, d’une somme d’au moins quatre cents francs donne droit au titre de membre à perpétuité et à l'inscription indéfinie de cette mention dans les listes successives des membres de la Société. Les membres effectifs à vie et les membres à perpétuité reçoivent, leur vie durant, toutes les publications de la Société et sont libérés de toute charge pécuniaire ultérieure. ART. 18. — Toutes les sommes versées à la Société pour libération des cotisations sont capitalisées et ne peuvent être dépensées qu’en cas d’absolue nécessité, reconnue par le Conseil. ART. 19. — Le üUtre de membre associé élranger est réservé aux savants étrangers qui auraient rendu ou qui seraient appelés à rendre des services à la Société, ou bien à ceux qui, désireux de faire partie de celle-ci et d’en recevoir les publications complètes sans avoir à payer la cotisation des membres effectifs, prendraient l’engagement d'alimenter le Bulletin de communications scientifiques inédites, à raison d’une au moins tous les deux ans. Cette contribution aux travaux de la Société leur permet de récla- mer, sans payer la cotisation de cinq francs dont il est question à l’article suivant, le Pulletin au complet. ART. 20. — Les associés étrangers reçoivent gratuitement les Procès- Verbaux des séances; mais ils peuvent obtenir les Mémoires, soit réclamer le Bulletin en entier, sans s’astreindre au travail de collaboration ci-dessus indiqué, moyennant une redevance annuelle fixe de cinq francs. Le nombre des membres associés étrangers est limité à vingt. ART. 21. — Le titre de membre associé regnicole est réservé aux NID personnes habitant le pays qui, s'intéressant aux sciences géologiques, désirent, sans assumer les charges pécuniaires des membres effectifs, assister aux séances, excursions et réunions diverses de la Société, à ses conférences d'initiation scientifique, etc. ART. 22. — Les membres associés regnicoles paient une cotisation annuelle de cinq francs et un droit d'entrée de cinq francs. Ils ont le droit d'assister à toutes les séances, réunionset excursions de la Société. Ils reçoivent, sous forme de tirés à part, le procès-verbal de l’assem - blée générale annuelle, le compte rendu détaillé de la session extraor- dinaire annuelle, des extraits du Recueil des Traductions, Reproduc- tions et Travaux divers, et, éventuellement, divers autres documents à désigner par le Bureau. Quel que soit le prix d'abonnement aux Procès-Verbaux des séances, les associés regnicoles peuvent, en majorant de cinq francs leur rétri- bution, obtenir cette publication. Ils ont droit à l’usage de la bibliothèque aux mêmes conditions que les membres effectifs. Arr. 25. — Tout associé étranger, de même que tout associé belge versant annuellement 5 francs, peut demander son inscription d'office comme membre effectif, sans présentation ni élection nouvelle, et sans avoir à payer de droit d'entrée. Ces membres paient alors la cotisation annuelle des membres effectifs. ART. 24. — Les associés étrangers ont, au point de vue scientifique, les mêmes droits que les membres honoraires. Les membres associés belges peuvent prendre part aux discussions scientifiques, mais ils ne prennent part à aucun vote. ART. 25. — La nomination des membres associés étrangers est proposée par le Bureau, soit de sa propre initiative, soit sur demande écrite du candidat adressée au Président. Elle doit être acceptée par une assemblée ordinaire, à la simple majorité des membres présents. La nomination des membres associés regnicoles se fait dans les mêmes conditions que celle des membres effectifs. CHAPITRE III. Administration de la Société. A. COMPOSITION DES POUVOIRS ADMINISTRATIFS. ART. 26. — La direction et l’administration de la Société sont confiées à un Bureau et à un Conseil administratif, dont le Bureau fait partie. — | MIIL — ART. 27. — Le Bureau se compose de : 4° Un Président ; + 2 Quatre Vice-Présidents représentant, autant que possible, les diverses parties du programme de la Société ; 3° Éventuellement un Secrétaire général honoraire ; 4 Un Secrétaire général ; 5° Un ou, éventuellement, deux Secrétaires. Éventuellement aussi, un Secrétaire adjoint est nommé par le Bureau, sur la proposition du Secrétaire général. Le Secrétaire adjoint peut être pris en dehors de la Société. Il ne fait pas partie du Conseil; 6° Quatre Délégués permanents du Conseil, ayant faculté de siéger au Bureau dans les séances et prenant part à toutes ses délibérations. ART. 28. — Le Conseil administratif se compose, outre les membres du Bureau compris dans les $$ 4 à 5 de l’article précédent, de six Conseillers. ART. 29. — Le Trésorier et le Bibliothécaire peuvent faire partie soit du Conseil, soit de sa délégation au Bureau, sans cependant que cela soit obligatoire. B. ELECTION DES POUVOIRS ADMINISTRATIFS. ART. 50. — Toutes les élections du Conseil se font à l'assemblée générale annuelle ou à des assemblées générales extraordinaires, spécialement convoquées à cet effet en cas de vacance nuisible aux intérêts de la Société. Seuls les membres effectifs peuvent prendre part à ces votes, qui se font par bulletin secret. Eux seuls peuvent faire partie des pouvoirs administratifs. ART. 31. — Le Président est nommé pour deux ans et les Vice- Présidents pour un an. Aucun d’eux n’est immédiatement rééligible. ART. 31bis. — Le Secrétaire général honoraire est nommé à vie. ART. 32. — Le Secrétaire général est nommé pour quatre ans; 1l est immédiatement rééligible. L'élection du ou des Secrétaires désignés par le $ 4 de l’article 27 à lieu tous les deux ans. Ils sont immédia- tement rééligibles. ART. 55. — Les membres du Conseil ne faisant pas partie du Bureau se réélisent par moitié tous les ans. Ils peuvent être immédia- tement réélus, sauf après quatre années de fonctions continues. Les Vice-Présidents, Secrétaires et les membres du Conseil sont nommés au scrutin secret par les membres présents à l’assemblée générale. Dans le cas où ils n'auraient pas réuni la majorité absolue au pre- mier tour de scrutin, 1l sera procédé à un ballottage. En cas de parité, le candidat le plus âgé est élu. Les quatre Délégués permanents du Conseil sont nommés par moitié bisannuellement et d’après le même mode de votation; ils sont rééligibles. C. RÔLE ET ATTRIBUTIONS DES POUVOIRS ADMINISTRATIFS. ART. 34. — Le Conseil est chargé de prendre les mesures et les décisions nécessaires pour assurer la bonne direction et la prospérité de la Société, l’ordre de ses séances, réunions et travaux; la conser- vation de ses collections, archives, bibliothèque, matériel, etc. Il peut juger en appel certaines décisions du Bureau. ART. 35. — En cas de démission ou de décès d’un des membres du Bureau, le Conseil peut lui choisir un remplaçant dans son sein, en attendant la plus prochaine assemblée générale. ART. 36. — Le Conseil se réunit de droit en assemblée plénière avant l’assemblée générale de décembre, pour examiner l’état des affaires de la Société, préparer l'examen du budget, fixer l’ordre du jour de l’assemblée générale annuelle, vérifier la gestion du Trésorier et recevoir communication du discours présidentiel. ART. 57. — Le Bureau est chargé de mettre à exécution les déei- sions du Conseil, d'organiser les réunions, de diriger les séances, de proposer l'élection des membres effectifs et associés, d'appliquer les règlements d’ordre intérieur et de veiller à l'exécution des statuts. Il désigne les membres des commissions et des députations. ART. 38. — Le Président dirige les débats et préside les assem- blées, dont il a la police. Il signe tous les actes de la Société. II fait de droit partie de toutes les commissions et députations, sauf de la Commission des comptes et du Comité de publication. Il charge le Secrétaire général de convoquer la Société, le Conseil, le Bureau et les Commissions. Tous les ans, à la séance générale de décembre, il présente un rapport détaillé sur les travaux et sur les relations de la Société. ART. 39. — En cas d'absence ou d’empêchement du Président, il est remplacé par l’un des membres du Bureau ou du Conseil, dans l’ordre d'inscription de ceux-ci. — X — ART. 40. — Le Secrétaire général signe tous les actes de la Société. Il fait partie de toutes les commissions et députations, sauf de la Commission des comptes et du Comité de publication. Il est chargé du service des publications, de la correspondance, des convocations el du procès-verbal des séances de la Société et du Conseil. ART 41. — Tous les quatre ans, et en coïncidence avec la nomi- nation du Président, l'assemblée générale procède à l'élection d’un Trésorier et d’un Bibliothécaire-Archiviste, ce dernier chargé aussi éventuellement de la conservation des collections. ART. 42. — Dans le cas où le Trésorier ou le Bibliothécaire ne feraient pas partie du Conseil, ils peuvent être convoqués à ses séances et ont voix consultative dans les questions qui se rapportent à leurs fonctions. ART. 45. — Le Bibliothécaire à pour mission de maintenir l’ordre dans les documents : livres, archives, collections et matériel, remis à sa garde et de tenir au courant des entrées et sorties un registre détaillé ainsi que le catalogue de la bibliothèque. Le Bibliothécaire est chargé du service des prêts, conformément aux dispositions du règlement élaboré par le Conseil. ART. 44. — Le Trésorier fait les paiements sur les mandats signés par le Président ou par le Secrétaire général. Il est chargé de la gestion des fonds, du service du recouvrement des cotisations et des droits d'entrée. Il veille à la rentrée régulière du produit des abonnements el vente des publications et règle les comptes des fournisseurs. Il fait connaître la situation pécuniaire chaque fois que le Conseil le demande et, à l'assemblée générale, 1l présente, sur l’invitation du Président, à l’approbation de Fassemblée l’état des finances, ainsi qu'un projet de budget, accepté préalablement par le Conseil. D. COMMISSIONS PERMANENTES ADJOINTES AU BUREAU. ART. 45. — L'assemblée générale de décembre procède tous les deux ans à l’élection d’une commission de trois membres, pris en dehors du Conseil, qui est chargée d'examiner les comptes et l’inven- taire de l’avoir de la Société. Cette Commission doit faire part de ses observations au Conseil, avant la clôture par celui-ci de chaque exercice et également, lorsqu'elle le juge convenable, à l’assemblée générale annuelle. Les membres de cette Commission peuvent être immédiatement réélus. ART. 46. — Un Comité de publication, composé de trois membres, est nommé par l'assemblée générale tous les quatre ans, en même temps que le Secrétaire général. Ce mandat est compatible avec celui de membre du Conseil. ART. 47. — Le Comité de publication a pour mission de veiller, chaque fois qu’il en est requis par le Bureau ou par l'assemblée, à la stricte exécution des dispositions énoncées par l’article 4 du chapitre [# ainsi que par l’article 84 du chapitre VI des Statuts. E. COMITÉ PERMANENT D’ÉTUDES DES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION D'ORIGINE BELGE. ART. 48. — Un Comité permanent d’études des matériaux de con- struction d’origine belge est constitué sous les auspices et parmi les membres de la Société. Il a pour but la réalisation du programme spécial dont diverses parties ont été développées jusqu'ici aux séances des mois de mars 1892 et de janvier et mars 1897. ART. 49. — Ce Comité se compose de vingt-cinq membres au plus, désignés, en cas de vacance, en assemblée générale annuelle. Ses travaux sont dirigés par un Président, assisté de deux Secrétaires, dont l’un au moins habitant Bruxelles, chargés de faire les comptes rendus des séances du Comité ainsi que de s'occuper du travail spécial du Comité. Tous les membres de la Société — et même des étrangers, à titre consultatif — peuvent, sur leur demande, être admis à assister, mais sans voix délibérative, aux séances du Comité. L'ordre du jour des séances du Comité n’est envoyé qu’à ses membres, ainsi qu'aux per- sonnes invitées à assister à ces réunions spéciales. F. DE LA VALIDITÉ DES DÉCISIONS. ART. 50. — À chaque réunion plénière du Conseil, ses membres constatent leur présence par l’apposition de leur signature sur un document à ce destiné. ; Il est dressé par les soins du Secrétaire général un procès-verbal des séances du Conseil. Ce procès-verbal devra être ultérieurement paraphé par le Secrétaire général et approuvé par le Président. NES ART. 51. — Le Conseil ne peut délibérer, sur une première con- vocation, si la majorité absolue des membres n’est présente. Aucune décision du Conseil n’est valable que si elle obtient au moins la majorité absolue des sufirages exprimés. Dans ses décisions en appel, la majorité absolue du nombre total des voix qui le composent doit être acquise. | Une assemblée générale extraordinaire, convoquée à cet effet, est appelée à statuer sur les cas où le Conseil ne parviendrait pas à réunir la majorité absolue des suffrages. ART. 52. — Appel de toute décision du Conseil directement rela- tive à la personnalité d’un membre de la Société pourra, dans le délai de quinze Jours, être porté par l'intéressé devant une assemblée générale, spécialement convoquée à cet effet. ART. 53. — Lorsque le Conseil n’est pas en nombre pour délibérer efficacement, le Président adresse une seconde convocation, pour une séance dans laquelle les décisions sont valablement prises à la majo- rité absolue des membres présents. Pour les décisions en appel, ce n’est qu’à partir de la troisième convocation que la majorité absolue des seuls membres présents prend des décisions valables. ART. 54. — Toute délibération du Bureau relative à la présentation de membres effectifs ou associés n’est valable que si elle réunit les trois quarts des suffrages exprimés. Pour tout autre objet, ses déei- sions sont prises à la majorité absolue des membres présents. ART. 55. — Tout appel des décisions du Bureau interjeté par au moins dix membres effectifs de la Société sera déféré à une assem- blée plénière du Conseil, jugeant en dernier ressort, à la majorité absolue de ses membres. CHAPITRE IV. Admissions, mutations, démissions, radiations et exclusions. ART. 56. — Tout membre de la Société reçoit, lors de son admis- sion, une lettre d'avis, sa carte de membre, un exemplaire des Statuts et la liste des membres de la Société. a D ART. 57. — Ceux des membres associés étrangers, ayant pris l’en- gagement de collaboration spécifié dans l’article 19 et qui, pendant trois périodes successives de deux annees, auront présenté des commu- nications ou des mémoires scientitiques d’un réel intérêt, ou bien qui, pour divers motifs, se seront acquis des droits particuliers à la reconnaissance de la Société, pourront, sur la proposition du Conseil, être dégagés de leur engagement de collaboration régulière et conti- nuer, sans aucune cotisation, à recevoir le Bulletin au complet. En cas de vacance parmi les membres honoraires, ces mêmes membres pourront être considérés comme candidats privilégiés. ART. 58. — Toute démission doit être adressée par écrit au Prési- dent de la Société avant d’être acceptée par le Bureau. | La cotisation est due pour toute l’année pendant laquelle la démission a été envoyée. Les publications de lexercice correspondant sont envoyées aux membres démissionnaires. ART. 59. — Les membres en retard de paiement de cotisation depuis plus de deux années seront invités à les acquitter dans un délai fixé; faute de réponse satisfaisante, ils seront, après envoi d'une lettre d’avis spéciale, considérés comme démissionnaires et Île Bureau cessera de les faire figurer au tableau des membres. ART. 60. — Les publications de la Société ne seront envoyées qu'aux membres effectifs ou associés ayant acquitté leur cotisation. ART. 61. — Les membres associés étrangers liés par l’article 19, qui, au bout de deux périodes bisannuelles, n’auraient pas tenu leur engagement, cesseront de recevoir les publications; ceux qui, après quatre ans de silence persistant, auraient ainsi rompu leurs engage- ments, recevront avis du Bureau qu’à moins d’exeuse valable, ils cessent de faire partie de la Société. ART. 62. — L’exclusion ne peut être prononcée que pour des motifs graves, entachant l’honorabilité du membre en prévention. Cette mesure extrême doit réunir l’assentiment de tous les membres du Conseil au complet, qui ne la peuvent décréter que sur la propo- sition du Président. Les membres valablement empêchés sont tenus d'exprimer leur vote par correspondance et sous pli cacheté. ART. 63. — L’intéressé à le droit d’interjeter appel devant une assemblée générale, spécialement convoquée à cet effet et qui pro- nonce souverainement, à la majorité absolue des votes expr:més directement ou par correspondance. Les membres du Conseil s’abstiennent de prendre part à ce vote. Sn > CHAPITRE V. Assemblées de la Société. A. DES ASSEMBLÉES ORDINAIRES. ART. 64. — Les membres de la Société se réunissent en assemblée. ordinaire au moins une fois par mois, sauf pendant les vacances d'août et septembre, à la date et à l’heure désignées d'avance par l'assemblée générale annuelle. Ces séances mensuelles, dirigées par le Bureau, sont consacrées aux communications de travaux concernant les diverses branches d'activité scientifique de la Société et aux discussions qui s'ensuivent, ainsi qu'aux présentations et élections de membres effectifs et associés. Ces assemblées ne prennent de décision valable qu’à la majorité absolue des membres présents. Ceux-ci, en y comprenant les membres du Bureau, doivent fournir l'expression d’au moins sept suffrages. ART. 65. — Outre les assemblées ordinaires, consacrées aux travaux de géologie, de paléontologie et d’hydrologie pures, il peut y avoir des réunions spéciales consacrées, les unes aux applications des sciences géologiques et à la mise en lumière de leurs résultats économiques, les autres à des causeries et à des conférences d’initia- tion géologique avec démonstrations et projections lumineuses, etc., pour lesquelles des invitations pourront être adressées à des per- sonnes étrangères à la Société; les dames peuvent y être conviées, ainsi d’ailleurs qu'aux excursions de la Société. B. DES ASSEMBLÉES GÉNÉRALES. ART. 66. — Les membres de la Société se réunissent de plein droit en assemblée générale au mois de décembre de chaque année. Cette séance annuelle clôture l’exercice social et son ordre du jour est fixé comme suit : 4° Rapport du Président sur les travaux de l’année, sur l’état de la Société, sur ses relations scientifiques et sur les progrès réalisés dans les diverses sphères de son activité; mn cb À bat 2 Lecture d’un compte rendu sommaire exposant les travaux de la session extraordinaire ; 3° Apurement et approbation des comptes du trésorier; 4 Fixation du budget ; 5° Fixation des jours et heures des assemblées mensuelles ordi- naires et des séances d'applications (hydrologie, etc.) ; 6° Choix, d’après les propositions du Conseil, de la localité où doit se tenir la session extraordinaire. Fixation d’un programme d’excursions ; 7° Délibération sur les propositions soumises par le Conseil ou signées par dix membres et portées à l’ordre du jour; 8 Décisions diverses prévues par les Statuts et Règlements (prix, concours, etc. ); 9° Nomination, au scrutin secret, des Vice-Présidents et, tous les deux ans, du Président, des Secrétaires, et remplacement des membres sortants du Bureau, du Conseil et de la Délégation perma- nente; 10° Élection, lorsqu'il y a lieu (tous les quatre ans), du Secrétaire général, du Trésorier et du Bibliothécaire, ainsi que de la Commis- sion des comptes et du Comité de publication. ART. 67. — Les décisions prises par l'assemblée générale sont valables lorsqu'elles ont obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés. ART. 68. — Dans les divers cas, prévus par les Statuts, où la réunion d’une assemblée générale extraordinaire se trouve exigée, le Président la convoque dans le délai de quinze Jours et fait connaître en même temps aux membres l’ordre du jour de la séance. Le Conseil peut, en tout temps, demander au Président de convo- quer une assemblée générale extraordinaire. ART. 69. — Aucune assemblée générale ne peut délibérer que sur l’ordre du jour déterminé dans la convocation envoyée aux membres. C. DES SESSIONS EXTRAORDINAIRES. ART. 70. — Chaque année, la Société se réunit en session extraor- dinaire en un point quelconque du territoire belge ou à l’étranger. Cette réunion a pour but, soit l’exposé et la démonstration de progrès réalisés dans les études relatives à la région visitée, soit la recherche et la discussion de résultats faisant l’objet de débats scien- tifiques encore ouverts. ART. 71. — Un bureau spécial pour la direction des sessions extraordinaires est nommé par les membres présents. ART. 72. — Les procès-verbaux de ces réunions sont dressés par le Secrétaire de la session au moyen de notes fournies, avant l’assem- blée générale annuelle, par les membres ayant pris la parole dans les séances, ou bien ayant dirigé les excursions. Les comptes rendus des sessions extraordinaires ne comprendront, autant que possible, que des travaux relatifs à la contrée où la session a eu lieu. CHAPITRE VI. Des publications de la Société. A. NATURE DES PUBLICATIONS. ART. 75. — La Société publie un recueil périodique, de format grand in-8°, sous le titre : Bulletin de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d’Hydrologie. ART. 74. — Ce recueil comprend, outre les Mémoires, les Procès- Verbaux des séances, un recueil de Traductions, Reproductions et Travaux divers, des Annexes diverses aux procès-verbaux, des Nou- velles et Informations diverses (imprimées en petit texte). Les Mémoires, les Procès-Verbaux des séances, les. Traductions, Reproductions, etc., ainsi que les Tables, ont des paginations spéciales et distinctes. Les Procès-Verbaux paraissent en fascicules, au nombre de quatre à six annuellement; ils contiennent les comptes rendus des séances de géologie pure et de géologie appliquée, ainsi que les communica- tions de peu d’étendue lues en séance et acceptées pour linsertion. ART. 75. — Les Mémoires sont réservés aux travaux originaux d’une certaine étendue et surtout à ceux réclamant des planches et des figures hors texte. [ls paraissent, soit avec les Procès-Verbaux en volumes annuels, soit en fascicules, trimestriels autant que possible, comprenant un certain nombre de feuilles d'impression et englobant des feuilles de Procès-Verbaux. ART. 76. — Aucun travail ne peut être imprimé ni distribué au nom de la Société avant qu’une assemblée, prévenue par un nr AN II ordre du jour précis, n'en ail pris connaissance et approuvé le contenu. | ART. 77. — Le Bureau est juge de l’opportunité de publier les traductions ou les reproductions d'articles ou de travaux, soit de science pure, soil de science appliquée, qui pourraient être présen- tées pour le Bulletin de la Société. B. MODE D'ÉDITION ET DE DISTRIBUTION. - ART. 78. — Le Bulletin de la Société belge de Géologie, de Paléonto- logie et} d'Hydrologie est distribué aux membres conformément aux dispositions statutaires. Les personnes étrangères à la Société peuvent s'abonner, soit aux Procès- l'erbaux ou aux Mémoires, soit au Bulletin complet, à des conditions à déterminer par le Conseil. ART. 79. — Les publications de la Société seront échangées contre d’autres recueils scientifiques de l'étranger et du pays, dans le but de contribuer à la formation d’une bibliothèque géologique, paléontologique et hydrologique. ART. 80. — Bien que les membres de la Société n'aient droit qu'aux volumes de publications correspondant aux années pour les- quelles ils ont payé leur cotisation, les volumes antérieurs à leur entrée leur seront cédés à un prix inférieur d’un tiers à la cotisation correspondante. Tous les membres ont la faculté d'acquérir, pour une fois seule- ment, avec un rabais de 50 ©, la collection complète du Bulletin jusqu’à l’année de leur réception. Il leur est accordé dans ce but de grandes facilités de paiement. C. CONDITIONS DE PUBLICATION DES TRAVAUX PRÉSENTÉS. ART. 81. — Pour être insérée dans les Mémoires, toute commu- nication doit être exposée, résumée ou lue en séance. Dans le cas de résumé trop sommaire ou de simple dépôt de manuscrit, ou bien encore si la lecture ou l'audition d’un travail destiné aux publications de la Société soulève des objections relatives à sa publication ou à sa forme, en ce qui concerne l'application des articles 4 et 84 des Sta- tuts, le Bureau aura à réclamer l'intervention du Comité de publica- tion, chargé alors de faire rapport sur les points litigieux, s’il y en a, ou sur l'opportunité de la publication du travail. "AN — L'assemblée mensuelle, qui entend les conclusions des rappor- teurs, décide, à la majorité absolue, s'il y a lieu ou non d'imprimer le travail avec ou sans les modifications proposées, on bien. d’en insé- rer un résumé. L'auteur, toutefois, reste libre de retirer son manuscrit si la déci- sion de l’assemblée ne peut être agréée par lui. ART. 82. — Pour être insérée dans les Procès-Verbaux des séances, toute communication doit avoir été présentée en séance et ne point dépasser deux feuilles d'impression. L'assemblée se pro- nonce, soit sur l'insertion in extenso, soit sur celle d’un résumé qui pourra être fait par l’un des Secrétaires d’après le manuscrit de l’au- teur, si celui-ci ne peut s’en charger. ART. 83. — Les communications verbales faites en séance seront résumées par le Secrétaire général, d'après ses notes, ou bien d’après un texte remis dans les cinq jours au plus tard par l'orateur. Il en sera de même des réflexions, observations et diseussions exclu- sivement scientifiques provoquées par ces cCommunicalions. ART. 84. — La publication dans les Procès-Verbaux des séances de tout incident, de toute discussion ou de toutes paroles n'ayant pas pour objet l’intérét ou les progrès de la science sera rigoureusement interdite. Le Président, s'appuyant sur l’avis du Comité de publication, veil- lera à la stricte exécution de cette mesure. ART. 85. — Tout membre a le droit de demander l'insertion dans les Procès-Verbaux ou dans la correspondance, sous sa signa- ture ou avec ses initiales, d’articles, extraits ou analyses, qui pourront être soumis éventuellement à l’approbation du Comité de publication par la voie du Secrétaire général, auquel seront envoyées ces com- munications dans les délais fixés par un règlement spécial. ART. 86. — Les travaux et communications insérés dans les Mémoires et au Bulletin, en général, sont imprimés el paraissent, autant que possible, dans l’ordre de leur présentation. Toutefois le Bureau est autorisé à modifier l’ordre de publication, soit dans le cas d'absence ou d’empêchement de l’auteur, soit dans le cas de retard notable causé par la confection des planches, ou par tout autre motif. ART. 87. — Les manuscrits présentés et acceptés deviennent Ja propriété de la Société. Arr. 88. — La Société, en décidant l'impression d'un travail, laisse à l’auteur la complète responsabilité de ses opinions. > D, mure ART. 89. — Aucun nom d'espèce nouvelle fossile ne pourra être proposé dans les publications de la Société s’il n’est accompagné d’une figure ou d'une description caractérisant convenablement l'espèce. ART. 90. — Le Bureau et plus spécialement les Secrétaires veil- leront à ce que les décisions, comme les travaux de la Société, s’ins- pirent le plus largement possible des règles énoncées par les Congrès internationaux de géologie pour l'unification des méthodes, des nomenclatures géologiques et paléontologiques, etc. ART. 91. — La Société pourra déléguer plusieurs de ses membres à tout Congrès ayant en vue l'étude de ces questions, leur donner ses instructions et la mission de faire un rapport succinet sur les délibé- rations de ces Congrès. Ces rapports seront insérés dans le Bulletin de la Société. | ArT. 92. — Les épreuves des mémoires et des communications seront revues et corrigées par les auteurs, qui, selon qu’ils habitent la Belgique ou l'étranger, sont tenus de les renvoyer endéans les cinq ou huit jours au Secrétaire général. Ces délais écoulés, le Secrétaire est autorisé à passer outre et à donner le bon à tirer. ART. 953. — Les frais de remaniements extraordinaires, c’est- à-dire non compris dans la moyenne admise dans le contrat avec l’imprimeur et dont les frais sont englobés dans le prix réglemen- taire de la feuille d'impression, sont exclusivement à la charge des auteurs. Ceux ci, dans leur propre intérêt. sont donc invités à fournir des manuscrits non sujets à remaniements, ni à des corrections nombreuses et successives. ART. 94. — Les auteurs ne peuvent réclamer plus de deux épreuves en placards nt plus d’une épreuve de mise en pages. D. DES TIRÉS A PART. ART. 95. — Les auteurs de travaux et d’articles insérés, soit dans les Mémoires, soit dans les Procès-Verbaux des Bulletins, ont droit gratuitement à cinquante tirés à part conformes aux prescriptions réglementaires. ART. 96. — Outre les exemplaires qui leur sont délivrés gratuite- ment, tous les membres de la Société ont le droit d'obtenir des tirés à part de leurs travaux, en nombre illimité, d’après un tarif aussi réduit que possible, arrêté par le Conseil. Les couvertures imprimées et grands titres sont exclusivement à la charge des auteurs. D ART. 97. — Les tirés à part extraits des publications de la Sociélé devront, sauf en cas de demande contraire de l’auteur, avoir une couverture d’un modèle réglementaire déterminé par le Conseil, mettant en évidence le titre du recueil dont ils sont extraits. Ils porteront la pagination du recueil qui les contient; mais si l’auteur le demande, les tirés à part pourront porter une double pagi- nation. ART. 98. — Les auteurs sont astreints à payer directement aux fournisseurs, d’après le barème réglementaire, le prix des tirés à part qu'ils auront demandés au Secrétariat. ART. 99. — Les présents Statuts, remplaçant ceux datant de la fondation de la Société, ont été adoptés à l'assemblée générale du 17 février 1898 et entrent en vigueur à parür de l'exercice 1898; l’article 27 à été modifié et l’article 31bis a été ajouté par un vote de l'assemblée générale du 16 février 1907. LU SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE COMPOSITION DU BUREAU, DU CONSEIL ET DES COMITÉS BOL OO O7 Président : M. le Chanoïne HENRY DE DORLODOT (1907-1908), Professeur à l’Université catholique. Vice-Présidents : MM. le Major du génie EuGènE CUVELIER (1907), Professeur à l’École militaire. CONSTANTIN MALAISE (1907), Membre de l’Académie royale des Sciences. AIMÉ RUTOT (1907), Membre correspondant de l’Académie royale des Sciences, Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. XAVIER STAINIER (1907), Membre de la Commission géologique de Belgique, Professeur de Géologie à l’Université de Gand. Secrétaire général honoraire : M. ERNEST VAN DEN BROECK, Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. Secrétaire général : M. le Baron LÉoN GREINDL (1907-1910), Capitaine Commandant d’État-major, Professeur de Géologie à l’École de Guerre. Secrétaire : M. le Docteur C. VAN DE WIELE (1907-1908). Délégués du Conseil : MM. le Docteur Vicror JACQUES (1907-1908), Secrétaire général de la Société d’Anthropologie. JosEPH KERSTEN (1907-1908), Ingénieur, Inspecteur général des Charbon- nages patronnés par la Société générale de Belgique. Micez MOURLON (1907-1910), Membre de l’Académie royale des Sciences Directeur du Service géologique de Belgique. le Major du Génie J. WILLEMS (1907-1910). Membres du Conseil (ne faisant pas partie du Bureau) : MM. FEeRDINAND DE SCHRY VER (1906-1907), Ingénieur en chef Directeur des Ponts et Chaussées. CHARLES FIEVEZ (1906-1907). le Comte AD. DE LIMBURG-STIRUM (1907-1908), Membre de la Chambre des Représentants. le Capitaine du Génie ÉmiLE MATHIEU (1907-1908), Répétiteur à l’École militaire. le R. P. Gaspar SCHMITZ S. J. (1907-1908), Directeur du Musée géologique des bassins houillers belges. GUSTAVE SIMOENS (1906-1907), Docteur ès-sciences minérales, Chef de section au Service géologique de Belgique. Trésorier : M. CHARLES FIEVEZ (1905-1908). Bibliothécaire : M. LuciEN DEVAIVRE (1907-1910). Comité de publication : MM. le Major du Génie EUGÈNE CUVELIER (1907-1910). le Docteur Vicror JACQUES (1907-1910). AD. KEMNA (1907-1910), Directeur de l’Antwerp Waterworks Co. Comité de vérification des comptes : MM. L. BAUWENS (1907-1908). le Docteur GILBERT (1907-1908). H. LEBON, Avocat-Avoué (1907-1908). SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE, DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE Fondée à Bruxelles, le 17 février 18S7 LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES ARRÊTÉE AU 19 FÉVRIER 4907 (4) Président d'honneur. S. À. R. MONSEIGNEUR LE PRINCE ALBERT DE BELGIQUE. Membres Protecteurs. M. Em. DE MOT, Bourgmestre de la Ville de Bruxelles. M. ERNEST SOLVAY, Industriel à Bruxelles. Membres Honoraires. 4 * BARROÏIS, Ch., Professeur à la Faculté des sciences de l’Université de Lille, 37, rue Pascal, à Lille, et rue Chomel, 9, à Paris (VIT). 2 BERTRAND, C.-Eg., Correspondant de l’Institut, Professeur de botanique à la Faculté des sciences de l’Université de Lille, 6, rue d'Alger, à Amiens 3 BONNEY, Rév. Thomas George, Professeur de géologie et de minéralogie University College, 9, Scroope Terrace, Cambridge. 4 BRÔGGER, W. C., Professeur à l'Université de Christiania. 5 * CAPELLINI, Giovanni (le Commandeur), Professeur de géologie à l’Université, via Zamboni, à Bologne (Italie). 6 CHOFFAT, Paul, Attaché au Service géologique du Portugal, 113, rue do Areo a Jesus, à Lisbonne (Portugal), et 21, rue Saint-Laurent, à Bordeaux. 7 CREDNER, Dr Hermann, Directeur du Service royal géologique de Saxe, Professeur à l’Université de Leipzig. (4) Les noms des fondateurs se trouvent, dans la liste ci-dessous, précédés d'un astérisque *. Les noms des membres à vie sont précédés de deux astérisques **. XXIV 20 27 98 LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES * DOLLEFUS, Gustave, ancien Président de la Société géologique de France, Collaborateur principal au service de la Carte géologique de France, 45, rue de Chabrol, à Paris (X). DUBOIS, Eugène, Professeur de géologie et de Daléontsloge à l’Université d'Amsterdam, Conservateur au Musée Teyler de Haarlem, 45, Zylweg, à Haarlem. GAUDRY, Albert, Membre de l’Institut de France, Professeur honoraire de paléontologie au Muséum, Tbis, rue des Saint-Pères, à Paris (VI). * GEIKIE, Archibald, F. R. S., ancien Directeur général des services géolo- giques de Grande-Bretagne et d'Irlande, 3, Sloane Court, London N.W. * GEIKIE, James, LL. D.; F. R. S., Professeur de géologie et de minéralogie à l'Université d’Édimbourg, Kilmorie, 83, Colinton Road, Edinburgh. * GOSSELET, Jules, Correspondant de l’Institut de France, Professeur hono- raire de géologie à la Faculté des sciences de l’Université de Lille, 18, rue d’Antin, à Lille. HARMER, Oakland House, Cringleford, près Norwich (Angleterre). HEIM, Alb., Professeur à l’Université de Zurich, à Hottingen (Zurich). HUGHES, Thomas, Mac Kenny, Professeur de géologie à l’Université de Cam- bridge, Woodwardian Museum, Trinity College, Cambridge Angleterre). ISSEL, Arthur, Professeur à l’Université, 16, Via Brignole Deferrari, à Gênes. * JONES, T. Rupert, F. R. S., Penbryn Chesham, Bois Lane, Chesham-Bucks (England). JUDD, J. W., Professeur de géologie au Collège royal des sciences, South Kensington, London S. W. | KARPINSKY, Alex. Petrow., Membre de l’Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, Directeur du Comité géologique de Russie, Professeur à l'École des Mines, à Saint-Pétersbourg. KOENEN (A. von), Dr, Professeur de géologie et de paléontologie à l’Univer- sité de Gôttingen (Allemagne). LAPPARENT (Albert DE), Membre de l’Institut de France, ancien Président de la Société géologique de France, Professeur de géologie et de minéra- logie à l’École libre des Hautes-Études, 3, rue de Tilsitt, à Paris (VII). 3 * LOEWINSON-LESSING, F., Professeur de minéralogie et de géologie à l’Insti- tut polytechnique de Saint-Pétersbourg, Sosnovka, à Saint-Pétersbourg. LORIE, J., Docteur ès sciences, Privatdocent à l’Université, 18, Oudkerkhof, à Utrecht (Pays-Bas). MARTEL, E.-A., Président de la Commission centrale de la Société de = Géographie, Secrétaire général de la Société de Spéléologie, 93, rue d’Aumale, à Paris (IX) MICHEL LÉVY, A., Membre de l’Institut de France, Directeur du service de la Carte géologique de France, 26, rue Spontini, à Paris (XVI). MOJSISOVICS vox MOJSVAR, Dr Edmund, K. K. Hoïrath, Wirkl. Mitglied der- K. Akad. der Wiss., 26, Strohgasse, à Vienne. _NIKITIN, Serge, Géologue en chef du Comité géologique de Russie, Institut des Mo à Saint-Pétersbourg. 38 39 10 * * * + DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE XXV ROSENBUSCH, Dr H., Professeur de géologie à l’Université d’'Heidelberg. ROUVILLE (A.-P. DE), Doyen et Professeur honoraire de géologie de la Faculté des sciences de l’Université de Montpellier, 10, rue Henri-Garnier, à Montpellier (Hérault). SACCO, Federico, Professeur de paléontologie à l’Université, Castello del Valentino, à Turin. SUESS, Édouard, Professeur à l'Université de Vienne. TEALL, J. J. H., Président de la Société géologique de Londres, Directeur géné- ral des Services géologiques de Grande-Bretagne et d'Irlande, 98, Jermyn Street, à Londres. THORODDSEN, Th., Dr Phil, Professeur honoraire, 27 Aa boulevard Copenhague. TRAQUAIR, R. H., M. D., LL. D.,F. R.S., Conservateur des collections d’his- toire naturelle au Musée des Sciences et des Arts, à Édimbourg (Écosse). WEINSCHENK, Ernest, Professeur de pétrographie à l’Université de Munich. WHITAKER, Will, F. R. S., Chairman of the Sanitarv Institute. Freda, 3, Campden Road, à Croydon. WOODWARD, A. Smith, Conservateur au Département géologique du British Museum of Natural History, 4, Scarsdale Villas, Kensington W., à Londres. LIRKEL, Prof. Dr F., Professeur de géologie à l'Université de Leipzig, 15, Thalstrasse, à Leipzig. Membres Associés Étrangers. ABEL, Dr, Othenio, Sektionsgeologe der K. K. geologischen Reichsanstalt, Dozent für Palaeontologie an der K. K. Universität, Jenullgasse, 9, à Vienne, XIII. ARCTOWSKI, H., Géologue, 103, rue Royale, à Bruxelles. BOULE, Marcellin, Président de la Société géologique de France, Professeur de paléontologie au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, 3, place Valhubert, à Paris (V). DUNIKOWSKI (Émile, Chevalier DE), Dr Phil., Privatdocent à l’Université de Lemberg (Galicie). FORESTI, Ludovico, Docteur en médecine, Aide-naturaliste de géologie et de paléontologie au Musée de l’Université de Bologne (Italie). GOLLIEZ, A., Professeur de géologie à l’Université de Lausanne. LAMBERT, Jules, Paléontologiste, Président du Tribunal civil, 57, rue Saint- Martin, à Troyes (Aube). France. LANG, Dr ph. Otto, Hesschelstrasse, 24 À, Hannover (Allemagne). LOTTI, Bernardino, Docteur, Ingénieur au Corps des Mines, à Rome. MAYER-EYMAR, Charles, Dr ès sciences, Professeur de paléontologie à l’Un - versité de Zurich (Suisse). XXVI 41 12 13 14 19 16 à Ay 18 © OO 1 OO Où à € © À 10 1 19 13 A4 15 LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES MEUNIER, Stanislas, Professeur de géologie au Muséum d'Histoire naturelle, 3, quai Voltaire, à Paris (VIT. MONTESSUS pe BALLORE (DE), Chef d'escadron, commandant le Bureau de recrutement, à Abbeville. PICARD, Karl, Membre de diverses Sociétés savantes, Nordhauserstrasse, 9, à Sondershausen (Allemagne). POHLIG, Dr Hans, Professeur à l’Université de Bonn (Prusse), 48, Ruiter- strasse. SCHARDT, Professeur de géologie à l’Université de Neuchâtel, à Veytaux (Lac de Genève, Suisse) STURTZ, B., Directeur du Comptoir minéralogique et paléontologique de Bonn, 9, Riesstrasse, à Bonn. TIETZE, Em., Vice-Directeur du K. K. Geologische Reichsanstalt, à Vienne. TOUTKOWSKI, Paul, Conservateur du Cabinet minéralogique et géologique de l’Université de Kiew, 46, boulevard de Bibikow, à Kiew (Russie). Membres effectifs. 40 Membres à perpétuité. Administration communale de la VILLE D'ANVERS. (Délégué : M. Royers.) Administration communale de la VILLE DE BRUXELLES. Administration communale de la VILLE DE VERVIERS. (Délégué : M. Sinet.) Maison SOLVAY & Cie, Industriels, à Bruxelles. Administration communale de la VILLE DE BINCHE, Administration communale de la VILLE DE GAND. Société anonyme des TRAVAUX D’EAU, à Anvers. (Délégué : M. Ad. Kemna.) Administration communale de la VILLE D'OSTENDE. ( Délégué : M. Verraert.) Société des CHARBONNAGES DE MONCEAU-FONTAINE, à Monceau-sur- Sambre. (Délégué : M. Vital Moreau. Société anonyme des CHARBONNAGES DE BASCOUP. (Délégué : M. Lucien Guinotte.) Société anonyme des CHARBONNAGES DE HORNU ET WASMES, à Wasmes. (Délégué : M. Gédéon Deladrière.) Société anonyme des CHARBONNAGES DE MARIEMONT. (Délégué : M. Raoul Warocqué.) Société anonyme du CHARBONNAGE DU BOIS D’AVROY, à Sclessin-Ougrée (Liége). (Délégué : M. Bogaert, Hilaire, 201, quai de Fragnée, Liége.) : Compagnie des CHARBONNAGES BELGES, à Frameries. (Délégué : M. Isaac Isaac.) Société anonyme des CHARBONNAGES UNIS DE L'OUEST DE MONS, à Boussu. (Délégué : M. Arthur Dupire.) 16 17 DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE XXVII Société anonyme des CHARBONNAGES DE COURCELLES-NORD, à Cour- celles. (Délégué : M. L. Heuseux.) Société anonyme des CHARBONNAGES DE DAHLBUSCH, à Rotthausen, Bureau à Bruxelles, 10, rue de Spa. 20 Membres effectifs. ABRAMOFF, T.-J., Ingénieur des Mines, Dmitrievskaja, 11, à Radom (Pologne Russe). ALIMANESTIANO, Constantin, Ingénieur, Directeur de l'Industrie et du Commerce au Ministère des Domaines, Strada Domnei, 27, à Bucarest. ANDERNACK, Jules, 51, rue de Dave, à Jambes (Namur). ANDRIMONT (René D’), Ingénieur des Mines, 15, rue Bonne Fortune, à Liége. ANDROUSSOFF, Professeur de géologie à l’Université de Yourietf (Dorpat). ANNOOT, J.-B., Professeur honoraire à l’Athénée royal de Bruxelles, 78, rue Gallait, à Schaerbeek lez-Bruxelles. ARRAULT, René, Ingénieur civil, entrepreneur de sondages et de puits artésiens, constructeur d'appareils pour l’intérieur et les colonies, 69, rue Rochechouart, à Paris (IX). AXER, A.-H., Entrepreneur de puits artésiens, 479, chaussée de Jette, à Jette-Saint-Pierre lez-Bruxelles. BAUCHAU, Carl, Ingénieur, Directeur des travaux des charbonnages de Masse-Diarbois, chaussée de Fleurus, à Jumet-Hamendes. BAUTHIER, L., Géomètre-Architecte, à Genappe. BAUWENS, Léonard, 33, rue de la Vanne, à Bruxelles. BAYET, Adrien, Propriétaire, 33, Nouveau Marché-aux-Grains, à Bruxelles. BAYET (le Bon Ernest), Paléontologiste, 58, rue Joseph II, à Bruxelles. BAYET, Louis, Ingénieur, membre de la Commission géologique de Belgique, à Walcourt (province de Namur). BERGERON, Jules, ancien Président de la Société géologique de France, Professeur de géologie à l’École centrale des Arts et Manufactures, 157, boulevard Haussmann, à Paris (VIIT), BERNAYS, Ed., Avocat, 33, avenue Van Evck, à Anvers. BERNUS, Louis, Propriétaire, 116, boulevard Audent, à Charleroi. BESANÇON (ville de), Délégué : M. Jeannot, Ingénieur-Directeur des eaux de la ville, Hôtel de Ville, à Besançon (Doubs). BEYERINCK, Dr F., ancien Ingénieur des Mines du Gouvernement aux Indes néerlandaises. 10, Charlotte de Bourbonstraat, à La Haye. BOCKSTAEL, Émile, Bourgmestre de la commune de Laeken, Conseiller pro- vincial, 274, avenue de la Reine, à Laeken. BOHY, Benoit, Régent de l’École moyenne, à Wavre. BONMARIAGE (le docteur Arthur), 2, rue de la Révolution, à Bruxelles. BOOT, Lieutenant d'artillerie, 102, rue Haringrode, à Anvers. XXVIII LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES 41 BOUHY, Victor, Docteur en droit, 58, rue d’Archis, à Liége. 49 BOULANGÉ (l'Abbé), Hydrologue, 88, boulevard Militaire, à Bruxelles. 43 BOURGOIGNIE, Léonce, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, 29, Marché- aux-Avoines, à Hasselt. 44 BRADFER, Robert, Garde général des Eaux et Forêts, à Saint-Hubert, 45 ** BRANNER, John Casper, Ph. D. LI. D., Professor of Geology and Vice- President Stanford University, California, U. S. A. 46 BRICHAUX, A., Chimiste à la Société Solvay, 12%, avenue Hamoir, à Uccle. 47 BRIEN, Victor, Ingénieur au Corps des Mines, 27-29, rue de la Chaussée, à Mons. 48 BRIQUET, Abel, licencié ès lettres, avocat à la Cour d’appel, 49, rue Jean de Bologne, à Douai 49 BUTTGENBACH, H., Ingénieur-Conseil de l'État Indépendant du Congo, Administrateur délégué de l’Union minière du Haut Katanga, 322, avenue Brugmann, à Uccle. 90 CAMBIER, R., Ingénieur aux Charbonnages Réunis de Charleroi, 6, rue du Laboratoire, à Charleroi. 51 CAMERMAN, Émile, Ingénieur-Chimiste, 31, square Guttenberg, à Bruxelles. 52 CAMPION, Maurice, Ingénieur des arts et manufactures, Directeur de la Société d’Électricité du Bassin de Charleroi, à Roux. 53 * CAREZ, Léon, Docteur ès sciences, ancien Président de la Société géologique de France, 18, rue Hamelin, à Paris (XVI). 54 CARTON, Léonard, Ingénieur-Constructeur, 41, rue du Chambge, à Tournai. 85 * CAUDERLIER, Gustave, Industriel, 22, chaussée de Vleurgat, à Bruxelles. 56 CAUDERLIER, Émile, 10, rue De Crayer, à Bruxelles. 97 CAVALLIER, Directeur des hauts fourneaux et fonderies de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle). 58 CAYEUX, L., Docteur en sciences, Professeur à l'Institut national agrono- mique, Professeur suppléant de géologie à l’École des Mines, 6, place Denfert-Rochereau, à Paris. D9 CENTNER, Paul, Ingénieur (de la firme R. Centner et fils), à Verviers. 60 CHABAL, Henry, Ingénieur, 33, rue de Longehamps, à Paris. 61 CHEVAL, V., Docteur, 27, rue du Trône, à Ixelles lez-Bruxelles. 62 COGELS, P., Géologue, au Château de Boeckenberg, à Deurne (Anvers). 63 COMPAGNIE INTERCOMMUNALE DES EAUX, 48, rue du Trône, à Bruxelles. (Délégué : M. M. Van Meenen.) 64 CORDEWEENER, Jules, Ingénieur. 65 CORNET, J., Dr ès sciences, Professeur de géologie à l’École des Mines de Mons, 86, boulevard Dolez, à Mons. 66 COSSOUX, N.-V.-Léon, Ingénieur Civil, ex- -Ingénieur du Gouvernement russe au Caucase, 12, ee. Armand Steurs, à Bruxelles. 67 COSYNS, G., Docteur en sciences naturelles, 260, rue me. -Sainte-Marie, à Bruxelles. Cr Le * DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE XXIX CUAU, Charles, Ingénieur civil des Mines, Directeur technique de la Cie française des carbures de Séchilienne (Isère), Ingénieur-Conseil de la Cie des Eaux de Rambouillet, 17, boulevard Pasteur, à Paris. CUMONT, Georges, Avocat près la Cour d'appel, 19, rue de l’Aquedue, à Ixelles lez-Bruxelles. CUVELIER, Eugène, Major du Génie, Professeur à l’École Militaire, 43, rue Keyenveld, à Ixelles lez-Bruxelles. CUYLITS, Jean, Docteur en médecine, 44, boulevard de Waterloo, à Bruxelles. DAIMERIES, A., Professeur à l'Université libre, 4, rue Royale, à Bruxelles. DAPSENS, Directeur-Propriétaire de carrières, à Yvoir lez-Dinant. DAUTZENBERG, Phil., Paléontologiste, Président de la Société royale z0olo- gique et malacologique de Belgique, 209, rue de l’Université, à Paris (VIT). DAVAL, J., ancien Greffier du Tribunal de commerce, Abbaye Saint-Panta- léon à Saint-Dizier, Haute-Marne (France). DE BAUVE, Inspecteur de l’École des Ponts et Chaussées, 98, rue des Saints- Pères, à Paris (VII). DE BROUWER, Michel, Ingénieur, 14, rue d’Elverdinghe, à Ypres. DE BUSSCHERE, A., Conseiller à la Cour d'appel, 82, rue Mercelis, à Ixelles. DE CORT, Hugo, Président de la Société royale zoologique et malacologique de Belgique, 4, rue d'Holbach, à Lille (France). DE GRAEF, Joseph, Transporteur maritime, 2, rue Oedenkoven, à Borger- hout lez-Anvers. DEJARDIN, L., Directeur des Mines, 109, rue Franklin, à Bruxelles. DELADRIER, Émile, Docteur en sciences, 73, rue du Marteau, à Bruxelles. DELECOURT-WINCQZ, Jules, Ingénieur-Conseil de la Compagnie Internatio- nale de recherches de mines et d'entreprises de sondage, 16, rue de la Pépinière, à Bruxelles. , DELÉPINE, G., Maitre de conférences à la Faculté libre des sciences, 4, rue du Port, à Lille. DELHAYE, Ferdinand, Ingénieur à la Société anonyme de Merbes-le-Château, 48, chemin de la Procession, à Mons. DELHEID, Ed., Paléontologiste, 63, rue Veydt, à Ixelles lez-Bruxelles. DEL VAUX, J., Directeur du Service du gaz et des eaux, à Dinant. DEMEURE, Édouard, Ingénieur, 53, avenue des Arts, à Bruxelles. DE NEUTER, Colonel adjoint d'état-major, commandant le %e régiment des Guides, 94, avenue d’Auderghem. DENIL, Gustave, Ingénieur des Ponts et Chaussées, rue des Vennes, à Liége. DE RAECK, Léon, Ingénieur civil des Mines, 245, avenue d’Auderghem, à Bruxelles. DEROOVER, G., Capitaine commandant du Génie en retraite, à Niel lez-Boom. DE SCHRYVER, Ferdinand, Ingénieur en chef Directeur des Ponts et Chaus- sées, 206, chaussée d’Ixelles, à Ixelles lez-Bruxelles. 1906. LISTE DES MEMBRES. 5 XXX 94 95 96 97 98 99 100 401 102 105 104 105 106 107 108 109 110 ILE 112 115 114 119 116 117 115 119 % LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES DETHY, Théophile, Ingénieur des Ponts et Chaussées, 48, rue du Pépin, à Namur. DEULIN, Nestor, Ingénieur, Directeur gérant du charbonnage de l’Épine, à Montignies. DE VISSCHER, J., Ingénieur agricole, 4, rue des Francs Bourgeois, à Paris. DEVREUX, E., Architecte, Échevin des Travaux publics, 25, rue du Pont- Neuf, à Charleroi. DEWARICHET, Théophile, Imprimeur, 52, rue de la Montagne, à Bruxelles. DIDERRICH, N., Ingénieur civil des mines, 64, rue Royale, à Bruxelles. DIDION, J., Constructeur d'appareils de sondages, 32, rue de Joncker, à Saint-Gilles lez-Bruxelles. DIENERT, Frédéric-Vincent, Docteur ès sciences, Chef du service local de surveillance des sources de la ville de Paris, 8, place de la Mairie, à Saint-Mandé (Seine). DOAT, Ingénieur, Directeur de la Compagnie générale des Conduites d’eau, aux Vennes, à Liége. DOCHAIN-BONNET, A., à Couillet. DOCHAIN-DEFER, F., Industriel, à Couillet, DOLLO, Louis, Professeur à l'Université, Conservateur du Musée royal d'Histoire naturelle, 31, rue Vautier, à Bruxelles. DORLODOT (Chanoine Henry LE), Professeur à l’Université catholique, 44, rue de Bériot, à Louvain. DORLODOT (Léopold DE), 83, rue de Montigny, à Charleroi. DOUVILLÉ, Henri, Ingénieur en chef des Mines, Professeur de Paléonto- logie à l’École des Mines, 207, boulevard Saint-Germain, à Paris (VIL). DUMONT, André, Professeur d'exploitation des Mines, à l’Université catholique, 18, rue des Joyeuses Entrées, à Louvain. DUMONT, Professeur de mathématiques, 152, rue Verte, à Bruxelles. DUPONT, Édouard, Membre de l’Académie royale des Sciences, Directeur du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique, 31, rue Vautier, à Ixelles lez-Bruxelles. DURAFFOUR, Ferdinand, Entrepreneur de sondages, 35, rue Saint-Martin, à Tournai. DURIEUX, Charles, Ingénieur agricole, Garde général des Eaux et Forêts, à Beeringen (Limbourg). DUTERTRE, Émile, Docteur en médecine, 19, rue de la Coupe, à Boulogne- sur-Mer (Pas-de-Calais), France. DUVIGNEAUD, Ingénieur, 18, place Lehon, à Schaerbeek lez-Bruxelles. DUYK, Chimiste au Ministère des Finances, avenue de Solbosch, à Bruxelles. ENGERRAND, Georges, 40, rue du Chalet, à Uccle. ERENS, Alphonse, Docteur en sciences naturelles, Villa Strabbeek, à Houthem, près Fauquemont (Limbourg hollandais) EXSTEENS fils, 21, rue de Loxum, à Bruxelles. 190 * FALK, Henry, Libraire-Éditeur, 15-17, rue du Parchemin, à Bruxelles. 124 * FÉLIX, J., Docteur en médecine, 413, avenue Louise, à Bruxelles. 192 193 1924 195 196 197 144 * * * DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE os FENDIUS, Émile, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, à Liége. FIEVEZ, Ch., 43, rue des Trois-Tilleuls, à Boitsfort, près Bruxelles. FISCH, A., 70, rue de la Madeleine, à Bruxelles. FORIR, Honoré, Ingénieur-géologue, Conservateur-Répétiteur à l’Université de Liége, Secrétaire général de la Société géologique de Belgique, 95, rue Nysten, à Liége. FOURMARIER, Paul, Ingénieur-géologue, Ingénieur au Corps des Mines, Assistant à l’Université, 69, rue Maghin, à Liége. FOURNIER, dom Grégoire, 0. S. B. de l'Abbaye de Maredsous, Supérieur de la «Maison de Maredsous », 16, boulevard de Jodoigne extérieur, à Louvain. FOURNIER, Professeur à la Faculté des sciences de l’Université de Besançon (Doubs). FRANCQ, Alfr., Ingénieur, Sous-Lieutenant de réserve du Génie, 3, rue du Méridien, à Saint-Josse-ten-Noode lez-Bruxelles. FRIEDRICHS, H., 4, rue de Naples, à Ixelles lez-Bruxelles. FRIREN, Auguste, Chanoine honoraire, Professeur au Petit Séminaire, M, rue de l’Évêché, à Metz (Alsace-Lorraine). FRITSCH, Dr Ant., Professeur à l'Université de Prague, 66, Wenzelplatz, à Prague. GAUTHIER, Joseph, Géomètre, A, rue de Moranville, à Jette-Saint-Pierre. GERARD, L., Ingénieur-Électricien, ancien Professeur à l’Université, 1092, avenue de Tervueren, à Bruxelles. GHILAIN, Philibert, Ingénieur en chef Directeur de service aux Chemins de fer de l'État, 70, rue Vander Sehriek, à Saint-Gilles lez-Bruxelles. GIBBS, William B., Membre de diverses Sociétés savantes, Thornton, Beulah Hill, Upper Norwood, à Londres. GILBERT, Théod.-A.-F., Docteur en médecine, 55, rue de la Concorde, à Bruxelles. GILLET, Ingénieur de la Résidence royale, 109, rue de Molenbeek, à Laeken. GILSON. G., Professeur à l’Université catholique, 95, rue de Namur, à Louvain. GIMINNE, Lieutenant détaché à l’Institut cartographique militaire, 1, rue Eugène Cattoir, à Ixelles lez-Bruxelles. GOBLET D'ALVIELLA (comte Eugène), Propriétaire, au château de Court- Saint-Etienne, et 10, rue Faider, à Bruxelles. GODY, Professeur à l’École Militaire, 85, rue du Viaduc, à Ixelles lez- Bruxelles. GOLDSCHMIDT, Robert, Docteur en sciences, 54, avenue des Arts, à Bruxelles. GOORMAGHTIGH, Gustave, Ingénieur à Saint-Symphorien, 16, béulevard Baudouin, à Mons. 145 ** GOTTSCHE, Karl, Docteur en philosophie, Conservateur au Musée d'Histoire naturelle, à Hambours, * LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES GRÉGOIRE, Achille, Ingénieur agricole, Chef de service à l’Institut chimique et bactériologique de l’État, à Gembloux. GREINDL (Bo Léon), Capitaine commandant d’État-Major, Professeur à l'Ecole de guerre, 19, rue Tasson-Snel, à Bruxelles. GREINER, Ad., Directeur général de la Société Cockerill, à Seraing. GROSSOUVRE (A. DE), Ingénieur en chef des Mines, à Bourges (France). GUEQUIER, J., Docteur en sciences naturelles, Préparateur au Laboratoire des Sciences naturelles de l’Université de Gand, 13, rue de la Sauge, à Gand. HABETS, Alfred, Ingénieur, Professeur à l’Université de Liége, 3, rue Paul Devaux, à Liége. HABETS, P., Directeur-Gérant de chärbonnage, 33, Avenue Blonden, à Liége. HAINAUT, Edgard, Ingénieur des Ponts et Chaussées, 45, chaussée de Lille, à Tournai. HALET, Franz, Ingénieur agricole, attaché au Service géologique de Belgique, 5, rue Simonis, à Saint-Gilles-Bruxelles. HALLET, Max, Avocat à la Cour d’appel, 846, avenue Louise, à Bruxelles. HANKAR-URBAN, Albert, Ingénieur, Directeur-Gérant de la Société anonyme des Carrières de porphyre de Quenast, 24, rue de Turin, à Bruxelles. HANNON, Ed., Ingénieur, 86, rue Henri-Wafelaerts, à Saint-Gilles lez- Bruxelles. HANREZ, Prosper, Ingénieur, 190, chaussée de Charleroi, à Bruxelles. HANS, J., Ingénieur civil, 119, rue du Commerce, à Bruxelles. HARDENPONT, L., ancien Sénateur, rue du Mont-de-Piété, à Mons. HARZÉ, Ém., Directeur général honoraire des Mines, 213, rue de la Loi, à Bruxelles. HASSE, Georges, 83, rue Ozy, à Anvers. HAUZEUR, Pierre, Industriel, à Ensival. HAVERLAND, Eug., Architecte, à Virton (Luxembourg). HEGENSCHEID, Alfred, Instituteur à l’École moyenne B de Bruxelles, 30, rue Gauthier, à Molenbeek-Saint-Jean lez-Bruxelles. HENRICOT, Émile, Industriel, Sénateur, à Court-Saint-Étienne. HERMAN, Directeur de l’Institut bactériologique provincial, 43, rue des Sars, à Mons. HERMANS, Jean-Baptiste, Ingénieur en chef, Chef de service aux Voies et Travaux, Avenue des Voyageurs, 36, à Arlon. HEUSEUX, L., Ingénieur, Directeur-Gérant des Charbonnages de Courcelles- Nord, à Courcelles. HOLZAPFEL, D: Édouard, Professeur à l’École technique supérieure, 81, Ludwigs-Allée, à Aix-la-Chapelle. * HOUBA, L., Secrétaire communal de la Résidence royale de Laeken, 459, rue Thielemans, à Laeken. ** HOUZEAU DE LEHAIE, Auguste, Sénateur, ancien Président de la Société royale belge de Géographie, Château de l’Ermitage, à Mons. 173 174 179 176 dit 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE XXXIHI * IDIERS, Fernand, Industriel, à Auderghem. * IMBEAUX, Directeur du Service municipal, 9bis, rue du Montet, à Nancy. ITHIER, Gaston, Lieutenant du Génie, détaché au service du Gouverne- ment argentin. JACOBS, Fernand, Président de la Société belge d'Astronomie, rue des Chevaliers, 21, à Bruxelles. JACQUES, Victor, Docteur en médecine, Secrétaire général de la Société d’Anthropologie de Bruxelles, 49, rue du Commerce, à Bruxelles. JANET, Charles, Ingénieur des Arts et Manufactures, D' ès sciences, ancien Président de la Société zoologique de France, Villa des Roses, à Beauvais (Oise). JANET, Léon, Ingénieur en chef au Corps des Mines, 87, boulevard Saint- Michel, à Paris (V). JANSON, Paul, Avocat, Membre de la Chambre des Représentants, 73, rue De Facqz, Bruxelles. JAQUET, Fernand, Étudiant à l’École polytechnique de l’Université libre, 10, rue d'Écosse, à Bruxelles. JÉROME, Alex., Professeur à l’Athénée, Secrétaire général de la Société géologique de Luxembourg, 59, rue Saint-Jean, à Arlon. JOHNSTON-LAVIS, H.-J., Professeur agrégé de l’Université royale de Naples, à Beaulieu (Alpes-Maritimes, France). : JONKER, Dr H.-G., Conservateur des collections minéralogiques et géolo- giques à l’École supérieure technique de Delft, 25, Amalia v. Solmsstraat, à La Haye. KAÏISIN, Félix, Docteur en sciences naturelles, Professeur à l’Université de Louvain. KEMNA, Ad., Directeur de la Société anonyme des Travaux d’eau, 6, rue Montebello, à Anvers. | KERSTEN, Joseph, Ingénieur, Inspecteur général des Charbonnages patronnés par la Société générale de Belgique, 43, avenue Brugmann, à Bruxelles. KESTENS, Capitaine-Commandant d'artillerie adjoint d’État-Major, détaché au Service du Gouvernement argentin, chaussée de Wavre, 216, à Ixelles lez-Bruxelles. KOCH, Dr Phil., Géologue du Service royal géologique de Prusse, 44, Inva- lidenstrasse, à Berlin N. KOKEN, Ernest, Dr Phil., Professeur de géologie à l’Université de Tübingen (Wurtemberg). KONTKOWSKI (pe), Eugène, Colonel du Génie, Ingénieur en chef des phares de la mer Baltique et du port de Reval, 56, Fontanza, à Saint- Pétershbourg, Rewel. KOTSOWSKY, N., Ingénieur-Professeur à l’Institut des Mines, Saint-Péters- bourg. KRANTZ, Fritz, Dr Plil., Propriétaire du Comptoir minéralogique rhénan, 36, Herwarthstrasse, à Bonn-s/Rhin. = de) © * LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES KRENDEFF, Assain, Ingénieur de Section au Service des Ponts et Chaussées, à Kustendil (Bulgarie). KRUSEMAN, Henri, Ingénieur, rue Africaine, 24, Bruxelles. KUBORN, Hyacinthe, D. M., membre titulaire de l’Académie royale de médecine, Professeur d'hygiène à l’École normale, Président de la Société de médecine publique, 33, rue de Colard, à Seraing. LAGRANGE, Eug., Professeur à l’École Militaire, 60, rue des Champs-Élysées, à Ixelles lez-Bruxelles. LAHAYE, Charles, Ingénieur en chef Directeur des Ponts et Chaussées, 93, rue Léon Castilhon, à Arlon LAMBERT, Guillaume, Ingénieur, 41, boulevard Bischoffsheim, à Bruxelles. LAMBERT, Paul, Propriétaire, 959, rue de la Loi, à Bruxelles. LAMBIOTTE, Directeur-Gérant de la Société anonyme des Charbonnages Réunis de Roton-Farciennes, etc., à Tamines. LAMEERE, Auguste, Recteur de l’Université libre, Membre correspondant de l’Académie royale des sciences, 10, avenue du Haut-Pont,à Bruxelles. LAMPE, D., Ingénieur civil, 1%, avenue de la Toison d'Or, à Bruxelles. LANCASTER, Albert, Membre de l’Académie royale des Sciences, Directeur du Service météorologique à l'Observatoire royal, 297, avenue Brugmann, à Uccle. LARMOYEUX, Ernest, Ingénieur principal des Mines, 7, rue du Baïlli, à Bruxelles. LATINIS, Léon, Ingénieur-Expert, à Seneffe. LATINIS, Victor, Ingénieur civil, 78, rue Wilson, à Saint-Josse-ten-Noode lez-Bruxelles. LAUR, Francis, Ingénieur civil des Mines, 26, rue Brunel, à Paris (XVIP. LE BON, Henri, Avocat-Avoué, 80, rue Mercelis, à Bruxelles. LECHIEN, Adolphe, Ingénieur en chef, Directeur de service aux Chemins de fer de l’État, 39, rue Botanique, à Bruxelles. 941 ** LE COUPPEY DE LA FOREST, M. Ingénieur-agronome, Ingénieur des 917 améliorations agricoles, Collaborateur auxiliaire à la Carte géologique de France, 60, rue Pierre-Charron, à Paris (VIII). LEFEBVRE, Jules, Lieutenant du Génie, à Anvers. = LEGRAND, Ingénieur en chef, Directeur des travaux des Charbonnages Réunis, 52, rue Roton, à Charleroi. LEGRAND, Charles, Ingénieur-Conseil, 47, rue des Palais, à Bruxelles. LEGRAND, Louis, Ingénieur, 33, square Marguerite, à Bruxelles. LEJEUNE ne SCHIERVEL, Ch., Ingénieur, 42, rue d’Arlon, à Bruxelles. LEMAIRE, Emmanuel, Ingénieur au Corps des Mines, 116, boulevard Charles Sainctelette, à Mons. 248 ** LE MARCHAND, Augustin, Ingénieur civil, 9, rue Traversière, aux Chartreux, à Petit-Quévilly (Seine-[nférieure), France. 919 * LEMONNIER, Alfred, Ingénieur, 60, boulevard d’Anderlecht, à Bruxelles. 220 291 292 293 2924 295 226 227 DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE XXXV LENTZ, Docteur en médecine, Directeur de l’Asile des aliénés de l’État belge, à Tournai. LERICHE, Maitre de Conférences à la Faculté des sciences de l’Université de Lille, 159, rue Brûle-Maison, à Lille (France). LEVY, Léo, 8, rue de la Rivière, à Bruxelles. LEYDER, Capitaine commandant, Bibliothécaire du Département de la Guerre. LIMBURG-STIRUM (Cte Ad. DE), Membre de la Chambre des Représentants, 93, rue du Commerce, à Bruxelles. LIPPMANN, Édouard, Ingénieur civil, Entrepreneur de puits artésiens et sondages, 47, rue de Ghabrol, à Paris (X). LOË (le Bon Alfred DE), Conservateur des Musées royaux des Arts décoratifs et industriels, Président de la Société d'Archéologie de Bruxelles, 89, avenue d’Auderghem, à Etterbeek lez-Bruxelles. LOHEST, Maximin, Professeur à l’Université de Liége, Membre corres- pondant de l’Académie royale des Sciences, 46, Mont-Saint-Martin, à Liége. LONQUÉTY, Maurice, Ingénieur civil des Mines, 16, place Malesherbes, à Paris. | LOPPENS, Georges, Ingénieur provincial, 42, quai de la Boverie, à Liége. LUCAS, Walthère, Ingénieur-Chimiste, 15, rue Royale, à Bruxelles. MABILLE, Valère, Industriel, à Mariemont. MAILLIEUX, Eugène, 12, rue de la Station, à Couvin. MALAISE, Constantin, Membre de l'Académie royale des Sciences, Vice- président de la Commission géologique, Professeur émérite à l’Institut agricole de l'État, rue Latérale, à Gembloux. MARBOUTIN, Félix, Chef-adjoint du Service chimique de l'Observatoire de Montsouris, 78, boulevard Saint-Michel, à Paris (VI). MARCHADIER, L., Directeur du Laboratoire de surveillance de la station municipale filtrante de l’Epau, au Mans (Sarthe, France). MARGERIE (Emmanuel DE), Géologue et Géographe, ancien Président de la Société géologique de France, 44, rue de Fleurus, à Paris (VE). MASSART, Capitaine commandant d’artillerie, adjoint d'état-major, au 2e régiment d'artillerie, à Malines. MASSAU, Junius, Ingénieur principal des Ponts et Chaussées, Professeur à l’Université, Membre correspondant de l’Académie royale des Sciences, 43, avenue des Arts, à Gand. MASSON, Ch., Directeur du Laboratoire d’analyses de l’État belge, à Gembloux. MATHIEU, Émile, Capitaine du Génie, Répétiteur à l’École Militaire, 91, chaussée Saint-Pierre, à Bruxelles. MÉLOTTE, J., Ingénieur des Ponts et Chaussées, 67, rue Conscience, à Anvers, MESENS, Ed., Sénateur, 79, rue des Rentiers, à Etterbeek lez-Bruxelles. MESSENS, Ingénieur des Mines de la Vieille-Montagne, à Baelen-Wezel (Anvers). XXXVI 244 245 246 247 245 249 250 251 252 293 254 299 296 297 258 259 260 261 262 265 264 265 266 267 x k*X + LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES MEUNIER, Em., Négociant en charbon, à Hastière-sur-Meuse. MICHEL, H., 26, rue du Nord, à Bruxelles. MIEG, Mathieu, Renter, 48, avenue de Modenheim, à Mulhouse (Alsace). MOENS, Jean-F.-J., à Lede, près d’Alost. MOLENGRAAFF, Dr G.-A.-F., Géologue de l’État de la République Sud- Africaine du Transvaal, Professeur à l'École supérieure technique de Delft, 43, Stolberglaan, La Haye (Pays-Bas). MONGENAST, Charles, ancien Officier d'artillerie, Professeur de mathéma- tiques supérieures, 12, rue des Champs-Élysées, à Ixelles-Bruxelles. MONNOYER, Léon, Président de la Chambre syndicale des matériaux de construction, 409, avenue Louise, à Bruxelles. MONNOYER, Marcel, Entrepreneur de travaux publics, 41, rue Gachard, à Bruxelles. MONTAG, Émile, Employé de commerce, 4, Queens Road, à Rockferry Cheshire, Angleterre. MOREAU, Ingénieur en chef du service technique provincial, rue des Douze-Apôtres, à Bruxelles. MOURLON, M., Membre de l’Académie royale des Sciences, Directeur du Service géologique de Belgique, 107, rue Belliard, à Bruxelles. MUNCK (Émile DE), Collaborateur au Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique, Villa de Val-Marie, à Saventhem. NAVEZ, L., Homme de lettres, 162, chaussée de Haecht, à Bruxelles. NICKLÉS, René, Professeur adjoint à la Faculté des sciences (Université de Nancy), 41, rue des Tiercelins, à Nancy (France). NICOLIS, Enrico (Chevalier), Corte Quaranto, à Vérone. NOETLING, Fritz, Docteur en philosophie, Paléontologiste, 316, Elisabeth Street, à Hobart (Tasmania-Australie). NOURTIER, Édouard, Ingénieur-Directeur du service municipal des eaux de Roubaix et de Tourcoing, 147, rue de Lille, à Tourcoing (France). OEBBEKE, C., Professeur au Laboratoire minéralogique et géologique de l'École technique des Hautes-Études, à Munich. OEHLERT, D.-P., Correspondant de l’Institut de France, Conservateur du Musée d'Histoire naturelle, 29, rue de Bretagne, à Laval (Mayenne), France. PAQUET, Gérard-Th., Capitaine retraité, 74, chaussée de Forest, à Saint- Gilles lez-Bruxelles. PARMENTIER, Gustave, Sous-Lieutenant au 4 Régiment d'artillerie, à Louvain, 161, avenue Louise, à Bruxelles. PASSELECQ, Albert, Ingénieur, Directeur du Charbonnage du Midi de Mons, 94, rue du Hautbois, à Mons. PAULIN-BRASSEUR, Industriel, à Couillet (Hainaut). PAVLOW, Alexandre.-W., Professeur à la Haute-École des ingénieurs et géologues du Comité géologique. Tversxaja, Sawinskoie podvorie. ne 40, àa Moscou (Russie). * DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE XXXVIL PENY, Éd., Ingénieur, Administrateur des Charbonnages de Mariemont et Bascoup, à Morlanwelz. PERGENS, Édouard, Docteur en médecine, 6, rue de Heppeneert, à Maeseyck, PIERPONT (Édouard pe), au château de Rivière, à Profondeville-s/Meuse. * PIERRE, Gustave, Industriel, 31, rue de Ruysbroeck, à Bruxelles. * PIRET, Adolphe, Directeur du Comptoir belje de géologie et de minéralogie, * 455, avenue Van Volxem, Bruxelles-Midi. PITTOORS, J., Lieutenant-Colonel du Génie, 37, avenue Cogels, à Anvers. PLUMAT, Polycarpe, Ingénieur, à Hornu (Hainaut). POIRY, Célestin, Maître de carrières, 295, avenue Louise, à Bruxelles. POLAK, Gaston, Ingénieur eivil des Mines, Directeur des mines transieviny, . Széchényi, ter 72, à Kolozsvar (Hongrie). PONCIN, Jean, 66, rue des Minières, à Verviers. PORTIS, Alessandro, Professeur de géologie et de paléontologie à l’Université de Rome, Musée géologique de l’Université, à Rome. POSKIN, Dr Achille, 15, avenue du Marteau, à Spa. POURBAIX-LEDUNE, Ingénieur-Hydrologue, rue Verte, 10, à Mons. PRINZ, Wilhelm, Assistant à l'Observatoire royal, Professeur de géologie à l'Université libre de Bruxelles, 98, avenue du Longchamps, à Bruxelles. PROOST, A., Directeur général de l'Agriculture, 8, rue Bevaert, à Bruxelles, PUECH, Armand, à Mazamet (Tarn-France), PUTTEMANS, Charles, Professeur de chimie à l’École industrielle, 9, rue Van Bemmel, à Saint-Josse-ten-Noode lez-Bruxelles. PUTZEYS, E., Ingénieur en chef des Travaux de la Ville, 8, avenue de la Renaissance, à Bruxelles. PUTZEYS, le Dr F., Professeur d'hygiène à l’Université de Liége, |, rue Forgeur, à Liége. RABOZÉE, H., Capitaine commandant du Génie, Professeur à l’École Mili- taire, 18, rue du Conseil, à Ixelles lez-Bruxelles. RAEYMAECKERS, Désiré, Médecin militaire au 1° Régiment de ligne, 303, boulevard des Hospices, à Gand. RAMOND, G., Assistant de géologie au Muséum d'histoire naturelle (Paris), 18, rue Louis-Philippe, à Neuilly-sur-Seine (Seine), France. REID, Clément, F. G. S., Attaché au Service géologique de la Grande-Bre- tagne, 98, Jermyn-Street, London S. W. RICHERT, J. Gust., Professeur, Normalstorghe, à Stockholm. RICHOUX, Eugène, Ingénieur à la Société générale, 3, avenue de l’Hippo- drome, à Bruxelles. ROBERT, Paul, Ingénieur aux Chemins de fer de l’État belge, 7, rue Saint- Bernard, à Bruxelles. ROELOFS, Paul, Industriel, 8, rue des Tanneurs, à Anvers. ROERSCH, L., Ingénieur honoraire des Mines, 124, avenue Brugmann, à Bruxelles. | XXX VIII LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES 296 ROLLAND, Émile, Industriel, 39, rue André Masquelier, à Mons. 297 ROSÉE (Frédéric pe:, Château de Moulins, par Yvoir. 298 ROSÉE, (Baron Jacques DE JACQUIEZ DE), 18, rue des Deux-Églises, à Bruxelles, à Vielsalm (été). 299 ** RUTOT, Aimé, Ingénieur honoraire des Mines, Géologue, Conservateur du Musée royal d'histoire naturelle de Belgique, Membre correspondant de l’Académie royale des Sciences, 177, rue de la Loi, à Bruxelles. 300 SALMON, Ingénieur de la ville de Bruges, à Bruges. 301 SCHACK DE BROCKDORF, Frédéric-G., Consul général de S. M. le Roi de Danemark, à Anvers. 302 SCHMITZ, le R. P. Gaspar, S. J., Directeur du Musée géologique des Bassins houillers belges, à Louvain. (Adresse : Musée Houiller, Louvain.) 303 SCHMITZ, Th., Ingénieur civil des Mines, 58, rue Saint-Joseph, à Anvers. 304 SCHOOFS, le Dr François, 86, rue des Guillemins, à Liége. 309 SCHULZ-BRIESEN, Ingénieur honoraire des Mines, Directeur générai hono- raire des Charbonnages de Dahlbuseh, 19, Schillerstrasse, à Düsseldorf. 306 ** SELYS LONGCHAMPS (Walter DE), Docteur en droit, Sénateur, à Halloy (Ciney). 307 * SEMET-SOLVAY, Louis, Ingénieur, 217, chaussée de Vleurgat, à Ixelles lez- Bruxelles. 308 * SEMPER, J.-Otto, au Musée d'histoire naturelle de Hambourg, à Hambourg. 309 SEULEN, F., Architecte principal à l'Administration des Chemins de fer de l'État belge, 20, rue du Progrès, à Bruxelles-Nord. 310 SEVEREYNS, G., Industriel, 103, rue Gallait, à Bruxelles. 311 SILVERYZER (l'abbé), Professeur au Collège Saint-Joseph, à Hasselt. SL SIMOENS, G., Docteur ès sciences minérales, Chef de section au Service géologique de Belgique, Palais du Cinquantenaire, à Bruxelles. 313 SIX-SENÉLAR. Émile, Ingénieur des arts et manufactures, à Warneton. 314 SLAGHMUYLDER, Charles, Ingénieur aux Chemins de fer de l’État, 67, rue Saint-Bernard, à Saint-Gilles lez-Bruxelles. 319 SMETS, G. (Chanoïne), Inspecteur diocésain, 2, rue Bovy, à Liége. 316 ** SOCIÉTÉ ANONYME DE MARCINELLE ET COUILLET (Charbonnage de Marcinelle-Nord), à Marcinelle (Charleroi), Directeur-Gérant, M. Nestor | EVRARD (délégué). 317 ** SOCIÉTÉ ANONYME DES CHARBONNAGES, HAUTS FOURNEAUX ET USINES DE STRÉPY-BRACQUEGNIES, Directeur-Gérant, M. Amour SOTTIAUX (délégué), à Strépy-Bracquegnies. 318 SOCIÉTÉ DES FOURS A CHAUX COLARD ET GUILLAUME, à Couvin (délégué : M. Delahaye). 319 SOMZÉE, Côme (DE), Ingénieur, 22, rue des Palais, à Schaerbeek lez- Bruxelles. 320. SPYERS, A., Docteur en médecine, 84, rue Bréderode, à Anvers. 321 SQUILBIN, Henri, Ingénieur, 201, avenue du Sud, à Anvers. 340 341 342 343 344 349 346 341 348 349 DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE XXXIX STAINIER, X., Membre de la Commission géologique de Belgique, Profes- seur de géologie à l’Université de Gand. . STEFANESCU, Gregoriù, Professeur de géologie à l’Université, Directeur du L KX KX*X Bureau géologique, 8, Strada Verde, à Bucarest. STEVENSON, J.-J., Professeur à l’Université de New-York, University Heights, à New York Citv. STORMS, Ernest, Ingénieur, Entrepreneur de travaux publics, 6, rue du Receveur, à Bruges. TEIRLINCK, L., Professeur de sciences naturelles aux Écoles normales, 33, rue De Rosne, à Molenbeek-Saint-Jean. THOMAES, Oscar, Industriel, rue au Vin, à Renaix. THOMSON, Dr Pierre-Jean, 14, rue d'Egmont, à Bruxelles. TIHON, F., Docteur en médecine, à Theux (province de Liége). TOURNAI (Administration communale de la Ville de): TOUSSAINT, G., Sous-Lieutenant d'artillerie de réserve, à Quenast. TRULMANS, Henry, Ingénieur-Inspecteur du service des eaux de la Vlile, 19, rue d’Arenberg, à Bruxelles. UHLENBROEK, G.-D., Ingénieur, à Bloemendaal (Hollande) URBAN, Ad., Président de la Société des Carrières de Quenast, 17, place de l'Industrie, à Bruxelles. VAN BELLINGEN, Constant, Ingénieur, 70, rue Montoyer, à Bruxelles. VAN BOGAERT, Clément, Ingénieur aux Chemins de fer de l’État, 88, rue Wilson, à Bruxelles. VAN CALKER, D: F.J. P., Professeur à l’Université de Groningue (Pays-Bas). VAN CROMBRUGGHE, Capitaine d'artillerie, adjoint d'état-major, à Louvain. VAN DE CASTEELE, A., Conducteur des Ponts et Chaussées, à Blanken- berghe. VAN DEN BROECK, Ernest, Géologue, Conservateur du Musée royal d’his- toire naturelle de Belgique, Membre du Conseil de Direction de la Carte géologique du Rovaume, 39, place de l'Industrie, à Bruxelles. VANDENPERRE, Directeur-Gérant des Brasseries Artois, à Louvain. VAN DER POORTEN, L., Photograveur, 19, rue de la Prospérité, à Molen. beek-St-Jean lez-Bruxelles. VAN DER SCHUEREN, Pierre, Ingénieur principal des Ponts et Chaussées, 9, rue du Jardin, à Ostende. VAN DE WIELE, Dr C., 27, boulevard Militaire, à Ixelles lez-Bruxelles. VAN DE WOUWER. 11, rue des Cinq-Coins, à Berchem-Anvers. VAN ERTBORN (le Baron 0.), 32, rue d’Espagne, à Saint-Gilles lez-Bruxelles. VAN HOKGAERDEN, Paul, Conseiller provincial, 7, boulevard d’Avroy, à Liége. VAN MEURS, Ingénieur en chef des travaux dela Ville de Mons, 2, rue des Tuileries, à Mons. VAN MIERLO, J.-C., Ingénieur à la Compagnie internationale des Wagons- Lits et des Grands Express européens, 74, avenue de la Reine, à Ostende. XL 300 391 392 393 304 300 306 301 305 309 360 361 302 363 364 369 366 367 368 369 310 ©t X x LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES VAN OVERLOOP, Eugène, Conservateur en chef des Musées d'art industriel et décoratif, 79, avenue Michel-Ange, à Bruxelles. VANTROOYEN, Capitaine du Génie, Repétiteur à l’École militaire, 58, rue de la Tulipe, Ixelles. VAN WEYENBERG, Alphonse, Capitaine commandant du Génie, 42, rue du Grand Chien, à Anvers. VAN YSENDYCK, Paul, Ingénieur, 8, avenue du Haut-Pont, à Saint-Gilles lez-Bruxelles. VÉLAIN, Charles, Professeur de géographie physique à la Faculté des sciences de l’Université de Paris, 9, rue Thénard, à Paris (V). VELGE, G., Ingénieur, Bourgmestre de Lennick-Saint-Quentin. VILLAIN, François, Ingénieur des Mines, 57, rue Stanislas, à Nancy (France). VINÇOTTE, Lieutenant d'artillerie, 101, rue de la Consolation, à Schaerbeek lez-Bruxelles. VON DER BECKE, Adolphe, 24, rue de la Pépinière, à Anvers. WACHSMUTH, Frédéric, 16, avenue de la Chapelle, à Berchem (Anvers). WAUTERS, J., Chimiste de la Ville, 83, rue Souveraine, à Ixelles lez-Bruxelles. WICHMANN, Arthur, Dr Phil., Professeur à l’Université d’Utrecht (Hollande). WIENER, Lionel, Lieutenant d’artillerie, à Liége. WIELEMANS-CEUPPENS, Industriel, 308, avenue Van Volxem, à Forest lez- Bruxelles. WILLEMS, J., Major du Génie, 98, rue De Locht, à Schaerbeek lez-Bruxelles. WIRTGEN, P.-J., Major en retraite, 7, avenue du Haut-Pont, à Saint-Gilles lez-Bruxelles. WITTOUCK, Paul, Industriel, 21, boulevard de Waterloo, à Bruxelles. WOUTERS-DUSTIN, E., entrepreneur, 96, rue de Louvain, à Bruxelles. ZELS, Louis, Docteur en sciences géographiques, professeur à l’École moyenne, à Menin. ZLATARSKI, Georges, Géologue, à Sofia (Bulgarie) ZONE, J., Ingénieur honoraire des Ponts et Chaussées, Ingénicur principal, sous-directeur de la Société anonyme du canal et des installations mari- times de Bruxelles, 80, rue Froissard, à Bruxelles. Membres Associés regnicoles. AVANZO, E., Homme de lettres, 34, rue Defacqz, à Bruxelles. BOMMER, Ch., Conservateur au Jardin botanique de l’État, 47, rue Hobbema, à Bruxelles. BOURGEOIS, L., Comptable du Musée royal d'histoire naturelle de Belgique, 3, rue nee à Bruxelles. _BOTELBERG, Instituteur, 89, rue du Fort, à Saint-Gilles lez- Bruxelles. . BRUNEEL, Frédéric, Ingénieur en chef, Directeur. aux Chemins de fer de l'État, 36, rue de DLL à Bruxelles. 29 DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE XLI BYL, E., Astronome adjoint à l'Observatoire royal, 34, rue de Lombardie, à Saint-Gilles lez-Bruxelles. CAMERMAN, Ch., 31. square Guttemberg, Bruxelles. COOMANS, L., Propriétaire, 3, rue des Brigittines, à Bruxelles. COPPIN (le baron DE). Ingénieur, 60, rue Potagère, à Bruxelles. CORNILLE, Pierre, Ingénieur, Chef du bureau technique à la Compagnie intercommunale des eaux de l’agglomération bruxelloise, 14, avenue des Rogations, Bruxelles. COSYNS, Mme Hélène, 260, rue Royale-Sainte-Marie, à Bruxelles. DAUPHIN, G., Chef de bureau au Ministère des Chemins de fer, etc., 44, rue Vonck, à Schaerbeek lez-Bruxelles. DEBLON, A., Ingénieur honoraire des Ponts et Chaussées, Ingénieur en chef du Service technique de la Compagnie intercommunale des eaux de l’agglomération bruxelloise, 270, avenue de Cortenberg, à Bruxelles. DE BULLEMONT, Emm., 39, rue de l’Arbre-Bénit, à Ixelles lez-Bruxelles. DE LIGNE, Émile, 38, boulevard du Jardin botanique, à Bruxelles. DENIS, Zénobe-Eugène, Capitaine comptable du matériel, 73, avenue de la Plante, à Namur. DENOËL, Joseph, Ingénieur agricole, 29, avenue des Saisons, Ixelles lez-Bruxelles. DEMOLLIN, Victor, 11, rue de la Paix, à Ixelles lez-Bruxelles. DESAUBIES, Félix, Ingénieur au chemin de fer de l’État, 57, rue Ver- boeckhaven, à Bruxelles. DETORDEUR, Albert, Industriel, à Tubize. DEVAIVRE, Lucien, Attaché à la Direction du Service géologique, 44, avenue de la Renaissance, Bruxelles. DONAUX, Constant, Industriel, 13, rue Rempart-des-Moines, à Bruxelles. DUFIEF,J., Professeur honoraire de géographie à l’Athénée royal de Bruxelles, Secrétaire général de la Société royale belge de géographie de Bruxelles, 116, rue de la Limite, à Bruxelles. DUFIEF, Jean, 116, rue de la Limite, à Bruxelles, DUFOURNY, Ingénieur en chef Directeur des Ponts et Chaussées, 29, avenue de la Brabançonne, à Bruxelles. DUJARDIN, Jean, Lieutenant du Génie, 53, rue de l’Orme, à Etterbeek- Bruxelles. FAGNART. Ad., Éditeur et publiciste, à Couvin. FRAIPONT, Joseph, Ingénieur des Mines, 20, avenue des Arts, à Bruxelles, GILBERT, Pierre, 116, avenue Louise, à Bruxelles. | GOBERT, Auguste, Ingénieur, 222, chaussée de Charleroi, à Bruxelles. GOFFINET, Th., Conducteur provincial, Conducteur honoraire des Ponts et Chaussées, Commissaire voyer, à Braine-l’Alleud. GOOSSENS, Ch., Directeur à l'Administration des Mines, 38, avenue de la Couronne, à Bruxelles. GRAFFE, Ch., 47, avenue Brugmann, à Bruxelles. XLII 34 39 36 317 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50. ol D2 93 54 55 56 91 J8 29 LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES GRANGE, Camille, Chef de Section aux Chemins de fer de l’État, 17, rue de l’'Esplanade, à Bruxelles. GREINDL (Baron Maurice), Capitaine-commandant d'artillerie, 29, rue Daut- zenberg, à Bruxelles. HANREZ, Georges, Ingénieur à la Société d'électricité Westinghouse, au Havre, et 190, chaussée de Charleroi, à Bruxelles. HOUZEAU, Jean, Industriel, à Saint-Symphorien, près Mons. ISABEAU, Valéry, Docteur, à La Bouverie (Hainaut. JACQUES, Paul, Étudiant à l’École polytechnique de l'Université libre, 42, rue du Commerce, à Bruxelles. KEMNA, Georses, Professeur à l’Athénée royal, rue du Saint-Esprit, à Liége. LAMBIN, Ingénieur principal des Ponts et Chaussées, 181, avenue de Tervueren, à Woluwe-Bruxelles. LARA (Alfred DE), Ingénieur civil, 59, rue de Ten-Bosch, à Bruxelles. LEBRUN, Hector, Conservateur au Musée royal d'histoire naturelle, à Bruxelles. LECOINTE, G., Directeur scientifique du service astronomique de l’Obser- vatoire royal de Belgique, à Ucele. LUCION, René, Docteur ès sciences, 127, avenue de l’Hippodrome, à Ixelles lez-Bruxelles. MALVAUX, Alfred, Héliographe, 69, rue de Launoy, à Molenbeek-Saint-Jean lez-Bruxelles. MASSEAUX, Directeur de l’École industrielle de Schaerbeek, 220, rue Rogier, Schaerbeek. | MAUKELS, Architecte, 5, rue Ortélius, à Bruxelles. MOUTON, Pol, Ancien officier, 70, rue du Président, à Bruxelles. NAVEZ, A., Chef de Section à l'Administration des Chemins de fer, rue Linnée, 48, à Bruxelles. NOULET, Édouard, Industriel. PETIT, Julien, Peintre-Décorateur, 15, rue de Berlin, à Ixelles lez-Bruxelles. PIRSCH, Léon, Chimiste à la Compagnie intercommunale des Eaux, #1, rue Rubens, à Bruxelles. RAHIR, Edmond, 116, rue de la Limite, à Bruxelles. ROBERT, E., Sous-Lieutenant de réserve au 12e régiment de ligne, Licencié en sciences géographiques, 22, rue des Champs, à Liége. RYCX, Jules, Ingénieur en chef, Directeur des Ponts et Chaussées, 148, chaussée de Charleroï, à Bruxelles (hiver), et Dieweg, à Uccle (été). TACQUIN, le Dr Arthur. THILLY, H., Architecte à l'Administration des Télégraphes, Professeur à l'École industrielle de Laeken, 17, rue de l’Archiduc Rodolphe, à Laeken. VAN BLAEREN, Luc, Ingénieur au Service technique de la Compagnie intercommunale des Eaux de l’agglomération bruxelloise, 50, rue Dewez, à Namur. DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE. Sn 60 VAN DEN BOGAERDE, H., Ingénieur aux Chemins de fer de l'État belge, 139, rue de la Loi, à Bruxelles. 61 VAN GELDER, Eugène, Artiste peintre et Homme de lettres, 661, chaussée de Haecht, à Schaerbeek. | 62 VAN HALEWYCK, 50, rue Vanderlinden, à Schaerbeek. 63 VANHOVE, D., Docteur en seiences minérales, rue des Carmes, 1, à Bruges, et au Laboratoire de minéralogie de l’Université de Gand. | 64 VAN LINT, Victor-J., Ingénieur civil, Inspecteur des Eaux de la Ville de Bruxelles, 73, avenue Michel-Ange, à Bruxelles. 65 VAN MEENEN, Jules, Ancien capitaine du génie, Sous-chef du Service technique à la Compagnie intercommunale des Eaux de l’agglomération ; bruxelloise, 48, rue du Trône, à Bruxelles. 66 VAN YSENDYCK, Maurice, Architecte, 109, rue Berckmans, à Saint-Gilles lez-Bruxelles. 67 VILAIN, Nestor, Capitaine du Génie, 1, rue Bourla, à Anvers. 68 WALIN, Ingénieur, rue dés Éburons, à Bruxelles. 69 WAUTHIER, Camille, au Service géologique, Palais du Cinquantenaire, à Bruxelles. 70 WEENS, Ingénieur en chef Directeur de service des Chemins de fer de l’État belge, 18, rue d'Hastedon, à Namur. 71 WEYERS, J., 35, rue Joseph II, à Bruxelles. 12 WILLEMS, Léopold, Inspecteur d’assurances, 361, rue de Mérode, à Saint-Gilles. | Membres décédés depuis le 17 février 1906. H, BERTRAND, M., à Paris. E. JOTTRAND, G., à Bruxelles. H, RENEVIER, E., à Lausanne. E. KERKHOVE (0. DE), à Gand. E. BOTTI, U., à Reggio-Calabria. E. MONTEFIORE-LEVI, à Bruxelles. E. DESPRET, à Bruxelles. E. SENZEILLES (Bon DE), à Namur. E. FLÉBUS, A., à Anvers. E. VANDERKINDERE, L., à Uccle. RÉCAPITULATION AU 19 FÉVRIER 1907. Président d'honneur. 1 MÉmhnbsiprotectenrs., : 40 4 , 4 |, À à on, | PAT 2 Membres RONOraTes ne 2, ni SU A Mol © à 14, ‘39 Membres associés étrangers « … . . . . à . . . . , … . : . . : 48 Membres effectifs. . . . Cr 1e CR I Membres associés regnicoles. . .1. . : ..:.. . . . . . . . . . . ABONNÉS AU BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE 10 11 DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE : (BRUXELLES) Administration des BATIMENTS CIVILS. MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE, 19, rue Beyaert, à Bruxelles. Service général des CHEMINS DE FER DE L’ÉTAT. Bureau, 13, rue de Lou- vain, à Bruxelles. INSTITUT CARTOGRAPHIQUE MILITAIRE, à La Cambre. ÉCOLE DE GUERRE, à La Cambre. SERVICE D'HYGIÈNE. Directeur général du Service de Santé et d'Hygiène publique au Ministère de l’Agriculture, 3, rue Beyaert, à Bruxelles, INSPECTION DU GÉNIE, 266, rue Royale, à Bruxelles. RÉGIMENT DU GÉNIE, à Anvers. (Capitaine quartier-maître Brasseur, 48, rue Pierre de Coninck.) GOUVERNEMENT PROVINCIAL DU LIMBOURG, à Hasselt. ÉCOLE NORMALE de Bruxelles. 98, boulevard du Hainaut. SOCIÉTÉ ANONYME DES PHOSPHATES de la Malogne, à Cuesmes. BIBLIOGRAPHIE DE BELGIQUE, 19, avenue de la Brabançonne, à Bruxelles. 19-13 FALK, fils, bbraire, 15 et 17, rue du Parchemin, à Bruxelles (2 abonnements). 14 M. DULAU, libraire, 37, Soho Square, à Londres. 15 16 M. Max WEG, libraire, 1, Leplaystrasse, à Leipzige M. TWIETMEYER, libraire, à Leipzig. 17-18-19 MM. MISH et THRON, libraires, rue Royale, à Bruxelles (3 abonnements). 20 21 The Library of the UNIVERSITY OF CALIFORNIA, à Berkeley (Californie) (Welter, libraire, à Paris;. Faculté des Sciences de L'UNIVERSITÉ DE CLERMONT-FERRAND (Welter, hbraire, à Paris). nr à INDEX ALPHABÉTIQUE DES LL OCALETES BELGES AU SUJET DESQUELLES LE TOME XXI FOURNIT DES RENSEIGNEMENTS GAOLOGIQUES, PALEONTOLOGIQUES ET HYDROLOGIQUES DRESSÉ PAR L. DEVAIVRE Bibliothécaire de la Société. SIGNES CONVENTIONNELS : Pr.-Verb. — Procès-Verbaux; Mém. — Mémoires; Chiffres arabes — Pagination; 1 — Terrain primaire; 2 — T. secondaire; 8 -— T. tertiaire: 4 — T. quaternaire et moderne ; 5 — Phénomènes géologiques; 6 - Hydrologie; p. a. — Puits artésien; * — Renseignements paléontologiques, listes; fig. — Figure dans le texte; pl. — Planche dans le travail. PP D DL EN RE I I RIRE D E E PAGINATION ET NATURE DES RENSEIGNEMENTS NOMS DES LOCALITÉS. FOURNIS PAR LE TEXTE, A Aerschot Pr.-Verb. 42 6 p. a. — Mém. 525, 8. Aertselaer Pr -Verb. 42, 4, 6, p. a. — Mém. 202-205, 8. Alost Mém. 504-506, fig. 1, 2, 3, 8*, 4, 6. Anvers Mém. 189, 4 ; 903, 8. Anvers (Kiel) Mém. 536, pl. 4. Arendonck Mém. 591, 599, pl. 4. Argenteau Mém. 350, 4. Asch Pr.-Verb. 170-173, pl. 2. 8; 248-249, 1, 2, 2*,3, o Audenarde Pr.-Verb. 9-10, 1, p. a.; 68, 2, 8. 1907. LISTES ET TABLES. € XLVI INDEX ALPHABÉTIQUE DES LOCALITÉS BELGES. SIGNES CONVENTIONNELS : Pr -Verb. — Procès-Verbaux; Mém. — Mémoires; Chiffres arabes — Pagination; 1 — Terrain primaire; 2 —T. secondaire; 8 — T. tertiaire; 4 — T. quaternaire et moderne ; 5 — Phénomènes géologiques; 6 — Hydrologie; p. a. — Puits artésien; * — Renseignements paléontologiques, listes; fig. — Figure dans le texte; pl. — Planche dans le travail. PAGINATION ET NATURE DES RENSEIGNEMENTS NOMS DES LOCALITÉS. FOURNIS PAR LE TEXTE. B Baerle-Duc Mém. 591-053, pl. 8, 4. Barchon (Chefneux) Mém. 349, 4. Battice Pr.-Verb. 2, 151, 8*, 4*. Beaufays (Monchamp) Pr.- Verb. 175-116, 8*, 4*. — Mém. 449-450, 8. Becelaere (Reutel) Mérn. 190, tig. 8. Beernem Pr.- Verb. 11-19, 1, 2, 38. Beersse Pr.-Verb.494/3 38€ Berneau Méin. 350, 4. Blankenberghe Pr.-Verb. 11-19, 8. Bombaye Mém. 350, 4. Boncelles Pr.-Verb. 171, 8*, 4*, 941, 8*. — Mém. 442-447, fig. 8. 8*, 4. Boncelles (Les Gonhir) Mém. 319, 361. 4. Brasschaet Mém. 543-551, pl. 4. Brasschaeti Wythof) Mém. 551, 552, 556-557, pl. 4. Brecht (Sternhoven) Mém. 551-553, pl. 8, 4; 556 pl. 8*. Brée Mém. 356, 4. Bressoux Mém. 350, 4. Bressoux (Trou Louette) Mém. 350, 4. C Calmpthout Mém. 536, 538, 543-552, pl, 4; 555-506, pl., 8, 4. Canne Mém. 350, 4. Cappellen Mém. 536, 539, pl., 4. Chaudfoniaine (Fond de Forêt) | Pr.-Verb. 131, 4. Chératte Mém. 349, 4. Chercq Pr.-Verb. 96-97, 1, 2. Claminforge Méim. 161, 1*. INDEX ALPHABÉTIQUE DES LOCALITÉS BELGES. De SIGNES CONVENTIONNEIS : Pr.-Verb. — Procès-Verbaux; Mém. — Mémoires; Chiffres arabes — Pagination; 4 — Terrain primaire; 2 —T. secondaire; 8 — T. tertiaire; 4 — T.quaternaire et moderne; 5 — Phénomènes géologiques; 6 = Hydrologie; p. a. — Puits artésien ; * — Renseignements paléontologiques, listes; fig. — Figure dans le texte; pl. — Planche dans le travail. "2 PAGINATION ET NATURE DES RENSEIGNEMENTS NOMS DES LOCALITÉS. FOURNIS PAR LE TEXTE. Courtrai Mém. 194, 6. Couvin Pr.-Verb. 149, 8; 255-257, 1*. — Mém. 134-140, 1*. 2. 137-140, 8; 141-143 6 ; 149 143, 4* ; 143-145, fig. 1 1*,5; 149149, fig. 8 ; 158-161, 166, 1, 1*. Crainhem (Quatre-Bras) Mém. 175, 8. È D Dalhem Mém. 350, 4. Dilsen Mém. 350, 4. Droogenbosch (Calevoet) Mém. 175, 8. E Eelen Pr.-Verb. 140, 8; 149, 8, 4. Esschen Mém. 545-553 pl. 4. Esschen ( Wildert) Mém. 543-055. pl., 4. F Fanné Mém. 161, 1*. Feluy Pr.- Verb. 191, 5. Flémalle-Haute Mém. 3-20. fig. 1, 2, 3, 8*, 4. 5, 6. Fléron Pr.- Verb. 139, 2 ; 117, 3*, 4*. Floreffe (Maulenne) Pr.-Verb. 195-197, 5. — Mém. 265-309, pl., 1, 5. Forest (Brabant) Mém. 494-495, 1, 38, 4, 6, p. a. G Gand Pr:-VerD A0 4523. Gembloux Pr.-Verb. 15-18, 1, 1*. Genck Mém. 209, 8; 5178, 3; 519, 4 ; 980, 8, 4. XLVIHI INDEX ALPHABÉTIQUE DES LOCALITÉS BELGES. SIGNES CONVENTIONNELS : Pr.-Verb. — Procès-Verbaux; Mém. — Mémoires; Chiffres arabes — Pagination; 4 — Terrain primaire ; 2 — T. secondaire ; 8 — T. tertiaire; 4 — T. quaternaire et moderne ; 5 — Phénomènes géologiques ; 6 — Hydrologie; p. a. — Puits artésien; * — Renseignements paléontologiques, listes; fig. — Figure dans le texte; pl. — Planche dans le travail. PAGINATION ET NATURE DES RENSEIGNEMENTS NOMS DES LOCALITÉS. FOURNIS PAR LE TEXTE. Genck (Gelieren) Mém. 580, 3. Genck (Waterscheid) Mém. 580-581, 8, 4. Genck ( Winterslag) - | Mém. 580-581, 8, 4. Gors-op-Leeuw Mém. 172, 199, 3. Grand-Manil Pr. Verb. 15-93, 267-210, 1, 1*. H Haccourt Mém. 350. 4. Hal Pr.-Verb. 1-8, 3, 6. Hamme (F1. orient.) Mém. 517 598, fig. 1, 2, 8, 8*, 4, 6, p à. Hastière Mém. 13, 11-18, 4*. Havré Pr.-Verb. 13-14, 5. Hennuvères Pr.-Verb. 16, 1. — Mém. 124, 8; 196, 6. He 0 Ile Pr Vend 49292 AT 3 A Herstal (Haute-Préalle) Mém. 350, 4. Herve Pr.-Verb. 132, 2; 177, 8*, 4*. Heure-le-Romain Méin. 350, 4. | Heyst-op-den-Berg Pr.-Verb. 42-43, 8, 8*, 6 ; 143, 8; 144. 4. Hoboken Mém. 186, 4*; 189, 4 ; 539. pl. 4, 4*. Hollogne-aux-Pierres Pr.-Verb. 130-131, 4. — Mém. 480, 8*. Hollogne -aux--Pierres (H'e Valise) Pr.-Verb. 130-131, 4. Hoogstraeten Mém 591-593, pl. 8, 4. Hougaerde (Overlaer) Mém. 195, 4*. Housse Mém. 349, 4. I Ittre (Fauquez) Pr.-Verb. 268-969, 1, 1*. Ixelles Pr.-Verb. 910, 4*. INDEX ALPHABÉTIQUE DES LOCALITÉS BELGES. EUX SIGNES CONVENTIONNELS : Pr.-Verb. == Procès-Verbaux; Mém. — Mémoires; Chiffres arabes — Pagination; 1 — Terrain primaire; 2 — T. secondaire; 3 — T. tertiaire ; 4 — T. quaternaire et moderne; 5 — Phénomènes géologiques ; 6 =: Hydrologie; p. a. — Puits artésien; * == Renseignements paléontologiques, liste; fig. — Figure dans le texte; pl. — Planche dans le travail. PAGINATION ET NATURE LES RENSEIGNEMENTS NOMS DES LOCALITÉS. FOURNIS PAR LE TEXTE. J Jette- Saint-Pierre Pr.- Verb. 61-63, 1, 2, 6, p. a. Jupille Mem. 348, fig. 350, 355, fig. 4. Jupille (Les Bruyères) Mém. 349. 4. | K Knocke-sur-Mer Pr.-Verb. 11-19, 1, 2, 8. Koekelberg Pr -Verb. 62, 6, p. a L Laeken Mém. 79, 4*; 203. 3*: 489-193, 1, 2, 8, 4, 4*.6, p. a. Laeken (Heysel) Pr.-Verb. 61,1, 2, 3, 3*, 4, 6, p. à. Lanaeken Mém. 348-350, fig. 4. Lanaeken (Smeermaas) Mém. 390, 353, 4*,: 362, 4. Lanaye Mém. 350. 4. Lanaye (Petit-Lanaye) Mém. 353, 4*. Eanklaer Mém. 350-356, 4. Leerbeek Mém. 497, 1, 8, 4, 6, p. a. Lessines Pr.-Verb. 279, 1, 3. Liége Méin. 347, 4, 6. Liége (plateau de Cointe) Mém. 350. 4. Liége (Chartreuse) Mém. 350. 4. Lierre Pr.-Verb. 124. — Méin. 189-183, 4, 4*: 193-194, 4*,6. Linkebeek (Calevoet) Mém. 175, 3. Lixhe (Loën) Mém. 349, 4. Louvain Pr.-Verb. 144. — Mém. 202, 8. INDEX ALPHABÉTIQUE DES LOCALITÉS BELGES. E SIGNES CONVENTIONNELS : Pr.-Verb. — Procès-Verbaux; Mém. — Mémoires; Chiffres arabes — Pagination; 1 — Terrain primare; 2 — T. secondaire; 8 —T. tertiaire ; 4 — T. quaternaire et moderne; 5 —- Phénomènes géologiques; 6 — Hydrologie; p. a. == Puits artésien; * — Renseignements paléontologiques, listes; fig. — Figure dans le texte; pl. — Planche dans le travail. PAGINATION ET NATURE DES RENSEIGNEMENTS NOMS DES LOCALITÉS. FOURNIS PAR LE TEXTE. M Maeseyck Mém. 357, 4. Maeseyck (Aldeneyck) Pr.-Verb. 136-154, 8, 8*, 4, 6. Maeseyck (Ven) Pr.- Verb. 136-154, 38, 8*, 4, 6. Malines Mém. 595, 8. Malonne (Le Fort) Pr.-Verb. 195-127, 5. — Mém. 265-302, pl., 1, 6. Marchienne Pr.-Verb. 246-248, 5, 6. Mazy Mém. 161, 1*. Meerle (Strybeek) Mém. 551, 555, 8*, 4*, 556-557, pl., 4; 518, 3*. Menin PY=Verb 8,4, p. a: Merxem Mém. 201 3*; 536, 941, pl., 4. Merxplas Pr.-Verb. 143-145, 3 — Mém. 551-553, pl., 3, 4; 996, 007, pl., 8. Mesvin Mém. 80, 4*, Meylegem Pr.-Verb. 9; 13, 1; 63-68, 1, 2, 8, 3*, 4. Mevysse Méim. 498, 3, 3*, 4, 6, p. à. Meysse (Hasselt-Ophem) Mém. 499-500, 8, 8*, 4. 6, p. à. Molenbeek-Saint-Jean Mém 485-487. 1, 2, 38, 4, p. a. Molen-Beersel Pr -Verb. 157-154, 8, 8*, 4, 4*, Moll Mém. 539, pl., 8, 4; 575, pl., 578, 3. Mons (Hainaut) | Mém. 188. 3; 194, 6. Mons (lez-Flémalle) Pr.-Verb. 127-131, fig. 3, 3*, 4. Monslez Flémalle (Les Croteux)| Mém. 349, 4. Monstreux Pr.-Verb 16, 1. N Neufchâteau (Liége) (Trois-Cheminées) | Mém. 349 350, 4. Ninove Pr.-Verb. 49, 6, p. a. re Nismes Pr.-Verb 959-954, fig. 1*. — 160-162, 1. 1*; 163- 164, 6. INDEX ALPHABÉTIQUE DES LOCALITÉS BELGES. LI SIGNES CONVENTIONNELS : Pr.-Verb. — Procès-Verbaux; Mém. — Mémoires; Chiffres arabes —: Pagination ; — Terrain primaire; 2 — T. secondaire; 8 = T. tertiaire; 4 — T. quaternaire et moderne; 5 — Phénomènes géologiques; 6 — Hydrologie; p. a. — Puits artésien ; * — Renseignements paléontologiques, listes; fig. — Figure dans le texte; pl. — Planche dans le travail. | PAGINATION ET NATURE DES RENSEIGNEMENTS NOMS DES LOCALITÉS. FOURNIS PAR LE TEXTE. O Oostmalle Mém. 591, 992, pl., 4. Opitter Mém. 359, 578, 8. Opoeteren Mém. 356, 4. Ostende Pr.-Verb. 1112, 1, 2, 3, 41-46, 38, 3*, 6, p. a. Ougrée Pr.-Verb. 174175, 4*. Oupeye Mém. 350, 4. Overyssche Méim. 202, 3. P Pellenberg Mém. 188, 3. Pétigny Mén. 145-149, fig. 8; 151, 4*. Poederlé Mém. 201, 8*. Poppel Mém. 591-595, pl. 8, 4. Q Quenast Pr -Verb. 81-89, 3*; 270-279, 1, 5 ; 279, 2, 8*. — Mém. 21-49, fig. 1, 5; 113-121, fig. 8, 4, 5, 6; 131-139, 6. R Raevels Méin. 583-588, 4*, Renaix Pr.- Verb. 10, 1, 2, 3; 183, 3. — Mém. 187, 188, 191, 3. Roulers Pr.-Verb. 1-19, 1, 2, 8. Ryckevorsel Pr.-Verb. 145, 8. — Mém. 542-551, 558, pl. 4; 579, 3: 583-588, 4*, LIU INDEX ALPHABÉTIQUE DES LOCALITÉS BELGES. SIGNES CONVENTIONNELS : Pr.-Verb, == Procès-Verbaux; Mém. — Mémoires; Chiffres arabes — Pagination; 4 — Terrain primaire; 2 — 1. secondaire; 8 = T. tertiaire; 4 — T. quaternaire et moderne ; 5 — Phénomènes géologiques; 6 — Hydrologie; p. a. — Puits artésien; * — Renseignements paléontologiques, listes; fig. — Figure dans le texte; pl. — Planche dans le travail. a PAGINATION ET NATURE DES RENSEIGNEMENTS NOMS DES LOCALITÉS. FOURNIS PAR LE TEXTE. S St-Gilles Brab.) (Ma Campagne)| Pr.-Verb. 692, 6, p. a. Saint-Léonard Mém. 543-551, pl. 4. Saint-Remy (Liége) Mém. 349, 4 Seraing (Les Communes) Mém. 349, 4. Seraing : Piéray) Mém. 349, 350. 4. Soignies Pr.-Verb. 191, 5. sovet Pr.-Verb. 911, 4*. dE Tamise Mém. 595, 8. Termonde Mém. 506-516, fig. 1. 2, 8, 8*, 4, 6, p. a. Tervueren Mém. 209, 3. Thines Pr - Verb. T1, 1, 5. Tiff Pr.-Verb. 177-180, fig. 3+, 4*. Tirlemont Mém. 209, 8. Trembleur (Cortil) Mém. 349, 4. Trembleur (La Waide) Mém. 319, 4. Tubize Pr.- Verb. T-8, 3, 6. — Méim. 195, 6. Turnhout Pr.-Verb. 143, 145. — Mém. 189, 3; 903, 3*; 543- 992, 096-097, pl. 4. U Uccle | Mém. 175, 8, 8*; 493 494, 1,8, 4, 6, p. à. Uccle (Calevoet) - Mém. 175, 8. V Virginal | Méin. 195, 6. Visé .Mém. 348-350 fig. 4, 6. INDEX ALPHABÉTIQUE DES LOCALITÉS BELGES. LUI SIGNES CONVENTIONNELS : Pr.-Verb. — Procès-Verbaux; Mém. — Mémoires; Chiffres arabes — Pagination; 1 — Terrain primaire ; 2 = T. secondaire; 8 — T. tertiaire; 4 — T. quaternaire et moderne; 5 — Phénomènes géologiques ; 6 == Hydrologie; p. a. — Puits artésien ; * — Renseignements paléontologiques, listes, fig. — Figure dans le texte; pl. — Planche dans le travail. A ———_—_—_—_—_—_—_—_——— PAGINATION ET NATURE DES RENSEIGNEMENTS NOMS DES LOCALITÉS. FOURNIS PAR LE TEXTE. Vlesenbeek Mém. 496, 1, 3, 6, p. à. Vliermael . | Mém. 439, 8*. Vliermael (Grimmertingen) Mém. 439, 3*. W Wandre (La Xhavée) Mém. 349, 4. Wandre (Rabosée) Mém. 349, 4. Warsage (La Heidt: Mém. 349, 350, 4. Warsage (Verte Haye) Mém. 349, 350, 4. Westerloo Pr.- Verb. 49-43, 8, 8*, 6 ; 144, 8. Westmalle (La Trappe) Mém. 551, 502, pl. 4. Wortel Mém. 551-558, pl. 8,4; 355, 8*, 4, 4*; 556, 557, pl. 8; 578 8*. Wuestwesel Pr. Verb. 114-145, 3. — Mém. 539, pl. 4; 551- 553, pl. 3, 4: 554, pl. 3*, 4, 4*: 556-587, pl. 8. Z Zwyndrecht | Mém. 536, pl. 4. F2 Lis D pa ce » LS UNS D = +4 «T TABLE DES MATIÈRES DES COMMUNICATIONS SCIENTIFIQUES DISPOSÉES . SYSTÉMATIQUEMENT ET PAR ORDRE DE CHRONOLOGIE GÉOLOGIQUE PAR le baron I. GREINDEIE Secrétaire général de la Société. Dans chaque rubrique l’ordre suivi correspond aux subdivisions de l’Index des Tables détaillées des tomes [ à XX. I. — Cristallographie, minéralogie, étude des roches. Pr.-Vers. Méu, £ à ; Pages. Pages, A. Sérôme. De la découverte d’un gisement notable de kaolin en ÉTCONUS 4 CRE G. Simoens. Observations faites au gisement kaolinifère de Libin . . 222 W. Prinz. Les oxydes de titane et autres produits d’altération de quelques roches du Brabant, suivi de remarques sur le dynamo-méta- RSI SION 0 0 MON ONE LR: 383 Ém, Mathieu. Contribution à l'étude pétrographique de la porphyroïde | CORRAUQUEZA UE ne CM D OU CR RON oi A, Hankar. Contribution à l’étude de la porphyrite de Quenast. . . 270 II — Géologie générale. E. Lagrange, La sismologie au Congrès de La Haye . . . . . . 958 &. Cosyns. Essai d'interprétation chimique de l’altération des schistes PACA CARE SM ie nes: a A Me Mn ma nait 8325 W. Prinz. Les oxydes de titane et autres produits d’altération de quelques roches du Brabant, suivi de remarques sur le dynamo-méta- RO DDNIS TE MEN SOL On na in 383 LVI TABLE CHRONOLOGIQUE DES MATIÈRES. Pra.-Vers. Pages. G. Simoens. Pourquoi y a-t-il des porphyroïdes et des rhyolites an- ciennes dans le Llandovery de Grand-Mani]l ? . . . . . . . . 145 M. Johnston-Lavis. De la relation existant entre l’activité du Vésuve et certains phénomènes météorologiques et astronomiques « . +. . G. Simoens, L'origine de certains tremblements de terre dans le bassin franco-belge (Résumé el discussion) ON E, Lagrange. Les tremblements de terre en Serbie en 1904 . . . . A0 G. Simoens. La Géologie au Congrès de sismologie de La Haye. . . 259 E. Lagrange, Sismologie et géologie. . . . . . . . . . . G. Simoens. Un exemple de relation entre les phénomènes tectoniques el'sismiques entBelSique PNR ECC A. Hankar-Urban. Deuxième note sur des mouvements spontanés des roches dans les mines, les carrières etc 4.0 NRC A. Rzehak. Bergschläge et phénomènes analogues . . . . . . 95 G. Simoens. La structure géologique de la région äe Theux et ses rap- ports avec la tectonique de l’Ardenne (Résumé). . . . . . . . 54 G. Simoens. Exemple de failles bordières du massif du Brabant . . 71 H. de Dorlodot, La faille de Maulenne . . . . . . . . . . 195 G. Simoens. Un exemple de relation entre les phénomènes tectoniques etsismiques en Belgique 2 MN MORE EN NEC ER A. &riqnet. Contribution à l’étude des origines du réseau hydrogra- phique du Nord de la Belgique (Discussion) à: …_ "1 G&. Simoens, Sur l’origine ancienne de nos cours d’eau . . . . . 229 E. Kaïiser. Remarques au sujet de la note de M. Pohlig « sur une an- cienne embouchure de la Meuse, près de Bonn ». . . . . . . 941 4. Briquet. La vallée de la Meuse en aval de Liége . . . . . . III. — Paléontologie générale et descriptive. L. Dollo. Les Ptyctodontes sont des Arthrodères . . . . . . . 3. Lambert, Étude sur quelques Échinides des couches à Hippurites de GOSaU.. 6, SEE SR RER Re AE E. Maïllieux. Le « Chonetes » des schistes frasniens des Abannets. . 253 Æ. Maillieux. Sur deux pygidiums aberrants du « Bronteus flabellifer » 1670 EE NE as — Er U. Dotlo Nouvelle note sur les Reptiles de l’Évcène inférieur de la Belgique et des resl0nS OISE LR L. Dollo. L’audition chez les [chthyosauriens . . . . . . . . 157 #. T. Newton. Note relative à des fragments fossiles de petits ver- tébrés trouvés dans les dépôts pliocènes de Tegelen-sur-Meuse. . . Clement Reïd et Eleanor M. Roïid. Les éléments botaniques de la détermination de l’âge des argiles à briques de Tegelen, Renver, Ryckevorsel et Raevels Mén. Pages. 303 347 97 83 591 583 TABLE CHRONOLOGIQUE DES MATIÈRES. IV. — Géologie et paléontologie régionales. Pr.-Vens. &. Simoens., La structure géologique de la région de Theux et ses rap- ports avec la tectonique de l’Ardenne (Résumé) X. Stainier, La géologie du Nord-Est du Limbourg d’après de récents sondages. QUES y à H. de Dorlodot, La faille de Maulenne. : PA Re J. Lorie. La stratigraphie des argiles de la Campine belge et du Lim- bourg néerlandais (Planches XI à XII) . : ac: 3. Cornet. Contributions à la Géologie du Bassin du Congo. — I. Notes sur la Géologie du Bassin du Kassaï. x ee : E. Maillieux. Compte rendu de l’excursion dans les environs de Couvin, les 14 et 15 août 1906, de la Société es de eu de Paléonto- Jogie’et d'Hydrologie . . . . . AE APRES F. Halet, Compte rendu sommaire de la Xe session du Uongrès géolo- gique international, tenue à Mexico en septembre 1906 . L. Greindl, Compte rendu sommaire de la session extraordinaire tenue aux Siebengebirge et dans l’Eifel volcanique du 25 au 31 août 1907 Nomination d’une commission chargée d’étudier les chances de succès d’un puits artésien à l'emplacement du nouvel hôpital des Hospices de Bruxelles à Jette-Saint-Pierre. (Rapport préliminaire.) . F, Halet, Le sondage de Meylegem . . . . . . . . . Haron ©. van Erthorn, Le nouveau sondage à sec voisin du sondage houillemned#A$chet/ses Conséquences 0. +. 150. G. Schmitz. Le sondage à sec d’Asch . . . . . . . . F. Halet, Coupes géologiques de quelques sondages profonds exécutés depuis 1900, sur le territoire des planchettes de Bruxelles, Ucele, Hal, Lennick-Saint-Quentin et Vilvorde . +. +. . . . . . . F. Halct. Le puits artésien de l’amidonnerie de Hamme lez-Saint-Nicolas. F. Halet, Coupes géologiques de quelques puits nouveaux exécutés sur le territoire des planchettes de Termonde et d’Alost . &@. Simoens, Pourquoi v a-t-il des porphyroïdes et des rhyolites an- ciennes dans le Llandovery de Grand-Manil ? . G. Simoens. Sur la position stratigraphique de la porphyroïde de Fauquez et sur une découverte de « Trinucleus seticornis » dans le Caradoc de cette localité . NU AA DA DEN PC OR €. Malaise. Position de quelques rhyolites et porphyroïdes du massif SUR HAAUEDTADANE LR 2 Le Ms, Le J. Lambert. Étude sur quelques Échinides des couches à Hippurites de COS SR de ce re Baron ©. vau Erthorn, Tableau comparé de l'échelle française et géné- rale du groupe tertiaire avec la Légende officielle de Belgique et la Bésépte-hbre dé l'auteure +. 2. um IIS MENT Lu L'EL Pages. J4 135 265 313 61 63 170 248 15 267 269 LVII Mém. Page. 531 367 133 205 483 319 503 83 199 LV TABLE CHRONOLOGIQUE DES MATIÈRES. Pr.-Vers. Mén. Pages. A. Rutot. Un grave problème. — Une industrie humaine datant de l'époque oligocène. Comparaison des outils avec ceux des Tasmaniens actuels ©: es. 7 NAN RE 4. utot. Matériaux pour servir à la détermination de l’âge des dépôts inférieurs de la terrasse moyenne des vallées du territoire franco-belge. 97 G. Simoens, Il n’y a pas eu de soulèvement en Belgique après le dépôt du Pliocène diestien, :. 4 141 SR UN, ENS ETE Baron ©, van Ertbora. À propos des communications de M. Rutot à la Séance d'avril 1907 8 en UND EN Le 3, Pohiig. Eiszeit und Urgeschichte des Menschen. . . . . . . 92% Baron ©. van Erthorn, Revision de l'échelle pleistocène de la Belgique. 27728 CON Ep PEER ET à LPS J. Lorié. La stratigraphie des argiles de la Campine belge et du Lim- boug néerlandais (Planches XXII) CR M. Mourlon. Sur la nouvelle interprétation des sables de Moll en Campine . Clement Reïd et Eleanor M. Reid. L’argument botanique pour dater l'argile à briques de Tegelen, Ryckevorsel, Raevels et Renver. E. Newton. Note relative à des fragments fossiles de petits vertébrés trouvés dans les dépôts pliocènes de Tegelen-sur-Meuse. .' . A. utot. À propos des Éolithes du Cantal. Un deuxième cas intéressant d’antiéolithisme . . . . . ue de 0 tel ie ee Te ER LIÉE E. de Mnnek. Les alluvions à Éolithes de la terrasse supérieure de la yallée de la Meuse IE 2 A. Laville. Réponse à la note de M. Rutot : « Un cas intéressant d’anti- ÉOIITNISME.. 46 7 Sn LL 2 LA CNP I ES E. de Munck. Les alluvions à Éolithes de la terrasse supérieure de la valléé de l'Ourthe:. + 4 RNA RENE EE Baron ©. van Ertborn. Les grottes de Grimaldi près Menton. (Étude critique.) 45e. +15 NOR PNR EN EN R A. Rutot. La fin de la question des Éolithes. . . . . . . . . 91 4. Rutot, Sur la découverte de silex utilisés sous les alluvions fluviales de la haute terrasse de 100 mètres de la vallée de la Meuse ENS A. Rutot. Sur l’âge des cavernes de Grimaldi, dites Grottes de Menton . A. Rutot. Un grave problème. — Une industrie humaine datant de l’époque oligocène. Comparaison des outils avec ceux des Tasmaniens actuels. e . LD L e e. e L [2 e . e e e L e V. Baron ©, van Erthoru, Les recherches houillères en Flandre . . . 8 Baron ©. van Erthorn, Les sables boulants et la suppression du tunnel de Braine-le-Comte. (Discussion) . . . . . . . . . 6 Pages 439 169 531 577 583 591 439 TABLE CHRONOLOGIQUE DES MATIÈRES. LIX Pr.-Vers. Mén. Pages. ages. 4, Hankar-Urban, LC tunnel de Braine-le-Comte et les sables bou- PE A ne «7 0 100 F. Dienert, De la valeur attribuée aujourd’hui au mot « source ». (Réponse à M. Putzeys.) . … + . . … ; 95 3, Kersten. Venues d’eau au charbonnage de Marchienne = 246 Tableau de la mortalité due à la fièvre typhoïde dans l'agglomération bruxelloise de 1893 à 1898 et de 1899 à 1906 . . . 73 Baron ©, vau Erthorn, Les eaux minérales d’Ostende . . 4 L. Gerard, Sur une méthode d'analyse rapide des eaux alimentaires 296 - H. arctowski. Réclamation à propos d'association te - 280 M, Mourlon. Observations à propos du Catalogue international de littérature scientifique de Londres et de la création à Bruxelles de la Bibliothèque collective des Sociétés savantes . 281 G. Simoens. À propos de la Bibliothèque des sciences minérales 284 L. Zels. La Géologie dans l’enseignement moyen : Re .. 9686 G. Simoens. Rapport présenté à la Commission nommée par la Société belge de Géologie en vue d'étudier la proposition tendant à introduire la Géologie dans l’enseignement moyen. 195 Assemblée générale annuelle de clôture de l'exercice TE 0 ln NX ECM 291 ee TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XXI (1907) DU BULLETIN DE LA SOCIÈTE BELGE DE GÉOLOGIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES. Séance mensuelle du 22 janvier 190%. Pazes. COTINIRALON, AU-BurEAUES … . , À 4 à |, + ©. ,. . , « . 1 Correspondance. — Dons et envois reçus . «+ . . . … . . - . . .… 1 Élection de nouveaux membres . . . . . . . . . . …. . 0 6 Baron ©. van Erthorn. Les sables boulants et la suppression du tunnel de Braine-le-Comte. (Mémoire publié dans le Bulletin de 1906.) — Discussion . 6 Baron ©. van Erthborn, Les recherches houillères en Flandre Eee 8 A. Kemna. L'emploi du sulfate de cuivre contre les algues dans le filtrage. RESTES MR UT Or On Va RE de br nd, ‘es. 1 13 6. Simoens. L'origine de certains tremblements de terre dans le bassin franco- DEEE me.) Discussion 2 Mn ee où ee ee 143 6. Simoens., Pourquoi y a-t-1l des porphyroïdes et des rhyolites anciennes dans leAindoveryide Grand=Manil?. 05058." 00 0 7 5: 8 2 0 € os 45 A. Hankar-Urban, Mouvements spontanés dans les mines et carrières. MR CSN RP M ONE NET La ere Li Li à LUE ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DE JANVIER. 4. Rzehak. Bergschlâge et phénomènes analogues. (Traduction E. Mathieu) . 95 14907. LISTES ET TABLES. D LxI TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES. Séance mensuelle du 19 février 1907. Décès de M. Marcel Bertrand (membre honoraire). + . . . . . . . Correspondance. — Dons et envois regus "NN Élection de nouveaux membres... Baron ©. van Ertborn, Les eaux artésiennes d'Ostende . . . . . . . A. Rutot, Sur l’âge des cavernes de Grimaldi près Menton. (Inséré aux Mémoires.) . 0 e® e L 1 L e L 2 e . C2 e . e e e 0 e. e. A. Briquet, Note sur les origines du réseau hydrographique de la Belgique. (Mémoire publié dans le Bulletin de 1906.) — Discussion . . . . . E. Mathieu. Contribution à l'étude pétrographique de la porphyroïde de Fauquez. % . +, 9 USM er SU CCE G. Simoens. La structure géologique de la région de Theux. (Résumé.) Séance mensuelle du 20 mars 1907. Correspondance. —.Dons'et envois recuss : Élection detnouveaux membres. 0 F2 LOC OPEN Nomination d’une commission chargée d'étudier les chances de succès d’un puits artésien à l'emplacement du nouvel hôpital des Hospices de Bruxelles, à Jette-Saint-Pierre. . OMR NE RE BL. Dollo. L'origine paléontologique des chimères. (Inséré aux Mémoires sous le titre ::« Les Ptyctodontes soni des Arthrodères >)" 20,700 F, Halet. Le sondage de Mevlesem._ CRE CN CR A. Hankar. Le tunnel de Braine-le-Comte et les sables boulants. (Inséré aux Mémoires.) 25 2e ee 0 et 0 on D PR 3. Lambert. Les Échinides de Gosau. (Inséré aux Mémoires.) . Baron ©. van Ertborn. Revision de l’Échelle du Quaternaire de la Belgique. (Inséré‘aux Mémoires.) = Se PR ONE CMP Haron ©. van Erthorn. Tableau comparé de l'Échelle française et générale du groupe tertiaire avec la Légende officielle de Belgique et la Légende libre de l’auteur. (Inséré aux Mémoires Jen ES CPR &. Simoens. Exemple de failles bordières du massif du Brabant . . . . Décision de publier mensuellement les Procès-Verbaux des séances . . . . ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DE MARS. Tableau de la mortalité due à la fièvre typhoïde dans l’agglomération bruxelloise deH6032M8981etde 1899 MOI RE RER RP 47 47 OÙ D4 60 61 63 63 68 69 70 70 10 72 13 assises! te: Sélié SRE LAS T Vip 27 gl. sé LOC PET NEO ice MR AT Elan 0 PE LU PRE TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES. Séance mensuelle du 16 avril 190%. Communications du Bureau Approbation des procès-verbaux de janvier, février et mars. Correspondance. — Dons et envois reçus Mectionide nouveaux membres . . . . . ,, .:, ,. .'. L. Dollo. Nouvelle note sur les Reptiles de l’Éocène inférieur de la Belgique et des régions voisines (Eosuchus Lerichei et Eosphargis gigas) _L. Zels. La géologie dans l’enseignement moyen. . ... RUSSIE RME. ant de, nr TR F. Dienert De la valeur attribuée aujourd’hui au mot « source ». (Réponse à io IMOENSO RNCS X. Stainier. La carrière du Cornet, à Chercq F, Haulet. Compte rendu sommaire de la Xe session du Congrès géologique international de Mexico. (Inséré aux Mémoires.) . . . . . . . A. Rutot, Matériaux pour servir à la détermination de l’âge des dépôts infé- rieurs de la terrasse moyenne des vallées du territoire franco-belge. . . A. Rutot, À propos des Éolithes du Cantal. Un deuxième cas intéressant DÉMAPONTISMEN S.à ANNEXE À LA SÉANCE. COMPTE RENDU BIBLIOGRAPHIQUE : Jelenko Michaïlovitch, Les tremblements de terre en Serbie en 1904, avec une revue spéciale des tremblements de terre du 4 avril 1904 . Séance mensuelle du 15 mai 1907. DÉC M AN | NL 4 on 4 Histmeugnshonoriiques. à . . . 4,1 … …. . Approbation du procès-verbal de ia séance d'avril . ONE DONNE RME UT os VAR ie Programme de concours (1907 et 1908) de la Société des Sciences, des Arts et dlessbe CreSQUurHAInAUt.. A. LE REE ESMANE ., + Dons et envois reçus . . . . . . Élection de nouveaux membres. . . . . . . . . Baron ©. van Grtborn. À propos des communications de M. Rutot à a séance RU VAUT Th st LXIIT Pages 17 17 18 80 8l 86 90 93 96 Sr 97 104 110 LXIV TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES. Baron ©, van Frthorn, Nouvelle découverte de bois de Cervidé en Campine anversoise et découverte d’un squelette d’'Elephas primigenius à Lierre . L. Gérard Les indices de pollution des eaux alimentaires par les apports d’eau superficielle (méthode d'analyse rapide). (Inséré aux Mémoires.) . . Lagrange. Sismologie et Géologie. (Inséré aux Mémoires.). H. de Dorlodot, [a faille de Maulenne (Résumé.) > e e e . e e e . e E. de Wunck, Les alluvions à Éolithes de la terrasse supérieure de la vallée de la Meuse . . Laville Réponse à la note de M. Rutot : « Un cas intéressant d’anti- éolithisme » » ANNEXES A LA SÉANCE. Communications qui seront exposées à la séance mensuelle du 18 juin. X. Stainier, La géologie du Nord-Est du Limbourg, d’après de récents sondages . L. Dotlo, L’Audition chez les Ichthyosauriens . . . . Séance mensuelle du 18 juin 19017. Décès de M: De Bauve." 510 SL 0. TE Distinctions honorifiques; délégations PR CN Approbation du procès-verbal de la séance de mai . . . . . . Correspondant PERTE Dons et envois reeusi. “ee 0 2 En EN ER Baron ©. van Erthorn., Le nouveau sondage à sec voisin du sondage houiller n° À Asch et ses conséquences. (Planche AJ MONTS D' Johnston-Lavis. De la relation existant entre l’activité du Vésuve et certains phénomènes météorologiques et astronomiques. (Inséré aux Mémoires.) . RM D E, de Wunek. Les alluvions à Éolithes de la terrasse supérieure de la vallée de l'Ourthe.. 5723" SNS ERA UNE RS EE G. Simoens, [Il n’y à pas eu de soulèvement en Belgique après le dépôt du Pliocène diestien #29 ST SENS RS PARUS L. Dollo. L’audition chez les Ichthyosauriens. (Inséré en annexe au procès- verbalde mais): pee ONE CRTC Re ls VAT SRE L. Cosyns. Essai d'interprétation chimique de l’altération des schistes et cal- caires.(Inséré aux MÉéMOIES ) TOI OR E RER X. Stainicer. La géologie du Nord-Est du Limbourg d’après de récents sondages. (Inséré en annexe au-procès-verhal de mai.). + . . . … Pages. 139 157 169 165 166 166 167 170 173 173 180 190 191 192 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES. LXV ANNEXE A LA SÉANCE. Pages. G. Simoens, Rapport présenté à la Commission nommée par la Société belge à de Géologie en vue d’étudier la proposition tendant à introduire la Géologie HénS EnseenementimOoyven. 0. . Le sm. . 0.1 à «, 493 Séance mensuelle du 16 juiilet 1907. NS tu nn, De 1 1 10 499 Rectification de M. Laville au procès-verbal d’avril . . . . . . . . . 900 Rectification de M. Simoens au procès-verbal de juin + . . . . . . . 9202 DR DODGE RL Je 0 Ur ee UN iron at 1 902 ASE ENMOIS ECS, D D Li TL à NO à OO à à «+. . . 903 Élection de nouveaux membres . . : +. . . . . . + . . . ,. . 90,5 Baron ©. van Erthorn, Les grottes de Grimaldi près Menton. (Étude critique.) 206 ‘A. Rutot, La fin de la question des Éolithes . . . . . . . . . . . 21 A. Jérôme. De la découverte d’un gisement notable de kaolin en Ardenne . . 917 G. Simoens. Observations faites au gisement kaolinifère de Libin . . . . 2922 3. Cornet. Notes sur la géologie du bassin du Kassaï. (Résumé succinet.) . . 224 A. Briquet. Note sur la vallée de la Meuse en aval de Liége. (Inséré aux OISE TRS 0 OU ie ee UN OT TL ns 1995 ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL. COMPTE RENDU BIBLIOGRAPHIQUE : Pohlig, Eiszeit und Urgeschichte des Menschen. 9226 Séance mensuelle du 165 octobre 1907. CS D OR PR NU UE EU Nu D MT 65 à, 999 MP HNCHONSNONOPNqQUES 0. 0. CNE LOST 47 © .. 929 Adoption du procès-verbal de la séance de juillet . . . . . . . . . 299 G. fimoens,. Sur l’origine ancienne de nos cours d’eau . . . . . . . 2% Mnmunications du Secrétariat - . . 0. | 5... . + . NL . . . 932 Correspondance. .,. . … . ne One ve 098 ROSÉ ONMOISMECUS er 0 à DOUANES RME ne un … 937 MiEction d'un nouveau-membre . . . 2 21 . = à 0 . : . , . . 938 L. Dollo. Rapport du délégué de la Société au Centenaire de la Société géo- IDPIQUERUERÉDNATES EEE 2 ER AROUND ANS, ‘1 938 LXVI TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES. W. Prinz. Les oxydes de titane et autres produits d’altération de quelques roches du Brabant (suivi de remarques sur le dynamométamorphisme). (Inséré aux Mémoires.) e e 0 e . e . e. A. Rutot. Un grave problème. (Résumé.) . e e e e e e e Erich Kaïiser. Remarques au sujet de la note de M. Pohlig « sur une ancienne embouchure de la Meuse, près de Bonn». . 3. Kersten, Venues d’eau au Charbonnage de Marchienne, . . . &. Schmitz, Le sondage à sec d’Asch : . . . . . _ Séance mensuelle du 20 novembre 1907. Adoption du procès-verbal de la séance d'octobre 4. . . . .« . . Correspondance. Ce RE CT CPE Dons et envois reçus . . . . . Élection de nouveaux membres . + . Eug. Maïillieux, Le « Chonetes » des schistes frasniens des Abannets . L2 Eug. Maïillieux, Sur deux pygidiums aberrants du « Bronteus flabellifer » Goldf". Feu PATENMRMEN TEST CNE A. Sehoep. Un quartzite aurifère dans l’Escaut . . . . +: . . E. Lagrange. La Sismologie au Congrès de La Have. (Inséré aux Mémotres.). G. Simoens, La Géologie au Congrès de Sismologie de La Haye . G. Simoens, Communications verbales . . F. Halct, Coupes géologiques de quelques sondages profonds exécutés depuis 1900 sur le territoire des planchettes de Bruxelles, Uccle, Tervueren, Hal, Lennick-Saint-Quentin et Vilvorde. (Inséré aux Mémoires.). Séance mensuelle du 17 décembre 190%. Décès . e ° e 0 e , . e e e . 0 e e e e e ° Li Adoption du procès-verbal de la séance de novembre Correspondance, : 052 28 JU STUNT PE MERE RENE Dons ét:envois Tecus te Or EP AIRE LUN Élection d'un nouveau membre NC G. Simoens. Sur la position stratigraphique de la porphyroïde de Fauquez et sur une découverte de « Trinucleus seticornis » dans le Caradoc de cette 10Calitésze SE OCR RE Discussion. — €. Malaise. Position de quelques rhyolites et porphyroïdes du massif SUTIeN AU Brabant. ORNE 0 Pages. 241 241 241 246 248 265 265 265 266 267 267 269 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES. EXVI Pages. A. Hankar-Urban, Contribution à l'étude de la porphyrite de Quenast. — Sur l'altération superticielle de la porphyrite . . . . . . . . . . . 210 DiSoussion + : . . . RO CURE LU de Le de DZ) F, Halet. Coupes géologiques de quelques puits nouveaux exécutés sur le territoire des planchettes de Termonde et d’Alost. (Inséré aux Mémoires.). . 2179 F. Halet, Coupe géologique du puits artésien de Hamme lez-Saint-Nicolas. UNS EM ÉMOIeS MT NE RE SR LE OS 0e 0.7 . 980 H, Arctowshi. Réclamation à propos d'association. . . . . . . . . 260 Michel Mourlon. Observations à propos du Catalogue international de littéra- - ture scientifique de Londres et de la création, à Bruxelles, de la Biblio- thèque collective des sociétés savantes. . . . . . . . . . . . 261 G, Simoens. À propos de la bibliographie des sciences minérales . . . . 984 3. Lorié. Les argiles de la Campine anversoise et du Limbourg hollandais. (Inséré aux Mémoires.) D M Ur ss 60 M. Mourlon, Sur la nouvelle interprétation des sables de Moll en Campine. MP ERÉRAUSMPMOIrES.) DES 2 1, OU ANS Sn Don 7" 2. 980 Clement Reid ct ÆEleanor M, Reid. L’argument botanique pour dater l'argile à briques de Tegelen, Renver, Ryckevorsel et Raevels. 'Inséré aux RES RE D se ons aie eu UN HSE 2.000 E. T. Newton, Quelques restes de petits vertébrés trouvés à Tegelen. (Inséré EM AINOMES me eo à nm. . «à à 4 : 4 ,' . 90 Assemblée générale annuelle de clôture de l'exercice 1907. (Séance du 17 février 1908.) Discours annuel du Président. A A art 2 0909 Compte rendu sommaire de la Session extraordinaire aux Siebengebirge et dans l'Eifel. (Planches B et C.) dd ae ee 919 Rapport de M. le Trésorier PA REDON EE En M 2 Ne ot 0h 01e, Le 322 Binabonede la Bibliothèque + + . Hu. 4. .. . à .: .. . 32 PE DRE XITADLUIANTE 0 QE +. noi me UN ne en 48 4 ce 9324 Programme d’excursions diverses de PC CT pe “024 BD DO AMUOnNSCUS un e 2 Een 0 2 « : 32 Élection de membres honoraires. . . . . ,. . . . . . . . . . 326 BEnidiéessuciés étrangers. . . . LAN ON | . . . . … 826 Mesures à prendre pour assurer un compte rendu convenable des sciences géologiques dans le Catalogue scientifique international . . . . . . 326 LXVU TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES. MÉMOIRES. A, Butot. Sur la découverte de silex utilisés sous les alluvions fluviales de la haute terrasse de 100 mètres de la vallée de la Meuse. . . . . . …. 4. Hankar-Urban. Deuxième note sur des mouvements spontanés des roches dans les mines, les carrières, etc.. A. Rutot. Sur l’âge des cavernes de Grimaldi, dites Grottes de Menton . J. Lambert. Étude sur quelques Échinides des couches à Hippurites de Gosau. (Planchietl) 02150 MR NOR Louis Dollo. Les Ptyctodontes sont des Arthrodères. (Planche IL.) . A. Hankar-Urban, Le tunnel de Braine-le-Comte et les sables boulants Eugène Maillieux. Compte rendu de l’excursion dans les environs de Couvin, les 44 et 15 août 1906, de la Société belge de ue de Paléontologie et d'Hydrologie . TOUS 5 is EE 2 ue Baron ©. van Erthorn. Revision de l'échelle du Pleistocène de la Belgique. Baron ©. van Frtborn, Tableau comparé de l’échelle française et générale du groupe tertiaire avec la Légende officielle de Belgique et la Légende libre de l’auteur A F. Halet, Compte rendu sommaire de la Xe session du Congrès géologique international, tenue à Mexico en septembre 1906 L'ANGE Eéon Gerard, Sur une méthode d'analyse rapide des eaux alimentaires “. Lagrange. Sismologie et Géologie . €. Simoens. Un exemple de relation entre les phénomènes tectoniques et sismiquesen Belgique OR H, de Dorlodot. La faille de Maulenne. (Planche D) Re Dr Johnston-Lavis, M. D., D. Ch.,M.R. ©. S.,L. #S. 4., Lond, De la relation existant entre l’activité du Vésuve et certains phénomènes météorologiques et astronomiques. (Planche IV) EN ER RE &. Cosyns. Essai d'interprétation chimique de l’altération des schistes et cal- caires. (Planches V à X.) A. Briquet. La vallée de la Meuse en aval de Liége. 3. Cornet. Contributions à la Géologie du Bassin du Congo. — I. Notes sur la Géologie du Bassin du Kassai M nd lo out WW. Prinz. Les oxvdes de titane et autres produits d’altération de quelques roches du Brabant. suivi de remarques sur le dyramo-métamorphisme A, Rutot. Un grave problème. — Une industrie humaine datant de l’époque oligocène. Comparaison des outils avec ceux des Tasmaniens actuels Pages. 109 133 169 309 . ‘ 383 439 m/s TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES. LXIX Pages. F. Halet, Coupes géologiques de quelques sondages profonds, exécutés depuis 1900, sur le territoire des planchettes de Bruxelles, Uccle, Hal, Lennick- Saint-Quentin et Vilvorde . DS nee HE 0. Du. :. 1493 F,. Malet, Coupes géologiques de quelques puits nouveaux, exécutés sur le territoire des planchettes de Termonde et d’Alost . . . . . . . . . 503 F, Halet, Le puits artésien de l’amidonnerie de Hamme lez-Saint-Nicolas . . 519 J. Lorié. La stratigraphie des argiles de la Campine belge et du Limbourg néerlandais. (Planches XI à XIIL.) . . . RC NT le 4 +091 Michel Mourlon, Sur la nouvelle interprétation du sable de Moll en Campine. 577 Clement Reid ct Eleanor M. Reid, Les éléments botaniques de la déter- mination de l’âge des argiles à briques de Tegelen, Renver, Ryckevorsel et Reese ee 2 A CR Une Aa 5,000 E. T. Newton. Note relative à des fragments fossiles de petits vertébrés trouvés dans les dépôts pliocènes de Tegelen-sur-Meuse . . . . . . . . . 591 STATUTS, LISTE DES MEMBRES, INDEX ET TABLES. Statuts de la Société belge de Géologie (troisième édition) . . . . . . . In Composition du Bureau, du Conseil et des Comités pour 1907. . DR EX NI Liste générale des Membres, arrêtée au 19 février 1907 . . . . D CXXII Index alphabétique des localités helges au sujet desquelles le présent volume fournit des renseignements géologiques, paléontologiques et DNS QUES Re D NT a D. 5 0 Sn Len LXV Table des matières des communications scientifiques, disposées systé- matiquement et par ordre de chronologie géologique, . . . . . LV Table générale des matières contenues dans le tome XXI (1907) du BAD NAÉMERND SOCCER SEE RSR RE te à LXI SE i n ne TABLE DES MATIÈRES DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE CLOTURE DE L'EXERCICE 1907 (17 FÉVRIER 1908) Discours annuel du Président. 47 "5,8. 2 Compte rendu sëêmmaire de la Session extraordinaire aux Siebengebirge et dans DR l'Eifel. (Planches B et C.) TRE ET RESTE PORC RSR Rapport de Mile Trésorier. 27 SSL Re Budget pour 1908 2% "52. Muse Es QU NS MEN RSS Situation de la Biblisthèque . … .. . : , he Session exiraordindirer 7e, RME AR RES Programme d'excursions diverses 22; 7 Lee Pen Éléctions au Conseil 4 1 Nbr ra AU LUN PTS Élection de membres honoraires. .- . . . ... . À . Élection d'associés étrangers | La AS Re ee Mesures à prendre pour assurer un compte rendu convenable des sciences géologiques dans le Catalogue scientifique international . . . . Erratunr ef 2 NRC SAT ER INDEX ET TABLES. Index alphabétique des localités helges au sujet desquelles le présent = es volume fournit .des renseignements géologiques, paléontologiques et hydrologiques Sr. DE en Table des matières des communications scientifiques, disposées systée | _matiquement et par ordre de chronologie géologique. . . . . .. é ner Table générale des matières contenues dans le tome ui du ee : Bulletinde ln Sociétés EN LE RER EC dE D PRÉSIDENT D'HONNEUR : a eS. AR. le Prince ALBERT de Belgique - VE rrocès-Verbaux DES SÉANCES DE JANVIER, FÉVRIER ET MARS | Vingtet unième année * 0 on oi 10 + BRUXELLES : IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE rue de Louvain, 112 AYEZ, do Ce PROCÉS-VERBAUX DE TA NOCIÈTE BELGE DEGEOLOGEE, DE PALEONTOLOUE EE D'HDROLOUE BRUXELLES TOME XXI —_ ANNÉE 1907 SÉANCE MENSUELLE DU 22 JANVIER 1907. Présidence de M. Ad. Kemna, président. La séance est ouverte à 8 h. 40 (24 membres sont présents). Communication du Bureau. Notre président A. Kemna a été nommé vice-président de l'Association des Water-Engineers d'Angleterre. En le félicitant de cette distinction flatteuse, nous acceptons pour la Société une part de l’honneur qui lui est fait. (Applaudissements.) — Îl arrive que des membres empruntent un livre en séance; le bibliothécaire à signalé que le bon correspondant ne lui était pas toujours remis. Des reçus sont à la disposition de nos membres qui désireraient emporter un ouvrage. Correspondance. 1. — La Fédération archéologique et historique de Belgique nous envoie le programme du Congrès qui se tiendra à Gand du 2 au 7 août 1907. La cotisation est fixée à 10 francs et l’on demande que les adhésions parviennent le 4% mars au plus tard. Les rapports devant être imprimés et distribués avant l’ouverture du Congrès, il importe que les organisa- teurs connaissent en temps utile le nombre de souscripteurs. 2 PROCÈS-VERBAUX. Ci-dessous le programme provisoire de la première section, dont les travaux se rattachent au champ d’études de notre Société. PRÉHISTOIRE ET PROTOHISTOIRE. Bureau provisoire : MM. A. DE CEULENEER, président ; Dr RAEYMAEKERS et G. WILLEMSEN, vice-présidents ; V. WiILLEN, secrétaire. ESS . Résumé des connaissances ‘acquises sur la préhistoire de la Flandre à l’époque de la pierre. . Résumé des connaissances actuelles sur la préhistoire de la Flandre pen- dant l’âge du métal. 3. Contributions à l'élaboration des cartes de la Basse-Belgique corres- pondant aux diverses époques de la pierre et du métal. a. Extension du Campinien. M. MouuLon. b. Répartition en Belgique des stations tardenoisiennes. c. Stations néolithiques des environs de Gand. D' RAEYMAEKERS. d. Stations belgo-romaines dans le pays de Waes. G. WILLEMSEN. 4. Ancienneté relative des vestiges de la période hallstattienne en Bel- gique. L. STROOBANT. 9. Déterminer et figurer les instruments qui caractérisent le Tardenoisien en Belgique. D' RAEYMAEKERS. 6. Quelles sont les divisions à étabiir dans le Néolithique de Belgique? 1. À quel peuple convient-il d'attribuer les objets barbares rencontrés dans les stations de La Panne-Bray-Dunes : Francs, Saxons ou Frisons ? Bo A. DE Loë. 5. À quelle époque faut-il attribuer les poteries affectant la forme de tam- pons ou de couvercles à maniques, diversement ornées et d’un grain dur, recueillies dans la Flandre maritime par M. Rutot et le b® Ch. Gillès de Pelichy ? A quel usage ces objets étaient-ils destinés? Bo Cu. GILLÉS DE PELICHY. 9. Parmi les antiquités romaines et franques recueillies dans la Flandre maritime, et notamment dans l’ancien pagus brugensis, s’en trouve-t-il qui portent des emblèmes chrétiens ? Ca Duczos et B°2 Ca. GILLES DE PELICHY. Lo Les adhésions doivent être adressées à M. Paul Bergmans, secrétaire général du Congrès, 49, rue de la Forge, à Gand. 2. — Le troisième Congrès international du pétrole aura lieu à Bucarest dans la première moitié du mois de septembre. Ce Congrès, d’une durée de sept jours, sera précédé et suivi d’excursions de deux SÉANCE DU 22 JANVIER 1907. 3 jours. Adhésions jusqu’au 1% mai 1907; programmes à la disposition de nos membres. 3. — Le volume IT du rapport sur les résultats scientifiques du voyage de la « Scotia », contenant la partie physique, est sur le point de paraître. Bulletin de souscription à la disposition des membres. 4. — MM. Van Beneden et Pelseneer, respectivement membre et correspondant du Comité international du Monument Lamarck, nous prient d'insérer la circulaire ci-dessous : MESSIEURS, L'homme qui a été le véritable créateur de la doctrine transformiste, qui, le premier, a posé sur le terrain physiologique le problème de l'ori- gine des formes organiques, c’est lillustre naturaliste et philosophe Lanarcx, membre de l’Académie des Sciences et professeur au Muséum d'Histoire naturelle. Tandis que Darwin cherchait à expliquer pourquoi la chaîne des êtres était discontinue et brisée en espèces, Lamarck montrait comment il était possible d’expliquer les procédés par lesquels les formes organiques s'étaient constituées et continuaient à se transformer. Darwin repose à Westminster, Lamarck n’a pas encore de statue. Les Professeurs du Muséum, estimant que le moment est venu de réparer cet injuste oubli, se proposent d’élever dans le Jardin des Plantes, où toute sa vie scientifique s’est passée et où il a élaboré ses immortels travaux, un monument à la gloire de l’auteur de la Philosophie zoologique, du Système des Animaux sans vertèbres, de la Flore française, des Fossiles des environs de Paris, du Système des connaissances positives, de l’Hydréo- logie et de tant d’autres ouvrages. Avec l'approbation de M. le Ministre de l'Instruction publique, ils prennent l'initiative d’une souscription univer- selle et viennent vous prier de leur donner votre concours pour honorer celui que, dans tous les pays, on considère comme le père de la concep- tion moderne de l’évolution du monde. Les Professeurs du Muséum national d'Histoire natarelle : Ed. Perrier, directeur; L. VAILLANT, assesseur; A. ManGi, secrétaire ; ARNAUD ; H. BECQUEREL; BouLE; BouviER ; Bureau, professeur honoraire; CHAUVEAU; CosTANTIN; GAUDRY, (profes- seur honoraire; GRÉHANT; HamY; JOouBIN; LACROIX; LECONTE: MAQuENNE; S. MEUNIER; VAN TIEGHEM; TROUESSART, Nota. Adresser les souscriptions à M. JouBin, professeur au Muséum, secrétaire du Comité, 55, rue de Buffon, à Paris, ou à M. Paul PELSENEER, correspondant du Comité, 53, boulevard Léopold, à Gand. PROCÈS-VERBAUX. M. H. Arctowski, en nous envoyant le projet d’une exploration systé- matique des régions polaires, nous promet un aperçu sur la partie géologique de ce programme. Dons et envois reçus : 9111. 5112. 9113. 9114. 0115. 5116. 9117. 9118. 9119. 5120. 5121. 1° Périodiques nouveaux : ERLANGEN. Physikalisch-Medizinischen Sozietät (Sitzungsberichte) XXXVII, 1905. Sao Pauo. Sociedade scientifica (Revista). 1905, n°: À et 2. BARCELONE. {nslitucid Catalana d’Historia Natural. (Butlleti), 1905, n° 6. | Parme. Bullettino di Paletnologia Italiana, 1, 1906, n° 1-5. 2e De la part des auteurs : Brunhes, J. L’allure réelle des eaux et des vents enregistrée par les sables. Paris, 1906. Extrait in-8° de 18 pages et 10 figures. Cadell, H. M.. et J. S. Crant Wilson. The Geology of the Oùl Shale Fields. Caldweli, W. Methods of Working the Oùl Shales. Stewart, D. R. The Chemistry of the Oùl Shales. Glasgow, 1906. Volume in-8° de 194 pages, 64 figures, 1 planche et 1 carte. Hobbs, W. H, Lineaments of the Atlantic Border Region. Was- hington (?), 1906. Extrait in-8° de 11 pages et 1 planche. Hobbs, W. H. The Grand Eruption of Vesuvius in 1906. Chicago, 1906. Extrait in-8° de 19 pages et 14 figures. Hobbs, W. H. Correspondence relating to a study of the an Area of Crystalline Rocks in South Western. New England. New York, 1906. Extrait in-4° de 4 pages. Kilian, W. L’érosion glaciaire et la formation des terrasses. Paris, 1906. Extrait in-8° de 14 pages et 4 figures. Kitson, À. E. The Economic Minerals and Rocks of Victoria. Mel- bourne, 1906. Extrait in-12 de 20 pages. . Lagrange, E. Études sismologiques dans les hautes latitudes. Bruxelles, 1906. Extrait in-8° de 5 pages. . Lemaire, Ch. Notes sur la cartographie astronomique. POUR 1906. Extrait in-8° de 30 pages et 4 cartes. 0124. 0195. 0126. 5127. 9198. 0131. 9132. 9133. D134, 5139. SÉANCE DU 22 JANVIER 1907. 8 Lennart von Post. Vorrländska Torfmossestudier. — I. Drag ur Myrar- nas Utvecklingshistoria inom « Lindernas Region ». Stockholm, 1906. Extrait in-8° de 108 pages et 3 cartes, Nordgaard, 0. Die Bryozoen des Westlichen Norwegens. Bergen, 1906. Extrait in-8° de 33 pages et 2 planches. Appellôf, A. Die Dekapoden Crustaceen. Bergen, 1906. Extrait in-8° de 119 pages, 2 planches et 3 cartes. Riso Patron, L. La Cordillera de los Andes, entre las latitudes 46° I 50° S. Santiago de Chile, 1905. Volume in-8° de 234 pages, 4 planche et 11 figures. Société belge des Ingénieurs et des Industriels. La question de la préven- lion des accidents du travail et de l'hygiène industrielle. Bruxelles, 1906. Brochure in-8° de 55 pages. Tarr Ralph, S. Watkins Glen and other Gorges of the Finger Lake region of Central, New York. New-York (?), 1906. Extrait in-8° de 11 pages et 10 figures. . Tarr Ralph, S. Glacial erosion in the Finger Lake region of Central, New York. Chicago, 1906, Extrait in-8° de 4 pages. . Tarr Ralph, S., and Lawrence Martin. Glaciers and Glaciation of Yakutat Bay, Alaska. New-York, 1906. Extrait in-8° de 23 pages, 24 figures et 1 carte. Tarr Ralph, S., and Lawrence Martin. Recent Changes of Level in the Yakutat Bay Region, Alaska. Rochester, 1906. Extrait in-8° de 36 pages, 93 figures et À carte. Twelvetrees, W. H. Report on North-West Coast Mineral Deposits. Launceston, 1905. Extrait in-12 de 51 pages et 6 cartes (2 exem- plaires). Twelvetrees, W. H. The Progress of the Mineral Industry of Tasmania for the quarter ending 30th June 1905. Hobart, 1905. Extrait in-12 de 18 pages (2 exemplaires). Twelvetrees, W. H. The Progress of the Mineral Industry of Tasmania for the 50th September 1905. Hobart, 1905. Extrait in-12 de 17 pages (2 exemplaires). Twelvetrees, W. H. The Progress of the Mineral Industry of Tasmania for the quarter ending 50th June 1906. Hobart, 1906. Extrait in-8 de 15 pages. 6 PROCÈS-VERBAUX. Élection de nouveaux membres. Sont élus par le vote unanime de l’Assemblée : En qualité de membres effectifs : \ MM. Lonesr, Maximin, professeur à l’Université de Liége, 46, Mont Saint-Martin, à Liége, présenté par MM. H. de Dorlodot et J. Cornet; JONKER, G., Conservateur des collections minéralogiques et géolo- giques à l’École supérieure technique de Delft, 25, Amalia von Solmstraat, à La Haye, présenté par MM. Lorié et Molengraaf ; DELvaux, J., directeur du service du gaz et des eaux à Dinant, (déjà membre associé regnicole). En qualité de membre associé regnicole : Le baron GREINDL, MAURICE, capitaine commandant d'artillerie, 29, rue Dautzenberg, à Bruxelles, présenté par MM. Greindl et Kemna. Communications des membres : Les sables boulants et la suppression du tunnel de Braine-le-Comte. (Cette communication, présentée à la séance de décembre, mais exposée seulement en janvier, a paru dans les Procès-verhaux de 1906, p. 247.) Discussion. M. Ruror. — Dans sa communication, le baron van Ertborn rappelle que MM. Rutot et van den Broeck furent invités à examiner l’état du terrain antérieurement ; une série de sondages atteignant 15 mètres furent exécutés à cette occasion, et parvinrent jusqu’à l’assise Ye. Il fut établi un graphique de la coupe, qui montrait une pente des couches vers le Nord, telle que la voûte de la partie Nord’se trouvait ÉnÈRES de 2 mètres dans le boulant. M. van Erthborn dit qu'on ne s’est pas occupé de l’eau; sur ce point, il y a erreur, et MM. Rutot et van qel BIURE tiennent à relever cette inexactitude. M. Hankar-UrBan estime, d’après sa propre expérience, que le projet SÉANCE DU 2 JANVIER 1907. 77 de M. van Ertborn est parfaitement réalisable, mais il croit que la solution qu’il donne ne satisfait qu'imparfaitement à ce que l’on pourrait désirer pour la grande voie internationale en cause. Il pense qu’en se basant, comme M. van Ertborn, sur l’asséchement des sables boulants, on peut obtenir sans beaucoup plus de frais une solution plus complète. Cet asséchement pourrait, selon lui, être obtenu par la création, de chaque côté du tunnel, parallèlement à celui-ci et à 23 ou 30 mètres par exemple de l'axe de la ligne, d’une série de sondages filtrants débou- chant dans une galerie collectrice pour chaque série, sondages dont l’action serait complétée par celle de drains forés de bas en haut par l'intérieur de ces galeries. M. Hankar-Urban donnera ultérieurement le détail du système de sondages filtrants et de drains qu’il a appliqué aux carrières de Quenast. L’asséchement réalisé, le doublement du tunnel ou son remplace- ment par une tranchée devient un problème de construction relative- ment simple. On peut aussi employer une solution mixte consistant à réduire la longueur du tunnel, dont on ne conserverait que la partie centrale en la doublant. | De l’une ou l’autre façon, on conserve le tracé et le profil en long actuels, plus avantageux que ce que donneraient un détournement et un relèvement de la voie existante. Les observations détaillées de M. Han- kar-Urban sur le projet de M. van Ertborn et l'exposé de son propre projet feront l’objet d’un mémoire qu'il présentera dans une prochaine séance. M. Frevez ne voit pas bien la nécessité de diviser les sables en sables boulants et sables foirants. M. Hacer. — L'application en grand du système de drainage préco- nisé par le baron van Ertborn se fait actuellement pour les distributions d’eau des villes de Tubize et de Hal. Ces deux communes ont établi des distributions d’eau basées sur le même principe, c’est-à-dire capter sur les collines environnantes les eaux qui se trouvent dans le sable fin ypresien (Yd). Ce sable, d’une épaisseur moyenne d’une quinzaine de mètres, repose sur l'argile ypresienne (Vc). On se trouve donc en présence d’une situation iden- tique à celle du tunnel de Braine-le-Comte. Pour capter les eaux des sables ypresiens, on établit dans l'argile (Yc) une galerie. en maçonnerie suffisante pour permettre l'écoulement des. eaux ; on fait ensuite, à partir du sol, une série de puits filtrants 8 PROCÉS-VERBAUX. d'environ 4 mètre de diamètre qui vont rejoindre la galerie dans l’argile, en passant par la zone mouillée des sables. A cause du boulant si connu du sable ypresien, ces puits sont munis d’un appareil de filtrage spécial dont le principe consiste à faire passer l’eau des sables fins de l’Ypresien à travers une série de graviers de dimensions différentes passant du gravier très fin au plus grossier. L'eau qui à passé par ce filtre ne contient plus aucun élément sableux. Ces puits filtrants sont placés à des distances convenables pour qu’ils ne puissent Ss'influencer et de manière à ne pas épuiser trop vite la réserve d’eau du sable ypresien, ce qui se produirait assez rapidement si les puits étaient trop rapprochés les uns des autres. Nous comptons faire sous peu une communication plus détaillée sur les résultats obtenus par ce système de captage d’eau. Baron ©. van ERTBORN. — Les recherches houillères en Flandre. L'épidémie de coal fever (1), fièvre charbonnière, qui sévissait en Campine 1l y à peu d'années, à disparu de cette région; un cas nou- veau vient de se produire en Flandre, à 10 kilomètres au Nord d’Audenarde; nous en parlerons plus loin. Jadis on aurait fait une tentative semblable à Menin (2), tentative qui ne donna aucun résultat, peut-être ailleurs encore; toutefois, ces faits furent posés sans discernement : nous ne nous y arré- terons pas. À Menin, nous avons fait le sondage de la Brasserie Lannoy (2), qui atteignit le Primaire à la cote — 141.50. Les roches sont dévoniennes, d’après M. Gosselet. Il n’y a donc pas de traces de Houiller dans le sous-sol de cette ville. Dans le courant de la présente année (1906), les quotidiens annon- (4) Voir notre Étude critique. (BULL. DE LA Soc. BELGE DE GÉOL., t. XIX, Mém., p. 243.) (2) G. DEWALQUE, Quelques mots sur le sondage houiller exécuté à Menin en 1862 et coupe du puits. (ANN. DE LA SOC. GÉOL. DE BELG., t. I, 1874.) — P. CoGELs et O. vAN ERTBORN, Mélanges géologiques. Anvers, 1880, 4er fase., p. 5 : Sondage de Menin. Brasserie Lannoy. Découverte de la superposition des sables campiniens du limon hesbayen ; et fase. 2, p. 43 : Coupe du sondage exécuté en 1878. Le Primaire est le Dévonien. Détermination de M. Gosselet pour le Primaire. SÉANCE DU 922 JANVIER 1907. 9 cèrent que les appareils de sondage étaient placés et que les recherches allaient commencer dans les environs d'Audenarde. En cette dernière ville, nous avions foré le puits artésien de la pro- priété Gevaert (1), située contre la gare, côté Ouest. La sonde atteignit le Primaire à la cote — 75.80 et y pénétra à 55"76. Les roches, déterminées par notre confrère et ami M. Malaise, sont cambriennes; nous avons donc toute certitude à leur sujet. L'affaire en était là lorsque, il y a quelques jours, une lettre de notre ami J. Cornet nous annonça que le Primaire avait été rencontré à Mevylegem, à 205 mètres (?) de profondeur; avec doute cependant, en tenant compte du point d'interrogation. Le renseignement était complée- tement inexact, on avait induit notre confrère en erreur, comme nous l’a appris depuis lors M. Simoens, dans une communication faite à la Société (voir Procès-verbal de la séance du 16 octobre 1906). Je pris mon dictionnaire, où je trouvai : Meylegem, petit village situé à une dizaine de kilomètres au Nord d’Audenarde, sur la rive droite de PEscaut. | La brillante victoire remportée dernièrement à Wavre-Notre-Dame par les grands diagrammes (2) me revint en mémoire; Je mis la main sur le diagramme Renaix-Audenarde-Gand-Sondage de la ville et j'y lus : de Renaix à Audenarde, pendage kilométrique du toit du Primaire : 4"21, et d’Audenarde à Gand-Sondage de la ville : 5"58. J'avais donc pour Meylegem, situé à 10 kilomètres au Nord d’Audenarde, —57.80 + 55.88, soit —113.68 pour Île niveau du toit du Primaire. Puisque l’occasion se présente de parler des diagrammes, saisissons- la. Les diagrammes sont fort faciles à tracer. 1 suffit de connaître la longitude, la latitude des lieux, les coupes des sondages ainsi que les cotes des orifices. (4) Bull. Soc. belge de Géol., t. XV, 1901, Pr.-Verb., p. 187. (2) La coupe du sondage houiller n° 38, Kessel près Lierre, interprétée par M. Forir, paraissait être la pierre angulaire des déterminations publiées par les Annales des Mines de Belgique. M. Harzé, directeur général honoraire des Mines, dit à son sujet : « Cette coupe, par son grand intérêt scientifique, nous parait digne de devenir classique dans les cours de géologie. » (Considérations géométriques sur le Bassin houiller de la Belgique. ANN. DE LA Soc. GÉOL. DE BELG., t. XXXI, Mém., p. 43) Nous avions, dans notre Étude critique, battu en brèche cette coupe, lorsque, à la séance de la Société belge de Géologie du 21 novembre 1906, la publication de la coupe du sondage de Wavre-Notre-Dame, brutale comme un obus, la décapita net. 10 PROCÉS-VERBAUX. Nous avons, pour les trois points cités, les données résumées dans le tableau suivant : EEE GAND DONNEES (1). RENAIX. AUDENARDE. | (sondage de la ville). Latitude. RETRACE CE 9004459 9005036" 910944" Longitude (en temps de Bruxelles) . . 39” 3/4" 234" Cote de la base de l’Ypresien . +. . : — 10.00 — 62.00 — 144.00 Gote dutoitidu Grétacique MANN — 92.00 — — 180.15 Coterdu toit du Primaire. ne — 32.00 — 75.80 — 196.37 Distance 2 OUR NET EPA PE NE 10k4 24k6 Pendage SERIE du toit du Primaire (verse Nord) 0.1 TE 4m91 D198 Remarquons qu'il v a bien peu de place entre Audenarde et Gand pour un synclinal comprenant le Silurien, le Dévonien, le Carbonifé- rien et le Houiller. Après un simple coup d’œil jeté sur le diagramme de la vallée de la Dendre, où les sondages se pressent en file serrée de Grammont à Termonde, ils ne rencontrèrent que le Cambrien. On en est convaincu. I n'aurait pas fallu deux minutes pour établir, par l'inspection de ces deux diagrammes, que les recherches de houille dans le voisinage d’Audenarde constituaient un acte de démence (5). Un sondage de 245 mètres ne se fait pas pour rien. On peut mieux utiliser son argent. Des renseignements de ce genre ne sauraient se payer. Personne, espérons-le, ne contestera plus l'utilité pratique des grands diagrammes, et si la géologie superficielle a du bon, la géologie profonde est bien plus favorable encore, et nous nous faisons gloire d'avoir contribué à la fonder en Belgique. | (1) Voir, pour ces données : 0. vAN ERTBORN, Allure générale du Crétacique, etc. BuLL. SOC. BELGE DE GÉOL., t. XV. 1901. Mém. , pp. 176-199.) (2) On remarquera le ie chiffre de ces pendages. (3) En effet, le Silurien, le Dévonien, le Carboniférien, ces colosses, auraient dû être représentés par des strates pour échapper à nos investigations, et leurs affleurements. souterrains d’une étendue dérisoire. Verticaux, leur puissance totale dépasserait la distance séparant Audenarde de Meylegem. SÉANCE DU 22 JANVIER 1907. 11 Ce n’est pas tout. M. J. Cornet nous dit encore : On songe à sonder à Knocke-sur-Mer pour trouver le Houiller. Examinons la question. Les deux diagrammes précédents furent établis par nous, comme auxiliaires pour notre Étude critique (1). Nous allons établir un peu plus à l'Ouest celui de Roulers à Knocke-sur-Mer. Knocke-sur-Mer se trouve sous le méridien de Bruges, à 16 kilo- mètres au Nord, et Roulers à 29k"5 au Sud de Bruges, un peu à l'Ouest de ce méridien (soit 24 secondes en temps, 7 kilomètres environ. Au Sud-Est de Bruges, nous avons le sondage de Beernem et, à l'Ouest, celui d’Ostende-Sondage de la ville. Nous établissons donc le tableau suivant : DONNÉES (2). ROULERS. | BEERNEM. | OSTENDE. | BRUGES. KNOCKE. Latitude. . . . . | 5005642” | 510745" | 5101350” | 5101232” | 5102136” Ponbitude "0"... 459" 419" D'48" 435" — — 996.70 Base de l’Ypresien. . | — 100.00 | — 156.30 | — 168.00 | — 181.50 ? — 968.70 ? | | — 971.60 ? Toit du Secondaire. . | — 139.00 | — 189.00 | — 201.00 | — 911.50 ? D” | — 343.70 ? Toit du Primaire . . | — 159.00 | — 919.37 | — 997.75 | — 249.00 ? | — 400.00 ? Commençons par la base de l’Ypresien. Cette base se trouve à Ostende-Ville à la cote — 168; le sondage de Blankenberghe l’atteignit à la cote — 2534. Le point est situé à 2 kilomètres au Nord-Est de cette ville, soit à une distance de 19 kilomètres du forage d’Ostende-Ville, ce qui donne, sur une ligne parallèle à la côte, un pendage kilométrique de 5"47. _Knocke étant situé à 10 kilomètres plus loin dans la direction de l'Est-Nord-Est, ce pendage nous donne pour le niveau de la base de l'Ypresien dans cette localité — 268.70. (1) Bull. Soc. belge de Géol., t. XIX, 1905, Mém. -(2). Pour ces données, voir : 0. van ERTBORN, Allure du Cr étacique (déjà cité). 12 PROCÈS-VERBAUX. : D'autre part, la base de ce même Ypresien se trouvant à Roulers à la cote — 100 et à Beernem à la cote — 156.3, le pendage kilométrique vers le Nord-Est dans cette direction n’est que de 2"80. Du parallèle de Beernem à Knocke, la distance est de 235 kilomètres ; il résulte de ces données que la base de l’Ypresien ne serait à Knocke qu'à la cote — 226, soit à 52 mètres plus haut que par la trajectoire d’Ostende. Cette anomalie ne peut être attribuée qu’à l'épaisseur anormale de la craie à Ostende. II dut y avoir jadis, en cette zone, une fosse comblée plus tard par la craie qui, lors de la grande dénudation du Crétacique, fut épargnée à cause de sa situation. Les étages sparnacien et landenien ont à Beernem 32"65 et à Ostende-Ville 38"50. Accordons-leur à Knocke, situé plus au Nord, 45 mètres comme puissance totale. Ceci porte la base des Tertiaires à Knocke à la cote — 315.70 par la voie d'Ostende et par celle de Beer- nem à la cote — 271. Tel serait aussi le niveau du toit du Crétacique en ce point. Quant à la puissance de ce dernier, il serait bien téméraire de l’estimer. Elle est d’une trentaine de mètres à Beernem et de 96 mètres à Ostende-Ville. Évaluons-la, mais avec de très grands doutes et réserves, à une centaine de mètres à Knocke. Il y a évidemment une anomalie dans cette région ; elle est d'autant plus obscure que sur la partie Nord-Ouest de notre littoral, les phares souterrains font presque complètement défaut. Nous avons dans cette zone les sondages du Royal Palace Hotel, à Ostende, et de Blankenberghe, mais ceux-ci n'ont atteint que le Sparnacien ; 1l n’y à que celui d'Ostende-Ville qui ait percé le Crétacique et atteint le Primaire. La lumière fait done presque complètement défaut, et nous marchons quasi dans les ténèbres. On aura remarqué combien nous avons cheminé résolument dans le sous-sol, et nos tâtonnements à l'angle extrême Nord-Ouest du pays. Si le sondage projeté s'exécute, il n’est guère probable que les cher- cheurs de houille y trouveront la fortune, mais en tout cas la Science en profitera, et ainsi s’éclaircira le doute dans lequel nous nous trouvons maintenant. Les pendages révèlent une flexion générale vers le Nord-Est, vers l’axe du synclinal dit : la fosse hollandaise, situé sous le méridien de Hasselt; nous avions déjà constaté le même fait sous le méridien d'Anvers. L’allure générale est donc partout la même dans le Nord de la SÉANCE DU 922 JANVIER 1907. 13 Belgique, sauf dans la partie orientale, où elle devient Sud-Nord. M. Simoens fait remarquer, au sujet de cette communication, que le terrain cambrien avait été rencontré à une centaine de mètres de profondeur, mais que le sondage avait été continué dans le Primaire. M. Hazer observe qu’au sondage de Meylegem le Primaire n'avait pas été rencontré à la profondeur de 203 mètres, mais bien à 127 mètres, soit à la cote — 107. Les travaux du sondage de Meylegem ont été suivis sur place par un agent du Service géologique, et une série assez complète d’échan- üillons à été recueillie. -__ Un premier examen de ces échantillons ferait croire que le Primaire aurait été atteint à la profondeur de 205 mètres, mais un examen plus minutieux, à la loupe, nous a fait observer qu'à partir de la profondeur de 127 mètres les échantillons renferment des paillettes de phyllades noirs primaires, qui pouvaient facilement, à première vue, être confon- dues avec de la glauconie. Ce sondage ayant été fait par le procédé à injection d’eau, c’est à ce procédé seul qu’il faut attribuer ce mélange des échantillons, ainsi que l'épaisseur exagérée donnée aux terrains qui surmontent le Primaire. M. An. Kemna traite de l'Emploi du sulfate de cuivre contre la pullulation des algues dans le filtrage au sable. Des essais ont été faits à Waelhem (alimentation d'Anvers), spécialement contre l'organisme fiagellé coloniaire Eudorina, avec un plein succès. L'auteur signale quelques rapports entre les détails d'organisation des diverses formes et leur sensibilité à l’action du sel de cuivre, rap- ports qui avaient échappé aux physiologistes du Bureau d'Agriculture de Washington. Ce travail développé, qui n’est pas spécialement de notre domaine, paraîtra dans Transactions of the Association of Water Engineers, December meeting, 1906, London. L'origine de certains tremblements de terre dans le bassin franco-belge. M. Simmons étudie successivement les tremblements de terre de la région de Douai et des environs d’Havré; pour les uns et pour les autres, A il arrive à cette conclusion qu’ils sont dus, non à des affaissements 14 PROCES-VERBAUX. locaux résultant du déhouillement des veines de charbon de ces régions, mais bien à des mouvements tectoniques. Il nous montre, en outre, que ces sismes ont leur origine dans les terrains primaires et non dans les morts-terrains de plusieurs centaines de mètres d'épaisseur qui recouvrent en ces pays les monts hercyniens arasés. Il exhibe, en outre, des documents et des coupes qui prouvent que les environs de Douai et d'Havré présentent des allures du terrain primaire tout à fait spéciales. Ces allures sont en relation avec la localisation en ces régions des sismes enregistrés. Le travail de M. Simoens paraîtra aux Mémoires. M. Hankar-URBAN fait remarquer que les exploitants et les ingénieurs des mines ont généralement une grande répugnance à admettre que les travaux d'exploitation du fond puissent produire des pseudo-sismes. Cette répugnance parait sans doute suspecte à bien des gens qui l'attri- buent au désir d'échapper à des responsabilités qui peuvent devenir parfois fort lourdes. Eh bien, d’après les recherches faites par M. Hankar-Urban à l’occa- sion des mouvements spontanés des roches dans les mines, les carrières, etc., il semble que, dans l’espèce, bien loin de rejeter sur des causes inconnues des conséquences des travaux d’exploitation, il leur arrive au contraire d'admettre cette relation pour des pseudo-sismes qui ont, selon toute probabilité, une autre crigine. Ce serait, d’après lui et contrairement à l'opinion des ingénieurs locaux, le cas notamment pour les pseudo-sismes du Hillgrove Goldfield de la Nouvelle-Galles du Sud el du Kolarfield de l’État indien de Mysore (1), dont M. Hankar-Urban compte précisément entretenir la Société dans quelques instants. il ya donc lieu de soumettre à un examen critique approfondi, comme l’a fait M. Simoens pour le cas d'Havré, les pseudo-sismes des régions minières, que certains savants n'ont pas hésité à attribuer peut- être un peu vite aux tassements dus à l'exploitation. M. Frevez croit avoir signalé précédemment les doutes qu’on pourrait émettre au sujet de la réalité du tremblement de terre d'Havré, mais sa note n’a pas été publiée; l’enquête faite par M. de Munck n’a pas été contrôlée. (1) A. Hankar-UrBan, Les mouvements spontanés des roches dans les mines, car- rières, etc. MÉM., t. XXI, 1907. SEANCE DU 92 JANVIER 1907. 15 G. Simoexs. — Pourquoi y a-t-il des porphyroïdes et des rhyolithes anciennes dans le Llandovery de Grand-Manil®? | Faut-il redire encore que la science ne réside pas seulement dans l'observation, même minutieuse, des faits, mais bien plus dans l’expres- sion des relations existant entre ceux-ci ? Est-il nécessaire de rappeler que les théories inductives de la gravitation, de l’évolution biologique et toutes les théories fécondes qui en découlent n’existeraient pas si nous n'avions que ces esprits superficiels qui ne cessent de clamer : Des faits, rien que des faits ? Les faits sont indispensables assurément, mais leur seul enregistrement dans le catalogue des observations scien- tifiques ne constitue pas le progrès. Je ne décrirai pas, dans la présente note, des observations inédites, mais j'interpréterai celles des autres ; 11 me suffira de savoir que celles- ci ont été bien faites. Il m'est arrivé aussi d'observer, soit seul, soit en compagnie de quelques savants collègues, certains faits dont il sera ici question ; mais j'ai laissé à la compétence toute spéciale de ces derniers le soin de les décrire. C’est pourquoi j'ai attendu la publication récente de leurs descriptions délicates et minutieuses avant de tenter d'établir entre ces phénomènes, qui revêtent maintenant le caractère de données précises, des relations de cause à effets. Notre savant confrère M. C. Malaise a passé plus de quarante ans à étudier notre Silurien, et malgré les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles se présentaient à l'étude ces roches altérées, aux affleu- rements fossilifères rares, 1l est parvenu à synchroniser nos couches avec les types de l’Angleterre. En 1900, notre confrère a résumé, dans un beau mémoire, ses observations antérieures et 1l y à décrit en ces termes les roches de la région de Gembloux. « À Gembloux, dans l’assise de ce nom, affleurent divers schistes noirâtres, plus ou moins quartzifères, et à Grand-Manil, on arrive à la partie supérieure de l’assise, au gîte fossilifère bien connu, dans lequel nous avons trouvé de nombreuses espèces, dont nous donnons la liste ci-après. Les roches où on les rencontre sont des schistes gris bleuâtre, compacts et pyritifères, des schistes quartzifères, grisàtres, jaunâtres et bigarrés, très rarement calcarifères. L'ensemble de la faune indique le niveau de Caradoc... » 16 PROCÉS-VERBAUX. Puis suit la liste des fossiles qu’il a découverts dans notre Caradoc. Parmi ces 735 espèces, il y a lieu de retenir particulièrement : Trinucleus seticornis His. ; — concentricus Eat. ; Lichas laxatus MCoy; [llaenus Davisi Salt. ; Orthoceras vagans Salt. ; Leptaena sericea Sow. ; Orthis vespertilio Sow.; — biforata Schloth.; — calligramma Dalm.; — flabellulum Sow.; Phyllopora Hisingeri M'Coy. « À une trentaine de mètres au Sud du gîte fossilifère, continue M. Malaise, on trouve un schiste quartzeux, altéré, gris Jaunètre, cel- luleux, souvent imprégné de matières feldspathiques, pétri d’anneaux d’encrines et de débris de fossiles. Mais ces restes organiques sont si fragmentés et en si mauvais état que, pour la plupart d’entre eux, une détermination générique seule est possible. Quoi qu'il en soit, les espèces susceptibles d’être reconnues nous paraissent se rapporter au Llandovery, niveau auquel nous les rattachons… » Près de ce gisement, nous avons trouvé de nombreux débris d’une porphyroïde, qui démontrent que cette roche est, ici, inférieure aux eurites ou rhyolithes anciennes. C’est une porphyroïde clastique, com- posée de grains anguleux de quartz, roulés, et de grains de feldspath, altérés, partiellement transformés en micas ou en substance phylliteuse. » J’ai trouvé cette porphyroide, en fragments relativement nombreux, pêle-mêle avec des débris de roche silurienne, mais non en place. » Quoi qu’il en soit, à supposer que le gisement se trouve à proxi- mité, je n’ai pu, jusqu’à présent, réussir à trouver la place occupée par cette porphyroide. » Elle ne rappelle, en aucune manière, les rhyolithes que l’on ren- contre au Sud ; elle ressemble davantage aux porphyroïdes de Mons- treux et de Hennuyères. » Quoiqu’elle n’ait pas été trouvée en place, elle paraît bien être inférieure aux rhyolithes. » Disons que depuis cette époque la porphyroïde a été trouvée en SÉANCE DU 22 JANVIER 1907. 47 place et décrite par M. le capitaine Mathieu. Comme le prévoyait M. Malaise, cette roche est bien inférieure aux rhyolithes et elle semble même séparer l’assise de Gembloux (Caradoc) des roches contenant des rhyolithes (Llandovery). Plus loin, notre savant confrère ajoute : « On voit ensuite des schistes très fissiles, et l’on arrive aux eurites ou rhyolithes anciennes, qui sont intercalées entre des schistes conte- nant de nombreux échantillons de graptolithes. » Immédiatement en dessous et au-dessus des eurites ou rhyolithes, au-dessus surtout, on voit le niveau caractéristique des graptolithes du Llandovery… » Ce niveau à graptolithes, très remarquable, se trouve, en Angle- terre, à la base du Llandovery. C’est le niveau de Grand-Manil, immé- diatement supérieur aux eurites ou rhyolithes anciennes. » Remarquons tout d’abord qu’en 1890, M. Malaise donnait pour ces roches la légende suivante : ASSISE DE RONQUIÈRES. S3f Schistes, etc. S3e Quartzites stratoïdes, etc. Säd Schistes ou phyllades, etc. S3c Schistes noirâtres et grisâtres à Climacograptus. S5b Eurites quartzeuses ou rhyolithes anciennes. S3a Schistes ou phyllades noirâtres à Climacograptus. ASSISE DE GEMBLOUX. S2c Porphyroïdes. S2b Schistes quartzeux fossilifères à Orthis, Calymene, Trinucleus, etc. S2a Phyllades ou schistes quartzeux, etc. On y constate tout de suite que la porphyroïide établit la séparation entre l’assise de Gembloux et l’assise de Ronquières; de plus, les eurites sont interstratifiées dans un complexe difficile à subdiviser. Depuis cette époque, les roches inférieures à la porphyroide de Grand-Manil ont été, avec raison, rangées par M. Malaise dans le Caradoc ; quant aux sédiments schisteux qui sont immédiatement sous- et sus-jacents aux rhyolithes, 1ls ont été rapportés avec non moins de . raison au Llandovery. 1907. PROC.-VERB. 2 18 PROCES-VERBAUX. On peut donc résumer comme suit ce que l’on sait de cette intéres- sante région : SILURIEN SUPÉRIEUR OU GOTHLANDIEN (assise de Ronquières). 5) Schistes noirâtres et grisâtres contenant le niveau à graptolithes qui se trouve en Angleterre à la base du Llandovery et à Grand- Manil au-dessus et au-dessous des rhyolithes. 4) Rhyolithes. 3) Schiste quartzeux altéré souvent imprégné de matières feldspa- thiques (fossiles du Llandovery). 2) Porphyroïde. SILURIEN MOYEN OU ORDOVICIEN (assise de Gembloux). 1) Schistes noirâtres plus ou moins quartzifères (Trinucleus seti- corntis His, etc.), faune du Caradoc supérieur. Deux choses sont à retenir : 1° Que la porphyroide sépare le Caradoc de la base du Llandovery ; 2° Que les rhyolithes divisent les roches rapportées au Llandovery en deux parties, que nous appellerons Llandovery inférieur et supérieur. Les roches dont nous venons d'examiner les superpositions relatives ayant été assimilées au sommet de l’Ordovicien et à la base du Goth- landien anglais, c’est-à-dire au Caradoc et au Llandovery, nous allons examiner ces dernières avec plus d'attention. Sedgwick et Murchison ont étudié simultanément la partie supé- rieure de l’Ordovicien; le premier l’a désignée sous le nom de série de Bala, du nom de la ville du comté de Merioneth située à l’Est des monts Arenig; le second, sous le nom de grès du Caradoc Hill. Dans les Galles du Sud, la partie supérieure de la série de Bala contient, comme à Grand-Manil et dans la bande de Sambre-et-Meuse : Trinucleus seticornis His; Phyllopora Hisingeri MCoy. Dans les Galles du Nord, la série de Bala occupe les hauteurs du Snowdon, où elle se présente sous l'aspect d’un synclinal faillé; dans cette série sédimentaire se trouvent interstratifiées d’épaisses couches de cendres de tuis et de rhyolithes. SÉANCE DU 29 JANVIER 1907. 19 Dans les environs de Bala, les couches supérieures de la série contiennent : Leptaena sericea Sow. La partie supérieure des couches de Bala, allant des calcaires de Rhiwlas à ceux de Hirnant, contient notamment : Trinucleus seticornis His ; Trinucleus concentricus, Eat. ; Iilaenus Davisi Salt. ; à Orthis vespertihio Sow. ; Orthis biforata Schloth. ; Orthoceras vagans Salt. Dans le Shropshire, le Llandovery supérieur repose en discordance sur les couches supérieures de Bala, ou grès de Caradoc, avec, entre autres : Trinucleus concentricus Eat. : Orthis calligramma Dalm. ; Lichas laxatus M'Coy. ; Orthis flabellulum Sow. Dans la région des lacs anglais, la partie supérieure de la série de Bala, ou calcaire de Coniston, se termine par des couches contenant ausSI : Trinucleus seticornis His ; Orthoceras vagans Salt. Dans le Sud de l'Écosse, les couches les plus supérieures de la série de Bala contiennent : | Trinucleus seticornis His. Si l’on cherche à se rendre compte de la manière dont les couches se succèdent au-dessus de la série de Bala, on remarque alors que, dans le pays de Galles, il existe une discordance de stratification importante entre le sommet de l’Ordovicien, c’est-à-dire Le Caradoec, et la base du Gothlandien, ou le Llandovery, et l’on observe de plus que l’assise de Llandovery est presque toujours représentée par sa partie supérieure. 20 PROCÈS-VERBAUX. Dans le comté de Radnor, la série de Llandovery paraît complète et Lapworth l’a subdivisé ainsi de haut en bas : 3. Série de Tarannon. Je — Caban. 4. — Gwastaden. Or, il se fait qu'une discordance importante s’intercale entre les séries 1 et 2. Mais dans les autres régions, le Llandovery repose sur le Caradoc par ses deux dernières séries, de Caban, ou grès de May Hill, et de Tarannon. Nous pouvons done établir le parallélisme suivant entre ces régions : GRAND-MANIL : GALLES (SENSU LARGO). RADNOR. Llandovery supérieur. Llandovery supérieur. Llandovery supérieur. Rhyolithes interstratifiées. Dislocation. Llandovery inférieur. Llandovery inférieur. Porphyroïdes interstratifiées. Dislocation. Caradoc. Caradoc. Caradoc. Méthode de concordance. — Remarquons tout d’abord qu'il existe ine analogie complète, au point de vue stratigraphique, entre le pays de Galles et Grand-Manil. Ainsi, il est hors de doute que les couches contenant, en Belgique, Trinucleus seticornis His sont synchroniques des couches supérieures de Bala ou Caradoc anglais et contenant le même trilobite. Ces couches à Trinucleus sont, à Grand-Manil comme en Angleterre, surmontées par une série sédimentaire qui à pu être identifiée de part et d'autre, grâce aux fossiles communs. Remarquons encore que les couches de Bala sont fréquemment, dans le pays de Galles, séparées du Llandovery par une perturbation inter- calée dans le phénomène sédimentaire (dislocation). En Belgique, de même, 1l existe une perturbation dans la régularité du facies sédimentaire localisée dans le même temps (présence de porphyroides). Si nous comparons maintenant la région de Grand-Manil à celle des environs de Rhyader, on constate que le Llandovery de cette dernière localité est séparé en deux parties par une série de phénomènes qui ont, là aussi, détruit la régularité de la sédimentation (dislocation). SÉANCE DU 29 JANVIER 1907. 91 = A Grand-Manil, le Llandovery est divisé en deux par un phénomène qui indique de même un trouble dans le facies sédimentaire (présence de rhyolithes). Il paraît donc exister une relation entre ces phénomènes déjà con- cordants au point de vue stratigraphique. En effet, considérons : A) les couches éruptives de Grand-Manil ; B) les dislocations; c) le Caradoc et d) le Llandovery. À Grand-Manil on a : Dans les Galles : d) Llandovery. — dd) Llandovery. A) Couche d’origine éruptive interstratifiée. — B) Dislocation. c) Caradoc. —C) Caradoc, De plus, à Grand-Manil on trouve : Et à Rhyader : d) Llandovery supérieur. — d) Llandovery (Caban). A) Couche d’origine éruptive interstratifiée. — B) Dislocation. d) Llandovery inférieur. — d) Llandovery (Gwastaden). On a donc ici une relation identique, alors que les circonstances du phénomène diftèrent. Ce phénomène volcanique À) se présente indifféremment entre d) et c) ou entre d) et d), et étant dans les deux cas en relation avec une dislocation B), nous sommes donc jusqu'à présent en droit de dire, mais sans plus, qu’il existe entre les couches interstratifiées d’origine éruptive de Grand-Manil et les dislocations signalées dans le Caradoc et le Llandovery anglais, une relation de cause à effet. Méthode de différence. — De plus, nous remarquons entre le Llando- very supérieur et inférieur de Grand-Manil, la présence de rhyolithes et la présence d’une dislocation entre ces deux termes dans le Radnor. Nous pouvons donc identifier ces deux phénomènes différents. Mais on observe de même, au sommet du Caradoc, en Belgique et dans les Galles, le début du phénomène perturbateur. Nous pouvons de même les identifier et préciser en disant : La porphyroide de Grand-Manil indique le début de laccident tectonique localisé dans les Galles au sommet du Caradoc. Les rhyolithes indiquent le temps précis de la dislocation séparant la série de Gwastaden de celle de Caban. Méthode des variations concomitantes. — D'autre part, en éliminant les 99 PROCÉS-VERBAUX. facteurs communs qui sont le Caradoc (C.) et le Llandovery supérieur (L. s.), nous avons alors, si nous observons la succession du phénomène : GALLES. GRAND-MANIL. RADNOR. ps: L'1s! (68 Rhyolithes. Dislocation. Llandovery inférieur. Llandovery inférieur. Dislocation. Porphyroïdes. C. C. C. Nous en concluons : Dislocation (Galles) en relation avec Porphyroïde et Rhyolithes. Rhyolithes . . . » » Dislocation (Radnor). Dislocation (Galles) » » Dislocation (Radnor). C'est-à-dire que les deux dislocations constituent les phases successives d'un même phénomène tectonique, attendu que dans la série des temps, la première se poursuit Jusqu'à l’apparition de la seconde. Donc on peut en saisir le début (dans les limites où elle à été ici envisagée) au sommet du Caradoc et la fin au sommet des couches de Gwastaden. De plus, la présence à Grand-Manil de deux phénomènes perturba- teurs de la sédimentation régulière (porphyroides et rhyolithes) qui diffèrent tant par leur nature que par leur position dans la série strati- graphique, indique deux phases spéciales, soit dans l’intensité, soit dans la localisation du phénomène. Si nous tenons compte maintenant des résultats de la savante étude de la porphyroïde à laquelle s’est livré le capitaine Mathieu, nous arrivons à cette conclusion : 4° que la porphy- roide est d’origine clastique ; 2° que l’ensemble de sa masse se subdivise en trois parties caractérisées chacune par la présence d’un maximum de matières d’origine éruptive diminuant peu à peu et passant au schiste avec débris de feldspath. On constate donc que des matériaux éruptifs à l’état détritique ont été apportés d’abord en grande quantité dans l’Océan et déposés assez rapidement pour remplacer la sédimen- tation régulière trop faible pour influencer par son cours normal le dépôt rapide des débris d’origine volcanique ; puis ce dernier dépôt se ralentissant de plus en plus, 1! est devenu égal comme importance au CR SÉANCE DU 92 JANVIER 1907. 23 dépôt du silicate d’alumine hydraté, ce qui donne un même pourcen- tage du schiste et des matériaux éruptifs; puis le dépôt de ces derniers diminuant, le facies normal reparaît de plus en plus. Ce phénomène s’est renouvelé à trois reprises et me paraît être en relation avec trois éruptions ou trois phases de recrudescence de l’un des volcans qui ont dû accompagner les mouvements tectoniques d'âge calédonien que nous venons d'étudier. Quoique les traces de cendres fassent défaut dans les coupes minces obtenues par le capitaine Mathieu, étant donnée l’altéra- tion de la porphyroïde et la grande quantité de séricite, qui est un pro- duit de décomposition, on peut admettre jusqu’à preuve du contraire que la roche en question de Grand-Manil est le résultat de scories ayant été transportées par la mer, phénomène consécutif aux éruptions volca- niques. La recrudescence, à trois époques successives, de l’apport des roches d’origine éruptive s'accorde mieux avec l’idée d’éruption paroxysmale d’un même cône volcanique qu'avec celle de la dégrada- tion d’une côte voisine constituée par d’anciennes laves. Cela paraît d'autant plus certain que le facies de la roche sous- et sus-jacente à la porphyroide, autant que les sédiments et fossiles qui s’y intercalent, paraissent caractériser des régions assez éloignées de tout rivage. La régularité et l'épaisseur constante que nous a paru présenter cette roche lors de ma visite de l’affleurement avec MM. Malaise et Mathieu, me confirment aussi dans cette opinion. Méthode des résidus. — Si, continuant à comparer notre série strati- graphique à la série anglaise, nous éliminons successivement les phéno- mèênes synchroniques, nous arrivons au fait des trois apparitions successives des matériaux éruptifs constituant la porphyroiïde. {l nous reste à trouver dans la région anglaise le phénomène conco- mitant à la division tripartite de la porphyroïde. A. Hankar-URBAN. — Mouvements spontanés dans les mines et carrières. M. Hankar-Urban examine les phénomènes constatés dans le Kolar Gold Field (État indien de Mysore) et les interprétations qui en ont été données, ainsi que ceux du tunnel du Tauern. Il signale à l'attention de la Société le très intéressant travail que M. le professeur Rzehak, de Brünn, a publié sur les détonations d’origine orogénique (1), dans lequel ce savant arrive aux mêmes (4) Voir t. XIX, Mém., pp. 597 à 540, et Pr.-Verb., pp. 197 à 199, ett. XX, Pr.-Verb., pp. 06 à 60. 24 PROCÉS-VERBAUX. conclusions que lui-même, c’est-à-dire que la plupart des phénomènes signalés doivent être rapportés aux pressions dues aux mouvements de l'écorce terrestre, anciens ou actuels. M. Rzehak ayant envisagé le bruit, plutôt que le mouvement des roches, a par cela même donné plus d’ampleur à son sujet que M. Hankar-Urban. Celui-ci émet le vœu que la Société publie la tra- duction du travail de M. Rzehak, qui complète si heureusement ses propres recherches. L'assemblée accueille favorablement cette proposition ; la traduction figure ci-après, en annexe au procès-verbal. La séance est levée à 41 heures. ANNEXE A LA SÉANCE DU 22 JANVIER 1907. Bergschläge et phénomènes analogues, par le professeur À. Rzenak, de Brünn (1). Dans tous les traités modernes de géologie, 1l est question de « tensions » qui se présentent à l’intérieur de l'écorce terrestre comme les manifestations des « forces endogènes » sous les formes les plus variées. Ce sont en premier lieu les sismes appelés « tectoniques », qui sont interprétés ordinairement par la suppression subite des tensions tangentielles « latentes », sans se soucier généralement de produire des preuves indubitables à l'appui de l’existence réelle de tensions de l'espèce. De là vient que la plupart du temps on ne reconnaît à l'étude moderne de la géodynamique qu'un caractère hypothétique, basé sur l'intervention de pressions de l'écorce terrestre, intervention non encore prouvée sans objection. En réalité, on possède, grâce à la pratique de l’exploitation des car- rières et des mines et de la construction des tunnels, des observations déjà très nombreuses sur des phénomènes qu’il faut considérer comme des manifestations indubitables des tensions dont nous avons parlé. Ils ont été signalés récemment sous différentes appellations (Bergsechlage, Pfeilerschüsse, Kohlenstossexplosionen, schlagendes und knallendes Gebirge), particulièrement dans certaines houillères ; cependant, des observations relatives à ce sujet dans l'Amérique du Nord remontent au milieu du dernier siècle. Le professeur Jonnsron a notamment, dès l’année 1854 (dans les Proceedings of the American Association for the Advancement of Science, 8" Meeting, 1854, p. 285), attiré l'attention sur des mouvements particuliers et spontanés qui avaient été observés (1) Bergschläge und verwandte Erscheinungen. (LE&ITSCHRIFT FÜR PRAKTISCHE GEO- LOGIE, novembre 1906, p. 345.) 26 ANNEXE A LA dans une carrière de Portland. Le mouvement consistait dans le glisse- ment (sliding) d’une couche de grès sur une autre, ce qui, d’après JOHNSTON, montrait that the strata of sandstone at this place are not, at present lime, perfectly at ease in their ancien bed. D’après cela, les couches de grès se trouvent dans un état de forte pression qui a été compensé accidentellement par le glissement dont il s’agit. Plus remarquables encore et tout à fait analogues aux Bergschläge observés en Europe sont les soulèvements spontanés et les fissurations détonantes qui furent observés dans diverses carrières de l'Amérique septentrionale pendant les soixante dernières années du siècle écoulé. Le professeur W.-H. Nices en a parlé dans les Proceedings of the Boston Society of National History (1871-1872, XIV). C'est ainsi que, comme cel auteur put l’observer personnellement, dans un gneiss particulière- ment homogène et exempt de fissures, exploité en gros blocs dans une carrière près de Monson (Massachusetts), 1l se produisait souvent de petits exhaussements allongés, semblables à des miniature anticli- nals, qui de temps en temps se rompaient à leur sommet, avec une détonation explosive, en projetant en l'air de la poussière et des pierres. Une fois, après le départ des ouvriers carriers, 1l survint une détonation si violente que l’on crut à l’explosion d’un magasin à poudre, alors qu’en réalité une masse rocheuse approximativement circulaire, de 30 pieds de diamètre et de 1 pied d'épaisseur, avait sauté, en formant au milieu un monceau de fragments de 3 pieds de haut. Après un cracking sound de l’espèce, on observa une dilatation brusque de la roche, nettement mise en évidence par le rapprochement des deux moïitiés des trous de forage qu’on avait disposés sur une ligne pour l’abatage d’un gros bloc. Des déplacements analogues dans les trous de forage furent observés déjà en 1869 dans un bloc de gneiss partiellement abattu par la mine. On constata que ce bloc s'était subitement allongé, débordant de 1 1/2 pouce le creux d’où il avait été enlevé, et, chose très curieuse, pendant plus de deux mois que la pierre resta dans la même position, ni l’action de la chaleur et du froid, ni celle de l'humidité et de la sécheresse ne parvinrent à exercer une influence appréciable sur la dilatation. La direction du mouvement dans la carrière de Monson, d’après Nices, est parallèle à celle relevée dans les carrières de Portland, et, suivant le même auteur (loc. cit., p. 86), les deux phénomènes devaient être attribués à la même cause. | Près de Lemont, au Sud de Chicago, on observa, dans ce qu’on appelle le « calcaire de Niagara », des phénomènes analogues à ceux de la région du gneiss de Monson : le fond d’une carrière pratiquée dans SÉANCE DU 92 JANVIER 1907. 27 ce calcaire se bomba en une ondulation qui se rompit brusquement, avec explosion, à son sommet. Nises lire de ces observations une série de conclusions qui, sans aucun doute, sont très justes. Aussi il attribue la cause des spontaneous elevations et des spontaneous fractures à une forte pression latérale, qui se manifeste dans la direction Nord-Sud seulement; les ruptures détonantes « constituent l’apogée » (kulmi- niert) de cette pression latérale, qui est suffisamment forte pour contracter même des roches aussi compactes que le gneiss de Monson. Dans le grand ouvrage de Drinker, Tunneling, etc. (New-York, 1878), le chapitre Breaks en falls in tunneling (pp. 749 et suivantes) décrit un certain nombre d’accidents de l’espèce. Ainsi, d’après les renseigne- ments du Resident engineer WaRREN G. SANBORN, dans un tunnel de la Cincinnati Southern Railroad, les couches de grès du radier du tunnel sautèrent en l’air subitement, en produisant une délonation suivie d’un grondement (rumbling); il s'était formé, sur le radier primitivement plan, un dos d’âne (ridge) de 8 à 9 pouces de haut, qui se rompit au sommet; ce dos d'âne correspond visiblement aux minialure anti- clinals de Monson. Un forage montra que la roche était désagrégée sur plusieurs pieds de profondeur; l’eau des fossés latéraux avait complète- ment disparu. D’après une communication de lingénieur ROBERT B. STanToN, la détonation fut aussi violente que lors de l'explosion d’une petite mine, et la puissance avec laquelle les couches gréseuses sautèrent, suffisamment grande pour soulever quelques hommes assis sur le sol. STANTON remarque expressément que la rupture brusque de la roche ne peut nullement être attribuée aux actions de pétardements, car cette rupture fut observée même quand on n'avait pas fait sauter de mine depuis plusieurs jours. D’après Driker, des phénomènes analogues furent observés par T. Srerry Hunr, également dans le granite de Munson (Massachusetts) et dans les grès précarbonifères de l'Ohio (1). Au sujet de leur cause vraisemblable, Drinker dit! (loc. cit., p. 751) : «It is probable that the cause of the break is owing to a state of tension existing in the rock in place; then, when the strata are cut, a tendency to spring results. » (fl est probable que la cause de la rup- ture est due à un état de tension latente dans la roche en place ; d’où, quand on entaille les couches, une tendance à sauter.) (1) Il n'existe pas, à ma connaissance, de publication de STERRY HuNT sur ce sujet. Le « granite » de « Monson » est vraisemblablement identique au « gneiss compact » de « Monson » dont parle NILES; les renseignements de Nices semblent avoir échappé à l’auteur de Tunneling, etc. 28 ANNEXE A LA Le même intérêt s'attache à des observations analogues décrites récemment dans divers travaux sur les mines. Ainsi, par exemple, B.-K. BAUMGARTNER, dans Ueber Stérungen und eigenartige Druckerschei- nungen (sogen. « Pfeilerschüsse » oder « Kohlenstossexplosionen ») in der oberbayerischen tertiären Kohlenmulde auf Grube Haushane (1), rapporte que dans le « Grosskohl » du bassin dont il s’agit, on remarque une pression telle que le charbon, même sous la moindre attaque mécanique du pic, se délite en plaques plus ou moins épaisses, avec production de poussière en quantité, et au milieu de crépitements et de craquements. Le 8 juin 1892, une « explosion » de cette espèce se produisit avec une telle violence qu’elle fut ressentie à la surface sur plusieurs kilomètres, comme s’il s'agissait d’un tremblement de terre. Un fait analogue survint le 41 janvier 1897, pendant un forage dans le toit du « Grosskohl » ; subitement on entendit un « craquement considérable » (ungeheurer Krach}, qui se manifesta à la surface sous forme de secousses, à tel point qu’on fut tenté d'attribuer le craquement souterrain à un tremble- ment de terre. En réalité cependant, comme le fait remarquer judicieusement BAUMGARTNER, il faut considérer les secousses observées à la surface, quoique très peu sensibles dans la houillère, comme des effets consé- cutifs des accidents dynamiques dans les couches. Il est très Juste d'attribuer ces « accidents dynamiques » à la tension qui se développe au sein des couches de houille par suite des plissements tectoniques; dans les couches « s’est emmagasinée une partie de la force qui a donné naissance à la formation du bassin; d’où éclatement et fissuration, relâchement brusque, dès qu’on dégage le terrain servant de butoir ». Ce relâchement se produit en certains endroits pour ainsi dire sous les yeux de l’observateur : car quand une plaquette s’est détachée, la coupe de houille qui se trouve derrière est dès l’abord consistante, puis elle commence à « travailler » et se désagrège. En essayant de provoquer la suppression des tensions au moyen de mines, on entendait souvent deux détonations successives, la dernière devant être attribuée à la « cessation brusque de la tension dans la couche ». Peut-on attribuer la pression uniquement au poids des couches rocheuses? BAUMGARTNER répond négativement, en se basant principale- ment sur ce fait que toujours la couche exploitée en premier lieu est à l'état de pression (druckhaft), et que par contre la suivante n’est pas (4) Oesterr, Zeitschr. für Berg- und Hüttenwesen, 1900, Nr. 36, pp. 461 et suiv. SÉANCE DU 22 JANVIER 41907. 99 modifiée (fest), mais sans spécifier si cette dernière est dans le toit ou dans le mur de la couche exploitée la première; les explosions des couches de houille doivent donc, d’après cela, être attribuées « exclu- sivement à la tension, à l’énergie emmagasinée dans les couches ». Une communication très intéressante a été faite par Dizz sur « les Berg- schläge et accidents subséquents survenus dans les dernières années dans les houillères du district de Dortmund » (Z. f. d. Berg-, Hütten- und Salinenwesen im preuss. Staate, LI Bd, Berlin, 1905, pp. 459 et suiv.). Les phénomènes qui accompagnent les coups de mine (Gebirgstôsse) observés fréquemment depuis plusieurs années dans la région citée, sont décrits comme suit par Dizz : Détonation d'arme à feu (schuss- artiger Knall), forte pression d’air; les couches de houille se séparent en détonant (platzen), et les masses charbonneuses, réduites la plupart du temps en grains fins, sont projetées au loin dans les galeries ; le mur se bombe, le boisage est renversé, sans être rompu en général; tout ce qui se trouve dans le voisinage du lieu de l'accident est projeté en avant (fortgeschleudert). Le toit reste ordinairement intact (unversehrt). Dans plusieurs cas, on observe de fortes accumulations d’air dues à la com- motion. À la surface se produisent des manilestations sismiques, souvent accompagnées d’un bruit de tonnerre. Il faut attrer l'attention sur ce fait que les Bergschläge se produisent toujours, dans le district houiller de Dortmund, là où les couches possè- dent un toit très consistant, peu enclin à se briser. Les masses charbon- neuses désagrégées par quelques explosions de lespèce sont souvent très considérables; ainsi, après le Bergschlag survenu à la fin d’octo- bre 1896, on put remplir, en trois séries, trente berlines avec la matière désagrégée. Les effets mécaniques particuliers furent aussi extraordinairement violents. Les berlines remplies de charbon furent projetées à 4 mètres de distance; la voie fut disjointe, soulevée du mur et pliée. À la surface, on ressentit simultanément un tremblement de terre. Plus effrayant encore fut le Bergschlag du 14 juillet 1869, qui eut lieu au siège « Recklinghausen 1 », dans la veine « Sonnenschein » (300 à 400 mètres sous la surface), sous forme de « détonation violente avec choc » (heltige Knall und Schlag), et tua quatre mineurs. Le « vit Courant d'air » qui en résulta éteignit les lampes, mais enleva aussi plusieurs mineurs de leur emplacement de travail. Le mur fut soulevé en une secousse violente (mit einem heftigen Ruck emporgehoben), tandis que le toit resta complètement intact (fast ganz unversehrt). À la surface, dans toute une série de communes, la terre fut secouée; l’aire affectée était un cercle de 10 kilomètres environ de rayon, la région 30 ANNEXE A LA « pléistoséiste » un cercle de 2 kilomètres de rayon. Le phénomène fut ressenti au-dessus de la houillère sous forme d’un choc vertical (suk- kussorisch), et dans la région environnante sous forme d’un mouvement ondulatoire (undulatorisch). À Recklinghausen, une cloche d'église sonna ; plusieurs cheminées montrèrent des traces évidentes d’une rotation. En certains endroits (sur les bords de l’Emscher), il se forma des crevasses dans le sol. Avant l’ébranlement principal, on aurait observé plusieurs légers « chocs » (Schläge); de même, après l’ébranle- ment principal, le terrain resta pendant un certain temps encore en mouvement. Un grand intérêt s'attache à quelques Bergschläge (Gebirgstôsse) qui furent peu perceptibles dans la mine (au siège « Shamrock »), mais par contre très sensibles à la surface. Ce fut, par exemple, le cas le 2 juillet 1897 et le 24 mars 1899, dates auxquelles les explosions, faibles en soi, furent accompagnées, à la surface, de phénomènes sismiques classiques (ébranlement des maisons, renversement de chemi- nées, formation de crevasses dans les maçonneries, etc.). En ce qui concerne l’origine des Bergschläge, spécialement dans les houillères de Westphalie, on est, d’après Dizz, porté à considérer l'irruption spontanée (plotzliche Hereinbrechen) du grès consistant du toit dans les portions de terrain exploitées, restant longtemps ouvertes, comme la cause propre, et tous les autres phénomènes comme des «ellets subséquents » (Folgewirkungen). Par contre, il faut remarquer que précisément dans les houillères de Westphalie, le toit reste ordi- nairement intact lors des Bergschläge, et qu’il se produit également des explosions violentes là où l’on a encore peu exploité. Des « dégage- ments spontanés de gaz » ont été aussi mis en cause pour expliquer la formation de ces phénomènes. D’après les expériences de Linpsay Woop, les gaz occlus dans la houille peuvent être à une tension de 15 à 30 atmosphères, et des dégagements instantanés, comme ceux décrits par DurRanE DEManET (Traité d'Exploitation des mines de houille), se constatent dans heaucoup de districts houillers; cependant, spéciale- ment en Westphalie, de grandes accumulations de gaz lors des Berg- schläge constituent l'exception. D’après cela, 1l peut aussi ne s’agir 1c1 que de « suppressions brusques de tension » [Spannungsauslôsungen (1), comme l’a indiqué aussi L. Creer dans un rapport de l'Administration des Mines, reproduit par Die (loc. cit.). (4) Le terme allemand Auslüsung est plus explicite que suppression ; il implique, en outre, l’idée de couper; ce serait donc suppression aprés avoir coupé. SÉANCE DU 22 JANVIER 1907. 31 Dans quelques houillères de Saxe (districts de Zwickau et de Lugau- Olsnitz), les Bergschläge sont également connus; là ils surviennent tantôt lors du creusement de chasses dans une région non fissurée (unverritzt) et au commencement de l’exploitation, tantôt dans le voisi- nage des concessions déjà exploitées, Gans des couches à toit consistant. Les explosions de la dernière espèce sont tout à fait analogues à celles de la Westphalie. Dans le bassin de Kladno, en Bohême, les ébranlements doivent avoir pour origine des endroits où l’on a déjà exploité beaucoup de charbon et où le toit de la veine principale a été mis à nu sur une grande étendue. F. KATzER, dans sa Geologie von Bôhmen, ne fait aucunement mention des coups de mine du bassin de Kladno-Rakonitz. Par contre, l’ingénieur des mines A. WizpT, dans un mémoire présenté au « Natürforschendes Verein » de Brünn (et dont un court extrait se trouve dans le Verhandl. d. naturf. Ver. Brünn, 42 vol., 1903, procès- verbaux, p. 40), a essayé d'attribuer au drainage provoqué par l’ex- ploitation des mines, dans les veines et les terrains argileux encaissants, les « détonations » très fréquentes à Kladno et accompagnées de trem- blement de terre, — qu'il signale avec erreur comme une « particula- rité des anciennes houillères de Kladno ». Cette explication a été énergiquement combattue par À. WEITHOFrER (Verhandl. d. naturf. Ver. Brünn, 43° vol., 1904, procès-verbaux, pp. 44 et suiv.), qui donne pour seule cause des « ébranlements extraordinairement violents, souvent causes de la démolition de galeries entières, et encore très sensibles à la surface quand ils ont lieu à 500 mètres de profondeur », les tensions libérées par l'exploitation de la veine puissante sans com- blement postérieur. Ces « détonations » n’ont rien à faire avec l’affais- sement habituel des terrains sous l'influence de la pesanteur ; on doit plutôt les considérer comme dues à des causes tectoniques. Il n’y à pas que les couches de houille qui soient prédisposées aux Bergschläge, — comme on pourrait d’ailleurs le croire d’après les renseignements précédents; on possède des observations analogues dans les gîtes métallifères. F. MLanek a fait, à ce sujet, des communi- cations très intéressantes sur les « ébranlements terrestres dans le terrain minier de Przibram » (Oesterr. Z. f. Berg-u. Hüttenwesen, 1905, pp. 349-351), où l’on a relevé tout récemment des Bergschläge (le terme local en langue tchèque est praskavka) dans les filons métallifères de Birkenberg, phénomènes qui semblent être « un ennemi dangereux aussi bien pour les mineurs travaillant dans la mine que pour l’exploi- tation elle-même ». En des points favorables, on observe la crevaison 32 ANNEXE A LA des couches rocheuses avec un bruit de coup de canon, et accompagnée d'un ébranlement si violent des piliers, qu’on ressent à la surface un tremblement de terre dans un rayon de 6 kilomètres environ. Comme le signale F. M£apex (loc. cit., p. 551), lors d’un de ces ébranlements, le pendule enregistreur de la station sismique située dans le trente- deuxième filon fut écarté (zurückgeworfen) de sa position d'équilibre, tandis que les pendules de la surface inscrivaient la ligne normale. Les explosions en elles-mêmes sont considérées par MLADEK — en opposition avec l’avis de BAUMGARTNER — comme actions du poids des piliers ; le poids des masses rocheuses provoque, dans sa manière de voir, des tensions qui sont libérées en des points favorables. Les « tensions dans les roches considérées comme causes d’explosions dans les houillères de Przibram » ont fait l’objet tout récemment d’une étude de Huco STErAN (Oesterr. Z. f. Berg- u. Hüttenwesen, 1906, n° 20, pp. 255 et suiv.). D’après cet auteur, les explosions, dans le puits Maria, à Przibram, se manifestent sous deux formes. En poussant en avant le creusement des galeries (Firstenstrasse) dans le « Grünstein » (diabase) compact, on perçoit « un crépitement et un pétillement » (Knistern und Prasseln) qui avertissent le mineur; il n’est pas rare que subitement des « esquilles rocheuses » (1) à bords tranchants sont projetées du front de taille avec une violente détonation. Il est curieux que les explosions se produisent seulement dans les parties rocheuses consistantes, tandis que dans les terrains inconsistants on observe des éboulements non nuisibles. Après une suspension plus ou moins longue du travail, la roche explosive se calme ordinairement ; puis, dès qu’on l'attaque à nouveau, on voit se répéter fréquemment les phénomènes précités, que H. Srepxan attribue à une compression la plupart du temps inhérente à l'exploitation méme de la mine, ou purement tecto- nique. Une deuxième espèce d’explosion de roches fut observée pour la première fois à Przibram en 1897. « Le terrain était constitué, par moitié, de diabase en biseau près du toit et de grès (grauwacke) con- sistant Stralifié au mur. Alors que deux mineurs se préparaient à forer, il se détacha du hoisage complètement ajusté, et au voisinage du sommet de la galerie parallèlement à la stratification, une masse rocheuse de 200 kilogrammes (deux quintaux métriques), réduite en nombreux (4) Cest sans doute l'équivalent des bendons de la carrière de Quenast. (Note du traducteur.) La SÉANCE DU 92 JANVIER 41907. 33 fragments à arêtes vives, avec une détonation de coup de canon ; un des ouvriers fut tué. » Les fragments de roches éclatés sont encore ici, comme dans le « Braunkohlen » de Bavière et dans le gneiss granitique du tunnel de Tauern, a faces unies (ebenflächig) et à arêtes vives. Une forte explosion est souvent suivie de plusieurs plus faibles ; et une galerie de l’espèce ne peut être accessible, et encore avec la plus grande prudence, qu'après plusieurs heures ou même plusieurs jours. En octobre et novembre 1905, on enregistra six Bergschläge; on essaie de s’en garantir tant soit peu, en laissant reposer la roche sujette à ce phénomène journellement au moins pendant dix-huit heures, et en usant de boucliers protecteurs pour le travail. Il est très curieux que les grès-grauwacke « détonants » (schlagende) ne se rencontrent qu’à des profondeurs supérieures à 1,000 mètres environ. | La cause de ces Bergschläge repose, d’après H, STEFAN, — abstraction faite de phénomènes chimiques, — principalement sur le concours de divers facteurs. Ce sont : différences de composition, de structure et de cohésion des strates; également différences de résistance aux pressions par suite d’une disposition des éléments rocheux qui permet une libe- ration facile des tensions existantes ; enfin une profondeur de gisement qui, d’une part, produit la surcharge par les masses surincombantes et, d'autre part, a empêché l’altération météorique de la roche de se con- tinuer trop loin. Un grand intérêt s'attache aux « roches détonantes » (knallende Gebirge) du tunnel en construction à travers les Tauern. La roche explosive est ici, d’après les échantillons dont je dispose, un gneiss granitique à structure porphyrique, dont les cristaux de feldspath (souvent mâclés) semblent limités par des faces d’écrasement (Quetsch- flâche). Les explosions se produisent le plus fréquemment dans la roche qui est compacte et présente très peu de fissures. Comme le décrit le Prof. D' F. Becrxe (Anzeiger d. k. k. Akad. d. Wiss. Wien, 1904, 1905 et 1906), subitement, et sans aucun signal précurseur, de grandes plaques de la roche se détachent en détonant et sont projetées au loin, Comme les masses désagrégées atteignent de temps en temps un volume de plusieurs mètres cubes (!), les « roches détonantes » constituent pour les travailleurs un grand danger ; et de fait, du côté Nord du tunnel, on doit mettre sur le compte de ce phénomène non seulement de nom- -breuses blessures, mais encore trois cas de mort. Du côté Sud est sur- venu un Bergschlag entre les cotes 1156 et 1158 mètres, également dans le gneiss granitique, compact, très dur et exempt de fissures. 1907. PROC.-VERB. o 34 ANNEXE A LA Également dans le tunnel de Wochein, — d’après renseignement verbal de M. le Prof. À. STEINERMAYER, — on a observé des Bergschläge. La « roche détonante » consiste 1c1 en un calcaire dolomitique compact, dans lequel, en 190%, un gros bloc sauta à peu près à mi-longueur du radier de la galerie en détonant violemment. Un résultat très important des observations précédentes est le fait que la production des Bergschläge est tout à fait imdépendante de la roche aussi bien que de son âge géologique. Nous les trouvons au tunnel du Tauern dans le gneiss granitique archéen, à Przibram dans les formes paléozoiques anciennes, en Westphalie et à Kladno dans le Carbonifère, au tunnel de Wochein dans le calcaire dolo- mique appartenant au Triasique, en Haute-Bavière enfin dans la molasse à « Braunkohlen » ; les observations américaines concernent le gneiss, le granite, le calcaire (du Niagara) et le grès. Comme ces explosions surviennent également dans les galeries de tunnel où l’on n’extrait que relativement peu de roche, il s'ensuit que le voisinage de points forte- ment exploités, mis en lumière si fréquemment dans les rapports d'accidents des houillères, n’est nullement une condition nécessaire pour la production de ce phénomène. On peut dire, sans le moindre doute, qu’il faut l’attribuer en fait uniquement à la libération brusque .des tensions existant dans l'écorce terrestre. En ce qui concerne la cause de ces tensions, il est difficile, dans la plupart des cas, de la détermi- ner ; 1l est évident que des phénomènes très analogues peuvent avoir des causes très différentes, quoiqué peut-être la « poussée tangen- ielle de plissement » doit être considérée comme la cause la plus fréquente. Des tensions latentes peuvent être de temps en temps observées, même dans de petits fragments de roche, comme dans un pseudo-schiste à chiastolithe signaié par F. KaTzner et qui, chauffé légèrement, éclate en délonant en minces lamelles. La cause de ce phénomène n'est pas donnée par KATZNER, mais il remarque que, à cause de la faiblesse de l'échauffement, on ne peut songer à une vaporisation rapide de l’eau .occluse mécaniquement, et qu’il est aussi invraisemblable d'admettre une dilatation brusque des gaz inclus (acide carbonique), car d’autres roches, très analogues, ne montrent pas le phénomène déerit.. Outre leur importance pratique, les Bergschläge présentent encore un intérêt théorique considérable ; car ils jettent une vive lumière sur de nombreux phénomènes, qui jusque maintenant étaient très énigma- tiques. C’est ainsi qu'il y a certains phénomènes détonants que l’on a appelés Luflknalle, Mistpoeffers, Barisalguns, etc., et dont on a donné SÉANCE DU 22 JANVIER 1907. 35 les explications les plus variées. Ils peuvent certainement être dus à diverses causes, mais on devrait les attribuer principalement à la libéra- tion de tensions de l'écorce terrestre. Cn. Davison (Geological Magazine, 1892), Hucnes (Nature, 1895, 53° vol., p. 30) et récemment E. TieTzE (Jahrb. d. k. k. geol. Reichsanstalt, 1901, 51° vol., pp. 625 et suiv.) (1) donnent la préférence à cette explication des détonations aériennes (Luftknalle), parce qu’elle est la plus conforme aux faits observés. Particulièrement HuGnes à attiré l'attention sur la « suppression des tensions dans les roches » qui se produit dans l’exploitation des car- rières, et parfois accompagnée d'un phénomène délonant (il songe évidemment aux observations du professeur Nices, etc.); il à émis l'avis que ces tensions peuvent se manifester par une détonation lors de la continuation lente de la formation d’un massif montagneux. I] se produit encore sans aucun doute des fissures, et elles doivent dans beaucoup de cas être attribuées à des tensions. Le Dr Juxxer a admis « lP’éclatement de roches » comme cause de certaines détonations aériennes, et le craquement prononcé qui accompagne le crevassement de la glace nous apprend qu’en fait la simple formation de fissures peut être en relation avec un phénomène acoustique. Nous pouvons, du reste, assez souvent observer dans les objets en verre qui se fendent parfois sans cause évidente, que la formation des fentes est accom- pagnée d’une détonation perceptible. L’éclatement spontané en fragments arrondis, observé par moi très fréquemment dans le verre de lampe utilisé pour l’incandescence au gaz, pourrait, d'après moi, être considéré comme complètement analogue aux Bergschläge, car cet éclatement se produit avec un caractère explo- sif, d’une violence étonnante, eu égard à la faible épaisseur du verre; et on l’observe, non pas peut-être lors d’un échauffement rapide, mais — d’après mes observations — également dix ou douze heures après l’utilisation de la lampe. La tension existant dans le verre doit donc croître progressivement pendant des heures, jusqu’à devenir assez con- sidérable pour vaincre la cohésion. J'ai à peine besoin de dire que l'existence de tensions dans des verres refroidis rapidement se trahit par diverses anomalies optiques. (4) E. TETE traite à fond des détonations aériennes dans un chapitre particulier de son ouvrage : Die geognostischen Verhältnisse der Gegend von Landskron und Gewitsch. Ce chapitre a comme titre : Der Reichenauer Berg und das dartige Detona- tionsphänomen, et contient de nombreux renseignements bibliographiques auxquels je renvoie. 36 ANNEXE A LA SÉANCE DU 22 JANVIER 1907. Il est naturel que des libérations de tension soient accompagnées de phénomènes acoustiques près de la surface plus que dans les parties profondes de l'écorce. En revanche, la suppression des tensions dans les profondeurs devrait être plus souvent en relation avec de forts ébranlements. Ainsi, les Bergschläge nous conduisent à l’un des phéno- mèênes géodynamiques les plus importants, notamment aux sismes « tectoniques ». Dans ceux-ci également, la libération des tensions est accompagnée de temps en temps d’une détonation, de même que, d'autre part, d’après A. PEnck (Meteorol. Zeitschrift, Wien, 1899), les régions où se produisent les détonations aériennes sont dans maints cas « significativement tectoniques ». Un phénomème particulier, bien connu des carriers de beaucoup de pays, la « Gare », est sans doute attribuable également à l’existence de tensions latentes. Cet avis a déjà été émis par le professeur F. RINNE, qui dit (Gesteinkunde, p. 99) : « Peut-être la « Gare » est-elle la suite d’une pression qui s’est déclarée lors de la formation des montagnes ou lors du retrait de la roche par refroidissement, mais qui à provoqué des tensions seulement, et non des crevasses. » La fréquence particulière, dans ces derniers temps, des tremble- ments de terre et des éruptions volcaniques a permis, on le sait, — et le fait n’est pas rare, notamment parmi les profanes, — d’en déduire que le globe terrestre se trouve actuellement dans un état de « surexei- tation » (gesteigerte Erregung). Les Bergschläge observés également pour la première fois en grand nombre dans la période récente semblent confirmer complètement cette conclusion, — du moins en ce qui concerne l'agitation sismique, — car, à mon point de vue, dans les Bergschläge, nous avons, en fait, pris le démon des tremblements de terre en flagrant délit (in flagranti). Comme la pression latérale de plissement n’est qu'une autre manifestation du même démon, on peut faire valoir les Bergschläge comme des arguments très importants en faveur de la théorie moderne de la formation des montagnes. E. M. SÉANCE MENSUELLE DU 19 FÉVRIER 1907. Présidence de M. M. Malaise, Vice-président. La séance est ouverte à 8 h. 35 (27 membres sont présents). Décès. M. le Président, en ouvrant la séance, annonce le décès de notre éminent-confrère M. Marcel Bertrand, membre honoraire de notre Société. (Condoléances.) Correspondance : 4. — M. de Dorlodot remercie de son élection à la Présidence; MM. Cuvelier et Malaise de leur élection à la Vice-Présidence ; MM.Mourlon et Willems d’être délégués au Conseil ; MM. de Limburg- Stirum et Mathieu d’être élus membres du Conseil ; M. Gilbert d’être nommé membre du Comité de vérification des comptes. 2, — M. le Secrétaire général honoraire prie le Bureau d’être son interprète pour remercier préalablement de sa part tous ceux qui, de près ou de loin, ont pris part à la belle manifestation organisée en son honneur; il les prie de patienter quelque peu pour recevoir ses remer- ciements particuliers. Il tient à témoigner publiquement sa reconnais- sance au Président sortant et au Secrétaire, qui ont eu le soin d'éla- borer cette cérémonie. 3. — Le Conseil général d’ administration des lonnes de la ville de Bruxelles nous à consultés sur le point de savoir si le terrain où il compte établir le nouvel hôpital suburbain de Jette est aquifère, et demande dans quelles conditions devrait, éventuellement, être établi un puits artésien. 38 PROCÈS-VERBAUX. Nous l’avons renvoyé au Service géologique, tout en déclarant la Société prête à lui offrir son concours, s’il était nécessaire. 4. — La librairie Dunod nous envoie un catalogue d’occasion d’une importante bibliothèque scientifique et industrielle; il contient quelques ouvrages de géologie. S’adresser au Secrétariat. 5. — Le baron van Ertborn nous à remis, le 28 janvier, un pli cacheté intitulé : Diagramme Courtrai-Beernem ; coupe probable de grand sondage à Eeghem lez-Thielt. Ce dépôt est fait au sujet d’un sondage jusqu’au Primaire que va probablement exécuter notre collègue M. Axer. 6. — Le XIVe Congrès imternational d'Hygiène et de Démographie se tiendra à Berlin du 25 au 29 septembre 1907; certains points au programme de la sixième section : « Hygiène des habitations, des loca- lités et des eaux », semblent seuls de nature à pouvoir éventuellement intéresser notre Société, comme annexes à l’Hydrologie. Les voici : 7. Nouvelles méthodes techniques de filtrage des eaux potables. 8. Stérilisation de l’eau par l'ozone. 9. Expériences faites des eaux recueillies au moyen de barrages de vallées. Programme au Secrétariat. Dons et envois reçus : 1° Périodique nouveau : 0137. BUCAREST. Moniteur du pétrole roumain. VIT (1906), n° 31 et 37; VII (1907), n° 1 et 3 (publication en français et en roumain). 2 De la part des auteurs : 0138. … Congrès international pour l'étude des régions polaires tenu à Bruxelles du 7 au 11 septembre 1906, sous le haut patronage du Gouvernement belge. — Rapport d'ensemble. Documents prélimi- naires el compte rendu des séances. Bruxelles, 1906. Volume in-8° de 382 pages. 0139. Graef, F. Hôühenschichtenkarte von Elsass-Lothringen und den angren- | zenden Gebielen im Maasstab 1 : 200 000, mit Hôühenlinien von 100 zu 100 m. (En 2 feuilles), avec un texte explicatif par le Dr L. van Werveke (n° 5153). Strasbourg, 1906. 5140. Koenen, A. von. Zur Entstehung der Salxlager Nordwest- Deutschlands. Gôttingen, 1905. Extrait in-8° de 4 pages. 0143. 5146. D147. 0148. 0149. 0150. 9151. D192. 0153. SÉANCE, DU 19 FÉVRIER 1907. 99 : . Koenen, A. von. Ueber scheinbare und wirkliche Transgressionen. Gôttingen, 1906. Extrait in-8° de 9 pages. . Koenen, A. von. Ueber das Auftreten der Gallungen und Gruppen von Ammonitiden in den einzelnen Zonen der unteren Kreide Nord- Deutschlands. Gôttingen, 1907. Extrait in-8° de 10 pages. Low, À. P. The Cruise of the « Neptune ». Report on the Dominion Government Expedilion to Hudson Bay and the Arctic Islands on board the D. G.S. « Neptune», 1905-1904. Ottawa, 1906. Volume in-8° de 355 pages, 61 figures, 1 carte et 1 portrait. . Stevenson, J. J. The Section at Schoharie N. Y. Lancaster, 1901. Extrait in-8° de 20 pages. 5. Stevenson, J. J. Memoir of J. Peter Lesley. Rochester, 1903. Extrait in-8° de 10 pages et 1 portrait. Stevenson, J. J. Carboniferous of the Appalachian Basin (suite). Rochester, 1904. Extrait in-8° de 174 pages. Stevenson, J. J. The Jurassic Coal of Spitzibergen. New-York, 1905. Extrait in-8° de 14 pages. Stevenson, J. J. Recent geology of Spitzberg. Chicago, 1905. Extrait in-8' de 6 pages. Stevenson, J. J. The Status of American College Professors once more. New-York, 1905. Extrait in-8° de 6 pages. Stevenson, J. J. Intercollegiate Contests. New-York, 1906. Extrait in-8" de 4 pages. Stevenson, J. J. Carboniferous of the Appalachian Basin (suite). Rochester, 1906. Extrait in-8° de 164 pages. Seeley, H. G. The Story of the Earth (second edition). Londres, 1896. Volume in-16° de 196 pages et 40 figures. (Don de M. van den Broeck.) Werveke, L. van. Gegleiworte zur Hôühenschichtenkarte von Elsass- Lothringen und den angrenzenden Gebieten im Maasstab 8/200 000. Strasbourg, 1906. Extrait in-8° de 57 pages, 20 figures et 1 carte. j Le Secrétaire général attire particulièrement l’attention sur la croi- sière du Neptune dans les régions arctiques canadiennes. Le rapport fournit une belle carte géologique de ces régions, et contient deux chapitres uniquement consacrés à la Géologie. 40 PROCES-VERBAUX. Élection de nouveaux membres : Sont élus par le vote unanime de l’Assemblée : En qualité de membres effectifs : MM. De Never, colonel adjoint d'État-major, commandant le 2 ré- giment de guides, 94, avenue d’Auderghem, présenté par MM. Cuvelier et Greindl. JOSEPH GAUTHIER, géomètre, 41, rue de Moranville, à Jette-Saint- Pierre, présenté par MM. van den Broeck et Greindi. Pauz FouRMARIER, ingénieur-géologue, ingénieur au Corps des mines, assistant à l’Université de Liége, 69, rue Maghin, à Liége, présenté par MM. Lohest et Forir. En qualité de membres associés regnicoles : MM. AusertT DerTorDeur, industriel à Tubize, présenté par MM. Gilbert et Greindi. PIERRE GILBERT, 116, avenue Louise, à Bruxelles, présenté par MM. Gilbert et Greindl. Compte rendu sommaire de la session extraordinaire de 1906. M. le capitaine Mathieu se charge de résumer cette excursion, d’après les notes des auteurs du compte rendu détaillé qui figure aux Mémoires. | L'Assemblée décide qu'il n'y à pas lieu dans ces conditions d'imprimer un Compte rendu sommaire. Communications des membres. : Le baron van Ertborn ne pouvant, à cause de son état de santé, assister à la séance, le Secrétaire général donne lecture de son travail. SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1907. a Baron O. van Error. — Les eaux artésiennes d’Ostende (1). -Pendant le courant de la présente année (1906), quelques quotidiens ont mené une campagne, voire même une croisade, pour transformer la reine des plages en station thérapeutique. Cette question n'étant pas d'ordre scientifique, nous ne nous y arrêterons pas. Ce projet a donné lieu à la publication d’une brochure très intéres- sante au point de vue hydrologique (2). Le puits artésien que la ville d’Ostende fit forer, il y a une cinquan- taine d'années, donne une eau que l’on a toujours considérée comme peu potable. On croyait unanimement que cette eau artésienne prove- nait du niveau de 300 mètres, des fissures des roches primaires. Aussi proposämes-nous à la société du Royal Palace Hotel de faire un essai à la source infra-ypresienne qui, ailleurs, donne de bons résultats au point de vue de la qualité de l’eau. La réussite fut négative; la sonde ramena au sommet de la dune une eau chloratée sodique, qui troublait le vin et faisait noireir les légumes à la cuisson. L'analyse de MM. Gauthier et Moureu prouve à l’évidence que les sources de 175 et de 300 mètres sont les mêmes, c’est-à-dire que l’eau provient du niveau sparnacien à 175 mètres. Eau de la nappe sparnacienne Analyses à la cote — 175. KCEMENT. WAUTERS. Chlorure de sodium - 5 4». 4 . à . , . 7 {e4ÿ17 18r149 de DO ASSIUMEN ET. Cie Le ©, 10,0289 0,028 SUlaAte deSOdIUM 217 0e : Re . 0,6635 0,650 Garbonaterde SOIN 20. 0 5,0, 2 | &,-07.,0,7815 0,790 — de Calcium, 2 eue eu à 000200 0,020 — ACHASNESIU NE 0 01023) 0,017 — DÉC RPEN RRRS ER S m 00 0029 0,004 SIC conte RICE FLAT ASE NS Er .. 0,09215 0,008 Ammoniaque libre. PR RE, =2-0:00050.+ 00012 — albuminoïde 0, 2. + 8,7-0;00006: - :0,00006 CSN RCA U ER Sn ones Are 9 706 (4) Pour plus amples détails, voir Bull. Soc. belge de Géol., de Paléontol. et d'Hydrol., t. XV, 1901. Procès-verbaux, séance du 19 mars, pp. 178-189. Le puits artésien du Royal Palace Hotel, à Ostende, par le Bis VAN ERTBORN, avec analyses de MM. Klement et Wauters. : (2) Analyse de l’eau artésienne d’'Ostende, par ARMAND GAUTHIER, de l’Institut de France, professeur à la Faculté de médecine de: Paris, et CHARLES MOUREU, HORS agrégé à l'École supérieure de Pharmacie de Paris. : k 42 PROCÈS-VERBAUX. Analyse de MM. A. GAUTHIER et C. MOUREU. Eau totale prise Eau de la nappe à l'orifice du puits. placée à 299-300no, Chlorure sodique SAT LS RER 15363 18r710 SUIÉALE SOUIQUE EE 0,605 0,692 Garbonate SOdIQué NE RER 0,651 1,054 Chlorure potassique MONTRES OS 0,023 — Carbonate magnésique "W- (0e NENR: 0,034 _ Alumine etitraces de fene. meMeERn 0,007 — SILICE PRET De di Ve 0,003 traces. Matières organiques etipertés. mn". 0,001 — Résidu fixe: par litre. COMMERCES 2,687 2,856 Ces Messieurs expriment leur étonnement de ce que leur analyse présente quelques différences avec celle faite en 1861 par MM. B. Sobry et H. Goflin et que le résidu total fixe 25999 ait diminué (1). Cela ne nous étonne nullement : en cinquante ans, cette dernière quantité peat diminuer par l'apport continu d’eau nouvelle et le lavage des sables. Elle peut même présenter des variations très grandes. En effet, l’eau du puits artésien du château de Termeire, à Breendonck, ne devint-elle pas brun clair après une dizaine d’années, et celle du puits artésien de Saint-Bernard une cinquantaine d'années après sa construction, Soil vingt ans après que la teinte noire se fût manifestée à Termeire (2)? Il est étonnant que l’eau du Royal Palace [otel ne soil pas teintée, mais à Ninove, nous dit notre honoré confrère M. Rutot, on constate de nombreuses exceptions de ce genre. Les dépôts sparnaciens sont lagunaires et les débris de végétaux y sont abondants. Cette matière organique colorante est absolument inerte. Termeire et Saint-Bernard nous surprirent d'abord davantage, parce que la nappe est ledienne, donc de formation marine; mais depuis que nous avons trouvé tant de débris de végétaux dans le Rupelien (1) Les sables bruxelliens, par exemple, sont déjà en partie décalcitiés par les infil- trations pluviales; dans un très grand nombre de siècles, ils le seront complètement. Is donneront de l’eau propre à la lessive, comme nos puits d’Aertselaer, creusés dans le Flandrien. Ce dernier en ce point ne renferme plus un atome de caleaire. (2) La translation fut relativement rapide, à raison de 500 mètres par an. D’après les expériences faites par nous à Aerschot, l’eau artésienne jaillissant en ce point il y a trente ans, serait tombée sur l’affleurement de la nappe perméable sous le règne de Charles-Quint. SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1907. 43 inférieur, également marin, aux sondages de Westerloo et de Heyst- op-den-Berg (1), le fait s'explique très facilement par le flottage. À Ostende, les deux sources pourraient, il est vrai, communiquer par des fissures de la craie, mais le fait nous parait bien peu probable. Il nous semble que dès le principe toutes les colonnes de tubage furent fracturées. L'influence de la marée sur le niveau piézométrique du puits d’Ostende-Ville le démontre d’ailleurs à l'évidence. Ce que nous avons dit dans notre notice sur le puits du Royal Palace Hotel, c'est que ceux qui font afflcurer ces nappes dans le fond de la mer au Sud-Ouest comme point d'origine, étudient bien ces analyses et répondent à la question posée par feu M. Klement : Comment certains sels qui existent dans l’eau de mer sont-ils éliminés, et comment certains autres sels qui se trouvent dans l’eau artésienne ne se rencontrent-ils pas dans l’eau de mer? De plus, le niveau piézométrique plus élevé à l'émergence s'oppose absolument à cette manière de voir. Le projet d'utiliser les eaux artésiennes d’Ostende ne paraît pas abandonné. Le journal l’Écho d’Ostende, du 8 février 1907, contient une lettre de notre confrère le D' Jules Félix à ce sujet : Les eaux artésiennes d’Ostende et leurs effets salutaires. D’après l’analyse des sources artésiennes du parc d’Ostende, faite par MM. Charles Moureu et Armand Gauthier, ces eaux sont des eaux médici- nales chlorurées, alcalines, boratées et arsénicales de premier ordre. Nous croyons utile d'exposer ici leurs propriétés physiologiques et thérapeutiques remarquables. Les eaux minérales artésiennes d’Ostende seront employées : 1° pour la cure de boisson; 2% pour les bains, les irrigations, les gargarismes, les pulvérisations et les inhalations, suivant les données de la thérapie hydro- minérale et les progrès de la balnéothérapie moderne. On a grand tort de croire qu'une eau médicinale potable peut se boire à tort et à travers, suivant les caprices de chacun, comme on boirait de l’eau ordinaire. Autant les eaux minérales naturelles chlorurées et alcalines, comme les eaux d’'Ostende, sont utiles et bienfaisantes aux malades à qui elles conviennent, et bues méthodiquement, suivant les prescriptions du méde- (1) Très fossilifère en ces points. 44 PROCÈS-VERBAUX. cin, qui sont variables et différentes pour chaque cas particulier, autant ces eaux peuvent être nuisibles aux personnes à qui elles ne conviennent pas, ou qui les prennent en trop grande quantité. C’est ce que le professeur Landouzy, de Paris, a fait si judicieusement remarquer dans ses belles conférences sur les eaux minérales, en disant que « les cures d'eaux miné- rales valent ce que valent les médecins qui savent bien les administrer et les manier ». Le traitement interne par les eaux artésiennes et minérales d’Ostende (la Trinkkur des Allemands) exige une méthode rigoureuse dans la dose et la manière de boire ces eaux, suivant les cas spéciaux des maladies auxquelles elles conviennent et l’état particulier des malades à qui elles doivent être administrées. Les eaux minérales d’Ostende seront bues de préférence le matin à jeun; dans les stations allemandes, les heures de cure de boisson (Trinkkur) sont fixées militairement de 6 à 8 heures du matin, et de 4 à 6 heures du soir. En dehors de ces heures, la buvette (la Trinkhalle) est fermée. La méthode la plus efficace à suivre dans la cure de boïsson (Trinkkur) des eaux minérales, et particulièrement des eaux alcalines chlorurées et arsénicales d’Ostende, est de les boire à doses petites et progressives, suivant les prescriptions du médecin qui en règlera les bases journalières, en laissant un intervalle de dix à vingt minutes entre chaque verre d’eau. Le nombre de verres d’eau à absorber (d’une contenance de 100 à 250 grammes) pourra varier de deux à huit verres par jour, suivant les cas à trailer et aussi d’après les effets obtenus. La méthode de cure de boisson aux Faux d'Ostende sera d'autant plus rigoureuse à suivre, que ces eaux s’adresseront à des dyspeptiques, à des uricémiques (goutteux, arthritiques, nerveux, lymphatiques ou obèses), à des diabétiques, des néphritiques, des hépatiques, des dilatés ou des gastralgiques. Les eaux minérales d’Ostende sont à certaines doses diurétiques et laxa- tives, décongestionnantes et modificatrices de la circulation et de la nutrition générale. Surtout chez les neurasthéniques et les anémiques atteints de la diathèse urique ou d’arthritisme et les dilatés de l’estomac et du ventre. Il est donc indispensable, pour que la cure de boisson puisse se faire convenablement en toutes saisons et par les mauvais temps, que les buveurs puissent se promener dans un parc quand il fait beau, ou dans un grand hall quand le temps est mauvais, et qu'ils puissent s’y distraire en enten- dant de la musique, ou en faisant de la lecture, de la promenade ou de la conversation. C'est pour cela que nous avons proposé, dans notre projet de création d’un grand Palais des Thermes, une vaste galerie artistique et monumentale, où seraient installés les services des buvettes et des garga- rismes. Ces installations doivent faire à Ostende partie intégrante du | SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1907. 45 Palais des. Thermes, car il ne faut pas oublier que le but du Palais des Thermes et de la création d'Ostende Thermal est d'attirer et de retenir les étrangers et les curistes, non pas seulement pendant la grande saison, c'est- à-dire en juillet et en août (ce qui est absolument insuffisant pour la prospé- rilé générale de la ville et de ses habitants), mais encore et surtout d'attirer les convalescents, les souffreteux, les malades dyspeptiques et les sur- menés des deux sexes, sans oublier les enfants, et de les retenir pour {a cure d’eau et d'air au printemps et en automne, c’est-à-dire pendant six à huit mois de l’année. Voilà le salut et la fortune auxquels Ostende Thermal a le droit de prétendre, et elle peut, si elle veut bien s’outiller scientifiquement et confortablement, compter sur l’affluence des étrangers, et particulièrement des Anglais et des Américains, qui feront alors leur cure et leur séjour de prédilection dans la Reine des Plages. Je ne puis terminer cette petite étude d’hydrologie médicale sans montrer, par quelques chiffres, la prospérité toujours croissante des villes balnéaires, en raison directe du développement progressif de l'exploitation des eaux minérales et des installations hydrothérapeutiques. Baden-Baden 1894 — 58,830 étrang. — 109,776 bains. Id. 4903 — 73,836 baign. — 186,454 id. Wiesbaden 1894 — 106,908 id. Id. 1901 — 131,521 id. Vichy 1892 — (61,292 id. Id. 1905 — 87,000 id. Nauheim 1895 — 14,136 id. — 186,355 bains. Id. 1902 — 93,200 id. — 320,000 id. L'exploitation des eaux minérales, scientifiquement comprise, est la vraie source de prospérité durable ct progressive de toutes les stations balnéaires. Dr Jues FÉLIx. Détails sur le forage d’Ostende-Ville. (Bulletin de la Société paléontologique de Belgique, t. [*.) Séance du 27 juin 1858, page 21. — Arrivée des premiers échan- üllons, jusqu’à 33"10, profondeur atteinte deux jours auparavant. On n'avait pas encore atteint l’argile vpresienne. Page 27. — Norbert de Wael et H. Nyst examinent les échantillons et reconnaissent la Cyrena fluminalis. Ensuite, longue note de Nyst sur ce fossile avec figures dans le texte. 46 PROCÈS-VERBAUX. Séance du 25 janvier 1859, page 67. — On a, enfin, atteint le sable sous-jacent à l'argile ypresienne, situé de 1735 à 187 mètres. Source jaillissante. Fossiles trouvés dans ce sable, qui est le Suessonien de d’Orbigny : Cyrena cuneiformis ; Melanopsis fusiformi: ; Melanea inquinala. Trouvé aussi : Ostrea bellovacina fragments. À la fin du volume, cinq planches à échelle DÉmEsuRÉE par O. van Ertborn, sans date, soit : 1° Sondage de la Prison cellulaire à Anvers ; 2 » de la place Saint-André à Anvers; 9° » de la Maison de correction de Saint-Bernard-Hemixem ; 4° » fait au Phénix, près le Pont de pierre, à Deurne lez- Anvers : 5° » d’Ostende-Ville jusqu’à 300 mètres. Ces mêmes planches furent reproduites dans Mémoire sur les puits artésiens par O. van ErrBoRN, Anvers, 1866. IL fut nommé une Commission par l'Administration communale d’Ostende dont G. Dewalque faisait parte. Cette Commission conclut à la non-potabilité de l’eau artésienne. Le caisson en bois, encore visible, doit être le caisson-guide, qui ne fut pas retiré après l’achèvement du puits. Nous avons examiné, il ya peu d'années, le puits artésien de la Maison de correction de Saint- Bernard, aujourd’hui dépôt militaire, foré également en 1858. Les tuyaux sont en tôle de 2 millimètres, ne présentant aucune solidité. Ce vice de construction explique les avaries survenues aux deux sondages. Il est facile de s'assurer si les tubages sont en fer ou en bois en descendant un coupe-tuyau et en le faisant mordre de 10 en 10 mètres. Si l’on base une station thermale sur le vieux puits d’Ostende, on doit être prudent. C’est pour ce motif que nous jugeons bon, pour le bien général, de donner notre avis et de prévenir les intéressés. Il reste, d’ailleurs, toujours la ressource d’en faire un nouveau au Sparnacien. P.S. — Le puits d'Ostende-Ville coûta, dit-on, 100,000 francs. SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1907. A. Ruror. — Sur l’âge des cavernes de Grimaldi, près Menton. Cette communication, que l’auteur résume en séance, est insérée aux Mémoires. A. BriQuer. — Contribution à l’étude des origines du réseau hydrographique du Nord de la Belgique (1). Discussion. M. le baron GkREINDL présente les observations suivantes : 1° Les transgressions scaldisienne et poederlienne ont dû avoir leur influence sur le réseau hydrographique. Laquelle? Cela est difficile à dire, mais si l’on admet le rivage poederlien, comme l’a marqué M. Rutot dans son travail de 1897, il a dû se produire un redressement assez sérieux des parties aval des rivières de l'Est; cela pourrait expli- quer, plus ou moins, la persistance de certaines couches en Limbourg, la région n'étant plus drainée. 2 L’explication des captures de branches de rivières par leurs voisines de l'Ouest ne serait-elle pas en partie un phénomène dû à une bascule de terrain? De fait, la pente du pays était vers le Nord-Est lors de la régression diestienne ; elle est maintenant vers le Nord-Ouest. Un point qui pourrait peut-être être éclairei est celui de savoir si la pente de la surface structurale est aussi actuellement vers le Nord- Ouest. Dans ce cas, le mouvement de terrain serait certain. 3° On peut remarquer combien il est étonnant que, d’une part, une rivière subséquente, la Sambre-Meuse, se soit établie aux dépens du réseau étudié par M. Briquet, et ait coulé vers l'Est, alors que les affluents de la rive droite s’allongeaient au point de capturer les rivières voisines dans la partie Quest de ce tout petit territoire. 4 A l’excursion de Ryckevorsel, on a vu le Flandrien recouvrant le Poederlien (?) (sables de Moll et argile); or, on se trouvait à la cote 25. M. Rutot dit avoir trouvé le Flandrien en Flandre, jusqu’à la cote 40. (1) Mémoire présenté à la séance de décembre 1906 et figurant dans le tome XX, Mémoires, p. 71. 48 PROCÈS-VERBAUX. 5° Dans l'Annuaire météorologique pour 1906, M. Lancaster, notre collègue, toujours bien documenté, écrit : « Au VIe siècle, l'Escaut servait de démarcation entre l’Austrasie et la Neustrie et avait conservé son cours primitif, se dirigeant directe- ment de Gand vers la mer. =» Il paraît que l’Escaut occidental, portant le nom de Hond, existait déjà au VIT siècle, mais qu'il resta peu important jusqu’au commencement du XV° siècle. » Vers le commencement du IX° siècle, aucun grand cours d’eau ne reliait Gand à Termonde. A cette époque, un lit secondaire, devenu plus tard le bras principal du fleuve, s'était ouvert entre ces deux villes. La mer couvrait alors la plus grande partie du littoral ; plusieurs passes larges et profondes communiquant avec l'Escaut, laissaient écouler les eaux à la mer pendant le jusant. Les principales de ces passes étaient : le Zwijn, qui menait aux ports de Damme et de l'Écluse, le Braekman, qui passait au Sas de Gand et à Axel, le Hellegat, qui passait à Axel et à Hulst et débouchait dans l’Escaut près de l'emplacement actuel du fort Sainte-Marie. » Bien des perturbations modifièrent le cours du fleuve ; une des plus importantes se produisit vers le milieu du XIII siècle : l'Escaut quitta son lit en amont de Tamise (lit qui existe encore et qui s'appelle Vieil-Escaut), s'empara de celui de la Durme, dont il modifia le con- fluent en le reportant au Sud, et l'embouchure actuelle de la Durme fut constituée. » Le bras oriental portait seul le nom d’Escaut au moyen âge. L'origine de cette branche semble être antérieure à celle de la branche occidentale. » De cette citation, il semble bien réellement résulter que le Bas-Escaut a été formé par les deux périodes de tempêtes 840-1000 et après 1170, par remaniements de bancs sableux par les courants de marée. M. Ruror maintient que si l’on trouve le Flandrien à la cote 40 actuelle, cela ne veut pas dire que la mer ait monté jusqu’à ce point, mais que ce point était autrefois plus bas. M. Briquer fait les réponses suivantes aux observations de M. le baron Greindi : 4° [l n’est pas possible de tenir compte de l’influence des transgres- sions scaldisienne et poederlienne sur le réseau hydrographique. D'abord, les limites de leur extension restent inconnues ; celles qu’indique M. Rutot ne sont qu’approximatives. On ne peut jamais, SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1907. 49 pour une transgression, que préciser des points au delà desquels s’est étendue la mer. N’avons-nous pas vu, récemment, notre collègue M. Cornet amené à reculer considérablement les limites jusqu'alors admises. de la transgression diestienne ? Mais une raison plus grave est celle-ci, qu'il n’est pas prouvé que la dernière transgression marine, à la suite de laquelle s’est établi le réseau conséquent, fut une transgression diestienne et non une trans- gression plus récente : question d’ailleurs sur laquelle M. Briquet se réserve de revenir plus tard. Et dans la thèse qu’il a soutenue, il ne s’est jamais servi, et intentionnellement, que de l’expression : transgression « pliocène ». C’est sous cette restriction qui ne porte, en somme, que sur un détail de chronologie, qu’il admet la théorie de M. Cornet sur la formation du réseau conséquent. 2 En ce qui concerne la possibilité d’un mouvement de bascule du terrain vers le Nord-Ouest comme cause des captures de rivières par leurs voisines occidentales, 1l peut répondre à la question préjudicielle soulevée par M. le baron Greindl relativement à la direction de la pente structurale du terrain, ayant eu précisément l’occasion de faire cette étude d’après les données de la Carte géologique. Les couches éocènes plongent vers le Nord très exactement, ainsi que le répète depuis longtemps notre excellent confrère M. van Ertborn; et même légèrement vers le Nord-Nord-Ouest dans la région Nord-Ouest de la Belgique. Quant aux couches pliocènes, elles sont trop discontinues sur la région considérée pour qu'on puisse raisonner sur leur pente; dans la région Nord-Est, celle-ci paraît être plutôt de direction Nord-Est. Pour le mouvement de bascule lui-même, il faut distinguer. Il ne s’agit évidemment pas d’un mouvement tel qu'il ait eu pour résultat de faire déborder les rivières de leur rive occidentaie pour prendre leur cours dans la direction du Nord-Ouest conformément à la nouvelle pente du sol : on conçoit mal un mouvement d’une amplitude telle qu’il pût faire sortir les rivières des vallées déjà creusées plus ou moins profondément. Ce serait donc un léger mouvement, suffisant à fournir l’érosion régressive des affluents de la rive droite, dont la pente était accrue, et à leur permettre de capturer les cours d’eau plus orientaux; rien d'inadmissible à cette hypothèse, mais elle se rapproche beaucoup de l'hypothèse suggérée dans le travail en discussion ; un enfoncement de la partie Ouest de la mer du Nord équivaut à peu près, semble-t-il, à un mouvement de bascule vers le Nord-Ouest. 4907. PROC.-VERB. 4 d0 PROCÈS-VERBAUX. 3° M. Briquet ne pense pas pouvoir reconnaître beaucoup de force à l’objection tirée de ce que la Sambre-Meuse coule vers l'Est, n'étant” pas du tout convaincu que la Sambre-Meuse se soit établie aux dépens du réseau étudié. C’est un point sur lequel 1l devra peut-être venir à une opinion différente de celle de M. Cornet. Toutefois, cette absence de conviction n’est encore fondée, de sa part, que sur des considérations hypothé- tiques qu’il lui faudrait vérifier ; 1l demande la permission de ne pas insister sur ce point, se réservant d’y revenir également plus tard. 4 La question du Flandrien est une question très peu claire de. la géologie belge. Heureusement, la thèse soutenue en est indépen- dante. [Il suffit, et c’est tout, de constater qu’une plaine s’est formée, vers l’époque flandrienne, dans le Nord de la Belgique ; un réseau hydro- graphique s’est établi à la surface. Peu importe ensuite que tel afïleu- rement de sable, en Campine ou en Flandre, soit Flandrien ou autre chose : un seul point importe, qui est une simple constatation géogra- phique, l'existence de la plaine. 5° Enfin, quelle qu’en puisse être l’autorité, les textes et les tradi- tions ne peuvent rien contre cette conclusion tirée des faits : depuis que l’Escaut coule, en aval de Gand, dans une vallée située à une alutude inférieure de plusieurs mètres (4 à 5 mètres d’après la carte topographique au 20 000°) au seuil qui la sépare au Nord de Gand de la Plaine maritime, 1l est impossible que ses eaux se soient encore écoulées au Nord par-dessus ce seuil. Or, cette vallée actuelle en aval de Gand contient dans ses alluvions la tourbe alt qui, dans la Plaine maritime, est reconnue contemporaine de l’époque néolithique et de l’époque romaine. Donc la formation de la vallée, et par suite le cours de l’Escaut dans cette direction, remonte au moins à l’époque néoli- thique. | C’est uné conclusion conforme à celle à laquelle aboutit M. Blanchard dans son mémoire sur la Flandre (pp. 90-94), lorsqu'il examine des hypothèses très voisines de celle qu’a émise depuis M. Lancaster. M. Briquet n’a d’ailleurs pas touché la question de l’origine de l’Escaut oriental et de l’Escaut occidental; il se rallie volontiers, sur ce point aussi, aux conclusions de M. Blanchard. SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1907. o1 Eu. MarmiEu. — Contribution à l’étude pétrographique de 1ia porphyroïde de Fauquez. Depuis l’époque où de la Vallée Poussin et Renard déposèrent à l’Académie royale de Belgique leur grand mémoire sur les roches plutoniennes de la Belgique et de l’Ardenne française (1), trente ans se sont écoulés. Les études pétrographiques se sont multipliées à profusion à l’étran- ger, livrant aux chercheurs de nombreux matériaux de comparaison ; les instruments d’optique et les méthodes d'observation se sont perfec- tionnées. Il nous à paru intéressant de chercher à élucider au moyen des nou- velles armes dont dispose la pétrographie moderne, plusieurs points restés incertains dans l’étude des deux maitres, et de tenter d’enlever aux roches porphyroides énigmatiques du Brabant, une partie de ce que les deux savants ont appelé leur privilège d’obscurité. Une pareille étude demande du temps, et au lieu d’attendre sa complète terminaison pour publier un mémoire complet, nous pensons bien faire en portant à la connaissance de nos collègues, au fur et à mesure de leur interprétation, les divers détails pétrographiques que nous avons soumis à l’observation. C’est ainsi que dans leur mémoire dejà cité (2), de la Vallée Poussin et Renard signalent des « points verdâtres observés dans la pâte qu'ils obscureissent un peu » et qui « doivent se rapporter au minéral » qu’ils nomment « viridite »,et dont on observe des plages de 1 à 3 millimètres. Entre les nicols croisés, elle s’éteint, laissant apercevoir en quelques points un reflet bleuâtre qui rappelle le phénomène observé pour la substance serpentineuse du gabbro d'Hozémont. Elle ne montre aucune trace de dichroscopisme. Les auteurs ont « observé souvent dans ces parties verdâtres certains centres absorbant fortement la lumière ». D'ailleurs, les deux pétrographes ajoutent dans une note inframar- ginale, à propos du terme viridite : « Cette expression empruntée à M. Vogelsang (Zeitschr. d. deutschen geologischen Gesellschaft, t. XXIV, p. 529, 1872) servira désormais pour désigner un minéral verdàtre (1) Académie royale de Belgique. Mémoires couronnés et mémoires des savants étrangers, t. XL, 1876. (2) Loc. cit., p. 96. 52 PROCES-VERBAUX. isotrope que dans bien des cas il est impossible d'identifier sûrement avec un minéral macroscopique. Le terme de viridite nous permettra de ne rien préjuger, et ne doit servir pour un cas particulier que jus- qu’au moment où des recherches ultérieures auront mis dans la possi- bilité de rattacher à une espèce connue le minéral que nous désignons « ainsi. L’isotropie qu'offrent certaines plages écailleuses ou fibreuses, est un caractère important sur lequel nous nous établirons pour dis- tinguer la viridite des phyllites que nous rencontrerons dans nos roches. » Nous avons particulièrement étudié jusqu’à ce jour les plages de ce minéral verdâtre dans les plaques minces que nous avons fait pratiquer dans la porphyroïde de Fauquez par la maison Voigt et Hochgesang de Gôttingen. Les plages atteignent en effet jusqu'à 3 millimètres et plus, et dans les plaques parallèles à la schistosité, on n’observe pas de dichroscopisme; entre nicols croisés, le minéral polarise dans les tons . bleu, lavande foncé, qui caractérisent la chlorite. De forts grossissements montrent que ce minéral possède une structure fibro-radiée, et que les lamelles s'associent en forme de rosette. Les sections basales (001) donnent en lumière convergente une croix qui ne dissocie pas par rotation de la platine du microscope; l’angle d’axes est donc voisin de 0°, et nous pensons qu'on peut rattacher cette chlorite à la famille de la pennine. Lorsqu'on examine les plages chloriteuses dans les coupes normales à la schistosité, on observe au contraire qu’elles sont très dichroiques, présentent une texture fibreuse, et montrent parfois des formes très tourmentées par suite du laminage dû au redressement des couches, comme l’indique le croquis ci-dessous. SECTION DE MICA-BIOTITE ÉPIGÉNISÉE EN CHLORITE. a, inclusions d’apatite; x, inclusions de zircon; £, grains de titanite ferrifère ; f, sections de feldspath. Grossissement : 25 x 1. Le doute ne peut exister ; il s’agit bien là de chlorite. Mais certains détails permettent de dire à coup sûr d’où proviennent la majorité de SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1907. 93 ces plages chloriteuses. En effet, dans la plupart d’entre elles, on observe des sections hexagonales et rectangulaires d’un minéral incolore que des recherches précises nous permettent de rapporter à l'apatite, et des bâtonnets et grains de zircon, entouré d’un halo brunâtre légère- ment dichroïque qui se fond insensiblement avec la teinte verdâtre clair du minéral englobant. Bien plus, toujours sur les bords, ou au milieu de ces plages, on rencontre des grains nombreux de titanite ferrifère brunâtre, à contours tout à fait irréguliers. De forts grossissements nous ont montré sur le pourtour de certains grains de titanite ferrifère, des houppettes de microlithes de rutile, dont on trouve quelques-uns épars, avec leur macle caractéristique en genou, dans la pâte de la roche aux environs immédiats des plages chloriieuses. Il suffit de se rapporter aux considérations que nous avons exposées au sujet de l’origine des sections chloriteuses de la porphyroide de Grand Manil (1) pour conclure immédiatement que, pour la majorité, les sections chloriteuses de la porphyroiïde de Fauquez proviennent très probablement de l’altération en place d’un mica-biotite titanifère. On est d'autant plus porté à soutenir cette affirmation que l’apatite et le zircon se rencontrent très fréquemment comme inclusions dans la biotite, et que les inclusions de zircon présentent toujours le phéno- mène d’auréole qui s’est conservé intact dans le processus d’épigénie. Cependant, de la Vallée Poussin et Renard, dans Les tufs kératophy- riques de la Méhaïigne (2), disaient à propos des plages chloriteuses : « Ces lamelles renferment de très petits cristaux de zireon authigènes : ils se distinguent à leur teinte de polarisation, à leur réfringence el à leur forme prismatiques, et sont ordinairement entourés par un halo plus ou moins foncé de houppes noirâtres très dichroiïques. » Cette description correspond identiquement aux cristaux de zircon de la chlorite de Fauquez ; on pourrait en induire que ce zircon est authigène ; je ne pense pas qu'il en soit ainsi, et je crois plutôt qu’il était inclus dans le mica avant épigénie de celui-ci en chlorite. Ce n’est d’ailleurs pas la présence du zircon seule qui nous à fait conclure à la présence d’un mica noir, mais celle de petits cristaux d’apatite. Je crois également qu’il faut rapporter à ce minéral les cristaux dont la Vallée (1) La tuffoide kératophyrique de Grand-Manil. (BuLL. DE LA SOC. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D'HYDROL., t. XIX, 1905, pp. 499-595.) @) Les tufs kératophyriques de la Méhaigne. (MÉM. COUR. ET AUTRES MÉM. publiés par l’Académie royale de Belgique, t. LIV, 1896, p. 23.) 04 PROCÈS-VERBAUX. Poussin et Renard disent (1) : « La chlorite renferme en outre de petits cristaux prismatiques incolores, à extinction droite, à couleur de pola- risation très faible, dans les tons bleu grisâtre. La nature de ces petits cristaux n’a pu être déterminée avec certitude. » D’autres plages de chlorite de la porphyroïide de Fauquez, particu- lièrement celles de petites dimensions et celles qu’on observe avec des contours arrondis au sein de grands cristaux feldspathiques, ne me semblent explicables, pour le moment, que par des infiltrations d’une solution chloriteuse. C’est un point que je me propose d’élucider. Mais il faut retenir de cette communication que nous connaissons avec beaucoup de probabilité un nouvel élément constitutif de la por- phyroide de Fauquez, laquelle comprend maintenant du quartz, du feldspath, et un mica-biotite. G. SIMoENs. — La structure géologique de la région de Theux et ses rapports avec la tectonique de l’Ardenne. M. Simoens expose longuement les relations qui existent entre la structure de l’Ardenne et celle de la région de Theux. Il aborde successivement l'étude de la crête du Condroz, de la faille du Midi et de la faille eifelienne. Il montre comment ces deux failles sont indépendantes de la crête du Condroz (sensu stricto) et indique en quoi les bassins houillers de Charleroi et de Liége diffèrent. Il montre également les relations qui existent entre le géosynclinal houiller, la crête de Sambre-et-Meuse et les failles eifelienne et du Midi. Il expose, de même, que les bassins de Dinant et de la Vesdre, et aussi les massifs plus anciens de Stavelot, de Rocroi et de Serpont, sont fonction de la structure du bassin houiller. Abordant alors, d’une manière plus spéciale, la région orientale, il s'efforce de prouver l'indépendance absolue des deux bassins de Herve et de Liége et d'établir que le bassin de Namur ou de Liége ne peut ni passer sous celui de Herve, ni être confondu avec ce dernier. Il arrive à cette conclusion que, dès lors, le bassin de Namur ou de Liége ne peut prolonger ses charbons sous le massif de la Vesdre pour se réunir à celui de Theux. re (1) Les tufs kératophyriques de la Méhaïigne, p. 29. SÉANCE DU 19 FEVRIER 1907. 55 Dans l’étude détaillée de cette dernière région, il rejette l'hypothèse invoquée des fenêtres qui tendait à établir que les roches sédimentaires qui ont été localisées au centre de celles-e1 ne sont pas en relation directe avec les roches qui les entourent. Il croit que les fenêtres qui ont été décrites dans les environs de Theux ne sont que des synclinaux étirés. Le travail de M. Simoens paraitra aux Mémoires. La séance est levée à 11 h. 5. SÉANCE MENSUELLE DU MERCREDI 20 MARS 1997. Présidence de M. H. de Dorilodot, président. La séance est ouverte à 4 h. 5 (36 membres sont présents). M. le Président tient à remercier, en prenant pour la première fois possession du fauteuil présidentiel, ses confrères de l’honneur qu'ils lui ont fait en l’élevant à ce poste. S'il ne peut espérer l’occuper avec l’assi- duité qu'avait montrée son prédécesseur, il espère tout au moins qu'entre ses mains la Société ne descendra pas du rang auquel avaient réussi à la placer M. Kemna et le Secrétaire général van den Broeck. Correspondance : 1. La Société géologique de Londres annonce la célébration de son centenaire les 26, 27 et 28 septembre prochain. Elle espère qu’un grand nombre d'hommes de science viendront prendre part à cette fête. Avant la réunion à Londres, des excursions seront organisées en divers endroits d’intérêt géologique de la Grande-Bretagne; après la session, les Universités d'Oxford et de Cambridge offriront leur hospi- talité aux visiteurs. La Société géologique demande que notre Société veuille bien désigner un délégué pour assister à la célébration. Pour répondre à ce vœu, l’Assemblée désigne comme délégué officiel son ancien président, M. Dollo. 2. M. le professeur Thorodden remercie de sa nomination de membre honoraire et envoie une magnifique collection de ses œuvres. 5. M. Ernest Solvay remercie de son élévation au rang de membre protecteur de la Société. 4. La Compagnie Intercommunale des Eaux envoie, pour informa- tion, la statistique de la mortalité par fièvre typhoïde dans l’agglomé- ration bruxelloise de 1893 à 1906. L'Assemblée en décide l’impression en annexe au Procès-verbal. SÉANCE DU 90 MARS 1907. 91 5. Le Secrétaire général de la Société géologique de Belgique annonce que le Conseil de celle-ci est heureux d’accepter l’invitation faite par notre Société d’excursionner en commun, le 50 juin, sous la direction de M. de Dorlodot. 6. M. Hankar transmet le numéro de janvier de la Praktische Geologie, dans lequel le professeur Rzehak, de Brünne, rend compte des travaux de notre confrère sur les explosions spontanées dans les mines et car- rières. 7. La librairie Armand Colin adresse gracieusement limportant ouvrage La Flandre. Étude géographique de la plaine flamande, de notre ancien confrère Raoul Blanchard, à charge de compte rendu. M. Rutot veut bien se charger de ce soin. 8. Prospectus de la librairie d'occasion Junk, de Berlin. Dons et envois reçus : 4° Extraits des publications de la Société : 9154. Cambier, René. Découverte dans le terrain houiller supérieur de Char- leroi d’un nouvel horizon fossilifère marin (le plus élevé). Procès- verbaux de 1906, 3 pages (2 exemplaires). 0190. Van de Wiele, C. La Méditerranée des Antilles et le bassin Préandin con- sidérés comme régions d’affaissement. Mémoires de 1905, 79 pages et 1 planche (2? exemplaires). 2° De la part des auteurs : 5156. … The Record of the Celebration of the two hundred Anniversary of the birth of Benjamin Franklin, under the Auspices of the Ameri- can Philosophical Society held at Philadelphia for promoting useful Knowledge, April the seventeenth to April the twentieth, A. D. nineteen hundred and six. Philadelphia, 1906. Volume in-4° de 321 pages, 2 portraits et 1 planche. 9197. Arctowski, H. Variations de la vitesse du vent dues aux marées atmo- sphériques. Bruxelles, 1907. Extrait in-8° de 16 pages et à figures. 5158. Brock, R. W. Preleminary Report of the Rossland, B. C. Mining District. Ottawa, 1906. Extrait in-8° de 40 pages (2 exemplaires). 9159. Brügger, W. C. Strandliniens Beliggenhed under Stenalderen. I. Det Sydôstlige Norge. Christiania, 1905. Extrait in-8° de 339 pages, 2 planches et 9 figures. 90 9160. 5161. 9162. 9163. 9164. 9165. 9166. 9167. 9168. 5169. 9170. 3171. d172. 5173. PROCÈS-VERBAUX. Brügger, W. C. Eine Sammlung der wichtigsten Typen der Eruptivge- steine des Krislianiagebietes nach ihren geologischen Verwandt- schaftsbeziehungen geordnet. Christiania, 1906. Extrait in-8° de 32 pages. Brôügger, W. C. Die Mineralien der Südnorwegischen Granit-Pegmatit- gänge. I. Niobate, Tantalaie, Titanate und Titanoniobate. Christia- nia, 1906. Extrait grand in-8° de 162 pages et 8 planches. Brügger, W. C. Hellandit von Lindvikskollen bei Kragerd, Norwegen. Leipzig, 1906. Extrait in-8 de 23 pages, 1 planche et 1 figure. Fèvre, L. Sociétés lorraines de charbonnages réunies. Rapport du Con- seil d'administration à l'assemblée extraordinaire des actionnaires, du 48 février 1907. Nancy, 1907. Brochure de 41 pages. (Don de M. Cavalier.) | Ador, E., Galissard de Marignac, J. C. Ses œuvres complètes. Hors-série des Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève. Paris, 1907. 