UT AUSTIN WAREHOUSE 01784176 Y r . ■ ' • •» * . ■ .. » 2DGt,^STST0 • .- •;v‘-Æs . '4^ï-' . 3c.* • •> -' • YY' • ■h ‘ "J QE 1 S6775 SER.2 V.3 \';7*r ^ :.; V' "" GEOL I - 7- - • •••;,: .■ 7--.' ' ^ Vf-,% i ■ , • ' : •*”>£- ’ " • V-’ v- * • v -• ~ • •Tj'yï'* 5S+.+06 ;-• r-. . 7 - wà . K-gsr a sgr J- \ „ - - Sol3b •“' V y •■- g \ >v V y 7» i . v* ■. ; C-- ' > 1 - * ■■ \ . v.1? . - 7Î/.V fr- * &!? LIBRARY OF • . THE UNIVERSITY OF TEXAS :• •• . - - * • ■ • , . v , * . •*•/! . * > \v -■ î ; \ *• . . . 4 N*I' ?: • .•//O* 'OSl*1- * ' vN .. • ✓ ■■ N {K»» ' . * -‘?ÿ% «£»L u»*Y * ’ V V* V Jk 1995 RE ou - DUE RETURNED < b This Item is Due on the Latest Date Stamped THE GENERAL LIBRARIES v>j ; ■ * ' • .* ■ * . » • r •V » ' V. . . ... > i.— ' - i \ A * - * THE UNIVERSITY OF TEXAS AT AUSTIN -r-v-T « PARIS. — IMPRIMERIE DE BOURGOGNE ET MARTINET, IMPRIMEURS DK LA SOCIETE GEOLOGIQUE DE FRANCE, RUE JACO*, 50. N < DE LA SOCIÉTÉ DE FRANCE. ëo/ue ë,<> !s )j)j O • J tetSÆtev+ee 4e? \ * ‘ * • « 4‘C ■ « *2 :; *» w . «i» «> o . * 4)4,, WJ « r «• c , 4)* ,1 ' «‘ 4 1 < wt (i r 4' c, , i 4 4 % * < * «>, c V ' • I s (D > ’ > 3 > , 5 » La Société reçoit : , . ’ ’ , >> > > ^ ; • * V> ’ j 5 > é J* De la part de M. le ministre de l«i justice , Journal des sa- 5 z^huints ; juin, juillet , août, septembre 1845. De la part deM. le ministre de la marine , 1° Voyage autour du monde sur la frégate la Vénus, de 1836 à 1839, par Abel Du Petit-Thouars *, 10 vol. in-8°, 11 livr. de planches in-f° et une carte générale du globe. Paris, 1840 à 1844. 2° Voyage au pôle sud et dans V Océanie sur les corvettes l’Astrolabe et la Zélée, de 1837 a 1840, par Dumont d’Ur- ville *, Hydrographie , t. Ier j Histoire du voyage , t. VI, VII ; Botanique f t. I \ avecatlas in-f°, livr. là 16 et 31 à 33. Delà part deM. Billaudel , Notice sur Claude Deschamps , inspecteur général des ponts et chaussées (extr. des Annales des ponts et chaussées , novembre et décembre 1844)*, in-8°, 39 p. , 1 pl. Paris , 1845. De la part de M. Agassiz, Iconographie des coquilles ter¬ tiaires réputées identiques avec les espèces vivantes ou dans différents terrains de l'époque tertiaire , accompagnée de la description des espèces nouvelles (extr. du t. VII des Nouv. mémoires de la Soc. helvétique des sc. nat. ) ; in-4°, 64 p., 15 pl. Neuchâtel , 1845. SÉANCE 1)U 3 NOVEMBRE 18Z|5 . 6 De la part de M. Ch. dOrbigny, Di et. unie. (V histoire na¬ turelle; liyr. 63 à 70. De la part de M. C.-M. Boulanger, Statistique géologique et minéralogique du département de l’ Allier; in-8°, 483 p., avec atlas in-f°. Moulins , 1844. De la part de M. Pierre de Tchihatcheff, Voyage scienti¬ fique dans l’ Altaï oriental et les parties adjacentes de la fron¬ tière de la Chine; petit in-f°, 466 p. , avec atlas de 30 pl. Paris, 1845. De la part de M. G. Fischer de Waklheim, 1° Observations sur le genre de polypier cœloptycJiium de G nid fus (extr. du Bulletin de la Soc. imp. des natur. de Moscou , t. XVII, 1844), in-8°, 11 p., 3 pl. 2° Notice sur le Spondylosa urus , genre de saurien fossile def polithe de Moscou (extr. du Bulletin de la Soc. imp. des natjir' de/Müswi; 1. XVIII, 1845 )• in-8° , 11 p., 2 pl. 3° Thoracàèeyds ( ante a nielia), genre delà famille des 'y ) thç sera tftes (extr. du Bulletin de la Soc. imp. des natur. ’ de Moscou' in-8° , 18 p. , 2 pl . De la part de MM. d’ xVrêhiac et de Verneuil , Note sur une coupe du mont Cagnotte à Creil (extr. du Bulletin de la Soc. géol. de France , 2fi série, t. II, p. 334 ) ^ in-8°, 12 p., 1 pl. Paris, 1845. De la part de M. G. Bailly de Merlieux, Compte-rendu des travaux delà Société royale (F horticulture de Paris depuis P exposition de 1844 -, in-8° , 39 p. Paris, 1845. De la part deM. II. Hogard, Aperçu de la constitution miné¬ ralogique et géologique du département des Vosges (extr. de la Statistique de ce département , publiée par MM. H. Le¬ page et Ch. Charton)-, in-8°, 130 p. Epînal, 1845. Delà part de M. Jean de Charpentier, Sur P hypothèse qui attribue les phénomènes erratiques des Pyrénées à une fonte subite des glaciers (extr. de la Biblioth. univ. de Genève)-, in-8°, 15 p. Genève, janvier 1845. De la part de M. J. Fournet, 1° Sur P invention du thermo¬ mètre centigrade a mercure faite à Lyon par M. Christin (extr. des Annales de la Soc. (Pagricult, de Lyon , 4 juillet 1845)*, in-8° , 17 p. Lyon , 1845. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. / 2° Simplification de V étude d'une certaine classe de filons (extr. des mômes Annales, 18 avril 1845)* in-8°, 107 p- , 4 pi. Lyon , 1845. $ De la part de M. Eugène Robert, Sur le monument et les ossements celtiques découverts à Meudon en juillet 1845 ; rapport de M. Serres à l’Académie des sciences (extr. des Comptes - rendus des séances de V Académie des sciences , t. XXI, séance du 15 septembre 1845) -, in-4°, 14 p. Paris , 1845. De la part de M. Hardouin Michelin, Iconographie zoophyto- logique ; liyr. 17 à 19. De la part de M. J. -J. Clément Mullet , Souvenirs de la réu¬ nion extraordinaire de la Société géologique de France à Chambéry , en août 1844 ( extr. du n° 93 des Mémoires de la Société d’agriculture , sciences , arts et belles -lettres du département de V Aube)', in-8° , 39 p. Troyes, 1845. De la part de M. T. Puel, Catalogue des plantes qui crois¬ sent dans le département du Lot , classées d’après le système de Linné ; in-8°, 40 p. 1845. De la part deM. Alcide d’Orbigny, Paléontologie française : Terrains crétacés , liyr. 99 à 102 j Terrains jurassiques , livr. 32 à 34. Delà part de M. César Moreau , 1° Statistique générale de l’Europe , l’Asie , l’Afrique , l’ Amérique et l'Océanie , par MM. César Moreau et Slowaczynski -, 2 vol. in-18, réunis en un seul , 812 p. Paris, juin 1838. 2° L’Univers maçonnique , par une Société de francs-ma¬ çons, sous la direction de M. César Moreau \ in-8° , 768 p. Paris, 1837. 3° Notice biographique sur la vie et les travaux militaires , administratifs et scientifiques de M. César Moreau (extr. des Contemporains , revue biographique des hommes du jour ) * in-8°, 15 p. Paris 1845. 4° Notice sur César Moreau ( de Marseille') , par E. Pas- callet (extr. du Biographe universel , galerie scientifique ) *, in-8°, 59 p. Paris, 1841. 5° Notice, biographique de la vie et des travaux de M . César 8 SÉANCE 1)1! 3 NOVEMBRE 18Z|5. .Moreau ( de Marseille ), par M. A. Legrand*, in-8°, 8 p. Paris.... 6° State ofthe trade , etc. (État du commerce delà Grande- Bretagne avec toutes les parties du monde, de 1697 à 1822)} 1 feuille grand aigle. Londres, 1822. 7° The past and présent . etc. (L’État passé et présent de la situation statistique de l’Irlande), in-f° , 56 p. Londres , 15 oçtobre 1827. 8° Chronological records , etc. ( Archives chronologiques de la marine royale et marchande anglaise, de 827 à 1827) } in-f° oblong , 85 p. Londres, 1827. 9° Chronological records, etc. (Archives chronologiques des finances de la Grande-Bretagne de 55 à 1828) -, in-f° oblong , 27 p. Londres, 1828. De la part de M. Boderick Impey Murchison, Address to the anniversary meeting of the Boyal Geographical Society , 2611' mai 18Zt5, in-8°, 76 p. Londres, 1845. De la part de M. le capitaine Newbold, Summaiy , etc. (Sommaire de la géologie de l’Inde méridionale)*, in-8° , 92 p. De la part de MM. Thomas Austin esqre et Thomas Austin jeune, A monography , etc. (Monographie des crinoïdes récents et fossiles, avec des figures et des descriptions de quelques genres voisins , récents et fossiles) *, in-4° , lre et 2e livr. Londres, 1845. Delà part de M. J. Balsamo Crivelli, Memoria per servire air il lustra zio ne , etc. (Mémoire pour servir à l’illustration des grands mammifères fossiles existant dans le cabinet I. et R. de Sainte-Thérèse à Milan , et dissertation sur deux mammifères fossiles trouvés dans les lignites de la province de Bergame) *, in-8° , 2/i p. Milan, mai 18/12. De la part de M. G. -G. Bianconi , 1° Soprci alcuni zoo - Jitiy etc. (Sur quelques zoophytes décrits sous les noms de Cl ion a cœlat a (Grant) , Visa (Nardo), et Spongia terehrans (Duvernoy) (extr. du t. VII des Nouvelles annales des sciences naturelles de Bologne^ in-12, 17 p. 2° Su/ sistema vascolare , etc. (Sur le système vasculaire des feuilles considéré comme caractère distinctif pour la détcr- SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. 9 mination des Phyllites ) (extr. du 3e fascicule des Nouv. annal, des sc. nat . de Bologne)-, p. 343 à 390 , in-12, 7 pi. Bologne, 1838. 3° De origine caloris in aquis thermalibus considerationes quœdarn ; in-Z|0 , 22 p. , 1 pl. Bologne, 1842. De la part de 3VI. L. Pilla , Saggio comparativo , etc. (Essai comparatif des terrains qui composent le sol de l’Italie) -, in-8°, 137 p. , 1 pl. Pise, 1845. De la part de M. A. -Y. Klipstein, Beitrage zur geologis- chen kenntniss , etc. (Matériaux pour servir à la géologie des Alpes occidentales) ^ 3e livr. in-4° , p. IV à VI , et 241 à 312, 5 pl. Giessen, 1845. Delà part de M. Ezquerra del Baio, Datos y observacio- nes , etc. (Observations sur l’industrie minérale, avec une description caractéristique des minéraux utiles dont l’exploita¬ tion peut être l’objet d’entreprises)-, in-8°, 353 p. , 3 pl. Madrid, 1844. Comptes-rendus des séances de V Académie des sciences , table du 2e sem. 1844, vol. XIX-, — 1845, 1er sem. , nos24 à 26-, — table du 1er sem. 1845, vol. XX-, — 1845, 2e sem., nos 1 à 17. L Institut, 1845, nos 599 à 616. Annales de l’Auvergne , nos de mars à août 1845. L’Echo du monde savant , 1845, nos 45 à 49, 15 au 30 juin j nos 1 à 30, 1er juillet au 16 octobre. Le Mémorial encyclopédique , mai 1845. Extrait du programme de la Société hollandaise des sciences de Harlem pour l’année 1845. Commission hydrométrique de Lyon , mai et juin 1845. Annales des mines , 4e série, t. VII, 1845 , lre et 2e livr. Bulletin de la Société de géographie , 3e série, t. III, nos18 et 19, juin et juillet 1845. Mémoires de la Société royale des sciences , lettres et arts de Nancy , année 1843. Mémoires de la Société d’ agriculture , des sciences et des arts de Valenciennes , t. III et IV , années 1841 et 1844. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse , n° 90. The Athenœum , 1845 , nos 921 à 940. 10 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18/l5. The Mining Journal , 1845 , nos 513 à 532. Report of lhe thirteenth meeting , etc. ( Relation de la 13e as¬ semblée de l’Association Britannique pour l’ayancement de la science, tenue à Cork en août 1843); in-8°, 422 p., 3 pl. Lon¬ dres, 1844. Report of thé fourteenth meeting , etc. (Relation de la 1 he as¬ semblée de l’Association Britannique pour l’avancement de la science, tenue à York en septembre 18 44); in-8°, 547 p., 57 pl. Londres, 1845. Proceedings of the Geological Society oj London , 1843 — 1844, n° 99 • — 1844 , nos 100 — 101. Transactions of the Geological Society of London , 2' ser., vol. A II , parts 1 and 2. Proceedings of tlie Royal Society of London , 1844, n° 60. Philosophical Transactions of the Royal Society of London for \ 845 , part 1. The Royal Society , 30th nov. 1844. Proceedings of the Royal Society of Edinhurgh , table , vol. I , décembre 1832 5 mai 1844 ; — vol. II , 1844, 1845 , nos 25 et 26. Transactions of the Royal Society of Edinburçh , vol. XYI , p. I, — vol. XVII, p. I. Reports of the Natural Histoiy Society of JSorthumberland for years 1842, 1843, 1844. Third bulletin , etc. (Troisième bulletin des procès-verbaux de l’Institut national pour l’avancement de la science 5 Wash¬ ington , de février 1842 à février 1845 , avec les procès- verbaux de la réunion d’avril 1844). Cor res ponde nblatt , etc. (Bulletin de correspondance de la Société royale d’agriculture de Wurtemberg, nouv. série, t. XXVI, année 1844, IIe vol. , 4e livr.). Berieht uber die , etc. (Compte-rendu des travaux de l’Aca¬ démie royale des sciences de Berlin , de juillet à décembre 1844 , et de janvier à juin 1845 ). Abhandhingen , etc. (Mémoires de l’Académie royale des sciences de Berlin pour l’année 1843). Abhandhingen , etc. (Mémoires de la Société royale des SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. 11 sciences de Bohême; 5e série ; vol. I, 1837 à 1840-, vol. II, 1841 à 1842 • vol. III , 1843 à 1844 ). Boletirt official de minas de Espana , 1845 , nos 24 à 31. Anales de minas , t. III. Madrid, 1845. Le Trésorier rend le compte suivant de l’état de la caisse : Il y avait en caisse au 31 décembre 1844. . 758 fr. 25 c. La recette, depuis le 1er janvier 1 845 jusqu’au 31 octobre dernier, s’est élevée à . 16,763 90 Ensemble . 17,522 15 La dépense monte à . 16,404 80 Il reste en caisse au 31 octobre dernier. ... 1,117 35 M. Fauverge offre à la Société quelques roches et fossiles du bassin confluent du Rhône et de l’Ardèche , ainsi que du terrain néocomien sur lequel reposent les couches de ce bassin. Il rap¬ pelle le calcaire nummulitique dont a parlé M. de Roys il y a un an , et pense que les Nummulites que l’on y trouve y ont été amenées par les eaux , ainsi que les végétaux qui composent les lignites de ce bassin. j’ai recueilli il y a longtemps , continue M. Fauverge , une partie des roches et des fossiles que j’ai l’honneur d’offrir à la Société ; le reste m’a été envoyé d’après une demande et des indi¬ cations qui n’ont pas été entièrement comprises , ce qui me laisse le regret de ne pouvoir vous offrir , du moins pour le moment , une collection complète des diverses couches de cette localité. Avant de vous donner quelques détails sur ce bassin , permettez- moi de vous présenter succinctement un tableau de la disposition générale des divers terrains du département de T Ardèche, qui forme un grand amphithéâtre , dont les degrés sont d’autant plus élevés qu’ils appartiennent à des formations plus anciennes. La crête des Cévennes, dont la direction est N.-E. et S. -O. , est le plus haut deg;é. La chaîne du Coyron , qui offre une suite de volcans éteints, en s’élevant du Rhône jusqu’aux Cévennes , qu’elle joint perpendiculairement , le partage en deux parties , septentrionale et méridionale. La partie septentrionale est du terrain primitif, à F exception de deux lambeaux de terrain jurassique au bord du Rhône, et d’une bande composée des divers terrains de sédiment et des coulées basaltiques du versant septentrional du Coyron. 11 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18^5. 1*2 n’en est pas de même de la partie méridionale, où le terrain pri¬ mitif ne forme que le degré supérieur. Là , en descendant vers le Rhône , on passe successivement des formations primitives au ter¬ rain de transition, au lias, au terrain jurassique et au terrain néo- comien que baigne le fleuve depuis Kocliemaure jusqu’au banc rouge, où il est recouvert par le terrain tertiaire. Les basaltes font exception à la règle générale ; ils appartiennent à tous les degrés et s’étendent à l’O. du Coyron, bien au-delà de cette chaîne. On a parlé, je crois, de strates calcaires, saccbaroides dans toute leur épaisseur en certains endroits, et très friables dans d’autres, l'ai vu un calcaire exactement semblable , entre St-Marcel et Bidon , appartenant au terrain néocomien , et un autre près de Joyeuse appartenant au lias. Aux Yans, en remontant le Bour- daric , on voit des couches passant , dans le sens de leur longueur , d’un calcaire qui paraît ne contenir que très peu de parties mé¬ talliques, à une roche tellement ferrugineuse, qu’elle a l’aspect du fer. Ce passage a lieu plus ou moins brusquement. Cette roche, qui alterne avec des calcaires jaunâtres , est immédiatement recou¬ verte, près de Naves, par des marnes qui supportent des schistes , et sur lesquelles est bâti ce village. Je n’émets aucune théorie au sujet de ces calcaires; je cite des faits qui , je crois , peuvent s’ex¬ pliquer de diverses manières. Je reviens maintenant au plus bas degré du terrain néocomien qu’ on rencontre au bord du Rhône ; ses couches sont inclinées d’environ 12°, au S.-E. , et depuis Rochemaure à St-Étienne il est formé de calcaires et de quelques marnes argileuses. A Saint-Etienne ce sont des marnes siliceuses renfermant le Be- lemnites semicanaliculatus en si grande quantité, qu’en 1810, passant dans cette localité après une forte pluie, je vis les fossés et les autres excavations qui sont entre la route et ces marnes remplis de Bélemnites, que les eaux y avaient entraînées. Un grès calearifère et des sables forment les couches supérieures du terrain néocomien. Le calcaire dont a parlé M. de Roys est à la base du bassin tertiaire ; il est recouvert d’un calcaire rougeâtre ren¬ fermant un banc d’Huîtres, ce qui a fait donner à cette localité le nom de Banc-Rouge. C’est dans les parties creusées par les eaux et dans les plis de ce calcaire que se sont déposés les lignites mixtes de ce bassin , qui à la partie supérieure alternent avec des grès calcarifères , dont quelques couches sont plus ou moins fria¬ bles parce qu’elles sont plus ou moins chargées de lignites. La première fois que je visitai cette localité , j’y vis des couches pétries de Cérithes et de Natjccs ; j’ai longtemps cru que ces SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18Ù5. 13 dernières étaient des Ampullaires , et je le croirais encore si MM. d’Arcliiac et Aie. d’Orbigny ne m’eussent tiré de cette erreur. Vous remarquerez dans les fossiles de cette formation les genres Cérithe, Natice, Anodonte , Pétoncle et Cyvène, ou peut-être Corbule. Les parties ligneuses sont assez irrégulièrement placées parmi ces fossiles, les Huîtres appartiennent au calcaire rougeâtre. La Trigonie, dont vous ne voyez qu’un moule intérieur, est du calcaire néocomien supérieur , recouvert du côté de St-Mareel par le calcaire nummulitique , d’où ont été transportées les Num- mulites du bord du Rhône . Les Bélemnites appartiennent aux marnes néocomiennes de St-Etienne , dont j’ai déjà parlé , et le fragment de Tubipore forme plusieurs couches à la partie supé¬ rieure et à un des penchants d’une colline au N. -O. de Bourg St-Andéol; il appartient aussi au terrain néocomien. Les lignites du confluent du Rhône et de l’Ardèche ne se bor¬ nent pas au Banc-Rouge; il y en a aussi à St-Paulet (Gard) , à peu de distance de St-Just. Au sud du Banc-Rouge sont des marnes qui lui sont supérieures, et tout ce bassin est entièrement recouvert par les alluvions du Rhône et de l’Ardèche , qui s’étendent davan¬ tage dans les départements de la Drôme et de Vaucluse. C’est dans ces alluvions que j’ai recueilli la Zéolitlie que je vous présente , et qui par le frottement ou le choc exhale une odeur de truffe. Dans ces mêmes alluvions , entre Pierrelatte et le Rhône , à la profondeur de à ou 5 mètres , on trouve des corps celluleux ressemblant assez , extérieurement , à des éponges de forme irré¬ gulière ; mais ils sont d’une couleur vert d’eau et d’une matière très dure, qu’on peut confondre avec du verre. Je pense qu’ils sont entièrement de silice et qu’ils ont été formés par des courants électriques; car j’admets la théorie émise par M. Virlet d’Aoust, dans la séance du 20 janvier dernier. M. Leymerie est étonné d’entendre citer le terrain à Num- mulites dans t’Ardéche et dans les départements circonvoisins. Il pense que M. de Roys a pris des Orbitolites pour des Num- mulites. D’après les renseignements que M. Leymerie s’est pro¬ curés auprès des géologues du Midi, le terrain à Nummulites ou épicrétacé manquerait entre l’Hérault et Nice. Dernièrement M. Leymerie a pu constater, à la vue des col¬ lections rapportées par M. le grand-vicaire Van den Heck et par M. Caillaud (Muséum) , que le gisement de Nice se rapportait bien à son terrain épicrétacé. C’est bien le même faciès ; ce sont 15725Ô U SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18/15. lus mêmes Nummulites avec la Turritella imbricatavia , le Fusas Ion gœ vus , le Cerithium giganfeum , la Neritina eonoi- dea , _ plus, des fossiles propres très nombreux, assez diffé¬ rents, dans leur ensemble , de ceux de l’Aude. M. Fauverge répond qu’il n’a parlé de Nummulites dans un terrain du département de l’Ardèclie que d’après M. deRoys; qu’il n’a jamais pu déterminer les fossiles du calcaire désigné , ne les ayant jamais vus que fortement attachés à la roche ; qu i! ne les cite comme étant des Nummulites que parce qu’il ne lui est pas venu en idée que M. de Roys fut dans l’erreur. M. d’Archiac croit l’observation de M. Leymerie très juste , et remarque que sur la rive droite du Rhône , dans le départe¬ ment de l’Ardèche , il y a des Alvéolites qui , coupées dans un certain sens , ont l’apparence de Nummulites ; qu’il y a aussi des Orhitolites, et que les deux fossiles peuvent avoir trompé quelques géologues qui ont examiné ces couches crétacées. M. Leymerie revient sur des opinions qu’il avait émises d’une manière trop absolue dans le préambule de son dernier Mémoire sur le terrain à Nummulites, Mémoire qui est actuel¬ lement sous presse. Il croit toujours qu’il existe au-dessus du terrain crétacé incontestable un terrain particulier très riche en Nummulites, et qui contient beaucoup de fossiles propres, associés à des fos¬ siles tertiaires du bassin parisien, et à quelques fossiles créta¬ cés. C’est pour ce terrain , dont les gisements principaux exis¬ tent au pied des Pyrénées et des Alpes, sur le revers S. de la montagne Noire à Nice, dans le Yicentin, au Kressenberg en Crimée, qu’il réserve le nom d’épicrétacé. Mais il pense qu’il existe aussi en Italie , en Sicile et même au pied des Pyrénées , de véritables Nummulites dans le terrain crétacé proprement dit. Il présente la carte géologique de l’Aube -, dans un mois il présentera sur ce sujet un ouvrage complet. La carte est au «ôôVôô? réduite d’après celle du Dépôt de la Guerre, et coloriée à la main, parce qu’il a craint qu’il n’y eût quelques changements, difficiles à faire quand on adopte le coloriage mécanique. M. Yiquesnel donne lecture de la note suivante : SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1 8Z| 5 . 15 Description des filons de basalte injectés entre les couches de pépérino du puy de Montaudou , en Auvergne; par M. A. Yiquesnel. M. Fouvnet, professeur de géologie à la Faculté des sciences de Lyon, vient de publier un Mémoire intitulé: Simplification de l'é¬ tude d’une certaine classe de filons (1). Parmi les questions traitées dans ce Mémoire, l’auteur rend compte des phénomènes que pré¬ sentent les injections des roches granitiques dans les granités et dans les schistes anciens, et propose une théorie nouvelle pour expli¬ quer les faits nombreux qu’il a recueillis dans les vallées voisines de sa résidence. Je vous demande la permission de vous citer le résumé de ses opinions sur l’origine des lentilles de quartz éparpil¬ lées dans les micaschistes: «Comme une comparaison, dit-il, ren- » dra notre manière de voir plus palpable , exposo ns-la en dé- » ta.il. » Que l’on imagine que des pressions obliques entre elles gau- » dussent une rame de papier, il en résultera des entrebâillements »> parmi les feuillets. Si , actuellement , un liquide visqueux est »> poussé violemment dans cette masse , il agira en vertu des pro- » priétés physiques et chimiques qui lui sont propres: ainsi il dis— » tendra les conduits dans lesquels il se dirige , en raison de son » volume et de la force avec laquelle il sera poussé ; il se moulera » dans les intervalles ; il froissera et déchirera quelques pages ; il « imbibera, ramollira et délaiera celles qui sont perméables ; il les » disposera à obéir à l’influence des puissances contractiles à l’em- « pire desquelles les corps mous sont soumis ; et si le tout vient à » se solidifier dans cet état , on aura naturellement des lentilles « dans les entrebâillements, des filons transversaux dans les déchi- » rures , des froissements en d’autres points; une imbibition plus » ou moins forte se manifestera dans leur voisinage ; enfin la ducti- » lité acquise permettra des rapprochements de parties. Or , les » assises de micaschiste ou de schiste argileux ne sont-elles point « assimilables à ces papiers? Les froissements ont été déterminés en « eux par la direction variée des secousses du soulèvement , de la «cassure et de l’injection; les solutions de continuité durent s’y « opérer plus facilement suivant le plan du feuillet que dans tout « autre sens, par suite de la diminution de cohésion résultant du (1 ) Annales de la Société royale d' agriculture , histoire naturelle et arts utiles de Lyon, séance du 18 avril 1845. 16 SÉANCE I)U 3 NOVEMBRE 1845. » clivage naturel. Cependant de véritables cassures se sont aussi » formées dans ces schistes, comme dans les autres roches, et il en » est résulté des filons nettement caractérisés. Tout porte, d’ail- » leurs, à croire que, dans un temps aussi rapproché de celui de » leur formation , ces roches jouissaient encore d’une certaine » flexibilité, et, dans tous les cas, celle-ci aura été augmentée par » la chaleur et par l’imbibition des masses intercalées; en sorte que <> des rapprochements de certaines parties des lames ont pu s’effec- » tuer par suite de tassements. Enfin, il est facile de voir combien » ces mouvements divers ont dû se trouver modifiés parla tendance » à la contraction tuberculeuse ou sphéroïdale commune à tous les » liquides . » J’ai observé en Auvergne, avec M. Rozet, une injection de filons basaltiques, dont nous avons expliqué la disposition particulière par l’hypothèse proposée par AI. Fournet. Yoici les faits tels qu’ils résultent de notes recueillies en 1841 . Si l’on parcourt les flancs basaltiques du monticule , on ren¬ contre à TE. du sommet un gros filon dirigé N. 15°0. au S. 15° E. En gravissant les pentes supérieures , on voit plusieurs filons pas¬ ser par le point culminant et se couper sous différents angles. Le croisement des fissures , dont les produits volcaniques ont profité pour arriver au jour, semble démontrer que la surface du sol a subi sur ce point une rupture comparable, suivant l’expression de M. Elie de Beaumont, à l’étoilement d’une nappe de glace. Le puy de Montaudou s’élève à la hauteur absolue de 592 mè¬ tres, et présente la forme d’un cône surbaissé. Il se trouve a 3 ki¬ lomètres au S. de Clermont-Ferrand , sur le revers oriental du plateau granitique qui supporte la chaîne des puys. La roche basaltique se compose d’une pâte très compacte, d’une couleur bleue violacée, à cassure inégale. Ses parties exposées à l’air prennent une teinte violette. Elle devient celluleuse sur plusieurs points du puy, amygdaloide au sommet et dans les filons, et con¬ tient des noyaux quelquefois arrondis , plus généralement allon¬ gés. Les noyaux se composent, les uns , de chaux carbonatée cris¬ tallisée, compacte ou terreuse, mélangée d’une matière noire cris¬ talline; les autres, d’une substance feldspathique , très compacte , d’un aspect gras, d’un blanc verdâtre , translucide sur les bords, et très difficilement fusible au chalumeau en émail noir. En suivant le chemin qui conduit de Clermont-Ferrand à Saint- Genest de Campanelle , et passe à la base occidentale du puy de Montaudou, on trouve, à la première montée, le terrain tertiaire dont les couches, inclinées de 20 à 25°au N.-E., se composent de SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18A5. 17 marne, Je calcaire marneux et d’arkose. Plus haut, l’arkose incline seulement de 16°; quand on a dépassé le puy de Montaudou, on voit les couches devenir horizontales. Ainsi la sortie du basalte sur ce point a causé des dérangements partiels dans la position des couches du terrain tertiaire. Les bases septentrionale et orientale du puy présentent un es¬ carpement au pied duquel se terminent les vignes qui couvrent les coteaux. La partie inférieure de l’escarpement est formée par un pépérino dont MM. Lecoq et Bouillet (1) donnent la description suivante: «Pesanteur spécifique de 2,19 à 2,50; dureté variable, » selon les matières qui entrent dans sa composition; structure aré- » nacée ; cassure irrégulière et raboteuse ; odeur argileuse par in- » sufflation ; fait effervescence avec les acides et fond en émail ver- » dâtre au chalumeau. »> Cette roche est composée de grains de quartz, de feldspath, de » fragments de basalte , de pyroxène , de mica et de grains verts » dont la couleur peut être due soit à la chlorite, soit à une matière » verte analogue à celle de la glauconie crayeuse. Ces éléments, » dont la couleur varie beaucoup, sont liés entre eux par de la chaux » carbonatée, colorée par le fer liydroxidé. » Outre les parties constituantes ci-dessus énumérées, il faut ajou¬ ter des fragments de calcaire marneux, de marne et d’argile, pro¬ venant du terrain tertiaire. Le pépérino se présente dans une position ordinairement hori¬ zontale; mais, ajoutent les auteurs précédemment cités, «on ob- » serve sur le flanc oriental du monticule des couches presque ver- » ticalcs, peu éloignées du basalte qui repose sur cette même roche » ou qui s’est fait j our à travers les couches.» En étudiant en détail, avec M. Rozet, cette localité , nous avons observé que le basalte injecté suit les joints de stratification, forme des filons-couches et alterne avec le pépérino. Ces filons se compo¬ sent de plaques de 3 à 6 centimètres d’épaisseur sur 30 à 60 centi¬ mètres de longueur, terminées en coin à leurs extrémités et complè¬ tement isolées ou soudées entre elles par un mince filet. Le basalte compacte dont se composent les amandes aplaties est parsemé de cellules rares et allongées dans le sens de la stratification. L’examen de ce fait nous a conduits à la conclusion ainsi for¬ mulée par M. Fournet: «En vertu d’une incompressibilité com- » mune à toutes les pâtes, les roches d’injection savent quelquefois (1) Vues et coupes des principales formations géologiques du départe¬ ment du Puy-de-Dôme. Clermont-Ferrand, 1830, page 10. Soc. gèol. , 2e série, tome III. 2 18 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18/l5. » distendre des roches encore flexibles, se faire jour entre leurs » feuillets et arriver au point assigné par suite d’une énergique im- » pulsion, tandis que les effets de plasticité ou d’élasticité de l’en- » caissement , refermant la voie qu’elles se sont frayée, intercep- » tent toute communication avec le noyau central. » M. Virlet ajoute à ce que vient de dire M. Viquesnel , qu’il voit avec plaisir un observateur aussi judicieux que M. Fournet être arrivé aux mêmes conclusions que lui relativement à la formation par injection des amandes ou noyaux de quartz blanc souvent si nombreux dans les gneiss, les schistes argi¬ leux et micacés, etc. C’est après avoir étudié avec attention le phénomène, précisément dans les mêmes localités, c’est-à- dire aux environs de Lyon, de Givors, de Rive-de-Gier et autres points de la chaîne du Pilât, qu’il avait été amené à dire d’une manière générale , dés 18M, « que tous les noyaux » de quartz, quelles que soient leurs dimensions, qui souvent » ne dépassent pas celles d’une amande et que l’on observe » dans les terrains schisteux, quoique souvent isolés dans la » masse et parfois à d’assez grandes distances des fdons ? sont » encore le résultat d’injections analogues. » (Bull - , t. Ier, 2e série, p. 82 h.) M. Fournet est entré , lui , dans des détails très importants , qui lui paraissent devoir lever tous les doutes à ce sujet. M. Yirlet comprendrait d’autant moins que ces noyaux de quartz fussent le résultat d’une ségrégation par suite de la trop grande proportion de silice dans la matière des schistes au moment de leur consolidation , que la composition des roches qui renferment ces noyaux n’est point définie , mais au con¬ traire variai le à l’infini, comme le sont toutes les roches qui ont une origine incontestablement sédimentaire. Elles peuvent si bien contenir la siiice dans toutes les proportions, qu’on les voit fréquemment passer à des quartzites par la prédominance de celle-ci , sans que pour cela il y ait la moindre apparence de masses qui auraient été ségrégées. La manière irrégulière dont ces noyaux lenticulaires de quartz sont distribués dans le sol , tantôt parallèlement au plan des feuillets, tantôt obliquement ? les coupant et les refoulant de différentes manières , ainsi que les circonstances de dérangement du terrain , lui paraissent suffire 19 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. d'ailleurs pour démontrer clairement que le phénomème est dû à une cause postérieure au dépôt et à la consolidation des ro¬ ches qui les renferment. M. Virlet pense également qu’il n’y a rien de comparable non plus entre le phénomène des lentilles et filons de quartz et les noyaux plus micacés que l’on observe dans certains gra¬ nités ; ces noyaux micacés sont dus, selon lui, à un phéno¬ mène bien différent, et qui ne pourra être bien expliqué que lorsque les idées sur le métamorphisme seront plus générale¬ ment répandues , et que la théorie aura été appuyée par un plus grand nombre de faits. En attendant, il croit que si ces nœuds micacés ne sont pas dus à des fragments arrachés aux terrains lors du surgissement du granité , ils sont le résultat de la transformation de noyaux préexistants dans des granités métamorphiques. Il ajoute qu’il croit que pour se convaincre que ces noyaux, comme la roche granitique qui les renferme, sont souvent le résultat d’un métamorphisme, il suffira d’ob¬ server avec attention, comme il l’a fait lui-même, le granité des environs de Vire (Calvados), employé en ce moment au dallage et au bordage des trottoirs de Paris. Il en a observé les dalles avec beaucoup d’attention avant leur emploi; c’est sur le quai de Jemmapes , où on les débarque et où il y en a plusieurs dépôts, qu’il les a examinés, et quoiqu’il n’ait pas eu occasion d’étudier cette roche en place, cet examen l’a parfaitement con¬ vaincu que c’était un granité métamorphique; on y voit, en effet, dans certaines plaques, des noyaux tantôt avec une ap¬ parence variée et différemment nuancée, tantôt compactes, gris ou noirs , et offrant encore au centre des parties de lydienne ou de quartzite non encore complètement modifiées, mais néan¬ moins se fondant dans la masse. M. Virlet conclut de la pré¬ sence de ces novaux , souvent fort nombreux , variant de vo- lume, de forme et de nature, et dont les uns sont encore anguleux , tandis que le plus grand nombre a encore conservé la forme de galet , que le granité de Normandie qui les ren¬ ferme doit avoir été originairement une espèce de poudingue, et il engage les géologues à porter foute leur attention sur nette question importante. M. J. Delanoue n’admet pas l’opinion de MM. Virlet et 20 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. Fournet sur la f ormation par injection dans le micaschiste de ces noyaux de quartz qu on y observe si fréquemment. Le mi¬ caschiste, malgré la dénégation de M. Yirlet , est essentiellement composé de quartz et de mica -, il est donc tout naturel que la surabondance sur quelque point d’un des deux éléments, de la silice, par exemple, y ait produit ces petites niasses subor¬ données de quartz blanc. La planche que l’on vient de faire passer sous nos yeux pourrait nous être tout aussi bien donnée comme une coupe fidèle du gneiss du Limousin dont les marbrures sont parfaitement semblables , mais bien plus souvent de pegmatite, de kaolin et de feldspath (Jumilhou, Saint-Yrieix). Qu’est-il besoin de faire intervenir une action électro - chimique , un métamorphisme, une hypothèse enfin purement gratuite, pour rendre compte d’un fait aussi fréquent et aussi simple , savoir, l’accumulation sur certains points des roches ignées de celui de ses éléments qui était exubérant (quartz, amphibole, feldspath ou mica)? M. Leymerie se joint à M. Delanoue pour rejeter la théorie proposée par M. Fournet pour la formation des rognons de quartz que renferme fréquemment le micaschiste. Il pense que ces rognons résultent tout simplement d’un dépôt de silice exubérante. Dans le Lyonnais, et notamment aux environs de Rive-de-Gier, où ces noyaux sont habituels , on ne les voit ordinairement en relation avec aucun filon. Dans presque tous les cas ils paraissent isolés et entourés par les feuillets du schiste , qui les enveloppent en suivant tous leurs contours. M. Yirlet persiste à regarder les noyaux siliceux comme des éléments de filons ; il dit qu’il a reconnu ces noyaux de quartz en rapport direct avec eux. M. Leymerie croit qu’il y a dans les granités des veines qu’on peut prendre pour des filons et qui n’en sont pas, sui¬ vant lui. M. Yirlet fait observer à M. Leymerie que les granités, les porphyres et autres roches plutoniques renferment souvent des zones dç couleur ou de composition un peu différente -, ces zones, bien que se fondant et se liant souvent d’une manière intime à la masse principale , n’en doivent pas moins être con¬ sidérées comme de véritables filons-, car une roche a pu surgir SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. 21 à plusieurs reprises, et venir par récurrence traverser et enlacer les parties déjà consolidées. Par suite de cette discussion, M. Viquesnel donne lecture du passage suivant, extrait du Mémoire déjà cité de M. Four- net ( Simplification de l'étude d'une certaine classe de filons ), passage dans lequel se trouvent résumées les opinions du sa¬ vant professeur de Lyon sur les filons de granités dans les gra¬ nités. « Une goutte de mercure, jetée sur un bain visqueux d’une ma¬ tière moins dense , la traversera à cause de l’excès de sa pesanteur; et durant ce mouvement descensionnel , les frottements lui feront prendre la forme d’un filet oblong dans le sens vertical , ou bien celle d’une série de gouttelettes qui chemineront les unes à la suite des autres. Un pareil filet pourra d’ailleurs encore s’embran¬ cher ou même se diviser en globules déviés dans tous les sens, dans le cas où il y aura défaut d’homogénéité dans le milieu am¬ biant. Celui-ci, de son côté, ne conservera pas la cavité tubulaire rectiligne ou brancliue pratiquée par l’intromission du mercure; elle tendra à se fermer à mesure que la descente du liquide mé¬ tallique laissera aux molécules déplacées la liberté de reprendre une place momentanément envahie, et les dernières traces du passage se trouveront ainsi effacées au bout d’un temps dont la durée sera en rapport avec la viscosité du liquide et le calibre du canal. Si actuellement une de ces gouttes se trouvait arrêtée dans sa course , les forces qui tendent à faire équilibre de part et d’autre la porteront à s’arrondir , tant que leur influence ne sera pas annihilée par une cause quelconque , telle qu’une congélation plus ou moins rapide , qui rigéfierait les masses respectives. Dans ce cas , sa forme définitive dépendra du volume , des poids , des tassements, des formes déjà acquises par le mouvement, des résis¬ tances rencontrées dans le trajet, des contractions ou dilatations déterminées par la cristallisation , et enfin de la rapidité avec la¬ quelle s’effectuera la prise en masse , c’est-à-dire qu’elle sera , en somme, assez irrégulière. » En substituant maintenant au globule de mercure abandonné à son propre poids un liquide quelconque poussé de bas en haut , il n’y aura évidemment rien de changé , si ce n’est la direction du mouvement , et nous tomberons dans le cas des nœuds irrégu¬ liers, éparpillés dans le granité. N’ayant laissé dans les parties molles aucune trace évidente de la voie qu’ils se sont frayée, ils 22 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18A5. seront évidemment très ressemblants à ceux qui auraient pu être formés par de simples concentrations siliceuses effectuées autour de certains centres. L’observateur, renonçant donc pour eux à tout système général , adoptera l’idée qui lui paraîtra s’appliquer le mieux aux circonstances locales. Mais les parties injectées qui ar¬ riveront jusque vers le liant des masses granitiques, trouvant là un ensemble passablement solidifié , ne seront plus soumises aux memes influences : aussi la secousse qui a déterminé l’injection , ou même la violence avec laquelle l’injection a été effectuée , y produira des déchirures dont la forme se conservera à cause de la rigidité des parties , et de là ces filons-fentes , dont la forme sera infiniment mieux caractérisée qu’en bas. » La principale objection que l’on pourrait élever contre cette manière de voir serait amenée par la difficulté de concevoir la formation d’une cassure dans un corps dont une partie serait encore visqueuse. Mais c’est là un fait avec lequel les hommes qui manipulent les scories de nos fourneaux sont suffisamment familiarisés; car chaque jour ils sont à même de voir des scories cassantes à la surface , visqueuses dans la partie moyenne de leur épaisseur et liquides au-dessous , en sorte qu’un choc violent donné sur un pareil bain suffit pour faire jaillir par les crevasses le métal et les mattes du fond du creuset. » Le foyer interne où se sont élaborées les formations graniti¬ ques et quartzeuses présentait une accumulation de matières dif¬ férentes par leurs affinités , par leur fusibilité et par leur densité. Sous l’influence du calorique central , les réactions s’opérèrent entre les corps susceptibles de se combiner , les puissances de sa¬ turation et de cristallisation élaguèrent les excès relatifs , dont les densités ou les attractions diverses effectuèrent l’isolement , autant du moins que la viscosité des produits pouvait le permettre. De là, non seulement les grains siliceux disséminés dans la pâte cris¬ talline des granités, mais encore l’accumulation de cette même silice vers la périphérie de la masse. Ce mélange hétérogène est ensuite poussé de bas en haut par une succession de secousses qui , déchirant de toutes parts les portions superposées de la croûte terrestre, y produisent autant d’intervalles ou de lingotières dans lesquelles viennent se mouler les pâtes granitiques avec leurs nœuds siliceux et feldspathiques , dont les formes se compliquent de tous les accidents du mouvement de la coulée. Cependant , à cause de leur volume et de la faible conductibilité de la matière encaissante, les plus puissants de ces filons complexes ne perdent que très lentement leur température initiale. Les tendances à la SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18Zf5. 23 séparation dts éléments hétérogènes , qui jouaient déjà un rôle dans le foyer intérieur , peuvent donc encore exercer leur influence pendant le temps où des fentes de retrait se produisent en vertu du refroidissement successif des masses ; l’état de surfusion ordi¬ naire des matières siliceuses facilite d’ ailleurs ces mouvements; de là des ségrégations et des accumulations spéciales vers les parois et dans des interstices récents, où elles constituent une nouvelle série de fdons et d’amoncellements déformé variée. Les dernières secousses survident enfin le creuset au moment où la partie supé¬ rieure du lingot avait déjà acquis une rigidité suffisante pour se casser sous le clioc ; les liquides émis de la profondeur traversent la partie inférieure encore pâteuse et remplissent les dernières fractures de la superficie , en constituant ainsi la classe des filons d’injection proprement dits ; mais la rigéfaction n’étant pas com¬ plète , les tassements , la tendance au comblement et les autres causes de mouvement, tant des masses que des molécules, obli¬ tèrent encore plus ou moins les formes de ces filons ternaires , et de là cette ambiguïté qui en fait le caractère dominant. » M. Alcide d’Orbigny répondant àM. Leymerie(v. p. 13 et 1 A) : « M. le docteur Rœmer m’a communiqué une cinquantaine d’espèces de coquilles et de polypiers fossiles recueillis dans les couches appelées par lui , dans son ouvrage sur les terrains crétacés, Hilsconglomerat et H ils thon , qui à Scliœppenstedt , à Bredenbeck et à Elligser Brinkes , aux environs de Hanovre , couvrent une grande surface. J’ai immédiatement reconnu dans ces fossiles YExogyra Couloni , le Spatangus retus us , 1 Avicula Cornuelidna , toutes nos térébratules et nos polypiers de l’étage néocomien si bien développé dans les départements de la Haute-Marne , de l’Aube, de l’Yonne, dans le midi de la France et à Neuchâtel. J’ai non seulement remarqué une identité complète entre les espèces de la faune , mais encore la plus grande analogie de com¬ position minéralogique dans la masse enveloppante. En Allemagne, comme en F rance , on remarque , en effet , une alternance de cou¬ ches bleuâtres marneuses et de calcaires marneux jaunes si sem¬ blables d’aspect que , mélangés , il serait difficile de les reconnaître. » Après cette comparaison , M. Rœmer et moi nous sommes restés convaincus de l’identité d’âge de Y Hilsconglomerat et de YHilsthon de l’Allemagne avec l’étage néocomien de Suisse et de France ; fait curieux qui augmente considérablement l’extension de cet étage et lui donne beaucoup plus d’importance géologique. » SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1 8 A 5 . U M. d’Archiac demande à M. d’Orbigny si dans le Hanôvre les couches néocomiennes dont il vient de parler, et qui sont si bien caractérisées par leurs fossiles , reposent sans intermé¬ diaire sur un ensemble de couches assez bien caractérisé et assez puissant pour pouvoir être regardé comme représentant le groupe wealdien. On aurait dans ce pays, s’il en était ainsi , une superposition et un développement de ces deux groupes beaucoup plus complet et plus précis, non seulement que sur aucun point du continent, mais encore qu’en Angleterre, où la faune néocomienne est réduite à un petit nombre d’espèces dont la distribution dans le sens vertical est même très res¬ treinte. M. d’Orbigny répond que , d’après ce que lui a dit M. Rœmer, les couches de l’étage néocomien reposeraient sur des couches wealdiennes assez développées. M. de Verneuil annonce que M. Dunker, de Cassel, déjà connu par des publications paléontologiques, s’occupe en ce moment d’une description des fossiles d’eau douce de la for¬ mation wealdienne , qui se présente en Hanôvre avec les mêmes caractères qu’en Angleterre. Il y a déjà longtemps, au reste, que l’existence de ces fossiles est connue , notamment au Bückeberg. Quant à la formation néocomienne, M. de Yerneuil s’est convaincu qu’elle existe aussi dans ce pays -, la belle col¬ lection de M. Ingler, à Hanôvre, en renferme des espèces ca- ractérisques , telles que la grande Gryphœa subsinuata , etc. M. d’Orbigny adhère à ce que vient de dire M. de Verneuil. M. André del Rio adresse la communication suivante : Découverte d'un manganate nouveau (1) de cuivre et de zinc , qui a été trouvé par M. Herrera dans la ha/de de la mine de plomb d’Jfbarradon , près de Mazapil ; par M. André del Rio, correspondant de l’Institut royal de France et d’autres académies. Je croyais d’abord que c’était, un manganate de zinc coloré par le cuivre ; mais ayant reconnu par le moyen du chalumeau qu’il ren- termait plus de cuivre que de zinc, j’en ai fait rougir au rouge obs- (1) Il est, de dehors eu dedans, vert-pistache , d’herbe et d’éme- 25 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. cur, dans un scorificatoire , une drachme avec un poids égal de cyanure de potassium, dans le moufle, par le méthode de Wœhler. J’ai mis sur la matière un peu d’eau qui, en agissant comme un acide sur le manganate de potasse , développa un beau rouge de pourpre; j’ai fait ensuite dissoudre le résidu dans de l'acide chlor¬ hydrique, et il est resté un peu de silice ; j’ai fait précipiter avec du cyanure rouge de potassium, et j’ai mis de nouveau sur le précipité de l’acide chlorhydrique, qui a dissous le cyanure de zinc en lais¬ sant celui de cuivre. Dans cet état , le matras a été brisé par mé¬ prise, en sorte que l’on n’a pas pu peser les oxydes de cuivre et de zinc ; je n’ai pas pu non plus répéter l’opération , faute de ma¬ tière. ïl est très singulier qu’étant les possesseurs de ces productions toutes nouvelles, puisque je crois que c’est le premier manganate qu’on ait trouvé dans la nature , nous n’en ayons que des atomes , quand nous devrions en avoir des quintaux pour faire des échanges. Son gîte est , à ce que m’a dit M. Herrera , le calcaire inter¬ médiaire , où il se trouve avec de la galène et du molybdate de plomb en masses, tout semblable à celui de Civillina , et en petites tables carrées qui , étant enchâssées dans des plaques de quartz cellulaire translucide, donnent de beaux reflets dorés; il y a aussi des cristaux de couleur orangé, mais qui n’ont pas un pouce carré à deux lignes d’épaisseur : ils sont translucides, comme ceux de Zi- mapan, dont on ne trouve plus le gîte, malgré les renseignements de Sonne-Sclnnidt. C’est là qu’on rencontre aussi l’herrerit de M. Brooke, oul’iodure d’argent et leporodine de Breithaupt. Lettre de M. Caillaud à M. Michelin : Monsieur, Vos importants travaux en géologie et la vive part que vous prenez à tout ce qui intéresse cette science me portent à croire que vous voudrez bien accueillir la note que je vous adresse , en raude ; mamelonné ; d’un éclat entre celui du verre et de la nacre ; sa texture est feuilletée courbe, très caractéristique ; il a un triple cli¬ vage peu obliquangle ; il a de petites parties grenues enveloppées par d’autres testacées ; il est plus ou moins translucide ; il a une raclure gris jaunâtre; il a une dureté 6,5 à l’échelle de Breithaupt, et sa densité est 4,3. 26 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. vous priant tl’en donner communication à la Société géologique de France. , Jusqu’à présent (du moins à ma connaissance) on n avait en¬ core observé des traces d’animaux perforants que dans des ealcaiies ou dans des formations sous-marines quartzeuses unies par un ci¬ ment calcaire, roches qui se trouvaient désagrégées par la dissolu¬ tion du calcaire opérée parle mollusque (1). En 18ùû, visitant les carrières de Lessines , en Belgique, à ma grande surprise, j’observai en beaucoup d endroits, ettoujouis a la surface de la roclie, des trous qui caractérisent les ti aces d animaux perforants, dans un porphyre-roche protogynique ou protogyne en pâte compacte et à cristaux de feldspath ; je vous en envoie deux morceaux, vous priant de les offrira la Société géologique. Ces trous ont peu d’analogie avec ceux que nous connaissons des animaux perforants, car ils ne sont pas rétrécis à leur ouvertuie. Ils pourraient cependant appartenir à des animaux de forme cy¬ lindrique, analogues aux Modioles lithophages , qui ne s’introdui¬ saient pas plus avant , car tous ont à peu près la même profon¬ deur. La structure de ces trous m’a convaincu aussitôt qu ils ont du être perforés; on en remarque meme de forme ovale et quadran- gulaire, excavations naturelles de la roche où, cependant, 1 inté¬ rieur a été usé , adouci dans son pourtour et arrondi en cône au fond , comme pour l’assimiler au même usage que les premiers, parfaitement circulaires, et devant provenir du perforage de quel¬ ques animaux. On y trouve parfois une substance métallique sulfureuse pou¬ vant provenir de la décomposition des êtres qui ont dû creuser ces trous , ou d’une substance déposée plus tard dans ces excavations. On observe que les cristaux de feldspath eux-mêmes sont per¬ forés, ce qui n’arriverait pas si ces trous provenaient d’une sub¬ stance minérale de cette forme de cône (qui n’est pas une forme cristalline), qui aurait ainsi donné sa forme a la roche lors de sa formation, et qui, en se décomposant, aurait laissé son vide comme un moule. Telle fut la pensée d’un conchyliologiste distingué de la capitale; mais il n’en est pas ainsi : les trous sont perforés, j’en ai l’intime conviction. (\ ) C'est ce que j’ai observé à Venise pour le gastrochène, où la quan¬ tité de quartz est presque égale à celle du calcaire qui agglomère la roche. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. 27 En ce moment, je suis un peu au dépourvu de ces échantillons, en ayant donné aux collections au Jardin du Roi; mais je me propose d’en donner plus tard à la Société, afin de pouvoir, s’il est possible , éclaircir ce fait curieux pour la science. M. le Trésorier donne lecture de la note suivante deM. Four- net, et annonce, de la part de l’auteur, que cette communi¬ cation sera suivie de quelques autres notes qui auront pour but de généraliser les effets du métamorphisme des roches calcaires et autres. Notes sur les résultats sommaires d’une exploration géologique du 1 y roi méridional et de quelques parties des régions sub¬ alpines de r Italie; par M. Fournet, professeur à la Faculté des sciences de Lyon. Il est peu de questions qui aient fait faire à la géologie des pro¬ grès plus rapides que celle de la dolomisation des roches calcaires sous l’influence des mélapliyres ; en excitant de vifs débats entre les chimistes et les géologues, elle a stimulé le zèle de ces derniers, et il est résulté de leurs recherches une série de découvertes d’au¬ tant plus importantes qu’elles ont amené à donner la théorie de la formation d’un grand nombre de minéraux et de roches par la voie du métamorphisme. Mais l’histoire des sciences nous apprend que, quand l’une ou l’autre de leurs parties a fait quelques progrès, il devient nécessaire de revenir au point de départ , afin de corriger quelques imperfections qui sont la conséquence de l’inexpérience dont tout inventeur est l’esclave naturel. Cette nécessité se faisait surtout sentir vivement pour la théorie de la dolomisation , parce qu’aucune explication plausible, dans le sens chimique, ne pouvait lui être appliquée; dès lors, rien de plus naturel que de procéder à un nouvel examen des localités où elle a pris naissance, et c’est ce que j’ai entrepris de faire, non avec le désir de combattre simple¬ ment des idées accréditées, mais avec celui d’arriver à décou¬ vrir, dans les circonstances du gisement des carbonates calcaréo- magnésiens, quelque chose de plus conforme à l’état actuel de la géologie. Je crois avoir été assez heureux sous ce rapport ; car le résultat de mes explorations me conduit, entre autres, à déclarer que la localité si célèbre de Predazzo montre les traces les plus ma¬ nifestes d’un métamorphisme énergique: seulement, je dois ajouter 28 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18^5. que ce métamorphisme n’a rien de commun avec la dolomisation dans le sens qu’on lui a attribué dès l’origine. Mais n’anticipons pas sur la série des faits, qui, pour être compris, doivent être expo¬ ses dans un certain ordre. On mettra donc en tête les données rela¬ tives à la composition des terrains sédimentaires , au travers des¬ quels on a supposé le passage de vapeurs magnésiennes ; car on con¬ çoit que l’hypothèse de la formation des dolomies , par suite de cette diffusion, devra être abandonnée, du moment que l’on aura établi le fait de leur interposition normale parmi d’autres roches douées de tous les caractères d’une origine purement aqueuse. Pour plus de sûreté, cette conclusion doit être corroborée par l’examen des divers phénomènes produits aux points de contact des roches sédimentaires et des roches éruptives , puisque les effets, y ayant acquis leur plus grand développement , en sont , par cela même , plus démonstratifs. Mais la nature variée de ces roches plutoniques oblige encore d’en spécifier au préalable , et avec la plus grande exactitude possible , les divers groupes ; autrement il pourrait y avoir quelque confusion dans les rôles respectifs. Ainsi donc les détails concernant les roches sédimentaires seront suivis de la classi¬ fication des roches ignées, et je terminerai par l’exposé des réac¬ tions déterminées par le contact réciproque, en évitant , toutefois , d’entrer, pour ces diverses parties, dans les développements circon¬ stanciés , qui trouveront leur place dans le Mémoire spécial dont la note actuelle ne doit donner qu’une idée sommaire. La détermination de la disparition des dolomies et des autres roches des terrains sédimentaires a été faite avec une exactitude suffisante pour le but proposé, à l’aide de diverses coupes plus ou moins étendues prises au monte Baldo, à Trente, à Cavalèse, à Moëna, à Vigo, à Campetillo, à Seiss, et enfin au mont San-Salva- dore, près de Lugano. En voici les résultats : 1° Suite de marnes; de calcaires brunâtres , à cas¬ sure inégale, subesquilleuse ; de calcaires blonds . et de calcaires oolithiques formant une masse très ; puissante. v 2° Grès. Formation 3° Calcaires brunâtres avec Nummulites. nummulitique. 4° Calcaires sublamelleux comme s'ils renfermaient j des débris de Crinoïdes. ! 5° Calcaires grisâtres ou blanc sale , plus ou moins schistoïdes, oolithiques ou compactes. Une partie i de ces calcaires pourrait bien appartenir à l’étage \ jurassique. SEANCE DU 3 NOVEMBRE 18/j5. 29 /6° Calcaires blancs compactes. I 7° Dolomies blanches, cristallines, en belles assises i régulières, passant vers le haut à des calcaires \ . blancs compactes , veinés de dolomie subcristalline. | Le sommet de la colline Santa- Agatha , près de ( Trente , est entièrement formé par un lambeau de J ces assises. f 8° Calcaires rouges à cassure pierreuse ou compacte, contenant des Aptichus et des Ammonites juras- i siques. Cet étage est maintenant très connu à cause \ de sa constance. j 9° Assises d’un calcaire tantôt compacte, tantôt fen- ' dillé , drusique , subcristallin , souvent dolomitique et d'une stratification confuse; couleurs générale¬ ment pâles , blanchâtres , grisâtres ou blondes. [ Cette série joue un très grand rôle dans la confi- 1 guration des montagnes tyroliennes, à cause de sa ] puissance et de son état de fissuration ; c'est aussi du grès bigarré J celle qui a été le plus souvent citée à l’appui de la et du \ théorie du métamorphisme, muschelkalk. ilO° Alternance complexe de grès, de marnes de di- I verses couleurs, de calcaires compactes et de dolo- I mies cristallines, à laquelle s’associe quelquefois f du gypse. 11° Conglomérat rouge avec cailloux de porphyre \ quartzifère et d’autres roches cristallines plus an- \ ciennes. Relativement à ce tableau, je dois faire observer que l’existence des grès bigarrés et du muschelkalk , primitivement admise dans le Tyrol, puis niée, se trouve maintenant fortement appuyée par les observations les plus récentes de MM. Studer, Villa, Catullo , etc. A défaut d’un concours aussi efficace, j’aurais néanmoins soutenu cette partie du classement, par les mêmes motifs qui m’ont porté à annoncer l’extension du muschelkalk depuis Lyon jusque dans le Languedoc et dans le Rouergue. Il est même digne de remarque que les roches triasiques conservent, depuis F Allemagne jusque dans les contrées méditerranéennes de la France et du Tyrol, des caractères minéralogiques plus constants que ne le sont ceux de la formation jurassique à laquelle on a essayé de les rattacher: aussi n’est-ce pas sans une vive satisfaction que j’ai vu M. Studer être frappé comme moi de cette similitude. Quelles que soient, cepen¬ dant, les idées que l’avenir amènera relativement aux trois divi¬ sions principales indiquées ci-dessus , mes conclusions relati¬ vement à la dolomisation n’en seront nullement infirmées ; car elles Formation jurassique. Formation 30 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18^5. sont basées sur l’intercalation normale des dolomies dans les ro¬ ches sédimentaires de la contrée , bien plus que sur le rang qu’on voudra assigner à ces roches dans l’ensemble géognostique. Passant maintenant à la discussion des données qui résultent de l’étude minéralogique de ces séries, je ferai remarquer que, saul les cas exceptionnels dont il sera question plus loin , les calcaires, les grès , les marnes et les conglomérats de tous ces étages ont un caractère d’intégrité qui exclut de leur formation le concours d’ac¬ tions autres que celles de la cristallisation ou de la sédimentation purement aqueuse. Mais puisque les dolomies sont interposées d’une manière régulière, et à plusieurs reprises , entre ces couches nullement métamorphiques , elles ont nécessairement une origine aqueuse comme leurs congénères , et, pour faire admettre le con¬ traire, il faudrait commencer par expliquer de quelle manière les vapeurs magnésiennes auraient traversé toutes ces masses , dont la puissance s’élève à plusieurs centaines de mètres , en ne s’arrêtant que clans quelques couches privilégiées , et sans laisser de traces de leur passage dans les autres. 11 faudrait encore faire comprendre comment ces mêmes vapeurs auraient pu pénétrer au travers de bancs souvent très compactes , de manière à choisir ceux pour les¬ quels elles avaient quelque affinité, tandis que la pression est, rela¬ tivement à la vaporisation, un obstacle dont on connaît maintenant assez l’influence dans les phénomènes géologiques. Si, au contraire, on admet la division précédente des terrains, et si l’on se rappelle aussi que les nombreuses analyses de M. Gmelin ont établi l’existence de la magnésie dans les formations triasiques de contrées à l’égard desquelles on n’a jamais admis de traces d’une action plutonique, on verra qu’il n’y a aucune nécessité qui puisse déterminer à invoquer une vaporisation quelconque de la magnésie dans la formation des dolomies du Tyrol, dont les caractères aqueux sont les mêmes que ceux des dolomies d’Allemagne. Cependant les dolomies d’origine aqueuse n’étant pas si exclusivement propres au trias qu’on n’en retrouve çà et là des masses importantes dans diverses séries d’époques différentes, rien n’empêche de concevoir la récurrence de la même roche après le dépôt du calcaire rouge ju¬ rassique de Trente. La dolomie du Tyrol est, dit-on, fendillée, caverneuse et cristalline; mais ces caractères se retrouvent dans presque toutes les autres do¬ lomies dont on n’a jamais mis en doute l’origine aqueuse. Tl n’y a donc aucune conclusion à tirer de ces états en faveur d’un remanie- n ent plutonique. On remarque encore dans le Tyrol que la caver¬ nosité et la fissuration sont surtout développées dans les grandes * SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18Z|5. 31 masses, tandis qu’il existe, dans les marnes du grès bigarré et sur le calcaire rouge, des bancs dont l’état cristallin est bien plus pro¬ noncé que celui de la grande assise de muschelkalk , et qui , néan¬ moins, affectent un état de cohérence parfait dans toutes leurs par¬ ties. L’état de fissuration et l’état géodique prouvent donc simple¬ ment que la matière de la roche a pu subir, pendant sa consolida¬ tion après son dépôt aqueux, des retraits qui ont été naturellement plus sensibles sur les grandes masses que sur les petites ; mais vou¬ loir en conclure l’influence d’une cause calorifique serait se jeter en dehors des faits : car cette influence aurait dû se faire sentir aussi sur les marnes, sur les grès et sur les calcaires compactes qui en¬ caissent ou qui séparent les dolomies, circonstance qui n’est nulle¬ ment accusée par l’état des masses, ainsi qu’on ne saurait assez le répéter. Les rochers composés de dolomies présentent des aspects bizarres. Ne doit-on pas voir en cela le résultat des effets combinés de l'ac¬ tion ignée et du soulèvement? Oui ! Aucun pays n’offre des acci¬ dents orographiques comparables à ceux du Tyrol ; mais ils sont la conséquence pure et simple des érosions aqueuses. 11 est facile de s’en convaincre en observant que ces quilles , ces pyramides , ces tours et ces obélisques sont toujours en tête d’un torrent qui, en corrodant les marnes et les grès friables, a enlevé successivement quelques points d’appui au grand banc de muschelkalk superposé; de là des éboulements qui, favorisés par l’état de fendillement de cette roche , ont dû nécessairement déterminer des configurations plus ou moins extraordinaires. Par contre, là où ces torrents n’exis¬ tent pas, l’assise en question peut bien présenter des tranches hardies, des précipices inaccessibles , mais qui ne sont ni plus hardies ni plus inaccessibles que dans le cas de toutes les grosses assises sédi- mentaires. Si d’ailleurs on prend des alignements convenables, on s’assure bientôt que les sommets de ces dentelures, quelque étonnantes qu’elles paraissent au premier aspect, ne dépassent jamais le niveau général de la grande assise à laquelle elles sont accolées ; donc elles n’accusent pas la position d’un point spécial de soulèvement, mais un simple effet de démantèlement qui en a fait un membre déta¬ ché d’un plus vaste ensemble. Les observations précédentes, déjà faites, en partie du moins, par MM. de La Lèche, Hoffmann, Fuchs, Petzlioldt, de Filippi, Villa et divers autres géologues, auront sans doute déjà ébranlé quelques convictions , comme elles ébranlèrent la mienne : cependant il fallait aussi tenir compte du rôle des roches éruptives. Leur étude a démontré qu’elles se divisent en trois groupes , savoir : celui des 32 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. porphyres quartzifères , celui des roches amphiboliques , enfiii celui des mélapliyres , et je vais énoncer les principales conclusions auxquelles j’ai été amené pour chacun d’eux. La majeure partie des porphyres quartzifères est évidemment plus ancienne que le trias , puisque le conglomérat rouge qui en forme la base contient les débris de ces porphyres : cependant , autour de Lugano , on découvre quelques apparences telles que l’on peut aussi supposer des éruptions porphyriques qui auraient traversé le système triasique , circonstance qui n’aurait du reste rien d’ex- traordinaire , car l’on connaît en Allemagne diverses intercalations du même genre. Quoi qu’il en soit de ce fait, peut-être local, le rôle des porphyres quartzifères dans la constitution géologique de la contrée est très remarquable à cause de leur énorme extension. Non seulement ils se développent largement en amont de Trente, dans les vallées de l’Adige , de l’Avisio , du Travignolo et de San Pellegrin, mais ils reparaissent encore sur les bords du lac de Lu¬ gano, puis dans le Val-Gana , et enfin ils forment des saillies con¬ sidérables depuis le lac Majeur jusque vers Biella, en Piémont. Diverses variations dans leurs caractères ont été la cause de quel¬ ques confusions avec les mélapliyres , et de là dérive la prépon¬ dérance que l’on a voulu attribuer à ces derniers dans les effets des soulèvements alpins ; mais c’est à tort : car je me suis assuré d’une manière spéciale que les roches de Cembra, de Maroggia, de Morcote , de Figino, du Val-Gana et du Mont-Argentera , près de Ponte Frésa, ne présentent aucune trace de mélaphyres. Des porphyres quartzifères , des argilophyres quartzifères , ne sont pas des mélaphyres , par la simple raison qu’ils sont plus ou moins brunâtres. Jamais, par exemple, on n’a donné le nom de Méla¬ phyres aux porphyres quartzifères de teinte foncée qui sont si communs autour de Tarare , et cependant il n’y a rien de plus dans les diverses parties susmentionnées de l’Italie ; les caractères de ces porphyres quartzifères subalpins sont même bien plus nets que ceux des roches d’Oberstein , sur lesquels j’ai déjà insisté dans une autre occasion. Il est d’ailleurs facile de se convaincre que les porphyres à pâte euritique se lient , par une série d’intercala¬ tions et de transitions , au granité de Baveno , en sorte que celui-ci devient un cas particulier du porphyre granitoïde de M . Gruner. Ces faits, déjà annoncés par M. Hoffmann pour les roches de la presqu’île de Morcote , se trouvent donc généralisés par mes ob¬ servations ; et quant à ce qui concerne plus spécialement les inter¬ calations du porphyre rouge dans le mélapliyre du ravin de Melano , on peut dire quelles ne sont que des illusions occasion- SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. 33 nées par des effets particuliers de kaolinisation. On peut, en effet , constater sur le lieu même le passade de ces kaolins à teinte foncée aux porphyres quartzifères sains et simplement bruns, en sorte que l’on arrive à cette conclusion capitale , savoir : qu’il n’y a pas plus ici qu’ ailleurs des alternances entre les éruptions des mé- lapliyres et celles des porphyres quartzifères. Ces formations sont respectivement indépendantes les unes des autres ; elles sont cha¬ cune de leur temps , et cette simplification dans l’histoire des roches éruptives ne sera sans doute pas dédaignée par les géologues. Les roches ampliiboliques sont très variées en texture et en com¬ position, non seulement d’un massif à l’autre, mais encore dans les diverses subdivisions d’un même massif : cependant on peut , en général , les désigner sous le nom de Diorites ou de Syénites. Les endroits sains de ces roches , tels qu’on peut en trouver au Mon- zoni et à Predazzo, montrent que la partie feldspath icpie y est représentée par un labrador chatoyant. L’amphibole existe seule dans quelques points ; mais comme elle est sujette à s’effacer , on arrive quelquefois à des protogynes , ou bien à des espèces de por¬ phyres quartzifères analogues à ceux qui se reproduisent dans les formations équivalentes de la Toscane et des environs du Mont- Blanc. Ces mêmes roches offrent encore , à Theiss, le phénomène très remarquable du passage à un état amygdaloide tellement complet , qu’on y trouve alors des géodes semblables à celles d’Oberstein; enfin , elles dégénèrent ça et là en serpentines, autre genre de transition qui suffit pour déterminer leur classement dans le grand groupe serpentineux , qui a joué un rôle si important dans les soulèvements alpins. Après ces détails généraux sur la compo¬ sition , rappelons ce qu’on sait du gisement de ces roches dans la contrée. Elles forment d’abord , au-dessus de Clausen , un vaste massif qui traverse les micaschistes ; la roche de Monzoni , ainsi que le granité de Predazzo , rentre dans le même système ; il doit en exister d’autres saillies dans quelques points du haut de la vallée de Passa , conjecture qui est basée sur le nombre des blocs roulés que l’on rencontre près de Campitello. Enfin , M. de Buch indique une dernière grande protubérance syénitique qui est située entre les vallées de l’Avisio et de la Brenta ; c’est celle qui constitue entre autres la Cima d’Asta. Indépendamment de l’importance qu’elles acquièrent à cause de cette extension , ces roches méritent encore une attention toute spéciale par suite du rôle qu’elles ont joué dans les métamorphismes de Predazzo et de Monzoni ; enfin on remarquera que c’est autour d’elles que sont distribués divers gîtes métallifères de la contrée. Soc. (jéol. , 2e série, tome III. 3 I 3 À SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18/l5. Les mélaphyres , abstraction faite des parties kaolinisées et ru¬ béfiées, sont des roches noires, pyroxéniques, qui, placées en Au¬ vergne , prendraient les noms de basalte et de dolérite ; les cristaux aciculaires feldspathiques que l’on trouve dans les mélaphyres du Monte Bufauro et de quelques autres localités du Tyrol , exis¬ tent aussi dans quelques uns des basaltes qui ont traversé les trachytes des Monts-Dores ; les pyroxènes sont identiques de part et d’autre. Le péridot s’y montre au Mont-Baldo comme dans les roches équivalentes des environs de Clermont ; les zéolithes , les mélaphyres de Passa, ont aussi leurs représentants dans les mé¬ sotypes du puy de Corent ; enfin , des parties considérables des mélaphyres du Duron et du Bufauro ne sont que des tufs bré- clioïdes analogues à ceux qui se montrent en si grandes masses dans divers points du plateau de la France centrale. Cette dernière circonstance est importante, parce qu’elle tend à établir que l’émis¬ sion des mélaphyres du Tyrol s’est effectuée dans un grand nombre de cas , à une époque où ils étaient déjà parvenus à un état de con¬ solidation passablement avancé, et, par conséquent aussi , refroidis jusqu’à un certain degré, et ce fait pourra servir à expliquer leur nullité d’action comme agents de métamorphisme. En élaguant les roches syénitiques et porphyriques , ainsi que les masses méta¬ morphiques qui ont été confondues avec les mélaphyres, il reste comme stations de ceux-ci , le Monte-Baldo , quelques points des environs de Trente , le voisinage de Porno et de Moëna, enfin la puissante éruption qui occupe en partie l’espace compris entre Yigo et Buflatscli. Mais, même en réunissant parla pensée ces diverses masses , de manière à en former un tout suivi , on voit que celles-ci ne figureraient qu’un point comparativement à la vaste étendue des dolomies stratifiées. On pourrait donc, au besoin, voir encore dans cette seule circonstance un motif pour récuser leur influence dans l’acte delà dolomisation; car rien ne démontre que les vapeurs puissent cheminer au travers des roches à des dis¬ tances de plusieurs dizaines de lieues; on va voir d’ailleurs que les mélaphyres n’ont pas même exercé leur influence sur des épais¬ seurs de quelques centimètres. Le premier point que j’aie étudié sous ce rapport est le Monte- Baldo. Ce vaste massif, composé de calcaires jurassiques et num- mulitiques , que les soulèvements ont échelonnés à diverses re¬ prises les uns au-dessus ch s autres , est couronné par l’Altissimo , haute cime dans laquelle un calcaire tantôt pierreux , tantôt ooli- tliique , est supporté par un puissant épanchement de mélaphyre à terre verte. Cette disposition paraissait éminemment favorable SÉANCE I)U 3 NOVEMBRE 18Zl5. 35 pour le développement d’une action métamorphique : aussi je me hâtai d’arriver aux escarpements, et je pus atteindre un point où les éboulis ne marquaient pas un intervalle de 6 mètres entre la roche sédimentaire et la roche éruptive. Cette distance était certes bien faible pour le grand phénomène dont on suppose l’existence, et pourtant l’oolithe était là aussi intacte, aussi peu cristalline que partout ailleurs dans la montagne ; à plus forte raison , le calcaire rouge qui apparaît en des points un peu plus éloignés du mélaphyre devait-il manifester la même nullité d’action, et il la manifestait en effet, quoiqu’on le suppose capable d’être dolomisé. Le second point où le mélaphyre aurait du jouer un rôle est celui de Cognola , au-dessus de Trente; la roche éruptive y tra¬ verse le calcaire rouge , et là , comme au Monte-Baldo , il n’y a rien de changé , rien de cristallin ; la texture pierreuse , ainsi que la couleur, est conservée dans toute son intégrité , quoique des actions mécaniques assez intenses soient indiquées par divers dé¬ rangements dans l’allure locale des strates. Des alignements et des coupes prouvent d’ailleurs que les dolomies de Santa-Agatha, qu’on a supposées s’être développées sous l’influence de cette même éruption, n’ont aucun rapport avec elle , mais qu’elles sont le prolongement des couches régulières qui reposent plus loin sur le calcaire rouge. Enfin , il est facile de voir que ce cône ne doit son isolement qu’à la puissante érosion diluvienne , dont les traces sont indiquées par les énormes blocs de porphyre quartzi- fère et des autres roches qui sont délaissés sur tous les cols envi¬ ronnants. Le troisième point existe encore dans les environs de Trente , mais au-dessus du village de Martignano. Là une éruption de mé¬ laphyre constitue un filon assez puissant et presque vertical , qui a soulevé les calcaires rouges placés sur la gauche , de manière à les porter plus haut que les calcaires nummulitiques qui flanquent sa droite. Cette action mécanique a donc été très intense , et pour¬ tant , si l’on suit de part et d’autre les contacts qui sont très fré¬ quemment à nu , on s’assure que ni les bancs calcaires qui tou¬ chent le mélaphyre, ni même les blocs qui y sont empâtés ne manifestent aucune altération sensible , si ce n’est peut-être une plus grande fissuration. La dolomie la plus voisine est déjà passa¬ blement éloignée du mélaphyre , et, comme celle de Santa-Agatha, elle est simplement dans sa position normale au-dessus du calcaire rouge. Le quatrième point se trouve au Monte-Bufauro , vis-à-vis de SÉANCE DU i) NOVEMBEE 18/tÜ. Vigo. J’en avais espéré des résultats majeurs, à cause de la puis¬ sance des mélaphyres , dont les épaisses masses verticales séparent le terrain stratifié en tranches non moins épaisses. Cependant l’état physique des grès et des marnes ne diffère en rien de celui des mêmes roches lorsqu’elles se trouvent éloignées des méla¬ phyres. Les calcaires ont de même conservé leur couleur blonde et leur cassure compacte. C’est là du moins le cas général; car, à force de chercher, je suis parvenu à trouver des fragments calcaires de la grosseur du poing qui , étant empâtés dans les mélaphyres , ont éprouvé sur leur circonférence une fusion telle qu’ils ont pris une écorce cristalline rougeâtre , dont l’épaisseur de 2 à 3 mil¬ limètres indique la limite de l’action calorifique ; d’autres échan¬ tillons laissent voir des larmes et des gouttelettes de mélaphyre , qui ont pu pénétrer dans l’intérieur du calcaire en profitant pro¬ bablement de quelques fissures. Mais des effets du même genre se montrent aussi en France, par exemple au col de l’Escrinet, où les calcaires jurassiques sont traversés par les basaltes , et jamais on n’en a tiré un argument en faveur de la dolomisation; d’ailleurs ni les uns ni les autres ne se prêtent à aucune conclusion de ce genre à cause de leur exiguïté. D’autres gîtes, tels que ceux de Moëna, de Campitello et de Cipit , où les mélaphyres ont pareillement disloqué et traversé les marnes , les grès inférieurs ou les calcaires , offrant des résultats tout aussi négatifs, je n’insisterai plus que sur les phénomènes qui se manifestent au haut de la vallée du Duron. I à, les rochers dé¬ chirés qui surgissent devant l’observateur semblent indiquer une fissuration des plus énergiques qui aurait été occasionnée par les effets de la chaleur émanée des mélaphyres. Je jugeai donc néces¬ saire, malgré les déceptions précédentes, d’aller reconnaître ce qui s’était passé au contact, et , pour palper ces roches , j’ajoutai une centaine de mètres aux mille que j’avais déjà gravis. Dans ces escar¬ pements culminants, les calcaires de la grande assise reposent de la manière la plus nette sur le mélaphyre; on trouve même des points où ils sont bouleversés et traversés par de gros fdons de cette roche plutonique ; elle empâte encore , çà et là , des blocs de ces mêmes calcaires, et, malgré ces conditions essentiellement favora¬ bles pour les effets métamorphiques, je n’ai pu trouver autre chose que des masses ayant la physionomie le plus normale possible, car à peine quelques parties montrent-elles des traces de rubéfaction. En îesume, les mélaphyres sont encore ici d’une extrême innocuité, et pourtant vodà un massif de ces roches d’environ 2 lieues de diamètre, qui, sur son dos comme sur ses flancs, n’a pu développer 37 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18/l5. que d’insignifiantes actions. Concluons donc, encore une lois, quo la dolomisution ne s’est pas effectuée sous leur influence , et qu’en définitive, ces résultats , combinés avec le fait de la stratification normale des dolomies , achèvent de démontrer que celles-ci doi¬ vent leur origine à un phénomène purement aqueux, identique avec celui qui s’est produit dans les contrées triasiques de la France et de l’Allemagne. Ces observations ont déjà été faites , en partie, par M. Bertrand-Geslin, et j’ignore les objections qu’on a pu lui adres¬ ser. On a bien expliqué comment il pouvait se faire que des ro¬ ches puissent se montrer clolomitiques en des points où les méla- phyres sont supposés masqués par des recouvrements de roches, et la chose était facile dans cette hypothèse ; mais il fallait expliquer aussi pourquoi il ne s’est rien produit au contact immédiat , car c’est là que se trouvait la difficulté. Je conçois bien que cette nul¬ lité d’action puisse se manifester en quelques endroits par suite de causes purement locales; mais quand elle est générale, quand elle se montre en grand comme en petit, alors il ne reste plus qu’à renoncer à l’espoir d’établir une théorie qui serait continuellement en contradiction c^vec les faits. Rappelons maintenant que j’ai dit, en débutant, que des méta¬ morphismes intenses se montraient dans la vallée de Fassa; il s’agit donc de les faire connaître. Si l’on étudie le terrain triasique à Cavalèse et à Moëna , on le trouve dans un état parfaitement normal, et Predazzo se trouve en¬ tre ces deux stations, se rattachant à chacune d’elles par des lignes de stratification suffisamment apparentes, malgré les dislocations, pour qu’il soit facile de constater qu’aucune différence d’âge ne peut exister entre les roches des trois localités. Cependant , si l’on gravit, à Pedazzo, les rampes des Cauzocoli,duTovo del Gaggio et du Tovo di Vena, on trouve une masse considérable de syénite qui a disloqué de diverses manières les grès et aussi la grande as¬ sise du muscheikalk qui leur est superposée. Il en résulte qu’un lambeau considérable de ce calcaire dolomitique s’incline dans la syénite depuis les falaises des sommités jusque vers le bas des escarpements, où il disparaît sous les éboulis et la végétation. D’autres fragments de la même assise sont complètement em¬ pâtés dans la roche éruptive , et tous les calcaires ainsi enveloppés ont perdu de la manière la plus complète toutes les traces de leur physionomie originaire. Ce ne sont plus des calcaires com¬ pactes, subcristallins, blonds ou grisâtres, mais des marbres dont on a tenté l’exploitation à la Cava di Manno. Dans les points où ceux- ci sont purs, ils ont pris la plus grande blancheur , une certaine 38 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. translucidité, une dureté assez forte, ainsi qu’un tissu cristallin général et développé d’une manière plus ou moins large. Diverses autres parties sont veinées de gris, et toutes ces nouvelles manières d’être leur ont valu de la part de M. Petzholdt le nom de pre- dazzit , nom qui, sans être bien nécessaire, peut du moins être ac¬ cepté pour distinguer ces roclies remaniées plutoniquement d’avec les dolomies purement sédimentaires dont elles dérivent. En ef¬ fet, tout indique que la hante température des syénites envelop¬ pantes a provoqué dans le calcaire un ramollissement qui a été suivi d’une cristallisation spatliique , et, si la predazzit est magné¬ sienne, ainsi que cela est démontré par quelques analyses de MM. I jéonardi et Petzholdt, il faut y voir, non un effet quelconque de cémentation magnésienne, mais bien la simple fusion d’un mu- schelkalk déjà magnésifère. Ce métamorphisme, très simple quand on se contente de l’envi¬ sager ainsi en masse, se complique d’ailleurs dans ses détails; c’est ainsi qu’aux Canzocoli les parois du calcaire sont imbibées sur une certaine épaisseur par une matière serpentineuse provenant de la roche des parois; non loin de là, ce même calcaire contient de l’amphibole; enfin , plus haut, la réaction a encore été plus in¬ time, en sorte que, de la combinaison de quelques uns des éléments du calcaire et de la syénite, il est résulté un développement d’ido- crase , minerai dont les belles recherches de M. Bertliier ont dé¬ montré la facile formation tant dans les laitiers des hauts-fourneaux que dans les creusets brasqués. Mais les modifications du grès, des dolomies et des marnes infé¬ rieures au muschelkalk, sont encore bien plus dignes de remarque. Au Tovo del Gaggio, où la distance de la syénite est assez sensible, ces roches ont conservé la régularité de leur stratification , et l’on voit dans leur ensemble des bancs d’une dolomie cristalline, es- quilleuse, dure comme le marbre, mais moins blanche, qui alter¬ nent avec des roches siliceuses veinées de zones brunes, grises ou verdâtres, disposées parallèlement aux feuillets du terrain. Quel¬ quefois ces veines s’interrompent en s’infléchissant de manière à former comme des gouttes ou des larmes qui auraient coulé dans les masses pierreuses ; le centre de ces larmes est ordinairement amphibolique, tandis que le reste de la pâte, qui a acquis une grande dureté et un tissu esquilleux , constitue un jaspe de fusion pareil à celui dont j’ai déjà fait connaître depuis longtemps le gisement aux environs de Tarare. Cet état jaspo'ide se dessine d’une manière re¬ marquable jusque dans un banc dolomitique qui a pris un tissu compacte, une cassure largement conchoïde,et dont le fond gri- SÉANCE DL O NOVEMBRE 18Z|5. 39 satre présente des veines noires assorties de manière qu’elles ont valu à la roclie le nom de mar/no fiammato nero (marbre noir flambé), dénomination sous laquelle il a été exploité pour le dallage de l’église de Predazzo. Dans leTovo di Yena, ces mêmes assises de grès et de marnes repo¬ sent directement sur la grande masse syénitique : aussi la modifica¬ tion a été plus complète que dans le cas précédent. En effet , les roches , tout en conservant cependant les indices de leur ancienne stratification, sont excessivement dures, compactes, fissurés vertica¬ lement , généralement noires , avec des parties chargées d’épidote , d’amphibole ou d’uralite , et celui-ci se trouve distribué dans la pâte de manière à constituer des masses à aspect porphyro'ide. N’ayant point trouvé dans cet ensemble les bancs minces de dolo¬ mie de la station précédente, je suis porté à croire qu’ils ont disparu par suite de la diffusion de leurs éléments avec ceux des marnes et des grès ; mais je laisse le soin de lever ce doute aux géologues qui voudront vérifier mon exploration de ce gîte ; quant à ceux qui connaissent déjà les difficultés de remplacement, ils m’excuseront de n’avoir pas saisiMne à une toutes les assises. En gagnant le haut de ce Tovo, on arrive aux parties de la grande assise de muschel- kalk qui reposent immédiatement sur ces marnes métamorphiques , et on voit qu’elles ont aussi pris les textures cristallines de la pre- dazzit des Canzocoli ou de la Cava di Manno, et que, d’ailleurs, de gros filons syénitiques, en pénétrant jusque là , indiquent suffisam¬ ment la cause de ce redoublement d’intensité dans les effets du mé¬ tamorphisme. Le Monte-Mulatto , situé dans l’angle formé par les vallées du Travignolo et de Passa, présente la même série de phénomènes ; car la syénite y forme pareillement d’énormes filons qui découpent l’é¬ tage marneux en prismes gigantesques, et, si l’on s’avance jusqu’à la base des escarpements supérieurs, qui constitue la haute arête dite Corda di Viezena aile corone , on s’assure que la base de la grande assise du muschelkalk supérieur est aussi convertie en marbre salin analogue à la preclazzit. Il en est de même encore au Monte-Mulazzo, cpii forme le troi¬ sième côté du cirque dans lequel est placé le village de Predazzo, car les syénites sont encore là pour rendre raison de tous ces métamor¬ phismes; mais dès qu’on s’éloigne de leur centre d’éruption , ils s’effacent peu à peu, et l’on peut se convaincre facilement de ce re¬ tour à l’état normal, en étudiant, entre autres, la série des diverses roches qui viennent successivement s’abaisser au niveau du fond de la vallée de Fassa, vers Forno. 40 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1843, Lamontagne deMonzoni est formée par un autre massif svéni- tique sur lequel reposent des lambeaux calcaires : aussi on y re¬ trouve, au contact des deux roches, les mêmes fusions et cristallisa¬ tions qui caractérisent le gîte à idocrase de Predazzo. Le dévelop¬ pement cristallin y est même plus varié, car les idocrases s’y mê¬ lent à des geldé nites , à des pyroxènes verts , à des pléonastes et à diverses pâtes silicatées indéfinissables. Tant de faits, si fortement accusés, suffisent pour faire voir que c’est aux roches syénitiques qu’on devra rapporter les effets qu’on avait cru devoir attribuer aux mélaphyres par suite d’une confu¬ sion qui ne vient probablement que de ce qu’on a pris les marnes jaspisées pour des mélaphyres, à cause de leur couleur noire. Mais ces marnes ne sont pas des mélaphyres, et ce qui le prouve, ce sont les indices de stratification qu’elles ont conservés avec une certaine netteté; ce sont les bancs calcaires qui y sont encore intercalés, du moins en certains points; ce sont, enfin, les passages qui ramènent ces roches métamorphiques à leur état normal , quand on s’éloigne des massifs syénitiques. Ce résumé d’un travail beaucoup plus développé que je me propose de publier sur le même sujet, suffira pour faire voir de quelle manière M. de Buclia été conduit à proposer la théorie de la dolomisation. Cédant à cette tendance naturelle qui pousse à la gé¬ néralisation tous les hommes aux vues grandes et larges, il a ratta¬ ché aux calcaires de Predazzo, devenus cristallins, tous les calcaires subcristallins sédimentaires de la contrée ; dans les marnes cuites, devenues noires , jaspoïdes , et aussi plus ou moins cristallines , il a cru retrouver ses mélaphyres. Les mélaphyres soumis à la rubéfac¬ tion deviennent roux comme les porphyres : de là l’adjonction des porphyres quartzifères rouges aux porphyres pyroxéniques ; de là encore la vaste extension de la cause métainorphisante, et par con¬ séquent une conception plus facile de sa théorie. Cependant n’ou¬ blions pas que celle-ci remonte à une vingtaine d’années , et que , dans l’époque actuelle, les faits s’accumulent avec rapidité ; les clas¬ sements deviennent donc plus rigoureux, et des réformes en sont la conséquence. Mais si, au milieu de ces changements de position, il reste des bases positives, inébranlables, c’est toujours à celui qui les a signalées que revient toute la gloire. Loin donc de voir dans les mutations un sujet quelconque de dépréciation de son mérite, on doit, au contraire , admirer la puissante perspicacité dont il a fait preuve en entrevoyant, presque à la naissance de la science, une sé¬ rie défaits qui, pour d’autres, seraient demeurés dans l’obscurité. La théorie de Werner sur les filons était aussi beaucoup trop gé- SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. 41 nérale. et personne ne condamne Werner; de même personne ne condamnera l’infatigable géologue dont nous avons cherché à régu¬ lariser, et non à détruire une doctrine, différant essentiellement en cela de ceux qui ont simplement combattu ses aperçus, sans rien substituer à leur place. M. Virlet fait observer que les faits cités par M. Fournet , d’injections de roches ignées au milieu de roches neptuniennes, sur lesquelles elles ont exercé si peu d’influence, viennent confirmer les opinions qu’il a émises aux réunions de Cham¬ béry, savoir: que le métamorphisme des roches n’était pas dù, comme on le suppose ordinairement , au surgissement des massesignées , qui ont, en général, exercé fort peu d’influence sur les massifs encaissants , mais bien plutôt aux émanations gazeuzes qui ont été la conséquence de ce surgissement. C’est à ces émanations que sont dus les filons souvent si nombreux qui existent dans le voisinage des principales lignes de frac¬ ture des terrains. (Yoy. Bull, de la Soc. gèol. , 2 e série, t. Ier, p. 827.) Quant à la question delà dolomie traitée par M. Fournet, M. Virlet pense aussi depuis longtemps que beaucoup de dolo¬ mies, comme, par exemple, celles qui existent en France au milieu des marnes irisées, en bancs si bien stratifiés, sont de ce nombre -, mais il croit aussi qu’il faut bien se garder de confondre la plupart des calcaires magnésiens sédimentaires , où la magnésie peut se trouver en toutes proportions, avec la dolomie proprement dite , qui est un double carbonate de chaux et de magnésie à proportions bien définies, et dont la formule est C«C + M«C. M. Virlet rappelle que, dans une note théorique sur la formation ignée des dolomies par voie de double décomposition chimique , adressée à l’Aca¬ démie des sciences en 1836 (Voir le Guide du géologue , par A.Boué, t. II, p. 470), il a parfaitement établi cette distinction. Sans contester donc des faits qui paraissent si bien observés par M. Fournet, il ajoute qu’il pense que, de meme qu’il y a des calcaires plutoniques, il peut y avoir aussi des dolomies d’origine éruptive. Quant aux dolomies qui auraient pu se former par épigénie , il rappelle que M. de Genevez , qui avait aussi étudié la question dans les localités examinées par SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. A 2 M. de Buch , avait préparé un grand travail à ce sujet, et qu’il lui avait dit que de nombreuses analyses chimiques lui avaient démontré que ces masses dolomitiques repassaient , suivant le degré de transformation, à de véritables calcaires, en sorte que ces calcaires avaient donné lieu, suivant lui, à une véritable dolomie , par suite d’un métamorphisme é pigé nique. M. Leymerie regarde comme superflue la partie du Mémoire de M. Fournet qui est relative aux dolomies régulièrement stratifiées; car tout le monde admet que cps dernières sont, dans la plupart des cas, le résultat d’un dépôt immédiat de double carbonate de chaux et de magnésie. Il pense que M. Fournet cite à tort le muschelkalk dans le midi de la France, hors du département du Yar, où il est indi¬ qué avec juste raison sur la carte géologique de France; il croit pouvoir affirmer notamment que cette assise n’existe pas dans le Lyonnais ni dans le Rouergue. Ces contrées offrent très fréquemment des calcaires jurassiques et particulièrement infra- liasiques à l’état compacte, qui ressemblent beaucoup au mus¬ chelkalk, et que M. Fournet a pu prendre pour tel, s’en rappor¬ tant aux caractères minéralogiques. M. Yirlet réplique à M. Leymerie qu’il a observé dans les Cévennes, en face des usines et des mines de Bessèges (Gard), un calcaire gris-jaunâtre qu’il considère comme du muschelkalk; du moins sa position au-dessous des arkoses et des marnes iri¬ sées peut le faire supposer, car il n’y a reconnu aucun fossile qui puisse faire décider son âge d’une manière positive. M. Delanoue , au sujet du mémoire de M. Fournet, pré¬ sente les observations suivantes : « Je n’ai pas visité, dit-il, les localités dont parle M. Fournet, mais je suis allé tout exprès vérifier les assertions des auteurs sur une terre non moins classique , les Alpes Liguriennes et le golfe de la Spezzia. Sur une multitude de points de cette contrée , des masses informes de serpentine ont surgi en soulevant les couches stra¬ tifiées. Les bancs de calcaire noirâtre à veines blanches, analogue au marbre de Porto V encre possédaient, à l’époque du soulèvement, une mollesse telle qu’ils se sont souvent moulés sans se rompre sur toutes les sinuosités de la roche soulevante , qu’ils recouvrent en manteau ; le calcaire et la matière organique colorante n’ont même SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18A5. h 3 pas été altérés au contact de la roche magnésienne. Mais j’ai vai¬ nement cherché la trace des phénomènes analogues qui auraient eu lieu à la Spezzia , par suite de l’épanchement de la dolomie , s’il faut en croire les auteurs (1). Sur toute la côte le relèvement des couches est général , et la do¬ lomie s’y trouve intercalée, comme en France, dans des couches parallèles et très régulières de grès et de calcaires coquilliers ( Bé- lemnites, Ammonites pyritisées) ; mais nulle part on ne voit trace - de cette dolomisation postérieure du calcaire , que tant de géolo¬ gues, si bons observateurs d’ailleurs, nous ont signalée, sans jamais apporter la moindre preuve à l’appui d’une aussi étrange méta¬ morphose. » Le secrétaire donne lecture des communications suivantes de M. de Roy s. Château de Saint-Ange, 22 octobre 1845, Monsieur le Président , J’ai l’honneur de vous transmettre quelques détails sur l’explora¬ tion nouvellement faite dans le terrain houiller à Toulon même. L’importance de ce bassin , qui paraît aujourd’hui promettre une exploitation productive dans notre premier port militaire de la Mé¬ diterranée , m’a fait penser que la Société géologique accueillerait la courte notice ci-annexée. J’y ai joint une note sur un terrain composé de plusieurs alter¬ nances de calcaire magnésien , de marnes et de grès , rapporté par la carte géologique de France à l’infra-lias, par M. Leymerie et parles exploitants de houille du Midi au keuper, et qui par ses ana¬ logies me paraît devoir être plutôt rapporté au zeichstein. Notice sur Je terrain houiller de Toulon. On connaissait depuis longtemps l’existence d’un lambeau de terrain houiller près de Toulon. On l’observait sur une longueur d’environ 2 kilomètres et une largeur de 100 à 150 mètres, adossé aux schistes anciens et plongeant sous les alluvions qui forment le sol de la plaine. Ces alluvions sont bornées au N. par des escar- (1) M. de La Bêche, entre autres, dit, page 108 de son Manuel' « La dolomie qui se trouve parmi les calcaires de la Spezzia s’élève si verticalement qu’on peut la considérer comme un dyke soulevant les couches de terrain. /l/l SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1845. pements appartenant à l’étage triasique. Dans un lossé du fort Lamalgue, creusé en partie dans le terrain liouiller , affleurait une couche de houille très sèche ou d’anthracite de mauvaise qualité. C’est sur cette couche qu’ont été dirigés les travaux d’exploration au moyen d’un puits de 55 mètres de profondeur et d’une galerie de recoupement d’environ 30 mètres, qui a traversé trois couches de combustible qui n’affleurent pas. Il est maintenant démontré que le système se prolonge sous la plaine , et l’on espère que des recherches entreprises à quelque distance des affleurements feront connaître une plus grande puissance de terrain houiller et peut-être des couches de combustible de meilleure qualité. Des grès liouillers , traversés par le puits , à noyaux de quartz semi- liyalin moyennement gros, à angles peu arrondis, noyés dans une pâte d’un vert foncé, paraissent avoir subi une action métamor¬ phique très prononcée. L’influence qui a altéré cette roche a dû faire passer la houille à l’état d’anthracite. Sa coloration paraît être due au chrome, de même que celle d’une grande partie des grès bigarrés de cette contrée. Note sur les grès inférieurs au lias clans les Cévennes et le Lyonnais. A la base du terrain auquel il a donné le nom d’infra-lias , M. Leymerie a signalé , sous le nom de grès inférieurs , un terrain puissant offrant de nombreuses alternances de grès feldspathiques , de calcaires magnésiens et de marnes rouges , vertes, lie de vin. Ce terrain se distingue par ses caractères minéralogiques , par sa na¬ ture , et surtout par l’absence complète des fossiles de l’infra-lias , qui lui est superposé à stratification concordante, et M. Leymerie le considère comme appartenant à un étage différent ( Mémoires de la Soc. géol. , lre série, t. III, pag. 331). Ce terrain de grès infé¬ rieurs peut s’observer sur un assez grand nombre de points de l’Ar¬ dèche et du Gard. Les exploitants de houille le regardent comme intimement lié au terrain houiller et pensent être assurés de trouver de la houille partout où ils observent ses affleurements. Dans le pays on s’est généralement accordé à le rapporter au keuper. Dans l i carte géologique de France il est rapporté à l’infra-lias, malgré la distinction si formellement établie par M . Leymerie , qui les rapporte également au keuper. M. Emilien Dumas a retrouvé dans les Cévennes le véritable infra-lias de M. Leymerie , avec un développement bien supérieur à celui qu’il offre dans le Lyonnais , et un nombre considérable de SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 18/l5. Z|5 fossiles , la plupart nouveaux et distincts de ceux du lias. Dans le nombre se trouvent un Mytilus qui lui a paru offrir quelque ana¬ logie avec le Mytilus socialis ; une Ostracée, qu’il présume être celle de l’infra-lias lyonnais , que M. Leymerie rapporte à la Grypliée arquée jeune âge. Elle rappelle effectivement la Gry- pliée arquée par sa forme générale ; mais l’absence du crochet proéminent et recourbé des Grypliées , l’existence d’un point d’at¬ tache constamment placé au sommet de la valve inférieure , lui paraissent des motifs suffisants pour l’en séparer. Une Ammonite à cloisons persillées a cependant fait penser à M. Dumas que ce terrain devait faire partie du grand étage jurassique , dont il devra sans doute former un membre nouveau. La roche dominante est un calcaire très compacte , gris de fumée , à cassure conclioïde. Ce terrain nouveau n’a aucune liaison avec celui des grès infé¬ rieurs , soit sous le rapport minéralogique , soit par les fossiles qui manquent complètement dans les grès inférieurs , comme l’a re¬ marqué M. Leymerie pour le Lyonnais. M. Emilien Dumas, dont la sagacité et les laborieuses investigations sont si bien connues , a sondé presque de mètre en mètre leurs affleurements de Berrias à Alais: ni lui ni notre collègue, M. Jules de Malbos, n’ont pu rencontrer un fossile ; mais partout il y a uniformité absolue dans le faciès et dans la nature des roches qui les composent. M. Dumas et tous les géologues du Midi s’accordent en conséquence à les rap¬ porter au trias , avec une assez grande incertitude sur l’étage de ce terrain auquel ils doivent appartenir. Sur la berge de la rampe , entre le Mas-Dieu et Portes , on voit les assises inférieures du lias venir s’appuyer à stratification un peu transgressive sur les grès inférieurs qui recouvrent, à stratification parfaitement con¬ cordante , le terrain houiller à peu de distance de la tuilerie. Il ne peut donc rester de doute relativement à leur indépendance. On sait, d’après les observations de M. d’Arcliiac [Bull, de la Soc. géol. , t. XI), que les caractères pétrologiques, à défaut de tout autre , peuvent être de quelque utilité pour la classification des terrains. Ce terrain des grès inférieurs où le calcaire magnésien domine devrait , par ces caractères, être rapporté au zeichstein. Ce rapprochement nous paraît encore confirmé par celui des schistes de Muse avec les schistes de Mansfeld. Ce rapprochement, n’étant fondé que sur la nature minéralogique des roches et le caractère négatif de l’absence des fossiles , ne peut être donné comme cer¬ tain. Nous ajouterons seulement que l’existence du cuivre dans ce terrain, à Chessy, offre encore un autre point de ressemblance avec le zeichstein allemand. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1845. 46 Séance du 17 novembre 1845. PRÉSIDENCE DE M. CONSTANT PRÉVOST. M. Le Blanc, vice-secrétaire, donne lecture du procès-ver¬ bal de la dernière séance , dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Président proclame membres de la Société : MM. Le comte de Mons, chambellan de S. A. R. le prince de Nassau, au Préau , commune de Nohan , prés Bourges (Cher) , présenté par MM. le comte de Choulot et Viquesnel ; Robert de Yey (Victor- Achille) , à Paris, rue de Choiseul, 10, présenté par MM. Cordier et Bontemps-, Deiiais (Félix-Émile), à Paris , rue du Ilelder, 17, présenté par MM. Cordier et Bontemps. Le Président annonce ensuite six présentations. DONS FAITS a LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part de M. le Ministre de la justice, Journal des sa¬ vants ; octobre 1845. De la part de M. Alcide d’Orbigny, Paléontologie française ; terrains jurassiques , 35e livr. ^ terrains crétacés , livr. 103 à 106. Delà part de M. Leymerie, Tableau chronologique des ter¬ rains sèdimentaires , tel qu il résulte des obse/'vations faites dans V Europe septentrionale ; 1 feuille, petit in-f°, 1845. De la part de M. Charles d’Orbigny, Dict . univ . d' his t. na¬ turelle , 71e livr. De la part de la famille de feu M. le comte da Rio, Elogio funebre del cavalière Nicolo da Rio , da! professore Abb . Lodo- vico Menin; in-80, 32 p., avec portrait, Padova, 1845. Comptes-rendus des séances de V Académie des sciences , 1845, 2^ semestre, t. XXI, n°* 18 et 19. bulletin de la Société de géographie , 3e série, t. IV, n° 20 août 1845. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1845. 47 Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse , n° 91,1845. L'Institut , 1845, nos 617 à 619. U Écho du monde savant , 1845, 2e semestre, nos 37 à 39. The Athenæum , 1845, nos 941 et 942. Mining Journal , 1845, nos 533 et 534. Le Secrétaire donne lecture : 1° d’une lettre de M. Rafael Cavanillas, directeur général des mines , qui remercie la Société de l’envoi fait à la direction des mines de Madrid de la carte géologique du globe de M. Boué \ 2° D’une lettre de M. de Lavaux, qui fait part à la Société de la perte d’un de ses membres , M. Warden , ancien consul des Etats-Unis, correspondant de l’Académie des sciences, décédé , rue du Pot-de-Fer, 12, à Paris, le 9 octobre 1845. M. Delanoue donne lecture de la note suivante : Une communication de M. Constant Prévost, sur le manganèse d’Orsay (séance du 21 avril 1845) , m’ayant amené à dire ce que je pensais à ce sujet, je crus devoir alors émettre l’opinion que les dépôts de fer et de manganèse , bordant à l’O. le plateau central de la France dans les marnes irisées de St-Christophe-le-Chandry, et l’oolitlie inférieure de Confolens, Nontron etMontignac, avaient tous une origine neptunienne , et qu’un remaniement postérieur, une sorte de liquation métallique par voie humide avait concentré la majeure partie de ces minerais, sous forme concrétionnée, dans les fentes et cavités des roches sous-jacentes. Cette opinion (je m’y attendais) ne rencontra que des contradicteurs. MM. d’Omalius d’Jlalloy, Constant Prévost, Virlet et Pomel, s’accordèrent à rat¬ tacher plus ou moins aux phénomènes plutoniques la présence de ces substances métalliques. J’ai du chercher, depuis, quelques preuves à l’appui de mes assertions, et voici ce que j’ai observé : 1° Les oxides de fer et de manganèse sont toujours à l’état d’hy¬ drates ternes , et ne sont jamais cristallisés comme ceux des filons ( Romanèche , le Hartz et les Pyrénées) . 2° Les minerais durs , concrétionnés , inférieurs , ne sont pas co- qui lliers; mais ceux qui sont en masses poreuses, amorphes et oc¬ cupant encore dans le haut leur position primitive, renferment des empreintes d’Oursins , d’Encrines, etc. (J’ai remis à M. Dufrénoy une Astræa parfaitement conservée au centre d’un morceau de manganèse. ) SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 18/|5 . 48 3° Enfin, une analyse plus minutieuse de ces manganèses amorphes m’y a fait découvrir la présence d’une substance or¬ ganique azotée. J’avais déjà depuis longtemps signalé l’ammo¬ niaque dans l’analyse que j’ai donnée de ces minerais (tome VIII , page 106, lre série, du Bulletin ) ; mais alors j’en attribuais, comme tout le monde , l’origine aux éléments atmosphériques; et le fait n’offrait dans ce cas qu’un médiocre intérêt , puis¬ qu’il se reproduit dans les argiles, dans les schistes , etc. Je me suis assuré , au moyen d’une forte solution de potasse , que l’ammoniaque ne préexiste pas toute formée ; celle qu’on obtient par la calcination est le produit de la décomposition d'une ma¬ tière organique azotée qui fait partie intégrante du minerai. J’ai peu de chose à dire en ce moment de cette substance , que modifient d’ailleurs beaucoup les acides employés pour attaquer le manga¬ nèse ; elle se dissout dans l’acide chlorhydrique , se précipite avec les sulfures et devient brunâtre par l’addition d’un alcali. Ce doit être la même substance noirâtre dont se sont imprégnés les cal¬ caires et les argiles, en se précipitant au fond de ce vaste récipient des mers , où s’infusaient incessamment les débris putréfiés d’êtres organisés de toute nature. Quoi qu’il en soit , les traces de fossiles et la présence d’une substance organique dans ces manganèses sont désormais des faits incontestables que tout le monde peut vérifier , et ils suffisent , ce me semble , pour exclure d’une manière péremptoire toute inter¬ vention plutonique. M. Virlet dit qu’il serait assez important d’examiner la nature de cette matière organique , par exemple voir si ce manganèse contient du bitume , qui est quelquefois , rarement à la vérité , azoté. M. Delanoue reconnaît la question comme difficile j il ajoute queM. Pelouze ne regarde pas son opinion comme douteuse. M. Constant Prévost ajoute qu’il lui a paru évident que c’est par infiltration et dans leur position actuelle que se sont formées les taches qu’on voit dans les grés ; mais il ne rejette pas l’idée de M. d’Omalius d’Halloy, qui les fait arriver d’une manière plutonique sur un autre point. M. Delanoue répond que c’est cette théorie d’émanation qu’il combat : cependant il admet qu’à l’origine tout a dû être plutonique $ mais il n’admet pas que dans le voisinage des ta- * SÉANCE EU 17 NOVEMBRE 1 8 Z| 5 . /l9 ches actuelles, et à l’époque tertiaire, i! y ait émanation de manganèse. M. le Secrétaire donne lecture d’une lettre de M. le docteur Jules Canat, relative à la découverte de fossiles marins, de l’époque actuelle , près de Tournus. M. Canat annonce que cette lettre sera suivie d une autre sur le même sujet. Elle donne lieu à quelques observations de la part de MM. Virlet et Pomel. L’assemblée décide qu’il y a lieu d’attendre la seconde lettre de M. Canat pour présenter la question tout entière et avec les rectifications s’il y a lieu. Note sur quelques phénomènes géologiques de la 'vallée de la B rems, près Saarlouis , par M. A. Pomel. Le bassin houiller de Saarbruek , si bien décrit par M. E. de Beaumont dans l’explication de la carte géologique de France, est un des plus intéressants à étudier sous le rapport de son étendue, de sa richesse en combustible , de la régularité et du peu de dé- rangement de ses couches , et des fossiles si variés et si nombreux qu’elles renferment. Ses houillères embrasées, ses rapports géo¬ logiques avec les autres formations qui le recouvrent ou le sup¬ portent , et surtout les nombreux épanchements volcaniques qui se sont opérés à travers ses couches , méritent surtout de fixer l’at¬ tention des géologues. La note que nous communiquons aujour¬ d’hui a pour but de faire connaître certaines particularités de ce bassin dans la petite vallée de la Brems , affluent de la Saare , aux environs de Saarlouis. Lorsque, arrivant de France , on a descendu l’escarpement du Tromborn après avoir passé sur les tranches du musclielkak et du grès bigarré , on marche sur le grès vosgien et les alluvions de la Saare , et on arrive bientôt au village de Diling , après avoir tra¬ versé un très petit plateau couvert d’ alluvions anciennes , qu’on retrouve sur le bord opposé de la Brems et sur une étendue de 12 kilomètres en remontant son cours. Ces alluvions sont com¬ posées surtout de galets pugillaires , et présentent cela de particulier qu’elles ne renferment presque exclusivement que les débris arra¬ chés aux roches aujourd’hui placées sur le cours de cette rivière , serpentine , porphyres , spilite, grès houiller, quartz pris aux pou- dingues de celui-ci , bois silicifiés de conifères, etc.; ce qui les différencie beaucoup des alluvions de la Saare , composées des Soc. gcol. , 2e série, tome III. 4 50 SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1845. débris des terrains des Vosges. En certains endroits on observe aussi du sable rouge, très meuble, gisant au-dessus ou au-dessous des galets , et paraissant avoir été pris par les courants à la surface du grès vosgien. Ces alluvions n’ayant qu’une épaisseur de 4 à 5 mètres, la vallée est ouverte dans la formation précédente, com¬ posée sur ce point de couches friables de grès rouge , grossier , traversé par des veines ou des plaquettes de fer iiydroxidé et offrant en grand cette structure tourmentée décrite par M. de Beaumont dans son Mémoire sur le trias des Vosges. Entre les villages de Nalbacli et de Bisback , le grès houille r commence à se montrer au-dessus des alluvions de la plaine , 1 1 s’élève promptement au-delà du dernier village bien au-dessus du grès vosgien , dont les couches viennent s’appuyer sur ses tranches sans se relever beaucoup. Les parties les plus basses du sol houiller sont des poudingues puissants à galets pugiilaires , plus ou moins abondamment répandus dans un grès quartzcux , grossier, gris ou blanchâtre , ou presque entièrement purs et très fortement cimentés par du fer hydraté , qui colore leur surface en rouge ou noirâtre. 11 s’y mêle quelques bancs de grès à cailloux nombreux , mais plus petits , généralement solides et de couleur grise , qui plus haut alternent avec d’autres grès à grains variés , mais plus souvent assez fins , ferrugineux ou argileux , gris , rouge s ou noirâtres; quelques lits d’argile rouge , ou brune, avec des rognons de fer carbonate, s’y montrent aussi ; enfin plus haut , on trouve plus abondamment des argiles grises , rouges , schisteuses noirâtres , des grès rougeâtres friables , de petits lits de calcaire magnésien et de rognons de fer carbonaté , tous très pauvres en fossiles organisés , et en manquant même totalement sur ces points. Cet ensemble de couches , sur lesquelles on passe successivement pour franchir un grand contre-fort du Liedermund , rejetant le cours de la Brems un peu au S.-E., présente une grande puis¬ sance , a un aspect rougeâtre violacé particulier , et plonge de quelques degrés vers le N.-1N.-E. A droite de la vallée et sur le plateau qui borde celle-ci , s’élève , à la hauteur des villages cités plus haut , la masse por- phyrique du Liedermund. Pour arriver à son pied , on marche pendant une demi-heure sur les alluvions anciennes , pour passer près de sa base , sur un terrain argileux jaunâtre, formant l'humus assez peu fertile de cette partie du plateau et renfermant une grande quantité de petits morceaux d’hydroxyde de fer carie's, plus ou moins globulaires , qui se retrouvent même jusque sur les premières pentes de la montagne. Celle-ci, allongée du N.-E. au bl SÉANCE I)U 17 NOVEMBRE 1S/|5. S ."O. , a son revers occidental en pente assez peu escarpée , acciden¬ tée par quelques ravins et petits contre-forts , tandis que le revers oriental est abrupte et très fatigant à gravir. La partie de ce flanc située sous le point culminant , vue du petit plateau que Ton a parcouru, rappelle par son aspect déchiré et son inclinaison d’au moins 25 à 30° , les formes caractéristiques des roches éruptives. Cependant, à mesure qu’on s’élève , on est de plus en plus étonné de reconnaître que partout la roche ignée est cou¬ verte de végétation assez pauvre , il est vrai , et a des formes ar¬ rondies; tandis que ce qu’on aurait cru reconnaître de loin pour un dyke consiste en un entassement tout-à-fait anormal de blocs plus ou moins volumineux de poudingues et de grès altérés dans leur structure originelle et modifiés de plusieurs manières. En général, le poudingue a pris l’aspect d’un quart zite , dans lequel les galets ne se laissent reconnaître que par une légère différence dans la couleur, et encore leurs bords se confondent-ils souvent avec la pâte , comme s’il y avait eu fusion et soudure intime entre le galet et son ciment. La couleur en est légèrement jaunâtre , et passe , sur certains points, au rouge vineux ou noirâtre. Le ciment de la roclie est quelquefois devenu jaspo'ide et lustré, ou bien les grains quartzeux et le fer oxidé qui la composent ont été fortement soudés et ont pris une couleur noirâtre , avec quelques cavités irrégulières. Cette modification conduit à une autre qui s’éloigne beaucoup moins de l’aspect et de la structure des conglomérats liouillers, et consiste seulement dans une solidité un peu plus grande et une coloration en rouge plus intense , ou même tout-à- fait en noir. Les grès , plus rares que les poudingues , offrent des modifications analogues et parfois un passage encore plus marqué au quartzite ; ils sont plus durs, jaunâtres ou rouge vineux , pas¬ sant au jasque plus ou moins fin, et affectant un aspect lustré. Des morceaux épars, à grains de grosseur moyenne, ont, au contraire , été simplement frittés , colorés en jaune , et injectés de petits points noirs ou verdâtres , et sont devenus très friables ; il est plus commun de les trouver sur d’autres points de la montagne en fragments peu volumineux et reposant immédiatement sur le por¬ phyre. Les blocs ci-dessus décrits paraissent avoir appartenu à une même masse qui a été brisée, et dont les lambeaux ont été plus ou moins séparés les uns des autres; ils sont tous appuyés sur la roche ignée sans paraître s’enfoncer dans sa masse ; car dans le fond des fentes qui les séparent, cette dernière apparaît avec le même caractère que sur les bords de l’entassement. C’est un por¬ phyre rouge violacé , à petits cristaux de feldspath souvent déeom- a: SÉANTE Dl 17 NOVEMBRE 18/|5. posés, très peu ou peut-être nullement quartzifère , assez Trial le pour se laisser souvent désagréger à la manière de certains tra- chytes , et , par une longue exposition aux intempéries atmosphé¬ riques , passant à la couleur grisâtre et devenant encore plus friable. Les roches modifiées s’élèvent en une espèce de longue traînée jusqu’au faîte de la montagne, dont ils forment le piton culminant ; beaucoup de fragments, en raison de la pente de la surface sur laquelle ils s’appuient, ont roulé vers la base , et quelques uns se retrouvent jusque sur le bord de l’esearpement de la vallée ac¬ tuelle , où ils servent à borner les divisions du sol. Le sommet de la montagne est en forme de plateau, large de 5 à 600 mètres, à surface inclinée de quelques degrés vers le S. -O. , et supporte aussi des masses sédimentaires altérées , semblables aux précédentes , et formant une traînée de blocs qui en hérisse H la surface dans une direction perpendiculaire à celle du faîte, et faisant suite à la traînée du versant 8.-E. On observe d’abord, à quelques mètres du premier entassement , un second lambeau qui semble lui faire suite et avoir appartenu à la même roche ; mais celle-ci est moins altérée et modifiée dans sa constitution originelle : ce sont encore des poudingues et des grès dont le ciment est resté parfois argileux, mais qui cependant, sur de nombreux points, passent aussi «à une espèce de quartzite très compacte , très dur , à grains fins et souvent lustré ; on peut y reconnaître une ou deux assises encore presque horizontales , ayant une épaisseur de 2 à 3 mètres , mais brisées et divisées en blocs plus ou moins épars, ce¬ pendant moins démantelés que sur le versant oriental et reposant de même immédiatement sur le porphyre , ce qu’il est facile de vérifier à cause des trous ou carrières qu’on a pratiqués auprès pour extraire des matériaux de construction. Entre ce point et le bord opposé du plateau , à l’origine d’une belle végétation fores¬ tière qui couvre les versants du N. -O. , on trouve quelques blocs épars, semblables à des masses erratiques, qui lient au lambeau précédent un autre entassement aussi profondément altéré que le premier que nous avons étudié , et qui est tellement disloqué et brisé, qu’il figure plusieurs dentelures très fortes et aiguës. I a pente si faible de cette partie du plateau n’a pas facilité l’écrou¬ lement des masses disjointes et fendillées , et les blocs gisent en¬ tassés les uns sur les autres. Ils affectent d’une manière encore plus remarquable l’aspect des dykes qui hérissent de leur crête déchirée le sol ambiant traversé , et il faut venir les frapper du marteau pour reconnaître , à l’aide de leur composition, que les forints âpres, anguleuses et nues qu’ils dessinent sont uniquement dues / 53 SÉANCE ])U 17 NOVEMBRE 18/] 5. à l'altération profonde que leur a fait subir la roche éruptive , qui les a portés à la hauteur, relativement considérable, à laquelle ils gisent maintenant. Plus loin , sur le versant occidental et un peu vers le N. , on trouve , enclavé dans le porphyre , qui est sur ce point très altéré, une masse dolomi tique rougeâtre et nacrée que nous sommes porté à considérer comme une roche éruptive , à l’exemple de M. Sclimit, curé de Diling , qui a décrit le Lieder- mund et les environs de Saarlouis dans une monographie très intéressante. On y trouve , en effet, des fragments assez volumineux de porphyre noyés dans la masse et altérés, qui semblent avoir été pris aux parois de la fente remplie par la dolomie. Au N.-E. , le porphyre est en contact avec le terrain houiller, porté en masse sur ce point à une assez grande hauteur; mais la végétation empêche de reconnaître si les couches en ont éprouvé une modification aussi profonde que celle observée dans les lam¬ beaux soulevés isolément. On y voit seulement qu’il y a une inclinaison générale dans cette direction, indépendamment d’in¬ clinaisons bien plus faibles tout autour des autres parties de la montagne. Le grès vosgien s’avance jusqu’à la base occidentale du Liedermund, et ne paraît pas avoir été affecté par l’éruption porphyrique, du moins dans les endroits peu nombreux où on peut l’observer. Si nous cherchons les couches des poudingues qui ont pu fournir les lambeaux modifiés et soulevés jusqu’au faîte de la montagne , nous ne trouverons aux environs que ces énormes couches que nous avons signalées au village de Bisbach, comme pres¬ que entièrement formées de galets pugilaires ; leur rapprochement des précédents , et surtout leur affleurement vis-à-vis le gisement de ceux-ci et sur la même ligne de direction, nous font supposer, avec assez de vraisemblance , qu’ils sont le gisement primitif d’où ont été arrachées les masses modifiées du Liedermund. Des phéno¬ mènes volcaniques contemporains et plus récents semblent aussi avoir modifié d’une manière analogue certaines parties du terrain houiller des environs d’Oberstein. Ce qu’il y a de plus remarquable dans la localité que nous venons de décrire est bien certainement la position actuelle du lambeau houiller à la surface même de la roche éruptive et sans y pénétrer, comme s’il avait été ainsi placé après la solidification du porphyre ; circonstance qui a même suggéré chez des géologues l’opinion de l’antériorité de cette dernière roche. Comme celle-ci est évidem¬ ment erronée, et que des roches solides et d’une assez grande den¬ sité n’auraient pu surnager en raison de leur état calorifique dif¬ férent et auraient certainement été immergées dans la pâte liquide 54 SEANCE DU 17 NOVEMBRE 1845. du porphyre, on est conduit à admettre que cette dernière roche était dans un état assez voisin de la solidification lorsqu’elle a saisi la roche sédimentaire , et qu’elle avait cependant conservé assez de chaleur pour modifier diversement les lambeaux de cette der¬ nière. Je crois aussi que l’entassement si peu solide des blocs situés sur la pente rapide de FO. un peu S. peut certifier qu’il n’y a pas eu pendant ce phénomène de bien grandes convulsions ; car ces débris fracturés et pour ainsi dire incohérents se seraient préci¬ pités vers le pied de la montagne. Le petit nombre de ceux qu’on y trouve indiquent seulement l’action des agents atmosphériques actuels, tels qu’une forte gelée suivie de dégel. On pourrait même avancer, d’après les mêmes considérations, que la masse porpliy- rique a pris , lors de son éruption , exactement les mêmes formes qu’elle a conservées jusqu’à notre époque. Au-delà du contre-fort liouiller du Liedermund , qui , courant au S.-S.-E. , se lie de l’autre coté de la Brems avec un plateau aussi élevé et semblablement dirigé, on trouve le village de Rup- perick , bâti à sa lnse et au fond d’une grande gorge qui avec une semblable , mais moins profonde , sur le versant opposé , semble faire suite à la vallée. Le grès vosgien se retrouve dans un lambeau presque horizontal, reposant en stratification discordante sur le terrain liouiller, ce qui semblerait indiquer pour sa formation une époque postérieure à l’éruption porphyrique. Au-delà de Kupperiek jusqu’à Aussen , le même grès forme presque en totalité , ou du moins dans la partie supérieure , les collines de la rive droite de la vallée. A Aussen, la vallée se resserre tout-à-coup ; les hautes collines cpii la bordent sont arrondies à pentes plus roides que celle des terrains liouiller et vosgien, circonstances que l’on doit attribuer aux caractères extérieurs des roches éruptives qui les constituent en partie, A la rive droite on observe un porphyre très semblable à celui du Liedermund, mais moins friable , moins coloré en rouge et montrant une tendance à passer à la division prismatique irré¬ gulière; de nombreux fragments sont répandus à la surface de l’humus peu épais qui recouvre la masse. Sur un point , une fente verticale où la roche a été altérée , décolorée , rendue plus friable et injectée de mouches et de petits filets de cuivre carbonate vert , a été en partie remplie par cette dernière substance , mêlée avec les débris détachés des parois de la fente. Ce filon a été l’objet de quelques recherches pour l’exploitation; mais , ainsi qu’au Lieder¬ mund , on a du les abandonner en raison du peu de richesse et de constance des gisements. En remontant la vallée , on ne tarde SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 18/|5. 55 pas à rencontrer le point de contact de la roclie ignée avec le terrain liouiller. Une couche de grès presque schisteux à grains assez fins est devenue verticale , et ses plaquettes , plus fri aides , ont pris une teinte gris noirâtre assez foncée, avec de nombreux points noirs; à 2 ou 5 mètres, les couches n’offrent plus aucune alté¬ ration , et leur inclinaison est de quelques degrés seulement vers l’amont de la rivière. A un kilomètre plus au N.-E. , on retrouve une roche ignée différente du porphyre , qui a aussi percé le terrain liouiller en saisissant des masses assez volumineuses, où la stratification s’ob¬ serve encore. L’altération est presque nulle dans quelques unes de ces masses; mais d’autres sont devenues terreuses, et paraissent avoir été triturées et partiellement injectées par la roche éruptive , de ma¬ nière à former un conglomérat tufacé assez peu cohérent. Laroche ignée elle-même a tout-à-fait l’apparence d’un basalte noir-verdatre, compacte généralement , mais présentant sur certains points de nombreuses vacuoles remplies de chaux carbonatée cristallisée , qui a fait donner à la roche le nom de spilite. On la retrouve à überstein , où les conglomérats houillers ont été fortement altérés par son action métamorphi santé , et contiennent des calcédoines rouges, exploitées sur une assez grande échelle. M. Simon, qui a décrit d’une manière succincte les localités dont nous venons d’es¬ quisser les caractères géologiques (1) , cite aussi un filon de spilite qui a , près de St-Gangolf ( rives de la Saare ) , percé les couches du grès bigarré et les a modifiées de plusieurs manières, en agis¬ sant aussi sur des quartzites voisins soulevés et altérés dans leur couleur. Sur la rive opposée de la Brems on retrouve les spilites avec les mêmes caractères, et des lambeaux d’argile noire schisteuse, dont le gisement est inférieur au niveau de la rivière , attestent par leur position actuelle au-dessus de ce dernier qu’il y a eu des parties soulevées. Partout où on peut observer le point de contact de la roche ignée avec les grès houillers , on reconnaît des altéra¬ tions plus ou moins bien prononcées; le plus souvent ceux-ci sont devenus plus friables , ont été injectés de points noirs ou verdâtres ; rarement ils ont été triturés, et la modification ne s’étend pas géné¬ ralement à plus de 2 à 3 décimètres des points de contact. Le por¬ phyre ne paraît pas avoir traversé la vallée ; car la rive gauche ne présente , à hauteur de son point d’éruption , aucune trace de cette roche. Le terrain liouiller se présente i ncore avec tous les carac- (1) Aperçu sur la géologie des environs de Saarlouis , Oberstein et Berncastel ( Mémoires de V Académie de Metz). 56 SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 18 A 5. tères de la partie supérieure , c’est-à-dire presque entièrement formé sur une grande épaisseur de grès plus ou moins grossiers , gris rougeâtre , passant aux poudingues et conglomérats , alternant avec quelques couches argileuses rougeâtres ; et ce n’est que dans la partie supérieure qu’on retrouve les argiles schisteuses noirâtres, avec quelques lits de calcaire et du fer carbonate. Cette dernière substance est exploitée à l’E. de Beting , dans des schistes noirâtres qui renferment dans des nodules ferrugineux de nombreux débris organisés; ce sont des Lcpidostrobas , Pecopteris gi gante a , très com¬ mune, et les Acanthoidcs Bronnii , Amblipterus macropterus , A. lattis , A. eupterigius , A. la ter ali s, poissons qui sont propres à cette localité. On a voulu trouver dans l’état souvent incomplet du fossile des preuves du transport de ces nodules fossilifères; mais, quand même leurs formes et les accidents de leur structure ne démon¬ treraient pas qu’ils ont été formés sur place, il serait facile de se convaincre qu’ils ont cette dernière origine , par l’existence dans l’argile des parties du fossile non empâtées par la substance ferrugi¬ neuse. Du reste , des nodules analogues de sulfure de fer se sont aussi formés à l’époque tertiaire pliocène , en empâtant des pois¬ sons incomplets, dont les mêmes espèces sont aussi très abon¬ dantes dans les schistes bitumineux qui renferment ces nodules (Menât). M. Pomel annonce à la Société que M. Gastaldi, de Turin, lui a adressé des fossiles des lignites de Cadibona, dans lesquels il a reconnu deux Anthracot/ieriuni (le magnum et le minimum j -, d’après ce que lui écrit plus récemment M. Gastaldi , il paraî¬ trait qu’il y existe aussi deux autres espèces, dont l’une serait X Alsatieum. Une portion de mandibule, malheureusement in¬ complète à son bord antérieur, indique aussi l’existence , dans ces dépôts , de petits ruminants voisins des cerfs et se rappro¬ chant aussi un peu des chevrolains , qu’on a trouvés abondam¬ ment dans les terrains tertiaires lacustres de l’Auvergne (1). Ce qui frappe surtout dans cette association , c’est qu’elle existe de même dans cette dernière contrée , ou seulement il vient s’y mêler d’autres genres et d’autres espèces nombreuses. La (l) La science a besoin d’une révision et d’une critique sévères de ces ruminants, et des genres Dorcatherium , et Palœomerix qui parais¬ sent avoir une grande analogie de formes génériques avec les Dremo- therium. SÉANCE I)U 17 NOVEMBRE 1 8 /f 5 . 0/ môme analogie de caractères zoologiques se (ait aussi remar¬ quer, non seulement entre les terrains diluviens de l’Italie et de l’Auvergne, mais aussi entre les terrains pliocènes de celle-lâ et une partie des gîtes ossifères des terrains ponceux de la Limagne , ce qui fixe assez bien l’âge de ces dernières formations volcaniques. M. Pomel annonce aussi que les h espèces de cycadées fossiles, citées comme ayant été trouvées dans les terrains tertiaires , par M. Gœppert, dans son travail sur les végétaux fossiles de cette famille ( Compte-rendu des travaux de la Société

C3 ' H Supér. w a H i T. de Transition proprement dit. Moyen. \ \ Infér. 59 SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 18/|5. DES TERRAINS SÊDIMENTAIKES, par M. Leymerie. — (Extrait de la Géologie du département de l'Aube, 1 843.) . "~1 JLEVEMENTS TYPES PRINCIPAUX. SYSTEMES DE SOULE AVEC LEURS DIRECTIONS Ail u v ions ; traverlin; tourbe... Alluvions anciennes ; Lehm; blocs erratiques. Terrain de transport de la Bresse; Crag de Norwich; marnes sub-apennines ; sables des Landes, Alpes occidentales . N. 26° N Grès de Fontainebleau , Fahluns; Molasse. Iles de Corse et de Sardaigne. . , N. Gypse, cale. grossier, argiles et sables infér. du bassin pari- - sieiucalc« deBlaye (Gironde) ;Londonfln/a.sOcdfly. Pyrénées> Apennins. . . . 0. t8o N. Chaîne principale des Alpes. E. 16» N, Craie de Maestricht ; craie blanche de Champagne ; craie tufau de Touraine. Grès verts , argile ( gault ); sables ferrugineux. Terrain néocomien ( cale, jaune et marnes à exogyres de Neuchâtel, argiles et cale, à spatangues de l’Aube); formation Wealdienne. Cale, de Portland; argiles de Kimmeridge et de Honfleur; cale, portlandiens, système à Exogyra virgula de France. Coralrag, oolite d’Oxford ; cale, coralliens de France. — Arg. d'Oxford et de Dives.— Terr. à Chailles deF. -Comté Cornbrash et fores t marble ; cale, à Polypiers (Calva¬ dos ).— Grande oolite ; cale, de Caen ; cale, à Entroqucs de Bourgogne. — Oolite inférieure. Mont-Viso . N. N. O Côte-d’Or, Erzegebirge. . E. 40o N Cale, à Bélemnites, marnes.— Blue lias, cale, à gryphées arquées. — Grès et cale, infra-liasiques ; lias blanc des Anglais. Marnes irisées, red marie ; Keuper. Muschelkalk. Grès bigarré ; New red Sandslone. Grès des Vosges. Zechstein ; schistes cuivreux ; calcaire magnésien des Anglais. Grès rouge ; Todte liegende des Allemands. Terrain houiller; coal measures, millsione gril. Calcaire Carbonifère; mountain limesione. Système Devonien. vieux grès rouge des Anglais; terrain anthraxifère de la Loire et de la Belgique. Système Silurien ( Dudlet / and Ludlow rocks , car ado c sandstone ;; ardoises d’Angers; grès de May (Calvados). Système Cambrien; calcaires esquilleux et schistes infé¬ rieurs de Bretagne ; Terrain ardoisier des Ardennes ? Thuringerwald , Morvan. . O. 40» N Rhin . , . . N. 21° E Pays-Bas, S. du pays de Galles. 0. 5» N Nord de l’Angleterre. . . . N. 5° N Ballons (Vosges) et Bocage. O. I5<> N Westmoreland et Hunsdruck. E.23°N 00 SÉANCE I)C 1er DÉCEMBRE 1845. Séance du 1er décembre 1345. PRÉSIDENCE DE M. ÉLIE DE BEAUMONT. M. Le Blanc, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance , dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Président proclame membres de la Société : MM. Le marquis Ferdinand Panciatichi Ximenès de Aragon, à Florence (Toscane) , présenté par MM. Paillette et de Verneuil ; Caillaux (Alfred), ingénieur des mines de Toscane, à Monte Catini di Yolterra (Toscane) , présenté par MM. Pail¬ lette et de Verneuil \ Barotte, à Brachay (Haute-Marne), présenté par MM. Con¬ stant Prévost et Hugard ; Dolfuss Ausset, à Mulhouse (Haut-Rhin), présenté par MM. Le Blanc et Ch. Marti ns -, Tournière (Victor), à Péronne (Somme), présenté par MM. Le Blanc et Ch. Mar tins } Collomb (Edouard), à Wesserling (Haut-Rhin), présenté par MM. Élie de Beaumont et Ch. Martins. Le Président annonce ensuite dix présentations. . DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part de M. J. Fournet, Recherches analytiques sur la composition des terres végétales des départements du Rhône et de i Ain y par M. Sauvanau \ précédées du Rapport fait par ôl. Fournet sur ce Mémoire à la Société royale d’agriculture , sciences et arts utiles de Lyon (extrait des annales de cette Société)*, in-S°, p. i à xi et 1 à 47 ; Lyon, 1845. De la part de M. Guillermo Schulz , Resena geognostica , etc. (Revue géognostique de la principauté des Asturies) *, (extrait du tome Ier des Annales des mines iV Espagne') } in-8°, 16 p., Madrid, . . . . SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1845. (51 Comptes-rendus des séances de V Académie des sciences ; 1845 , 2e semestre , t. XXI -, nos 20 et 21. L’Institut, 1845, nos 620 et 621. V Echo du monde savant , 1845 , 2e semestre, nos 40 à 43. Mémoires de la Société royale des sciences , de V agriculture et des arts utiles de Lille ; année 1843, in-8°, 509 p. , Lille, 1845. The Athenœum , 1845 , n° 943. The Mining Journal , 1845 , nos 535 et 536. Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou ; 1844, no IV- 1845, nos I? \\y m. Le Vice-Secrétaire donne lecture de la lettre suivante de M. de Charpentier à M. le Président : Bex . 24 juillet 1845. Ayant reçu depuis peu de jours les feuilles 17-19 du tome It de la 2e série du Bulletin de la Société géologique , j’y ai lu avec le plus grand intérêt la discussion à laquelle l'envoi d’une collection de roches striées a donné lieu dans la séance du 17 février, et le Mémoire lu dans cette même séance par 4L de Collegno, sur le ter¬ rain erratique du revers méridional des Alpes. J’ai cru voir, par cette lecture, que la Société n’a pas eu connaissance de la note que j’ai lue, le 17 septembre dernier , à la section géologique du congrès identi tique de Milan, et qui a été insérée dans le cahier de jan¬ vier 1845 de la Bibliothèque universelle d? Genève , note dans laquelle j’ai exposé mon opinion sur l'hypothèse qui attribue les phénomènes erratiques des Pyrénées à une fonte subite des gla¬ ciers. Désirant vivement que la Société veuille bien prendre con¬ naissance de ce petit écrit, j’ai pris la liberté de le lui adresser par le courrier d’aujourd’hui. Quant aux objections que M. de Collegno présente contre la réfutation que j’ai faite de l’hypothèse des courants, je dois avouer qu’elles ne me paraissent pas assez concluantes pour que je puisse les admettre. Je les examinerai et les discuterai dans un petit tra¬ vail que je me propose de faire cet hiver, et que j’aurai l’honneur de soumettre à la Société. M. ie Secrétaire fait remarquer qu’il a, de lui-même , présenté des observations analogues à celles que vient de faire M. de Charpentier dans le un précédent numéro du Bulletin. 6*2 SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1845. Il donne ensuite lecture d une lettre de M. Louis Zeitzner. Varsovie, 30 juin 1844. J’ai l’honneur de vous envoyer une petite notice sur les pétri¬ fications de la chaîne de Stanowa IJrebeta , près le Baikal en Sibé¬ rie, que M. Mitkiewicz avait rapportées de son voyage dans ces contrées, et qu’il m’avait chargé de déterminer. La roche dans laquelle se trouvent les pétrifications est quartzeuse et verdâtre ; elle a la plus grande ressemblance avec beaucoup de grauwackes prove¬ nant du Rhin, et la présomption de l’âge de cette roche tirée des caractères pétrographiques est prouvée par les pétrifications appartenant aux espèces les mieux connues du terrain paléozoïque. J’avais déterminé les espèces suivantes. 1 . Gorgonia retiformis. Schlotheim , De Koninck , Anim, foss. de Belgique , planche A ,fig. 2. Les petits rameaux portent les petites stries longitudinales et transversales. 2. Terebrcitula prisai. Schloth. , avec des côtes bifurquées sur toute la longueur des valves. 3. Calynienc maeroph thalma Brongniart, toujours courbe, la tête munie de petits tubercules. On ignore quel est le système de la formation paléozoïque que désignent ces pétrifications , parce qu’ elles sont communes à plu¬ sieurs, excepté la Gorgonia , qui est propre au terrain silurien, d’après MM. de Verneuil et d’Archiac. Un échantillon du grès provenant de ces contrées avait des empreintes de Ncvropteris , qui ont la plus grande ressemblance avec de pareilles fougères du terrain houiller. M. Frapolli, dans une lettre adressée de Quedlinburg (Prusse) à M. Angelot, le 22 novembre, signale quelques er¬ reurs qui se sont glissées dans les deux planches qui accompa¬ gnent son Mémoire sur la disposition du terrain silurien dans le Finistère , et spécialement dans la rade de Brest , et prie de les indiquer en errata à la fin du 2e volume de la 2e série du Bul¬ letin où ce Mémoire est imprimé. Il sera fait droit ù cette observation. r M. Elie de Beaumont fait hommage â la Société du 1er volume de ses Leçons de géologie pratique professées au Collège de France pendant l’année 1843-1844, et publiées par Pierre Bertrand, rue Saint-André-des-Arts, n° 65 , à Paris. SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1845. 03 Le volume que j’ai l’honneur de mettre aujourd’hui sous les yeux de la Société , dit-il , est la reproduction sténographiée d’une partie des leçons que j’ai professées au Collège de France pendant l’année scolaire 1843-1844. J’ai cherché à y présenter la géologie au point de vue pratique , c’est-à-dire au point de vue ou elle me semble devoir s’offrir à l’esprit lorsqu’on travaille à l’étendre par des observations nouvelles. De Saussure, en écrivant en 1796 son admirable Agenda (1) , disait que par là il avait le désir de placer les voya¬ geurs, et surtout les jeunes gens qui commençaient, au même point où il était arrivé par trente-six ans d’études et de voyages. Mon but, si mes forces me l’avaient permis, aurait été de faire quelque chose d’analogue , relativement à l’ensemble des observa¬ tions que les géologues ont réunies jusqu’à ce jour. Je devais être entraîné par là dans un travail d’une assez grande étendue , d’a¬ bord parce que la concision de Saussure ne pouvait être mon par¬ tage, et surtout parce que le nombre immense des observations dont la géologie s’est enrichie depuis un demi-siècle devait me conduire à chaque pas à remplacer une simple question par l’exposition d’une série de faits déjà très développés : aussi le présent volume ne contient-il encore qu’une petite partie de ma tache. J’ai commencé par exposer la marche à suivre pour recueillir des observations géologiques , et j’ai indiqué l’usage des instru¬ ments dont le géologue peut s’aider sur le terrain. Analysant tous les degrés du travail qu’il doit exécuter , j’ai cherché les carac¬ tères distinctifs de la science dans le genre de vie auquel le géo¬ logue est obligé de se livrer pour pouvoir remplir complètement son objet. Le suivant pas à pas dans ses voyages, j’ai passé des instru¬ ments aux idées qui doivent lui servir de guide dans la recherche des faits à observer. J’ai surtout cherché ces dernières dans le rap¬ prochement des faits déjà connus, en réunissant ces faits d'après les analogies naturelles qui existent entre eux. Ces analogies existent également entre les faits connus et les faits à découvrir , de manière que les uns et les autres forment une série continue dont il suffit oe bien saisir l’enchaînement pour avoir entre les mains le fil con¬ ducteur le moins sujet à égarer. (i ) Agenda ou Tableau des observations et des recherches dont les ré¬ sultats doivent servir de base à la théorie de la terre. Cet Agenda a été inséré à la fin du 4e volume des Voyages dans les Alpes. M. de Saussure l’avait envoyé d’abord au Conseil des mines , pour être imprimé dans son journal ; il a paru , en effet, pour la première fois dans le Journal des mines, tome ÎV, n° XX , page I . ( Floréal an îv. — f 790. ) 64 SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1845. Cette manière de rechercher la marche la plus directe et la moins incertaine du connu vers l’inconnu me paraissait d’ailleurs une des plus convenables à suivre dans un cours , car on pouvait espérer d’arriver ainsi à donner aux bases de la science toute la certitude et toute l’originalité qui peuvent leur appartenir. Je suis bien loin sans doute d’avoir atteint un but si élevé ; mais si j’ai pu seulement réussir à le faire plus nettement entrevoir , je puis peut- être espérer d’avoir mérité par là une partie de l’indulgence dont mon travail a un si grand besoin , tant pour le fond que pour la forme. Reproduites par la sténographie , mes leçons ont conservé toutes les imperfections de la diction orale , tout en perdant l’avantage des figures nombreuses dont le professeur peut s’aider à chaque instant, et qu’il n’est pas possible de reproduire en entier dans un liv re. J’ai, toutefois, inséré dans celui-ci un certain nombre de cartes , qui ont été dessinées avec autant de soin que d’intelligence par M. Desmadril, dessinateur du Dépôt de la guerre , et qui suf¬ firont, je l’espère, pour éclaircir les points principaux. Beaucoup de données géographiques sont entrées dans le présent volume, parce que je m’y suis d’abord attaché aux objets qui vien¬ nent les premiers frapper les regards de l’observateur. Je m’y suis occupé , en premier lieu , de la surface même du sol , des matières mobiles ou à peine consolidées qui en forment la pellicule exté¬ rieure. Les éléments de la terre végétale, la surface de cette terre, rendue presque invariable par les racines des végétaux , les sables agités par le vent, les matières incohérentes que la mer remue sur ses bords, et celles que les rivières y entraînent, m’ont présenté des faits nombreux et bien constatés , dont le groupement m’a semblé offrir de l’intérêt. Les levées de sable et de galets que la mer en¬ tasse près de ses rivages, là où le mouvement des vagues s’affai¬ blit par l’effet du peu de profondeur et de la forme des côtes , m’ont paru fournir un de ces fils conducteurs qui méritent d’être recommandés aux observateurs futurs. J’ai signalé le rôle impor¬ tant que jouent ces cordons littoraux , de formes presque invaria¬ bles , qui constituent la clôture extérieure des lagunes littorales , qui déterminent les barres des embouchures de certains fleuves , qui ont permis à certains fleuves de former des deltas, et qui fournissent des repères fixes pour mesurer les progrès de ceux de ces deltas , en assez petit nombre , qui ont réellement pénétré dans la mer proprement dite. J’ai cherché à rassembler d’une ma¬ nière aussi complète que possible les faits aujourd’hui connus sur la marche des deltas les plus étudiés, notamment de ceux du Rhin ti/l SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 18/|5. Cette manière de rechercher la marche la plus directe et la moins incertaine du connu vers l’inconnu me paraissait d’ailleurs une des plus convenables à suivre dans un cours , car on pouvait espérer d’arriver ainsi à donner aux hases de la science toute la certitude et toute l’originalité qui peuvent leur appartenir. Je suis bien loin sans doute d’avoir atteint un but si élevé ; mais si j’ai pu seulement réussir à le faire plus nettement entrevoir , je puis peut- être espérer d’avoir mérité par là une partie de l’indulgence dont mon travail a un si grand besoin , tant pour le fond que pour la forme. Reproduites par la sténographie , mes leçons ont conservé toutes les imperfections de la diction orale , tout en perdant l’avantage des figures nombreuses dont le professeur peut s’aider à chaque instant , et qu’il n’est pas possible de reproduire en entier dans un livre. J’ai, toutefois, inséré dans celui-ci un certain nombre de cartes, qui ont été dessinées avec autant de soin que d’intelligence par M. Desmadril, dessinateur du Dépôt de la guerre , et qui suf¬ firont, je l’espère, pour éclaircir les points principaux. Beaucoup de données géographiques sont entrées dans le présent volume , parce que je m’y suis d’abord attaché aux objets qui vien¬ nent les premiers frapper les regards de l’observateur. Je m’y suis occupé , en premier lieu , de la surface même du sol , des matières mobiles ou à peine consolidées qui en forment la pellicule exté¬ rieure. Les éléments de la terre végétale, la surface de cette terre, rendue presque invariable par les racines des végétaux , les sables agités par le vent , les matières incohérentes que la mer remue sur ses bords , et celles que les rivières y entraînent , m’ont présenté des faits nombreux et bien constatés , dont le groupement m’a semblé offrir de l’intérêt. Les levées de sable et de galets que la mer en¬ tasse près de ses rivages, là où le mouvement des vagues s’ affai¬ blit par l’effet du peu de profondeur et de la forme des côtes , m’ont paru fournir un de ces fils conducteurs qui méritent d’être recommandés aux observateurs futurs. J’ai signalé le rôle impor¬ tant que jouent ces cordons littoraux , de formes presque invaria¬ bles , qui constituent la clôture extérieure des lagunes littorales , qui déterminent les barres des embouchures de certains fleuves , qui ont permis à certains fleuves de former des deltas, et qui fournissent des repères fixes pour mesurer les progrès de ceux de ces deltas , en assez petit nombre , qui ont réellement pénétré dans la mer proprement dite. J’ai cherché à rassembler d’une ma¬ nière aussi complète que possible les faits aujourd’hui connus sur la marche des deltas les plus étudiés, notamment de ceux du Rhin, Fig. 20 Coupe btntsoamJe Je ht Fig S .minant la lûpte courbe a,b,c,A,MJi,X,B . Coupe /ranroau'aJe Je la Fige .mille J . f‘3- 7 Coupe /rtmsuctvtde Je laFig.to suivant lalùpiectl . Fig.u Kd Coté A. Ll Cetit ii/nntieide fiu a.L'fef'lHMr tu divinon du Canal en ! tnmi/ns . milll 'SMm très ondulé situe jw le bord op limité polie et allongée enjôrme de petit, sillon se reliant au '. a / tel il 6 y 8 g ut nie/Cae tienne piwles/rcrarAori/ ruedes.Vai/ers JetjPa. LitA. Âaippe/eui QAroltojrctJ ' . - , " ■ S1 SÉANCE DU Ier DÉCEMBRE 1 8 /l 5 . du Pô, du Rhône , du Nil et du Mississipi. J’ai réuni de mon mieux les données de l’histoire à celles de l’hydrographie, et je les ai figurées sur des cartes construites d’après les publications les plus authentiques. Quoique bien imparfaits sans doute , ces documents s’éclairent mutuellement, et il me semble qu’on peut déjà y me¬ surer de l’œil , d’une manière grossièrement approximative , le temps qui s’est écoulé depuis que les agents actuels fonctionnent sans interruption sur la surface de notre globe. L’accord approché de cette mesure de la période actuelle avec celle que fournit la marche progressive des dunes est un fait re¬ marquable sur lequel j’aurais insisté plus fortement , si l’abon¬ dance des matières m’avait permis de réunir dans ce premier volume les observations relatives aux autres chronomètres naturels que nous offre la surface du globe. Les questions relatives à ce sujet ont tenu une place assez étendue dans mes leçons subsé¬ quentes , et devront entrer dans les volumes que je pourrais publier successivement , si les observateurs dont j’ai cherché à analyser les travaux et à rapprocher les découvertes trouvaient que la conti¬ nuation de ce premier essai méritât d’être encouragée par leurs suffrages , que j’ai surtout ambitionnés dans un travail nécessaire¬ ment long et souvent assez pénible. M. Durocher donne lecture du Mémoire suivant : Sur (quelques faits pour servir à l’histoire des phénomènes erratiques de la Scandinavie , par J. Durocher. Dans le dernier voyage que je viens de faire en Suède et en Norvège, j’ai eu l’occasion d’étudier sur de très vastes étendues le phénomène erratique de ces contrées, et j’ai observé des faits d’une espèce particulière que je crois propres à éclaircir la nature des causes qui ont été en jeu. Dans cette notice je me bornerai à signaler quelques uns de ces faits qui me paraissent incompatibles avec l’explication basée sur l’existence d’immenses glaciers, que MM. de Charpentier et Agassiz veulent appliquer au nord de l’Eu¬ rope, de même qu’aux Alpes et aux Pyrénées. Les faits dont je veux parler sont relatifs aux deux parties du phénomène erratique , c’est-à-dire aux sulcatures et aux dépôts de détritus; j’examinerai d’abord ce qui se rapporte aux érosions. Ainsi que je l’ai montré dans un Mémoire présenté à l’Académie des sciences au commencement de l’année 1 843 , et qui doit faire partie de la publication du Voyage en Scandinavie, les caractères Soc. géol. , 2e série, tome III. 5 SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1845. 6(5 généraux des sulcatuies sont à peu pies les mêmes dans la Scan¬ dinavie, dans les Alpes et dans les Pyrénées: néanmoins , dans les régions que j’ai visitées cette année , j’ai remarqué certaines par¬ ticularités qui n’avaient pas encore été signalées , et qui font con¬ naître d’une manière positive les propriétés et la nature de l’agent sulcateur. Les extrémités méridionales de la Norvège et de la Suède sont placées en regard l’une de l’autre , de manière à former un vaste golfe où le Jutland s’avance en pointe , et qui semble diviser en deux branches la partie sud de la péninsule Scandinave. Sur les cotés est et ouest de ce golfe , dirigé moyennement du nord au sud , et au fond duquel se dessine gracieusement la ville de Chris¬ tiania , les rochers sont presque partout arrondis , polis et striés ; mais l’existence d’un côté rugueux et abrupte tourné vers la mer montre que les agents d’érosion venaient de l’intérieur des terres et se sont enfoncés dans le golfe en marquant les traces de leur passage jusqu’au-dessous du niveau actuel des eaux. Le long de ces rivages, depuis Gôteborg d’un côté, et Arendal de l’autre, jusqu’auprès de Christiania , et principalement sur les petites îles qui bordent la côte norvégienne, les érosions diluviennes offrent des caractères bien remarquables , qu’il est rare de trouver aussi fortement prononcés dans les autres parties de la Scandinavie. On voit un grand nombre de canaux profonds et étroits, à parois polies et striées, de dimensions un peu variables, les uns de 25 à 50 centimètres de largeur sur lm,50 à 2 et 3 mètres de profondeur, les autres de 1 à 2 et 3 mètres de largeur avec une hauteur de 1 1 /2 à 2 et 3 fois plus grande que la largeur. On voit en outre beaucoup de canaux cylindroides passant à de larges sillons , ayant de 30 centimètres à 1 mètre de largeur et une profondeur analogue. Parmi ces canaux , il y en a de rectilignes ; mais beaucoup d’entre eux sont fortement ondulés ou serpentent en présentant une succession de sinuosités très rapprochées. L’axe de ces canaux et les stries que l’on y voit à l’intérieur ont la même direction gé¬ nérale que les sulcatui es de la contrée environnante ; il est évident que tout cela appartient à un même phénomène. Très souvent ces canaux se bifurquent , se divisent en plusieurs branches, qui se réunissent un peu plus loin ; d’autres décrivent des courbes arrondies, pour reprendre ensuite leur direction générale ; mais dans les parties où leur courbure diffère beaucoup de la direction ordinaire des stries , celies-ci quittent les canaux , ou les croisent , et présentent aussi une allure un peu ondulée. beaucoup de ces dispositions ne pouvant être bien comprises » 'SÉANCE T>U 1er DÉCEMBRE 1845. ■* ()/ quàl’aide de ligures , j’ai cm indispensable de joindre à cette notice des vues et coupes destinées à rendre plus sensibles quelques uns des principaux caractères que je viens de décrire. La figure 1 , avec les coupes 2 et 3 , représente un canal ondulé , sur un rocher de syénite zirconienne, à l’île Sandôe , dans le Scm- dcs un d , un peu au N.-E. de Laurvig , sur la cote de .Norvège ; ce canal part du niveau de la mer et s’élève en serpentant vers le sud avec une pente de 12 à 15° , puis il s’arrête brusquement à une paroi rugueuse et abrupte, qui formait le côté préservé {lec-seite) . Le rocher est arrondi et poli sur le côté choqué (. stoss sente ) qui est touiné vers le nord ; les stries que l’on voit à sa surface , à l’inté¬ rieur du canal , et le canal lui-même , sont dirigés moyennement au N. 13° E. (méridien astronomique) (1). Dans cette région on trouve à chaque pas des canaux analogues à celui-là ; on peut d’ailleurs en observer, quoique moins fréquents et moins bien caractérisés , dans toutes les parties de la Scandi¬ navie , et M. Al. Brongniart , l’un des premiers observateurs qui aient fixé 1 attention du monde savant sur le diluvium Scandinave, m’a dit avoir observé , lors de son voyage en Suède , des exemples de ce genre. Dans les figures 5, 6 et 7, dessinées à l’île Skarholm , on voit un canal large et ondulé , semblable à celui de la figure 1 , se divisant en deux branches autour d’un monticule peu élevé et aplati , à la surface duquel les stries se continuent presque rectilignement , sans avoir éprouvé de déviation ; elles sont aussi très nettement mar¬ quées sur les parois intérieures du canal. Sur le bord on voit deux larges sillons qui vont en serpentant ; le plus petit se relie directe¬ ment au canal principal et en forme comme une dérivation ; mais l’autre en est indépendant et ne fait que le toucher en un point; des sillons sinueux , disposés de la même manière , se voient très fré¬ quemment sur les parois ou sur le bord des grands canaux. Ici la direction moyenne du canal et des stries est au N. 27“ O. Comme exemple de canal à grande section , je puis citer celui à travers lequel passe la route de Christiania à Gôteborg , entre Hogdal , la première station de poste en Suède et le golfe de Svine- sund qui établit la séparation entre la Suède et la Norvège. C’est une espèce de porte formée par la nature au milieu d’un rocher de granité (voir la figure là) ; elle a 3IU,60 de largeur, et l’élévation (1) Ces observations de directions et les suivantes ont été transfor¬ mées et rapportées au méridien astronomique, afin qu'elles soient plus aisément comparables entre elles. 68 SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1845. de la partie visible est d’environ 3 mètres au-dessus du dépôt de détritus qui en occupe le fond, et dont l’épaisseur est inconnue. Les parois de ce large canal sont arrondies vers le haut , polies et striées; sa direction et celle des stries est N. 43° E. et coïncide avec celle des sulcatures sur les rochers environnants. Entre Kragerôe et Langesund , deux ports de la Norvège , sur un des rochers de l’îLe Sa as te in - Ho l m , qui est battu par les flots , du côté exposé au N. -O. , on voit trois canaux très rapprochés , dont la largeur vers le bas n’est que de 35 à 40 centimètres et dont la profondeur est de 2 à 3 mètres. Ils sont un peu ondulés , et leur section transversale , représentée par la figure 12 , varie d’un point à un autre de la longueur ; mais partout leur intérieur est poli et buriné , leur direction est la même que celle des stries sur ces ro¬ chers , c’est-à-dire N. 40° O. L’île Sâastcin-Holm est formée de couches de schiste micacé et amphibolique , dont la direction varie entre l’E. 10 et l’E. 45° N., et qui plongent de 45 à 65° au N. -O. Ces couches sont divisées par un système de fentes profondes disposées transversalement ; l’une de ces fentes, dont la figure 13 offre la coupe, est diri¬ gée au N. 42" O. , et par suite dans un sens exactement parallèle aux sulcatures déjà mentionnées. Des stries très nettes et à peu près horizontales se voient sur les parois de cette fente jusqu’à la partie inférieure , qui est occupée par de la terre végétale à une profon¬ deur de 7m,40 ; et il faut remarquer que la largeur maximum de cette fente ne dépasse pas 2 mètres. La figure 4 montre encore un exemple de canal étroit et profond que j’ai dessiné sur un rocher de syénite zirconienne , à l’ile Sandôe déjà citée. L’île Sharholm (île nue), située à l’est de Kragerôe , que j’ai eu le plaisir de visiter avec M. Veibye , jeune minéralogiste, qui a dé¬ couvert dans cette contrée beaucoup de minéraux rares , m’a offert un des exemples d’érosion les plus curieux et les plus instructifs que j’aie eu l’occasion d’observer : on voit (fig. 8 et fl) deux canaux principaux , A et B , qui communiquent l’un avec l’autre en décri¬ vant une courbe ondulée, et qui serpentent autour de deux petits monticules M et N ; les stries qui s’étendent sur toute la surface de ce rocher serpentent aussi en décrivant à peu près les mêmes sinuo¬ sités que les canaux , mais elles les coupent plus ou moins oblique¬ ment dans les parties dont la courbure s’écarte beaucoup de la direction normale des stries ; les variations sont ordinairement com¬ prises entre les limites N. 20° et N. 35° O. LTn peu plus à l’ouest , on voit plusieurs canaux secondaires, a « 69 SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 18Ù5. b , c , tics sinueux et un peu irréguliers , dont la largeur et la pro¬ fondeur varient beaucoup d’un point à un autre : ils prennent nais¬ sance au niveau de la mer, sur le côté des rochers qui est exposé au nord; puis en a’, b’, c’, ces canaux s’effacent insensiblement par une diminution graduelle de leur profondeur, tandis que les canaux principaux A et B se prolongent à une distance beaucoup plus grande. * En général , les canaux que j’ai observés ont leur ouverture prin¬ cipale sur le côté choqué , c’est-à-dire tourné vers les points de l’ho¬ rizon d’où venait l’agent d’érosion , et facile à reconnaître en ce qu’il est arrondi , poli et strié. Ces canaux s’élèvent vers le côté opposé avec une pente plus ou moins forte , mais qui dépasse rare¬ ment 30° ; tantôt ils s’aplatissent peu à peu et se terminent insensi¬ blement en atteignant la surface supérieure des rochers , qui est polie et striée ; tantôt ils se prolongent sur une étendue d’une quin¬ zaine de mètres ou plus , et s’arrêtent brusquement à une paroi rugueuse et abrupte formant le côté préservé ; néanmoins il arrive souvent, quand les rochers sont plats et à pentes douces, que le côté préservé n’existe pas et que leur surface est partout polie , sillonnée et striée. Je dois ajouter que plusieurs personnes en Norvège ont re¬ marqué des faits analogues à ceux que je viens d’exposer; ainsi MM. Keilhau et Schecrer , professeurs à l’université de Christiania, et dont les noms sont bien connus dans la sience , m’ont dit avoir observé aussi des sulcatures à l’intérieur de canaux ou de passes étroites, et comme moi ils les jugent tout-à-fait incompatibles avec l’explication fondée sur la supposition de glaciers ; d’ailleurs , la théorie de MM. de Charpentier et Agassiz a trouvé jusqu’à ce jour bien peu de partisans dans le Nord de l’Europe. Dans les mêmes parages où j’ai observé les faits décrits plus haut, on rencontre un grand nombre de pots de géants , cavités cy- lindroïdes de 0m, 30 à 1 et 2 mètres de diamètre avec une profondeur * de 2 à 3,4 mètres ou plus , dont la surface intérieure est arrondie et polie , et dont l’axe est habituellement très incliné et présente des ondulations plus ou moins fortes. D’ailleurs il y a une grande analogie de forme entre les pots de géants et les canaux cylin- droides ondulés ; on peut même assimiler ceux-ci à des pots de géants qui seraient très peu inclinés ; cependant il y a entre eux cette différence essentielle, que les pots de géants ont leurs parois polies mais non striées. Je vais passer maintenant à une autre circonstance qui me paraît 70 SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 18/|5. très importante dans l’étude du phénomène erratique: j’ai observé' en Suède et en Norvège , dans un grand nombre de localités , des sulcatures creusées profondément et avec beaucoup de régularité sur des parois surplombantes , dont l’angle à l’horizon varie depuis 90° jusqu’à 20°. Ce n’est point un phénomène exceptionnel ou anomal : je l’ai remarqué très fréquemment depuis la latitude de 64° , au nord de Drontheim , jusqu’aux environs de Goteborg , au- delà du 58e degré. Je me bornerai à indiquer ici quelques uns des exemples qui m’ont paru les plus saillants: je commencerai par en citer un fort curieux , que l’on voit à l’île Skarholm , sur les mêmes roc bers où nous avons déjà observé des sulcatures remar¬ quables par leur disposition. L’ampliibolite scliistoïde qui constitue cette île incline faiblement vers le N. -O. , en présentant des (dons de granité à gros grains, où nous avons remarqué de la gadolinite ; de ce coté , la surface des rochers s’abaisse en pente douce vers la mer et présente les canaux que nous avons décrits ; mais du coté opposé , ils se terminent par des escarpements abruptes. On y remarque (voir fig. 10 et 11) une paroi verticale et auprès une paroi sur¬ plombante , inclinée de 67° à l’horizon ; sur cette dernière on voit s’élever de dessous le niveau de la mer des sillons très larges et ondulés, et à côté d’eux des stries qui suivent la même disposition et qui, en s’ondulant autour de la ligne de plus grande pente, s’étendent jusqu’à la ligne de séparation de la paroi surplombante et de la paroi verticale; au-delà on voit se prolonger deux des canaux C et D en C' et D', et l’on y remarque beaucoup de stries ; mais au lieu d’incliner de 60 et quelques degrés à l’horizon, comme celles que l’on voit sur la face surplombante , elles ont une pente qui ne dépasse pas 35°. D’après les dispositions qu’affectent les sulcatures sur la paroi surplombante , elles paraissent avoir été creusées par un agent érosif qui se serait élevé de bas en haut en frottant cette paroi avec une très grande force. Cependant il est rare de voir , même sur des surfaces presque verticales, des sulcatures aussi fortement inclinées; sur des parois arrondies , exposées au choc direct , les sillons et les stries montent suivant une inclinaison qui est ordinairement inférieure à 45°; mais sur des parois planes et très inclinées , dirigées parallèlement au sens du mouvement de l’agent érosif, et qui ont été burinées sans avoir pris des formes arrondies et moutonnées , les sulcatures s’écar¬ tent en général peu de l’horizontalité , comme si elles avaient été tracées par un burin marchant horizontalement et non influencé par l’action de la pesanteur : aussi je répète que la disposition SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1845. 71 presque verticale présentée par les sulcatures que je viens de dé¬ crire est un cas tout-à-fait exceptionnel et qui se présente bien ra¬ rement. De même , dans les Alpes et dans les Pyrénées , sur des parois très inclinées et parallèles à la direction que suivait l’agent érosif, les sulcatures affectent aussi une disposition peu différente de l’ho¬ rizontalité ; on peut le vérifier à chaque pas dans ces montagnes : aussi je me borne à citer ici un des exemples les plus frappants. Si l’on remonte la vallée de la Reuss, au-delà d’Altorf, on voit les flancs escarpés de cette vallée s’élever à plus de mille mètres ; sur une g rande partie de cette élévation et sur plusieurs kilomètres de longueur, on voit , principalement sur le flanc gauche , un magni¬ fique ensemble de sillons et de stries creusés horizontalement et avec beaucoup de régularité : c’est un des spectacles de sulcatures les plus grandioses que l’on puisse contempler. Au nord de Drontheim , sur la route qui conduit de cette ville à Vcrdnlsôrcn , tout près de la station de poste de Hcel , sur un rocher de poudingue très dur et très tenace, mais composé d’éléments hétérogènes, de gros galets et petits blocs de quartz , de granité or¬ dinaire , de leptinite à petits grains , de schiste cristallin quartzeux et micacé , de schiste argileux modifié, substances très diverses ci¬ mentées par une pâte de nature argileuse , on voit de belles surfaces polies et des sulcatures profondes qui sont très nettes et très régu¬ lières , malgré la différence de dureté des galets hétérogènes qui composent la roche et de la matière où ils sont empâtés. Ce qui est encore plus remarquable , c’est que les sulcatures se montrent avec la même régularité sur une paroi surplombante et très étendue , dont la coupe est représentée fig. 15. i /appareil a fonctionné sur une distance d’environ 45 mètres en burinant une surface inclinée de 45 à 50° et large de 4 à 5 mètres; les sillons et les stries sont très réguliers, presque horizontaux, dirigés au N. 43°, et s’élevant vers le S.-E. avec une pente de 4 à 5°, et l’on voit les mêmes sil¬ lons se prolonger sans discontinuité sur une distance de plusieurs mètres : ainsi il est évident que cette disposition surplombante, qui paraît anomale , n’a aucunement modifié les effets produits par l’appareil sulcateur ; il semble n’avoir éprouvé aucun changement et avoir fonctionné avec autant de facilité et d’énergie que sur des surfaces horizontales. On peut observer un exemple d’un genre un peu différent sur le coté oriental du golfe de Christiania, au nord de Mo. s s , entre cette petite ville et la station de poste de Soner. Sur un rocher de pegmatite à gros éléments , on voit une paroi surplombante repré- Tl SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1845. seiitée fîj* . 