2 volumes grand in-8°. Tome I, 1840-1860 (701 pages, 13 planches et 1 portrait) Tome If, 1860-1887 (839 pages et 7 planches). Low, À. P. Report of the Chibougamau Mining Region in the Northern part of the province of Quebec. Ottawa, 1906. Extrait in-8° de 64 pages et 1 carte (2 exemplaires). Ricciardi, L. 1] Vulcanismo nelle Mitologia e nella Scienza. Naples, 1907. Extrait in-8° de 25 pages. Rutot, A. Les aspects nouveaux de la Préhistoire en 1906. Bruxelles, 1906. Extrait in-8° de 48 pages. Schulz-Briessen, B. Das Steinkohlenbecken in der Belgischen Campine und Holländisch-Limburg. Kattowitz, 1907. Extrait in-8° de 15 pages et À carte. Tardieu, E. Création d’une École de travaux publics à Bruxelles. Bruxelles, 1907. Extrait in-8° de 18 pages. Thoroddsen, Th. Oversigt over de Islandske Vulkaners Historie. Copen- hague, 1882. Volume in-8° de 170 pages et 2 cartes (avec un résumé en français). Thoroddsen, Th. Fràsaga um ferüir og rannsdknir sumario 1884. Reykjavik, 1885. Extrait in-8° de 91 pages. Thoroddsen, Th. Ueber seine Forschungsreise in Island im Jahr 1895. Reykjavik, 1894. Extrait in-8° de 7 pages. Thoroddsen, Th. Ueber seine Forschungsreise in Island im Jahr 1894. Reykjavik, 1895. Extrait in-8° de 6 pages. 9174. 3177. 9178. 9179. 9180. 9181. 5182. 9183. 9184. 5185. 9186. 9187. 9188. SÉANCE DU 20 MARS 1907. 09 Thoroddsen, Th. Landfraedissaga Islands. Hugmyndir manna um Islann, nàâtiüruskodun thess og rannsdknir, fyrr og sidar. Reyk- javik, [, 1892-1896, 259 pages (2 fase.) ; II, 1896-1898, 568 pages (3 fasc.); III, 1900-1902, 334 pages (3 fasc.); IV, 1903-1904, 410 pages (2 fasc.). . Thoroddsen, Th. Ferô um Nordur-Pingeyjarsyslu sumariô 1895. Reykjavik, 1905? Brochure in-8° de 55 pages. ). Thoroddsen, Th. Nogle lagttagelser over Surtarbrandens geologiske Forhold à det nordvestlige Island. Stockholm, 1896. Extrait in-8° de 41 pages et 1 planche. Thoroddsen, Th. Fra det nordlige Island. Rejseberetning fra Sommeren 1896. Copenhague, 1896. Extrait in-4° de 21 pages et 1 carte. Thoroddsen, Th. Anmälanden och kritiker. Svar paa Hr. Kand. Helgi Pieturssons Artikel i Geol. Eôren. Fürhandl. 2: : 557-369. Stockholm, 1898. Extrait in-8° de 4 pages. Thoroddsen, Th. Hojlandet ved Langjükull paa Island. Rejseberetning fra Sommeren 1898. Copenhague, 1898. Extrait in-4 de 12 pages. Thoroddsen, Th. Untersuchungen in Island in den Jahren 1895 bis 1898. Berlin, 1898. Extrait in-8° de 19 pages. Thoroddsen, Th. Ferdir a Nordurlandi 1896 og 1897. Reykjavik, 1898. Extrait in-8° de 77 pages. Thoroddsen, Th. Anmälanden och kritiker. : Helgi Pjetursson. The glacial palagoniteformation of Iceland. Stockholm, :1900. Extrait in-8° de 7 pages. Thoroddsen, Th. Haed fjallvega, baëeja og jôkla a Islandi. HENLIENE 1893. Extrait in-8° de 9 pages. Thoroddsen, Th. Naturen. 1905? Extrait in-8° de 15 pages et 8 figures. Thoroddsen, Th. En Udflugt til Vulkanen Skjaldbreid paa Island. Stockholm, 1903-1904. Extrait in-4° de 6 pages. Thoroddsen, Th. Hypotesen om en postglacial Lanbro over Island 0g Faerderne set fra et geologisk Synspunkt. 1904. Extrait in-8° de 8 pages. Thoroddsen, Th. Thaeitir ür jardfraedi Islands. Reykjavik, 1904? Extrait in-8° de 62 pages. Thoroddsen, Th. Lavaorkener og Vulkaner paa Islands Hojtand, 1-IT. Copenhague, 1906. Extrait in-4° de 21 pages. 60 PROCÈS-VERBAUX. 5189. Thoroddsen, Th. Lavaorkener og Vulkaner paa Islands Hojland, LA. Copenhague, 1906. Extrait in-4° de 15 pages. 5190. Thoroddsen, Th. Lavaorkener og Vulkaner paa Islands Hojland, 1V. Copenhague, 1906. Extrait in-4° de 13 pages. 9191. Thoroddsen, Th. Endnu nogle Ord om Landbro-Hypotesen. 1906, Extrait in-8° de 9 pages. 5192. Twelvetrees, W. H. The progress of the Mineral Industry of Tasmania for the quarter ending 50th September 1906. Hobart, 1906. Bro- chure in-12 de 15 pages (2 exemplaires). 9193. Twelvetrees, W. H. Report on Cox's Bight Tin-Field. Hobart, 1906. Brochure in-12 de 18 pages (2 exemplaires). 5194. Ministère de l'Agriculture. Statistique de la Belgique. Recensement agricole de 1905. Bruxelles, 1906. Volume grand in-8 de 261 pages. | | Élection de nouveaux membres : Le Conseil d'Administration des Hospices et Secours de la ville de Bru- elles demande à être inscrit comme membre à perpétuité de la Société; il a effectué préalablement le versement de la somme nécessaire, et demande que la Société accepte comme délégué son ingénieur, M. Georges Vellut, capitaine du génie de réserve, 78, rue d’Oultre- mont, à Etterbeek. | Sont élus par le vote unanime de l’Assemblée : En qualité de membres effectifs : MM. le baron Maurice DE MAERE D’AERTRYCKE, château d’Aertrycke par Wynendaele, présenté par MM. le baron O. van Ertborn et G. Cumont; GuiLLauME, Vicror, capitaine adjoint d'état-major au régiment des Carabiniers, 168, avenue de Tervueren, présenté par MM. H. de Dorlodot et le baron L. Greindl; Wiener, ERNEST, lieutenant du génie, 88, boulevard Léopold, à Anvers, présenté par MM. Cuvelier et Rabozée. SÉANCE DU 20 MARS 1907. 61 Nomination d’une commission chargée d’étudier les chances de succès d’un puits artésien à l’emplacement du nouvel hôpital des Hospices de Bruxelles à Jette-Saint- Pierre. Le Secrétariat, saisi de cette question par le Conseil d’Administra- tion des Hospices et Secours, à reçu, le 12 courant, les demandes complémentaires suivantes précisant le problème : « Le puits artésien que nous désirerions voir établir devrait être un puits artésien donnant 5,000 hectolitres par jour, quantité d’eau indispensable pour nos services. » Pour le cas où il ne serait pas possible d’espérer obtenir pareille quantité de bonne eau potable, ne pourrait-on, pour ce qui manqueraït, trouver une eau passable, à faible profondeur, pour les usages de la buanderie, l’arrosage du pare, etc. ? » Enfin, serait-il possible de connaître approximativement la nature, les défauts et les qualités des différentes nappes d’eau que l’on rencon- trerait? » Pour asseoir la discussion des divers points soumis à l’examen de l’Assemblée, le Secrétaire général a cru utile de consulter le baron van Ertborn, à l’obligeance duquel on n’a Jamais recours en vain. Voici ses conclusions : 1° CHANCES DE SUCCÈS. — La coupe probable du terrain est aisée à déduire du sondage De Waele à Laeken-Heyzel (1); celui-ci donnait : Cote du terrain : 32250 QUAICTRAITEL OT Ne M TN RU ne OA AMOT Paniselien (couche à N. planulata) : . . . . . Am90 Nbresien. perl. Ne UNS 7 062065 Landenien inférieur . . . . . . . . . A0m65 Crétacique tes 4m. if US, € à oerene tu 22040 Cambriens RAT NN EU LS SONG Le terrain primaire avait donc été rencontré à la cote (— 114). Le point le plus bas de l’emplacement projeté pour l’hôpital à la cote 40 environ, se trouve à 700 mètres à l'Ouest et à 800 mètres au Sud de ce dernier point, ce qui fournit pour cotes probables des toits du Crétacique et du Primaire les chiffres respectifs de (— 84) et (— 104). (4) BULL. DE LA Soc. BELGE DE GÉOL., t. XVIII, 1904, Pr.-Verb., p. 275. 62 5 PROCÉS-VERBAUX. Le sondage de la propriété De Waele fut abandonné à la profon- deur de 203 mètres, n'ayant pas rencontré la fissure propice dans les roches primaires; quant au sondage voisin du Gros-Tilleul, dont la coupe a été décrite par M. Halet (1), il fut abandonné à la cote (— 128) par suite de bris d’outil dans le trou de sonde. Le baron van Ertborn fait remarquer que, sur 53 sondages qu'il à personnellement conduits dans l’agglomération bruxelloise, celui de Laeken-Heyzel est son premier insuccès, d’où il déduit la chance de succès comme étant de 52 : 1, attendu que l’on ne connaît rien des lois de distribution des fissures du Primaire dans le sous-sol de Bru- xelles. D'autre part, pour garantir des chances de succès, il recommande : 1° De faire conduire le sondage bien verticalement, ce qui est d’une importance capitale ; 2° De prendre des précautions spéciales, à la traversée du sable Lid (épaisseur 10 mètres) ; 3° D’arriver au fond avec un diamètre d’au moins 30 centimètres. La profondeur probable du sondage serait d'environ 200 mètres, dont 56 mètres en roches primaires. DéBir. — Le baron van Ertborn engage l'Administration des Hos- pices à se renseigner, de sa part, à la brasserie de Koekelberg ou à l'usine de MM. De Waele au pied du boulevard Léopold IT; il croit se souvenir que le débit est d’au moins 500 litres par minute, ce qui donnerait 7 200 hectolitres par vingt-quatre heures. La brasserie Wielemans-Ceuppens pompe 800 litres par minute; l’abattoir d'Anderlecht, 4 000 litres ; les glacières établies à Ma Cam- pagne, donc à la cote 80, ont encore un débit de 568 litres par minute, ce qui fait 5 300 litres par Jour. Il est donc probable qu’en cas de réussite le débit sera largement suffisant. NAPPES SUPERFICIELLES. — Îl ne faut pas y compter, les puits domes- tiques de la région sont faiblement alimentés. QuaziTé pes Eaux. — Le meilleur renseignement consisterait à faire analyser l’eau pompée par la brasserie de Koekelberg. ÉconomtE pu PROJET. — Le baron van Ertborn évalue comme suit la dépense par abonnement : 500 mètres cubes à fr. 0.45 pendant 565 jours — 49,275 francs. 4) Bull. de la Soc. belge de Géol., t. XVIII, 1904, Mém., p. 256. SÉANCE DU 20 MARS 1907. 63 Le puits artésien, dût-il coûter cette somme, peut donc être amorti en très peu de temps. Si l’on veut diminuer le risque de perte en cas d’insuccès, 1l suffit de s'assurer à une société qui prenne l’aléa à sa charge. Les conclusions du baron van Ertborn sont donc formelles. Il conseille vivement l'essai d’un puits artésien et croit qu’il a les plus grandes chances de succès s’il est conduit par un sondeur habile. Le Bureau a l’honneur de proposer à la Société la nomination d’une commission dont feraient partie MM. le baron van Ertborn, Rutot, van den Broeck et Vellut, ingénieur des Hospices, pour examiner les divers points soulevés dans ses propositions, commission qui serait chargée de rédiger le rapport technique à envoyer au Conseil des Hospices. L'Association nomme celte commission à l’unanimité des membres présents. Communications des membres : L. Dozco. — L'origine paléontologique des Chimères. L'auteur développe et met à la portée des auditeurs sa communica- tion relative aux Ptyctodontes, dont l'insertion aux Mémoires est ordonnée. F. HAzeT. — Le sondage de Meylegem. Le sondage de Meylegem, qui a été fait en vue de la recherche de la houille en Flandre, a déjà été l’objet de deux intéressantes communica- tions faites au sein de notre Société par nos confrères le docteur Simoens et le baron van Ertborn. Dans la communication du baron van Ertborn intitulée: Les recherches houillères en Flandre, qui fut lue à notre séance du mois de janvier, l’auteur nous a fait savoir qu’il avait reçu une lettre de M. J. Cornet, concernant le sondage de Meylegem, lui disant que l’on n'aurait recoupé le terrain primaire qu’à la profondeur de 205 mètres. Dans la discussion qui suivit cette communication, nous avons fait remarquer qu'ayant eu l’occasion au Service géologique de voir une série d’échan- tillons provenant de ce sondage, nous avons pu nous convaincre, après un examen très attentif de ces derniers, que le Primaire avait déjà été atteint à la profondeur de 127 mètres. Aussi avons-nous été assez étonnés, en ouvrant la publication du mois 64 PROCÉS-VERBAUX. de février de la Société géologique de Belgique, de voir que notre con- frère M. Cornet avait présenté une note intitulée : Le sondage de Mey- legem, près Audenarde, dans laquelle il donne la coupe de ce sondage en maintenant la profondeur de 205 mètres comme niveau du toit du Primaire, tout en faisant suivre la coupe d’une série de considérations par lesquelles 1l démontre que ce chiffre de 205 mètres comme toit du Primaire n’est pas admissible. Le directeur du Service géologique ayant obtenu l’autorisation des sondeurs de faire suivre les travaux du forage sur place par un des agents du Service, nous avons pu recueillir une série assez complète d'échantillons au moyen de laquelle nous avons dressé une coupe des terrains rencontrés dans ce sondage de Meylegem. Comme cette coupe diffère en beaucoup de points de celle publiée par M. Cornet, nous avons cru bien faire en rapprochant les deux coupes. Cette différence d'interprétation des terrains rencontrés dans le sondage, provient de ce que le forage à été effectué par le système à injection d’eau, qui, au point de vue de la détermination géologique des terrains, donne toujours des résultats désastreux. Coupe dressée d’après les échantillons remis au Service géologique. Cote de l’orifice, approximativement + 90. Nos des échantillons. Épaisseur. Base à ALLUVIONS ; Limon sableux gris jaunâtre avec AD DR PEN ee an Pets ne LION SE sie 3.19 3.10 Lo RRPPA ERA œ 2= Limon gris jaunaire LV RS NON PE 8 50 are 3 Sable quartzeux gris suce avec (Q?m), 6%60. | débris de coquilles . . . 6.60 15.10 | 4 Argile grise un peu sableuse. . . . 2.05 17.15 5 Argilite grise avec nombreux débris de coquilles et AReME que pi nulata. . ‘ 2.95 90:10 6 Sable argileux très fin gris avec une ; Nummulite planulata . . . . . 4.90 25.00 YPRESIEN, 7 à 10 Sable fin grisätre légèrement argileux 90m40. avec Nummulites dan (3 échan- | HlONS) 1 M2 > . 25.00 50.00 11 à 18 Argile RRFoque FAIRE ie échan- üllons) . . 49.00 89.00 19 Grès calcarifère.#. |. 0 Là 2000 0 MC 90 à 93 Aréile grise plastique . "0." 450008210509 SÉANCE DU 20 MARS 1907. 65 24 à 25 ue Sen Le ete CAREORE ére 4.50 110.00 LANDENIEN 96 Idem avec une ALES Hour 9408). (non en place) . 5.00 115.00 27 Sablegris, gluconifère micacé, un neo argileux . . 12.00 127.00 28 Sable ressemblant au one mais contenant quelques ten de phyl- lades primaires broyés . . 3.00 130.00 CAMBRIEN, 29 à 43 Idem avec les mêmes REMIE débris ténus Rv. de phyllade . . . ni :r1.11e65:00.-"495.00 114 mètres 44 Sable gris, demi-fin, glauconifère . . 8.00 202.00 45 à 46 Schiste phylladeux noir renfermant des petits cubes de RSI et des veines de | quartz blanc . + + 39.00 241.00 Coupe dressée dans le « Bulletin de la Société géologique de Liége » PAR M. CORNET, d'après les renseignements qui lui ont été communiqués (1). Cote de l’orifice + 10. Épaisseur. Base à DRentNe ll Terre végétale. 2 1. à. à à." 78. 9.7 ET PLIOCÈNE, Race 8m30). ATOIMAUNEN TS PU ne ein 0e 4.75 8.50 Int. M or jDenan avec ROHDIEUE Hier FLO der Argile plastique, gris-bleu . . . . _— 2.45 17.35 Banc d’argilite dure avec débris de fossiles et YPRESIEN, Nummulites. . . DRE — 2.75 20.00 97 m. ae DAT gris- -bleu, avec bancs a nf ne Aroileplasique grise MATE M 07. 0118-50) /:88:00 Banc de grès calcareux (2) . . . . . . . 4.00 89.00 Argile plastique grise. . . . . . . . . 146.50 105.50 Sable argileux vert, très glauconifère . . . . 20.10 195.60 LANDENIEN, | Psammites gris verdätre, très compacts et durs. 21.40 147.00 99m50. Grès sableux, très dur, gris verdâtre, très glauconifère (3) SR ue ON 0.0 ./059.00.205: 00 Argile bleue en minces bandes Jeposseus indéter- minée mais faible (4) . . ALI TRE » p | CAMBRIEN. Phyladestsiluriens Mer NM MAT Ur » 207 .00 Phyllades siluriens, de dureté variable . . . 922.00 229.00 (a Copie du Bulletin de sondage. (2) Probablement des septaria. (3) Je possède un échantillon donné comme provenant de la profondeur de 175 mètres. Il se présente comme un sable glauconifère ramené par le courant d’eau injectée. (4) Probablement l'argile d’altération du phyllade primaire. 4907. PROC.-VERB. © 66 PROCES-VERBAUX. DESCRIPTION DES TERRAINS RENCONTRÉS. Avant d'examiner l'allure du terrain que nous pouvons déduire de notre coupe, nous devons faire remarquer que nous ne sommes pas d'accord avec M. Cornet quant à l'emplacement de ce sondage et quant à sa cote d'altitude. Le point de sondage, que nous avons repéré à deux reprises diffé- rentes, se trouve à 5“"400 à l'Est-Sud-Est de la gare de Syngem, sur le flanc occidental et à mi-côte du Grootenberg, colline sur laquelle est bâti le village de Meylegem; en ce point, la carte de l’État-major à l’échelle du 20 000° renseigne la cote de 20 mètres (1). Dans son travail, M. Cornet place le sondage à une cote d’altitude voisine de 10 mètres à proximité d’un ancien méandre de l’Escaut, coupé par la canalisation. Cette altitude a une importance considérable quand on veut déter- miner, d’après la profondeur du sondage, l'allure des couches en profondeur. - A l’examen de ces coupes, on remarque que pour ce qui concerne le Quaternaire, les deux coupes ne concordent pas quant aux interpré- tations. | Dans nos échantillons, nous avons reconnu d’abord 3"75 de ale, limon des pentes, ce qui s'explique assez bien d’après la configuration du sol à l'emplacement du sondage; sous ces 3"75 de limon des pentes, nous avons reconnu 4"75 de limon hesbayen, suivis de 8"65 de Cam- pinien, formation qui à été reconnue dans toutes les grandes vallées de la Flandre. Sous ces terrains, nous avons reconnu 9040 d’Ypresien. M. Cornet en indique 97 mètres, ce qui provient de ce que nous avons quelques mètres de plus de Quaternaire dans notre coupe. En effet, nos deux bases d’Ypresien concordent à 105"50 de profon- deur. Sous l’Ypresien, nous avons reconnu 2150 de Landenien, ét c’est ici que nous différons totalement de la coupe de M. Cornet, qui ren- seigne 99250 du même terrain. (1) Aujourd’hui, 1l ne reste plus de trace de l'emplacement du sondage, les champs | ayant été labourés et cultivés. | SÉANCE DU 90 MARS 1907. 67 À partir de la profondeur de 103 mètres jusque 205 mètres, Lous Les échantillons qui nous ont été remis se ressemblent et sont composés d'un sable grisâtre, demi-fin, glauconifère, paraissant être du Lan- denien. Ce n’est qu’à partir de la profondeur de 127 mètres, en examinant très attentivement ces échantillons à la loupe, que l’on remarque de nombreuses particules de phyllades noirs mêlées au sable. À première vue, ces petits débris de phyllades pourraient être confondus avec de la glauconie. Évidemment, ces débris ne peuvent provenir que du terrain primaire et nous avons donc fait commencer, dans notre coupe, le Primaire à la profondeur de 127 mètres, soit à la cote — 107, et avons attribué au Landenien les couches comprises entre la profondeur de 105"50 et 127 mètres, soit 2150. De-127 mètres à 203 mètres, les échantillons sont composés de sable gris, glauconifère, renfermant de nombreuses particules de phyllades noirs; ce n’est que vers la profondeur de 200 mètres que, le sondage ayant été continué au moyen de la couronne de diamant, une carotte de terrain primaire a été remontée. L’ingénieur dirigeant les travaux nous à remis une carotte provenant de la profondeur de 203 mètres, composée d’un schiste phylladeux noir contenant de petits cubes de pyrite que nous avons rapportés au Revinien. Pendant le fonçage du puits, les sondeurs se sont bien aperçus que le trépan traversait un terrain plus dur, mais à l’aspect sableux des échantillons qu’ils remontaient, ils attribuèrent la résistance à des psammites dans le Landenien. Parmi les échantillons qui nous ont été remis, provenant de la pro- fondeur de 127 à 203 mètres, quelques-uns étaient composés de sable landenien pur, sans débris de phyllades, et à leur seule inspection, sans autres échantillons, on aurait naturellement attribué une épaisseur exagérée à l’assise landenienne. Évidemment, ce sable landenien était entraîné des niveaux supé- rieurs, de même que les Nummulites planulata que nous avons rencon- trées en plein milieu des sables landeniens. Le sondage a été arrêté à la profondeur de 241 mètres dans les mêmes schistes phylladeux qu’à 205 mètres et que nous avons rapportés à l’étage revinien. Observations. — Notre confrère M. Cornet fait suivre sa coupe de quelques considérations quant à l'allure du terrain en profondeur entre Audenarde et Gand. Il ajoute que les résultats auxquels 11 arrive au 68 PROCÉS-VERBAUX. moyen de sa coupe sont beaucoup trop aberrants pour être vraisem- blables ; il conclut en disant qu’il est préférable de supposer, sinon d'affirmer, que le Cambrien a été atteint à la profondeur prévue, soit vers la cote —115. Comme nous l’avons déjà fait remarquer, notre confrère à été induit en erreur quant à l'emplacement du sondage et de la cote d’altitude, qui est de 20 mètres au-dessus du niveau de la mer au lieu de 10. D'autre part, après examen des échantillons de notre coupe, nous ne pouvons plus avoir de doute quant à la présence du Primaire à Meylegem à la cote —107. En tablant sur ces données nouvelles, nous avons établi quelle serait l’allure des couches en profondeur entre Audenarde et Meylegem. La base de l’Ypresien au puits J. Gevart, foré par le baron van Ertborn à Audenarde, est à la cote — 49.053, elle est à Meylegem à la cote —85.50; l’Ypresien présente donc entre Meylegem et Audenarde une pente kilométrique de 6*65 vers le Nord. Quant au Landenien, sa base à Audenarde est à la cote —75.80 et à Meylegem nous l’avons rencontrée à —107, ce qui fait une pente kilométrique de 5"69 vers le Nord. Le Crétacé ferait défaut à Meylegem comme à Audenarde; le toit du Primaire se trouve à la cote —107 et la pente kilométrique de sa surface entre les deux localités est de 5"69. M. Mazaise fait remarquer qu’à la séance de février de la Société géologique un des membres a signalé que M. Cornet avait été mal renseigné. A. Hanxar-UrBAN. — Le tunnel de Braine-le-Comte et les sables boulants. M. Hankar-Urban, complétant les observations qu'il a présentées dans la séance du 22 janvier 1907, développe quelques-uns des incon- vénients que lui paraît présenter le projet de suppression du tunnel de Braine-le-Comte, donné à cette même séance par M. van Ertborn (1). IL expose le système de galerie, sondages filtrants et drains qu'il a (4) 0. van ERTBORN, La suppression du tunnel de Braine-le-Comte et les sables boulants. (BuLL. Soc. BELGE DE GÉOL., t. XX, 1906, Pr.- Verb., p. 241, et t. XXI, 1907, Proc.-Verb., p. 6.) SÉANCE DU 20 MARS 1907. 69 réalisé aux carrières de Quenast pour lutter contre les éboulements qui se produisaient dans des couches analogues à celles du tunnel. Il en montre l'application possible en ce dernier point et fait voir comment on pourrait tirer parti de l’asséchement des sables boulants obtenu de cette façon pour doubler le tunnel avec ou sans réduction de sa longueur ou pour le remplacer par une tranchée. L’impression du travail de l’auteur aux Mémoires est ordonnée. M. Hankar tient à signaler une fâcheuse faute d'impression qui s’est glissée dans l’épreuve de distribution préalable, envoyée à un certain nombre de ses collègues. Le paragraphe III débute par la phrase : « On a souvent, et fort justement à mon avis, attaqué les auteurs du projet de chemin de fer de Bruxelles à Mons. » C’est « injustement » qu’il faut lire; l’impression de l’auteur est qu’il était impossible d'éviter le tunnel. | M. Ruror est d’accord avec M. Hankar sur l’opportunité de son projet. Pour des causes diverses, il a souvent dû examiner ces terrains et 1l lui semble que le travail nécessaire pour assécher le dessus du tunnel est tout à fait analogue à celui exécuté à Quenast. J1 à souvent eu l’occasion de voir la base de l’étage ypresien reposant sur le terrain primaire; c'était toujours de la belle argile plastique. Il n’y à donc pas, d’après lui, de surprise à craindre par l'amenée d’une couche sableuse sous l’argile. M. Hankar a trouvé à la cote 70, à Quenast, le gravier de base et une faible couche de sable d'immersion de l’étage ypresien. Il se peut donc que la couche d’argile n’ait point une épaisseur telle que des éboule- ments ne puissent se produire sous les tranchées du chemin de fer. Il estime qu’il est indispensable de vérifier minutieusement, par sondages, qu’il n’y à aucune couche de sable aquifère gisant sous l’argile ypre- sienne. J. LAMBERT. — Les Échinides de Gosau. Le Secrétaire général annonce à la Société que l’auteur à bien voulu supporter les frais de la planche accompagnant son Mémoire. Il a été d'autant plus heureux de recevoir ce travail que, depuis quelque temps, la Paléontologie stratigraphique était négligée dans le Bulletin de la Société. Ilsignale l'importance considérable du travail de M. Lambert qui fait croire à l’âge maestrichtien des couches de Gosau. L’impression aux Mémoires en est ordonnée. 70 PROCÈS-VERBAUX. M. Rutot a eu l'impression, en étudiant autrefois les fossiles de: Gosau, que cette faune présentait le facies hervien. [1 remontait déjà. ces couches de l'étage turonien au Hervien; les: conclusions de M. Lambert amènent une modification encore plus considérable. Baron O. van ERTBORN. — Revision de l'Échelle du Quater- naïire de la Belgique. En l’absence de l’auteur, indisposé, le Secrétaire général résume le mémoire qu'il a bien voulu envoyer. M. MoprLon tient à protester contre les attaques du baron van Ertborn au sujet de la légende officielle de la: Carte. Cette œuvre date d'il y a dix-sept ans ; depuis lors, la science à marché à pas de géant et la légende a vécu ; beaucoup de rectifications ont été publiées; pour d’autres, l'accord s’est fait mais n’a pas encore été proclamé ; tel est le cas pour les sables de Moll'et les argiles de Ryckevorsel, visitées: en juin 4906, mais dont le compte rendu d’excursion n’a pas encore vu le jour. Le baron van Ertborn ne tient, d’après lui, aucun compte deces rectifications ; 1l demande donc que le travail ne soit accepté qu'après avoir été soumis à des rapporteurs. Une discussion à laquelle prennent part MM. Malaise, Rutot et vam den Broeck s'engage à ce sujet. IF n’est pas d'usage à la: Société de rapporter les travaux présentés en séance ; l’Assemblée. est libre-d’en décider ou refuser l'insertion. Le Comité de publication peut en être saisi, afin d'en faire modifier la forme. Sur l’assurance donnée par le Secrétaire général que le travail ne contient aucune attaque person- neile, l’Assemblée en décide l'impression aux Mémoires. Baron O. van Errsorx. — Tableau comparé de l’Échelle française et générale du groupe tertiaire avec la Légende officielle de Belgique et la Légende libre de l’auteur. : Le Secrétaire général présente également ce second travail, dont l'impression aux Mémoires est ordonnée. SÉANCE DU 20 MARS 1907. él G. Simoexs. — Exemple de failles hbordières du massif du Brabant. « Depuis longtemps j'ai parcouru en détail la région limite du horst du Brabant dans le but d’y découvrir les accidents qui, d’après la conception que je me suis faite de cette région, doivent affecter la zone de passage entre le horst calédonien proprement dit, et la bordure septentrionale de la chaîne hercynienne. - Cette région est caractérisée par la superposition sur les plis calé- doniens arasés des roches dévoniennes et carbonifères, auxquelles j'ai donné le nom de paléozoïque tabulaire, afin de rappeler l’analogie de structure entre nos régions et celles qui limitent la chaîne Jurassienne. Pour le moment, je désire dans cette note préliminaire n’attirer l'attention que sur un point de la région faillée de Thines. Cet endroit est situé au Sud de Ronquières, à la ferme Hongrée, à quelques mètres au Nord de l’écluse n° 57 du canal. En montant le chemin qui part du canal et qui passe derrière la ferme en question, on remarque dans le chemin la présence des schistes siluriens ; mais bientôt cependant, on voit le poudingue dévonien reposer plus ou moins horizontalement sur les tranches redressées du Silurien. En suivant le chemin, on remarque la présence de roches de plus en plus élevées de l’assise du poudingue jusqu'au sommet de la côte. Arrivé au point culminant du chemin, en pénétrant dans le fossé, on remarque un affleurement magnifique de poudingue sur une épaisseur de plus de vingt mètres et dont Je donnerai ultérieurement la coupe. Ce qu’il y a de plus intéressant, c’est qu’en faisant la coupe de ce talus, j'ai cru remarquer que la base du poudingue, sensiblement horizontale et reposant sur les schistes siluriens, remonte à une altitude plus élevée à mesure que l’on se dirige vers l’Ouest. La dénivellation assez brusque qui affecte la base du poudingue permet d’y voir des failles d’affaissement. Proposition du Secrétariat de publier mensuellement les Procès-Verbaux. Le Secrétaire général tient à profiter de l'incident de la séance de ce jour, où M. Mourlon s’est plaint du retard dans les publications, 72 PROCÉS-VERBAUX. pour proposer, à l'exemple d’autres associations scientifiques, de publier mensuellement les procès-verbaux des séances. On pourrait espérer une collaboration plus active de nos confrères de province et de l'étranger, qui seraient à même d'intervenir en temps utile dans les discussions. Dès le mois prochain, ce système pourrait être mis à l'essai ; la réussite en est certaine, si les collaborateurs du Bulletin y contribuent par leur bonne volonté. L'assemblée accepte cette proposition. La séance est levée à 1835. ANNEXE A LA SEANCE DU 20 MARS 1907. TABLEAU DE LA MORTALITÉ due à la fièvre typhoïde dans l'agglomération bruxelloise de 1893 à 1898 et de 1899 à 1906. ANNÉES. SERYIGE UNIQUE de distribution d’eau. Service unique avant le 1°" janvier 1899. Groupe de Bruxelles, Etterbeek, Molenbeek-Saint-Jean. A © mn = <« = =) E= © CA NOMBRE TOTAL de décès 253.193 | 67 206.858 | 45 259.992 | 49 262.806 | 50 269.322 | 54 279.841 | 58 NOMBRE DE DÉCÈS 100,000 habitants. 26.4 17.9 20.0 20.7 par Moyenne 20.0 Groupe d’'Anderlecht, Saint-Gilles, St-Josse-ten-Noode, POPULATION totale 209.228 214.899 291 .236 297.310 233.863 243.834 Schaerbeek. NOMBRE DE DÉCÈS par 100,000 habitants. NOMBRE TOTAL de décès 44 | 21.0 23 | 10.7 34 | 16.0 Moyenne 09 | 428 45.6 48 | 20.5 30 | 12.7 74 ANNEXE A LA Service séparé depuis le 1° janvier 1899. BRUXELLES. INTERCOMMUNALE. UE z $ | Z = 4 10 ANNÉES. © 5.£ | NOMBRE DE DÉCÈS | © . |5,%| NOMBRE DE DÉCÈS = © E © ED = © CNE par 5 à JE par & + |22|400000habitants. | 3 + |£.2| 100,000 habitants. C7 © En © CA A 1899 | 983.465 | 75 | 26.5 249.853 | 46 | 18.4 4900 | 286.513 | 80 | 28.0 255.459 | 49 | 16.4 g 1901 | 288.897 | 62 | 21.4 264.065 | 28 | 10.6 © > 1902 | 266.718 | 46 | 17.2 | Moyenne | 263.922 | 26 | 10.0 | Moyenne [al . 1903 | 273.608 | 43 | 45.7 | 17.0 | 270.942 | 18 | 6.1" 407 æ] £ 19040 0277:8114102004) 007.92 971:802 172460 1905 | 281.866 | 24 | 8.5 285 480 | 30 | 10.5 1906 | 288 492 | 36 | 12 5 299.949:N26 819 Cette statistique est puisée dans le Bulletin hebdomadaire de statis- tique démographique et médicale dressé et publié par le Bureau d'hygiène de la ville de Bruxelles. La distribution de la ville de Bruxelles dessert, indépendamment d’'Uccle, non renseigné au bulletin sanitaire : Bruxelles ti nee RER 198.614 habitants. Molenbeek . . . . QUE Pie PE 64.619 — Etterbeek:. = LR 2 UE 95.189 — 988.499 habitants. La distribution d’eau de l’Intercommunale dessert, outre dix com- munes, d’une population de 74,700 habitants, qui ne sont pas rensei- gnées par le bulletin démographique et sanitaire : | Anderlecht 00 RER ET 56.830 habitants. Juelles 02 0e QUMN CRT PE RE UE 70.649 — Schaerbeek* 7 #9 ER 71.114 — SantiGilles" "10 10,4 NOR 60.086 — : Saint-Josser À 10 US RE 33.563 — 292.949 habitants. SÉANCE DU 20 MARS 1907. 19 Laeken est desservie partie par l’eau de la distribution locale, partie par l’eau de l’Intercommunale. Il est à remarquer : 4° Qu'un certain nombre de décès dans chaque commune se sont produits dans des maisons non reliées à la distribution d’eau; 2 Qu'un certain nombre de décès dans chaque commune sont la _ suite de maladies contractées hors de la commune, notamment à la fin de l’année et en hiver dans les lieux de villégiature. Il faut encore ne pas perdre de vue que tous les cas de fièvre typhoide n’ont pas pour cause l’usage de l’eau, mais proviennent de causes diverses. me » 2 ïñ re PAP à 1 {l x < F LES. # HAE s (] ” î ns “ TR À . 3 y L2 | 1 4 1 dr APTE "ONE OR REA + ! 2 £ V À F k ES FR ERP ECE \ æ , . ? Fa ire v » Élection ‘dé NOUVEAUX Membres: 2. 4.0 fs, TABLE DES MATIÈRES : : contenues dans le fascicule I des Procès-Verbaux de 1907. (Séances de janvier, février et mars.) ; Baron 0. van Eriborn, Les sables boulants et la suppression du tunnel de Braine-le- Comte. (Mémoire publié dans le Bulletin de 1906.) — Discussion. 4, Baron 0. van Ertborn, Les recherches houillères en Flandre. . . . . 3 A. Kemna, Ne du sulfate de cuivre contre les algues dans le filtrage. eds ne juue à ven = G. Simoens, L'origine de certains tremblements de terre dans le bassin franco- belge. (Inséré aux Mémoires.) — Discussion: . . . , . . . G. Simoens, Pourquoi y a-t-il des porphyroïdes et des rhyolithes anciennes dans lé blañdovery de Grand-Manil? se 4. 2, 44. ©, A. Hankar-Urban, Mouvements spontanés dans les mines et carrières, RO RS NE RD Le de re tes due ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DE JANVIER. 3 A. Rzehak, Bergschläge et phénomènes analogues. (Traduction E. Mathieu) . Séance mensuelle du 19 février 1907. Décès de M. Marcel Bertrand (membre honoraire) . . . . . + . . . D Dbrece-nondance=-—"Dons el envois-recus "772... à QU ar. ME ron denouveaux membres 210400 A4 : … _ Baron 0. van Ertborn, Les eaux artésiennes d’Ostende , . . . . . . d 2 Pages Statuts de la Société belge de Géologie (troisième édition) . . . . . . 1m | Composition du SEEN) du Conseil et des Comités pour 1907: 5:21 XXI | Le Liste générale des Membres, arrêtée au 19 février 4907. . . .. . . XXII Séance mensuelle du 22 janvier 1907. Communication AU DULeAD Su deu de, MP LE cer _ Correspondance. — Dons et envois FOCUS Re ee ar té 43 13 15 923 31 37 40 A A. Rutot, Sur l’âge des cavernes de Grimaldi près Menton. (ns Mémoires.) TERME QUE ee Me A. Briquet, Note sur les origines du réseau hydrographique de la B Mémoire publié dans le Bulletin de 1906. = Discussion E. Mathieu, Contribution à l'étude Ds de Ja porphyroïde d ne re Pauquez 7 2 AN TRS EE res ss _G. Simoens, La structure géologique de la région Theux. | (nséré. Mémoires.) .… . D NN Re rm de ue Séance mensuelle du 20 mars 1907. Le Correspondance. — Dons ét envois reçus * . . . . . .. . EEE _ # Fee de nouveaux RES ne ie ee Bruxelles, L. Dollo, L'origine paléontologique des dunisres. (Inséré : aux Mémoires sous + - le titre : « Les Ptyctodontes sont des Arthrodères ».) . Ra dut nu ss PET A Sr Fe + Halet, Le sondage de Meylegem RS ARE Ke LP SR CR on A. Hankar, Le tunnel de Braine-le-Comte et Le sables boulants. (Inséré a aux Mémmres) ss A Abuse Hum die DR CPE Ce J. Lambert, Les Échinides de Gosau. ee. aux nes ds: PR. e ; Baron 0..van Ertborn, Revision de l'Échelle du De dela que. (Inséré aux Mémotres.). . Vestes : de Baron O. van Ertborn, Tableau comparé de l'Échelle so et Fe te -du groupe tertiaire avec la Légende officielle de Belgique et la Légende cp libre de l’auteur. (inséré aux Mémoires.) D DORA SE Art "D. G. Simoens, Exemple de failles bordières du | massif du Brabant. ne # Se “10: Décision de publier mensuellement les Procès-Verbaux des “séances. AR - ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DE MARS. Len Tableau de la morlalté due à la ue typhoïde dans agglomération. je bruxelloise de 1893 à 1898 et de 1899 à 1906 . ne de ie. t DID 7 ns } ELGE DE GÉOLOGIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE en (BRUXELLES) | PRÉSIDENT D'HONNEUR : | S.A.R. Ie Prince ALBERT de Belgique | / Procès-Verbal #10 ER IT. | DE LA SÉANCE DU 16 AVRIL 1907 f> Vingt et unième année Tome XXI — 1907 \ , ° | _ BRUXELLES - HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 119, rue de Louvain, 112 ne Ed RE KE RE 14 b 24 14 A Te SÉANCE MENSUELLE DU 16 AVRIL 1907. Présidence de M. À. Rutot, vice-président. La séance est ouverte à 8 h. 40 (29 membres sont présents). Communications du Bureau. 4. Nous avons l’honneur, au nom de l’Assemblée, de présenter nos félicitations à nos collègues dont les services viennent d’être récom- pensés par Sa Majesté le Roi : Gizson, professeur à l’Université catho- lique, Leconte, directeur du Service astronomique à l'Observatoire royal, notre Vice-Président Rurtor et notre Secrétaire général hono- raire VAN DEN BROECK, promus au grade d’officier de l'Ordre de Léopold; Duyck, chimiste au Département des Finances ; Jacogs, président de la Société belge d’'Astronomie; Lonesr, professeur à l'Université de Liége ; Prinz, professeur à l’Université de Bruxelles; STAINIER, professeur à l’Université de Gand, nommés chevaliers du même Ordre. (Vifs applau- dissements.) 2. Afin de permettre l’impression régulière des cartons de convoca- tion, les membres de la Société sont priés d'annoncer leurs communi- - cations au Secrétariat au plus tard dix jours avant la séance. 3. M. E. van EN Brorcx, Secrétaire général honoraire, dépose le fascicule V du Bulletin de 1906, qui clôt la deuxième série, éditée par ses SOINS. Approbation des procès-verbaux de janvier, février et mars. Ces procès-verbaux sont adoptés avec le changement ci-dessous : M. le Capitaine MarTaiEu présente une rectification au sujet de la communication de M. Simoens intitulée : Pourquoi y a-t-ùl des porphy- roîides et des rhyolites anciennes dans le Llandovery de Grand-Manil? 1907. PROC.-VERB. (ÿ 1 78 PROCÈS-VERBAUX. M. Simoens lui attribue par erreur (p. 17) la découverte en place de la porphyroïde de Grand-Manil. Cet honneur revient à M. Malaise, qui en a fait part en 4902 dans les Annales de la Société de Géologie de Belgique (t. XXIX, 1901-1902, Bulletins, pp. 143-148). Correspondance. 1. La Bibliothèque collective des Associations et Institutions scienti- fiques invite notre Société à une visite en corps des nouvelles installa- tions. Sur la proposition de M. van DEN BroEcxk, l’Assemblée décide qu'il y a lieu d'accepter cette invitation et charge le Bureau de prendre les convenances du Directeur de la Bibliothèque à cet effet. 2. M. X. STamniER a bien voulu se mettre à la disposition de la Société pour diriger une excursion le 12 mai prochain aux environs de Namur. 3. Le Baron M. DE MAERE D’AERTRYCKE remercie de son élection en qualité de membre effectif. 4. M. P. FourmaRIER nous envoie un lot important de tirés à part de ses publications. Dons et envois reçus : 5196. .… Célébration du deuxième décennaire et manifestation Ernest van den Broeck. Procès-verbaux de 1906. 3T pages et 1 portrait. 1° De la part des auteurs : 5197. … Guide-annuaire de Madagascar et dépendances. Année 1906-1907. Tananarive, 1907. Volume in-8& de 487 pages et 1 carte. 9198. Cancalon (D). Le progrès aux temps paléolithiques. Introduction à l'étude de la préhistoire. Paris, 1907. Extrait in-8° de 80 pages. 5199. Fourmarier, P. Sur la présence de psammites exploités dans le Famen- nien inférieur à Angleur. Liége, 1901. Extrait in-8° de 6 pages et 4 figures. 9200. Fourmarier, P. Les alluvions de la Hoigne à J'uslenville (Theux). Liége, 1903. Extrait in-8° de 6 pages et 3 figures. 9201. Fourmarier, P. Expériences sur la formation de certains conglomérats. Origine des poudingues aurifères du Transvaal. Liége, 1903. Extrait in-8° de 7 pages. — 5202. 5203. 5204. 9205. 5206. 0207. 5208. 0209, 5210. B241. 5212. 0213. 5214, 5215. 5216. SÉANCE DU 16 AVRIL 1907. 19 Fourmarier, P. Découverte de cherts dans le Calcaire dévonien (2 pages). Échantillons minéralogiques du Houiller de Liége (3 pages). Liége, 1903. Extraits in-8°. Fourmarier, P. Le prolongement de la faille eifélienne à l'Est de Liége. Liége, 1904. Extrait in-8° de 32 pages, 1 planche et 14 figures. Fourmarier, P. Découverte de Sigillaria camptotaenia Wood. et de S. reticulata Lesquerreux, dans le terrain houiller de Liége. Liége, 1904. Extrait in-8° de 1 page. Fourmarier, P. Esquisse paléontologique du bassin houiller de Liége. Liége, 1905. Extrait in-8 de 15 pages, dont 3 tableaux. Fourmarier, P. La limite méridionale du bassin houiller de Liége. Liége, 1905. Extrait in-8° de 17 pages, 4 planches et 8 figures. Fourmarier, P. Le bord méridional du bassin houiller de Liége. Excur- sion de Dison à Verviers, Pepinster et Spa. Liége, 1905. Extrait in-8° de 4 pages et 1 carte. Fourmarier, P. Note sur une disposition particulière du clivage schisteux dans les schistes bigarrés, gedinniens (Gc), des environs de Couvin. Liége, 1906. Extrait in-8° de 3 pages et 1 figure. Fourmarier, P. Sur la présence d’oligiste oolithique dans les schistes du Famennien inférieur aux environs de Louveigné. Liége, 1906. Extrait in-8° de 5 pages et 1 figure. Fourmarier, P. La structure du massif de Theux et ses relations avec les régions voisines. Liége, 1906. Extrait in-8° de 32 pages et 3 planches. Fourmarier, P. Note sur la zone inférieure du terrain houiller de Liége. Liége, 1906. Extrait in-8° de 6 pages et 1 tableau. Hobbs, W. H. On some Principles of Seismic Geology, with an Intro- duction by Eduard Suess (T4 pages, 1 planche et 10 figures). The Geotectonic and Geodynamic Aspects of Calabria and North- Eastern Sicily. À Study in orientation, with an Introduction by the Count de Montessus de Ballore (10 pages, 10 planches et 3 figures). Leipzig, 1907. Extraits in-8r. Kaiser, E. Die Kristallform des Magnetkies. Stuttgart, 1906. Extrait in-8° de 5 pages et 4 figures. Kaiser, E. Ein verbesserter Trennungsapparat fur schwere Lüsungen. Stuttgart, 1906. Extrait in-8° de 5 pages. Kaiser, E. Pliocäne Quarzschotter im Rheingebiet zwischen Mosel und Niederrheinischer Bucht. Berlin, 4907. Extrait in-4° de 35 pages et À carte. Kaiser, E. Ueber die Herkunft des Mineralgehaltes in den mitteldeutschen Mineralquellen. Breslau, 1907. Extrait in-4° de 7 pages, 80 PROCES-VERBAUX. 5217. Kaiser, E., und Siegert, L. Beiträge zur Stratigraphie des Perms und « | zur Tektonik am westlichen Harzrande. Berlin, 1906. Extrait in-4° de 17 pages et 1 figure. 5218. Lecointe, G. Expédition antarctique belge. Résultats du voyage du S. Y. Belgica en 1897-1898-1899, sous le commandement de À. de Ger- lache de Gomery. Rapports scientifiques publiés aux frais du Gouvernement belge, sous la direction de la Commission de la. Belgica. Travaux hydrographiques et instructions nautiques (pre- mier fascicule). Anvers, 1905. Volume in-plano de 110 pages, 29 planches et 7 cartes. 5219. Lehmann-Filhés. Die Fundstätte des Isländischen Kalkspates. Aus dem Isländischen des Thorvaldur Thoroddsen (Reise im Ostlande im Sommer 1882). Berlin, 1883. Extrait in-8° de 4 pages. 5220. Meunier, St. Catalogue sommaire de la collection de géologie expéri- mentale du Museum d'Histoire naturelle. Paris, 1907. Volume in-8° de 176 pages et 167 figures. 5991. Roth von Telegd, L., Schafarzik, Fr., Koloman von Adda und Bückh, J. Umgebungen von Krassova und Teregova (1 :75 000). Érläuterung verfasst von Ludwig Roth von Telegd. Budapest, 1906. 5299. Thoroddsen, Th. Y/irlit yflr rannséknirnar. Gotha, 1885. Extrait in-8°,. de 37 pages et 1 carte. 5293. Twelvetrees, W. H. Report on the Renison Bell Tin-Field. Launceston, 1906. Extrait in-6° de 12 pages (2 exemplaires). Élection de nouveaux membres. Sont élus par le vote unanime de l’Assemblée : En qualité de membre effectif : MM. BEYAERT, ANDRé, docteur en droit, 113, rue de la Station, à Gand, présenté par Dom Grégoire Fournier et M. Stainier. VAN PRoovEN-Keyser, L., Directeur du Service des Eaux, boule- vard d’Omalius, à Namur, présenté par MM. Piret et Rutot. En qualité de membre associé regnicole : MM. pe Buccenows, L., avocat à la Cour d'appel, 49, place de Bronckart, à Liége, présenté par le Baron de Loë et M. van den Broeck; DE Greerr, H. S. J., professeur à la Faculté des Sciences du Collège de Notre-Dame de la Paix, à Namur, présenté par MM. Kaisin et Greindl. SÉANCE DU 16 AVRIL 1907. 81 Communications des membres : Nouvelle note sur les Reptiles de l’Eocène inférieur de la Belgique et des Régions voisines (Eosuchus Lerichei et Eosphargis gigas), par Louis Doro, Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle, à Bruxelles. Je me propose, — dans cette communication préliminaire, — d'appeler brièvement l’attention sur deux Reptiles fossiles particulière- ment intéressants : 1. Eosuchus Lerichei. — Crocodilien longirostre nouveau du Lan- dénien (Eocène inférieur) de Jeumont, à la frontière belge, dans le Nord de la France. | 2. Eosphargis gigas. — Chélonien marin de l’Yprésien (Eocène infé- rieur) de Quenast (Brabant). LS EOSPHARGIS GIGAS. Dans le courant du mois d’Août de l’année dernière (1906), M. A. Hankar-Urban, Directeur des Carrières de Quenast, découvrait, à Quenast même, dans l’Yprésien qui surmonte la Porphyrite, des ossements volumineux, qu’il s’empressa de signaler au Musée de Bruxelles. Le Musée prit immédiatement ses dispositions pour procéder à l’extraction, par la méthode des gaines de plâtre, et, grâce au précieux concours du savant Ingénieur, le travail put être rapidement mené à bonne fin. L'ouverture du bloc, dans l'Atelier de Paléontologie de l’Établisse- ment, montra qu'il s'agissait de la plus grande partie du squelette d’une Tortue marine gigantesque des plus importantes. Cette Tortue, — rencontrée d’abord en Angleterre, dans le London Clay de l’île de Sheppey, à l'embouchure de la Tamise, — fut déter- minée, dès 1860, par le célèbre paléontologiste Richard Owen, qui la nomma Chelone gigas. Mais, en 1889, M. R. Lydekker, Membre de la Société Royale de Londres, — à la suite d’un examen que nous fîimes ensemble, et en compagnie de M. G. A. Boulenger, Senior Assistant au British Museum, des matériaux de ce beau Musée, — reconnut que la Tortue 82. PROCÈS-VERBAUX. en question ne pouvait rester dans le genre Chelone, et il fonda, pour la recevoir, le genre Eosphargis, — qu'il plaça parmi les Athèques, ou Chéloniens à Carapace Secondaire. La Tortue de Quenast à une énorme valeur à mes yeux, car : 4. — C’est la première fois qu’on observe Eosphargis gigas en Belgique, voire sur le Continent. 2. — Elle prouve qu’'Eosphargis gigas est un Thécophore, ou Chélonien à Carapace Primaire. 3. — Elle fournira une contribution importante au problème de lOri- gine des Athèques, dans le sens de mes dernières publications sur ce sujet. Ce qui, — comme on le comprend aisément, — est d’un intérêt supérieur à la description empirique d’une espèce nouvelle ou d’un genre nouveau. | Montée, elle deviendra l’une des pièces capitales de la Salle des Vertébrés des Galeries Nationales du Musée de Bruxelles. = Malheureusement, sa préparation, — qui est délicate, — a dû être interrompue, pour assurer la prochaine réouverture de nos Galeries Comparatives,"réclamée par l'opinion publique. Je n'attends que son achèvement pour élaborer mon mémoire définitif, Toutefois, je n’ai pas voulu rester plus longtemps sans faire con- naître son existence au monde savant. En terminant, c'est un véritable plaisir pour moi de remercier M. Hankar-Urban, — au nom de la Science et du Musée, — pour sa vigilance, son dévouement et sa générosité, — qui ont sauvé de la destruction cette magnifique Tortue, — dont il nous a fait don de la manière la plus gracieuse. IL. EOSUCHUS LERICHEI. L'exploration méthodique d’un territoire, — même limité et déjà beaucoup fouillé, comme la Belgique, — semble destinée à fournir des résultats de premier ordre, et toujours nouveaux. C'est, du moins, l’expérience du Musée de Bruxelles, depuis un demi-siècle environ. Après les Cétacés d'Anvers, — les Cavernes de la Province de Namur, — les Iguanodons de Bernissart, — es Mosasauriens du Hainaut et dw Limbourg, — pour ne parler que des Vertébrés fossiles, et seulement réf SEANCE DU 16 AVRIL 4907. 83 des groupes les plus importants, — car nous avons, notamment, des Reptiles de douze niveaux différents, depuis le Jurassique inférieur jusqu’au Miocène supérieur inclusivement. Et voici, maintenant, que le gîte de Vertébrés éocènes d’Erquelinnes, dans le Hainaut, prend, par continuation, une place de plus en plus grande dans la Science et au Musée. On y connaissait, jusqu'à présent, les genres de Reptiles et de Mam- mifères suivants : 4. Champsosaurus. — Restes de six individus, dont deux recons- titués en squelettes montés, chacun avec les ossements d’un seul et même animal, et sans addition de pièces postiches, comme toujours, au Musée de Bruxelles. 2. Lytoloma. — Restes de plus de vingt-cinq individus, dont treize reconstitués en squelettes montés, de Lytoloma Gosseleti, espèce dédiée à mon éminent Maitre, M. le Professeur J. Gosselet, Membre corres- pondant de l’Institut de France et Doyen honoraire de la Faculté des Sciences de l’Université de Lille. 3. Argillochelys. —- Restes de six individus, dont un reconstitué en squelette monté. _ à. Trionyx. — Trois espèces, représentées par quatre individus, dont trois reconstitués en squelettes montés. 9. Crocodilus. — Un beau crâne. 6. Pachynolophus. — Une mâchoire inférieure. 7. Coryphodon. — Ossements isolés. Or, nous pouvons y ajouter, aujourd’hui, un Crocodilien longirostre nouveau, — que j'appellerai Eosuchus Lerichei, — en l'honneur de M. Maurice Leriche, Maître de Conférences à l’Université de Lille, — qui à étudié la Faune ichthyologique du Landénien d’Erquelinnes, — en sa qualité de Collaborateur du Musée de Bruxelles pour les Poissons tertiaires. C’est au mois de Janvier de cette année (1907) que le Crocodilien dont il s’agit a été découvert, dans les Carrières de Sable de MM. Martial Dusart et fils, à Jeumont, donc dans le Nord de la France, mais sur la frontière belge, dans le prolongement immédiat du gisement d’Erque- linnes. MM. Dusart, avec lesquels le Musée est en relations depuis quelque temps, nous avertirent sur-le-champ de la trouvaille, et, tout aussitôt, un agent de notre Atelier de Paléontologie partit pour opérer l’extrac- « tion, toujours par la méthode des gaines de plâtre, et cela pendant les froids les plus rigoureux de cet hiver. 84 -PROCÈS-VERBAUX. Le dégagement ultérieur des ossements mit au jour la portion anté- rieure d’un Crocodilien longirostre, dont nous espérons bien recueillir - le reste quand les travaux de la carrière seront plus avancés. Hs Les caractères du Nouveau Genre et de la Nouvelle Espèce sont basés sur le crâne, la mandibule et les vertébres cervicales. 1 EoSUCHUS LERICHEI, Dollo, 1907. Nasaux largement éloignés des narines. Splénial entrant dans la symphyse mandibulaire, qui s'étend jusqu'à la seizième dent. —. Longirostre. IH SEE Dents +. Nasaux en contact avec les prémaxillaires. Bulles ptérygo-palatines absentes. Coronoïde n’atteignant pas la épis sym phy- sienne. — Différences avec Gavialis. Fosseltes interdentaires, pour les dents mandibulaires, absentes. Vomer invisible. Suture palato-susmaxillaire s'étendant très loin en avant. Choanes plus près des fosses palatines que du canal intertympa- nique médian, par suite de la brièveté de la suture interptérygoïdienne. Région spléniale de la symphyse mandibulaire concave. Dents mandibu- laires inclinées vers le dehors. Centre de l'Atlas avec apophyses capitu- laires et tuberculaires pour la deuxième paire de côtes. — Différences avec Tomistoma. À Fosses préorbitaires absentes. Fosses supratemporales beaucoup plus petites que les orbites. — Différences avec Thoracosaurus. Axis avec carène médiane à la face inférieure. — Différence avec Holops. Sommet du Cräne dans le prolongement du museau, non surélevé. Orbites à bords plats, avec dépression crescentiforme extrêmement marquée au bord antéro-interne. Espace interorbitaire convexe. Créte sagitiale absente. Fosses supratemporales peu rétrécies en profondeur. Pariétaux surplombant le susoccipital, Canal de Stannius du quadratum, pour le siphon mandibulaire, énorme. — Différences avec Gavialo- suchus. | 1. Ordre. — Crocodiliens. 2. Sous-Ordre. — Eusuchiens. 3. Famille. — Tomistomidæ. 4. Genres comparés. — Gavialis, Tomistoma, Thoracosaurus, Holops, Gavialosuchus. RS : 5. Adaptation. — Vie fluviatile. 6. Longueur du Crâne. — 0"47 environ. SÉANCE DU 16 AVRIL 4907. 8 7. Gisement. — Landénien inférieur (Eocène inférieur). 8. Localité. — Jeumont (Nord, France). 9. Type. — Musée royal d'Histoire naturelle, à Bruxelles. Eosuchus Lerichei soulève les importantes questions suivantes : 4. — Comme l’illustre T. H. Huxley l’a établi, les Étapes de | Evolu- tion des Crocodiliens sont : Parasuchiens (avant la soudure des palatins), Mésosuchiens (après la soudure des palatins, mais avant la soudure des ptérygoidiens), Æusuchiens (après la soudure des ptérygoïdiens). Cependant, il faut, aussi, considérer les Etapes de l’Evolution des Eusuchiens, — dont les choanes sont plus ou moins refoulées vers le canal intertympanique médian, selon la longueur de la suture interptéry- goidienne, — c’est-à-dire d’après le degré de soudure des ptérygoïdiens, qui doit être moindre chez les genres du début de l’Époque Néozoïque. Et, justement, — d'accord avec le Transformisme, — £osuchus, de l'Eocène inférieur, a des choanes moins reculées vers l’occiput que les Eusuchiens actuels. | 2. — Eosuchus, Crocodilien longirostre adapté à la Vie fluviatile et au Régime ichthyophage, — coexiste, dans le gisement Landénien inférieur d'Érquelinnes, — avec Champsosaurus, Rhynchocéphalien longirostre adapté à la Vie fluviatile et au Régime ichthyophage. Quelles furent leurs Relations Ethologiques ? 3. — Les Crocodiliens Eusuchiens Longirostres, — sauf Gavialis, — sont des Adaptations Locales indépendantes, — à la Vie Fluviatile, — des Crocodiliens Eusuchiens Brévirostres. 4. — I y à des Crocodiliens à court museau (Brévirostres pri- maires), comme Aétosaurus, — et des Crocodiliens à museau raccourci (Brévirostres secondaires), comme Goniopholis. Il. y a des Crocodiliens à museau allongé (Longirostres primaires), comme Belodon (inadaptif) et comme Pelagosaurus (adaptif), — et des Crocodiliens à museau réallongé (Longirostres secondaires), comme Tomistoma. Comment reconnaitre ces divers types? Grâce à l’/rréversibilité de l’'Evolution. Nouvelle application de cette notion. Je prépare la description illustrée d’Eosuchus Lerichei, avec la bibliographie et les conclusions générales qu’elle comporte. Pour finir, je remercie MM. Dusart, dont l'intervention efficace nous a permis d'acquérir cet intéressant Crocodilien. 86 PROCÉS-VERBAUX. La Géologie dans l’enseignement moyen, par L. ZELs, docteur en sciences géographiques, professeur à l’École moyenne à Menin. Depuis quelques années, des efforts louables sont faits en différents pays, afin d'introduire la géologie dans les programmes de l’enseignement moyen. Je ne m'attarderai pas à exposer les raisons d'ordre philosophique, pratique et pédagogique qui militent en faveur de cette introduction. Je me flatte de croire que les distingués membres de la Société de Géologie sont convaincus plus et mieux que je ne le suis, de la haute valeur éducative de la science de la terre. Les efforts tentés par les géologues ne sont pas sans rencontrer des résistances multiples. Dans une brochure récente, M. Mourlon fait remarquer « qu’il est vraiment surprenant de constater combien est grande encore la difii- culté d'accorder aux sciences géologiques l’importance qu’elles devraient avoir, tant dans l’enseignement que dans les innombrables travaux réclamant une connaissance approfondie des multiples assises du sol ». Et il ajoute : « N’a-t-on pas présente à l'esprit la campagne entreprise récemment par l’éminent professeur du Museum de Paris, M. Albert Gaudry, pour obtenir que la géologie figurât au programme de l’enseignement? » Cette campagne mérite d’être contée parce que, d'une part, la Société de Géologie de France a fini par obtenir gain de cause et que, d’autre part, elle nous montre la voie à suivre en Bel- gique pour obtenir des résultats identiques. Quand, après 1890, la géologie avait été reléguée dans les classes inférieures des lycées, des maîtres autorisés s’émurent de ce rôle secondaire. Dans sa leçon d'ouverture du 149 novembre 1893, M. Gos- selet plaida chaleureusement la cause de la géologie en faisant ressortir l'appui nécessaire qu’elle prête à de nombreuses sciences, en montrant qu’elle est essentiellement éducatrice de l'intelligence et nécessaire à tous ceux qui réfléchissent sur les grands problèmes de la nature. Pour des causes diverses, disait M. de Lapparent dans ses Leçons de géographie physique, la géologie n’avait jamais tenu, dans le cadre de l'instruction secondaire, une place en rapport avec son importance, et cette situation inférieure, loin de s'améliorer, s’est aggravée au fur et à mesure, en dépit des progrès vraiment gigan- tesques que la science du globe a réalisés dans ces dernières années. h SÉANCE DU 16 AVRIL 1907. 87 M. de Rouville, professeur à la Faculté des Sciences de Montpellier, saisit la Société géologique de France de la question et exprima le vœu de voir le Bureau tenter une démarche auprès des pouvoirs publics, afin de faire cesser le véritable ostracisme dont la géologie était frappée. Une délégation, composée de MM. Gosselet, Bertrand, Fouqué, Gaudry, de Lapparent, Linder, Michel-Levy, Munier-Chalmas, de Rouville tenta une démarche qui n’aboutit pas. M. le Ministre de l’Instruction publique, pour des raisons diverses, — et tout en recon- naissant qu’à l’occasion d’une revision générale du plan d’études, on pourrait utilement chercher les moyens d’assurer à l’enseignement de la géologie une place qui réponde aux développements récents et à l'importance actuelle de cette science, — ne crut pouvoir donner satis- faction aux desiderata de la Société géologique. La Section permanente du Conseil de linstruction publique, à laquelle le vœu de la Société de Géologie avait été soumis, pensa que quelques excursions géologiques, dirigées par le professeur d'histoire naturelle dans les dernières classes, fourniraient aux élèves, sans leur imposer une nouvelle charge, un moyen de revoir au moins sommai- rement, avec des faits et des exemples à l'appui, le cours de géologie qu'ils ont suivi dans la classe de grammaire, en cinquième, et d’en conserver quelques souvenirs utiles. Cette mesure n’était pas de nature à satisfaire les membres de la Société de Géologie. Le programme de la classe de cinquième ne comprenait que quelques notions sommaires sur les principales roches, les modifications continues du sol, les roches stratifiées, les fossiles et un aperçu général sur la formation du sol de la France. Cet enseigne- ment était donc forcément élémentaire, étant donné le degré de déve- loppement de l'intelligence d'enfants de 11 à 12 ans. Au Congrès géologique international de Saint-Pétersbourg, M. Gaudry fit voter à l’unanimité le vœu suivant : « Le Congrès géologique international, réuni à Saint-Pétersbourg, exprime le vœu que les gouvernements de tous les pays établissent l’enseignement de la géologie et de la paléontologie dans les classes supérieures des lycées ou gymnases. Les délégués de chaque pays sont invités à faire part de ce vœu à leur gouvernement respectif. » Une nouvelle tentative de M. Gaudrv auprès de l'Administration supérieure eut plus de succès, et à partir de 1898 la géologie fut inscrite au programme des classes supérieures de l’enseignement secondaire. Dans la classe de cinquième classique ou de cinquième moderne, 88 : PROCÈS-VERBAUX. l’enseignement de la géologie ne comprendrait plus qu’un trimestre, du 1° octobre au 1° Janvier, et serait consacré à l'examen des phéno- mènes géologiques actuels. Dans la classe de seconde classique ou de . troisième moderne, on introduisit douze conférences d'une heure, spé- cialement employées à l’étude de la formation du sol. Dans la classe de philosophie enfin, quatre ou cinq leçons d’une heure seraient consa- crées à des notions très sommaires de paléontologie. Ce programme a été repris presque entièrement dans le nouveau plan d’études élaboré en 1902. D’après la nouvelle organisation, l'enseigne ment secondaire embrasse un cours d’études d’une durée de sept ans faisant suite à un cours d’études primaires d’une durée normale de quatre années. Somme toute, le premier comprend deux cycles : l'un d’une durée de quatre ans (G°, 5°, 4°, 5°), l’autre d’une durée de trois ans (2, 1", classe de philosophie ou de mathématiques). L'étude des phénomènes actuels occupe toute l’année, une heure par semaine, dans les classes de cinquième B et de quatrième À. Les douze conférences de géologie générale ont été maintenues dans les classes de seconde et les notions sommaires de paléontologie dans les classes de philosophie A et B et de mathématiques A et B. Les considérations méthodologiques qui accompagnent le programme insis- tent tout spécialement sur la nécessité des promenades géologiques et sur le caractère franchement intuitif qu’il faut donner à cet enseignement nouveau. Dans ce but, le Gouvernement fait réunir par le service des projections lumineuses du Musée pédagogique des séries de vues accompagnées de notices explicatives : tels, par exemple, les Fossiles de l’ère primaire, les Fossiles de l’ère secondaire, les Fossiles de l'ère tertiaire et de l’ère quaternaire par M. Coupin. Un coup d’œil dans les livres à l'usage des élèves nous montre le rôle important que joue l'illustration intelligente dans les ouvrages classiques français. D’autres pays, tels que la Saxe, le Wurtemberg, l'Autriche, ont introduit les notions de géologie dans leur programme. Au Congrès de Saint-Pétersbourg, M. Heim a entretenu quelques membres des avantages qui sont résultés en Suisse de l’ introduction de la géologie dans l’enseignement moyen. En Allemagne, une propagande active est faite pour introduire cêtte science nouvelle non pas uniquement dans les gymnases, les real- gymnases et les écoles réales, mais aussi dans l’enseignement primaire. La puissante Gesellschaft deutscher Naturforscher und Aerzte réclame une plus large part dans les programmes pour toutes les sciences d'observation en général et notamment pour la géologie. En 1902, SÉANCE DU 16 AVRIL 1907. 89 la Deutsche geologische Gesellschaft a adressé aux autorités compétentes des différents États allemands une requête demandant qu’on enseigne dans les écoles supérieures et moyennes les premières notions de géologie, non pas en surchargeant la mémoire, mais en développant l'esprit d'observation des élèves et en leur inculquant des notions utiles et pratiques. Ces premières notions, continue la requête, sont d’ailleurs néces- saires à tous ceux qui veulent comprendre la Heimatkunde et la géogra- phie physique en général, ainsi qu'à tous ceux qui veulent consulter avec fruit les cartes géologiques spéciales dressées par les soins du Gouvernement. Le D' Walther, par son ouvrage Vorschule der Geologie (Fischer, Léna), a fourni un guide précieux à ceux qui sont chargés d’excursions géologiques scolaires. Dans le Handbuch für Lehrer hôherer Schulen, le D' Bastian Schmid résume en quelques traits vigoureux les avantages qu'offrent aux maitres ces leçons sur le terrain. Il serait intéressant de suivre de près ce mouvement qui se dessine dans les différents pays en faveur de la géologie; aussi je ne puis qu’exprimer le regret que mon incompétence et ma documentation très insuffisante ne me permettent pas de traiter la question comme il convient. Ce serait rendre un réel service aux membres de notre enseignement moyen, normal et primaire, que d’accorder dans le Bulletin une place, si minime soit-elle, aux questions qui se rattachent à l’enseignement de la géologie. Depuis longtemps, la géologie est en honneur en Belgique. Nous avons honoré, comme 1l le convient, nos maîtres d’'Omalius d’Halloy. et André Dumont; les publications nombreuses de nos sociétés de géologie témoignent de l’activité de leurs membres; la Belgique est le premier pays de l’Europe qui ait terminé les levés de sa carte géologique détaillée à une aussi grande échelle que celle du 20 000: ; celle œuvre a créé dans notre pays un mouvement scientifique peut-être sans précédent, et les nombreux collaborateurs de la carte ont mis à la disposition du public et des écoles une sourceinépuisable de renseignements. De plus, la Belgique est la terre classique des géo- logues, ear la nature se présente chez nous dans des conditions excep- tionnellement favorables. Le grand public apprécie-t-1l ces avantages à leur Juste valeur? Nous n’osons l’affirmer. Quoi qu'il en soit, la géologie n’a trouvé jusqu’à ce jour qu'une place insignifiante dans notre enseignement. Je me permets de présenter le vœu de voir la Société de Géologie 90 PROCÉS-VERBAUX. adresser une requête à à M. le Ministre de l'Intérieur et de l’Instruction publique, tendant à accorder à la géologie la place qui lui revient dans notre enseignement moyen et normal. La grande autorité dont jouit la Société de Géologie donnera ainsi un appui solide à différents vœux présentés au Congrès de Mons. Discussion. M. Ruror, président, remercie vivement M. Zels de son intéressante communication, mais se demande si la Société possède l'autorité néces- saire pour faire aboutir le vœu qui vient d’être formulé. Il lui semble plutôt que le Service géologique, d’une part, possède de nombreux matériaux à utiliser pour des excursions à diriger par des professeurs ; que le Musée d'Histoire naturelle, d’autre part, a des éléments de toute nature pour l'instruction des élèves de nos écoles. Dans ces conditions, il estime qu'il y aurait lieu de se borner à préparer la solution par une discussion de la manière dont l’enseignement de la géologie devrait être compris. M. ZeLs réplique que les élèves qui visitent les musées de Bruxelles appartiennent en majeure partie aux écoles de cette ville et des environs; ce ne sont donc pas les élèves des écoles de toute la Belgique. Il a l’intime conviction que les instituteurs, en général, ignorent le premier mot de la géologie et de la minéralogie. En l’occurrence, il y aurait une requête à adresser au Ministre de l'Intérieur et de l’Instruc- tion publique; la Société géologique de France, la Société géologique allemande ont pris cette initiative, et il ne voit pas pourquoi il ne pour- rait être fait de même en Belgique. Actuellement, une Commission est créée pour la revision du pro- gramme; si l’on ne tente pas maintenant les démarches, il est à craindre que l’on n’arrive jamais à un résultat. Il insiste sur ce fait qu'actuellement, quelques rares notions de géologie sont au programme de géographie, mais il faut constater avec regret que les auteurs de ces ouvrages classiques ne les utilisent guère. M. LE PRÉSIDENT fait remarquer qu’il n’a nullement eu en vue de critiquer ou de présenter des objections au vœu qui à été émis par M. Zels; il est, au contraire, tout disposé à l’appuyer et se mettra volontiers à la disposition de l’auteur, quand celui-ci lui indiquera le moment favorable d'intervenir. M. van DEN BRoEck voit dans la motion de M. Zels tout un pro- SÉANCE DU 16 AVRIL 1907. 91 gramme et tout un chapitre nouveau et fructueux dans l'histoire de la Société belge de Géologie. Si notre passé a été brillant grâce à la colla- boration de tous, ne pense-t-on pas que l'avenir sera plus brillant encore si l’on peut inculquer de plus en plus le goût des études géolo- giques à nos jeunes gens? Il croit utile de rappeler modestement que c’est uniquement, grâce au goût qu’il a eu pour les choses de la nature, qu’il a pu sans aucune étude universitaire ou autre devenir un homme de science. C’est au sein des sociétés scientifiques qu'il à trouvé des encouragements et des conseils. Il pense donc que, pour une Société qui à, dans son programme, l'étude des applications géologiques et hydrologiques, c’est-à-dire du côté utilitaire de la Science, c’est un devoir d'appuyer auprès des pouvoirs publies le vœu qui a été émis, de revendiquer l’accession aux jeunes gens d’une voie aussi fructueuse. Il estime, en conséquence, qu'il y a lieu de mettre sur pied un double programme ayant pour but : 1° De montrer au Gouvernement combien, par la synthèse bien simple de nos travaux, les applications sont chose utile aux édilités, aux grandes sociétés, aux administrations publiques, à l'hygiène et à la société en général ; 2 De mettre en relief combien la géologie, par ses études faites sur le terrain, par sa puissante initiation dans l’art d'observer et de syn- thétiser, ouvre l’intelligence dans les voies pratiques et se recommande beaucoup plus dans cet ordre d'idées que toute autre science. En encourageant ces programmes, nos diverses sociétés de géologie auront plus tard à recueillir elles-mêmes les fruits directs de cette initiative, car nombreux seront les adhérents nouveaux qu'elle leur vaudra. En dehors de ces observations, il croit qu'il y aurait peut-être, au sein de nos Sociétés et ailleurs, quelques mesures spéciales à prendre. Ainsi, au Musée, les renseignements sont donnés aux élèves par les instituteurs, qui n’v connaissent pas grand’chose, faute de pratique sur le terrain; il pense donc qu’il ne serait pas inutile d'autoriser, dans des conditions à déterminer, ce personnel à venir écouter les explications données tant par les naturalistes de l’Établissement que par les spécia- listes de nos sociétés savantes. [l y a, en outre, nos excursions en province, et partout comme à Bruxelles, on pourrait s'entendre avec le personnel de l’enseignement moyen pour l’aviser des programmes de ces excursions, afin de per- mettre à un certain nombre de jeunes gens des écoles de la localité visitée, désireux de travailler, de suivre les études sur le terrain et | 92 PROCÈS-VERBAUX. d'ouvrir leur intelligence aux choses de la nature. Les sociétés de géologie se créeraient là de précieuses recrues pour elles-mêmes. Tenant compte de toutes ces considérations, il croit pouvoir appuyer vivement la proposition de M. Zels, et il demande qu’elle soit étudiée de manière à en faire sortir quelque chose d’utile tant à la Science et à ses représentants qu’au pays lui-même, pour lequel, dans son ensemble, la géologie est l'apanage de quelques rares initiés, alors que cette science, considérée dans son rôle éducatif, spécialement pratique et utilitaire, devrait être familière à tous. M. LE PRÉSIDENT se rallie à l’opinion de M. van den Broeck; le point de scepticisme qu'il a montré tout à l’heure réside en ce que, dans notre pays, nous n avons guëre d'hommes aussi écoutés qu’en France et en Allemagne, pays où la science est fort en honneur. Quoi qu'il en soit, lui-même fait tout ce qu'il peut pour inculquer la géologie à ceux qui désirent l’étudier; il rappelle qu'actuellement encore, 1l donne des conférences aux élèves instituteurs de la ville de Bruxelles; il ne demande donc pas mieux que de voir se réaliser le vœu qui.a été émis. M. Zecs objecte que les élèves de l’École normale de Bruxelles sont presque tous placés à Bruxelles; or 1l y a, dans le pays, beaucoup d'écoles normales dont les élèves sont placés à la campagne et qui. ignorent la géologie, même de la localité où 1ls exercent leurs fonc- tions. Il importe donc que les instituteurs soient dans l'obligation de savoir tout au moins analyser une carte géologique. [l a l’intime conviction que le personnel de l’enseignement moyen ne demande pas mieux que de connaître la géologie, mais encore faut-il lui indiquer la source où il doit puiser ces notions. À l'appui de cette manière de voir, il signale qu’au Cercle des instituteurs de Comines, à la demande des membres, il s’est engagé à retracer, en quelques conférences, les grandes lignes de la géologie et à leur apprendre comment ils peuvent utiliser, en connaissance de cause, les cartes de notre Service géologique. M. MourLon, à ce sujet, fait connaître qu’au Service géologique, il a eu l’occasion d’être saisi, l’an dernier, par un instituteur de Bruxelles, M. Arndt, habitué du Service, d’une demande tendant à faire une causerie à ses élèves de l’École normale de la ville de Bruxelles, agréée par l’État. Il a accepté et a été surpris de voir combien ils écoutaient avec soin et une attention remarquable; aussi, dans deux jours, 1l donnera une nouvelle conférence aux élèves de cette année, pour la même classe finale. ac SÉANCE DU 16 AVRIL 1907. 93 Il voit donc un grand avantage à ce que la géologie soit inscrite au programme de l’enseignement moyen. [Il suffit qu’un homme ait un peu le goût de la nature pour nous signaler, le cas échéant, les choses les plus importantes. Les instituteurs sont appelés à se répandre dans les différentes parties du pays et à devenir ainsi les correspondants de nos institutions. Aussi est-il très heureux d’appuyer la motion de M. Zels. Sur la proposition de M. le capitaine du génie Mararu, la ques- tion est renvoyée, pour examen, à une Commission composée de MM. van DEN BROECK, BARON GREINDL, HALET, MATHIEU, MourLoN, SIMOENS, TEIRLINCK et ZELS. M. Hazer objecte encore, en ce qui concerne les excursions, que les instituteurs ne sont pas à la hauteur voulue pour suivre celles organi- sées par la Société ; 1l y aurait peut-être lieu d’instituer une Extension géologique, dont quelques-uns des membres pourraient organiser des excursions d'initiation; aussi M. van pEN BRoEcx est-il d'accord pour reconnaître avec lui que lorsque des écoles seront invitées aux excur- sions, celles-c1 devront revêtir un caractère d'initiation. M. LE BARON GREINDL propose de mettre la question à l’ordre du jour de la prochaine séance, à laquelle la Commission viendra avec une proposition ferme. (Adopté.) F. DiEeNERT. — De la valeur attribuée aujourd’hui au mot « source ». (Réponse à M. Putzeys.) Dans une très intéressante note (1), M. Putzeys, comme observation à mon mémoire sur la température des sources, n’admet pas l'emploi du mot «source » quand on s’adresse aux émergences des terrains cal- caires. Il appuie sa thèse sur la comparaison de deux eaux, l’une, sortant des terrains sableux, alimentant Bruxelles, ayant une composition et une température constantes, et l’autre, sortant de la craie, consti- tuant ce qu’on appelle les sources de l’Avre, de composition et de tem- pérature variables. D'autre part, M. Putzeys fait remarquer qu’il y à une vingtaine d'années, les traités d'hygiène préconisaient l’eau des sources, à cause de leur composition et température constantes, comme étant la seule (1) Bulletin de la Societé belge de Géologie, t. XX, 1906, p. 197. 4907. PROC.-VERB, 7 94 PROCÈS-VERBAUX pouvant être distribuée avec sécurité. Or, si le mot « source » de cette époque prit, à tort selon nous, une signification spéciale, c'est qu’on était encore sous l'influence des travaux de Pasteur et Jaubert, qui avaient trouvé que l’eau des sources était stérile. La peur du microbe fit qu’on considéra la source comme seule capable de donner des eaux sans microbes. Mais, depuis cette époque, la science bactériologique a progressé, et on peut citer les sources qui sont dépourvues de microbes, même parmi celles qui sortent des terrains bien filtrants; les eaux de Bruxelles sont loin d’être stériles. Les deux exemples cités par M. Putzeys dans son mémoire repré- sentent des extrêmes. Il y a, entre les deux, une multitude d’intermé- diaires qui font que, si on voulait réserver le mot « source » à des émergences spéciales, on serait très souvent embarrassé. Ainsi, pour le savant Ingénieur en chef de la ville de Bruxelles, les sources du Loing et du Lunain, sortant de la craie, ne sont pas des sources. Et cependant, elles ont une composition et une température aussi constantes que les eaux des galeries drainantes de Lillois-Witter- zée. Elles ne possèdent jamais le bacterium coli commune, par consé- quent elles sont protégées contre les eaux superficielles mal filtrées. I n’y a done pas que les terrains sableux qui filtrent, et, comme je le démontrerai ultérieurement, il n’y a pas que ces derniers qui donnent des eaux potables. | À la Vanne, on trouve, à côté de sources se comportant en partie comme celles de l’Avre, d’autres sources, issues des mêmes terrains cal- caires, la craie, se comportant comme les sources du Lunain et du Loing. Devra-t-on les cataloguer l’une et l’autre sous un autre nom que celui de « source » ? Pour ma part, j'attribue au mot source une signification très générale. Elle représente le point où l’eau sort de terre après s’être infiltrée par de grosses ou fines fissures. Cette définition est celle qui existait dans le langage courant avant que lhydrologie se fût emparée de ce mot. Elle n'a pas le droit d'en changer le sens général. Si on juge utile de désigner par certains noms particuliers (et cela a déjà été fait), les sources des sables, des calcaires, etc., je n’y vois ancun inconvénient puisque, conformément à ce qui se passe pour toutes les sciences naturelles, on essaie de cataloguer les sources. Mais pour faire une telle classification, suivons l'exemple des sciences voisines et ne détournons pas dans ce but la signification d'un mot tombé dans le langage commun. SÉANCE DU 16 AVRIL 1907. 95 Maintenant, est-on en droit de dire qu’un travail sur la température des sources des terrains calcaires est occasionnel? Dans l’état actuel du globe, que nous envisageons, on peut constater facilement que l’ensemble des sources des terrains calcaires est beaucoup plus impor- tant que l’ensemble des sources des terrains perméables en petit. Le travail ne serait occasionnel que s’il s’adressait à une minorité. Nous venons de dire qu’au contraire il s’adresse à la majorité des sources. Quand, comme la ville de Paris, on ne trouve pas d’autres sources à sa disposition, 1l faut bien aller capter ces eaux et, si pos- sible, les choisir de façon à ne prendre que celles se rapprochant le plus des eaux sortant des terrains sableux, c’est-à-dire bien filtrants. La température est un moyen d'investigation très important pour choisir les meilleures parmi les sources à capter; mais il n’est pas le seul. Par conséquent, il était utile et nullement occasionnel de syn- thétiser les résultats obtenus aux sources calcaires des terrains par l'emploi du thermomètre, méthode préconisée depuis plusieurs années par MM. Martel et van den Broeck. Bien entendu, s’il n’y avait que des terrains sableux, nous n’aurions pu présenter notre travail sur la température des sources, de même que si les maladies n’existaient pas, l’hygiène ne serait pas née. En faisant de la science, nous sommes malheureusement obligés d’envisager la réalité des choses d’une façon positive et non avec l’âme d’un poète. M. Purzeys. — Je constate avec plaisir que M. Dienert est d’accord avec moi pour reconnaître que la valeur du terme « source » n’a plus la portée que l’opinion commune avait consacrée. Puisque c’est la magie du terme « source » qui a entraîné bon nombre d’administrations publiques à commettre de regrettables erreurs, 1l est utile de mettre fin à cet enchantement du mot. C’est ce que j'ai tenté de faire à de nombreuses reprises, et si, tout récemment encore, J'ai pris la parole à l’occasion du savant travail de M. Dienert, ce n’est pas pour dire que l’étude de la température des sources est inutile, loin de là. Il se peut que je me trompe, mais je ne puis me defendre de penser que, sans les appréhensions fort légitimes qu'inspirèrent les grandes dérivations de Paris, les recherches dont les eaux sortant des calcaires sont aujourd’hui l’objet seraient fort peu avancées. Non pas que la Société belge de Géologie ne se fût préoccupée des qualités plutôt négatives de ces eaux ainsi que des moyens d'investigation à mettre en œuvre pour tenter de les classer. M. Dienert rappelle avec raison que notre Secrétaire général honoraire M. van den Broeck a 96 PROCÈS-VERBAUX. signalé, 1l y a de longues années, la méthode D à l’attention des chercheurs. Mais, encore une fois, à supposer Paris alimenté en eau de rivière filtrée, il est infiniment probable que non seulement le programme des recherches à entreprendre dans les bassins calcaires serait encore à l’état embryonnaire, mais qu’on nous démontrerait, ce qui est par- faitement exact, suivant moi, que les eaux de rivière filtrées valent mieux que la plupart des eaux sortant des calcaires de régions habitées. J'ai donc pu dire que le travail de M. Dienert est occasionnel. Quoi qu’il en soit, je me permets d’insister auprès de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d'Hydrologie pour qu’elle pes la proposition que j'ai faite. Le témoignage le plus probant de l’opportunité de ma communi- cation est l’étonnement que m'ont manifesté à son sujet de nombreuses personnes, parmi les plus instruites. Comment, m’a-t-on dit, on doit se défier de certaines sources ?.… En êtes-vous bien sûr ? A quoi le reconnait-on?.… Il semblait que cette révélation, qui n’en est pas une pour nous, fût la fin de tout. Si des personnes instruites, fort ete ont pu me tenir ce lan- gage, que penser de l’état d'âme du « vulgum pecus »? N'attendons pas, Messieurs, que des accidents retentissants nous laissent le regret de ne pas avoir agi plus tôt. C’est d’un milieu scien- ufique tel que celui-ci que doivent partir les avertissements; nous sommes qualifiés pour les donner. Nous avons le devoir de répéter sans relâche, jusqu’à ce qu’on nous entende, qu’une distinction pri- mordiale doit étre établie entre les eaux sortant des terrains calcaires et les eaux issues d’autres terrains. X. STaINIER. — La carrière du Cornet, à Chercq. Les géologues et les amateurs de fossiles apprendront sans doute avec le plus vif plaisir que la carrière du Cornet, à Chercq lez-Tournai, va être remise en activité après un abandon qui a duré près de vingt ans. L'ayant visitée 1l y à quelques jours avec mes élèves, jai eu la satis- faction de voir qu’on y exécute des travaux d’appropriation pour une reprise imminente. D’ores et déjà, on peut y observer le calcaire carbo- nifère avec d'énormes poches de terrain bernissartien, le tout sur- SEANCE DU 16 AVRIL 1907, on monté du tourtia de Tournai, du tourtia de Mons, des dièves, du landenien et du limon hesbayen. Les coupes sont très nettes et très fraiches. F. Hazer. — Compte rendu sommaire de la X° session du Congrès géologique international à Mexico. L'auteur, s’aidant de la grande carte géologique de l'Amérique du Nord, aimablement offerte aux congressistes, résume son travail, dont l’Assemblée ordonne l’impression aux Mémoires. À. RuTor. — Matériaux pour servir à la détermination de l’âge des dépôts inférieurs de la terrasse moyenne des vallées du territoire franco-belge. De Le numéro du 1° août 1906 de la Feuille des jeunes naturalistes ren- ferme un article de M. A. Laville intitulé : Le Pliocène à Elephas meri- dionalis Mesti, dans le département de la Seine, qui vient Jeter une vive lumière sur l’âge des dépôts caillouteux de la moyenne terrasse de nos vallées. D'une manière générale, sur la moyenne terrasse, c’est-à-dire sur la terrasse qui S'élève en pente douce à partir d'environ 50 mètres au-dessus du niveau du cours d’eau actuel, on rencontre d’abord, à la base, un cailloutis plus ou moins important surmonté soit de sable, soit de glaise. Ces sédiments sont recouverts d’un nouveau lit caillouteux, puis peuvent s'étendre (notamment dans les vallées de la Somme et de l'Oise) une couche de sable surmontée de glaise, puis un nouveau gravier peu important, au-dessus duquel on constate l'existence du manteau limoneux complexe comprenant, au bas, les limons moyens de M. Ladrière et, au sommet, l’ergeron et la terre à briques du même géologue. | Nous savons que l’ergeron et la terre à briques constituent le Quaternaire supérieur (Flandrien des géologues belges); pour moi, l’ensemble des limons moyens (Hesbayen des géologues belges), de la glaise et du sable fluvial sous-jacent (Campinien) forme le Quaternaire moyen; enfin le gravier ainsi que la glaise ou le sable inférieur repré- sentent le Quaternaire inférieur (Moséen des géologues belges). Quant au cailloutis ou gravier formant l’extrême base des dépôts de la terrasse, je interprète comme extrême sommet du Pliocène. En Belgique, les couches reposant sur la moyenne terrasse sont tou- 98 PROCÉS-VERBAUX. A SE ANIINENrE er ee oe _. Si 77 CASA TANIDIE S Se SAS ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL (Communications qui seront exposées à la séance mensuelle du 18 juin.) X. STanier. — La géologie du Nord-Est du Limbourg, d’après de récents sondages. La Société Solvay a pratiqué, au cours des deux années écoulées, quelques sondages pour la recherche du sel, qui ont fourni d’intéres- santes données sur celte région si peu connue de la Belgique. La Société m’ayant fait l'honneur de me confier l’étude géologique de ces sondages, c’est Le résultat de cette étude que je publie ici, en indiquant quelles sont les déductions que l’on peut en tirer pour la connaissance du sol de la région. Il est à croire que la Campine est destinée à étonner le monde scien- üfique par les faits inattendus que l’on y découvre, car c’est encore ce qui se produit pour les sondages en question, dont la coupe est bien faite pour étonner et pour laisser place au doute et au scepticisme. Avant tout, 1l est indispensable de faire observer que les quatre son- dages dont je vais parler ont été tous exécutés d’après le système à injection d’eau boueuse qui donne de si déplorables résultats au point de vue de la détermination géologique des terrains traversés. En tenant compte de cela et des résultats extraordinaires des son- dages, il ne sera pas hors de propos de dire que les réserves les plus expresses doivent être formulées sur le bien fondé de mes détermi- nations. M. Em. Vincent a bien voulu me prêter l'appui de sa grande autorité en fait de détermination de fossiles tertiaires, et c’est à lui que je dois la détermination des niveaux fossilifères signalés dans cette note. Je le prie d’en agréer ici mes remerciements cordiaux. Voici maintenant, dans l’ordre chronologique, les quatre sondages pratiqués par la Société Solvay. 136 ANNEXE A LA SONDAGE D’'ALDENEYCK. Commune de Maeseyck, hameau d’Aldeneyck. Coordonnées par rapport à l’angle Sud-Est de la planchette d'Ophoven : Longitude Ouest : 6 740 mètres. Latitude Nord : 2 320 mètres. Cote : 30 mètres. Sondage commencé le 14 septembre et arrêté le 16 décembre 1904. Coupe résumée. (Nous donnerons plus loin, en annexe, la coupe détaillée des sondages d'après les relevés des sondeurs.) Age. Nature des roches. Épaisseur. Base à ALLUVIONS (Alm) (1) . Om50 Om50 CAMPINIEN (Q2n). . . | Sable graveleux et cailloutis . . . . 11.50 12.00 Sable blanc ou gris, sable graveleux AMSTELIEN . , . . . avec lits de cailloux de quartz, argile { plastique noire ou blanche, lignites. 147.00 159.00 Sable vert très glauconifère avec grès à RUN à ciment pyriteux au sommet. . . . 5.00 164.00 L'abondance des venues d’eau et les difficultés de l’avancement for- cèrent à abandonner le sondage. SONDAGE DE VEN N° 1. Commune de Maeseyck, près du hameau de Ven et un peu à l'Ouest de la grand’route de Maeseyck à Kinroy. Coordonnées par rapport à l'angle Sud-Ouest de la planchette de Maeseyck : Longitude Est : 6040 mètres. Latitude Nord : 3200 mètres. Cote approximative : 55 mètres. Coupe résumée. Age. Nature des roches. Épaisseur. Base à 025 Sable graveleux, rouge-brun, avec lits RASED | nes argileux et argile brune . . . . 4m(0 Am00 Caïlloutis parfois cimenté par de la «he l Q2n .. | rite ou bien ligniteux +. . 99.00 96.00 : Argile plastique noire ou blanche, sable AMSTELIEN 1,120 blane ou jaunûtre, fin, DRE grave- { leux. Lignites 4 . . 1, 458:60%° 48790 (1) Les notations employées sont celles de la légende de la Carte géologique de Belgique au 1/40 000e. SEANCE DU 15 MAI 4907. 437 Sable gris glauconifère ou vert glauconi- POEDERLIEN. . . « « fère, parfois graveleux, avec lits d’ar- ( RileNereR a M. FE Een. 0 10/00 %--:255:00 DIESTIEN (dunal) . . | Sable blanc . . . SPA IST AE dr. 41.50 9266.50 se Sable vert très riche en fossiles (faune BOLDERIEN - -.- . } d'Edeghem) . + . .:. . ... . 30.50 396.00 Le sondage, commencé le 20 janvier 1905, a dû être abandonné le 6 juin 1905 par suite de venues d’eau extraordinaires. SONDAGE DE VEN N° 2. Pratiqué à 40 mètres du sondage précédent. Coupe résumée. Age. Nature des roches. Épaisseur. Base à ; . | Sable jaunâtre et argile grise plastique . 5m00 5m00 CAMPINIEN RE nn RGraereltcanlouts. LL O0: 29,00 97.00 Sable blanc graveleux, sable gris. Argile noire lastique. Gravier de quartz MU CU blanc. Lignite avec gros troncs d'arbres très abondants LR .. «4924.00 151.00 Sable gris glauconifère et sable vert : POBDERLIEN. . . glauconifère VARIE hace 79.00 930.00 Le sondage, commencé le 3 novembre 1905, a dû être abandonné le 7 mai 1906 à cause des difficultés insurmontables provenant de puis- santes nappes jaillissantes et de la rencontre de volumineux troncs d'arbres. SONDAGE DE MOLENBEERSEL. Commune de Molenbeersel. Coordonnées par rapport à l'angle Nord-Ouest de la planchette de Maeseyck : Longitude Est : 4 160 mètres. Latitude Sud : 4 340 mètres. Cote approximative : 32 mètres. Le sondage, commencé le 16 juin 1906, à été abandonné le 5 janvier 1907. Coupe résumée dressée en tenant compte des niveaux fossilifères rencontrés. Age. Nature des roches. Épaisseur. Base à ALLUVIONS (Alm) Om50 Q2s . . | Sable jaune et bleu, argileux. . .:. 9.50 10m00 CAMPINIEN Sable gris très graveleux avec couches de graviers et gros galets. Sable agglo- , méré en grès. Bois fossile . . À 14.30 24 30 Q2n 138 | ANNEXE A LA Sable gris ou blanc, parfois ligniteux avec lits DPI Grès blanc. Bois AMSTELIEN . . . . . fossiles, 0 Re TE Eee AU 497.70 Sable gris ou blanc avec 1e ue et k bancs de grès blanc. . 14.920 296.20 POEDERLIEN. . . . Sable vert assez argileux . . . . . 1431.00 433.20 SCALDISIEN (?). . . Sable argileux gris verdâtre . . . . 95.00 528.2 Sable argileux gris ou blanc avec bancs DIESTIEN (dunal) . j d de grès très dur. re des sables de Moil) + Ci.) DIESTIEN (normal) . | Are ir, mi micacé, un Fe sine Re Sables gris ou noirs fossilifères . . . 67.00 855.10 B Sables graveleux, très glauconifères, très OPDERIEN ESS fossilifères. (A 859 mètres, niveau fossi- lifère : faune d’ Edeghem, Venus mul- tilamella, Leda pella, ete.). . . . 445.00 1000.10 Argile. brun-robgé. > . EUR RUPELIEN. . . + . . ; Argile grise plastique . . - . . 5: 200 Sable argileux gris verdâtre . . . . 2.00 1038 10 TONGRIEN. "7172. | Sable glauconifère, fossilifère . . . 12.00 1050.10 La coupe du sondage de Molenbeersel, telle que nous venons de l’exposer, indiquait une si forte augmentation d'épaisseur et un accrois- * sement tel de la pente des couches, que cette coupe est assurément fort sujette à caution. Il se pourrait en effet que les fossiles rencontrés en grande abondance au niveau de 859 mètres environ fussent descendus de plus haut, pendant Îles opérations de sondage, ce qui est parfaite- ment possible. Nous avons alors essayé de déterminer ce que devien- drait la coupe du sondage en admettant cette descente de fossiles. Voici la coupe tracée dans ces conditions : Age. Nature des roches. Épaisseur. Base à ALLUVIONS (Alm) . . Om50 050 925 : + | Sable jaune argileux > 0. 0 NON OU MIT UN CAMPINIEN ; Qon AN Cailloutis etiéravier MRC 24.30 {Sable graveleux ligniteux "NME AMSTELIEN . . . . . l : | Sables, argile et grès EE 00 0706 Pop. DiEsT. BOLDER. | Sable vert 2". : 1700 D RUPELIEN SUP. . . . | Sable argileux gris verdâtre . . . . 9500 528.20 RUPELIEN INF. ... . | Sable argileux: avec grès. . . . . 19:90 °60810 FONGRIEN. M ee Sable micacé un peu glauconifère . . 180.00 788.10 ÉOCÈNE MOYEN?. . . | Sables gris ounoirs . . . . . 67.00 855.10 LANDENIEN . . . . . Sables graveleux glauconifères . . . 145.00 1000.10 HEERSIEN. . . . . | Argiles et sables verts. . , . . +. 50.00 1050 10 SÉANCE DU 15 MAI 1907. 139 Cette coupe est évidemment, dans son ensemble, plus vraisemblable que la première, mais est-elle plus vraie? C’est ce que nous allons discuter. On l’a dit, le vrai n’est pas toujours vraisemblable et, en procédant systématiquement, comme nous venons de le faire, en écar- tant volontairement les faits embarrassants, en pliant ces faits pour les faire entrer dans le cadre de nos idées théoriques, il n’est pas étonnant que nous obtenions une coupe plus vraisemblable, puisque nous l'avons voulue telle. Il faut donc prendre garde de considérer nos désirs comme la réalité. Aussi nous allons examiner le pour et le contre de chacune des deux coupes. La seconde coupe peut faire valoir en sa faveur qu’elle ne suppose pas une épaisseur fort amplifiée des étages tertiaires de la région m des augmentations de pentes des terrains tout à fait anormales. D’un autre côté, cette coupe ne tient aucun compte des nombreux fossiles tous incontestablement miocènes rencontrés à plusieurs niveaux entre 856 et 869 mètres. En supposant que la seconde coupe soit exacte et que les fossiles proviennent, par descente, d’un niveau supérieur, ce niveau serait au-dessus de fa profondeur de 433 mètres et ils auraient done dû descendre de 400 mètres dans le sondage. On a, certes, eu maintes fois l’exemple de ces descentes de fossiles dans les sondages de la Campine pratiqués par injections d’eau, mais dans ce cas 1l serait bien étonnant qu’on n’eût observé aucune trace de ces fossiles descendus dans les 400 mètres d'échantillons compris entre 455 et 859 mètres. On s’expliquerait aussi difficilement que cette faune miocène fût descendue de 400 mètres et fût restée absolu- ment pure, sans aucun mélange avec d’autres niveaux lossilitères rencontrés en route. Les échantillons de 3510 à 452 mètres, c’est-à-dire ceux de la profondeur d’où aurait dû venir la faune, ren'erment en effet des débris de fossiles, malheureusement indéterminables, mais où ne se rencontrait aucun individu de la faune du niveau de 859 mètres. Celle-ei se composait principalement de petites coquilles, surtout des gastéropodes qui avaient échappé au trépan, à cause même de leur petitesse, tandis que le niveau fossilifère de 310 à 452 mètres ne com- prenait que des fragments de gros bivalves indéterminables. La première coupe a contre elle son caractère anormal, les fortes épaisseurs de terrains qu'elle suppose et surtout les pentes tout à fait insolites qu’elle indiquerait, dans la région, pour les étages tertiaires. On en aura une idée en observant que le niveau fossilitère rencontré au {ond du sondage de Ven n° 1 vers 520 mètres est identique à celui du sondage de Molenbeersel à la profondeur de 859 mètres. Cela 440 ._ ANNEXE A LA . ferait une dénivellation de 540 mètres sur une distance Nord-Sud de 5 600 mètres, c’est-à-dire environ 100 mètres par kilomètre. Les pentes seraient donc six fois plus fortes que les pentes.les ‘plus accusées déjà connues, qui sont d'environ 15 mètres par kilomètre. Cependant, nous ne croyons pas qu’il faille attacher trop d'importance à ce fait, car il y à une chose qui est bien certaine, c’est que le fond du sondage de Molenbeersel est encore dans le Tertiaire. Avant d’aban- donner le sondage, on a prélevé des échantillons en renversant le sens du courant d’eau injectée. Dans ce cas, l’eau remonte avec les échan- tillons par le creux des tiges et l’on obtient un échantillon beaucoup plus pur. Or ces derniers échantillons étaient encore composés de sable glauconilère. On n’a, d’ailleurs, constaté aucune trace de calcaire dans aucun échantillon. Le Crétacé n’a donc pas été atteint. Dans ce cas, même en admettant que l’on fût près de la base du Tertiaire, ce que personne ne saurait affirmer, cette base serait au minimum à 1050 mètres de profondeur. Or au sondage d’Eelen, situé à 40 400 mètres au Sud, cette base n’est qu'à 396 mètres. Donc entre Eelen et Molenbeersel, la base du Tertiaire aurait une pente kilométrique d’au moins 63 mètres, fait absolument incontestable. De toutes façons donc, on est conduit à admettre que, au Nord d’Eelen, brusquement les pentes des terrains vers le Nord deviennent beaucoup plus accusées qu'elles ne le sont plus au Sud. L'existence de ces fortes pentes indique la présence, à la surface des terrains anciens, d’une fosse dont l’existence semble devenir de plus en plus probable. Cette losse, qui serait dirigée du Nord-Ouest vers le Sud-Est, semble déjà se dessiner très nettement dans l'allure des coupes de niveau de la surface du Primaire de la belle carte de M. Wachholder de 1901. On y voit très bien en effet un renfoncement très net suivant une ligne passant au Nord d’Eelen, de Sittard et de Jülich, où la fosse vient se terminer. Et, chose remarquable, cette fosse se trouverait Juste à l’in- tersection ou encore mieux suivant la bissectrice de l’angle formé par les deux grandes directions du Houiller dans la région, l’une la direc- üon Nord-Nord-Ouest à Sud-Sud-Est qui est celle du Houiller de Venlo à Erkelenz, l’autre la direction Ouest-Nord-Ouest à Est-Sud-Est qui est la direction du Houiller de Kerkraede à Santhoven. Le bord Sud de la fosse pourrait présenter des pentes régulièrement inclinées, mais la dénivellation pourrait être aussi brusque ou à gradins si la fosse constitue, comme nous le croyons, un graben limité au Nord-Est et au Sud-Ouest par de grandes failles normales d’effon- SÉANCE DU 15 MAI 1907. 141 drement. On remarquera en effet que le long du bord Sud de la faille, l'effondrement pourrait être dû, au moins en partie, aux failles du bassin de la Wurm, failles qui là ont mis l’Oligocène vis-à-vis du Houiller. La direction présumée de ces failles les ferait justement passer entre Eelen et Maeseyck. Je veux parler des failles bien connues : la Feldbiss et le Sandgewand. | La partie centrale de la fosse se trouverait entre Molenbeersel et Ruremonde. En effet, deux sondages pratiqués par le Gouvernement hollandais au Sud-Est de Ruremonde, à Maasniel et à Vlodrop, ont atteint des profondeurs de 680 mètres pour le premier et de 800 mètres pour le second sans avoir été plus bas que le Miocène et l’Oligocène. Ces deux terrains atteindraient donc par là des épaisseurs comparables à celles de Molenbeersel et seraient une nouvelle preuve à l’appui de la première coupe que nous avons donnée de Molenbeersel. Le bord Nord de la fosse serait constitué par un fort relèvement des terrains anciens, relèvement que les auteurs allemands et hollandais considèrent comme limité au Sud-Ouest par une grande faille d’effon- drement. Ce relèvement et la faille limite Sud-Ouest sont nettement indiqués sur le plan et les coupes du travail tout récent où MM. Krusch et Wunstorf ont condensé les renseignements sur les résultats des recherches houillères au Nord-Ouest d'Erkelenz. Ils donnent à ce relè- vement le nom de « Plateau de Brüggen-Wildenrath » (1). Ce relèvement de la plate-forme primaire et triasique se poursuit vers le Nord-Ouest sur le territoire hollandais et continue donc à limi- ter par là la fosse tertiaire. C’est grâce à ce relèvement que l’on a pu atteindre le Houiller, tout récemment, à Helenaveen, dans le marais du Peel. Il faudra attendre de nouvelles recherches pour savoir jusqu'où se poursuit ce relèvement en Hollande et pouvoir jalonner le tracé de la fosse dans ce pays, mais, dès maintenant, nous connaissons une partie de la fosse et nous verrons plus loin combien cette connais- sance jette de lumières nouvelles sur l’histoire géologique de la région. | Après avoir étudié les coupes des sondages de la Société Solvay au point de vue général, il nous reste à les examiner en détail, à décrire les particularités intéressantes que présentent les étages recoupés, et enfin à justifier les assimilations que nous proposons. (4) C£. Die Steinkohlengebiet nordôstlich der Roer.…. (GLücKAUF, 13 avril 1907, p. 495, n° 15.) 149 ANNEXE A LA SONDAGES DE VEN ET D'ALDENEYCK. Avant tout, il y a une chose qu’il est intéressant de signaler : c’est la grande analogie qui existe entre leur coupe et celle de la partie supé- rieure du célèbre sondage d’Eelen. Aux trois sondages, en effet, on a percé d’abord du Quaternaire campinien, puis on a rencontré un com- plexe puissant de sables, d’argiles et de lignites avant d’arriver à du sable vert fossilifère. Ce qu’il y a de particulier, c’est que ces sables verts ont été rencontrés à une profondeur moindre à Ven et à Aldeneyek qu’à Eelen, localité cependant située plus au Sud que les premières. | Mais à Molenbeersel, par contre, où les mêmes terrains ont été ren- contrés, les épaisseurs sont notablement plus fortes. Quel est l’âge de ce complexe argilo-sableux lignitifère. Ici, nous sommes en face du problème le plus compliqué que suscite la géologie de la Campine, problème qui était déjà posé avant qu’on entreprit les sondages houillers de la Campine et que ceux-e1 n’ont fait que compli- quer et rendre plus irritant. La littérature déjà touffue de la question (1) montre que les opinions les plus diverses ont élé émises par les géologues les plus compétents en géologie tertiaire de notre pays et par ceux qui se sont occupés de la question des morts-terrains du bassin houiller de la Campine. Lorsque M. Mourlon rencontra pour la première fois ces dépôts dans les grands sondages qu’il exécuta pour le levé de la Carte géologique, il rapporta la formation au Rupelien. Mais, d'autre part, il considéra comme étant d'âge quaternaire ancien (Moséen) des formations fort analogues que l’on rencontre dans les environs de Moll, les sables de Moll. Plus tard, M. van Ertborn rattacha toutes ces formations et leur attribua l’âge diestien. Pour M. Velge, les sables à lignites de la Cam- pine comme leurs équivalents les lignites du Rhin seraient pliocènes. Enfin, MM. Habets, Forir et Lohest admettent l’existence de deux niveaux différents de sables à lignites, l’un d’àge oligocène, l’autre post- miocène. Le désaccord, plus apparent que réel, qui existe entre ces divers auteurs provient, en réalité, de ce que le problème est plus complexe (4) Voir aux annexes la littérature sur cette question. SÉANCE DU 15 MAI 1907. 143 encore qu'on ne le pense. Il y a non pas un seul niveau à lignites, ni deux niveaux, mais trois ou quatre niveaux d'âge très différent. Ainsi au sondage de Molenbeersel, 1l y a des sables graveleux à lignites au milieu du cailloutis campinien. Dans la Campine anversoise, il y à des sables et des argiles ligniteuses dont le sommet renferme la faune de Cromer et dont la base repose sur du Poederlien ou du Scal- disien fossilifère (sondages de Turnhout et de Merxplas). Ils sont donc incontestablement pliocène supérieur. D'autre part, M. van Ertborn a montré par des coupes que les sables de Moll, qui renferment fréquem- ment des lignites et des horizons argileux, sont certainement inférieurs au Scaldisien et supérieurs à l’argile rupelienne. Ils ne peuvent donc être que diestiens ou bolderiens, plus vraisemblablement diestiens. Enfin, le quatrième niveau de sables blancs ou gris avec argiles et lignites est connu depuis longtemps dans le Rupelien inférieur. La récente coupe du puits artésien du chemin de fer vicinal à Heyst-op- den-Berg l’a encore démontré à l'évidence. Pour le dire dès maintenant, nous estimons que la région qui occupe le Nord du Limbourg belge et hollandais et le Sud du Brabant septentrional, en d’autres mots la région traversée par la fosse ou graben dont nous avons parlé plus haut, que cette région, disons-nous, constitue depuis au moins la période de l’Oligocène une sorte de géosynelinal en voie d’approfondissement graduel, entrecoupé par de légers soulève- ments. Pendant chaque phase de soulèvement, cette fosse constituait un estuaire servant d’embouchure au Rhin. Pendant ces soulèvements, le géosynclinal se remplissait de dépôts fluvio-marins de sables, d’ar- gile et de lignites, voire même de graviers complexes, que l’on voit se former encore de nos jours à l'embouchure de plusieurs grands fleuves (Nil, Mississipi, ete.) (1). Pendant les phases de renfoncement, la mer envahissait l’estuaire et les plaines environnantes, et y déposait ses sables et argiles marines glauconifères. Cet estuaire constituait l'embouchure du Rhin tertiaire. L’alternance : sables ligniteux et sables glauconifères, à pu se répéter ainsi plusieurs fois, et ce n’est pas au caractère lithologique des roches, mais à la présence de fossiles animaux ou végétaux que l’on doit attri- buer de là valeur comme élément de synchronisation. Or, la flore des sables à lignites étant pratiquement indéterminable (1) M. Lorié a déjà depuis longtemps montré cette lutte de la sédimentation contre l’affaissement séculaire du sol. (Cf. Bull. Soc. belg. de Géol., de Paléontol. et d'Hydrol., t. IT, 1889, Mém., p. 409.) 144 .. ANNEXE A LA dans un sondage, un dépôt à lignites ne peut se synchroniser que par la connaissance de ses rapports de position avec une formation marine fossilifère. | Ceci dit, nous pensons que la région en question a vu se produire la succession de phénomènes ci-après : 1° Pendant l'Oligocène moyen (peut-être déjà pendant l’inférieur), l'estuaire s’est rempli de sables, d’argiles et de couches de lignites contemporains des grands dépôts d'argile qui se formaient dans les mers aux alentours. (est l’époque de la formation principale des lignites du Rhin. C’est à cette époque aussi qu’en plusieurs endroits de la Belgique des dépôts de lignites se sont formés dans des deltas de la mer du Rupelien inférieur (Louvain, Boom, Westerloo, Heyst-op- den-Berg, etc.) ; 2 L’invasion de la région par la mer miocène (bolderienne), puis par la mer pliocène (diestienne) est venue recouvrir ces dépôts de sables marins glauconifères, fossilifères; 3° Pendant l'invasion diestienne ou à la fin de celle-ci, l’estuaire ou le delta se sont reconstitués dans la région, et les sables de Moll s’y sont déposés sur ou à côté des sables diestiens marins (van Ertborn); 4 L’invasion des mers scaldisienne et poederlienne a de nouveau submergé les formations fluvio-marines sous un épais dépôt de sable glauconi{ère ; 5° Tout à fait à la fin du Pliocène, le Rhin à de nouveau reformé son embouchure dans la région et v a déposé ses sables, ses argiles, ses bois flottés et même cette fois ses graviers et ses caïlloutis. Ce sont ces dépôts qu'à la suite de MM. Harmer, van den Broeck et van Ertborn nous rapportons à l'étage amstelien ; 6° Pendant tout ou parte de ces phénomènes, la Meuse devait avoir une embouchure débouchant dans l'estuaire du Rhin dont elle était ainsi l’affluent. Il serait encore difficile maintenant de préciser la position et les limites de cet estuaire de la Meuse, dans lequel se sont déposés les sables à lignites du Limbourg belge. Mais lors de l’époque du Quaternaire campinien, nous voyons l'embouchure de la Meuse bien caractérisée, et dans les sables graveleux de cette époque nous voyons dans cet estuaire, à Molenbeersel, la formation ligniteuse reprendre une quatrième fois. Pour terminer, nous dirons que, comme dans les deltas de nos grands fleuves actuels, le dépôt des bois flottés peut se produire non seulement dans l'estuaire et le delta, mais encore bien loin aux alentours, le long des côtes, et c’est ainsi que dans l’'Amstelien on retrouve des intercalations ligniteuses à Merxplas, à Wuestwezel (Sterbosch). | SÉANCE DU 45 MAI 1907. 145 Après ces considérations générales, il nous reste à justifier l’attri- bution à l’Amstelien des formations: ligniteuses supérieures des pete sondages que nous étudions. C’est en 1896 que M. Harmer, dans un travail magistral sur l’en- semble des formations pliocènes d'Angleterre, de Hollande et de Belgique, proposa la création de l’étage amstelien. Frappé des résultats remarquables que donnait l'étude si consciencieuse de M. Lorié sur les grands sondages de la Hollande, il signala le premier l’importance d’une zone épaisse de sédiments intercalés entre la base du Quater- naire et le sommet du Poederlien, l'étage tertiaire le plus élevé connu à cette époque. Ayant tracé de grandes coupes diagrammatiques à travers la Belgique, la Hollande et l'Angleterre, il reconnut que ce nouvel étage, pliocène tout à fait supérieur par sa faune, occupe une * sorte de cuvette ou gouttière qui s'ouvre et se déverse vers l'Angleterre. Il émit alors cette idée ingénieuse et dont le bien fondé s’accentue tous les jours, que la Hollande est en grande partie oceupée par un vaste estuaire ou delta du Rhin, remontant au Diestien. L'Amstelien aurait contribué à combler, en bonne partie, cet esluaire par ses sédiments (1). Plus tard, M. van Ertborn rapporta à l’Amstelien, sous le nom d'Amstelo-moséen, les couches de sables, d'argile et de lignites qu’il avait observées dans les sondages de Wuestwezel, de Merxplas et de Turnhout (2). A cette époque, l’âge amstelien de ces formations aurait pu être discuté, car on savait seulement avec certitude qu’elles étaient plus récentes que le Poederlien-Scaldisien sur lesquelles elles repo- saient dans ces sondages, mais la détermination toute récente de l’âge icénien des argiles de Tegelen (3) et de Ryckevorsel est venue fixer définitivement ces dépôts à la place exacte que leur avait assignée M. van Ertborn. Or, il n’est pas possible de nier la grande ressemblance qui existe entre le complexe ligniteux du sondage de Molenbeersel et celui des sondages de Merxplas, si bien décrits par Delvaux et van Ertborn. (1) F. W. HARMER, On the pliocene deposits of Holland and their relation to the english and belgian crags.. (QuarT.Jourx. GEoL. Soc., t. XLII, 1896, p. 748.) (2) van ERTBORN, À propos de la carte géologique de la province d'Anvers et de la partie du Limbourg au Nord du Démer. (Buzz. Soc. BELGE DE GÉOI., DE PALÉONTOL. ET D'Hypror.,t. XVII, 1903. Mém., p. 264.) (3) E. Dugois, Sur un équivalent du Forest-bed de Cromer dans les Pays-Bas. (Traduction de M. 0. van Ertborn.) (BuLIL. SOC. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D'HypRoOL., t. XVIII, 1904, Pr.-Verb., p. 240.) CRETE 14907. PROC.-VERB. 10 L Les grands sondages exécutés par M. Mourlon, tout le long de la frontière Nord des provinces d'Anvers et de Limbourg, permettent de suivre pas à pas la liaison du complexe de Molenheersel avec celui de Merxplas et de Wuestwezel. La présence à Molenbeersel du niveau fossilifère miocène beaucoup plus bas vient encore fortifier le raccor- dement. | Les récentes découvertes permettent de serrer de plus près l’exten- sion de l'étage amstelien dans le Nord et le Nord-Est de notre pays et dans le Sud-Est de la Hollande. Dans deux travaux successifs, M. van Ertborn a montré l’extension de plus en plus grande dans le Limbourg et la Campine anversoise des sédiments fluviatiles amsteliens, et nous verrons tout à l’heure la contribution qu’apporte à nos connaissances de ce côté la coupe des sondages houillers de la Campine. Par contre, vers le Nord-Ouest, les recherches tendent à limiter fortement l’exten- sion de l’Amstelien. Cet étage, fortement étendu sur presque toute la largeur de la Hollande, de la Belgique au Zuiderzee, se rétrécit prompte- ment vers le Sud-Est et prend ainsi la forme d’un cône très évasé, forme caractéristique des deltas et des estuaires. Ainsi au sondage de Mariendaal près de Grave, le Pliocène est à peine à 10 mètres de la surface du sol (1). Le même fait a été constaté dans les sondages houillers du Peel (Helenaveen). Par conséquent, l’Amstelien doit se diriger vers le Sud-Est, dans la gouttière ou fosse dont nous avons parlé précédemment, vers Rure- monde et la frontière hollando-prussienne. Que devient l’Amstelien dans cette direction? C’est ce que nous allons essayer de rechercher. Tout d’abord, il est éminemment probable que l’Amstelien se retrouve non seulement dans la fosse précitée, dans le centre du Lim- bourg hollandais, mais qu’il déborde fortement au Sud jusque sur les collines du Sud, et c’est peut-être à cet étage que l’on pourrait rap- porter les lignites des environs de Heerlen que M. Velge a observés reposant sur du Miocène incontestable (2), à moins qu’ils n’appartiennent à une phase fluvio-marine un peu plus ancienne, par exemple à la phase diestienne (sable de Moll). Pour ce qui se passe au delà de la frontière prussienne, nous pouvons puiser des renseignements de la plus haute importance dans deux travaux qui viennent de paraître et qui jettent un 146 _ ANNEXE A LA (4) LoRié, Contributions à la géologie des Pays-Bas. (BULL. Soc. BELGE DE GÉOL,, DE PALÉONTOL. ET D'HYDROL., fasc. X, t. XVII, 1903. Mém., p. 203.) (2) G. VELGE, Le Forest- bed et les ue gnites du Rhin en Aire (ANN. SOC. GÉOL. DE BELG., t. XXXIL, 1904-1905. Bull, p. 76.) SÉANCE DU 15 MAI 1907. 147 jour nouveau sur les origines lointaines du cours du Rhin et par ricochet sur le cours de la Meuse. Ces deux travaux sont l’œuvre de deux géo- logues allemands, MM. E. Kayser et G. Fliegel, qui se sont partagé la tâche d'étudier et de reconstituer le cours du Rhin à l’époque plio- cène (1). | | | M. Kayser a étudié la région comprise entre l'embouchure de la Moselle et cette région géologique et géographique que les Allemands appellent le niederrheinische Bucht, ou baie du Bas-Rhin. Dans cette portion, M. Kayser, coordonnant des faits anciens et les augmen- tant fortement, signale la présence de cailloutis à oolithes siliceuses (Kieseloolith, Quartzschotter) s'étendant de part et d’autre du cours actuel du Rhin et dessinant un vaste lit fluvial longeant vers l'Est le pied des montagnes du Hunsruck et des Hautes-Fagnes. Ce courant fluvial vient déboucher dans le niederrheinische Bucht où 1l à été suivi et étudié par M. Fliegel qui, sur une carte complétant celle de M. Kayser, montre que la même formation caillouteuse se poursuit, mais qu'elle s'étale fortement, de façon à s'étendre depuis Eschweiler jusque Grevenbroich. En même temps, la formation subit des trans- formations qui montrent que de l’amont vers l'aval, le cailloutis fluvial subit la même loi de décroissance du volume des matériaux et de modifications d'éléments que dans les cours d’eau actuels. En effet, (tandis que dans la partie du cours étudiée par M. Kayser, la forma- tion est surtout composée de cailloutis à éléments peu roulés et volu- mineux, avec des sables graveleux, dans le niederrheinische Bucht, les cailloux s’arrondissent davantage, deviennent plus petits, les sables deviennent plus abondants, les argiles et les lignites apparaissent. M. Fliegel à suivi la formation jusqu’à la frontière hollandaise Juste- ment là où nous avons vu aboutir lAmstelien. De là à les réunir, il n'y à qu'un pas. Si l’on opère cette réunion, on peut étudier un stade plus en aval du Rhin et la loi de décroissance des éléments continue à se vérifier. En effet, dans l’Amstelien du sondage de Molenbeersel, les cailloutis sont devenus fort petits, formés de quartz blanc et de phtanite noir. Le plus souvent, ce ne sont plutôt que des lits de gros gravier ou même des sables graveleux. Les sables blancs fins dominent, les argiles sont devenues très épaisses, les lits de troncs d’arbres (1) E. Kayser, Pliocäne Quartzschotter im Rheingebiet. (JARHB. D. K. PR. GEOL. LaxDesansr., t. XXVIIL, 1907, p. 57.) — G. FLIEGEL, Pliocäne Quart:schotter in der Niederrhein Bucht. (IBin., p. 92.) | 148 n: ANNEXE A LA : flottés sont très abondants, l'épaisseur de la formation est devenue énorme. Si l’on examine les échantillons et les coupes des sondages de d'Aldeneyck et de Molenbeersel, on peut déjà voir que sur la petite distance Nord-Sud qui sépare ces trois points, la loi de décroissance de volume des matériaux se vérifie aussi. Les cailloux sont moins gros à Ven qu'à Aldeneyck et encore moins à Molenbeersel qu’à Ven. Faisons un pas encore plus vers l'Ouest, vers la mer : l’Amstelien d'Amsterdam sera devenu encore plus fin, les éléments volumineux ou même graveleux auront complètement disparu, remplacés par des. sédiments fins argilo-sableux et ligniteux. La formation sera devenue, si pas marine, à peu près marine, telle qu’on la voit décrite dans les ouvrages de M. Lorié (1). Pour établir le synchronisme de l’Amstelien avec les formations plio- cènes fluviatiles rhénanes, il est à craindre que l’argument paléontolo- gique déduit de l’étude de la faune et de la flore ne se fasse encore longtemps attendre; mais il suffirait, pour admettre le parallélisme, de rencontrer dans les cailloutis de l’Amstelien ces remarquables cailloux oolithiques et ces fossiles silicifiés, en grande partie jurassiques, qui, d’après les deux auteurs allemands, caractérisent à un haut de la formation allemande. Si le parallélisme que nous proposons venait à se vérifier, on pour- rait en déduire qu’à l’époque pliocène le Rhin avait une embou- _chure dans le niederrheinische Bucht, mais qu’une bifurcation de cette embouchure, provoquée par l'existence du haut-fond de Pliocène plus ancien de Mariendael et des sondages du Peel, qu’une bifurcation, dis-je, traversait le centre du Limbourg hollandais, recevait comme affluent la Meuse, puis, s’étalant fortement, recouvrait le Nord de la Campine et une bonne partie de la Hollande occidentale, et se serait même étendue jusque dans les comtés orientaux de l’Angleterre d’après M. Harmer. À la lueur des faits que nous venons de citer et de ceux que nous ont apportés les sondages de la Campine, on peut essayer de reconsti- tuer de même l’histoire pliocène du cours de la Meuse et répondre ainsi . provisoirement au desideratum si sagace posé par M. Fliegel dans son travail précité (cf. p. 115). En lisant le court et sec résumé que j'ai donné plus haut du résultat (4) LoRiËé, Contributions à la géologie des Pays-Bas, 4e fase. ur. SOC. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D'HYDROL., t. III, 1889. Mém., p: 409.) ; SÉANCE DU 15 MAÏ 1907. 149 des recherches de MM. Kayser et Fliegel, on aura sans doute été frappé de l’analogie, pour ne pas dire de l’identité, des faits qu'ils ont décou- verts avec ceux que MM. E. van den Broeck, A. Rutot et moi-même avons signalés depuis longtemps le long de la Meuse (1). Dès 1894, j'avais jalonné le long de la Meuse la trace d’un cours d’eau tertiairé caractérisé exactement par les mêmes roches oolithiques et autres que les dépôts similaires rhénans. A ce cours d’eau que, faute de matériaux, j'avais tout simplement rattaché à l'ère tertiaire, Je n’éprouve aucune difficulté, au contraire, à attribuer un âge pliocène, comme nos con- frères allemands l’ont fait pour le Rhin. be L’analogie dont nous venons de parler, les géologues allemands l’ont aussi remarquée et soulignée dans leurs écrits. fs ont même fait plus. Ils se sont donné la peine de venir en Belgique étudier sur place les cailloutis mosans, et après cette étude leur conviction dans l'identité des deux formations à pu s'affirmer avec d’autant plus d'énergie et d'autorité. - [existe cependant des différences que MM. Kayser et Fliegel ont signalées entre les deux formations, mais ces différences. je me hâte de le dire ici, üennent à ce que le cours de la Meuse pliocène était jusqué Maintenant moins bien connu ét moins décrit que son contemporain le Rhin. Jusque maintenant, en effet, on n'avait décrit de la Meuse qu'un tronçon, celui de Namur à Liége. Depuis l’époque, déjà lointaine, où j'ai publié mon travail sur le cours de la Meuse, j'ai continué à poursuivre mes recherches. Quoi- qu'elles ne soient pas encore arrivées à un degré de maturité qui permette de les livrer complètement à la publicité, j'en sais assez cependant pour pouvoir dire que l’analogie entre la Meuse pliocène et le Rhin se poursuit dans les moindres détails. On pourra en juger par les quelques lignes qui suivent. Le cours de la Meuse pliocène se poursuit bien, comme je l’ai déjà dit, dans la direction de l’Entre-Sambre-et-Meuse, de Namur vers Couvin. Dans la région de Couvin, on retrouve les cailloutis à gros élé- ments incomplètement roulés, riches en roches primaires, à côté (le cailloux de quartz blanc. Ce tronçon d’amont de Ja Meuse correspondrait au tronçon du Rhin étudié par M. Kayser dans les environs de l’embouchure de la Moselle. La Meuse movenne, de Namur à Liége, correspondrait à la partie du cours du Rhin comprise entre Bonn et le Laacher See. Quant M) Voir la littérature complète de cette question dans l’ouvrage précité de M. Kayser. 150 ANNEXE A LA à cette partie du Rhin que les géologues allemands s’étonnaient de voir sans équivalent dans le cours de la Meuse, le niederrheinische Bucht, c'est dans les sondages de la Campine, dans ceux de la Société Solvay tout spécialement, qu'il faut la chercher. C’est là que se sont cachées pendant si longtemps ces formations fluviales qu'un effondrement récent et gigantesque à lentement amenées à des centaines de mètres plus bas que leurs congénères allemands. C'est comme cela aussi, je pense, que l’on peut expliquer les nappes jaillissantes étonnantes ren- contrées dans ces sondages et dont le niveau hydrostatique s’établissait à près de 50 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il se pourrait, en effet, que les eaux vinssent dans ces nappes, non de Belgique, mais des affleurements de ces roches aux altitudes supérieures à 100 mètres qu’elles atteignent dans leurs affleurements aux environs de Düren. En aval de Maeseyck, en effet, il est probable que la Meuse et le Rhin ont confondu leurs eaux à l’époque pliocène, et en aval de ce point, leur histoire devient donc commune. Pour compléter l’étude du cours de la Meuse pliocène, il me reste à rattacher les dépôts amsteliens des sondages de la Campine au tronçon d’amont et à combler la lacune qui existe depuis la Campine Jusque près de Liége, là où J'ai cessé de suivre ce cours dans mes premières études. C’est une besogne que j'ai déjà fortement entamée et que J'espère bien pouvoir mener à bonne fin. Je n’ai rien de particulier à dire sur les couches inférieures des sondages de la Société Solvay. Les assimilations que je propose reposent sur des bases beaucoup moins certaines que celles de l’Amstelien. Pour tout dire, les déterminations dépendent presque entièrement du crédit que l’on accorde aux niveaux fossilifères miocènes des sondages de Ven et de Molenbeersel. La chose est d'autant plus regrettable que si l'échan- tillonnage des sondages avait été meilleur, il est certain que dans ces sondages, comme dans beaucoup d’autres, la question de l’âge des sables de Moll et de beaucoup d’autres encore aurait été résolue définitivement: Je ne terminerat pas cette note sans adresser mes meilleurs remer- elements à M. A. Lemonnier, Directeur à la Société Solvay, dont la cordiale intervention m'a valu la communication des matériaux de ces sondages et les autorisations que la Société Solvay m’a gracieusement accordées d’en publier les résultats (1). (1) Un résultat intéressant de ces sondages, c’est de montrer les nombreux niveaux de grès blanc et durs que renferme le Tertiaire de la région. 11 ne sera donc plus nécessaire de recourir au Landenien, ni à des transports gigantesques, pour expliquer la présence des blocs de grès énormes du Sud de la Campine limbourgeoise, comme l’avait déjà montré M. van den Broeck. SÉANCE DU 15 MAI 1907. A NN E XX EE 11 Coupe détaillée des sondages d’après les relevés des sondeurs. Sondage d’Aldeneyck. : ALLUVIONS : Terre arable. CAMPINIEN : Terre argileuse avec lits de cailloux. Cailloux de quartzite dans du sable graveleux. AMSTELIEN : Sable blanc . Argile noire avec bois fossile. Sable gris (forte nappe jaillissante) . . . Sable gris-blanc AUATEEUx avec lits TAREE sue et de Bebe LRQ roulés de quartz. Sable graveleux blanc avec Aire grains de uote : Sable graveleux blanc avec lits de gros gravier et bois fossile pyriteux Lit de gros galets de quartz . Argile plastique gris-noir . . . . . Sable gris quartzeux très graveleux avec lits de gravier, de cailloux roulés, lentilles d'argile grise, bois fossiles pyriteux. . . ei POEDERLIEN : Sable gris-vert très glauconifère avec blocs de grès pyriteux au sommet Sondage de Ven, n° !. CAMPINIEN : Terre arable Sable très graveleux brun-rouge avec lits graveleux et lits argileux Argile sableuse brune . Cailloux roulés avec sable glauconifère pyriteux agglutiné et avec lignite. Gros gravier avec cailloux roulés. Sable très graveleux avec gravier et cailloux roulés . 0 50 1.00 10.50 18.00 2.00 73.00 21.90 4.00 1.10 2.00 2.00 23.00 9.00 0.30 2 70 1.00 0.10 14.90 1.00 152 :_ ANNEXE A LA AMSTELIEN : Argile plastique gris-noir . Sable blanc à grain moyen avec gravier à la base. Sable jaunätre à grain fin pailleté de noir . Sable jaunâtre fin NET re EME Sable légèrement graveleux (nappe jaillissante à 122 mètres) Argile blanche . Sable gris-blanc argileux . Sable gris-blanc très graveleux avec glauconie et lits de gravier de quartz blanc ou noir Sable très graveleux gris-blanc avec lignite Gravier moyen de quartz et de silex avec lignite . Argile gris-noir plastique . POEDERLIEN : Sable gris à grain fin avec glauconie. Sable graveleux avec grains de quartz transparent Sable argileux gris-blanc glauconifère . 2 DE a SRSENCONE Sable vert foncé très glauconifère avec intercalations d’argile verte DIESTIEN : Sable blanc . . . BOLDERIEN : Sable gris-vert glauconifère extrêmement fossilifère . Sondage de Ven, n° 2. CAMPINIEN : Terre arable et sable jaunâtre Argile grise très plastique claire. Gravier et cailloux roulés . AMSTELIEN : Sable blanc graveleux (avec un lit de 020 de grains moyens de quartz à 29m5{)) Sable gris noir . 4,0 Re Argile plastique noire avec gros cailloux roulés Sable gris (avec lignites à partir de 42 mètres). Trones fossiles . 0.20 2 30 1.00 89.00 21.50 8.00 11.00 20.00 3 .OÙ 4.00 1.50 19.50 8.00 41.90 41.50 11.50 59 50 4.00 1.00 22.00 9.00 1.00 4.00 26.00 5.00 SÉANCE DU 15 MAI 1907. 153 Argile noire tourbeuse avec débris végétaux . . . . . . . . ,. . 41.00 Sable gris-blane aquifère avec liquide (nappe re à 100 mètres) . . 26.00 ME FHiS-blanc aquiféres. 60.0. 2 à 2 0, à CU, 2 2, 41.00 Sbieeraveleux très quartzeux boulant. % % .. 2. . “|. 6.00 Pnedesravier de quartz noir et blane. . . . : . . . . . . . 2.00 POEDERLIEN : Sable gris-noir très glauconifère un peu argileux « . , . . . . . . 59.00 ER RU US, 0 4 Ke à 404 où à à «+ 90.00 Sondage de Molenbeersel. ALLUVIONS : LIRE PAS 0.50 CAMPINIEN : Bébiejauneet bleu. :. . . . _: -., , ,, , , . RU 4.50 Sable argileux fluide gris-bleu. La nappe aquifère s'équilibre à 1mÿ0 sous L5 Bo 8 0e a EN OR RENE RE ET 8.00 Sable gris aggloméré en grès avec couche de gravier . . . . . . . 3.00 Sable gris-blanc très graveleux avec gros cailloux (quartzite revinien et bois SE 24 le NO 4 nu ob. e % à + - 44,30 AMSTELIEN : ME niSIAVEC POIs LOSSIIe à |. 1. 0... 0, Le ... : . . % . , 0.60 Babléiéraveleux blanc : - ../. . . . . . . . . .… . . . . 40.0 Sable tourbeux noir argileux passant à l'argile noire. . . . . . . . 4.90 Pable/sraveleux gris très boulant . .., . . . . . . . . . . . bo00 Sable fin gris-bleu très boulant (nombreux bois fossiles). . . , . . . 20.00 Sable gris-blane avec banc de gravier miliaire de quartzite noir et blanc, bois fossile; bancs agglomérés ou grès . . . . . . . . . . 105.00 Sable gris-noir aggloméré ou grès, graveleux . . . . , . . . . . B2.00 ENT LR, eu» eu a 146.00 LÉ LUS CRT RE 6 40 Sable blanc compact avec cinq bancs de grès blanc de Om40 à 4 mètres de ROSE 2 2 OU Pets de ve Ur 4 + 30.10 Sable blanc avec minces bancs de grès très dur . . . . . . . . . 11.90 A COMIDACL 0. OO Un a. . 1 , 19.50 POEDERIIEN : MERE DAESEZ Compact... . à . … . < . . . . . . . 437 00 154 ANNEXE A LA SCALDISIEN ? Sable compact gris verdâtre . Sable gris verdâtre argileux . DIESTIEN : Grès blanc dur . Sable argileux gris . Sable gris à Grès blanc très dur. Sable blanc compact Grès blanc assez dur PAL Sable gris clair micacé légèrement glauconifère BOLDERIEN : Sable gris-noir avec débris de coquilles. Sable gris clair fossilifère. Sable gris foncé fossilifère Roth Sable graveleux noir avec glauconie et fossiles Sable graveleux noir avec fossiles Sable graveleux gris foncé avec fossiles. RUPELIEN : Argile brun-rouge . Argile grise plastique . MUR Sable argileux gris verdâtre glauconifère TONGRIEN : Sable foncé très glauconifère fossilifère. Sable foncé sans fossiles . 76.00 19 00 1.50 18.50 25.45 1.20 21.39 6 00 180.00 14.00 26.00 27.00 38.00 30.00 71.00 11.00 25.00 2,00 5.00 1.00 À SÉANCE DU 15 MAI 1907. 155 Littérature de la question de l’âge des formations ligniteuses de la Campine. VELGE, G., Le Forest-bed et les lignites du Rhin dans la Campine. (Ann. Soc. géol. Belgique, t. XXXII, 1904-1905, BuLL., p. 57.) Forir, H., Réponse à la note de M. Velge. (Jbid., BuLL., p. 59.) VELGE, G., Réplique aux objections de M. Forir. (1bid., BuLL., p. 76.) ForiR, H., Réponse à la réplique de M. Velge. (Ibid., BuLL., p.79.) VELGE, G., Les lignites du Rhin dans les sondages houillers de la Campine. ({bid., BuLL., p. 86.) MourLon, M., Essai d’une monographie des dépôts marins et continentaux du Quater- naire moséen, le plus ancien de la Belgique. (Ann. Soc. géol. Belg., t. XXVWbis, in-4°, 1900, p. 123.) MourLon, M., Les mers quaternaires en Belgique. (Bull. Acad. roy. Belg., 3° série, t. XXXII, 1896, p. 671.) MourLoN, M., Sur les dépôts tertiaires de la Campine limbourgeoise à l'Ouest de la Meuse. (Bull. Soc. belge Géol., t. XII, 1898, p. 45.) MourLon, M., Compte rendu de l’excursion géologique dans la Campine limbour- geoise. (Ann. Soc. malacologique, t. XXXIV, 1899, p. 83, BuLL.) DELvAUXx, E., Étude stratigraphique et paléontologique du sous-sol de la Campine. (Ann. Soc. géol. Belg., t XVII, 1890-1891, MÉM., p. 107.) VELGE, G., Le sable tertiaire de la province de Namur et le sable de Moll. (Ann. Soc. géol. Belg., t. XXV, 1898, MÉM., p. 49.) VELGE, G., Essai géologique sur la Campine limbourgeoise. (Ann. Soc. géol. Belg., t. XXIIT, 1896, MÉM., p. 89.) VAN DEN BROECK, E., Notice préliminaire sur le niveau stratigraphique et la région d’origine de certains des blocs de grès quartzeux des plaines de la Moyenne et de la Basse Belgique. (Bull. Soc. belge Géol., t. IX, 1895, BuL., p. 91.) VAN ERTBORN, Les levés géologiques théoriques. (Ann. Soc. malacol. belg., t. XXXVI, 1901, BuLz., p. 61.) VAN ERTBORN, Contribution à l’étude des étages rupelien, bolderien, diestien et poederlien. (Bull. Soc. belge Géol.. t. XVI, 1902, MÉm., p. 39.) VAN ERTBORN, Le système pliocène en Belgique. In-8, Bruxelles, 1903, P. Weissen- bruch. VAN ERTBORN, Allure probable de l'argile rupelienne dans le Nord de la Belgique. (Bull. Soc. belge Géol., t. XV, 1901. MÉm., p. 248.) 156 ANNEXE A LA VAN ERTBORN, Contribution à l’étude des terrains quaternaires et de l’étage diestien dans la province d’Anvers. (Ann. Soc. malacol. de Belgique, t. XXXVI, 1901, p. A, BULL.) MourLoN, M., Sur l’âge relatif des sables noirs à lignites du sous-sol de la Campine limbourgeoise. (Ann. Soc. malacol. Belgique, t. XXXIIT, 1898, p. Lxxx.) MourLoN, M., Quelques mots au sujet des observations de M. van Ertborn sur l’allure probable de l'argile rupelienne. (Ann. Soc. malacol. Belgique, t. XXX1V,1899, p. xxrv.) VELGE, G., Les affleurements du terrain tertiaire du Limbourg. (Ann. Soc. géol. Belg., t. XXXIII, 4905, MÉM., p. 147.) ForiR, H., HABETS, A., LOHEST, M., Coupes des sondages de la Campine, etc. (Ann. Soc. géol Belg., t. XXX, 1902-1904, MÉm., p. 225.) N. B. D'autres travaux concernant le même sujet sont déjà cités dans le corps de cette note. sie . SÉANCE DU 15 MAI 1907, 197 L’AUDITION CHEZ LES EC VOSAURIENS Louis DOLLO Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle, à Bruxelles. 1. La Columelle des Ichthyosauriens. — 1. C’est le brillant paléontologiste américain Æ. D. Cope qui découvrit la Columelle de l’Oreille des fchthyosauriens, en 1870 (1). 2. Son interprétation fut confirmée par les auteurs qui suivirent (2), (4) E. D. Cope. On the Homologies of some of the Cranial Bones of the Reptilia, and on the Systematic Arrangement of the Class. PROCEEDINGS OF THE AMERICAN ASSOCIA- TION FOR THE ADVANCEMENT OF SCIENCE. Vol. XIX. 1870. pp. 198 et 247. (2) G. Baur. On the Morphology and Origin of the Ichthyopterygia. AMERICAN NATURALIST. Vol. XXI. 1887. p. 838. — E. FRaas. Die Ichthyosaurier der süddeutschen Trias- und Jura-Ablagerungen. Tubingue, 1891. p. 14. — F. BAUER. Osteologische Notixen über Ichthyosaurier. ANATOMISCHER ANZEIGER. Vol. XVIIL. 1900. p. 581. — GC W. GILMORE. Osteology of Baptanodon (Marsh). MEMOIRS OF THE CARNEGIE Museum. Vol. II, 1905. p. 86. 158 . ANNEXE A LA et, notamment, par M. C. W. Andrews, Senior Assistant au British Museum, qui écrivait tout récemment (1) : 1 \. EE —> = | Crâne : Face postérieure. — Échelle : } environ. Terrain : Oxfordien (Jurassique supérieur). Localité : Peterborough (Northamptonshire). Ordre : Ichthyosauriens. D’après M. C. W. ANDREWS (Geological Magazine, 1907, p. 204). boc. — Basioccipital. 0p. — Opisthotique. pt. — Ptérygoïde. qg. — Quadratum. soc. — Susoccipital. st. — Columellé (Stapes). « The stapes (sf.), which, as usual in the group, have lost their audi- tory function, unite firmly with the basi-occipital by their expanded inner ends, while their outer extremities fit into pit-like facets of the quadrates; below they lie in a groove on the upper surface of the pterygoids (pt.), the postero-external wings of which also unite firmly with the inner surface of the quadrates. » (4) C. W. ANDREwS. Notes on the Osteology of Ophthalmosaurus icenicus, Seeley, an Ichthyosaurian Reptile from the Oxford Clay of Peterborough. GEOLOGICAL MAGAZINE. Vol. IV. 1907. p. 2083. SÉANCE DU 15 MAI 1907. 159 3. En ce qui me concerne, Je ne crois pas que la Columelle de l’Oreille des Ichthyosauriens ait perdu sa fonction auditive, — mais je pense qu’il s’agit, ici, d’une Audition spéciale, — en rapport avec la faculté de Plonger à de grandes profondeurs. C’est ce que je vais essayer de montrer. 2. L’Audition chez les Cétacés. — L’Appareil auditif des Cétacés est caractérisé par une double disposition : 4. — La perte de la Membrane tympanique, en tant que membrane vibrante. 2. — L’hypertrophie des Osselets de l’Ouie. Adaptations destinées à permettre la descente de ces Mammifères pélagiques plongeurs jusque dans les Abysses, sans leur enlever la possi- bilité d'entendre. | « Der Wal hat einen nahezu obliterirten Gehôrgang. Das Lumen, welches gegen das Trommelfell zu noch vorhanden ist, ist mit abge- stossenen Gehôrgangsepithelien ausgefüllt. Dem Trommelfellist daher die Môglichkeit, durch Schallwellen nennenswerth bewegt zu werden, enizogen. » « Das Trommelfell ist dick und undurchsichtig. » « Dem Wal-Labyrinth kônnen Schallwellen weder durch Vermitt- lung des schwingungsunfähigen und dazu noch vom Hammer fast gelôsten Trormmelfells noch durch das verstopfte runde Fenster im nennenswerther Weise zugefübrt werden. » « Dagegen ist der andere Weg, die Gehôrknôchelchenkette, nicht nur nicht reducirt, wie man es erwarten muüsste, wenn ihre Bedeu- tung beim Wal durch die Ankylose eine nebensächliche geworden wäre, Sondern in progressiver Weise entwickelt. Die Gehôrknôchel- chen sind bei weitem grôsser und compacter als bei den Landsauge- thieren ; es ist das Gewicht der Knôchelchen bei Phocaena (Lange des ausgewachsenen Thieres : 1,5-2,0 m) nach Hennicke nahezu 5 Mal so gross Wie beim Menschen und nahezu 3 Mal so gross wie beim Pferd. Diese progressive Entwicklung der Gehôrknôchelchen beim Wal bedeutet geradezu eine Durchbrechung des Princips der starken und allgemeinen Reduction des Knochenskelets zur Erleichterung des spe- cifischen Gewichts. Sie muss daher cine besondere Bedeutung haben. Diese Bedeutung kann nur darin bestehen, die Schalleitung zum ova- len Fenster zu verbessern, und das führt uns zu dem Schluss, dass beim VW al für die Erregung der Endzellen des Nervus cochlearis die Eintrittstelle der Schallwellen in das Labyrinth keine gleichgültige sei, 160 ANNEXE A LA dass viélmehr das ovale Fenster als die günstigste Eintritistelle zu betrachten sel. » « Die Schalleitung in der Gehôrknôchelchenkette ist eine mole- culare. » ES « Der Wal vermag in ungeheure Tiefen zu tauchen, bis zu 1000 n m hinab, wie das feststeht (1). » 83. L’Audition chez les Ichthyosauriens. — Maintenant, nous retrouvons, chez les Ichthyosauriens, les mémes particularités de structure de l’Appareil auditif que chez les Cétacés : 1. Absence de Membrane tympanique, en tant que membrane vibrante. | Car, si cette membrane avait existé, comme telle, elle aurait été: reliée à la Membrane ovale par une Chaine interfenestrale(Extracolumelle + Columelle) ininterrompue. | Or, les connexions de la Columelle de l’Oreille des Ichthyosauriens démontrent qu'une pareille Chaîne n'existait plus chez eux, ce quï revient à dire qu'ils n'avaient pas de Membrane UisnqS Vi- brante. fe 2. — Hypertrophie de la Columelle, qui est énorme, et encastrée entre le Quadratum, d’une part, l’Opisthotique et le Basioccipital, de l’autre. La présence des Canaux semi-circulaires (2), établissant que l’Oreille interne des [chthyosauriens n’était pas atrophiée, prouve, en même temps, l'existence d’une Fonction auditive chez ces Reptiles. Mais la Transmission du Son à l’Oreille interne devait avoir lieu, ici, — comme chez les Cétacés, — par Conduction moléculaire, — à travers la Columelle hypertrophiée, — et non par l’intermédiaire d’une Mem- brane tympanique vibrante. Dans quel but? Adaptation pour Plonger très loin de la surface, évi- demment. Nouveau cas de Convergence. (4) G. BoENNiNGHAUS. Das Ohr des Zahnivales. LOOLOGISCHE JAHRBÜCHER (ANATOMIE UND ONTOGENIE). Vol. XIX. 1904. pp. 259, 280, 281, 989, 343, 346. @) GC W. Anprews. Notes on the Osteology, etc. p. 204. « The supra-oceipital (soc.) consists of a lateral epiotic region, which is impressed by two of the semicireular canals, and a posterior occipital region, which is perforated on either side of the middle line by a large foramen (/or.), which may have trans- mitted a blood-vessel or may possibly have something to do with the peculiarly modified auditory apparatus, and have served for the passage of an enlarged ductus endolymphaticus. » SÉANCE DU 15 MAI 1907. - A61 4. Confirmations. — 1. Les Ichthyosauriens représentent trop bien, parmi les Reptiles, léquivalent des Odontocètes, parmi les Mammifères, pour ne pas avoir eu des besoins analogues. | _ Or, les Odontocètes sont adaptés à Plonger. Il est donc ARTE que lé Ichthyosauriens l’étaient aussi. | 2. Une Adaptation des Cétacés, pour Plonger, c’est la tan: dans la profondeur de la tête et du cou, des grands troncs en jeu dans la Circulation cérébrale. Ainsi, chez le Marsouin, les Artères carotides internes sont oblité- rées, les Artères vertébrales manquent et la nutrition du cerveau est exclusivement confiée aux Artères méningées spinales hypertro- phiées (1). Et, justement, Ophthalmosaurus à un susoccipital très curieusement échancré par-dessous et semblant indiquer que, chez les [chthyosau- (1) G. BOoENNINGHAUS. Das Ohr des Zahnwales, etc. pp. 277, 340, 342, 343, 345. « Bei allen Landsäugethieren bestcht eine vordere und eine hintere Ernährung des Gehirns, vorn durch die Carotis int. oder, wo diese obliteriert, also bei den Wieder- käuern, durch die Maxillaris int., hinten durch die Art. vertebralis oder durch die Art. occipitalis. D. « Sowohl Rapp wie STANNIUS sprechen von der Carotis interna der Zahnwale, allein die beiden merkwürdigen Facta, dass sie durch die Paukenhôühle geht und sich zur Dicke eines Fadens verjüngt, sind von keinem der sonst so gründlichen Autoren erwähnt. » « Die Obliteration der Carotis interna bei Phocaena in ihrem Verlauf durch die Paukenhôühle legte mir die Frage nahe, in welcher Weise der Ersatz für dieselbe als wichtigstes blutzuführendes Gefäss des Gehirns sich gestalte. Zur Entscheidung derselben standen mir 4 abgeschnittene Kôüple von Phocaena zur Verfügung. Ich injicirte 2 Kôpfe von den Hauptarterien des Halses, der Carotis externa und der Occipitalis aus — eine Vertcbralis hat Phocaena nicht. Trotz maximalen Injections- druckes blieben die Arterien des Cavum cranii vollkommen frei von Injectionsmasse. » « Es besteht also bei Phocaena die sehr merkwürdige und bisher unbekannte Einrich- tung, dass das ganxe Gehirn arteriell ausschliesslich vom Wirbelcanal aus versorgt wird und zwar durch enorm erweiterte Artt. meningeae spinales. » « Der Wal vermag in ungeheure Tiefen zu tauchen, bis zu 1000 M. hinab, wie das feststeht. In solcher Tiefe lastet ein sehr starker Wasserdruck auf ihm, und auch ein schwächerer dürfte sehr wohl im Stande sein, seine Carotis am Halse zu comprimiren. Das würde beim ticfern Tauchen zu einer schlechten Blutversorgung des Gehirns führen. Durch die ausschliessliche Ernährung des Gehirns vom incompressiblen Spinal- canal aus ist eine Circulationsstürung im Gehirn beim Tauchen ausgeschlossen, und s0 haben wir denn in dieser Einrichtung eine ganz ausgesprochene Anpassungser CU an das Leben im Wasser zu erblicken. » « Eine ähnliche, wenn auch nicht so vollkommene Emancipirung vom äussern Druck vollzieht sich beim Wal nun auch im venüsen Blutlauf des Schädels. » | « Die arterielle Blutversorgung des Gehirns geschieht beim Wal vom Wirbelcanal aus durch enorm erweiterte Artt. meningeae spinales. Auch der Abfluss des venüsen Blutes aus dem Gehirn findet zum grüssten Theil dureh den Wirbelcanal statt. Durch diese Verlegung der Blutzufuhr und -abfuhr in den incompressiblen Wirbelcanal ist die Blutcirculation im Gehirn der Beeinflussung den Druck des Wassers entzogen, eine notwendige Voraussetzung für das Hinabtauchen in grôssere Tieïfe. » 162 ANNEXE A LA riens également, c’est par le foramen magnum que se faisait l’entrée des gros vaisseaux pairs indépendants destinés à assurer la Circulation cérébrale. * Sans compter que les échanerures en question répondent, par leurs dimensions, aux Artères méningées spinales hypertrophiées du Mar- souin. À N'est-ce pas là une Adaptation analogue à celle des Cétacés ? 3. Ophthalmosaurus avait des yeux énormes, permettant de conclure à un animal qui vivait fréquemment dans une lumière crépusculaire. Fic. 2. — Ophthalmosaurus icenicus, Seeley, 1874. Crâne : Profil droit. — Échelle : { environ. Terrain : Oxfordien (Jurassique supérieur). Localité : Peterborough (Northamptonshire). Ordre : Ichthyosauriens. D'après M. C. W. ANDREWS (Geological Magazine, 1907, p. 203). Pour montrer les Yeux énormes, adaptés à une Lumière crépusculaire. Mais, dans ses relations avec la lumière solaire, l'Océan se divise en trois régions (4) : 4. Euphotique. -- 0 à 80 mètres. — Lumière vive. 2. Dysphotique. — 80 à 550 mètres. — Lumière crépusculaire. 5. Aphotique. — 350 mètres et au delà. — Obscurité. Il est, dès lors, vraisemblable qu'Ophthalmosaurus descendait sou- vent entre 80 et 550 mètres (2), ce qui n’est pas étonnant, puisque les Cétacés peuvent s’enfoncer jusqu'à 1000 mètres. | Dans ces conditions, les Pressions qu’il avait à supporter justifient la transformation de son Appareil auditif. (1) A. F. W. ScxiMPER. Pflanxen-Geographie auf physiologischer Grundlage. léna, 1898. p. 818. (2) Suivant les Migrations Diurnes en Profondeur de la Faune Pélagique. — H. N. MoseLey. Pelagic Life. NATURE. Vol. XXVI. 1882. p. 560. SÉANCE DU 15 MAI 1907. 163 4, Enfin, les Zchthyosauriens ne sont pas les seuls Reptiles pélagiques éteints chez lesquels on se trouve amené à découvrir des Adaptations pour Plonger. Car, il n’y a pas bien longtemps (1), j'ai été conduit à étudier, en Plioplatecarpus, un Mosasaurien plongeur. On y constate, en effet : 1. — Absence de Membrane CN en tant que membrane vibrante (on se souvient qu'elle est calcifiée). 2. — Hypertrophie de la Chaîne interfenestrale (Extracolumelle ossi- fiée et soudée à l’Opercule tympanique). Ce qui, avec les grands troncs de la Circulation cérébrale relégués dans la profondeur {Canal basioccipital médian), constitue les disposi- tions caractéristiques d’un Plongeur. 5. Conclusions. — 1. Le développement particulier de la Columelle de l’Oreille des Ichthyosauriens résulte, probablement, d’une modifica- tion de l’Appareil auditif pour Plonger. 2. L'Échancrure inférieure du Susoccipital de ces Reptiles a, peut-être, son origine dans un changement de la Circulation cérébrale, dû à la même cause. 5. Convergence entre Phocæna (Cétacé), Ophthalmosaurus ({chthyo - saurien) et Plioplatecarpus (Mosasaurien), dans l’Adaptation pour Plon- ger (Appareil auditif + Circulation cérébrale). 4. Je ne puis pousser plus loin ces recherches. Je manque, pour cela, de documents originaux. Et puis, je suis engagé dans d’autres travaux. | D'ailleurs, je désire laisser à M. Andrews le soin d'approfondir la question, puisqu'il prépare un ouvrage où les Ichthyosauriens joueront un rôle important. (4) L. Docco. Les Mosasauriens de la Belgique. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE. Vol. XVIIL. 1904. p. 210. — L. DocLo. Un nouvel Opercule tympanique de Plioplatecarpus, Mosasaurien plon- geur. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE. Vol. XIX. 1905. p. 125. ———< He — | < 2622 ste CETTE = ÿ =! F s ce. 0) k l * d x AE, ere ses ARS USE Ke 2 : * ISA - Q - EU. ae È En. ds : -, > 54 ‘ 4 J ; IEN A Û ; Cr | we &. re A ani » = dE > | L e : # « : “ si ? si À EU RON RS TRES # À _ : e 4 J - PE ; À 1 ï 3 . g A . 4 © x Uélerd ‘ FRAC NRe, È F Û 2. « DATE va Ê x . + Pa ? 14 î 2 5: + VEN SN : C Ë ; se re! + +: M g ss 5 + ++ + + < Er. Ua Le NPA : re 2 5 . à | £ ® « . F # 3 à FAR 2 x. : 7e A R : 4 E D vL 2 É. s # su " . = & 2 F: 4 ù É E à WE LA ji : PNG à + . F > sad PA E S = D'ART EN WAR: ARRET . £ s b ARE . : : è | = Te: = “ - C'EST Je 0.7 TS ; : re a Le f < = = : « à + È Fr Fe - = À : ze : « % = « , An À . % k = E 2 s : : Ë + ; * : 4 LUNA ES ‘ PET, es +5 Le Lo Pac D « . : « L à : _ "ne . . F- £ x = & LEE * = = % DRAC - £ : 2 Le L 4 « 2 A e ,- 1 É: Ê r C ès : QE L æ — 2 > : * “ Q À . . » LES : < 4 — # £ = t E ee : = : ct s Ê = , ; ; n s È ‘} Shretuadins L F ; ' NE s HAUTES NE CE FA Û =: = AS re ES Re à à 3 CE ; Ê # à ï 4 5: FR . se? FES Fer Us É 5 ' : ; r A DÉLÉS LI Xe nee ed ee I CE Distinctions honorifiques . . . . . . LA Approbation du procès-verbal de la séance d'avril . PÉTER Gorrespondance 51 Ko ce le Le _X. Stainier, La géologie du Nord-Est du Poe d'après . récents TABLE DES MATIÈRES DU PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU 15 MAI 1907 de Programme de concours (1907 et 1908) de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut. ART SPA PSS à Re A Dons et-énvois Te RQ) en OS AR Élection de nouveaux membres .« «+ . . . . . Baron ©. van Ertborn. À propos des communications de M Rutot à ua séance d'avril. 490727 F5 SSSR A SET LR QUE Baron ©. van Erthorn. Nouvelle découverte de bois de Cervidé en Campine anversoise et découverte d'un squelette d'Elephas primigentus à Lierre. L. Gérard, Les indices de pollution des eaux alimentaires par les Ro d’eau superficielle (méthode d'analyse rapide). (Inséré aux Mémoires. ) &. Lagrange. Sismologie et Géologie. (Inséré aux Mémoires.) : . : : æ. de Dorlodot. La faille de Maulenne (Résumé.) . . . . . . ee + F. de Munek, Les alluvions à Éolithes de la terrasse supérieure de la > Lee de la Meuse; = MR EN a. Laville Réponse à la note de M. ie « Un cas A éolithisme ». + . ES ANNEXES A LA SÉANCE. Communications qui seront exposées à la séance nel du 18 juin. er Sondages, 20e . 2 LR NS er ee L. Dollo, L’Audition chez les Tehthyosariens. ie + : ÉS _ BULLETIN DE LA AUCIÉTE BELGE DE GHOLOGIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE …. | | (BRUXELLES) PRÉSIDENT D'HONNEUR : en _S. A. R. le Prince ALBERT de Belgique __ Procès-Verbal . DE LA SÉANCE DU 18 JUIN 1907 Vingt et unième année = ee Tome XXI — 1907 ee _ BRUXELLES | HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 4149, rue de Louvain, 412 1907 SÉANCE MENSUELLE DU ‘18 JUIN 1907. Présidence de M. A. Rutot, vice-président. La séance est ouverte à 20 h. 40 (23 membres sont présents). MM. H. de Dorlodot, président; Greindl, secrétaire général, et van den Broeck, secrétaire général honoraire, s’excusent de ne pouvoir assister à la séance. M. G. Simoens remplit les fonctions de secrétaire. Décès. M. De Bauve, membre effectif de la Société, Inspecteur de l’École des Ponts et Chaussées de France, vient de mourir. Cette éminente personnalité présidait l’Association des Ingénieurs municipaux de France, Belgique, etc., à la fondation de laquelle il avait puissamment contribué. Communications du Bureau. 4. Notre Vice-Président M. A. Rutot à été nommé Officier de l’Instruction publique de France pour ses travaux sur la Géologie et la Préhistoire françaises. (A pplaudissements.) 2. Le major Cuvelier a été nommé examinateur permanent à l’École militaire. 3. Le docteur O. Abel, privat-docent à l’Université de Vienne, a été nommé professeur extraordinaire de Paléontologie dans la même Uni- versité. (Applaudissements.) 4. M. G. Simoens a déposé un pli cacheté le 25 mai 1907. 5. MM. E. van den Broeck et Kemna sont désignés pour former 4907. PROC.-VERB, 11 166 PROCÈÉS-VERBAUX. avec M. Dollo, déjà nommé précédemment, notre délégation au cente- naire de la Société géologique de Londres. 6. MM. Rutot et Stainier sont désignés pour être nos délégués au Congrès historique et archéologique de Gand. Approbation du procès-verbal de la séance de mai. Accepté sans observations, Correspondance. 1. M. Douvillé remercie des félicitations qui lui ont été adressées. 2. M. P. Gérimont annonce qu’il pourra envoyer à M. Clément Reid de beaux échantillons d'argile à végétaux, de Raevels, près Turnhout. 3. M. von Koenen, par l’intermédiaire de M. Rutot, fait don à la Bibliothèque du Mémorial écrit par ses élèves à l’occasion de son 70° anniversaire. 4. Le Comité du monument Lamarck a décidé d'offrir à tous les souscripteurs d'au moins 20 francs la reproduction en héliogravure (format grand in-4°) d’un portrait authentique et inédit de Lamarck, ‘peint pour sa famille par Thévenin, en 1801. À tout souscripteur d’une somme de 200 francs au moins sera offerte, s’il le désire, une épreuve en plâtre du buste de Lamarck par le statuaire Fagel, à qui est confiée l’exécution du monument. Adresser les souscriptions à M. Pelseneer, 53, boulevard Léopold, Gand. 5. M. van Prooyen-Keyser demande à être renseigné sur les car- rières importantes du pays. Il formule aussi le vœu de voir la Société demander le renouvellement des feuilles épuisées de la Carte géolo- gique au 1/36 000: 6. M. D. Lampe, membre effectif, signale à lattention des membres de la Société la pompe Mammouth combinée avec le com- presseur d’air système Borsig, spécialement avantageux pour puits artésiens. 7. M. À. W. Andernach, de Beuel am Rhein, envoie des échantillons el une brochure explicative détaillée relative aux plaques « Kosmos », plaques imperméables, à rainures, pour revêtir les murs humides. A la disposition des membres. : SÉANCE DU 18 JUIN 1907. 167 Dons et envois reçus : 1° Périodique nouveau : 5267. CoPENHAGuE. Danmarks geologiske Undersogelse. n°5 10, 14, 15 et 16 (1903-1905). 90 Extraits des publications de la Société : 5268. … Liste générale des membres de la Société, arrêtée au 19 février 1907. Procès-Verbaux de 1907, 32 pages (2 exemplaires). 5269. … Statuts de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d'Hydrologie. Procès-Verbaux de 1907, 20 pages (2 exemplaires). 5270. … Liste des publications de la Société belge de Géologie, de Paléon- tologie et d’ Hydrologie. Procès-Verbaux de 1907, 8 pages (2 exem- plaires). 5271. Dienert, F. De la valeur attribuée aujourd'hui au mot « source ». (Réponse à M. Putzeys.) Procès-Verbaux de 1907, 3 pages (2 exemplaires). 5272. Dollo, L. Nouvelle note sur les Reptiles de l'Éocène inférieur de la Belgique et des régions voisines (Eosuchus Lerichei et Eosphargis gigas). Procès-Verbaux de 1907, 6 pages (2 exemplaires). ‘5273. Dollo, L. Les Ptyctodontes sont des Arthrodères. Mémoires de 1907, 12 pages et 1 planche (2 exemplaires). 5274. Halet, F. Le sondage de Meylegem. Procès-Verbaux de 1907, 6 pages | (2 exemplaires). 5275. Halet, F. Compte rendu sommaire de la X° session du Congrès géolo- Es gique international, tenue à Mexico en septembre 1906. Mémoires de 1907, 20 pages (2 exemplaires). 5276. Hankar-Urban, A. Deuxième nole sur des mouvements spontanés des roches dans les mines, les carrières, étc. Mémoires de 4907, 22 pages et 3 figures (2 exemplaires). 5277. Hankar-Urban, A. Le tunnel de Braine-le-Comite et les sables boulants. | Mémoires de 1907, 23 pages (2 exemplaires). 5978. Lambert, J. Étude sur quelques Échinides des couches à Hippurites de Gesau. Mémoires de Ur 13 pages et 1 planche (3 exem- plaires). 5279. Maillieux, Eug. Compte rendu de l'excursion dans les environs de Couvin, les 14 et 15 août 1906, de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d’ Hydrologie. Mémoires de 1907, 35 pages et 8 figures (2 exemplaires). 168 PROCES-VERBAUX. 9280. Mathieu, E. Contribution à l'étude pétrographique de la porphyroïde de Fauquez. Procès-Verbaux de 1907, 4 pages (2 exemplaires). 5281. Rutot, À. Sur la découverte de silex ulilisés sous les alluvions fluviales de la haute terrasse de 100 mètres de la vallée de la Meuse. Mémoires de 1907, 20 pages (2 exemplaires). Rutot, A. Sur l’âge M cavernes de Grimaldi, dites Grottes de Menton." Mémoires de 1907, 40 pages. 9282. Rutot, A. Matériaux pour servir à la détermination de l'âge des dépôts inférieurs de la terrasse moyenne des vallées du territoire franco- belge. Procès-Verbaux de 1907, 8 pages. Rutot, À. À propos des Éolithes du Cantal. Un deuxième cas intéres- sant d'antiéolithisme. Procès-Verbaux de 1907, 6 pages (2 exem- plaires). 9263. Simoens, G. Exemple de failles bordières du massif du Brabant. Procès-Verbaux de 1907, 1 page (2 exemplaires). 5284. Simoens, G. Pourquoi y at-il des porphyroïides et des rhyolithes anciennes dans le Llandovery de Grand-Manil ? Procès-Verbaux de 1907, 9 pages (2 exemplaires). 0289. Baron van Ertborn, 0. Revision de l'échelle du Pleistocène de la Bel- gique. Mémoires de 1907, 30 pages. Baron van Ertborn, 0. Tableau comparé de l’échelle française et géné- rale du groupe tertiaire avec la Légende officielle de Belgique et la Légende libre de l’auteur. Mémoires de 1907, 6 pages et 1 tableau (2 exemplaires). 9286. Baron van Ertborn, 0. Les recherches houillères en Flandre. His Verbaux de 1907, 6 pages. Baron van Ertborn, 0. Les eaux artésiennes d’Ostende. Procès-Verbaux de 1907, 6 pages 2 exemplaires). 0287. Zels, L. La géologie dans l’enseignement moyen. Procès-Verbaux de 1907, 5 pages (2 exemplaires). 3° De la part des auteurs : 5288. … A List of Maps, Plans and Publications published up to 315t de- cember 1906. (Service géologique du Caire). Le Caire, 1907. Brochure in-8° de 33 pages. 0289. … L'organisation systématique de la documentation et le développe- ment de l'Institut international de Bibliographie. Bruxelles, 1907. Brochure in-8° de 64 pages et 6 planches. 9290. Arctowski, H. Plan de voyage de la seconde expédition antarctique belge. Bruxelles, 1907. Brochure in-8° de 15 pages. Cv 0291. 5299. 5298. 0294. 9295. 5296. 0297. 5298. 5299. 5300. 5301. 5309. 5303. 3304. 5305. SÉANCE DU 18 JUIN 1907. 169 Arctowski, H. Programme scientifique de la seconde expédition antarc- tique belge. Bruxelles, 1907. Brochure in-8° de 16 pages. Eredia, F. Dell influenza della Catena degli Appennini sulla distribu- zione della Pioggia nell Italia centrale. Rome, 1907. Extrait in-8° de 11 pages. Félix, J. (D'). La vie des Minéraux. La Plasmogenèse et le bio-méca- nisme universel. Brochure in-4° autographiée de 43 pages et 28 planches. 1906. Koenen, A. (von). Festschrift Adolf von Koenen gewidmet von seinen Schülern zum siebzigsten Geburtstage am 21. März 1907. Stutt- gart, 1907. Volume grand in-8 de 515 pages, 1 portrait, 13 planches et 20 figures. Labat, A. (D'}. Le Volcanisme. Souvenirs des leçons de mes Maîtres Daubrée, Hébert et S. Meunier. Paris, 1907. Brochure in-12 de 19 pages. Lagrange, E. La question des « Mistpoefjers ». Bruxelles, 1907. Bro- chure in-8° de 3 pages. Lagrange, E. L'Expérience de M. de Saintignon et les pressions difjé- rentielles dans les fluides. Phénomènes d'élasticité dans les liquides en rotation. Bruxelles, 1907. Extrait in-8° de 17 pages et 11 figures. Lagrange, E. La perlurbation magnélique du 9-10 février 1907. Bruxelles, 1907. Extrait in-8° de 7 pages. Lagrange, E. Perturbations magnétiques et Télégraphie sans fil. Bruxelles, 1907. Extrait in-8° de 5 pages. Mieg, M. Note sur les schistes à Meletta d'Huttingen, près Istein (Grand-Duché de Bade). Rennes, 1907. Extrait in-8° de 4 pages. Mourlon, M. Sur le choix d'une langue auxiliaire internationale. Bruxelles, 1907. Extrait in-8° de 5 pages. Mourlon, M. Le Campinien et l’âge du Mammouth en Flandre. Gand, 1907. Extrait in-8° de 4 pages. Nicklès, R. Sur l'existence de « Psiloceras Planorbe » dans la région de Vitry (Haute-Marne). Nancy, 1907?. Extrait in-8° de 4 pages. Nicklès, R., et Joly, H. Sur la tectonique du Nord de Meurthe-et-Moselle. Paris, 1907. Extrait in-4° de 3 pages et 1 planche. Rateau, M.-A. Développement des turbines à vapeur d'échappement. Conférence faite à la Société belge des Ingénieurs. Bruxelies, 1907. Extrait in-5° de 43 pages et 23 figures. 170 : 5306. 5307. 9308. 0309. 5310. 9311. 9312. 9313. 9914. 9319. 9916. D317. PROCÈS-VERBAUX. Renier, A. L'état actuel des recherches géologiques exécutées en Europe sous patronage officiel. Extrait d'un rapport de mission adressé à M. le Ministre de l'Industrie et du Travail. Première partie. - Bruxelles, 1907. Extrait in-8° de 108 pages et 9 figures. Ricciardi, L. L’Unita delle Energie cosmiche. Turin, 1907?. Extrait in-8° de 55 pages. Rutot, A. Sur la connaissance du feu aux époques préhistoriques. Bruxelles, 1907. Extrait in-8° de 9 pages. Rutot, À. ÆEsquisse d'une classification de l’époque néolithique en _ France et en Belgique. Paris, 1907. Extrait in-8 de 24 pages. Rutot, A. Résumé des connaissances acquises sur la Préhistoire de la Flandre à l'époque de la pierre. Gand, 1907. Extrait in-8& de 20 pages. Rutot, À. Un peu de paléontologie. Le Mans, 1907. Extrait in-8° de A1 pages. Rutot, A. Déchets, rebuts, rejets, malfaçons, faux. Paris, 1907. Extrait in-8° de 5 pages. Sacco, F. Essai schématique de Sélénologie. Turin, 1907. Extrait in-8° de 47 pages et 4 planches. | Sacco,. F. Le Pieghe degli Gneiss Tormaliniferi della Bassa val di Susa. Milan, 1907. Extrait in-8° de 10 pages et 1 planche. Sacco, F. 1! Monti di Cunco tra il Gruppo della Besimauda e quello dell’ Argentera. Turin, 1907. Extrait in-8 de 20 pages et 1 carte. Van Bruyssel, F. La Sidérurgie canadienne. Conférence faite à la Société belge des Ingénieurs. Bruxelles, 1907. Extrait in-8° de 39 pages. Witz, A. Canons et moteurs à gaz. Conférence faite à la Société belge des Ingénieurs. Bruxelles, 1907. Extrait in-8° de 20 pages. Communications des membres : Baron O. van ERTBORN. — Le nouveau sondage à sec voisin du sondage houiller n° 1 Asch et ses conséquences. (PLANCHE À.) Le sondage à sec en cours d'exécution à 1 kilomètre environ au Sud du forage houiller n° 4 Asch T (pl. d’Opoeteren, Limbourg) a atteint la profondeur de 290 mètres. Exécuté avec un soin minutieux, son diamètre à cette profondeur est encore de 0"37. RE. SÉANCE DU 18 JUIN 1907. 171 . [l'est constaté que nos prévisions de 1905 se sont complètement réalisées : la série y est au grand complet et la sonde chemine en ce moment dans le Landenien, dans le tuffeau de Lincent. Le point est situé sous le parallèle de 51° O0’ 30”, à quelques centaines de mètres à l'Est des sondages houillers Asch 2 et Asch 8; l’orifice est à la cote 74. Le R. P. Schmitz, conservateur du Musée des Bassins houillers à Louvain, a bien voulu nous communiquer les renseignements ci-après. Il attribue au Pleistocène la couche suivante : Gros gravier des ballastières. Nous ne croyons pas qu'il y ait de dépôts d’âge pleistocène en Haute-Campine; nous considérons cette couche graveleuse comme dépôts côtiers de la mer pliocène supérieure. Le limon éolien y fait défaut parce que la Haute-Campine se trouvait au Nord de la zone de l’alizé chargé de poussière limoneuse. Le fleuve tegelenien se serait, d’après nous, lrayé un passage au travers de ce désert et y aurait déposé ses sédiments poldériens, absolument comme le Nil l’a fait dans les sables sahariens; en Nubie et en Égypte se con- state la présence d’un polder au milieu d’un océan de sable. Le Pliocène moyen, Scaldisien à 14"20 avec un caillou à la base. Nous avons déjà signalé la rareté des cailloux à la base du Pliocène moyen; nous ne lui avons assigné que 5 mètres dans la coupe théorique. En ce point 1l a 1220. Le Diestien, Pliocène inférieur, s'étend de 26"80 à 65 mètres. Sa base occupe donc la cote 9 et sa puissance est de 58"20, diflérant seu- lement de 1"80 de 40 mètres, puissance moyenne que nous lui avons assignée dans la Belgique entière. Dans la coupe théorique, cette base figure à la cote O. Notre erreur est done de 9 mètres, et cela dans une région dont la géologie profonde était absolument inconnue. Le Bolderien figure dans la coupe avec 55 mêtres de puissance; nous ne lui en avions, daus la coupe probable, assigné que 40. Ces 55 mètres ne nous surprennent pas, car au Bolderberg les sables avec fossiles d'âge miocène moyen n’ont tout au plus que 0"50, tandis que nos sables XT en ont 50. Nous avons tout particulièrement attiré l'attention du R. P. Schmitz sur l’importance qu’il y à à trouver des fossiles à ce niveau. Ces sables sont-ils oligocène supérieur ou bien miocène inférieur? La solution paléontologique est demandée. Le Rupelien à 60 mètres dans la coupe réelle; dans la coupe probable, nous lui en avons donné 72. Nous avons 1e1 à notre actif une petite erreur de 12 mètres en plus; 172 PROCÈS-VERBAUX. dans le Bolderien nous en avons une en moins de 15 mètres. Elles se font compensation. : Dans la coupe réelle, nous trouvons ensuite des alternances de marne blanche et noire représentant sans conteste l’étage nouveau de M. G. Dollfus, le Henisien, reposant sur les couches à Ostrea ventilabrum, et le toit du Landenien se trouve à la cote — 216. La coupe probable renseigne un chiffre moins profond; le Heersien ferait donc défaut et serait localisé beaucoup plus au Sud, comme notre Infra-Heersien. Nous constatons donc un nouveau triomphe des grands diagrammes. Notre descente dans ces profondeurs encore inconnues, sans autre guide qu'une étude approfondie de l'allure générale des couches tertiaires, ressemblait fort à la descente d'Orphée aux enfers; plus heureux que le fils de la nymphe Calliope, nous en ramenâmes, non Eurydice, mais la. lumière, qui éclairera bien des points restés obscurs en Géologie (1). Les conséquences scientifiques de ce nouveau sondage sont incalcu- lables. 1 nous permet de dresser les deux diagrammes ci-joints. (Planche A.) Soit : A. Avant le mouvement de bascule qui fit émerger la Belgique et plonger les Pays-Bas ; B. Après le mouvement de bascule et les érosions du Pleistocène moyen et supérieur. Ils fixent définitivement l’époque géologique à laquelle se produisit ce mouvement de bascule, soit à l'aurore du Pleistocène moyen (2), période du Mammouth. Le diagramme À nous fait voir la Belgique en grande partie sub- mergée, permettant à la faune pliocène marine de prospérer. Si l’on fait partir le mouvement de bascule plus tôt, on en arrive fata- lement aux Térébratules et aux Corbules aériennes, volligeant parmi les papillons, dans le Nord de la Campine anversoise au Polder couché sur le flanc et à Hoboken à l'El. antiquus noyé à 20 mètres au-dessus du niveau de la mer. La date géologique du mouvement de bascule est donc paléontologiquement prouvée. (1) Les coupes réelles des sondages jumeaux n° 9, Asch IT et n° 8, Asch IIT seront les mêmes. Le lecteur se demandera ce que sont devenus les 118 mètres de Moséen renseignés au n° 8 par les Annales des Mines. Nous nous empressons de lui répondre : Ces 118 mètres se sont volatilisés comme le Moséen lui-même. (2) Le Pleistocène inférieur. Notre Hobokenien, ayant les mêmes allures que les étages tertiaires, soit en plan incliné Sud-Nord, a la même histoire que ses ancêtres tertiaires. SÉANCE DU 18 JUIN 1907. 173 Le diagramme B nous montre la Belgique septentrionale (N.-E.) après le mouvement, alors qu’elle eut pris son relief actuel, par suite de l’action érosive, pendant le Pleistocène moyen et le Pleistocène supérieur. - On verra dans l’angle gauche inférieur que les débris de grès à empreintes de fossiles scaldisiens ont été trouvés jusqu’au parallèle de 50° 56’ (soit celui de Vilvorde), preuves certaines de la dénudation du Scaldisien en ce point. Nous avons fait connaître la parlaite régularité d’allure du Diestien. Les mers pliocènes moyenne et supérieure ont pu certainement occu- per le site de Bruxelles et s'étendre même beaucoup plus loin vers le Sud. Plus exposés que tous autres aux dénudations, leurs dépôts ont très probablement disparu dans cette vaste zone Quelques mètres de Diestien seuls occupent encore de nos jours les sommets principaux. ll résulte de l’étude de ces deux diagrammes que le mouvement de bascule ne se fit qu’à l'aurore de la période du Mammouth et que Reutel, Spiennes et Mesvin datent de la deuxième moitié de cette période. , D' Jonxsron-Lavis. — De la relation existant entre l’activité du Vésuve et certains phénomènes météorologiques et astronomiques. Ce travail, destiné aux Mémoires, est résumé en séance par M. G. Simoens. A la demande de M. Fiévez, son insertion est subor- donnée à l'examen d’une commission, que l'Assemblée nomme immé- diatement. Les trois rapporteurs désignés sont MM. Fiévez, Lancaster et Prinz. E. ne Muxcx. — Les alluvions à Éolithes de la terrasse supérieure de la vallée de l’Ourthe. Dès le début de mes recherches préhistoriques dans les Hautes- Fagnes (1), J'avais prévu l'existence d’Éolithes sur les hauts plateaux de Beaufays et des environs, mais m’étant occupé d’abord de l’explo- ration des régions de Henri-Chapelle, de Battice, de Fléron, de Chaudfontaine ainsi que des alluvions de la haute terrasse de la vallée (4) E. ne Muncx, Découverte d’un gisement de silex éolithiques dans les Hautes- Fagnes de Belgique et d'Allemagne. (BULL, DE LA Soc. D’ANTHR. DE BRUXELLES, t. XXIV, 1905.) : | 174 _ PROCÈS-VERBAUX. de la Meuse, je viens seulement aujourd’hui rendre compte des résul- tats auxquels Je suis arrivé dans le bassin de l’Ourthe. Une première coupe, observée dans une carrière de sable située sur \ le territoire d’Ougrée, à environ 500 mètres Nord-Est du hameau des Gonhir (Boncelles) et à gauche de la grand’route qui mène de ce hameau à Tilff, m'a donné les résultats suivants : L'ramUs. 2 NL RE OR ET ET TT oO 2. Limon des pentes avec quartz roulés et fragments de silex peu volumineux disséminés irrégulièrement dans la masse. J'ai recueilli dans ce dépôt un éclat allongé de silex (couteau), présentant le bulbe de percussion et résultant du débitage intentionnel de la matière première, ainsi qu’un fragment de hache polie. L'épaisseur de la couche varie entre 095 et . . =. . 1,00 3. Absence du dépôt de gravier de quartz, ete., alternant avec des lits de sable et disposé en fond de bateau, tel qu'il a été observé au hameau de Croteux dépendant de Mons lez-Flé- malle. (Voir Proc.-Verb. de La Soc. belge de Géol., de BOIRE et dHydrol.1-XXP4907:p1287 4. Lits de gravier de quartz, de phtanites et de fragments de roches ardennaises roulés alternant avec des lits de sable roux et jaunûtre ferrugineux et blanchâtre; le tout à allure fluviale. L’épaisseur de la couche varie entre { mètre et . . . <. 2.00 9. Absence du gravier de silex tel qu’il a été observé au hameau de Croteux. 6. Dépôt de sable rosâtre, roux et jaunâtre ferrugineux et blan- châtre, très régulièrement stratifié par l’action de courants fluviaux paisibles et résultant du remaniement du Tongrien sous-jacent. A environ 800 mètres au Sud-Ouest du point observé, ce sable stratifié est visible, dans la grande carrière du bois de Nomont, sur une épaisseur d'environ 4 mètres. A Croteux, ce dépôt n'offre pas d'apparence de stratification et résulte manifestement du remaniement, sur place, du Tongrien. L’épaisseur de la couche varie entre 1 mètre et. : . . 3,00 7. Gravier composé de rognons et d’éclats de silex plus ou moins roulés et melangés à du sable roux et jaunâtre ferrugineux micacé. Ces rognons de silex mesurent parfois 5 décimètres cubes environ. J’ai recueilli dans ce dépôt des Éolithes, les uns peu roulés, les autres ne présentant aucune trace de charriage par les eaux et dont les retouches sont aussi nettes que si elles venaient d’être pratiquées. 0. dr TEE SÉANCE DU 18 JUIN 1907. L’outillage récolté à ce niveau consiste en racloirs simples et à encoches, perçoirs, percuteurs, ainsi qu’en très belles et yolumineuses enclumes. Au cours du travail de l’homme éolithique, se sont acciden- tellement détachés de ces enclumes des éclats à bulbe de percussion qui mesuraient parfois 8 à 9 centimètres de lon- gueur, ainsi qu’on peut le voir par l’éclatement considérable du bord de l’une des pièces recueillies. Quelques-uns de ces éclats présentant de nombreuses traces de percussion, survenues avant leur détachement final des enclumes et des rognons de silex ayant servi à percuter, ont été utilisés comme grattoirs; et si Ceux-ci n’avalent été récoltés sous les alluvions les plus anciennes et bien en place de la haute terrasse de la vallée de l’Ourthe, on serait tenté de les rapporter aux meilleurs types de grattoirs paléolithiques et même néolithiques. Un superbe grattoir-rabot, très régulièrement retouché sur celui de ses bords tranchants le plus facilement utilisable, ainsi que des petites lames de silex résultant du clivage naturel de la matière première. mais dont les tranchants ont été utilisés, complètent la série que j'ai recueillie sous les alluvions décrites ci-dessus. Sur une assez grande étendue de la carrière, le gravier à Éolithes passe insensiblement à un dépôt sableux glauconifère très nettement défini et ne se mélangeant nulle part à la couche sous-jacente. L’épaisseur du dépôt sableux, glauconifère varie entre 005 et 010, et celle du gravier de silex entre Om0S et 8. Sable tongrien roux et jaunâtre ferrugineux et blanc micacé. 175 0,60 L'ensemble des dépôts décrits ci-dessus est visible, dans les parties exploitées et abandonnées de la carrière, sur une longueur de 125 mètres environ. Le point observé est situé à 260 mètres d’altitude et à 192 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux de l’Ourthe. Coupe observée dans une excavation pratiquée en vue de la construction d’une maison ©9 au Sud du hameau de Monchamp (Beaufays). . Humus . Limon jaunâtre des pentes avec quartz roulés et fragments de silex peu volumineux disséminés irrégulièrement dans la masse. L’épaisseur de ce dépôt varie entre 090 et . Absence du dépôt mentionné dans la coupe précédente. Id. id. id. Id. id. Ai 0m30 0,50 176 PROCÈS-VERBAUX. 6. Dépôt de sable roux et jaunâtre ferrugineux, gris verdâtre et blanchâtre, micacé et stratifié. L’épaisseur de ce dépôt varie entre OmMOet . . . . . 0,50 7. Gravier composé de quartz, de phtanite et de fragments de roches ardennaises roulés . . RSR (il) 8. Absence du Tongrien. 9. Conglomérat à rognons et à éclats de silex mélangés à de la glaise très plastique blanche et jaune d’ocre empâtant, vers le haut, quelques graviers de silex, de quartz, etc. Les rognons de silex mesurent parfois 1 décimètre cube. J'ai recueilli dans cette couche des Éolithes plus ou moins roulés, entre autres des percuteurs, des grattoirs ainsi que des racloirs simples et à encoches. Ge dépôt'est visible surjune épaisseur de, | RM 0D Le point observé est situé à 280 mètres d'altitude et à 202 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux de l'Ourthe. GISEMENT D ÉOLITHES DU HAMEAU DE Moncnamp (Beaufays). Au Sud-Ouest du hameau de Monchamp (Beaufays) et au bord dénudé du haut plateau, se trouve un affleurement de conglomérat à rognons et à éclats naturels de silex mélangés à de la glaise. Ce con- glomérat, bien en place, m’a fourni quelques Éolithes non roulés; mais le gisement ne présentant pas de superposition de couches et se trouvant au bord d’un chemin et dans le voisinage immédiat de terres cultivées, n'offre rien de bien intact ou de tout à fait classique. J’ai done cru agir prudemment en n'y poursuivant pas mes recherches. Le point observé est situé à 275 mètres d'altitude et à 197 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux de POurthe. GISEMENT D'EoLrrHEs pu RY DE GoBry. Des hauteurs de Beaufays s’écoule le Ry de Gobry. Jen ai exploré le lit sur presque tout son parcours et jy ai recueilli des Éolithes parmi lesquels se trouvent des percuteurs, des racloirs simples et à une ou deux encoches, ainsi que des grattoirs et des perçoirs. Comme la Hoigne, la Sore, la Helle, le Ruisseau de Hockar, la Statte, le Ruisseau des Fonds-de-Forêt, le Ruisseau des Carrières, la Soumagne, le Hack et autres cours d’eau charrient des Éolithes descendus des bords des hauts plateaux des Hautes-Fagnes, de Fléron, de Herve, de Battice, etc., où se trouvent les gisements d’origine de silex utilisés, de même le Ry de Gobry, comme les ruisseaux de Paillette, de Wattinne SÉANCE DU 18 JUIN 1907. 177 et de Bois-le-Moine, charrie des silex utilisés enlevés aux gisements du baut plateau de Beaufays. Tous ces cours d’eau torrentueux ont entrainé lentement ces tolithes que l’on retrouve à l’état de plus en plus roulé au fur et à mesure que l’on s'éloigne des gisements d’origine. C’est ainsi, par exemple, qu'à Eupen, le lit de la Helle ne renferme plus que de très rares silex dont les traces d'utilisation et les retouches ont presque complètement disparu par l’usure résultant de leur char- riage par les eaux. Au lieu de fabriquer des Éolithes par des actions naturelles, ainsi qu’on a cherché à l’avancer pour combattre mes premières observations dans les Hautes-Fagnes, les torrents précités n'ont, au contraire, fait que détruire tous les caractères des vrais Éolithes Je ils ont entraînés dans leur cours. Du reste, si ces torrents avaient été capables de retoucher des silex, ce ne serait pas sur les hauts plateaux, mais dans leurs lits que l’on devrait trouver les plus beaux et les plus nombreux Folithes. Or, c’est le contraire qui existe et c’est précisément ce qui milite le plus en faveur des silex utilisés, tout à fait intacts et si nombreux, que l’homme primitif a abandonnés au sommet des hauts plateaux des Hautes-Fagnes, de Henri-Chapelle, de Battice, de Herve, de Fiéron et de Boncelles. Mais il n'est plus guère nécessaire d’insister sur ce point, car ceux d’entre nous que la question des Folithes intéresse ont pu récem- ment se convaincre de la réalité des faits par l’examen des matériaux réunis au Musée royal d'Histoire naturelle (1). GISEMENT D'ÉOLITHES DE TiLFF. M. E. Rahir ayant signalé la présence d’Éolithes au sommet de la crête rocheuse qui domine la vallée de l’Ourthe, entre Tilff et le Ruis- seau du Moulin, mais ne s'étant pas avancé à leur assigner un âge (2), J'ai été étudier le gisement et Je crois pouvoir donner l'interprétation suivante : Aucune des pièces (éclats tranchants utilisés, racloirs simples et à __ (4) Chose à noter en passant : les rares personnes qui nient encore l’existence des Éolithes des fautes-Fagnes, etc., sont précisément celles qui n’en ont pas été examiner les séries au Musée royal d'Histoire naturelle. (2) Ce gisement, peu étendu, n’apparaît malheureusement que le long d’un chemin et à la surface de quelques terres cultivées, circonstances peu favcrables à la récolte d'Éolithes bien en place et intacts, 178 PROCÈS-VERBAUX. encoches, grattoirs, etc.) que j'ai recueillies sur la crête rocheuse de Tilff n’est roulée; 1l est donc bien évident qu’elles ont été utilisées sur place, après la mise à découvert du conglomérat à rognons et à éclats de silex de cette localité par l’action érosive des courants qui ont opéré le creusement de la pente rapide de 35 mètres séparant la haute ter- rasse de 100 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux de celle de 65 à 50 mètres, ou moyenne terrasse. On sait, par les savantes observations de notre Vice-Président M. Rutot, que l'établissement du fond des vallées à 100 mètres au- dessus du niveau actuel des eaux qui y coulent remonte à la fin du Pliocène moyen. Or, le conglomérat à silex de Tilff n'ayant été mis à découvert qu'après un approfondissement d’environ 28 mètres sous le niveau de 100 mètres, c’est-à-dire à 72 mètres environ au-dessus du niveau actuel des eaux de l’Ourthe, l’homme éolithique n’a pu en utiliser les rognons et les éclats qu’à parür de la dernière période du Pliocène. Dans tous les cas, la position stratigraphique occupée par les Éolithes de Tilff leur assigne un âge beaucoup moins ancien que celui des silex utilisés recueillis sous les alluvions des hautes terrases des Gonhir et de Beaufays, qui se trouvent respectivement à 192 mètres et à 202 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux de l’Ourthe. La figure et la légende ci-dessous synthétisent les observations dont je viens de rendre compte : . COUPE TRANSVERSALE DE LA VALLÉE DE L'OURTHE MONTRANT LA RELATION QUI EXISTE ENTRE LES NIVEAUX A ÉOLITHES SITUÉS SOUS LES ALLUVIONS DES HAUTES TERRASSES DE BEAUFAYS ET DE BONCELLES ET LE NIVEAU A SILEX UTILISÉS SUR PLACE ET NON ROULÉS DE TILFF. SÉANCE DU 18 JUIN 1907. 479 Légende, 4. Haute terrasse du hameau de Monchamp (Beaufays) située à 980 mètres d'altitude et à 202 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux de l’Ourthe. 9. Haute terrasse située à 500 mètres Nord-Est du hameau des Gonhir (Boncelles), à 260 mètres d’altitude et à 192 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux de l’Ourthe. 3. Niveau à Éolithes situé sous les alluvions de la haute terrasse de la vallée de l’Ourthe. 4. Gisement d’Éolithes descendus des bords du haut plateau de Beaufays et roulés par l’action des eaux du Ry de Gobry. 5. Niveau qu’occupait le fond de la vallée de l’Ourthe à la fin de l’époque pliocène moyenne (100 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux de cette rivière). 6. Gisement d’Éolithes de la crête rocheuse située entre Tilff et le Ruisseau du Moulin; ces Éolithes ne sont pas roulés et n’ont pu être utilisés sur place, par l’homme préhistorique, qu’à partir de la dernière période du Pliorène. Ts sont donc de beaucoup moins anciens que les silex utilisés recueillis sous les alluvions des hautes terrasses de Beaufays et de Boncelles. 7. Niveau qu’occupait le fond de la vallée de l’Ourthe à la fin de l’époque pliocène (65 mêtres au-dessus du niveau actuel des eaux de cette rivière). 8. Gisement d’Éolithes descendus des bords du haut plateau de Boncelles ainsi que du sommet de la crête rocheuse de Tilff et roulés par l’action des eaux du Ruisseau du Moulin. 9. Niveau actuel des eaux de l’Ourthe (78 mètres d’altitude). 10. Tiff. NOTE RECTIFICATIVE. Dans la précédente communication, j'ai dit que le gisement à Éolithes découvert par M. E. Rahir à Tilff se trouvait à environ 72 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux de l’Ourthe. Il m’eût, en effet, été impossible de donner un chiffre exact, tant les courbes de niveau de la carte topographique militaire sont rapprochées et forment, avec des indications de chemins et autres, un ensemble confus. Ayant écrit à M. Rahir pour lui demander s’il ne pourrait pas fixer exactement l'altitude du point à Éolithes, il me répond, au moment même de la mise sous presse du présent Bulletin : « Le jour où j'ai exploré ce point, je n'avais pas mon baromètre altimétrique, ce qui fait que je n’en ai pu prendre l’altitude exacte. 180 = PROCES-VERBAUX. J'ai si souvent constaté d'énormes erreurs en vérifiant les courbes de niveau au moyen du baromètre, que je considère que, neuf fois sur dix, — dans un pays montagneux, — on ne peut se servir des courbes pour avoir une altitude exacte. D'après mon appréciation, — puisque je ne disposais pas de baro- mètre, — le point en question est à environ 60 mètres au-dessus du niveau de l’Ourthe. Le chiffre de 72 mètres me semble un peu élevé. » Il ne sera donc possible de fixer définitivement l'altitude du gisement éolithique de Tilff qu'après un nouvel examen sur le terrain. M. LE PRÉSIDENT fait ressortir l'intérêt de la communication de M. de Munck : le fait de trouver à nouveau dans la vallée de l’Ourthe les Éolithes sur la terrasse élevée, constitue une contribution sérieuse à la préhistoire de la Haute-Belgique. M. le Président émet l'espoir de voir l’auteur poursuivre ses intéressantes recherches. G. SImoExs. — Il n'y à pas eu de soulèvement en Belgique après le dépôt du Pliocène diestien. | S 1. — L’HYPOTRÈSE. En remontant l’histoire des sciences, on remarque qu’à mesure que se complètent et se précisent les observations, les hypothèses qui dépassent les faits se modifient et se perfectionnent jusqu’à prendre le nom et le caractère scientifiques. Mais si les observations s'accumulent insensiblement, les hypothèses qui tendent à les expliquer ne semblent pas se modifier avec la même régularité. C’est que celles-ci étant des explications toujours théoriques et très souvent ingé- nieuses, se présentent rapidement à l'esprit comme des entités nécessaires, et qui tendent à se fixer dans le langage scien- tifique. Après un certain temps, elles ne répondent plus aux nécessités du moment, et quoique ne parvenant plus à enserrer les faits, elles se maintiennent. Il faut alors brusquer avec elles, et c’est toujours amsi que, dans le domaine synthétique, un pas nouveau est franchi. L'hypothèse du soulèvement de la Moyenne et de la Haute-Belgique me parait être de celles-là. Pendant longtemps, on y à eu recours pour expliquer de nombreux phénomènes, et encore aujourd’hui elle à dans nos assemblées scientifiques droit de cité. On a invoqué, jusque dans ces derniers temps, ce soulèvement pour expliquer le relèvement vers SEANCE DU 18 JUIN 1907. 181 le Sud de la majeure partie de nos sédiments secondaires et tertiaires, et aussi pour expliquer les phénomènes du creusement de nos vallées à travers les accidents tectoniques que présentent nos terrains primaires. $ 2. — LES PROCÉDÉS D'ÉLIMINATION. Il y a deux moyens de combattre une hypothèse qui ne répond plus aux exigences de la science : c’est d’abord de lui permettre une mort lente en laissant petit à petit les faits recourir à une explication diffé- rente ne nécessitant plus son intervention, montrant dès lors, tout au moins dans certains domaines, son inutilité; on peut aussi, ce qui n’est pas toujours facile, l’attaquer de front en démontrant, non son inutilité, mais bien son impossibilité. Pour la question du soulèvement post-diestien, le premier procédé a été largement employé par notre savant confrère M. J. Cornet; il a démontré l’inutilité de ce soulèvement dans l'explication du creuse- ment de nos cours d’eau. | Des savants éminents, parmi lesquels figurent notamment MM. Powel et Tietze, ne pouvant s'expliquer comment les fleuves et les rivières parvenaient parfois à se frayer un passage au travers de régions plus élevées que le territoire situé en amont de leur cours, tels la Meuse et l’'Escaut dans leur traversée du pays ardennais et du Tournaisis, croyaient que la rivière était plus ancienne que la structure tectonique des pays traversés. En d’autres termes, ils pensaient que les barrières s'étaient élevées peu à peu et assez lentement pour permettre aux eaux de continuer à se frayer un passage au même endroit en seiant, c’est- à-dire en détruisant l’obstacle : c’est la théorie de l’antécédence. Cette dernière fut appliquée à nos régions par de la Vallée Poussin. Pour l’admettre, 11 fallait reconnaître à priori lexistence d’un soulèvement postérieur au début du système hydrographique du pays, c’est-à-dire postérieur au creusement tout au moins partiel des vallées. Emmons émit une opinion nouvelle : il proposa, pour expliquer l’allure curieuse de certains cours d’eau, de supposer au début du régime hydrographique dans la région considérée, un pays de plaine situé à une, allitude supérieure au territoire cisaillé par la rivière. Celle-ci, en creusant son lit, finit par rencontrer et par entamer l’acci- dent dont le relief était primitivement caché, ce dernier étant inévita- blement mis à nu par l’action érosive des eaux : c'est la théorie de la surimposition. . | _ 4907. PROC.-VERB. 12 182 PROCÈS-VERBAUX. . Cette théorie a été appliquée avec succès aux rivières de notre pays par M. J. Cornet; 1l à montré que les collines de la Flandre étaient des témoins de l’ancienne plaine de sédiments tertiaires qui couvraient jadis nos régions. D'autre part, comme le sommet de ces collines est constitué par les sédiments de la mer du Pliocène inférieur, 1l deve- nait évident que les cours d’eau avaient commencé par couler sur la plaine à sédiments pliocènes et à l’altitude des témoins actuellement conservés. Du coup, l'hypothèse du soulèvement de la Moyenne et de la Haute- Belgique, à laquelle on avait eu recours pour expliquer le tracé de nos rivières, recevait une sérieuse atteinte; elle devenait inutile tout au moins dans l'explication de certains phénomènes hydrographiques. Mais l'hypothèse n’a pas été abandonnée pour cela; les phénomènes du relèvement des sédiments secondaires et tertiaires vers le Sud, les invasions marines successives, les ravinements et l’alluvionnement des vallées, et bien d’autres choses encore, n’ont souvent eu d’autre expli- cation que le soulèvement de notre haut pays. Je pourrais, comme notre savant collègue M. J. Cornet l’a fait pour l’hydrographie de nos contrées, essayer d'expliquer par une autre cause ces phéno- mènes qui invoquent le soulèvement post-diestien, si familier à tous, tant il a été employé souvent. M. Cornet à remplacé une hvpothèse par une autre plus scientifique et mieux démontrée. Je ne pourrais, moi, étant donné l'insuffisance des progrès réalisés dans l’étude dés transgressions et régressions marines de notre pays, qu’apporter une hypothèse insuffisamment démontrée; elle serait impuissante, momentanément du moins, à remplacer la première qui a pour elle l’ancienneté et l'habitude, et puis enfin, d’autres problèmes surgiraient peut-être, prétendant l'invoquer. Ainsi donc le premier procédé d'attaque pour réduire l'hypothèse et tendant à montrer son inutilité dans l'explication de tels ou tels phénomènes ne suffit plus. J'emploierai, par conséquent, l’autre méthode et m'’efforcerai de démontrer l’impossibilité absolue d’un mouvement général de surrec- tion d’âge post-diestien. $ 3. — LE SOULÈVEMENT POST-DIESTIEN ET LA TECTONIQUE. L'hypothèse du soulèvement de la plus grande partie de notre pays que l’on a coutume de placer après le dépôt du Pliocène diestien, doit être considérée, tant par son ampleur dans le sens vertical que par SÉANCE DU 18 JUIN 1907. 183 l’étendue de l’aire affectée, comme un phénomène considérable et qui a dû laisser forcément de nombreuses traces dans la structure tecto- nique de la région. Il est évident que l’étude d’un phénomène dynamique de cette importance ressortit, avant tout, de la tectonique, et que seul, l’examen attentif des conditions structurales connues pourra jeter quelques lumières sur la question posée. La théorie du soulèvement suppose d’abord que le niveau de la mer diestienne se confondait sensiblement avec le niveau de la mer actuelle; c’est donc à l'intersection du dépôt des sédiments avec la cote O qu’il faut chercher plus ou moins la zone charnière ayant été relativement peu dérangée lors du prétendu mouvement de bascule. D'autre part, des raisons paléontologiques ont fait admettre que l’ensemble des sédiments diestiens, y compris ceux du forage profond ‘d'Utrecht, se rapportaient à un dépôt formé dans des conditions bathymétriques peu différentes, excluant, dès lors, la possibilité de considérer le Pliocène rencontré au sondage d’Utrecht comme un sédiment de mer plus profonde. On est donc amené à considérer, et avec raison, l’ensemble de nos ‘sédiments diestiens comme s'étant déposés à des profondeurs peu variables avec les endroits; il faut done admettre que le dépôt d'Utrecht s’est affaissé. La partie du dépôt localisée dans la Moyenne-Belgique a-t-elle été soulevée ? Il n’y à que deux cas de soulèvement que l’on peut envisager. Le premier est celui d’un mouvement agissant comme. si la force de soulèvement venait de bas en haut, c’est-à-dire dans le sens “radial. Le second est le cas d’un mouvement de surrection dû à une poussée latérale et donnant habituellement naissance au plissement. Nous allons les examiner successivement. S 4. — PREMIER CAS. L'alutude de la base du Diestien monte insensiblement en se diri- geant vers le Sud, et au sommet des collines de Renaix on le rencontre vers 155 mètres; plus au Sud on le retrouve au mont de la Trinité, au mont Cassel, etc., et dans le Boulonnais on reconnaît sa présence à 140 mètres de hauteur aux Noires Mottes. M. J. Cornet pense que 184 PROCÈS-VERBAUX. celte cote de 140 mètres est anormale et qu’elle est le résultat des érosions et de l’altération de la craie sous-jacente ayant ramené le grès ferrugineux pliocène à l’altitude où nous le voyous aujourd'hui. Notre confrère pense avec raison que, primitivement, l'altitude du Diestien devait croître dans la direction du Sud. Il me parait évident qu’elle devait atteindre et dépasser la cote 200, qui est celle du lambeau des North Downs, à Lenham. S'il y a eu un mouvement de bascule, il est certain que pour une distance égale de la région considérée comme immobile, l’affaissement vers le Nord à été plus considérable que le soulèvement dans la direction du Sud. L'affauissement de la région du Nord n'est pas ici contesté; Je n'examinerai done que le soulèvement de la région méridionale. Sous leur couronnement diestien, les collines des Flandres nous montrent en Stratification concordante la série tertiaire plongeant vers le Nord, et, sous celle-ci, on rencontre le Crétacé qui présente une pente semblable. Mais ces sédiments tertiaires et secondaires reposent en couches presque horizontales sur les roches diversement redressées du Primaire qui constituent nos deux chaines plissées. Le sous-sol primaire de notre pays est, en effel, constitué par une première chaine calédonienne qui à violemment disloqué les sédiments pré-dévoniens, puis par-dessus cette première chaîne rabotée se sont déposés les terrains dévoniens, carbonifères et houillers ; à la fin de ces derniers dépôts, un nouveau plissement, plus intense peut-être que le précédent, s’est produit. Non seulement les roches dévoniennes et carbonifères ont été disloquées, mais une grande partie de l’ancienne chaine a été reprise dans un nouveau plissement, un vaste géosynclinal s est produit et son bord méridional a été le théâtre de dislocations violentes et de longue étendue; la crête limitant vers le Sud Île séosynelinal à fait place à une faille importante appelée faille du Midi, qui semble représenter l'effort maximum subi par nos régions à l'époque da plissement hercynien; la plus grande partie des géologues sont d'accord pour admettre que la lèvre Sud de la faille du Midi a chevauché sur la lèvre Nord, c’est-à-dire sur le bord Sud du géosynclinal. Vers l'Ouest de notre pays, la région plissée s'enfonce sous les terrains secondaires et ne nous est pins guère connue, sauf en de rares endroits, que par des travaux souterrains. La faille du Midi peut se suivre cependant au Sud du bassin houiller du Nord et du Pas-de- Calais, etles roches dévoniennes qui aflleurent le long de la crête de mé, élit SÉANCE DU 18 JUIN 4907. 180 l’Artois tracent la direction de Fl’accident, limite du géosynelinal. Dans le Boulonnais de même, l'accident appelé axe du Boulonnais n’est qu'un pli posthume superposé au grand accident qui aurait fait chevaucher le bord Nord du bassin de Dinant sur le bord Sud du bassin de Namur. Or, cette crête du Boulonnais et l’axe de l’Artois n'auraient pas, d’après de nombreux géologues, été franchies par la mer diestienne ; elle existait donc à l’époque du Pliocène inférieur et, dès lors, les dépôts pliocènes n’ont pu être soulevés par la formation de la crête de l’Artois, celle-ci étant préexistante au dépôt. Mais laissons cet argument. Ce que noussavons, c’est que le substratum primaire de la Belgique et du Nord de la France est constitué par la superposition de deux chaînes d'âge différent; il faudrait donc admettre que ces deux systèmes plissés se seraient soulevés en bloc sans se déformer ; ce serait là un phénomène au moins paradoxal et tout à fait sans précédent. D'autre part, à la limite du bassin flamand et parisien, on constate une série de failles d’affaissement dans la direction du bassin de Paris. On arrive done à cette conclusion, que les roches tertiaires reposant sur les terrains secondaires se relèvent régulièrement vers le Sud en traversant notre pays et que le phénomène s'arrête vers la crête de l’Artois. Que, de plus, cette crête indique en sous-sol le passage du grand accident hercynien. S'il en est ainsi, c’est donc dans la région de la crête de lPArtois que le phénomène doit se montrer avec le plus de netteté; il est, en effet, nécessaire de suivre le prétendu soulèvement jusqu’au moment où il cesse de se produire, là précisément où il atteint son maximum. Il doit donc y avoir là une faille gigantesque montrant toute la région Nord soulevée. Gr, rien de tout cela ne se présente, et les couches secondaires montent de plus en plus jusqu’à l'extrémité de la crête bien visible au Nord de Boulogne, anticlinal qui constitue l’axe du Boulonnais, lequel est lui-même homologue de l’axe de l’Artois. Passé laxe du Boulonnais, on descend. dans le bassin de Paris et de suite apparaissent les failles bordières ou d’affaissement vers ce bassin. Il faudrait done admettre que laxe de lArtois se serait soulevé, séparant le bassin de Paris du bassin flamand, et que tous les terrains tertiaires et secondaires se seraient, à la suite de ce mouvement, inclinés avec une étonnante régularité jusque sous le centre de la Hollande. | De plus, le bassin de Paris serait dû à la surrection de ses bords, ce 186 PROCÉS-VERBAUX. qui doit être rejeté, étant donné que tous les accidents visibles dans cette région présentent le caractère bien net des failles d’affaissement, Mais il y a autre chose. La crête de l’Artois coïncide en sous-sol avec la crête du Condroz, ou mieux avec la faille du Midi, due au dépla- cement de la lèvre Sud soulevée par rapport à la lèvre Nord, ou delà lèvre Nord affaissée par rapport à la partie Sud. Si donc nous nous représentons que la crête de l’Artois s’est soule- vée de plus de 200 mètres, en tenant compte du gisement diestien des Noires Mottes, collines du Nord du Boulonnais, et si nous considérons que cette crête n’est autre que la région de la faille du Midi, nous arrivons à cette conclusion que le soulèvement de lArtois, s’il était réel, ne pourrait être que l’accentuation post-diestienne de l'accident ayant déterminé la faile du Midi. Dans ce cas, cette accentuation devrait se traduire dans les terrains secondaires qui recouvrent partout cet accident. Or, ce qu'il y a de frappant, c’est que là où l’observation est possible, le Secondaire au-dessus de la faille du Midi ne montre pas la moindre solution de continuité, et si la faille de Wimereux, la plus proche de cet accident dans le Boulonnais, devait lui être assimilée, il faudrait que sa lèvre Nord se fût abaissée par rapport à la lèvre Sud. Or c’est le contraire qui à lieu manifestement, puisque, comme nous l’avons dit déjà, c’est une faille d’affaissement et bordière du bassin parisien. | Il résulte de ces considérations que le mouvement de soulèvement ou de bascule qui aurait soulevé le Pliocène diestien et avec lui tout le substratum secondaire et primaire, aurait dû s’arrêter à la crête de lArtois, c’est-à-dire à la faille du Midi, ce qui voudrait dire que la région Située au Nord de la faille se serait, avec toute la Belgique, soulevée d’au moins 200 mètres par rapport à la région située au Sud de cet accident. Il suffit d’énoncer pareille hérésie pour mettre à jour l’absurdité du soulèvement vertical du Sud de la Belgique, après le dépôt du Pliocène diestien. $ 5. — DEUXIÈME cas. On peut envisager aussi le cas d’un soulèvement de la crête dû à un mouvement horizontal ou de plissement. Disons d’abord que toute la région affectée par le prétendu soulè- vement des roches diestiennes, depuis la Hollande jusque dans les régions les plus méridionales de notre pays, ne montre pas la présence de plis, plis qu’il faudrait rencontrer inévitablement, si l’on songe à d3 $ SÉANCE DU 18 JUIN 1907. 187 la violence qu’aurait dû présenter cette pression latérale pour provoquer une dénivellation de nos roches diestiennes de près de 600 mètres. Mais, comme nous l’avons vu précédemment, le mouvement de la faille se reconnaît au-dessus du prolongement de la faille du Midi. l Plus que jamais, un mouvement latéral de poussée exercé sur Îles chainons hercyniens et dans le même sens, attendu que les lignes d'altitude du Diestien se dirigent d’une manière sensiblement parallèle à la direction de la chaîne, aurait dû exercer une influence sur la faille du Midi, dernière et ultime manifestation de la chaine plissée. Or celle-ci ne montre nulle part une accentuation quelconque de plisse- ment postérieure au temps secondaire et à la formation pliocène. De plus, l'accident caractéristique du plissement, la faille du Midi, n'a plus subi le moindre rejet depuis la fin des temps primaires. D'autre part, les accidents du Boulonnais, notamment la faille de Wimereux, seraient, eux aussi, en relation avec celle poussée ayant soulevé à nouveau la crête du Condroz, donnant naissance à la crête de l’Artois et à l’axe du Boulonnais. Or la faille de Wimereux est une faille non de plissement, mais bien d’affaissement vers le bassin de Paris. CONCLUSION. Il résulte de ce qui précède que les régions de la crête du Condroz et de la faille du Midi, par suite des compressions intenses dont elles ont été le siège, doivent être considérées, depuis la fin du Primaire et encore aujourd'hui, comme constituant une partie particulièrement rigide de l’ossature de la Belgique et du Nord de la France. Que, depuis le commencement du Secondaire jusqu’à nos jours, cette région est restée relativement fixe et rigide pendant que s’effondraient lentement les bassins flamand et parisien, situés au Nord et au Sud de cette ligne plus résistante. Que l’anticlinal de la crête est un pli posthume, en tant que ce mot signifie, non soulèvement, mais affaissement des bords méridionaux et septentrionaux du horst de l’Artois. Que le bord Nord du horst condrusien et de l’Artois est accompagné d'une fosse d’affaissement, également posthume, qui fait que les dia- grammes menés du Nord au Sud montrent l’inclinaison régulière des terrains secondaires et tertiaires, s’infléchissant brusquement au pas- sage de l’ancien synelinal houiller. Que le mode de remplissage de ces synclinaux posthumes indique, 4188 . PROCÉS-VERBAUX. comme je l’ai montré déjà, que le mouvement d’affaissement s’est fait au cours des transgressions et régressions marines successives. Que les sédiments posi-primaires qui surmontent la région de la crête de l’Artois ne peuvent pas avoir été soulevés et que, dès lors, les sédiments les plus hauts sont ceux qui se rapprochent le plus des con- ditions normales du dépôt. Que si l’on envisage le dépôt du Diestien affaissé au Nord de l’Artois vers le bassin d’effondrement de la mer du Nord, on peut dire : Que quelle que soit la cote de l’affleurement diestien considéré, ce dernier à pu être déposé à un niveau plus élevé, mais jamais à un niveau inférieur ; Qu'il faut, dans l'explication des phénomènes stratigraphiques, rem- placer les oscillations du sol, si souvent invoquées, par des oscil- lations de valeur égale du niveau de la mer, élément essentiellement mobile. Discussion. M. LE PRÉSIDENT remercie l’auteur pour son intéressant travail. M. Simoens apporte des données tout à fait nouvelles et cela sur la nouvelle Géologie. À l’époque où nous avons débuté, il fallait asseoir la stratigraphie, distinguer les horizons. Tout ce travail était néces- saire, indispensable pour permettre à la nouvelle école de réaliser ses progrès. Notre confrère a transformé complètement les idées anciennes, qui avaient cours Jusqu'en ces derniers temps et qui s’efforçaient d’ex- pliquer les phénomènes en invoquant exelusivement les mouvements du sol. M. Arcrowski rappelle que M. E. Suess à employé, pour caractériser les mouvements du sol, les termes « positif et négatif », et il pense qu’il vaut mieux s’en tenir à ces expressions que M. Simoens n'ignore pas. Il pense, en outre, qu’il serait bon de se rappeler, à ce sujet, les tra- vaux des Américains sur le principe de l’isostase. D’après M. Arctowski, les mouvements du sol peuvent être dus au poids des glaces qui, suivant l'importance de leur masse, peuvent provoquer des mouvements d’abaissement et de soulèvement du sol. fl pense aussi que le principe de l’isostase fait admettre sous les chaînes de montagnes une énorme masse très fluide, très légère, qui fait diminuer l’intensité de la pesan- teur. Il croit que la dénudation de la chaîne plissée doit, par suite de la diminution de charge, faire soulever le soubassement de la chaîne. Ce serait, d’après lui, la dénudation de notre massif montagneux qui SÉANCE DU 18 JUIN 1907. 189 aurait fait se soulever notre pays après le Diestien. M. Arctowski n’émet ces idées que sous toutes réserves, 1l ne les défend pas, 1l les soumet à l'appréciation de M. Simoens. M. Simoens répond à M. Arctowski : M. Suess a, en effet, utilisé fréquemment les mots « positif et néga- tif» pour exprimer les oscillations relatives des terres et des mers, mais c’est précisément afin de ne pas préjuger de la question que l'illustre professeur viennois s’est servi de ces expressions ; il les a rapportées au mouvement de la mer. Qu'un continent s’affaisse sous le niveau de Peau ou que la mer s'élève d’une quantité égale, M. Suess appelle ce mouvement « positif », car 1l implique une avancée de la mer par rap- port au continent, quelle que soit d’ailleurs la nature propre du mouve- ment ayant entraîné le flot. Les expressions « positif et négatif » sont donc des expressions d'ordre relatif. Ce que J'ai cherché à établir dans ma communication, c’est la nature du mouvement au point de vue absolu. Ce phénomène post-diestien est incontestablement un phénomène négatif, puisque, rapporté au mouve- ment de la mer, il implique un retrait de celle-ci; mais quand on à dit que le mouvement post-diestien est négatif, on n’a pas établi s'il est dû à un retrait pur et simple de l'Océan, ou s’il est le résultat d’un soulève- ment réel du sol. Jai cherché dans mon travail à établir si le mouve- ment à été terrestre ou marin. Jusqu’aujourd’hui, on était d'accord pour admettre un réel soulève- ment de notre pays après le dépôt du Diestien. J’ai établi dans mon travail que ce mouvement ne peut se concevoir, et on admettra, Je pense, avec moi que le mouvement négatif post-diestien est dû non à un phénomène de soulèvement de nos régions, mais bien à un retrait de la mer qui a déposé les sédiments diestiens à des altitudes dépas- sant de plusieurs centaines de mètres le niveau actuel de notre littoral. Quant au principe de lisostase, 11 y a longtemps que M. Prinz et moi-même avons entretenu la Société belge de Géologie de cet intéres- sant phénomène. J'ai fait remarquer à cette occasion, d’abord, que l'explication proposée d’une masse fluide plus légère se déplaçant sous les montagnes impliquerait le soulèvement de celles-ci dû précisément à la présence du magma sous-jacent : or, on est, je pense, à peu près d'accord pour admettre qu’au contraire les masses. fluides sous-jacentes aux montagnes sont surtout fonction de la formation des chaînes plis- sées ; de plus, les volcans devraient s’alimenter à cette masse homo- gène constamment brassée, puisque les montagnes se déplacent et se 190 PROCÈS-VERBAUX. propagent comme je l’ai montré récemment, et, dans ce cas, les érup+ ions volcaniques, outre qu’elles seraient probablement périodiques, subissant l'attraction lunaire et solaire, seraient de composition iden- tique, toutes choses contraires à la réalité. Au point de vue de la pression des calottes glaciaires faisant mouvoir, suivant leur poids, de haut en bas et de bas en haut les pays des glaces et les régions limitrophes, je pense que, dans ce cas, l’accumulation des sédiments plissés dans nos chaînes de montagnes aurait bien autre- ment le pouvoir de s’aflaisser, surtout si leurs racines plongeaient dans un bain léger, comme le suggère M. Arctowski. De plus, l’action des glaces, si elle existe, doit être d’une nature toute différente, à mon avis, de celle qu'indique mon savant contradicteur ; l’action des glaces ne peut pas agir efficacement sur les masses continentales, mais elle peut agir sur les eaux et provoquer des déplacements de l'élément liquide, soit par déplacement du centre de gravité, comme l'ont supposé plusieurs auteurs, dont Adhémar et M. van Ertborn dans ces derniers temps, soit autrement. Notre estimé confrère pense encore que, grâce aux principes de l’isostase, l'érosion d’une chaine, en diminuant son poids, doit faire se soulever le soubassement de celle-ci et il croit que c'est peut-être l'érosion de notre ride hercynienne qui a provoqué le soulèvement post-diestien. A cela je répondrai : Si le soulèvement post-diestien était dû à l’éro- sion continentale, c’est à l’époque secondaire, après l'érosion intense, qu'aurait dû se faire le soulèvement, alors surtout que la surcharge des sédiments secondaires, éocènes, oligocènes et pliocènes n'existait pas encore. En faisant mouvoir le sol à la fin du dépôt des derniers sédiments diestiens, on ne peut plus invoquer, comme le Eur notre confrère, la diminution du poids. Mais encore ce soulèvement, quelle qu’en serait l’origine, devrait se reconnaitre dans nos formations primaires, et j'ai montré qu'il n'en est rien. L. Doro. — L’audition chez les Ichthyosauriens. Ce travail, inséré en annexe au ee de mai, est résumé en séance par son auteur. M. LE PRÉsipeNT signale tout l'intérêt que présente la communication de M. Lollo. Jadis les paléontologues se contentaient de décrire la morphologie des fossiles; aujourd’hui M. Dollo nous initie aux résultats SÉANCE DU 18 JUIN 1907. 191 de la nouvelle paléontologie qui consiste à étudier toutes les parties du squelette et à les interpréter aux lumières de la théorie de l'évolution qui nous permet de faire revivre l'animal et d’assister par la pensée aux moindres détails de son existence. Ce que fait M. Simoens en géologie, M. Dollo le fait avec un rare bonheur en paléontologie, et nous remercions vivement notre savant confrère de nous offrir la primeur de ses nouvelles découvertes et de ses savantes déductions. -G. Cosyxs. — Essai d’interprétation chimique de l’altération des schistes et calcaires. (Inséré aux Mémoires.) M. LE PRÉSIDENT remercie l’auteur pour son intéressant exposé. M. Cosyns vient à son tour de dire des choses neuves dans le domaine de la géologie chimique; jadis on croyait avoir tout dit quand on avait invoqué l’action de l’acide carbonique pour expliquer les effets de l’altération des roches; notre confrère à étudié le phénomène en détail et nous montre les nombreuses réactions par lesquelles passent les sels dissous pour détruire les roches; la séance de ce jour est certes une des plus remarquables par les progrès que viennent de réaliser en géologie, en paléontologie et en chimie géologique MM. Simoens, Dollo et Cosyns. M. Simorxs se plaît à faire observer qu’il y a peu de jours il à eu l'occasion d'examiner en compagnie de M. Rutot de belles parois coupées au fil dans les carrières de Soignies ; 1l v a remarqué en grand, sur des parois de 50 mètres de hauteur, les phénomènes d’altération que vient de décrire en petit M. Cosyns. On y remarquait, en effet, des poches d’altération se terminant en entonnoir et se reliant par une mince diaclase presque imperceptible à une nouvelle caverne de disso- lution située à une grande profondeur par rapport à la première; ces poches altérées provoquent alors des effondrements fréquents; les oches effondrées présentent un aspect plissé facile à comprendre, puisque ces roches, avant l'effondrement sous la cavité, possédaient une structure homogène sans solution de continuité, et se trouvent après fragmentées et désagrégées : elles ont donc besoin d’un espace plus considérable pour se loger; de plus, elles tombent au fond d’un entonnoir. Ces phénomènes de cantonnement des roches affaissées dans les poches d’altération, bien observables à Soignies et à Feluy où nous avons pu les voir lors d’une dernière excursion, ne sont donc pas dus à un effort latéral de glissement, comme certain confrère le pensait. 192 PROCÈS-VERBAUX. M. RurorT observe qu’au cours de l'exposé de M. Cosyns, il pensait comme M. Simoens aux phénomènes qu’ils avaient observés à Soignies, ces phénomènes présentant bien en grand les détails décrits par M. Cosyns. X. STaINIER. — La géologie du Nord-Est du Limbourg d’après de récents sondages. (Inséré en annexe au procès-verbal dernier.) Vu l'heure avancée, l’assemblée décide la remise à la séance de juillet de l'audition du travail du baron van Ertborn sur les grottes de Grimaldi. La séance est levée à 11 heures. ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL. Rapport présenté à la Commission nommée par la Société belge de Géologie en vue d’étudier la proposition tendant à introduire la Géologie dans l’enseignement moyen. MESSIEURS, En abordant le problème de l'introduction de la géologie dans le programme de l’enseignement moyen, la Société belge de Géologie à manifesté le désir de prendre part à la lutte multiséculaire qui se continue de nos jours et que soutiennent les hommes de science contre les rhéteurs. Tous les hommes éclairés savent combien l’espril routinier du passé a trouvé longtemps asile dans les écoles où les résultats de tant de conquêtes de la science moderne devraient entrer tout d’abord, afin que la jeunesse, l'avenir et la force vive de la nation, soit la première à en bénéficier. Or c’est là surtout, tout au moins Jusqu'en ces derniers temps, qu’on avait soin de bannir tous les progrès. Il est deux sortes d'écrivains. Pour les premiers, qui n’ont à nous exposer que le travail de leur imagination, parfois riche mais souvent vaine, écrire est un but. Pour les seconds, qui doivent nous expliquer les résultats de leurs recherches, de leurs observations et de leurs expé- riences, qui constituent tout le patrimoine de l’humanité, écrire est un moyen. Les premiers visent la forme, les seconds se préoccupent du fond ; les premiers rêvent et endorment leurs semblables, les seconds travail- lent et stimulent les énergies. On pourrait croire que ce soient ces derniers qui aient droit de cité dans les écoles. Eh bien non, sous prétexLe d'art et de belles-lettres, les produits de l’imagimation encom- brent l’enseignement. Les productions des savants qui, au prix de combien de peine et de travail, ont arraché à la nature ses secrets, tout ce grand labeur, toutes ces richesses, dont devrait s'inspirer plus 194 ANNEXE A LA que jamais la jeunesse de notre temps, sont reléguées au bout des pro- grammes. On à allégué que les beaux-arts et les belles-lettres étaient indispensables pour faire de nos enfants des gens policés. Si nous réclamons, nous, moins de belles phrases et plus de science, c'est parce que nous estimons qu'avant de faire des gens policés, ils faut faire des hommes instruits ; les belles-lettres viendront ensuite. Avec combien de peine est-on parvenu à introduire timidement les sciences concrètes dans les programmes, et pourtant personne ne nie plus que les sciences d’observation développent l'esprit de méthode. Faut-il concentrer les facultés mentales sur des associations d’idées et faire des poètes, ou faut-il de préférence diriger les esprits vers l'étude des classes de phénomènes, c’est-à-dire vers les faits, et faire ainsi des observateurs, des hommes de science, des hommes pratiques? La réponse n’est pas douteuse. Ne convient-il pas de rappeler 1ci la protestation indignée de notre Président sortant, M. A. Kemna, à l’occasion de l'offre faite à notre Société, comme local, des sous-sols du Palais des Beaux-Arts? « Je proteste, disait M. Kemna, contre un projet qui reléguerait les Sociétés scientifiques dans les caves d’un bâtiment dont les arts occupent le rez-de-chaussée et le bel étage. I] y a une hiérarchie des manifestations intellectuelles, dans laquelle l’art a sans doute une place, mais certainement pas au sommet ni au-dessus de la science; les positions relatives sont tout juste l’inverse. Il est vrai que les arts seuls comptent auprès du vulgaire et même du personnel ordinaire administratif et gouvernemental; mais c’est parce que le rôle de mécène artistique est à la portée de l'intelligence moyenne, tandis qu’il faut une certaine culture pour apprécier et goûter la science. » Plus loin il ajoutait : « Il est un pays où le Gouvernement, conforme en cela à l'esprit public, considère comme hors de sa sphère d’action l’enseignement, les hôpitaux, les chemins de fer, où l’on douterait de l'intégrité des fonctions intellectuelles de celui qui parlerait de protéger les arts par des moyens officiels; tout cela est abandonné à l'initiative privée. Une seule exception est faite. En plein centre de Londres, dans Piccadilly, le Gouvernement a construit le palais des sociétés savantes : c’est Burlington House, où, en 1899, nous avons été les hôtes de la Geological Society. C’est la réponse à la proposition de nous enterrer dans une cave. » Le phénomène Île plus marquant dans l'histoire mondiale du dernier quart de siècle est l'essor économique de l'Allemagne. SÉANCE DU 18 JUIN 1907. 193 ‘» Y aurait-il un seul homme politique assez obtus pour ne pas voir que c’est la science, la science seule, qui a permis, créé, incité ce développement? Pour un pays comme la Belgique, trop petit, trop peuplé, qui ne se maintient que par l’effort de plus en plus pénible de sa grande industrie, n’est-ce pas une question vitale et pressante que d'organiser son travail scientifique? » Voilà ce que nous devons dire très haut aux gouvernants, tous bien intentionnés, quelques-uns à l’esprit assez large pour comprendre qu’en parlant ainsi, en attirant sur ce point important leur attention distraite par une multitude d’autres questions, nous leur rendons un service à eux et nous accomplissons nous-mêmes un devoir patriotique. » Il est plus que temps, en effet, qu’on reconnaisse aux sciences leur véritable rôle et plus que jamais un effort doit être fait pour qu’une place prépondérante leur soit accordée dans l’enseignement. Nous n’en sommes plus au temps des timides démarches. La science a trop évolué et ses applications dans tous les domaines ont trop révo- lutionné le monde moderne. Notre devoir nous oblige à produire une énergique revendication, quitte à laisser à ceux qui refuseraient de nous écouter tout Ie poids d’une responsabilité d’autant plus lourde qu’elle sera prochaine. | Mais, comme nous le faisions remarquer dans un travail présenté au Congrès Mondial, « Sur le développement de la volonté chez l'enfant », les sciences se subdivisent en sciences concrètes et en sciences abstraites. Les premières étudient les faits qui se localisent dans l’espace et dans le temps, c’est-à-dire les phénomènes qui sont vrais, tout au moins en un point donné de l’espace et à un moment donné du temps; l'étude de ceux-ci constitue les éléments des sciences concrètes; ce sont, dans l’ordre de l’évolution générale : l'astronomie, la géologie, la biologie, l’anthropologie, la psychologie, elles sont fonction de l’espace et du temps Elles sont les grands facteurs de l’évolution, puisque les phénomènes qu'elles étudient se modifient sans cesse. Au contraire, les sciences mathématiques, physiques, chimiques, ont pour mission de découvrir les lois qui soient vraies en tous les points de l’espace et à tous les moments du temps. Ces sciences appelées abstraites existent indépendamment de ces deux grands concepts. Les formules de la combinaison de deux corps sont vraies dans le soleil et dans les étoiles comme sur la terre. Au contraire, les phéno- 196 ___ ANNEXE A LA mènes qu'étudient les sciences biologiques par exemple se rapportent toujours à certains moments donnés du temps et à certains points de l'espace. Cette grande doctrine de l’enchainement des choses devrait être la base d’un système éducatif rationnel. En effet, l'étude des phénomènes naturels et des lois qui en découlent n'est-elle pas le point de départ du mouvement industriel et commercial, en un mot de toute la sociologie moderne? Ce caractère évolutif des lois de la nature peut être dans les mains de l’éducateur un puissant levier. Notre savant Président, M. le chanoine de Dorlodot, a fait ressortir au sein de notre Commission que l’évolution de la nature découlait de l’étude de la géologie pour tout homme de bonne foi. Mais parmi ces sciences concrètes pour lesquelles nous plaidons ici, il est une science, l’une des plus importantes, sans laquelle les phénomènes biologiques ne peuvent s'expliquer : c’est la géologie. C'est ce qu'a bien mis en relief notre Secrétaire général, M. le commandant baron Greindi. Aucun phénomène de géographie bota- nique, disait-il notamment, ne se peut comprendre sans l’étude de la géologie, qui explique de même la géographie tout entière. Notre savant confrère à attiré l’attention de la Commission sur le programme des écoles moyennes du 12 septembre 1897. L'enseignement de la géogra- phie, y est-il dit, sera fortement raisonné. Autant que possible, il expliquera les faits par leurs causes. Or, comment expliquer la géogra- phie si ce n’est par la géologie, tout le modelé terrestre étant fonction de la géologie, e est-à-dire de la structure même du sol et du sous-sol? Comme l’a fait remarquer encore notre collègue, un esprit culuüvé ne peut plus ignorer la géologie; la connaissance de l’évolution inorga- nique de notre monde doit évidemment faire partie de l’ensemble de ses Connaissances. Quant au temps nécessaire à cet enseignement dans nos écoles, notre Secrétaire général a fait ressortir que si l’on parvenait à trouver le temps d'enseigner huit livres de géométrie, il serait aisé de trouver celui nécessaire pour l’étude de notre globe. M. le capitaine Mathieu, professeur à l'École militaire, ainsi que M. Teirlinck, professeur à l’École normale de Bruxelles, ont fait res- sortir avec infiniment de justesse le caractère pratique à donner à l’enseignement de la géologie en favorisant les excursions géologiques. Notre savant confrère M. Jérôme, professeur à l’Athénée d’Arlon, nous a fait observer avec raison qu’à cette occasion il serait désirable de laisser une certaine latitude au professeur, afin qu’il puisse plier son SÉANCE DU 18 JUIN 1907. 197 enseignement aux circonstances locales, la géologie pratique ne pou- vant s’enseigner à Ostende comme à Mons ou Arlon. Le savant Président de la Commission, M. Mourlon, a bien fait res- sortir l'utilité de la diffusion de la géologie; il à montré la multitude de faits scientifiques intéressants qui sont perdus pour la L'industrie éolithique, dans son ensemble, ne diffère de celle des instruments constituant soit le paléolithique, soit le néolithique, que par la présence, dans ces derniers groupes, d'instruments intention- nellement taillés qui sont ordinairement des armes, et qui viennent s’adjoindre à la série des outils constituant le fondement de toutes les industries ; 3° L’expérimentation directe permet de reproduire, par un travail effectif approprié à la destination de chaque instrument, autant d'exemplaires qu’on le désire de chacun d'eux, présentant tous les caractères de l’utilisation spéciale à laquelle ils ont été employés. Selon que l’on frappe, que l’on coupe, que l’on racle, que l’on gratte (ou plutôt que l’on rabote) et que l'on perce, avec des rognons, des blocs ou des éclats, naturels ou artificiels appropriés, on imprime sur chaque pièce utilisée les traces nettes et indélébiles du résultat de l’em- ploi spécial auquel elle à servi et l’on produit ainsi immanquablement des percuteurs, des enclumes, des couteaux, des racloirs, des grattoirs et des perçoirs, présentant chacun les caractères propres à Pusage qui en a été effectué ; 4° La comparaison des instruments obtenus expérimentalement par un travail effectif déterminé, avec ceux du Paléolithique et du Néoli- thique portant les traces évidentes du même travail, conduit done infailliblement à la preuve de l'existence des industries primitives, dites éolithiques. Cet ensemble de preuves concordantes aurait évidemment suffi à la démonstration scientifique de l'existence des Éolithes, si cette industrie primitive s'était éteinte partout dès l’apparition du Paléolithique. Mais ce fait de la disparition totale de l’Éolithique à l’arrivée du Paléolithique, tout vraisemblable qu’il soit, ne s’est pas réalisé et j'ai montré, depuis une couple d'années, que des populations à industrie éolithique ont pu s’isoler assez, dans une région qui nous est encore inconnue, pour s'être perpétuées dans la mentalité éolithique, parallèle- 214 PROCES-VERBAUX. ment au développement et à l’évolution constante du Paléolithique, jusque dans les premiers temps du Néolithique. J'ai, en effet, fait voir qu'alors que les premiers Néolithiques tardenoi- siens avaient eu à peine le temps d'occuper certaines régions de notre pays et de la France, ils avaient été remplacés brusquement par des barbares, que J'ai nommés Flénusiens, dont l’industrie, largement répandue et parfaitement caractérisée, est purement éolithique. La ressemblance, ou plutôt l'identité est telle que je m'y suis” mépris tout d’abord, et seules des observations précises et répétées m'ont permis de reconnaître l'âge HE Te de cette étrange indus- trie flénusienne. lei done, 11 n’y avait plus d'interprétation possible, on ne pouvait plus invoquer aucune des actions naturelles imaginées pour battre en brèche la notion de la réalité des industries éolithiques du Tertiaire et lu Quaternaire inférieur ; on se trouvait simplement en présence de magnifiques stations intactes, étalées à la surface du sol, reposant sur des plateaux recouverts du dernier terme quaternaire connu : la terre à briques de l'Ergeron. Et ainsi l'existence de l'industrie éolithique ancienne était prouvée « en fait » par sa persistance pendant tous les temps paléolithiques jusque dans le Néolithique. | C'était certes là un résultat magnifique, inespéré, et cependant nous n'étions pas au bout de nos surprises, car une nouvelle preuve «en fait », que l’on peut qualifier de « magistrale », est venue s’ajouter récemment aux précédentes et fermer définitivement l’ère des tâton- nements et des discussions. | Chacun sait que les anthropologues, se basant sur les observations craniologiques, estiment que les indigènes de l’île de Tasmanie, exter- minés jusqu'au dernier vers 1850 par leurs « civilisateurs », repré- sentent, parmi les races actuelles, celle montrant les caractères les plus primitifs. Cette constatation à fait naître — un peu tard — dans l'esprit des savants, l’idée qu'il y aurait actuellement un grand intérêt à connaître enfin en détail cette race primilive si malheureusement disparue. Aussi, diverses expéditions, les unes allemandes, les autres anglaises, se sont-elles dirigées, depuis moins de deux ans, vers la Tasmanie, en vue de se livrer à des explorations pouvant permettre de reconstituer sur place une connaissance aussi approfondie que possible | des populations éteintes. | D'Allemagne sont parties les expéditions indépendantes du SÉANCE DU 16 JUILLET 1907. 215 D' H. Klaatsch — dont le but, plus large, est d’explorer toute l'Australie --- et de notre confrère D' Fritz Nœtling, bien connu par ses beaux travaux de géologie et de paléontologie. D’après les renseignements que J'ai directement reçus, c’est le D' Nœtling, explorant la Tasmanie, qui est arrivé le premier à des résultats importants. En effet, le D' Nœtling s'étant mis à la recherche des stations, des campements occupés par les derniers Tasmaniens, a eu le bonheur d'en rencontrer une quinzaine, établis soit le long du rivage de la mer, soit voisins du cours des rivières, et il a non seulement retrouvé les points d'occupation, mais aussi ce que l’on appelle les native quarries, c'est-à-dire les lieux d'extraction de la matière première et de son débitage en éclats. Or, dès ses premières trouvailles, le D' Nœtling avait été fort étonné par le facies des instruments de pierre qu’il recueillait; aucun n’avait de forme voulue et il fut frappé de la similitude qui pouvait exister entre les outils des Tasmaniens et ce qu'en Europe on appelle les Éolithes. Pour pouvoir se faire une opinion ferme, notre confrère allemand voulut bien s'adresser à moi afin d'obtenir une bonne série des divers types d’Éolithes de Belgique. Je m'empressai naturellement de satisfaire à ce désir, et, aussitôt l'envoi parvenu à destination, l'identité des Éolithes belges et notam- ment ceux du Mesvinien de l'Exploitation Helin, avec les outils des Tasmaniens fut reconnue. Le D' Nœtling ne voulut, du reste, pas rester le seul à juger la question. [Il fit don, à son tour, au Musée d'Histoire naturelle de . Bruxelles d’une riche série d’instruments tasmaniens, — la première qui soit parvenue en Europe, — et dès la réception, je pus à mon tour constater l’extraordinaire identité des outils de Tasmaniens et des Éolithes — tant tertiaires et quaternaires que néolithiques (flénusiens) — de l’Europe centrale. Sans perdre une minule, je pus, par un triage des matériaux, classer les pièces utilisées en : percuteurs, enclumes, couteaux et grattoirs (1), le reste ne consistant qu’en matière première brute, en nuclei grossiers et en éclats de débitage. (1) L'envoi, encore incomplet, ne renfermait pas de perçoirs, mais j'en ai reconnu au moins deux dans une série de photographies accompagnant l'envoi des instru- ments tasmaniens. 4907. PROC.-VERR. 14 916 PROCÉS-VERBAUX. Aussitôt après, Je pouvais placer, à côté de chaque type tasmanien, des instruments éolithiques en tout semblables, portant exactement les mêmes traces d'utilisation et de retouche. Inutile de dire que je montre les instruments tasmaniens et leurs sosies éolithiques aux personnes désirant prendre parti dans le débat et que le résultat de cette comparaison. venant après la démonstration seien- üfique, est régulièrement décisif. Donc l’industrie éolithique à non seulement existé indiseutablement vers la fin des temps tertiaires et au commencement des temps quater- naires, mais, nullement supprimée par l’arrivée du Paléolithique, elle s'est cantonnée en une ou plusieurs régions isolées, de manière à réap- paraître dans nos pays vers le commencement du Néolithique (Flénu- sien). Mais ce n'est pas tout, car, bien que supprimée vraisemblablement en Europe, en Asie et en Afrique par le développement du Néolithique, puis par l’utilisation généralisée du métal, l’industrie éolithique est parvenue à se conserver intacte parmi quelques peuplades isolées à caractères primitifs, la dernière S’étant trouvée celle habitant la Tas- manie, à moins que le bruit qui m'est parvenu de la rencontre, par le D' Klaatsch, en Australie, de quelques restes de tribus ayant conservé l’usage de l’industrie primitive, se confirme. Comme on le voit, il n’existe décidément plus de « question » des Éolithes; mais tous ces faits nouveaux soulèvent à leur tour des notions importantes nouvelles. A partir d'aujourd'hui, le terme « Éolithique » ne peut plus con- server la signification chronologique qu’on lui attribuait Jusqu'ici. Cette industrie, qui constitue la base de toutes les autres, ne s’étant nullement éteinte, n1 à l’arrivée du Paléolithique, ni à celle du Néoli- thique et s'étant même perpétuée jusqu’à nos Jours, ne présente donc plus exclusivement le stade primitif ou pré-paléolithique. Le terme « Éolithe » ne signifie plus, en conséquence, un instrument de l’un ou de l’autre des nombreux niveaux archéologiques de la fin du Tertiaire et du commencement du Quaternaire ; 1l s'applique main- tenant aux instruments de tous les âges appartenant au groupe indus- triel autonome, bien défini par des caractères primitifs et par l’absence d'instruments intentionnellement taillés. Désormais, lorsqu'on voudra désigner le groupe spécial des indus- iries pré-paléolithiques que l’on appelait jusqu’à présent « éolithique», il sera nécessaire d’adjoindre à ce terme celui de « tertiaire » ou de « quaternaire inférieur », selon le cas. SÉANCE DU 16 JUILLET 1907. 247 Quant à la désignation des groupes d'outils renfermés dans la série des niveaux stratigraphiques de tous âges, tant tertiaires que quater- naires et modernes, on aura toujours à sa disposition les termes déjà connus de : Cantalien, Kentien et Saint-Prestien, respectivement pour les industries éolithiques tertiaires des niveaux : Miocène supérieur, Pliocène moyen et Pliocène supérieur ; Reutélien, Mafflien et Mesvinien pour les industries éolithiques de la base, du milieu et du sommet du Quaternaire inférieur; Flénusien pour l’industrie éolithique du Néoli- thique inférieur et Tasmanien pour l'industrie éolithique de l’époque actuelle. Enfin, d’autres termes pourront être ajoutés plus tard, à mesure que l'on reconnaîitra l'existence des stades tertiaires, paléolithiques et néoli- thiques autres que le Flénusien, de l’industrie éolithique, actuellement encore inconnus. | * XX _*% Pour terminer, j'ajouterai que M. Sollas, professeur de Géologie à l'Université d'Oxford, actuellement à Bruxelles, m'apprend que M. Teyler, professeur d’Anthropologie à la même Université, vient également de recevoir, de la mission anglaise, un important envoi d'instruments tasmaniens. Or, sitôt l’envoi reçu, M. Teyler a reconnu la ressemblance étonnante existant entre les outils tasmaniens et ceux de l’industrie éolithique pliocène du Chalk Plateau du Kent, et le savant professeur prépare en ce moment un travail destiné à démontrer, par de nombreuses figures, l'identité des deux industries. A. JÉRÔME. — De la découverte d’un gisement notable de kaolin en Ardenne. Le sol de notre pays, déjà si fécond en matières minérales de toute espèce, va, suivant toute vraisemblance, nous fournir un nouvel élé- ment de richesse, presque inconnu en Belgique jusqu’à ce jour. Le kaolin n'avait été trouvé, en effet, qu’à l’état sporadique et en quantité trop minime pour donner lieu à quelque exploitation indus- trielle. Cet état de choses va sans doute changer après la découverte importante que vient de faire M. Leclercq-Veriter, entrepreneur à Arlon. M. Leclereq a, en effet, mis à découvert un gisement de la terre précieuse employée à la fabrication de la fine faïence et peut-être de Ja porcelaine, gisement qu’il y a lieu de considérer comme important, 218 PROCES-VERBAUX. Le gisement en question se trouve sur le territoire de la commune de Libin, au lieu dit « Contranhez », à quelques centaines de mètres à l'Ouest de la ligne de chemin de fer Bruxelles-Luxembourg, à la bordure du petit massif cambrien de Serpont. Géologiquement il est subordonné aux schistes et grès verdâtres de Saint-Hubert, et correspond à la notation Gdp de la Carte au 40 000°, notation que M. Malaise, l’auteur du levé dans la région, a adoptée pour désigner les arkoses et grès blanchâtres tourmalinifères et pou- dingues pugilaires de Bras. Il est de toute évidence que le dépôt dont 1l s’agit résulte de la métamorphisation de l’arkose, métamorphisation qui peut être le résultat d’une altération superficielle par les eaux chargées d’acide carbonique, et qui remonte à une époque très reculée, car le dépôt est recouvert d’une couche de terre argileuse jaunâtre renfermant des cailloux, des blocaux ou rognons d’arkose à gros grains de quartz; la couche est suffisamment épaisse et suffisamment imperméable pour mettre la matière sous-jacente à l’abri des infiltrations actuelles. Cette couverture constitue un produit de charriage des eaux, anté- rieur à la formation des vallées, puisqu'elle occupe un petit plateau (altitude 439 mètres) entre le ruisseau de Serpont, affluent de l'Homme, à l'Est, et une dépression fangeuse et tourbeuse, à l'Ouest. Plusieurs fouilles ont été effectuées sur toute l'étendue du plateau. Nous les avons visitées le 30 mai dernier, en compagnie de M. Cornu, ingénieur principal des Ponts et Chaussées, et de M. Leclercq. Dans l’une, la plus importante, nous avons relevé les indications suivantes : La couverture a environ 125 d'épaisseur. En dessous se présentent, en dressant, avec inclinaison de 80" environ au Sud, des bancs d’arkose très blanche en partie désagrégés dans leur partie supérieure, dirigés OSO-ENE. (Voir la coupe ci-dessous.) A est un banc à grains de quartz assez gros. — B est un banc à grains de quartz plus fins. — C est un banc d’arkose schistoïde à éléments fins. — D est un banc d’arkese schistoïde à éléments plus fins encore. SÉANCE DU 16 JUILLET 1907. 219 J'accompagne ma communication à la Société de quelques échan- üllons, prélevés par moi-même, qui prouvent que la terre, sans être pourtant d'une blancheur de neige, à un très bel aspect et un degré de finesse remarquable, la matière séchée et triturée à la main ne donnant que 2 à 4°} de refus au tamis de 120 X 120 mailles au pouce carré anglais. Les échantillons 2, 5, 4, 5, 6 ont été pris dans la fouille renseignée ci-dessus. Un peu plus au Sud-Est, on à creusé avant l'hiver une tranchée longue de 25 mètres, à peu près perpendiculairement à la direction des couches, et profonde de 150 environ. En dessous de la couche argileuse Jaunâtre de charriage, on à mis à découvert l’arkose kaolinisée, à l’état terreux. La terre déposée sur le bord de la tranchée et débarrassée de la plus grande partie de son eau de carrière est d’un bel aspect. (Deux échantillons.) Un peu plus au Sud encore, deux trous ont été creusés il y a quel- ques Jours : en dessous d’une couverture de même épaisseur, on à encore mis à découvert le précieux minéral avec les mêmes caractères. (Deux échantillons.) Mais des fouilles récentes effectuées un peu plus loin, dans la même direction, montrent en dessous de la couverture une terre argileuse noire verdâtre, qui n’est plus utilisable. En résumé, et pour donner une idée de l'importance du gisement, M. Leclereq lui attribue une superficie de 450 X 100 — 45 O0Ù mètres carrés; il estime la profondeur à une quinzaine de mètres minimum, ce qui porterait le volume à 45 000 X 15 — 675 000 mètres cubes et le poids à 675 000 X 2.2 (densité moyenne) — 1 485 000 tonnes. M. Leclereq réduit de 50 °/ pour tenir compte des aléas, des déchets et surtout de l’eau de carrière, et évalue donc à 750 000 tonnes environ le poids de la terre utilisable. Je fais toutes les réserves qu’il convient au sujet de ces estimations. Je pense que des sondages nombreux devraient être entrepris particu- lièrement pour l'épaisseur verticale du dépôt; il n’est pas bien certain non plus que la largeur superficielle ait partout la même valeur, et, enfin, 1l se pourrait qu’il y eût alternance d’arkose, d’arkose kaolinisée et de schiste, alternance résultant : 1° des conditions de dépôt; 2 des plissements et dislocations M. Leclercq se rallie, d’ailleurs, à la néces- sité de nouvelles recherches; mais telle quelle, la découverte de 290 PROCÉS-VERBAUX. M. Leclercq me paraît présenter, tant au point de vue scientifique qu’au point de vue industriel, un intérêt considérable. En ce qui concerne la qualité industrielle de la terre, M. Leclercq a fait faire quelques essais. FL. — Analyses. DÉSIGNATION. SILICE. | ALUMINE. | | FEU | CHaux. | FER. Arkose blanche . . . . 66 29 8 > # Id. TEVRSSE 66 25 8 _ ne [d. DATE 78.48 15.99 2.30 — 0.51 Arkose schistoïde . . . . 61 290 10 31 — Id. A ar 61 29 10 _ — Id. NRA 15.10 18.11 2.70 = 0.60 Sable blanc très friable . : . 64.9 21 9 — _— Id 70.74 21.49 4.80 — 0.50 Id 71.90 2125 4.81 _ 0.33 Id 64.5 PA 9 — — Sable blanc, grès schistoïde 72 29.9 3.6 1.5 == Id., id 61 29 10 — — Id., id 79 23 4.9 — — A noter l’absence de métaux alcalins. IT. — Essais au tamis. Nous avons dit déjà que la terre séchée et triturée à la main ne donne que 2 à 4 °, de refus au tamis de 120 x 120 mailles par pouce carré anglais (le pouce anglais — 25""4), LIL, — Essais au four. Les différents échantillons ont résisté à une température d'environ 4 800°. M. Leclercq, qui a obtenu une concession de la commune de Libin, a SÉANCE DU 16 JUILLET 1907. 291 envoyé des échantillons pour essais aux fabriques de Metlach, Sarre- guemines, Maestricht, Delft, ete., et attend les résultats de ces essais. La disposition des bancs en dressant sur un plateau entre deux dépres- sions avec dénivellation de 25 à 30 mètres paraît tout à fait favorable à l'exploitation. Il n’est pas sans intérêt de faire connaitre les circonstances dans lesquelles cette découverte à été faite. M. Leclereq, comme ül le dit lui-même, n’est pas un géologue et n’a pu mettre à profit que les quelques notions acquises au cours de con- versations qu'il a eues avec des personnes Ss’occupant de géologie ; mais il est doué du sens de l’observation, et surtout de cette observation raisonnée, de cet esprit de déduction qui est le plus précieux adjuvant de l’inventeur. | M. Leclercq exploitait et exploite encore tout près de Libin une carrière dans les schistes arkosifères de Saint-Hubert. Cette carrière lui fournit des produits qu'il livre à une usine de briques réfractaires à Longwy, mais la résistance au feu de ces produits ne donnait pas entière satisfaction. S’informant auprès des gens de la localité, il lui fut signalé à quelque distance une terre blanche que l’on employait autrefois à blanchir les murs des maisons (il ne faut pas oublier que nous sommes en Ardenne, où la chaux était anciennement pour ainsi dire inconnue). M. Leclereq avait lu ou appris par la tradi- tion qu’au Congo le kaolin était parfois emplové par les nègres au même usage. Il entreprit done des fouilles à l'endroit désigné et y trouva, en effet, de la terre blanche (dont échantillon); mais le gisement était peu important; la terre n’était, d’ailleurs, pas réfractaire par suite de la présence de métaux alealins et se vitriliait à 900°. Le dépôt fouillé était d'autre part en fond de bateau; plus épais au centre, en biseau sur les bords, d’où la conception d’une origine lacustre. La situation du dépôt en question peut être renseignée sur la carte entre l’indica- tion de lieu « Maitereau » et la borne kilométrique 22 de la route de Dinant à Neufchâteau, non loin du signal géodésique (cote 506). M. Leclereq, poursuivant ses déductions, se dit que ce dépôt formé à cette alütude devait provenir de gisements en place de terre identique dont les têtes de bancs avaient été charriées par les eaux à une époque antérieure au creusement des vallées et s'étaient arrêtées au fond d’une sorte de petit lac, où on les retrouvait actuellement, et il se mit à la recherche des gisements en place. | Or des blocs d’arkose, gris extérieurement et blancs dans la masse, 299 PROCÈS-VERBAUX. sont épars au lieu dit « Contranhez », sur le territoire de Libin, et c'est ce qui engagea M. Leclereq à y faire des fouilles pour trouver de l’arkose ou du grès blanc. Il trouva ce qu’il cherchait et, de plus, le kaolin dont nous avons parlé. Cette découverte fait grand honneur à celui qui l’a effectuée et qui, à tous égards, mérite de recevoir la récompense de ses recherches persévérantes. M. Simoens, qui donne communication de cette note au nom de M. Jérôme, demande à y ajouter ses propres observations. Observations faites au gisement kaolinifère de Libin. Il y a quelque temps, j'ai, en compagnie de MM. Jérôme, Leclereq, Mourlon et Teirlinck, fait visite au gisement kaolinifère de Libin découvert, comme l’a exposé notre confrère M. Jérôme, par M. Leclercy, d’Arlon. Après avoir parcouru les différentes fouilles pratiquées sur le plateau, je suis arrivé à me faire au sujet de l'origine, de la nature et de léten- due du gisement une opinion que J'ai exposée sur les lieux mêmes à mes savants confrères, qui ont bien voulu adopter l’ensemble de mes conclusions. Étant donné l'intérêt que présente la découverte faite, j'ai pensé utile, d'accord en cela avec mon excellent confrère et ami M. Jérôme, de faire suivre l'intéressant exposé qu'il à présenté sur cette question de mes propres conclusions. Je crois pouvoir établir les points suivants : OBSERVATIONS. 4° La matière kaolinifère est diflérente suivant les points où on l’observe ; 20 Dans la plupart des points où nous l’avons vue, il a été possible d'observer sa superposition directe sur les roches primaires redres- sées ; | 5° L'aspect du produit varie avec son substratum primaire; 4 Le passage de la matière blanche à la roche en place a lieu d’une manière insensible. ; J'ai montré, en effet, le passage insensible du produit kaolinifère avec Le schiste sous-jacent et j'ai attiré, à cette occasion, l'attention sur la fincsse de grain du produit blanc. SÉANCE DU 46 JUILLET 1907. 993 J'ai observé, en outre, que le produit étudié était plus granuleux lorsqu'il surmontait des bancs d’arkose. Au point de vue du dépôt de recouvrement, j'ai attiré l’attention de mes savants collègues sur les points suivants : 4° Là où l’observation était possible, nous avons observé au-dessus de la matière kaolinifère le dépôt d’un limon épais de plus de 1 mètre d'épaisseur; ce dépôt est fin, homogène et n’a pas présenté l’aspect stratifié. 2° Le contact de ce limon avec le dépôt kaolinifère présente une surface irrégulière offrant même un mélange des deux produits avec prédominance rapide du limon ; cette surface de contact ne com- porte pas de eailloutis, mais a bien plutôt un caractère de remous ayant mélangé les deux produits; 3° Vers la vallée, le dépôt kaolinifère s’altère et devient jaunûtre. CONCLUSIONS. Des faits connus, nous croyons pouvoir tirer les conclusions sui- vantes : 1° Le produit kaolinifère est un produit de décomposition sur place des roches du Gedinnien ; 2' Cette décomposition s’est faite aux dépens des arkoses et de cer- taines roches schisteuses qui semblent présenter des caractères parti- culiers ; 5° L'origine arkosique ou schistoide se reconnait à l'inspection du produit étudié ; 4° L’altération s’est produite avant le dépôt limoneux qui recouvre et ravine les gisements d’altération ; 5° Le contact à allure ravinante et de matières mélangées autant que l’absence de cailloux et de stratification donnent à penser que le pro- duit d’altération sur place a été recouvert par un dépôt d’origine éolienne ; 6° Sur le plateau où existe encore ce dépôt éolien, le produit kaolinifère a été préservé des dénudations et des altérations plus récentes : 7° Vers la vallée, le dépôt limoneux s’altérant et faisant place à des dépôts moins homogènes, de plus le produit kaolinifère disparaissant ou perdant la couleur et le caractère qu’on lui reconnaît sur le plateau, on peut croire que le ruissellement sur les flancs de la vallée autant que 294 PROCÈS-VERBAUX. l'action du cours d’eau lui-même ont détruit et altéré le dépôt limoneux du plateau, ainsi que la matière kaolinifère; 8° Le produit kaolinifère se représente vraisemblablement à quel- ques kilomètres de là, et les caractères précités permettent de le retrouver. Discussion. M. Marmeu demande si l’aspect tourmenté de la surface de sépa- ration entre le kaolin et le limon qui le surmonte ne serait pas dû à ce qu'on se trouve en présence d’un phénomène d’altération en tous points semblable à ceux que M. van den Broeck a si bien déerits dans son important mémoire de 1874. M. RaBozÉE a eu l’occasion d’observer les gisements de kaolin de l'ile de Milo, où celui-ci se trouve fréquemment dans de petites poches de la roche en place; enlevant le noyau de kaolin, on trouve une roche tendre, mais à mesure qu’on agrandit l’excavation on passe peu à peu à la roche en place. Il serait bien délicat d'affirmer que les phénomènes volcaniques si voisins de ce gisement n’ont pas aidé à sa formation. : M. Simoens fait remarquer l'importance industrielle de cette décou- verte; elle peut faire espérer aussi l’existence d’autres gisements dans les mêmes conditions; des recherches très aisées à faire pourraient être entreprises à cet égard. J. CORNET. — Notes sur la géologie du bassin du Kassaï. Ce-travail, destiné aux Wémoires, est une étude de quarante-neuf échantillons de roches, bien choisis et bien repérés, récoltés par M. l'Ingénieur Passau, dans une zone comprise entre les cinquième et sixième parallèles et s'étendant, sur 650 kilomètres, entre le chemin de fer du Bas-Congo (mission de Kisantu) et le poste de Luebo. Le principal résultat de cette étude est de montrer l'extension, à travers tout le bassin du Kassai, de la formation des grès de Lubilache. Les terrains plus anciens n’apparaissent qu’au fond des vallées profondes du Kassaï, de la Lulua, du Luebo, etc. À ce sujet, l’auteur rappelle ses propres observations le long du Kassai, du Sankulu-Lubilache et de ses affluents, puis celles des SÉANCE DU 16 JUILLET 1907. 995 explorateurs allemands (Pogge, Wissmann, Büttner, etc.) et de Livingstone dans la partie méridionale du bassin du Kassaï. Elles confirment la conclusion précédente. Les grès de Lubilache s'étendent ainsi sur toute la région, en un vaste plateau terminé à l'Ouest par un escarpement très prononcé. À. Briquer. — Notes sur la vallée de la Meuse en aval de Liége. (Inséré aux Mémoires.) La séance est levée à 22 h. 30. ANNEXE AU PROCÉS-VERBAL. COMPTE RENDU BIBLIOGRAPHIQUE J. Poxzié. — Eiszeit und Urgeschichte des Menschen. (La Période glaciaire et l'Homme préhistorique.) Quelle et Meyer, in Leipzig (1907). Collection : Wissenschaft und Bildung. C'est avec plaisir que nous recommandons à nos lecteurs le petit livre de vulgarisation du professeur de l’Université de Bonn. Ils pour- ront s’y familiariser avec les termes scientifiques si nombreux que l’on rencontre dans la littérature glaciaire allemande. La description de la glaciation des Alpes et du Nord et du Centre de l’Europe est brève, mais suffisante. Quant aux dépôts glaciaires quaternaires, l’auteur ne suit pas la classification généralement reçue en Allemagne. Au lieu du Decken- schotter (limon de recouvrement des plateaux) et des hautes et basses terrasses, 1] distingue le gravier (Kïiess) des plateaux, celui des pentes et celui du fond des vallées. Pour M. le professeur Pohlig, toutes les terrasses sont de la même époque et ne peuvent se différencier que par les fossiles qui les carac- térisent. Du reste, l’auteur n'aime point à suivre l’opinion des autorités régnantes. C’est ainsi qu’il se refuse absolument à admettre l’origine éolienne du loes (et non loess, parce que le terme, originaire de la vallée du Rhin, provient du mot loesen, se détacher, qui indique le mode spécial d’érosion verticale du loes). Le loes donc serait un dépôt fluviatile formé par les crues d'inondation des fleuves accompagnant les périodes de fusion des glaces, et de là la stratification horizontale que l’on y constate parfois, en Allemagne, et même les intercalations de couches de pierre ponce. Le phénomène éolien ne serait qu'un phénomène secondaire. SÉANCE DU 16 JUILLET 1907. 227 Ces dépôts des crues fluviales se seraient formés presque exclusive- ment pendant la dernière accumulation glaciaire, qu’il appelle le stade de Berlin. L’auteur distingue le loes des plateaux et celui des vallées, et dans le dépôt de ce dernier il voit la preuve que la fusion des glaces ne s’est pas accomplie par suite du climat des steppes, comme on le pense généralement. Nous avons surtout exposé ces opinions de l’auteur pour montrer combien on est encore loin d’arriver à une certaine unité de vues sur les phénomènes si compliqués qui ont accompagné la période glaciaire. Le professeur Pohlig essaie ensuite de nous donner quelques notions de Préhistoire. Théoriquement, il admet le passage des Lémuridés de l’Éocène aux Singes du Tertiaire moyen, puis au Tertiaire récent les Singes à caractères anthropoides (Anthropopithecus), ensuite au Quater- naire ancien, l'apparition de l'Homme commençant à se distinguer du Singe (Pithecanthropus), enfin, au Quaternaire récent, l’homme complètement évolué. Le Pithecanthropus et l'Homme seraient con- temporains de l’âge glaciaire. La race de Neanderthal et de Spy devrait se ranger entre les deux derniers termes de l’évolution et cor- respondrait au stade interglaciaire qu'il appelle helvétique. Il range dans cette catégorie les squelettes de Krapina, et y rattache les instru- ments de ce gisement, ainsi que ceux de Taubach, et aussi le Mousté- rien de France, qu’il désigne encore sous le nom de Mesvinien. Il nous semble que dans le domaine préhistorique la critique de l’auteur est moins sûre, d'autant plus qu'il se base, pour établir ses théories, presque exclusivement sur les découvertes faites en Allemagne, qui jusqu'ici n’ont pas fourni des résultats aussi concluants que les travaux des savants belges et français. Pour l’étude des industries humaines, il en est resté aux travaux de de Mortillet, et semble ignorer complètement les travaux si remarquables de notre confrère M. Rutot. De même M. Poblig paraît ignorer les belles découvertes de MM. Capitan et Breuil, qui nous ont fournit des dessins préhistoriques du Mammouth, entre autres, beaucoup plus vivants que la reproduction du Mammouth sibérien, par Pfizenmayer, qui figure à la première page du livre. L'ouvrage se termine par les renseignements que l’on possède au sujet des principaux représentants de la faune quaternaire. De cette façon, le lecteur peut se faire une idée suffisamment exacte de l’état de nos connaissances au sujet de la période pendant laquelle le genre humain a pris possession du globe terrestre. V. ne W. CE EE LES SUraae 5 PL Décès. ALES CE Rectification de M. Laville au procès-verbal d'avril . . . . . . . : %0 Rectification de M. Simoens au procès-verbal de juin. . : .,.. . . 