16 et inclinée seulement de 30'' à l’horizon ; mais au-des¬ sous la surface du roclier se replie en avant , de maniéré que cela forme comme une coupure pratiquée horizontalement dans le gra¬ nité. Cette entaille a une section un peu variable d’un point à un autre , mais qui est tout-à-fait semblable à celle des canaux étroits et profonds dont nous avons parlé plus haut ; elle forme , pour ainsi dire , un canal renversé horizontalement , dont la largeur est de lm,65 près de l’ouverture, et de 30 à 40 centimètres vers le fond ; sa profondeur dans le sens horizontal est de 2 à 3 mètres. Les parois in¬ térieures sont polies et striées dans le sens du N. 12° O, , c’est-à-dire dans le sens général des sulcatures de cette contrée , et l’on voit les stries se prolonger sur 6 à 7 mètres de longueur. Sur la route d’ Uddcvalla à Gôtebnrg , entre les stations de Hol/n et de lie de 7 on trouve beaucoup d’exemples de sulcatures sur des roches surplombantes, sous un angle à l’horizon peu considérable, et près la station de Bâcha , sur la rive droite du G ôta- E If , on en voit sur des parois en surplomb inclinées seulement de 20°, et dont la largeur est de lm,50 à 2 mètres; là les stries sont presque hori¬ zontales, et dirigées comme aux environs , c’est-à-dire du N. au S. Ces rochers sont formés d’un mélange de granité et de couches de gneiss faiblement inclinées vers l’ouest , et c’est probablement* à cette disposition du gneiss que l’on doit attribuer l’existence des parois surplombantes presque horizontales; mais il est bien certain que les sulcatures dont elles sont revêtues appartiennent au phéno¬ mène erratique et ne sont pas le résultat d’un glissement , car les arêtes des surfaces en retrait sont parfaitement arrondies, et les stries se voient sur ces arêtes et sur les autres faces des rochers qui ont des formes moutonnées. Je dois ajouter qu’en général les sil¬ lons et les stries ne sont pas marqués seulement près de l’arête arrondie des parois surplombantes , mais qu’ils s’étendent en dessous de cette arête jusqu’à une distance de quelques mètres. Les caractères que je viens d’exposer, relatifs soit aux canaux profonds et ondulés , soit aux parois surplombantes, se voient, ainsi qu’on peut s’en convaincre par les exemples cités , sur des roches dénaturé très diverse et ordinairement très dures, sur diverses espèces de granités , sur la syénite zirconienne , les diorites , et aussi sur des roches schisteuses, gneiss, micaschiste , schistes am— phiboliques, schistes cristallins ou schistes métamorphiques et aussi sur despoudingues. Ainsi ce ne sont point des circonstances exceptionnelles dépen¬ dant de la nature des roches ; néanmoins je ne prétends pas que les passes étroites , les canaux à l’intérieur desquels on voit de si 73 SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1845. sulcaturés , soient en entier l’ouvrage des causes qui ont agi dans le phénomène erratique ; il est même probable que beaucoup des canaux profonds que j’ai cités n’ont pas été creusés entièrement par les agents diluviens , mais il est hors de doute que ceux-ci les ont façonnés , polis et sulcaturés , et que si d’autres causes en avaient fait une ébauche grossière , ils les ont pour ainsi dire sculp¬ tés et burinés. Ces caractères des sulcaturés Scandinaves sont assez précis et assez généraux pour que nous puissions en déduire quelles étaient les propriétés des agents ou plutôt des appareils sulcateurs : ils de¬ vaient être mous , flexibles , susceptibles de contraction et de di¬ latation , capables de remplir un espace tantôt plus grand , tantôt plus petit , car la section des canaux striés varie d’un point à un autre ; ils pouvaient se diviser facilement en plusieurs branches pour se réunir plus loin en une seule , pénétrer à travers des ca¬ naux ou des passes très étroites , en suivre toutes les sinuosités et en occuper toute la section ; bref , ils possédaient toutes les pro¬ priétés des corps fluides. En outre , ils polissaient et burinaient sur toutes leurs faces , sur tout leur contour , en dessous de parois sur¬ plombantes ou presque horizontales ; la disposition de ces appa¬ reils ou plutôt la force motrice qui les animait était telle , que l’action de la pesanteur ne pouvait avoir sur eux qu’une influence très faible et ne modifiait leurs effets que de quantités minimes. L’énumération seule de ces propriétés suffit pour montrer quelle était la nature de la cause agissante , et l’on peut s’en servir comme de pierre de touche pour apprécier la justesse des théories à l’aide desquelles on a voulu expliquer les phénomènes dont nous nous occupons. L’hypothèse des glaciers ne peut évidemment satisfaire aux con¬ ditions du problème , puisque leur pouvoir sulcateur ne s’exerce qu’en dessous , puisqu’ils sont privés de cette flexibilité , de cette fluidité que devait posséder l’appareil d’érosion pour pénétrer à tra¬ vers des conduits étroits et décrire une série de courbes ou d’in¬ flexions : non seulement des glaciers n’ont pu creuser des canaux profonds de quelques mètres, et larges de 30 à 40 centimètres, mais il est même évidemment impossible qu’ils aient pu y pénétrer, en polir et en strier les parois. Les mêmes raisons font exclure l’idée que des glaces flottantes auraient pu jouer le rôle d’agents sulcateurs ; d’ailleurs la glace est trop tendre pour creuser et buriner par elle-même des roches dures comme celles de la Scandinavie. La manière de voir de M. de Buch, qui regarde les surfaces polies SÉANCE CU l:r DÉCEMBRE 187j5. r h / I et striées comme le résultat d’un mouvement de masses granitiques ou gneissiques divisées concentriquement, et dont les différentes parties auraient glissé les unes sur les autres, paraît peu propre à expliquer les caractères ordinaires des sulcatures , et il sufiit meme de les décrire pour réfuter cette théorie ; mais son impuissance de¬ vient encore plus évidente quand il s’agit d’expliquer les circon¬ stances que nous avons exposées plus haut. La conclusion rigoureuse à laquelle nous arrivons, c’est que l’ap¬ pareil d’érosion ou le porte-outil devait être flexible et doué d’une certaine fluidité; mais l’outil lui-même était solide et formé par des sables, graviers et cailloux, les mêmes matières à l’aide des¬ quelles les glaciers usent et polissent les rochers. Sous ce rapport, il y a une certaine connexion entre des deux systèmes qui sont en pré¬ sence : les glaciers possèdent la faculté de polir et de buriner, mais par leur surface inférieure, en vertu du frottement qu’ils exercent sur leur fond par suite du mouvement de progression dont ils sont animés; cependant ce n’est pas la glace elle-même qui produit les érosions, mais bien les graviers et les cailloux qui se trouvent à la partie inférieure des glaciers et qui sont entraînés dans leur mouve¬ ment. D’ailleurs il est peu probable que l’on imagine de nouveaux agents autres que ceux proposés jusqu’à ce jour ; les différences es¬ sentielles des théories actuelles et de celles à naître ne peuvent guère consister qu’en des variantes de la manière dont on fait manœuvrer ces agents, du rôle qu’on leur fait jouer, et des causes auxquelles on attribue leur impulsion. Si l’on considère le phénomène erratique dans son ensemble, avec tous les effets divers qu’il a produits (et ce sont là les seuls éléments à l’aide desquels la raison humaine puisse bâtir des systèmes), on voit qu’il se résume d’une manière très simple. Nous avons sous les yeux les matériaux dont la nature s’est servie, des sables, graviers, cailloux et blocs; voilà les outils qu’elle a employés pour polir et buriner les rochers , mais il est évident que ces outils n’ont pas fonctionné seuls et sans guide. Or , qu’est devenu l’appareil où ils étaient enchâssés, et dont ils faisaient par¬ tie ? Il a complètement disparu, s’est évanoui ou confondu au mi¬ lieu des éléments qui recouvrent la surface du globe terrestre. A moins d’avoir recours à des hypothèses excentriques et en dehors des véritables données du problème, il est clair que cet appareil, dont la substance n’est plus reconnaissable aujourd’hui, devait être de l’eau ; pour les partisans des glaciers, cette eau était à l’état so¬ lide ; dans la théorie des courants , elle devait être liquide : or les caractères de fluidité que nous ayons démontré être inhérents à SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1 S A 5 . / Ô l’appareil d’érosion nous ramènent invinciblement à cette manière de voir. Maintenant je vais montrer, par quekpies considérations suc¬ cinctes , que les caractères des sulcatures Scandinaves sont facile¬ ment explicables dans la théorie des courants, mais à la condition ci’ admettre une vitesse très considérable . Si nous concevons, en effet, une masse de détritus de toutes grosseurs entraînée au milieu de courants d’eau très violents, nous aurons là un appareil mou, flexible et divisible, pouvant se bifurquer, se dévier et se courber en suivant des passes très étroites, possédant, en un mot, toutes les propriétés nécessaires pour satisfaire aux données de la question. U ne pareille masse en mouvement peut polir et strier sur tout son contour et en tous les points par où elle passe ; elle agira même plus fortement sur les parois de canaux étroits ou de passages res¬ serrés que sur des surfaces plates, car dans le mouvement des corps fluides la vitesse et la pression augmentent à mesure que la gran¬ deur de l’espace traversé diminue ; elle devra agir aussi sur des parois surplombantes et même voisines de l’horizontalité, en vertu de ce principe que , dans les fluides, les pressions se transmettent également dans tous les sens. D’ailleurs la vitesse dont cette masse était animée, et qui était dirigée horizontalement, comme le prou¬ vent les sulcatures horizontales que l’on voit sur les parois escar¬ pées parallèles au sens du mouvement, cette vitesse ///A devait, en contact avec toutes les faces des rochers, en A, par exemple, se dé¬ composer en deux forces, une «A parallèle à la surface de la roche et en vertu de laquelle se continuait le mouvement; l’autre oA était une pression perpendiculaire à la surface, et représentait l’intensité de l’action sulcatrice, ou, pour ainsi dire, la charge qui pesait sur le burin, et sous laquelle il gravait plus ou moins profondément les caractères du phénomène erratique sur les roches de la Scandi¬ navie. On comprend , d’après cela , que cette force érosive agissait sur toute espèce de paroi, verticale ou surplombante, en dessus et en dessous, pour peu que cette paroi fût placée un peu obliquement par rapport à la direction de la force motrice. Néanmoins les éro¬ sions pouvaient encore se produire, lors même que les parois étaient exactement parallèles à la direction de la vitesse horizontale ; car il faut bien remarquer qu’il y avait en chaque point coexistence, ou, si l’on veut, développement simultané de deux forces sulcatrices, l’une provenant de la décomposition de la vitesse horizontale au contact de parois obliques, l’autre produite parla pression qui exis¬ tait en tous les points de cette masse fluide, force que l’on peut se représenter comme une tendance à l’expansion, à la dilatation , et 76 SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 18^5. agissant perpendiculairement à la direction du mouvement. C'est en vertu de cette action transversale que des sulcatures pouvaient être creusées, et l’ont été effectivement, sur des parois exactement parallèles au sens du transport. 11 faut ajouter que cette force, en vertu de laquelle la masse fluide réagissait sur les parois qui la contenaient, devait avoir une énergie variable d’un lieu à un autre, plus grande entre des parois de rocliers très resserrées et plus faible dans des plaines ou sur des plateaux peu accidentés. Néanmoins, en chaque point du mouvement, il y avait combinaison des deux forces que je viens de faire connaître, et qui s’ajoutaient l’une à l’autre pour sulcaturer la surface des rochers ; l’une de ces forces pouvait devenir nulle en quelques cas; l’autre existait toujours , mais avec une intensité variable suivant la configuration du ter¬ rain. Ces considérations vont nous conduire à une explication com¬ plète d’une circonstance extrêmement remarquable, l’un des carac¬ tères les plus frappants du diluvium Scandinave : je veux parler du caractère des stoss et des lec-scite, des côtés choqués et des côtés pré¬ servés. Si nous concevons une masse fluide glissant le long de la face supérieure et des côtés latéraux d’un rocher, lorsqu’elle arri¬ vera à l’extrémité, elle n’exercera pas d’action sur la paroi qui le termine, si certaines conditions se trouvent remplies ; savoir, si cette paroi est un peu fortement inclinée et si la vitesse du mouve¬ ment est très considérable. En effet, cette paroi, vu sa position, ne peut être érodée qu’en vertu de la pression qui existe à l’intérieur du courant, pression qui est plus ou moins forte suivant que l’espace est plus ou moins resserré , et qui , au contact avec la surface du rocher, est augmentée du poids même de la masse e;i mouvement. Cette force agit donc dans un sens perpendiculaire à la direction du mouvement , et , par suite , si la paroi qui termine la roche est faiblement inclinée , les graviers et les cailloux pourront être frottés contre elle assez fortement pour y creuser des sulcatures. Si au con¬ traire la paroi se rapproche d’être verticale ou plus généralement d’être perpendiculaire à la direction du mouvement , alors elle sera presque parallèle à la force expansive du courant et n’en éprouvera pas d’influence notable. On conçoit alors que , d’après la configuration des rochers , il pourra exister des parois préservées ou ne pas en exister , suivant que les parois tournées du côté de l’horizon opposé à celui par ou arrivait l’agent érosif étaient plus ou moins inclinées relativement à sa direction , et aussi suivant que l’intensité de la pression intérieure était plus ou moins forte. Ce¬ pendant il est facile de voir que l’effet produit dépend non seu- SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1845. r— / / lement de la valeur absolue de cette pression , mais aussi du rapport de cette pression à la vitesse du mouvement ; car si cette vitesse reste excessivement grande relativement à la force expan¬ sive , ce qui doit avoir lieu sur le haut d’un plateau , où aucune barrière latérale ne met obstacle à l’expansion de la masse fluide, alors les matériaux sulcateurs sont entraînés rapidement sans avoir le temps d’agir sur les parois qui ne s’opposent pas directement à leur mouvement. C’est probablement à ces causes qu’il faut attribuer l’une des différences peut-être les plus essentielles qui existent entre les phé¬ nomènes erratiques de la Scandinavie et ceux des Alpes. Jusqu’à présent personne n’a, je crois, signalé dans les Alpes le caractère des côtés frappes et des côtés préservés ; néanmoins , dans le voyage que j’ai fait en 1840 dans ces montagnes , j’ai observé plusieurs exemples de côtés préservés , et j’en ai cité dans un mémoire pré¬ senté à l’Académie en 1843 ; j’en rappellerai un ici que l’on voit dans la partie supérieure de la vallée de la Reuss , à 4 kilomètres environ du col du Saint-Guthard. Au milieu de la vallée , qui est ici peu profonde , il y a un petit monticule granitique dessiné fig. 17 , couvert de sillons et de stries qui viennent du côté sud ( le côté choqué ) , et qui s’étendent jusqu’à une paroi abrupte et rugueuse , formant le côté préservé ; au pied de cette paroi est un petit amas de blocs et fragments de diverses grosseurs. Dans la même valJée , près le bourg de Wasa , on peut aussi remarquer que les sulcatures sont bien plus visibles et plus fortement empreintes sur le côté des rochers qui est exposé au S. Je me souviens encore que dans la vallée de l’Aar , entre l’hôpital du Grimsel et la vallée de la Handeck , localités bien intéressantes pour l’étude des sulcatures , les érosions sont mieux marquées et ont des caractères plus pro¬ noncés sur les parois de rochers exposées au sud que sur celles qui inclinent vers le nord; j’ai fait des observations analogues dans des vallées situées au midi de la ligne de faîte , principalement dans celle d’Aoste , jusqu’auprès d’Ivrée. Cependant il est incontestable que le caractère des côtés frappés et prései~vés , qui est essentiel au diluvium du Nord , se montre beaucoup moins marqué dans les Alpes et les Pyrénées; il n’y est qu’un caractère secondaire ou accessoire ; on y voit beaucoup moins fréquemment un côté des rochers parfaitement préservé , mais on peut remarquer , quand on remonte et descend une même valléj , que les érosions sont plus abondantes ou plus marquées sur le côté tourné vers la ligne de faîte que sur celui qui incline dans le sens opposé. Dans ces montagnes , la force motrice des agents 78 SÉANCE I)U Ier DÉCEMBRE 1 845 . érosifs devait être beaucoup moins grande que dans la Scandi¬ navie ; car, dans la Suisse , les sulcatures ne se montrent d’une ma¬ nière bien marquée que sur une étendue de 25 à 30 lieues , tandis que , dans la Finlande et la Suède , on peut les suivre sur plus de 250 lieues ; par suite , le rapport en étendue des effets produits ne serait guère que de 1 à 10. Je suis loin de prétendre que tel était le rapport des forces motrices ou des vitesses des masses en mou¬ vement , mais cette comparaison fait voir que , dans le nord de l’Europe , la puissance du phénomène était beaucoup plus grande. La vitesse possédée par les masses sulcatrices devait être plus considérable, et de plus, en Suède et en Finlande , le transport s’opérait à la surface de contrées faiblement accidentées , de con¬ trées à collines , tandis que dans les Alpes et les Pyrénées c’était entre les flancs escarpés de vallées profondes ; ici donc l’espace était bien plus resserré , le rapport de la pression intérieure ou de la force expansive à la vitesse du mouvement devait être beaucoup plus grand , et il en résulte comme conséquence immédiate , que les matériaux diluviens étant soumis dans les Alpes à une pression intérieure plus considérable , eu égard à la vitesse , pouvaient éroder et buriner les rochers mêmes sur les faces non exposées au choc , moins fortement , il est vrai , cpie sur les autres faces ; tandis que dans la Scandinavie ils étaient entraînés le long des rochers avec une trop grande vitesse pour qu’ils pussent frotter les parois qui ne se trouvaient pas directement sur leur passage. Avant de terminer ce qui est relatif aux caractères des sulca¬ tures Scandinaves , j’ajouterai que sur le côté S.-E. de la Norvège , au midi de Christiania , les sillons ou les canaux diluviens pré¬ sentent souvent des dispositions si singulières , qu’on éprouve quelque difficulté à s’en rendre bien compte ; ainsi , on a de la peine à concevoir comment se sont formés les canaux ondulés , décrivant des courbes arrondies perpendiculairement à la direc¬ tion générale du mouvement ( voirjig. 8), ou les larges sillons et stries qui s’élèvent presque verticalement de bas en liant (voir fig. 10). Voici la manière d’expliquer ces caractères singuliers qui me paraît la plus satisfaisante : si l’on suppose que la mer était à un niveau supérieur à celui actuel lorsque les courants diluviens chargés de détritus sont venus s’y précipiter , alors il •se sera produit dans les eaux des mouvements tumultueux et irré¬ guliers , les vagues auront pu jaillir en divers sens avec une grande force , ou même de bas en haut, entraînant avec elles des détritus; elles auront ainsi érodé la surface des rochers et produit ces sul- catures bizarres cjui se sont conservées presque intactes jusqu’à SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 18/|Ô. 79 nos jours , bien que les flots de la nier actuelle les baignent en beaucoup d’endroits et tendent à les faire disparaître. D’ailleurs , d’autres observations montrent que le niveau de la nier , lors de l’époque diluvienne , était un peu supérieur à ce qu’il est aujourd’hui. Car à Upsal, à la partie inférieure d’un dépôt de détritus arénacés diluviens , à une hauteur peu considé¬ rable au-dessus de la mer , est un banc argileux contenant des coquilles marines semblables à celles qui vivent aujourd’hui dans la Baltique ; c’est une observation importante qui a été faite par M. Lyell et par M. Forcliammer. Mais sur les parties élevées de la Scandinavie , je n’ai pas remarqué de de;bris marins dans les dépôts de transport, et je ne crois pas qu’on en ait observé, il est possible que le niveau de la mer ait éprouvé plusieurs oscillations , comme M. Daubrée a été conduit à le supposer par des consi¬ dérations d’un autre, genre; au commencement de la période di¬ luvienne , le niveau de la mer aurait été plus élevé qu’il ne l’est aujourd’hui , et vers la fin de cette période , il aurait dépassé en beaucoup d’endroits le niveau actuel de près de 200 mètres , ainsi que le montrent les dépôts d’argile marine avec coquilles que l’on rencontre fréquemment au-dessus du terrain diluvien. Maintenant je vais faire connaître quelques uns des caractères que présentent les dépôts de détritus diluviens répandus à la surface du nord de l’Europe, et nous allons eu déduire une confirmation des conséquences auxquelles nous sommes arrivés par l’examen des sulcatures ; savoir, que les glaciers n’ont pu jouer dans ce phénomène le rôle qu’on leur a attribué. Lorsque j’ai montré, dans un pre¬ mier mémoire ( voir la première livraison du Voyage de la commis¬ sion scientifique du Nord en Scandinavie , etc. , Géologie ) , que dans les plaines de la Russie . de la Pologne , du nord de F Allemagne et du [Danemark , les détritus diluviens présentent une stratifi¬ cation bien développée ; que l’argile , le sable , les graviers , les cailloux et les blocs tautôt se trouvent réunis dans une même couche , tantôt au contraire sont séparés dans des couches diffé¬ rentes , et que dans beaucoup de ces couches il y a des coquilles marines identiques avec celles qui vivent aujourd’hui dans la Bal¬ tique; envoyant des faits aussi précis, M. de Charpentier , l’un des principaux chefs de l’éccle glacialiste , a été forcé de faire une concession , et d’établir dans le terrain erratique du nord de l’Europe deux divisions , l’une au nord de la Baltique , censée produite par des glaciers , l’autre au sud de la Baltique , déposée dans un bassin de mer et avec des circonstances analogues à celles que j’avais signalées. Je vais reprendre la question à cet endroit, 80 SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1845. et en remontant jusqu’aux lieux d’où ont été amenés les débris diluviens qui couvrent le nord de l’Allemagne , je vais montrer qu’il faut abandonner complètement l’idée de faire jouer un rôle aux glaciers dans le transport et le dépôt des détritus , meme dans les hautes régions de la Scandinavie ; car là , comme dans les contrées situées au sud de la Baltique , nous allons trouver des témoins irrécusables de l’action des eaux. Dans la région moyenne de la Suède, principalement entre les parallèles de 60 et de 58°, les dépôts de transport qui recouvrent la surface des roches anciennes se présentent très fréquemment sous la forme d’amas irréguliers ou d’entassements confus ; on y voit dessables, des graviers, cailloux et blocs plus ou moins volumineux, mélangés grossièrement ensemble , et n’offrant pas d’apparence bien marquée de stratification; la surface en est ondulée, et cela forme de petites collines appelées âsars par les Suédois (plus tard j’aurai l’occasion de donner de nouveaux détails sur ces âsars). Le voyageur qui parcourt ces contrées monte et descend le long de ces collines diluviennes , très souvent sans pouvoir y découvrir une disposition, un alignement bien caractérisés (1) : seulement, entre ces âsars, il voit presque toujours saillir de petits monticules de gra¬ nité et de gneiss. Puis le sol devient peu à peu plus uni, et l’on at¬ teint alors des plateaux, ou des plaines, ou des vallées plates et très larges, dont la surface est à peu près horizontale et dont le sol est composé de détritus diluviens. Un ne peut s’empêcher de remar¬ quer l’horizontalité souvent parfaite de ces plateaux, et si l’on exa¬ mine les détritus , on reconnaît qu’ils ne sont pas mélangés aussi confusément que dans les amas disposés en forme de collines ; en certaines parties le sable prédomine , il y a peu de cailloux et de gros graviers. Alors les voyageurs qui traversent la Suède, même sans but scientifique, observent que les routes sont en moins bon état, manquant d’un empierrement suffisant, parce que les paysans chargés de leur entretien devraient aller chercher des cailloux roulés à une assez grande distance. Dans ces parties, le dépôt dilu¬ vien présente déjà un commencement de triage ; néanmoins il est rare de voir des caractères de stratification bien marqués dans la contrée dont je parle maintenant. Mais si l’on s’avance plus vers le nord , au-delà d’Upsal, on voit ces plateaux et ces plaines se multiplier et acquérir une étendue de plus en plus grande : quand on pénètre dans l’intérieur de la (1) Ici je ferai remarquer en passant que les âsars n’affectent pas «corfstamment la direction N. -S., ainsi qu’on le croit en général. 81 SÉANCE MJ 1er DÉCEMBRE 1845 . Dalécarlie, et encore plus au nord , dans V Helsinglanclc et le Jemt- land , on voit le sol s’élever de plus en plus au-dessus du niveau de la mer; mais en même temps il devient de plus en plus uni , Lien que les accidents qui en interrompent l’horizontalité acquièrent une élévation croissante et tendent à s’élever de la classe des col¬ lines à celle des montagnes , c’est-à-dire qu’au lieu d’avoir une hauteur de 30 à 60 mètres comme les collines situées plus au sud , ils s’élèvent jusqu’à 150, 200 et même 300 mètres au-dessus des plaines environnantes. Alors la contrée présente l’aspect d’une mer diluvienne, hérissée çà et là de petites montagnes qui forment comme des îles ; et de même que dans les mers actuelles , tantôt ces îles sont rapprochées et liées entre elles sous forme déchaînons, et alors elles atteignent à une plus grande hauteur ; tantôt elles sont isolées et plus ou moins écartées les unes des autres. Sur quel¬ ques unes de ces montagnes, le granité, le gneiss ou le micaschiste se montrent à nu presque partout ; mais bien souvent les détritus diluviens en recouvrent les pentes et s’élèvent quelquefois jusqu’à leurs sommités, comme si les flots qui ont baigné la base de ces montagnes avaient été soulevés jusque sur leurs crêtes. Si l’on étudie la nature des débris qui composent les plateaux di¬ luviens d’où surgissent çà et là des îles granitiques, on voit se ma¬ nifester l’action de l’eau avec les caractères les plus évidents ; en effet, dans beaucoup de parties, et en général dans celles où l’hori¬ zontalité se voit sur d’assez grandes étendues , les détritus consis¬ tent en sable pur, quelquefois très fin, sans graviers ni cailloux, identique avec le sable qui forme les plages de la mer dans les pays granitiques. Dans le nord de la Dalécarlie, dans l’Helsinglande et le Jenitland, même au milieu des montagnes élevées, dans le voisi¬ nage des frontières de la Suède et de la Norvège, et aussi dans la Laponie, on marche quelquefois pendant plusieurs lieues sur des dépôts horizontaux de sable très fin, tantôt contenant des blocs à l’intérieur ou à la surface, tantôt n’en contenant pas. Si, de plus, on examine ce sable, on voit qu’il est habituellement très quartzeux, contenant néanmoins de petits grains de felspath et de fines pail¬ lettes de mica ; mais ces deux minéraux y sont en petite quantité re- lativent au quartz, et beaucoup moins abondants qu’ils ne le sont dans des sables provenant de la désagrégation des granités et des gneiss et non encore livrés à l’action des eaux ; ils sont d’ailleurs moins abondants que dansles dépôts sous forme d’amas, où les détri¬ tus granitiques sont plus grossiers et entassés pêle-mêle. Dans les immenses dépôts de sable de l’Ilelsinglande et du Jcmt- !and,on ne saurait méconnaître l’action des eaux, et les partisans Soo. géol. , 2e série, tome III. t> 8*2 SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1 S/j 5 . «le la théorie glaciaire qui visiteront ces lieux ne résisteront point à l’évidence des faits; mais peut-être feront-ils une objection à laquelle je m’empresserai de répondre : Ces dépôts de sable témoi¬ gnent de l’action des eaux, mais ils ont pu être formés soit par la mer à une époque où elle était plus élevée qu’aujourd’hui, soit dans des lacs ou vastes bassins pendant la période glaciaire ou vers la fin «le cette période. D’abord la présence de la mer dans un état de tranquillité déterminée par un exhaussement de son niveau et sans mouvement violent, paraît peu probable, si l’on considère l’élévation de ces plaines de sable : je donnerai prochainement une liste des hauteurs auxquelles j’ai observé ces dépôts ou plaines de sable, et on verra qu’il y en a depuis le niveau actuel de la mer jusqu’à plus de 1000 mètres au-dessus : or, les niveaux anciens de la mer, dans des conditions de calme analogues à celles où elle est aujourd’hui, ne dépassent pas, d’après les observations que nous possédons, 200 mètres au-dessus de son niveau actuel; un exhaus¬ sement de ses eaux jusqu’à une hauteur de plus de 1000 mètres, et un égal abaissement, s’ils ont eu lieu, n’ont pu se faire sans mou¬ vements violents , et l’on rentre alors dans une des variantes de la théorie des courants. Quant aux lacs , il a pu en exister ancienne¬ ment dans de larges vallées et dans quelques plaines ; je crois même que , pendant la période qui a précédé la nôtre, les lacs présentaient en Suède et en Norvège un développement incomparablement plus grand qu’aujourd’hui ; mais sur les immenses plateaux hori¬ zontaux de l’Helsinglande , qui ne sont point circonscrits par un ensemble de collines granitiques , il est difficile de supposer l’exis¬ tence de lacs ; le terrain a été recouvert par de vastes nappes d’eau, mais non retenues entre des parois qui en empêchassent l’écou¬ lement. D’ailleurs la dépendance intime entre ces dépôts de sable et les autres produits du phénomène erratique se manifeste clairement, si l’on étudie leur disposition relative: en effet, quand on parcourt ces contrées, on marche tantôt sur le sable, tantôt sur des détritus granitiques de diverses grosseurs ; et si l’on rencontre un escarpe¬ ment on une tranchée sur laquelle se montre à découvert la struc¬ ture interne de ce dépôt de transport , on voit qu’il consiste en une série alternative de zones formées de sable plus ou moins pur et de zones composées de graviers et de cailloux roulés , ces zones se suc¬ cèdent sans beaucoup de régularité, mais en présentant une sorte de stratification que j’ai indiquée sur les figures ci-jointes. Comme on le voit dans la figure 19, les surfaces de séparation, au lieu d’etre planes, sont ondulées diversement et irrégulièrement 83 SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE ]8/[5, mcii nées, tantôt se rapprochant;, tantôt s’éloignant les unes des au*» très : c’est un genre de stratification tout-à-fait semblable à celui que présentent les zones d’argile, de graviers et de cailloux roulés du terrain tertiaire dans l’ouest de la France, terrain qui a été aussi formé par des actions diluviennes. On conçoit , d’après cela , que si l’on suit un sol légèrement ondulé, comme le représente la fig. 20, on peut marcher alternativement sur un dépôt de sable et sur un dépôt de graviers et de cailloux ; d’ailleurs ces zones alternatives renferment les unes et les autres des blocs erratiques ; il est indubi¬ table qu’elles font partie d’un même terrain. L’existence de ces dépôts de sable associés à des masses de dé¬ tritus plus grossiers et mélangés confusément , la nature même de ce sable, démontrent que le terrain erratique de la Scandinavie ne peut être assimilé à des moraines ; car on n’a jamais vu, que je sache, des moraines entièrement formées de sable fin semblable à celui des bords de la mer , et les glaciers n’ont pas la faculté d’opérer un triage dans les détritus qu’ils transportent, d’en éliminer le feld¬ spath et le mica en y conservant le quartz. Des dépôts de sable de ce genre ne se voient pas seulement en Suède, mais aussi dans le terrain diluvien de la Norvège, sur plu¬ sieurs plateaux (aux environs, par exemple, de Roraas, où ils for¬ ment des espèces de dunes sur les pentes de la dépression où coule la Giommen), ou bien dans des vallées plates situées à une grande élévation ; cependant il est singulier de voir ces dépôts devenir plus rares, moins étendus et moins bien caractérisés dans les parties moins élevées delà Norvège méridionale, dans la région des col¬ lines ; ainsi, aux environs du lac Miôsen , de Christiania , etc., de même qu’en Suède, dans la région des collines, ils sont aussi moins fréquents que dans les parties moins élevées. Dans le midi de la Suède, là où les collines granitiques tendent à s’elfacer sous le ter¬ rain diluvien, celui-ci présente encore des dépôts de sable, mais peut-être moins remarquables par leur étendue et leur horizonta¬ lité que ceux de l’Helsinglande ; le sable y paraît être un peu moins pur, plus ordinairement mélangé de graviers et de cailloux rou¬ lés; quand on l’examine de près, on y reconnaît le même triage indiqué plus haut, c’est-à-dire la prédominance du quartz relati¬ vement au feldspath et au mica. Les caractères de ce triage sont encore poussés plus loin dans le Danemark , le nord de l’ Allemagne , la Russie , etc. : alors, entre les zones de sable, de graviers et de cailloux , il y a encore des zones d’argile pure contenant des blocs erratiques ; il est vrai que dans la Scandinavie on rencontre quelquefois aussi des zones argileuses SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1845, 84 dans le terrain diluvien , niais elles sont beaucoup moins épaisses cpie dans les pays au sud de la Baltique, et l’argile y est rarement pure ; elle est presque toujours sableuse ou mélangée de graviers, et impropre à la fabrication des briques et des poteries, tandis que cette fabrication est très développée dans le nord de l’Allemagne; d’ailleurs il ne faut pas confondre avec le terrain diluvien les dé¬ pôts d’argile que la mer a laissés au-dessus à une époque plus ré¬ cente. J’ajouterai que dans le midi de la Suède , dansde Danemark, la Poméranie, etc., de même que dans les parties septentrionales de la Scandinavie, la surface du terrain erratique affecte tantôt la forme de plaines unies , tantôt celle d’un sol ondulé ou de collines aplaties qui rappellent , mais sur une plus petite échelle , les âsars du centre de la Suède . Ainsi , tous les caractères des effets erratiques , des sulcatures et des dépôts de transport concourent à nier le rôle que l’on vou¬ drait faire jouer à des glaciers , et si l’esprit éprouve des difficultés à concevoir les effets extraordinaires qu’ont produits des eaux animées de mouvements très violents , parce que nous ne pouvons nous en former une idée nette en les comparant à ce qui se passe sous nos yeux , nous devons cependant accepter l’action de l’eau dans ce phénomène comme une base fondamentale , comme une conséquence déduite rigoureusement de l’observation ; ce n’est plus une hypothèse , mais le corollaire d’un théorème. Cependant je suis loin de prétendre que le phénomène erratique du nord de l’Europe , si imposant par son immense développement et par ses effets gigantesques , soit entièrement éclairci: l’action de l’eau étant une fois admise , on voit se dérouler à nos regards une nouvelle série de difficultés et d’énigmes dont la solution nécessitera des recherches bien nombreuses. Le phénomène erratique est-il simple ou complexe ? A-t-il été instantané ? Combien de temps a-t-il fallu aux agents d’érosion pour polir et sulcaturer la surface d’une grande partie des rochers de la Scandinavie? Tes effets sont-ils compa¬ tibles avec le peu de durée d’un phénomène intanstané ? Quelle a été l’origine de l’énorme puissance développée dans ce phéno¬ mène ? Si le mouvement de l’appareil sulcateur ne s’est pas main¬ tenu sous l’action d’une force accélératrice , telle que la pesanteur , quelle cause a pu imprimer à cet appareil une vitesse originelle assez considérable , pour qu’il puisse parcourir des distances de plus de deux cents lieues , franchir des rochers élévés , surmonter tous les obstacles qu’il rencontrait? Et bien que sa vitesse eut dû être beaucoup diminuée par toutes les résistances de frottement qu’il avait h vaincre r comment a-t-il pu entamer si profondément la SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1 8Z|5 . 85 surface des rochers , jusqu’aux extrémités méridionales de la Suède et de la Norvège ? En quels lieux se sont développées ces causes d’érosion ? leurs points de départ se trouvent-ils exclusivement dans les montagnes qui existent en Norvège , ou sur les frontières de la Norvège et de la Suède? ou n’y a-t-il pas eu des centres d’action propres à chacune de ces contrées ? D’après les faits que j’ai observés et que j’aurai l’honneur de communiquer à la Société géologique , le phénomène erratique se présente dans certaines parties de la Scandinavie sous une face nouvelle , et avec des caractères de complexité tout autres que dans les Alpes ou dans les Pyrénées. Malgré les nombreux et excellents travaux que beau¬ coup de savants ont déjà publiés sur ce sujet , si l’on réfléchit aux données qui nous manquent , aux observations qui restent encore à faire , on reconnaît que l’étude de ces faits n’est qu’à peine ébau¬ chée et que nous ne possédons qu’une petite partie des matériaux nécessaires pour construire l’édifice d’une théorie durable. M. Rivière demande si les sulcatures ne proviennent pas de filons comme premiers éléments de creusement. M. Durocher ne nie pas qu’un filon puisse faciliter, dans quelques cas, le creusement de profondes érosions, mais il dit ne pas en avoir vu dans les exemples qu’il a cités-, et il af¬ firme que pour beaucoup de ces exemples , où le fond des éro¬ sions est à nu, il ne s’y trouve certainement pas de filon. M. Rivière fait observer que beaucoup de terrains appelés tertiaires doivent être ramenés au terrain diluvien par d’autres considérations. M. Durocher répond qu il a observé des coupes où l’on voit des calcaires , qui sont positivement tertiaires , en recouvre¬ ment au-dessus de ces sortes de terrains ayant l’apparence diluvienne. M. Desnoyers fait remarquer que la plupart des sulcatures et des corrosions superficielles des roches décrites par M. Durocher, comme résultant du phénomène erratique de la Scandinavie , offrent la plus grande analogie avec les sillonnements, les pui¬ sards naturels et autres cavités de formes très diverses qu’on observe si habituellement à la surface des roches calcaires de l’Europe occidentale. Or, si les faits exposés par M. Durocher sont les principales circonstances géologiques qu’invoquent à 86 SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 18/l5. l’appui de leur opinion les partisans de la théorie des glaciers comme agents de transport > il est évident qu’en France et en Angleterre des résultats entièrement analogues ont pu être produits et même ont été incontestablement produits par d’au¬ tres causes , semblables b celles que M. Durochcr considère comme les plus vraisemblables pour le Nord. En effet, ces éro¬ sions , ces sillonnements , ces canaux tortueux , pénétrant ha¬ bituellement de la surface à de très grandes profondeurs dans les anfractuosités du sol , et se continuant depuis les ouvertures des puits naturels jusque dans le fond des cavernes, avec les¬ quelles ces puits communiquent fréquemment, ne peuvent en aucune façon être attribués à l’action du transport de blocs erratiques par Ses glaces ou é la corrosion produite par le mouvement progressif des glaciers. On trouve de ce phénomène, si général en France et en Angleterre, une explication plus naturelle, soit dans l’action d’eaux courantes chargées de gra¬ vier et de limon qui s’insinuent de la surface du sol dans les anfractuosités intérieures, soit plus rarement dans l’influence de sources minérales ou acidifères -, ces eaux, d’origine et de nature diverses , auront profité d’anfractuosités antérieure¬ ment produites par les innombrables dislocations des couches solides • leur action s’est manifestée à des époques géologiques très différentes , puisqu’on en observe les résultats au contact de terrains de différents âges et que des surfaces corrodées d’un calcaire jurassique , par exemple , ont été recouvertes par des dépôts tertiaires. M. Desnoyers confirme, par ses propres observations sur les terrains tertiaires de la Bretagne et du bassin de la Loire , un autre point de vue exposé par M. Durocher, sur la distri¬ bution collatérale de dépôts contemporains de nature très dif¬ férente, tels que bancs de sable, amas de gravier, limon, faluns coquilliers, qu’on voit former des espèces de bandes suc¬ cessives, dépendant évidemment d’un même terrain et résultant d’actions différentes des eaux. M. G. Prévost, de son côté , a généralisé ce point de vue dans le développement de sa manière d’envisager le synchronisme des formations géologiques. M. Rivière , relativement aux puits naturels, rappelle que SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE ISA 5 . 87 M. Nœgaret s’est occupé de celte meme question dans les tran¬ chées des chemins de fer en Belgique , et qu’il a reconnu que ces phénomènes sont dus à des sources. M. Virlet ajoute à ce qu’a dit M. Desnoyers à l’appui des opinions de M. Durocher, relativement aux trous de géant , que les hauts plateaux de la Franche-Comté présentent une série de cavités coniques en forme d’entonnoirs ou de cratères , et où les eaux pluviales, avec les graviers et les galets qu’elles peu¬ vent entraîner, viennent se perdre -, ce sont autant de puits verti¬ caux semblables à celui connu sous le nom de Grand- Clocher , qui existe dans la grotte d’Echenoz , décrite par M. Thirria; ils communiquent à d’immenses cavités souterraines dont cette contrée paraît sillonnée. Lorsque les pluies ont été très abon¬ dantes, on voit surgir tout-à-coup de beaucoup de points de la surface du sol des jets d’eau abondants, dont quelques uns, dit-on, rejettent parfois du gravier. Il est évident que ces issues, qui forment siphon, doivent encore se modifier journellement par la chute et le parcours des corps que les eaux entraînent avec elles. Le Puits de la Brême , situé à la hase de la grande côte d’Ornans (Doubs), et le Frais Puits (Haute-Saône), qui rejet¬ tent quelquefois de si grandes quantités d’eau , que l’un fait dé¬ border la Loue et l’autre inonde toute la plaine de Vesou!, ne sont que les dégorgeoirs des immenses réservoirs où viennent se rendre les eaux de ces puits verticaux. ( Voy. Bull., lre série , t. VII , p. 160. ) M. Murchison avait l’intention de présenter des observations sur ces phénomènes , mais il trouve que les observations de M. Durocher rentrent tellement dans les siennes, qu’il croit qu’il est impossible à un géologue de ne pas se rendre à l’évi¬ dence des faits qu’il vient de développer; il trouve que M. Du¬ rocher a employé trop d’arguments pour combattre la théorie des glaciers dans son application au phénomène erratique de la Suède ; il regrette qu’il n’y ait personne présent ici pour la soutenir. Il y a seulement deux ou trois faits sur lesquels il voudrait adresser quelques observations à M. Durocher. M. de Verneuil et lui n’ont pas vu de blocs anguleux dans l’intérieur des couches. 88 SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1845 . M. Durocher répond que !es blocs observés par lui dans le dépôt erratique sont souvent usés ou meme arrondis, mais qu’ils sont quelquefois anguleux. D’ailleurs il est rare de trou¬ ver des coupes un peu élevées du dépôt erratique-, ce n’est guère que sur la pente des coteaux qui forment le bord des lleuves. M. Murckison se félicite d’avoir présenté les mêmes idées dans le livre qu’il vient d’offrir à l'Institut avec M. de Yerneuil y il trouve, en outre, que M. Durocher n’a pas assez insisté sur la détermination des centres du phénomène, ainsi que l’a fait M. Buckland-, il convient pourtant qu’il est nécessaire de faire jouer un rôle à la glace dans cette question , mais non pas celui qu’elle joue dans les glaciers actuels des Alpes. M. Durocher répond qu’il s’est proposé dans cette notice, non de décrire le phénomène erratique entier, mais seulement de faire connaître quelques uns de ses caractères -, quant à ce qui concerne les centres d’action, il a observé des faits entièrement nouveaux-, il a vu des sulcatures disposées perpendiculairement les unes aux autres, ne venant pas toujours des points les plus élevés, et appartenant à des systèmes particuliers. Actuelle¬ ment il regarde comme prématuré d’établir des théories -, il pense qu’auparavant il faut étudier avec soin toutes les circon¬ stances que présente ce phénomène si vaste et si complexe. M. Murchison regarde comme des exceptions les stries qui se croisent. M. Rivière rappelle que M. Bôhtlingk a déjà mis en relief le côté choqué et non choqué et les croisements de stries. M. Durocher répond que l’observation des côtés choqués et non choqués est déjà ancienne -, que M. Sefstrôm l’a signalée il y a plus de dix ans. Quant au croisement des stries, M. Bôh¬ tlingk et M. Durocher en ont observé des exemples en Fin¬ lande la même année , et en ont décrit l’un et l’autre -, mais ce sont des croisements sous des angles d’une trentaine de degrés. M. Durocher ne pense pas que personne ait décrit des sulca¬ tures se croisant à angle droit antérieurement à ses obser¬ vations. M. de Yerneuil appuie l’observation de M. Murchison , rela¬ tivement à la position des blocs anguleux qui recouvrent une SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE !8/l5. 89 si grande partie de la Suède. Ils lui ont paru également reposer sur la surface du sol et ne pas pénétrer dans l’intérieur même des grandes masses de sables et de cailloux roulés , soit que ces masses forment des collines à elles seules , soit qu’elles s’ap¬ pliquent comme un manteau sur des collines préexistantes. Dans le court voyage qu’il a fait cet automne avec M. Murchison, M. de Verneuil n’a rien négligé pour s’assurer de l’exactitude de ce fait, qu’il avait déjà observé en Russie, et dont il faut ab¬ solument tenir compte dans la solution des problèmes que pré¬ sente le phénomène erratique du nord de l’Europe. En effet , la superposition des blocs anguleux aux dépôts de sables et de cailloux roulés doit faire supposer qu’ils sont d’une origine plus récente , et introduit dans l’explication du phénomène er¬ ratique des idées de temps et de périodes distinctes. Ces idées de durée et de succession sont encore confirmées par l’étude des dépôts sur lesquels reposent les blocs anguleux. C’est un fait déjà signalé par M. Brongniart , que les matériaux des osars ne sont pas déposés suivant l’ordre de leur pesanteur spécifique-, on observe au contraire, assez ordinairement, que les bancs de sable sont à la base et les galets vers les parties supérieures. Souvent aussi les sables alternent avec les galets et présentent une espèce de stratification , les cailloux de même grosseur se trouvant réunis dans les mêmes couches. Or, com¬ ment expliquerait-on cet arrangement, si l’on n’admettait que les sables étaient déjà déposés quand, par des changements dans la force de translation , les galets sont venus les recou¬ vrir? Relativement à la disposition topographique des blocs angu¬ leux, M. de Verneuil ajoute une observation importante, c’est qu’ils sont toujours groupés sur les éminences , sur les points saillants du pays , tandis que les dépressions et les vallées en sont dépourvues. C’est à cette absence de blocs et aux sables fins et souvent argileux dont elles sont remplies qu’est due la fertilité de certaines grandes vallées, telles que celles de Dal Elven , qui traverse la Dalécarlie. M. de Verneuil fait observer, en même temps, que ces val¬ lées ne sont pas unies, comme celle du Rhin, par exemple, 1)0 SÉANCE DU l'‘r DÉ CE MJ] UE 1S/|5 . dont les alluyions ont nivelé le fond (1), niais qu’elles pré¬ sentent des ondulations dont les parties saillantes, dés qu elles atteignent une hauteur de 20 à 30 pieds , sont le siège d’ac¬ cumulations de blocs souvent énormes. Enfin , M. Yerneuil appelle l’attention de la Société sur des faits qui méritent d’être pris en considération dans toute théorie où l’on se propose d’expliquer le phénomène erratique du Nord. Quand on examine les blocs erratiques de l’Allemagne , de la Russie, ou de file de Gothland, c’est-à-dire quand on se tient à une certaine distance du point de départ de ces blocs , on observe, sur un même lieu, des roches de nature différente et venues de différent pays. Mais quand on s’avance vers le nord , les choses se présentent sous un tout autre aspect. Certaines con rées paraissent avoir été des centres de produc¬ tion pour les blocs -, ils y sont plus volumineux, plus nombreux que partout ailleurs, et ce qu’il y a de bien remarquable, c’est que dans chacune de ces localités on n’observe qu’une même variété de roches. Si l’on examine la nature des roches en place, on reconnaît qu’elle est la même que celle des blocs anguleux; ceux-ci ont donc été arrachés au sol sous-jacent , soulevés , déplacés et entassés les uns sur les autres par une force mécanique d’une grande puissance (quelques uns de ces blocs ont plus de 100 pieds de circonférence sur 20 pieds de hauteur). On ne peut attribuer leur production à des éboule- inents semblables à ceux que l’on voit au pied des hautes mon¬ tagnes, car ils recouvrent particulièrement les sommités, ni à une désagrégation par altération de la roche, car outre que le phénomène est général et s’applique à toute espèce de roches , les blocs semblent être souvent à une petite distance de leur lieu d’origine, et reposent sur une mince couche de sable et de gravier. Cette espèce de brisement des roches sur place ou de trans¬ port purement local est un phénomène très commun en Suède, mais il ne devient bien évident que lorsqu’on traverse des con- (1) L’action alluviale des rivières actuelles en Suède est peu im¬ portante à cause des lacs nombreux qu’elles traversent et où leurs eaux se purifient. « SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE !8/î5. 91 (rocs dont la composition géologique est tranchée. Ainsi, dans les régions granitiques et gneissiques de Falilun , les blocs sont tous composés de granités et de gneiss. Si Ton s’avance au N.-O. , vers le district porphyritique du lac Siljan et d’Elfdal , les blocs granitiques disparaissent entièrement et font place aux blocs de porphyre et de syénite. Mais le phénomène est encore bien plus remarquable si , traversant cette région por¬ phyritique , on s’avance jusqu’aux limites d’une vaste formation de grès rouge (probablement dévonien) , qui s’étend vers l’O. C’est surtout sur les bords du lac Venjan que MM. de Verneuil et Murchison ont fait les observations les plus intéressantes , et cette localité ne saurait être trop recommandée aux géologues curieux d’étudier la nature de la cause qui a disjoint et frag¬ menté les roches de la Scandinavie. Le lac Venjan, long d’en¬ viron 22 kilomètres , est entour ^ de porphyre à sa partie méridionale -, mais , dans les 2 1 3 de son étendue , ses bords sont formés par les grès que nous venons de mentionner, et qui s’élè¬ vent à plus de 300 pieds au-dessus de son niveau. A la jonction des deux terrains, les blocs de porphyre et de grés s’entremê¬ lent sur une étendue d’un ou deux kilomètres, mais bientôt les blocs de chaque espèce finissent par regner seuls. Rien n’étonne plus le géologue que de voir , en arrivant sur cette formation horizontale de grés , le sol recouvert de dalles considérables de la roche sous-jacente. Ces dalles, parfaitement anguleuses, à surfaces planes et montrant sur leurs tranches une stratification très nette, obstruent tellement la surface du sol , qu’il est très difficile de découvrir la roche fondamentale , et qu’on a eu beau¬ coup de peine, soit à les écarter, soit à tourner autour des plus grands pour tracer la route nouvelle qui va de Venjan à l’usine hospitalière de Johannisholm. Ainsi donc , granités, gneiss, porphyres, grès stratifiés, tous les terrains sont cou¬ verts, dans cette partie de la Suède , d’un amas de ruines et de débris formés sur place et à leurs propres dépens, vastes ma¬ gasins d’où peut-être sont dérivés plusieurs des blocs trans¬ portés au loin vers le sud. Quelle que soit la cause que l’on assigne à ce phénomène, deux conditions paraissent lui être nécessaires , c’est d’être à la fois énergique et locale. M. Durocher répond à M. de Verneuil qu’en beaucoup d’en- 92 SÉANCE DI) 1er DÉCEMBRE 18&5. droits en Finlande, en Suède et en Norvège, il a remarque, comme lui , que les blocs du dépôt erratique sont d’une même espèce, et para ssent provenir de rochers peu éloignés, ou même situés au-dessous du dépôt de transport , et en cela il est tout-à-fait d’accord avec M. de Verneuil -, mais, dans une grande partie de la Suède, les rochers étant formés de granité et de gneiss, il est difficile de préciser d’où sont venus les blocs. D’ailleurs, en certains endroits, les blocs sont de natures très diverses, et ont été amenés de distances assez grandes; il cite comme exemple les blocs qui recouvrent la pente du coteau situé à l’O. de Fahlun , et sur lequel sont les mines de cuivre; ces blocs ne sont pas très gros, mais ils sont en certains points très rapprochés les uns des autres et comme juxtaposés ; il s’y trouve un mélange de blocs provenant des lieux mêmes, et d’autres blocs détachés de rochers éloignés, situés au N. et au N.-O. D’ailleurs, dans les dépôts de transport de la Scandinavie, le sable ne se trouve pas seulement à la partie inférieure, mais on le voit aussi tantôt alternant avec des zones de cailloux roulés, tantôt les recouvrant. Quant aux blocs, ils ne sont pas toujours exclusivement à la surface du dépôt erratique , quoiqu’ils s’y montrent ordinairement en plus grande abondance ; mais il y en a aussi h l’intérieur; et, pour citer un fait bien connu, il rappelle que, dans certaines parties du nord de l’Allemagne, on cherche ces blocs à la sonde pour les employer comme maté¬ riaux de construction. M. Durocher a déjà fait observer dans Son premier mémoire sur le phénomène diluvien, présenté à l’Académie des sciences le 10 août 18Ù0 (1), que les blocs er¬ ratiques sont en général plus fréquents sur les éminences que dans les parties basses, surtout quand ils sont observés par groupes ; et il a expliqué ces faits, au moins pour certains cas, en exposant que ces éminences formaient des îles ou des bas- fonds sur lesquels venaient échouer des glaces flottantes qui servaient de radeaux : cependant les blocs erratiques ne man¬ quent pas tout-à-fait dans les dépressions. M. Durocher ter- (î ) Voyez les Voyages en Scandinavie , etc. , Géologie , par M. Duro cher, 1re partie, p. 135. ( Arthus Bertrand, éditeur, Paris.) SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 1845. 93 mine en disant que les dépôts de transport de la Scandinavie affectent des formes, des manières d’étre et des compositions très diverses 5 que les caractères qui leur sont propres se mon¬ trent plus ou moins prononcés dans telle ou telle région -, que cela tient peut-être à des circonstances inhérentes au phéno¬ mène et variables d’un point à un autre, mais que cela dépen¬ dait en beaucoup d’endroits du relief que présentait la contrée antérieurement au phénomène erratique. M. Elie de Beaumont fait observer que ce qui rend si re¬ marquables les sillons signalés par M. Durocher, c’est qu’ils sont dans des roches dures 5 mais de pareils sillons existent dans les environs de Paris et notamment à Passy. La surface de toutes les roches en place est creusée de sillons qui sont remplis de débris erratiques. Ils contiennent de très gros blocs , ils ont un ventre très prononcé , et paraissent être l’équivalent de ce qui se voit dans le Nord et sur les hautes montagnes. Cela se remarque dans les couches marneuses , comme dans les couches plus solides du calcaire grossier. On n’y voit ni stries ni sulcalures, parce que les roches n’étaient pas d’une nature assez durable pour les conserver ^ mais il résulte du seul fait de l’existence des canaux sinueux souvent renflés dans leur fond que le phénomène erratique du centre de l’Europe a eu assez de force pour atteindre le bassin parisien et y produire en partie les mêmes phénomènes qu’au pied et dans les vallées mêmes des hautes montagnes. \ M. de Yerneuil rappelle qu’au N. de Paris , la craie présente 5 sa surface de profondes découpures , remplies tantôt par le terrain tertiaire inférieur, et tantôt par les argiles et les cailloux diluviens. Le chemin de fer de Paris à Amiens en fait voir de nombreux exemples, qu’il a déjà signalés, avec M. d’Archiac, dans le Bulletin de l’an dernier (Voir pi. VIII , fig. 9). M. de Yerneuil pense que ces sulcatures existent aussi sur la craie. M. Elie de Beaumont croit que la craie présente effectivement ces canaux ventrus qui sont remplis par le terrain tertiaire moyen, et il a vu un phénomène analogue se présenter au con¬ tact de la craie et de l’argile plastique. SÉANCE I)U 1er DÉCEMBRE 18A5. 9A M. Virlet fait la communication suivante : Note sur F origine métamorphique du granité des environs de Vire {Calvados) ; lettre adressée à M. Elie de Beaumont, par M. Yirlet d’Aoust. Vous savez qu’un des grands arguments des antagonistes du métamorphisme consiste surtout dans le défaut de preuves con¬ cluantes à l’appui de cette ingénieuse théorie, que du reste la plu¬ part des géologues admettent aujourd’hui , quoique généralement encore avec de certaines restrictions qui tendent à en limiter l’ac¬ tion au contact ou au voisinage des roches stratifiées avec les roches plutoniques , tandis que ce phénomène dont il serait sans doute très difficile d’assigner, dès à présent, les véritables causes, s’est certainement fait sentir sur de très grandes étendues de ter¬ rain et a été , pour ainsi dire , général. 11 y a déjà longtemps que j’ai dit qu’il devait y avoir et qu’il y avait nécessairement des granités métamorphiques ou régénérés , et qu’on finirait par en trouver des preuves ; mais comme l’opération du métamorphisme a précisément eu pour conséquence première de détruire ces preuves, en faisant disparaître tous les corps orga¬ nisés que les roches modifiées pouvaient originairement contenir, il en résulte qu’elles doivent être d’autant plus rares et plus diffi¬ ciles à rencontrer que la transformation de ces roches a été plus complète : or, comme beaucoup de granités sont précisément de ces roches arrivées à un métamorphisme extrême, c’était surtout là qu’il semblait très difficile de les trouver , quoique pour vous , comme pour moi , elles existassent dans la présence de ces nom¬ breux noyaux micacés ou de toute autre nature qu’on y trouve parfois , et que quelques géologues regardent comme le résultat d’une ségrégation qui se serait opérée lors de leur consolidation, ou bien comme des fragments arrachés aux terrains traversés par les granités lors de leur surgissement. Cependant , pour porter la conviction dans tous les esprits , il fallait des preuves plus concluantes , et qu’on ne pût contester ; eh bien , vous apprendrez sans doute avec plaisir que ces preuves existent en grand nombre , qu’elles existent à Paris même , et que nous les foulons chaque jour aux pieds en parcourant ses rues , c est-a-dire dans ces granités de Normandie que l’on emploie le plus généralement au revêtement des trottoirs. Elles viennent SÉANCE DU Ier DÉCEMBRE 1845. 95 appuyer et confirmer l' intéressante communication que vous avez faite, au commencement de cette année, à la Société (1) , relati¬ vement à un galet de quartz évidemment roulé et trouvé engagé dans du vrai granité par un savant minéralogiste allemand, M. de Zippe. J’avais dernièrement annoncé (Bull. , p. 19) , à l’occasion d’une discussion qui s’était élevée à la Société géologique, que je regardais les granités de Normandie, d’après l’examen que j’en avais fait sur le quai de Jemmapes, comme de véritables granités métamorphiques, et je fondais alors mon opinion sur la nature très variable des nom¬ breux noyaux qu'on y observe, et qui , bien que souvent modifiés eux-mêmes , le sont toujours différemment de la masse enve¬ loppante ; sur ce que ceux de ces noyaux qui sont de nature sili¬ ceuse n’ont pas été modifiés du tout ou bien le sont à peine sur les bords ; sur ce que , enfin , beaucoup ont conservé leurs angles et d’autres leur forme de galets roulés. Depuis, mon attention ayant naturellement été rappelée sur cette question , je suis non seu¬ lement allé revoir ces granités sur le port , mais encore j’ai été assez heureux pour pouvoir les observer sur les trottoirs après l’une des dernières pluies et dans un moment où ils se trouvaient bien lavés. Voici les nouvelles observations intéressantes que j’ai faites et qui s’ajoutent aux précédentes. 1° Dans les dalles qui bordent la partie orientale du trottoir de la maison n° 77 de la rue de Grenelle Saint-Germain, il existe beaucoup de noyaux intéressants à étudier, les uns ayant conservé leur schistosité primitive , les autres offrant encore des contour¬ nements dans les feuillets de la roche ; un d’eux est composé d’un fragment de gneiss amygdalin ; un autre, et c’est le plus intéres¬ sant , se trouve traversé par un filon ou noyau de quartz blanc d’environ un pouce de puissance, et qui s’arrête à la périphérie du galet , en sorte qu’il n’y a pas là moyen de pouvoir douter de sa préexistence. 2° Dans la dalle de bordage, en face de la boutique du fruitier, rue du Bac, n° 73, existent plusieurs galets, dont un, en quartz i te, a conservé des formes très bien accusées. 3° Dans une dalle située au bas de la porte d’un cordonnier occupant rune des boutiques du n° 8 de la rue du Rocher , existe un superbe galet aux formes les plus arrondies et les mieux arrê¬ tées , ayant environ 24 à 25 centimètres dans son plus grand dia¬ mètre et de 12 à 15 dans l’autre sens; c’est celui que j’ai reconnu (1) Voir Bulletin de la Société géologique , t. Il, 2e série, p. 260. SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 18Zl5. 96 jusqu’ici comme le plus remarquable sous le rapport de la con¬ servation et de la netteté des formes. 4° Sur le trottoir de la partie nord de la maison n° 14 de la rue Laffitte , Tune des dalles offre un double intérêt : d’abord par plusieurs galets variés bien prononcés , et ensuite par la présence dans l’un d’eux de débris organiques , semblables aux psarolitbes silicifiées des environs d’Autun ; ces apparences organiques con¬ sistent en une série d’anneaux d’environ un centimètre de puis¬ sance , se dessinant en blanc sur le fond noir siliceux du fragment, qui présente une forme angulaire bien prononcée. Je me borne à signaler à votre attention ces quelques points comme étant ceux qui m’ont paru offrir le plus d’intérêt ; car dans toutes les rues , sur les ponts , sur les quais , les faits analogues abondent, et chacun, une fois averti , pourra les vérifier facile¬ ment en se promenant sur les trottoirs après une pluie abon¬ dante. En résumé, de tous ces faits l’on peut tirer cette conclusion extrêmement importante, que le granité des environs de Tire, ou de Normandie, est un granité métamorphique ou régénéré par suite de la transformation d’une espèce de conglomérat contenant des galets et des fragments de différentes roches préexistantes , analo¬ gue , par exemple , au conglomérat liouiller qu’on observe à Autrui , à la base des anciens murs romains; lequel n’est qu’une masse ar¬ gileuse où se trouvent disséminés , exactement comme dans le gra¬ nité de Normandie , des fragments anguleux et roulés de diffé¬ rentes dimensions et de différentes roches plus anciennes. Ceux des galets qui renferment des corps organisés aideront peut-être à faire remonter bien haut dans la série géologique cette formation granitique considérée jusqu’ici comme si essentiellement primaire. Que vont donc devenir la plupart de ces pauvres terrains primitifs auxquels vous avez déjà porté de si rudes coups par votre intéres¬ sant mémoire sur les roches cristallines de la Tarentaise ? Il résulte enfin de ces faits que l’étude des roches dites anciennes, comme je l’ai dit, au reste , déjà depuis bien longtemps , est com¬ plètement à refaire ; quelle présente nécessairement de très grandes difficultés sous le rapport du classement géologique ; car si, lorsque les roches ont conservé leur caractère de schistosité ou de stratification en grand , comme par exemple les granités et les protogines des Alpes , la question de leur origine sédimentaire ne me paraît pas douteuse ; il n’en est pas de même quant à la ques¬ tion d’âge relatif, qui restera probablement, dans beaucoup de cas, un problème extrêmement difficile à résoudre. SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. 97 M. Rivière ne regarde pas ces corps comme des galets. M. Durocher croit qu’il est facile de distinguer les galets en cassant la roche. Séance du 15 décembre 1845. PRÉSIDENCE DE M. DÉ YERNEUIL , V ICC- président. M. Le Blanc, vice-secrétaire, donne lecture du procès-ver¬ bal de la dernière séance , dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la réunion extraordi¬ naire en septembre dernier, à Avallon , le Président proclame membres de la Société : MM. Bouesnel , ancien ingénieur des mines de Belgique, à Avallon (Yonne), présenté par MM. Gotteau et Moreau ; Mondot de Lagorce , ingénieur en chef des ponts et chaus¬ sées, à Auxerre (Yonne), présenté par MM. Cotteau et Ley- merie ; Girard de Cailueux, médecin de l’hospice des Aliénés, à Auxerre (Yonne), présenté par MM. Cotteau et Leymerie; Dury , ancien professeur de mathématiques , à Langues (Haute-Marne), présenté par MM. Renoir et Virlet^ Sermier, architecte de la ville, à Orange (Yaucluse), pré¬ senté par MM. Michelin et Leymerie $ Hébert , sous-directeur de l’Ecole normale , à Paris , présenté par MM. Rathier et Moreau ; Gariel, ancien notaire, à Avallon (Yonne), présenté par MM. Levmerie et Cotteau; O ' Hélie, entrepreneur de marbreries, à Noyers (Yonne), présenté par MM. Leymerie et Rathier ; Belgrand , ingénieur des ponts et chaussées, à Avallon (Yonne), présenté par MM. de Charmasse et Moreau; Arraut, membre du Conseil général de l’Yonne, à , présenté par MM. Leymerie et Moreau. Le Président annonce ensuite une présentation. Soc. géol. , 2e série, tome III. 7 98 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part de M. le Ministre de la justice, Journal fies sa¬ vants; novembre 1845. De la part de M. L.-F. Jéhan, Nouveau traité des sciences géologiques; 2e édition, in-18, 396 p., 1 pi. Paris-Lyon, mh. De la part de M. Jules Teissier-Rolland , Et iules sur les eaux de Aimes et sur V aqueduc romain du Gard; IVe partie, in-8°, p. 813 à 1076, et xliii à cxci, 1 pl. Nîmes, 1845. De la part de M. Ch. Martins, Voyage en Laponie , de la. mer Glaciale au golfe de Bothnie , par A. Bravais et Ch. Martins (extr. de la Bibl. univ. de Genève , juillet 1845) ; in-8°, 27 p. De la part de M. J. Durocher, Mémoire sur la limite des neiges perpétuelles , sur les glaciers du Spitzberg comparés a ceux des Alpes , sur les phénomènes diluviens et les théories ou on les suppose produits par des glaciers; in-8°, 172 p. , 3 pi. Paris, 1845. De la part de M. J. Desnoyers, Recherches géologiques et historiques sur les cavernes a particulièrement sur les cavernes h ossements de mammifères fossiles (extr. du Dict. univ. (Ehist. natur .) • in-8°, 83 p. Paris, 1845. De la part de M. J. Fournet, 1° Mémoire sur les tremble¬ ments de terre ressentis dans le bassin du Rhône , par M. Alexis Pierrey (extr. des Ann. de la Soc. royale fP a g rie. , hist. liai, et arts utiles de Lyoné) • in-8°, 82 p., 1 pl., Lyon, 1845. 2° Notes additionnelles aux recherches sur les tremblements de terre du bassin du Rhône de M. A. Pierrey , par M. J. Fournet (extr. des memes Annales )• in-8°, 24 p. Lyon, 1845. De la part de M. Hardouin Michelin, 1° Faune de Pile Mau¬ rice; zoophytes , échinodermes et stelférides , par Hardouin Michelin (extr. du Magasin de zoologie de M. Guérin-Méne- ville, juillet 1845) • in-8°, 27 p. , 6 pl. Paris, 1845. 2° Rapport fait à la Chambre des Députés , session de 1845 , au nom de la commission chargée d'examiner le projet de loi SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 18Z|5 . 99 relatif à la conservation des sources d'eaux minérales , par M. Daguenet; in-8°, 20 p . , Paris, 1845. 3° Instruction sur la manière d' inventorier et de conserver les objets qui peuvent servir aux arts , aux sciences et a V ensei¬ gnement (exécution du Décret de la Convention Nationale du 28 frimaire an n); in-4°, 88 p. Paris, an ii delà Répu¬ blique. r De la part de la législature des Etats de Massachusetts, Final report , etc. (Dernier rapport sur la géologie de l’Etat de Massachusetts, par Edouard Hitchcock); in-4°, 831 p. , 50 pl. Amherst et Norîhampton, 1841. Comptes-J'endus des séances de l'Académie des sciences ; 1845, 2e semestre, t. XXI, nos 22 et 23. Bulletin de la Société de géographie, 3e série, t. IV, n° 21; septembre 1845. Annales de V Auvergne , t. XVIII, septembre et octobre 1845. L'Institut , 1845, nos 622 et 623. L' Echo du monde savant , 1845, 2e semestre, nos 44 à 47. Commission hydrométrique de Lyon , mars , avril , juillet et août 1845. The Athenœum , 1845, nos 945 et 946. The American Journal of science and arts , b y Silliman ; 1845 , nos 98 et 99. Correspondenzblatt , etc. (Bulletin de correspondance de la Société d’agriculture de Wurtemberg); nouv. série, t. XXVII, année 1845, 1er vol., 1er cahier. Nova acta academiœ Cœsareæ Leopoldino-Carolinæ naturœ •euriosorum , t. XXI, pars 1, 1845. La Société reçoit en outre : De la part de M. Henri Hogard , 1° Carte géologique des Vosges, en 4 feuilles grand-aigle, imprim. lith. d’Engelmann. Mulhouse, 1845. 2° Esquisse géologique des terrains superficiels des Vosges , 1 feuille colombier, impr. lith. d’Engelmann. Mulhouse, 1845. Cet envoi est accompagné de la lettre suivante de M. Hogard. 100 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. Épinal, le 25 novembre 1845. Monsieur le Président, « J’ai l’honneur de vous adresser , en vous priant de vouloir bien les offrir à la Société géologique , un exemplaire de deux esquisses géologiques du département des Vosges, formant les tableaux d’assemblage d’une carte plus détaillée que j ai î ap¬ portée sur les feuilles , terminées ou en épreuves , de la carte de France du dépôt de la guerre , et que je compte publier si je puis obtenir les autographies nécessaires. » M. J- Delanoue formule ainsi sa réponse aux observations qui lui ont été faites dans la séance du 17 novembre 1845 , page 48. M. Virlet a demandé si la substance organique de nos man¬ ganèses était un bitume, le me permettrai de lui faire remar¬ quer que les bitumes proprement dits sont des hydro-carbures dans lesquels on ne trouve que par exception de l’azote, de l’oxigène et d’autres substances accidentelles. Ici l’azote ne peut être considéré comme un accessoire : il donne nais¬ sance à une proportion d’ammoniaque trop notable pour qu’il n’y ait pas autre chose que du bitume. Je n’ai pas encore eu le temps d’isoler cette substance -, mais l’analyse exacte que je me propose d’en faire promet peu d’intérêt -, il est probable quelle n’est qu’un mélange de corps hétéro¬ gènes déjà altérés par le temps et altérables encore par les ré¬ actifs. Du reste, et c’est là l’essentiel, l’existence dans ces man¬ ganèses de matières organiques est un fait certain, et je suis heureux de pouvoir invoquer à l’appui de cette assertion l’au¬ torité de MM. Balard et Pelouze. Je reconnais que des émanations gazeuses métalliques (chlo¬ rures de fer, manganèse , etc.) ont dû accompagner la plupart des phénomènes plutoniques -, mais ces substances salines, presque toutes solubles, ont nécessairement subi la loi des doubles décompositions au sein des eaux pluviales et marines. Des précipités d’oxydes et de sulfures hydratésde fer et de manganèse ont alors pris naissance et se sont déposés au sein des sédiments de grès et de calcaires qui se formaient à la même époque. Ils ont subi plus tard un déplacement évident SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 18Û5. 104 que j’attribue encore à une voie aqueuse. Et en effet, si, comme tout me porte à le croire, ces métaux ont été précipités à l’état de carbonates, d’oxydes ou de sulfures au minimum, leur suroxydation et leur remaniement épigénique ont dû être la conséquence immédiate et forcée de l’émergement du sol et de son lessivage par les eaux pluviales. La théorie d’une émanation pluionique de bas en haut se trouve ainsi repoussée, tout à la fois, par la régularité des strates inférieurs, parla disposition généralement stalactiforme de ces hydrates , et enfin par leur association, désormais irrécusable, avec des fossiles marins et des substances organiques azotées. M. de Wegmann communique à la Société l’extrait suivant d’une lettre à lui écrite par M. le consul-général de France en Sicile : Palerme , le 2 décembre 1845. « Je connais, mon cher ami , l’intérêt que vous portez à tout ce qui peut être utile aux progrès de la géologie. Si donc , par ma position ici, je puis être bon à quelque chose à la Société dont vous êtes actuellement le secrétaire pour l’étranger, il suffira d’un mot de la main de votre illustre président ou de la vôtre pour que j’ac¬ cueille de mon mieux ceux de vos savants confrères qui pourraient être curieux de visiter ce pays. Mes relations avec les autorités de la Sicile, et mes douze ou quinze agents et vice-consuls à Messine, Catane, Syracuse, Trapani, Girgenti, etc., faciliteraient au besoin leurs explorations. » La Société charge son secrétaire pour l’étranger de trans¬ mettre ses remerciements à M. le consul-général de France à Palerme, et décide que la communication qui vient de lui être faite en son nom sera imprimée textuellement dans son Bul¬ letin. M. Yiquesnel donne lecture de l’extrait suivant d une lettre de M. Davidson. Boulogne-sur-Mer, 21 novembre 1845. (( Je vous aurais envoyé plus tôt ce que vous m’avez demandé ; mais je n’en ai pas eu le temps , étant très occupé par de longues courses que j’ai dû faire pour un volumineux mémoire , accom- 102 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. pagne de 30 planches, que je suis en train d’écrire sur les terrains portlandien et kimineridgien du lias- Boulon nais. La recherche des fossiles de cette localité m’a occupé depuis plus de trois ans. J’ai rassemblé avec grand’peine près de 200 espèces de mollus¬ ques , etc., de ce terrain, dans le Bas- Boulonnais , et je crois être parvenu à réunir assez de matériaux pour pouvoir prouver qu’il n’est pas possible d’établir une distinction par le moyen des fossiles entre le Kimmeridge-clay et le Portlandien du Boulonnais. En un mot , les mêmes fossiles , à 2 ou 3 espèces près , se trouvent dans toute l’épaisseur de ces deux formations, comme je le démon¬ trerai. » M. Wattemare offre, au nom de l’état du Massachusetts, l’ou¬ vrage de M. Hitchcock sur la géologie de cet état la liste des dons au commencement de la séance), et il annonce que dix-sept des États-Unis d’Amérique vont faire des communi¬ cations pareilles, qu’il aura l’honneur de remettre à la Société. Il dit que si la Société peut lui remettre les publications qu’elle fait il s’empressera de les transmettre. Réponse aux objections de M. Duroc/ier contre l’ancienne ex¬ tension des glaciers de la Scandinavie ; par Ch. Martins. N’ayant pu assister à la séance dans laquelle M. Durocher a lu son Mémoire sur le phénomène erratique de la Scandinavie , je m’attacherai à combattre principalement les arguments contre l’ ancienne extension des glaciers de la Suède et de la Norvège, qu’il a consignés dans la note insérée aux Comptes-rendus de l’Aca¬ démie du 24 novembre 1845 (t. XXI ,p. 1158). Je vais la repro¬ duire intégralement; car elle est, comme je m’en suis assuré depuis, le résumé fidèle du mémoire qu’il a présenté à la Société, et le lecteur pourra peser plus aisément nos arguments récipro¬ ques. Dans ma réponse, je ne craindrai pas d’aller chercher la plupart de mes exemples dans les Alpes; en effet, les phénomènes du terrain erratique sont tellement semblables en Suisse et dans la Suède, qu’ils ne sauraient être attribués a des causes différentes. C’est l’opinion de M. de Buch (1) , quand il compare les roches moutonnées des environs de Stockholm à celles de la JTandeck , (1) Ueber Granit undGneuss vorzueglich in Hinsicht der auessereu Form. — Mém. de V Acad des sciences de Berlin , p. 57. — 1 842. 2e séria T III. PI. II. p io3 103 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 18A5. dans l’Oberland bernois; c’est celle de M. E. de Beaumont, lors¬ qu’il disait en parlant de l’explication de ces phénomènes : (1) « On a souvent cherché à résoudre cette question d’après des observa¬ tions recueillies dans une seule contrée ; mais les faits signalés dans ce rapport , joints aux rapprochements qui précèdent, suffisent, ce me semble, pour faire sentir que prononcer sur l’origine des sil¬ lons et des stries d’érosion du Nord, et des osars de la Suède, ce serait se prononcer en même temps sur l’origine des sillons et des stries d’érosion des vallées de la Suisse, et sur celle des blocs erra¬ tiques du Jura et des dépôts erratiques de la vallée d’Aoste , disposés à son entrée en véritables osars. Cette remarque doit rendre vos commissaires extrêmement circonspects à l’égard d’hypothèses dont l’application aura nécessairement une aussi grande généra¬ lité. » M. Duroclier lui-même admet (p. 71 et 77 ) l’analogie des rochers striés , et des dépôts erratiques des vallées de l’Aar et de la Reuss, avec ceux de la Scandinavie. Par conséquent, je suis en droit d’éclairer les faits que présente l’une de ces contrées par des exemples empruntés aux pays cpii nous avoisinent. J ’espère montrer dans cette réponse que la plus grande partie des phénomènes observés par M. Duroclier sont dus à des glaciers. Les autres sont un effet des causes actuelles qui fonctionnent tous les jours sous nos yeux , et n’ont aucun rapport avec les phénomènes antéhistoriques dont il s’occupe. Quelques uns enfin doivent être attribués aux courants diluviens , conséquence nécessaire de la fu¬ sion des anciens glaciers de la Scandinavie. Première objection . « Un caractère très important (2) et que j’ai » observé dans beaucoup d’endroits en Suède et en Norvège , c’est » l’existence de stries et de sillons sur des parois surplombantes , dont » V inclinaison a l’horizon varie depuis 90 jusqu’à 20 degrés , et les » sulcatures ne sont pas marquées seulement près de l’arête arrondie » des parois surplombantes , mais elles s’étendent en dessous de » cette arête jusqu’à une distance de quelques mètres. Les carac- » tères que je viens d’exposer sommairement montrent que l’ap- » pareil sulcateur devait être mou , flexible , susceptible d’une très »> grande mobilité , qu’il pouvait remplir un espace plus ou moins «grand, se diviser avec facilité en plusieurs branches, pour se » réunir ensuite en une seule , pénétrer à travers des canaux ou (1) Comptes-rendus de l’Académie des sciences, T. XIV, p. 105. — 1 7 janvier 1842. (2) Comptes-rendus de l’Académie des sciences, 24 novembre 1845 p. 1159. » de la so: Oeol de France 103 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. dans l’Oberland bernois; c’est celle de M. E. de Beaumont, lors¬ qu’il disait en parlant de l’explication de ces phénomènes : (1) « On a souvent cherché à résoudre cette question d’après des observa¬ tions recueillies dans une seule contrée ; mais les faits signalés dans ce rapport , joints aux rapprochements qui précèdent, suffisent, ce me semble, pour faire sentir que prononcer sur l’origine des sil¬ lons et des stries d’érosion du Nord, et des osais de la Suède, ce serait se prononcer en même temps sur l’origine des sillons et des stries d’érosion des vallées de la Suisse, et sur celle des blocs erra¬ tiques du Jura et des dépôts erratiques de la vallée d’Aoste , disposés à son entrée en véritables osars. Cette remarque doit rendre vos commissaires extrêmement circonspects à l’égard d’hypothèses dont l’application aura nécessairement une aussi grande généra¬ lité. » M. Durocher lui-même admet (p. 71 et 77 ) l’analogie des rochers striés , et des dépôts erratiques des vallées de l’Aar et de la Reuss, avec ceux de la Scandinavie. Par conséquent , je suis en droit d’éclairer les faits que présente l’une de ces contrées par des exemples empruntés aux pays cpii nous avoisinent. J’espère montrer dans cette réponse que la plus grande partie des phénomènes observés par M. Durocher sont dus à des glaciers. Les autres sont un effet des causes actuelles qui fonctionnent tous les jours sous nos yeux , et n’ont aucun rapport avec les phénomènes antéliistoriques dont il s’occupe. Quelques uns enfin doivent être attribués aux courants diluviens , conséquence nécessaire de la fu¬ sion des anciens glaciers de la Scandinavie. Première objection. « Un caractère très important (2) et que j’ai » observé dans beaucoup d’endroits en Suède et en Norvège , c’est » V existence de stries et de sillons sur des parois surplombantes , dont » V inclinaison à l’horizon varie depuis 90 jusqu’à 20 degrés , et les »> sulcatures ne sont pas marquées seulement près de l’arête arrondie » des parois surplombantes , mais elles s’étendent en dessous de » cette arête jusqu’à une distance de quelques mètres. Les carac- » tères cpie je viens d’exposer sommairement montrent que l’ap- » pareil sulcateur devait être mou , flexible , susceptible d’une très » grande mobilité , qu’il pouvait remplir un espace plus ou moins » grand, se diviser avec facilité en plusieurs branches, pour se » réunir ensuite en une seule , pénétrer à travers des canaux ou (1) Comptes-rendus de V Académie des sciences, T. XIV, p. 105. — 1 7 janvier 1842. (2) Comptes-rendus de l’Académie des sciences , 24 novembre 1845 p. 1159. ) SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. 104 » passes très étroites, en suivre toutes les sinuosités et en occuper » toute la section , qui varie d’un point à l’autre. Cet appareil » devait donc posséder les propriétés des corps fluides ; en outre j » il polissait et burinait sur toutes scs jaces , sur tout son contour » en dessous de parois surplombantes et même presque horizon- » taies. » Il est évident qu’un corps solide , tel qu’une masse de glace , » ne peut satisfaire à ces conditions de mollesse et de fluidité ; » cV ailleurs les glaciers n’usent , ne polissent et ne strient que par » leur surface inférieure , en vertu de la pression qu’ils exercent sur » leur fond et de leur mouvement de progression. Ici l’appareil ou » le porte-outil devait être fluide , mais l’outil lui-même était solide. » 11 était composé de sable , graviers et cailloux, en un mot, des » mêmes matières à l’aide desquelles les glaciers polissent et » strient. Ainsi , on est amené presque in inciblemeut à la supposi- » tion de courants très violents charriant des détritus de diverses » grosseurs. » On le voit, M. Durocher pense que les glaciers ne polissent et ne strient que par leur surface inférieure , en vertu de la pression qu’ils exercent sur leur fond. Je craindrais d’abuser des moments de la Société si j’énumerais tous les glaciers de la Suisse et de la Savoie , qui strient et polissent les parois verticales formant les contre-forts de la vallée , dans laquelle ils se meuvent. En effet , presque tous les exemples de roches polies et striées, cités par les auteurs, ont été observés sur les rochers qui bordent le glacier. Sous le glacier , l’observation des stries est toujours difficile , quel¬ quefois impossible ; car il est rare qu’on puisse pénétrer sous la glace , et si l’on y parvient , il faut d’abord enlever la couche de sable , de cailloux et de boue qui recouvre les stries et les sillons , tracés par le glacier sur la roche sous-jacente. Le glacier de Ro- senlaui est célèbre parmi les sa vants qui s’occupent de ces ques¬ tions pour la facilité avec laquelle on peut observer les stries sous la glace elle-même. Mais ce n’est qu’en s’exposant à des dangers réels que MM. Hugi , Agassiz , Desor et Dolfuss-Àusset se sont aventurés sous les glaciers qu’ils ont étudiés. Pour éviter une énu¬ mération fastidieuse des glaciers qui rayent les parois latérales du lit qui les contient , je me bornerai à trois exemples qui me paraissent suffisamment probants. Sur la rive gauche de la mer de glace de Chamonix, à 1500 mètres du pavillon de Montanvert , un promontoire s’avance dans la vallée occupée par le glacier. C’est le point de contact du gneiss avec le protogyne. On le nomme Y Angle. La glace s’appuie sur la SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 18/|5. 