90 Corréspondance #05 UE CNT PSN Dons et envois reçus . . use Élections de nouveaux membres. = 2. 2 a 208: : Baron ©. van Erthorn. Les grottes de Grimaldi près Menton. (Étude critique. ) 206 | A. mutot, La fin de la question des Éolithes . +: ... . . . . .. ou A. Jérôme. De la découverte d’un gisement notable de kaolin € en Ardenne . A7 G. Simoens. Observations faites au gisement kaolinifère de Libin "7€ J. Cornet. Notes sur la géologie du bassin du Kassaï. (Résumé suceinct.).. A. Briquet. Note sur la vallée de la Meuse en aval de Liége. (Inséré aux Mémotrés,) SES LEE UE En ete VO DE RO ne. ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL. COMPTE RENDU BIBLIOGRAPHIQUE : Polti, Eiszeit und | rescicte des + Menschen: "7 ea NOR ER CT een moe VE LEA ULLETIN de D Or k Ü VND | ; o ; | | : B DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GOLD DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE x nn (BRUXELLES) 1 = PRÉSIDENT D'HONNEUR : _ S.A.R. Ie Prince ALBERT de Belgique Procès-Verbal DE LA SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1907 " Vingt et unième année Tome XXI — 1907 BRUXELLES HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 119, rue de Louvain, 112 | 1907 SÉANCE MENSUELLE DU 15 OCTOBRE 1907. Présidence de M. GC. Malaise, vice-président. La séance est ouverte à 20 h. 55 (36 membres sont présents). Décès. Me Abramof nous fait part de la mort de son regretté mari, décédé subitement, par rupture d’un anévrisme, au cours d’un voyage, le 40 septembre dernier. M. Abramof était membre effectif de notre Société depuis 1898. La famille du D' Mojsisovics Édler von Mojsvar nous fait part de son décès survenu le 2 octobre dernier. Le distingué géologue en chef du Service d’Autriche-Hongrie avait accepté d’être membre honoraire - de notre Société dès sa fondation; nous perdons en lui un de nos parrains éminents. - Distinctions honorifiques. M. Deray, ingénieur en chef directeur des Ponts et Chaussées, a été promu Officier de l'Ordre de Léopold. M. Dozco à été nommé Docteur en Science honoris causà de l’Uni- versité de Cambridge. | Adoption du procès-verbal de la séance de juillet. _ Adopté sans observations. M. Simoens a fait parvenir au Secrétariat la rédaction suivante de diverses remarques qu'il a formulées à la séance de juin. G. SIMoExs. — Sur l’origine ancienne de nos cours d’eau. Dans une note antérieure, j'ai exposé les raisons qui me font croire que le sol de notre pays ne s’est pas soulevé après le Pliocène diestien. Cependant, dans de récents travaux, particulièrement de notre savant confrère, M. le Baron van Ertborn, ce soulèvement à été invoqué, et 4907. PROC.-VERB. 15 230 PROCÈS-VERBAUX. cet auteur a tenté d'établir à quel moment aurait eu lieu ce mouve- ment; il à essayé d'expliquer par là l’origine de nos cours d’eau. D'autre part, comme il résulte des intéressants mémoires de notre collègue que le soulèvement serait d’àge quaternaire moyen, l’auteur en arrive à déterminer, du même coup, le moment où nos rivières ont pris naissance, et ce temps serait le milieu du Quaternaire. L'auteur se base, pour établir cet âge, sur ce fait que son Quater- _naire inférieur, qu'il appelle l’'Hobokenien, serait une formation poldé- rienne, et qu'à l'heure présente cet ancien marais se trouverait situé sous le niveau actuel de la mer; que, de plus, cette formation poldé- rienne quaternaire est parallèle aux sédiments marins du Tertiaire pliocène et que, dès lors, l’inclinaison de la formation poldérienne n’a eu lieu qu'avec le relèvement du Pliocène lui-même. L'auteur conclut en somme ainsi : Le soulèvement du Pliocène n’a pas eu lieu avant le dépôt du polder d’Hoboken; le parallélisme existant (d’après M. van Erthborn) entre l’inclinaison de ces deux formations, il serait posté- rieur au Quaternaire inférieur d'Hoboken, donc quaternaire moyen. Mais cette conclusion part de deux principes admis à priori : d’abord la réalité d’un soulèvement post-diestien, ensuite celui de la constance à travers les temps géologiques du niveau de la mer, c’est-à-dire de notre zéro d'Ostende. J’ai montré que ce soulèvement était impossible, et, dès lors, l’hypo- thèse de l’origine de nos cours d’eau à l’époque du Quaternaire moyen, qui s'appuie sur celui-ci, manque de base. Malgré cela, je désire montrer que même si le soulèvement eût été réel, il ne serait pas possible d'envisager celui-e1 pour affirmer que nos cours d’eau ne sont pas antérieurs au Quaternaire moyen. M. van Ertborn veut bien admettre que le cailloutis diestien pro- vient de la crête de l’Artois. Alors de deux choses l’une : ou bien la région située au Sud de l’Artois était en contre-bas du bord de la mer diestiènne, ou bien la région située au Sud de cette mer pliocène était une région surélevée ou continentale. Cette dernière hypothèse est la seule admissible. La mer diestienne à envahi un continent et elle s’est arrêtée au moment où le continent dépassait son niveau maximum ; l'invasion a même été très rapide si l’on en juge par la base irrégulière du Diestien. II v avait donc des cours d’eau dans notre pays avant l’arrivée de la mer diestienne, et cette mer n’a fait autre chose, en envahissant le continent, que de diminuer la longueur de leur cours; - nous devons conclure forcément que de nombreux cours d’eau débou- chaient au bord Sud de la mer diestienne, et que ceux-ci traversaient, SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1907. 231 pour s’y rendre, la région continentale située au Sud de la crête de l’Artois, dans le cas où on limite à cette crête l’invasion de la mer diestienne. Cette région continentale, que traversaient les fleuves venusdu Plateau central, du Morvan et de la région jurassienne, était constituée en grande partie par des plaines basses où se déposaient les sédiments saumâtres et d’eau douce du bassin de Paris. Les sédiments tertiaires du bassin parisien montrent à toute évidence que cette région fut surtout continentale vers la fin du Tertiaire, et il est certain que les fleuves et les rivières qui la sillonnaient devaient se déverser dans la mer voisine diestienne. Ces fleuves devaient traverser le bassin de Paris du Sud vers le Nord, attendu que la mer qui occupait depuis l’époque crétacée le bassin d’effondrement de la mer du Nord, d’où elle se déversait aux époques de transgression pour s’y localiser après aux moments de régression maxima, venait de s’avancer presque brusquement, vers le Sud, à la rencontre des fleuves. D’autre part, en allant vers le Sud du bassin de Paris, on ne trouve à l’époque diestienne que des preuves d’érosions continentales jusqu’au Plateau central. Ces fleuves ne pouvaient donc franchir le bassin parisien que dans la direction Sud-Nord. On a des preuves de cette direction primitive. D'abord, plusieurs cours d’eau, quoique originaires du bassin parisien, passent encore aujourd’hui dans le bassin flamand. D’autre part, presque tous les cours d’eau du bassin de Paris qui se dirigent aujourd’hui vers la Manche, ont non seulement leurs cours d’amont dirigés Sud-Nord, mais presque tous sont forcés, à un certain moment de leur trajet, de revenir en arrière pour prendre la direction nouvelle vers la Manche, dont la formation est post-pliocène. De plus, la plupart des sédiments d’eaux douces du bassin parisien proviennent des régions granitiques et volcaniques situées au Sud. La mer pliocène inférieure s’est ensuite retirée insensiblement vers le centre de son bassin, c’est-à-dire vers le Nord, et les cours d’eau ont suivi la mer dans son retrait. Nous sommes donc autorisé à dire qu’à la fin de la régression diestienne, la Belgique était sillonnée du Sud au Nord par de nombreux cours d’eau qui, avant de traverser nos régions, avaient drainé déjà le bassin de Paris. D'autre part, ou les mers suivantes du Pliocène moyen et supérieur ne représentent que des phases de régression de la mer du Pliocène inférieur, et dans ce cas le régime des cours d’eau à travers notre sol ne s’est pas sensiblement modifié, ou bien les mers scaldisiennes et poederliennes représentent . 239 ._ … PROCÈS-VERBAUX. des transgressions nouvelles, et alors s'applique à ces périodes une répétition des phénomènes caractérisant les oscillations de la mer du Pliocène inférieur. De plus, si nos cours d’eau ne devaient Jeur origine qu’à un soulèvement localisé au Quaternaire moyen, ceux-ci ne pour- raient venir tout au plus que de l’extrême limite du soulèvement; il faudrait donc que ce soulèvement eût intéressé aussi la région située au Sud des Ardennes, c’est-à-dire tout le bassin parisien, sinon comment expliquer que des fleuves, comme la Meuse, ont leur cours d’amont à une cote inférieure au pays qu'ils traversent plus au Nord dans la suite de leur trajet? Admettre l'hypothèse du soulèvement du bassin de Paris, qui est un type admirable de bassin d’effondrement, serait adhérer à une hérésie. Comme on le voit, même en laissant à l'écart la ie de la non- possibilité du soulèvement post-diestien, ce qui tranche la question, il n’est pas possible de soutenir que nos rivières ne datent que él Quaternaire moyen. Disons, pour finir, que la grande largeur de nos vallées, qui n’est Slus en rapport avec le débit actuel de nos cours d’eau, s'explique si l’on songe qu'il fut une époque où notre pays était ce qu'est le delta de la Hollande aujourd'hui. Nous n'avions certes pas toutes les eaux que charrie ce pays, tel, par exemple, le Rhin, mais nous en avions d’autres apportant, pour le déverser dans nos mers pliocènes et pleistocènes, le trop-plein des lacs du bassin parisien. Communications du Secrétariat. Le Secrétaire général prie les membres qui lui adressent des demandes de publications en vente à la Société, de bien vouloir lui envoyer soit un bon postal, soit des timbres, à la réception de leur commande, afin de lui éviter une surcharge de correspondance. Il attire l'attention de ses confrères sur le prix extrêmement bas auquel sont consentis les envois de fascicules dépareillés, prix très inférieur au prix de revient, afin de permettre à tous ceux qui ne possèdent pas la collection du Bulletin, de recevoir à peu de frais ce qui concerne leur spécialité. Les Tables, susceptibles d’être mises sur fiches, se vendent au pr de revient, c’est-à-dire à deux francs. | Le Secrétaire général serait reconnaissant à ses collègues s’ils vou- laient bien lui signaler les erreurs ou omissions qui se seraient res dans les Tables, en vue de la publication des Errata. D: SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1907. 233 Correspondance. 4. Notre Secrétaire général honoraire, retenu par une réunion de famille, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. | | 2. La Société géologique de Belgique a invité les membres de notre Société à participer à sa session annuelle extraordinaire en Lorraine. De même,notre Société a invité ses membres à nous accompagner dans l’Eifel, puis à suivre l’excursion de Boncelles, que nous avons due au dévouement de M. Rutot. -3. L'Association des Élèves des Écoles spéciales de l’Université de Liége nous a demandé l'échange des publications. — Accepté. 4. M. Cornet, en envoyant le manuscrit de la communication sur les roches du Kassai, qu'il nous a faite en juillet, nous promet une série de travaux du même genre, sous le titre : Contributions à la Géologie du bassin du Congo. 5. M Forir et la Société géologique de Belgique remercient la Société des condoléances qui leur ont été adressées à l’occasion du décès de notre savant confrère. 6. L'Institut central des Mines de Francfort-s/M. annonce que M. P. Kesten, ingénieur en chef, a été nommé Gérant de l’Institut, et qu'un département mécano-technique vient d’y être constitué sous sa direction. 7. Le Ministre des Sciences et des Arts annonce le prochain envoi d’un subside de 1 000 francs (exercice 1906). 8. Le Conseil provincial du Hainaut à adressé à la Société deux subsides de 500 francs (exercices 1906 et 1907), à titre d’encourage- ment. 9. Le Conseil provincial d'Anvers n’a pu accueillir notre requête tendant à voir porter à 500 francs le subside accordé à notre Société. 10. M. J. Brunhes remercie de sa nomination de membre associé étranger. A1. Catalogues des librairies Oswald Weigel, à Leipzig, W. Junk, à Berlin, bonnes feuilles de Martinus Nijhoff, à La Haye. Dons et envois reçus : Le Secrétaire général se permet d’attirer l’attention spéciale de ses collègues qui se sont occupés de la question de l’âge des argiles de Tegelen, sur la publication dont M. Clément Reïd fait hommage à la 234 PROCÉS-VER BAUX. Société : The fossil flora of Tegelen-sur-Meuse, near Venloo, in the Pro- vince of Limburg, par CLÉMENT Re F. R. S. et EzEanor M. Re. L'auteur, qui continue l'étude de la flore de Ryckevorsel, croit qu’une communication sur celle-ci serait prématurée. 4° Périodiques nouveaux : 5356. BERLIN. Preussischen Landesanstalt für Gewässerkunde. Jahrbuch, 1901, 1-6; 1902, 1-6; 1903, 1-6. 5357. Lifce. Association des Élèves des Écoles spéciales de l'Université de Liége. IX, 1906-1907, 1-7. 5358. URBANA. Il, Economic Geology. 11, 1907, 1-5. 9309. LISBONNE. Société portugaise des Sciences naturelles. Bulletin, 1907. 2° De la part des auteurs : 9360. .… Carta hypsometrica de Portugal au 500 000° (Commissao do Serviço geologico). Lisbonne, 1906 (en 2 feuilles). 9361. … Eifel-Führer. Herausgegeben vom Eïfel-Verein. Trier, 1907. Volume in-12 de 356 pages et 23 cartes. 9362. … Compte rendu de la campagne 1906-1907 du Service géologique des Territoires du Sud de l'Algérie. Alger, 1907. Brochure in-8° de 38 pages et 2 cartes. 0963. Hume, W.F. The Topography and Geology of the Peninsula of Sinaï (South Eastern portion). Le Caire, 1906. Volume in-4 de 280 pages, 23 planches et 3 figures. (De la part du Service géo- logique du Caire.) 0364. Hume, W. F. À preliminary Report on the Geology of the Eastern Desert of Egypt between latitude 22° N. and 25° N. Le Caire, 1907. Brochure grand in-8° de 72 pages, 3 planches et 4 cartes. (De la part du Service géologique du Caire.) 5365. Lyons, H. G. The Rains of the Nile Basin and the Nile flood of 1906. Le Caire, 1907. Brochure grand in-8° de 70 pages et 13 planches. (De la part du Service géologique du Caire.) 0366. Einecke, G. Die Süduwestliche Fortsetzung des Holzappeler Gangzuges zwischen der Lahn und Mosel. Frankfurt a. M., 1906. Brochure in-8° de 40 pages, 2 planches et 2 cartes. 5367. Eredia, F., e Memmo, G. Contributo alla climatologia di Massaua. Rome, 1907. Extrait in-8° de 18 pages. 5368. 0369. 9370. 9311. 9912, 0913. 0374. 0375. 9376. 9911. 9318. 93179. 9300. 9981. D382. SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1907. 239 Hepites, St. C. Materiale pentru Sismografia Romäniei. XIII : Sismele din Anul 1906 st. N. si Lucrarile primei intruniri a Comisiunii permanente a Asociatiunii internationale de Sismologie La Roma in 1906. Bucarest, 1907. Extrait in-8° de 16 pages. Hobbs, W. H. The Charleston Earthquake of 1886 in a new Light. Londres, 1907. Extrait in-12 de 5 pages et 1 carte. Hobbs, W. H. The Goldschmidt Law of Complication applied to the Solar System. Ann Arbor, 1907. Extrait in-8° de 11 pages et 4 figures. Hobbs, W. H. Editorial. Chicago, 1907. Extrait in-8° de 3 pages. Hobbs, W. H. Origin of Ocean Basins in the Light of the New Seismo- logy. New-York, 1907. Extrait in-8° de 18 pages et 1 planche. Hobbs, W. H. The Iron Ores of the Salisbury District of Connecticut New York and Massachusetts. Urbana, 1907. Extrait in-8 de 29 pages et 12 figures. Hobbs, W. H. Some Topographic Features formed at the Time of Earthquakes and the Origin of Mounds in the Gulf Plain. New- Haven, 1907. Extrait in-8° de 12 pages et 5 figures. Hobbs, W. H. Siudies for Students : The recent Advance in Seismology. Chicago, 1907. Extrait in-8° de 21 pages, 1 planche et 21 figures. Jonker, H. G, De Oorsprong van het glaciaal Diluvium in Nederland. Delft, 1907. Brochure in-8° de 28 pages. Lobmeier, G. Johann Georg Sulzer in seinem Verhältnis zur physika- lischen Geographie. Borna-Leipzig, 1907. Brochure in-12 de 63 pages. Lotti, B. Osservazioni geologiche nei Dintorni di Rieti. Rome, 1907. Extrait in-8° de 39 pages. Lotti, B. Osservazioni sulla Memoria di L. de Launay : « La Métallo- génie de l'Italie, etc. », Mexico, 1906. Rome, 1907. Extrait in-8° de 20 pages. Lotti, B. Sulla Provenienza dell acido borico nei soffioni della Toscana. Turin, 1907. Extrait in-8° de 5 pages. Mancas, N. Production mondiale du Pétrole. Communication faite au I1E Congrès international du Pétrole tenu à Bucarest du 5 au 45 septembre 1907. Bucarest, 1907. Extrait in-4° de 8 pages. Pohlig, H. Eïszeit und Urgeschichte des Menschen. Leipzig, 1907. Volume in-12 de 139 pages et 21 figures. 236. 5383. 5384. D380. 5386. 5387. 0988. D309. 5390. 5391. 9992. 5393. 9994. 5995. PROCES-VERBAUX. Rutot, À. Causeries sur les industries de la pierre avec démonstration scientifique et pratique de l'existence de l'industrie éolithique. Paris, 1907. Extrait in-8° de 12 pages. Rutot, A. Le cannibalisme à l'époque des cavernes en Belgique. Le Mans, 1907. Extrait in-8° de 8 pages. Rutot, À. Sur la signification du gisement sous-marin de la plage du Havre. (6 pages et 1 figure.) — Le Strépyien et son extension en France. (T pages et 1 figure.) — Sur l’âge du gisement de la Micoque (Vexère). (6 pages et 1 figure.) — Sur lPextension du Flénusien en France. (T pages.) — Causerie sur les mouvements de la plaine maritime en Belgique et sur ceux du Morbihan pendant l’époque moderne. (5 pages.) Le Mans, 1907. Extraits in-8°. Salinas, Emm. Stazione prehistorica all acqua dei Corsari presso Palermo. Palerme, 1907. Extrait in-8° de 10 pages. Schwenzer, P. Zum Nachweis von Flussverunreinigungen. Erlangen, 1906. Brochure in-8° de 72 pages et 6 figures. Reid, CI., and Eleanor M. Reid. The Fossil Flora of Tegelen-sur-Meuse, near Venloo, in the Province of Limburg. Amsterdam, 1907. Extrait grand in-8° de 26 pages et 3 planches. Mieg, M. Dessins représentatifs sur os de la station néolithique du canton Wallis aux environs de Kleinkems (Bade). Many, 1907. Extrait in-8° de 4 pages et À planche. Schulz-Briesen, B. Die Genossenschaft zur Regulierung der Vorllut und der Abwässerreinigung im Emschergebiet. Kattowitz, 1907. Extrait in-12 de 31 pages et 1 carte. Stôtzel, F. Die Bodenbewegungen im Rheinisch- Westfälischen Kohlen- bezirk. Eine wirtschaftliche Studie. Essen, 1907. Brochure in-12 de 78 pages et 7 planches. Stechele, B. Die Steinstrôme der Falklandinseln. Munich, 1906. Bro- chure in-12 de 102 pages. Stroobant, P., Delvosal, L., Philippot, H., Delporte, E., et Merlin E., Les Observatoires astronomiques et les Astronomes. Bruxelles, 1907. Volume in-8° de 316 pages et 1 carte. Villain, F. À propos de Pierres. Nancy, 1907. Extrait in-12 de 19 pages. | Twelvetrees, W. H. Report on the Bell Mount and Middlesex District. Launceston, 1907. Extrait in-12 de 32 pages (2 exemplaires). 5396. 5397. 5398. 9399. 9400. 5408. 9409. SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1907. 237 Twelvetrees, W. H. Report on Gold at Port Cygnet and Wheatley’s Bay, Huon River. Launceston, 1907. Extrait in-12 de 12 pages (2 exemplaires). Twelvetrees, W. H. The Progress of the Mineral Industry of Tasmania for the quarter ending 515t March 1907. Hobart, 1907. Extrait in-12 de 19 pages (2 exemplaires). Twelvetrees, W. H. The progress of the Mineral Industry of Tasmania for the quarter ending 50th June 1907. Hobart, 1907. Extrait in-12 de 19 pages (2 exemplaires). 3° Extraits des publications de la Société : Briquet, A. La Vallée de la Meuse en aval de Liége. Mémoires de 1907. 18 pages et 3 figures (2 exemplaires). Cosyns, G. Essai d'interprétation chimique de l'altération des schistes et calcaires. Mémoires de 1907. 22 pages et 6 planches (2 exem- plaires). . de Dorlodot, H. La faille de Maulenne. Mémoires de 1907. 33 pages et 1 planche (2 exemplaires). . de Munck, E. Les alluvions à éolithes de la terrasse supérieure de la vallée de l’'Ourthe. Procès-Verbaux de 1907. 8 pages (2 exem- plaires). . Gérard, L. Sur une méthode d'analyse rapide des eaux alimentaires. Mémoires de 1907. 14 pages et 7 figures (2 exemplaires). . Jérome, A. De la découverte d'un gisement notable dekaolin en Ardenne. Procès-Verbaux de 1907. 6 pages (2 exemplaires). . Johnston-Lavis, M.-D. De la relation existant entre l’activité du Vésuve et certains phénomènes météorologiques et astronomiques. Mémoires de 1907. 22 pages et 1 planche {2 exemplaires). . Lagrange, E. Sismologie et Géologie. Mémoires de 1907. 11 pages (2 exemplaires). . Pohlig, J. Eiszeit und Urgeschichte des Menschen. [La période gla- ciaire et l’homme préhistorique.) Compte rendu bibliographique par M. Van de Wiele. Procès-Verbaux de 1907. 2 pages (2 exem- plaires). Rutot, A. La fin de la question des éolithes. Procès-Verbaux de 1907. 1 pages (3 exemplaires). Simoens, G. Observations faites au gisement kaolinifère de Libin. Procès-Verbaux de 1907. 3 pages (2 exemplaires). 238 PROCÈS-VERBAUX. 5410. Simoens, G. 1! n'y a pas eu «le soulèvement en Belgique après le dépôt du Pliocène diestien. Procès-verbaux de 1907. 11 pages (2 exem- plaires). 9411. Simoens, G. Rapport présenté à la Commission nommée par la Société belge de Géologie, en vue d'étudier la proposition tendante à intro- duire la géologie dans l’enseignement moyen. Procès-Verbaux de 1907. 5 pages (2 exemplaires). 5412. Simoens, G. Un exemple de relation entre les nn tectoniques et sismiques en Belgique. Mémoires de 1907. 13 pages et 15 figures (2 exemplaires). 5413. Van Erthorn, 0. Les grottes de Grimaldi, près Menton. ( Étude crilique.) Procès-Verbaux de 1907. 6 pages (2 exemplaires). 5414. Van Erthorn, 0. Le nouveau sondage à sec voisin du sondage houiller n° 1, Asch, et ses conséquences. Procès-Verbaux de 1907. 6 pages et 1 planche (2 exemplaires). Élection d’un nouveau membre. Est élu par le vote unanime de l’Assemblée : En qualité de membre effectif : M. JEAN THIEREN, étudiant en sciences naturelles à l'Université de Bruxelles, 65, rue de l'Empereur, à Anvers, présenté par MM. Kemna et Greindi. M. Docco. — Rapport du délégué de la Société au Centenaire de la Société géologique de Londres. MESSIEURS, Je viens vous rendre compte de la mission que vous avez bien voulu me confier comme Délégué de la Société belge de Géologie au Cente- naire de la Société géologique de Londres. Bien que la fondation de la Société géologique de Londres remonte au 13 novembre 1807, c’est le 26 septembre dernier que son Centenaire fut célébré, afin de permettre aux délégués étrangers de profiter des vacances pour se rendre en Angleterre. Plus de trois cents géologues, de toutes les nations, assistaient à cette solennité. La Belgique était représentée par MM. MourLox (Académie el Service géologique), Dozco (Musée et Société belge de Géologie), bE DorLopoT (Université de Louvain) et Fourwarier (Société géologique de Belgique). SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1907. ‘239 Le 26 septembre, donc, à 11 heures du matin, les délégués des Deux Mondes furent appelés à présenter leurs adresses, un seul délégué par nation étant admis à prendre la parole, pour éviter une séance trop prolongée. Notre doyen, M. Mourlon, voulut bien se charger du discours d’usage en celte occasion. Dans l’après-midi, l'éminent président de la Société géologique de Londres, sir Archibald Geikie, nous exposa, avec son élégance et son érudition accoutumées, l’état de la géologie 1l y a cent ans. Le soir, il y eut un grand banquet, où le professeur Gosselet, mon vénéré Maître, occupait la place d'honneur et où de nombreux toasts furent portés sur les sujets les plus divers, depuis le Roï jusqu'aux Dames. | Le second jour, dans l’après-midi, puis le soir, après le diner au Club de la Société géologique, nous fûmes réunis au British Museum, dont nous pûmes admirer, une fois de plus, les splendides collections. Le samedi, excursions géologiques variées; le dimanche, visite au Jardin zoologique. Le lundi, on se sépara en deux groupes pour se rendre aux fameuses Universités de Cambridge et d'Oxford, qui nous retinrent pendant trois jours inoubliables, scientifiquement et artistiquement. = De plus, le Sénat des deux grandes Universités anglaises tint à nous marquer son estime en décernant à quelques géologues étrangers une de ses plus hautes distinctions : le grade de Docteur en Science honoris causà. MM. Brôgger (Christiania), Credner (Leipzig), Dollo (Bruxelles), de Lapparent (Paris), Nathorst (Stockholm) reçurent la toge écarlate à Cambridge. MM. Barrois (Lille), Heim (Zurich), Lacroix (Paris), Penck (Berlin), Reusch (Christiania), Zirkel (Leipzig), la même distinction à Oxford. Votre Délégué, Messieurs, est heureux d’avoir été l’objet d’une atten- tion aussi flatteuse, puisque l’honneur en rejaillit sur la Société belge de Géologie tout entière. Voici maintenant l’adresse remise, en votre nom, au président de la Société géologique de Londres : MONSIEUR LE PRÉSIDENT, Au moment où les délégués de tant d'institutions savantes sont réunis pour vous fêter, la Société belge de Géologie tient à présenter ses sincères félicitations à-la plus ancienne Société géologique du monde. Votre centenaire a groupé aujourd’hui des savants de toutes les nations. 240 PROCÈS-VERBAUX. Les compétences les plus diverses nous entourent. Il serait impossible à chacun de mentionner tous les progrès qui vous sont dus. Ne voulant pas empiéter sur des domaines où d’autres vous loueront mieux que moi, qu'il me soit permis de dire quelques mots de votre intervention dans la Paléontologie des Vertébrés. | Parlerai-je de la Classification des Poissons dévoniens de lillustre Huxley? Ou des restaurations incomparables des Poissons paléozoïques du D' Traquair et de sa brillante découverte de l'étroite parenté de Palæoniscus et de l’Esturgeon? Ou de l’indispensable Catalogue des Pois- sons fossiles du D' Smith Woodward? Travaux qui, il est vrai, n’ont point paru dans votre recueil, mais sont, du moins, le résultat du talent et de l’activité des membres de votre Société. Rappellerai-je les recherches fondamentales de Huxley sur la parenté des Dinosauriens et des Oiseaux? Ou son mémoire capital sur l’Évolution des Crocodiliens ? Publiés, cette fois, dans votre Quarterly Journal? Peut-on traiter, aujourd’hui, de la Paléontologie des Reptiles sans rencontrer constamment les noms d’Owen, de Hulke, de Seeley, de Lydekker, d'Andrews, dont les études ornent vos volumes? N'est-ce point dans vos Transactions que furent imprimés d’abord les termes, maintenant si familiers, d'ichthyosaure, de Plésiosaure, de Mégalosaure, et n'est-ce pas à deux d’entre vous que nous sommes rede- vables de ceux de Mosasaure et d’Iguanodon! Et qui remplaça l’ancienne classification des Ongulés, en Pachydermes, Ruminants et Solipèdes. par la division en Périssodactyles et en Artio- dactyles, à présent universellement adoptée, si ce n’est Richard Owen dans votre Quarterly Journal pour 1848? Enfin, puisqu'il faut se borner, n’est-ce pas un des membres de votre Société, le D' Andrews, qui a exhumé récemment, en Égypte, les ancêtres des Éléphants ? Vos rapports avec la Belgique datent de loin. Lyell et Prestwich sont venus étudier nos Terrains tertiaires. Vous avez honoré les membres de la Société belge de Géologie de vos distinctions, et nous constatons, avec plaisir, que les membres de la Société géologique de Londres forment presque un dixième de nos membres honoraires. Vous avez bien voulu nous envoyer un délégué lors de la célébration de notre modestie bidécennaire. Nous vous sommes reconnaissants de la cordialité que vous nous avez toujours témoignée. Nous vous félicitons, à nouveau, des remarquables contributions apportées par vous aux sciences géologiques, et nous vous souhaitons de les continuer, dans l'avenir, par d’aussi importants travaux. L. DoLLo, Ancien. président, Délégué. SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1907. 241 _ Communications des membres : W. Privz. — Les oxydes de titane et autres produits d’altération de quelques roches du Brabant (suivi de remarques sur le dynamométamorphisme). Inséré aux Mémoires. A. Rutor. — Un grave problème. M. Rutot expose oralement le résultat d’études qu'il vient de faire en compagnie de M. de Munck, dans les sablières de Boncelles, au Sud de Liége, et qui ont amené la découverte d’une faune marine d’àge oligocène supérieur dans les sables exploités et d’une série d'outils en silex dans le cailloutis situé à la base des sables. Le travail, avec figures, paraitra aux Mémoires. Remarques au sujet de la note de M. Pohlig : « Sur une ancienne embouchure de la Meuse, près de Bonn », par Erica Kaiser, professeur de minéralogie et de géologie à l’Université de Giessen. M. Pohlig, dans sa réponse aux remarques faites au sujet de sa com- munication (1), rappelle les observations que j'ai faites « dans la région de la Brohl et de la Moselle ». Mes observations sur les cailloux qui renferment les fossiles silici- fiés provenant probablement de l’Oxfordien des environs de Mézières et Sedan, se rapportent à des régions beaucoup plus étendues : aussi bien aux bords de la Moselle qu'aux contrées des environs de Bonn, Brühl, Cologne, à la hauteur nommée « Vorgebirge », qui est parallèle à la rive gauche du Rhin, au-dessous de Bonn. Ces observations sont corroborées par mon collègue, le docteur G. Fliegel, de la Commission géologique de Prusse. Il a observé les cailloux à fossiles silicifiés oxfor- diens des environs de Bonn jusqu’à la frontière hollandaise. (4) Bull. Soc. belge de Géol., de Paléontol. et d'Hydrol., t. XX, 1906. Pr.-Verb., pp. 171-178. 949 ©! PROCÉS-VERBAUX. Des travaux étendus viennent d’être publiés sur ce point (1). C’est pourquoi je donne ici seulement les résultats qui intéressent le plus la thèse de M. Poblig. Les fossiles silicifiés ne sont pas le caractère le plus important de ces dépôts; les cailloux les plus remarquables sont des cailloux ooli- thiques silicifiés. On les trouve toujours associés aux fossiles silicifiés. De même que moi, M. Fliegel a souvent trouvé des cailloux du genre oolithique et silicifié avec des impressions de fossiles, qui peuvent éga- lement venir des assises oxfordiennes. J’en ai décrit les caractères pétrographiques dans le mémoire précité et j'ai dû conclure que ces cailloux oolithiques, de même que plusieurs autres silicites, sont d’ori- gine calcaire. Il s’agit de calcaires silicifiés. On ne pent les rattacher aux silicites tertiaires, comme M. Poblig le fait. Quand M. Pohlig dit qu’il n’a pas trouvé d’oolithes avec les cailloux oxfordiens de Bonn ou d’ailleurs, il n’est pas d’accord avec les observations de M. Fliegel et les miennes. Aussi bien à Duisdorf, près de Bonn, dont M. Pohlig a décrit en 1883 les cailloux fossilifères silicifiés, qu’à tous les autres endroits où nous avons recueilli des fossiles silicifiés, nous avons en même temps recueilli des cailloux oolithiques. De même les comparaisons de M. Pohlig entre les amas rhénans et ceux de la Meuse ne sont pas convaincantes. Comme Je l’ai dit dans le mémoire cité, il s’agit des amas fluviatiles rhénans, auxquels 1l me faut assigner une origine méridionale. M. Pohlig tire de ses recherches des déductions très aventurées, quand 11 dit « que les dépôts de Bonn dont il s’agit proviennent des alluvions de la Meuse et que, conséquemment, l'embouchure de la Meuse, ou tout au moins une partie, se trouvait autrefois tout près de l'endroit où est située actuellement la ville de Bonn ». Nous verrons qu'il faut attribuer à ces dépôts une origine absolument différente. J'ai donné aux amas de ces dépôts le nom de « Kieseloolithschotier ». On peut aussi les nommer « Duisdorfer Schotter », du nom de la loca- lité où on les à trouvés pour la première fois. (4) Erica Kaiser, Pliocäne Quarzschotter im Rheingebiet zwischen Mosel und Nie- derr heinischer Bucht. (JAHRB. D. KGL. PREUSS. GEOLOGISCHEN RER Sa FÜR Un Bd XX VIII, S. 57-94.) G. ns Pliocäne Quarzschotter in der Niederrheinischen Bucht. (JAR8. D. KGL. PREUSS. GEOLOGISCHEN LANDESANSTALT FÜR 4907, Bd XXVIIT, S. 92-194.) 1 ie C. Morpz101,, re Kieseloolithe in den unterpliocänen Dinotheriensanden des Mainzer Beckens: (JAHRB. D. KG. PREUSS. GEOLOGISCHEN LANDESANSTALT Für 1907, ce AE S. 122-130.) - SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1907. 243: Jusqu’aujourd'hui, nous avons retrouvé ces « Kieseloolithschotter » depuis Kobern sur la Moselle, Waldesch au Sud-Ouest de Coblence et de Denzerheide, près d'Ems, sur la Lahn, jusqu’à Duisdorf, près de Bonn, et beaucoup plus loin, comme Je l’ai dit antérieurement. Ün fait très important est que ces dépôts forment dans les contrées du Sud une terrasse fluviatile, qui surmonte les terrasses diluviennes. Au Nord- Ouest de Remagen, sur le Rhin, les « Kieseloolithschotter » s’abais- sent (1) au-dessous des cailloux diluviens de la « Hauptterrasse » (« Hoogterras » de M. Lorié). On trouve les « Kieseloolithschotter » presque dans toute l’étendue de la « Nicderrheinische Bueht ». Ils lor- ment dans ces contrées un niveau très distinct entre les lignites rhénans et les cailloux du diluvium le plus ancien. Je ne puis donc pas rapporter ces dépôts des contrées au Nord-Ouest et à l'Ouest de Bonn à une em- bouchure de la Meuse. Le fleuve qui a apporté les fossiles silicifiés et les oolithes, à poursuivi en ligne droite la direction du Rhin récent, de Coblence à Bonn et au delà de Bonn. En entrant dans la « Nieder- rheinische Bucht », ce fleuve s’est étendu au Nord et au Nord-Ouest et a couvert les lignites de cailloux et de sables. FT est très vrarsemblable que la Meuse de la même époque a de même apporté des cailloux sem- blabies, mais 1l n’est pas du tout vraisemblable que la Meuse ait apporté ses cailloux aux environs de Bonn. Îl est aujourd'hui matériellement impossible de donner des dates sur l’extension de la Meuse de cette époque. Il nous faut recueillir encore des observations plus spéciales avant de pouvoir répondre à celte question. Les conclusions de M. Pohlig ne permettent en rien une réponse aussi tranchante que la sienne. Pour nous, qui avons longé ces amas en vue de recueillir des obser- vations destinées à la carte géologique à l'échelle du !/55 590 (2), 11 est certain que les amas de cailloux oolithiques et de fossiles silicifiés des environs de Bonn ont été apportés, non par une embouchure de la Meuse, mais par un fleuve du Sud. On ne peut encore affirmer toutefois (1) Ericx Kaiser, Jahrb. d. Kgl. Preuss. geologischen Landesanstalt für 1907, Bd XXVIIE, S. 70. — Zeitschrift der Deutschen geologischen Gesellschaft, Bd LVI, 1906. Monatsberichte, S. 280, 290. (2) Les feuilles de cette carte de la Gommission géologique de Prusse ne sont pas encore publiées, mais sous peu paraîtront les feuilles des environs de Bonn, de Cologne, d’Aix-la-Chapelle et des contrées intermédiaires. Les mémoires cités au commencement de ces remarques contiennent des cartes sur l’étendue des « Kiesel- lithschotter » des environs de Coblence jusqu’au voisinage d’Aix-la-Chapelle, à l'échelle du 300 000e. 244 PROCÈS-VERBAUX. si ces amas ont été apportés par la Moselle ou par une rivière qui a déjà parcouru la direction du Rhin, de Bingen à Coblence. Il faudrait attendre des observations précises dans cette région, mais il est très vraisemblable que la Moselle existait déjà aux temps pliocènes. Si les dépôts caillouteux ont été apportés par la Moselle, il faut trouver un affluent dirigé vers le bassin de Mayence, qui a charrié les nombreux cailloux oolithiques silicifiés qui se trouvent dans les sables à Dinotherium (Pliocène infé- rieur) de cette contrée. Ces cailloux et leurs compagnons caractéris- tiques ont été étudiés par M. Mordziol, un de mes élèves. Il est remar- quable que des empreintes, provenant de Rhynchonella et d’autres coquilles très probablement jurassiques, se trouvent dans ces cailloux du bassin de Mayence. Surtout, M. Mordziol à encore trouvé qu'il y a aussi des assises semblables sur les rives du Rhin entre Bingen et Coblence (1). Ces dépôts ont les mêmes caractères que les « Kiesel- oolithschotter » au-dessous de Coblence. Au contraire de M. Pohlig, J'ai trouvé que la formation des vallées avait déjà commencé aux temps de la sédimentation des « Kieseloolith- schotter ». On le voit à la forme de ces cailloux oolithiques et dans les caractères des terrasses des « Kieseloolithschotter », dont j'ai déjà parlé. On trouve beaucoup d’analogies entre ces cailloux rhénans et les intéressants cailloux oolithiques de la Meuse qui ont été décrits par M. van den Broeck (2) et M. Stainier (3). Dans le mémoire cité, j'ai établi une comparaison entre les amas du Rhin et ceux de la Meuse. Il n’est pas certain, mais très vraisemblable, que ces amas de cailloux oolithiques de la Meuse soient du même âge que les « Kieseloolith- schotter » du Rhin. Il vaut donc mieux considérer que les amas pliocènes dans le bassin du Rhin inférieur ont été apportés de la même manière que. les cailloux diluviens, spécialement ceux du Campinien (4). La Meuse (4) Voyez G. Morpzior, Ueber einen Zusammenhang des Pliocäns des Mainxer Beckens mit dem am Niederrhein. (BERICHTE DES NIEDERRHEINISCHEN GEOLOGISCHEN VEREINS, 1907; à paraitre bientôt dans les VERHANDLUNGEN DES NATURHISTORISCHEN VEREINS IN BONN.) (2) Les cailloux oolithiques des graviers tertiaires des hauts plateaux de la Meuse. (BuLL. Soc. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D'HyoROL., t. III, 4889. Pr.-Verb., pp. 404-411.) (3) Le cours de la Meuse depuis l'ère tertiaire. (BuLL. Soc. BELGE DE GÉOL., DE , PALÉONTOL, ET D'HypRoL., t. VIII, 4894. Mém., pp. 83-101.) (4) Voir E. HoLzaPFeL, Beobachtungen im Diluvium der Gegend von Aachen. (JAHRBUCH DER KGL. PREUSSISCHEN GEOLOGISCHEN LANDESANSTALT Für 1903, Bd XXIV, S. 483-502.) | SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1907. 245 _ et le Rhin ont apporté et confondu ces amas, de sorte que seuls les cailloux du Nord-Ouest du bassin du Rhin inférieur ont été charriés par la Meuse. Ceux des environs de Bonn et de Cologne ont été amenés par le Rhin, qui suivait déjà aux temps pliocènes la direction de Bingen à Bonn. Il a reçu de la direction de la Moselle un affluent qui a amene les mêmes cailloux décrits ci-dessus. | Je puis ajouter que j'ai fait des excursions avec M. Fliegel pour voir les cailloux oolithiques de la Meuse. Nous avons trouvé aussi dans ces dépôts des fossiles silicifiés roulés dans une petite fosse, près de Petit- Waret, au Nord-Ouest d’Andenne. Il s’agit de crinoïdes et de coquilles tous silicifiés, qui peuvent être rapportés à l’Oxfordien. | _ Je puis faire mention des observations de M. Fliegel, qui a trouvé des couches de lignites dans ces dépôts pliocènes du bassin du Rhin inférieur. Il a fréquemment observé des empreintes de plantes, et surtout des coquilles d’eau douce dans la mine « Beisselsgrube », près de Horrem, entre Cologne et Aix-la-Chapelle (1). Les plantes recueillies par M. Fliegel indiquent un climat méditerranéen et sont d’accord avec les observations de M. Mordziol, qui à trouvé les cailloux ooli- thiques dans les sables à Dinotherium dans le bassin de Mayence, donc dans le Pliocène inférieur. Je prie mes collègues belges qui s'intéressent à ces questions de se reporter aux mémoires.cités. Enfin, M. Pohlig a publié sur le même sujet une notice dans les procès-verbaux de la Société géologique allemande. M. Fliegel y répond dans les mêmes procès-verbaux, auxquels je renvoie. Je dois ajouter que M. Pohlig n’a pas cité complètement les travaux précédents. Déjà en 1897, M. Schlüter a rapporté des cailloux fossili- fères silicifiés de Duisdorf, près de Bonn, au « Terrain à Chailles » du département des Ardennes, spécialement aux environs de Réthel, Mézières, etc. (2). Je puis rappeler aussi que j'ai donné les résultats préalables de mes recherches au Congrès géographique de Cologne, en 1905 (5). (1) Jahrbuch der Kgl. Preussischen geologischen Landesanstalt für 1907, Bd XXVIII, S. 102, 116-190. — Zeitschrift der Deutschen geologischen Gesellschaft, Bd LVIIT, 1906. Monatsberichte, S. 299-293. (2) Zeitschrift der Deutschen geologischen Gesellschaft, 1897, Bd IL, S. 492-503. (3) Verhandlungen des XIV. Deutschen Geographentages zu Cüln 1903. Berlin, 1903, S. 206-215. 246 PROCÈS-VERBAUX. J'espère avoir établi que les conclusions de M, Pohlig « manquent encore de précision » et Je suis heureux d’être d'accord avec M. Stainier, M. Lorié et d’autres collègues. J. KERSTEN. — Venues d’eau au Charbonnage de Marchienne. Ayant déjà eu l’occasion, en décembre 1902, d'entretenir notre Société de la question des eaux souterraines des charbonnages, Je crois qu’il ne sera peut-être pas inopportun de lui faire part de deux consta- tations nouvelles faites dans cet intéressant domaine. Ces constatations ont eu lieu au Charbonnage de Marchienne. Le bouveau Nord, à la profondeur de 1 130 mètres, a recoupé en plateure la couche Dix-Paumes dans laquelle des exploitations ont été ouvertes en allure régulière, et dans une région vierge de toute exploi- tation. Cette couche avait été traversée par le puits sans donner lieu à aucun phénomène spécial. Dans le chassage Est, à une distance du puits en ligne directe de 42 mètres, une venue d’eau s’est fait Jour en novembre 1906, jaillissant du mur de la veine. | Ce mur est composé d’un schiste gréseux dur. Au début, l’eau jaillissait à 10 centimètres au-dessus de l’orifice de sortie; maintenant, elle coule sans pression en donnant par vingt- quatre heures un volume de 5 mètres cubes d’une eau ayant la tempé- rature de 28 degrés centigrades. Par suite de circonstances particulières, 1l a été impossible de jauger la venue aussitôt après son apparition, mais 1l est certain toutefois que son débit va en diminuant. En même temps que l’eau, 1l se dégage une certaine quantité de grisou. L'analyse de cette eau, faite à l’Institut Meurice de Bruxelles, à donné les résultats suivants : | Par litre. Densité à 15 degrés centigrades "0. 0300 Point d'ébullition 20 RS CR RE 1000 C. Matières en suspension : a) Totales POLE RS 0 092 b)'Minérales ferrugineuses PR CCE 0.067 C)*Organiques » fie ASTON REA A Ne ee 0 025 Ammoniaque, acide nitreux, acide nitrique. . . . . . néant SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1907. | 247 FES TER UT EE EEE 60.526 MEMOIRE DAME M 6 D, ge «2% 167.016 MALTE OTCADIQUES LL, ue. . Ch, Un. Hhitrates PO Te 2 UN, ner =, 3.140 HÉROS Re ce 5. 2 PM Le 1.392 DTA AN ORNE RTE ES 32.213 Anhydride SUIUEIQUE 0. 5 +. 5) à 0, «5 traces Id carbonique Combiné Tr cu, 2, 2e 0.057 BAPNTECLIDOIASSe AL ED 0. Fe ,E, 26. . néant Composition des matières fixes : Chionureide SOdIUM.2 > Le 4 Un EL 42.605 MIA Calcium - Ps Un ue nn. 6.918 PR ET I ODéSIUID N EN 0. 3.207 DORA AT PME ITS sure velo 92.030 La deuxième source à été trouvée au bouveau Midi de 870 mètres, en mars 1907, à une distance d'environ 1 100 mètres du puits. Les terrains recoupés sont des grès très durs, dont les stratifications ondulent dans une allure générale presque horizontale. Au-dessus de ces grès se trouvent des terrains dérangés et en dessous les assises deviennent régulières avec une pente de 14 degrés, vers le Midi. Les terrains dérangés dont il est fait mention constituent le passage présumé de la faille du pays de Liége. Toute cette série de bancs avait déjà été recoupée par le bouveau de 812 mètres sans donner lieu à aucune venue d’eau. Au début, la source donnait 2 mètres cubes par vingt-quatre heures; l’eau sortait du mur du bouveau sans pression, mais en dégageant un peu de grisou. Actuellement, le débit atteint à peine 1 mètre cube. L'analyse de cette eau, faite à l’Institut Meurice, à donné les résultats suivants : Par litre. Densité à 45 degrés centigrades ; .. . . . , . :.. 1.0673 PontMébuNUONEs tn lite led. de 101500; Matières en suspension : 6) AGE EP SN A A 0.045 D'ÉMineralesérruemmeuses EN PME 0.035 DHOIPATIUUESS ES. ee UN. RTE Est L en A Us 0.007 Ammoniaque, acide nitreux, acide nitrique. . « . +. . néant Rendu BD CR. 5 RER | 106764 USA IO OCR 2.4 Le CR SR fn 99.654 248 _ . PROCÉS-VERBAUX. Matières organiques. traces Chaux . | 9 : 7.274 Magnésie : . 2.742 Chlore. Me 59.233 Anhydride are SU UE traces _ Id. carbonique combiné 0.044 Baryte et potasse. SC néant Composition des matières fixes : 4 Chlorure de sodium. . +. 67 871 Id. decalcium. . . 14.404 Id 4% de/masnésium 15,00 dise 6 505 Totale le ae 88.180 G. Scamirz, S. J. — Le sondage à sec d’Asch. Nous avons l’avantage de communiquer à nos confrères la coupe des morts-terrains rencontrés au sondage d’Asch, encore en voie d'exécution. Nous espérons pouvoir leur soumettre bientôt le relevé détaillé du terrain houiller, avec les considérations que l’ensemble de ce travail suggère au géologue. Sondage n° 66 à Asch. (cote + 85,46). ; 2 DETERMINATIONS NATURE DES TERRAINS = un] à : 2 GEOLOGIQUES. TRAVERSES. z En | Pleistocène {| Gros gravier avec sables inter- | 1260! 1260 PROFONDEUR. 26.80 65.00 Moséen. calaires. | ae Sable jaune plus ou moins | 414.20 eut agolutiné et plus ou moins Pod ferrugineux avec gravier à la ‘ base. Sable ferrugineux grossier avec, | 38.30 Diocuen à la base, des sables chamois ; micacés et un léger gravier noir. Û MiOCÈNE ( Sable gris, fin, très micacé, avec | 56.00 | 121.00 Boldérien. re cailloutis vers 90 mètres. — Concession André-Dumont sous-Asch. Observations. SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1907. 249 : ei = DÉTERMINATIONS NATURE DES TERRAINS = a | a < Observations. GÉOLOGIQUES. TRAVERSÉS. < = De ea F= OLIGOCÈNE bancs gras et sableux alter- Rupelien. Dane e Transition. 45.00 | 180.00 Le travail au trépan, en l’absence des sables du Ru- pelien inférieur, n’a pas Argile glauconifère sableuse, | 47.50 | 166.50 1 permis de préciser le point de passage. Tongrien Marne grise, verte, blanchâtre, | 81.50 | 261.50 Cyprina. supérieur. et même un banc noir. J Sable glauconieux (boulant sur | 38.60 | 298.60 Ostrea ventilabrum, etc. 6:50 à 651 m.) avec, vers le Tongrien bas, un banc compact de inférieur. fossiles. devenant très gros- sier (quartz blanc pisaire) à la base. | Tufeau en blocs tantôt durs et | 56.40 | 355.00 ÉOCÈNE cristallins, tantôt friables ou Landenien. gras, parmi des sables inter- Calaires. Heersien. ? Le travail au trépan n’a pas permis de déterminer si le Heersien est représenté, ni de préciser le commence- ment du Crétacique. Nous nous sommes guidé d’après les premiers silex recoupés. HA par Tufeau calcaire plus ou moins | 925.00 | 380.00 La première carotte re- Mec trichien dur avec silex. montée compte quelques k centimètres (31945) que nousrapportons à cet étage. Assise avec, à la base, de nombreux cailloux noirs. Craie avec silex noirs et blonds | 929.00 | 409.00 de Nouvelles. l Marne grise plus ou moins | 100.00 | 509 00 Gyrolithes à 410 et 500 m. sableuse, quelquefois ver- Assise de Herve. dâtre. Nombreuses algues, écailles de poissons, crustacés et mollusques. Transition. 9,90 | 514.90 Marne de plus en plus sableuse, sans fossiles. Aachenien. Sable glauconifère boulant. 40.10 | 525.00 Primaire CARBONIFÉRIEN Houiller. La séance est levée à 22 h. 25. LÉ ni CT PIERRE SET K TABLE DES MATIÈRES DU UE LA PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1907. Dépésn Rte er ES Distinctions honoritiques «+ :,, 4 ,\)e, en + AN LENS Adoption du procès-verbal de la séance de juillet. . . . . . .\ G. Simoens, Sur l’origine ancienne de nos cours d’eau. | Communications du Secrétariat . . . . LATE AR ROSE RE Cartespondance 4) 2.4 «fi HU AR PAR UNS RES ES Ponset'énvois recuss. ae UNE ST EL D AT RARE x Élection d'un nouveau membré "42. La) AE RASE : M. Dollo Rapport du délégué de la Société au Centenaire de la Société géo- logique de Londres; 5448802 Te Le RER ENRRUES SOU W. Prinz. Les oxydes de titane et autres produits d’altération de quelques # roches du Brabant (suivi de remarques sur le dynamométamorphisme). de (inséré aux-Mémotres.j. ii) 7 504 ON EREN RS A. Hutot. Un grave problème. Résumé.) . 2 . . . 4 . . T1 Erich Kaiser. Remarques au sujet de la note de M. Pohlig « sur une ancienne 2 embouchure de la Meuse, près de Bonn AE 3. Kersten. Venues d’eau au Charbonnage de Marchienne &. Schmitz, Le sondage à sec d'Asch . .) . . . . . . . . . ÊTÉ BELGE DE GHULOGIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE (BRUXELLES) 2 PRÉSIDENT D'HONNEUR : in S. A. R. le Prince ALBERT de Belgique | y | D Procès-Verbal : LA DE LA SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1907 Vingt et unième année Tome XXI — 1907 BRUXELLES HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 119, rue Gi: Louvain, 119 1907 es "+ l Î \ à £ 4 À À es 4 Le * Ag: » à] 4 4 } \ LA Fu > Ke SÉANCE MENSUELLE DU 20 NOVEMBRE 1907. Présidence de M. H. de Dorlodot, président. La séance est ouverte à {6 heures (50 membres sont présents). Adoption du procès verbal de la séance d’octobre. - Ce procès-verbal est te. | Le baron van Ertborn estime que les arguments que M. Simoens a présentés contre ses idées ne sont pas convaincants et 1l maintient sa manière de voir. Il pense qu'il est d'usage, et s’y est toujours stric- tement conformé, de réserver le nom de polders aux alluvions de -rivières ; aussi M. Simoens, en lui attribuant l’opinion que l’Hoboke- “nien serait une formation poldérienne, trahit-il la pensée du baron van Erthorn, qui considère ce dernier comme un dépôt côtier lagunaire. (Voir le tableau du Pleistocène, P: 184 des Mémoires de cette année, t. XXI) | Correspondance. 1. M. Cayeux remercie des de au que la Société lui a adressées à l’occasion de sa nomination de professeur à l École des Mines. 2. Le Gouvernement fédéral du Brésil a créé un Service géologique et minéralogique du Brésil, dépendant du Ministère de l’Industrie, des Communications et des Travaux publics. Ce service se propose de publier, à bref délai, les résultats de ses travaux. Il est placé sous la direction de M. Orville A Derby. 3. Catalogue de la vente aux enchères publiques des collections paléontologiques de M. Edmond Pellat, qui aura lieu du 18 au 21 décembre 1907. (Le catalogue se distribue chez les fils d'Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris.) Dons et envois reçus : 1° Périodiques nouveaux : 9415. LisBonxe. Jornal de sciencias mathematicas, physicas e naturaes. 1889-1904. 9416. Bucaresr. Institut géologique de Roumanie. (Annarul), 1907, 4°. 1907. PROC.-VERB. 16 252 9417. 0418. d419. 0420. 5421. 0426. PROCÈS-VERBAUX. 20 De la part de l’Académie de Delft : Beekman, E.-H.-M. Geschiedenis der systematische Mineralogie. La Haye, 1906. Volume in-8° de 210 pages. De Gelder, G. De Berekening, de Bouw en het Bedrijf van het Kabelnet der gemeente Amsterdam. La Haye, 1907. Volume in-8° de 137 pages, 2 planches et 33 figures. Van Iterson, G. Mathematische und mikroskopisch-anatomische Studien über Blattstellungen nebst Betrachtungen über den Schalenbau der Miliolinen. Jena, 1907. Volume grand in 8& de 331 pages, 16 planches et 110 figures. 3° De la part des auteurs : Clément, M. L’Ingénieur des mines, son rôle actuel, son éducation technique. Le Havre, 1907. Brochure in-8° de 16 pages. Cosyns, G. Détermination, par l'analyse chimique, de l’âge relatif des ossements trouvés dans la grotte de Rosée à Engihoul (près d'Engis). Bruxelles, 1907. Extrait in-8° de 6 pages, 1 planche et 2 figures (2 exemplaires). . d'Andrimont, R. Sur La circulation de l’eau des nappes aquifères conte- nues dans les terrains perméables en petit (2° note). Liége, 1906. Extrait in-8° de 15 pages et 17 figures. | . d'Andrimont, R. L’utilité des études hydrologiques au point de vue agricole. Bruxelles, 1907. Extrait grand in-8° de 20 pages et 12 figures. . Halet, F. Le gisement de fer de Wabana, Belle-Isle (Terre-Neuve). Bruxelles, 1907. Extrait in-8° de 17 pages, 1 planche et 5 figures. . Ministère de l'Agriculture. Statistique de la Belgique. Recensement agri- cole de 1906. Bruxelles, 1907. Volume grand in-8° de 261 pages. Stainier, X. Sur le gisement et l'origine des roches métamorphiques de la région de Bastogne. (Rapport par M. Mourlon.) Bruxelles, 1907. Extrait in-12 de 7 pages. . Mourlon, M. À propos du déblai qui s'effectue en ce moment rue du Chêne, à Bruxelles, pour les fondations d’une annexe de l'Hôtel du Gouvernement provincial. Bruxelles, 1907. Extrait in-12 de 2 pages. . Mourlon, M. Le centenaire de la Société géologique de Londres. Bruxelles, 1907. Extrait in-12° de 10 pages. . Schardt, H. L’éboulement du Grugnay, près Chamoson (Valais). Sion, 1907. Extrait in-8° de 29 pages, 3 planches et 1 carte. . Schardt, H. Les vues modernes sur la tectonique et l'origine de la chaîne des Alpes. Genève, 1907. Extrait in-8° de 43 pages et 2 planches. . Stevenson, 1. J. The Carboniferous of the Appalachian Basin. 1 RAS ton, 1903- 1907. Extraits in-8° de 566 pages. SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1907. 293 Élection de nouveaux membres. Sont élus par le vote unanime de l’Assemblée : En qualité de membres effectifs : MM. Debremaecker, Paul, ingénieur à la Société de Télégraphie sans fil, système Marconi, présenté par MM. Vantrooyen et Greindl. Schoep, docteur ès sciences, docteur en géographie, assistant à l’Université de Gand, présenté par MM. Stainier et Greindl. Semet, capitaine commandant d’État-major, adjoint à l’État- major de la 2 division de cavalerie à Gand, présenté par les mêmes. Van Lil, capitaine commandant de cavalerie, adjoint d’État- major, présenté par MM. Greindl et de Dorlodot. En qualité de membre associé : M. Davreux, M., lieutenant d'artillerie, présenté par MM. Vantrooyen et Greindi. Euc. MaizzEux. — Le « Chonetes » des schistes frasniens des Abannets. En 1906, je mentionnais, dans les schistes noduleux de la base du Frasnien, aux Abannets de Nismes, l'existence d’une coquille du genre Chonetes, sans lui attribuer de nom spécifique (1). Dans le compte rendu de l’excursion de la Société belge de Géologie à Couvin, en août 1906, M. X. Stainier et moi désignions ce fossile sous le nom de Chonetes armata Bouchard (2), et c’est également sous la même dénomination que je le cite dans une note publiée peu après dans les Annales de la Société géologique du Nord (3). Cette détermination, basée sur des spécimens défectueux, était erronée, comme vient de m’en convaincre l’étude d'échantillons mieux conservés. (4) Bull. de la Soc. belge de Géol., t. XX, 1906. Proc.-VERB., p. 10. (2) Bull. de la Soc. belge de Géol., t. XXI, 1907. MÉM., p. 161. (3) Ann. de la Soc. géol. du Nord, t. XXXV, 1907, p. 63. 254 : PROCÉS-VERBAUX.: Le Chonetes de Nismes, en effet, s'éloigne du Chonetes armata Bou- chard par sa forme déprimée, ainsi que par le nombre plus grand de ses côtes rayonnantes, la forme beaucoup moins proéminente du cro- chet de sa valve ventrale et, enfin, la présence de fines stries d’accrois- sement concentriques nettement visibles. CHONETES DOUVILLEI (4). 12. Individu un peu grossi vu du côté de la valve ventrale, dépourvu de l'oreillette droite. 15. Portion du test fortement grossie montrant les fee stries d’accroissement qui couvrent la coquille. 1°. Section transversale grossie. 2. Individu un peu grossi, de forme légèrement auriculée. Il n’est guère possible de le séparer d’une espèce du Frasnien de Blacourt (Boulonnais), décrite par M. Rigaux sous le nom de Chonetes Douvillei et à laquelle l’identifient sa forme générale, ses proportions, le nombre de ses côtes rayonnantes et la présence des stries d’accrois- sement concentriques (2). Quelques points secondaires me paraissaient douteux et de nature à autoriser, pour l’espèce des Abannets, la création d’une variété du Chonetes Douvillei. Dans sa description, M. Rigaux dit que la vaive dorsale de la forme de Blacourt est tout à fait plate et que le bord cardinal de la coquille ne dépasse pas le diamètre transversal. Or, plusieurs des individus de Nismes sont très légèrement auriculés et, chez la plupart, la valve dor- sale est un peu concave. Mais les oreillettes des formes auriculées sont tellement minuscules qu’elles disparaissent souvent lorsqu'on dégage le fossile, de sorte que ce caractère n’est visible que sur les individus d’une conservation parfaite. Quant à la concavité très peu prononcée, (4) Le graveur a trop accentué les stries d’accroissement; il en est de même pour les côtes rayonnantes voisines du bord cardinal, lesquelles s’atténuent fortement. (2) E. Ricaux, Notice géologique sur le Bas-Boulonnais. (MÉM. DE LA SOC. ACAD. DE BouLoGne-suR-MER, t. XIV, 1889, p. 104, pl. 1, fig. 4.) SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1907. 205 du reste, de la valve dorsale, M. E. Rigaux à bien voulu m'écrire qu'il a constaté la même chose dans beaucoup des exemplaires qu'il à recueillis à Blacourt (1). Le Chonetes des Abannets présente, sur la face interne des valves, une ornementation consistant en séries de fines granules régulièrement disposées suivant les côtes de la face externe. M. Rigaux possède, sur un rognon, un intérieur qu'il croit appartenir au Chonetes [ouviller, offrant le même dispositif. Il me paraît utile de transerire ici un passage de la lettre qu’a bien voulu m'adresser le savant géologue de Boulogne : « Je ne connais que deux Chonetes dévoniens qui aient des stries concentriques apparentes : le C. minuta Dav., qui est fort convexe, el le C. Douvillei, qui est déprimé, et Je suis persuadé, d'après votre lettre, que le vôtre est bien ce dernier. Cela m'intéresse beaucoup, car alors vos schistes seraient ceux de Cambresèque, le C. Douvillei n'ayant pas encore été rencontré hors de ce niveau. » J'ajouterai qu'ayant comparé les spécimens des Abannets à ceux de Blacourt qu'a bien voulu me donner M. Rigaux, tout doute à disparu dans mon esprit au sujet de l'identité des deux formes. Chonetes Douvillei est commun à Blacourt, dans les schistes surmon- tant le calcaire de Blacourt (Givétien). Ce sont ces schistes que M. Rigaux à dénommés « Schistes de Cambresèque ». Plus bas, contre le Givétien, on rencontre un niveau renfermant Île Spirifer Bouchard et, plus haut, un niveau à Spirifer Orbelianus et Spirifer Malaisi. Les schistes des Abannets, comme je lai dit précédemment, sont donc bien à la base du Frasnien, la présence du Chonetes Douvillei Rigaux dénotant leur synchronisme avec les schistes de Cambresèque. Euc. Maizcieux. — Sur deux pygidiums aberrants du « Bronteus flabellifer » Goldf. On sait que le Bronteus flabellifer Goldf. abonde dans la partie calca- rifère du Couvinien. Parmi les nombreux débris de ce crustacé que j'ai recueillis dans les gites particulièrement riches des environs de Couvin, il en est deux, consistant en pygidiums, sur lesquels j'ai observé certaines défor- mations naturelles dignes, me paraît-il, d’être signalées. (4) E. RiGaux in litt., 23 novembre 1907. 256 .. PROCES-VERBAUX. Les caractères spécifiques du Bronteus flabellifer sont trop connus pour qu’il soit nécessaire de les exposer ici. À part les difformités aberrantes qui les affectent, les deux pygidiums que je me propose de. faire connaître dans cette note répondent parfaitement à la diagnose de l’espèce créée par Goldfuss. De plus, leur examen montre à l’évi- dence que la déformation de certains de leurs caractères n’a pas eu lieu post mortem, mais bien probablement dès la naissance de l’animal, et que les causes qui l’ont produite ne peuvent, en aucune façon, être attribuées à une pression quelconque exercée pendant l’accumulation et la solidification des sédiments recouvrants. Ce sont donc des monstres au sens propre du mot. Tous deux ont été trouvés dans deux gîtes fossilifères ne quoique voisins. Le premier spécimen (voir fig. 1) provient des bancs de calcaire noduleux Cobm, intercalés dans les schistes Cobn, que l’on rencontre à 300 mètres à l'Ouest de Couvin, au lieu dit « La Gripette ». Je l’ai mentionné déjà dans une précédente note, où je le signale en ces termes (1) : « Un pygidium du genre Bronteus Goldf. (Bronteus sp.?), à contour extérieur entier, à test granulé, présente une particularité qui m'a paru propre à le différencier du Bronteus flabellifer Goldf. : sa côte médiane, plus large proportionnellement que celle du Bronteus flabel- lifer, est subdivisée, à partir de l’axe, par un sillon occupant environ le quart de la longueur totale de la côte. Il paraît différer également du Bronteus flabellifer par sa forme plus allongée. » La bifidité antérieure de la côte médiane ne constitue pas, ici, un caractère différentiel suffisant, et sa largeur relative est précisément (1) Bull. de la Soc. belge de Géol., t. XVIX, 1908. Proc.-VERB., p. 561. SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1907. 957 l'effet probable de cette dichotomie. Quant à la forme plus allongée du pygidium, elle n’est sans doute qu’accidentelle, et rien, du reste, n'empêche l'existence, chez Bronteus flabeliifer, de variétés longues et de variétés larges, comme par exemple chez la Calymene incerta Bar- rande, etc. Comme J'ai pu m'en convaincre, nous sommes tout sim- plement en présence d’un pygidium aberrant, par suite de difformité, du Bronteus flabellifer Goldf., comme l'indique la parfaite concordance des autres caractères spécifiques avec ceux de l’espèce de Goldfuss. Le second pygidium (voir fig. 2) est plus intéressant. Je l’ai extrait \ du calcaire à chaux hydraulique Cobm, de la carrière des fours à chaux Colard et Guillaume, soit à environ 600 mètres au Nord du précédent site, et, par conséquent, dans un niveau un peu supérieur. Rappelons que le pygidium du Bronteus flabellifer porte quatorze côtes latérales et une quinzième côte médiane, séparées les unes des autres par des sillons plus étroits que les côtes; la fine granulation qui parsème ces dernières n'existe pas sur le fond des sillons. Dans notre individu aberrant, la septième côte latérale droite n’est qu'embryonnaire et se relie, en la faisant légèrement dévier, à sa voisine la côte médiane, vers le premier tiers de la longueur de cette dernière à parur de l'axe; de sorte que le nombre des côtes ne paraît être que de quatorze au lieu de quinze. Le fond du sillon intermédiaire entre la côte médiane et la sixième côte latérale droite, ainsi que le fond du sillon qui sépare celle-ci de la cinquième côte latérale droite, se relèvent tous deux à partir de la moitié de la longueur de ces côtes, unissant ainsi ces trois dernières jusqu’à une distance du bord posté- rieur égale à environ un quart de la longueur totale du pygidium; de facon que, sur cet espace, le fond des deux sillons atteint le niveau du sommet des côtes et y est recouvert de la même granulation qui orne- mente ces dernières; granulation absente partout ailleurs dans les sillons. L’extrémité inférieure de la cinquième côte latérale dextre s’infléchit légèrement vers la droite. Le reste du pygidium est parfaitement normal et identique en tous points au pygidium de Bronteus flabellifer. Sans doute, il convient de ne voir, ici, qu’une simple difformité tout accidentelle, car 11 serait au moins téméraire de conclure que l’alté- ration de certains des caractères des deux individus précités est due”à quelque lente et multiséculaire évolution dégénérescente. Ne trouvons- nous pas, en effet, des Bronteus, el notamment Bronteus flabellifer, par- laitement constitués et d’une grande délicatesse de formes, jusque dans les couches du Frasnien ? 298 PROCES-VERBAUX. À. Scxor. — Un quartzite aurifère dans l’Escaut. Il y à un an, Je fis une trouvaille qui ne pouvait manquer de pro- voquer mon étonnement. Îl ne s'agissait rien moins que d’un quartzite aurifère que je recueillis dans l’Escaut aux environs de Gand. J'ai cherché depuis à me rendre compte de la façon dont la pierre avait échoué là; mais Je n’y suis pas parvenu. Et si je me décide à publier le fait, 1l est bien entendu que c’est uniquement à titre de curiosité. C’est entre Gand et Zwijnaerde que je recueillis le quartzite ; il se trouvait dans le lit même de l'Escaut, dont les eaux étaient extra- ordinairement basses à cette époque (fin août 1906). Pour être plus précis quant au lieu du gisement, j'estime qu'il est assez exactement repéré en le fixant à la latitude de la ferme Verloorenbrood et à 1"50 de la rive gauche. (Carte topographique au 40 000. Feuille de Gand.) Le quartzite dont il est question reposait sans intermédiaire sur les alluvions du fleuve; je ne pus découvrir dans son voisinage aucun autre morceau de roche de son espèce; il n’était en effet entouré que de quelques rares silex noirs et de quelques éclats de calcaires à crinoïdes provenant des gros blocs au moyen desquels on consolide les berges du fleuve. Aussi bien, il attirait l'attention par sa teinte particulière contrastant nettement avec celle des pierres qui l’environnaient. À part cela, il se présente comme un bloc de quartzite assez irrégulier; 1l offre toutefois une surface plane très développée et sur laquelle je remarquai dès l’abord plusieurs petites plages métalliques d’un beau jaune d'or caractéristique. L'identification en fut aisée : c'était, en effet, de l'or. La roche présente en outre en certains endroits cette couleur rouge brunâtre caractéristique des quartzites aurifères. Un examen plus attentif de la cassure m’a permis de reconnaître que les paillettes d'or, visibles à l'œil nu ou à la loupe, se trouvent de préférence dans de petites cavités remplies de limonite, ou encore dans certaines fissures parcourant le quartzite et remplies d'une substance micacée couleur de rouille. Le bloc pesait 1 800 grammes. Un morceau détaché de celui-ci, au hasard, et pesant 68 grammes fut réduit en poudre. J’ai soumis 20 grammes de celui-ci à l’analyse pour y doser l’or et j'ai trouvé qu'ils en contenaient 08045, soit 0.215 °J. E. Lacrance. — La Sismologie au Congrès de La Haye. Ce travail sera inséré aux Mémoires. + $ SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1907. 259 G. Simoens. — La Géologie au Congrès de Sismologie de La Haye. J'ai eu l’occasion d'attirer, en différentes circonstances, l’attention de la Société belge de Géologie sur les relations étroites existant, d’une manière générale, entre la structure tectonique du sous-sol et les sismes. J’ai essayé, de plus, d'établir tout au moins en Belgique, d’une façon plus précise, l’origine tectonique indéniable de nos tremblements de terre. C’est le désir de mettre à nouveau en évidence cette relation qui m'a engagé à suivre de près les travaux du Congrès de La Haye et à accepter avec empressement la délégation qui m'était à cette occasion offerte par le Gouvernement. Si réellement les mouvements actuels du sol sont intimement liés à la structure géologique de la planète, il devient évident que la sismo- logie commettrait une faute grave en négligeant de tenir compte, et dans une large mesure, des données fournies par l’étude détaillée de la structure du sous-sol. Quoique les sismologues ne se fussent pas encore prononcés dans ce sens au cours de leurs réunions antérieures, on peut dire aujourd'hui que ces dernières ont nettement marqué leur vif désir d'accepter toutes les collaborations, d’où qu’elles viennent, en vue de réaliser le but ultime que nous poursuivons tous, la connaissance de notre Globe. A ce point de vue, je suis heureux de constater l'accueil favorable qui a été fait par cette savante assemblée aux vœux de nos délégués, MM. Lecointe, Lagrange et moi-même. Trois points également importants se rattachant à la géologie de notre pays ont été examinés avec attention par l’Assemblée. D'abord, M. Lecointe, directeur du Service astronomique à l’Obser- vatoire royal de Belgique, à mené une vive campagne en vue de décider le Congrès à confier à la Belgique l'élaboration de la bibliographie internationale de la Sismologie. Cette proposition se justifiait à double ütre. D'abord, nul n'ignore que dans une classification rationnelle des phénomènes se rattachant à l’histoire de notre Globe, l’étude des mouvements du sol se lie naturellement à la Géodynamique interne, et on ne comprendrait pas pour quelle raison il y aurait lieu de séparer les mouvements du sol que nous percevons aujourd’hui, des 260 PROCÉS-VERBAUX. mouvements du sol antéhistoriques dont nous enregistrons les mani- festations inscrites dans sa structure. À plus forte raison n’y aurait-il pas lieu d'établir une différenciation entre ces phénomènes, si l’on montre, comme nous l’avons fait pour notre pays, que les tremblements de terre actuels sont la continuation logique et nécessaire de manifestations dynamiques antérieures. Admettre le contraire tendrait à déclarer, par exemple, que l’étude des volcans de l’Auvergne et de l’Eifel n’a rien à voir avec la connais- sance du Vésuve ou du Stromboli, et de là à admettre une délimitation tranchée entre la Géologie du moment et la Géologie du Quaternaire, entre la Paléontologie des chevaux du Quaternaire ou du Tertiaire et l'étude du cheval moderne, à nier l’évolution et la filiation naturelle des choses, il n’y a qu’un pas. La Sismologie conserve donc sa place logique dans la Géodynamique interne, c’est-à-dire dans l’étude des mouvements du sol, sans préjudice des amplifications que peut nécessiter une classification détaillée de la Sismologie. | La proposition de notre savant confrère M. Lecointe avait done pour but de décider le Congrès à confier aux Belges la confection de la bibliographie de la sismologie. Or on sait qu’il existe en Belgique un Office de Bibliographie subsidié par l’État, et qui a adopté depuis de longues années : 1° le système de la classification décimale; 2 le sys- tème de la coopération des instituts spéciaux qui, se groupant autour de l'Office central, forment ainsi l’Institut international de Biblio- graphie. Les organisateurs adoptent de même la classification décimale et se chargent aussi de l'élaboration de bibliographies spéciales, qui viennent ainsi se placer naturellement dans le cadre de l’Office central. Il était donc naturel de voir nos délégués insister auprès du Congrès de Sismologie pour qu'il confiàt sa bibliographie à un institut tout préparé. Mais il y a mieux depuis 1896; il existe un organisme qui remplit précisément ce rôle de réunir la bibliographie de la sismologie au même titre que la bibliographie de toutes les subdivisions de la science de la Terre, c’est la Bibliographia Geologica. Il y avait un second motif qui devait engager nos compatriotes à insister dans le sens indiqué par M. Lecointe : c'était la situation par- ticulière de la petite Belgique entre les grandes nations qui sont les foyers de la civilisation moderne et qui force notre pays à sortir de ses frontières pour faire du cosmopolitisme ou du mondialisme. Il y à des hommes éminents qui, depuis de longues années, sont l SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1907. 261 entrés dans cette voie en facilitant chez nous la création des instituts et offices internationaux. Notre Ministre des Sciences et des Arts, M. le baron Descamps, est de ceux-là; il en est d’autres encore parmi lesquels il y a lieu de citer en passant : MM. La Fontaine, Mourlon, Otlet, Van Overbergh, etc. La création de la Bibliographia Geologica permit d'ajouter une unité de plus à la liste des offices internationaux dont la Belgique est juste- ment fière. J’ai eu l’occasion d’exposer le but de cet institut spécial dans une note présentée à Mons au Congrès mondial, et intitulée : Un exemple de service de documentation, présentant un caractère mondial. Nos délégués ont donc fait doublement leur devoir en demandant au Congrès de confier à la Belgique ce travail scientifique (1) d’abord, mondial ensuite. N'est-ce pas tout ce qui doit nous donner dans le monde notre force et notre prestige ? Mais nous ne sommes pas le seul peuple à penser ainsi. M. Lecointe a rencontré, au Congrès de Sismo- logie, des Anglais qui, eux aussi, savent le prix qu’il faut attacher à des travaux de l’espèce, et ils ont de même revendiqué l’honneur de confectionner la bibliographie sismologique. Devant l’indécision de l’Assemblée, notre estimé confrère a demandé le renvoi de cette question à une commission d’étude. Un second point, non moins intéressant pour la Géologie en général et la Belgique en particulier, a été la discussion de la question des « mistpoeffers ». Notre Secrétaire général honoraire nous à entretenus souvent de ces bruits sourds qui s'entendent dans les régions calmes de la basse Bel- gique, notamment en Campine et au bord de la mer du Nord. Depuis que M. E. van den Broeck à mis cette question à l'étude, celle-ci à fait des progrès considérables, au point que le président du Congrès de Sismologie, M. Palazzo, après avoir provoqué de nombreuses enquêtes semblables à celles organisées par notre savant confrère, est arrivé à dessiner une carte du Globe indiquant les lieux où s’en- tendent habituellement ces « mistpoeffers ». (4) « Le phénomène le plus marquant daus l’histoire mondiale du dernier quart de siècle est l'essor économique de l'Allemagne. Ÿ aurait-il un seul homme politique assez obtus pour ne pas voir que c'est la science seule, qui a permis, créé, incité ce développement? Pour un pays comme la Belgique, trop petit, trop peuplé, qui ne se maintient que par l'effort de plus en plus pénible de sa grande industrie, n'est-ce pas une question vitale et pressante d'organiser son travail scientifique? » (KEMNA, Bull. Soc. belge de Géol., t. XVIII, p. 40.) 262 : PROCES-VERBAUX. En l'absence vivement regrettée de M. van den Broeck, notre délégué, M. Lagrange, à indiqué le rôle joué par notre confrère dans cette question qui attend toujours sa solution, quoiqu'il semble, d’après certaines constatations, qu’il faille rattacher ces bruits aux dislocations de l'écorce du Globe. On sait, en effet, que parfois des bruits plus ou moins semblables se sont fait entendre dans des cavernes et très probablement qu’ils sont là en relation avec le jeu de certaines cassures. J'ai signalé également que les « mistpoeffers » se manifestent surtout dans les régions des grands bassins d’effondrement dont la mer du Nord peut être considérée comme un type. M. Lagrange à rattaché la question des « mistpoelfers » de nos côtes à celle de l'installation future de notre nouvelle station microsismique d’Ostende; il a montré combien cette station pourrait rendre de ser- vices, tant pour l’étude des sismes proprement dits, que pour celle des bruits. À l'unanimité, l’Assemblée a répondu au vœu exprimé par M. Lagrange de voir le Congrès appuyer de son autorité morale la création de cette station sismologique éminemment utile. [l y avait lieu pour moi, à cette occasion, de faire remarquer que la direction de notre rivage se trouve orientée dans le sens de l'ouverture de la Manche et du Pas-de-Calais, et que cette ouverture paraît bien due à une faille sous-marine. En effet, si l’on suit les couches secondaires faiblement inclinées qui traversent le Pas-de-Calais, on observe que celles-ci, quoique se rétrécissant insensiblement en passant de l’Angleterre en France, sont assez régulières; cependant, en arrivant près de la côte française, leur tracé fait un brusque ressaut ; il en est de même au large de Douvres. Quelle est la signification de ces coudes que présente l’affleurement sous-marin ? Pour moi, il n’y à qu’un moyen d'expliquer cette anomalie, c'est d'admettre en ces endroits l’existence de dérangements parallèles à la côte. Ces dérangements s’expliqueraient fort bien par des affaisse- ments de cette région sous-marine; les couches étant faiblement incli- nées, 1l est évident qu'une descente d’une partie de celles-ci doit provoquer une déviation de l'affleurement de la couche, et cela con- firmerait l’idée que j'ai émise déjà, considérant l’ouverture du Pas-de- Calais comme due à une des failles radiales du bassin d’effondrement de la mer du Nord. Mais s’il en était réellement ainsi, il deviendrait extrêmement inté- ressant d'installer en face d’Ostende, à Douvres par exemple, un SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1907. 263 instrument enregistreur semblable au nôtre pour servir de terme de comparaison. Si les deux postes voulaient alors, marchant de pair, prêter aussi une attention égale aux « mistpoeffers », les résultats pour- raient être considérables. ne En me rendant à La Haye, je m'étais proposé d’attirer l'attention du Congrès de Sismologie sur les relations existant entre les sismes et la structure géologique. ei: | Évidemment, envisagée d’une manière générale, personne ne pourrait nier la relation existant entre les chaînes de montagnes actuelles et les tremblements actuels; mais il était intéressant de montrer que, même dans l’étude de détail des tremblements de terre d’une région nettement circonserite, on observe une coïncidence frap- pante entre l'aire des sismes et la structure géologique singulière de la région ébranlée. J'ai montré au Congrès l’évidence de cette relation pour les tremblements de terre belges; J'ai montré qu'il suffisait de fouiller un peu attentivement le sous-sol d’une région sismique pour trouver de suite le pourquoi des tremblements, le pourquoi de leur fréquence, le pourquoi de leur direction, etc. L'Assemblée à bien voulu montrer toute l'importance qu'elle attachait à cette concor- dance que je venais d'établir en adoptant le vœu de voir confectionner, dans le plus bref délai possible, la carte tectonique des pays repré- sentés à la Conférence. Comme je le disais en commençant cette note, nous devons remer- cier les sismologues d’avoir bien voulu montrer l’importance qu'ils attachent, dans l’étude des sismes, aux accidents de l’écorce terrestre qu’étudient les tectoniciens. G. SIMoExs. — Sur la présence de « Trinucleus seticornis » dans le Caradoc de Fauquez et sur la position strati- graphique de la porphyroïde de cette localité. Le texte de cette communication n’est pas parvenu au Secrétariat, ce qui rend inopportune la publication de la discussion qui y a fait suite. G. SimoExs. — Découverte d’un Mammouth à Bruges. Même observation. 264 : PROCÈS-VERBAUX. F. HAzET. — Coupes géologiques de quelques sondages pro- fonds exécutés depuis 1900 sur le territoire des plan- chettes de Bruxelles, Uccle, Tervueren, Hal, Lennick- Saint-Quentin et Vilvorde. Inséré aux Mémoires. La séance est levée à 18 h. 15. Be — Fes “ En | Adoption du procès-verbal de la séance d'octobre . Correspondance-2) 062, ENS RAR TE LAN Dons et envois reçus. . .: . . . . . PRO LR COLIN 251 Élection de nouveaux membres : . . . . . . MAL AE Ce Eug. Maillieux. — Le « Chonetes » des schistes frasniens des Abannets . 253 _ Eug. Maillieux, — Sur deux pygidiums aberrants du « Bronteus flabellifer » Goldf. LR SE ER de CPU Ne A Vo HQE De A. Schoep. — Un quartzite aurifère dans l'Escaut. . . . , SAP ‘258 ÆE. Lagrange. — La Sismologie au Congrès de La Haye. (Inséré aux Ro Mémoires). . at SR Pa GR M ue TEE NN ENREE G. Simoens, — [a Géologie au Congrès de Sismologie de La Haye . . . 959 G. Simoens, — Communications verbales. . . . . . . . . . . 265 F. Halet, — Coupes géologiques de quelques sondages profonds exécutés depuis 4900 sur le territoire des planchettes de Bruxelles, Uccle, Tervueren, Hal, Lennick-Saint-Quentin et Vilvorde. (Inséré aux Mémoires.) . . . .. 264 YA Po RL OT OR PUS LT TT RE NN ART y PUBLICATION MENSUELLE 3 À SOGNÉTE BELGE. DE HOLOGIE (BRUXELLES) #. PRÉSIDENT D'HONNEUR : S. À. R. le Prince ALBERT de Belgique Proces-Verbal DE LA SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1907 er Vingt et unième année Tome XXI — 1907 BRUXELLES HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADEÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 119, rue de Louvain, 112 1908 SÉANCE MENSUELLE DU 17 DÉCEMBRE 1907. Présidence de M. À. Rutot, vice-président. La séance est ouverte à 20 h. 40 (25 membres sont présents). _ Décès. Nous avons le regret d'annoncer à nos collègues le décès de M. A.-P. de Rouville, doyen et professeur honoraire de géologie de.la Faculté des Sciences de l'Université de Montpellier, membre honoraire et fondateur de notre Société. Adoption du procès-verbal de la séance de novembre. Le Secrétaire général s'excuse d’avoir fait distribuer tardivement le procès-verbal de la séance précédente ; 1l aurait voulu ne pas imprimer de brochure incomplète ; néanmoins il croit préférable de passer outre, s’il est nécessaire. M. le Président déclare être du même avis; l’intérêt général des auteurs exige des publications rapides et l’on ne peut les faire pâtir du retard d’un seul. Le procès-verbal est adopté. Correspondance. 1. MM. Debremaecker, Schoep, Semet, van Lil et Davreux remer- cient de leur admission dans la Société. 2. La librairie Armand Colin à gracieusement envoyé le TRAITÉ DE GÉOLOGIE ( {°° partie) : Les phénomènes géologiques, par M. mice Hauc, et la Science séismologique, par le comte DE MonTEssus DE BALLORE. 5. La librairie J. Lindauer, de Munich, a gracieusement envoyé les Kobelt Tafeln. M. W. Prinz a accepté d’en faire le compte rendu biblio- graphique. 4. Les Annales du Musée de Tervueren ont envoyé la Contribution à la Faune du Congo. Okapia, par J. FRaïPonr. 5. L'Institut cartographique militaire adresse les cartes parues d’une 4907. PROC.-VERB. ai 266 PROCES-VERBAUX. nouvelle édition en couleurs (avec bois teintés en vert) de la Carte topographique de la Belgique à l’échelle du 40 000°. 6. Catalogues scientifiques des librairies Dunod et Pinat, Gauthier- Villars et Hermann de Paris, W. Junk de Berlin, O0. Weigel et M. Weg de Leipzig, M. Niihoff de La Haye, à la disposition des membres de la Société au Secrétariat. Dons et envois reçus : 0433 … 0430. 9438. 9440. 4° De la part des auteurs : . … À Guide to the fossil Invertebrate Animals in the Department of Geology and Palaeontology îin the British Museum (Natural History). Londres, 1907. Volume in-8° de 182 pages, 1 planches et 96 figures. A Guide to the fossil Reptiles, Amphibians and Fishes in the Department of Geoloqy and Palaeontology in the British Museum (Natural History). Eighth Edition. Londres, 1905. Volume in-8° de 110 pages, 8 planches et 116 figures. . Fontana, V. Osservazioni meteorologiche fatte nel anno 1906 all Os- servatorio della R. Università di Torino. Turin, 1907. Extrait in-8° de 53 pages. Harder, E. C. The joint System in the Rocks of Southwestern Wis- consin and îts Relation to the Drainage Network. Madison, 1906. Extrait in-8° de 40 pages et 10 planches. . Haug, E. Les phénomènes géologiques. Paris, 1907. Volume in-8° de 990 pages, 195 figures et cartes et 71 planches de reproductions photographiques hors texte. (Don de la libraire A. Colin.) . Joly, H. L'usage du baromètre pour l'étude des régions faiblement plissées. Nancy, 1907. Extrait in-8° de 10 pages, 1 planche et 2 figures. Nicklès, R., et Joly, H. Sur la tectonique des terrains secondaires du Nord de Meurthe-et-Moselle. Paris, 1907. Extrait in-8° de 12 pages et 1 planche. . Montessus de Ballore (de). La science séismologique. Paris, 1907. Volume in-8° de 590 pages, 185 figures et cartes et 32 planches hors texte. (Don de la librairie A. Colin.) 2° Périodique nouveau : Bruxelles. /nstitut cartographique militaire. — Carte topographique de la Belgique à l'échelle du 40 000® en 72 feuilles. — Feuilles n°° 15, 31, 33 à 35, 40 à 43, 47 à 50, 58 à 56, 61. SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1907. 267 Élection d’un nouveau membre. Est élu par le vote unanime de l’Assemblée : En qualité de membre effectif : M. Bièvez, Enmon», lieutenant du Génie, répétiteur à l’École mili- taire, présenté par MM. Rabozée et Mathieu. Communications des membres : La première communication insérée est l’une de celles qui n’avaient pu figurer au procès-verbal de la séance de novembre. G. Simoens. — Sur la position stratigraphique de la porphyroïde de Fauquez et sur une découverte de « Trinucleus seticornis » dans le Caradoc de cette localité. Dans une note antérieure (1), J'ai fixé, Je pense, d'une manière définitive, la position stratigraphique des porphyroïde et rhyolite de Grand-Manil en expliquant leur origine et en synchronisant ces roches feldspathiques avec les discordances qui se remarquent dans la série stratigraphique du Silurien d'Angleterre. Me basant sur ce fait que la porphyroide de Grand-Manil se trouve localisée entre des roches qui, sur une épaisseur de moins de 50 mètres, passent du Caradoc au Llandovery, c’est-à-dire de lOrdovicien au Gothlandien, je coneluais qu'à priori la porphyroïde de Grand-Manil pouvait servir de point de repère pour établir, tout au moins d’une manière approximalive, la limite entre le Silurien moyen et supérieur. Toutefois cette opinion, qui pouvait se soutenir, étant données les découvertes paléontologiques de notre savant confrère M. Malaise, revêtait le caractère d’une certitude absolue si on tentait (ce qu’il ne faut jamais manquer de faire) de comparer nos couches avec celles des pays voisins. (4) Pourquoi y a-t-il des porphyroïdes et des rhyolites anciennes dans le Llandovery de Grand Manil? (BULL. DE LA SOC. BELGE DE GÉOL., ETC., t. XXI, 1907. Pr.-Verb., pp. 15-23.) 268 PROCÈS-VERBAUX. En effet, en établissant un parallèle entre notre Silurien et celui d'Angleterre, on acquérait bientôt la conviction que la discordance qui s'observe entre le Silurien moyen et supérieur du pays de Galles et la porphvroïde qui à Grand-Manil occupe une position à peu près iden- tique, présentaient bien entre elles une relation de causalité. J'ai, de plus, fourni une preuve de l'existence de cette causalité, en rappelant les résultats obtenus par le capitaine Mathieu, à l’occasion de son étude lithologique de la porphyroïde de Grand-Manil. Les conclusions de notre savant confrère étaient telles qu'il fallait considérer la porphyroide en question comme une roche d’origine clastique, montrant à certains moments une recrudescence de lapport de l'élément feldspathique. J'ai dit pourquoi 1l fallait considérer cette roche comme le résultat de la précipitation au fond de la mer de cendres flottées provenant des éruptions de la fin du Caradoce, si bien étudiées par sir A. Geikie. J'ai procédé de la même manière pour établir que la rhyolite de Grand-Manil, située entre le ELlandovery à Phacops Stockesi de M. Malaise et le Llandovery à Climacograptus scalaris -abondants, devait être en relation avec la dislocation qui se remarque au centre du pays de Galles, entre le Llandovery série de Gwastaden et le Llan- dovery série de Caban, et du même coup la rhyolite de Grand-Mamil devenait un horizon précieux permettant de préciser en Belgique le moment du temps où :es dislocations du pays de Galles établissaient, par une solution de continuité nette, la séparation, en deux assises, de l'étage de Llandovery. Mais 1l existe à Fauquez près de Virginal une porphyroïide inté- ressante. Elle est manifestement supérieure au Caradoc et ne peut être confondue avec celle de Grand-Manil. Quelle est donc sa position? Pour résoudre cette question, j'ai procédé comme je l'avais fait pour les roches situées à Grand-Manil à un niveau inférieur. D'abord, que nous dit M. Malaise? Il nous apprend qu’à Grand-Manil, à 200 mètres environ des rhyolites, on rencontre la faune du Tarannon; on arrive ainsi à estimer assez exactement la distance qui sépare le Caradoc du Tarannon, c’est-à-dire l’épaisseur du Llandovery. Si maintenant nous nous rappelons cette distance à Fauquez et si nous voulons bien y tenir compte du pli que présente le dernier affleure- ment du Caradoe dans la tranchée du chemin de fer ainsi que de la position des affleurements du Llandovery, nous arrivons à admettre que la porphyroide de Fauquez pourrait bien être localisée aux environs de la limite du Llandovery et du Tarannon. SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1907. 269 Passons maintenant en Angleterre; là, dans le centre du pays de Galles, il existe, comme nous l'avons dit déjà, une discordance entre le Llandovery inférieur et supérieur. Mais il y à plus : le Tarannon y montre une transgression remarquable recouvrant, souvent en discor- dance, tantôt la série de Caban (Llandovery supérieur), tantôt la série de Gwastaden (Llandovery inférieur). Ce phénomène permet donc d'établir entre le Tarannon et les deux termes du Llandovery une démareation tranchée résultant vraisem- blablement de mouvements du sol. - J'en conclus, par analogie avec la porphyroiïide de Grand-Manil, que la porphyroiïde interstratifiée et d’origine clastique de Fauquez indique le moment du temps où, en Angleterre, la mer transgressive du Tarannon s’apprêtait à recouvrir, en les abrasant, les roches exondées du Llandovery. [l est peut-être bon, afin d’en laisser une trace dans notre Bulletin, de rappeler une petite découverte faite lors de l’excursion que j'ai dirigée l’été dernier dans la vallée de la Senne. Cette excursion avait pour but d'expliquer aux étudiants de l’Université d'Oxford les rela- tions existant entre notre Silurien et celui du Royaume-Uni. M. le Prof' Sollas, d'Oxford, a mis la main sur un bel exemplaire de Trinucleus seticornis. Ce fossile, qui à été trouvé au gîte fossilifère de la tranchée du chemin de fer, est conservé maintenant dans les collec- tions de la célèbre université anglaise. Il n’est pas nécessaire, Je pense, de rappeler que M. Malaise a trouvé là, depuis bien longtemps, le Trinucleus en question. Discussion. M. C. Malaise, ayant répondu à M. Simoens, a envoyé la note suivante pour le procès-verbal : C. MArAISE. — Position de quelques rhyolites et porphy- roïdes du massif silurien du Brabant. Les rhyolites de Grand-Manil et leur prolongement, à Sombreffe, Nivelles, Monstreux, se trouvent au beau milieu des schistes à Clima- cograptus scalaris du Llandovery (assise de Grand-Manil). Le fait s’observe parfaitement à Grand-Manil, où l’on peut très bien voir que les mêmes espèces se trouvent, au-dessous et au-dessus des rhyolites, plus abondantes dans les couches recouvrantes que dans les couches recouvertes. 270 PROCES-VERBAUX. Les mêmes faits peuvent s’observer à Sombreffe et à Nivelles; mais il faut de patientes recherches pour y trouver les graptolithes. Quant à la porphyroide du Bois des Rocs, elle occupe identique- ment une position parfaitement bien déterminée; elle est la même que les rhyolites de Grand-Manil. | On voit au Nord de la porphyroide le niveau à Climacograptus scalaris parfaitement bien représenté et, en un point, au Sud et assez abondamment, le Diplograptus modestus, espèce du même niveau. À Grand-Manil, il y a une porphyroide inférieure à ce niveau, à la base du Llandovery, avec une faune spéciale, Phacops Stockesi, etc., toujours Llandovery, mais à un niveau inférieur à celui à Climaco- graptus. Notons également que, à un niveau encore plus inférieur, dans le Caradoc, j'ai rencontré en plusieurs points une rhyolite que l’on pour- rait qualilier de sporadique. M. Simoens répond qu'il apporte, tout simplement, pour la solution de la question, des arguments nouveaux. Il se réserve de répondre plus complètement à l’une de nos prochaines séances. A. Hankar-URBAN. — Contribution à l’étude de la porphyrite de Quenast. — Sur l’altération superficielle de 14 por- phyrite. La porphyrite exploitée à Quenast présente, sur quelques points des parties supérieures du gisement et sur une faible profondeur, des caractères d’altération supertficielle analogues à ceux que l’on rencontre fréquemment, mais d’une façon souvent beaucoup plus développée, dans la plupart des massifs de roches feldspathiques du globe. Ces carac- tères, qui ont été signalés depuis longtemps par divers géologues, n'ont cependant pas toujours été observés ni appréciés exactement par certains d’entre eux. C’est ainsi, par exemple, que MM. Ch. de la Val- lée Poussin et A. Renard disent dans leur Mémoire sur les caractères minéralogiques des roches dites plutoniennes de la Belgique et de l'Ardenne française (1) : « Une circonstance curieuse, c’est que le degré d’altéra- ion des blocs et des sphéroïdes de Quenast dépend avant tout de l'épaisseur des couches meubles qui les surmontent. En dessous de 4 à (4) Mémoire couronné par la Classe des sciences de l’Académie de Belgique, le 15 décembre 1874. Note 2 de la page 5. SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1907. 271 5 mètres de sable et d'argile, ils peuvent être exploités avec avantage. Contrairement à ce qu'a dit M. d'Omalius, cette roche subit donc fortement les actions atmosphériques actuelles (4); 1l est tout au moins étrange de ne pas rencontrer une altération semblable dans les sphé- roides de cette roche, qui étaient à découvert depuis longtemps à l’époque tertiaire et qui servirent de lit à la mer vypresienne. Mêmes faits à Lessines. » Il y à là une erreur d'observation qui s'explique probablement par les apparences que présentaient les exploitations au moment où MM. Renard et de la Vallée Poussin écrivaient leur mémoire, et, en tout cas, une erreur d'interprétation. Il n’va, en réalité, aucune relation entre l'épaisseur des couches meubles recouvrant le porphyre et le degré d’altération de celui-cr. Je me propose de faire voir, en outre, que l’altération que l’on constate en quelques points de la partie supérieure du gisement n’est due que pour une part fort minime à des causes post-ypresiennes, et que souvent même cette part est tout à fait nulle. MM. Renard et de la Vallée Poussin admettent que certaines modi- fications intimes des éléments de la roche que l’on constate dans les parties les plus profondes atteintes par l'exploitation, — 90 mètres aujourd’hui, — comme la transformation des cristaux primitifs de feldspath, d’hornblende, en agrégats de minéraux divers, la formation dans la roche de nids fibreux d’épidote, ete., sont dues aux agents météoriques; d’autres auteurs ne sont pas de cet avis. Quoi qu'il en soit, j'en dirai cependant quelques mots pour des raisons d'ordre pratique. (1) L'opinion de M. d’Omalius, à laquelle MM. de la Vallée Poussin et Renard font allusion ici, est exposée comme suit dans son COUP D’OEIL SUR LA GÉOLOGIE DE LA BELGIQUE (1849), Terrain ardoisier et porphyrique (pp. 21 et suiv.) : (Le sommet du massif à une surface inégale, formée par des têtes de rochers arrondis, sur lesquels reposent des blocs aussi arrondis ou grosses boules de la roche porphyroïde, enfouis dans des dépôts meubles dont la partie inférieure paraît avoir du rapport avec du porphvre décomposé, mais qui devient bientôt analogue aux dépôts tertiaires qui s'étendent sur la contrée. Les parois des fissures sont généralement de couleur de rouille, mais cette altération n’est que superficielle, tandis que celle qui se voit autour des surfaces arrondies extérieures est souvent très profonde et s'étend quelquefois dans toute l'épaisseur d’un bloc où le feldspath est passé à l’état friable. Du reste, l'origine de cette altération tient à un ordre de choses qui n’existe plus, car cette roche est maintenant une des plus inaltérables et en même temps des plus solides et des plus tenaces que l’on puisse employer ; aussi est-elle très recherchée pour faire des pavés qui sont presque indestructibles, et que l’on transporte jusqu’en Hollande. » 272 PROCÉS-VERBAUX. Le terme altération s'applique, en effet, aussi bien à ces modifica- tions intimes d’une roche qu'à sa décomposition superficielle et plus ou moins intense, et lorsque l’on qualifie une roche d’altérée, les per- sonnes peu familiarisées avec la pétrographie s’imaginent souvent qu’il s'agit d’une roche décomposée ou pourrie et par conséquent de qualité inférieure. Or, certaines modifications des éléments d’une roche, loin d’être une cause d’'affaiblissement, contribuent au contraire à augmen- ter sa résistance. M. E. J. Lovegrove, qui à fait, au point de vue de leur résistance comme matériaux d'empierrement, l'étude comparative de cent vingt- cinq espèces de roches anglaises et étrangères employées en Angle- terre à cet usage, a constaté que les roches de tout premier ordre — en tête desquelles se place notre porphyre — sont des roches altérées, et il fait remarquer (1) que, en général, un certain degré d’altération des feldspaths semble être avantageux. « La raison en est », dit-il, « que l’altération substitue à un minéral unique un certain nombre de miné- raux nouveaux, la texture en devient plus serrée et souvent l’enchevé- trement des éléments devient plus complet. Un grand eristal de feldspath non altéré est, par suite de sa rigidité et de ses clivages, moins capable de résister aux chocs que le même volume de matière transformé en un agrégat de grains de mica, de séricite, de chlorite, de kaolin, d’épidote, surtout lorsqu'ils sont unis par un ciment quart- zeux, comme c’est souvent le cas. En résumé, l’altération, en réduisant la grosseur des éléments constituants, en les feutrant ensemble plus intimement, tend à augmenter la résistance de la pierre; même, ajou- terons-nous, lorsque certains des éléments nouveaux sont par eux- mêmes moins résistants que le minéral primitif. » C’est absolument le cas pour le porphyre de Quenast; mais comme l’altération en question s'étend assez uniformément sur toute l’étendue connue du gisement et à toule la profondeur exploitée, je ne puis en tirer aucune conclusion quant à l’objet de ce travail, même si l’on admettait l’origine météorique de l’altération en question. Si nous envisageons au contraire l’altération à caractère nettement (4) Attrition Tests of Road-making-Stones, by E. J. Lovegrove, M. Inst. C. E., Borough Engineer and Surveyor of Hornsey; with Petrological report, by Jonn S. FLETT, M. À., D. Se., F. R. S. E.. Petrographer H. M. Geological Survey, and J. ALLEN HOwE, B. Sc. Curator and Librarian of the Museum of Practical Geology. (Publié dans les numéros du 40 novembre au 29 décembre 1905 de la revue : The Surveyor and municipal and County Engineer.) SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1907. 273 superficiel et d’origine météorique, nous devons rappeler que la partie du gisement actuellement exploitée par la Société des Carrières de Quenast a, en ligne droite et d’une seule venue, un développement d'environ un kilomètre. La roche s’y montre recouverte par l'argile vpresienne, ravinée très irrégulièrement et parfois jusqu’à sa dispari- tion complète par les cailloux, les sables et les limons quaternaires. Il en résulte qu’elle est, en certains points, parfaitement protégée contre les infiltrations par un épais manteau d’argile compacte, imper- méable, tandis qu'ailleurs des dépôts perméables, parfois d'épaisseur insignifiante, la laissent entièrement soumise à l’action des eaux météoriques. Entre les deux situations extrêmes, on trouve du reste tous les cas intermédiaires. C’est cette variété dans les conditions d’exposition d’une même roche aux causes actuelles d’altération superficielle qui permet, par comparaison, de délimiter les effets de celles-c1. Nous ne rencontrons pas à Quenast le mode d’altération de la roche que les géologues américains appellent desintegration et qui consiste dans la désagrégation de la roche sans modification bien sensible dans la composition chimique de celle-ci. Par contre, on y trouve, en quel- ques points, de bons exemples de la décomposition proprement dite de la roche. Notre collègue M. Cosyns ayant entrepris l’étude des modifications chimiques et minéralogiques que l’altération produit dans la roche et du processus de ces transformations, nous pouvons espérer qu'il nous donnera prochainement une suite à son beau travail sur Paltération des Schistes et des calcaires (1). Je me bornerai donc à faire remarquer que, dans des conditions de gisement qui paraissent identiques, les produits de l’altération diffèrent beaucoup, probablement en raison de la variété de la porphyrite dont ils proviennent, de l'intensité de l’altération, des actions secondaires qui ont concouru à faciliter l'attaque de la roche et aussi de celles qui ont ensuite contribué à transformer les produits d’altération formés d’abord. On peut cependant, au point de vue de l'intensité de l’altération, distinguer deux degrés dans le phénomène : dans le premier, la pierre saine, sonore, dure, résistante, à la cassure conchoïdale, est transformée en une roche au son mat, plus ou moins friable, à la cassure irrégu- (1) G. Cosyns, Essai d'interprétation chimique de l’altération des schistes et cal- caires. (BULL. SOC. BELGE DE GÉOL., ETC., t. XXI, 1907. Mém., pp. 325-346.) 1907. PROC.-VERB. Arte 274 PROCÈS-VERBAUX. lière, dont les feldspaths sont fortement kaolinisés, à la texture feuilletée parallèlement à la surface de séparation d'avec la pierre saine, sur laquelle elle forme croûte ou calotte. La surface de sépara- tion est généralement très nette, sans passage graduel de la pierre saine à la zone décomposée. Le second degré montre la transformation complète de la porphyrite en une masse argileuse plus ou moins arénacée, dans laquelle les feldspaths, bien qu’entièrement transformés en kaolin, ont cependant, comme les autres éléments du reste, conservé leurs contours cristal- lographiques très nets. L’altération de la porphyrite sous les deux aspects que je viens d'indiquer ne se constate à Quenast qu'en quelques points du gise- ment et de façon très limitée et irrégulière : parfois elle n’a atteint, en suivant les plans de cisage de la roche, que la périphérie des prismes irréguliers que détermine la rencontre de ces plans en laissant un noyau sain plus ou moins considérable ; très rarement, elle a pénétré sur plusieurs mêtres de profondeur à travers loute la masse dans laquelle se reconnaissent, non seulement la trace des plans de cisage, mais encore tous les détails de la structure intime de la roche primitive. Mais un examen, même superficiel, des parties supérieures du gisement permet de reconnaitre que non seulement il n’y a aucun rapport entre le degré d’altération de la roche en un point du gisement et l’épaisseur des terrains qui recouvrent celui-ci, mais même aucun non plus entre l'intensité de cette altération et l'efficacité de la protection qu'offrent ces dépôts contre la pénétration des eaux météo- riques, ce à quoi on eût dû plus logiquement s'attendre, car 2 ou 3 mètres d'argile ypresienne constituent un manteau protecteur autrement efficace contre les infiltrations que 10 ou 12 mètres de sables et de limons. On constate même, dans une certaine mesure, que c'est surtout dans les parties du gisement les mieux protégées que l’on rencontre es exemples les plus développés d’altération profonde de la roche, tandis que dans les parties non garanties l’altération est généralement moins bien développée. Ces constatations sufliraient à elles seules à empêcher d'admettre avec MM. Renard et de la Vallée Poussin que les traces de décomposition profonde dont je parle puissent être attribuées aux causes actuelles d’altération superficielle. D'autres circonstances encore, que j'indiquerai plus loin, achèvent SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1907. 975 de démontrer que cette décomposition est au contraire antérieure au dépôt des couches ypresiennes, peut-être de beaucoup, et cela explique toutes les circonstances et les anomalies constatées. Lorsque la mer ypresienne a fait invasion dans la région de Quenast, elle à trouvé devant elle le massif porphyrique dont la partie supé- rieure était déjà altérée par l’action prolongée des agents météoriques pendant les époques géologiques antérieures. Cette action ne s'était naturellement pas manifestée d’une manière uniforme sur toute l’éten- due du gisement, en quelque sorte parallèlement à la surface; suivant la règle générale, il y avait au contraire des poches d’altération des- cendant très profondément dans la roche, à côté de parties restées presque inaltérées. L’érosion s’est en conséquence effectuée d’une manière fort inégale : là où l’altération était profonde, elle a eu faci- lement raison de la roche décomposée devenue friable ou même meuble; au contraire, les parties non altérées de la porphyrite ont résisté ; cela explique Îles inégalités brusques et accentuées que présente aujourd’hui la surface supérieure de la roche, inégalités qu'il serait difficile d'expliquer par le simple effet de l'érosion agissant sur une roche sensiblement homogène. L’ancienneté de l’altération explique aussi pourquoi l’on ne rencontre sur les têtes de bancs et sur les premiers sphéroïdes du dessus du gise- ment que très rarement des croûtes friables et jamais des zones de roche devenues tout à fait meubles par altération : c’est parce que ces parües du massif ont reçu le choc des vagues de la mer ypresienne et parfois ensuite celui des eaux courantes des fleuves pliocènes qui les ont décapées en quelque sorte en en détachant toutes les parties rendues peu résistantes par l’altération. Plus bas, au contraire, dans les anfractuosités de la roche et sous les grosses boules du dessus, on retrouve des parties de porphyrite plus ou moins profondément altérées, soit en place, soit déplacées de leur position de gisement originaire. Ces boules, du moins celles que recouvre l'argile ypresienne, ne semblent pas avoir été fortement roulées par les eaux. Leur forme arrondie est due surtout à l’altération qui, se développant suivant les plans de cisage, a effacé graduellement les arêtes des prismes primitifs dont elles proviennent. Dans les creux de la masse porphyrique et entre les gros sphéroïdes cu dessus, 1l y a à côté de ces boules de roche à tous les états d’altéra- lion, des boules de roche saine, des fragments de roche brisés en éclats, des petits cailloux roulés de silex, de quartz, de porphyre, des 276 PROCÈS-VERBAUX. débris organiques, etc., en un mot, des lambeaux du gravier de base de l’Ypresien auquel les inégalités de la surface n’ont pas permis de s’étaler en nappe régulière. Ce gravier est entremêlé d’argile résiduaire aux couleurs vives. Lorsque, exceptionnellement, une grande poche d’altération descendant très profondément à été rencontrée par la mer, celle-ci a enlevé dans le haut de la poche les parties meubles ou friables suivant un plan horizontal sur lequel s’étale régulièrement un gravier de base peu épais mais parfaitement net. J'ai dit que c’est surtout dans les parties du gisement bien protégées par l'argile ypresienne que l’on rencontre de bons exemples d’altéra- tion profonde. En effet, dans celles qui ont été ultérieurement dénudées par le ravinement dû aux fleuves moséens, les eaux courantes de ceux-ci ont facilement enlevé les portions altérées de la roche et devenues en conséquence meubles ou friables, que la mer ypresienne avait respec- tées et qu’elles ont pu atteindre. Ces parties du gisement ont été, pourrait-on dire, curées à fond. Recouvertes ensuite par les sables moséens et les limons quaternaires, elles n’ont plus été que fort imparfaitement protégées par ces couches perméables contre l’action des agents météoriques pendant le Pliocène et le Quaternaire; on peut donc se rendre assez exactement compte de l’importance de l’altération qu’elles ont subie depuis lors par comparaison avec les parties proté- gées par l'argile ypresienne. Dans ces dernières, on rencontre parfois, à la partie tout à fait supérieure du gisement, des boules ou des têtes de banc dont la surface décapée par les eaux est demeurée absolument intacte avec sa couleur naturelle ; sous le sable moséen, au contraire, toutes les surfaces exté- rieures sont toujours plus ou moins attaquées et ocreuses; dans Îles parties supérieures, la roche y est plus fissurée, les fentes sont forte- ment rubéfiées et, enfin, la pierre, quoique restée dure et résistante, est devenue moins sonore et se travaille moins aisément que celle qui est restée abritée par l'argile ypresienne. La porphyrite y a subi une modification, probablement peu importante, mais qui se trahit par des changements de coloration s'étendant par zones concentriques à la surface et jusqu’à quelques centimètres de celle-ci. Mais cette modifi- cation ne va jamais jusqu’à rendre la roche friable et surtout meuble; en un mot, 1] n’y a plus, à proprement parler, décomposition de la roche; les modifications que l’on constate ont même généralement eu pour effet de rendre la roche plus dure. Les agents d’altération agissant depuis le Pliocène jusqu’à nos jours se sont, dans tous les cas, montrés impuissants à produire, même sur une faible profondeur, cette décom- SÉANGE DU 17 DÉCEMBRE 1907. 271 position profonde de la roche dont ils ont fourni des exemples relati- vement bien développés avant l’Ypresien. Cette différence dans l’importance des résultats de l’altération, avant et après le dépôt des couches ypresiennes, tient probablement à une action infiniment plus prolongée des agents d’altération dans le premier cas que dans le second plutôt qu’à une différence réelle dans l’inten- sité de ces agents. Mais il n’y a pas seulement une différence dans l'intensité de la décomposition produite, il y a aussi une différence dans la nature de l’altération. Dans les parties du gisement recouvertes seulement par les sables et les limons quaternaires, les produits d’altération qui ont échappé à la dénudation fluviale sont presque toujours fortement rubé- fiés et ont souvent subi, en conséquence, une véritable reconsolidation. Sous l'argile ypresienne, au contraire, on rencontre parfois des parties de roche assez profondément altérées qui ne paraissent avoir subi aucune espèce d’oxydation et qui ont conservé la couleur de la roche primi- tive. Cela peut résulter, soit de ce que l’action des agents d’altération était, pendant la période pré-ypresienne à laquelle s’est produite la décomposition, réellement différente de ce qu'elle a été durant l’époque quaternaire et moderne, soit de ce que cette action, en réalité peu diffé- rente de ce qu’elle est aujourd’hui, épuisait ses caractères oxydants dans la partie supérieure du gisement, partie enlevée ensuite irrégu- lièrement par l’érosion marine, tandis que dans la profondeur la décomposition de la roche se faisait sans oxydation. Cela expliquerait peut-être pourquoi il y à, sous l’argile ypresienne, dans des conditions de gisement qui paraissent semblables, des produits d’altération qui ont conservé la couleur de la roche primitive tandis que d’autres sont plus ou moins rubéfiés. Cette circonstance pourrait du reste s'expliquer aussi par une oxyda- tion postérieure à la décomposition première, et irrégulière en raison de l'inégalité de l'érosion des couches imperméables. Il ne faut pas perdre de vue, en effet, qu’un temps fort long a pu s’écouler entre l’altération première du porphyre et le dépôt des couches ypresiennes, temps pendant lequel les différents points du gisement qui paraissent aujourd’hui dans une situation identique ont pu se trouver dans des conditions fort diverses, quant à la protection contre les infiltrations. Pour terminer ce qui est relatif aux parties altérées du gisement, je ferai remarquer que celles-ci sont infiniment plus restreintes et locali- sées à Quenast que dans beaucoup de massifs de granites ou d’autres roches feldspathiques. 978 PROCÈS-VERBAUX. : MM. de la Vallée Poussin et Renard, qui écrivaient, il est vrai, à une époque où l’on n’exploitait guère que la partie supérieure du por- phyre, parlent (1) de bancs pourris traversant toute une exploitation (2). Cela ne se rencontre plus guère aujourd'hui, car je ne connais qu’un banc altéré, un feuillet plutôt de 5 à 6 centimètres d'épaisseur, et qui, sans doute, prolongeait vers la profondeur une poche d’altération disparue aujourd’hui par suite du progrès de l’exploitation. Ce feuillet altéré est composé d’une roche friable bleuâtre à feldspaths kaolinisés, comme certaines parties altérées de la surface qui ont été bien proté- gées par l'argile ypresienne. L'absence de rubéfaction n’est donc pas spéciale aux parties profondes, comme semblent le dire MM. de la Vallée Poussin et Renard (3). Enfin, on peut encore rapporter à l’altération superficielle due aux agents météoriques, la rubéfaction plus ou moins générale et intense des parois des fentes qui divisent la masse porphyrique en prismes irréguliers, surtout dans le haut du massif. L’enduit de limonite qui recouvre ces surfaces est généralement de fort minime épaisseur et la pierre se montre, au-dessous, tout à fait inaltérée, comme l'avait remarqué d’'Omalius. La formation de cet enduit est donc probablement due, au moins en partie, à des apports provenant du haut aussi bien qu’à l’attaque des parois. D'autre part, cette attaque elle-même à pu être facilitée par le dépôt préalable dans les fissures de la roche de substances provenant d’émanations gazeuses ou d'actions hydrothermales antérieures. C'est du moins ce que semblent indiquer les enduits de pyrite, d’épidote, etc., que l’on rencontre parfois sur les parois des fentes dans les parties profondes de l'exploitation. Quoi qu’il en soit, du reste, on ne constate non plus aucun parallélisme entre l’intensité du phénomène aux différents points de la masse por- phyrique et le degré de protection qu’y offrent les terrains recouvrant le gisement. En outre, la rubéfaction des fentes existe aussi bien au-dessous du niveau hydrostatique qu’au-dessus. Cela me porte à croire que la rubé- faction des fentes est également due, pour une forte part tout au moins, à des actions superficielles anciennes qui se sont produites à une époque (1) Mémoire, p. 17. (2) Il s’agit de la carrière des Buts, petite exploitation peu profonde, abandonnée depuis une trentaine d’années. (3) Mémoire, p. 17. SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1907. 279 où la portion du gisement de porphyrite que nous montre aujourd’hui l'exploitation, faisait partie d’un massif montagneux plus ou moins élevé; les eaux météoriques y circulaient alors d’une manière inter- mittente, ce qui n’est plus le cas pour la partie du gisement au-dessous de la vallée de la Senne qui était, avant le creusement des exploitations, toujours noyée et devrait, par conséquent, se présenter autrement que les parties supérieures, ce que l’on ne constate pas. Pour terminer, je ferai remarquer que ces conclusions sur l'ancienneté de l’altération superficielle de la porphyrite de Quenast sont conformes à ce que divers géologues ont établi à propos d’autres gisements de roches plutoniennes : Sterry Hunt, Pumpelly, pour les granites de plusieurs régions des États-Unis; Fournet, pour les granites et les basaltes de l'Auvergne, etc. Discussion. M. le Président A. Ruror. — L’altération de la roche, dont vient de parler M. A. Hankar, est probablement d'âge crétacé. Nous avons la preuve que la mer landenienne a recouvert l'emplacement de Quenast; parmi les matériaux envoyés au Musée par notre confrère se trouvent des roches aux dents de requin roulées; la détermination de ces dents a montré qu'elles appartiennent à des squales d'âge landenten, et non ypresien, comme aurait pu le faire supposer leur gîte stratigraphique. M. Hacer signale qu'une nouvelle carrière vient d’être ouverte à Lessines, où l’on peut voir des boules de porphyroide de 0"50 sous le limon, sans la moindre altération, tandis que d’autres exploitations voisines montrent l’altération du porphyre sous de fortes épaisseurs d'argile ypresienne, ce qui confirme l’idée de laltération fossile. M. Hankar sera heureux de montrer à ses collègues de la Société les phénomènes dont il à parlé, s'ils veulent en faire l’objet d’une excursion au printemps. M. LE PRÉSIDENT remercie M. Hankar de sa proposition, que la Société accepte avec reconnaissance. M. Simoëns fait remarquer qu’un des échantillons altérés présentés par M. Hankar offre un aspect nettement gneisiforme; on pourrait, à l’aspect de la roche, supposer une action dynamo-métamorphique ; or, ici, ce n’est évidemment pas le cas. à F. Hazer. — Coupes géologiques de quelques puits nou- veaux exécutés sur le territoire des planchettes de Termonde et d’Alost. Inséré aux Mémoires. 280 PROCÉS-VERBAUX. F, Hazer. — Coupe géologique du puits artésien de Hamme lez-Saint-Nicolas. Inséré aux Mémoires. H. ArcrTowski. — Réclamation à propos d’association. Il y à quelques années de cela, à la séance du 23 février 1903 de la Société belge d’Astronomie, j'ai proposé la centralisation des biblio- thèques des sociétés savantes de Bruxelles. Comme suite à cette proposition, M. Jacobs, président de cette Société, a convoqué les membres des bureaux d’un certain nombre de sociétés scientifiques pour discuter la question soulevée. Une séance eut lieu, et, au cours de cette séance, M. Otlet s'étant vivement intéressé au projet que J'avais émis, Je pense me rappeler que nous l’avons tous invité à s'occuper pratiquement de la chose. Si depuis hier nous avons un local commun, si à présent les biblio- thèques de la plupart des sociétés savantes de Bruxelles se trouvent réunies sous la forme d’une institution qui ne manquera pas de se développer et qui deviendra peut-être un organisme imposant, c’est au travail et à la persistance de M. Otlet que nous le devons, et je tiens à l'en remercier. Malheureusement, j'ai le profond regret de devoir constater que, dans un ordre d’idées connexe, nos intérêts communs se trouvent lésés. Vous le savez tous, ou, du moins, vous devriez le savoir, la Société royale de Londres publie, depuis 1901, un catalogue bibliographique international des travaux scientifiques paraissant dans le monde entier. Cette publication n’est pas une publication privée de la Société royale; c’est, au contraire, une publication internationale, subven- tionnée par des sociétés savantes et par les États. La Belgique entre autres coopére à l’œuvre du International Catalogue of scientific literature par l'achat de sept collections et, en dehors de cela, par des abonnements particuliers. Or, comme vous pouvez facilement vous en convaincre, dans cette publication, — actuellement déjà imposante, — les travaux parus dans les Bulletins de nos sociétés savantes, ainsi que les mémoires et les ouvrages parus en Belgique, en général, ne sont pas pris en considé- Rs: SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1907. 281 ration comme ils devraient l’être ou ne sont même pas du tout pris en considération dans certains des volumes annuels. Il est de notre intérêt commun à tous, et de l'intérêt de chacun de nous en particulier, de ne pas laisser perdurer pareille situation. Le statu quo en cette matière me paraît intolérable, et cela d’autant plus que la faute doit être attribuée, nou à la Société royale de Londres, mais à notre propre indifférence pour ce grand travail international, qui se fait par coopération internationale. En Allemagne, en France, en Pologne et ailleurs, des comités ont été formés — il y a donc quelques années de cela — par les académies ou des sociétés savantes; en Belgique, au contraire, nous nous dés- intéressons de ce travail, qui nous touche si directement, et nous abandonnons complètement aux soins de l'Office international de Bibliographie tout ce travail qui, à mon avis, devrait être fait tout au moins sous la responsabilité d’une commission compétente, composée par conséquent d'hommes de science, d’un spécialiste pour chaque science par exemple. Je n'entrerai pas dans d’autres explications; c’est à vous, Messieurs, de voir ce qu'il y à lieu de faire. L'idée est là : il faut réagir contre notre propre indifférence. Puisqu'il est question d'idées, permettez-moi d’en suggérer encore une : celle de la fédération des'Sociétés savantes des Pays-Bas et de la Belgique, fédération qui se manifesterait extérieurement une fois par an, par un Congrès tenu alternativement en Belgique et en Hollande, Congrès analogue à ceux des Associations scientifiques de la Grande- Bretagne, des pays allemands, de France, d'Amérique et de différents autres pays, de la Pologne, de l'Australie notamment, où l’activité scientifique est certainement moins développée que parmi nous. M. Mourlon présente, au sujet de la communication de M. Arctowski, quelques observations qui peuvent être résumées comme suit : MicHez MourLon. — Observations à propos du Catalogue international de littérature scientifique de Londres et de la création, à Bruxelles, de la Bibliothèque collective des sociétés savantes. Je ne puis qu'appuyer les considérations présentées par M. Arc- towski au sujet des imperfections de la bibliographie anglaise et qui résultent principalement de ce que celle-ci, au lieu d’être élaborée 282 PROCÈS-VERBAUX. avec beaucoup d'unité et de méthode pour chaque science par un institut compétent, comme nous avons tenté de le réaliser pour notre science au Service géologique, est confiée, pour l’ensemble de toutes les sciences, dans chaque pays, à un groupe d’agents forcément incom- pétents et qui, ne pouvant comprendre autant de spécialistes qu’il existe de sciences, se borne à renseigner le plus souvent des « tirés à part » sans recourir aux publications périodiques dont ils émanent et à les indexer de la façon la plus incomplète, d’après une nouvelle clas- sification qu’on eût pu si aisément éviter en adoptant, comme nous l’avons fait, la classification décimale américaine. De là les imperfections si regrettables que signale avec beaucoup de raison notre collègue et qui sont la justification du but poursuivi par l'Office international de Bibliographie, dont le nouveau Ministre des Sciences et des Arts, le baron Descamps, fut l’un des promoteurs avec MM. Otlet, Lafontaine et quelques spécialistes, au nombre desquels j'ai l'honneur de me trouver. Cet Office s'efforce, et c’est sa principale raison d’être, de provoquer en Belgique, ou à l'étranger quand il n’est pas possible de le réaliser chez nous pour une science déterminée, la confection du Répertoire universel des travaux concernant chaque science et dressé d’après la classification décimale américaine de Melvil Dewey. Il est bien certain que cette gigantesque publication deviendra forcément le Catalogue universel des bibliothèques et que ce sera un honneur pour la Belgique d’y avoir contribué, tout au moins pour ce qui concerne la géologie et un certain nombre d’autres sciences. On sait, en effet, que notre Bübliogra}hia geologica ne compte pas moins de seize volumes pour ses deux séries, et l’ôn voudra bien reconnaître que les sacrifices que l’État s’est imposés pour la réaliser constituent de l’argent bien placé. C’est ce qui nous laisse espérer de pouvoir reprendre sa publication, ne fût-ce que pour un volume par an de chaque série. La faible dépense annuelle qui en résulterait serait largement com- pensée, rien que par l'échange de notre publication avec les parties de périodiques étrangers que nous ne possédons encore dans aucune de nos bibliothèques. C'est ainsi qu'à la suite de négociations étendues, nous venons d'obtenir, en échange de notre Bibliographia geologica, une magnifique collection de soixante-huit volumes de l’American Journal of sciences, édité par l’illustre Dana et sa famille. Nous croyons pouvoir, dès à présent, escompter un résultat analogue SÉANCE U 17 DÉCEMBRE 1907. 283 pour certaines publications qui nous manquent encore de la Société géologique de Londres, dont le centième anniversaire de la fon lation vient d’être célébré avec un si grand éclat. Pour ce qui est de la question de la Bibliothèque collective des sociétés savantes, il serait superflu de contester l'utilité de réunir, en des locaux bien appropriés, des collections souvent importantes de livres, de brochures et de cartes qui étaient, naguëre encore, le plus souvent inullisables. Mais, s’il est désirable de donner le plus grand essor aux dépôts de celte nature, il ne faut pas que ces derniers deviennent, comme c’est encore un peu partout le cas, de véritables bibliothèques populaires. Certes, il convient d’encourager ces dernières en proportion de l'accueil qui leur est fait par ceux qui doivent en bénéficier; il faut pousser autant que possible à la vulgarisation de la science, mais il ne faut surtout pas négliger ce qui peut contribuer à l'avancement de celle-ci, et pour cela, il faut entrer résolument dans la voie des biblio- thèques spéciales, comme celle de notre Service, à laquelle à été si heureusement réuni l'important dépôt de la Société belge de Géologie. Comme, après une expérience déjà longue, j'ai eu plus d’une fois l’occasion de le déclarer, le livre doit être considéré comme un outil dont l'effet utile est proportionné au milieu dans lequel on s’en sert. J'ajouterai, enfin, qu'il suffit d’une simple visite à la section de documentation bibliographique de notre Service géologique pour se rendre compte, non seulement des avantages que présente son organi- sation toute spéciale, mais aussi de l'impossibilité absolue, eu égard à l’envahissement chaque jour croissant des publications et des meubles à fiches, de pouvoir envisager autrement que comme une véritable utopie la possibilité de réunir dans un même bâtiment, quelque étendu qu'il soit, les matériaux similaires pour toutes les sciences. Cela sera surtout vrai lorsque chacune de celles-ci aura pu entrer dans les voies nouvelles et déjà si fécondes en résultats, qui, comme je le proclamais récemment à Londres, ont été, en quelque sorte, inaugurées chez nous pour la Géologie. Note insérée pendant l'impression. Il ne sera pas inutile de reproduire ci-après un entrefilet paru dans le numéro du 10 janvier 1908 de la Dernière Heure, qui semble fait tout exprès pour appuyer les réflexions qui précèdent : « La surproduction du livre. — La Bibliothèque nationale de Paris est débordée. On ne sait plus, en dépit des agrandissements, comment loger, classer, cataloguer l'immense production livresque, accrue de l’incommensurable total des brochures et 284 PROCÈS-VERBAUX. des périodiques. Chaque année ramène les mêmes constatations décourageantes. La Nationale est pleine, bondée, jusqu’à la gueule. » Vers 1811, la Nationale ne recevait que 2,000 ouvrages par an, elle en reçoit aujourd’hui 60,000. En 1885, elle avait 2,200,000 ouvrages rangés sur 31 kilomètres de rayons et ce n’est là qu’un faible échantillon de l’écrivasserie universelle. Charles Nodier estimait à 3,277,000 le nombre des livres imprimés en toutes langues jusqu’à 1820, le bibliophile Peignot l’évaluait à 3,681,000 et il ne s'agit là que d'ouvrages isolés, d’un passé relativement prescrit. Rien que les revues scientifiques, d’après le professeur Richet, rassemblent 600,000 articles intéressants par an. » Depuis notre dernière séance, j'ai eu la satisfaction d’être informé officiellement que la Société géologique de Londres nous expédiait les cent soixante-neuf volumes (moins les n°5 2, 5, 7 et 9 épuisés) qui nous manquaient du Quarterly Journal. M. Simoens a envoyé le texte ci-après des observations qu'il avait présentées à la séance. G. Simoexs. — A propos de la bibliographie des sciences minérales. Notre confrère M. Arctowski vient de nous dire qu'ayant compulsé les derniers volumes parus du catalogue anglais, 1l n’y à trouvé que deux ou trois rares travaux de nos collègues qui, cependant, publient le plus en Belgique et il s'en afflige avec raison. Je suis très heureux d'entendre les critiques si judicieuses de notre estimé confrère M. Arctowski. Encore quelques-unes de ce genre et on admettra définitivement qu’une réclame colossale, fut-elle appuyée par une action diplomatique, ne suffit pas pour donner à une œuvre, même anglaise, un caractère forcément scientifique. Notre travail bibliogra- phique à nous fut plus modeste, mais 1l eut le grand mérite d’avoir comme base une étude théorique et complète de la question. Depuis de longues années, M. Mourlon et moi avons défendu le principe de la décentralisation des bibliographies et des bibliothèques et le remplacement graduel des immenses magasins de livres, par des bibliothèques spéciales. A la base de toute classification rationnelle des sciences, de celles qui sont fonction de l’espace et du temps, on trouve dans l’ordre de généralisation décroissante et de spécialisation croissante : L’Astronomie; La Géologie; La Biologie ; La Sociologie; La Logique. SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1907. 285 C’est l’ordre que doivent admettre toutes les institutions qui ont l’ensemble des sciences dans leurs attributions. Chacune de ces sciences donne naissance à des subdivisions souvent nombreuses et parfois à des annexes qui sont les arts. Ainsi, la biologie se subdivise naturellement en deux groupes bien distincts, la botanique et la zoologie, d’où se détachent la physiologie végétale et animale; l’art de guérir est une annexe de la biologie. fl en est de même en astronomie et en géologie. On comprend très bien pourquoi la sismologie, par exemple, est une subdivision de la serence géologique, tandis que l’art des mines n’en est qu'une annexe. Ces données sont élémentaires; il n’est pas un savant qui oserait les contester, il suffit d'ouvrir les nombreux travaux écrits de nos plus grands penseurs modernes, sur le problème ardu de la classification des sciences, pour être édifié à cet égard. Eb bien, cette classification élémentaire, cette base indispensable d’un travail international de classement des écrits concernant ces spécialités, fait défaut dans la compilation anglaise, où l'arbitraire règne en maitre. Ainsi, par exemple, le catalogue anglais ne publie pas les utres des ouvrages se rapportant aux sciences appliquées, c’est-à-dire qu'il ne sera Jamais possible de réunir, grâce au catalogue anglais, la biblio- graphie des filons métallifères, et pourtant si l'exploitation de ces filons doit être rejetée d’un catalogue purement scientifique, il n’en est pas de même des études se rapportant aux gisements, aux filons proprement dits, alors même que ces études seraient faites en vue d’une exploitation de ceux-c1. Je ne citerai à ce sujet qu'un exemple : je connais un ouvrage sur l'exploitation d’un produit métallifère et dont j'ai, à la demande de l’auteur, écrit entièrement le chapitre se rapportant à la géologie et au gisement du métal en question. | Quand, dans un ouvrage se rapportant à l’art des mines, il est question de la nature, de la position ou de l’origine d’un gisement, il doit en être tenu compte, attendu qu’il faut être géologue consommé pour en parler avec autorité. Tout cela est en relation intime avec la structure, la stratigraphie et la paléontologie du sous-sol; or, le catalogue anglais à done commis une lourde faute en décidant de la manière la plus arbitraire, de couper la science en deux. Mais 1l y a plus : le catalogue international des sciences de la Société royale de Londres a méconnu le principe de la division du travail. Le travail bibliographique est subdivisé chez elle, non en sciences, 266 PROCÈS-VERBAUX. mais en pays politiques, et il arrive ainsi qu’au lieu de voir un astro- nome, un géologue, an physiologiste, un botaniste, attachés à l’institu- tion, on y voit comme collaborateurs du catalogue, un Français, un Allemand, un Japonais, etc. ; il arrive alors cette chose incroyable, que le Français, l'Allemand, le Japonais en question doivent être des hommes universels, également versés dans toutes les sciences et les subdivisions de celles-ci; le résultat devait être pitoyable, comme je lannonçais en 1902 dans notre Bulletin. M. Aretowski nous venge de ceux qui, tout en critiquant notre œuvre (peut-être parce que le travail de classification géologique y était fait par des géologues) préconisaient le lamentable classement anglais. Aussi nous ne saurions assez remercier M. Arctowski d’avoir montré, d'une manière détournée, que notre œuvre peut soutenir honorable- ment la Comparaison avec les compilations étrangères érigées à grands frais. Bien avant l’époque où se réunirent les membres de la Conférence de Londres, deux grands principes avaient été consacrés par différents congrès et mis en pratique depuis longtemps. C’étaient : 4° le principe de la bibliographie sur fiches et 2 celui de la division du travail. Le principe des fiches libres fut longuement examiné, et tous les hommes de science qui eurent recours à la bibliographie furent d’accord pour le défendre. Le principe de la division du travail est également indispensable quand on veut mener à bien une œuvre considérable comme l’est celle de la bibliographie des sciences. On pourrait, à la rigueur, se passer de celte division du travail s’il ne s'agissait que de réunir pêle-mêle des matériaux se rapportant plus ou moins à l’ensemble des sciences. Il suflirait alors, pour le bibliographe chargé de ce classement, de pos- séder une certaine érudition, tout en ayant des connaissances générales sur chacune des parties à réunir; mais dès qu’on désire procéder à l'élaboration d’un classement sérieux des ouvrages se rapportant aux différentes subdivisions de nos connaissances, il devient indispensable de recourir à autant de spécialistes qu’il y à de groupes distinets. Avec ce système, et seulement avec lui, on peut être assuré de posséder des bibliographies correctes des différents chapitres de la science, attendu que chaque spécialiste, confiné dans son groupe, doit fatalement fournir une œuvre d'autant plus complète qu’il s'occupe de sa partie d’une manière plus spéciale, et qu’il s'intéresse moins, au point de vue de à catalographie, aux sciences voisines. LÉ SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1907. 287 Voici ce que disait l’un des délégués du Gouvernement belge à Londres, M. P. Otlet, au retour de sa mission (1) : « A lire le projet du Comité bibliographique de la Royal Society, quiconque ne serait pas au courant de l’immense labeur déjà accompli en bibliographie, serait porté à croire que tout reste à faire dans ce domaine. Et pourtant est-il permis de ne pas tenir compte de la persévérance avec laquelle, de toutes parts, ont été étudiées, discutées, perfectionnées, les méthodes de catalographie, de classification, d'impression de recueils bibliographiques? Cet oubli volontaire des travaux accomplis et des œuvres existantes est le défaut fondamental à reprocher au projet. Et certes, ce défaut n’est compensé ni par le caractère pratique des propositions ni par l'expression de cet esprit logique et généralisateur qui doit être la qualité maitresse des œuvres construites à priori. » Voici ce que disait à ce sujet, à la même époque, M. Ch. Richet : « Un fait est évident, éclatant, dit ce savant, c’est que l’établisse- ment d’une classification méthodique irréprochable, satisfaisant tout le monde, est presque impossible, et que la classification de la Société royale autant que les autres, et peut-être plus que les autres, prête à la critique. » S'il en est ainsi, — et nous croyons l’avoir prouvé, — pourquoi ces prétentions à la réforme d’une classification antérieure, qui à l'avantage d’être déjà adoptée et consacrée par un assez long usage? Même si elle était plus mauvaise, 1l faudrait la garder ; or, 1l paraîtra, croyons-nous, à tous les physiologistes que, si défectueuse qu’elle soit encore, elle est préférable à la nouvelle classification. Avec quelques légères additions, on arrivera à la rendre passable. Il n’y a donc pas lieu de la remplacer et moins encore d'adopter la elassification nouvelle, la moins métho- dique qu’on puisse imaginer. » J'ai suffisamment montré, il y a plusieurs années, les énormités que présente le catalogue de Londres (2), et M. Aretowski nous apprend aujourd'hui qu’à cet égard rien n’est changé. M. Otlet, le délégué belge, à son retour de Londres, disait encore : « La Société rovale de Londres a, de parti pris, refusé de prendre (1) P. OTLET. Examen du projet de la Société royale de Londres, concernant le Cata- logue international des sciences. (BULL. DE L’INST. INTERN. DE BiBLioGR. Bruxelles, 1899.) (2) G. SIMOENS, Quelques mots à propos de la « Bibliographia Geologica ». (BULL. DE LA SOC. BELGE DE GÉOL., ETC., t. XVI, 4909.) 288 PROCÈS-VERBAUX. en considération le programme de l’Institut international de Biblio- graphie, quitte à l’amender et à l'améliorer, tout en acceptant ses bases. Elle s’est, dès lors, moralement engagée à faire mieux. Il est démontré que jusqu'iei elle a proposé moins bien. » Depuis lors, le Comité du catalogue à bien eu le temps de montrer ce qu'il pouvait faire et les critiques que j'ai formulées jadis restent encore vraies à l'heure présente. Je rappellerai l'exemple que je citais il y a plus de cinq ans, à propos de la bibliographie publiée par les correspondants français du Comité du catalogue de Londres. « Je ne puis m'empêcher de faire une simple remarque sur un cas assez étrange qui, de suite, m'a frappé dans le premier fascicule même de ce recueil que J'ai sous les yeux. Disons d’abord que les différents groupes de sciences sont arrangés comme le montre l'exemple suivant : E. — Astronomie. F. — Météorologie. G. — Minéralogie. Pétrographie. Cristallographie. H. — Géologie. J. — Géographie physique et mathématique. » Or, je trouve dans le groupe J (Géographie physique et mathé- matique) le titre suivant : SuESs (Ebw.), Constitution chimique de la Terre, Vov. (14). et au numéro 97, dans le groupe E (Astronomie), je retrouve le titre en question complété comme ceci : SUESS (EnwW.), La constitution chimique des étoiles et de la Terre, et, en plus, les renseignements complémentaires. » Cet ouvrage se trouve donc classé d’abord à l'astronomie, ensuite à la géographie physique; mais c’est en vain qu’on le chercherait au groupe des sciences minérales. » Le collaborateur anonyme du Comité janglais n’a pas Jugé néces- saire de signaler ce travail du père de la géologie moderne aux géologues, et il a pensé qu'il était plus utile de l'indiquer aux géographes. Il en résulte que si un géologue s’avisait à découper de cette bibliographie (si la chose était possible) la partie H se rapportant à la SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 1907. 289 géologie, cet ouvrage de Suess lui échapperait fatalement. Sans con- naître l’indexeur de ce travail, on peut dire, sans crainte de se tromper, que ce bibliographe chargé de classer dans ce catalogue les ouvrages de géologie, n’est pas un géologue. » Comment aurait-il pu en être autrement ? En négligeant d'appliquer le principe de la division du travail scientifique, on ne pouvait aboutir qu'à l’incohérence et à l'élaboration d'une bibliographie d’un prix de revient énorme et où les travaux scientifiques sont classés grosso modo, d'après le Utre de l’ouvrage. Je renvoie ceux qui désireraient se remémorer les principes d’une biblio- graphie rationnelle à mes travaux antérieurs sur ce sujet et dont l’un à paru dans notre Bulletin. | Ces principes sont «eux de l'Office international de Bibliographie subventionné par le Gouvernement belge. Il suffirait d’un peu d'encouragement pour que la Belgique, qui est la terre des instituts internationaux, comme l’a si bien montré M. le baron Descamps, se distingue à nouveau dans cette vote ; elle pourrait réparer la perte de temps occasionnée aux travailleurs et aux savants du monde entier par l'apparition du travail anglais, comme M. Aretowski nous l’a montré par des exemples typiques. Elle pourrait, s'inspirant des principes de la bibliographie moderne défendus par notre Office, se charger bien facilement de la biblio- graphie des sciences. Des organismes toul préparés attendent et se sont déjà distingués dans cette voie. Personne n’ignore les bibliographies réunies déjà depuis longtemps par ces instituts spéciaux qui ont les sciences indiquées plus haut dans leurs attributions. L'Observatoire, le Service géologique, le Masée, le Jardin botanique, l'institut de socio- logie, etc., sont des établissements qui tous ont fait leurs preuves et où les spécialistes ne manquent pas. Encore quelques critiques aussi fondées que celles de notre savant confrère M. Aretowski, et nous aurons bientôt en Belgique quelques œuvres internationales nouvelles. J. Lornté — Les argiles de la Campine anversoise et du Limbourg hollandais. M. MourLon. — Sur la nouvelle interprétation des sables de Moil en Campine. 290 PROCES-VERBAUX. CLement Re et ELEanor M. Rein. — L’argument botanique pour dater l’argile à briques de Tegelen, Ryckevorsel, Rae- vels et Reuver. E. T. NEwTon. — Quelques restes de petits vertébrés trouvés à Tegelen. Ces communications, toutes relatives à l’âge des argiles de la Cam- pine, seront insérées aux Mémoires. La séance est levée à 22 h. 45. CT Au = ” ol L on ” Le | . D D . ! IE SR. TABLE DES MATIÈRES DU ù PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE MENSUELLE DU 17 DÉCEMBRE 1907 f | Pages. : Dépéen etre RTC De Adoption du procès-verbal de la séance de novembre . . . . . = re 265 . Corfespondance. "He. Res ". DOns/et envois, rebus LE 5, ei el it CU PNR Ne Élection d'un nouveau membre: "1000 UN &G. Simoens. — Sur la position stratigraphique de la porphyroïde de Fauquez et sur une découverte de « Trinucleus seticornis » dans le Caradoc de cette localité. DRE PR PR SN NN Ti de CT DISCUSSION: EST ET Re VE le ne EN C. Maïaïse. — Position de quelques rhyolites et porphyroïdes du massif silnrien du:Brabant= 522 "ets Re TS SR de A. Hankar-Urban, — Contribution à l’étude de la porphyrite de Quenast. — Sur l’altération superficielle de la porphyrite . . . . . + . . . . DISCUSSION 2: y D de à aid RU NN NS F. Halet. — Coupes géologiques de quelques puits nouveaux exécutés sur le territoire des planchettes de Termonde et d’Alost. (Inséré aux Mémoires.). F. Halet, — Coupe géologique du puits artésien de Hamme lez-Saint-Nicolas. (Enséré aux-MémMOiTreS.) EE LU mn TN LT AS ESC ÉD TE . H. Arctowski. — Réclamation à propos d'association . . . . . . . Michel Mourlon, — Observations à propos du Catalogue international de littérature scientifique de Londres et de la création, à Bruxelles, de la Biblio- 2: thèque collective des sociétés savantes : .} np Re Re « G. Simoens, — À propos de la bibliographie des sciences minérales . . 3. Lorié. — Les argiles de la Campine anversoise et du Limbourg hollandais. (inséré aux Mémoires.) 207 RSR. à, 29 Re à RUE M. Mourlon, — Sur la nouvelle interprétation des sables de Moll en n Campine. Mnséré aux Mémoires) ST RE Er Ro EEE : Clement Reid et Eleanor-M. Reid, — L’argument botanique pour dater largile à briques de Tegelen, Ryckevorsel, Raevels et Reuver. ee aux Mémoires nn E. T. Newton, — (juelques restes de petits vertébrés trouvés à Tegelen. (Inséré aux Meémpres.) 7 LR ah eee TOR PEN ee D SO à DEL à NIUE BELGE DE GROLOUE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE PRÉSIDENT D'HONNEUR : : S. À. B. le Prince ALBERT de Belgique Procèés-Verbal DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE CLOTURE DE L'EXERCOICE 1907 : Vingt et unième année Tome XXI — ‘1907 à Je ÉEe d ES NS #4 s- BRUXELLES HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 4119, rue de Louvain, 112 1908 ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE CLOTURE DE L’EXERCICE 1907. SÉANCE DU 17 FÉVRIER 1908. Présidence de M. H. de Dorlodot, president. La séance est ouverte à 16 heures. Discours annuel du Président. Pendant l’exereice soctal qui vient de se terminer, nous avons eu la douleur de perdre trois de nos membres honoraires : A.-P. de Rou- ville, Edm. Mojsisovies von Mojsvar et Marcel Bertrand, et deux de nos membres associés étrangers : O. Lang et Ch. Maver-Eymar. L'usage établi ne m'autorise pas à résumer les travaux de ces savants distingués. Vous me permettrez néanmoins de mentionner les admi- rables mémoires de Mojsisovics sur les Céphalopodes du Trias alpin et sur les « récifs » triasiques des Alpes orientales, qui présentent tant d’analogie avec ce que nous observons dans notre facies waulsortien. Marcel Bertrand est mieux connu encore des géologues belges, à cause de ses travaux sur la tectonique du Jura, des Alpes et de la Basse- Provence, et des relations qu'il a eru trouver entre ces phénomènes de la phase alpine et les grands phénomènes de refoulement que les ruines de nos vieilles montagnes hercyniennes nous permettent de constater dans nos régions du Nord. Nous avons perdu aussi quatre membres effectifs : Em. Harzé, De Bauve, T.-J. Abramof et H. Forir. La mort de ce dernier, au retour d’une excursion de la Société, qu'il avait voulu diriger malgré l’état de sa santé, a élé pour nous un véritable coup de foudre : elle nous a été d'autant plus sensible, qu’elle la empêché de mener lui-même à bien les négociations engagées entre une société amie et la nôtre dans le but de resserrer des liens déjà très cordiaux. Nous avons tout lieu d'espérer 4907. PROC.-VERB. 18 292 PROCÈS-VERBAUX. que l’œuvre qui lut tenait tant à cœur s’accomplira : les propositions qui vous seront soumises tout à l’heure en sont un premier gage. Malgré les pertes que nous avons éprouvées, soit par la mort, soit par la démission de quelques-uns des nôtres, le nombre de nos membres est resté à peu près stationnaire, grâce à de nouvelles recrues. Je fais appel au zèle de nos confrères pour nous amener de nouveaux collaborateurs. Comme vous le dira notre zélé trésorier, l’état financier de la Société, qui avait eu à souffrir des nombreuses publications réalisées dans les dernières années, est redevenu tout à fait normal. Nous devons des remerciements aux pouvoirs publies qui, comprenant l'importance de notre action au point de vue de l’intérêt général, ont bien voulu nous aider à restaurer l’équilibre de nos finances. Nous remercions aussi notre trésorier de son dévouement et de son habile gestion. La notable réduction apportée à notre volume de 1906 nous à per- mis d’imputer à ce budget la grosse dépense des tables des vingt pre- mières années; c'est pourquoi ces tables ont pu être PROS gratul- tement à nos membres. Quant à l’exercice 1907, 1l paraît devoir permettre un léger amortis- sement de notre déficit, malgré l’augmentation de dépenses qui résulte de l’envoi mensuel des Procés-verbaux. Nous pouvons espérer que le procès-verbal de cette assemblée, les tables et le dernier faseicale des Mémoires paraïitront avant la fin de mars. Nous avons entrepris de publier d’une façon plus intensive nos Procès-verbaux et nos Mémoires ; 1l importe, pour que cette tentative n’échoue pas, que les auteurs remettent rapidement leur manuserit ; en règle générale, ils ne devraient se faire inscrire à l’ordre du jour qu'après avoir écrit leur communication. | Peu de mémoires restent en souffrance ; nous espérons bien qu’ils seront remis au Bureau dans les premiers mois de 1908, et que ces fàâcheux retards auront définitivement vécu. Pendant l'exercice écoulé, M. Halet nous a fait rapport sur la X° session du Congrès géologique international tenu à Mexico (1), M. Simoens, sur la Géologie au Congrès de La Haye (2), et M. Dollo, notre premier délégué au Centenaire de la Société géologique de Londres, nous a donné, en même temps qu'une brève relation des (1) Mém., p. 205. (@) Proc.-verb., p. 299. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’'EXERCICE 1907. 293 festivités de ce Centenaire, le texte de l'adresse qu’il a présentée au nom de notre Société (1). Nous avons été particulièrement flattés de l'honneur accordé, en cette occasion, à notre délégué, qui a reçu le titre si recherché de docteur en sciences honoris causà de l’illustre Université de Cambridge. De nombreuses autres distinctions sont échues à nos membres ; rappelons les promotions au grade d’oflicier dans l'Ordre de Léopoid de MM. Dethy, Gilson, Lecointe, Rutot et van den Broeck; la croix de chevalier accordée à MM. Duayk, Jacobs, Lohest et Stainier; la croix de la Légion d'Honneur, qui a récompensé M. Dollfus, au qubilé de ses vingt-cinq ans de Collaborateur principal à la Carte géo- logique de France. Les travaux de M. Rutot l’ont fait nommer officier de l’Instruction publique de France; M. Douvillé est entré à l’Académie des Sciences de Paris; M. Cayeux est monté dans la chaire de l’École des mines, devenue vacante par la mort de M. Bertrand; M. Abel à été promu professeur extraordinaire de Paléontologie à l'Université de Vienne ; le major Cuvelier à été appelé au poste d'Examinateur permanent à l’École militaire. Nos confrères Ern. van den Broeck, Ed. de Pierpont et Max. Lohest ont été appelés à présider respectivement la Société spéléologique de France, la Société archéologique de Namur et la Société géologique de Belgique; enfin, M. Lohest s’est vu attribuer le prix décennal par le jury des Sciences minéralogiques. Qu'ils reçoivent tous, ainsi que ceux que nous aurions oubliés, nos chaleureuses félicitations. La bibliographie des sciences minérales à donné lieu à trois notes, dues respectivement à M. Arctowski (2), à M. Mourlon (5) et à M. Si- moens (4). M. Zels (5) a soulevé, au sein de la Société, la question de la part qu’il conviendrait d'attribuer à la Géologie dans l’enseignement moyen. À la suite d’une discussion (6), une Commission à été nommée, dans le but de chercher une formule pratique répondant au vœu de tous : (1) Proc -verb , p. 238. (2) Proc -verb., p. 280. (3) Proc.-verb., p. 281. (4 Proc.-verb., p. 284. (5) Proc.-verb., p. 86. (6) Proc.-verb., p. 90. 294 PROCES-VERBAUX. nos Bulletins ont donné le texte du rapport présenté par M. Simoens à cette Commission (1). Nous avons eu l’honneur de recevoir, à propos de l'initiative prise par la Société, les précieux encouragements de notre illustre membre honoraire, M. Albert Gaudry. Notre session extraordinaire a été tenue dans les Siebengebirge et dans l’Eifel volcanique. M. B. Stürtz à bien voulu se charger de la direction des excursions et fournir à notre Secrétaire général les notes nécessaires pour le compte rendu, qu’il va vous en faire. Nos excursions dominicales (2) ont été généralement bien suivies. Quelques-unes, malheureusement, ont été peu favorisées par le temps. Nous remercions ceux d’entre vous qui se sont faits nos guides en ces occasions et nous faisons appel au dévouement des membres de la Société, pour l’organisation des excursions pendant l'exercice pro- chain. Nous devons aussi remercier notre confrère, M. X. Stainier, du renseignement qu'il à eu l’obligeance de nous communiquer, relati- vement à la réouverture de la carrière du Cornet, à Chercq (3). Un de nos confrères de l’étranger, M. Jean Brunhes, à bien voulu, de passage à Bruxelles, nous consacrer une soirée et nous exposer ses vues sur le mécanisme de l’attaque des roches par les eaux courantes ; malgré l’époque estivale, cette conférence avait attiré un grand nombre de nos membres. Nous faisons des vœux pour que nos collègues, qui désirent exposer longuement certaines questions, emploient ce pro- cédé de conférences spéciales. (4) Proc.-verb., p. 193. (2\ Voici le relevé de ces excursions : Le 14 avril, sous la direction de M. Simoens, étude des relations du Devonien et du Silurien entre Nivelles et Ronquières; Le 98 avril, sous la direction de M. Cornet, étude des collines de Renaix. Nos con- frères de la Société géologique du Nord nous v avaient rejoints; Le 12 mai, sous la direction de M. Stainier, étude du massif de refoulement de Flawinne et de ia coupe du ruisseau d’Andenelle; Le 26 mai, sous la direction de M. Kaïsin, visite des carrières de Feluy et de la coupe de la Sennette aux environs de cette localité; Le 2 juin, sous la direction de M. Cornet, étude du calcaire de Blaton et de Basècles; Le 30 juin, sous la direction de M. de Dorlodot, avec la Société géologique de Bel- gique, étude de la faille de Maulenne; Le 14 juillet, sous la direction de M. Forir, étude de la coupe du Hoyoux, de Huy à Modave; Le 29 septembre, sous la direction de M. Rutot, visite des sablières de Boncelles. (3) Proc.-verb., p. 96. | ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L'EXERCICE 1907. 295 Chargé, comme président, de résumer les travaux de la Société pen- dant l’exercice écoulé, je commencerai par les travaux relatifs à la Géologie appliquée. La Société belge de Géologie à toujours consacré une large part de son activité à la GÉOLOGIE APPLIQUÉE : les praticiens, par leurs travaux d’art et par leur concours intellectuel, ont tant contribué aux progrès de la science géologique, qu’il serait injuste que la Géologie ne les payàt pas de retour. Dans cet ordre d'idées, nous avons publié cette année, d’abord deux communications sur les moyens d’obvier aux dangers que créent au tunnel de Braine-le-Comte et qu'opposeraient surtout à son élargissement, les sables boulants du niveau Yd. La première, due à la plume toujours active du baron van Ertborn (1), à donné lieu à une discussion (2), à la suite de laquelle M. Hankar-Urban (3) développa un projet modifiant celui de M. van Ertborn et basé sur l'expérience acquise aux carrières de Quenast. La question des EAUX POTABLES se rattache intimement à la Géologie appliquée. Sur ce sujet, nous rappellerons d’abord la diseussion (4) qui s’est élevée entre MM. F. Dienert et E. Putzeys, à propos de la note publiée par ce dernier en 1906 sur la valeur attribuée aujourd’hui au mot « source ». M. Léon Gérard (5) nous à exposé une méthode d’ana- lyse rapide des eaux alimentaires, destinée à constater si ces eaux ont subi l'influence du contact de l’homme. M. Kemna (6) nous à dit un mot de l’emploi du sulfate de cuivre contre la pullulation des algues dans le filtrage au sable. Enfin, nous devons noter la réponse du baron van Ertborn (7) à la consultation qui nous a été adressée par le Conseil d'administration des hospices et secours de Bruxelles, au sujet d’un puits artésien à creuser sur l'emplacement du nouvel hôpital de Jette- Saint-Pierre et la nomination que vous avez faite d’une Commission chargée d'examiner la question. Outre ces travaux se rapportant directement à un but praüque, divers travaux relatifs à l’'HYDROLOGIE SOUTERRAINE ont été publiés par la Société. Le premier est du baron van Ertborn (8), qui nous à com- (1) Procès-verbal du tome XX, p. 241. (2)Proc-verb., p. 6. (3) Proc.-verb., p. 68; Mém., p. 109. (4) Proc.-verb., p. 93. (5) Mém., p. 226. (6) Proc.-verb., p. 13. (7) Proc.-verb., p. 61. (8) Proc.-verb., p. 41. 296 PROCES-VERBAUX. muniqué des documents tendant à établir que les eaux alcalines du puits d’Ostende proviennent, non, comme onle croit généralement, des roches paléozoiques atteintes au fond du puits, mais bien des couches du Sparnacien (alias Landenien dit supérieur) rencontrées au niveau de 175 mètres. Le second est de M. J. Kersten (1), qui nous a fourni des renseignements précis sur deux venues d’eau au charbonnage de Mar- chienne, en même temps que l’analyse de ces eaux. On trouvera aussi des données relatives aux nappes aquifères dans les mémoires de M. Halet sur les sondages profonds, dont nous ferons mention plus loin (2). Enfin, le compte rendu de l’excursion des 14 et 15 août 1906 aux environs de Couvin contient des détails intéressants sur l’hydro- logie souterraine et la formation des cavités souterraines de cette région (5). Ils nous donnent un avant-goût de l’ouvrage impatiemment attendu de MM. van den Broeck, Martel et Rahir : Les carernes et les rivières souterraines de la Belgique. C’est aussi au cours de la même excursion que l’ORIGINE DU MINERAI DE FER des environs de Couvin et sa relation avec la formation des cavités souterraines du type des Abanets (4) ont été discutées. Notre savant confrère, M. X. Stainier (5), a publié, dans le compte rendu de l’excursion, une note du plus haut intérêt, où 1l expose ses vues sur cette question. Au sujet de l’ALTÉRATION SUPERFICIELLE DES ROCHES, NOUS avons à citer deux mémoires, l’un de M. Cosyns, l’autre de M. Hankar-Urban. M. Cosyns (6), d'accord en cela avec plusieurs auteurs étrangers, montre qu’on à exagéré le rôle de l’anhydride carbonique fourni direc- tement par les eaux météoriques. Les phénomènes d’altération chi- mique des calcaires et des schistes sont beaucoup plus complexes qu'on ne se l’imagine souvent. M. Cosyns montre aussi la distinction nelte à établir entre le limon constituant le résidu de laltération des calcaires et le limon des plateaux qui peut avoir été entrainé dans les cavités du calcaire par les courants d’eau souterrains. Les qualités d’observateur et d’expérimentateur, qui se révèlent chez l’auteur de ce travail, nous font émettre le vœu de le voir collaborer souvent à nos publications. (4) Proc.-verb., p. 246. (2) Ci-après, p. 301. (3) Mém., pp. 141-143, 145, 146, 149-160, 163-165. (4) Mém., p. 152. (d) Mém., p. 153. (6) Mém., p. 395. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L'EXERCICE 1907. 297 - Le second mémoire, relatif à l’altération des roches, est de M. Han- kar-Urban (1). Il porte sur l’altération superficielle de la porphyrite de Quenast. L'auteur établit que, contrairement à l’avis de La Vallée Poussin et Renard, il n’y à aucun rapport entre l’épaisseur des couches meubles qui recouvrent la porphyrite et le degré d’altération de celle-c1. Sa conclusion est que l’altération de la porphyrite est antérieure au dépôt de l’Yprésien. C’est aussi à l’altération superticielle, suivie de phénomènes de ruis- sellement, qu'il faut attribuer le gisement de kaolin signalé à Libin par M. Jérome (2) et au sujet duquel M. Simoens nous à communiqué quelques observations (3). Les MOUVEMENTS ACTUELS DU SOL ont été l’objet de plusieurs communica- tions. Deux sont de M. Lagrange. Dans la première (4), notre éminent confrère considère les relations des lignes tectoniques avec les mouve- ments sismiques, les mistpoeffers et les variations de la pesanteur. Le but principal de M. Lagrange est de provoquer chez nous le dévelop- pement des observations sismologiques et surtout micro-sismologiques et les observations relatives aux mistpoeffers, et de faire entreprendre des déterminations de la gravité dans les différentes parties de la Bel- gique. C’est surtout, si Je ne me trompe, aux efforts de la Société belge de Géologie que nous devons la fondation de stations sismolo- giques dans notre pays et c’est son ancien Secrétaire général, M. van den Broeck, qui à inauguré l'étude systématique des mistpoeffers.. Comme président de la Société, je suis fier de voir partir de notre sein l'impulsion vers les études relatives aux variations de la pesanteur, et Je suis certain d’être votre interprète à tous en m'associant aux divers vœux formulés par notre savant confrère. Dans sa seconde étude, qu’il ne peut malheureusement publier cette année, M. Lagrange prit occasion du Congrès de La Haye pour nous exposer, en termes lumineux, l'état actuel de la science sismologique, considérée au point de vue plus spécialement géophysique, c’est-à-dire au point de vue de la propagation des ondes sismiques et des conclu- sions que leur étude permet de formuler relativement à l’état interne du globe. M. Simoens, dans un travail intitulé : Un exemple de relation entre (4) Prac.-verb., p. 270. (2) Proc.-verb., p. 217. (3) Proc.-verb., p. 222. (4) Mém., p. 939. 298 PROCÈÉS-VERBAUX. les phénomènes tectoniques et sismiques en Belgique (1), rappelle un cer- tain nombre de faits classiques, observés dans des pays étrangers ; puis, se basant sur la carte sismique du comte Montessus de Ballore, il attire l'attention sur les alignements des Centres sismiques suivant la direction des vallées de la Senne et du Rhin, direction sensiblement perpendiculaire aux allures des plis hercyniens. Dans une autre communication, M. Simoens émet l'avis que les tremblements de terre des environs de Douai et d'Havré sont dus, non à des affaisse- ments locaux résultant des travaux houillers, mais bien à des mou- vements tectoniques qui ont leur siège dans le sous-sol primaire (2). Dans la discussion qui suivit l'exposé des vues de M. Simoens, M. Han- kar-Urban exprima l'opinion que bien des mouvements attribués au déhouillement ont pour cause la tension des roches, à laquelle il attribue, on s’en souvient, les mouvements spontanés sur lesquels 1l avait attiré déjà notre attention en juin 1905 (3). Cette année, M. Hankar-Urban nous à présenté un second mémoire (4), où 1l con- tinue à nous rendre compte des résultats de la vaste enquête qu'il poursuit sur cet intéressant sujet. | Sur la question du VOLCANISME, le professeur Johnston-Lavis (5) nous a envoyé un mémoire accompagné d’une planche, qui tend à établir que l’activité normale du Vésuve est en relation, d’une part avec la pression atmosphérique, d'autre part avec les marées. | Deux travaux portant spécialement sur des questions de MINÉRALOGIE ou de LITHOLOGIE ont été publiés cette année. Le premier, dû au com- mandant Mathieu, a pour titre : Contribution à l'étude pétrographique de la porphyroïde de Fauquez (6). Il a pour objet spécial la détermination du minéral nommé viridite par La Vallée Poussin et Renard. L'auteur y reconnait une chlorite voisine de la pennine. Le second est un important mémoire de M. W. Prinz. M. Prinz (7) porte son examen sur des roches altérées provenant de Blanmont, Nil-Saint- Vincent, Opprebais, Chastre, Court-Saint-Étienne, Dongelberg, Lembecq et Quenast. Il décrit les oxydes de titane et d’autres éléments accessoires (4) Mém., p. 251. (2) Proc.-verb., p. 13. (3) Mémoires du tome XIX, p. 927. (4) Mém., p. 21. (5) Mém., p, 303. 6) Proc.-verb., p. 51. ) ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L'EXERCICE 1907. 299 ou secondaires de ces roches. Comme conclusion, M. Prinz fait remar- quer que l’action des eaux d'infiltration peut jouer un très grand rôle dans les transformations que subissent les roches étudiées par lur. HI craint qu'on n’ait exagéré beaucoup l'importance du métamorphisme dynamique. D’après lui, on a souvent mal interprété les expériences de Spring. Il vaut mieux, pense-t-1l, expliquer les choses par « une sorte de lente macération, qu’en faisant intervenir une action transfor- matrice ultérieure, le dynamo-métamorphisme, par exemple ». Une contribution à la GÉOLOGIE pu Coco nous à été communiquée par le savant le plus compétent en la matière, M. Jules Cornet (1). Ce travail porte spécialement sur la région du bassin fluviatile du Kassai et les régions voisines. Le système du Lubilache est tout à fait domi- nant dans le Nord de ce bassin, tandis que plus à l’Ouest et dans la portion Sud-Ouest du bassin, 1l fait place au système du Kundelungu. M. J. Cornet, en nous transmettant ce travail, nous a fait espérer toute une suite de Contributions semblables. C’est là une bonne fortune pour notre Société et nous ne pouvons assez en exprimer notre reCOnnais- sance à notre savant et excellent confrère. L’ÉTUDE STRATIGRAPHIQUE DES TERRAINS PALÉOZOÏQUES DE LA BELGIQUE nous à fourni un certain nombre de travaux. En ce qui concerne les terrains siluriens, M. Simoens, dans deux notes (2), présentées res- pectivement aux séances de janvier et de novembre (cette dernière publiée au procès-verbal de décembre), a cherché à établir une rela- ion chronologique entre les mouvements orogéniques constatés dans le massif du pays de Galles et les roches d’origine éruptive observées à Grand-Manil et à Fauquez. A la suite de ces communications, M. C. Malaise (3) à fait remarquer que la rhyolite de Grand- Manil ne se trouve nullement, comme se l’imagine l’auteur, à la limite de deux assises, puisqu'on trouve exactement la même faune graptoli- thique au-dessous et au-dessus de cette roche, et il semble bien qu’il en est de même de la porphyroïde de Fauquez. La coïncidence suppo- sée par M. Simoens n'existe donc pas en fait. M. Malaise à signalé, en même temps, la présence sporadique de rhyolites dans l'étage de Caradoc. Au sujet du Devonien, nous n’avons à noter que quelques détails (4) Ménm., p. 365 (2\ Proc.-verb., pp. 15 et 267. (3) Proc.-verb., p. 269. 300 PROCÈS-VERBAUX. intéressants sur le Devonien des environs de Couvin, consignés par M. E. Maillieux dans son compte rendu de l’exeursion des 14 et 15 août 1906 (1). Vous me permettrez, j'espère, de profiter de l'ocea- sion qui m'est offerte par la remarque de M. Stainier (2), à propos du facies spécial de la base du Frasnien, découvert par M. E. Maillieux sur le territoire de Nismes, pour émettre, à mon tour, quelques réflexions à ce sujet. Je dirai d’abord que l’emploi du terme abyssal pour désigner le facies de Matagne me parait dû à un simple lapsus, les schistes de Matagne constituant indubitablement un dépôt terri- gène. Il est donc évident que M. Stainier à voulu parler d’un facies bathyal, au sens que Renevier a donné à ce terme. Ceci posé, Je crois être d'accord avec M. Stainier et avec Ja plupart des géologues compé- tents, en reconnaissant que les facies à Céphalopodes et à Cardioles, qui oceupent toute l'épaisseur du Frasnien dans certaines régions de l'Allemagne, comme dans l'Ouest de la France, constituent un facies bathyal. Je pense que les schistes de Matagne peuvent être rangés aussi au nombre des facies bathyaux, bien que la présence fréquente de Camarophoria lumida et peut-être encore d’autres caractères semblent indiquer une zone plus voisine de la zone néritique. Mais il n’en est plus de même, à mon avis. des schistes à Cardioles de Mazy, de Falnué, de Claminforge et de Nismes. Les « facies vaseux à Céphalopodes » se distinguent par des caractères à la fois posiufs et négalifs ; or les faunes observées dans ces localités, malgré la présence parfois abondante de Cardioles, et parfois aussi de Goniatites, ne pré- sentent pas, dans leur ensemble, les caractères du facies reconnu comme légitimement assimilable aux dépôts de la « zone des vases terrigènes », ou dépôts bathyaux. Je pense que les gisements en question appartiennent à la région néritique, mais qu'ils se sont formés dans des endroits que des conditions particulièrement tran- quilles ont rendus habitables aux Cardioles et, dans certains cas, à d’autres organismes de la faune bathyale, mais sans exclure les orga- nismes propres à la région néritique, dont l'absence ou l'extréme rareté sert tout spécialement à caractériser les dépôts bathyaux. Les PHÉNOMÈNES TECTONIQUES AFFECTANT SPÉCIALEMENT LES TERRAINS PALÉOZOÏQUES ont donné lieu cette année à quelques travaux. M. Simoens (5) à signalé des failles d’affaissement, non figurées sur (4) Mém., pp. 134-137, 143-145, 159-162, 164 et 166-167. (2) Mém., p. 161. (3) Proc -verb., p. 10. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’EXERCICE 1907. 301 la Carte géologique, qui s’observent au Sud de Ronquières, près de la limite des affleurements du bassin de Namur et du Silurien du Brabant. Il a aussi exposé de vive voix ses vues sur la question st intéressante de la faille de Theux (1), vues qui ne s'accordent pas avec celles de M. Fourmarier; mais son travail, qui doit paraître aux Mémoires, n'a pas encore vu le jour. De mon côté, j'ai publié un travail sur la faille de Maulenne (2), que je considère, non comme une faille transver- sale, mais comme une faille longitudinale peu inclinée, paraissant simple à l'Ouest, mais se divisant en plusieurs branches à l'Est de Maulenne. De nombreux documents relatifs à l’ALLURE SOUTERRAINE des couches quaternaires, tertiaires et crétaciques, ainsi qu’au sous-sol paléozoïque, nous sont parvenus pendant le dernier exercice. Les premiers portent sur le sondage de Mevylegem, si imprudemment entrepris pour recherche de houille. C’est à la suite d’une note du baron van Ert- born (3), établissant, par sa méthode des grands diagrammes, l'impossibilité d'admettre les renseignements communiqués par les sondeurs à M. J. Cornet, que M. Halet (4), qui avait en main les échantillons recueillis pendant le sondage, nous à donné la coupe de Meylegem. Les conclusions de M. Halet concordent presque exacte- ment avec les prévisions de M. van Ertborn sur le niveau où devait avoir été atteint le Paléozoïque. Les trois mémoires présentés par M. Halet (5) aux séances de novembre et de décembre contiennent d’abondants renseignements sur le sous-sol de la région bruxelloise et de la Flandre. Un travail de M. X. Stainier (6), nous donnant les résultats de son- dages exécutés dans le Nord-Est du Limbourg par la Société Solvay, est particulièrement intéressant, parce qu’il fait ressortir que l’accen- tation de la puissance et de l’enfoncement des terrains vers le Nord prend, dans cette partie de la Campine, des proportions tout à fait inso- lites. Le sondage à sec d’Asch (7), dont les premiers résultats ont été (HPsProctyerb.; p.54: (2) Proc.-verb., p. 195; Mém. p. 265. (3) Proc -verb., p. 8. (4) Proc -verb., p. 63. (5) Mém., pp. 483, 503 et 517. (6) Proc.-verb , p. 135. (7) Proc.-verb., p. 248. 302 PROCÈS-VERBAUX. communiqués à la Société par une note du R. P. G. Schmitz, a montré de nouveau le peu de confiance que méritent les données des sondages par injection d’eau. On se souvient, en effet, de l’immense labeur que s'était imposé notre regretté confrère H. Forir, pour arriver à établir des coupes géologiques, par l’étude des sondages houillers de la Campine. Ces recherches l’avaient amené à admettre l’extension de la mer yprésienne et de toutes celles qui l'ont suivie jusqu'au Rupé- lien dans la partie de la Campine située au Nord de la Hesbaye et notamment aux points recoupés par les sondages d’Asch. Or le sondage à sec d'Asch a traversé cette formation à éléments fins argilo-sableux ; mais 1l a montré qu’elle repose sur un gravier rempli d’Ostrea ventila- brum, sous lequel vient immédiatement un tuffeau impossible à distin- guer des tuffeaux landéniens les mieux caractérisés. Le baron van Ertborn avait annoncé ce résultat, et ses prévisions, purement théoriques, se sont ainsi trouvées beaucoup plus exactes que les conclusions basées sur un examen méticuleux des produits des anciens sondages. Toutefois, à l'endroit où a été pratiqué le nouveau sondage, la base du Tongrien est plus bas que le niveau prévu et les couches qui la séparent de la craie sont peu puissantes. Cela n’a rien d'étonnant : la lacune considérable qui sépare le Landenien du Ton- grien supposant nécessairement des phénomènes de ravinement. En dehors des données fournies par les sondages, nous avons à signaler, en fait d'OBSERVATIONS RELATIVES AU TERTIAIRE, d’abord la constatation, qui nous à été annoncée par M. Rutot, que les dents de squales découvertes par M. Hankar-Urban sur les porphyrites de Quenast, sont d’àge landenien (1) : ce qui établit l’extension de la mer landenienne dans ces parages. Puis, nous devons noter les diverses observations, faites au cours de l’excursion annuelle de 1906, sur les sables et argiles probablement landeniens des environs de Couvin (2), ainsi que sur les sables oligocènes de la même région (3). Mais nous devons rappeler surtout la découverte retentissante, faite par M. Rutot, d’un dépôt marin d’âge aquitanien à Boncelles (4), décou- verte qui remet en question l’âge précis des dépôts oligocènes du Condroz et de l’Entre-Sambre-et-Meuse, considérés généralement Jusqu'ici comme tongriens. En même temps, M. Rutot annonçait (4) Proc.-verb., p. 279. (2) Mém., pp. 137-140. (3) Mém., pp. 146 et 152. (4) Mém., p. 439-451. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’EXERCICE 1907. 303 qu’une série de sondages, exécutés par lui en Campine, et leur compa- raison avec les sondages du Limbourg hollandais lui avaient fait reconnaître la position stratigraphique des dépôts de cailloux blancs (Onx de la légende officielle) et lui avaient permis d'établir ainsi, que ces cailloux, lorsqu'ils n’ont pas été remaniés, sont d’àge poederlien. Les sables et argiles de la Campine et de Tegelen constitueraient les dépôts correspondant au retrait de la mer poederlienne et ils seraient recouverts par de nouveaux sables marins, que M. Rutot rapporte à l’Amstelien. De son côté, M. Mourlon (1) a fait, à la séance de décembre, une communication sur la nouvelle interprétation du « sable de Moll » en Campine. Un mémoire de M. J. Lorié sur Les argiles de la Campine anversoise et du Limbourg hollandais (2) est actuellement sous presse. Peut-être faut-il aussi ranger sous la rubrique stratigraphie plutôt que sous la rubrique paléontologie le mémoire de M. Clement Reid et Eleanor M. Reid : L’argument botanique pour dater l'argile à briques de Tegelen, Renver, Ryckevorsel et Raevels, qui paraîtra prochainement dans nos Mémoires (3). Enfin, nous devons mentionner la note du baron van Ertborn proposant une nouvelle classification du Tertiaire de la Belgique (4). Les questions relatives au PLEISTOCÈNE, à l’AGE DES DERNIERS SOULÈVE- MENTS DE NOS CONTRÉES, à l’AGE ET A L’HISTOIRE DE NOS VALLÉES ET DE LEURS TERRASSES, bien qu’objectivement distinctes, sont cependant si souvent traitées en même temps par les auteurs, qu’il est difficile de les séparer dans un résumé des travaux de l’année. J'ai à signaler, en premier lieu, sous ce rapport, un travail du baron van Ertborn (5) qui m'a vivement intéressé, bien que je ne partage pas son avis sur tous les points. L'auteur apprécie d’abord sévèrement la légende oflicielle de notre Quaternaire. Sur ce point, je ne pense pas qu'il trouve de contradicteurs : M. van den Broeck ne l’a-t-il pas qua- hfiée un jour d'habit d'Arlequin? Et ce n’est pas le progrès de la science seulement qui permet d’en juger ainsi : car c’est tout à fait consciem- ment que l’habit d'Arlequin à été taillé et cousu. Cette légende fut, en effet, le résultat d’un compromis entre partisans d’opinions les plus opposées : ne pouvant arriver à une entente, on à cousu ensemble des (4) Mém., p. 977. (2) Mém., p 531. (3) Mém., p. 583. (4) Mém., p. 199. (>) Revision de l'échelle du Pleistocène de la Belgique : Mém., p. 169. 304 PROCÈS-VERBAUX. lambeaux de ces diverses opinions, tout en laissant à chaque collabo- rateur la faculté d'interpréter la légende comme bon lui semblerait. Il fallait bien aboutir. Eût-il été préférable de ne faire aucune mention du Pleistocène, sur la Carte géologique? En somme, les notations rela- tives au Pleistocène, ne voilant rien du tracé des terrains sous-jacents, ne présentent pas plus d’inconvénient que si l’on s’était borné à publier une carte du sous-sol. Mais, en outre, elles indiquent la nature des roches quaternaires observées en affleurement, et, pour les initiés, le nom du collaborateur, inscrit en tête de la feuille, explique générale- ment d’une manière assez claire le sens objectif de la notation. Libre alors à chacun de l’interpréter d’après ses opinions particulières. Cer- taines parties de la légende du Moséen présentent cependant des inconvénients plus graves : ce sont celles qui proviennent de l’état imparfait de la science à l’époque où fut dressée la légende. Il n’est que juste de reconnaitre la grande part qu’eut notre excellent con- frère, le baron van Ertborn, aux progrès réalisés depuis lors : c’est lui, en effet, qui montra le premier que le Moséen de la légende comprend de puissants dépôts tertiaires. Je crois aussi très légitime de reconnaitre les droits de priorité qu’assurent à M. van Ertborn et à son collaborateur P. Cogels leurs travaux antérieurs à 1881; et peut-être eût-1l été préférable de laisser au terme Campinien le sens que Cogels et van Ertborn lui donnaient en 1880. Quoi qu'il en soit, les termes Moséen et Campinien ont été pris dans des sens tellement divers, qu'il serait à souhaiter de les voir disparaître du langage scientifique. On se souviendra, peut-être, que j’ai fait jadis la même remarque au sujet du terme Coblencien. Ces questions d'ordre plutôt historique mises à part, il me reste à dire un mot des principales opinions formulées par l’auteur au cours de son nouveau travail. Ce n’est qu’en guise de parenthèse que je puis parler ici de l’opinion de l’auteur (opinion d’ailleurs partagée par d’autres géologues de grande valeur) d’après laquelle la présence, dans une région, de cailloux du type des « cailloux diestiens » démontrerait que la transgression diestienne s’est étendue à cette région. Je ne pré- tends pas qu’on ne puisse trouver là un argument, mais je ne suis pas bien certain que cet argument soit démonstratif. Il me semble que ces cailioux ont été d’abord des cailloux fluviaux et qu'après leur premier dépôt, ils ont trainé pendant longtemps sur le sol, avant d’être rema- niés par les flots de la mer diestienne et enfouis dans les sables de la base du Diestien. Leur existence et les caractères qu'ils avaient acquis antérieurement à la transgression diestienne me semblent donc indé- ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’EXERCICE 1907. 309 pendants de cette transgression. Je n’émets d’ailleurs ces réflexions que sous réserve d'un meilleur avis. Par contre, je crois tout à fait incontestable l'existence d’un mouve- ment réel de notre sol postérieurement au dépôt du Diestien; 1l me semble aussi plus que probable que ce mouvement s’est tout au moins accentué après le dépôt du Tegelenien; mais je ne vois pas qu'il n'ait pu commencer avant ce dernier âge. Enfin, je comprends encore moins comment l’auteur peut soutenir que le mouvement de bascule, qui détermina la formation successive des terrasses de nos cours d’eau, même les plus élevées, est postérieur au dépôt d'Hoboken à Ælephas . antiquus. À la séance de juin, M. van Ertborn nous communiqua quelques remarques (1) au sujet des résultats du sondage à sec d’Asch : il erut notamment pouvoir déduire de ces résultats un nouvel argument en faveur de sa thèse que le mouvement de bascule ne se produisit qu’à l’aurore de l’âge du Mammouth. A la même séance, M. Simoens (2) présenta un travail destiné à établir qu'il n’y à pas eu de soulèvement en Belgique après le dépôt du Diestien. Mais y a-t-1l opposition directe entre la thèse de M. Simoens et la partie que Je crois fondée de la thèse du baron van Ertborn? Oui, si M. Simoens prétendait qu'il n’y a eu aucun mouvement de notre sol, après le dépôt du Diestien. Non, s’il concède, — el je pense que telle est bien sa pensée, — qu'il y a eu un mouvement réel; tout en soutenant que ce mouvement n’a produit qu’un affaissement vers le Nord-Est, sans produire de relèvement en sens inverse au delà de l’axe du mouvement. Ainsi limitée, sa propo- sition serait peut-être aussi malaisée à réfuter qu’à établir; il est bien difficile, en eflet, d'évaluer quels ont été les mouvements réels par rapport aux coordonnées géographiques et nous devons nous contenter, le plus souvent, d'apprécier les mouvements relatifs des diverses parties de la croûte du globe, ou, ce qui est parfois plus facile, leurs mouve- ments par rapport au niveau de la mer. On se souvient qu'a la séance du 18 décembre 1906, M. Briquet avait présenté une Contribution à l'étude des origines du réseau hydro- graphique du Nord de la Belgique, qui à paru dans les Mémoires du tome XX (3). À la séance du 19 février dernier, le baron Greindl à formulé au sujet de ce travail plusieurs remarques ou questions inté- (1) Proc.-verb., p. 170. (2) Proc.-verb., p. 180. (3) Mém., t. XX, p. 71. 306 PROCÈS-VERBAUX. ressantes (1), qui ont amené M. Briquet à préciser sa pensée. A la séance de juillet, M. Briquet nous à remis un nouveau mémoire, qui a pour objet l'Histoire de la vallée de la Meuse en aval de Liége (2). Au cours de ce mémoire, M. Briquet fait remarquer que les tracés pri- mitifs de la Meuse ne peuvent s’accorder avec l’hypothèse d’une embou- chure de la Meuse près de Bonn, soutenue l’an dernier, dans les publications de la Société, par M. Pohlig. M. Erich Kaiser (5, dans une note présentée à la séance du 15 octobre dernier, nous apprend que des cailloux de roches silicifiées, identiques à celles des environs de Bonn, se poursuivent fort loin en amont de Bonn, ce qui semble enlever toute valeur à l’argument de M. Pohlig. La note de M. Rutot intitulée : Matériaux pour servir à la déter- mination de l'âge des dépôts inférieurs de la terrasse moyenne des val- lées du territoire franco-belge (4) prend occasion de la publication d’un article de M. Laville sur le Pliocène à Elephas meridionalis dans le département de la Seine, pour confirmer les vues antérieurement émises par lui sur l’age des dépôts caillouteux de la moyenne terrasse de nos vallées et spécialement du cailloutis inférieur, que M. Rutot et M. Laville lui-même considèrent comme appartenant au sommet du Pliocène (horizon de Saint-Prest). M. Laville (5) nous à prié, à ce pro- pos, de reproduire certaines coupes publiées par lui en 19014. Les autres travaux relatifs au Pleistocène, ou aux terrasses des rivières, ont pour objet plus direct l'archéologie préhistorique. Nous les ferons rentrer sous la rubrique générale : l’aléontologie. Pour la PALÉONTOLOGIE, nous avons à énumérer d’abord deux notes de M. Eug. Maillieux, l’une (6) montrant que le Chonetes des schistes frasniens des Abanets n’est pas le Chonetes armatus Bouchard, comme il l'avait cru antérieurement, mais une variété du Chonetes Douvillei Rigaux; l’autre (7) signalant deux pygidiums anormaux de Bronteus flabellifer dans le Couvinien. M. Lambert nous a donné une descripuon, accompagnée d’une planche, d'Echinides des couches à Hippurites de Gosau (8) : il conclut que les couches de Gosau sont notablement (4) Proc.-verb., p. 47. (2) Mém., p. 347. (3) Proc.-verb., p. 241. (4) Proc.-verb., p. 97. (5) Proc.-verb., p. 200. (6) Proc.-verb , p. 253. (7) Proc.-verb., p. 255. (8) Mém., p. 83. De ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L'EXERCICE 1907. 307 supérieures au niveau stratigraphique qu'on leur avait assigné jusqu'ici. Outre le mémoire de CI. et Eleanor M. Reid signalé plus haut (1), nous avons reçu sur la Paléontologie du Tegelenien un travail de M. E. T. Newton intitulé : Quelques restes de petits vertébrés trouvés à Tegelen (2). M. Dollo, dont l'exposé clair, méthodique et pleim d’aperçus nou- veaux, donne toujours un attrait spécial aux séances où 1l prend la parole, à résumé ses communications en trois notes. La première (3) est relative à la découverte de deux reptiles dans l’Éocène inférieur. L'un, nouveau pour la Belgique et peut-être pour Je continent, est l’Æosphargis gigas du London Clay, découvert dans l’Ypresien de Quenast, grâce au zèle éclairé de notre confrère, M. Hankar-Urban. L'étude, quoique encore inachevée, de cette tortue gigantesque à amené M. Dollo à la conclusion qu Eosphargis doit être classé parmi les Thécophores et non parmi les Athèques, contraire- ment à l’opinion de Lydekker, le créateur du genre. M. Dollo annonce que cette espèce fournira une contribution importante au problème de l’origine des Athèques, dans le sens de ses dernières publications sur le sujet. — Le second des deux reptiles est un Crocodilien eusuchien du gisement de Jeumont-Erquelinnes. Il appartient à une espèce et à un genre nouveaux. M. Dollo décrit, sous le nom d’Æosuchus Lerichei, les portions extraites jusqu'ici. Il attire Fattention sur le fait que les choanes de cet Eusuchien, d'âge éocène inférieur, sont bien moins refoulées vers l’occiput que chez les Eusuchiens actuels; ce qui con- corde avec ce que devait faire prévoir la théorie de la descendance. Quelques conclusions sur les origines diverses du caractère longirostre chez les Crocodiliens terminent cette seconde partie. Les deux autres communications de M. Dollo ne contiennent pas de nouvelles observations : elles consistent dans des considérations qui amènent l’auteur à des conclusions très remarquables sur certains problèmes phylogénétiques. La première à fait l’objet d’une très inté- ressante conférence sur l’Origine paléontologique des Chimères (4) ; elle est résumée dans nos Mémoires sous le titre : Les Ptyctodontes sont des Arthrodères (5). M. Dollo y développe quelques-unes des conclusions (4) Mém., p. 583. (2) Mém., p. 991. (3) Proc.-verb., p. 81. (4) Proc.-verb., p. 63. (5) Mém., p. 97. 1907. PROC.-VERB. 19 308 PROCÈS-VERBAUX. annoncées, l’an dernier, dans une communication qui a eu un grand retentissement (1). Il montre d’abord que les Holocéphales actuels se relient, en remontant la série des temps géologiques, par une série de chaînons intermédiaires, aux Cochliodontes et, par ceux-ci, aux requins primitifs, et montre comment cette évolution s'explique par une adaptation à la vie benthique et au régime conchifrage. Passant à l’origine des Ptyctodontes, l’auteur remarque que ces poissons devo- niens ne peuvent descendre des Cochliodontes carbonifères, d’ailleurs moins spécialisés que les premiers ; puis il montre directement que les Holocéphales typiques ne peuvent descendre des Ptyctodontes. Cette conclusion négative acquise, M. Dollo observe que les dents décrites sous le nom de Ptyctodontes ont une analogie indéniable avec celles des Dinichthys ; ce qui l’avait déjà amené à croire que les Ptyctodontes doivent prendre place parmi les Arthrodères, lorsque la découverte, faite par M. Jaekel, de la dentition et du squelette de Ramphodus réunis lui apporta une confirmation définitive de son opinion. M. Dollo, — con- trairement d’ailleurs à M. Jaekel, — voit, en effet, dans ce squelette, la preuve que les Ramphodus, et, par conséquent, les Ptyctodontes en général, sont bien des Arthrodères. Le dernier travail de M. Dollo est relatif à l’audition chez les Ichthyosauriens (2). Contrairement à ses prédécesseurs, M. Dollo ne pense pas que la columelle des Ichthyosauriens ait perdu sa fonction auditive ; mais il croit qu’elle est adaptée à une audition spéciale, en rapport avec la faculté de plonger à de grandes profondeurs. Il montre, d’ailleurs, que d’autres caractères des Ichthyosaures doivent également trouver leur explication dans l'aptitude à descendre dans les grands fonds. Il rappelle enfin qu’une modification analogue de l'appareil auditif l’avait amené à reconnaître, dans Plioplatecarpus, un Mosasaure plongeur. Personne ne conteste plus, aujourd’hui, que les objets d'ARCHÉOLOGIE PRÉHISTORIQUE doivent être rangés au nombre des véritables fossiles, lorsqu'ils ont été enfouis par la formation des dépôts géologiques. I y a lieu de distinguer d’ailleurs, sous ce rapport, les instruments incon- testés des éolithes. C’est à la première catégorie que se rapporte un travail très intéres- sant de M. Rutot, où notre savant confrère discute la contradiction qui semble exister entre la faune et l’industrie humaine des cavernes (1) Procès-verbal du 19 juin 1906; t. XX, p. 139. (2) Proc.-verb., p. 157. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’EXERCICE 1907. 309 de Grimaldi (1). M. Rutot voit, dans les faits de Grimaldi, une simple confirmation de la réapparition de la faune chaude, établie déjà, pour la même époque, par M. Penck dans la région alpine. Au sujet de la question des ÉOLITHES, notons d’abord une réponse de M. Laville (2) à la note de M. Rutot : Un eas intéressant d’anti-éoli- thisme. — Dans une note, destinée à réfuter un écrit du D' Mayet, M. Rutot (5) montre facilement qu'il est impossible d'attribuer la formation des éolithes du Cantal à la pression, ou à des conditions générales qui auraient été, pendant le Miocène supérieur, absolument différentes de celles qui existent aujourd'hui. — Sous le titre : La fin de la question des éolithes (4), M. Rutot nous annonce que l’industrie des Tasmaniens, jusqu’à leur complète extinction, c'est-à-dire jus- qu'il y à quelques années, fut purement éolithique. Cela résulte de l'identité de forme des instruments des Tasmaniens recueillis par le D' Noetling, avec les éolithes réunis au Musée de Bruxelles. En fait d'observations nouvelles faites en Belgique sur les gisements d’éolithes, nous rappellerons d’abord la découverte que M. Ratot nous a annoncée, dans un important mémoire (5), d’éolithes sur la haute terrasse de la Meuse, au hameau de Rosart, au Nord de Flémalle- Grande. Peu après, M. de Munck (6) étendit les constatations de M. Rutot à toute la région voisine et observa, en outre, aussi la présence d’éolithes sur les hauts plateaux de Herve et de Battice. Mais les recherches de M. de Munck sur les plateaux qui s'étendent des deux côtés de l’Ourthe devaient amener des découvertes plus inté- ressantes encore. À la séance du 18 juin 1907, M. de Munck (7), à côté d'observations de moindre importance, — dont quelques-unes confir- maient cependant le fait que le transport par les torrents et les cours d’eau détruit les éolithes, bien loin de les produire, — nous annonçait la découverte de gisements d’éolithes à Boncelles, sur le plateau de la rive gauche, et à Beaufays, sur le plateau de la rive droite de l’Ourthe. Ces gisements se trouvent sous des sables, dont M. de Munck ignorait l’âge. Mais, peu de temps après, M. Rutot, ayant accompagné M. de Munck à Boncelles, constata, à son grand étonnement, que ces sables (1) Mém., p. 43. (2) Proc.-verb., p. 132. (3) Proc.-verb., p. 104. (4) Proc.-verb., p. 211. (5) Mém., p. 3. (6) Proc.-verb., p. 127. (7) Proc.-verb., p. 173. 310 PROCÈS-VERBAUX. ne sont autres que les sables Om de la Carte géologique et qu'ils con- üennent une faune caractéristique de l’Oligocène supérieur (Aquita- nien). Je ne me crois pas en danger d’être contredit par personne, en disant que le mémoire de M. Rutot (1), contenant les détails de ces observations, est le plus important de notre année sociale, puisqu'il nous révèle à la fois l’existence d’une transgression marine aquita- nienne dans notre pays et la présence d’éolithes sous l’Aquitanien. Quelque opinion que l’on professe au sujet de l’origine des éolithes, on sera d'accord pour reconnaitre que cette constatation est d’une haute valeur dans la question. Les adversaires y verront une réfutation définitive, une sorte de réduction à l’absurde. Telle à été, je l’avoue, ma première impression. Et, de fait, ne serait-il pas contraire à tout ce que nous enseigne la paléontologie, d'admettre que, tandis que la faune, et spécialement la faune mammalogique, était encore si éloignée de la faune actuelle, l’espèce ou, si vous préférez, le genre humain aurait déjà existé tel que nous le connaissons de nos jours? Mais cette objection s’évanouit, du moment où l’on admet que les éolithes ou silex utilisés oni pu être utilisés par un autre animal que par l’homme. Avons-nous avec cet animal hypothétique des relations de descen- dance? La chose n’a rien d’impossible : toutefois, nous connaissons aujourd’hui tant d'exemples d’évolutions parallèles, qu'il serait téméraire de l’affirmer. Dans tous les cas, c’est bien à tort que certains esprits mal informés ont eru devoir combattre pareille hypothèse au nom de la philosophie spiritualiste. N’est-1l pas constant que, dans son déve- loppement ontogénique, le corps de chacun de nous à été un organisme, d’abord purement végétatif, puis purement animal, avant de devenir un organisme humain (2)? (1) Mém., p. 439. (@) Nous croyons intéressant de rappeler ici avec quelle précision philosophique l’auteur de la Divine Comédie décrit cette évolution, depuis le moment où le germe, destiné à se transformer en homme, ne possède encore qu’une vie purement végéta- tive (Purg., Canto XXV, t. 18-25) : « Anima fatta la virtute attiva, Qual d’una pianta, in tanto differente Che quest’ è’ n via e quella à già a riva : Tanto ovra poi, che già si muove e sente Come fungo marino ; ed ivi imprende 4 Ad organar le posse ond’ à semente. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’EXERCICE 1907. 311 Mais, avant tout, il faudrait savoir si réellement les éolithes ont été utilisés. Sur ce point, les avis des observateurs sont partagés et je sais trop combien 1l est dangereux de se prononcer sur un problème scientifique que l’on n’a pas approfondi par un travail personnel, pour me permettre d’avoir sur ce sujet une opinion arrêlée. Je crois cepen- dant en connaitre assez pour savoir que la question, telle qu’elle se présente, est une question sérieuse et qu'elle mérite d’être étudiée avec le plus grand soin. — Il faut aussi apporter à cette étude un esprit dépourvu de tout préjugé. Comme le dit excellemment M. Rutot, dans une lettre pleine de sagesse et de modération qu’il adressait dernière- -ment à un organe de la presse quotidienne (1) : «il faut surtout éviter \ d'introduire dans le débat, qui se borne à des questions de fait, de graves facteurs, tels que la philosophie et la théologie ». — Le rôle de la e ° e e e e e e . e e e Ma come d’animal divegna fante Non vedi tu ancor; quest’ à tal punto Che più savio di te già fece errante, Si che per sua dottrina fe ? disgiunto, Dal? anima il possibile intelletto, Perchè da lui non vide organo assunto. Apri alla verità che viene il petto, E sappi, che si tosto come al feto L’articolar del cerebro à perfetto, Lo motor primo a lui si volge lieto Sovra tanta arte di natura, e spira Spirito nuovo di virtà repleto, Che ei che truova allivo quivi tira In sua sustanzia, e fassi un’ alma sola Che vive e sente e seinse rigira. » Ce passage de Dante résume très exactement la pensée du moyen âge, sous cette réserve seulement que Thomas d'Aquin et son école (avec raison selon nous) attri- buent une plus grande influence que ne semble l'exprimer le poète à la causalité des parents, ou, si l’on préfère, à la « causalité séminale » pour l’achèvement du composé humain, c’est-à-dire pour « l'information du corps par l’âme intellectuelle » (come d'ani- mal divegna fante). — Cette pensée resta tout à fait dominante jusqu’en 1620 : à partir de cette date, commence une longue suite d'observations inexactes, qui amenèrent à l'erreur scientifico-philosophique connue sous le nom de théorie de l'animation immé- diate. On peut voir l’histoire très curieuse des origines et du développement de cette théorie dans l'Embryologia sacra de Cangiamila, ouvrage publié par un arden défenseur de la théorie, à l’époque (1745-1758) où elle était parvenue à son apogée. (1) Lettre de M. Rutot au journal Le Patriote. 912 PROCÉS-VERBAUX. philosophie, ou pour mieux dire de la métaphysique, — car la logique a droit d'entrée partout, même, n’en déplaise à Boileau, à l’Université; — le rôle de la métaphysique est d'expliquer les faits, lorsque ceux-ci sont établis et, comme le dit encore M. Rutot, «la question des éolithes n’est point encore parvenue à son stade final, elle est toujours en élaboration et soumise à la discussion des savants les plus autorisés de l’ancien et du nouveau monde... Les déductions ne peuvent encore être considérées comme acquises, .… certains aspects sontencore suscep- übles de changements ». La parole est donc, pour le moment, aux faits. Il arrive pourtant que de grands esprits, par une intuition de génie, prévoient, sous forme de larges aperçus synthétiques, des théories générales, dont les faits doivent démontrer plus tard la vérité, du moins dans leurs grandes lignes. Tel le principe de l’évolution naturelle, qu’un des plus puissants génies dont s’honore l'humanité, saint Augustin (1), a formulé, vers l’an 400, d’une façon bien autrement radicale que Darwin. Car, tandis que Darwin admet la nécessité d’une intervention spéciale du Créateur à l’origine de la vie, Augustin nie, en termes formels, cette intervention et affirme que la matière brute, dès le pre- mier instant de son existence, contenait tous les principes d’activité (rationes causales) (2) qui devaient produire, au cours des siècles, les divers êtres vivants, sans en excepter le corps de l’homme. Il traite spécialement de l’origine de celui-e1 et se demande si les puissances de la matière brute l’ont produit dès l’abord sous la forme adulte, ou s’il a passé par des stades d'évolution, comparables à ceux que chacun de nous a parcourus dans le sein de sa mère (3). À défaut de données positives, 1l est bien obligé de laisser cette der- nière question non résolue. Mais ce qu’il affirme d’une manière absolue, c’est que, lorsque, suivant son expression, le corps du premier homme est sorti de ses causes, ÿ! n’en est pas sorti d’une autre façon que ne le comportait la nature de ces causes (4). Sans doute, Augustin, en formulant l'hypothèse de l’évolution orga- nique du premier homme, n’a pu songer à cette évolution par une (4) De Genesi ad litteram, Lib. V-VI. (2) Cela n’exelut pas, bien entendu, l’influence persistante de l’Être Premier, sans laquelle, Augustin le proclame, la conservation des créatures et l’exercice de leurs activités naturelles seraient impossibles. (3) De Genesi ad litteram, Lib. VI, Cap. XIII. (4) De Genesi ad litteram, Lib. VI, Cap. XV. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L'EXERCICE 1907. 313 longue suite de générations, dont nous parle la théorie transformiste, telle qu’elle à cours aujourd'hui. C’est là le domaine des sciences d'observation : mais l’évêque d'Hippone parle en termes assez clairs, pour nous enlever toute hésitation sur l’application qu'il eût faite de ses principes, s’il avait vécu de nos Jours. En résumant devant vous les conceptions d’un grand penseur sur l’une des questions qui intéressent le plus les naturalistes contempo- rains, mon intention n’est pas d'embrasser, en tout point, sa manière de voir. — Si l'œuvre du Créateur, telle que nous l'ont fait con- naître Charles Darwin et ses disciples, est autrement belle que le -système imaginé par Alcide d'Orbigny, combien ne serait-elle pas plus grandiose encore, si l’évolution de la nature, par ses propres forces, s'étendait, comme le veut saint Augustin, depuis la matière primitive jusqu'au plus élevé des êtres corporels. Mais 1l ne suffit pas qu'une théorie soit belle pour être vraie, et c’est pourquoi la solution de cette question aussi doit être laissée aux recherches des naturalistes. Compte rendu sommaire de la Session extraordinaire aux Siebengebirge et dans l’Eifel. Le Secrétaire général donne lecture du rapport suivant : Une quinzaine d’excursionnistes se réunissaient le dimanche 25 août dans l'après-midi à Bonn pour participer à l’exeursion dirigée par notre excellent collègue M. Stürtz, de Bonn. Notre guide avait eu l’obligeance de combiner excellemment lilinéraire, et, favorisée par le temps, l’excursion fut réussie de tous points. Nous sommes l'interprète de la Société pour remercier 1e1 M. Stürtz de son accueil si affable; 11 à bien voulu nous envoyer des notes scientifiques qui nous ont permis de rédiger notre travail. Nous remercions aussi vivement M. le docteur Gilbert, dont quel- ques photographies suggestives illustrent ce compte rendu et rendent mieux que de longues descriptions, le charme de l'Eifel. Les régions des Siebengebirge et de l’Eifel sont classiques; aussi nous contenterons-nous d'un compte rendu sommaire. La journée du 26 août fut consacrée aux environs de Bonn. De bon matin, le tramway à vapeur conduisait la Société à Mehlem, d'où, à la sortie Sud du village, un chemin conduisait au Rodderberg, volcan quaternaire. 314 PROCÈS-VERBAUX. Dans le chemin de montée M. Stürtz nous à montré sur place les superpositions récemment découvertes, grâce aux recherches de M. le professeur Steinmann, au sujet du Quaternaire du Rhin. Sur une terrasse moyenne du fleuve, un lœss à poupées est recou- vert des cendres volcaniques, tandis qu’au sommet celles-ci sont surmontées d’un lœæss plus jeune. Au niveau de la haute terrasse, qui est la principale, des scories et des cendres recouvraient le gravier du Rhin. Plusieurs carrières ouvertes dans le flanc de la montagne ont permis d'étudier les scories, les laves et les cendres. Les produits volcaniques du Rodderberg sont du basalte à leucite. Notre chemin contournait le cratère par l'Ouest, de sorte que nous pümes en apprécier l'importance et l’étendue; cette vaste dépression cultivée frappe par sa remarquable régularité. Malheureusement la brume empêchait de bien voir le beau pano- rama des Siebengebirge; du sommet du Rodderberg les avant-plans seuls étaient distincts. Un charmant sentier sous bois, par une descente rapide, éonduit à Rolandseck ; il donne à chaque instant de belles échappées de paysage vers le Rhin. La première photographie représente un secteur de la vue du pavillon auquel nous nous sommes arrêtés. La matinée se termina par une course en bateau-moteur de Rolands- eck à Kônigswinter où nous attendait un déjeuner réconfortant. L’après-midi aux Stebengebirge débuta par l'ascension en funiculaire du beau rocher du Drachenfels; la brame s’était entièrement dissipée et nous pûmes voir dans un lointain horizon le plateau de l’Eifel, sur lequel se silhouettaient de nombreux cônes, tandis qu’à nos pieds s’étendait la belle et populeuse vallée rhénane. Mais le temps était limité et bientôt nous nous acheminions vers Margarethenhof, tantôt par les belles routes carrossables, tantôt par les sentiers qui sillonnent les Sept-Montagnes. Chemin faisant nous pûmes étudier et recueillir des échantillons du Trachyte du Drachenfels et de l’Andésite du Wolken- burg. Près d’un endroit appelé Userotiswiese, le Trachyte se présentait en plaques, avec un aspect de roche schisteuse. M. Grosser, qui à publié une photographie de ce curieux phénomène, en attribue l’ori- gine à une faille entre deux massifs de Trachyte. Comme nos instants étaient comptés, 1l était impossible de faire le crochet par la vallée de Rhôndorf et le Lôwenburg ; M. Stürtz avait eu ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L'EXERCICE 1907. 310 l’obligeance de faire venir des échantillons de roches de ces localités : la dolérite du sommet du Lôwenburg et la heptorite de la vallée de Rhoôndorf. Jusque dans ces derniers temps, tous les pétrographes considéraient les roches volcaniques des Siebengebirge comme des roches effusives d'âge tertiaire. Les recherches de M. Busz nous ont appris qu'il s’y trouve aussi des roches éruptives plus anciennes, provenant de plus grande profondeur (voir Tiefengesteine, ROSENBUSCH). D’après M. Busz, la dolérite du sommet du Lôwenburg est une essexite à plagioclase, néphéline, orthose, biotite et augite ; le basalte -de la vallée de Rhôndorf, auquel M. Busz à donné le nom de hepto- rite, est une roche à amphibole, hauynite, plagioclase, augite et magnétite; à ces minéraux s'associent encore l’olivine et la néphé- line. Ces deux variétés de roches appartiendraient à un groupe de syénites à éléolite qu’on appelle monchiquites. Il existe au Kühlsbrunnen, dans la vallée de Rhondorf, encore une autre roche dite « acmite-trachyte » qui est du même groupe et qui, d’après M. Busz, représenterait la bostonite. La grande carrière de basalte du Grosser Weilberg fut très admirée ; dans les parties les plus profondes, le basalte est columnaire; dans les parties plus élevées, il est compact (voir la photographie). Le tuff trachytique qui recouvre le basalte lui est antérieur ; en plusieurs endroits, on y observait des injections de basalte en forme de cheminées. La journée géologique était terminée; nous nous sommes arrêtés encore quelques instants en présence des ruines de l’église du couvent de Heisterbach, puis avons regagné le Rhin à Niederdollendorf. Notre bateau-moteur glissait sur les flots dans l’ombre de la nuit tombante pendant que s’allumaient au loin les mille feux de la ville de Bonn. Le 27 août, un petit chemin de fer de montagne nous remontait dans le Brohltal, au travers des couches de trass activement exploitées tout le long du trajet. Nous en descendions à Niederzissen, au pied du Bausenberg, un des plus majestueux volcans de l’Eifel; l'ascension aisée permet de jouir d’un panorama volcanique saisissant; de toutes parts des éminences coniques surgissent sur le plateau; le mur de scories et de cendres volcaniques, que l’on a sous les pieds, décrit un cercle presque complet, échancré par une coulée de lave, qui est du basalte leucite, coulée qui est descendue vers la vallée. De Niederzissen vers Maria-Laach, la route est relativement mono- tone ; nous y avons observé une petite source à acide carbonique. Entre 316 PROCÈS-VERBAUX. Glees et le Laacher See, les excursionnistes retirèrent des bombes dites sanidinites, dont le minéral principal, la sanidine, s'accompagne de petits cristaux de nombreux minéraux tels que la titanite, l’hauynite, l’'amphibole et la biotite. Notre chemin, couvert d’une épaisse couche de tuff en poussière, passait en tranchée dans la bordure externe du cône du Laacher See, puis, sous de beaux et grands pins, nous sommes descendus vers le lac. Ce dernier, très approximativement circulaire, est d’une majes- tueuse beauté ; il forme un site incomparable pour l’abbaye du XIe siècle, dont nous avons visité l’église au péristyle particulièrement remarquable. Après le déjeuner, nous nous sommes rendus en voiture aux carrières de basalte de Niedermendig pour y étudier une nouvelle coupe dans la carrière de M. Michels. M. le professeur Steinmann, absent de Bonn, avait bien voulu nous faire remettre par M. Stürtz le compte rendu d’une excursion faite par la Deutsche Geologische Gesellschaft en 1906; qu’il veuille bien agréer les vifs remerciments des excursionnistes de la Société belge de Géologie pour ce gracieux hommage. Cette brochure s'occupe du Quaternaire du Rhin, du Rodderberg et des phénomènes volcaniques dans les environs du Laacher See; on y trouve une photographie de la belle coupe de la carrière de M. Michels fort analogue à celle que M. Gilbert en a prise. Sous un limon très récent, on y voit une épaisse couche de lapilli de pierre ponce finement stratifiée, entresemée de bombes de lave de fortes dimensions et d’un poids considérable. Sous la pierre ponce, on voit la lave exploitée; c’est un basalte à néphéline, plagioclase et hauynite, qui s’extrait en grande quantité dans les environs de Niedermendig; on ne connaît pas l’origine de cette puissante coulée de laves. Le plus fréquemment, c’est par puits que l’on atteint la coulée exploitée; ceux-ei sont surmontés d’un grossier appareil de bois à peine équarri, qui paraît bien primitif, mais est sans doute bien adapté aux besoins puisqu'il se maintient dans sa forme originale. Le temps nous a manqué pour visiter les grandes caves à bière creu- sées profondément dans la lave. | Notre guide nous faisait remettre le soir même des échantillons des roches les plus importantes, que nous aurions pu voir en place, si nous avions séjourné au Laacher See; c’étaient de la phonolite (roche à nosite et à leucite) du Dachsbusch, de la phonolite de Burg Olbräck ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’EXERCICE 1907. 317 k et du leucitophyre de Rieden. M. Rosenbusch range toutes ces roches dans la famille des leucitophyres. Un long trajet en chemin de fer terminait la journée, nous transpor- tant d’une région volcanique dans une autre, de Niedermendig à Daun, à travers un haut plateau solitaire, aux horizons immenses. Au Sud se marquait l’imposante ligne du Hunsrüuck; la voie ferrée serpentait sur le sommet du plateau en contournant les têtes des ravins descendant vers la Moselle; les bruyères et les bois dominaient, coupés de temps à autre de maigres cultures. La descente vers Daun, dans la vallée de la Lieser, nous montrait une série de petits vallons verdoyants qui -interrompaient la sévérité de la haute futaie. La journée du 28 août débuta par la visite au magasin de Peter Scholz, à Gerolstein, où, dans une petite chambre, les excursionnistes virent une merveilleuse récolte de fossiles. Nous avons pu y choisir, à des prix très abordables, des fossiles du Devonien supérieur de Büdes- heim (schistes à Goniatites), du Devonien moyen de Gerolstein (couches à crinoides, couches à Calceola sandalina et couches à Spirifer cultriju- gatus), enfin du Devonien inférieur de Stadtfeld près Daun (1). Peter Scholz nous conduisit ensuite vers deux beaux gîtes fossilifères, car la matinée était consacrée aux couches du Devonien moyen. Dans un trou creusé par lui, près de Gerolstein, on remarquait, dans le limon résiduaire du calcaire, de nombreuses tiges et autres fragments de Cupressocrinus; puis il nous conduisit vers un chemin à flanc de coteau, près de Lissingen, où le calcaire est délavé par les eaux de ruissellement, de façon que chaque caillou du chemin est un fossile ; c’étaient les couches à Spirifer cultrijugatus et à Rhynchonella orbi- gnyana. Enfin, sur les pentes de l’Auburg, nous vimes les couches à Calceola sandalina. Un moment de repos nous fut accordé sous l’ombrage du remar- quable tilleul qui, à lui seul, forme la majeure partie du jardin public de Gerolstein; cet arbre, connu pour sa majesté depuis le XVI: siècle, est vraiment une curiosité botanique de premier ordre. Puis, en pas- (4) Le gisement de Stadtield est peut-être le gisement le plus typique de la grau- wacke inférieure de Coblence ou Untercoblenz des géologues allemands. Son âge est celui du grès de Vireux ou Ahrien de Dumont, dont la légende de la Carte géologique de la Belgique au 1/,5500 fait le type de son Coblencien supérieur. Ce niveau occupe la partie moyenne du Coblenzien de M. Gosselet et de la Carte géologique de France. La raison d'être des diverses acceptions des termes Coblentzien, Coblenzschichien, Coblen- sien et Coblencien se trouve expliquée dans le tome XIV de notre Bulletin, pp. 157-160. 318 PROCÈS-VERBAUX. sant par le Papenkaul (basalte à néphéline), d'où une coulée de lave a descendu jusqu'au lit de la Kyll, nous nous sommes rendus aux ruines de Kasselburg. Une charmante surprise nous y attendait : M. Zengler, architecte de Bonn, était venu nous y retrouver et nous montrer ses intéressants projets de restauration du château. Après les explications qu'il nous donna sur plans, la visite des ruines fut doublement inté- ressante et notre attention ne se borna pas à la poésie de la nature reprenant possession de son empire. Nous eûmes ainsi une heure d’in- termède consacrée à l’architecture militaire médiévale. Ensuite M. Zengler, par un sentier mystérieux, bien digne de ce château romantique, nous fit descendre vers la vallée de la Kyll pour visiter son établissement d’eau minérale, dit « Schlossbrunnen Gerol- stein », situé un peu en amont de Pelm. L'acide carbonique, qui s'échappe de la terre dans le voisinage de l'établissement, pour peu que l’on fouille de la canne, qui vient encore bouillonner en de multiples places dans le lit de la rivière, provient d'immenses dépôts de ce gaz situés au-dessous des couches du Devonien inférieur. Pour se dégager à la surface, l’acide doit passer par les cre- vasses du Devonien inférieur, gorgées d’eau, puis au travers du calcaire dolomitique du Devonien moyen, enfin par les tuffs volcaniques et les alluvions récentes de la rivière. Les sources captées par l’établissement sont remarquablement abon- danies; on voit les eaux jaillir avec force et tumulte ans une des caves, l'acide carbonique est recueilli, d’une part, pour le liquéfier dans des bonbonnes; dans d’autres ateliers, d’expertes ouvrières rem- plissent les bouteilles, qui, au nombre de quatre millions annuelle- ment, vont rafraichir l'humanité. Notre Secrétaire général a été l’inter- prète de tous les excursionnistes, qui, le verre d’eau minérale en main, ont acclamé M. Zengler pour son exquis accueil et la charmante façon dont 1l avait su satisfaire notre curiosité. Le 29 août, la Société faisait une sérieuse étape et, de bon matin, s’empilaient sur un chariot les sacs et les manteaux, pendant que nous prenions la route des Maars de Daun. Nous avons classiquement monté à la petite église de Weinfelden, si isolée dans son cimetière au bord da lac solitaire du même nom, que domine le Mäuseberg; puis, faisant le tour du lac, nous avons passé sur la digue entre celui-ci et le Schalkenmehren-Maar, d’où la différence de niveau des deux lacs est saisissante; ensuite, l’ascension du Mäuseberg (561 mètres) nous a montré à grande distance le Mosen- berg, que nous devions visiter l’après-midi. Par un charmant sous-bois, ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’EXERCICE 1907. 319 nous sommes alors descendus au Gemündener Maar, qui, dans sa cein- ture boisée, est coquet et mignon autant que les autres sont sévères et imposants. M. Stürtz nous exposa que, durant les éruptions des volcans, les pro- duits volcaniques ont formé par leur accumulation de véritables murailles autour des cratères. Après les éruptions, les eaux s’y sont concentrées et persistent pour autant qu'elles ne soient pas drainées ou desséchées. Voici, pour les trois maars que nous venons de visiter, quelques indications numériques : Niveau de l’eau. Profondeur. Étendue. Weinfelder Maar . . . . . 484 m. 102 m. 16.8 hect. Schalkenmehren Maar . . . 490 31 — 26 — Gemündener Maar .,. . . 406 — 62 — 12 — Le chariot à bagages devait alors nous véhiculer par Uedersdorf, Bleckhausen et le Meerfelder Maar jusque Bettenfeld ; linstallation ne s'y fit pas sans peine; heureusement quelques marcheurs soulagèrent la voiture, d’abord à la montée d'Uedersdorf, en prenant un raccourci sous bois, où le sentier gravissait au milieu d’éboulis rocheux, moussus au point de dissimuler le quartzite; puis de Bleckhausen à Bettenfeld, en recoupant l'intéressante vallée de la Kleine Kyil, gorge taillée dans les roches du Devonien inférieur, à une profondeur remarquable. Les piétons virent encore le Meerfelder Maar sous tous ses aspects et pénétrèrent à revers dans Bettenfeld, ce qui leur permit de saisir sur le vif la simplicité du village eïfelien; l’auberge, par contre, y était excellente et tous, charriés ou piétons, firent honneur au déjeuner tardif que nous v primes. Le Mosenberg près de Bettenfeld est un des volcans les plus remar- quables de l’Eifel ; ses Maars peu importantes sont le Wanzenboden et le Hinkels Maar; sa crête, qui atteint 519 mètres, s'élève comme une ligne déchiquetée vers le ciel; on y circule par un sentier entre les roches d’intrusion, avec des échappées admirables sur l'horizon. Un vent furieux nous changeait d’instants en instants l’aspect de celui-ci ; de gros nuages nous annonçaient l'orage certain; il éclata diluvien pendant que nous descendions vers le Horngraben, où une coulée de lave issue du Mosenberg se dirige vers la KylL. La pluie sépara les simples amateurs des géologues de devoir; les uns précipitèrent leurs pas vers Manderscheid; les autres, peu nom- breux, fidèles au programme, suivirent la lave et en furent récom- 320 PROCÈS-VERBAUX. pensés. À l'entrée dans la vallée de la Kyll, le courant lavique s’est divisé en deux bras et, contemplé du bas, offrant une épaisseur de 25 mètres, avec son échancrure donnant une échappée vers le ciel, il offre un aspect pittoresque et inoubliable; les cascades de la Kyll qui y correspondent ne sont pas non plus sans charme. Le soir, les excursionnistes plus ou moins séchés témoignaient à M. Stürtz leur gratitude et celle de la Société belge de Géologie, qu'il avait si bien et si aimablement pilotée pour la troisième fois. Notre directeur, par son accueil simple et chaleureux, s'était fait des amis de nous tous; aussi c’est avec regret que chacun de nous s’en séparait. M. Stürtz, dans une improvisation charmante, nous a dit son amour de l’Eifel, les grands et beaux efforts de l’Eifelerverein pour le faire connaître, pour relever cette région pauvre et déshéritée; il a eu des mots heureux pour montrer la force de la solidarité qui opère de si grandes transformations, 1} a bien voulu nous dire encore qu'il espérait bientôt revoir ses anciens amis de Belgique, comme aussi ceux dont il avait eu le plaisir de faire la connaissance pendant cette excursion. Il a terminé en renvoyant au Secrétaire général une partie des remerci- ments de l'assistance, puisque la préparation matérielle du voyage était son œuvre. Îl avait fait son possible, et st certains lits avaient été trop courts, c’est peut-être que les voyageurs étaient trop longs. De vifs applaudissements accueillirent le toast de notre sympathique directeur. La journée du 30 août devait être une étape de retour vers la Moselle; elle débuta dans un brouillard intense, de sorte que nous circulions comme des ombres dans les châteaux de Manderscheiïd, que l’on soup- connait à peine. Il fallut attendre longtemps avant que ces buées ne fussent dissipées; nous n’eûmes une vue d'ensemble satisfaisante des châteaux, qu'au moment d'abandonner la vallée de la Lieser. Notre char-à-bancs nous conduisit par le plateau à Gillenfeld, d’où nous fimes un crochet à pied vers le Pulver Maar, solitaire et majes- tueux ; sur sa rive nous donnions une dernière poignée de main cor- diale à M. Stürtz, puis, corps sans âme, nous continuions vers Lützerath, où nous attendait un dîner copieux. L’après-midi, un peu à la débandade, nous voyions le curieux Fal- kenlei et son intéressante coupe; la Grotte des Fromages, phénomène d’érosion bizarre, dans le basalte columnaire (voir photographie), puis nous rentrions dans la vie civilisée aux bains de Bad-Bertrich, coquette petite stalion thermale dans le ravin de l’Uess. LE Bull. de la Soc. belge de Géol., etc. t. XXI, 1907, Proc.-verb. PI. B A. DELOGEÆ SC LA, DELOGE S- LE GROUPE DES SIEBENGEBIRGE BASALTE COLUMNAIRE DANS LA CARRIÈRE VUES DE ROLANDSECK. DU GROSSER WEILBERG. A, DELOGE S,0 LA CARRIÈRE MICHELS A NIEDERMENDIG. EXTRACTION DU BASALTE PAR PUITS A NIEDERMENDIG. Clichés du Dr Gilbert. Bull. de la Soc. belge de Géol., etc., t. XXI, 1907, Proc.-verb. PI1.4C A D0ËLOGE sc DELOGE S.c LE WEINFELDER-MAAR PRÈS DE DAUN. DÉPART EN LEITERWAGEN DE BETTENFELD VERS LE MOSENBERG. A; DÉLOGE. SC VUE D'ENSEMBLE DU WANZENBODEN-MAAR LA GROTTE DES FROMAGES (BASALTE ALTÉRÉ) PRÈS DU MOSENBERG. A BAD-BERTRICH. Clichés du Dr Gilbert. . ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L'EXERCICE 1907. Rapport du Trésorier. 324 M. le Trésorier dépose les comptes de l’exercice 1906 et le compte provisoire de 4907. Situation financière de l'exercice 1906 (clôture). Recettes. Solde relatif à 1905 (4,042.91 — 9,534.77) . {r. - Recettes précédentes . è | Cotisations . Recettes complémentaires. Ventes de fascicules Subside de la province de Hainaut . Id. de la ville d'Anvers . Abonnements des administrations et abonnés. Déficit à reporter à l’exercice 1907 . TOTAL . . .fr. Dépenses. ÉUHEINOMEMX ue. NA UN, CM Rise RME fr. Tables générales des tomes I à XX . Port et distribution. Planches, photogravures, dessins Traitement, services et indemnité Frais de bureau et de convocations . Abonnements aux publications Bibliothèque. Stations géophysiques . Balarice du compte sismique . Versement au compte des garanties . Vente pour le compte de la Carte pluviométrique . Déficit de l’exercice 1905 . TOTAL ÉGAL . . .fr. 1,508 14 8,164 35 245 » 15 66 900 » 900 » 91%. » 11,808 15 2,342 49 14,147 64 | 3,269 14 2,110 50 904 79 230 41 1265 » 610 72 116 33 14 40 804 45 9,035 74 2,045 99 120 » 39 40 41,737 13 9,410 51 ALAAT 64 322 PROCÉS-VERBAUX. Situation financière de l'exercice 1907 (non clôturé). Recettes. Cotisations et entrées . CARE RENE REVUES Administration des Hospices, ee à perpétuité . Ministère du Travail (bibliothèque: . Subside de la provinceide Brabant A VPN RE de Hainaut . — de la ville d'Anvers . 1 Intérêts des garanties inaliénables . Intérêts sur dépôts. Ventes'et'abonnementst 2 1 SIN ER Abonnements Carte pluviométrique : vente . Sommes à recevoir : Subside de l'État . . . . —- de la province d'Anvers (4907 . Cotisations en retard CAN SAS Abonnements des administrations et abonnés . TOTAL UC PRET Dépenses. Impressions : Procès-verbaux des séances (janvier à décembre). Tome XXI du Bulletin : mémoires, fascicules I à IV . Affranchissements . Convocations : Planches, dessins, Dehes: Frais de bureau. Frais du service de la Ebomenues Indemnités, service de la Bibliothèque et employé Frais d’excursion ae Abonnements et cartes géographiques . Frais pour les stations géophvsiques Intérêts des garanties pour le compte sismique (Balance de ce compte : 2 433.09). Versement au compte des garanties inaliénables . Prévisions pour impression du P V. de l’Assemblée générale, des tables du tome XXI et amortissement du déficit TOTAL ÉGAL Te 890 » 11,463 90 2,927 85 3,748 90 645 25 324 72 1,271 30 381 48 1923 14 1,953 » AA 45 93 10 295 05 10,634 82 85 » ; 400 » 344 08 11,463 90 ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’EXERCICE 1907. Budget pour 1908. Recettes Cotisations et entrées 11. Intérêts des garanties et des dépôts . Subside de l’État belge. | — de la province de Brabant . — de la province de Hainaut . — de la province d'Anvers. nr de/lamville d'Anvers . ETES Location de la Bibliothèque au Ministère du Travail . Abonnements et ventes du Bulletin . TOTAL Dépenses Bulletin (tome XXII) Planches, photogravures, dessins. Traitements et indemnité . Port et distribution du Bulletin Abonnements aux publications Frais de bureau et convocations . . . . . . + © Amortissement du déficit des exercices précédents His d'eXCUrSLOnS ee. … … .". TOTAL ÉGAL Situation de la Bibliothèque. PP. 100,500 11 C0 20 323 Notre bibliothèque s’est enrichie, durant l’exercice écoulé, de seize nouveaux périodiques parmi lesquels il faut signaler spécialement ceux de la Commission géologique du Danemark qui à bien voulu faire remonter son échange de publications, avec nous, à l’année 1890, et du Journal des Sciences, publié sous les auspices de l’Académie royale de Lisbonne, qui le fait remonter à 1889. Par l'intermédiaire de l'École polytechnique de Delft, nous avons eu la bonne fortune de compléter notre collection des publications du Musée géologique de Leide, dont il nous manquait une grande partie des années comprises entre 1881 et 1904, pour les Sammlungen in-8° el toute la série des in-4° de 4891 à 1906. 1907. PROC.-VERB. 20 324 PROCES-VERBAUX. L'Académie des Sciences de New-York a également consenti à nous compléter la collection de ses publications par l’envoi des années 1884 à 1887 de ses Transactions et des années 1887 à 1897 de ses Annales. I s'ensuit que le nombre de publications périodiques que nous recevons actuellement s'élève à 393, pour lesquelles nous fournissons en échange notre Bulletin complet à 168 sociétés et nos Procès-verbaux seuls à 55. Le catalogue de la bibliothèque accuse à fin décembre le nombre de 5440 publications, cartes et tirés à part, soit une augmentation, pour l'exercice 1907, de 550 travaux offerts principalement par leurs auteurs. Session extraordinaire. Le Secrétaire général donne lecture de la lettre ci-dessous du Secrétaire général de la Société géologique de Belgique : « La proposition que vous avez faite à notre Société, au nom de la vôtre, de faire en commun les excursions dominicales et surtout la session extraordinaire annuelle, a été présentée par M. Lohest, notre nouveau président, dans la séance du 17 novembre. Sur lavis favorable du Conseil, l'assemblée a décidé d'adopter cette proposition. Il est donc convenu que la Société géologique de Belgique fixera le lieu de la réunion de 1908 et en règlera les détails | L'assemblée a décidé aussi que chaque Société pourra publier dans ses annales un compte rendu de chaque excursion, suivant les errements suivis jusqu’à présent, de façon que les personnes qui n’appartiennent qu’à l’une des deux Sociétés profitent également de toutes les excursions. » Le Président met aux voix la proposition suivante qui est adoptée à l'unanimité : « L'assemblée générale décide que les sessions annuelles extraor- dinaires auront lieu en commun avec la Société géologique de Belgique et seront organisées alternativement par chaque Société. Il en sera, comme précédemment, publié un compte rendu ou un compte rendu sommaire dans le Bulletin. » Les membres de la Société géologique de Belgique seront invités aux excursions de la Société belge de Géologie. » Programme d'excursions diverses. Dès à présent le programme paraît surabondant, car il convient de n’organiser qu’une excursion par quinzaine pendant l'été. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’'EXERCICE 1907. 329 M. le Président a hien voulu s’inserire pour conduire la Société à la coupe du calcaire carbonifère de Landelies, et pour diriger une excur- sion de tectonique dans la région de Bouffioulx. M. Malaise se met à notre disposition pour étudier la vallée de l'Orneau. M. A. Hankar-Urban nous a offert récemment de consacrer une Journée aux carrières de Quenast, que nous n'avons plus vues depuis longtemps. M. J. Cornet nous propose de recommencer l’excursion de Basècles si malheureusement contrariée par le temps; 1l nous offre de faire la coupe de la vallée de l'Hogneau, visitée en 1900 : excursion variée, Inté- ressante, commode et pittoresque. Enfin, 1Î se propose de nous con- duire dans la vallée de fa Dendre, à Maflles et Mévergnies, pour étudier le Devonien et le calcaire carboniière; M. Rutot se joindrait à lui pour exposer le Quaternaire; cette excursion n’a plus eu lieu depuis 1876. M. Mourlon, qui a levé la région de Tournai, est disposé à nous conduire à la carrière du Cornet, à Chercq, dont l'intérêt a été signalé par M. Stainier. M. van den Broeck, si sa carte à paru, réalisera l’excursion sur le territoire de Lubbeck-Glabbeek ; il nous promet aussi une course spé- léologique. En automne, M. Schmitz nous recevra au Musée des bassins houillers belges. Élections au Conseil. Le Conseil fait les propositions suivantes, qui sont adoptées par acclamation : Vice-présidents en remplacement de MM. Cuvelier, Malaise, Rutot et Stainier, non rééligibles : MM. Juces Corner, docteur ès-sciences, professeur à la Faculté des Sciences et École polytechnique du Hainaut ; Vicror Jacques, docteur en médecine, secrétaire général de la Société d’Anthropologie ; Micnez MourLon, membre de l’Académie des Sciences de Bel- gique, directeur du Service géologique ; WiLHezM PRivz, professeur de géologie et de minéralogie à l’Université libre. 320 PROCÈS-VERBAUX. Déléqués au Conseil en remplacement de MM. Jacques et Mourlon, appelés à la vice-présidence : MM. Louis Dozco, professeur à l’Université, conservateur du Musée royal d'Histoire naturelle ; Aimé RurTor, membre correspondant de l’Académie royale des Sciences, ingénieur honoraire des Mines, géologue, conser- vateur du Musée royal d'Histoire naturelle. Membres du Conseil en remplacement de MM. De Schryver, non réé- ligible, Fiévez et Simoens : MM. ALBERT Hankar-URBAN, ingénieur, directeur gérant de la Société anonyme des Carrières de porphyre de Quenast; EMILE Purzeys, ingénieur en chef des Travaux de la Ville; GUILLAUME SIiMoENs, docteur ès-sciences minérales, chef de section au Service géologique. Élection de Membres honoraires. Sont élus : MM. J. Lamgerr, paléontologiste à Troyes, associé étranger ; E. Tierze, Hofrat, directeur du Kaiserliche Kônigliche Geolo- gische Reichsantalt, à Vienne, associé étranger. A. Pavcow, professeur à la Haute École des Ingénieurs et Géo- logues du Comité géologique, à Moscou, membre effectif. Associés étrangers. Sont élus : MM. L. Cayeux, professeur à l'École nationale des Mines, à Paris, membre effectif; E. Hozzarrec, professeur à l'École technique supérieure, à Strasbourg, membre effectif; CL. Re, attaché au Service géologique de la Grande-Bretagne, membre effectif ; STEINMANN, professeur à l’Université de Bonn. ASSEMBLEE GENERALE ANNUELLE DE L'EXERCICE 1907. 321 Mesures à prendre pour assurer un compte rendu conve- nable des Sciences géologiques dans le Catalogue scien- tifique international. Le Secrétaire fait, au nom du Conseil, la communication suivante : « La question soulevée à notre Société par M. Arctowski, dans la séance de décembre, a éveillé l'attention des autres sociétés et services scientifiques «inst que de Pinstütut international de Bibliographie. Elle s'élargit done à l’ensemble du mouvement scientifique belge ; nous vous proposons de charger le Bureau de porter cette réclamation au Ministre des Sciences au nom de la Société, en s'inspirant des décisions qui sortiront des délibérations de nos confrères en Sciences. » . Aprés une discussion à laquelle prennent part MM. Arctowskt et Mourlon, cette proposilion est adoptée avec la réserve que le Bureau agira promptement. La séance est levée à 18 heures 17. RC | 2 à L FE 1 D Pi à Ë Ces = e : # Le AN co | p É IN” A n = SN L É L NL Le = A È “ > . LL = ‘ - ol s L * À ' “ . ERRATUM Page 302 des Mémoires, dans la légende de la planche IF relative à la faille de Maulenne, Au lieu de : Limites anormales entre le Devonien et le Silurien, Il faut lire : Limites normales entre le Devonien et le Silurien. LÉ 7 L de Er LS V { È ‘ 2% a LÉ een 7 ;. Ê : 7 = Ca ; , . + \ . . : 2 2 \ - _ BULLETIN * DE LA \ DCIÉTÉ BELGE DE CÉOLOCIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE (BRUXELLES) PRE PRÉSIDENT D'HONNEUR : S. À. R,. le Prince ALBERT de Belgique Mémoires E. Vingt et unième année Tome XXI — 14907 — Fascicule I BRUXELLES HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 4142, rue de Louvain, 442 1907 2 2 Re St re 4 22% M GOUE LL LL IS 283 72 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE (BRUXELLES) PRÉSIDENT D'HONNEUR : S. À. KR. le Prince ALBERT de Belgique Mémoires Vingt et unième année Tome XXI. — 1907 BRUXELLES HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 119, rue de Louvain, 112 1907 DS Jar re (at au S U KR LA DÉCOUVERTE DE SILEX UTILISÉS SOUS LES ALLUVIONS FLUVIALES DE LA HAUTE TERRASSE DE 100 MÈTRES DE LA VALLÉE DE LA MEUSE PAR A. ROTOT Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle, à Bruxelles. Le 16 octobre 1906, j'ai eu le plaisir de me rendre, en compagnie de nos excellents confrères MM. E. de Munck et Ghilain et sous la conduite de M. E. Doudou, sur le haut plateau qui domine la Meuse, au Nord de Flémalle-Haute. Depuis l’an dernier, M. Doudou m'avait signalé la trouvaille de silex utilisés dans une sablière située au lieu dit « les Bruyères» du hameau de Rosart, mais de multiples occupations m’avaientempêché de me rendre sur place pour me faire une opinion au sujet de l’importance de la trouvaille. Les excellents résultats de l’exploration des Hautes-Fagnes, effectuée par notre zélé collaborateur M. E. de Munck, et la certitude dans laquelle j'étais que l’on finirait par trouver des gisements d’Éolithes en position stratigraphique précise, semblables à ceux qu'il a signalés, m'ont décidé à entreprendre la course sur le haut plateau de Flémalle-Haute, puis- qu’il y avait chance de rencontrer là une solution au problème qui s'était posé. Il existe plusieurs sablières au hameau de Rosart; aussi, guidés par -M. Doudou, nous nous sommes rendus directement. à celle qui nous avait été désignée comme ayant fourni des Éolithes. 4 A. RUTOT. — SUR LA DÉCOUVERTE DE SILEX UTILISÉS La sablière en question est située en un point où, dans le haut pla- teau, à l'altitude de 180 mètres au-dessus du niveau de la mer (1), se creuse l'extrémité de deux vallons qui se rejoignent plus loin pour déboucher dans la vallée du ruisseau des Cahottes, affluent de la Meuse. La sablière coupe transversalement, sur plus de 100 mètres de lon- gueur, la partie du plateau restée intacte entre les deux dépressions. L'exploitation du sable est malheureusement arrêtée depuis quelque temps, de sorte que les parois se sont en grande partie éboulées; toute- fois, nous avons pu relever la coupe suivante : — ET Rs TRS RES = —— RER NE Re = DRE I = an < Fig. À. — COUPE DE LA SABLIÈRE DE ROSART AU POINT OÙ LES DÉCOUVERTES D'ÉOLITHES ONT ÉTÉ FAITES. A. Limon hétérogène grumeleux, rempli de petits cailloux de quartz blanc, résidu du délavage de la couche de limon quaternaire hesbayen et brabantien qui s’étendait primitive- ment sur le plateau, mais qui a disparu par dénudation sur la’pente digée vers le SudOuest Men RCE 0m30 B. Alluvion sableuse ou sable argileux, formée de sédiments tongriens remaniés Sur place EME MA AL C. Cailloutis formé de nombreux rognons de silex souvent assez gros, fréquemment entiers, plus ou moins roulés, à croûte blanche, très altérés, avec Éolithes et très nombreux petits galets de quartz blanc, quelques fragments de phtanite carbo- nifère peu roulés et cailloux roulés de roches de l’Ardenne . 090 D. Lignite noir, presque pur, sommet de l’Oligocène inférieur (Tongrien inférieur) de la région . 120 SR RO PSDED E. Sable argileux très stratifié, très micacé, correspondant au terme Ty{d de la légende de la Carte géologique au 1/46600 + 1"00 F. Sable blanc pur, micacé, veiné de rouge, non glauconifère, visible sur 3 à 4 mètres. C'est le terme Tg1b de ja légende de la Carte géologique. Le bas est caché par des éboulements. 0m80 (4) L’'altitude du mwveau actuel des eaux de la Meuse à Flémalle est de 68 mètres environ. SOUS LES ALLUVIONS DE LA HAUTE TERRASSE. 5) Donc, au-dessus de trois couches tongriennes régulièrement super- posées, s'étend l’alluvion fluviale de la haute terrasse, formée de sédi- ments tongriens remaniés, recouvrant un lit plus ou moins important de gravier avec rognons de silex et Éolithes, galets de quartz blane, cailloux roulés de la Meuse, etc. À environ 600 mètres au Nord-Ouest de cette sablière, nous en avons vu une autre où nous avons relevé la coupe suivante : &S TE — _ ee RE RAGE RE — = a SE —— “4 CR ge — == —S F RE a a = 22 — RS ——— RL NT — a — ——— RE DS: EE — 2 SE ee — — _— — En = z RR — Fig. 2. — COUPE D’UNE SABLIÈRE A 600 MÈTRES AU NORD-OUEST DE LA PRÉCÉDENTE. ; Cote du sol : 195. A. Limon de lavage avec nombreux cailloux de quartz blanc épars. Om60 B. Alluvion de la haute terrasse, composée d'alternances irrégu- lières de sable 1ongrien remanié et de lits de graviers, à allure fluviale bien caractérisée. Ces graviers. de composition hétérogène, comprennent de très nombreux galets de quartz blanc, d’assez nombreux cailloux roulés plus ou moins volu- mineux des roches siliceuses de l’Ardenne, souvent fort altérées, des blocs du volume du poing de phtanite noir carbonifère à peine roulés et de rognons de silex générale- ment entiers, de volume très variable |. . . . . . . 300 C. Gailloutis de base de lalluvion de la haute terrasse, de com- position identique à celle des lits eaillouteux compris dans l’alluvion sableuse précédente, avec quelques Éolithes . . (0Om20 DASableblane-meuble/tongrien "2 0. ON 0, 1200 D’autres sablières existent dans la même région; nous n’avons pas eu le temps de les voir. Dans cette deuxième sablière, l’alluvion du haut plateau atteint donc l'épaisseur de 3 mètres et plus; le fait est dû à ce que la dénudation superficielle a été moins énergique en ce point, situé sur le plateau, qu’à la première sablière où la pente du sol vers le Sud-Ouest est sen- siblement plus prononcée. Nous ajouterons que dans un tas de cailloux retirés de la deuxième sablière, plusieurs Éolithes ont été rencontrés. 6 A. RUTOT. — SUR LA DÉCOUVERTE DE SILEX UTILISÉS. Voilà donc la présence d’Éolithes dûment constatée dans le cailloutis servant de base à l’alluvion fluviale des hauts plateaux de la vallée de la Meuse ; quelle est la signification stratigraphique de cette constatation et quelle est sa relation avec les découvertes de M. de Munck sur les Hautes-Fagnes ? M. Éd. Dupont a montré depuis longtemps que la vallée de la Meuse, comme toutes nos autres vallées, du reste, est bordée de terrasses qui peuvent se suivre, plus ou moins bien développées, tout le long de la vallée du fleuve. Une coupe transversale de la vallée, prise en tout point où les terrasses se montrent, c’est-à-dire là où existent des courbes ou des méandres, montre la disposition suivante : Flaul Plateau a aut ‘a Haute lerrasse CLEAr9Ie m Fig. 3. — COUPE TRANSVERSALE EN TRAVERS DE LA VALLÉE DE LA MEUSE, MONTRANT LA DISPOSITION DES TERRASSES. LES ALTITUDES INDIQUÉES SE RAPPORTENT AU NIVEAU ACTUEL DES EAUX DU FLEUVE PRIS COMME POINT DE REPÈRE, C'EST-A-DIRE COMME ZÉRO. LL 4 D'après le croquis figure 5, on voit donc que, partant du niveau actuel de la Meuse pris pour zéro, une première terrasse, ou basse ter- rasse, S'élend entre 5 et 10 mètres environ, c’est-à-dire en pente douce, au-dessus du niveau du fleuve ; puis se présente une pente rapide de 20 mètres de hauteur, montrant ordinairement le roc primaire à découvert. | De 30 à 65 mètres s'étend une deuxième terrasse,ou moyenne terrasse, plus ou moins large, souvent très bien dessinée, puis s’élève subitement une nouvelle falaise rocheuse d’une trentaine de mètres de hauteur, au sommet de laquelle le terrain s’arrondit de manière à se raccorder à une terrasse supérieure, ou haute terrasse, dominant les eaux du fleuve d’envi- ron 100 mètres et montant en pente douce jusque l’altitude de 130 mètres, où se dessine souvent une courbe en pente plus rapide raccordant la haute terrasse au haut plateau. l SOUS LES ALLUVIONS DE LA HAUTE TERRASSE. il Évidemment le creusement de la vallée s’est fait du haut vers le bas, d’où il suit que les terrasses sont d'autant plus anciennes qu’elles sont plus élevées. D'autre part, les terrasses sont recouvertes de dépôts d’alluvions fluviales, ainsi que les pentes qui les raccordent, lorsque la déclivité n’est pas exagérée et surtout lorsqu'elles ne sont pas dirigées vers le Sud, le Sud-Ouest et l'Ouest, cas où la dénudation pluviale mo- derne a effectué son maximum de délavage. On peut ainsi rencontrer des points favorables — l’un d’eux se trouve au confluent de la Méhaigne et de la Meuse — où l’on peut non seule- ment étudier le système des terrasses, mais aussi toute la série complète des dépôts abandonnés sur celles-ci et sur les versants. De cette étude il résulte que l’on peut reconstituer, grâce à la Géo- logie, toute l’histoire de la région considérée. Entre Huy et Liége, les couches formant le soubassement rocheux appartiennent au Primaire et notamment au Calcaire carbonifère et au terrain houiller, plus ou moins contournés lors du plissement post- houiller ou hercynien. Pendant ia plus grande partie de la période secondaire, les cimes des plissements ont été peu à peu arasées par la dénudation continentale, puis, tout à la fin du Secondaire, à l’époque sénonienne, tout ce terri- toire, qui comprend aussi celui des Hautes-Fagnes, s’est affaissé au point qu'il à été largement recouvert par les eaux marines. 7’est surtout vers l’époque où s’est déposée la « Craie de Spiennes » que la mer a fait sa plus grande invasion dans la région qui nous intéresse. Il s'ensuit que le vaste territoire constitué par la Heshaye et toute la haute Belgique avoisinant la frontière allemande, a été recouvert par des dépôts sénoniens successifs, débordant l’un sur l’autre en con- cordance avec la progression marine, le maximum ayant été atteint par la mer ayant déposé la « Craie de Spiennes ». À partir de ce moment, un mouvement contraire s’est produit, la mer à rétrogradé vers le Nord et, tout à la fin du Crétacé, nous voyons la mer maestrichtienne en sérieuse régression, avec, au commencement du Tertiaire, émersion complète de la région. Pendant tout l’'Éocène, des mouvements divers, parfois assez amples, ont amené dans ce qui constitue actuellement la basse et la moyenne Belgique, des invasions marines ; mais au début même de l’Oligocène, la mer a fait une large rentrée dans toute la haute Belgique, et la Hes- paye comme les Hautes-Fagnes ont été replongées temporairement sous les flots de la mer tongrienne. 8 A. RUTOT. — SUR LA DECOUVERTE DE SILEX UTILISÉS A On s’attendrait certainement à constater que, pendant l’énorme durée de l’époque éocène, la partie de craie émergée couvrant ce qui forme aujourd’hui une partie de la Hesbaye, le plateau de Herve et les Hautes-Fagnes, fut énergiquement attaquée par la corrosion des eaux de pluie chargées d’acide carbonique et que la craie disparut ainsi par dissolution, laissant simplement sur place un « tapis » de silex, cimenté par le faible résidu argileux insoluble résultant de la dissolution. Cependant, il n’en est rien. On peut s'expliquer la résistance du manteau erayeux par le fait que, à cause des affaissements sans cesse renouvelés dans la basse et dans la moyenne Belgique, la surface de la craie fut toujours située à un niveau relativement bas par rapport à celui de la mer, ce qui entretenait la plasticité et un maximum d'humidité constant, sans circulation inté- rieure dans la masse crayeuse. Le fait est que les contacts visibles du Tongrien inférieur marin sur la craie à silex sont généralement nets et que les points où, sous le Tongrien, on observe un « tapis de silex » sont rares. Il y à plus. Lorsqu'on examine où, sous les sédiments tongriens, on constate l’existence d’argile à silex, on remarque que les silex ne portent absolument aucune trace de roulage et que là où pouvait se trouver le littoral de la mer tongrienne, les silex du cailloutis sont également intacts. De deux choses l’une : ou bien il faudrait que la mer de l’Oligocène inférieur füt entrée sur le territoire envahi avec une rapidité déconcer- tante, plaçant le cailloutis de silex à la profondeur suflisante pour être à l'abri des mouvements des côtes, — et, dans ce cas encore, il faudrait qu’au moins le long des rivages où la mer a séjourné on trouvât des silex roulés, — ou bien il faut admettre que le tapis de silex n’existait pas encore lors de l’invasion longrienne, et c’est à cette manière de voir qu'il faut nécessairement se rallier. Mais il existe des points, sur les deux rives de la Meuse notamment, où le Tongrien surmonte une forte épaisseur d’argile à silex. Dans ce cas, le Tongrien est toujours d'épaisseur très réduite et formé uniquement du sable blanc, meuble, Tg /b, de base, éminemment perméable à l’eau et qui n’a pu ainsi empêcher en rien l’infiltration des eaux pluviales chargées d’acide carbonique, qui ont ainsi attaqué souterreinement la craie et l’ont dissoute. Mais n’anticipons pas sur la suite des événements et constatons simplement qu'à l’arrivée de la mer tongrienne il n'existait pas de SOUS LES ALLUVIONS DE LA HAUTE TERRASSE. à) couche d'argile à silex à la surface de la craie, malgré l’émersion d’une partie du manteau crayeux pendant tout l’Éocène. La mer tongrienne ayant envahi un vaste territoire, s’y maintint pendant un certain temps et déposa, sur la craie, d'abord Île sable d'immersion 7q4b, puis, au moment de l'extension maximum, le sable argileux Tg{c dans les régions non littorales; puis un mouvement de soulèvement se produisant, la mer se retira vers le Nord-Est, déposant sur ses dépôts littoraux, puis de fond, les sables dits de Neerrepen (Tgtd), glauconifères, très stratifiés et chargés de paillettes de mica. Sur le plateau au Nord de Flémalle-Haute, il ne s'établit jamais de grand fond tongrien; au sable Tg1b succède immédiatement un facies un peu aïgileux de Tqg{d, mais ayant gardé ses caractères de fine strati- fication et d’abondant miea. L’émersion continuant, le sable argileux Tg1d s’assécha à son tour et la végétation s’y établit, ainsi que le montre la couche ligniteuse D observée dans la sablière de Rosart (voir fig. 1). Mais, le long du rivage Sud, des eaux fluviales se jetaient dans la mer tongrienne et, lors du soulèvement de l’Ardenne qui refoula Îles eaux marines vers le Nord-Est, ces courants d’eau douce, poursuivant la mer en retraite et rendus rapides par suite de l'augmentation de la pente, se mirent à creuser des chenaux au travers des sédiments marins précédemment déposés. Mais bientôt le soulèvement s'arrêta, un mouvement inverse se pro- duisit, et les eaux douces, reprenant une aîlure plus tranquille, aban- donnèrent sur leur lit d’abord de très nombreux cailloux, puis des sables, puis enfin des argiles plastiques, des marnes calcaires, etc. Les très nombreux cailloux apportés par les cours d’eau tongriens venant du Sud-Ouest et du Sud sont d’une nature toute particulière, très caractéristique, qui ne permet pas de les confondre avec les autres graviers de la région. Ces cailloux, généralement petits, assez régulièrement calibrés, entièrement roulés, sphériques, sont constitués presque uniquement de quartz blanc laiteux, et sont accompagnés d’une faible proportion de cailloux de même forme et de même volume d’une roche blanchîitre à texture nettement oolithique. Aucune des nombreuses roches primaires 4 bassin de la Meuse qui constituent les cailloutis des trois terrasses de la vallée n’y est repré- sentée, ce qui montre bien que les eaux HUE E qui se sont écoulées sur l’Ardenne pendant tout l’Éocène, étaient à peu près sans vitesse et incapables d’érosion sensible. 10 A. RUTOT. — SUR LA DÉCOUVERTE DE SILEX UTILISÉS Les trainées de cailloux blancs de la phase fluviale tongrienne ne sont pas uniformément répandus sur tout le territoire occupé par la mer; ils forment une bande large de 5 à 10 kilomètres environ, qui paraît suivre approximativement la direction générale de la vallée de la Meuse actuelle. Après le dépôt des sédiments argileux et marneux qui constituent le sommet du Tongrien, le sol s’affaissa à nouveau, permettant, pendant l’'Oligocène moyen ou Rupelien, deux rentrées marines successives dans le Nord de la Belgique. - Après le départ des mers rupeliennes, il semble, si l’on en croit les renseignements fournis par quelques grands sondages de la Campine, qu'une sorte d’estuaire sableux avec lignites s'établit vers le Nord-Est de notre pays, représentant l’Oligocène supérieur ou Aquitanien, dont il parait n’exister aucun affleurement superficiel connu. C'est pendant cette période continentale, qui s’est ensuite perpétuée pendant à peu près toute l’époque miocène, que les dénudationsde ce qui forme de nos jours le pays de Herve et le plateau des Hautes-Fagnes se sont opérées. D'abord, les glaises et les marnes du Tongrien supérieur ont été délavées par les eaux sauvages s’écoulant vers le Nord; ensuite les sables fluviaux, puis marins, ont été entamés, et enfin la craie sous-jacente elle-même fut mise à découvert. | Alors seulement, pendant le Miocène, commença et s’acheva en grande partie la dissolution du manteau crayeux. Les eaux tombant sur les surfaces couvertes de sable tongrien très perméable, aussi bien que celles coulant directement dans les chenaux qui s'étaient creusés jusqu’à la craie, pénétrèrent dans les fissures qui s'étaient ouvertes dans la craie durcie et la corrosion fut menée ainsi de tous les côtés à la fois, D'abord, la première couche de craie ayant été dissoute, les bancs de silex apparurent successivement à la surface. La craie qui les cimentait étant dissoute à son tour, les rognons de silex furent libérés, déchaussés, et au fur et à mesure de la corrosion, les bancs de silex se condensèrent en un «tapis» continu à éléments empâtés dans le faible résidu argileux insoluble résultant de la dissolution de la craie. Les rognons de silex exposés ainsi aux intempéries et à la dessicca- tion ne tardèrent pas à se fendiller, à se fissurer, à éclater, puis leurs fragments se mirent à se disjoindre par suite des tassements qui se produisaient dans la masse craveuse en dissolution. C’est ainsi que se constitua peu à peu, tant directement à la surface SOUS LES ALLUVIONS DE LA HAUTE TERRASSE. 11 du sol que sous ce qui restait de sable tongrien, le vaste cailloutis ou « tapis de silex » que nous rencontrons de nos jours couvrant le plateau des Hautes-Fagnes. Vers la fin du Miocène, pendant le Boldérien, la mer fit encore une rentrée dans le Nord de notre pays, ce qui n’influença guère la conli- nuation de la dénudation et de la dissolution de la craie. En beaucoup de points du biseau crétacé, il ne resta plus trace de celle-ci, car toute la partie calcaire ayant été enlevée, le biseau primitif fut réduit à une simple accumulation superficielle d’éclats tranchants de silex et, plus bas, de rognons non encore éclatés. À la fin du Miocène, l'Est du pays devait donc se présenter sous l'aspect d’une plaine immense traversée, dans la direction approxima- tive actuelle de la vallée de la Meuse, par une très large dépression peu profonde sur le fond plat de laquelle circulaient, dans des chenaux à cours perpétuellement changeants, les eaux sauvages qui d’abord avaient coulé à l’aventure sur tout le plateau tongrien, qu'elles avaient considérablement dénudé, surtout vers la frontière allemande actuelle. Après le départ de la mer boldérienne, les érosions et les corrosions continuèrent et la dépression dont il a été parlé ci-dessus s’accentua encore; mais un affaissement assez important du sol se produisit qui amena, au commencement de l’époque pliocène, les eaux de la mer sur près de la moitié Nord-Ouest du territoire de la Belgique. Nous sommes ainsi parvenus au Pliocène inférieur, connu chez nous sous le nom de Diestien. Lorsqu'un soulèvement du sol reloula vers le Nord la mer diestienne (1), les filets d'eaux sauvages plus ou moins condensés qui se Jetaient directement du Sud au Nord dans la région Ouest de la Belgique où ils figuraient, avant le Diestien, le futur bassin de l'Escaut, suivirent la ligne de rivage en retraite, mais au lieu de leurs anciens lits, ils ne trouvèrent plus que la vaste plaine de sédiments marins abandonnés par la mer diestienne et ils durent s’y recreuser un cours. Mais la mer du Pliocène inférieur n'avait pas envahi bien loin la dépression que suit actuellement la vallée de la Meuse, de sorte que, lors du soulèvement qui s’est opéré pendant la deuxième partie du Diestien, des érosions assez intenses ont encore approfondi la grande dépression. (1) Ce soulèvement parait devoir concorder avec la formation du bombement des couches connu sous le nom de « crête de l’Artois » dans le Boulonnais et de « Weald » dans le Sud de l'Angleterre. 