105 paroi verticale de la roche, comme le prouve la planche 111 du grand ouvrage de M. Forbes (1). J’avais visité cette localité en 18âà. En y retournant, au mois d’août dernier , nous fûmes frap¬ pés , mon guide et moi , de voir combien le niveau du glacier avait baissé dans ce point. Les marques rouges tracées par M . Forbes sur le rocher étaient à une grande élévation au-dessus du glacier. En même temps , toute la hauteur du rocher de Y Angle , qui depuis plusieurs années se trouvait en contact avec la glace , avait le poli du miroir et était marquée de stries fines. Si l’on objectait que ces stries ont été faites par un agent qui les a burinées antérieure¬ ment à l’existence des glaciers , la réponse est facile ; il suffit de comparer la netteté de ces stries récentes et la perfection du poli avec des stries et des surfaces polies plus anciennes qui sont à quelques mètres au-dessus du niveau moyen de la glace. En com¬ parant ces dernières aux stries récentes, on reconnaît que l’in¬ fluence prolongée des agents atmosphériques change complètement l’aspect de ces surfaces. Le second exemple est emprunté à l’ouvrage deM. Forbes (2). Le glacier de la Brenva , un des plus considérables de ceux qui descendent du revers méridional du Mont-Blanc , ayant traversé le val Y eni , s’est tellement élevé sur le contre-fort opposé de la vallée, qu’en 1818 il a renversé la chapelle de Notre-Dame de la Guérison, située sur le chemin de Courmajeur à l’ Allée-Blanche. En 1821 , la chapelle a été rebâtie , mais un peu plus haut. En 18âû, j’ai visité cette localité : la chapelle était menacée d’une nouvelle destruction, et l’année précédente MM. Forbes et Carrel avaient pu faire enlever , sur le rocher calcaire , une plaque polie et striée récemment par le glacier avec lequel elle était en contact. Les grains de sable et de gravier qui avaient gravé les stries sur le rocher étaient encore enchâssés dans la glace , que ce s deux savants ont été obligés d’abattre pour découvrir la surface polie. J’ai pu prendre aussi la nature sur le fait près du glacier inférieur de Grindelwald. Ce glacier, qui descend du Schreckliorn et de l’arête de la Strahleck , se dilate considérablement au niveau du Zaesen- berg , où il se trouve sur un terrain peu incliné ; mais arrivé au tiers inférieur de sa course , près du point de contact du calcaire avec Je gneiss, son lit se resserre de nouveau et forme le défilé de la Stierregg. Au-delà de ce défilé, la pente augmente brusquement, (1) Travels through the Mps of Savoy, p. 76. (2) Travels , etc. , p. 203 et 206, et le plan topographique n° il, p. J 93. 106 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. et le glacier se précipite dans la vallée de Grindelwald. En 1844, le glacier avait peu fondu, et au défilé de la Stierreg, la niasse de glace se relevait de plusieurs mètres des deux côtés contre les parois calcaires , pour forcer en quelque sorte le passage. Sur la rive gauche , la glace remontait jusqu’au pied des sapins, qu’elle menaçait de couper par le pied ; à droite , elle s’appuyait contre les parois verticales de la Stierreg. Etant descendu sur le glacier, j’abattis, avec une forte masse en fer, une partie de la glace qui touchait la roche , et sous cette glace je détachai des fragments de roches parfaitement polis et récemment striés (pl. II, fig. 4 et 5). Ces stries étaient le produit d’une force agissant de bas en haut , car toutes étaient redressées de 45° à l’horizon , dans le sens de la marche du glacier (1). Cette observation montre que les glaciers peuvent strier leurs parois latérales , même en agissant de bas en haut (2). Les faits que je viens de rapporter seraient, à la rigueur, suffi¬ sants pour prouver que les glaciers se moulent sur les parois des canaux dans lesquels ils se meuvent ; mais pour ne laisser aucun doute sur ce sujet et réfuter l’assertion de M. Duroclier, qui leur dénie cette faculté, je choisirai quelques exemples. Et d’abord les glaciers peuvent se mouler exactement sur le fond du lit qu’ils oc¬ cupent. En 1841 , je visitai les sources du Rhin avec mon ami Etienne de Canson. Nous fûmes frappés de voir , en remontant le long du glacier qui donne naissance au fleuve et dont la pente terminale était de 66°, que la glace suivait exactement toutes les inégalités de la roche sous-jacente. Cette année j’ai reconnu le même phénomène sous le glacier d’ Alalein , au fond de la vallée de Saas. Quelquefois cependant , quand il y a une cavité profonde dans la roche, le glacier passe par dessus et forme une voûte. C’est ce que j’ai constaté sur le glacier de l’Eiger, près de la Wen- gernalp. C’est ce que MM. Desor et Dollfus-Ausset ont vu sous le (\) Yoy. Bulletin de la Société géologique , 2e série, t. II, p. 280. (2) M. Durocher a reconnu lui-même que certaines stries ne pou¬ vaient être tracées que par une force agissant de bas en haut. Sur l’île de Skarholm, dans le golfe de Christiania, il a observé sur une paroi de rocher inclinée de 67°, des stries qui , elles-mêmes, font avec l’horizon un angle de 60 et quelques degrés , et il ajoute dans son Mémoire , p. 70 : « D’après la disposition qu'affectent les sulcatures sur la paroi surplom- » bante , elles paraissent avoir été creusées par un agent érosif qui se » serait élevé de bas en haut en frottant cette paroi avec une très » grande force. » Comment expliquer cette direction ascendante aq fond d’un courant diluvien tel que l’auteur le suppose? SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 18A5. 107 ! \ ■■■ glacier de l’Aar (1). La règle n’est donc pas absolue , mais on peut donner facilement la raison de ces différences. Quand le sens de la progression du glacier est parallèle à l’axe , ou , si l’on veut , aux génératrices d’une cavité cylindroïde , alors il s’y introduit aisé¬ ment. Mais si le sens de la progression est perpendiculaire à cet axe , alors le glacier passe par-dessus la cavité et forme un pont ou une voûte. Il n’en reste pas moins démontré que la face inférieure d’un glacier peut se mouler sur le fond de la vallée qu’il occupe. 11 en est de même des parties latérales qui se moulent aussi sur les parois du canal dans lequel le glacier se meut. Ecoutons d’abord l’immortel législateur des Alpes ; voici ce que dit de Saussure (2) , en parlant du glacier du Mont-Dolent, qui avoisine le col Ferret : « Son plateau le plus élevé est un grand cirque entouré de hauts feuillets de granité de forme pyramidale. De là le glacier descend par une gorge dans laquelle il est resserré; mais dès qu’il l’a dé¬ passée , il s’élargit de nouveau et s’ouvre en éventail ; il a donc en tout la forme d’une gerbe serrée dans le milieu et dilatée à ses deux extrémités. » Ainsi , comme on le voit, la plasticité des gla¬ ciers a été entrevue par de Saussure , nettement formulée par Mgr. Rendu, évêque d’Annecy (3) , et depuis exagerée , selon moi , par M. Forbes. Mais , dira-t-on , peut-être , ce sont là des dilatations et des resserrements de toute la masse du glacier, et il n’en résulte pas que le glacier puisse se mouler dans toutes les anfractuosités des rochers qui le bordent ou s’introduire sous l’arête d’une paroi qui surplombe : or, M. Daubrée (à) le premier et M. Durocher après lui, ont observé des stries sur les surfaces concaves de certains rochers de la Norvège. L’exemple suivant, décrit et figuré par M. Esclier de la Lintli (5) , répond à cette difficulté. En juillet 18àl , il a dessiné sur les bords du glacier de Viesch , dans le Jiaut- Valais, un rocher de granité qui n’était séparé de la glace que par un faible intervalle. Ce rocher présentait deux saillies convexes, (1) Nouvelles excursions et séjours dans les Alpes, p. 120. — 1845. (2) Voyages dans les Alpes, § 860. (3) Théorie des glaciers de la Savoie; Mémoires de la Société royale académique de Savoie, t. X. — 1840. (4) Voyages en Scandinavie et au Spitzberg de la Commission du Nord. Géographie physique, t. I , p. 223 ; et Bulletin de la Société géologique, t. XIV, p. 574. — 18 43. (5) Bemerkungen ueber Prof. Sefstroem’s Untersuchung ueber die auf den Felsen Scandinavien’s vorhandenen Furchen. Poggendorff’s Annalen dcr Physik , t. LV1 , p. 605. — 1842. 108 SÉANCE Dü 15 DÉCEMBRE 1845. arrondies, situées l’une au-dessus de l’autre et séparées par une cavité. « Les sillons, dit-il, larges de trois décimètres et plus, tracés sur le rocher, étaient parallèles à la pente générale du glacier. En outre , il y avait sur la portion concave aussi bien que sur les parties convexes du rocher, de petites cannelures creuses , de deux à six centimètres de large , qui, elles-mêmes, étaient marquées de petites stries très fines, parallèles aux sillons et aux cannelures. » On le voit , la description du roc de granité arrondi et strié que M. Escher a observé sur les bords du glacier de Viescb , est iden¬ tique avec celles que MM. Daubvée et Duroclier nous donnent des parois surplombantes qu’il ont rencontrées en Suède. S’il était souvent possible de passer entre la glace et les rochers , qui s’élèvent sur ses côtés, il n’est point de glacier qui ne présentât quelque fait analogue à celui que nous venons de citer , mais cela est le plus souvent impraticable, précisément parce que le glacier est partout en contact avec ses parois. Là où la vallée est trop dilatée , le glacier n’occupe pas toute sa largeur , car le glacier est plastique, mais il n’est pas fluide et ne saurait s’étendre comme une nappe liquide. S’il m’était permis de citer les stries rectilignes et parallèles que l’on retrouve à 10, 20, 30, 50 mètres au-dessus du niveau moyen du glacier actuel , les exemples ne me manque¬ raient pas; il suffit, pour s’en convaincre, de jeter les yeux sur le plan de la partie supérieure du glacier de l’Aar , que M . Wild a levée pour M. Agassiz. Mais on pourrait me contester que ces stries, quoique identiques avec les stries actuelles, soient dues à l’ac¬ tion du glacier, qui aurait eu jadis une plus grande puissance. C’est pourquoi je me suis borné à citer des exemples de stries récentes observées au point de contact de la glace et de la roche. Je crois avoir montré, dans ce qui précède, que les stries et les sillons rectilignes vus par M. Duroclier sur des parois verticales et sous des arêtes surplombantes sont un des effets ordinaires des glaciers actuels , et que leur existence en Suède est un argument de plus en faveur de l’ancienne extension des glaciers de ce pays ; car nous allons voir tout-à-l’heure que les canaux sinueux creusés par l’eau sont fort différents des sillons et des stries burinés par un glacier. Mais auparavant, comme on pourrait être encore tenté d’attribuer à l’action de l’eau les sillons dont je viens de parler, je dois faire connaître un genre d’empreinte en reliej laissé par les anciens glaciers , et où l’esprit le plus prévenu ne saurait voir l’action d’un corps liquide ou même semi-liquide. Depuis la lecture de ce mémoire à la Société géologique dans sa séance du 15 décembre 1845, M. Elie de Ileaumont a communi- SÉANCE DU 15 DÉCE3IBIIE 1845. 109 que à l’Académie, le 5 janvier 1846, une lettre de M. P. Scliimper. Ce savant a vu les glaciers aetuels de la Suisse, du Tyrol, de la Carintliie , et visité depuis la Suède et la Norvège : aussi a-t-il été frappé comme moi de l’analogie extrême qui existe entre les phé¬ nomènes erratiques des deux pays. J’ai eu le bonheur de me ren¬ contrer avec lui comme avec M. Agassiz (1) dans l’interprétation des faits reproduits par M. Durocher. Üe plus, M. Scliimper (2) a fait connaître une preuve nouvelle de l’ancienne extension des glaciers qui établit une ressemblance de plus entre les effets pro¬ duits sur les roches par les anciens glaciers de la Norvège et les anciens glaciers de la Savoie. Sur les hauteurs qui entourent AIo- dum , en Norvège , M. Scliimper a détaché une plaque du beau porphyre rliombique décrit par M. de Buch. Cette plaque pré¬ sente des stries , rectilignes et parallèles , de deux à trois mètres de longueur. « Les bords des fissures qui traversent la pierre sont restés parfaitement tranchants ; les rognons siliceux sont coupés en deux comme les nœuds d’une planche rabotée ; les rognons com¬ pactes, au contraire, ayant réagi sur la masse rabotante, font sail¬ lie et sont suivis d’une proéminence prolongée en ligne droite et ne s’aplanissant qu’ insensiblement ; ce qui prouve à l’évidence que le creux produit dans l’agent rabotant par le rognon s’est encore conservé pendant quelque temps après avoir dépassé ce dernier. » Ce que AI. Scliimper a vu en Norvège, nous l’avons observé, MAI. Bravais frères, Lepileur et moi, à l’entrée de la vallée deClia- monix. J’ai déjà fait connaître ce fait à la Société helvétique des sciences naturelles, réunie à Genève en août 1845 ; je vais le re¬ produire ici avec quelques détails. Le voyageur qui s’élève en par¬ tant du village des Ouclies pour aller aux Bains de St-Gervais par le passage de laForclaz, arrive bientôt à une petite ferme appelée la Alaison des Granges ; s’il monte sur la colline qui la domine au S. -O., il voit à ses pieds, à droite une prairie tourbeuse, à gau¬ che un monticule couronné de sapins et de bouleaux. Entre le bouquet d’arbres et la prairie est une plaque de stéacliiste argil- leux de onze mètres de long sur sept mètres de large. Au-dessus et à l’entour de cette plaque sont de gros blocs anguleux de pro- togyne. A la partie supérieure de cette plaque, qui est inclinée de quelques degrés à l’horizon et plonge vers le N. -O., se trouvent plusieurs gros rognons de quartz dont la surface est polie. Chacun (1) Comptes-rendus de T Académie des sciences, t. XXI, p. 1331 ( I 5 décembre 1 845). (2) Ibid., t. XXII, p. 43. — 5 janvier 18 46. SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. 110 de ces rognons est suivi d’un demi-cylindre en relief dont la saillie au-dessus du niveau, général de la plaque va en diminuant à mesure qu’il s’éloigne du nodule quartzeux . Ainsi l’un d’eux, long de 8”, 30, faisait à son origine , près du nodule quartzeux, une saillie de 0m,16 ; à son extrémité opposée cette saillie n’était plus que de 0m,086. Un autre demi-cylindre avait quatre mètres de long. A l’origine la saillie était de 0m,10, à l’extrémité de 0“\05 seulement. Les trois moulures principales de cette plaque étaient séparées entre elles par des intervalles de lni,90 et lm,30. Yoici l’explication de ces demi-cylindres en relief. La partie inférieure du glacier pressant sur la roclie se moulait sur le rognon de quartz, qui laissait son empreinte en creux à la partie infé¬ rieure de la glace. En vertu du mouvement de progression du glacier , cette cannelure creuse arrivait au-dessus de la surface du schiste qu’elle évidait à la manière d’une gouge , laissant en saillie les parties correspondant à la cannelure creuse de la glace et nive¬ lant celles qui se trouvaient des deux côtés ; mais à mesure qu’elle s’avançait cette cannelure creuse tendait à s’effacer par suite de la fusion de la glace et de la pression continue sur une surface plane ; de là la diminution dans la saillie de la moulure en relief à « mesure qu’on l’examine plus loin du nodule quartzeux. Sur les deux côtés d’un gros rognon de quartz se trouvaient deux cavités suivies de sillons en creux qui se perdaient au bout de quelques décimètres. C’est le phénomène inverse de celui des moulures en relief. La glace s’était moulée en saillie dans les deux cavités, et en s’avançant sur la surface schisteuse, elle l’évidait en creux à la manière d’un soc de charrue. De pareilles actions, inexplicables par l’eau, le sont aussi si l’on voulait y voir quelque jeu de stratification; car les plans des couches minces et fragiles du schiste sont coupés par le glacier sous un angle de 68 degrés , et elles présentent un poli parfait , accom¬ pagné des petites stries rectilignes et parallèles qui caractérisent l’action de la glace. Seconde objection. « Sur les deux côtés du golfe que forment » les extrémités méridionales de la Norvège et de la Suède , et sur » les petites îles qui bordent les rivages depuis Arendal , d’un côté, » et depuis Gothembourg, de l’autre , jusqu’à Christiania , les sul- » catures diluviennes présentent des caractères d’une nature spé- » ciale , qui se montrent rarement d’une manière aussi prononcée » dans les autres parties de la Scandinavie. On remarque dans » cette zone un grand nombre de canaux étroits et profonds , à » parois polies et striées de dimensions un peu variables , ayant SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. 111 ?» les uns de 25 à 50 centimètres de largeur , sur une profondeur » de lm,50 à 2 et 3 mètres, les autres, de 1 à 2 et 3 mètres de » largeur, et une hauteur qui varie de lm,50 à deux et même à » trois fois la largeur. On voit, en outre, beaucoup de canaux » cylindroides passant à de larges sillons , dont la profondeur est » de 0m,30 à 1 mètre et la largeur à peu près la même. Parmi ces » canaux , il y en a de rectilignes ; mais beaucoup d’entre eux » sont fortement ondulés , ou serpentent en présentant des sinuo - >» sites très rapprochées ; souvent ils se bifurquent , se divisent en » plusieurs branches qui se réunissent un peu plus loin. L’axe de ces » canaux et les stries que l’on y voit à l’intérieur ont la même direc- » tion générale que les sulcatures de la contrée environnante ; il est » évident que tout cela dépend d’un même phénomène . J’ai observé » ces caractères sur des roches très différentes , sur plusieurs espèces )) de granités , sur la siénite zirconienne , le diorite et aussi sur des » roches schisteuses , gneiss , micascliite et schiste amphibolique.» Les canaux que décrit ici M. Durocher sont connus de temps immémorial sous le nom de Lapiaz en Savoie , sous celui de Kan en ou Schratten dans la Suisse allemande. On peut les observer en petit dans la forêt de Fontainebleau , où ils ont été indiqués en 1841 par M. Durocher lui-même (1) , sur le versant septentrional d’un ravin qui longe la gorge de Franchard, au sud de laquelle il est situé (voy. pl. Il, fig. 1). Mais dans les montagnes, ces canaux sinueux se montrent sur une grande échelle, et, depuis Sclieuchzer jusqu’à M. Studer, la plupart des géologues suisses les ont décrits avec tant de soin qu’il n’est pas permis d’ignorer leurs travaux sur ce sujet. Déjà, en 1705 , Sclieuchzer (2) mentionnait les Karren de la Gemini et discutait les deux opinions qui sont encore actuellement en présence : Voici ce qu’il dit en parlant du Daubcnsee : « Cire a hune lacum videas passim saxis impressa undulata vestigia quœ foute diluvialibus aquarum undis figuram suam debent , ni si effectus hosce velimus adscribere ipsius aquœ nivalis stagnatione, quœ diu- tirid mord jacile petras e mollir e et adjuvante aquarum e /ugis altio - ri b us versus lacum defluxu , excavare valet. Idem phenomenon obscr- vare licet passim in aliis alpium helveticarum summis planiticbus . » Plus tard de Saussure (3) signalait les fentes verticales de la (1) Comptes-rendus de l'Institut , t. XIII, p. 69. 1841. (2) Scheuchzer , Itinera per Helvetiœ alpinas regiones facta annis 1 702-1 71 1 . Lugd. Bat. 1 723. Iter quartum (1 705) , pag. 31 6. (3) Voyages dans les Alpes, § 1 496, 1509, 1510 et 1512. 112 SÉANCE I)U 15 DÉCEMBRE 1845. montagne de Canine près de Toulon, celles de rochers calcaires de Cujes et de Gemenos et les formes arrondies des grès d’Olioules. Ebel (1) décrivit avec plus de détail les Karrenfelder de la Gem¬ ini. Vers 1817, une discussion amicale sur. l’origine de ces sillons s’éleva entre MM. Studeret Esclier delà Linth, pères des deux cé¬ lèbres géologues existants (2). Hirzel-Escher (3) les désigna le pre¬ mier sous le nom qu’ils portent en Suisse. Enfin en 1840, M. Ferd. Relier (4) en fit le sujet d’une dissertation spéciale, résuma les tra¬ vaux de ses devanciers, signala dans les Alpes vingt-quatre locali¬ tés où on peut les observer sur de grandes surfaces, et donna une vue du grand KarrenjeUl de la montagne de Silbern dans le canton de Scliwitz. Depuis, M. de Charpentier (5) indiqua des Lapiaz dans un grand nombre de points du Valais et du canton de Vaud ; M. Agassiz (6) dans les Alpes bernoises et dans le Haut- Valais ; M. Favre (7) sur le Mont-Salève , près de Genève; M. de Collegno dans la vallée du Lys , près de Ludion dans les Pyrénées et dans le lit du Tarn, en face du village de St-Juéry (8) ; moi-même j’en ai observé sur le versant septentrional du Faulhorn (9) et dans le lit de l’Arve, en face le village des Ouches (10), à l’entrée de la val¬ lée de Chamonix (pl. Il, fig. 2). En 1844, M. Studer consacra à ce sujet un chapitre de ses Elé¬ ments de Géographie physique et de Géologie (11), et donna une planche qui montre comparativement les Karrenfelder creusés par les eaux, et des roches arrondies, cannelées et striées par l’action des glaciers. Les Karren , bien caractérisés et creusés uniquement par l’action des hydrométéores, se rencontrent principalement sur les formations calcaires (calcaires à rudistes , lia-jurassique , néocomien, de See- (1) Manuel du voyageur en Suisse , t. II, p. 474. (2) Meisner’s Naturwissenschaftlicher Anzeiger , 1817, p. 37 et 55. (3) Wanderungen in weniger besuchte Alpengegenden, 1829, p. 122. (4) Bemerkungen iiber die Karren oder Schratten ( romanisch lapies ) in den Kalkgebirgen . Zurich, 1 840. S 5) Essai sur les glaciers , p. 169. 6) Etudes sur les glaciers, p. 200 et 256. 7) Considérations géologiques sur le mont Salève, p. 93. [Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève , t. X. ) (8) Bulletin de la Société géologique de France, 2* série, t. II, p. 323. (9) Bulletin de la Société géologique de France , t. XIII, p. 374. (10) Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. II, p 322. (11) Lehrbuch der physikalischen Géographie und Géologie , t. 1 , 338, SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. 113 Yven); mais les eaux torrentielles peuvent creuser des roches très dures comme celles que M. Duroclier a observées en Suède. Ainsi M. Studer a vu de profondes érosions dans le gneiss qui forme le lit de la Maggia, près Ponte-Rrolla, en amont de Locarno; dans le granité du val Sesia,enaval de Riva. Les sillons verticaux qui di¬ visent le granité très dur de cette localité ont souvent plusieui s mè¬ tres ( Kl a f ter) de profondeur et sont exactement comparables aux Karrcn des surfaces calcaires. Ces sillons sont accompagnés de mar¬ mites de géant ( pot-fioles des Anglais). Il en est de même dans le lit de l’Arve, près des Ouches, où les sillons et les marmites de géant sont creusés dans un stéacliiste serpentineux excessivement dur. Enfin M. Desnoyers (l)a fait faire un dernier pas à cette question; il a montré que ces canaux pénètrent dans l’intérieur du sol en tra- versantles formations les plus variées, que les eaux entraînent jusque dans l’intérieur des cavernes les ossements fossiles qu’on y trouve souvent en si grande abondance. Tous les auteurs sont d’accord pour attribuer le creusement de ces canaux sinueux à l’action de l’eau seulement. Cependant il existe une nuance entre eux. Quelques uns ont pensé qu’en Suisse ces canaux ont été creusés jadis par les nombreux filets d’eau qui s’échappaient de la surface inférieure des glaciers. Sans nier qu’il ne puisse en être ainsi dans quelques localités , je crois , avec Sclieuch- zer , de Saussure, Escher de la Linth , MM. Keller , Studer, Favre et de Collegno , que ces sillons sont uniquement dus à l’ac¬ tion des eaux pluviales ou torrentielles. En étudiant avec soin et à plusieurs reprises , après des averses, les canaux du Faulliorn, des Ouches et de Fontainebleau (2) , j’ai acquis la certitude qu’ils sont creusés par des fdets d’eau , provenant de petites sources , de la pluie ou de la fonte des neiges. Souvent, en effet, on peut distinguer très bien l’eau qui filtre à l’origine de chacun de ces canaux, et coule en suivant toujours la ligne de plus grande pente. Il est une localité où je voudrais pouvoir réunir tous les géo¬ logues qui doutent encore de l’ancienne extension des glaciers : c’est le bord de l’Arve , à l’entrée de la vallée de Chamonix , en face le village de Ouches. Là ils verraient dans le lit de l’Arve une marmite de géant environnée de canaux sinueux , anasto¬ mosés entre eux , que l’Arve creuse lorsque ses eaux sont hautes (1) Article caverne du Dictionnaire universel d’histoire naturelle , 1845. (2) Bibliothèque universelle de Genève , 2’’ série, t. XLl , p. 140. 1842. Soc. géol. , 2P série, tome III. 8 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. 114 (pl. II, fig. 2) : à quelques mètres au-dessus du lit de la rivière, des canaux sinueux de même nature, mais moins profonds, sui¬ vant la ligne déplus grande pente , le long du contre-fort de la vallée , et dus évidemment aux petites sources qui sourdent de la roelie. Ces canaux sinueux sont coupés sous un angle de 60° par des stries rectilignes , non sinueuses, non dans le sens de la plus grande pente, mais qui font avec V horizontale un angle de 30°, et remontent d'amont en aval le long des flancs de la montagne . Ces stries ont été burinées par l’ancien glacier de Chamonix , qui, s’engageant dans la gorge étroite des Mon têts , remontait des deux côtés le long des parois delà vallée. Ces sillons et ces canaux, si différents entre eux , sont tous creusés dans la même roche , un stéaschiste serpentineux très dur. Et pour que les traces de son passage fussent bien évidentes, le glacier a déposé sur ces stries des blocs de protogine de 8 à 15 mètres de long, et a imprimé à trois petites éminences la forme caractéristique des roches mou¬ tonnées de la Suède. La surface nivelée par le glacier ( Stosseite ) est tournée en amont, et la partie escarpée en aval, c’est-à-dire dans le sens de la marche du glacier qui forçait l’issue de la vallée. Au sommet , ces monticules offrent des stries rectilignes parallèles à l’axe de la vallée (p. II , fig. 3). M. Duroclier a donc confondu deux choses bien distinctes et d’origine bien différente : les canaux sinueux creusés par les eaux , et les stries rectilignes burinées par les glaciers. 11 est étonnant que les localités dans lesquelles il a trouvé les canaux sinueux ne l’aient pas éclairé sur leur origine. Tous ceux qu’il cite sont dans des îles du golfe de Christiania. Or , voici d’après lui la forme de ces îles, que M. Daubrée a figurées de son côté (1). Elles ont une surface en pente inclinée de 30” environ {Stosseite) et tournée vers le nord. Le côté opposé qui est tourné vers le sud est escarpé ( Leeseite ). C’est surla face inclinée que se trouvent ces canaux sinueux, qui d’après les dessins mêmes de l’auteur (2), viennent aboutir à la mer , oit se trouve leur ouverture principale. Qui ne reconnaît ici les effets or¬ dinaires du flux , du reflux et du ressac sur les rochers que la mer creuse et sillonne en s’élevant journellement à leur surface ? Le creusement peut ensuite être augmentée par l’action des eaux plu¬ viales qui coulent le long de ces plans inclinés et suivent les canaux que la mer leur a préparés ; et l’on ne peut pas s’étonner de ren- 1) Voyages en Scandinavie de la Commission du Nord. Atlas de phy¬ sique. Carte de la Scandinavie par M. Bravais, fig. 14 et 15. (2) Voyez pl. I , fig. 1 , 5 et 8. SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. 115 contrer ces canaux à une certaine hauteur au-dessus de la mer, quand on sait que les côtes de la Norvège sont sujettes à des oscil¬ lations qui les élèvent au-dessus du niveau de l’Océan après les avoir abaissées au-dessous (1). « L’axe de ces canaux , ajoute M. Durocher (2) , et les stries que » l’on y voit à l’intérieur ont la même direction générale que les » sulcatures de la contrée environnante. » Examinons ce parallé¬ lisme d’après les chiffres mêmes par lesquels M . Durocher a résumé (p. 67 et 68) leur orientation moyenne dans chacune des îles qu’il a visitées. Voici ces chiffres : Ile Sandoe, . . . N. 1 3° E. Ile Skarholm ... N. 27° O. Ile Saasteinholm . . N. 40° O. Moyenne. . N. 18° O. Ainsi M. Durocher appelle parallèles des sillons qui , dans un espace aussi limité que les petites îles des environs de Chris¬ tiania , font entre elles des angles de 13°, de 40° et de 53°. Quant au parallélisme avec les stries de la terre ferme , il nous apprend, p . 68, que sur la route de Christiania à Gothembourg, à 10 myriamètres environ de Christiania, la direction des stries est N . 43° E. , ce qui donne, pour l'angle que ces stries font avec la direc¬ tion moyenne des canaux sinueux sur les îles du golfe de Chris¬ tiania , un angle de 61°, et pour l’angle maximum un écart de 83°; sept degrés moins que l’angle droit ! Voilà quel est le parallé¬ lisme général dont parle M. Durocher. Si je vais chercher les élé¬ ments de mon calcul en dehors de son mémoire , les résultats ne sont pas plus satisfaisants. M. Siljestroem (3) a trouvé qu’aux environs de Christiania les stries rectilignes étaient orientées au N. 30° E. , azimut qui fait avec la direction moyenne des sillons observés dans les îles du golfe un angle de 48". En résumé, l’angle moyen que fait l’axe moyen des canaux sinueux des îles avec les (1) Voyez la note de M. Daubrée sur le phénomène erratique du nord de l’Europe, et sur les mouvements récents du sol Scandinave. BulLtin de la Société géologique , t. XIV, p. 573. 1843. (2) Comptes-rendus de l'Académie des sciences, t. XXI, p. 1158 (24 novembre 1845). (3) Voyages en Scandinavie de la Commission du Nord. Géographie physique, 1re partie, p. 213 116 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 18/15. stries de la côte est de 54° 30', et par conséquent le parallélisme général dont parle M. Duroclier n’existe pas (1). Ainsi donc , en Suisse comme en Scandinavie , les stries rectili¬ gnes dues aux glaciers et les canaux sinueux creusés par les torrents, les sources ou les eaux pluviales , se coupent sous des angles plus ou moins aigus. Et quand même le parallélisme existerait , l’on ne saurait , ce me semble , en conclure logiquement que ces deux genres de sillons reconnaissent la même cause, lorsque leurs ca¬ ractères sont si différents : autant vaudrait dire que des arbres renversés pendant un orage , par un ouragan soufflant d’amont en aval , parallèlement au cours d’un fleuve , ont dû l’être nécessai¬ rement par le fleuve débordé , puisqu’ils sont tous couchés dans le sens de son courant. Dans cet exemple, dira-t-on , les débris ac¬ cumulés en amont au pied des arbres , les terres enlevées , le limon déposé sur les rives du fleuve , empêcheront de confondre les effets du vent avec ceux des eaux ; mais les différences entre les canaux creusés par les eaux et les stries ou les sillons burinés par la glace, ne sont pas moins saillantes. 1° Les canaux sont sinueux ; les stries sont rectilignes : T les canaux se divisent souvent en deux ou plusieurs branches pour se réunir ensuite ; les stries ne se divi- (1) Pour prouver que les canaux et les cavités creusées par les eaux sont indépendants avec la direction des stries rectilignes en Finlande comme en Norvège , j’emprunte aux Archives scientifiques de la Russie , publiées parM. Erman (1842, second cahier), le passage suivant, dont voici la traduction littérale : « Sur l'île de Salmen, située près d'Helsingfors , et qui se compose presque en entier de rochers granitiques aplatis , on a découvert une caverne située à trois mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle paraît avoir été formée par l’action simultanée de l’eau , du sable et des ga¬ lets. Son ouverture a un mètre de diamètre, sa profondeur est de cinq mètres, et dans le fond elle est deux fois plus large qu’à l’entrée. Ses parois sont tout-à-fait lisses et symétriques. La caverne était pleine de sable et de galets granitiques , les uns sphériques, les autres seulement arrondis. Il est probable que c'est le même mouvement circulaire qui a creusé la grotte et arrondi les galets. Mais il est très remarquable que les stries, qu’on trouve si habituellement sur les roches de la Suède et de Finlande , existent aussi sur ce point et soient dirigées en travers de l'ouverture de la grotte , dans la direction du méridien , qui est leur orientation habituelle. Cette description est contraire à celle que Bœthling a donnée des marmites de géant situées dans le voisinage de Helsingfors. D’après lui, les stries et les cavités, dues à l’action de l’eau, se seraient formées simultanément, tandis que sur l’île de Sal¬ men elles paraissent indépendantes les unes des autres. » SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. 117 sent et ne se réunissent jamais : 3° les canaux contournent les parties les plus résistantes des roches , telles que les nodules de quartz ; les stries ne se dévient 'jamais de leur direction : 4° les canaux sinueux peuvent faire entre eux des angles considérables (1) ; les stries rectilignes font entre elles des angles très petits: 5° dans les canaux ce sont les parties concaves de la roche qui sont le mieux polies , dans les sillons c’est le contraire (comparez, pl. II, les figures 1 et 5 ) (2) ; 6° sur les surfaces inclinées , les canaux suivent les lignes de plus grande pente , sur les bords de la mer la direction du ressac , sur les rives d’un fleuve celle de son cours ; l’orientation et l’incli¬ naison des stries glaciériques sont indépendantes de toutes ces cir¬ constances ; 7° les stries sont toujours recouvertes ou accompagnées de débris erratiques plus ou moins anguleux ou striés , les canaux sinueux se rencontrent dans des localités où il n’en existe pas la moindre trace ; exemple : le Faulhorn, Fontainebleau, les bords du Tarn , etc. En résumé, les canaux sinueux observés par M. Durocher, et que personne n’a jamais songé à attribuer à l’action directe de la glace , sont un effet des eaux toujours local , et qui existe sur des points où il serait impossible d’admettre l’existence des grands cou¬ rants diluviens. En effet , les Lapiaz de Salève sont à 1375 mètres au-dessus delà mer et à 1000 mètres au-dessus de la surface du lac de Genève. Si on les attribue à des courants diluviens, le courant qui les a creusés aurait eu 1000 mètres de profondeur et 20 000 mè¬ tres de large. Les Karrenfeldcr de la Gemmi , au-dessous du Dau- bensee , sont à 2 068 mètres (3) au-dessus de la mer, et à 1512 mètres au-dessus de la surface du lac de Thun. Les canaux sinueux les plus élevés du Faulhorn sont, d’après mes mesures baromé¬ triques , à 2 248 mètres au-desssus de la mer et à 1945 mètres au-dessus du fond du lac de Brienz , que j’ai eu occasion de sonder à plusieurs reprises. Le courant diluvien qui les aurait creusés aurait eu 1945 mètres de profondeur et 6 000 mètres envi ron de large. L’imagination est épouvantée en se représentant ces courants gigantesques , dont rien ne peut lui donner l’idée , tandis que l’action lente et continue des agents actuels rend si bien compte des phénomènes dont nous nous occupons. fl J Voyez pl. I , / ig . 8. (2) En Scandinavie comme en Suisse. Voyez Daubrée, Note sur le phénomène erratique dans le nord de l’Europe. Voyage en Scandinavie et au Spüzberg de la Commission du Nord. Géographie phy signe , t. I, p. 229. (3) Mesure barométrique de M. Bravais, 118 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845 . Quant aux gouttières de la foret de Fontainebleau (pl. II, tig. 1), creusées par les eaux pluviales dans les parties du grès qui se désagrègent le plus facilement, la préoccupation des courants diluviens a fait tomber M. Duroclier dans une singulière erreur. Après avoir fait remarquer que les gorges de la forêt de Fontaine¬ bleau sont dirigées parallèlement au cours O. -N. -O. que suit la Seine, avant de recevoir le Loing à St-Mamert, il ajoute (1) : « Il est » vraisemblable qu’à l’époque diluvienne le courant a suivi la ligue » dirigée de l’E. -S. -E. àl’O.-N.-Q. (ou, plus exactement, comme il » le dit à la page précédente, l’E. 10° S. à l’O. 10° N.) et qu’il a dû » couvrir tout l’espace aujourd’hui occupé par la forêt. » Or, comme c’est à cette masse d’eau (p. 71, lig. 6) que M. Duroclier attribue le creusement des canaux ou gouttières du ravin parallèle à la vallée de Franchard, il en résulterait que les torrents diluviens jouissent de la propriété remarquable de creuser des sillons per¬ pendiculaires à leur cours; car les sillons sont exactement dirigés du sud au nord , et le courant qui a creusé la vallée de Franchard allait de l’E. 10° S. à l’O. 10° N. Si j’ai insisté avec quelque détail sur ces gouttières , c’est que leur voisinage de Paris permet à tous les membres de la Société de vérifier les faits dont je viens de les entretenir. Troisième objection. « L’examen des dépôts des débris diluviens »> fournit une autre preuve non moins convaincante de l’action des » eaux : ces dépôts n’affectent pas toujours la forme d’entassement » confus des matériaux de toute grosseur ; dans certaines parties » de là Suède, et principalement, ce qui est assez remarquable, dans » des régions élevées, dans la Dalécarlie , l’Helsingland et la Jemt- »land, on remarque d’immenses plaines ou des plateaux très » unis , presque tout-à-fait horizontaux , formés de débris dilu- » viens. Tantôt ces débris offrent un mélange de sable, de gravier » et de cailloux , tantôt ils consistent en sable très pur et très fin , » sans gravier et identique au sable des rivages de la mer ; mais il » présente fréquemment des blocs erratiques, soit à la surface , soit » à l’intérieur. De plus, on peut reconnaître que ces deux genres » de dépôts, l’un de détritus divers , l’autre de sable pur , forment » des zones alternatives qui se succèdent en offrant une espèce de » stratification grossière et très ondulée. Si l’on examine de près la » nature du sable , on voit qu’il est formé principalement de » grains de quartz , accompagnés d’un peu de feldspath et de pail- ( l) Comptes-rendus de ï Académie des sciences , t. XIII, p. 72. (12 juillet 1841.) SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. 119 » lettes micacées. La présence de ces dépôts arénacés et la nature » de ces sables rendent évidente l’action des eaux ; car on n’a » jamais vu de moraine de sable pur, et l’on ne saurait attribuer » aux glaciers la faculté d’opérer le triage des matériaux qu’ils » transportent , et d’en éliminer le feldspath et le mica , en y » conservant le quartz. » Si la théorie de l’ancienne extension des glaciers de la Suède au-delà de leurs limites actuelles était complètement incompa¬ tible avec l’existence des grandes masses d’eau , soit pendant , soit après la période de froid , l’objection de M. Durocher serait d’une grande force; mais il n’en est pas ainsi, car l’extension même de ces glaciers et leur fusion subséquente expliquent avec une merveilleuse facilité la présence de ces amas de sable, nivelés et modelés par les eaux. En effet, les barrages formés dans les vallées par les glaciers donnent naissance à des lacs. Le lac du Tacul sur la mer de glace de Chamonix , le lac Combal dans l’Allée Blanche , le Mattmarger-See dans la vallée de Saas , le lac Moeril près du glacier d’Aletsch (1) , celui qui s’était formé au- dessus du glacier de Getroz dans la vallée de Bagnes , enfin le lac qui , entraînant le glacier de Yernagt, a causé, ce printemps même, de si grands ravages dans i’OEtztlial enTyrol, n’existeraient pas sans les barrages formés par les glaciers ou par leurs mo¬ raines. Supposons un instant que les glaciers disparaissent, ces lacs seront à sec , et l’on verra précisément ce que décrit M. Durocher, savoir : « tantôt des entassements confus de matériaux de toute » grosseur , tantôt un mélange de sable , de graviers et de cailloux , » tantôt de sable très fin et très pur, sans gravier et identique au » sable des rivages de la mer ; mais il (le mélange) présente fré- » (juemment des blocs erratiques , soit à la sut face , soit à d intérieur ; » de plus, on peut reconnaître que ces deux genres de dépôts, l’un » de détritus divers , l’autre de sable pur , forment des zones alter- » natives qui se succèdent en offrant une espèce de stratification » grossière et très ondulée. » Tout le monde , dans la première partie de cette description , a reconnu une moraine , et dans la seconde les rives sablonneuses d’un lac ou d’un courant sur lesquelles les blocs erratiques se sont déposés à différentes époques , puisque les uns sont à la surface , les autres enterrés dans le sable. Cette circonstance suffit pour montrer que le glacier et le lac ou le courant ont existé simulta- (1) Voyez V Atlas des Etudes sur les glaciers , par Louis Agassiz , pl. XII 120 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 18/l5. nément pendant une période de temps considérable. On peut voir ces phénomènes en petit sur les bords de tous les grands glaciers. Entre la moraine et la paroi correspondante de la vallée, il se forme au printemps de petits lacs qui se dessèchent en été. Je citerai , parmi Us mieux caractérisés, ceux qui existent sur la rive droite du glacier inférieur de Grindelwald , au-dessus du pro¬ montoire de la Stierregg; leur fond est formé du sable le plus pur et le plus fin , sur lequel reposent et dans lequel sont enfouis les blocs erratiques de la moraine. Mais , dira-t-on peut-être , quel rapport y a-t-il entre les grands dépôts aqueux observés par M . Durocher et les petits lacs dont vous parlez? Voici ma réponse : les glaciers actuels étant moins étendus qu’ils ne l’étaient autrefois, tout doit diminuer dans le même rap¬ port; et si l’on veut bien m’accorder un instant que les glaciers du revers méridional des Alpes n’ont pas toujours été relégués au haut des vallées où ils sont confinés aujourd’hui , il me sera facile de lever cette difïiculté. Je prendrai pour exemple le glacier qui, du pied du mont Rose, descendait jadis dans la vallée occupée par le lac Majeur. Le voyageur qui part du glacier de Macagnaga et des¬ cend tout le long du val Anzasca, marche pour ainsi dire entre deux moraines plus ou moins visibles , suivant la largeur de la vallée et la nature de ses contre-forts. Tantôt elles ont été nivelées en forme de terrasses, signalées déjà par M. Elie de Beaumont (1), comme au-dessous du village de Borca. A Cico-Morello, Vanzone et en aval de Ponte Grande, elles se montrent sous la forme de lon¬ gues traînées de blocs anguleux, entassés les uns sur les autres . sur les pentes latérales de la vallée. L’église de Calasca est perchée au sommet d’une moraine de cent mètresde haut et entièrement formé de matériaux de toute grosseur, de gravier, de cailloux et de blocs anguleux confusément entassés. L’escarpement le long duquel on descend de la vallée de Macagnaga dans celle d’ Anzasca est sur¬ monté de roches moutonnées et striées; souvent les parois verti¬ cales qui forment les côtés de la vallée sont également polies. C’est en face du village de San-Carlo que le phénomène se montre avec le plus d’évidence. Quand on sort du val Anzasca , pour déboucher dans la vallée de Domo-d’Ossola , on retrouve toujours les traces du glacier de Macagnaga. C’est lui qui a moutonné les rochers qui dominent le village d’Ornovasco et arrondi la mon¬ tagne qui domine celui de Sunna. Je n’ai point examiné les traces qu il a pu laisser sur les bords du lac Majeur, mais j’ai (1) Recherches sur les révolutions de la surface du globe , p. 215 . SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. 121 retrouvé ses moraines terminales à l’extrémité méridionale de ce lac près de Sesto-Calende. C’est à cette ceinture de moraines con¬ centriques que le lac Majeur doit son existence. 11 en est de même du lac de Garde , dont l’extrémité méridionale est entourée de moraines très bien caractérisées près de Desenzano et de Pes- cliiera. M. Leblanc les avait déjà signalées à l’attention des géo¬ logues (1). Celles du lae Majeur se présentent sous la forme de deux digues demi-circulaires et concentriques, séparées entre elles par un espace parfaitement uni d’un kilomètre de large. Après avoir franchi le second rang, on arrive au village de Somma et de là à Milan, sans que le moindre accident de terrain vienne inter¬ rompre l’uniformité de la plaine. Ces digues ont la forme d’un prisme triangulaire ; çà et là elles sont surmontées de monticules coniques d’une grande régularité. Leur hauteur est de 30 à 50 mè¬ tres environ. Elles reposent sur le diluvium milanais et se composent en majeure partie de cailloux arrondis et de gravier , au milieu desquels on voit poindre des blocs de roches du mont Rose angu¬ leux et d’un volume considérable. Un grand nombre ont été ex¬ ploités pour faire les bornes qui bordent la grande route Tous ces faits me portent à croire que jadis le glacier principal du mont Rose avait poussé ses moraines terminales jusqu’à l’extré¬ mité du lac IVIaj eur, de même que celui de Chamonix, s’étendait jusqu’au mont de Sion, près de Genève, et celui du Rhône (2) jusqu’au Jura. Supposons maintenant un instant que le lac Majeur soit à sec; ne verra-t-on point de grands dépôts sablonneux, des couches de gravier horizontales sur lequel le glacier aura déposé ses blocs er¬ ratiques? Avec cette donnée, tous les phénomènes, celui des roches moutonnées, polies et striées , celui des dépôts stratifiés et non stratifiés, des blocs erratiques anguleux et des cailloux striés, ou plus ou moins arrondis , ne seront-ils pas expliqués d’une manière satisfaisante par l’action de causes dont les effets nous sont connus, puisqu’elles agissent journellement sous nos yeux? Cette explication peut , je crois , s’appliquer aux dépôts diluviens et horizontaux qui (\) Bulletin de la Société géologique, t. XIY, p. 606. 4 843. (2j Dans son Mémoire Sur le terrain erratique diluvien du bassin du Léman et sur la carte qui l’accompagne, M. R. Blanchet a parfaite¬ ment distingué des dépôts alluviens formés sur le bord de l’ancien glacier du Rhône, près d’Aubonne et d Evian, des véritables moraines telles que celle du mont de Sion, d Allinges et du petit lac de Bret. 122 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. recouvrent les plateaux du Jemtland et de la Dalécarlie. En effet d’après la description même de l’auteur (voy. p. 81) , ces plateaux n’ont aucune analogie avec les plateaux unis , tels que celui de la Bavière ou de la Brie. Ils sont hérissés de collines qui s’élèvent à 200 et même 300 mètres au-dessus des plaines environnantes, et sont souvent liées entre elles sous forme de chaînons. Le détritus dilu¬ vien, irrégulièrement stratifié et entremêlé de bloc anguleux, rem¬ plit les intervalles ; mais bien souvent aussi il recouvre les pentes des montagnes et s’élève quelquefois jusqu’à leurs sommités. Cette absence d’horizontalité est une nouvelle preuve que l’eau seule n’a pu déposer ces débris , mais qu’un agent qui n’est autre que la glace les a soulevés jusque sur les crêtes des montagnes, à une hauteur qui n’est pas moindre de 150 à 300 mètres. Je terminerai ce mémoire en abordant une objection que j’ai souvent entendu reproduire par des géologues éminents : c’est celle qui est tirée de la forme des osars ou monticules de sable elliptiques que l’on rencontre dans les plaines de la Suède , autour de Stockholm , d’Upsal , d’Enkœping , etc. , etc. Les contours arrondis de ces osars , les cailloux roulés , le sable et les graviers souvent stratifiés dont ils se composent , tout porte l’empreinte vi¬ sible de l’action des eaux , qui semblent avoir caressé leurs con¬ tours. M. Alex. Brongniart (1) a le premier attiré l’attention des savants sur ce sujet, et tous ont confirmé ses observations. Je ferai remarquer d’abord que ces osars sont souvent couverts de blocs erratiques anguleux , placés quelquefois dans des positions d’équi¬ libre instable, incompatibles avec l’idée d’un charriage par les eaux (2). Ainsi donc , si l’on admet cpie l’osar est l’ouvrage des eaux seulement , on conviendra que les blocs anguleux y ont été déposés par des glaciers ou par des glaces flottantes. Mais il n’est pas très difficile de faire voir que l’osar lui-même n’est qu’une portion de moraine remaniée en place par les eaux , ou du moins que les matériaux dont il se compose ont été arrachés par les courants aux moraines situées en amont , et charriés par l'eau et par la glace à une distance plus ou moins grande. Pour le démontrer, je suis encore obligé de transporter le lecteur dans les Alpes, non loin des glaciers actuels , où tous ces phénomènes se montrent (1) Notice sur les blocs de roche des terrains de transport de la Suède; Ann. des sciences naturelles, t. XIV. — 1828. (2) Voyez les dessins de M. Daubrée ; Voyages en Scandinavie- Géographie physique, t. I , p. 231 et 232. I SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 18/f5. 123 de la manière la plus évidente, parce qu’ils sont souvent échelonnés dans une même vallée , sur une longueur de quelques myria- mètres seulement. Et d’abord il existe des moraines qui d’un côté présentent l’empreinte de Faction des eaux , tandis que l’autre a conservé sa forme habituelle. En voici deux exemples, j’en pourrais citer un plus grand nombre. Au haut de la vallée de Montjoie, qui s’ouvre dans celle de l’Arve par la gorge des bains de Saint-GerVais , se trouve le glacier de Trè-la-Tète. Une ancienne moraine part des côtés du glacier et traverse la vallée au niveau du hameau de Nant-Bourant. Cette moraine ne saurait être niée, elle est l’analogue de celle de Lavanclii , près du glacier des Bois , dont de Saussure avait déjà reconnu la nature (1). En aval, la moraine du glacier de Trè-la-Tète se présente sous la forme d’une arête aiguë dont les pentes sont assez rapides, et qui est couverte de blocs erratiques gigantesques. Mais si on la considère en amont, du chemin qui mène au col du Bonhomme , on la voit prendre la forme d’une terrasse parfaitement horizontale , élevee de 15 mètres environ au-dessus des eaux qui Font modelée. On ne saurait conserver le moindre doute sur la structure de cette terrasse , quand on voit qu elle se continue avec la moraine , et surtout quand on compte les nombreux blocs anguleux qui dépassent le niveau de sa plate¬ forme. La moraine de Lavanchi , entre Chamonix et Argentière , offre la même particularité. Yue de Chamonix , elle se montre sous la forme d’une arête aiguë dont la pente est très roide , et qui se continue avec la moraine latérale droite actuelle du glacier des Bois; mais quand on la considère en amont, du village d’ Argentière, par exemple , elle se présente sous la forme' d’une terrasse horizontale se terminant par un talus hérissé de blocs erratiques qui descend vers l’Arve. C’est sur le terre-plein de la terrasse qu’est placé le village de Lavanchi (2), et tout prouve que jadis un lac, dû au barrage de la vallée , couvrait l’intervalle compris entre le village d’ Argentière et l’ancienne moraine de Lavanchi (2). Dans les moraines remaniées par les eaux, on ne peut pas tou¬ jours distinguer la partie supérieure qui a subi leur action, de la partie inférieure cpii est restée dans l’état chaotique d une moraine. Souvent , en effet , Faction des eaux a été superficielle , et s’est (1) Voyages dans les Alpes , § 623. (2) Voyez sur ce sujet Yates , Remarks on the formation of alluvial deposits. Edinb. new philosophical Journal, p. 26 ; et Forbes . Travels through the A tps, p. 64. 1 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. 124 bornée à niveler la surface supérieure sans y déposer de couches nouvelles bien caractéristiques ; mais il n’en est pas toujours ainsi. Le vieux château du Tyrol , qui a donné son nom à toute la con¬ trée, est bâti sur une éminence qui domine la ville de Méran dans le Tyrol méridional. Cette ville est située au débouché de la vallée de Passeyr dans celle de l’Adige. ! /éminence qui supporte le château du Tyrol a environ cent mètres de haut. Les deux tiers inférieurs se composent d’un entassement de blocs anguleux , de gravier et de cailloux. Les gros blocs font souvent saillie, et il est facile de reconnaître de loin leurs angles aigus et leurs arêtes tranchantes. Mais le tiers supérieur de l’escarpement est uniquement formé de cailloux roulés , arrondis, et qui ne pré¬ sentent pas ces différences de grosseur qui sont si remarquables dans les deux tiers inférieurs. Une circonstance bien frappante permet de distinguer au premier coup d’œil la ligne de séparation de ces deux genres d’entassements. En traversant un ravin pour arriver au château, on voit une foule de colonnes dont chacune porte à son sommet un gros bloc erratique anguleux qui a pro¬ tégé les parties sous-jacentes contre l’action des pluies ; mais au¬ cune de ces colonnes ne dépasse la partie inférieure du lit de cailloux roulés; toutes s’arrêtent au niveau du plan de séparation, parce que le lit supérieur ne renferme pas de blocs d’une gros¬ seur suffisante pour protéger les parties sous-jacentes et supporter les colonnes dont nous avons parlé. En ayant égard aux moraines qui régnent tout le long de la vallée de Passeyr , aux roches de talcscliiste moutonnées et striées qui se trouvent à une petite distance de Méran et dans le haut de la vallée de Moos, je ne puis m’empêcher de considérer l’éminence qui porte le château du Tyrol comme l’ancienne moraine terminale du glacier qui remplissait la vallée de Passeyr ; car cette éminence n’est que l’extrémité d’une longue colline entièrement composée et de blocs et de gravier , barrant la vallée comme une digue transversale et ne laissant de passage qu’au torrent de Passeyr, qui va se jeter dans l’Adige. Mais sur cette moraine je reconnais l’action des eaux, et je crois que ce lit de cailloux a été déposé sur elle par les courants auxquels la fonte du glacier qui remplissait la vallée du Passeyr a nécessairement donné lieu. Partout , en Suisse , dans le Tyrol et dans les Vosges, on remar¬ que ces moraines remaniées par des eaux , dont l’origine est facile à concevoir. Tantôt, eneflet, ce sont des lacs qui se sont formés par suite du barrage des glaciers ; tantôt, en fondant, les grands glaciers ont donné lieu à des courants qui ont modifié les formes SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 18&5. 125 dos moraines et imprimé leur cachet à des accumulations faites originairement par la glace. Los moraines latérales remaniées par les eaux ont souvent l’aspect de terrasses régulières : les talus sont interrompus par des banquettes horizontales comme celles des ouvrages de fortifications : telles sont celles des environs d’Andeer, dans le canton des Grisons (1). Quel¬ quefois une moraine se présente alternativement sous sa forme ha¬ bituelle et sous celle de terrasse; c’est ce que j’ai très bien observé en remontant la vallée de Passeyr, près du village de Saint-Léonhard ; c’est ce que M. Ed. Collomb m’a fait voir en petit près de Wesser- ling sur la rive droite du torrent de la vallée de St-Amarin. Mais il est des caractères qui permettent toujours de distinguer ces moraines remaniées des dépôts purement diluviens. Ce sont : 1° le manque de stratification, au moins dans une partie de la hauteur; 2” la confusion de matériaux de toute grosseur et de toute densité ; 3° la présence de gros blocs à angles aigus et à arêtes tranchantes au- dessus et dans l’épaisseur du dépôt ; U° l’existence de cailloux frottés et striés , qui ne peuvent pas l’avoir été en roulant dans le torrent ; car d’après les expériences et les observations de M. Col¬ lomb (2), loin de strier les cailloux qu’ils charrient, les torrents effacent les stries de ceux qui en ont. Jadis les moraines terminales des glaciers barraient les grandes vallées de la Suisse. La fonte de ces glaciers a donné naissance à des courants qui les ont démantelées , et les lambeaux qui n’ont pas été entraînés se présentent souvent sous la forme à' osars , c’est- à-dire de monticules coniques à base elliptique , dont le grand axe est dirigé dans le sens du cours des eaux. Ils se composent de sable , de gravier , de cailloux arrondis , et portent souvent des blocs anguleux sur leur sommet ou dans leurs flancs. J’ai décrit un grand nombre de ces osars dans le mémoire cité plus haut. Souvent je me suis demandé, en les étudiant, si j’avais sous les yeux une moraine remaniée ou une accumulation de débris ar¬ rachés par le courant aux moraines situées plus haut et déposées en aval d’un noyau résistant qui ferait saillie dans la vallée. Tantôt l’une , tantôt l’autre de ces opinions m’a paru la plus pro¬ bable. Quand les blocs anguleux étaient nombreux , comme dans l’osar situé près de Nettstal, à l’issue de la vallée de la Linth dans (1 ) Voyez mon Mémoire sur les formes régulières du terrain de trans¬ port des vallées du Rhin antérieur et du Rhin postérieur; Bulletin de la Société géologique , t. XIII, p. 322. — 1842. (2) Bulletin de la Société géologique, 2e série , t. II , p. 509. 126 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 18^5. celle de la Limmat , comme dans ceux près de Tourtemagne en Valais, je les ai considérés comme des restes de moraine. Dans les osais de Raezuns (1) , près de Reiclienau , canton des Grisons, formés de sable fin , bordés de terrasses , présentant peu de blocs erratiques, je reconnais l’action prédominante des eaux. Dans ceux d’Eins enfin, au-dessous du confluent des deux Rhins , formés de fragments de flisch et de calcaires gris irrégulièrement stratifiés (2) , les deux causes me paraissent avoir eu une parta peu près égale dans la formation de l’osar. 11 en est de même de celui qui se trouve au-dessous de Briançon , au débouché de la vallée de la Guizane, dans celle de la Durance. L’ancienne moraine, si bien caractérisée , qui barre la vallée près du village du Casset , à \U kilomètres en amont , montre suffisamment la part que le glacier qui descendait dans la vallée du Monetier a eue dans la formation de cet osar (3). En résumé , je crois qu’on peut trouver toutes les transitions imaginables entre une moraine telle que le glacier la dépose et un banc de sable formé par deux courants qui se coupent angulairement. Là , comme toujours , la nature n’a pas procédé d’une manière exclusive , mais les differents agents dont elle dispose ont été simultanément ou successivement en action. Ainsi , à une théorie générale embrassant tous les osais de la Suède , je préférerais la monographie d’un osar, ou d’un groupe d’osars , et je crois que cette méthode, plus timide et moins bril¬ lante , conduirait plus sûrement à la vérité que des généralisations qui me semblent prématurées. Résumé général. 1° Les stries rectilignes observées en Norvège sur des parois verticales ou surplombantes ont été burinées par des glaciers. Ceux qui existent de nos jours polissent et strient continuellement leurs parois et leur fond. 2° Les canaux sinueux , quelquefois ramifiés , observés par M. Durocher sur le rivage des îles du golfe de Christiania , sont dus au ressac de la mer. Ce sont les Karren de la Suisse , les Lapiaz (1) Voyez le Mémoire déjà cité, Bulletin de la Société qèoloqique , t. XIII, p. 331 , et pl. IV, fig. 4. (2) Moritzi , Notice sur les collines de Coire. Biblioth. universelle de Genève , t. XXXIX, p. 183. — 1842. (3) Voyez A. Bravais , Physique du sol de la France, dans Pairia , ou la France ancienne et moderne, p. 153. SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. 127 de la Savoie , qui sont creusés par des torrents , des sources , les eaux pluviales ou la neige fondante. 3° Le parallélisme entre les canaux sinueux des îles et les stries rectilignes du continent n'existe pas. L’angle moyen est de 54°. 4° Les dépôts de sable stratifiés avec blocs anguleux, du Jemt- land et de la Dalécarlie,sont des fonds de lacs ou de courants barrés par des glaciers et présentant ça et là des moraines intactes ou remaniées par les eaux. 5° Les osnrs sont dus à l’action mixte d’un glacier et des cou¬ rants auxquels sa fusion a donné naissance. Explication de la planche II. Fig. 1 . Gouttières creusées par les eaux pluviales dans le grès de la foret de Fontainebleau, sur le versant nord d’un large ravin parallèle à la gorge de Franchard, au sud de laquelle il est situé. Un quatorzième de la grandeur réelle. Cette figure est renversée. La gauche correspond à la droite dans la nature. Fig. 2. Coupe en travers par un plan vertical d’un canal si¬ nueux (. Karren ) creusé par l’Arve dans un stéaschiste serpentineux, très dur, en face le village des Ouclies, à l’entrée de la vallée de Chamonix. Un quart de la grandeur naturelle. Fig. 3. Fragment de stéaschiste argileux, cannelé et strié par le glacier qui débouchait autrefois par la vallée de Chamonix. Les cannelures et les stries sont horizontales et parallèles à l’axe de la vallée. Le fragment a été pris au sommet du premier monticule à formes arrondies en amont, escarpées en aval ; en face le village des Ouches , sur la rive droite de l’Arve. Grand comme nature. Fig. 4. Calcaire lia-jurassique des parois verticales de laStierregg, promontoire qui rétrécit le lit du glacier inférieur de Grindelwald. Cette portion de l’escarpement était, en octobre 1844 , au contact de la glace ; les stries sont inclinées d’amont en aval de 45° à l’horizon. Les plus blanches sont les plus récentes. La surface de la roche est légèrement convexe, polie et striée en entier. Quatre cinquièmes de la grandeur naturelle. Fig. 5. Autre fragment du même escarpement. On remarque une dépression sur la roche , qui n’est point striée comme les par¬ ties en relief. Deux tiers de la grandeur naturelle. Fig. 6. Diorite à grains fins de Kaafiord, polie et finement striée, provenant d’une roche moutonnée des environs de Kaafiord , en Finmark ; lat 69° 57' N., 20° 40' E. Grandeur naturelle. 128 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. M. de Wegmann partage entièrement l’opinion de M. Mar- tins, qui voit dans ces cavités sinueuses vulgairement nom¬ mées Kan en, en Suisse et en Allemagne, un effet des eaux natu¬ relles et non pas des eaux diluviennes. Aux faits aussi nombreux que concluants sur lesquels s’appuie cette opinion, M.de Weg- mann en ajoutera un nouveau qu’il trouve consigné dans une lettre de M. Boué, qu’il a reçue ce jour même, et dont il lit le passage suivant. « J’ai découvert cet été , dans ma campagne de Vôslau , près Vienne (Autriche), en creusant à la poudre un puits dans un pou¬ dingue tertiaire, à 10 toises de profondeur, des cavités tubulaires de plusieurs toises de longueur, assez larges et ne remontant point à la surface. Elles étaient encroûtées d’un enduit argileux jaune-bru¬ nâtre, et portaient tous les indices d’avoir servi de canaux à la fil¬ tration des eaux , qui aurait pu changer petit à petit des fentes en conduits de cette nature. Ces canaux ont des contours arrondis et sinueux , et sont identiques de forme et de caractères avec ceux qui, se terminant à la surface des roches, ont été cités par des par¬ tisans outrés du système glaciaire comme ayant été formés par des eaux ou chutes d’eau de glacier. Près de ces conduits, l’agglo¬ mérat a offert de plus un assez grand amas allongé d’argile smee- tique avec des nids d’un minerai de fer très poreux et léger, comme on en voit se former dans certaines eaux minérales. Une petite grotte aurait-elle été comblée ainsi peu à peu par la filtration des eaux? C’est ce qui paraît très probable. D’un autre côté, ce minerai était si léger, que s’il avait contenu quelques cristaux volcaniques, on aurait pu en faire une scorie des volcans qui ont fait leur éjec¬ tion dans la partie S.-E. du bassin de V ienne vers la fin de l’époque tertiaire. >» M. Martins ayant prouvé qu’un abaissement de 3° c. dans la température moyenne de Genève suffirait pour que les gla¬ ciers de Chamonix atteignissent cette ville, M. Rozetlui répond qu’il n’est pas nécessaire de supposer des abaissements de tem¬ pérature, pour expliquer l’existence d’anciens glaciers sur des points dont l’altitude ne permet plus d’en trouver aujourd’hui. Il n’est pas nécessaire de supposer que la température moyenne du globe a été jadis plus basse qu’elle n’est aujour¬ d’hui pour expliquer l’existence d’anciens glaciers sur les - 129 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 18^5. points où l’on croit trouver maintenant leurs traces. Cette sup¬ position est contraire à l’ensemble des faits paléontologiques et ù tout ce que l’on sait des variations de la température propre de la terre. Les nombreux mouvements de la croûte du globe, dont la géologie a rassemblé tant de preuves , suffisent à eux seuls pour rendre compte du phénomène. Tous les glaciers connus, les véritables glaciers, ceux qui marchent en marquant leurs traces sur les rochers , en trans¬ portant des moraines, etc., ont leur origine près de la limite des neiges perpétuelles , et ne descendent pas au-dessous de 1800 mètres d’altitude, dans les Alpes et dans les Pyrénées. Les points les plus élevés de beaucoup de contrées, les Vosges, le Morvan, etc., dans lesquels on cite des traces d’anciens gla¬ ciers, sont actuellement à 1000 et 1400 mètres au-dessus du ni¬ veau de la mer, et les pentes sur lesquelles se montrent ces traces ont souvent moins de 2° d’inclinaison, tandis que dans les Al¬ pes aucun glacier ne se meut, sur une étendue de 6 kilomètres, sous une inclinaison moindre de 3°. Ainsi donc, d’apré's l’état actuel des choses, s’il a jamais existé des glaciers dans ces con¬ trées, il faut que leur altitude et leurs pentes aient considéra¬ blement diminué depuis. Les travaux de M. Elie de Beaumont ont prouvé que des chaînes de montagnes avaient dû s’élever subitement à plu¬ sieurs milliers de mètres au-dessus de la mer, et porter ainsi au- dessus de la limite des neiges éternelles des points qui étaient très bas auparavant. Alors les glaciers qui n’avaient pas pu jusque là s’établir dans ces lieux ont bientôt rempli le fond des grandes vallées des nouvelles chaînes. Nous avons démontré, dans notre mémoire sur les inégalités de la croûte du globe ( Mémoires de la Soc.géoL, 2e série, 1. 1), que tous les soulève¬ ments de certaines parties de cette croûte avaient été accom¬ pagnés d’abaissements d’autres parties. Dans les régions bo¬ réales , les deux mouvements s’opèrent encore lentement et simultanément sous les yeux des hommes. Il suffirait que les Alpes s’abaissassent actuellement de 400 mètres pour détermi ner la fonte de tous les glaciers de cette chaîne. Un soulève¬ ment récent , dont tous les peuples paraissent avoir conserve le souvenir des effets désastreux, celui de la chaîne des*Annes3 Soc. géol. , 2e série , tome III. 9 130 SÉANCE LC 15 DÉCEMBRE 18/|5. auquel paraissent se rattacher les grandes fentes N. -S. sur les¬ quelles sont établis les volcans d’Italie et ceux de l’Auvergne, a dû notablement modifier le relief antérieur de la surface ter¬ restre, et abaisser les régions glaciales sur lesquelles on ne trouve plus maintenant que les traces des glaciers qui les cou¬ vraient avant cet événement. Ces régions ont aussi pu s abais¬ ser par des mouvements lents, comme ceux qui se manifestent encore maintenant sur plusieurs points du globe. Si l'on a réellement reconnu des traces d’anciens glaciers dans des lieux où l’altitude et les autres circonstances géogra¬ phiques s’opposent à ce qu’il en ait jamais existé , dans l’état actuel des choses, on a tout simplement découvert là de nou¬ velles preuves des puissantes oscillations de la croûte solide de notre planète. M. Rozet répond à M. Leblanc, qui lui objecte que M. de Charpentier a déjà réfuté la théorie qu’il propose, que M. de Charpentier n’a parlé que de l’abaissement des Alpes, par suite d’un tassement intérieur, et nullement des mouvements généraux de la croûte du globe. M. Leblanc lui fait observer que cette opinion a été aban¬ donnée par ses auteurs, discutée et réfutée par M. de Buch et par M. de Charpentier dans son ouvrage sur le glacier du Rhône, auquel il le renvoie, et rejetée aussi par M. Elie de Beaumont. Il fait observer en outre qu'on n’a pas parlé de l’abaissement de la température du globe, mais bien de l’atmosphère, ce qui est fort différent, et répond à la première partie de l’argumentation de M. Rozet-, enfin il fait observer que cette limite de 3° de pente nécessaire pour le glissement des glaciers , d’après les géologues qui pensent qu’ils marchent en glissant, ce qu’il conteste, soulève une autre difficulté, celle d’expliquer com¬ ment des glaciers sur une pente au par exemple, ne marchent pas plus vite que ceux dont la pente est si faible. M. Nérée Boubée dit que les traces des glaciers anciens lui paraissent aussi bien établies dans les Pyrénées que les fos¬ siles qu’il y a constatés avec la dernière évidence. M. Defrance lit la communication suivante : SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 18/15. 131 Aolïce sur une coquille cV Orthocératite . Dans un séjour que je viens de faire au château d’Aux, près de Nantes, j’ai découvert, sur une table de marbre qui s’y trouvait, la coquille d’un Orthocératite qui est bien remarquable par sa conser¬ vation et ses grandes dimensions. Quoiqu’elle ait été coupée du côté du sommet, elle porte encore un peu plus de 1 mètre de longueur sur une largeur de 1k millimètres à son milieu. Dans cette portion de coquille conservée, il se trouve lk cloisons simples , concaves, et dont la dernière a 31 centimètres de longueur; les autres sont traversées par un siphon marginal assez gros. Sur la même table , il se trouve une portion du sommet d’une autre coquille d’Ortliocératite qui démontre quelle se terminait en pointe , en sorte qu’en calculant le décroissement que présente la partie de la coquille conservée, on peut supposer qu’en totalité elle pouvait avoir quatre pieds de longueur, ainsi que M. de Buch an¬ nonce, dans son voyage au pôle nord, en avoir vu à Komberg. Le test de cette coquille étant très mince , et elle-même étant si longue, elle a dû nécessairement être contenue dans l’animal au¬ quel elle a appartenu ; car on ne peut concevoir qu’avec sa fragi¬ lité et une aussi grande longueur, elle eut pu se conserver entière. Autour d’elle, dans le sens de sa longueur, on voit des traces qu’on pourrait croire être celles de son enveloppe. Cette coquille ne s' étant pas trouvée coupée au milieu de son diamètre , elle doit avoir un peu plus de 1k millimètres de lar¬ geur, et en calculant, comme on l’a fait pour son décroissement, la dernière loge conservée doit avoir 25 millimètres à son ouverture. Ces coquilles paraissent avoir de très grands rapports avec les Baculites , avec cette différence que les cloisons de ces dernières sont persillées et à queue d’aronde, au lieu que celles des Orthocé- ratites sont simples. J’ignore où a été trouvé le marbre dans lequel cette coquille est renfermée. Dans l’ouvrage de Knorr sur les fossiles , on voit représentée , pi. lr% une portion d'Ortliocératite qui a beaucoup de rapports avec la coquille dont il est ici question, et qui porte aussi des traces de ce que Ton pourrait appeler son fourreau. MM. de Verneuil et Murchison , qui ont vu cette coquille , ont estimé , d’après la forme de ce qui s’en trouve conservé , qu elle pouvait avoir deux mètres de longueur. Ce dernier pense qu’on devrait nommer cette espèce Orthoceratites œquicrassus . 132 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1845. M. Viols, auquel appartenait eette coquille, en a fait don au Muséum d’histoire naturelle de Paris. M. Michelin montre l’ouvrage de Knorr, et il dit qu’on peut supposer que l’individu présenté par M. Defrance vient, comme celui figuré dans Knorr, d’Oeland (Suède). M. Viquesnel présente le résultat de ses recherches sur le mécanisme de la comptabilité de la Société géologique de France , et s’exprime en ces termes : Dans la séance du 2 décembre 1844 j’ai pris l’engagement de décrire le mécanisme de notre comptabilité , d’exposer les détails dont elle se compose et d’indiquer les procédés établis pour en surveiller les diverses parties. Je dépose sur le bureau la minute de ce travail qui forme le complément indispensable de la statistique administrative de la Société. (Voir Bull . tome 1er de la 2 série, pag. 410.) Je n’entrerai dans aucun détail sur le sujet que j’ai traité; je me contente de donner ici son ordre de division. 11 se compose de trois parties , savoir : 1° Comptabilité des finances placée sous la surveillance du trésorier ; 2° Comptabilité des valeurs mobilières placées sous la surveil¬ lance de l’archiviste ; 3° Comptabilité des publications et de certains détails placés sous la surveillance du secrétaire. M. d’Archiac a bien voulu me fournir les notes dont j’avais be¬ soin pour faire connaître la nature des fonctions de secrétaire , fonctions qu’il a remplies, pendant plusieurs années, avec un zèle aussi éclairé que persévérant. Grâce aux renseignements que je lui dois , ces nouvelles recherches administratives seront peut-être un jour de quelque utilité. Si, par une circonstance fâcheuse, l’en¬ trée en fonctions du secrétaire, du trésorier et de l’archiviste venait à coïncider avec la nomination d’un nouvel agent , et si ces quatre fonctionnaires étaient privés du concours de leurs prédé¬ cesseurs , ils trouveraient dans ce recueil les renseignements né¬ cessaires pour se mettre de suite au courant de leurs devoirs respectifs. Je ne terminerai pas sans rendre un juste tribut d’éloges à la sagacité de mes piedecesseuis qui ont su combiner un mécanisme d’une simplicité et d’une clarté parfaite. SÉANCE DU 5 JANVIER 18Z|(3. 133 M. le Président annonce que la description de la comptabilité de la Société par M. Yiquesnel sera mise au net , et que la copie sera déposée aux archives. Le secrétaire annonce la prochaine mise en vente, chez For¬ tin, Masson et Ce, successeurs de Crochard, place de l’École- de-Médecine, 1, à Paris, de V Annuaire des Sociétés scienti¬ fiques et littéraires de France , publié sous les auspices du département de l’instruction publique, année 18Z|6, 1 fort volume grand in-8°. Prix, broché, 12 fr. Séance du 5 janvier 1816. PRÉSIDENCE DE M. ÉLIE DE BEAUMONT. M. Le Blanc, vice-secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance , le Président proclame membre de la Société : M. le colonel Mathieu de Wolkoff, chambellan de S. M. l’empereur de Russie , rue Basse-du-Rempart , 18, à Paris , présenté par MM. Élie de Beaumont et Hommaire de Hell. M. Floresi , ingénieur des mines, au Mexique, demeurant à Londres, 2, Duke-Street, Adelphi, est admis, sur sa demande, à faire de nouveau partie de la Société. Le Président annonce ensuite une présentation. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part de M. A. Quetelet , Sur le climat de la Belgique , lre partie, Rayonnement solaire et température de V air et du sol ; in -1°, 208 p., h pl. Bruxelles, 1815. Comptes-rendus des séances de V Académie des sciences , 1815, 2e semestre, t. XXI, nos 21 à 26. Mémoires de la Société M. Lajoye. Archiviste. I M. Clément-Mullet. Membres du Conseil. M. Walferdin, M. le M* de Roys, M. BoNTEMPS, M. Angelot, M. le Vte d’Archiac de Saint- ! M. Deshayes, M. DE PlNTEVILLE, M. Delafosse , M. Yirlet d’Aoust , M. Elie de Beaumont M. Graves. Simon , M. d’Orbigny (Alcide), j Avant de quitter le fauteuil, M. le Président sortant, M. Élie de Beaumont, remercie la Société pour l’honneur qu’elle lui a fait et pour la bienveillance qu’elle a bien voulu lui porter pendant les discussions. M. de Verneuil adresse à son tour ses remerciements à la Société pour l’avoir appelé à l’honneur de la présider pendant l’année 1846. Il réclame de la Société un vote de remerciements à l’illustre Président qui a dirigé ses discussions pendant l’année 1845_ La Société répond à cette invitation par acclamation. Séance du 12 janvier 1846. PRÉSIDENCE DE M. DE VERNEUIL. M. Le Blanc, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbaî de la dernière séance , dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, le Président proclame membre de la Société : M. Baugniet, membre de diverses Sociétés savantes belges, SÉANCE 1)U 12 JANVIER 1 8 Zï (5 . 137 à Paris, rue Montmartre , 134, présenté par MM. Ch. d’Or- bigny et Eugène Robert. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part de M. le ministre de la justice , Journal des sa¬ vants ; décembre 1845. De la part de M. le Dr Eichwald, 1° Einige berichtigun- gen, etc. (Notice sur les mollusques du bassin tertiaire Yolhyno- Podolien , déterminés par M. Pusch, maître delà monnaie), (extr. du Bull, scientif. publié par V Académie irnp. des sciences de Saint-Pétersbourg, t. VI, nos 1,2); in-8°, 3 b p. Saint-Pétersbourg, 1839. 2° JJeber den Reisenhirsch (Sur le cerf gigantesque) (extr. du Bull, de la Soc. imp. des natural . de Moscou , t. XVIII, 1845); in-8°, 30 p. Moscou, 1845. De la part de M. le Dr St. Kutorga , 1° Zvveiter Beitrage, etc. (2e Notice sur la géognosie et la paléontologie de Dorpat et de ses environs); publié par la Société de minéralogie; in-8°, 51 p., 10 pl. Saint-Pétersbourg, 1837. 2° Beitrag zur Kenntniss , etc. (Notice sur les restes orga¬ niques contenus dans les grès cuivreux du versant occidental de l’Oural) ; publié par la Société de minéralogie; in-8°, 38 p., 7 pl. Saint-Pétersbourg, 1838. 3° Zweiter Beitrag , etc. (2e Notice sur la paléontologie de la Russie) (extr. des Actes de la. Société de minéralogie de Saint-Pétersbourg pour les années 1842-1844 , imprimé sépa¬ rément) ; in-8°, 55 p. , 10 pl. Saint-Pétersbourg, 1844. De la part de M. le major d’Ozersky, Geo gnostis cher um- briss, etc. (Esquisse géognostique de la partie N.-O. de TEs- thonie) (extr. des Actes de la Société minér. de Saint-Péters¬ bourg , année 1844) ; in-8°, 62 p., 1 tabl. Saint-Pétersb. 1844. Commission hydrométrique de Lyon. Hauteurs des eaux tombées dans les bassins du Rhône et de la Saône , en septembre et octobre 1845. Comptes-rendus des séances de P Académie des sciences ; 1846 , 1er semestre , t. XXII ; n° 1. 138 SÉANCE DU 12 JANVIER 184(5. L’Institut , 1846, n° 627. / U Echo du monde savant , 1846, 1er semestre, n°* 2 et 3. The A thenæum , 1846, nos 949 et 950. The Mining Journal , 1846, n° 541. Boletin oficial de minas de Espaha , 1845 , 1er sept. , n° 55. Verhandlungen , etc. (Actes de la Société minéralogique im¬ périale de Russie) , années 1842 , 1843 , 1844. M. de Verneuil , chargé par la Société minéralogique impé¬ riale de Saint-Pétersbourg de présenter à la Société géologique de 1 rance les diverses publications dont les titres viennent d’être énumérés, appelle 1 attention de ses collègues sur la direction que semble prendre cette société savante. Il suffit de parcourir ses derniers volumes pour reconnaître qu elle ne borne pas son activité aux études minéralogiques, mais qu elle embrasse aussi les diverses parties de la géologie. Les excellents travaux de MM. Ozersky , Wangenheim von Qualen , Kutorga et de Key- serling, et l’activité de son savant secrétaire, M. Wôrth, pré¬ disent le rôle important qu’elle est appelée à jouer dans le mou¬ vement scientifique qui tend à nous faire connaître en détail la constitution géologique de la Russie. M. de Verneuil annonce aussi la découverte importante que vient de faiie M. Abich d un terrain paléozoïque de grande étendue en Arménie. On sait que M. Abich , professeur à Dor- pat, a été chargé par le gouvernement russe de faire des re¬ cherches géologiques dans les contrées transcaucasiennes. Cet (dé il écrivait au colonel Helmersen qu’il avait trouvé sur le liane septentrional du grand Ararat, prés du monastère de Cos- vtiab, et dans la vallee de 1 Aras, des calcaires anciens avec fossiles tels que Spirifer speciosus , S. ostio/atus , S. apertura- tus, Orthis, Lingula, Catenipora eseharoi.de s , Cyatophylhun flexuosum , Favo sites , etc., etc. D’après une lettre plus ré¬ cente du même savant voyageur, il paraît que ces couches s’é¬ tendent à de grandes distances à l’E. et au N.