42 A. RUTOT. — SUR LA DÉCOUVERTE DE SILEX UTILISÉES Ces érnsions ont dû se modérer pendant l'invasion de la mer scaldisienne, suivie de près par l'invasion poederlienne, et je suis d'avis que c’est vers la fin de l’époque poederlienne, c’est-à-dire du Pliocène moyen, que le fond de la grande dépression atteignit 100 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux dans les vallées, à la suite du sou- lèvement qui, en repoussant la mer vers le Nord, amena encore les eaux fluviales à la vitesse érosive. Mais on sait que c’est avec le Poederlien que lon fait concorder la première période glaciaire ; dès lors, le commencement du Pliocène supérieur concorde avec un affaissement du sol et aussi avec un régime d’eaux fluviales à cours lent. La fin de la première glacration fut sans doute accompagnée d’une fonte de glaces et de chutes de pluie qui amenèrent une crue sensible dans la première ébauche des vallées. | L'écoulement normal des eaux vers le Nord n'étant pas assuré, les eaux des multiples chenaux serpentant sur le fond de la dépression se rejoignirent, ne formant qu'une masse rapide qui s’enfla progressive- ment jusque 50 mètres environ au-dessus du fond et remania le lit de fragments et de rognons de silex, utilisés ou non, existant sur les pentes du haut plateau en même temps qu'y étaient apportés des cailloux roulés quartzeux de l’Ardenne, des fragments peu roulés de phtanite carbonifère et d'innombrables cailloux blancs arrachés à la base des dépôts fluviaux du Tongrien supérieur. Cette crue importante date done du début du Pliocène supérieur, mais la disparition des causes de son existence la fit cesser et, la fin du Pliocène concordant avec un recul de plus en plus sérieux des rivages marins vers le Nord, les pentes du sol devinrent plus rapides, d'où érosion considérable représentée par la falaise ou pente raide de 35 mètres de hauteur séparant la haute terrasse de 100 mètres de la moyenne terrasse de 65 à 50 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux. En somme, sur le haut plateau, le « tapis de silex » constituant un amas énorme de matière première directement utilisable, situé à proxi- mité immédiate des eaux coulant dans les chenaux de la grande dépres- sion, fut accessible, de manière favorable, aux groupes humains errants, à partir de la fin du Miocène jusqu’à la fin du Pliocène moyen. C’est à cette durée que peut être attribuée l’occupation, par nos ancêtres primi- tifs, de la région peu élevée au-dessus du niveau des eaux d'alors et de climat très tempéré qui constitue de nos jours la Hesbaye, le pays de Herve et les Hautes-Fagnes. l SOUS LES ALLUVIONS DE LA HAUTE TERRASSE. 13 Cette occupation humaine a-t-elle duré d’une manière continue depuis la fin du Miocène jusqu'à la fin du Pliocène moyen? C’est ce que nous ne pourrions dire pour le moment. Il est du reste à remarquer qu’en France, dans le Cantal, une admi- rable industrie éolithique existe dans les dépôts fluviaux bien datés stratigraphiquement et paléontologiquement du Pontien ou Miocène tout à fait supérieur. D'autre part, on sait qu’en Angleterre, l'industrie du Chalk-Plateau du Kent, à laquelle on attribue généralement l’âge pliocène moyen, existe, très bien représentée par des spécimens plus ou moins roulés, sous une couche d’alluvion rouge, argileuse, qui se rencontre dans une situation absolument identique à celle de notre alluvion de la haute terrasse. Il ne semble pas, en Angleterre, que l’industrie du Chalk-Plateau puisse être plus ancienne que la fin du Pliocène inférieur, car on peut admettre que le haut plateau qu’elle occupe a dû être, au moins en partie, recouvert par les eaux de la mer diestienne. De sorte que, pour ce qui concerne la Belgique, sans qu’il y ait la moindre impossibilité à ce que le « tapis de silex » du haut plateau ait pu être habité dès la fin de la période miocène, on peut admettre que l'occupation a pu se faire en même temps en Belgique et en Angleterre, — la Grande-Bretagne était alors largement reliée au continent, — par des familles ayant quitté le Plateau central de la France vers la fin du Miocène ou vers le commencement du Pliocène et se dirigeant avec lenteur vers le Nord. On pourrait même trouver une explication très rationnelle à cette émigration. En effet, d’après le témoignage de tous les spécialistes, et en particulier de M. M. Boule, le Cantal, où vivaient nos premiers ancêtres miocènes, a été le théâtre, dès le début du Pliocène, de for- midables manifestations volcaniques, avec immenses coulées de laves et de basaltes, qui se sont perpétuées pendant presque tout le Pliocène. De tels phénomènes ont dû évidemment chasser les populations vivant dans la région et une partie de celles-ci, se dirigeant vers le Nord, a laissé en France de nombreuses traînées d'industrie éoli- thique sur les hauts plateaux des régions traversées (1), jusque vers le (1) Il doit être bien entendu que ce qui forme actuellement ces hauts plateaux, constituait simplement le sol des plaines, avant le creusement du réseau actuel des vallées, 14 A. RUTOT. — SUR LA DÉCOUVERTE DE SILEX UTILISÉS sommet des falaises du Blanc-Nez, en France, ce qui mettait ces tribus à quelques journées de marche des régions du Weald et du Chalk-Plateau du Kent, lesquelles font face aux falaises françaises et n’en étaient nullement séparées par un bras de mer. La fin du Pliocène inférieur et le Pliocène moyen sont donc les époques qui conviennent le mieux pour fixer l’occupation du hant plateau, et le Pliocène moyen est bien le dernier terme possible, ear l’état de roulage plus ou moins avancé des Éolithes rencontrés à la base des alluvions de la haute terrasse montre bien que ces silex utilisés étaient répandus sur le plateau avant la grande crue du début du Pliocène supérieur. On voit donc combien les nouvelles observations faites sur la haute terrasse concordent avec celles de M. E. de Munck effectuées sur le haut plateau. Ces observations se complètent les unes les autres el nous montrent tout le vaste affleurement de matière première, formé par la disparition de la craie déposée vers la fin de l’époque sénonienne, largement occupé aux points où la nature du silex était la plus favorable et parsemé d'outils des cinq ordres primordiaux : percuteurs, couteaux, racloirs, grattoirs et perçoirs, Jusqu'au moment où une forte crue a dû faire fuir les habi- tants en remaniant, parmi les cailloux charriés de diverses provenances, les instruments dont ils s'étaient servis lorsqu'ils s'étaient établis aux bords du fleuve à cours normal. Tous les faits qui viennent d’être exposés montrent aussi l’inanité des diverses objections qui ont été présentées au sujet des conditions d'habitabilité des Hautes-Fagnes aux époques préhistoriques. Certaines personnes, qui semblent ignorer des faits actuellement bien connus, ont déclaré que, vu les conditions défavorables d’habitabilité existant de nos jours sur les Hautes-Fagnes, il devait être plus impos- sible encore à des populations primitives d’y vivre aux temps anciens. Or, à l’époque du Pliocène moyen, les conditions de toute espèce : topographiques, orographiques, climatériques, etc., étaient absolument différentes de ce qu’elles sont actuellement. Û La région était à une altitude très sensiblement plus basse; elle était traversée par un fleuve peu profond, ayant des kilomètres de largeur ; la mer était plus proche et on sait que le climat était tempéré. Rien n’empêchait donc ce vaste territoire d’être couvert de forêts, el toutes les conditions favorables et primordiales : proximité immé- diate de l’eau, présence de matière première directement utilisable et proximité de territoires de chasse, étaient réalisées à souhait. MES SOUS LES ALLUVIONS DE LA HAUTE TERRASSE. 45 D’autres personnes nous demandent alors pourquoi, si le haut plateau a pu être habité par des populations éolithiques d’àge pliocène, il n’a pas été occupé aussi par des peuplades paléolithiques et néoli- thiques. D'abord, la question posée de cette façon est trop générale et montre une singulière ignorance des faits observés; d'autre part, la réponse qu’elle sollicite a déjà été fournie en maintes circonstances. En effet, pour ce qui concerne le Paléolithique, 1l y a lieu de distin- guer deux périodes bien différentes et, de plus, c'est la Géologie qui permet de répondre péremptoirement aux questions et aux objec- tions. On sait que le phénomène qui a caractérisé la fin du Pliocène, tout le Quaternaire inférieur et la moitié du Quaternaire moyen, est le creu- sement des vallées et que ce creusement s’est opéré irrégulièrement, c’est-à-dire par périodes d’érosions entrecoupées de périodes d’eaux calmes avec sédimentation (1. J'ai dit maintes fois qu'après l'établissement du fond des vallées à 100 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux qui y coulent, — fait qui s’est passé à la fin du Pliocène moyen, — le creusement de la pente rapide de 35 mètres qui sépare nettement la haute terrasse de 100 mètres de celle de 65 à 30 mètres, ou Lerrasse moyenne, s’est opéré pendant le Pliocène supérieur et que le dernier phénomène d’âge pliocène consiste dans l’arrêt de l'érosion et le dépôt, sur le nouveau fond représenté par la moyenne terrasse, d'un cailloutis que sont venues occuper, lorsqu'il y avait lieu, les tribus reutéliennes à l’aurore des temps quaternaires. Les conditions essentielles d'existence des primitifs exigeant à la fois la proximité immédiate de l’eau, puisqu'ils ne connaissaient ni poteries ni récipients, et celle de la matière première, les occupants du haut plateau, à l’époque reutélienne, ne se seraient donc plus trouvés à proximité immédiate de l’eau, et ils auraient dû descendre sur le cailloutis de la moyenne terrasse, constituant alors le fond des vallées. Mais là, ils sont loin d’avoir trouvé partout la deuxième des condi- tions primordiales d'existence. (1) J'ai eu plusieurs fois l’occasion de montrer que ces irrégularités dans le creuse- ment, qui sont la cause du protil « en escalier » des vallées, sont dues aux mouvements de soulèvement et d’affaissement du sol pendant l’époque du creusement. Il est en effet évident que les soulèvements du sol, en rendant les cours d’eau plus rapides, pro- duisaient les grandes érosions, tandis que les affaissements, en ralentissant considéra- blement les cours d’eau, étaient la cause de la formation des terrasses et des dépôts d’alluvions. 16 A. RUTOT. — SUR LA DÉCOUVERTE DE SILEX UTILISÉS En certains points, comme le Hainaut et la Flandre, l’eau et la matière premiére se sont trouvées répandues à souhait, et les tribus reu- téliennes ont pu se développer à l’aise; mais dans la vallée de la Meuse, le cailloutis de la moyenne terrasse n'étant guère constitué que de cailloux roulés des roches de la Meuse, non utilisables, mélés à une faible proportion d’éclats de silex, le défaut de matière première a fait émigrer la majeure partie de la population vers les régions plus favo- risées et notamment vers la Sambre, la Haine et la Campiné, où les cailloux venaient d’être largement répandus, tandis qu'à Wépion, à Andenne, à Bas-Oha, etc., nous ne rencontrons que les traces d’indus- trie de rares familles, soit subsistantes, soit en quête d’autres régions plus favorables. Si donc les Reutéliens ont quitté la vallée de la Meuse, ils ont à plus forte raison abandonné le haut plateau où l’eau était absente et 1l en est de même pour les Maffliens et les Mesviniens, qui, eux, vivaient à l’époque où le fond des vallées était descendu à peu près au niveau actuel des eaux. | . L’approfondissement continu des vallées a donc séparé de plus en plus le haut plateau des rives des cours d’eau et rendu le séjour du premier moins possible. Nous en arrivons maintenant aux Paléolithiques. L'observation directe des faits nous a encore montré péremptoire- ment que les populations du Paléolithique inférieur (Strépytens, Chelléens et Acheuléens) ont été soumises aux mêmes lois d’habita- bilité que les Éolithiques, c’est-à-dire qu’elles se sont pliées à la néces- sité de la proximité immédiate de l’eau et de la matière première. C’est pour cette raison que les tribus du Paléolithique inférieur ont toujours habité les bas niveaux (basse terrasse), ou parfois la moyenne terrasse, lorsque des crues considérables se produisaient dans le fond des vallées. _ Ce ne sont donc pas les Hautes-Fagnes seulement qui ne renferment pas de gisements du Paléolithique inférieur, mais tous les hauts plateaux en général, tant en Belgique qu’à l'étranger, et ceci nous fournit, de plus, l’occasion d’exposer encore combien l'influence des conditions d’habitabilité est importante en montrant, pour la vallée de la Meuse, non seulement l’absence des industries du Paléolithique inférieur sur le haut plateau, mais aussi sur la moyenne et sur la basse terrasse de la vallée. | Pendant toutes les époques strépyienne, chelléenne et acheuléenne, la belle vallée de la Meuse et, en général, celles de tous ses affluents, SOUS LES ALLUVIONS DE LA HAUTE TERRASSE. 17 ont été délaissées et désertes faute de matière première utilisable, tandis que la si modeste vallée de la Haine, riche en silex, offrait tout le long de ses bords une suite non interrompue de stations. À la même époque, les belles vallées de la Senne, de la Dendre, de l'Escaut étaient également désertes; à peine un petit groupe humain de la fin du Chelléen fait-il une apparition sur la terrasse moyenne de la vallée de la Lys, où existe un peu de silex, alors que les populations étaient totalement absentes de la basse terrasse pour manque absolu de matière première utilisable. Avec le Paléolithique supérieur, la face des choses est transformée. Les derniers Acheuléens ont dû émigrer vers le Sud, fuyant les rigueurs du climat du deuxième Glaciaire quaternaire (Rissien du Prof” Penck), puis les eaux de l'énorme crue hesbayenne sont venues recouvrir notre pays et le Nord de la France, lors du retrait et de la fonte des glaces. Après le retrait des eaux, cette région n’est plus qu'une vaste plaine morne et triste, entrecoupée de vallées engorgées de limon, sur laquelle recommence à croître une végétation encore rare. C’est dans ce cadre peu attrayant que des tribus errantes, parties du centre de la France où florissait l’industrie moustérienne typique, sont arrivées dans notre pays, munies de leur industrie lithique moustérienne, mais augmentée des deux précieuses ajoutes : l’utilisa- tion de l’os et de l’ivoire et la connaissance de la poterie, toutes deux engendrées sans doute par la nécessité de se vêtir de peaux de bêtes et de transporter de l’eau pendant leurs longues pérégrinations. Ces populations, qui avaient vu leurs ascendants se réfugier sous des abris sous roche ou dans des cavernes, dans la région du Périgord notamment, retrouvant, dans notre pays, des cavernes naturelles creusées dans les massifs calcaires du Carbonifère et du Devonien, s’y installèrent naturellement, principalement dans la caverne d’Hastière où ils ont délaissé, dans plusieurs niveaux successifs, les restes de leur industrie aurignacienne inférieure (1). Dans la suite, il y eut des départs et des rentrées. De nouvelles familles émigrées du Périgord venaient successivement habiter nos grottes, en possession du facies Industriel particulier au moment où avait lieu leur départ, et c’est ainsi qu’en Belgique M. Éd. Dupont a (4) On se rappellera que l’ensemble des trois niveaux industriels compris entre le Moustérien et le Solutréen a reçu récemment le nom d’Aurignacien, dont l’étymologie est la ville d’Aurignac. 1907. MÉN. 2 18 A. RUTOT. — SUR LA DÉCOUVERTE DE SILEX UTILISÉS retrouvé les divers stades industriels du centre de la France, mais toujours avec un certain relard, dû au temps nécessité par le voyage. Pendant tout le Paléolithique supérieur (Aurignacien et Magdalé- nien [1}), des hommes ont donc habité les cavernes de nos vallées creusées dans le calcaire, et précisément ce sont les vallées que n’avaient jamais occupées ni les Éolithiques ni les Paléolithiques infé- rieurs, qui ont été recherchées par les Paléolithiques troglodytiques à cause de la présence des cavernes. C’est qu’en effet, grâce aux nouvelles acquisitions industrielles qui leur permettaient de se déplacer sans danger en emportant avec eux le nécessaire, les Troglodytes ne sont plus soumis aux rigueurs de l’ancien ordre de choses. C’est la nécessité de s’abriter qui, maintenant, devient primordiale; de plus, l’eau est toujours à proximité des cavernes, et comme le silex manque souvent dans la région, on va chercher la matière première de l’outillage, de la parure, etc., aux points où elle a été découverte au cours de pérégrinations. Pendant l’époque néolithique, les faits se sont passés de manière analogue; les perfectionnements dans le genre de vie permettent peu à peu à ces populations de camper et de s'installer là où il leur plaît, sans avoir à s'inquiéter outre mesure de la présence de la matière première, mais la proximité de l’eau reste toujours essentielle. Au fur et à mesure que l’on s’avance vers le Robenhausien, cette tendance s’accentue rapidement et, à la fin du Néolithique, nous voyons se former des centres d'exploitation et de taille du silex qui “vont colporter leurs produits parmi les tribus établies en des régions où le silex fait complètementidéfaut, mais qui sont ainsi certaines de pouvoir renouveler leur outillage et leur armement. Toutefois, malgré l’indépendance d’allures prise par les Néoli- thiques, on conçoit qu'aucune tribu n’ait eu l’idée d’aller s'établir sur les grandes altitudes des ‘Hautes-Fagnes, et ce pour toutes sortes d'excellentes raisons. C’est, d’abord, parce qu’à l’époque néolithique les Hautes-Fagnes ont déjà pris l’altitude qu’elles présentent actuellement et qu’ainsi elles sont soumises au climat spécialement dur qu’elles subissent. (1) Le Solutréen n’a pas encore été, jusqu'ici, rencontré en Belgique. SOUS LES ALLUVIONS DE LA HAUTE TERRASSE. 19 Il y à ensuite l’envahissement de la région par les tourbières, ren- dant l’occupation presque impossible. | Ces tourbières s'étendant sur les gisements de silex, ceux-ci ont disparu aux yeux des occupants, sans compter que le silex lui-même, souvent de nature grossière, qui pouvait très bien ne pas rebuter un homme éolithique, n’était guère fait pour tenter les Néoli- thiques. Enfin, il y a lieu de considérer que le silex du haut plateau pouvait encore être très frais à l'époque du Miocène moyen et parfaitement utilisable pour la confection des instruments éolithiques, alors que les Néolithiques l’auraient trouvé profondément altéré et inutilisable, pendant l’époque moderne, c’est-à-dire tel que nous le trouvons de nos Jours. Il est aussi bien entendu que si les Néolithiques n’ont pas été s’éta- blir sur le plateau des Hautes-Fagnes, ils n’en ont pas moins habité tout le pourtour. Le plateau est, en effet, entouré de stations néolithiques bien con- nues, et à Rosart même, sur la surface du sol, M. E. Doudou nous a montré, au-dessus de l’alluvion à Éolithes dont il a été parlé au commencement de cette note, une station néolithique bien caracté- risée. CONCLUSIONS. 4° La présence de l'Homme tertiaire, d'âge minimum Pliocène moyen, a donc été scientifiquement reconnue, tant sur le haut plateau des Fagnes Hs la haute terrasse de 100 mètres de la vallée de la Meuse, grâce à la présence des restes de son industrie. 2% Cette industrie est naturellement à facies éolithique ; elle com- prend des percuteurs, des enclumes, des couteaux, des racloirs, des grattoirs, des perçoirs et des pierres de Jet, c’est-à-dire l'outillage éoii- thique normal et complet. 5° Elle a été rencontrée depuis les altitudes Le plus élevées des Hautes-Fagnes jusque sur la haute terrasse de 100 mètres bordant la vallée de la Meuse. 4 Sur les Hautes-Fagnes et dans la région environnante, les Éolithes abandonnés par l’homme pliocène se rencontrent intacts, non roulés ni remués, soit à la surface du « tapis de silex » servant de matière première, soit sous la tourbe de l’époque néolithique ; ailleurs, en divers points et notamment dans une caverne des « Fonds de Forêt » et à la 20 A. RUTOT. — SUR LA DÉCOUVERTE DE SILEX UTILISÉS. base des alluvions de la haute terrasse de 100 mètres, à Rosart, les Éolithes sont plus ou moins roulés par les eaux de la crue survenue au commencement du Pliocène supérieur. 5° L'industrie éolithique rencontrée intacte sur le plateau des Hautes- Fagnes et roulée à la base des alluvions de la haute terrasse de la vallée de la Meuse, est en tout semblable à celle du Chalk-Plateau du Kent, en Angleterre, et de même âge qu’elle. 6° Enfin, les explorations exécutées par MM. E. de Munck et Ghilain ont démontré, grâce à des observations répétées, que sur les bords des Hautes-Fagnes, des Éolithes pliocènes ont été entraînés dans le lit de quelques ruisseaux à cours rapide et alors, le long de ces cours d’eau, on peut constater que les Éolithes qui s’y trouvent sont d’autant moins roulés qu’ils sont situés plus près de la source, tandis qu'ils sont d'autant plus roulés, jusqu’à se transformer en galets, qu'ils sont plus éloignés de la source. Passé une certaine distance du haut plateau, le lit des ruisseaux ne renferme plus trace d’Éolithes. Ces observations démontrent péremptoirement que les ruisseaux torrentueux, loin de fabriquer des Éolithes, les détruisent rapidement. Si, en effet, c’étaient les eaux rapides qui façonnaient les Éolithes, comme certains le prétendent, on devrait en trouver d'autant plus qu’on descendrait le cours. Non seulement c’est tout le contraire qui arrive, mais c’est au som- met du plateau, au-dessus des sources, que se rencontrent, en place, r les Eolithes intacts, sans traces de transport ni de remaniement. DEUXIÈME NOTE SUR DES MOUVEMENTS SPONTANÉS DES ROCHES dans les mines, les carrières, etc. PAR À. HANKAR-URBAN Directeur-gérant des Carrières de Quenast. Dans la séance du 20 juin 1905 (1), j'ai eu l'honneur d'attirer l'attention de la Société sur des ruptures spontanées de roche, des explosions naturelles que l’on à parfois l’occasion d'observer dans les carrières, et notamment à Quenast. J’ai cru pouvoir rapporter ces der- nières à la pression latérale résultant de la contraction de l'écorce terrestre, ainsi que l’avait fait, du reste, M. le professeur Niles, de Boston, pour des phénomènes analogues, mais beaucoup plus intenses, constatés aux États-Unis. Dans la discussion qui a suivi l'exposé de ma première note, M. van den Broeck à émis le vœu de voir entreprendre des recherches en vue d'établir la part que la dilatation due à la chaleur pourrait avoir dans la production des bendons. J'ai pu constater qu’en soumettant le porphyre à l’action de la flamme d’un feu de bois, on déterminait l’éclatement de plaquettes de !/ à 2 centimètres d'épaisseur, dont les dimensions en longueur et en largeur variaient le plus souvent de 10 à 30 centimètres. J’ai obtenu, en opérant sur un bloc de 4°50 x 5°00 X 295, outre cet écaillement (4) Note sur des mouvements spontanés des roches dans les carrières. (BULL. DE LA SOC. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D'HYDROL., t. XIX, Mém., pp. 527-540.) 22 A. HANKAR-URBAN. — DES MOUVEMENTS SPONTANÉS superficiel, la fente à peu près complète, du haut en bas, du bloc en deux parties. Ces constatations n'’éclaircissent guère la question, ear 1} y a un grand écart entre la température nécessaire pour produire ces ruptures et celle que peut donner le soleil dans nos climats. On a, il est vrai, signalé à plusieurs reprises (1) que les alternatives de chaud et de froid provoquent parfois l'éclatement de cailloux, lécail- lement de parties superficielles de roche en place qui détache de celle-ci, quelquefois avec détonation, des dalles aplaties ou lenticulaires ayant jusqu’à 10 pieds de diamètre. Mais ces phénomènesine se produisent que dans les régions où les écarts de température sont considérables et brusques. Comme je n’ai rien à ajouter à ce qu’en a dit et rappelé M. Merrill dans son excellent traité, ni à la bibliographie très complète qu'il en a donnée, je me bornerai à y renvoyer le lecteur. En outre, la dilatation superficielle due à l’action du soleil ne peut, selon moi, être invoquée pour expliquer la production des bendons de Quenast que comme une cause tout à fait accessoire, pour les raisons suivantes : 1° Les bendons ne se produisent jamais que dans les pseudo-bancs de la roche ayant à peu près la direction ONO-ESE,; 2 Le personnel avait depuis longtemps constaté que sur un front d'attaque ainsi orienté les mines produisaient, suivant cette direction, des effets beaucoup plus importants que ne le comportait leur charge de poudre ; 5° Les bendons se produisent en toute saison, parfois en des points soustraits à l’action du soleil et même parfois sous l’eau; 4° [serait difficile d'admettre que cette dilatation ait pu produire l'éclatement de la roche simultanément en deux points distants d'un mètre, comme cela a eu lieu dans un cas que j'ai cité. Pour en finir avec les phénomènes de Quenast, je ferai remarquer que la direction ESE-ONO de la pression hypothétique à laquelle Je les rapporte correspond sensiblement avec celle qu'impliquent les plissements relativement récents, dont M. Marcel Bertrand (2) prétend retrouver la trace sur les fonds de la mer du Nord, au large de nos côtes. La carte qu’il en a dressée montre en effet que l’un des (1) GEORGE P. MERRILL, À treatise on rocks, rock-weathering and soils, pp. 180-184. (2) Sur la continuité du phénomène de plissement dans le bassin de Paris. (BULL. DE LA SOC. GÉOL. DE FRANCE, pp. 118-165.) DES ROCHES DANS LES MINES, CARRIÈRES, ETC. 23 systèmes de plis de son réseau orthogonal est, en face des côtes belges, orienté à peu près SSO-NNE. Je n’insiste pas, parce que les vues de M. Bertrand ne sont pas admises sans réserves et qu’en tout cas, leur application à la mer du Nord ne serait possible que si les plissements qu'il croit y voir correspondaient à d’autres plus ou moins parallèles de nos terrains tertiaires et de ceux de l'Angleterre. M. le professeur Mac Kennedy Hughes à signalé, il y a quelques années (1), des phénomènes qui se produisent dans diverses carrières de calcaire du Yorskhire et qui paraissent analogues à ceux que j'ai rapportés dans ma première note : Lorsqu'on frappe au moyen d’un pic la roche des bancs inférieurs des carrières, des fragments volent en l'air dans des directions inattendues. Lorsqu'on creusa dans le voisinage de l’une de ces carrières un tunnel pour le chemin de fer, les mêmes faits se produisirent à la partie inférieure de l'ouvrage. M. Kennedy Hughes croit que, dans les deux cas, l'explication est la suivante : la masse de calcaire non encore exploitée autour de la carrière pèse sur les phyllades sous-jacents qui cèdent comme un fluide sous la pression, tandis que ceux du fond de l’excavation, soulagés de ce poids, remontent en courbant les bancs de calcaire du fond de la car- rière qui présentent en conséquence des tensions anormales. J'ai peine à admettre, pour ma part, que des phyllades, même peu résistants, puissent présenter un flux aussi marqué sous le seul poids de la masse de pierre non exploitée, qui n’atteint probablement pas 100 mètres de hauteur, soit sous une pression bien inférieure à 50 kilo- grammes par centimètre carré. Il ne m'est du reste pas possible, faute de renseignements précis, de dire si la pression fatérale peut être invo- quée. (1) Prof. T. Mac KENNEDY HUGHES, Bursting rock surfaces. (THE GEOL. MAGAZINE, 1887, pp. 511-512.) 24 A. HANKAR-URBAN. — DES MOUVEMENTS SPONTANES Quoi qu’il en soit, si les mouvements spontanés constatés dans les carrières, où les causes possibles sont peu nombreuses et l’observation relativement facile, donnent déjà lieu à des divergences d'interpréta- üon, 11 n'y à rien d'étonnant à ce que ceux qui se produisent dans les mines, où les facteurs sont bien plus complexes, aient provoqué des . Opinions variées et parfois radicalement opposées les unes aux autres quant aux causes. Je citerai quelques exemples afin de permettre d'apprécier les faits ainsi que les explications qui ont été données : En 1887, M. Aubrey Strahan reprit dans un mémoire très complet (1), que je résume ci-après, les travaux antérieurs au sujet d’explosions plus ou moins spontanées de roches que l’on constatait depuis un siècle et demi dans certaines mines du Derbyshire(Eyam, ete.). Les filons explosifs se composent d’un ensemble dur et compact de calcite, de fluorine, de barytine et de galène; pour certains observa- teurs, la roche semble étre sous pression. Ces filons sont généralement divisés en deux ou trois parties par des miroirs de faille qui coupent indifféremment la barytine, la galène, etc. Les surfaces de friction sont ondulées, polies comme des miroirs et en contact intime, mais sans adhérence. Les épaisseurs indiquées dans un cas sont de 8 à 10 pouces pour les deux parties productives du filon, séparées l’une de l'autre par une bande de calcite compact de 1 ‘2 pouce. C'est en entamant ce filon au moyen du pie et en y traçant, par exemple, des sillons de 4 pouces de profondeur, à 6 pouces de distance l’un de l’autre, et de haut en bas, que les ouvriers provoquent à volonté une explosion. Celle-ci se produirait quelques minutes après la création des entailles. Ces explosions sont parfois très importantes et auraient même pro- duit, en 1758, un pseudo-sisme ressenti à la surface (?). Le sautage des mines dans le voisinage du filon ainsi que le travail de perforation y provoqueraient aussi parfois, quelque temps après, des explosions natu- relles. M. Pilkington, qui signala, en 1879, ces caractères explosifs de certaines roches du Derbyshire, ajoute qu’on dit qu'elles perdent ces carac- tères quelque temps après leur extraction (2). On à dit aussi que les explosions ne se produisaient que là où il y a des schistes sous-jacents. (4) AUBREY STRAHAN, An explosive slickenside. (THE GEOL. MAGAZINE, 1887, pp. 400 et Suiv.) (2) Ce point ne semble malheureusement pas avoir fait l’objet de vérifications. DES ROCHES DANS LES MINES, CARRIÈRES, ETC. 29 En 1845, M. W. Adam émet l'hypothèse que ces phénomènes seraient dus à la chaleur développée par les frictions que révèlent les miroirs de faille, l’échauffement étant suivi d’un refroidissement brusque. Lyell, dans la sixième édition de ses Éléments de géologie, suppose que les explosions en question pourraient être dues à des actions élec- triques résultant de ces mêmes frictions. Cette explication n’est plus reproduite dans les éditions suivantes. Après avoir relaté les faits et les interprétations résumés ci-dessus, M. Aubrey Strahan ajoute : « La première explication que je puis offrir, c’est que les parties du filon comprises entre deux surfaces de friction sont comparables à de larges feuilles d’un verre très fragile placées sur leur tranche; un léger choc dans le bas suffit pour jeter à terre toute la feuille en menus mor- ceaux ; mais il ajoute que cela ne rend pas compte du pouvoir explosif du filon. » Secondement, 11 est connu de tous les hommes de métier que les schistes mis récemment à nu gonflent et se délitent par l’action de l'air et de l'humidité, ce qui est dû probablement à une modification des sels de fer contenus dans la roche. Cette altération pourrait produire un état de tension tel qu'un simple choc pourrait déterminer une explo- SION. » Mais dans le cas des filons spathiques, on ne constate aucune modi- fication de ce genre. L’explication qui, dit-il, répond peut-être le mieux aux conditions du problème est que les sprths sont dans un état de tension moléculaire rappelant celui des larmes bataviques et résultunt des mouvements de l'écorce terrestre qui ont produit les surfaces de friction. L'assimilation aux larmes bataviques des roches présentant des caractères explosifs a été, nous le verrons, mise en avant par plusieurs auteurs. Pour qu'elle ait quelque valeur, 1l faut qu'il y ait réellement tension intérieure, indépendamment des pressions exercées par les diverses parties de roche les unes sur les autres. Dans un massif, la continuité de la roche (ou des roches) est, en effet, souvent rompue par des plans de cisage, des joints, des fissures, qui le découpent en blocs d'importance variable, plus ou moins isolés les uns des autres. Des tensions constatées dans un bloc peuvent résulter des actions qu’exercent sur lui ou lui communiquent les blocs voisins, ou bien, au contraire, lui être propres. Dans le second cas seulement, lassimilation aux larmes bataviques 26 À. HANKAR-URBAN. — DES MOUVEMENTS SPONTANÉS est justifiée; mais on doit alors retrouver ces tensions intérieures dans le bloc après qu’on l’a isolé. Si l'observation rapportée par M. Pilkington et rappelée ci-dessus est exacte, ce serait le.cas des roches d’Eyam et cela justifierait l’assi- milalion faite par cet auteur; mais je dois ajouter que cette observa- tion est, à ma connaissance, tout à fait unique et incertaine, et cela est regrettable, car elle est capitale pour l'interprétation du caractère explosif de ces roches constaté par tant d'observateurs. Dans la région des Hillgrove gold fields (Nouvelle Galles du Sud), où l’on exploite des filons de quartz aurifère, les phyllades encaissants présentent dans certaines parties des caractères nettement explosifs qui ont, à diverses reprises, attiré l'attention des géologues et des ingé- nieurs des mines. M. E. C. Andrews, géologue de l’État, signale, dans son Report on the Hillgrove gold fields (1), que, dans une zone de ces phyllades que l'on rencontre en plusieurs points des filons exploités dans la concession de Baker’s Creek (2), lorsque l’on frappe la roche au moyen d’un pic ou qu’on la perfore à la machine, elle est sujette à sauter avec violence dans toutes les directions. Un jour, un bloc, traversant un boisage formé de madriers de 3 pouces sur 2, coupa en deux le corps d’un homme. Les bois placés normalement aux parois sont fréquemment écrasés, ou bien la roche tout autour du pied d’un poteau est chassée vers l'extérieur, ne lui laissant pour appui qu’une petite semelle d’ardoise. Les jours qui précèdent une explosion, il se produit dans les mauvaises zones d’ardoise des « crachements »; des fragments sautent de temps en temps. Il ne faut alors qu'un fort coup de marteau ou le choc du fleuret d’une perforatrice pour provoquer une explosion. Le phyllade explosif se présente en grandes dalles polies à l’exté- rieur ; à l’intérieur il ne diffère pas d’une ardoise dure et noire ordi- naire; il montre la schistosité habituelle de la région. mais en se brisant il donne une fracture conchoïdale singulièrement contournée. (4) Rapport publié par le Département des Mines et de l'Agriculture de la Nouvelle- Galles du Sud. (MINERAL Ressources, 1900, n° 8, pp. 17-19.) (2) Pour autant que j'ai pu en juger par les données du travail de M. Andrews, l’un des points où se rencontre cette zone est situé à environ 300 mètres sous le flane de la vallée DES ROCHES DANS LES MINES, CARRIÈRES, ETC. 97 M. Andrews rappelle que certains observateurs ont attribué le carac- tère explosif du phyllade de Hillgrove à une fusion de l’ardoise qui aurait produit dans la roche un état de tension analogue à celui que montrent les larmes bataviques. Cette hypothèse est insoutenable, car le phyllade n’a subi aucune action ressemblant à une fusion et, du reste, à la grande profondeur à laquelle il se trouvait, le refroidissement eût été lent au lieu d’être brusque comme dans le cas des larmes bataviques. L'hypothèse de gaz ocelus n’est pas admissible non plus, la roche n'en montrant pas trace. M. Andrews croit que le phénomène résulte simplement d'une forte pression produite probablement par les forces mises en jeu par les différentes intrusions granitiques dont la région a été le siège. Lorsqu'on creuse une galerie dans une partie d’ardoise ainsi forte- ment comprimée, on ne constate que des « crachements » ou de petites explosions, parce que les parois voisines et les autres forces maintiennent la roche (?). Mais, à mesure que le travail d’abatage se poursuit et supprime de plus en plus de ces soutiens, l’état d'équilibre est atteint et le moindre coup de marteau peut produire une désastreuse explosion. | Ces phénomènes peuvent atteindre une grande intensité, ainsi que la signalé M. Jaquet, inspecteur des mines de la Nouvelle Galles du Sud. Dans son rapport du 26 janvier 4903 (1) au sous-secrétaire d'État pour les mines et l’agriculture, cet ingénieur relate qu’une violente explosion de roche s’est produite à la mine New Hillgrove Proprietory, à 5 h. 50 du matin, le 45 décembre 1904, qu’elle a été ressentie à 4 à 2 milles à la ronde, comme s’il v avait eu un tremblement de terre, éveillant les habitants de la ville de Hillgrove, bâtie sur le plateau à plus de 1 mille de distance et à plus de 2 000 pieds au-dessus du point où s'était manifesté le phénomène. La principale galerie inclinée de la mine fut déplacée et endom- magée entre les étages n% 6 et 7, — sur 70 pieds de hauteur, — la galerie Nord de l'étage n° 6 fut détruite, les boisages brisés et la roche subit un déplacement dans la mine voisine (celle de Baker’s Creek). L’aire affectée fut de 300 pieds de long sur 100 de haut. Ces explosions soudaines sont depuis longtemps une source d’anxiété (4) Publié dans le Rapport annuel du épartement des Mines de la Nouvelle-Galles du Sud pour 1903, pp. 72-76. 28 A. HANKAR-URBAN. — DES MOUVEMENTS SPONTANÉS pour les mineurs de Hillgrove, et leur violence va en augmentant à mesure que la profondeur devient plus considérable (1). M. Jaquet signale que l’un de ses prédécesseurs, M. Godfrey, avait entrepris des recherches à l'effet de déterminer la cause des explosions, mais qu’il dut interrompre ses études avant d’être arrivé à une concelu- Sion à ce suJel. Les phyllades dans lesquels se produisent ces phénomènes sont, dit-il, plus où moins silicifiés et traversés par de nombreux joints rem- plis de minces dépôts de calcite et qui se coupent sous toutes sortes d'angles; lorsqu'on les frappe au moyen d’un marteau, surtout après un certain temps d'exposition à l’air, ils se brisent en un grand nombre de fragments, mais sans qu'il y ait projection. Quant à la compression des phvllades par suite de l’intrusion de roches ignées, qui à aussi été invoquée, notamment par M. Andrews, M. Jaquet ne croit pas qu'on puisse l’admettre, car on devrait en retrouver les effets en d’autres points similaires et même dans toute la zone des ardoises altérées, alors qu'ils ne se montrent que dans une zone déterminée de quelques centaines de pieds de long. M. Jaquet ajoute : « L’explication que je puis donner est que les explosions sont dues premièrement à ce que les parois sont dans un état de tension, et, secondement, à ce que la roche explosive n’est pas susceptible de fl'xion; elle ne peut que se briser, et lorsqu'elle se brise, elle produit de nombreux fragments. Une ardoise ordinaire, placée dans les mêmes conditions, céderait probablement lentement sous la pression en se bombant vers la galerie ou la taille. » La roche explosive offre une résistance à la pression aussi longtemps que possible et finit par céder en explosant. Son pouvoir de résistance est diminué par l’action de l’air et par le choc dû au tirage des mines ou à un coup de marteau. Dès que l’on entre dans une galerie ouverte dans la roche explo- sive, on reconnaît que l’ardoise est « raccourcie » et émiettée, et cette altération semble non seulement exister en superficie, mais aussi s'étendre à quelque distance dans l’intérieur de toutes les parois, de sorte que de chaque côté des galeries remblayées, il y a une bande de roche délitée qui cède facilement sous la pression venant du haut et pèse lourdement sur la roche solide qui est au-dessous. (t) La mine de Baker’s Creek avait atteint en 1904 la RRQ EU de 1 600 ee (Ibid. pour 1903, p. 92.) DES ROCHES DANS LES MINES, CARRIÈRES, ETC. 29 » Par le diagramme ci-joint, je tenterai, dit-il, d'expliquer comment les plus fortes explosions se produisent, lorsque les tailles approchent de bas en haut d’un étage ou d’une galerie. Lorsque la portion restante du toit solide est enlevée et que l’air a accès sur les murailles, les parties d’ardoise non altérées et résistantes deviennent de plus en plus VIE, 7 PL Gare TN elarçonree Filon nor Ericore doëté formant un port Taille ouverte __ Taille remblayee petites, jusqu’à ce que la roche émiettée du dessus n’est plus supportée que par une mince couche de roche normale, un « pont » qui, finale- ment, cède en donnant lieu à une explosion. On conçoit que les galeries, puits ou autres ouvrages dans le voisinage peuvent être détruits par le mouvement de la roche. » L’altération des phyllades à laquelle M. Jaquet attribue un rôle dans les explosions de Hillgrove peut paraître d’une rapidité singulière, mais il y a des exemples typiques d’altération de ce genre dans des roches dures : certains basaltes du Rhin présentent des parties dites « zonne- brandt » que les ouvriers expérimentés ne reconnaissent que peu ou pas des parties saines de la roche, qui sont très dures lors de leur extraction et qui, soumises aux influences météoriques, s’altèrent et deviennent tout à fait friables en très peu de temps. Mais une altération de ce genre, quelque profonde et rapide qu’elle soit, si elle peut contribuer à la production des ruptures, ne suffit pas à les expliquer. L’altération des 30 A. HANKAR-URBAN. — LES MOUVEMENTS SPONTANÉS phyllades de Hillgrove paraît, il est vrai, présenter un caractère spécial et aurait, d'après M. Jaquet, pour effet de rendre la roche plus aigre, plus cassante en même temps que moins résistante. Cela pourrait certainement contribuer à accentuer les explosions, mais ne suffit pas, à mon avis, à expliquer entièrement celles-ci, car, d’une part, on ne constate généralement pas de phénomènes de ce genre dans les mines où les travaux se poursuivent dans des roches cassantes et peu résistantes et, d'autre part, la modification de la résistance du phyllade se faisant forcément d’une façon graduelle, il est difficile d'admettre qu’elle puisse donner lieu à des effets aussi étendus et aussi soudains que ceux signalés. Dans son rapport pour 1902-1905, M. W. F. Smeeth, inspecteur en chef des mines de l'Etat de Mysore, signale et examine (1) d’une manière approfondie de nombreux cas de fracture spontanée de roches qui se produisent dans certaines mines de son ressort. Il divise ces phénomènes, selon leur importance, en deux groupes : les moindres, dont les effets sont localisés dans les mines où ils se produisent, sont les air-blasts, comme les appellent les mineurs de la région; les plus forts, qui sont ressentis à la surface et qu’ils nomment quakes, à cause de l’analogie qu’ils présentent avec de petits tremble- ments de terre. Faute d'expressions mieux appropriées, nous traduirons respective- ment ces termes par « projections » et « pseudo-sismes ». Air-blasis. — Les air-blasts se manifestent dans les filons de quartz aurifère du Kolar Gold Field, ainsi que dans les dykes de dolérite et de trap qui les recoupent, et aussi, mais plus rarement, dans les schistes métamorphiques qui encaissent ces diverses roches. Ils consistent en une sorte d’écaillement, de production d’esquilles de plus ou moins grandes dimensions, qui se fait avec un fort bruit et une projection violente des fragments détachés; parfois 1l y a simplement projection de poussières résultant de l’écrasement de la roche. Voici quelques-uns des cas les plus caractéristiques : L. — Dans un filon de quartz de 2 {Jo à 3 pieds d'épaisseur, on constatait dans la mine Ooregum, à l'étage de 1 160 pieds, que la paroi de quartz lançait presque incessamment des fragments. La roche, (4) Mysore geological Department. Report of the Chief-Inspector of Mines for the period Jannuary 1st 1902 to June 30th 1903, pp. 45-66. DES ROCHES DANS LES MINES, CARRIÈRES, ETC. 31 de bleuâtre et transparente qu'elle était, devenait blanchâtre et opaque par suite de la formation de nombreuses petites fissures. M. Smeeth observa lui-même de près la formation de fentes incurvées disposées en Zone autour d'un noyau de quartz intact, de 1 ! pouce de longueur sur 4 pouce de largeur, qui finit par être projeté violemment de la paroi. IT. — Dans Île fonçage d’un puits dans les schistes à hornblende, on rencontra à la profondeur de 1 060 pieds de grandes difficultés par suite de fréquentes « projections ». Une paroi qu’on laissait un jour parfaitement solide et saine en apparence se retrouvait le lendemain fortement fracturée et écaillée, bien qu'il n’y eût pas d’autres travaux en cours dans le voisinage. Ces schistes à hornblende, mal dénommés selon M. Smeeth, seraient, d’après lui, des laves basaltiques ou diaba- siques anciennes qui doivent leur caractère schistoide à de puissantes actions dynamo-métamorphiques. Ce sont des roches noires compactes et résistantes. IT. — A l'étage de 1 940 pieds du Champion Reef, on rencontra dans le creusement d’une galerie dans le quartz de telles difficultés par suite d’air-blasts, aussi fréquents que dangereux, que le travail dut être interrompu. Ce phénomène commença à se produire dans le quartz du toit, peu de temps après l'ouverture de la galerie, et se poursuivit jusqu'à ce que celle-ci eût pris dans sa partie supérieure une forme aiguë (ogivale) qui donna à la section 8 à 9 pieds de hauteur de plus qu'à l’origine. Aux étages de 1 840 et de 2040 pieds, rien de semblable ne s’est Jamais manifesté. IV. — A l'étage de 850 pieds de la Tank Mine, le toit d’une galerie _creusée dans le trap émettait presque continuellement des éclats aigus, parfois avec production d’étincelles. Longtemps encore après l’ouverture de la galerie, 1l suffisait d’un coup de marteau sur le toit pour le faire ensuite craquer et écailler de nouveau. Ces craquements et projections étaient souvent accom- pagnés d’étincelles. En résumé, les air-blasts se produisent dans le Kolar Gold Field à des profondeurs variant de 500 à 2 000 pieds et dans des conditions de situation qui excluent lhypothèse qu'ils pourraient résulter de la pression des terrains supérieurs. Ils se manifestent dans le quartz des filons, dans les dykes éruptifs et dans les schistes encaissants, près des filons comme à grande distance de ceux-ci, dans des parties de mine fraichement ouvertes comme dans des parties depuis longtemps en exploitation. 32 A. HANKAR-URBAN. — LES MOUVEMENTS SPONTANÉS Quant à l'interprétation de ces phénomènes, M. Smeeth reconnaît qu’il ne peut rien présenter de tout à fait probant. Il rappelle d’abord les idées émises à ce sujet par M. Bosworth Smith, directeur de la Tank Mine. D’après ce dernier, les air-blasts seraient dus à des causes différentes selon les roches dans lesquelles ils se manifestent : Dans le quartz, 1ls seraient attribuables à la pression du schiste encaissant, résultant elle-même des plissements anciens auxquels la roche a été soumise. L'existence de cette pression serait mise en évidence par des mouvements des murailles des galeries. Dans le trap, les projections résulteraient de tensions intérieures, conséquences du refroidissement rapide de la roche en fusion. Dans les schistes à hornblende, d’autres tensions produisant le même résultat sont attribuées aux actions métamorphiques. Elles auraient disparu dans certaines parties de la roche par suite de l’écrasement ou de la fissuration de celle-ci. Dans d’autres portions, elles se seraient conservées pour se manifester sous forme d’air-blasts lorsque les travaux miniers viennent modifier les conditions d'équilibre. M. Bosworth Smith rejette l’opinion des ouvriers mineurs de la région, qui attribuent les projections à des veines minces de caleite (1 à 12 millimètres d'épaisseur) qui se rencontrent parfois dans la zone explosive des schistes à hornblende, mais qui y font aussi parfois défaut. M. Smeeth admet bien qu’il a existé dans les roches du Kolar Gold Field, les dyvkes de trap exceptés, de grandes pressions par suite des mouvements orogéniques, mais 1l ne croit pas qu’elles puissent s’y être conservées, alors que ces roches subissaient dans leur composition minéralogique des modifications profondes (transformation de l’augite en hornblende, etc.). Il croit, au contraire, que le quartz et les roches à hornblende où des air-blasts se manifestent, loin d’être comprimés, se trouvent précisément dans un état de tension inverse et tendent à se contracter. Pour le trap, il admet l'explication de M. Bosworth Smith, qui implique aussi une tendance à la contraction. Quakes ou pseudo-sismes. — Les phénomènes que M. Smeeth range sous le nom de quakes sont beaucoup plus importants que les air-blasts ; il les regarde comme étant produits par la rupture d’une partie de roche souterraine, rupture dont les effets se font sentir à la surface, parfois jusqu’à 5 et 6 kilomètres du point d’origime. Ils sont accom- pagnés par de forts bruits que l’on perçoit à la surface jusqu’à 1 à 2 kilomètres du centre. Les plus importants quakes font parfois balancer les meubles à la Rex DES ROCHES DANS DES MINES, CARRIÈRES, ETC. 33 surface, déplacent les tuiles des toits, etc. Ces pseudo-sismes sont fréquents dans le Kolar Gold Field; dans une seule mine, la Cham- pion Reef Gold Mine, on en a enregistré soixante-dix dans l’espace de deux années. Voici, résumés, quelques exemples parmi les dix cités par M. Smeeih : I. — Entre les étages de 660 et de 760 pieds de la mine Oregum, un puits d’aérage que l’on fonçait dans le schiste à hornblende fut déplacé latéralement de 4 à 2 pouces sur 50 pieds de hauteur avec une forte explosion. En même temps, de grandes dalles étaient détachées de la paroi de la galerie de l'étage de 760 pieds, dont les boisages furent détruits sur une longueur de 20 pieds. IL. — A l'étage de 1 540 pieds du Champion Reef, un fort quake endommagea la galerie sur 140 pieds de long; la roche du mur se frac- tura fortement; de grandes dalles, ayant jusqu’à 12 pouces d'épaisseur, _ s’en détachèrent. Le toit fut moins endommagé que le mur, ce qui à été, du reste, fréquemment observé dans d’autres quakes; néanmoins, des esquilles s’y détachèrent aussi de la roche. [IT. — Deux quakes furent ressentis à la surface et dans la mine Champion Reef les 15 et 20 mars 1905, respectivement aux étages de 900 et de 1 085 pieds. Dans les deux cas, la dolérite fut fracturée et de grands fragments de roche projetés au loin. Quant à l’origine des quakes du Kolar Gold Field, M. Smeeth croit qu’il faut toujours la chercher dans l’affaissement de piliers sous le poids des terrains surmontants. Dans la région en question, on a largement exploité le filon de quartz aurilère jusqu'à la profondeur de 1 700 pieds; le pendage du filon atteint 55° et les roches encaissantes sont résis- tantes, aigres, peu élastiques. Ces circonstances sont, selon lui, très favorables à la production des quakes, mais il reconnaît cependant que son explication ne rend pas compte de l’absence totale de quakes dans des mines voisines de celles où ils se produisent, alors que les circonstances y sont parfois tout aussi favorables que dans ces dernières. J'ai beaucoup de peine, pour ma part, à admettre la manière de voir de M. Smeeth, non seulement parce qu’il est anormal, a priori, d’invo- quer une cause qui existe avec des circonstances plus ou moins favo- rables, dans la plupart des régions minières, pour expliquer des phénomènes qui ne se rencontrent que dans de très rares régions ; mais encore parce que dans ces dernières ils sont très fréquents, mais très étroitement localisés. En outre, la coïncidence des quakes avec les air-blasts, phénomènes également exceptionnels, tendrait à faire 1907. MÉM. 3 34 A. HANKAR-URBAN. — LES MOUVEMENTS SPONTANÉS admettre une cause commune pour les uns et les autres, quel que soit le genre de roches dans lesquelles ils se produisent, contrairement aux opinions de MM. Bosworth Smith et Smeeth. Quelle est cette cause? Il serait évidemment difficile de la déter- miner avec certitude sans étude sur place; néanmoins la plus probable me paraît devoir être la pression latérale due aux mouvements orogé- niques anciens ou actuels. L’affaissement des piliers, notamment, en serait une conséquence et non la cause des ruptures et des déplace- ments de roche constatés. Les phénomènes d’explosion et de fracture spontanées de roche dans les mines rappelés ei-dessus se rapportent à des roches de filon ou à des roches voisines de filons et que l’on peut supposer influencées par ceux-ci. Ceux dont il est question ci-après ont été observés dans des couches sédimentaires non troublées par des intrusions de roches éruptives. M. Carne, dans son mémoire (1), dit, à propos des procédés d’explot- tation des bogheads : « Dans les mines actuellement en exploitation, — Genowland et New Artley, — il n’est pas nécessaire d'employer des explosifs pour briser les couches; au contraire, 1l y a un danger continuel dû aux craquements et aux projections qui se produisent à mesure que l’on constitue le toit aux têtes de taille. La nature peu flexible de la couche de charbon dur (cannel) formant le toit n’atténue pas la pression verticale. Lorsque le toit est constitué par du charbon bitumineux tendre, celui-ci cède ou s'écrase sous la pression et ainsi, en quelque mesure, soulage le boghead dur et semi-élastique d’une partie du poids des morts-terrains supérieurs. « Lorsque l’expansion latérale est rendue possible par des vides, par exemple aux faces de travail, la tension est si grande que les craque- ments et les projections sont presque continuels à mesure de l’avance- ment. Les travaux ultérieurs d’élargissement par l’abatage se font, par conséquent, avec un grand risque pour les mineurs, qui sont obligés de travailler couverts par un abri protecteur et de se garantir les yeux par un masque en fil de fer contre Les projections de fragments de boghead à angles vifs. La tendance du boghead à une cassure conchoïdale par (1) J. E. CARNE, The kerosene shale deposits of New South Wales. (MEMOIRS 0F THE GEOLOGICAL SURVEY OF NEW SouTH WALES, 1903, no 3, pp. 84 et suiv.) | DES ROCHES DANS LES MINES, CARRIÈRES, ETC. 35 une pression à angle droit avec le plan de stratification augmente [a production de fragments à biseaux aigus qui coupent comme des couteaux. De nombreux accidents, dont quelques-uns ont entrainé de fâcheux dommages pour la vue des victimes, en ont été la consé- quence. » M. Carne rappelle ensuite les observations de M. Andrews, que j'ai rapportées plus haut, et ajoute : « À Joadja, où la surcharge des morts- terrains est bien moindre et où, en outre, lors des premiers travaux, le toit et le mur étaient formés par un charbon bitumineux tendre, la tension de la roche était si faible qu’on n'avait jamais éprouvé d’incon- vénient par suite de projections. Aujourd’hui que l’on travaille sous une épaisseur plus grande de morts-terrains et que la pression n’est plus amortie par un matelas de charbon tendre au toit ou au mur, une tendance aux projections se manifeste. » Il faut remarquer que dans ces mines on n'a jamais constaté de gaz et qu’on y emploie des lampes à feu nu. Le boghead est du reste fort peu altérable sous l’influence des causes météoriques. Il est dur, élastique, difficile à casser, sauf quand on l’attaque au ciseau et au marteau, suivant les plans de stratification; dans une autre direction, la cassure présente un caractère conchoïdal assez particulier. M. Carne n'hésite pas à attribuer les phénomènes de projection constatés à la pression des couches supérieures, bien que l'épaisseur totale de celles-ci, pour autant que j'en ai pu juger par son mémoire et _ les coupes y annexées, ne dépasse guère un millier de pieds pour New Artley et Genowland, beaucoup moins pour Joadja, ce qui me paraît bien peu pour Jusülier les effets constatés dans une matière résistante comme le boghead. Je ferai aussi observer que la présence au-dessus du boghead d’un charbon tendre, friable, ne peut pas avoir pour effet de diminuer les pressions des terrains supérieurs, mais seulement de les répartir plus également, et que si ce charbon friable n’est pas lui-même généralement pulvérisé, c’est que les pressions qu'il supporte ne sont pas bien élevées. Dans la discussion qui à suivi l'exposé de ma première note (1), M. Kersten a signalé que l’on entend parfois dans nos charbonnages, en avant des têtes de taille, des détonations et que l’on constate, après les jours de repos, un avancement appréciable des couches de charbon par rapport aux schistes encaissants. D’après notre collègue, ces phéno- (1) Bull. Soc. belge de Géol., de Paléontol. et d'Hydrol., t. XIX, Pr.-Verb., p. 198. 36 A. HANKAR-URBAN. — LES MOUVEMENTS SPONTANES mènes seraient attribués par des ingénieurs à des ruptures d'équilibre; d’autres y voient un résultat de l’expansion du grisou (1). Si ces mani- festations sont peu importantes dans notre pays, il n’en est pas de même dans d’autres régions. Dans le Staffordshire, notamment, les mouvements spontanés de la roche ont fréquemment donné lieu à des accidents dans les mines de houille. Voici ce qu’en dit M. W. N. Atkinson, inspecteur des mines du district, dans son rapport pour 1905 (2), après avoir signalé que parmi les accidents causés par des chutes de pierres il y a 8 cas (sur 40 relevés) où ces chutes ont été causées par des goths ou bumps, ou se sont produites en même temps que ces manifestations : « Goth est le terme employé dans le Nord du Staffordshire, bump dans le Sud du même district, pour désigner un phénomène qui, sans aucun doute, est une cause fréquente de chutes de blocs. Les termes employés dans d’autres districts sont : bowk, grump, burst et pluck. Ces termes se rapportent à des phénomènes qui se produisent dans les couches et qui, parfois, sont assez considérables pour être comparables à des tremblements de terre locaux. Ils se produisent surtout dans les bancs épais et profonds et varient beaucoup en intensité, tant au point de vue du son qu’à celui de l'effet sur les couches dans lesquelles 1ls se manmi- festent. Le son en est souvent comparé à une détonation et semble parfois se produire dans les couches de charbon et parfois dans la couche.au-dessus ; les forts bumps produisent un son comparable à celui d'un coup de tonnerre. L'effet des bumps sur les couches est tout aussi variable ; lorsqu'ils sont faibles, on ne constate rien en dehors du bruit; lorsqu'ils sont plus forts, 11 y à vibration et des chutes du toit peuvent se produire ou bien le charbon est projeté du front de taille ; lorsqu'ils sont très forts, les boisages sont écrasés ou ébranlés et il semble que la mine va s'effondrer. Parfois, au lieu qu’il se produise une chute du toit, c’est le mur qui saute en l'air. « Les bumps sont parfois accompagnés par des dégagements de grisou, (4) Ne faudrait-il pas rapprocher de ces phénomènes les mouvements de couches de houille, de boghead, ete., entre leur mur et leur toit. signalés dans les ANNALES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE BELGIQUE, 1889-1890, MémorRes, p. 195, Sur le mouvement d'une couche de houille entre son mur et son toit, par M. Max Lomesr, et p. 129, Note sur les mouvements parallèles des roches stratifiées, par ALPH. BRIART ? (2) Reports of W. N. Atkinson, H. M. Inspector of Mines, for the Stafford district (no 9) to His Majesty’s Secretary for the Home Department for the year 1903, pp. 15, 24-25, 39-43. | Il DES ROCHES DANS LES MINES, CARRIÈRES, ETC. 37 mais il ne semble pas que ceux-ci soient un élément constant ni néces- saire à la production d’un bump, qu'il faut distinguer d’un dégagement soudain de grisou avec projection de charbon. » M. Atkinson ajoute : « Les bumps sont probablement dus à une pres- sion agissant sur des couches favorables à leur production, le son et les mouvements étant causés par la libération soudaine par fracture des strates qui étaient dans un état de tension, soit que cette tension pré- existàt dans les couches, soit qu’elle résulte des travaux de mine. » Dans son rapport pour 1904, M. Atkinson déclare avoir recherché si les chutes de pierres dans les mines pouvaient concorder avec les tremors renseignées par la station sismique de Kew, sans avoir trouvé aucune indication d’une pareille coineidence. Il m'a du reste fait savoir aussi qu'à son avis il n’y à pas dans le bump une manifestation de pression latérale. M. Gresley (1), qui avait déjà signalé les bumps en 1887, les attri- buait à des glissements soudains le long des failles du terrain houiller. En dehors des mines et des carrières, on a encore eu fréquemment à constater des fractures de roche avec projections à l’occasion du creuse- ment des grands tunnels. C’est ainsi, par exemple, que M. le professeur Becke, de Vienne, qui à étudié (2) les mouvements spontanés survenus dans l'exécution du tunnel du Tauern, signale que dans les parties du gneiss traversées par cet ouvrage (du kilomètre 2810 au kilomètre 2860 et du kilomètre 5 950 à l'extrémité atteinte), on a observé de fréquentes explosions avec projection de plaques de roche détachées des parois, au point qu’à la suite de plusieurs accidents, dont trois mortels, on a dû y établir des boisages pour protéger les ouvriers durant leur travail. Ces explo- sions se produisent au toit, au mur, aux faces latérales, mais toujours sur les faces parallèles à l’axe du tunnel, jamais aux faces d'avancement des galeries, soit quelques heures, soit des jours où même des semaines après que la roche a été dégagée par le tirage des mines. Les petits fragments, qui n'ont souvent que quelques millimètres d'épaisseur, sont parfois projetés à 4 ou 5 mètres de distance. Les plus grands atteignent jusqu'à 2 mètres carrés et 10 centimètres d'épaisseur. La séparation d'avec la paroi se fail parallèlement à la surface de celle-ci et sans rapport avec le grain ou le délit. (4) The geological Magazine, 1887, pp. 522-593. (2) Kaiserliche Akademie der Wissenschaften in Wien, séances des 41 mai 1905 (no 95) et 11 janvier 1906 (ne 98). 38 A. HANKAR-URBAN. — LES MOUVEMENTS SPONTANÉS M. Becke dit avoir constaté par lui-même qu'après détachement d’une plaque de la paroi, il y a dilatation de la pierre au point qu’il serait'impossible de la remettre en place sans en briser les arêtes. D’après M. Becke, ces phénomènes s'expliquent suffisamment par la pression des roches sus-jacentes, et, en effet, si l’on admet que la pression moyenne étant, suivant les profondeurs, de 4000 à 5 000 kilo- grammes par centimètre carré, en certains points cette moyenne peut être fortement dépassée par suite de l’inégale répartition résultant de la fissuration, elle-même inégale, des roches. Ces pressions élevées justi- fieraient jusqu’à un certain point l'interprétation de M. Becke. Les faits publiés par celui-ci sont presque identiques à ceux constatés à Quenast, mais le savant professeur de Vienne m’a en outre commu- niqué une observation faite par lui au Tauern, mais non encore publiée : tandis que sur la paroi Est du tunnel les éclatements de la roche produisent simplement des excavations dans la paroi, du côté Ouest, il arrive que la roche se détache de celle-c1 en minces feuillets qui, par fois, demeurent attachés à la masse par le bas. À Quenast, les bendons ont plutôt une tendance à rester attachés par l’une de leurs extrémités latérales où par les deux. La différence s’expliquerait, dans l'hypothèse de M. Becke, par la différence de direction de la pression cause du phénomène. Cependant, comme des faits d’éelatement et de projection de roche, rapportés par M. le professeur Rzehak, de Brünn (1), se sont fréquem- ment produits dans le creusement d’autres tunnels où la pression des couches supérieures ne peut être invoquée, 1l est possible, comme semble le croire cet auteur, qu'il s'agisse, au Tauern, encore une fois d’un phénomène de pression latérale et que la différence signalée ci-dessus dans l’attache des feuillets de roche soit due à ce que, dans le cas du tunnel, la roche, par suite de la faible section de l’ouvrage, n’est pas libre et que la pression verticale, quoique cause non prépon- dérante, intervient cependant dans la production du phénomène. L’exposé qui précède et le travail beaucoup plus complet déjà cité de M. Rzehak (2) permettent de se rendre compte que les mouvements (4) Bergschläge und verwandte Erscheinungen. (ZEITSCHRIFT FÜR PRAKTISCHE GEOLOGIE, novembre 1906, p. 349.) (2) Sur notre proposition, faite en séance du 22 janvier 1907, l’assemblée a décidé d'insérer en annexe au Procès-Verbal la traduction in extenso de l’intéressant et substantiel article du savant professeur de Brünn. Cette traduction, due à M. le capi- taine-commandant Mathieu, a paru avec le Procès-Verbal de janvier. DES ROCHES DANS LES MINES, CARRIÈRES, ETC. 39 spontanés de roche sont, quoique exceptionnels, plus fréquemment observés que l’on serait tenté de le penser, et beaucoup cependant échappent probablement à l’observation. Nous avons vu qu'ils se produisent dans les roches les plus diverses comme âge, origine, nature, position, profondeur, etc. Ces phénomènes ont été, de la part des observateurs, l’objet des interprétations les plus diverses ; néanmoins, je pense que, sans vouloir juger de loin et sur des données souvent insuffisantes tel ou tel cas particulier, la plupart d’entre eux sont dus à des pressions latérales actuelles ou anciennes de nature orogénique. Tel est aussi l’avis de M. le professeur Rzehak. Cette interprétation est la seule qui me paraisse de nature à pouvoir rendre compte des localisations singu- lières de ces manifestations, tant sous le rapport géographique que de la profondeur à laquelle elles s’observent dans les roches dures de toute nature. L'existence actuelle de mouvements lents orogéniques n’est, du reste, pas seulement une conception théorique; certains auteurs pré- tendent en constater des preuves directes. C’est ainsi que M. Ch. Davi- son, qui à étudié d’une manière toute spéciale les tremblements de terre jumeaux de l’Angleterre (1), les attribue à une différence dans la vitesse de croissance d’un pli, qui produirait un glissement suivant une faille, et il ajoute : « [Il n’est certainement pas sans signification que les plus impor- tants (de ces phénomènes) soient dus à la formation prolongée de quelques-uns de nos anciens plissements. » IL y a lieu de remarquer que si la pression latérale résultant de mou- vements orogéniques actuels est probablement continue dans certaines régions, elle n’est pas pour cela constante; il peut y avoir des périodes d’apaisement et de recrudescence. Quant au point de savoir si les travaux miniers peuvent ou non provoquer des « pseudo-sismes », il a déjà été traité et touché à plusieurs reprises dans les travaux de notre Société (2), et des avis contradictoires ont été émis. Le comte de Montessus de Ballore, qui, dans son grand traité : Les tremblements de terre, a tait une étude particulière de la question, à (4) Quarterly Journal of the geological Society, février 1905, p. 1, etc. (@) ne MuncCK, t. I, 1887, p. 177. — CoRNET, Pr.-Verb., t. X, 1896, pp. 195 et 131, et t. XIX, 1905, p. 112. — GossELET, etc. 40 A. HANKAR-URBAN. — LES MOUVEMENTS SPONTANES laquelle il consacre une annexe spéciale (1) donnant une partie de Ja bibliographie du sujet, paraît se ranger à l’opinion affirmative. Cependant, des faits cités par M. Rzehak comme de ceux rapportés par MM. Jaquet et Smeeth et rappelés au cours du présent travail, il semble bien résulter que dans beaucoup de régions minières où l’on a constaté des pseudo-sismes, — parfois très fréquents, comme dans le Kolar Gold Field du Mysore, — on peut aussi reconnaître l’existence de pressions tectoniques d’origine ancienne ou actuelle. Celles-ci sont probable- ment la cause prépondérante, sinon unique, des pseudo-sismes, malgré l'avis des observateurs locaux, qui ont attribué erronément ces derniers aux travaux d'exploitation. M. Simoens, en analysant ici même tout récemment les phénomènes d'Havré (2), a montré qu’il fallait les attribuer aux mouvements pro- longés du terrain suivant les failles anciennes. Un examen aussi attentif montrerait probablement qu’il en est de même pour d’autres pseudo-sismes des régions minières, notamment pour ceux étudiés par M. Charles Davison (3), et que l’on serait, de prime abord, tenté, comme ce savant sismologue, d’attribuer aux travaux d'exploitation. FIG. 3. Mais, si les pressions verticales ou latérales expliquent suffisamment certains des phénomènes constatés, elles sont cependant impuissantes (A) Note sur les tremblements de terre dans les mines ou pseudo-sismes, pp. 461 à 464. (2) SimoEns, Sur le point d’origine des tremblements de terre dans le bassin franco- belge. (Communication faite à la séance du 22 janvier 1907, qui paraîtra ultérieurement aux Mémoires.) (3) Quarterly Journal of the Geological Society, 1905, février, p. 1. DES ROCHES DANS LES MINES, CARRIÈRES, ETC. MA à rendre compte des singulières propriétés explosives de quelques roches de filon ou voisines de filon. Je me suis demandé si les consi- dérations suivantes ne permettraient pas de les expliquer dans certains Cas : Soient deux parties de roche M et N séparées par un intervalle 4 BCD. S1 elles sont ensuite soumises à une pression P assez considérable pour déterminer leur déformation, l'intervalle À BCD sera lui-même déformé et deviendra, par exemple, A'B'C'D'. Si les deux blocs sont alors soudés entre eux par le remplissage de l'intervalle A'B'C'D' au moyen d’une matière résistante quelconque, non soumise à la pression P, et que celle-ci vienne ensuite à disparaître, les deux parties M et N vont tendre à reprendre leurs formes et dimensions primitives. Mais ce mouvement sera contrarié par la résistance de la matière de la sou- dure 4’B'C'D', qui sera sollicitée de son côté à se déformer et travaillera en sens inverse de celle constituant les deux blocs primitifs. Il en résultcra un assemblage soumis à des tensions intérieures de sens inverse en des points très rapprochés les uns des autres, ce qui pourra se traduire par une destruction spontanée du groupement ainsi constitué ou seulement par une tendance à sa dislocation. La vérification expérimentale de cette hypothèse, que J'ai du reste tentée sans succès, mais avec des moyens insuffisants, sur des blocs de porphyre, serait sans doute aisée dans un laboratoire bien installé. Si les résultats justifiaient les vues exposées ci-dessus, leur application aux phénomènes géologiques serait aisée : Si, pendant le plissement de couches de roches dures, une fente se produit dans une direction plus ou moins parallèle à celle de la pression, qu'elle soit remplie par des roches de filon — roches éruptives, formations hydrothermales, dépôts 1ncrustants, ete. — et que la pression vienne ensuite à disparaître ou à diminuer, les condi- tions de l'hypothèse exposée plus haut seront réalisées. Elles pourront naturellement être renforcées par la contraction de la roche du filon due au refroidissement, à la cristallisation, etc. Suivant l’intensité des tensions produites, 1l pourra y avoir : 4° Rupture de l’ensemble avec glissement relatif du filon par rapport aux roches encaissantes et, le cas échéant, formation de « miroirs de faille ». Les vides créés de part et d'autre du filon pouvant de nouveau se remplir par des matières filoniennes, ces faits pourront se renou- veler plusieurs fois si l'extension des roches encaissantes avec élargis- sement de la fissure primitive se produit elle-même en plusieurs fois. 2% Maintien, dans un équilibre plus ou moins instable, de l’ensemble 42 A. HANKAR-URBAN. — MOUVEMENTS SPONTANES DES ROCHES, ETC. hétérogène constitué par des roches diverses soudées entre elles, mais présentant des tensions intérieures de sens différent, en des points très voisins les uns des autres. Des travaux miniers ou autres exécutés dans le voisinage du filon ou dans le filon lui-même, parfois un simple coup de pic, pourront déterminer la rupture de l'équilibre et occasionner des projections plus ou moins importantes. Si les tensions sont peu considérables, elles pourront se manifester seulement par une fragilité anormale de l’ensemble. Pour terminer, je signalerai que Île fait, souvent constaté, que les projections et ruptures spontanées de roche ont fréquemment lieu après des coups de mine, soit quelques instants après, soit des heures, des jours ou même des semaines, à fait croire à certains observateurs que les coups de mine sont la cause de ces phénomènes. A mon avis, il n’en est rien. Sans doute, les fêlures et fractures produites par les coups de mine peuvent se propager de proche en proche dans ja masse rocheuse pen- dant quelque temps (1) et amener, en conséquence, des chutes de blocs détachés après coup des bancs ou de la masse, mais cela ne peut donner lieu à des projections que s'il y avait dans la roche des tensions préexis- tantes. Par contre, 1l est fort naturel d'admettre que ces fêlures pro- duites par les coups de mine peuvent affaiblir la résistance de la pierre et donner ainsi à ces tensions l’occasion de se manifester. Les coups de mine peuvent aussi, en provoquant des déplacements légers dans les bancs, créer un état d'équilibre moins stable que celui qui existait auparavant et faciliter ainsi les manifestations des pressions existantes. N. B. — Si jai cru devoir présenter, à propos de faits signalés et commentés par divers auteurs, certains développements, qui donnent au présent travail une importance peut-être excessive, c’est que plusieurs des publications étrangères dans lesquelles les articles sur la question ont paru, sont peu répandues dans notre pays. (1) Il en est de même, du reste, des fêlures provoquées par la chaleur. Dans l’expé- rience rapportée ci-dessus, page 21, plusieurs heures après l'application du feu au bloc de 4m50 X 3m00 X Qm98. on entendait encore le craquement us de la propa- gation des fentes dans l’épaisseur du bloc. SUR L'AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI DITES GROTTES DE MENTON PAR A. RUTOT Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle, à Bruxelles. Il est en science de ces questions qui, lorsque l'on s’en lient à ce qui est publié, s’embrouillent et se dérobent d’autant plus que lon veut recueillir, à leur sujet, des connaissances plus précises et plus appro- fondies. Avant abordé l'étude des cavernes de la Belgique, j'ai pu me fare immédiatement, au sujet de la plupart d’entre elles, une idée claire et exacte, grâce à l'examen des énormes matériaux recueillis par M. Éd. Dupont et admirablement classés et expliqués par lui dans les galeries du Musée royal d'Histoire naturelle de Bruxelles. Après m'être ainsi convaincu de la réalité des faits constatés et de la majeure partie des conclusions qui en avaient été tirées depuis bientôt quarante ans, j'ai voulu me former une opinion équivalente au sujet des principaux groupes de cavernes de l'étranger dont deux des plus brillants et des plus célèbres sont celui de la vallée de la Vézère et celui de la côte méditerranéenne, aux rochers rouges de Grimaldi, bien connu sous le nom de « grottes de Menton ». (1) Mémoire présenté à la séance mensuelle du 19 février 1907. 44 A. RÜTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. Mais dans cette voie, dès les premiers pas, je me suis trouvé arrêté. N'ayant guère à ma disposition que les nombreux travaux publiés avant 1906 sur ces importants gisements, j'ai été aussitôt rebuté par la diversité des opinions émises, et surtout par l’absence d’éléments de corrélation entre les faits si bien observés en Belgique, et ceux inéga- lement décrits par tant d'auteurs, parfois de très grand mérite. Pour ce qui concerne les cavernes de Grimaldi, notamment, 1l m'était impossible de savoir si les nombreux squelettes humains recueillis étaient réellement d'âge paléolithique ou bien d’àge néoli- thique. Aussi ma satisfaction à été grande lorsque j'ai appris qu'au Congrès international de Monaco, en 1906, l'étude approfondie des grottes de Menton devait constituer la partie la plus importante du programme. C’est ce qui me décida à assister à ce Congrès, avec l'espoir, au retour, de visiter Les célèbres cavernes de la vallée de la Vézère et les non moins célèbres gisements éolithiques du Miocène supérieur du Cantal. | J'avouerai done sans détour, ainsi que je l'avais écrit à l'honorable Secrétaire général du Congrès, M. le D' Verneau, que mon voyage à Monaco n'avait nullement pour but de dévoiler aux préhistoriens étrangers à la Belgique les sor-disant mystères de l’industrie éolithique; son vrai but était plus modeste et plus égoiste : 1l consistait à voir sur place les fameuses cavernes, à écouter ce que les spécialistes en diraient et à étudier attentivement, au Musée préhistorique de Monaco, les nombreux et riches matériaux retirés des fouilles. J'ai donc entendu sur place les importantes communications de M. l’abbé de Villeneuve, de M. M. Boule, du D' Verneau, de M. Car- tailhac, je me suis rendu compte de la nature des faunes”et des indus- tries et, de plus, j'ai eu le très grand plaisir de pouvoir suivre l'exposé fait par l’abbé Breuil, de ses conclusions relatives à ses belles et longues études sur les industries des cavernes françaises, en général, de la créa- tion du Présolutréen qui concorde si bien avec les résultats des fouilles de M. Éd. Dupont, et de la subdivision du Solutréen et du Magdalé- nien. J'obtenais là, du coup, la clef qui devait me faire voir, quelques jours plus tard, les cavernes de la Vézère sous leur véritable jour et en assurer la complète compréhension. Bien que pénétré du sujet et ayant mon opinion assise relativement aux conclusions que l’on peut tirer d’une visite des lieux et des collec- tions recueillies, je n’ai pas voulu publier plus tôt la présente étude A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. 45 parce que, craignant avoir mal saisi l’un ou l’autre détail, j'aurais pu commettre une ou plusieurs inexactitudes dans la relation des faits ou dans leur interprétation. J'ai donc attendu qu’une publication fût faite par les auteurs qui ont collaboré à l'étude des cavernes defGrimaldi, fouillées à la demande du prince de Monaco, afin de bien fixer les faits et les conclusions qui en ont été tirées et, étant mis ainsi actuellement en possession des docu- ments officiels par les notes de M. M. Boule et du D' Verneau dans L’An- thropologie (n°* 3 et 4 du t. XVII, 1906), je me suis trouvé en mesure de rédiger le présent travail. Après cette introduction, j’entrerai immédiatement en matière par la discussion relative aux importants matériaux recueillis lors de la fouille de la caverne dite « du Prince ». I. La caverne du Prince. L'énorme caverne du Prince est creusée au contact du calcaire juras- sique, renversé sur la marne cénomanienne. Cette dernière marne forme un plancher horizontal sur lequel repose la première couche de remplis- sage de la caverne, composée de sédiments sableux avec galets roulés et coquilles marines voisines de celles vivant actuellement dans la Méditerranée. Ce sont là les dépôts stratifiés d’une ancienne plage marine soulevée, indiquant qu'au moment du dépôt, l'entrée de la caverne était large- ment envahie par la mer. C'est au-dessus de la couche marine, nettement horizontale, que commence le véritable remplissage propre à la vaste excavation. D’après M. Boule, et tout le monde sera du même avis, l’ensemble du remplissage se laisse diviser en deux masses : l’une, inférieure, avec trois foyers superposés; l’autre, supérieure, avec deux foyers. Les deux masses étaient séparées par un amas considérable de blocs rocheux éboulés de la voûte. Une autre différence qui distingue les deux portions du remplissage consiste en ce que le groupe inférieur renferme la faune dite à Elephas antiquus, tandis que le groupe supérieur est caractérisé par la présence d'animaux appartenant à la faune de Mammouth et notamment par le Renne. Commençons par l’étude détaillée du groupe inférieur. 46 A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. Il comprend d’abord une couche mince de remplissage limoneux surmontée d’un foyer très étendu, qu'avec M. Boule nous appellerons foyer E. Après une nouvelle couche de remplissage, s'étend un vaste foyer qui, unique vers Île fond, se ramifie vers l'entrée en plusieurs niveaux de foyers disposés sur le versant interne du monticule de rejets existant à l'entrée de la caverne. C'est le groupe de foyers D. Au-dessus d’une couche de remplissage avec stalagmite et traînées de coprolithes indiquant une occupation par les fauves, apparaît encore un foyer très étendu, non subdivisé, dit foyer C, concordant avec une occupation humaine. Ce foyer est recouvert d’une couche caillouteuse indiquant une période d'habitat dangereux à cause de la chute des blocs de la voûte, et l’on se trouve, en effet, en présence de couches caillouteuses super- posées, avec Hélix et débris de rongeurs, mais sans vestiges d’origine humaine. ; Du reste, ces chutes de blocs ne faisaient qu’annoncer l’éboule- ment autrement important d’une épaisse partie du plafond, qui est venue s’abaitre sur le groupe de couches avec foyers précédemment déposées. L'amas de blocs éboulés étant tombé sur la pente interne fort inclinée du monticule fermant l'entrée, l’intérieur de la caverne se trouva sensiblement modifié; aussi les premiers occupants qui s’y installèrent après l’éboulement, se retirèrent-ils tout au fond, presque contre la paroi rocheuse, où ils abandonnèrent un groupe de foyers superposés, homogène, dit foyer B. Enfin, vers le haut, un nouveau foyer dit foyer À, assez minime, fut allumé dans une anfractuosité de la voûte, à une période de forma- üuon d’un plancher stalagmitique. Une dernière couche stérile s’étendit enfin sur tout cet ensemble. Ayant ainsi jeté un coup d’œil général sur la nature et la composi- tion du remplissage de la caverne, reprenons maintenant le détail de ce qu'a fourni la fouille des foyers. Foyer E. — C’est le foyer le plus inférieur, situé à peu de distance de la surface des sédiments de la plage marine. | D’après M. Boule, la faune rencontrée comprend : Elephas antiquus, Rhinoceros Merkii, Hippopotamus, Cheval et Ours, dits à affinités pliocènes. Quant à l’industrie mélangée à cette faune, elle est composée, A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. 41 d’après les notes prises au Musée préhistorique de Monaco, des élé- ments suivants : 4 Éclats de taille non utilisés, avec bulbe de percussion, provenant du débitage intentionnel de galets paraissant formés! de calcaire siliceux à grain assez grossier ; 2% Éclats de taille subtriangulaires, utilisés sur deux arêtes et retouchés, formant ainsi des racloirs doubles que l’on appelle commu- nément « pointe moustérienne » Lypique ; 3° Éclats de taille subtriangulaires, principalement utilisés le long d’une arête et formant la transition de la « pointe moustérienne » au racloir simple ; % Éclats à dos épaissi, utilisés et retouchés, constituant le « racloir » simple ; 5° Quelques pointes doubles, c’est-à-dire éclats allongés, pointus aux deux extrémités et bien retouchés ; G° Éclats pointus, à bords arrondis par la retouche exécutée tout le long des arêtes ; 7° Quelques lames, assez rares, plus ou moins utilisées. Pas d’instrument amygdaloide. Pas d’os travaillés. Nous n’interpréterons et ne discuterons ces données qu'après avoir exposé le détail du contenu des autres foyers. Foyer D. — Nous avons vu qu'il commence, vers le fond de la caverne, par un lit unique qui, en se rapprochant de l'entrée, se sub- divise en un groupe de foyers superposés, de contenu analogu e. La faune est exactement la même que celle du foyer E. L’outillage est également analogue à celui du foyer E, mais il est plus riche et renferme quelques formes nouvelles ; de plus, le silex fait son apparition et tend à remplacer les éclats tirés des galets de caleaire siliceux à grain grossier. Les « pointes moustériennes », les unes typiques, les autres diver- sifiées et en voie d'évolution, sont très nombreuses. Les racloirs de forme dite « moustérienne » sont assez rares: ils sont accompagnés de racloirs demi-circulaires en forme de D et d’autres racloirs allongés à section prismatique et que, pour cette raison, j'appelle, avec d’autres préhistoriens tels que Ed. Piette, « racloirs prismatiques ». On remarque aussi un grand racloir - grattoir ovale très allongé, qui n’est peut-être qu'un grattoir double, la retouche des longs côtés n'étant faite que pour la préhension. 48 A. RUTOT. — SUR L’AGE-DES CAVERNES DE GRIMALDI. Enfin, nous constatons la présence d’une sorte de burin double, c’est-à-dire pointu aux deux extrémités et court, ainsi que de lames plus ou moins utilisées, plus nombreuses que dans le premier foyer. Pas d’instrument amygdaloide. Pas d’os travaillés. Foyer C. — C'est un foyer unique, occupant tout le sol de la caverne, horizontal vers le fond, inciiné sur le talus de débris vers l'entrée. D’après M. Boule, la faune comprend l’El:phas antiquus, le Rhino- ceros Merkü, le Chamois, mais plus d'Hippopotame. L'industrie est complètement analogue à celle des foyers précédents, mais moins riche. Remarqué un fragment de roche avec cupule profonde et un bâton- net de pierre déterminés comme mortier avec pilon, mais qui me paraissent fort douteux. La cupule ne m’a pas semblé être égalisée par l'usage, non plus que le pilon. Mais une pièce très importante est un fragment de frontal de Capra portant une base de corne nettement incisée sur tout le pourtour. Au-dessus du foyer C viennent les couches sans vestiges humains, puis les gros blocs du plafond éboulé, et ensuite se présente le groupe des foyers B. Foyer B. — Ces foyers occupent le fond de la caverne, et l’animal caractéristique est le Renne. L'industrie, en tout semblable à celle des foyers précédents, avec plus de silex, est peu riche. Pas d’ossements travaillés. Foyer A. — La faune comprend des débris d'Éléphant, d’Ursus spelœus et d'Hyæna crocuta. L'industrie ne diffère pas des précédentes. Pas d’os travaillés. Les caractères fauniques de la caverne sont donë : faune en évolu- tion, commençant par l’ensemble : Elephas antiquus, Rhinoceros Merkii et Hippopotamus dit « Faune chaude » et finissant par un groupement analogue à celui constaté à l’époque du Mammouth et connu sous le nom de « Faune froide ». Les caractères in dustriels sont : industrie de type moustérien un peu évolué, mais en évolution si lente qu’elle reste à peu près semblable à elle-même pendant toute la période d’habitation de la caverne. On y voit simplement l’usage du silex supplanter assez rapidement celui . calcaire siliceux.. Comment interpréter ces constatations en apparence si discor- dantes ? A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. 49 M. Boule, après une courte discussion, déclare donner une valeur prépondérante à la faune et, dès lors, l’ensemble des foyers à « faune chaude » E, D et Cest rattaché au Quaternaire le plus inférieur, tandis que le contenu des foyers B et A est rapporté au Quaternaire moyen à « faune froide ». Bien que des préhistoriens de valeur et des paléontologues de grand mérite aient déjà approuvé les conclusions de M. Boule, d’autres géo- logues et préhistoriens, dont je suis, interprètent les mêmes faits — car ils ne sont sujets à aucune discussion — d’une manière très diffé- rente. | _ Si, en effet, la caverne ne renfermait que des niveaux ossifères dépourvus d'industrie, tous les préhistoriens, sans exception, s’incli- neraient devant l’avis formulé par M. Boule; mais, avec les ossements, il y a une industrie, et là est le point faible. Si tous les paléontologues reconnaissent unanimement que la faune des foyers inférieurs de la Caverne du Prince est bien la « faune chaude », beaucoup de préhistoriens, par contre, ne reconnaissent pas moins dans l’outillage bien développé rencontré aux mêmes niveaux, le facies non pas absolument typique, mais un peu évolué de l’industrie moustérienne. Et ici le mot «évolué » signifie nettement que l'outillage considéré est du Moustérien en état d'évolution vers des facies industriels plus jeunes, qui ont succédé au Moustérien et qui, depuis deux ans à peine, commencent à être bien connus en France. M. Boule reconnaît le bien fondé de l’observation, mais, entraîné par la faune qu’il croit absolument caractéristique du Quaternaire inférieur et qu’il admet aussi comme synchronique de l’époque chelléenne, il déclare ne pouvoir accorder aucune importance au facies de l'in- dustrie. Comme explication, le savant Professeur du Museum de Paris ajoute que les populations chelléennes, n'ayant pas rencontré aux rochers rouges le matériel propre à la confection des instruments amygda- loides caractéristiques, elles les ont remplacés par des outils qu’il admet comme plus rudimentaires encore. Il y a deux ou trois ans à peine, tout le monde croyait, comme article de foi, que la « faune chaude » ne caractérise que le Quater- naire inférieur; de sorte que st aucun fait nouveau n'avait été révélé depuis, chacun se serait encore incliné devant les conclusions de M. Boule. De plus, le principe de la possibilité de l’existence, au même moment, d'industries paléolithiques de types dissemblables, 1907. MÉM. 4 el A RUTOT. — SUR L'AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. résultant de lutilisation de matières plus ou moins propres à la con- à fection de l'outillage, aurait pu également s ’imtroduire dans la science et y trouver des partisans autorisés. : À Mais l’éminent professeur Alb. Penck, le célèbre explorateur du _Glaciaire des Alpes, est venu heureusement ‘en temps apporter la . lumière pour aider à faire obstacle au progrès d’une théorie funeste et contraire aux faits constatés. - no le professeur Penck est venu nous dire, au grand étonnement de tous : Non, la faune dite « chaude » ne caractérise pas uniquement le Di mr inférieur, car elle réapparaît momentanément à une époque géologique nettement déterminée dans les Alpes, c’est-à-dire dans les tufs de Flürlingen et dans les lignites de Wetzikon, qui datent du ‘commencement du Quaternaire supérieur. : = Or, précisément, tant en France centrale qu’en Belgique, l'industrie | rt avec le commencement du Quaternaire supérieur -est le Présolutréen inférieur de l'abbé Breuil, ou niveau d'Hastière de M. Éd. Dupont, et cette industrie est un Mouslérien évolué d’une manière sensiblement égale à celle rencontrée à tous les niveaux-de la caverne du Prince. © Devant une constatation aussi frappante, l'obligation de réfléchir s'impose avant de s'engager dans une voie douteuse, et ce sont ces _réflexions que nous exposerons ci-après. ; La thèse de M: Boule se résume donc comme suit : les trois foyers _inférieurs de la grotte du Prince renferment la « faune chaude », c’est- à-dire la faune de l’Elephas antiquus, donc ils datent du Quaternaire inférieur ; et l’industrie qui accompagne la faune ne peut être que chel- _léenne, malgré ses caractères moustériens, parce qu'il est convenu que c’est l’industrie chelléenne qui accompagne la « faune chaude ». Or, j'ai une première objection très grave à formuler contre cette conclusion : c’est que, pour ce qui me concerne, il est démontré que la « faune chaude » n’est nullement contemporaine de l’industrie chel- léenne. Pour soutenir ce qu’il avance, M. Boule s’appuie sur les trouvailles opérées dans les ballastières des environs de Paris et qui, d’après lui, constitueraient une base inattaquable. ; Je réponds à cette argumentation que les gisements considérés, ne constituant qu’une immense accumulation de cailloux de basse terrasse, c’est-à-dire un complexe du type ballastière, synonyme de remaniage et de mélange, n’ont aucune valeur probante. J’appuie cette manière de voir d’abord sur mes observations faites en “A. RUTOT. — SUR L'AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. o1 Belgique, dans des ‘gisements qui sont l'opposé du type ballastière, c’est-à-dire dans lesquels les traces de tous les phénomènes successifs se sont enregistrées dans des superpositions de sables, de glaises et de limons, claires et précises, où tous les dépôts fluviaux, de cours d’eau tranquilles, se sont étendus les uns sur les autres sans jamais se ravinér totalement ni se mélanger d’une manière sensible. Dans ces gisements si précieux, les vestiges dés occupations humaines se sont trouvés con- servés absolument intacts entre les strates, à l’abri de tout remanie- ment et de tout roulage, à tel point que, recueillant aux différents niveaux des centaines d’éclats de débitage encore aussi tranchants que s'ils venaient d’être détachés, nous avons pu, en cherchant leur place et en les recollant, reconstituer le rognon primitif, et y AR le percuteur même qui avait servi au débitage. En ces gisements rares et privilégiés, la véritable histoire des faits qui se sont passés est indiquée en traits nets et indiscutables, et, par exemple, la célèbre exploitation Hélin, à Spiennes, montre ainsi, dans la même coupe, cinq niveaux superposés et absolument distincts. De ces niveaux à industrie, les deux inférieurs sont éolithiques purs (Maïllien et Mesvinien), c’est-à-dire renferment des percuteurs, des enclumes, des couteaux, des racloirs, des grattoirs et des perçoirs, sans adjonction de pièces intentionnellement taillées, ce qui, seul, caracté- rise les industries éolithiques. Au-dessus des niveaux éolithiques se présente immédiatement la faune du Mammouth pure, sous forme de grands ossements non roulés, puis s’étagent trois niveaux à industrie dont l’inférieur est le Strépyien ou transition de l’Éolithique au Paléolithique, dans lequel apparaît, pôur la premiére fois, la taille intentionnelle du silex à l’état encore rudimentaire. Au-dessus s'étend le niveau à coups-de-poing chelléens typiques, accompagné de tout le cortège de percuteurs, de couteaux, de racloirs, de grattoirs et de perçoirs, qui, ici, prennent des formes perfectionnées les éloignant des Éolithes. Enfin, le niveau supérieur renferme le coup-de-poing acheuléen typique, avec lequel se développe le même cortège d'instruments indis- pensables au travail humain, mais encore plus soignés. Done, voilà le Chelléen daté, car la faune du Mammouth ayant apparu aussitôt après la fin de l’industrie mesvinienne qui termine l’'Éolithique, cette même faune caractérise absolument le Chelléen, ainsi que de nombreuses découvertes d’ossements à Mesvin et à Ciply l’ont démontré. " 52 A. RUTOT. — SUR L'AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. D'autre part, si les couches renfermant l’industrie éolithique en Belgique ne nous ont pas encore fourni de fossiles, au moins leur pro- longement immédiat à permis de recueillir, par exemple, à Hoboken, près d'Anvers, le magnifique spécimen d’Elephas antiquus qui figure au Musée royal d'Histoire naturelle de Bruxelles, avec le Rhinoceros Merkii et des restes d'Hippopotame. Puisque le prolongement des couches à Éolithes renferme nettement la faune de l’Elephas antiquus, nous sommes donc en droit de déclarer que cette faune est contemporaine des couches purement he c’est-à-dire du Quaternaire inférieur (1). Les ballastières de Chelles et de Cergy viennent-elles contredire ces observations positives ? Certainement non, car Chelles et Cergy renferment à la fois, à l’état de mélange complet, d'une part, des coups-de-poing et des Éolithes, et, d'autre part, des restes d’Ælephas antiquus et de Mammouth, c’est-à-dire les éléments fauniques et les éléments industriels que renferment, en superposition, les couches non remaniées de Belgique. A Chelles, comme à Cergy, comme en bien d’autres gisements semblables, on trouve à la fois : [. Elephas antiquus, IT. Elephas primigenius, et A. L'industrie éolithique, B. L'industrie paléolithique inférieure. (Strépyien, Chelléen et Acheuléen mélangés.) Plaçant alors les éléments disparates dans l’ordre nettement indiqué par les coupes de terrains non remaniés, on voit donc que la faune l va avec l’industrie A et la faune IT avec l’industrie B. On conçoit que si à Chelles et dans les gisements similaires, on ne rencontrait ni Éolithes ni Elephas primigenius, il ne resterait en pré- sence que ÆElephas antiquus et industrie paléolithique, ce qui pourrait simplement rendre le problème plus difficile, sans toutefois rien enlever de sa valeur à la solution fournie par les gisements où tout est resté in situ (2). | (1) Il en est de même dans la vallée de la Tamise où les fameuses coupes d’Erith à Elephas antiquus et à Corbicula fluminalis bivalves sont encadrées entre deux couches caillouteuses à industrie éolithique. (2) ll sufiit simplement de lire dans l’Anthr opologie les comptes rendus et analyses de quantité de travaux parus tant en France qu’en Angleterre pour reconnaître que, très souvent, le conp-de-poing amygdaloïde est indiqué comme accompagné de la faune du Mammouth. J'ai noté une quantité de ces articles. A.. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. 93 Si, enfin, on résistait encore devant des faits aussi précis que ceux tirés de l’observation des gisements non remaniés, je pourrais immé- diatement me servir, pour terminer, d'une observation déjà ancienne et classique qui ne peut être mise en doute. Il est ici question de la coupe des tranchées de Mesvin et de un creusées vers 1868 et où les premières trouvailles importantes d’osse- ments et de silex ont été faites dans les alluvions quaternaires de la Belgique. | À cause de la vitesse modérée des eaux quaternaires dans notre pays, le facies ballastière y est relativement rare, surtout dans le Hainaut. En une partie de son cours, la Trouille, qui, entre Spiennes et Saint- Symphorien, à si bien enregistré tous les phénomènes et toutes les industries successives dans l’admirable coupe de l'exploitation Hélin, a, par suite de dispositions spéciales de sa vallée, remanié et raviné, à quelques kilomètres de là, ses propres alluvions, à plusieurs reprises et notamment à l’époque acheuléenne. Elle à ainsi accumulé, dans la région coupée par les tranchées du chemin de fer, dites de Mesvin et de Spiennes, un cailloutis de 1 à 2 mètres d'épaisseur, qui représente, à une échelle réduite, l'exact équivalent stratigraphique des ballastières de Chelles, de Cergy, etc. Les coupes ont été longuement étudiées par nos regrettés confrères Cornet et Briart, qui les ont publiées et figurées dans les comptes rendus du Congrès d’Anthropologie et d'Archéologie préhistoriques de 1872 . (Bruxelles), et elles ont été explorées par G. Neirynck, à qui elles ont fourni une très importante série de documents fauniques et industriels légués intacts au Musée de Bruxelles. Nous avons ainsi pu nous convaincre personnellement que tout ce qui a été dit par Cornet et Briart est confirmé par le contenu de la collection Neïrynck. | Or, quel est le contenu de la couche de gravier? 1° Un métatarsien attribué, avec doute, par le D' Schlosser, de Munich, à Rhinoceros Merkü ; % De nombreux ossements de : Elephas primigenius, Rhinoceros tichorhinus, Equus caballus, Ursus spelœus, Felix spelæa, Megaceros hibernicus, Cervus tarandus, Bison europœus. 54 A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. 3° De nombreux Éolithes, parfaitement caractérisés et unanimement acceptés par les nombreux savants assistant au cree de 1872 comme « silex taillés »; : 4 Des instruments, en nombre plus restreint, consistant principa- lement en coups-de-poing mélangés des types Strépyien, chelléen et acheuléen, identiques à ceux de Chelles. Tous ces éléments fauniques et industriels étaient Complétenient mélangés, au point que l’on a rencontré des coups-de-poing de type acheuléen tout à la base du cailloutis, et de nombreux Éolithes au sommet. De plus, tous les silex ont les arêtes légèrement arrondies; certains, surtout les Lolithes, sont plus ou moins roulés; enfin, tous ont une patine brunâtre, épaisse, très semblable à celle des silex des bas niveaux caillouteux des environs de Paris. qu ‘Ils contrastent ainsi vivement, comme aspect, avec les silex ren- contrés plus tard dans les niveaux distincts, in situ, de l’exploitation Iélin, où les instruments se trouvent absolument intacts, souvent. avec les arêtes encore àpres et tranchantes, fréquemment sans aucune patine AL | Voici donc, près de Mons, dans la vallée de la Trouille, deux régions: très voisines dont l’une présente le même facies ballastière de bas: niveau que Chelles, plus toute l’industrie (Éolithes et Paléolithes) iden- tique à celle de Chelles, maïs avec un ensemble faunique inverse. A Chelles, c’est la faune dite « chaude » qui l'emporte; à Mesvin, c’est la faune dite « froide » qui est tout à fait prépondérante. ù Nous nous trouvons donc en présence de deux « faits » de méme valeur, analogues en tout au point de vue industriel, mais fournissant des faunes différentes, contradictoires. Lequel des deux gisements, de Chelles ou de Mesvin, représente la vérité ? La réponse n'est pas douteuse : Aucun des deux, car tous deux montrent, à Utre égal, les traces du remaniage et du MES La vérité se trouve à 2 kilomètres de Mesvin, à Spiennes, à l’exploi- (4) On se rappellera que dans la coupe de la tranchée de Mesvin, E. Delvaux a ren- contré sous le gros cailloutis à facies ballastière, un petit lit de cailloux, séparé de la couche précédente par du sable vert quaternaire inférieur, et ne renfermant que des Éolithes. Presque partout ce lit à Éolithes avait été raviné par les eaux acheuléennes et son contenu dispersé au milieu des instruments paléolithiques contenus dans les niveaux supérieurs. Seuls, les silex du niveau acheuléen sont sensiblement patinés. A. RUTOT. — SUR L'AGE DES CAVÉRNES DE GRIMALDI. 55. tation Hélin, où toutes les couches sont restées en place et où le Mam- mouth et son cortège habituel apparaissent dans les premiers sédiments sableux surmontant immédiatement le dernier niveau éolithique, J ’est-!- à-dire le Mesvinien. Et n'oublions pas que le Chelléen n’est pas le premier niveau paléo- lithique : le Strépyien lui est certainement inférieur. 5 Je conclus donc en déclarant démontré, par des preuves directes et par d’autres indirectes, que le Chelléen, à l'état de pureté, se trouve en | pleine faune « froide », et que le Surépyien qui le précède est accom- pagné lui-même des débris de cette même faune froide. D'autre part, certains auteurs, malgré leur aversion pour les Éolithes, se voient obligés cependant d’en accepter quelquefois. M. Boule admet ceux du lac Karâr ainsi que ceux de Chelles, tant ils : sont évidents comme instruments humains; mais il ne les admet qué sous le couvert du coup-de-poing chelléen.. et alors ce ne sont plus des Éolithes, puisque ainsi ils deviennent contem porains de l'instrument amygdaloide. Malheureusement, plus d’une douzaine de ne des vallées de la Haine, de la Trouille, beaucoup d autres de la vallée de l'Oise, etc., viennent contredire cette opinion. | Des milliers d'Éolithes, plus beaux, plus nets, aussi certains que. ceux qui entourent les coups-de-poing chelléens du lac Karàr, de Chelles et de Mesvin, s'étendent en magnifiques gisements purs, exempts de tout contact avec la hache en amande ou tout autre instrument taillé, affirmant ainsi l’absolue autonomie de l’industrie éolithique. Ils viennent protester contre les distinctions trop subtiles qui veulent leur imposer un àge qu'ils n’ont pas. De leur côté, du reste, les couches paléolithiques pures et in situ : chelléennes et acheuléennes, élèvent la voix à leur tour. Les faits acquis nous montrent, en effet, que dans ces couches le coup-de-poing est loin de trôner, isolé, dans toute sa gloire, comme nous le certifient les auteurs classiques, car il est, au contraire, largement accompagné de couteaux, de racloirs, de grattoirs et de perçoirs qui n’ont plus l’aspect primitif des Éolithes, attendu qu’ils possèdent des caractères propres, bien marqués. Et cela se comprend aisément. Les populations éolithiques ramassaient simplement à leurs pieds, sur le « tapis de silex », les éclats naturels tranchants à leur conve- nance, puis elles les employaient et les retouchaient selon leurs besoins; tandis que les populations paléolithiques, plus difficiles dans le choix 56: A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. de la matière première et plus soucieuses de la forme, n'utilisaient pour leurs outils que des éclats tranchants et des lames provenant du débitage intentionnel des rognons de silex, exécuté au moyen qu percuteur. | Elles obtenaient ainsi des éclats généralement assez réguliers, ovales ou triangulaires, qui, utilisés LICE EN comme de simples Éolithes, : n’en produisaient pas moins, grâce à la forme plus ou moins régulière des éclats et au plus grand soin apporté aux retouches d’accommoda- tion et d’avivage, des instruments qui, bien qu’entièrement analogues, en principe, aux Éolithes au point de vue utilisation, n’y ressemblent pas au point de vue de l’aspect. Les gisements paléolithiques purs et in situ protestent donc à leur tour vivement contre la prétention de leur imposer, à côté de la noble hache en amande, des instruments usuels d’aspect quelque peu négligé, tels que sont les vrais Éolithes. Comme on le voit, les gisements éolithiques purs, comme les gise- ments paléolithiques in situ, rejettent à l’ananimité la promiscuité qu on leur attribue. Et voilà aussi pourquoi, si les foyers à « faune chaude » de la grotte du Prince représentent réellement le Quaternaire inférieur, il est invraisemblable qu'ils puissent renfermer, en même temps,une industrie attribuable au Chelléen. Les couches in situ déclarent formellement que c’est uniquement l’industrie éolithique pure qui accompagne la « faune chaude ». Et le Chelléen avec le Strépyien, l’Acheuléen, le Moustérien, le Pré- solutréen, le Solutréen et une partie du Magdalénien, sont accompa- gnés, dans nos régions, de la « faune froide ». | Pour le moment, je crois avoir montré qu’au moins une des deux conclusions primordiales de M. Boule se trouve donc en défaut : c’est celle se rapportant à l’âge de l’industrie qui, à la grotte du prmees accompagne la « faune chaude ». . Mais cette constatation, cependant importante, n’embarrassera pas certains préhistoriens et paléontologues. J'ai, dans diverses publications, vu instituer tout récemment un. nouveau principe : celui de la non-conformité de l’industrie à chaque époque déterminée. Z. Comme principe « imaginé », c’est parfait et même absolument vraisemblable : tout ce qui est humain prête à la fantaisie, à la dissem- blance, et un tel principe, très commode assurément, est certain d'être accepté d'emblée, et a toute chance d’être largement appliqué. A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. : 97 Pour ce qui me concerne personnellement, il m'est absolument indifférent que le principe soit vrai ou faux; mais ce qui ne m'est pas indifférent, c’est de savoir s’il est vrai ou s il est faux. Quelle est la vérité « en fait »? Y a-t-il homogénéité de l’industrie à chaque époque déterminée, ou bien y a-t-il dissemblance? Il n’est pas douteux, pour ceux qui ont étudié la question sur des matériaux authentiques, bien recueillis, — malgré la vraisem- blance contraire, — que l’homogénéité des industries primitives est d'autant plus complète et plus étendue qu’elles sont plus anciennes et, plus spécialement, que les industries éolithiques et paléolithiques inférieures et moyennes sont très homogènes et très semblables à elles- mêmes, à la même époque et sur de grandes étendues. D'autre part, la dissemblance semble exister, plus on s’avance vers la fin du Néolithique. | Par leur nature même, les industries éolithiques doivent être, non seulement homogènes dans l’espace, mais encore dans le temps. Partout et à toutes les époques, depuis le Pontien (Miocène supé- rieur) jusqu’à la fin du Quaternaire inférieur (Mesvinien), les industries éolithiques dérivent de l’utilisation, soit directe, soit après retouche d’accommodation, de blocs, de rognons bruts ou d’éclats naturels de matière première utilisable, répandus en quantité considérable sur ce qui constituait le sol à l’époque considérée. Puisque le « matériel primitif » (1) était à peu près le même aux diverses périodes de la fin du Tertiaire et au commencement du Qua- ternaire, les industries qui en dérivent directement ne peuvent être notablement dissemblables; tout au plus y constate-t-on des variantes en proportion directe de la variation de la nature de la matière pre- mière, telles que : différences dans le nombre relatif de spécimens du même instrument par suite de la facilité plus ou moins grande de le réaliser, etc. Ce n’est que tout à la fin de l’Éolithique, à l’époque mesvinienne, que l’on aperçoit, pour la première fois, une différence sensible, attendu que c’est à cette époque que se généralise sérieusement le débitage intentionnel des blocs ou des rognons, au moyen du percuteur, pour l'obtention d’éclats tranchants destinés à être utilisés, à la manière (4) Ge maicriel primitif est presque toujours le dépôt d’altération superficielle de la craie à silex, dit « argile à silex », soit intacte, soit plus ou moins remaniée par les eaux creusant leurs vallées. | 58 A. RUTOT. — SUR L'AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. éolithique, comme couteaux, comme racloirs et comme grattoirs (4). Or, l’industrie éolithique se montrant in situ dans les couches de la série géologique proprement dite, pouvant assez souvent être datées | par la Paléontologie, elle est précisément celle dont on l'DEUl le plus facilement déterminer l’âge. RS Pour ne parler que des pays connus, nous constatons que des Éoli- thes parfaitement datés ont été rencontrés dans presque toutes les régions de la France, en Belgique, dans le Sud de l'Angleterre, en Danemark, dans l’Allemagne du Nord, en Algérie, en Tunisie et (ti Égypte, en position stratigraphique, bien entendu. Li Que montrent «en fait » l'étude et la comparaison des Éolithes Fe toutes ces provenances, ce que J'ai pu effectivement réaliser, ainsi qu’on peut s’en assurer par les collections rassemblées au Musée royal d'Histoire naturelle de Bruxelles? L'étude et la comparaison montrent dans l’espace et dans le temps une similitude complète, je dirai même étonnante, et, à l’aspect comme à l'examen des caractères, il est impossible de déclarer qu’un Éolithe donné vient de la vallée de la Haine, près de Mons, ou de la vallée du Nil, près de Thèbes, en Égypte. | Mais j'entends déjà les adversaires des Éolithes cherchant à détruire l'effet de la démonstration par l'argumentation consistant à répéter, avec M. Laville, que les Éolithes n'étant que des cailloux quelconques ébréchés, tous les cailloux quelconques ébréchés ont été semblables, en tous temps et en tous lieux. A la suite de réponses péremptoires et de l’exhibition d’Éolithes intacts, n'ayant aucun rapport, même lointain, avec des cailloux ébré- chés, l'argument relaté ci-dessus fait actuellement l'effet d’un bon mot dont on a abusé et qui tourne à l’obsession. Et pour ceux-là même qui l’écoutent encore avec complaisance, mon argumentation est loin d’être terminée. : (4) Il est bien entendu que la constatation du développement du débitage inten- tionnel ne peut se faire que lorsque la matière première ne se rencontre guère, dans : les gisements, qu’à l’état de blocs ou de rognons. Partout où il existe des éclats natu- rels, les Mesviniens les utilisaient purement et simplement, et se gardaient bien d'effectuer des débitages. Le cas se présente à Salzinne, près Namur, où les Mesvi- niens ayant trouvé sur le sol des quantités d’éclats naturels, ils les ont directement utilisés. A l'exploitation Hélin, au contraire, il y avait grande prédominance de rognons. Dans ce cas, lorsque la majeure partie des éclats naturels a été utilisée, les Mesviniens se sont vus obligés d’avoir recours au débitage intentionnel, et aussitôt apparaissent les nuclei et les éclats et lames de débitage, portant le bulbe de per- cussion. A, RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. : 09 Qu'ils admettent ou non mes subdivisions : Strépyien, Chelléen et Acheuléen, et qu'ils préfèrent le mot « Chelléen » ou le vocable si précis et si avantageux de « Chelléo-moustérien », il n’en est pas moins cer- tain que le Paléolithique inférieur est partout semblable à lui-même, qu'il se rencontre à San [sidro, près Madrid, ou à Hakodate au Japon, en passant par la France, l'Angleterre, la Belgique, l'Italie, l'Algérie, la Tunisie, l'Égypte et l'Inde. ce Et les variations de la matière première rie changent en rien l’aspect de l’industrie : silex, quartzite, jaspe, phtanite, grès, etc., fournissent des instruments absolument ane au sujet desquels aucun connaisseur ne se trompera. . Cela est si vrai que ceux qui entrent däns le détail peuvent, dans tous les gisements, si éloignés qu’ils soient, reconnaitre aisément les formes strépyiennes, les chelléennes et les acheuléennes, que les instruments soient mélangés dans des amas caillouteux du type ballastière ou distribués à des niveaux distinets. Et tel est le cas pour tout le Midi de la France et pour la vallée du Nil, où les instruments strépyiens accompagnent les Éolithes dans les cailloutis alluviaux de la basse terrasse, tandis que les divers instru- ments chelléens et acheuléens gisent sur les amas de matière première affleurant au soi (1) sur la moyenne terrasse. Le principe de la dissemblance des industries anciennes à la même époque ne repose donc sur aucune observation réelle, c’est un simple produit de l’imaginalion, certainement très vraisemblable, mais on sait que le vraisemblable est loin d’être toujours vrai. M. Boule à cependant cru trouver dans le résultat des beaux et consciencieux travaux de M. le professeur Commont, d'Amiens, un argument en faveur de la thèse du principe de dissemblance. Dans le fascicule de l’Anthropologie renfermant les conclusions de l'étude de la géologie des cavernes de Menton, se trouve aussi une analyse des travaux de M. Commont relatifs à l'exploration des coupes (4) Dans la Dordogne, au Grand-Pressigny et en quantité d’autres points d’où le Musée de Bruxelles possède de bons matériaux. les instruments chelléens et acheu- léens sont souvent mélangés à des types des diverses assises du Néolithique, à cause du manque de dépôt de couches d'épaisseur sensible depuis le Chelléen. Cette disposition du Chelléen sur la moyenne terrasse montre qu’à cette époque, et pendant l’Acheuléen, le fond de la vallée et la basse terrasse ont été couverts d’eau et rendu inhabitables, ce qui n’avait pas lieu aux époques mafilienne, mesvinienne et strépyienne qui précèdent. RU EAUTES 60 A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. . de Saint-Acheul et de Montières, rédigée par le savant professeur du Museum de Paris. Naturellement, ces découvertes, qui m’étonnent d’autant moins qu'elles concordent point par point avec les miennes, autour oi Mons, attirent l’attention de M. Boule. Que de niveaux, que d’industries, que de changements dans la compréhension des vieilles coupes «classiques » des environs d'Amiens, sur lesquelles on croyait posséder des conclusions de tout repos ! Mais qu'y faire? M. Commont a bien l’air de savoir ce qu’il dit et d’être à même de le prouver. Alors il est préférable de prenlre ces données en considération et de chercher à s’en servir au profit des idées que l’on défend. Au cours de ses Ste Muse à Saint-Acheul, le zélé explorateur d'Amiens à rencontré, à un niveau parfaitement déterminé, en position stratigraphique tout à fait précise, un atelier de débitage et de taille de la transition du Chelléen à l’Acheuléen, où l’on trouve, avec un nombre relativement faible de coups-de-poing, outre les éclats de débitage et ceux provenant de la taille des instruments, des percuteurs, des racloirs, des grattoirs, bref tout ce qu’en Belgique nous rencontrons depuis vingt ans dans tous nos ateliers strépyiens, chelléens et acheuléens. Tant que ces faits sont rapportés par nous, cela paraît n’avoir guère d'importance ; il est entendu qu’en Belgique les gisements sont si bizarres, si locaux, si excentriques, qu’en admettant même que nous avons dit la vérité, ces faits ne peuvent ébranler en rien le fondement du dogme établi en France. Mais voilà que des gisements « classiques » réputés archiconnus, soi-disant fouillés par les savants les plus distingués, avec des résultats toujours identiques, se mettent à livrer à un modeste mais zélé chercheur les matériaux les plus compromettants et les plus :subversifs, tout comme un simple gisement belge ! I faut donc bien, au moins, en tenir compte; mais au lieu d’ ne purement et simplement l'exactitude et la réalité des faits avec les con- clusions logiques qui en découlent, on a cru préférable d'essayer de les mettre en contradiction avec les « bons » principes. Et ainsi, au lieu de déclarer que, décidément, il faut bien admettre que l’industrie chelléenne n’est pas composée du seul et unique coup- de-poing, mais de cet instrument accompagné d’une série d’autres outils indispensables, qui sont les percuteurs, les couteaux, les racloirs, les grattoirs et les perçoirs, on préfère admettre la dissemblance de l’industrie chelléenne à Saint-Acheul même, où il existerait d’une part ERREUS A. RUTOT: — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. 61 des gisements « classiques » avec le seul coup-de-poing et, d’autre part, des gisements anticlassiques où cet instrument est accompagné d’éclats de taille utilisés ou non. De là à conclure que, puisqu'à Saint-Acheul même l’industrie chelléenne peut être dissemblable d’un point à un autre, rien d’éton- nant à ce que le prétendu Chelléen de la caverne du Prince puisse différer sensiblement de celui des gisements classiques des environs de Paris, 1l n’y à qu'un pas. Or, nous qui avons étudié personnellement et patiemment de nombreux gisements du Paléolithique inférieur, qu'ils soient stré- pyiens, chelléens ou acheuléens, nous avons toujours vu qu'il existe côte à côte deux facies de gisements : l’un qui est l'atelier de débitage et de taille, tandis que l’autre est le point d'occupation de la tribu. Et il y a là une différence essentielle entre les Éolithiques et les Paléolithiques, qui réside en ce que les premiers préféraient vivre sur le « tapis de silex » qui leur fournissait la matière première, tandis que les seconds prenaient bien soin d’écarter quelque peu leur point d'habitation de celui où ils se livraient au débitage des rognons et à la taille de leurs instruments. On conçoit du reste aisément que circuler sur un sol couvert d’es- quilles vives de silex de toutes grandeurs ne devait avoir rien d’agréable; aussi, dès que leur travail était terminé, les Paléolithiques emportaient les instruments achevés au campement où 1ls s’accumulaient, alors qu'il en restait à peine à l'atelier. | J'ai pu vérifier ce fait maintes fois et J'ai toujours pu remarquer que la découverte d’un atelier, tout intéressante qu’elle soit, n’amenait jamais que la trouvaille d’un nombre très restreint d'instruments au milieu de l’amas d’éclats de débitage, alors que la rencontre du lieu de campement fournissait toujours en abondance l'outillage caractéristique, avec un minimum d’éclats. Ce que j'ai remarqué depuis plus de dix ans en Belgique vient d’être confirmé à Saint-Acheul par M. Commont, alors que depuis trente ans le fait aurait dû être connu des prébistoriens français. En effet, au Musée royal d'Histoire naturelle de Bruxelles se trouve une admirable série de silex de Saint-Acheul, recucillie en 4875 par M. L. Depauw et provenant principalement de la grande fouille faite pour Pétablissement du cimetière. Il est de toute évidence que, sur ce vaste emplacement, il existait à la fois des ateliers et des points d'occupation, car la collection, que j'ai { étudiée en grand détail, renferme plus de vingt magnifiques et volu- 69 A RUTOT: — SUR L'AGE- DES CAVERNES DE GRIMALDI mineux nuclei de débitage, des percuteurs et des milliers d’éclats de taille et d’éclats Levallois, les uns non utilisés, les autres transformés en racloirs, en grattoirs, etc., le tout accompagné de centaines de . coups-de-poing de toutes formes qui se laissent diviser, sans difficulté, en types strépyiens, chelléens et acheuléens. mire Les instruments étaient répartis par paquets aux points occupés, et comme ces points sont relativement les plus proches du cours dela Somme et que les travaux d'exploitation du ballast recherchent préci- sément cette situation, 1l se fait que, dans les premiers temps, la récolte des coups-de-poing a été extraordinairement fructueuse (1). Les ateliers, au contraire, étaient placés vers le plateau, plus loin du cours du fleuve, et ce n’est que depuis une douzaine d’années que l’on abandonne l'extraction du ballast pour celle des limons et de la terre à briques. | Le cimetière de Saint-Acheul étant situé sur la pente a donc pré- senté, en 1875, une partie basse avec très nombreux coups-de-poing el une partie haute avec ateliers de débitage renfermant des nuclei, des percuteurs, des milliers d’éclats de débitage et d’éclats Levallois plus ou moins utilisés, des malfaçons, des pièces ratées et un nombre relativement faible d'instruments amygdaloides bien achevés. Mais ces faits n’avaient pas été « observés » 1l y a trente ans; et ce n’est donc qu’à la lumière des découvertes si précieuses de M. Commont, qui donnent enfin à l’ensemble du gisement de Saint-Acheul sa vraie signification, que nous avons pu débrouiller celle des nombreux et riches matériaux conservés au Musée de Bruxelles. Comme on le voit, M. Boule n’a pas été bien inspiré en portant à l’actif de ses idées un point spécial des découvertes de M. Common; dans le cas présent, comme en tant d’autres, l'exception confirme la règle, et le principe, inexact à mon avis, de la dissemblance des industries à la même époque ne reçoit certes pas, ici, sa confirmation. Il suit de ce qui vient d’être dit qu’il n’existe pas de bonne raison pour maintenir, au sujet de la caverne du Prince, la conclusion d’après laquelle l’industrie accompagnant la faune dite « chaude » ne peut être que le Chelléen. En effet : 4° Dans nos régions de l’Europe centrale, tout au moins, la (4) M. Commont cite ce fait tout récent que, dans un petit Jardin situé vers l’empla- cement où ont été faites les découvertes anciennes, on a rencontré environ trois cents coups-de-poing, qui sont la propriété du zélé explorateur, chez qui j'ai pu les examiner en septembre 1906. A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. …a 63 « faune chaude » caractérisant le Quaternaire inférieur n’est accom- pagnée. que d'industries éolithiques, ce qui n’est pas le cas pour [a grotte du Prince; 2° Le principe de la dissemblance des industries aux époques anciennes n ayant reçu aucune confirmation, l’industrie accOMpa- _gnant la « faune chaude » à Grimaldi, que l’on reconnaît n'être pas le Chelléen, ne peut donc être l’équivalent de ce type. Mais si l’industrie de la grotte du Prince n'est pas le Chelléen,” on sait, en revanche, ce qu’elle est, et M. Cartailhac notamment, chargé officiellement de l’étudier et de la décrire, a déclaré au Congrès de Monaco et a inscrit sur les étiquettes du Musée préhistorique de la principauté, que l’ensemble industriel rencontré dans la caverne est du « Moustérien évolué », c’est-à-dire quelque chose d’un peu moins ancien que du Moustérien, comme du Post-Moustérien ou, si l’on veut, du Présolutréen inférieur. Je suis personnellement, après examen ten des matériaux, de cet avis et il y a ceci de grave, c’est que, malgré le changement fau- nique signalé par. M. Boule au-dessus du foyer C, dernier terme à faune chaude, l’industrie reste sensiblement homogène de bas en haut. - Or, une fois que l’on a pénétré dans le Paléolithique, les transfor- mations industrielles sont relativement rapides, et la stagnation constatée de l'outillage dans les niveaux à faune chaude du bas comme dans ceux à faune froide du haut de la caverne, indique en réalité que le remplissage s’est effectué pendant un temps relativement court, insuffisant pour que, du haut en bas, une transformation industrielle sensible ait eu le temps de se produire. A mes yeux, l'outillage de la caverne du Prince est parfaitement caractérisé, car on peut le ranger au sommet du Moustérien (type de la Quina, Charente), ou dans le niveau inférieur du Présolutréen de l’abbé Breuil, c’est-à-dire dans l’Aurignacien inférieur. Or, en Belgique, M. Éd. Dupont nous a montré dans la caverne d'Hastière, au Sud de Dinant (vallée de la Meuse), un fait entièrement semblable à ce que présente la grotte du Prince. La caverne dite d’Hastière renfermait, dans son épais remplissage paléolithique, trois niveaux ossifères et industriels à outillage lithique très homogene et de type moustérien faiblement évolué. La seule différence constatée entre les trois niveaux réside en ce que, dans l’inférieur, c’est à peine si l’industrie lithique est accompagnée de traces de l’utilisation de l'os. 64 : A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. Dans le niveau moyen, l'usage de l’os fait quelques progrès, et dans le niveau supérieur le progrès est plus accentué encore, l’utilisation se bornant toutefois à la confection de sortes d’amulettes informes et grossières, percées d’un trou, et de lissoirs pour le travail de peaux transformées sans doute en vêtements. C’est dans le niveau supérieur qu’apparaît, pour la première fois, la poterie. | Or, il est à remarquer qu’à la caverne du Prince, une indication très précise du travail de l'os se rencontre dans le foyer C, en faune chaude, sous forme d’un frontal de Capra montrant une corne nette- ment incisée. Jusqu'à présent, on n’a Jamais rencontré d'os travaillé n1 incisé dans le Paléolithique inférieur ni dans le Moustérien, et c’est là encore un indice sérieux en faveur de l’âge aurignacien inférieur de l’outillage. Nous nous trouvons donc, dans la grotte du Prince, en présence de deux faits contradictoires : 1° Présence, dans les trois foyers inférieurs d’une faune renfermant incontestablement les restes d’Elephas antiquus, de Rhinoceros Merkii, d’Hippopotamus, etc., que, très vraisemblablement, on peut rapporter au Quaternaire inférieur ; 2% Présence d’une industrie qui se détermine comme Moustérien supérieur de la Quina, ou comme Aurignacien inférieur. Cependant, il n’est pas un instant douteux que faune et industrie soient de même âge; comment expliquer la contradiction constatée? Il faut l'expliquer exactement comme l’a été la contradiction signalée dans les gisements de Taubach et de Krapina, grâce à la merveilleuse découverte du professeur À. Penck. Jusque dans ces derniers temps, la question de Krapina et de Tau- bach se présentait comme aussi insoluble que celle de la caverne du Prince. Il semblait, en effet, définitivement acquis que la faune dite « chaude » caractérisait absolument le Quaternaire inférieur; aussi, pour ce qui me concerne, dans l'impossibilité où je me trouvais de faire de l’industrie de Krapina autre chose que du Moustérien évolué, je ne savais qu’imaginer pour expliquer une association aussi insolite. | C'est l’'éminent professeur A. Penck, actuellement le digne succes- seur du baron von Richthofen, à Berlin, qui est venu nous apporter la clef du problème, en nous montrant, par la stratigraphie, que pendant la première moitié de l’interglaciaire compris entre les glaciations du Rissien et du Wurmien, et après un développement déjà long de la A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI, 69 faune froide ou du Mammouth, une réapparition temporaire, relative- ment courte, de l’Elephas antiquus et du Rhinoceros Merki avait eu lieu en Suisse pendant le dépôt du tuf de Flürlingen et des lignites de Wetzikon, c’est-à-dire avant le dépôt de la grande masse du Lôss éolien, caractérisée elle-même par la faune du Mammouth et par une industrie qui va de l’Aurignacien au Solutréen. Or, de nombreuses découvertes faites dans le Nord de la France, notamment à Paris et à Saint-Acheul, au Havre, à Rouen, autour de Beauvais, etc., nous ont montré que, stratigraphiquement, un Mousté- rien évolué se trouve au sommet du limon de crue ou limon moyen de M. Ladrière (limon hesbayen des géologues belges), directement inférieur au Lôss éolien, qui existe très bien représenté en Belgique. Il s'ensuit que le Moustérien évolué du Nord de la France, ou Auri- gnacien inférieur, ou niveau d’'Hastière, ou industrie des cinq niveaux de la caverne du Prince, vient stratigraphiquement se placer immédiate- ment avant le Lôss éolien, c’est-à-dire à la place absolument précise où le professeur A. Penck introduit la réapparition temporaire de la « faune chaude ». Peut-on admettre qu’il ne s’agisse là que d’une simple coincidence ? Je ne le crois pas, et je le crois d'autant moins que la caverne du Prince nous montre elle-même le peu de durée relative de la réappari- tion de la faune chaude par son remplacement, dans les foyers supé- rieurs, par la faune froide, caractérisée par le Renne, avant que l’industrie à facies aurignacien inférieur ait pu évoluer sensiblement. Bien que cela me soit profondément désagréable, je me vois done forcé de déclarer que mes conclusions diffèrent notablement de celles de M. Boule, pour ce qui concerne l’âge de l’occupation de la grotte du Prince, à Grimaldi. Ces conclusions se résument comme suit : 1° L'âge des foyers E, D et C, caractérisés par la présence de Îa « faune chaude », n’est pas Quaternaire inférieur ; cet âge est extrême base du Quaternaire supérieur ; 2 Les foyers supérieurs B et À, à faune froide, sont de même âge stratigraphique que les foyers inférieurs. Ils se succèdent naturellement dans l’ordre de leur superposition, mais leur ensemble ne représente pas une période plus longue que l’Aurignacien inférieur ; 3° L'industrie sensiblement homogène des cinq fovers superposés se iapporte à la transition du Moustérien à l’Aurignacien inférieur de l'abbé Breuil, au niveau d'Hastière de M. Éd. Dupont, à l’industrie de l'abri sous roche de Krapina, à celle des tufs de Taubach. 1907. MÉN. 5 66 A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI.. Il est bien entendu que si l’Aurignacien inférieur de la caverne du Prince, de Krapina et de Taubach, est accompagné de la réapparition de la faune chaude, la méme industrie, en France et en Belgique, reste non moins intimement liée à la faune pure du Mammouth. La réappa- rition ne parait done pas avoir été générale en Europe, elle semble n'avoir guère eu lieu que vers le Sud-Est de l’Europe, comprenant l'Allemagne du Nord, la Croatie, la Suisse et la côte méditerranéenne. Ces données ne suffisent certes pas pour tracer la limite des régions où la réapparition à eu lieu : il faudra quelques découvertes nouvelles pour la connaître avec une précision satisfaisante. IT reste même à savoir si, réellement, la France et la Belgique ont été totalement exemptes de la réapparition ; les fossiles sont si rares dans nos régions, en dehors des cavernes, que bien des faits paléonto- logiques peuvent passer inaperçus. Pour ce qui concerne Île vaste territoire qui comprend le Bassin de Paris, dont la Belgique ne constitue que la partie Nord, la situation ne convenait guère pour le développement de la vie. La fin du Quaternaire moyen a été, à mon avis, le théâtre de l'immense crue hesbayenne qui s'est élevée à environ 120 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux dans les vallées et qui a amassé, sur plus des trois quarts de notre territoire, des épaisseurs de limon argileux dont il reste encore actuellement, en beaucoup d’endroits, plus de 20 mètres de hauteur. On conçoit que pendant le recreusement des vallées au travers de ces masses limoneuses, le sol, partout boueux, encore dépourvu de végétation, ne pouvait offrir aucune condition favorable à l'existence. De plus, nous savons qu’à la suite de la grande crue hesbayenne, s’est développé, en Belgique, le régime sec des vents d’Est. Ceux-e1 ont couvert la plaine désolée d’un manteau épais de limon éolien, lequel n’est autre chose que la poussière résultant du desséchement de la surface du limon de crue précédemment déposé. Dans le Bassin de Paris, le limon éolien ou Lôss des Allemands ne m'est pas connu, de sorte que les conditions d’habitabilité se sont probablement montrées plus rapidement satisfaisantes, par une reprise plus rapide de la végétation, car nous y voyons développée, au sommet du limon de crue, une industrie à facies moustérien, qui à ensuite été — après l'époque du dépôt du Lôss en Allemagne et en Belgique — recouverte par le limon sableux du Quaternaire le plus supérieur, dit Ergeron. Je ne crois pas que des découvertes sérieuses d’ossements aient été A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. 67 faites en France à ce niveau précis à industrie moustérienne (1) et il ne serait pas impossible, si un Jour on y rencontre des ossements, d’y constater la réapparition momentanée de la « faune chaude », car, à ce moment, nous sommes bien vers le commencement de l’Interglaciaire compris entre le Rissien et le Wurmien, c’est-à-dire au niveau précis de la réapparition signalée par le professeur Penck. -En France, comme en Belgique, des surprises peuvent done encore nous être réservées el, pour appuyer cette manière de voir, Je rappelle- rai que M. Éd. Dupont a découvert parmi les ossements rencontrés dans le Trou Magrite (Aurignacien supérieur), un fragment d’incisive _d’hippopotame. Est-ce un indice de trouvailles plus décisives? C’est ce que l'avenir nous dira. tp) Il. — La caverne dite « des Enfants ». La caverne des Enfants est située dans la direction de Menton, par rapport à celle du Prince; elle est sensiblement plus petite et plus étroite et elle s'ouvre à un niveau plus élevé, de telle sorte que les dépôts marins de la plage soulevée n’ont pu y pénétrer. L'épaisseur du remplissage est d'environ 10 mètres et il est très régulièrement divisé en niveaux distincts par onze foyers superposés, d’une grande richesse et dont J'ai pu voir les matériaux au Musée pré- historique de Monaco. Cette caverne est et restera célèbre dans la science, par la découverte de six squelettes humains, répartis à des niveaux différents. Quand le Prince de Monaco à fait fouiller la caverne, celle-ci avait déjà été explorée en partie par M. E. Rivière, vers 1875, qui avait retiré les deux squelettes humains dits « des Enfants »; de plus, une partie assez notable du contenu avait disparu pour l'exploitation d’un four à chaux. Néanmoins, il restait encore dans la caverne assez de dépôt pour y procéder à des fouilles fructueuses, et c’est ce qui a été fait. (1) Il ne faut pas considérer comme ossements appartenant à ce niveau les débris de Mammouth rencontrés à la base et dans l’Ergeron. Ces’ossements sont postérieurs au niveau moustérien, car ils sont de l’âge de l’Ergeron, alors que le niveau mousté- rien est séparé de l’Ergeron par une lacune équivalente au Lôss éolien d’Allemagne et de Belgique. 68 A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. On ne connaît pas exactement la nature ni le contenu de la couche la plus élevée qui avait disparu ; on a cependant pu fixer la position du niveau primitif. Les onze foyers ont été désignés, en partant du supérieur, par les lettres A, B, C, D, E, F, G, H, LE, K, L; ils sont approximativement parallèles et tous inclinés vers l'entrée. Nous les étudierons sommairement ci-après en suivant l’ordre chro- nologique, c’est-à-dire en partant du plus ancien. Foyer L. — Il s'étend au fond de la caverne sur une faible couche de remplissage et il est interrompu en divers points par les irrégulari- tés de la roche. Comme faune, on signale Rhinoceros Merkü, Ursus spe- lœus, Ursus arctos. L'industrie, pauvre, peu développée, est tirée de galets de calcaire siliceux et de silex. On a rencontré un petit nucleus de débitage, et des lames grossières, plus ou moins utilisées, sans caractères; mais, point important, l’utilisation encore rudimentaire de l’os est nettement indi- quée par la présence d’un lissoir. Foyer K. — 11 s'étend aussi sur tout le fond de la caverne et il repose sur une couche de remplissage dans laquelle des coprolithes d’hyène ont été constatés. La faune est la même que celle du foyer L, c’est-à-dire que le Rhi- noceros Merkii y existe avec les Ours. L'industrie est sensiblement plus riche que dans le foyer précédent, et le silex a entièrement supplanté le calcaire siliceux pour la confection des outils de pierre. La masse principale des instruments dérive de lames assez courtes, et les plus nombreux sont des grattoirs allongés ou sur lames courtes. Nous notons encore un racloir prismatique; un grattoir nucléi- forme, genre Tarté, circulaire, et quelques poinçons en silex. L'usage de l'os s’est développé et, aussitôt, l'œil est attiré par plu- sieurs pointes aplaties à base fendue, dites « pointes d’Aurignac », actuellement si bien reconnues comme caractérisant en France, comme en Belgique (Montaigle, Spy), l’Aurignacien moyen. Avec ces pointes se présentent quelques poinçons grossiers en os. Enfin, les coquilles de Pétoncles, de Cardiums, de Cérithes, la plupart intentionnellement perçées, nous montrent que le goût de la parure existait déjà alors. Foyer 1. — Foyer étendu, un peu ondalé, venant buter contre un éboulis de gros blocs à l'entrée. Il est à 7"75 de profondeur. Je n'ai pu recueillir, sur la faune, de renseignements détaillés; A. RÜTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. 69 toutefois, au-dessus du foyer K cesse toute apparence de « faune chaude ». Rhinoceros Merkii s’est définitivement éteint. ) Mais, en revanche, c’est là que se trouvent inhumés les deux sque- lettes entrelacés, l’un de vieille femme, l’autre d’adolescent, avec ornements en coquillages, du type particulier que M. le D" Verneau a appelé négroïde, et visibles au Musée de Monaco. L'industrie de ce niveau, coloré en rouge par de l’oligiste, est com- posée d'instruments en silex et en os. La partie lithique comprend de petits nuclei, beaucoup de petites lames, des lames-racloirs bien retouchées, des lames-grattoirs, des grattoirs plats, arrondis, rares, des burins assez rares et des racloirs dérivant d’éclats, très rares. L'utilisation de l'os n’est représentée que par un gros poinçon à pointe manquante. Eufin, quatre coquilles percées complètent le matériel recueilli. Foyer H. — I est à 7"05 de profondeur et n’est occupé que par une sépulture. | C'est là, en effet, qu’a été rencontré, dans une couche d’oligiste pul- vérisé, le magnifique squelette complet d’un homme du type de Cro- _ Magnon, conservé au Musée de Monaco. Foyer G.— Étendu sur tout le fond de la caverne en venant buter, comme les foyers [ et H, contre un amas de blocs éboulés à l'entrée. La faune renferme les éléments de la « faune froide ». L'industrie lithique, toute en silex, comprend : Beaucoup de lames assez grandes et aussi beaucoup de petites dont bon nombre à dos abattu ; Quelques éclats pointus très allongés simulant des pointes mousté- riennes très étroites; ce sont sans doute des lames-racloirs; Une lame à deux encoches; D’assez nombreux burins; Quelques grattoirs sur lames et d’autres allongés ; De très petits poinçons en silex ; Une sorte de « pointe à cran » d'aspect solutréen ; Enfin, un bâtonnet en grès en forme de pilon. L'industrie de l'os est représentée par de rares poinçons en os et par des dents percées devant servir à la parure concurremment avec des coquilles percées. Foyer F. — Il occupe tout le plancher de la caverne, et il a fourni des débris du Renne. 70 A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. Son industrie, riche, ressemble complètement à celle du foyer pré- cédent. Nous notons spécialement : trois coquilles, une pointe en:0s, une lame à deux encoches, et des petits perçoirs semblables à ceux ser- vant à percer le’chas des aiguilles. re Foyer E. — Étendu également sur tout le fond. Faune froide ét industrie riche, "semblable à celle des foyers F et G, mais avec légère évolution. Lames nombreuses, grandes et petites, celles-ci à dos retouché, nombreux éclats et lames à encoches multiples, profondes, unc pointe de flèche en silex, un racloir double dit « pointe mousté- rlenne ». En plus, d'assez aies dents percées (canines de Cerf). Foyer D. — Localisé, n’occupe pas toute l'étendue du fond de la caverne. HER Faune froide. Industrie dérivant généralement de lames petites ou très petites. Petits grattoirs, soit longs, soit cireulaires, de formes tar- denoisiennes, un grand poinçon en silex et quelques petits, plusieurs éclats à encoches. Remarqué, de plus, une pointe ‘en os, ainsi que des dents .et des coquilles percées. Foyer C. — Il occupe tout le fond de la caverne et un peu au- -dessus, des restes de Renne ont été rencontrés. C'est le niveau de la “sépulture des Enfants, déconrelé par M. E. Rivière. L'industrie est semblable à celle du foyer D, mais moins riche tou- tefois; les petits instruments de forme tardenoïisienne typique appa- raissent en plus grand’nombre. Noté une lame de grandeur moyenne, pointue aux deux extrémités et entièrement retouchée sur tout le pourtour; un bon racloir, des grattoirs, généralement petits, dont plusieurs à facies tardenoisien ; des petits outils à contours géométriques tardenoisiens; quelques éclats à encoches; quelques lames moyennes peu ou pas utilisées. En plus, un poinçon en os. Foyer B. — Situé à 1"90 de profondeur. C'est le niveau qui a fourni un squelette de femme de type non défini, conservé an Musée de Monaco. C'est une sépulture renfermant beaucoup de coquilles marines, mais peu de silex, sans caractères. Foyer À. — Ce foyer avait été en grande partie devons je n'en ai pas vu les matériaux au Musée de Monaco. A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. 71 J'ai écouté avec attention la communication de M. Cartailhac au dernier Congrès international et j'ai pu obtenir de lui, devant les col- lections, des renseignements précieux. | J’espérais aussi trouver dans l’Anthropologie, un résumé quelque peu étendu de son étude et de ses conclusions, mais je n’ai rencontré que la note sommaire parue dans le premier compte rendu du Congrès ju le D' Verneau, ce qui n’est pas suffisant. Bien que je me sois généralement trouvé d'accord avec M. Car- tailhac, je craindrais d'exposer ici de mémoire ses conclusions, AEUET que je pourrais commettre quelques inexactitudes. Je dirai donc immédiatement ce que je pense moi-même de l’âge de la caverne des Enfants; il sera alors facile de voir, plus tard, si Je suis entièrement d'accord avec M. Cartailhac, ou s’il existe quelques diver- gences entre nous. Les deux foyers inférieurs L et K renferment la « faune chaude », peut-être pas aussi caractérisée que celle rencontrée à la partie infé- rieure de la grotte du Prince, car ni Elephas antiquus ni Hippopotamus n'y sont signalés. Mais on y a trouvé Rhinoceros Merkii, connu à Krapina, et c’est bien là un membre important de la « trinité » de la faune chaude. Dans le foyer inférieur L, l’industrie lithique est mal caractérisée, mais elle n’a aucun aspect chelléen, la présence prépondérante de lames en matière grossière ne faisant du reste pas prévoir cette industrie, mais une autre, sensiblement moins ancienne. Ce dernier caractère se trouve fortifié par la présence d’un lissoir en os, indiquant donc l’utilisation de cette matière, et l'on sait très bien que l’os n'a commencé à être employé qu'après le Moustérien. Le foyer K, qui succède au foyer L, est heureusement beaucoup mieux caractérisé. Rhinoceros Merkii S'Y trouve toujours et ce pachyderme est accom- pagné d’une industrie de pierre et d’une industrie d'os. Ici, le silex remplace les éclats de calcaire siliceux tirés de galets de la plage et le facies industriel est encore, en grande partie, à base de lames assez courtes servant comme couteaux, racloirs et grattoirs, associées au grattoir de type Tarté, au grattoir circulaire ou allongé, au racloir prismatique et à des poinçons. Ces seuls caractères permeltent de rapporter cette industrie à l’Aurignacien moyen, c’est-à-dire au niveau d’Aurignac, de Cro- _Magnon, de Gorge d’Enfer, de la Ferrassie, etc. Mais l’industrie de l’os vient aussitôt renforcer singulièrement cette assimilation. 72 A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. En effet, le foyer K renferme la fameuse « pointe d’Aurignac », plate, pointue à une extrémité, fendue à l’autre, qui caractérise tant en France qu’en Belgique l’Aurignacien moyen, où elle accompagne fidèlement le grattoir nucléiforme dit « grattoir Tarté ». À ces pointes sont associés quelques poinçons grossiers en os et des coquilles destinées à la parure, ce qui ne vient que confirmer de plus en plus notre conclusion. Comment M. Boule, qui connaissait les faits et les constatations dont il vient d’être parlé, n’a-t-il pas hésité plus longtemps avant d'émettre son opinion sur l’âge des foyers inférieurs de la caverne du Prince ? En présence du Rhinoceros Merkii dans le foyer K, va-t-il nous déclarer aussi que l’industrie typique de l’Aurignacien moyen qui y a été recueillie, représente un facies du Chelléen ? Il y aurait impossibilité à soutenir une semblable opinion, car si, théoriquement, on peut faire valoir qu'il est possible qu’une industrie déterminée prenne, selon les localités, des facies différents à cause de variations de la matière première, il n’y à pas d’application possible de cette théorie pour ce qui concerne l’usage de l'os, celui-ci étant partout de même nature. Les préhistoriens savent depuis longtemps combien la pointe d’Au rignac est caractéristique d’un niveau déterminé et il serait difficile de faire dévoyer une telle notion, même sous la pression considérable, nous l’admettons, d’un Rhinocéros. Les foyers inférieurs de la caverne des Enfants viennent donc s'ajouter de tout leur poids, sur la balance, pour la faire définitivement pencher er faveur du « Moustérien évolué » ou Aurignacien inférieur, au lieu du Chelléen, et, du même coup, l’histoire de l'habitation des deux cavernes s'éclaire et se précise. C’est la caverne du Prince qui a été occupée la première par des populations qui avaient quitté le Périgord à l’époque du Moustier. Alors que des essaims s’éloignaient vers le Nord et venaient, après bien des siècles sans doute, s'établir dans quelques-unes de nos cavernes de Belgique et notamment celles d'Hastière et de Spy, d’autres essaims se dirigeaient vers l'Est et le Sud-Est et pénétraient, les unes en Suisse : caverne du Wildkirchli), les autres dans la vallée du Danube, les autres dans les cavernes de Grimaldi. Ces populations avant quitté le Périgord à l’époque du Moustier, étaient parvenues au but de leurs pérégrinations encore munies de l’industrie moustérienne, mais évoluée, augmentée de l’utilisation rudimentaire de l'os. A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. 13 A Grimaldi, à la grotte du Prince, trois essaims successifs s’arré- tèrent et laissèrent, comme traces, le contenu des fovers E, D et C, au moment où la réapparition de la « faune chaude » battait son plein dans le Midi. Au même moment, les essaims arrivés à Hastière abandonnaïent également, dans la caverne, trois foyers ou niveaux ossifères et industriels successifs, à industrie homogène, identique à celle de Grimaldi et correspondant au niveau inférieur du Présolutréen de l’abbé Breuil ou Aurignacien inférieur du tvpe de l’Abri Audy (aux Éyzies), du rocher Mal Pas, à Tursae, etc. = Du Nord au Midi, il y a toutefois cette différence, qu’en Belgique les premiers Aurignaciens ont rencontré, pendant tout leur séjour, la pleine faune du Mammouth, alors qu'à Grimaldi reflorissait momenta- nément celle de l’Elephas antiquus. À Grimaldi, comme à Hastière, après trois occupations successives, les Aurignaciens inférieurs disparurent. Dans la première de ces localités, le motif de leur départ est nette- ment indiqué; c’est la chute du plafond de la caverne qui rend celle-ci dangereuse et inhabitable. Cependant le temps passe et les escargots, ainsi que les rongeurs, moins prudents, s’y aventurent. C'est à ce moment que commence l'occupation de la grotte des Enfants. Pendant que la « faune chaude » disparaît pour la dernière fois, quelques Aurignaciens s’y installent provisoirement, puis disparaissent (foyer L), laissant la place aux Hyènes (lit à coprolithes de Hyène entre les foyers L et K). Mais bientôt apparaît un nouvel essaim qui avait quitté le Périgord pendant l’Aurignacien moyen. Il s'établit dans la caverne des Enfants, apportant avec lui l’industrie à la mode nouvelle, celle à base de lames, mais non encore exclusive, additionnée du « grattoir Tarté », des grattoirs sur lames et de quelques poinçons. Il apporte également avec lui la caractéristique « pointe d’Auri- gnac ». Ce groupe familial voit disparaitre définitivement le Rhinoceros Merku. Il continue à son tour ses pérégrinations et, peu de temps après, il est remplacé par un autre essaim qui ne rencontre plus autour de lui que la « faune froide ». Quel est cet essaim : était-1l homogène, était-il hétérogène? C’est ce 74 A. RUTOT. — SUR L'AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. que nous ne Savons pas ; Mais ce que nous savons, C’est qu'après avoir abandonné sur le foyer F une industrie de l’Aurignacien moyen, à facies Cro-Magnon ou Gorge d’Enfer non absolument typique, il donne la sépulture à deux personnes de type homogène, à progna- thisme très accentué, dit négroïde. Un rite funéraire veut que le sol sur lequel reposent les deux corps entrelacés, soit largement saupoudré d’oligiste broyé. La tribu quitte la caverne sépulcrale, un nouveau remplissage partiel se produit et les deux squelettes disparaissent sous le recouvrement terreux. ae La caverne paraît se trouver de nouveau habitable, mais peut-être a-t-elle laissé des souvenirs. Les vivants semblent la dédaigner, sinon même la craindre, et sur le sol recouvert par loligiste et par un foyer (foyer H), un nouveau cadavre humain est étendu. Mais cette fois, ce n’est plus un « négroïde », c’est un homme du type dit de « Cro-Magnon », c’est-à-dire ayant les traits caracté- ristiques de ceux d’un vieillard rencontré en terrain aurignacien moyen à Cro-Magnon (vallée de la Vézère). Après, le remplissage continue son œuvre, le squelette disparaît aux regards, les souvenirs s’effacent et un nouvel essaim vient occuper la caverne. Il y laisse, dans le foyer G, une industrie de type aurignacien supé- rieur, précurseur du Solutréen. Après nouveau remplissage, un essaim semblable habite la caverne et abandonne le foyer F; puis, plus tard, un autre y pénètre (foyer E), muni d’une industrie à facies aurignacien supérieur comme le précé- dent, mais additionné de nombreuses pièces à encoches multiples et profondes dont l’usage avait commencé pendant l'Aurignacien moyen en Périgord. L’essaim ayant disparu, et bien que rien ne fasse penser à une durée prolongée, le remplissage ayant continué à s’opérer normale- ment, une nouvelle peuplade apparaît. Celle-ci n’a plus de rapport avec les précédentes, car dans le foyer D qu’elle à entretenu, se rencontre une industrie sensiblement diflérente de celles qui précèdent et que j’ai détaillée er--dessus. Cette industrie dérive de lames petites ou très petites et l’on y voit apparaître très nettement des formes tardenoisiennes. En examinant cette industrie, j'ai été frappé de sa ressemblance avec le niveau le plus supérieur du Paléolithique de Belgique, c’est- à-dire le niveau de Chaleux et plus spécialement celui du Trou du Chêne .A-RUTOT. = SUR L’AGE DÉS CAVERNES DE GRIMALDI. 75 “et du Trou du Sureau à Montaigle, dans la vallée de la Molignée, et aussi de E salle d entrée de la grotte de Remouchamps, qui le sur- montent. | C’est du Magdalénien supérieur aussi bien caractérisé que possible, et il est vraiment étonnant de constater pareilles similitudes à de si grandes distances. . Donc, bien qu He n'y ait guère d’écartement plus grand entre les foyers D et E qu'entre les précédents, il ÿ a cependant ici une lacune considérable, une longue période d'absence d'occupation qui comprend tout le Solutréen et le Magdalénien inférieur, celui-ci correspondant, en Belgique, au niveau de Goyel. De l’Aurignacien supérieur où niveau du. Trou Magrite, nous sautons donc directement en plein Magdalénien supérieur. Les habitants du foyer: D ayant quitté la caverne, un certain rem- plissage s s’accumule et une nouvelle famille y pénètre. Après y avoir vécu quelque temps, elle abandonne, dans le loyer C, les cadavres des deux enfants dont M. E. Rivière à découvert les squelettes en 1875. ; Ce foyer, peu riche, ‘offrait une industrie semblable à celle du foyer D, mais avec plus de formes tardenoisiennes. À la suite de l’inhumation, la caverne à probablement été délaissée d'une manière définitive, car elle semble n’avoir plus servi que de lieu . de sépulture. En effet, un foyer supérieur B parait bien n'être que la sépulture - d’une femme de type non défini, dont le mobilier funéraire consiste à peu près exclusivement en coquilles marines. Après cette inhumation, nouvelle période de remplissage, puis, enfin, dépôt du foyer A sur lequel je ne possède pas de données pré- cises et dont le contenu est réputé semblable à ceux des foyers B et C. De l’ensemble des faits exposés ci-dessus, je conclus donc : 1° Que les dépôts des cavernes du Prince et des Enfants se super- posent exactement, ou bien n'ont en commuu que les foyers E (grotte du Prince) et L (grotte des Enfants); 2 Que ces dépôts superposés montrent la série complète et typique aurignacienne, représentée par ses trois niveaux : inférieur, moyen et supérieur ; 3° Qu’enfin au-dessus de l’Aurignacien supérieur existe une lacune importante comprenant tout le Solutréen et le Magdalénien inférieur, puis que la série des industries reprend pour ne présenter que le Magda- lénien supérieur caractérisé par l’apparition des petites formes dites 76 A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. «géométriques », qui prendront leur complète extension au début du Néolithique, lors du développement de l'industrie tardenoisienne. Ces conclusions peuvent être résumées dans le tableau suivant : Foyer E. é : @ © — D. Faune chaude. , » € PHeUE ne G J S à AURIGNACIEN INFÉRIEUR. OS D, Ce | Faune froide. NE MAS Foyer L. Faune — K, à pointe d’Aurignac. chaude A AURIGNACIEN MOYEN. À — I, à négroïdes. Faune +2 a — H,à homme de Cro-Mognon. | froide. = = — G A | Faune È 2 — F. ; AURIGNACIEN SUPÉRIEUR. = froide. e — E. + © — D. (a, — C,à squelettes d'enfants. Faune . ù k MAGDALÉNIEN SUPÉRIEUR. | — B, à squelette de femme. froide. | — A. On remarquera toutefois, dans ce tableau, une discordance faunique entre les deux cavernes, car, si l’on s’en tient strictement aux faits, les foyers B et À de la caverne du Prince indiqueraient déjà la faune froide, alors que, dans la caverne des Enfants, le foyer K, à pointe d’Aurignac, renferme encore un élément de la faune chaude. Cette dis- cordance pourrait peut-être simplement s'expliquer par une certaine pénurie de matériaux fauniques dans les foyers supérieurs de la caverne du Prince. Ce même tableau nous donne en même temps l’âge des squelettes humains rencontrés dans la grotte des Enfants. Nous y voyons que les deux « Négroides » appartiennent à l’avant- dernier foyer de l’Aurignacien moyen et sont situés au-dessus du foyer à «pointe d'Aurignac »; que le squelette d'homme du type de Cro- Magnon vient immédiatement au-dessus des Négroïdes, dans le dernier foyer de l’Aurignacien moyen. Aucun débris humain n’a été rencontré avec l’Aurignacien supérieur, tandis que les squelettes d'enfants et celui de femme sont nettement datés comme magdaléniens supérieurs. Il suit de la : 1° Que les squelettes de Spy, qui reposent directement sur la couche A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. 17 à «pointe d’Aurignac » représentant de manière très nette le niveau de Montaigle, sont, soit contemporains, soit très peu plus vieux que les Négroïdes de Grimaldi; 2% Que le squelette du type de Cro-Magnon de la grotte des Enfants est sensiblement du même âge ou très peu plus ancien que le crâne du vieillard de Cro-Magnon, celui-ci n'étant plus un type d'âge magdalé- nien, comme on le croit généralement, mais un spécimen d'âge beau- coup plus ancien, puisqu'il est inférieur au Solutréen ; 3° Enfin, les deux squelettes d'enfants et celui de la femme seraient contemporains de la partie supérieure de Chaleux ou même du niveau pré-lardenoisien du Trou du Chêne et de Remouchamps. Nous possédons donc en Belgique quelques cavernes ayant une grande ressemblance avec celles de Grimaldi. | Il y à d’abord la caverne d'Hastière, qui est à mettre en parallèle complet avec celle du Prince, au point de vue industriel. Dans la première, nous comptons trois niveaux, dans la seconde cmq niveaux représentant l'Aurignacien inférieur avec très faible évolution industrielle, mieux marquée cependant en Belgique qu'à Grimaldi, puisque nous voyons l’utilisation de l’os aller en progressant au moins au point de vue du simple développement de l'emploi, si pas au point de vue de la diversité de l’utilisation. Notons encore que c'est dans le niveau supérieur d’Hastière que, d'après les fouilles de M. Éd. Dupont, la poterie apparait. Celle-ci daterait donc de la fin de l’\urignacien inférieur. D'autre part, la caverne de Spy, ou plutôt sa terrasse, récemment fouillée à fond par le personnel des Musées royaux des Arts décoratifs, a montré des superpositions qui équivalent à peu près à l’ensemble des niveaux des deux cavernes du Prince et des Enfants réunies (1). La caverne de Spy, d’après les dernières fouilles, a dévoilé l'existence d’un niveau inférieur, non soupçonné par les premiers explorateurs et qui semble correspondre parfaitement à l’Aurignacien inférieur. Malheureusement, c'est le sol de la terrasse qui a servi d'atelier de débitage, de sorte que les éclats non utilisés sont très abondants, tandis que les instruments sont rares. [ls m'ont paru toute- (4) 11 doit être bien entendu qu’en Belgique, les trois niveaux de l’Aurignacien : Hastière, Montaigle et Trou Magrite, renferment en abondance toute la faune du Mammouth au complet, homogène; tandis qu’à Grimaldi, la réapparition de la faune chaude comprendrait tout l’Aurignacien inférieur et une partie de l’Aurignacien moyen, puisque Rhinoceros Merkii y est encore signalé dans le niveau à pointe d’Aurignac. 18 A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI.. fois bien caractérisés et répondent au type à facies moustérien d'Hastière. Éclats et instruments sont en silex noir, complètement dépourvus de patine. Au-dessus du-niveau d'Hastière apparaît un niveau très bien © Carac- térisé par la présence du grattoir Tarté, de la ponte d’ Aurignac, et des autres instruments abondants | à Gorge d’'Enfer et à Cro-Mägnon. Ce niveau se termine à sa partie supérieure par une couche rougé d’oligiste pulvérisé avec beaucoup de débris d'ivoire travaillé, et c’est dans cette couche rouge qu’étaient inhumés les deux célèbres squelettes de la race de Néanderthal, décrits par M. le professeur J. Fraipont, de Liége. Enfin, surmontant très régulièrement la sépulture, s'étend un niveau à instruments généralement patinés en blanc et dans lequel on a rencontré des sortes de pointes de flèches à pédoncule, déjà ren- contrées par M. Éd. Dupont au Trou Magrite et qui caractérisent maintenant très bien le niveau supérieur de l’Aurigmacien français (type de la Font Robert), d’après les abbés Breuil et Bouyssonie. Il semble peu probable qu'il ait existé des conches plus élevées que l’Aurignacien supérieur à l’entrée de la caverne, mais 1l est vraisem- blable que, dans l’intérieur, à pu se trouver, faiblement représenté, un niveau supérieur du Magdalénien, car en remuant les déblais de l’ancienne fouille de la caverne, il a été rencontré de petites lames et quelques minuscules instruments de type géométrique rappelant le niveau, soit de Chaleux, soit du Trou du Chêne et de Remouchamps. S'il en était ainsi, la caverne de Spy représenterait à elle seule, d’une manière exacte et précise, l’ensemble des cavernes du Prince et des Enfants à Grimaldi, et la présence des deux squelettes de Spy, à type néanderthaloïde, ensevelis dans une couche d’oligiste, mise en parallèle avec celle des deux squelettes de Négroides de Grimaldi, au même niveau, un peu au-dessus de la couche à Grattoir Tarté et à Pointe d’Aurignac, est des plus intéressantes. Nous eroyons utile d'ajouter qu'à la surface des dépôts paléoli- thiques de la caverne de Spy 1l a dû se trouver une inhumation néoli- thique, car les débris d’au moins un squelette humain, avec quelques silex d'aspect néolithique, ont été rencontrés épars au milieu des déblais de l’ancienne fouille. Quoi qu'il en soit, il est d’un haut intérêt de constater combien la chronologie des industries des cavernes est bien établie, de nos Jours, sur une distance aussi grande que celle qui sépare les environs de Liége et de Namur, de Monaco, en passant par le centre et le Midi de la À. RÜTOT: — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI.: 19 France, et combien aussi devaient déjà être mélangées les populations qui, approximativement au même niveau et, dans tous les cas, pen- dant le développement d’un même stade industriel, se montrent appartenir à des races aussi distinctes que les Neanderthaloïdes, les Négroides et les Cro-Magnon. * * » Ces lignes étaient écrites lorsque m'est parvenue l’annonce de la découverte, par M. le professeur Commont, d'Amiens, d’une molaire d’Elephas antiquus au niveau précis de l’atelier de débitage et de taille qu’il à découvert à Saint-Acheul. Avant eu l'occasion de revoir, fin septembre 1906, les coupes de Saint-Acheul et de Montières, sous la conduite de M. Commont et en compagnie de M. le D" Capitan, nous avons admis comme exacte l'interprétation du zélé explorateur des enxirons d'Amiens, notamment en ce qui concerne l’âge de latelier rencontré à l’exploitation Tellier, à Saint-Acheul. | L'atelier se trouve au sein d'une masse argilo-sableuse représentant, avec une épaisseur un peu anormale, la glaise de M. Ladrière, ou « sable gras». D'après les outils utilisés et les instruments taillés de ce niveau, on peut conclure, d’après leur position stratigraphique, à un âge inter- médiaire entre le Chelléen, de travail plus grossier, et l’Acheuléen, de taille mieux soignée. La situation du vrai niveau acheuléen inférieur se trouve, du reste, au-dessus de l'atelier, dans le faible gravier formant le sommet du « sable gras » et sur lequel reposent les « limons moyens » de M. Ladrière, qui sont notre Hesbayen. C’est donc à un niveau bien proche de l’Acheuléen inférieur qu’a été rencontrée la molaire attribuée à Elephas antiquus ; nous sommes cer- tainement ici dans le Quaternaire moyen. Rapprochée de la trouvaille faite dans les travaux du canal mari- time à Laeken, un peu au Nord de Bruxelles, d’une belle molaire intacte d’Elephas antiquus dont j'ai déjà eu l’occasion de parler (1), tout au fond du gravier à faune du Mammouth abondante, remplissant (4) A. RuTorT, Découverte d'une molaire d’ « Elephas antiquus » dans les travaux maritimes de Bruxelles, à Laeken. (BULL. Soc. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D'HypRoL., t. XVII, 1903.) 80 A RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALD . la cuvette du creusement maximum de la vallée de la Senne, ces deux découvertes commencent à prendre une véritable importance au sujet de la question des Éléphants quaternaires. Comme nous l'avons dit ci-dessus, cette question qui, il y a quelques années, paraissait claire et complètement élucidée, semble se compli- quer de nouveau, alors qu’en réalité elle tend probablement vers la solu- tion finale. En effet, 1l est certain qu'Elephas antiquus et son cortège caracté- risent le Quaternaire inférieur. D'autre part, le professeur A. Penck nous montre une réapparition de cette même faune dite « chaude » un peu avant le dépôt du Lôss éolien, équivalent de notre Brabantien, c’est-à-dire à la limite entre le Hesbayen et le Brabantien. Ces deux constatations nous faisaient faire un saut au-dessus de tout. le Quaternaire moyen, celui-ci très nettement caractérisé partout par la présence de la faune dite « froide » ou du Mammouth; et ce saut considérable laissait, malgré tout, dans l'esprit une sorte de malaise ou d’indécision. Or, à Bruxelles, nous avons constaté la présence, au bas du Quater- naire moyen, d’une belle molaire complète et intacte de Elephas anti- quus. À Saint-Acheul, M. Commont trouve une molaire du même EÉléphant vers le milieu du Quaternaire moyen (1), et si nous nous rap- pelons qu’à Mesvin, près de Mons, dans un gravier de type ballastière, renfermant à la fois de nombreux ossements de la faune du Mammouth et des Éolithes avec instruments mélangés du Strépyien, du Chelléen et de l’Acheuléen, le D' Max Schlosser, de Munich, à reconnu une pha- lange de Rhinoceros Merkii (2), nous voici en possession de véritables (4) Il est entendu que pour nous, le Quaternaire moyen comprend les assises campinienne et hesbayenne des géologues belges. La molaire de Bruxelles serait donc à la base du Campinien et celle de Saint-Acheul serait située vers le sommet de la même assise. On sait que notre Hesbayen correspond aux « limons moyens » de M. Ladrière. (2) D’après la nouvelle manière de voir, la présence de ce débris intact et de même conservation que les nombreux ossements de la faune du Mammouth du même gise- ment, n'aurait plus rien d’extraordinaire. Ce serait là un débris d’un animal qui aurait vécu sur place, avec les autres, à l’époque du brassage des éléments du caïlloutis vers la fin de l’Acheuléen inférieur Ce Rhinocéros de Mesvin aurait, dès lors, pour âge l’extrême sommet du Campinien, puisqu'il serait contemporain de l’Acheuléen très bien représenté dans le cailloutis, et, dans ce cas, il serait encore un jen FRS récent que l’Elephas de Saint-Acheul. a Ë A, RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. 81 étapes de persistance, à l’état rare, de représentants de la faune de l’Elephas antiquus au travers de la première moitié du Quaternaire moyen. Voilà qui réduit déjà de moitié lhiatus troublant qui séparait la première apparition de la « faune chaude » au Quaternaire inférieur, de la réapparition de la même faune tout à la fin du Quaternaire moyen. Or, tant en France qu’en Belgique, les ossements sont, si pas absents, au moins d’une extrême rareté, au moment où devrait avoir lieu la réapparition de la « faune chaude ». En Belgique, notre Hesbayen et notre Brabantien n’ont, jusqu’à présent, absolument rien fourni à notre connaissance. Tout ce que nous savons, c’est que le Mammouth réapparaît à la base et dans l’Ergeron, qui surmonte le Brabantien ou équivalent du Lôss allemand, de sorte qu'il y a large place pen des découvertes inté- ressantes. Il est bien regrettable ue le Brabantien ne se soit DE déposé dans le Nord de la France: Je n'en ai Jamais rencontré jusqu'ici. Son absence entre les lHimons moyens et l’Ergeron donne parfois naissance, chez nos confrères français, à des interprétations inexactes. Nos confrères croient, en effet, que la coupe de Saint-Acheul est complète et comporte tous les termes du Quaternaire; dès lors ils admettent que le gravier dit « gravier base de l’Ergeron » est réelle. ment de l’âge de l’Ergeron et, en conséquence, que le niveau industriel dit « Moustérien » qui s’y rencontre à Villejuif, au Havre, à Saint- Acheul, aux environs de Rouen et de Beauvais, précède immédiate- ment le dépôt de l’Ergeron. C’est une erreur. Le cailloutis à industrie moustérienne est le sommet du limon moyen et, normalement, s’il n’y avait pas de lacune, l’équivalent du Lôss éolien devrait venir, à Saint-Acheul, s’intercaler en entier entre le cail- loutis moustérien et la base de l’Ergeron (1). Et cela est si vrai que, précisément, le Lôss éolien de la Basse- Autriche à fourni à Willendorf, à Aggsbach, à Krems, etc., au moins (1) Il existe à Écaussines, en Belgique, deux belles coupes montrant la superposition évidente des trois limons : Hesbayen, Brabantien et Flandrien (Ergeron), et dans l’une de ces coupes j'ai trouvé, entre le Hesbayen et le Brabantien, un nucleus de débitage, qui représenterait exactement l’emplacement vrai du niveau dit « Moustérien » de Saint-Acheul. 1907. MÉM. 6 82 A. RUTOT. — SUR L’AGE DES CAVERNES DE GRIMALDI. les deux facies supérieurs de l’Aurignacien, intermédiaires entre. le Moustérien et le Solutréen (1). Si, après tout ce qui vient d’être dit, nous rappelons encore la rencontre, par M. Éd. Dupont, d’un fragment important d’incisive d'Hippopotame dans le niveau aurignacien supérieur du Trou Magrite, on sera amené à reconnaître qu'il se forme peu à peu un faisceau de preuves montrant que la « faune chaude » a pu coexister, dans des con- ditions encore inconnues, avec la « faune froide » pendant tout le Qua- ternaire moyen, ce qui rend beaucoup moins malaisée à comprendre la réapparition intense, mais momentanée, de la faune « chaude », tout à la fin du Quaternaire moyen ou tout au commencement du Quater- naire supérieur, en complète concordance avec ce qu'ont fourni les gisements de Taubach, de Krapina et les cavernes de Grimaldi. (4) On sait aussi que les gisements paléolithiques d’âge aurignacien du Lôss éolien de la Basse-Autriche ne renferment que la faune du Mammouth, largement développée, comme les niveaux successifs de la même époque (Hastière, Montaigle, Trou Magrite) des cavernes de la Belgique. ———— 2 ff 0e — ÉTUDE SUR QUELQUES ÉCHINIDES DES COUCHES A HIPPURITES DE GOSAU PAR dJ. LAMBERT Planche I. Les Échinides de Gosau sont rares et, en général, d’une conservation défectueuse; aussi les auteurs les ont-ils habituellement négligés. Cette rareté et leur état de fâcheuse compression n'ont cependant pas découragé M. le professeur Félix, dont les recherches suivies sont parvenues à triompher de bien des difficultés et à mettre au jour un certain nombre d'individus déterminables. Toutefois, en raison de leur test peu épais, les Spatangoida ont été encore plus maltraités que les autres par la fossilisation, et la détermi- nation spécifique de la plupart d’entre eux n’a pas été possible. Il m'a paru cependant intéressant d'en indiquer les analogies avec certaines espèces connues. L'attribution générique d'un individu à l’état de moule n’a même pu être faite que sous toutes réserves. S'agissant d’une faune nouvelle, il était d’ailleurs intéressant de tirer parti de tous les éléments, ne fût-ce que pour attirer sur certaines formes l’attention des géologues. 1° Stereocidaris sceptrifera Mantell (Cidaris), 1822. Cette espèce est seulement représentée par ses radioles. L’un d’eux, mesurant 10 millimètres de longueur, est remarquable par son anneau peu saillant, sa facette articulaire lisse, sa collerette nulle et sa tige 84 J. LAMBERT. — ÉTUDE SUR QUELQUES ÉCHINIDES : subfusiforme, tronquée à son extrémité et portant une dizaine de petites côtes longitudinales granuleuses, à granules subépineux et intervalles très étroits, finement chagrinés. Vers l’extrémité de la tige, quelques côtes cessent d’être granuleuses. Un fragment adhérant à un Hippurites gossaviensis diffère un peu des autres par ses granules plus gros, irréguliers, alternant avec d’autres plus petits. Ce sont là de ces différences individuelles, comme en présentent fréquemment les radioles d’un même Cidarida. La comparaison de ces radioles de Gosau avec d’autres de même taille du Sénonien supérieur de l’Yonne ne permet de relever entre eux aucune différence appréciable. Un petit radiole du Stereocidaris sceptrifera du Campanien de la Montagne des Cornes, à Rennes-les- Bains, présente sur sa tige des granules épineux un peu plus forts, plus espacés et plus acérés; mais d’autres radioles du même gisement ont, au contraire, leurs granules plus petits et plus serrés, et démon- trent ainsi le peu d'importance de ces différences. Localité : Nefgraben, près Gosau, principalement «lans une couche à polypiers, avec Astrocænia Konincki, A. ramosa, Agathelia usperella. L'espèce a été depuis longtemps citée dans le Sénonien de l’Angleterre, la craie de l’Yonne et celle des Charentes; elle présente une extension stratigraphique considérable et a été rencontrée dans le Turonien supé- rieur et tout le Sénonien jusqu’au Maestrichtien. A Rennes-les-Bains, les radioles de l’espèce se trouvent aussi dans une couche à polypiers inférieure au niveau des grands Rudistes. 2° Salenia spec. Un simple fragment, trop mutilé pour être exactement déterminé. Plaques ambulacraires, formées de majeures à deux éléments avec un seul granule mamelonné ‘par plaque, sans aucuns granules inter- médiaires. Plaques interambulacraires portant à l’ambitus un tubercule crénelé et impérforé, surmontant un cône assez élevé dont la base remplace le scrobicule; ce tubereule est cantonné de neuf granules bien distincts. sans granules miliaires. L'absence de granules miliaires éloigne cette espèce de beaucoup de ses congénères, mais elle est trop incomplètement connue pour se prêter à d’utiles comparaisons avec celles du même groupe. Localité : Nefgraben, près Gosau. DES COUCHES A HIPPURITES DE GOSAU. 89 5° Phymosoma microphyma Lambert. Cette espèce n’est représentée que par un fragment de radiole de 4 17, millimètres de longueur sur 2 millimètres de diamètre. Ce radiole est surtout remarquable par l’étroitesse de sa surface articulaire crénelée; anneau strié assez saillant; collerette très courte ; tige cylin- drique, paraissant lisse. Bien que ce radiole soit très incomplet, je n’en connais aucun qui puisse être confondu avec lui. On sait, d’ailleurs, qu’en raison du très petit nombre de radioles de Phymosoma connus, les déterminations isolées de ces derniers représentent, en quelque sorte, des espèces provisoires que de nouvelles découvertes viendront confirmer ou infirmer. Localité : Nefgraben, près Gosau. 4 Phymosoma nefgrabenensis Lambert. Cette espèce est représentée par un petit radiole complet, de 8 mil- limètres de longueur, à tige allongée, aciculée, nettement et finement striée; collerette assez haute, cannelée ; anneau très saillant; facette articulaire indistincte, | Localité : Nefgraben, près Gosau. 5° Codiopsis Felixi Lambert. Espèce de petite taille, mesurant 10 millimètres de diamètre sur 6 millimètres de hauteur, hémisphérique, subpentagonale, à base plane. Ses tubercules sont relégués à la face inférieure, au nombre de deux rangées de trois dans les ambulacres et de six interambulacraires disposés en arc, dont les extrémités rejoignent les tubercules ambula- craires aboraux et dont le centre est doublé de trois tubercules plus petits, contigus au péristome. Ce dernier, très étendu, occupe la presque totalité de la face inférieure. En dessus, les ambulacres sont composés de deux lignes de pores très serrés, exactement superposés, et la zone interporifère montre deux rangées marginales de granules atténués, non mamelonnés, avec au centre d’autres granules semblables, épars. Dans l’interambulacre, il y à 86 J. LAMBERT. — ÉTUDE SUR QUELQUES ÉCHINIDES un espace central portant deux rangées de granules semblables aux ambulacraires, mais plus espacés, avec quelques autres épars au centre de l'aire. Vers la partie moyenne de l'aire, deux autres lignes de petits granules alternent avec d’autres allongés, larmiformes, que bor- dent d’assez profondes fossettes, dont les lignes paraissent simuler une zone porifère. Entre ces lignes et l’ambulacre, à la partie externe de l’aire, on observe encore deux rangées verticales de petits granules, qui se réduisent à une seule rangée en approchant de l’apex. Apex dicyclique avec grandes génitales qui portent des tubercules mamelonnés, épars et petites ocellaires cunéiformes. On pourrait croire, d’après un fragment recueilli du même gisement, que le type décrit de cette espèce atteint une taille beaucoup plus forte. Mais chez ces grands individus, toutes les fossettes auraient disparu et, en dessus, tout l’interambulacre, finement ponctué, ne porte plus que des granules égaux, nombreux, épars, très serrés dans la région adambulacraire, plus espacés dans la zone médiane. Quelques granules radioliformes sont encore adhérents; ils sont très petits, arrondis, globuliformes. Il semble d’ailleurs fort difficile d'admettre que ce grand débris appartienne réellement au Codiopsis Felixi. Jé ne connais aucune espèce qui puisse être confondue avec ce dernier. Chez (C. regalis Arnaud, du Dordonien, la disposition des tubercules principaux est très différente, et en dessus ses petits tuber- cules, plus saillants, sont reliés par des expansions costiformes perma- nentes, sans fossettes. En raison de l’ampleur de son péristome, C. Arnaudi Cotteau du Campanien se rapprocherait davantage de notre espèce, mais ses ornements diffèrent beaucoup et la rangée moins arquée de ses tubercules interambulacraires n’est pas doublée de petits tubercules en contact avec le péristome. C. disculus Peron et Gauthier, du Dordonien d’Algérie, a en dessus des tubereules plus apparents au milieu d’un espace chagriné; en dessous, ses tubercules principaux : sont disposés en rangées divergentes, multiples. Localité : Un peu à l'Est des Fraunwandalphütten; environs de Gosau. Turonien supérieur d’après M. Félix. | 6° Clypeolampas gosaviensis Lambert. Espèce de moyenne et assez forte taille, mesurant 45 millimètres de longueur sur 40 millimètres de largeur et 28 millimètres de hauteur, subhémisphérique, à à base plane légèrement creusée près du péristome, renflée en dessus, faiblement rétrécie en avant, avec bords arrondis. DES COUCHES A HIPPURITES DE GOSAU. | 87 Apex un peu moins excentrique en avant que le péristome, mono- basal, à quatre pores génitaux; ocellaires indistinctes. Ambulacres étroits, à partie pétaloide assez courte, ouverte, mais se prolongeant ensuite jusqu’à l’ambitus par des pores distincts, qui cessent seule- ment d’être conjugués; zones porifères de la partie pétaloïde composées de pores inégaux, nettement conjugués, avec zone interporifère un peu moins large que les deux zones porifères. Péristome entouré d’un floscelle bien apparent. Périprocte inframar- ginal, paraissant avoir été arrondi. Tubercules uniformément petits, serrés, profondément scrobiculés, séparés entre eux par un cercle de fins granules, miliaires. Cette espèce est malheureusement presque toujours très déformée et mutilée, en sorte qu'il est souvent nécessaire d’en avoir sous les yeux plusieurs individus pour pouvoir bien apprécier tous les caractères. Par sa forme générale et la position de son périprocte, le C. gosaviensis rappelle un peu C. ovum Grateloup (Galerites) du Santonien des Cha- rentes, mais ce dernier a ses ambulacres plus étroits et ses tubercules plus petits, moins serrés, épars, moins profondément scrobiculés. Chez C. acuta Desmoulins (Echinolampas), du Dordonien, les ambulacres sont au contraire plus larges et les tubercules beaucoup plus écartés. Il ést d’ailleurs superflu de comparer l’espèce de Gosau avec les petits Clypeolampas du Sud-Ouest de la France, ou avec des formes à gros tubercules, comme C. Lesteli Cotteau, du Sénonien supérieur de l'Ariège. C. helios Noetling, du Crétacé supérieur du Béloutchistan, à ses ambulacres plus larges. C. Vishnu Noetling, de la même région, s’éloignerait moins de notre C. gosaviensis; il est toutetois plus déprimé, son périprocte est plus marginal et son péristome ne paraît posséder qu'un floscelle rudimentaire. En résumé, il ne parait possible de confondre C. gosaviensis avec aucun de ses congénères. Localité : Hatzenhofalp, près de Gosau. = T9 à ; 7° Botriopygus (?) spec. Ce n’est pas sans hésitation que je propose cette attribution géné- rique pour un Échinide à l’état de moule, d’assez grande taille, mesu- rant 69 millimètres de longueur sur 60 millimètres de largeur et 25’ millimètres de hauteur, ovalaire, déprimé et pourvu de larges et longs pétales, qui rappellent plutôt ceux des Echinanthus tertiaires que ceux des Botriopygus crétacés. Sans doute, les caractères combinés du 88 J. LAMBERT. — ÉTUDE SUR QUELQUES ÉCHINIDES péristome et de l’apex permettent ordinairement la distinction assez facile des deux genres, mais ils ne sont pas visibles sur l'individu examiné. Sa forme assez large, déprimée, non cylindrique, sa large face inférieure plane, subconcave au voisinage du péristome, rappro- cheraient encore cet Échinide des Echinanthus du groupe Echinan- thopsis. Mais, d’autre part, il faut tenir compte d’une certaine dépres- sion par écrasement de cet individu et de la forme de son très petit périprocte supramarginal, ovale, rappelant surtout celui des Botrio- pygus. Localité : Hatzenhofalp, près Gosau. 8° Hemipneustes Felixi Lambert. Bien que mutilé, l’unique individu de cette espèce soumis à mon examen est suffisamment conservé pour qu’on en reconnaisse les carac- tères essentiels. Longueur...? largeur 40 millimètres, hauteur 30 milli- mètres. Test ovoide, échancré en avant, à face inférieure plane. Face supé- rieure élevée, déclive sur les côtés, présentant un sillon antérieur nul vers l’apex, mais se creusant progressivement au tiers de l’espace entre cet apex et le bord, puis échancerant profondément l’ambitus, dépourvu de carènes latérales saillantes. ete Apex proportionnellement très petit, paraissant allongé, malgré ses quatre pores génitaux très rapprochés. Ambulacre impair peu distinct. Ambulacres antérieurs pairs bien développés, très flexueux, com- posés de zones porifères très inégales : l’antérieure formée de pores simples, ronds, égaux; l’autre, formée de pores très inégaux, les internes elliptiques, les externes très allongés, nettement conjugués, au moins quatre fois plus large que la zone antérieure; zone interpori- fère à peu près aussi large que les deux zones porifères. Ambulacres postérieurs à zones porifères moins inégales, avec celle d’avant formée de pores elliptiques, subégaux. Tubercules petits, serrés, faiblement scrobiculés, augmentant de volume en dessous, avec granules scrobiculaires très fins et serrés. Pas de fasciole visible. Péristome, plastron et périprocte inconnus. Bien que mutilée et imparfaitement connue, cette espèce ne me paraît pouvoir être confondue avec aucune de ses congénères. Son apex est bien différent de celui si largement développé du A. striatoradiatus Leske (Spatangus) de Maestricht. H. Felixi offre des rapports intéres- DES COUCHES A HIPPURITES DE GOSAU. 89 _sants avec les formes pyrénéennes signalées par M. Hébert. Ce savant, il est vrai, a représenté l’apex de son A. pyrenaicus comme très nettle- ment allongé, mais la plupart des individus l’ont beaucoup plus court, et chez celui de Gensac, qui fait partie de ma collection, les pores génitaux sont très rapprochés et les ocellaires Il, IV, très réduites, subtriangulaires, ne sont plus en contact que par une extrémité. Chez H. Felixi, dont le sillon est d’ailleurs bien plus atténué en dessus, les ocellaires moyennes sont encore. plus réduites. La forme de son sillon rapprocherait plutôt notre espèce du H. Leymeriei Hébert ; elle en diffère toutefois par sa face supérieure moins renflée, plus déclive sur les flancs, son sillon plus atténué en dessus, nul vers l’apex. H. compressus Noetling, du Crétacé supérieur du Béloutchistan, a sa face supérieure moins haute et des carènes tuberculeuses au bord de son sillon. H. Leymeriei Noetling, de la même région, différent, à mon avis, de celui de la Haute-Garonne, plus petit, plus déclive en avant que l’H. Felixi, à les zones porifères de ses ambulacres antérieurs encore plus inégales. Localité : Hatzenhofalp, près Gosau. 9 Micraster spec. À. \ Cette espèce, de moyenne taille, à test assez épais, n’est malheu- reusement représentée que par des débris informes. Ils permettent cependant de reconnaître que l'espèce, dépourvue de fasciole péripé- tale, en possédait un sous-anal. Les ambülacres pairs étaient propor- tüonnellement courts. L’impair, l’apex et les détails des ambulacres sont inconnus; le péristome paraît s'être ouvert à une certaine distance du bord. Ce Micraster semble avoir ses principales analogies avec M. tercensis Cotteau, du Danien (Garumnien) des Pyrénées, mais il n’est pas possible de conclure à l'identité d'individus si maltraités. Localité : Hofergraben, près Gosau. 10° Micraster spec. B. Cette espèce subcordiforme, plus longue que large, de petite taille, à test mince, est aussi dans un état de conservation très défectueux. Apex légèrement excentrique en avant; fasciole sous-anal très net, large, sans trace de fasciole péripétale. Ambulacres pairs à pétales courts, assez profonds, analogues à ceux du M. carentonensis, mais 90 J. LAMBERT. — ÉTUDE SUR QUELQUES ÉCHINIDES aucun individu ne permet d’en observer les détails, ni d'examiner ceux de l’ambulacre impair. Sillon antérieur apparent, échancrant légère- ment l’ambitus, mais se creusant au voisinage de l’apex. Péristome à une certaine distance du bord, avec labrum peu saillant. Tubercules crénelés et perforés, assez serrés en dessus, faiblement scrobiculés, paraissant SEE d’une très fine granulation mihaire. Ce Micraster n’a que des rapports de taille avec W. corcolumbarium Leymerie de la région pyrénéenne; il se rapproche plutôt du M. caren- tonensis Lambert, du Campanien du Sud-Ouest de la France et des Corbières ; mais il n’y a pas identité entre eux et, chez l’espèce de Gosau, lPambulacre impair semble plus profond vers l’apex et les pétales pairs seraient plus étroits. On peut encore comparer lespèce de Gosau au Plesiaster minor Schlüter, du Campanien de Coesfeld (Allemagne), dépourvu de fasciole péripétale et qui paraît être plutôt encore un Micraster qu'un vrai Plesiaster; mais son apex est plus excentrique en arrière, ses tubercules sont plus gros, etc. | Localité : Finstergraben, près Gosau. 11° GCyclaster spec. L'attribution générique de cette espèce, pour laquelle je n'ai pu reconnaitre ni le nombre des pores génitaux, ni l'existence d'un fasciole semi-péripétale, reste forcément problématique, et si je la rapporte au genre, c’est surtout en raison de sa physionomie générale. Test allongé, renflé, presque cylindrique, nettement rostré en arrière. Apex très excentrique en avant, sillon peu profond en dessus, nul à l’ambitus; carène postérieure saillante; pétales ambulacraires étroils, assez profonds, inégaux, les postérieurs un peu plus courts. Péri- stome assez éloigné du bord; zones périplastronales paraissant lisses, garnies seulement de très petits tubercules espacés; laSeIOIE) sous-anal très net. Cette espèce offre une certaine ressemblance avec le C. aturicus Seunes (/sopneustes) du Danien de Tercis, mais en dessus son sillon antérieur et ses ambulacres pairs semblent avoir été plus profonds. Dans l’état où se trouvent les individus de Gosau, on ne saurait d’ .h leurs conclure pour eux à aucune identité spécifique. Il n’en est pas moins intéressant de constater que pour eux les rapports tendraient surtout à s'établir avec une forme du Danien des $ Pyrénées occidentales. - (êE Localité : Finstergraben, près Gosau. DES COUCHES A HIPPURITES DE GOSAU. 91 12° Hemiaster spec. A. Espèce de petite taille, mesurant 22 millimètres de longueur, allongée, renflée, à apex un peu excentrique en arrière, complètement dépourvue de sillon antérieur. Ambulacres à pétales peu profonds, l’impair long, avec pores espacés, les pairs inégaux, flexueux, peu divergents en avant, très courts en arrière; fasciole péripétale bien distinct, assez large, circonscrivant de loin les pétales, non coudé en avant. Cet Hemiaster, d’une conservation insuffisante pour permettre l’éta- blissement d’une espèce nouvelle, ne saurait être confondu avec H. Regulusi d'Orbigny, dont les ambulacres pairs antérieurs sont plus larges, plus droits et plus divergents. Il présente plus de ressemblance avec mon A. garumnicus, du Danien de la Haute-Garonne (1), mais il n’y à pas identité entre eux. Chez l'espèce de Gosau, les ambulacres postérieurs sont plus courts, les antérieurs plus étroits et plus flexueux, les tubercules qui bordent le sillon antérieur sont moins développés. Localité : Finstergraben, près Gosau. 15° Hemiaster spec. B. Espèce de petite taille, subglobuleuse, à peu près aussi large que longue, dépourvue de sillon antérieur, avec fasciole péripétale bien net et aucune trace de fasciole sous-anal. Apex central. Ambulacre impair peu distinet; les pairs peu profonds, inégaux; les antérieurs moins étroits, moins flexueux et un peu plus divergents que chez la forme précédente, A; les postérieurs sont plus longs. Tubercules scrobiculés, : petits, assez espacés. | Cette espèce est évidemment voisine du A. punctatus d'Orbigny, du (4) Dans un travail récent sur les Échinides des Petites-Pyrénées, j'ai nommé cette espèce A. punctatus variété garumnica. L'étude nouvelle que je viens d’en faire m'a permis de reconnaitre que la forme du Garumnien diffère réellement de celle du Sénonien supérieur des Charentes et de la Haute-Garonne par ses tubercules moins serrés au-dessous du fasciole, plus petits, épars dans une fine granulation. Chez H. punctatus d’Orbigny, les granules ne forment plus que de petites crêtes sépara- trices des scrobicules et les tubercules sont bien plus rapprochés. J’estime cette diffé- reñce suffisante pour légitimer la séparation des deux espèces et je maintiens à la forme allongée du Garumnien le nom de Hemiaster garumnicus. 92 J. LAMBERT. — ÉTUDE SUR QUELQUES ÉCHINIDES Campanien des Charentes, mais en diffère certainement par sa granu- lation. Chez H. punctatus, au-dessous du fasciole, les tubercules serobieu- lés sont rapprochés, et les granules intermédiaires, très fins, sont limités aux crêtes étroites qui séparent les scrobicules. Chez l’espèce de Gosau, les tubercules, plus petits, moins serobiculés, sont plus espacés et par. conséquent la granulation miliaire est plus étendue. Sous ce rapport, notre Hemiaster B se rapprocherait plutôt de la forme garumnienne que j'ai nommée /1. punctatus variété spissa, mais qui, réellement diffé- rente de l'espèce du Sénonien par ses tubercules plus espacés sous le fasciole et munis du petit socle oblique des Schizastériens, devra prendre le nom d'A. spissus (1). Il n’y a cependant pas identité entre cet A. spissus et notre forme B de Gosau, dont les ambulacres pairs sont plus étroits, les tubercules plus petits et dépourvus du socle oblique des Schizastériens. H. garumnicus se distingue par sa forme plus allongée, ses ambulacres moins étroits et ses tubercules plus gros, surtout en avant dans l'enceinte du fasciole. Localité : Finstergraben, près Gosau. 14 Hemiaster spec. C. Espèce de moyenne taille, renflée, subglobuleuse, non échancrée en avant, à apex central et faiblement inéquipétale. Pétales pairs assez profonds, courts, disposés un peu comme ceux du Wicraster tercensis Cotteau; les antérieurs droits; les postérieurs un peu plus courts. Fas- ciole péripétale large, très net; aucune trace de fasciole sous-anal. En raison de la forme de ses ambulacres, cet Hemiaster a surtout des analogies avec certains Plesiaster de l'Allemagne du Nord; mais il en diffère par son test plus renflé, moins déclive en avant, son fasciole plus éloigné des pétales et surtout par l’absence de tout fasciole sous- anal. ; ILest regrettable que l’état de mauvaise conservation de cette espèce ne permette ni de la comparer plus utilement à d’autres, ni de se pro- noncer sur les caractères qui pourraient légitimer sa séparation comme espèce distincte. ; Localité : Finstergraben, près Gosau. (4) Hemiaster spissus se distingue de H. garumnicus par sa forme plus large et la présence de petits socles obliques sous ses tubercules, qui sont moins espacés, tout en restant moins serrés que ceux du H. punctatus. DES COUCHES A HIPPURITES DE GOSAU. 93 15° Proraster atavus Arnaud (Schizaster), 1883. Il ne m’est pas possible de trouver de différences sérieuses entre les quelques individus recueillis aux environs de Gosau, par M. Félix, et le Proraster atavus Arnaud du Sénonien supérieur du Sud-Ouest de la France (1). | Cette espèce remarquable a absolument l'apparence d’un Schizaster. La profondeur de son sillon antérieur, celle de tous ses ambulacres et Jl’excavation des antérieurs pairs lui impriment une physionomie très particulière. Elle diffère cependant de Schizaster tant par la forme de ses tubercules, dépourvus du petit socle oblique caractéristique des Schizastériens, que par l’absence de fasciole latéral. C’est donc évidem- ment à tort que Cotteau l’avait rapportée à ce genre. L'espèce de M. Arnaud est certainement plus voisine des Opissaster. Si l’on en croit Gauthier, ce serait même un véritable Opissaster ; mais Gauthier n’est arrivé à dire qu'une forme voisine, O. Morgani, était un des types les plus parfaits du genre qu’en en changeant radi- calement la diagnose (2) et en modifiant plusieurs des caractères aux- quels Pomel attachait une importance principale. Il est cependant inexact de prétendre que le type d’un genre créé par Pomel en 1883 pour une forme du Miocène d'Algérie, puisse être une espèce très diffé- rente du Sénonien de la Perse, créée seulement douze ans plus tard. Opissaster polygonalis Pomel, seul tvpe du genre, est d’ailleurs un véritable Schizastérien, pourvu seulement de deux pores génitaux, tandis que O. Horgani, comme les autres prétendus Opissaster crétacés, n’a ni les tubercules ni l’apex de ce genre. Frappé de ces différences, j'avais proposé en 1895 le genre Pro- raster (3) pour « les prétendus Schizaster crétacés, dépourvus de fasciole latéro-sous-anal et qui montrent quatre pores génitaux à l’apex ». Je plaçais dans ce genre les Spatangus lacunosus Goldfuss (non Leske), Schizaster antiquus Cotteau et Schizaster atavus Arnaud. (1) ARNAUD in CoTTEAU, Échinides du Sud-Ouest de la France, p. 179, pl. XIE fig. o et 10. (2) J. DE MorGaAN, Mission scientifique en Perse, t. IT. — COoTTEAU et GAUTHIER, Paléontologie. Échinides fossiles, p. 45. (3) LAMBERT, Essai d'une monographie du genre Micraster, p.256. Paris, décembre 1895. — Voir aussi LAMBERT 1n DE GROSSOUVRE, Sfératigraphie de la Craie supérieure, première partie, p. 256. Paris, 1901. 94 J. LAMBERT. — ÉTUDE SUR QUELQUES ÉCHINIDES Mais depuis lors Gauthier à prouvé que le S. antiquus était réellement pourvu d’un fasciole latéral (1); il en est de même du Spatangus lacunosus d'après Schlüter (2), de sorte que le Schizaster atavus se trouve rester le seul type du genre Proraster. Des études plus récentes ont démontré qu'il fallait encore placer dans ce genre P. Morgani Cotteau et Gauthier (Opissaster), P. centrosus Cotteau et Gauthier (Opissaster), P. Douvillei Cotteau et Gauthier (Opissaster). Proraster alavus Arnaud n’est d’ailleurs pas limité à la craie supé- rieure du Sud-Ouest; il se trouve en Provence, dans le Sénonien du Beausset, où il a été recueilli par M. Michalet au gisement Tassy. L'individu du Beausset, un peu plus petit que le type, à aussi ses pétales antérieurs pairs moins divergents, descendant en avant plus parallèlement au sillon. C’est à cette variété provençale, plus acu- minée en arrière, à pétales moins divergents et à ambulacres pairs plus profondément creusés, que se rapportent plus exactement les individus des marnes de Gosau. Localité : Finstergraben, près Gosau. À une époque où 1l était de mode de placer dans le Turonien la plupart des couches à Hippurites, les couches de Gosau avaient été rapportées à cet étage. Depuis, M. de Grossouvre à proposé de rattacher ces couches au Santonien, en raison de rapports présumés entre l'horizon de Gosau et celui des Corbières. M. Félix distingue aux environs de Gosau trois niveaux à Hippurites : le premier à H. prœæsulcatus et H. gosaviensis Douvillé avec Acteonella conica et Nerirea Buchi; le deuxième, caractérisé par Batolites tirolicus, H. Boehmi Douvillé, H. Lapeirousi, par la rareté de H. sulcatus Defrance et des deux espèces d'Hippurites du premier niveau. Dans le troisième niveau,on trouverait encore H. gosaviensis, mais avec P. Oppeli et H. alpinus Douvillé. Mon savant correspondant admet à Gosau la succession suivante : 4. Couches de Hatzenhofalp. 3. Couches de Nefgraben. 2. Couches de Finstergraben et de Hofergraben. 1. Couches de Fraunwandalp, correspondant au Turonien supérieur. (1) GAUTHIER, in DE GROSSOUVRE, op. cit., p. 421, note. (2) ScHLüTER, Ueber einige von Goldfuss beschriebene Spatandigen, 1897. DES COUCHES A HIPPURITES DE GOSAU. 95 L'étude des Échinides ne me semble pas être venue confirmer l’hypo- thèse proposée par M. de Grossouvre, puisque sur quinze espèces 1] n’y en a qu’une, Stereocidaris sceptrifera, commune à Gosau et aux Corbières et que la signification de cette espèce, répandue du Turonien au Maes- trichtien inclusivement, est peu précise. En réalité, si l’on examine cette liste des Échinides de Gosau, abstraction faite du Codiopsis Felixi, si l’on tient compte surtout des rapports des formes indéterminées avec certaines autres de France et d'Allemagne, il semble que les couches à Échinides de Gosau doivent être attribuées partie au Sénonien, partie à un horizon supérieur au Campanien, c’est-à-dire, selon toute vraisemblance, au Maestrichtien. Liste des espèces d’Échinides de Gosau. Stereocidaris sceptrifera Mantell (Cidaris) . . . . . Sénonien. SOBRAIUASDEC M NE ge à ONE SN » Phymosoma microphyma Lambert . . . . . . . » — nefgrabenensis Lambert . . . » Codionsis Felixi Lambert ! =. :. .. . : … . : Turonien. BÉDADPUTUSASPEC) CNRC. 0. : ,'Maestrichtien. Clypeolampus gosaviensis Lambert . . . . . . . » Hénapneusies Bel Lampe, » Micrasten Spec. AUCÉ M: tercensis) à > . . F ." Sénonien. — spec.B (cf. M. carentonensis) . . . . . . » Cyclaster (Spec-NCT CACIUTICQUS).. RAT NN à » Hemiaster spec. A (cf. H. garumnicus) AR Cru » Dec. D ICTAHSISNISSUS) AN EN » — SOCCER. PRE ER a re » Proraster atavus Arnaud (Schizaster) . . . . . . » Soit quinze espèces, dont sept seulement déterminées spécifiquement et cinq nouvelles. Proraster atavus appartient d’ailleurs aux couches les plus élevées du Sénonien. Les espèces indéterminées des genres Micraster, Cyclaster et Hemiaster rappellent surtout des formes du Sénonien supérieur et même du Danien; enfin le genre Hemipneustes est surtout connu du Maestrichtien. On voit ainsi que les couches à Échinides de Gosau seraient sensiblement plus récentes en général que celles de Sougraigne et même que la plupart des couches du Campanien de cette célèbre localité des Corbières. LS RAS = < LES PETCEODONTES SONT DES ARTHRODERES PAR . Louis DOLLO () Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle à Bruxelles. Planche II 1. INTRODUCTION. I. DÉFINITION. -— On désigne, — depuis 1891, — d’après M. A. Smith Woodward, Conservateur du Département géologique au British Museum (2), — sous le nom de Ptyctodontes, — un groupe de Poissons paléozoïques, — uniquement connus, jusqu’en ces derniers temps (5), par des plaques dentaires, en forme de bec plus ou moins épais, — et provenant du Dévonien de la Russie, de l'Allemagne, de la Belgique (4), du Canada et des États-Unis. Ces plaques dentaires étaient assemblées en une paire supérieure et une paire inférieure, représentant toute la dentition des Ptycto- dontes (5). | L (1) Mémoire présenté à la séance du 20 mars 1907. (2) A. S. WoopwaRD. Catalogue of the Fossil Fishes in the British Museum. Part .1. Londres, 1891. p. 37. (3) O. JAEKEL. Einige Beiträge zur Morphologie der ältesten Wirbelthiere. SiTzuNGs- BERICHTE DER GESELLSCHAFT NATURFORSCHENDER FREUNDE ZU BERLIN. 1906. p. 180 (4) M. Max Lohest, Professeur à l’Université de Liége, a signalé (M. LoHEST. Vécou- verte de Poissons fossiles dans le Famennien. ANNALES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE BELGIQUE. Vol. IX. 1882. p. CXXIIT) Piyctodus dans le Frasnien de Kinkempois (Angleur), et le Musée de Bruxelles possède un Rhynchodus du Frasnien (Dévonien supérieur) de Coutisse (Andenne). (5) « Amongst Palæozoic chimæroids the complete dentition is known in at least two species of Ptyctodus, two of Rhynchodus and one of Palæomylus. These genera are all included in the familv Ptyctodontidæ of the Devonian, and present for compa- rison with recent chimæroids à single dental plate on each side in the upper jaw, with a corresponding pair biting against the outer side of these (as shown by mark of contact) in the lower jaw. » C. KR. ÉEASTMAN. On the dentition of Rhynchodus and other fossil Fishes. AMERICAN NATURALIST. Vol. XXXVIIL. 1904. p. 995. M. 0. Jaekel, Professeur à l’Université de Greifswald, mentionne (0. JAEKEL, Neue Wirbellhierfunde aus dem Dzvon von Wildungen. SITZUNGSBERICHTE DER GESELLSCHAFT NATURFORSCHENDER FREUNDE ZU BERLIN. 1906. p. 77), il est vrai, une deuxième paire de plaques dentaires supérieures chez Rhamphodus, mais à l'état rudimentaire. | Cependant, il ne l'a pas figurée jusqu’à présent, bien qu’il ait représenté deux fois (0. JAEKEL, Ueber Rhamphodus, nov. gen., einen neuen devonischen Holocephalen von 4907. MÉN. 7 98 L. DOLLO. — LES PTYCTODONTES SONT DES ARTHRODÈRES. II. GENRES. — Les Ptyctodontes comprennent, actuellement, quatre genres : 4. Ptyctodus, CG. H. Pander, 1858 (1). 2. Rhynchodus, J.S. Newberry, 1873 (2). 83. Palæomylus, A. S. Woodward, 1891 (3). 4. Rhamphodus, 0. Jaekel, 14903 (à). III. AFFINITÉS. — 1. De C. H. Pander (1858) à O. Jaekel (Mars 1906). — Tous les auteurs de cette période : 4. C. H. Pander (1858) (5). 6. B. Dean (1895-1906) (10). 9, J. S. Newberry (1873-1889) (6). 7. R. H. Traquair (1896) (11). 3. K. A. Zittel (1887-1895) (7). 8. C. R. Eastman (1898-1904) (12). 4. A. S. Woodward (1891-1909) (8). 9. F. v. Huene (1900) (13). 5. J. V. Rohon (1895) (9). 10. 0. Jaekel (1903-1906) (14). sont, invariablement, d’avis que les Ptyctodontes sont des Holocéphales. Wildungen. SITZUNGSBERICHTE DER GESELLSCHAFT NATURFORSCHENDER FREUNDE ZU BERLIN. 1903. p. 385; O. JAEKEL. Eïnige Beiträge, etc. p. 181) la dentition de Rhamphodus, et il n’en parle plus dans sa dernière communication (0. JAEKEL, Eïinige Beiträge, ete. p. 180). (4) G. H. Panper. Ueber die Ctenodipterinen des devonischen Systems. St.-Péters- bourg, 1858. p. 48. (2) J. S. NewBErRy. Descriptions of Fossil Fishes. REPORT OF THE GEOLOGICAL SURVEY OF Ox10. Vol. I. Part II. 1873. p. 307. (3) A. S. Woopwarp. Catalogue, etc. Part IL. p. 39. (4) O. JAEKEL. Ueber Rhamphodus, etc. p. 392. (5) GC. H. PaANDER. Ueber die Ctenodipterinen, etc. p. 50. (6) J. S. NeEwBERRY. Descriptions, etc. p. 307. — J. S. NEWBERRY. The Paleoxzoic Fishes of North America. MONOGRAPHS OF THE UNITED STATES GEOLOGICAL SURVEY. Vol. XVI. 1889. p. 45. (7) K. A. ZirreL. Handbuch der Palæontologie. Vol. IT. Munich et Leipzig, 1887. p. 108. — K. A. ZiTTEL. Grundzüge der Palæontologie. Munich et Leipzig, 1895. p. 547. (8) A. S. WoopwarD. Catalogue, etc. Part IL. p. 37. — K. A. Z1TTEL. Text-Book of Palaeontology. Vol. II. Londres et New-York, 1902. pp. v et 45. (9) J. V. Ronon. Beitrag zur Kenntnis der Gattung Ptyctodus. VERHANDLUNGEN DER RUSSISCH-KAISERLICHEN MINERALOGISCHEN GESELLSCHAFT ZU ST. PETERSBURG. Vol. XXXIII. 1895. p. 15. (40) B. DEAN. Fishes, Living and Fossil. New-York. 1895. p. 112. — B. DEAN. Chimæroid Fishes and their Development. CARNEGIE INSTITUTION OF WASHINGTON. 1906. n° 32. pp. 135 et 137. (41) D’après les notes prises, par mon ancienne élève Miss Harkness, aux leçons données, en 1896, au British Museum, par M. R. H. Traquair, Conservateur honoraire du Royal Scottish Museum, à Edimbourg. (42) G. R. EaAsrTMAN. Dentition of Devonian Ptyctodontidæ. AMERICAN NATURALIST. Vol. XXXII. 1898. p. 473. — G. R. EASTMAN. On the dentition of Rhynchodus, ete. p. 295. (43) F. v. HuENE. Devonische Fischreste aus der Eifel. Neuves JAHRBUCH FÜR MINERA- LOGIE, GEOLOGIE UND PALAEONTOLOGIE. Voi. [. 1900. p. 65. (44) O. JAEKEL. Ueber Rhamphodus, etc. p. 383. — O. JAEKEL. Neue Wirbeltierfunde, etc. p. 76. L. DOLLO. — LES PTYCTODONTES SONT DES ARTHRODÈRES. 99 Je donnerai explicitement l’opinion du premier et du dernier cités : 1. C. H. Pander (Ptyctodus, 1858) : « Am nächsten steht unstreitig die Familie der Chimaeren und namentlich das Geschlecht Callorhyn- chus. » (1) 2. O. Jackel (Rhamphodus, Mars 1906) : « Es liegen mir ferner vor mehrere Arten der bereits von mir beschriebenen Gattung Rhamphodus, von der ein neues Fundstück auch rudimentäre palatinale Zahnplat- ten und andere gänzlich unerwartete Skeletteile zeigt. Ebenfalls zu den Chimaeren, aber nicht zu obiger Form dürfte ein Rückenstachel . gehôren. » (2) 2. L. Dollo (Juin 1906). — « Les Ptyctodontes ne sont pas des Holocéphales. » (3) Dans ma communication préliminaire, qui touchait à plusieurs autres questions difficiles, je ne pus faire connaître les raisons qui m’avaient conduit à cette conclusion nouvelle. Je les développerai plus loin. 3. O. Jaekel (Juillet 1906). — Bientôt après la publication de mon travail, M. O. Jaekel modifia complètement ses vues antérieures et déclara que, selon lui, les Ptyctodontes sont des Acipenséroïdes : « Die neuen Funde bestätigen nun zunàchst 1. die Richtigkeit meiner ersten Auffassung der Zahnplatten im Gebiss und begründen 2. die Zugehôrigkeit der Rhynchodonten zu den Stôren (Acipen- seroidei, Chondrostei), 3. die Beziehung der Chondrostei zu den Placodermen, mit denen die devonischen Rhynchodonten noch viele Uebereinstimmungen erkennen lassen. » (4) M. Jaekel ne cite pas ma courte note dans son dernier mémoire, mais il donne le motif de cette omission : « Infolge meiner Uebersiedelung nach Greifswald war mir während des Druckes dieser Arbeit meine Bibliothek unzugänglich und dadurch die Einfügung einiger wünschenwerter Zitate unmôglich. » (5) (4) G. H. PANDER. Ueber die Ctenodipterinen, ete. p. 50. (2) O. JAEkEL. Neue Wirbeitierfunde, etc. p. 75. (3) L. DocLo. Sur quelques points d’Éthologie paléontologique relatifs aux Poissons. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE. Vol. XX. 1906. p. 135. (4) O. JAEKEL. Eïinige Beiträge, etc. p. 180. (9) O. JAEKEL. Einige Beiträge, etc. p. 189. 100 L. DOLLO. — LES PTYCTODONTES SONT DES ARTHRODÈRES. IL. IMPORTANCE DE LA QUESTION. I. Position du problème. — La solution du problème de la véritable nature des Ptyctodontes a beaucoup plus d'importance qu’il n'y paraît au premier abord. Il ne s’agit pas seulement, en effet, de fixer, ici, la vraie place dans la Classification de très anciens Poissons, connus simplement, jusque tout récemment, par des documents fort restreints. Ce ne serait là qu'un problème intéressant. Une preuve de sagacité à fournir. Mais il s’agit de savoir si, dans le cas qui nous occupe, la Paléonto- logie va se trouver en désaccord avec le Transformisme. Naturellement, il n’est plus douteux, aujourd’hui, que ce désaccord ne peut être qu'apparent. Encore faut-il le démontrer. Tel est le but du présent travail. II. Origine des Holocéphales. — Nous ne sommes pas en mesure, actuellement, d'établir une Phylogénie détaillée des Holocé- phales, comme celle des Dipneustes, par exemple. (1) Il est, pourtant, bien difficile d'échapper à la conclusion : « Les Holocéphales sont les descendants des Cochliodontes. » (2) Cars: 4. La série Cestracion-Psephodus-Cochliodus-Deltoptychius nous montre les étapes par lesquelles la dentition des Requins a dû passer pour donner naissance à celle des Chimères. (3) 2. D'autant plus que la dentition des premiers Holocéphales indis- cutables (Squalorajidæ et Myriacanthidæ, du Jurassique) diffère moins de celle des Cochliodontes que ne le fait la dentition des Chimæridæ, famille plus récente. (4) (4) L. DozLo. Sur la Phylogénie des Dipneustes. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE. Vol. IX. 1895. p. 79. (2) L. Doro. Sur quelques points d’Éthologie paléontologique, etc. p. 185. (8) A. S. Woopwarp. The Evolution of Sharks’ Teeth. NATURAL SCIENCE. Vol. I. 1892. p. 673. (4) « The Jurassic families of Squaloraïidæ and Myriacanthidæ, however, exhibit a more primitive arrangement. Their dental plates are thin, presenting considerable superficial resemblance to those of certain Cochliodont Elasmobranchs. » A. S. Woop- WARD. Vertebrate Palæontology. Cambridge, 1898. p. 55. La L. DOLLO. — LES PTYCTODONTES SONT DES ARTHRUDÈRES. 101 3. Et que nous connaissons, en Menaspis (1), un genre tellement bien intermédiaire entre les Cochliodontes typiques et les Holocéphales typiques que, parmi les paléontologistes autorisés, certains le rangent dans les Cochliodontes (2) et d’autres dans les Holocéphales. (3) 4. Or, les Cochliodontes typiques sont carbonifères, — Menaspis est permien, — et les premiers Holocéphales typiques sont liasiques. La série morphologique est donc, en même temps, une série chronolo- gique et porte, par conséquent, tous les caractères d’une généalogie. 5. Enfin, si on considère que les Holocéphales sont de véritables Chondroptérygiens, et que leurs caractères propres, — Dentition mylo- donte, Autostylie, Opercule, Abaissement et Allongement de la Deuxième Dorsale, Queue géphyrocerque (4), chez Chimæra, notam- ment, — sont des adaptations à la Vie Benthique et au Régime Conchi- frage, — on ne peut douter que les Chimères et leurs parents sont des Requins spécialisés en vue de ce genre de vie et de ce régime. Et quels Requins fossiles mieux que les Cochliodontes pourraient être regardés comme les stades précurseurs de cette Évolution? III. Où est la contradiction? — Ce n’est pas qu’on ne se fût point aperçu antérieurement des aflinités des Cochliodontes et des Holocéphales. K. A. Zittel écrit même : (5) « Die heutigen Vertreter der Holocephalen stellen nur noch den dürftigen Ueberrest einer ehemals viel stârker verbreiteten Selachier- gruppe dar, die bereits im Devon beginnt und vielleicht mit den Cochliodontiden in genetischen Beziehungen steht. » Sans voir la contradiction dans laquelle il tombe. (4) O. JAEKEL. Ueber Menaspis. SITZUNGSBERICHTE DER GESELLSCHAFT NATURFOR- SCHENDER FREUNDE ZU BERLIN. 1891. p. 115. — 0. Reis. Ueber die Kopfstacheln bei Menaspis armata. Munich, 1891. ‘Se rappeler, encore, ici, Oracanthus armigerus : — R. H. Traquair. Notes on Carboniferous Selachii. GEOLOGICAL MAGAZINE. Vol. V. 1888. p. 86. (2) K. A. ZiTTEL. Grundzüge, etc. p. 540. (3) B. DEAN. In the matter of the Permian Fish Menaspis. AMERICAN GEOLOGIST. Vol. XXXIV. 1904. p. 53. (4) L. DoLo. Sur la Phylogénie des Dipneustes, ete. p. 90. — L. Doro. Poissons de l'Expédition Antarctique Belge. RÉSULTATS Du VOYAGE DU S. Y. BELGICA EN 1897, 1898, 1899, SOUS LE COMMANDEMENT DE À. DE GERLACHE . DE GOMERY. Anvers, 1904. p. 235. (5) K. A. Z1TTEL. Grundzüge, etc. p. 547. 102 L. DOLLO. — LES PTYCTODONTES SONT DES ARTHRODÉRES. Puisque les Holocéphales peuvent être des Cochliodontes spécialisés, — et non l'inverse. Et que, d'autre part, — si les Ptyctodontes sont des Holocéphales, — alors les Holocéphales, remontant au Dévonien, sont plus anciens que leurs ancétres, — attendu que les Cochliodontes ne se rencontrent pas avant le Carbonifère. | Voilà la contradiction. Voilà pourquoi les indications de parenté entre les Cochliodontes et: ies Holocéphales, — assez significatives, cependant, — n’ont jamais pu être appréciées à leur juste valeur. Il y avait là une impasse dont il fallait sortir. IV. Solution du problème — Or, si les Ptyctodontes ne sont pas des Holocéphales, tout est résolu. Voilà donc ce qu’il fallait démontrer. C’est ce qu’il était déjà possible de faire (je le ferai dans un instant) avant la publication du dernier mémoire de M. Jaekel, — et c’est ce qui m'avait conduit à la conclusion que j'ai donnée sans démonstration (1), et que je désire justifier aujourd'hui. Je sais bien qu’il y a, aussi, l’Insuffisance des Documents paléontolo- giques. Elle est réelle, dans un grand nombre de cas, c’est vrai. Mais il ne faudrait pas abuser de cet argument, comme je l’ai prouvé, à propos des Dipneustes (2). Et reculer, ainsi, par des idées préconçues, les solutions accessibles dès maintenant. UT. LES PTYCTODONTES NE SONT PAS DES HOLOCÉPHALES. 1. — Tous les Ptyctodontes n’ont que deux paires de plaques den- laires, — tandis que tous les Holocéphales typiques en ont trois paires (3). (i) L. DoLLo. Sur quelques points d'Éthologie paléontologique, etc. p. 135. (2) L. DozLo. Sur la Phylogénie des Dipneustes, etc. p. 82. (3) A. S. WoopwaRp. Catalogue, etc. Part IL. p. 37. — Peut-être, même, quatre paires chez les Holocéphales typiques les plus anciens (Myriacanthus) et les plus primitifs (B. DEAN. Chimæroid Fishes, etc., p. 137). L. DOLLO. — LES PTYCTODONTES SONT DES ARTHRODÈRES, 103 Si les Ptyctodontes sont des Holocéphales, — les plus anciens Holo- céphales sont donc les plus spécialisés. | Comment, dès lors, ont-ils pu donner naissance à leurs succes- seurs ? Impossible. Et ceci est une nouvelle application de l’Irréversibilité de l'Évolution (1). | 2. — Si même Rhamphodus a une deuxième paire de plaques den- taires supérieures, — ce qui n’est pas définitivement établi (2), cette paire, postérieure, est rudimentaire. | Mais, — chez tous les Holocéphales typiques, — la paire postérieure de plaques dentaires supérieures est fonctionnelle (3). Par conséquent, dans cette hypothèse encore, Rhamphodus serait plus spécialisé que ses successeurs. Et comment ceux-ci pourraient-ils en sortir ? (1) L. DorLo. Les Lois de l'Évolution. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE, Vol. VII. 1893. p. 164. A ce propos, M. G. von Arthaber, Privatdozent de Paléontologie à l’Université de Vienne, écrivait récemment : « Aber auch dieses Axiom ist nicht unumstôsslich und seine theoretische Regel bindet die Entwicklung der Organismenwelt keineswegs vollständig, welche Ausnah- men derselben, und zwar nicht einmal selten gestattet. Ich weise nur auf die isodonten Cetaceen hin, die von anisodonten Vorfahren abstammen, die ihrerseits wieder isodonte Ahnen besessen haben.» G. VON ARTHABER. Beiträge zur Kenntnis der Organisation und der’ Anpassungserscheinungen des Genus Metriorhynchus. BEITRAGE ZUR PALAONTOLOGIE UND GEOLOGIE OESTERREICH-UNGARNS UND DES ORIENTS. Vol. XIX. 1906. p. 301. Or, l’Évolution de la Dentition des Cétacés est un des plus beaux exemples de l’Irréversibilité de l'Évolution. Puisque la Dentition isodonte secondaire n’est pas un retour à la Dentition isodonte primitive, mais une dentition isodonte de valeur morphologique toute différente. Il est fâcheux que M. von Arthaber n’ait pas attendu d’avoir compris, pour contre- dire. La chose est d'autant plus regrettable que cet auteur aurait pu trouver à Vienne même. en la personne de M. 0. Abel, Chargé de cours de Paléontologie à l’Université, un biologiste très compétent pour lui expliquer le cas [0. ABEL. Les Odontocètes du Boldérien (Miocène supérieur) d'Anvers. MÉMOIRES DU MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATU- RELLE DE BELGIQUE. Vol. III. 1905. p. 30]. @) Voir, plus haut, p. 97, note à. (3) A. S WoopWaRD, Vertebrate Palæontology, ete. pp. 57 et 58. — A. S. WoopwaRD, Catalogue, ete. Part IT. pp 43 et 54. — K. A. Zirres. Grundzüge, etc. p. 548. — 0. JAEKEL. Ueber Rhamphodus, etc. p. 388. 104 L. DOLLO. — LES PTYCTODONTES SONT DES ARTHRODÈRES. 3. — Enfin, les premiers Holocéphales typiques ont une dent présym- physienne à la mandibule (1). Or, tous les Ptyctodontes en sont dépourvus. S'ils l'ont perdue, — et si les Ptyctodontes sont des Holocéphales, — voilà, de nouveau, les plus anciens Hôlocéphales plus spécialisés que leurs SUCCesseurs. | Et si, — contre toute vraisemblance, — la dent présymphysienne représentait les plaques mandibulaires des Ptyctodontes soudées, — alors les Ptyctodontes auraient déjà perdu la paire de plaques mandi- bulaire des Holocéphales typiques, -— et ils seraient, quand même, plus spécialisés que leurs descendants supposés. Æ. — D'autre part, — les plaques dentaires des Ptyctodontes sont assez épaisses (notamment chez Ptyctodus et l’alæomylus) (2). Tandis que, — les plaques dentaires des premiers Holocéphales typiques sont encore minces (5). C'est-à-dire qu'une fois de plus, — les Ptyctodontes sont plus spécia- lisés que les premiers Holocéphales typiques, — dans l'adaptation au Régime Conchifrage, — quoique leurs prédécesseurs, chronologi- quement. 5. — Maintenant, il faut distinguer, parmi les Ptyctodontes, comme parmi les Holocéphales typiques, d’après la nature de l’alimen- tation, des formes cisaillantes et des formes triturantes : 1 FAiCeallantes. OT Rhamphodus (à. LRIACIONONERE | 9. Firiturantes: Le PP Ptyctodus (5). 11. HOLOCÉPHALES. 415 \Cisaillantes. Aer PR Amylodon (6). TYPIQUES. JUPE Triturantes: LT Enr Edaphodon (1). (4) A. S. Woonwarp. On a New Specimen of the Chimæroid Fish, Myriacanthus paradoxus, from the Lower Lias near Lyme Regis (Dorset). QUARTERLY JOURNAL OF THE GEOI OGICAL SOCIETY OF LONDON. Vol. LXII. 1906. p. 3. . (2) Ptyctodus molaris : « Itrepresents the left lower jaw and is 6 em. in length, but at least 1 em. has been broken away from the posterior end. Its maximum thickness, which occurs just below and behind the tritor, is 1.2 em. » CG. R. EASTMAN. Dentition of Devonian Ptyctodontidæ, etc. p. 475. — Palæomylus crassus : « Crown thick and strong. » J. S. NEWBERRY. Descrip- tions, etc. p. 313. (3) Myriacanthidæ : « The normal dental plates, though appearing robust, are as Les as those of Squaloraja,... » A. S. WoopWaRD. Vertebrate Palæontology, etc. “Ole ; (4) O. JAEKEL. Ueber Rhamphodus, etc. p. 389. (à) A. S. WoopwaRp. Catalogue, etc. Part IL. p. 37. (6) R. Srorms. Troisième note sur les Poissons du terrain Rupélien. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE. Vol. VIII. 1894. p. 73. è À Forme cisaillante secondaire, — par suite de l’Évolution régressive du Régime conchifrage, — comme en témoigne un dernier reste de Triturateur, — et d'accord avec la Chronologie (0ligocène moyen). (7) A. S. WoonwWaRn. Catalogue, etc. Part II, p. 73. L. DOLLO. — LES PTYCTODONTES SONT DES ARTHRODERES. 105 Naturellement, les dernières ont, seules, des Triturateurs. 6. — Les Trilurateurs des Ptyctodontes, — dans le seul cas suffisamment étudié (P/yctodus), — sont déjà bien différenciés (1). Les Trilurateurs des premiers Holocéphales typiques ne sont pas diffé- renciés (Squalorajidæ), — ou n’ont pas de limites nettement définies (Myriacanthidæ) (2). À ce point de vue aussi, les précurseurs auraient dépassé leurs rejetons, dans l’Adaptation au Régime Conchifrage. 7. — D'ailleurs, la structure des dents des Holocéphales typiques n’est pas identique à celle des dents des Ptyctodontes. _C. H. Pander dit même que cette dernière est intermédiaire entre celle des Chimères et celle des Gymnodontes (3). Rapprochement empirique, comme on pouvait en faire avant l’intro- duction du Transformisme en Biologie, mais qui montre que la déter- mination des Ptyctodontes comme Holocéphales ne repose pas, notam- ment en ce qui concerne la structure des dents, sur une coïncidence absolue. 8. — Bien mieux, — pour le seul cas suffisamment étudié (Ptycto- dus), — la structure des Triturateurs est différente dans les Ptyctodontes et dans les Holocéphales typiques. M. Woodward écrit, en effet (4) : 1. Holocéphales typiques. — « Tritors are specially hardened by the deposition of salts within and around groups of medullary canals, which rise at right-angles to the functional surface. » 2. Ptyctodontes. — « The tritors, two in number in the typical species, are well differentiated, consisting of hard, punctate, superim- posed laminæ, arranged obliquely to the functional surface. » Formations hétérologues. Cas de Convergence. Pas de connexion génétique, sous ce rapport non plus, entre les Ptyctodontes et les Holocéphales typiques. 9. — Sauf Squaloraja, — pour lequel la chose s'explique par l'adaptation à la Vie Benthique Dépressiforme (5), — tous les Holoceé- (4) A. S. Woopwarp. Catalogue, etc. Part IL. p. 37. (2) A. S. WoopwaRp. Vertebrate Palæontology, etc. p. 51. (3) C. H. PANDER. Ueber die Ctenodipterinen, etc. p. 51. (4) A. S. WoopwaRD. Vertebrate Palæontology, etc. pp. 94 et 55. () L. DoLo. Poissons de l'Expédition Antarctique Belge, ete. p 106. 106 L. DOLLO. — LES PTYCTODONTES SONT DES ARTHRODÈRES. phales typiques, bien définis, ont une épine en avant de la première dorsale. Mais on n'a jamais trouvé d’épine chiméroïde avec la dentition des Ptyctodontes (1), — tandis que les Cochliodontes possédaient l’épine dont 1l s’agit (2). Les Ptyctodontes l’avaient-ils perdue? — Alors, ils sont, encore une fois, plus spécialisés que leurs successeurs prétendus. N’en ont-ils jamais eu? — Alors, c’est une nouvelle divergence avec les Holocéphales typiques. 10. — Si les Ptyctodontes sont des Holocéphales, — non seulement ceux-ci commencent par leurs formes les plus spécialisées, — ce qui est contraire à une série évolutive, — mais il y a une lacune énorme (Car- bonifère, Permien, Trias) entre les premiers Holocéphales (Dévonien) et les premiers Holocéphales typiques (Lias). | Et cela quand il y a tant de Chondroptérygiens mylodontes (Cochlio- dontes) dans le Carbonifère, — indiquant, comme la grande abondance des Coquilles, que le Régime Conchifrage n’avait pas cessé, pour les Poissons, pendant les temps intermédiaires. ; 11. — En résumé, — la Chronologie (Biostratigraphie), — la trop grande Spécialisation, — l’Irréductibilité de certains caractères, — montrent que les Ptyctodontes ne sont pas des Holocéphales. A partir du Lias, ceux-ci constituent un groupe homogène, — dont l'origine doit être cherchée dans les Cochliodontes. En d’autres termes, — les Piyctodontes nous représentent un cas de Convergence avec les Holocéphales, — pour la Dentition, — comme les Dipneustes. IV. LES PTYCTODONTES SONT DES ARTHRODÈRES. 1. — Si les Ptyctodontes ne sont pas des Holocéphales, que peuvent- ils être ? (4) « Neiïther have dorsal fin-spines, such as occur in most other Chimæroids, been positively established as belonging to this family. » C. R. EasTMAN. Dentition of Devonian Ptyctodontidæ, etc. p. 473. | (2) « The genus Helodus is the only undoubted Cochliodont hitherto discovered showing remains of the body; and it exhibits at least one spinous dorsal fin, » A.S. WoopwaRp, Vertebrate Palæontology, etc. p. 42. | L. DOLLO. — LES PTYCTODONTES SONT DES ARTHRODÈRES. 107 Vu la Faune ichtyologique dévonienne, telle qu’elle nous apparait aujourd’hui : A. — Un groupe sui generis. 2, — Ou, par voie d'exclusion, en considérant les groupes connus, des Arthrodères. Or, nous commençons à avoir une idée assez précise des grandes catégories de Poissons dévoniens, — et on n’aperçoit pas très bien quel groupe sui generis les Ptyctodontes formeraient. Par conséquent, — aussi longtemps qu'il sera possible d'éviter la première hypothèse, 1 vaut mieux ne pas l’invoquer, — d'autant plus qu’elle recule la difficulté sans la résoudre. 2. — Il y à une ressemblance indéniable entre la dentition des Ptyc- todontes et celle de Dinichthys. (1) 8. — La découverte, — signalée dès 1903, — par M. Jaekel, — dont elle n’ébranla, cependant, pas, alors, la conviction que les Ptycto- dontes étaient des Holocéphales, — de la dentition de Rhamphodus dans un gisement particulièrement riche en Arthrodères est en faveur du même rapprochement : « Unter den bei Wildungen im Oberdevon ausserordentlich zahlrei- chen Panzern verschiedenartigster Placodermen fand sich im letzten Sommer auch ein Holocephalen-Gebiss,.… » (2) Æ. — Mais tout cela, naturellement, ne valait pas une association de gisement indiscutable, — établissant que la dentition d’un Ptycto- donte déterminé appartenait bien à un Arthrodère typique. J'aurais pu attendre cette association, — au lieu de publier ma com- munication préliminaire. Je l’attendis, d’ailleurs, durant plusieurs années. Quand, — en complétant ma bibliographie, — je m'avisai que l'opinion de mes prédécesseurs était tellement unanime, — sur l’attri- bution des Plyctodontes aux Holocéphales, — que, si on rencontrait l'association désirée, — elle serait, certainement, regardée comme hetérogène, — et rejetée comme dépourvue de valeur démonstrative. La question de la Phylogénie des Chiméres, — à laquelle je m’inté- (4) A.S. WoopwaRp. Catalogue, etc. Part II, p. 300. (2) 0. JAEKEL. Ueber Rhamphodus, etc. p. 383. 108 L. DOLLO. — LES PTYCTODONTES SONT DES ARTHRODÈRES. resse depuis plus de dix ans, — ne pouvant, à mon avis, faire aucun progrès aussi longtemps que la question des Ptyctodontes ne serait pas définitivement résolue, — je me décidai, l’année dernière, à faire con- naitre mes conclusions, — pour changer la direction des idées. 5. — Cette initiative ne tarda pas à être couronnée de succès, — car, bientôt après l’apparition de mon travail, — M. Jaekel annonça avoir trouvé la dentition et le squelette de Rhamphodus réunis. (1) Or, il ressort du mémoire de notre savant Collègue de Greifswald, — notamment de la comparaison avec Coccosteus, — et quoi qu’on puisse penser du rapprochement avec les Acipenséroïdes et du Tableau phylogénique final, que je ne veux pas discuter ici, — que Rhampho- dus est un Arthrodère. Ce qui, si on admet, jusqu’à nouvel ordre, — comme tous les paléon- tologistes, sauf M. Jaekel, — que les Ptyctodontes forment un groupe homogène, — revient à dire : les Ptyctodontes sont des Arthrodères. V. CONCLUSIONS. 1. — Les Ptyctodontes sont des Arthrodères. 2. — Les Holocéphales sont des Cochliodontes spécialisés, en vue de l’Adaptation à la Vie Benthique et au Régime Conchifrage. 8. — Il n’y a pas de conflit entre la Paléontologie et le Transformisme dans le problème de la Phylogénie des Chimères. 4. — La notion de l’Irréversibilité de l'Évolution, — qui m’a conduit aux conclusions que je viens de justifier, — a, une fois de plus, montré son utilité. Puisque, — sans elle, — on serait amené à soutenir que des Orga- nismes spécialisés peuvent redevenir primitifs, — pour se spécialiser à nouveau, -— dans la même direction, ou dans une direction différente. Postulat, qui, — à moins de disposer de séries paléontologiques absolument complètes, — ce dont nous sommes loin, — détruirait toute possibilité d'arriver à la Phylogénie, — but suprême, pourtant, de la Morphologie. (4) O. JAEKEL. Eïinige Beiträge, etc. p. 180. —“M 606000 m——— IE TUNNEL DE BRAINE-LE-COMTE ET LES SABLES BOULANTS | PAR A. HANKAR-URBAN Directeur-gérant des Carrières de Quenast. $ 1. — Examen du projet van Ertborn. Dans l’intéressant travail que M. O. van Ertborn a présenté, il y a peu de temps, à la Société sur La suppression du tunnel de Braine-le- Comte et les sables boulants (1), le savant hydrologue propose de sup- primer ce tunnel et de le remplacer par une ligne latérale, à double voie, qui franchirait en tranchée, à la cote 95, la colline orientée Est- Ouest (cote maximum 111) que le tunnel traverse à la cote 89. (Voir fig. 2.) Pour l'application de l’idée de M. van Ertborn, j'ai supposé la ligne nouvelle établie à l'Ouest de la ligne actuelle, dont elle serait écartée d’une centaine de mètres à hauteur du tunnel. On obtiendrait alors le tracé et le profil indiqués en traits interrompus (fig. 1 et 2). Le choix du tracé, tel que je l'indique, est, en l’absence de données précises de l’auteur, qui n’a donné que le principe de son projet, tout à fait arbitraire de ma part, mais, à moins d'arriver à des courbes très prononcées, on n’a pas grande latitude pour l’emplacement de la nouvelle ligne. En effet, si on la mettait à l’Est de l’ancienne, la traversée des sables boulants serait raccourcie à 4 ou 500 mètres (?), mais la courbe, déjà - forte, existant avant l’entrée du tunnel serait encore accentuée. (4) Procès-verbaux, t. XX, 1906, pp. 241 à 248. 410 A. HANKAR-URBAN. — LE TUNNEL DE BRAINE-LE-COMTE ER en TT IS TT ___ Quenast S ee Zerende } No + | Sable bru rellien (B) PURE — 7 ET SeËk ypresient PÉ ni | ————— — AN | à | < 111 ET LES SABLES BOULANTS. 2 sIn9jneu S9p MAL . 0€ sanonSUO] S9P ‘NUOTLUA NVA ‘O LHLOUd NA NOILVOIIdAV,A IVSSA — °C "SLT ee G | $ $ à 2790777 206) D] M8 À, À. S S0L9 SISA700J 5 1 Fe . S &Ÿ Ne de + 7 © a a 2 — == 11224 A. HANKAR-URBAN. — LE TUNNEL DE BRAINE-LE-COMTE Le profil (fig 2) a été établi dans l'hypothèse du tracé à l'Ouest de la voie actuelle ; il indique les points correspondant à l'emplacement, sur la voie existante, des ponts, passages à niveau, etc., qui en per- mettent la traversée. N'ayant pas eu en main le dossier officiel de la ligne actuelle, les cotes et le profil que j’indique pour cette voie ne sont qu’approximatifs. Néanmoins, on voit que la pente vers Hennuyères est augmentée d'environ 2 millimètres par mètre par le projet de M. van Erthorn. La construction du détournement de ligne proposé par M. van Ertborn serait coûteuse; on serait amené à acquérir, outre l’assiette de la voie, les parties de terrain qui seraient comprises entre l’ancienne et la nouvelle ligne, à moins d’en indemniser largement les propriétaires, ce qui reviendrait, du reste, à peu près au même. En outre, la construction de la ligne nouvelle à proximité de celle existante, dont le niveau est sensiblement différent et dont l'exploitation ne peut être entravée, soulève des problèmes assez délicats : 1l faudrait remanier la voirie aux abords de la ligne et créer des passages tout en maintenant provisoire- ment ceux qui existent sur la ligne actuelle; 1l y aurait beaucoup d’inté- rêts lésés et de travaux à accomplir. La figure 2 indique les ouvrages d’art et les passages à niveau existant sur le railway actuel ainsi que leurs cotes approximatives. Le remaniement de tous ces chemins pour leur permettre de franchir la ligne entrainerait à de fortes dépenses, car les habitations, rares au-dessus du tunnel, sont, au contraire, nom- breuses aux abords des traverses. Mais ce sont là des questions de construction qui n'intéressent pas directement notre Société. Il en est autrement de la base hydrologique du projet de M. van Ertborn. Celui-ci admet qu’un drainage provisoire du terrain, disparaissant à mesure de la mise à profondeur de la tranchée qui doit traverser les sables boulants et l'argile sous-jacente, aura, en y mettant le temps voulu, produit un asséchement suffisamment complet et durable du terrain pour permettre de procéder à ces travaux. D’après les renseignements qu'il a bien voulu me donner, M. van Ertborn se base sur les résultats obtenus par lui dans la région des briqueteries de l’Escaut et du Rupel qu'il a longtemps pratiquée et qu'il connaît si parfaitement. Ces résultats seraient confirmés par ceux obtenus par M. de Schryver aux travaux du port de Bruxelles. Dans les deux cas, les sables fins, une fois asséchés par un pompage prolongé ou autrement, se maintiennent fort longtemps dans cet état. Comme on le verra plus loin, ces constatations ne concordent pas ET LES SABLES BOULANTS. 113 du tout avec celles que J'ai faites à Quenast, où l’on se trouve dans des conditions se rapprochant beaucoup de celles que l’on rencontre au tunnel de Braine-le-Comte. La différence tient probablement à ce que, dans les régions basses, peu mouvementées, où ont opéré MM. de Schryver et van Ertborn, la nappe aquifère est également d’allure peu ondulée. La circulation des eaux y est lente, un rabatte- ment ne s'obtient dans la nappe que fort lentement et demande par contre beaucoup de temps pour s’effacer. Lorsque, au contraire, 11 y a dans le voisinage, comme à Quenast ct au tunnel, des collines élevées couvertes de sables rudes, la circulation de l’eau est plus intense et les mouvements de la nappe aquifère plus marqués. Je crois donc que si l’on peut, en employant au tunnel le système de drainage proposé par M. van Ertborn, assécher très efficacement le terrain compris entre les deux lignes extérieures de sondages filtrants qu’il prévoit, cet asséchement ne s'étend guère à l’extérieur de cette zone et qu’il disparaîtra dans celle-ci aussitôt que l’on supprimera l'appareil de drainage. Les travaux de creusement de la tranchée seront peut-être quelque peu facilités par le dramage provisoire, mais les résultats obtenus ne seront pas durables et 11 faudra, pour lutter contre les éboulements, suppléer au drainage supprimé par tous les moyens auxquels on doit avoir recours dans tant de grandes tranchées creusées dans de l'argile surmontée de sables aquifères. Je suis convaineu que l’on ne pourra réaliser quelque chose de stable, dans le terrain du tunnel de Braine-le-Comte, que par un drainage permanent, exécuté à une distance assez grande des faces des tranchées, pour assécher et affermir sur une profondeur qui dépasse celle que pourraient atteindre les plus grands éboulements de fond. C’est ce que j'ai dû faire aux carrières de Quenast, dans un terrain analogue. Comme c’est en employant le système de drainage que j'y ai appliqué que je propose d’assécher les terrains du tunnel, je vais d’abord exposer ce qui a été réalisé à Quenast. Ç I. — Système de drainage employé aux carrières de Quenast. Les carrières à pavés de Quenast sont situées à 4200 mètres au Nord du tunnel de Braine-le-Comte. Comme l'indique la Carte géologique au 40 000°, dont la figure 1 est 1907. MEM. 8 114 A. HANKAR-URBAN. — LE TUNNEL DE BRAINE-LE-COMTE un extrait, la roche que l’on y exploite — une porphyrite connue commercialement sous le nom de porphyre de Quenast — est recouverte par l'argile ypresienne et des dépôts quaternaires; vers l'extrémité Est des carrières seulement (point Q de la fig. 1), le sable ypresien s’inter- cale entre l’argile de même âge et des dépôts quaternaires (1). Ce sable, assez bien représenté sur le sommet de la crête, qui de la Genette (105) s'étend à peu près suivant la chaussée de Mons jusqu’à Stéhoux (83) par le Bois-de-Neppe (105) et le Renard (94), donne naissance à une nappe aquifère et, comme au tunnel et ailleurs, se montre très boulant lorsqu'il est mouillé. Au point Q des travaux de découverte des carrières, des éboulements très gênants, que montre la photographie hors texte ci-contre, se produi- saient chaque fois que, par suite des progrès de l'avancement des travaux d'exploitation, on était obligé d'enlever une nouvelle bande des terres recouvrant le gisement de porphyre. Celles-ci sont constituées en majeure parte par les dépôts ypresiens que ravinent plus ou moins profondément les dépôts moséens; le tout est recouvert par le limon hesbayen. A l'Est du point Q, à gauche dans la figure 5, le ravinement est peu profond, le sable ypresien subsiste; à l'Ouest, à droite dans la figure 5, tout le sable et une partie (ou le tout) de l'argile ont été enlevés et remplacés par les sables moséens rudes à stratification entrecroisée avec épais gravier de silex à la base. La limite AB entre les deux parties représente la berge assez escarpée du fleuve moséen, auquel on doit les dépôts en question du côté Ouest. Du côté Est, le Moséen est représenté par des glaises sur À mètre d'épaisseur moyenne, surmontées d’une couche de sables fins limoneux (probablement remaniés de l’Ypresien). Ces sables fins quaternaires, comme les sables ypresiens, se montrent très aquifères et très boulants. Ce sont les eaux provenant de ces, deux nappes qui provoquaient les éboulements de la partie Est, tandis que les talus créés dans le sable moséen se maimtenaient parfaitement bien. J'avais remarqué que ces éboulements ne s'étendatent jamais vers l'Ouest jusqu'à la limite AB de l’Ypresien et du Moséen, mais qu'ils s’arrêtaient en MN à une cer- taine distance de celle-ci, de sorte qu’il subsistait une partie du talus, MA, où le terrain, bien qu'il fût constitué par les couches ypresiennes, se maintenait cependant bien. La raison en était facile à trouver : le (1) Le sable ypresien s’avance en cet endroit un peu plus vers le Nord que ne l'indique la Carte géologique au 40 000e. *"SNHISAUdA SAIAVS SH LNANAINOIH NA LNVULNON LSVNAN() HA SHHHIUUVO SHQ HIHdVHIOLOHd SV RER HU El 2 MT up “auAydiog ‘017 *2SN9IUS JUOUAI -9$9[ noIQ-STIS O[LOIE,P J9 99/rtpusz 39 anbuserd no[q “JOTAPI) ‘GT | -SIIS O[I0IEP SOJUBUIOIV *U9ISSIAX *SOpl SOIURS ‘II Has oe ‘SUS UOUT ‘€ “aoeduos aunel af1841y ‘sounef soste[s *@ “oune{ UOUTT ‘7 } ‘uoÂEqSOH *9]NO[9A U 9[4S ‘9 *‘XNAUOUUIT SUL SOIQES ‘°F ‘sonPriq R AU, ‘I 415 do © L— “LSVNANT) 14 SAUTIUUYIO SG (F “ON VI 44 À) ELNIO4 NV) 44107) — ‘€ ‘S1Y] ET LES SABLES BOULANTS. a —— De Eee QI CR . RATES CNE QNOT 2 + RE E———— EE ——— soda ei TC te SNA "se pee D OO NT AE AO seras CMD ONV ES ALORS e u 0e CRC serre Se US es SA Se M Nue = _— BAS SE MURS ie Paieiein PU A TER AO SE STE = A ARE OL MP EEE PS DIET DO Coo CO Por CRM RE ST DO A CRE + CEE CT OR EC Di PIN CHE SACR EE AT PROMO NN RE B | ; | Il HO U 0 EE —————_—_—_— ss MORE z CRT = = cie OR OT CC . Q a es . Re MOUSE Meme - : = = STE DRE ENS ONCE o = SE NC OS AE COLE CRE nee ER ON OT SAONE CRE PE EC PR PTE de nes ° « = A nr DOC QI SR ECO 0h el Lenoir UE A NN CPU TD nt s me 6 116 A. HANKAR-URBAN. — LE TUNNEL DE BRAINE-LE-COMTE sable rude, moséen, constituait un drain qui asséchait suffisamment les sables fins voisins pour que ceux-ci cessassent d’être boulants. La nature donnait ainsi elle-même la preuve qu’il suffit d’assécher conve- nablement le sable ypresien pour lui enlever son caractère dangereuse- ment boulant qui a déjà causé tant d'accidents, aux environs de Bruxelles notamment. C’est cette constatation que j'ai mise à profit pour faire cesser les éboulements qui se produisaient à Quenast en procédant au drainage des deux nappes aquifères qui en étaient la cause initiale. J'ai employé à cet effet des sondages filtrants d’un type spécial qui débouchent dans une galerie creusée au niveau de la plate-forme des travaux de découverte. L'action de ces sondages était complétée par celle de drains placés de bas en haut par l’intérieur de la galerie. La galerie ne présente pas d'intérêt particulier ; elle est d’un type de galerie de mine assez employé dans certains charbonnages de notre pays. Poids par cadres. 440100 068950 — deux éclisses . . . 5.580 — quatre boulons. . . 1.600 15k430 Vingt lambourdes en fer . - . . 42.000 Tôles d'acier, 422556: = … .: .1t 90:00 207k430 1 de 101 X 76mm à 45 kil, par m. /_ Éclisses de 65 X 13m, Boulons de 48mm, La carcasse est constituée par deux demi-cadres (fig. 4) du type de la Providence, de Marchienne, éclissés à la partie supérieure et suppor- ET LES SABLES BOULANTS. | | 117 tés par des bouts de billes, maintenus à l’écartement de 90 centimètres par des lambourdes carrées en fer de 15 millimètres, recourbées aux extrémités, qui empêchent les cadres de s’écarter, tandis que des ron- dins de bois, forcés entre deux cadres successifs, les empêchent de se rapprocher. Des tôles glissées entre le terrain et le lambourdage qui les sou- tient constituent la paroi extérieure de la galerie. Des pierrailles bourrées entre les tôles et les parois de la fouille calent les tôles et ferment les vides de façon à prévenir les tassements; elles servent aussi à donner aux eaux d'infiltration accidentelle un chemin vers le bas de la galerie, où on les recueille par un drain ordinaire constitué au moyen de tuyaux de terre cuite noyés dans un lit de ballast de porphyre. L’asséchement ne pouvant être obtenu que par un grand nombre de drains ou de sondages filtrants très rapprochés les uns des autres, il fallait trouver pour les uns et les autres un type peu coûteux comme valeur du matériel immobilisé et comme main-d'œuvre d'installation. Voici comment j'ai réalisé ce desideratum : Pour établir un sondage filtrant, de préférence avant la construction de la galerie, on fait, par les procédés habituels, un forage de 0"30 de diamètre jusqu’à ce que l’on ait dépassé la dernière couche aquifère de 75 centimètres à 1 mètre. Au fond et au centre de ce forage tubé, on fait dans l’argile, sans tubage cette fois, et au moyen de la sonde à main du modèle courant du Service géologique, un trou de sonde de 5 centimètres de diamètre (en employant un tuyau-guide si la profon- deur du premier forage est trop grande pour que l’on puisse, sans cette aide, bien guider la sonde à chaque descente) et on pousse ce sondage jusqu’à 50 à 50 centimètres au-dessous du niveau que viendra occuper le dessus de la galerie ou, si celle-ci est déjà construite, jusqu’à ce que la sonde ait pénétré au delà du revêtement en tôle que l’on troue ou que l’on déplace en conséquence. Dans ce trou de sonde, on descend un appareil constitué comme suit : Un tuyau à gaz de 55 millimètres de diamètre extérieur et d’une longueur égale à celle du trou de sonde de 5 centimètres; ce tuyau est fermé provisoirement à sa partie inférieure par un bouchon oblong, qui facilite la descente. Il porte à sa partie supérieure un manchon ordinaire sur lequel est soudée une crépine de 1"25 de longueur, formée d’une tôle de cuivre perforée de trous de 3 millimètres, enroulée et soudée en un tuyau de 55 millimètres de diamètre. Ce tube 118 A. HANKAR-URBAN. — LE TUNNEL DE BRAINE-LE-COMTE perforé est recouvert d’un double enroulement de toile métallique en laiton à deux cents mailles par centimètre carré fixée par des liga- tures (1); 1l est fermé à sa partie supérieure, qui porte également un manchon. Le placement se fait de la surface en vissant légèrement sur ce dernier manchon une tige ou un tuyau à gaz, que l’on dévisse une fois l'appareil en place. Parfois, ce tuyau à gaz était laissé en place sur la crépine, qui, dans ce cas, n'était pas fermée, et cela, afin de faire contri- buer tout l'appareil à l’aérage de la galerie. Il servirait aussi, le cas échéant, à retirer celui-ci de terre en cas de besoin. On bourre l’argile autour du tuyau de raccord, on remplit le forage tubé de fine grenaille de porph're concassé (n° 6 des carrières de Quenast\, mélange de grains ayant de {} à 2 millimètres, jusqu’à environ 1 ou 2 mètres du sol; on retire le tubage de 30 centimètres et l’on termine en remplis- sant le haut du sondage d’argile compacte bien tassée pour éviter les infiltrations venant de la surface. La colonne de grenaille restant dans le sol constitue un drain efficace dont les eaux sont recueillies par la crépine. On doit avoir soin de bourrer, par la galerie, largile du toit à la partie inférieure du tube de raccord contre celui-ci, afin de faire un petit serrement qui empêche l'écoulement des eaux du sondage filtrant par le jeu annulaire qui existe au début entre le tube de raccord et les parois du trou de sonde. Le foisonnement de l’argile fait du reste que celle-ci se resserre d’elle- même contre le tube au bout de quelques jours. | Le sondage est prêt à fonctionner : lorsque la galerie y arrive, que tout est en ordre pour recevoir les eaux, on débouche le tuyau peu à peu, pour ne pas provoquer un rabattement trop rapide de la nappe aquifère, qui pourrait produire l’entrainement du sable fin. L'établissement des sondages filtrants, avec leur raccord, avant la construction de la galerie présente l’avantage de faire connaître d’une manière précise et détaillée la constitution du sous-sol dans la partie intéressant le travail et de permettre de modifier en conséquence, le cas échéant, les dispositions prévues notamment en ce qui concerne le type de la galerie, sa pente, son niveau, etc. (4) On peut éviter l'emploi de cette toile métallique, exposée à se détruire par le temps, en entourant le tube perforé d'une couche annulaire de gravier plus gros de 2 à 5 millimètres, par exemple de grenaille n° 3 des carrières de Quenast, mais la main-d'œuvre est alors un peu plus délicate et compliquée. ET LES SABLES BOULANTS. 119 En donnant au tuyau de raccord une longueur suffisante (1), on se réserve une certaine latitude pour placer la galerie à la hauteur qui convient le mieux. Dans le cas, trop fréquent, où les études préalables ont été faites d’une façon sommaire ou inspirent peu de confiance, cet avantage n’est pas négligeable : on à vu souvent, même dans des travaux publics, des galeries commencées trop haut et dont la construction était rendue extrêmement difficile, parce que la nappe aquifère était trop rap- _prochée de la voûte. Cela se présente, soit qu'il y ait eu erreur dans l’appréciation des résultats des sondages préalables, soit que ceux-c1, trop éloignés les uns des autres, n’aient pas révélé l'existence de dénivellation des couches, de failles en escalier, de linéoles de sables dans l'argile, etc. Les drains se font de la galerie vers la nappe aquifère : on fore dans l’argile un trou de sonde de 5 centimètres vers le haut jusqu’à ce que l’on pénètre aussi haut que possible dans la nappe. On force ensuite dans le trou de sonde un drain qui n’est autre chose que le tuyau-crépine avec son tuyau de raccord décrits ci-dessus. Les seules différences sont que le bouchon oblong est placé à la partie supérieure au lieu du bas et que, en raison de la hauteur limitée de la galerie, le tuyau de raccord qui sert à pousser la crépine en place est composé de plusieurs pièces raccordées par des manchons ordinaires que l’on monte successivement. On bourre l’argile au-dessus de la voûte de la galerie pour faire un petit serrement. L'emploi combiné de la tôle per- forée et de la toile métallique suffit à empêcher l’arrivée du sable fin dans la galerie, ce qui se produit souvent quand on emploie de simples tubes perforés. Ce double système de drainage par sondages filtrants de haut en bas et de bas en haut à été, en principe, appliqué à Quenast de la façon suivante : La galerie pénètre entre les points H et A dans l'argile jusqu’à une cinquantaine de mètres de profondeur, puis tourne à gauche, plus ou moins parallèlement au front des travaux de découverte, de façon à venir recouper la partie sujette à éboulements. Des sondages de 30 centimètres étaient forés de 5 en 5 mètres, (1) Si l'on a soin de terminer le tuyau de raccord par des sections réunies par des manchons, on évite de devoir le recouper. 190 A. HANKAR-URBAN. — LE TUNNEL DE BRAINE-LE-COMTE entre lesquels on plaçait deux drains de 4 centimètres (1). Les eaux sont reçues dans une gouttière. La galerie et les sondages intéressent une partie de terrain de 150 mètres de longueur environ, mais les eaux sont fournies plus abor- damment par la moitié à l'Ouest. (Voir le tableau n° 14.) Vers l'Est, par suite de la diminution de l'épaisseur des deux couches aquifères, les venues d’eau étaient toujours moins impor- tantes, et comme, du reste, la roche porphyrique remonte de ce côté tandis que la surface du sol s’abaisse, les éboulements s’y produisaient moins fortement. L'application à Quenast de ce procédé de drainage remonte au milieu de l’année 1904; celui-ci s'est montré depuis lors parfaitement efficace. À ütre derenseignement, j'indique au tableau n°2 ci-contre les relevés du débit qui ont été faits pendant l’année 1906. L'examen des chiffres suggère quelques réflexions : la quantité d’eau journalière paraît peu importante et les variations du débit sont rapides et considérables, presque du simple au triple. La faiblesse du débit provient de ce que les deux nappes aquifères sont constituées par des couches peu épaisses de sable très fin, où la circulation est lente. L'importance et la rapidité des variations résultent de ce que ‘jusqu’à 400 mètres au Sud du point Q, le terrain se relève assez rapi- dement : de la cote 92 au point Q, au plateau 105. La partie élevée de la hauteur est couverte par les cailloux et les sables campiniens qui absorbent complètement les eaux pluviales. Celles-ci, en raison de la différence de niveau, arrivent assez rapidement au point Q et accroissent brusquement le débit de la nappe aquifère du Quaternaire. Cette circonstance est extrêmement défavorable au point de vue de l’asséchement du terrain; néanmoins, le résultat pratique cherché a toujours été obtenu. Le système de drainage décrit ci-dessus est très économique et est, en conséquence, applicable aux installations provisoires ainsi qu'aux (4) J'ai aussi essayé deux sondages filtrants du même type, mais de 0180 de diamètre, l’un d'eux, placé trop près de la limite des sables moséens, ne donnait presque rien, l’autre donnait à peine plus que ceux de 030 voisins. J’ai, en consé- quence, renoncé à utiliser les grands diamètres qui rendent les sondages beaucoup plus coûteux et qui, en dérangeant le terrain, peuvent provoquer des tassements. On pourrait même encore réduire le diamètre des sondages filtrants jusqne 15 centimètres. ET LES SABLES BOULANTS. | 121 installations permanentes qui, en raison des circonstances, ne compor- teraient pas les grandes dépenses qu’entraine l'emploi des puits filtrants des types usuels. C’est Le cas, par exemple, lorsqu'il s’agit de dessécher à fond et très complètement des sables fins et limoneux ; la multiplicité et le rapprochement des puits sont alors indispensables, bien plus qu'un fort rendement de chaque puits. Cette multiplicité ne permet pas d’avoir recours à des types de puits ou de sondages coûteux. Dans le système décrit, le coût de la galerie, quel qu’en soit le type, est nécessairement assez élevé, mais cel ouvrage peut, le cas échéant, _être réduit jusqu’à n'être plus qu'un simple rameau de mine que l’on peut ou non, selon les circonstances, transformer ensuite en galerie permanente. Le coût des sondages et des drains est minime, et l’on peut même, le cas échéant, retirer de terre tout le matériel. Sans doute, tels qu'ils ont été exécutés à Quenast, où il s'agissait d’une installation provisoire, ils n’ont, les uns et les autres, qu'une durée précaire, surtout en raison de l'emploi de la toile métallique. On peut, pour les sondages, rendre la crépine plus durable en substituant à ce treillis une couche annulaire de gravier plus gros, qui écarte le gravier fin du tuyau perforé, comme il est dit plus haut, ou le remplacer par une garniture en amiante. On peut aussi remplacer les tuyaux de cuivre par de la fonte plus durable. Pour les drains, on ne peut éviter l'emploi de la toile métallique, ou d’une garniture en amiante, mais on peut les retirer lorsqu'ils laissent passer le sable ou ne donnent plus assez d’eau, remplacer la toile métallique consommée et remettre en place. Le colmatage (1) de l'appareil filtrant des sondages n’est pas plus à craindre que dans la plupart des types de puits tiltrants, et s’il se pro- duisait à la longue, l’exécution de nouveaux sondages serait peu coûteuse. $ III. — Application au cas du tunnel de Braiïne-le-Comte. 1. EXAMEN DE LA SITUATION. On a souvent, et fort injustement à mon avis, attaqué les auteurs du projet du chemin de fer de Bruxelles à Mons, au sujet de l'opportunité _ (1) Le colmatage se produit le plus souvent dans les puits par le rabattement brusque résultant des pompages nécessairement toujours intermittents. L’écoulement naturel ne présente pas le même danger. | 122 A. HANKAR URBAN. — LE TUNNEL DE BRAINE-LE-COMTE de la création du tunnel de Braine-le-Comte. Le problème qu’ils avaient à résoudre n’était pas alors aussi simple qu'il peut paraître aujourd’hui à première vue. Il s'agissait de faire franchir à la ligne la colline (cotes 109 à 111) qui barre le chemin direct de Tubize à Braine- le-Comte. Pour ne pas arriver à des pentes trop rapides pour l’époque, pentes qu'il y avait surtout intérêt à éviter pour cette voie importante, il fallait, ou passer par-dessus la colline sans tranchée profonde, en la contournant, ou la traverser par une grande tranchée ou un tunnel. La première solution aurait donné un tracé défectueux et allongé. La seconde eût conduit à faire une tranchée de 22 mètres de profon- deur, qui eût donné lieu à de grandes difficultés d'exécution par suite de la présence des sables boulants. On aurait peut-être alors trouvé là, par suite de l'influence de ces sables, une partie des déboires qui arrêtent depuis si longtemps l’exécution de la grande tranchée du biet de partage du canal de la Lys à l’Yperlée. On aurait eu, tout au moins, accentués en raison de la plus grande hauteur, les éboulements qui se sont. produits à Quenast et dans tant de grandes tranchées de chemin de fer en terrain argileux. On en serait sans doute venu à bout moyennant des talus suffisamment adoucis, des revêtements, des drains, des contreforts, etc., mais non sans des dépenses considérables. | Étant donné l'importance de la tranchée à exécuter, il est done assez naturel que l’on ait songé à la remplacer par deux tunnels jumeaux. Si le niveau de la ligne des tunnels avait été prévu 2 mètres plus bas qu'il n’a été établi, il est probable que l’exécution du double ouvrage d'art n'aurait pas rencontré de difficultés bien sérieuses et il se trouverait probablement aujourd’hui bien des gens disposés à louer les auteurs du projet d’avoir, fort judicieusement pour l’époque, évité de s'attaquer aux sables boulants, si redoutables alors. Malheureusement, comme c'était souvent le cas autrefois, et même parfois encore aujourd’hui, le côté géologique de la question avait été négligé dans les études de la ligne. 11 faut du reste dire à la décharge des auteurs du projet que les sondages rapides, d'usage courant aujour- d'hui, n'étaient pas alors entrés dans la pratique des études des travaux publics ; c’est au défaut de la connaissance exacte et détaillée du terrain dans lequel il fallait creuser le tunnel qu’est dû l’échec dont souffre aujourd’hui l'exploitation de la ligne. On s’est étonné aussi que l'Administration des chemins de fer de l’État belge n’ait pas encore solutionné la question du doublement de la voie, avec ou sans suppression du tunnel, bien que la solution soit ET LES SABLES BOULANTS. \ 193 devenue de plus en plus urgente par suite de l'accroissement colossal du trafic, accroissement qui a dépassé toutes les prévisions. C’est que le problème, déjà difficile à l’origine, l'est devenu bien davantage aujourd’hui par suite de l’existence de la ligne actuelle, du développe- ment des constructions aux abords de celle-ci et des sujétions qu’im- pose la voirie, et l’on ne pourrait actuellement encore arriver à quelque chose de satisfaisant si les hydrologues n'étaient parvenus aujourd’hui à se rendre maîtres des sables boulants par l’asséchement progressif des nappes aquiféres à la formation desquelles ils donnent lieu. -_ L'application de leurs vues à la construction des tunnels à déjà été proposée en Belgique. C’est ainsi qu’au début des études de la jonction souterraine Bruxelles-Nord-Bruxelles-Midi, on s'était attendu à devoir lutter contre les sables boulants ypresiens par suite de l'existence, regardée alors comme probable, de failles en escalier qui, eroyait-on, faisaient descendre le sable fin vpresien, au-dessous de son niveau habituel à Bruxelles, sur les flancs de la vallée de la Senne. M. Putzeys proposa d’assécher les sables que l’on croyait devoir rencontrer par des puits de son système distants de 25 à 50 mètres de l’ouvrage à construire et dont une galerie creusée dans l'argile ypresienne aurait recueilli les eaux en sous-œuvre. Le projet avait, avec raison, été pris en considération par l'Adminis- tration, mais 1! se trouva, à l’examen sur place, que les sables boulants que l’on redoutait ne devaient pas, en réalité, être rencontrés par les travaux du Métropolitain; le projet de M. Putzeys n'avait donc plus raison d’être. Le projet de M. van Ertborn, basé aussi sur l’asséchement des sables boulants, est, nous l’avons vu, une solution douteuse et imparfaite; celui que je propose est fondé également sur l’amélioration du terrain en vertu d’un procédé analogue. Il consiste à doubler la voie dans la partie où elle est actuellement unique, soit par la création du second tunnel, soit par le remplacement de celui qui existe par une tranchée avec double voie, soit, ce qui serait peut-être la meilleure solution, en employant un moyen mixte consis- tant à conserver seulement la partie centrale du tunnel, en le doublant et en en remplaçant les extrémités par des tranchées. Ces travaux seraient rendus possibles par l’asséchement des sables boulants en appliquant au cas du tunnel le procédé que j'ai employé aux carrières de Quenast. Celui-ci a, dans l’espèce, le mérite d’avoir été expérimenté dans un terrain presque identique à celui auquel je propose de l’appli- quer. 124 A. HANKAR-URBAN. — LE TUNNEL DE BRAINE-LE-COMTE Il est même fort probable que la couche de sable ypresien aquifère de Quenast et la couche d’argile compacte sous-jacente sont le prolon- gement de celles du tunnel. Si l’on compare les cotes d'altitude du contact, 98 au tunnel, 84 à Quenast, on à une pente de Hi mètres, soil une pente de 5"5 par kilomètre. C'est un peu moins que la moyenne habituelle pour nos couches tertiaires (5 mètres par kilomètre), mais des sondages faits à Hennuyères, au pied du Bois de la Houssière (H, et H, fig. 2), pour l'étude (1) d’une distribution d’eau pour la commune de Quenast, nous ont donné l’argile compacte à la cote 96, qui semble bien concorder avec les deux précédentes. Du reste, linclinaison des couches ypresiennes semble, à Quenast, dirigée plutôt vers le Nord-Nord-Ouest que vers le Nord; ce serait donc suivant cette direction qu'il conviendrait de mesurer les distances entre les courbes de niveau des différents points. Enfin, la faible incli- naison de l’Ypresien dans notre région tient peut-être à ce que celle-ci est située non loin du bord Est de la mer ypresienne. L'examen des échantillons recueillis à Hennuyères, où, comme à Quenast, l'argile compacte commence par un banc d’argile jaune repo- sant sur l'argile gris-bleu, semble confirmer mon hypothèse, mais Je dois ajouter que ces colorations de l'argile ypresienne se modifient assez vite latéralement et n’ont donc pas une valeur stratigraphique bien sérieuse. 2. — ASSÉCHEMENT DES SABLES BOULANTS DU TUNNEL DE BRAINE-LE-COMTE. Quoi qu’il en soit, ce qui importe, c’est de savoir si le système de drainage de Quenast, renforcé autant que de besoin, donnerait au tunnel des résultats assez complets pour permettre d'entreprendre les travaux de doublement de la ligne. | D'après ce que nous connaissons du terrain, celui-ei se compose de . 250 de limon, 8"50 de sable ypresien et ensuite d’argile de même âge. La couche aquifère a, au centre du terrain à drainer, une épais- seur de 3 mètres; elle est alimentée par les eaux de pluie qui pénètrent directement et verticalement le sol de cette partie, mais aussi et surtout par des eaux de circulation provenant principalement du Bois de la (1) Cette étude a été faite sous la direction de MM. Putzeys et Rutot. ET LES SABLES BOULANTS. 195 Houssière, qui couvre, à 1 600 mètres à l'Est du tunnel, une colline de sable grossier bruxellien, généralement non recouvert par des dépôts quaternaires. Cette colline, où le ruissellement est nul, est un vaste réservoir qui donne naissance à de nombreux ruisseaux et auquel Îles communes de Tubize, Braine-le-Comte, Virginal, ete., demandent ou vont demander l’eau nécessaire à leur consommation. En raison de la proximité de ce puissant réservoir, 1l est probable que, dans la couche aquifère au-dessus du tunnel, la cireulation se fait de l’Est à l’Ouest, mais avec la lenteur habituelle dans les sables fins. Une ligne de sondages filtrants et de drains établie à 25 ou 50 mètres du tunnel et parallèlement à celui-ci assécherait déjà sans doute forte- ment le terrain. Néanmoins, ce système unique de drainage serait insuffisant, car, malgré la pente Nord-Sud des couches, une partie des eaux contenues dans le sable ypresien du plateau du Flamand refluerait certainement vers l’ouvrage par suite du rabattement de la nappe produit par le drainage. I! faut donc établir également à l'Ouest du tunnel un appareil de drainage analogue à celui du côté Est, mais qui donnera probablement moins d’eau. L'un et l’autre sont, du reste, nécessaires pour débarrasser le terrain des eaux pluviales qui l’alimentent par pénétration directe, et il y aurait même wantage à ce point de vue à effectuer un drainage super- ficiel du terrain par les procédés habituels. Il n’est pas douteux, je pense, pour les hydrologues, que l’on arrivera ainsi à un asséchement pratiquement très suffisant du terrain. La couche de sable ypresien mouillé est plus épaisse qu'aux carrières de Quenast, mais, par contre, elle est unique et il n’y à pas, comme en ce dernier point, une alimentation abondante et intermittente par suite de la situation au bas d’une pente. Le terrain du tunnel constitue plutôt un sommet facile à assécher. En somme, je considère les cir- constances comme plus favorables qu’à Quenast. Quoi qu’il en soit, le système de drainage que je propose peut être renforcé autant qu'il le faudrait par le simple rapprochement des sondages filtrants et des drains. Il est difficile de fixer les quantités d’eau qu’il faudra soustraire au terrain, une fois l’asséchement obtenu, pour entretenir l’état de siccité réalisé; mais, en raison de la faible circulation de l’eau dans les sables ypresiens, il est probable que cette quantité est fort peu considé- _rable. Cela à son importance pour les communes dont les distributions créées ou projetées tirent leur eau du plateau à l'Est de la ligne Tubize-Braine-le-Comte, alimenté par le Bois de la Houssière. 126 A. HANKAR-URBAN. — LE TUNNEL DE BRAINE-LE-COMTE Le système de drainage des carrières de Quenast ne peut naturelle- ment pas être appliqué ne varietur au cas du tunnel ; le type de galerie, notamment, ne convient pas pour un ouvrage permanent. Une galerie en béton à section ovoide renversée est indiquée si on la construit immédiatement dans sa forme définitive. Dans le cas contraire, le type des mines de Bruay à section circulaire, obtenue par deux demi-cadres réunis par des manchons, se prête bien à une transformation ultérieure en ouvrage durable. | La distance de l’axe de la ligne à laquelle il convient de placer les galeries dépend de la façon dont on transformera celle-ci : pour doubler simplement le tunnel, il suffit de les mettre à 25 mètres de l'axe ; pour le remplacer en tout ou en partie par les tranchées, il faut une distance plus grande, 50 mètres par exemple. Le niveau de la galerie ne pourra être déterminé qu'après des son- dages suffisamment rapprochés, exécutés sur les lignes mêmes que devront venir occuper les deux systèmes d'appareils filtrants. Cela est indispensable malgré l’étude du terrain qui à été faite autrefois par MM. Rutot et Van den Broeck, à cause des variations rapides que présentent latéralement les couches ypresiennes (1). Heureusement, la différence de cote entre le rail (89) et le dessous de la nappe aqui- fère (98) donne une latitude assez grande pour le plagement de la galerie et permettrait problablement son exécution, même si l’on devait rencontrer des parties sableuses dans les couches d’argile com- pacte ou des dénivellations imprévues dans ces dernières. Pour les sondages filtrants, la distance de 5 mètres semble suffire. Le nombre des drains à placer dans les intervalles pourrait être déter- miné par expérience pour chaque galerie. Il suffit de ménager suffisam- ment d'ouvertures dans la voûte de la galerie pour pouvoir faire aisément autant de drains qu'il serait nécessaire. (4) Nous en avons eu un exemple lors des études faites à Hennuyères et dont je parlais plus haut. Un sondage préalable avait été fait en H, (fig. 1) afin de déterminer les longueurs qu’il fallait donner respectivement aux parties pleines et aux parties filtrantes du puits Putzeys projeté. On avait trouvé l'argile à la cote 96 avec, au-dessus, 10 mètres de sable fin aquifère auquel on comptait demander l’eau cherchée. Pour des raisons d'ordre pratique, le puits dut être exécuté en H à 50 mètres du point de sondage, l’argile compacte fut bien rencontrée à la cote 96 prévue, mais dans-les 10 mètres de sable, une linéole très argileuse de 3 mètres d'épaisseur s’était intercalée et l'on dut remplacer la partie filtrante de 10 mètres par deux sections de 5 et de 9 mètres, séparées par une partie étanche de 3 mêtres, ce qui fut fait du reste sans difficulté, le puits Putzeys se prêtant bien à ces transformations en cours de travail. ET LES SABLES BOULANTS. 127 Les tuyaux de raccord des drains comme ceux des sondages seraient faits en cuivre pour être durables. Le dispositif de drainage étant terminé, on en suit les résultats par le jaugeage journalier du débit des puits et des drains; on vérific directe- ment l’abaissement de la nappe aquifère, qui doit se manifester aussi par la diminution des suintements observés dans le tunnel. Ces derniers devraient disparaître presque entièrement, si les couches du terrain étaient restées dans leur état primitif et ne présentaient pas de petites dénivellations qui peuvent donner lieu à des poches échappant à l’action des sondages et des drains qui en sont relativement éloignés (25 à 50 mètres). Ces dénivellations peuvent être naturelles ou être le résultat d’affaissement avec ou sans failles résultant des anciens travaux de construction du tunnel. Mais comme, après l'établissement de lPappa- reil de drainage, les poches en question ne seront plus alimentées que d’une façon intermittente et insignifiante par les eaux de pluies qui échapperont au drainage superficiel ou par le peu d’eau de circulation qui ne serait pas captée par les sondages filtrants et les drains, les accumulations d’eau ne pourront y avoir aucune importance. J'ai la plus entière confiance dans Île résultat de ces travaux, mais il est fort légitime que l'Administration désire ne jas s'engager dans des travaux importants el assez délicats avant d’avoir tous ses apaisements. Comme on le verra ci-après, ces travaux peuvent être conduits graduel- lement avec toute la prudence et les garanties voulues. Le seul travail qui doive être poussé jusqu’au bout est le drainage. Si les résultats de celui-ci, dont l'exécution n'affecterait n1 le service n1 la sécurité du tunnel, ne paraissaient pas suflisamment concluants pour que l’'Admi- nistration juge pouvoir s'engager dans les travaux de transformation de la ligne, le drainage aurait toujours l'avantage d'améliorer notablement la situation de l’ouvrage actuel, l’asséchement du terrain devant contri- buer efficacement à sa bonne conservation. 3. — EXÉCUTION DU PROJET DE DOUBLEMENT DE LA LIGNE. Le projet que je présente paraîtra probablement très audacieux, étant donné l'existence du tunnel et de la ligne actuelle, dont le service ne peut être à aucun moment entravé, n1 la sécurité compromise; mais lé travail peut en être divisé en phases successives; on ne passerait à une phase nouvelle que lorsque l’on serait parfaitement assuré des résultats obtenus par les travaux des phases précédentes. On aurait, du 198 A. HANKAR-URBAN. — LE TUNNEL DE BRAINE-LE-COMTE A reste, la liberté d'arrêter à tout instant le travail en cours sans qu’il puisse compromettre la situation actuelle. Voici comment, à mon avis, les travaux pourraient être conduits : À. Exproprialions. — Elles se bornent à l'acquisition de chaque côté de la propriété actuelle de l'Etat d’une bande de 40 à 50 mètres de largeur, soit en tout 4 à 5 hectares. Les constructions y sont peu nombreuses et le terrain y est sans valeur industrielle. Les achats ne pourraient donc entrainer à de grandes dépenses. B. Drainage du terrain. — La partie la plus encombrante des tra- vaux, c’est-à-dire le drainage superficiel et la création des sondages filtrants, s'exécute à la surface du sol. Seule la construction des deux galeries latérales doit se faire par les tranchées existantes au Nord et au Sud du tunnel; mais le matériel à amener et les déblais à emporter pour chaque front d'attaque se réduisent à peu de chose : moins d’un wagon de matériel par semaine à l’arrivée et d’un wagon par jour à enlever. Du côté Ouest, où l’on peut, à chaque extrémité du tunnel, disposer d’une voie en cul-de-sae, il n’y a aueune difficulté. Pour la galerie du côté Est, on peut faire passer le matériel et les déblais par- dessus la tête du tunnel au moyen de wagonnets pour ne pas encombrer la voie unique et utiliser la voie en cul-de-sac du côté Ouest. C. Exécution des tranchées. — Les tranchées destinées à remplacer les parties extrêmes du tunnel s’exécuteraient en maintenant dans leur intégralité les maçonneries de celui-ci. Si l’on à soin de conduire l'enlèvement des terres de manière à assurer toujours la symétrie des poussées par rapport à l’axe de l'ouvrage, si l’on donne à la tranchée une largeur suffisante et aux talus l’inclinaison voulue, et si l’on divise la hauteur de ceux-ci par une large banquette (ou deux dans la partie la plus élevéc), le travail pourra se poursuivre sans danger pour le tunnel (1). Il faudrait natu- rellement assurer la solidarité des pieds-droits, si elle n’est pas com- plète, par des poutrelles passées sous Îles rails. La bonne tenue des talus serait assurée par les moyens les plus (1) Cela suppose, bien entendu, que les couches d’argile sous la voie ne présentent pas de récurrences de sable boulant, ce qui est du reste fort improbable vu la bonne tenue des talus existants. J’ignore, toutefois, si la reconnaissance du sous-sol a été faite à ce point de vue. L'existence, sous la voie, de linéoles de sable aquifère ne permettrait pas le maintien de hauts talus et les éboulements de fond seraient à redouter; il faudrait alors se résigner à doubler le tunnel actuel purement et sim- plement. ET LES SABLES BOULANTS. 199 : efficaces : contreforts, revêtements, etc. La façon dont se maintiennent les talus des tranchées existantes avant et après le tunnel montre que les couches d'argile ypresienne auxquelles on a affaire, lorsqu'elles ne sont pas surmontées de sables aquifères, ne présentent pas de difficul- tés extraordinaires. Les sables boulants qui commencent à la cote 98, une fois asséchés, cesseront d’être nuisibles. Leur allure régulière permet d'employer avec avantage un drain longitudinal raccordé de distance en distance avec le fossé. Ce drain serait créé sur la banquette dont je parlais plus haut, établie elle-même un peu au-dessous de la cote 98, afin de recueillir tous les suintements qui pourraient avoir échappé au drainage. Dans ces conditions, 1l n’est pas à craindre que l’on rencontre les difficultés avec lesquelles la Compagnie du Chemin de fer de l'Est français a eu à lutter dans les grandes tranchées d’argile, comme celles de Guérard, de la Touffe, etc., décrites par M. Froidure (1), par suite de l’hétérogénéité des couches d’argile, de l’allure ondulée des sables aquifères surmontant l'argile, de l’inclinaison des couches vers la tranchée, etc. | D. Construction du second tunnel. — Lorsqu'on jugera que les tranchées sont suffisamment prolongées, soit par suite de la hauteur croissante des talus et de la difficulté de maintenir ceux-ci, soit pour toute autre cause, on passera à la construction du second tunnel. . La méthode du bouclier permet aujourd’hui de construire des tunnels dans les plus mauvais terrains, au voisinage de constructions de toute nature, sans détériorer celles-ci, ni provoquer des affaissements de terrain. On pourra, du reste, se tenir à la distance du tunnel existant que l’on jugera nécessaire pour en assurer la sécurité complète. La construction des métropolitains de Londres, de Paris, ete., a, à ce point de vue, réalisé des choses autrement difficiles et délicates que celle que je propose. On arriverait probablement à limiter la longueur du tunnel nouveau à une centaine de mètres et même moins. Un tunnel de cette longueur, revêtu de briques blanches émaillées, pourvu au besoin à ses extré- mités d’un système de prismes Luxfer pour en compléter l'éclairage et franchi en douze secondes, à l’allure de 30 kilomètres à l'heure, (4) E. FROIDURE, ingénieur des Ponts et Chaussées, Les procédés de consolidation des talus des tranchées. (ANNALES DES PONTS ET CHAUSSÉES DE BELGIQUE, 1887, pp. 207 à 295 et 319 à 359.) 1907. MÉM. 9 130 A. HANKAR-URBAN. — LE TUNNEL DE BRAINE-LE-COMTE exigera-t-il encore l’allumage des lanternes ou des lampes de voiture? Je ne le pense pas. Quoi qu’il en soit, le tunnel une fois complètement achevé, on passe à l'opération suivante : E. Transport du trafic du tunnel Est dans le tunnel Ouest. — L’exploi- tation se ferait provisoirement dans les mêmes conditions qu’aujour- d'hui. On disposerait alors du tunnel ancien. F. Démolition de la partie condamnée du tunnel actuel et appropriation de la partie centrale. — Les extrémités du tunnel, devenues inutiles, seraient démolies; on ne conserverait que les parties des pieds-droits jugées utiles pour la protection de la voie contre les éboulements dans l'avenir. La partie centrale serait réparée, consolidée, améliorée, revêtue. | Cela fait, il ne resterait plus qu’à réaliser la dernière phase. G. Installation du service normal à double voie. Conclusions. — Dans cet exposé, je me suis naturellement borné à développer les points qui intéressent particulièrement notre Société, laissant à d’autres, plus compétents que moi, le soin de résoudre les questions d'ordre purement technique. ET LES SABLES BOULANTS. 131 TABLEAU [. Jaugeage des sondages filtrants et drains des carrières de Quenast, les 19 et 20 février 190". JAUGEAGE EN MÈTRES CUBES SONDAGES ET DRAINS. PAR 4 HEURES. HOUR ARE | OBSERVATIONS, du 19 février | du 20 février 1907. Ne. | Dimensions. 1907 1 Om80 0 696 9 0.30 0.432 3 0.30 0.576 À 0.30 0.360 5) 0.30 0.384 6 0.04 0.168 7 0.30 0.384 8 0.04 0.192 9 0.04 0 240 10 0.30 0.504 11 0.04 0.408 E 0:60 0.720 2 sondages filtrants de 080 de 13 0.04 0.168 diamètre ; 14 0.04 0.988 11 sondages filtrants de Om30 de 15 0.30 0.336 PIRE 16 0.04 0.319 13 drains de OmO4 ; 17 0.30 1.920 pour un front de 65 mètres. 18 0.04 0.432 19 0.04 0.240 20 0.30 0.672 21 0.04 0.288 22 0.04 0.192 93 0.30 0.720 24 0.04 0.360 95 0.04 0.504 26 0.30 0.720 Total jusqu'au dernier son- | dage de0m30 . . . . 122216 14.160 | Jaugeage des 21 drains de | rade ne 07,680 10.968 A mu Di font Total pour la galerie. . . 49.896 95.198 132 A. HANKAR-URBAN. — LE TUNNEL DE BRAINE-LE-COMTE, ETC. TABLEAU Il. Débit en mètres cubes et par jour des sondages filtrants et drains des carrières de Quenast en 1906. DATE | & LE) à ls nes RES RE EE PE) = | = | pu Mois. | % & = Z = E < 5 5 = E mn 2 =) 1 24,319] 392,856! 34,198] 30,624! 93,932] 21,408] 18,000 15,168! 13,752115,248| 13,632] 16,320 2 23,184 » | 36,480! 28,999 » | 20,932] 17,208 » » » » » 3 » » » » » » » | 14,998 » |44,119) 13,894] 17,119 4 » » ) ) » » |16,608/ » 113,248] » » » hs) » » Du 198,176 | 195807 5 » ) » 5 | 17,952 6 96,998 » | 34,198 » » » | 16,608]! 14,736 » |14,304 » » rl » » » D ND TO NE) » » ) no. » » 8 31,056! » » » » | 19,032 » 14544] » |14160! » 117,496 9 » » » 20142 » » 16,320 » » > 1) 14,939 » 10 32976| » » DANDO JDZ LS, » » » |13,968) » |18,024 A1 31,056| » » » » | 18,672 » » » » » » 12 » » » [25,944 » » | 16,824 » » » » » 13 » » » 25,368 » » » » » » » 18,744 14 » » D » | 21,336! 18,360 » » » » » » 15 32,856| » » » » » » » » » » |19,104 16 » ». | 37,488 » » » 16,390 » » » » » AT » » |40,520|93,784| » ) DRE) » » » |19,416 18 » » » » » » » 14,928 14,160 ) DA » 49 » » » » >| 17,1121"16,080! > » » |44,7301" "> 20 39,160! » » » » » » |14,736| » |13,656! » |19,752 21 » » |88,760[ » | 22,296] 17,424 ) .) » » | 14,940! 19,656 99 , » » » » » » » 14,544 » » 15,360 » 23 32,856! » |36,000! » | 22,032] 18,000! 15,840 » » |13,464, » » 24 20) » » » » » » | 14,186| 13,800 » | 1,360] 17,904 25 30,840 » » » » |18,312|/ » » » » » » 26 » » |383,624) » |21,408| » » » |13,632/ » » » 27 D 3412810) 00095 950 » |168,000| » » ÿ » | 15,600! » 28 » » | 30,624 » » » » |13,464| » » » 99 32,896 » » » » » » » | 13,632 » » 30 » » » » » |15,384| » » » » » 31 » » » Dre » 17,304 13,192 COMPTE RENDU LEACURSION DANS LES ENIRONS DE CUUVIN les 14 et 15 août 1906 DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE, DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE PAR Eugène MAILLIEUX Par leurs multiples attraits géologiques et touristiques, et surtout par leurs mystérieux et caplivants problèmes d'hydrologie souterraine, si hautement mis en relief par les récents et remarquables travaux de MM. E.-A. Martel, Ed. Rahir et E. van den Broeck (1), les environs de Couvin avaient été choisis, cette année, comme l’un des principaux buts de l’excursion de la session extraordinaire de la Société belge de Géologie. Première journée. — Mardi 14 août 1906. Arrivés la veille au soir de Dinant, les excursionnistes se pressaient nombreux, le 14 août dès 7 heures du matin, dans la cour de l’hôtel Gouttier. | Après avoir rendu un juste hommage à la vaillance de M“ Paquet, (4) E.-A. MARTEL, E. RA&IR et E. VAN DEN BROECK, Les cavernes et les rivières souter raines de Belgique [sous presse]. Un fascicule spécial, intitulé Les Abannets, a été tiré à un nombre très limité d'exemplaires pour être distribué aux membres prenant part aux travaux de la session. 134 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L’EXCURSION E. van den Broeck et Me de Ville, qui ont tenu à suivre une grande partie des travaux de la session, citons, parmi tant d’autres personna- lités bien connues du monde savant, MM. le docteur Gilbert, Lechien, Lemonnier, C. Malaise, le capitaine du génie Mathieu, M. Mourlon, le capitaine commandant du génie Rabozée, A. Rutot, X. Stainier, E. van den Broeck, le major du génie Willems, etc. La carrière des fours à chaux Colard et Guillaume. Nous nous rendons aussitôt à la carrière exploitée par la Société des fours à chaux Colard et Guillaume, que nous avons le plaisir de compter parmi nos membres effectifs, et dont les délégués, MM. Guil- laume, Kinon, Sterpin, et le directeur, M. Delahaye, nous souhaitent la bienvenue et nous conduisent sur les travaux. Cette vaste carrière, située à environ 400 mètres au Nord-Ouest de la station de Couvin, est connue de bon nombre de géologues, qui y ont fait d’abondantes moissons de fossiles. Elle entame un puissant massif calcaire, dont les couches pendent assez uniformément vers le Nord-Nord-Est sous un angle de 25°. À la base, on observe d’abord une série importante de banes régu- liers de calcaire bleu foncé, assez minces, avec délits schisteux inter- calés et donnant une chaux éminemment hydraulique, très estimée. Ces couches, qui succèdent aux schistes couviniens Cobn, avec lesquels ils prennent contact à environ 200 mètres au Sud, atteignent une épais- seur d'environ 85 mètres, dont une trentaine de mètres dans la partie exploitée, et renferment une faune des plus variées; j'y ai recueilli autrefois les espèces suivantes, caractérisant l’assise couvinienne supé- rieure : CRUSTACÉS : Phacops latifrons Bronn. Proetus laevigatus Goldf. Proetus granulosus Goldf. Dechenella nov. sp. Bronteus flabellifer Goldf. Acidaspis cf. vesiculosa Beyr. CÉPHALOPODES : Orthoceras nodulosum Schloth. Orthoceras sp. DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. Gomphoceras inflatum Goldf. Gomphoceras sp. (2 sp). Cyrtoceras sp. Gyroceras nodosum Giebel. Gyroceras eifeliense d’Archiac. GASTÉROPODES : Capulus priscus Goldf. Loxonema adpressum Roem. Euomphalus annulatus Goldf. Euomphalus Goldfussi Arch. Vern. Bellerophon sp. LAMELLIBRANCHES : Lucina proavia Goldi. Conocardium aliforme Sow. Cypricardia lamellosa Sandb. Elymella sp. BRACHIOPODES : Orthis tetragona Schnur. Orthis eifeliensis Arch. Vern. Streptorhynchus umbraculum Schloth. Leptaena Naranjuana Vern. Leptaena depressa Sow. Spirifer speciosus Schloth. Spirifer laevicosta Val. Spirifer curvatus Schloth. Cyrtina heteroclyta Defr. Atrypa reticularis L. Atrypa aspera Schloth. Atrypa prisca Schloth. Athyris sp. Rhynchonella angulosa Schnur. Retzia ferita de Buch. Pentamerus galeatus Dalm. ÉCHINODERMES : Cupressocrinus abbreviatus Goldf. Tiges de Crinoïles. 135 136 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L’EXCURSION BRYOZOAIRES : Fenestella sp. (2 sp.). ANTHOZOAIRES : Heliolites porosa Goldf. Favosites polymorpha Goldf. Chaetetes sp. Campophyllum flexuosum Edw. et H. Cystiphyllum lamellosum Goldf. Cystiphyllum vesiculosum Phil]. Calceola sandalina Lk. M. P. Gérard, de Couvin, y découvrit, en 1886, un gigantesque Tri- lobite presque complet et admirablement conservé, appartenant au genre Phacops (1). Nos collègues font d’abondantes moissons de Bronteus, de Cal- céoles, etc. M. Em. Mathieu emporte, pour les collections de l’École militaire, un fort bel exemplaire de Gyrocère de taille géante, mis en réserve par les ouvriers carriers. Les couches précitées font place à des bancs de calcaire plus épais, de teinte analogue, dont la puissance atteint 20 mètres, donnant une chaux demi-hydraulique et caractérisés en même temps par l’absence de délits schisteux et par la présence de nombreuses diaclases nor- males à la direction des bancs. Certaines de ces cassures atteignent d'assez fortes dimensions et forment de véritables couloirs de grottes, aux parois tapissées de Jolies concrétions. La faune des calcaires diaclasés est surtout composée de polypiers ; à peine y trouve-t-on çà et là quelques rares Gyrocères, etc. Un mètre cinquante de schistes gris (Cobn), terminant l'étage couvi- nien, séparent le calcaire à chaux demi-hydraulique du caleaire de Givet. Toute la partie calcaire de l’étage couvinien nous montre de nom- breuses géodes à cristaux, où j'ai signalé, avec la caleite sous ses mul- tiples formes, le quartz bipyramidé, la fluorine, la barytine, la dolo- mite et la pyrite (2). (4) Ann. Soc. géol. de Belgique, t. XV, 1887-1888; Bulletin, p. 54. (2) Euc. MAILLIEUx, Présence de cristaux de quartz dans le calcaire couvinien. (BULL. SOC. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D'HYDROL., 1. XIX, 1905. Procès- verbaux, p. 332.) DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. 137 Le calcaire de Givet inférieur (Gva) recouvre l’assise couvinienne de ses bancs épais, tantôt d'aspect homogène, lantôt corrodés et sillonnés de diaclases. Il est à remarquer, toutefois, que ces dernières paraissent moins nombreuses et moins importantes que dans les couches de cal- caire à chaux demi-hydraulique examinées précédemment. Le calcaire Gva donne une chaux grasse, très estimée pour l’agricul- ture. Il ne renferme guère, ici, que des polypiers (Stromatopora sp., Favosites polymorpha Goldf., etc.) et des brachiopodes peu variés, parmi lesquels l’inévitable Srringocephalus Burtini Defr., dont les _innombrables spécimens agglomérés paraissent, à certains endroits, transformer la roche en véritable lumachelle. Fig. 1. — COUPE DE LA CARRIÈRE COLARD ET GUILLAUME. a. Bancs minces de calcaire avec délits schis- teux (Cobm, n), à chaux hydraulique pure. Etage couvinien. SUR , : : Bancs plus épais de calcaire diaclasé (Cobm) ASSISE DE COUVIN. < : ; à chaux demi-hydraulique. a”. Schistes gris (Cobn). Étage givétien. | b. Calcaire givétien à Stringocephalus Bur- ASSISE INFÉRIEURE. | tini (Gva). FF. Faille remplie d'argile à débris végétaux. c. Grès landenien supérieur (L2)? Vers les deux tiers de l’extrémité Nord de la carrière, une faille, dont la lèvre septentrionale a subi un affaissement assez peu considé- rable, coupe les bancs dans la direction N.-0. 1/, N. L'intérêt de cette zone passablement disloquée réside dans le dépôt d’âge controversé qui remplit l'intervalle, variant entre 0"80 et 2 mètres de largeur, séparant les deux lèvres de la faille. Le dépôt en question, consistant en glaise plastique avec débris végétaux, est parfois assez peu homogène. « Il présente, dit M. van DEN BroEcK (1), des zones argilo-sableuses chocolatées, avec galets de sub- (1) Les cavernes et rivières souterraines de Belgique, p. 361. 138 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L’'EXCURSION stance blanchâtre tendre, non encore étudiée. Mais, généralement, l'argile est foncée ou gris bleuâtre, comme à Hautrages, et elle ren- ferme des lits de matières végétales (parallélipipèdes écrasés de fragments de décomposition sénile de végétaux arborescents), se pré- sentant sous un aspect charbonneux identique à ce qui s’observe en divers gisements bernissartiens. » L'argile de la faille, d’après M. van DEN Broëck, rappelle, par ses caractères et son aspect, les argiles bernissartiennes à Cedrus Corneti des poches du calcaire carbonifère d’Écaussines, Soignies, et de celles du calcaire dévonien des environs de Bavai. L'examen fait par M. J. Corner des éléments microscopiques de l’argile de Couvin paraît confirmer les vues de M. van den Broeck, en faveur de la thèse duquel milite également la présence, dans une région très proche de Couvin (l'Aisne et l’Avesnois), de dépôts dénommés autrefois aacheniens, c’est- à-dire pouvant englober des formations d’äge bernissartien. L'opinion de MM. E. van peN BroEck et J. CoRNeT est donc que nous nous trouvons en présence des vestiges d'un dépôt lacustre contempo- rain de l’ossuaire des gigantesques Iguanodons de Bernissart. Il'existe toutefois d’autres éléments pouvant avoir certaines corréla- tions avec les argiles de la faille. C’est d’abord un énorme bloc de grès mamelonné, très dur, extrait jadis d’une diaclase voisine et encore visible sur les chantiers de la carrière; ensuite, les restes d’un dépôt que l’on observe à une centaine de mètres plus au Nord, paraissant remplir une poche ou une fente du calcaire, composé d’un grès friable, à ciment calcaire, contenant des fragments ligneux indéterminables et passant à une sorte de poudingue à éléments de taille et de nature variées (galets arrondis de quartz blanc et blocs anguleux de calcaire), unis par un ciment calcareux. | M. van DEN BRoECKk pense que ces dépôts n’ont rien de commun avec l'argile de la faille et qu’ils peuvent, éventuellement, être rapportés au Landenien supérieur. M. le capitaine E. Marmieu, qui a fait l'analyse des grès en question, déclare que les uns, comme le gros échantillon provenant d’une diaclase voisine du gisement d'argile, sont très durs, à cassure brillante, pré- sentant de petites faces de cristallisation; il à pu constater que ces faces sont dues à la calcite, qui constitue le ciment de ces grès. Les autres sont très friables, à ciment calcareux également ; certains d’entre eux montrent le phénomène de concrétionnement par couches, qui tra- versent plusieurs mamelons. D’autres encore contiennent des vestiges de végétaux indéterminables. Tous, du reste, sont constitués par des DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. k 139 grains de sable fin, remarquablement arrondis, et qu’on peut rapporter à deux espèces distinctes : quartz hyalin et quartz blanc laiteux. Ces grès, ajoute M. Mathieu, se sont formés par concrétionnement au sein des sables, le ciment étant fourni par la calcite enlevée par les eaux météoriques aux calcaires adjacents. La friabilité de certains de ces grès serait due à un phénomène récent : ayant été mis à découvert par l'exploitation, ils auront été exposés à l’action des eaux météoriques qui les auront décomposés, enlevant à nouveau le ciment calcareux. Celui-ci s’est même reconstitué par suintement, sur une face de cer- tains échantillons, sous forme de calcite, masquant complètement les grains de sable. Ces grès sont absolument exempts de glauconie. M. Mathieu ne pense pas, tontefois, que ces données lithologiques permettent de fixer à coup sûr l’âge des sables au sein desquels ils se sont formés. Peut-être sont-ils landeniens. Cependant, ajoute-t-1l, la présence du gros échantillon d'aspect mamelonné dans une fente voisine de l’argile, fait que ce serait compliquer la chose en attribuant un âge différent aux argiles et aux sables; les uns et les autres sont donc ou landeniens, ou bernissartiens. M. Ruror, sans se prononcer au sujet de l’âge des argiles (1), pense que les grès doivent leur formation à des agglutinations du sable landenien, qui se sont produites après l'effondrement de ce dernier, par des infiltrations d’eaux calcaires. Si l’on peut s'exprimer ainsi, ajoute- t-il, c'est de la stalactite formée dans un milieu sableux qui s’est ainsi consolidé en masses irrégulières, bizarres, n’avant rien de commun avec les grès blancs mamelonnés du Landenien en place. M. X. STAINIER, de son côlé, préconise la contemporanéité des argiles et des grès, qu’il assimile tous deux au Landenien supérieur (L2). Voici en quels termes il s'exprime à cet égard : « Jusqu'au jour où l’on aura trouvé des fossiles permettant d'établir avec certitude l’âge de ces roches, j'estime que ce qu'il y a de plus vraisemblable, c’est de les considérer toutes deux comme du Landenien supérieur. Les blocs de grès blanc mamelonné et les argiles plastiques . ressemblent, d’ailleurs, complètement aux roches similaires du Lande- nien supérieur dont, tout le monde en convient, il existe des représen- tants dans la région. Je ne vois aucune bonne raison pour considérer l'argile comme bernissartienne, même en tenant compte que sa consti- (1) M. Rutot considère généralement les argiles à matières charbonneuses comme vraisemblablement wealdiennes. 140 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L’EXCURSION tution minéralogique est la même que celle de Bernissart. Quel que soit leur âge, les argiles plastiques de Couvin ont été formées par lessi- vage des phyllades cambriens du massif de Rocroï, comme les argiles de Bernissart proviennent des phyllades cambriens du Brabant. Rien d'étonnant que leur composition soit la même. Cela n'implique nulle- ment une contemporanéité de formation. » La question de l’âge des argiles est donc loin d’être définitivement résolue. Espérons que leur identification pourra être établie dans un avenir prochain par la découverte d'éléments oryctologiques tels qu'aucun doute ne puisse plus subsister. Fig. 2. — LE GISEMENT DES ARGILES A DÉBRIS VÉGÉTAUX DE LA CARRIÈRE COLARD ET GUILLAUME, A COUVIN. (Cliché de M. le Dr Gilbert.) Nous nous arrachons avec regret aux attractions géologiques de cette remarquable carrière pour nous rendre au « Trou de l’Abime », dont l'entrée nous a été gracieusement offerte par le Comité de Couvin- Villégiature. | ! +8 + Lu és DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. 141 Les sources vauclusiennes de la rue de la Falise et la grotte du « Trou de l’Abîme ». | Nous jetons, en passant, un coup d'œil sur les sources de la Falise et du Four. La première, par son débit considérable et régulier, paraît être la résurgence de quelque rivière hypogéenne. Comme le font remarquer avec justesse MM. Martel, Rahir et van den Broeck (1), cette source, par sa situation au contact du schiste et du calcaire et précisément au point le plus favorable du sillon creusé dans le massif calcaire, ne peut être que le trop-plein des eaux souterraines cireulant dans la bande couvinienne de Couvin-Petigny. L'autre est de moindre importance, et paraît avoir d'intimes relations avec le ruisselet que nous verrons sourdre tantôt au fond du « Trou de l'Abiîme ». Nous arrivons enfin à la grotte, située au centre de la localité, et à laquelle on accède en passant sous un magnifique abri sous roche en hémicycle. Une délégation du Comité de la Société des grottes nous souhaite la bienvenue, et, après avoir observé, près de l'entrée, un curieux plissement très localisé des couches, nous pénétrons dans la sombre cavité où, s’il faut en croire la légende, le comte Jean à la Houssette, sire de Chimay, subit autrefois les horreurs de la captivité. Une première salle, ou plutôt un couloir de vastes proportions, creusé au niveau de la terrasse, soit à environ 15 à 16 mètres au-dessus du thalweg de la vallée de lEau-Noire, conduit à l’abime, profond d'environ 12 mètres et dont la descente est grandement facilitée par un escalier tournant, en fer, très bien aménagé. La partie accessible de l’étage inférieur comprend trois salles sur les parois tourmentées desquelles le travail des eaux a laissé sa grandiose et mystérieuse empreinte. La première salle, haute d’une vingtaine de mètres, parait être quelque immense marmite des géants, et l'illusion est bien proche de la réalité, car « l’on y aperçoit nettement », disent MM. Martel, Rahir et van den Broeck (2), « ces antiques et caractéristiques surfaces partielles de « marmites » recoupées les unes par les autres, témoins et preuves du tourbillonnement des eaux anciennes ayant contribué au creusement de la caverne ». Un massif rocheux, que l’eau a isolé par- dessus et par-dessous, et qui semble l’arche d'un pont titanesque jeté (4) Op. cit., p. 343. D}Op. cit., p. 501. 142 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L’EXCURSION transversalement, sépare la première salle de la deuxième, dont la voûte s’abaisse graduellement et à l’extrémité de laquelle nous voyons jaillir en tourbillonnant de la paroi orientale, sous forme d’un mince ruisselet, le reste dégénéré de la rivière souterraine dont les eaux, par leur puissante action chimique et mécanique, creusèrent jadis cette grotte et en ciselèrent les parois avec un art inimitable. La troisième salle, très ornée de concrétions, se résout en un étroit couloir d’accès assez difficile, dont l'exploration reste à faire. MM. Martel, Rahir et van den Broeck (1) sont d'avis que cette grotte était primitivement une capture de l’Eau-Noire, devenue ensuite une sortie d’eau; les progrès du creusement corrélatif de la vallée et des cavités du calcaire y avaient, plus tard, amené la formation d’un réservoir interne, avec résurgence latérale du trop-pleim. Les eaux seraient ensuite descendues à un niveau inférieur, concordant avec le régime hydrologique souterrain de la région, pour alimenter finale- ment, en partie, la résurgence voisine connue sous le nom de « Fon- taine du Four ». | Nos ancêtres des âges préhistoriques, Séduits par l'attrait de ces parages, y avaient élu domicile ; aussi le « Trou de l’Abime » fut-il, à diverses reprises, l’objet de fouilles scientifiques : d’abord, en 1887, par MM. Braconier et Lohest (2); ensuite, par moi en 1902 (3), et enfin, en 1905, par le service des fouilles du Musée du Cinquante- naire (4). Les premiers travaux affectèrent surtout l'intérieur de la salle d'entrée, où fut constatée l’existence de trois niveaux : l’un moderne, contenant des débris de l’époque actuelle, du haut moyen âge et de l’ère belgo-romaine, avec, à la base, quelques fragments de poteries. pouvant se rapporter à la période néolithique; le deuxième niveau, composé d’une argile brun Jaunâtre calcareuse, était stérile; enfin le troisième, formé d’une argile rouge très plastique passant, en quelques points, à un tuf calcareux extrêmement dur, renfermait, outre la faune caractéristique de l’âge du Mammouth représentée par l’Hyène, le Lion et l’Ours des cavernes, le Bœuf urus, le Cheval, etc., des os longs de: (4) Op. cit., p. 353. (2) M. Loxesr et I. BRACONIER, Exploration du « Trou de l’Abîme », à Couvin. (ANN. SOC. GÉOL. DE BELGIQUE, t. AV, 1888. Bulletin, p. Lx.) (3) E. MAILLIEUX, Fouilles au « Trou de l’Abîme » (juillet 1902). (Buzz. Soc. BELGE DE GÉOI., DE PALÉONTOL. ET D'HYDRoL., t. XVII, 1903. Procès-Verb., p. 583.) (4) BARON ALFRED DE LoË, Bull. des Musées royaux belges, 1906-1907, p. 6. DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. 143 mammifères fendus méthodiquement, ainsi que de rares silex peu caractéristiques, mais suffisants pour prouver la présence d'êtres humains témoins des premiers âges quaternaires. Beaucoup plus importantes, les fouilles entreprises sous les auspices des Musées royaux eurent surtout pour objectif la terrasse de l’abri sous roche en hémicycle. Mais, dit M. le baron de Loë, à qui nous empruntons ces détails (4), «cet endroit, au sol primitivement chaotique, pe fut occupé qu’à partir de l’époque romaine et après que des dépôts meubles, descendus de la partie supérieure du rocher, eurent rendu le terrain habitable ». On ne trouva aucun objet remarquable, à part toutefois «une série de plus de deux cents silex, parmi lesquels un certain nombre de fort belles pièces, très délicatement façonnées et rappelant beaucoup la belle taille solutréenne. Ces silex provenaient des déblais de la caverne ». Avant de grimper l'escalier aboutissant à un chemin qui, serpentant à flanc de coteau, nous conduira au-dessus du rocher pour nous per- mettre de nous diriger, de là, par les sablières et les anciennes minières de la bande couvinienne, vers les incomparables « Fonderies des Chiens », rappelons que l’aménagement de la grotte est dû surtout à l'initiative de nos amis MM. van den Broeck et Rahir, à la suite de la visite qu’ils y firent en juin 1902, en compagnie de l'illustre spéléologue E.-A. Martel. La faille de Sainte- Barbe. Le temps trop limité dont nous disposons nous oblige à modifier quelque peu notre itinéraire et à laisser de côté, pour le moment, un des points de notre programme. Je crois utile d'en dire néanmoins. quelques mots. À environ 700 mètres au Sud-Est de Couvin, au lieu dit Sainte-Barbe, s'élève un mamelon calcaire dont le sommet atteint la cote 226. Une carrière, aujourd’hui abandonnée, entame le flanc de ce monti- cule et permet d’y observer l'allure des couches, qui présentent ici un dispositif des plus intéressants. Une faille, inclinée de 65° vers le Sud-Sud-Est et suivant la direction de l’Ouest-Sud-Ouest vers l’Est-Nord-Est, partage le mamelon en deux parties dont les couches ont un pendage différent : au Nord de @) Loc. cit., p. 6. 144 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L’EXCURSION l'accident, nous voyons les bancs de calcaire foncé, compact (Cobm), inclinés de 40° Nord-Nord-Ouest ; tandis qu’au Sud, les couches, redressées par une puissante compression latérale, paraissent suivre l’inclinaison de la faille et pendent de 65° Sud-Sud-Est. ; Y a-t-il eu chevauchement du massif Sud ou affaissement du massif Nord ? D’après les renseignements que nous devons à l’obligeance de M. van den Broeck, ce serait plutôt, vu la verticalité relative de la faille, un affaissement du massif Nord qui aurait donné naissance à cette dernière, et dans ce cas, l'accident serait postérieur au plisse- ment. Me & 7 ESS DS U = Q 7 ! CRC PETER TT Fig. 3. — COUPE DE L'ÉTAGE COUVINIEN A SAINTE-BARBE (COUVIN). a. Dévonien inférieur (roches rouges de Winenne). | b. Grauwacke et grès de Bure, à Sririfer arduen- LEFIEs nensis (Coa). INFÉRIEURE. Re | b'. Schistes à Spirifer cultrijugatus (Coa). Etage : À è F { c. Schistes gris (Cobn. couvinien. ASSISE 1 à À LE F , c'. Calcaire foncé avec minces délits schisteux SUPÉRIEURE ; (Cobn, m). (partie). | : ! c’. Calcaire foncé, compact (Cobm). FF. Faille. On retrouve le même phénomène à 500 mètres à l’Ouest-Sud-Ouest de ce point, sur la rive gauche de l’Eau-Noire (lieu dit : Fontaine des Gigleux). | | Il s’agit vraisemblablement de la faille localisée, signalée en 1860 par M. J. Gosselet (1) comme coïneidant avec l'alignement des grandes (4) J. GosseLET, Mémoire sur les terrains primaires de la Belgique, des environs d’'Avesnes et du Boulonnais. Paris, 1860. DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. 145 cavités et des poches sableuses du massif méridional couvinien et séparant deux massifs calcaires à inclinaison différente. Les anciennes minières de la Suédoise. En quittant le « Trou de l’Abime », nous suivons la bande calcaire couvinienne, que nous n’abandonnerons qu'à Nismes, et nous nous acheminons vers les célèbres minières de la Suédoise, qui rivalisèrent - jadis avec les mines de la Suède par la qualité de leurs produits, d'où leur nom. À la féconde activité d'autrefois à succédé le morne silence de l'abandon ; et lorsqu'on se trouve en présence de ces immenses gouffres béants, en proie il y a quelques années encore aux efforts d’une multi- tude de travailleurs et où règne à présent la plus complète solitude, l’esprit a peine à se représenter l'ère florissante de plusieurs siècles que traversa, dans la contrée, l'industrie métallurgique. Perdues au sein d’une sapinière qui en masque les abords, les cavités de la Suédoise n’offrent plus à nos regards que leurs parois corrodées et déchiquetées par les eaux météoriques. Les riches hématites qui en firent la renommée sont actuellement épuisées et seule, ici comme dans toutes les exploitations similaires du pays, la sidérose (teux ou carbonate de fer) s’y rencontre encore, parce que les procédés connus jadis n’ont pas permis, malgré sa riche teneur en fer, de l'utiliser pratiquement. À côté des grandes cavités se trouve un puits artificiel très profond (puits d’aérage ou puits d’exhaure ?) dont Île fond est constamment rempli d’eau. Peut-être sert-il actuellement de drainage aux eaux hypogéennes du massif calcaire ; dans ce cas, il serait d'autant plus désirable d’y faire des expériences à la fluorescéine pour constater quelles sont les relations éventuelles entre ce point et les résurgentes du Four et de la Falise, que le puits en question sert parfois de véri- table dépotoir aux habitants de la localité. La sablière de la Suédoise. Située à quelques pas de là, mi-parte sur les territoires de Couvin et de Petigny, la sablière de la Suédoise absorbe bientôt toute notre attention. MM. Martel, Rahir et van den Broeck donnent, dans leur 1907. MÉM. 10 146 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L’'EXCURSION ouvrage déjà cité (1), la description détaillée, accompagnée d’une coupe, de cette exploitation qui est, sans contredit, l’une des plus importantes de la contrée. On y observe, de haut en bas : g. Terre arable. f. Argile plastique impure, légèrement sableuse et ferrugineuse. e. Sable gras, fin, homogène, de teintes diverses, non stratifié et légère- ment micacé. d. Lit de galets de quartz blanc et de fragments de grès non calibrés, souvent peu roulés, à allures ravinantes et fluviales. c. Sable maigre, fin, homogène, paraissant plus fortement micacé que le sable e, de teintes diverses, non stratifié et contenant des veinules limoniteuses. Un sondage, pratiqué autrefois dans la partie occidentale de la carrière, a permis d’y reconnaître en outre : b. Argile plastique rouge, très pure et très fine, résidu d’altération et de issolution du calcaire sous-jacent. a. Calcaire couvinien (Cobm). A noter la curieuse descente en poche de la couche d dans la partie Ouest de l'exploitation, que montre assez nettement la figure 4. Vers l'Est, le dépôt sableux c s'enfonce à une très grande profondeur, les dépôts supérieurs conservant leur allure plus ou moins horizontale. L’extraction y a atteint 26 mètres sans rencontrer le calcaire sous- jacent. On a observé alors, en ce point, les vestiges d’un ancien puits cuvelé. La conformation de la sablière indique nettement que nous nous trouvons en présence d'un phénomène connexe de la formation des puits naturels de la région ; ou mieux, pour employer le terme créé par M. van den Broeck, c’est un paléo-gouffre prétertiaire encore rempli des sédiments qu'y amenèrent la mer et les fleuves oligocènes. M. van DEN BRroEck (2), d'accord avec bon nombre de géologues belges, considère le sable de la couche c comme appartenant au Tongrien marin (Om.). D'après lui, les couches supérieures seraient conséquemment les dépôts supérieurs continentaux d'âge oligocène ayant débuté après le retrait des eaux marines tongriennes, d représen- tant le cailloutis fluvial Onx, b les sables Ons et f les ‘argiles Ona. Cette opinion est également celle de M. Fori (5). (1) Op. cit., pp. 188 et suiv. (2) Op. cit., p. 191. (3) Carte géologique de Belgique au 1/40000°. Feuille de Chimay-Couvin, par H. Forir. DANS LES ENVIRONS DE COUVIN 147 M. À. Ruror ne reconnaît pas, dans le caïlloutis d, les petits cailloux de quartz blanc Onx de l’Oligocène, tous calibrés, pour ainsi dire. Les cailloux de la Suédoise sont gros, de volume inégal et mélangés de roches primaires souvent fort allérées. En faisant toutes réserves, n'ayant jamais étudié les dépôts sableux de la région, il ajoute: «fl est toutefois à remarquer que les petits cailloux blancs purs ne sont pas à la base de l’Oligocène, mais forment ia limite entre l’Oligocène infé- rieur, marin, et l’Oligocène supérieur, plutôt fluvial. Or, dans le cas présent, ©’est aux cailloux de base des sables marins que nous aurions affaire et non aux cailloux de base des sables fluviaux ; ces deux cail- loutis peuvent très bien ne pas être de même nature : ceux de base du sable marin peuvent être surtout d’origine locale, tandis que ceux de base du sable fluvial ont pu être transportés de loin, de Lorraine, par exemple, où ils sont en place dans le Trias et d’où ils ont pu être dégagés. » Fig. 4. — LA SABLIÈRE DE LA SUÉDOISE. (Cliché de M. le Dr Gilbert.) Voyons à présent quel est l’avis de M. X. STaINIER, qui à étudié spécialement les dépôts sableux des environs de Namur : « Pour autant, dit-il, qu’on tienne compte des caractères litholo- giques, et il n’y a d’ailleurs rien d’autre à faire pour le moment, je suis 145 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L’EXCURSION absolument frappé de la ressemblance complète qui existe entre ce sable et le sable tongrien (Om) des environs de Namur. Ce qui est particulièrement frappant, ce sont ces banderoles de couleur saumonée visibles à la Suédoise comme aux environs de Namur. » Je ne puis pas en dire autant de l’amas caillouteux qui surmonte ces sables. Je suis bien convaincu que c’est à tort qu’on l’a assimilé aux amas catllouteux Onx des environs de Namur. Il existe dans presque toute la Haute-Belgique, et même dans certaines localités de la Basse-Belgique, des amas caïllouteux qui peuvent être la trace de régimes fluviatiles les plus différents au point de vue de l’âge. Comme ils sont presque tous composés en majeure partie de cailloux roulés de quartz, un examen superficiel pourrait les faire considérer comme du même âge, mais à un examen plus attentif on ne s’y trompera pas, En particulier, la forme, la couleur, le calibrage sont tout à fait différents dans les deux cailloutis. L’immense majorité des cailloux Onx des environs de la vallée de la Meuse sont ronds, de la dimension d’une noisette et de couleur blanc jaunâtre. On y trouve abondamment des fossiles jurassiques roulés, des silex roulés, des cherts, crinoïdiques carbonifères roulés, enfin et surtout, des quantités de cailloux oolithi- ques roulés. Dans le caïlloutis de Couvin, le calibrage est nul et il y a des cailloux parfois de fortes dimensions. Les cailloux de quartz sont blanc laiteux, les cailloux ne sont parfois que subarrondis, beaucoup présentent des creux, des renfoncements et des géodes, indices d’un frottement peu accusé. Les grès et les quartziles, si rares dans le vrai cailloutis Onx, sont ici en proportion très considérable. On ne trouve ni cherts, ni silex, ni fossiles jurassiques, n1 cailloux oolithiques. Or, si l'absence des cherts carbonifères est explicable dans le cailloutis de Couvin, en admettant qu’il soit contemporain du eailloutis Onx, et cela parce que ces cherts ont été englobés dans le cailloutis Onx dans l'Entre-Sambre-et-Meuse, donc en aval de Couvin, il n’en est plus de même des autres roches exogènes du cailloutis Onx. C’est précisément à cause de la présence de ces roches exogènes que l’on doit admettre que le courant fluviatile Onx venait de l’Est de la France, contournait vers le Sud et l’Ouest le massif de Rocroï, puis, traversant l’Entre- Sambre-et-Meuse, allait retrouver le cours actuel de la Meuse dans les environs de Namur, comme je l’ai exposé ailleurs (4). Or, dans cette (4) X, STAINIER, Le cours de la Meuse depuis l'ère tertiaire. (BULL. SOC. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D'HYDROL., t. VIII, 1894, Mém., p. 83.) DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. 149 hypothèse, toutes les autres roches exogènes, provenant done de l’amont de Couvin, devraient se trouver là en bien plus grande abondance que dans la vallée de la Meuse, beaucoup plus loin de leur pays d’origine. Or, personne n’en. a trouvé pendant l’excursion, personne ne les y a Jamais cités et M. Maillieux nous à dit n’en avoir jamais observé. __» Sous réserve d’une étude plus approfondie et de matériaux plus complets, je considère le cailloutis de la Suédoise comme le cailloutis d’un cours d’eau local, d'âge indéterminé, descendant des hauteurs du massif de Rocroi. Peut-être était-ce un affluent du grand tronc fluviatile Onx, personne ne pourrait l’aflirmer. » M. van den Broeck à fait observer que l'absence des grès et des quartzites dans le vrai cailloutis des environs de Namur peut tenir à ce fait que ces roches, si abondantes dans le cailloutis de la Suédoise, se montrent là dans un état de décomposition et d’altération qui ne leur aurait pas permis d'arriver jusque dans les environs de Namur. A cela je puis répondre que rien üe prouve que ces roches fussent aussi alté- rées lorsqu'elles étaient charriées dans leur cours d’eau. Au contraire, on peut même tenir pour certain que ces roches n'étaient pas aussi altérées alors que maintenant; sans cela, elles n'auraient même pas pu franchir le peu de kilomètres qui les séparent des hauteurs du massif de Rocroi, leur pays d’origine. Ce serait depuis leur enfouissement dans le cailloutis que les agents météoriques les auraient altérées comme nous les voyons, et ce serait là une preuve d'âge reculé, car nous voyons des roches absolument identiques comme origine et comme composi- tion, franchir, avec la Meuse quaternaire, des distances énormes, jusqu'en Hollande, et se trouver, encore aujourd'hui, extrêmement résistantes dans ces eailloutis. » Pour terminer, je dois faire observer que tout ce qui précède ne s'applique naturellement qu'à l’amas caillouteux de la Suédoise. » Les anciennes minières du « Tri des Lins », à Petigny. Reprenant le chemin de Petigny, que nous allons quitter bientôt pour nous diriger à travers champs vers le «Tri des Lins », nous passons à proximité de la sablière du « Cul-des-Fers », présentant un dispositif analogue à ce que nous venons de voir à la Suédoise. Nous rencontrons tout d'abord, au pied de la colline, un groupe d'importantes excavations, connues sous le nom de « Fonderies Hallet ». 150 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L’EXCURSION La plus petite présente cette particularité que les eaux du Ridan, un petit ruisseau qui descend de la lisière du bois Hestreux, s’y engouf- frent pendant la saison des pluies et y disparaissent mystérieusement. Selon toutes probabilités, et suivant les indications recueillies par M. van den Broeck et par moi, ce sont les eaux de ce même Ridan, absorbées entièrement un peu plus haut en temps de sécheresse, qui, après avoir traversé tout le massif calcaire, viennent résurgir dans le village de Petigny, où elles servent aux usages domestiques. Nous faisons provision, à cet endroit, de beaux échantillons de teux ou carbonate de fer, dont quelques-uns portent, encastrés dans leur masse, de petits grains arrondis de quartz blanc. Un des spécimens recueillis renferme même un cube de pyrite. C’est en vain que nous y cherchons des restes de la limonite qui y fut extraite : 1] n’en subsiste plus de traces. À quelques centaines de mètres à l’Ouest se trouve la « Fonderie Lecaille », creusée en forme de puits circulaire à parois corrodées, présentant l'aspect bien typique des Abannets. Non loin de là, on voit un amas assez considérable de « erayats de fer » très curieux, portant, nettement incrustée, l'empreinte des tiges de bois ayant servi de combustible pour la fonte du minerai. Ni les archives ni la tradition n’ont conservé aucun souvenir de l’utilisation sur place du minerai, qui était entièrement dirigé sur les hauts fourneaux du pays. [1 faut donc, pour avoir l'explication de la présence de ces « crayats », se reporter à une époque très reculée. Or, notre collègue M. Haverland a ramassé là un fragment de poterie samienne, incontestablement belgo-romaine; j'y ai recueilli moi-même autrefois de semblables indices. Il est donc permis d'émettre l'hypothèse que ces « crayats » sont des résidus du traitement sur place du minerai de fer sous la domination romaine. Poursuivant notre itinéraire, nous arrivons bientôt au-dessus du pittoresque village de Petigny. Avant de descendre le raidillon qui nous y conduira, nous jetons un coup d'œil charmé sur l'étrange « Fonderie Jean Cosse », qu’une multitude de colonnes rocheuses, bizarrement «déchiquetées, font ressembler à quelque champ sacré, parsemé de monuments mégalithiques. Cette « Fonderie », ainsi que nous l’avons constaté de concert avec MM. van den Broeck et Rahir, fonctionne comme aiguigeois aux périodes de fortes pluies et de fonte des neiges. 1 2 A ce moment, le temps devient menaçant, et l’orage, qui gronde dans le lointain, nous oblige à presser le pas et à abandonner la visite Fig. 5. — LA « FONDERIE JEAN COSSE », (Cliché de M. Jacques fils.) % es Dr FAR ; : rs fe NT Xi = EM REA Ci î Ÿ ARTOEAC NT PT ne nets ie rnnre ner Ane Name inerte ane der Rem ES ie EE NE arr STE Des te ae EE PATATE DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. 151 des sources et de la grotte de Petigny. Nous nous empressons de gagner les premières maisons de Nismes, au pied de la Roche-Trouée : à peine les premiers y ont-ils trouvé un abri qu’une ondée torrentielle arrose copteusement les retardataires. Nous prenons philosophiquement notre parti de ce fâcheux contre- temps, et nous attendons, en déjeunant, la fin de l’orage, qui, du reste, s'éloigne rapidement. En face de nous s'étend l’étroit vallon qui relie Nismes et Petigny, et d’où furent exhumées, dans la première moitié du dernier siècle, des milliers de tonnes de « crayats de Sarrazins », débris accumulés du travail du fer depuis les premiers siècles de l’histoire, comme en font foi les nombreuses antiquités belgo-romaimes et franques qui s’y rencontrèrent. | De quelque côté que se fixent nos regards, tout évoque ici les sou- venirs de la présence de l’homme pendant les âges les plus reculés de son existence. Nos ancêtres contemporains du Mammouth cherchèrent un abri dans l’étroite caverne qui s’ouvre au pied de la crête rocheuse de la Roche- Trouée et dont nous apercevons l'ouverture béante précédée d’une petite terrasse; le sommet des plateaux voisins est couvert des usten- siles des Néolithiques; plus loin, vers Petigny, reposent, à l’ombre des Marchets, les cendres des guerriers de quelque peuplade hallstat- tienne ; enfin, dominant la contrée et perchés au sommet de la Roche- Trouée et de la Roche-Sainte-Anne, les vestiges de deux fortins, datant vraisemblablement de la fin du II siècle, remémorent les colons belgo-romains, habitants de la florissante vallée et descendants des Druides, fondateurs de l’antique Nimaud (1). Les « Fonderies des Chiens » et les « Abannets ». À peine la pluie a-t-elle cessé que nous gravissons la côte, au sommet de laquelle nous nous arrêtons émerveillés en présence des « Fonderies des Chiens » dont, quelques instants auparavant, aucun indice n’eût pu nous faire soupçonner la présence. Pour décrire l’inoubliable spectacle de ces immenses puits, trouant NS verticalement le calcaire givétien à des profondeurs effrayantes, avec (4: La plus ancienne forme connue de Nismes. Ce mot vient du celtique « nemeton », lieu sacré. Voir Roland : Toponymie namuroïise. 192 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L'EXCURSION leurs parois corrodées, revêtant les formes les plus capricieuses, fan- tastiquement burinées par les agents météoriques, il faudrait la plume enchanteresse d’un poëte. Seule aussi, la plume autorisée d’un savant pourrait entreprendre d’en expliquer la formation : Je ne puis donc mieux faire, à ce dernier point de vue, que de renvoyer à la note de M. Stainier, reproduite plus loin, ainsi qu’à celle déjà parue dans les publications de la Société (1), où MM. Martel et van den Broeck donnent la synthèse du chapitre consacré aux « Abannets » dans leur remarquable ouvrage déjà cité, écrit en collaboration avec M. Rahir. « En résumé, disent les auteurs de cette dernière note, les Abannets ne sont que les bas-fonds d'absorption d’eaux courantes remontant à une antiquité considérable. Ces eaux coulaient, bien entendu, à un niveau beaucoup plus élevé que celui des plateaux actuels: on ne saurait tenter d'évaluer ce niveau, qui s’est abaissé au fur et à mesure de la décapitation, aujourd’hui complète, de l’ancienne Ardenne, jadis colossalement plus élevée que de nos jours. » Ainsi, les Abannets, curiosité hydro-géologique et paléo-géogra- phique de la plus grande importance, sont une irréfutable preuve additionnelle : » 4°. De l’ancienneté très reculée du cavernement des calcaires; » 2 D'une continuité absolue dans l’enfouissement souterrain et la réduction progressive des eaux courantes extérieures. » Parmi ces immenses cavités, il en est, d’après MM. Marre, Ram et van ben Broeck (2), dont la cause initiale est due à l'élargissement, par corrosion chimique, des têtes de filons; mais la plupart, comme on l'a vu plus haut, ont une origine corrélative de celle des aiguigeois, c’est-à-dire causée par l’action, tant chimique que mécanique, des eaux courantes et ruisselantes. Les dépôts sédimentaires oligocènes, marins et continentaux, ont ensuite comblé ces abimes que, durant une longue suite de siècles, l’homme s’est ingénié à vider de nouveau pour atteindre le minerai de fer sous-jacent dû, selon M. van DEN BRroëcCk, à la décomposition chimique de la glauconie des dépôts sableux, ainsi qu’à l'apport, tant externe que par sécrétion latérale, des substances filoniennes préexistantes dans le caleaire environnant. Une partie considérable des sédiments meubles a pu également être absorbée par le fond. | (A) E.-A. MARTEL et E. vAN DEN BROECK, Sur les Abannets de Nismes. (Buzz. Soc. DE GÉOL.. DE PALÉONTOL. ET D'HyDROL., t. XX, 1906. Trad. et Reprod., pp. 3-5.) (@) Les cavernes et les rivières souterraines de Belgique, p. 289. : nn. Ÿ & (Re * ; Fig. 6. — FONDERIE DES CHIENS, A NISMES. (Cliché de M. Jacques fils.) DANS LES ENVIRONS DE COUVIN 193 Rappelons également que M. van Den Broëck à fait des comparai- sons du plus haut intérêt entre la genèse des puits de Nismes et celle des célèbres poches à phosphorites du Quercy (1). Tout autre, en ce qui concerne l’origine du minerai de fer et celle des gîtes qui le renferment, est l’avis de M. X. Sramnier, qui a longue- ment étudié les gîtes métallifères de l’Entre-Sambre-et-Meuse, et dont je reproduis ci-après la note très détaillée qu'il a bien voulu me com- muniquer à ce sujet, pour le présent compte rendu : Origine des gîtes de fer des environs de Couvin. « Je ne saurais me rallier à l'hypothèse qui a été émise par M. van den Broeck sur l’origine de ces gites ferrifères. Il y avait bien par-c1 par-là, dans la région, quelques petits gites renfermant en tout ou en partie des amas de limonite sableuse (mine rèche des anciens mineurs), mais l’origine des grands et importants amas exploités dans la région depuis tant de siècles est toute différente. Ces amas, à en juger d’après leurs dimensions, ont dû renfermer des quantités énormes de minerais dont le volume est encore attesté par lexploitation longue et intensive qui en a été faite et par les grands amas de résidus que l’exploitation métallurgique a laissés. {1 serait impossible de trouver dans les amas de sable tertiaire de la région, même en admettant que ceux-ci aient été à l’origine extrêmement glauconifères, ce qui est peu probable, de quoi constituer ces amas de limonite. Les amas de sable encore exis- tant ne présentent d'ailleurs nullement l'aspect de sables qui ont été dépouillés totalement de leurs constituants ferrugineux. Ils se compo- sent, en effet, de sables primitivement un peu glauconifères, en voie d’altération, avec limonite encore disséminée dans toute la masse ou à peine concentrée en bandes ou en zones. Si les amas de sable Om de la région eussent été si riches en glauconie, on devrait retrouver des amas ferrifères dans la vallée de la Meuse, à la base des innombrables gites de sable de même âge de cette contrée. Or, malgré le grand nombre de circonstances où j'ai pu observer la base de ces sables, reposant sur les roches primaires, je n’ai jamais constaté, mênre dans les cas les plus favorables, que d’insignifiantes couches d’un poudingue ferrugineux avec cailloux blancs, poudingue bien différent du minerai classique de la région. (4) Op. cit., pp. 28 et suiv. 154 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L’EXCURSION » Si le minerai provenait du lessivage de sables tertiaires, on devrait retrouver dans les gites ces sables stériles qui, évidemment, devaient constituer, de loin, la plus grande partie du remplissage des cavités métallifères. Or, dans les cavités ou fondrières métallifères, on ne retrouve, le plus souvent, pas la moindre trace d’amas sableux. Je ne saurais admettre que les anciens mineurs eussent entièrement vidé les fondrières pour utiliser, d’une part, le minerai pour la métallurgie, de l’autre, le sable pour la bâtisse. Si une telle pratique avait existé, on en trouverait des traces dans les nombreuses descriptions qui nous sont restées des méthodes d’exploitation de ces gîtes. Or jamais on ne parle de sable, mais toujours de l'argile qu’il fallait enlever au minerai par lavage ou débourbage. Ce qui prouve bien que les anciens mineurs ne s’occupaient pas du tout du sable renfermé dans les gîtes métallifères, c’est que là où ce sable a réellement existé comme gangue du minerai, comme, par exemple, dans les grands gîtes des environs de Morialmé, Walcourt, Namur, Ligny, Fleurus, province de Liége, etc., ce sable a été complètement délaissé par les anciens, et ce n’est qu'aujourd'hui qu'on se met à l’exploiter. Qu’auraient pu faire de ces sables, les anciens? Uniquement du mortier. Or, les innombrables et énormes cavités de la région auraient dû fournir des masses prodigieuses de sable pour une contrée très peu habitée, même de nos jours, et où pendant de longs siècles il n’y a eu que des masures ou des cabanes en torchis. » Non, pour nous, l'origine de ces gisements est tout autre, elle est filonienne et profonde. Des eaux chargées de produits métallifères ont jailli de la profondeur, et, à la faveur de diaclases et de cassures, des roches se sont fait jour vers la surface. Ces produits métallifères étaient vraisemblablement des minerais sulfurés, surtout de la pyrite. L'aspect des beaux minerais des principaux gisements, mine- rais que J'ai pu étudier sur des échantillons encore existants, cet aspect, dis-je, est celui non de grès ferrugineux, mais de belles hémalites brunes, très riches, aux formes mamelonnées, à la cassure fibro- radiée, qui évoquent immédiatement à l’esprit des produits d’épigénie de pyrites fibro-radiées. Ce sont des minerais riches et purs qui avaient donné à la forgerie au bois du pays de Couvin la renommée qui lui a permis de subsister longtemps encore, après que tous les autres four- neaux au bois avaient été vaincus par les fourneaux au coke. Le nom de la vieille minière de la Suédoise indique assez l’estime que lon avait du fer qu’elle produisait et qui pouvait rivaliser avec celui de Suède. » Les modifications que présentent les gîtes en profondeur montrent DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. 155 assez l’origine profonde du minerai. Dans tous les gîtes où l’on est descendu suffisamment bas, on a constaté que le minerai se transfor- mait, au contact du calcaire, en carbonate de fer bleuâtre extrêmement dur et pyritifère. Malgré de nombreuses tentatives, les métallurgistes anciens n’ont jamais pu tirer parti de ces minerais carbonatés et sulfu- reux. Ils n'avaient pas appris à les bonifier par une calcination préa- lable et leurs bas-fourneaux ne donnaient, avec ces minerais sulfureux, que des fontes cassantes sans valeur. Aussi, partout on retrouve ces carbonates, appelés teux par les anciens, sur les haldes des anciennes fondrières, dont ils constituent souvent le seul indice de minéralisation encore subsistant. Dans le pays de Couvin, on n’est jamais descendu suffisamment sous le niveau des eaux pour savoir ce que devenait le minerai à grande profondeur, mais dans le bassin de Namur, où il existe des amas absolument semblables, on à pu constater que, chaque fois que par un exhaure puissant on est descendu suffisamment bas, le minerai oxydé de la surface se transformait en profondeur en sulfures. » Autour de nombreux gîtes nettement filoniens, on à pu aussi constater, lorsque les épontes étaient formées de calcaire, la production d’une auréole de dolomie produite incontestablement par la venue magnésienne accompagnant les eaux métallifères. Je suis done absolu- ment de l'avis de M. L. Bayet au sujet de l’origine de cette dolomie qui ne constitue nullement un niveau ou horizon interstratifié du Givetien. » En étudiant la répartition de ces abannets ou fondrières, leur forme et leur allure, on peut encore trouver des preuves décisives de leur origine filonienne.Tout d’abord, comme l’a rappelé M. van den Broeck, on voit fréquemment une fracture filonienne avec remplissage de sulfures et de caleite bacillaire si nettement filonienne, venir aboutir dans une des grandes cavités ou abannets, constituant ainsi comme le chenal d’amenée des eaux minérales profondes. Mais même lorsque ce filon nourricier fait défaut ou se cache à nos observations, on peut cependant reconnaître que la grande fondrière, en apparence isolée, obéit dans ses contours à certaines lois. Comme nous l’avons dit plus baut, le point de départ de tout filon, c’est la diaclase ou cassure géné- ratrice. Or, dans les terrains plissés, comme ceux de la région de Couvin, les cassures les plus propices à la minéralisation, parce qu’elles restent béantes, ce sont les diaclases perpendiculaires aux axes de plis- sement, donc, dans la région, les diaclases Nord-Sud. Or, dans presque tous les abannets ou fondrières, on reconnait nettement, dans les formes, une prépondérance presque générale de la forme d’un ovale très 156 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L'EXCURSION allongé à grand axe Nord-Sud, qui provient évidemment de l’oblitéra- tion d’une fente Nord-Sud. Très souvent, à chaque bout de l’abannet, une petite tranchée de recherche ou une crevasse prolonge encore dans le sens Nord-Sud l'allongement de l’excavation. A eôté de ce premier alignement des gites métallifères, 1l en est un second, à angle droit avec le premier, et qui se fait suivant certains bancs ou horizons géolo- giques plus favorables à l’élargissement et à la minéralisation de la diaclase génératrice. | » La diaciase Nord-Sud coupe tous les bancs du Couvinien, du Givetien et du Frasnien de la région, mais elle reste stérile et imper- ceptible dans les roches schisteuses et dans les calcaires impurs et siliceux peu favorables à la corrosion des parois et à l'élargissement des vides. Au contraire, dans les bancs de calcaire friable, magnésien ou poreux solubles, la diaclase permet la formation de grandes cavités allongées. Ce double alignement peut être mis en évidence par Île schéma suivant : Frasnien. rats Bancs Givetien. La Couvinien Bancs | | favorables. : DD — Diaclases génératrices. » Il y a donc là, quoique moins nets, des faits semblables à ceux que présentent les gites incontestablement filoniens de l’Entre-Sambre-et- Meuse, tels par exemple les gîtes de Sautour, de Treignes et les gites classiques, sous ce rapport, du Nord-Est de la provinee de Liége. » Mais il est une objection que l’on pourrait faire à cette théorie : c’est que les gîtes filoniens se présenteni sous forme de cassures nettes à dimension transversale faible et assez constante. Au contraire, les abannets et les fondrières se présentent comme d'énormes entonnoirs aux contours capricieux qui leur donnent tant de charme et de pitto- resque. » À cela nous répondrons par les considérations suivantes. Tout To : DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. 197 d’abord, c’est un fait général que dans les gîtes métallifères inclus dans des roches solubles (calcaires, dolomie), l’affleurement du filon se pré- sente toujours fortement élargi et évasé. Cela est dû à des réactions pro- duites autant par des influences externes qu’internes qu'il serait trop long d'énumérer; mais le fait est bien certain. Mais la principale cause de cet élargissement et de cette énorme accumulation de minerais au voisinage de la surface doit être due, selon nous, à des phénomènes de métamorphisme météorique postérieurs à la formation du gîte filonien. » Quoique l’âge de ces gîtes filoniens soit, en Belgique, complètement indéterminé, ils sont vraisemblablement fort anciens. Lors de leur formation, la surface du sol était certainement à une grande hauteur au- dessus de la surface actuelle. Dans des roches caleaires très solubles comme celles de la région qui nous occupe, l’action dissolvante des eaux météoriques s’est exercée avec activité au cours des temps, et naturellement avec plus de facilité suivant le Joint que lui offrait la dia- clase métallifère. » Sous cette influence dissolvante, la crevasse s’élargissait progressi- vement, au fur et à mesure que sa surface s’abaissait, avec celle du sol environnant. Ce phénomène s'étant produit pendant longtemps (et ici nous rentrons complètement dans le cadre du travail de M. van den Broeck), la crevasse à pu prendre les dimensions énormes que nous lui CONNaISSONS. » Dans les cavités se sont entassés tous les résidus peu solubles ou insolubles primitivement contenus dans toute l’épaisseur, aujourd’hui disparue, de l’affleurement du filon, concurremment avec les résidus de l'attaque des parois calcaires ou magnésiennes. C’est ainsi que se sont déposés dans ces grands gîtes, suivant les lois encore mystérieuses qui président au dépôt des formations chimiques, les corps essentiels sui- vants : la limonite et les argiles résiduaires, généralement très ocreuses et passant à la Hithomarge, qui forment la gangue la plus caractéristique de ces minerais. Avec cela on trouve accidentelle- ment, mais de façon très fréquente : les cherts, le sable dolomitique, l’halloysite, la delvauxine, etc. Aïnsi donc, et c’est ainsi que s’ex- pliquent les énormes accumulations de minerais, ces abannets ont con- tenu, non seulement le minerai qui s’y était primitivement déposé, mais encore celui de toute une tranche, peut-être énorme, de roches qui jadis recouvrait ces gisements. » Le minerai se serait ainsi accumulé par suite de ce procédé naturel d’enrichissement appelé cémentation par lequel, dans les traités sur la 158 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L’EXCURSION genèse des gites métallifères, on explique l’enrichissement superficiel de tant de gisements d'argent ou d’or. » Dans tous les endroits de l’Entre-Sambre-et-Meuse et d’ailleurs, où se sont déposées des formations tertiaires ou autres, celles-ci ont pu descendre plus ou moins fort dans les cavités, et venir ajouter ainsi aux matériaux précédemment cités, des formations sédimentaires tout autres, dont la présence à si souvent intrigué et les mineurs et même les géologues. » C’est ainsi que l’on a rencontré dans bien des mines jusqu’à plu- sieurs centaines de mètres de la surface, des sables, des caiïlloutis, voire même des fossiles, des troncs d’arbre, des ossements, etc. » M. A. Lemonnier à bien vouiu nous communiquer les analyses sui- vantes, faites par M. le docteur De Paepe, d'échantillons prélevés lors de l’excursion : Analyse d’un calcaire et de trois échantillons de minerai de fer. I. CALCAIRE DIT « CALCITE DE FILON » DE NISMES. Humidité re Lo ERP En 0.05 0) Silcateinsoluble AGL'DouMIant 20 En 0.18 Alumimne et'oxvderferrique 7 AMOR RENE 0.92 Garbonate MasDÉSIER AP ORNE CECILE TRE 1.05 Carbonate calcique AP Re a ee CUS LT FOTAE = 2 452. A000R II. MINERAIS DE FER. Tri des Lins (Petigny). EE de la Suédoise Hématite Intérieur Extérieur (Couvin). de Nismes. du rognon du rognon. Humiditéss Ses ere COMME 2.45 0Jo 1.050/o 0.450/0 4.10 0) Eau de constitution + un peu mat. org. 6.05 11.10 0.30 2.90 Acide carbonique 4. 11 485 0.15 30.20 22.40 Oxvde ferrique . . ATL EUR CO HMNERO OS 84.25 63.50 62.00 Insoluble HCL bouillant 1,200 0 M048 3.40 3.65 10.40 Non dosés (A1205, Ca0, Mg0, etc.) . . 0.80 0.05 1.90 1.90 ToTAL . . . 100.00 100.00 100.00 100.00 Teneur en fer métal RE ONE, 30) 58.98 0/0 44.450/o 44.40) Couleur de la matière pulvérisée. . . Brun lég. brig. Ocre. Beige clair. Beige fonc. Dans les blocs épars sur le plateau, on trouve de nombreux fossiles se détachant admirablement de leur gangue calcaire. C’est, mélangée DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. 159 au Stringocephalus Burtini Defr.et au Wigalodon cucullaitus Sow., toute une faunule de gastéropodes : Macrocheilus arculatus Schl. Macrocheilus ventricosus Goldf. Murchisonia bilineata Arch. Vern. Natica sp. Bellerophon tuberculatus d’'Orb., etc. J'y ai recueilli également la base d’un calice d’Eucalyptocrinus sp. Notons, en passant, l'illusion frappante que présente un énorme quartier de roc dominant le vide, suspendu entre les parois de la plus septentrionale des « Fonderies des Chiens » : on croit voir, figée dans la contemplation de l’abime par la baguette de quelque fée malfaisante, la tête expressive d’un vieux mineur des temps passés. Après une station prolongée aux alentours des abimes, où l’on se fait part des nombreuses observations qu’ils suggèrent, on se dirige vers le plateau des Abannets. Chemin faisant, l’un de nous agite la question de l’étymologie des expressions Abannets et Fonderies des Chiens appliquées aux curieux puits que nous venons de quitter. M. L. Bayet considère le mot « Abannet » comme dérivant du vieux mot abannir (prohiber, proscrire). Selon lui, l'application de ce terme serait due à ce que le grand danger que présentent ces immenses goufires aux parois à pic, en aurait fait prohiber l’accès des abords. Une ordonnance du prince-évêque de Liége, datée du 10 février 1687, signale, en effet, le péril que courent les gens et les bestiaux en s’approchant des anciens puits de mine de la châtellenie de Couvin, et commande de les combler (1). En ce qui concerne le vocable Fonderies des Chiens, M. Stainier fait observer que le mot « Fonderies », terme générique désignant, dans la région, toutes les anciennes minières, n'est pas d’origine bien ancienne et que la véritable expression wallonne usitée est « Fondrys », dérivant de « Fondrières ». Quant au mot « chiens », il doit vraisem- blablement être pris dans le sens de « Sarrazins », les « Fondrières des Chiens » ayant été exploitées dès la plus haute antiquité. Quittant la bande calcaire Gva constituant, en cet endroit, une crête synclinale, nous traversons un petit vallon peu profond, dû à l’arasement du sommet d’un pli antichinal des schistes couviniens (1) STANISLAS BORMANS, Cartulaire de Couvin. Namur, 1875, p. 180, 160 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L’EXCURSION Cobn réapparaissant, 1c1, entre les deux bandes givétiennes, puis nous atteignons la branche septentrionale de lanticlinal Gva, dont la voûte disparue est un exemple de la décapitation des sommets de l’Ardenne. La crête anticlinale qui en subsiste forme, en partie, le vaste plateau des Abannets, dominant le village de Nismes et s'étendant jusqu’à la boucle du Viroin, au pied de l’église de Dourbes et des ruines de. Haute-Roche. Une première excavation s'offre à nos regards ; elle n’a rien du type des Abannets : c’est une simple tranchée de recherches, où l’on a voulu suivre un filon dont la présence était indiquée par l'existence d’une importante veine de caleite bacillaire. M. Srainier y recueille un fort bel échantillon d’hématite. Dan: les déblais, où 1ls abondent, nous ramassons, avec quantité de polypiers d’une conservation admirable, quelques spécimens de l’Atrypa aspera. | Nous visitons ensuite deux autres cavités plus importantes, dont les parois présentent des traces localisées de dolomitisation et où les fossiles se détachent merveilleusement conservés. On y rencontre : Phacops latifrons Bronn. Macrocheilus arculatus Schloth. Euomphalus sp. Murchisonia biulineata Arch. Vern. Uncytes gryphus Schloth. Stringocephalus Burtini Defr. Cyrtina heteroclyta Defr. Athyris concentrica Buch. Atrypa aspera Schloth Atrypu relicularis L. Megalodon cucullatus Sow. Cyathophyllum quadrigeminum Goldf. Cyathophyllum hexagonum Goldf. Stromatopora concentrica et d'innombrables polypiers que leur calice, parfaitement dégagé, fait ressembler à d’étranges fleurs douées des formes les plus gracieuse- ment variées. D’autres cavités s’alignent dans la direction de Dourbes, mais quelques-unes n’offrent plus l’aspect si caractéristique des Abannets : l'appât du lucre y a accompli son œuvre; le fer et la mine en ont sapé les parois jadis si pittoresques, pour en extraire de vulgaires pierres à 1 DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. 161 bâtir. Souhaitons qu’il soit pris, dans un avenir très prochain, des -mesures telles que les « Fonderies des Chiens », du moins, soient à jamais préservées d’une semblable profanation. Le Givétien supérieur et les schistes frasniens fossilifères | du plateau des Abannets. Nous gagnons, proche du chemin qui descend vers la scierie du Fourneau, une petite carrière qui nous montre des couches à pendage 75° Nord-Nord-Ouest. Sur le calcaire givétien supérieur Gvwb, exploité ici comme pierre de taille, repose une assise assez puissante de schistes noduleux d'âge frasnien, contenant une faune des plus intéressantes, que j'ai signalée dans une note précédente (1) et où abondent le Cryphaeus arachnoïdeus Goldf. sp., les Cypridines, le Cardium palmatum Goldf., l’Atrypa affinis Hall, la Strophalosia productoides Murch., la Camarophoria formosa Schnur., la Chonetes armata Bouch. et le Metriophyllum Bou- chardi Edw et H., avec un Aviculopecten et une Lingule que je n'ai pu déterminer spécifiquement, ainsi qu’un Cladochonus d’espèce nouvelle. On chercherait vainement, ici, le calcaire argileux de la zone des monstres, non plus que les schistes à Receptaculites Neptuni. Nous sommes en présence d’un facies spécial des schistes de Frasnes de la base. | Laissons de nouveau la parole à M. SraiNIER : « Les découvertes fauniques, dans ce gîte, faites par M. Maillieux, présentent une très grande importance au point de vue du raccordement du Frasnien du bassin de Namur avec celui du bord Sud du bassin de Dinant. » Les découvertes qui ont été faites à Mazy, à Fanué et à Claminforge ont établi que la faune abyssale dite de Matagne, caractérisée tout spécialement par le Cardium palmatum, les orthocères et les bactrites avec cypridines, se retrouve à Claminforge près de la base du Frasnien, à Fanué, au sommet et à Mazy au milieu du Frasnien. Cette faune de Matagne, qui existe donc dans le bassin de Namur et sur le bord Nord du bassin de Dinant dans toute l’épaisseur du Frasnien, on la connaissait (4) Euc. MaILLiEux, Présence du genre Cladochonus dans le Frasnien inférieur, à Nismes. (BULL. SOC. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D’HypRoL., t. XX, 1906. Proc.-Verb., p. 9.) 1907. MÉM. 11 162 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L’EXCURSION sur le bord Sud du bassin de Dinant, au sommet du Frasnien. M. Maillieux vient de la retrouver, au gîte de Nismes, tout près de la base du Frasnien. Les schistes avec nodules calcaires du chemin conduisant à la carrière Sainte-Anne sont en effet à quelques mètres au-dessus des derniers bancs redressés du Givétien supérieur (Gvb). Ils se trouvent donc au niveau dit des monstres ou un peu au-dessus, donc bien près de la base du Frasnien. Leur ressemblance lithologique avec les roches fossilifères des localités ci-dessus indiquées est d’ailleurs complète. Chose aussi des plus importantes, à Nismes, l'association de la faune de Matagne, représentée par les types ci-dessus cités, avec la faune dite de Bovesse du bassin de Namur, cetle association, dis-je, a été démontrée très complète par les recherches de M. Maillieux, qui a retrouvé en grande abondance, dans le gite de Nismes, les fossiles les plus caractéristiques, tels que : Metriophyllum Bouchardi, Chonetes armata, Crypheus arach- noideus, Aviculopecten. » Le prétendu « Mégalithe » de Nismes. Après avoir ramassé de nombreux fossiles, parmi lesquels nous signa- lerons un fort bel exemplaire d’Aviculopecten trouvé par M. E. Mathieu, nous descendons vers le prétendu « Mégalithe » de Nismes, situé non loin de là, à l'entrée du village. C’est un énorme bloc de calcaire que l’on voit enclavé dans un mur, près de la rivière. Il paraît assez peu plausible de devoir rattacher sa présence à quelque rite mystérieux des tribus préhistoriques et protohistoriques. « L'étude de ce rocher, dit M. X. SrAINIER, m'a laissé fort perplexe. Je dis de ce rocher, parce qu'il me paraît impossible d’y voir un reste de l’industrie mégalithique. Malgré les preuves étonnantes qu'ils nous ont laissées de leur savoir-faire, je ne pense pas que les constructeurs de dolmens auraient pu manier une masse aussi considérable sans la détruire, vu lesnombreux Joints qui la découpent. Ces peuples, qui, dans leurs travaux, visaient surtout l'avenir, n’employaient de roches calcaires que là où les roches quartzeuses, infiniment plus durables, leur faisaient défaut (comme pour la fameuse pierre de Brunehaut, près de Tournai). Ce n’était pas le cas à Nismes, où, à proximité, se trouvent en abondance des roches quartzeuses. De plus, l'immense majorité des mégalithes sont localisés non au fond d’une vallée, comme à Nismes, mais au sommet ‘des montagnes ou des plateaux. Si le rocher de Nismes n'est pas un mégalithe, ce n'est pas non plus un bloc détaché naturellement de la DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. 163 montagne et lombé à sa place actuelle. Il est trop loin du flanc de la montagne pour que cette explication soit plausible. Ce n’est pas non plus un témoin d’érosion. Ce serait le seul de son espèce dans les terrains calcaires belges. D'ailleurs, si c’est un témoin, sa stratifi- cation doit être la même que celle des montagnes environnantes, c'est-à-dire presque verticale. La structure de ce rocher est peu nette. Il ne présente absolument aucun joint vertical et 1l y a par contre un joint très visible, incliné au Nord de 25°, qui pourrait être un Joint de stratification. «Conclusion : la pierre de Nismesestun grand point d'interrogation. » La résurgence de l'Eau-Noire, à Nismes. Traversant ensuite la coquette cité nismoise, nous atteignons bientôt l’endroit où l’Eau-Noire, après un parcours souterrain de plus de deux kilomètres, réapparaît à la lumière du jour. Fig. 8. — LA RÉSURGENCE DE L'EAU-NOIRE, A NISMES. (Cliché de M. le Dr Gilbert.) Les longs et coûteux travaux d'exploration pratiqués il y a une vingtaine d'années ont démontré que les galeries qui constituent le cours hypogéen actuel de la‘rivière affectent un dispositif à siphonne- 464 E. MAILLIEUX, — COMPTE RENDU DE L’EXCURSION ments successifs, et c’est aussi sous un dernier siphon que Jjaillissent, en bouillonnant, les eaux sombres de l’ancien Nimay (1). Une galerie mi-naturelle, mi-artüficielle, que l’on peut parcourir sur un trajet d'environ 150 mètres, mais qui n'offre absolument rien d’attractif, montre, à gauche de la résurgence, son ouverture formée par l'effondrement de la partie inférieure d’un banc calcaire. L'heure du départ, qui va bientôt sonner, ne nous permet pas d'aller explorer le calcaire argileux à Spirifer Orbelianus et les schistes à Receptaculites Neptuni, dont nous voyons d'ici les couches inclinées de 45° Nord-Ouest, reposant sur le calcaire à Stromatoporoides. MM. Stainier et Willems, rappelés par leurs occupations, prennent congé de nous et se dirigent vers la gare de Nismes, pendant que quelques-uns de nos compagnons, fatigués par cette longue course à travers monts, regagnent Couvin en voiture. Les plus ingambes, et je dois dire que c’est aussi le plus grand nombre, se dirigent à travers le «Pont d'Avignon », par le vieux Chemin des Mineurs, vers le point où l’Eau-Noire s’engouffre dans la montagne. Les anciennes minières repérant le cours souterrain de la rivière (fosse Matricolo et fosse Alwaque), bien que fort remarquables, sont forcément laissées de côté, faute de temps, et nous nous hâtons vers notre but. | Une échancrure dans la broussaille nous montre bientôt, en un superbe panorama, le rustique village de Petignv, et, trois à quatre cents mètres plus loin, nous descendons dans l’étroit vallon de Chenau. Le lit de trop-plein de l'Eau-Noire, que nous remontons, nous conduit aux nombreux points d'absorption des eaux de la rivière, qui, à cette époque de l’année, y disparaissent complètement. L’Adugeoir. Un pittoresque massif rocheux encadré de verdure, constitué par la succession des bancs inclinés des calcaires Gva et Gvb, s'offre à notre vue, et nous observons d’abord, creusée dans l’assise Gva, l’entrée d’une galerie de haut niveau, ne fonctionnant plus de temps immé- morial. Débarrassée récemment sur une longueur d'environ 100 mé- tres, d’après les conseils désintéressés de MM. van den Broeck et, (1) Nom donné primitivement à l’Eau-Noire à partir de Nismes. La ENV" DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. 163 Rahir, da limon qui l’obstruait complètement jusqu’à la voûte, elle s'est montrée clairement comme la voie des recherches de l'avenir, où l’on pourra s’engager plus tard avec un espoir de succès ne LE fient les constatations faites jusqu’à présent. Nous ne trouvons plus ici, en effet, les siphons déconcertants qui ont mis obstacle aux recherches primitives. Le calcaire Gva, sans doute plus favorable aux cassures tectoniques que le calcaire à Stromatopo- roides, nous montre ici denombreuses diaclases transversafès, auxquelles l’action dissolvante et érosive des eaux à donné des dimensions de plus en plus vastes, jusqu’à les transformer enfin en de véritables salles. A soixante mètres plus au Nord-Ouest est situé, dans le calcaire Gb, le point d'absorption principal fonctionnant actuellement : c’est là que se sont engloutis, avec des capitaux considérables, les efforts et les espoirs des premiers chercheurs. | Un sentier nous conduit dans le superbe parc de Saint-Roch, pro- priété de Mie les Comtesses de Villermont, qui ont bien voulu, avec la plus gracieuse obligeance, nous permettre de le visiter; nous leur offrons ici l’expression de notre vive gratitude. En passant, nous observons, dans le lit de lEau-Noire, plusieurs aiguigeois dont l'importance s’accroit de plus en plus et qui sont appelés, dans un avenir relativement prochain, à absorber totalement les eaux de la rivière, obéissant en cela aux lois fatales de l’hydrologie des terrains calcaires. Nous terminons notre longue course par la visite de l’exposition agricole et forestière de Couvin, ouverte, grâce à la générosité de la famille de Villermont, dans un cadre des plus enchanteurs, et dont le succès, dépassant toute prévision, est certes bien mérité; puis nous nous séparons pour aller prendre ün repos dont nous commençons tous à apprécier la nécessité. Deuxième journée. — Mercredi 15 août. L'absence regrettable de notre excellent collègue M. L. Bayet, due à une indisposition, nous oblige à remettre à plus tard l’intéressante course projetée aux Fagnolithes, car nul mieux que lui, qui les a étudiés avec le soin minutieux que l’on connaît, n’eût pu faire les honneurs de ces curieux et énigmatiques bloes errants de grès ou de quartzite. 166 E. MAILLIEUX. — COMPTE RENDU DE L’EXCURSION Ce fâcheux contretemps est, pour la plupart, le signal de la retraite, et il ne reste bientôt plus qu'un petit groupe dont quelques membres, sous la conduite de l’infatigable M. Malaise, empruntent la voie du chemin de fer vicinal de Couvin-Rocroi, pour aller explorer la région Sud de Couvin. À partir du point d'arrêt de la chapelle des Bois, les couches de toutes les assises du Dévonien inférieur, entamées par de puissantes tranchées et présentant les plissements et ondulations caractéristiques de l’Ardenne, vont se dérouler à leurs yeux comme les pages d’un livre. C'est d’abord les roches rouges de Winenne ; puis toutes les séries de l’étage coblencien, avec les grès et schistes noirs de Vireux, les phyl- lades, grauwackes et psammites de Houffalize et les grès blancs d’Anor. Le Gedinnien commence à 200 mètres environ au Sud du point d'arrêt des « Forges de Pernelle ». Jusque « Lahonry », on voit se suc- céder les schistes arénacés jaunâtres de Saint-Hubert, entrecoupés de banes de psammites gris verdâtre, puis les schistes bigarrés d’Oignies, facilement reconnaissables à leur teinte lie-de-vin passant au vert clair, avec bancs isolés d’arkose et de quartzite vert, micacé et passant au psammite. L’allure de ces schistes est assez difficile à débrouiller à cause de leur schistosité, oblique au plan de stratification, comme c’est également le cas pour les schistes fossilifères jaune verdâtre, fortement micacés, que nous allons rencontrer au Sud de la halte de Lahonry : c’est l’assise de Mondrepuits. Les fossiles y sont peu abondants, et l’on n’y rencontre guère que de mauvaises empreintes de Primitia Jonesii de Koninck. Tentaculites sp. + Orthis Verneuili de Koninck. Grammysia sp. Une carrière nouvellement ouverte entame, un peu plus loin, l’arkose tourmalinifère de Haybes et le poudingue de Fépin, qu’on y transforme en pavés d’une dureté excessive. La tranchée cessant non loin de là, les affleurements rocheux de- viennent fort rares et ne permettent guère d'observer la structure des roches cambriennes sous-jacentes. On regagne Couvin pour se séparer, cette fois, définitivement, clôturant ainsi une session bien remplie. En terminant, je saisis avec empressement l’occasion qui m'est # Ë #. 34 DANS LES ENVIRONS DE COUVIN. 167 offerte de témoigner ma vive gratitude à ceux de nos collègues dont la précieuse collaboration m’a permis de mener ma tâche à bonne fin : à MM. Martel, Rahir et van den Broeck, qui ont bien voulu 'm’autoriser gracieusement à mettre à contribution leur remarquable ouvrage : Les cavernes et rivières souterraines de Belgique (en cours de publica- tion) ; à MM. X. Stainier, A. Rulot ét Em. Mathieu, qui ont eu l’'obligeance de me communiquer de nombreuses notes très docu- mentées, synthétisant leurs observations; enfin, à MM. le docteur Gilbert et Jacques fils, au talent desquels ces quelques pages doivent leur illustration. Qu'ils reçoivent ici l’expression de mon ardente reconnaissance. * k ga à A rt RCE gi ELA MERE 2 MS SPC je « : 4 GÉPRRE dar € 1 { Ë 1.5) MERE é, e f Ki RÉF é se . HN B L J e "* s E F L { Le * 1 Ü 1 CAS CL x a + SE UND (I # don “ nat C il ; PE À ARS 1 =. sa 4 : ë VUE Pa 22 ; Ê ; pt LCR LE LE CR n 14< & LA ra ds, % CES ; CRE Éi, n 2 b d rt Lu . WA . J + . REVISION DE HAÉCHELLE DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE PAR le Baron OO. van ERTBORN. INTRODUCTION. En géologie, on ne doit jamais oublier cette maxime du bon La Fon- taine : Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. On ne l’a que trop souvent perdu de vue. Les premiers géologues ne firent- ils pas cascader l'Océan par-dessus les Alpes, et Whiston (1) n’attri- buait-il pas le déluge à l’attraction d’une comète qui, passant trop près de la Terre, aurait provoqué une marée gigantesque, inondant et ravinant tout? Si nous sommes loin aujourd’hui de ces élucubrations bizarres, il est encore beaucoup d'amateurs de voyages au long cours pour les cailloux et surtout pour les monolithes, tels que ceux de Genck; ceux-ci seraient venus de l’Ardenne comme la plume au vent. Il était pourtant si simple de ne leur attribuer qu’un voyage vertical de haut en bas à la suite des érosions (2) pleistocènes. (1) ARAGo, Astronomie populaire, t. IL, p. 145. (2) Rien ne nous horripile comme ces noms de Diluvium et de Diluvien donnés aux couches superficielles. C’est inepte. À Boïtsfort, le jardinier passait son temps à lutter contre le déluge, car à la moindre pluie un peu copieuse, le limon foirait et il fallait le remonter sur la partie élevée. 170 0. VAN ERTBORN. — REVISION DE L’ÉCHELLE Si feu notre ami Delvaux, toujours si perspicace en géologie, nous a doté de monolithes landeniens venant de l’Ardenne (1), il a largement racheté son erreur en nous démontrant que les cailloux soi-disant pleistocènes, que l’on croyait d’origine torrentielle, n'avaient fait que des voyages verlicaux et provenaient de la base diestienne démantelée (2). Pourquoi n’appliqua-t-1l pas cette idée si simple aux blocs de Genck ? La nature semble avoir horreur des moyens violents; si les éruptions volcaniques, les tremblements de terre produisent quelques accidents locaux, que sont les matériaux déplacés en comparaison des quan- tités enlevées en Belgique par les cours d’eau et qui contribuërent à combler le synclinal néerlandais? Les plus petites forces produisent les plus grandes choses, quand on a le temps pour auxiliaire: nos voisins du Nord n’ont-ils pas refoulé l'Océan, le plus terrible des adversaires, et conquis leur patrie, grâce à leur vertu capitale : la patience? Armés seulement de fascines, de pelles et de brouettes, soutenus par le temps, ils exécutèrent un travail immen- sément grand en comparaison de l'érection des pyramides, et surtout infiniment plus utile. Sauf pour les hauteurs des Ardennes et du Condroz, qui pendant les àges tertiaires subirent des ablations considérables, qui dit Tertiaire en Belgique dit plus, qui dit Pleistocène dit moins (3). C'est pour ce motif que nous avons placé la limite des couches tertiaires et pleistocènes à la base des dépôts à El. antiquus d’Hoboken. Ils reposent en ce point sur l’Argile d'Edeghem et sont composés d’un méli-mélo où l’Isocardia lunulata d’Edeghem gît à côté de la Corbule scaldisienne en compagnie de cailloux d’origine septentrionale, débris des couches démantelées. À la sédimentation régulière du Tertiaire ont succédé les érosions pleistocènes. La coïncidence de la faune et des apports septentrionaux est donc très exacte. Lorsque nous fimes notre entrée dans la science (4) E. DELvVAUXx, Description sommaire des blocs colossaux, etc. (ANN. SOC. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XIV, 1887. Mém.) (2) E. DELvAUXx, Nature et origine des éléments caillouteux quaternaires. (Soc. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XIX, 1899. Mém.) Nous recommandons aux géologues de voir sur quelle surface s ’étendent les cailloux diestiens remaniés, ce qui leur permettra d'estimer assez approximativement l'extension de cet étage important vers les falaises de l’Artois. (3) De même dans les Pays-Bas pour le Tertiaire, même régularité qu’en Belgique : qui dit quaternaire dit aussi plus et méli-mélo général, d’où le Diluvium du Rhin, du Nord, entremélé de Staring suivant l’origine des matériaux. DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. 471 (1860), il y avait peu d'années que Dumont était mort. M. P. Cogels et nous, nous étions nés l’un et l’autre dans la banlieue d'Anvers, ce paradis des paléontologistes, où les fossiles se rencontrent par mil- liards : de l'argile rupelienne jusqu'au sable scaldisien, depuis le microscopique foraminifère jusqu'aux gigantesques cétacés de 32 et 33 mètres. Ceci pour la faune marine, et, pour la faune terrestre, non loin d'Anvers, le territoire de la ville de Lierre, où se trouvent les gigan- tesques mammouths, les rhinocéros, l’aurochs et jusqu'aux minuseules mollusques d’eau douce. Le hasard voulut, en outre, que cette époque coincidât avec l’exécu- tion d'immenses travaux militaires et maritimes, briqueteries, fouilles de tous genres, sur une surface presque circulaire de près de 18 kilo- mètres de rayon et de plus de 500 kilomètres carrés, s'étendant de Waelhem à Schooten et de Lierre à Rupelmonde et Beveren-Waes. Bien que nous nous occupions depuis dix-huit ans de paléontologie et de géologie, à la fin de 1878, nous doutions encore de nos forces, quoique mieux aguerris que beaucoup d’autres. Nous avions cependant exploré toutes ces nombreuses excavations pendant ces dix-huit ans avec d'excellents guides, d’abord avec notre oncle, feu Norbert de Wael, et Nyst, plus tard avec MM. P. Cogels et E. van den Broeck. La célèbre briqueterie d'Edeghem n'était qu'à 3 kilomètres du toit paternel. Nous y fûmes plus de cent fois et nous y avions recueilli une brillante collection de fossiles, tous déterminés par de Wael et Nyst (1), ainsi que les autres mollusques des nombreux gisements fossilifères d'Anvers et des environs. Enfin, il avait été décidé au sujet des levés géologiques que là où l’on n'avait pas de fouilles, ceux-ci seraient exécutés par sondages, répartis méthodiquement sur les territoires des diverses planchettes. En 1878, 1l y avait dix ans que nous nous occupions de grands sondages, nous en avions déjà exécuté quarante-deux, dont un de 250 mètres de profondeur à Aertselaer-Solhof, au centre de la plan- chette d'Hoboken, la première levée. Des sondages géologiques de quelques mètres n'étaient donc que des jeux d'enfant pour nous. Enfin nous avions constaté depuis longtemps que, pour faire œuvre durable, il était nécessaire de baser les divisions stratigraphiques sur (4) Cette collection d'Edeghem, nous eûmes le plaisir de l’offrir dernièrement à notre ami M. Dautzenberg. Nous ne doutons nullement que ce paléontologiste distingué et son ami, M. G. Dollfus, ne nous fournissent un excellent travail sur ce célèbre gisement. Elle ne fera donc que profiter à la science. 479 0. VAN ERTBORN. — REVISION DE L'ÉCHELLE la paléontologie. Notre programme est donc de faire primer la paléon- tologie, et ce sont les robustes épaules d’éléphants fossiles qui je notre échelle du Pleistocène. Nous examinerons, en outre, toute la série tertiaire que cent vingt- quatre grands et un grand nombre de moindres sondages nous ont pérmis de parcourir bien des fois. Depuis le Montien, percé à Boussu (Hainaut), l’Infra-Heersien (1) découvert en 1868 à Gors-op-Leeuw (Lim- bourg), nous avons percé les diverses couches pleistocènes et tertiaires maintes et maintes fois; nous pouvons donc en parler en connaissance de cause et critiquer de bonne foi la Légende officielle de la Carte géolo- gique au 40 000®. Pour avoir suivi les errements de Dumont et ne s’être pas conformé aux indications paléontologiques, la Carte géologique au 40 000° n’a pas répondu à ce qu’on pouvait en attendre, nous le constatons aujourd’hui (2). S'il y a quelques bonnes feuilles, il en est plus de médiocres et de franchement mauvaises, surtout en Limbourg. On ne doit pas se le dissimuler, la nouvelle Carte géologique, loin d’être un progrès, fut un recul considérable. Quand on s’aventure sur une mer semée de nombreux écueils, comme l’est une carte géologique, on se munit, comme nous le fimes, de bons portulans. En 1896, la première Légende fut autographiée, imprimée peu après, en avril 1896, puis rééditée revue en mars 1900. | : Elle est franchement mauvaise, surtout en ce qui concerne le Pleis: tocène; la seconde, imprimée en mars 1900, fut pire encore, car le Moséen ou Pleistocène inférieur renferme quatre termes, dont les deux premiers sont incontestablement tertiaires et les deux derniers d'âge indéterminé, car on peut en faire ce que l’on veut. Le Moséen, autour duquel on avait fait tant de bruit, reste sans représentant réel, car le vrai Pleistocène imférieur, d Hoboken, avec : squelette d'El. antiquus, ne fut pas même cité. cief 5, 2STAMEE QE Le Comité de direction de la nouvelle Carte géologique assuma, nous semble-t-il, une bien grande responsabilité matérielle et morale en ne s'assurant pas de tout ce qui avait été se à ce jee en Belgique, (1) L’Infra-Heersien n’a pas d’affleurements connus; il doit s’être déposé dans les premiers ravinements du Crétacique, en empruntant ses éléments à celui-ci, (2) Nous ne parlons que des groupes pleistocène et tertiaire; nous avouons notre incompétence pour le Secondaire et le. Primaire. dE) | DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. 173 surtout par les soins du Ministère de l'Intérieur, duquel dépend aussi la Commission de la Carte au 40 000$. On se propose de publier une nouvelle édition de la Carte à une échelle bien moindre que le 40 000, à celle qu'employa Dumont pour Ja sienne. La mesure serait bonne, nous en avons la conviction, mais pour reproduire les mêmes erreurs, 1l nous semble que ce serait peine perdue et argent jeté. Il ne faut pas avoir la moindre notion des faits pour préconiser une carte géologique à une échelle unique pour tout un pays. Une telle carte doit être à grande échelle dans les endroits intéressants, ainsi dans le voisinage des grands centres : Bruxelles, Anvers, etc. ; dans les environs des centres universitaires : Gand, Liége, Louvain (pl. de Lubbeek, unique pour l'étude des Tertiaires). D'autre part, cette échelle doit être fort réduite dans les zones où le Tertiaire est d’une seule venue, comme sur le territoire de la feuille au 40 000! {Hérenthals-Gheel). Pour rompre la monotonie du paysage, on a figuré les alluvions ferrugineuses avec leur teinte naturelle. .. Dumont avait fait deux cartes : l’une du so!, figurant les terrains modernes et pleistocènes, l’autre du sous-sol, figurant le premier Ter- taire gisant sous le Pleistocène ou le moderne. Ici, à Hérenthals- Gheel, nous avons une carte mixte : le Diestien, au-dessus du lit majeur des cours d’eau, semble à nu, et les alluvions paraissent former une masse profonde, ce qui est absolument inexact. Sur la feuille Lierre- Berlaer, les prairies sont aussi figurées en vert, mais le Diestien que nous avons observé si souvent au fort de Lierre en construction est oublié. Sur une superficie de 25 hectares au moins, on voyait à nu l’assise anversienne à Pectunculus pilosus très fossilifère, puis les cailloux diestiens surmontés du Diestien lui-même avec nombreuses Ostrea ('ochlear, de quoi remplir dix fois notre besace, au centre un cours d’eau comblé, ayant raviné le Diestien. Ses dépôts contenatent toute la faune du Mammouth (1). Nos planchettes d'Hoboken et de Contich ont été corrigées et mutilées, sans contrôle, dans la propriété paternelle et dans celle de notre neveu à Groningen-Hof (2). Que tout (1) On ne pourra pas dire que nous avons tenu la lumière sous le boisseau. Voir Ministère de l'Intérieur. Commission de la Carte géologique. Texte explicatif du levé géologique de la planchette de Lierre (Bruxelles, Hayez, 1880), et P. CoGELs et O. van ERTBORN, Mélanges géologiques. (Fasc. 3, p. 85. Anvers, 1881.) (2) Aertselaer-Solhof et Contich Groeningen-Hof, partie orientale de la planchette d’Hoboken. 174 0. VAN ERTBORN. — REVISION DE L'ÉCHELLE cela laisse à «lésirer ! Ab uno disce omnes ! Nous avons employé une échelle beaucoup plas petite pour la publication du levé de la planchette de Kermpt-Bolderberg, le 80 000°, et cette échelle est plus que suffisante pour ce territoire où 1l n'y à qu’un point fort intéressant et d’un intérêt scientifique très grand (1). Nous voulions élucider deux pro- blèmes, le Diestien quaternaire, aujourd’hui tombé dans l’oubli, et l’âge relatil des Sables inférieurs de M. Gosselet. Le premier problème fut résolu, mais non sans peine, car il fallut saccager la colline et briser 50 mètres cubes de grès ferrugineux avant de trouver les pre- _mières Térébratules; le second ne reçut pas sa solution, celle-ci est toujours en suspens (2). L’échelle du 80 000® serait bien suffisante pour certaines feuilles de la Campine limbourgeoise, comme celle de Peer, où, scientifiquement parlant, il n’y à rien à voir; selon toute probabilité, jamais géologue n'y mettra les pieds. Les teintes plates sont beaucoup plus claires que les impressions en couleurs diverses, comme le furent nos levés. Lors de la publication de nos planchettes d'Hoboken et de Contich, nous les soumimes à deux de nos amis, l’un échevin des travaux d’une grande ville, l’autre son ingénieur en chef; 1ls nous firent, l’un et l’autre, la même réponse et celle-e1 est juste, nous le reconnaissons nous-même : trop compliquées de lecture pour les profanes. Que diraient-ils de la Carte au 40 000° dont la Légende comprend une quarantaine de désignations pour les dépôts modernes et pleistocènes? Est-ce du grec ou de l'algèbre (3)? Inutile de dire que, quand on se rend sur le terrain, on ne peut se munir d’un dictionnaire ad hoc pour se tirer de ce dédale. Lorsque, il y a plus d’un quart de siècle, la Commission de la Carte au 20 000® exigeait des Textes explicatifs, elle savait ce qu’elle faisait. (4) On ne saurait le figurer sur la Carte. n'étant visible que dans une tranchée. (2) Le fait n’est pas étonnant; ces sables ont une cinquantaine de mèêtres de puis- sance (voir à l’article Bolderien, plus loin). Ce sondage eût été plus intéressant que d’autres grands sondages exécutés pour le levé au 40 OOUe et restés sans résultat pour la science. Si notre grand sondage de Kermpt (1876, eût été fait vers 1880, nous eussions établi notre grand appareil au pied de la colline de Bolder et atteint ainsi facilement l'argile rupelienne. (3) Il y a une bonne quarantaine d’années, nous parcourions le désert qui sépare le Liban de l’Antiliban; nous avions pour compagnons deux Parisiens : l’un, jeune et insouciant; l’autre, âgé et grave, mathématicien illustre, helléniste distingué, directeur de l'École polytechnique, président de l’Académie des Sciences de France. Le premier, pour plaisanter agréablement son concitoyen, lui disait à la vue de chaque pierre portant une inscription : Est-ce du grec ou de l’algëbre ? DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. 175 ° Ceux de MM. Rutot et van den Broeck pour les planchettes de Bruxelles et de Bilsen furent même des textes explicatifs de luxe : chacun avec six diagrammes, trois longitudinaux, trois latitudinaux, publica- tions fort remarquables. Ceux de M. Velge et de feu Delvaux sont tout aussi bien. Nous en publièmes aussi dix-sept, et ce ne fut pas un mince travail, car ils forment un volume de plus de 1000 pages. La Carte au 40 000° en est complètement dépourvue; aussi devons-nous y suppléer, pour le Pleistocène par exemple, par les publications des Membres du Comité de direction à son sujet : le Quaternaire moséen de M. Mourlon (1) et les Origines du Quaternaire de la Belgique, par M. À. Rutot (2). Si nous avions à publier le Texte explicatif de la feuille de Bruxelles, nous ferions un résumé sommaire de toute la série qui repose sur le Crétacique ou le Primaire, ce qui comprend le Landenien, en outre des étages affleurant. Puis une note succincte sur les nappes aquifères, tant phréatiques qu’artésiennes, un grand diagramme Nord-Sud, enfin de petits programmes d’exeursion : à Uccle, où l’on voit la base du Laekenien vers la cote 80 et les N. lacvigata; à Calevoet, la base du Bruxellien et le contact de celui-ci sur l’Ypresien ; une seconde excur- sion aux Quatre-Bras, avenue de Tervueren, en descendant vers Groe- nendael, montrant, dans le talus de l'avenue, l'argile tougrienne, dans une sablonnière abandonnée, le Bruxellien, le Laekenien, le Ledien, les limons et cailloux. Au Nord des Quatre-Bras, le sable recouvrant l’étage tongrien et à environ 1 kiloinètre plus loin le Kerkomien (5) avec petits cailloux à la base; le sable est vert, glauconifère, puis blanc avec concrétions ferrugineuses bizarres ; enfin, épars à la surface, les débris de la base du Diestien en poudingue ferrugineux, très dur. Ainsi, enfin, pour toute la périphérie de la capitale; une couple de planches avec le figuré des fossiles caractéristiques des divers étages serait aussi chose bien utile; nous l'avons fait jadis pour la préface d'Anvers à travers les âges en figurant les Pétoncles, les Térébratules, etc. ; (4) M. MourLoN, Essai d’une monographie des dépôts marins et continentaux du Quaternaire moséen, Le plus ancien de la Belgique. (Soc. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XXVis, in-40.) (2) A. Ruror, Les origines du Quaternaire de la Belgique. (Soc. BELGE DE GÉOL,, DE PALÉONTOL. ET D'HYDROL., t. XI, 1897. Mém.) (3) Nous préférons le mot Assise de Tervueren pour désigner l'étage Henisien, assise marine (feu le Tongrien supérieur marin); cela atrirera l’étudiant, le géologue, tandis que Kerkom semble impliquer quelque village de Mandchourie. 176 REVISION DE L'ÉCHELLE DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. A enfin, le tout à un prix accessible à toutes les bourses. On vulgarisera ainsi une science utile, et cela ne sera pas une dépense perdue. 3 Ce n’est un secret pour personne que la Légende actuelle ne tient pas debout. Tächons de l’améliorer pour le Tertiaire et le Pleistocène. Remettons d’abord au point les travaux faits, esquissons la vérité historique et rendons à chacun ce qui lui appartient, ce qui fut fort négligé dans ces derniers temps. | GROUPE PLEISTOCENE Quiconque veut se rendre compte des connaissances géologiques de la généralité des géologues au sujet des couches pleistocènes en 1880 n’a qu'à consulter le premier volume de l’ouvrage de M. Mourlon : Géologie de la Belgique (t. 1, pp. 282-294), paru cette même année 1880, quelques semaines avant notre Texte explicatif du levé géologique des planchettes d’Hoboken et de Contich. On y verra que, depuis Dumont, les connaissances à leur sujet n'avaient guère progressé. Tout se borne aux cailloux et silex, au limon hesbayen, au sable campinien, à la faune des cavernes. Rien encore en fait de classification régulière des dépôts pleistocènes. à Nous étions done encore en plein de ce que, dans l’histoire du Pleistocène, on peut appeler l’ère des silex et cailloux de Dumont. Nous espérions en sortir, tout au moins comme geologue libre; pour la Légende de la Carte géologique à l'échelle du 40 000, il n’en fut rien, comme on le verra plus loin. Nos premiers levés (pl. d'Hoboken et de Contich), commencés fin décembre 1878, furent terminés dans le courant de l’année suivante. Le texte explicatif des planchettes d'Hoboken et de Contich ne vit le jour qu'en 1880. Voici son titre : MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. COMMISSION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE. Texte explicatif du Levé géologique des planchettes d’Hoboken et de Contich, par le baron O. van ErTBoRN, avec la collaboration de M. P. Cocecs. Bruxelles, Hayez, 1880 (4). (4) Les Explications des fewulles de Bruxelles et de Bilsen, par MM. A. Ruror et E. VAN DEN BROECK, ne parurent que trois ans après nos premiers Textes explicatifs, soit en 1883. 1907. MÉM. 12 178 0. VAN ERTBORN. — REVISION DE L'ÉCHELLE On peut lire, page 140 : Tableau des couches. Campinien supérieur (1). Quaternaire fluviatile. Campinien inférieur. Quaternaire inférieur. Page 25 : Article consacré au Pleistocène inférieur, gisement type d'Hoboken. Page 56 : Article consacré au Pleistocène fluviatile. Enfin, article consacré au Campinien. Texte explicatif de la planchette de Lierre (2). Page 5 : Légende : le Campinien est indiqué comme Pleistocène supérieur et le Quaternaire fluviatile comme Pleistocène moyen. Dans le texte, la question du gisement de l'E. primigenius est traitée en détail. Enfin, page 40 : Sondage 28 : nous avons donné la coupe du Campinien, au-dessus du gisement du Mammouth, le marais de Lierre. Nous avons traité cette même question dans tous les textes expli- catifs des dix-huit planchettes que nous avons levées de 1878 à 1881. Enfin, dans nos Mélanges géologiques (3) : Fascicule 1, page 1 : Superposition des sables campiniens au limon hesbayen. Page 7 : Gisement des Mammouths à Lierre. Fascicule 2, page 17 : Système campinten. Page 25 : Quaternaire fluviatile et Quaternaire inférieur. Page 25 : Silex et cailloux. Fascicule 3, page 80 : Quaternaire inférieur. Page 80 : Quaternaire moyen ou fluviatile. Page 81 : Quaternaire supérieur. Système campinien. Page 85 : Le fort de Lierre. Page 85 : Quaternaire fluviatile du fort de Lierre. (4) Cette détermination n’est pas proprement géologique. Nous entendions par là le sable d'émersion, qui rend certaines régions peu fertiles. Un commencement de carte agricole. | (2) Tous nos Textes explicatifs furent publiés par le Ministère de l'Intérieur. (3) Quatre fascicules. Anvers, impr. Van der Wielen, 1880, 1880, 1881 et 1881, 124 p. +R DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. 179 En outre, nous avons publié, avec la collaboration de M. P. Cogels, dans les BULLETINS DE LA SOCIÉTÉ ROYALE MALACOLOGIQUE : De l’âge des couches d'argile quaternaire de la Campine, t. XVIT, 1889; Nouvelles observations sur les couches quaternaires et pliocènes de Merxem, t. XV, 1880; Contribution à l'étude des terrains quaternaires, t. XXI, 1886. Enfin, sans collaboration cette fois, nous avons publié dans les Bulletins de la Socicté de Géographie d'Anvers : 1878. Étude sur la formation géologique d'Anvers. 1881. Coup d'œil sur les formations quaternaires d'Anvers. 4881. Les terrains miocène, pliocène et quaternaire à Anvers, 60 pages. JT résulte de ces nombreuses publications que M. P. Cogels et nous avons fait connaître urbi et orbi les résultats de nos travaux. Dix-sept de ces publications sont officielles, car elles furent éditées par le Ministère de l'Intérieur de Belgique; la Société royale malacologique de Belgique est bien connue et la Société royale de Géographie d'Anvers est la seule société scientifique belge qui soit connue dans le monde entier (1). Ces publications nous assurent, à M. P. Cogels et à nous, un droit de priorité que personne ne saurait nous contester. Nos découvertes nous sont acquises sans aucun doute. Revenons-en à notre mémoire : Les terrains miocène, pliocène et quaternaire à Anvers. Son importance est capitale. Dans le tableau qui accompagne le mémoire, on lit : Période du Quaternaire supérieur. Dernière période glaciaire. Période du Quaternaire moyen. Période paléolithique. Age du Mammouth. Période du Quaternaire inférieur. Première période glaciaire. Période préglaciaire. (4) M. Engerrand, mal renseigné, vu qu'il n’avait à sa disposition que Les origines du Quaternaire de la Belgique, par M. Ruror (Soc. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D’HypRoL., 1897, Mém.), a attribué à ce géologue toutes nos découvertes de 1880-1881. Nous ne connaissons de cet auteur que deux notices relatives au Quaternaire et anté- rieures à 1880. La première, Note sur l'absence du système Diestien aux environs de Bruxelles (SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE BELGIQUE, t. V, 1877-1878, p. 56); la seconde, sur le même sujet (ANN. DE LA SOC. MALACOL. DE BELGIQUE, t. XIV, juin 4819, pp. 1-7). Les deux alinéas en ttaliques, page 13 surtout, prouvent à l’évidence qu’à cette époque M. Rutot n'était nullement en communauté d'idées avec nous, qui avons toujours combattu le Diestien quaternaire. Pour la notice de M. Engerrand, voir Revue générale des sciences pures et appliquées, 13° année, pp. 712 et suiv. i (i} 180 0." VAN ERTBORN. — REVISION DE L’'ÉCHELLE Ce qüe nous avons dit en 1881, nous le disons encoré en 1907, soit vingt-Six ans après. Dans le texte, après avoir parlé des Tertiaires, nous avons traité, page 52, du Quaternaire inférieur ; page 54, du Quaternaire moyen ou fluviatile; enfin page 52, du Quaternaire supérieur : notre Campin'en. Celui-ci, dans toute la région où nous l’avons exploré, soit sur une superficie de 1509 000 hectares au moins, n’a pas présenté le moindre fossile; nous ne croyons pas qu’ils aient pu disparaître par dissolution, car, en beaucoup d’endroits, nous l'avons vu en contact avec des ter- aires extraordinairement fossilifères, entre autres dans la célèbre briqueterie d'Edeghem. Ce que nous avons vu et étudié de coupes campiniennes (nobis) dans les briqueteries, dans les travaux maritimes et militaires, etc., se chiffre par kilomètres (4). Nous en savions donc bien plus long à son sujet que tous les géologues, nos contemporains. Nous nous demandons si notre Campinien est synchronique du Flandrien de la Légende officielle de la Carte géologique au 40 000°. Nous ne le pensons pas, et nous avons des raisons sérieuses pour estimer le FElandrien du littoral comme plus récent que notre Campinien. Supposons ce synchronisme : nous demanderons à la Commission de la Carte pour quel mouf elle à substitué le nom de Flandrien à celui de Campinien que nous lui avons conservé depuis 1880. La carte de Dumont n'était pas plus officielle que nos levés et nos textes explicatifs : les uns et les autres furent publiés aux frais de l’État. Notre Campinien de 1880 étant doyen d'âge devait être conservé au même titre que le fut le Bolderien au détriment de l’Anversien bien mieux représenté. Le Hesbayen et d’autres dénominations créées par Dumont le furent aussi. Un mot d'explication, s’il vous plaît, messieurs les membres du Comité de direction de la Carte géologique au 40 000°. Une commission émanant de l'État a pour premier devoir la plus stricte impartialité; tous les citoyens, en outre, doivent être traités sur un pied d'égalité absolue. Pendant les douze ans (1866-1877) que nous eûmes l'honneur de faire partie du Conseil provincial d'Anvers, nous avons présidé bien des commissions, nous n'avons jamais failli à ce devoir et nous nous en faisons gloire. La Commission de la Carte géologique a-t-elle suivi la même voie, nous en doutons fort. Elle à entouré nos travaux d’un silence systéma- (4) Plus de 140 kilomètres. Briqueteries, bassins, forts, fortifications, etc. DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. 181 tique. Elle ne pouvait ignorer nos travaux, publiés par le Ministère de l’Intérieur, dont elle-même dépendait. Revenons-en à notre mémoire. D’'Omalius et Winkler assignaient à notre Campinien une origine marine. Nous partagions l'avis de ces géologues; nous fimes valoir l'identité de caractère sédimentaire de notre Campinien et du Tongrien inférieur dont les caractères paléon- tologiques sont franchement marins. Il ressortait de ces coupes mises en regard que notre Campinien devait être également de formation marine (1). -_ De l'étude orographique de la Campine anversoise, nous avons tiré un autre argument non moins concluant. Nous avons prié notre ami, feu le lieutenant de vaisseau L. Petit, ingénieur hydrographe, de com- parer le relief de la basse Belgique avec celui du fond actuel de la mer du Nord. L’éminent ingénieur hydrographe conelut de son étude que la basse Belgique était un ancien fond de mer, modelé par les mêmes forces qui agissent encore de nos jours sur le littoral. Les nombreuses fausses passes constituaient une preuve indéniable de son assertion. Nous ajoutions encore (page 58) : La sédimentation de notre Campinien doit être contemporaine de la dernière période glaciaire. Elle n’a pu se faire antérieurement parce que tous les vestiges de l’âge paléolithique se trouvent à un niveau inférieur à la base de notre Campinien. Elle ne peut dater de l’époque postglaciaire, car nous avons constaté des traces non équivoques de l’action glaciaire au fort de Merxem, où les silex éclatés relativement abondants n’ont pu être apportés que par des glaçons, car leur poids s'élevait parfois à plusieurs centaines de grammes et leurs arêles toujours vives ne peuvent laisser de doute à cet égard. Enfin nous disions encore (p. 50) : En quelques points, nous avons observé dans le Leem bigarré des traces de contournement, phénomène que Lyell attribue à la fusion sur place des glaçons (2). Comme on à pu le voir dans les pages précédentes, la connaissance des couches pleistocènes fit de grands progrès depuis 1880 et plusieurs des résultats acquis nous sont redevables. Notre droit de priorité ne saurait être contesté. . L'origine marine de notre Campinien une fois bien établie, nous (1} Reproduites au Bulletin de la Société belge de Géologie, MÉ., t. XVI, p. 63. (2) Ancienneté de l'homme, p. 942. 182 0. VAN-ERTBORN. — REVISION DE L’ÉCHELLE nous dimes, M. P. Cogels et nous : Le Pleistocène se divise en trois, que nous pouvons désigner ainsi : Prémammouthien, Quaternaire inférieur. Mammouthien, — moyen. Posimammouthien, — supérieur. Les deux premiers sont paléontologiquement bien établis; le troi- sième n’est pas fossilifère; comment y pourvoir? Il nous’ vint une idée lumineuse. Courons à Lierre et faisons un sondage à pic sur les Mammouths. Nous procédämes avec ordre; nous priâmes l'autorité locale de nous indiquer officiellement le gisement des Mammouths. M. de Strycker, échevin des travaux publics de la ville de Lierre, notre ami comme ancien collègue au Conseil provincial d'Anvers, voulut bien nous accompagner. Arrivé au pont de la dérivation, il nous dit : À 150 mètres en aval, rive droite. Terre végétale. Leem (limon). Campinien (nobis) 9. Sables divers. Cote 0. — 0 30. Quaternaire moyen. 3 squelettes de Mammouth. —e Sable d'Edeghem. Petits cailloux. Tourbe. Sable tourbeux. Sable graveleux. Fig. {. — GISEMENT DES MammouTHs (échelle : 0w005 pour 1 mètre). Les 150 mètres furent mesurés avec le plus grand soin, et au point précis, on fora le 45 janvier 1880 (1). L’échevin de Strycker ajouta : C’est au pied de la pente qu’en 1860, il y a donc vingt ans, on trouva trois squelettes de Mammouth; les deux premiers furent malheureuse- (4) Ministère de l’{ntérieur. Commission de la Carte géologique de la Belgique. Texte explicatif du levé géologique de la planchette de Licerre, par le baron 0. vAN ERTBORN, avec la collaboration de M. P. CoceLs. (Bruxelles, imp. Hayez, 1880; voir p. 40.) DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. 183 . ment perdus; le troisième fut sauvé grâce à M. le professeur . Van Beers (1). Il figure au Musée d'Histoire naturelle de Bruxelles. » COUPE DU SONDAGE. Cote 5. Mètres. | Terre végétale argilo-sableuse . . . . . . 4 00 LEPHADICARROS ELEC ER 2 0/1: 00 Sable gris verdâtre légèrement argileux . . . 0.40 CAMPINIEN (nobis). SAbIE NORD LE En UE; 0.50 ; Sable vert pointillé de glauconie . . . . 1.30 Sable vert bleuâtre pointillé de glauconie et \ grains blancs avec graviers à la base . . . 1.10 : 9.30 QUATERNAIRE FLUVIATILE. Tourbe et sable tourbeux . . . ANNE 0.70 Trois squelettes Sable glauconifère remanié . . . 0.60 de Mammouth. Sable glauconifère graveleux . . . . 0.30 | Got IA :60 ANVERSIEN. se Sables Sable argileux glauconifère vert (non percé). . 0.40 à Panopæa Menardi. PTT Notre Campinien, Pleistocène supérieur, post-mammouthien, est donc bien établi sur une base des plus solides, au grand complet, Leem bigarré et graviers de base compris. De plus, notre droit de priorité bien acquis par publication officielle datée de 1880. Comme nous l’avons dit précédemment, l'ère des cailloux et silex n'était pas close. L’honorable M. Rutot a retracé la suite de son his- toire dans son mémoire : Les origines du Quaternaire de la Belgique (2). L'auteur, après avoir rappelé le Quaternaire de Dumont : limon hesbayen, sable campinien, sables et cailloux, nous dit qu’à la suite de ses levés en Flandre il avait constaté que le terme moyen de ce groupe, le Campinien, en était réellement le sommet dans une partie du pays et que dans une autre il en était le terme inférieur. Dés lors, _ (4) M. le Profr Van Beers, père du célèbre artiste peintre de ce nom et beau-père de notre ami M. Kemna, notre ancien président. Tous les géologues lui doivent une vive reconnaissance pour ce service inestimable rendu à la science; nous tout parti- _culièrement. Ne nous permet-il pas de démêler cet inextricable écheveau pleistocène ? On sait dans quelles difficultés on se débat dans les pays voisins. _ (2) Société de Géologie, de Paléontologie et d'Hydrologie, t. XI, 1897. Mémoires. 0. VAN ERTBORN. — REVISION DE L’ÉCHELLE 184 -snnbuur ‘14.p sanojonbs ‘uoyoqoy e odÂy juawuosi5 np osne9 Y ‘uslueyoqOH (7) -smuabuurud ‘j4,p soneçonbs ‘axarq e edf} luewiesté np asn89 Y ‘UOLMOTT (F) ‘UN (-O du] a[o[rered np PION ne ‘PION 9juad EI INS S191109 s10d9 ‘UINOUIUEY NP AUNEJ EI 9P UONBIS -IU9 NO UOTJDUI)XAT ‘PUOJ JIA P SO9I[RA SP IU9WISNAI") “IN9SSPU9-AUWO,[9P 294148, [ 8 9pOHAd-ru 8 enbrqders -OIPÂU OWIS9Y *SOY[[RA SOP IUAWISNIID NP JUXWYPUQU -W0) ‘UINOUWIUEIY NP AUNL} E[ 9P J9 9IO[ EL 9P 9PALMVY ‘SOSNOUOUIT S2191SsN0 9p san) ‘OAN9IF 2P SO[OUQUI9 p SoJ{UOAd Sa1MS o1lPIOE[S 200 9p SOAISS990NS SUOIJPPUOUT ‘91IRIDEIS-LIANT "QUUINDSAY 25185 Y ‘JUUIETEUUONIPUO") {UUITOH “QUUIUIUDANAG 9S1$$Y ‘OF 9109 eJ 9p snossop-ne anbIS[9g 2SSeq LI SUP ourIPI “QUURNUIUDI 981S$Y -snnbuur Svydo] 1Ü ‘1119818914 19 91B1[") ISTW9Iq ‘(5) ualu9Y040H “JINOUITUEY NP 25Y 2JLLOU[OIVIU[ *(}) Uouruo ut *OIIRI98[T PUO028S ATMIOIAAO AONHOAT VT V AASOddO AAAIT AANHIATI (‘uIINOouUEMIIE) “ANOTIOJUT 9U990S19[ ‘uso 9u990S19d ‘(ua1y)nowuetu-1S04) ‘Anstaodns 9U9909S19[4 “ANTAGON DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. 185 un changement de nomenclature s’imposail; ceci se passait en lan 1885, donc environ cinq ans aprés nos publications citées plus haut. L'auteur ajoute ensuite qu'il créa le terme de Flandrien pour désigner le Quaternaire supérieur et qu’il conservait le nom de Campi- nien à l’ensemble des couches inférieures, c'est-à-dire aux limons, sables et cailloux. | Il nous dit encore (p. 4) que le Conseil de direction de la Carte séologique détaillée du Royaume adopta la proposition qu'il avait faite _et fit entrer le nouveau terme dans la Légende de la Carte. Puis, même page 4 : « C’est avec notre consentement, que le Campinien qui renfer- mait trop de termes à distinguer fut subdivisé en trois assises : le Moséen, le Campinien et le Hesbaven. » Nous n’en dirons pas davantage. Aux lecteurs que lhistoire du Pleistocène intéresse, nous prenons la liberté de conseiller la compa- raison du mémoire de M. Rutot : Les origines du Quaternaire de Belgique et de nos publications. Un fait qui étonnera, c'est qu'un fonctionnaire du Ministère de l'Intérieur ait pu ignorer les publications de ce même Ministère, pré- cisément dans sa division, et cela pendant dix-sept ans. [Il est étrange aussi que la seconde Commission de la Carte géologique ait ignoré les publications de la première Commission. De la détermination de l'âge relatif des couches géologiques et tout particulièrement des dépôts pleistocènes Nous avons constaté fréquemment que les divergences de vues entre intellectuels étaient basées sur la détermination erronée de l'âge relatif des couches géologiques. On ne saurait être assez rigoureux à ce sujet; n’avons-nous pas vu un géologue de valeur attribuer l’âge pleistocène inférieur à des dépôts parce qu'on avait trouvé dans cette couche une molaire d’Elephas antiquus ? Une relique quelconque de ce genre n’a pas pour nous plus de valeur qu'un vulgaire caillou. On ne peut conclure qu’une chose de ce fait, c'est que l’Elephas antiquus avait vécu, mais que ses restes pouvaient aussi être éparpillés dans des dépôts contgmporains ou plus récents : le vague absolu en un mot. 186 0. VAN ERTBORN. — REVISION DE L’LCHELLE Nous exigeons le squelette entier, ou tout au moins plusieurs osse- ments dans leur position anatomique, sinon rejet absolu. C'est pour ce motif que nous avons attribué au Pleistocène inférieur le nom d'Hoboken, parce que le squelette (1) de l'EL. antiquus fut trouvé dans cette localité. Nous la considérerons comme le gisement type du Pleistocène inférieur en Belgique. De même à Lierre, où le squelette d’Elephas prümigenius (2) fut découvert il y à une cinquantaine d'années tout près de la gare. Il en est qui prétendent que les deux ÆElephas antiquus et primi- genius furent contemporains. Furent-ils trouvés dans les conditions voulues, nous en doutons. L'un dut périr exterminé par le premier Glaciaire, le second est certainement interglaciaire et disparut par suite du second Glaciaire. Pour les couches que l'on peut explorer de visu, les mollusques, surtout les bivalves, font foi absolue. Avec le mode de sondage à courant d’eau, le coulage est fort à craindre (3). | Dans ce cas, il faut bien connaitre l’allure des couches ; rien ne ressemble plus à une argile qu'une autre argile. Si on tente de déter- miner les échantillons sans connaître l’allure, on est certain de faire fausse route, comme le firent les géologues qui déterminèrent cer- taines coupes de sondages houillers de la Campine. Ce qui nous a toujours grandement surpris, c’est que, lors de la créalion de la Légende officielle, on n'ait pas songé à faire usage des squelettes d’éléphants exposés depuis tant d’années au Musée d'Histoire naturelle de Bruxelles. ILest pourtant élémentaire en géologie de déterminer paléontologi- quement les terrains. Tout le monde sait que l’El. antiquus (squelette) est caractéristique du Pleistocène inférieur et que l’El. primigenius (squelette) est caracté- ristique du Pleitoscène moyen. semblerait qu'on ne s'est même pas enquis du gisement. (4) Une partie des ossements fut perdue par une coupable négligence. (2) En 1880, nous avons relevé avec soin la superficie de cette ancienne nécropole. Elle ne couvre pas moins de 700 hectares. Nous l’avons désignée sous le nom de Marais de Lierre. À raison de dix squelettes par hectare, il y aurait là huit mille Mam- mouths. On en avait déjà retiré du temps des ducs de ot e (3) Nous en savons quelque chose, l'ayant pratiqué pendant trente-six ans. Rien n’est plus facile que de faire trouver, à 200 mètres, des couches de pipes de Hollande, dans une argile paraissant absolument in situ. | 1 DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. : 181 De l'allure du Diestien. À première vue, on pourrai croire à un article consacré au Pliocène inférieur ; 11 n'en est rien. Le Diestien n'est-il pas le grand importateur de cailloux, de ces cailloux remaniés par les courants quaternaires et qui se trouvent partout à la base de ces dépôts! On coneluait de leur pré- sence à ce niveau qu'ils étaient amenés de loin par les courants pleis- tocènes (1). Ces idées préconçues firent naître même le Diestien qualer- naire, élucubration bizarre, de nos jours oubliée. Aujourd’hui nous nous demandons s’il existe en Belgique des cailloux de provenance étrangère. et arrivés pendant les temps pleisto- cènes. Quelques-uns daïs l'Hobokenien ; quelques blocs erratiques aussi dans la Campine, non loin des frontières, gisant sur le Pleistocène supérieur. Les Pseudo-erratiques trouvés à des cotes élevées par de la Vallée Poussin, Renard et Delvaux (2), en des points que n'attei- gnirent jamais les mers glaciaires; mélés aux cailloux diestiens, ils sont comme eux d’origine diestienne. On voit done le rôle considé- rable joué par le Diestien dans la formation de nos dépôts pleisto- cènes. Le Diestien, nous le trouvons avee son toit à Utrecht, à la cote — 275. et à fenaix Pottelsberg avec sa base à la cote + 155; sa puissance moyenne est en Belgique d'environ 40 mètres ; à Utrecht, elle est bien plus considérable, car à la cote — 366 sa base ne fut pas atteinte. Nous le savons compris entre les cotes + 175 et — 566, soit sur une hauteur de 541 mètres; nul doute que plus au Nord il ne fat bien plus considérable et son relèvement vers le Sud du même ordre. Ses cailloux à la base des dépôts quaternaires du Nord de la France en : (4) N’en avons-nous pas retiré plus de 100, d’un coup de cloche à clapets, au sondage de MM. Moens, à Alost! Ils se trouvaient à la base de l'Ypresien et sur une surface de 6 décimètres carrés. Quel Ypresien quaternaire ! aurait-on dit jadis; vingt millions de cailloux à l’hectare ! à E. DELvAUXx, De l'extension des dépôts: q rs de la Scandinavie. (Soc GÉOL. DE BELGIQUE, t. XI, 1884. Mém.) S'ils sont réellement de roches originaires de ce pays, ils Seraient arrivés en Belgique. pendant l’Hobokenien, alors que tout le pays, sauf l’Ardenne, était encore immergé. dar pet 188 0. VAN ERTBORN. — REVISION DE L'ÉCHELLE font foi. Leur lieu d’origine fut les falaises de l’Artois, que la mer diestienne battit en brèche pendant tant de siècles. À Bruxelles, par 50°51’ de latitude, la base du Diestien se trouve à la cote 100 et son toit à la cote 140; d’autre part, à Utrecht, par 52% de latitude, ce même toit se trouve à la cote — 275, et ia base. à 100 mètres plus bas, probablement à la cote — 375. La dis- tance à vol d'oiseau étant de 137 kilomètres, nous avons pour le pendage kilométrique du toit vers le Nord 3"5 et pour celui de la base 9"7 environ. L’allure de l'Est à l'Ouest est non moins régulière; nous avons en effet : Latitude. Waltwilder, près Maestricht. 90051’ Base du Diestien à + 100. Pellenberg, près Louvain. . 90052 ) à + 100. Bruxelles (1). . . . . . 5003!’ » à + 400. Plus à l'Ouest mais plus au Sud, nous retrouvons la base du Diestien de Renaix-Pottelsberg à la cote + 135 et à Cassel (France) à + 143. En tenant compte des pendages et en reportant ces niveaux sur le parallèle de 50°51', nous obtenons cette même cote + 100 pour le niveau de la base du Diestien (2). Ces niveaux si réguliers Est-Ouest, nous pouvons les constater de Waltwilder à Cassel sur une longueur de 220 kilomètres. Il est à pré- sumer qu’ils s'étendent encore bien plus loin en Angleterre, selon toutes probabilités. Prolongés vers le Sud, le toit et la base passent respectivement à Mons aux cotes + 244 et + 284; nous en reparlerons plus loin. Il y eut ici un mouvement réel du sol, relativement à l'axe ter- restre (3), c’est-à-dire qu’au Nord la perpendiculaire à cet axe diminua de longueur et qu’au Sud elle fut augmentée. 11 ne s’agit donc nulle- ment de petits mouvements apparents, tels que celui qui ramena la mer dans la basse Belgique à la suite de l’agglomération des glaces dans la zone arctique durant le second Glaciaire. D’autres mouvements en sens (4) Reutel est situé sous le même parallèle de 50° 51’. (2) Dans le Sud de l'Angleterre, le niveau de la base du Diestien atteint la cote 1000 pieds. (3) Nous ne tenons pas compte du léger mouvement giratoire de cet axe, ici peu important. DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. 189 inverse ont pu se produire pendant les temps tertiaires et avoir leur cause dans l'hémisphère austral. Il est d’une grande importance pour nous de savoir à quelle époque se produisit ce mouvement de bascule qui fit plonger les Pays-Bas et émerger la Belgique. Nous essayerons de l’établir. Ce mouvement à pu se produire depuis le Diestien jusqu’au Pleisto- cène inférieur, Hobokenien compris. L’exposé de nos motifs sera rapide. Si le phénomène s’était produit pendant les deux étages plio- cènes marins (1), nous aurions eu, au Sud, des Térébratules et des Corbules aériennes, et au Nord, d'autre part, presque une faune pro- fonde à 300 et 400 mètres, ce que rien n'indique. Le Tegelenien, pliocène supérieur, formation poldérienne, se trouve compris à Turnhout entre les cotes + 28 et + 1, et cela sur le faite de partage des bassins de l’Escaut et de la Meuse, et à Roosendael nous n'avions pas atteint sa base à la cote — 75. [1 serait oiseux de discuter la question : un polder ne se forme pas sur un faîte de partage et n’est pas sous-marin à quelques lienes plus au Nord. La sédimentation de ces dépôts poldériens est donc antérieure au mouvement de bascule. L'Hobokenien est caractérisé par des dépôts côtiers, surtout de dénudation ; en le suivant du Nord au Sud, nous le trouvons à Anvers à la cote O0 — ; à Hoboken, à la cote + 20 (gisement de l’ET. antiquus); plus au Sud encore, il atteint la cote 50. Sous le parallèle de Rupel- Durme, on cesse de le trouver, mais directement au Sud commence la grande érosion qui coupa même l'argile rupelienne, si tenace et si résistante. L'extension de l'Hobokenien vers le Sud est des plus pro- bables, mais elle ne saurait être prouvée. En effet, l’ancien plan incliné, résultant du mouvement de bascule, est rompu par les érosions, et dans la plaine on ne voit plus que quelques collines couronnées par le Diestien, derniers témoins de l’état préexistant. Un littoral ne peut se trouver à la cote + 30 à moins de soulève- (1) Le Scaldo-poederlien, que l’on croyait localisé dans la banlieue d'Anvers, s’étend et s'étendit beaucoup plus loin. M. van den Broeck pressentit le premier sa présence en Limbourg. On l’a reconnu depuis, dans cette province, jusqu’à la cote 70. Nous ne doutons nullement de son ancien gisement au-dessus du Bolderberg, avec base à la cote 88. Il en est des preuves indirectes et, vu l'extraordinaire régularité de son soubassement, le Diestien, nous avons la conviction qu’il occupa jadis le site de Bruxelles. Le plus élevé dans la série marine, il fut le plus exposé aux dénudations ; les traces de celles-ci augmentent d'intensité vers l'Ouest. Sous le parallèle de et à Ostende par 51°1#, c’est l’Ypresien qui affleure en sous-sol, tandis que près de la Meuse, sous le même parallèle, c’est le Tegelenien. 190 0. VAN ERTBORN. — REVISION DE L'ÉCHELLE ment subséquent, et nous en concluons indiscutablement que le mou- vement de bascule ne put se produire qu'après, soit à l’aurore du Pleistocène moyen, c’est-à-dire de l’interglaciaire, de Age du Mam- mouth. | De ce fait qu'on ne saurait contester, nous tirons les singulières déductions suivantes : c’est que le régime hydrographique actuel ne pouvait exister qu'à l’état sous-marin, que la vallée de la Meuse n'existait pas et qu'il n’y en avait pas le moindre vestige. Le site de Liége était lau moins 200 mètres en dessous de son niveau actuel, et l’Ardenne d'au moins 500 mètres. Le Pliocène de l’Ardenne, s’il y en eut, devait être représenté par quelques dépôts lacustres ou fluviatites, très peu importants, depuis longtemps balayés, car si les tertiaires ont subi une ablation de plus de 100 mètres, une ablation de quelques mètres seulement, en Ardenne, les aurait balayés tous. Parallèle de Bruxelles 50051’. Émersion au commencement du Pleistocène moyen (âge du Mammouth). Reutel. Fond de la vallée actuelle. y Vif fond de la vallée. Niveau actuel dela mer. Fig. 2. — COUPE THÉORIQUE À REUTEL (HAMEAU DE BECELAERE). On ne peut s'empêcher de sourire aujourd'hui de certaines antiquités prétendues. Le site de Reutel ne vint au Jour que lorsque les vallées étaient creusées de soixante pour cent, et lorsque ceux de Mesvin et de Spiennes émergèrent, il n'y avait plus qu'un dixième à creuser, au déclin done de l’Interglaciaire. L’homme tertiaire de Spiennes n'est plus qu’un fantôme, et la molaire d'El. antiquus de Mesvin qu'un vuloaire caillou. Tant d’autres encore qu’il serait oiseux de citer. O fragilité humaine! | | DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. 191 NOTE. D’après nous, le gisement type des cailloux diestiens se trouve au Pottelsberg lez-Renaix. Feu le capitaine E. Delvaux, notre regretté ami, en a donné une excellente description. (Nature et origine des éléments caillouteux quaternaires, etc. [Soc. GÉoL. DE BELGIQUE. t. XIX, 1891-1899. Mém., pp. 223-267.]) Le mont atteint la cote 157. La base du Diestien se trouve à la cote 135. Remar- quons-le bien, en insistant même : entre ces deux cotes, pus de traces de Quaternaire; au-dessus des couches de cailloux, base du Diestien, pas un caillou, pas un intrus d’origine étrangère, sauf quelques silex taillés, apportés par l’homme. À la base du Dicstien, on observe trois couches de cailloux. soit : c) Supéricure : cailloux moyens, quelques quartz . . . . . Om9ÿ b) Moyenne : cailloux moyens, rarement pugilaires . . . . (0.40 a) Inférieure : cailloux céphalaires, pugilaires, ete. . . . . 0.60 TOTAE en m9 Soit 12,500 m* à l’hectare. L'auteur nous donne ensuite la surface du mont aux niveaux suivants : ATACOLC ATEN EC 0 500 me. A OR US Ne ee PC 60:000xmn. = 100 0. 7 de 60200, °262:000 nm? Si l’on prenait la surface du mont au niveau de la base du Diestien, soit à la cote 135, jugez de l'effroyable quantité de cailloux. Enfin, sur les flancs de la colline, en dessous de cette cote 135, les cailloux se comptent par dizaine de millions. Inutile d’insister, comme d’ailleurs Delvaux l’a établi à l'évidence, la véritable origine des cailloux que l’on trouve partout sans le limon, éparpillés dans les cam- pagnes, amassés au fond des vallées, c’est la base du Diestien. Nous recommandons l’exeursion aux Jeunes géologues, elle est des plus intéressantes. Le meilleur guide sont les travaux de Delvaux. Nous ne pensons pas qu’il y ait encore quelque chose à glaner, Delvaux avant exploré cette région si pittoresque avec trop de soin. On remar- quera surtout la parfaite régularité et l'horizontalité des couches et leurs épaisseurs. Ces faits ne peuvent être attribués qu’au transport par glaçons. Ceux-ci se formant sur la plage, furent poussés au large par les vents et, en se fondant, éparpillèrent les cailloux si régulièrement sur le fond de la mer. Sinon, les faits seraient inexplicables, car on n'obserie aucune trace de courants. De plus, le transport par les courants de cailloux céphalaires sur une surface plane et énormément large s’expliquerait bien difficilement. Constatons encore que le fond de la mer diestienne formait un vrai plan sur une immense étendue. 192 0. VAN ERTBORN. — REVISION DE L'ÉCHELLE Reprenons l'examen critique de la Légende officielle, partie concernant le Pleistocène, en commençant par le plus ancien de la Belgique, comme le dit son auteur (1). I serait donc l’équivalent de notre Hobokenien. n'y paraît pas. Du gisement d'Hoboken et de l’El. antiquus, il n’est pas question. Le MoséEN (Q1a). Nous venons de voir que pendant la période du Pleistocène inférieur, la Meuse n'existait pas; le sens du mot nous semble signifier contem- porain de la Meuse, c’est-à-dire de l'Interglaciaire, de Age du Mam- mouth. Toutefois, il n’est pas possible de tirer quelque chose de la Légende officielle; nous la reproduisons ici avec nos observations. LÉGENDE (Éd. de 1900). Q1a. Argile pailletée, grise et noire, devenant sableuse (Qfas) et passant au sable, avee lits tourbeux intercalés. Bois de cervidés et restes de bison. Q/s. Sable blanc, quartzeux. légère- ment pailleté (sable de Moll), devenant parfois argileux (Q{sa). Cardium edule, Mya armaria, Cerithium, Corbula. Qin. Limon non ossifère des hauts plateaux de la Sambre et de la Meuse. Qfm. Cailloux ardennais et cailloux de silex des niveaux supérieurs. OBSERVATIONS. Nous supposons que ce sont les argiles de la Campine. Celles-ei, à flore et à faune d'âge pliocène supérieur, ne peuvent figurer sous la rubrique Pleistocène. Nous ignorons où les restes de bison furent trouvés et où ils sont conservés. Le sable de Moll, dans la colline de Casterlé, est recouvert par le Scaldisien fossilifère. Celui-ci est d'âge pliocène moyen il nous est donc impossible de ranger les sables de Moll dans le Pleisto- cène. Ils sont diestiens. Ce limon nous parait difficilement déterminable. Il nous semble que s’il datait du Pleistocène inférieur, il eût été balayé par le second Glaciaire, Comme nous l’avons fait remarquer au sujét du Pliocène ardennais. En tout cas, incerti- tude absolue. Encore plus vagues et plus indétermi- nables. Le Moséen quaternaire se composerait donc de deux étages pliocènes, l’un supérieur, le Tegelenien, l’autre inférieur, le Diestien, assise de Casterlé, et de deux indéterminables. Inutile d’insister. Le Moséen a vécu. (1) M. MourLoN, Société géologique de Belgique, t. XXVris, in-40, DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. 493 Notre Pleistocène inférieur, l’Hobokenien à Rh. Merckii et El. antiquus (squelette entier). PREMIER GLACIHIRE ET PRÉGLACHIRE. Nous avons parlé trop souvent de l'Hobokenien pour qu’il soit néces- saire d’entrer encore dans de nouveaux détails. Nous avons dit qu’on ne pouvait le trouver au Sud du parallèle Rupel-Durme, parce qu'il fut balayé par les dénudations; done, au Sud de ce parallèle, pas de Pleistocène inférieur en Belgique. Restes d'El. antiquus isolés, simples cailloux, sans valeur paléontologique et stratigraphique. Nous n’ignorons nullement que le Eh. Merckii et l'El. antiquus appar- tiennent à la faune pliocène, mais celle-ci n’émigra ou ne disparut pas en un jour. Une partie de ses représentants continuèrent à vivoter pendant le Glaciaire, et ce ne fut que lorsque celui-ci eût pris toute son intensité qu'ils furent anéantis. Quelques-uns de ses membres peuvent donc très bien se trouver à l’état de squelette dans les couches d’ori- gine glaciaire (1). CAMPINIEN (02). Quaternaire moyen de la Légende officielle. Il nous semble oiseux de nous en occuper. Le nom qui lui conviendrait le mieux serait Jean- sans-Terre. Nous ne connaissons de vestiges de lui, en Campine, que deux molaires et un tibia de Mammouth conservés au château de Ter- laeken, à Boisschot. Mort-né, ne troublons plus son repos. % *X *% Notre Pleistocène moyen : le Lierrien. S'il est un site par excel- lence pour représenter le Pleistocène moyen, c’est bien le territoire de la ville de Lierre. Déjà au temps des ducs de Bourgogne, on y avait trouvé des ossements d’éléphants. A la fin du XVIIF siècle, on en (4) Nous avons tracé sur nos levés au 20 000: les limites du Pleistocène inférieur . avec beaucoup de soin. La Carte au 40 000e les a remplacées par du Poederlien. Les fossiles remaniés dans l’Hobokenien sont cependant si faciles distinguer des fossiles in situ par leur demi-sihicifieation ! 4907. MÉM. 13 194 0. VAN ERTBORN. — REVISION DE L’'ÉCHELLE { conduisit cinq charretées à Vienne ; enfin, en 1860, on découvrit les trois squelettes dont nous avons déjà parlé bien des fois. On en trouva encore un en janvier 1907. Enfin, au fort de Lierre, on trouva les fossiles. El. primigenius. Cervus elaphus. Rhinocerus tichorinus. Megaceros hibernicus. Equus caballus. Ursus: arctos. Bison europœus (Aurochs). Hyæna spælæa. Mollusques d’eau douce, insectes, etc. Le gisement proprement dit couvre une surface d’environ 700 hec- tares. En 1880, M. P. Cogels et nous en avons relevé le circuit avec le plus grand soin. Nous l'avons nommé le Marais de Lierre (1). Au fort, il y avait un assez grand cours d’eau qui coulait SE-NW et qui contribuait probablement à former le marais. Le climat de l’Interglaciaire ne semble pas avoir été bien clément. En Belgique, il était essentiellement continental; le Pas-de-Calais n'existait pas, le fond de la mer du Nord était émergé, le Mammouths- veld en témoigne (2). Les hivers devaient être rigoureux. Nous en venons à un point important de ce mémoire. Nous avons dit précédemment que toutes les vallées du pays furent creusées pendant l’Interglaciaire, du toit du Diestien jusqu’à vif fond (3), c’est-à-dire à peu près la cote O (4) actuelle. En effet, les squelettes de Mammouths gisaient à Lierre à vif fond de la vallée de la Nèthe, à la cote 0, et les autres ossements, au fort de Lierre, à la cote + 2. A Courtrai, le vif fond de la vallée de la Lys est voisin de la cote 0; celui de la Haine, près Mons, est moins bas, il doit être voisin de la cote + 15. Il est donc facile de calculer à quel stade se trouvait le creusement des vallées à un niveau donné. Si d’une part les vallées sont beaucoup plus (4) Texte explicatif du levé géologique de la planchette de Lierre, pp. 8 et suiv. Bruxelles, Hayez, 1880. — P. CoGELs et 0. vAN ERTBORN, Mélanges géologiques, fase. I, p. 7. Anvers, 1880. (2) Nous nous Sommes occupé en détail de cette question, il v a plus d’un quart de siècle. Nous ne pouvons nous copier. Voir : Les terrains miocène, pliocène et quaternaire à Anvers. (BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE D'ANVERS, 1881.) (3) Sauf le remplissage, Pleistocène supérieur et moderne. (4) Ce niveau géologique est exactement celui de Cyrena fluminalis trouvée au sondage d’Ostende-Ville en 1858. Elle giît, en effet, au fond de l’érosion maxima, contemporaine de la fin de l’Interglaciaire. A Ostende, cette érosion fut bien plus intense, car elle atteignit l’Ypresien. DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. 195 larges à leur partie supérieure, d'autre part, au fur et à mesure de l’approfondissement, la vitesse du courant diminuait et même la force érosive; il s'ensuit qu’il y avait compensation de ce chef. Nous demandons que l’on nous prouve que les vallées des fleuves et rivières sont antérieures à l'Interglaciaire, non pas d’après l’avis de M. X.. ou.de M. Y..., ou à l’aide d’ossements, molaires, défenses, cailloux, mais à l’aide, non pas d’un squelette entier, mais d’un quart de squelette trouvé en position anatomique. Sinon on s’avouera battu. Des squelettes comme ceux que nous avons présentés à Hoboken et à Lierre et, pour le Pleistocène supérieur post-mammouthien, un sondage comme celui exécuté le 4% janvier 4880, au gisement des Mammouths à Lierre. Pleistocène supérieur. CAMPINIEN (Q3c) (nobis). BRABANTIEN (05b). HESBAYEN (Q5a). HESBAYEN (05) (Q5a nobis). La Légende officielle porte ensuite : Hesbayen (Q5a); nous le rangeons aussi dans notre Pleistocène supérieur. La Légende officielle est muette sur le niveau exact qu’il occupe, parce que tous les dépôts pleistocènes, depuis son Flandrien jusqu'au Moséen compris, sont indiqués comme Pleistocène inférieur ou Diluvien. Toutefois, on peut conclure de sa position dans la série qu’il est post-mammouthien, car l’El. primigenius, qui est indiqué dans le Campi- nien officiel, ne figure plus dans le Hesbayen. Les restes de ce pachy- derme se trouvent toujours sous Île limon et jamais dans sa masse. Feu le capitaine E. Delvaux a démontré qu'à Overlaer lez-Tirlemont, il existait un limon postérieur à l’El. primigenius. Cette preuve s'étend à tous les autres limons; car s'ils ne sont pas contemporains les uns des autres, ils datent tous du second Glaciaire, époque à laquelle le Mammouth était éteint. Le limon étant d’origine glaciaire (2), n’a pu se former pendant l’Interglaciaire, et nous avons prouvé que les dépôts du premier Glaciaire ne dépassaient pas le parallèle Rupel-Durme vers le (4) E. DELVAUx, Mémoire sur l'existence d’un limon quaternaire supérieur aux dépôts caillouteux à EI primigenius. (SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE BELGIQUE, 1886, t. XIII.) (2) Sauf la translation aérienne et coulage subséquent, comme actuellement en Mandchourie. 196 0. VAN ERTBORN. — REVISION DE L’ÉCHELLE Sud et occupaient un autre versant. Il n’a done pas pu y avoir été transporté pendant l'Interglaciatre. Le premier terme du Hesbayen dans la Légende officielle, Q50, n'ap- partient certainement pas à son niveau. Cailloux, gravier, sable et tourbe des vallées principales. Les cailloux et les graviers sont positivement du : Pleistocène moyen; de l’âge du Mammouth, des éléments d’éboulis, et le sable remanié et la tourbe sont le gisement type des Mammouths à Lierre, dans le fond de la vallée de la Nèthe. LE BRABANTIEN. La Légende officielle ne porte pas le Brabantien, subdivision nouvelle créée postérieurement à la dernière édition de la Légende officielle en 1900 par l'honorable M. A. Rutot. Ce géologue attribue aux limons ne porlant aucune trace de stratification une origine éolienne. Nous ne contestons nullement le fait; nous ferons remarquer cepen- dant que les dunes, formation éolienne par excellence, portent de nombreuses traces de stralification et que le Lee” bigarré campinien de notre Pleistocène supérieur, quoique de formation marine, n’en présente souvent aucune. [Il nous semble done qu’il v a lieu de n’accueillir le Brabantien dans la Légende libre que sous bénéfice d'inventaire, c’est-à-dire après examen plus complet de la question pendante. Nous avons rangé le Brahantien dans le Pleistocène supérieur, parce que nous le considé- rons comme postérieur au limon hesbayen proprement dit (1). | Pleistocène supérieur. CamPiNiEN Q5c (nobis). Nous conserverons au Pleistocène supérieur marin de la basse Belgique le nom de Campinien, avec le sens que nous lui avions donné lors de nos levés géologiques, M. P. Cogels et nous. | On l’a attribué dans la Légende officielle au Pleistocène moyen, quoi- qu'il n’y eût à cette époque aucun gisement connu de l’âge du Mammouth en Campine. Au moins le Campinien de Cogels et de van Ertborn existe dans la plus grande partie de la Campine, et le sondage du 18 janvier 1880 (2) (4) Nous sommes grand partisan de l’origine éolienne de beaucoup de limons, d’après ce que feu le P. Dedeken et ses confrères, tous vieux Mandchouriens, nous en ont dit. (2) Voir page 182. DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. 197 a démontré à l'évidence que notre Campinien, Pleistocène PHneure est post-mammoulhien. Nous avons dit aussi que ce Pleistocène supérieur était de formation marine. Voici son eycle de sédimentation (1) : | e. Sables d’émersion. Sables fins où movens, pointillés de glauconie, parfois légèrement argileux. c. Leem bigarré ou argile sableuse. Sables généralement stratifiés, pointillés de glauconie. a. Petits cailloux de silex et de quartz, cailloux (rares), fragments informes de fossiles tertiaires remaniés. silex éclatés (rares). Lorsque le Flandrien pourra nous offrir autant de quartiers de certi- tude, notre Campinien lui cèdera le pas. Nous ferons même des conces- sions : un seul squelette de Mammouth au lieu de trois; 10 kilomètres d'observation directe au lieu de 140, le cycle de sédimentation marine, etc. Nous n’en doulons pas, nous ne verrons pas tout cela de sitôt. | L'invasion de la mer Flandrienne (sic). Cette invasion de la Basse-Belgique par les eaux marines à la fin du Pleistocène suptrieur ne dépassa guère la cote 40 environ. Elle est rémarquable par sa régularité; tant à l'Est qu’à l'Ouest ainsi qu’au Nord et au Sud, ce niveau est constant. Il faudrait pour l'expliquer un affaissement régulier de cette quantité, puis un relèvement de cette même quantité et de plus tout à fait vertical. Ces faits nous paraissent bien invraisemblables. Nous nous proposons de l'expliquer d’une autre manière, mode qui rendrait compte de tous les laits qui, à première vue, semblent peu vraisemblables, par un relèvement du niveau de la mer. Tout le monde sait que notre globe se compose de trois sphéroïdes, qui ont le même centre de gravité : 1” Le sphéroiïde solide, plus ou moins irrégulier de forme: œ Le sphéroide aqueux, qui atténue déjà considérablement les rugosités du premier ; 5° Le sphéroide gazeux qui enveloppe les deux premiers et leur (4) Voir aussi: Bulletin de la Société royale de Géographie d'Anvers, année 1881 ; Bull. Soc. belge de Géol., de Paléontol. et d'Hydrol , t. XVI, 1909, Mém., p. 63. 198 REVISION DE L'ÉCHELLE DU PLEISTOCÈNE DE LA BELGIQUE. donne l’apparence d’un sphéroïde absolument régulier. Tout comme Jupiter, beaucoup plus sphéroïdal encore, car son aplatissement est de !/,,, tandis que celui de la Terre n’est que de 1/:6,. Si nous pouvions mettre une surcharge sur la superficie du cercle polaire, le sphéroïde solide donnerait de la bande, comme un navire dont la cargaison est désarrimée, et le centre de gravité, remontant sur l'axe, serait reporté vers le Nord. Les sphéroïdes aqueux et gazeux se modifieratent sur le coup et les eaux se transporteraient vers le Nord. Tel fut précisément le cas pendant les périodes glaciaires. Pendant la période actuelle, la masse de glaces polaires boréales, sauf au Groenland, est quasi nulle; mais supposons une calotte glaciaire immense s'étendant jusqu’au 52° de latitude, la situation sera absolument différente. Les eaux se transportant vers le Nord, leur niveau sera relevé incontestablement. Le problème peut done se poser comme suit : Quelle est la surcharge qu'il faudrait donner au pôle Nord pour qu'au 54° de latitude (c’est-à-dire en Belgique) le sinus de 39° (4) soit allongé de 40 mètres? Pour trouver cette inconnue, nous avons un excellent mètre, la fidèle compagne de la Terre, la Lune. Prenons donc la Lune et plaçons-la dans le prolongement de l'axe terrestre précisément à la distance voulue pour que la masse liquide soit attirée vers le Nord et provoque une surélévation de 40 mètres au 51° de latitude. La distance sera relativement grande, mais il sera facile d'en déduire le nombre de kilomètres cubes de glace qui, placés à la surface du sol dans le cercle polaire, produiraient la même force attractive que la Lune placée à un nombre connu de milliers de kilo- mètres. Tel est le problème, dont la solution nous donnerait la masse polaire de glace, lors de l’inondation pleistocène supérieure. Comme conclusion de cet examen critique de la partie de la Légende officielle, nous dirons que cette même partie de ladite légende réclame une complète revision. (4) Angle complémentaire de celui de la latitude. Sinus vrai de 39% est 0.63 ou les deux tiers du rayon ou 4 000 000 de mètres, soit pour 40 mèêtres un cent-millième, quantité relativement insigmifiante. re GROUPE TERTIAIRE SÉRIE DES COUCHES. TAGES DE DUMONT, LÉGENDE OFFICIELLE {Edition de mars 1900.) CLASSIFICATION LHANÇAISE ET GÉNÉRALE. ANGLETERRE LÉGENDE LIBRE. Argiles de la Campine et de Tegelen. CAMPINIEN. Campinien l'LEISTOGÈNE MOYEN VILLAFRANCITIEN. Supérieur ÉTAGE TÉGELENIEN. {Aistelien marin.) l'olderien OBSERVATIO) Polderien en el et Faune pliocen dence: par M profess, Amstelien marin day tas La NS No. bles de Merxem à Corbula gibba Sables d'Anvers-Nord à Fusus contrarius SCALDISIEN. 1. Sables gris d'Anvers à Isocardia cor et Sables de Moll. Dépôts lagunaires de Ieystop-len-Berg. Là Terebratula perforata. Sables ferrugineux de Di Grande transgression, SCALDISIEN. Pas connu de Dumont. DIESTIEN, Sables noïrs d'Anvers à Pectunculus pilosus. Sables d'Edegher à Glycimeris Menardi Grand ravinement. Sables graveleux du Bolderberg à Jsocardia Harpa et Tympanotomus lignitarum Argile de Boom à Lea Déhayesiana . les à Pecten stetinensis. Argile de Kicin-Spauwen à Nucula compta. Sables de Bergli à Pectuneulus abovatus. Sables de Vieux-Jone à Cerithium plicatum Argile de Henis à Cyrena semistriata. BOLDERIEN anréueun : Lignites du Rliin Sables sans foss du Bolder SUPÉRIEUR. À Sables graveleux du Bolder à Jsocardia Harpa. RUPELIEN SUPÈRIEUN. MAUPELIEN INFÉRIEUN 10e. IDE. TONGRIEN SUPÉRIEUR. Pliocène supérieur. EraGk l'oRoEutIES Pliocène moyen. ÊTAGE LDISIEN ASTIEN Pliocène inférieur ÊTAGE DIESTIEN sauf les Sables ile Moll dans le Pleistocène inférieur) Miocène supérieur. ÉTAGE DOLDERIEN Oligocène moyen ÉTAGE RUPELIEN Assise supérieure : Argile de Boom à Leda Dehayesiana inférieure : Argile à Nucula compla et Sables à Pectuneulus obovatus Oligocène inférieur. ÊTAGE TOXGRIEN. Assise supérieure Tys Sables de Vieux-Jonc Glaise de Ienis Sables de Bautersem PLAISANCIEN TORTONII HeLVÉTIEN STAMPIEN SANOISIEX NEWGOURNIAN. WAUTONIAN GEDGNAYIAN LENHAN. HOXTONES. PLIOCÈNE MIOCÈNE. OLIGOCÈNE SCALDISIEN. | | Assise de Merxem à Corbula gtbba. Assise d'Anvers-Nord à Fusus contrarins Cailloux assez rares. Livision cn étages non just 9 cs non justifiée, encore ma n Pliocène supérieur et moyen de De roi | officielle: deut'espéces baser dE Leg derlien (Hlarmer)* Poréales dans Poe: (Voir texte note A!) Inférieur. Supérieur. ÉraGe IESTIEN a) Sables d'Anvers à fsocardia cor (Marin); b) Sables de Moll (Dunal); 1 (Lagunaire) ; €) Dépôts de ll d) Sables de Diest à Terebratula perforata (Marin). Cailloux c. €. Les sables de MoÏl passant par transïtion sible aux sables de Dicst et étant dans Ha colline de Casterlé parle ete Sealdisien fossilifère; nous les avons Diestienv Vons replacés dans fe {Voir texte note B.) ÊTAGE ANVENSIEN Sables à Pectuneulus pilosus. Id. à Glycimeris Menardi { Cailloux Êrace UOLDERIEN. Assise supérieure Sables à Jsocar- dia Harpa, Tympanotonns li- gnitarum au Bolderberg (4) Cailloux Assise inférieure : Sables du Uolderherg sans fossiles (X1) Assise supérieure : Argile de Boom à Leda Déhay esiana. Assise inférieure Mar. : Sables à Pecten stelinensis. Argile à Nucula compta. Sables de Berg à Pectunculus obovatus. Cailloux de silex plats et noirs C'est Miocène moyen et non supé 1 et nu rieur. G. Douurus et Pit. DAUTZENSERGe à Journ. de Conchyliologie, vol. XLIX, 190{/ 9, Découverte du Tympanotomus Lignitaran dan le Miocène du olderberg re — {Voir texte note C.) Êrace MENISIEN. Sables de Vieux-Jonc à Cerithium plieatum e de Henis à Cyrena semi- striata \ Gravier de Kerkom à fossiles marins. lloux de quelques grammes à Tervueren (Quatre-Bras), Aucun paléontologiste ne pourra dénier l'affi nité de la faune du Tongrien supérieur de Dumontet du Rupelien inférieur. Le Henisien devient marin à l'Ouest de Kerkom (van den Uroeek); découvert par de la Vallée Poussin et van Értborn, à À kilomètre au Nord de l'avenue de Tervueren (Quatre-Dras) Sables de Vliermael à Ostrea ventilabrum . Argile grise profonde sans fossiles (X TONGRIEN INFÉRIEUR. Argile glauconifère. (Asschien.) Sable noir glauconifère à N. (Operculina) Orbignyi Sables de Wemmel à N, Wemmelensis. Sabies de Lede à N. Heberli, variolaria Sables de Bruxelles à N. laevigata, scabra. LAEKENIEN BRUXELLIEN. ÉOCÈNE. Assise inférieure. Sables Tyfd. Sables à Ostrea venttlabrum. Argile grise, ele Uailloux de quartz et de silex ÊTAGE ASSCHIEN. ÉTAGE WEMMELIEN Supérieur ÊTAGE LEDIEN ETAGE LABKENIEN ÉTAGE PANISELIEN. ÉTAGE YPRESIEN Inférieur. ÊTAGE LANDENIEN LATOONFIEN Luiex DARTONIEN. (LuTÉCIE sur£EUR manque en Belgique.) LUTÉCIEN INFÉRIEUR VPRESIEN. SPAUNACIEN THANËTIEN. ÉOCÈNE PALÉOCÈNE. Inférieur. Supérieur ÉTAGE TONGUIEN ÉTAGE LEDIEN. ÉTAGE DAUXELLIEN. Comme la Légende officielle pour ge U pi ( l'assise inférieure, Argile glauconifère Sable glauconifère à N, (Opereu lina) Orbignyi Assise wemmelienne (Marin). sise ledienne (Mu Assise laekenienne (Marin). Assise bruxellienne (Marin), Éléments grossiers. L'arile grise, fiqurée dans Ja Légeude oficelle à l'étage Asschien, pourrait, d'après MG. Doll. fus, être un facies profond des sables à Ostren ventilabrum {Voir texte note D.) Inférieur. ÉTAGE YPRESIEN. Assise paniselienne (Marin). Assise ypresienne (Marin). Cailloux ÊTAGE SPARNACIEN, Faune d'eau saumâtre Cailloux. race LANDENIEN Assise landenienne (Marin). Assise heërsienne (avec flore ter- restre f. M.) Pour les autres étages de l'Éocène inférieur, voir Bulletin de la Société belge de Géologie de Paléontologie et d'Hydrologie, 1. XVU1903, 103-418, — Mémoires, Rectification à caupraphid £ ÊTAGE MONTIEN. Infra-leersien. Cailloux verdis. LPS EE ne j { % ne: A TO TABLEAU COMPARÉ DE L'ECHELLE ERANÇARE ET GÉNÉRALE DU GROUPE TERTIAIRE AVEC LA Légende officielle de Belgique et la Légende libre de l’auteur PAR le Baron O. van ERTBORN PRÉFACE AU TABLEAU HOoNORÉS ET CHERS CONFRÈRES, Nous avons l'honneur de vous soumettre aujourd’hui les résultats des études géologiques que nous poursuivons depuis près d’un demi- siècle (1860) et des sondages que nous pratiquons depuis près de quarante ans. En effet, notre premier coup de sonde fut donné à Gors-op-Leeuw (Limbourg) en septembre 1868. Ce premier forage nous permit de découvrir le Paléocène infra-heersien, probablement l’équivalent du Montien en Limbourg. Depuis lors, cent vingt-cinq grands sondages exécutés en tous points de la moyenne et basse Belgique nous ont fait connaître l'allure géné- rale des couches et nous ont permis d'établir ces grands diagrammes, si utiles en géologie appliquée. Une infinité de sondages de moindre importance nous ont permis d'observer les couches superficielles. Nous appliquâmes avec M. P. Cogels, les premiers, dès 1880, les petits sondages aux levés géologiques. 200 0. VAN ERTBORN. — ÉCHELLES COMPARÉES DU TERTIAIRE. Ces petits sondages se chiffrent par milliers; les sondages d'étude plus importants, de 25 à 55 mètres, par centaines. Entre autres sur le territoire de la planchette de Gheluvelt (1), où l’un de nos amis, à cette époque bourgmestre d’une ville de Flandre, depuis membre du Cabinet, aujourd'hui décédé, nous pria d’en faire une myriade de 20 à 25 mètres de profondeur. Si nous fümes mieux à même que. tous autres de trouver la solution du problème pleistocène, c'est grâce à notre long séjour (57 ans) dans notre village natal (Aertselaer), situé‘à G kilomètres seulement du fort d'Hoboken et à 10 kilomètres de la ville de Lierre. Nous ne citerons qu'en passant les nombreuses briqueteries des rives de lEscaut et du: Rupel, les nombreux travaux maritimes el militaires exécutés dans la banlieue d'Anvers sur une surface‘de 500 kilomètres carrés, fouilles qui nous permirent d'étudier tous les tertiaires supérieurs et de. voir sur une longueur de 140 kilomètres notre Campinien, Pleistocène supé- rieur en parois verticales. Nous avons donc parcouru de haut en bas et à. satiété toute la série des couches pleistocènes et tertiaires de Belgique. Toutes nos observations sont condensées dans le tableau ci-joint. Nos amis, le D' Harmer et M. G. Dollfus, collaborateur principal de la Carte géologique de France, ont bien voulu le revoir et nous aider de leurs bons conseils. Ils ont, par leur bienveillant appui, donné à notre travail un poids qu’il ne pouvait tenir de nous-mêmes. À nos amis nos chaleureux remerciements et toute l’expression de notre vive recONnNalIssance. Ai A B°2 van ERTBORN. A) Sur ce territoire est situé Reutel, dépendance de Becelaere, devenu célèbre à. cause des Éolithes. sé NOTES RELATIVES A LA LÉGENDE LIBRE A. — Étages Poederlien et Scaldisien. De l'avis unanime, cette division en étages est à supprimer. Le docteur Harmer nous dit : Elle n’est basée que sur deux espèces boréales qui apparaissent dans le Pocderlien et qui ne se trouvent pas encore dans le Sraldisien. Il voulut bien nous dire, dans sa lettre du 27 dé- cembre 1906 : « J'ai toujours pensé que la différence entre le Poeder-. lien et le Scaldisien est trop minime pour justilier cette division, exceplé Gans la voice que vous proposez (deux assises). En réalité, la faune est identiquement la même, sauf les deux espèces boréales. » Nous avons ici absolument le même cas. Le Waltonien ne contient pas d'espèces boréales, mais au Petit Oakley, non loin de chez moi, nous avons tous Îles fossiles Waltoniens avec maintes espèces boréales. » L'invasion des espèces boréales dans la mer du Crag ne s’est faite que progressivement et il à fallu un laps de temps pour faire disparaitre les espèces caractéristiques du Waltonien. » Notre savant confrère à donc prononcé en dernier ressort, sans appel possible même. Nous reprenons donc les anciennes divisions de MM. P. Cogels, E. van den Broeck et de nous-même, et le Scaldisien de Dumont reprend possession de son empire, reconnu beaucoup plus vaste qu’on ne le pensait. De plus, le gisement type des Sables à Corbules n’est pas à Pocderlé, mais bien au fort de Merxem lez-Anvers où, nous tous, nous les, avons observés bien des fois et dans les meilleures conditions. A Pocuerlé, la roche de grès ferrugineux ne contient que des empreintes, innombrables, il est vrai. Notre excursion géologique du 4 dé- 202 0. VAN ERTBORN. — ÉCHELLES COMPARÉES DU TERTIAIRE. cembre 1880, qui nous fit découvrir la Roche de Poederlé, fut donc. fatale à la science. L’étage poederlien fut créé en 1889 par M. G. Vincent (1). B. — Étage diestien. MONOLITHES DE GENCK. I n’est plus contesté aujourd'hui que les Monolithes de Genck ne sont que des grès diestiens ayant accompli des voyages verticaux. Nous avons la même opinion au sujet de grès analogues trouvés à Tervueren (Parc), Overvssche et dans les banlieues de Louvain et de Tirlemont. On leur a attribué jusqu'à ce jour une origine landenienne, c'est-à-dire un voyage au lony cours. Fait peu vraisemblable. Pour arriver à la solution de la question, notre confrère et ami, M. L. Bourgoignie, membre de la Société et ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, à Hasselt, à bien voulu nous faire parvenir une nombreuse collection d'échantillons des Monolithes de Genck et des environs. Qu'il nous permette de lui adresser ici nos bien sincères remerciements. Les études minéralogiques vont bientôt commencer. C. — Étage bolderien X!. SABLES INFÉRIEURS DU BOLDERBERG. On a pu lire dans notre Étude critique (2) que ces sables auraient au Bolderberg une puissance de 48 mètres. Nous connaissons tous les contacts des sables fossilifères et de lArgile rupelienne depuis Elsloo sur la rive droite de la Meuse jusqu'au delà de Saint-Nicolas-Waes. Ils étaient innombrables à Aertselacr et dans (1) U. Borri, De piani e sotto-piani in geologia. Reggio -Calabria, 1899. Nous appel- lerons aussi l'attention sur le mémoire de MM. PH. DAUTZENBERG et G. DouLFus, Du nom spécifique qu'il convient d'attribuer au Corbula qui caractérise les sables de + Merxem. (SOC. ROY. MALACOL. DE BELGIQUE, séance du 14 mars 1896, t. XX\I, 1896.) Même note au sujet de la grande Térébratule ; même séance et mêmes auteurs. (2) Bull. Soc belge de Géot , de Paiéontol. et d'Hydrol., t. XIX, 1905. Méin., p. 195. 0. VAN ERTBORN. — ÉCHELLES COMPARÉES DU TERTIAIRE. 203 sa périphérie. Jamais nous n'avons rien observé qui pât faire supposer une couche intercalaire. Ici, il y en a une d’une cinquantaine de mètres, un étage tertiaire de second ordre comme puissance (1). Dépourvu de fossiles? Cela donne à réfléchir pour létablissement de la Légende. I y a donc lieu ici de faire des réserves. Attendons le puits houiller à construire à 4 kilomètre au Nord de la célèbre colline. [1 nous donnera peut-être la solution de la question. D. — Étage asschien (2). ARGILE GRISE X?. Cette argile, nos sondages la percèrent vingt et une fois. Elle est d’une dureté, d’une plasticité qui ne sont dépassées par aucune autre. Jamais un fossile, le plus petit Septaria, jamais le moindre pvrite, signe qu'elle ne renferme aucune matière organique. Chose étrange, elle n’est visible nulle part. Si les points d'observation de l'argile de Boom se comptent par milliers, ceux de l'argile grise X? se réduisent à zéro. Nous en avons détenu au moins 109 mètres cubes, Jamais nous ne l'avons vue en place. Plus de dix fois nous avons pris les contacts (3) avec la bande noire(4). ’ * 0 Bd e e A rytle X2. [ls étarent aussi nets que ceux de = — soit le contraire ——— R2 Bunde noire. M. G. Dollfus serait tenté de considérer l'argile X? comme un équiva- (4) 3° ordre, moins de 95 mètres; 2% ordre, 50 mètres environ; 4er ordre, 100 mètres et plus. (2); De la Légende officielle, édition de mars 1900. (3) En travaillant à sec, bien entendu. Nous profitons de l’occasion pour réhabiliter un peu les échantillons pris à l’aide du forage à courant d’eau dont on a tant médit. D'accord quand on injecte de l’eau sans aucun discernement, comme dans les sondages houillers ; mais nous, lorsqu'il fallait ramener des coquilles même bivalves. des sables purs, des Nummulites. voire même des pipes de Hollande sans les casser (nous l'avons fait bien des fois, rien n’était plus facile. Au lieu d’injecter de l’eau, la pompe l’'aspirait; 250 litres d’eau passant en une minute par une sonde de 50 millimètres de diamètre intéricur sont animés d’une vitesse très grande et ramènent les cailloux formant chapelrt. Nous avons pompé ainsi à Anvers-Nord et à 180 mètres de profon- deur 3 hectolitres de bande noire, et cela en quelques minutes; à Turnhout, des Corbules bivalres; à Laeken-Hevsel, un boisseau de N. planuluta, etc. Tout l'appareil est arrêté, sauf la locomobile et la pompe, et comme celle-ci n’est pas gênée de puiser de l’eau avec 30 ‘!, de gros, un mètre cube de sable est enlevé en quelques minutes. Pas de casse possible dans le corps de pompe (4) Sable noir glauconifère à N. (Operculina) Orbignyi, dite bande noire à cause de sa couleur. Puissance maxima, 2 mètres. 204 0. VAN ERTBORN. — ÉCIELLES COMPARÉES DU TERTIAIRE. lent profond des sables à Ostrea ventilabrum ; nous lavions laissée dans . l'Asschien, sinon ce dernier dans les grands fonds en aurait été réduit. à sa base, sable glaueconifère noir à Nummulites (Operculina) Orbignyi. Notre argument est mauvais, nous en convenons, aussi mauvais que - celui de notre confrère M. Halet, qui la rangeait dernièrement dans le Tongrien, sur une simple opinion que MM. Rulot et van den Broeck auraient exprimée, 11 ÿ à quinze ans, à propos d'échantillons dont ils n'avaient vu qu'une partie. | Une seule chose peut être prise en considération, c’est que comme puissance sous le méridien-d'Anvers: Arg. IR? —'Arg. X2 —, qu'à Westerloo Arg. R? — 4 Arg. À? ct à Saint-Nicolas-Waes Arg. X2 — 4 Arg. R?. Cette terminaison en biseau vers l'Est pourrait faire croire à l'Éocène, car Loute la série Bruxellien, Lackenien, Ledien, Wemmelien se term'ne en ccetle zone de la même facon. L’Asschien, doit chanter à l'unisson. Il est possible aussi que, par suite de sa situation profonde, sa sédi-. mentalion ait passé de l'Eocène à l'Oligocène, sans que cette transition ait laissé de traces. Il reste une planche de salut au Service géologique, qui détient les. échantillons du sondage de Wavre-Notre-Dame : qu'il recherche les foraminifères. Dans l'état actuel de nos connaissances, nous nous voyons obligé de. laisser cette lacune dans notre légende plutôt que d'établir une classifi- cation fantaisiste. M. Marcellin Boule, en fouillant les grottes de Grimaldi près Monaco, - avec le Prince de Monaco, a retrouvé en 1905 toute notre série du Tegelenien (Pliocène supérieur) et du Pleistocène (4). Nous mettons én regard les deux séries dans le tableau suivant. OAI A) Bull. Soc. belge de Géoi., de Paléontol. et d'Hydrol., t. XX, 1906, p. 156. D RI— LE de DIVISIONS LÉGENDE LIBRE (1). ———— | PLEISTOCÈNE SUPÉRIEUR. supérieure, Gampinien(nobis). || sise moyenne, Brabantien. van den Broeck et Rutot.) sise inférieure, Hesbayen. (Dumont.) PLEISTOCÈNE MOYEN. Lierrien (nobis). QUATERNAIRE. >. El. primigenius (squelettes). noceros tichorhinus. Equus Ca- lus. Bison europœus. Cervus | »hus. Megaceros hibernicus. Ur- | arctos. Hyaena spælæa | PLÉISTOCÈNE. = PLEISTOCÈNE INFÉRIEUR. | Hobokenien (nobis). ken. El. antiquus (squelette). Rhinoceros Merck. PLIOCÈNE SUPÉRIEUR. egelenien (d’Eug. Dubois). TERTIAIRE. en. Trogontherium Cuvieri. Cer- || | ; dicrantius. Cervus teguliensis. || rvus rhenanus. Hippopotamus phibius var. major, Equus ste- anis. Rhinoceros etruscus. (Flore En Belgique, nonbreuse.) (2) Belgique (1) Voir aussi B critique, etc. (2) Voir Société | À paper 2 eg ot rte anti rm ee a on cu ET ET F "+3 je A É F È ; 4 Ÿ c F = “= È à 4 à - 1 +. e 5 ca _. rx \ L € : = Ce 3 : L ; | s F \ F ; À LE ? A a : : ï = i . = : ; : \ À À è LL + Le à ‘ = ë v. G î : = É= 2 l o à F a ï y 1 Ÿ  . 1 ë Ÿ ” f L 2 : f : ’ . j | ï | F : ; E 0 = 1 > h ? \ =" 3 4. “ ñ * + L & - É e : Ce n e : , D 2 ma ès L £ = =: : ; A [ rar 3 | | f } 1 f i . À ; l LL = P i l | [ [ ‘ . 5 ü vd : £ ; , t + "4 : à f : # | = | è * > : : » e ; = pe À : | &. . ll " x n =. n. a a ( s "à U | . ÿ . ÿ { hu L n . : ù L ; | | si h — (Extrait de l'Anthropologie, t. XNII, mai-août. — Les grottes de Grimaldi, Résumé et conclusions des études géologiques.) ‘ TABLEAU DE M. MARCELLIN BOULE DIVISIONS GÉOLOGIQUES. PHÉNOMÈNES et FORMATIONS GÉOLOGIQUES. Alluvions récentes. ANIMAUX CARACTÉRISTIQUES. Espèces actuelles. INDUSTRIE HUMAINE. Période des métaux. Age du fer. LÉGENDE LIBRE (1). —————— EE —————"—…—"…—…—"—"—— .—"——…"…"…"…"…"…"…"—"…"…"—"—"…""—…—"—"—"—"—…———— PLEISTOCÈNE SUPÉRIEUR. se supérieure, Campinien(nobis). Assise moyenne, Brabantien. (van den Broeck et Rutot.) Assise inférieure, Hesbayen. (Dumont.) PLEISTOCÈNE MOYEN. Lierrien (nobis). Lierre. £l. primigenius (squelettes). Rhinoceros tichorhinus. Equus Ca- ballus. Bison europœus. Cervus elaphus. Megaceros hibernicus. Ur- sus arclos. Hyaena spælæa PLEISTOCÈNE INFÉRIEUR. Hobokenien (nobis). Hoboken. EL. antiquus (squelette). Rhinaceros Merchir. Actuel. Tourbières. Age du bronze. : de Animaux domestiques. Age du cuivre. Climat voisin de l'actuel. 7 re Période néolithique ou de la pierre polie. Industrie de transition. Couches de transition. , ; n — a Cervus, Elaphus Castor. | Hagdalénien ä Dépôts supérieurs des grottes. Énonue du Rene ü = “ Supérieur. HAN AU SRE Lee: DOTUECN à 4 a Scuniures: | li sec. ee = el ravures et peintures. 4 Régime des steppes. Renne, Saïga, faune des steppes. 8 Silex tailles, petits | é 2 et très variés. £ E 8 él à | H Z . 5 | 4 4 Dépôts de remplissement des grottes. Li D 8 : Lœæss. Époque du Mammouth. @ Moustérien. (°] Er Alluvions des bas-niveaux ou des — T — a terrasses inférieures. . , Mammouth. 2 Origine du travail de l'os. 4 Moraine de la troisième grande Rhinocéros à narines cloisonnées. & | Silex ordinairement taillés É| période glaciaire. Ours-Hyène des cavernes, etc. ‘4 sur une seule face. a & Climat froid et humide. E | co | == FA a ; - ee Chelléen Alluvions des terrasses moyennes. Époque de l'Hippopotame. © as Tufs calcaires. Climat doux. — 1e Premières traces MNuNa tes Inférieur. Moraines de la deuxième grande Éléphant antique. p ir lis LAS en ÉTA es | _ période glaciaire. Rhinocéros de Merck. Ë Tente on eemtan lee | Climat froid et humide. Hippopotame. etc. sur les deux faces. Couches de transition du Forest Bed, de Saint-Priest, de Solilhac (climat tempéré). un Pliocène Alluvions des plateaux. Époque de HEléphant méridional. | AIRE, + Moraines de la première grande Rhinocéros étrusque. | supérieur. l extension glaciaire. Cheval de Sténon, etc. En Belgique, nous n’ayons eu que deux des périodes glaciaires de M. Marcellin Boule : la deuxième et la troisième. Pendant la première, la elgique était encore submergée, sauf l'Ardenne. Sur le territoire de celle-ci, il est probable que tout fut balayé postérieurement. PLIOCÈNE SUPÉRIEUR. Tegelenien (d'Eug. Dubois). Tegelen.Trogontherüum Cuvieri. Cer- vus dicranius. Cervus teguliensis. Cervus rhenanus. Hippopotamus amphibius var. major. Equus ste- nonis. Rhinoceros etrascus. (Flore nombreuse.) (2) à aie aussi Bulletin de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d'Hydrologie, t. XIX, 1905 (Mém.), pp. 147 et suivantes. Baron VAN ERTBORN, Étude critique, ete. 1 Voir Société belge de Géologie, séance du 17 octobre 1905. D a © = Fe a) SR Er PU LE nn area nest cms u = 3 j ; PTT ace 54 n°4 « ï x MEL Dr SA2T DOS TRES ÈS EEE ; l TR , Le n 4 " d ' : Le ; + < = A URRR = APE 0 acer rem ln ee Te Sc D TRES #& A mer ee 4 ne 6 ee  An 2 A m e ms È F4 4 i ar ii ï L - y rs È » e # 7 + 4 À à y5s ÿ me sax" COMPTE RENDU SOMMAIRE © HSESSION DU CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL àa Mexico en septembre 1906 (1) PAR F. HALET Membre de la Commission de la Carte géologique, Attaché au S-rvice géologique. — La X° session du Congrès international de géologie s’est tenue dans la ville de Mexico du G au 14 septembre 4906. La dernière et IX session avait cu lieu à Vienne en 1905. . Les gévlogues mexicains ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour assurer au X° Congrès le plus grand succès, et le Gouvernement v a largement contribué en accordant au Comité du Congrès un subside très considérable (2), qui lui permit d'élaborer un programme aussi attrayant qu'instructif. Grâce à cette Hhéralité du Gouvernement mexicain, Îles frais du voyage el de séjour au Mexique avaient été beaucoup réduits; aussi un grand nombre de géologues étrangers, parmi lesquels les délégués de la plupart des puissances, ont répondu à l'invitation du Comité mexi- cain. Plus de six cents cartes de membres avaient été délivrées; natu- rellement, les géologues du Mexique et des Étais-Unis formaient la majorité des parlicipants au Congrès. Parmi les membres européens qui assistaicnt au Congrès, les géo- (1) Mémoire présenté à Ja séance du 16 avril 1907. (@) Nous avons appris que le subside se montait à 250,000 francs. 206 F. HALET. — COMPTE RENDU SOMMAIRE logues et savants allemands étaient de loin les plus nombreux; ce qui se conçoit assez bien, car un grand nombre de leurs compatriotes occu- pent des positions importantes au Service géologique du Mexique; néanmoins l’on remarquait quelques représentants de la plupart des autres puissances européennes. Le Congrès ne s’ouvrit officiellement que le 6 septembre, mais un grand nombre d’excursions dans toutes les parties du Mexique avaient été organisées avant et après la session du Congrès. Ces excursions étaient organisées de façon à intéresser les spécialistes dans toutes les branches des sciences géologiques et minières. Aussi plusieurs de ces excursions se faisaient en même temps dans les diverses parties du pays Le soir avant l'ouverture officielle du Congrès, c’est-à-dire le > septembre, tous les géologues se réunirent au Restaurant de Cha- pultepec, où se fit l’ouverture officieuse du Congrès et où la plus grande parte du temps fut passée aux présentations des membres nouvellement débarqués au pays. | | Le lendemain matin à 8 !/2 heures fut tenue la première séance du Conseil du Congrès dans la salle de réception de l’Institut de géologie. Un grand nombre de géologues, parmi lesquels la plupart des délé- gués des puissances, assistaient à celte première séance du Conseil. A celle séance furent lus les discours traditionnels du Président du Comité d'organisation, soubaitant la bienvenue aux membres du Conseil; de M. E. Tietze, président du dernier Congrès à Vicone, qui remercia au nom des membres: de M. Diener, secrétaire du IX° Congrès à Vienne, qui donna lecture des propositions du Comité exécutif concernant la composition du Bureau du Congrès. Après que diverses propositions furent votées touchant la composi- tion du Conseil et concernant l’ordre du jour des séances ordinaires, on procède à la nomination des présidents et vice-présidents pour les diverses séances. Il est décidé de tenir des séances tous les deux jours et de faire des excursions tous les jours intermédiaires. Voici la composition du Bureau de la X° session : Président : M. G. Aguilera, directeur du Service géologique; Secrétaire général : M. E. Ordonez; | ; Trésorier : M. Juan de D. Villarello. L'ouverture officielle du Congrès eut lieu le jeudi 6 septembre, à 41 heures, dans la grande salle du vieux Mineria (actuellement l'École nationale des Mines), sous la présidence de Son Excellence le Président DU CONGRÉS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL DE MEXICO. 207 de la République, le général Portfirio Diaz, et sous la présidence d’hon- neur du sous-secrétaire chargé du Ministère de Fomento, Colonisation et Industria. Un nombreux et fort seleet publie se pressait dans la grande salle de conférences de l'École des Mines. À celte séance d'ouverture, on entendit la série de discours suivants : de Don Luis Salazar, directeur de l'École nationale des ingénieurs, qui, en quelques mots, remercie les géologues étrangers d'être venus en si grand nombre au Congrès de Mexico; une allocution de bien- venue par Don Andrès Aldasoro, président honoraire du Congrès, sous-sccrétaire du Ministère de Fomento; une allocution de M. Tietze, président de la IX° session à Vienne, qui se fait l'interprète des géolo- gues étrangers pour remercier le Directeur de l'École des Mines, les diverses autorités mexicaines et le Président de la République de leur magnifique réception et du puissant appui qu'ils ont donné en vue de la réussite du X° Congrès international; de M. Diener, secrétaire de la IX session, qui proclame le résultat des élections faites le matin en séance du Conseil; de M. Aguilera, directeur du Service géologique et Président du X° Congrès, qui expose en quelques mots le but du Congrès et donne un aperçu des différents travaux dont 1! aura à _ S’occuper; 1} évoque également le souvenir de quelques-uns des géologucs décédés depuis le dernier Congrès et qui ont si largement contribué au progrès ues scicnces géologiques; enfin une allocution du secrétaire du Congrès élu le matin, M. Ordonez, qui présente à l'approbation le programme des travaux et excursions de la X° session du Congrès. | Après ces discours, le Président de la République proclame le Congrès ouverL. Les travaux du Congrès se composaient surtout de séances de lecture et de discussions, qui avaient lieu dans la salle des conférences du Service géologique. | Avant de donner un compte rendu sommaire de ces séances, nous devons dire quelques mots du Service géologique du Mexique. Celui-ci est installé dans un tout nouveau bâtiment dans le Pare de Santa- Maria, qui se trouve à environ une demi-heure de la ville de Mexico; c'est un vrai petit palais construit spécialement pour linstallation des diverses sections du Service géologique. Ce Service a pour but principal de faire la carte géologique du pays. C'est une tâche d’autant plus dificile qu’une certaine partie du Mexique n'a pas encore été explorée; aussi la carte topographique est-elle loin d'être terminée. 208 F. HALET. — COMPTE RENDU SOMMAIRE Le Service géologique a également dans ses attributions la recherche et la description des divers gisements de métaux précieux qui sont une des principales ressources du pays. C’est, comme on le voit, un institut qui se consacre à l’étude de la géologie économique. Le cadre du Service géologique comprend un très grand nombre d'employés : un directeur, un sous-directeur, un secrétaire, trois géo- logues en chef, un chimiste, un assistant-chimiste, trois géologues, plusieurs assistants-géologues, un bibliothécaire, ainsi qu'un certain nombre de personnes s’occupant de la partie administrative du Service. Il y a, en outre, plusieurs géologues et ingénieurs libres qui font des travaux pour le Service géologique. Contrairement à ce qui se passe au Canada, le Service géologique du Mexique est tout à fait indépendant du Musée d'Histoire naturelle; ce dernier se trouve dans un bâtiment de la ville de Mexico et n’a aucun rapport avec le Service géologique. La disposition des salles de l’Institut géologique est des plus hcu- reuses. Au rez-de-chaussée, de vastes salles sont consacrées à l'exposition de collections géologiques, minéralogiques et paléontologiques. Ces col- lections sont surlout des objets d'étude pour les élèves de FÉcole des mines et de l'Université et pour les exploitants ct propriétaires de mines; on y voit les plus beaux échantillons des divers minerais ct minéraux qui peuvent être exploités sur Îe territoire mexicain. Il y a, en outre, une riche collection des principales roches du pays rangées en ordre straligraphique, avec des spécimens des fossiles caractéristiques de ces terrains. Au rez-de-chaussée se trouve, en outre, une grande salle de confé- rences aménagée de façon à pouvoir ÿ donner des séances de pro- jections lumineuses. C’est dans cette dernière salle que se tenaient les séances du Congrès. | Au premier élage, auquel conduit un escalier monumental, se trou- vent les bureaux des divers emplovés techniques et autres, ainsi que les laboratoires de minéralogie et de chimie ct la bibliothèque. L'Institut n’a certainement rien à envier aux plus beaux services de l’Europe; le Gouvernement mexicain, reconnaissant la grande utilité de ce Service, n’a pas ménagé les sacrifices pour doter Le pays d'un institut qui est appelé à faire faire des progrès rapides aux sciences géologiques et à l’industrie minière. Nous n'avons pas voulu passer sous silence l’organisation du Service 7 \ PRE DU CONGRES GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL DE MEXICO. 209 géologique du Mexique qui offrait d'autant plus d'intérêt de compa- raison pour nous, qui avons eu l’occasion de visiter un grand nombre de services de pays différents. L'après-midi du jour de l’ouverture du Congrès fut consacrée à la première séance générale. | A toutes les séances de la session du X° Congrès, les conférences et les discussions ont surtout porté sur les quatre sujets suivants : 1° Les conditions du climat aux époques géologiques ; 2° La genèse des gisements métallifères ; 9° Sur les rapports entre la tectonique et les masses éruplives ; 4° La géologie de l'Amérique. Un grand nombre de communications annoncées aux séances du Congrès ne furent point présentées par leurs auteurs, ces derniers n'ayant pu faire le déplacement pour assister en personne au Congrès. D'autre part, de nombreuses questions scientifiques qui ne se trouvaient pas au programme furent discutées en ces séances. Comme toutes les communications et discussions seront reproduites in exlenso dans le compte rendu officiel des travaux du Congrès, nous nous sommes contenté, dans cet exposé, de dire quelques mots au sujet des travaux les plus importants qui ont été présentés aux séances du Congrès. Dans la première séance, sous la présidence de M. H. Credner, une lettre fut lue du professeur Karpinski, de Saint-Pétersbourg, accom- pagnant une copie de son mémoire sur les Trochilisques, fossiles dou- teux limités à l'époque dévonienne. Ensuite M. G. H. Heïlprin (Philadelphie) donne lecture äe sa com- munication intitulée : Sur l'occurrence et les relations qui existent entre les phénomènes volcaniques et sismiques ; dans cette communication, l’auteur défend la thèse que les séismes d’origine tectonique ne peuvent se distinguer nettement des séismes d’origine volcanique ; les phéno- mènes sismiques sont souvent précédés et accompagnés par des pertur- bations magnétiques, et de cette concomitance, 1l conclut à une causa- lité entre ces deux ordres de faits. Cette manière de voir fut combattue et discutée par M. le profes- seur Lawson, le docteur Becker et M. F. Reid. Le docteur Lawson pense qu’il existe une distinetion entre les trem- blements de terre tectoniques et ceux d'origine volcanique. Il cite les séismes californiens de 1872, de 1887 et de 1906, comme exemples de tremblements tectoniques. Le docteur Becker, de Washington, considère comme très problé- 1907. MEN. 14 210 F. HALET. — COMPTE RENDU SOMMAIRE matiques les relations supposées entre Les perturbations magnétiques et les tremblements de terre. I pense que, dans ce cas, le magnétomètre fonctionne simplement comme un sismoscope. M. Reid, de Baltimore, considérant que les données actuelles sont insuffisantes, demande l'établissement de courbes graphiques super- posables permettant la comparaison exacte des séismes, des éruptions volcaniques et des perturbations magnétiques. Après ces discussions, le docteur Renz présente son mémoire Ueber das Allen Mesozoicum Griechenlands, dans lequel 11 établit l'importance du Trias marin à facies alpin dans la Grèce; il croit que des terrains calcaires marmoréens, considérés jusqu'ici comme crétacés, doivent être rapportés au Trias. Pour terminer la séance, M. le professeur Frech, de Breslau, fait une pelile causerie sur l'allure de la tectonique subalpine qui se prolon- gerait par la Dalmatie jusqu'en Grèce, et qui occupcrail une grande étendue dans toute la Méditerranée orientale. Dans toutes ces régions, on rencontre des plissements déjà anciens et des fractures récentes accompagnées d'épanchements volcaniques. Le soir, les Congressistes furent invités à un grand banquet au Palais municipal. Un joli plan-guide de la ville de Mexico et des envi- rons fut offert gracieusement aux membres qui assistaient au banquet. La deuxième séance générale eut lieu dans la matinée du 8 septembre et fut continuée toute l’après-midi. La séance du matin se tenait sous la présidence du professeur Diener, de Vienne. La parole fut donnée à M. Adams, de Montréal, qui fournit quelques renseignements conecrnant la carte géologique générale de Amérique du Nord, qui avait été distribuée gratuitement aux membres présents au Congrès (1). Cette carte géologique de l'Amérique du Nord et Centrale a été com- pilée à la suite d’une résolution de M. Russel, professeur à l'Université de Michigan, à la réunion de la Société géologique d'Amérique, à Ottawa, dans laquelle 1l exprimait opportunité de la publication d’une carte géologique du Nord de l'Amérique en vue du Congrès interna- 1) Le Service géologique des États-Unis fournit les fonds nécessaires pour l’impres- sion et la publication de cette carte; afin d’aider aux dépenses de cette carte, le Gouver- nement mexicain acheta un certain nombre d’exemplaires de la carte qui iurent ‘distribués au Congrès. DU CONGRÈS GÉOLOGIQUE. INTERNATIONAL DE MEXICO. 241 tional de géologie de Mexico et qu'un comité serait désigné pour examiner les moyens d'arriver à cette lin. Le Comité était composé de : MM. le professeur L.-C. Russell, président; professeur F.-D. Adams; Sr. José-G. Aguilera; C.-W. Hayes et Bailey Willis. … C’est grâce à ce Comité que le concours des services géologiques du Canada, des États-Unis et du Mexique a pu ètre obtenu et que fut acceptée l'offre faite par le Service des États-Unis de se charger de la compilation des données fournies. = M. Willis, attaché au Service des États-Unis, fut officiellement chargé de ce travail. Tous les géologues de l'Amérique y ont généreusement collaboré. La géologie du Canada fut préparée par M. James White, géographe du Département de l'Intérieur, à Ottawa, d’après les données publiées et inédites du Service géologique du Canada. _ Le Directeur du Service et le professeur D. Adams y collaborèrent spécialement, et la plupart des géologues du Service y prêtèrent leur concours dans la mesure de leurs connaissances spéciales. La partie géologique du Mexique ct de l'Amérique centrale du Nord fut élaborée sous la direction de Sr. José Aguilera, Président du Xe Congrès international de géologie. La géologie des Etats-Unis a été compilée au moyen des publications du Service géologique des États-Unis et les membres de ce Service y ont libéralement contribué par leurs plus récents travaux et ont même préparé des cartes spéciales à cet effet. Après la communication de M. Adams, la parole est donnée au pro- fesseur David, de l’Université de Sydney, qui fait une très intéressante causerie accompagnée de projections lumineuses, sur les phénomènes glaciaires qui ont eu lieu en Australie pendant le Paléozoique. Il montre aussi l'extension de la glaciation permo-carbonifère en Australie, dans l’Inde, l'Afrique du Sud et l'Amérique du Sud, à l’aide de très intéressantes cartes et projections. [Il signale, pour finir, l'existence d’une. glacration pleistocène en Australie. Le restant de la séance du matin et la plus grande partie de la séance de l'après-midi furent consacrés aux communications et aux discussions concernant la grande question : « Le climat aux époques géologiques. » Le professeur Frech fit une importante communication intitulée : Ueber die Klimänderungen der geologische Vergangenheit. 19 = F. HALET. — COMPTE RENDU SOMMAIRE À la séance de l’après-midi du 8 septembre, qui fut présidée par M. le professeur Frech, la discussion générale sur le climat aux époques géologiques fut ouverte. Les géologues suivants prirent part à cette discussion : M. Philippi, de Berlin; M. C. Burckhardt (Mexique); M. EF. Frech (Breslau); M. A. Rothpletz (Munich); M. Vorwerg (Herischdorf); M. C. Diener (Vienne); M. Kerner (Vienne); M. Coleman (Toronto); et M. Allorge (Paris). Comme conclusion à toutes ces communications et toutes ces discus- sions, les faits suivants paraissent définitivement acquis : a) Existence d’une période glaciaire permo-carbonifère ; b) Climat uniforme pendant le Triasique et le Jurassique ; c) Existence de zones de climat depuis le Crétacé moyen et diminu- tion graduelle de la température pendant le Tertiaire et le Quater- naire. Cette discussion fut suivie par une communication du général de Lamothe (Grenoble) sur Le climat de l'Afrique du Nord pendant les périodes pliocènes et pléistocènes, après laquelle le professeur Stefaneseu, directeur du Service géologique de Bucarest, fit la description du squelette du Dinotherium gigantissiu (Stefanescu) dont 1l à découvert le squelette complet, en 1898, à Manzati (Roumanie). Il est intéressant de noter que c’est un de nos compatriotes, M. De- pauw, qui a été chargé par le Gouvernement roumain du montage de cet intéressant vertébré fossile. Le soir, les Congressistes se rendirent à une réception offerte au Casino par la Colonie de Santa-Maria. La journée du lundi 10 septembre fut consacrée aux quatrième et cinquième séances. Dans la séance du matin, sous la présidence du docteur Becker, la discussion sur les conditions des climats aux époques géologiques fut reprise. On chercha surtout dans ces discussions à résoudre la question de l'apparition et de l'existence des glaciers à certaines époques dans les parties de la surface de la terre où, sous les conditions présentes, il est difficile d'expliquer une abondante chute de neige. Les principaux orateurs ‘urent MM. M. Davis, H.-L. Fairchild (Rochester), Heïlprin (Washington), David et Frech. Après ces discussions, on passe à la question de la genèse des ie, ments métallifères. si ne grande partie des communications annoncées ne furent pas entendues à cause de l’absence des auteurs. ET DU CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL DE MEXICO. 213 ÆEa première communication fat lue par M. Bain (Hlinois) et était intitulée : « Some relations of Paleography to Ore Deposition in the Mississippi Valley ». Cette communication souleva quelques discussions quant à la posst- bilité, pour les sels solubles de quelques-uns des métaux lourds, d'arriver à la mer et d'y être déposés par une action secondaire. Ensuite, M. von Inkey donne lecture de son travail sur la relation entre l'état propylitique (Grünstein) des andésites et la genèse des _filons liés à cette roche. M. J.-F. Kemp expose que les rapports entre les propylites et les filons métallifères sont les mêmes en Hongrie et dans la Sierra Nevada. Il croit que les eaux thermales ascendantes ont engendré les filons métalliques, parce qu’on observe de forts contrastes entre les condi- tions de la solution et celles de la précipitation. M. B. von Inkev, constatant que le type de filons auro-argentifères qui se trouvent tant au Mexique que dans les Amériques du Nord et du Sud, dans les roches propylitisées, décrit l'essence de ce procédé, qui, selon lui, consiste principalement dans la chlorotisation des sili- cates noirs de l’andésite, et se distingue décidément de la kaolinisa- tion, qui suit le cours des filons et en dépend entièrement. M. A. Bergeat rappelle les recherches de Semper, selon lesquelles la transformation d’une masse andésitique en propylites augmente à mesure qu'on avance vers le centre de la masse, et 1l cite les obser- vations de La Croix, selon lesquelles à l'intérieur de la tour du Mont Pelé s’observait l'effet d’une pénétration intense de gaz avec des vapeurs d’eau qui se manifesta par la formation de quartz. M. W. Lindgren dit qu'en diseutant la propylitisation, on devrait faire ressortir, d’une manière plus énergique, la kaolinisation. [ croit que celle-ci est, en réalité, au voisinage des veines métallifères, une séricilisation et qu'il ÿ a une transition graduelle entre la séricitisation et la propylisation. Il croit que la première à été engendrée par des éaux très chargées de bioxyde de carbone et que, en perdant une grande partie de cette substance, elles firent naître la propylisation. : Le professeur Kemp, de New-York, donna ensuite lecture de son travail : « Ore Deposits at the Contacts of Intrusive Rocks and Limestone and their Significance as regards the general formation of Veins. » : Dans ce travail, M. Kemp démontre qu'une partie des matériaux servant à la formation minérale doivent être apportés par l’eau qui provenait probablement d’un magna intrusif. M4 F. HALET. — COMPTE RENDU SOMMAIRE M. Lawson, tout en étant d'accord avec M. Kemp sur l’origine de la matière minérale, ne croit pas qu’il soit nécessaire que l’eau provienne d'un magma intrusif, mais pense, au contraire, que €’est probable- ment de l’eau provenant de nappes souterraines dont l'équilibre a été dérangé par l’intrusion. Dans la cinquième séance, sous la présidence de M. Tschernyschew, la discussion sur la formation des gisements métallifères est continuée. M. Villarello parle du remplissage de quelques gîtes métallifères et M. Lindgren donne lecture de son travail : « Ore Deposition and Depth. » Nous avons ensuite assisté à deux conférences avec projections lumineuses; l'une faite par M. Sjôgren (Stockholm), dans laquelle il expose Îles principaux résultats obtenus par M. G. Anderson dans l’Expédition antaretique suédoise; l’autre, de M. Heïlprin, qui parle des manifestations volcaniques dont 1} à été témoin à la Martinique. Le docteur Anderson (Angleterre) montre également une série de projections de vues qu'il a prises des nuées ardentes émises par la sou- frière de Pile Saint-Vincent. Ces deux dernières conférences offraient moins d'intérêt pour les Belges, qui avaient déjà pu entendre l’année passée à la Société d’Astro nomie, la remarquable conférence du savant professeur Lacroix et admirer en projections les nombreuses vues au cratère du Mont Pelé. La matinée du 12 septembre fut consacrée à la sixième séance géné- rale de discussion, sous la présidence de M. Rothpletz. M. John Kônigsberger prend d’abord la parole pour donner sa conférence intitulée : « Ueber den Verlauf der Geoisothermen in Bergen und seine Becinflussung durch Schichtstellung, Wasserläufe und chemische Processe. » L'orateur montre qu'à l’aide d’un appareil (à éléments thermiques) qu'il a construit, on pourrait mesurer les variations de la température à une certaine profondeur sous le sol. Ces variations indiquent les mouvements souterrains des masses de lave; et l’on pourrait, de cette façon, arriver à prédire les éruptions. Dans la discussion qui suivit cette communication, le professeur Becker fait ressortir les rapports qui existent entre les eaux thermales et les masses éruptives, et il montre les relations qui existent entre la tension des roches et la conductibilité électrique. Au moyen de mesures continues et précises de celle dernière, on arriverail à se rendre compte des variations de tension, et il serait peut-être possible aussi de prédire les tremblements de terre. DU CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL DE MEXICO. 245 Nous avons ensuite entendu une communication de M. Keïlhack sur les conditions du gisement d’onyx d'Etla, dans l'État d'Oaxaca. Ce gisement, qui occupe un espace circulaire d'environ 250 mètres de diamètre, où des blocs de calcaire se sont transformés en onyx, pré- sente la forme d’une cheminée volcanique. La discussion annoncée à l’ordre du jour au sujet de la nomenclature et de la classification des roches n’a pas eu lieu, à cause de l’absence de la plupart des membres qui devaient ÿ prendre part. Le président Rothpletz soumet ensuite au vote les diverses pro- positions suivantes, qui ont été adoptées : Un nouveau thème, présenté par la Commission du prix Spendiarof : « Description d'une faune en rapport avec son évolution géologique et sa distribution géographique. » La création d’un Institut modèle de Géophysique, renouvellement de la proposition présentée à Vicnne, que soumet M. Becker au nom de M. Emmons. Enfin, M. Tsehernyschew (Saint-Pétersbourg), au nom du Comité désigné au Congrès international des Mines, de la Métallurgie, de la Mécanique et de la Géologie appliquée tenu à Liége, prie le Congrès géologique international d'instituer une Commission spéciale pour étudier les variations du degré géothermique, et demande que la Commission soit formée par les membres qu'indiqueraient les direc- teurs des divers instituts géologiques et par ceux déjà désignés par le- dit Congrès. Cette séance fut levée à 4 h. 20 de lPaprès-midi. Le soir à 5 heures les Congressistes furent reçus par le Président de la République et M"e Diaz, dans le fameux Palais de Chapultepeë, d’où ils ont pu admirer les magnifiques vues de la ville de Mexico, entou- rée de grandes montagnes volcaniques, et dans le lointain les cimes recouvertes de neige des deux fameux volcans Popocatapetl (Montagne fumante, altitude : 5 452 mètres) et Ixtaccihuail (la Femme blanche, altitude : 5 286 mètres). A 7 heures, un grand banquet fut servi sur la terrasse du château de Chapultepec. Les dernières réunions du Congrès eurent lieu le vendredi 14 sep- tembre. La septième séance eut lieu le matin à l’Institut géologique, sous la présidence de M. C. Hayes. Le premier des orateurs fut le professeur Lawson, qui présenta son travail intitulé : The Earthquake of San Francisco. 216 . F. HALET. — COMPTE RENDU SOMMAIRE Dans la discussion qui suivit ce travail, le professeur Frech fit res- sortir lanalogie entre les tremblements de terre de la Californie et ceux qui se sont produits précédemment en Europe. Les autres communications furent faites par le professeur Coleman : Interglacial Periods in Canada; M. Darton présenta un travail intitulé : Geologic Classification in the North-Central Portion of the United States, et le professeur Fairchild présenta son travail : À Meteorite Crater of Arizona. La huilième et dernière séance générale eut lieu l'après-midi du 14 septembre, sous la présidence de M. Aguilera. Deux manuscrits seulement furent lus : celui du professeur David, intitulé : The Occurrence of Diamond in Matrix at Oatkey Creek, New South Wales. | Une deuxième communication de M. E.-0. Hovey (New-York) résume son travail sur la Sierra Madre occidentale de l'État de Chi- huahua, accompagnée de projections lumineuses. On examine ensuite une série de rapports sur diverses questions. Le professeur Reid donne un résumé du rapport du Comité interna- uonal des glaciers dont il est président. Le Secrétaire général donne lecture du rapport envoyé par Sir. Archibald Geikie, président de la Commission de Coopération dans les investigations géologiques, que l'assemblée approuve par accla- mation. Il fut également annoncé que le prix Spendiaroff avait été accordé au professeur Tschernyschew, directeur du Service géologique de Saint-Pétersbourg, pour son travail : Die Obercarbonischen Brachiopo- den des Ural und des Tinian. Le professeur Frech présenta le rapport du Comité de la Palaeonto- logia Univer:alis. Entin, M. Sjôgren (Stockholm) fait l’invitation pour que la pro- chaine et X[° réunion du Congrès international de géologie se tienne à Stockholm (Suède), et prie le Secrétaire général de donner lecture de l'iavitation signée par MM. Thôrnebohm et J.-G. Anderson, prési- dent et secrétaire du Comité suédois. C'est par acclamation et applaudissements que l’Assemblée accepte invitation du Gouvernement et des géologues suédois pour la XI° Session du Congrès et approuve la proposition, soumise par M. Tschernyschew, de laisser la liberté au Comité suédois quant à la fixation de la date de la réunion du Congrès qui aura lieu à Stockholm, soit en 1909 ou 1910. DU CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL DE MEXICO. 247 Sur la motion de MM. Stcfanescu et Sabatini, de chaleureux remerciements et de vives félicitations furent adressés au Gouvernement et au Comité d'organisation mexicains pour leur si belle réception; M. le président Aguilera, en quelques mots, exprime la gratitude des géologucs mexicains envers leurs éminents confrères qui ont bien voulu venir de si loin pour leur prêter un concours si efficace. Il termine son discours en invitant les collègues à se revoir à Stockholm. Excursions (1). Un grand nombre d’excursions très intéressantes avaient été arran- gées dans Ics diverses parties du Mexique. Ces excursions étaient de deux espèces : des excursions d’une durée d’un jour qui se faisaient pendant la session du Congrès, les jours où il n’y avait pas de séances de communications; en second lieu, les grandes excursions d’une durée de trois à vingt jours qui eurent lieu avant ct après la session du Congrès. La plupart de ces excursions étaient aussi attrayantes sous le rap- port du pittoresque des régions montagneuses et volcaniques parcou- rucs qu'au point de vuc géographique et géologique. La première excursion d’un jour fut consacrée à la visite de la ville de Mexico ct des principaux établissements historiques, artistiques et scientifiques. | Les congressistes furent pilotés dans leur visite par un des membres du Comité d'organisation du Congrès. Des voitures furent mises gratuitement à la disposition des visiteurs ; de cette façon, nous pûmes visiter les divers Musées d'histoire naturelle, des beaux-arts, des antiquités, ce dernier surtout intéressant à cause des nombreuses reliques aztèques qui y sont conservées. Nous avons également visité l'Hôpital civil, qui est copié sur le modèle des hôpitaux de New-York ct qui est monté avec tous les derniers perfectionnements du confort ct de l'hygiène modernes. Le pénitencier et l'Observatoire de Mexico sont également deux établissements qui ne manquent pas d'intérêt. (4) La carte (page 218) permettra de se rendre compte des itinéraires des diverses EXCUrsiOns. HALET. — COMPTE RENDU SOMMAIRE Giie 218 ©0000] 2118423 = 2 em de mr er “hsogey. 77 GNOIS EN 9X3 S30 S3YIVY3NILI no 8 2170) smnby * Ass ' 5079/0700 ' , f à ' V27050 16 > …, SEEN, ( Ne IN Les Le DU CONGRÈS GEOLOGIQUE INTERNATIONAL DE MEXICO. 219 Une excursion très intéressante faite dans les environs de Mexico fut celle du Pedregal de San Angel. San Angel est un petit village qui se trouve à environ G kilomètres de la ville de Mexico, au pied de la montagne. On peut voir admirablement en cet endroit une ancienne coulée de lave qui est sortie d’une fissure latérale dans le flanc d'un volean. Dans cette coulée, on a ouvert une grande excavalion pour lexploi- tation du basalte. Le basalte que l’on retire de cette carrière est employé à deux fins. La partie supérieure de la coulée étant plus friable et percée de trous est surtout employée comme pierre de roule; cette pierre n'étant pas consistante donne énormément de poussière. La pierre qui est exploitée dans les couches plus profondes est employée comme pierre de construction pour Îles édilices de peu d'importance. Nous avons pu, sous la conduite de M. Ordonez, suivre pendant un long parcours le tracé de cette ancienne coulée de lave. Le dimanche 9 septembre, une longue Journée fut consacrée à l'exeursion de Cuernavaca, petite ville située au Sud de Mexico; cette excursion, faile entièrement dans la région des roches volcaniques, fut la plus intéressante de toutes celles faites pendant là session du Congrès. Part de grand matin, dans un train spécial mis à la disposition des excursionnistes, après un voyage de plusieurs kilomètres dans la plaine dans laquelle se trouve la ville de Mexico, et qui se trouve à une alli- tude d'environ 2500 mètres au-dessus de la mer, le chemin de fer commence à gravir les montagnes volcaniques qui entourent cette plaine. Cette ascension, d’une durée de deux heures, mène les vorageurs à une altitude de 5000 mètres au-dessus de la mer. = Le train s'étant arrêté à la gare de Joco, les excursionnistes ont pu visiter une importante carrière en exploitation. Cette carrière est entièrement composée d’andésite, roche éruptive, contenant de gros éléments de hornblende. La plupart des constructions importantes du Mexique sont faites au moyen de cette pierre, qui donne lieu à une très grande industrie. Après avoir atteint le sommet de la montagne, vers 5000 mètres d'altitude, le chemin de fer descend d’un millier de mètres sur une distance d'une quarantaine de kilomètres. Cette descente offre un des sites les plus pittoresques du monde. Du sommet, on aperçoit de magnifiques vues de la plaine, d’où émergent 290. F. HALET. — COMPTE RENDU SOMMAIRE de nombreux cônes volcaniques ct des coulées de laves basaltiques dont l'aspect n'a guère varié depuis le temps de l’activité de ces volcans. A part l'intérêt scientifique qui s'attache à la région volcanique qui environne [a ville de Cucrnavaca, cette dernière est une des plus pittoresques du pays ct renferme le fameux château de l'explorateur Cortès. Après une visite des environs de Ja ville, le Conseil municipal a invité les membres du Congrès à un grand banquet dans une des salles du Palais Cortès. Une autre excursion fut également organisée pour visiter les ruines de Toltec, à San Juan Teotihuacan. Les Congressisies ont également pu voir les deux pyramides du Soleil et de la Lune ct les restes d'autres monuments très curieux. Après avoir visité ces ruines, les excursionnistes se rendirent dans la. grotte de Portirio Diaz, qui est une grande cavité naturelle formée dans une ancienne coulée de lave. La dernière excursion d'une durée d’un jour fut consacrée à la visite des mines d'argent de Pachuca. | C’est le plus ancien centre minier du Mexique et qui, à un moment donné, fut le plus riche, mais dont les gisements sont déjà actuelle- ment fortement entamés. pré Les membres du Congrès ne purent que faire une visite très rapide de quelques-unes des exploitations minières. Les grandes excursions, c’est-à-dire celles comprenant plusieurs jours, étaient au nombre de six, dont quatre excursions avant la session du Congrès et deux après celte dernière. La description détaillée de toutes ces excursions sera donnée dans le compte rendu de la session, qui sera ES comme-l’ont été tous ceux des Congrès antéricurs. Le Comité du Congrès avait eu l’heureuse idée de publier un volu- mineux guide des excursions, dans lequel on trouve la deseripuon géologique détaillée des contrées visitées ainsi que des cartes et des coupes qui permettaient de se rendre compte de la nature des terrains que l’on allait visiter. Quelques particuliers et de nombreux géologues au service du Gou- vernement mexicain ont contribué à la formation de ce livret-guide. Il se présente sous la forme de fascicules numérotés, indépendants et faciles à détacher pour pouvoir être consultés chacun séparément. . Ce guide était indispensable dans un pays vaste comme le Mexique et dont la plupart des membres présents ne connaissaient que peu la. nature géologique détaillée. DU CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL DE MEXICO. 991 Nous nous contentcrons de donner un court aperçu de quelques-unes de ces excursions; il serait superflu de répéter ici ce qui a été publié en détail dans le guide officiel sur chaque région, par le géologue spécia- liste chargé de la conduite des excursions. Comme nous l'avons dit plus haut, il y eut quatre excursions de plusieurs Jours de durée avant la session du Congrès. L’exeursion de l'Est, d'une durée de quatre jours, avait comme but la visite des terrains crétaciques et des terrains tertiaires fossilifères, les roches néovolcaniques et la tectonique générale de la région de l'Est du pays. _ Le long du chemin de fer de Mexico à Jalapa ainsi qu'aux environs de cette dernière localité, on aperçoit des roches néovolcaniques. De Jalapa, sous la conduite de M. Ordonez, les excursionnistes se rendi- rent à la Bacanca de Santa Maria Tatctla, où ils purent visiter des terrains paléopliocènes fossilifères sous la conduite de M. Bôse. De Jalapa. les excursionnistes se rendirent à Vera-Cruz, qui est le point principal du Mexique sur le Golfe du Mexique. Ce port à pris une importance considérable depuis les grands tra- vaux qui y ont été effectués dans les dernières années et qui permettent maintenant aux plus grands navires du monde de mouiller dans le port. De Vera-Cruz, les excursionnistes sont allés en chemin de fer à Orizaba et de là à Mexico-City. | C’est ce chemin de fer qui est réputé comme le plus pittoresque et le plus périlleux du monde entier ; partant de Vera-Cruz à fa cote 0, il atteint à Mexico-City une altitude de 2500 mètres; la distance de 400 kilomètres qui sépare la ville de Vera-Cruz de celle de Mexico, est parcourue en douze heures. Un des points les plus intéresssants de cette ligne est le passage successif à trois zones de climats différents, caractérisées par une faune el une flore différentes. Les premiers 60 kilomètres sont parcourus dans la forêt tropicale appelée par les Mexicains tierra caliente (terre chaude). Le chemin de fer gravissant une pente douce et continue, on arrive bientôt dans la région tempérée, où les cultures tropicales disparaissent pour faire place aux plantations plus résistantes aux froids de l'hiver. Après un parcours de quatre heures, on arrive à Orizaba, petite ville située au picd d’un grand volcan éteint dont la cime, appelée pic de l'Orizaba (5 550), est toujours couverte de neige. C’est le pic le plus élevé du Mexique. RE 29? F. HALET. — COMPTE RENDU SOMMAIRE En quittant Orizaba, le chemin de fer traverse toute une chaîne de montagnes, où l’on voit dans les profondes tranchées, creusées pour le chemin de fer, [es couches crétacées plissées et contorsionnées. C’est la partie la plus pittoresque du voyage; ce trajet du chemin de fer gravissant la montagne pendant plus de trois heures sur les bords de ravins et de précipices profonds, constitue un des plus beaux tra- vaux d'ingénieur Connus à Ce Jour. On arrive finalement, après de nombreux cireuits dans les montagnes, sur le haut plateau, et après un parcours de quelques heures à travers des régions poussiéreuses, on arrive à Mexico-City. Les autres excursions avant la session, c’est-à-dire celles du Sud, de POuest ct celle à Jurulo, étaient surtout intéressantes pour les géologues qui s'occupent du volcanisme. Ces géologucs purent visiter le volcan de Toluca, celui de Jorulo, le geyser éteint de San-Andrès ét le volcan de Colima. Les organisateurs de ces excursions avaient fait tout ce qu’ils pou- valent pour rendre ces explorations aussi agréables et aussi intéres- santes que possible. Des trains spéciaux, des voitures et chevaux de selle furent mis à la disposition des excursionnistes et ils rencontre- rent partout la plus grande hospitalité de la part des propriétaires des haciendas et des populations indigènes. Les géologues accomplirent donc leurs excursions dans des condi- tions exceptionnellement favorabies. ne fut cependant pas possible d'accomplir tout le programme de ces excursions, car elles se faisaient à l’époque des pluies, qui cette année avaient été exceptionnellement abondantes dans certaines régions. La principale ct la plus longue excursion, c’est-à-dire celle du Nord, eut lieu après la session du Congrès. Cette excursion, d’une durée de trois semaines, embrassait toute la surface du Mexique comprise entre la ville de Mexico et le district de l’Arizona au Nord et de Tampico à l'Est. La distance parcourue s'élevait à environ o 000 kilomètres. Les membres très nombreux qui prirent part à celte excursion furent logés pendant toute la durée de l’exeursion dans deux trains composés de wagons Pullman. L’ilinéraire de l’excursion fut arrangé de façon que les membres pussent en ces quelques jours se rendre compte de l'allure générale du grand plateau mexicain, des grandes lignes de sa géologie et des principales et importantes industries dont cette région est le siège. C’est ainsi que les excursionnistes purent visiter les cratères d’explo- DU CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL DE MEXICO. 293 sion du Valle Santiago, les mines d’argent de Quanajuato, les couches fossilifères du Trias supérieur de Zacatecas, la mine de plomb argen- üière de Mopini, les mines de soufre de Corejos, la mine d'argent de Quelradilla, la géologie du Crétacique supérieur des environs de Paras, la veine de charbon du Lias Esperanzas, le Crétacique supérieur des environs de Monterey et les puits de pétrole de l'Ebano. Ce qui frappe surtout le voyageur qui traverse en chemin de fer, sur une distance de plusieurs centaines de kilomètres, les districts du Nord de la République mexicaine, c’est la vaste étendue de cette région semi-aride. Vers le Nord de la République du Mexique, le plateau est presque horizontal et est composé d’une série de « Bolsons » ou bassins fermés, qui, de premier abord, paraissent de formation lacustre. Mais il est démontré que, quoique les premiers dépôts puissent avoir eu lieu dans des lacs de peu de profondeur, la grande parte de cette formation a simplement été déposée à la suite de l'érosion des mon- tagnes pendant les fortes pluies. Diverses théories ont été émises pour expliquer la formation de ces bassins fermés. Des plaines formées de cette façon se dressent de hautes montagnes, à parois abruptes, qui apparaissent dans le lointain comme des rochers dans la mer, et le voyageur à quelquefois l'illusion de naviguer le long d’une côte mon- tagneuse. Les montagnes aux environs et au Nord de la ville de Monterey sont presque complètement dénudées; dans la plaine poussiéreuse, la végé- tation est limitée à de grandes. plantes grasses (agaves et cactées) et à des arbres rabougris (yucas); le sol est recouvert de quelques maigres touffes d'herbes. On peut voir même à distance les plis, les contorsions et les failles nombreuses de a stratification; elles offrent des occasions presque uniques pour l'étude des grands phénomènes tectoniques. A El Paso, station de la frontière des États-Unis, les excursionnistes se sont scindés et ceux qui S'intéressaient spécialement à la métal- lurgie et aux mines furent reçus par le directeur de la Compagnie des mines de cuivre de Queen dans l’Arizona. Ces membres ont visité les diverses usines de cuivre et fonderies de celte société à Bisbie (Arizona), Canariea (Sonora), Douglas (Arizona) et Acozari. Ils ont ensuite rejoint le restant des excursionnistes pour retourner ensemble à Mexico. Après la grande excursion dans le Nord, quelques membres _ 22% CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL DE MEXICO. prirent part à une dernière excursion de quelques jours dans les terres chaudes de listhme de Tehuantepec. Avant de terminer, nous pouvons dire que la réunion du X° Congrès international de géologie fut, sous tous Iles rapports, un très grand succès et présenta un grand intérêt scientifique pour tous ceux qui ont eu l'avantage d’y assister; la grande majorité des communications et des discussions aux séances de la Session ont été faites dans les trois langues, française, anglaise et allemande, qui sont indispensables à connaître pour tout géologue qui visite des pays étrangers ct qui veut retirer quelque fruit de son voyage. tit Comme nous avous déjà eu l'occasion de le faire rémarquer, les membres du Congrès furent reçus partout avec la plus grande hospi- talité, tant aux excursions que pendant leur séjour dans la ville de Mexico ; aussi conserveront-ils longtemps le souvenir d'un voyage des plus agréables dans un pays plein d'attrait pour l’homme de science qui aime à débrouiller les problèmes si intéressants et si compliqués de l’histoire de la Terre. | Il convient, pour finir, d'adresser nos vives félicitations aux orga- nisateurs du X° Congrès de Mexico et nos chaleureux remerciements aux dévoués président et secrétaire du Congrès qui ont rempli d’une façon admirable leur si difficile et délicate mission. n Ha "| FIG. EXPLICATION DE LA PLANCHE IH. . Stereocidaris sceptrifera Mantell (Cidaris), radiole de Nefgraben, de grandeur naturelle. . Le même grossi. . Phymosoma microphyma Lambert, fragment de radiole de Nefgraben, de grandeur naturelle. : . Le même grossi. . Phymosoma nefgrabenensis Lambert, radiole de grandeur naturelle. . Le même grossi. | . Codiopsis Felixi Lambert, des Fraunwandalphütten, vu en dessus. . Le même, vu en dessous. . Le même, vu de profil. . Portion grossie de la face supérieure du même. . Clypeolampas gosaviensis Lambert, de Hatzenhofalp, vu en dessus. . Le même, vu de profil. . Le même, vu en dessous. . Fragment du Hemipneustes Felixi Lambert, de Hatzenhofalp, vu en dessus. . Le même, vu de profil. . Cyclaster spec. de Finstergraben, vu en dessus. . Le même, vu de profil. . Proraster atavus Arnaud (Schixaster), de Finstergraben, vu en dessus. . Le même, vu en dessous. . Le même, vu de profil. DA. YO TON PM SONT. PT 1 SPC F. Gauthier, &el. et lith. Ed. Bry, imp. Paris. T. Lambeu- AR, de Z cos De Cosau Him AE are ur Bull. de la Soc. belge de Géol., de Paléontol. et d'Hydro!. T. KXE 1907, Mém., PL IT, L. DOLLO. LES PTYCTODONTES SONT DES ARTHRODÈRES. SNS Convergence entre ces alliés de Coccosteus et les Holocé- phales, puis les Dipneustes, pour les plaques dentaires. FiG. 1. — Dentition. Vue externe. — Un peu réduite. ABRÉVIATIONS. C — Collare. © Nu. — Nuchale. Ct. — Cleithrum. S. — Spinale. Cv — Clavicula. 7 rer Fo ls. ae 2e AS = #e : Re À F1G. 2. — Ceinture scapulaire. Profil gauche. — Un peu réduit. Es LS CLEA 2 ER PE à 0 me = , pe Le N S @ \ NN S . = HE se LISE RTE FA NS & F RENE NÙ > RSS RS CET SS RS SNS RSS Rù VA NN NN \ N ANS RE en TS ts » EN HR AUS QUL'S- ESS = eZ ES SE FIG. 3. — Ceinture scapulaire. Vue de face. - Grandeur naturelle. Rhamphodus tetrodon, Jaekel, 1903. — Dévonien supérieur. Ense bei Wildungen (Principauté de Waldeck). — Ptyctodontidæ (Arthrodères). Tvpe : Musée royal d'Histoire naturelle de Berlin. D’après M. 0. Jaekel (Sitzungsberichte der Gesellschaft Naturforschender Freunde zu Berlin. 1906. pp. 181, 182, 184). k DES MATIÈRES A, Hiutot. Sur la découverte de silex utilisés sous les alluvions fluviales de la | haute terrasse de 100 mètres de la vallée de la Meuse. . . . . . . . 3. A. Hankar-Urhbon. Deuxième note sur des mouvements spontanés des roches dans lés mines, les carrières, etc. "1 4 "2227 A. Rutot, Sur l’âge des cavernes de Grimaldi, dites Grottes de Menton . - Fe 58 La J. Lambert. Étude sur quelques Échinides des couches à Hippurites de Gosau. (Planche), RE De Ne TR A IS . 83 Louis dollo Les Pityciodontes sont des Arthrodères. (Planche IL.) . . . 97 A. Bankar-Urban, Le tunnel de Braine-le-Comte et les sables boulants . . 409 - Eugène Maillieux. Compte rendu de l’excursion dans les environs de Couvin, les 44 et 45 août 1906, de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et. d'Hvdrologe 27 PASS Na a A RS M NE AE re 433 | Baron ©. van Erthorn. Revision de l'échelle du Pleistocène de la Belgique. 169 Baron ©. van Erthorn. Tableau comparé de l'échelle française et générale du groupe tertiaire avec la Légende officielle de Belgique et la Légende libre de ‘l'auteur - + 4/0 Et AR SR A ON F, Halet, Compte rendu sommaire de la Xe session du Congrès géologique ; international, tenue à Mexico en septembre 1906 . . . . . . . . . 905 DE LA BELGE DE CEOLOUIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE (BRUXELLES) ! PRÉSIDENT D'HONNEUR : S. À. KR. le Prince ALBERT de Belgique Memoires Vingt et unième année Tome XXI — 1907 — Fascicule Il :1e = BRUXELLES | __ HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 11 419, rue de Louvain, 412 1907 SU MÉTHODE D'ANALYSE RAPIDE EAUX ALIMENTAIRES PAR Léon GERARD (l Ingénieur, ancien professeur à l'Université de Bruxelles. La détermination de l’innocuité des eaux alimentaires au point de vue hygiénique présente des difficultés d'exécution et des difficultés d'interprétation nombreuses. Une étude complète, portant à la fois sur les caractères géologiques, sur les caractères chimiques et surtout bactériologiques de l’eau, peut théoriquement établir de manière indiscutable ces caractères d’inno- euité, à la condition que les essais soient prolongés pendant un temps suffisamment long pour comprendre le cycle des événements saison- niers ou des circonstances climatériques qui peuvent modifier la nature de l’eau. En soi-même, une analyse complète d’eau alimentaire est donc une opération longue, nécessitant un matériel complet de laboratoire et le concours de spécialistes autorisés. | Cependant, en pratique, beaucoup d'essais d’eau alimentaire sont établis en dehors de ces conditions théoriques qui, il faut bien le dire, sont matériellement difficiles à réunir. À part le cas de sources dont l’origine superficielle est facilement (1) Mémoire présenté à la séance du 13 mai 4907. 1907. MÉM. 15 226 L. GERARD. — ANALYSE RAPIDE décelable par la fluorescéine ou par les méthodes thermométriques, il n’est pas rare de voir des eaux déclarées propres à la consommation après quelques essais hydrotimétriques, un dosage des matières oxyda- bles par l’hypermanganate, une recherche du bacille coli et un dosage du résidu à l’évaporation, des nitrites et du chlore. Cet ensemble de recherches forme un système d’investigations tout à fait insuffisantes, quoique déjà fort délicates à établir. Elles demandent cependant à la foisun matériel compliqué, la pratique de laboratoire et l'expérience nécessaire à l'interprétation des résultats. Je pense qu'en limitant à ces recherches l'étude des eaux alimen- taires, on s’expose à des mécomptes résultant de causes diverses que Je vais tenter de discuter. D'autre part, je m'empresse d'ajouter que la complexité des analyses faites au seul point de vue chimique, les dosages de sels minéraux rares, des gaz dissous, les longues listes de produits analysés et figurés quantitativement en centièmes de milligramme, en dépit de leur inté- rêt théorique, n’ajoutent aucune sécurité hygiénique à des analyses manquant de base au point de vue géologique et au point de vue de l'existence actuelle ou de la probabilité de contamination bactériolo- gique future des eaux alimentaires. Le luxe des détails chimiques couvre mal la pauvreté des analyses essentielles à la détermination de l’innocuité réelle des eaux alimen- taires étudiées. À ce dernier point de vue, qui est le critérium final de l'emploi des eaux, il ne faut pas exagérer la valeur de la détermination hyperman- ganique. Telle eau n’accusant qu'un titre hbypermanganique absolument faible peut être cependant suspecte au point de vue bactérien, car une cen- taine de colonies de bactéries à grande pullulation ne représente pas une masse pratiquement pondérable. | Le ütre hypermanganique est une présomption de même nature que la présence des mitrites, mais n’est pas lui-même un eritérium positif et suffisant à lui seul, par sa présence ou par son absence, pour établir un diagnostic définitif. Il existe des eaux suffisamment filtrées et convenablement exemptes de bacilles coli et ayant cependant un titre hypermanganique élevé. La réciproque est fréquente; en conclusion, l'essai hypermanganique est nécessaire et de grande importance; 1l a l’avantage d’être exécuta- ble, même s’il porte sur quelques centaines de centimètres cubes, et une série d'essais donne des chiffres concordants si l’on use des précautions DES EAUX ALIMENTAIRES. 297 opératoires indispensables et identiques, mais il ne peut constituer à lui seul un critérium définitif. L'analyse bactériologique au point de vue de la recherche de bacilles coli à plus de valeur. Elle présente malheureusement des diffi- cultés, des longueurs et des incertitudes d'exécution qu’il est impossi- ble de méconnaître. Une recherche de ce genré ne peut être sérieuse- ment établie que moyennant l'emploi d'au moins deux méthodes d'observation concordantes. L'interprétation des résultats demande du temps et une grande expérience. Certaines méthodes, telles que la méthode des ferments, sont d’une sensibilité telle que leurs adversaires les taxent, à tort sans doute, d'établir la présence de bacilles coli partout. D’autres, au contraire, sont d’une sensibilité beaucoup trop faible. La valeur quantitative du diagnostic coli est donc très relative. Sa valeur chimique a même été formellement contestée, et l’innocuité du coli au point de vue pathologique a été soutenue par quelques pra- ticiens. | Je n’ai pas qualité pour donner un avis dans le débat au point de vue médical, mais au point de vue physique et géologique, l'intérêt de la présence ou de l’absence de bacilles coli me paraît (quelque considéra- ble qu’il soit en lui-même au point de vue pathologique) naître non pas du caractère pathogénique de la contamination en elle-même, mais bien des déductions résultant de cette présence. La présence de coli, que l’on dit, sans preuves absolues du reste, être en lui-même inoffensif, établit la contamination ou la possibilité de contamination par des causes directes d'infection provenant des déjections des êtres supérieurs. Au point de vue de la surveillance du fonctionnement des filtres, on admet en général que les produits exempts de coli sont suffisamment propres à la consommation alimentaire : une récente décision du Comité supérieur d'hygiène de France ordonne que cette condition d'absence de coli soit reconnue réglementairement comme essentielle à l’usage des eaux tributaires de la filtration. Cette analyse est donc employée en hydrologie comme un simple test, dont l’absence devrait impliquer l'absence de risque de contami- nation par le bacille d’Eberth (bacilie du typhus), par les bacilles paraty- phiques ou par le choléra vibrio, ainsi que par d'autres éléments bactériens développant les maladies d’origine hydrique. Plus brutalement, la présence de baclles coli établit que des matières fécales dans lesquelles les bacilles coli pullulent, ont souillé l’eau étudiée. 298 L. GERARD. — ANALYSE RAPIDE Ce diagnostic ne dit pas la virulence spécifique de l’eau étudiée, elle décèle un contact suspect. La suite de cet opuscule montrera qu'il est facile de trouver d’autres tests définitifs établissant ce même diagnostic plus sûrement encore et plus rapidement. En résumé, les essais relatifs à l'absence ou au dosage quantitatif de bacilles coli sont done d’une importance capitale; cette analyse est délicate, elle ne donne pas de résultats immédiats et a surtout le grave défaut de nécessiter une interprétation des résultats. Cette recherche a de plus un défaut commun à tous les procédés bactériologiques : elle porte sur des quantités très faibles d’eau. Quelques centimètres cubes sont les quantités analysées bactériologi- quement. La muluplicité des cultures ne peut être très grande : en pratique, trois essais sont parfois considérés comme suflisants. Or l’agglutination des bactéries autour des éléments flottants ou simplement en colonies agglomérées à elles-mêmes est parfois si forte que plusieurs échantillons prélevés simultanément peuvent’ contenir de . 0 à 2 000 colonies par centimètre cube d’eau prélevée, même après agitation énergique du liquide. Il résulte de ce fait que la probabilité de lobtention de résultats certains est d'autant plus faible que les cubes analysés sont plus petits. À ce sujet, 1} paraît donc que le procédé idéal d'analyse devrait don- ner des moyens rapides d'examen des sources et des rivières impli- quant des procédés simples, mais portant sur desquantitésconsidérables de liquide. D'autre part, le fait capital à établir étant de savoir si une eau proposée à l'usage alimentaire se trouve ou non dans son parcours originel soumise à des causes de pollution provenant de l’homme et de la vie animale, je pense qu’il existe des moyens physiques rapides de faire cette détermination. Le but du présent travail est de soumettre à l’examen des praticiens cette méthode, que je ne propose pas en vue de la substituer aux ana- lyses approfondies et plus longues du bactériologiste et du chimiste, mais que je propose comme un moyen rapide et sûr de détermination immédiate des eaux suspectes de contact humain ou de pollution par la voie animale. La réponse positive dans cette recherche est donc proposée comme un diagnostic absolu et définitif de la pollution actuelle ou future par le contact avec les produits de la vie. En cas de réponse négative dans cette recherche purement physique, la conclusion de l'essai entraînera simplement la nécessité d’une DES EAUX ALIMENTAIRES. 229 étude plus approfondie au point de vue bactériologique et chimique, et la nécessité d’un prélèvement méthodique de grands échantillons d’eau à transporter dans des caissons à glace, avec tous les soins néces- saires à une bonne étude bactério-chimique. *k k * Le premier des movens physiques d'étude de l’origine des sources est l'emploi de la fluorescéine, dont les effets ont été si bien utilisés dans les recherches spéléographiques de nos collègues Martel, van den Broeck et Rahir, travaux dont notre Société a publié les relations. L'étude méthodique des observations thermométriques des eaux étudiées est le second moyen à employer. Les travaux de notre Société contiennent de nombreux exemples de cette méthode. Il est évident que le fait d’une relation directe entre un chantoir ou une fosse avec une source suffira, quel que soit l’état actuel de l’eau, pour établir le danger de sa pollution probable ou possible dans l'avenir, et pour faire écarter le produit pour l'usage alimentaire ou dicter Îles précautions de filtration et de protection qui rendront cet usage possible. Lorsque l'étude géologique du site ou les conditions locales ne per- mettent pas d'atteindre les nappes alimentaires de la source à étudier, l'examen physique des résultats d’une filtration méthodique dont la description va suivre me paraît de nature à donner des indications décisives à l’aide de moyens simples et par l'emploi d'un matériel faer- lement transportable. MATÉRIEL. Le matériel se compose de : un ou deux seaux jaugés, deux ou trois jeux d’un appareil (fig. 4) formé d’un entonnoir en métal, d’un cylin- dre à filtres et d’un tube de décharge, un microscope de campagne à trois grossissements maximum 500, quelques gobelets de verre de Bohême et de verres de montre rodés ou des capsules. L’entonnoir métallique À se fixe au centre d’un bouchon B fermant le corps cylindrique C, lequel contient une série de filtres D, E, F. Chacun de ces filtres est formé de tamis de toile métallique en fils de bronze phosphoreux emboîtés les uns dans les autres et de finesse croissante (500 à 5 300 mailles par centimètre carré). Le dernier filtre F est inséré entre deux surfaces en toile métallique 230 RTE, JT CNE OS i er = = 2 = ne = - TE) L. GERARD. — ANALYSE RAPIDE DES EAUX ALIMENTAIRES. 