-E. de l’Ararat. Cette découverte est d’autant plus intéressante que l’existence du terrain paléozoïque était complètement ignorée dans ces ré¬ gions, où 1 on n’admettait jusqu’ici que des dépôts d’âge beau¬ coup plus récent. En attendant que M-Abich nous fasse con¬ naître son opinion sur les relations de ce vaste lambeau paléo- 139 SÉANCE DU 12 JANVIER 18/lG. zoïque , ne pourrait-on pas soupçonner qu’il se rattache aux roches siluriennes qui se montrent au jour sur les pentes de l’ extrémité orientale des Balkans, et qui constituent une partie du Bosphore de Thrace? M. Boubée croit que le diluvium existe en Auvergne, car on trouve dans ce pays des terrains meubles qui renferment les espèces fossiles de ce terrain. M. Pomel répond à M. Boubée que le diluvium n’existe pas en Auvergne, car on ne peut pas lui assimiler les alluvions à débris volcaniques dont l’origine est vers les cimes voisines, et qui ne sont certainement pas le résultat d’une seule inondation. Plusieurs d’entre elles appartiennent d’ailleurs à la période pliocène -, c’est le cas pour les alluvions de Perrier et pour ces dépôts de cailloux quartzeux, sans fragments de trachyte et de basalte , qui gisent sous plusieurs nappes basaltiques ou à la surface du sol. Il est encore moins possible de considérer comme représentant le grand phénomène erratique , sinon synchroni¬ quement peut-être, les attérissements qui ne sont, comme il l’a fait remarquer, que des éboulements des parties abruptes des collines au pied desquelles ils gisent. La faune elle-même ne peut pas caractériser ce même phénomène , mais seulement l’existence de dépôts contemporains ou opérés environ à la même époque. II ajoute qu’on a trop généralisé l’existence du diluvium; car il a remarqué dans d’autres pays que l’Auvergne, dans la vallée de la Moselle par exemple , des dépôts d’alluvions tout-à-fait locaux qu’on avait aussi confondus avec les terrains erratiques. En effet, dans une localité voisine de Metz, où les marnes basiques moyennes sont à découvert , il a remarqué à leur surface un dépôt meuble de 3 à h mètres d’épaisseur qui contenait une immense quantité de bélemnites fragmentaires , mais non roulées, des mêmes espèces que renferment ces marnes. M. de Wegmann communique la note suivante, qui lui est envoyée de Vienne par M. Boué. Sur la structure feuilletée des roches métamorphiques . Si la chaleur longtemps continuée des hauts- fourneaux produit des fendillements assez réguliers dans certaines roches , ou donne 140 SÉANCE MJ l'2 JANVIER 1840. à d’autres une structure feuilletée irrégulière, il n’est pas étonnant de retrouver en grand dans la nature de semblables effets d’une cause analogue bien autrement puissante. Le faux clivage des ar¬ doises en a été jusqu’ici un des exemples les plus patents, et ces derniers ont été trouvés dès longtemps en Écosse, dans le Westmo- reland, en Bretagne, dans les Ardennes, le Frankenwald, etc., etc. 1V1M..L. Elie de Beaumont et Dufrénoy y ont ajouté avec raison cci taines ardoises du système crétacé des Alpes françaises , dans leur dernier bel ouvrage, qui accompagne si dignement la carte géologique de la France. (Voyez vol. 1, p. 262-265.) Plus raiement les ardoises offrent aussi des espèces de retraits prismatiques, ou bien leurs clivages donnent lieu à cette forme r comme c est le cas à Bulaliulish , en Écosse , dans le voisinage de cct énorme entassement de porphyres du pittoresque Glencoe. (Voyez mon Essai sur E Écosse , 1820, p. 78.) D une autie part, un faux clivage semblable s’observe aussi dans certaines grauwaekes, comme dans le pays de Galles septentrional, dans le quartzite et les roches quartzo-talqueuses, ainsi que le talc- schiste. (Voyez Dcsc des Hébrides , par le doct. Macculloch , vol . I, p. 142 et 242, pi. XXII, fig. 6, ou mon Essai sur V Écosse , p. 77, ainsi que 1 Expi. de la carte géologique de la France 1841 vol I p. 63.) Nous croyons même que certains massifs à filons quartzeux ayant été chauffés, il a pu se faire que le quartz de ces derniers s’est di¬ visé en plaques parallèlement aux murs des fentes qui le renfer¬ ment. Si cela a pu être le cas dans certaines occasions, je suis bien loin de méconnaîtrejes autres causes qui ont pu disposer la matière quartzeuse par bandes dans les filons. Le chauffage d’un massif à filons métallifères a pu et dû produire des changements divers dans le contenu des fibres, soit par l’effet même de la cha¬ leur, soit par des actions thermo-électriques ainsi excitées. Cela peut-il expliquer certains filons à peu près stériles, à côté desquels leurs anciens minerais ont été transportés plus tard dans de petites fentes latérales de la roche voisine? Maintenant, tout ceci admis comme des faits, ne pourrait-on pas se demander si les schistes cristallins, les micaschistes, les gneiss, les leptinites , n’ont pas quelquefois pris un faux clivage ou une structure feuilletée diffé¬ rente cle celle que ces roches avaient primitivement comme sédi¬ ments. Le métamorphisme de ces roches a été produit par cer- * taines forces agissant dans certaines directions; la nature de ce s puissances pourrait même rester en dehors de la question. Or ne serai t-d pas possible quelles aient pu donner lieu à des clivages cou- SÉANCE DU 12 JANVIER 18^6. Vil pantplus ou moins les feuillets primitifs, puisqu’il 11e s’agirait que de supposer à ces actions : 1° une certaine direction déterminée, par exemple, qui se manifeste dans certaines expériences électro¬ magnétiques ou électro-chimiques , 2° une intensité ou des cir¬ constances accessoires telles, que l’influence de la structure feuille¬ tée des matières du sédiment devînt très peu sensible, ou s’évanouît tout-à-fait. Si une pareille supposition était permise, ne pourrait- on pas comprendre qu’il peut se former de cette manière, non seu¬ lement des masses à structure feuilletée quelquefois plus ou moins effacée ou indistincte, comme certains leptinites, mais encore des schistes cristallins dénotant par leurs feuillets une stratification et une inclinaison différentes de celles dominant dans un massif ou une chaîne? Ainsi , ne pourrait-on pas employer cette idée pour s’expliquer au moins en partie , si ce n’est pour tous les cas , les irrégularités d’inclinaison et de stratification dans les schistes cris¬ tallins d’une chaîne, tandis que le reste serait l’effet de redresse¬ ments, de glissements et de renversements, suites de soulèvements ou d’affaissements? Que tout ceci soit ou non un rêve, il n’en est pas moins vrai, d’après mes observations, qu’il y aurait des schistes cristallins qui ont en petit une structure feuilletée, surtout au moyen de la disposition régulière de leur mica, et qui, en grand , sont divisés en strates ou couches parallèlement au plan de ces petits feuillets , qu’ils coupent en dernier sous des angles plus ou moins ouverts. De cette manière , certains filons métallifères , ou simplement remplis de matière minérale stérile, peuvent avoir l’air d’être plus ou moins des filons couchés, tandis qu’en réalité leur dépôt ou remplissage a eu lieu primitivement dans des fentes cou- r pant les feuillets de la roche. A la suite de la note qu’il vient de lire, M. de Wegmann dépose sur le bureau le tableau ci-contre, que M. Boué l’a prié également de communiquer à la Société. l/l 2 SÉANCE DU 12 JANVIER 18Z|<3. ESSAI D UN TABLEAU DE LA PRODUCTION MINÉRALE ET ME' "1 Or (1). 1 Argent (2) Cuivre (3) / Etain (4) Mercure. Zino. Plomb. Lilbarge. Fer (5) Cobalt. Antii AUTRICHE . marks marks qtx. qtx. qtx. qtx. qtx. qtx. qtX. qtx. MORAVIE, SILÉSIE. SALZBOURG. . . . 90 270 150 STYRIE . 10 80!) 1000 2000 QO 5 610 TYROL . 40 850 2500 2500 200 O* BOHÊME . CARINTHIE *t CAR- NIOLE . 1LLYRIE { Istiib et Dalmatib ). . . . ROY. VÉNITIEN . • 23000 4000 790 4200 à Idria 1000 Bleibcrg. 4000 6000 Bleiberg et Raibl. 15000 v> o- (t ja c E c H Ou a 100 Joachims. tbal. ROY. de LOMBARDIE. er GALLICIE . 3000 300 800 c U* BUKOWINE. . . . 700 HONGRIE . 2200 68000 42000 SCO 4500 Dobsehau 40 BANNAT . 10 2500 6000 1200 TRANSYLVANIE. . . 3400 5000 1000 40 CROATIE . Total. . . 5750 101120 59650 T90 4240 2200 13100 22500 28, 000000 710 40 * N. B. Cet aperça sur les mines et usines de l’empire d’Autriche a été entrepris à la demande de M. 1 let. Il m’a fallu parcourir divers ouvrages de statistique, tels que ceux de MM. Becher, Springer, LichtensU Tegoborski, etc., ainsi que tirer des données de certains journaux politiques ou industriels Comme je suis livé. par mes recherches, à quelques details de plus que ceux qu’on connaissait, j’ai cru intéressant de et muniquer ce petit travail à la Société géologique de France, tout en déplorant de ne pouvoir en dire dav tage, et üfc'ec plus de certitude. Principales mines . fl) Or. Rauris (Salzbourg), Zell (Zillerthal, Tyrol), Schemnitz, Magmka, Kremnilz en Hongrie. Nagyba {Hongrie orientale). Rezbania (Bannat), Vorospatak, Nagyug (Transylvanie); or alluvial (Marosh Aluta); al vions de la Mur, Sty rie, Bockstein. (2) Argent. Rlausen en Tyrol, Przibram et Joachimsthal (Bohême) , Schemnitz, Sclimollnitz, Goiln Nagybania (Hongrie), Rezbania (Bannat), Kapmk, Felsobanya {Transylvanie), Feistrilz, Taschenthal Styrie. (3) Cuivre. Kizhubel (Tyrol), Agordo (Bellunais), Carpalhes sept-cenlrales, Oravilza, Tschiklova Sacz Maldova et Dognatska (Bannat). (4) Etain. Schlackeuwald (Bohême septentrionale). (5) Fer. Les données sur la production provinciale du fer sont des plus fautives. On ne s’en étonnera pas, apprenant qu’en Bohême et en Hongrie il existe encore, outre la redevance à l’Etat, une dîme seigneuriale p'i certains gîtes : or, comme pour toutes les dîmes de l’Etat ou des seigneurs, elles ne sont pas le dixième ré mais seulement une approximation, donc on ne peut pas apprécier au juste tonte la production annue D’ailleurs, en Hongrie, il paraît que certains propriétaires se refusent net à donner un aperçu de leur prod lion. — De plus, les anciennes données sur la quantité annuelle de fer brut, de fer fondu et d’acier, dans char province, sont toutes inapplicables à l’époque actuelle , ou les chemins de fer, l’accroissement journalier i machines à vapeur, des usines et des fabriques à la mécanique, exige une tout autre échelle de producti annuelle qu’il y a dix ans Cette donnée de 28 millions de quint, peut être trop haute , c’est possible • tout rjue je puis dire , c’est que je la tiens d’un Autrichien très versé dans l’industrie des fers , et ayant les plus grai intérêts à sou état florissant. Beaucoup de nouvelles mines ont été ouvertes, et les anciennes sont exploit avec plus d’ouvriers et des moyens bien autrement puissants que jadis. (6) Houille. On ne peut pas encore séparer la production des houilles de celle des ligniles; cependant , si 1 savait celle de chaque province , un géologue s’y reconnaîtrait bientôt. Plusieurs des observations fuites sur fer s’appliquent à la houille. Il y a là des difficultés résultant de la législation. L’augmentation des exploi tions houillères a dû suivre l’élan de l’industrie; mon chiffre serait-il trop élevé? L’Autriche a des mines de lignite tertiaire et crétacé ainsi que de la houille crétacée (Gresten et Alpes la Moravie et la Silésie d’excellentes houilles, à Oslawon et Ostzon; les houilles de la Rohême sont dans cercle Je Pilsen, ses liguites dans le nord. La Styrie, le Salzbourg et la Carinthie n’ont pas que des ligni SÉANCE DU 12 JANVIER 1846. 143 IIOUE ANNUELLE DE LA MONARCHIE AUTRICHIENNE (*). ic. Manga¬ nèse. Houille (6) et lignite. Sou fi e. Sel [?). Graphite. (8j Alun. Sulfale de fer. Sulfate de cuivre Sul fa te de zinc. Asphalte (9)- IX ) 1 qtx 100 qtx. Lignite cl houille. Houille. Lignite. Lignite, 531,869?“' Houille 5,000000 ?8 9 10 B Grossarl Muhlbaeh. 8000 qtx. 1,2 4000 16 à ! 80000 ! 524000 Maiz. ou 786000 Hall. qlx 2300 2000 300 18000 qtx. 1 1 1 1 qlx. 1 qtx. Muhlbaeh 300 1 1 qtx. Muhlbaeh 200 Seefeld. Lignites. ^ 1 V. Isîrie. Lignites. C Lignites. 5* X Ligniies. h CJi O O O Agordo. Salines d’eau de mer, à Stagno. Sovigniaco, Isirie. 1 fi* O O *0 S’ ST c M % D ■ Vergoratz, Dalmatie, lies Dalmates. Lignites. Swo-zowice 2,100000 O O CT «-5 *1 -Lignites bip. ide localités. Houille, 'Cinq Eglises. ja c# 5* 1,400000 Munkacs. s et Bohême. Houille, O ravilza. Lignites. c * 1,000000 1 1 Ligniies. Rad'boy. ) 100 12,000000 24000 6,700000 23300 24000 42000 4800 200 inconnu. îiaires; les îles Dalmates et l’islrie ont des houilles crétacées ( Albona , Carpona); le royaume Lombardo- nitien des lignites tertiaires; la Gallicie et la Bukowine peu de lignites du mêi uueu ues :,gu.iCO wn.».», .« . . . ~ - lignites du même âge ; la Hongrie et la insylvanie des lignites tertiaires avec des houilles peur-être crétacées à Cinq-Eglises; le Baunut d excellentes tilles, à Steuersdorf , à l’est d’Oravitza; enfin la Croatie et la Dalmatie des lignites tertiaires ainsi que des >ôts d’asphalte (Vergortz , île de Veglia , etc. ). . 7) Sel. Ischel, HulLtadt, Aussee , fournissent 1,234.000; Aussee est annexé ici quoiqu’en Styrie , a cause ^on extrême voisinage des deux autres localités de la Haute- Autriche. lallein (Salzbourg), Admout (Styrie) : cette eau salée donnerait 524,000 melzen ou demi-sacs; Hall noH quantité ignorée. . . . torhuia et Wieliczka (Gallicie) donneraient 1,200,000 quint., et les trente-cinq autres salines de la Gal- tarmàrosch et le comitat de Schwaz , en Hongrie , donneraient l’un 600,000 et l'autre 8,000,000 de quint. .a production du sel est probablement plus grande, car ces dernières ne sont pas très récentes. Le prix de iduclion du sol varie beaucoup d’une localité à l’autre, savoir, de 56 kreutzer à^1 florin 50 kreutzer pour luintal Ainsi le sel en roche de Marmarosch et de la Transylvanie ne coûte que 36 kreutzer, tandis que le retiré des argiles salifères de Hall, en Tyrol , revient à l’Etat 1 florin 30 kreutzer. Le sel se vend a divers x suivant les provinces : ce dernier varie de 6 florins 25 kreutzer a 4 florins le quintal. En Autriche , il . * . . . 1 i i- t _ _ i •*. 1 ^ A ûoiîmo o rlî vprfifls «nmmfis : M. Teffohnrski 8) Graphite. Hafnerzell (Haute-Autriche). I C’est le signe pour les pays où une exploitation a lieu. ... „ , . 9) a Seefeld , en Tyrol , on extrait une espèce de pétrole d’un schiste bitumineux ; on 1 emploie aux usages l’asphalte. Une compagnie pour l’asphalte , le ciment . etc., à Venise, exploite les gîtes dalmates. _,e produit net des mines et usines de la monarchie autrichienne , pour 1 Etat, a i ete estime trop bas par Te^oborski* son critique anonyme lui a fait observer qu’il avait omis la redevance al Etat nommee bergfrohn est-à-dirc l’impôt de la montagne) , le produit du poinçonnage et celui des usines de 1 Etal, ce qui torme- t à son compte trois articles : le premier de 900,000 florins , les autres de 50,000 florins chacun. C est pro- blement par suite de ces observations que l’auteur russe a élevé dans sa seconde édition son premier chiflre 900 000 flot ins à 1 200,000 florins; cependant il paraîtrait que, vers 1 ,500,000 florins , il au» ait plus approche la vérité. On sait qu’en Autriche il y a des mines et des usines exploitées au compte de 1 Etat , et d autres isont la propriété de compagnies, de corporations , de certaines familles . ou d individus , de manière que budget minier pour l’Etat, est bien inférieur à celui qui comprendrait les dépenses et les recettes de la lo- ité des mines et usines de l’empire. De plus, dans les recettes de l’Etat , ne faudrait-il pas aussi tenir nple des déchets occasionnés par des dîmes mal calculées, des redevances peut-etie quelquefois en partie' idées ? l/l/l SÉANCE DU 12 JANVIER 1840. M. Bernard, membre de la Société, demeurant il Nantua, adresse les observations suivantes, auxquelles il a été amené par la lecture du compte-rendu de la réunion extraordinaire de Chambéry. M. Beaudouin a admis en théorie que certaines plantes étaient spéciales é certains terrains qu’elles pouvaient faire re¬ connaître. M. Clément Mullet a cité il l’appui le Galeopsis ochroleucmn comme croissant particuliérement sur les granités d’Autun et ceux de Saint-Etienne-en-Forez. M. Bernard a bien vu aussi cette plante dans cette dernière localité et dans une autre qu’il nomme; mais comme cette plante a été vue et indi¬ quée ailleurs, la preuve qu’on en peut tirer est, suivant lui, sans valeur. Il vaut donc beaucoup mieux dire avec M. Miche¬ lin que les plantes ne sont point limitées à certaines régions géo¬ logiques, mais plutôt qu elles affectionnent certaines zones de hauteur ; ce serait donc plutôt l’altitude qu'il conviendrait d’é¬ tudier que la nature du terrain. M. Yirlet , il l'appui de la théorie de l'habitation des plantes, avait cité Y Arbutus m'a ursi comme paraissant se trouver spé¬ cialement sur la partie dolomitique du Mont-du-Chat, qu’elle aurait alors caractérisée. M. Bernard l'a vu dans divers autres terrains qu'il cite. Ensuite, en ce qui regarde la dolomie, elle est au-dessous du col, tandis que le mamelon sur lequel M. Ber¬ nard a noté l'existence de Y Arbutus m'a ursi serait il 100 mètres au-dessus. L'auteur de la lettre exprime le regret que le compte-rendu ne contienne pas plus de détails sur les diverses dolomies du Mont-du-Chat , car il serait intéressant de savoir s'il n’y a pas fusion entre elles. Il a reconnu que la roche qui est connue à Charrix sous le nom de molasse est une véritable dolomie. Elle est toujours placée dans le système corallien, qui jamais n’est sans elle. Elle en forme la base dans l’arrondissement de Nan¬ tua, où (die repose sur l’Oxford clay, comme on le voit au versant O. du Mont-du-Chat. La dolomie existe, 1° au N.-E. de la ville de Nantua, 2° ù la carrière de Charrix, 3° au Landevron, h° i \ Oyhonex, 5° au Poisat, et enfin au nouveau chemin du lac de Silanz ù Plague. Dans cette localité, M. Bernard , accompagné SÈANCK l)U 1*2 J AM VIKIt 1 S/|(). 1 J\ 5 du M. Roux, géologue de Genève, a pu observer les divers états par lesquels passe la dolomie. Prés la tour de Silanz, route de Lyon ix Genève, elle est sup¬ portée par l’oxford-clay et recouverte par des masses épaisses de calcaire corallien. Elle se trouveà divers états alternant avec le coral rag qui passe au corallien ; ce qui établit donc encore une concordance de position entre cette dolomie et celle du Mont- du-Chat 5 d’où on serait porté ii conclure que les dolomies des terrains jurassiques appartiennent toutes au système corallien. M. Bernard, revenant ensuite aux rapports de la géologie avec l’habitation des plantes, se livre ix diverses considérations basées sur ce qui se pratique dans l’horticulture -, le fait le plus saillant cité par lui est la présence du hêtre sur le terrain du gault à la perte du Rhône, tandis que M. Clément Mullet a remarqué qu’il était très rare sur ce terrain dans le départe¬ ment de l’Aube. Enfin M. Bernard termine sa lettre en émettant le vœu que, cette question du rapport de la géologie avec l’habitation des plantes soit étudiée et approfondie, pour qu’elle fournisse l’ob¬ servation de phénomènes très curieux et contribue à la fois au développement de la géologie et de la physiologie végétale. M. Yiquesnel signale une erreur qui s’est glissée dans l’im¬ pression de sa note sur les filons de basalte du Puy-de-Montau- dou (Voir Bulletin , tom. III, séance du 3 novembre 18A5). Le troisième alinéa , commençant par les mots : Le Puy-de-Mon- taudou, etc., a été placé par mégarde après l’alinéa commen¬ çant par les mots ; . Si l’on parcourt . Il résulte de cette erreur de typographie que les idées ne se présentent pas suivant leur ordre naturel. M. le Secrétaire donne lecture de la note suivante. Observations sur le minerai de fer qui se forme journellement dans les marais et dans les lacs , par M. Daubrée (extrait d’un Mémoire). On sait que; eles dépôts considérables de minerai de fer , de for¬ mation extrêmement récente , s’observent dans diverses contrées basses ou marécageuses de l’Europe. Ce minerai, qui consiste prin- Soc. géol. , 2e série, tome ITI. 4 0 \!\(5 SÉANCE DE 12 JANVIER 18Z|6. cipalement en hydroxyde de fer, se trouve tantôt en suspension dans les eaux de marais et de lacs , tantôt disséminé dans des ter¬ rains sablonneux, et, dans ce dernier cas, il n’est jamais qu’à une très faible profondeur au-dessous de la surface du sol. Selon les circonstances de son gisement, l’oxyde de fer dont il est question a reçu les différents noms de minerai des marais , minerai des lacs, minerai des prairies , minerai des gazons. 11 n’est pas douteux que ces dépôts ferrugineux aient été formés à une époque très récente ; car non seulement ils sont fréquem¬ ment superposés à des graviers et à des sables diluviens , mais ac¬ cidentellement on y rencontre des produits de l’industrie humaine, tels que des outils ou des fragments de poterie, qui sont renfer¬ més dans le minerai massif. D’ailleurs, en diverses localités de la Suède et de l’Allemagne, on a cru reconnaître que du minerai se reproduisait en des points où, antérieurement, on l’avait extrait en totalité. Les régions de l’Europe où le minerai des marais est particuliè¬ rement abondant sont: la Basse-Lusace, la Silésie, la Pologne, la Poméranie , le Mecklembourg , le Bannat, quelques contrées voi¬ sines du Rhin , entre autres la Hollande , le Danemark ; dans l’empire russe, la Livonie, la Courlande , la Finlande , le gouver¬ nement d’Olonetz et les bords du Donetz; enfin un très grand nombre de lacs de la Suède et de la Norvège. Le même minerai a été aussi signalé hors de l’Furope , notamment dans les savanes du nord de l’Amérique, au Connecticut (1), et en Afrique dans les sables du Kordofan (2). Il est exploité dans un grand nombre de lieux pour la fabrication du fer. Le trait le plus essentiel à tous ces dépôts ferrugineux , c’est d’être situés dans le voisinage de cours d’eau, soit dans les plaines où ces cours d’eau prennent des vitesses très faibles et se partagent en flaques marécageuses, soit encore dans les lacs que les rivières alimentent. La première manière d’être, qui est la plus fréquente, s’observe en Allemagne, le long de l’Oder, de l’Elbe, de la Neisse, de la Sprée, etc. Plus d’un millier de lacs de la Suède et de la Nor¬ vège, de la Finlande et du nord de la Russie, fournissent des exem¬ ples de l’autre genre de dépôt. Lorsque ce minerai est enfoui dans le sol, il se trouve rarement au-delà de 1 mètre de profondeur : du gazon , des bruyères , du sable, du limon , ou, très souvent encore, de la tourbe, le recou- 0) Percival , On Connecticut , p. 473. (2) D’après M. Russegger. SÉANCE DU 12 JANVIER 18/|6. I Z| 7 vient ; rarement son épaisseur dépasse 0n,,60 à 1 mètre, et elle est en général beaucoup moindre. Le minerai du fond des lacs est souvent en grains isolés , de forme sphéroïdale, à structure concentrique qui a quelquefois de la ressemblance avec le minerai pisolitique, si' abondant dans la for¬ mation tertiaire. On le rencontre aussi en petits galets plats de 1 centimètre de diamètre. Quoique la précipitation de l’oxyde de fer continue à se faire journellement à la surface des continents avec une abondance telle qu’il en résulte des gîtes exploitables , l’histoire du phénomène n’est pas encore éclaircie. On a d’abord supposé que le minerai pourrait résulter de la décomposition des pyrites de fer , si répan¬ dues dans divers terrains sous l’influence de l’air et de l’eau. On a aussi pensé qu’il pourrait être apporté des profondeurs par des sources minérales gazeuses contenant du fer en dissolution. Depuis que les importantes découvertes de M. Ehrenberg ont montré le rôle important d’organismes microscopiques dans diffé¬ rents terrains, et en particulier depuis que ce savant a signalé dans les marais des pellicules ocreuses , en grande partie formées par l’accumulation des carapaces ferrugineuses du genre Gatllonella, on a supposé que ces animaux pourraient concentrer, sous forme d’a¬ mas puissants, le fer disséminé dans les eaux. Mais l’observation faite par M. Kindler (1) il y a plusieurs années, sur la décoloration des sables ferrugineux par le voisinage de racines d’arbres en pu¬ tréfaction, me paraît, d’après les nombreux faits analogues que j’ai observés dans la plaine du Rhin , être particulièrement essentielle au phénomène en question. Des observations sur la dissolution et la précipitation journalières de l’oxyde de fer dans la nature, que j’ai eu occasion de faire dans la chaîne des Vosges, en Alsace et dans la Lorraine, amènent aux conclusions suivantes : 1° Le peroxyde de fer, mélangé à des terrains peu cohérents qui contiennent des matières végétales en décomposition , est dissous par les eaux météoriques, qui s’y infiltrent, sous l’influence de cer¬ tains produits de la pourriture de ces végétaux, fait que M. Kin¬ dler (2) avait déjà reconnu. La décoloration par des plantes en pu¬ tréfaction s’observe sur de vastes étendues dans la plaine du Rhin et en Lorraine. Une racine située dans l’argile sableuse enlève le fer en général jusqu’à une distance de 1 à 5 centimètres. Si le ter- (1 ) Poggendorf , Annalen der physik und chemie , XXXVII, p. 203. (2) Même Mémoire. 148 SÉANCE DU 1*2 JANVIER 184(5. rain est très perméable, comme le sont les sables, cette dissolution donne plus bas naissance à de nombreuses sources ferrugineuses. Les roches amphiboliques et pyroxéniques amenées à l’état ter¬ reux, et d’autres roches ferrifères, lorsqu elles se trouvent dans les mêmes circonstances que les sables jaunes mentionnés plus haut, se comportent d’une manière semblable. 2° C’est par l’action de l’acide carbonique et de l’acide crénique que le peroxyde de fer, réduit, au moins en partie, à 1 état de pro¬ toxyde par la présence de la matière végétale qui 1 avoisine, parait être amené à un état soluble dans 1 eau. M. Berzelms a\ait déjà signalé comme très probable l'intervention de l’acide crénique dans le phénomène (1). 3° Partout où l’eau de ces sources coule lentement au contact de l’air, elle abandonne, particulièrement pendant l’été, une boue gélatineuse d’un brun noirâtre, qui se compose principalement de protoxyde et de peroxyde de fer combinés avec de l’acide carbo¬ nique , de l’acide crénique et de l’eau. L’oxyde de manganèse y manque rarement, et sa présence est probablement due aux mêmes réactions que celle de l’oxyde de 1er. L’acide carbonique se dégage à mesure que le protoxyde de fer passe à 1 état de peroxyde , et , enfin, après que la substance a été desséchée à la température or¬ dinaire, naturellement ou artificiellement, il n’y reste plus que des traces de cet oxyde. 4° Si le précipité de la source a séjourné quelques jours dans la rigole de la source, il est en outre mélangé de beaucoup de cara¬ paces siliceuses d’infusoires appartenant aux genres Navivula et Gaillonclla , ainsi que de très nombreux filaments d’ Oscillaria. 5° Le dépôt formé aux environs de chaque source est charrie lors des hautes eaux vers tm ruisseau ou vers une rivière du voisi¬ nage; il en est de même de la partie de la combinaison ferrugi¬ neuse qui, n’ayant pas encore été décomposée, est restée en disso¬ lution. Tant que ce ruisseau ou cette rivière coule rapidement, il ne se dépose rien sur son lit ; mais partout où la vitesse de ces cours d’eau est considérablement ralentie, surtout dans les flaques d’eau stagnante qu’ils alimentent non loin de leur lit , l’oxyde tenu en suspension et celui qui est encore en dissolution se précipitent peu à peu ; puis le dépôt, s’infiltrant latéralement dans les sables , va contribuer à l’accroissement de concrétions en forme de veines et de rognons, lesquelles, au bout d’un certain laps de temps, devien¬ nent exploitables comme minerai de fer. fl) Berzélius , Jahresberisht , XVII , p 210. SÉANCE DU 12 JANVIER 18A6. 1Z|9 6° Néanmoins on conçoit que la totalité de l’oxyde de fer trans¬ porté par une rivière ne peut être ainsi fixée le long de ses bords, si ce n’est, peut-être, dans les endroits où, par un renflement con¬ sidérable, elle produit des lacs, comme en Scandinavie ou en Fin¬ lande. L’excédant se rend dans le fleuve voisin , le long duquel le même phénomène se reproduit, lorsque le fleuve alimente des ma¬ rais. Enfin, une dernière fraction est versée à la mer, où cet oxyde de fer va sans doute contribuer à cimenter des dépôts incohérents, comme on l’observe dans d’anciens terrains. 7° La composition clbmique du dépôt des marais est analogue à celle du dépôt des sources ; comme ce dernier , il est mélangé de lits siliceux d’infusoires et de débris d’oscillaires. Il n’y a de différence essentielle que dans la proportion d’acide phosphorique. Cet acide, qui ne se trouve que par trac s dans le dépôt ocreux au moment de sa dernière précipitation, existe en quantité très notable, souvent de 0,005 à 0,01 et au-delà, dans le précipité qui a séjourné dans les marais. Il paraît donc que l’acide phosphorique des corps organisés qui vivent et meurent dans ces eaux, en raison de son affinité bien connue pour le peroxyde de fer, tend sans cesse à s’unir à cette dernière base. L’observation précédente s’accorde bien avec un fait depuis longtemps reconnu dans le gouvernement d’Olonetz, savoir, que le minerai qui se dépose dans les lacs est toujours moins phosphoreux que le minerai des marais (1). 8° Si l’on abandonne à lui-même, sous l’eau, le dépôt des sources ou celui des marais, il se fait une fermentation des parties orga¬ niques, à la suite de laquelle une faible quantité d’oxyde de fer se dissout de nouveau. Une partie de l'oxyde de fer de la liqueur est à l’état de sel organique, l’autre à l’état de carbonate. Cette réac¬ tion vient à l’appui des idées émises plus haut sur la formation des sources ferrugineuses. , 9° Toutes les principales circonstances du gisement habituel du minerai des marais et des lacs paraissent d’accord avec la théorie déduite des observations faites en Alsace et en Lorraine. Ainsi on voit pourquoi le minerai de la première espèce se forme toujours à proximité des cours d’eau , dans les plaines peu incli¬ nées qui sont situées le long des rivières ou vers leur embouchure. On reconnaît aussi pourquoi ces dépôts sont si ordinairement asso¬ ciés à la tourbe dans toutes les contrés du nord de l’Europe , en Allemagne, en Hollande, en Suède , en Norvège et en Finlande: (4) Annuaire des mines de Russie, 4835 , p. 240. 150 SÉANCE I)U 12 JANVIER 1846. C’est que, indépendamment du rôle chimique que les produits de la décomposition des plantes tourbeuses peuvent exercer sur les. sables ferrugineux voisins, une eau peu profonde qui se renouvelle sans cesse, mais avec une vitesse très faible, paraît aussi réaliser la condition la plus essentielle à la formation de la tourbe. 10 Les marais où se développe le minerai de fer sont quelque¬ fois à proximité du terrain ferrugineux, duquel dérive ce mi¬ nerai , comme le long de la Lauter et des ruisseaux voisins , et alors la relation qui les unit est facile à saisir. Mais il n’en est pas toujours ainsi ; d’après ce qui a été exposé, la combinaison ferrugi¬ neuse peut être portée à 80, 200, 400 kilomètres du point de dé¬ part; pour ceux qui n’ont examiné que ce dernier cas, l’origine était plus difficile à saisir. D’ailleurs ce phénomène, comme beau¬ coup d’autres actions chimiques qui ont lieu actuellement à la sur¬ face du globe, se fait avec une extrême lenteur. 11° Le mode de précipitation de l’oxyde de fer qui vient d’être exposé ne paraît pas être exclusivement restreint à l’époque ac¬ tuelle. Les sables et graviers diluviens sont souvent cimentés par des veines ou des rognons ferrugineux dont le dépôt est aujour¬ d’hui tout-à-fait arrêté, et qui sont analogues au minerai des ma¬ rais. Tels sont aussi , peut-être, différents gîtes subordonnés à des sables tertiaires, comme ceux de Courtavon (Haut-Rhin) et ceux des sables des Landes. 11 est, du reste, évident qu’aujourd’hui même la nature se sert de procédés autres que celui qui vient d’être décrit pour former des dépôts ferrugineux. Ainsi, dans la région volcanique del’Lifel, les sources gazeuses de la vallée de Brold apportent le fer à l’état de bicarbonate , d’après M. Biscliof , et le déposent à la surface du sol sous forme de peroxyde mélangé de carbonate. D’autres dé¬ pôts résultent de la décomposition de la pyrite de fer en présence de l’air et de l’eau; tels paraissent être, d’après IVI. l’ingénieur François, les amas ocreux des Pyrénées, qui sont en outre aurifères. Mais parmi les dépôts contemporains de minerai de fer, ceux for¬ més par l’influence de la pourriture végétale dominent beaucoup en Europe par la grande étendue qu’ils occupent; ils sont d’ail¬ leurs à citer comme un des chaînons variés qui lient indirecte¬ ment aux êtres organisés la formation de grandes masses miné¬ rales. M. Virlet rappelle, à l’occasion de la communication de M. Daubrée , que dans sa note sur /es phénomènes de déplace¬ ment moléculaires dans les roches , il a émis aussi l’opinion que SÉANCE DU 12 JANVIER 18/l6. 151 les noyaux ferrugineux, calcaires ou siliceux continuaient pro¬ bablement à se former dans les circonstances convenables } ce qui est d’ailleurs démontré par les douves de tonneaux en par¬ tie calcarifiées des environs d’Autun , et les cherts tuberculeux silicéo-calcaires des terrains d’attérissements les plus récents de l’Auvergne , lesquels offrent quelque ressemblance minéralo¬ gique avec la ménilite (quartz-résinite) des environs de Pa¬ ris, e pour les formes avec certaines masses de silex caverneux ou meulières. Les carriers qui exploitent les pierres meulières ont d’ailleurs l’opinion que cette pierre se reproduit au bout d’un certain temps, et que là où on a déjà exploité, on peut, cent ans après par exemple , recommencer à exploiter de nou¬ veau. Un siècle est peut-être bien peu pour cette reproduction ; mais, quoiqu’il en soit, il ne faut pas toujonrs rejeter comme invraisemblable, ainsi qu’on y est généralement très enclin, l’opinion d’hommes parmi lesquels, malgré leur ignorance, il peut se rencontrer parfois d’excellents observateurs, et qui, se trouvant toute leur vie en présence d’un seul ordre de phéno¬ mènes, sont par cela même appelés à faire des observations qui doivent» nécessairement échapper souvent au naturaliste qui ne voit guère qu’en courant. M. Yirlet ajoute que les habitants des Landes de Bordeaux ont aussi l’opinion que les plaques de fer sableux qu’on rencon¬ tre à la surface ou à une petite profondeur au milieu des sables, se produisent encore aujourd’hui ; que dans le gouvernement d’Olonetz, o à l’on exploite principalement les minerais des lacs et des marais , les ouvriers sont également convaincus qu’ils se reproduisent au bout d’un certain temps. Ces minerais, qu’on divise en minerai à canon et en minerai ordinaire, selon qu’ils sont plus au moins manganésifères ou plus ou moins phospho¬ reux et qu’ils servent à la fabrication des canons ou à celle des projectiles , se trouvent en nids , en nodules aplatis ou bien en grains, à couches concentriques, qui atteignent quelquefois jus¬ qu’à la grosseur d’un œuf de poule. Ils forment par leur réunion des couches parfois continues, mais qui sont généralement peu épaisses (de h à 36 centimètres), au fond des marais et des lacs si nombreux dans cette partie de la Russie. Dans la note précédemment citée ( Bulletin , tome II, 2e sér. , pag. 200), 152 SÉANCE DU 12 JANVIER 1840. M. Virlet a dit aussi « que les phénomènes qui, à diff rentes » époques, ont donné lieu à la formation des sphérosidérites , )> se sont reproduits à des époques très récentes et se conti^ » nuent môme encore aujourd’hui ; car la plupart des minerais » de fer d’alluvion, principalement les limonites en rognons » géodiques, sont certainement dues à un déplacement molécu- » laire semblable. » Des observations attentives faites dans des terrains très récents montrent qu’il s’y forme parfois des noyaux ferrugineux tout-à-fait semblables à ceux qui com¬ posent la plupart de nos minerais d’alluvions géodiques et en grains, et l’on est amené ainsi à admettre que ceux-ci se sont formés postérieurement dans les terrains mêmes qui les ren¬ ferment, et qu’ils peuvent continuer à s’y former. Selon M. Virlet, il n’y a même pas besoin d’admettre, comme il l’a fait d’abord, l’intervention de courants électriques ou de forces analogues 5 car la plupart des terrains, en raison de leur plus ou moins de perméabilité, donnent nécessairement lieu, soit dans les couches d’air, soit dans les couches d’eau qui les pénétrent, a des courants déterminés par la différence de tem¬ pérature à chaque niveau. Ces courants, qui s’opèrent princi¬ palement de haut en bas, pour être très lents, n’en sont pas moins réels, et constituent ce qu’il appelle la zone (les influences météorologiques , qui, suivant la disposition des terrains, leur degré de porosité ou leur état de fissuration et de fendillement , se font ressentir à de plus ou moins grandes profondeurs. On a la preuve de ces influences météorologiques, par exemple, dans les altérations subies par les couches de houilles qui viennent affleurer à la surface du sol -, altérations évidentes, plus ou moins prononcées selon les qualités de la houille, et qui se font quel¬ quefois ressentir jusqu’à 2 ou 300 pieds de profondeur, et même au-delà. C’est ce phénomène, pour lui purement météorolo¬ gique, qui a donné lieu à I opinion généralement reçue que les houilles sont d’autant meilleures qu’on lés extrait à une plus grande profondeur - ce qui n’est vrai, on doit le concevoir, que jusqu’à de certaines limites. Quoi qu’il en soit , M. Virlet pense que les courants dus à la perméabilité des terrains et à la diffé¬ rence dégraduée de la température des fluides dans l’interieur des couches, sullit pour déterminer le transport sur certains 153 SÉANCE DU 12 JANVIER 18Z|G. points des molécules ferrugineuses, calcaires ou siliceuses qui peuvent se trouver en dissolution dans les eaux, et pour conti¬ nuer ainsi les différents phénomènes nodulaires. M. le Secrétaire donne lecture de la note suivante. Examen de charbons produits par voie ignée a V époque houillère et a V époque liasique% par M. A. Daubrée. 1 e terrain houiller de Sarrebrück renferme dans plusieurs lo¬ calités, entre autres près d’Altenkirchen , une substance noire et fibreuse qui a la plus grande analogie avec le charbon résultant de la calcination du bois. La ressemblance est souvent telle qu’on JL pourrait croire que ces produits carbonisés ont été récemment ob¬ tenus, si on les voyait dégagés de leur gangue. Les fragments dont il s’agit se rapportent à deux variétés bien distinctes : les uns sont d’un noir pur, à fibres très fines , et ne dif¬ fèrent dans leurs caractères physiques du charbon de bois tendre que par une très grande friabilité ; ils sont de forme irrégulière et ont des angles vifs et faiblement arrondis. Aucune espèce de tran¬ sition ne s’observe entre ces charbons friables et la houille ou le schiste qui les enveloppe de toutes parts. M. Scliimper, qui a rap¬ porté de ces échantillons d’Altenkirchen , a bien voulu les exami¬ ner au microscope , et il y a clairement reconnu sur les fibres li¬ gneuses les séries de pores circulaires caractéristiques de la famille des conifères. Il est dans la même localité d’autres débris charbonneux qui sont plus tenaces et beaucoup plus denses que le charbon de bois ; leur couleur est d’un noir peu foncé ; à part ces différences , ils se rapprochent du charbon végétal ordinaire , comme les échantillons de la première variété , par une structure ligneuse bien prononcée et par la forme anguleuse de leurs contours, ils sont fortement ag¬ glutinés sous forme d’une brèche très cohérente. Cà et là on ob¬ serve entre les fibres de petits grains de pyrite de fer et des veinules très déliées de houille à cassure brillante. Dans les échantillons que j’ai eu occasion de voir, la dimension linéaire de ces frag¬ ments ne dépasse pas 3 centimètres. Cette variété de charbon lourd , soumise à un examen chimique , m’a donné les résultats suivants. Chauffé dans un tube fermé , il abandonne d’abord une faible quantité d’eau à réaction acide, et, au rouge naissant , des traces fi peine sensibles d’une huile brune à odeur empyreuma tique. Le 154 SÉANCE DU 12 JANVIER 1846. résidu de la calcination devient d’un gris plus foncé et renferme des parties altérables au barreau aimanté , ce qui n’a pas lieu avant la calcination. Par incinération , on obtient un résidu rougeâtre dont le volume est de peu inférieur au volume du charbon employé. Ce charbon ne cède aucune substance soluble à l’eau bouillante, si ce n’est une trace de matière organique. L acide liydrocblorique l’attaque avec un fort dégagement d’a¬ cide carbonique , et dissout de la chaux , du protoxyde de fer, du protoxyde de manganèse et de la magnésie. Le résidu est noir foncé et brûle lentement en laissant des cendres de teinte rosée. Ce même échantillon renferme : Carbone libre . 0,21 Chaux . 0,4 7 Magnésie . (j,08 Oxyde ferreux . 0,4 0 Oxyde manganeux . 0,06 Résidu insoluble dans l’acide hydrochlorique. . 0,07 Acide carbonique, plus une faible quantité d’eau et d’huile volatile ( par différence). . . . 0,34 4,00 Les quatre bases paraissent donc se trouver à l’état de carbonate neutre, et la substance est à considérer comme une matière analogue au charbon de bois qui est mélangée de près de trois fois et demie son poids du carbonate (Ca , M«, Mg, Fe) ë. Jusqu’à présent, j’ai eu trop peu de charbon delà variété friable pour en faire aussi l’analyse quantitative ; j’ai seulement constaté que, chauffé graduellement jusqu’au rouge dans un tube fermé, il abandonne une très petite quantité d'eau à réaction acide, avec ac¬ compagnement d’une faible odeur empyreumatique. Le résidu de cette calcination ne change nullement de forme, même après une chaleur rouge; l’ayant soumis au microscope, j’y ai en effet re¬ trouvé tous les détails de leur structure ligneuse, et jusqu’aux pores circulaires des fibres, qui, malgré leur délicatesse, s’étaient conser¬ vés avec une netteté parfaite. Cette dernière variété a donc tous les caractères du charbon de bois artificiel; quand on la chauffe dans un vase ouvert, elle brûle rapidement avec une vive incandescence, tandis que la combustion de la variété salifère est fort lente et n’a lieu qu avec une incandescence peu prononcée. On voit que ces substances n’ont aucune ressemblance avec les 155 SÉANCE DU 12 JANVIER 18^6. produits de la calcination de la houille ou du lignite que la péné¬ tration des roches ignées dans ces couches de combustible y a fré¬ quemment formées. La structure ligneuse n’a, en effet, été jamais observée dans ces sortes de coke naturel. Elles ne paraissent pas non plus pouvoir résulter de la décom¬ position spontanée de certaines tiges végétales très fibreuses; car si leur origine était une altération analogue à celle qui a transformé les végétaux en houille, au lieu d’avoir la décomposition du char¬ bon de bois, elles auraient à peu près celle de la houille qui les ac¬ compagne. Certains combustibles à structure aciculaire paraissent, il est vrai , être dans ce dernier cas : tel est, par exemple, le li¬ gnite de Lobsann , où l’on rencontre en abondance de longues fibres rectilignes très fragiles, qui proviennent visiblement de l’al¬ tération d’une plante voisine des palmiers. Le tissu cellulaire qui entoure les faisceaux fibreux de cette famille de végétaux a dis¬ paru à peu près entièrement, de sorte que ces faisceaux sont main¬ tenant bien plus apparents que dans les tiges vivantes. Mais ces masses sont bien différentes des charbons du pays de Sarrebrück: au lieu d’avoir des contours bien arrêtés, elles forment une transi¬ tion au lignite; les détails de la structure ligneuse ne sont plus re¬ connaissables dans ces fibres , dont la cassure compacte est iden¬ tique avec celle du lignite ; elles en ont aussi la composition chimique, de sorte qu’elles ne sont autre chose qu’une variété de lignite fibreux. Au contraire, les fragments de charbon de Sarrebrück rappel¬ lent tout-à-fait par leurs contours la forme de menus débris de charbon végétal , substance qui se brise avec bien plus de faci¬ lité, et par suite sous une autre forme que le bois. Les pores mi¬ croscopiques s’y sont conservés , comme il arrive aussi dans cer¬ tains charbons de bois que l’on obtient journellement, et c’est sans doute parce que les anciens résidus de carbonisation n’ont pas subi de transformation chimique ultérieure que les détails les plus dé¬ licats de leur structure ont été nettement conservés jusqu’aujour¬ d’hui. Ainsi, par leurs caractères physiques comme par leur com¬ position, les fragments charbonneux d’Altenkirchen ont la plus grande ressemblance avec du charbon de bois produit par voie ignée , tandis qu’ils s’éloignent des houilles et des anthracites par leur proportion de matières volatiles et par leur tissu ligneux, qui est inaltérable par la chaleur. La proportion de cendres varie dans les deux variétés de char¬ bon, depuis des traces jusqu’à environ 70 p. 100. 11 est donc extrê¬ mement probable que les carbonates, bien que très prédominants 156 SÉANCE DU 12 JANVIER 18/l6. dans certains échantillons , ne s’y trouvent qu’à l’état de mélange accidentel. Or, les quatre carbonates sont assez abondants dans la formation houillère de Sarrebrück ; le sphérosidérite , sous forme de rognons, y constitue des assises nombreuses, et la chaux carbo- natée magnésifère (Braunspath) y a été signalée comme fréquente par M. Steininger (1). C’est donc aux eaux ambiantes que ces charbons paraissent avoir enlevé les sels dont ils sont quelquefois imprégnés. La propriété absorbante de la substance, qui a pu en fixer environ trois fois son poids de sels étrangers sans changer de forme , confirme encore dans la supposition qu’elle n’est autre chose que du charbon produit par la chaleur. La variété de combustible désignée sous le nom à! anthracite fibreuse, de charbon fossih , ou , en allemand , mineralische holtz- kohle (2), qui a été rencontrée dans les terrains houillers de la Saxe, de la Bohême, de la Silésie, de laThuringe, de l’Angleterre et des environs de Valenciennes, me paraît, d’après la description, se rap¬ procher beaucoup des charbons du pays de Sarrebrück , et alors elle a probablement une origine semblable : cependant elles ont été ordinairement considérées jusqu’ici comme des résidus de transfor¬ mation de végétaux fibreux (3). J’ai aussi trouve de véritables char¬ bons dans les schistes bitumineux de la houillère de Lalaye (Bas-Rhin). Des échantillons du grès liasique de Hoer , en Scanie , qui sont liches en empreintes de plantes, contiennent aussi des fragments anguleux de charbon noir qui, par l’aspect, par la consistance et par la manière dont il se comporte au feu , est identique avec le char¬ bon de bois. Le résidu de la combustion de ce charbon ne renferme que des traces de sels solubles. Mais ce qu’il y a de remarquable, c est que sa cendre, dont j’ai fait l’examen au microscope, consiste en quartz hyalin sous forme de petits cristaux en forme de prisme hexagonal terminé à chacune de ses extrémités par un pointe- ment hexagonal ; ces cristaux sont tout aussi nets que ceux de Saint- Jacques de Compostelle, si connus des minéralogistes. Ainsi , de même que les carbonates de fer, de manganèse, de chaux, de ma¬ gnésie, ont pénétré les charbons de Sarrebrück, de même les char¬ bons de Hoer ont absorbé une dissolution silicique dont la silice s’est séparée en cristallisant. (1) Steininger, Geognostisclie Beschreibung des Landes zwischen der untern Saar und dern Rhein , p. 72. (2) Beudant , Traité de minéralogie , t. II , p. 265. (3) Leon h a rd , Naturgeschichte der Erde, t. II , p. 346, SÉANCE DU 12 JANVIER 184b. 157 On possède donc des preuves certaines d’incendies qui auraient carbonisé certains massifs d’arbres des forets houillères et d’autres époques géologiques. 31 serait difficile de préciser la cause de tels incendies, d’après ce qui se passe de nos jours. On peut l’attribuer soit à l’action de la foudre, qui ne se borne pas toujours à déchirer, mais qui carbonise aussi quelquefois les arbres résineux , soit à des éruptions de roches ignées. Yoici un exemple tout réceht d’un incendie vraisemblablement analogue à quelques uns de ceux dont il nous reste des traces. Au commencement de juillet 1844 , la foudre frappa, près de Saint- Léon (Landes), un vieux pin, qui s’enflamma et communiqua le feu à un pignadoo composé de pins d’une vingtaine d’années. L’in¬ cendie s’étendit avec une rapidité telle , que , malgré les prompts secours apportés par les populations de cinq ou six communes voi¬ sines, il fallut abandonner aux flammes 100 hectares de vieux pins; une large tranchée faite dans ce vieux pignadoo a pu seule arrêter le feu. M. Pomel dit que l’existence des charbons fibreux au milieu même des houilles les mieux caractérisées n’est pas compatible avec l’idée d’une action ignée qui les aurait ainsi fait passer en vase clos à l’état de charbon de bois semblable à celui que nous préparons, sans agir sur la houille environnante-, d’un autre côté , il faudrait supposer de trop grands embrasements pour la quantité souvent considérable des charbons fibreux dans certaines mines. Il croit que c’est un mode particulier de con¬ servation de certaines espèces végétales qui , par leur organisa¬ tion, ont favorisé surtout la production de ce phénomène. Il s’appuie sur l’existence constante de fibres ponctuées dans ces charbons et sur ce qu’on n’a jamais cité de vaisseaux scalari¬ formes : or, les premiers appartiennent en propre aux conifères dont le bois est assez dur, serré, résineux et peu décompo- sable par macération. Les autres, au contraire, sont propres aux lycopodiacées , aux sigillariées, calamitées et cycadées , végétaux dont le tissu ligneux est lâche, et qui renferment une grande quantité de tissu cellulaire -, ce sont donc des plantes promptement altérables par leur séjour dans l’eau. Or, les re¬ cherches botaniques ont démontré que la flore des houillères , à l’exception des fougères, était presque entièrement composée de ces dernières familles -, tandis qu’au contraire les conilères 158 SÉANCE DU 19 JANVIER 1 8 Z| (5 . étaient très rares dans ces mêmes terrains, soit à l’état de bois pétrifié, soit 5 l’état d’empreintes de rameaux avec leurs feuilles. Delà la rareté de ces charbons fibreux, qui sont les parties échap¬ pées à la macération, mais déjà brisées par un commencement de décomposition. La houille ordinaire est au contraire compo¬ sée de débris entièrement détruits par la macération , qui au¬ ront appartenu aux cycadées et aux fougères. Dans certaines cir¬ constances, les charbons fibreux se sont silicifiés; dans d’autres, le bois est passé à l’état de charbon ordinaire, modification sou¬ vent imprimée de nos jours aux tissus ligneux par l’enfouisse¬ ment dans des circonstances favorables. M. d’Omalius fait remarquer que ce phénomène est commun dans le Hainaut et le pays de Liège, et M. Yirlet dit qu’on l’ob¬ serve aussi dans les houillères de Saône-et-Loire et de Saint- r Etienne -, il est rare de trouver dans les premières un gros mor¬ ceau de charbon sans y rencontrer une ou deux de ces zones charbonneuses intercalées , qui donnent souvent à la masse une structure schistoïde. Il semblerait que les débris charbonneux forment une brèche, comme pourraient le faire les fragments brisés qu’on trouve sur les charbonnières. M. Pomel dit que le bois actuel qui reste longtemps dans la vase perd son huile. M. Boubée fait observer que les grands châtaigniers du lac de 1 Ours, dans les Pyrénées, sont devenus d’un noir ressemblant à l’ébène. M. Bozet, dans sa description du bassin du Bas-Boulonnais , a déjà noté du charbon qui ressemblait à de la braise. Séance du 19 janvier 1846. PRÉSIDENCE DE M. DE VERNEUIL. M. Le Blanc, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce quatre présentations. SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. 159 DONS FAITS A LA -SOCIÉTÉ . La Société reçoit : De la part de M/le Dr J. Lavalle, 1° Thèse pour le doctorat, ès-sciences , soutenue devant la Faculté de Dijon , le 29 décembre 1845, sur l'env Joppe cutieulaire des végétaux ; in-4°, 27 pag., 2 pl. Dijon , 1845. 2° Autre thèse soutenue le meme jour devant la même Fa¬ culté, sur le calorique considéré comme agent de métamorphisme dans les roches ; in-8°, 19 p. Dijon, 1845. De la part de M. le duc Maximilien de Leuchtenberg, Beschreibung , etc. ( Description de quelques nouveaux fossiles du monde primitif du calcaire silurien de Zarskoje-Selo) -, petit in-f°, 26 p., 2 pl. Saint-Pétersbourg, 1843. Comptes-rendus des séances de l' Académie des sciences , 1846, 1er sem., t. XXII, n° 2. Bulletin de la Société de géographie , 3e série, t. IV, n° 22, octobre 1845. L'Institut , 1846, n° 628. f L'Echo du monde savant , 1846, 1er sem., nos 4 et 5. Le Mémorial encyclopédique , décembre 1845. The Mining Journal , 1846, n° 542. M. de Yerneuil, en présentant de la part de l’auteur l’ouvrage ci-dessus indiqué de S. A. I. le duc de Leuchtenberg sur les fossiles des environs de Saint-Pétersbourg, entre dans quelques détails sur les espèces nouvelles qui y sont décrites, appuie sur l’importance de quelques unes relativement à l’âge que M. Murchison et lui ont assigné aux dépôts qui les contiennent , et saisit cette occasion pour exprimer sa vive satisfaction de voir un prince si distingué prendre place dans les rangs de la Société géologique et s’associer à ses nobles efforts. M. le duc de Leuchtenberg sera remercié pour son ouvrage par le Président. M. le Vice-Secrétaire donne lecture de l’extrait suivant d’une lettre adressée le 7 janvier 1846 à M. le Président par M. Mauduyt, conservateur du Cabinet d’histoire naturelle de Poitiers. 160 SÉANCE DU 19 JANVIER 18/|6. Monsieur le Président , Au moment où des projets de chemin de fer pour toute ht France sont en voie d’exécution , je crois que la Société ferait une chose utile à la science si elle intervenait près de M. le ministre des travaux publics , afin qu’un géologue pris dans son sein fut chargé par lui de suivre les travaux qui vont mettre à nu des formations inconnues ou à peine soupçonnées , de les étudier, tant sous le rapport géologique que dans l’intérêt des arts et de l’agriculture , et d’en recueillir les roches et fossiles , qui seraient collectés en triple , et dont l’une des collections serait ensuite déposée au ministère des travaux publics , une autre à la Société, et la troisième au chef-lieu du département dans lequel elle aurait été formée , accompagnée de tous les renseignements propres à la rendre utile et à la mettre à même d’être facile à étudier. Compte dea recettes et (les dépenses exécutées pendant V année 18A5 pour la Société géologique de France , présenté parM. Auguste Viquesnel, trésorier. RECETTE. DÉSIGNATION • ■J. "3 des «5 NATURE DES RECETTES. rhapilres de la recelte. u» Z § I. Produits ordinaires | des réceptions. . ' § 2. Produits eslraord. ’ des réceptions. . 1 1 2 3 5 6 I de l’année courante. . Cotisations < des années précédentes. | ( de l’année 1846. . . . Cotisations une fois payées . § 3. Publications. . . . < § 4- Rentrées diverses . . 7 > Vente s de Mémoires . 8 r 9 10 11 12 ^13 1 (de caries coloriées . Arrérages des Rentes sur l'Etat. . . . Arrérages des Bons du Trésor . Encaissement d’un Bon du Trésor. . 1 Remboursement de frais de mandats. § 5. Solde du compte précédent . 14 Totaux. . . . Reliquat en caisse au 31 dècemb. 1844. Totaux de la recette et du reliquat en caisse . Il ECET TES prévue*» au budget. RECETTES effectuées. 3 :*5 B a te O 3 *3 3 500 B 780 B 280 B B B 10.000 B 9,635 B B B 365 » 1,000 ■ 958 B B » 42 » 500 ■ 600 B 100 » B B 2.400 B 3,600 B 1,200 B B B 400 » 911 B 511 B B B 400 B 367 B B B 33 B 30 B 22 B B » 8 B 1,259 B 1,345 B 86 B B B 80 B 80 B B B B B » » 1.000 » 1.030 B B B 100 B 201 05 101 0) a B 25 » 59 60 34 60 B B 16,694 B 19.558 65 3312 65 448 B 758 25 758 25 17,452 25 20,316 90 SÉANCE DU 19 JANVIER 18/j6. 161 COMPARAISON. La Recolle effectuée s’élève à . 20,3 iG 90 La Recolle présumée élail de . 17,452 25 - - — - w - - L’excédant de la Recelte réelle monle à . 2,864 65 DÉPENSE. DÉSIGNATION * OJ nature des dépenses. L DÉPENDS 0 O de* « prévues I 3 C chapitres de la dépense. *■0 au budget. effectuées. S te g 0 3 e Z 1 \ [ son traitement . 1,800 » 1,800 B B D B n \ 2 > Agent < travaux auxiliaires . 300 B 300 n 0 B B §1. Personnel . ( 3 1 t gratifie, au dernier agent. . 300 » 300 0 » B B M 1 4 5 Garçon de bureau j Ses > ( gratification . . 800 » » B 800 100 20 B 100 20 n B B B B §2. Frais de logement. '5 Loyer, contributions et assurances.. Chauffage et éclairage . 1,100 400 B fi 1,183 378 05 85 86 B 05 B B 21 » 15 8 Dépenses diverses . 200 » 349 B 149 B B B §3. Frais de bureau. . , 9 Ports de lettres . 450 B 426 50 D B 23 50 10 Impressions, lithographies, avis et cir- » - ciliaires . 200 n 439 40 239 40 B » § 4. Encaissements. . . j 11 Change et retour de mandats .... 300 > 163 83 B B 136 15 12 Mobilier . . 100 » 68 30 B B 31 70 §5. Matériel . \ 13 Bibliothèque . 400 » 358 45 B B 41 55 14 Collections . 100 » 7 60 B B 92 40 1 15 1 impression, planches, pa 5,500 6,487 35 i 16 i Bulletin < pier, etc . B 967 35 B » \ f affranchissement . 1,200 B 1,212 55 12 55 W U § 6. Publications. • • •< 17 > / achat d’exemplaires. . . » » 111 B 111 B B B 18 ,, , . 1 indemnités et dépenses / Mémoire, j sllpf)K,mentai.es. . . . 1,400 B 1,170 » » n 230 » . \ 19 1 f menus frais . 50 B 41 70 )) B 8 30 §7. Placement de capi-\ 20 Achats de renies sur l’Etat . 2,400 B 3,5C9 60 1,169 <0 n B Achat de Bons du Tri sur . 200 B » B B B 200 B §8. Dépenses inipiév. . 22 Avances de fonds remboursées. . . . 100 » 108 25 8 25 B B O - - - - 17,300 B 19,358 65 2,843 40 784 75 COMPARAISON. La Dépense effectuée s’élève à . . 19,358 65 La Dépense présumée était de.. . . iy,3oo » L’excédant de la Dépense réelle monte à. 2,o58 65 RÉSULTAT GÉNÉRAL ET SITUATION AU 31 DÉCEMBRE 1845. La Recette totale étant de . 20, 5 16 90 Et la Dépense totale de . . 19,558 65 11 reste en caisse audit jour . 968 25 Soc. gèol. , 2e série, tome III 162 SÉANCE DU 19 JANVIER 18/j6. MOUVEMENT DES COTISATIONS UNE FOIS PAYEES ET DES PLACE¬ MENTS DE CAPITAUX. I ! antérieurement à i8/j5. .. pendant l’année i8/(5 . Totaux . Legs Roberton . . . . Total des capitaux encaissés. TRACEMENTS EN ACHATS DE RENTES 5 o/ü. 1,259 fr. de renies achetées anté¬ rieurement à i845 . . . . i48 fr. de rentes achetées pendant l'année i845 . . NOMBRE DES COTISATIONS. YALECRS. 56 fr. l6,8oO €• » 12 5,6oO » 68 60 O c 0 » 1 2,600 » -T 00,000 fr. 29,402 t. 5o > > 53,002 r» 3,569 60 1,407 fr. de rentes. — Excédant de la dépense sur 9 la recette . . 2 10 MOUVEMENT DES ENTRÉES ET DES SORTIES DES MEMBRES. Au 31 août 1844, les membres maintenus sur les listes officielles comme devant contribuer aux dépenses de 1844 s’élevaient au nombre de . 434 Les réceptions, de septembre 1844 à septembre 1845, sont montées à . . 69 A déduire : les décès , démissions et radiations. . 32 Total des membres qui contribuent aux dépenses de 1 845. 471 De septembre dernier au 31 décembre 1845, les récep¬ tions montent à . 20 Les décès et les démissions de membres qui ont payé la cotisation de 1845 montent à . 16 Total des membres maintenus sur les listes au 31 décembre 1845 . 475 Ainsi l’accroissement du nombre des membres, de septembre 1844 au 31 décembre 1845 , est de 41 SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. 1(33 M. Clément Mullet lit le rapport suivant : [{apport sur la gestion du Trésorier pendant l’année 18/|5 . Organe de la Commission chargée de vérifier les comptes de notre trésorier pendant l’année 1845, je vais avoir l’honneur de vous présenter le résultat de son examen. RECETTES. Art. 1er. Droits d’entrée 780 fr.-, ils présentent une augmenta¬ tion de 280 fr. sur les prévisions. Cette augmentation est amenée par le grand nombre des réceptions faites en 1844 et 1845. Cotisations. Cet objet, qui se subdivise en trois articles, était prévu au budget pour 11,500 fr. Il a éprouvé un affai¬ blissement de 307 fr. -, d’abord par le retard dans l’envoi de cotisations qui ont été payées pendant le cours de janvier 1846 -, en second lieu par le rachat de cotisations annuelles, qui, au lieu de s’arrêter au nombre de huit, comme on l’avait prévu au budget , s’est élevé à douze -, il en résulte nécessairement une diminution dans les cotisations annuelles. * Art. 5. Cotisations une fois payées. Cet article, prévu pour 2,400 fr., s’est accru de 1,200 fr. pour les causes qui viennent d’être énoncées. Art. 6. Vente de Bulletins-, augmentation 511 fr., causée par la quantité jusqu’alors inusitée de dix-huit abonnements -, ce qui prouve, messieurs, les progrès de la science, et com¬ bien nos publications sont appréciées. Art. 7. Nous lisons que les recettes effectuées par la vente de Mémoires s’élèvent à 367 fr. , ce qui établit une différence en moins de 33 fr. Voilà qui est bien vrai pour la comptabilité et le mouvement des fonds -, mais en réalité la vente de Mé¬ moires s’est élevée à 509 fr. 50 cent. , sur lesquels ont été reçus 367 fr., de telle sorte qu’il est encore dû 142 fr. 50 cent., dont le remboursement est certain et infaillible. ï! serait à désirer que, pour éviter à la Société une avance de fonds dont le recouvrement éprouve toujours quelque difficulté , et pour simplifier la marche de la comptabilité, les membres 164 SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. de !a Société qui veulent se procurer les Mémoires les fissent prendre à la Société par l’intermédiaire d’un libraire chargé d’en acquitter la valeur, conformément aux décisions du Conseil -, ils pourraient même y trouver l’avantage d’un envoi plus prompt. On y gagnerait des deux côtés. Art. 8. Les ventes de cartes coloriées offrent trop peu d’ in¬ térêt pour nous y arrêter. Art. 9. Les arrérages de rentes sur l’État éprouvent une augmentation qui est toujours la conséquence de l’accroissement du nombre des membres à vie *, nous y reviendrons en parlant r de l’achat de rentes sur l’Etat. Art. 10. Le placement de 3,000 fr. en bons du Trésor & pro¬ duit un intérêt de 80 fr. Art. 11. Encaissement d’un bon du Trésor. Cet article a pour objet le remboursement d’une somme de 1,000 fr. que le tré¬ sorier a été forcé de retirer sur les 3,000 fr. mis en réserve, pour faire face aux dépenses que nécessitera le compte-rendu, par M. d’Archiac, des progrès delà géologie. Les frais relatifs aux publications ont dépassé les évaluations du budget, comme nous le verrons plus bas ; mais cette augmentation de dé¬ pense a été couverte sans difficulté , grâce à la sage pré¬ voyance de noire trésorier. Art. 12. Recettes imprévues. Se composent du rembourse¬ ment d’avances faites par la Société en 1844, pour port de di¬ vers ouvrages , et dans lesquelles elle est rentrée. Art. J 3. Le remboursement de frais de mandats a éprouvé une augmentation de 3Zi fr. 60 cent., sur laquelle nous revien¬ drons à l’art. 11 de la dépense. En résumé , les augmentations importantes de la recette portent sur les droits d’entrée, les cotisations de membres â vie, la vente de Bulletins et les recettes imprévues. Les dimi¬ nutions importantes regardent les cotisations annuelles. L’ex¬ cédant de la recette sur les sommes admises au budget des recettes s’élève à 2,864 fr. 65 c. Si nous déduisons les 1,000 fr. provenant du remboursement fait aux dépens du fonds de réserve , l’excédant réel sera de 1,864 fr. 65 c. SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. 165 DÉPENSES. Les articles 1 , 2, 3, 4, 5, ayant pour objet le traitement île l’agent, les travaux auxiliaires, le garçon de bureau, etc., ne sont susceptibles d’aucune observation. Nous passerions aussi sous silence l’art. 6, qui regarde le loyer, si ce n’était pour dire que le bail de notre appartement a été renouvelé pour neuf années, avec une augmentation qui a commencé 4 se faire sentir cette année. Art. 7. Chauffage et éclairage. Il présente un chiffre encore assez élevé à cause de la rigueur de l’hiver de 1845 : cependant il présente une diminution, faible il est vrai, mais réelle. Art. 8. Les dépenses diverses , prévues pour 200 fr. , présen¬ tent l’augmentation, énorme relativement, de 149 fr. Vous ne critiquerez pas les dépenses qui en sont l’objet, quand vous saurez qu’elles portent sur l’achat de diverses parties du mobilier, telles que portefeuille pour le garçon de bureau, timbre sec, timbre humide , registres et autres dépenses diverses indispen¬ sables qui ne se renouvelleront pas de longtemps. Art. 9. Ports de lettres. Présentent une diminution de 23 fr. 50 cent, sur les prévisions du budget-, mais l’article ne s’élève pas moins à la somme énorme de 426 fr. 50 cent. Il doit à l’avenir présenter un chiffre bien moins élevé, grâce à la mesure que vient d’adopter le conseil, et qui consiste à laisser partir sans affranchissement les lettres d’avis des nominations et les diplômes. Il serait encore à désirer, dans l’intérêt de nos finances , que ceux des membres qui correspondent avec la Société voulussent bien affranchir leurs lettres -, ce serait pour eux une faible charge , mais qui, en se multipliant, devient onéreuse pour la Société , et la prive de ressources qu’elle em¬ ploierait utilement à ses publications. Art. 10. Impressions, lithographies, avis, circulaires, e.c. Cet article, prévu pour 200 fr. , s’élève à 439 fr. 40 cent. ; augmentation, 239 fr. 40 cent. Un mot d’explication là-dessus est nécessaire. La multiplicité de la correspondance financière , qui va toujours croissant , entraînait le trésorier dans des écri¬ tures très multipliées auxquelles il avait peine à suffire; dans 166 SÉANCE DE 19 JANVIER 18/l6. ii a fait imprimer deux séries de circulaires qui ont grossi la dépense-, mais leur utilité justifie l’opération. Art. 11. Change et retour de mandats. Cet article, prévu pour une somme de 300 fr. , s’est abaissé à 163 fr. 85 cent. -, bénéfice, 136 fr. 15 cent. , par suite de la mesure, qu’on peut appeler heureuse, adoptée par notre trésorier. Cette mesure consiste à obtenir que divers membres veuillent bien se charger de l’encaissement des mandats ou de la perception des cotisa¬ tions, soit dans les villes qu’ils habitent, soit même dans les villes voisines. On comprend combien par là les opérations doivent être simplifiées, et combien aussi les frais doivent être diminués, car ils se réduisent aux simples frais de corres¬ pondance. L’économie se trouve encore augmentée de 59 f. 60c. obtenue pour remboursement de frais de mandats, comme on le voit à fart. 13 de la recette, de sorte que la dépense réelle s’élève seulement à 10Û fr. 25 cent. Ce qui relève encore le mérite de cette économie , c’est qu’elle a eu lieu malgré l’ac¬ croissement du nombre des membres de la Société , surtout à l’étranger. Art. 12, 13, 1 h. Mobilier, bibliothèque et collections. Les sommes prévues pour ces trois articles formaient un total de 600 fr. La dépense effectuée s’élève à A3A fr. 35 cent.- diminu¬ tion, 165 fr. 65 cent. Sur cette somme, 92 fr. AO cent, sont applicables aux collections et Al fr. 55 cent, à la bibliothèque. Cette économie a été faite, afin qu’on pût la reporter au crédit du Bulletin, et faire brocher les feuilles de la première série. Art. 15. Impression du Bulletin. Nous voyons cet article grossi de 967 fr. 35 cent. L’explication de cette augmentation se trouve dans le développement extraordinaire du procès-verbal de la réunion de Chambéry, une des plus solennelles et des plus remarquables que nous ayons eues. Une autre cause d’augmentation, est le brochage des tomes I à XIII de la première série , s’élevant à la quantité de sept cent cinq volumes, opération que nous avons indiquée en parlant de la bibliothèque. Le perfectionnement et la multiplicité des planches a aussi causé un surcroît considérable de dépense qu’il faudra éviter à l’avenir. SÉANCE LU 19 JANVIER 18/iO. 167 Art. 16. L’affranchissement du Bulletin n’a éprouvé qu’une augmentation trop faible pour que nous puissions nous y arrêter. Art. 17. L’achat de Mémoires figure pour une somme de 111 fr. -, mais ce n’est qu’une avance de fonds , dans laquelle rentrera la Société, qui ne fait ici qu’un acte d’obligeance. Ici nous répéterons le vœu que nous avons émis plus haut , que les membres qui désirent acheter les Mémoires aient soin d’en acquitter la valeur au comptant , conformément aux décisions du Conseil. Art. 18. Indemnités relatives aux Mémoires. Cet article comprend 1,170 fr. faisant le solde de l’indemnité allouée par le Conseil en 18/i2 à l’éditeur de nos Mémoires, qui n’a réclamé que vers la fin de lSàh son solde, qu’il n’a reçu qu’en 18/15. Art. 19. Menus frais relatifs aux Mémoires-, cet article de il fr. 70 cent, est sans importance. Art. 20. Les achats de rentes sur l’État , prévus pour 2,i00fr., s’élèvent à 3,569 fr. 60 c. par suite du rachat de douze cotisations, au lieu de huit qui avaient été prévues au budget. Cet accroissement est notable et témoigne de la prospérité de notre Société. Art. 21. Achats de bons du Trésor. Cet article, prévu pour 200 fr. , n’a pu se réaliser par le motif que nous avons signalé plus haut de dépenses extraordinaires amenées par le dévelop¬ pement inusité du procès-verbal de la réunion de Chambéry et par la multiplicité des planches. Art. 22. Les dépenses imprévues comprenant des avances de fonds faites par la Société, et dans lesquelles elle est rentrée pour la plus grande partie, comme on peut le voir à l’art. 12 de la recette. En résumé, les augmentations importantes de la dépense pèsent sur le Bulletin et sur l’achat de rentes sur l’État. Les diminutions importantes s’appliquent à l’encaissement des man¬ dats, aux indemnités relatives aux Mémoires et aux achats de bons du Trésor. L’excîdant de dépenses sur les sommes admises au budget des dépenses s’élève à 2,058 fr. 65 cent. 108 ' SÉANCE DU 19 JANVIER 18/|<3 . . BALANCE OU RÉSULTAT DÉFINITIF. La recette totale s’est élevée en 1845 à . . 20,31 6 f. 90c. La dépense à . 19,358 f. 65c. Différence ou solde en caisse au 1er janvier 958 f. 25 c. Ainsi , messieurs , l’état financier actif de la Société se com¬ pose : 1° de 1,407 fr. de rentes sur l’État, 5 p. 6/0 , achetées à différents cours et formant un capital de 33,002 f. 10c. 2° de 2,000 fr. placés en un bon du Trésor 2,000 f. Total , non compris le mobilier, la biblio¬ thèque et les collections . . 35,002 f. 10 c. Le nombre des membres est de 475. Ce nombre est devenu rigoureusement exact par suite du travail statistique auquel s est livré notre trésorier, et la mesure prise récemment par le conseil contre les membres retardataires. Les communications , les mémoires et les travaux scientifiques deviennent chaque année plus abondants. Livrons-nous donc à la confiance que la Société géologique de France, bien dirigée et sagement admi¬ nistrée, contribuera de plus en plus aux progrès et à la diffusion des sciences géologiques, noble but que se sont proposé ses fondateurs en l’instituant. La commission vous propose donc, messieurs, d’approuver purement et simplement les comptes de votre trésorier sortant , de le déclarer quitte et déchargé de la responsabilité de sa gestion , sauf la justification de la remise de l’encaisse à son successeur. La Commission vous propose aussi , messieurs , de voter à M. Viquesnel , trésorier sortant, des remerciements à raison de sa bonne gestion, et de l’ordre constant qu’il a su maintenir dans le maniement de nos finances. Walferdin, G. Delafosse. J. -J. Clément-Mullet, rapporteur. SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. 169 Le Secrétaire donne lecture de la communication suivante de M. Daubrée: Police sur une zone d'amas ferrugineux places le long de failles a la jonction du grès des Vosges et du muschelkalk , dans le Bas-Rhin , par M. A. Daubrée. . ✓ Les couches horizontales de grès cpii constituent la région sep¬ tentrionale de la chaîne des Vosges sont coupées vers la plaine du Rhin par une faille à laquelle est ordinairement adossé le trias , et quelquefois le terrain jurassique. Cette falaise orientale de la chaîne des Vosges, rectiligne sur une partie de son étendue, subit une inflexion remarquable entre Niederbronn et Wissembourg. Le plateau élevé de grès des Vosges est profondément écliancré suivant une sorte de golfe qui est la vallée de Lembach. Une crête du même grès, de 15 kilomètres de longueur, désignée quelquefois sous le nom de crête du Liebfra uen b erg ou du Pigeonnier , ferme le golfe vers le S.-E, La forme initiale du soulèvement du grès vosgien se dessine ici d’une manière non moins tranchée que dans les parties rectilignes , parce que les dépôts triasiques et tertiaires qui y sont adossés occupent un niveau moins élevé de 100 mètres que le grès. C’est autour de ce promontoire du Liebfrauenberg qu’est placée une zone de dépôts de minerai de fer peu importants pour l’ex¬ ploitation , mais dont les caractères géognostiques présentent de l’intérêt pour la théorie des gîtes métallifères. Le diluvium qui* les recouvre presque exclusivement en rend l’examen difficile; telle est sans doute la raison pour laquelle leur position remar¬ quable n’a pas encore fixé l’attention. Les amas dont il est question sont groupés autour de la proémi¬ nence du Liebfrauenberg comme une ceinture dont la forme se rapproche d’une parabole très allongée , et qui est à peu près con¬ tinue sur un développement de 18 kilomètres. La composition et la manière d’être des dépôts ne sont pas con¬ formes dans toute cette étendue. 1° Dans la branche comprise dans la vallée de Lembach, entre la ferme de PfafFenbronn et Ruhbrücke, sur près de 6 kilomètres de longueur, les dolomies supérieures du muschelkalk supportent une argile jaune ou brun foncé, dans laquelle sont disséminés des rognons de minerai de fer d’une dimension variable. Le minerai consiste en oxyde de fer hydraté, habituellement très caverneux , 170 SÉANCE DU 19 JANVIER 18Z|6. mélangé de beaucoup de quartz cristallin ; la dernière substance constitue aussi de gros rognons blancs à texture saceliaroïde, dont toutes les cavités sont tapissées de cristaux. Des enduits très min¬ ces de couleur verdâtre qui sont déposés à la surface de l’héma¬ tite m’ont paru consister en fer phosphaté. Tout le minerai du vallon de Lembacli ressemble, à s’y méprendre, par ses caractères extérieurs, à certaines variétés aussi très siliceuses du minerai de Saint-Pancré et d’Aumetz (Moselle) , lequel repose sur l’oolite jurassique. Ce dernier est aussi engagé dans une argile jaune semblable à celle de Pfaffenbronn. Le gîte est aplati parallèlement à la stratification du musebei- kalk, et va en s’amincissant à mesure qu’il s’éloigne de la faille. Sa longueur, comptée à partir du grès des Vosges, n’excède pas 1,800 mètres. Les dolomies qui forment le mur de cet amas sont elles- mêmes traversées par des veines de quartz hyalin et de spath calcaire. L exploitation d’une partie de ce dépôt a alimenté, il y a plus d’un siècle, une usine qui était située sur le ruisseau dit Sclnneltz- baecliel , à l’endroit connu encore sous le nom de Srhmcltze , à 300 métrés au-dessous de la tuilerie de Lembacli. La mine prin¬ cipale était situee dans la forêt de Lembacli , à 1 kilomètre en¬ viron au sud ue la tuilerie, et à 1,500 mètres environ de la nou¬ velle ferme de Pfaffenbronn. Plus tard MM. de Dietrich ont tenté d exploiter non loin de là la mine de Kuhbriicke , mais tous ces minerais étaient trop phosphoreux pour être fondus. Celui de Kuhbriicke contient en outre une quantité très notable d’arsenic. 2 Au pied du Liebfrauenberg, c est-à-dire au sommet de la parabole en question , l’amas métallifère est tout autre que ceux dont il forme la prolongation. C’est un gîte aplati de fer pyriteux 1 1 de le î ai se ni cal que 1 on a autrefois exploité pour la fabrication du vitriol et de l’alun. Ces sulfures, d’après de Dietrich (1) , for¬ maient une couche peu étendue, de 0m,30 à 3 mètres d’épaisseur , plongeant vers le S.-E. Elle a été suivie sur une largeur de 70 mè¬ tres. Le fer pyriteux et le fer arsenical étaient disséminés dans une argile grise qui , d’après ce que l’on peut encore constater sur les lieux , reposait immédiatement sur le muschelkalk ; une brèche de fragments de cette dernière roche sert d’intermé¬ diaire. 3° Dans les vignes situées à 200 mètres du nord de Goersdorf , (1) De Dietrich, Description de gîtes de minerai de la haute et de la basse Alsace , p. 326. SÉANCE DU 19 JANVIER 171 la relation du dépôt ferrugineux avec le nmsclielkalk inférieur sc montre bien à nu. Le nmsclielkalk est en couclies contournées cpii plongent moyen¬ nement de 20 centimètres vers le S.-S.-E. Sur les tranches de ces couches, qui sont nettement découpées, repose une masse d’ hy¬ droxyde de fer associée à de l’argile bariolée de jaune et de blanc ; de petits cristaux de baryte sulfatée sont mélangés en grand nom¬ bre à l’oxyde de fer. Le minerai de fer pénètre dans ce calcaire sous-jacent jusqu’à plus d’un mètre de profondeur, sous forme de veinules très déliées qui sont soudées de la manière la plus in¬ time à la roche, de telle sorte qu’il est facile de détacher des échan¬ tillons de petite dimension présentant un passage du calcaire or¬ dinaire à l’oxyde de fer pur. Le calcaire du mur contient dans ses fissures et dans ses cavités de nombreux cristaux métastatiques de chaux carbonatée. Des blocs de nmsclielkalk de diverses gros¬ seurs sont empâtés dans l’argile a minerai. La surface du calcaire en contact avec le minerai est écliancrée suivant des formes sinueuses dont la vue rappelle immédiatement une corrosion , de même que les parois de beaucoup de cavernes des terrains calcaires. Ce même calcaire du mur du gîte est re¬ couvert, sur 1 à 3 millimètres d’épaisseur, par une croûte blanche faisant à peine effervescence avec les acides , composée d’argile , de sable fin et d’un peu de carbonate de chaux, qui est identique avec le résidu que l’on obtient en traitant ce calcaire par un acide étendu d’eau : du bitume, delà nature de celui qui est mélangé à la roche , forme des pellicules superficielles dans les fissures du calcaire, comme s’il était aussi un résidu de la dissolution de la roche. Ainsi l’amas paraît résulter d’une précipitation par voie humide faite à la surface du calcaire du nmsclielkalk ; cette der¬ nière roche a été à la fois corrodée et imbibée par la dissolution où s’est fait le précipité. Ce qui confirme encore dans cette supposition que le calcaire a été dissous par l’ eau-mère dans laquelle se sont précipités le mi¬ nerai de fer et la baryte sulfatée, ce sont les nombreuses emprein¬ tes d ' Encrinit'.'s momliformis et de coquilles du muschelkalk qui sont disséminées dans le minerai, là où l’oxyde de fer ne renferme plus de traces de chaux carbonatée; la substitution complète du minerai au calcaire s’est faite sans que les empreintes aient au¬ cunement perdu de la netteté de leurs formes. Ces épi génies ferru¬ gineuses paraissent sc prolonger sur le diluvium , au-delà de Goersdorf , dans les communes de Mitsclidorf et de Preuschdorf. 4° On exploite dans la commune de Lampcrtsloch, à 1,500 mè- ! 7*2 SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. très à LO. de la mine cle bitume de Lobsann, et à la même dis¬ tance vers le N. des mines de pétrole de Bechelbronn, un gîte de fer cpii, quoique faisant suite au précédent, en diffère beaucoup. 11 consiste en fer hydroxydé mélangé de fer oxydé ronge compacte, qui forme des lits peu épais au milieu d’argiles jaunes, rouges, ou d’un brun noirâtre ; trois couches de minerai alternent avec des argiles (1) , et la plus inférieure, cpii est à 26 mètres de profondeur, repose sur une brèche calcaire dont l’épaisseur dépasse 3 mètres ; cette bièche est formée de fragments de calcaire gris du muscliel- kalk limité par des veines de spath calcaire. Du bitume est très fréquemment disséminé dans les interstices des fragments. Ce minerai est en rognons informes , quelquefois géodiques , qui ont la plus grande ressemblance avec l’hématite brune des filons des V osges ; du fer carbonate leur est aussi mélangé. On trouve dans le minerai des niasses siliceuses grises contenant une multitude d’empreintes de bivalves de 3 à 4 centimètres de longueur, qui, selon toute apparence, appartiennent à des Avicula soc: ali s et à des Nue al a. Cette silicification du muschelkalk, sur le¬ quel s’est épanché le minerai de fer à Lampertsloch, est toute diffe¬ rente de la modification que la même roche a éprouvée à Goers- dorf ; c’est d’ailleurs un accident fort analogue à ces imbibitions siliceuses des arkoses du centre de la France. Le gîte de Lampertsloch s’étend au moins jusqu’à 400 mètres de la montagne ; il est recouvert dans toute son étendue par les sables diluviens. 11 y a symétrie dans la situation des dépôts de Lampertsloch et de Pfaff'enbronn , par rapport à la crête du Liebfrauenberg, à la¬ quelle ils sont tous deux adossés. A 1,800 mètres au N. du gîte de Lampertsloch est un réseau de veines de baryte sulfatée. 5° Lnfin, en louillant les amas et sables diluviens des communes de Drachenbronn , Birlenbach et Cléebourg, on trouve du minerai de fer qui très probablement provient du prolongement des dépôts dont nous venons de nous occuper. Comme les argiles auxquelles sont subordonnés ces amas de (l) Un puits a traversé 1 Argile, Minerai , Argile, Minerai , Argile, Minerai, . succession suivante : épaisseur 12 mètres. 1 — 3 — 10 — 1 — SÉANCE DU 10 JANVIER 184(5. 1 73 minerai sont dépourvues de fossiles, on ne peut préciser positive¬ ment leur âge ; il est certain qu’elles sont postérieures au museliel- kalk qui les supporte; d’après la manière transgressive dont les lits d’argile à minerai sont superposés aux couclies redressées et cor¬ rodées de cette formation à Goersdorf , on doit même croire que ce dernier terrain était disloqué quand le dépôt ferrugineux a eu lieu. Enfin le voisinage du gîte de Lampertsloch et des couches bi¬ tumineuses de Bechelbronn et de Lobsann fait supposer que ces deux accidents géognostiques , de nature très différente, appartiennent aux terrains tertiaires. Malheureusement le diluvium qui recouvre le tout empêche d’en constater la cont iuuité. Ce qui est certain, c’est que les poudingues grossiers , qui sont superposés à la molasse à Mitsclidorf , Gunstett et Forstlieim , renferment des fragments roulés de minerai de fer identique avec celui de Lampertsloch ; ils sont, par conséquent, postérieurs à la formation du minerai de fer. La relation des dépôts ferrugineux avec les lignes de dislocation du sol est clairement exprimée par les faits qui viennent d’être dé¬ crits. Les failles droites et infléchies qui terminent le segment montagneux du Liebfrauenberg ont servi de passage aux émana¬ tions métallifères. Cependant il est à remarquer que la sortie du minerai de fer n’a eu lieu que longtemps après l’ouverture des failles ; car , comme on vient de le voir, les gîtes sont sans aucun doute pos¬ térieurs au trias , et probablement de l’époque tertiaire , tandis que les failles dont ces amas formaient le couronnement, de même que celles qui limitent les Vosges, sont immédiatement posté¬ rieures au dépôt du grès bigarré, ainsi que M. Elie de Beaumont l’a prouvé depuis longtemps (1). Cette accumulation de gîtes au¬ tour du promontoire du Liebfrauenberg rappelle la disposition des amas de Framont intercalés à la limite du porphyre et du terrain de transition, quoique ces derniers en diffèrent beaucoup, tant par la composition que par la nature des roches encaissantes. Bien que la situation géologique de ces amas ferrugineux soit la même, et qu’ils forment une zone unique à peine interrompue, ils présentent dans leur composition minéralogique des différences notables, à part l’argile qui forme la gangue dominante de tous et la présence du phosphore et de l’arsenic dans une partie d’entre eux. Ainsi les dépôts de la branche N. -O. de la parabole (ceux de Pfaffenbronn, de Schmeltze et de Kuhbrücke), consistent es- (1) Annales des mines, 2e série, t. I, p. 405, 1827. 17/t SÉANCE DU 19 JANVIER 18/l0. scntiellement en hydroxyde de fer mélangé de beaucoup de quartz. Au sommet de la courbe, on trouve le fer pyriteux et le fer arse¬ nical associés à une gangue quartzeuse. Enfin, sur la branche pa¬ rabolique S.-E. , le quartz est rare ou manque complètement A Goersdorf, on trouve la baryte sulfatée , que je n’ai pas rencon¬ trée ailleurs, si ce n’est dans le grès des Vosges du voisinage ; le fer oxydé rouge et le fer carbonate spathique ne se trouvent qu’à Lampertsloch. Ces variations sont du meme ordre que celles que l’on observe fréquemment dans un même système de filons con¬ temporains : telles sont entre autres celles signalées par M. A. Cu¬ rât au Hartz. Elles sont encore plus frappantes dans les gîtes de Fr amont. Après cette lecture le Secrétaire annonce qu’il vient de rece¬ voir les procès-verbaux de la séance extraordinaire d’Avallon. Ces procès-verbaux sont renvoyés à la Commission du Bulletin. M. Rozet fait une communication sur les résultats sélénolo- giques auxquels il a été conduit par l’étude de la portion visible du globe lunaire 5 il remettra plus tard une note pour le Bulletin , lorsqu’il aura vérifié quelques points que des circonstances particulières ne lui ont pas encore permis de bien constater. Cette communication donne lieu à quelques observations de MM. d’Omalius d’Halloy et Pomel, qui seront insérées avec la note de M. Rozet. Le Secrétaire donne lecture de la communication suivante de M. Achille Delesse, sur un hydrosilicate d'alumine et de potasse d'une composition nouvelle . Dans la plupart des collections de minéralogie , ou trouve du disthène de Pontivy, qui est cristallisé en gros prismes bleu de ciel , ayant souvent plus d’un décimètre de longueur et environ un centimètre de largeur ; les intervalles laissés entre les cristaux de disthène sont remplis par une substance blanche, nacrée et lamelleuse , qui s’engage dans les faces clivables des prismes de disthène , de telle sorte qu’il serait quelquefois très difficile de pré¬ ciser quelle est la limite des deux minéraux . Comme cette substance ne ressemble à aucune autre décrite jus¬ qu’à présent, j’ai fait l’étude de ses propriétés physiques et chi¬ miques. Elle se présente en lamelles cristallines qui sont ordinairement SÉANCE DU 19 JANVIER 18/Ï6. 175 disposées en rayonnant autour d’un centre ; elle occupe les interstices laissés par les cristaux de distliène , et tantôt elle se fond intime¬ ment avec ces cristaux, principalement suivant la face du prisme cpii présente le clivage le plus facile ; tantôt, au contraire, elle se termine d’une manière nette ; alors les parties cpii sont au contact du distliène se sont moulées sur lui avec une exactitude parfaite , elles reproduisent toutes les stries et tous les indices du clivage que présentent ses faces ; dans ce dernier cas aussi le distliène et la sub¬ stance sont quelquefois séparés par une petite couche jaunâtre d’oxyde de fer qui provient évidemment d’une décomposition ré¬ cente du distliène ou des roches au milieu desquelles il se trouve. En fragments , la substance est blanc-jaunâtre , fortement trans¬ lucide ; elle se laisse couper au couteau : elle est formée par l’ag¬ glomération d’une multitude de petites lamelles qui indiquent une structure radiée ; ces lamelles sont parfaitement transparentes , mais 011 ne peut y distinguer de forme cristalline. Elle a peu de cohésion , mais il est très dillicile cependant de la réduire en poudre fine ; pulvérisée , elle présente des paillettes d’un blanc d’argent éclatant, avec les reflets de la nacre de perle; elle est douce au toucher, sans être onctueuse comme le talc. Sa dureté est plus grande que celle du talc , car elle le raie ; mais elle est moindre que celle de la chaux fluatée. Sa densité , prise avec soin , en opérant sur de la matière bien pure , et en faisant dégager l’air sous la machine pneumatique , a été trouvée de 2,792. En opérant sur des parties moins pures, on a obtenu des nombres qui variaient entre 2,7fr et 2,82. Dans le tube fermé, la substance, chauffée préalablement à 100°, donne de l’eau ; desséchée sur l’acide sulfurique et dans le vide , elle ne perd que quelques millièmes de son poids, et elle retient toujours son eau; cette eau est donc bien à l’état de combinaison. Sur le platine elle se gonfle et devient d’un blanc de lait. Chauffée plus fortement , elle s’agglutine , puis elle fond , mais difficilement, en un émail blanc; elle est phosphorescente et répand une lumière éclatante. Avec le nitrate de cobalt , elle prend une couleur bleue assez pure, quand elle est chauffée fortement. Avec le borax , elle se dissout facilement et d’une manière com¬ plète; on a une faible coloration due au fer. Avec le sel de phosphore , on a une perle cristalline incolore ; la dissolution est bien complète, et il ne reste pas de squelette de silice. 17G SÉANCE DU 19 janvier 18^6. Avec le carbonate de soude , la matière est attaquée avec effer¬ vescence; on a des squelettes d’alumine qui tournoient dans la perle sans qu’il soit possible de les dissoudre par l’addition d’une nouvelle quantité de soude. Sur la feuille de platine on reconnaît qu’il n’y a pas de manga¬ nèse. La substance est inattaquable par l’acide bydroclilorique ou par l’eau régale ; mais quand elle a été porpliy risée avec soin , en la faisant bouillir avec de l’acide sulfurique concentré , on peut la décomposer d’une manière complète; la silice reste à l’état grenu et conserve la forme qu’avaient les paillettes. Après calcination, elle n’est plus attaquable par les acides. L’analyse qualitative de la substance a appris qu’elle contient de la silice , de l’alumine , un peu de fer et de manganèse qui ne paraissent pas à l’état de combinaison , de la potasse et de l’eau ; on n’y a pas reconnu de soude, ce qu’il était bon de constater, car le plus souvent les deux alcalis sont réunis dans les mêmes minéraux. Comme elle présente certains caractères du mica , on y a recherché le fluor, mais on n’en a pas trouvé. Dans le dosage de l’eau on a reconnu que la substance a besoin d’être chauffée assez fortement pour perdre toute son eau ; quand elle n’en a perdu qu’une partie , si on la met de nouveau pendant quelques jours en digestion dans de l’eau, puis qu’on la laisse sé¬ cher à l’air libre, on trouve quelle a repris ce qui lui manquait; elle a exactement la quantité d’eau qui entre dans sa composition. Il n’en est pas de même quand, au lieu de la chauffer seule¬ ment au rouge sombre , on lui donne un coup de feu : elle a perdu toute son eau et elle ne la reprend plus. Ce fait de la régénération du minéral , lorsqu’on le met dans l’eau après une légère calcination , est assez important ; il démontre d’abord très bien que l’eau y entre en proportion définie, et quelle constitue un composé ayant une assez grande stabilité. En outre , au point de vue géologique, il fait voir qu’il serait possible que des substances minérales, ayant éprouvé l’action du feu, ou peut- être même ayant été formées par voie ignée, prissent de l’eau de combinaison postérieurement à leur formation. Pour l’analyse quantitative , on a opéré d’abord sur 2S qui ont été attaqués par le carbonate de soude; puis sur lg,5 qui a été dé¬ composé par le nitrate de baryte au creuset d’argent. On a obtenu ainsi les résultats qui suivent : SÉANCE DU 19 JANVIER 1840. 17' Carbonate de soude. Nitrate de baryte. Moyenne des 2 analyses. Oxygène. Rapports. Silice . 44,95 45,48 45,22 25,49 12 Alumine . 57,50 58,20 57,85 17,68 9 Oxyde de fer et de manganèse. traces. » » » » Potasse . )> 11,20 11,20 1;90 1 5,26 5,24 100,12 5,25 99,52 4,66 2 Les analyses qui précèdent font voir que la composition de la substance est soumise à des lois très simples. D’abord la quantité d’oxygène de la silice est égale à celle de toutes les bases, en y comprenant l’eau. Si l’on représente par 1 l’oxygène des bases à un atonie , celui de L alumine sera représenté par 3 , et celui de la silice par h , ce qui donne pour formule minéralogique générale : S i* A/3 RL De plus , comme l’oxygène de la potasse est à celui de d’eau dans le rapport de 1 à 2 , la formule qui conviendrait à la sub¬ stance est : Si12 A/9 (K1 aq2)=z Si4 Al* K HL Si l’on groupe les éléments de la manière suivante : si3 Al + Si K -h 2 Al H le minéral pourrait être considéré comme une combinaison d’un atome de feldspath orthose, Si Al + Si K avec un atome de diaspore : ai il . Ou bien, en laissant toute l’alumine combinée avec la silice, on aurait : Si K + 3 Si Al + 2 H . Par conséquent la substance que nous venons d’étudier est une combinaison d’un atome de silicate neutre de potasse arec 3 atomes de silicate tribasiquc d’alumine et avec 2 atomes d’eau. Soc. géoL , , 2e série, tome III. 12 178 SÉANCE I)ü 19 JANVIER J8/|(3. En calculant les proportions de silice , d’ alumine , de potasse et d’eau cjui correspondent à la formule qui a été adoptée , on trouve les résultats suivants, qui s’accordent bien avec ceux de l’analyse : Atomes. Silice . 4 Si 45,72 Alumine . 3 Al 33,45 Potasse . K 44,68 Eau . 2 K 4,45 4 00,00 Parmi les minéraux connus, il n’y en a aucun qui réunisse les propriétés physiques et chimiques de celui que nous venons d’étu¬ dier; cependant, lorsqu’on examine la formule générale qui le représente , Si R + 3 Si R + 2S, on reconnaît qu’il ne serait peut-être pas impossible d’y rapporter la nacrite comme formant une de ses variétés. Les deux minéraux ont à peu pies le même aspect. Quant aux analyses qui ont été faites de la nacrite, elles sont déjà un peu an¬ ciennes, et de plus on paraît avoir donné ce nom tantôt à du talc , tantôt à du mica (1): aussi les résultats obtenus jusqu’à présent n’ont pas permis d’établir sa composition. Cependant la nacrite de Brunswick , dans la province du Maine , a été analysée par Tennant et Schort , qui ont trouvé : Tf.nna.nt. Oxygèue. Schort. Oxygène. Rapport. Silice . Alumine . s • Potasse . Chaux . Oxyde de fer. . . . , • Oxyde de manganèse. Manganèse . Eau . 44.6 oo,8 »> 1.50 7,70 2 25 3.50 6,25 99,55 23,2 15,8 » 0,4 1,8 0,5 L3 1,6 23.2 25.4 46,00 23,90 25,90 4? 55,20 16,44 16,44 5? » » 9.61 2,70 \ 2 28 0,66 5’, 94 0,88 > 6,02 1 ? » » 2,00 1,78 99,65 On voit que les résultats qu’ils ont obtenus ne concordent pas beaucoup entre eux ; ils donnent à peu près la même teneur en silice ; mais pour l’une de ces analyses , l’oxygène de la silice est un (1) Rommelsberg Handworterbuch. Voir Nakrit. SÉANCE du 19 JANVIER 184*5. 179 peu plus grand cpie la somme de l’oxygène des bases ; pour l’autre il est plus petit ; enfin il a moins d’alumine : toutefois, en admet¬ tant qu’il doive y avoir égalité entre les deux quantités d’oxygène mentionnées ci-dessus ; en admettant de plus, pour la nacrite de Tennant, qu’une portion de l’oxyde de fer est à l’état de per¬ oxyde , tandis que l’autre est à l’état de protoxyde , on obtiendra le rapport de 1 à 3 entre l’oxygène des bases à un atome et celui des bases à trois atomes , et on devra regarder les rapports entre les quantités d’oxygène comme égaux respectivement aux nombres : : 4 : 3 : 1 . La formule de la nacrite serait donc : 4 Si 3 R 3 (R S), et cette formule comprend celle que nous avons trouvée. Nous observerons cependant que ce rapprochement , basé sur quelque similitude dans les caractères physiques et sur les analyses que nous venons de mentionner, ne doit pas être considéré comme définitif; ce n’est qu’une indication qui a besoin d’être vérifiée par de nouvelles analyses de la nacrite d’Amérique , et en tout cas les deux minéraux appartiendraient seulement à la même famille. La substance que nous avons analysée, renfermant 11 p. 100 de potasse, tandis qu’il n’y en a pas dans la nacrite de Brunswick , qui contient au contraire de la chaux , du fer et du manganèse , constitue bien une espèce nouvelle et distincte de cette dernière. Dans la classification méthodique des minéraux adoptée par M. Rammelsberg , qui est fondée sur la composition chimique , elle devrait être rangée dans la classe des hydrosilicates formés d’un silicate neutre et d’un silieate tribasique , et elle viendrait après la Mésotype et la Gyrcirgillite (1). Je proposerai de la nommer Damourite, en l’honneur de M. Damour, auquel la minéralogie est redevable de l’étude d’un grand nombre de substances. Le gisement du minéral que nous venons d’étudier est celui du disthène et de la staurotide , et il se trouve en abondance aux en¬ virons de Pontivy, dans le Morbihan. Haüy pensait que ces miné¬ raux appartenaient aux terrains anciens et primitifs (2) ; mais M. Dufrénoy a fait voir dans l’Explication de la carte géologique de la France, que les terrains de la Bretagne dans lesquels on trouve le disthène et la staurotide doivent être rapportés aux terrains de transition ; et c’est aussi ce que démontre d’une manière irrécu- (1) Rammelsberg Handworterbuch, 2e partie, p. 309. (2) Haüy. Minéralogie. — Disthène. 180 SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. sable la présence d’empreintes fossiles qui se trouvent sur des échan¬ tillons o ù les deux minéraux sont réunis. Cela s’accorde bien , du reste , avec la composition de la substance que nous venons d’ana- lysei , qui contient de 1 eau de combinaison , et qui doit appartenir à des tei î ai ns d origine aqueuse ; on voit de plus , d’après ce qui a été dit de 1 action de la chaleur sur cette substance , que si elle se tiouve dans des terrains métamorphiscs , ils n’ont dû. supporter qu une chaleur assez faible, puisqu’à une température un peu élevée elle perd son eau pour ne plus la reprendre. Sa formation est du leste bien contemporaine de celle du disthène , et on ne peut pas supposer qu elle ait pris naissance postérieurement par eles infiltrations , comme cela doit avoir eu lieu pour les zéolithes dans le basalte ; car elle occupe des intervalles angulaires très grands que laissent entre eux les prismes de disthène , et de plus ses lamelles sont si complètement engagées dans celles du disthène avec lesquelles elles alternent , qu’il est souvent presque impos¬ sible d assigner la limite des deux minéraux. Le Secrétaire donne lecture des deux lettres suivantes, adres¬ sées par M. Édouard Collomb à M. le Président. 1° Sur quelques vallées à moraines des Vosges . Wesserling, 20 novembre 1845. Monsieur, J’ai l’honneur de soumettre à votre jugement quelques réflexions sur la théorie des glaciers , accompagnées de deux cartes qui représentent le terrain erratique d’une partie des Vosges. La pre¬ mière , au girJ ôô, ph 111 , ne représente que le terrain erratique de la vallée de Saint- Amarin : j'y ai travaillé consciencieusement pendant plusieurs mois ; les moindres accidents qui figurent sur cette carte ont été reconnus sur les lieux : tout ce qui m’a paru présenter l’apparence du doute a été rejeté. La seconde, au-m40Tô, P*- représente ce terrain dans les vallées de Saint- Amarin, de Munster, de Guebwiller, de Masse- vaux et de Giromagny , puis deux portions de vallées du versant occidental des Vosges, localités que j’ai particulièrement étudiées. Suivant les auteurs qui ont traité la matière, le terrain erra¬ tique peut se classer et se résumer de la manière suivante : T.JII PU Kp.18 O 'nemer Wml h.hacli lis feu i lautenbach WtfmhaehxeU Ballon yVs' yrn ajispac VAmah .1 iihacli Thium Thann s sevaux I ilh Âa (>ppi ‘lin 180 SÉANCE DU 10 JANVIER 1840. sable la présence d’empreintes fossiles qui se trouvent sur des échan¬ tillons ou les deux minéraux sont réunis. Cela s’accorde bien , du reste , avec la composition de la substance que nous venons d’ana- lyseï , qui contient de 1 eau de combinaison , et qui doit appartenir à des tei î ai ns d origine aqueuse ; on voit de plus , d’après ce qui a été dit de 1 action de la chaleur sur cette substance , que si elle se ti ouve dans des terrains luétciniovphisés , ils n’ont dû supporter qu une chaleur assez faillie , puisqu’à une température un peu élevée elle perd son eau pour ne plus la reprendre. Sa formation est du leste bien contemporaine de celle du disthène, et on ne peut pas supposer qu elle ait pris naissance postérieurement par des infiltrations, comme eela doit avoir eu lieu pour les zéolithes dans le basalte; car elle occupe des intervalles angulaires très grands que laissent entre eux les prismes de disthène , et de plus ses lamelles sont si complètement engagées dans celles du disthène avec lesquelles elles alternent , qu’il est souvent presque impos¬ sible d assigner la limite des deux minéraux. Le Secrétaire dorme lecture des deux lettres suivantes, adres¬ sées par M. Édouard Collomb à M. le Président. 1° Sur quelques vallées à moraines des Vosges. Wesserling, 20 novembre 1845. Monsieur J ai 1 honneur de soumettre à votre jugement quelques réflexions sur la théorie des glaciers , accompagnées de deux cartes qui représentent le terrain erratique d’une partie des Vosges. La pre¬ mière , au sôtoô, pi. 111 , ne représente que le terrain erratique de la vallée de Saint-Amarin : j y ai travaillé consciencieusement pendant plusieurs mois ; les moindres accidents qui figurent sur cette carte ont été reconnus sur les lieux : tout ce qui m’a paru présenter l’apparence du doute a été rejeté. La seconde, au foirVo^ j pL IV, représente ce terrain dans les vallées de Saint-Amarin, de Munster, de Guebwiller, de Masse- vaux et de Giromagny , puis deux portions de vallées du versant occidental des Vosges, localités que j’ai particulièrement étudiées. Suivant les auteurs qui ont traité la matière, le terrain erra¬ tique peut se classer et se résumer de la manière suivante : 2f.ierie T. /// P! J I > tHo Bull, t/c /a Soc. Ceo/ . t/c France fReloiirnemer 'ucs Phénomènes des Glaciers u- 1 sclicr de la Linth . CAR TE du Terrain Errai ic] d une Partie Munster ^ \S'oult\hach Lue Blanc fe/zeral E. CO LI.OMB Htldeiislein Echelle de 200.000 TT n e mi ss? utteau Ionien haeh * trontaies , |multiples> 1° Moraines. A .médianes, I latérales, \ par obstacle. 2* Blocs . . . J arrondis , (à angles vifs. 3° Accumulation de débris glaciaires. ( polies, 4° Roches.. .1 moutonnées, vstriees. stratifiées , non stratifiées. cailloux , galets striés , sable , boue du glacier. Ces quatre formes sont indiquées sur ma carte par quatre signes différents. Quant à la limite des anciennes glaces , elle est fort difficile à déterminer exactement : dans le doute, je me suis arrêté à la ligne des moraines frontales inférieures ; cependant il est évident que pendant la période où notre contrée a été couverte de grandes glaces , période qui a dû comprendre un long espace de temps , il y a eu un moment où les anciens glaciers ont pris une exten¬ sion , un accroissement considérable, à en juger par les débris qu’ils ont laissés sur place à plus de 500 mètres au-dessus du fond des val¬ lées actuelles. Dansla vallée de Saint-Ainarin on peut admettre trois zones, trois lignes à peu près horizontales qui indiquent la limite de l’action des anciens glaciers. La première, que j’appellerai ligne inférieure, se maintient à partir de la moraine frontale de Wesserling jusqu’au fond, à en¬ viron 100 mètres du soi de la vallée ; elle se reconnaît facilement, sur la rive gauche d’abord, par une ligne de blocs disposés hori¬ zontalement sur le flanc des montagnes encaissantes, et ensuite dans les anfractuosités produites par l’ouverture des vallées latérales. Un amas horizontal de beaux blocs de granité se remarque ainsi au-dessus du Hasenbuhl, près Fellering ; puis un autre au-dessus du village d’Odern , ensuite au-dessus du village de Krüth, puis encore auprès du rocher de Wildenstein. Sur la rive droite, cette première ligne de blocs peut se suivre de l’œil sur toute l’étendue de la vallée ; elle pénètre très avant dans les vallées latérales Dans la vallée d’Urbès, deux longues li- 182 SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. gnes latérales de blocs et débris, à environ 100 mètres de hauteur, sont marquées sur la carte. Les monticules qui percent comme des îlots, au milieu de la vallée, à 100 et 120 mètres de hauteur, sont tous parsemés de blocs erratiques à leur sommet. Les blocs de cette ligne sont a angles les uns vifs, les auties ai- rondis ; ces derniers présentent fréquemment, lorsqu ils sont en granité, une de leurs faces striée à plusieurs millimètres de pio- fondeur ; ce sont des galets monstres, quelquefois de plusieurs mètres cubes ; les stries ne sont pas croisées ; elles ne sont pas pa¬ rallèles non plus , mais elles divergent en rayonnant d’un centre commun. M. Agassiz m’a dit en avoir observé dépareilles en Ecosse, et M. Hogard en a vu sur le versant occidental des Vosges. Au centre de rayonnement on aperçoit constamment un certain nombre de trous qui imitent ceux qu on pourrait faiie sui du gra- nite en frappant fortement avec la pointe d’un marteau. La seconde ligne, que nous nommerons ligne moyenne, est moins abondante et moins bien accusée. Elle n est plus formée de giands amas de blocs et débris: on les rencontre isoles, jetés un peu au hasard sans accompagnement de galets, de sable, etc. ; cependant ils sont bien véritablement erratiques, ils en possèdent tous les caractères. On en rencontre sur les pentes du Drumont et de plu¬ sieurs autres de nos montagnes, à 500 mètres de hauteur. La troisième, ou ligne supérieure, est marquée dans nos monta¬ gnes par la présence de blocs a une hauteur considérable : ainsi on rencontre des blocs métriques tout près des sommets les plus élevés, tels que le ballon de Gruebwiller , le ballon d Alsace, le Drumont, le Hoheneck , à près de 1,000 mètres au-dessus de la vallée ; ils sont arrondis , usés , d une roche differente de celle qui les sup¬ porte ; ils ne sont pas striés et paraissent excessivement anciens, à en juger par les érosions de leurs surfaces produites par le laps des siècles; ils ne sont pas accumulés en grandes masses ; ils sont très espacés les uns des autres; leur distribution avec parcimonie fait qu’en suivant la ligne de faite de la chaîne des Vosges , on par¬ court souvent une distance de plusieurs kilométrés sans en ren¬ contrer un seul , puis on en trouve un amas d une douzarne qur jonchent le sol pour cesser ensuite. A quelques centaines de pas d’un des sommets du Hoheneck, sur le versant occidental, iis sont répandus avec un peu plus d’abondance ; ils sont en granité, mais d’un grain différent de celui de la roche en place ; ils ne sont pas, du reste, accompagnés de menus débris qui ne manquent jamais de suivre les blocs de la région inférieure. Ils ne proviennent pas débordements supérieurs ; leur position ne permet pas cette sup- SÉANCE DU 19 JANVIER 184(5. 183 position. Leur aspect extérieur est si différent de celui des blocs de la région basse, leur surface est tellement usée par le temps qu’il est difficile d’admettre que leur origine remonte à la même époque ; ils datent peut-être de l’époque du soulèvement de la chaîne même. Leur transport par les glaces pourrait être sujet à contestation : il faudrait admettre dans ce cas des gla¬ ciers de 1,000 mètres d’épaisseur, et des glaciers de cette taille ne seraient pas restés enfermés dans l’enceinte étroite des Yosges ; ils auraient débordé dans la grande plaine du Rhin, et jusqu’à présent on n’y a pas trouvé de traces de leur passage. Je n’ai donc pas cru devoir les faire figurer sur ma carte ; ils sont bien erratiques suivant l’étymologie du mot , mais ils ne le sont peut-être pas suivant la signification qu’on y attache aujour¬ d’hui. Vous remarquerez encore sur ma carte cpie la position des moraines frontales et leur échelonnement se reproduisent partout les mêmes dans nos vallées. Après une première série de moraines frontales inférieures , on rencontre constamment, à quelques kilo¬ mètres en amont, une seconde série également frontale. Dans la vallée de Saint-Amarin cet accident se présente à Wesserling et à Krüth. Dans la vallée de lYIassevaux, on trouve d’abord un premier de¬ gré de l’échelle au village de Kirchberg : là une belle moraine ter¬ minale barre la vallée, sur une étendue de 400 mètres et sur une hauteur moyenne de 10 mètres. La majeure partie des matériaux cpii forment cette moraine sont arrondis; cependant quelques gros échantillons de granité, de plusieurs mètres cubes, sont à angles vifs et empâtés sur les points élevés. Les champs cultivés en amont et en aval sont dépourvus de blocs, parce que les cultivateurs les ont enlevés de la surface du sol pour les rassembler contre l’arête dorsale de la moraine ; ils forment des murs grossièrement établis. A environ 50 mètres en amont, l’église du village est bâtie sur un monticule qu’on pourrait prendre pour une moraine ; mais en sondant le terrain, on reconnaît que ce petit mont est formé de roches en place et recouvert de débris e ratiques sur le côté en aval seulement. Après Kirchberg on arrive à überbrück. A partir de ce dernier endroit jusqu’à Dolleren, on remarque des accumulations considé¬ rables de matériaux de transport déposées sur les flancs de la mon¬ tagne jusqu’à une hauteur de 100 mètres. 11 ne peut guère y avoir de doutes sur l’origine de ces matériaux : c’est une moraine latérale qui les a abandonnés sur les pentes où on les retrouve aujourd’hui. 184 SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. Le second degré de l’échelle se trouve au village de Dolleren ; une moraine frontale multiple barre de nouveau la vallée ; elle est clairement dessinée. Ici comme à Kirchberg les cultivateurs ont fait disparaître de leurs champs la plus grande partie des blocs pour les accumuler, contre la moraine , en grands amas soutenus par un mur grossier ; ils ne les ont cependant pas tous enlevés ; quelques uns percent le niveau du sol, et leur fort volume, qu’on peut appré¬ cier par la portion découverte , les garantit de tout déplacement ultérieur. Avant de quitter cette vallée, pénétrons un peu dans le fond : il forme un petit bassin plat , au milieu duquel se trouve le lac de Seewen, indiqué sur la carte à 485 mètres au-dessus du niveau de la mer. On lui donne le nom de lae parce qu’il était probable¬ ment plus étendu autrefois ; aujourd’hui c’est plutôt un étang ma¬ récageux qu un lac. Le village de Seewen est situé au point de jonction où se bifurque la vallée principale : c’est sans aucun doute un des points les plus remarquables des Vosges, sous le rapport des traces que le phénomène erratique a laissées écrites sur le granité. La roche moutonnée , usée et polie , se montre à découvert sur quelques points de la rue principale du village ; puis les polis les plus remarquables sont situés derrière les maisons , sur la rive gauche. Une de ces surfaces, entre autres, forme paroi à 60° de pente : adossée contre la montagne, elle est usée et frottée au point de rappeler, sur une petite échelle, la représentation de la célèbre Helleplatte près de la Handeck. D autres surfaces, aussi bien polies et taillées en dos d âne, percent au milieu des prairies et des jardins qui entourent le village. Ensuite on remarque comme jetés au hasard quelques blocs de syénite d’un gros calibre, arrondis, qu’on peut qualifier d’erratiques, parce que la cristallisation de ces blocs n’est point identique ni de même forme que celle du roc où ils reposent. J’en ai mesuré un : il a 20 mètres cubes ; il est à gros cristaux isolés de feldspath rose, et provient du ballon d Alsace, où la même roche se trouve en place; il se laisse facilement entamer par le marteau, tandis que la roche moutonnée de Seewen est beaucoup plus dure ; son feld¬ spath n est pas de la même couleur , ni en cristaux aussi volumi¬ neux. En longeant les bords du petit lac sur la rive gauche, on passe sur une prodigieuse quantité de hlocs dont les uns sont erra¬ tiques ; d autres sont le produit des eboulements ; ces derniers sont polyédriques, de cette roche bleue, compacte et stratifiée si gros- sieie ment qu on ne sait trop si c est une roche de sédiment ou une SÉANCE DU 19 JANVIER 18/jt). 185 roche cristalline. Les blocs erratiques se distinguent par la forme, la position et la nature de leurs éléments. Un peu plus haut, à 1 kilomètre du lac, on trouve la cascade du Dollsprung, et ici comme dans l’ Oh erland suisse, la roche polie et moutonnée desyénite se montre à découvert sur tous les points où la végétation n’a pas envahi le terrain. En se rapprochant du pied du ballon, la végétation arbores¬ cente cesse ; un petit fdet d’eau se précipite d’une assez grande hauteur dans la Boller ; tout auprès de cette chute la roche est admirablement usée et polie ; en l’examinant avec attention on aperçoit distinctement les stries et le sens qu’elles suivent ; il est parallèle à l’axe principal de la vallée. Elles ne sont pas burinées nettement comme la roche schis¬ teuse du Glattstein dans la vallée de Saint-Amarin ; il faut les voir à quelques pas de distance pour se rendre compte de leur direction. Cette roche de syénite est. parfois couverte d’une couche épaisse de mousse et de terreau : lorsqu’on la découvre, on trouve que cette couche, au lieu d’agir comme conservateur du poli erratique, tend plutôt à le détériorer. En passant légèrement la main sur une partie fraîchement découverte, à côté d’une autre exposée à l’air de temps immémorial, on sent une légère dépression ; il y a donc eu détérioration produite parle contact des racines et des radicelles. Sur les schistes compactes des Vosges et les calcaires alpins striés, on remarque un effet tout-à-fait opposé ; la couche de terreau les préserve de toute destruction ultérieure. En parcourant la rive droite , la roche moutonnée se retrouve sur plusieurs points, entre autres à 500 mètres en amont de l’é¬ glise de Seeven, à 20 mètres du chemin, sur un granité porphy- roïde à grain fin et dur ; le poli a été si artistement travaillé par la nature qu’il passe à l’état brillant : il peut se comparer aux plus beaux poli ; des Alpes. Les galets striés sont fort rares dans la vallée de Massevaux ; la roche n’est pas de nature à recevoir des empreintes fines et déli¬ cates. Pour que le galet strié se produise, il faut le concours de deux espèces de roches, l’une qui fasse l’office de burin et l’autre assez tendre pour recevoir l’empreinte ; ces conditions ne se trou¬ vent pas réunies dans cette localité. La petite vallée latérale de Rimbach a aussi ses détri tus erratiques distribués sur les pentes des montagnes; on les retrouve sous forme de moraines latérales sur différents points de ce vallon. Les accu¬ mulations les plus considérables de blocs sont dans le village de Rimbach même. 186 SÉANCE DU 19 JANVIER 18^6. Si nous passons maintenant de la vallée de Massevaux dans celle de Giromagny qui forme un petit bassin à part, nous y retrouve¬ rons les mêmes accidents erratiques que dans les autres vallées des Vosges, c’est-à-dire plusieurs moraines frontales échelonnées à quelques kilomètres de distance. Cette vallée a déjà été l’objet de l’attention d’observateurs dis¬ tingués. M. Le Blanc l’a signalée le premier et décrite sommai¬ rement en 1837 à la réunion extraordinaire de la Société à Por- rentruy. Il avait dès lors indiqué les localités que j ai étudiées en détail , et fait remarquer que les fondateurs de la fabrique de Wesserling , Suisses d’origine, n avaient pas hésité , il y a quatre- vingts ans, à baptiser du nom de moraine l’amas de débris qu’ils avaient trouvé là. Il est revenu sur cette question dans le t. XI 1 du Bulletin , p. 132. M. Renoir a aussi publié dans le Bulletin t. XI, p. 53. Je ne pense pas qu’ils élèvent de doutes sur l’exac¬ titude des détails qui sont notés sur ma carte. La moraine terminale de Giromagny est triple; elle forme trois plis principaux, trois grandes vagues parallèles et concentiiques. La ligne de faîte de ces vagues peut encore se suivre de l’œil , malgré les nombreuses constructions qui encombrent le sol. Les matériaux morainiques sont tous de provenance etiangeie a la localité; ils se composent en majorité de blocs de sv cuite dont la source se trouve au fond de la vallee et au sommet du ballon d Al¬ sace, puis de beau granité d un grain fin, ensuite de îoche dion- tique d’un vert foncé qui appartient à une vallée latérale de la rive droite. On trouve encore sur ces moraines quelques petits blocs de roche ancienne de sédiment qui proviennent des vallées latérales de la rive gauche, et plus rarement quelques fragments de moyenne taille de roche de filon de quartz hyalin. La grande accumulation de blocs qui existe au-dessus de Giro¬ magny, sur la rive droite, est bien connue des naturalistes. Leux de 1 à 5 mètres cubes sont généralement arrondis ; ceux d’un plus grand volume sont parfois a angles vifs; j ai mesuie un de ces derniers, de roche dioritique, qui, sans être fortement empâté dans le sol, repose légèrement sur quelques petits blocs arrondis de syemte, sur un plan dont 1 inclinaison est denAiion 50° ; il atteint le volume de 60 mètres cubes ; il a conservé la vi¬ vacité de ses angles. Le second échelon des moraines dans cette vallée est indiqué sur ma carte à un kilomètre et demi en amont du village du Puix. Elles n’offrent rien de particulier, sauf leur position fort nette entre deux bassins à fond plat, ce qui rend leur aspect d’ensemble SÉANCE DÛ 19 JANVIER 1846. 187 d’autant plus caractéristique ; ensuite le sol n’est pas encombré de constructions ; il est livré à la culture. Les polis commencent à se montrer à 2 kilomètres en amont de cette moraine, au point où la vallée est étranglée entre deux massifs de roches cristallines à pentes rapides. Après avoir franchi cet étranglement, la vallée s’élargit de nouveau pour reformer un petit bassin plat ; la roche polie continue à se montrer au bord de la route. On y remarque des stries parallèles et aussi ce qu’on nomme en Suisse des coups de gouge , c’est-à-dire des sillons pro¬ fondément creusés. M. Le Blanc regrette que M. Collomb n’ait pas eu connais¬ sance des conjectures qu’il a énoncées relativement aux lacs des Vosges dans sa note publiée dans le Bulletin , séance du 19 juin 1843 : il verrait avec bien du plaisir un observateur aussi soigneux et aussi bien placé que M. Collomb prendre la peine d’en vérifier l’exactitude-, vérification qui est d’ailleurs en grande partie faite dans le Mémoire de M. Hogard, si bien rédigé et accompagné de si jolis dessins, et quia pour titre : Observations sur les moraines et sur les dépôts de transport des Vosges , par Henri Hogard. 1842, Épinal. 2° Sur le terrain erratique des V osges. Wesserling , le 26 décembre 1845. Hans une note que M. Élie de Beaumont a eu la bonté de re¬ mettre de ma part à la Société géologique, dans le mois de novembre dernier, avec une carte du terrain erratique de plusieurs vallées des Vosges, j’ai donné quelques détails sur la distribution des blocs en trois zones sensiblement parallèles et horizontales sur le flanc de nos montagnes ; puis j’ai fait remarquer que les moraines frontales étaient placées dans le fond des vallées de manière à s’échelonner à quelques kilomètres de distance. J’ai à ajouter à ces observa¬ tions quelques faits relatifs au même sujet, et qui ne sont qu’une suite des explications que nécessite ma carte, au ^q-qô-ô , pC HI. Sous le nom de moraines par obstacle , j’ai voulu indiquer des amas de détritus mobiles , qu’on rencontre fréquemment dans la vallée de Saint-Amarin , adossés contre des roches en place. Cette forme du terrain erratique, que je ne trouve décrite nulle part , mérite une attention particulière. Dans notre vallée, les moraines 188 SÉANCE I)U 19 JANVIER 18Z|(5 . par obstacle sont au nombre de sept ou huit ; tous les monticules isolés de roches en place, en cône tronqué de 30, 40, 50 à 180 mé¬ trés , qui surgissent du sol comme des îles, en amont de Wesser- ling , en sont pourvus. Ainsi, entre le village d’Odern et celui de Kriith, le monticule* noté sur ma carte sous le nom de Bàrenberg, de 80 mètres de h au¬ teur, peut servir de type comme étude du genre. La roche est un schiste argileux ancien, cambrien ou silurien, stratifié, en couches relevées presque verticalement, qui alternent avec des masses fondues porpliyroï des. Sur le côté nord ce mont est couvert jusque près du sommet d’un revêtement de détritus mobile, dont la composition est identique avec celle des autres moraines de notre vallée. Les accumulations de sable fin sont de préférence dispo¬ sées par bandes dans la région inférieure, puis les matériaux d’un plus fort volume sont plus abondants dans la région moyenne , ensiiite les blocs métriques sont dans la région basse empâtés dans le sable et la terre; à 50 mètres plus haut ils sont un peu mieux dégagés; puis, près du sommet et sur le sommet même, ils sont tout-à-fait libres , découverts , dégagés de galets et autres menus débris; ils reposent directement sur la roche en place. îl faut distinguer parmi ces blocs et débris ceux qui ont été déplacés plus tard par la main de l’iioinme pour préparer le sol à la culture. Nos moraines étaient, il y a cinquante ans, couvertes de chênes, de hêtres et de sapins : le sol mobile de ccs amas de débris se prête fort bien à la culture des arbres de haute futaie ; mais pour les besoins de la population on les a fait disparaître, et nos moraines sont aujourd’hui transformées en champs cultivés. Les blocs métriques sont en grande majorité arrondis , émous¬ sés; ceux qui ont conservé des angles vifs sont plus rares; ils sont les uns et les autres en granité ou en beau granité porphyroïde ; quelques blocs de quartz blanc saccliaroide et de silex-cornaline s’y remarquent aussi. Les schistes ne se trouvent que dans les me¬ nus débris. Il est facile de remonter à l’origine de tous ces matériaux. La roche cristalline, le granité et le granité porphyroïde identi¬ ques se trouvent en place à 6 kilomètres en amont, auprès du col du Bramont, à la montagne de la Tête-Bonde, qui ferme la vallée dans cette direction, et dans les environs de Wildenstein sur la rive droite. Les quartz et les silex font partie du même massif, où ils figurent en qualité de roches de filon. La roche de sédiment similaire est en place sur toute la rive gauche de la vallée en amont. SÉANCE DU 19 JANVIER 18/|(L 189 Comme étude de roches et de galets striés , le Barcnberg n’est pas dépourvu d’un certain intérêt. Les galets striés y sont abon¬ dants ; j’en ai recueilli de fort beaux exemplaires dans une ouver¬ ture pratiquée dans cette moraine du côté N. -O. pour l’extraction du sable ; les galets recueillis ainsi au milieu d’une tranche de sable en exploitation ont des stries d’une netteté parfaite : ceux que j’ai trouvés sous les glaciers, ou bien enchâssés dans les masses mêmes de glaces du glacier inférieur de l’Aar, ne sont pas mieux burinés : le travail de gravure qui sillonne leur surface est dans les deux circonstances exactement identique : en comparant des galets striés, que j’ai rapportés des glaciers en activité, avec ceux que je recueille sur nos moraines des Vosges, il est impossible d’apercevoir aucune différence, quand bien même la roche n’est pas de même nature. Les calcaires noirs compactes des Alpes ont beaucoup d’analogie, sous le rapport de l’aspect extérieur et de la dureté du grain, avec nos schistes anciens; le burin erratique y a produit le même résultat. J’ai trouvé la roche striée en place sur quatre points différents du Bârenberg. On ne la découvre pas tout d’abord au premier aspect; j’ai consacré plusieurs séances à la recherche de cette roche ; elle est cachée par les mousses et les bruyères ; ensuite la roche porpliyroïde qui fait partie de ce petit massif n’est pas sus¬ ceptible de recevoir des empreintes nettes ; ce n’est guère que sur les roches à pâte fine que les stries conservent ce caractère de netteté qui les rend si remarquables. Ce mont, dont le plan a la forme d’un ovale, a, sur ses deux extrémités, des points où la roche offre des stries suffisamment prononcées : d’abord, du côté de l’E. , derrière les dernières maisons du village d’Odern, la roche, sur un pian très incliné, se montre à découvert ; elle est polie, etles stries qui la sillonnent sont longues, sensiblement parallèles , leur direc¬ tion s’éloigne peu de riiorizontale. Sur le côté O., le poli et les stries se trouvent aussi imprimés sur un rocher à forte pente, dans un terrain nouvellement défriché ; elles ne sont pas dans la direc¬ tion de l’axe principal de la vallée , ni horizontales , cette roche étant dominée en amont par une masse moutonnée ; sur un point où la vallée s’élargit un peu après avoir été resserrée dans des li¬ mites fort étroites, les stries ont une direction qui plonge de haut en bas sous un angle de 25 à 30" avec l’horizon. En l’examinant sur le terrain, cette direction inclinée, qui n’a du reste aucun rap¬ port avec le sens du clivage ou le sens des feuillets du schiste, s’explique naturellement si l’on admet l’hypothèse du glacier ; dans l’hypothèse contraire, un courant d’eau ou de boue aurait 190 SÉANCE DU 19 JANVIER 1840. conservé son horizontalité ; les stries qu il aurait pu produite n au¬ raient pas la direction inclinée qu’on remarque ici. Au sommet, les couches du schiste deviennent tendres , jau¬ nâtres ; il passe à l’état de pierre à aiguiser ; les défrichements en ont détruit une grande partie ; il en reste toutefois assez pour pou¬ voir y recueillir encore de beaux exemplaires striés avec délica¬ tesse. Le moteur qui les a produites n’étant pas gêné dans son al¬ lure comme à la base de ce cône, le sens des stries n a pas subi d’altération dans la direction normale qui se remarque partout dans notre vallée ; elles sont horizontales et dans le sens de 1 axe principal. Sur le versant S. du Bârenberg , tous les accidents erratiques disparaissent pour faire place à différents talus d ébouleinents, talus qui n’ont aucun rapport avec ceux de la face opposée. Ces talus sont composés, à partir du haut, de la manière suivante : A. Blocs métriques. B. Blocs métriques et débris moyens. C. Blocs métriques, débris moyens et sables fins. (Voir la coupe de la vallée de la Thur, et la coupe du Bâren¬ berg, pi. III.) Nous trouvons donc sur ce monticule, qui n’a pas 500 mètres de diamètre , des blocs métriques évidemment erratiques , des débris composés de cailloux, sable grossier, sable fin, et des galets striés, disposés dans un ordre qui ne permet pas d’admettre que les eaux soient intervenues d’une manière quelconque dans leur mode de transport , puis, pour complément, nous trouvons la roche striée en place sur les côtés latéraux et au sommet. Les autres moraines par obstacle les mieux caractérisées de notre vallée sont situées à peu de distance du Bârenberg. A U kilomètres en amont, le rocher qui porte les ruines de l’ancien château de Wildenstein est revêtu sur son revers N. -O. d’un manteau de débris qui sont en tout point identiques avec ceux que nous venons d’examiner. Ce rocher, de 180 mètres de haut, est presque tout en¬ tier formé d’une masse de granité porphyroïde ; il est séparé des montagnes voisines par deux couloirs ; dans l’un passe la route et dans l’autre la rivière. On n’y trouve nulle part des stries déli¬ cates, mais seulement des parois de roc plus ou moins bien polies et arrondies ; sur le côté S. , le rocher se termine en promontoire surbaissé où les blocs sont venus s’accumuler en grande quan¬ tité. Tout auprès du torrent la roche est sillonnée par de larges 191 SÉANCE BU 19 JANVIER 18/|6. cannelures de 7 à 8 décimètres de largeur et de plusieurs mètres de longueur, décrivant une courbe qui n’est point parallèle au cours de l’eau. Ces sillons sont-ils erratiques? Sont-ils produits par une autre cause? C/est ce que j’ignore. En aval du Bârenberg, les moraines par obstacle se trouvent en¬ core au petit rocher sur le sommet duquel est bâtie l’église du village d’Odern; j’ai déjà donné une description de cette moraine dans une autre circonstance : elle se distingue des précédentes par un amas de terre argileuse qui fait partie intégrante de sa masse, amas où les blocs métriques sont venus s’empâter à différentes profondeurs. En descendant notre vallée, nous trouvons encore un monticule isolé qui s’appelle le Marlen, entre le village d’Odern et celui de Fellering. Ce Marlen est dans les mêmes conditions que le Baren¬ berg ; son revers N. est plaqué de débris erratiques, de galets striés, de blocs métriques de granité et de granité porpliyroïde. Ces blocs sont , au sommet de ce mont , posés légèrement et supportés par des corniches de roche ou engagés sur des pentes de 30 à Ù0°; le moindre effort suffirait pour les déranger d’une position aussi instable. En se rapprochant de Wesserling on rencontre encore le Ha- senbühl, qui figure dans un numéro du Bulletin de la Société géolo¬ gique (2e sér. , t. II, p. 508), et qui peut être aussi considéré comme une moraine par obstacle. M. Ch. Martins, qui a visité cette roche, a été frappé de la pureté de son poli et de la netteté des stries ; il a pu en recueillir sur place des exemplaires irréprochables. La roche cristalline d’eurite qui fait partie de ce mont , étant d’une pâte dure comme du silex , n’est pas susceptible de recevoir des empreintes burinées. J’ai encore quelques observations à présenter sur les stries er¬ ratiques de notre vallée, observations qui, je crois, n’ont pas en¬ core été faites. Ces stries ne sont pas toujours identiques dans leur forme ni dans leur direction ; la profondeur du sillon varie égale¬ ment suivant la position et la nature de la roche. Ainsi, au Hasen- biihl, où le schiste est fort tendre, comparativement aux autres roches schisteuses des environs, les stries ne sont point rectilignes, ni profondes, ni longues. Ce mont étant de 70 mètres plus élevé que le fond de la vallée, l’agent érosif n’a sans doute point opéré avec la même énergie que dans la région inférieure. Et un point important à signaler aux observateurs, c’est le régime saccadé de ces stries ; elles sont interrompues, intermittentes ; en examinant a part un seul sillon de quelques centimètres de longueur , on 192 SÉANCE DU 19 JANVIER 18/lG. voit plusieurs temps d’arrêt, comme si le burin eût été interrompu dans son travail. A l’extrémité de chacune des sections de ce sillon on remarque un petit éclat déroché enleve. Le burin parait avoir labouré la pierre sur un trajet de 8 à 10 millimètres en l’attaquant de haut en bas sous un angle aigu. J’ai essayé de rendre cet ac¬ cident sur le croquis ci-joint, fig. 3 pl. IV; mais pour mieux juger de l’effet je prendrai la liberté d’envoyer à la Société géologique quelques exemplaires bien choisis de cette roche. Sur la roche striée du Bârenberg on trouve aussi que le régime en est saccadé, interrompu dans sa course ; il ne conserve qu’un parallélisme grossier , qui ne paraît tel que vu à distance ; les stries se coupent même fréquemment sous un angle aigu. A l’occasion de ces stries, il n’est peut-être pas hors de propos de faire remarquer que j’ai rencontré fréquemment, dans les val¬ lées des Vosges, des roches dont les stries n’ont point une origine erratique. Dans l’appréciation de ce phénomène il est essentiel de tenir compte : 1° De la position des roches relativement à celles qui les avoi¬ sinent immédiatement ; 2° De la nature même de la roche , de son degré de dureté , de la facilité avec laquelle elle se délite ; 3° De la direction de la stratification, et du sens dans lequel les feuillets des roches schisteuses se sont superposés les uns aux autres. Ainsi, quant à la position des roches, on sait que les glaciers n’usent et ne polissent que les surfaces planes ou convexes , n’im¬ porte l’orientation des plans, ou plutôt le degré d’inclinaison des plans; qu’ils soient horizontaux, verticaux ou même en surplomb, ils peuvent également être atteints par le corps frottant. Il faut encore remarquer que les bords d’un glacier n’attaquent pas tou¬ jours les surfaces planes des roches encaissantes; le glacier se crée souvent des points d’appui capricieux, sans qu’on puisse se rendre un compte exact du motif : la ligne du bord saute quelquefois d’un rocher à un autre, et entre ces points il laisse un espace vide et se tient a distance. Ailleurs, le glacier atteint de son burin des surfaces légèrement concaves, à condition qu’elles soient à grands rayons. Mais si un obstacle solide se présente immédiatement en amont, le corps frottant ne produira plus d’effet. Je n’en citerai qu’un exemple pris dans notre terrain erratique. 11 y a sur le mon¬ ticule du M arien, près d’Odern, une roche de schiste argileux qui est sillonnée de stries qui ont quelque rapport avec les stries er¬ ratiques ; on pourrait les confondre , si la position de la roche n’était point une raison suffisante pour rejeter cette explication. 193 SÉANCE du 19 JANVIER 1846. Les stries du rocher S, fig. 2, pl. IV, étant immédiatement do¬ minées en amont par le rocher R, ont été évidemment à l’abri de l’action érosive erratique ; elles sont donc dues à une autre cause. Quant à la nature de la roche , nous choisirons dans nos en¬ virons un exemple de stries qui pourraient donner lieu à une mé¬ prise. H existe sur la route d’Urbès àBussang, entre le kilomètre n° U et le kilomètre n° 5, une roche schistoide sur laquelle des stries parallèles sont assez bien dessinées et dont la direction dans le sens de l’axe principal de la vallée pourrait faire supposer qu’elles sont erratiques. Toutefois, si on l’examine avec attention, on s’aperçoit que cette roche est formée de feuillets ardoisiers superposés les uns aux autres en plaques presque verticales, présentant sur leur face plane une infinité de cannelures dont le dessin, quoique exécuté avec moins de finesse, se rapproche beaucoup, pour la forme, des stries glaciaires. On peut s’assurer qu’elles proviennent de la na¬ ture même de la roche en cassant un échantillon dans l’intérieur de la masse : on s’aperçoit alors qu’il présente le même phéno¬ mène. Ces feuillets, ayant été jusqu’alors à l’abri des agents exté¬ rieurs, n’ont donc pas été striés par une cause erratique. D’autres roches schisteuses dont la nature se rapproche de celle de l’ardoise offrent fréquemment la disposition cannelée, non pas sur la surface plane des feuillets, comme dans l’exemple précédent, mais sur les tranches de plusieurs feuillets réunis. On trouve des exemples pareils dans le fond de la vallée de Schliffels, derrière la moraine qui barre cette vallée. Les couches sédimentaires, aussi fines que les feuillets d’un livre, ont à la suite des temps subi une action érosive qui leur donne l’apparence des stries erratiques. Au débouché de cette même vallée de Schliffels , il existe de larges surfaces de roc , cannelées et striées. Par la position de cette roche , les cannelures pourraient aussi bien avoir été pro¬ duites par un moteur erratique que par la force désagrégeante des agents extérieurs , et comme elles correspondent exactement au sens de la stratification , il s’était élevé des doutes dans mon es¬ prit sur l’origine de ce burinage ; j’ai consulté sur cet objet les autorités de la science (1) , qui ont été d’accord pour rejeter la cause que j’avais cru d’abord devoir admettre. Il est moins difficile de se tromper lorsque c’est une roche gra¬ nitique qui se présente à l’observateur , les roches cristallines n’ayant en général, dans leur état normal, ni surfaces lisses ou po- («)*• Élie de Beaumont et M. Agassiz. Soc. géol., 2e série, tome III. 13 SÉANCE DU 19 JANVIER 18/l6. m lies, ni larges feuillets bien prononcés. Celles qui ont été soumises au travail erratique se distinguent facilement par un poli tout par¬ ticulier : les cristaux de feldspath, de quartz, de mica qui les com¬ posent d’ordinaire, sont coupés net au même niveau. J’ai dans ma collection une roche intéressante sous le rapport du travail de frottement qu’un glacier exerce sur les roches cristallines : c’est un granité du bord méridional du glacier inférieur de l’Aar, re¬ cueilli sur une muraille presque verticale , à 3 kilomètres du talus terminal ; cette muraille , par suite des portions qui s’en sont dé¬ tachées antérieurement , présentait il y a deux ans une surface fraîche, avec toutes ses rugosités naturelles, à l’action érosive du glacier. Après avoir exercé son frottement pendant un an sur un pan de cette muraille , on en a détaché un échantillon ; l’année suivante, après deux ans de frottement, on en a extrait de nouveau un échantillon. En comparant ces deux morceaux, qui sont loin encore d’avoir acquis le poli parfait, on peut cependant juger du travail opéré par la nature dans cet espace de temps. Dans les Vosges, lorsque la roche cristalline se trouve en con¬ tact immédiat avec la roche de sédiment, et qu’elle passe immé¬ diatement de l’un à l’autre sans apparence de métamorphisme, comme cela se voit fréquemment dans nos vallées, la roche cris¬ talline est simplement polie, et la roche sédimentaire se trouve polie et striée. Notre terrain erratique se présente encore sous une autre forme caractéristique, celle de bouc de glacier. On sait que les glaciers ont la propriété de broyer certains matériaux , de les réduire en pâte fine ; je retrouve cette pâte dans nos dépôts erratiques, prin¬ cipalement dans l’intérieur des amas latéraux et sous forme de terre argileuse ; quelquefois cette terre est rouge, chargée d’oxyde de fer; d’autres fois elle est blanche, presque entièrement formée d’éléments quartz eux et feldspath iques, soit en amas non strati¬ fiés, soit en couches horizontales stratifiées grossièrement. Ces ar¬ giles ne sont pas d’ailleurs particulières aux Vosges. M. Durocher, en parlant du terrain erratique du grand plateau du nord de la Laponie et de celui de la Finlande, dit qu’il a remarqué des dé¬ tritus argileux mêlés de sable et de graviers. En Pologne, M. Puseh cite des couches de sable entremêlées de couches d’argile dans le même terrain. Bars la moraine de Schliffels il existe de forts amas de cette terre argileuse ; elle est en sacs, sans traces de stratification. J’ai fait sur cette terre une analyse mécanique pour m’assurer du degré de fi¬ nesse et de ténuité de la pâte. Cette analyse est un simple lavage 195 SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. à l’eau par décantation, sans qu’il sort nécessaire de faire inter¬ venir l’action des dissolvants acides ou alcalins. 1,000 parties préalablement séchées à fond m’ont produit : 179 gros gravier. 331 sable moven. J 193 sable très fin. 297 poudre argileuse excessivement fine. 1000 C’est donc près de 30 p. 100 de matières susceptibles d’ètre entraînées par le plus petit filet d’eau. Dans une analyse cpie j’avais faite précédemment sur une de ces terres argileuses provenant d’une autre moraine, j’avais obtenu plus de 50 p. 100 d’argile très légère. J’ai rencontré ces dépôts argileux, stratifiés grossièrement, dans les moraines latérales cpii sont suspendues sur le flanc de nos montagnes, dépôts qui me paraissent rentrer dans la catégorie de ceux que M. de Charpentier a décrits (§49). Dans un embran¬ chement de la vallée latérale d’Urbès j’ai remarqué un amas in¬ cohérent de cailloux, de blocs et de gravier, de quelques mètres d’épaisseur , surmonté d’une couche horizontale de boue blanche excessivement fine ; puis vient une couche parallèle de sable moyen , et ensuite une troisième couche de sable grossier , le tout surmonté d'un nouvel amas de blocs , cailloux et ga¬ lets sans stratification. La couche stratifiée de boue se trouve ici emprisonnée entre deux dépôts non stratifiés, et la partie la plus ténue de cette boue est dans une position inférieure au sable grossier. Cet arrangement des matériaux est bien difficile à expli¬ quer autrement que par le fait d’un glacier. Je retrouve encore cette boue dans une autre circonstance , où les ossements sont répandus dans des matériaux de remplissage , ténus ou grossiers, d’espèces de fissures peu profondes ouvertes dans un travertin assez puissant, qui repose directement en assises strati¬ fiées sur un banc de galets basaltiques , tracliytiques ou plus rare¬ ment quartzeux, à quelques mètres seulement au-dessus du niveau actuel de l’Ailier. Ces fissures mêmes ne paraissaient être que les intervalles de blocs considérables , détachés de l’escarpement et plus ou moins rapprochés entre eux ; leurs dimensions sont donc très restreintes , étranglées , et ne peuvent donner passage qu’à des fragments assez petits. Aussi est-ce toujours dans cet état qu’ont été trouvés les débris des espèces de taille moyenne que nous y avons recueillies ; ce sont des dents isolées , souvent même des fragments des os sésamoïdes ou du carpe , les plus petits encore , car ceux que nous y avons vus ne dépassaient guère le volume d’un astragale de mouton, des tètes articulaires épipliysées ou non , mais sans diapliyse ou même brisées elles-mêmes. Comment donc des ossemeuts d’Elépliant , de Rhinocéros , d’Hippopotame , auraient-ils pu entrer dans ces fissures, lorsque ceux du Cheval , du Bœuf, du Renne, du Cerf, du Chien même, etc. , n’y ont été introduits qu’à l’état fragmentaire , et entiers seulement lors¬ qu’ils ont eu le volume , par exemple , des sésamoïdes du premier, des avant-molaires du second , des molaires et phalanges du troi¬ sième qui y sont à profusion , etc. ? 11 y avait donc là impossibilité 214 SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. réelle d’enfouissement de grosses pièces; donc l’absence de ces giands animaux ne peut y être considérée comme caractéristique. Il en est de même à Obières , où cependant de véritables fentes de 3 à 4 décim. de largeur ont pu recevoir des ossements entiers et des mâchoires du Bos primigenius , des portions de tête même ; mais ce gîte ne renferme que 3 ou 4 espèces , et sa position sur un petit plateau dans une coulée de lave , en l’éloignant des courants , a pu rendre impossible l’introduction sur ce point d’ossements d’autres espèces. A Nescliers , les conditions ne sont guère plus favorables qu’au gîte de Coudes ; car c’est encore entre des blocs volumineux de rochers que les os ont été conservés , ou bien le dépôt superficiel argileux qui recouvrait ceux-ci avait une trop faible épaisseur pour recouvrir de grandes pièces : cependant nous dirons que M. Croizet y avait recueilli une grande côte qu’il attribuait au Rhinocéros; mais nous ne savons si c’était à tort ou à raison. Il y aurait plus de chance de les trouver au-dessous de cette même lave , contre laquelle ils s’adossent à Neschers même , et qui a fourni , par l’éboulement de certaines parties , les blocs entre les¬ quels sont les fossiles ; mais les gisements de cette dernière sorte sont difficiles à exploiter et ne l’ont pas encore été , si l’on excepte quelques coups de pioche donnés contre des escarpements sur¬ plombés par la lave , et par conséquent bien ingrats pour les re¬ cherches de ce genre. Je ne doute pas toutefois de la possibilité de la découverte dans ce terrain de quelques pièces de ces animaux, caractéristiques, d’après M. Bravard, de la faune prétendue anté¬ rieure à celle-ci. Il est aussi une observation que je dois faire relativement au nombre assez grand , non seulement d’individus , mais aussi d’espèces de petite taille , dont la liste , grossissant un catalogue , fait remarquer davantage l’absence de ces grands ani¬ maux. Leur abondance dans les deux gîtes de Coudes et de Nes¬ chers , mais surtout dans celui-ci , est due indubitablement à leur accumulation par les oiseaux de proie nocturnes, dont les déjec¬ tions ont de nos jours la plus grande analogie , par la manière dont les ossements des petits animaux dévorés sont agglomérés en boules et entrecroisés de toutes manières , avec ces petits amas d’os de Campagnols , Musaraignes , Rats , Taupes , Oiseaux , Gre¬ nouilles et Ophidiens qui forment encore dans le limon des espèces de boules bien reconnaissables , quoique privées de leur enve¬ loppe de plumes et de poils , et dont le volume est de peu infé¬ rieur à celui d’un petit œuf de poule. Evidemment -, les anfrac¬ tuosités des blocs au pied de l’escarpement , ou dans l’escarpement même, ont servi de refuge aux rapaces nocturnes, qui v ont dé- 215 SÉANCE 1)U 19 JANVIER IS/fO. posé leurs singulières déjections des -parties non digérables de leurs victimes, et ces déjections accumulées ont été recouvertes subitement ou successivement par des détritus argileux , sableux et calcaires , qui nous les ont conservés. Dans aucun des gîtes rap¬ portés par M. Bravard à sa faune élépliantique , les memes condi¬ tions n’ont existé , et il faut dès lors regarder comme tout-à-fait accidentelle et due au hasard la rencontre de Campagnols à Champeix et de Citilus à Paix , qui , par leur taille minime , échap¬ pent si facilement , dans des dépôts meubles , aux recherches les plus minutieuses. Zoologiquement, nous croyons avoir démontré par ce qui précède que l’on ne pouvait admettre la division de M. Bravard pour les faunes de l’Auvergne , qui sont en réalité au nombre de trois , en y comprenant celle des terrains miocènes , et non de quatre, les deux plus récentes de ses trois faunes des ter¬ rains meubles devant être réunies comme absolument semblables dans leurs caractères essentiels , pour être assimilées à la faune des cavernes, brèches et alluvions anté-li istoriques les plus ré¬ centes. Cette dernière faune , en effet , présente les mêmes ano¬ malies dans toutes les contrées où les causes d’enfouissement ont été multiples, où le transport des ossements a été opéré de diverses manières , et enfin où il n’y a pas eu simultanéité complète dans la formation des divers gîtes , toutes causes qui de nos jours doivent conduire à des résultats analogues; car l’on sait que l’habitat de certaines espèces est influencé par certaines conditions de nature du sol , d’altitude , de climat et de végétation , qui font que les espèces se confinent naturellement dans certaines parties assez res¬ treintes du sol , et qu’ainsi les associations varient quelquefois à d’assez courtes distances , et même sous les mêmes zones en latitude. En outre , si des circonstances bizarres ont donné quelque appa¬ rence de division dans cette faune étudiée en Auvergne , il est bien difficile d’y attacher quelque importance lorsqu’on étend ses ob¬ servations à tous les dépôts contemporains d’autres contrées , où les espèces de chacune de ces divisions apparentes s’associent de manière à lever tous les doutes sur leur contemporanéité. Géologiquement même , cette division de la faune diluvienne vraie est inadmissible , parce que les deux gîtes qui caractérise¬ raient la dernière époque ne peuvent pas , sous ce rapport , être différenciés d’un troisième des mieux caractérisé sous le rapport zoologique , celui de Paix au S. d’Issoire. En effet , les ossements sont sur ce dernier point conservés dans une couche sableuse , un peu calcaire, assez peu étendue , qui repose sur un très grand ‘216 SÉANCE DU 19 JANVIER 18/l6. dépôt alluvial, formé de cailloux de basalte, tracJiyte , etc., re¬ couvrant une partie de la plaine sur laquelle est bâtie la ville d’issoire Ces alluvions , qui ont parfois une épaisseur de 6 à 7 mètres , s’étendent encore au N. , vers le défilé granitique qui ar¬ rête la plaine sur ce point , pénètrent par petits lambeaux dans ce défilé , leur base étant presque au niveau des plus grands débor¬ dements de la rivière et se retrouvent au confluent de la vallée de Neschers , pénétrant dans celle-ci , ou plutôt se mêlant à une autre alluvion semblable provenant des parties hautes de la vallée de la Couse Chambon , comme la précédente de la vallée de la Couse Pavin , et c’est sur ce dépôt que reposent à Coudes et à Nescliers les terrains qui renferment les débris de la prétendue faune dilu¬ vienne , postérieure à l’existence du Rhinocéros et de l’Eléphant dans la contrée. C’est donc dans les mêmes conditions géologiques qu’on trouve les débris des deux faunes différentes en apparence ; car à Coudes les débris se trouvent dans le travertin reposant sur les galets, de même que dans les fissures, et à Neschers, d’après la lettre de M. Bravard, les limons et sables qui les contiennent passent sous les laves, de même qu’ils s’y adossent. Nous pouvons encore fournir une dernière preuve non moins certaine , fournie par la présence du Rhinocéros et peut-être même de l’Eléphant , dans cet immense terrain marno-volcanique de la Limagne , au pied des Dômes , dont la formation est au moins contemporaine , sinon postérieure , des épanchements des volcans à cratère , puis-, qu’il est formé à leurs dépens , et par conséquent au gîte de Nes¬ chers , qui passe au-dessous de ces mêmes laves. Donc les deux faunes élépliantique et diluvienne ne peuvent être maintenues et doivent rentrer dans une seule , qui a constitué la dernière des générations qui se sont succédé à la surface de la terre , aux diverses époques de sa formation. Mais je suis heureux de voir confirmer mes rapprochements antérieurs par les opinions de M. Bravard , qui a de même reconnu la liaison qui existe entre ces nombreux et singuliers dépôts d’attérissement , dont l’impor¬ tance avait tout-à-fait échappé aux premières recherches paléon- tologiques. Tout ce long exposé des caractères zoologiques de la faune diluvienne en Auvergne n’a pas été fait seulement pour discuter les opinions de M. Bravard, qui auraient pu l’être d’une manière bien moins étendue , mais il avait pour but principal une appli¬ cation géologique assez remarquable , que M. Bravard 11’avait pas encore entrevue, à ce que je crois; je veux parler de l’ex¬ tension de cette faune dans les terrains volcaniques de l’Auvergne SÉANCE DU 19 JANVIER 184(5. " 217 çt surtout des environs d’Issoire. C’est pour faire apprécier plus facilement son importance que j’ai cru devoir parler des carac¬ tères généraux des espèces et de leur distribution dans les divers gîtes. Comme il est inutile de revenir à prouver que chacun des gîtes dont nous venons de parler appartient à une même division paléontologique , nous devons maintenant exposer les caractères géologiques de chacun d’entre eux. Nous venons de voir que l’on trouvait dans certaines circon¬ stances particulières des ossements fossiles de cette faune enfouis sous les laves , dans leurs fentes ou dans les dépôts qui s’adossent à leurs escarpements. O11 peut donc conclure de là que les grandes espèces diluviennes vivaient encore avant et après les derniers épanchements des volcans à cratères , qui ont été les derniers paroxysmes des actions volcaniques en Auvergne ; rien cependant dans l’orographie de la contrée ne peut faire supposer que le sol ait depuis cette déflagration éprouvé les moindres dérange¬ ments , et aucun fait ne peut laisser admettre l’existence d’une de ces grandes catastrophes qu’on avait chargées de révolutionner la surface du globe et d’en détruire les habitants divers. Cependant c’est seulement alors que les espèces de la dernière génération anté-historique ont quitté l’Auvergne, l’homme pouvant ou non s’y être déjà fixé , ce dont il n’existe encore aucune preuve , mais en tout cas n’ayant pu avoir alors les moyens de détruire ces grandes et puissantes races , dont il n’a pu encore détruire les ana¬ logues malgré la puissance de ses armes et de ses coalitions , s’il est possible d’employer dans ce cas une pareille expression. Ce que l’on peut dire , c’est que ces espèces , pour la plupart , n’ont pas été chassées dans d’autres climats , mais se sont éteintes par des causes difficiles à apprécier. Parmi les autres gîtes cités par M. Bravard, on reconnaît aisé¬ ment deux systèmes tout-à-fait différents pour le mode de leur formation. Les uns , et c’est le plus grand nombre (car, indépen¬ damment de ceux cités , il en existe beaucoup d’autres très peu ou non ossifères , répandus dans toute l’étendue de la vallée ) , n’ont aucun des caractères des alluvions , si ce n’est accidentellement et dans quelques unes de leur parties seulement , car ils sont composés de débris non roulés , terreux ou fragmentaires , résultant évidem¬ ment d’éboulis, puisqu’on y trouve les éléments de toutes les cou¬ ches récentes ou anciennes qui ont dans la même localité un niveau supérieur à celui où ils se sont formés. Ce sont donc des attérisse- ments essentiellement déposés sur les flancs ou au pied des collines , le plus ordinairement calcaires ou argileuses, et parfois aussi basal- 218 SÉANCE DU 19 JANVIER 1840. tiques ou tufacées , toujours très circonscrits et occupant de petites surfaces au pied des ravins actuellement existants ou détruits , ou sur de petites plates-formes qui interrompaient la régularité de la pente des collines. De là ce caractère de formation tout-à-fait locale et accidentelle qui leur est propre et qui les différencie tellement des grandes alluvions de la même contrée , pour les rapprocher des attérissements actuels , qu’on les avait le plus sou¬ vent identifiés avec ces derniers , que par conséquent on les avait presque entièrement négligés comme amas d’ossements réputés non fossiles, et qu’il avait fallu, pour exciter l’attention, la rencontre fortuite de quelques unes de ces formes animales tout-à-fait étran¬ gères à notre pays. On conçoit donc qu’il est impossible d’assigner d’une manière positive l’âge de tous ces dépôts , puisqu’on ne peut invoquer le caractère de superposition tout-à-fait indifférente qu’ils affectent , et que pour cela même on ne peut pas assurer qu’ils soient tous contemporains. Les plus importants de ces gise¬ ments sont ceux de Gresin au S. d’Issoire , à la base orientale du plateau basaltique du Broc, formé d’éboulis calcaires , terreux et limoneux , concrétionnés depuis leur dépôt sur ce point ; de laTour- de-Boulade à l’E. de la même ville , s’appuyant sur un dyke basal¬ tique , au pied d’une colline argileuse et calcaire ; de St-Yvoine au N. reposant sur des argiles , du calcaire ou du granité , à une assez grande élévation au-dessus du niveau de l’Ailier; vers l’O., de Champeix , sur des argiles sableuses rougeâtres , qui ont fourni les éléments du dépôt d’attérissement par leurs couches supérieures à un niveau encore plus élevé que pour le gîte précédent. Aux environs de Clermont, on trouve au S. le dépôt de la base méridionale de Gergovia exploité par M. Croizet; à l’E., l’attéris- sement calcaire d’un des ravins actuels de la montagne de Ballet , sur son flanc occidental; à l’O. , des dépôts plus étendus, déposés dans une gorge profonde entre Clermont même et Durtol , au pied de collines argileuses et calcaires , et du grand escarpement gra¬ nitique de la chaîne des Dômes ; vers le N. , aux pieds des côtes à sommets basaltiques qui s’étendent jusque vers la ville de Biom. Il est certain qu’il en existe beaucoup d’autres, de plus riches même en ossements fossiles , aux pieds de ces collines calcaires et argileuses, si nombreuses dans la Limagne , et dont les flancs très abruptes se terminent le plus souvent par des couronnements ou des pitons basaltiques; mais la végétation, plus active sur ces points , par plus d’épaisseur du sol remanié , les cache pour long¬ temps peut-être à nos investigations. Cette opinion nous est suggérée par l’observation d’accidents orographiques assez particuliers à et* SÉANCE DU 19 JANVIER 18/l6. 219 système de dépôts et caractérisés par des espèces de contre-forts sur¬ baissés en forme de jetée , arrondis en moraine à la base , placés sur les parties inférieures des collines, et correspondant au contraire, à la partie supérieure , à une sorte d’excavation assez vaste en por¬ tion de cône renversé ; dans beaucoup de circonstances c’est même au sommet de ce cône que se sont réunis les matériaux d’ébou- lement de manière à l’oblitérer en partie. Il est à remarquer que ces dépôts circonscrits et meubles ne présentent jamais de traces de dérangements postérieurs à leur formation , qu’ils conservent exactement dans la plupart des cas les formes antérieures parti¬ culières à ce genre de dépôts, et que, dans les autres circonstances, leur volume s'accroît encore chaque année, surtout à l’époque des dégels, delà fonte des neiges et des orages, par la continuation du même phénomène. Cependant ces dépôts ont été aussi parfois creusés et ravinés à leur tour par les pluies des orages de notre époque. Dans la plupart de ces cas, pour ne pas dire dans tous, ils paraissent donc avoir été formés depuis les dernières commo¬ tions volcaniques qui ont agité le sol de l’Auvergne ; car, aux épo¬ ques antérieures , les grandes et puissantes alluvions qui comblent le fond actuel des vallées, celles qui ont occupé celui des anciennes et qui sont placées aujourd’hui à des niveaux plus élevés, attestent qu’à l’époque de ces dislocations violentes , cette contrée était parcourue par de gigantesques torrents , par des masses d’eau con¬ sidérables arrivant subitement et se retirant de même , suite iné¬ vitable des phénomènes volcaniques, comme notre génération ne les observe encore que trop souvent , et qui auront balayé tous ces dépôts meubles incohérents , non protégés par le recouvrement de masses solides , pour les déposer plus loin à l’état d’alluvium. Ainsi pourrait s’expliquer par cette hypothèse plus que vraisem¬ blable lage assez récent des attérissements ossifères de l’Auvergne et leur absence , ou plutôt leur non-conservation aux époques an¬ térieures aux dernières inondations de ses vallées. Mais si nous ne pouvons arriver d’une manière certaine à fixer, comparativement aux autres terrains du même pays, l’âge de ces dépôts anormaux, nous arriverons à des résultats assez significatifs, assez remarquables même , pour les dépôts de transport ossifères dont il nous reste à parler. Ces dépôts sont ceux d’Anciat, près Neschers, des Peyrolles et Tormeil , qui n’en forment qu’un , et de Malbatu, qui leur paraît identique et même associé. Mais avant d’aller plus loin . nous devons exposer quelques caractères géolo¬ giques des terrains volcaniques des environs , afin de faire com¬ prendre plus clairement l’importance de nos observations. Mont- 220 SÉANCE DI! 19 JANVIER 184(3. losier divisait, comme l’on sait, les terrains volcaniques d’Auvergne en deux classes, celles des laves et des basaltes, les trachytes n’é¬ tant pas alors compris par lui dans ces groupes ; cette division, peut-être due aux idées de Mossier, trop peu apprécié et même en apparence étranger à l’ouvrage de la Tliéorie sur les volcans, quoiqu’il paraisse maintenant certain qu’il y avait autant travaillé que son auteur, était basée sur la considération que ceux-ci étaient placés sur les plateaux , quoique ayant occupé le lit de val¬ lées anciennes, et que celles-là, au contraire, étaient en coulées au fond des vallées actuelles, excavées plus profondément depuis l’é¬ ruption des basaltes. M. Bravard et MM. Croizet et Jobert, qui traitèrent après lui cette même question , poussèrent plus loin en¬ core les conséquences de cette considération , en trouvant dans le chronomètre de Montlosier l’indication, le premier, de cinq épo¬ ques formulées dans la monographie de la montagne de Perrier, savoir : 1° les alluvions des hauts plateaux représentant les débris des premiers basaltes ; 2° les basaltes et conglomérats des mêmes sommets; 3° ceux du flanc des montagnes et leurs alluvions; 4° les basaltes des pics isolés (dykes) ; 5° les laves ou produits des volcans à cratères ayant comblé le fond des vallées actuelles, ces deux derniers systèmes étant considérés comme postérieurs au diluvium ; les seconds , de quatre époques établies ainsi dans leur discours préliminaire des Recherches sur les ossements fossiles du Puy-de-Dôme : 1° tracliytes , vakes et basaltes , ces derniers représentés par les plus hauts sommets basaltiques, ceux de Saint-Romain et d’Isson ou Solignat; 2° basaltes gisant sur des sommets d’un ordre moins élevé, Pardines étant pris pour type ; 3° basaltes reposant sur les alluvions ponceuses à Perrier et Anciat, division qui comprend les tufs des hauts plateaux et les tufs et ba¬ saltes du flanc des montagnes de M. Bravard; 4° les conglomérats supérieurs à ceux déjà cités à Perrier, un remaniement de ces der¬ niers et les laves du fond des vallées nommées basaltes modernes. Ces deux systèmes sont, comme on le voit, assez différents, et présentent également des imperfections notables, le premier, en ce qu’il confond des dépôts adossés avec d’autres contre lesquels ils s’appuient (Pardines et Perrier) ; qu’il considère comme une pé¬ riode le phénomène des filons et des dykes qui est de toute la pé¬ riode d’épanchements basaltiques ; qu’il fait en outre une division spéciale pour le diluvium , qui , comme époque géologique , s’est étendue, ainsi que nous l’avons établi, jusqu’aux dépôts qui parais¬ sent les plus récents et qui sont postérieurs aux coulées des volcans à cratères. Le second, en ce qu’il crée une première division 221 SÉANCE DU 19 JANVIER 1840. erronée ayant peur base l’interprétation fausse du gisement de certains basaltes non en coulées sur des alluvions , mais en pitons et en dykes, cpii à Solignat ont traversé des sables et galets de l’épo¬ que miocène, c’est-à-dire , appartenant au système des dépôts la¬ custres; qu’il confond ensemble les conglomérats de Perrier et d’Anciat, ceux-là étant tous antérieurs à ceux-ci , et enfin qu’il considère comme modernes , c’est-à-dire historiques , des allu- vions bien certainement de l’époque diluvienne ; de sorte qu’en somme, dans l’exposition de la chronologie des éruptions qui ont laissé des traces appréciables sous ce rapport dans ces localités assez restreintes , M. Bravard s’est approché de la vérité bien plus que ne l’ont fait MM. Croizet et Jobert. Ce qu’il y a de capital dans cette question, c’est qu'il existe réel¬ lement trois grandes divisions géologiques dans l’ensemble volca¬ nique de l’Auvergne, comme l’admettent généralement les géolo¬ gues, et que chacune peut être traduite en un mot désignant la roche la plus commune qui la constitue ; savoir : trachyte, basalte et laves, la seconde ayant, en outre , trituré les roches de la pre¬ mière pour en former des conglomérats ponceux. Mais on peut voir en outre par l’exposé chronologique qui précède que la pé¬ riode basaltique a été la plus longue et que par conséquent elle a eu un plus grand nombre de paroxysmes qui se sont succédé à des intervalles plus ou moins longs, ce qui échappe évidemment à nos investigations : aussi voit-on que M. Rozet , dans son excel¬ lent mémoire sur ces formations , ne s’occupe nullement de ces subdivisions chronologiques , et qu’il trouve dans tous les basaltes les mêmes caractères généraux qu’il a si bien exposés sous des points de vue nouveaux. Mais il n’en est pas ainsi sous le point de vue paléontologique et par contre géologique , mais alors dans les rapports de synchronisme général, comme nous allons le démontrer. On a pu voir en effet que nous avons parlé des alluvions ponceuses d’Anciat près Neschers dans l’énumération des gîtes qui renfer¬ ment des fossiles de la faune diluvienne, et l’on savait déjà que c’est dans un terrain de composition à peu près identique que se trouvent les espèces pliocènes de la montagne de Perrier. Or donc, comme il doit paraître étonnant de retrouver dans les mêmes ter¬ rains deux faunes différentes, et qu’en effet ce phénomène a trouvé des incrédules dans la Société géologique , lorsque j’exposai mes idées lors de l’annonce de la prétendue découverte des fossiles humains du Puy, en disant que ceux-ci avaient peut-être été trouvés dans les gîtes de la dernière faune, je dois donner des éclair¬ cissements géologiques sur ce fait, et puis j’en tirerai des conclu- 222 SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. sions assez remarquables sur l’âge des éruptions volcaniques de l’Auvergne. Ce qu’il s’agit de démontrer, c’est que les immenses dépôts de conglomérats de Perrier sont postérieurs à ceux d’Aneiat , comme l’avait supposé M. Bravard et au contraire de ce qu’avaient admis MM. Croizet et Jobert. Les basaltes qu’on peut considérer comme les plus anciens dans les environs d’Issoire sont ceux de Pardines , du Broc, etc. , qui, indépendamment de leur niveau à peu près sem¬ blable, ont pour caractère commun de reposer soit sur le sol lacustre lui -même , soit sur des alluvions qui sont exclusivement formées de cailloux de quartz la plupart pugillai res, à surface rougie for¬ tement par l’oxyde de fer, et auxquels se mêlent rarement des galets de roches primitives. L’absence presque complète de débris volca¬ niques fait remonter jusqu’aux tracliytes dont les commotions sont sans doute la cause de formation , ces dépôts remarquables dans lesquels on a voulu trouver le diluvium lorsqu’ils affectent certaines circonstances particulières de gisement. Ces galets se retrouvent jusque sur les tracliytes de certains cols du mont Dore , ce qui ap¬ puierait la fixation de leur âge telle que nous l’avons admise ; ils sont probablement représentés plus au nord par des dépôts tout-à- fait semblables qui deviennent de plus en plus ténus et couvrent dans le département de l’Ailier de vastes espaces à l’état de sable quartzeux, presque purs, et tout-à-fait infertiles; ils paraissent même remonter dans la vallée de la Loire comprise dans le dé¬ partement de ce nom. (/est dans ces alluvions qu’on a trouvé plu¬ sieurs oursins silicifiés et d’autres corps organisés marins qui y ont été transportés à l’état fossile. Ceux que nous avons signalés comme trouvés à la Tour-de-Boulade dans des attérissements proviennent peut-être aussi d’un remaniement de ces mêmes dépôts quartzeux ; toutes ces circonstances rendent bien embarrassante l’explication du phénomène qui a produit cet immense dépôt alluvial. Contre ces basaltes et même inférieurement à ceux-ci, contre les pentes des sédiments lacustres, viennent butter et s’adosser des al¬ luvions presque exclusivement à débris volcaniques que recouvrent à trois ou quatre reprises des tufs ponceux remarquables par les immenses blocs trachy tiques qu’ils contiennent. Près de l’escar¬ pement basaltique de Pardines ils ont recouvert des entassements assez considérables de fragments du basalte lui-même, qui, en rai¬ son de la composition fragmentaire de cette roche sur ce point , s’en sont détachés et ont été transportés par une cause quelconque sur toutes les pentes de ce long plateau en couvrant tout le sol d’une couche presque continue sur des pentes assez faibles et jus- 223 SÉANCE DU 19 JANVIER 18/Ï6. qu’à une distance de 1,000 à 2,000 mètres. Par conséquent ce ba¬ salte eut-il percé les sédiments lacustres, sur ce point meme, son antériorité au dépôt précédent est indubitable. Pour celui-là, nous ne rechercherons pas s’il est le résultat d’une éruption boueuse (Bravard), si c’est une alluvion de nature particulière venue des monts Dore (Croizet et Jobert) ou bien s’il résulte de la trituration sur place par les basaltes d’une formation trachy tique (Rozet) ; ce qui est évident , ce qu’on ne peut nier, c’est que le plateau de la Croix-du-Bonhomme, entre Chidrac etCliampeix, est évidemment un lambeau , aujourd’hui détaché , des dépôts de conglomérats ponceux de Perrier et Pardi nés, dont il est séparé par le col de la Maison-Blanche, et qu’il représente ce dépôt en entier, puisqu’on y reconnaît des alternances semblables. Ces conglomérats ponceux y occupent presque tout le sommet de la montagne , à l’exception de l’extrémité N. , où existe un énorme dyke formant un petit ma¬ melon au sommet, et contre lequel les alluvions sont venues s’ados¬ ser en perdant beaucoup de leur puissance en raison du léger re¬ lèvement du sol lacustre sous-jacent. Leur puissance est aussi beau¬ coup plus considérable sur le revers oriental, où les alluvions vraies sont aussi plus développées, et au-dessus du niveau du col qui les sépare de Pardines et Perrier. Sur le revers septentrional, la pente, assez abrupte , est à peu près uniforme jusqu’au fond de la vallée , et c’est à son pied qu’est bâtie la petite ville de Champeix ; mais sur le milieu de cette pente même se trouvent aussi des restes , assez faibles il est vrai , d’une couche de conglomérats et de cail¬ loux dont le niveau est de beaucoup inférieur à celui des parties les plus basses du dépôt supérieur. Plus à l’E. , le lambeau est moins restreint, et s’étendant presque jusque sur le col, dont il semble oc¬ cuper quelques parties les plus basses , il vient aussi s’y adosser contre la pente du sol sous-jacent aux alluvions du plateau supé¬ rieur. Il est donc évident qu’il existe entre ces deux dépôts de con¬ glomérats ponceux et d’alluvions, des relations semblables à celles qu’on observe entre le basalte de Pardines et les conglomérats pon¬ ceux de Perrier, et que le plus inférieur, s’adossant contre des pentes formées après le dépôt du supérieur , doit lui être certaine¬ ment postérieur. On ne peut pas ici invoquer à l’appui d’une expli¬ cation contraire le relèvement de la partie située au sommet du plateau qui aurait alors fait partie des lambeaux que nous consi¬ dérons comme plus récents , parce que nous avons des coupes qui montrent au-dessous des dépôts lacustres le granité, dont le niveau supérieur des deux côtés de la vallée est à peu près semblable , et qui en passant au-dessous de la montagne du Bonhomme devient au 22£ SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. contraire plus inférieur ; les argiles, base du dépôt lacustre, augmen¬ tant de puissance, et les calcaires occupant le même niveau général avec une pente même là où il devrait y avoir relèvement. Dans la supposition contradictoire, si les dépôts comparés étaient des ba¬ saltes, on pourrait nous objecter que ceux-ci ont pu être contem¬ porains; celui du plateau, en raison de sa viscosité et du refroidisse¬ ment des bords de la nappe, ayant pu s’arrêter sur le bord de la pente, sur la pente même, comme il semble y en avoir quelques exemples dans la contrée ; mais pour des alluvions, on ne peut admettre que le même phénomène ait eu lieu et que les cours d’eau aient pu rester sur les sommets sans se jeter en entier dans une grande ca¬ vité où les lois dynamiques tendaient à les entraîner. Il reste donc démontré que les conglomérats ponceux et les alluvions , de même que le basalte qui les recouvre , gisant sur les pentes des collines de la vallée de Champeix , sont postérieurs à ceux de la Croix-du-Bon- liomme, identiques par conséquent à ceux de Perrier, dont ils ont fait partie, au basalte que ceux-ci contiennent et à fortiori au basalte de Pardines qu’ils ont recouvert. Nous avons compris dans le gîte d’Anciat tout l’ensemble de ce dernier dépôt tufacé qui s’étend presque sans discontinuité, en passant toutefois d’une rive à l’autre, depuis Montaigu-le-Blanc jusqu’au-delà de Coudes-Montpeyroux sur la rive gauche de l’Ailier , près du confluent de la vallée de Champeix ou Neschers ; car en réalité une seule des espèces citées s’est trouvée dans la localité type. Les autres sont de Montaigu, de Cliadeleuf et de Montpeyroux. Il est de même probable qu’il en existe en amont dans des dépôts qui s’y relient, et qu’on suit par lambeaux plus ou moins grands et éloignés jusqu’au-delà de Mu- rol , dans la vallée de Cliaudefour et dans d’autres qui leur ap¬ partiennent bien évidemment , et qui s’étendent vers les rives de l'Ailier jusqu’au. pied du Puy-Saint-Romain et peut-être même au-delà, en conservant toujours le même caractère ; car dans tout cet ensemble les débris sont bien plus rares qu’à Perrier et n’ont été récoltés jusqu’ici que par des circonstances fortuites , telles que les ravinements des orages ou les creusements de caves ou¬ vertes assez souvent dans ces alluvions. Il existe à l’E. de la montagne de Perrier un dépôt qui se com¬ porte à son égard comme celui de Champeix à celui du Bonhomme, et qui se lie à celui-là par une composition analogue et une bien moindre puissance. Les fragments de trachyte et de basalte et leurs galets y sont en effet bien moins volumineux, et le conglomérat à moins grandes parties a bien plus l’air, par sa nature plus terreuse, d’un dépôt remanié. Les gîtes qui lui appartiennent sont ceux de 225 SÉANCE DU 19 JANVIER 18/|(5. Malbatu, sur la rive droite de la vallée au pied de l’extrémité du plateau de Garde- Yacliette, près Bergonne , ceux des Peyrolles et de Tormeil sur la rive gauche qui ne sont que deux points fossi¬ lifères d’un même lambeau occupant toute la plate-forme comprise entre Issoire et les pentes orientales du plateau de Perrier. 