931 et est formé de plusieurs feuilles de papier-filtre blanc exactement découpé et stérilisé au préalable. : Le tube en rubber G adducteur est destiné à créer une succion soit par l'élévation de l’entonnoir fixé à hauteur convenable, soit par l’em- ploi d’une petite trompe à vide. L'appareil permet la filtration de 150 à 500 litres à l'heure, suivant l'énergie de la succion admise et en raison directe de la solidité du filtre, qui est du reste protégé par son insertion entre les deux toiles métalliques. . I est conseillable, pour opérer sur les plus grandes quantités possibles de liquide, de mettre en action simultanément plusieurs appareils. Le Jaugeage des quantités de liquide analysées se fait à l’aide du seau jaugé. Une forme pratique de ce genre de seau est un appareil à soupape inférieure d’une contenance de 10 litres emboîtant dans le filtre A et ayant une bonde formée d’un bois conique bouchant un trou au fond du seau (fig. 2). L'étude des produits des filtrations successives recueillis sur chaque tamis se fait en retournant chacun d’eux séparément sur une capsule de verre ou sur un gobelet de Bohême, et en lavant le filtre par la plus petite quantité d’eau pure possible projetée en un filet mince au dos du filtre. Les sédiments recueillis doivent alors être examinés à la loupe et au microscope. Les gros fragments végétaux, les graines de pollen agglomérées, les débris d'insectes, élytres, corselets, les graines, les débris minéraux grossiers forment le sédiment ordinaire du premier filtre, et un classe- ment fort intéressant des matières étrangères contenues dans l’eau à analyser se trouve réalisé par le fonctionnement des filtres métalliques de finesse croissante. Disons d’abord qu’au point de vue géologique, l'étude rapide des élé- ments minéralogiques ainsi réunis donne les renseignements les plus intéressants et les plus probants sur l’origine stratigraphique de Îa nappe. Quant à la question préjudicielle de la contamination possible par le fait de l’homme ou des animaux, elle se trouve affirmativement résolue par la présence plus ou moins abondante de quatre genres de résidus microscopiques qui sont : A. Les fragments d’étoffes manufacturées ou de poils coupés, débris de laine, de coton, de lin, de soie ou de poils: 232 L. GERARD. — ANALYSE RAPIDE B. Les grains d'amidon provenant d'aliments cuits ou digérés; C. Les débris musculaires, fibres musculaires cuites ou incomplète- ment digérées et macérées. | D. Les œufs de lombricoides, de ténia ou d’autres parasites intesti- Nnaux. A. DÉBRIS DE TEXTILES ET POILS. La présence des textiles peut être attribuée à la contamination par les poussières atmosphériques. Elle peut donc être jugée d'importance secondaire au point de vue de l'interprétation des analyses. Cependant la présence de disques plats formés par la section des poils coupés au rasoir décèle d’une manière certaine la contamination de la source ou du ruisseau par les eaux ménagères provenant d'habitations. La conservation et la dissémination de ces sections minuscules, qui ont jusque 1 centième de millimètre d’épaisseur, est étonnante. La plupart des fibres industrielles caractéristiques sont représentées par les croquis figures 5, 4, 5, 6, 7 et 8, au grossissement de 200; la figure 9 représente des sections droites caractéristiques des poils tels qu’on les retrouve dans la mousse du rasoir. 234 L. GERARD. — ANALYSE RAPIDE B. GRAINS D’AMIDON. Les grains d’amidon des divers amidons comestibles forment une classe d'éléments caractéristiques des plus utiles. Les figures 10 et 11 représentent l’amidon de la pomme de terre (cru à gauche, cuit à droite). Les grains cuits très gros atteignent 1 millimètre et se subdi- visent en fragments imperceptibles que leur coloration bleue par l’iode rend facilement décelables. A défaut de l’action de l’iode, la lumière polarisée donne des indications utiles sur la présence des grains d’ami- don. L’amidon de seigle à des dimensions très faibles, mais se décèle facilement par l’iode (0.05 à 0.01) (fig. 42). La présence des grains d’amidon est une preuve certaine de la con- tamination des eaux par l’écoulement des eaux de cuisine, et cet exa- men doit être très minutieux, en raison des modifications subies par les amidons du fait de la cuisson. C. DÉBRIS DE FRAGMENTS MUSCULAIRES. La contamination des eaux par les matières fécales est indubitable- ment établie par la présence de débris musculaires. La dissociation des fibres par un séjour prolongé dans l’eau, les effets de la digestion incomplète tendent à diviser les faisceaux musculaires en courts fila- ments d’une incomparable ténuité (1/;69 de millimètre). Les réactions microchimiques du muscle par les teintures au picrocarminate ou la lumière polarisée décèlent facilement ces corps, dont la Structure histo- logique bien connue est du reste facilement reconnaissable (fig. 16). De toutes les preuves physiques fournies par l'analyse sommaire dont je préconise l’emploi, la présence des débris musculaires a la plus grande valeur. D. OEUFS DE PARASITES INTESTINAUX. Les anchylosiomes, les ascaries, Toenia bothricocephalus latus et trichocephalus donnent des œufs de coloration jaune ou brun-rouge dont les formes sont figurées dans les croquis ci-contre (2 à 7 centièmes de millimètre) (fig. 17 à 19). Leur présence est une preuve irrécusable de l’incomplète filtration des eaux et de leur contact avec des milieux pouvant devenir très dan- gereux. DES EAUX ALIMENTAIRES. 9239 236 L. GERARD. — ANALYSE RAPIDE Or, la plupart des méthodes classiques d'analyse des eaux alimen- taires laissent échapper complètement ces preuves de contamination parce que leur recherche nécessite le maniement de grandes quantités de liquide. | Leur présence est facilement décelable par la filtration de quelques mètres cubes d’eau, et cette analyse est donc très importante. FE. AUTRES CORPS ÉTRANGERS. La découverte d'organismes vivants : diatomées vivantes ou fos- siles, rhizopodes, spirogyres et rotifères, ne révèle aucun danger direct. Leur présence est normale et la filtration la plus simple suffit à les éloigner. Il n’en est pas de même des algues, dont notre confrère Kemna nous a très judicieusement exposé les dangers et au sujet desquelles la méthode d'analyse décrite donne un dosage immédiat. Parmi les ferments directement observables dans les résidus des filtres étagés, la découverte des ferments de la bière (Saccharomyces cerevisæ) prouve la contamination éventuelle des eaux de rivière par les eaux de lavage des brasseries, et aussi la présence des sareines est un indice rare, mais définitif, du contact de l’homme. Un autre résultat de l'emploi de la méthode que je préconise est la détermination quantitalive des crenothrix et des cladothrix, qui fixent d’une manière désespérante pour les ingénieurs hydrauliciens des quantités considérables d'oxyde hydraté de fer et dont la première famille pullule avee une telle intensité que des conduites peuvent se boucher sous leur action. PORTÉE DE LA MÉTHODE. Je préconise la méthode d'analyse par filtration comme un essai préalable essentiel à toute étude complète d’une eau alimentaire. La présence des corps accusant le contact de l’homme et des déchets de son existence ou de celle des animaux domestiques décrits plus haut constitue une preuve déterminante presque absolue de la nécessité d'appliquer à ces eaux des procédés sérieux d'épuration avant de les livrer à l’usage alimentaire. L'absence de ces réactions microscopiques ne peut cependant pas être invoquée comme une indication d'emploi direct aux usages alimen- taires, sans le contrôle d’une analyse bactériologique et chimique DES EAUX ALIMENTAIRES. 237 sérieuse, qu'il ne s’agit nullement dans mon esprit de supprimer, mais seulement de faire précéder d’une recherche micrographique préalable, que Je Juge indispensable et que je viens de décrire. Ces recherches sont de longtemps connues. Leur exécution est trop négligée en raison des difficultés d'opération et du défaut d’apprécia- tion de leur valeur réelle. Le dispositif mécanique préconisé rend ces opérations faciles, et les progrès accomplis en matière de stérilisation ont indiqué le remède à appliquer au mal si la contamination est formellement établie. Au point de vue pratique industriel, l'emploi des moyens méca- niques de filtration rapide du type Jewell ou lemploi des filtres dégrossisseurs du genre des filtres Puech combiné avec la stérilisation des eaux par l’ozone fournit à l'heure actuelle un moyen scientifique certain d'obtenir des eaux alimentaires sûres, dans n’importe quel cas de contamination. La stérilisation par l'ozone qui coûtait, 11 y a quelques années encore, 5 centimes par mètre cube, a fait de tels progrès que ce prix n’atteint plus que 1 1/2 à 1 centime, suivant limportance des quantités à traiter (amortissement des installations compris). La sûreté de cette méthode physique d'épuration, qui ne laisse aucun résidu chimique dans les eaux, est démontrée bactériologique- ment depuis longtemps (1). Elle est subordonnée à l’emploi de quanti- tés définies d’ozone d’une concentration suffisante. Seule la question de prix, aujourd'hui résolue, en avait retardé jusqu'ici l'emploi. Toutes les eaux susceptibles de contamination éventuelle par le fait de l'habitation humaine ou de la vie animale sont tributaires de procé- dés sérieux d'épuration par la filtration et de la stérilisation par des procédés scientifiques. Tel est le cas de toutes les eaux de rivière, de la plupart des eaux de source et de beaucoup d’eaux de captation, dont malheureusement les causes d'infiltration sont souvent mal déterminées et très variables. La méthode rapide, exposée dans le présent mémoire, est destinée à faire connaitre, par des moyens non diseutables et faciles à employer, celles des eaux pour lesquelles des procédés énergiques et efficaces d'épuration s'imposent immédiatement. Il n’est pas inutile de répéter encore que l’auteur de cette méthode n’a (1) Prof. van Ermengem, Erlwein, Frülich, Dr Proskauer, Roux, Calmette. 236 L. GERARD. — ANALYSE RAPIDE DES EAUX ALIMENTAIRES. aucunement la prétention de rendre inutiles les essais bactériologiques subséquents. Cette méthode les complète et les facilite. l Elle les complète parce que des analyses bactériologiques portant sur de trop faibles quantités d’eau prélevée en période d’hiver peuvent donner des résultats négatifs pour une eau que l’analyse microsco- pique portant sur de larges quantités peut cependant dénoncer comme absolument dangereuse. Elle les facilite, parce que les colonies bactériennes agglomérées restent fixées aux filtres les plus fins de la série des filtres classeurs employés et qu’elle permet de recueillir avec plus de probabilité ces organismes, causes des épidémies d’origine hydrique. Se SISMOLOGIE ET GÉOLOGIE PAR E. LAGRANGE (1) Professeur à l’École militaire. La sismologie, née d'hier, a pris aujourd'hui au soleil scientifique une place importante; le domaine qu'elle s’est créé se divise en deux par- tes très distinctes : le domaine purement physique d’une part, le domaine sismico-géologique de l’autre. îls ont chacun leur importance particulière et l’on peut être porté plutôt vers l’un que vers l’autre par sa propre inclination et sa préparation scientifique, mais nous ne pen- sons pas qu’il faille, en les opposant l’un à l’autre, accorder en quelque sorte à l’un des deux une importance plus grande qu’à son voisin. Le domaine physique de la sismologie est celui qui la met en relation directe avec la géophysique; c’est celui qui, par l'étude minutieuse et suivie des microsismes, permettra à la science l’accès des masses internes du globe que tout autre procédé d'investigation lui à interdit jusqu’aujourd’hui ; déjà, d’ailleurs, les voies semblent s’ouvrirdans cette direction, et les travaux récents de Oldham, un des travailleurs de la première heure, viennent de nous faire soupçonner l'existence d’un noyau terrestre très différent de la croûte qui l'entoure. D'ailleurs, ce n’est pas ici le lieu d’en parler, mais c’est du second domaine sismo- logique, qu’à l’occasion de deux publications récentes, nous voudrions dire quelques mots. Aussi bien, ce dernier domaine est-il, des deux, celui qui est en relation la plus étroite avec les études que poursuit Ja Société belge de Géologie. (1) Mémoire présenté à la séance du 45 mai 1907. 240 E. LAGRANGE. — SISMOLOGIE ET GÉOLOGIE. L'occasion m'a semblé opportune, car les deux publications dont je parlais tout à l’heure, dues au même auteur, William Herbert Hobbs (1), sont, l’une consacrée à l'exposé de quelques principes de géologie sismique, et l’autre à l'étude de la tectonique sismologique de la Calabre et de la Sicile, à laide surtout des données fournies par les tremblements de terre récents. De plus, honorées de deux préfaces signées des noms de Suess et de Montessus de Ballore, les deux savants qui ont le plus contribué à réaliser l'union de la sismologie et de la géologie, elles doivent être considérées comme destinées à carac- tériser l’évolution qu’a subie la première de ces deux sciences. Cette évolution peut d’ailleurs se caractériser en deux propositions : 4° La théorie centrale ou focale des tremblements de terre à fait place à la théorie des lignes sismogéniques; | 2% Les lignes sismogéniques sont en relation intime avec la structure géologique de la région ébranlée et notamment avec les failles qui découpent la croûte superficielle en une complexe marqueterie, suivant l'expression de Lapparent. Il Comme toutes les théories, celle-ci n’est pas l’œuvre d’un seul homme, n1 d’un seul jour, mais elles’est imposée peu à peu comme suite aux travaux et des géologues et des sismologues. Parmi ceux-ci, les plus marquants sont Suess et de Montessus de Ballore, et des études d’ap- plication comme celle de M. H. Hobbs mettent bien en évidence les principes de leurs théories nouvelles. I y a un quart de siècle peut-être, on n’eût point trouvé un géologue qui n’attribuât les tremblements de terre à une commotion interne due soit à une explosion de gaz dans un milieu fermé, soit à l’expan- sion subite du magma formant le noyau central en fusion de notre globe. De là l’idée du foyer, de l’hypocentre des macrosismes, dont l’origine est donc à rechercher dans la conception volcanique des trem- blements de terre. Le tremblement de terre napolitain de 1857, étudié (4) WiLLiAM HERBERT HoBgs, On some principles of seismic geology (with plate II and 10 textfigures). With an Introduction by ÉpouarD Suess, Beiträge zur Geophysik, Bd VIII, 2. Heft, 1907. WILLIAM HERBERT HoBBs, The geotectonic and geodynamic aspects of Calabria and Northeastern Sicily. À study in orientation (with plate ITI-XIT and 3 figures in text). With an Introduction by the Count DE MoNTEssus DE BALLORE, Ibidem. E. LAGRANGE. — SISMOLOGIE ET GÉOLOGIE. 241 par Mallet (1), donna à cette théorie sa forme définitive. Pour déter- miner le foyer d’ébranlement, Mallet étudiait les fractures produites dans les édifices, et de leur position et de leur forme conceluait à la direction du choc et de celle-ci à celle de l’hypocentre. En fait, comme l’a montré le premier Neumayr (2), les résultats des relevés de Mallet ne conduisent nullement à l'existence d’un hypocentre défini. D'après M. Hobbs, la théorie de Mallet à dû sa survie à la méthode nouvelle imaginée par Seebach pour représenter les effets des phéno- mènes, représentation qui ne met pas en évidence la non-existence du foyer. C’est celle des isoséismales ou courbes reliant les points de la surface où les chocs se sont fait sentir au même moment. Ces courbes forment d'habitude une série d’ellipses plus ou moins allongées dont le centre approximatif indique l'emplacement de l’épicentre. Hoernes a montré, ainsi que beaucoup d’autres, les défauts de cette méthode, notamment dans le cas où deux ou plusieurs chocs proviennent de régions différentes. Les résultats du tracé sont alors des plus diffus. Le tremblement de terre du 16 novembre 1894 en Calabre et en Sicile mit, un des premiers, bien en évidence les erreurs auxquelles la théorie de Mallet ou celle des isoséismales peut conduire. Il résulte des travaux de Riccù (3) que la méthode de Mallet donnait un foyer situé dans la région d’ébranlement primitif et un autre situé en dehors, et cela en utilisant des deux parts l’étude du même nombre de fractures dans les édifices. Quant à la profondeur du foyer, on pouvait l’évaluer indifféremment à 150 kilomètres, comme à 21, 26, 47 ou 161. Par une méthode basée sur l'intensité des chocs que l’on suppose varier en rai- son inverse du carré des distances à l’épicentre hypothétique, on obte- nait des profondeurs de 52, 54 et 50 kilomètres. Enfin, pour chercher à expliquer les contradictions entre les faits et la théorie de Mallet, on en vint à parler de tremblements de terre polycentriques, comme Baratta, ou de « Schwarmbeben », comme certains sismologues allemands. Mais dans tout cela, :l n'était nullement question de géologie, et la structure du sol était le moinûre souci des sismologues. Ce fut Suess le premier qui, en 1875 (4), montra (4) MALLET, The neapolitan earthquake of 1857. London, 1862. (2) Erdgeschichte, vol. I, p. 303. (3) A. Ruccô, Riassunto della sismografia del terremoto del 16 Nov. 1894 in Calabria e Sicilia. (BOLL. DELLA SOC. SISMOL. ITALIANA, 1899, pp. 157-180.) (4) Ep. Suess, Die Erdbeben Nieder-Oesterreichs. (Akab. DER Wiss. Zz. WIEN, XXXII, 1873, pp. 1-38.) 1907. MEM. 16 249 E. LAGRANGE. — SISMOLOGIE ET GÉOLOGIE. que les phénomènes sismiques de la Basse-Autriche sont localisés le long de trois lignes de fracture : celles de la Kamp, de la Mürz et de Warm Spring. C’est à lui que l’on doit donc ce grand progrès d’avoir mis en relation la géographie sismique d’une région avec sa structure géologique, et ce grand progrès, c’est à un géologue pur qu'on le doit. Mais l’idée nouvelle devait bientôt se modifier, et, en 1895, à l’occa- sion d’une étude sur le tremblement de terre de la Silésie, Leonhard et Volz montraient que lon ne pouvait rendre compte des faits qu’en admettant comme cause les mouvements d’un complexe de blocs tout entiers distribués le long de lignes de fractures. En 1901, Thoroddsen pouvait mettre le même fait en évidence par l'étude des sismes islan- dais, avec cet avantage que dans la région les lignes de fracture elles- mêmes étaient visibles et que le parquetage terrestre était en quelque sorte visible à l’œil du géologue. Telle est, en raccourci, la genèse des conceptions nouvelles, accep- tées aujourd'hut par les sismologues et par les géologues, et que les tra- vaux comme ceux de M. Hobbs tendent à préciser dans le détail, de manière à mettre en relief les processus mêmes des phénomènes. Les termes dans lesquels 1l rend compte des résultats de son enquête sur la distribution superficielle de l'intensité des actions sismiques lors des tremblements de terre de la Calabre, forment en quelque sorte un véri- table exposé succinet des idées courantes actuelles. Nous ne pouvons mieux faire que de les citer 1ei : 4. La distribution des localités atteintes ne fait ressortir aucune inudi- cation de relation entre l'activité sismique et la distance à un ou plusieurs points ; 2. Les localités atteintes sont distribuées sur des lignes droites (lignes sismo-lectoniques) ; 3. Ces lignes sismo-tecloniques sont en relation avec la constitution géologique, avec les lignes des côtes, la direction des masses monta- gneuses, elc. ; 4. Les localités les plus éprouvées se trouvent placées à l’intersection des lignes sismo-tectoniques ; 5. Ces dernières coupent souvent les lignes volcano-tectoniques à un évent volcanique ; G. Les lignes sismo-tectoniques ont une tendance à se présenter en séries parallèles (1). (4) On some principles, etc., p. 224. E. LAGRANGE. — SISMOLOGI£ ET GÉOLOGIE. 243 Il résulte de là aussi que les effets destructeurs se concentrent le long des lignes de fractures et s’affaiblissent rapidement à mesure que lon s’en écarte normalement de part et d’autre, et enfin que la déter- mination précise des lignes sismo-tecioniques, en faisant connaître les points dangereux d’une région sismique, permettra aussi, non pas de prévoir les phénomènes macrosismiques, mais tout au moins d'éviter à l’avenir, si on le veut, les conséquences funestes de ces phénomènes. IT L'immense labeur accompli de 1890 à 49053 par le comte de Montes- sus de Ballore en relevant l’activité sismique de toutes les régions du globe (1) et en dressant ensuite sa mappemonde sismique, qui en est en quelque sorte l’expression, sert aujourd’hui de base au géologue qui recherche les lignes sismo-tectoniques d’une région, et lui donne un point de départ pour la localisation du système de dislocations qui la caractérise. La sismologie devient 1e1 une science adjuvante de la géo- logie elle-même. M. Hobbs, appliquant cette conception à différentes régions, en montre la fécondité en faisant ressorur l'identification de grandes failles bien reconnues avec les lignes sismo-tectoniques qu’il relève. La carte qu’il nous présente de la Belgique et du Nord de la France attire particulièrement notre attention. C’est la reproduction de la carte purement sismique dressée par le romte de Montessus, mais avec le tracé des lignes sismo-tectoniques présumées. Le problème se présente comme fort délicat; si le seul guide que possède l’investi- gateur pour les fixer est celui de la ligne droite, 1l est conduit à un véritable jeu peu scientifique qui l'amène à tracer de nombreuses droites un peu au hasard, s’il ne s’y livre pas entièrement. Il est évident qu'il est bien nécessaire que le sismologue devienne ici géologue. Lorsque la connaissance géologique d'une région se trouve suffisamment avancée, on peut affirmer, semble-t-1l, que lexis- tence de certaines failles est impossible ou très peu probable. Dans mon ignorance personnelle de la géologie détaillée du bassin houiller franco-belge-westphalien, je pourrais surcharger la carte dressée par M. Hobbs de nombreuses lignes sismo-tectoniques nouvelles, cela n’est pas douteux; j'estime donc que si M. Hobbs s’est arrêté à celles qu’il nous indique, c’est qu’il a pour cela des raisons que je n’aurais pas pos- (4) Les tremblements de terre. Paris, Colin, 1906. 244 E. LAGRANGE. — SISMOLOGIE ET GÉOLOGIE. sédées. Je pense aussi que la réflexion que je fais ici peut servir à mon- trer les dangers de la méthode elle-même. Parmi les lignes sismo-tectoniques tracées par M. Hobbs, je relève la ligne Malines-Bruxelles-Havré et celle qui joint cette localité à l’épi- centre très sismique de Douai. Disons cependant que de Montessus lui-même, dans le beau livre d'exposition générale que nous citions plus haut, appelle déjà l'attention, avec van den Broeck, sur la coexis- tence possible d'une faille de la vallée de la Senne avec la ligne sismique Bruxelles-Malines-Anvers. Mais je n'ai aucune compétence pour aborder le détail de ces ques- tions. Tout ce que J'en veux conclure, c’est que le rôle géologique de nos stations sismiques belges semble se préciser davantage à la suite des vues d'ensemble modernes que Je viens de présenter 1ei. Le bassin houiller belge, les plaines tertiaires du Nord, pas plus que le massif primaire du Sud de notre pays, ne constituent des régions de forte sismicité. Le « parquetage » de Lapparent est à peu près chez nous d’une stabilité parfaite. Les mouvements de déplacement que subit notre sol sont donc ou des mouvements très lents, ou des mouvements brusques, mais très faibles, que très proba- blement le mouvement général provoque et dont l'étude serait de nature à révéler celui-ci. Si donc l’on ne considère nos stations sismiques qu’au point de vue géologique, 1l faudra y étudier surtout les microsismes rapprochés. C’est dire que les instruments doivent y être installés dans des condi- tions particulières. En général, en effet, les sismographes sont établis ou bien dans le but d'étudier les macrosismes rapprochés ou les ma- crosismes éloignés, et non les microsismes rapprochés. Les connais- sances sismologiques déjà acquises permettent de dire que, à ce point de vue spécial, il sera avantageux d’utiliser des pendules verticaux ou horizontaux à période d’oscillation aussi longue que possible; l’atten- tion de l'observateur devra aussi se porter surtout sur les indications de mouvements sismiques d’origine non identifiée par les indications des stations européennes voisines, et aussi sur toutes celles qui indiquent les mouvements rapprochés. Enfin, il serait aussi avantageux de pou- voir, au moins d’une manière temporaire, faire une campagne sismolo- gique en certains points déterminés et particuliers, comme Havré par exemple, qui semble se trouver au croisement de deux ou plusieurs lignes sismo-tectoniques. Les appareils à enregistrement mécanique se recommandent naturel- lement d’une manière spéciale pour de semblables recherches tem- poraires. E. LAGRANGE, — SISMOLOGIE ET GÉOLOGIE. 245 IV Ilest encore deux faces du problème sismico-géologique sur lesquelles, avant de terminer ce compte rendu, nous devons appeler l'attention, avec d’autant plus de soin que l’une d’entre elles a été signalée, il y à déjà longtemps, par notre collègue M. le géologue van den Broeck. Nous voulons parler du problème des mistpoeffers, et de eclui plus récent relatif aux variations anormales de la pesanteur dans les régions sismiques. Le professeur Cancani, de l'Office central de Météorologie et de Géodynamique, a été amené, par une étude complète et raisonnée de ces bruits mystérieux nommés marina, bonili, etc , en différentes régions de lItalie centrale et méridionale, à leur donner une origine sismique. Il considère ces bruits comme tout à fait semblables à ceux que l’on perçoit immédiatement avant ou pendant les chocs macrosismiques, et les attribue à des déplacements relatifs sur une très grande surface de deux éléments du parquetage de la croûte superficielle. Il en est ainsi, d’après Cancani, pour les bruits entendus dans l’'Ombrie, dans la région de Cosenza, dans le district du Latium et dans celui d’Isernia. Mais ces conclusions « logiques » auxquelles le regretté Cancant est arrivé par l'étude des faits, acquièrent aujourd'hui une tout autre importance à la suite des investigations sismico-géologiques de M. Hobbs. Déjà le professeur To Alippi (4), étudiant en 1901-1902 les mistpoeffers de la Calabre (il les nomme aujourd’hui brontidi), avait montré qu'il faut les attribuer aux déplacements relatifs des deux lèvres des deux grandes failles de dislocation de la vallée de Crati, découvertes par Cortéze. Mais il résulte des travaux de M. Hobbs que la vallée de Crati n’est pas caractérisée par la présence de deux failles seules, mais par tout un réseau de lignes de fracture, et en fait, si l’on reporte sur fa carte sismo-tectonique les lieux qu’indique Alippi comme ceux où les brontidi calabrais ont été entendus, on est très surpris de les voir se disposer sans exception sur les lignes sismiques du district de Croati. Il résulte des travaux d Alippi lui-même que les brontidi sont toujours entendus dans une région voisine des montagnes ou de lignes de dislocation connues. Ainsi les bruits de la Romagne toscane () Trro ALtppi, Î mistpoeffers calabresi. (BOLL. DELLA SOC. SISMOL. ITAL , VOL. VIT, 1901-1909, pp. 9-22.) 246 E. LAGRANGE. — SISMOLOGIE ET GÉOLOGIE. semblent provenir des Apennins où du mont Falterona; ceux de lOmbrie et de la Marche du mont Nerone; ceux du val d’Orcia du mont Amiata, etc. Il semble donc bien que ces recherches récentes, accomplies en Italie, tendent à donner une base très sérieuse à une théorie qui per- mettrait de rattacher les « bruits mystérieux » de la mer du Nord à une cause microsismique. Aussi ai-je cru bien faire en rappelant derniè- rement el brièvement dans Ciel et Terre (1) le problème des mistpoef- fers. Je répète ici les appels que j'y ai faits à une investigation nou- velle, qui, comme Je l’ai dit, me paraît très aisée à mener. V L'union nécessaire de tous les efforts et celle de toutes les sciences pour la solution d’un même problème n’a peut-être pas été mise mieux en évidence que par les résultats des études récentes faites sur les anomalies de la gravité et que je pourrais (comme on l’a fait à propos de la découverte de l’argon par Lord Rayleigh' appeler « le triomphe de la cinquième décimale ». C’est dire qu'il s’agit ici d’une œuvre de vrais physiciens, apportant leur concours aux géologues et aux sismologues. A la grande surprise des géodésiens, les déterminations de la pesan- teur faites au milieu de l’Océan, sur des îles (notamment à l'ile Bouin, entre les Mariannes et le Japon par le Service géologique des Indes), celles faites au milieu des continents et même sur la chaîne de l’Hima- laya, la plus élevée du globe, se sont montrées nettement opposées les unes aux autres, avec un déficit pour les continents et une anomalie positive pour les mers; le Congrès géodésique international de 1904 a même formulé ces résultats généraux en disant : « La pesanteur paraît en excès sensible sur les mers, tandis qu’elle est en déficit sur les con- tinents. » En réalité, il paraît bien avéré à l'heure actuelle que la distribution relative des terres et des mers n’est pour rien dans ce phénomène. Les travaux du professeur Riced, en Sicile et en Italie, ceux de Hecker sur l'Atlantique, ceux de Burrard dans la plaine gangétique, enfin ceux du général Stebuitzki dans les plaines de la Russie méridionale, se soute- nant et s’élayant les uns les autres, ont modifié entièrement l’aspect (1) La question des mistpoeffers. (GEL ET TERRE, 15 mars 1907.) D 0 Là E. LAGRANGE. — SISMOLOGIE ET GÉOLOGIE. 247 du problème et l’ont rapproché du problème sismologique. Dans le Jeu relatif des compartiments disloqués de l’écorce, et si l’on considère deux d’entre eux, il peut se produire en même temps que l’affaissement avec compression de l’un d’eux, la surrection de l’autre, avec ten- dance à la dilatation, avec diminution de pression, ou avec conserva- tion de l’état actuel. Le pendule, en franchissant la ligne ou surface de fracture qui les sépare, doit, si ses indications sont assez sensibles, indiquer les variations d'attraction qui doivent en résulter ; c’est en fait ce que le beau travail du professeur Riccd a montré le premier d’une manière si nette, pour tout le pourtour des bassins d’affaissement de la mer Tyrrhénienne comme de la mer Ionienne. Au sommet de l'Etna, sur la chaîne des Apennins, l’anoma ie de la pesanteur est insensible et augmente constamment à mesure que l’on se rapproche des rivages de la mer; il v a plus : ses variations sont les plus grandes sur les lignes sismo-tectoniques elles-mêmes et s'accusent beaucoup moins lorsque ces lignes ne se sont pas caractérisées elles-mêmes. Il semble donc que la vraie raison de ces phénomènes soit dans la constitution du sous-sol, et entièrement en dehors du fait de la présence des eaux, qui ne se trouvent présentes que parce qu'elles ont, sous l’action de la pesan- teur elle-même, rempli les cavités qui leur étaient offertes. Le voyage de M. Hecker, de Lisbonne à Bahia, pour l'étude des varra- tions de la gravité par la méthode de comparaison préconisée par M. Guillaume, et effectué sous les auspices de l'Observatoire de Pots- dam, à, grâce à l’esprit pénétrant de M. de Lapparent, fourni une véritication nouvelle de la thèse de M. Riccô, rapprochant les lignes de forte sismicité de celles des fortes anomalies. Dans l’ensemble, les déterminations faites par M. Hecker ont prouvé que la pesanteur sur l’océan Atlantique même, entre Lisbonne et Bahia, possède sa valeur normale, c’est-à-dire celle qu'elle prend au niveau de la mer, en terre ferme, à latitude égale. Mais dans les détails, et grâce à la détermination certaine des unités du 5° ordre, appa- rait l'influence du tectonisme. Trois maxima, faibles 1l est vrai, jalon- nent la route : le premier se trouve au passage brusque (1) du banc de Gettysburg aux grandes profondeurs qui précèdent les Canaries; Île deuxième est entre Saint-Paul et l'équateur, et enfin le troisième si- gnale le relèvement du cap Saint-Roch. (4) DE LAPPARENT, Sur la signification géologique des anomalies de la gravité. (COMPTES RENDUS, 1903, t. CXXXVII, p. 827.) 248 E. LAGRANGE. — SISMOLOGIE ET GÉOLOGIE. M. de Montessus à montré comment les anomalies observées en Russie et aux Indes peuvent s'expliquer par des conceptions très ana- logues, en imaginant l’existence sous les grandes couches d’alluvion de massifs formant-les bases plus denses et affaissées d'anciennes chaines surélevées, arasées ensuite. Dans la plaine centrale de l'Inde notam- ment, les anomalies de la gravité présentent une marche des plus sin- gulières ; alors qu'aux abords de l'Himalaya (et malgré, remarquons-le aussi, qu'il v ait au pied des avant-monts une région sismique fort accusée, notamment du Salt Range au Bhotan) la gravité est normale, dans la plaine indo-gangétique, région peu élevée quoique sismique, le pendule, en franchissant une ligne tracée de Caleutta au Radjpoutana, indique une déviation dirigée vers l'aire dont cette ligne forme l’axe; c'est dans les profondeurs üe cette aire que se trouveraient les masses plus denses, à l'attraction desquelles il faudrait attribuer ces curieuses indications du pendule. Îl est bien évident que la preuve certaine et directe de l’existence de ces masses apporterait un appui plus complet encore aux idées générales sismico-tectoniques et géodésiques qui tendent à relier les données de ces trois branches de la géophysique qui sont la géologie, la géodésie et la sismologie; car l’inducuon comme la déduction sont des procédés scientifiques qui ne deviennent parfaits que par l’étude même des faits. Quoi qu'il en soit, on sait que, dans beaucoup de cas, ecar il ne faut pas trop généraliser, il y à une union étroite entre les lignes sismiques, les lignes jalonnant les grandes failles, et celles qui caractérisent aussi les anomalies de la gravité. Cette réunion de trois caractères si distincts dans un même « être géophy- sique » est de nature à venir en aide au géologue, au sismologue et au géodésien dans l’étude des problèmes respectifs qu'ils étudient. De ces trois domaines, dans notre pays, c’est celui du géodésien qui a été encore le moins étudié; et 1l semble fort désirable que des déter- minations de la gravité dans les différentes régions de la Belgique soient poursuivies avec les appareils si perfectionnés du colonel Def- forges ou Sterneck; quand je dis poursuivies, 1l faut dire entreprises; car nous ne possédons, je pense, dans ce domaine, qu'une détermina- tion de l’accélération de la gravité faite à Bruxelles, à l’occasion du Congrès de Géodésie de 1888, par le colonel, alors commandant Defforges, et je ne sais mème si l’expérience de détermination a été entièrement terminée et les calculs effectués. On voit immédiatement par ce qui précède, et sans qu'il soit néces- saire d’y insister, à combien de problèmes d'ordre géologique cette méthode d'investigation physique de failles du sous-sol viendrait en E. LAGRANGE. — SISMOLOGIE ET GÉOLOGIE. 249 notre pays prêter ses ressources, et Île travail d'exposition fort condensé que j'ai l’honneur de présenter à pour but, en rendant compte en même temps de deux mémoires géologico-sismiques, de montrer quels résultats féconds sont à attendre de la coopération de la géologie, de la sismologie et de la physique du globe, sous la forme spéciale de l’étude de la gravité. LS ‘ \ ' ‘ r ‘ Î UN EXEMPLE DE RELATION ENTRE LES PHÉNOMÈNES DEUTOMQUES ET SSMIQUES EX ELU PAR G. SIMOENS (!{) Docteur en Sciences minérales, Chef de Section au Service géologique de Belgique, Membre de la Commission de la Carte géologique du Royaume. À l’occasion de ma note sur l’âge du volean de Quenast, Je disais : «Il est trois ordres de phénomènes qui, quoique ayant été souvent étu- diés séparément les uns des autres, semblent cependant présenter entre eux des relations de causes à effets; ce-sont les phénomènes tec- toniques, volcaniques et sismiques. » Pourtant, dans certains travau récents, on a semblé laisser croire que celte relation n'existe pas, toui au moins entre les manifestations volcaniques et sismiques, et cette opinion résulterait de l’examen des statistiques de tremblements de terre forcément incomplètes. Il est certain que nous connaissons peu de chose encore sur les dislocations nombreuses de l’écorce terrestre. Qui connait, par exemple, les accidents tectoniques qui ne peuvent manquer d'exister dans le sous-sol primaire du bassin de Paris? C’est à peine st nous entrevoyons les grandes lignes de la structure du sous-sol de notre Campine. [Il est prématuré de conclure qu’il n'existe pas de relation entre les tremblements de terre et la tectonique de certains pays et, partant, entre les sismes et les volcans, surtout si l’on compare quelques rares sismes avec une structure tectonique dont nous ne possédons encore que des connaissances rudimentaires et incomplètes ; avec ces (4) Communication présentée à la séance du 20 février 1907. 202 G. SIMOENS. — RELATION ENTRE LES PHENOMÈNES données incertaines nous risquerions davantage encore de faire fausse route, si nous voulions appliquer leurs résultats provisoires à une étendue limitée de territoire. Il convient, au contraire, de les utiliser de manière à posséder une vue générale présentant les grandes lignes du problème; si nous agis- sons de la sorte, nous sommes bien forcés de reconnaître qu’il existe une relation certaine : 4° entre les grandes chaînes plissées et la posi- tion des évents volcaniques; 2 entre les chaînes de montagnes et les sismes; 5° entre les sismes et les volcans. Cependant, il existe des chaînes anciennes qui, avec leurs chemi- nées injeclées, ont été abrasées et recouvertes de sédiments par des mers relativement récentes; les derniers mouvements de ces chaînes montagneuses peuvent donner naissance à des sismes qu’un examen superficiel laisserait croire sans relation avec l'antique chaîne cachée sous des épaisseurs considérables de couches horizontales plus récentes. Dans ma note précitée, je disais : « Les phénomènes tectoniques nous permettent d'étudier l’histoire des temps passés, tandis qu’au con- traire les phénomènes sismiques ne nous apportent aucun fait se rap- portant aux époques qui précèdent la période historique; 11 semble donc que les sismes ne sont, en dernière analyse, que la suite naturelle, la continuation à notre époque des phénomènes tectoniques propre- ment dits. » Je continue à penser de la sorte. Il parait logique de supposer que les volcans sont des manifestations dynamiques qui peuvent être con- temporaines, mais aussi et surtout consécutives à la surrection des chaînes de montagnes; quant aux sismes, 1l est naturel de croire qu'ils peuvent se manifester longtemps après la formation des chaînes et le refroidissement des cheminées volcaniques. On invoquait il y a peu de temps encore l'absence momentanée de tremblements de terre à la Martinique pour appuyer cette idée de l'indépendance des phénomènes volcaniques et sismiques; or, les trem- blements de terre tout récents qui ont ravagé l’île et que tous les Jour- naux nous ont signalés montrent qu’il ne faut jamais trop se hâter de faire état de ces cas particuliers limités à un territoire exigu et que, de plus, 1} faut toujours, en géologie, compter avec le facteur temps. Rappelons quelques exemples de relations entre les phénomènes tectoniques, volcaniques et sismiques. 1° Exemples montrant des relations entre les phénomènes tectoniques et volcaniques. On peut dire que, d’une manière générale, les vol- TECTONIQUES ET SISMIQUES EN BELGIQUE. 293 cans se trouvent jalonnés le long des chaînes de montagnes; cette pre- mière constatation sullirait à montrer la relation existant entre Îles phénomènes tectoniques et sismiques, mais il est possible de préciser davantage, el un examen rapide amène cette conviction que les volcans sont greffés sur les fissures qui affectent le système plissé; ces cassures qui supportent les volcans sont généralement disposées perpendiculairement à la direction de la chaîne, c’est-à-dire de lacei- dent principal. En Islande, Thoroddsen a mis en relief les dispositions linéaires éruptives qui montrent que ceux-ci sont placés non au hasard, mais bien le long des lignes de dislocation. (Fig. 1.) (æ i cs Zn ES a m a TO ? au Requete La Qu fm pur cu SJ ù VUE HRÈA On ..# RigraS ERA A A GAS 20 0 A ù de goloariques ALT EP ( ' s ( A , 7 FE tbe 2 NE a Le Fig. 1. — ALIGNEMENTS VOLCANIQUES LINÉAIRES Li DE L’'ISLANDE AU NORD DU VALNA-JÜKULL (GLACIER) Fig. 2. — LIGNE VOLCANIQUE En Hongrie, une longue ligne de fractures traverse le pays suivant une direction Nord-Sud. Or, tout le long de cet accident tectonique on retrouve, comme M. Suess l’a bien mis en lumière, les laves des anciens volcans qui s’y étaient antérieurement développés. (Fig. 2.) Signalons la disposition des volcans de l'Amérique centrale qui, quoique étant d’une direction générale semblable à celle de la chaine, 1 254 G. SIMUENS. — RELATION ENTRE LES PHÉNOMÈNES sont répartis en groupes séparés dont les unités sont alignées sur des cassures perpendiculaires aux plissements; de plus, le déplacement des évents volcaniques se fait dans la direction du bassin d’effondre- ment, c’est-à-dire dans la direction du Pacifique. (Fig. 3.) Fig. 3. — VOLCANS DU GUATÉMALA (d’après Dollfus et de Mont-Serrat). Il en est de même à Java, où tout en étant greffés sur la chaîne plis- sée, les volcans se partagent, d’après R.-D-M. Verbeek, en groupes : alignés suivant des dislocations perpendiculaires au système monta- gneux. (Fig. 4.) Fig. 4. — LES ALIGNEMENTS VOLCANIQUES DE JAVA (d’après MM. Verbeek et Fennema). TECTONIQUES ET SISMIQUES EN BELGIQUE, 255 De même également à Sumatra, où les alignements volcaniques présentent une direction plus ou moins normale au grand accident plissé. (Fig. 5.) S'bogha Fig. 5. — CARTE DE SUMATRA MONTRANT DES ALIGNEMENTS VOLCANIQUES PERPENDICULAIRES A LA DIRECTION GÉNÉRALE DE LA VOLCANICITÉ. La disposition des évents volcaniques du Japon est également carac- téristique le long de la chaîne plissée; on remarque, indépendamment de la grande fosse, des systèmes composés de plusieurs cratères Fig. 6. —- LIGNES DIRECTRICES DE LA STRUCTURE DU JAPON (d’après Edm. Nauman). 296 G. SIMOENS. — RELATION ENTRE LES PHÉNOMÈNES OCEAN PACIFIQUE Fig. 7. — YESO MONTRANT LES ALIGNEMENTS DES CRATÈRES PERPENDICULAIRES A LA ZONE D'ACTIVITÉ VOLCANIQUE GÉNÉRALE. Skye Fig. 8. — VoLcanS DES HÉBRIDES (d’après Judd). TECTONIQUES ET SISMIQUES EN BELGIQUE. 297 Mais tous les doutes sont levés par l’examen de l’île de Yeso, où l’on remarque ces systèmes très éloignés les uns des autres, ce qui per- met de considérer chacun d’eux comme indépendant des groupes voisins et n'ayant, dès lors, entre eux d’autre relation que celle d’appartenir au même accident longitudinal qui limite le Pacifique. Ces systèmes volcaniques sont également, dans Yeso, perpendiculaires à la chaîne. (Fig. 7.) Les volcans des Hébrides présentent également une disposition caractéristique le long d’une ligne de dislocation. M. Suess a rappelé les travaux de Judd et de Geikie montrant que la distance du centre du plus septentrional de ces quatre foyers d’éruption au centre du plus méridional d’entre eux, c'est-à-dire la longueur de la partie recon- naissable de cette région volcanique, est d'environ 88 kilomètres. (Fig. 8.) Tout récemment encore, M. Glangeaud vient de résumer ainsi un travail sur les volcans du Puy-de-Dôme (1):«La plupart des volcans du Livradois et de la Comté sont situés sur des failles de direction Nord- Sud (dislocations tertiaires) et de direction Nord-Est et Nord-Ouest, dislocations généralement hercyniennes ayant rejoué au Tertiaire. » Les directions nous paraissent être, dans la majorité des cas, per- pendiculaires à la direction des plissements hercyniens. (Fig. 9.) Volcan de Gravenoire . (one de : Beaumont TS (5 RS LE AU] SAN Fe SSS = EE, Nm RS RTS 7 D er er 77, IRL Fig. 9. — COUPE SYNTHÉTIQUE DES VOLCANS DE CHARADE, GRAVENOIRE ET BEAUMONT (d’après M. Ph. Glangeaud). (1) PH. GLANGEAUD, Monographie du volcan de Gravenoire, etc. Paris, 1900-1901. 1907. MÉM. sy 258 G. SIMOENS. — RELATION ENTRE LES PHÉNOMÈNES M. Prinz a bien mis en évidence l’alignement suivant des lignes de dislocation de certains volcans lunaires; seulement comme les lignes plissées semblent faire défaut dans la Lune, cet alignement volcanique, tout en étant en relation avec un accident tectonique linéaire, ne décèle pas une fracture perpendiculaire à une dislocation d'ordre plus général. (Fig. 10.) | Il en est du reste de même des nombreuses dislocations linéaires à la surface terrestre et qui ne présentent pas de relations apparentes avec les chaînes plissées; j'ai dit antérieurement pourquoi les volcans anciens du Brabant sont fonctions de la chaîne plissée d’àge hercynien qui se trouve au Sud et j'ai donné les raisons qui m’engagent à considérer ces volcans comme des évents placés le long de dislocations tectoniques Fig. 10. — GROUPE DES CRATÈRES SABINE-RITTER ET LEURS VOISINS (d’après M. W. Prinz). perpendiculaires à la chaine plissée; j'ai aussi admis que ces disloca- tions transversales partaient de la chaîne hercynienne, c’est-à-dire de l'accident longitudinal, pour se diriger vers le bassin d’effondrement du Nord et dont la Campine constitue le bord Sud. 2° Exemple montrant certaines relations entre les phénomènes tecto- niques et sismiques. Le bord externe des Alpes s’incurve en contour- nant le massif de la Bohême; celui-ci joue, par rapport au massif alpin, le rôle de môle résistant. Si l’on admet que le plissement alpin soit dû à un mouvement hori- zontal d’une poussée venant des régions méridionales, il faut dire que la Bohême a empêché les Alpes de se propager librement vers le Nord. On peut penser aussi que la chaîne est le résultat du plissement TECTONIQUES ET SISMIQUES EN BELGIQUE. 259 d’une portion d’écorce terrestre entre des butoirs résistants. En admettant que le déversement de la chaine se soit produit dans la direction du butoir affaissé, les plis déversés vers le Nord n’indiquent donc pas, comme on le croyait, une poussée venant du Sud, mais bien un mouvement tectonique important localisé dans la région Nord de la zone plissée. Quoi qu'il en soit, les Alpes contournent le massif bohémien; or, il se fait que de nombreux tremblements de terre ont été enregistrés dans cette intéressante région, et M. Suess à tenu à bien mettre en relief la direction qu’affectent ces derniers et qui se déplacent vers le Nord dans la Bohême en partant de la chaîne alpine située au Sud. On peut done dire que les tremblements de terre partent de l'accident longitudinal et qu’ils s’en écartent de plus en plus. (Fig. 41.) Au Sud de l'Italie, le système alpin s’incurve en circonscrivant une région fortement ébranlée; on y rencontre une association fréquente entre les phénomènes volcaniques et sismiques, le tout en relation avec la forme curviligne de la chaîne plissée. Aïnsi au centre de la courbe se trouve la région volcanique des iles Lipari. M. Suess a mis en relief l'existence de deux directions d’acti- vité sismique, l’une se propageant le long de l’axe plissé, l’autre 7 A ETe 2 Afrrschèg 4 LE 7, C2 Ce Fig. 11. — TREMBLEMENTS DE TERRE RÉCENTS DANS LE NORD-EST DES ALPES ET L'OUEST DES CARPATHES (d’après M, E. Suess). 260 G. SIMOENS. — RELATION ENTRE LES PHÉNOMÈNES Fig. 12. — LE BASSIN D’EFFONDREMENT DES LiPpaRt (d’après M. E. Suess). transversale à cette dernière et convergeant vers le centre de la courbe ou de la cuvette d’effondrement, c’est-à-dire vers les îles Lipari. (Fig. 12.) | Il en est de même de la mer de Banda. Là aussi il existe une relation frappante entre le massif volcanique et la courbe qui enserre cette région océanique (Fig. 15.) Mais l’un des derniers tremblements de terre récents de cette région, celui de l’île d’Ambon, décrit récemment par M. R.-D.-M. Verbeek, montre que cet accident sismique est surtout perpendiculaire à la chaîne courbe qui entoure la mer de Banda. Voici ce que dit M. Verbeek : « Le tremblement de terre, excessivement violent, de janvier 1898, était d’origine tectonique et doit être attribué à une dislocation le long d’une ancienne faille en travers de l’île d’'Ambon. Les observations ont appris qu’au chef-lieu Ambon, la secousse principale était dirigée du Nord-Ouest au Sud-Est; le mouvement était essentiellement ondu- latoire, horizontal, mais il vint s’y ajouter un mouvement vertical, plus fort à Wakal qu’à Ambon, ce qui fait que l’inclinaison des chocs se rapprochait plus de la verticale au premier endroit qu’au second. » TECTONIQUES ET SISMIQUES EN BELGIQUE. 261 Fig. 13. — LE BASSIN D’EFFONDREMENT DE LA MER DE BANDA. Fig. 14. — DIRECTION DES SECOUSSES DU TREMBLEMENT DE TERRE D’AMBON (d’après M. Verbeek). 1. Direction des secousses principales vers la région centrale de la mer de Banda. IT, LIT, IV. Direction des secousses secondaires. 262 G. SIMOENS. — RELATION ENTRE LES PHÉNOMÈNES “HOTHI-OONVUA HATIINOH 'IVNIIONASOMY9 NA HIVUL ANG NOILISOdUAXANS JHAV SASS4LNON A4 ‘AN 4 HAÜINSIS ALUV) — ‘CF “SLA nes Bb2N31409 393171 AU \\L (e) | mo = h Svuuv NNOG | #N00 1N9010m ® , e , ‘de L L 4 Ve e _S3113XNH8 Fa | sil } } I & @ ee > Da ll e INNW1UOG® 2481] e 07113718 33Z 30/07 TECTONIQUES ET SISMIQUES EN BELGIQUE. 263 Ainsi donc il existe à Ambon, comme en Calabre et en Sicile, deux lignes d'activité sismique, une principale, qui présente une direction sensiblement Nord-Sud se dirigeant vers le centre de la cuvette, c’est-à-dire vers le centre de la mer de Banda. M. Verbeek signale en outre des mouvements secondaires répartis suivant une direction nor- male à la première et dans le sens de la chaine plissée. (Fig. 14.) Me basant sur des considérations de même ordre, j'ai admis depuis longtemps qu'il existait dans notre pays des manifestations dynamiques perpendiculaires à la chaîne hercynienne qui traversent la Belgique de -part en part, et J'ai essayé dans un travail antérieur d'établir que les grands centres éruptifs du massif brabançon étaient en relation avec la chaîne plissée suivant des lignes transversales à celte dernière et se dirigeant vers un bassin d’effondrement. M. de Montessus de Ballore, en publiant une carte sismique de la Belgique, vient de confirmer pleinement mes idées. J'ai reproduit (fig. 15) la carte de M. de Montessus de Ballore en y superposant notre grand géosynelinal afin de bien montrer que la direction de notre grand accident tectonique linéaire est perpendiculaire aux centres sismiques alignés des vallées de la Senne et du Rhin. L'examen de cette carte me permet de dire : De même qu’en Bohême, dans l'Amérique centrale, etc., les phéno- mènes radiaux s’écartent de l'accident longitudinal, en Belgique aussi les tremblements de terre s’en éloignent en suivant une direction Sud-Nord, et, comme à Ambon, dans le centre américain, etc., ces phénomènes radiaux se dirigent vers un bassin d’effondrement, On peut donc croire que les phénomènes radiaux que l’on observe dans le horst du Brabant sont, eux aussi, en relation avec la chaîne qui s’est écrasée sur son pourtour, et les phénomènes dynamiques qui, encore de nos jours, s’écartent de la chaîne, apportent à cette manière de voir une sérieuse confirmation. ———— np 0e — f va ï PA LU 12 ’ on 5 ; \ \ | È . F] ï 4 . 1 do ee bucil t ‘LUN AP Etre ) RE : “ À : ae | : = em TU “ =. 4 : u 4 , LEA FAILLE DE MAULENNE PAR H. DE DORLODOT (1) Planche III. $ 1. — INTRODUCTION. La feuille Malonne-Naninne de la Carte géologique au 40 000: représente, dans son premier tiers occidental, un ensemble de failles transversales à la direction générale des allures. Leur tracé est si étrange au point de vue théorique, que Briart déclara, de prime abord, ces failles impossibles, lorsque M. Stainier présenta au Conseil de la Commission géologique son levé de la planchette de Malonne. Interrogé à leur sujet, je répondis à Briart que l'existence de ces failles est incontestable et qu’il est non moins certain qu’elles ne se continuent pas au delà de la limite Sud du bassin de Namur; d’autre part, 1l est également évident qu’elles ne s’arrêtent pas court, comme semblerait l'indiquer le tracé de la Carte ; seulement, comme l'observation n’a pas permis de les suivre plus loin, M. Stainier avait, sans doute, préféré arrêter leur tracé, que de le continuer d’une façon arbitraire. J'ajoutai que, pas plus que M. Stainier, Je n’avais d'opinion arrêtée sur la véritable nature de ces failles. En 1894 (2), parlant de l’origine orientale de la faille d'Ormont, J'exprimai l'avis que les rejets étranges qui affectent dans cette région (1) Mémoire présenté à la séance du 15 mai 1907. (2) Recherches sur le prolongement occidental du Silurien de Sambre-et-Meuse et sur la terminaison orientale de la faille du Midi. (ANN. Soc. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XX, Mém., pp. 374, 315 [pp. 88 et 89 du tiré à part)). 266 H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. le Nord du bassin de Dinant, sans affecter en rien la régularité du bord Sud du bassin de Namur, pourraient n'être que des accidents secon- daires se rattachant à l’extrémité orientale de la faille d'Ormont. Aujourd’hui encore, je suis convaincu que la faille d'Ormont, arrivée dans le Silurien, se recourbe vers l'Est; mais, à supposer que ces deux failles se rejoignent, leurs rapportsne pourraient être que purement acci- dentels. Il suffit, pour s’en convaincre, de remarquer que l’importance du rejet de l'accident de Maulenne l'emporte de beaucoup sur le rejet que présente la faille d'Ormont aux roches Saint-l'ierre et à plus forte raison sur le rejet, certainement très réduit, qu’elle pourrait encore présenter à la longitude de Maulenne, dans l’hypothèse où ce rejet n’y soit pas réduit déjà à zéro. Le levé du Devonien inférieur, sur la planchette de Fosse, devait bientôt attirer de nouveau mon attention sur l’accident de Maulenne. L'extrême rétrécissement que subit, vers la partie moyenne de la planchette de Fosse, l’ensemble des couches que la légende officielle réunit sous le nom de Coblencien, tandis qu’en s’approchant de la planchette de Malonne et en pénétrant sur celle-ci, l’affleurement du Devonien inférieur atteint une largeur absolument démesurée, me fit soupçonner l'existence, dans toute cette région, d’une faille longitudi- nale, qui se reliait tout naturellement aux failles en escalier de Mau- lenne (1). Examinant à nouveau les faits qui se rapportent à ces dernières, je vis que tout s'explique à merveille, du moins dans les grandes lignes, si l'on admet que la faille de Maulenne ne doit qu’à sa très faible inclinaison l'apparence de faille transversale qu’elle affecte entre Maulenne et le Broquetia, mais qu’elle est, en réalité, une faille longitudinale de refoulement, dont l'intersection avec la surface du sol se prolonge, vers l'Ouest dans le Devonien inférieur jusque vers la vallée de Fosse, vers l’Est dans la bande silurienne jusqu’aux environs de Dave. Depuis une dizaine d'années, j’enseigne cette théorie à mes élèves et je l’ai communiquée à quelques Confrères, notamment à M. X. Stainier et à M. M. Lohest. Je crois néanmoins n’avoir plus fait mention de cette faille dans aucune publication, sinon tout à fait incidemment, à propos d’une question de géographie physique (2) A vrai dire, je me (1) J'avais tracé cette faille longitudinale sur la feuille Tamines-Fosse de la Carte géologique au 40000; mais j'ai dû supprimer ce tracé pour le tiré définitif, M. Stainier n'ayant pas cru devoir tracer le prolongement de la faille sur la feuille Malonne Naninne, comme je le lui avais proposé. (2) Compte rendu des excursions sur les deux flancs de la crête du Condrox faites par la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d’Hydrologie, le 19 mars et les 8 et H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. 267 proposais depuis longtemps de publier une communication au sujet de cette faille, que je considère comme présentant une grande importance théorique ; mais, si la nature de la faille, considérée dans son ensem- ble, paraissait clairement établie, 11 n’en était pas de même des détails, dont l’étude aurait demandé un nouveau levé très minutieux, à cause de la grande complexité des accidents secondaires. Deux circonstances me décident aujourd’hui à sortir de cette réserve. D'abord, le désir que m’a exprimé notre dévoué Secrétaire général de me voir diriger une excursion tectonique, autant que possible dans les : environs de Namur. Puis, l'interprétation, certainement erronée, que M. P. Fourmarier donne de la faille de Maulenne, dans son récent mémoire : La tectonique de l’Ardenne (1). [l m'a paru impossible d'exposer la théorie qui me semble se dégager des faits observés, sans annexer une carte à ce travail. [ doit ètre bien entendu cependant que cette carte ne vise pas à une complète exacti- tude, en ce qui concerne les détails. J'ai cherché à la mettre d'accord avec tous les faits que je connais, mais, comme Je viens de le dire, un nouveau levé serait nécessaire pour déterminer plus exactement les détails de la région faillée, et ce travail n’est pas fait. $ LT. — NATURE DE L’ACCIDENT DE MAULENNE CONSIDÉRÉ DANS SON ENSEMBLE. Pour se faire une idée exacte de la nature réelle de l’accident de Maulenne, il est nécessaire de mettre d’abord en lumière quelques faits bien clairement établis. Reportons-nous à la belle coupe du Devonien que fournit la vallée de la Meuse entre Dave et Burnot. Rappelons-nous la parfaite régularité du pli synclinal dont la charnière se dessine si nettement dans les psammites du Condroz à proximité du hameau de Walgrappe et de l’anticlinal, dit de Lustin, dont la charnière en chevron se voit dans l'escarpement qui fait face à la station de ce nom. La région faillée se trouve sur le prolongement Ouest de ces allures et, plus au Nord, dans la bande silurienne de Sambre-et-Meuse. 9 avril 1899. Excursion du 19 mars 1899. (BULL. Soc. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOI. ET D'HYDROL., t. XIV, Mém., p. 146.) C’est, pensons-nous, dans cette circonstance que le nom de faille de Maulenne, que nous donnions, dans nos leçons, à cet accident tectonique, a été imprime pour la première fois. (4) Voir la note de la page 270 et l’Appendice. 265 H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. Un premier fait général qu'il importe de bien faire ressortir, c’est que l'accident de Maulenne n’affecte (1) ni le bord Sud du bassin de Namur, ni le flanc Sud de l’anticlinal de Lustin. En effet, en ce qui concerne le premier point, non seulement la crête orographique que dessine la bande des Psammites du Condroz ne subit aucun rejet, mais il est très clair qu’il en est de même de la bande du Poudingue de Naninne, ce poudingue présentant un affleurement à peu près continu au Nord de la région faillée. De même, la vallée de dissolution des calcaires devoniens qui longe, au Sud, l’anticlinal de Lustin se continue régulièrement, par les Fonds de Lesves, jusqu’au Grand-Étang de Fosse, el les affleurements des couches burnotiennes qui bordent cette vallée vers le Nord sont assez nombreux pour qu’on puisse affirmer que cette bande — continuation du Burnotien de Burnot, qui, sur la Meuse, forme le flanc Sud de l’anticlinal de Lustin — n’est traversée par aucune faille d’un rejet sensible. Entre ces deux limites Nord et Sud, au delà desquelles ne peut se prolonger le tracé de l'accident de Maulenne, deux autres allures donnent d'excellents repères. C’est d’abord la bande gedinnienne et sa limite avec le Silurien, que l’on peut suivre depuis la Meuse Jusque près du hameau du Broquetia (au Sud-Ouest de Le Fort), point à partir duquel elle est rejetée vers le Sud par une suite de failles en escalier si nettement relevées par M. Stainier. C’est ensuite le synelinal de Walgrappe, dont le noyau psammitique se pour- suit Jusqu'au delà des deux routes de Saint-Gérard, pour disparaître plus loin, par suite du relèvement de l’arête synclinale qui détermine la réunion des bandes de calcaire devonien de Tailfer et de Frênes. Le contour du calcaire de Givet, qui se dessine près de la ferme du Manoir, est placé, par l'effet de l'accident de Maulenne, à proximité du contact normal du Devonien inférieur du bassin de Dinant avec le Silurien de la bande de Sambre-et-Meuse. Comme ce dernier point est absolument fondamental pour l’inter- prétation de la faille, il importe de préciser les faits qui légitiment cette affirmation et qui ont dirigé cette partie du tracé de la Carte géologique au 40 000®. (1) Nous entendons simplement nier que la ligne de faille traverse les allures visées. Il est certain, au contraire, d’après ce que nous verrons dans la suite, que l’accident de Maulenne recoupe en profondeur tout l’anticlinal de Lustin. Il est non moins certain qu’il a recoupé jadis les allures du bassin de Namur ; seulement ici la surface de faille elle-même et le massif refoulé ont disparu par suite de l’arasement général. H. DE DORLODOT — LA FAILLE DE MAULENNE. 269 La proximité de l’affleurement du Silurien de Sambre-et-Meuse se constate facilement par l'observation des roches en place et en débris. Le fait que ce Silurien, à l'Ouest du méridien de Maulenne et de la ferme du Manoir, est suivi régulièrement vers le Sud par la base du Devonien inférieur résulte, d’abord des nombreux blocs de poudingue d'Ombret et d’arkose de Dave, éboulés sur la descente vers le Nord du plateau couronné par la forêt de la Haute-Marlagne, roches dont nous avons d’ailleurs constaté la présence en place au moven de fouilles . exécutées dans ce but; en second lieu, de la présence de débris ou d’affleurements de schistes, de psammites et d’arkoses milliaires carac- téristiques de l’assise de Fooz, que nous avons observés sur le bord des chemins ou dans les ravins qui traversent la limite entre le Silurien et le Devonien, et généralement à peu de distance au Sud des derniers schistes siluriens. Ces recherches que nous avons faites, de concert avec notre savant ami M. Malaise, 1l y a vingt-cinq ou trente ans, ont permis de tracer, avec une approximation suffisante, la bande de poudingue d’Ombret, jusque vers la limite des planchettes de Malonne et de Fosse. À partir de cette limite, les affleurements deviennent tellement abondants que le tracé peut être fait d’une manière rigoureuse jusqu’à la vallée de Fosse et de là avec une grande approximation jusqu’à la courbe de Cocriamont. Nos recherches nous ont donc permis de constater avec certitude que la régularité de Ja limite Nord du bassin de Dinant, brusquement interrompue au Sud- Est du hameau de Le Fort par la série de failles en escalier dont les détails nous sont connus par les observations de M. Stainier, reprend à parür de Maulenne, pour se continuer bien loin vers l'Ouest, sans aucune interruption ou rejet sensible. Or, c’est à proximité et seulement un peu au Sud de cette limite régulière, que se trouve, près de la ferme du Manoir, le contour du calcaire de Givet appartenant au synclinal de Walgrappe. Le rejet horizontal de l'accident qui amène ce rapprochement anormal n’est donc guère inférieur, en ce point, à la largeur normale de la bande rhénane. Cette largeur, dans la coupe de la Meuse, est de 2 350 mètres. Par contre, si nous mesurons perpendiculairement à la direction des couches la distance qui sépare l’affleurement du poudingue d'Ombret sur la lèvre occidentale de la faille principale, au Sud du hameau de Maulenne, de l’affleurement du même poudingue au point où se ter- mine brusquement la bande partant de la Meuse, nous ne trouvons comme valeur du rejet horizontal que 1 800 mètres. La différence entre ces deux résultats pourrait provenir, en partie, d’une accentuation du 970 __H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENKNE. pendage des couches qui diminuerait la largeur normale de la bande rhénane; mais, comme nous le verrons plus loin, elle est due aussi, tout au moins partiellement, à l'existence de failles longitudinales qui traversent le massif oriental et qui refoulent les portions Sud par-dessus celles qui s'étendent vers le Nord : de sorte que le refoulement total est réellement plus considérable au Sud qu’au Nord. | Partant des faits que nous venons d'enregistrer, cherchons quelle doit être la nature de la faille de Maulenne, abstraction faite des acci- dents de détail sur lesquels nous aurons à revenir plus loin. | Il est clair, en premier lieu, que cet accident consiste dans le refou- lement vers le Nord du massif Est par rapport au massif Ouest (1) : une faille d’affaissement ne peut, en effet, mettre l’axe d’un bassin dans le prolongement des couches qui forment un de ses bords. D'autre part, il ne peut être question, non plus, d’un décrochement horizontal : une faille de ce genre devrait, en effet, se prolonger au Nord et au Sud. Or nous avons vu que pareil prolongement n’existe pas. Le refou- lement du massif Est vers le Nord ne peut donc être dû qu’à une faille de chevauchement dans le sens large du terme (faille de refoulement de Briart) : la ligne de faille doit se recourber au Nord du massif refoulé, (4) M. Fourmarier (La tectonique de l'Ardenne [ANN. Soc. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XXXIV, Mém., p. 70 et pl. IV]) pense, au contraire, que le massif Ouest est réfoulé vers le Nord, par rapport au massif Est, la ligne de faille se recourbant vers l'Ouest dans le Silurien et vers l'Est dans le Devonien inférieur de l’anticlinal de Lustin. Nous tenons à mettre sous les yeux du lecteur les termes mêmes de notre savant confrère. « Nous pensons, écrit M. Fourmarier, qu’il ne faut pas voir dans cette faille une cassure verticale d’affaissement, car il ne paraît pas y avoir correspondance dans le plissement, de part et d’autre; nous croyons, au contraire, qu'il s'agit d’une cassure peu inclinée, analogue à la faille eifelienne et qui, près de Malonne, s’inflé- chirait vers l'Ouest, dans la bande silurienne, pour se raccorder à la faille eifelienne, tandis qu'à l'Est, elle se perdrait dans un grand anticlinal du Devonien inférieur qui se dirige sur Burnot, dans la vallée de la Meuse; en ce dernier point, ce pli est régulier, mais nous admettons que vers l'Ouest, il s’est accentué et faillé, et que le Devonien inférieur a été, de cette façon, retoulé sur le synclinal qui fait suite à cette voûte vers le Nord. » Le fait du rejet des allures Est vers le Nord saute si clairement aux yeux, que nous avions cru pouvoir attribuer l’opinion contraire formulée par M. Fourmarier à une simple inadvertance, d’ailleurs exeusable dans un mémoire où il n’est question que d’une façon fort ineidente de la faille qui fait l’objet du présent travail : cela nous dispensait d'entrer dans une discussion approfondie, que nous jugions à la fois inutile et fastidieuse pour le lecteur. Mais M. Fourmarier ayant cru devoir maintenir son opinion, lors de l’excursion du 30 juin dernier, force nous sera de développer les raisons qui la rendent, à notre avis, inacceptable. C’est ce que nous nous proposons de faire dans un appendice au présent travail. (Note modifiée pendant l'impression.) H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. 271 c’est-à-dire vers l'Est; et, comme l'observation prouve que la faille r’affecte pas les affleurements actuels du bassin de Namur, il est néces- saire d'admettre que cette ligne se recourbe avant d'atteindre ce bassin et que, par conséquent, elle se poursuit vers la Meuse dans la bande silurienne. Nous verrons plus loin que cette conclusion s'accorde avec tout ce que nous connaissons sur la constitution de la bande silurienne dans la région. Quant au prolongement de l’extrémité Sud de la portion transver- sale de la faille, comme ce prolongement ne traverse certainement pas la bande burnotienne qui flanque au Sud l’anticlinal de Lusün, il doit nécessairement se recourber vers l'Est ou vers l'Ouest. La première hypothèse est inadmissible : elle suppose, en effet, que le massif refoulé est un lambeau de recouvrement complètement indépendant de cette bande burnotienne qui appartiendrait au massif resté en place, c’est-à-dire au massif qui se voit à l'Ouest de la portion trans- versale de la faille. Le rejet étant d’ailleurs, comme nous l’avons dit, de plus de 2000 mètres, à faudrait conclure que le synclinal du massif refoulé, synclinal qui n’est autre que le synclinal de Walgrappe, provient originairement du flanc Sud de l'anticlinal de Lustin et a passé par dessus l'axe de cet anticlinal : hypothèse évidemment incompatible avec les relations entre ces deux plis, telles qu’elles sont si clairement établies, notamment par la belle coupe de la Meuse. Nous devons donc conclure que la ligne de faille, ne pouvant s’arrêter court et ne pouvant se pro- longer ni vers le Sud ni vers l’Est, se prolonge nécessairement vers l'Ouest, suivant un tracé qui sépare le prolongement de la bande burnotienne de Burnot des affleurements septentrionaux du Devonien inférieur. $ ILE. — La FAILLE DE MAULENNE 4 L'OuEsT DE MAULENNE. Voyons maintenant si un tracé de ce genre se coneilie avec les faits observés à l'Ouest du méridien de Maulenne. Nous avons dit qu’à l'Ouest de Maulenne, le contact entre le Silu- rien et le Devonien du bassin de Dinant redevient normal, et qu’à partir de là, il se prolonge régulièrement et sans rejet jusqu’au delà de l’anse de Cocriamont. Si maintenant nous examinons la forme de la ligne de contact, telle que des observations précises ont permis de l’établir, nous verrons qu’arrivée au Sud du hameau de Buzet, cette ligne décrit une courbe très prononcée à concavité Sud-Est; puis, 4400 mètres plus loin, elle se replie brusquement en sens inverse. La 272 H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. courbure à concavité Sud-Est représente une allure synelinale et le repli inverse une allure anticlinale. Ce pli en S est, à vrai dire, fort peu prononcé le long de la limite du bassin de Dinant, mais 1l n’y aurait rien d'étonnant à ce qu'il s’accentuât davantage dans les couches plus élevées de la série rhénane. Malheureusement, nous ne possédons qu'un petit nombre d'observations à ce sujet; nous pouvons dire néanmoins que ces observations tendent à confirmer le fait de cette accentuation et qu’elles se concilieraient diflicilement avec toute autre hypothèse. Quand on pénètre dans la forêt de la Haute-Marlagne par le chemin qui longe à l'Ouest et à peu de distance le haut cours du ruisseau de Buzet (1), après avoir traversé un affluent venu de l’Ouest-Sud-Oueàt, aux abords duquel se voient les affleurements de grès du Bois d’Ausse notés sur la feuille Malonne-Naninne, on marche encore pendant quelque temps au milieu de blocs particulièrement abondants de ces grès. Puis, assez subitement, le sol devient rouge, en même temps que les blocs de grès, bien qu’appartenant encore au même type, devien- nent beaucoup moins abondants. Il paraît clair qu’on a quitté l’assise du Bois d’Ausse (Cb1), pour marcher désormais sur l’assise de la grauwacke rouge et grès lenticulaires d’Acoz (Cb2). Si l’on admet comme limite Nord de la Grauwacke d’Acoz le point où le sol devient rouge, il resterait ici, pour l’ensemble des assises de Fooz et du Bois d’Ausse, une largeur de 525 à 550 mètres, ce qui correspond à la largeur moyenne de ces assises sur la planchette de Fosse. En continuant à marcher dans la même direction, les choses paraissent rester dans le même état jusqu’à la rencontre du chemin qui, se dirigeant de l’Ouest-Sud-Ouest à l’Est-Nord-Est, passe le ruisseau à quelques pas de là pour remonter ensuite vers l’angle que forme la route de Floreffe à Burnot au milieu de la forêt de la Haute-Marlagne (2). En deçà du ruisseau, la tranchée de ce chemin met à nu, sur une tren- taine de mètres, de la grauwacke rouge avec intercalation d’une bande de 5 mètres de grès généralement blanchâtre à très petites cavités tapissées d’enduits rouges ou orangés; ces grès appartiennent bien au type commun à l’assise du Bois d’Ausse et à l’assise d’Acoz. La direc- tion des bancs est N. 32° W. Six mètres plus loin, le chemin traverse le ruisseau. Immédiatement en aval, on voit, dans le lit du ruisseau, des (1) Les derniers tirés de la Carte de l’État-Major donnent à cette partie du cours d’eau le nom de R. du Sandrau. (2) Ce dernier point est connu des gardes de la forêt sous le nom de Les quatre chemins. H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. 273 bancs de grès qui appartiennent manifestement à l’assise d’Acoz : les premiers sont zonés de verdâtre pâle et de rose, puis ils deviennent rougeûtres ; leur direction ondule fortement ; elle passe, sur un très petit espace, de W.29° N. à W. 6° N., puis à W. 28° N. En descendant le ruis- seau, on voit de nouveau, un peu plus bas, des grès blanchâtres ou vert très pâle : direction W.11°N., inclinaison Nord presque verticale. Puis, à une vingtaine de mètres en aval du passage du chemin sur le ruisseau, de la grauwacke rouge qui se prolonge assez loin vers le Nord. — Ajoutons qu’en remontant le chemin vers l'angle de la grand’route, on constate que la terre reste rouge jusqu'à plus de 300 mètres du passage . du ruisseau; les blocs de grès que nous avons observés sont blan- châtres; aucun ne présente la moindre analogie avec les grès de M épion. Plus loin le sous-sol est voilé par des dépôts sableux avec petits cailloux de quartz blanc (Onx de la Carte géologique officielle). - L'ensemble des faits que nous venons de relater démontre bien que les affleurements en question et toute la région avoisinante appar- tiennent, non au grès de Wépion, comme l’indiquent la notation et la teinte de la Carte géologique, mais à l’assise de la Grauwacke d’Acoz. De plus, les allures observées, bien que variables, sont situées trop constamment entre le Nord et l’Ouest, pour que Pallure géné- rale que suppose le tracé de la Carte géologique ne paraisse pas improbable. Au contraire, ces allures se concilieraient à merveille avec -l’hypothèse d’une forte accentuation du synclinal dont la base du Devonien nous a montré l’ébauche. C’est ce que nous avons voulu faire ressortir dans le tracé de notre carte. Le tracé que nous avons donné à la limite entre la Grauwacke d’Acoz et le grès de Wépion est tout à fait hypothétique, si l’on envisage la précision des limites; il n’en est pas de même des vues théoriques qu'il exprime : ces vues nous parais- sent la traduction, sinon absolument certaine, du moins la plus logique des faits observés. Remarquons, d’ailleurs, que la largeur de l’espace occupé par le Devonien inférieur au Sud de Buzet est trop considé- dérable pour que l’on puisse supposer qu’on y rencontre la simple succession régulière des différentes assises. L'existence de plis s’im- pose, et l’on admettra sans peine, pensons-nous, que le plissement que nous attribuons à la Grauwacke d’Acoz s'accorde avec l’extension de cette assise et les allures qui s’y observent. Si nous avançons vers l'Ouest, nous arrivons bientôt sur le territoire de la planchette de Fosse, que nous avons levé en détail. Nos observa- tions nous ont permis de constater que la largeur du Gedinnien et celle de l’assise du Bois d’Ausse restent absolument normales sur toute la 1907. MEM. AS 18 274 I. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. largeur de cette planchette. Ces assises sont suivies vers le Sud, dans la partie Est de la planchette, d’une extension encore démesurée de la partie supérieure du Rhénan : nos observations nous permettent d'affirmer que cet excès doit être attribué, tout au moins en majeure partie, à la Grauwacke d’Acoz. Mais cette largeur diminue ensuite rapidement, à tel point qu’à la longitude de Gonoy et de Try-al-Hutte, l’ensemble des couches que la légende officielle réunit sous le nom de Coblencien n'a plus qu’une largeur de 700 mètres, bien que nos observations ne nous permettent pas d'admettre, là non plus, un rétrécissement de l’assise du Bois d’Ausse, pas plus que du Gedinnien. Tous ces faits s'expliquent fort bien si, à l’hypothèse de l’accentua- tion du pli en S dont la bordure du bassin de Dinant nous dessine l’ébauche, nous ajoutons l'hypothèse d’une faille longitudinale dont l'origine orientale se trouverait à proximité de la vallée de Fosse et qui aurait refoulé vers le Nord le massif comprenant la bande burno- tienne de Burnot ainsi que tous les terrains affleurant plus au Sud. Le rétrécissement du Devonien inférieur, au Try-al-Hutte, s'explique, en effet, toutnaturellement par une faille de ce genre et d’un rejet modéré. Quant à l’élargissement du Devonien inférieur qui se dessine et s’ac- centue bientôt rapidement vers l’Est, il trouve sa raison d’être dans l'existence de ce pli en S dans les couches rhénanes. Mais l’existence de ce pli serait inconciliable avec l'allure régulière de la bande burno- tienne de Burnot et des calcaires devoniens de la vallée de dissolution : des Fonds de Leffe, si l’on n’admet qu’une faille importante interrompt la continuité des couches entre le prolongement de la bande de Burnot et le Devonien inférieur qui occupe le Nord de la forêt et du plateau de la Haute-Marlagne ; ce qui nous amène à la conclusion que, non seule- ment la faille qui produit le rétrécissement du Try-al-Hutte se continue jusque dans le Sud de la forêt de la Haute-Marlagne, mais que son rejet s’y est considérablement exagéré. Nous avons dit, d’ailleurs, que c’est l’étude de la région orientale qui nous à amené à soupçonner l’existence d’une faille longitudinale, bien que la certitude ne nous ait été acquise que par la nécessité théorique de prolonger ainsi la faille de Maulenne, comme nous l’avons montré dans le paragraphe précédent. La corrélation de l’accident de Maulenne avec les faits observés plus à l'Ouest étant ainsi établie, nous reconnaissons facilement dans le pli en S du massif resté en place, l’extrémité occidentale du synelinal de Walgrappe et de l’anticlinal de Lustin, séparés de leur prolongement Est par le refoulement de celui-ci vers le Nord. Le relèvement de ces plis vers l'Est, déjà si manifeste dans le massif refoulé, au moins en ce H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. 275 qui concerne le synclinal, s’accentue dans la portion restée en place, en même temps que ces accidents tendent à s’elfacer lorsqu'on s’ap- proche de la base du Devonien, pour ne plus se présenter qu’à l’état débauche à la limite du Devonien et du Silurien. La présence de l'origine de ces plis le long de cette limite nous explique d’ailleurs pourquoi ces éléments tectoniques cessent d’être représentés dans la portion Ouest du Devonien de la planchette de Fosse. Mais comment se relie la faille de Maulenne, telle qu’on l’observe à Maulenne, avec la partie longitudinale de son tracé qui doit prendre naissance vers le Sud de la forêt de la Haute-Marlagne ? — Pendant longtemps nous l’avons ignoré absolument et, maintenant encore, nous ne sommes pas en mesure de combler complètement cette lacune. Néanmoins, quelques observations récentes nous permettent de lever un coin du voile, en même temps qu’elles contribuent, pour leur part, à confirmer la théorie que nous avons exposée plus haut. Le tracé transversal de la faille de Maulenne est particulièrement manifeste immédiatement au Sud des maisons de Maulenne, où l’on voit affleurer les schistes siluriens à Monoclimacis vomerina à une cen- taine de mètres à peine des grès verts de Wépion et sur le prolonge- ment de la direction des bancs de ces grès. Un peu plus au Sud encore, des travaux exécutés pour la conduite des eaux du Bocq ont traversé le contact des couches siluriennes avec des couches situées très haut dans la série rhénane. D'autre part, plus au Nord, le Silurien continue à affleurer sur la rive gauche (Ouest) du ruisseau de Maulenne, tandis que les grandes carrières ouvertes dans les grès verts de l’escarpement de la rive droite, puis les affleurements des Schistes et psammites de Fooz, enfin ceux du Poudingue d'Ombret qui leur font suite vers le Nord, montrent que la ligne de faille se prolonge du Sud au Nord. Mais se continue-t-elle également dans cette direction, au Sud de Maulenne ? M. Stainier, dans son tracé de la feuille Malonne-Naninne, suppose que ce tracé transversal se continue encore sur une grande distance vers le Sud, coupant en travers, non seulement le noyau du synclinal de Walgrappe, mais encore toute la bande hurnotienne du flanc Sud de ce synclinal. Cette supposition était aussi probable que toute autre, tant qu'on n'avait aucun fait à y opposer. Mais nos obser- vations récentes nous obligent à la rejeter absolument. Ayant visité la région à une époque de l’année favorable aux obser- vations de cette sorte, nous avons constaté que le sol de la campagne qui remonte vers la forêt à l'Ouest et au Sud-Ouest de la ferme du Manoir, si l’on excepte la partie tout à fait voisine de la ferme qui est 276 H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. probablement sur le calcaire devonien comme la ferme elle-même, possède la même couleur rouge que l’espace teinté par M. Stainier comme Rouillonien et comme Burnotien de l’autre côté du tracé hypo- thétique de la faille. Ce sol est couvert de nombreux blocaux : or, tous ceux que nous avons examinés appartiennent à des roches que l’on rencontre dans l’assise de Burnot ou de Rouillon et beaucoup sont caractéristiques de ces assises. IT suffit d'examiner la Carte de M. Stai- nier, surtout en prenant garde à la forme du terrain, pour s’apercevoir que ceux de ces blocaux qui ne viendraient pas directement du sous-sol ne pourraient être éboulés que d'espaces figurés comme appartenant au Gedinnien ou au grès du Bois d’Ausse. Il nous parait donc incon- testable que la bande de l’assise de Burnot et de l’assise de Rouillon se continuent dans celle campagne au delà du tracé de la faille figuré sur la Carte et que, par conséquent, la faille de Maulenne ne se prolonge pas suivant ce tracé. En suivant le sentier qui monte de la ferme du Manoir vers la forêt, sentier connu sous le nom de chemin des Morts, on arrive, bientôt après avoir pénétré dans celle-ci, à un chemin qui se dirige vers Île Nord-Est. Le sol de ce chemin est rouge et l’on y voit en place des affleurements de schistes et de grauwacke rouge. La teinte rouge s'arrête brusquement à environ 340 mètres de la sortie de la forêt. Cent mètres plus loin, on observe des roches gedinniennes détri- tiques ; la mêm: observation se répète 80 mètres plus loin, soit à 150 mètres avant la sortie de la forêt, près de la maison du garde Balthasar. Ces ‘111< montrent que les roches rouges s'étendent assez loin vers le Nord, mais qu'entre leur affleurement et le Silurien se rencontre une assez large bande de Gedinnien. C’est, du reste, près de là que nous avons observé jadis l’arkose de Dave en place, très peu au Sud de schistes siluriens. Des faits du m1: senre s’observent lorsqu'on suit le chemin qui, plus à lOuest,mte des Calanges vers le coude de la route de Floreïte à Burnot. Jusqu' 559) mètres à partir de l’entrecroisement des chemins au sommet de l es Calanges, on observe des schistes siluriens en affleurement et : “8. Un peu plus loin, à gauche, de petites fouilles ont ramenéde | > pisaire (1); puis on voit, sur le bord du chemin, de l’arkose milliat: les psammites de Fovz détritiques. Le Gedinnien (4) On voit, aux: : de ce point, des blocs de poudingue d’Ombret gisant sur le sol, mais non Ce poudingue s’observe en place, dans une excavation pratiquée à une bo: ine de mètres à l’Est de ce point. Un peu moins loin, une fouille a ramené de s et psammites de Fooz. H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE, 271 n’occupe 1c1 qu’une bande très étroite, car, à 48 mètres des derniers schistes siluriens, le sol du chemin devient d'un rougesanguin. La teinte rouge s’observe jusqu'à 250 mètres plus loin ; elle devient ensuite moins distincte et finit par disparaître. Plus loin, si nos souvenirs sont exacts (1), nous avons vu jadis retirer de nombreux débris de grès blanes, du type du Bois d’Ausse, de fosses exécutées pour plantations. À 165 mètres de la limite Sud du Silurien, au milieu de la bande rouge, notre chemin rencontre le sentier dit « chemin des morts ». En suivant ce dernier vers l'Ouest, on observe que la teinte rouge se poursuit encore assez loin dans cette direction, puis elle disparaît. A l'Est, le « chemin des morts » descend vers le ruisseau des Calanges. À l'endroit où il le traverse, la Carte géologique note un affleure- ment Cb1. Nous n’avons pu découvrir autre chose, en ce point, qu'un affleurement de grauwacke rouge qui se voit dans le lit du ruisseau et dont la direction N. 54° W. n’est nullement en rapport avec la direc- tion à peu près Ouest de la limite Nord du Devonien, mais correspond, au contraire, à l'allure que doit présenter, s’il se prolonge Jusqu'ici, le Burnotien qui flanque au Sud le synclinal de Walgrappe. Bien que l’on puisse parfois observer à d’autres niveaux du Devonien inférieur quelques couches de schistes rouges iImterstratifiées au milieu des autres roches, néanmoins notre expérience nous à prouvé que, dans cette contrée, la teinte rouge du sol, sur un espace un peu consi- dérable, dénote toujours, soit la grauwacke d’Acoz, soit le complexe formé par les assises de Burnot et de Rouillon. Or la présence de l’assise d’Acoz sur l’espace où nous venons de constater la rougeur du sol et parfois des affleurements de roches rouges ne s’expliquerait en aucune hypothèse. Nous devons ajouter d’ailleurs que les blocaux qui se rencontrent sur cet espace et dans ses abords ne présentent pas les caractères des grès qui forment, dans la grauwacke d’Acoz, des bandes lenticulaires : beaucoup sont poudingiformes ou du moins à éléments grossiers, et tous appartiennent à quelque type des roches qui se ren- contrent dans l’assise de Burnot. Cette dernière remarque s'applique aux observations que nous avons faites le long du chemin, presque per- pendiculaire aux deux précédents, qui sort de la forêt à 700 mètres au Nord-Est de la route de Floreffe à Burnot. Ce chemin présente un sol \ rouge jusqu’assez loin à l’intérieur de la forêt : cela n'aurait rien de (4) A l’excursion du 30 juin, M. Malaise a déclaré se souvenir fort bien de ce fait, que je lui ai montré il y a de vingt-cinq à trente ans. (Note ajoutée pendant l’impres- sion.) 278 Il. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. contraire en soi au tracé de la Carte géologique, qui place ce chemin sur l’assise d’Acoz jusque près de la limite de la forêt, où passerait la faille qui mettrait cette assise en contact avec l’assise de Burnot; mais les blocaux qu’on rencontre dans cette partie de la forêt et qui, du moins pour la plupart, appartiennent à des roches de l’assise de Burnot, montrent que celte dernière assise se prolonge bien au delà de Îa limite que lui assigne la Carte et que c’est elle, et non la grauwacke d’Acoz, qui, suivant toute vraisemblance, teinte en rouge cette partie du chemin. Ajoutons que, depuis la présentation de ce mémoire, nous avons observé, au sein de la forêt, grâce à l’aide que nous a prêtée le garde Balthasar, divers affleurements de schistes, grauwackes et psam- mites rouges et de poudingue de Burnot incontestable, dans l’espace que nous avons attribué au Burnotien. Le Burnotien (incl. Rouillonien) dont nous venons de reconnaitre l'extension dans la portion Nord-Est de la forêt de la Haute-Marlagne ne peut appartenir qu'à la bande qui forme le contour du synclinal de Walgrappe et qui est ici refoulée par-dessus le Gedinnien et le Siege- nien (1) (Cb4 et Cb2 de la Carte géologique) du massif resté en place. Nous devons en conclure que la faille qui limite le massif refoulé court, à partir du Sud de Maulenne, à peu près parallèlement à la bande de poudingue d'Ombret du massif resté en place, pour se recourber ensuite vers le Sud-Est. Puis, par une courbe dont le tracé nous est absolument inconnu et que nous n’avons pu représenter que d'une façon tout à fait arbitraire, la ligne de faille va rejoindre, plus au Sud, le tracé longitudinal qui sépare, comme nous l’avons établi plus haut, le pli en S du Bois de la Haute-Marlagne, origine restée en place des plis de Walgrappe et de Lustin, de la bande régulière de Burnotien qui borde au Nord les calcaires devoniens des Fonds de Lesves et du Grand-Étang de Fosse, prolongement de celle qui, à Burnot, occupe le flanc Sud de l’anticlinal de Lustin. $S IV. — La FAILLE DE MAULENNE ET SES DIFFÉRENTES BRANCHES A L'EST DE MAULENNE. Depuis son origine occidentale jusqu’à la longitude de Maulenne, la faille paraît simple; au contraire, à partir de Maulenne, elle se divise en branches multiples. (1) Cf. Bull. Soc. belge de Géol., de Paléontol. et d’Hydrol., t. XIV, Mém., pp. 157 à 159, pour l'explication de ces termes. H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. (219 Ce qui frappe à première vue, sous ce rapport, ce sont les rejets en escalier de la limite Nord du Devonien. La Carte de M. Stainier repré- sente exactement ces rejets qui Se voient, ou du moins se voyaient, si nettement dans le coteau qui domine vers l'Est le chemin allant de Maulenne au hameau de Le Fort. Mais un examen attentif fait recon- naître que ces rejets ne sont que des phénomènes secondaires, dus à des lambeaux laissés en arrière pendant le refoulement vers le Nord du massif principal. Si nous numérotons de l'Ouest à l’Est les quatre lignes de failles transversales qui donnent lieu à ces rejets, 1l est clair que la quatrième seule représente la faille qui rejette vers le Nord le grand massif (1) auquel appartient la bande gedinnienne que l’on suit régulièrement depuis la Meuse jusqu’au Sud-Ouest de Le Fort. Nous faisons toutefois quelque réserve au sujet de la faille qui sépare de ce massif un quatrième lambeau, figuré sur la feuille Malonne- Naninne au Nord du troisième sous forme d’un carré de Gedinnien, faille que la Carte géologique place sur la continuation de la faille transversale n° 4 : nous aurons à discuter plus loin la question de savoir si la faille principale passe à l'Est ou à l'Ouest de ce lambeau. Pour le moment, laissant de côté les failles qui isolent latéralement ces divers lambeaux, nous devons porter notre attention sur les failles longitudinales qui constituent des branches importantes de la faille de Maulenne et qui, comme nous l’avons dit déjà et comme nous allons le voir plus clairement, sont causes que le rejet constaté au Sud est plus important que celui que l’on ohserve au Nord. La plus méridionale de ces branches, que nous nommerons branche de la ferme de La Vallée, ou, pour abréger, branche de La Vallée, est représentée sur le tracé définitif de M. Stainier comme refoulant vers le Nord le noyau du synclinal de Walgrappe, y compris la bande Nord de l’assise de Rouillon, par-dessus le Burnotien. Elle à, en tout cas, pour effet de rétrécir considérablement l'affleurement de ce der- nier étage. La valeur de son rejet augmente de l'Est à l'Ouest, où elle viendrait, d’après la Carte géologique, buter près de la ferme du Manoir contre la faille transversale. L'existence de cette faille longitu- dinale nous paraît d'autant moins douteuse, que nous croyons l'avoir traversée deux fois dans la galerie des eaux du Bocq, où la succession (1) Nous n’employons le terme « grand massif » que par opposition aux lambeaux beaucoup plus petits qui se voient plus à l'Ouest, ce « grand massif » n’a pas, en effet, des dimensions bien considérables. 280 H. DE DORLODOT — LA FAILLE DE MAULENKNE. régulière des calcaires devoniens s’est montrée subitement interrompue par des roches rouges, pour reprendre de nouveau lors de la disparition non moins brusque de celles-e1. Nous avons interprété cette observa- tion comme Flindice d’une faille horizontale dont les ondulations auraient ramené, sur un court espace, le massif inférieur au niveau de la galerie. Mais, si l'existence de cette faille est bien établie, le petit nombre des affleurements ne permet pas d’en préciser le tracé (4). Cette précision, d’ailleurs, importe peu à la question théorique que nous avons principalement en vue dans ce mémoire. Ce qui importe davantage, c’est que, quoi qu’on pense des menus détails, 1l paraît manifeste que le tracé de la faille, unique jusqu'à Maulenne, dont nous avons exposé avec quelque précision le parcours à l'Ouest de Maulenne, se continue régulièrement en direction avec la branche de La Vallce. En d’autres termes, la lèvre Sud ou supérieure de la faille de La Vallée est en continuité directe, et sans interruption ni rejet d'aucune sorte, avec la lèvre supérieure de la faille dont nous avons étudié les détails au paragraphe précédent. Si done nous vou- lions suivre, dans toute leur rigueur, les règles de nomenclature admises en pareille matière, nous devrions considérer la faille de La Vallée, non comme une branche secondaire de la faille principale, mais comme la continuation directe de la faille principale elle-même. Ce n'est là, du reste, qu’une question de mots. Ce qu’il y a à retenir de ce fait, c’est que, si l’on admet les principes de Briart (2), que nous avons exposés ailleurs dans leur plein développement (3), la faille de La Vallée représente la dernière phase du refoulement qui se revendique de l’accident de Maulenne. A l'Ouest de la ferme du Manoir, aucun massif ou lambeau de refoulement n’affleure entre le massif resté en place et le massif qui a subi le maximum de refoulement et qui occupe la lèvre supérieure de la faille de La Vallée. Au contraire, à l'Est du (1) D'après les faits qui nous sont connus, nous serions disposé à considérer le tracé de la faille tel qu’il résulte des données de la Carte imprimée en épreuve par M. Siainier comme plus exact que le tracé définitif. Nous avons notamment des doutes sur l'existence de la petite faille transversale introduite dans le tracé définitif. Nous avons cru néanmoins devoir conserver cette faille transversale sur la carte annexée au présent travail, parce que nous ignorons sur quelles données l’auteur de la Carte Malonne-Naninne s'appuie pour en admettre l'existence. (2) Arpu. BRiART, Géologie des environs de Fontaine-l'Évéque el de Landelies. (ANN. Soc GÉOL. DE BELG., t. XXI, Mém., p. 35.) (3) H. DE DoRLODOT: Genèse de la crête du Condroz et de la grande faille. (ANN. DE LA SOC. SCIENTIF. DE BRUXELLES, t. XXII, [1898}, pp. 40 et suiv. du mémoire.) H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE,. 281 méridien de cette ferme, entre les deux lèvres de la faille jusqu'iei unique, vient s’intercaler un massif qui, du moins à celte longitude, joue le rôle d'un lambeau de refoulement. Ce massif joue, sous ce rap- port, le même rôle que celui de Loverval (1), lorsqu'il s'intercale entre les lèvres de la section de la faille du Midi que nous avons nommée faille du Bois de Châtelet, la séparant en deux branches : la faille du Bois de Loverval qui, par définition, est considérée comme la continuation de la première, constituant avec elle la Grande Faille du Midi, et la faille de Chamborgniau, considérée comme une simple branche de cette grande faille, bien que son rejet soit beaucoup plus considérable que le rejet propre à la faille du Bois de Loverval. Mais quelle est précisément la valeur du rejet propre à la faille de La Vallée ? D’après le tracé et les notations de M. Stainier, la limite entre le Burnotien et le grès vert de Wépion s’observe le long de la route de Saint-Gérard à Salzinnes, à très peu de distance au Nord de la faille. S'il en est ainsi, le rejet horizontal de la faille de La Vallée équivau- drait à peu près à la largeur normale du Burnotien. Il faut avouer qu'aujourd'hui les tranchées de la route donnent, en cet endroit, des affleurements peu nets (2). Néanmoins on y rencontre, ainsi que le long du chemin qui monte à l'Est de la route, à l'état détritique, des roches qu’il est difficile de ne pas attribuer à l’assise de Wépion. Nous avons lieu de croire, d’ailleurs, que ces affleurements se présentaient dans de meilleures conditions à l’époque déjà lointaine où M. Stainier travaillait au levé de cette feuille. Nous nous en sommes donc tenu à ce qu'indiquent ses notations et nous conservons la limite qu'il a tracée entre les assises de Burnot et de Wépion. Remarquons, dès maintenant, (4) Cf. H. pe DorLopot. Recherches sur le prolongement occidental du Silurien de Sambre-et-Meuse, etc..(LOCG. cIT., pp. 343 et suiv. et 381 et suiv.). Il y a, toutefois, cette différence que le massif de Loverval est un lambeau de refoulement dans toute la force du terme, dans ce sens qu’il a été complètement isolé par les phénomènes tectoniques, tandis que le massif qui, à partir de la ferme du Manoir, vient s’intercaler entre les deux lèvres de la faille unique plus à l'Ouest, se relie directement plus à l'Est aux autres massifs refoulés, puis, avec eux, au massif resté en place. En d’autres termes, la grande branche Nord-Est qui limite inférieurement ce massif, aussi bien que la branche de La Vallée elle-même et probablement aussi la branche des Grandes Carrières, sont des branches d’origine de la faille de Maulenne. (2) Nos observations anciennes avaient pour but exelusif de fixer la limite entre le Silurien et le Devonien, ce qui fait que notre attention n’avait pas été attirée sur la limite entre le Burnotien et l’assise de Wépion. | 282 H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. que si cette limite est exacte, elle est restée à la même distance que sur la Meuse de la bande régulière du Poudingue d’Ombret et qu’ainsi c’est à la seule faille de La Vallée que nous devons la différence entre le rejet total de l'accident de Maulenne au Sud et au Nord. Il est rationnel de conclure de là que les affleurements des assises de Burnot et de Wépion observées par M. Stainier immédiatement au Nord de la faille de La Vallée appartiennent au méme massif que la bande de Poudingue d'Ombret qui se poursuit régulièrement depuis la Meuse jusqu'au Sud- Ouest de Le Fort, massif que, pour abréger, nous désignerons sous le nom de grand massif Nord-Est. Nous avions même pensé que tous les affleurements devoniens qui s’observent plus au Nord, à l’exception des lambeaux restés en arrière, appartenaient également à ce mass'f. Mais de nouvelles observations, qu'il nous reste à exposer, nous ont montré que la structure est plus complexe que nous ne nous l’étions imaginé. Reprenons la coupe de la route de Saint-Gérard à Salzinnes, au point où M. Stainier a observé la limite entre le Burnotien et l’assise de Wépion. Nous ne croyons pas nous tromper en disant qu'au Nord des affleurements de cette dernière on observe plusieurs indices de la réapparition de l’assise de Burnot. Ce sont d’abord de simples roches détritiques, les unes observables dans la tranchée à droite de la route, d’autres qui paraissent avoir été extraites d’une carrière abandonnée. Mais, un peu plus loin, la tranchée de gauche, qui commence à 114 mètres au Nord de l’origine du chemin qui monte à gauche vers les anciennes maisons de Maulenne, nous à donné la coupe suivante : Roches'détritiques diverses "4.0: "CO'nCITEs Grès blanc jaunâtre, à gros grains . . . . . . (Om. GréSVCEOpAlE RER USA et LC ATICITes Roches rouges (schiste, grauwacke, grès). . +. . 3 mètres. Grès blanchâtre et verdâtre, à gros grains. . . . 2 mètres. Grès vert et autres roches caractéristiques de l’assise de Wépion, visibles sur une quarantaine de mètres. Ces diverses couches se succèdent en parfaite concordance de stratifi- cation. Leur direction varie de W.7°S$S. à W. 4#S$. Elles sont renversées vers le Sud, avec inclinaison variant de 86° à 75° vers le Nord. Les quatre premiers termes de cette série nous paraissent bien appartenir aux couches de passage entre l’assise de Burnot et l’assise H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. 283 de Wépion. En ajoutant ces observations à celles de M. Stainier, nous aurions ainsi la succession suivante au Nord de la faille de La Vallée. 1. Burnotien. 2. Grès vert de Wépion. 3. Burnotien. 4. Grès vert de Wépion. Cette succession indique soit un synclinal de Burnotien (terme 5), renversé vers le Sud, soit une faille entre les termes 2 et 5. La suite des observations nous fera admettre cette seconde hypothèse. L'extension, vers l'Est, du Burnotien qui forme le terme 3 de la succession ci-dessus est rendue sensible par la teinte rouge qu’affecte la campagne qui s'étend an Sud du ravin aboutissant au ruisseau de Maulenne un peu au Sud de la borne n° 8 de la route. Cette teinte ne disparaît du côté de l'Est, que lorsque les sables avec cailloux de quartz blanc commencent à voiler le sous-sol. Au Nord de ce ravin, la Carte géologique note la présence de l’assise du Bois d’Ausse, Cb1. Mais les carrières qui ont été ouvertes sur un grand espace, depuis le levé de la Carte géologique, montrent que les roches appartiennent en réalité à l’assise de Wépion, Cb5. Les bancs de grès vert de Wépion exploités dans ces carrières ont la même allure que ceux de la tranchée gauche de la route : les plus voisins du ruisseau montrent qu'ici le grès de Wépion s'étend vers le Nord jusque bien près du Gedinnien du lambeau n° 1. Vers l'Est, ces grès ont été exploités jusqu’à 300 mèlres environ de la route. Au Nord de la der- nière carrière, nous avons observé, en concordance avec les grès verts, une alternance de roches de teinte plus pâle, puis une assez grande épaisseur de grauwacke rouge avec débris de végétaux, qui pourrait appartenir déjà à l’assise d’Acoz. La limite entre ces deux formations se trouve à 80 mètres au Nord du ravin (direction E. 11° N.; inclinaison N. — 64°). Or, dans les carrières plus voisines de la route, les grès verts se continuent bien au Nord du prolongement en direction de ces bancs de grauwacke. D'où il résulte qu'il y à rejet des couches vers le Sud, par faille transversale, lorsqu'on s'avance vers l'Est. Les exploi- Lants ont d’ailleurs constaté l'existence d’une série de cassures trans- versales avec rejet de ce genre. Néanmoins, comme nos renseigne- ments ne nous permettent pas de représenter exactement chacun de ces accidents et comme, d’ailleurs, l’échelle de la carte annexée au présent travail ne comporte pas de pareils détails, nous y avons figuré une seule faille transversale: mais il doit être entendu que cette repré- 284 H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. sentation est inexacte, l’effet attribué à cette faille étant dü, en réalité, à un certain nombre de failles parallèles. La limite constatée dans la carrière située à 300 mètres de la route, surtout si l’on tient compte de l'allure des couches, ne permet pas de douter que les couches de cette carrière ne soient encore fortement refoulées vers le Nord, par rapport à la grauwacke d’Acoz que les travaux du fort de Saint-Héribert ont découverte, sous les dépôts de cailloux blancs et de sables tongriens, et, d’une façon plus générale, par rapport aux bandes des diverses assises du Dévonien inférieur qui appartiennent à ce que nous avons nommé Île grand massif Nord- Est. Nous croyons donc que la faille longitudinale qui limite au Nord le massif dans lequel sont ouvertes les carrières de grès vert, se pro- longe vers l'Est au delà de la région où elle met ce massif en contact avec les petits lambeaux restés en arrière. L'extension des grès verts vers le Nord est en corrélation avec la présence du Burnotien sur le flanc Sud du ravin ; la continuité des grès verts exploités avec les mêmes grès observés plus au Sud par M. Stainier donnerait, en effet, à l’assise de Wépion une largeur exor- bitante. Si nous remarquons, en outre, combien les allures du massif des Grandes Carrières (y compris le Burnotien qui fait suite au grès vert et qui appartient au même massif) diffèrent de l'allure que M. Stainier attribue aux couches affleurant plus au Sud, tandis qu'au contraire l’allure de ces dernières est en concordance avec celles qui nous sont connues dans le grand massif Nord-Est, nous arriverons à la conclusion que le massif des Grandes Carrières, comprenant les termes 3 et 4 de la succession observée le long de la route (voir p. 283), est séparé par une faille des termes 4 et 2 de cette succession ; mais que, nonobstant l’interposition du massif des Grandes Carrières, ces termes 1 et 2 sont restés en continuité avec le grand massif Nord-Est qui affleure plus au Nord. En d’autres mots, le massif des Grandes Carrières repose sur le grand massif Nord-Est (et sur les lambeaux restés en arrière pendant le refoulement de ce massif) par une faille horizontale dont le relèvement Sud fait reparaître à la surface du sol ce massif Nord-Est dans une étroite fenêtre limitée au Nord par ce relèvement, au Sud par la faille de La Vallée. On pourrait supposer que cette faille horizontale, que nous nommerons faille des Grandes Carrières, n’est pas numériquement distincte de la faille de La Vallée, l'apparition au niveau du sol du massif sous-jacent étant due à un simpie relèvement local de la surface de faille. Il peut se faire que cette conception soit en partie exacte, dans ce sens qu’il fut un temps où la (l H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. 285 faille des Grandes Carrières était identique à la faille de La Vallée. Néanmoins, nous croyons devoir admettre que cette dernière s’est ensuite accentuée et a ainsi isolé sous forme d’écaille horizontale le massif des Grandes Carrières. En effet, l’espace qui sépare le bord Nord du bassin des calcaires devoniens de la limite supérieure de l’assise de Wépion dans le massif des Grandes Carrières nous semble trop étroit et le manque de concordance des allures est surtout trop manifeste, pour qu’il ne nous paraisse pas nécessaire d'admettre que la séparation de ces deux massifs ne peut être attribuée uniquement à lablation, mais qu'elle est due, avant tout, à un phénomène tectonique. La seg- mentation du massif des Grandes Carrières par les failles transversales, phénomène que n’a pas affecté le bassin calcaire, du moins dans la même mesure, rend d’ailleurs cette hypothèse nécessaire : en même temps que cette segmentation et les allures exceptionnelles des couches du massif des Grandes Carrières s'expliquent facilement si ce massif constituait une mince écaille serrée entre deux failles horizontales (1). En résumé, nous pouvons classer en trois ou quatre branches prin- cipales les accidents qui subdivisent la faille de Maulenne à l'Est de ce hameau : 1° La grande branche Nord-Est, unique dans son trajet longitudinal le long de la bande silurienne et dont le rejet horizontal peut être évalué à 1 800 mètres, se subdivise au Sud-Ouest de Le Fort, pour donner naissance aux failles en escalier. Les tracés de ces dernières sont des plus nets, tant qu’elles font buter latéralement le Silurien contre le Devonien. Nous aurons à examiner, dans le prochain paragraphe, jusqu’à quel point il est possible de poursuivre ces tracés, lorsque leurs deux lèvres appartiennent au Silurien. La plus orientale des quatre failles en escalier limite vers lPOuest le grand massif Nord-Est : au point de vue théorique, elle doit être considérée comme la continua- tion directe de la grande branche Nord-Est, les autres failles en esca- lier représentant des phases de moins en moins avancées du refoule- (1) L’allure déversée au Sud des couches appartenant au massif des Grandes Carrières peut s'expliquer par un refoulement vers le Nord du massif sous-jacent, mouvement qui se serait fait postérieurement à l'isolement du massif des Grandes Carrières. Remarquons, en passant, que le principe de Briart sur l’âge relatif des failles de refoulement ne doit pas s'entendre dans ce sens que les massifs inférieurs restent figés à partir du moment où commence à se produire une faille plus élevée. D'ailleurs, cet ordre de succession lui-même doit être considéré comme un ordre schématique, susceptible d'admettre des exceptions pour certains phénomènes de détail. 286 H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. ment, à mesure qu'elles se voient plus loin vers l'Ouest. Les divers massifs séparés par ces failles en escalier passant sous la branche des Grandes Carrières, 11 n’est pas possible d'observer directement les rela- uons mutuelles de leurs portions Sud. À première vue, il semblerait plus simple de supposer que les failles en escalier constituent de simples décrochements horizontaux découpant une seule nappe. Mais nous avons vu plus haut qu'il v à de sérieuses raisons de croire que le massif Nord-Est reparaît, dans une fenêtre, au Sud des affleurements de l’écaille des Grandes Carrières et, par conséquent, aussi au Sud des lam- beaux. S'il en est ainsi, il faut bien admettre que la plus orientale des failles en escalier qui limite ce massif Nord-Est, recouvre le biseau Sud des lambeaux n°% 1, 2 et 5 : ces derniers proviendraient de la décou- pure transversale d’une petite écaille inférieure à celle qui constitue le grand massif Nord-Est (1). D'où il résulte que de la grande branche Nord-Est se sépare une branche inférieure que nous pouvons nommer branche des lambeaux. Si l’on considère cette dernière comme branche autonome, on comptera quatre branches principales de la faille de Maulenne. 20 La branche des Grandes Carrières refoule par-dessus les lambeaux susdits, ou, du moins, par-dessus le premier d’entre eux, et par-dessus le grand massif Nord-Est, l’écaille des Grandes Carrières. Nous avons exposé les raisons de croire que cette branche constitue une faille hori- zontale, qui se relève au Sud pour faire affleurer, dans une fenêtre, une bande étroite appartenant au grand massif Nord-Est. Au voisinage de l’affleurement du massif resté en place, l’écaille des Grandes Carrières repose, au Nord, sur le lambeau n° 1, au Sud, Sur la partie Sud du grand massif Nord-Est; mais 1l paraît bien probable que, tout . à fait à proximité de l’affleurement du massif resté en place, sa partie moyenne repose directement sur ce dernier, le prolongement Sud-Ouest du massif Nord-Est s'étant terminé souterrainement en biseau vers le Nord. | Nous n'avons pas poursuivi bien loin vers l’Est nos observations relatives au tracé de cette branche : nous doutons d’ailleurs, vu l’état des lieux, que de pareilles observations puissent être très fructueuses. Aussi le tracé que nous avons donné au prolongement vers l’Est des deux affleurements Nord et Sud de cette faille est-il arbitraire. Nous ne consi- dérons même pas comme tout à fait établi que la branche des Grandes (1) Nous examinerons au paragraphe suivant les rapports du lambeau n° 4 avec ce massif, H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. 287 Carrières soit une branche d’origine de la faille de Maulenne (1) il n’est pas impossible, en effet, que l’écaille des Grandes Carrières, prise dans son ensemble, soit un lambeau de refoulement proprement dit. Quoi qu'il en soit, nous pensons que le tracé de cette faille ne se prolonge pas jusqu’à la coupure de la Meuse, où rien ne décèle sa présence. 5° La branche de la ferme de La Vallée a accentué le rejet de la branche précédente, en refoulant le massif des Caleaires devoniens par- dessus l’écaille des Grandes Carrières. Cette accentuation ne paraît pas avoir été bien forte, mais 1l est difficile de juger de son importance, à cause du morcellement et des dislocations subies par l’écaille des Grandes Carrières, sans doute après sa séparation d’avec le massif des Calcaires devoniens. Si nos conclusions sont exactes, la branche des Grandes Carrières doit finir par passer, vers l’Est, sous la faille de La Vallée. Nous ignorons à partir de quel point cette disposition se réalise ; mais nous ne serions pas surpris si les roches rouges que nous avons vues intercalées au milieu de la série des calcaires devoniens dans la galerie des eaux du Bocq, appartenaient, non au grand massif Nord-Est, mais au massif des Grandes Carrières. Nous avons tracé l’affleurement Sud de la faille des Grandes Carrières de façon à ne pas trancher cette dernière question. Rappelons enfin que le tracé de la faille de la ferme de La Vallée se continue directement avec celui de la faille principale, qui devient unique à l'Ouest de Maulenne et dont le rejet horizontal est ici sensi- blement égal à la largeur normale de l’affleurement de la série rhénane. $ V. — PARCOURS, DANS LE SILURIEN, DE LA BRANCHE NORD-EST DE LA FAILLE DE MAULENNE ET DE SES SUBDIVISIONS. A Nous consacrons un paragraphe spéeral à cette question, à cause de sa difficulté particulière. On sait, en effet, combien il est malaisé de suivre une faille dont les deux lèvres sont dans notre Silurien de Sambre-et-Meuse, la grande ressemblance des roches appartenant aux différents niveaux, surtout lorsqu'elles se présentent à l’état détritique, rendant très difficile leur détermination exacte, à défaut de fossiles caractéristiques. Heureusement, nous avons pu compter sur la très grande (4) Nous lavons néanmoins représentée comme telle sur la carte annexée à ce travail. Voir, au sujet du sens de ces termes, la note 1 de la page 281. 988 - H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. obligeance de notre savant ami M. Malaise. Les nombreuses excursions que nous avions faites jadis dans le Silurien de la région en sa com- pagnie nous avaient déjà appris à connaître bien des détails sur la constitution de ce terrain aux abords de la faille de Maulenne; mais cela ne nous aurait pas suffi si M. Malaise ne nous avait, en outre, communiqué toutes ses notes de voyage, en nous autorisant à nous en servir en vue de ce travail. Nous avons ainsi l'assurance qu'aucun fait observé sur le Silurien de la contrée ne nous est resté inconnu. Depuis la limite Ouest de la faille de Maulenne et même depuis la vallée de Fosse, au Sud de la station d’Aisemont (ancienne halte de Claminforge:, jusqu’à 300 mètres à l'Ouest du hameau de Le Fort, le Silurien qui borde au Sud le bassin de Namur se présente sous forme de schiste fin satiné, très noir lorsqu'il n’est pas altéré, semblable à celui de la tranchée Nord de Sart-Bernard où M. Malaise à découvert une belle faune arenigienne et parfois avec quelques bancs de quartzite à grain fin. M. Malaise à d’ailleurs trouvé aussi dans la bande dont nous venons de définir les limites, notamment dans les deux affleure- ments les plus rapprochés de sa terminaison Est, des traces de Caryocaris, comme on n’en rencontre jamais chez nous que dans l'étage d’Arenig. À la longitude de Buzet, cette bande arenigienne est étroite et bientôt elle est suivie, vers le Sud, de schistes plus ou moins quartzeux avec traces d’arkose, qui contiennent des fossiles de l’assise de Gembloux (Caradocien); plus au Sud encore, viennent des schistes à graptolites caractéristiques du Silurien supérieur, qui se voient jusque contre le bord du bassin de Dinant. Vers l’Est, à mesure qu'on approche de la route de Salzinnes à Saint-Gérard, la bande des schistes arenigiens s’élargit considérable- ment, comme le prouvent notamment les affleurements d’Insepré; d'autre part, un certain nombre d’aflleurements fossilifères permettent de suivre la continuité de la bande de Silurien supérieur Jusque tout près de la faille de Maulenne. Les graptolites trouvés dans ces affleu- rements sont, en général, caractéristiques de l’assise de Wenlock. C’est le cas notamment pour les schistes noirs, à lentilles calcaires, qui ont été traversés par la galerie des eaux du Bocq. M. Malaise y a trouvé Monoclimacis vomerina, Monograptus priodon, M. bohemicus, etc. Entre les affleurements les plus méridionaux de l'étage d’Arenig et les plus septentrionaux de Silurien supérieur, il existe d’ailleurs un espace sullisant pour loger le prolongement de la bande caradocienne, que les observations directes n’ont permis de poursuivre que jusqu’au H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. 289 coude de la route de Burnot qui précède l’entrée de celle-ci dans la forêt de la Haute-Marlagne. De l’autre côté de la vallée de Maulenne, sur le coteau silurien qui monte vers les couches inférieures du Devonien rejetées en escalier, il existe de nombreux affleurements fossilifères. Tous contiennent des _ {ossiles caractéristiques de l'étage de Wenlock. Comme ils sont situés sur le prolongement en direction de la bande caradocienne et de la partie du Sud de la bande arenigienne, il est clair que ces deux bandes viennent buter vers l’Est contre une faille transversale, qu’il est naturel _ de considérer comme le prolongement de celle qui sépare le lambeau n° À du massif resté en place. C’est ce qu’a fait la Carte géologique. Deux affleurements plus douteux, mais paraissant cependant se rap- porter au Silurien supérieur et probablement à létage de Wenlock, confirment d’ailleurs le tracé de la Carte, jusqu’à proximité du con- fluent du ruisseau de Maulenne et du ruisseau de Malonne. Il n’en est pas de même plus au Nord. Comme nous l’avons dit et comme l’indiquent d’ailleurs les notations de la Carte géologique, la bande arenigienne continue ici à longer régulièrement le bassin de Namur et rien n’autorise à couper cette bande en travers par le pro- longement de la faille transversale. Nous pouvons ajouter — car nous avons étudié cette limite dans ses moindres détails — qu'il n'existe aucun indice d’une faille qui s’étendrait entre le Poudingue de Naninne au Nord et le Silurien au Sud, comme celle que la Carte géolo- gique trace le long de cette limite sur un parcours de 700 mètres (1). Par contre, 1l existe un indice très grave qui tend à établir le recourbement vers l'Est de la ligne de faille et son passage à un tracé longitudinal situé à deux cents mètres environ au Sud de la limite du bassin de Namur. En effet, M. Malaise nous a fait voir jadis au hameau de Basse-Fontaine un affleurement de schistes noirâtres avec nodules de calcaire à veines spathiques, qu'il considère comme incontesta- blement wenlockiens (2), et cet aflleurement est silué si près des affleurements de schistes arenigiens avec traces de Caryocaris, qu’un tracé de faille longitudinale semble s'imposer ici pour rendre compte (1) La belle coupe, montrant le contact du Silurien avec le Poudingue de Narinne, que la Société a visitée près du hameau de Fontaine, lors de l’excursion du 30 juin dernier, se trouve sur le parcours de cette prétendue faille. Nos confrères ont pu s’assurer que le contact est tout à fait normal. (Note ajoutée pendant l'impression.) (2) Get affleurement est indiqué sur la Carte géologique par la notation S/1b. D’après M. Malaise lui-même, cette notation est erronée : c’est S12b qu'il faut lire, et la teinte 1907. MÉN. 19 290 H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. de l’absence complète ou presque complète de l’assise de Gembloux. L'observation directe confirme ainsi la conclusion que nous avions établie déjà par des considérations théoriques. [l'est vrai que si nous en croyons le tracé de la Carte géologique, notre faille longitudinale viendrait se buter, 200 ou 300 mètres plus loin vers l'Est, à une objection péremptoire, représentée par deux failles qui traverseraient d’outre en outre la bande silurienne. Comme ces failles n’affectent que le Silurien et qu’elles arrivent l’une et l’autre jusqu’au contact des affleurements devoniens, tant au Sud qu’au Nord, leur âge calédonien est incontestable. Or notre faille longitudinale est hercynienne, ou tout au moins post-devonienne. Il est impossible, si elle existe, qu’elle ait respecté la continuité de ces failles ‘calédo- niennes. Cette objection serait, en effet, irréfutable, si le tracé de la Carte géologique devait ètre admis sans modification. Il importe donc d'examiner d’un peu près les faits qui établissent l’existence de ces failles. | L'existence de la première $s’appuie exclusivement sur des observa- tions faites à proximité du bord Nord de la bande silurienne. En effet, à moins de 200 mètres du dernier point où M. Malaise a observé les dernières traces de Caryocaris, une tranchée du chemin de fer tempo- raire qui à servi à la construction des forts de Malonne et de Saint- Héribert à mis au jour des schistes ressemblant à ceux du Silurien supérieur de la région où paraissent avoir été trouvées quelques lentilles calcaires comme celles que l’on rencontre dans l’assise de Wenlock (1). Mais il n'existe ancun imdice positif du prolongement de du Silurien supérieur doit s'étendre au moins jusqu’à ce point, au lieu de la teinte de l’assise de Gembloux qu’on y a mise également par erreur. Est-ce à dire que l’assise de Gembloux n’est pas du tout représentée entre l’Areni- gien et le Wenlockien? À 150 ou 200 mètres à l’Ouest-Nord-Ouest de l’affleurement wenlockien de Basse- Fontaine, M. Malaise a observé, dans un chemin raviné, des schistes paraissant, disent ses notes de voyage, de l’assise de Gembloux. M. Malaise nous a dit, toutefois, que cette assimilation est des plus douteuses et que ces roches pourraient fort bien appartenir au Silurien supérieur. D'ailleurs, a-t-il ajouté, à supposer qu’elles appar- tiennent à l’assise de Gembloux, la largeur de cette assise serait, en tout cas, tellement réduite, que, même dans ce cas, il serait difficile d'expliquer la chose sans une.faille. (4) C’est lors de l’excursion de la Société belge de Géologie, le 16 août 1889, qu'a été trouvée en cet endroit la première lentille calcaire. Nous avons revu depuis lors cet affleurement en compagnie de M. Malaise, qui y a reconnu également du Silurien supérieur, appartenant très probablement à l'étage du Wenlock. Nous devons ajouter H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. 291 cette faille vers le Sud. Si les auteurs de la feuille Malonne-Naninne l'ont prolongée jusqu’à la rencontre du Devonien inférieur, c’est uniquement parce que, ne soupçonnant pas l'existence d’une faille longitudinale, 1ls devaient nécessairement donner théoriquement ce prolongement à la faille transversale. Par contre, ü n’y a aucun indice de l'existence de la seconde faille calédonienne dans la partie Nord de la bande silurienne, puisqu'’aucun affleurement silurien n’a été signalé dans cette zone depuis celui dont nous venons de parler, jusqu'à 2 600 mètres plus loin. — Au Sud, l'existence de cette faille semble résulter de ce qu’à l'Est du chemin qui va de Le Fort au plateau de Saint-Héribert, les nombreux affleure- ments de Silurien qui se voient à proximité du Poudingue d'Ombret appartiennent au type lithologique de l’Arenigien (1) de Sart-Bernard ; tandis que, comme nous l’avons vu plus haut, les affleurements situés à l’Ouest de ce chemin sont incontestablement de l’étage de Wenlock. La distance entre le dernier affleurement incontestable de Wenlockien et le premier affleurement d’Arenigien étant de 250 à 300 mètres, peut-être pourrait-on prétendre que l’existence de cette faille n’est pas tout à fait évidente. Mais si l’on tient compte de Pallure du Silurien, elle est tout au moins très probable. = Quoi qu’il en soit, puisqu’aucun fait ne tend à établir que cette faille se prolonge dans le Nord de la bande silurienne, son existence ne peut être objectée, pas plus que celle de la précédente, au passage d’une faille longitudinale dans le Silurien. [l y a plus. Si l’on donne, par la pensée, au massif refoulé un mouvement en sens inverse de celui que lui a fait exécuter le refoulement, on constatera sans peine que la portion de ce massif voisine de Le Fort décrira un mouvement légère- ment giratoire, qui reportera vers l'Ouest le tracé de la seconde faille, principalement de sa partie Nord; de sorte qu'il ne serait nullement improbable que ce mouvement amenât les deux failles dans le pro- toutefois qu’étant repassé dernièrement par cet endroit, où une tranchée beaucoup plus belle existe aujourd’hui, il nous est venu des doutes sur l’âge de ces roches, qui nous ont paru présenter certaines analogies avec celles de l’Arenigien. Le loisir nous a fait défaut pour les étudier à fond. Si ces couches appartenaient à l’étage d’Arenig, il n’y aurait plus aucun motif d'admettre l'existence de cette faille calédonienne et l’objection disparaîtrait radicalement. (4) M. Malaise a trouvé des traces de Caryocaris en plusieurs points situés le long de la route de Wépion à Saint-Gérard. Il est à remarquer, d’ailleurs, que cette bande arenigienne n’est autre que celle que traverse la tranchée Nord de Sart-Bernard, où son âge estétabli par de nombreux fossiles. 292 H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE longement l’une de l’autre. S'il en est ainsi, ces deux tracés appartien- draient à une faille calédonienne unique, qui aurait été recoupée plus lard par la branche Nord-Est de la faille de Maulenne. Nous ne pouvons tracer que d’une manière arbitraire la continuation vers l'Est de la faille de Maulenne. Toutefois, si, comme le pense M. Malaise, les schistes avec quartzite que l’on observe tout contre le Poudingue de Naninne dans la coupe du Fond de Néris (N.-W. du Trieu-Collin) appartiennent à l'étage d’Arenig, il faudrait en conclure que Île rejet de la faille est déjà bien réduit en cet endroit. Peut-être pourrait-on supposer que les nombreux dérangements constatés, notamment par M. Stainier, de l’autre côté de la Meuse, au contact du Silurien et du Poudingue de Naninne se rattachent à l’origine orien- tale de cette branche principale de la faille de Maulenne. Dans les lignes précédentes, nous avons cherché à suivre, autant que le permettent les faits observés, la ligne de faille qui sépare du massif resté en place l’ensemble du grand massif Nord-Est et des quatre lam- beaux restés en arrière à des phases variées du refoulement. Il nous reste à parler des relations de ces diverses parties entre elles, dans leur portion Nord, ou, ce qui revient au même, à traiter des subdivisions de la grande branche Nord-Est. La ligne de faille qui traverse transversalement le Silurien jusqu’à proximité du confluent des ruisseaux de Maulenne et de Malonne paraît se trouver sur le prolongement de celle qui, plus au Sud, fait buter latéralement contre le Silurien de Maulenne le Gedinnien du lambeau n° 4. 11 semble done, à première vue, que l’hypothèse la plus simple et la plus probable serait d'admettre que ce lambeau n° 1 se continue au Nord jusqu’au tracé longitudinal de la faille et que les failles qui séparent les divers lambeaux, ainsi que celle qui sépare le 3° et le 4e lambeau du grand massif Nord-Est, se continuent tout droit vers le Nord, jusqu'aux points où elles aboutissent respectivement au tracé longitudinal. | Cette hypothèse serait des plus plausibles, nous dirons même qu’elle s’imposerait, si le grand massif Nord-Est appartenait à la même nappe que les lambeaux et n'avait été séparé de ces lambeaux que par un décrochement horizontal affectant cette nappe seule, comme ceux qui, à notre avis, séparent entre eux les lambeaux 1, 2 et 5. Mais, du moment où nous admettons, comme nous l'avons fait en nous basant principalement sur les observations de M.Stainier, que le grand massif forme une nappe distincte de celle qui, en se dissociant, a donné nais- H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. 295 sance aux lambeaux, cette hypothèse devient beaucoup moins probable. Si le tracé longitudinal appartient d’abord à la faille inférieure et passe ensuite, sans rejet sensible, à la faille supérieure, c’est que la nappe inférieure se termine vers l'Est et en un biseau très aigu : s’il en est ainsi, la ligne de la faille qui fait reposer le grand massif Nord-Est sur la nappe des lambeaux doit se recourber vers l’Est-Nord-Est, de façon à aller rejoindre le tracé horizontal suivant un angle également très aigu. Mais il peut se faire aussi que le grand massif recouvre les lam- beaux au Nord, comme nous avons vu qu'il doit le faire au Sud ; dans ce cas, le tracé longitudinal appartiendrait tout entier à la faille supé- rieure ou principale et ce serait le long du tracé transversal que la ligne de la faille inférieure HSE pour faire place à celle de la faille supérieure. Contraint de choisir entre ces hypothèses, pour le tracé de la carte annexée au présent travail, nous avons adopté la dernière, pour deux raiSONs. En premier lieu, les lambeaux refoulés étant simplement des portions détachées du massif resté en place, il semble qu’au Nord du Poudingue d’Ombret de chacun de ces lambeaux, les étages siluriens devraient se succéder, en présentant une largeur peu différente de celle que l’on observe dans le massif resté en place. Or, tandis que la largeur occupée par l’assise de Wenlock dans le massif resté en place ne dépasse guère 500 mètres, on retrouve cette assise jusqu’à 4 100 mètres au Nord du Poudingue d'Ombret du lambeau n° 1. Cet accroissement si subit à lieu d’étonner (4). La chose s’expliquerait, au contraire, de la façon la plus naturelle, si la partie Nord de cet espace appartenait au grand massif Nord-Est, dont le refoulement vers le Nord est beaucoup plus considérable. En second lieu, nous croyons trouver un indice probable en faveur de cette hypothèse dans les relations du lambeau N° 4. La situation de ce quatrième lambeau par rapport au troisième est assez étrange, s'ils appartiennent à la même nappe. Il semble bien plutôt de se rattacher au grand massif Nord-Est, dont 1i n’est d’ailleurs séparé que par un (4) Il est vrai qu’on pourrait objecter que, par suite de l’inclinaison du Poudingue d'Ombret vers le Sud, la largeur du Wenlockien qui s’étend au Nord de ce Poudingue doit augmenter avec la profondeur. Mais il est à remarquer que l’inclinaison des couches devoniennes dans cette région n’est guère moindre que celle des couches _siluriennes et que, d’ailleurs, la forme de la ligne de faille montre que l’inclinaison générale de la faille doit être à peu près nulle. 294 H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. très faible rejet. S'il en est ainsi, la faille qui détermine le contact des Schistes et psammites de Fooz appartenant à ce lambeau avec le Silurien qui borde régulièrement au Nord le Poudingue d’Ombret du troisième lambeau, n’est autre que la faille qui fait reposer sur ce dernier le grand massif Nord-Est. Nous aurions ainsi la constatation directe du recouvrement vers le Nord de l’écaille déchiquetée en lambeaux par le grand massif Nord-Est. $ VI. -— CONCLUSIONS GÉNÉRALES. La faille de Maulenne, outre l'intérêt local que présente l'importance de son rejet et la complexité de ses branches, complexité qui ne nous a probablement pas dit encore son dernier mot, est intéressante à plusieurs points de vue. D'abord, elle nous montre combien peut être trompeuse l'apparence sous laquelle une faille s'offre de prime abord à notre observation : nous voyons, en eflet, un accident qui se présente à nos regards sous une forme tout à fait tvpique de faille transversale en escalier, et qu’une étude plus approfondie nous fait reconnaitre cependant comme une faille longitudinale. En second lieu, avec la faille de Boussale et la faille d’'Ormont, elle relaie la grande faille eifelienne et la grande faille du Midi, dans l’espace qui sépare ces deux grands accidents tectoniques. À l’inverse de la faille d'Ormont et de même que la faille de Boussale, elle reste tout à fait indépendante de ces grands accidents, formant par elle-même un tout complet ; ce tout réalise le type des grandes failles, mais sur une beaucoup moindre échelle, ce qui permet de mieux saisir son ensemble. De même que la faille de Boussale, la faille de Maulenne se montre, dans son ensemble, comme provenant du refoulement l’une sur l’autre de deux portions du massif paléozoïque, séparées par une déchirure localisée, ces portions redevenant absolument continues l’une avec l’autre, de part et d’autre de cette déchirure ; en d’autres termes, ces failles nous font toucher du doigt cette vérité bien élémentaire et que cependant plus d’un géologue semble parfois oublier, que toute faille de refoulement a pour le moins deux origines (1). (4) Nous parlons, bien entendu, d’une faille qui forme un tout par elle-même et non des branches de cette faille totale. Ces branches peuvent avoir une seule origine : tel est, par exemple, le cas de la faille d'Ormont ou des branches que présente la faille de Maulenne à l'Est de Maulenne. Elles peuvent aussi n’en avoir aucune : tel est le | H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. 295 Mais, plus encore que la faille de Boussale, elle nous montre avec quelle rapidité déconcertante le rejet d’une faille de refoulement peut s’accroitre le long de son parcours. Il est incontestable que, si la faille de Maulenne traverse la vallée de Fosse, son rejet y est, en tout cas, devenu extrêmement faible. Or, à moins de dix kilomètres de là, à Maulenne, son rejet horizontal dépasse certainement deux kilomètres. À l'Est de Maulenne, la valeur totale du rejet se distribue entre plu- sieurs branches, ce qui lui donne une analogie de plus avec les grandes failles ; mais la branche principale, dont le rejet horizontal, dans la coupe de \'aulenne à Le Fort, est de 1 800 mètres, parait singulière- ment réduite lorsqu'elle arrive à la Meuse, c’est-à-dire à 4 kilomètres vers l’Est. Au point de vue mécanique, ce rapide accroissement sur un si court espace suppose deux conditions : d’abord une forte poussée s’exerçant efficacement là où le rejet est considérable, puis une puis- sante réaction du côté de l’origine de la faille qui joue, jusqu’à un certain point (1), le rôle d’un axe de rotation. La proximité d’une des origines est donc favorable au rapide accroissement du rejet d’une faille. Néanmoins, lorsque la longueur d’une faille est peu considérable, la proximité de l’autre origine oppose un puissant obstacle à l’accroisse- ment de la faille à partir de la première. IT faut donc s'attendre à voir se produire un accroissement beaucoup plus considérable encore à proximité de l’origine d’une de ces failles de refoulement, qui, comme nos grandes failles, se poursuivent sur une immense étendue. Disons enfin que la faille de Maulenne à encore en commun avec les « grandes failles » d’avoir une inclinaison générale fort faible et de s'éloigner complètement du type de faille d’étirement ou pli-faille de MM. Heim et de Margerie. Comme nos « grandes failles », la faille de Maulenne est une fuille de rupture (break thrust) ; comme elles, en effet, elle consiste en un refoulement de l’anticlinal du Condroz par-dessus le bassin de Namur, le long d’une surface de cassure qui coupe ce pli en travers. Il est clair, en effet, que si la faille de Maulenne, telle que cas de la faille de Chamborgniau, et, parmi les rameaux de la faille de Maulenne, probablement la faille qui limite inférieurement ce que nous avons nommé l’écaille des lambeaux et certainement les failles transversales qui découpent cette écaille, ainsi que celles qui découpent semblablement l’écaille des Grandes Carrières. (4) Nous disons jusqu'à un certain point. Il est clair, en eflet, que la rotation ne s'exerce pas autour d’un axe immobile, la déchirure s’élargissant à mesure que le rejet augmente. Aussi ce qu’on est convenu de nommer les points d'origine d’une faille sont-ils, en réalité, les points qu'elle a atteints en tout dernier lieu. 296 H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. nous la connaissons, n’affecte pas les couches du bassin de Namur, c’est uniquement parce que la surface d’arasement est descendue assez bas pour reporter plus loin vers le Sud la ligne de faille. Si la surface d’arasement était restée à un niveau plus élevé, le Poudingue de Naninne formant le bord apparent du bassin de Namur reposerait sur le Houiller resté en place et le Calcaire carbonifère s'étendrait jusqu’à une faible distance du bord Nord du bassin houiller. Il aurait donc suffi d’une légère accentuation du refoulement dans la portion aujourd’hui enlevée du massif refoulé, pour amener le calcaire carbonifère à reposer sur la bordure Nord de ce bassin. On voit ainsi que, si l’on observe (1) quelque vestige d’un phénomène de ce genre, 1l est bien inutile, pour en rendre compte, de recourir à l'hypothèse de la continuité de la Grande Faille, hypothèse qui ne peut se soutenir qu’en renonçant au principe londa- mental de l'induction scientifique. Quant à la surélévation du niveau de la faille de Maulenne par rapport au niveau des autres failles du même genre, elle paraît en relation avec le relèvement transversal du bassin de Namur. qui (4) C’est à dessein que nous employons une proposition hypothétique. Nous pensons, en effet, que les faits qui ont été signalés comme des vestiges d’un phénomène de ce genre sont susceptibles d’une interprétation différente. APPENDICE (1) Nous avons dit, dans la note à la page 270, pourquoi nous avions cru d’abord pouvoir nous abstenir d’une réfutation en règle de l'opinion émise par M. Fourmarier, au sujet de la faille de Maulenne, et com- ment la nécessité de fournir cette réfutation s’est affirmée à l’exeursion du 50 juin dernier. Notre travail étant sous presse, nous ne pouvions plus en remanier le texte. Ce travail porte d’ailleurs une date anté- rieure au 30 juin, et il nous répugnait d’antidater. C’est ce qui nous a décidé à exposer, dans un appendice, les raisons qui rendent inaccep- table, à notre avis, l'hypothèse d’un refoulement vers le Nord du massif affleurant à l'Ouest de Maulenne. L’évidence de notre manière de voir à ce sujet saute aux yeux, — M. Fourmarier, pensons-nous, ne songe pas à le nier, — du moment où l’on admet que la bande de Poudingue d'Ombret qui affleure au Sud de Maulenne, des Calanges, du Piroy et de Buzet appartient au bord Nord du synelinal de Walgrappe. Or il est évident que la simple lecture de la Carte géologique suggère spontanément à l'esprit cette hypothèse ; que celle-e1 rend facilement compte de la présence des failles en esca- lier, ainsi que des failles longitudinales qui s’observent à l'Est de Mau- lenne; que la largeur excessive du Rhénan, dans le massif Ouest, et les allures que nous y avons observées s'expliquent de la façon la plus naturelle, par la présence au sein de ce massif d’un plienS, dont la courbure en S du Poudingue d’Ombret serait l’ébauche, pli qui se présente tout naturellement comme l'extrémité occidentale du syn- clinal de Walgrappe et de l’anticlinal de Lustin; enfin, que le rétré- cissement excessif du Devonien inférieur, qui fait rapidement suite, Jorsqu’on marche vers l'Ouest, à son élargissement excessif, ainsi que la parfaite régularité des allures de la bande des calcaires devoniens (4) Cet Appendice est daté de juillet 1907. 298 H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. des Fonds de Lesves et de la bande burnotienne de Burnot, qui font contraste avec ce que l’on observe plus au Nord,-rendent tout au moins hautement probable l'existence d’une faille longitudinale séparant les premières allures des secondes. Aussi nous est-il impossible de com- prendre comment M. Fourmarier ne s’est pas arrêté dès l’abord à la théorie que nous défendons, et avons-nous peine à supposer qu'après lecture de notre travail, 1l ne reconnaisse sincèrement que celle-ci est, pour le moins, plus probable que la sienne. Mais, à notre tour, nous devons reconnaître qu’il ne convient pas de confondre une plus grande probabilité avec la certitude. Il reste donc à examiner si l’hypothèse de M. Fourmarier doit être absolument rejetée, comme certainement incompatible avec les faits, ou du moins comme éminemment improbable. Et peut-être le lecteur jugera-t-il que M. Fourmarier a rendu service à la science en nous fournissant l’occasion d'examiner de plus près cette question. Exposons d’abord la manière de voir de M. Fourmarier (1). Notre savant Confrère admet que la bande de Poudingue d’Ombret qui borde au Nord le Devonien du massif occidental appartient, non au bord Nord du synclinal de Walgrappe, mais bien au flinc Sud de l’anticlinal de Lustin. Cet anticlinal se serait accentué vers l'Ouest, au point d’ame- ner le noyau silurien au niveau où devait passer la surface de faille, dont M. Fourmarier admet, d’ailleurs, l’allure peu inclinée; la faille aurait déterminé ensuite le refoulement du massif supérieur vers le Nord, de façon à charrier le Poudingue d’Ombret du flanc Sud de l’anticlinal ainsi accentué, jusqu’au-dessus de l’axe du synelinal de Walgrappe du massif resté en place. Quant à la partie du synelinal de Walgrappe supérieure à la surface de faille, et partant charriée vers le Nord en avant de l’anticlinal, si nous n’en voyons plus de trace, c’est qu'elle à été enlevée par l'érosion. Que l’on puisse facilement imaginer ainsi les choses dans une simple coupe transversale, c’est ce que nous accorderons volontiers. Voyons cependant quelle est l'évaluation minima du rejet qu’exige pareille hypothèse. À proximité de la ferme du Manoir, la faille horizontale a coupé en travers la surface axiale du synclinal au niveau du Calcaire de Givet’; plus à l'Ouest, au niveau du Couvinien et du Burnotien, au moins jusqu’au delà de la longitude du chemin des Calanges aux « Quatre (4) Voir le texte de M. Fourmarier dans la note à la page 270. H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. 299 chemins ». Plus au Sud, la faille a dû recouper, d’abord toute la largeur du Devonien inférieur jusqu’au Poudingue d’Ombret, puis le noyau silurien, avant d'arriver au Poudingue d’Ombret du flanc Sud de l'anticlinal. Le rejet de la faille de Maulenne, près de la ferme du Manoir, serait donc égal à la largeur du Devonien inférieur et du - Couvinien du flanc Nord de l’anticlinal, ajoutée à la largeur du noyau silurien de cet anticlinal. Reste à évaluer la valeur de ces deux largeurs. La largeur de la bande rhénane qu’il s’agit d'évaluer dépend de l’obliquité de la direction du mouvement par rapport à la direction des couches et de la valeur de l’inclinaison des couches. Admettons (ce qui est certainement faux, puisque le mouvement de chaque point à été nécessairement courbe) que le rejet est perpendiculaire à la direc- on actuelle des allures : nous aurons, sous ce rapport, un minimum certainement inférieur à la réalité. Quant à l’inclinaison, si, sur la Meuse, l’inclinaison du flanc Sud du synelinal de Walgrappe est supé- rieure à celle de son flanc Nord, cette inclinaison devient, au contraire, très faible dans la région qui nous occupe, du moins en ce qui concerne les Calcaires devoniens. Il se pourrait toutefois qu’elle devint plus forte dans les assises inférieures : néanmoins, nous croyons que nous exagérons plutôt en donnant à l'inclinaison moyenne la valeur de lin- clinaison des couches sur le flanc Nord du synelinal dans la coupe de la Meuse, et que, par conséquent, en admettant cette donnée, nous sommes amené à attribuer à la largeur de la bande rhénane une valeur inférieure à la réalité. Or, sur la Meuse, la largeur de l’ensemble du Rhénan et du Couvinien est égale à 2,500 mètres. Quant au noyau silurien, il devait être assez large, au niveau de la surface de faille, pour que sa portion refoulée vers le Nord recouvrit, dans toute sa largeur, le bord Nord du synelinal de Walgrappe appar- tenant au massif oriental. Il est difficile d'évaluer cette largeur, parce que nous ne savons pas Jusqu'où s’étendrait vers le Nord le Burnotien que nous avons vu affleurer jusqu’à environ 570 mètres au Sud des Calanges, et qui, d’après M. Fourmarier, appartiendrait à la lèvre inférieure de la faille. Mais, à supposer qu’elle ne s’étendit pas plus loin vers le Nord que le point où nous l'avons vue affleurer (1) et qu’à (4) Cette hypothèse n’est possible qu’à cause de la faille de la ferme de La Vallée, qui doit se prolonger à l’Ouest de Maulenne. Sinon, le Burnotien devrait s'étendre en sous-sol beaucoup plus loin vers le Nord, dans l'hypothèse de M. Fourmarier. 300 H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. partir de ce point se trouvât, sous la nappe refoulée, la succession régulière du « Coblencien » de la légende officielle et du Gedinnien, il serait encore nécessaire de donner au novau silurien une largeur d'au moins 1,600 mètres. L'évaluation minima du rejet de la faille atteint ainsi une valeur totale de 4,100 mètres. Cela n’a rien de bien effrayant, sans doute, si nous ne sortons pas des limites d’une coupe transversale passant aux environs des Calanges ou de Maulenne. Mais il en sera tout autrement si nous cherchons à rattacher ces données aux allures générales de la région. L'antichinal de Lustin est, en effet, tout à fait régulier à peu de distance vers l’Est, comme le reconnait d’ailleurs M. Fourmarier. Dans la coupe de la Meuse, il montre une des plus belles charnières qui soient connues et son contour se dessine sur le plateau de la rive droite de la Meuse et à peu de distance de celle-ci, avec une régularité qui exclut toute idée de faille. Le noyau non faillé sur la Meuse est formé par l’assise du Grès de Wépion (Cb5), qui y occupe uné largeur d'environ 500 mètres. À deux kilomètres à l'Ouest, dans l’escarpement du bois communal de Profondeville, on l’observe sur une largeur qui peut atteindre 500 mètres. Plus loin, vers l'Ouest, je ne sache pas que les grès de Wépion aient été observés; mais les allures qui se voient au Nord et au Sud du prolongement de l’axe de l’anticlinal indiquent un évasement lent et régulier. C’est aussi de la façon la plus régulière que se. poursuivent, jusqu’au delà du Grand Étang de Fosse, la bande de Burnot et les bandes qui lui font suite vers le Sud. Or, si nous en croyons Ja théorie de M. Fourmarier, celte régularité serait trompeuse : elle serait le résultat de deux mouvements, dont l'un, sur une distance de six kilomètres et demi, qui sépare l’escarpement de la Meuse de la ferme du Manoir (1), aurait fait passer la largeur du noyau infra-bur- notien d’une valeur de 500 mètres à une valeur d’au moins 4 800 mètres (2), tandis qu’une faille d’un rejet énorme aurait ensuite com- (4) Nous prenons cette distance oblique plutôt que la distance mesurée perpendi- culairement au plan d’une coupe transversale, parce que le mouvement de refoule- ment s’est fait suivant une trajectoire courbe. Toutefois, nous exagérerions certaine- ment le rayon de courbure, en plaçant le centre de courbure dans l’escarpement de la Meuse. (2) Nous disons 4 800 mètres, parce que, à la largeur du noyau silurien évaluée au minimum à 4 600 mètres, il faut ajouter sur chacun des flancs la largeur des couches qui s'étendent de la base du Devonien au sommet du Grès de Wépion, largeur égale à 4600 mètres. La largeur du noyau infra-burnotien doit donc être évaluée au minimum à trois fois { 600 mètres, soit 4 800 mètres. H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. 301 pensé si exactement l'effet du premier mouvement, au point de vue des circonstances observables, que, sur la surface d’arasement qui se présente à nos regards, tout se passerait comme si nous avions sim- plement sous les veux le prolongement de l’anticlinal de Lustin, s’éva- sant régulièrement et suivi, au Sud, par des allures où rien ne décèle les deux formidables mouvements, en sens contraire, dont elles seraient résultées et qui se seraient si merveilleusement compensés. Qui ne voit la souveraine improbabilité d’une pareille coincidence? Remar- quons, d’ailleurs, que le coude prononcé et la déviation vers le Sud que l’antielinal de M. Fourmarier aurait fait décrire à la direction des couches qui le flanquaient vers le Sud, n’auraient pu manquer d'exercer leur influence sur les plis secondaires de cette portion du bassin de Dinant. Si — ce qui est peu probable — ces plis étaient complète- ment formés lorsque l’anticlinal à subi la grande surrection supposée par M. Fourmarier, ils ont dû être croqués vers le Sud, comme les couches auxquelles ils s’adossaient vers le Nord : et la correction tout à fait exacte de chacune de ces déviations par l'effet compensateur de la faille, qui aurait dû se produire pour amener les choses à leur état actuel, est d’une telle invraisemblance, qu’elle fait atteindre une valeur presque infinie à l’improbabilité de l'hypothèse. Si, au contraire, les plis secondaires se sont formés sous l'influence de lanticlinal, 51 est évident que le mouvement sur un long arc à faible rayon, que suppose la faille de M. Fourmarier, aurait déterminé une courbure très accen- tuée de la direction des allures vers le Nord. Or les faits observés montrent que rien de pareil n'existe. On voit donc que, même en se bornant à examiner l’ensemble du phénomène, l’hypothèse de M. Fourmarier se présente comme tout à fait inadmissible. Mais cette conclusion se confirme si l’on tient compte, en outre, des failles secondaires que nous avons étudiées aux paragraphes IV et V ci-dessus. Les failles longitudinales qui découpent le massif Est se comprennent mieux si ce massif est le massif refoulé, et nous avons vu, en particulier, combien la faille de La Vallée se continue naturellement avec la faille longitudinale qui met en contact, à l'Ouest de Maulenne, les roches rouges appartenant au massif Est avec le Gedinnien du massif Ouest : or cette dernière est bien la faille principale, devenue unique à ce méridien, et, d'autre part, les roches rouges en question appartiennent certainement au massif refoulé vers le Nord, par la faille de La Vallée. — Mais on pourrait soutenir que ce n’est là qu’un argument probable. — Au contraire, la présence des lambeaux qui déterminent les failles en escalier nous parait fournir une 302 H. DE DORLODOT. — LA FAILLE DE MAULENNE. confirmation péremptoire de notre manière de voir. Ces lambeaux sont manifestement des fragments restés en arrière pendant le refoulement. Or ils se constituent d’un ensemble de trois ou quatre termes (S4, Ga, Gdb, et pariois Cb1), qui se succèdent du Nord au Sud en série ascendante. 1ls appartiennent donc au bord Nord d’un synclinal. Dans la théorie que nous soutenons, la raison de leur présence saute aux yeux : ils appartiennent au bord Nord du synelinal de Walgrappe et leur situation, intermédiaire entre les deux situations extrêmes de ces mêmes couches dans les deux massifs principaux, est bien celle qu'ils doivent occuper. Dans la théorie de M. Fourmarier, au contraire, leur présence est inexplicable. Ils ne peuvent appartenir au bord Nord du synclinal de Walgrappe, dont la situation originelle est plus au Nord, d’après cette théorie. [ls ne peuvent appartenir davantage au bord Sud de l’anticlinal accentué de Lustin, qui, d’après la théorie, n’aurait pas dépassé, dans son refoulement vers le Nord, la limite Nord de la forêt de la Haute-Marlagne. Il est vrai que M. Fourmarier nous a demandé, lors de l’excursion du 30 juin, si l’on ne pourrait remplacer les failles en escalier par des plis. Nous avons dû répondre négativement, la répétition, en série périodique d’au moins trois termes, que donne une coupe qui traverse les divers lambeaux étant incompatible avec cette hypothèse. Nous nous demandons d’ailleurs en quoi elle pourrait être utile à la théorie de M. Fourmarier. Il est clair, en effet, que la situation de ces couches par rapport à celles qui affleurent plus au Sud est absolument anormale, et qu’elles constituent un ou plusieurs lam- beaux importe peu. À moins qu’on ne veuille supposer qu’elles appar- tiennent à des synclinaux qui se seraient formés au Sud du bord relevé du synclinal de Walgrappe et au Nord du noyau silurien principal de l’anticlinal de Lustin. Mais cette hypothèse, d’ailleurs inconciliable avec les caractères de ces affleurements, comme nous l'avons dit, exigerait un élargissement, plus considérable encore que nous ne l’avons supposé, de l’élément tectonique qui aurait prolongé vers l'Ouest l’anticlinal régulier de Lustin. Elle rendrait donc plus inaccep- table encore la théorie de M. Fourmarier. LÉGENDE. Fa2 Psammites du Condroz. | _ Fa Schistes de la Famenne. Fr Frasnien. Gv bGivetien. Co Couvinien (assises de Rouillon et de Claminforge). B Assise de Burnot. Cb& Grès de Wépion. -Cb2 Grauwacke rouge et grès lenticulaires d’Acoz. Devonien. Cb1 Grès du Bois d’Ausse. Gdb Schistes grossiers et nsammites de Fooz. Ga Poudingue et arkose de Dave. | S2b Silurien supérieur (Wenlock ou Ludlow inférieur). S!b Caradocien. S1a Arenigien. a Limites anormales entre le Devonien et le Silurien. Limites entre les subdivisions du Devonien et du Silurien. eee —— Failles. Dans un but de simplification, on n’a pas tracé les limites entre le Burnotien et le Couvinien, entre le Givetien et le Frasnien ni entre les schistes de la Famenne et les psammites du Condroz. RES PINS E 8000 gvo0o 10,000 Metres. CE OT TM EE 8 9 10 Kilometres. £, : "8 4 V2 ù f Bulletin de la Société belge de Géologie. T. XXI. Rob à Doy: L ÇA A ; en op; LS \ VE DE LA RELATION EXISTANT ENTRE L'ACTIVITÉ DU VÉSUVE ET CERTAINS PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES PAR LE Dr JOHNSTON-LAVIS, M. D., D. Ch., M. R. C.S., L. S. A. Lond. (1) Professeur agrégé de vulcanologie de l’Université royale de Naples, Fellow de la Société Géologique de Londres. Planche IV _ Ï. — INTRODUCTION. Ce mémoire, sauf quelques additions, à été lu devant la Royal Society of London en 1886 (2), et un extrait avec conclusions en a été publié dans les Proceed. Royal Society of London, n° 245, 1886. Mon intention était d'étendre ces observations, mais l’état peu favorable du Vésuve à ce moment, des engagements professionnels, et enfin mon départ de Naples, m'empêchèrent de réaliser ce projet. La publication récente, par Baratto, d’un mémoire sur une partie du même sujet, mais moins complet, m'a fait penser qu’il était peut-être à propos de publier mes observations dans leur entièreté, parce que je crois qu’elles ont un intérêt important en Cosmogénie et, si elles ne sont pas absolument concluantes, elles ouvrent de nouvelles et précieuses méthodes d’inves- (4) Mémoire présenté à la séance du 18 juin 1907. (2) Proceed. Roy. Soc. Lond., n° 243, p. 1, 1886. 304 JOHNSTON LAVIS. — L'ACTIVITÉ DU VÉSUVE tüigations par expérience sur quelques problèmes terrestres loin encore d’être résolus (4). Le rapport entre l’activité des volcans et certains phénomènes astro- nomiques et météorologiques est un sujet qui n’embrasse pas seule- ment les questions limitées aux volcans eux-mêmes, mais il peut aussi aider à découvrir des faits de grande valeur sur la structure physique de l’intérieur de notre globe. Dans cette investigation, le vulcanologue est obligé de faire appel, pour certaines données, à l’astronome et au météorologiste. Mais, à son tour, 1l peut fournir à ces mêmes collègues une explication sur certains phénomènes qui leur étaient incompréhen- sibles jusqu’à présent. Si nous supposons, ce que le physicien nie, que l'intérieur de notre globe est un fluide, ou qu'il existe une enveloppe fluide entre la croûte et le noyau solide, comme on le croit plus com- munément aujourd'hui, nous devons nous attendre à ce qu’une telle masse de fluide soit soumise à des changements analogues à ceux qui, dans nos océans et mers, constituent les marées. De plus, si nous sup- posons cette enveloppe fluide en communication directe avec la surface extérieure de notre sphère, nous serons amenés à observer que les changements de pression de notre atmosphère produiront une certaine hausse ou baisse dans les cheminées volcaniques établissant une com- munication entre les surfaces intérieures et extérieures de cette croûte, moins naturellement la friction moléculaire et de surface. Ce dernier rapport entre l’intérieur et l’extérieur de la terre augmente d’intérêt, si nous remarquons le fait important de la présence de substances volatiles dissoutes dans les silicates fondus qui constituent le magma fluide des volcans. Le problème se complique encore par le fait que la plus grande partie de ces constituants volatiles sont acquis au moment du passage du réservoir à la surface, fait que j'ai démontré de façon irré- futable dans une série de recherches ayant duré plusieurs années (2). Si nous procédons à un examen plus attentif du rapport existant \ entre les influences variées travaillant à modifier les phénomènes d’éruption volcanique, nous trouverons des évidences de relations bien distinctes au moins dans quelques cas. (d) Une parte de ces observations, illustrées de photographies prises au sommet du Vésuve et de l’appareil éruptif, ont été publiées avec 13 planches dans Lo spettatore del Vesuvio e dei Campi Flegrei. Nouvelle série, 1887. (CLUB ALPINO ITALIANO SEZ NAPoOLI.) (2) Quart. Journ. Geol. Soc., Lond., vol. XL, 1884, et The physical conditions involved in the injection, extrusion and cooling of igneous matter ({8ip., vol. XLI, 1885). Mn l ET PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES. 305 IT. — POosiTION DE LA LUNE ET DU SOLEIL. Bien peu de faits ont été signalés à l’appui de la possibilité d’une action de marée de la part d’une masse fluide de pâte volcanique, quoiqu’on ait mentionné quelques incidents pouvant se rapporter à ce sujet. C. E. Dutton (1) décrit le grand lac de lave de Kilauea comme présentant souvent de petites oscillations de 10 à 15 pieds, et parfois de grandes oscillations causant des débordements. De tels changements sont variables en périodes et quantité, mais on semble n’avoir pas essayé de découvrir quelle relation ils peuvent avoir avec les phéno- mènes terrestres. Dans une série de mémoires touchant des observations sur les sources minérales dans l’île d’Ischia, Grablovitz (2) dit que dans une source à Porto d’Ischia, tout près de la mer et presque à son niveau, il a remarqué une augmentation de débit correspondant au flux et reflux et aux variations du baromètre. Ces phénomènes montrent un retard de trois heures une minute dans leur maxima et minima par rapport à la haute ou basse marée, et trois jours de retard quant aux syzygies et quadratures lunaires. [Il ne dit pas si ces effets sont dus simplement à l'élévation du niveau de la mer dans le voisinage, ou s'ils dépendent directement des influences lunaires ou solaires, ce qui semble à peine possible, à moins d'admettre une vaste mer souterraine d'eaux miné- rales. Si l’on accepte l'hypothèse enseignant que tous les volcans sont ali- mentés par des poches de matières en fusion, produites par l’écrasement des roches ou toute autre cause, isolées dans un globe solide, alors on ne s’attendra pas à des changements ayant une allure de marée produits par les différentes positions que le soleil ou la lune occupent à différentes époques, relativement à notre globe. En conséquence de quoi, aucune oscillation perceptible de lave dans la cheminée volea- nique ne se présenterait, quelle que soit la position de notre satellite ou du soleil. La même absence de sympathie doit aussi être évidente dans le cas d’une enveloppe fortement chauffée mais solide, existant (1) C. E. DuTTon, 4th Annual Rep. of the Director U. S. Geol. Survey, 1832-1883, pp. 117-418. (2) GRABLOvIrZ, Rend. d. R. Accad. d. Lincei, vol. IV, 1888, et Ann. Uf. Cent. Meteor. e Geodinamica, vol. VIII. 14907. MÉH. 20 306 JOHNSTON LAVIS. — L'ACTIVITÉ DU VÉSUVE au-dessous de la croûte qui devient fluide par sa chaleur intrinsèque, quand la pression est diminuée. Si nous acceptions la théorie d’un intérieur fluide ou d’une enveloppe fluide avec une croûte flexible, nous devrions nous attendre à ce que cette croûle monte et descende, à ce qu’elle flotte pour ainsi dire sur les vagues de marée passant autour de notre globe comme :l arrive sur la surface des Océans. Il résulte clairement de cela qu'il n’y aurait ni baut ni bas de la lave dans la cheminée volcanique, puisque la posi- tion relative de la surface du fluide et des parois solides ne varierait pas, quoique les deux puissent à certains moments être plus ou moins rapprochées ou éloignées du centre de la terre. Les physiciens, cependant, nous disent que la croûte terrestre est presque, sinon entièrement rigide; de sorte que toute tendance de pro- duction d’une onde maréenne dans l’enveloppe fluide causerait immé- diatement une montée ou une descente de la surface de la lave dans le volcan, grâce à la surface fluide se rapprochant ou s’éloignant du centre du globe, tandis que la croûte resterait constante ou à peu près. Les volcans situés près des Océans peuvent être probablement affectés encore d’une autre manière par la gravitation lunaire ou solaire. L'accumulation d'une large masse d’eau telle que celle constituant une onde maréenne pourrait presser la croûte terrestre, si celle-ci était assez flexible, et pour ainsi dire forcer la sortie de la lave placée au-dessous. Ou bien la crue de l’eau pourrait causer par la pression un contact plus complet de l’eau et des roches poreuses environnant une cheminée volcanique et son contenu. Le peu de flexibilité de la croûte terrestre et la friction de l’eau traversant des substances poreuses empêchent, selon toute probabilité, un effet visible dans le changemént du niveau de la lave. Naturellement au Vésuve, à l’Etna et à d’autres volcans, situés similairement loin d’une marée importante, les effets indiqués ci-dessus, s'ils existent réellement, peuvent être négligés. S'il était possible de démontrer que la roche fluide d'une cheminée volcanique change de niveau en correspondance avec la marée, nous aurions alors une preuve évidente que la source de la lave et de ses composés doit être une masse fluide d’une superficie considérable formant très vraisemblablement-une enveloppe entre la croûte terrestre et le noyau, si ce noyau existe. Quand nous considérons qu’un volume aussi important que la masse d’eau de la Méditerranée montre un changement de niveau maréen à pee supérieur à 1 pied, avec une friction seulement appréciable à la surface de contact avec l’air, et quand nous comparons cela avec une couche de ET PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES. 307 roche en fusion d’une viscosité bien supérieure à celle de l’eau de mer, et obligée de surmonter la friction de sa surface supérieure avec la paroi inférieure de la croûte terrestre, nous voyons que la différence est énorme. Dans le premier cas, nous n'avons pas d'adhésion entre l’eau et l’air, tandis que dans l’autre, la surface supérieure arrive proba- blement par une gradation visco-pâteuse à former corps avec la roche solide qui la recouvre, effet très évident pour qui a observé comment dans un courant de lave les parties en contact avec la surface refroidie sont graduellement retenues en arrière. Maintenant, si sur la surface de la Méditerranée il y a de si légers changements de niveau maréen, à quels mouvements faut-il s'attendre pour la roche fluide de notre globe? En nous plaçant à ce point de vue, nous avons bientôt la conviction que le flux dans une cheminée volcanique deviendrait un important facteur, prouvant au moins la présence d’une couche fluide dans notre terre. Si nous avions des données sur les oscillations de la lave, si nous pou- vions préciser la densité et la viscosité de la roche fluide au-dessous de nous, et si nous pouvions apprécier la valeur de sa friction avec la paroi inférieure de notre croûte terrestre, nous pourrions alors calculer son épaisseur actuelle. Aucune localité n'offre peut-être autant d’avan- tages pour l'étude de cette question que le lac de lave de Kilauea, où Je n’ai pu aller. Mais j’ai fait de mon mieux au Vésuve, où cependant la grande quantité de constituants volatils produit une influence de confusion. Le rapport remarquable existant entre l’action volcanique et les tremblements de terre est tel que nous devons, un moment, considérer ces derniers, surtout depuis que leur relation avec les phénomènes astronomiques et météorologiques à été plus largement étudiée. Les infatigables et classiques recherches de Alexis Perrey, en cataloguant la plupart des tremblements de terre connus dans chaque contrée, lu ont donné les moyens de tirer de ces faits quelques déductions remar- quables et importantes (1). Il a été démontré que les tremblements de terre sont prévalents aux Syzygies, plus qu'aux quadratures et aux périgées, plus qu'aux upogées et au méridien, plus que lorsque la lune est à 90°. Élie de Beaumont, qui a écrit un rapport sur le principal mémoire de Perrey, résume ainsi les découvertes de cet auteur : 4° Les tremblements de terre aux syzygies ; (1) A. PERREY, Sur la fréquence des tremblements de terre relative à l'âge de la lune. (COMPTES RENDUS, t. XXIV, p. 822 ; Igrn., t. XXVI, p. 537, [Bip t. LIL, p. 146.) 308 JOHNSTON LAVIS. — L'ACTIVITÉ DU VÉSUVE 2° Leur fréquence est aussi plus grande vers le périgée et diminue vers l’apogée de la lune ; 3° Les chocs de tremblements de terre sont plus fréquents quand la lune est dans le voisinage du méridien que lorsqu'elle en est éloignée ue 90 Je sais très bien que les conclusions de cet auteur ont été discutées, mais il me semble que les critiques destructives ne sont pas en rapport avec l'évidence des faits soumis aux critiques. Le professeur John Milne (1) n’a pas trouvé de relation marquée entre les tremblements de terre et les positions relatives de la lune et du soleil, conclusion sem- biable à celle de M. E. Knipping. Le professeur Chaplin a trouvé un maximum aux quadratures. Les chiffres de Milne montrent cependant 127 aux quadratures et 157 aux syzygies. Il à aussi trouvé que les trem- blements de terre sont 11.2 fois plus fréquents à marée basse qu’à marée haute. M. 1. de Parville (2), après une étude systématique des phénomènes lunaires et terrestres, continuée pendant un quart de siècle, se trouve amené à reconnaître une relation distincte entre la déclinaison lunaire et les tremblements de terre, la loi générale étant que les chocs ont lieu soit à l’équilune, au lunistice, ou bien exactement quand le soleil et la lune ont la même déclinaison. Perrevy a très justement remarqué que, sans doute, un grand nombre de chocs ont une relation intime avec les dykes igneux. Or, quand la tension du magma qu'ils contiennent à atteint une force presque égale à la résistance des roches environnantes, une rupture aura lieu dans ces dykes igneux, si la pression augmente, en conséquence du flux qui se produit dans la masse fluide dont les ramifications remplissent les dykes. L’ébullition continuelle qui à lieu dans la plupart des volcans pendant la phase d'activité strombolienne, empêche d'évaluer exacte- ment la différence de niveau de l’oscillation de la lave dans la cheminée volcanique. Néanmoins, il y a sans doute des volcans où, à certains moments, des observations de ce genre pourraient être faites et il faut espérer que quelque observateur soigneux pourra saisir une occasion propice. Touchant ce sujet, il a été observé dans l’éruption de 1855 (1) JOHN MILNE, On 387 Earthquakes observed during two years in Japan. (TRANS. SEISMOLOGICAL SOC. OF JAPAN, vol. VII, pl. IT, 1884, pp. 81-83.) (2) H, DE PARVILLE, On a correlation between Earthquakes and the Declination of Moon, 1887. ET PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES. 309 que la lave à présenté à un peu plus de douze heures d'intervalle un flux et reflux correspondant à la marée (1). À propos de cette dernière observation, J'ai remarqué personnelle- ment, quand à différentes fois je suis resté un certain temps dans le cratère du Vésuve, que pendant plusieurs heures il présentait des variations marquées d'activité el un changement apparent du niveau de la lave. Mais ces changements étaient-ils accidentels, ou bien dus à une variation maréenne, je ne saurais le dire et il ne serait possible de répondre à ces questions qu'après un long séjour dans le cratère, chose -difficilement praticable. Pression atmosphérique. — Si nous passons à l'étude des modifica- tions du phénomène volcanique érupüf par suite des variations baromé- triques, nous trouvons une quantité de faits isolés épars dans la Hittéra- ture volcanique. Cependant, à ma connaissance, 1l n°y à point de cas où l’attention ait été portée spécialement sur leur corrélation, ou de tra- vail qui offre une explication satisfaisante au sujet du mécanisme de production du volcanisme. Le premier essai tendant à démontrer pourquoi une pâte ou magma est influencé par le changement de la pression atmosphérique à été présenté dans mon étude de 1883 (2), dans laquelle j’ai démontré, après observations faites sur place et nombre d'examens microscopiques, le fait qu'une pâle igneuse dans un conduit volcanique est physiquement une solution de H?0 et d’autres substances volatiles dissoutes dans certains silicates et oxydes et, par conséquent, analogue à CO? dissous dans une eau extrêmement sensible au plus léger changement de pression. Dans une autre de mes publica- tons, J'ai montré (5), comme l'avait déjà fait Silvestri (4), l'importance d’une basse pression atmosphérique dans l’activité éruptive. Ce dernier auteur (5) constate qu'avant l’éruptüion du 22 mars 1885, le 21 mars, de nombreux chocs furent observés, correspondant à une rapide descente de 135 millimètres du baromètre, comparé au jour précédent. (4) G. GUARINI, L. PALMIERI ed A. ScaccHI, Memoria sullo incendio Vesuviano del mese di Maggio 1855. Napoli, 1855, p. 76. (2) Jonxsron-Lavis. The Geology of Monte-Somma and Vesuvius. (Q. 3. G.S., vol. XL, pp. 39-119, 2 fig., 4 pl., June 20th 1883.) (3) Joansron-Lavis. The Relationship of the Structure of Igneous Rocks to the Con- dition of their Formation (ScienT. ProcEED. R. DuBuin Soc., vol. V, N.S., pp. 112-156, also ABSTR. PROCEED. GEOL. Soc. L., n° 471, April 29th 14885.) (4) SILVESTRI, Fenom. vulc. present. dall’ Etna dal 1863 al 1866, etc. (5) SiLvEsTRI, Sulla esplosive eccentrica dell Etna avvenuta w 22 Marxzo 1883, e sul contemporaneo parossismo geodinamico-eruttivo. Catania, 1854. 310 JOHNSTON LAVIS. — L'ACTIVITÉ DU VÉSUVE M. F. Laur (1), ignorant mon essai, a revendiqué la priorité de l'idée, ayant tenté de démontrer la relation entre la descente du RUE et les éruptions volcaniques. Les geysers et les éruptions d’eau chaude sont fréquemment en sympathie avec les fluctuations barométriques. M. A. P. W. Thomas (2) mentionne le fait que le bassin des geysers au sommet de la White Terrace, de 80 pieds de diamètre, était ordinairement mis à sec par le vent de S.-W., mais commençait à se remplir dès que le vent changeait. M. E. VW. Butke (3) constate que les indigènes pronostiquent avec grande précision les éruptions des geysers, par la direction du vent et les conditions de l’atmosphère. Naturellement, l’eau d’un geyser n'est pas exactement semblable à la pâte igneuse d’un volcan, pas plus que l’eau presque bouillante comparée à de l’eau de Seltz, quoique les deux soient très sensibles à des changements de pression. Le professeur J. Logan Lobley (4) considère l’éjection de la lave de sa source à son élévation dans le tube, ou conduit volcanique, comme due à l'expansion causée par le changement de l’état solide à l'état liquide, comme le mercure dans le thermomètre (sic), et que cela peut être influencé par les conditions météorologiques. Il à cependant des idées quelque peu confuses sur les effets de la poussée tangentielle amenant une action chimique! et sur les changements électriques qui augmentent la chaleur et fondent la roche chaude solide. Humboldt (5) dit qu’il serait difficile à quelqu'un avant passé quelque temps dans la Nouvelle-Andalousie ou Basse Peru de nier la relation existant entre le temps et les tremblements de terre. À Guayaquil, les habitants disent qu’une forte pluie pendant la saison sèche est toujours suivie d’un tremblement de terre. Scrope supposait que cela était dû à un abaissement de la pression atmosphérique. Per- sonnellement, je crois qu'après une soigneuse investigation on trouve- rait que non seulement le baromètre descend avant le tremblement de terre, mais aussi que cette descente a lieu subitement, et après une période considérable de haute pression. (4) F. Lau, Comptes Rendus Acad. Sciences. Paris 6 août 1883, p. 469. (2) A. P. W. Thomas, Rep. on the Eruption of Taravera and Rotomahava. New Zealand, 1888. (3) E. W. Bucke, Geysers of the Rotorua Disirict, N. Island of New Zealand. (RE. BRiT. Assoc., 1886.) (4) J. LoGAN LOBLEY, On the causes of volcanic action. (PROCEED. GEL. Assoc., vol. XI, p. 11.) (o) HumBoLprT, vol. IV, p. 41, et vol. II, p. 217. ET PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES. 311 Le D' C. W. C. Fuchs (1) a analysé la date d’occurrence de 230 trem- blements de terre avec le résultat suivant : A0 en janvier, 50 en février, 27 en mars, 23 en avril, 11 en mai, 18 en juin, 10 en juillet, 12 en août, 45 en septembre, 14 en octobre, 10 en novembre, 20 en décembre. Plusieurs autres groupements sem- blables ont été faits, donnant des résultats à peu près similaires. L’ex- plication probable est que, pendant les mois où les chocs sont plus fréquents, les descentes baroméiriques sont de même plus fréquentes, ou bien il y a eu de fortes pluies. Pour donner une valeur à cette sorte d'investigation, il serait néces- saire de limiter les observations à une région dont on noterait en même temps les variations mensuelles météorologiques. Nous pouvons, presque sans exception, considérer le magma qui occupe la partie supérieure d’une cheminée volcanique comme une masse en état d’ébullition; non pas cependant à la façon d'une simple substance analogue à l’eau bouillante, mais plutôt comme une solution d'un gaz dans un liquide similaire à de l’eau de Seltz, parce que tel est vraiment le cas de l’eau dissoute dans des silicates en fusion à la tem- pérature durant laquelle la masse reste fluide. Les éléments gazeux d’une telle substance boutlliront en proportion directe de la pression et de la température du magma, c’est-à-dire en proportion de son état de tension. J'ai montré (2) que tout tend à prouver que la masse principale de magma qui constitue l'enveloppe igneuse ne contient pas de solution d’eau, et que c’est seulement dans les ramifications comprises dans les cheminées volcaniques, les con- duits, les dykes, que le magma igneux est obligé de traverser des couches aqueuses. J’ai montré aussi que la quantité d'oxyde hydrique dissoute dépend de la : a) Température d’un magma donné; b) Pression ; c) Quantité d’eau ; d) Longueur du temps pendant lequel le magma reste en contact avec la couche aqueuse. En somme, nous pouvons dire que la tension du magma est en pro- portion de la quantité de H20, etc., dissoute, de la température de la masse et de la pression à laquelle elle est exposée. En conséquence, (4) CG. W. C. Fucus, 2frst Ann. Rep., 1885. (2) JoansrTon-Lavis, Q. J. G. S., vol. XLI, p. 103. 312 JOHNSTON LAVIS. — L'ACTIVITÉ DU VÉSUVE immédiatement après une descente barométrique, les explosions d’un volcan dans la phase strombolienne croitront jusqu’à ce que la tension soit diminuée au point d’être contrebalancée par la nouvelle pression atmosphérique, quand le volcan sera apparemment retourné au degré d'activité qu’il avait avant le changement barométrique. Parce que, si la pression est moindre, moins de H20 extrait de la couche environ- nante sera assimilé en solution par le magma. Nous voyons, par con- séquent, qu'une descente barométrique est immédiatement suivie d’une augmentation d'activité d’une durée seulement temporaire. (Voir fig. 4, diagr. I.) Une montée ou une augmentation de pression atmosphérique tendra d’abord à empêcher l’ébullition du magma dans l'ouverture volcanique, de sorte que l’activité explosive diminuera, mais elle reviendra à son état précédent de dégagement gazeux aussitôt qu’une quantité suffisante additionnelle de H?0 aura été prise pour élever la tension du magma et pour contrebalancer l’augmentation de la pression atmosphérique, alors que le volcan retournera à son état antérieur d'apparente activité. Nous voyons que la montée du baromètre est immédiatement suivie d’une diminution d'activité de durée temporaire. (Voir fig. 2, diagr. I.) Ce qui est indiqué plus clairement par les courbes du diagramme Ci-Joint. Diagramme I. Descente barométrique. PR EN da /7— Montée barométrique. Augmentation /\ \/ " Diminution de l’activité volcanique. de l'activité volcanique. Fi. 1. FIG. 2. Si, après une haute pression barométrique prolongée, produisant une augmentation de tension du magma, en conséquence de l’augmen- tauon de la quantité de H?20 qu’il contient, nous avons une grande descente subite, l'effet sera encore plus évident que si le baromètre descendait au même point, après une courte période de haute pression. Cela résulte clairement de la vaporisation d’une plus grande quantité d'eau, avant que la tension soit abaissée au point d'équilibre, et, en conséquence, l’augmentation d’activité s’étendra pendant une période plus longue, comme le diagramme II l'indique. Par conséquent, nous pouvons dire : Après une heute pression baro- métrique prolongée, lorsqu'une descente subite a lieu, l’activité volcanique ET PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES. 313 augmentera à un degré plus élevé et durera plus longtemps que si le baro- métre tombait au méme point en partant d'un niveau moindre, ou s’il y avait une grande descente immédiatement après une montée. Diagramme IL Grande descente barométrique Légère descente barométrique après une longue période SF nee AINSI après une longue période de haute pression. de haute pression. Augmentation d'activité ur 7 M Dr Po d'activité volcanique. volcanique. Fi1G. 1. IG. 2, Diagramme XIII Grande descente barométrique Grande descente barométrique après une grande montée après une grande montée avec courte période de haute avee moins courte période pression. de haute pression. Diminution et augmentation Diminution et augmentation de l’activité volcanique. \ / de l’activité volcanique. F1G. 1: Fi. 2. On sera frappé par l’action compensatrice remarquable qui à lieu continuellement, et sans laquelle les volcans seraient bien plus dange- reux el presque Inapprochables. Il est une autre façon par laquelle le changement de la pression atmosphérique peut modifier la hauteur, mais non l’activité explosive de la lave dans une cheminée volcanique. Si nous admettons une légère flexibilité de la croûte terrestre, les fluctuations barométriques repré- senteront une augmentation ou une diminution d’un énorme poids de la surface terrestre. Or, si nous avions des limites bien déterminées de haute pression près d’un volcan actif, la lave pourrait monter dans la cheminée, pressée en dehors, pour ainsi dire, depuis le dessous de la région sur laquelle le poids atmosphérique serait plus grand qu’à l'issue volcanique. Naturellement, étant donnée une basse pression, nous aurions l'effet inverse. Il est possible, cependant, qu'une haute pression dans une région soit compensée par une basse pression dans une autre région. Un point intéressant se rapportant à cette partie de notre sujet, est l'emploi d’un volcan comme indicateur du temps. Sans doute, toute la mythologie des iles Éoliennes (groupe des Lipari) est fondée sur les 314 JOHNSTON LAVIS. — L'ACTIVITÉ DU VÉSUVE changements observés dans la colonne de fumée du Stromboli, qui indiquait d'abord la direction des vents, et, par les variations de la quantité et de la qualité de la fumée et du feu, on pouvait prédire le temps probable (1). Ceux qui connaissent bien Naples et les autres villes en vue du Vésuve, auront pu être frappés par l'absence générale de girouettes, absence due sans doute, en grande partie, à la coutume que chaque habitant à de regarder vers le Vésuve pour voir de quel côté la fumée est chassée. La pression du vent est indiquée par la courbe plus ou moins forte de la colonne de fumée, et la pluie prochaine par le man- teau de nuages condensés de la vapeur saturée par vent de S.-W. ou S.-E. Les pêcheurs qui travaillent en vue du Stromboli, regardent la mon- tagne comme un baromètre infaillible. Par exemple, pour eux, une augmentation de fumée est signe de pluie, avec un vent entre S.-W. et S.-E. La raison en est évidente : les vents venant d’un point quel- conque entre le Nord, l'Ouest et l'Est sont généralement très sees et, par conséquent, prennent très rapidement l'humidité; telle est précisément la vapeur volcanique, ce qui diminue le volume apparent de la colonne de fumée. Et comme ces vents sont généralement violents, les pêcheurs vous diront que la mer sera houleuse et le ciel clair. Avec ces vents, le baromètre reste haut et les précède, causant une diminution d'activité du Stromboli, et ainsi le pêcheur sait ce qui va se produire quand la lueur faiblit. En renversant les conditions, nous trouvons que dans cette région, tous les vents qui partent du Sud, de l'Ouest ou de l’Est sont chauds et généralement presque supersaturés d'humidité, de sorte que tout le volume de la fumée ou vapeur est visible, parce que l'air humide ne peut plus prendre d’eau. Ces vents sont précédés et accompagnés d’une grande dépression atmosphérique, d’une grande condensation et de pluie. La basse pression augmente l’activité du Stromboli ; il s’en- suit que les pêcheurs peuvent prédire le temps d’après le caractère de la fumée et l'augmentation du feu du Stromboli. Je crois que c’est la première explication logique donnée de ces relations particulières entre les phénomènes volcaniques et météorologiques qui ont été depuis trois mille ans une énigme pour l'esprit humain. Personnellement, pendant (1) PaizrP CLuverius, Sicilia antiqua, et aussi SPALLANZANO, Viaggio nelle Due Sicilie, Cap. X. ET PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES. 319 un séjour de quinze années à Naples, j'ai regardé le Vésuve comme un utile instrument météorologique, combinant:le baromètre, le thermo- mètre, l’hygromètre, l’anémomètre, la girouette, donnant des indications très correctes et toujours agréable et facile à consulter. Sorrentino pensait que le Vésuve faisait éruption pendant certains vents; mais cctte constatation n’a probablement que peu de valeur. Cependant, il semble juste de la mentionner ici. Un argument contre la supposition que toute la masse intérieure du magma contiendrait du H20, réside dans le fait que, dans ce cas, aucune lave ne pourrait sortir du volcan comme telle, c’est-à-dire fluide, mais elle serait toujours éjectée en fragments, à cause de l’échappement de la quantité disproportionnée de vapeur dérivée d'une large masse et devant sortir par une issue relati- vement si petile. HT. — QuanTiTÉ DE PLUIE. On remarquera que pendant la période envisagée dans cette étude, chaque nouvelle coulée de lave a suivi une série de pluies plus où moins fortes, et j'ai noté ce même fait en d’autres occasions. À pre- mière vue, il pourrait sembler quelque peu difficile de comprendre comment la pluie pourrait influencer un volcan. Nous savons que les roches situées au-dessous du niveau moyen de la mer sont toujours imprégnées d’eau — et que, souvent, le drainage du sol est bien au- dessus du niveau de mer — et, par conséquent, les couches traversées par la cheminée volcanique au-dessous de cette ligne doivent être remplies d’eau dont la pression variera suivant la hauteur de la colonne hydrostatique supérieure. Dans toutes les contrées tempérées, le niveau du drainage monte plus ou moins au-dessus du niveau moyen de Îa surface de la mer, et ce niveau de drainage est plus haut après les pluies, el sa pente vers la mer est plus marquée. Quelle que soit la cause de l'élévation du niveau de drainage d’une localité, cette cause augmentera la pression en un point quelconque inférieur en proportion de l’aug- mentation du poids hydrostatique. De cette façon, une forte pluie, en relevant le niveau de drainage dans le voisinage d’un volcan, pressera l’eau à un contact plus fort avec la lave dans les conduits igneux, cau- sant une solution plus rapide, et probablement élevant un peu la colonne fluide par la simple pression hydrostatique. J’ai démontré ainsi que, au pied du Vésuve, non loin de la mer, à Ponticelli, le niveau 316 JOHNSTON LAVIS. — [L'ACTIVITÉ DU VÉSUVE moyen du drainage, dans des produits très poreux de ce volcan, atteint jusqu’à 15 mètres au-dessus du niveau moyen de la mer (4). On à observé que la plupart des éruptions du Vésuxe ont lieu pendant l'hiver, et qu'elles vont diminuant graduellement pendant le printemps, l'été et l’automne, les nombres étant ainsi donnés : 15 en hiver, 12 au printemps, 12 l'été et 4 en automne (2). Un grand nombre d’observateurs ont remarqué que les éruptions sont plus fréquentes après les saisons pluvieuses. IV. — MÉTHODE D'OBSERVATION. Enregistrer de queique façon les différents degrés d'activité d’un volcan est une opération excessivement difficile et compliquée. Nous devons d'abord exclure toutes les éruptions paroxysmales ou explosives qui, Je crois l’avoir démontré, dépendent de circonstances tout autres que celles dont nous nous occupons à présent. Il faut tourner notre attention vers ce degré qui a été, avec justesse, dénommé activilé strom- bolienne. Nous entendons, par ce terme, désigner cet état pour ainsi dire chronique de l’activité qui a prévalu au Stromboli depuis les temps les plus reculés de l'histoire jusqu’à nos jours. Cet état est caractérisé par le mijotement continuel de la lave à une distance variée mais limitée de l'ouverture volcanique et, à de rares intervalles, par l’ébullition actuelle du magma en petits courants de lave Néanmoins, quoique nous limi- tions notre attention au stade d’activité strombolienne, il ne faut pas s’imaginer que notre fardeau de difficultés soit léger. N'importe qui peut dire : « Aujourd’hui ce volcan est plus actif qu’hier. » Mais cela ne nous suffit pas. Il nous faut un moyen d’élablir une échelle, de façon à pouvoir apprécier au moins cinq degrés différents, dont les données nous permettront de construire ensuite une courbe. Au Vésuve, des observations ont été faites suivant le plan du Prof Palmieri, mais comme l’enregistrement consiste en adjectifs et en définitions plus ou moins claires, tout ce système devient incommode et incertain, et en tout cas inutile pour construire une courbe. Plusieurs années d'observations du Vésuve m'ont amené à conclure qu’une échelle pouvait être établie, et après l’avoir faite et essayée pen- (1) JonnsTon-Lavis, Rend. R. Accad. Sc. Fis Nat. di Napoli, Fase. 6, Gingno 1889. (@; GUARINI. L. PALMIERI ed A. ScaccHI, Memoria sullo incendio Vesuviano del mese di Maggio 1855, Napoli, 1855, p. 93. ET PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES. 317 dant quelque temps, j'ai commencé à l’employer régulièrement en octobre 1883. Mon système est le suivant : L’échelle se compose de cinq degrés, mais après quelques mois d'apprentissage on peut la rendre plus délicate en indiquant par exemple que l'activité est entre le 1* et le 2° degré, ou bien entre le 5° et le 4°, de façon qu’un observateur placé dans le golfe de Naples puisse vraiment définir dix ou onze gradations. O degré. — Rien n’est visible (dans une nuit nuageuse et la fumée n’est pas poussée vers l’observateur). 1er degré. — Une légère lueur à l'issue volcanique principale, inter- rompue par une obscurité complète sur le cône d’éruption. 2e degré. — La légère lueur est continue, mais les éjections atteignent à peine le bord du cratère du cône éruptif. 8e degré. — Lueur continue et bien marquée. Les éjections sont discernées distinetement à mesure qu’elles montent dans l'air et retombent et roulent sur les flancs du cône éruptif. 4° degré. — Les éjections atteignent une grande hauteur, sont bril- lantes et éclairent le sommet du grand cône. 5e degré. — Les éjections sont projetées à une hauteur considérable, et sont peu influencées par le vent. Elles se suivent avec une grande rapidité et correspondent aux détonations (boati) entendues autour des côtés Ouest, Sud et Est de la montagne. On peut élever plusieurs objections contre cette méthode; c’est pourquoi j'ai en vue la construction d’un appareil que je voudrais, si possible, rendre capable d'enregistrer la violence et le nombre des explosions. Si l'issue volcanique était placée au fond d'un profond cratère, on ne pourrait tirer aucune déduction certaine des petites réflexions se montrant occasionnellement aux observateurs placés au pied de la montagne. En estimant le degré d'activité, il faut prendre en considération la distance de chaque station d'observation et la pureté de l’atmosphère. Une autre difficulté est l’interception de la vue par le casque de nuages qui souvent persiste plusieurs jours, ou si la colonne de fumée est poussée vers l’observateur, ce qui, cependant, pour le Vésuve est rare quand l'observation est prise de Naples, et dans les circonstances ordinaires seulement une fois dans les vingt-quatre heures, de façon que tout essar pour déterminer s'il y à deux maxima et minima diurnes est impossible. Enfin, il est important de remarquer que selon cette méthode, et peut-être selon d’autres aussi, on ne peut mesurer le flux et le reflux actuel de la lave dans la cheminée, en distinguant ces mou- 318 JOHNSTON LAVIS. — L'ACTIVITÉ DU VÉSUVE vements de la simple ébullition, excepté dans quelques volcans très pauvres en vapeur, comme Hawaï par exemple. Il y à quelques années, quand cette méthode a été exposée devant la Société Royale de Londres, alors que j'étais malheureusement absent, une critique produisit un certain effet, en remarquant que depuis Naples on ne pouvait pas voir grand’chose de ce qui se passait dans le cratère vésuvien. Si j'avais été présent, J'aurais pu répliquer en démon- trant que justement la méthode dépend de l'effet général produit à dis-. tance, parce que, posté dans le cratère même, je n’ai jamais pu noter de différence entre deux degrés consécutifs, tandis qu’un autre observateur placé simultanément à mon point ordinaire d'observation, à Naples, pouvait facilement distinguer ces différences. Les avantages de cette méthode, cependant, sont très grands, d’abord parce qu’elle ne demande pas d’autres instruments qu’une paire de bons veux, un crayon et du papier ; ensuite, la méthode est simple ct peut facilement être apprise par une personne d'intelligence ordinaire, et enfin elle peut être utilisée dans toute autre localité convenable, autour d’un volcan quelconque. V. — OBSERVATIONS. Le 6 octobre 1883, le Vésuve était extrêmement actif; cependant le baromètre était haut. Durant les quatre jours suivants, grande baisse barométrique; nous avons une diminution graduelle d'activité; la lune cependant est à sa quadrature. La hausse graduelle barométrique, com- mençant le 12 octobre, est bientôt suivie par l'augmentation de l’activité vésuvienne; mais cette dernière n’augmenta pas jusqu’au 14 octobre, et resta haute durant la pleine lune au périgée; après quoi eut lieu une diminution d'activité, de façon que son minimum suivit de près le maximum de la pression atmosphérique. Les deux courbes depuis le 17 octobre jusqu’à la fin du mois sont remarquablement symétriques, mais il ya dans la courbe d'activité une légère anticipation que nous avons expliquée théoriquement. La nouvelle lune à son apogée et la baisse barométrique commen- çant le 1* novembre correspondent, au moins pour cette dernière, à une augmentation d'activité, l’entaille dans la courbe étant cependant plus étroite. Nous avons une légère augmentation d’activité correspon- dant à une douce et incertaine descente du baromètre; mais la descente du 4° novembre ne pourrait être expliquée que par la première qua- ET PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES. 319 drature de la lune (à moins d’une augmentation dans l'écoulement de la lave). Après cette date, les courbes vont bien d’accord jusqu’au 13 novembre, alors que l’activité continue à augmenter, quoique le baromètre monte aussi, ce dernier atteignant son maximum le jour après la pleine lune, au périgée. Cet état de choses persiste pendant trois jours, quand, comme délivrée de l'influence lunaire, une descente rapide d'activité se manifeste, correspondant à une montée continuelle du baromètre, et se terminant avant que ce dernier atteigne son maximum. Du 22 au 28 novembre, à cause d’un casque de nuages, i] est impossible de s'assurer si les courbes se correspondent, et il se peut que la quadrature empêche cette correspondance; mais le 28 novembre une diminution d’activité concorde avec une montée continue du baromètre. Ni la nouvelle lune en apogée, ni les phases subséquentes, ni les variations barométriques ne semblent amener de changement dans l’activité depuis le commencement du mois jusqu’au 27 décembre. L’entaille dans la courbe d'activité entre cette date et la fin du mois est assez symétrique à celle du baromètre. | [Il semble difficile de tracer une relation entre les deux entailles inverses de la fin du mois et la nouvelle lune, les unes arrivant trop tôt et l’autre trop tard. La descente du baromètre commençant le 1% janvier 1884, et l’entaille subséquente correspondant symétriquement à l’entaille inverse d'activité, les jours compris dans la parenthèse correspondent aux perturbations sismiques des flancs du Vésuve. Le baromètre descend entre le 5 et le 8 janvier, et ne correspond à aucune augmentation d'activité, à moins que cette dernière n'ait été contrecarrée par la quadrature de la lune. Le 8 janvier, nous avons un baromètre très bas, une forte pluie, et la lune au périgée, correspondant à une augmentation d'activité. Le jour suivant, pluie encore plus forte, et vers minuit un léger écoulement de lave se montre, sortant de l’intérieur du cratère. Après une montée temporaire du baromètre, une rapide descente eut lieu, suivie d’une basse pression constante, pendant la pleine lune, ce qui correspond à une augmentation presque continuelle d'activité. La hausse barométrique après le 15 janvier ne sembla produire aucun effet pendant trois Jours, et même la remarquable haute pression du 19 au 23 janvier, avec quadrature en apogée, ne produisit aucune diminu- ton d’activité. La profonde double entaille barométrique entre le 25 janvier et la fin du mois, avec nouvelle lune, correspond à une légère augmentation qui a pa être plus forte, mais un casque de nuages durant trois jours empêcha l’observation. 320 JOHNSTON LAVIS. — L'ACTIVITÉ DU VÉSUVE La montée du baromètre du 2 au 4 février correspond à une diminu- tion d'activité. Les trois jours suivants concordent aussi, après quoi, pen- dant exactement un mois, nous trouvons que la courbe d’activité est tout à fait indépendante soit du baromètre, soit de la position de la lune. Nous avons ainsi vers le 20 février un haut baromètre et une augmen- tation d'activité. La pente subséquente peut cependant résulter d’une quadrature en apogée. Les deux entailles dans les courbes de la pression barométrique et de l’activité volcanique du 6 au {1 mars sont symétriques, après quoi un casque de nuages presque persistant, avec une basse pression baro- métrique variant peu, empêche l'observation presque jusqu’à la fin d'avril, Le 50 avril, nous avons une diminution d'activité correspondant à une hausse barométrique. L’entaille renversée dans la courbe d'activité qui aurait dû commencer le 3 mai, avec celle de la courbe barométrique, a pu être retardée par la quadrature de la lune. A partir de cette date et pendant tout le mois de mai et le mois de juin, les courbes concordent vraiment très bien. Considérant les variations relativement légères de la pression durant cette période, il est étonnant d’avoir à constater l’apparente complète impuissance des phases de la lune à changer le degré d’activité du volcan, quoique la difficulté à séparer les fluctuations du niveau de la lave par ma méthode soit très masquée par les autres influences pertur- batrices. Du 4% au 8 juillet, il n’y à aucun changement dans l’activité assez marquée du volcan, et du 8 au 14 juillet, les courbes sont symé- triques, mais l’entaille barométrique suivante n’a pas d’équivalent dans la courbe d'activité. Vers la fin de juillet, les deux entailles se corres- pondent bien. La double entaille dans la courbe d’activité après le 3 août est très intéressante. La première partie correspond à l’entaille dans la courbe barométrique, mais la seconde partie pourrait bien être due à la pleine lune, pendant un baromètre invariable. La pression uniforme jusqu’au 21 août correspond bien avec l'état constant d'activité, et l’augmen- tation d’activité du 21 au 22 août correspond avec la nouvelle lune et une descente du baromètre. Jusqu'au 4 septembre, les courbes sont à peine compréhensibles, l'augmentation et la diminution d'activité entre le 4 et le 7 septem- bre correspondant à la pleine lune et à une descente et une montée du baromètre. : Les changements peu importants de la pression atmosphérique ont FAR : ET PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES. 321 semblé impuissants à déranger l'équilibre du Vésuve, de même que les phases de la lune pendant une période de vingt six jours. Du 4 au 17 octobre, les courbes s'accordent bien et même d’une façon remarquable. L'influence possible de la pleine lune peut être indiquée par de profondes entailles renversées à cette période; similairement, les courbes sont très symétriques jusqu’au 8 novembre, après quoi un man- teau de nuages intercepte les observations pendant quelques jours. Une augmentation d’activité, culminant par le débordement de la lave, correspond à une profonde entaille dans la courbe barométrique, -où le point le plus bas concorde avec ce débordement. Il faut remarquer qu’il avait plu les deux jours précédents. Ensuite, jusqu’au 14 décembre, les courbes sont assez symétriques, excepté là où elles sont modifiées par les phases de la lune. Mais, après cette date, peu de sympathie se montre entre l’activité, la nouvelle lune et les entailles barométriques les meilleures et les plus profondes, pen- dant vingt et un mois. | La symétrie des courbes recommence le 7 et le 9 janvier 1885, avec une augmentation d'activité et un écoulement de lave à cette dernière date. Après quoi, l’activité diminue avec une élévation du baromètre et une quadrature lunaire. L’entaille devrait être double pour correspon- dre avec celle des courbes barométriques, mais l'écoulement de la lave a probablement empêché cela. Le 15 janvier, nous avons une élévation graduelle culminant en un nouveau débordement de lave, juste après la nouvelle lune, avec un baromètre bas et descendant légèrement, après quoi les courbes sont symétriques à celles du baromètre au delà de l’élévation, après la pleine lune au périgée, 31 janvier. Après cette date, six jours nuageux empé- chèrent l'observation. La période entre le 7 et le 25 février montre un état d'activité inva- riable et tout à fait indépendant de la lune et des changements baro- métriques modérés. L’élévation, cependant, entre cette dernière date et le 4% mars, correspond à une descente du baromètre. L'augmentation subséquente de la pression à pu être contrebalancée par la pleine lune. La descente dans la courbe d’activité le 10 mars à pu dépendre de la quadrature de la lune en apogée, et si cela est le cas, le reste de la courbe jusqu’au 17 mars est ce que l’on peut attendre. À partr de cette date, nous avons une augmentation d'activité correspondant à une descente du baromètre et à la nouvelle lune. Malheureusement, les nuages empé- chèrent l’observation pendant six Jours consécutifs, mais l’extrémité 4907. MÉM. 21 322 JOHNSTON LAVIS. — L'ACTIVITÉ DU VÉSUVE descendante de la courbe correspond bien avec une montée du baro- mètre suivant une quadrature. La suivante double entaille renversée est assez symétrique à la courbe de pression. La courbe de la première moitié d'avril est normale, autant que nous pouvons juger, du commencement à la fin, parce que les nuages furent prévalents pendant les premiers six jours durant lesquels nous avons toute raison de croire que l’activité a été plus grande, tandis qu'après l'effet de la descente du baromètre, l’activité alla en diminuant. (Voir diagr. I, fig. 1.) | Le 15 avril, avec une descente du baromètre, nous trouvons une nouvelle augmentation d'activité, quoique le nuage empêche l’observa- tion jusqu’au 19 avril, quand un écoulement de lave eut lieu dans le cratère. Quoique ceci fût durant une montée régulière de la courbe barométrique, cela eut lieu après la nouvelle lune à son périgée. Après le soulagement de la coulée de lave, l'activité diminue et ensuite vient une double entaille renversée dont la première partie ne correspond à rien dans la courbe barométrique et est inexplicable en tous cas. Le 28 avril, avec le baromètre descendant, et juste après la pleine lune, l’activité augmenta Jusqu'au moment de l’éruption latérale du 2 mai. En conséquence, la lave descend naturellement jusqu’au niveau de l'issue latérale, de façon qu'à l’orifice principal le volcan passe au stade de la formation de poussière. La lave, cependant, s’éleva graduel- lement dans la cheminée, de façon que nous trouvons une grande symétrie dans les courbes du 10 au 26 mai. La dernière partie de la double entaille renversée suivante corres- pond peut-être à la pleine lune, mais l’entaille suivante commence tard, sinon elle correspond avec la courbe de pression. La montée et la des- cente entre le {9 et le 45 mai correspondent à la double entaille baro- métrique. Îl est à remarquer que toutes les courbes d’activité, après le 2 mai, ne correspondent que faiblement, quoique correctement, avec celles du baromètre, ce qui est probablement dû au drainage de lave par le canal latéral de la grande cheminée. VI. — Résumé. Quiconque examine ces courbes avec soin ne peut être que frappé par leur symétrie générale dans [a plupart des cas, et si nous les pre- nons Jour par jour et les étudions séparément, nous trouvons qu’une considérable majorité correspond au raisonnement théorique. Alors même que des anomalies se présentent, elles sont très explicables par nn ee Fe ru ET PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES. 329 le fait de la lave coulant par une ouverture latérale, à l'Est du grand cône, pendant la plus grande partie des dix-neuf. premiers mois, sur les vingt et un mois formant le sujet de cette étude. Malheureusement, la position de cette coulée durant cette longue période m’empêche de noter ses variations depuis Naples. Mais, même dans des cas semblables à l’éruption du 2 mai 1885, la tendance particulière de la lave à couler dans des tunnels construits par elle-même, empêche d’estimer exacte- ment sa quantité. Cependant, je pense que lorsqu'on pèse avec soin ces erconstances adverses, en leur donnant leur pleine valeur, on ne peut qu'être frappé par le fait qu'il existe vraiment tant de coïncidence dans les courbes. Un autre point qui apparaît très nettement, c'est que nous trouvons une tombée de pluie considérable pendant deux ou trois Jours consé- cutifs, immédiatement avant chaque nouveau débordement ou écoule- ment de lave, et sans exception, durant la période étudiée. Et quand nous avons deux petites éruptions rapprochées l’une de l’autre, comme en janvier 1885, nous trouvons qu'elles ont lieu après un mois ou environ de pluie continuelle qui, plusieurs jours, atteint de 20 à 40 millimètres. Comme la pluie à une relation considérable avec un baromètre bas, il pourrait sembler que la diminution de pression devrait causer une augmentation d’ébullition suffisante pour produire un débordement. Il est à remarquer qu'aucune nouvelle éruption de lave n'eut lieu durant une très basse pression, même dans quelques cas avec un baro- mètre montant, tandis que celle du 10 janvier 1884 eut lieu au moment d’une pression atmosphérique remarquablement haute. La plus grande partie des nouvelles coulées eut lieu avec une faible augmenta- tion d'activité et après la pluie. Par conséquent, 1l semblerait très pro- bable que l’augmentation de pression produite par l’élévation du drainage souterrain du voisinage doit, de quelque façon peu com- préhensible, causer une élévation de la lave dans la cheminée volca- nique. À ce propos, 1l est bon de rappeler la relation curieuse entre les éruptions et les tremblements de terre et la quantité d’eau dans les puits. Cette question est d’une grande importance et 1l est à regretter qu'aucune étude soignée de la crue et décrue de l’eau dans un puits laissé tout à fait à lui-même et rapprochée d’un volcan actif, ne soit pas poursuivie de façon à ce que les variations de la courbe puissent être comparées à celles se rapportant aux phénomènes volcaniques. » Quand nous en venons à étudier la relation de l’activité, ou mieux de la montée ou de la descente de la lave dans la cheminée volcanique, 394 JOHNSTON LAVIS. — L'ACTIVITÉ DU VÉSUVE, ETC. avec la position relative de la terre à la lune et au soleil, nous rencon- trons la difficulté de l’action perturbatrice plus puissante des change- ments barométriques et de leurs conséquences. Cette difficulté est encore accentuée par notre méthode d'enregistrement qui empêche toute recherche d’une action maréenne diurne. Néanmoins, dans bien des cas, il semble v avoir une montée et descente du fluide distincte. Dans deux occasions, nous avons une pression barométrique presque inva- riable; pourtant on ne peut tracer aucun changement soit dans les syzygies, soit dans les quadratures de la lune, et nous ne pouvons expliquer cela que par le drainage latéral de la lave ou par la coïnci- dence de l’heure d'observation avec ce que nous appellerons basse marée. Dans le cas où la lave à sympathisé avec les phases lunaires, l'effet semble retardé de un à trois Jours, ce qui n’est pas étonnant si nous prenons en considération la grande viscosité du fluide en question, la friction contre la surface inférieure de la croûte terrestre et contre les parois des conduits. Il est très possible que non seulement les marées diurnes de laves — si elles existent vraiment — mais encore les basses marées, et les marées de printemps, puissent être annulées par cette cause seule. VIT. — ConcLzusIons. En conséquence, il nous semble que, autant que nos investigations nous permettent de généraliser, nous pouvons conclure qu’il y a une relation très distincte et très marquée entre la pression atmosphérique et les variations de l’action volcanique stromholienne. Et que, dans bien des cas, 1l y a une évidence apparente de l’action maréenne; cependant, considérant la courte période de temps pendant laquelle l'observation à pu être continuée et comme, dans quelques cas, la correspondance n’est pas apparente, nous devons considérer la ques- tion comme non résolue, quoique la balance d’évidence soit en faveur de cette solution. | | Si une telle action maréenne existe vraiment, cela tendrait à prouver l'existence d’une mer souterraine de magma fluide de surface assez considérable pour être infltencée par la lune et le soleil. En terminant, il me semble utile de mentionner que j'ai commencé cette investigation sans idée préconçue et plutôt avec un esprit scep- tique. La concordance des courbes m'était inconnue jusqu’au moment où j'ai commencé à construire le diagramme accompagnant sette étude. | << e — one TÉL nr be. Li XXI 1207 Mém. pl. IV RAPPORT 6 ft J6 Pé Juin es 1885 m tre en milli # k Y ; ï ; fs : \ F à | ; - é : : ë à \ | . = Û rs i > 3 Fe: ( s- \ | | | es | d À ë : À l 3 : L prie Be ru Lai \ i ï + e i l t Sa È _ E : ; : ï Ë J £ = - % ñ ' 1 Î \ N ï l ". D! rs x | bnde la Soc. belge de Géol. de Paléontol. et d'Hydrol. T. XXI 1907 Mëm pl IV SCHÉMA DE L'ACTIVITÉ VÉSUVIENNE MONTRANT SON RAPPORT AVEC CERTAINS PHÉNO 288 I £ y ÈNES ASTRONOMIQUES ET MÉTÉOROLOGIQUES Bo an re pt | ÉDDUE : a Nouvelle lune @ , pleine lune ©”, quadratures de lalune © @ , apogée (a), périgée (?). Degrés d'activité du Vésuve (2m® par degré) MA, jours pendant lesquels le cône était caché par un nuage Maxima et minima quotidien du baromètre en millimètres VA . Quantité de pluie hauteur en millimètres È Cru 7 ( D PE * 5 RC Ne G e + ù À &. LA \ fé 14 us = % _ ’ » FIORN > » } Eu .: n * £ san À = \ mé f en RAT ë / ESSAI D'INTERPRÉTATION CHIMIQUE DE ALTÉRATION DES NHINTES ET CALCAIRES PAR G. COSYNS (1) Assistant à l’Université de Bruxelles. Planches V à X. La plupart des roches soumises à l’action des agents atmosphériques et à celle de l’eau météorique, qui s’y infiltre, subissent des altérations profondes. On attribue généralement cette désagrégation aux pouvoirs dissolvant et oxydant de l’eau chargée d'acide carbonique et d'oxygène. Si nous considérons deux points d’une même formation, nous voyons souvent que les résultats de la corrosion sont sensiblement différents, quoique la composition moyenne de l’eau de pluie, qu'ils reçoivent, soit la même. Cela provient de ce que les phénomènes d'altération sont fort complexes et dépendent à la fois de la constitution physique et chimique de la roche. Dans la nature, ce n'est qu’à l’état d'exception que l’on observe la dissolution d’une roche; c’est, en réalité, une véritable décomposition qui se produit : le calcaire même ne se dissout pas dans l’eau chargée d'acide carbonique, mais le carbonate passe à l’état de bicarbonate de chaux, en se dissolvant. Les produits d’altération d’une roche réagissent à nouveau, pour former des composés de plus en plus stables; cette chaîne de réactions, dont chaque anneau, chaque stade, dérive l’un de l’autre, ration- (1) Mémoire présenté à la séance du 18 juin 1907. 326 G. COSYNS. — ESSAI D'INTERPRÉTATION CHIMIQUE nellement suivant les lois de la mécanique moléculaire, nous montre l’évolution logique des roches qui s'adaptent chimiquement au milieu qui les imprègne. | L'altération d’une roche dépend de trois facteurs principaux : 1° De la nature des composés chimiques dissous dans l’eau qui l'attaque: 2° De la composition chimique de la roche; 3° De l’état physique (compacité, brisures, failles) du massif consi- déré. L'eau de pluie, en traversant l’atmosphère, dissout environ par litre : 22 c. c. d'azote, 8 c. c. d'oxygène, 05 d'acide carbonique, des traces d’ozone et de produits nitrés (1). L'eau ne contenant qu’un demi- centimètre cube d'acide carbonique par litre, n’a qu’une action corro- sive insignifiante vis-à-vis du calcaire. En effet, un décimètre cube de celte eau ne peut dissoudre que 080022 de carbonate de chaux sous forme de 050051 de bicarbonate (2). Or, certaines eaux calcaires contiennent, par litre, jusqu’à 05345 de carbonate de chaux avec 80 c. c. d’acide carbonique libre, soit 160 fois plus que l’eau de pluie n’en pourrait dissoudre. L'eau météorique étant impuissante à fournir les 80 à 100 c. c. d'acide carbonique par litre nécessaires à bicarbonater la chaux que certaines eaux tiennent en solution, on doit chercher ailleurs leur origine. On admet généralement qu’en traversant la terre végétale, l’eau absorbe une certaine quantité d’acide carbonique provenant de la respiration des racines; cette source d’acide carbonique est moins grande qu’on ne le pensait (3). On constate que l’eau des calcaires des Alpes de Chorges, des Causses et du Karst| régions rocheuses et stériles (4)] est plus riche en acide carbonique que l’eau de nos calcaires belges recouverts d'une vigoureuse végétation. L’acide carbonique est surtout fourni : 1° Par les matières charbonneuses s’oxydant par l'intermédiaire des sels ferriques ; (4) Traité de chimie de Moissan, 1896. Eau. (2) Cent grammes de carbonate de chaux nécessitant 44 grammes ou 22300 c. c. d'acide carbonique pour se transformer en bicarbonate soluble. Il faudrait 4276 000 litres d’eau météorique pour dissoudre 1 décimètre cube de calcaire. (3) Traité de chimie de Moissan, 1906. (4) MARTEL, Les abîmes. GATE DE L’ALTÉRATION DES SCHISTES ET CALCAIRES. 327 2% Par le calcaire même se décomposant sous laction des sels dissous dans l’eau, qui le baigne après avoir passé sur d’autres roches en décomposition. Quand on observe les chantoirs qui abondent dans nos formations calcaires, on voit que les plus caractéristiques se forment au contact du schiste et du calcaire; on constate également que ce dernier est d'autant plus criblé de cavités et la corrosion d’autant plus manifeste, que les roches encaissantes sont plus altérables et leurs produits de décomposition plus corrosifs : telle la région à ampélite alunifère de Liége, tel aussi le massif dolomitique de l’'Eifel recouvert de coulées de laves poreuses et altérables. ÏJ. _— ACTION DES AGENTS ATMOSPHÉRIQUES SUR LES SCHISTES. La composition des schistes est aussi variable que complexe. Ils sont principalement formés de séricite, de mica, de silicate d’alumine plus ou mois hydraté, de quartz, de pyrite, de magnétite, de matières charbonneuses, etc. Analyse d’un schiste dévonien de Tilff non altéré. Stlice S102,, nn. 0 ee © A7. «62:05 Alumine AËOS à . . ..:. . |. 49.15 Sesquioxyde de fer Fe205 . . . . 5.01 Magnésie Mg0O. «+ . . | . . . 0% Alcalis K20+ Na?0 . . . . . . 6 65 Traces de Ti02... Mn02... Le fer se trouve surtout à l’état de pyrite. Analise d'argile de décomposition, trouvée dans les parties altérées du schiste analysé ci-dessus. SIC SIDE En NE 000. 180900 Alumine AO «+ . . . ., . . 20:48 Sesquioxyde de fer Fe205 . . . . 6.89 MASNÉS ENS ES 40 e e CR NO 55 AICAIS RSS A ee MO EPA PRO PAST Eau et carbonate de chaux variables, le fer est à l’état de limonite. 328 G. COSYNS. — ESSAI D'INTERPRÉTATION CHIMIQUE Moyenne d'analyses d’ampélite alunifère peu altérée (1) de Chokier, Ampsin, Flémalle. Layable. SiliCe*S102.1 LEUR EU NE AU RER Len) Sesquioxyde de fer Fe205% .. . :. . : 2,64 Bisulfure de fer Fe2S2 NOT Chaux CAO SN A SE RS Alumine ATOS 2 Cm OS Alcalis K20 + Næ0 . NS TR ERA AUS Matières charbonneuses et divers. . 9.65 Traces : manganèse et magnésie. Analyse d'ampélite fortement altérée, ravin des Awirs près d'Engis. Silice Si0? . ne He 4 97-00 Sesquioxyde de fer Fer OC TS ATE Chaux CAD 0 0. Alumine Al205. . ON NE RE AISAO Alcalis:K20.2Na?D 40 SE EEE Charbon tee mine Re Eau et vers CO M CE Ces analyses montrent que par altération ces roches perdent surtout leurs alcalis, les matières charbonneuses, le soufre, l’alumine, le fer, etc. L'une des causes les plus énergiques de l’argilisation du schiste, est la présence plus ou moins grande de sulfure de fer. La pyrite se transiorme en sulfate ferrique et acide sulfurique par l'oxydation naturelle qu’elle subit sous l’action combinée de l’eau, de l'oxygène et des produits oxydants de l’atmosphère (ozone ou com- posés suroxygénés de l'azote). 4FeS? + 30 0 + 2H20 = 2(S02) Fe? + 2S04H2. C’est au contact direct avec les agents atmosphériques que l’altéra- tion est la plus profonde; certains schistes houillers se transforment sur place en argile plastique (2) (Naninne, Andenne, etc.), mais, comme le démontrent les travaux miniers qui ont recoupé ces forma- (4) Je dois ces échantillons à l’obligeance de MM. Lohest et Fourmarier : je les en remercie bien vivement. (2) Annales de la Société géologique de Belgique, t. I, 1874. DE L’ALTÉRATION DES SCHISTES ET CALCAIRES. 329 tions, l’altération s'arrête généralement entre 20 et 100 mètres de pro- fondeur. A l’abri des oxydants spéciaux à l'atmosphère, la sulfatisation de la pyrite n'a pas lieu; ainsi les eaux qui baignent les schistes houillers dans les charbonnages, contiennent de l'oxygène dissous et pourtant la pyrite de ces schistes reste inaltérée. Cette oxydation se produira dès que le schiste sera amené à la surface et réuni en terrils où 1l subit une réelle combustion accompagnée de dégagement et sublimation de nom- breux produits de réactions (1). Le sulfate ferrique ainsi formé est un oxydant énergique; il brûle les matières charbonneuses du schiste houiller avec formation d’acide car- bonique qui, en présence d’eau, dissout le calcaire sous forme de bicarbonate de chaux. À son contact, le sulfate ferrique se décompose en sesquioxyde de fer hydraté, sulfate de chaux et acide carbonique. 3(G02)2Ca0 + (SOSFe? — 3 SO4Ca + Fe205 + 6 CO. Ainsi se forment dans les schistes les pseudomorphoses de pyrite en limonite, avec mise en liberté d'acide sulfurique et carbonique libre ; cet acide sulfurique attaque le silicate d'aluminium avec formation d’alunian, d’alunite, d’alun, d’halotrichite, etc. On à trouvé une grande quantité de ces minéraux sulfatés dans les cavités du calcaire eriblant la paroi de contact avec l’ampélite, notam- ment dans le ravin des Awirs (pl. VI), à Ampsin, Chokier, etc. C'est grâce à ces réactions spontanées que l’ampélite est si précieuse à l’industrie de l’alun. Comme on l’a vu plus haut, ces altérations produisent une notable quantité d'acide carbonique, d'autant plus grande que le sel ferrique est mieux aéré; le sulfate ferrique formé sert ici de catalyseur, c’est-à- dire d’intermédiaire entre l’oxygène et les corps oxydables, pyrites et carbone. Dès qu’une trace de sulfate ferrique est formée, l’action se continue . au contact de l’air ou de l’oxygène dissous dans l’eau. Mes expériences de laboratoire m'ont confirmé que la pyrite se dissout dans les sels fer- riques en transformant ceux-ci en sel ferreux. Or un sel ferreux absorbe avidement l'oxygène libre pour redevenir ferrique et de nouveau (4) LoHEST, Sur les terrils en combustion. (ANN. Soc. GÉOL. DE BELG., t. XXXI, 1904.) 330 G. COSYNS. — ESSAI D'INTERPRÉTATION CHIMIQUE à même de dissoudre la pyrite. Les matières charbonneuses et la pyrite ne peuvent absorber l'oxygène de l’air, mais elles fixent celui-ci par l'intermédiaire du sulfate ferrique qui se régénère constamment. Tous les schistes, même ceux qui paraissent peu altérables, aban- donnent à l’eau qui les baigne des sels qui la rendent corrosive vis-à- vis du calcaire. Les ardoisières de Vieilsalm donnent une eau chargée de sulfates alcalins. L’acide carbonique, les carbonates de fer et alcalins sont parfois en quantité telle, dans certaines eaux, qu’il est difficile de les distinguer des eaux minérales proprement dites. Analyse des eaux soi-disant thermales du ravin dAigremoni, sourdant de l’ampélite altéree, exprimée en gramme par litre : Acide carbonique libre __. . ::. 35c.c. Sulfate et carbonate de chaux . . Osr231 Id cude férnt::. CACUPMERR 0sr162 idd'alumine Re 0sr297 Sulfates alcalins . ; en 08r018 Acide sulfurique combiné S05 Le Osr401 La composition de cette eau incrustante varie avec la quantité d’eau de pluie tombant sur le massif d’ampélite. Analyse d'une eau incrustante, ferrugineuse, suintant du schiste houiller situé au Nord de Marche-les-Dames (Sclaignaux). Acide carbonique libre SIN CAMAIGI CIE; Sulfate et carbonate de fer . . . 08r035 Id. id. de magnésie . 05018 Id. id. de chaux . . 08r156 Chlorures AICANNS MEN CNRC 08035 Sulfates alcalims LU ON UN Osr014 Sulfate d’alumine. or NE Osr041 Cette source tarit par les temps de sécheresse. Analyse de l'eau des ardoisières de Vielsalm (1). Oxydes de fer et de PR FeO + Mn0O . 8007 Alumine Al205 . . . 08r004 Oxyde de chaux et de eee Mg0 + Can à : 08r0487 Alcalis KO Na D PR PRE 080575 Traces de silicates. (4) DE Conincx, Ann. Soc. géol. de Belgique, t. VI, 1878. DE L'ALTÉRATION DES SCHISTES ET CALCAIRES. 351 Ces bases sont combinées à l’état de sulfates, de chlorures et de carbonates. Les eaux artésiennes bruxelloises montrent une salure progressive avec la proximité des schistes cambriens (4). Les eaux rencontrées dans les charbonnages sont généralement extrêmement chargées de sels. Un échantillon d’eau du charbonnage du Flénu, analysé par M. Deghilage (2), a fourni les données suivantes : Carbonate de chaux CO%Ca. . 08080 Sulfate de chaux SO4Ca. . . 06r053 Chlorure de calcium Cl2Ca. . 38r620 Id. de magnésium CPMg. 381710 Id. desodium CINa . . 535378 DINELS Eee CM NL O RER 08679 Cette énorme proportion de sels dissous, 61850 par litre, est rare- ment atteinte. M. Cornet présente, dans son remarquable travail sur les eaux salées des charbonnages (3), le suggestif tableau que voici : Teneur en chlore Teneur d'acide sulfurique Profondeur. par par — litre d’eau. litre d’eau. 140 mètres. 38r187 3er013 470 » 081036 18r449 250 » 481468 à 581240 28r403 330 » 331729 081379 Comme le montre ce tableau, la teneur en chlorures est indépen- dante du niveau, tandis que l’acide sulfurique diminue en raison directe de la profondeur. Dans la suite, on verra l’action éminemment corro- sive que ces eaux chargées de sels exercent sur le calcaire, et l’on comprendra que l’origine des cavités qui se forment dans ces roches, de préférence au voisinage des schistes, est d’ordre nettement chimique et non mécanique, comme des observations trop superficielles ten- draient à le faire croire. (1) TouBEAU, Revue de l'Université de Bruxelles, 1897-1898. (2) CoRNET, Ann. Soc. géol. de Belgique, t. XXX, 1903, p. 58. (3) CoRNET, Idem, p. 60. 332 G. COSYNS. — ESSAI D'INTERPRÉTATION CHIMIQUE IT. — ALTÉRATION DES CALCAIRES. J'ai entrepris l’étude de l’altération chimique des calcaires à la suite d’une excursion faite dans la grotte de Rosée (1), à Engihoul, où M. le professeur Prinz m'a fait remarquer l'importance que présentent les phénomènes de dissolution qui y sont développés d’une façon si remar- quable. | Grâce à l’obligeance de M. le baron de Kosée et à l'intervention du laboratoire de géologie de l’Université de Bruxelles, j'ai pu explorer cette intéressante région souterraine et y recueillir un grand nombre de documents dont l’étude m'a montré le mécanisme de l’altération qui à creusé cette caverne. Je tiens à remercier MM. Doudou et Vandenbosch, qui m'ont guidé et aidé au cours de mes diverses excursions dans la province de Liége, où les phénomènes spéléologiques sont si étendus. Les différentes cavernes que j'ai visitées sont formées principalement par la dissolution du calcaire; ce sont de véritables altérations locali- sées aux Joints et fêlures de la roche, accompagnées d’une dissolution partielle des produits altérés. Une grotte comprend deux parties bien distinctes : t° Celle que, généralement, on se borne à visiter et qui se compose d’une ou de plusieurs galeries reliant les chantoirs aux résurgences; ces couloirs servent ou ont servi de lit aux cours d’eau souterrains et ne montrent que rarement, et alors d'une façon peu importante, des traces d’érosion mécanique; le lit de ces cours d’eau n'est point formé par la roche vive, ni jalonné de marmites de géants comme en forment les rivières torrentueuses. Au contraire, il y a souvent plutôt apport qu’entrainement. L'eau venant des chantoirs abandonne le long de son trajet souterram l'argile et les silex roulés des hautes terrasses. Mais ce qui prouve sur- iout que ces eaux, dans beaucoup de cas, n’ont jamais eu une force d’affouillement bien grande, c’est que l'argile et les silex des plateaux se sont déposés sur le limon de grotte, résidu de dissolution du (4) Récemment découverte par MM. Van den Bosch et Doudou, et décrite dans la Revue de l'Université de Bruxelles, 1907, p. 501. DE L’ALTÉRATION DES SCHISTES ET CALCAIRES. 333 calcaire qui possède une composition particulière ne permettant pas de le confondre avec l’argile des plateaux. (Voir fig. 4.) À | {\ —} = — VE ——— = £ = J | — —— — 7 À, = D — ee a (ere Re a Es PR ( = a ——7 = a dé = ES 0 5} C— xs Ï p = ———————————— (wear 2 _— . 7 AS x TRS Es TUE Se RTS CR EE RENE EN RS RC GERS Es = tes 2 re ee | RDS eine S = V7 PR OR A 09 Emma à? PB >: a ee Ne SC CA Fr ares l A een Re 7 —_— D Re LR RER TRES JA en 9 7 : se / CAPES DE 21 PLUS Fig. 1. — DIACLASE AGRANDIE PAR DISSOLUTION (GROTTE D'ENGIHOUL). A. Argile résiduelle. — B. Argile du plateau entraînée par l’eau des chantoirs. 2° La seconde partie, moins praticable, est formée par les nom- breux conduits qui se ramifient à l'infini, pour former un grand nombre de couloirs plus petits se terminant en cul-de-sac. Ces longues et tortueuses impasses n’ont jamais pu livrer passage à aucun torrent; elles contiennent l'argile non souillée qui représente le résidu de la dissolution du calcaire. On observe un fait analogue dans beaucoup de carrières où les travaux mettent à jour des cavités sans issue, à moitié remplies de résidus de dissolution; ces poches ne communiquent avec l'extérieur que par des fissures qui amènent le dissolvant (1). (1) M. CoLLoT, Phénomènes de dissolution. (BULL. DE LA SOC. GÉOL, DE FRANCE, t. XVI) | 334 G. COSYNS. — ESSAI D'INTERPRÉTATION CHIMIQUE Ce phénomène se rencontre à diverses échelles dans tous les massifs calcaires, où souvent les joints de stratification fortement corrodés représentent de belles figures de dissolution. (PI. V.) Si les bancs sont fortement inclinés, les galeries parallèles qui se forment ainsi peuvent, par l'effondrement des parois séparatives, constituer de grandes salles. (Voir fig. 2 et 3.) l ii) Fig. 2 et 3. — Trou MANTO. Schémas montrant deux stades de la formation d’une salle par agrandissement des joints et effondrement des parois inelinées. L'eau pénètre dans les grottes de trois façons différentes : 1° Elle s’engouffre dans les chantoirs, parcourt en quelques heures le lit de la rivière souterraine sur l'argile qu’elle a déposée et va atteindre la résurgence; aussi la composition de cette eau ne se modifie-t-elle que par l’apport des eaux de suintement. HA DE L’ALTÉRATION DES SCHISTES ET CALCAIRES. 339 Fig. 4. — GROTTE LE MONCEAU, A TILFF. Ghapelets de cuves de dissolution creusant la voûte à l'intersection du joint directeur de la galerie avec une diaclase. Fig. 5. — GROTTE D'ENGIHOUL. Chapelets de cuves de dissolution creusant les parois latérales et finissant par relier des galeries parallèles. 330 G. COSYNS. — ESSAI D'INTERPRÉTATION CHIMIQUE Si le débit est faible, l’eau peut se modifier considérablement, comme dans la grotte de Remouchamps ; mais si son volume est considérable, l’augmentation en sels s’atténue en proportion, comme dans certaines rivières du Karst et comme la Lesse à Han (1); 2 L’eau de la rivière, avant son engouffrement dans les chantoirs, filtre, ainsi que l’eau météorique, au travers du sol et pénètre par les mille joints du massif. Peu à peu les fissures situées sous le lit du ruisseau s’agrandissent et constituent de nouveaux chantoirs; aussi les voyons-nous jalonner un cours d’eau souterrain, et s’augmenter en nombre d’aval en amont ; 3° Au contact du schiste, qui est souvent en stratification discor- dante, l’eau drainée par le massif schisteux vient presser la surface calcaire avec une intensité proportionnelle à la profondeur. Elle corrode fortement cette paroi, en agrandissant les joints par où elle pénètre dans le masssif, comme on peut l’observer aux Awirs, à Chockier, etc. Pour expliquer la dissolution du calcaire, on se borne générale- ment, ai-je dit, à faire intervenir l’eau chargée d’acide carbonique qui possède en effet une forte action corrosive; mais dans la nature, il est rare de trouver de l’eau qui, ayant ruisselé sur différents terrains, soit formée uniquement de H?20 et CO?. Au contraire, l’eau qui a cireulé ainsi librement constitue une dissolution fort complexe, dont l’action variera avec la nature des sels qu’elle contient. Aussi, avant d'étudier une formation calcaire, doit-on tenir compte de la stratigraphie et de la nature des terrains de tout le réseau hydro- logique d’amont. Comme nous l’avons vu plus haut, l’eau peut contenir en solution : 1° De l'acide carbonique, des carbonates de fer, de magnésie, des bicarbonates alcalins, etc. a) L'eau chargée d’acide carbonique dissout une quantité de carbonate de chaux d’autant plus notable que la pression est plus élevée. En présence de calcaire magnésien, le carbonate de chaux est sur- tout dissous, tandis que le carbonate de magnésie reste pour former de la dolomie (carbonate double); 4) Ram et Du Fier, Bull. de la Soc. belge de Géol., de Paléontol. et d’Hydrol., t. XV, 4901: Re DE L’ALTÉRATION DES SCHISTES ET CALCAIRES. 331 b) Le carbonate de fer se décompose au contact du carbonate de chaux, l’hydrate de fer se précipite et l'acide carbonique libéré dissout le carbonate de chaux ; c) Le bicarbonate de magnésie, au contact de deux molécules de carbonate de chaux, dissout une molécule de CO5Ca et forme avec l’autre molécule de carbonate de chaux une molécule de dolomie : (CO2)MgO + 2C05Ca — (COSMgCOSCa) + (G022Ca0 ; -__ d) Les bicarbonates alcalins se transforment en carbonate au contact du carbonate de chaux qui se solubilise : (CO2)2Na20 + COSCa = COSNa? + (C02,/2Ca0. Le carbonate de soude ainsi formé peut dissoudre la silice hydratée (opale). 2 Des sulfates de fer, de magnésie, de chaux, d’aiumine; des sul- fates alcalins, etc. : a) Le sulfate ferrique en présence d'oxygène brüûlera les matières charbonneuses du calcaire avec formation d'acide carbonique, d’où une première attaque du carbonate de chaux ; d'autre part, le sulfate de fer se décomposera en présence du calcaire en donnant de l’hydrate de fer, du sulfate de chaux soluble et de l’acide carbonique : 3(S045Fe? + 9CO5Ca = 9 SO4Ca + 9 C0? + 2Fes01 + 0; b) Le sulfate de magnésie peut dolomitiser le calcaire avec formation de sulfate de chaux : SO04Mg + 2C05Ca = (CO3Ca + CO5Mg) + SO1Ca. Cette réaction explique la présence de la dolomie dans beaucoup de formations au contact du schiste houiller ; c) Le sulfate de chaux forme avec le carbonate de magnésie non dolomitique du sulfate de magnésie soluble et de la dolomie : SOiCa + 2C05Mg = (C05CaC05Mg) + SOMg. 1907. MÉM. 22 338 G. COSYNS. — ESSAI D'INTERPRÉTATION CHIMIQUE Le sulfate de magnésie ainsi formé peut dolomitiser encore une nouvelle partie de calcaire; d) Le sulfate d’alumine attaque vivement le calcaire en se décom- posant : (SO:5AL + 3C05Ca — 3S0!Ca + 3 C0? + ALOS (1): il se forme, comme le montre la formule, de l'acide carbonique, du sulfate de chaux et un précipité d’alumine hydratée; l’acide carbonique ainsi formé peut dissoudre une nouvelle quantité de calcaire ; e) Les sulfates alcalins, en solution très étendue, dissolvent égale- ment le calcaire en formant du sulfate de chaux et des carbonates alcalins ; 3° Des chlorures alcalins, de magnésie et divers : a) Le chlorure de magnésie que l’on rencontre en quantité notable dans les eaux du terrain houiller peut aussi dolomitiser le calcaire CEMg + 2C05Ca == (C05Ca + CO5Mg) + CI2Ca, en dissolvant une partie sous forme de chlorure; b) Les chlorures alcalins attaquent le calcaire en formant du chlo- rure de calcium, du carbonate alcalin qui dissout la silice hydratée. Cette réaction est surtout sensible en présence de CO?. CENa + CO5Ca + C0? — CI2Ca + (CO2)20Na2. La plupart de ces réactions, dont certaines sont réversibles, ne se produisent quantitativement qu'en solution très étendue, comme le sont généralement les eaux considérées. Ces réactions chimiques abandonnent sur place un résidu solide, important, d’hydrate ferrique, d’alumine, de silicate de chaux, de cendres dolomitiques, des matières insolubles, du calcaire, etc., qui constituent le dépôt d'aspect argileux comblant les poches d’altération. Les eaux, ou plutôt ces solutions, s’infiltrant dans les massifs cal- caires, en agrandissent peu à peu les fissures. (4) Le sulfate de chaux formé est décomposé par certaines bactéries qui Le réduisent en sulfures. Ceux-ci, au contact des hydrates ferriques, donnent du sulfure de fer, pyrite ou marcassite qui, au contact de l’oxygène, donnera la série de réactions oxydantes exposées plus haut. Ces réactions montrent comment une faible quantité de sulfure peut, en se régéné- rant, souvent jouer un rôle aussi important. DE L'ALTÉRATION DES SCHISTES ET CALCAIRES. 339 Si le calcaire était pur et si ces réactions ne donnaient pas lieu à des précipitations d’'hydrates divers, le joint corrodé s’agrandirait en offrant une surface nette, sur laquelle le dissolvant continuerait à agir; mais ce cas exceptionnel ne se rencontre pas dans nos calcaires. Ceux-ci abandonnent toujours un résidu insoluble formant un enduit gélati- neux recouvrant la roche d’une paroi semi-perméable qui constitue une cellule osmotique. Dès lors, les phénomènes de dissolution seront soumis aux lois de l’osmose etls se modifieront avec les progrès de l'attaque. Les formes tourmentées que présentent les cavités qui s'étendent entre les bancs de stratification, sont le résultat de la constitution du calcaire et sont comparables à de gigantesques figures de corrosion mettant en évidence la composition de la roche. (Voir pl. VE.) Dans la grotte de Rosée, ces exemples de dissolution sont fort fré- quents. On les rencontre à tous les stades de développement et à toutes les échelles, depuis les petites cupules de dissolution de quelques milli- mètres de diamètre, soulignant déjà par leur alignement les félures microscopiques du calcaire, jusqu'aux cavités hémisphériques ou ellip- soïdales de toutes dimensions qui rongent la roche. (Fig. 4.) Parfois ces cuves renversées ont une section elliptique. Alors leur plus grand axe est souligné, soit par un Joint de stratification, soit par une diaclase ou une fêlure presque microscopique. (Voir pl. VE.) Aux endroits où les joints se coupent, il se forme, à leur intersection, une cavité sphérique ou polyédrique, suivant la disposition des fissures qui drainent le dissolvant. M. E. Dupont signale, dans son savant mémoire sur les phénomènes généraux des cavernes en terrains calcareux (1), de fort beaux exemples de parois cupulées et hérissées de fossiles ou veines de caleite moins solubles. L’eau dissolvante pénètre dans les moindres fissures de la roche; des blocs sont ainsi circonserits tant à la voûte que le long des parois; peu à peu ces fissures s’agrandissent et les masses de calcaire ainsi isolées, n’adhérant plus à la roche que par la pâte liante de l'argile résiduelle, finissent par se détacher et vont se réunir au limon pour former la terre dite à blocaux qui obstrue la plupart des galeries secon- daires des cavernes. | Au sein de l'argile, ces blocs de toutes dimensions continuent à se (1) Bull. de la Soc. belge de Géol., de Paléontol. et d’Hydrol., t. VII, 18935. 340 G. COSYNS. — ESSAI D'INTERPRÉTATION CHIMIQUE corroder et se couvrent de cupules dont les parois sont elles-mêmes tapissées d’un grand nombre d’autres plus petites. Les joints et les brisures sont également mis en évidence par l’alignement de ces petites cavités de dissolution comme on peut le voir sur les planches VITE et IX. Les coupes minces faites au travers des blocs cupulés montrent la marche de la dissolution de la roche tant le long des parois libres que suivant les fissures du calcaire. La masse saine du calcaire, relativement foncée, est bordée d’une couche plus pâle, argileuse. Cette bordure de caleaire altéré n’est pas uniforme, mais on voit que l’altération pénètre par des joints plus vulnérables, sous forme d’un trait blanchâtre qui se bifurque. Des rameaux latéraux se forment qui vont rejoindre ceux produits par l'altération voisine. Des grains de calcaire s’isolent et forment avec l'argile résiduelle une boue calcaire recouvrant la roche qui subit un véritable délitement. L’argile que l’on trouve dans ces galeries sans issue est bien le résidu représentant les matières insolubles du calcaire et les produits de réaction enrobant des débris de roche décollés à la voñte et aux parois latérales. Ce résidu possède une composition chimique bien caractéristique, en rapport, comme on va le voir, avec la nature dela roche dissoute; et il est impossible de le confondre avec l'argile proprement dite que l’eau entraine dans les grandes galeries. Dans le but d'obtenir des résultats caractéristiques, j'ai donc effectué l'analyse du calcaire d’Engihoul, en opérant sur 1 kilogramme de substance. | Analyse du calcaire carbonifère d’Engihoul. 0/0 Carbonatesde chaux COCA EN 96 % Id. de magnésie CO5Mg. . . . . 0.85 Silice quartz Si03 cristaux bipyramidés . . 0.48 1d.#S1020pale: MONS RP TURN 0.39 Alumine ADS ENS ER e 0.75 Oxvde de fenFe 0 MN ER RES 0.68 Matières charbonneuses et graphite. Traces de fluor, chlore, baryum, manganèse. Le quartz se présente en cristaux bipyramidés bien nets, de quelques dixièmes de millimètres de long ; le graphite se présente en petites lamelles de 4 à 2 millimètres de diamètre. Le manganèse se trouve à l’état d'oxyde insoluble. DE L’ALTÉRATION DES SCHISTES ET CALCAIRES. 341 Quant à l’argile résiduelle, elle comprend tous les éléments insolu- bles du calcaire, augmentés des sels et hydrates divers contenus dans l’eau dissolvante, précipités par l’action du carbonate de chaux entrant en solution. Son analyse chimique et microscopique montre qu’elle est constituée de deux parties : L’une est une pâte liante composée d’hydrate d’alumine, d’hydrate ferrique et de silicate hydraté d’alumine, etc. L'autre se compose de grains de quartz analogues à ceux que le calcaire abandonne par dissolution dans les acides, de particules de calcaire, de cendres dolomitiques, de petites sphérules d'oxyde de fer et de manganèse, de divers minéraux calcaires recristallisés. L'analyse globale à fourni le résultat suivant : lo SuUICer bre SIDE ON LT GW) Id. combinée $Si02. . . . . . 28 99 Carbonate de chaux CO5Ca. . . . JET TOP NICNTIONÉSC ER Se 1:92 Alumine A12O5 . . SLR 9.65 Sesquioxyde de fer Fe205 . . . . 93.16 Traces très sensibles de manganèse. Id. de fluorure de Ca. Tandis que l'argile du plateau d’Engihoul ne contient pas de eris- taux de quartz bipyramidés et ne présente aucune trace de man- ganèse, sa {composition chimique, comme le montre le résul- tat de l’analyse suivante, ne rappelle en rien celle du lHimon de la grotte. 9 0 Silice S102 libre sable 590 Id. Si0? combinée . . 64.10 Carbonate de chaux CO5Ca . 1.05 Alumine A1205 . . . . 20.65 Sesquioxyde de fer Fe205 . 6.14 Matière végétale et divers. Le massif calcareux situé entre Engis et le ravin d’Aigremont montre au voisinage du schiste alunifère une série de poches de disso- Jution fort remarquables tant au point de vue de leurs formes que de la composition chimique de l'argile résiduellle qu’elles contiennent. Dans une des grottes de la carrière de la commune à Aigremont, que M. Van den Bosch a eu l’obligeance de me signaler, j'ai trouvé trois variétés de limon superposées, nettement stratifiées et sans aucun mélange : | | | 1° Une couche jaune d’hydrate ferrique presque pur, passant peu à peu à l’état d’argile brune ; 342 G. COSYNS. — ESSAI D'INTERPRÉTATION CHIMIQUE 2 Une couche blanche de 20 à 30 centimètres d'épaisseur surmontée d’un peu d'argile du plateau ; 3° Une couche noire d’une trentaine de centimètres également recou- verte d'argile et de sable du plateau. Analyse de largile brune. SiliCe 102 PER UE PS 42.75 Carbonate de chaux C05Ca. . . . 1.11 AluminemlDE MECS LEURS 29.42 SESAIOX VAE FEI OS ER NN RER 18.16 Bioxyde de manganèse RCE 1.45 Analyse de l'argile blanche. °lo SIIICE SSID 0 FAN 49.91 Alumine A0 2 TR 47.48 Oxyde dé fer Fé20 EP RER RP 1.94 Carbonate de chaux CO3Ca. . . . 14.81 Eau, alcalis, magnésie et divers. Analyse du limon noir Wad terreux. °/o Silice libre sable Si02? . . . . . 8.41 Id” combinée SI02 0 MR 10.05 Alumine AO Re PR RENE 7.48 Oxyde de fer Fe205 . 0 17.15 Carbonate de chaux C50Ca. . . . 4.99 Id'wWdemagnésie We "5 0 27 Bioxyde de manganèse Mn0? . . . 52.10 Dans une grotte voisine, l'analyse du limon m'a donné le résultat suivant : sh Silice SIO2: NP PEN EMA Ne IEEE 56 O1 Alumine Al205% ALI RER UE 17.61 Oxyde déder Heñ0s 1 MOULINS 29.85 Carbonate de chaux G0%Ca. . . . 3.61 Id. de magnésie CO5%Mg. . . 0.95 Analyse de l'argile du plateau. 9/0 Silice libre.sable Si02. . . . . .… 7.30 Id.-.combinée Si02 61.15 Carbonate de chaux C05Ca . . . . 0.45 Alumine AIO NN PRE RTE RS 19.14 Oxyde:de‘fer Fe205 . . .. . … . 947 DE L’ALTÉRATION DES SCHISTES ET CALCAIRES. 343 Le fait de trouver ces variétés de limon contenant des oxydes de manganèse, de fer et d’alumine, doit être rapproché de la composition chimique de l’ampélite et de l’eau qui en provient. Dans la grotte de Tilff, où M. Doudou a bien voulu me guider, j'ai constaté des parois tellement délitées que l’on pouvait en racler une dizaine de centimètres d'épaisseur. Ce n’était point du limon adhérent à la paroi, car toute la structure de la roche, stratifications, fossiles, était conservée. De plus, on peut reproduire expérimentalement ces aspects cupulés et tourmentés que présentent les parois des cavernes. En effet, si l’on place un cube de calcaire de 5 à 10 centimètres de côté dans 5 litres d’eau acidulée de 3 à 4 °/, d’acide chlorhydrique, il s’y dissoudra en se décomposant, mais, l’attaque étant très variable avec la constitution chimique et physique, elle provoque la formation de godets ou cupules. Ces cupules sont le résultat de la marche de la dissolution qui se fait autour d’un point plus vulnérable en se communiquant de proche en proche par couches concentriques généralement hémisphériques. Le calcaire du massif d'Engihoul m'a donné, par ce traitement, des formes très tourmentées, mettant en évidence, par des alignements de cupules, les joints et brisures de la roche qui paraissait saine, même au microscope; de plus, l’acide étendu, en pénétrant dans les brisures ou fêlures de la masse, en a décollé des fragments qui se sont corrodés à leur tour. (Voir pl. IX.) En résumé, les blocs de calcaire que j'ai fait dissoudre lentement dans l'acide étendu ont présenté tous les phénomènes que l’on rencontre dans les grottes les plus tourmentées : cupulations, formation de cuves, creusement en galeries des Joints et brisures, décollements, etc., et cela sans avoir recours ni à l’eau torrentielle, ni à la corrosion mécanique, ni même au clapotis de l’eau. Les autres figures des planches VIIT et IX feront juger de l’analogie entre les solides de dissolution naturelle et expérimentale (1). Certains calcaires homogènes donnent, par dissolution partielle dans _les acides étendus, des nodules plus ou moins sphériques, analogues à ceux que l’on trouve dans les cuves de dissolution et qu’à première vue on serait tenté de prendre pour des galets roulés. L’altération remarquable que présente le calcaire gréseux des (1) M. le professeur Prinz a observé des phénomènes comparables en étudiant l’altération d’un ancien verre égyptien. (Soc. belge de Microsc., 188%, p. CxLvIL.) 344 G. COSYNS. — ESSAI D'INTERPRÉTATION CHIMIQUE carrières de Feluy que M. le professeur Kaisin a signalé au cours d’une excursion faite sous les auspices de la Société belge de Géologie, montre un fait des plus importants : 1c1 le principe corrosif du dissol- vant se forme au sein même du calcaire. La roche d’un bleu clair contient de la pyrite et des matières char- bonneuses; la pyrite en s’oxydant brüle le charbon en formant de l’acide carbonique qui attaque la roche. Le calcaire se décolore, devient poreux par suite de la formation de poches microscopiques de dissolution et prend l'aspect crayeux; les fossiles, qui sont formés de calcite relativement pure, ne sont pas soumis à cette action désagrégeante et résistent à l’altération. Cette roche n'étant pas homogène, les parties les plus pyriteuses s’altèrent davantage et l’on peut suivre les progrès de cette oxydation à plus d’un mètre de profondeur dans la roche. À Ampsin, M. Doudou m'a signalé un abîme, ou « crain », qui rappelle, mais en plus grand, l'Oucane de Chabrière (1). C’est un vaste klamm s’ouvrant à proximité de l’ampélite alunifère et au fond duquel on voit des galeries de grotte obstruées par l’éboulis (voir pl. X). Les avens des Causses (2), souvent formés de puits alignés dans la direction Nord-Sud, sont des fractures agrandies par dissolution qui contiennent encore le dépôt résiduel d’argile rouge insoluble. M. E. R. Cumings, dans les Proceedings of the Indiana Academy of Science, 1903, présente dans son travail sur l’altération du caleaire par les eaux superficielles, de très beaux exemples de dissolution du calcaire carbonifère, dont certains montrent la formation de canons, si fréquents dans ces régions. MM. Barnes et Holroyd présentent, dans les Mémoires de la Société de Spéléologie, juillet 1900, un travail des plus intéressants sur la Blue John-Mine, caverne qui est à rapprocher de celles de nos régions liégeoises tant par sa situation géologique que par la curiosité de ses formations de stalactites, de minéraux (fluorine), de cuves de disso- lution. MM. Rutot et Simoens ont observé que les belles parois de 50 mètres de hauteur coupées au fil dans les carrières de Soignies (1) L’Oucane de Chabrière, qui présente de si beaux phénomènes de dissolution, a été décrit par A. MARTEL dans le Club alpin français, décembre 1906. (2) Voir MARTEL et GAUPILLOT, Formation des avens des Causses. (ACAD. DES SCIENCES DE PARIS, 1889.) DE L'ALTÉRATION DES SCHISTES ET CALCAIRES. 349 _montraient de vastes poches d’altération qui n'étaient reliées à l'extérieur et entre elles que par de minces diaclases à peine percep- tibles. Résumé L'altération du calcaire est un phénomène fort complexe résultant de sa dissolution : 1° Par l'acide carbonique qui se trouve en minime quantité dans les eaux météoriques, mais qui se forme en notable quantité par l’oxyda- üon des matières charbonneuses des roches sous l'influence catalytique des composés de fer, ainsi que par l’action des sul!ates d’alumine et de fer sur les carbonates ; 2° Par les eaux minéralisées sourdant des roches pyriteuses ou altérables. Cette dissolution se fait avec dépôt d’une argile résiduelle, dont la composition, tant chimique que microscopique, est nettement différente de celle de l'argile des plateaux. En présence de carbonate de chaux et de sels alcalins, l’opale et la calcédoine sont attaquées en formant des silicates alcalins solubles, des silicates de chaux presque Imsolubles. C'est par ce processus que Îles silex des formations calcaires s’altèrent en se transformant d’abord en silicate de chaux qui conserve par moulage la forme du silex disparu. Une altération ultérieure enlève la chaux du silicate et 1l ne reste plus qu’un squelette très léger de silice. L’altération des schistes pyriteux donne des produits solubles à réactions acides qui viennent se neutraliser au contact du calcaire, en donnant naissance à divers minéraux secondaires, tels que gypse, dolomie, sulfate de baryte, silicate de chaux, etc. Conclusion. Cette note ne fait qu’effleurer le sujet, étant donné le cadre restreint de mes recherches. Les observations que j'ai faites et les matériaux d'étude dont je disposais, montrent néanmoins le rôle important que les phénomènes 346 G. COSYNS. — ALTÉRATION DES SCHISTES, ETC. purement chimiques jouent dans la formation, l’évolution ou l'altéra- tion des roches. Plusieurs des résultats discutés 1e1 avaient d’ailleurs déjà été entre- vus par Bischof et Roth dans leur importante Géologie chimique. Dès 1865, Bischof mit en relief le rôle de l'acide carbonique dans les phénomènes d’altération des roches superficielles; en 1881, M. E. van den Broeck appliqua ce principe à l'étude de nos terrains. Mais la chimie est une science dont les moyens d'investigation s'étendent et se perfectionnent chaque jour. Aussi les méthodes modernes devaient-elles montrer la complexité des phénomènes qui amènent l’altération et les modifications des roches, et il est certain que des études plus approfondies feront voir dans toute son étendue la chaîne de réactions qui en relie les différentes phases. Ces recherches rendront inutiles les nombreuses hypothèses aux- quelles on a trop souvent recours actuellement pour en expliquer le mécanisme. | Laboratoire de géologie de l’Université. Bruxelles, juin 1907. << — Bull. de la Soc. belge de Géol., etc. t. XXI. VALLÉE DU SAMSON. Lithoclases agrandies par dissolution avec formation de par des travaux de carrière. grotte mise en évidence à Bull. de la Soc. belge de Géol., etc., t. XXI. RAVIN DES AWIRS, A AIGREMONT. Parois de contact entre le calcaire et le schiste alunifère. L’altération de la roche s'étend ici à une vingtaine de mètres en profondeur, en formant de nombreuses cavernes ou poches de dissolution, toutes hérissées des fossiles de la roche, formés de calcite moins soluble. L’argile résiduelle dans ces cavités contient divers minéraux sulfatés. CALCAIRE CORRODÉ DE LA GROTTE DE ROSÉE. Le grand axe des cupules est nettement souligné par le Joint qui provoqua l’altération. PI VII. RAVIN D’AIGREMONT. Parois de carrière d'une quarantaine de mêtres de haut. montranten eoupe un réseau de galeries constituant un parfait schéma de grotte. Les chantoirs, les galeries horizontales, les puits verticaux v sont représentés. — On peut suivre tous les progrès de la formation de cette grotte qui se creuse par dissolution dans un joint presque vertical. Bull. de la Soc. belge de Géol., ete., t. XAT. PI, VIH. GROTTE DU GOYET. Paroïi corrodée de a grotte mettant la structure de la roche en évidence. — Les diaclases verticales recoupant les joints ondulés forment par leur intersection des poches de dissolution pénétrant de 40 à 50 centimètres dans le calcaire et dont le diamêtre augmente souvent en profondeur. CALCAIRE CORRODÉ DE LA GROTTE DU GOYET. Blocs arrachés à la paroi montrant des alignements parallèles des eupules, dont certaines les perforent complètement. Bull. de la Soc. belge de Géol., ete., t. XAT. PI. IX. CALCAIRE CORRODÉ DE LA CROTTE DE ROSÉE. Le grand alignement de cupules s'étend sur une longueur de 120 millimètres sur 4 millimètres de large et 33 millimètres de profondeur. — Les grandes cupules qui perforent le caleaire sont reliées entre elles par de petites galeries. CALCAIRE CORRODÉ PAR DISSOLUTION dans les acides étendus, avec formation de cupules mettant en évidence par leur alignement les joints de la roche plus altérable. — C’est l'attaque d’un solide prismatique de calcaire carbonifère d’'Engihoul d’aspect homogène dont les cupules profondes, surtout accentuées à la partie supérieure de l'échantillon, montrent que des différences, inappréciables dans la composition de la roche, provoquent néanmoins des figures de corrosion des plus importantes. Bull. de la Soc. belge de Géol., ete., t. XXL. PEUX: CRAIN D’AMPSIN. Véritable klamm formé dans le calcaire au contact du schiste alunifère, mettant en évidence les mouvements et effondrements qui se produisent dans les massits calcaires, résultant des poches de dissolution qui se forment en profondeur, par l’action de l’eau séléniteuse de l’ampélite, et de celle provenant des filons métalli- fères si nombreux dans cette région minière. LA VALLÉE DE LA MEUSE EN AVAL DE LIÉGE bar A. BRIQUTE' LI La vallée de la Meuse en aval de Liége montre un grand développe- ment de terrasses fluviales qu’il peut être intéressant d'étudier dans ses détails (1). Ce développement résulte de la facilité avec laquelle pouvait s’effec- tuer l’érosion latérale du fleuve, à son débouché du massif paléozoïque ardennais, dans les marnes et les calcaires crétacés, et surtout dans les argiles et les sables tertiaires. Les alluvions fluviatiles des divers niveaux, réduites à quelques lambeaux isolés en amont de Liége, se présentent à l’aval, dès que s’abaisse vers le Nord la surface du massif paléozoique, en terrasses mieux marquées dans les roches crétacées; plus loin, elles atteignent la région des sédiments tertiaires et s’éten- dent alors en de vastes plaines. [l est ainsi très aisé d'observer, surtout dans cette dernière région où elle étage ses gradins successifs à partir du fond actuel de la vallée, une série de terrasses composée d’un nombre considérable de termes. Le tableau suivant expose la succession de ces niveaux de terrasses, par ordre d’altitude et, par suite, d'ancienneté, à partir du plus élevé dont il reste des traces. Ces niveaux sont ceux d’autant d'anciens lits (4) Une première étude, très sommaire, a trouvé place dans un travail précédent : A. BRiQuET, Note préliminaire sur quelques points de l’histoire plio-pleistocène de la région gallo-belge. (ANN. DE LA Soc. GÉOL. DU Norp, t. XXXVI, 1907, pp. 21 et 29.) 346 À. BRIQUET. — LA VALLÉE DE LA MEUSE fluviaux appartenant chacun à une époque différente, caractérisée par le degré d’approfondissement qu'avait alors atteint le creusement de la vallée. F4 Huls NW Landraad Crapoel Eou Margraeten Sibbe 2223 Klimmen 6 0000009 C4 447474 AIX 1a CHAPELLE x x XXXXXXE XX XXXXXXXY LE XXXHXXX)D ss Hold EBerg Ex Fort S'Pierre Campine. Lanaeken So A Elsloo EM Jupille = Caberg C_JPlaine de la Meuse Fig. 1. — RÉPARTITION DES ALLUVIONS ANCIENNES DE LA MEUSE EN AVAL DE LIÉGE. Les chiffres indiquent l'altitude de la base des alluvions, sauf pour la Plaine de la Meuse. Le nom d’une localité est, dans ce tableau, proposé pour désigner chacun des niveaux; on y indique quelques-uns des points où ils s'observent respectivement entre Liége et Maeseyck, ainsi que leur EN AVAL DE LIÉGE, 349 altitude relative au niveau de la Plaine de la Meuse, altitude mesurée sous le parallèle de Maastricht. En même temps, une carte (1) de la région imdique l'emplacement qu’occupent aujourd’hui les terrasses. (Fig. 1.) Désignation des niveaux et points principaux où ils s’observent. Altitude relative (2). 190 180 Huls. — Plateau des Gonhir (Boncelles). — Trois-Cheminées (Neuf- chateau). — Collines d’'Huls (Simpelveld) et d'Ubaghsberg. 160 150 Landraad. — N.-W. des Trois-Cheminées. — La Heydt (Warsage). — ? Beschilleberg (Slenaken). — Landraad (Gulpen). 145 185 Crapoel. —? Plateau au S. des Communes (Seraing). — Terrasse entre la Heydt et Verte-Haye (Warsage). — Crapoel (Gulpen). 130 190 Margraeten. — Verte-Haye. — Plateau sous Meer, Norbeek, Hoogeruts (Slenaken). — Reymerstock (Gulpen), Margraeten. — Plateau de Lichtenberg et Onder Nieuwen Straat (Nieuwenhagen). 115 105 Sibbe. — N. de Croteux (Mons). — Les Bruyères (Jupille). — La Xhavée (Wandre). — La Waide, Cortil (Trembleur). —? Croupe à l’W. de Verte-Haye. —? Snauwenberg. — Terrasse sous Bruijsterboseh (Sainte- Geertruid), Groot Welsden, Sibbe, Izjeren, Schuller, Berghoven (Wvylré). — Plaine au S. de Scheijt et à l'E. d’'Heerlen. — Signal d'Heerlerheide (Heerlen). 100 90 Klimmen. — S de Croteux, plateau de Mons et Rengisart. — Rabosée (Wandre), Chefneux, fort de Barchon — Terrasse étroite de Hontem (Groonsveld) à Houthemerberg (Houthem). — Plateau du moulin de Klimmen. —? Buttes de Palenberg, Huisberg, Schrijversheide (Heerlen). — Collines au S. et à l’W. de Rumpen (Brunssum). 88 13 Kcer. — Terrasse au S. du Piéray (Val-Saint-Lambert). — Chératte; Housse; terrasse entre Saint-Remy et Trembleur. — Plateau dominant Loën au N. d'Haccourt. — Terrasse de Sainte-Geertruid à Keer et à Vilt (Berg). — Terrasse sous Haasdaal, Schimmert, Genhout (Hulsberg). (4) Quoique les observations dont les résultats sont consignés dans le tableau et la carte aient été faites avec grand soin, il se peut que des erreurs de détail aient été commises, et que çà ou là un afileurement ait été rapporté à un niveau différent de celui auquel il appartient en fait. Mais dans l’ensemble, tableau et carte présentent une exactitude suflisante pour donner une idée très approchée du développement réel des terrasses de la Meuse, de leur succession chronologique et de leur répartition topographique. (2) Les chiffres d’altitude donnés pour un niveau se rapportent respectivement au sommet et à la base des alluvions de ce niveau. Étant déduits de la comparaison des gisements avec les données altimétriques des cartes topographiques, ils comportent une approximation qui ne doit guère dépasser 3 ou 4 mètres d’erreur. 390 A. BRIQUET. — LA VALLÉE DE LA MEUSE 15 60 Berg. — Entre Argenteau et Dalhem; entre Dalhem, Bombaye et Neufchateau. — Terrasse bordant la vallée de la Meuse de Mescher- heide (Mesch) à Berg. — Raar (Meerssen). — Terrasse sous Kasen (Bunde) et Schitekoven (Uelestraten). — Terrasse sous le moulin d’Oirsbeek, Haag, Douve (Merkelbeek). 63 53 Fort-Saint-Pierre. — Plateaux de Cointe et de Chartreuse (Liége). — Terrasse de Haute-Préalle à Heure-le-Romain. — Promontoire entre le Geer et la Meuse de Lanaye à Saint-Pieter; plateau à l'W. du Geer (Canne). — Sommet de la croupe au S.-E. de Rothem (Meerssen). — Terrasse bordant la vallée de la Meuse sous Hussenberg (Geule). — Terrasse de Puth (Schimmen) à Doensrade (Oirsbeek) et à la chapelle Sainte-Rosa (Sittard:. 60 40 Campine. — Terrasse à l'E. de Val-Saint-Lambert et sous Lize (Seraing). — Entre Visé et Berneau; entre Berneau et Warsage. — Croupe au S.-E. de Rothem. — Croupe au N.-E. de Bunde. — Plateau de Cam- pine entre Lanaeken, Houthaelen, Lommel et OUpoeteren. 27 18 Lanaecken. — Bord de la vallée de la Meuse à Bressoux. — N.-E. d'Oupeye. — Terrasse de l’W. de Bemelen au S.-E. de Rothem. — Petite terrasse au N.-W. de Lanaeken. 22 10 Elsloo. — Bord de la vallée de la Meuse à Bressoux. — Terrasse à l'E. de la station de Visé. — Rothem. — Terrasse d’Elsloo à Sittard et Limbricht. 10? 2? Jupille. — Ballastières au Trou-Louette et terrasse sous Jupille. — ?? Partie des alluvions rapportées au niveau suivant en aval de Visé. 7 -2 Caberg. — Terrasse au N. d'Herstal. — Ballastière à l’E. de la station de Jupille. — Terrasse au S. d’Haccourt et sous Haccourt. — Maarland (Eijsden). — Terrasse de Groonsveld à Heer et Amby, Caberg, Smeermaas. — Terrasse à l'W. de Eijsden et Lanklaer. — Terrasse d'Urmond à Obbitch. O —-10 Plaine de la Meuse. — Nappe d’alluvions caïllouteuses occupant toute la largeur de la vallée entre les berges des terrasses précédentes. - À ? Lit majeur. — Lit actuel de la Meuse et zone des prairies couvertes par les inondations. Un grand intérêt s'attache à cette constatation que, sur les alluvions du niveau de la Plaine de la Meuse, le loess fait complètement défaut. Au-dessus des cailloux fluviatiles, on observe, suivant les points, du sable et du limon sableux ou argileux, avec lits de cailloux ou cailloux isolés; ce dépôt ne saurait jamais être confondu avec le loess. De même, sur les versants de la vallée descend quelquefois, jusqu’au niveau de la plaine, un placage limoneux qui n’est pas le loess proprement dit, mais un remaniement, sur les pentes, du vrai loess provenant d’un niveau plus élevé. EN AVAL DE LIÉGE. 391 C’est sur la terrasse immédiatement plus ancienne que la Plaine, la terrasse de Caberg, que le loess se trouve en place. De plus, entre le cailloutis fluviatile et la nappe de loess typique qui l’y recouvre en concordance parfaite se développe une zone de transi- tion où des lits de sable et même de cailloux alternent encore avec les premiers paquets de loess : cette zone s’observe dans différentes coupes, de Liége jusqu’au delà de Maastricht. La même zone de transition, pour laquelle le nom de zone de tran- sition fluvio-éolienne à été proposé (1), existe aussi sur le niveau de terrasses le moins élevé que recouvre le loess, dans les autres vallées de la région : par exemple, en France, dans la vallée de la Seine et dans celle de l’Aa. Elle à été reconnue dans la vallée du Rhin inférieur par M. Steinmann (2) : elle y recouvre les cailloux de la Moyenne terrasse, qui est la plus basse de celles sur lesquelles le loess s’est déposé. La présence de cette zone de transition indique évidemment qu'entre le dépôt de l’alluvion fluviale et la formation du loess il ne s’est guère écoulé d'intervalle, mais que le loess se précipitait déjà que le fleuve charriait encore, à diverses reprises, ses dernières alluvions grossières. Le niveau d’alluvions immédiatement supérieur, celui de Jupille, se présente sous ce rapport avec des caractères tout différents. Là, non seulement une zone de transition fait défaut entre l’alluvion (constituée à la base par un calloutis, et à la partie supérieure par un lehm argi- leux avec cailloux) et le loess qui la recouvre; mais le loess bien caractérisé ravine l’alluvion et tapisse le versant des vallonnements qui entament la terrasse. Une petite carrière ouverte près de Jupille, sur la route de Bressoux, montre nettement le fait. Entre le dépôt de l’alluvion de Jupille et la formation du loess s’est donc écoulé un temps considérable, pendant lequel l'érosion à entamé le dépôt alluvial (à cette érosion correspond le creusement de la vallée entre les niveaux fluviatiles de Jupille et de Caberg). De cet intervalle pendant lequel l’alluvion de Jupille resta exposée aux actions atmosphériques avant d’être protégée contre elles par le recouvrement de loess, une autre preuve est fournie par l’état d’altéra- (4) A. BRIQUET, op. cit., p. 27. (2) G. STEINMANN, Ueber das Diluvium am Rodderberg (SiTzuNGsB. DER NIEDERRH. GES. Für NATUR- UND HEILKUNDE ZU Bonn, 1906, Sonderabdruck, p. 6). M. Steinmann désigne également cette zone sous le nom de couche de transition (Uebergangslage), 302 A. BRIQUET. — LA VALLÉE DE LA MEUSE tion que décèle la teinte brun-roux du cailloutis : altération d’àge anté- rieur au dépôt du loess, puisqu'elle n’a pas affecté celui-ci. Le cailloutis du niveau de Caberg est, au contraire, d’une couleur plus claire, qui indique que la même altération n’a pas pu s’y produire avant le recou- vrement par le loess. De ce qui précède résulte cette conclusion : l’instant du creusement de la vallée qui correspond à la dernière formation de loess est immé- diatement postérieur au dépôt des alluvions du niveau de Caberg, mais antérieur à l'érosion qui creusa, au travers de ces dernières allu- vions, le nouveau lit où se déposèrent les alluvions de la Plaine de la Meuse. La Plaine de la Meuse est ainsi l’équivalent de la Basse terrasse de la vallée du Rhin, également caractérisée par l’absence de loess : ter- rasse qui se rattache, dans la vallée du Rhin supérieur, aux moraines terminales internes ou principales, ou moraines de Wurm, sur lesquelles le loess n'existe jamais non plus. La terrasse de Caberg se présente, au contraire, par son recouvre- ment de loess, comme identique à la terrasse du Rhin appelée Moyenne terrasse par MM. Fliegel, Erich Kayser, Steinmann, Haute terrasse par MM. Penck et Brückner (1) : terrasse en relation avec les moraines de Riss, dont l’âge est également antérieur au dernier dépôt de loess. Ces considérations révèlent donc un point commun à la chronologie du creusement de la vallée de la Meuse, et à la chronologie de l’époque glaciaire dans les Alpes. Un second point commun serait déterminé s’il pouvait être précisé, des terrasses plus élevées que celle de Caberg, quelle est la plus basse où s’observe, sous le loess récent, le loess ancien. Car le dépôt de celui-ci a pris place, ainsi que l’a montré l’étude de la vallée du Rhin supérieur et des autres vallées du Vorland nord-alpin, entre l’avant-dernière glaciation et celle qui l’a précédée (glaciation de Riss et glaciation de Mindel). Malheureusement, aucune coupe n’a encore été signalée jusqu'ici qui indique de façon nette cette superposition, sinon aux niveaux les plus élevés de la vallée, sur les plateaux de Hesbaye qui sont à l’alti- (4) C’est plus exactement la terrasse de Jupille qui correspondrait à la Haute terrasse de MM. Penck et Brückner, puisque celle-ei était déjà, dans le Nord de la Suisse, altérée et ravinée quand le loess l’a recouverte (A. PENCX et E. BRÜCKNER, Die Alpen im Eiszeitalter, 1901, p. 465). EN AVAL DE LIÉGE. 303 tude des niveaux de Sibbe et de Klimmen. Mais il n’est pas douteux, d'après les indications que donnent les vallées voisines, telles que celles du Rhin, de la Seine, de la Somme, que le loess ancien ne se soit déposé aussi sur des terrasses beaucoup plus rapprochées de celle de Caberg. L'observation faite sur la terrasse d’Elsloo (1) n’est pas encore con- cluante : car le lehm rougeûtre qui s’y trouve entre le cailloutis et le loess récent peut être un lehm d’origine fluviale, et ne pas représenter le loesslehm ancien. * *kX _* Les deux niveaux d’alluvions dont l’âge est ainsi précisé par rapport à la chronologie de la période glaciaire : terrasse de Caberg et plaine de la Meuse, ont livré quelques documents paléontologiques. Les cailloutis de Caberg, à Caberg et à Smeermaas, contiennent la faune du Mammouth : e’est la faune qui caractérise le loess récent dans toute l'Europe centrale et occidentale. Or le loess est d’âge à peine postérieur, ainsi qu’on l’a vu, à celui des alluvions de Caberg. Dans la plaine de la Meuse à Petit-Lanaye, au contact des alluvions fines et des alluvions grossières, M. Ubaghs a recueilli (2) Elephas primigentus, Ursus spelœus, Cervus elaphus, Bos primigenius, etc., espèces qui se retrouvent dans la région subalpine, parmi les dépôts de la basse terrasse et de la glaciation de Wurm. *X *X _*% Les données recueillies sur l’altitude des différents niveaux d’allu- vions permettent de dresser, de l’ensemble des terrasses, une coupe longitudinale schématique qui indique leurs relations respectives. (Fig. 2.) Cette coupe (3) laisse constater, au moins pour la plupart d’entre elles, une tendance à converger vers l’aval : les mieux caractérisées de ces terrasses l’accusent avec netteté. (4) A. BRIQUET, op. cit., p. 30. (2) E. DELvAux, Compte rendu de l’excursion annuelle de la Société royale malaco- logique de Belgique, à Maastricht. (ANN. Soc MALAC. DE BELGIQUE, t. XVII, 1682, p. 44.) (3) A cause du vaste développement transversal du système des terrasses de la Meuse dans le Limbourg, développement qui leur donne l'allure de véritables cônes de déjection, on a pris soin, pour établir cette coupe, de comparer les altitudes des affleurements situés à la même distance du sommet des cônes, c’est-à-dire du point où débouche la Meuse du massif paléozoïque, entre Liége et Visé. 1907. MÉM. 23 *“AUVLLIS LA AOHIT AULNA ASNAN V'Ii A4 AATIVA V'I HA SANNAIINY SNOIANTIV, XAVAAIN SHQ HAÔILVWAHIS H'IVNIGNLIONO'T 4d4N07 — ‘'} "SLA SalJJW0ILY Uo Sol}2UBD9(] UO | Sdn9JNeU sp 2[[UH | JOUX E] 2P NESAIN ; 2. de =. : — 72 77 TNA) TTC = | A au = LL LL EEE] LL LL LMOEE ! = aTTdnL RL EEE | DU = DO TOO LL 1 OT ce al LL = uv ZA le quuald 19 LHOÏ j | - DAT : . yaa A [ii L | — UZ Ï : Annl"T = us (MILLE = | = 08 = NaLAvaDu rh j nur LL 0ë TEE SHSRESBRE SRRRRNNBRE He on | L UE S'TAH S | | 2 49411 "SIA LHOIHISVVK ŒHVLLIS EN AVAL DE LIÉGE. 399 Ainsi la terrasse de Caberg, où la base des dépôts alluviaux est encore supérieure à la surface de la Plaine de la Meuse près de Liége, à Jupille, s'enfonce, au contraire, de plusieurs mètres sous cette surface entre Maastricht et Maeseyck. La terrasse de Jupille, bien distincte de la précédente à nl tant par son altitude que par ses relations avec le loess récent, se con- fond vraisemblablement avec elle dans la partie aval de la région étudiée. La terrasse de Campine, qui forme un plateau ininterrompu le long de la vallée depuis les environs de Maastricht jusqu’à hauteur de Maeseyck, accuse sur cette étendue un sensible abaissement vers laval par rapport aux terrasses moins élevées. Les niveaux d’alluvions de Klimmen et de Sibbe permettent une constatation analogue. La convergence vers l’aval des terrasses de la Meuse, tout au moins de la plupart d’entre elles, se constate également d’une manière géné- rale pour les autres rivières de la région gallo-belge. L'existence de cette convergence s'accorde bien avec la théorie qui voit l’origine des systèmes de terrasses dans les alternances de périodes de transport abondant de matériaux, correspondant à la formation des nappes d’alluvions, et de périodes où ce transport étant presque nul le fleuve poursuit l’approfondissement de sa vallée pour atteindre le profil d'équilibre : les nappes d’alluvions d'âge différent doivent forcément converger vers le niveau de base resté toujours le même. La convergence s'explique moins bien, au contraire, par la théorie qui cherche l’origine des terrasses dans les oscillations du niveau de base : dans celte hypothèse, les nappes d’allu/ions successives, loin de converger vers l’aval, divergent, au contraire, de ce côté, puisque c’est de ce côté qu'est la cause de leur différence d'altitude. En fait, chaque fois que dans l’histoire d’une vallée intervient un mouvement du niveau de base, on constate la convergence vers l’amont des nappes d’alluvions correspondant aux diverses phases du mouvement. Il ne serait pas impossible, d’ailleurs, que ce cas se soit réalisé à certains moments dans la vallée de la Meuse, où quelques niveaux d’alluvions manifestent plutôt une divergence vers l’aval. * *X *X Les terrasses de la vallée de la Meuse, si faciles à suivre de Liége à Siltard par leur allure régulière, s’interrompent brusquement à la hauteur de cette dernière localité. C’est l'effet d’une dislocation du sol. 306 A. BRIQUET. — LA VALLÉE DE LA MEUSE On a déjà signalé et étudié (1) des failles qui affectent les nappes d’alluvions fluviatiles anciennes déposées par le Rhin à sa sortie du massif paléozoïque. Nettement marquées dans la topographie par des pentes rapides qui séparent les deux parties de la nappe alluviale disloquée, elles s’observent entre le cours du Rhin actuel et la région qui confine à celle où se développent les terrasses de la Meuse 1ci étudiées. Telles sont la faille du bord occidental de la Ville le long de l’Erft; celle qui suit la vallée de la Roer aux environs de Juliers; enfin, les failles de la région d’Aix-la-Chapelle : Sandgewand, Feldbiss et quelques autres. La faille qui interrompt l’allure des terrasses de la Meuse à Sittard en les enfonçant considérablement au Nord, est précisément l’une des failles des environs d’Aïx-la-Chapelle, la Feldbiss. (Fig. 3.) La Feldbiss se poursuit, du Sud-Est vers le Nord-Ouest, sous la partie septentrionale du Limbourg hollandais : son existence y est nettement accusée par l’abrupt qui sépare les plateaux du Sud, formés par les diverses terrasses de la Meuse, de la région déprimée qui s'étend au Nord, où les prolongements de ces terrasses se sont affaissés à des pro- fondeurs de 30 à 40 mètres. La Feldbiss passe ainsi à Eygelshoven, Nieuwenhagen, Brunssum, Hillensberg et Sittard. Elle se prolonge de là jusqu'à la Meuse, en amenant sous le niveau actuel du fleuve les parties septentrionales des terrasses d’Elsloo et de Caberg. Au delà du fleuve, c’est elle qui donne au plateau caillouteux de la terrasse de Campine une limite brusque vers le Nord-Est, sous la forme de l’escarpement qui court d’Op-Oeteren à Brée et au delà. Au Nord de cet escarpement, les cailloux de la Campine, enfoncés de 35 mètres environ, ne se trouvent guère à une altitude de beaucoup supérieure à celle de la \'euse actuelle. La faille apparaît donc comme ayant joué postérieurement au dépôt, non seulement des terrasses les plus élevées de la Meuse, mais aussi des terrasses relativement inférieures, telles que celles de la Campine et d’Elsloo. Le mouvement s’en est même continué jusqu’à une époque récente : les sondages révèlent que la base des alluvions de la Plaine de la Meuse, qui se trouve à l'altitude de 25 mètres à Lanklaer et à Dilsen, (4) E. HozzAPrEL, Beobachtungen im Diluvium der Gegend von Aachen. (JAHRBUcH DER KÔNIGL. PREUSS. GEOL. LANDESANSTALT, t. XXIV, 1903, p. 492.) — G. FLIEGEL, Das linksrheinische Vorgebirge. (LEïrscHR. DEUTSCH. GEOL. GESELLSCH., t. L VIII, 1906.) EN AVAL DE LIÉGE. . descend, à Maeseyck et dans les environs, à l’altitude de 10 et même > mètres. Ainsi, après que fut commencé le dépôt de la dernière nappe d’allu- vions de la Meuse qui ait précédé celui des alluvions du Lit majeur actuel, la faille s’est encore accentuée de 15 ou 20 mètres. Les nappes d’alluvions de la Meuse, enfoncées, au Nord de la Feldbiss, par un mouvement d’affaissement du sol, y occupent un graben que délimite, à 20 ou 25 kilomètres au Nord-Est, un accident parallèle ; cet accident, de sens inverse au premier, prolonge, le long - de la Roer, la faille de Juliers. LI SO = Z CG 7 ; l MAESE 5 7 ; VIRE NX Fig. 3. — FAILLES RÉCENTES DE LA RÉGION SITUÉE ENTRE LE RHIN ET LA MEUSE, ET LEURS RELATIONS AVEC LES ALLUVIONS ANCIENNES (ANTÉRIEURES A LA BASSE TER- RASSE DU RHIN ET A LA PLAINE DE LA MEUSE). Les hachures indiquent l'extension des alluvions anciennes en affleurement, abstraction faite du loess. Les failles de la partie allemande sont indiquées d’après M. Holzapfel. Au delà de cet accident, les cailloux de la Meuse ont conservé une altitude élevée. Sur la rive droite, ils forment de nouveau un plateau qui s'étend le long du fleuve jusqu’au delà de Venlo. Sur la rive gauche, ils affleurent sous les sables de la Campine aux environs de Meijel, 398 A. BRIQUET. — LA VALLÉE DE LA MEUSE. comme l’a signalé Staring : étant donné leur emplacement, il semble qu’on y doive voir le prolongement de la terrasse de la Campine. Dans le graben lui-même, au contraire, les cailloux de la Campine se trouvent descendus à un niveau si bas qu’ils sont recouverts partout, sauf le long de la Feldbiss même, par les sables et les alluvions d'âge relativement récent. Mais de l’autre côté du fleuve, la région affaissée doit encore montrer le prolongement des diverses terrasses de la rive droite : car celles-ci, sauf les terrasses de Caberg et d'Elsloo, étaient à une altitude primitive trop considérable pour qu'après leur affaissement elles aient pu être recouvertes par les sédiments récents. Une étude détaillée de la région qui s'étend en Allemagne au Nord de la frontière du Limbourg hollan- dais ne peut manquer de les y distinguer. Mais le mouvement de déni- vellation s’est sans doute accompagné d’un gauchissement de la surface du sol qui peut compliquer beaucoup leur recherche. Il est remarquable que ce graben d’àge pleistocène coïncide, au moins approximativement, avec celui où s’étaient affaissés, antérieure- ment au dépôt des alluvions fluviatiles les plus anciennes, les terrains tertiaires : Ceux-ci étaient enfoncés., à des profondeurs de plusieurs centaines de inètres, entre les massifs des terrains anciens restés en place au Sud, sous le Limbourg belge et hollandais, et au Nord, sous le marais de Peel et la région au Nord-Est de la Roer (1). Est-ce là plus qu’une coïncidence, c’est-à-dire les deux grabens n’en forment-ils qu'un seul, limité par les mêmes failles qui auraient Joué à diverses reprises pour l’enfoncer progressivement”? La question serait sans doute difficile à résoudre avec les seules données actuelle- ment connues. Cependant, en ce qui concerne la Feldbiss, 1l parait certain qu’elle existait déjà antérieurement à l’époque où les dépôts d’alluvions anciennes se sont étendus sur la région qu’elle traverse. En effet, dans la vallée de la Wurm, la nappe d’alluvions qu’elle a postérieurement disloquée couvrit, au Sud, le terrain houiller, et au Nord, les sables (1) Il a été question récemment de cette fosse tertiaire. C. VELGE, Note sur les formations tertiaires et quaternaires recouvrant le bassin houiller du Limbourg belge et du Limbourg hollandais. (ANN. DE LA Soc. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XXXIV, 1907, Mém.., p. 6.) — X. STAINIER, La géologie du Nord-Est du Limbourg d'après de récents sondages. (BULL. DE LA SOC. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D'HYDROL., t. XXI, 1907, Pr.-Verb., p. 140.) EN AVAL DE LIÉGE. 309 tertiaires des Lignites du Rhin déjà descendus au niveau des terrains anciens. Sur la rive gauche de la Meuse, les cailloux de la Campine recouvrent, au Sud de la faille, les sables verts d'âge approximative- ment diestien, et, au Nord, dans le sondage d’Op-Itter, les sables de Moll beaucoup plus récents. Les alluvions fluviatiles du Rhin, à une certaine époque, se sont étalées, à l’Ouest du cours actuel du fleuve, sous forme d’une vaste pappe qui couvre toute la plaine au pied Nord du massif paléozoique de l’Eifel et de la Hohe Venn. Ces alluvions appartenaient au niveau qu'on désigne, dans la vallée du Rhin, sous le nom de Terrasse prin- cipale. En s'étendant ainsi vers l’Ouest, elles se sont rencontrées avec celles que, à la même époque, la Meuse amenait à l’Est de son cours actuel. Il serait intéressant de préciser quel est, parmi les niveaux d’alluvions de la Meuse, celui auquel correspond la Terrasse principale du Rhin. Malheureusement, le contact des alluvions des deux fleuves s’est opéré dans la région disloquée d’Aix-la-Chapelle et du Limbourg hollandais oriental : la solution de la question en apparaît plus diffi- cile, car les nappes d’alluvions ne s’y présentent plus uniformément à l’altitude relative originelle qu’elles ont conservée au voisinage de la Meuse. Le prolongement de la vaste nappe d’alluvions de la Terrasse prin- cipale du Rhin s'étend dans le Limbourg, au Sud-Ouest de la Feldbiss, entre Schaesberg et Horbach jusque près d’'Heerlen. C'est de cette partie de la nappe qu’il faudrait déterminer les relations avec les niveaux d'alluvions de la Meuse. | Si l’on admet que les alluvions rhénanes y aient conservé l'altitude primitive, elles semblent bien devoir être rattachées au niveau d’allu- vions moséennes de Sibbe, dont l'altitude relative est nettement définie au Sud de la Geule. Or, l'altitude actuelle des cailloutis des environs d’'Heerlen peut bien être l'altitude primitive : car, plus à l’Ouest, on constate, en Campine en particulier, que sur le côté Sud-Ouest de la Feldbiss les couches du sol n’ont pas été déplacées. Il ne s'ensuit pas, toutefois, que la chose soit la même à lEst : peut-être, au contraire, un léger mouvement d’affaissement a-t-1l affecté le compartiment limité au Sud par la petite faille d'Horbach, et est-ce 360 A. BRIQUET. — LA VALLÉE DE LA MEUSE au Sud de cette dernière qu’il convient de chercher une portion non dérangée de la Terrasse principale. Dans ce cas, la Terrasse principale correspondrait plutôt au niveau de Margraeten. Mais peut-être aussi le compartiment situé au Sud de la faille d’'Hor- bach a-t-il subi lui-même un relèvement qui serait la contre-partie de l’abaissement évident d’une autre portion de la nappe d’alluvions rhénanes, dans la région du Selzer Beek et de Vijlen : portion dont l'altitude relativement faible ne saurait, par suite de son emplacement, être expliquée par un rattachement à quelque niveau d’alluvions moins élevé. En tous cas, si l’on peut hésiter, pour désigner l’équivalent de la Terrasse principale du Rhin parmi les niveaux d’alluvions de la vallée de la Meuse, entre ceux de Margraeten et de Sibbe, l’hésitation reste cireonscrite à cette alternative. Et l'abondance des roches rhénanes dans le caïlloutis du plateau de Sibbe, abondance que signale M. Erens (1), et de laquelle il rapproche celle des mêmes roches dans les alluvions déposées à l'Est de Heerlen, semble plutôt trancher la question en faveur du niveau de Sibbe. Au surplus suffirait-il d’une étude attentive de la composition pétrogra- phique des deux niveaux d’alluvions, pour conduire à une solution définitive. *X ji *X Après avoir mêlé leurs eaux dans la région du Limbourg actuel, à l’époque, ou à peu près, du dépôt des alluvions de Sibbe, les deux fleuves s’écartèrent l’un de l’autre en creusant leurs vallées, le Rhin plus à l'Est, et la Meuse plus à l'Ouest : leur confluent se porta vers l’aval, conformément à une loi souvent vérifiée de l’hydrographie. Les élapes de cette marche, dont le terme se trouve aujourd’hui au delà de Nimègue, ne sont pas encore distinguées, et elles ne pourront l’être qu'après l’étude détaillée des dépôts d’alluvions qui occupent la région comprise entre les cours inférieurs actuels des deux fleuves. Mais en ce qui concerne la Meuse, les phases du recul continu de son lit vers l'Ouest sont dès maintenant faciles à recounaître : elles sont marquées par la disposition même des terrasses en une série de gra- (1) A. ERENS, Recherches sur les formations diluviennes du Sud des Pays-Bas. (ARCHIVES TEYLER, deuxième série, t. II, sixième partie, p. 32.) EN AVAL DE LIÉGE. 361 dins qui s’échelonnent entre celles de Margraeten et de Sibbe, et celles qui bordent immédiatement la vallée aujourd'hui (1). Le fleuve a même étendu son cours à l'Ouest de son emplacement actuel à l’époque où il déposa les alluvions du plateau de la Campine ; c’est seulement ensuite que, cessant de creuser sa vallée plus à Ouest, il l’établit définitivement entre les nappes d’alluvions de la Campine et de Berg, suivant la direction Sud-Nord qu'elle à conservée Jjus- qu'aujourd'hui. Ainsi la direction actuelle de la Meuse entre Liége et Maeseyck, où l’on a cru voir la direction primitive, conséquente (2), du eours de la Meuse, n’est en réalité que de date très récente, et elle marque le terme d’une longue évolution. Le cours primitif du fleuve doit être cherché suivant une direction toute différente, orientée à peu près de Sud-Ouest à Nord-Est. Cette direction est jalonnée par les dépôts d’alluvions du niveau Île plus ancien qui soit conservé, celui d'Huls : 1ls couronnent les plateaux des Gonhir au Sud-Ouest de Liége, des Trois-Cheminées à l'Est de Visé, et les collines d’Huls et d’'Ubaghsberg au Nord de Simpelveld (ces dernières restées comme témoins sur un môle de terrain crétacé que respecta l'érosion du Rhin, lorsqu'il envahit le Limbourg à l’époque de la Terrasse principale). L’alignement Gonhir-Trois-Cheminées-Huls, qui lui-même corres- pond à un cours de la Meuse postérieur au début du creusement de la vallée, et peut-être déjà dévié vers l'Ouest, prolonge cependant presque exactement le cours actuel de la Meuse de Namur à Liége, et celui de la Sambre en amont de Namur : il semble done que ce soit dans ces portions du réseau hydrographique actuel qu'il faut voir les témoins survivants du primitif état du réseau hydrographique dans le bassin de la Meuse. (4) C’est comme dépôts de la Meuse sur ces terrasses, qui divergent en éventail sur la rive droite de la vallée actuelle au Sud-Est de Visé, sur deux d’entre elles en parti- culier (niveaux de Sibbe et de Klimmen), qu’il faut considérer les sables et cailloux de Mortroux, Wodémont, La Waide, Cortil, Burdo-Cuisine, Chefneux et Wandre, où l’on a voulu voir la trace d’un ancien cours d’eau coulant du Nord-Est au Sud- Ouest (H. Forir et M. LoesTr, Compte rendu de la session extraordinaire de la Société géologique de Belgique et de la Société royale malacologique de Belgique, tenue à Liége et à Bruxelles. Premières journées. ANN. DE LA SOC. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XXIII, 1896, p. CXXXIX; ANN. SOC. ROY. MALAC. DE BELG., t. XAXII, 1896, p. 3.) (2) J. Corner, Études sur l’évolution des rivières belges. (ANN. DE LA SOC. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XAXXI, 1904, Mém.. pp 3195, 429, 435.) 362 A. BRIQUET. — LA VALLÉE DE LA MEUSE Le cours ancien de la Meuse vers le Nord-Est, tel que l’indiquent les restes des anciennes alluvions, est tout différent du cours qu’on lui a. prêté naguère, par-dessus les plus hauts sommet de la Hohe Venn (1). Il est à peine besoin de le faire remarquer. *k * *X La détermination précise des divers niveaux d’alluvions de la Meuse dans la région du Limbourg permettra de mieux préciser les termes où se pose un problème assez singulier, sur lequel l'attention fut appelée d’ailleurs depuis longtemps (2). C’est la présence, parmi les cailloux qui forment les nappes d’allu- vions anciennes du Limbourg hollandais, d'éléments d’une origine lointaine parfois fort étrange. A côté des roches originaires de l’Ardenne, il s’en trouve qui pro- viendraient des Vosges, du massif rhénan, des régions scandinaves el de la presqu’ile bretonne; elles y sont signalées à différents niveaux, puisque M. Erens les à recueillies aussi bien à Scharn, à Amby, à Rothem, à Smeermaas, c'est-à-dire dans les terrasses inférieures, qu'aux environs de Fauquemont dans les alluvions d'altitude considé- rable et d'âge ancien. Parmi elles, la présence des roches vosgiennes n’a rien qui ne soit facilement explicable, encore qu’elle suppose un transport très étendu. On ne s'étonne pas non plus de voir indiquées des roches caractéris- tiques des régions traversées par le Rhin, puisque ce fleuve a charrié ses alluvions jusque sur les plateaux des environs de Fauquemont, et que l'existence de ces roches dans les hauts niveaux explique qu’on les trouve, évidemment remaniées, aux niveaux inférieurs, dans les envi- rons de Maastricht où il ne saurait être question d’un apport direct par le Rhin. Plus étrange est la présence des roches scandinaves et des roches bretonnes. Les premières se trouvent là loin au Sud de la limite atteinte par le glacier scandinave lorsqu'il envahit les plaines du Nord de l'Allemagne et des Pays-Bas : il ne dépassa pas Nimègue et n’atteignit pas Crefeld. (4) H. PouriG, Une ancienne embouchure de la Meuse près de Bonn, (BULL. DE LA Soc. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D'HypRor., t. XX, 1906, Pr.-Verb., p. 171.) (2) A. ERENS, op. cit., et Note sur les roches cristallines recueillies dans les dépôts de transport situés dans la partie méridionale du Lunbourg hollandais. (ANN. DE LA Soc. GÉOL, DE BELGIQUE, t. XVI, 1888-1889, Mém., p. 396.) EN AVAL DE LIÉGE. : 365 Les secondes, qui ne peuvent être parvenues dans les Pays-Bas que par un transport sur les glaces flottantes marines, y gisent en dehors des régions où l’on peut supposer que se trouvait, aux diverses époques du creusement de la vallée, l'embouchure de la Meuse : car dans le Limbourg les terrasses accusent une pente trop sensible pour qu’on puisse les considérer autrement que comme des dépôts essentiellement fluviatiles. Aussi bien aucune trace de l’action marine n’y a-t-elle Jamais été signalée. Il faudrait donc admettre que les unes et les autres, roches scandi- naves et roches bretonnes, ont été transportées bien loin vers l’amont contre le courant d’un fleuve rapide, pour venir se déposer aux points où on les à recueillies : transport qui paraît inexplicable, même par _des glaces flottantes. Le problème parait encore éloigné d’une solution. Une autre question relative à la composition des alluvions anciennes de la Meuse revêt un intérêt nouveau dès que sont distingués les diffé- rents niveaux, et par suite les temps successifs, entre lesquels se répar- tissent ces alluvions. Il s’agit de la présence dans les alluvions de blocs de roches de dimensions parfois colossales, dépassant même un ou deux mètres. On veut généralement en expliquer la présence, non seulement dans les alluvions de la Meuse, mais dans celles du Rhin et de bien d’autres rivières, telles que la Somme et la Seine, par un transport sur des glaces flottantes. La détermination des niveaux précis où ces blocs se rencontrent dans les alluvions de la Meuse permettrait, si l'hypothèse relative au transport est acceptée, de préciser les moments du creusement de la vallée où le climat de la région se montrait assez sévère pour causer la formation des glaces flottantes. Il ne semble pas toutefois que cette recherche doive conduire à des résultats importants. R En fait, les blocs semblent se trouver indistinctement à tous les niveaux, au moins depuis celui de Sibbe jusqu'aux moins élevés. Pro- bablement existent-ils plus haut encore : les blocs recueillis par les habitants du hameau de Landraad, et déposés par eux aux abords de leurs demeures, proviennent vraisemblablement des alluvions sur lesquelles il est construit, et qui appartiennent à un niveau des plus anciens (niveau de Landraad). D'autre part, on ne pourra guère décider si, aux niveaux inférieurs, les blocs proviennent d’uu transport direet, ou s'ils ne sont pas seule- 364 LA VALLÉE DE LA MEUSE EN AVAL DE LIÉGE. ment descendus sur place lors du ravinement par le fleuve de ses allu- vions d’âge antérieur. Il paraît donc difficile qu’on puisse démêler avec che par ce moyen les relations chronologiques des périodes glaciaires avec les phases du creusement de la vallée. Teiles sont quelques-unes des conclusions que suggère l’étude de la vallée de la Meuse en aval de Liége, et plus particulièrement la recon- naissance des nombreux niveaux d’alluvions d’âges divers qu'on y peut observer. TABLE DES MATIÈRES vi Léon Gerard. Sur une méthode d'analyse rapide des eaux alimentaires . . E. Lagrange. Sismologie et rise EE e ne GE Rd oc SM ace SR TT on LR TN TS TR H. de Dorlodot. La faille de Maulenne. (Planche HES= "7" 0007208 _… =. Dr Johnston-Lavis, M. D., D. Ch., M. R. ©. S., LU. S. A., Lond, De la relation ne existant entre l’activité du Vésuve et certains phénomènes météorologiques . et astronomiques. (Planche IV.) . . . : de &. Cosyns. Essai d'interprétation chimique de l'altération des schistes et a. caires (Planches Va Xe NSE RERRS y are RTE Pa ONE A. Briquet, La vallée de la Meuse en aval de Liége. 806F GIY ‘UIBANOTT 9p 9m Par: ANÜINTA AG SATVAOU SAINAAVIVY SAQ HAANIMdNI ZAAVH S4TT4XN44 III 2IN91S8A — 206: — IXX °UOL oguue owerun }9 1S$uIA 14 à * É S94IO09 IN OnbISIOŒ 9P LUHMTIV SUHIA OI ‘H ‘V 'S 1 : HAANNOHG LNAGISAUd (SATIAXAUI) HIDO'TOUAXH.A LA HIDOTOLNOHTVd A4 à AMOIOND AE HJTA HLTOOS VT 4 NI13771N8 VOILVOTTIINd CONTRIBUTIONS . A LA GÉOLOGIE DU BASSIN DU CONGO I. Notes sur la Géologie du Bassin du Kassai M. l'ingénieur G. Passau, qui fut chargé, en 1905 et 1906, d'étudier le tracé d’une voie ferrée entre le Bas-Congo et le Katanga, m'a remis une série de quarante-neuf échantillons de roches, récoltés dans une zone comprise entre les 5° et 6° parallèles, entre la Mission de Kisantu, sur le chemin de fer de Matadi à Léopoldville et le Poste de Luébo sur la Lulua, c’est-à-dire sur un parcours à vol d’oiseau d'environ 650 kilomètres. Les échantillons de M. Passau sont volumineux, bien choisis et exactement repérés sur une carte à l’échelle du 200,000°, levée par lui-même. Ils apportent une précieuse contribution à la connaissance du bassin du Kassai dans des latitudes qui n'avaient guère, jusqu'ici, été parcourues dans le sens Est-Ouest. Ç 1. Je donnerai, dans ce paragraphe, l’énumération, le signalement lithologique et la détermination géologique des échantillons de M. Passau. J'y ajouterai, en quelques points, des données sur des échantillons d’autre origine. (1) Mémoire présenté à la séance du 16 juillet 14907. 1907. MÉM. 24 366 J. CORNET. — CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE L’itinéraire de M. Passau se détache, à Kisantu, de l’un des itiné- raires de mes explorations géologiques dans le Congo occidental (4). Pour ce qui concerne la stratigraphie de ces parties du bassin du Congo et spécialement les Couches du Kundelungu et les Couches du Lubilache, dont 1! est surtout question dans ce qui va suivre, je ren- verrai au travail que je viens de rappeler et à un mémoire antérieur, consacré à ces deux derniers systèmes (2). Je distinguera:, dans les pays explorés par M. Passau, une Région occidentale et une Région centrale, séparées par lescarpement qui limite vers l'Ouest l'extension des Couches du Lubilache, qui sont la forma- tion caractéristique du centre du bassin du Congo. Dans chacune des deux régions, je classerai les données par bassins hydrographiques. A. — REGION OCCIDENTALE. |. — Bassin de l’Inkissi. ÉcHanTiLLoN x° 1. — Marché Kengé, environs de N’Boma, vallée du Lukussu, affluent de l’Inkissi. Grès polymorphe : grès fin compact passant au jaspe rougetre, à cavités tapissées de quartz avec cristaux. Remarque. (elite roche est un « grès polymorphe » proprement dit, dépendant du système du Lubilache. Trouvée en ce point, elle repré- sente un vestige (le l’ancienne extension occidentale de ce système; ces vestiges se rencontrent bien plus à l'Ouest encore. ÉcaanTiLLon v° 2. — Lit et vallée de la Songa, affluent gauche de l’Inkissi, près de la Ferme-Chapelle de N'Bengo. Grès polymorphe blanc grisètre, à structure de grès très fin et très cohérent. Remarque. Voir n° 1. ÉCHANTILLON w° 5. — Vallée de la Songa, près de N’Bengo. Grès polymorphe : grès blanc grisâtre, très fin, très cohérent. Remarque. Voir n° 1. (1) J. Corner, Etudes sur la Géologie du Congo occidental entre la côte et le confluent du Ruki. (BULL SOC. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D’HYDROL.. t. XI, 1897. Mém., pp. 311-377.) {Voir spécialement p. 348.] (2) J. CoRNET, Les formations post-primaires du bassin du Congo. (ANN. DE LA Soc. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XXI, 1893-1894. Mém.., pp. 193-279, avec une carte au 2 000 0006.) DU BASSIN DU CONGO. 367 ÉCHANTILLON N° 4. — Minerai de fer du Mont Bengo, au village de N’Bengo C’est, en réalité, une scorie d’une forge indigène. ÉcnanTiLLoN N° 5. — Lit et berges de la Bongolo, affluent de l'In- kissi, au village de Kinsuka. Grès rouge cohérent, pointillé de grains de feldspath altéré. Cei échantillon représente la roche caractéristique du Système de l'Inkissi, partie supérieure des Couches du Kundelungu dans le Congo occidental. ÉcHanTILLON N° 6. — Rivière Magunsi, affluent de l’Inkissi, entre les villages de N’Sadi et de Kigandu. Roche altérée rouge brique, tendre, représentant un schiste arénacé et micacé, un peu feldspathique, du système de l’Inkissr. ÉCHANTILLONS N° 7 ET 8. — Village de Kinvumu, sources de la Luba, affluent de l’Inkissi. Roche latéritique : grès ferrugineux formé de grains de quartz arrondis, unis par un ciment limoniteux et mêlés de quelques grains de feldspath altéré. Remarque. Cette roche provient de l’altération sur place du grès du Système de l’Inkissi. Il. — Bassin du Stanley-Pool et bassin du Congo. Les cours d’eau de cette région rejoignent le Congo en amont de la région des Cataractes, c’est-à-dire qu’iis se jettent dans le Stanley-Pool ou dans la section du fleuve comprise entre cette expansion et le con- fluent du Kassaï. ÉCHANTILLON N° 9. — Mont Kinganga, versant de la Ferme-Chapelle, près du village du même nom et des sources de la Lukanga, affluent de la N’Sélé, tributaire du Pool. Grès polymorphe : grès dur à grain moyen, blanc jaunâtre. Remarque. Voir n° 1. ÉcanTiLLon N° 10. — Mont Kinganga, versant de la Luba, affluent de la N'Sélé. Grès polymorphe : grès à grain fin, jaune, cohérent, celluleux, pas- sant par place au Jaspe. Remarque. Voir n° 1. ÉcranTizLon n° 11. — Marché Pangola, près du ruisseau Manzumba, affluent de la Lumba. Grès blanc cohérent à ciment kaolineux abondant, par place de 368 J. CORNET. — CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE teinte rougeûtre et durei en grès polymorphe. Grès du Système du Lubilache. Remarque. Voir n° 1. ÉCHANTILLON N° 12. — Monts Kinsako, près du village du même nom, route de Muanda à Kinzamba. Grès blanc, cohérent, à ciment kaolineux abondant. Grès du système du Lubilache. Remarque. Voir n° 1. ÉcHanriLLox N° 15. — Source de la N’Sélé, dans les Monts Kinsako, près du village de Nsangu, sur la même route. Grès friable jaune-brun clair, du Système du Lubilache. Remarque. Voir n° 1. REMARQUES GÉNÉRALES A PROPOS DES ÉCHANTILLONS PRÉCÉDENTS. La région dans laquelle ont été recueillis les échantillons n° 4 à 15 est formée par les grès feldspathiques du Système de l’Inkissi (Couches du Kundelungu supérieures). Le sol superficiel y est constitué par une terre sableuse rougeûtre, Le produit de l’altération sur place des roches du sous-sol se montre sur une grande épaisseur dans les gorges des cours d’eau et dans de nombreux ravinements en entonnoirs (1). Les roches en place n’affleurent que rarement; M. Passau n’en à recueilli que deux échantillons (n% 5 et 6). On trouve çà et là beaucoup de blocs de grès polymorphes dépendant du Système du Lubilache et des grès assez cohérents, à ciment kaolineux, du même système Ce sont ces blocs épars, plutôt que le sous-sol, peu visible, qui attirent surtout lattention du voyageur non géologue. Ils représentent, comme nous l'avons dit, des vestiges de l’ancienne extension vers l'Ouest des Couches du Lubilache. Cette région est fortement vallonnée, très accidentée. Mais vue dans l’ensemble, des hauteurs qui sont à l'Est, elle se présente comme un plateau entaillé par de nombreuses vallées d’érosion. (4) Voir sur ces ravinemenis en entonnoirs : J. CORNET, Les formations superficielles et l'érosion continentale dans le bassin du Congo. (BULL. Soc. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D'HYDROL., t. X. Mém., pp. 44116.) | Î | | É DU BASSIN DU CONGO. 309 B. — RÉGION CENTRALE. Si, d'autre part, se trouvant dans le pays que nous venons de décrire, on regarde vers l'Est, on voit l'horizon borné par un rempart élevé, un escarpement qui, à distance, paraît très raide et qui semble aboutir à un plateau régulier d’une altitude beaucoup plus forte que celle du plateau où l’on se trouve. La différence d'altitude est, en moyenne, de 500 mètres. Cet escarpement borne, vers l’Ouest, ce que nous appelons la Région centrale du Bassin du Congo. Il marque la limite occidentale de l’extension continue de la formation du Lubilache. Sitôt que l’on s'élève sur les premières pentes de l’escarpement, on ne rencontre plus que des roches de ce système. Ce n’est que dans l’intérieur du bassin que certaines vallées d’érosion ont pénétré jusqu'au substratum des grès du Lubilache. L’escarpement en question se continue vers le Nord et vers le Sud. Au Nord, il est visible, quoique déjà atténué par le voisinage de la grande vallée du Congo qui le coupe en travers, dans les coupes Est- Ouest menées par le tracé du chemin de fer et par l’ancienne route des caravanes (1). Ï. — Bassin du Stanley-Pool et Bassin direct du Congo. La N’Sélé, qui se jette dans le Stanley-Pool non loin de Kimpoko, reçoit par son affluent Luvu des eaux provenant de la région bordière du plateau supérieur. On traverse ensuite une région drainée par la Bombo et la Luméné qui mènent leurs eaux dans la section du Congo comprise entre le Stanley-Pool et le confluent du Kassai. Puis on entre dans le grand bassin du Kassai, qui, dans ces latitudes, a une largeur de 850 kilomètres. ÉCHANTILLON N° 44. — Mont Kinganga, sur la pente de l'escarpement du plateau intérieur, près de la source de la Kiloya, tributaire de la Luvu, affluent de la N’Sélé. Grès blanc grisâtre à ciment kaolineux, assez cohérent, du Système du Lubilache. (1) Voyez les coupes, planches VIII-IX, de nos Études sur la Géologie du Congo occi- dental entre la côte et le confluent du Ruki. (Buzz. Soc BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D'HyYDROL., t. XI, 1897.) 310 J. CORNET. — CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE Remarque. — Sauf imdication contraire, tous les échantillons qui suivent (jusque n° 44) appartiennent au Système du Lubilache. ÉCHANTILLON N° 45. — Vallée de la Luméné, près du Nsona de Kikossi, sur le plateau. Grès blanc, grossier, assez cohérent, à ciment kaolire ÉHANNUEONS N° 16. — Vallée de la Luméné, en amont du point précédent. Grès cohérent, dur, gris-blanc. ÉcHanTiLLoN N° 17. — Source de la Luméné, au Sud du point pré- _cédent. Grès cohérent, dur, quartzitique, gris-brun. Il. — Bassin du Kassai. EcHanTiLLON N° 18. — Lit et vallée de l’Iléfu, affluent de la Lubizi (affluent du Kwilu, affluent du Kwango), un peu au Nord du poste de Kitzanzr. Grès à grain fin, un peu micacé, friable, rouge brique. ÉCHANTILLON N° 19. — Berges et vallée de la Lubizi, près du village de Kigenge. Grès à grain moyen, assez friable, blanc un peu jaunâtre. ÉcHaNTILLON N° 20. — Vallée du Kwango, au confluent de la Lodio, rive gauche, en face du Poste de Muéné Ndinga. Grès blanc, cohérent, à ciment kaolineux. ÉcHanTILLoN N° 21. — Lit du ruisseau Nzengé, affluent de la Tuana (affluent de la Wamba), au village de Kisanda. Grès blanc taché de jaune, assez cohérent, à ciment kaolineux. ÉCHANTILLON N° 22. — Berges du ruisseau Kusu, affluent de la Tuana, près du village de Kisanda. Grès rosé, cohérent, à ciment kaolineux. ÉCHANTILLON N° 23 — Berges de la Wamba, près des villages de Pakassa et Matalumba. Grès blanc, à ciment kaolineux, cohérent, transformé irrégulière- ment en un grès polymorphe brun, d’aspect quartzitique. Remarque. — Cet échantillon est du plus grand intérêt; 1l montre, dans un même bloc, les rapports du grès blane à ciment kaolineux avec un type de grès polymorphe très répandu. ÉcHanTILLoN N° 24. — Berges et vallée de la Putukanda, affluent de la Bakali (affluent de la Wamba}, près du village de Kitindi. DU BASSIN DU CONGO. 371 Grès blanc, à ciment kaolineux, devenant dur et quartzitique par place en prenant une teinte jaunâtre. ÉCHANTILLON N° 25. — Berges et lit de la Bakali, près du village de Kitindi, au point aval des rapides de la Wamba. Grès blanc friable, un peu 2risàtre, à ciment kaolineux peu abondant. Remarque. — Cette roche est le type du grès da Lubilache tel qu'on le voit à la pointe Kallina (Stanley-Pool), aux falaises de Lusambo sur le Sankulu-Lubilache, etc. ÉcHanTiLLon N° 26. — Berges et lit de la Bankissi, afiluent de la Bakali, aux chutes de la rivière, près du village de Kabanzé. Grès blanc assez friable, à ciment kaolineux. ÉcHanTiLLoN: N° 27. — Lit de la Samba, sous-affluent de l’Inzia (affluent du Kwilu), aux chutes voisines du village de Kabungala. Grès blanc assez friable, à ciment kaolineux. ÉCHANTILLON N° 28. — Rivière Konzi, affluent de la Wamba, près du village de Magombé. Grès blanc, friable, à ciment kaolineux. ÉCHANTILLON N° 29. Source dela rivière Fanga, affluent de la Loie (afïluent de l'Inzia), près du village de Buka. Échantillon très intéressant, montrant dans un même bloc : grès blanc à ciment kaolineux, assez friable; même grès, plus cohérent ; grès cohérent rosé; grès quartzitique rosé, d’un type commun parmi les grès polymorphes. ÉCHANTILLON N° 50. — Chutes de la Loie, affluent de l’Inzia, près du village de Tona. Grès blanc peu cohérent, à grain assez gros et à ciment kaolineux. ÉCHANTILLON n° 51. — Lit et vallée de la Mokila, affluent de la Loïe, près du village de Kisongo. Grès blanc assez cohérent, à grain assez gros, à ciment kaolineux abondant. ÉCHANTILLON N° 32. — Vallée et lit de la Lukumbi, affluent de la Lukula (affluent de l’{nzia), près du village de Yambi. Grès blanc, rosé par zones, à ciment 'kaolineux abondant. ÉCHANTILLON N° 55. — Vallée et lit de la Grande Lukula, affluent de l'Inzia, en amont de la chute voisine du village de Mutsanga. Grès cohérent, rosé, passant au rouge foncé et au jaune, à grain assez gros et à ciment kaolineux. Remarque. — Cette roche pourrait être, à première vue, par la cou- leur et la grosseur du grain, confondue avec le grès feldspathique de l’Inkissi. Mais elle en diffère par un caractère essentiel : le kaolin y 312 J. CORNET. — CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE existe en un ciment pulvérulent, continu, noyant les grains de quartz, et non en grains isolés de feldspath altéré pointllant de blanc le fond rouge de la roche. ÉCHANTILLON N° 34. — Vallée et lit de la Petite Lukula (affluent de la Grande Lukula), au point amont des chutes voisines du village de Zangué. Grès blanc cohérent, présentant sur la surface naturelle, vraisembla- blement exposée à l’eau courante, un enduit noir d'oxyde de manga- nèse imprégnant la roche sur quelques millimètres d'épaisseur. ÉCHANTILLON N° 535. — Vallée et lit de la rivière Nguffi, affluent de l'fnzia, au village de Maluamba. Grès cohérent rouge pourpré, à grain assez gros, arrondi, à ciment kaolineux abondant. Remarque. — Voir n° 53. Point N° 1 (1). — Kuisseau Vuzi, affluent de la Lubamba (affluent du Kwengé), non loin du village de Mafungu. Grès blanc. | Point N° Il. — Ruisseau Sélébambé, affluent du Kwengé (affluent du Kwilu), non loin du village de Yellengué. Grès blanc. ÉCHANTILLON N° 36. — Vallée et lit des rivières Bumba et Lubamba, non loin de leur confluent avec le Kwengé. Grès cohérent, à grain assez gros, arrondi, gris rougeàtre, à ciment kaolineux. ÉGHANTILLON N° 57. — Vallée de la Bumba. Minerai de fer exploité par des indigènes. Concrétions irrégulières ou arrondies, brunes ou rouges, d’origine latéritique. ÉcHanTiLLon N° 38. — Vallée et berges du Kwengé. Grès à gros grain, très cohérent, quartzitique, à ciment kaolineux visible seulement dans les parties altérées. | ÉCHANTILLON N° 59. — Vallée et rive droite du Kwengé. Grès blanc, cohérent, à grain fin et à ciment kaolineux, passant à un grès très compact, quarlzitique. ; ÉCHANTILLON N° 40. — Vallée et lit de la rivière Djari, affluent du Kwengé, au village de Kanéné. Grès blanc, assez cohérent, à ciment kaolineux. (4) Nous désignerons par des chiffres romains quelques points où M. Passau a noté sur ses croquis d’itinéraires la présence de certaines roches sans en prendre d'échantillons. DU BASSIN DU CONGO. 313 ÉCHANTILLON N° 41. — Confluent des rivières Tehidemba et Lutchima, affluents du Kwilu. Grès polymorphe à aspect de quartzite rouge; les parties altérées montrent un grès à ciment kaolineux. ÉCHANTILLON N° 42. — Rives et vallée de la Longé, affluent du Kwilu, au village de Mulikongo. Grès jaunâtre assez cohérent, à ciment kaolineux. Point N° IE. — Rivière Luana, affluent du Kwilu, non loin de Kikwite. Grès rouge. Point n° IV. — Lit d’une rivière, affluent de la Labua (affluent de la Kamtscha, affluent du Kassai), près du village de Kibinga. Grès blanc. | Por n° V. — Lit de la rivière Tehulé ou Kimpuna, affluent de la Djuma, près du village de Kitchoma. Grès rouge, tendre. Poinr n° VI. — Lit de la rivière Lokama, affluent de la Djuma, près du village de Lokama. Grès blanc, tendre. Point N° VII. — Lit de la rivière Atoma, affluent de la Zié (affluent du Kassai), près du village de Langu. Grès blanc. Point N° VII, — Lit de la rivière Matéma, affluent de la Zié, près du village de Kitsumbi. Grès rouge, tendre. Por n° IX. — Lit de la rivière Kitamoasoma, affluent de Ia Lubué (affluent du Kassai), près des villages de Semba. Grès blanc. ÉcHantiLLon n° 45. — Lit et vallée de la Lubué, aux chutes voisines du village de Banda Malunga. Sorte de silex blanc, porcelané, traversé de fissures tapissées de cristaux de quartz, à surface extérieure cariée. Remarque. — Cet échantillon rappelle les concrétions siliceuses por- celanées qui se rencontrent dans les argilites du Système de Lubilache, le long du Lubilache et sur la route de Moana Mpafu à Lupungu (1). ÉCHANTILLON N° 44. — Source de la rivière Bala, affluent de la Loana (affluent du Lubué), près du village de Bala. Grès cohérent, blanc zoné de brun, à ciment kaolineux. (4) Les formations post-primaires du bassin du Congo. (ANN. DE LA SOC. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XXI, 1893-94. Mém., pp. 242 et 243.) 814 J. CORNET. — CONTRIBUTIONS À LA GÉOLOGIE ÉCHANTILLON N° 45. — Vallée du Loengé, à l’ancienne factorerie de Biengué. Sable grossier, brun chocolat. (Alluvial.) ÉCHANTILLON N° 46, — Lit et rives du Kassai, à Djoko-Punda, au point aval des chutes de Wissmann. Beau granite à biotite gris rougeâtre. La roche est inaltérée, mais est couverte d’un enduit noir d'oxyde de manganèse sur les surfaces naturelles. ÉCHANTILLON N° 47. — Lit des rivières Pembézi, près du village de Lukamesché et Tehimbu, sur la route de Djoko-Punda (sur le Kassai), à la station de Luébo (sur la Lulua). Magnétile finement grenue ou compacte, en lits schistoïides, entre- mêlés de lits quartzeux. D’après une note, elle se présente en couches verticales. Remarque. — Cet échantillon représente probablement une roche de métamorphisme de contact subordonnée au granite. ÉcHanriLLon N° 48. — Confluent du Luébo et de la Lulua, près de la station de Luébo. Granite à feldspath rouge et à biotite, de structure gneissique. Remarque. — M. le D' P. Briartr m'a remis avec l’éliquette : « Roche formant les barrages de la Lulua, à Luébo », un granite à grandes parties d'orthose rouge et à biotite, également de structure gneissique. Un autre échantillon du D' P. Briarr, portant l'étiquette : « Roc de la Lulua, Luébo », est un granite à grain moyen, à orthose blanchâtre et à biotite, non gneissique. ÉCHANTILLON N° 49. — Vallée du Luébo, en amont des chutes voi- sines de la station de Luébo. Schiste argileux très finement arénacé, altéré, rouge brique. Remarque. — Cette roche est un schiste ancien altéré ou une argilite du système du Lubilache, analogue à celles des environs de Bantu-Mengi, etc. (1). $ 2. Dans un travail en grande partie consacré aux Couches du Lubi- lache (2), j'ai exposé une nombreuse série d'observations relatives à (1) Les formations post-primaires du bassin du Congo. (ANN. DE LA SOC. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XAI, 1893-94. Mém., pp. 241 et 248.) (2) Les formations post-primaires du bassin du Congo. (ANN. DE LA SOC. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XXI, 1893-94. Mémn., pp. 193-279.) DU BASSIN DU CONGO. 319 cette formation dans le bassin du Kassaiï. #'ai suivi les Couches du Lubi- lache depuis le Stanley-Pool jusqu'aux sources du Luembé, au delà du 9 parallèle, le long du Congo, du Kassai, du Sankulu-Lubilache et du Luembé. Elles s'étendent plus au Sud encore et atteignent le haut Lualaba un peu en aval du confluent de la Lufupa (vers 10° 40’ lat. S.). Toute la partie septentrionale et orientale du bassin du Kassai est done constituée par cette formation. En amont du confluent du -Buchimai avec le Lubilache, dans la vallée du Luembé et dans celle du Lubichi, les terrains plus anciens ont été mis à découvert par l'érosion qui à entaillé ces vallées dans le plateau gréseux (calcaires et dolo- mies avec cherts du système du Lubudi; grès et schistes du Kunde- lungu; granites, ete.). Les calcaires du Système du Lubudi sont même visibles dans la vallée du Lubéfu, au moins jusque 5° 20’ de latitude Nord. Récemment, un échantillon de calcaire du même système nous a été rapporté par M. Malis, fonctionnaire de l'État du Congo, d'un point non précisé de la vallée du Buchimai. Les renseignements sur la géologie du Sud et de l'Ouest du bassin du Kassai sont rares et très disséminés. Nous allons citer les données que nous avonspu extraire des récits de quelques voyageurs. déjà anciens pour la plupart. Livincsronr, en 1854 et 1855, dans ses deux voyages du Zambèse à Saint-Paul de Loanda et vice versa, à traversé la partie méridionale du bassin du Kassai, depuis le Kassai même jusqu'au Kwango 4). fl nous fournit quelques renseignements, habituellement trop peu précis pour qu’on en puisse tirer des conclusions certaines. Livingstone, venant du Sud-Est, a traversé le Kassai par 44° 45 !2/ latitude Sud, à hauteur du coude remarquable que présente ce cours d’eau en passant de la direction Ouest-Est à la direction Sud-Nord. C'est, en ce point, une rivière de 100 mètres de large coulant lentement dans une vallée bien accusée « dont les coteaux ont près de 500 mètres d’élé- vation ». La Tehikapa, traversée par 10°22/ latitude Sud, présente en ce point des rapides et des chutes sur des roches que le voyageur ne définit pas. Le Kwilu, croisé un peu plus à l'Ouest, « coule au fond d’une vallée (1) D. LIvINGSTONE, Explorations dans l'intérieur de l'Afrique austraie, etc. Tra- ‘duction française. Paris, Hachette, 1877. 316 J. CORNET. — CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE profonde dont les rampes s'élèvent à une hauteur de 500 mètres et sont constiluées par des roches d’un tuf calcaire durei (?) qui repose sur une couche de grès et de schistes argileux ». L'importance des vallées du Kassai et du Kwilu, en des régions si élevées de leur cours, est un phénomène très anormal. Mais la vallée du Kwango est bien plus remarquable encore. Au point où Livingstone a traversé cette rivière (par 9°55’ lat.), la vallée a cent milles de largeur, soit plus de 160 kilomètres. On y descend, du plateau oriental, par une rampe d’une hauteur totale de 370 mètres, parfois escarpée au point d’être difficile à franchir et présentant, vue de la vallée, l'aspect d'une muraille accidentée de promontoires et de rentrants. Ce versant présente, sous un conglomérat ferrugineux latéritique, des couches de schiste argileux rouge, plus dures vers la partie inférieure. Sur la plaine ondulée qui forme le fond même de la vallée, on rencontre des affleu- rements de schistes argileux en couches horizontales. L'escarpement qui limite la dépression vers l'Ouest paraît être le symétrique du versant opposé; il se présente, vu de Cassange, comme un rempart élevé de 300 à 450 mètres, qui porte le nom de Talla Mun- gongo, et qui aboutit à un plateau incliné vers l'Ouest. Entre Cassange et l’escarpement, Livingstone signale une colline isolée, le mont Kasala, de même hauteur que le Talla lui-même et dont les flancs abrupts montrent des couches horizontales de schistes argileux. Les mêmes roches se voient sur la pente du Talla Mungongo. Le voyageur considère le Kasala et d’autres collines analogues, 1s0- lées dans la grande dépression, comme « des parties du plateau qui la remplissait autrefois », c’est-à-dire comme des témoins de la gigan- tesque érosion qui a ouvert la vallée. Ces témoins nous paraissent bien, en effet, avoir été détachés du Talla Mungongo par l'érosion, mais nous pensons aussi que c’est à une autre cause qu’il faut attribuer l’origine de cette immense dépression comprise entre le Talla Mungongo et la rampe occidentale que l’on désigne aussi sous le nom de Monts Mos- samba. Quant aux schistes argileux horizontaux dans lesquels est entaillée la grande vallée du Kwango, je suis porté à les ranger dans les couches du Kundelungu, mais plutôt dans la partie inférieure ou Système de la Mpioka que dans le Système de l’Inkissi. Lors de son voyage de la côte vers l’intérieur, Livingstone traversa par 958 de latitude Ja rivière Moamba, affluent de la Luachima. La vallée montre, sous le dépôt latéritique superficiel, un grès dur, rouge pâle, surmontant un schiste compact sous lequel vient un grès grossier DU BASSIN DU CONGO. 311 renfermant quelques galets. Ce grès, ajoute l’explorateur, « est mêlé à des roches blanches de nature calcaire et à des bancs de galets de quartz libres ». Ces couches se rapportent probablement à la formation du Kundelungu. | Des nombreux explorateurs allemands qui, sous les auspices de l’Afrikanische Gesellschaft in Deutschland, ont, de 1878 à 1885, st fruc- tueusement exploré le bassin du Kassai, c’est l'ingénieur Orro Scnürr et son adjoint PAUL GieRow qui ont rapporté le plus de données sur la nature du sol (1). Leurs observations s'étendent de la côte jusque non loin du Kassaï, près des Chutes de Pogge. Je les mentionnerai seulement à partir de Malange. Les Chutes du Quanza, au Sud de Malange (Chutes de l’Impératrice Augusta, vers 955 lat. Sud et 16°47' longit. Est), se font sur des grès rouges, durs, qui appartiennent vraisembhlablement à la formation du Kundelungu. Des grès rouges schistoïides horizontaux sont signalés par GiErow en un point situé sur les pentes du Talla Mungongo, à 90 kilo- mètres Est-Nord-Est de Malange. Tout près de là, à Cafutehi, se voient plusieurs collines tabulaires (ct. LiviNcsronE). On y voit des cor- niches de grès durs en saillie sur des couches plus tendres. Ce sont bien là les caractères des couches du Kundelungu. Les « prétendus monts Talla Mungongo, dit Gierow, font, vus du bas, tout à fait l'effet d’une chaîne de montagnes. Ce n’est cependant qu’un versant rapide menant du plateau occidental à la vallée du Kwango. La roche qui affleure sur les pentes est un grès rouge tendre dans lequel çà et là se trouvent des blocs plus cohérents. J'évalue la hauteur totale de l’escar- pement à 1200 pieds (2). » Ces grès rouges tendres à parties dures (« ein mürber rother Sand- stein in welchem hin und wieder festere Blôcke desselben Materials lagern ») rappellerarent, d’une façon frappante, les grès du Système du Lubilache avec les blocs inclus de grès polymorphes tels que je les ai Led rencontrés entre le Kilubilui et le Luvoi (5), où leur disposition en (4) Orro ScHüTr, Reisen tm südwestlichen Becken des Congo. Berlin, 1881. — In., in Mittheil. Afrik. Ges., Bd I (1v-v), 1879. — PAUL GIEROW, in Mittheil. Afrik. Ges., Bd III (1881). (2) Mittheil. Afrik. Ges., IL, p. 105. - (8) Les formations post-primaires du bassin du Congo. (ANN. DE LA SOC. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XXI, 1893-94. Mém., p. 245.) 318 J. CORNET. — CONTRIBUTIONS À LA GÉOLOGIE collines tabulaires est également très frappante. Mais je pense que l'observation de Gierow doit être interprétée autrement et qu'il s’agit ici comme tout près de là, à Cafutchi, de grès relativement tendres renfermant des bancs en saillie de grès plus dur. Nous serions donc dans les couches du Kundelungu (1). Beaucoup plus au Sud (vers 10:8’ lat. Sud), également sur le versant du Talla Mungongo, Scaürr et Gierow traversent le Lualé, affluent du Kwango, coulant rapidement sur des plaques de grès, polies par l’eau et glissantes sous les pieds. Ce dernier détail montre bien qu'il s’agit du grès de Kundelungu. | Plus loin, vers 10°25’ de latitude, les voyageurs passent le Kwango, qui coule sur des plaques de grès rouge. Du Kwango à Kimbundu (près de l'intersection de 10° lat. Sud avec 2° longitude Est) ScaüTr et GieRow ne signalent aucune particularité du sol. Mais à quelques kilomètres au Nord-Est de Kimbundu, le sol superticiel, jusque-là formé de limon rouge, est remplacé par un sable souvent d’un éclat éblouissant (GiErow). De même, ScnüTr fait remar- quer qu'un peu avant d’arriver à la vallée de la Tchikapa (vers 21° 35’ longit.) commence un sable rouge extrêmement fin, bien différent de l’argile rouge du pays du Kwango et du Talla Mungongo. Mais un peu au Nord, le limon rouge reparaît. Dans le lit du ruisseau Kikéléjé, un petit affluent gauche de la Techikapa (vers 9° lat.), se présentent des roches que ScaürTr et GiERow décrivent comme suit : « Les rives et le lit consistent en une argile grise renfermant des lamelles de mica et avant tout à fait l'aspect grenu d’un granite gris. » (GIEROW.) « La roche formant le lit se présente tout à fait comme un granite bleu altéré et friable. Au-dessus se trouvent une énorme quantité de cailloux d’agate, et plus haut, dans le sable limoneux rouge, un bloc qui me parut être de la rolérite. » (ScHüTT.) Plus au Nord, vers 7°55’ de latitude, dans le lit du Luachimo, près de Muata Musévo, et dans celui des ruisseaux affluents, se présente du granile, parfois en très gros blocs et par place fortement veiné de quartz. Le D' Max Bücaner, qui succéda à O. Scaürr dans l’exploration du (4) Ceci est un exemple des difficultés que présente l'interprétation — sans échan- tillons — des observations des voyageurs non géologues. CE DU BASSIN DU CONGO. 319 bassin du Kassai, partit comme lui de l’Angola et pénétra jusque Mus- sumba du Muata Jamvo. Nous ne mentionnerons ses observations qu’à partr de Malange. A Malange même, il signale des grès durs; à Sansa, à environ 50 kilomètres vers l’intérieur, des grés rouges,en couches horizontales (1). Depuis Sansa jusqu'à la Luno, affluent du Kassaï, le sous-sol, partout où il affleure, est formé des mêmes grès argileux rouges, horizontaux. Au Talla Mungongo, ce grès est très tendre (cf. ScaürTr). A Malange et vers la Luvo, il est dur et plus clair, parfois même tout à fait blanc (2). Le Kwango, franchi vers 10°25’ de latitude, coule sur des couches horizontales de grès (cf. ScaürTr). Dans un résumé des observations faites depuis Malange jusque Mussumba, Bücaxer déerit le pays qui s'étend jusqu'au Kwilu comme formé de grès et de conglomé- rats horizontaux. A parür de Kwilu, les vallées sont creusées Jusque dans les roches primitives el, dans toutes les vallées, on trouve la même succession : au fond, des granites et des gneiss donnant souvent lieu à des chutes, au-dessus du grès et enfin le dépôt rouge brique superficiel. Bücaner cite spécialement les falaises de granite du Luembé, vers 9°20 latitude, au Nord-Est de Kabango (5). Nous pouvons ajouter ici que d’après le rapport d’un prospecteur de l'État du Congo, la Lulua, à Katola, un peu au Sud du 9° parallèle, coule sur du grani'e et que la même roche se rencontre vers l'Ouest, dans la direction du Kassai (4). Citons ensuite quelques observations dues à PoccE et à Wissmann, et mentionnées sur la carte de l'expédition PoccE-Wissmanx (1881-1889). Dans le lit de la rivière Luavi, affluent de gauche du Lui (affluent occi- dental du Kwango), près de l'intersection de 10° latitude avec 17°50/ longitude, des grés rougeâtres provoquent lexistence de chutes. A 15 kilomètres au Sud-Ouest du confluent de la Tehikapa avec le Kassaï, dans Île ravin d’un ruisseau affluent du Tehikapa, on indique du grès. Vers 6°50/ de latitude, les tributaires orientaux du Kassai, jusqu’à la limite du bassin de la Lulua, sont encaissés de 40 à 60 mètres dans des grès tendres, rougeûtres, stratifiés horizontalement. Ce sont incontesta- blement les grès du Lubilache (5). (1) Mittheil. Afrik Ges., I, pp. 237 et 246. (2) Jbid., IL, p. 50. | (GS) bd 11 p. 172. (4) Communication de M. H. BUTTGENBACH. (5) Mittheil. Afrik. Ges , IV, pl. 4 et 5. 380 J. CORNET. — CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE Une lettre de Pocce, datée de Mukengé, non loin de la Lulua et un peu au Sud-Est de l'emplacement du futur Luluabourg, dit : « Dans le lit du ruisseau, on trouve fréquemment du grès rougeàtre. Ici à Mukengé, on trouve dans les ruisseaux du granite et du grès; il en est de même sur les rives de la Lulua, à 1 !} mille à l’Est (1). » La carte du premier voyage de Wissmann (2) indique des barrières rocheuses, probablement granitiques, qui accidentent le cours de la Lulua à Tchi- genge en amont du Luluabourg actuel; elle note aussi la présence du grès sur le Lubi, sur le Sankulu-Lubilache à Mona Katchich (Pania Mutombo) et dans les vallées encaissées des affluents du Sankulu et du Lubélu jusqu’à la imite du bassin du Lomami. Au point où le Lubéfu est croisé par litinéraire, 11 est indiqué comme coulant entre des murailles escarpées, hautes de 60 mètres, de grès rouge stratifié horizonta- lement. J'ai, en 1891 eu 1895, exploré ces régions et j'ai pu me rendre compte de l’exactitude des données de Wissmanx (3). Pocce, sur son itinéraire de retour, à traversé à l'Est du Kassai, entre 6° et 6°50/ de latitude, une série de cours d’eau coulant sur des grés tendres, rouges, au fond de gorges profondes d’une centaine de mètres (4). | Les documents géologiques sont peu abondants dans le récit du deuxième voyage de Wissmanx (5), mais 1l en est plusieurs, dues à H. Müccer, qui nous intéressent directement. Près de Mono Uta, au Sud-Est de Muata Kumbana sur le Luchiko (affluent droit du Loangé), vers 6°25' de latitude, les collines, souvent très élevées, sont formées de grès rouges. Un peu plus à l'Est, à la ligne de faîte séparant le bassin du Loangé du bassin direct du Kassai, s'élèvent des collines gréseuses à parois perpendiculaires hautes de 250 mètres. Le document qui clôture la publication des si précieuses Mittheilun- gen der Afrikanischen Gesellschaft in Deutschland est la carte du Kwango inférieur (entre le confluent et 5” de laütude), d’après les levers du (1) Jbid., 1X, p. 219. (2) bi EN pere (3) Les formations post-primaires du bassin du Congo. (ANN. DE LA SOC. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XXI, 1893-94. Mém., pp. 239 et 243.) — Je rappelle qu’au point où nous avons passé le Lino les grès 1 Lubilache reposent en discordance sur les calcaires du Système du Lubudi. (4) Mittheil. Afrik. Ges., IV, pl. 9. (5) Die Erforschung des Kassai. Leipzig, 1888. DU BASSIN DU CONGO. 381 D' MExse (1). Au Sud du 4° parallèle, la vallée est fortement encaissée et montre fréquemment sur ses parois des affleurements de grès rouges tendres. En même temps, on trouve sur les rives et dans le lit de nom- breux blocs de grès polymorphes. (Cf. Passau, échantillon n° 20.) Les récits de BüTTnEr, von MEckow, Kunb, TaPpPENBECk et W.WoLFF ne nous apprennent rien de neuf sur la géologie des régions qu’ils ont si fructueusement explorées. Il en est de même de ceux de CaPELLo et Ivexs et de H.-A.-D. pe CaRvaLHoO. $ 5. Résumons en quelques mots les résultats de toutes les observations qui précèdent. Le sous-sol de l’ensemble du bassin du Kassai, excepté dans les parties les plus méridionales, est constitué par le Système du Lubilache. Les couches de ce système débordent, vers l'Est, dans les bassins du Lubudi, du Haut-Lualaba et du Lomami; vers le Nord, elles s'étendent dans les parties centrales du bassin du Congo. Du côté de l'Ouest, dans la région des Cataractes du Congo, le long du chemin de fer de Matadi au Pool et le long de l'itinéraire de M. Passau, on trouve de nombreux vestiges (blocs de grès polymorphes) de l’ancienne extension des couches du Lubilache sur la formation des grès de l’Inkissi. Du côté du Sud, les documents que nous possédons ne nous permel- tent pas de fixer les limites de l'extension des Couches du Lubilache. D’après des renseignements sur la nature du sol superficiel (« sol sableux ») fournis par quelques voyageurs (ScaüTr, GiErow), elles pourraient arriver au moins Jusque vers le 10° parallèle. Je rappellerai que, sur le Haut-Lualaba, elles dépassent notablement cette ligne. Grâce à l'existence des vallées d’érosion, les grès du Lubilache, entaillés d’outre en outre, laissent voir le substratum sur lequel ils reposent jusque dans des parties déjà très centrales du bassin (5°20’ de latitude Sud sur le Lubéfu). Le granite a été reconnu, dans le fond des vallées, depuis la latitude de Luébo au Nord (vers 5°50' de latitude Sud) jusque vers9°30' de latitude Sud, dans la partie Sud-Est du bassin. Dans le sens Est-Ouest, il est visible depuis le Haut-Kwilu (vers 19°30' de longitude Est) jusqu'au Haut Luembé (vers 24°50/ de longitude), pour nous restreindre aux limites du bassin du Kassaï. G) Bd V, pl. 10. 4907. MÉM. 25 382 CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DU BASSIN DU CONGO. Les terrains primaires sont mis à nu au fond de la vallée du Lubéfu, par 5°20/ de latitude, dans celle du Lubilache en amont de la Chute de Wolf et dans celle du Bas-Luembé (1). Les couches du Kundelungu sont visibles dans la vallée du Luembhé inférieur (2) Elles paraissent avoir une grande extension dans l’angle Sud-Ouest du bassin du Kassai. Elles sont visibles au Nord du 9° paral- lèle ‘et peut-être beaucoup plus au Nord), dans les hautes vallées de quelques affluents occidentaux du Kassaï. La haute vallée du Kwango, en amont des Chutes de François-Joseph, forme une remarquable dépression limitée par deux escarpements rapides : le Mussomba à l’Est et le Talla Mungongo à l'Ouest. Ces deux escarpements, le fond de la dépression et les massifs qui s’en élèvent, sont constitués par les Couches du Kundelungu. Le plateau de Malange, . jusqu’à une limite que nous n’avons pu encore déterminer, en est aussi formé (3). Cette région basse, comprise entre le Mussomba et le Talla Mungongo, présente beaucoup d’analogie avec la dépression de la Lufila moyenne, au Katanga, limitée à l'Est par l’'escarpement du Kundelungu et à l'Ouest par celui de la Manika, formés tous deux par les Couches du Kundelungu. (4) Voir J. CoRNET, Observations sur les terrains anciens du Katanga. (ANN. DE LA Soc. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XXIV, 1896-1897.) (2) Les formations post-primaires du bassin du Congo. (ANN. DE LA SOC. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XXI, 1893-1894. Mém., p. 293.) (3) Les couches de calcaire qui font partie de la série du Kundelungu au Katanga (Manika, Luembé) se retrouvent au plateau de Malange. (H.-A.-D. DE CARVALHO, Expe- dicaô Portugueza ao Muantièmvua, t. I, pp. 156 et 243.) — Rappelons que Livingstone a signalé du calcaire à l'Est de l’escarpement du Mussomba. (Voir plus haut, pp. 376 et 377.) Ce LES OXYDES DE TITANE ET AUTRES PRODUITS D'ALTÉRATION DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT SUIVI DE REMARQUES SUR LE DYNAMO-MÉTAMORPHISME PAR W. PRINZ\) Professeur à l'Université de Bruxelles. Ce travail réunit un certain nombre d’observations relatives aux minéraux produits par l’altération de quartzites et de schistes du Brabant, ainsi que de la roche porphyrique de Quenast. J’ai accordé une attention particulière aux oxydes de titane : rutile, anatase et brookite, parce qu'ils sont, en général, abondants et qu'ils suffisent à établir le fait, sur lequel il est plusieurs fois insisté, que ces minéraux, ainsi que d’autres encore, naissent de réactions lentes, poursuivies à basse température, en dehors de toute action éruptive intense ou atté- nuée, en dehors aussi de l'intervention du métamorphisme dynamique. Ces observations se rattachent donc à celles, bien connues, de Thürach, qui, dès 1884, a montré la remarquable ubiquité des oxydes de titane, du zircon, etc., en même temps qu'il démontrait l’origine des premiers par simple altération. Des constatations analogues furent faites par Stelzner, par Doss, plus récemment par H.-H. Thomas et d’autres, tant sur les produits de décomposition des schistes que sur ceux de roches cristallines. (4) Mémoire présenté à la séance du 15 octobre 1907. 304 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE Pour la description détaillée des roches ardennaises, dont il sera incidemment question, on consultera les mémoires de Renard et celui que J'ai consacré à la déformation des matériaux des phyllades de cette région; pour les roches du Brabant, je renvoie au travail de Dewindt. Ayant fait parte du jury chargé d'examiner ce dernier mémoire, j'ai pu parcourir les préparations sur lesquelles il repose, les comparer aux miennes et acquérir la preuve du soin que le jeune lithologiste avait apporté à les décrire. Sous la direction d’un maître tel que Renard, il n’en pouvait être autrement. J'ai donc élagué de mes observations ce qui pouvait faire double emploi, mais je n’ai pas craint, toutes les fois que le sujet l’exigeait, d'entrer dans des descriptions détaillées. _ Relativement aux minéraux, je n’ai développé que ce qui était utile à mon exposé, ou ce qui élait nouveau; le reste est à trouver dans les travaux cités. Les mesures goniométriques sont en angles normaux. L'index bibliographique fait suite à celui qui termine mon étude sur la déformation des phyllades; les chiffres entre parenthèses renvoient à la pagination des écrits qui sont renseignés dans tous deux. Blanmont. Ces carrières de quartzites (notés comme cambriens sur la carte officielle; levés de MM. Mourlon et Malaise) ont des parois verticales découpées en plusieurs sens par des diaclases très apparentes. La plus grande de ces exploitations montrait, autrefois, deux intercalations schisteuses, l’une au milieu de l'exploitation, l’autre vers l'extrémité de celle-ci. Elles sont fort indistinctes aujourd'hui. La première, épaisse de plusieurs décimèêtres, est constituée de schistes soyeux, jaune clair, accompagnés d’un produit altération onctueux, jaune-paille, faisant plus ou moins pâte avec l’eau. Ce schiste contient, parallèlement à son feuilletage, des lentilles de quartzite, de dimensions variables, n’ayant souvent que quelques cen- tümètres d'épaisseur, et moins encore. À Au microscope, le schiste apparaît constitué par un feutrage séri- citeux, très serré, sans interposition visible de silice. L’uniformité de l’image n’est rompue que par des taches et des lignes limoniteuses, de petits prismes courts, dichroscopiques, de tourmaline, et une grande quantité de petits points noirs, grisätres, vaguement translucides, verts. En lumière réfléchie, ils sont blancs avec éclat adamantin. Sous un grossissement plus fort, ils se résolvent en granules ou paillettes rugueuses, de 0""04 environ de diamètre, et de la moitié d'épaisseur DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 389 (fig. 4, n° 1 et 2). Rarement on trouve une paillette plus épaisse, se présentant par la tranche, montrant un biseau obtus de 156° environ, une coloration verdâtre, des extinctions droites (fig. 4, n° 5 et 4); les autres propriétés optiques sont rendues inobservables par le peu de transparence des grains et l’enrobage sériciteux. La détermination plus complète de ces corpuscules établira qu'ils appartiennent à l’anatase. La matière plus ou moins onctueuse, jaune-paille, fournie par la désagrégation du schiste et du quartzite contient des grumeaux ferru- -gineux, des grains de quartz salis par la limonite, des paillettes usées d’un mica altéré, rouge-brun, avec axes peu écartés, enfin, les miné- raux dont l’énumération suit dans l’ordre croissant de rareté : La tourmaline, en prismes hémimorphes, différemment colorés aux deux bouts et contenant des ponctuations diverses; 1ls atteignent jusque 05 de long et ressemblent alors totalement à ceux qui seront décrits au paragraphe relauf à Nil-Saint-Vincent: Le zircon, en grains roulés, rougeâtres, avec structure zonaire et inclusions habituelles ; Le rutile, dont on rencontre exceptionnellement de petites plaques réticulées fauves. x 100 Fi. 1. L’anatase est, au contraire, abondante. Elle ressemble totalement aux granules eristallins trouvés dans le schiste, aux parcelles duquel bien des petits cristaux adhèrent encore. Ceux-ci sont associés à un certain nombre de tablettes mieux formées, transparentes, gris ver- dâtre ou vert, à éclat adamantin en lumière réfléchie, bien plus grandes 386 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE (jusque 012), qui ont tous les caractères d’une nouvelle génération. Un des angles de ces petites tables manque souvent, remplacé qu'il est par une partie rugueuse indiquant un point d’attache (fig. 1 : a, b, ce, d). En dehors de ponctuations micacées et autres, il n’y a pas d'inclusions. Vues de profil, ces tablettes sont assez épaisses et passent même à des bipyramides basées (fig. 1, n° 5); les extinctions sont alors droites. A plat, elles donnent une figure monoaxe négative. Bref, cette anatase est semblable à celle que Thürach a décrite et à celle qui a été signalée de divers côtés dans ces dernières années, notamment par H.-H. Tho- mas, qui en a publié de bonnes photographies. J'ai dit plus haut que le schiste de Blanmont contenait des lentilles HUE Le quartz y est en grains arrondis (jusque 3 millimètres), entourés d’enveloppes schisteuses contenant les éléments déjà cités. Certains grains donnent une mo- saique en lumière polarisée; les extinctions onduleuses, que lon considère d'habitude commeétant l'indice d’une compression éner- gique, ne sont pas très fréquen- tes. La masse à cependant été comprimée, car l’orientation gé- nérale des éléments micacés entre les grains de quartz est bien marquée. J’attribue aussi à cette cause le broiement de cristaux de zircon, à débris disjoints, qui se rencontrent parfois dans la partie schisteuse intercalaire (fig. 2). Lorsqu'on sectionne, normalement à la schistosité, une petite lentille siliceuse (4 à 2 centimètres) formant « œil » dans le schiste, en con- servant une partie de ce dernier dans la préparation, on constate que bien des grains de quartz sont traversés par des nappes d’inclusions liquides infinitésimales, à bulle mobile, nappes dont les plans, paral- lèles entre eux, sont moyennement normaux au feuilletage du schiste. Cette disposition est également caractéristique d’un écrasement, mais il ne faudrait pas s’exagérer son importance, tous ces phénomènes ayant à peine modifié les positions relatives des éléments ou de leurs débris. Beaucoup de grains arrondis sont partiellement recristallisés, ainsi qu’on l’a observé pour tant de quartzites, mais ce ne sont pas, à pro- prement parler, des secondary enlargements; ces modifications se sont DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 387 produites avant l'enrobage des grains dans la masse micacée, car celle-ci épouse leurs contours. Les parties anciennes des grains com- posites se distinguent de la mosaique nouvelle par lhomogénéité optique et par la quantité d'inclusions hiquides, qui forment parfois un voile gris (fig. 5). Certains grains contiennent | ere aussi des filaments d’une extra- RE EIR ordinaire ténuité (1/; de u envi- ron) que je m'arrête à décrire. . tant à cause de la constance de leur aspect dans nos roches, que du doute qui plane encore sur leur véritable nature; on les rap- porte généralement au rutile. Un très fort grossissement les montre sectionnés en de nom- breux bâtonnets noirs, écartés et déplacés comme l’indiquent les croquis (fig. 4). Les espaces qui séparent les tronçons sont relativement considérables ; 1] arrive qu’on y trouve un point noir qui est le tronçon manquant, placé presque en bout. Les filaments interrompus se trouvent aussi bien dans les grains constitués par un seul individu de quartz, que dans les grains composés; seulement, dans ceux-ci, les filaments sont plus fortement disloqués, et la brisure la plus marquée, en forme de baïonnette, se trouve quelquefois au joint de deux plages recristallisées. Ces coudes sont cependant tout aussi marqués chez les filaments inclus dans un grain homogène. Ces fils appartiennent bien au rutile, comme l’apprennent les formes de passage vers des bâtonnets plus épais, jaune-brun, non dichrosco- piques, à extinctions droites, également tronçonnés et articulés, ainsi que les microlithes fusiformes de ce minéral, qui leur sont associés. Ce sectionnement, avec déplacement des débris, laisse l'impression de faibles actions mécaniques dans un milieu visqueux. Mais avant d'accepter cette explication, 1l faut considérer que si l’on cherchait à expliquer les coudes brusques, qui ne dépassent guère un angle de 120°, par un refoulement, il faudrait rapporter le tronçonnement à une trac- tion. Il est plus probable que ces singuliers alignements sont des portions isolées d’un même cristal de rutile, quelque chose de compa- HIS: 388 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE rable à ces fragments séparés de paillettes d’oligiste nageant dans les cristaux de quartz du Saint-Gothard, qui, bien qu’ils soient totalement isolés les uns des autres, appartiennent pourtant à un même eristal (analogues à ceux que figure Zirkel, Mikros. Besch., fig. 36 a). | | En faveur de cette interprétation, 1l L ya lieu de mentionner les ponetuations plus larges, de rutile, intercalées au fl milieu de certains fils, à la place des | _ tronçons manquants, ainsi que les bà- tonnets articulés, mais non séparés, mieux cristallisés, actifs en lumière po- larisée (p sur les dessins, fig. 4), régu- © lèrement coudés et associés aux fils # tronçonnés dans une même plage. LL EN & Dans quelques grains quartzeux cou- | pés normalement à l’axe, j'ai vu un | Ü : #0 semis de bâtonnets courts, isolés, bruns, OiE F à exUnctions droites, de rutile, orientés | : suivant les trois axes horizontaux du cristal de quartz (déjà observé par Cohen, in Zirkel Mikros. Besch.). La seconde intercalation schisteuse, située à l'extrémité de la carrière, est indiquée par des produits d’altération semblables à ceux dont 1l vient d’être question. L’anatase s'y retrouve assez abondamment ; elle est moins belle que celle du premier gisement. La plupart des petites tables carrées sont opaques, rugueuses, mal terminées et adhèrent à de minuscules débris du schiste dont FIG. 4. elles proviennent. Le quartzite a aussi fourni quelques-uns des éléments de ces produits d’altération, mais en bien moindre quantité qu’en d’autres affleurements de la région. Il me sera permis de remarquer à propos de ce quartzite, qu’il ne paraît pas possible de donner des descriptions pétrographiques aussi arrêtées de ces roches, que celles qu’en trace Dewindt; ces dépôts sont de composition variable, en sorte qu’il est délicat de faire ressortir les différences qu'ils présentent d’un gisement à l’autre. C’est ainsi que l’auteur précité nous dit, dans son texte, que « le ciment © DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 389 micacé est en général abondant », alors que l’explication des planches renseigne : « Quartzite de Blanmont. Un de ces quartzites du Brabant caractérisés par l’absence presque complète de ciment micacé ». Suivant le même, « les éléments accessoires, fort abondants dans cette roche, sont la tourmaline, le rutile, l’apatite, la limonite, un peu de zircon et quelques paillettes d’ilménite intacte ou altérée ». Si Je m'en tenais à la préparation que j'ai sous les yeux, j'écrirais au con- traire : éléments accessoires peu abondants; pas de tourmaline ni d’apatite ; zircon fréquent. Ces quartzites présentent des traces de recristallisation. Nil-Saint-Vincent. Quartzites faisant suite aux précédents et remarquables par les minéraux qu’on y à rencontrés. Je n’en mentionnerai que ce qui est nécessaire à la discussion de l’origine encore mal connue de ceux-ci, renvoyant pour certains détails aux travaux cités. L'état de la carrière et la description du quartz qu’on y a trouvé en superbes échantillons ont été très bien exposés par de la Vallée Poussin. C’est une esquisse d’en- semble qu'il m'importe de donner; elle sera facilitée par les observa- tions faites à Blanmont. J'ai tardé à utiliser les matériaux dont je disposais, parce que d'année en année jJ'espérais une reprise des travaux qui m’eût permis de compléter quelques points de mon étude. Il n’en a rien été, de sorte que je dois m’en tenir à mes anciens échantillons. Le quartzite non altéré montre, au microscope, les caractères sui- vants qui différent de ceux indiqués par d’autres : le zircon roulé est abondant; la tourmaline en bâtonnets, à centre rosé et écorce verte, l’est également. Mes coupes montrent encore d’abondantes paillettes de micas divers, froissées entre les grains de quartz; des granules schisteux arrondis; des earbonates de remplissage; done un passage au grès. L’ilménite et l’apatite sont également reconnaissables. On sait que la roche contient aussi des sulfures métalliques : des mouches de galène, de beaux cristaux de mispickel, décrits par M. Cesàro, et de la pyrite cube-octaédrique. Par suite de cette composition, le quartzite s’est progressivement altéré en une matière jaunâtre et a formé des masses plus ou moins cariées, pourries, dans lesquelles la silice a recristallisé, englobant les produits de décomposition. L’examen microscopique établit que ces 390 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE parties ocreuses, jaunes, sont constituées d’une mosaïque quartzeuse, parfois très fine, dans laquelle on retrouve des grains ayant appartenu au quartzite, associés à des grumeaux jaunes (en lumière réfléchie) avec des granules de zireon et de la tourmaline en houppes brisées, dont les aiguilles percent plusieurs grains d'orientation différente. D’autres particules minérales sont également disposées en files non déviées par les éléments de la mosaique siliceuse ; de semblables dispositions sont fréquentes dans les grès et quartzites recristallisés. À d’autres places, le quartzite est creusé de poches remplies d’une matière jaune-paille, onctueuse à sec, faisant boue avec l’eau, que j'appellerai, avec mes prédécesseurs, « argile Jaune ». Enfin, j'ai détaché de la salbande du filon, ou plutôt du joint de décomposition, en un point difficilement accessible dans le fond de la carrière qui commençait à s’inonder, un fragment schisteux, dont il ne me reste actuellement qu'une seule préparation, taillée normalement au feuilletage. C’est un schiste vert brunâtre, assez cohérent, constitué, microscopiquement, d’un mica écailleux, vert, ayant la faible biréfrin- gence et le dichroscopisme des chlorites. Parallèlement à la schistosité se voient de petits amas et de grandes sections isolées (jusque 0""2), non froissées, d’un mica blanc jaunâtre. L’attention est ensuite attirée par un grand nombre de cristaux de tourmaline et de granules de zircon. Ces derniers sont entourés de lauréole pléochroïque fréquente dans les roches de ce genre. La préparation est encore ponctuée de corpuscules opaques, déchi- quetés, plats, plus serrés dans certaines strates. Je n’ai pu les isoler ; leur détermination précise reste à faire. Certains se montrent un peu translucides, avec réfringence élevée. En lumière réfléchie, on constate que les uns sont gris bleuâtre, les autres gris jaunâtre ; tous sont à éclat adamantin et leurs dimensions n’excèdent guère 0""1 de large sur quelques centièmes de millimètre d'épaisseur. Par comparaison avec les autres roches de la région, ces granules me semblent appartenir à l'anatase. La silice n’est visible qu'en quelques points isolés. L'argile jaune est constituée des éléments résultant de l’altération de ces roches et de ceux, tels que le zircon et la tourmaline, qui y ont résisté. Renard a donné une analyse du mica décomposé dont elle est surtout formée; mais à côté des paillettes microscopiques, incolores, hexagonales, signalées par ce savant, on trouve des débris de rosettes et des crosses de chlorite, ainsi que de grandes pellicules (2 à 3 milli- mètres) usées, d’un mica du premier genre, avec 2 E environ 50°, ï + ne Las ral 3: à? Lei ( L # =. 1 4 ; ï le 4 $ 2 À DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 391 négatif, et p < v, done de la muscovite. Cette dernière contient des inclusions de zireon et de tourmaline, ainsi qu’un semis de microlithes de rutile provenant de la décomposition du mica. Dans cette masse, des minéraux se sont régénérés (quartz, tourma- line, rutile, apatite, chlorite, dolomie, pyrite); d’autres se sont formés (anatase, brookite, monazite, xénotime). Je vais les passer en revue, en m'arrétant plus longuement à ceux dont l'étude n’a pas encore été faite et en commençant par le quartz. Ce minéral nous permet, en effet, de suivre la marche de l’altération du quartzite, ainsi que les phases du développement des composés nouveaux issus de cette trans- formation ; il nous a même conservé, par inclusion, des minéraux qui ont disparu dans l'argile jaune (dolomie, pyrite). Quartz. — Le quartzite fut soumis à l’altération, a-t-il été dit au paragraphe précédent. Les grains de quartz ont été libérés, dissous, abandonnant la matière intercalaire sous forme d’une sorte d’éponge très finement celluleuse, ocreuse, constituée surtout de parcelles mica- cées, de tourmaline et de zircon, dans laquelle la silice a recristallisé en grains dont les limites diffèrent de celles des mailles de la masse argileuse. En certains points, le tissu plus lâche permettait le déve- loppement d’un agglomérat d’ébauches de cristaux de quartz de quel- ques millimètres, mélangés à des parties terreuses non silicifiées. Ailleurs, la masse décomposée, perméable, était disloquée en mottes de volume variable, par des crevasses grandes et petites, de sorte que les cristaux qui s’y développaient prenaient racine dans l’amas spongieux jaune, restaient limpides dans la partie où ils franchissaient une fissure, puis se terminaient au delà de cette dernière en se chargeant de nouveau de matière argileuse. Ces cristaux, vus isolément, présentent un aspect assez inexplicable au premier abord. Dans celui représenté figure 5, en section longitudinale, on aperçoit les brisures de la masse jaune. Le microscope y laisse reconnaître la disposition cellulaire de celle-e1; ses mailles sont consti- tuées par les minéraux déjà plusieurs fois cités, accom- pagnés de bulles gazeuses ovoides, qu’on pourrait con- fondre avec du zircon roulé, alors que les grains de ce minéral sont plus clairsemés. On y voit encore une FiG. 5. belle coupe d’une grande anatase; une section de monazite à peine recouverte de silice; enfin, des associations rayonnantes d’aiguilles de 392 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE rutile d’une délicatesse extrême, et d’autres, un peu plus robustes, de tourmaline. Au point de vue optique, ce cristal est parfaitement normal. La section horizontale, figurée au bas du même dessin, est celle d’un autre individu qui donne également une figure axiale sans aucun trouble et montre la limite irrégulière de la substance jaune. Parfois des prismes volumineux venaient buter contre des saillies argileuses relativement petites, mais imperméables à la solution sili- ceuse, alors le cristal entourait le corps étranger et le pointement s’achevait tant bien que mal, sans toutefois pouvoir terminer celles de ses faces en contact avec l’obstacle. Lorsqu'on écarte, par un Jet de lavage, la masse jaune partiellement enchàssée dans ces cristaux, elle y abandonne des cavités irrégulières, profondes, que l’on à parfois attribuées à une corrosion. Le croquis ci-contre don- ne l’aspect, en grandeur na- turelle, d’un de ces quartz « Corrodés », contenant, près du sommet, une cavité (pointillée) dont l’ouverture (en noir) débouche sur une large encoche, partiellement guérie et couverte, pour le reste, de rugosités cristalli- nes à orientation commune. Sur cette surface rugueuse sont fixés de petits cristaux d’anatase. La cavité et l’en- coche furent produites par l'inclusion incomplète de la matière Jaune. À gauche, une autre inclusion argi- leuse existe près de la ca- vité d'insertion d’un petit prisme; une large fêlure en écaille l'entoure. Vers le milieu, une troisième cavité a également provoqué une fêlure injectée de limonite. J’ai vu un de ces cristaux, gros comme le poing, presque rempli par un bouchon argileux, dont l’enlèvement transforma l'échantillon en une sorte de gobelet plat, à six pans, creusé d’une large cavité irrégulière et raboteuse. Les concentrations de la silice, au détriment du quartzite, ont con- FIG. G. L«) " 3 £ * } ra * n DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 393 tinué, à Nil, pendant tout le temps que se constituaient les autres espèces minérales, car le quartz eristallisé les englobe presque toutes. Il forme des groupes volumineux de prismes ébauchés, des plaques hérissées de pointements qui se détachaient des parois décomposées, se brisaient en tombant dans l’argile jaune, puis se réparalent, tantôt par des ajoutes de silice plus pure conservant l'orientation des frag- ments, tantôt par des tronçons de prismes opaques, mal terminés, déviés, ou incomplètement soudés. Ainsi naquirent ces curieux grou- pements sur lesquels de la Vallée Poussin à écrit d'excellentes pages. L’argile contient aussi de nombreux microlithes de quartz, n’ayant que quelques centièmes de millimètre de longueur, qui échappent à l'observation en lumière ordinaire; ils sont faciles à reconnaitre en lumière polarisée. La plupart sont isolés, bipyramidés, ou maclés suivant la loi habituelle; quelques-uns enclavent des poneluations micacées, d’autres enchâssent d’infinitésimales aiguilles de tour- maline. Parmi les pierrailles extraites de l’argile par lavage se trouvent des débris informes, troubles, jaunâtres, que l'examen optique démontre être des individus simples de quartz, à structure scoriacée, par suite d’intercalations argileuses enlevées par l’eau. En lame mince, ce quartz est d'ordinaire criblé d’inclusions liquides. Les caries, que traversent des aiguilles de tourmaline, sont bordées de liserés jaunes constitués par des particules argileuses (micacées) imprégnées de silice. D’autres fragments possèdent des indications de faces. J’en figure un que j'ai taillé normalement à l’axe ainsi que normalement à une succession de nappes onduleuses d'argile jaune, d’un tiers de millimètre d’épais- seur environ, séparées par des espaces limpides d’un millimètre. A voir la façon brusque dont ces lames se terminent au sein du cristal, à environ deux millimè- tres du bord de la section, sans pénétrer dans la zone limpide qui la limite par- üellement, 1l semble que cette écorce soit surajoutée. Les lames argileuses marquent vraisemblablement les progrès successifs de l’altération d’un débris de quartzite; peut-être sont-elles les feuillets d’une plaquette schisteuse. On peut supposer que ce fragment s’est partiellement imprégné de quartz et qu’il s’est complété ensuite par une enveloppe transparente. Au microscope, la plaque laisse reconnaitre des essaims d’inclusions liquides qui ne Fic. 1. 394 W. PRINZ. — LES OXYDES s'étendent pas toujours au delà des napp DE TITANE es argileuses. Entre nicols croisés, loute la section, assez épaisse, est zébrée de lignes neutres, qui ne se continuent pas nettement entre les bandes jaunes. En lumière convergente, pour autant qu’on puisse voir, les parties voisines des lames incluses sont simples, tandis que les intervalles montrent les spires d'Aïry. Zircon. — Les granules rouges de ce m inéral, que je signalais en 1881 dans l'argile jaune, sont bien ceux que l’on voit en place dans le quartzite et dans le schiste. Les plus petits seuls présentent en- core des formes cristallines ; les autres ont toutes les ap- parences d’un minéral roulé et dépoli. Leurs propriétés optiques ne présentent rien de particulier; l’obliquité des extinctions dont parle Renard n’est qu'apparente et dépend de l'irrégularité de contour des grains. Certains granules libres sont brisés en plusieurs fragments, encore soudés, quoi- que déplacés, accident qui ne se sera vrai- semblablement pas produit dans le schiste, mais qu’on observe dans le quartzite de Nil-Saint-Vincent comme dans celui de Blanmont (fig. 8). Le zircon joue le rôle d’élément primaire par rapport à la tourmaline, ainsi que Je l’ai constaté toutes les fois que ces deux minéraux sont associés dans des conditions analogues(O pprebais). À Nil-Saint-Vincent, on trouve des granules du second inclus dans les bâtonnets du premier, tant dans les tourmalines de l'argile jaune, que dans celles que contient le schiste et qu'il montre en coupes plus ou moins obliques (fig. 9). L'état frais, la fragilité de la tourmaline, rendent inadmissible l'hypothèse d’un transport; elle s’est formée sur place, dans DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 399 les boues et les sables dont sortirent les schistes et les quartzites, englobant les grains de zircon qui portent, au contraire, des marques évidentes de charriage. La formation secondaire du zircon, dont J'avais entrevu la possibilité dans mon travail sur la monazite et le xénotime (p. 320), ne s’est pas confirmée. Tourmaline. — Elle n’a pas été décrite, que Je sache, et fut parfois confondue avec d’autres minéraux (épidote, rulile). Ce sont de petites aiguilles ayant jusque 4 et 5 millimètres de long, alors très fines, ne dépassant pas 02 ou 0""3 d'épaisseur. Les plus gros cristaux, qui ont jusque 2 millimètres de diamètre, sont, au contraire, presque aussi il A] Hi il { # larges que longs. Tous sont nettement hémimorphes, caractère qui se manifeste par une terminaison rhomboédrique à une extrémité, et une brosse, à fibres peu divergentes, à l’autre (fig. 10). Les faces terminales appartiennent aux formes communes, ainsi que l’établissent les mesures. Un cristal a donné (moyenne de plusieurs pointés) : ete (02%) : (2201) — 770 6 Calculé : 77° 0 ep (0221) : (1071) — 38098 38030 396 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE La plupart de ces aiguilles ont, près de l'extrémité terminée, un noyau plus clair; les cannelurcs du prisme s’atténuent dans cette partie, comme l'indiquent les croquis. Les teintês (polariseur enlevé) sont assez difficiles à fixer : habituellement le noyau est vert clair, vert- rose et moins pléochroïque ; les autres parties sont violacées, sépia-rose, avec prédominance de Ja dernière tente lorsque le bâtonnet est mince. Des débris isolés, entamés par le polissage dans la préparation du schiste décrit antérieurement, montrent une coloration violet-mauve (aubergine) intense. Les inclusions solides indéterminables, consistant en particules noires et en granules clairs, réfringents, polarisant vive- ment, sont d'ordinaire concentrées dans le noyau. Rarement on trouve des inclusions liquides. Parfois on reconnaît des agglomérations de microlithes de rutile dans le noyau; une fois ils étaient disposés en trainées imitant la structure fluidale (voir fig. 10). Fréquemment ces petits prismes sont associés, à deux, sous un angle très ouvert (voisin de 150°); l’accolement se faisant toujours près du noyau, ce n’est pas un tronçonnement accidentel suivi de guéris- sage (voir fig. 10). re En concassant ces petits cristaux, on obtient, par suite de la ten- dance du minéral à se briser normalement à l’axe, des cassures trans- versales permettant de reconnaître des indices de structure zonaire (rose-vert au centre; écorce vert d'herbe) et les faibles anomalies optiques si fréquentes dans la tourmaline. La nature différente du noyau se met en évidence par l’action pro- longée de lacide fluorhydrique chaud sur les petites aiguilles. La gaine striée en long, qui l’envelop- pait incomplètement, disparaît, l'extrémité en brosse se dissout, la terminaison rhomboédrique s’en- tame fortement, et la corrosion se propageant sur la surface de jonc- uon entre le noyau et le reste du bâtonnet, ce dernier tend à s’isoler tout à fait (fig. 11). La tourmaline se trouve encore à Nil sous des aspects qui ne permettent pas d'admettre qu’elle provient toujours simplement du quartzite et du schiste décomposés. Ce sont des aiguilles d’une ténuité telle qu'on ne peut supposer leur transport. Une régénération de la tourmaline est surtout évidente par la façon dont de fines aiguilles se Fc. 11. Pass + à £ E è DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 397 surajoutent à des débris de prismes pour constituer de fragiles grou- pements, qui n'ont été conservés que grâce à leur enrobage dans du quartz au moment de leur naissance. On les retrouve aussi dans le quartzite recristallisé, où les aiguilles divergentes d’une même houppe traversent plusieurs grains siliceux d’orientation différente (fig. 12). Fig. 12. La preuve que le minéral qui nous occupe à continué à s’élaborer, quoique dans des proportions réduites, pendant le temps que dura la formation du quartz, est la présence d’aiguilles isolées, de tourmaline, d’un centimètre de long, dans les dernières couches d’accroissement des quartz guéris et même sur la surface de ceux-ci. Anatase. — Ce minéral, signalé par M. L.-L. De Koninck, est abondant à Nil sous forme de petites bipyramides à striations et cannelures marquées, à éclat métallique et coloration bleu ou bleu- vert par transparence. Elles atteignent 2 millimètres de long. Les combinaisons {441!, 117!, 101!, }107! sont très rares; M. Cesàro a observé, en outre }357{. Rosenbusch signale encore 15.5.11! et j'y ai trouvé souvent la forme nouvelle }449! décrite dans une note spéciale. Quelques individus tabulaires sont exceptionnels ; ils montrent la figure axiale négative, parfois avec dislocation marquée. L’anatase se rencontre encore en granules cristallins à tous les états de développement, depuis les ébauches microscopiques, jusqu'aux cristaux plus volumineux fixés sur les grands quartz brisés ou englobés dans les dernières couches d’accroissement de ceux-ci. On Îa trouve aussi en grains ovoides, opaques, gris, à surface granuleuse avec indi- cations de pointements, qui agglutinent des aiguilles de tourmaline 1907. MÉM. 26 398 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE dépassant de tous côtés. L'accolement se fait de préférence à l’extré- mité en brosse. L'association avec la monazite, le xénotime et de très petits prismes de quartz s’observent également. La formation de l’anatase s’est continuée aussi longtemps que celle du quartz. Rutile. — L'oxyde de titane, sous cette forme, est également très fréquent dans ce gisement. Les pages précédentes le signalent déjà dans les paillettes de mica décom- posé et dans l'argile jaune englo- bée par les prismes de quartz. L’argile jaune le contient sous forme de bâtonnets groupés en V, en K, soudés à de plus gros fais- ceaux d’aiguilles parallèles, trans- lucides, jaune-brun au milieu, opa- Frc. 43. ques aux deux bouts, fauves en lumière réfléchie (fig. 13). Enfin, le rutile constitue les enduits de sagénite dont il sera ques- ion dans un des paragraphes suivants. Brookite. — Elle n’a pas encore été signalée en Belgique. L’oxyde de titane rhombique est d’ailleurs le plus rare des trois, et certains auteurs, se basant sur le fait qu'ils naissent à des températures diffé- rentes dans le laboratoire, veulent que la présence de la brookite exclue celle des deux autres et vice versa. Cette règle ne saurait être absolue, les conditions de genèse de ces minéraux n'étant pas celles des synthèses réalisées artificiellement. La brookite n’accompagne pourtant pas volontiers les deux autres formes de Ti0,, en sorte qu’on pouvait prévoir qu’elle serait rare à Nil. Je n’en ai, en eflet, trouvé que des cristaux isolés, ayant cepen- dant jusque un demi-millimètre de longueur, transparents, rougeâtres, à éclat adamantin, caractérisés par leur striation verticale et surtout par la dispersion si particulière propre au minéral. Celle-e1 s’observe faci- lement sur ces paillettes cristallines, habituellement aplaties suivant (100). Leurs vives couleurs en lumière polarisée, le bleu intense qu’elles présentent, les signalent à l’attention et empêchent de les confondre avec l’anatase. Les plus petites étant les mieux formées, j'en figure deux sous un grossissement assez fort (fig. 14 et 15). Le premier cristal est fixé obliquement sur un petit quartz libre dans l'argile jaune, sur la même face où se trouve collée une monazite tabu- DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 399 laire. En lumière réfléchie, on reconnait la zone prismatique fortement cannelée et arrondie avec une large troncature e !/, (011), la base p (001) et une facette qui est peut-être a! (109). Le deuxième, hbre celui-ci, montre bien la figure axiale (2 E na — 30° environ). J’ai mesuré : (001) : (011) — 43° env. pelle — 43029" Des Cloizeaux. (001) : (021) = 6214 petl; — 62 6’ = Un éclairage approprié fait encore apparaître une fine troncature le long de (011), indiquant la forme (122), si fréquente chez la brookite. Ce cristal est, en outre, encadré et pénétré de rutile (sagénite), ce qui indique une association plutôt qu'une paramorphose, le rutile ayant simplement servi de support, sur lequel la brookite s’est développée en s’orientant plus ou moins. L’angle p (001) : e !/, (021) = 62 6’ est voisin de ceux de 57° à 60° qu’affectent les groupements de sagénite, de sorte que si la brookite eroît avec e 1/, parallèlement à une des lignes du réseau de rutile, d’autres aiguilles seront parallèles à p et normales aux stries, les troisièmes recouperont ces stries sous un angle de 30°. Le parallélisme entre les faces des deux minéraux n’est pas rigoureux ; il ne l’est d’ailleurs pas davantage entre les aiguilles de rutile, ainsi que le dit le paragraphe suivant, consacré à des groupements ana- logues. Associations d’anatase, de rutile et de brookite. — Le rutile, sous forme de sagénite, s’est particulièrement développé dans certaines accumulations chloriteuses compactes, contenant de l’apatite ainsi que 400 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE des débris et de petits prismes de quartz. Ce sont des enduits, de plu- sieurs centimètres carrés de surface, remplissant les fissures de la chlo- rite et du quartz; ils recouvrent aussi les petits cristaux de ce dernier. Les lamelles jaunes, soyeuses, avec taches noires, ocreuses (ilménite en voie de transformation ?), à tissu serré, de quelques dixièmes de mil- limètre d'épaisseur, sont composées de fibres croisées sous les angles de macle du ratile (65° 35’ et 114° 25/). Toutefois, on n’observe guère que des valeurs voisines de 60° ou 120° et l’on constate que les angles de 57° 12 1/, (moitié de 114° 25/) et de 65° 35/ ne se maintiennent que sur de petits espaces. Cette sagénite contient d'habitude, dans son épaisseur, de fines pellicules transparentes, bleu-vert pâle, à éclat adamantin, rugueuses, striées, d’anatase, qu’on sait libérer en écrasant un peu les échan- üllons. Les contours cristallographiques de l’anatase sont plus ou moins visibles et le rutile les souligne, ou les recoupe, ainsi que le montrent les croquis; ceux-ci sont pris sur des lamelles de sagénite écrasées (fig. 16). L Fic. 16. Dans ces groupements, l’une des directions du réseau de sagénite est parallèle à une face de pyramide de l’anatase, et celle-ci est com- plètement aplatie suivant un plan parallèle à (110). Certaines de ces lamelles (Jusque deux millimètres) se perdent en lambeaux irréguliers dans le feutrage de sagénite; d’autres, plus petites, s'associent à plu- sieurs, avec les axes principaux parailèles, au milieu des fibres de rutile. L'obliquité d’une des directions des aiguilles de sagénite sur les stries de l’analase n’est pas toujours sensible, de sorte que la direction d'extinction en long du deuxième minéral bissèque un des angles du réseau du premier. Cette condition se trouve également réalisée pour la sagénite qui couvre les petits prismes de quartz. és * - DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 401. On observe aussi un peu de brookite dans ces préparations de sagé- nite; elle est semblable à celle dont la description a été donnée au paragraphe précédent. Un deuxième mode de groupement rutile-anatase se met en évidence sur les cristaux libres, bien développés, d’anatase, que l’on extrait de l’argile jaune. Ceux-ci sont partiel- lement recouverts et pénétrés de bâtonnets opaques, soyeux, de ru- üle rouge vif, dont la position rela- tivement aûx stries de l’anatase est facile à observer. Ici, une des direc- tions du réseau est normale aux stries et parallèle à l'extinction en long de l’anatase (fig. 17). Les mailles s'étendent sur un plan for- tement cannelé produit par l’apla- tissement de l’anatase suivant (110). Dans un autre spécimen, le réseau était en grande partie inclus; son plan semblait être parallèle à une face de pyramide (111) de l’anatase, disposition qui rappelle celle des « captivos » du Brésil, décrits par divers auteurs et discutés par M. Mugge. Si l’on considère l’état de parfaite fraicheur des trois minéraux qui s'associent ainsi, On n’y verra que des groupements et non des para- morphoses. Les variations que présente le mode d’accolement con- firment cette supposition. Les lamelles d’anatase, dont il vient d’être question, ne sont pas toutes aplaties suivant (110), comme le repré- sentent les figures; la disposition des stries, pour certaines, indique plutôt (100). J'en ai aussi rencontré de tabulaires suivant (001), avec contour quadratique partiel, donnant une figure d’axe très nette. * Apatile. — Minéral abondant dans les préparations taillées dans les mosaiques quartzeuses régénérées, associées à la chlorite secondaire (voir chlorite). Bien que l’apatite soit reconnaissable dans le quartzite, elle y est fort clairsemée; elle est rare dans l'argile jaune. Celle qui nous occupe maintenant est d’origine secondaire, ainsi que l'indique son accumulation dans le quartz recristallisé. La détermination était assez difficile à cause des contours irréguliers des grains (environ 0""1). Ils sont blancs, assez réfringents, et ne présentent que rarement des 402 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE formes cristallines nettes. Ce sont de vagues prismes, des tablettes, avec pyramides ([1010] : [1041] = 50° environ) et bases. Parallèlement à ces dernières sont disposées les inclusions qui ne manquent jamais. L’apatite se trouve encore en granules libres, plus volumineux, dans la chlorite elle-même. Leur densité dépasse 5 ; ils sont solubles dans | l'acide chlorhydrique et donnent la réaction des phosphates. Les plus grands, aplatis suivant la base, avec indications de contours hexago- naux, Sont uniaxes, négalifs (fig. 18, a). | Monazite et xénotime. — J'ai déterminé les propriétés optiques du premier de ces phosphates (Ce La Di PO‘) et donné la description du second (YPO avec Er et Ce) dans une note spéciale à laquelle je renvoie. Fic. 19. La monazite s’est formée un peu plus tard que les autres minéraux, à Nil; ses petits cristaux tabulaires sont fixés sur les quartz les plus DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 403 récents et sur les anatases complètement développées. Beaucoup sont transpercés par des aiguilles de tourmaline. [ls contiennent aussi des inclusions liquides et des grumeaux d'argile jaune avec zircon. D'ordinaire ils sont incomplets, largement échancrés à leur point d'attache dans les poches argileuses; cette blessure rugueuse est parfois hérissée de pointements constituant un guérissage (fig. 19). La formation du xénotime est contemporaine de celle de la mona- zite; il contient les mêmes corps étrangers. Sa grande fragilité (cli- vage) fait qu'on ne le trouve qu'ex- ceptionnellement fixé au quartz, sur lequel la monazite adhère mieux. Le xénotime s’accole à l’anatase, mais je ne l’ai jamais vu fixé à la monazite (fig. 20). Dans une partie du gisement, très riche en ces minéraux, existent des cristaux microscopiques, tabulaires, de xénotime, reconnaissables à leur couleur jaune rougeàtre et à leur ligure monoaxe positive. Dolomie, pyrite, minéral indéterminé. — D'autres espèces encore, que celles dont il à été question jusqu'ici, se formèrent dans l'argile d'altération des roches de Nil-Saint-Vincent; moins résistantes que d’autres, elles disparurent dans la suite, sauf lorsqu'elles étaient incluses dans le quartz. On ne les trouve que dans cette dernière con- dition. La dolomie en petits rhomboëdres isolés, à faces courbes, à angles répétés, à structure zonaire, un peu ferrugineuse, est visible à l’œil nu, sous forme de petites mouchetures laiteuses, dans tous les quartz de la région où je lai signalée autrefois. Venue assez tard, puisqu'on la trouve exclusivement près de la surface des cristaux de quartz, la dolomie s’observe aussi bien sur de très petits prismes (voir Chastre) que sur ceux qui ont la longueur du bras (Nil-Saint-Vincent). Elle s'amasse en pelits groupes et en essaims qui marquent peut-être le terme d'une réaction. Ces faits se reproduisent pour le quartz d’autres pays encore ; J'ai vu, sur de grands cristaux de Suisse, des cavités rhomboé- driques de 2 centimètres abandonnées par de la dolomie. Les petits cristaux étant très près de la surface du quartz, ils provo- quent souvent des fêlures dans la lame siliceuse qui les recouvre, et Fig. 20. 404 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE des liquides corrosifs, s’infiltrant par là, les dissolvent partiellement ou complètement. Il en résulte des inclusions liquides à contours cris- tallographiques et à bulle déplaçable que l’on pourrait confondre avec des cristaux négatifs, la fêlure étant, d'ordinaire, invisible (fig. 21). Ces inclusionssontpeut-être à rapprocher decellesqueM.deKroustchofi a trouvées dans le quartz d’un phyllade vert d'Erlbach (Saxe). Il est vrai que cet observateur ne parle pas de la mobilité des bulles; mais ses inclusions sont bien plus petites que celles des quartz de Nil-Saint- Vincent. On trouve encore, dans les dernières couches d’accroissement des quartz, de délicates associations de dolomie et de tourmaline (voir fig. 21) et, plus fréquemment, de dolomie et de pyrite. Ce bisulture de fer diffère de celui de la roche par sa forme. Dans le quartzite, je n’ai trouvé que des cubes avec troncature octaédrique, tandis que les petits cristaux des quartz présentent la combinaison striée du cube et du dodécaèdre pentagonal. Ils sont isolés, fixés à des aiguilles de rutile, de tourmaline (bas de fig. 12), ou encore à des grumeaux argileux; ils se rassemblent parfois à plusieurs pour consti- tuer des essaims et des petits chapelets. Eux aussi ont eu à souffrir des infiltrations. Ils ont fourni la matière limoniteuse qui s’est insinuée en dendrites microscopiques dans les È } EE © DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 405 craquelures du quartz. De temps en temps, on rencontre même les moules translucides de cubes complètement dissous. J’en figure un, particulièrement riche en faces, sous un grossisse- ment moyen; il est encore intéressant par le fait que les jeux de lumière qu'il présente sont tels, qu’il a fallu recourir à divers artifices d'éclairage pour établir sa transparence (fig. 22). La dolomie et la pyrite étaient exceptionnelle- ment associées à de petites houppes d’aiguilles courtes, d’un minéral qui a complètement disparu, abandonnant des vides salis par un peu de matière brune. Ces traces sont trop peu caractéristiques pour permettre une détermination. Chlorite. — Elle a été mentionnée antérieurement aux paragraphes relatits à la sagénite et à l’apatite. Ce sont des amas vert brunûtre, faciles à tailler au canif, dont je n’ai vu les blocs épars que parmi les déchets de carrière. Au microscope, c’est une chlorite à grains fins crislallins, hexagonaux, formant une masse très serrée, au milieu de laquelle se voient des trainées et des plaques de chlorite radiée, vert d'herbe, transparente, à pléochroïsme marqué. Ces masses sont traver- sées par des veines quartzeuses, en mosaique, saupoudrées de chlorite et d’apatite. Elles contiennent, en outre, des grains anguleux, des petits prismes brisés et ressoudés de quartz, avec inclusions liquides à cubes de sel, En bien des points des préparations courent des linéa- ments sombres, passant entre les grains de quartz, pénétrant dans les fissures, qui ne sont autre chose que des lamelles de sagénite, dont la structure réticulée se reconnaît lorsqu'elles se présentent un peu obli- quement dans la coupe. Ce qui est donc particulier à ces amas de chlorite, c’est la sagénite (avec anatase) et l’apatite qu’ils contiennent. Je n’y ai trouvé que des débris des autres minéraux du gisement, peut-être accidentellement amenés avec les poussières de l'exploitation. Mispickel pseudomorphosé en quartz. — Ces épigénies, décrites par Renard, confirment la désagrégation du quartztite; elles établissent que les minéraux secondaires ont continué à se former après l'achèvement de ces moulages, puisqu'ils sont implantés sur leur surface. Une coupe mince, normale sur l’axe cc du mispickel, présente l'aspect rendu par la figure 25 (au double) donnée ci-après. C’est une section en losange, bordée de petites verrues siliceuses, qui est com- posée d’une mosaïque dont les éléments sont de dimensions différentes. 406 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE { Les plus grands, appartenant à des bâtonnets de quartz (2 à 5 milli- mètres de diamètre), se trouvent localisés dans une bande suivant la grande diagonale du losange; leurs axes sont peu inclinés sur l’axe du mispickel; leur lim- pidité contraste avec le peu de transparence des autres parties de la coupe, où la mosaïque est à plus petits éléments, sans vides inter- stitiels, criblée d’inclusions gazeuses et liqui- des, chargée de grumeaux jaunes opaques, de débris de tourmaline, de granules de zircon, d’ilménite et d’un peu de rutile. Les rugosilés extérieures sont des granules quartzeux suraJoutés et salis par des ponctuations de toute nature, avec tourmaline et analase. D’après ces détails, il est permis d'admettre que l’attaque du mis- pickel s’est faite dans le quartzite incomplètement décomposé et que la silice, incorporant des produits non transformés (zircon, tourmaline brisée, 1lménite), a rempli les vides créés par la dissolution partielle du sulfure. Le mispickel du centre disparut à son tour et fut remplacé par de la silice plus pure, car elle devait traverser l’écorce déjà formée; finalement, des grains de quartz et d’autres minéraux se fixèrent à la surface des pseudomorphoses complètement libérées. Fésumé. — L'histoire du remarquable gisement de minéraux de Nil- Saint-Vincent est simplement celle de tous les dépôts analogues dont la genèse a été étudiée par les méthodes pétrographiques modernes : des quartzites, des schistes se sont altérés ; ceux de leurs constituants qui étaient de nature plus résistante ont été isolés et sont passés dans le produit d'apparence argileuse qui résultait de la décomposition. Des solutions siliceuses étendues, véhiculant, en outre, d’autres corps, donnèrent naissance à d’abondantes cristallisations de quartz et à des régénérations, des guérissages, des transformations de minéraux déjà existants (quartz, tourmaline, apatite, carbonates, pyrite, pseudomor- phoses de mispickel), ainsi qu’à des composés nouveaux (anatase, rutile, brookite, monazite, xénotime). Le pourrissage de la roche a surtout eu lieu dans le voisinage des intercalations schisteuses, disloquées par des tassements, qui donnaient plus facilement accès à l’eau et lui permettaient de se charger des éléments nécessaires à de nouvelles combinaisons minérales. PORN ET 7 22 0 EC DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 407 Opprebais. Un schiste altéré, qui affleure dans le haut de cette carrière de quartzite, se montre composé, sous le microscope, d’un feutrage sérici- teux très fin, quartzeux, avec un peu d’apatite et de temps en temps un grain de zireon ou de tourmaline. Dans cette masse se voient des taches limoniteuses accompagnant de la chlorite en lamelles assez grandes, croisées en tous sens, vertes, pléochroïques. A ces lamelles sont plus particulièrement associées des ponctuations ou des paillettes noires, opaques, d’ilménite. Lorsque la roche est porphyrisée, on sait constater l’absence de magnétisme de l’ilménite, ainsi que sa résistance à l'acide chlorhydrique. Le produit d’altération, débarrassé des éléments schisteux, contient, en minime proportion, les minéraux suivants énumérés dans l’ordre de fréquence : le zircon, lilménite, a ( tourmaline, le rutile. Ce dernier est _rare; ce sont des grains ou des prismes très courts, coudés, rouge-orange, accompagnés de quelques débris de sagénite. L’anatase n’est représentée que par des granules isolés, rugueux, bleuûtres. La tourmaline présente 1e1, comme à Nil-Saint-Vincent, des exem- x 100 ples d’inclusion de zircon figurés et- Fig. 24. contre (fig. 24). Les quartzites d'Opprebais sont intéressants par les fragments angu- leux de schiste, dépassant souvent le volume du poing, qu'ils contien- nent. Ceux-ci sont gris-vert, d'aspect frais et résistant, d’une étonnante finesse de grain et d’une grande homogénéité. Sous un fort grossisse- ment, on n'arrive à y distinguer que deux éléments : un tissu extrême- ment serré de séricite, criblé de ponctuations d’ilménite, associées ou isolées. Cette uniformité de composition n’est rompue que par la pré- sence de sections de chlorite (quelques centièmes de millimètre) et d’apatite. La roche à donc les caractères des schistes du Brabant. Au contact entre l'inclusion schisteuse et le quartzite, ce dernier renferme beaucoup d’ilménite dans le ciment sériciteux entourant les grains de quartz. Certaines préparations contiennent même des veinules (026) dont les parois sont tapissées de rosettes de chlorite et de lamelles anguleuses d’ilménite ; le quartz les à remplies. 408 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE Dans le fond de la carrière, j'ai extrait d’une géode de quartz, une certaine quantité d'argile jaunâtre contenant des écailles de sagénite. M. Malaise a trouvé, dans les mêmes conditions, de petits cristaux d’anatase. Chastre. Quartzite sombre, avec bandes d’altération jaunâtres, à structure microscopique très serrée, traversé par un lit schisteux accompagné de produits d’altération terreux. Ce schiste, gris fauve, assez quartzeux, est composé de séricite avec taches et trainées limoniteuses. On y reconnaît des bâtonnets de tour- maline, de rares grains de zircon et un grand nombre de granules blancs, adamantins en lumière réfléchie, grisètres ou opaques en lumière transmise, d’anatase. Certaines ponctuations noires, qu’on serait tenté de rapporter à l’ilménite, sont d'aspect rouillé en lumière réfléchie. La masse terreuse altérée, décolorée à l’acide chlorhydrique et privée des pierrailles, contient des grumeaux roux, ferrugineux, ainsi qu’un grand nombre de minuscules cristaux cubiques de même couleur, par- fois brun-noir, luisants, d’un dixième de millimètre au plus, non magnétiques, qui ne peuvent être que de la pyrite partiellement trans- formée en limonite siliceuse. Beaucoup de pyrites pseudomorphiques, brunes ou noires, résistent ainsi aux acides dilués. Avec l'acide concentré et chaud, ces cristaux disparaissent. | F1c. 25. Le minéral le plus fréquent venant ensuite est l’anatase tabulaire, bien moins belle qu'a Blanmont, quoique accompagnée d’un certain nombre d’ébauches de cristaux, ainsi que de bipyramides basées, adamantines, blanches ou bleu métallique, laiteuses, translucides, DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 409 striées, du même minéral. Certains de ces petits cristaux ont une frac- tion de millimètre et sont assez riches en faces avec 11414! 3110! }117} 4107; comme dans les autres gisements. La tourmaline et le zircon, ayant les formes habi- tuelles, sont peu abondants; le deuxième surtout. Le rutile manque. Par contre, on trouve la broo- kite avec les caractères déjà reconnus à Nil-Saint- Vincent (0®"1 à O2); la figure 25 en représente quelques paillettes. Les petits cristaux isolés de quartz, que contient le produit d’altération, offrent la même particularité qu'à Nil-Saint-Vincent, de porter, sur leurs faces, de minuscules empreintes rhomboédriques de dolo- mie (fig. 26). Le quartzite semble recristallisé, au moins partiel- lement. Les bandes colorées en jaune sont remplies d’infiltrations limoniteuses, de flocons opaques, blancs en lumière réfléchie, d’essaims de ponctua- tions d’ilménite, bref, elles accusent les débuts de l’altération « argileuse » du ciment. Court-Saint-Étienne. Dans des roches quartzeuses de cette localité, M. le comte Goblet d’Alviella à découvert de beaux filaments rouges de rutile, dont il a bien voulu me communiquer des échantillons. Ces fibres recouvrent la surface des joints de la pierre et s’étendent sur plusieurs centimètres. En même temps, M. Goblet d’Alviella attirait mon attention sur les bacilles du même minéral, groupés en houppes dans les petites cavités de la roche. J’ai extrait de celles-ci des bàtonnets altérés, couverts de rugosités ferrugineuses, transparents par places, rouge-orange, à extinclions droites, présentant l'association en Ÿ, caractéristique du rutile. Dongelberg. Le quartzite de cette localité contient également des inclusions de débris de schiste, mais elles sont rares. J’en ai observé une de grande taille, ayant les apparences d’une tache sombre, elliptique (1"20 x 0"60), 410 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE sur la paroi verticale d’un joint (fig. 27). Ce bloc roulé, encastré dans le quartzite, avait une schistosité bien marquée. En lames minces, on constate un fin tissu sériciteux, avec mélange intime de chlorite, tachetée, en lumière réfléchie, de ponctuations noires d’ilménite et cuivrées de pyrite. Cet éclairage montre aussi des myriades de points blancs, crayeux, associés aux granules ferrugineux, ou entourant les paillettes de chlorite. En lumière transmise, ces points blancs, qui ont tout au plus quelques centièmes de millimètre, sont verdâtres, rugueux, à contours en losange, en fuseau, vaguement quadratiques parfois. Ils résistent aux acides et sont certainement associés à des granules et même d'infinitésimales bipyramides d’anatase, mais J'hésite à les rap- porter tous à ce minéral, à cause de la prédominance des contours rhombiques. La tourmaline est en bâtonnets courts, très petits; le zircon parail absent. Ces deux derniers minéraux sont, du reste, diffi- ciles à distinguer dans le feutrage micacé, à cause de leur exiguité. En traitant la roche grossièrement pulvérisée à l’acide fluorhydrique, on sait en extraire les minéraux accessoires et constater la présence de grains de magnétite. La tourmaline est en cristallites aussi larges que longs. La très grande rareté du zircon se confirme. Quant aux autres microlithes, ils semblent avoir souffert de ce trai- tement, qui ne m’a rien appris d’utile pour leur détermination défi- nitive. | Les lames normales au feuilletage mettent en évidence une schistosité très serrée au milieu de laquelle se détachent de fines lignes noires, discontinues (0""1 d'épaisseur), écartées de 1 à 2 millimètres, consis- DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. Al tant en pyrite, ilménite et magnétite; entre ces veinules, les minéraux ferrugineux sont rares. C’est done probablement, comme à Opprebais, un schiste du Brabant. Ce grand bloc roulé contenait, à son tour, des lentilles siliceuses analogues à celles qui furent déjà décrites (Blanmont). Le ciment qui relie les grains de quartz, anguleux pour la plupart, est de la chlorite à pléochroïisme marqué; on y observe aussi du zireon, mais pas de tour- maline. Les joints du quartzite sont remplis par un sable très fin et très blanc, utilisé dans la localité pour le nettoyage des objets métalliques. Il est mélangé à un mica argenté et contient des cristaux bipyramidés et tabulaires d’anatase, des paillettes de brookite analogues à celles des gisements déjà décrits, du zircon; le rutile manque. Lembecq. Un schiste gris-vert, sans altération apparente, de cette localité, se compose d’une matière séricito-chloriteuse, avec quartz abondant par places. En lumière polarisée, l’ensemble d’une préparation montre des plages elliptiques d'apparence isotrope, où la chlorite domine. À l’examen détaillé, on reconnait des taches ocreuses, isolées, entourant parfois un grain de magnétite; d’autres taches ont le rouge de l’oligiste. L’apatite en prismes courts, à section hexagone, est assez fréquente. Un semis de ponctuations (moins de 4 millimètre), blanches en lumière réfléchie, opaques ou peu translucides en lumière transmise, s'étend sur toute la lame. Sous de forts grossissements, beaucoup de ces granules ont les formes quadratiques de l’anatase. Dans les quartz cariés épidotifères de Lembecq (Champ-Saint-Véron), on trouve l’oxyde de titane sous forme de rutile, dont les aiguilles atteignent 6 à 7 millimètres. L'une d'elles, fortement cannelée, ter- minée par }{11} et }110}, a des extinctions droites, une couleur rouge- orange foncé et un faible pléochroisme. Les fissures des rochers de ce gisement contiennent souvent des quartz en mauvais cristaux, associés à des mouches de divers sulfures, notamment de galène. J'ai observé ce minéral, inclus dans le quartz, dans des conditions établissant la formation contemporaine des deux minéraux. Ce sont de petits cubes avec des troncatures (111) et (110), excessivement brillants, disposés sur un plan parallèle à une face du prisme de quartz, à environ un demi-millimètre de pro- 412 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE fondeur, de telle façon que tous ont un axe quaternaire, parallèle à l’axe optique du quartz, et l’autre normal à une face du prisme, bien que la plupart soient fortement allongés dans l’une ou l’autre direction. Dans leur voisinage se voient des inclusions liquides englobant parfois incomplètement un corpuscule de galène. Un cristal plus volumineux constitue un squelette également orienté (fig. 28). Quenast. Lors d’une récente visite à cette vaste carrière, j'ai trouvé la coupe de contact avec l’Yprésien rafraichie et fort instructive. On y voyait claire- ment le mode de formation des grosses boules de porphyre, dont l’origine n’a pas toujours été bien comprise. Elles se constituent sim- plement par l’altération des blocs polyédriques, que de nombreux joints, d’origine mécanique, ont découpés dans la roche. Plusieurs de ces masses avaient été lendues, de sorte qu’on pouvait suivre toutes les phases de leur altération. Celle-ci ne suit les plans qui limitent le bloc que jusqu’à une faible profondeur; en continuant à progresser, les angles s'effacent, de sorte que les zones centrales d’altération sont à surfaces DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. AA13 courbes. Le résultat final de la décomposition est donc un sphéroïde. En haut de la carrière, on peut étudier de près la marche de la décomposition de cette roche si résistante. La kaolinisation des felds- paths y est complète; 1ls se détachent en petits rectangles crayeux sur le fond verdàtre de la pâte fortement épidotisée. Au-dessus, le porphyre se délite en plaques schisteuses ; enfin, il donne naissance à un détritus ocreux plus clair. Ce dernier contient, outre les éléments argileux, ferrugineux, quart- zeux, des grains, parfois parüellement hexagonaux, d’ilménite avec leucoxène et de l’épidote en fragments concassés, ou en débris de prismes; cette dernière est relativement fraiche et facile à déterminer optiquement. La masse renferme encore une certaine quantité de zircon dont les cristaux se prêtent admirablement à une comparaison avec ceux de nos quartzites et de nos schistes. La différence est radicale. Tous les grains de zircon de Quenast ont l’aspect frais, l’éclat adamantin, des termi- Fi. 29. naisons parfaites et à arêtes vives, même pour les plus grands, qui ont presque un demi-millimètre. La plupart sont rougeâtres; tous sont transparents, sans dépoli, et montrent les inclusions caractéristiques, ainsi que de longs boyaux internes. Des alvéoles et des encoches mar- quent souvent l’empreinte de corps étrangers. En un mot, on voit qu’il s’agit d’un minéral non charrié, d’un élément de première formation de la roche qui a donné le produit de désagrégation (fig. 29). J'ai, en effet, retrouvé les mêmes petits cristaux dans le porphyre, où ils n'avaient pas encore été signalés, je pense. Les minéraux titanifères ont, de leur côté, donné naissance à de l’anatase en tablettes quadratiques, excessivement minces, ayant au maximum 0""2 de côté, un éclat adamantin métallique et, par trans- parence, une forte coloration brun verdâtre où brun-jaune. 1907. MÉM. 27 414 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE La figure d’interférence est monoaxe, négative. La structure zonaire est habituelle ; elle se marque soit par des bandes plus claires, soit par des siries ; les ponctuations étrangères noires, opaques, sont souvent rassemblées au centre ou disposées suivant les diagonales. Beaucoup de paillettes sont incomplètes, dentelées au point de fixation (fig. 30). Quenast à fourni un grand nombre de composés sulfurés et silicatés; parmi ceux-ci, des minéraux tels que l’épidote étudiée par M. Stôber, la prehnite découverte et décrite par M. Cesàro, l’asbeste, c’est-à-dire les compagnons habituels de l’axinite, minéral que Dumont signale déjà. Il est intéressant d'entrer dans des détails sur la façon dont certaines de ces substances s'associent au quartz et d’insister sur quelques par- ücularités de ce dernier. Entre les touffes d’épidote, qui tapissent les fissures du porphyre, se trouvent de nombreux cristaux de quartz, ne dépassant pas quelques centimètres. Les moins grands (quelques millimètres) contiennent un NT | ET) re \ D ù X7 VA N 7 F LPON NY Mucots+ Fiac. 31. noyau axial constitué par une matière floconneuse, grisâtre, verdâtre, translucide, biréfringente, kaolineuse, accompagnée d’inelusions liquides et de vacuoles gazeuses sombres, en forme de boyaux, ovoides aussi, semblables à celles des agates et des bois silicifiés. La matière DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 415 grumeleuse est distribuée suivant des plans qui ne sont pas ceux dés rhomboèdres terminaux; il est d’ailleurs rare que le noyau montre des indices de terminaison pyramidée. Lorsqu'on sectionne un fragment de la roche décomposée (épidote, chlorite) en même temps que les petits quartz qui y sont fixés, de facon que ceux-ci soient coupés parallèlement à l’axe, on reconnait qu'ii y à eu des modifications successives dans le milieu qui donna naissance aux cristaux de silice. À la base des prismes se trouve enclavé un pointement plus petit, de même orientation, clair, avec files d’inelusions liquides à cubes; -1l est enveloppé et surmonté par une parlie floconneuse, avec inclusions gazeuses et autres, constituant un noyau axial de forme et de grandeur variables; enfin vient une der- nière enveloppe, limpide celle-ei, pauvre en corps étrangers autres que l’épidote en aiguilles bien développées (fig. 31). Les coupes normales à l'axe, prises vers la base des prismes, montrent la disposition annulaire de la matière kaolineuse à ce niveau. En lumière polarisée, on reconnaît, en outre, que l'enveloppe extérieure a une structure compliquée, tandis que le pointement central est simple (fig. 314 nicols +). Les plus remarquables des interpositions qui viennent d’être énu- mérées sont certainement celles qui contiennent, avec un liquide, de petits cubes que l’on attribue au sel marin. On les trouve aussi dans les grains de quartz de la roche de Quenast, mais elles v descendent à des dimensions excessivement réduites, tandis que dans les cristaux filoniens elles sont dix fois plus volumineuses. Vu la fréquence des inclusions de ce genre dans d’autres roches, où elles sont d'ordinaire bien plus difficiles à observer, et les discussions qui se sont grellées sur leur détermination, il convient de les examiner de plus près, en laissant de côté les délicates déterminations de NaCI par voie spectroscopique ou chimique, dont l'exactitude laisse par- fois à désirer. Les petits cubes ont une teinte jaunâtre, attribuée par Zirkel à la coloration des lames minces. Si elle était réelle, elle correspondrait, en effet, à une coloration bien intense puisqu'il s’agit de corpuscules de quelques microns seulement. C’est bien un phénomène optique qui est ici en cause, Car les grands cubes (0""02 et au delà), loin d’avoir une teinte plus prononcée, semblent, au contraire, moins colorés. Les angles de ces cubes sont d’ordinaire arrondis. Dans les cas favo- rables, on voit des troncatures nettes suivant les faces d’un rhombo- dodécaèdre, semble-t-il; d’autres fois, elles appartiennent plutôt à A16 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE l’octaèdre. Cependant, certains de ces cristaux sont réellement globu- leux (fig.32 a). Les apparences de clivage cubique (Zirkel, Mikroskop. Besch.) dépendent, à mon sens, de la diffraction. L’isotropie, notée par tous les auteurs, s’est vérifiée. Je n’ai pas observé, même sur les grandes inclusions, la mobi- lité des petits cubes (Zirkel); tous sont fixés, de sorte qu’en inclinant le microscope, la bulle se presse entre la paroi de la cavité et le cristal, sans le déloger. Quand la disposition de l’enclave le permet, on constate une interruption dans son contour, à l'endroit où le cube se soude au quartz; parfois, la jonction est si parfaite, qu'aucun artifice d'éclairage ne parvient à la déceler (fig. 32 d, e, g). C’est un argument sérieux en faveur de la présence du sel gemme, car son indice est presque le même que ceux du quartz et du baume. En effet, on a : Baume, n — 1,949 Quartz, 1,548 moyenne. Sel, 1,544 tandis que la fluorine, à laquelle on a voulu attribuer les cubes, a pour indice 1,435. DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 417 Certaines de ces inclusions contiennent un cube, d’autres deux; il en est qui ont la bulle seule, tandis que leurs voisines renferment chacune un cube sans bulle. Beaucoup englobent, outre le cube, une ou plusieurs particules s’illuminant vivement en lumière polarisée (p, sur les figures); ce sont parfois des débris de chlorite. L’essai de chauffage à eu un résultat négatif. À la température d’ébullition du baume, et pour une lame très mince, le liquide s’est montré plus mobile, sans que bulle ni cube n’en parussent modifiés. Renard remarque qu’en chauffant ses préparations à l'aide de glycérine portée à 200°, il ne produisait aucune altération dans le contenu de la vacuole. Rosenbusch, au contraire, observa un commencement de dis- solution des cubes à 70°, puis, au delà, un accroissement de la solu- bilité pour les inclusions du granite de Rothau (Alsace), ce qui lui paraît aller à l'encontre de l'existence de chlorure de sodium. Dans une de mes préparations, le chauffage répété a provoqué la rupture d’une des grandes inclusions et la sortie d’une partie de son contenu dans la couche de baume prise entre le verre couvreur et la lame. À cette place se sont formés trois petits cristaux tabulaires, blancs, isotropes, un de 0""024 et deux de 0""012 de côté environ, avec une épaisseur admissible de O0""O1T, à contours très nets. Leur indice de réfraction est si voisin de celui du baume, qu'après complet refroidissement les cristaux devinrent de plus en plus invisibles; 11 faut modifier l’indice du baume, en chauffant la préparation, lorsqu'on veut les observer à nouveau (fig. 52, h). Ces caractères ne me semblent convenir qu'au chlorure de sodium et appuyer l'opinion la plus géné- ralement admise. L'interprétation de ces observations reste à trouver. Les ingénieuses spéculations que l’on avait basées sur l'existence des inelusions liquides à cubes sont ruinées et l’on n’en à pas proposé de nouvelles. Un coup d'œil sur les croquis ci-dessus suffit à établir qu’il n’y a pas de propor- tions constantes entre les divers éléments de ces enclaves : cavité, bulle, cube; on à vu aussi qu'il n°v à pas davantage de constance dans la composition de gouttelettes incluses voisines. Il s’agit, dès lors, de phénomènes moléculaires, sur lesquels nous avons d'autant moins de renseignements que nous ne savons comment intervient ce facteur, si important en géologie, qu'est le temps. Je consigne dans une note additionnelle (D), jointe à ce travail, quelques autres remarques relatives aux inclusions liquides en général, et J'en arrive à l'examen des quartz de Quenast contenant un minéral 418 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE filamenteux, souvent altéré, que l’on considère comme étant l’asbeste. Ces échantillons vont nous montrer les curieux résultats de l’altération aqueuse à laquelle si peu de minéraux résistent. | éoules les PAT x 100 4 \ | 0 pl tu MALE Ne © 1 R | | ô F | | | : Ë Ê nie L RE | (he Ù : | h FA 1 11 | 4 | 1. Et n ii Î PLAN sl 'gpl ll ° @ | FE Le a ÿ ë | f a | | 8 fi D) PIC 33. On sait que les fibres minérales, même lorsqu'elles sont engainées dans la silice, sont sujettes à se décomposer lorsque leurs extrémités sortent de l’enveloppe qui les protège. Il se forme, à la longue, des capillaires traversant le cristal de quartz, des tubes à sections polygo- nales, dont les anciens minéralogistes avaient déjà reconnu l’origine. Un phénomène semblable s’est produit à Quenast. L’asbeste, dont les houppes pénètrent dans le quartz, a été transformée en une matière terreuse opaque ou translucide, brunâtre. Les plus grands canalicules sont parfois remplis de chlorite (fig. 55, A), tandis que les plus fins ont subi une altération partielle qui mérite d’être étudiée en détail. Souvent, la décomposition s’étend le long d’un groupe de fibres DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 419 en suivant les unes et en respectant les autres. En lumière polarisée (p sur les figures), on s’assure de la présence de tronçons intacts entre des parties opaques, décomposées, isolées les unes des autres et parfois même complètement séparées, sans qu’il soit possible de voir comment l’altération à pu se propager au delà de l'interruption (fig. 53, B). Tantôt ce sont les partües centrales du filament qui disparaissent et se confondent avec le quartz (fig. 35, B, au milieu et en haut), tantôt c’est, au contraire, le centre qui reste intact (fig. 33, a). Certaines fibres sont rongées sur toute leur longueur et comme dissoutes dans la _Silice, au sein de laquelle elles n’abandonnent que quelques bâtonnets noirs, dentelés, des ponctuations, des pointes se faisant face, qui mar- quent encore leur largeur primitive (fig. 35, b, c). Puis, ce sont des bulles d’air et de liquide qui font leur apparition dans un stade plus avancé de cette singulière carie; elles sont reliées par des restes de filament opaque, ou séparées les unes des autres (fig. 53, d, e). Finale- ment tout se résout en un chapelet d’inclusions liquides isolées, avec bulles, dont beaucoup sont allongées dans le sens de la fibre disparue, mais moins larges qu’elle (fig. 35, f à i); de distance en distance, une inclusion plus volumineuse indique l'épaisseur première du fil d’asbeste (Hig. 35, g). Ailleurs, des portions intactes, de ce dernier, s’illuminent en lumière polarisée et s'associent de maintes façons aux trainées d’en- claves liquides marquant leur prolongement (fig. 35, k et l). Certaines inclusions, plus larges, semblent s'être formées au moment de la con- stitution du cristal de quartz; elles laissent l’impression d’une goutte liquide adhérant à un fil (fig. 55, k). Pour éviter toute erreur d’inter- prétation, j'ai vérifié ces observations sur un éclat du même quartz, monté à froid dans du baume. La cicatrisation du quartz dans les capillaires résultant de la dispa- rition des fils d’asbeste, l'isolement des enclaves liquides à bulles rem- plaçant le minéral dissous, jettent un Jour sur la formation ultérieure possible d’inclusions liquides dans les minéraux, non seulement dans ceux qui sont relativement tendres et à clivages marqués (caleite, barytine, fluorine, etc.), où, d’ailleurs, des infiltrations étrangères diverses ont été constatées, mais encore suivant les plans de rupture et autres de cristaux durs (nappes d’inclusions du quartz). On est ramené — sans qu’il soit aucunement question de généraliser la remarque — aux observations de Deuchar sur les fêlures invisibles du verre, qui s'ouvrent sous la pression, mais disparaissent quand l’effort vient à cesser. Ces solutions de continuité ne sont décelables nt par réflexion totale, ni par miroitement, pourtant elles se rouvrent facilement, comme le savent les miroitiers, qui ont soin, lorsqu'ils ont 490 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE à couper une glace fêlée, de s'assurer d’abord, par pression, si la fente visible ne se propage pas, en réalité, beaucoup plus loin. Outre l’asbeste et les inclusions liquides sans cubes, le quartz qui nous occupe contient encore de petits cristaux plats, riches en faces, fortement striés, transparents, blancs, agissant vivement sur la lumière polarisée. Leurs dimensions sont de moins d’un dixième de millimètre à plusieurs millimètres. Ils sont libres dans le quartz. Ceux qui tou- chent à une fibre d’asbeste décomposée sont eux-mêmes atteints par l’altération et transformés en une matière opaque verdâtre. Le microscope montre que quelques-uns communiquent avec l'extérieur par d’imperceptibles fêlures, qui ont aussi permis l'entrée d’un dissolvant. En brisant l’échantillon, j'ai extrait deux de ces cristaux. Le plus petit, partiellement altéré, donne, dans la partie transparente, une figure d’interférence biaxe, asymétrique, négative, à angle apparent très ouvert. L'autre, bien plus grand {4 X 43), est complètement altéré en une matière rose verdâtre, marbrée, à taches claires, rayable à l’ongle, kaolineuse. En l’extrayant de son alvéole, un angle est tombé en poussière; le reste, qui a des arêtes bien marquées et des faces assez luisantes, soumis à l'examen goniométrique, a permis d'établir que ces inclusions sont de l’axinite. | Fic 34 J’ai obtenu les mesures suivantes (orientation et désignations de Des Cloizeaux) : Mesuré. Calculé. D — (0) lt 15030 15035’ R1= 400) him 99% env. 28059" nr — (110) hifi 035 910306’ LU — (110) t fA., 219801, .enx. 28° (’ 115) (014) [Hp So CenT. 36030’ fi = (112) ftait 15056'* 16° 5’ | * Moyennes des angles fim 330°93/* 33018 avant et arrière. mp 45027 45019’ til 30013’ env. 30039’ DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 421 D’autres minéraux cristallisés se voient encore dans les lames minces de ces quartz, mais, à part la tourmaline et la chlorite, ils sont de dimensions trop minimes pour que leur détermination puisse être faite avec certitude. CONCLUSIONS ET REMARQUES RELATIVES AU DYNAMO-MÉTAMORPHISME. J'associe, dans ces conclusions, aux remarques qui découlent des faits qui viennent d'être énumérés, quelques considérations relatives au dynamo-métamorphisme, comme suite à mon mémoire sur la déforma- tion des phyllades ardennais. Les deux ordres de recherches se tiennent par plusieurs côtés, entre autres par la présence des mêmes minéraux dans toutes ces roches. | On pourrait poursuivre sur la plupart des affleurements de quartzites et de schistes de la province des observations analogues à celles qui précèdent, dans le but de démontrer combien facilement les oxydes de titane cristallisés, pour ne parler que de ces minéraux, se forment par l’altération de composés titanifères, sous l’action des eaux superti- cielles chargées de principes divers fournis par ces roches et par Îles roches voisines. Les réactions en œuvre sont compliquées; les expériences ne nous permettent pas de les expliquer toutes. Autant la chimie agit d’ordi- paire avec violence et rapidité, autant la nature procède avec calme et lenteur. Un grand nombre de synthèses sont, pour ce motif, sans appli- cation aux minéraux dont elles tentent d'éclairer l’origine. Presque toutes sont le fruit de réactions activées par la chaleur, alors que la plupart des minéraux sont susceptibles de naître aussi bien par voie aqueuse — les expériences permettent de l’entrevoir — que par voie hydrothermale ou ignée. Pour le premier mode de formation, le temps est un facteur dont nous ne disposons guère. Les géologues-chimistes du siècle passé semblent avoir eu une intui- ton plus juste, de cette patiente chimie naturelle, que nous. Consta- tons, cependant, qu’il ne manque pas, aujourd’hui aussi, d’esprits libres de ce préjugé qui fait voir la nature non comme elle est, mais comme l’exigent les théories à la mode. C’est ainsi qu'à propos de l'analyse 499 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE de l’eau de l’ardoisière de Vielsalm, M. De Koninck en arrive à se demander si les conditions qui présidèrent au développement des minéraux que l’on rencontre dans cette région étaient fort différentes de celles qu’on v trouve actuellement. Il remarque ce qui suit : « Pour la plupart des minéraux au moins, on est tenté de répondre » affirmativement. Et pourtant, il faut l’avouer, rien n’est prouvé à cet » égard. On pourrait admettre que, sous l'influence d’une cireulation » lente, mais continue d’eaux plus ou moins chargées de principes » minéraux, les modifications que nous appelons métamorphiques » s’opèrent, extrêmement lentement à la vérité, dans les conditions de » pression et de température auxquelles sont soumises les masses miné- » rales auxquelles nous pouvons atteindre. » On sait que si l’on abandonne une substance amorphe ou micro- » cristalline dans un liquide susceptible d’en dissoudre une petite » quantité, la cristallisation se produit on se marque davantage à la » longue. Je serais fort porté à croire que quelque chose d’analogue se » passe encore de nos Jours dans les roches, même les plus anciennes, » surtout dans gelles qui jouissent d’une certaine porosité. » Pour que cette hypothèse soit plausible, il faut évidemment que » les eaux qui circulent dans un terrain déterminé tiennent en solu- » Jution, ne fût-ce qu’en quantité infinitésimale, la plupart des » éléments qui entrent dans la constitution des minéraux que le ter- » rain renferme. | » C'est le cas pour les phyllades de Vielsalm. » C'est aussi le cas pour les quartzites et les schistes du Brabant. Les observations semblables à celles que ce travail expose et qui ont été répétées dans bien des pays nous obligent à l’admettre, car rien n’y révèle l’intervention de la chaleur, sèche ou humide, tandis que tout v parle de l’action paisible et prolongée de solutions diluées, à tempéra- ture ordinaire. Je suis porté à étendre ces remarques plus loin encore, jusqu’à la discussion de l’origine de nos phyllades à coticule et autres, où nous retrouvons précisément les minéraux titanés et le rutile associés à de la tourmaline, de l’apatite, de la pyrite, de la magnétite, du grenat, dont l’origine s'explique de façon moins hasardée par une sorte de lente mactration (diagénèse de Gümbel et de Waïther) précédant leur consolidation, qu’en faisant intervenir une action transformatrice ulté- rieure, le dynamo-métamorphisme par exemple. C'était aussi la manière de voir de Renard, avec qui Je me trouve A être d'accord, après avoir étudié les phyllades à coticule dans une DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 493 direction diflérente. En effet, le consciencieux observateur s’exprimait ainsi : | « Nous admettons pour le coticule et pour le phyllade que les élé- » ments cristallins qui le composent sont bien là dans leur lieu d’ori- » gine, et qu’ils ont pris naissance très probablement lors du dépôt de » ces sédiments. Nous sommes porté à considérer ces roches comme le » résultat d’une cristallisation directe au sein de la mer salmienne, » dont les sédiments de composition minéralogique alternante étaient » tantôt ceux qui devaient donner les bandes de coticule, tantôt ceux » qui devaient former les couches de phyllade oligistifère. » Le savant lithologiste ne pouvait toutefois échapper complètement à l’influence des conceptions métamorphiques alors toutes-puissantes. Elles lui dictèrent la note suivante, insérée à la même page : « Nous ne prétendons pas affirmer que, dans tous les cas, le grenat, » par exemple, n’est pas dù à une action métamorphique... [Dans les » quartzites des environs de Bastogne] renfermant à la fois le Spirifer » macroplerus et Chonetes sarcinulata, les grenats associés aux fossiles... » sont dus à une action métamorphique postérieure au dépôt » (Coticule, p. 38). Nous aurions donc deux modes d’origine du grenat dans nos roches : l’un, suivant lequel le minéral cristalliserait dans une sorte de boue quartzo-micacée titantfère; l’autre, où sa formation dépendrait d’un métamorphisme intense. Le point de départ de cette distinction, dont je ne vois pas la nécessité, est établi par le passage suivant, extrait d’un travail ultérieur sur les roches de Bastogne, où Renard accentue encore les termes de la note ci-dessus : « La présence des restes organiques, qui se trouvent même au milieu » des couches où les modifications ont laissé la plus profonde em- » preinte, vient... montrer avec la dernière évidence l’influence méta- » morphique à laquelle le terrain fut soumis... Quel partisan de la » cristallisation directe ou de la diagénése oserail soutenir que ces orga- » nismes vivaient dans un océan dont les sédiments se transformaient » en partie en grenat et en amphibole! » Pourtant, 1! semble que l’auteur éprouve une certaine peine à aban- donner totalement les conclusions auxquelles les roches à coticule l'avaient amené. Une restriction lui paraît nécessaire; il l’exprime ainsi : « On peut toujours se demander si nous sommes en présence d’une » recristallisation pure et simple, ou s’il s’est fait un nouvel apport de » substance. Ce doute ne sera point levé aussi longtemps qu’on n’aura 494 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE » pas fait l'étude chimique et microscopique comparée des roches taunu- » siennes normales. » Cela équivalait à reléguer le métamorphisme dynamique au second plan ; pour en finir, Renard fait pencher la balance en faveur de celui-e1 lorsqu'il dit : « Quoi qu'il en soit, les modifications des roches que J ai étudiées » trouvent surtout leur explication dans les propriétés que possèdent » les solides de se souder, de réagir chimiquement et de prendre une » structure cristalline sous l'influence de la pression, comme l'ont si » bien mis en lumière les expériences de M. Spring. » (Roches grenatif., pp. 50 et suiv.) En étendant les résultats obtenus par la compression de certains corps aux éléments des roches, Renard faisait de ces importantes expériences l’application hâtive sur laquelle j'ai déjà attiré l'attention. Comme tant d’autres auteurs, il leur donnait une portée qui dépassait certainement celle que M. Spring leur a assignée avec la netteté carac- térisant ses écrits. Je ne saurais mieux l’établir qu’en laissant la parole au savant chimiste, dans les extraits suivants, empruntés à un article, dont le titre : La plasticité des corps solides et ses rapports avec la for- mation des roches, définit bien le sujet. Les italiques sont de M. Spring. « Pour s'assurer, par l'expérience, si des solides autres que la glace, » sont doués de la faculté de se souder, il suflit d’exalter, chez eux, les » conditions dans lesquelles le regel se produit. Ces conditions sont {a » pression, la température et le lemps... » Le compresseur servant aux expériences réalisait des pressions de dix mille atmosphères et pouvait être chauffé. « Les premiers essais montrèrent que tous les corps doués de la faculté » de se déformer sous pression, sans se briser, s'agglutinent aussi soli- » dement que s'ils avaient été liquéfiés, tandis que ceux dont la malléabilité » ne se révèle pas sous une forte pression demeurent à l’élat pulvéru- ». lent. >. Or, comme les éléments constitutifs des roches appartiennent surtout à la deuxième catégorie, 1l s'ensuit que : « La condition de la solidification des roches ne peut donc se trouver » exclusivement dans la compression. » Suivent les expériences relatives à la formation d’ailiages par com- pression de métaux pulvérisés, ainsi qu’à des combinaisons chimiques, des interdiffusions, des molécules mises en contact plus intime par la pression, lorsque | « le volume du produit de la combinaison de deux ou de plusieurs DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 495 » corps est plus petit que la somme des volumes des éléments non » combinés ». La température résultant de la compression était négligeable : de la poudre à tirer n’a pas explosé; de la phorone (point de fusion + 28°) ne s’est pas liquéfiée. « Tous ces résultats nous disent — continue M. Spring — pourquoi » la pression seule des dépôts sédimentaires n’a pu causer la solidifica- » tion des roches : c’est que la plasticité et la faculté de diffuser font » défaut aux constituants des alluvions. Mais la nature à peut-être mis » en Jeu un facteur dont nous n'avons pas encore tenu compte : l’humi- » dité. » L’essai d’agglutiner du sable au moyen d’une solution d’acide silicique ayant échoué, parce que la silice s'était craquelée autour des grains sans les coller, on eut recours « à une pression légère, mais continue, de façon à suivre le retrait » de l'acide silicique {ce qui a produit] un commencement de solidifi- » €cation. Si le résultat laissait encore à désirer, au moins prouvait-il la » possibilité d'obtenir des produits parfaits... peut-être en laissant au » temps un rôle plus important ». CONCLUSION : « En résumé, si le phénomène du regel... n'est pas particulier à la » glace, il n’a cependant pas joué, dans la formation des roches, un » rôle que l’on puisse rapprocher de celui qu'il remplit dans l’histoire » du glacier. » Ceux qui font intervenir ces expériences dans les discussions géolo- giques ont fréquemment franchi les limites que leur assignent les écrits du savant qui les a exécutées. M. Weinschenk, au Congrès de Paris, s’est déjà élevé contre cet abus. M. Spezia a également remis les choses au point en établissant, par des expériences de longue durée, que certaines réactions importantes pour la genèse des roches ne sont nullement favorisées par la pression. Mais alors, demandera-t-on, la pression n'a donc aucune place dans les théories actuelles? — Au contraire, est la réponse que donnent les travaux les plus récents consacrés aux schistes cristallins, notamment ceux entrepris en commun par MM. Becke, Berwerth et Grubenmann. Ces publications étant encore peu répandues, je crois rendre service à nos collègues, en puisant les notes suivantes dans l'exposé si clair de M. Grubenmann; en même temps, J'espère échapper ainsi au reproche de partialité dans mes appréciations sur le métamorphisme dyna- mique. 426 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE Après avoir rappelé les principes physico-chimiques dont dépendent la formation et la cristallisation des roches, M. Grubenmann aborde le chapitre du métamorphisme et expose la fonction de la température. Puis vient la pression, dont la grande importance, suivant l’auteur ([, p. 55), ressort de la constatation, déjà ancienne, que les schistes cristallins sont le plus métamorphosés dans les régions où ils sont le plus disloqués, à telle enseigne qu’on a souvent exagéré le rôle de cet agent. L'accroissement de pression amène la dissolution ; la diminution de pression, la cristallisation. En outre, la pression favorise les combi- naisons dont le volume diminue, et inversement. Donc, la pression provoquera la naissance de celle des diverses modifications hétéro- morphes d’une substance, qui a le plus haut poids spécifique (= P. $.) et le moindre volume moléculaire (— poids moléculaire. __ NP eupeE À ë poids spécitique ; exemple : Ti 0, et Al, Si 0; présentent les espèces minérales suivantes : V. M. PAS: V..M.: Pas. Rutles=##4194 4.20 | Disthène . . 44.4 3.60 Ti0, « Brookite. : 19.5 410 AbSi0; { Sillimanite. 50.2 3.24 ( Anatase. . 20.6 3.89 | Andalousite. 51.8 3.16 Dès lors, dans les cas considérés, ce seront le rutile et le disthène qui se formeront. La loi des volumes explique aussi le passage des roches aux schistes cristallins. — Par exemple : LE GABBRO | RSR rat L'ÉCLOGITE (augite, olivine, feldspath) FPE 4 (grenat, omphacite, quartz) Re 2Ca Mg Sie 06 904.0 Grenat, 3R;AbSi50,9 . . . 369.0 SC) MeAkSiO, . à Omphacite (pyroxène), Olivine, Mg S10,... . . .. 43.9 NaAlSiO. 648 Anorthite, 2Ca Ab Sio04 . . 202.9 FORT Albite NaAlS 0 100.3 LAURENT 550.4 479.4 L'action de la pression varie suivant qu’elle agit dans toutes direc- tions (— hydrostatique — slalica, de Spezia = Druck, de Becke), ou qu'elle n’agit que dans une direction (= dinamica, de Spezia = stress, de Van Hise — Pressung, de Becke). Dans le premier cas, la roche se comporte comme un liquide et, en lui supposant un P. S. de 2,7 environ, on arrive à des pressions de DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 497 270 kg. par em? à mille mètres de profondeur; de 2700 kg. — cm?, à dix mille mètres, etc. Toutes les directions sont également influencées, d’où tendance aux structures non orientées, grenues. En vertu de la théorie des con- stantes capillaires de Curie, les petits grains se dissoivent et nourrissent les gros. La métamorphose est lente, la pression hydrostatique allant à l'encontre de la mobilité des molécules. Dans le deuxième cas, il y à orientation et formation de minéraux lamellaires, respectivement prismatiques. La pression dynamique a les conséquences suivantes : a) des dislocations en grand, plissements, etc., naissent ; b) les résistances au frottement sont vaincues; de la chaleur est pro- duite ; | c) les roches sont mécaniquement modifiées ; d) les transformations chimiques sont sollicitées et favorisées. Plusieurs de ces modifications sont souvent mentionnées en litholo- gie : extinction onduleuse du quartz; glissement des lamelles de miné- raux clivables (calcite); macles polysynthétiques (caleite, feldspath) ; broyage partiel avec mortier entre les débris {Môrtelstruktur) ; broyage uniforme /Kataklasstruktur) ; enfin, disposition des débris en lentilles et développement de la schistosité par cataclase. Cette métamorphose est non seulement sous la dépendance de la loi des volumes rappelée tout à l'heure, mais, en outre, elle est régie par le principe de Riecke, que voict en peu de mots : Si dans une solution saturée d’un corps se trouvent deux prismes de celte même substance, et que l’un est soumis à un effort (traction, compression), il se dissou- dra et permettra à l’autre prisme de grossir d'autant. Appliquant ces lois aux roches sous pression, on admet qu’il se pro- duit dans leur sein de ces déformations sans ruptures totalement diffe- rentes du « flux »), de ces échanges dont Heim a déjà fait usage pour expliquer les sécrétions qui remplissent les interstices de la dolomie plissée du Rôthi (p. 461 de mon précéd. mém.). Les roches se comportleraient apparemment comme si elles étaient plastiques; elles acquerraient des structures analogues à celles qu’elles auraient prises en fluant. Des petits cristaux prismatiques, recevant la pression en bout, vont être dissous à leurs deux bases et régénérés dans les direc- tions perpendiculaires de moindre pression; ils deviendront lenticu- laires, lamellaires, linéaires (scheinbare Streckung). Ce processus agissant sur tous les éléments de la roche, il en résultera une schistosité de cristallisation (Kristallisationsschieferung de Becke). La loi des 4928 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE volumes interviendra, naturellement : les feldspaths potassiques donne- ront de la séricite écailleuse ; les amphiboles, de la biotite foliacée; le labrador, de l’albite lamellaire et de la zoiïsite bacillaire, etc. Ceci suffira pour établir que le métamorphisme dynamique, tel que l’entendent MM. Becke, Berwerth, Grubenmann et leur école, a le mérite de s'appuyer sur certains faits établis de la physique molécu- laire. La pression Joue, dans leur théorie, un rôle médiat bien précisé. Pourtant, il semble que ce rôle soit diflicile à dégager nettement des observations ; l’on voudrait voir dans les travaux qui appliquent ces vues, moins de formules et de néologismes et plus de descriptions détaillées montrant la marche des transformations. Quelquesremarques relatives à celles-ci et à l'extinction onduleuse du quartz sont exposées dans une note additionnelle (IE). | L'avenir dira jusqu'où la voie dans laquelle s'engagent ces savants de haute compétence est à suivre. En attendant, on ne peut qu’appuyer la proposition de M. Grubenmann (11, p. 2) de supprimer l’expression « dynamo-métamorphisme », parce qu'on s’est habitué à la rattacher aux phénomènes purement mécaniques, et de la remplacer simplement par le terme « métamorphisme ». La théorie nouvelle qui vient d’être rappelée, n’est pas applicable à certaines de nos roches que J'ai étudiées, celles du Salmien entre autres, car la pression orogénique à modifié leur structure apres qu’elles avaient acquis leur composition définitive. Elles ont tous les caractères de sédiments soumis à des transformations chimiques, pendant qu’ils étaient boueux et durant un temps que l’on est porté à évaluer en dessous de sa durée réelle. Des strates de nature diffé- rente se sont superposées; des éléments ont diffusé de certaines couches dans d’autres; des réactions se sont achevées sous la seule pression de l’eau océanique. C’est de la « diagénèse », du « pourrissage » comparable à celui qui, dans les mers actuelles, sous une pression de centaines d’atmosphères, sous une température voisine de zéro el sans inconvénients pour les organismes, décompose les roches éruptives et les transforme en argile rouge chargée de silicates ceristallisés (zéolithes), que le laboratoire ne produit que rapidement et en faisant intervenir la chaleur. Le carbonate de calcium se dissout; les phos- phates organiques, les oxydes de manganèse et de fer concrétionnent. Ces derniers concentrent aussi d’autres éléments, que le spectroscope décèle (Li, Va, Ti, TI, etc.). Il ne faut que peu de chose, en somme, pour que cet ensemble de réactions soit changé. Dans la mer Noire, par suite de conditions DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 499 locales, peut-on dire, que M. Androussow a fait connaître, la vie (sauf les bactéries) est impossible en grande profondeur (2,000 m. environ), à cause de la formation abondante d'hydrogène sulfuré. Les boues sont noires ou bleues; le carbonate de calcium reste et concrétionne ; l’oxyde de fer (et de Mn) qui, à moindre profondeur, forme également des concrétions dans cette mer, constitue du mono- et du bisulfure de fer (FeS et Fe S;), ce dernier sous l'aspect de « clous » ; des globules de sulfure se constituent à l’intérieur des diatomées. Ce sont là, évidem- ment, des indications sur l’origine des mêmes globules que j'ai signalés dans certaines diatomées éocènes du Jutland; sur celle de lPespèce _d’enduit galvanoplastique pyriteux qui recouvre ces fossiles et ceux des schistes anciens ; enfin, sur la genèse des cristaux de pyrite dont les phyllades sont parsemés. Les oxydes de fer et de manganèse se mettent en évidence aussi bien dans les sédiments anciens que dans les dépôts modernes, avec des modes de précipitation différents toutefois. Le rutile, qui abonde dans les premiers, se forme, on l’a vu, à température ordinaire, et l’oligiste, qui l’accompagne si souvent, Je l’ai trouvée, en cristaux, sur d'anciennes armes franques, dans des conditions excluant l'intervention de la chaleur. De Sénarmont a reproduit ces deux espèces minérales par voie humide, en vase clos, à des températures voisines de 200°; consta- tons que la nature arrive à un résultat identique, avec des solutions diluées et du temps. En admettant que les paillettes que J'ai observées sur les objets anciens aient demandé deux mille ans pour se former, cette durée disparaîtrait devant les chaînes de siècles que la Géologie considère. D'ailleurs, les cristaux des schistes étant microscopiques, ne peuvent avoir exigé un temps de formation considérable. Lorsque j'ai publié observation qui précède, J'ignorais qu’elle avait été faite depuis longtemps par Becquerel, dont les recherches synthé- tiques mériteraient certainement d’être reprises. Il importe de citer le passage tel qu’il se trouve dans une intéressante note relative à l’origine de certains minéraux, signée du professeur Fournet : « M. Becquerel a découvert, dans les fondations d'un vieux château, » plusieurs barres de fer presque entièrement oxydées et transformées » en fer hydraté, en fer magnétique et en peroxyde. Ce dernier offrait » des cristaux dont l’aspect au microscope était le même que ceux de » l’île d’Elbe, et le fer magnétique était pareillement très bien cris- » tallisé. » Du reste, point n’est besoin de recourir à ces observations pour enlever à deux minéraux caractéristiques de nos roches, la magnétite 1907. MÉM. 28 430 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE et le grenat, le privilège d'indicateurs du métamorphisme dont ils jouissent, de façon incontestée, depuis Dumont. M. Morozewiez, que son travail remarqué sur la formation des minéraux dans le magma défend contre le soupçon de « neptunisme » outré, vient d'établir, par une discussion chimique et pétrographique approfondie, que la montagne magnétique Atatsch, et ses voisines, sont constituées de magnétile (avec oligiste) provenant de la décomposition de roches cristallines éruptives. Une kaolinisation intermédiaire y à donné nais- sance à de véritables roches à grenats, avec chlorite et épidote. Tous ces minéraux sont cristallisés ; tous sont nés « par une concentration hydrochimique éluviale » (p. 260), par une décomposition dépendant « de la seule intervention des eaux atmosphériques et d'infiltration » (p. 128). Le consciencieux travail de Spurr sur les minerais de fer de la Mesabi Range, est un autre bel exemple de formation de Fe; O, par des metasomatic processes. Nos schistes renferment parfois de la pyrite mélangée aux cristaux de magnétite, association qui rend boiteuses certaines déductions des partisans du métamorphisme dynamique, ainsi que M. Gosselet s’en est probablement rendu compte lorsqu'il à éerit : « On admet, en général, que la magnétite est un minéral métamor- » phique. On la trouve, en elfet, dans le voisinage des roches éruptives » et, dans l’Ardenne, elle se montre dans beaucoup de cas de métamor- » phisme local. Il serait cependant téméraire d'affirmer qu'il n’a pas pu » se produire des cristaux d’aimant, comme des cristaux de pyrite, en » dehors de toute action métamorphisante. » (L’Ardenne, p. 765.) Mais l’idée du métamorphisme domine trop l’éminent géologue pour qu'il s'arrête à ce doute; il l’écarte immédiatement par cette remarque : « Cependant, dans l'incertitude, je maintiens à la magnétite une » origine métamorphique et je la considère même comme un des » premiers degrés du métamorphisme des roches colorées en vert » clair par des sels de protoxyde de fer. » Ce n’est là qu’une supposition ! J’en dirai autant de ces transforma- tions que causerait l’eau surchauflée produite lors des dislocations, car semblable hypothèse n’est appuyée par aucune preuve. Et ce n’est pas le chapitre que Daubrée consacre à cette question dans sa Géologie expérimentale (p. 466) qui en fournit une; il ne contient que des pré- somptions, que l’on s’est plu à amplifier jusqu’au dogme. Vingt années après l'apparition de ce livre, qui marque une date dans notre science, M. Rosenbusch pouvait encore dire : « Nous considérons la pression comme facteur actif dans la dynamo- DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 431 » métamorphose, laissant ouverte la question de savoir si elle agit » directement comme telle, ou de façon médiate, par élévation de » température par exemple. Qu'elle ait une action transformatrice » directe sur la structure des roches éruptives {écrasement, broyage, » glissement, étirement, schistosité), cela est indubitable ; — qu’elle » ait aussi une action indirecte, chimique, cela n’est pas établi, mais » c’est probable. » (Elemente, $ 67.) Depuis lors, la probabilité n’a pas cédé à la certitude, semble-t-i}, du moins en ce qui concerne les éléments des roches. Quant à la tem- _pérature, les expériences de M. Spring confirmèrent dans la suite, que sous une pression lente, donc assimilable à celle que l’on admet pour les phénomènes orogéniques, la chaleur développée est inappréciable. J’ai déjà rappelé que les cristaux de certaines espèces minérales des schistes sont excessivement petits. Renard mesure, dans les coticules, des grenats ayant 0""02 de diamètre; 1l évalue leur nombre à cent mille par millimètre cube. Les fins coticules de Regné m'ont montré des granules dix fois plus peuts de ce minéral, et si serrés, qu’en estimant leur quantité à plusieurs millions par millimètre cube, je ne commets nulle exagération. Comment veut-on que des actions telles que celles que l’on attribue au dynamo-métamorphisme créent un semblable précipité — car ce doit être cela — dans des couches épaisses de quelques centimètres au plus, intercalées au milieu de masses de composition analogue et soumises aux mêmes influences”? Les « noyaux » d’ottrélite en voie de formation, que la plupart des auteurs ont déjà signalés dans ces roches, sont également les indices d’une cristallisation commençante, qui suppose le repos et la fluidité de la masse, une « digestion » incompauble avec l'hypothèse dyna- mique. La pression qui est intervenue dans ces réactions ne peut être que celle de l’eau surmontant le sédiment. Quels étaient les bassins dans lesquels ces dépôts se sont élaborés ? Étaient-ils profonds, alimentés par des eaux chaudes ou froides? Chercher à répondre équivaudrait à entrer dans le domaine des conjec- tures et Je crois inutile de m’y aventurer après l’exposé des faits qui précède. Qu'il s'agisse de roches cristallines de lOural ou de Quenast, de quartzites du Brabant, de l'Allemagne ou d’ailleurs, partout l’énergie chimique de l’eau, exaltée par les phénomènes osmotiques et capillaires qui accompagnent sa circulation, ainsi que par la durée de son action, se met en évidence; partout, les corps, même très résistants, sont décom- posés jusque dans les canalicules les plus fins (asbeste, axinite de Que- 4392 W. PRINZ. — LES OXVDES DE TITANE nast). Des effets analogues devaient se manifester sur une large échelle, aux âges primaires, lorsque les boues à peine tassées, d’où sortirent nos roches, étaient imprégnées par des eaux dont la pression s’accom- pagnait peut-être d’une température plus élevée que celle des océans actuels; surtout, qu’à l’aurore des sédimentations, celles-ci s’effec- tuaient avec des matériaux plus frais, plus riches en éléments de toute nature, qu’aux âges suivants. Les roches du Brabant contiennent la plupart des minéraux qu’on rencontre dans celles de la région salmienne, mais en proportions différentes. Les éléments des principaux quartzites sont d’origine détrilique. Pendant la macération qui précéda leur durcissement défi- nitif, des sulfures cristallisés, un peu d’ilménite (veinules à Opprebais), des grains isolés de rutile, des carbonates s’y développèrent. La métamorphose par imprégnation siliceuse et pression des couches surincombantes, qui amena la solidification de ces masses, s'explique par l’une des ingénieuses expériences de M. Spring. Les schistes intercalés et associés participent de la même origine. Une partie, au moins, de la tourmaiine qu’on y trouve doit être secon- daire, puisque ses petits prismes englobent le zircon roulé, détritique, et les microlithes de rutile (Nil, Opprebais). Suivant Dewindt, l’abon- dance d’ilménite constitue le caractère distinctif de ces schistes; mes observations sont confirmatives à cet égard. Leur faible teneur en rulile, alors que ce minéral abonde dans l’Ardenne, indique vraisem- blablement une sédimentation et une consolidation plus rapides, peut- être au sein d’une eau moins active que dans le Sud. Plusieurs de mes observations montrent que certains schistes brabançons ne renferment pas d’ilménite, mais de l’anatase; j'ai lieu de croire qu’on en trouvera aussi des exemples dans l’Ardenne. Les oxydes de titane n’apparurent largement, dans le Brabant, que lorsque l’évolution géologique permit la désagrégation des anciens sédiments durcis. L'eau, arrivant de nouveau en contact avec les éléments de la roche, reprit, sous une autre forme, le travail qu’elle n'avait pu parfaire : les minéraux résistants furent libérés, les autres furent attaqués par elle, l’ilménite notamment, qui avait été préservée de ses atteintes depuis un temps immensurable. De l’anatase, de la brookite même, se formerent alors, plutôt que du rutile, une différence qui tenait à peu de chose, puisqu'il arriva que la suite des réactions produisit les trois espèces d’oxydes de titane dans un même gisement (Nil-Saint-Vincent). La dislocation, le fendillement de ces masses facilitèrent l’infiltration DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 433 et la circulation des dissolvants. En même temps, les surfaces soumises à leur influence se trouvèrent augmentées. Telle fut la seule part qui revint aux agents dynamiques dans les transformations dont traite cette étude. ADDENDA. r. Modifications que subissent les inclusions liquides par la préparation. — -Il est prudent de répéter certaines observations relatives à ces objets sur des pièces n'ayant pas subi le traitement violent que nécessite le procédé habituel de préparation des lames minces. J'ai décrit ailleurs les transformations qui s'étaient opérées dans une inclusion à deux liquides, d’un spinelle, exposé à une température trop élevée; en voici un autre exemple facile à vérifier. On cite sou- vent, comme une curiosité, l'observation de Brewster sur un échanul- lon de sel gemme de Cheshire, dans lequel les inclusions privées de bulle en avaient acquis une après chauffage. Or, les choses se passent toujours ainsi. Dans les nombreux échantillons de sel que J'ai exami- nés sans autre préparation que le clivage, j'ai constaté que les plus grandes inclusions seules contiennent une bulle; mais toutes celles qui n’en ont pas, la possèdent après chauffage modéré. L’essai, répété une fois encore à propos du présent travail, a donné le résultat sui- vant : Une lame de sel de Bernbourg montrait des enclaves sans bulle; trois d’entre elles, à contour largement souligné d’un liseré sombre, mesurant environ O6, O""4 et O2, furent particulièrement observées. Après un premier chauffage, elles avaient reçu chacune, comme toutes les autres vacuoles de la pièce, une bulle, très mobile lorsqu'on inclinait le microscope. Un deuxième chauffage ayant paru augmenter le diamètre des bulles, celles-ci furent mesurées avant de procéder à une troisième application de la chaleur. Cette troisième chauffe fut poussée jusqu’à lébullition du baume fluide noyant la pièce. Les diamètres des bulles avaient les valeurs ci-après, en milli- . mètres : Avant troisième chauffe. Après. Rapports. 0,189 0,930 1,216 0,110 0,132 ’ 1,200 0,059 0,073 1,93 434 W. PRINZ. — LES OXYDES DE TITANE L'augmentation de volume, qui s’est maintenue depuis, s’est donc effectuée à peu près dans le même rapport pour toutes les bulles; celles-ci ont conservé leur mobilité lorsqu'on incline le microscope. Chaque refroidissement ne faisait pas apparaître qu'une bulle, mais plusieurs, qui partaient de divers points des petites cavités pour se réunir rapidement en une seule. Cela indique linfiltration de minimes parties du liquide dans d’invisibles fissures des parois des enclaves. Des phénomènes de ce genre sont peut-être possibles dans des miné- raux plus durs que le sel. 11. Remarques sur la cristallisation sous pression et l'extinction onduleuse. — Sous l'influence d’une différence de pression, une partie de la sub- stance d’un même cristal peut se dissoudre en certains points et se déposer en d’autres (Thomson, in Lehmann). Une transformation analogue se produit, suivant Hagenbach (ibi.), dans la glace des gla- ciers, dont chaque grain, qui était composé d’un seul individu très petit dans le névé, finit par acquérir des centimètres de diamètre (jusque un décimètre) en se déplaçant par l'écoulement du glacier. Ne semble-t-il pas que pour les roches, où les grains se touchent et s’en- chevêtrent, il faille les supposer mobiles (cas du glacier) pour leur permettre de s’accroître? D'autre part, on aurait alors quelque peine à comprendre pourquoi il ne se constituerait pas, comme dans les gla- ciers, de très gros grains métamorphiques dans les roches, surtout lorsqu'un élément domine. I v a là des difficultés que la théorie pro- posée ne résout pas. Quant à l'extinction roulante ou onduleuse, elle n’est pas une preuve certaine de compression. Je ne puis qu’appuyer les réserves exprimées par M. Zirkel à cet égard ([, pp. 59 et 610). Un cube de quartz, de À centimètre de côté, montre, sous une pression de quelques dizaines de kilogrammes, une déformation de la figure axiale, qui devient nettement elliptique, de cireulaire qu’elle était. Dans des roches où les conséquences de la compression sont évidentes (porphy- roide des Ardennes, à feldspaths écrasés), le quartz a des extinctions onduleuses ; mais, si l’on considère une coupe à la fois assez oblique pour montrer encore ce caractère et assez peu inclinée sur l'axe pour donner la figure d’interférence, on voit que celle-ci n’est pas déformée. Les quartz libres, développés dans des solutions épaissies par des corps étrangers (Eïsenkiesel), ont des extinctions troublées; elles DE QUELQUES ROCHES DU BRABANT. 435 s’observent encore dans les quartz de remplissage. Les expériences entreprises par Renard et M. Stôber, pour s’éclairer sur le mode de formation des météorites pierreuses, ont permis la transformation, par compression à 6 000 atmosphères, d’un grès cristallisé en un grès clastique, mais les extinctions roulantes manquaient dans le produit obtenu. Renard cherche à s'expliquer ce résultat négatif par la courte durée de l’essai (trois heures) et la minceur insuffisante des prépa- ralions. Laboratoire de Minéralogie et de Géologie de l’Université de Bruxelles, août 1907. OUVRAGES CITÉS OU CONSULTÉS ———— Liste faisant suite à celle qui a été donnée antérieurement; elle ne mentionne, comme la précédente, que les travaux principaux. ANDROUSSOW, N., La mer Noire. (Guide des excursions du VIIe Congrès géol. intern. [Saint-Pétershourg], Note XXIX, 1897.) BECQUEREL, A., Le passage cité se trouve dans une communication de M. Fournet à la Société philomatique de Paris insérée, sous la rubrique Géologie, dans le journal L'Institut, n° 529, 1843. CAYEUx, L., Structure et classification des grès et quartzites. (Congrès géologique. [Mexico], 1906.) CESARO, G., Anaiase de Nil-Saint-Vincent |337{. (Ann. Soc. géol. de Belgique, 1887-1888.) — La prehnite de Quenast. (Ann. Soc. géol. de Belgique, t. XVIII, 1891.) — Le mispickel de Nil-Saint-Vincent. (Bull. Acad. roy. de Belgique, 1896.) — Monazite de Nil-Saint-Vincent (in Description des minéraux phosphatés, etc.). (Mém. Acad. roy. de Belgique, t. LIT, 1897.) — Rapport relatif à la forme nouvelle }449! de l’anatase observée à Nil-Saint-Vincent par M. Prinz. (Bull. Acad. roy. de Belgique, 1907.) CURIE, P., Sur la formation des cristaux et sur les constantes capillaires de leurs tee faces. (Bull. Soc. minéral. de France, t. VIII, 1885.) DE KoniNck, L.-L., Sur l’octaédrite de Nil-Saint-Vincent. (Bull. Acad. roy. de Bu 1878.) — À propos de l’eau des ardoisières de Vielsalm. (Ann. Soc. géol. de Belgique. |Liége], t VI pp. xcx 218710) DEUCHAR, J., Explication de l’existence de l’eau dans l’intérieur de quelques cristaux. (Ann. de Chim. et de Phys., t. XXI, p. 220, 1822.) Fouqué, F., et MicHEL LÉvVY, Synthèse des minéraux et des roches, 1882. FRANCK, A., Notice cristallographique sur la monazite de Nil-Saint-Vincent. (Bull. 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Les géologues belges savent que lors de l'établissement de la légende de la Carte géologique, publiée à l’échelle du 40 000, des divergences de vues très importantes se sont produites lorsqu'il fut question de fixer l’âge des dépôts tertiaires, sableux, argileux et cail- louteux, reposant sur le cailloutis de silex qui recouvre le terrain primaire sur les hauts plateaux des provinces de Liége et de Namur. Les uns, dont J'étais, avec M. E. van den Broeck, voyaient, dans les sables inférieurs à stratification marine, le prolongement direct du Tongrien inférieur, visible, vers le Nord, avec sa faune riche et variée, à Grimmertingen, Vliermael, etc.; les autres, et plus particulièrement les géologues liégeois, penchaient pour en faire du Landenien ou Éocène inférieur. ; + Quant à l’épais lit de cailloux de quartz blanc, mélangés à des galets d’oolithe silicifiée, qui surmonte les sables marins et les ravine, M. van den Broeck et moi étions tentés de le rapporter au Tongrien (4) Communication présentée à la séance du 15 octobre 1907. 440 À. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. supérieur, fluvio-marin, avec les couches sableuses et argileuses qui le recouvrent. Chacun conservant son opinion, il fallut, pour permettre l’établis- sement de la légende de la Carte, se faire des concessions mutuelles, et l’on se mit d'accord pour attribuer à ces couches liligieuses la notation générale O, indiquant la tendance à en faire de lPOligocène. Partant de ce principe, les couches supérieures au gravier de quartz blanc furent marquées On, les cailloux eux-mêmes portèrent la nota- üon Onx et, enfin, les sables marins inférieurs furent indiqués comme Om. On se rappellera que, dans la légende de la Carte, les petites lettres m et n n'impliquent aucune notion chronologique précise. Depuis plus de quinze ans, les choses en étaient restées exactement au même point (1), les Cartes ont paru avec les notations suspensives adoptées et la question serait peut-être restée encore longtemps sans solution, si une autre, bien différente, relative à la présence d’une industrie humaine sur les hauts plateaux de l’Ardenne, n'avait été, dans ces derniers temps, mise à l’ordre du jour. On sait combien notre confrère M. E. de Munck s’est dévoué à ces recherches, combien elles ont parfois été heureuses ; mais ce à quoi 1l fallait irrésistiblement arriver, c'était d'introduire la stratigraphie dans les recherches, de manière à placer l’industrie humaine des hauts plateaux en rapport avec des couches à chronologie bien établie. Des explorations poussées sur la haute terrasse de la vallée de la Meuse, au Nord de Flémalle, vers le hameau de Rosart, nous firent croire que la question était enfin résolue et j'ai présenté sur le sujet, cette année même, un travail à la Société (?); mais les recherches continuant pour rencontrer un gisement riche en éolithes que l’on püût exploiter fructueusement, de nouvelles explorations furent entreprises. C’est une communication faite à la Société d’Anthropologie par M. Rahir, au sujet de la découverte d’éolithes sur une hauteur domi- nant Tilff, qui engagea M. de Munck à parcourir les hauts plateaux (1) La Classe des Sciences de l’Académie royale de Belgique a, en vain, mis au concours, pendant plusieurs années, la solution du problème résidant dans la fixation de l’âge des couches On et Om de la légende de la Carte géologique. La question avait été retirée du concours faute de concurrents. (2) A. Ruror, Sur la découverte de silex utilisés sous les alluvions fluviales de la haute terrasse de 100 mètres de la vallée de la Meuse. (BULL. Soc. BELGE DE GÉOL., t. XXI, 1907, Mém.) sx A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 444 bordant les deux rives de lOurthe, et ainsi 1l arriva à recueillir simultanément, dans une sablière à Boncelles, d’une part (rive gauche de l’Ourthe), et sur le territoire de Beaufays (rive droite de l’Ourthe), d’autre part, un cailloutis renfermant des éolithes. Toutefois, M. de Munck, non familiarisé avec la géologie de la région, crut avoir affaire, à Boncelles et à Beaufays, aux couches déjà étudiées à Rosart; aussi, dans une communication qu'il à présentée récemment à la Société (1), n’a-t-1l pu établir avec exactitude l’âge vrai des éolithes qu'il avait découverts. Mon collaborateur me pria donc de l'accompagner sur place, et nous étant rendus dans la sablière, près de Boncelles, où les conditions d'observation étaient favorables, Je reconnus, à ma grande surprise et, je dois dire, avec une véritable appréhension, que le cailloutis à éolithes passait sous la masse imposante des sables marins Om exploités, surmontés eux-mêmes d’une belle couche de cailloux blancs Onx. C'était vraiment jouer de malheur, ear il était certes désagréable de voir passer le cailloutis à éolithes sous des couches d'âge indéterminé. Au point de vue de la fixation de l’âge, nous nous trouvions dans une impasse. Cependant, le cailloutis mis à découvert au fond de la sablière paraissait assez riche et avec des peines, du temps et de la patience, nous pouvions espérer arriver à réunir, au Musée royal d'Histoire naturelle de Bruxelles, une série d’éolithes donnant une idée assez complète de l’industrie, d’un âge certainement très respectable, qui avait été signalée. Ce fut au cours de ces recherches que mon aide Henrottin demanda, par acquit de conscience, au contremaitre d’une autre sablière qui reproduisait la même coupe, si, par hasard, on ne rencontrait jamais ni ossements n1 coquilles. Au grand étonnement de mon aide, qui s'attendait à la réponse négative habituelle, il lui fut déclaré qu’un banc sableux, qu’on lui désigna, était rempli d'empreintes de coquilles, et, en même temps, il remarqua que, dans cette même sablière, le caïlloutis à éolithes appa- raissail à la base du sable exploité. Henrottin s'empressa de gravir le talus et, arrivé au niveau qui lui avait été signalé, à environ 3 à 4 mètres sous le lit de cailloux (4) E. DE Muxcx, Les alluvions à éolithes de la terrasse supérieure de la vallée de l’Ourthe. (BuzL. Soc. BELGE DE GÉOL., t. XXI, 1907, Pr.-Verb.) 442 A. RUTOT .— UN GRAVE PROBLÈME. blancs Onx, 1l constata la présence d’abondantes traces de coquilles conservées dans le sable fin, meuble, traces extrêmement fragiles et qui paraissaient se rapporter uniquement à deux espèces. Ayant réussi à transporter au Musée un bloc de sable fossilifère, je reconnus aussitôt que nous nous trouvions en présence de coquilles marines rapportables à des Cythérées et à des Pétoncles. Dès le lendemain, je me rendis sur les lieux, et une abondante récolte de fossiles, malheureusement peu variés, fut faite, en même temps que le gros cailloutis de silex du bas nous fournissait quelques éolithes incontestables. Depuis lors, nous sommes retournés maintes fois aux sablières et nous avons encore recueilli de nouvelles espèces et des éolithes ; de plus, dans la sablière où les instruments humains avaient été décou- verts pour la première fois, quelques coquilles ont été trouvées à leur niveau habituel; enfin, nous avons entrepris la détermination des principaux fossiles ; après moi, M. E. Vincent à procédé à la détermi- nation de toutes les formes recueillies, puis nous avons eu l’occasion de les montrer à des géologues allemands bien au courant des fossiles tertiaires de leur pays et nous en sommes ainsi arrivés au moment d'exposer devant la Société l’ensemble des faits constatés. II. — Géologie et Paléontologie. La découverte des éolithes dont il est ici question a été faite par M. de Munck dans une sablière située le long de la grande route de Tulff à Boncelles, à 500 mètres environ avant d'arriver au croisement de route, au lieu dit « Les Gonhir ». L’altitude moyenne du sol est de 265 mètres au-dessus du niveau de la mer, soit à 1485 mètres au-dessus du niveau de l’Ourthe et à 205 mètres au-dessus du niveau de la Meuse. La coupe, prise au point le plus élevé de la sablière, est repro- duite ci-après (fig. 1). C’est au niveau inférieur de la sablière qu’un petit trou, fait pour extraire du silex destiné à un empierrement et profond de 0"60 au plus, permit à M. de Munck de recueillir, disséminés dans le sable jaune argileux empâtant les blocs de silex, plusieurs éclats utilisés et très bien retouchés. Ce sont ces instruments, parmi lesquels se trouvait un grattoir portant à la fois un bulbe de percussion bien marqué et une belle A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 443 retouche d’avivage, qui emportèrent ma conviction qu'il existait bien, à l’emplacement signalé par M. de Munck, un gisement d’éolithes tertiaires qu’il serait utile d'explorer et d'étudier. = G. CA AL. vV 7 PAR EP re L Aagae se FiG. 1. — Coupe d’une sablière à 500 mètres à l'Est du croisement de route du lieu dit « Les Gonhir ». . Terre végétale, caillouteuse . Glaise verdâtre, panachée, très altérée. . Lit épais de cailloux de quartz blanc et de roches siliceuses de l’Ardenne, très altérées, dans lequel s’intercalent parfois des lentilles de sable argileux rougeûtre . . Sable blanc, régulièrement stratifié, avec lits rougeûtres et quelques minces lentilles d'argile verte . . Sable ferrugineux avec lit d'argile verte . Sable blanc, fin, micacé, régulièrement stratifié, strié de jaune ou de rouge carminé et renfermant de rares empreintes de coquilles et notamment de Pétoncles CH INAUVAIS ELA AN ee Ut De Gros cailloutis de silex, visible sur plus d’un mètre d'épaisseur, avec galets noirs épars et nombreux éolithes, variés et parfaitement caractérisés . Mères. 0,40 Ua 200 1,00 à 3,00 3,00 à 4,00 0,20 10,00 1,00 444 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. Études et recherches ayant été effectuées dans le même trou élargi et approfondi, elles nous ont permis de recueillir plus d’une centaine d'excellentes pièces, les unes un peu usées, les autres à peu près intactes, d’après leur profondeur dans le eailloutis (!), représentant, à de nombreux exemplaires, tous les types variés de l’industrie éoli- thique, c’est-à-dire les percuteurs, les enclumes, les couteaux. les . racloirs, les grattoirs et les perçoirs. | Ces outils montrent, dans tous leurs détails, les caractères des autres industries éolithiques tertiaires et quaternaires authentiques et bien connues. | Quant au cailloutis à éolithes, il passe nettement sous la masse des sables et 1l à été atteint en plusieurs points de la sablière ; un trou de 4 mètre de profondeur qui y a été creusé n’en montre point la base. L'autre sablière, qui présente un intérêt capital parce que les fossiles du sable exploité y ont été signalés pour la première fois, est située à 800 mètres au Nord-Ouest de la précédente. Un large chemin partant de la route reliant les Gonhir au Sart Haguet y conduit. D’après la Carte au 20 000°, l'altitude moyenne du sol dans lequel l’excavation à été pratiquée, serait de 260 mètres au-dessus du niveau de la mer, soit 5 mètres de moins que le sommet moyen de la première sablière. La coupe, très étendue, varie d’un point à un autre dans Îles détails; elle peut être représentée avec une exactitude suffisante par la figure 2 ci-contre. Bien que les empreintes de coquilles soient extrêmement abon- dantes dans la couche sableuse F, située sous les alternances argileuses et peu perméables aux eaux d'infiltration D, — ce qui explique la non- disparition totale des coquilles, — le nombre d'espèces recueillies ne se monte encore qu’à une douzaine, dont une moitié déterminable. (1) Lorsque l’on examine le cailloutis. on voit très clairement qu'un certain nombre d'instruments, surtout les petits. après leur rejet à la surface du sol par ceux qui s’en étaient servis, sont tombés dans les interstices des gros blocs et ont été ainsi soustraits aux causes d'usure. Les autres, restés à la surface du cailloutis, ont été également poussés entre les gros blocs, lors de l’arrivée de la mer oligocène, et mêlés aux assez nombreux galets noirs apportés par cette mer. Les outils qui sont restés le plus près de la surface ont eu leurs arêtes usées et arrondies par le mouvement des eaux tenant du sable en suspension. C’est ce qui explique les aspects différents des pièces selon la position qu’elles occupent dans le gros cailloutis. ä _ ei. 4 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. Fic. 2. — Coupe d’une sablière ouverte à 500 mètres au Nord-Ouest de la précédente. A. Terre végétale caillouteuse . . MON B. Glaise verdâtre, panachée, traversée de grosses mar- brures blanchâtres, toujours très altérée, d'épaisseur variable, parfois absente. Maximum. . . . . . C. Lit épais de cailloux roulés de quartz blanc et de roches quartzeuses roulées de l’Ardenne, très altérées, blan- chies, parfois friables. Les cailloux sont souvent en banc compact, engagés dans une argile rougeûtre; en d’autres points, 1ls alternent avec des lentilles de sable argileux . arte NUE ASE D. Couche d'apparence générale rougeâtre, composée d’alternances nombreuses de sable fin et d’argile sabieuse rougeûtre et parfois d'argile verte E. Lit de sable ferrugineux, rouge-brun foncé, plus ou moins dédoublé. PMP RER CE F, Sable fin, micacé, régulièrement stratifié, blanc ou jau- nâtre, panaché de rouge et renfermant de nombreuses empreintes de coquilles marines et principalement de DUvinéréesiendePéloncles en DR 00.0 4907. MÉM. Mètres. 0,40 1,00 1,00 à 3,00 3.00 à 4,00 0,15 1,00 à 4,50 29 445 446 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. Mètres. G. Sable blanc ou jaunûâtre, fin, micacé, régulièrement stratifié 1 20 EAN EINONENENR NOR IE EST H. Sable fin, micacé, en lits nombreux blancs ou rouge carminé, régulièrement SiTAUNé, MERE 2,00 I. Mince lit de sable avec nombreux petits galets de roches quartzeuses SARL ET ER TN NENEE SR ER 0,10 J. Sable régulièrement stratifié, de couleur carminée ou SAUMON. + le er que ie ne LU NS re NE K. Mince lit de sable avec nombreux petits galets de roches quartzeuses et avec fragments plus gros de silex très altéré, parmi lesquels il existe des éolithes. . . . 0,20 L. Sable vert, panaché de rouge, passant vers le bas à du sable jaune ou:blanc purs PIN RER 0,50 M. Gros cailloutis, formé de blocs de silex cimentés par du sable fin, argileux, Jaune. C'est dans les interstices des blocs, à surface généralement arrondie, vers la partie supérieure de l’amas, que se rencontrent les éolithes, sensiblement moins abondants ici qu’à la sablière précédente, mais cependant très nets et bien caractérisés. Avec les éolithes, on rencontre des galets bien roulés de silex, à surface noire, rugueuse, géné- ralement plats, apportés par la mer qui a déposé les sables marins supérieurs °° 2. 2, HR OM0 CD AIO N. Surface de grès blanc primaire, peu altérée, assez régu- lière. m. Lit ondulé, noir, de manganèse, simulant du lignite et passant au travers des stratifications, en suivant approximativement, à distance, la surface du banc de silex. C’est un dépôt postérieur d’altération, local, sans valeur stratigraphique : 0. + 2: 2007208 Voici la liste provisoire des espèces, telle que M. E. Vincent l’a dressée : Nucula ? Cardium cingulatum Goldf. Pectunculus (Axinæa) obovata Lam. Corbula Henkeliusi? Nyst. — — Philippi ? Lam. Glycimeris angusta Nyst. Pecten (Chlamys) cf. bifidus Münst. Cominella cf. Bolli Beyr. Cyprina rotundata ? Braun. Natica sp.? Isocardia subtransversa d'Orb. Spatangus Desmareti ? Münst. Cytherea (Meretrix) Beyrichi Semp. Annélides. _ — incrassata? Sow. Bryozoaires. C’est Cytherea Beyrichi, bien caractérisée par ses stries proéminentes et régulières, qui, de toutes les espèces, est la plus abondante. On en A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 447 rencontre des milliers d'exemplaires de toute taille, souvent bivalves, et c’est à son large développement qu'est due la rareté des autres formes. Toutefois, en certains points, et généralement sous le lit à Cythérées, Pectunculus obovatus abonde et les Jeunes exemplaires forment des amas serrés. Toutes les autres espèces paraissent fort rares, sauf l’Échino- derme et certains organismes inférieurs. Quelle conclusion peut-on tirer de l'analyse de cette faunule, parais- sant suffisante, mais que je m'efforcerai de compléter ? D'abord, l’ensemble se classe certainement dans l’Oligocène ; mais comme cette grande division du Tertiare se laisse aisément, en Bel- gique, comme dans l’Allemagne du Nord, diviser en trois assises : inférieure, moyenne et supérieure, à quelle de ces assises convient-il de rapporter la faunule recueillie ? Si l’on considère d’abord le fossile de beaucoup le plus abondant, celui dont le développement excessif à empêché celui des autres espèces, nous voyons que c'est Cytherea Beyrichi. Or, cette coquille est caractéristique de l’Oligocène supérieur d’Alle- magne, des couches de Sternberg, de Bünde et de Cassel, notamment, et elle est très bien représentée dans les nodules roulés rencontrés à la base du Diestien, au bas de la coupe d’Elsloo, sur la Meuse (Limbourg hollandais). Je ne crois pas qu'elle ait été signalée nulle part dans l’Oligocène moyen et dans l’Oligocène inférieur. Dans ces assises, il existe une Cythérée analogue à Cytherea Beyrichi, comme forme et comme gran- deur : c’est Cytherea splendida Mérian. Mais cette espèce ne présente nullement la belle série de stries fortes et régulières qui couvrent Cytherea Beyrichi, et ces espèces ne peuvent être confondues. Les autres espèces déterminables : Cytherea incrassata, Pectunculus obovatus, P. Phihippi, Cardium cingulatum, Isocardia subtransversa, Glycimeris angusta, etc., se rencontrent toutes dans l’Oligocène supé- rieur, tandis que quelques-unes descendent dans l’Oligocène moyen et un plus petit nombre pénètrent jusque dans l’Oligocène inférieur. L’oursin, Spatangus Desmareti, est bien l’un de ceux qui caractérisent l'Oligocène supérieur de Bünde. Si l’on fait la balance des espèces, on voit donc que toutes existent dans l’Oligocène supérieur, tandis que plusieurs se montrent déjà soit dans l’assise inférieure, soit dans la moyenne. Il suit de là que, dans la balance, c’est l’Oligocène supérieur qui l'emporte, et puisque la faunule est comprise dans le sable Om, c’est donc à l’Oligocène supérieur qu’on doit décidément rapporter celui-ci. 448 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. Dès lors, l’industrie éolithique que l’on rencontre dans le cailloutis de silex situé à la base du sable oligocène supérieur est, au moins, d'âge oligocène moyen. D'autres sablières existent encore dans la localité, les unes en pleine exploitation, les autres abandonnées. J'en ai noté la coupe, qui ne diffère pas sensiblement des précédentes, mais l’exploitation du sable n'y descend pas jusqu’au cailloutis de base ; nous n’y avons rencontré ni fossiles ni éolithes. Enfin, des petits lits graveleux localisés sont visibles vers le bas de la masse des sables marins. Nous voici donc en présence d’un grave problème, ou plutôt d’un fait dont l'importance n’échappera à personne. En effet, ce n’est qu’avec une certaine répugnance que l’on se voyait obligé d'accepter, dans ces derniers temps, l’idée de l’existence d’êtres intelligents, se servant d'outils pour renforcer le travail des mains, à l’époque du Miocène supérieur. C’est presque avec un certain soulagement que l’on avait vu décroître l'importance accordée anciennement au gisement de Thenay, rapporté à l’Aquitanien, c’est-à-dire à l’Oligocène supérieur. Et voilà maintenant que la notion de l’existence d’une humanité oligocène, plus ancienne que celle de Thenay, vient s'affirmer avec une force et une précision qui faisaient quelque peu défaut à celle-cr. Il y a là quelque chose qui choque nos vieilles idées, habituées jusqu'ici à la simple conception de l’homme quaternaire. Mais, peu à peu, la réalité de l’homme pliocène de l’époque du Kent Plateau s’est affermie et imposée, ce qui a permis l'introduction de celle d’une humanité pontienne où du Miocène supérieur, contempo- raine du Mastodon, de l’Hipparion et du Dryopithèque. Toutefois, passer brusquement et d’un coup du Miocène supérieur à l’Oligocène moyen nous semble actuellement invraisemblable, et cependant il faudra bien nous plier devant l'inévitable et accepter les faits tels qu'ils sont, attendu qu’ils ne paraissent pas susceptibles d’une interprétation différente. Du reste, l’hésitation n’est désormais plus possible devant la décou- verte de l’industrie des Tasmaniens actuels, telle que viennent de nous la révéler les recherches, faites sur place, du D" F. Noetling. La mise en lumière de cette industrie est, pour ainsi dire, providentielle, car elle vient précisément à point pour montrer, de la manière la plus positive, que les éolithes constituent bien une réalité, puisque des êtres humains confectionnaient et se servaient, sous les yeux d’observateurs A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 449 véridiques et tout à fait désintéressés, des instruments à facies absolu- ment éolithique, il y a à peine soixante ans. Nous croyons, d'autre part, qu’une simple affirmation de l'existence d’une industrie éolithique dans le cailloutis de silex constituant la base de sables d’âge oligocène supérieur ne peut suffire pour faire accepter l’idée comme vraisemblable. Certes, pour établir les conclusions et les décisions personnelles définitives, je ne compte que sur la visite du gisement et l'examen détaillé, à Bruxelles, des collections recueillies ; mais je crois cepen- dant, au moins pour intéresser les préhistoriens et les géologues à la grave question traitée, devoir donner ci-après une description avec figures des principaux types d'instruments qu’il m'a été permis de recueillir lors de mes recherches. Avant d'aborder cette troisième partie du travail, Je demanderai à mettre en lumière une observation que M. de Munck à pu faire, en même temps qu'il découvrait les éolithes à Boncelles. Ainsi que J'ai eu l’occasion de le dire, M. de Munck a exploré les deux plateaux dominant l’Ourthe, et sur la rive droite, en passant par Monchamps, hameau de Beaufays, vers l'altitude de 280 mètres, il a pu observer l’excavation faite pour l’établissement des fondations d’une maison. La coupe notée est la suivante : Mètre. AOPHÉTHUS ONE EN COCA M 00 0,20 20 Limon très argileux, Jaune, avec galets de quartz et autres roches disséminés dans la masse . . . . . . . . 0,50 3° Sable roux ou jaune, ferrugineux, puis gris verdâtre ou blan- CHALTEMMICACÉ CL SAUTER EU ER ONE 0.200050 4 Gravier de quartz, de phtanite et de roches ardennaises . . 0,10 90 Conglomérat de rognons de silex, avec éclats, les uns naturels, les autres utilisés et retouchés de manière caractéristique, ces derniers assez rares. Le tout est à arêtes plus ou moins usées et les cailloux sont empâtés dans un sable blanc ou HAUTEMLES API ER SEANCES OÙ Ainsi qu'on peut s’en assurer, les éolithes oligocènes se rencontrent donc également sur la rive opposée à celle sur laquelle est située Bon- celles et à la même altitude. Toutefois la coupe offre quelques variantes, c’est-à-dire que le lit de cailloux blancs paraît remanié à la surface du sol, que le sable oligo- 450 À. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. cène est peu développé et que le ciment qui relie les blocs de silex du fond est plus argileux qu’à Boncelles. Il s'ensuit que les galets propres à la base de l’Oligocène n’ont pu pénétrer dans les interstices du cailloutis et se sont rassemblés à son sommet. De toutes façons, de part et d'autre, les éolithes se trouvent dans la même position. Enfin, pour ce qui concerne la partie géologique de ce travail, si des fossiles nous ont permis de dater les sables inférieurs Om, diverses considérations, tirées d'observations multiples, permettent aussi de dater ie lit de cailloux de quartz Onx et les couches sableuses et argi- leuses qui le surmontent. Sans donner ici le détail de argumentation, que je compte exposer dans un travail à présenter à l’Académie de Belgique, je puis dire que, d’une part, une série de grands sondages pratiqués en Campine et qui me sont personnels, et d'autre part, une série de forages profonds entrepris dans le Limbourg hollandais pour la recherche de la houille, ont montré que le lit de cailloux blancs, que les auteurs allemands nomment Kieseloolithe à cause des galets d’oolithe silicifiée qui s’y rencontrent, se trouve à la base de ce que nous appelons maintenant Série de Tegelen, c’est-à-dire le complexe argileux et sableux, avec lignite, dont nous avons l’exact équivalent dans la Campine, repré- senté par le sable blanc de Moll et l’argile de la Campine. En Hollande, la série de Tegelen, à Tegelen même, repose sur la couche de Xïieseloolithe, qui s'étend à son tour sur des couches déter- minées par des fossiles comme « Oligocène supérieur (1) ». Les grands forages de Vladorp et de Maasniel ont donné le même résultat. D'autre part, de ma série de sondages effectuée de Moll à Rethy et traversant la bande des sables de Moll, j'ai conclu que les sables de Moll, avec leurs alternances argileuses et parfois ligniteuses, ont été déposés, lors du retrait de la mer poederlienne, sur les sédiments du Poederlien marin, et qu’ils sont recouverts par de nouveaux sables marins que Je rapporte à l’Amstelien de M. Harmer. Les cailloux blancs, ou Kieseloolithe Onx, avec les couches sableuses (t) Consulter l’intéressant rapport de M. van Waterschoot van der Gracht, directeur des prospections de l’État néerlandais : Verslag over den gang der werkzaumheden bij de Rijksopsporing van delfstoffen gedurende het jaar 1906. La Haye, 1907. A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 451 et argileuses (Ons, Ong, Onp) (!) qui les surmontent, seraient done d'âge poederlien et n'auraient, dès lors, rien de commun avec les sables Om, datés Oligocène supérieur par la faunule qui y a été rencontrée. Enfin, l’argile très altérée B, surmontant le lit de cailloux blanes C dans les coupes des sablières de Boncelles, serait l’exact équivalent des argiles de la Campine et de Tegelen. III. — Préhistoire. — Description des instruments. Nous allons maintenant décrire l’industrie à facies éolithique que M. de Munck et moi avons recueillie dans le cailloutis de base des anciens sables Om, dans la position indiquée aux figures 1 et 2 ci-dessus ; industrie que je propose de dénommer le Fagnien. Comme il est question ici d’une industrie éolithique et même, pou- vons-nous ajouter, de la plus ancienne industrie éolithique connue jusqu'ici, nous devons nous attendre à y rencontrer les divers types d'outils non taillés qui constituent l’industrie humaine primitive. C’est, en effet, ce qui se vérifie complètement, car nous avons pu, sans difficulté, classer nos trouvailles dans les catégories déjà bien connues : percuteurs, enclumes, couteaux, racloirs, grattoirs et perçoirs, auxquels viennent s'ajouter, comme partout ailleurs, les « pierres de jet ». PERCUTEURS (2). — Nous avoas divisé les outils servant à la percus- sion en deux grandes catégories : les percuteurs actifs ou marteaux et les percuteurs passifs ou enclumes. Parmi les marteaux, 1l existe presque toujours plusieurs types distincts, qui sont : les percuteurs simples, les percuteurs tranchants, les percuteurs pointus, Îles tranchets et les retouchoirs. À peu près tous ces types ont été recueillis jusqu'icr à Boncelles. Le percuteur simple, rognon ou bloc polyédrique, avec lequel on a (4) Nos observations nous ont montré que les argiles réfractaires du type d’Andenne (Ona) sont subordonnées aux sables inférieurs Om et non à la série supérieure On. On se rappellera, du reste, que la flore de ces argiles est aquitanienne. (2) Note importante. — Tous les instruments figurés ci-après, tant de Boncelles que de Tasmanie, ont été, sans exception, uniformément réduits aux deux tiers de la grandeur naturelle. J{s sont donc ainsi aisément comparubles. De plus, tous les dessins d’outils tirés du débitage intentionnel et non figurés sur les deux faces, portent la lettre B au point de frappe correspondant au bulbe de pereussion. 452 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME, frappé directement, sans ou avec « retouche d’accommodation » pour la préhension, est assez rare, et beaucoup de ceux que l’on rencontre ne semblent pas avoir servi longtemps. Cela se remarque à la surface relativement faible couverte par les traces spéciales et caractéristiques de la percussion. Bien que la représentation des percuteurs que nous possédons soit assez malaisée, nous en figurerons cependant un spécimen à la figure 3. RSS ne mms l K \ £ 2 = LS _ EE 7 S =— = F1G. 3. — Percuteur ayant beaucoup servi, Fig. 4. — Bon percuteur tranchant, . dont il manque un fragment pour cause vu de face et montrant l'arête d’éclatement naturel. utilisée. Le percuteur tranchant est de beaucoup le plus abondant, et cela se conçoit. Le percuteur simple sert d'habitude à effectuer le débitage des blocs de silex ou, en général, de matière utilisable, pour en détacher des éclats tranchants propres à l'usage. : Or, dans le cas présent, les éclats tranchants se trouvant étalés à la surface du sol en assez grand nombre, il n’était donc pas nécessaire d'en fabriquer par le débitage. Au contraire, le percuteur tranchant, sorte de hache, de tranchoir ou de couperet, pouvait directement être utilisé à des usages pratiques. Beaucoup de fragments naturels, à bord épais d’un côté et à bord tranchant de l’autre, se rencontraient aisément sur le sol, et, après A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 453 retouche d’accommodation du dos, — lorsque c'était nécessaire, — 1ls pouvaient être employés sur-le-champ. Les percuteurs tranchants rencontrés à Boncelles sont aussi nets et aussi caractérisés que possible et ils présentent clairement la particula- rité consistant en un départ plus considérable d’éclats d'utilisation à gauche qu’à droite, à cause de la position toujours un peu inclinée vers la gauche que prend l’instrument lorsqu'il est empoigné normale- ment par la main droite. (Le contraire se passerait s’il était empoigné par la main gauche.) La figure 4, page ci-contre, nous donne la représentation d’un bon spécimen de percuteur tranchant, vu de face. Une variété du percuteur tranchant est le tranchet, instrument de plus faible volume, pris à pleine main et utilisé comme le percuteur tranchant, mais d’une manière sensiblement plus modérée. Le tran- chant à certainement servi à frapper et l’esquillement d'utilisation de l’arête est le même que celui qui se produit sur le pereuteur tran- chant, mais sur une échelle beaucoup plus réduite. Il semble que le tranchet doive avoir rendu un service analogue à celui de la hachette. ee FiG. 5. — Tranchet, vu de face et de profil, montrant les retouches d’accommodation pour la préhension et, au bas, les traces du travail effectué. Cet instrument n’est pas très rare à Boncelles; nous en donnons une figure ci-dessus. On remarquera, sur les bords verticaux, les 454 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. retouches d’accommodation, ou martelage des angles vifs pour la préhension, ainsi que l’esquillement irrégulier d'utilisation sur le tranchant horizontal. L’Oligocène de Boncelles renferme également des percuteurs pointus, c’est-à-dire des rognons allongés avec lesquels on à frappé à une ou aux deux extrémités. Il se forme alors, autour de l’extrémité utilisée, une étoile d’éclats très caractérisée, que l’on reconnaît très bien sur la figure 6, à l'extrémité inférieure. En examinant l'instrument, on remarque qu'avec l'extrémité supé- rieure, on à aussi frappé, mais trop fort, de sorte que de grands éclats allongés se sont détachés du rognon et l’ont rendu inutilisable. N 1 OU DSL) LL LNEL #) Y) L LH LLAL ZA LL o. DER ? Le 72 LL LL) 222 F1G. 6. — Percuteur pointu, constitué Fig. 7. — Retouchoir, formé d’un par un rognon allongé ayant servi bâtonnet naturel de silex, mon- pour la percussion à ses deux extré- trant sur les arêtes les traces de mités. percussion dues à l'exécution des retouches. Enfin, nous avons encore à parler d’un autre genre de percuteur : c’est le bâtonnet relouchoir, qui caractérise tout le groupe éolithique. L’exemplaire figuré (fig. 7) montre nettement les nombreux esquille- ments qui se sont produits par l’usage. Enczumes. — Les enclumes sont nécessaires lorsqu'on veut briser, avec un percuteur, des corps très durs, comme de gros os longs, de A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 455 gros fruits, etc. En effet, le seul effet certain que lon obtiendra en posant simplement sur le sol l’objet à briser, sera de le faire enfoncer dans la terre. Une résistance est done nécessaire, et une dalle plate de silex ou d’autre pierre convient très bien pour l’usage. L'expérience montre que si l’on frappe avec violence sur des corps gros et arrondis, comme les os frais, 1l est rare que le percuteur ne ricoche pas et ne vienne, en continuant sa course, frapper la dalle enclume en un point quelconque du bord. Si l’on se sert de l’enclume pendant un certain temps, on conçoit donc que les bords vont recevoir, à chaque opération, un certain nombre de coups, les uns forts, les autres faibles, en général irréguliers, qui enlèvent ainsi sur les bords de l’enclume des esquilles tantôt grandes, tantôt moyennes, tantôt petites, disposées très irrégulièrement et toutes dirigées dans le même sens, c’est-à-dire vers le bas. C'est à ce caractère que l’on reconnait facilement les enclumes. Celles-ci peuvent dériver d’une simple dalle à deux faces planes parallèles ou d’un grand éclat à face plane. Dans le premier cas, 11 y à beaucoup de chances que l’enclume ait servi sur les deux faces et on trouve alors, tout le long du pourtour, les traces des coups donnés tantôl sur une face, tantôt sur l’autre, selon qu'on utilisait l'une ou l’autre face. | FiG. 8. — Enclume. Dalle plate montrant, sur tout le pourtour, les traces des coups reçus irrégulièrement pendant l’utilisation. Celle figurée ci-dessus est relativement petite; les dimensions peuvent atteindre le double et même le triple. Si l’enclume n’a qu’une face plane, c’est cette face qui a générale- ment servi, et toutes les esquilles partent de cette face. Souvent, lors- que la base de l’enclume présente des protubérances, celles-ci peuvent reposer sur d’autres pierres, et alors, à chaque utilisation, le contre- coup causé par le choc des aspérités de la base contre les autres pierres voisines produit, sur ces aspérités, des esquillements secondaires allant de bas en haut. 490 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLEME. Il existe de petites et de grandes enclumes. Les moyennes sont les plus abondantes. | À Boncelles, on trouve assez bien d’enclumes, bien caractérisées, depuis des blocs de silex pesant de 3 à 5 kilogrammes jusque des pièces de 500 grammes. Souvent, elles n’ont pas servi très longtemps, mais beaucoup sont suffisamment bien caractérisées pour qu'on puisse les reconnaître aisément. Nous donnons ci-dessus une bonne figure d’enclume de l'Oligocène de Boncelles. CouTEAux. — On sait que les couteaux sont des lames plus où moins longues, généralement épaisses d’un côté, lequel porte souvent la croûte extérieure du silex ; de l’autre côté est une arête lranchante. L'usage assez prolongé du couteau transforme le tranchant recti- ligne primitif en une sorte de scie à dents fines et irrégulières, formées par le départ, des deux côtés de larête, de petites esquilles qui se détachent lorsque la lame est coincée dans la rainure qu’elle produit dans le corps à couper. 27, C4 1. CL PÉLLIP MT TA RONDE re d) Let LA) VS VS >. J 2 #, CT p, # 0 4 « [2 TL 2222 27, 2/ ( LÀ C£ 2] (2 #, Ne l6/4, [1/7 LIT] Æ "Ur, 7 He, dir, Lg) L is NW Æ + à 2 = en D RS verse SS Ne S TSSSS. St me 25 e. AIS TR & = 2 Fig. 9. — Couteau, vu sur les deux faces, montrant l’esquillement caractéristique du tranchant par l’opération du découpage. Les couteaux ne se retouchent jamais; ils peuvent servir longtemps, puis finissent par s’émousser par usure et polissage. Il est rare qu'ils aient été conservés en usage jusque ce dernier stade. Il existe à Boncelles des couteaux très caractéristiques. La figure 9 nous donne le dessin d’un bon exemplaire. A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 457 Raccoirs. — Les racloirs sont ordinairement constitués par des éclats ovales, naturels ou de débitage, avec un bord longitudinal épais et l’autre bord tranchant. Après retouche préalable d’accommodation, s’il y a lieu, l'instrument, pris de manière que le bord épais touche la paume de la main, est utilisé avec le tranchant naturel et promené dans un seul sens, le long de l’objet à racler. Par suite des résistances, 1l se détache, tout le long du bord tranchant, une série de petites esquilles contiguës dont le fil s'écrase bientôt, émoussant l’arête utilisée. Le caractère propre du racloir, simplement utilisé, est de présenter, le long de l’arête, une série de petites esquilles, toutes dirigées du méme côlé, c’est-à-dire intéressant une seule face. Lorsque l’instrament est arrivé à ce stade, il est devenu mutilisable, mais les primitifs ont imaginé, dès l’origine, de rétablir le tranchant, pour une nouvelle utilisation, au moyen du bâtonnet « retouchoir ». L'office de ce percuteur spécial est de frapper, le long de l’arête utilisée, une série de petits coups réguliers dans le même sens, qui, chacun, détachent une esquille de 2 à 5 millimètres de diamètre. La juxtaposition de ces esquilles rétablit le tranchant. L'opération de la « retouche d’avivage » ou « d'utilisation » se distingue donc clairement de celle d’accommodauon, qui n’est simple- ment faite que pour écraser des pointes ou des arêtes vives qui pour- raient blesser la main pendant le travail, et les deux modes de retouche ont ainsi un but exactement opposé, car celle d'accommodation mar- tèle et écrase des arêtes vives, inutiles ou nuisibles, tandis que celle d’avivage sert à raviver, par une frappe unilatérale, un tranchant émoussé par l’usage. On conçoit, dès lors, que l’on peut reconnaitre ces deux modes de retouche à l'aspect. La retouche d’avivage peut se faire plusieurs fois de suite si le silex est à pâte fine et vitreuse; mais, de toutes façons, l’accumulation des retouches ouvre rapidement l'angle primitivement aigu du tranchant, et dès que l’angle dépasse 45°, il offre une telle résistance à la retouche . que celle-ci n’est plus efficace, et alors l'instrument, étant irrémédia- blement inutilisable, est rejeté, comme désormais inutile, sur le sol. Nous donnons à la page ci-après quelques dessins des racloirs de l’Oligocène de Boncelles, bien caractérisés (fig. 10 et 41). Aux temps préhistoriques, nos ancêtres ne se servaient pas exclusi- vement de la main droite, ils employaient indifféremment Îles deux mains, mais 1l est bien entendu qu’un même instrument ne servait pas pour les deux mains; aussi reconnait-on l’existence d'outils de main droite et d’outils de main gauche. 498 A. RUÜTOT. — UN GRAVE PROBLÉME. FiG. 10. — Beau racloir typique, portant une belle retouche d'utilisation. Vu des deux faces et de profil. L’éclat semble porter un bulbe de percussion. FiG. 11. — Racloir bien retouché, dérivant de l’utilisation d’un éclat naturel. Vu sur les deux faces. SA LT D À Fi. 19. — Très joli racloir dont le tranchant, F16. 13. — Beau racloir à encoche, pro bien retouché, forme une légère encoche. venant de l’utilisation d’un éclat na- Vu sur les deux faces. turel. L'autre face plane. A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 499 Assez souvent, les arêtes utilisées ne restent pas rectilignes; elles finissent, du fait de la retouche, par devenir plus ou moins concaves ; mais parfois, probablement en vue de racler des corps ronds, une ou plusieurs encoches profondes ont été Intentionnellement creusées le long de l’arête tranchante. On se trouve alors en présence du racloir à encoche dont nous fournissons des dessins (fig. 12, 13, 14, 15). Certains de ces racloirs proviennent de lames naturelles ou dérivent de la percussion. FiG. 44. — Lame naturelle grossière FiG. 15. — Petite lame naturelle utilisée comme racloir. utilisée comme racloir, avec encoches multiples. F1G. 46. — Racloir double, c’est-à-dire à deux arêtes utilisées, avec, à la partie médiane, deux encoches pour la préhension. Cet instrument se tenait donc en main comme un grattoir. Vu sur les deux faces. Il existe aussi des racloirs doubles, c’est-à-dire des racloirs à deux tranchants. J’en figure ci-dessus un exemplaire intéressant (fig. 16), en ce sens qu'il doit être pris en main, entre le pouce et l'index replié, en des points nettement indiqués par deux encoches latérales ; d’autres 460 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. racloirs doubles, obtenus par l’utilisation d’éclats pointus portant deux arêtes tranchantes, simulent de véritables « pointes mous- tériennes », surtout, comme c'est le cas figure 17, quand ils ont été détachés par la percussion et qu’ils portent nettement le bulbe. Fig. 17. Racloir double FiG. 19. — Double bulbe de percussion avant dérivant d’un éclat naturel, pointe bien re- servi comme racloir dou- simulant une pointe mous- touchée, avec en- ble et simulant une pointe térienne. coches. moustérienne. INSTRUMENTS MIXTES. -- Je crois utile de placer dans une catégorie spéciale un groupe d'instruments mixtes, qu'il est difficile de classer avec sécurité soit dans les racloirs, soit dans les grattoirs, dont les uns semblent devoir s'empoigner comme des racloirs, tandis que les autres se prennent comme les gratloirs et dont la caractéristique est de présenter, le long de larête utilisée, une pointe médiane séparant soit deux arêtes droites, soit, le plus souvent, deux encoches, toujours bien retouchées. Ces instruments passent parfois au perçoir, mais, en général, la pointe est trop courte ou trop arrondie et, véritablement, 1l semble bien que ce soient les encoches qui ont subi l’action du travail et de la retouche, la pointe n’étant qu’une conséquence du creusement de ces encoches. | Nous donnons ci-après quelques dessins de ces instruments mixtes, de divers modèles. (Voir figures 20 à 25bis.) À ces instruments, caractérisés par la présence d’une pointe sensible, se rattachent ce que j'appelle les graltoirs à deux versants ou grattoirs à bords sinueux, qui constituent une variante du grattoir simple, une transition de l’instrument mixte au vrai grattoir. Ce genre d'outil, de forme assez singulière, est assez abondant dans tout l’Eolithique ancien, plus rare dans le Paléolithique, et de nouveau plus abondant dans le Néolithique, surtout dans le Flénusien. fl apparaît aussi, très nettement, dans l'outillage des Tasmaniens actuels. ténatt time tni 461 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. F1G. 20. — Éclat avec bulbe de percussion, présentant une pointe entre deux encoches retouchées sur la même face. ts NN OEN 4 Que à NAN \\ SAS \ LITE, AIBLEMI EE Fic. 21. — Éclat avec bulbe de percussion, présentant une pointe entre deux encoches obtenues par des retouches alternes. LRO RAY e£r KO ie ie) FIG. 22. — Instrument à bord sinueux, paraissant avoir servi de grattoir à double encoche. Vu sur les deux faces. FiG. 23 et 23bis. — Instruments à bord utilisé, rendu sinueux par la retouche. 1907. MÉM. 30 462 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. GRATTOIRS. — On se rappellera que les grattoirs diffèrent nettement des racloirs en ce que ceux-ci ont l’arête utilisée longitudinale par rapport à la direction du bras qui les tient, alors que les premiers se prennent entre le pouce et l'index replié, de manière à présenter le tranchant transversalement au bras. Les arêtes agissantes du racloir et du grattoir sont donc dirigées selon des positions perpendiculaires. Dans la grande majorité des cas, lorsque les bords latéraux d’un éclat choisi pour en faire un grattoir sont coupants, ils sont, au préalable, fortement écrasés ou abattus par la retouche d’accommo- dation ; souvent même, on ne s’est pas contenté d’une simple retouche, mais on a profité de l'exécution de cette retouche pour creuser une ou deux véritables encoches dans lesquelles se posent commodément le pouce et le côté de l'index replié, de manière à dégager la face plate de l'outil, afin qu'il puisse glisser, ou à peu près, sur le corps à raboter, le tranchant étant dirigé et poussé en avant. Nous donnons ci-après quelques dessins des principales formes de grattoirs de Boncelles, qui comportent des spécimens à bord convexe, à bord rectiligne et à bord concave. Parfois, on rencontre des grattoirs doubles. QU Ni (ANT PE PAL ren) 67 AY Fig. 24 — Beau grattoir formé d’un éclat avec bulbe Fic. 25. — Beau grattoir de percussion, avec belle retouche d'utilisation. présentant des retouches Vu sur les deux faces. d’accommodation etd’uti- hsation. On remarquera que, tant pour les racloirs que pour les grattoirs, un certain nombre d’entre eux portent très nettement le bulbe de percus- sion. Je ne considère pas, dans ce cas, le débitage comme intentionnel. J'admets que les éclats à bulbe de percussion ont été détachés involontairement des bords des enclumes lors de l'emploi des percu- teurs: ces éclats détachés étant utilisables comme les éclats tranchants A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 463 FiG. 26. —Beau grattoir mon- trant très bien les encoches de préhension. À De - AUS Fig. 28. — Joli grattoir FiG. 27. — Grand grattoir à tranchant à tranchant avec faible encoche. rectiligne. Vu sur les deux faces. Fic. 29bis. — Grattoir double, utilisé aux deux extrémités, à retouche alternante. Vu sur les deux faces. 464 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. naturels voisins, ont été utilisés comme ceux-ci, mais sans intention de rendre leur production méthodique par le débitage. Enfin, il existe encore un type de grattoir dont il y a lieu de tenir compte, car il se représente pendant tout lP'Éolithique primitif : c’est le gratloir à tranchant oblique, qui se prend en main comme un grattoir ordinaire et dont le tranchant, généralement rectiligne, prend une position inclinée par rapport à l'axe de l'outil. LP LL À AS ALL LL 4 LL Ve, LES 2 IRL ES LC E D" 6 AZ, EN A LL LL 2 2 TZ 1 0 [2 « JA ÿ N7 ÿ AH (ED \ il & S A A Qi S £ ) ai ÿ \ à ÿ ( qi FIG. 31. — Grattoir à tranchant FATCNSS Li oblique. avec belles retouches RCA dl d'accommodation et d’utili- iù DA] 8 . FAQ sation. FiG. 30. — Grattoir à tranchant oblique, très finement retouché. PErRÇoIRs. — Ces instruments, aussi appelés poinçons, sont caracté- risés par la présence d’une pointe aiguë, obtenue par accommodation intentionnelle d’éclats présentant déjà, à l’état naturel, une forme pointue. Cette pointe accommodée est située indifféremment selon l’axe de l'instrument ou selon une position oblique à cet axe. Les primitifs ont imaginé deux modes d’accommodation de la pointe des perçoirs lorsque ceux-ci dérivent d’éclats ou de lames plates. Parfois les deux séries d’esquillements formant encoches sont frappées sur la même face, des deux côtés de la pointe, mais parfois aussi les deux séries d’esquillements sont données d’un côté sur une face, puis A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 465 sur l’autre, en alternance. Ce dernier procédé est surtout commode parce qu’il permet de frapper les coups toujours dans le même sens et dans la même direction. En effet, lorsque la première encoche est faite, il suffit de faire faire un demi-tour à l'instrument, et l’autre bord de la pointe vient ainsi se placer dans la même situation que le premier. | FiG. 32. — Beau percoir, à pointe accidentellement brisée, FIG. 33. —*Beau perçoir bien travaillé. Vu sur les deux faces. à pointe droite. F1G. 39. — Perçoir à point e oblique. FiG. 34. — Perçoir à pointe droite, obtenue par retouches alternes. Il suffit d’avoir essayé de se servir de perçoirs analogues à ceux des primilifs pour constater combien c’est un outil fragile, qui demande de la douceur et des précautions pour parvenir au but proposé. Aussi 466 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. beaucoup de perçoirs, de toutes les époques, sont-ils trouvés avec la pointe brisée. En dehors même du travail normal, le plus petit accident brise la pointe. PIERRES DE JET. — La pierre de jet semble être au des éléments de l’ouullage éolithique; elle représente ce qui pourrait constituer le seul type d'arme proprement dite, tout le reste concordant avec la simple idée d'outils. Ce que nous considérons comme des « pierres de jet » consiste en polyèdres présentant un assemblage de faces naturelles et de faces arti- ficielles, très irrégulièrement distribuées, concourant à la formation d'un polyèdre soit globuleux, soit semi-globuleux, de volume restreint et propre à être lancé violemment avec la main ou avec la fronde, en tournoyant, de manière qu'il ne se produise pas simplement un choc, mais des déchirures causées par la rotation des angles vifs du pro- Jectile. FiG. 36. — Pierre de jet, discoïde, montrant une combinaison de faces naturelles et de facettes obtenues par frappe intentionnelle. Vue sur les deux faces. L'industrie de Boncelles renferme de semblables polyèdres, qui ont toute chance d’avoir servi de pierres de jet. BRIQUETS. — Lorsque l’on à épuisé les instruments des divers niveaux éolithiques, facilement reconnaissables pour se classer dans les diverses catégories énoncées ci-dessus, il reste presque toujours un certain nombre de pierres, portant des traces de travail, mais qui, dans l’état actuel de nos connaissances, ne paraissent pas se rapporter avec certitude à l’un ou l’autre type connu. Pendant longtemps, nous avons laissé ces pierres à l’écart, ne sachant à quoi les attribuer, mais depuis la communication du D' Sarauw au Congrès de Gand, sur les modes de faire du feu à l’époque néolithique, je crois pouvoir assigner une destination à toute une catégorie de pierres qui, jusqu'ici, m'embarrassait beancoup. Sù A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 467 En effet, non seulement dans les séries éolithiques, mais dans celles paléolithiques et néolithiques, on rencontre des silex qui, le long d’un bord, portent des traces nombreuses et répétées de coups violents, distribués par groupe, chaque groupe présentant la série de coups dirigés dans le même sens. Dès lors, les groupes distincts peuvent ainsi présenter les traces de coups dirigées dans des sens différents ou con- traires. Ces objets simulent parfois des enclumes, parfois des racloirs ou des grattoirs, mais ils diffèrent toujours de ces derniers par la violence -et l’irrégularité des coups portés et souvent par la présence de la croûte externe du silex sur la face d’où partent les coups, ce qui supprime toute idée d’instrument tranchant (1). En somme, la seule ressemblance véritable se rencontre dans les pierres dures actuelles battues par le briquet. Évidemment, l'acier n'existait pas aux époques préhistoriques, mais nous savons qu'il peut être remplacé par des nodules de pyrite, et, déjà dans les cavernes, nous possédons la preuve de l’emploi de ce sulfure de fer. La note ci-dessous nous fait voir que, même, la friction vive de deux silex peut suflire. D'autre part, on sait que la pyrite accompagne assez souvent la craie et, par conséquent, le silex, de sorte qu'il n’est pas invraisemblable de penser que les primitifs ont pu se servir, soit de deux silex, soit de la pyrite qu'ils rencontraient parmi les gisements de silex, pour faire du feu. On pourra répondre, cependant, qu'il est assez téméraire de croire que des primitifs, tels que les Fagniens de Boncelles, faisaient du feu ; toutefois, J'ai quelques raisons d'admettre que les Fagniens pouvaient connaître déjà l’usage du feu, mais le moment n’est pas venu de les produire. Dans tous les cas, les Mesviniens, les Reutéliens connaissaient le feu, et comme nous rencontrons, dans leurs débris d'industries, des pierres () La même idée à déjà été nettement exprimée dès 1874 par Ed. Lartet et Christy dans Reliquiæ aquitanicæ, pages 85-86 et surtout pages 138 à 140. On y voit que des pièces du Moustier sont représentées comme des briquets pour faire le feu, et des explications très intéressantes sont données pour l'obtention du feu non seulement par la friction de pyrite contre siiex, mais de silex contre silex. Une note dit notam- ment qu’en Angleterre, dans le Norfolk et le Suffolk, il y a maintenant moins de cent ans, On employait couramment, pour obtenir du feu, la friction de deux silex. Le combustible était de la mousse très sèche, au-dessus de laquelle on frappait les deux silex très rapidement l’un contre l’autre. 468 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. qui offrent tous les caractères du briquet et qu’à Boncelles il existe aussi des pierres exactement semblables, et d’autres qui semblent bien avoir joué le rôle de briquet, nous croyons utile de signaler, sous réserve, par Comparaison, que les pierres à usure ou à esquillement spécial de Boncelles peuvent être, les unes des briquets, les autres des pierres à feu. F16. 37. — Pierre plate, en silex, avec un bord couvert F1G. 37bis. — Silex montrant de grosses esquilles dirigées dans le même sens, sur une arête PP’ des interprétée comme pierre de briquet. traces d'usure, interprété comme briquet. Nous venons de passer en revue l’industrie, déjà très variée, des êtres intelligents de l’Oligocène et nous nous étonnons, certes, à Juste titre, de leur savoir-faire, étant donnée l'énorme durée qui s’est écoulée depuis leur apparition. Mais si, d'autre part, nous examinons l’industrie des Tasmaniens actuels, si bien mise en lumière par les recherches du D" Noetling, nous nous étonnons, à non moins Juste titre, de ses caractères extra- ordinairement primitifs et rudimentaires. Or, la réalité, après comparaison directe, est que les deux industries sont exactement les mêmes et que les Tasmaniens, actuellement anéantis, en étaient, 1l y a soixante ans, absolument au même point que les archiprimitifs habitants de Boncelles et des Hautes-Fagnes. C’est pour faire la preuve palpable de ce que j'avance que J'ai ajouté au présent travail le chapitre qui suit. A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 469 IV. — Comparaison de l’industrie fagnienne avec celle des Tasmaniens actuels. La seule manière pratique et efficace de faire la comparaison annon- cée consiste à reprendre la série des instruments de l’industrie fagnienne, telle que nous l'avons détaillée ci-dessus, et de voir si, à côté de chacun d’eux, on peut en placer d’identiques tirés de la série tasmanienne que le Musée de Bruxelles doit à la générosité du D° F. Noetling. Mais, avant tout, il y à une observation à faire; elle consiste à dire que le silex et les roches de même nature, comme le jaspe ou l’obsi- dienne, font à peu près complètement défaut en Tasmanie. Dans les trois cents pièces dont nous disposons, il n’y en a guère que trois en silex ou en roche dure semblable, à grain fin. Tout le reste de l'outillage est formé des matériaux les plus variés et les plus dispa- rates, parmi lesquels nous rencontrons les quartzites, les quartzophyl- lades, les schistes plus ou moins métamorphisés et les roches cristallines diverses : granite, diabase, etc. Malgré ces différences presque essentielles entre nos silex et les roches tasmaniennes, on n’en reste pas moins frappé de l'identité dans le mode d'utilisation, d'’accommodation, de retouche, et c’est un réel sujet d’étonnement de voir exister, aussi semblables, des industries aussi éloignées dans le temps et basées sur l'emploi d’un matériel aussi différent. PERcUTEURS. — Le D' Noetling ne m’a envoyé que deux percuteurs; ce sont de simples galets de granite, aplatis, bien en main, avec lesquels on a frappé. Le granite étant une roche grenue, à gros éléments, la percussion n'y produit pas les mêmes traces que sur le silex. Il y a écrasement confus et formation, sur les bords du percuteur, de méplats causés par l'usure. Les percuteurs des deux séries fagnienne et tasmanienne ne sont donc pas directement comparables dans tous leurs détails, au moins pour ce qui concerne les percuteurs tasmaniens que je connais. Je donne ci-après la figure d’un de ces percuteurs. Pendant qu'il est ici question des percuteurs, ajoutons qu'ils semblent peu nombreux en Tasmanie, par rapport au rôle qu’ils sont appelés à Jouer. 