11 sem¬ blerait que l’on doive y rattacher, en raison de leur position et de leur composition analogue : 1° en aval, des débris gisant sur la pente occidentale cluTeiller, et plus au N. près du village de Moida, au-delà et sur les rives mêmes de l’Ailier ; 2° en amont, un lambeau lié au gisement de Malbatu et remontant dans la val¬ lée sur la rive droite au pied des pentes de conglomérats de Garde- Vachette antérieurement liés à la montagne de Perrier. D’un autre côté , et un peu plus en amont, des dépôts identiques, mais plus ter¬ reux et à galets bien plus petits , s’observent à la Maison-Blanche dans des conditions topographiques identiques , et remontent dans le col , ce qui pourrait faire penser que les eaux charriant les al- luvions d’Anciat ont franchi ce col et sont ainsi passées d’une vallée dans l’autre , entraînant dans celle-ci les parties les plus ténues , qui, mélangées avec les détritus ponceux de cette même vallée, ont formé ces dépôts conglomérés , assez peu puissants et plus ter¬ reux, que nous venons de décrire. Au reste, MM. Croizet etJobert ont avec raison considéré comme postérieurs à Perrier les gîtes de Tormeil et de la Croix-Saint-André , opinion formulée dans une de leurs coupes; M. Bravard, au contraire, ne les en avait pas d’abord distingués dans sa monographie de cette montagne. Ainsi donc, l’ensemble des alluvions et conglomérats auxquels appartiennent les gîtes des Peyrolles, de Tormeil et de Malbatu, dans la vallée de la Couse Pavin et celui d’Anciat (pris d’une manière générale) constituent un système de dépôts postérieurs à ceux de même nature de la montagne de Perrier , système que les observations géologiques ne pourraient en faire séparer que comme constituant un paroxysme particulier et plus récent du grand phénomène des épanchements basaltiques , mais que ses ca¬ ractères zoologiques tendraient à faire ranger dans une période géologique différente. M. Pissis , qui a sur la classification des roches volcaniques de l’Auvergne des idées assez éloignées de celles de la plupart des géologues, verrait peut-être dans ces faits une preuve à l’appui de son système de délimitation des laves et des basaltes , puisque les espèces diluviennes gisent sous des basaltes qui ont coulé sur des alluvions basaltiques ; mais l’on sait aussi qu’il existe de même de ces basaltes roulés sous les couches fossilifères pliocènes de Perrier , et par conséquent sous Soc. géol. , 2e série, tome III. 15 226 SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. les basaltes qu’ils englobent aussi. Au reste, la présence ou l’ab¬ sence de ces galets sous les basaltes ne constitue que des accidents, et cette dernière ne peut fournir que des caractères négatifs le plus souvent erronés. Ces phénomènes ne sont pas seulement propres à la partie de l’Auvergne dont nous venons de parler , ils se présentent aussi dans les terrains de même nature du département de la Haute- Loire , où les géologues du pays ont aussi reconnu des différences entre les alluvions a débris volcaniques qu’on y observe. En effet les espèces fossiles analogues et identiques à celles de Peirier ont été trouvées accidentellement dans des dépôts limoneux, gisant immédiatement sur les terrains lacustres et formant , d’après l’expression de ces observateurs , une sorte de transition entre ceux-ci et les couches bien plus meubles , formées en grande partie de fragments scorifiés, qui les recouvrent et gisent sous des nappes basaltiques. Plusieurs points de ces derniers dépôts ont en effet fourni des espèces identiques avec celles de la faune dilu¬ vienne. Car le Bos velaunos est le primigenius , les Cerfs du Regard sont les mêmes que Y inter médias et celui du gîte des Peyrolles. Le Rhinocéros tichorhinus et le Bos velaunos ont aussi été trouvés dans des dépôts analogues des environs d’Expailly. Enfin , pour compléter ce rapprochement, qui nous avait déjà fait émettre l’opinion précitée à l’occasion du prétendu fossile humain de Denise , les scories elles-mêmes non remaniées contiennent les mêmes espèces au gisement de Saint-Privat-d’ Allier , que M. Ber¬ trand de Doue a découvert et fait connaître dans une notice ad hoc. Yoilà donc un exemple bien remarquable de discordance entre les caractères géologiques et paléontologiques; car, nous le répé¬ tons , malgré la différence sensible qui existe entre les dépôts qui contiennent les deux faunes , il serait impossible de ne pas les réunir dans une même période de l’époque volcanique en Au¬ vergne. C’est ce que démontrerait aussi , au besoin, l’impossibilité où nous sommes de pouvoir établir la même distinction entre les divers lambeaux (ou prétendus tels) qui couvrent les sommets de tant de collines ou mamelons de cette contrée. Il a fallu des circonstances particulières , et appartenant uniquement peut-être à la localité ci-dessus décrite , pour reconnaître les rapports d’âge de ces terrains entre eux : par les fossiles , les difficultés sont en¬ core bien plus grandes , car leur rencontre sous les basaltes même est une très grande rareté. Mais si on considère ce phénomène sous un autre point de SÉANCE DU 19 JANVIER 18ZllL 527 vue , on voit qu i! pourra nous éclairer sur les rapports d’âge de ces terrains pyrogènes avec les divisions géologiques en général. On remarquera , non sans étonnement , que pendant la période diluvienne le centre de la France a non seulement été disloqué par l’apparition des laves, mais qu’il a encore éprouvé d’une manière bien plus énergique les effets au moins des dernières commotions basaltiques. C’est donc pendant cette époque basal¬ tique ( au milieu sans doute ) que s’est opérée cette transmutation complète et si remarquable des espèces animales , par des phéno¬ mènes que nous ne pouvons pas certainement apprécier d’une manière complète , mais sur lesquels nous avons cependant des notions assez étendues, pour pouvoir affirmer que la disparition de l’ancienne faune n’est pas le résultat de l’état de déflagration locale , sous des rapports généraux , dans lequel s’est trouvé avec cette époque le centre de la France. En effet, il résultera des considérations subséquentes que ce phénomène a été général et qu’il se lie d’une manière bien remarquable avec le fait le plus curieux de physique du globe que les recherches des géologues aient fait connaître depuis quelques années seulement. Les terrains diluviens , ou ceux qui leur sont synchroniques , ont fréquemment montré le singulier phénomène , depuis les con¬ trées arctiques jusqu’aux plus méridionales de l’Europe, de l’exis¬ tence dans leur sein d’espèces animales tout-à-fait identiques à quelques unes de notre génération, qui habitent exclusivement les régions les plus froides de notre hémisphère. Au premier rang se trouve le Renne , puis les Lagomys , le Spermophile , plus rare¬ ment le Glouton , et , ce qui est non moins remarquable , des Mar¬ mottes et une quantité prodigieuse d’Ours y apparaissent aussi , et cela dans les plaines les plus basses et les plus méridionales , où de nos jours ils 11e pourraient certainement vivre que très diffi¬ cilement et en petit nombre , en raison des conditions climatéri¬ ques si opposées à leurs habitudes innées et à leur constitution physique. On sait aussi que les Mollusques ont fréquemment offert le même phénomène d’expatriation, si je puis m’exprimer ainsi. Mais il est bien plus remarquable , du moins en apparence , de trouver associés à ces espèces vivant encore de nos jours, mais dans les régions circumpolaires , des animaux dont les congénères sont exclusivement propres de nos jours aux régions intertropi¬ cales. Remarquons cependant que ces dernières ont été trouvées différentes des actuelles , et que même la conservation extraordi¬ naire des parties molles de quelques unes nous les a montrées organisées extérieurement pour supporter des climats assez rigou- 228 SÉANCE DU 19 JANVIER 18Z|Ô- reux , et que (lès l’instant qu’il n y a pas identité entre les espèce s, on ne peut pas préjuger des habitudes et des conditions climaté¬ riques d’existence des inconnues par celles qui nous le sont ac¬ tuellement. L’exemple des grands pachydermes velus du Nord est bien fait pour nous rendre circonspect sous ce rapport; bien plus, par une légère exagération des conséquences de l’observation pré¬ cédente, il serait plus rationnel d’être étonné de l’existence de ces derniers dans les régions les plus méridionales de notre Europe , si elles s’y associaient avec des espèces actuellement reléguées entre les tropiques , ce qui du reste est bien loin encore d être démontré , malgré les déterminations trop légères de quelques paléontolo¬ gistes. Quoi qu’il en soit, il est indubitable que des espèces non éteintes, aujourd’hui propres aux régions glacées , se sont éten¬ dues pendant l’époque diluvienne sur presque toute la surface de l’Europe , du moins occidentale , et que de nos jours elles ne pourraient y vivre en liberté parce qu’elles n’y trouveraient pas les conditions nécessaires à leur existence. Or, ce fait n’est-il pas en relation intime avec celui de la plus grande extension des glaciers pendant cette même époque diluvienne et par conséquent d’un abaissement assez considérable dans la température de notre hémi¬ sphère? M. Smith de Jordanhill avait reconnu ce fait pour les Mol¬ lusques des terrains erratiques considérés comme le produit des glaciers anciens ; mais on lui avait objecté que , dans l’hypothèse de courants, ces espèces avaient pu être charriées des montagnes voisi¬ nes dans des dépôts assez ténus pour permettre leur conservation. M. Pictet avait aussi signalé les mêmes relations dans la supposi¬ tion que le Renne était analogue à l’espèce vivante, ce que n’avaient pas encore démontré d’une manière aussi rigoureuse que nous , les observateurs qui nous avaient précédé dans cette question importante. Indépendamment de l’appui que ces faits prêtent à la théorie de l’extension des glaciers anciens , on peut voir , dans cet abaissement de température plus ou moins subit , la cause probable de la disparition des espèces delà faune antérieure, qui a dans son ensemble un caractère éminemment tropical. Comme une conséquence de ces mêmes faits , on peut aussi établir que les mêmes causes ont existé dans une grande partie de l’Eu¬ rope au moins et que par conséquent l’extension des glaces , dé¬ montrée d’une manière certaine pour certaines contrées , n’a pas été le résultat d’une plus grande altitude de ces pays pendant l’époque diluvienne , que la fonte de ces glaciers n’a pas été non plus le résultat de l’abaissement local de ces pays ; mais qu’il a *ité le résultat d’un phénomène général qui , ramenant dans nos 229 SÉANCE DU 19 JANVIER I ' latitudes des températures plus élevées , a relégué soit vers l’ex¬ trême nord , soit sur des cimes plus hautes , et les glaciers et les espèces qui habitent exclusivement leur voisinage. Cependant , disons que dans l’hypothèse de l’extension ancienne des glaciers , on a lieu de s’étonner de ne trouver en Auvergne aucune trace géologique de leur existence , quoique cette contrée présente des cimes bien plus élevées que certaines localités où on observe des traces qu’on considère comme le résultat évident de l’action ancienne des glaces. Cependant , là plus que partout ail-r leurs , ces glaciers auraient dû laisser des traces nombreuses de leur action destructive des surfaces. Et , comme M. Rozet l’a bien justement observé , les scories sont toutes à leur place sur nos cra^ tères , les aspérités des laves , des basaltes et des trachytes • sont aussi marquées qu’elles ont dû l’être dans l’origine , et les dépôts erratiques multiples ne présentent nulle part les caractères de moraines , mais bien ceux d’inondations brusques , violentes , passagères et successives. Peut-être que l’action volcanique , dont l’intensité a été si grande dans ces montagnes , y a empêché la formation des gla¬ ciers , en fondant les neiges accumulées à chaque paroxysme ( cause probable des inondations multipliées de cette région ) phénomène fréquemment observé sur les immenses montagnes des deux Amériques, où il cause de bien grands ravages. Il est évident , d’après tout ce qui précède , que l’état climatéri¬ que de notre Europe, sinon de notre hémisphère pendant la période alluviale , a été bien différent de celui de la période pliocène et aussi de la période actuelle , et par conséquent que l’aspect physique qu’il présente de nos jours est tout-à-fait par-r ticulier à cette dernière période. Il est donc impossible, d’après ces caractères, d’admettre les opinions de M. Pictet , qui consi¬ dère la faune diluvienne comme une sorte de transition, à la gé¬ nération de l’homme , car l’économie admirable de celle-ci serait bien certainement troublée dans toutes ses parties par un retour des phénomènes qui caractérisent la période diluvienne. Ce serait aussi le cas de discuter ici de nouveau cette question de l’appa¬ rition de l’homme dans notre Europe , avant la fin de la période alluviale ; mais les traces qu’on lui attribue sont tellement in¬ certaines , les annonces de découvertes d'ossements humains fos¬ siles se montrent si promptement erronées , qu’on ne peut agir avec trop de circonspection et de réserve dans une question aussi ardue et cependant si importante pour l’histoire de notre espèce , 230 SÉANCE I)U 19 JANVIER 18/l0. et la connaissance de son origine si obscure et si embrouillée par les mythes religieux de tous les peuples. Bornons-nous à attirer l’attention des géologues sur le fait im¬ portant découvert par M. Picliot et signalé par M. Bravard , et répondons à ce dernier qu’il est rationnellement impossible d’at- tiibuer à la dent des carnassiers, les marques si particulières de certains bois de Benne et de quelques fragments osseux; car cer¬ tainement elles ne sont comparables qu’en apparence à celles laissées par ces animaux sur les débris des Étouaires et d’Ardé. Pour clore ce long exposé des caractères des générations con¬ temporaines de la volcan isation de l’Auvergne , il ne reste plus qu’à nous résumer, ce que nous ferons ainsi : 1 II existe dans les terrains de 1 Auvergne trois faunes diffé¬ rentes entre elles qui caractérisent les époques miocène , pliocène et diluvienne. La première est conservée dans les terrains lacustresde la Limagne . La deuxième dans les plus anciens depots de conglomérats pon- eeux. La troisième dans les plus récents de ceux-ci , sous les basaltes les moins anciens, dans un grand nombre d’éboulis de la base ou des flancs des collines , et enfin sous les laves , dans leurs fissures , dans les travertins et le limon de quelques grottes, 2 La période alluviale a commence avant les derniers épanche¬ ments basaltiques et s’est continuée jusqu’après la formation des volcans a cratères et de leurs coulées de laves. 3 Cette époque a ete appelée aussi diluvienne, mais impropre¬ ment, pai ce que ce nom rappelle un phénomène brusque et in¬ stantané, qui ne peut par conséquent laisser l’idée d’une période do longue duree. Le grand phénomène erratique s’est certaine¬ ment opéré dans cette époque ; mais l’on sait qu’il est loin d’être geneial et que les contrées qui n en ont pas ete affectées n’en pré¬ sentent pas moins des depots d alluvions plus ou moins multiples résultant de petites inondations locales successives qui n’ont pu s’o- péi ei toutes dans le meme temps, et que la comme en Auvergne il y a eu une longue époque diluvienne, qu’on ferait mieux d’ap¬ peler alluviale, parce que ce dernier nom a une acception plus genéi ale et peut s appliquer au diluvium qui n’est qu’un paroxysme exagéré de cette grande période. à0 La faune diluvienne ne peut être divisée en deux faunes par¬ ticulières, car les caractères de ces dernières sont arbitraires pu négatifs, et par conséquent erronés. SÉANCE DU 19 JANVIER 1 840. 231 5° Cette laune renferme des espèces encore vivantes , aujour- cl’liui reléguées dans les régions glacées. L’existence de ces espèces dans toute l’Europe occidentale indique, pour l’époque à laquelle elles appartiennent , une température bien plus basse qu’ actuelle¬ ment en même temps que plus uniforme; elle vient réellement à l’appui de la théorie moderne de l’extension des glaciers, mais seulement lorsque celle-ci n’exagère pas les conséquences de la coordination des faits et qu’elle reste dans les justes limites de l’observation. Le Secrétaire donne lecture d’une lettre sur quelques phéno¬ mènes des glaciers en Suisse , par M. Escher de la Linth. Je viens de lire avec grand intérêt le mémoire de M. Duroclier sur les phénomènes erratiques de la Scandinavie, et je mesuishien réjoui de voir que M. Durocher est d’avis que l'agent qui a produit des sulcatures dans le sol de la Scandinavie a été le même que celui qui a produit les sulcatures dans les Alpes. En effet, les descriptions détaillées et les figures que donne JV1. Durocher conviennent si bien aux sulcatures de nos Alpes, que je ne saurais trouver quel¬ ques différences importantes , le contraste des côtés frappés et des côtés préservés existant aussi chez nous, circonstance dont M. Du¬ rocher cite lui-même quelques exemples. Je partage, de plus, en¬ tièrement son opinion que les agents ou appareils sulcateurs ont du être flexibles. M. Durocher est d’avis que parmi les agents proposés pour l’explication du phénomène, il n’y a que l’eau qui possède ce caractère, et il rejette par conséquent la glace. Il vaut cependant la peine d’examiner si la glace des glaciers est vérita¬ blement dépourvue du degré nécessaire de flexibilité pour produire cet effet. Or , même abstraction faite des résultats obtenus dans ces der¬ nières années par MM. Agassiz et Forbes relativement au mouve¬ ment des glaciers, résultats qui ne peuvent guère s’expliquer sans attribuer à la glace du glacier la propriété de se plier et d’être flexible, je suis persuadé que si on observe les courbures et les plis décrits par les bandes bleues et blanches ( ailleurs rectilignes et parallèles à la longueur du glacier ) dans le voisinage des fentes, et en général partout où le mouvement du glacier est gêné par quelque obstacle , personne ne pourra se refuser d’admettre que la glace des glaciers est flexible, et assez flexible pour entrer, sous une pression convenable dans toutes les anfractuosités du sol et des parois des glaciers, enfin qu’elle est assez flexible pour se prêter à tous les 232 SÉANCE DU 19 JANVIER 1846. mouvements que M. Duroclier exige de l'agent suleateur. Comment s expliquer, si la glace des glaciers n’est pas très flexible dans de certaines circonstances, les plis très aigus et le passage insensible aux courbures moins fortes, représentées dans les fig. 5, 6, 7 et 8, pl. 1Y, courbures qui, comme il est déjà dit, ne se trouvent que là où des crevasses plus ou moins fréquentes indiquent que le glacier est gêné dans son mouvement, qu’il a des obstacles à vaincre? Je dois ajouter que les courbures sont dans la nature beaucoup plus îégulières, mieux dessinées qu’elles ne le sont dans les figures. Elles y sont aussi beaucoup plus rapprochées les unes des autres, la lar¬ geur des bandes bleues et blanches variant à peu près de 1 milli¬ mètre à 4 centimètres. Les figures donnent seulement une idée de la forme des courbes. Pai tant de la supposition de la rigidité de la glace, M. Duroclier dit que le glacier ne peut exercer son pouvoir suleateur qu’en des¬ sous. La fig. 9, représentant la fin du bras occidental du glacier de A iesch et sa paroi occidentale surplombante et sillonnée, peut mon- ti ei , a ce cju il me semble, avec toute l’évidence désirable, que l’as- seition citée n est pas exacte. En effet, on y voit, depuis une hauteur de près de 2 mètres au-dessus du sol , le glacier appuyé immédia¬ tement sur et contre la paroi granitique, dont le contour arrondi et poli présente de grandes sulcatures peu inclinées vers l’horizon, et qui s étendent au loin dans une direction parallèle à celle du glaciei . Dans les parties concaves et convexes de la surface grani¬ tique on voyait de plus des sillons plus petits, peu profonds, larges de 2 à 5 centimètres , sensiblement parallèles aux grandes sul- catuies; en outre, on remarquait principalement dans les sillons une multitude de stries extrêmement fines , à peine visibles , pa- î allèles aux sillons. Dans la glace étaient enchâssées des pierres (1) si bien cimentées avec elle ( évidemment par la pression de la masse supérieure du glacier qui s’élevait d’une centaine de pieds au-dessus du sol ) que j avais beaucoup de peine à en détacher quel¬ ques unes avec le marteau. Ct s pierres , un peu usées du côté du rocher , étaient enduites de ce même côté d’un limon excessive¬ ment fin, presque onctueux au toucher par la finesse du grain. Ce limon, mêlé avec du sable fin, recouvrait aussi la partie abordable du îoc surplombant, séparé du glacier dans le bas par un espace (!) Ces pieires étaient tombées sans doute originairement des hau¬ teurs de la paroi ou de la surface du glacier dans l’intervalle qui , à la surface des glaciers , se trouve si souvent entre la glace et les parois de son lit ; puis elles furent accolées par la glace. SÉANCE DU 19 JANVIER 18/l(5. *233 vide produit évidemment par l’influence de la chaleur d’été de l’air extérieur : aussi cette caverne allait en se rétrécissant en amont du glacier de manière qu’elle avait à peine 20 pas de longueur ; quelques semaines plus tôt on aurait sans doute vu le glacier cô¬ toyer le rocher jusqu’à sa base ; mais alors on n’aurait pas vu s’é¬ tendre les grandes sulcatures au-dessous du glacier, ce qui alors était le cas. 11 est clair que les pierres enchâssées dans la glace doivent avancer simultanément avec le glacier et qu’elles ne peuvent pas avancer sans s’user , et , selon leur propre dureté et celle de la paroi , produire des sulcatures et des stries dans celles-ci ou en recevoir elles-mêmes ( pierres détachées , polies , sillonnées et bu¬ rinées). Le limon mentionné se présente comme le produit néces¬ saire du frottement des pierres contre le rocher : aussi l’observe- t-on partout dans les ruisseaux qui sortent de dessous les glaciers. Le mode de production du poli des sillons et des stries était ici étalé devant les yeux d’une manière si nette, que toute personne, à ce que je crois, aurait dû se rendre devant l’évidence des faits, et admettre que les glaciers ont la faculté de produire les phéno¬ mènes mentionnés dans toutes les parties de leur lit. Quant aux canaux profonds et ondulés, j’avoue que dans de pa¬ reils canaux > très fréquents au fond de nos lits de glaciers, mais rarement abordables à un examen minutieux, je n’ai jusqu’à pré¬ sent pas remarqué le striage mentionné par M. Duroclier. Mais, la flexibilité de la glace admise, il n’y a pas la moindre difficulté à en concevoir la naissance dans un pareil canal aussitôt qu’il est abandonné par l’eau et rempli de nouveau par la glace. Le chan¬ gement fréquent des cours d’eau sous les glaciers est un phéno¬ mène trop connu pour qu’il soit nécessaire d’entrer dans des dé¬ tails à ce sujet. Il me paraît donc que les objections de M. Duroclier contre la théorie de M de Charpentier, qui attribue aux glaciers les sulca¬ tures, sont réfutées par l’examen de ce qu’on voit se passer aux glaciers encore existants. Voyons maintenant s’il ne se trouve pas des faits qui exigent de l’agent ou appareil sulcateur des propriétés qui sont en opposition avec celles d’un courant d’eau ou de boue ; il me semble qu’il en existe plusieurs. 1° Les grandes sulcatures et les stries fines que nous voyons dans les contrées actuellement dépourvues de glaciers ne sont, en général, pas rectilignes ; elles suivent au contraire, en lignes géné¬ ralement presque horizontales, exactement le pourtour irrégulier, SÉAKCE DU 19 JAiNMKU î S/l(>. 234 souvent très sinueux et même presque à angle droit des parois. J /outil par lequel les sulcatures ont été produites a donc suivi dans sa marche exactement ce pourtour tortueux. Maintenant, qu’on suppose à un courant d’eau ou de boue quelque densité qu’on veuille , toujours elle sera moindre que celle des pierres, s’il doit posséder une vitesse très considérable. Les pierres, se mouvant à peu près dans le sens du courant, longeront sans doute par-ci et par-là les parois du lit ; mais toutes celles qui arrivent à la paroi , sous quelque angle que ce soit, en seront rejetées vers le milieu du courant, et il me semble tout-à-fait impossible qu’elles puissent tourner le moindre angle saillant. Admis pour un instant (1) qu’un courant puisse produire des stries fines , il faudrait donc supposer pour celles qui ne sont pas rectilignes, que, commencées par une pierre, elles aient été con¬ tinuées par une seconde, une troisième, etc. , qui, par un hasard des plus invraisemblables , aurait continué la strie exactement là où elle aurait été laissée par la pierre précédente. De plus , en considérant que les sulcatures presque horizon¬ tales se montrent dans la vallée supérieure de l’Aar, dans un es¬ pace de plusieurs milliers de pieds de hauteur, il faut supposer pour une origine simultanée dans toute la hauteur un courant au moins d’égale puissance , un courant de densité exactement sem- (l) Du reste, personne, à ce que je sache, n’a jamais prétendu avoir observé des stries de la nature en question, produites par des courants actuels. Les pierres mises en mouvement par un torrent n’ont la faculté ni de produire ni de recevoir des stries, parce qu’en roulant elles ne font qu’user, en étant usées elles-mêmes. En effet, on ne trouve des stries ni dans les lits des torrents, ni aux bords des lacs, ni même dans des éboulements tels que ceux de la Dent-du-Midi et de la Combe-Mauvoisin près de Saint-Maurice. Il est vrai que les pierres de ces derniers éboulements montrent des taches blanches quelquefois un peu allongées (les plus longues que j’ai vues n’avaient guère qu’un pouce et demi de longueur) , produites par le beurtement des pierres les unes contre les autres; mais ces taches paraissent justement être faites exprès pour faire distinguer ce que peuvent produire en ce genre les débâcles et les glaciers ; on n’y trouvera pas , à la surface des parois , une seule de ces stries horizontales, longues de plus de 6 pouces, à bords bien précis, enfin de ces stries faites comme par le burin; on les cherchera en vain à la surface des pierres détachées, tandis qu’elles sont très fréquentes et quelquefois d’une perfection étonnante à la sur¬ face des cailloux calcaires des moraines des glaciers actuels ( glacier du Sustenhorn au fond du Meyenthal), et dans le terrain erratique de toute la Suisse. SÉANCE DU 19 JANVIER 18Z|(5. 235 blable à celle des pierres pour que, selon leur position primitive , elles puissent avancer presque horizontalement; en outre, il faut non seulement faire voler les pierres à la manière d’une flèche , mais il faut assigner à celles situées près des bords du lit un che¬ min tortueux, sans cependant leur faire perdre leur vitesse. Pour une origine successive il faudrait nécessairement laisser excaver les vallées par l’effet des courants , pour que les sulcatures d’en haut aient pu se former avant celles du milieu et du pied des pentes. J’avoue que la vue du dédale qu’ouvrent l’une et l’autre de ces deux suppositions m’effraie beaucoup plus que des contrées couvertes de glaciers. En admettant par contre que le poli en question, les sulcatures et les stries des contrées dépourvues de glaciers, soient le produit de l’action glaciaire , on ne fait qu’appliquer les effets des glaciers actuels à des formes exactement semblables à celles que les gla¬ ciers continuent sous nos yeux à donner à leurs parois ; leur glace est assez flexible pour se plier aux contours du lit et assez com¬ pacte pour serrer l’outil constamment contre la paroi. L’action a de plus lieu simultanément dans tout le pourtour du glacier partout où du gravier et des pierres se trouvent à son bord et où il n’est pas séparé des parois du lit par quelque vide, vide qui du reste disparaîtra à son tour tôt ou tard et se remplira de nouveau de glace et de pierres. 2° 11 n’est pas rare de trouver des blocs erratiques , surtout de nature calcaire, mais aussi de granité, dont une face (jusque près d’un mètre carré ) est plane comme une table et rayée de sil¬ lons et de stries plus ou moins nombreuses. Cette circonstance de faces planes, se trouvant sur des blocs qui ont fait plus de 15 lieues de chemin, me semble incompatible avec le transport par des cou¬ rants, tant en théorie qù’ en pratique, vu que les blocs des courants actuels ne montrent jamais rien de pareil. 3° En quelques endroits , peut-être au côté occidental de la vallée du Rhin près d’Oberried (cant. de Saint-Gall) et à une lieue en amont des bains de Pfeffers, dans la vallée de la Tamina, on trouve à la surface de la roche calcaire en place polie, sur de grandes étendues, des raies à peu près horizontales et larges de 1 / 2 à 4 millimètres. Ces raies montrent dans leur creux très évasé de petites entailles transversales, presque toujours plus ou moins cour¬ bées, éloignées d’ordinaire l’une de l’autre de 0m,3 ; leur convexité est tournée constamment en amont de la vallée. Ces entailles ont tout-à-fait l’air de la trace d’un outil semblable à un ciseau, qui, mis en mouvement par un mécanisme lent, un peu branlant, aK •2ot) SÉANCE OU 19 JANVIER 18/|<3- taaue tantôt plus , tantôt moins fortement la substance soumise à son action. Je crois que personne, en voyant le phénomène, n’hé¬ sitera à l’attribuer à un mouvement très lent , semblable à celui des glaciers, et à le trouver tout-à-fait incompatible avec un mouvement rapide. La roche polie en amont de Pfeffers , déblayée depuis peu , par l’effet d’un ruisseau, des détritus qui l’avait couvert et garanti jusqu’à présent contre l’influence de l’atmosphère, fig. 10, présente encore une autre particularité. Perpendiculairement à peu près aux sil¬ lons qui suivent la direction générale de la vallée, on y voit des stries nombreuses toutes fines , de profondeur plus appréciable , sensiblement parallèles entre elles et dirigées dans le sens de la pente la plus forte. Ces stries traversent en quelques endroits les sillons longitudinaux d’une manière si claire, qu’on voit qu’elles sont les plus nouvelles. J’ignore l’explication que les défenseurs des courants donneraient de cette circonstance ; dans la théorie des glaciers, elle se présente comme le résultat du mouvement lent que le détritus de la surface du glacier a subi pendant rabaisse¬ ment et la fonte du glacier, c’est-à-dire pendant son transport de a b en c d , fig. 11. Ln résumé, il me semble que les objections de M. Duroclier contre la production des sulcatures et des stries par l’action des glaciers ne sont pas plausibles, et que les circonstances mentionnées ci-dessus (5, 6, 7) prouvent au contraire que ce sont des glaciers qui leur ont donné naissance, ou bien, si l’on préfère, un agent encore tout-à-fait inconnu qui aurait produit des effets absolument iden¬ tiques avec ceux des glaciers. Je m’abstiens d’entrer dans une comparaison des digues et dé¬ pôts erratiques avec les dépôts des glaciers, et de démontrer que les digues erratiques transversales les plus éloignées des Alpes , peut- être celles qui entourent le débouché des lacs de Zurich, de Grei- fensee , de Sempach, sont liées plus ou moins intimement aux moraines des glaciers actuels, et que la manière d’être des uns et des autres est absolument la même. En général, on peut dire que, plus on étudie le terrain erratique des Alpes , plus on y trouve d’analogies avec les dépôts des glaciers , et plus se multiplient et s’augmentent les difficultés de la théorie des courants. Relativement aux lapias , dont M. Desnoyers paraît avoir parlé en discutant le mémoire de M. Duroclier (p. 85 du Bulletin) , je me permets d’ajouter que ce phénomène des lapias me paraît être complètement indépendant de l’action des glaciers. Le caractère dominant de cette dernière est de faire disparaître les aspérités. SÉANCE DU 19 JANVIER* 18A6. 237 naturelles du sol et de produire des formes plus ou moins ar¬ rondies ou planes. La propriété caractéristique des lapias est , au contraire, d’agrandir les inégalités du sol, d’avoir une surface exces¬ sivement âpre , hérissée , les enfoncements entre les proéminences garnis jusque dans les plus petits intervalles de pointes aiguës , de lames tranchantes comme un couteau, etc. Les sillonnements y sont, en général, dirigés dans le sens de la plus grande pente, et aboutissent en bas fréquemment à des entonnoirs sensiblement ver¬ ticaux, très profonds, correspondant souvent avec les affluents de grandes sources, jaillissant sur les pentes ou au pied des monta¬ gnes (Hundsloch au Wæggithal, sources à Engelberg, au Bisi- thal, etc.). La possibilité de la formation des lapias dépend, à ce que je crois , d’un manque d’homogénéité parfaite , jointe à une certaine consistance de la roche, consistance qui permet aux par¬ ties non détruites de rester debout et de s’agrandir à mesure que les enfoncements deviennent plus profonds par l’action mécanique et chimique des précipités atmosphériques. En effet, ce ne sont, à ce que je sache, que les roches calcaires qui présentent des lapias ; les grès et les roches cristallines n’en offrent jamais ; parmi les cal¬ caires des Alpes suisses, c’est celui à Cciprotina et le calcaire com¬ pacte, bleu noir, cassant (représentant l’oolite moyenne), qui favorisent le plus le développement de cette forme de surface , principalement dans les régions élevées, où il n’y a pas de végé¬ tation pour protéger le sol contre l’influence des agents atmo¬ sphériques. Explication des figures. Fig. 5. Contournements des roches de glace près du bord N. du gla¬ cier d’Oberaar, le 5 août 4 842. Fig. 6. id. au glacier d’Unteraar près de la galerie de M. Agassiz, le 1er août 4 842. Fig. 7. id. au glacier d’Aletsch près du lac Moriel , le 4 7 juillet 4 844 . Fig. 8. id. au glacier d’Aletsch à 4/2 lieue au-dessus du lac Moriel, le 4 4 août 4 844 . Fig. 9. Extrémité inférieure du bras occidental du glacier de Yiesch, le 30 juin 4 844. Fig. 4 0. Roche calcaire, polie, sillonnée et striée dans la vallée de la Tamina , à 4 lieue en amont des bains de Pfeffers. 238 SÉANCE DU 2 FÉVRIER 18Z|6. M. Martins fait observer que les arguments présentés par M. Escher de la Linth sont les mêmes que les siens. Quant aux stries qui se trouvent sur les surfaces concaves , il n’a pas été aussi loin pour leur origine que M. Escher de la Linth , qui les attribue à une plasticité des glaciers. Il en est de même pour les stries qui se trouvent dans les canaux sinueux des îles du golfe de Christiania. Séance du 2 février 1846. PRÉSIDENCE DE M. DE VERNE U IL. M. Le Blanc, vice-secrétaire, donne lecture du procès-ver¬ bal de la dernière séance , dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Président proclame membres de la Société : Son A. I. le duc de Leuchtenberg, à Saint-Pétersbourg, présenté par MM. Élie de Beaumont et de Yerneuil ; MM. Legros Dévot, maire de Calais, présenté par MM. Mulot et Elie de Beaumont; Forchammer, membre de l’Académie des sciences de Copen¬ hague, présenté par MM. Élie de Beaumont et de Yerneuil; Toschi (Antonio), docteur en mathématiques, rue de Lille, n° 31 bis, présenté par MM. d’Archiac et de Yerneuil. Le Président annonce ensuite trois présentations. DONS FAITS a LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part de M. Constant Prévost, 1° Volcan (extrait de Y Encyclopédie des gens du monde, t. XXI, 2^ partie, p. 660 etsuiv.) ; in-8°, 7 p. Paris. 2° formation, Fossile (extrait du Dictionnaire universel d'histoire naturelle ) ; in-8°, 8 p. Paris. 3° Géologie (extrait du Dictionnaire universel d'histoire naturelle) ; in-8°, 3 p. Paris. SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1846. *239 4° Note sur le terrain nummulitique de la Sicile (extrait du Bulletin de la Société géologique , 2e série, t. II, p. 27, 18 44)*, in-8°, 7 p., 1 pl. Paris, 1844. 5° De la chronologie des terrains , et du synchronisme des formations (extrait des Comptes-rendus des séances de C Aca¬ démie des sciences , t. XX, séance du 14 ayril 18Zi5) } in— Zi° , 10 p. Paris , 1845. De la part de M. Hardouin Michelin , Iconographie zoophy- tologique ; 20e livraison. Comptes-rendus des séances de V Académie des sciences ; 1846, 1er semestre, t. XXII, nos 3 et 4. Annales scientifiques , agricoles et industrielles du dépar¬ tement de V Aisne; 2e série, t. II. 1844. Recueil des travaux de la Société libî'e d'agriculture , sciences 9 arts et belles-lettres du département de l’Eure; 2e série , t. Y, année 1844. Bulletin des séances de la Société d’ agriculture , sciences , arts et commerce du Puy ,* t. III, 7e livraison. Société agricole , scientifique et littéraire des Pyrénées- Orientales ; 2e partie du 6e volume. 1845. Annales des sciences physiques et naturelles , d’ agriculture et d’industrie de Lyon ,* t. I à Y, années 1838 à 1842. L’Institut y 1846, nos 629 et 630. L’Écho du monde savant , 1846, 1er semestre, nos 6 à 9. The Athenœum , 1846, nos 951 et 952. The Mining Journal y 1846, nos 543 et 544. Report , etc. (Rapport de la Société d’histoire naturelle des comtés de Northumberland , Durham et Newcastle-on-Tyne , pour l’année finissant au 30 juillet 1845)- in-8°, 17 p. Newcastle, 1845. Correspondenzblatt , etc. (Feuille de correspondance de la Société d’agriculture du Wurtemberg) -, nouv. série, t. XXYII , année 1845, 1er vol., 2e et 3e cahiers. Bolctin oficial de minas de Espaha , n° 34 , 15 septembre 1845. M. Silliman, directeur du Journal américain des sciences r remercie la Société de l’envoi qu elle lui a fait de la Carte géolo¬ gique du globe par M- Boué. SÉANCE DU 2 FÉYRIER 1846. 240 On procède à l’élection d’un trésorier en remplacement de M. La Joye, qui n’a pu accepter ces fonctions. Vingt-cinq membres prennent part au scrutin , et M. Ed. Ruinart de Bri- mont est proclamé trésorier îi l’unanimité. M. Viquesnel lit le passage suivant, extrait d’une lettre de M. Sismonda, de Turin. J’ai consacré l’été et l’automne derniers à visiter les Alpes, le département du Var et celui des Basse-Alpes. Je ne puis, dans une simple lettre , exposer mes observations avec les détails suffisants pour les faire comprendre ; je dois me contenter aujourd’hui d’af¬ firmer que je suis revenu de mon voyage persuadé de l’exactitude de mes publications précédentes sur le terrain nummulitique et sur le calcaire néocomien du comté de Nice. J’y ai découvert Y Ammo¬ nites subfascicularis , d’Orb. et l’ Aptychus Didayi , Coquand. Ainsi tombe l’objection qui m’est adressée par M. de TchihatchefF ( Voir son Coup-d’œil sur la constitution géologique des provinces méridio¬ nales du royaume de Naples , Berlin, 1842). Pendant le cours d’un hiver passé à Nice, ce géologue s’est formé une opinion qui se trouve en contradiction avec la position et les rapports des divers terrains. M. de Tchihatcheff , il est vrai, n’a fait que reproduire la classification des terrains de cette contrée publiée dans le temps par M. delà Bèclie. Je ne suis pas étonné que, soutenu par une telle autorité, il ait adopté des idées contraires aux miennes. Mais je suis sûr que le savant professeur anglais modifierait au¬ jourd’hui plusieurs opinions renfermées dans son mémoire, et no¬ tamment qu’il sortirait du terrain jurassique le calcaire ducliateau de Nice pour le mettre, comme moi, dans le terrain néocomien. Je fais imprimer , en ce moment , un mémoire sur les Alpes , j’entre dans certains détails relatifs, soit au terrain néocomien des Alpes maritimes, soit aux dépôts nummulitiques du même pays. Une carte du comté de Nice fera connaître l’extension et la distri¬ bution de chaque terrain, tandis qu’une carte des environs du lac d’Orta et du Biellais prouvera la succession de la serpentine , de la syénite et du diorite. Suivant mon opinion , ces trois roches datent du même soulèvement et ne diffèrent que par la structure ; ce qui démontre l’influence de la cristallisation sur des produits éruptifs provenant d'une même origine. M. le marquis de Roys lit le rapport suivant. SÉANCE DU 2 FÉVRIER 18/46. 241 Rapport sur la gestion de V archiviste pendant les années 1844 et 1845. Les archives de la Société se divisent en cinq sections. Nous allons successivement rendre compte de l’état où elles se trouvent. 1° Archives proprement dites. Elles comprennent trois divisions : 1° La comptabilité et les titres concernant la Société. Tous les re¬ gistres, états , pièces de dépenses de toute nature , vérification des comptes du trésorier sont dans le meilleur ordre. Les titres de la Société , baux, polices d’assurance font partie de cette section. 2° Archives générales. Nous n’énumérerons pas les divers re¬ gistres qui forment cette division , et qui sont parfaitement au courant. Nous ferons seulement observer que les minutes des procès-verbaux des séances de la Société et du Conseil ont paru à la commission rendre complètement inutile la conservation des ordres du jour , et qu’au moment où la multiplicité des pièces conservées commence à encombrer les cartons , ces ordres du jour pourraient être supprimés sans inconvénient. Correspondance. Les lettres d’envoi et de remerciement n’ont point été inscrites dans l’état des lettres. La correspondance pen¬ dant l’année 1844 a cependant encore atteint le nombre de 179 lettres et de 164 en 1845 , dont deux ont été réunies à la liasse de MM. Langlois et Leclerq. Cette réduction dans la correspon¬ dance n’a été qu’apparente , les nombreuses lettres relatives à l’élection du président ayant été déchirées le jour même de cette élection. La commission a fait un choix dans la correspondance de l’an¬ née 1843 de 12 lettres à joindre aux autographes et de trois qui doivent être conservées, ce qui porte le nombre des lettres con¬ servées antérieures au 1er janvier 1844 à 76 , outre la correspon¬ dance de M. Boué , composée de 10 lettres , et les lettres relatives aux affaires contentieuses de la Société comprises dans une liasse particulière. 2° Bibliothèque. La Société a reçu , dans le courant de l’année 1844 , 211 livrai¬ sons ou numéros de publications périodiques ou non, 84 brochures, 193 numéros de journaux , 50 volumes , deux atlas et 10 carks Soc. géol. , 2€ série, tome III. IG SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1840 - 242 ou vues , et dans le courant de l’année 1 845 , 269 livraisons ou cahiers, 106 brochures, 222 numéros de journaux , 73 volumes , 3 atlas , 5 tableaux et un portrait ; ce qui porte l’état actuel de la bibliothèque à : Volumes . 1945 Livraisons, brochures, cahiers, numéros de journaux. 4921 Cartes, plans, dessins, outre 5 atlas . 208 Portraits. . . . -. . . 44 Manuscrits. . . 10 Lettres autographes . 414 Cette énumération subira une modification considérable par la réunion des ouvrages complétés reliés ou brochés , selon leur im¬ portance, et qui doivent être reportés de la 2e série dans celle des volumes. M. Clément Mullet a commencé à cet égard un travail considérable : c’est la collation complète de la bibliothèque et la révision de son catalogue. L’archiviste s’est également occupé , avec un soin particulier , du classement des cartes , plans , coupes et dessins. Tous les élé¬ ments ont été préparés pour dresser le catalogue de cette impor¬ tante collection. Le catalogue sur cartes et le registre d’inscription à l’arrivée des dons faits à la Société ont été tenus avec exactitude. Dès que le classement de la bibliothèque aura été terminé , le cata¬ logue général sera complété et sera alors de la plus grande utilité. - 3° Collections. La collection de roches, minéraux et fossiles s’élevait au 1er janvier 1844 à 10,500 échantillons. Elle en a reçu 461 dans le courant des deux années qui viennent de s’écouler. La manière imprévue dont M. Graugnard a quitté les fonctions d’agent pen¬ dant l’absence de l’archiviste a causé quelques lacunes dans les registres d’arrivée et de placement de ces nouveaux échantillons , mais il sera facile de les réparer. Cette partie laisse encore à dé¬ sirer un catalogue général. Ce travail , fait par votre rapporteur pour le bassin tertiaire de Paris , sera immense et ne pourra être entrepris que lorsque le travail non moins considérable com¬ mencé pour la bibliothèque sera terminé. SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1846. 4° Mobilier: 243 Le registre qui contient l’inventaire du mobilier a été aug¬ menté d’un corps de bibliothèque devenu indispensable et d’une estampille pour marquer les ouvrages présentés à la Société à mesure de leur arrivée et avant leur dépôt sur le bureau. 5° Magasin. Une amélioration importante a été opérée dans cette partie des archives. Un grand nombre d’exemplaires des volumes du bul¬ letin avaient été conservés en feuilles , et se dégradait malgré les soins apportés à leur conservation. L’archiviste a fait brocher tout ce qui formait des volumes complets , au nombre de 705 , et outre les trois collections complètes dont la Société a ordonné la vente au prix de 250 fr. pour ses membres et de 300 fr. poul¬ ie public, le magasin renferme 1,012 volumes brochés apparte¬ nant à trois des premiers et aux huit derniers de la première série. Il reste en outre une quantité assez considérable de défets, sur les¬ quels on prélève les feuilles perdues ou égarées , réclamées par quelques membres , ainsi que les 4 exemplaires de leurs notices auxquels ils ont droit. Un registre de ces livraisons ainsi que des volumes vendus est tenu civec le plus grand soin. 11 reste encore à distribuer quelques exemplaires des mémoires paléontologiques et géologiques de M. Boué et de sa description de l’Ecosse. La commission vous propose donc d’approuver la gestion de l’archiviste pendant les années 1844 et 1845 , et de lui adresser des remerciements pour les améliorations importantes qu’il a introduites dans le service. Elle vous propose également de donner des éloges mérités à votre agent , qui , chargé de ces fonctions importantes et multipliées dans l’absence de l’archiviste, et ayant trouvé un travail considérable arriéré , est parvenu à se mettre à peu près au courant de sa pénible et laborieuse tâche. Ch. Martins , Le marquis de Roys , rapporteur . Le rapport est adopté par la Société. M. Constant Prévost demande que la liste des ouvrages qui manquent à la bibliothèque soit affichée avec invitation aux SÉANCE DU 2 FÉVRIER 18/l6. 2/4/4 membres de rapporter les livres qu’ils auraient emportés con¬ trairement au règlement. Cette proposition est adoptée. M. d’Omalius d’Halloy donne lecture de la note suivante : Observations sur les barres diluviennes . Sans doute que déjà vous connaissez tous, messieurs, les recher¬ ches approfondies qu’un de nos plus célèbres confrères vient de publier sous le titre modeste de Leçons de géologie pratique (1). Parmi les considérations nouvelles que contient ce savant ouvrage, je me permettrai d’appeler votre attention sur celles relatives aux langues de terre nommées Nehrungen sur les côtes de Prusse, Lidi sur celles de Vénetie, et que l’auteur comprend dans les dépôts qu’il désigne par le nom de Cordons littoraux. M. Elie de Beaumont est, je crois, le premier qui ait signalé une différence d’origine entre ces terres et les attérissements mo¬ dernes, et je pense que ses vues à ce sujet ont fait faire un véri¬ table progrès à la science ; mais , tout en admettant son idée prin¬ cipale , je crois qu’il y a lieu de faire quelques observations sur la manière dont il explique l’origine de ces dépôts. Je reconnais cependant qu’il y a de la témérité à émettre une opinion diffé¬ rente de celle d’un géologue qui a aussi bien approfondi la ques¬ tion ; toutefois, comme ce sont les discussions de ce genre qui con¬ tribuent à fixer la science, j’espère que la Société ne trouvera pas mauvais que je lui soumette ma façon dépenser sur cette question. M. de Beaumont suppose que les langues de terre dont il s’agit oiit été formées par l’action des eaux de la mer, ainsi que les dunes et les levées de galets qui s’élèvent sur les côtes; mais, si je conçois facilement comment l’action combinée des vagues et des vents peut , dans certaines circonstances , former des dunes et des levées lorsqu’il y a un point d’appui pour l’établissement de ces espèces d’édifices, je ne puis me rendre raison des causes qui dé¬ termineraient la formation d’un bourrelet de matières solides à une certaine distance de la côte et qui donnerait à ces bourrelets la fixité qui caractérise les langues de terre qui nous occupent, tandis que nous voyons que les matières poussées par les vagues 11e s’arrêtent que sur des points déjà fixés, et que les dépôts qu’elles laissent, pour ainsi dire, échapper de leur sein dans des lieux où (1) Leçons de géologie pratique, par M. Élie de Beaumont, Paris, 1 845, chez P. Bertrand, rue Saint-André-des-Arts, 65. SÉANCE DU 2 FÉVRIER 18Û6. 2/l5 il n’y a pas d’obtacles fixes pour les protéger, sont démolis et re¬ maniés par un mouvement subséquent. D’un autre côté, s’il était possible de supposer que les vagues pussent former des dépôts permanents dans les lieux où il n’y a pas de points d’appui pour les protéger, on pourrait demander pourquoi les cordons isolés ne sont pas plus communs et pourquoi ils se trouvent quelquefois dans des positions qui ne se prêtent pas à ce refoulement. Si les cordons isolés étaient le résultat de phé¬ nomènes qui ont encore lieu , on pourrait également demander pourquoi ces cordons n’ont en général ni augmenté ni diminué depuis les temps historiques, ainsi que l’a si bien démontré M. de Beaumont. Toutes ces difficultés disparaîtraient et l’origine des dépôts dont il s’agit s’expliquerait aisément , si l’on y voyait des barres diluviennes . On sait que quand des eaux courantes chargées de matières so¬ lides arrivent en contact avec des eaux stagnantes ou animées d’un mouvement différent, il se passe une espèce de choc qui détermine la chute de la plupart des matières tenues en suspension ; c’est *a ce phénomène que sont dus les attérissements et les barres des ri¬ vières; c’est également ce phénomène qui est cause que les eaux de la mer se maintiennent en général très claires et que nous voyons les rivières sortir des lacs dans un état de limpidité par¬ faite, tandis qu’elles y étaient entrées troubles et bourbeuses. On peut donc concevoir qu’à l’époque des grands courants di¬ luviens il a dû. se former, comme à présent, des barres vers les points où ces courauts se choquaient avec les eaux de la mer; mais ces barres ont dû s’établir sur une plus grande échelle que celles que forment nos cours d’eau actuels , puisque les courants qui ont mis en mouvement les dépôts diluviens , qui se sont ré¬ pandus sur des surfaces bien plus grandes que les lits de nos fleuves, devaient être bien plus considérables que ces derniers. On con¬ çoit également que ces courants, ayant aussi une force d’impulsion et une densité bien supérieures à celles de nos fleuves, ont pu re¬ fouler les eaux de la mer de manière que le choc , et par consé-.. quent la barre, ne se seront définitivement établis qu’à une cer-* taine distance de la côte et non sur la ligne de prolongement de celle-ci, ainsique cela se passe à l’embouchure de nos cours d’eau actuels qui ne sont ni aussi volumineux, ni aussi denses, ni aussi impétueux. Si l’on objectait que les langues de terre dont nous parlons oc¬ cupent une étendue plus grande que la largeur que devaient avoir 246 SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1846. les courants diluviens, je répondrais, en premier lieu, que nous ne savons pas bien quelle était la largeur de ces courants lors de leur arrivée à la mer , et, en second lieu, que les barres diluviennes ont du se former sur une étendue bien plus grande que la largeur des courants qui leur donnait naissance. On sait, en effet, que les eaux de nos cours d’eau, lorsqu’elles arrivent à la mer, ne se pro¬ longent pas directement au milieu de celle-ci, mais qu’elles sont ordinairement refoulées le long des côtes selon la direction que les courants marins ou les vents peuvent leur donner, ce qui est cause que nos attérissements se forment sur une largeur bien plus considérable que celle des cours d’eau qui amènent les matériaux qui les composent. Or, une fois que l’on admet que la force des courants diluviens a transporté le point du choc à quelque dis— tance de la côte, on sent que le prolongement de la barre, au lieu de former un attérissement côtier, a dû s’étendre au milieu des eaux, en tendant néanmoins à se rapprocher continuellement de la côte. Je citerai à ce sujet une observation que j’ai eu l’oc¬ casion de faire l’automne dernier et qui me semble propre à don¬ ner une idée de la manière dont je conçois le phénomène que je viens d’indiquer. Etant allé me promener aux environs de Civita-V ecchia quelque temps après un orage long et violent, je trouvai la Fiumarella fort gonflée et composée d’une eau très bourbeuse , d’un jaune brunâtre. Cette eau, arrivée à la mer, était repoussée le long de la côte N. -O. , par un vent de S.-E. ; mais à quelque distance de l’embouchure de la rivière se trouve une crique dont l’eau, en quelque manière emprisonnée par les bords de la crique, ne pou¬ vait suivre le mouvement imprimé par le vent et demeurait sta¬ tionnaire, de sorte que l’eau de la rivière, arrivée à l’entrée de la crique, continuait sa marche dans la direction générale de la côte et allait rejoindre celle-ci à l’autre extrémité du bord de la crique ; de manière que l’on voyait une bande ou rivière d’eau jaune qui séparait les eaux limpides de la haute mer de celles de la crique. A la vérité, lorsque je repassai une heure après, la couleur jaune avait envahi la plus grande partie de la crique ; mais il était facile de voir, par la dégradation des teintes , que ce résultat n’avait lieu que par un phénomène d’endosmose. On sent donc que, dans cette circonstance, il a dû se déposer à l’en¬ trée de la crique beaucoup plus des matières amenées par la ri¬ vière que dans son intérieur , de sorte que si le phénomène se ré¬ pétait souvent et que si les dépôts qui en résultent n’étaient pas démolis par les vagues , ainsi qu’ils le sont dans la réalité , il SÉANCE DU 2 FÉVRIER 18/lG. 2!\7 s’établirait à l’entrée de cette crique un bourrelet qui la transfor¬ merait en une petite lagune. On pourrait aussi objecter contre l’idée que les langues de terre qui nous occupent sont des barres diluviennes , que les barres ac» tuelles ne s’élèvent pas au-dessus du niveau des eaux et qu’il ne s’en trouve pas dans tous les lieux où l’on peut supposer qu’un courant diluvien s’est jeté dans la mer. Mais, quant à la première de ces difficultés , je répondrai d’abord que je suis loin de contes¬ ter la possibilité que des barres établies en dessous du niveau des eaux par les courants diluviens aient servi de points d’appui aux dépôts postérieurs des vagues qui auront fini par élever ces barres à une plus grande hauteur; et je dirai, en second lieu, que l’on ne peut douter que, quand les courants diluviens se sont jetés dans la mer, le niveau des eaux ait été momentanément plus élevé qu’il n’est maintenant ; car, outre que c’est une conséquence naturelle de l’arrivée d’une si grande quantité d’eau , il y a sur la surface de nos continents des dépôts qui portent à croire que les eaux di¬ luviennes ont été retenues pendant un certain temps à un niveau bien supérieur à celui de la mer actuelle, sans qu’il y ait eu au¬ cun obstacle solide qui les empêchât de s’écouler dans cette der¬ nière. C’est notamment de cette façon que j’ai cru pouvoir expli¬ quer la formation du vaste dépôt du limon de Picardie (1). Quant à l’absence des barres dans certains lieux où il a passé des courants diluviens, on sent qu’il a dû y avoir des circonstances qui empêchaient la formation des barres et d’autres qui devaient les faire disparaître. En effet, si le courant diluvien se jetait dans la mer en un lieu où celle-ci était très profonde, il n’a pu se for¬ mer de barres visibles à nos yeux ; si la barre s’est établie à peu de distance de la côte et si les attérissements qui ont suivi son établissement se sont faits avec assez de développement, ils ont pu cacher complètement la barre ; enfin , lorsque celle-ci s’est formée dans des lieux convenablement exposés à l’action destruc¬ tive des flots, elle a dû être entièrement démolie. Si d’après ces considérations nous voyons des barres diluviennes dans les langues de terre indiquées ci-dessus, toutes les circonstances que présentent ces dépôts s’expliquent aisément. On voit d’abord pourquoi il n’en existe qu’aux débouchés des grands cours d’eau ou dans des lieux où l’on peut supposer qu’il est passé de puis¬ sants courants diluviens (2). On voit également pourquoi il ne se 1) Bulletin de la Société géologique clc France , t. XIII, p. 61 . 2) M. de Beaumont cite à la vérité, d’après M. de La Bêche , une 248 SÉANCE DU 2 FÉVRIER 184(3. forme plus de semblables barres, puisqu’il fallait, pour leur don¬ ner naissance, une catastrophe qui ne s’est plus représentée depuis 1 époque diluvienne. On conçoit de même comment ces barres se trouvent éloignées des cotes et pourquoi il y a tant d’inégalités dans le degré de comblement des lagunes qui se trouvent entre la terre ferme et les barres, puisque, les courants diluviens tenant a des circonstances extraordinaires et ayant pris naissance avant que la forme actuelle des terres soit bien consolidée, l’action et la puis¬ sance des cours d eau qui les ont suivis n’ont pas été en rapport avec celles des courants diluviens. M. Élie de Beaumont fait observer que M. d’Omalius ne nie pas que les rivières aient une barre. Les courants diluviens ont donc pû de môme en faire naître une; maisM. de Beaumont croit que les cordons littoraux, dont il s’est occupé, sont princi¬ palement dus aux causes actuelles. On ne sait pas exactetement quel était le niveau de la mer pendant le phénomène diluvien, et comme il est naturel de penser que des courants diluviens n ont pu avoir lieu sans être accompagnés d’énormes raz de marée, dont ceux qui accompagnent les tremblements de terre ne donnent peut-être qu’une faible idée , et par des vents dilu¬ viens, capables à eux seuls de faire varier le niveau de la mer, il est difficile d’admettre que les barres diluviennes aient pu présenter constamment ces rapports exacts de niveau avec la mer actuelle , qui constituent le caractère fondamental des nehrungen et des lidi. Les courants diluviens ont pu produire des barres qui ont servi de base aux barres actuelles , mais la partie émergée de ces dernières est moderne. En Hollande, on voit, en dehors du cordon littoral, dans la espèce de barre à la Jamaïque, île où il n’a pu se former de grands courants diluviens; mais il est bien probable que le bourrelet solide dont il s’agit a pour base un récif de corail , analogue à ceux qui sont si fréquents autour des îles des mers équatoriales , et que sa nature madréporique est masquée par des cailloux et des sables qui l’auront recouvert. D’un autre côté , je suis bien loin de contester que les levées ne puissent se prolonger de manière à former de petites langues de terre qui finissent par barrer une crique, ou par réunir deux îles voi¬ sines placées convenablement ; mais ces dépôts, toujours très restreints et tendant à réunir en ligne droite deux points fixes, n’ont, selon moi , rien de commun avec les vastes courbes qui se trouvent en avant des. deltas. SÉANCE DU 2 FÉVRIER 18 A6. 2/|9 mer, des ruines romaines, parce que le sol de la Hollande va en s’enfonçant graduellement. Dans un plan du port d’Orbi- tello, levé en 1811, par M. Duperrey, on voit de même des ruines dans la mer. Ainsi le cordon littoral est dans la dépen¬ dance des rapports de niveau de la terre et de la mer. Les cordons littoraux se forment comme les barres. Lèvent pousse la mer contre la côte, la mer façonne son fond, la rivière charrie des vases et des galets, et la lutte de la rivière et de la mer produit une barre. Quand il y a des interruptions , elles sont dues à l’action de la rivière qui démolit son ouvrage *, c’est ce qui forme des passes qui disparaissent lors du débordement des fleuves. 11 y a aussi une lutte entre les lames qui viennent du large et celles qui retombent du rivage vers la mer. Souvent un îlot se rattache à la côte par deux cordons litto¬ raux : telles sont les presqu’îles de Giens, de Quiberon, etc. Cela vient de ce que l’île forme un obstacle sur les bords du¬ quel la mer transporte des matériaux en formant une courbe régulière des deux côtés de l’tle, de manière à la relier à la côte de chaque côté par une courbe régulière. Dans toutes ces circonstances, on voit écrites d’une manière claire l’action de la mer actuelle -, mais ces édifices contempo¬ rains ont pu se fixer dans beaucoup de cas sur une base pré¬ parée d’avance. M. d’Omalius voit avec plaisir que M. de Beaumont admet que le phénomène diluvien a préparé la formation des nehrimgen et des lidi, de sorte que l’on est d’accord sur le fond de la ques¬ tion , M. d’Omalius n’ayant jamais eu l’intention de contester que les vagues actuelles n’aient souvent modifié les barres dilu¬ viennes , puisqu’il reconnaît, notamment, que c’est l’action de ces vagues qui a formé les dunes qui s’élèvent sur quelques unes de ces barres -, il n’a pas eu non plus l’intention de rapporter aux phénomènes diluviens les petits dépôts qui s’appuient sur des points fixes , ce qui est le cas de ceux dont M. de Beaumont vient de parler. Quant aux anciennes constructions de Katwyk, elles ne prouvent rien contre l’origine diluvienne de la grande barre qui s’étend de Calais à Hambourg, puisque la retraite de la terre émergée dans cette localité peut s’expliquer facilement soit par un léger affaissement du sol de la Hollande, soit par 250 SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1840. une action que la mer exercerait sur cette portion de la barre diluvienne. M. Élic de Beaumont pense que les cordons littoraux, longs ou courts, ont la même origine, car il y a toutes les transitions entre les grands et les petits cordons. Il ajoute que les cordons littoraux ont été produits dans des endroits peu profonds et dont le peu de profondeur pouvait être dû , dans beaucoup de cas , aux phénomènes diluviens. Le Secrétaire donne lecture de la note suivante : Note sur les phénomènes erratiques de la Scandinavie , en réponse aux remarques de M. Martins , par M. Durocher. Je fais observer, en commençant, que les arguments employés par M. Martins pour combattre les conclusions de ma notice pré¬ cédente reposent la plupart sur des assertions qu’il me prête gra¬ tuitement ou sur une interprétation inexacte des observations que j’ai eu l’honneur d’exposer à la Société géologique, sur une assi¬ milation des faits que j’ai signalés avec ceux qu’il a observés en Suisse. Suivons l’ordre adopté par M. Martins. Il cite au commence¬ ment de son mémoire une foule d’exemples pour prouver que les glaciers strient les parois verticales formant les contre-forts des val¬ lées où ils se meuvent. Sans admettre intégralement tous les faits que cite M. Martins , sans admettre qu’il soit toujours possible de distinguer les stries récentes des stries anciennes d’après un ca¬ ractère d’une appréciation aussi délicate que le degré de fraîcheur des stries, je pense comme M. Martins que les glaciers peuvent polir et strier les deux parois des vallées où ils se meuvent , lors même que ces parois sont très inclinées, et j’ai moi-même re¬ marqué, dans un voyage fait en 1840 , sur le bord du glacier de l’Aar , des stries qui m’ont paru avoir été creusées par le glacier sur le côté gauche de la vallée; j’ai mentionné ce fait dans un mé¬ moire présenté à l’Académie des Sciences le 3 avril 1843 , et qui fait partie de la publication du voyage en Scandinavie. Je regrette que M. Martins et d’autres personnes n’aient pas bien compris le sens de ma pensée , lorsque j’ai dit que les glaciers ne strient que par leur surface inférieure . J’entends par la surface inférieure d’un glacier celle qui est tournée vers le bas , par opposition à la sur¬ face supérieure qui est tournée vers le ciel ; je considère en effet un glacier , non comme une masse parallélipipédique , mais SÉANCE I)U 2 FÉVRIER 18/Ï6. 251 comine une masse terminée par deux -surfaces courbes, et j’ad¬ mets sans difficulté que les glaciers peuvent polir et strier sur toute l’étendue de leur surface inférieure et par conséquent qu’ils ont pu buriner le flanc des vallées. M. Martins cherche ensuite à prouver que les glaciers se mou¬ lent sur les parois des canaux dans lesquels ils se meuvent ; mais les faits qu’il cite montrent seulement que les glaciers peuvent jus¬ qu’à un certain point se mouler sur le fond de la vallée qu’ils occupent, et j’admets ce pouvoir des glaciers compris dans de certaines limites ; mais ce que je n’admets pas et ce qui paraîtra difficile à concevoir à tout le monde , c’est que des glaciers aient pu pénétrer à travers des canaux profonds de 2 à 3 mètres , n’ayant que 30 à 35 centimètres de largeur, en certaines parties plus étroits par le haut que par le bas , que des glaciers enfin aient pu en strier les parois. Ensuite M. Martins assimile les canaux et sillons que j’ai si¬ gnalés en Norvège , à des canaux qui ont été observés par lui et par divers savants dans les Alpes. Sans entrer dans une discussion pour savoir si les canaux de la Norvège sont bien la même chose que les canaux dont M. Martins énumère de nombreux exemples, discussion qui ne peut être faite à propos qu’en voyant les exem¬ ples mêmes cités par M. Martins , je me bornerai à faire voir que les canaux dont j’ai parlé ne peuvent avoir l’origine que leur at¬ tribuent M. Martins et d’autres partisans de l’école glacialiste. D’abord il me paraît bien clair que des canaux étroits , ayant plus de deux mètres de profondeur , n’ont pu être creusés par des cou¬ rants d’eau ordinaires , provenant de la fonte estivale des glaciers, ou de l’eau pluviale , ou de sources à la surface de roches dures comme le granité, la syénite, le diorite. L’un des caractères les plus frappants des sillons dont j’ai parlé, c’est de présenter une allure presque toujours différente de celle cpi’ils prendraient sous l’action de la pesanteur ; malgré leurs ondulations ils suivent une même direction générale , identique av c celle des stries fines que l’on voit sur les mêmes rochers. Ils remontent le long des sur¬ faces inclinées , en sens contraire de la pesanteur , et souvent ils s’arrêtent brusquement en atteignant une paroi rugueuse et abrupte qui formait dans le phénomène erratique du Nord le coté abrité ou préservé. En un mot , dans leur allure et leur manière d’être , ils présentent des caractères spéciaux qui leur sont communs à eux et aux stries , et qui les rattachent à un même agent. Mais M. Martins signale encore comme l’une des causes qui ont été en jeu dans le creusement des canaux que j’ai cités , l’action 252 SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1846. du flux et du ressac sur les rochers que la mer creuse et sillonne en s'élevant journellement à leur surface; cependant la mer, qui baigne le pied de plusieurs de ces canaux , n’a pu les endommager , ni même y faire disparaître complètement les stries dont ils sont re¬ vêtus et qui s’élèvent , comme les canaux , à des hauteurs beaucoup plus glandes que celles où elle peut atteindre. Comment aurait- elle donc pu , à l’époque où elle était plus élevée qu’aujourd’hui , creuser ces canaux par le seul effet du flux et du ressac ? D’ailleurs le parallélisme général des canaux et des stries sur les rochers d’une même région , de quelque manière que leur surface soit orientée ou exposée à l’action des vagues de la mer , la continuité qu’ils offrent depuis les hautes régions jusqu’aux rivages actuels, 1 absence habituelle des traces d’érosion sur le côté qui est exposé au midi ou tourné vers la pleine mer, et par conséquent le plus exposé à l’action des vagues , me paraissent démontrer suffisam¬ ment qu’on ne peut les attribuer à l’action de la mer dans les conditions de calme où elle est aujourd’hui , bien que la présence de la mer ait pu exercer quelque influence sur la disposition des sulcatures des contrées basses ou littorales , à lepoque où elles ont été creusées. Maintenant j’arrive à un passage de la note de M. Martins où il cherche à tourner en ridicule le parallélisme que j’ai dit exister entre les canaux ou sillons et les stries dans le midi de la Norvège et de la Suède ; et il arrive à cette conclusion que j’ai considéré comme parallèles des lignes faisant entre elles des angles de 83 . Si M. Martins s était donné la peine d’examiner les choses d un peu plus près , il aurait reconnu que le ridicule qu il m a piête est purement imaginaire et provient d’une erreur géographique de sa part; il désigne les petites îles où j’ai signalé des sulcatui es , comme les environs de Christiania. Ce sont les en¬ virons si l’on veut , mais des environs un peu éloignés ; en effet de Christiania à Vile Sandôe , près Sande fiord , il y a 70 kilo¬ mètres , et de Christiania à Skarholm , près Kragerôe , il y a 124 kilomètres , les distances étant mesurées en lignes directes sur la carte de Norvège. Or , en disant que l'axe des canaux et ils stries que l'on y voit à l'intérieur ont la même direction que les sulcatures de la contrée environnante , je n’ai jamais voulu dire que leur direction restait la même sur des distances de 17 lieues et de 30 lieues. D ailleurs , il est un fait qui détermine souvent, à des dis¬ tances peu considérables et quelquefois sur les mêmes lieux , des différences très grandes entre les directions des sulcatures : c'est que , comme je l’ai indiqué dans la séance du 21 décembre , en SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1846. 253 répondant à une observation de M. Murcliison , les sulcatures que l’on peut remarquer sur le sol de la Scandinavie appartien¬ nent à plusieurs systèmes qui se croisent sous des angles plus ou moins grands et quelquefois même sous des angles droits. Les observations que j’ai faites dans mon dernier voyage sur le croisement de plusieurs systèmes de sulcatures font prendre au phénomène erratique du nord de l’Europe une face entièrement nouvelle , qui n’avait pas encore été signalée , et que je dois faire connaître avec beaucoup de détails dans un prochain mémoire ; quant à la discussion à laquelle s’est livrée M. Martins pour dé¬ montrer le non-parallélisme des canaux ou sillons et des stries , je puis affirmer qu’elle n’a pas le moindre fondement. M. Martins a placé dans son même mémoire une objection relative à des sillons que j’ai observés , il y a plusieurs années , dans la forêt de Fontainebleau , et que j’avais rapportés à des actions diluviennes ; il a objecté que ces sillons présentent une direction très differente de celle que paraissent avoir suivie les courants diluviens dans leur marche générale. Je ferai d’abord observer que le passage des courants diluviens sur cette région n’est point imaginaire , comme il le donne à entendre ; il est au contraire bien constaté par les détritus granitiques que ces courants ont amenés des contrées situées au S.-E. , et qu’ils ont déposés en beaucoup d’endroits , non seulement dans la vallée de la Seine , mais aussi sur les plateaux qui la bordent. De plus, les remar¬ quables accidents de terrain que l’on rencontre dans la forêt de Fontainebleau , et qui forment les sites les plus pittoresques que l’on puisse voir aux alentours de Paris , me paraissent dus , au moins en grande partie , à l’action de forces érosives et dénu¬ dantes , plus puissantes que les agents atmosphériques actuels , bien que je ne nie pas l’influenee de ces derniers. Or, de même que dans les grandes inondations , telles que celle du Rhône , dont j’ai été témoin en 1840, il se forme des courants partiels produits par le relief du terrain , qui décrivent des sinuosités au¬ tour des sillons de la surface du sol , et qui présentent dans cer¬ taines parties des directions tout autres que celles du courant général , de même il a fort bien pu arriver que, parmi les courants diluviens qui ont dénudé le bassin de Paris, il y ait eu en certains endroits des courants secondaires qui , de même que les courants principaux, auront creusé à la surface des roches de grès des sillons que les agents extérieurs ont en grande partie fait dispa¬ raître , et dont il n’est resté que des traces peu étendues , mais ce¬ pendant encore bien marquées. 254 SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1840. Pour ce qui concerne les dépôts grossièrement stratifiés de sable, de graviers et fragments divers que l’on trouve sur les plateaux ou plaines de la Dalécarlie , de l’Helsingland et du Jemtland , il me paraît impossible de les considérer comme des alternances de moraines glaciaires et de dépôts sableux formés dans des lacs , ainsi que les envisage M. Martins. J’ai déjà fait remarquer dans ma notice précédente que ces plateaux n’étant point circonscrits de tous côtés par des montagnes, et présentant seulement des massifs rocheux plus ou moins élevés et allongés , mais séparés les uns des autres, il est beaucoup d’endroits où l’on ne peut invoquer 1 existence d’anciens lacs formés par des barrages glaciaires ou de toute autre manière ; de plus, la stratification irrégulière et ondulée des diverses zones du dépôt erratique ne ressemble nullement au genre de stratification des dépôts lacustres. Les moraines des gla¬ ciers , au lieu d être étendues horizontalement et d’une manière uniforme sur de grandes surfaces de pays, présentent toujours une extension plus ou moins circonscrite , et tout-à-fait inégale , rela¬ tive à la marche progressive ou rétrogressive des glaciers , tandis que les dépôts erratiques et grossièrement stratifiés de la Scandi¬ navie s’étendent en présentant une allure un peu ondulée sur d’immenses surfaces ; ils n’ont pas seulement rempli le fond de quelques vallées , mais ils ont nivelé une partie des inégalités du sol Scandinave , et ont ainsi formé de vastes plaines dont l’hori¬ zontalité me parait incompatible avec les actions glaciaires. Des dépôts de ce genre n ont pu être formés que par de grandes nappes d eau animées d un certain mouvement ; les cailloux et gros frag¬ ments qu ils renferment sont en général beaucoup moins abon¬ dants que dans les moraines; ils sont enveloppés dans une grande masse de sable et de graviers , et ils sont habituellement arrondis ou usés sur les angles et les arêtes. Considérés en grand et dans leur ensemble , les dépôts de transport de la Scandinavie se pré¬ sentent comme de vastes et épais attérissements qui sont princi¬ palement arénacés , mais où le sable et les graviers sont tantôt presque seuls , tantôt mélangés de matériaux de diverses grosseurs. L explication que M. Martins donne desâsars en les considérant comme des moraines remaniées, me paraît peu compatible avec leur manière d’être. Sans vouloir décrire! ici les formes variées qu affectent ces collines de depots meubles , je me borne aux re¬ mai quts suivantes : certains asars ont la lorme de traînées ou d amas confus de débris plus ou moins volumineux , et les glacia- listes ne manqueront pas d’assimiler ceux-là à des moraines; mais beaucoup d lisais ne sont autre chose que dc3s collines de sable SÉANCE DU 2 FÉVRIER 18/{6. 255 et de graviers contenant tantôt beaucoup, tantôt peu de cailloux roules et des blocs erratiques parsemés à leur surface ou enfoncés dans le sable. L’action de l’eau dans la formation de ces âsars me paraît difficile à contester, et si les glacialistes l’admettent , il faut alors retrancher , des dépôts formés par les glaciers , une bonne partie des terrains erratiques de la Scandinavie. Dans cette note , je me suis borné à répondre aux objections de M. Martins; dans le cas où il en ferait de nouvelles , comme je dois reprendre plus tard l’étude des mêmes questions , je remet¬ trai ma réponse à cette époque. M. Martins fait la réponse suivante : Observations sur la réplique de M. Durocher , par Ch. Martins. M. Durocher se plaint que je lui prête gratuitement certaines assertions et que j’interprète inexactement les faits qu’il a obser¬ vés. Quelques mots d’explication suffiront pour montrer que je ne lui ai rien prêté qui ne soit bien à lui et que j’ai interprété ses obser¬ vations comme elles doivent l’être, quand on attache aux mots le sens dans lequel on les emploie habituellement. Je suivrai l’ordre des arguments dont sa réplique se compose, en priant le lecteur de vouloir bien avoir constamment les deux notes sous les yeux. Lorsque M. Durocher rapportait des exemples de stries sur des « parois surplombantes dont l’angle à l’horizon varie depuis 20° jusqu’à 90° » (1) , il les regardait comme une objection sans répli¬ que contre l’ancienne extension des glaciers Scandinaves ; car, di¬ sait-il (2), « les glaciers possèdent la faculté de polir et de buriner , mais par leur surface inférieure , en vertu du jrottement qu’ils exer¬ cent sur leur fond par suite du mouvement de progression dont ils sont animés. » Maintenant M. Durocher nous apprend qu’il entend par le fond d’un glacier, toute la partie de la vallée qui est en contact avec lui. Cette acception du mot fond , étant tout-à- fait nouvelle et inusitée, je ne pouvais la connaître; car pour lui, le fond d’une vallée comprend évidemment le thalweg et les contre-forts quelquefois verticaux qui la bordent ; en un mot toute la portion de la vallée qui est en contact avec le glacier. (0 C’est-à-dire verticales ; voy. p. 70 et Comptes-rendus de l’Aca¬ démie des sciences , 24 novembre 1845. (2) P. 74 et Comptes-rendus de l’Académie des sciences, T. XXI, p. 1159. 256 SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1846. Je n’insisterai pas davantage; il me suffit que M. Duroclier ad¬ mette maintenant sans difficulté (p. 250) qu’un glacier peut strier les parois verticales du lit dans lequel il se meut ; mais je 11e saurais lui faire la même concession pour les torrents diluviens , et je suis toujours convaincu qu’ils ne peuvent tracer sur leurs berges des stries fines et rectilignes comme celles que burine le glacier. M. Duroclier termine ce paragraphe en disant qu’il ne consi¬ dère pas un glacier comme un parallélipipède, mais comme une masse terminée par deux surfaces courbes. Il partage en ceci l’er¬ reur commune qui consiste à attribuer aux glaciers une forme de berceau , à considérer leur section par un plan vertical comme un segment de cercle dont l’arc serait tourné en bas et la flèche très courte. Cette image est vraie quand il s’agit de l’escarpement terminal de quelques glaciers ; elle est fausse pour un grand nom¬ bre d’ entre eux et pour les sections des parties supérieures de tous les grands glaciers. En voici la preuve. En 1843, M. Desor (1) fora un puits dans le glacier du Finsteraar ; ce puits avait 232 mè¬ tres de profondeur. D’après les mesures de M. Wild , le glacier n’a que 300 mètres de large dans cet endroit ; sa forme est donc certainement celle d’un solide dont la hauteur est au moins égale à la largeur ; car en sondant ce puits, M. Desor n’avait probable¬ ment pas atteint la roche sous-jacente. M. Duroclier n’admet pas qu’il soit toujours possible observé les faits décrits plus haut , on rencontre un grand » nombre de pots de géants ( pot-holes ) cavités cylindroïdesde 0ni ,30 » à 1 ou 2 mètres de diamètre, avec une profondeur de 2, 3, »> 4 mètres au plus, dont la surface intérieure est arrondie et polie » et dont l’axe est habituellement très incliné et présente des » ondulations; » et lorsqu’il ajoute : « Il y a une grande analogie » de formes entre les pots de géants et les canaux cylindroïdes ondu- » lés; on peut même assimiler ceux-ci à des pots de géants qui » seraient très peu inclinés: cependant il y a cette différence » essentielle que les pots de géants ont leurs parois polies , mais » non striées. » Comment cette différence peu importante a-t-elle pu l’aveugler sur la communauté d’origine des marmites des géants qui souvent contiennent encore les cailloux qui les ont creusés, et les canaux sinueux qui ne sauraient les retenir, parce qu’ils s’ou¬ vrent sur la mer et sont disposés sur des plans inclinés ? Il est probable que les rochers arrondis au N. , escarpés ail (1) Voyez Ferd. Relier, Bemerkungen uber die Karren , fig. 9 et 10. Quand on compare les coupes verticales des canaux sinueux (Karren), figurées par M. Relier (fig. 1 , 2, 3, 7 et 8 ) , on est frappé de leur ressemblance avec celles que M Durocher a données, pl. I , fig. 4, 12 et 4 4. (2) Voyages en Scandinavie de la Commission du Nord. Géographie physique , t. I , p. 234 , fig. 13. Soc. géol. , 2e série, tome III. 17 258 SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1 8Z|<3 . S., vus par M. Durocher, présentent, comme ceux de Kaafiord (1), sur leurs parties convexes , des stries rectilignes dues à l’action d’anciens glaciers ; mais il a confondu ces difïérents genres de sillons dont l’origine est si différente. Le reste de son argumentation supposant toujours ce que je n’ai point dit, savoir, que les stries gravées à l’intérieur des canaux sinueux avaient été burinées par d’anciens glaciers , je n’ai point à m’en occuper. « 11 me paraît bien clair, ajoute M. Durocher, que des canaux étroits, ayant plus de deux mètres de profondeur, n’ont pu être creusés par des courants d’eau ordinaires provenant de la fonte es¬ tivale des glaciers ou de l’eau pluviale ou de sources à la surface des roches denses comme le granité, lasiénite, la diorite. » Pour con¬ vaincre M. Durocher que les torrents actuels sont capables de creuser ainsi les roches les plus dures, il me suffit de le renvoyer à l’observation de M. Studer (p. 113), qui a vu des canaux de plu¬ sieurs toises ( mehreren Klaf terri) creusés dans le granité le plus dur, en aval de Riva, par les eaux de la Sésia. Or, les canaux que M. Du¬ rocher décrit l’ont été par le ressac de la mer, dont la force est égale sinon supérieure à celle des torrents des hautes Alpes. Si, ajoute M. Durocher, les canaux sinueux étaient creusés par la mer, on en verrait ailleurs que sur le versant N. des îles du golfe de Christiania, on en trouverait aussi sur le versant S. Mais il nous a dit lui-même, p. 69 et 76, que le versant du S. était escarpé, presque vertical (2) ; que le versant N. était doucement incliné, dépassant rarement 30° : or , quiconque a vu les bords de la mer sait très bien que ces canaux sont creusés par le flux et le reflux sur des rivages plats ou doucement inclinés où la mer peut s’a¬ vancer à une certaine distance. Quand la côte est escarpée, la mer y creuse des cavités conoïdes à axe horizontal , ou si la roche est peu cohérente, elle la désagrège et forme une falaise ; mais elle ne saurait en aucun cas y creuser un réseau de canaux sinueux, comme sur un plan incliné. Je ne quitterai pas l’examen de ces stries et de ces canaux sans faire observer à la Société que M. Durocher n’a pas même essayé d’expliquer ces demi-cylindres en relief que nous avons vus la même année, M. Schimper et moi : lui sur des porphyres en Norvège (3), et moi (voy. p. 109) sur des stéaschistes argileux (O Voy. pl. II, fig. 6. (2) Voyez aussi les figures de M. Daubrée, Voyages de la Commission du Nord. Carte de la Scandinavie , de M. Bravais , fig. 14 et 1 5. (3] Comptes-rendus de V Académie des sciences , t. XXII , p. 43. _ a janvier I 846. SÉANCE l)U 2 FÉVRIER 184(5. 