470 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. En effet, Les « tapis de silex » ou les amas pierreux naturels ana- logues ne’ paraissant pas exister en Tasmanie, dès lors le débitage intentionnel des ;éclats destinés aux outils tranchants s'impose, d’où l’usage intensif desipercuteurs. Hâtons-nous d'ajouter, toutefois, qu'un quart des instruments dérivent de l’utilisation directe d’éclats naturels. de FiG. 38. — Percuteur simple, formé d’un galet de granite. — Geilston. Pour obtenir la matière première, les indigènes abattent des blocs dans les affleurements rocheux, puis débitent ces blocs sur place. Il en résulte des amas de débris, des nuclei, des éclats de taille non utilisés, portant néanmoins le bulbe de percussion, et c'est tout cet ensemble de déchets que l’on appelle actuellement là-bas native quarries. ENCLUMES. — J’ai trouvé, dans l'envoi du D' Noetling, deux pierres montrant une face plate et portant sur tout le pourtour des traces de FiG. 39. — Petite enclume, en roche phylladeuse gris foncé. — Old Beach. A comparer à la figure 8. A RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. ATA coups, tous portés dans le même sens. Ces pierres se rapportent aux enclumes, telles qu’on les trouve à tous les âges de la Préhistoire; J'en figure une ci-dessus. Reroucnoirs. — Nous n'avons pas rencontré de retouchoirs parmi les pièces que nous a envoyées le D' Noetling. Cela ne prouve toute- fois nullement qu'il n'en existe pas. Peut-être n’y a-t-on pas fait attention. Mais, d’autre part, il m’est revenu qu’il est possible que les Tasmaniens aient délaissé le retouchoir; il paraît que, dans les derniers temps, ils faisaient la retouche avec leurs dents! Cela n’a rien d’invrai- semblable, bon nombre d'instruments à retoucher dérivant de l’emploi d’éclats de quartzophyllade, roche qui est loin d’avoir la dureté du silex ou du quartzite. Couteaux. — Trois éclats longs, provenant du débitage de blocs, portent très nettement, le long de l’arête tranchante, les signes certains qu’ils ont servi à couper. La figure ci-après en offre une représentation satisfaisante. On y remarque, en eflet, très bien les ébréchures irrégu- lières qui se produisent pendant l’utilisation de la lame comme couteau. i 1 7 111 le Û ALI on ! À mu 1 ‘1 Û HULL HAUT 1! LRU) SK NX à NS \ J ‘ FiG. 40. — Couteau en roche phylladeuse, vu sur les deux faces, montrant les ébréchures caractéristiques de l’action de couper.— Melton Mowbray. À comparer à la figure 9. Raczoims. — Les racloirs sont parfaitement représentés, de manière typique, parmi les outils des Tasmaniens; chose importante, nous possédons la preuve que ces outils ont été utilisés en se servant, tout d’abord, de l’arête tranchante naturelle. En effet, en examinant les éclats des native quarries, on en ren- contre qui offrent, tout le long du bord aigu, une série continue de petits esquillements, tous dirigés du même côté. C’est bien là le carac- AT A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. tère primordial de l’utilisation du racloir. La retouche d'avivage vient ensuite ; c’est ce que l’on constate par la découverte dejracloirs aux différents stades de la retouche. | Fic. 41. — Éclat de débitage en quartzite brun pâle, avec retouche caractéristique du « racloir ». — Pontville Shene. F1G. 42. — Éclat naturel en phyllade, utilisé comme « racloir », et portant nettement les retouches d’accommodation et d’avivage. — Mary Vale. À comparer à la figure 12. A comparer à la figure 10. A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 4T3 Parfois la retouche d’avivage est assez grossière, parfois elle est assez soignée et régulière : cela dépendait sans doute de l’habileté de celui qui se servait de l'instrument. Nous donnons ci-contre quelques types de racloirs tasmaniens de formes ordinaires et normales. On remarque que les uns présentent le bulbe de percussion, tandis que les autres, dérivant d’éclats naturels, n’en montrent pas (fig. 41, 42 et 45). | Les racloirs tasmaniens présentent toutes les variétés que l’on ren- contre parmi les instruments similaires éolithiques, paléolithiques et néolithiques. C’est ainsi qu’il y a des racloirs doubles, des racloirs à encoches, etc., tous fort bien caractérisés (fig. 44, 45 et 46). {/ 4 - KG b DER ZX / CT L é LK-NQ 4 À F- F Q MK) Se S Eh 4 LÈTIS ‘ PE 1155: ds \ 50 ; Fig. 44. — Éclat naturel de phyllade utilisé comme raeloir à encoche. Poniville Shene. A comparer à la figure 13. HT DA SAR FN Nes . \ sl FiG. 45. — Éclat de débitage en quartzite rosé, FiG. 46. — Éclat de débitage portant deux encoches alternes pour le ra- en phyllade, avec deux en- clage, avec retouche bien caractérisée. — coches retouchées, ayant Mary Vale. servi au raclage. — Pont- ville Shene. ATA A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. INSTRUMENTS MIXTES. — Les instruments mixtes existent parmi les outils tasmaniens, en même proportion que dans le Fagnien. On y trouve les pointes, les doubles encoches, les outils à tranchant sinueux, en un mot tous les types décrits dans le Fagnien. lei encore, l'identité est complète, ainsi que les figures suivantes le montrent (fig. 47, 48 et 49). FiG. 47. — Pointe ou instrument à bord sinueux en phyllade, dérivant d’un éclat de débitage. — Mary Vale. A comparer à la figure 20. F1G. 48.— Instrument en phyllade, à bord Fig. 49. — Instrument en phyllade, à bord sinueux; sorte de « pointe mousté- sinueux, bien retouché. — Ralphs Bay. rienne » en raccourci. — Melton Mow- — À comparer aux figures 93 et 28his. bray. — À comparer à la figure 17. GRATTOIRS. — Les grattoirs se rencontrent en nombre égal à celui des racloirs ; ils sont aussi parfaitement caractérisés et en tout ana- logues à leurs semblables de tous les âges de la pierre. Des spécimens peu utilisés montrent que l’usage commence par l'emploi de l’arête tranchante naturelle, après retouche d’accommoda- tion bilatérale ou unilatérale, selon la nécessité. La retouche d'utilisation, identique à celle des grattoirs de tous les àges, présente le même aspect. Nous avons rencontré, dans l'envoi de M. Noetling, tous les types, bien caractérisés : les graltoirs à tranchant convexe, ceux à tranchant transversal ou oblique, puis ceux à tranchant concave, et enfin ceux à bord sinueux et à encoche. Nous donnons ci-après quelques dessins de ces divers types (fig. 50 à 59). mis A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 419 FiG. 50. — Éclat naturel utilisé comme «grattoir». Fi. 51. — Éclat naturel de Ralphs Bay. phyllade noir, utilisé comme À comparer à la figure 24. « grattoir ». — Old Beach. — A comparer à la figure 27. FiG. 52. — Éclat naturel utilisé comme « grattoir », F1G. 54. — Grattoir à tranchant avec belles retouches d’accommodation et d’avi- oblique. — Mary Vale. — A vage. — Mary Vale. — À comparer à la figure 28. comparer aux fig. 25 et 31. FiG. 93. — Grattoir en phyllade, avec bonnes Fig. 55. — Grattoir double en retouches d’accommodation et d'utilisation. — phyllade. — Old Beach. — Old Beach. — A comparer à la figure 926. A comparer à la figure 29bis, 476 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. FiG. 56. — Grattoir à encoche FiG. 57. — Grattoir à encoche en phyllade noir, avec en silex gris-Jaune.— Ralphs belle retouche. — Pontville Shene. — À comparer Bay. — A comparer à la à la figure 29. figure 29. F1G. 98. — Grattoir à bord sinueux, F1G. 59. — Grattoir à bord sinueux, en phyllade. en phyllade. — Old Beach. Old Beach. FiG. 60. — Perçoir en phyllade. FiG. 61. — Perçoir en phyllade noir, ; Ralphs Bay. à pointe brisée accidentellement. — A comparer aux figures 32 et 33. Melton Mowbray. — A comparer à la figure 35. A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME, 477 PErçoIRs. — Il ne semble pas que les perçoirs soient largement représentés en Tasmanie; cela provient probablement du manque de dureté habituelle des roches employées pour l'exécution de l'outillage. Beaucoup ont la pointe brisée. Toutefois, il y a certains spécimens qu'il n’est guère possible de rebuter, témoin ceux que nous repro- duisons par les figures 60 et 61. | PIERRES DE JET. — Îl existe dans les native quarries et dans les restes de campement des Tasmaniens, de très nombreux polyèdres plus ou moins globuleux, ou semi-globuleux, qui ressemblent à première vue à des nuclei de débitage, mais dont le volume réduit exclut cette inter- prétation, les éclats détachés de pareils nuclei étant trop petits pour être utilisés. Tels qu'ils sont, ces polyèdres viennent done se placer exactement en parallèle avec les « pierres de jet » des industries de la pierre de toutes les époques. FiG. 62. — Pierre de jet discoïde, vue sur les deux faces, en phyllade noir. Pontville Shene. — A comparer à la figure 36. Fic. 63. — Pierre de jet en phyllade, Fig. 64. — Petite pierre de jet en semi-globuleuse, vue de profil. — phyllade, vue de profil. — Old Melton Mowbray. Beach. On ne sait malheureusement pas si les Tasmaniens se sont réelle- ment servi de ces polyvèdres comme « pierres de Jet », de sorte que l'assimilation de tous les polyèdres de petit volume à des « pierres de jet » n’a, jusqu’à présent, que sa vraisemblance. Nous donnons ci-dessus quelques figures de ces objets. 1907. MÉM. 31 478 À. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. De ce qui précède, on reconnaît clairement qu’il n’existe aucune différence sensible entre l’industrie humaine oligocènc ou fagnienne et celle des Tasmaniens actuels. À part les légères variations constatées pour certains outils, dues simplement aux différences des matières premières, tout, de part et d'autre, est conçu d’après le même plan, indique la même mentalité. Et Jorsque je montre, pour les comparer, aux spécialistes qui me font l'honneur d’une visite, l'industrie de Boncelles et celle des Tasmaniens, plus d’un m’a déclaré trouver la première plus riche, plus variée et meilleure que la seconde. Telle n’est peut-être pas, cependant, la réalité. L'examen attentif montre que l’ensemble tasmanien, avec son utilisation plus développée d'éclats de débitage, est quelque peu supérieur au Fagnien, et c’est la couleur généralement grise des outils tasmaniens qui les fait paraître à leur désavantage. Mais, de toutes façons, comme nous l’avons dit, l’analogie, ou plutôt l’identité, est complète; les deux industries sont du plus pur éolithique et les Tasmaniens doivent être considérés comme les derniers représentants d’une race tout à fait primitive, à mentalité stagnante, incapable de la moindre innovation et qui avait conservé jusqu’à nos jours les mœurs ancestrales. Que ne donnerait-on, maintenant, pour pouvoir étudier sur place des spécimens vivants de cette race fossile? Il est fort à craindre que nos regrets soient superflus. Les premiers colons européens de la Tasmanie, considérant les indigènes comme de vils sauvages, se sont empressés de les massacrer dédaigneusement. C’est à peine si l’on possède de vagues relations sur ce qu'ils étaient el sur ce qu'ils faisaient, et l’on comprend aisément que, traqués comme des bêtes fauves, rendus craintifs et farouches, les conditions d'étude de leurs mœurs et de leur langage étaient des plus défa- vorables. Quelques mots insérés dans le compte rendu du Congrès de lAsso- cation britannique pour l’avancement des sciences, à Bristol (1898), résumant une communication orale de M. le Prof’ Taylor, d'Oxford, montrent que des séries d'instruments tasmaniens étaient déjà par- venues, vers cette époque, en Angleterre, où, vu leurs formes rudi- mentaires, on les avait mises au plus bas niveau des instruments « quasi-paléolithiques ». Ils sont décrits comme étant de simples fragments ou éclats de pierre, jamais polis, montrant un tranchant fait par la taille sur une A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 479 face seulement (c’est encore fa retouche d'utilisation confondue erro- nément avec la taille) et retouchés de façon à assurer une bonne pré- hension. C’est bien là le signalement des Éolithes. Le passage le plus intéressant du compte rendu du Congrès de Bristol réside en ce que M. A. Morton, du Musée de Hobart, aurait découvert, au cours d’un voyage fait dans l’Ouest de l'Australie, dans un district (Murchison) encore à peu près inconnu, une peuplade indigène dont l’industrie est restée à peu près exactement au même niveau que celle des Tasmaniens. - Peut-être reste-t-il là une lueur d'espoir pour les anthropologues et les philologues. Le proiesseur Taylor aurait, du reste, exprimé l'avis que toute l'Australie, à un moment donné, était couverte de populations à industrie primitive, et celte notion parait être singulièrement ren- forcée par la découverte d’Éolithes dans les couches à Diprotodon, c'est-à-dire quaternaires de ce contneni, que m'annonçait le D' H, Klaatsch, peu de temps après son arrivée en Australie. * * % Une conséquence immédiate des constatations faites à Boncelles, en position Sstratigraphique, est que tous les silex utilisés recueillis par M. E. de Munck sur le haut plateau des Fagnes, jusqu'aux environs de la Baraque Michel, doivent suivre la destinée de ceux de Boncelles. Toute la région ayant été recouverte par la mer de lOligocène supé- rieur, 1l y a lieu de considérer tous les éolithes recueillis jusqu'ici dans la région, et reposant sur le cailloutis de silex, comme de même âge que ceux de Boncelles. Il en est de même de l’amas de silex, dont un bon nombre utilisés, rencontrés dans une petite caverne située le long des rives encaissées de la Soumagne, aux Fonds de Forêt, au Nord de la caverne du Bay Bonnet. Grâce à un large canal vertical, ancien aiguigeois de plateau, qui s’est ouvert dans la plaine primitive, quelques mètres cubes du cail- loutis à éolithes oligocènes, renfermant une assez forte proportion de bons instruments, sont descendus sur le fond de la caverne, surmontés par une couche de sable argileux oligocène qui à suivi le même chemin. L’exploration de cette petite caverne à fourni plusieurs centaines d’éolithes ressemblant entièrement, même comme aspect, à ceux de Boncelles. La fixation définitive de l’âge des éolithes du Haut-Plateau des 480 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. Fagnes et du Pays de Herve, qui n'avaient pu être recueillis jusqu'ici en position straligraphique précise, est donc un fait de réelle impor- tance. Mais les Éolithes signalés et recueillis sur la haute terrasse de la rive gauche de la Meuse, aux environs de Hollogne-aux-Pierres (Rosart, Croteux, etc.), et dont il a été question dans ma note ci-dessus eitée, que deviennent-ils en l’occurrence ? Ils restent évidemment de l’âge qui leur a été fixé, c’est-à-dire kentien, ou pliocène moyen, car ils n’ont pas été recueillis, comme ceux de Boncelles, sous les sables oligocènes marins. [ls se trouvent au contraire sur ces sables marins, dans un cailloutis fluvial qui paraît être postérieur au lit de cailloux blanes de quariz ou Kieseloolithe, formant la base de la série de Tegelen. Il semble bien en être ainsi, car le cailloutis à éolithes de Rosart a remanié le lit de cailloux blancs et, ainsi, 1l s’y est mêlé de gros silex qui ont pu servir de matière première à notre ancêtre pliocène. Toutefois, à la rigueur, on pourrait chercher à soutenir que les éolithes de Rosart sont eux-mêmes, avec les gros rognons de silex, des matériaux remaniés de la base des sables oligocènes marins sous- jacents. Je ne suis pas disposé à admettre cette manière de voir parce que, sur la haute terrasse et le plateau de la rive gauche de la Meuse, le sable marin oligocène se montre partout en continuité, et il semble peu probable qu’en certains points, toute l'épaisseur de ce sable marin ait pu être dénudée pour permettre le remaniement d'éléments importants de la base. Jusqu'à nouvel ordre, Je continuerai donc à considérer les éolithes situés sous Îles alluvions pliocènes de Rosart comme de l’âge des éolithes du Kent Plateau, c’est-à-dire pliocène moyen. Quoi qu’il en soit des analogies ou plutôt des identités signalées entre les éolithes oligocènes de Boncelles et les éolithes modernes des Tasmaniens, nous n’en restons pas moins en face d’un grave pro- blème : celui de l’existence à l’époque oligocène d'êtres assez intelligents pour se servir d'outils déjà parfaitement définis et variés. Quel est cet être intelligent: est-ce un précurseur, est-ce déjà un homme? Grave problème, notion bien faite pour nous surprendre et pour attirer l'attention et aussi l’intérêt de tous ceux qui font de la | | À : 7 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. 481 Science de l'Homme l’objet de leurs études et de leurs méditations. Et maintenant, ne reste-t-il plus rien à faire ? Évidemment oui, quand on songe que les résultats acquis sur l'industrie fagnienne proviennent d’une fouille de moins de 3 mètres cubes. La région de Boncelles, qui, contre toute attente, nous a fourni à la fois, par ses fossiles, la solution tant désirée du problème de l’âge des couches énigmatiques notées On et Om dans la légende de la Carte géologique ; qui nous à fait connaître l’industrie de notre ancêtre le plus reculé de l’Oligocène, ne pourrait-elle pas nous livrer aussi quelque reste de cet ancêtre ou des animaux contemporains? Voilà ce qu’il faudrait savoir. Et pour le savoir, il faudrait de grandes fouilles, et pour pratiquer de grandes fouilles, il faut, malheureusement, des ressources... et c'est toujours, dans les questions de science, ce qui manque le plus. | Note ajoutée pendant l'impression. Le fascicule n° IV et V de 1907 du Zeütschrift für Ethnologie, organe de la Société d’Anthropologie de Berlin, vient de paraître. Il renferme un résumé de la relation de voyage du D' H. Klaatsch en Australie. La fin de cette note est consacrée à la partie du voyage ayant rapport à la Tasmanie, et elle est, pour la question qui nous occupe, d’un grand intérêt. C’est, en effet, la complète confirmation de l'identité de l’industrie tasmanienne avec les éolithes primitifs et aussi celle de nombreuses conclusions auxquelles mes études sur les éolithes m’avaient conduit. Nous résumons ci-après les résultats des recherches du D" Klaatsch : 4° L'industrie des Tasmaniens est purement éolithique; elle se compose simplement d'outils dérivant généralement d’éclats de débitage intentionnel, utilisés, puis retouchés et enfin rejetés sur le sol après un court temps d'emploi. 2 En l’absence d’amas naturels de débris rocheux détritiques, les indigènes exploitent grossièrement des points où existent des affleure- ments rocheux. [ls en débitent les fragments en très nombreux éclats, beaucoup plus nombreux qu'il n’est utile, afin de pouvoir choisir dans le tas ceux qui conviennent le mieux pour un usage déterminé. Ces « ateliers » ou « native quarries » ne concordent pas avec les points d'habitation. Le principal gisement visité par le D' Klaatsch, Melton Mowbray, est situé au sommet d’une colline où pointe un affleurement de roche siliceuse. 482 A. RUTOT. — UN GRAVE PROBLÈME. si Ce sommet est recouvert d'environ 50 centimètres d’éclats, de nuclei et de débris de débitage. Les véritables instruments, c’est-à-dire les éclats retouchés, y sont très rares. 5° Pour trouver les anciens points de campement, 1l faut descendre au bord de la rivière, et là, tout le long des rives, se rencontrent des stations couvertes de très nombreux instruments. Le D: Klaatsch dit que les Tasmaniens ne possédant aucun moyen de transporter des liquities, ils étaient obligés de s’établir sur le bord des cours d’eau, mais à proximité d’un gisement de matière QE et au milieu d’un territoire de chasse et de pêche. On voit donc que les trois conditions primordiales d’existence des races primitives, que J'ai Signalées depuis longtemps, s'appliquent absolument aux Tasmaniens. 4 Le vaillant explorateur appuie sur le grand nombre d'instruments jonchant le sol des campements, et il l'explique par le peu de temps que dure un outil et par la longue durée de loccupation. C'est exactement ce que j'ai déjà dit. Les adversaires des éolithes avaient pris texte de leur grand nombre pour les combattre. On voit aujourd’hui ce que vaut l'argument. ° Toute l'ile est, paraît-il, bordée d’un véritable rempart de coquilles de mollusques, formant comme une digue de débris de cui- sine ou Kjôkkenmüdinger, accumulés. La base de cette digue ne suit pas les contours actuels du rivage, ce qui montre clairement qu’elle à commencé à s'élever alors que les côtes différaient plus où moins sensiblement de ce qu’elles sont main- tenant. Les amas de coquilles se prolongent même sur d’autres petites îles voisines de la Tasmanie, d’où l’on peut conclure que ces îles ont été détachées de la grande depuis le commencement de l’oceupation : celle- ci est donc fort ancienne. 6° En Tasmanie, il n’y à donc Jamais eu, Jusqu'à nos jours, qu'une population, toujours la même, très primitive, à mentalité stagnante, à industrie éolithique immuable. Telles sont les principales données que nous apporte, sur la Tas- manie, le D' Klaatsch à la suite de son long voyage; on voit qu’au point de vue des éolithes, elles présentent un puissant intérêt. —————— #0 ff ee — COUPES GÉOLOGIQUES DE QUELQUES SONDAGES PROFONDS EXÉCUTÉS DEPUIS 1900 SUR LE TERRITOIRE DES PLANCHETTES DE BRUXELLES, UCCLE, HAL, LENNICK-SAINT-QUENTIN ET VILYORDE (1) PAR | F, HALET Ingénieur, attaché au Service géologique, Membre collaborateur de la Carte géologique de Belgique. Les sondages dont nous donnons les coupes géologiques ont été effectués dans les six dernières années sur le territoire des planchettes de Bruxelles, Uccle, Hal, Lennick-Saint-Quentin et Vilvorde. Nous avons indiqué, en tête de chaque coupe, le nom de la planchette, ainsi que le numéro que porte ce sondage dans les dossiers officiels du Service géologique. Les échantillons provenant de tous ces sondages ont été prélevés par les sondeurs, sous la surveillance d’un agent du Service géologique. De cette façon nous avons pu obtenir des collections très complètes d'échantillons, méticuleusement prélevés et qui sont conservés au Service géologique, où ils sont à la disposition de toutes les personnes qui désireraient les examiner. Comme les sondages effectués dans la ville de Bruxelles depuis les (1) Mémoire présenté à la séance du 20 novembre 1907. 484 F. HALET. — COUPES GÉOLOGIQUES cinq dernières années sont assez nombreux, nous avons pu joindre à ce travail une coupe géologique Nord-Sud (page 501), à travers la ville, qui rend très bien compte de l’allure que prennent les différentes couches géologiques suivant cette direction. N° 534. — Planchette de Bruxelles. Nouveau puils artésien effectué, en juillet 1907, dans la cave de la Brasserie Wielemans-Ceuppens. Sondeur : M. AxER, de Jette-Saint-Pierre. Cote approximative + 92. N° PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. Age. 4. Profondeur de la cave + nu, 00022 000 9 RNA 2. Sabletrèsfin,micacé,gris jaunâtre. 2.00 5.00 3.00 YPRESIEN 3à9. Sable fin, un peu argileux. . . 5.00 10.00 5.00 (Yd) 6. Argile sableuse, grisâtre, micacée. 10.00 13.00 3.00 11 mètres. 1. Argile grise, micacée 213 00 A4 001") 8à9. Idem, finement sableuse . . . 14.00 18.00 4.00 (Yo) 10. Argile grise, sableuse . . . . 18.00 921.00 3.00 { 18 mètres. 41 à 15: Argile grise, plastique » "01000 31-00 "10/00 16 à 18. Argile gris brunâtre, avec linéoles (Yb) de Sable grossier, "31:00 3200 3.00 3 mètres. 19. Sableunpeuargileux,grisverdâtre. 34.00 35.00 41.00 | LANDENIEN 20 à 25. Sable demi-fin, gris verdâtre, fine- (L1d) ment glauconifère. .- 272000 00 A0 00 IE | 12 mètres. 26 à 27. Sable argileux, gris verdâtre, avec petits débris de grès argileux . 46.00 48.00 9.00 28 à 30. Argile grise, un peu sableuse, fine- ment US avec grès ar- (LAc) SIleUL AC . =. 48.00 52.00 4.00 1430 31. Sable gris, avec ue Au conifères « . 102.00, 53:00 1:00 32 à 37. Argile grise, avec grès argileux . 53.00 60.30 7.30 38. Silex verdis, roulés. . . . . 60.30 60.40 010 { (44 (!) Il est de toute importance, pour ne pas tirer des conclusions erronées sur l'allure des terrains, de bien examiner la direction de cette coupe; on notera que la plus grande partie de cette coupe est située sur la rive gauche de la Senne, où il y a une grande régularité dans l’allure des terrains crétacé et primaire, contrairement à ce qui se passe le long d’une bande Sud-Nord située un peu à l’Est de la rive droite de la Senne. DE QUELQUES SONDAGES PROFONDS. 485 Débit. — D'après les dires du sondeur M. Axer, ce puits donnerait 150 hectolitres d’eau par heure. REMARQUES. C’est le quatrième puits qui a été creusé à la Brasserie Wielemans. Les coupes des puits n®% 2 et 3 ont été publiées par M. van Ertborn (1). En comparant ces deux coupes à la dernière, on voit que pour ce qui concerne le Landenien, nous sommes tout à fait d'accord; quant à l’Ypresien, nous avons pu reconnaître 11 mètres d’Ypresien supérieur et 3 mètres de (Yb) qui ne sont pas représentés dans les coupes de M. van Ertborn. La cote du sommet de l'argile ypresienne serait done à + 9, celle du Landenien à — 12. Le sondage a été arrêté sur la tête du Primaire à 60"40 de profondeur. N° 3. — Pianchette de Bruxelles. Puits artésien effectué, au mois de février 190%, chez M. Debeck, fabri- cant de glace artificielle, quai de Mariemont, 16%, à Molenbeek- Saint-Jean. Sondeur : M. AXER, de Jette-Saint-Pierre. Cote approximative de l’orifice + 95. No PROFONDEURS : des échant. de à fpaisseur. Age. , | REMANIÉ Remblai et remanié. . . . . (0.00 1.00 4.00 ) (r) ! 4 mètre. À 41. Limon jaune, ue SAS HESBAYEN calcarifère . . 1.00 6.50 5.50 (03m) 419 à 23. Limon gris jaunâtre, calcarifère. 6.80 13.50 7.00 A D irbe 24 à 33. Sable quartzeux et graveleux, gris, avec cailloux de silex roulés . 43.50 48.50 5.00 (Q2m) » mètres. 34 à 35. Argile sableuse, grise . . . . 148.50 19.50 1.00 YPRESIEN 36. Sable gris, légèrement argileux, (Yd) LÉSITT M CR CN 210.50 90/0020; 50 Am50 | | | CAMPINIEX | | (4) Bull. de la Soc. belge de Géol., t. XV, 1901, Pr.-Verb., pp. 259-260. 486 N° des échant. 31 à 46. F. HALET, — COUPES GÉOLOGIQUES Argile sableuse, grise 41. Argile plastique, gris foncé 48. 49 à 54. 9) à 02. 63 à 69. 10 A8 TL- Idem, avec septaria. Argile plastique, schistoïde, verdâtre Idem, avec Fo more Ê Argile plastique, grise Argile très sableuse, grise . 12. Argile plastique, grise . 13 à 92. 93 à 98. 99 à 113. 114. 115 à 190. 191 à 195. 196 à 198. 129; 130. 151 à 132. 133. 134 à 139. 136 à 145. 146 à 147. 148. 149 à 153. 154 à 155. 156. 157 à 163. 164. 165. 166 à 167. Argile grise, sableuse Argile sableuse, gris foncé, passant au sable quartzeux Sable fin, verdâtre, reel Sable argileux glauconifère, vert foncé, avec fragments de grès. Sable un peu ou SR nifère. ; Argile sableuse, gris AE Argile sableuse, se avec ses argileux . Re 2 Argile très bre gris "Te ; Idem, avec grès argileux. Idem, sans grès Sable gris, argileux . Argile très sableuse, gris pâle, avec fragments de grès Argile légèrement sableuse, avec grès argileux (psammites). Argile sableuse, grise Cailloux de silex roulés et verdis. Craie blanche traçante avec silex noirs. AIMER LEE Idem sans silex Craie grossière, gris blanchâtre, pointillée avec impuretés, ve- nant du Landenien. : Craie grise, grossière, argileuse, finement glauconifère - ; Sable grossier avec petits cail- loux de silex noirs et petits dé- bris de schiste grisâtre roulés. Sable quartzeux grossier, gris jaunâtre, avec débris de quart- zites et de phyllades PS ou moins roulés : Argile gris Jaunâtre avec ie de phyllades gris altérés . . Cote du Primaire — 59.10. PROFONDEURS : de à 20.00 925.00 25.00 95.50 25.50 26.00 26.00 29.00 29/00 5350 33.90 36.50 36.50 37.50 31.50 38.00 38.00 48.00 48.00 51.00 D1.00 58.50 58.50 59.00 59.00 62.00 62.00 64.50 64.50 66.00 66.00 66 50 66.50 67.00 67.00 68.00 68.00 68.50 68.50 69.50 69.50 74.50 14.50 75.50 19.50 76.00 76.00 78.50 18.50 79.50 19.50 80.00 80.00 83.10 83.10 83.60 83.60 84.10 84.10 85.00 Épaisseur. 5.00 0.50 0.50 3.00 4.50 3.00 1.00 0.50 10.00 3 00 7.90 0 50 0.90 si Ë : | (Yo) 28 mètres. (Yb) 3 LANDENIEN (Lid) 41 Ms (LA1c) 13250 (La) On50 CRÉTACÉ Assise de Nouvelles (Cp3cb) 350 (Cp2) 4 mètre. CAMBRIEN (Dv) 0m90 DE QUELQUES SONDAGES PROFONDS. 487 REMARQUES. La coupe de ce sondage ne présente aucune donnée nouvelle quant aux terrains quaternaires et tertiaires. Cependant, le Crétacé mérite d’être examiné plus minutieusement ; en effet, quoique le sondage n’ait traversé que 8 mètres de Crétacé, nous avons pu remarquer trois niveaux différents dans le Secondaire : 4° 53"50 de craie blanche, douce, traçante, avec quelques silex noirs que nous avons rapportés à la craie de Nouvelles ; 2 Cette craie passe insensiblement, à 80 mètres de profondeur, à une crale grise, grossière, argileuse, rude au toucher, sur une épaisseur de 3"60 ; nous avons rapporté cette dernière à la craie d’Obourg ; 5° Sous cette dernière vient une formation (échantillons 164 et 165) composée de sable grossier, jaunâtre, contenant de petits cailloux de silex noirs et de petits débris roulés de roches primaires. Nous le considérons comme le gravier de base du Crétacé et l’avons rangé dans l’assise de Herve. Nous avons déjà eu l’occasion de signaler cette allure du Crétacé dans le sous-sol de Bruxelles dans notre publication intitulée : Coupe du puits artésien du Gros-Tilleul, à Laeken. A la suite de ce travail, M. Rutot à présenté une très intéressante note intitulée : Sur la présence de l’assise de Herve dans le sous-sol de Bruxelles, dans laquelle il démontre l’existence des craies de Nouvelles, d’Obourg et de l’assise de Herve dans les échantillons provenant du sondage du Gros-Tilleul. La coupe ci-dessus fournit donc une nouvelle confirmation à l’inter- prétation des couches crétacées par notre savant collègue. N° 51. — Planchette de Bruxelles. Puits artésien effectué, au mois de juillet 1904, à la Boulangerie à vapeur de MM. Block frères, rue de Flandre, 66, à Bruxelles. Sondeur : M. AXER, de Jette-Saint-Pierre. Cote approximative + 417.50 N° PROFONDEURS : des échant. de à Epaisseur. Age. Remblai et remanié . . . . (0.00 3.00 3.00 Heapee 4à 4 Argile sableuse, bigarrée de jau- nâtre et de rougeâtre avec dé- | BTS dE DOS CNE OS 0 DUS:00 2/00 SN ES 5E ROURDE ES A RE A Co DD 5:50 0:50 (Abm) 6. Argile sableuse, gris brunâtre, 3m8%() avec un petit caillou . . . 5.50 6.00 0.50 7. Sable grossier graveleux. . . 6.00 6.50 0.50 488 Ne des échant. 8 à 18. 19 20. 21 à 98. 29 à 37. 38 à 61. 62. 63 à 84. 85 à 86. 87 88 à 105. 106 à 112. 143 à 135. 136 à 142. 143. 144 à 149. 150 à 154. 199 à 197. 158. 159 à 160. F. HALET. — COUPES GÉOLOGIQUES Sable grossier, gris, graveleux, avec petits cailloux de quartz et de silex et phyllades roulés. Idem avec un morceau de roche ottrélitifère . , ; Sable grossier, gris foncé, avec quelques cailloux de silex Sable fin, argileux, gris verdâtre Argile un peu sableuse, grise Argile grise, plastique Sable argileux, gris verdâtre Argile grise, sableuse, verdâtre, avec linéoles de sable gris Argile sableuse passant au sable quartzeux avec taches noires. Sable argileux, verdâtre, fine- ment glauconifère . : Sable vert, légèrement eu glauconifère ; Sable légèrement argileux, gri- sâtre, finement glauconifère . Argile un peu sableuse, grise, glauconifère, avec quelques grès argileux Argile sableuse, grisâtre, avec petits grès argileux. Caiïlloux de silex roulés et verdis. Craie blanche aan avec silex noirs . : Fr Craie grise avec quelques points de glauconie et silex noirs, provenant Rroos ne de plus haut. de Qi Craie marneuse, gris blanchätre. Débris de silex broyés, petits dé- bris de grès roulés et de roches primaires mélangés à des dé- bris de craie contenant quel- ques bryozoaires LES Argile grise, bigarrée de rose, onctueuse, provenant de l'al- ‘tération des roches primaires. Cote du Primaire — 63.50. PROFONDEURS : de à 6.50 12.00 42.00 12.50 12.50 13.00 13.00 16.50 16.50 21.50 91.50 33.00 33.50 34.00 34.00 45.00 45.00 45.80 45.80 46.10 46.40 55.00 59.00 58.50 58.50 70.00 70.00 73.50 19.200. M13:0Ù 13.60 76.50 16.50 79.00 19.00 80.50 80.50 81.00 81.00 81.50 Épaisseur. 9.90 0 50 0.50 3.90 9.00 12.00 0.50 11.00 0.80 0.30 8.90 3.00 11.50 3.00 0.10 2.90 2.50 1.50 0.50 Age. CAMPINIEN (Q2m) 1 mètres. YPRESIEN (Yd) 350 (Yc) 2850 (Yb) 0m80 LANDENIEN (L1d) 12m70 (LA1c) 15 mètres. (Lia) Om10 CRÉTACÉ Assise de Nouvelles (Cp3cb) 2290 (Cp3a) 4 mètres. (Cp2) 0050 CAMBRIEN (Dv) Om50 DE QUELQUES SONDAGES PROFONDS. 489 RENSEIGNEMENTS HYDROLOGIQUES. Débit. — Le débit minimum atteignit 60 hectolitres à l'heure lors des essais de pompage. Le niveau de l’eau au repos est à 12 mètres sous le sol; en pompant, il est à 19 mètres. REMARQUES. Nous avons pu reconnaitre dans ce sondage les mêmes couches cré- tacées que celles rencontrées dans le forage du quai de Mariemont (n° 5). N° 4, — Planchette de Bruxelles. Puits artésien effectué, en octobre 1905, à la Brasserie coopérative de la rue Herry, à Laeken. Sondeur : M. HENDRICKX. Cote approximative + 16. N° PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. Age. ee. | ALT.UVIONS 4à 4. Argile grise. bigarrée de jaunâtre. 0.00 7.70 7.70 MODERNES (Alm) 7»70 5. Sable grisâtre, argileux, avec petits cailloux de silex roulés . . . 7.10 10.00 CAMPINIEN 6. Graviers de quartz, cailloux de (020) 5m20 silex et grès rougeûtres roulés. 10.00 12.90 7 à 12. Sable gris, fin, légèrement argileux. 12.90 19.00 0 | 43. Argile grisâtre, sableuse . . . 19.00 90.80 YPRESIEN VAR “eee légèrement ci (Ya) 1010 lue : > 20.30 93.00 2.70 16. Argile grisâtre, finement sableuse. 98.00 24.50 4.50 07) 17 à 44. Argile grise, plastique, finement ? (Ye) 29 mètres. sableuse par places . . . . 2450 52.00 27.5 0\ 45. Sable assez srossier, gris jaunâtre. 92.00 53.00 1.00 | (Yb) 1 mètre. 46 à 51. Sable gris verdâtre foncé, glauco- LANDENIEN diléred ae Te 2082 00 04.20 (L1d) 8m90 92 à 98. Argile gris bleuâtre, légèrement sableuse, glauconifère OO OT 2 0NPES 0 1.50 | 99 à 60. Argile gris bleuâtre passant au tuf- feau. . . 2 1 0040 00 2 OÙ 61 à 63. Argile gris bleuâtre pale . . . 71.00 74.00 3.00 ) (76) 15"70 64. Grès grisâtre, Ho GS nifère . : . 14.00 75.80 1.80 GHAIOO ArTone STATE Sr 0400. 2075.600070, 900, 1.101 490 F. HALET. — COUPES GÉOLOGIQUES N° PROFONDEURS : des échant. de à Bpaisseur. Age. 67. Cailloux de silex roulés et verdis. 76.90 77.50 0.60 68 à 70. Sable grossier, brunâtre, avec dé- | (Lia) 340 bris de silex broyés : - 11.50 80.30 2.80 1. Craie blanche tragante. . . . 680.30 83.00 2.10 | cs R&NSEIGNEMENTS HYDROLOGIQUES. Débit. — Celui-ci atteint environ 400 hectolitres à l’heure. N° 417. — Planchette de Bruxelles. Puits artésien effectué, en janvier 1906, dans la Brasserie de M. Dineur, rue Herry, à Laeken. Sondeur : M. AxER, de Jette-Saint-Pierre. Cote approximative + 16. N° PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. Age. REMANIÉ 1. Remanié et alluvions modernes . 0.00 7.00 7.00 © et ALLUVIONS. (Alm) 7 mètres. 2 à 4. Sable très graveleux avec cailloux de silex et none roulés D . 7.00 40.15 3.45 CAMPINIEN 5à6. Sable argileux, grisâtre. . . . 10.45 12.50 2.35 À (Q9m) 7075 7à 8. Cailloux de Je se et PATES TOUlÉS 1": 12:50 0 44.15, 9:95 9 à 12. Sable fin, légèrement argileux, gri { YPRESIEN sâtre, pailleté LR 14.75 23.00 8.95 | (Yd) 8m95 13 à 15. Argile grise, PRE finement Sableuse . 20. 23.00: 131550, : 18:50 16. Argile sableuse, gris verdâtre. +. 31.50 33.00 1.50 17 à 93. Argile grise, PAS finement sableuse nr | . . 33.00 53.00 20.00 24. Sable argileux, assez grossier, gri- : sâtre, avec une dent de requin. 53.00 53.50 0.50 (Ye) 30 mètres. 25. Sable gris verdâtre, suis si CONeTE ee : 53.50 57.00 3.50 26 à 27. Sable un' peu rgieux gris bleu- atre 00 . 51.00 62.00 5.00 LANDENIEN (L1d) 8m50 tot (Yb) 030 4 | DE QUELQUES SONDAGES PROFONDS. 491 N° PROFONDEURS : des échant. de à Epaisseur. Age. 98. Argile grise, légèrement sableuse, finement glauconifère . . . (62.00 63.00 1.00 29 Psammites > . .:1. . . , 63.00 635.25. 0.95 80. Argile grise, légèrement sableuse. 63.25 65.00 175 31. Psammite. . . . . . . . 65.00 65.35 0.35 (Lio) 32. Argile grise, légèrement sableuse. 65.35 66.80 1.45 16 mètres. D PSammite, 1... =. 7 68.60 . 67.95 0.45 34. Argile grise, légèrement sableuse. 67.25 67.70 0.45 DOS ESAMNUe, 0... 0 | 0 0 6770 67.95 0:29 36 à 39. Argile grise, légèrement sableuse. 67.95 78.00 10.05 40. Silex roulés, verdis et corrodés . 78.00 78.60 0.60 | (L4a) 0»60 AA. Craie blanche traçante, avec débris CRÉTACÉ désHlex ris brunatre… .. ." 18:00 52:00 " BAD Se de Nouvelle. 42 à 44. Craie blanche traçante . . . . 82.00 94.00 42.00 ) (Cp3cb) 15m40 45. Argile gris verdâtre, onctueuse, provenant de l’altération de la roche primaire . . «. . . 94.00 95.00 4 00 CAMBRIEN 46 à 57. Débris broyés de quartzites, de (Dv) 13 mètres. phyllades, de quartz et quartzo- phyllades 0 . 95.00 107.00 12.00 Cote du Primaire — 78. RENSEIGNEMENTS HYDROLOGIQUES. Débit. — Ce puits après les essais de pompage a donné 200 hectolitres à l'heure. | REMARQUES. Ce sondage à traversé 15 mètres de Crétacé, mais malheureusement très peu d'échantillons ont été recueillis et il est impossible de découvrir autre chose que le niveau supérieur de l’assise de Nouvelles. N° 5. — Planchette de Bruxelles. Puits artésien exécuté, au mois de mai 1905, chez M. Hoorickx, argenteur sur glace, 508, rue des Palais, à Laeken. Sondeur : M. AXER, de Jette-Saint-Pierre. Cote approximative + 15. NS PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. Age. 1. Remblaiet remanié . . . . 0.00 5.00 3.00 ne PE 5 mètres. Ne des échant. D: ci OT 27 à 33. 34 à 03. D4 à 60. 61 à 91. 92. 93 à 109. 410 à 196. 4972420; 150 à 133. 134 à 139. F. HALET. — COUPES GÉOLOGIQUES Argile sableuse, grisâtre. Argile sableuse grise avec co- quilles fluviales (Helix et Succinea). 0 Sable argileux. gris, avec Gt les lacustres.. : Sable quartzeux et ee gris, légèrement argileux, avec fragments de bois et nom- breuses coquilles lacustres Argile plastique, gris foncé, avec cailloux de silex roulés Sable grossier. gris, avec graviers et petits cailloux de silex rou- lés et débris de Fr et Dos lades . : Argile avec ne etun ne de lignite : 3 Sable quartzeux et 2 ne gris foncé, avec petits débris de cailloux de silex et de phyl- lades roulés. se Argile gris jaunâtre, légèrement Sableuse. avec quelques petits cailloux de silex roulés Sable quartzeux, gris, avec gra- viers, Cailloux de silex et Abe lades roulés ainsi que des débris de grès bruxelliens. Argile sableuse. grise. avec quel- quesgraviers etcailloux roulés. Argile plastique, grise, légère- ment pailletée © noue Sable argileux, gris, très fin. Argile grise, un peu sableuse Sable gris, très fin, légèrement argileux . PU RD DANS Argile grise sableuse. Argilegrise, HÉALS schistoïde par places Idem avec petits grès et concré- tions pyriteuses. : Arsile plastique, sut gris bleuâtre . Sable demi-fin, gris re glauconifère . : Sable fin, verdâtre, avec grès glauconifères à Sable fin, verdâtre, légèrement glauconifère . : ; Sable légèrement argileux, ver- dâtre, glauconifère, avec nor ments de grès . : PROFONDEURS : de à 9.00 D.10 5.70 6.00 6.00 6.50 6.50 6.10 6.170 6.90 6.90 7.50 7.50 8.00 8.00 9.85 9,85 10.40 10.40 13.00 43.00. 13.00 43.50 14.00 14.00 15.50 45.50 19 00 1900 99.00 99.80 32.50 32.50 49.50 49.50 50.00 90.00 58.50 58.50 67.00 67.00 68.50 68.50 70.50 70.50 73 50 Épaisseur. O0 0.30 0.50 0.60 0.50 1.8 0.59 Sa A | Age. ALLUVIONS MODERNES (Alm) 190 CAMPINIEN (Q2m) 6n60 Ne 19 E 96 io LANDENIEN (L1d) 45 mètres. DE QUELQUES SONDAGES PROFONDS. 493 N° PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. Age. 140 à 147. Argile sableuse, grise . . . 73.50 77.50 4.00 148 à 153. Argile gris verdâtre avec grès . 717.50 80.50 3.00 | 454 à 155. Argile plastique, schistoïde, gris ; Verdâtre. … . 7. 80.50 8150 1.00 | NA : 156 à 160. Argile sableuse, gris | avec fragments de grès . . 81.50 84.00 2.50 461. Argile gris foncé . . . . . 84.00 84.30 0.30 | 162. Cailloux de silex et de quartzite (L4a) roulés et verdis mélangés à de la craie blanche. . . . . 84.30 8440 0.10 | 0m10 ee , CRÉTACÉ 163 à 165. Craie blanche traçante . . . 84.40 86.10 1.70 Assise de Nouvelles | (Cp5cb) 1m70 RENSEIGNEMENTS HYDROLOGIQUES. Débit du puits. — En pompant, environ 100 hectolitres par heure. Niveau Due > mètres sous le niveau du sol. En pompant, l’eau descend jusqu’à 13 mètres sous le sol où elle tient son niveau. Température de l’eau à 40 mètres de profondeur : 40° €. N° 86'7. — Planchette d'Uccle. Puits artésien exécuté, en novembre 1906, à la Brasserie du Merlo, à Uccle-Neerslalle. Sondeur : M. AxER, de Jette-Saint-Pierre. Cote approximative + 29. N° PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. Age. ” REMANIÉ mRemanté 00 .20..10:00 2/00. 700 notes. 2à3. Argile sableuse, grise, bigarrée de | jaunâtre, fin, pailleté. . . . 200 400 200 ALLUVIONS 4. Argile sableuse, Fe Pine DES NES de grisätre. . . 400 5.00 1.00 (Ale) 5. Argile sableuse, 5h jutsoes très 4 mètres. micacée. . 05:00 2#6:00 4.00 6. Sable, un peu argileux, fin, gris | jaunâtre, avec parties un peu Re DRAVÉlENSC SE ED 00 7.00 1.00 Alim) 1m75 HroSable imoneur SSP MEN UT. 00 07,75: OUT | Que : 4907. MÉM. 2 494 F. HALET. — COUPES GÉOLOGIQUES N° PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. ge. 8. Argile alluvioneuse, avec grès bru- CAMPINIEN xelliens remaniés, roulés . . 17.75 8.00 0.15 } :Q2m ?) 0m95 9 à 20. Argile grise, pee finement Ho ae sableuse . . 2 1e 104 8:00 90 50049750 ) 49n50 91 à 22. Argile grise avec sable danses STISHONCE EDEN NE 0 20 60 002700 1 50 ji ) 2m30 23. Sable quartzeux, gris brunûtre, è glauconiter ee ICE EN 0) SOU 1.00 24 à 30. Sable gris verdètre, fin. finement | LANDENIEN SAUCORTÈTEN AN Ne PT OUEST UN 7.00 ?(L1d)7 mètres. 31. Sable argileux, verdâtre, glauconi- férets 20 LINE ES 7 SO IDD TD 1.00 | 32 à 33. Argile sableuse, verdâtre, glauconi- fére. 2 eee 2, MO OS 00 NS 00 ON 34 à 39. Argile sableuse, grise, finement IE 10 glauconifère 0 0 NS 3 0055 002 UN 12 mètres. 36 à 41. Argile grise, finementglauconifère. 35.00 41.00 6.00 42. Argile grise, un peu ose son conitére- LL EN k 41.00 42.00 1.00 43. Argile avec un petit débris de phyt js lade verdâtre, roulé . . 42.00 42.60 0 60 (L1a) 0w60 44. Argile gris verdâtre, onctueuse, provenant de l'altération des phyllades primaires . . . 42.60 43.00 0.40 COMERTEN 45 à 52. Idem avec petits débris de DhyL (Dv) 7m40 lades, gris verdâtres, altérés. . 43.00 50.00 7.00 Cote du Primaire — 153.60. RENSEIGNEMENTS HYDROLOGIQUES. Débit du puits, : 15 à 20 mètres cubes à l'heure au moyen d’un compresseur à 10 atmosphères. Le niveau de l’eau au repos se tient à 5 mètres sous le sol ; en pompant, ce niveau s’abaisse à 9 mètres. N° 111. — Planchette de Hal. Puits artésien effectué, en juin 1907, à la fabrique de savon « Sunlight », à Forest-Est. Sondeurs : MM. DETROYE frères, rue Émile-Carpentier, Bruxelles. Cote approximative + 21. Deux puits artésiens ont été exécutés à une centaine de mètres de distance à la même usine du « Sunlight ». Ces deux puits ont atteint une profondeur de 60 mètres. Comme les DE QUELQUES SONDAGES PROFONDS. 495 coupes de ces deux puits sont identiques, nous nous contenterons de donner la coupe du second. Ce puits à élé exécuté au fond d’un ancien puits maçonné qui avait 10 mètres de profondeur. N° des échant. 39 à 47. 48. Puits maçonné . Sable grossier avec Sn de grès et phyllades roulés Argile grise, finement sableuse Argile grise, schistoïde. . . . Argile grise, finement sableuse . Argile grisâtre, interstratifiée de Sable quartzeux Sable quartzeux, grisâtre, argileux . Sable demi-fin, gris ver Ut sai conifère. 25. Argile sableuse, an finement glauconifère Idem, avec grès glauconifère . Sable fin, gris verdâtre, un peu argileux, ‘glauconifère x . Argile sableuse. A verdâtre Le conifère. . Idem, avec grès D ndtiiere : Argile sableuse, gris verdatre Slau- conifère. . Idem, avec grès ire : 3». Argile grise, légèrement sableuse. . Argile gris noirâtre, avec petits Silex verdis, roulés Schiste grisätre et verdâtre, décom- posé, avec quelques cailloux rou- lés tombés de plus haut . Argile gris blanchâtre, onctueuse, provenant de la décomposition des phyllades primaires . Phyllades et AURA PALAU un peu altérés. Primaire à — 24.50. Débit : RENSEIGNEMENTS HYDROLOGIQUES. PROFONDEURS : de à 0.00 10.00 10.00 10.85 10.85 17.00 47.00 18.00 18.00 20.00 20.00 22.00 99.00 22.60 99.60 30.10 30.10 35.80 35.80 36.00 36.00 37.00 31.00 38.60 38.60 40.00 40.00 41.00 41.00 42.00 49.00 44.00 44.00 45.30 45.30 45.170 45.10 59.90 59.90 60.00 Épaisseur. 10.00 0.65 6.15 1.00 2 00 2.00 0.60 7.90 9.10 0.20 1.00 1.60 1.40 1.00 1.00 2.00 1.30 0.40 D UD. DR. ee 700 hectolitres à l’heure, à la tête du Primaire. Age. CAMPINIEN (Q2m) On85 YPRESIEN (Ye) 11m15 (Yb) 2h60 LANDENIEN (L4d) Tv30 (Lic) 13290 (Lila) 1030 CAMBRIEN (Dv) 14070 496 F. HALET. — COUPES GÉOLOGIQUES N° 107. — Planchette de Hal. Puits artésien effectué, à la Laiterie de Vlesenbeek, en septembre 1905. Sondeurs : MM. DETROYE frères, rue Émile-Carpentier, Bruxelles. Cote approximative : + 40. N° PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur . Age. Les 8 premiers mètres d’échantil- ae lons manquent. . + . "2.10 0:00 8:00 AS 00 NT 4. Sable très fin, gris verdâtre, très légèrement argileux .. 40 886 0106:00) 112-0040 YPRESIEN 2à3. Argilegrise, finement sableuse, _. 412.50 15.30 92:80 (Yd) 8m30 4. Sabletrès fin, gris verdâtre, micacé 15.80 16.580 1.90 5... Argilegrise. +14. 06) 28. 210-500 20 0200 | 6 à 10. Argile plastique, grise, un peu Schistoïde + . : : ..: . 9070 "37.00 4600 (Yc) 28m50 A1 à 19, Argile légèrement sableuse, gri- | SAtrE. 0 LN A ER ST. 00 15 00 RS UN 13. Sable argileux. demi-fin, brunâtie. 45.00 47.50 9.50 | (Yb) 250 44. Sable demi-fin, gris Te àtre Soe LANDENIEN conifère. . . 47.50 56.85 9.35 (Lid) 9035 15. Argile blanchâtre, onctueuse, pro- venant de la décomposition des schistes primaires, avec petits cailloux de silex roulés prove- CAMBRIEN. nant de la base du Landenien. . 56.85 57.25 0.40 (Dv2) Hn93 16 à 21. Argile grisâtre, onctueuse, prove- nant de la décomposition de | la roche primaire : . 91.25 18.80 21.55 | Cote du Primaire — 16.85. RENSEIGNEMENTS HYDROLOGIQUES. Le niveau de l’eau au repos est à 8 mètres sous le sol; en pompant, il descend à 22 mètres. Débit au compresseur : 20 000 litres à l’ heure (1). (1) Renseignement donné par le sondeur. DE QUELQUES SONDAGES PROFONDS. 497 N° 1. — Planchette de Lennick-Saint-Quentin. Puits artésien exécuté à Leerbeek, au garage du chemin de fer vicinal de Bruxelles à Enghien, en juin 1905. Sondeurs : DETROYE frères, rue Émile-Carpentier, à Bruxelles. Cote approximative + 97. N° PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. Age. Puits de 3 mètres de profondeur . 0.00 3.00 3.00 | 4 be Limon gris sale . RE 0 de 3.00 4.00 4.00 | QUATERNAIRE -2à3 Limon gris, HRbEs ARE de ) BRABANTIEN Jaune : 4.00 5.75 1101 (O5n) Um73 4à9. Limon gris, he très ete | . | FÉFÉR,, ce ee DOS 15 6.00 10 Limon gris avec Dee 1 ee | . roulés . . . . . . . . A1.75 13.00 1.5 (QPm) 1025 41 Argile sableuse, . +. . . . 43.00 14.00 1.00 ! 19 à 13. Argile légèrement sableuse, grise. 14.00 17.00 3.00 44 à 45. Sable très fin, grisâtre. micacé. . 17.00 21.00 4.00 YPRESIEN 16 Sable argileux, grisâtre, micacé . 21.00 22.75 1.75 (Yd) 47." Sable très fin, gris, micacé . . 22.75 94.50 1.75 17 mètres. 48. Sablefin,gris,légèrementargileux. 24.50 28.00 3.50 19. Argile finement sableuse, grisâtre. 2800 30.00 2.00 DO EMONIOETISE n ..2 30:00.. 31:60 1:60 | (Ye) 2490 21 à 24. Argile grise, plastique . . . 31.60 51.20 19.60 ares 95 à 26. Sable quartzeux et ue ris . brunâtre . . . Fo 5190 5530 440) (0) 410 27 Sable verdtre, glauconifère . . 55.30 61.75 6.45] (44 Gm4s 28 à 30. Argile gris verdâtre. glauconifère, | avec quelques petits grès . . 61.75 66.00 4.25 (LIc 4m40 31. Argilegris verdûtre . . . . 66.00 6645 0.15 | 32 Silex noirs roulés, légèrement ver- IS NL: 66.15 66.45 0.30 (Lia) 0w85 33. Argile gris He avec ag. ments de silex. - . . 66.45 67.00 0.55 34 à 37. Argile légèrement sableuse, gris verdâtre, avec concrétions di- | CAMBRIEN verses. paraissant être le résidu Dv? de l’altération de la roche pri- 3 mètres. maire non calearifère . . . (67.00 70.00 3.00 Cote du Primaire — 10. RENSEIGNEMENTS HYDROLOGIQUES. Le niveau de l’eau au repos est à 2 mètres sous le sol; en pompant, il descend à 9 mètres. Débit au compresseur : minimum, 5 000 litres à l’heure. Température de l’eau à la sortie du puits : 44° C. 498 F. HALET. — COUPES GÉOLOGIQUES N° 1. — Planchette de Vilvorde. Puits artésien efjectué, en mai 1904, dans la propriété de M. Hugo Gottlob, N° des échant. 1 à 43. 14 à 15. 16. ATE 18 à 31. 32. Débit. — Eau abondante en pompant. Ce puits à Meysse. Sondeur : M. AxER, de Jette-Saint-Pierre. Cote approximative + 49. PROFONDEURS : de à Remanié nn CN RD DO 1.00 Limon jaune, friable, finement pailleté 5 a eee IE O0 RSS (0) Sable argileux, glauconifère, ver- dâtre, avec quelques traces de petites Nummulites et autres COQUIILES UE 7 0 Ce RO DUC) Sable demi-fin, vert, avec traces de coquilles ere: 0. NO O0RADIOD Idem, avec nombreuses Nummu- lites ss CE NME D 00 AA OU Sable demi-fin. gris jaunâtre, fine- ment glauconifère, avec nom- breuses Nummaulites variolaria. 11.00 18.00 Sable gris blanchâtre, graveleux, pétri de petites Nummulites et contenant des dents de squales TOUICES 0 er LEE 01 DOTE 0 Sable gris jaunâtre, assez fin, avec Nummulites OEM 508 60 Grès LME M ETS SDMU 00 Sable gris blanchâtre, calcarifère, avec nombreuses Nummulites . 19.00 — RENSEIGNEMENTS H YDROLOGIQUES. nappe aquifère de la base du Ledien. Épaisseur. Age. 1.00 |="Mrmneine: QUATERNAIRE BRABANTIEN. 7-00 (Q3n) 7 mètres. 1.00 ÉOCÈNE WEMMELIEN 1.00 (We) 3 mètres. 1.00 LEDIEN (Le) T mètres. 7.00 0.50 LAEKENIEN 0.30 ( (Lk: 1 mètre. s’alimente dans la DE QUELQUES SONDAGES PROFONDS. N° 40. — Planchette de Vilvorde. 499 Puits artésien effectué chez M. Coubon, propriétaire à Hasselt-Hophem. Sondeur : M. AXER, de Jette-Saint-Pierre. Cote approximative + 63. no PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. 4. Limon gris jaunâtre, micacé . . 0.00 2.00 2.00 2 à 4. Limon jaune, fin, homogène, fria- DER nn 9 00 nn 5:00 3100 Sà6. Idem, calcarifère . . . . . 3.00 7.00 2.00 T1à 9. Idem, très argileux . . . . . ‘7.00 10.00 3.00 ’ 10. Sable légèrement argileux, Jau- nâtre, très pailleté, glauconifère. 10.00 11.00 1.00 41 Argile sableuse, gris jaunâtre et verdâtre, glauconifère et pail- ICE un 0:17 41.00 19,00: 400 19 à 13. Argile jaune verdâtre, très pailletée et finement glauconifère . . 12.00 14.00 2.00 14. Argïle sableuse, grise, bigarrée de jaunâtre, avec concrétions ferru- gineuses, finement glauconifère. 14.00 15.00 nâtre, finement glauconifère. . 15.00 18.00 3.00 18 à 19. Sable gris jaunâtre, demi-fin, fine- ment glauconifère. . . « . 18.00 21.00 3.00 90. Sable demi-fin, jaune d’ocre, fine- ment glauconifère. . . . . 91.00 922.00 1.00, 21. Argile grise, plastique, couleur gris de plomb, finement micacée. . 2200 923.00 41.00 29 à 97. Argile grise schistoïde, couleur gris de plomb, avec nombreux points de glauconie . . . . 23.00 29.00 6.00. 98. Sable noirâtre, très glauconifère, fossilifère, avec quelques petits graviers de quartz. . . . . 29.00 30.00 1.00 45 à 17. Sable un peu argileux, gris jau- « Age. QUATERNAIRE BRABANTIEN (Q3n) 7 mètres. HESBAYEN (05m) 3 mètres. TERTIAIRE TONGRIEN (Hyb 1 mètre. (Tgtc) 4 mètres. ASSCHIEN (Asd) 7 mètres. (Asc) 7 mètres. (Asa) 4 mûtre. 900 F. HALET. — COUPES GÉOLOGIQUES, ETC. No PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. Age. 29 Sable grisâtre, fin, un peu glauco- nifère, avec nombreuses Num- MULLIES NE EE ER 00 005000 0.20 DD: GI US 2 10090 20090 50046 31 à 34. Sable argileux, vert, glauconifère etifossilifère LC 00 900 90 00 RRATrUr WEMMELIEN 39. Sable demi-fin, verdâtre, glauco- eu nifère, avec petites Nummulites. 35.00 36.00 41.00 A 36. Sable légèrement argileux, vert, fi- 9 mètres. nement glauconifère, avec Nun- mulitess A MO MEN TR DO MOTTE ON 1.00 31 à 33. Sable gris, fin, finement glauconi- fère, avec nombreuses Nummu- lites, dont quelques-unes très grandes. 44: 006: 2931.00 45900 "00 39. Sable un peu argileux, avec gra- viers et nombreux débris de fossiles 200, 40 20800000 RS DO A0 00 MENU 40. Sable très fin, grisâtre, finement nee glauconifère. + 1. 0 0 40/00 WAIOO PA ANON ï È 3 mètres. 41 à 42. Sable grisâtre, avec graviers de quartz, petits cailloux et coquil- les roulés se ete . 41.00 42.00 1.00 RENSEIGNEMENTS HYDROLOGIQUES. Débit du puits. — Environ 3 000 litres à l’heure au compresseur. L'eau se tient à 22"60 sous le niveau du sol. CES << Ge \ ji WR ! ru : 14 de Pr JAN nl 1 TA Eire] il de ffet SLT EETTEUT Mt ji | 1 1: TT =" = = ST HT NTTTOROUUN ANNEE = TT. DATHE) UN Ù in) RQ NN ul ST TUE L let Vu ÎLE" SRI Ne es Ÿ D lI 1 fr. Ÿ or ft l À y AE il is, si [ft] EE PATENT] Sr ju | Î {ui fi, 4 ji 1} it ) DNA 5 QT Il gl JE k on | | el ee PIN “1 | AU | nl I] J | | PATES ' DONANTL nl pote MOTTE) sent JRIE HE nE if M = = UNE un {ut I CAN ue li j{l nHUL : te . EE 3 Mirtqulé ft ZE j CZ hé 1 TOR “les CZ | IE CC I 22 È Ze À lÈZZ 1224 \\S À \ MD CZ fa NE à | CCI Le) EL a Q Oo 1 i E } Fe 1Q Th À / 1 TN l & , es ï : e . î 2 : \ l } : { —# \ 1 ‘ : ‘ . i k fs A “ z e , ; à i N LI Ü LA j à TN \ ï 1 AL NE ï ge L à l it k : D x . COUPES GÉOLOGIQUES DE QUELQUES PUITS NOUVEAUX EXÉCUTÉS SUR LE TERRITOIRE DES PLANCHETTES DE TERMONDE ET D’ALOST (!) PAR F. HALET Ingénieur, attaché au Service géologique, Membre collaborateur de la Carte géologique de Belgique. Nous avons l'avantage de présenter à la Société une nouvelle série de coupes géologiques de quelques puits profonds creusés sous les villes d’Alost et de Termonde. Comme nous l’avons déjà fait remarquer à maintes reprises, le directeur du Service géologique a pris l'initiative, depuis environ cinq ans de faire suivre tous les travaux de puits et de sondages qui s’effec- tuent en Belgique, par des agents spéciaux du Service géologique. De cette façon, nous avons pu recueillir en quelques années une grande quantité de renseignements très précieux sur la nature du sous- sol des différentes parties de la Belgique. Ces quelques sondages que nous présentons aujourd’hui à la Société, ont été surveillés par des agents du Service géologique, et les échantil- lons qui en proviennent ont dû être recueillis dans les meilleures conditions possibles à ce jour. Nous avons indiqué en tête de chaque sondage le nom de la plan- chette géologique sur laquelle le puits se trouve repéré, ainsi que le numéro d'ordre que ce sondage porte dans les fardes du Service géolo- gique. Les échantillons provenant de ces sondages sont déposés dans les collections du Service géologique et sont à la disposition de tous ceux qui désireraient les étudier. (1) Mémoire présenté à la séance du 17 décembre 1907. 504 F. HALET. — COUPES GÉOLOGIQUES N° 47. — Planchette d'Alost. Puits artésien effectué, en mars 1905, à l'Usine des tresses à lacets de M. Torley, à Alost. Sondeurs : Behiels frères, de Wetteren. Cote approximative + 1à. ne PROFONDEURS : des échant. de à Epaisseur. Age. Remblai etremanié. «41:10. 00000002 /00hemeut ne 1. Limon gris Jaunâtre, bigarré de l rougeatre M No 0 DUREE 2. Limon gris, sableux, un peu jau- | QUATERNAIRE naire, 2404 St. EUR 000 007 ti HESBAYEN , \ (Q3m) 3. Limon gris, très fin, bigarré de jaunâtre. 0.0: CNE 76 C0 SR COUT ô mètres. 4. Limon gris, légèrement sableux, Calcarifère, VEN RSR NE ES QUAD RUN 9. Sable gris, un peu argileux, avec | petits graviers roulés et débris | desilex:, a 10 DOI 002 0N CAMPINIEN 6à7. Sable limoneux, gris brunâtre. . 412.00 15.00 3.00 (Q@2m) 8 à 12. Sable quartzeux, gris, avec nom- 11 mètres. breux graviers de quartz et silex TOUIÉS +. M EE 45: 002 21-006 00 43. Sable très fin, un peu argileux, gris foncé, on Re 21.00 22.00 4.00 ne 14 à 15. Idem, avec Nummulites planu- . (Ya). late 2, 12 UN 0799100 123.00 MODES 16 à 21. Argile grise, plastique °,,.0-20%,93 00 0134 0001200 . Argile grise, légèrement sableuse 34.00 36.00 2.00 23 à 24 Argile grise, plastique . . . . 36.00 40.00 4.00 25 à 26. Sable fin, gris, finement glauconi- | (Yo fère, avec quelques concrétions gréseuses . :. . + . 40.00 | 43:00 3.00 84 mètres. 97 à 32. Argile grise plastique . . . . 43.00 6800 95.00, 33. Idem, avec grands fragments d’Ostrea à 68 mètres . . . . (68.00 70.00 2.00 34 à 42 Argile plastique grise . . . . 70.00 107.00 37.00 : (t) Ces échantillons contiennent quelques silex roulés provenant des échantillons nos 8 à 12. DE QUELQUES PUITS NOUVEAUX. À Épaisseur. N° PROFONDEURS : des échant. de 43. Argile grise, avec linéoles de sable grossier, quartzeux . 407.00 107.70 44 à 45. Sable demi-fin, gris verdâtre, fine- ment glauconifère. . . . 107.70 114.00 46. Sable un peu argileux, finement glauconifère . . 114.00 122.00 4T à 59. Argile grise, un peu sableuse, fine- ment glauconifère . 422.00 139.50 96. Argile plastique grise, avec cail- loux de silex roulés et verdis. On aperçoit quelques traces de craie dans les anfractuosités de ces silex roulés . 439.50 140.00 91 à 14. Débris broyés et pulvérisés de quartz blanes, de schistes gris et quarzite verdâtre . . 440.00 205.00 Cote du Primaire — 1495. :e puits n'a donné ès peu d’e: ns ilurien. Ce puits n’a donné que très peu d’eau dans le Silurien RENSEIGNEMENTS HYDROLOGIQUES (2). 005 LANDENIEN (LAd) 14m30 (L16c) 1750 (L1a) Om50 CAMBRIEN DEVILLIEN (1) 65 mètres. Dans les sables landeniens (L1d), une source aurait donné 6 mètres cubes à l'heure, mais l’eau était fortement chargée de sable. REMARQUES. Le petit tableau suivant permettra de comparer les résultats de ce sondage à ceux des forages de l’Usine Van der Smissen frères, et de la teinturerie Moens, à Alost. Usine TORLEY. Épaisseurs. Quaternaire 91.00 Ypresien LE 86.70 Landenien . CHR 2 (D10), 18.00 Crétacé turonien . Traces. Panaire + ue 2. 65.00 Profondeurs totales . 205.00 Cotes du sommet du Primaire . — 195 (4) Détermination de M. Malaise. (2) Renseignements du sondeur. Usine VAN DER SMISSEN. fpaisseurs. 45.90 93.10 9.70 21.15 6.39 44.40 186.90 — 130 Teinturerie Mons. Épaisseurs. 13.10 90.75 8.90 29.95 2.82 64.10 204.15 — 127 906 F. HALET. — COUPES GÉOLOGIQUES Comme on peut le voir d’après ce tableau, le sondage de l’Usine Torley donne à peu près les mêmes résultats que les deux autres grands forages exécutés dans la ville d’Alost et dont les coupes ont été publiées respectivement par MM. Rutot et van Ertborn. L'absence de craie dans le sondage Torley est cependant assez curieuse, ce forage étant situé à environ 200 mètres seulement au Nord de celui de l’usine Van der Smissen; nous sommes d’ailleurs porté à croire que le Crétacé turonien est faiblement représenté en ce point, car nous avons pu observer des traces de craie grisâtre dans les anfractuo- sités de quelques-uns des silex provenant de la base du Landenien. C’est le système de forage à injection d’eau qui est, sans doute, la cause de l’absence de craie dans la collection des échantillons remis au Service géologique. Quant à la cote du Primaire, on peut, d’après les chiffres du tableau ci-dessus, prendre la moyenne de —-127 comme la cote du terrain pri- maire sous la ville d’Alost. C’est ce chiffre que nous avons pris pour l’établissement de notre coupe de Alost à Hamme (1). | Puits artésiens effectués dans la ville de Termonde. Dans les quatre dernières années, quatre grands sondages ont été faits dans la ville de Termonde, notamment à la Caserne de Gendar- merie, à l'Hôpital militaire, à la Brasserie Moenaert et sur la Grand’ Place de la ville. N° 14. — Planchette de Termonde. Puits artésien effectué, en novembre 1906, à l'Hôpital militaire de Termonde. Sondeurs : DETROYE frères, rue Émile-Carpentier, Bruxelles. Cote approximative + 5.40. N° PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. Age. Puits MACON ON 7 RP 0 OÙ 3.80 3.80 | 4. Argile brunâtre, un peutourbeuse. 8.80 4.75 0.95 } QUATERNAIRE 2. Argile sableuse, gris jaunâtre. . 475 5.90 1.15 eo 3. Sable argileux, gris verdâtre, pâle. 5.90 6.85 0.95 9m7() 4. Sable argileux, fin, gris verdâtre . 6.85 7.50 0.65 | (2) F. HALET, Le sondage de l’'Amidonnerie à Hamme lex-Saint-Nicolas. (Voir ci-après, p. 917.) DE QUELQUES PUITS NOUVEAUX. 907 N° PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. Age. ». Sable quartzeux et graveleux, avec CAMPINIEN quelques parties agglomérées 7.90 9.00 1.50 (Q2m) 1250 6à7. Sable fin, gris, pétri de Nummulites | variolaria 0001260 5.60 8. Débris de grès blanchâtre, pointillé de glauconie . . . . 4460 15.05 0.45 TERTIAIRE 9. Sable quartzeux,gris.glauconifère, ES pétri de Nummulites variolaria (Le) et contenant quelques débris 6m80 d’autres coquilles indétermina- bles et quelques petits graviers de quartz roulés . OM 1000 10.80. 0:70 10. Sable fin, gris, finement glauconi- | fère, avee quelques rares petits grains de quartz roulés 15.80 17.80 2.00 A1. Sable gris, quartzeux. avec petits LES HEIN AREN silex et graviers roulés. ainsi que (Lh) des grès et fossiles roulés (Pecten, 4m60 Ostrea, Rostellaria, Ditrupa, Nummlites variolaria, scabra et lœvigata). : 47.80 90.40 2.60 | 12. Sable gris, demi-fin, très glauconi- | fère. avec débris de coquilles . 20.40 29.30 8.90 { PANISELIEN , | (Pid-c: 13. Sable un peu argileux, gris ver- 10m40 dâtre, glauconifère 29.30 30.80 1.50 1% Argile grise, schistoïde . 30.80 37.30 6.50 | (P1m) 6m50 15. Sable fin, gris verdâtre, glauconi- fère, avec quelques petites Num- | mulites planulata . . 91.30 37.90 0.60 16. Argile grise, schistoïde 91.90 39.80 1.90 17. Sable fin, argileux, gris verdâtre, YPRESIEN glauconifère : 39.80 41.70 1.90 \ (Yd) 18. Petit banc de sable durei, gréseux, | om90 glauconifère, avec traces de fos- siles. 41.70 42.00 0.30 19 à20. Sable très fin, gris verdâtre, micacé et glauconifère 42.00 43.20 1.90 | RENSEIGNEMENTS HYDROLOGIQUES (1). Niveau de l’eau sous le sol au repos : 5 mètres. Niveau de l’eau sous le sol en pompant au compresseur : 17"50. Débit. — Environ 3 200 litres à l’heure dans le sable fin ypresien. (1) Renseignements fournis par le sondeur. 908 F. HALET. — COUPES GÉOLOGIQUES N° 15. — Planchette de Termonde. Puits artésien cffectué, en novembre 1906, à la Caserne de Gendarmerie de Termonue. Sondeurs : MM. DETROYE frères, rue Émile-Carpentier, Bruxelles. Cote approximative + 5. N° PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. Age. Remanié .. . .. . . : 000 ‘300 0 7 4. Sable argileux, gris pâle . . . 300 5.10: : 20 | , QUATERNAIRE 9. Sable demi-fin, gris, avec impu- MODES retés …. MON Ne UE NO AD SN OMOM PARA (Alm) 3à 4 Argile gris brunâtre, un peu sa- 5m{0 Dléuse 72 RENE. re PNOTAO RS ET 0e 5. Sablequartzeux, gris” 00 SN 8100 SD ER 6. Argile gris brunâtre, un peu sa- Dleuse. tn NO SU AIDE 1.10 7. Sable quarizeux, gris verdâtre,avec | CAMPINIEN quelques graviers de quartz. . 10.40 11.30 0.90 ) (Q2m) 8. Sable grossier, quartzeux, gris. . 11.30 13.80 2.50 170 Sable grossier, graveleux, avec fragments de grès et petits cail- loux de silex et de quartz roulés. 18.80 15.80 2 00 10. Sable gris, fin, avec débris de grès 3 fossilifères et quelques petits graviers de quartz blancs roulés TERTIAIRE et un petit débris de silex roulé LEDIEN provenant probablement dune9. 145.80 16.95 0.45 (Le) 11. Sable gris, calcarifère, finement 150 glauconifère, avec petites Num- muliles varolara EMEA GS ETT 0 MIE OS 12 Sable gris, glauconifère, contenant ; LAEKENIEN de nombreuses Nummulites lævi- LE gata et scabra et quelques grains a de gravier de quartz roulés . . 17.30 20.80 3.50 J 15. Sable gris foncé, glauconifère, contenant des paillettes de mica et de nombreux débris de co- PANISELIEN quilles (Cythérées, Cardita) . . 920.80 27.30 6.50 (Lid-c) 44. " Idem, sans coquilles PET SDS 00e 00 12"30 15 à 16. Argile sableuse, gris verdâtre, fine- ment glauconifère et pailletée. 31.20 3310 1.90 DE QUELQUES PUITS NOUVEAUX. 909 17. Argile grise, schistoïde. . . . 33.10 38.00 4.90 | (P1m) 490. 18. Argile gris verdätre, avec linéoles | SaDleuses | Le > © © 38.00 4395 5.9 | 19. Sable assez fin, glauconifère, et banc gréseux, durei, glauconi- YPRESIEN ère, contenant quelques débris (Ya de coquilles (Osrea?) . . 4395 4430 035 ) 6w30 90 Sable très fin, gris verdâtre, fine- ment pailleté et glauconifère, contenant quelques Vunimulites Dlanulalau. en. 1e, D "44.30 RENSEIGNEMENTS HYDROLOGIQUES (!). Niveau de l’eau sous le sol au repos : 4°55. _ Niveau de l’eau sous le sol en pompant au compresseur d'air : 1410. Débit. — Environ 6 000 litres à lheure dans le sable fin ypresien. Diamètre du puits : 20 centimètres. REMARQUES. Comme on peut le voir par les coupes géologiques qui précèdent, les sondages effectués à la Caserne de gendarmerie et à l'Hôpital militaire permettent de se rendre compte très exactement de la nature des terrains rencontrés depuis la surface jusqu’à la profondeur de 44 mètres. Grâce à l’obligeance de M. le Major Raucq, Commandant du Génie, à Termonde, le Service géologique à pu suivre les travaux de ces son- dages et de très beaux échantillons ont été prélevés. En comparant les coupes de ces deux sondages, on voit que les résultats sont concordants, à l’exception de ceux du Quaternaire; en effet, au puits artésien de la Caserne de gendarmerie, le Quaternaire est épais et a fortement raviné le Tertiaire ledien. Dans l'étage paniselien, on remarque, pour les deux sondages, la présence de la base argileuse et schistoide (Pfm) si constante dans tout le Nord de la Belgique et qui présente un point de repère stratigra- phique très important pour la détermination des échantillons tertiaires dans les grands sondages. Nous avons fait commencer l’Ypresien immédiatement sous cette couche d’argile plastique schistoïde (P{m); en effet, on remarque dans () Renseignements donnés par le sondeur. 1907. MÉM. 33 510 F. HALET. — COUPES GÉOLOGIQUES les sables, sous cette argile, la présence de quelques Nummulites planu- lata qui caractérisent l’Ypresien sableux en Belgique. Deux niveaux aquifères ont été rencontrés dans le creusement de ces puits : le premier dans les grès lediens et le second dans les sables fins ypresiens. Ce second niveau aquifère, c’est-à-dire celui du sable fin ypresien, est le même que celui qui a été rencontré dans le sondage de la Caserne d'artillerie de Malines, à 99 mètres de profondeur, immédiatement sous l'argile schistoide paniselienne (P{1m). De même tous les puits faits en ce moment pour la distribution d’eau de la ville de Bruges prennent leurs eaux dans ce même sable vers une cinquantaine de mètres de profondeur, immédiatement sous largile paniselienne P{m. C’est grâce à cette couche d’argile épaisse de 5 à 6 mètres que les eaux sous pression des sables ypresiens n’ont pu se mélanger à celles des sables paniseliens. D'après les données du sondeur, le puits de la Caserne de gendar- merie donnait un débit de 6 000 litres à l'heure, tandis que celui de l'Hôpital militaire ne donnait que 3 200 litres à l'heure. Cette difté- rence de débit, dans deux puits situés à environ 150 mètres l’un de l’autre et prenant leurs eaux dans les mêmes sables aquifères, ne semble guère probable. Il est très possible que dans le puits de la Caserne de gendarmerie il y ait une infiltration des eaux de la nappe supérieure ou ledienne par suite d’une fissure dans le cimentage du puits, ce qui en augmenterait considérablement le débit. N° 13. — Planchette de Termonde. Puits artésien effectué, en décembre 1905, à la brasserie de M. Moenaert, rue Saint-Roch, à Termonde. Sondeur : M. PROSPER VAN SEVEREN, de Wetteren. Cote approximative + 5. N° PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. Age. R M ] e e 0] L2 L2 0] L2 L] d et REMBLAI emblai 0.00 1.50 1.50 150 4. Argile gris foncé alluvionnaire, QUATERNAIRE : MODERNE avec coquilles lacustres . . . 1.50 4.00 2.50 (Alm) 2m50 N° des échant. 2. 32. DE QUELQUES PUITS NOUVEAUX. PROFONDEURS : de à Sable très fin, gris jaunâtre, fine- ment glauconifère. 4.00 4.65 Sable très fin, gris, pointillé de glauconie et quelques paillettes de mica. DA 4.65 13 50 Sable gris, avec banc pétri de Nummulites variolaria 13.50 15.30 Sable gris, rempli de Nummulites variolaria et contenant quelques petits graviers de quartz blane roulés . 19.30 16.30 Grès 16.30 16.95 Sable gris verdâtre . 16.95 35.10 Sable fin, gris, un peu argileux, glauconitère, avec quelques Num- mulites variolaria provenant de plus haut 39.10 38.00 Sable demi-fin, gris, finement glau- | conifère, verdâtre. 38.00 42.00 Grès? . 42.00 42.40 Sable très fin. gris verdâtre, fine- | ment glauconiière. 49.40 43.00 Sable fin, gris verdâtre, glauconi- fère.. 43.00 52.50 Grès? 92.90 93.00 Sable un peu argileux, gris ver- dâtre, glauconifère 93.00 55.70 Sable très fin, gris jaunâtre, micacé 55.70 65.00 Argile plastique, grise . 65.00 92.50 Sable très fin, gris verdâtre, très finement glauconifère +. . 92.50 105.00 Argile grise, plastique . . 105.00 135.00 Argile grise, finement sableuse . 135.00 157.00 Sable fin, gris verdâtre, glauconi- (OF ce ne en 2197 00100800 Argile sableuse, grise . . 459.50 166.00 Sable fin, légèrement argileux. . 166.00 1175.00 Sable gris, avec petits éclats de silex broyés et petits débris de craie blanchâtre . . . 115.00 178.00 Craie blanche sans silex . 4. . 178.00 212.00 A4 fpaisseur. Age. 0.65 | / FLANDRIEN (Q4in) 9250 8.85 | 1.80 TERTIAIRE LEDIEN et LAEKENIEN (Le et Lk) 1.00 3045 0.65 18.15 | Ü PANISELIEN | 9108 2.90 | 4.00 | 0.40 | 0.60 9.50 0.50 ! YPRESIEN 119 mètres. 9.10 9.30 97.50 19.50 | 30.00 | 29.00 |, \ 9,50 | 6.50 | LANDENIEN 9.00 Ÿ INFÉRIEUR | 91 mètres. 3.00 , CRÉTACÉ 34.00 (Cp3) 34 mètres, 912 F. HALET. — COUPES GÉOLOGIQUES RENSEIGNEMENTS HYDROLOGIQUES (1). Divers niveaux aquifères ont été rencontrés pendant le creusement de ce puits : | 1° Source à 42 mètres de profondeur : l’eau se tient à 2 mètres sous le sol ; 2 Source à 54 mètres de profondeur : l’eau se tient à 3 mètres sous le sol; 5° Source jaillissante à 89 mètres de profondeur, débitant 6 litres par minute à la surface du sol; 4° Source jaillissante à 157 mètres de profondeur, débitant 70 litres à la minute à 1 mètre au-dessus du sol ; 5° Source iaillissante à 466 mètres de profondeur, débitant 8 litres à la minute au niveau du sol ; 6° Source jaillissante à 17480 de profondeur, débitant 50 litres à la minute au niveau du sol. REMARQUES. Le système de sondage emplové dans le creusement du puits de la Brasserie Moenaert n’a permis de prélever que très peu d'échantillons ; auss! 11 nous a été difficile de déceler très exactement les points de contact des différents terrains tertiaires. Ainsi, en examinant la coupe qui précède, on voit qu’il n’y à aucun échantillon entre les profondeurs de 16"95 et de 35"10; nous n'avons, par conséquent, pu séparer exactement les étages laekenien et paniselien. D'autre part, nous n’avons pu trouver le contact entre le Paniselien et l'Ypresien; le sondeur n’a pris aucun échantillon de l'argile schis- toïde (P{m) qui est si nettement représentée dans tous les autres son- dages de la ville de Termonde. À défaut de ces points de repère, nous nous sommes basé, pour la séparation des étages jusque 45 mètres de profondeur, sur les résultats de deux sondages de la Caserne de gendarmerie et de l'Hôpital militaire, dont nous venons de donner les coupes géologiques. La base de l’Ypresien ou le toit du Landenien a été atteint à la cote — 1592, et le Crétacé vers la cote — 171.5. (4) Renseignement fournis par le sondeur. DE QUELQUES PUITS NOUVEAUX. 913 Le sondage à JénêtuE de 54 mètres dans une craie blanche traçante sans silex, dont nous n’avons pu obtenir qu’un seul échantillon. Le sondage a été arrêté à 212 mètres de profondeur dans la craie, et n’a pas rencontré d’eau dans ce terrain. Notre collègue le baron van Ertborn a publié dans les Annales de la Societé géologique de Belgique (t. XXVIIE, 4901) quelques cotes se rapportant aux terrains rencontrés dans le creusement du puits de la Brasserie de M. V. Callebaut, à Termonde. Nous avons cru bien faire de comparer les résultats de ce puits avec ceux de la Brasserie Moenaert. Brasseries : CALLEBAUT. MOENAERT. Cote de la base de l'étage ypresien . — 151 33 — 152.09 Cote du sommet de la craie. . . . — 174.95 — 171.5 Sommet Arrêté dans la craie à du Primaire — 902.56 — 907.00 En examinant ce tableau, on voit que les chiffres des cotes de l’Ypresien et de la craie correspondent assez bien dans ces deux puits, mais ceux du Primaire différent totalement; en effet, à la Brasserie Moenaert, le puits a été arrêté dans la craie à la cote — 207, tandis qu'à la Brasserie Caliebaut, d’après les indications du baron van Ertborn, le Primaire aurait déjà été atteint à — 202.56. Nous ne savons pas comment notre savant collègue a obtenu les renseignements sur la cote du Primaire à la Brasserie Callebaut et s'il a pu examiner des échantillons provenant du Primaire à la cote — 202.56; dans ce dernier cas, il faudrait admettre une assez grande irrégularité de la surface du Primaire à Termonde. N° 12. —— Planchette de Termonde. Puits artésien effectué en février 1905 pour la ville de Termonde, à l'emplacement de la Grand’ Place. Sondeur : M. Prosper VAN SEVEREN, de Wetteren. Cote approximative + 6. N° PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. Age. Remblai et terre végétale . . . 0.00 293 2.95 Roc AN Sable arsgileux, gris. … . . . 2,25 3.00 0.7 2. Sable gris, tourbeux . . . 3.00 5.20 9.90 { QUATERNAIRE 3. Sable gris, avec ME d'argile 710 RE PRE 0 0.20 9.35 4.15 F. HALET. — COUPES GÉOLOGIQUES 044 n° PROFONDEURS : des échant. de à 4. Grès tendre . 9.35 9.85 5. Sable quartzeux, gris, avec linéoles argileuses . 9.85 13.20 6. Argile sableuse . 13.20 14.15 1. Grès très dur. 1445 14.50 8. Sable grossier 14.50 18.10 9. Grès très dur. 18.10 18.60 10. Argile sableuse . 18.60 23.20 11: Idem. 95.20 32.50 42. Idem . 32.50 38.00 43. Argile. 38.10 41.80 14. Sable verdâtre 41.80 44.30 Source. 45. Argile sableuse . 44.30 50.00 16. Sable légèrement argileux 90.00 55.20 Source peu abondante. 17. Argile sableuse . 99.20 67.00 18. Argile plastique, avec nombreux débris de silex? et coquilles. 67.00 71.00 19. Argile grisâtre 71.00 75.00 20. Argile schistoïde. 15.00 85.00 91. Idem . 85.00 95.40 22. Sable très fin, gris verdâtre, glau- conifère 95.40 96.10 23. Argile schistoïde, gris bleuâtre. 96.10 159.90 24. Sable fin, gris verdâtre. . . . 159.90 164.50 25. Argile sableuse . . 164.50 173.40 26. Sable fin, gris verdâtre, glauco- nifère . . 173.40 174.00 27 à 28. Aroile. . 174.00 180.75 29 à 80. Débris de silex gris et bruns, avec débris de craie grossière, glau- conifère. . 480.75 181.60 31 à 82. Craie blanche sans silex . 181.60 182.20 33. Craie blanche, jaunissant un peu vers la base, avec grès tendres. 182.20 2924.95 Épaisseur 0.50 3.99 0 95 0.35 3.60 0.50 6.60 7.30 6.00 3.30 2.50 9.10 5.20 11.80 4.00 4.00 10.00 10.40 0.70 63.80 4.60 8.90 0 60 6.75 0.85 0.60 42.05 Le EC = Age. TERTIAIRE LEDIEN ET LAEKENIEN (Le) et (Lk) 9Om95 PANISELIEN (P1d-m) 1990 YPRESIEN 121m40 LANDENIEN INFÉRIEUR 920n85 CRÉTACÉ (Cp3) 4450 DE QUELQUES PUITS NOUVEAUX. 919 RÉSULTATS HYDROLOGIQUES (1). À part deux petites sources vers les profondeurs de 44 à 55 mètres, ce puits à rencontré les trois sources importantes suivantes : 1° Source jaillissante à 95 mètres de profondeur, débitant 6 litres par minute au niveau du sol; 2° Source jaillissante à 159 mètres de profondeur, débitant 50 litres par minute au niveau du sol; 3° Source Jjaillissante vers 182 mètres de profondeur et débitant 30 litres par minute au niveau du sol. REMARQUES. Le Service géologique n’a eu connaissance du creusement de ce puits que quand il était déjà arrivé à une profondeur de 200 mètres. Comme aucune collection complète des échantillons n’avait été con- servée, nous avons dû, pour la confection de cette coupe, nous baser presque entièrement sur le carnet du sondeur. Toutefois, le commissaire de police de la ville de Termonde ayant recueilli quelques échantillons, dont il avait noté la profondeur, a bien voulu les donner au Service géologique. Ces quelques échantïlons dont les numéros sont imprimés en gros caractères dans notre coupe, sont les seuls témoins qui ont pu être sauvés de tout ce travail jusqu’à la profondeur de 200 mètres. Comme on peut le voir par la coupe, nos déterminations s'accordent assez bien avec celles des autres puits creusés dans la ville de Ter- monde. Un fait assez remarquable de cette coupe consiste dans la forte épaisseur attribuée à la craie; en effet, ce sondage aurait pénétré dans une craie blanche sans silex sur une épaisseur de 44"50. Nous n'avons pu obtenir qu'un échantillon de cette craie, qui ressemble en tous points à celle provenant du puits Moenaert, qui a été arrêté à la cote — 207.5 dans la craie blanche. Le sommet de la craie aurait été atteint au puits de la Grand’Place à la cote de — 174.75 et, d’après le carnet du sondeur, le Primaire n'aurait pas encore été atteint à la cote — 218.95 : le sondage aurait (?) Fournis par le sondeur. 916 COUPES GÉOLOGIQUES DE QUELQUES PUITS NOUVEAUX. 4 été arrêté à celte profondeur, le sondeur n'ayant pu continuer, étant tombé sur le dur (!) qu’il n’a pu percer. Comme nous n'avons pu obtenir d'échantillons, nous nous deman- dons si le dur était composé de silex de la craie ou de phyllades primaires. En se basant sur cette dernière interprétation, la cote du Primaire serait à Termonde à — 218.925. Nous avons done jusqu’à présent deux cotes différentes pour le Primaire à Termonde : celle de — 202 mètres à la Brasserie Calle- baut, donnée par M. van Ertborn, et celle problématique de — 218.25 à la Grand'Place de Termonde. Seul, un nouveau sondage soigneuse- ment exécuté, pourrait nous fixer sur la cote exacte du Primaire de Termonde. Ô ixpression emplovée par le sondeur. 1) Expression emplovée par | | nm LE PUITS ARTESIEN DE L'AMIDONNERIE DE HAMME LEZ-SAINT-NICOLAS (1) PAR F. HALET Ingénieur, attaché au Service géologique, Membre collaborateur de la Carte géologique de Belgique Le puits artésien de l’Anadonneric de riz, à Hamme, dont nous donnons la coupe ci-après, a été commencé pendant le mois d'août 1905 et n’a été Lerminé que dans le courant de l’année 1906. Quoique ce puits n'ait pas donné tous les résultats désirés au point de vue des quantités d’eau, 1} à néanmoins rendu un précieux service à la science, en fournissant de nouvelles et intéressantes données sur l'allure profonde des couches géologiques dans le Nord de la Belgique. Ce sondage à été arrêté à une profondeur de 583 mètres dans le Cam- brien ; c’est le plus profond qui ait été effectué jusqu’à ce Jour dans toute la Flandre orientale. Grâce à l’obligeance de M. Charles Vermeire, directeur de l’Amidon- nerie, le Service géologique à pu recueillir sur place, pendant l’exécu- tion du sondage, une très jolie collection d'environ 259 échantillons qui ont servi à l'élaboration de la coupe suivante. (1) Mémoire présenté à la séance du 17 décembre 1907. J18 F. HALET. — LE PUITS ARTÉSIEN N° 2. — Planchette de Saint-Nicolas. Puits artésien effectué, en 1903, à l’Amidonnerie de M. Charles Vermeire, à Hamme. N° des échant. 9 à 10. 11 13. 14 à 16. 17 à 93. 24 à 26. 27 à 32. 33. Cote approximative + 5. Sondeurs : BEHIELS frères, de Wetteren. Remanié Sable fin, gris jaunître, finement pointillé de glauconie. Sable un peu quartzeux, gris, finement glauconifère. Sable très quartzeux, jaunâtre, avec nombreux petits graviers de quartz blanc roulés. Limon gris, légèrement bru- nâtre, fin, avec taches ferru- gineuses . Sable gris, quartzeux et grave- leux, avec gros grains de gra- vier de quartz roulés . Petits morceaux d'argile durcie et roulée, avec concrétions pyriteuses roulées . Sable fin, gris, légèrement ver- dâtre, avec paillettes de mica et finement glauconifère . Argile plastique, gris verdâtre, finement pailletée . Argile gris verdâtre, finement pailletée de mica Sable gris, finement pailleté et poinullé de glauconie . Argile plastique, gris verdâtre. Argile grise, plastique, avec nom- breux points de glauconie. PROFONDEURS : de à 0.00 4.00 4.00 12.00 14200 15.00 15.00 16.00 16.00 18.00 . 18.00 18.50 48.50 19.00 19.00 20.00 90.00 923.00 93.00 31.00 3100 37 00 31.00 48.00 48.00 48.10 Épaisseur. Age. REMANIÉ 4-00 4 mètres. 8.00 QUATERNAIRE FLANDRIEN 3.00 (Q4) 49 mètres. 1.00 HESBAYEN (93m) 9.00 9 mètres. / s0 | CAMPINIEN 0 (Q2m) À inètre. 0.50 \ TERTIAIRE (R1b,ou(Asd)? 1.00 1 mètre. | 3.00 ASSCHIEN 97 mètres. 6.00 11.00 (Asa) 0.10 Om10 N° des échant. 34. 39. 36. 31. 38. 39. 40. 41. 42. 43. 44 à 45. 46 à 48. DE L'AMIDONNERIE DE HAMME LEZ-SAINT-NICOLAS, Sable demi-fin, gris, un peu glauconifère, avec Nummu- lites variolaria . Sable gris clair, finement glau- conifère, avec nombreux dé- bris de grès blancs glauconi- fères, nombreuses Nummu- lites variolaria et débris de coquilles indéterminables. Sable fin, gris, avec Nummulites variolariu, Ditrupa et débris de Cardium ? Grès blanchâtres . Sable gris, fin, finement glau- conifère. contenant Nummu- lites variolaria et un Ditrupa. Grès grisâtres, paraissant roulés et dont quelques-uns sont per- cés de nombreux trous, conte- nant de nombreux débris de coquilles roulées parmi les- quelles des Nummulites scabra etlævigata, un Ostrea et des dé- ‘ bris d’ossements de poissons. Niveau aquifère. Sable gris verdâtre, aggloméré, contenant de petites Nummu- lites roulées et des débris de coquilles indéterminables. Sable gris aggloméré, avec nom- breux débris de coquilles indé- terminables . Sable gris, fin, pailleté, glauconi- fère, contenant de nombreux fossiles (Corbula, Cardila et un Dentalium) . Sable quartzeux, gris, fossilifère, avec grandes paillettes de mica (Cardium et une vertèbre de poisson) . Sable quartzeux, gris, finement glauconifère,avec fossiles (Car- dium, Cardita, Cytherea) . Argile grise, sableuse, finement glauconifère PROFONDEURS : de à 48.10 48.50 48.50 49.00 49.00 52.80 52.80 53.10 53.10 54.00 54.00 54.80 54.80 56.30 6.30 64.00 64.00 66.20 66.20 69.40 69.40 75.00 75.00 78.00 Bpaisseur. 0.40 0.80 1.50 7.70 3.20 019 Age. LEDIEN (Le) 590 LAEKENIEN (Lk) 10 mètres. PANISELIEN (P1d-c) 14 mètres. 920 N° des échant, 49 à 51. 58 à 63 64 à 81. 82. 83 à 132. 153 154. 159 à 175. 174. 175. 176. AT TOR 179 à 180. 181 à 185. 186. 187 à 190. 191 à 192. 193. F. HALET. — LE PUITS ARTÉSIEN PROFONDEURS : de à Argile grise, plastique, légère- ment bleuâtre . 18.00 85.00 Sable fin, gris, finement glau- conifère, contenant de grandes paillettes de miea et de nom- breuses et grandes Nummuli- tes planulata, un petit Ostrea. 85.00 93.00 Sable fin, argileux, gris, glau- conifère . ; 93 00 99.00 Argile sableuse, grise, avec bancs dureis, glauconifères . 99.00 99.50 Sable argileux, gris brunâtre 99.50 102.00 Argile un peu sableuse, grise . 102.00 103.00 Argile grise, plastique, un peu schistoïde 103.00 104.00 Argile plastique, grise . 104.00 118.00 Idem, schistoïde . . 118.00 145.00 Argile grise, plastique, avec Sep- taria de couleur noirâtre . . 145.00 146.00 Argile grise, plastique Argile grise, plastique avec Sep- . 146 00 183.50 taria brun foncé . 188.50 189.00 Idem . 189.00 190.00 Argilegrise, plastique,schistoïde 190.00 219.50 Argile sableuse, grise, avec ma- Héres tourbe Sn 12 000210 T0 Idem, avec concrétions de py- rite EN are RL AD ST Argile grise, plastique, avec linéoles de sable grossier. . Sable fin. gris, blanchätre et ver- dâtre, finement glauconifère . Argile sableuse, grise, avec dé- bris de coquilles Argile sableuse, gris verdâtre, avec débris de coquilles Argile grise, plastique Argile grise, finement sableuse . 220.00, 229 . 2292.00 9298. 212.79 914.00 214.00 219.00 . 219.00 220.00 223.50 Argile grise, un peu sableuse AVECIDCULS ETS NN Argile grise, plastique . . . Argile un peu sableuse, grise, glauconifère. . RE ed 230.00 235.00 238.00 936.20 Épaisseur. Age. (PA) 7.00 7 inètres. 8.00 YPRESIEN (Yd) 6.00 17 mètres. 0.50 20 1.00 | 1.00 14.00 97.00 1.00 42,50 (Ye) 110m75 0.50 4.00 22.50 0.20 0.03 LM) 1:95 ( 1m25 LANDENIEN 9.00 | (L1d) 5 mètres. 1 00 2,00 6.50 Ta El (LAC 150 Ste 5.00 3.00 0.20 DE L’AMIDONNERIE DE HAMME LEZ-SAINT-NICOLAS. 021 N° PROFONDEURS : des échant. de à Épaisseur. Age. 494 à 195. Caiïlloux de silex, roulés et verdis 238.90 9394.90 4.00 | (La) 1 mêtre. 196. Argile sableuse. grise, ealcari- fère, avec des petits débris de silex, provenant de plus haut, et nombreux fragments de fos- HEERSIEN ? siles indéterminables . . . 239.20 9240.00 0.80 (Hs c-b) 197 Idem, sans fossiles . . . . 240.00 240.30 0.30 Se 198 Sable gris, pointillé de glau- conie, un peu marneux . . 240.30 240.80 0.50 198: Gros débris de silex gris de la ÉTAIENS Fet, ss 4 0. . 940.80 9241 30 0.50 200. Débris de silex broyvés . . . 241.30 24200 0.70 201 Sable fin, gris, finement glau- conifère (c’est du Landenien provenant de plus haut)(1) . 249.00 949 90 0.90 202 à 203. Débris de silex bruns, brovés . 242 90 950.00 7.80 204 Gros débris de silex noirs . . 250.00 950.45 0.15 205. Craie bleu grisâtre, avec silex DOS CS 250 410 0052 00 S5 206. Silex brunâtres . . . . . 2592.00 955.00 8 00 207. Silex bruns, brovés . . . . 9255.00 956.00 1.00 208 à 209. Silex gris, avec craie blanche traçante . . . . . . . 956.00 963.00 7.00 . Assise de Nouvelles 240 à 211. Silex gris broyés . . . . . 263.00 9285.00 22.00 (Cp3)10"20 249. Échantillon manque. 213 à 214. Craie assez grossière, gris blan- châtre nee . + 285.00 9294.00 9.00 215. Craie rude au toucher, gris blan- châtre, avee quelques points de glauconie . - 294.00 301.00 7.00 216. Craie blanche, avec petits débris de silex gris broyés . . . 801.00 304.00 3.00 247. Craie grossière, grise. . . . 304.00 305.00 1.00 218. Craie gris blanchâtre, avec silex gris broyés . . . . . . 805.00 306.00 1.00 219. Craie grise, grossière. . . . 806.00 307.00 1.00 220. I 2 D 201 008 11 00 2:00 (4) Un accident dû à un pompage excessif a fait descendre le sable landenien. 922 F. HALET. — LE PUITS ARTÉSIEN N° PROFONDEURS : des échant de à Épaisseur. Age. 291. Craie grossière, avec tout petits débris de phyllades noirûtres provenant de l'attaque du Pri- maire par le trépan "511 001319 500 299 Tohannllonmanque 0 EE — _ 293. Craie grossière, avec nombreux débris de phyllades, gris noi- FAITES Me 312.00 313.00 0.5) 224à 246 Petits débris de phyllades, gris foncé, avec craie entrainée de plus haut. "31500 35/0020 PRIMAIRE 247 à 248. Débris de phyllades, gris noirâ- CAMBRIEN tres, fortement broyés . . 335.00 337.00 9 00 (Rv) 249. Débris de phyllades, gris foncé, he onctueux (D); 122, 0 Sr 009400 7.00 250. Phyllades noirs, broyés, pous- Siéreux 0000: . + 844.00 365.00 21.00 251. Petits débris de phyllade noir . 365.00 370.00 5.00 252. Phyllades noirs, broyés, pous- SIéreux 1. 0 = 10 0 02810:00 680: DOME 293 Gros débris de phyllade, iden- tique à l'échantillon 249 . . 380.00 383.00 3.00 254. Phyllades noirs, broyés, à . . 38300 — — RENSEIGNEMENTS HYDROLOGIQUES. Le directeur de l’Usine, M. Vermeire, a bien voulu nous donner quelques indications concernant le débit en eau de ce puits. L’eau obtenue doit provenir, selon lui, d’une grande quantité de petites sources rencontrées dans le rocher en dessous de la craie. L’eau jaillit lorsque le puits est au repos et donne alors une cinquan- taine de litres à la minute. Au compresseur à air (à 4 1}, à 5 atmosphères), le puits donne 150 à 180 litres à la minute. L’eau est très claire et convient pour la fabrication d’amidon. Nous avons des raisons de croire cependant que, quoique l’on puisse avoir rencontré un peu d’eau dans le terrain primaire, la plus grande partie provient des sables landeniens (L4{d). (t) M. Malaise, à qui nous avons montré ces échantillons, croit, comme nous, pouvoir les rapporter au Cambrien revinien. DE L’AMIDONNERIE DE HAMME LEZ-SAINT-NICOLAS. 923 ANALYSE CHIMIQUE. _ Les eaux provenant de ce puits ont été analysées par M. Edmond Van Melkebeke, chimiste à Anvers. Nous reproduisons ci-après le bulletin d'analyse (1). Caractères physiques et organoleptiques : limpide, incolore, inodore. Dureté totale . . . . 1 5 degrés hydrotimétriques (Boutron et Boudet). 4 — permanente . . .05 — — =. — temporaire . . .0.1 — _ _ Composition chimique, par litre. Chlore à l’état de chlorures . . . . . DV 2 Lot 081920 Acide sulfurique à l’état de sulfates néant. Acide nitrique à l’état de nitrates . . . . . . Ticaill Acide nitreux à l’état de nitrites néant. Oxyde de fer néant. Ammoniaque RS JE TA . très faibles traces. Garbonaterde chaux. … . = . D Per La SOUS Chaux à l’état de sels autres que le carbonate . . . . . . . néant. Magnésie . 4e : néant. Se sleabns O0 906 Done He SOU Ne CE 0 107500 carbonate de soude . . . . . . . . (0.458 Matières organiques procédé Kubel). . . . . . . . . . (0.029 Résidu fixe après dessiccation à 4100. . . . . . . . . . 1.040 Réaction alcaline. Conclusions. — Cette eau convient pour la plupart des usages indus- triels et notamment pour l’alimentation des chaudières à vapeur. La composition s’écarte de celle habituelle des eaux potables, par la faible teneur en sels calcaires et par la présence de carbonate de soude à l’état de bicarbonate. Cette eau peut être considérée comme potable. () M. Ch. Vermeire a bien voulu envoyer la copie du bulletin d'analyse au Service géologique de Bruxelles. 024 F. HALET. — LE PUITS ARTÉSIEN CONSIDÉRATIONS SUR LES TERRAINS TRAVERSÉS. À l’examen de cette coupe, on voit que le Quaternaire à une épais- seur de 19 mètres et est composé, pour la majeure partie, de sable flandrien. Il n’y à guère que 2 mètres de limon hesbayen et 1 mètre de Campinien sous le Flandrien. Sous le Quaternaire vient 1 mètre d'un sable fin gris avec paillettes de mica (échantillon 13) que nous rapportons à l’Oligocène moyen (R4b) ou à l'Éocène supérieur (4sd). Sous ce sable vient une couche de 11 mètres d'épaisseur composée d'une argile plastique verdâtre (échantillons de 14 à 25), puis 6 mètres de sable gris finement pailleté et pointillé de glauconie, suivis de 11 mètres d’une argile plastique gris verdâtre ressemblant beaucoup aux échantillons de 14 à 23. Nous avons hésité un moment avant de déterminer ces diverses couches ; en effet, nous nous trouvions en présence des deux solutions possibles suivantes : Nos dre 9e des échant. interprelation. interprétation. 18. Sable fingris,ete. - - . : | (ès) Anère 4 n 14 à 93. Argile plastique, etc. 0 (RC) 1PnCtNeS 24 à 26. Sable cris finement pailleté, ete. . . (R/b) 6 mètres } (Asc)}21 mètres. 27 à 32. Argile plastique verdâtre . . . . (Asc) 11mètres 33. Argile grise avec glauconie . . . (Asa) Om10 (Asa) Om0 Nous avons admis et adopté la deuxième interprétation pour les raisons SuIVANles : 4° Le premier argument en faveur de la deuxième interprétation consiste dans le fait que cette argile grise plastique, rencontrée dans le sondage de Hamme, a une teinte verdâtre et une composition qui rap- pellent en tous points l'argile asschienne. Les deux niveaux argileux (échantillons 14 à 23 et 27 à 52) sont composés d’une argile identique en apparence. D'autre part, ces argiles ressemblent peu à celle de Boom (R2c) rencontrée dans les localités environnantes; cette dernière a, en effet, une teinte beaucoup plus grisàtre et un aspect moins plastique. Évidemment, en l’absence de fossiles, il est extrêmement difficile de > distinguer deux argiles plastiques d'âge difiérent. RE Ce qui nous a fait hésiter à adopter notre deuxième interprétation consiste en la présence d’une couche sableuse (échantillons 24 à 26) de_- DE L’'AMIDONNERIE DE HAMME LEZ-SAINT-NICOLAS. 929 6 mètres d'épaisseur au milieu de l’argile asschienne : nous avons cependant déjà observé dans d’autres sondages des intercalations sableuses dans l’argile asschienne, mais d'épaisseur plus faible. 2 En adoptant la première interprétation, nous devions admettre d’après la coupe précédente que la base de l’argile de Boom (R2c) se trouve à Hamme à la cote —26; or, cette base se trouve à la cote — 4 à la station de Saint-Nicolas, et à la cote —1 au fort de Rupelmonde; ces deux localités sont situées au Nord de Hamme. Enfin, la base de l’argile rupelienne se trouve vers la cote O0 à Boom; cette base se relève partout en allant vers l’Ouest ; donc la première interprétation serait contraire à tous les autres résultats connus jusqu’à ce jour. 3° D'autre part, le baron van Ertborn a exécuté, vers l’an 1882, un sondage dans la commune de Hamme, à 130 mètres au Sud de celui de l’amidonnerie; le résultat de ce sondage a été publié en ces quelques lignes dans les Annales de la Société malacologique, tome X VIIT, page xxv : « Ce sondage a permis de constater que le Campinien repose direc- tement sur une puissante assise sableuse tertiaire, que nous avons rapportée, à l’époque où nous travaillions à nos levés géologiques, à l’Éocène supérieur. Ce sondage met hors de doute l'absence de l'argile rupelienne sur la rive droite de la Durme, sur le territoire de la planchette précitée et corrobore les constatations faites aux sondages artésiens de Tamise, de Boom, de Breendonck, de Malines et d’Aerschot, rela- tives à l’existence dans cette région d’une formation sableuse tertiaire marine, au Sud de l’affleurement de l'argile rupelienne. » Le même auteur, dans le tome XIX, page xx des Annales de la Société malacologique, écrit ce qui suit : « Le sondage de Hamme à été fait en dehors de la zone d’alluvions de la rivière et à la cote 6, en un point recouvert par le Campinien. » Le sable sous-jacent à ce dernier est recouvert, vers le Nord, par l’argile de Boom. Nous l’avons percé dans les mêmes conditions à Tamise, Boom, Breendonck et Malines. Un examen attentif à Hamme a permis de constater que ce sable est parfaitement pur et ne renferme aucun vestige d’alluvionnement quaternaire. » Il est donc bien établi que, sur la rive droite de la Durme, à Hamme, l'argile de Boom fait défaut; un sondage de 95 mètres de profondeur tranche la question d’une manière décisive. » Quant à l’âge du sable tertiaire qui affleure en sous-sol dans cette zone, il reste indécis : il peut appartenir soit à l’Oligocène moyen, soit à l'Éocène supérieur. Certaines considérations stratigraphiques sem- blent militer en faveur de cette dernière opinion. » 4907. MÉX. 34 596 F. HALET. — LE PUITS ARTÉSIEN Après examen attentif de l’échantillon 13, nous trouvons qu'il res- semble plus à Asd qu'a R1b et nous sommes plutôt portés à le mettre dans l’Éocène supérieur : sa teinte verdâtre et la glauconie ne rappel- lent pas la teinte brunâtre du sable R1b. Évidemment, sans coquilles, la question est très difficile à élucider, d'autant plus que ce sable n’a que 1 mètre d'épaisseur au sondage de l'Amidonnerie, ayant été fortement raviné par le Quaternaire; dans tous les cas, sa grande pureté doit le faire exclure du Quaternaire. En continuant à examiner la coupe, nous voyons sous l’Asschien les étages ledien et laekenien bien représentés, suivis de l’étage panise- lien, à la base duquel, nous avons retrouvé une couche de 7 mètres d'argile plastique et schistoide qui caractérise si bien la base de l'étage paniselien. Immédiatement sous cette argile apparaît un sable fin ypresien con- tenant de grandes Nummulites planulata, caractéristiques des sables (Yd). L’argile d'Ypres (Yc) a une épaisseur de 110"75. Sous l’argile nous observons l'étage landenien avec son cailloutis de silex roulés et verdis à la base. Sous le Landenien apparaissent trois échantillons, dont deux (les n® 196 et 197) composés d’une argile grice calcarifère avec nombreux fragments de coquilles brisées et indéterminables et un troisième (le n° 198) composé d’un sable gris poinullé de glauconie un peu marneux. Immédiatement sous ces couches, épaisses de 1"60, nous observons les silex de la craie. Si ces couches d’argile et de sable sous le cailloutis landenien sont bien en place, comme le sondeur nous l’a affirmé, nous ne pouvons faire autrement que de les rapporter à l’étage heersien (Hsc-b). Ce serait alors une preuve que le cailloutis de la base du Landenien n’est pas la base de l’époque tertiaire, mais bien d'âge landenien, contrairement à ce que notre collègue le baron van Ertborn voudrait faire admettre dans son travail intitulé : Rectifications stratigraphiques dans l’Éocène belge (1). Malheureusement, les coquilles sont tellement broyées que l’on ne pourrait les identifier, pour élucider définitive- ment cette question. Sous le Heersien nous voyons apparaître le Crétacé composé de craie blanche et grise avec intercalations de nombreux silex noirs et gris. Les échantillons du Crétacé étant assez rares et très fortement lavés ne nous (1) Bull. de la Soc. belge de Géol., t. XVII, 1903, pp. 105-106. DE L’'AMIDONNERIE DE HAMME LEZ-SAINT-NICOLAS 921 permettent pas de faire des subdivisions d’étages avec une approxima- tion suflisante. La cote de la craie est à — 235.80 à Hamme. En examinant les échantillons, on passe insensiblement de la craie dans le Primaire; ce n’est qu’en lavant soigneusement les échantillons que l’on aperçoit de petites paillettes de phyllade gris noirâtre, qui apparaissent dans les échantillons de la craie à partir de l’échan- tillon n° 221; ces débris de phyllades deviennent de plus en plus abondants à mesure que le puits s’approfondit. Nous avons fait commencer le Primaire à la profondeur de 311 mètres, soit à la cote — 506; c’est à cette profondeur que nous avons aperçu les premières traces de phyllades noires. Bien que ce sondage ait été continué dans le Primaire au moyen du trépan ordinaire, nous avons pu obtenir quelques échantillons assez gros de phyllades provenant des profondeurs de 337, 365 et 380 mètres. M. Malaise, à qui nous avons montré ces échantillons, croit pouvoir les rapporter au Cambrien et à l’étage revinien. Le sondage à été arrêté à la profondeur de 383 mètres, ayant pénétré de 72 mètres dans le terrain primaire cambrien. Nous avons joint à ce travail une petite coupe Sud-Nord allant d’Alost à Hamme et passant par Termonde; elle permet de voir très nettement l'allure générale des terrains entre ces deux localités (1). Cette coupe a été effectuée à l'échelle du 100 000° pour les longueurs et du 5 000 pour les hauteurs. En l’examinant, on voit très bien la grande constance de l'argile P{m, base de l'étage paniselien; cette argile suit une pente régulière entre Termonde et Hamme. En effet, le sommet de l’argile se trouve, à Termonde (puits de l’Hô- pital militaire), à la cote — 25 et au puits de Hamme à une cote de — 72, ce qui donne une pente kilométrique de 5"5. Le sommet de l’Ypresien entre Termonde et Hamme présente éga- lement une pente kilométrique de 5"5. La base de l’Ypresien à été rencontrée à la cote — 92 à l’Usine Torley à Alost et à — 152 à l'Usine Moenaert, à Termonde; la base de ce terrain a donc une pente kilométrique de 5"4 entre ces deux villes. À Hamme, la base de l’Ypresien a été rencontrée à — 209, ce qui fait une pente kilométrique de 6"7 entre Termonde et Hamme. (1) Voir page 529. 528 LE PUITS ARTÉSIEN DE HAMME LEZ-SAINT-NICOLAS. La base du Landenien ou le sommet de la craie a été rencontré vers — 125 à Alost (Usine Torley) et à — 172 à Termonde (Usine Moe- naert), ce qui fait une pente kilométrique de 4"2 entre les deux villes de Termonde et d’Alost. La base du Landenien à été rencontrée à — 256 à Hamme, ce qui fait une pente kilométrique de 7"5 entre les deux villes de Termonde et de Hamme. Le sommet du Primaire a été atteint vers — 127 mètres à Alost (Usine Torley) et à — 306 à Hamme, soit une pente kilométrique de 91 entre ces deux localités. En admettant cette allure constante entre Alost et Hamme, le Pri- maire passerait à Termonde vers la cote — 230. Si nous admettons que le Primaire a été atteint vers — 218 à Ter- monde (sondage de la Grand’Place), comme nous l'avons figuré dans notre coupe, nous aurions une pente kilométrique pour le sommet du Primaire de 8"2 entre Termonde et Alost et de 10"3 entre Termonde et Hamme. De l'examen de tous ces chiffres, on peut conclure que la pente géné- rale des terrains est plus accentuée entre Hamme et Termonde qu'entre cette dernière ville et Alost. Came 000 004}, SININSUOT | “ATIAHIY 000 $/; sInsyneH , ee LAC M de ze D ET Ni | "[ FD 2QuUour29 L) 4, +. + 8, 7777777 EYON”? ‘QuUBH JA 39 SPUOUISL 9P ‘JSOIV,P SOITIA SOI JUd quessed pioN-pns enb1801093 odno) = PACE 7 2 VE ù - x \ 5 re J “ EM À NE) 3. Cornet. Contributions à la Géologie du Bassin du Congo. ch No es t Géologie du Bassin du Kassai Et ww. Prinz. Les oxydes de titane et autres produits d'altération di q roches du Brabant, suivi de den sur le draps en x F. Halet, Coupes géologiques de quelques sondages red ‘a : depuis 1900, sur le territoire des planchettes de Bruxelles, Uccle, Te nnick- Saint-Quentin et Vilvordes ci ae CRE Te ie ÉRRER * F. Halet. Coupes géologiques de quelques puits nouveaux, exécutés su territoire des planchettes de Termonde et d’Alost . É F. Halot, Le puits artésien de l'amidonnerie de Hamme 1ezSaint Nicolas 4 LLETIN MT EE (BRUXELLES) PRÉSIDENT D'HONNEUR : | S. À. R. le Prince ALBERT de Belgique E Mémoires Vingt et unième année Tome XXI — 1907 — Fascicule IV (dernier) … * _ BRUXELLES | HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE : + PTS 142, rue de Louvain, 112 EX STRATIGRAPHIE DES ARGILES DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS (!) PAR le D' J. LORIÉ Docteur ès scieuces, Privatdocent à l’Université d'Utrecht. PLANCHES XI À XIII. PRÉFACE. Afin de faciliter létude de ce travail, Je l’ar divisé en chapitres comme suit : PINTRODUCTION TONER AU UNE mens 0 soset + ‘532 II. — RÉSUMÉ DES OPINIONS ÉMISES SUR LA POSITION STRATIGRAPHIQUE DES ARGILES BELGES . . . . . à III. — DESCRIPTION DES ARG'LIÈRES BELGES . + =. «. . . . . . . . D4! IV. — SONDAGES DANS LA RÉGION DES ARGILES BELGES . . . . . . . . B5l V. — DESCRIPTION DES ARGILIÈRES NÉERLANDAISES . . « . . . . . . DJ VI. — SONDAGES DANS LA RÉGION DES ARGILES NÉERLANDAISES. . . . . . D07 VII. — LES MAMMIFÈRES DES ARGILES . « . + . . +. . o1l VIII. — RÉSUMÉ, surtout à l’usage de ceux qui veulent connaitre les conclusions du travail sans le lire. (!) Mémoire présenté à la séance du 17 décembre 1907. 1907. MÉM. 0 992 J. LORIE. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES |. — Introduction. Les deux jours de Pentecôte, 3 et 4 juin 4906, plusieurs membres de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d'Hydrologie firent une excursion pour visiter les célèbres argiles de la Campine belge et du Limbourg néerlandais. J’acceptai l'invitation d'en faire un compte rendu, mais, après quelque méditation, je me dis que cela ne suffirait point, attendu que le temps fut beaucoup trop court pour arriver à une conclusion motivée. La chose m’intéressant beaucoup, Je visitai plus longuement quarante-six argilières belges et trente-trois néerlandaises, et crois maintenant être plus compétent pour émettre une opinion. Je désire traiter la chose avec quelques détails, puisque Je me sou- mets au contrôle et ne dis pas, du haut de ma grandeur : « Ce sont les résultats de mes études. » Tout le monde à la permission d'aller voir les coupes, que je vais indiquer, et de contrôler ainsi mes observations, mais surtout mes raisonnements. On ne saurait nier, hélas! que trop souvent cela est rendu impossible par certains géologues, ce qui nuit à la confiance. BIBLIOGRAPHIE RÉCENTE. Liste des périodiques dans lesquels se trouvent les notes, etc., de la seconde liste. — Annales de la Société royale malacologique de Belgique (Bulletins compris). — Bulletin de la Société de Géographie d'Anvers. — Annales de la Société géologique du Nord. The quarterly Journal of the Geological Society of London. - Annales de la Société géologique de Belgique. — Memoirs of the Geological Survey of the United Kingdom. Sn COR ee | — Bulletin de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d’Hydrologie. (Mémoires, procès-verbaux, traductions et reproductions.) H. — Mededeelingen omtrent de Geologie van Nederland, verzameld door de Commissie voor het geologisch onderzoek. Verhandelingen der Koninklijke Akademie van Wetenschappen te Amsterdam. l. — Bulletin de l’Académie royale de Belgique. J. — Jahrbücher des nassauischen Vereins für Naturkunde. K. L. — Neues Jahrbuch für Mineralogie, Geologie und Paleontologie. Geological Magazine. DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 939 M. — Verslagen van de zittingen der Koninklijke Akademie van Wetenschappen te Amsterdam. N. — Archives du Musée Teyler, Harlem. O0. — Palaeontographica, Beitrâge zur Naturgeschichte der Vorzeit. P. — Bulletin de la Société géologique de France. 12. Liste des différents travaux cités dans cette note. (La majuscule derrière l’année de publication renvoie à la liste précédente.) . 14860. — W. C. H. SrARING, Bodem van Nederland. IT. Harlem. . 1878. O. XXV. — A. Porris, Üeher die Osteologie von Rhinoceros Merckii Jäger und über die diluviale Säugethierfaune von Taubach bei Weimar. . A. XIII — E. vAN DEN BRoEck, Esquisse géologique et paléontologique des dépôts pliocènes des environs d'Anvers. . 1879. A. XIV. — VAN DEN BRoECKk et COGELS, Diluvium et Campinien. Réponse à M. le docteur Winkler. . 1880. M. MourLon, Géologie de la Belgique. Bruxelles. . 1881. B. — O. van ERT80RN, Les terrains miocène, pliocène et quaternaire à Anvers. . À. XVE — P. CoceLs, Contribution à l'étude paléontologique et géologique de la Campine. . 1882. A. XVII. — P. CoGers et 0. vAN ERTBORN, De l’âge des couches d'argile quaternaire de la Campine. . 1883. C. XI. - E. van DEN BROECK, Nouvelles observations faites dans la Campine en 1883, comprenant la découverte d’un bloc erratique scandinave. . 1884. P. série LIT, tome XII. — CH. DerérerT, Nouvelles études sur les ruminants pliocènes et quaternaires d'Auvergne. 1885. D. XLI. — C.J. ForsyrH Mayor, On the mammalian fauna of the Val d’Arno. . 1886. À. XXI. — P. COGELs et O0. vAN ERTBORN, Contribution à l’étude des terrains quaternaires. . 4894. E. XVIII. — E. DELvAUx, Étude stratigraphique et paléontologique du sous- sol de la Campine. . F.— E. T. NEWTroN, The vertebrata of the pliocene deposits of Britain. . 1892 G. VI. — Légende de la Carte géologique de Belgique. I. . 1893. — K. A. Zirrez, Handbuch der Paleontologie. Paleozoologie. IV. Band, Mammalia. Munich. . 1894. H. 14. — J. Lorié, De hoogvenen en de gedaantewisselingen der Maas in Noord-Brabant en Limburg. . 1895. G. IX. — A. Ruror, Note sur quelques points nouveaux de la géologie des Flandres. . 1896. G. X. — Légende de la Carte géologique de Belgique. IL. . L 3e série. tome XXXII. — M. MourLon, Les mers quaternaires en Belgique, d’après l’étude stratigraphique des dépôts flandriens et campiniens et de leurs relations avec les couches tertiaires pliocènes. 1897. G. XI. — A. RuTor, Les origines du Quaternaire de la Belgique. 39. 40. 41. 42. 43. 44 J. LORIE. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES . IL. 3e série, tome XXXII — M. MourieN, La faune marine du Quaternaire moséen, révélée par les sondages de Strybeek (Meerle) et de Wortel, près de Hoogstraten en Campine. . 1898. J. 51. — H. ScaRÔDER, Revision der Mosbacher Säugethierfauna. . 1899. K. — C. J. ForsyrnH Mayor, Note on a table of contemporary geological deposits, arranged stratigraphically, with their characteristic genera of mam- malia. . 4900. L. — W. von REICHENAU, Notizen aus dem Museum zu Mainz. . G. XIV. — M. MourLoN, Compte rendu de l’excursion géologique en Campine, 93, 24 et %5 septembre 1900. . E. XXV bis. — M. MourLon, Essai d’une monographie des dépôts marins et continentaux du Quaternaire moséen, le plus ancien de la Belgique. . G. XIV. — Légende de la Carte géologique de Belgique. III. . 4901. E. XXVIIE. — O0. van ERTBoORN, Contribution à l’étude du Quaternaire infé- rieur. . G. XV. — A. RuroT, Nouvelles observations sur le Quaternaire de la Belgique. Échelle stratigraphique et projet de légende du Quaternaire. . 49092. G. XVI. — O0. van ERTBORN, Contribution à l'étude du Quaternaire de la Belgique. . Idem. — 0. vAN ERTBORN, Contribution à l'étude des étages rupelien, bolderien, diestien et poederlien. . L. II. — E. Wüsr, Die geologische Stellung des Kieslagers von Süssenborn bei Weimar. . 1903. A. XXXVIIL. — 0. van ERTBORN, Les dépôts quaternaires et leurs faunes. . 1904 M — E. Dugois, On an equivalent of the Cromer Forest-Bed in the Nether- lands. . 1905. G. XIX. — E. Dupois, Note sur une espèce de cerf d’âge icenien (Pliocène supérieur). . N. — E. Dugois, L'âge de l'argile de Tegelen et les espèces de cervidés qu’elle contient. . G. XIX. — E. Dugois, Sur un équivalent du Forest-Bed de Cromer dans les Pays- Bas. Traduction avec une note additionnelle par M. 0. van ERTBORN. G. — O0. van ERT6oRN, Les sondages houillers en Campine. Étude critique et rectificative au sujet des interprétations données jusqu'ici aux coupes des morts-terrains tertiaires et quaternaires. M. — C. E. A. WicHMANN, Over Ardennengesteenten in het Nederlandsche Dilu- vium benoorden den Rijn. G. — J. LoRiÉ, Quelques mots au sujet de l’âge géologique des couches de Tegelen, Turnhout et Cromer. — Idem, Note supplémentaire à ce sujet. 1906. G. XX. — Idem. Seconde note supplémentaire. N. — E. Dugois, La pluralité des périodes glaciaires dans les dépôts pleistocènes et pliocènes des Pays-Bas. DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 999 Il. — Résumé des opinions émises sur la position stratigraphique des argiles belges. 1. — Les argiles de la Campine ne sont connues que depuis le commencement du siècle dernier. Le numéro 1 de la liste précédente cite une Note géologique et minéralogique sur le département des Deux- -Nèthes, publiée dans les Actes et mémoires de la Société d'émulation, établie à Anvers, le 5 Messidor an IX de la République française (25 juin 1802). Dans cette note, le citoyen Dekin parle d’ « espèces de terre, propre à la poterie, découvertes par le citoyen Beke, dans les possessions qu'il a dans la bruyère entre Westmalle et Loenhout ». Dans le dernier quart du siècle passé, plusieurs géologues ont publié des tableaux chronologiques, plus ou moins sérieusement fondés, et il est bien curieux de voir que, dans quelques-uns, les argiles paraissent entièrement perdues de vue. Je ne veux les mentionner qu'en passant pour être complet. 2. — 1881 (6). Van ErrTBORN, Tableau synoptique des terrains quaternaires de la Belgique. Le Pléistocène est divisé en trois étages : supérieur, moyen et inférieur. Les argiles ne sont pas spécialement nommées, les « dépôts à gros éléments » sont rangés dans le « Quaternaire inférieur » avec les « fragments de roches d'origine septentrionale » et les « silex et cailloux des plateaux ». 3. — 1882, rappelé dans 18. Tableau de MM. Rutot et van den Broeck. A. Campinien. B. Hesbayen. C. Diluvien q{. g{e. Alluvion ancienne des vallées et de la plaine du Nord. g{b Diluvium eaillouteux des plateaux. g/a, qui est à peine connu el plus ou moins problématique. 4. — 1895 (18). Ruror. A. Assise flandrienne = Campinien de 1882 = une parte du sable 536 J. LORIÉ. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES campinien de Dumont — Campinien des auteurs belges — sable avec gravier à la base. B. Assise hesbayenne. C. Assise campinienne — Diluvien de 1882. Sous-divisions. gle. « Sable et cailloux des plateaux d'altitude moyenne. » g1b. « Sable et cailloux des plateaux supérieurs. » gla. « Quaternaire problématique très ancien, localisé dans la région du Bas-Escaut, aux environs d'Anvers, et d’origine probablement marine. » Passons maintenant aux tableaux plus complets, qui font mention des argiles. 5. — 1878 (5). M. van DEN BROECKk donne, page 263, un tableau synoptique et chronologique des couches pliocènes et quaternaires du bassin d'Anvers. A. Campinien : a, Sables meubles du Campinien supérieur; b, Argiles et sables stratifiés du Campinien inférieur, au Kiel, à Merxem, à Zwijndrecht, etc. Cette couche est souvent très solide. B. Diluvien. Couche avec coquilles pliocènes brisées et remaniées et avec ossements de mammouth (probablement Elephas antiquus?) et de rhinocéros. 6. — 1879 (4) et 1882 (8). MM. van DEN Broecx et COGELS mirent les couches d'argile de Merxem lez-Anvers, de Cappellen, de Calmpt- hout et de la Campine en rapport probable avec celles mentionnées par Staring (4) du Brabant septentrional, au Sud-Est de Bergen-op-Zoom, à Gilze, à Tilbourg, à Riel et à Alphen, qui gisent probablement sous le Diluvium graveleux ou plus ancien. ‘7. — 1880 (5). Tableau synoptique de M. M. Mourlon. A. Sables de la Campine : système campinien. B. Ergeron et son dérivé par altération, le limon, terre à briques : système hesbayen. : C. Dépôts argilo-sableux fluviaux. Diluvium caïllouteux à Elephas primigenius. D. Il n’est fait mention que tout en passant (page 292) que, dans la Basse-Belgique, au Kiel, est représenté le système diluvien. 8. — 1886 (12). Tableau synoptique, donné par MM. Cogels et van Ertborn, page 17. DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 991 A. Erratiques du Nord, sables campiniens, marins. Glaciaire. B. Limon hesbayen. Glaciaire. C. Argiles de la Campine, limon gris, stratifié, à Helix et à Succinea. Marais de Lierre. Interglaciaire. D. Dépôts quaternaires marins des environs d'Anvers avec cailloux d’origine septentrionale. Glaciaire. E. Dépôts inconnus et non classés (cela va sans dire, s'ils sont inconnus !). Série du Forest-Bed et de Norwich en Angleterre. - 9. — 1892 (15). Procès-verbaux, page 217. Système quaternaire. Ï. Quaternaire supérieur ou moderne. JT. Quaternaire inférieur ou diluvien. g4. Flandrien. Sable supérieur de la Campine. q5. Hesbayen. | g2. Campinien. 420. Gravier, sable quartzeux et argile de la Campine. g?2n. Cailloux ardennais du plateau oriental du Limbourg. qg2m. Cailloux ardennais et cailloux de silex des flancs supé- rieurs des grandes vallées. gl. Moséen. glo. Limon non ossifère des hauts plateaux de la Sambre et de la Meuse. qin. Dépôts à éléments marins de la région du Sud d'Anvers. gim. Cailloux ardennais et cailloux de silex des hauts plateaux. 40. — 1896 (19). Traductions et reproductions, page 57. Système quaternaire. 1. Quaternaire supérieur ou moderne. Il. Quaternaire inférieur ou diluvien. qg4. Flandrien. Sable supérieur ou remanié àe la Campine. q4l. Sable limoneux passant au limon sableux (Leem des ouvriers). Etc. q5. Hesbayen. qg2. Campinien. q?2oa. Argile pailletée grise et noire, dite de la Campine. g20s. Sable quartzeux, devenant parfois argileux. q2n. Cailloux ardennais du plateau oriental du Limbourg. Etc. 0930 J. LORIÉ. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES gl. Moséen. qin. Limon non ossifère des hauts plateaux de la Sambre et de la Meuse. qlm. Cailloux ardennais et cailloux de silex des hauts pla- teaux. Nous voyons donc que l’argile de la Campine et le sable qui l’accom- pagne sont classés dans le Campinien. 11. — 1896 (20). Malgré ce qui précède, M. Mourlon consacra, cette même année, le système moséen plus spécialement à notre argile. Le point le plus occidental où elle se présente, est un peu au Nord-Est de Stabroeck, près d’Eeckeren. Le sable qui affleure à Calmpthout et plus à l'Est n’est pas le Flandrien, mais le Campinien. 12. — 1897. Rutot (21), Mourlon (22). A. Flandrien. Dépôt en grande partie d’origine marine, probable- ment fluviale et fluvio-marine dans certaines parties du Brabant, du Limbourg et de la province d'Anvers. B. Hesbayen. C. Campinien. Sables et cailloux roulés de silex et de roches arden- naises des plateaux de la Meuse, une partie des sables et caïiloux des sommets des collines de la Moyenne et de la Basse-Belgique. Mam- mouth et Rhinoceros tichorinus. D. Les dépôts plus anciens sont réunis par M. Mourlon dans le « Système moséen », qui n’embrasse pourtant pas les couches de Hoboken, etc. 13. —- 1900 (28), XIV. Traductions et reproductions. Système quaternaire. [. Quaternaire supérieur ou moderne. Il. Quaternaire inférieur ou diluvien. 44. Flandrien. Sable supérieur ou remanié de la Campine. q4l. Sable limoneux, passant au limon sableux (Leem des ouvriers). Etc. 45. Hesbayen. q2. Campinien. qg2n. Sable grossier, gravier et cailloux de silex et de roches _ primaires. Ete. DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 99) gl. Moséen. qla. Argile pailletée, grise et noire, et passant au sable, avec lits tourbeux intercalés. — Bois de Cervidés et restes de Bison. qls. Sable blanc, quartzeux (sable de Moll). qlm. Cailloux ardennais et eailloux de silex des niveaux supérieurs. C'est maintenant que la légende et l'opinion de M. Mourlon sont de nouveau d'accord. 44. — 1901 (50). Rutot. A. Flandrien. B. Brabantien. C. Hesbayen. D. Campinien. Cailloutis des basses altitudes et de l'extrême fond des vallées. Sables plus ou moins grossiers. Faune du Mammouth. £. Moséen. 4. Cailloutis fluvial des ballastières de la Campine. 3. Alternances de sable argileux et d’argile sableuse avec lits de tourbe et débris de Bison et de Cervidés (argiles de la Campine). 2. Sable blanc stratifié, inférieur au cailloutis de la Campine. 4. Cailloutis hétérogène à ossements remaniés de cétacés plio- cènes, etc. Sables plus ou moins grossiers, stratifiés. Couche à Elephas antiquus de Hoboken. 15. 1901. M. van Ertborn (29 revient sur l'opinion, émise en 1886 par lui (12), que l'argile de la Campine repose probablement, à Cappellen et à Wuestwezel, sur la couche à gros éléments qui affleure à Anvers. Dans la même note, 1l fait ressortir que le soi-disant « sable blanc de Moll », mentionné dans les sondages de M. Mourlon (20, 22, 27), n'est pas une unité géologique. Une partie, notamment à Moll même, n’a rien à faire avec les argiles, mais est simplement du Diestien supé- rieur, puisque absolument le même sable est recouvert, dans les collines de Casterle, de Hérenthals et de Lichtaert, situées à 2-3 kilomètres des exploitations de sable blanc, près de Moll, par le Poederlien fossi- lifère. Cette observation importante fait disparaitre la grande anomalie de la position méridionale de ces sablières, en comparaison avec les argiles de la Campine. Dans le présent travail, elle aura une const- quence : 1° de laisser de côté plusieurs sondages de M. Mourlon, 2 d'éviter soigneusement de parler du « sable de Moll ». 16. — 1902 (51). Le même géologue reconnait que les argiles du Brabant septentrional, dans lesquelles on dit avoir trouvé des restes 910 J. LORIÉ. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES du Mammouth, sont probablement plus récentes que celles de la Campine. 17. — 1905 (54). M. van Ertborn relève que nos argiles se trouvent à un niveau plus élevé que la surface du sol au Nord et au Sud, de sorte qu'elles ont été déposées avant la préparation du relief actuel. Cela me paraît évident! Il leur attribue, avee moi, une origine fluviatile. Quant à leur âge, 1l a notablement modifié son opinion depuis 1901, et tâche de prouver leur âge pliocène d’une manière assez singulière, comme suit : « M. Harmer place la limite entre le Quaternaire et le Tertiaire » au-dessus de PAmstelien » (il s’agit, notez bien, des sondages néer- landais!), « mais 11 est inadmissible (?!) qu’en Belgique, cette limite » serait Située au-dessus du Poederlien et beaucoup plus haute que dans » UN pays VOISIN. » Je voudrais répondre à cela : M. van Ertborn sait, aussi bien que moi, que le Poederlien, l’'Amstelien et le Pleistocène, dans les son- dages néerlandais, s’épaississent du Sud au Nord. Dans la direction opposée, ils s’amincissent naturellement et se terminent probablement en biseau. À mon avis, l’Amstelien disparait le premier, ensuite Île Poederlien; tous les deux sont recouverts en discordance par le Plei- stocène. Il y a donc des séries inlerrompues, comme en tant de pays, où le Pleistocène repose, tantôt sur le Tertiaire, tantôt sur le Juras- sique, le Silurien, etc. A plusieurs reprises, le même géologue fit de la propagande pour ses idées. Ainsi, deux ans plus tard, dans : 18. — 1905 (59). Page 144. Échelle stratigraphique du Quater- naire et du Pliocène supérieur en Campine. A. Quaternaire : Supérieur, Flandrien, Marin à cycle sédimentaire complet; Moyen, Lierrien, Fluviatile, faune de l'Elephas primigenius, avec ce dernier in situ ; Inférieur, Hobokenien. Littoral à Anvers, faune de lElephas anti- quus in sulu. B. Pliocène supérieur, Icéno-Cromerien. Eaux-mortes. Argiles de la Campine avec faune du Forest-Bed de Cromer ; Amstelien. Eaux vives, fluviatiles. Sables et cailloux. Compris entre le Poederlien et le Cromerien. Marin dans les Pays-Bas et peut-être à l'extrémité Nord de la province d'Anvers. DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 941 J'aurai encore l’occasion de revenir sur cette manière de voir : 4° en traitant des sondages; 2° en traitant de la paléontologie des argiles. On voit qu'il ne manque pas d’échelles stratigraphiques dans ces trente années. Je crois que la cause de cette variabilité réside dans les connaissances incomplètes du Pleistocène belge, mais surtout de celui de l'étranger. Ce n'est que par l’étude comparée des deux qu’on peut arriver à bien comprendre le Pleistocène belge, qui est peu typique, -et J'espère faire un bon pas dans cette direction. II. — Description des argilières belges. Déjà en 1879 (4) MM. van den Broeck et Cogels firent mention d’une argile à Merxem, épaisse de 4 mètre à 1"50, couverte d’un gravier ayant Jusqu'à 0"25. Ensuite, en 1882, MM. Cogels et van Ertborn donnèrent quelques coupes d’argilières dans le voisinage du canal de la Campine et du village de Beersse (8). Première briqueterie, cole 50. a. Sable quartzeux, noirâtre, 0"20. b. Sable jaunâtre, plus grossier, 0"30. Quelques graviers à sa base le séparent du suivant. c. Sable jaunûtre stratifié, 050. d. Sable argileux, gris, légèrement plastique à l’état humide. C’est le « leem bigarré » des environs d'Anvers. A la base, il contient des graviers de quartz et de silex, 0"90. e. Argile gris-bleu, plastique, 2-5 mètres. Deuxième briqueterie, cote 30. a +b. Sable contenant « une strate de sable grossier, avec de gros grains de quartz et des graviers », 1"15. c. Sable jaunâtre, 0"65. 949 J. LORIE. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES d. Leem bigarré, présentant une petite couche de sable avec des graviers à la base. e. Argile, contenant des concrétions ferrugineuses blanches, qui deviennent rougeûtres au contact de l’air, 4 mètres. f. Sable blanchâtre, 5 mètres. Le canal a donc été creusé dans l'argile. Troisième briqueterie, appartenant à M. Francart. a + b. Sable noirûtre, 0"50. d. Leem bigarré, contenant parfois des grains de quartz assez gros. e. Argile gris bleuâtre, 3 mètres, contenant des morceaux de bois. f. Sable argileux, dont fut retiré un caillou de silex. Les ouvriers n'en avaient Jamais rencontré à ce niveau, de sorte qu’on peut considérer ces cailloux en tout cas comme peu abondants. Les auteurs ajoutent la coupe d’une briqueterie (peut-être mon n° 4), sur la planchette d’'Eeckeren, à droite de la route de Putten à Cappellen, cote 10. a. Sable quartzeux, noirâtre, 0"60. b. Argile jaunâtre, 1"05. c. Sable assez grossier et argileux vers le haut, 175. À une distance de 15 mètres seulement, les épaisseurs étaient différentes. a. Sable noirâtre, 0"70. b. Argile, gris-jaune en haut, tourbeuse, noirâtre en bas, 155. c. Sable. En 1900, M. Mourlon (26) donna la coupe de l'argilière de Van Staay Looverenbosch (mon n° 10), au Sud-Ouest de Rvekevorsel. a. Sable quartzeux, blanc et jaune, 050 à 1"50. A la base se trouve un peu de gravier de quartz blancs et noirs, Flandrien. b. Ces graviers sont accompagnés de cailloux arrondis et plats, de forme bizarre, rappelant certains silex du Moséen continental, avec des blocs aplatis. Le tout formant un lit de 0"05 à 0"10. Campinien. c. Sable argileux, Moséen, 0"70. d. Argile gris foncé, parfois presque noire, renfermant des végétaux, peut-être des souches verticales, munies de leurs racines, 650. DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 043 Voici la liste des quarante-six briqueteries belges que J'ai visitées. À. — Feuizces 1 (ESSCHEN) ET 7 (CATPELLEN), DE LA CARTE TOPOGRAPHIQUE AU 40 000€. (PI. XL.) 1. Briqueterie abandonnée à Aerdenhoek, sur la frontière néerlan- daise, à l'Ouest de la gare d'Esschen. 2. Briqueterie abandonnée à Esschensche Heïkant, au Sud de la précédente et au Sud-Sud-Ouest de la gare d’Esschen. 5. Briqueterie à l'Ouest de la gare de Wildert. 4. Briqueterie entre la gare de Heiïde et le village de Putten. ». Briqueterie entre la gare de Heïde et le hameau de Kruisstraat à PEst. 6. Briqueterie abandonnée, près de la borne kilométrique 49, sur la route pavée d’Esschen à Brasschaet, B. — FeuiLze 8 (TurNHourT). a. — À l'Ouest de la route d'Oostmalle à Ryckevorsel. [. — Côte Nord du canal. 7. J. Michielssen et Ci, à Saint-Léonard, indiquée sur la carte, entre les bornes kilométriques 45 el 44. 8. À. Van de Reydt. 9. Dekkers et Ci°, un peu à l'Ouest de la borne 45. 10. Van Staay Looverenbosch, à côté de la borne 42. 11. Tout près et à l’Est de 10. Il. — Côté Sud du canal. « À l’Ouest du pont 9, à Saint-Léonard. 12. Ackermans, De Neef et Ci, indiquée sur la carte. 15. « De Arend », indiquée sur la carte, à l'Ouest du pont 10. 14. « Notre-Dame de Bon-Secours », à l'Est du pont 10. 6. A l'Est du pont 9, à Saint-Léonard. 45. Vis-à-vis de 7. 16. A l'Est de la borne 44. 17. Félix Goris, vis-à-vis de 9. 18, 19. Janssen, vis-à-vis de 10. 20, 21. 044 22. 23. 24. 29. 26. 27 28 J. LORIE. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES b. - Entre la chaussée d’Oostmalle à Ryckevorsel et Turnhout. [. — Côté Nord du canal. Tout près de l’écluse n° 1, entre les bornes 39 et 38. « Fabrique de ciment », entre les bornes 38 et 37. « Scierie et briqueterie Descamps », près de la borne 37. « De Roover van Hoey », près de la borne 56. Indiquée sur la carte, près de la borne 35. Masson et Crisveldt, à l'Est de la borne 35. À l'Est du pont n° 6, « De Toekomst », indiquée sur la carte près de la borne 55. 29. . Tout près du pont n° 4. . Tout près et à l'Est du pont n° 4. . Tout près de la borne 51, vis-à-vis du bassin. . Tout près de la précédente. . 200 mètres à l'Est de la précédente. . Près de la borne 30, indiquée sur la carte. . La dernière briqueterie vers Turnhout. L’argilière est à l'Ouest, la briqueterie à l'Est du pont n°5. Il. — Côte Sud du canal. . Indiquée sur la carte près de l’écluse n° 1. . Vis-à-vis de la borne 56. 39. n°0, 40. Vis-à-vis de la « Fonderie de métal ». Suivent les ponts o et 4. « Briqueterie Descamps », indiquée sur la carte entre les bornes 31 et 30. 41. 42. 45. 44. 49 c. — Au Nord-Est de Turnhout. Au Nord-Ouest du canal, vis-à-vis du bassin. Au Sud-Est du canal, près de la borne 23. Indiquée sur la carte, tout près du bassin. Munie d’un transport funiculaire. À l'Est du pont n° 7. et 46. Des deux côtés du « Natte Loop ». J'ai rencontré, dans ces quarante-six argilières, cinq terrains, à SAVOIT : A. Sable blanchâtre supérieur, plus ou moins grossier; ad DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 949 B. Sable bleuâtre, très fin, plus ou moins argileux ; C. Sable blanc, fin, inférieur ; D. Argile ; E. Tourbe. Je compte en donner d'abord la description, ensuite les relations mutuelles, qui sont souvent assez compliquées. À. — Sable blanchätre supérieur, plus ou moins grossier. = C’est ce sable qui constitue généralement la surface, mais qui a été enlevé en plusieurs endroits, de sorte que les termes Z, C ou D affleu- rent parfois. On le voit le mieux quand les deux termes À et Z ont été enlevés séparément en laissant deux petites terrasses, comme dans 24 et 26. Il est assez fin, mais toujours plus grossier que P et C, et contient loca- lement des grains de 2 et de 5 millimètres, qui forment des linéoles ou lentilles. Dans 4, il contenait quelques cailloux de quartz et de silex, atteignant 2 et 5 centimètres; dans 1, quelques-uns de quartz blanc, allant même jusqu'a 4 centimètres. En règle générale, la partie supérieure, jusqu'à 5/, de mètre, a perdu toute structure; le reste est bien stratifié, parfois ondulé. Dans 35 s’observe une alternance avec de minces couches très humides, argi- leuses ou composées de poudre de quartz impalpable. | Il se distingue généralement avec facilité du sable B, la limite est très nette dans 36, mais fait défaut dans 2 et 4. B. — Sable tres fin, bleuätre, plus ou moins argileux. Pour moi, c’est le terme le plus intéressant, davantage même que l'argile fossilifère. Il affleure localement, comme nous venons de le voir, et ne fait que rarement défaut. Son épaisseur est variable et peut atteindre 2 mètres. C’est un sable très fin, plus ou moins argileux, très collant entre les doigts et très désagréable, comme de la résine, quand il sèche, probablement à cause de la poussière de quartz impalpable qu'il contient, qui adhère à la peau et cause sa cohésion assez minime à l'état sec. Cette propriété s’observe encore dans l’argilière 1 et me parait suffi- 046 J. LORIE. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES samment importante pour la rattacher à la série des excavations le long du canal, malgré l'aspect différent de l’argile. Il à une couleur bleu clair, parfois grisàtre ou passant au brun. Dans la briqueterie 58, 1l est très nettement séparé du sable À par une petite couche humifère, épaisse de 2 à 3 centimètres. Toutefois, 1l existe parfois une certaine relation entre les deux sables. Dans 5 et 537, le sable B est moins collant; dans 20, 25 et 41, il contient des lentilles de sable plus grossier qu’on ne saurait distinguer de À; dans 55, 11 v passe même latéralement. En général, 1l est distinctement et finement stratifié, parfois avec des ondulations (41 et 55). Dans cette dernière briqueterie, ces ondulations imitèrent le dessin de la soie moirée, ce qui donna au sable une ressemblance avec le limon de Hesbaye, ressemblance que je vis aussi dans 27, où il forra de la même manière. La stratification entrecroisée ne fut observée que dans 16, où les couches secondaires plongent vers l'Ouest et vers l'Est. La briqueterie 21 présenta, à la base de ce sable, une série de contournements rap- pelant ceux du Glaciaire. L'homogénéité du sable bleu est rompue d’abord par des concrétions ferrugineuses, jusqu'à 0"20, observées sur la surface arüficielle de l'argile, dans 29 et 50; in situ dans 12. Souvent le sable bleu contient un peu de gravier, même des eail- loux, qu’on voit sur la surface déblayée de l'argile. Je distingue : 1° Gravier et cailloux de petite taille, 5, 10, 11, 19, 25, 26, 29, 51, 56, 59; 2 Silex plus gros, jusqu’à 2, 5, 4, même à centimètres, 15, 17, 21, 23, 24, 25, 26, 56, 40, 42, 45. Les plus gros sont des rognons de 5x5 x7 centimètres dans 11; de 5x5x7 centimètres dans 9; de 7x9x15 centimètres dans 18; de 5 x10x17 centimètres dans 19, et de GX 10 x 20 centimètres dans 25, donc de véritables crratiques. 5° Quartzites dans 24, 25, 57, 45, 45 et 46, atteignant 6, 8 et même 45 centimètres ; 4 Quartz blancs, jusqu'à 4, même 10 centimètres, dans 26, 42 et 40; 5° Quartz rose de 5x5 X8 centimètres dans 9; 6° Grauwackes vert grisâtre clair dans 42 et 44, les briqueteries les plus orientales. DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 947 La présence de tous ces cailloux ou petits erratiques sur la surface de l'argile rend déjà probable que le gîte originel en est le sable B. J’eus, à plusieurs reprises, la chance de les observer in situ, mais géné- ralement de petite taille, à savoir dans 10, où ils forment des linéoles de plusieurs décimètres de long, jusqu'à 0"20 et 0"50 au-dessus de la base. Dans 15, 16 et 21, je les vis à 0"40; dans 24 et 53, jusqu'à 0"50, rarement jusqu’à À mètre au-dessus de la base. Dans 11 et 22, je vis des silex et des quartz blancs, jusqu'à 0"04 et 005, rarement 0"10, à différents niveaux; un ouvrier dans 11 m'imforma que le sable en contient parfois d'assez gros. En tous cas, la fantaisie joue un assez grand rôle quand on appelle ces choses-là « gravier de base ». C. — Sable blanc, fin, inférieur. Ce terme de la série est généralement d’un beau blanc, très fin, privé de cailloux, finement stratifié et atteint jusqu’à 1 1} mètre d’épais- seur. Ce n’est que dans 45 que je le vis d’un gris sale, sous 0"10 à 0720 d'argile. Dans 51 et 55, les 0"40 inférieurs en étaient très bruns, ferrugineux, de même que les 0"10 supérieurs de l'argile. Dans 253 et 24, 1l présente une stratification entrecroisée, plongeant vers le Nord; dans 11, les fines couches blanches et sèches alternent avec d’autres, gris clair et humides, en conséquence d’un mélange avec de la poudre de quartz très fine. En certains cas, les fines couches sont ondulées ; ces ondulations sont parfois très fortes, même verticales (fig. 4, 25, pl. XII) et me paraissent fournir un passage à un phénomène fort curieux, que je n’observai que dans l’argilière 11. Ici ces petites couches, redressées de deux côtés, sont séparées par une espèce d’entonnoir très pointu, haut de 0"30 (fig. 14), rempli d’un sable jaunâtre, un peu plus grossier, à couches verticales. Il me paraît que la crevasse ne s’est ouverte que lente- ment pour permettre au sable qui tombait, de se coller aux parois humides, car autrement, les petites couches dans l’entonnoir seraient plus ou moins horizontales. Le phénomène était plus compliqué encore dans un autre point de la même excavation (14), où j’observai deux entonnoirs, l’un près de l’autre (fig. 22). L’occidental présente, de ses deux côtés, les couches redressées du sable €, comme je viens de le 1907. MÉM. | 36 548 J. LORIE. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES décrire, et est recouvert du sable B, stratifié horizontalement. L’orien- tal, éloigné de 0"20 est évidemment plus récent, traverse les couches du sable €, avec lesquelles il n’a rien à faire, mais est en relation intime avec le redressement des couches relevées du sable B. Le tout ressemble, sur une très petite échelle, à l'effet produit par un mouvement tectonique, peut-être à la suite d’un petit tremblement de terre, mais Je préfère ne pas donner d’hypothèse sur l’origine de ces entonnoirs, la chose me paraît provisoirement inexplicable. D. — Argile. Au dire du propriétaire de la briqueterie 42, l'argile ne s’étend pas, vers l'Est, au delà de la feuille Turnhout, de la carte au 40 000. Le point le plus occidental où je crois lavoir trouvée, est la brique- terie 4, à l'Ouest d’Esschen. Il est vrai qu’elle diffère de l'argile typique, étant plus grasse, mais elle est recouverte par le sable collant B, typique. En général, elle est très fine, mêlée de sable extrêmement fin, ce qui lui donne une certaine ressemblance avec le sable plastique B. Elle est très finement stratifiée, l'alternance de minces couches plus ou moins sablenses s’observe fort bien dans 5 et indirectement dans ces argilières, qui se sont remplies d’eau, comme 10. Les petites vagues v rongent plus facilement les couches plus sableuses, de sorte que les plus argi- leuses se relèvent en relief. L’épaisseur de l’argile peut monter jusqu'à 41 mètres, comme l’on m'informa dans 49. mais elle n’est jamais visible dans toute son épais- seur. La couleur en est tantôt plus claire (bleu clair, jaune clair, gris clair ou gris clair verdâtre). tantôt plus foncée (gris foncé, gris brunä- tre, bleu foncé. brun), ou même noire, par suite d’un mélange de matières tourbeuses. Des couches de différentes couleurs alternent parfois dans une même excavation, par exemple 46, où l’on en voit de vert clair, gris et foncé, et 22, où elles sont gris brunâtre, brun, bleu foncé et gris clair. Parfois l'argile est ferrugineuse, comme 33 que j'ai déjà mentionnée. Le décimètre supérieur en est très brun, comme le sable C qui la recouvre. Dans 46, 44 et 45, les excavations les plus orientales, elle renferme de gros rognons jaune elair, que les ouvriers rejettent, qui brunissent au contact de l'air et rougissent au feu. DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 549 On les voit à trois niveaux distincts dans 45, à 0"8, à À mètre et à 1°40 de profondeur, dont le moyen est le plus important. La limonite est distinctement en relation avec la végétation dans 19 et 29, où elle forme de petits tubes, qui ont pris naissance autour de racines. Dans 29 elles pénètrent jusqu'à 050 dans l'argile ; dans 19, jusqu’à 1 mètre, soit 1"50 au-dessous de la surface. Relation entre les termes C et D. _ Dans plusieurs excavations, le sable blanc repose simplement sur l'argile, mais dans d’autres, les relations sont plus compliquées. Ainsi, on voit dans 52 une lentille, épaisse de 0"40 de C dans l'argile. L’exca- vation 40 présente les plus belles coupes. La figure 15 nous montre 4 mètre de sable B eu 220 d'argile D au bout occidental, embrassant une lentille ondulée de sable C, longue de 1"60, épaisse de 0"80 au bout oriental, couverte de 0"80 et reposant sur 060 d’argile. Une autre figure (13) dans la même excavalion nous présente 4 mètre du sable B et le sable C intercalé dans l'argile, qui a une épaisseur de 4”50 au bout méridional et de 0"60 au bout septen- trional. On peut, sans trop de danger, tirer de ces coupes la conclusion qu’en gros, le dépôt des deux termes C et D a eu lieu en même temps, que l’un n’est qu’un facies de l’autre. Relation entre le sable bleuâtre B d’une part et l'argile D et le sable blanc © d'autre part. Ce chapitre est le plus compliqué et me paraît le plus intéressant dans la description des argiles belges. Souvent la ligne de séparation entre B et D est droite, mais parfois elle forme des poches assez profondes. Dans 45, elles descendent jusqu’à 0"50 ; dans 5, jusqu à 1 mètre dans largile; dans 29, la plus grande poche à 4"40 de profondeur et 2"60 de largeur en haut. Dans 56, il y en avait davantage, les mêmes dimensions des plus grandes étaient 0"70 sur 050 et 1 mètre sur Ü"60. Dans 50, la paroi, longue de 10 mètres, montrait six poches, dont la plus profonde était de 1"10, la plus large de 0"80, la plus étroite de 005 de large en haut. Les briqueteries 9, 16, 17 et 50 en montraient un grand nombre, souvent en continuité (fig. À et 5). J90 J. LORIE. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES Parfois les poches sont plus ou moins obliques, ce qui cause des figures assez étranges sur la paroi verticale de l’excavation (fig. 2, de 30). _ Quelques autres coupes conduisent à l'explication du phénomène. Ainsi la poche la plus étroite de 50 n’était qu’une fente oblique, remplie de sable. Une autre dans cette même argilière et une troisième dans 29 ne contenaient que du sable en haut, la partie inférieure était marquée par de la limonite. | Érois briqueteries jetaient plus de lumière encore sur le phénomène, puisque la surface de l'argile y avait été soigneusement déblayée du sable B. Ainsi, dans 44, une largeur de 12 mètres était mise à nu, mais ne montrait que des ondulations peu importantes. Dans 26, on voit un grand nombre de monticules, hauts de 020 à 0"530, alternant avec des creux. L'argilière 15 était la plus instructive, la surface y était la plus étendue et très distincte. J’y vis un certain nombre de petits bassins à fond assez plat, mais un peu ondulé, et à bords assez raides. Parfois un bassin était partiellement divisé en deux par un promontoire étroit et à bords également raides. Entre les plus grands bassins s’en trou- vaient d’autres, moins étendus et moins profonds, mais aussi de véri- tables criques ou fossés allongés. Bref, le tout ressemblait parfaitement à la surface des nouvelles terres argileuses qui se trouvent en dehors des digues et qu’on appelle « schorren ». Il me paraît maintenant permis de supposer que les fentes ont été produites par la dessiccation de l’argile par le soleil. L’eau d’amont en inondant la surface, formait des tourbillons dans ces fentes et les changeait en bassins. Plus tard, en s’écoulant, elle creusait des criques et les allongeait vers l’intérieur. Tout cela me paraît un argument (non une preuve décisive) en faveur de l’origine marine du sable bleu, mais il ne s'ensuit nullement que C et D doivent avoir cette même origine, puisqu'il est très possible qu'ils aient été déposés dans l’eau douce, mais que, plus tard, la mer y ait obtenu accès par suite d’un abaissement du sol. E. — Tourbe. L’argile contient parfois des couches de tourbe, comme dans 19, à 4 mètres de profondeur, renfermant des troncs d’arbres. Dans 45, je trouvai une couche supérieure à 0"50 — 1 mètre sous la surface de l'argile, épaisse de 0"10, et une seconde, épaisse d’environ 020 et à 4 mètre à 4"50 plus bas. Dans 44, il y avait également deux couches, DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. Jo entièrement noires, la supérieure à 0"50 de profondeur, épaisse de 010 à 0"20 et se terminant en biseau. M. Clément Reïd eut la bonté d’en examiner un échantillon, dans lequel il trouva des fragments de bois, de charbon de bois et d'insectes. Jen parlerai plus tard en trai- tant d’un dépôt semblable près de Venloo. IV. — Sondages dans la région des argiles belges (PI XI). Le sondage le plus important est sans doute celui de la colonie de Merxplas, soigneusement décrit en 1894 par Delvaux(13);M.M. Mourlon en a fait et étudié une série d’autres (20, 22, 27). Je les ai figurés à l'échelle de 0,002 sur la planche XII, qui permet de s’orienter sur la distribution verticale des argiles et des éléments grossiers. À. — DISTRIBUTION VERTICALE DES COUCHES D’ARGILE ET DE TOURBE. La surface du sol, le long du canal de la Campine, est d'environ 30 mètres d'altitude de Turnhout à Beersse, de 28 mètres près de Ryckevorsel et de 25 mètres près de Saint-Léonard. L’épaisseur des sables qui recouvrent l'argile est d'environ À à 2 mètres, de sorte que la surface de celle-ci descend de + 28 à + 25 mètres, de l’Est à l'Ouest. Dans le sondage-type, celui de la colonie de Merxplas, on a traversé deux couches d'argile de 25"30 à 18"50 et de 14 mètres à 9"50. Il n’est pas dangereux d’y rattacher les couches d’argile du village de Merxplas (24"40 — 1450), de Poppel (2550 — 1880) (1), de Baerle- Duc (17°50 — 8 mètres), de Wortel (20"70 — 1"50), de Hoogstraeten (142 mètres — 1120), de Sternhoven (47 mètres — 15 mètres), de Wuestwezel (18 mètres — 1550), d'Esschen (1070 — 9"40), de Calmpthout (21 mètres — 6"50), de Wythof (1535 — 965) et de Turnhout (8%70 — 8"20). Il en est de même des argiles supérieures de Strybeek (+ 5 à — 1 mètre), d’Oostmalle (21"80 — 20"50 et 3"70 — 1"50) (!), de La Trappe (8"80 à — 0"40), mais, pour les argiles qui sont davantage en contre-bas du niveau de la mer, la chose devient un peu dangereuse. J’ai en vue : Arendonck, où elle descend jusqu’à — 8 mètres, Oostmalle, jusqu’à — 6"70, Hoogstraten, jusqu'a — 9"70, (4) Voir y, page 507. D02 J. LORIÉ. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES Strybeek, jusqu'à — 13 mètres, et Esschen, jusqu'à — 16"50. Je suis pourtant d'avis qu'on peut les réunir toutes, jusqu’à preuve du contraire (1). Quelques-uns des sondages ont traversé des couches ou lentilles de tourbe peu importantes. Ce sont : 4° Esschen, de 11 mètres à 1070; % Calmpthout, de 41"80 à 11"50; 5° La Trappe, de 950 à 8"80 ; 4° Hoogstraeten, de 414%920 à 1090; 5° Oostmalle, de 17"50 à 16"80; 6° Arendonck, de 15°60 à 14"80 et de 5"50 à 510. Les côtes s1 variées rendent probable que nous n'avons affaire qu’à des lentilles plus ou moins étendues. Toutes se trouvent au-dessus du niveau de la mer et leur formation exclut la présence de l’eau marine; l'argile qui les renferme peut tout au plus avoir été déposée dans un estuaire, semblable à celui de l'Escaut actuel. B. — DISTRIBUTION VERTICALE DES ÉLÉMENTS GROSSIERS. a, Au-dessus des argiles. Quelques sondages ont dévoilé la présence de cailloux, etc., assez près de la surface, qui se rattachent parfaitement à ceux que j'ai observés nombre de fois dans le sable plastique B des argilières (page 546, etc.) : 4° À Wythof (?), entre 20"55 et 15"35. L’auteur exprime un doute fort motivé quant au point de savoir si cet espace de 5 mètres est réellement rempli de « gros cailloux de quartz roulés », comme le prétend le sondeur. Nous sommes d’accord pour croire plutôt à « des cailloux, trouvés à l’état isolé dans du sable » ; 2° À Baerle-Duc, entre 24 et 21 mètres. Dans 27, page 147, nous lisons : « Sable grossier, grisätre, avec gravier »; 3° Le grand sondage de la colonie de Merxplas, dont l’orifice se trouve à la cote 28.5 (13). Delvaux admit au sommet le « Campinien » (Assise flandrienne d'aujourd'hui), composé de sable, épais de 3"20 (285 — 25"30). A la page 115 on lit : « 2745 — 2790. Sable limo- neux, d'une finesse extraordinaire, qui adhère aux doigts. Ce sable est meuble. » (Je reconnus tout de suite le sable plastique B des argilières.) 2720 — 26"90. Sable jaune clair meuble, renfermant une beaucoup (t) Voir y, page 557. () 0. van ERTBORN, Les sondages du camp de Brasschaet et du château de Saalhof,. voisin du camp. (BULL. Soc. BELGE DE GÉOL., t. XV.) DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. DO plus grande proportion de gros grains de quartz hyalin et des grains de quartzite laiteux. » Il est donc seulement question d’un sable plus grossier, comme le sable plastique en contient quelquefois, nulle- ment d’un gravier. B. Éléments grossiers en dessous des argiles. Je continue par le même sondage. Au Campinien succède le « Qua- ternaire fluviatile » (Assise moséenne d'aujourd'hui), contenant Îles couches d'argile qui alternent avec du sable. Ce dernier contient quelques « spicules de spongiaires » entre 15"50 et 1440. Les premiers éléments plus grossiers sont des « grains subpisaires de quartz » dans l’argile entre 1020 et 950, puis « quelques grains de gravier » dans le sable entre 5"50 et 2"50. La couche la plus importante pour nous est le « gravier » entre 2"50 et 1"50, décrit comme suit : « Petits cailloux subanguleux de quartzite blanc laiteux, atteignant parfois le volume d’une noisette, de quartz hyalin incolore, rose ou verdi; quelques-uns sont formés de cristaux de quartz isolés ou groupés, dont les arêtes sont usées. Ces cailloux sont mélangés avec des graviers et de gros grains, teintés de limonite, appartenant à des roches diverses, telles que quartzites ardennais, silex, grès limoniteux et quelques très menus fragments de roches cristallines. Très petits débris de tissu cellulaire osseux indéterminables. » Les couches plus profondes contiennent des « grains subpisaires de quartz » entre + 0"50 et — 0"50, qui sont plus nombreux entre — 2"50 et — 5"50. Puis des « grains de gravier, de quartz hyalin, de quartzite laiteux » entre — 5"50 et — 620. Entre — 6"45 et — 6"60 furent rencontrés des « fragments roulés d’une roche rouge-brun, très dure, paraissant dérivée d’un calcaire éocène décalcifié. Entre — 6"60 et — 11"50, un sable grossier. » Entre — 16"50et— 17"50 vient un « sable à grains irréguliers », etc., contenant entre autres « quatre fragments de test de lamellibranches profondément corrodés, nombreux restes microscopiques de coquilles, débris et piquants d’échinodermes, foraminifères rarement entiers, -souvent brisés. Un petit fragment microscopique de lingule. » Une seconde couche de gravier est bien plus importante encore; elle se trouve entre — 1750 et — 17"60 et est décrite comme suit : « Gra- vier. Cailloux et fragments subanguleux de quartz hyalin et de quartzite blanc laiteux, depuis le volume d’une noix jusqu’à celni d’un grain de mil. Groupes de cristaux enchevêtrés de quartz, plus ou moins D94 J. LORIE. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES roulés. Débris pisaires de grès, éclats de silex corrodé, fragments de psammites, de schistes, de phyllades et de quartzites siluriens, avec ou sans traces de cubes de pyrile ; cailloux d’arkose verditre et rougeàtre, de grès terliaire jaunâtre; gros grains de silex jaspoide noir; caillou de silex; fragments subanguleux de roches cristallines très altérées, plus ou moins micacées ; galet aplati et fragments caverneux de meulière. Sable grossier, constitué des roches décrites ci-dessus, à grains très roulés. La plupart des éléments cités plus haut proviennent évidemment de l’Ardenne. » Sous ce gravier vient le Pliocène. Un second sondage, décrit moins en détail, mais important aussi, est celui: du château de Sterbosch, près de Wuestwezel (29 de 1901). Il a été exécuté à la cote 19, par M. le baron O. van Ertborn, qui décrit la couche 14, entre — 5150 et — 37"75 comme « sable gros- sier » et la couche 15, entre — 57"75 et — 5805, sous des couches alternatives de sable et d'argile, comme suit : « Argile avec débris de coquilles remaniées, cailloux de silex et de quartz blanc, ossements brisés et roulés de cétacés, fragments de grès ferrugineux roulés avec empreintes de coquilles. Dents et vertèbres de poissons, boucles de raie, gros éléments divers. » M. Em. Vincent a déterminé les espèces suivantes de cette couche : Turritella incrassata Sow., Psammobia feroensis Chemn., Pinna pec- tinata L.., Cardium edule L., Astarte obliquata Sow., Anomia ephippium L., Ostrea edulis L., Cyprina rustica Sow., Pectunculus glycimeris L., Pecten opercularis L., Cyrtodaria siliqua L., Ditrupa subulata Desh., Balanus Sp., Natica, Astarte, Nucula indéterminables. Dans cette notice, M. van Ertborn identifie la couche en question, sans hésiter, aux dépôts analogues à Elephas antiquus, dont « un des éléments caractéristiques est constitué par les débris de grès roulés, avec empreintes de fossiles d'âge pliocène récent; nous en conceluons que toutes les couches, qui contiennent des débris de l'espèce et qui reposent sur le Poederlien, sont d'âge quaternaire, quoique parfois ces dépôts contiennent des fossiles; ceux-ci seraient remaniés de la couche tertiaire sous-jacente » (29, p. 177). Dans une autre note traitant du même sujet (31, p. 57), l’auteur s'exprime dans le même sens : « Ces preuves paléontologiques nous permettent de ranger le facies sableux de Wuestwezel et le facies argileux du Moséen dans le Quaternaire inférieur, car il n’existe aucune ligne de démarcation stratigraphique entre ces dépôts. Nous nous rallions done à la dernière édition de la DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. DD) légende de la Carte géologique, qui range tous ces dépôts dans le Moséen. » Je passe maintenant aux autres sondages, qui ont été exécutés par M. M. Mourlon, dans lesquels les couches en question deviennent de moins en moins typiques. 5° Wortel (27, p. 144) : — 14 mètres à — 22 mètres : « sable assez grossier, grès »; — 27 mètres à — 3170 : « sable grossier, graveleux, cailloux, fragments de grès roulés et coquilles remaniées. » D’après M. Em. Vincent (26, p. 201), ce sont : 4° Pecten opercularis L., 2° Myti- lus edulis L., 5° Pectunculus glycimeris L., 4° Yoldia semistriata Wood, 5° Cardita corbis Phil., 6° Woodia digitaria L., 7° Cardium edule Sow., 8° Cyprina sp., 9° Dosinia exoleta L., 10° Tapes sp., 11° Solen siliqua L., 12° Mactra arcuata Sow., 15° Mactra sp., 14° Corbula gibba Ohvi, 45° Corbulomya complanata Sow., 16° Pholas parva Penn. Or, toutes ces espèces se rencontrent déjà dans le Pliocène belge, de sorte qu'il n’y à pas d’obstacle à les considérer comme remaniées de couches plus anciennes. 4 Strybeek, au Nord de Wortel, tout près de la frontière néerlan- daise (27, p. 145), — 21 mètres à — 25"50 : « coquilles remaniées » ; — 38 mêtres à — 45"50 : « sable avec cailloux de différentes grosseurs et des coquilles remaniées, un gros caillou. » — 44"50 à — 52"50 : « sable avec coquilles remaniées. » D’après M. Vincent (26, p. 201), ce sont : 4° Nassa sp., 2° Purpura lapillus L., 5° Cerithium tricinctum Broc., 4° Liltorina littorea L., 5° Littorina rudis Mat., 6° {ydrobia ulvae L., 7° Pecten opercularis L., 8° Mytilus edulis L., 9° Pectunculus glycimeris L., 10° Cardita scalaris Leathes, 11° Cardium edule Sow., 12° Cardium decorticatum Wood, 15° Dosinia exoleta L., 14° Tapes sp., 45° Mactra Sp., 16° Mya arenaria L., 17° Corbula gibba Olivi, 18° Lucina divaricata L., 19° Scrobicularia piperata Bell. Le bon état de conservation et la fragilité du n° 48 « semblent exclure le transport par remaniement », d’après M. Mourlon. Je crois que c’est trop dire et qu'on peut très bien admettre un transport sur une petite distance. Le n° 5 ue vit plus dans les mers actuelles, ce qui me paraît être un bon argument contre l'hypothèse du remaniement par les vagues d’une mer pleistocène, et contre-balance le n° 5 qui n’est pas connu dans le Pliocène. Cette espèce ressemble pourtant tellement au n° 4, qui est connue dès le Tertiaire, que plu- sieurs conchyliologues ne la considèrent que comme variété. 5° Calmpthout. — 15 métres à -- 21"80 : « sable grossier, grave- leux, avec un débris de caillou ». — 21"80 à — 23"50 « petits frag- 996 J. LORIÉ. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES ments de grès ferrugineux ». Pour M. Mourlon, cette dernière couche est poederlienne, à cause de Ja ressemblance avec le sable glauconifère semblable du sondage de Kieldrecht; pour M. van Ertborn, c’est incertain, à cause des fragments de grès ferrugineux, qui paraissent être remaniés du Poederlien. 6° Wythof ou Saalhof (!. c.). M. van Erthorn est aussi incrédule que moi à l'égard d’une couche de « gros cailloux de quartz roulés », épaisse de 11 mètres (de + 9"65 à — 155) et suppose qu'il n’y à qu'un sable, dans lequel se trouvent des cailloux disséminés. 7° Sternhoven (27, p. 150). Entre — 16 mètres et — 20 mètres : « sable graveleux avec cailloux de grès à la base, très coquillier et ren- fermant : Corbula gibba, une pince de crustacé, des balanes, gastro- podes et lamellibranches, tels qu’Astarte, Cardium, Pecten opercularis, Lucina borealis, etc. » Celte couche est rapportée au Poederlien, ainsi que le « sable gris, glauconifère, coquillier, à Corbula gibba » entre 7 mètres et — 16 mètres. Il me semble que la teneur en glauconie du sable à eu une grande influence à faire considérer cette couche comme poederlienne. M. van Ertborn admet le Poederlien à — 21"80 sous Calmpthout, et M. Delvaux à - 17"60 sous Merxplas. Au contraire, M. Mourlon laisse le Pleistocène se continuer à — 3170 à Wortel et même à — 52"650 à Strybeek. M. van Ertborn est du même avis pour Wuestwezel à —39"8. Une partie de ces irrégularités peuvent s'expliquer par le pendage général des couches vers le Nord, mais il reste encore des points obscurs, qui disparaîtront peut-être après l'examen comparé des son- dages par une seule personne. Les autres sondages de M. Mourlon n’ont pas mis au jour des éléments grossiers, seulement du sable fin, qui n’offre aucun point d'appui. Récapitulant, nous pouvons réunir les couches grossières sous l’argile en einq niveaux, comme suit : 1. Niveau supérieur. — Wythof, entre + 9°65 et — 155. Il. Second niveau. — Merxplas, entre + 2"50 et — 11"50. IT. Troisième niveau. — Wortel, entre — 14 mètres et — 22 mètres; Calmpthout, entre — 15 mètres et — 21"80; Merxplas, entre — 16"50 et — 17"60 ; Sternhoven (?), entre — 16 mètres et —20 mètres ; Stry- beek, entre — 21 mètres et — 25"50. [V. Niveau inférieur. — Wuestwezel, entre — 29"50 et — 38 mètres; Wortel, entre — 27 mètres et — 351 mètres. DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. DOI V. Niveau le plus bas. — Strybeek, entre — 58 mètres et — 52"50. Il est tout à fait naturel que la couche grossière suive l'allure géné- rale de descente vers le Nord, ce qui explique peut-être la position exceptionnellement basse de Strybeek et la position très élevée à Wythof et à Merxplas (second niveau). Il y à des irrégularités assez importantes, mais 1l en est de même des couches d’argile et 1l me paraît très dangereux de vouloir tout expliquer; on s’égare dans un labyrinthe d'hypothèses qui ne servent à rien. N'oublions pas de mentionner que pour M. van Ertborn (59), -lP’Amstelien à été atteint à Wortel à —- 54 mètres et à Strybeek à —- 92"50,. [l croit lavoir prouvé stratigraphiquement. 7. Eléments grossiers entre les argiles. En dernier lieu, nous avons deux sondages où un sable plus ou moins grossier ou graveleux se trouve entre deux couches d’argile. Ce sont : 4° Poppel, dont M. Mourlon (27, p. 146) décrit, entre 2450 et 2210, un « sable avec gros grains de quartz, graveleux avec quelques cailloux » ; 2° Oostmalle, entre 16"80 et 11 mètres (27, p. 132), « sable assez grossier ». En résumé, j'ai constaté la présence : 1° D'un dépôt à éléments grossiers sur l'argile ; 2° D'un dépôt analogue sous l'argile ; 3° De traces d’un dépôt semblable entre les couches d'argile. C’est surtout ce dernier qui est bien peu de chose, il faut en con- venir. Les deux premiers ne sont pas bien importants non plus, mais enfin : « Quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a. » Quant au premier, je rappelle : 1° Les éléments grossiers que j'ai décrits du sable bleuâtre, plas- tique (leem bigarré, p. 546); 2° Les descriptions d’argilières, antérieures aux miennes : a) un quart de mètre de gravier, au-dessus de l’argile à Merxem (p. 541); b) Un sable grossier avec de gros grains de quartz et des graviers (p. 541); €) Un gravier de quartz blancs et noirs, accompagnés de cailloux arrondis et plats, rappelant certains silex du Moséen conti- nental (p. 542). | J'y joins : 5° Que la carte au 40 000, feuille de Turnhout, indique du 200 J. LORIE. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES côté de la grand’route de Wuestwezel à Brasschaet, près de la halte du tramway à vapeur « Nieuw-Gooreind », un « Keien-Ven » (mare aux cailloux). Une visite me fit voir que le vent a enlevé le sable et l’a amoncelé en petites collines. J’y trouvai plusieurs petits cailloux et deux ou trois plus gros de silex, mesurant jusqu’à 6 centimètres. Or, 1l est en tous cas permis de se demander si ces dépôts peu typiques ne sont pas les rudiments d’autres, mieux développés ailleurs. En zoologie, les organes rudimentaires sont des plus intéressants et nous donnent la clef pour résoudre des questions du plus haut intérêt. Aussi, il y à déjà un quart de siècle que mon ami van den Broeck a répondu affirmativement à la question posée, en disant (9, de 1883, p. À) : « Ce diluvium caillouteux ancien de la Meuse ne peut être séparé, ni Comme âge, ni comme origine, du sable meuble campinien, entre les zones duquel ces amas caillouteux sont d’ailleurs parfaitement visi- blement intercalés. Le tout, cailloux et sables campiniens, représente, et cela dans une aire immense en Campine, l’alluvion ancienne de la Meuse, antérieure à la dernière phase de creusement de ce cours d’eau. » Quatorze ans plus tard, en 1897, M. Rutot fit une observation sem- blable (21, p. 2) : « Dans la Campine limbourgeoise, les sables dits campiniens se relient de telle façon aux amas de cailloux de la Meuse qu’on ne peut les considérer que comme formant un même ensemble. » Troisièmement, M. Mourlon s’exprima, en 1900 (26), de la manière suivante, en décrivant la coupe d’une argilière au Sud-Ouest de Ryc- kevorsel. « À la base du sable supérieur, épais de 0"50 à 1"50, se trouve un peu de gravier de quartz blancs et noirs, accompagnés de cailloux arrondis et plats, de forme bizarre, rappelant certains silex du Moséen continental, avec blocs aplatis. Ces derniers forment un lit de 050 à 4 mètre et s’observent ici pour la première fois, allant de l'Ouest à l'Est. Ils prennent de plus en plus de développement vers l'Est, jusqu’au point de former les gravières et les ballastières de la Campine limbour- geoise. » Nous allons voir, dans un autre chapitre, ce que J'ai observé dans les dépôts analogues, mais bien mieux développés, du Limbourg néerlan- dais, et je vais tâcher de prouver que mon opinion est identique à celle des trois géologues précités. DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 999 V. — Description des argilières néerlandaises. Le livre classique de Staring (1), paru en 1860, ne dit rien de nos argiles; ce ne fut qu'en 1894 (17) que j'en fis mention moi-même, assez en passant. J'en donnai deux coupes; dans l’une, près de la bar- rière n° 14, je vis 2 mètres d'argile couverte de & mètres de sable graveleux ; dans l’autre, près de la route de Tegelen à Kaldenkirchen, J'observai 195 d'argile, reposant sur 4 mètre de sable fin. Ces observations, peu importantes, sont restées inaperçues ; M. Du- bois, dans ses différents travaux remarquables, parus depuis 1904, n’y fait pas allusion. Je ne revins dans cette contrée qu’en 1906 et visitai trente-trois coupes, situées sur le versant intermédiaire de la haute et de la basse terrasse de la Meuse, le long de la frontière, entre l'Allemagne et les Pays-Bas, toutes dans ce dernier pays. On peut les grouper de la manière Suivante, ce qui aidera à les retrouver (pl. X1) : Groupe A. — Entre les routes de Venloo et de Tegelen à Kalden- kirchen : 4. Près du « Bovenste Molen » (Moulin à eau supérieur); ce trou ne montre pas d'argile; 2. Tout près du précédent; 5. A côté du n° 2 et d’une petite chapelle; 4. Environ 200 mètres plus haut au Sud ; 5. Près du précédent ; 6. La première grande excavation; 7. Touche presque à 6; 8. A côté d’une allée de peupliers conduisant à la demeure de garde du chemin de fer 71; 9. Tout près de 8. Groupe B. — Entre les routes à gravier de Tegelen et de Belfeld à Kaldenkirchen. 10. On n’y creuse pas d’argile; 11. Tout près de 10; 12. Un quart d'heure au Sud de 41; 15, 14. A dix minutes plus au Sud; 15. Une demi-heure plus au Sud ; 16. Tout près du précédent; 17. Idem. Groupe C. — Entre les routes de Belfeld à Kaldenkirchen et de Reuver à Bracht: 18; 49. Environ 200 mètres plus au Sud; 20. Envi- ron un demi-kilomètre au Sud; 21. Environ quatre kilomètres plus au Sud ; 22. Touche au précédent; 25. Tout près du précédent; 24. Idem .; 25. Idem. 960 J. LORIE. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES Groupe D. — Entre les routes de Reuver à Bracht et de Swalmen (dernière station du chemin de fer avant Ruremonde) à Brüggen; 26. Environ un kilomètre au Sud de 25; 27. Tout près du précédent; ré 28; 29. Tout près de 28; 50; 51 ; 52; 55. Dans les argilières néerlandaises, les termes À et B des belges font entièrement défaut; les termes C, D et E sont présents et il s’y joint un terme nouveau : un gravier (et sable) F. Gravier F. Il est généralement grossier et alterne avec du sable plus ou moins grossier. Comme il forme une haute terrasse, dans laquelie la Meuse a creusé son lit, on dirait à priori qu'il a été amené par cette riviere. Cependant, la grande prépondérance des quartz blancs saute directe- ment aux yeux, le distingue des graviers de cette rivière et fait conclure qu’il a été déposé par le Rhin. Aussi, la Carte géologique de la Néerlande, faite par Starimg, le nomme « gravier rhénan ». Il est toujours distinctement stratifié, en général horizontalement, mais aussi obliquement. L’inclinaison de ces couches obliques est dirigée normalement vers le Nord (1, 5, 5, 20, etc.), beaucoup plus rarement vers le Sud (1, 5, 20), quelquefois l’inclinaison en est trop raide (45°) pour être originale et doit être attribuée à un relèvement postérieur (7). L’épaisseur du gravier au-dessus des termes € et D varie beaucoup : elle augmente de 2"50 (22) à 450 (19), 7 mètres (16) et même 9 mètres (18). Attendu que la surface de la haute terrasse monte régu- lièrement vers l'Est, cette épaisseur deviendra bien plus grande aussi et constitue un obstacle important à l'extraction de l'argile. Les bancs de gravier sont parfois ferrugineux. Dans 9, le sable et gravier brun se rencontre à 2, 5 ou 4 mètres de profondeur. Parfois le gravier ou le sable contient de véritables blocs erratiques, beaucoup plus gros que la majorité des cailloux, qui ne dépassent guère 0"04. | Cela prouve qu'ils y sont arrivés d’une autre manière, probablement par des glaces de fond. Ainsi, dans 2, on en voit plusieurs de 010 ou 0"15, du moins à 2 mètres sous la surface. Dans G fut rencontré, à 1 mètre de profondeur, un bloc de quarzite stratifié de 0"10 X 0"30 x 0"30. Dans 41, un bloc de quartzite gris clair bleuâtre gisait sur le DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. d01 sol de la gravière; les dimensions en étaient 0"40 x 0"40 x 070. Dans 28, je vis un bloc de grès rouge clair de 0"40 x 0"50 x 0"60, et dans 29, plusieurs de 0"10 à 0"20, et un plus gros, également de grès rouge clair, de 0"70. Dans un petit nombre d’excavations, les phénomènes pseudo- glaciaires attirèrent l'attention. La paroi, dirigée Est-Ouest, de 6 montrait, à 0"10 sous la surface, une lentille épaisse de 0"20, longue de 8 mètres, de sable très argileux, contenant quelques cailloux et rappelant tant soit peu l'argile à blocaux glaciaire. Les surfaces supérieure et inférieure étaient ondulées, le sable recouvrant contenait l'erratique susnommé et montrait quelques contorsions peu distinctes. Dans 8 s’observent enfin quelques contorsions, à 2 mètres de profon- deur, produites évidemment par une pression venant du Sud. Ensuite, l’excavation 9 en montre, à 5"20 de profondeur (fig. 8), indiquant la même cause. Le sable recouvrant est stratifié horizontale- ment et obliquement. Le phénomène était le plus distinct dans la paroi orientale de 7. La couche d'argile sableuse avait une épaisseur variant de 0"05 à 0"80 et ne contenait presque pas de cailloux. La ligne de séparation supérieure était peu distincte, linférieure montrait un grand nombre de contor- sions bizarres, par lesquelles le sable graveleux inférieur, bien stratifié, formait des prolongations, dirigées vers le Sud, dans l'argile, ou bien celles-ci dans le sable, mais dirigées vers le Nord (fig. 14). Plus loin au Sud, l’argile est remplacée par le sable, stratifié horizontalement, contenant plusieurs petites couches d'argile, épaisses de quelques centi- mètres. La base de ce sable montrait également quelques contorsions, mais moins distinctes. Sable blanc, fin C. I ne diffère guère de celui des argilières belges, mais est beaucoup moins développé et ne se montre que dans une partie des excavations. Il est toujours distinctement stratifié ; parfois les fines couches sont ondulées (5 et 18), parfois obliques (15 et 18). Il ne contient jamais de gravier, à l'exception de 15, où j'en observai de quartz blanc, mais, dans 44, une couche de tourbe et quelquefois de minces lentilles d'argile, comme dans 5 (jusqu’à 0"02), 15 et 25 (jusqu’à 008). L’épaisseur en est fort variable, attendu que le gravier qui le recouvre l’a fortement raviné jusqu'à la disparition totale (7). Jai 062 J. LORIÉ. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES mesuré 1 mètre (25 et 25), 2 mètres (10 et 16), 3 mètres (5), 4 mètres (15) et 460 (18). Dans deux excavations, il à subi des dénivellations pendant le dépôt du gravier, qui sont assez curieuses. Le premier cas se présente dans 4 (fig. 6), où l’aile septentrionale du gravier F est descendue à 1"20. Le plan de séparation très raide entre C et Fest trop régulier pour être produit par l'érosion; évidem- ment c’est une petite faille. Elle a pris naissance pendant le dépôt de F, attendu que les couches supérieures de celui-ci sont tout à fait régulières et non dérangées. Le second cas fut observé dans la partie occidentale de 48 (fig. 10) : le sable € à une épaisseur de 7 mètres, entre l'argile et le gravier; dans la partie orientale, seulement de 1"80, mais il s’épaissit vers l'Est, dans la haute terrasse. L’argile est donc descendue de 7 mètres, pendant le dépôt du sable fin C; peut-être cette faille a-t-elle rapport à la formation de la vallée de la Meuse, qui se trouve également à l'Ouest. Les deux mêmes excavations présentaient quelques particularités assez intéressantes. Une paroi septentrionale dans 4 montrait un témoin de sable fin C, épais de 1"20, entre l'argile D et le gravier F (fig. 16) et long de 9°50 au sommet. Des deux côtés, 1l était raviné par le gravier; du côté occidental, le plan oblique de séparation était régulier; plusieurs membres de lexcursion le considérèrent comme un glissement, donc une faille peu inclinée. L'oriental était beaucoup plus raide, coupait les couches de gravier presque normale- ment et ressemblait davantage encore à une faille. Pourtant ce plan était un peu irrégulier, ce qui causait des doutes. Une petite coupe dans 18 jeta de la lumière sur ce cas plus ou moins équivoque (fig. 23). Un témoin du sable C était coupé par le gravier presque parallèlement à sa propre stratification. Du côté septen- trional, il était raviné par des couches de gravier, inclinées vers le Nord. Or, ces mêmes couches le ravinaient aussi du côté méridional, le coupaient verticalement, en formant deux petites terrasses, el en contenaient un bloc. Ici on n’a évidemment affaire qu'à l'érosion ordinaire; il n’est pas question d’une faille, ce qui rend plus que probable qu’il en est de même dans le profil (fig. 16) de l’excava- tion 4. De même que dans les argilières belges, il y a parfois un rapport intime entre C et D qui alternent. J’observai le phénomène dans 15, 26, 29, 31 et 35. DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 063 J'eus la chance de découvrir un reste du sable € à non moins de 24 kilomètres au Sud-Est de Venloo, dans le voisinage de Gladbach. La gravière en question se trouve sur la feuille n° 2716 Viersen de la Carte topographique au 25 000°, tout près et à l'Ouest de l'intersection des chemins de fer de Gladbach à Viersen et à Crefeld. Une petite vallée descend, du hameau de Grossheide à Eicken, vers la plaine de Fa Niers, ancien lit du Rhin. Une grande gravière se trouve dans le versant gauche ou septentrional et montre environ 15 mètres du gravier rhénan ordinaire, avec de gros erratiques, à 6 mètres de profondeur, et de nombreux rognons de silex. Une petite excavation supplémen- taire dans la base de la gravière mettait à découvert environ 2 mètres de sable C blanc et fin, sans cailloux, montant jusqu’à la cote de 55 mètres environ. Un profil dans l'aile orientale de la gravière faisait très bien voir la pente originale de la terrasse, inclinée de 4) et coupant les couches horizontales de gravier. Elle était couverte à son tour en distordance de couches semblables, inclinées jusqu’à 45°, lavées du voisinage et constituant la nouvelle pente plus stable. Argile D. Pendant l’excursion, nous avons vu affleurer l'argile dans l’excava- tion n° 4. Elle était coupée obliquement du côté de la Meuse; la pente s'accélérait de haut en bas, formant une petite partie de la rive d'autrefois. L’épaisseur de l'argile visible varie de 1 mètre, dans 28, à 6 mètres, dans 26. Généralement, elle est très distinctement, horizontalement et fine- ment stratifiée ; les couches ont une épaisseur de 4 centimètre et même moins. | La couleur en est assez variable; le plus souvent elle est d’un bleu clair, parfois plus foncé (12, 19, 21, 25, 26, 28, 29, 51). Une couleur gris clair s’observait dans 20, 25, 29 et 32, et devenait presque blanche dans 25, 30 et 55. Elle est brune dans 24, 95 et 26, presque noire (et tourbeuse) dans 26. Le trou 12 montre des couches bleues, gris clair et brunes; ces dernières se trouvent aussi à la base, à 3 et 4 mètres de profondeur. Dans 20, la masse principale est gris clair, mais contient des couches jaune-brun, jaunes et violettes (humifères). La couleur brune est due à un montant d’hydroxyde ferrique, ce qui 1907. MÉMe 37 064 J. LORIÉ. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES se voit très bien dans 12. L'eau du gravier F coule lentement le long de la paroi verticale de l’argile, ronge les petites couches bleues et épargne les couches brunes, très ferrugineuses, qui font saillie en dehors sur 5, même 10 centimètres, tellement elles sont durcies par la limonite. Dans 19, la partie supérieure de l'argile bleue contient également des têts de limonite. Dans 25 et G, ce minéral s’est concentré en rognons de 10 et 20 centimètres à une profondeur de 5 mètres. Le changement de coloration de bleu en brun à causé un dessin très Jjoh sur la paroi verticale, septentrionale de l’excavation 6 (fig. 7 et 5). La limite entre les deux couleurs est très bizarre et coupe la stratifica- tion à tous les angles, puisque l’oxydation s’est aussi avancée horizon. talement, de sorte qu’un promontoire d’argile brune se trouve sous un reste d'argile bleue. Tout près de l’argile entièrement oxydée et tout près de l'argile intacte, on observe des écailles relativement larges, qui deviennent de plus en plus minces et fines dans l'intervalle, où la décoloration est en pleine voie. Évidemment, l’eau oxygénée, après être descendue verticalement, suit ici un chemin horizontal vers la vallée, le long des fines couches, qui sont inégalement perméables. Relation entre le gravier F et l'argile D. Une source abondante jaillissait dans le sol argileux de l’excavation 6 et faisait présumer du sable, sinon du gravier, à une petite profon- deur. Ensuite, l'exploitation 21 montrait un dédoublement de l'argile par du sable et du gravier, épais de 250 (fig. 9). La couche supérieure, épaisse de 0"80 à 1"80, est assez irrégulière, interrompue quelque- fois, et contient quelques cailloux, de sorte qu’il est permis de douter si c’est bien l’argile originale et intacte. L’excavation 31 avait quelque analogie avec cela. J’y vis dans l'argile une couche de quelques centimètres de gravier, localement plus épaisse, jusqu’à 0"10, et contenant alors quelques cailloux, jusqu’à 0"05. Le cas n'était pas très distinct, de sorte que cette argile caillouteuse pourrait être un produit secondaire. Un cas plus ou moins analogue, mais plus distinct, s’observait dans le trou 19. 4"50 de gravier ordinaire (fig. 20) reposaient sur l'argile bleu clair grisâätre, bien connue, et celle-ci sur 3 mètres d’un gravier inférieur, qui ne différait guère de l’autre. Les eailloux étaient princi- palement des quartz blanes, jusqu’à 4 centimètre. La coupe la plus curieuse se voyait dans 8, où le gravier était visible < DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 069 sur 4150. Il s’y était introduit obliquement un banc d'argile (fig. 21), gris clair en haut, bleu en bas, obéissant à une pression venue du Sud. Ce phénomène me paraît entrer dans là même catégorie que ceux décrits page 561, figure 14. À mon avis, les glaces de fond et les banquises, après une débâcle, auraient sufli à les produire. M. Wichmann (56) y verra probablement un argument en faveur de son hypothèse de la glaciation de l’Ardenne, qu’il base surtout sur la distribution d’une série de gros erratiques ardennais en Belgique et dans les Pays-Bas. Relation entre le sable fin C et l'argile D. J'observai des lentilles de sable fin dans l'argile dans les excava- tions 26 (0"10 à 0"20), 29 et 51 (0"70 de sable assez grossier). Dans 53, la dernière excavation, l’argile reposait sur du sable fin, visible sur À mètre. 27 faisait même voir, dans l'argile, plusieurs lentilles de sable assez grossier, différant de l'ordinaire. Un profil plus intéressant encore (fig. 19 et 12) fut levé dans l'exploitation 13. De haut en bas on y voit : 1° 6 mètres de gravier F'; 2 1 mètre d'argile; 5° 5 mètres de sable fin; 4° 2 mètres d'argile. Les trois derniers formaient terrasse. Un fossé faisait voir cette argile encore 4"50 plus bas, mais remplacée, vers le Nord, graduellement par le sable fin, qui est un peu ondulé et contient quelques cailloux de quartz blanc, soit isolés, soit en linéoles. Nous avons done constaté deux bancs d'argile et de sable fin, et il s'ensuit une relation intime entre ces deux termes, précisément comme en Belgique, ce qui rend fort probable qu’ils sont identiques dans les deux pays. Relation entre les trois termes C, D et F. La chose est pourtant plus compiiquée encore, comme le montrent les coupes suivantes. Dans l’excavation 22 (fig. 18), je vis du côté Nord-Est : 4° 2"50 de gravier ordinaire ; 2° 5 mètres d'argile finement stratifiée; 5° 0"60 de sable et de gravier rhénan, avec des cailloux jusqu’à 0"04; 4° 2"40 d'argile ordinaire bleu foncé. La coupe du bout Sud-Ouest était un peu différente, à savoir : 1° 2"50 de gravier ordinaire; 2° 030 d'argile finement stratifiée ; 3° 14 mètre de sable fin C; 4° 1"70 de la même 066 J. LORIÉ. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES argile ; 5° 0"20 de sable et de gravier rhénan; 6° 4 mètre d'argile bleu foncé. Dans 16 (fig. 17), je vis : 1° 7 mètres de gravier; 2° 2 mètres de sable assez fin, stratifié régulièrement, sans gravier, ressemblant beaucoup au sable C; 5° 2 mètres de gravier ; 4° 1"60 de couches d'argile bleue, finement stratifiées, épaisses de 0"40 à 0"20 et alternant avec du sable fin C, stratifié horizontalement ou obliquement; 5° 4"20 de gravier; 6° 5 mètres d'argile bleue, la masse principale. Dans 25 on à trouvé quelques jolis cristaux de gypse de 2 et 5 centi- mètres dans l'argile. Tourbe KE. Dans 18 se trouve sur l’argile une couche de tourbe, épaisse de 020, contenant des morceaux de bois. Elle manque entièrement sur l'argile plus basse. Dans 20 elle à une épaisseur de 0"50 et contient également des morceaux de bois. Dans 21 la partie supérieure du banc inférieur d'argile renferme des morceaux de bois. L'argile dans 29 est également couverte d’une couche de tourbe, épaisse de 0"20 et rentermant des fragments de bois. M. Clement Reïd a eu la bienveillance d'examiner des échantillons de la tourbe et m’en donne les détails suivants : « L'état de conservation est tellement mauvais que je ne puis déter- miner que peu de plantes. La matière à l’air d’un sol de surface char- bonneux, plein de charbon de bois. Il me rappelle celui des surfaces paléolithiques et néolithiques. 11 n’y a pas de plantes de culture, de nourriture ou d’ivraies de culture et les rares semences sont tellement cassées, meurtries et usées qu’elles font penser qu’elles ont été foulées aux pieds. Le bois provient de racines très pourries, que je ne me risque pas à nommer. Pour ce que vaut l'évidence botanique, les dépôts peuvent être quaternaires ou récents, mais l’absence de signes de cul- ture ferait préférer l’époque plus ancienne. Les plantes sont entière- ment différentes de celles de Tegelen. Voici ce que j'ai trouvé : » Argilière n° 18. Menyanthes trifoliata; Carduus sp.; Carex Sp.; insectes; galles d'insectes; un petit fragment d’os; beaucoup de bois et de charbon de bois. » N° 18, second échantillon. Thalictrum sp. ; Sambucus ? sp. ; Poten- Hi di r DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 901 tilla? sp.; Caucalis? sp.; Apium? sp.; Carex sp. Bois et charbon de bois. » N°20. Potentilla sp.; Crepis ? sp. » Pas une seule semence n’est dans un bon état de présentation; la majeure partie ne sont que des fragments de semences, qui ont pro- bablement germé. » VI. — Sondages dans la région des argiles néerlandaises. Mon honorable antagoniste, M. Dubois, a rendu un grand service à la science en faisant exécuter, près de Tegelen, un sondage à travers de l'argile, décrit en détail dans le n° 44. Je veux en donner ici un résumé (pl. XI). L'orifice du sondage est à la cote 54,70 au-dessus du niveau d’Am- sterdam, soit 56,84 du niveau d’Ostende. Nos Cote d'ordre. Description des couches rencontrées. de la base. 4. Sable et gravier, diluvium rhénan. . . . . . 97,70 2}. Sable fin, CG, épaisseur en d’autres endroits jusqu'à à DE ce ie NT nca . + 27,00 D Aroilétaune (Once 2. en 00 .,,,:,:95,00 4. Sable peuarcileux, CNRS : 24,70 o à 11. Argile, sableuse ou plastique, avec des ee de ere 18,00 12 M SADICIOTIS. ASSEZ AIN, Ge 18,00 15 à 14. Sable gris, devenant plus grossier vers de Dee avec Lt cailloux, qui atteignent jusqu’à 4 centimètres. . . . 14,50 15 à 16. Sable grossier et gros sus &’origine rhénane et mo- séenne . . . 0. 2: 4200 17à20. Sable et gravier, devenant be Ê vers É bas . UN OÙ 91 à923. Sable assez fin, avec du bois, mais sans cailloux . . . 4,30 24. Argile brun Éncé ÉRLOUEFDE UE RER ER 0 4 OÙ 25. Sable gris et fin . : ee Co I0 26 à 27. Argile sableuse gris foncé, ee gris de OÙ DS RSA DIE CLIS UE PU ON PP neNes 2,02..,2,10 DOI 4 Aroile. terre vésélale, DOIS Mn à © + 2,50 So ONE DER ER RIRES 2 his LA 4 -2:90 DORO ON ATOS EVA ELU Lu Ru LE 5. 4% APS ADI ON TR AN R dm Misr ns, à 199 AOC ADO TIC RE RAT NS 4. men =9:50 At 0 Sablein ons Cr 0, 0. Redon oo LISD 48 à 50. Sable grossier et cailloux, jusqu’à 2em5 . . . . . . -29,50: 968 J. LORIÉ — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES Condensons une seconde fois les résultats de ce sondage, en distin- guant, d’un côté, les matériaux grossiers et graveleux, qui ont un caractère franchement diluvial, et, de l’autre côté, les matériaux fins, qui ne rappellent nullement le diluvium, à savoir le sable fin €, l'argile D et la tourbe E, comme nous l’avons fait pour les grands son- dages néerlandais. Nous obtenons ainsi le tableau suivant : IGE Cote d'ordre. Description des couches. de la base, Épaisseur. a. "1." Sableetgravier, COUCHE STOSSIÈTE OST PAR 7m00 b. 24 12 Argile et sable coucheine On 18.00 9.70 €. 13 à 20. Sable. devenant d’abord plus grossier, ensuite plus fin vers le bas, couche grossière . 9.90 12.50 d. 21 à 47. Argile, sable fin et tourbe, couche fine . . -11 50 17.00 e. 48 à 50. Sable grossier et gravier, couche grossière . -29.50 18.00 Le sondage à donc traversé trois couches grossières a, €, e, épaisses de 7 mètres, 12250 et 18 mètres, qui ont un caractère franchement fluvio-glacraire el sont séparées par deux couches fines, b et d, épaisses de 970 et de 17 mètres, qui ont un caractère tout à fait tranquille, comme celui de nos jours, ou bien interglacraire. En ne considérant que le caractère des dépôts, je suis convaineu que personne ne pourra faire d’objection à considérer l’ensemble comme pleistocène. La coupe de ce sondage ressemble parfaitement au profil que j'ai levé et reproduit dans la figure 17, avec cette différence que toutes les dimensions y sont moindres. La couche grossière a mesuré 7 mètres dans les deux coupes, la couche fine b, 970 contre 2 mètres, la couche grossière c, 12"50 contre 2 mètres, la couche fine d, 17 mètres contre 1"60, la couche grossière e, 18 mètres contre 1"20. La figure 17 montre même une troisième couche fine f, visible sur 3 mètres, qui n’est pas représentée dans le sondage. Celui-ci à été exécuté un peu au Sud de la route de Venloo à Kalden- kirchen ; la figure 17 à été levée dans l’excavation 16, près de la route de Belfeld à Kaldenkirchen (groupe B, p. 559), donc plus au Sud ou en amont. Probablement le fond de cette excavation est assez près du sous-sol tertiaire. DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 909 Sondage de Leemhorst. Au commencement de 1906, on a exécuté, près de la campagne de Leemhorst, non loin de la gare de Tegelen, sur Ja basse terrasse, un autre sondage, qui à eu des résultats un peu différents. Je les dois à l’obligeance de M. van Waterschoot van der Gracht, directeur de la recherche de la bouille. _ L'orifice est à la cote de 228 au-dessus du zéro d'Amsterdam. Nes Cote d'ordre. Description des couches rencontrées. de la base, dASAblé arsileux, noiren hauts … : = . . . : . . 921.80 HROCDICIOLIOSSICR JAUNE C0 . n - 21:50 3. Sable grossier, jaune avec cailloux. . . . . . . . . 18.90 4 Argile jaune, avec une couche de bois. . . . . . . . 15.60 DAS ADIEICTOSSIÈT, JAUNE-STIS Len we de 41. © . + À 4.60 6. Sable grossier, jaune-gris et cailloux . . . . . . . . 0.30 1. Sable gris foncé, avec débris de bois . . RE D 0 8 Sable fin, gris, argileux, avec débris de bois. . . . . . -5.70 9. Sable gris foncé, grossier, avec petits cailloux . . . . . -37.90 40. Sable jaune-vert, argileux, glauconifère . . . . . . . 48.90 11. Le même avec des coquilles. Nous pouvons condenser les résultats comme suit : a. Couche grossière, fluvio-glaciaire . . . . . . 22m80à 18m90 bACouCherine, interclaciaire. 1. 18.904 15.60 c. Couche grossière, fluvio-glaciaire . . . . . . 15.60à -0.50 APFCOuchernne, intérolaciaire Nm TT. 0.504 5.70 e. Couche grossière, fluvio-glaciaire . . . . ,. . -5.10 à -37.90 En dessous de —37"20 commence probablement le Teruaire. Comparant les figures des deux sondages de Tegelen et de Leemhorst, on voit qu'il y a beaucoup de chances que les deux couches supérieures d'argile correspondent l’une à l’autre, de même que les deux couches grossières qui se trouvent en contre-bas. Probablement le sable de Leemhorst entre —0"350 et — 5"70 est l'équivalent de l'argile de Tegelen entre +4"350 et —9"50 ; le premier est, du moins en parte, décrit comme fin et contient de petits débris de bois. Dans ce cas-c1, la 910 J. LORIE. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES couche grossière de Tegelen, de — 1150 à — 29"50, correspondrait à celle de Leemhorst entre — 5"70 et — 37"20. Les dépôts de l’époque pleistocène ont été étudiés avec le plus de soin et le plus de résultats par MM. Penck et Brückner, qui sont par- venus à distinguer quatre épisodes glaciaires, séparés par des épisodes interglaciaires. I faut done partir, à mon avis, du Pleistocène bien développé et connu des Alpes pour comprendre le Pleistocène mal développé de la Belgique. Dans l'Allemagne du Nord, à laquelle se joignent la Néerlande et la Belgique, on n’est pas encore aussi loin, on ne peut bien distinguer que deux des épisodes et.on n’a que quelques connaissances du troisième. C’est pour cette raison que j'ai indiqué, dans mes travaux antérieurs, les dépôts glaciaires par les lettres G’, G'’ et G/!’. Il y a cependant de la chance de faire un pas en avant par les coupes de Tegelen et de distinguer quatre dépôts, que ie veux indiquer par les lettres G', G'’, G//' et GW et les interglaciaires par les lettres 1’, 1! et 1’. L’échelle stratigraphique théorique sui- vante est assez facile à comprendre : Penck. Lorié 2 Lorié 1. Geiïkie. Würm. G'" G’’ Polandien. W.-R. ) g 17 Helvétien. Riss. G’' G" Saxonien. RM. 1/2 r Norfolkien. Mindel. G” | M.-G. 1 l G' Scanien. Günz. G’ | Je continue, avec la majorité des géologues allemands, à être con- vaincu que la glace scandinave de G!" n’a nullement atteint les limites de celle de G//, de sorte que les dépôts glaciaires de la Néerlande apparüendraient à G//', ainsi que les graviers rhénans « a » de la haute terrasse de Venloo, etc. Il s’ensuivrait que, probablement, la couche fine « b » des deux sondages serait l’interglaciaire L’', la couche gros- sière ou fluvio-glaciaire « c » appartiendrait à G/’, la couche fine « d » à l’interglaciaire L’ et la couche grossière « e » à G’. Stratigraphique- ment on peut donc très bien classer toutes les couches des deux son- dages dans le Pleistocène. La figure 17 offre une difficulté, dont je réserve la solution à l’avenir. Les seuls arguments que je reconnaisse comme sérieux contre cette DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. o11 manière de voir sont de nature paléontologique; j'en traiterai dans le chapitre suivant. La comparaison des argiles belges et néerlandaises me paraît avoir dissipé les derniers doutes sur leur homologie : elles ne constituent qu'un seul dépôt très élendu. Il s’ensuivrait que, probablement, le sable plastique B ou « leem » bigarré, qui contient un bon nombre de cailloux et d’erratiques, n’est qu’un facies du gravier rhénan F, donc également G///. Peut-être le sable À v appartient-1l aussi ou n'est-ce qu'un produit de lavage ou de remaniement de B. Le sable plus ou moins graveleux que quelques sondages en Cam- pine ont atteint sous l'argile (p. 553), trouve son analogie dans les graviers e du Limbourg et pourra être un dépôt plus rudimentaire de l'épisode glaciaire G’. Finalement, les éléments grossiers entre les argiles en Belgique (p. 557) seraient un équivalent, plus rudimentaire encore, des graviers c du Limbourg et déposés pendant le Glaciaire G?’. Il y à même une petite chance qu’on pourra appliquer les mêmes comparaisons sur le « Cromer Forest Bed » et en faire disparaître les dernières contradictions. Provisoirement, je ne considère pas encore toutes ces spéculations comme définitivement fondées. VIT. — Les Mammifères des argiles. Les argiles ont procuré des restes de plusieurs mammifères qui sont très intéressants et qui ont été trouvés aussi dans d’autres loca- lités. Je veux donner sur ces fossiles et sur ces localités quelques détails qui me paraissent suffisants pour s’en former une idée. Ce sont : a. Mosbach lez-Wicsbaden; b. Forest-Bed de l’Angleterre orientale; c. Icenien, idem ; d. Amstelien, idem; e. Val d’Arno en Italie. Les restes, déterminés par M. Dubois, appartiennent aux espèces suivantes : > . Trogontherium Cuvieri Owen. Trouvé aussi dans les sites a, bet c. . Hippopotamus amphibius L. var. major Cuv. a, b,cete. . Equus Stenoms Cocchi. b, c, dete. . Rhinoceros etruscus Falc. a, bete. . Cervus dicranius Rüt bete. . Cervus teguliensis Dub. . Cervus rhenanus Dub. . Cervus Falconeri Dawk. b et c. 1 D I D OC à 912 J. LORIE. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES Sables de Mosbach. Pour autant que Je sache, tout le monde est d'accord pour ranger la célèbre faune de Mosbach lez-Wiesbaden, en Prusse, dans le Pleistocène inférieur (l’interglaciaire ancien). Elle a été examinée dernièrement par M. Schrôder (23), qui y a retrouvé les espèces des argiles n° 4, 2 et 4. Par contre, les ossements de cheval de Mosbach n’appartien- nent pas à l’Equus Stenonis, mais à une grande variété de lEquus caballus L. Des vingt et une espèces de mammifères connues de Mosbach, on en a retrouvé seize dans le Forest-Bed (b), à savoir : Æquus caballus, Rhi- noceros etruscus, R. Merckii, Sus scrofa, Hippopotamus major, Cervus capreolus, C. elaphus, C. latifrons, Bison priscus, Élephas antiquus, E. trogentheriü, E. primigenius, Castor fiber, Trogontherium Cuvieri, Ursus spelaeus, Hyena speluea. En 1900 (25), M. von Reichenau était porté à considérer Mosbach et Cromer comme d'âge identique. Forest-Bed de Cromer. Le Cromerien a déjà été discuté plusieurs fois dans ce Bulletin (41, 42, 45). En dehors des mammifères susnommés, on y a trouvé : Elephas meridionalis, Equus Stenonis el une série de Cervidés : C. mega- ceros, C. Polignucus, C. carnutorum, C. verticornis, C. Sedgwickü, C. Dawkinsi, C. etueriarium, C. Fitchii, C. Savini, C. tetraceros, C. dicranius, etc. [d’après M. Newton (14)]. M. Zitiel (16) y ajoute le Cervus Falconeri. Aussi MM. Forsyth Major (24) et Boyd-Dawkins le regardent comme Pleistocène; le dernier le parallélise avec le dépôt de Saint-Prest près de Chartres, et avec son early pleistocene division, qui est étroitement liée avec le Pliocène de la France méridionale et de l'Italie, mais possède aussi des mammifères pleistocènes typiques. Val d’'Arno en Toscane. Cette faune a été énumérée en 1885 par Forsyth Major (11), qui cite les espèces 2, 5, 4 et 5 de Tegelen, de sorte que la ressemblance est évidente. Autant que je sache, il n’y a personne qui mette en doute l’âge pliocène de cette faune. DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 913 Alluvions volcaniques d'Auvergne. M. Depéret à décrit cette faune en 1884 (10). Il rattache fes allu- vions inférieures, qui contiennent entre autres le Cervus etueriarium, au Pliocène moyen, à l’fcenien d'Angleterre et à la majeure partie des couches du Val d’Arno. Les alluvions supérieures, qui contiennent entre autres le Cervus Perrieri, sont aussi appelées Pliocène supérieur, par- fois Pleistocène et sont rattachées au Cromerien et au reste des couches du Val d’Arno. Le travail est presque entièrement de nature paléon- tologique, la Géologie y est tout à fait accessoire. Je trouve opportun d'ajouter quelques détails sur les manimifères de Tegelen, qui peuvent aider à prononcer un jugement : 4° Hippopotamus amphibius L. Var. major Cuvier. M. Boyd Dawkins (14) relève qu’on ne saurait distinguer cette variété de l’hippopotame vivant, de sorte que c’est un cas intéressant d’un mammifère vivant depuis le Pliocène supérieur jusqu'à nos jours. D'après M. Zittel, la variété est un peu plus forte que l’espèce vivante. do Rhinoceros etruscus Fale. Les différents auteurs sont loin d’être d'accord sur les rhinocéros du Pleistocène. Suivant M. Portis (2), il n’y aurait pas plus de trois espèces, à SaVOIr : a) Rhinoceros Merckii — R. hemitoechus — R. Kirchbergensis = R. etrus- cus, à cloison narine imparfaitement ossifiée. On peut distinguer trois races, Correspondant plus ou moins aux espèces précitées. On le con- naît depuis le Pliocène supérieur du Val d’Arno jusque dans l’intergla- claire supérieur (1/')} des tufs calcaires de Taubach, près de Weimar en Thuringe. b) Rhinoceros tichorinus = R. antiquitatis, à cloison narine complè- tement ossiliée. c) Rhinoceros leptorhinus, sans cloison ossifiée. 3° Cervus rhenanus Dubois. M. Dubois a créé cette espèce pour quelques fragments de bois de Tegelen. Deux autres fragments ont été trouvés dans une argilière, à 2 kilomètres au Nord de Vlimmeren, à l'Ouest de Turnhout (56, note, 974 J. LORIÉ. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES p. 125). D’après les figures, M. Dubois croit pouvoir les rapporter aussi à cette espèce. Elle ressemble beaucoup au C. etueriarium, auquel M. Newton réunit, avec quelque doute, un bois trouvé à Cromer. 4° Cervus Falconeri Boyd Dawkins. LV M. Dubois rapporte à cette espèce deux fragments de bois trouvés dans la briqueterie du sénateur Cools, près de Ryckevorsel en Cam- pine (56), à 4 mètres de profondeur dans l'argile. Ils portent des entailles qui ont été faites (36, p. 122) probablement lors de l’extrac- tion de l'argile, Pour M. Van Ertborn cependant (38, p. 249), elles sont beaucoup plus anciennes et auraient été faites par des haches à l’état frais, les fragments s’étant silicifiés après. Je considère cette manière de voir comme peu probable. En résumé, nous avons vu que la faune de Tegelen a des rapports évidents, d’un côté avec celle de Mosbach, considérée par tout le monde comme pleistocène, de l’autre côté avec celle du Val d’Arno, sur la nature pliocène de laquelle on est également d'accord. Ensuite, tous les mammifères déjà connus des argiles de Tegelen, se retrouvent dans le Forest-Bed de Cromer, ce qui suffirait à mes yeux à faire considérer les deux faunes comme synchroniques, pleistocènes et interglaciaires :l’’). Pourtant, plusieurs géologues continuent à con- sidérer Cromer comme pliocène, Selon M. Dubois, les cerfs de Tegelen constituent le meilleur argu- ment pour assigner à ce dépôt un âge pliocène. ff fait observer (57) qu'ils ne sont comparables qu’à ceux du Pliocène supérieur de l’Angle- terre, de la France et de l'Italie, et ne ressemblent point (44) à ceux du Pleistocène de l’Europe. Le Cervus elaphus, par exemple, est fréquent à Mosbach, dont la faune a des rapports avec celle de Tegelen, égale- ment avec celle du Pliocène par Rhinoceros, Hippopotamus et Trogonthe- rium. D'autre part, il reconnait (36) que plusieurs espèces de mammi- fères ont continué à vivre de l’Icenien au Cromerien (35) et qu'aucun des mammifères qui caractérisent le Pliocène plus ancien du Nortolk, n'a été trouvé à Tegelen. Aussi, M. Forsyth Major (41), paléontologue de grande renommée, fit observer que la majorité des cerfs pliocènes : Cervus Perrieri, C. pardinensis, C. etueriarium, C. Nestii, appartiennent aux groupes. Axis el Russa, qui vivent encore dans les grandes îles de la Sonde. M. Boyd Dawkins y ajouta qu’on ne saurait distinguer Cercus elueria- rium et C. Perrieri de certaines variétés des mêmes genres. DE LA CAMPINE BELGE ET DU LIMBOURG NÉERLANDAIS. 919 Il me paraît résulter de tout ceci qu'il en est des cerfs comme de l’hippopotame. Ce sont des espèces qui ont vécu en Europe pendant l’époque pliocène. Le froid de la première extension glaciaire les a poussés vers le Sud, où ils ont survécu, pour émigrer vers le Nord pendant l’interglaciaire, au climat doux, peut-être plus chaud que celui de nos jours. Une extension suivante de la glace les a de nouveau poussés vers les régions plus chaudes, l'hippopotame vers l'Afrique, les cerfs vers les régions tropicales de l'Asie, et, pendant ces migrations, ils se sont modifiés plus ou moins. Je ne saurais dire pourquoi 1Îs ne sont pas revenus une seconde fois en Europe; il est permis toutefois de supposer que les interglaciaires suivants n'étaient pas aussi longs et aussi chauds que les premiers. En somme, Je crois avoir réussi à démontrer que la paléontologie est impuissante à ébranler les conclusions tirées de la stratigraphie et qu'il n’y a donc pas de raison déterminante d’assigner aux argiles si intéressantes un âge pliocène. Les graviers au-dessus et au-dessous ont tous les caractères d’un Divviuu, auquel je préfère réserver le Pleistocène. Je reconnais toutefois qu’on pourrait aussi laisser le Plio- cène se continuer de nos jours, mais je considère comme 1llogique de couper en deux les Dizuvia, de rattacher la partie la plus ancienne au Pliocène et de ne réserver le Pleistocène qu’au reste mutilé. Le phénomène glaciaire est trop grandiose pour cela. VIII. — Résumé. Le présent travail est le résultat de l'examen de quatre-vingts argi- lières, tant en Belgique qu’en Néerlande, et d'études bibliographiques. L’argile est toujours bien stratifiée, plastique et en relation intime avec un sable blanc fin, qui a été confondu avec un sable diestien, affleurant à Moll, en Campine. En gros, l'argile et le sable sont synchrones. En Néerlande, l'argile est recouverte par un sable grave- leux et un gravier d’origine rhénane, dans lequel s’observent plusieurs phénomènes pseudo-olaciaires. En Belgique, elle se trouve sous un sable très fin, plastique, collant et bleuâtre, qui contient des graviers, des cailloux et quelques erratiques, et que je considère comme fa pro- longalion, un facies du gravier rhénan néerlandais. La ligne de démar- cation entre l’argile et le sable plastique en Belgique est très curieuse, par suite de ravinements qui ressemblent parfaitement à ceux que 976 J. LORIÉ. — LA STRATIGRAPHIE DES ARGILES. subissent les « schorren » par le jeu des marées. C’est un argument (non une preuve décisive) pour assigner à ce sable fin une origine marine. L’argile elle-même est sans doute d’origine fluviale; elle contient des couches de tourbe, des ossements de mammifères et des coquilles d’eau douce. Pas la moindre trace d'organismes marins. En Néerlande, on trouve de nouveau du gravier sous l'argile, un véritable Diluvium qui ne diffère guère du supérieur; cette alternance se répète même dans quelques argilières et dans deux sondages, de sorte qu’on peut au plus distinguer trois dépôts grossiers ou fluvio- glaciaires, séparés par deux dépôts fins (argile et sable blanc) ou inter- glaciaires. En Belgique, on n’a que des rudiments de cette alternance. Quelques sondages ont mis au jour des éléments grossiers sous les argiles, deux ont même fait découvrir une trace de ces éléments entre elles. Ce sont donc de nouveau les phénomènes typiques qui peuvent expliquer les phénomènes rudimentaires. Tant qu’on ne considère que la stratigraphie, il n’y a pas de raison pour accorder aux argiles un âge pliocène. Il me paraît en être de même de la paléontologie; tous les mammifères connus qu’on à trouvés dans les argiles, l’ont aussi été dans le Forest-Bed de Cromer. Or, on trouve, sous celui-ci, des preuves d’un climat beaucoup plus froid que celui de nos jours, équivalent d’un épisode glaciaire, de sorte que je crois logique de le considérer comme interglaciaire, ainsi que les argiles belges et néerlandaises. Le fait que plusieurs des mammifères se retrouvent dans des dépôts pliocènes, non contestés, s'explique par des migrations, provoquées par des changements de climat. Quelques espèces se sont éteintes ; l’hippopotame s’est retiré en Afrique en modifiant sa taille; les cerfs se sont retirés dans l'Asie tropicale en se modifiant un peu davantage. Utrecht, novembre 1907. RE — 5468 aléontol, et d'Hydrol., t. XXI. PL. XI » de la Néerlande publiée à l'échelle de ! : 200 000. CROQUIS DE SITUATION. Luille 22 76% | 8% Feuille 284 EE | .Findhoven [l f k .Neerpelé | Zone des argilières de la Campine. SÉRJOEER . CARTON I ie Echelle 1:400000 Peppe! "Baerle Duc | erbosch ner Loue Worte! H Hoogstraten” ‘Wuestweze/ Colonre Merxples rerno Breche £ + Wlage =. o Stleonard * Richkevorse) over: > .. sschae 5 Campine ARE ARE Arendonck *Beersse S lestmalle Oostmalle -Vimmeren ‘La 7rappe ICE —….- CARTON II Echelle 1 : 400000 ha à Bull. de la Soc. belge de Géol. de Paléontol, et d'Hydrol., 1. XXI. PL. XI Carte géologique de la Néerlande publiée à l'échelle de 1 : 200 000. CROQUIS DE SITUATION. Feuille 22 76%v | Brëd Feuille 28 | | . Eindhoven .Neerpelt Auremondel Anvers Mol! Zone des argilières de la Campine. Serijbeek CARTON Esschen b -Alphen ; Echelle 1:400000 Asrdenhoek 8 2. Æsschensche Heïkant .Poppel .Widerk Baerle Duc Sterbosch Loenhout Wortel Hruisstraat : Hoogstraten" “Calmpthout Wuestwezel Heide Putten 3 Colonie Merxples Wieuw Gooreind Brecht S - Village Stléonard ‘Rjckevorsel Sesbroek Skerrhoven: f «Wythof y . Capellen, ‘Comp de Brssschae csmpinenlUnrAOUE Arendonck “Beersse lZestmalle Costmalle -Wimmeren ‘La Trappe £eckeren Zone des argilières du Limbourg néerlandais. . CARTON Il VENLOO Echelle 1 : 400000 Be NE _24 IC D uiliil ill il | | | > SM | 11) (l In f En BuLL.DE LA Soc BELGE DE GÉOL., DE PALÉONT. x D'HYDROL. t.XXI LÉGENDE ET ÉCHELLE 4,— Sable blanchätre supérieur, plus ou moins possier- B.— Sable bleuâtre, très fin, plastique, plus ou soins argileux, « leem bigarré ». €. — Sable blanc, fin, inférieur. D.— Argile. £,— Tourbe. | F.— Gravier. | NGURE. ÉCHELLE. N° DE L'ARGILIÈRE Gin | belge néraneaie. 1 0,075 9 = 2 0,0125 30 = 3 0,003 16 == 4 0,005 41 — 5 0,05 — 6 6 0,0025 — 4 u 0,005 — 6 8 — _ 9 9 0,00125 — 24 10 0,0025 _ 18 en 0,005 11 _ | Lo) 0,005 — 43 | 13 0,06 40 — | 4 0,01 _— 1 45 0,004 40 _ 16 0,005 — 4 17 0,005 — 46 18 0,4 _ 22 19 0,005 — 43 ci 0,006 _ 49 2 0,0425 _ 8 a 0,005 41 — 3 0,04 _ 48 # — _ 2 5 0,025 41 _ Merx pla co/on'e Merxpl2s v///8ge Turnhoëu (EE D + or or ot ro mm «4 PI.XIT. BULL.DE LA SOC.BELGE DE GÉOL., DE PALÉONT.& D HYDROL.t.XXI. NS S SN o] Ÿ + Ÿ % N d S Ÿ S È & % N © à Q Ÿ à S è Q S ÿ % S Su S Q = Ÿ & S S à À Ÿ & À & Si à R d 5 ES SSS = à $ è à è ë $ è M è ; $ à 5 7 i Ÿ $ Ÿ $ à SS À ù È Ô wi S 5 S Ÿ S de A Fe ci TT F5 24.4 23 A 22 = 1 18.5 Lo ï (2 À s 41] 10.5 9.5 S FE [L_ J A s sl $ fl IE 9.5 92 Ses” x Ill 13 S 15.5 16.5 : Al ie.s S ne —2 S 5 S 2 Che É: =. s S = Sable SE séprrée : 1.5 cer | A S el SG : Sable grossier C ss G =: Gravier. Cailloux S 438 C C =: Coguilles 394 sl: m , G T 2 Tourbe Æ£chelle de 0002 pm. 4315 S Cr À = Argie 0.0. Zero d'Ostende a € Ci P - Poederlien O.A. Zéro d'Amsterdam È 52,5 4] ja ARE SUR LA NOUVELLE INTERPRÉTATION DU SABLE DE MOLL EN CAMPINE PAR Michel MOURLON (!) Dans mes publications antérieures sur les dépôts quaternaires et ter- aires de la Campine, J'ai réuni sous fe nom de « sable de Moll » les sables blancs siliceux qui ont donné naissance aux immenses exploi- tations de Moll et de Lommel, ainsi qu'à celles moins importantes, mais non moins intéressantes, de Genck et de Watervliet. Il en a été de même des sables analogues traversés sur de grandes épaisseurs par les sondages pratiqués pour les levés de la Carte et qui renferment, vers le Nord, d’épaisses lentilles d'argile exploitée dans les briqueteries de Ryckevorsel, Beersse, Merxplas, ete. Ces masses sableuses sont-elles d’origine exclusivement fluviale ou marine ou fluvio-marine ? Se sont-elles déposées à l’aurore des temps quaternaires, durant la période moséenne, ou à la fin de la période tertiaire, et, dans ce dernier cas, faut-il les considérer comme apparte- nant à un seul ou à plusieurs termes de la série stratigraphique plio- cène ? Tels sont les points qui étaient à éluerder et qui font l’objet de la présente communication. Qu'il me soil permis tout d’abord de rappeler que ce n’est qu'après m'être assuré qu'aucun de nos collègues n’était disposé à se charger des levés de la Carte en Campine, que je me suis décidé à entreprendre (4) Mémoire présenté à la séance du 17 décembre 1907. 918 M. MOURLON. — SUR LA NOUVELLE INTERPRÉTATION cette tâche d'autant plus ingrate qu’elle avait trait à une région dont la majeure partie était à peu près complètement vierge d’investigations géologiques. On sait, en effet, que les Mémoires sur les terrains tertiaires d'André Dumont, dont la publication m’incomba sont, pour ainsi dire, muets sur cette région et que les cartes du grand géologue n’y renseignent que du sable tertiaire, miocène, bolderien (sable blanc), recouvert par des cailloux et sables diluviens ou quaternaires campiniens. Mes travaux de levés, eflectués à l’aide de sondages tubés, me per- mirent de constater qu'il existe dans le sous-sol de la Campine un puissant dépôt de sable blanc sur lequel l’attention n’avait guère été appelée auparavant et que je désignai, comme il vient d'être dit, sous le nom de « sable de Moll ». M. Lorié et moi nous le considéràämes comme quaternaire, et c’est ce qui, sans aucun doute, porta mon savant collègue et ami d’Utrecht à lui attribuer une origine fluviale, alors même que jy avais découvert, en de certains points, une faune marine. | D'autre part, comme Je constatais la superposition de ce dépôt sur les couches à Corbules du Poederlien, je ne pouvais admettre qu’il pût être plus ancien que ce dernier. Ce n’est qu’assez longtemps après la publication de la majeure par- tie des feuilles de la Campine, que notre honorable collègue le baron van Ertborn me fit part, dans une correspondance toujours des plus courtoises, de ses investigations basées sur les cotes de niveau aux- quelles chacun des termes tertiaires du sous-sol de la Campine avait été rencontré dans ses anciens grands sondages. La principale conséquence qui en découlait, c’est que jamais un dépôt tertiaire dans la région sep- tentrionale de la Belgique ne se relève vers le Nord. Partant de là, et tout en reconnaissant le bien fondé des observa- ions qui avaient servi de base à mes levés, il leur donna une interpré- tation différente en rapportant au Pliocène diestien les sables blanes qui S'observent à Moll, à Genck et à Opitter, et en assimilant à l’'Amstelo-moséen ceux qui, sur mes cartes, sont renseignés comme surmontant les sables à Corbules du Poederlien. Pour ce dernier point, j'aurais d'autant moins de difliculté à me ran- ger à l'avis de notre collègue, que J'ai déjà montré dans le compte rendu de l’excursion géologique de notre Société en Campine, en sep- tembre 1900, les grandes analogies que présente la faune du sable blanc de nos sondages de Strybeek et de Wortel avec celle de l’'Amste- lien telle qu’elle se trouve renseignée dans la savante étude de M. Har- DU SABLE DE MOLL EN CAMPINE. 019 mer à qui l’on doit la création de ce nouveau terme de la série plio- cène (1). Seulement, je crois, en tous cas, qu'il serait préférable de réserver le nom de « Moséen » aux dépôts quaternaires les plus anciens, tels que ceux des ballastières de Genck, par exemple, qui se trouvent à une altitude trop élevée pour qu’on les considère comme n’avant été dépo- sés qu'à l’époque campinienne et dans lesquels j'ai recueilli, en maints endroits, avec M. Rutot, des silex éolithiques que mon savant collègue considère comme étant reuteliens. J’estime donc que, s’il était démontré que les sables blancs surmon- tant les couches poederliennes à Corbules, doivent être interprétés comme l’a proposé le baron van Ertborn, 1l faudrait leur réserver lenom d’ « Amstelien », sans plus, comme l’a fait, du reste, M. Stainier, dans son intéressante communication à notre séance du 15 mai, à pro- pos des sondages récents dont 1l a tiré un si grand parti pour la con- naissance du sous-sol dans le Nord-Est du Limbourg. Le nouveau terme « Amstelien » pourrait, dans ce cas, être renseigné par la notation « Am », qui devrait être changée en « Am c » lorsqu'il se rapporterait aux argiles de Ryckevorsel dans lesquelles M. Dubois, notre savant collègue de Harlem, a reconnu la présence du Cervus Falconeri de l'étage pliocène le plus supérieur désigné sous le nom d’ « Icenien », mais qui n’est cependant pas exclusivement localisé à ce niveau. Ces argiles associées aussi à des sables blanes qu'il semble bien difficile, dans la pratique, au moins quant à présent, et sans une revi- sion complète des levés, de séparer de ceux rapportés à l’Amstelien, pour en faire de l’Icenien, occupent une position identique et nous ont paru correspondre entièrement aux dépôts analogues de Tegelen, en Hollande, lorsque la Société s’y rendit en juin 1906, sous la conduite de M. Lorié. Mais les sables blancs avec lentilles d’argile de Ryckevorsel et de Tegelen peuvent-ils être assimilés à l’Icenien, ou même à l'Amstelien, contrairement à l’opinion que j'ai exprimée d’accord avec M. Rutot et sans nous être concertés au préalable à ce sujet, lors de la dernière excursion de la Société en Campine, opinion qui consistait à ranger ces dépôts dans le Poederlien supérieur (voir le Journal de Bruxelles et Le Soir respectivement des 9 et 16 juin 4906)? C’est là une question qu'il (4) F. W. HARMER, Quarterly Journal of the Geol. Soc. London, LIT, p. 7 (1896), et Bull. Soc. beige de Géol., t. X, 1896, pp. 315-344. 4907. MÉM, 38 580 M. MOURLON. — SUR LA NOUVELLE INTERPRÉTATION semble difficile de pouvoir trancher sans de nouvelles observations et sans attendre, notamment, celles dont la publication est annoncée par M. Rutot. Et c’est le cas surtout pour ce qui concerne les sables blancs de la partie méridionale qui, à cause de leur moindre altitude, sont rangés par le baron van Erthorn dans le Diestien et assimilés au sable casterlien, avec lequel ils n’ont cependant aucune ressemblance miné- ralogique. Il est à remarquer aussi qu’en l’absence de fossiles, et tout en recon- naissant la grande utilité des coupes diagrammatiques de notre collègue, il y aurait encore, en adoptant sa manière de voir, bien des difficultés d’assimilation pour la confection de la deuxième édition de nos cartes et la rédaction des textes explicatifs, en voie d'exécution. Je n’en citerai qu'un exemple, celui fourni par la planchette de Genck, sur laquelle la coupe de la sablière située un peu à l’Est-Nord- Est de la station de ce nom, prolongée par un grand sondage, m'a permis de constater sous un amas épais de cailloux et de graviers moséens, la présence du sable de Moll sur une épaisseur de 32 mètres. (Bulletin, t. XIL, 1898, p. 56.) Ce dernier présentait à sa base une couche de 2"80 de gravier avec cailloux qui le séparait des sables à lignites que je rapportai d’abord, avec Lous les spécialistes à qui Je les ai soumis, au Rupelien inférieur, à cause de leur grande analogie lithologique avec les sables de ce dernier étage, et que l’on est unanime maintenant à considérer comme diestiens. Mais comment faut-il interpréter le sable de Moil dans cette coupe ? Doit-on le considérer, avec le baron van Erthorn, comme diestien, ce que semble renseigner son intéressant Essai de carte géologique de la province d'Anvers et du Limbourg, au Nord du Démer (BULLETIN, t. XVIT, 1905, pl. V)? Mais alors c’est faire abstraction du gravier qui le sépare du vrai Diestien sous-jacent. Ou bien peut-on l’assimiler aux étages poederlien ou amstelien que notre collègue fait passer tous deux dans la partie septentrionale de la planchette? D’après l'interprétation qu'a donnée plus récemment, en 1905, le baron van Erthorn, du sable de Moll dans le grand sondage de Gelieren, exécuté pour la recherche de la houille, et situé à l'Est du précédent, il en fait de l’Amstelien. (Bulletin, t. XIX, p. 215. Mém.) Il en est de même pour les sondages de Waterscheid et de Win- terslag, situés plus au Nord sur la même planchette et dans lesquels les DU SABLE DE MOLL EN CAMPINE. 981 A] couches de sable blanc rapporté à l’Amstelien reposeraient directe- ment sur le Diestien sans intercalation de Poederlien, ce que notre collègue renseignait déjà, du reste, sur sa carte en un point de la plan- chette contigué de Sutendael. Cet exemple suflira pour faire bien apprécier les difficultés que pré- sente l’interprétation du sable de Moll dans la région méridionale, Seulement, de même que pour la région septentrionale il sera facile, rien qu'avec les données consignées sur nos cartes, de délimiter ledit sable de Moll (qu'il soit considéré comme Poederlien supérieur ou comme Amstelien) du Poederlien inférieur à Corbules ou Poederlien proprement dit, de même aussi, pour l’autre région, il sera possible de se rapprocher davantage de la réalité des faits en s'inspirant des vues exposées, durant ces dernières années, par le baron van Ertborn et en faisant exécuter, en de certains points bien choisis, tout un nouveau réseau de sondages tubés complémentaires. Le but que je me suis surtout proposé en présentant les quelques considérations qui précèdent, c’est de provoquer de la part de ceux de nos collègues qui se sont plus spécialement oceupés de la question, de nouvelles observations de nature à fixer définitivement les idées sur l’âge relatif tant du sable de Moil proprement dit que de nos argiles de !a Campine, afin de pouvoir faire coïncider la délimitation sur nos cartes des nouvelles couches tertiaires avec la publication des textes explicatifs dont quelques spécimens types sont en préparation. J’ajouterai enfin que si nous ne laissons point échapper une occa- sion d'exprimer notre reconnaissance pour les résultats acquis, de quel- que part qu’ils nous viennent, à l'effet d'améliorer notre Carte géolo- gique, nous avons aussi l'espoir qu'on voudra bien accorder à la nouvelle organisation de celle-c1, remontant déjà à dix-sept années, le bénéfice des circonstances atténuantes, si, ayant dû terminer, comme elle l’a fait, la première édition de son œuvre dans un délai relative- ment court, il ne lui a pas toujours été possible d'éviter certains écueils dans l’interprétation des faits observés. Ce que l’on à eu principalement en vue dans l'exécution de la Carte géologique, comme pour tout ce qui a été réalisé jusqu'ici au Service géologique, c’est moins d'arriver du premier jet à la perfection, rare- ment atteinte du reste, que d’asseoir sur des bases solides et ration- nelles les fondements d’un édifice qui ne peut que grandir et s’amé- liorer par la suite, surtout si ceux qui en sont les artisans ont un idéal patriotique pouvant triompher de préoccupations parfois un peu trop personnelles. EEE 4 A LE Marre LES ÉLÉMENTS BOTANIQUES DE LA DÉTERNINATION DE L'AGE DES ARCILES À BRIQUES DE TEGELEN, RENVER, RYCKEVORSEL ET RAEVELS PAR Clement REID et Eleanor M. REID (1) Nous avons publié récemment le résultat de nos recherches au sujet de l’argile de Tegelen (2). Le baron L. Greindl, le D' Lorié, ainsi que M. Pierre Gérimont, ont bien voulu nous envoyer de nouveaux maté- riaux d'étude provenant des environs de Turnhout et de Tegelen. Au lavage, ces échantillons ont fourni des espèces nouvelles de la flore de Tegelen, ainsi que le fossile si intéressant du rongeur pliocène déter- miné par M. E. T. Newton. A notre grand regret, les échantillons pro- venant d’autres localités n’ont guère fourni d'indications satisfaisantes. Nous ne publions ces notes que dans l’espoir que les géologues belges voudront bien entreprendre le lavage d'échantillons plus consi- dérables recueillis dans tous les endroits où l’on peut espérer rencon- trer des fossiles déterminables. Ce n’est que de cette façon que l’on pourra établir la succession et la corrélation des différentes couches. nous semble que ces dépôts ne sont pas tous du même âge, mais 1l nous est impossible de l’établir d’une façon précise. (4) Mémoire présenté à la séance du 17 décembre 1907. Traduction de M. Van de Wiele. (2) Verhandl. Koninkl. Akud. Weiensch. Amsterdam (Tweede Sectie). Deel XII, Nr 6, 1907. 584 CLEMENT ET ELEANOR M. REID. — LES ÉLÉMENTS BOTANIQUES En Angleterre, nous rencontrons les mêmes difficultés dans l’étude des différentes parties d’une épaisse couche d'argile à briques, qui paraissait uniforme à première vue. Ce n’est que par l’étude attentive des fossiles que l’on y rencontre à différentes profondeurs, qu'il a été possible de reconnaître que pendant la durée de sa formation les con- ditions climatériques se sont profondément modifiées. À Hoxne dans le Suffolk, une briqueterie présente, de haut en bas : Sables purs et sables argileux avec silex paléolithiques, et restes d’Elephas primigenius. Terre à briques sableuse remplie de débris de plantes arctiques. Terre à briques avec débris de plantes de climat tempéré. Argile olaciaire à blocaux. La briqueterie avait déjà été examinée par plusieurs géologues, lorsqu'il nous a été possible d'établir la série, et celle-ci serait restée ignorée, si les fossiles n'avaient pas été recherchés soigneusement. Les recherches botaniques faites au moyen de l’argile de Tegelen n'ayant pas élé publiées dans le Bulletin de la Société, il sera peut-être utile de signaler brièvement les conclusions générales auxquelles elles ont abouti, puisque la faune et la flore si remar- quables de Tegelen ne tarderont probablement guère à se retrouver en Belgique. Parmi les cent espèces recueillies, nous avons pu déterminer soixante-dix espèces de plantes phanérogames. La flore est essentielle- ment européenne septentrionale, mais on y trouve mêlées, d’un côté, quelques formes étrangères, vivant actuellement dans des régions très éloignées, et de l’autre, quelques espèces aujourd’hui éteintes. Les trente spécimens non déterminés renferment probablement d’autres espèces éteintes, mais la plupart appartiennent sans doute à des espèces dont nous n'avons pas encore pu nous procurer les semences. Le climat indiqué par la flore de Tegelen correspond à celui qui règne actuellement dans des régions plus méridionales, mais ne paraît pas avoir été aussi doux que semblent l'indiquer quelques genres que l’on y rencontre. Magnolia Kobus est une espèce vivant actuellement dans l’île septentrionale du Japon. Les noix de Pterocarya caucasica corres- pondent plutôt à la forme qui se rencontre aujourd’hui à une grande hauteur dans le Caucase, et non à la forme qui se rencontre plus bas. Najas minor, quoique surtout fréquente aujourd’hui dans le Sud, se rencontre aussi dans les dépôts quaternaires de l’Angleterre. La vigne (Vitis vinifera) est une des quelques plantes de la flore que nous pouvons citer comme indiquant d’une manière certaine un climat chaud, mais DE LA DÉTERMINATION DE L’AGE DES ARGILES A BRIQUES. 089 ses graines sont si résistantes qu'elles peuvent parfaitement avoir été transportées par les eaux d’une rivière venant du Sud. Le dépôt dans lequel ces plantes ont été retrouvées, est une alluvion très ancienne du Rhin, plus ancienne que l’alluvion que l’on rencontre sur la côte orientale de l’Angleterre et connue sous le nom de Forest Bed de Cromer (1). Il se peut même qu’il remonte à l’époque scaldisienne, à moins que, ce qui est le plus probable, il ne date de l’époque du dépôt du Weybourn Crag ou du Norwich Crag. Jusqu'ici on ne connaît dans le Nord de l’Europe aucune flore qui puisse se comparer avec celle de Tegelen ; la seule avec laquelle celle-ci présente quelques analogies est celle du Forest Bed de Cromer. Les nouveaux matériaux d'étude provenant de Tegelen qui nous ont été envoyés par le baron L. Greindi, ont fourni des résultats très satisfaisants ; outre des espèces non encore déterminées, nous y avons reconnu quarante-deux espèces, dont six nouvelles. Du D' Lorié nous avons reçu une boîte où nous avons trouvé vingt espèces, dont deux nouvelles. F est donc clair qu'il doit se trouver dans ces terrains encore beaucoup d’autres espèces; 11 y aurait lieu de rechercher des fruits plus ou moins volumineux provenant d’arbres forestiers, car Île Prof Dubois signale Juglans (noyer), Cornus Mas (cornouiller) et un prunier, qui n'ont pas encore été retrouvés par nous. Les arbres sont évidemment particuliers et demandent des recherches spéciales. Voici la liste des espèces trouvées en dernier lieu : Ranunculus Flammula Linn. Labiatae 2 sp. Stellaria aquatica Scop? Ajuga (A. reptans ? avant maturité) iypericum sp. 6. Potamogeton crispus Linn.? Apium inundatum Reïichb. Le lavage de l'échantillon d'argile envoyé par le baron L. Greindi a fourni la dent d’un rongeur d’une espèce déjà découverte dans Île Pliocène de l'Angleterre, et que M. E.-T. Newton a déterminé. Nous y avons trouvé aussi quelques brins de mousse, que nous avons envoyés, avec celles trouvées antérieurement, à M. H. N. Dixon, qui a étudié les mousses du Forest Bed de Cromer. Il nous écrit à ce sujet : _« J'ai étudié les mousses de Tegelen avec le plus grand intérêt et (1) Le Forest-Bed de Cromer a fourni jusqu'ici cent cinquante espèces de plantes phanérogames. (Voir Journal Linneun Society, Botany, vol. XXXVILH, pp. 206-227, London, 1898.) | 586 CLEMENT ET ELEANOR M. REID. — LES ÉLÉMENTS BOTANIQUES j'ai pu en déterminer sept ou huit espèces d’une façon suffisamment précise. Ce résultat me permet de confirmer, je pense, d’une façon intéressante les conclusions déjà fournies par l’examen des plantes phanérogames. L'ensemble du matériel d’études et consécutivement la généralité des espèces reconnues représentent des mousses d’eau douce et de marais, dont la plupart se rencontrent actuellement dans la plaine européenne centrale, mais leur parenté se rapproche plus de celles des stations méridionales que des espèces boréales. Cependant une branche de Pseudoleskea patens Limpr. appartient à une zone totale- ment distincte, représentée aujourd’hui par les mousses alpines. Elle correspond presque exactement aux spécimens modernes; la seule difié- rence consiste dans l’aréolation, mais il est facile de l’assortir avec des feuilles de l'espèce actuelle. J'ai envoyé le spécimen à M. W. E. Nichol- son, et Son opinion confirme la mienne. « On peut, Je pense, admettre d’une façon certaine que cette espèce ne pourrait croitre en compagnie d'espèces de terres basses ou méri- dionales, telles qu'Eurhynchium speciosum, et ceci confirme, jusqu'à un certain point, l’opinion déjà émise que les dépôts de Tegelen sont formés par les restes de plusieurs flores distinctes, les unes développées in situ, les autres amenées de distances plus ou moins grandes. D'un autre côté, la prépondérance d'Eurhynchium et des espèces correspon- dantes tendrait à les faire considérer comme les espèces propres à cette région au moment de la formation du dépôt. » En tout cas, il faut admettre que le spécimen de Pseudoleskea est un brin transporté, et qu'il n’est pas probable qu'elle ait pu se développer dans le voisinage immédiat des espèces hygrophiles.s » J'ai donc déterminé les espèces suivantes : 4. Eurhynchium speciosum Schp. L'espèce prépondérante. Habitat : terres basses (jusque 960 mètres), depuis l'Europe méridionale jusqu’au Danemark ; 2. Amblystegium filicenum De Not. Habitat : presque la totalité de la zone tempérée septentrionale jusqu’à la région arctique ; 3. Amblystegiun sp. ; 4. Philonotis fontana Brid. Même habitat que 9; ». Leskea polycarpa Ehrh. Habitat : terres basses (jusque 600 mètres). Elle s'étend sur l’Europe tempérée et dans la région arctique, l'Asie et l'Amérique du Nord. 6. Pseudoleskeu patens Limpr. Habitat : alpin à grande hauteur, dans les Alpes et dans les régions arctiques ; DE LA DÉTERMINATION DE L’'AGE DES ARGILES A BRIQUES. 981 7. Camplothecium sericeum Kindb. (Homalothecium B. et S.). Habitat : dans les terres basses et régions subalpines, depuis Algérie jusqu'aux régions subarctiques ; 8. Hypnum capillifolium Warnst. Habitat : dans les terres basses de l’Eu- rope centrale et septentrionale; 9. Ditrichium tortile Lindb. Habitat : dans les terres basses et les régions subalpines de l’Europe, de l'Asie et de l'Amérique du Nord et l'Algérie. Le spécimen, constitué par une tige avec des restes de seta, parait appartenir à notre forme commune, mais il en diffère par l’aréolation. Les feuilles, d’un autre côté, ressemblent quelque peu à celles de Dicra- nella varia, mais la seta est trop épaisse pour le ranger avec cette dernière espèce. » Les numéros 1, 2, 4, 5 et 8 sont des espèces nettement hygro- philes. » Nous avons encore reçu des échantillons de Renver, Raevels et Ryckevorsel (4). Le docteur Lorié nous a envoyé en 1906 un échantillon de Renver près de Tegelen. Il est constitué par une terre renfermant beaucoup de matières charbonneuses, et même, en certains points, de vrais fragments de bois carbonisé. On y rencontre aussi des fragments de bois ordinaires et enfin les semences dont la liste suit, et qui toutes sont assez détériorées et d’une détermination difficile. Thalictrum. Apium ? Potentilla? Caucalis ? Sambucus ? Menyanthes trifoliata Linn? Carduus. Carex. . Crepis ? Quelques fragments d'insectes. Cette liste et le caractère du dépôt font penser à un terrain conti- nental plutôt qu’à de l’alluvion. On n’y trouve que deux plantes de marais et pas de formes aquatiques ; elle ne contient rien d’approchant de la tourbe; la couleur noire en est due à du charbon pulvérisé. Les assises paléolithiques de la vallée de la Tamise contiennent souvent des matériaux semblables; elles présentent un mélange de sol végétal, de limon de ruissellement et de charbon qui s’y lie étroitement. Leur flore est toujours très pauvre. | Sambucus aurait de l’importance pour fixer la date du dépôt, si nous étions certains de sa détermination; car les graines plus anciennes (1) Renver, au Sud de Tegelen; Raevels, au Nord de Turnhout; Ryckevorsel, à l'Ouest de Turnhout. 588 CLEMENT ET ELEANOR M. REID. — LES ÉLÉMENTS BOTANIQUES sont parmi les fossiles les plus abondants du Pléistocène et du Néoli- thique, quoique totalement absentes des strates préglaciaires du Norfolk et de Tegelen. Passons maintenant aux localités belges où l’on suppose avoir rencontré des couches d’un âge équivalent à celui de la terre à briques de Tegelen et Renver. Nous avons reçu de Ryckevorsel des boîtes d'argile à trois reprises. Une boite envoyée par le baron Greindl au printemps Cernier con- tenait une argile dure, devenant onctueuse dans l’eau, mais sans tomber en Morceaux. Elle fut bouillie à la soude, mais ne contenait rien, sauf quelques menus fragments de terre végétale. Le baron Greindl demanda alors à M. Pierre Gérimont de nous envoyer de nouveaux échantillons. Celui-ci voulut bien nous les adresser en juillet avec d’autres provenant de Raevels, localité voisine. Raevels et Ryckevorsel sont les deux seules localités qui jusqu’à présent aient fourni des matériaux comparables à ceux de Tegelen; il sera donc utile d'entrer ici dans quelques détails. La description des couches exploitées nous à été envoyée avec les échantillons par M. Pierre Gérimont. Argile de Ryckevorsel. Banc irrégulier d'argile, de bonne qualité, très noire, banc intercalé très régulièrement entre les bancs d’argile vert bleuâtre à ciment. Ranunculus aquatilis Linn. Alisma Plantago Linn. — sceleratus Linn. Potamogeton. — Flammula Linn. Scirpus ? Hippuris vulgaris Linn. Carex. Argile de Ryckevorsel. Argile pure à ciment Portland. Traces de matières végétales ; pas de semences. Argile de Ryckevorsel. Petits banes irréguliers d'argile assez noire, inter- calés entre les bancs d'argile assez pure à ciment et d’argile ordinaire à briques, 2 à 3 mètres sous la surface du sol. Traces de matières végétales ; pas de semences. Argile de Raevels. Petite couche d'argile tourbeuse, le petit banc noir de 3 centimètres, et le petit banc très brun de 10 centimètres en mélange. Beaucoup de matières charbonneuses, une semence d’Alisma et quelques restes d'insectes. Argile de Raevels. Couche très noire de 3 centimètres environ d'épaisseur, située entre les bancs d’argile pure ordinaire ou argile à ciment Portland. Pas de semences, matières charbonneuses, quelques fragments d'insectes. Argile de Raevels, argile très brune. Elle a fourni environ douze semences appartenant toutes à la même espèce, rencontrée également à Tegelen, mais que nous n’avons pas encore pu déterminer. DE LA DÉTERMINATION DE L’AGE DES ARGILES A BRIQUES. 089 Ryckevorsel nous montre donc un vrai dépôt d’alluvion, renfermant des plantes de marais et d’eau douce, et ce dépôt est tout à fait à com- parer à celui de Tegelen : tous les deux se sont formés dans les mêmes conditions. Jusqu'ici on n’a pas rencontré à Ryckevorsel de vraies plantes de terre ferme, de sorte que la comparaison ne s'étend qu’à la flore aquatique des marais et d’eau douce. Les plantes de Ryckevorsel croissent toutes actuellement en Belgique, mais on les retrouve aussi à l’état fossile à Tegelen. Mais là elles sont mélangées à des formes étrangères ne vivant plus en Belgique n1 dans les Pays-Bas : £uryale limburgensis, Trapa natans var., Stratiotes elegans, Najas minor. Comme nous venons de le dire, ces formes ne se rencontrent pas à Ryckevorsel. Cependant il n’y a pas lieu d’insister trop sur cette différence, car Jus- qu'ici nous n'avons pu examiner que les échantillons provenant d’un petit bassin où ne vivaient que quelques rares plantes aquatiques et où les semences de terre ferme n’ont pu être transportées. Done, jusqu'ici, les résultats fournis par l'analyse botanique n’établissent pas la corré- lation des dépôts de Ryckevorsel et de ceux de Tegelen, mais elle ne paraît pas impossible. Les dépôts de Raevels demandent une étude spéciale, quoique les petits échantillons n'atent fourni que deux espèces de semences, mais l’une d’elles est identique avec une semence de Tegelen non encore déterminée. Nous en avons donné ailleurs le dessin (4). F nous est impossible de dire à quel ordre se rattache cette semence, car parmi les semences récentes et les semences fossiles nous n’avons jamais trouvé de spécimen que l’on y puisse comparer. Une seule graine de cette espèce fut d’abord trouvée à Tegelen, et elle était tellement tordue qu’il ne fut pas possible de la décrire d’une façon satisfaisante. L’argile de Tegelen que le baron Greindl nous à envoyée par la suite a fourni un second spécimen; enfin, l'argile de Raevels en contenait une douzaine, et parmi ceux-e1 quelques-uns étaient brisés, de sorte que l’on pouvait par là juger de leur structure interne. La semence a un diamètre de 1 millimètre environ, elle a été comprimée irrégu- lièrement en différents sens par les graines voisines. L'insertion est terminale, et de celle-ci partent des stries fines, ainsi que des ponc- tuations plus larges disposées linéairement. Les spécimens brisés, de même que ceux qui avaient germé, montrent que l’enveloppe de la graine est épaisse et dure, tandis que l’embryon est pendant; celui-ci ne laisse pas de marques sur la surface interne de l'enveloppe. (4) Op. cit., fig. 124. 590 LES ÉLÉMENTS BOTANIQUES DE L’AGE DES ARGILES A BRIQUES. Un sillon courbe, sur la surface externe, nous parut d’abord être acci- dentel, mais les spécimens nouveaux nous firent voir que nous avions affaire à un « sillon de germination » le long duquel la graine, très dure, pouvait s'ouvrir. L'étude spéciale des semences n’a guère été entreprise Jusqu'ici par les botanistes et, par conséquent, elles ont été très peu décrites, de sorte qu’il n’est pas impossible que la semence en question provienne d'une plante européenne bien connue; nous devons cependant recon- naître que la structure signalée plus haut nous paraît tout à fait nou- velle. Il est presque certain qu'elle provient d’une plante d’eau douce ou de marais, dont les semences, très resserrées entre elles, sont probablement logées dans une pulpe charnue. ——< he— DJ ©o'r EE RELATIVE À DES FRAGMENTS ROSAILES DE PETITS VERIEBRES TROUVÉS DANS LES DÉPOTS PLIOCÈNES DE TEGELEN-SUR-MEUSE PAR E. T. NEWTON (1) M. Clement Reid, mon ami et mon collègue au Geological Survey, étudiant les fossiles de la flore de Tegelen, à trouvé parmi les semences un certain nombre de restes de petits vertébrés, et il a eu l’amabilité de me les confier dans le but de rechercher leur identifica- tion. J’y suis parvenu, pour plusieurs d’entre eux, malgré leur état de fragmentation extrême. M. Reid en a donné la liste dans un travail déjà publié (2). Mais une étude plus minutieuse des spécimens m'a permis d’arriver à des conclusions plus précises, et j'ai cru qu'il serait utile de publier ces résultats parce qu'ils fournissent l'identité spécifique de la dent de Microtus et contribuent ainsi à mieux délimiter l’âge géologique des couches dans lesquelles on l’a trouvée. Les ossements de Tegelen ont une couleur brun foncé; ils sont durs et cassants, ressemblant beaucoup à ceux que l’on rencontre dans l’'Upper Freshwater Bed du Forest-Bed de Norfolk; tous sont de petit volume et dans un état fragmentaire. Nous décrirons brièvement ceux d’entre eux qu’il a été possible de déterminer. La dent de Microtus, tant (4) Mémoire présenté à la séance du 17 décembre 1907. Traduction de M. Van de Wiele. (2) Verhandl. d. Konink. Akad. d. 1ÉnSCTpES te Amsterdam (Tweede Sectie!, Deel XIII, Nr 6, 1907. 592 E. T. NEWTON. — FRAGMENTS FOSSILES DE PETITS VERTÉBRÉS à cause de l’intérêt spécial qu’elle présente que de la netteté de ses caractères, sera décrite plus longuement. Grenouille (Rana sp.). Un fragment de fémur et une capsule nasale ossifiée. Ils appartiennent sans aucun doute au genre Rana, mais l’espèce ne peut être fixée. Brochet (Esox lucius). Deux ou trois petites dents se présentant sous la forme de lame tranchante caractéristique pour le Brochet et pouvant par conséquent se rapporter à l'espèce citée. Épinoche (Gusterosteus aculeatus). On peut attribuer à l’épinoche plusieurs épines dentelées dont les articulations sont bien conservées. [l faut cependant reconnaître que les dentelières sont plus fines que celles des épines avec lesquelles Je les ai comparées. Perche (Perca fluviatilis). Deux ou trois morceaux d’écailles éténoides, dont une presque cemplète, Ss’accordant parfaitement avec celles de ce poisson, de sorte qu'il n’y a pas de doute au sujet de leur identification. Anguille (Anguilla vulgaris). Deux petites vertèbres présentant l’arc neural tubulaire si caractéristique pour les vertèbres de l’Anguille. Leuciscus erythrophthalmus. Une seule dent pharyngéale présentant la couronne fortement dentelée, en forme de faucille, caractéristique pour cette espèce. Brème (Abramis brama). La couronne d’une dent incomplètement développée, présentant un crochet à l’une de ses extrémités seulement. Elle présente une si grande ressemblance avec les dents pharyngées de la Brème, qu’il n’y à guère de doute sur la détermination du fossile. Tanche? (Tinca vulgaris?). Deux dents, larges, mais à couronne basse, et dans l’une d’elles un sillon à la surface supérieure. Elles ressemblent à celles de la Tanche et appartiennent très probablement à cette espèce. Dents pharyngées d’un cyprinoïde, de détermination douteuse, mais appartenant probablement à une espèce de Leuciscus. Des vertèbres de poissons, des écailles et des ossements brisés constituent la plus grande partie des échantillons qui m'ont été remis, mais ils sont pour la plupart trop fragmentaires pour qu'il y ait moyen de les déterminer. La coquille d’eau douce Bithynia teniaculata est représentée par trois petits opercules. Microtus (Mimomys) pliocænicus. Le baron Greindl, secrétaire de la Société belge de Géologie, a bien voulu envoyer à mon collègue un échantillon de l'argile de Tegelen. DES DÉPOTS PLIOCÈNES DE TEGELEN-SUR-MEUSE. 093 Parmi les semences que M. Reid y a recueillies par son procédé de lavage, il a trouvé quelques fragments d’os et des vertèbres. La plupart sont des écailles et des fragments d’os de poisson, qui ne sont pas susceptibles de détermination. Cependant on y rencontre une branche de la mâchoire d’un poisson cyprinoïde et une dent de Jicrotus. Ce dernier spécimen présente un intérêt assez grand pour justifier une description détaillée. FIG A. Fic. 2. Surface de mastication X 10. Surface extérieure X T4. Microtus (Mimomys) pliocænicus F. Major. Cette dent (fig. 4 et 2) se trouve être une molaire antérieure de la mâchoire inférieure, c’est-à-dire la dent la plus caractéristique pour la détermination spécifique de MWicrotus. La longueur de la surface de mastication est de 3""4; la hauteur, en y comprenant celle des racines, est de 5""2, A la surface intérieure on rencontre quatre angles proéminents, et le prisme antérieur de la dent pour- rait même êlre considéré comme un cinquième angle intérieur. A la surface extérieure on compte trois angles nettement dessinés, dont l’antérieur est plus petit que les deux derniers. Enfin on ren- contre un quatrième angle, très pelit, 1} est vrai, et séparé de Ja partie antérieure presque plane Ge la dent par un enfoncement peu profond mais nettement dessiné. Tout coatre la partie interne de cet enfoncemeut, on distingue un lot d’émail nettement dessiné et entouré par la dentine. L'émail qui enveloppe la totalité de la dent est un peu plus épais à la partie postérieure de chaque prisme qu’à sa partie antérieure. La partie antérieure de la dent parait être revêtue d’une légère couche d’émail. Aucun des plis de lémail vers l’intérieur n’atteint la couche d’émail du côté opposé de la dent; ils restent séparés par une épaisseur de dentine à peu près équivalente à la plus 594 KE. T. NEWTON. — FRAGMENTS FOSSILES DE PETITS VERTÉBRÉS grande épaisseur de l’émail. Cet espace de séparation ne se rencontre pas dans la partie correspondante de la dent molaire du Rat d’eau, Microtus amphibius ; néanmoins celle-ci ressemble presque complète- ment par son aspect général à la dent fossile de Tegelen. Dans cette dernière, les triangles de dentine se rejoignent presque, de sorte qu’à l'exception du prisme postérieur, qui accuse toute la largeur de la dent, on peut y distinguer trois triangles distincts sur chacune des deux surfaces, et en avant le prisme antérieur communique largement avec le troisième triangle extérieur et le quatrième triangle intérieur. Sur une vue latérale (fig. 2), on peut très bien constater la rencontre des prismes vers la base de la dent pour y constituer deux racines. Il ne peut y avoir aucun doute sur la grande ressemblance que présente cette dent avec celle provenant d’un rongeur du Forest-Bed de Norfolk, et que j'ai attribuée, il y a quelques années, à Arvicola (Evotomys) inter- medius (1). D'un côté les dimensions de la dent et l'aspect de la surface de trituration rappellent si exactement ce qui existe chez Microtus amplibius, d’un autre côté les racines des dents ressemblent tellement à celles d’Evotomys glareolus, que j'aurais été amené à déter- miner le fossile comme appartenant à Microtus intermedius, si l’on ne venait de démontrer tout récemment que cette espèce présente plu- sieurs formes qu'il à fallu désigner sous des noms distincts. Le D'Forsyth Major (2), qui a le mieux étudié les animaux en question dans un travail concis, mais d’une très grande valeur, dit : Je propose de former un genre spécial, Mimomys, pour tous les Campagnols dont les molaires se distinguent nettement de celles de Evotomys, Phenaco- mys et Dolomys. Mimomys diffère de Evotomys en ce qu'il présente sur la molaire inférieure et antérieure seulement trois triangles fermés, caractère qui lui est commun avec Microtus amphibius. Phenacomys (3), de même qu’Ævotomys, présente sur cette dent cinq triangles fermés. Dolomys, d’après la figure dans Nehring (4), présente des prismes intérieurs, presque égaux à ceux de l’extérieur, et les triangles sont presque con- fondus. Mimomys est le seul genre dont les dents à racines présentent l’ilot d’émail à la partie antérieure de la molaire antérieure de la mà- (4) Geol. Mag., June 1881, p. 258; et Memoir of Geol. Survey, Engl. and Wales « Vertebrata of the Forest Bed Series », p. 83, 1882. ; (2) Proc. Zool. Soc., 1902, p. 102. (3) Gerrit S. Miller North American Fauna, n° 12; Genera and sub genera of Voles and Lemmings, p. 40, 1896. (4) Ueber Dolonys. Nov. gen. foss. Zoolog. Anxeiger, n° 549, 1898. DES DÉPOTS PLIOCÈNES DE TEGELEN-SUR-MEUSE. 998 choire inférieure, et c’est surtout sur les variations de cet ilot que le D' Forsyth Major a basé sa distinction entre les espèces du nouveau genre Mimomys. | Parmi les nombreuses premières molaires de Mimomys trouvées dans le Upper Freshwater Bed à West Runton, celles qui présentent l’ilot d’émail en question sont rares, et il paraît, d’après l'observation du D" Forsyth Major, que, dans ce cas, l'émail ne pénètre pas pro- fondément vers l’intérieur de la dent, de sorte que l’ilot n’a pas tardé à disparaître par suite de l’usure. D’un autre côté, les racines de la dent ne se développent que relativement tard dans le cours du développe- ment de l'animal. C’est pour ces cas que l’on a proposé le nom de Mimomys intermedius. Cette forme ne se rencontre pas fréquemment dans le Upper Freshwater Bed; cependant on l’a aussi rencontrée dans le Estuarine Bed et dans le East Runton Led (Weybourn Crag). Dans le Norwich Crag, dans le Weybourn Crag et dans le Pliocène du Val d’Arno, on rencontre une autre forme de Mimomys, chez laquelle l’ilot d’émail est plus persistant, et chez laquelle les racines se développent plus tôt. À cette forme, le D" Forsyth Major a donné le nom de M. pliocænicus. Une troisième forme, beaucoup plus petite, appar- tenant au Norwich Crag, a été appelée M. Newtoni. Lorsque les différences entre deux espèces ne portent que sur une question de degré et ne constituent pas des caractères nettement tran- chés, la détermination spécifique devient difficile, et si, comme dans le cas présent, elle n’est basée que sur une simple dent, la difficulté devient encore plus grande. Quand je reçus la dent de Tegelen, il me parut tout d’abord qu’il n’y avait pas de doute qu’elle ne représentät la forme avec racines du Forest-Bed connue depuis longtemps sous le nom de M. intermedius et qui est signalée sous ce nom dans la liste de M. Clement Reid. Mais depuis, j'ai pu étudier le spécimen plus à loisir, en suivant les indications du travail du D’ Forsyth Major, et Je me vois amené à le rattacher à la forme qui à été créée sous le nom de M. pliocænicus. Les seules espèces avec lesquelles la dent de Tegelen puisse être comparée sont A. intermedius et M pliocænicus. La dent est relativement jeune, comme l'indique le rétrécissement de la couronne dans la direction de la surface de trituration,set c’est ce qui nous permet de constater encore la présence de l’ilot de l’émail; or, c’est ce qui arriverait dans le cas où la dent proviendrait d’un individu jeune de M. intermedius, alors que l’ilot devient plus rare quand l’ani- mal est plus âgé, comme nous le constatons souvent dans les spécimens de cette espèce. Le volume de la dent de Tegelen correspond le mieux 596 E. T. NEWTON. — FRAGMENTS FOSSILES DE PETITS VERTÉBRÉS. à celui de la dent de M. intermedius, mais il est vrai que c’est là un caractère de peu de valeur. D'un autre côté, le rétrécissement vers la surface de trituration et l'apparition nettement marquée de deux racines pour une dent relativement jeune, ainsi que la persistance de l’ilot d'émail alors que la formation des racines est déjà très avancée, sont des caractères qui plaident beaucoup en faveur de lattribution de la dent fossile à M. pliocænicus. Remarques. — Les restes des mammifères déterminés par le docteur Eugène Dubois (1)appartiennent à des formes qui ont été reconnues dans les couches de l'estuaire du Cromer Forest-Bed. Quoique les trois noms spécifiques du genus Cervus fournis par le docteur Dubois ne se ren- contrent pas dans la liste anglaise, il n’est cependant pas douteux qu'ils ne représentent des espèces trouvées dans le Forest-Bed ; deux des fossiles y figurent sous un autre nom, et le troisième se rencontre probablement parmi les nombreux spécimens qui n’ont pas encore été identifiés. Quoique j'hésite à séparer le Upper Freshwater Bed et le Forest-Bed, je me railie à l'opinion qu'il exprime dans son travail, que les restes de mammifères de Tegelen datent du Pliocène. Les petits ver- tébrés de Tegelen appartiennent à des espèces qui vivent encore en Europe, de même qu'ils correspondent à celles qui se rencontrent dans le Upper Freshwater Bed de la côte de Nortolk. Les espèces plus grandes, par contre, se retrouvent dans les couches d’estuaire de la série de Forest-Bed; enfin, l’espèce Wicrotus (Mimomys) pliocænicus caractérise surtout les dépôts du Norwich Crag, qui est plus ancien. Il semblerait que les ossements de Tegelen appartiennent à deux ou trois horizons parallèles à ceux de la côte de Norfolk. Il faudra toutefois recueillir de nouveaux documents pour permettre d'établir la situation stratigraphique des dépôts de Tegelen. On a soutenu que les dépôts du Forest-Bed, de même que ceux de Tegelen, se sont formés sur les côtes de la Mer du Nord, à une époque relativement récente, et que les fossiles pliocènes qu’ils renferment proviennent de couches plus anciennes. Nous ne connaissons aucune formation à laquelle on pourrait faire remonter l’origine de cel assem- blage de formes. Parmi les vertébrés, on rencontre plusieurs formes par- ticulières au .Forest-Bed et n’appartenant pas aux différents Crags; ceux-ci paraissent former en dessous une série plus ou moins régulière. (4) Archives Teyler, sér. IL, t. IX, 4e partie, 1905. Te AE << TABLE DES MÉMOIRES CONTENUS DANS LE TOME XXI A, tiutot. Sur la découverte de silex utilisés sous les alluvions fluviales de la Pages, haute terrasse de 100 mètres de la vallée de la Meuse. 3 4. Hankar-Urban, Deuxième note sur des mouvements spontanés des roches dans les mines, les carrières, etc.. 94 A. Rutot, Sur l’âge des cavernes de Grimaldi, dites Grottes de Menton . 53 3. Lembert. Étude sur quelques Échinides des couches à Hippurites de Gosau. (Planche I.) 83 Louis Dollo. Les Ptyctodontes sont des Arthrodères. (Planche I.) . 97 4. Mankar-Urban, Le tunnel de Braine-le-Comte et les sables boulants . 409 Eugène Maillieux. Compte rendu de l’excursion dans les environs de Couvin, les 14 et 15 août 1906, de la Société De de ie de Paléontologie et d'Hydrologie . : NT ee 1082193 Baron ©. van Erthorn, Revision de l’échelle du Pleistocène de la Belgique. 169 Baron ©. van Krtborn, Tableau comparé de l’échelle française et générale du groupe tertiaire avec la Légende officielle de Belgique et la Légende libre de l’auteur | 199 F. Halet, Compte rendu sommaire de la Xe session du Congrès géologique international, tenue à Mexico en septembre 1906 2 205 Léon Gerard, Sur une méthode d’analyse rapide des eaux alimentaires 226 ŒÆ, Lagrange. Sismologie et Géologie 259 G. Simoens. Un exemple de relation entre les phénomènes tectoniques et sismiques en Belgique . 251 H, de Dorlodot. La faille de Maulenne. (Planche III.). 265 Dr Johnston-Lavis, M, D., D.Ch.,M.R.C.S.,L,S. A., Lond, De la relation existant entre l’activité du Vésuve et certains phénomènes météorologiques et astronomiques. (Planche IV.) 303 @. Cosyns. Essai d'interprétation chimique de l’altération des schistes et cal- caires. (Planches V à X.) 329 598 TABLE DES MATIÈRES. Pages. A. Briquet. La vallée de la Meuse en aval de Liége. 3. Cornet. Contributions à la Géologie du Bassin du Congo. — I. Notes sur la Géologie du Bassin du Kassai , + 17 LONONENSSS 36 w. Prinz. Les oxydes de titane et autres produits d’altération de quelques roches du Brabant, suivi de remarques sur le dynamo-métamorphisme . . 383 A. Rutot. Un grave problème. — Une industrie humaine datant de l’époque oligocène. Comparaison des outils avec ceux des Tasmaniens actuels . . 439 F. Halet. Coupes géologiques de quelques sondages profonds, exécutés depuis 1900, sur le territoire des planchettes de Bruxelles, Uccle, Hal, Lennick- Saint-Quentin et Vilvorde . EE s a CAES F. Malet. Coupes géologiques de quelques puits nouveaux, exécutés sur le territoire des planchettes de Termonde et d’Alost . . A El F. Halet, Le puits artésien de l’amidonnerie de Hamme lez-Saint-Nicolas . . 519 3. Lorté. La stratigraphie des argiles de la Campine belge et du Limbourg néerlandais. (Planches XI à XIIL) . . . us +? COR Michel Mourlon, Sur la nouvelle interprétation du sable de la Campine . . 577 Clement Reid ot Eleanor M. Reid. Les éléments botaniques de la déter- mination de l’âge des argiles à briques de Tegelen, Renver, Ryckevorsel et Raevelsi Le OMR ER 2° E. T. Newton. Note relative à des fragments fossiles de pets vertébrés trouvés dans les dépôts pliocènes de Tegelen-sur-Meuse _. . . :. . . . . . 591 RE UE TABLE DES MATIÈRES | Pages. 3. Lorié. La stratigraphie des argiles de la Campine belge et du Limbourg néerlandais. (Planches XI à XIIL.) 25 4. 25 Michel Mourlon. Sur la nouvelle interprétation du sable de la Campine . . 571 Clement Reid ct Eleanor M. Reid, Les éléments botaniques de la déter- mination de l’âge des argiles à briques de Tegelen, Renver, Ryckevorsel et Babies ee Ju NI RE LE SES S E. T. Newton. Note relative à des fragments fossiles de petits vertébrés trouvés dans les dépôts pliocènes de Tegelen-sur-Meuse . . . . . . . . . 594 nm) (os > à Een ses | DT 01368 3917