259 à l’entrée de la vallée de Chamonix. En effet, quand il s’agit de sillons , de canaux , de stries , en un mot d’empreintes toutes en creux , des esprits prévenus, plus indulgents pour l’ancienne que pour la nouvelle théorie, peuvent être tentés de les attribuer à l’action des eaux ; mais quand on découvre en Suède comme en Sa¬ voie, sur des roches polies et striées, les parties dures telles que des rognons siliceux compactes, suivis de demi-cylindres en relief par¬ faitement rectilignes et dont la saillie diminue à mesure qu’ils s’é¬ loignent du rognon quartzeux ; alors il faut renoncer à expliquer ces moulures en relief par l’action d’un agent liquide, et recon¬ naître celle d’une masse solide qui conserve pendant quelque temps l’impression en creux que le rognon de quartz y a imprimé. Dans le résumé de son mémoire envoyé à l’Académie des scien¬ ces (1), M. Durocher énumère les canaux sinueux et les stries qu’il a observés sur les deux côtés du golfe de Christiania et sur les petites îles qui bordent ces rivages : ce sont les îles de Skarholm, Saasteinholm et de Sandoe ; puis il ajoute , ligne 26 : « L’axe de ces canaux et les stries que l’on y voit à l’intérieur ont la même direction générale que les sulcatures de la contrée environ¬ nante ; il est évident que tout cela dépend d'un meme phénomène . » Cette phrase est claire ce me semble : canaux et stries ont la même direction générale que les sulcatures de la contrée environnante ; donc, canaux, stries et sulcatures des îles et du continent sont paral¬ lèles ; car deux systèmes de lignes parallèles à un troisième sont parallèles entre eux : or j’ai montré, p. 115, 1° que ces canaux ne sont pas parallèles entre eux, et 2° qu’ils ne le sont ni avec la di¬ rection des stries indiquée par M. Siljestroem à Christiania, ni avec celle trouvée par M. Durocher lui-même (p. 72), sur le bord oriental du golfe de Christiania. Ainsi je n’ai pas tourné en ridicule le paral¬ lélisme indiqué par M. Durocher, j’ai seulement prouvé qu’il n’exis¬ tait pas. Quoi qu’il en soit , en renonçant au parallélisme des stries et des canaux, il renonce par cela même à l’idée d’un courant uni¬ que dirigé du IST. au S. , et dont le golfe de Christiania eût été le lit. M. Durocher ne trouve pas qu’on puisse appeler « environs de Christiania » un cercle de 12 myriamètres de diamètre. Mais je ne crains pas qu’aucun géologue s’étonne de voir Compiègne , Fon¬ tainebleau, Chartres, Dreux et Vernon compris dans les environs de Paris , et cependant ces villes occupent la circonférence d’un (I) Comptes-rendus de l’Académie des sciences , t. XXI, p. 1158. — 24 novembre 1845. 260 SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1846. cercle dont le diamètre et de 12 myriamètres, comme celui dont parle M. Durocher. Il termine ce paragraphe en assurant que « les observations qu’il a faites dans son dernier voyage sur le croi- » sement de plusieurs systèmes de sulcatures font prendre au plié— » nomène erratique du nord de l’Europe une face entièrement non- » velle qui n’avait pas encore été signalée. » Il m’est impossible d’accorder à M. Durocher le mérite de cette découverte, lorsque j’ai sous les yeux le mémoire de M. Siljes- traom (1) , celui de M. Daubrée (2) , la carte de la Scandinavie de M . Bravais (3) et la carte géologique de la Norvège septentrionale deM. Keilhau (4), où les orientations si variées des stries sont in¬ diquées par des flèches ou estimées en angles azimutaux avec d’autant plus d’impartialité que ces auteurs ne se prononcent pas sur l’origine de ces sillons. Mais je veux être le premier à féliciter M. Durocher d’avoir renoncé à l’idée d’un courant unique qui « se » serait précipité (5) du nord vers le sud , envahissant la Norvège , la » Suède et la Finlande , démantelant les montagnes et les rochers » qu’il trouvait sur son passage , polissant leur surface et y traçant » des sillons au moyen des détritus qu’il en arrachait. Les mêmes » masses d’eau , ajoutait-il, qui avaient passé sur la Scandinavie » et la Finlande ont dû se répandre sur l’Allemagne , la Pologne » et la Russie. Du côté oriental , le courant a dû se perdre peu à » peu dans les plaines immenses de l’empire russe , et du côté oc- » cidental il est venu expirer au pied des montagnes de T Allemag ne » le Riesengebirge , l’Erzebirge et le Harz (6). » A coup sûr, si M. Durocher avouait encore ce courant colossal qu’il avait conclu du parallélisme des stries dans la Norvège et la Suède septen¬ trionales , sans faire attention que ces stries parallèles avaient été burinées par une force agissant en Laponie du S.-E. au N. -O. , et en Suède du N. -O. au S.-E. , il ne m’aurait pas reproché d’avoir considéré le golfe de Christiania comme devant être pour lui le lit d’un torrent diluvien de médiocre dimension. Passons aux gouttières de la forêt de Fontainebleau, dont j’ai (1 ) Voyages en Scandinavie de la Commission du Nord. Géographie physique , t. I , p. 1 93. (2) Ibid., p. 221 . (3^ Même publication. Atlas de physique. (4j Erster Versuch einer geognostischen Karte von Norwegen. Erstes Blatt. — 1841. (5) Comptes-rendus de l'Académie des sciences, t. XIV, p. 109. - — 1 7 janvier 1 842. (6) Loc. cit , p. 1 07. SÉANCE DU 2 FÉVRIER 18/|6. 261 parlé p. 118 , et qui sont figurées pl. H , fig. 1. Et d’abord je ne nie point que les vallées de la forêt de Fontainebleau n’aient été creusées par des courants diluviens. Je n’ai point d’opinion arrêtée sur cette question, dont je ne me suis pas occupé. Je répète seulement que ces gouttières sont des gouttières de pluie , perpen¬ diculaires au thalweg de la gorge, et je ne conçois pas de courant large ou étroit , profond ou superficiel , diluvien ou non , qui puisse creuser des sillons perpendiculaires à sa direction , tandis qu’il n’en creuserait aucun qui soit parallèle à son cours. Du reste, la localité étant voisine de Paris, chacun pourra juger entre nous. A propos de mon explication des sables cl’attérissement de la Da- lécarlie par des barrages de glaciers et la formation de grands lacs , M. Durocher reproduit ses assertions sans y ajouter aucun fait nouveau et en se tenant dans un vague d’expressions qui rend toute discussion impossible. Ainsi il parle « de cailloux et de gros » fragments arrondis ou usés sur les angles et les arêtes. » Cette description s’applique également aux cailloux roulés , arrondis , polis par les eaux , et aux cailloux usés , frottés et striés par les glaciers. Desquels veut il parler ? c’est ce qu’il est impossible de savoir. En général , et c’est par là que je terminerai , M. Durocher et quelques autres adversaires de l’ancienne extension des glaciers sont souvent difficiles a combattre , parce qu’ils ne connaissent pas parfaitement les effets produits par les glaciers actuels. Ils con¬ fondent sans cesse les empreintes dues au passage des eaux , avec celles qu’un ancien glacier a laissées après lui , et cette confusion rend leurs descriptions incompréhensibles. Dans l’intérêt de cette question il serait à désirer qu’un plus grand nombre de savants se livrât à une étude suivie et persévérante des glaciers; car si l’on exige du géologue qui discute l’âge ou la superposition d’un terrain qu’il l’ait étudié en habitant pour ainsi dire à sa sur¬ face , pourquoi serait-on moins sévère lorsqu’il s’agit des glaciers dont tous les phénomènes sont si variés , si complexes , si chan¬ geants , si imprévus et tellement en dehors des recherches habi¬ tuelles du géologue qu’ils forment une espèce de terrain neutre où la physique , la météorologie et la géologie viennent se donner la main ? M. Élie de Beaumont fait suivre cette communication de quelques observations dans lesquelles il prend la défense de M. Durocher. M. Martins réplique et maintient ses remarques critiques. 262 SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1846. M. Grange croit pouvoir établir que le phénomène diluvien n’a pas pu avoir lieu sans une très grande extension des gla¬ ciers alors existants. Extrait, et un Mémoire sur la sélénologie , par M. Rozet (voir page 174). Depuis la première carte de la lune dressée par Dominique Cassini vers la fin du dernier siècle, les astronomes se sont beau¬ coup occupés de l’étude de la partie visible de notre satellite, et des cartes beaucoup plus exactes ont été dressées sur une grande échelle et publiées en Allemagne par Lohrmann et par Beer et Madler. À l’aide de ces cartes, M. deElie Beaumont est parvenu à faire des rapprochements extrêmement remarquables entre les formes ({ue présentent certaines parties des masses montueuses de la terre et les ouvertures annulaires de la surface de notre satellite, et il a fini par conclure, vu les grandes dimensions de celles-ci, qu’elles ont beaucoup plus de rapports avec les cratères de soulèvement qu’avec ceux d’éruption. Pendant l’été de 1844. un de mes camarades ayant attiré mon attention sur les formes circulaires de la presque totalité des acci¬ dents de la surface lunaire, je me livrai sérieusement à l’étude des phénomènes que présentent ces accidents pendant le cours de plu¬ sieurs lunaisons. Je n’avais alors à ma disposition aucune des cartes de la lune, et à mon retour à Paris, j’ai eu la satisfaction de voir que mes observations concordaient parfaitement avec les belles sélénographies de Lohrmann, de Beer et Madler. Le gros¬ sissement de ma lunette n’étant pas très considérable, j’ai retrouvé sur les cartes des Allemands beaucoup de détails qui m’avaient échappé , et ces détails sont venus s’intercaler parfaitement dans les grandes divisions séiénographiques que j’avais établies. Les contours de tous les grands espaces grisâtres , mare , sont formés par des arcs de cercles qui s’intersectent entre eux. Le nombre des arcs se réduit quelquefois à deux , rarement à un, mare cri sium. Ces contours présentent des escarpements qui pa¬ raissent droits , mais dont la pente de plusieurs est de 45°. La ma¬ tière offre des formes irrégulières, comme si elle était boursouflée. La hauteur de ces escarpements dépasse souvent 4,000 mètres Dans 1 intérieur de ces grands espaces, on remarque des ouvertures cir- 203 SÉANCE DU 2 FÉVRIER 18/jO. culaires, des anneaux parfaits, dont le diamètre atteint 10 myria- mètres, et la hauteur du bourrelet terminal û,000 mètres. Plu¬ sieurs de ces anneaux ont un pic au milieu, un peu moins élevé que les bords de l’anneau. Les grandes taches grisâtres qui couvrent en grande partie les régions septentrionale , orientale et occidentale du disque , laissent dans la région méridionale un espace extrêmement brillant , cou¬ vert d’une infinité d’anneaux de toutes les dimensions. Ces anneaux sont simples et isolés, complexes, réunis deux à deux, trois à trois, etc. Quand deux anneaux se touchent, leurs contours sont toujours déformés : c’est généralement le plus petit qui a échancré le plus grand, et dans l’intérieur de ces grands anneaux il en existe presque toujours de plus petits qui échancrent les bords, lorsqu’ils viennent à les toucher. Toute la croûte blanche de la partie méridionale est criblée d’uue infinité de petites ouvertures circulaires, de petits anneaux. Le fond des anneaux paraît plat ; on voit sur celui des grands des parties plus ou moins élevées, dispo¬ sées suivant des arcs de cercles parallèles au contour de l’anneau ; en sorte qu’ils semblent avoir été formés à la surface d’une masse liquide, sur laquelle auraient nagé des scories, par une ondulation circulaire, dont l’intensité aurait diminué progressivement. Toutes les taches grisâtres mare de la surface binaire présentent le même caractère. Leur fond offre des aspérités plus ou moins considérables, formant de grandes lignes circulaires parallèles au contour. On y aperçoit aussi de simples taches , des parties qui n'ont aucune saillie , dont les formes circulaires sont bien mar¬ quées. Ainsi, il n’y a aucun doute qu’une cause générale, produi¬ sant des formes circulaires, n’ait eu une immense influence dans la formation de la croûte solide de notre satellite. On se rendrait parfaitement compte de tous les faits que nous venons d’énumérer, en supposant une quantité de tourbillons plus ou moins considé¬ rables dans la matière en fusion, et dont l’amplitude aurait dimi¬ nué avec la liquidité de cette matière. On voit dans diverses parties de la surface de la lune des lignes d’aspérités se bifurquant, se trifurquant même , mais rien qui rappelle nos chaînes de montagnes avec leurs rameaux et contre¬ forts. On n’y aperçoit rien non plus d’analogue à nos vallées, qui offrent un grand nombre de ramifications. On y voit des fentes , sur le fond du mare vaporum , par exemple ; mais ces fentes sont simples, elles paraissent couper tous les accidents orographiques qui se trouvent sur leur passage. Plusieurs de ces fentes divergent d’nn centre, Tycho, Copernic, Képler, et forment des étoilements 26/i SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1846. qui oilieat une ceitaine analogie avec les cratères de soulèvement de M. de Buch ; mais ceux-ci seraient beaucoup plus considérables que ceux de la terre, puisqu’il part de Tyclio une fente qui tra¬ verse diamétralement la lune, et que la longueur de plusieurs dé¬ passe le quart du diamètre lunaire. Ainsi donc, après la consoli¬ dation de la surface de la lune, l’intérieur de cette planète aurait léagi avec une grande intensité sur son extérieur. Une étude suivie, sous toutes les inclinaisons des rayons solaires, qui viennent successivement eclairer les diverses parties de la lune-, y fait reconnaître deux couches bien distinctes, mais seule¬ ment deux couches : le fond des grands espaces grisâtres, qui est aussi celui des anneaux, et la partie scoriacée, élevée au-dessus de; ce fond d une quantité qui a ete mesurée pour un grand nombre des points. Ces mesures, prises par les Allemands à l’intérieur et à l’extérieur de plusieurs anneaux, m’ont donné le moyen de calcu¬ ler approximativement l’épaisseur de la croûte que j’appelle sco¬ riacée : en rejetant quelques nombres, dont les écarts sont trop considérables, ce qui tient a des circonstances expliquées dans le mémoire , j’ai trouvé 642 mètres pour l’épaisseur moyenne de cette croûte. Je n’ai voulu donner, dans cet extrait, que les résultats princi¬ paux auxquels j ai été conduit par l’étude des divers accidents que présente la partie visible de notre satellite. Mon mémoire en con¬ tient un bien plus grand nombre, et surtout une quantité de dé¬ tails indispensables pour arriver à ces résultats. De tous les faits exposés, et de toutes les déductions auxquelles ces faits m’ont con- duit, j ai cru pouvoir tirer les conclusions suivantes : 1° Le globe lunaire ayant dû etre primitivement à l’état de fu¬ sion, comme tous ceux du système solaire , s’est lentement re¬ froidi 2 Pendant la formation de la pellicule extérieure, il existait dans la masse liquide des mouvements qui déterminaient des on¬ dulations circulaires qui, rejetant les scories du centre à la circon¬ férence, formaient des bourrelets annulaires , par l’accumulation de ces scories à la limite de l’ondulation. Quand plusieurs mouve¬ ments se trouvaient dans des conditions telles que la distance des centres, pris deux à deux, était moindre que la somme des rayons, il en résultait un espace fermé, dont le contour festonné était formé Par l’intersection de plusieurs axes de cercles. Quand pour deux centies la distance qui les séparait était plus grande que la somme d^s rayons, il s est formé deux anneaux complets. La teinte sombre des grandes taches et du fond des anneaux SÉANCE DU 2 FÉVRIER 18Z|0. 265 provient de ce que ce fond est sensiblement uni, tandis que les di¬ verses parties de la croûte scoriacée qui les environne offrent une foule d’irrégularités qui réfléchissent la lumière du soleil, ce qui les fait paraître si éclatantes. 3° L’amplitude des ondulations paraît avoir diminué avec la li¬ quidité de la surface ; mais le phénomène s’est continué pendant toute la durée de la consolidation, comme l’annonce cette quantité de petits anneaux que l’on trouve jusque dans l’intérieur de ceux dont le diamètre est encore appréciable. 4° Le mode de formation que nous attribuons aux anneaux lu¬ naires exclut tout-à-fait l’idée de cratères semblables à ceux de nos volcans et même de cratères de soulèvements. 5° La surface de notre satellite s’étant consolidée de la manière que nous venons de dire, il ne s’est ensuite déposé sur elle aucune couche solide venant de l’extérieur ; car autrement tous les petits anneaux, tous les petits accidents de fracture auraient disparu. La parfaite conservation de tous ces accidents annonce qu’aucun li¬ quide n’a jamais existé en quantité notable, non seulement à la surface de la lune, mais encore dans son atmosphère. 6° Après l’entière consolidation de l’enveloppe extérieure, la matière fluide intérieure , agissant contre cette enveloppe , l’a brisée , souvent en formant de grands étoilements. 7° Quant aux lignes étroites, plus ou moins droites, que l’on voit sur le fond de certaines taches, ce sont des failles semblables à celles de la surface de la terre. 8° Les très petites ouvertures circulaires du fond des fentes d’é- toilement peuvent être des anneaux ; mais elles peuvent être aussi des bouches volcaniques, semblables aux nôtres, qui seraient alors une conséquence de l’action qui a formé ces fentes. 9° Ainsi donc, après l’entière consolidation de la croûte lu¬ naire, des efforts intérieurs , puissants, l’ont brisée sur plusieurs points. A cette époque , son épaisseur devait déjà être considérable , puisqu’il s’est fait des fentes très longues et très larges. Puisqu’il n’a jamais existé à la surface de la lune un liquide en quantité notable, ni même une atmosphère dans laquelle il y au¬ rait eu de la vapeur d’eau, il résulte de là qu’aucun être vivant, végétal ou animal , semblable à ceux de la terre , n’a pu vivre sur la lune ; et puisqu’il est assez bien démontré que cette planète n’a point d’atmosphère, il ne peut point y exister d’êtres dans l’organi¬ sation desquels il entrerait des liquides, et l’on ne peut pas conce¬ voir d’êtres organisés sans liquides. 10° De l’ensemble de notre travail il résulte un fait important, i 2(56 SÉANCE DU 2 FÉVRIER 18A6. capital : c’est que la surface de la lune nous laisse voir tous les ac¬ cidents de sa consolidation et les traces des divers bouleversements quelle a éprouvés. Sur notre terre , la plus grande partie de ces accidents est cachée par des dépôts aqueux ; mais plusieurs ré¬ gions dans lesquelles les roches de fusion sont à découvert, la Bre¬ tagne, la Bohême , nous présentent des formes très analogues à celles de la lune. Il est probable que si la surface de la terre était débarrassée des mers et de tous les dépôts de sédiment qui la re¬ couvrent, les formes annulaires y seraient dominantes. Il doit en être de même pour toutes les autres planètes du système solaire ; car les tourbillonnements de la matière en fusion me paraissent une conséquence des mouvements inhérents aux particules maté¬ rielles , ou aux divers corps qui , en s’agglomérant autour des grands centres d’attraction , ont formé ces planètes. Je dis que les mouvements étaient inhérents aux éléments dont la réunion a donné naissance aux planètes, parce que, d’après le principe de l’attraction universelle, tous les corps de l’espace doivent tourner les uns autour des autres, et sur eux-mêmes : au¬ trement ils seraient bientôt confondus en une seule masse. Ces éléments étaient fluides, puisque toutes les planètes sont ter¬ minées par des surfaces de niveau. Pendant tout le temps de la chute sur une planète , à l’état de formation , de ses parties consti¬ tuantes, pendant toute la durée de rétablissement de la surface de niveau extérieure, il a nécessairement existé des tourbillonnements dans la partie supérieure de la masse liquide, résultant des mouve¬ ments dont étaient doués les corps qui tombaient sur elle , et l’am¬ plitude des tourbillonnements était d’autant plus ' grande que les corps étaient plus considérables. Ces tourbillonnements ont dû aller en diminuant constamment d’amplitude et d’intensité par l’effet du frottement, qui croissait rapidement avec le refroidisse¬ ment de la matière. M. d’Omalius demande pourquoi M. Rozet récuse l’existence des gaz à la surface de la lune ^ il dit que cela n’est pas con¬ forme avec ce que nous voyons sur la terre. On peut concevoir que les gaz n’auraient été que des vapeurs qui repassaient im¬ médiatement à l’état solide. Il pense qu’il y a peut-être dans la lune des corps différents de ceux qui existent à la surface de la terre, et que, de même qu’il pourrait y avoir là une chimie différente de la nôtre, il pourrait aussi y avoir une vitalité dif¬ férente. SÉANCE DE 16 FÉVRIER 18Zl6. 267 M. Rozet répond qu’il croit que la lune n’est composée que de métaux , et qu’il ne peut y avoir d’animaux à sa surface à cause de l’absence d’atmosphère $ que quant à l’existence des gaz , elle n’est nullement nécessaire pour expliquer les formes annulaires , qui auraient pu être également produites par des dégagements de gaz ou de vapeurs qui repasseraient immédia¬ tement à l’état liquide , comme le suppose M. d’Omaîius. Séance du 16 février 1846. PRÉSIDENCE DE M. DE VERNEUIL. M. Raulin, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance , dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance , le Président proclame membres de la Société : MM. Cia (Policarpo), ingénieur au corps royal des mines d’Es¬ pagne, à Oviédo (Espagne) , présenté par MM. Schulz et Sal¬ in éan -, Luaces (Joaquin), ingénieur au corps royal des mines d’Es¬ pagne, à Léon (Espagne), présenté par MM. Schulz et Sal- méan -, Fournel (Henri), ingénieur en chef des mines, à Alger, présenté par MM. Elie de Beaumont et Dufrénoy. M. de Kergolay est admis, sur sa demande, à faire de nou¬ veau partie de la Société. Le Président annonce ensuite deux présentations. DONS FAITS a LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part de M. le ministre de la justice , Journal des sa-* vetnts ; janvier 1846. De la part de M. Constant Prévost, Rapport adresse a M. le ministre de /’ instruction publique sur les gisements d'animaux 268 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18Z|(5 . fossiles découverts dans le bassin de la Garonne (extrait des Compte s -rendus des séances de V Académie des sciences , t. XX , séance du 30 juin 1845 ) \ in-8°, 7 pages. Paris , 1845. De la part de M. Legros-Devot , Des divers projets conçus ou exécutés pour donner a la ville de Calais une eau saine et potable ( puits artésien ) ^ in-8°, 20 p., 1 pl. Calais, 1845. De la part de M. James D. Dana, 1° Notice, etc. (Notice sur le Traité des minéraux pseudomorphes du Dr Blum, et Observations sur le pseudomorphisme (extrait du Journal amé¬ ricain des sciences , vol. XLVIII)*, in-8°, 30 p. New-Haven, 1845. 2° O ri gin , etc. (Origine des minéraux de trapp constituants et accidentels et des roches analogues) (extrait du Journal amé¬ ricain des sciences , vol. XLIX); in-8°, 18 p. New-Haven, 1845. De la part de M. Achille de Zigno, Sopra due fossili , etc. (Mémoire sur deux fossiles découverts dans le calcaire des monts Padouans)*, in-4°, 8 p., 1 pl. Padoue, 1845. Comptes-rendus des séances de V Académie des sciences , 1846, 1er semestre, t. XXII, nos 5 et 6. Bulletin de la Société de géographie , 3e série, t. IV, n° 23 , 24. Annale s scientifiques, littéraires et industrielle s de V Auvergne; t. XVIII, novembre et décembre 1845. Mémoires de la Société d'agriculture , sciences , arts et belles-lettres de Bayeux ; t. II, 1844. Mémoires de V Académie royale de Metz ; 1844-1845. Mémoires de la Société d' agriculture , sciences et arts de V arrondissement de Valenciennes ,* t. V, 1845. / L’Echo du monde savant , 1846, 1er sem., nos 10 à 13. L'Institut , 1845 , nos 631 et 632. Le Mémorial encyclopédique , décembre 1845. The American Journal of science and arts , by Sillinian ; vol. XLIX, octob. 1845. The Athenœum , 1846, nos 953 à 955. The Mining Journal , 1846, nos 545 à 547. El pensiamento de la nacion (la Pensée de la nation); 4 febr. 1846, n° 105. SÉANCE DU 16 F É Y H 1 K II 1846. 269 De la part (le M. le ministre des travaux publics , Carte géologique du département de l’Isère , par Emile Gueymard , 1 feuille grand-aigle^ Grenoble, 1845. Le Secrétaire lit successivement : l°une lettre de M. Legrand, sous-secrétaire d’Etat des travaux publics , relative à l’envoi de la carte géologique de l’Isère, par M. Gueymard 5 2° une lettre de M. Legros-Devot, qui remercie la Société de l’avoir admis dans son sein, et qui annonce l’envoi d’une Notice sur les di¬ vers projets relatifs ci V acquisition d’une eau saine dans la ville de Calais ; 3° une lettre de M. Fournel, qui demande à faire partie de la Société } 4° enfin une lettre de M. A. de Zigno, accompagnant l’envoi de ses Observations sur les terrains cré~ tacés des Alpes vénitiennes , et d’un exemplaire de son Mémoire sur les Crioceras. « Je dois insister, ajoute-t-il , sur mon droit » de priorité (en Italie) à cet égard -, car, quoiqu’il y ait des )> Crioceras dans presque toutes nos collections , personne pour- » tant ne les avait ici reconnus , c’est-à-dire personne ne s’en » était occupé avant moi. Quant à la planche du musée Calceolari » citée par M. Deshayes, elle ne prouve rien, car du temps de » Calceolari on ne savait pas distinguer les fossiles -, la figure » approche plutôt de X Ammonites recticostatus d’Orb. que du » Crioceras Emericii , dont elle ne possède pas un seul caractère. » D’ailleurs, qui a jamais vu un Crioceras avec cinq tours de » spire complets? » Après quelques observations de divers membres, la Société adopte le projet du budget suivant, présenté parM. le trésorier pour l’année 1846, et adopté par le conseil dans la séance du 13 février 1846. «> 270 SÉANCE DU 1(5 FÉVRIER 18/1(5 r Budget présenté par M. Ed. Ruinart de Brimont, trésorier, pour les Recettes et Dépenses a faire pendant l'année 18/16. RECETTE. DÉSIGNATION Vj Oé O ^ SOMMES SOMMES des t H * pc NATURE DES RECETTES. prévues au budget admises chapitres de la recette. ^ « M Q de 1845. pour 1816. § 1. Produits ordinaires | 1 2 Droits d’entrée. . . . f de l’année courante. . 500 10.000 » » 500 10, 00 » » des réceptions. . J 3 Cotisations. . < desannéesprécédentes. 1,000 • 800 » § 2. Produits ettraord 1 A f de l’année prochaine. . 500 • 500 * de® réceptions . , 5 Cotisations une fois payées . 2.400 » 2 400 » 6 \ ( Bulletins et abonnements. . 400 » 500 § 3. Publications. . . . 7 [ Vente de / Mémoires . 400 11 1,000 • 8 | I cartes coloriées. , . 30 » 18 • 9 1 10 . . , t rentes sur l’Etat. . . . Arrerages des ! . , ... , e ) bons du Irésor. . . . 1,259 80 • » 1,407 50 * 1 » § 4. Rentrées diverses. . 11 Recettes imprévues . 100 » 100 » 1 12 Remboursement de frais de mandats. . 25 » 25 • t’ecelle extraord. relative au Bulletin. . » » 193 50 Total des recettes prévues. . . . 16,694 » 17,493 50 §5. Solde des comptes de 1845 . 14 1 Reliquat en caisse au 31 décembre 1845 953 25 I ! 1 Total de la recette prévue pour 1846. . • 18,451 - 1 7a |j »! SÉANCE I>U 1(5 FÉVRIER' 18/|(5. 271 DEPENSE, SOMMES SOMMES prévues au budget admises de 1845. pour 1840. 1,800 » 1,800 . 300 » 300 . 300 » » • 800 . 800 . M » 100 » 1,100 » 1,300 . 400 » 400 » 200 » 250 . 450 » 400 » 200 » 250 » 300 » 250 > 100 » 100 » 40» . 500 » 100 » 100 . 5,500 » 5 000 . 1,200 » 1,100 » » » 2,00» . 1,400 » 150 » 50 . 50 . 2,400 » 2,400 » 200 » 1,000 » 100 » 100 . 17,300 » 18,350 » » DÉSIGNATION des chapitres de la dépense. sa J § 1. Personnel . § 2. Frais de logement. § 3. Frais de bureau. . § 4. Encaissement. . . § 5. Matériel . . . . . § 6. Publications. . . § 7. Placement de ca¬ pitaux . § 8. Dépenses impré¬ vues . NATURE DES DEPENSES. | son traitement . Agent, \ travaux auxiliaires . V gratification à l’ancien agent ! Garçon de bureau, | Ses Ç-JK***; . i * \ gratification. . . . Loyer, contributions, assurance. . Chauffage et éclairage. . . Dépenses diverses . Ports de lettres . Impressions, lithographies diverses, avis, circulaires, etc . Change et retour de mandats. . . . Mobilier . Bibliothèque . Collections . . (impression , papier, plan¬ ches , etc. . port . achat d’exemplaires . . . dépenses supplémentaires et indemnités . menus frais . Achat de rentes sur l’État . Achat de Bon du Trésor ( placement temporaire pour contribuer aux dé¬ penses d’un ouvrage intitulé: Résumé (ht progrès de la géologie) . Avances remboursables . Total des dépenses prévues. ■ Mémoires , RÉSULTAT GÉNÉRAL. La recette présumée s’élevant à . 18,451 fr. 75 c. Et la dépense présumée à . 18,350 » L’excédant de la recette sur la dépense est de 101 fr. 75 c. Le Secrétaire donne lecture d’une nouvelle lettre de M. J. Ca- nat qui complète la première lue dans la séance du 17 no¬ vembre (voirp. h 9), et dont l’insertion avait été provisoire¬ ment ajournée, ainsi que celle des observations de MM. Yirlet et Pomel. Première note sur les prétendus fossiles marins de Belnayy par M. J. Canat. La découverte de fossiles marins de l’époque actuelle à Belnay, près de Tournus (département de Saône-et-Loire), annoncée à 272 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18/|6. la Société géologique par M. \ irlet ( Bulletin , 2e sér., t. II , p. 281) et communiquée à T Académie des Sciences, a eu un certain reten¬ tissement. Les conséquences que l’on tirait de ce fait conduisaient à admettre que la mer , à une époque récente , avait du couvrir des terrains situés aujourd’hui à plus de 50 myriamètres de la Méditerranée et élevés à 175 mètres au moins au-dessus de son niveau actuel. Cette observation venait changer les idées qu’on avait sur la nature de ces terrains, regardés jusqu’à présent comme une formation d’eau douce , et rapportés à une époque géologique plus ancienne. J’allai visiter les lieux dans le courant d’octobre. Je fis faire une fouille dans le fossé qui est entre la route et la petite maison nouvellement construite, précisément à côté de l’endroit où M. V ir¬ let et M. l’abbé Landriot en avaient fait pratiquer une : on dis¬ tinguait encore la place où le terrain avait été remué. A la profon¬ deur de 30 centimètres environ, la pioche fit sauter trois coquilles , un fragment d’huître et deux murex. Une circonstance me frappa : la terre extraite du trou en même temps que les coquilles était mélangée de fragments de briques rouges ; j’y trouvai un petit morceau de poterie : un des fragments de brique, ayant le volume du poing, était situé au-dessous des coquilles. A 12 ou 15 centi¬ mètres plus bas, l’instrument fut arrêté par le roc jurassique. La personne qui fit cette petite fouille devant moi était la même qui avait fait la fouille dirigée par MM. Yirlet et Landriot: c’était le propriétaire de la maison , M. Mazoyer, tonnelier, qui me donna les renseignements suivants. Les fondations de la maison ont eu peu de profondeur ; elle est assise sur le roc ; en effet, à cet endroit la pente de la montagne devient fort sensible, et l’on n’est plus sur i’alluvion ancienne. En creusant ces fondations, on a constamment trouvé un terrain mêlé de tuileaux. Dans la partie nord on a rencontré des restes de vieilles constructions. On a retiré des fondations deux objets an¬ tiques, consistant en des cylindres creux de métal que le proprié¬ taire a comparés aux boites des roues de nos voitures. A peu de distance de l’endroit où ont été trouvées les coquilles , les travaux ont mis au jour des conduits en terre cuite empâ és dans un massif de ciment. Les coquilles n’ont été trouvées que vers l’extrémité sud de la maison , sur un espace de 2 ou 3 mètres carrés , très rapprochées les unes des autres , et formant un amas plat de 10 ou 12 centimètres d’épaisseur. Elles était nombreuses : on a pu en remplir plusieurs paniers. Elles appartiennent à deux espèces actuellement vivantes de la SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18/|6. 273 Méditerranée et de l’Océan : une grande huître ( Os tic a hippopus ), et un murex ( Murex tiunculus) : ("Voir la note de M. Virlet.) On mange ces grandes huîtres, quoiqu’elles soient peu estimées. « Beaucoup de murex se mangent , et quelques espèces étaient » même fort estimées des anciens ; mais aujourd’hui on les aban- » donne a la classe des pauvres pêcheurs. » ( Dictionnaire d’histoire naturelle , éditeur Déter ville ; tom XXIX, page 424.) Pline (lih. 32, cap. 6) mentionne ces grandes huîtres de la manière suivante : « Inter nos , nepotis (1) cujusdam nomenclator ( hœc » ostrca ) Tridacna appel lavit , tantœ ampli tud ni s intelligi cupie ns, » ut ter morde nda es s eut. » On verra par les citations qui suivent combien les murex et beaucoup d’autres coquillages aujourd’hui dédaignés étaient re¬ cherchés des anciens. Macrobe (liv. 111) nous a conservé la carte d’un repas très an¬ cien donné par Métellus , souverain pontife , à d’autres grands personnages; elle commence ainsi : Ante cœnam Echinos , Ostreas crudas qunntium relient, Peloridas, Spondylos , Glycimariclas , Ur- ticas , Lumhos aprungos Alt/ lia ex farina mvoluta, Ficedulas , Mûri ces ac Purpuras Mûri ce Baiano rnelior Lucrin a Peloris. ( Horace. ) Les Pourpres des anciens étaient des espèces appartenant au genre murex ( Dict. cit.). On ne mangeait, à ce qu’il paraît, que la partie supérieure des animaux de ces coquilles turbinées ; ce qu’on appelait en grec r pa^vjXov , trachèlon; d’ou les Romains avaient fait Trachali. Trachali appcllantur Muricum ac Purpuras superiores partes ; undè Ariminenses inaritimi homines cognomen traxerunt Trachali. (Festus Pompe ius.) (On peut consulter sur ce sujet un ouvrage plein de recherches intéressantes : Ludovic! Nonni Diœteticon , sive de re cibariâ ; lib. III, cap. XXXYI et XXXVÎÎ.) La trouvaille de Belnay se réduit donc à une agglomération de coquilles d’espèces comestibles sur l’emplacement d’une ancienne habitation, très probablement romaine. Ces coquilles d’huîtres et de murex devaient provenir d’une cuisine d’où elles étaient jetées dehors en un tas , après que les animaux en avaient été (1) Nepos signifie ici un prodigue. Soc. géol., 2e série, tome III. 18 274 SÉANCE 1)U 16 FÉVRIER 1846. mangés. — Le propriétaire de la maison actuelle , homme simple et judicieux, avait eu déjà cette idée. MM. Virlet et Landriot ont été trompés par une préocupation scientifique. Je conserve , comme pièce de conviction , les morceaux de briques et de poterie trouvés avec les coquilles , et les coquilles elles-mêmes , encore pleines d’une terre grisâtre où l’on voit de très petits fragments de brique rouge. Il ne sera donc rien changé aux notions que nous possédons sur la nature des terrains qui forment les vastes plaines étendues depuis Dijon jusqu’à Tullins et Yoiron, dans le département de 1 Isère. M. Élie de Beaumont les a rapportés à la dernière période de l’é¬ poque tertiaire ; M. Rozet voit dans leurs couches superficielles la représentation de l’époque complaisamment appelée diluvienne : tous deux les considèrent comme formés dans un grand lac d’eau douce. A cet égard, mes observations , favorisées par les travaux du chemin de fer de Dijon à Châlon , confirment la manière de voir de ces géologues : elles feront l’objet d’une communication prochaine. Deuxième note sur les prétendus fossiles marins de Belnay , près Tournus . Depuis l’envoi de ma première note, M. Landriot et un de mes amis, examinant ensemble un panier d’huîtres rapportées de Bel¬ nay, ont trouvé un petit morceau de brique encore adhérent à l’intérieur d’une des coquilles. Ce fait, dont M. Yirlet a eu con¬ naissance en passant par Autun, a commencé à ébranler sa convic¬ tion ; il m’a paru tout-à-fait converti à mon opinion , lorsque , pendant son séjour récent à Chalon-sur-Saône , je lui ai montré les fragments de briques et de poteries que j’avais trouvés avec les coquilles. La pièce la plus probante que je conserve est un murex cassé par la pioche, dans l’intérieur duquel on voit de la terre mêlée de très petits fragments de brique. L’objection que les coquilles pouvaient avoir vécu sur place et avoir été ensuite remaniées avec des objets de l'industrie humaine, dans des travaux anciens , ne peut subsister ; car, même dans cette supposition d’un remaniement , c’est une terre homogène , une terre vierge qui devrait remplir encore l’intérieur des coquilles. M. Yirlet, qui paraît avoir développé cette objection, avait eu 1 intention, m’a-t-il dit, de faire pratiquer une fouille à une cer¬ taine distance de l’endroit où étaient les coquilles , afin de recher¬ cher et de mettre au jour le prétendu banc d’huîtres, dans un lieu SÉANCE BU 16 FÉVRIER 18/|6. 275 ou il n aurait pas été anciennement remué. — Une fouille de ce genre a été faite , depuis la visite sur lés lieux de MM. Virlet et Landriot : on a ouvert une tranchée pour fonder un mur autour de la cour de la maison. Cette tranchée partait précisément de l’endroit où l’amas de coquilles a été trouvé, et se dirigeait du coté de l’ail avion ancienne ; on n’a pas rencontré une seule coquille dans le cours de ce travail. Suivant ce que m’a dit M. Virlet, quelques uns des murex ap¬ partiendraient à l’espèce Murex brandaris ; j’y trouverais une confirmation que ces coquillages furent mangés ou destinés à l’être ; en effet, le Murex brandaris n’est autre chose que le Purpura des anciens (article Pourpre du Dictionnaire d’histoire naturelle, éditeur Déterville) : c était un mets recherché, comme l’indiquent ces vers de Martial. Sanguine nostro tinctas ingrate lacernas Induis , et non est hoc satis , csca sumus. Ostrea nullafuit , non purpura , nulla pe loris . M. Virlet, à l’occasion des notes de M. Canat, fait remettre sous les yeux de la Société des échantillons d 'Ostrea hippopus, de Murex brandaris et de M. truncidus , recueillis à Belnay par MM. Landriot , Large fils , de Tournus, et lui. Il rappelle que c’est un fait très connu que ces espèces étaient fort recherchées des anciens , et que cependant ce qui les avait empêchés d’ad¬ mettre à leur sujet l’opinion du propriétaire du sol , c’est que : 1° elles sont disséminées indistinctement et non entassées au milieu d’une argile glaiseuse, à l’instar des dépôts vaseux que l’on voit journellement se former sur certains rivages, où ils enveloppent également les coquilles amenées et délaissées par les eaux de la mer-, 2° la plupart des huîtres , circonstance à laquelle M. Canat ne paraît pas avoir fait attention , sont encore entières -, ce qui prouverait au moins qu’elles n’auraient pas toutes été mangées. Quant à l’existence des briques que ces messieurs n’avaient pas reconnue dans leur fouille , elle ne paraît pas à M. Virlet devoir infirmer complètement l’idée d’un dépôt fait parla mer. Ces débris prouveraient seulement une chose , c’est que ce dé¬ pôt aurait bien pu être remué à l’époque des premières con- 276 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. structions romaines, comme il vient de l’être par des construc¬ tions toutes récentes. Des recherches faites à quelque distance à droite et à gauche sur le même horizon , et qui démontre¬ raient que l’argile coquillière de Belnay ne se prolonge pas au- delà du point reconnu, lui paraîtraient donc plus concluantes , et il engage M. Canat, qui demeure sur les lieux , à les faire à l’occasion. Dans tous les cas, il ne s’explique pas comment ce géologue peut supposer qu’un dépôt marin de l’époque actuelle, reposant au-dessus ou même plus haut que le niveau des alïu- vions de la Bresse, puisqu’il s’appuie directement sur un calcaire à Pholadomies , viendrait changer les déterminations faites par M. Élie de Beaumont ou par M. Rozet des terrains tertiaires de la Bresse. Il n’y aurait là que l’effet d’une récurrence marine qui aurait laissé son dépôt au-dessus de la formation d’eau douce -, phénomène dont le bassin de Paris a olfert successive¬ ment plusieurs exemples. M. Pomel dit que, il y a plusieurs années, on a découvert â Clermont-Ferrand , dans une ancienne cave dont la voûte était abaissée, un amas considérable d’huîtres, qu’on avait cru d’abord devoir annoncer l’ancienne existence de la mer sur le sol de l’antique Augustonometum ; mais après des fouilles un peu plus complètes, on a trouvé sous cet amas de coquilles des débris romains, poterie et aqueduc, et même, croit-il, des médailles des premiers empereurs. De sorte que leur présence sur ce point en aussi grande quantité , et quelquefois avec leurs valves réu¬ nies et encore articulées , s’est trouvée tout naturellement ex¬ pliquée par un transport à l’époque de l’occupation romaine pour les usages culinaires des propriétaires de la cave. M. Rozet rappelle que dans son Mémoire sur la vallée de la Saône il a déjà montré l’exhaussement du sol de la vallée. M. Rozet, revenant sur la communication faite par M. Yirlet dans la séance du 1er décembre (voir p. 94) , dit qu’il a obtenu au Tholy des fragments de roches dans le granité, et qu’il a même parlé des accidents de celte nature qu’on observe sur les trottoirs de Paris, comme on peut le voir dans sa description des Vosges imprimée en 1834. Il ne croit pas que dans les Vosges le granité renferme de véritables cailloux roulés j il a seulement rencontré des accidents de cristallisation et des fragments un SÉANCE 1)U 16 FÉVRIER 18/l6. 277 peu arrondis de gneiss et de roches micacées , autour desquels les granités se contournent, notamment entre Gérardmer et le Tholy. Il admet que le granité a empâté des fragments de roches étrangères lorsqu’il était en fusion, comme le font encore de nos jours les laves du Vésuve, par exemple. Il termine en disant que la présence de fragments dans le granité ne prouve pas plus en faveur du métamorphisme de cette roche que ne le feraient les cailloux roulés dans les laves pour ceux qui voudraient con¬ sidérer ces produits ignés comme des roches métamorphiques. M. Rivière n’admet pas qu’il y ait dans le granité de vérita¬ bles cailloux roulés. Il regarde les taches qu’on observe dans cette roche comme étant le plus souvent des accidents de cris¬ tallisation dus aux circonstances du refroidissement. En effet, dit-il , ce sont presque toujours des granités très micacés , â grains très fins, ou bien de l’orthose pure, et non des silex. Cependant on rencontre aussi des gneiss. M. Constant Prévost reconnaît des accidents de refroidisse¬ ment et des fragments empâtés dans le granité-, mais leur pré¬ sence lui paraît prouver seulement la fluidité originaire de cette roche et son métamorphisme. La présence de cailloux roulés lui semble même en opposition avec la théorie en question ; car s’il y avait eu métamorphisme , ils n’auraient pas conservé les con¬ tours nets et arrêtés qu’on leur observe. M. Boubée dit qu’il n’y a dans le granité ni cailloux roulés ni fragments d’autres roches -, les nodules qu’on y observe sont des accidents de cristallisation identiques avec les différentes roches à grains fins qui forment des filons dans le granité. On peut bien s’assurer de ce fait, notamment dans les carrières qui sont sur la place de la ville de Vire. M. Virlet pense que ses notes des 3 novembre et 1er décembre derniers ( Bull p. 19 et 9 k) répondent à la plupart des objec¬ tions qui viennent de lui être adressées -, il ne croit donc pas devoir revenir sur les détails qu’elles renferment. Il ne conteste pas à M. Rozet la priorité de l’indication de noyaux étrangers dans les granités des trottoirs de Paris $ il lui fait seulement observer que sa communication n’a pas eu pour but de signaler comme nouveau ce fait, du reste connu depuis longtemps de tous les géologues , mais bien de démontrer , ce qui ne paraît pas encore 278 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. avoir été fait jusqu’ici : 1° que certains de ces noyaux renfer¬ ment des filons qui indiquent évidemment leur préexistence, et doivent faire rejeter toute idée de formation par ségrégation de la roche ambiante-, 2° d’indiquer dans d’autres la présence de débris organiques qui prouvent encore mieux cette préexis¬ tence , et 3° enfin de signaler leur mélange avec des galets de diverse nature, et entre autres de quartzite, comme celui signalé rue du Bac, galels ayant encore conservé les formes caracté¬ ristiques auxquelles un géologue quelque peu observateur ne peut pas se tromper. La pénétration du granité dans les fentes ou les anfractuosités de quelques noyaux, observée éga¬ lement par M. Rozet, pouvant s’expliquer aussi bien dans l’hy¬ pothèse d’une origine métamorphique que dans celle d’une origine ignée, ne peut pas servir d’objection contre la première de ces hypothèses. Quant à la présence des galets, sur l’existence desquels tout le monde semble être h peu près d’accord, et qui, selon M. Constant Prévost, pourraient bien avoir été englobés par le granité s’épanchant à la surface à la manière des laves , sans rejeter cette hypothèse comme impossible , M. Yirlet ne l’admet pas pour le cas dont il s’agit -, car le mélange de débris étran¬ gers , se présentant dans toutes les carrières des environs de Vire , lui paraît un fait trop général pour être assimilé à quel¬ ques uns de ces faits accidentels indiqués dans les laves ou les basaltes. 11 ajoute que si un grand nombre d’observations prouvent que certains granités sont souvent venus s’intercaler au milieu des strates brisées des roches stratifiées , et môme quelquefois s’épancher au-dessus , ce qui , selon lui , ne suffit pas du tout pour faire rejeter l’hypothèse d’une origine méta¬ morphique, aucun exemple bien précis ne lui paraît encore démontrer que les granités aient coulé à la surface à la manière des laves modernes-, tandis qu’un certain nombre de faits, au¬ jourd’hui bien constatés, prouvent l’existence de véritables granités métamorphiques , et il croit devoir rappeler à ce sujet les granités des Alpes de la Savoie, qu’il a déjà signalés comme tels lors des réunions de la Société à Chambéry, et qu’elle a pu observer elle-mCme à la Bâlie en Tarentaise, où on les voit en bancs très bien si ratifiés , parallèles au plan des schistes au mi- 270 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18/l6. lieu desquels ils se trouvent intercalés , et auxquels ils passent par degrés insensibles. Ces granités se prolongent avec les mêmes caractères de stratification , de schistosité et de concor¬ dance, d’un côté jusque dans la vallée de Chamouny, et de l’autre jusque dans le Dauphiné. M. Gras les regarde aussi depuis longtemps comme ayant incontestablement la même origine que les schistes au milieu desquels ils gisent, et dont il serait tout à fait impossible de les séparer même minéralogi¬ quement. M. d’Archiac met sous les yeux de la Société le nouvel ou¬ vrage de M. Nyst, intitulé : Description des coquilles et des polypiers fossiles du terrain tertiaire de la Belgique. Ce beau travail, composé d’un volume de texte et d’un atlas de qua¬ rante-huit planches lithographiées , est extrait du tome XVII des Mémoires couronnés par l’Académie royale de Bruxelles , et comprend la description de 55 h espèces provenant du cal¬ caire grossier , du London clay et du crag. M. Nystj ayant adopté la subdivision et la terminologie éta¬ blies par M. Dumont pour sa belle carte géologique de la Bel¬ gique, a rangé dans des tableaux synoptiques, placés à la fin de l’ouvrage , toutes les espèces suivant les systèmes Campinien , Tongrien , Bruxellien et Londonien , auxquels elles appartien¬ nent. Le système campinien , comprenant le sable noir du fort d’Hérenthals , le sable gris des glacis d’Anvers et le sable rouge de Calloo et du Stuyvenberg, renferme 216 espèces, dont 73 ont leurs analogues vivants -, 127 se trouvent dans le crag d’An¬ gleterre, et 86 dans des localités étrangères. Le système tongrien , comprenant les couches de Kleyn- Spawen , d’Hoesselt , de Bolderberg et de Boom , renferment 205 espèces, dont 15 ont leurs analogues vivants-, 55 se retrou¬ vent dans l’argile de Londres, h 2 dans le calcaire grossier, et 58 dans diverses localités. Le système bruxellien , réuni au système londonien , ren¬ ferme 181 espèces , dont 5 ont leurs analogues vivants ; 138 se retrouvent aux environs de Paris, 63 dans l’argile de Londres, et 3 h dans diverses localités. A cette occasion, M. d’Archiac croit devoir faire observer 280 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. que lorsqu’il publia son essai sur la coordination des terrains tertiaires du nord de la France, de la Belgique et de l’Angle¬ terre {Bull. , 4re sér., t. X, p. 168, avril 1839), il avait émis des doutes sur l’âge des couches coquilliêres des environs de Ton- gres. Depuis lors, M. Dumont ayant reconnu la superposition précise de son système tongrien au système bruxellien , toute incertitude a dû cesser à cet égard 5 mais M. d’Archiac persiste à maintenir, quant à présent , l’opinion qu’il avait soutenuedu parallélisme des argiles de Boom, identiques avec le London clay des côtes du Suffolk et de l’Essex, avec le système bruxellien, contemporain lui-méme du calcaire grossier du nord de la Fi •ance. D’une part , en effet , l’absence de superposition di¬ recte des couches de Boom au système bruxellien , et de l’autre les différences minéralogiques et paléontologiques qui les distin¬ guent de celles du système tongrien, soit aux environs de Tongres, soit aux environs de Louvain, soit meme à Gassel, où elles représentent le groupe des sables et grés moyens du nord de la France, comme les couches de Bagshot dans le Surrey , l’empêchent d’admettre le parallélisme proposé par le savant auteur de la carte de Belgique. Quant â la disposition relative si singulière des argiles de Boom et du système bruxellien, M. d’Archiac s’en réfère aux considérations qu’il a émises dans un Mémoire actuellement sous presse, et qui a été communiqué à la Société géologique au commencement de 1845» M. Grange fait la communication suivante. Analyse d'un Mémoire présenté a la Société par M. le docteur Grange. Ce Mémoire a pour titre : Recherches sur les gla¬ ciers , les glaces flottantes et les dépôts erratiques , sur B influence des climats , sur la distribution géographique et la limite inférieure des neiges perpétuelles . — h tude du phé¬ nomène erratique du Nord. (Ce travail a été imprimé au mois d’août 1845, et sera publié très prochainement.) Depuis un certain nombre d’années les géologues, abandonnant Les théories poétiques et philosophiques conçues à priori , ont de¬ mandé à l’étude approfondie des faits, à leur interprétation par les sciences physiques et naturelles la solution des grandes questions SÉANCE I)ll 16 FÉVRIER 18/l6. que soulève l’histoire des révolutions dû globe. Dans cette voie de l’étude des faits pour connaître l’époque relative, la durée, les con¬ séquences des révolutions géologiques, on reconnaît deux tendances chez les savants : les uns, interprétant rigoureusement les faits, les rapportent aux causes qui peuvent le mieux en rendre compte , soit que ces causes soient analogues, soit qu’elles diffèrent de celles qui agissent de nos jours; d’autres prennent pour point de départ de leur étude cette pensée, que les changements ancienne¬ ment produits à la surface du globe sont dus à des causes analogues, quant à leur nature et à leur manière d’agir, à celles dont nous pouvons mesurer aujourd’hui les résultats. Nous croyons, avec ces derniers géologues, que l’étude approfondie des causes qui modi¬ fient actuellement la surface du sol peut seule guider sûrement dans l’histoire si obscure des anciennes révolutions de la terre. M. Alexandre de Uumboldt, en appliquant à l’étude de la géologie sa profonde connaissance en géographie physique , a rendu d’im¬ menses services à la science, et est venu donner une foule d’argu¬ ments à la théorie que M. Constant Prévost a le premier mise en lumière , et que Lyell a soutenue depuis avec un grand talent, sa¬ voir : que la plupart des phénomènes géologiques pouvaient être expliqués par les causes qui agissent de nos jours. Le travail que nous présentons aujourd’hui offre sous ce point de vue quelque in¬ térêt. Nous nous sommes efforcé de montrer combien grande était l’influence des climats sur la distribution et la limite des neiges perpétuelles, la formation des dépôts erratiques, et de prouver que tous les phénomènes du diluvium du nord pouvaient être rap¬ portés à des causes actuelles. Nous avons établi sur des données physiques incontestables que tout changement dans la disposition relative des terres et des mers devait avoir pour résultat néces¬ saire une modification dans les conditions climatériques d’un lieu , modification telle que la distribution et la limite des neiges perpétuelles pourraient être considérablement changées , que la composition des faunes et des flores pourrait être altérée, soit par l’extinction d’un certain nombre d’espèces, soit par l'adjonction d’un certain nombre d’autres espèces étrangères. Les considérations qui font le sujet de ce Mémoire ont éié puisées tout d’abord dans l’étude de la géographie physique du détroit de Magellan. Les terres magellaniques, comprenant la Pa¬ tagonie et les nombreuses îles du S. -O., forment une contrée ex¬ trêmement coupée par des canaux, et hérissées de montagnes abruptes d’une grande élévation. Ces terres, bien que sous les 52 et 56e parallèles de lat. S. , présentent une faune et une flore dont la 282 SÉANCE DU 19 FÉVRIER 18/l6. composition rappelle les faunes et les llores du Chili et de la Pa¬ tagonie, et que tous les naturalistes ont été surpris de rencontrer sur cette terre, à côté des glaciers qui descendent jusqu’au niveau de la mer et qui proviennent des neiges perpétuelles, dont la limite in¬ férieure est à moins de 1,000 mètres au-dessus de l’Océan. La pré¬ sence d’un dépôt erratique entièrement moderne donne encore à ces terres un nouvel intérêt. Ces faits, qui avaient paru trop excep¬ tionnels pour être interprétés dans l’intérêt de la géologie et de la géographie physique, fixaient depuis longtemps mon attention; et en étudiant la constitution climatologique de ces terres dont je désirais faire connaître la constitution géologique et physique, je fus assez heureux pour me convaincre que ces faits exceptionnels rentraient dans les lois générales. Pour atteindre ce résultat je dus examiner avec soin : 1° l’histoire des glaciers des deux hémisphères, la distribution géographique etla limite inférieure des neiges perpétuelles ; T l’histoire des glaces flot¬ tantes; 3° l'influence de la disposition des terres sur la distribution des températures moyennes annuelles , des moyennes estivales et hivernales; U° sur l’hygrométricité de l’atmosphère, la quantité moyenne des pluies, sur la distribution géographique des glaciers, la limite des neiges perpétuelles , et enfin sur la composition des faunes et des flores. Ce travail m’a conduit non seulement à expli¬ quer les phénomènes propres au détroit de Magellan, mais à mon¬ trer dans la dernière partie de mon Mémoire que les phénomènes diluviens , extension des glaciers en Europe , sulcatures du sol , transport des blocs erratiques par des glaces flottantes , formation d’un dépôt erratique, diminution des températures estivales, modification dans la faune de cette époque , pouvaient être rap¬ portés à des causes actuellement agissantes et dont nous pouvons mesurer l’action. Ce travail forme aussi quatre parties distinctes que je vais es¬ sayer d’analyser rapidement. Je ne pourrai pas dans ce court ex¬ posé arriver à une démonstration ; elle ne peut résulter que de l’examen attentif des faits, de leur discusion et des considérations que l’on trouvera longuement reproduites dans mon ouvrage, au¬ quel je suis forcé de renvoyer pour tous les développements que je ne ferai qu’indiquer ici. Dans la première partie j’ai étudié les caractères des glaciers des régions polaires, et je les ai comparés à ceux des régions tem¬ pérées ; leurs caractères sont semblables ; les phénomènes produits par la progression des glaciers, stries, polissage, distribution des moraines médianes , latérales , terminales , sont les mêmes , mais SÉANCE DU 1(5 FÉVRIER 18/|6. 283 sont moins faciles à reconnaître à mesure que l’on se rapproche des régions polaires, où les névés recouvrent presque partout la glace compacte. Au-delà du cercle polaire on 11e rencontre de vé¬ ritable glaciers que sur les montagnes, et spécialement sur les montagnes qui avoisinent les côtes et dans les vallées un peu pro¬ fondes; dans les plaines, les couches de neige qui tombent pen¬ dant le printemps et l’automne disparaissent complètement pen¬ dant l’été. Les glaciers que l’on rencontre sur les côtes sont en général d’une très grande puissance, et bien que fixés sur un sol éternellement à l’état de congélation, ils présentent un mouvement progressif très évident, mouvement qui est en rapport avec la température de l’atmosphère. Dans les glaciers qui se terminent à la mer, ces phénomènes sont très faciles à étudier. Quand la tem¬ pérature devient plus douce, des blocs de glace sont repoussés dans les eaux, d’abord de petit volume et en petit nombre ; plus consi¬ dérables quelques jours plus tard, et pendant les grandes chaleurs ce sont des montagnes entières qui se détachent avec fracas, flot¬ tent au large et commencent leur voyage vers le S. Lorsqu’un glacier vient finir à la côte , si la mer qui baigne son bord inférieur a une température supérieure à 0°, le glacier ne pénètre qu'à une petite distance dans les eaux, où il vient se fondre ; son front est creusé d’immenses excavations au niveau de la mer, et de ses voûtes d’azur se détachent un grand nombre de blocs qui s’éloignent en oscil¬ lant , en emportant au loin les débris et les blocs de roehes qui ont été détachés des montagnes. Dans ce cas, une grande partie du glacier fondant à la mer, les débris de roches qui sont fixés à la partie inférieure, galets striés et polis, sont en grande partie aban¬ donnés sur place et peuvent être plus tard emportés par les plateaux de glace qui se forment pendant l’hiver à la base de ces glaciers Mais lorsque le glacier descend dans une mer dont la température est inférieure à 0’, les masses terminales pénètrent dans la mer sans s’y fondre, strient le fond, et continuent à progresser jusqu’à ce qu’elles atteignent un fond de mer assez considérable, pour qu’elles puissent se mettre à flot en vertu de leur légèreté spécifique , et elles forment alors des murs verticaux d’une très grande élévation et auprès desquelles les navigateurs ont trouvé des fonds considé¬ rables, ce qui est facile à expliquer en tenant compte de la distance qui sépare ces masses de la côte. Ainsi, si un glacier de 300 mètres d’épaisseur descendait dans une mer de température inférieure à 0°, la ligne antérieure s’avancerait jusqu’à ce qu’elle eût trouvé un fond qui lui permît de flotter, et alors elle se relèverait et pré¬ senterait un mur vertical de 30 à 35 mètres au-dessus des eaux. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. 284 Bientôt, sous l’influence des courants, ces niasses se séparent et em¬ portent au loin une grande quantité de débris erratiques , des ga¬ lets appartenant au lit des glaciers, et enfin des blocs d’un très grand volume. O11 a observé un grand nombre de faits semblables dans la baie de Baffin, dans le détroit de Davis, auprès de la terre Adélie et de la terre Victoria. Nous devons faire remarquer que la plus grande partie des débris de roches, les petits blocs errati¬ ques, doivent provenir en grande partie des falaises, qui sont ex¬ trêmement exposées aux variations atmosphériques et qui chaque année sont cernés par d’immenses radeaux de glace. Dans la seconde partie de mon travail , j’ai fait l’histoire des glaces flottantes. Je les distingue d’abord en deux grandes classes: glaces qui se forment à la surface de la mer ; glaces qui se dé¬ tachent des glaciers. Les premières sont formées de couches régu¬ lièrement stratifiées de glace compacte, plus souvent de névé et de neige ; elles forment des plateaux de forme et de grandeur extrême¬ ment variables , auxquels les navigateurs ont donné un grand nombre de noms; leur surface, généralement régulière , unie, est couverte de neige; les couches dont elles sont formées sont ordinairement horizontales; lorsque la tempête met ces masses en mouvement, brisées, façonnées par la puissance de l’Océan, elles prennent des formes plus ou moins bizarres ; mais on les distingue toujours des glaces des terres. Leur couleur varie du blanc de neige à l’azur; leur densité présente de nombreuses variations entre 0,80 et 0,90 ; elles ne donnent par leur fusion que de l’eau sau¬ mâtre. Les glaces qui proviennent des glaciers présentent ces figures fantastiques, édifices, monuments, colonnades, palais de marbre, qui font l’admiration des voyageurs; plus souvent elles présentent des figures si bizarres , qu’on ne peut les comparer à rien ; leur couleur azurée est très vive, et passe quelquefois à l’indigo; leur densité varie entre 0,90 et 0,92 ; l’eau qu’elles donnent en fondant est toujours douce, et peut servir aux équipages. Les masses qui se séparent des glaciers, étant plus considérables , plus denses , ne sont point, comme les plateaux de glace cpii se forment à la mer, rapidement entraînées par les vents; les courants paraissent avoir seuls une grande influence pour leur transport; elles se main¬ tiennent , en général , aux mêmes distances relatives en émigrant dans les climats tempérés. Autour des glaciers dont elles pro¬ viennent , on les voit former des zones concentriques dont la dis¬ position doit être rapportée aux circonstances de température dans lesquelles se trouvent les glaciers dans ces climats; chaque SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1 8ZlO . 285 zone de blocs semble indiquer une des périodes de beaux jours qui ont entraîné leur séparation des masses principales. En m’appuyant sur le témoignage de Scoresby et de plusieurs autres navigateurs, je crois que l’on doit admettre comme un fait démontré que les plateaux de glaces flottantes peuvent se former non seulement près des terres , mais à une immense distance des cotes , et cela lorsque la température des eaux est , pendant plu¬ sieurs jours , au-dessous du point de congélation de l’eau de mer, 2,55, et surtout lorsqu’il tombe une certaine quantité de neige ; nous citerons W. Scoresby [An Account of tlie Arctic régions , page 239) : « J’ai vu souvent la glace se former à plus de 20 lieues du Spitz- berg , et rapidement acquérir une consistance capable d’arrêter les mouvements d’un navire poussé par une bonne brise , lors¬ qu’elle était même exposée aux vagues de l’océan Atlantique, au milieu de la mer du Groenland, sous le 72° de longitude nord. Lorsque les premiers éléments de glace paraissent à la surface de la mer, sous la forme de petits cristaux isolés et qui ressemblent à de la neige que de l’eau très froide ne pourrait fondre, les marins l’appellent sludge (saleté); la boule s’apaise comme si on eût couvert les flots d’une couche d’huile. Les cristaux s’unissent entre eux pour former des noyaux plus volumineux, et même sous l’influence des vagues ils acquièrent des volumes de 3 à U pouces de diamètre. Ces petits glaçons, constamment heurtés les uns contre les autres, s’arrondissent, se relèvent par leurs bords, s’u¬ nissent, et présentent bientôt de petits plateaux d’un pied d’épais¬ seur et de plusieurs mètres de circonférence ; on les nomme alors pancakes , et si on vient à examiner ces pancakes , on voit qu’ils ont la forme d’un pavé ; dès que la houle a complètement cessé , ces divers glaçons s’unissent et forment des champs immenses. » Quelques géologues ayant imaginé qu’il se formait aux pôles d’immenses accumulations de glace , j’ai cherché quelle pouvait être l’épaisseur maximum d’un plateau de glace qui se formerait à la mer sous le pôle de froid , en supposant que la moyenne du mois le plus froid fût aussi basse que — 50°. En m’appuyant sur un grand nombre d’observations faites par les voyageurs qui ont hiverné au-delà du cercle polaire , et sur le peu de conductibilité pour le calorique que possède la glace, j’ai montré que l’épaisseur maximum que pourrait acquérir un plateau de glace ne dépasse¬ rait certainement pas 6 à 7 mètres. On doit conclure de ces consi¬ dérations , que les glaces formées à la mer, et qui atteignent une épaisseur de 20 mètres et plus , ont dû passer une longue série d’hivers dans les parages du Nord. Une grande aeculumation de 286 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18 40. places sur les montagnes me paraît également, dans l’état actuel, presque impossible. En effet, la température très basse des régions polaires , la sécheresse de l’air, les mouvements progressifs des glaciers, la température de l’été, me semblent des obstacles invin¬ cibles à l’accumulation progressive de la glace. Si nous remontons vers les pôles , chaque ligne de latitude qui nous rapprochera le plus du nord ne sera pas celle sur laquelle nous trouverons le plus grand développement des glaciers : ce sera sur les lignes climato¬ logiques insulaires, dont la température oscillera entre 0 et 5°, que nous aurons les conditions les plus favorables à la formation et à l’ extension des glaciers, et c’est précisément à cette condition thermométrique et hygrométrique des côtes du continent antarc¬ tique que l’on doit rapporter l’immense développement que pré¬ sentent sur ces terres les glaciers et les banquises , et non point à une différence dans la température moyenne de rhémisphère sud ; car on ne peut établir entre ces deux hémisphères que des diffé¬ rences dans la distribution relative delà chaleur. Dans la troisième partie de mon travail, j’ai étudié l’influence des climats sur la distribution des températures , des pluies , sous les mêmes latitudes, et comparativement le développement relatif des neiges perpétuelles sous les mêmes parallèles. Nous avons pris le mot climat dans son interprétation générale ; le climat est pour nous la résultante de toutes les qualités thermométriques , hygro¬ métriques d’un lieu ; qualités qui se rapportent à sa position en latitude, à sa hauteur, à son étendue, et à sa position par rapport à la mer. Sous les mêmes parallèles , les climats présentent des différences très considérables et qui se trouvent en rapport avec la disposition relative des terres et des mers, rapport si constant , que la latitude étant donnée , indiquer la configuration d’un pays, c’est dire les conditions climatériques de ce lieu, et réciproque¬ ment. Les désignations : climat insulaire , péninsulaire , littoral , continental , en même temps qu’elles indiquent la forme et le rapport des terres et des eaux, donnent, pour ainsi dire, une me¬ sure relative des températures , des pluies , des glaciers , de la végétation propre au pays. Pour mesurer cette influence de la configuration des terres sur les climats , influence qui avait été signalée par M. Alexandre de Humboldt , auquel nous avons em¬ prunté beaucoup de documents précieux , et auquel nous avons dé¬ dié cet ouvrage, nous avons étudié comparativement les conditions climatériques des îles , des rivages , des continents sous les mêmes parallèles ; nous avons construit des tables de température des lieux situés dans les mêmes latitudes de 5 en 5 degrés , et en ayant soin SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. 287 de choisir les lieux dont la température est bien connue, et qui ne sont point trop élevés au-dessus du niveau de la mer. Ces tables des températures moyennes annuelles et des températures extrêmes (ces chiffres ont été puisés dans les tables de Mahiemann) des lieux situés sous les mêmes parallèles et divisées en groupes par la distinction de leurs climats , font ressortir d’une manière frap¬ pante les caractères qui appartiennent à chaque climat sous des latitudes semblables , les modifications que présentent ces carac¬ tères climatologiques dans les diverses latitudes depuis le pôle jusqu’à l’équateur, et enfin les lois générales que suivent les températures moyennes , lorsque les températures extrêmes pré¬ sentent des différences croissantes ou décroissantes ( voir les tables à la fin de la note). On reconnaît tout d’abord que les climats insulaires jouissent de températures moyennes plus élevées que les climats littoraux et continentaux , et qu’en même temps , les différences entre les moyennes des températures extrêmes du mois le plus chaud et du mois le plus froid présentent des différences beaucoup moins grandes que dans les climats littoraux , et surtout dans les climats continentaux. Ainsi, à Jakousk, 62° lat. N., climat continental, la température moyenne de l’année est — 9°, et la différence entre les moyennes du mois le plus chaud et le plus froid est de 68°; à Reikiavig , à 64°, 8 lat. N., climat insulaire, la température moyenne de l’année est — 4°, et la différence entre les tempéra¬ tures extrêmes du mois le plus chaud et le plus froid n’est que de 15°. En étudiant ces tables, on voit constamment que dans les climats insulaires les températures moyennes sont plus élevées et qu’il y a de très petites différences entre les températures de l’été et de l’hiver ; que les climats littoraux ont, en partie, ces carac¬ tères; et qu’enfin, dans les climats continentaux , les moyennes de l’année sont généralement moins élevées, et les différences entre les températures extrêmes beaucoup plus grandes. Ces différences climatologiques que présentent les îles, les rivages, les continents sous les mêmes parallèles, considérables jusque sous le 40 paral¬ lèle , deviennent de moins en moins fortes à mesure que l’on se rapproche de l’équateur. On reconnaît aussi , dans presque tous les cas, que lorsque les différences entre les températures extrêmes diminuent , la moyenne annuelle s’élève ; cette dernière considé¬ ration nous paraît très digne d’attention. Nous avons essayé de faire des tables de distribution des pluies, nous avons été arrêté par le petit nombre d’observations que nous possédons; mais cette étude se trouve , pour ainsi dire , inutile ; *288 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18/|6. .car on sait très bien que les quantités de pluie qui tombent dans l’armée sont d’autant plus considérables que l’on se rapproche de la mer; que dans les îles, elles sont plus abondantes que sur les rivages, sur les côtes que dans l’intérieur des continents ; du reste, l’étude de la distribution de la chaleur que nous venons de faire aurait à priori conduit à ce résultat ; nous admettrons comme chose démontrée que dans les climats insulaires les qualités hy¬ grométriques de l’atmosphère ont leur développement maximum, et dans les climats continentaux le développement minimum. Nous avons fait pour la distribution des neiges perpétuelles ce que nous avons fait pour les climats; nous les avons comparées sous les mêmes parallèles , et il nous a été facile de reconnaître que le développement des neiges éternelles était indépendant de leur position t n latitude; nous avons vu qu’il ne se trouvait point en rapport avec les lignes isothermiques, isothériques ou isochi- mènes , qu’il ne se rapportait ni à la température moyenne an¬ nuelle ni aux températures extrêmes, mais se trouvait rigoureuse¬ ment en fonction des climats ; que, très considérables sous les climats insulaires, les neiges s’élevaient dans les climats littoraux et parvenaient à la plus grande hauteur au-dessus du niveau de la mer dans les climats continentaux. Cela aurait pu être indiqué a priori , car les glaciers ne sont en fonction que de la quantité de neige qui tombe pendant l’hiver, de l’hygrométricité moyenne de l’atmosphère, et enfin des températures extrêmes de l’été ; et par conséquent , les climats insulaires qui ont des pluies très abon¬ dantes, une atmosphère presque toujours saturée de vapeur, et des étés extrêmement doux, sont éminemment favorables au dévelop¬ pement des neiges éternelles et à l’extension des glaciers; je ne citerai qu’un seul exemple, et je renvoie à la table pour les autres. En comparant la limite inférieure des neiges perpétuelles sous les 37e et 38e parallèles, on trouve les chiffres suivants : Etna, 37° 10', 2905 m.; Sierra Nevada (Espagne), 37° 10'. 3410. Mont Marat, 39° 42', 4410; le mont Bolor, 37 * 30', 5067; et entre les deux ver¬ sants de F Himalaya , les neiges descendent sur le versant sud à 1111 mètres plus bas que sur le versant nord. De ces faits je conclus que dans les climats insulaires on peut avoir avec des températures moyennes plus élevées que celles du conti¬ nent, des neiges perpétuelles et des glaciers beaucoup plus déve¬ loppés ; la douceur de ce climat, les caractères constants que pré- se tent h s tempeiatuies donnent aussi aux flores et aux faunes de ces pays des caractères propres qui leur permettent de réunir des espèces qui évitent les températures excessives et par conséquent SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18/|6. 289 des espèces du N. et du S. Ainsi se trouvent expliquées les con¬ tradictions que nous avons signalées au détroit de Magellan. De ces diverses considérations il résulte qu’entre le 70° de latitude N. et le 40°, entre le 40° et le 70° de lat. S. , toute mo¬ dification dans la disposition relative des terres et des mers en¬ traînerait nécessairement, dans les conditions physiques actuelles, des modifications considérables dans le climat, modifications telles que la faune et la flore du pays seraient profondément altérées, que les glaciers pourraient disparaître en laissant après eux des dépôts erratiques, ou prendre au contraire une immense extension. Ces observations sont d’une importance considérable en géologie ; car depuis que les êtres organisés habitent sur la surface de la terre, leur distribution géographique a été certainement modifiée par les climats sous lesquels ils ont vécu ; et dans les variations climato¬ logiques résultant du changement de relief du sol, on trouve une des causes d’extinction du grand nombre d’espèces qui ont disparu de la surface de la terre. Ces changements géologiques peuvent faire comprendre comment dans un même lieu les faunes et les flores ont pu se succéder , se remplacer; comment se sont formés les ter¬ rains d’alluvion qui ont reçu les débris des êtres organises trans¬ portés par les courants fluviatiles , soit dans les plaines, soit dans les deltas qui se forment à l’embouchure des fleuves Supposons que le continent au milieu duquel s’élève le mont Bolor soit submergé, que la mer, envahissant les plaines du N. de l’Asie, celles de la Perse et de la Chine, vienne entourer de toute part le colosse asiatique: cette chaîne formerait alors une île assez étendue et qui se trouverait dans la même latitude que la Sicile 37° ; i’Himalaya ainsi isolé du milieu de l’Océan se trouverait alors dans les mêmesconditions climatériques que l’Etna, que la Sierra-Nevada de Grenade, et même dans des conditions plus favorables au déve¬ loppement des glaces, et il est très probable que la ligne des neiges perpétuelles s’abaisserait de plus de 2,905 mètres, limite des neiges de l’Etna, et descendrait par conséquent de 2,280 mètres; il est bien évident qu’ alors la faune et la flore du flanc de ces mon¬ tagnes seraient modifiées. Admettons maintenant que le continent asiatique seulement représenté par la chaîne de l’Himalaya vienne à être successivement émergé, que plus tard les terrains secondaires soient relevés sur les flancs et forment un petit continent profon¬ dément découpé : lorsque les terrains tertiaires qui forment les sinueuses plaines de l’Asie seront mis à sec par des soulèvements généraux ou partiels , les terres se groupant autour de l’Himalaya feront nécessairement passer tour à tour ces montagnes du climat Soc. géol., 2e série, tome III. 19 290 SÉANCE Dü 16 FÉVRIER 1846. insulaire au climat continental ; à mesure que le continent prendra une plus vaste surface , la température de l’été et celle de l’hiver présenteront de plus grandes différences : les hivers seront de plus en plus froids , les étés de plus en plus chauds ; la température moyenne se trouvera peut-être abaissée de quelques degrés, et ce¬ pendant la limite des neiges perpétuelles qui se trouvait à 2,905 mè¬ tres au-dessus du niveau de la mer quand l’ Himalaya avait un climat insulaire , s’élèvera au sommet des montagnes jusqu’à 5,185 mètres. Les glaciers, en se retirant aussi vers ces faîtes, auront dû laisser dans les vallées inférieures des stries, des roches et galets striés et polis, des moraines, des blocs erratiques ; mais les alluvions puissantes qui ont été produites par la fonte rapide des glaces dans les étés qui ont suivi les soulèvements des terres submergées , ont dû modifier ces dépôts , les remanier , leur ôter une partie des caractères qui permettaient de les reconnaître ; les moraines et les blocs placés sur les collines en dehors de l’action des eaux ont'pu seuls conserver leurs caractères, leur position primitive. De grandes vallées ont dû être creusées par les fleuves qui provenaient des glaciers: aussi l’Obi et le Jenissei auraient pu sillonner la pente die F Himalaya et transporter dans leur course des roches arrachées aux terrains primaires des montagnes, aux terrains secondaires qu’ils parcourent , et répandre dans les terrains d’alluvion qu’ils for¬ maient dans les plaines ou à leur embouchure un grand nombre de débris d’animaux et des végétaux appartenant à d’autres climats, et par conséquent différents des autres végétaux et des animaux qui vivent dans ces contrées. Supposons que l’Europe soit considérablement agrandie vers le N.-E. , de telle façon que l’Angleterre soit réunie à la Scandinavie et à la France, et que de grandes terres viennent s’ajouter à l’O. Je ne doute pas qu’ alors, sur les Alpes devenues le centre d’un grand continent, et sur les montagnes Scandinaves, la limite des neiges perpétuelles ne se relève d’un grand nombre de mètres au- dessus du niveau de la mer, en formant aussi de nouvelles allu¬ mions glaciériques. Faisons l’hypothèse inverse. Supposons que les plaines du nord, de l’Oural aux montagnes de l’Angleterre, de la mer Blanche aux plateaux de Smolensk et aux montagnes du Hartz, soient recouvertes par les eaux en laissant au-dessus de leur ni¬ veau la grande chaîne Scandinave , et je ne doute pas que sur ces montagnes , aussi bien qu’en Suisse et sur les autres montagnes de l’Europe, les glaciers ne prennent la plus grande extension, extension qui se rapporterait simplement à une augmentation dans la quantité moyenne annuelle des pluies et des neiges, dans SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18Z|(3. 291 l’état hygrométrique de l'atmosphère, et surtout à la diminution des températures extrêmes de l’été. Nous croyons que le phénomène erratique du Nord s’est produit dans des circonstances semblables , et nous avons consacré la qua¬ trième partie de notre travail à établir cette opinion. Le dépôt erratique s’étend sur une surface immense dont Stock¬ holm paraît être le centre. Ce dépôt se trouve circonscrit, d’une part, par la limite extérieure des blocs erratiques que M. de Ver- neuil a tracée dans sa carte géologique de Russie, et qu’il a indi¬ quée à partir de Nikoskoi, 61° lat. N. àù" long. E. Elle passe par Nickney, Voronech, remonte au N. vers Toula, se perd dans les marais de Pinsk pour reparaître au sud de Cracovie ; elle se dirige ensuite du S.-S -E. au N.-N.-O. , au S. d’Oppeln , de Brieg , Breslau, Liegnitz, longe la frontière qui sépare la Saxe de la Prusse à Leipsig; côtoie les montagnes du Hartz, celles du N. de la West- phalie ; traverse les Pays-Bas, et va se terminer aux côtes de la mer du Nord en passant par Bréda. Sur la côte orientale de l’Angleterre, à la base des montagnes du Cumberland , depuis le Cambridge- sbire jusqu’au Lincolnshire, il y a des dépôts diluviens très épais, très réguliers, où se trouvent des blocs erratiques dont une partie est arrachée aux montagnes de l’Angleterre et dont l’autre a été ap¬ portée de la Suède. ïl existe aussi des dépôts erratiques en Ecosse et en Irlande , et dans ces derniers on vient de découvrir des gise¬ ments très abondants de coquilles modernes des mers du Nord, qui sont parfaitement conservées dans des couches argileuses. En deux mots, le dépôt des blocs s’étend du N. au S. depuis la mer Glaciale jusqu’aux plateaux de Smolensk, à Cracovie, aux montagnes du Hartz et delà Westphalie, et de l’F. à l’O. depuis l’Oural jusqu’aux montagnes du Cumberland et à la frontière de la Belgique ; cette ligne se trouve elle-même entourée par une bande limoneuse extrêmement puissante qui la circonscrit de toutes parts, ainsi que l’ont si bien montré M. Elie de Beaumont et M. de Yer- neuil. En Russie, le tschernozem, terrain noir qui s’étend des col¬ lines de Smolensk jusqu’à rembouchure du Don et de l’Oural au pied des Carpathes; d’après M. de Verneuil ce dépôt a été formé sous les eaux de la mer. En Pologne, d’après M. Puch, nous retrou¬ vons cette bande argileuse qui s’étend de Cracovie aux rives du Bug et à laquelle on a donné le nom de lehm ; peut-être doit-on la rapprocher du limon jaune de la Hesbaye et de la Picardie qui couvre une grande partie du nord de la France et de la Belgique et qui s’étend depuis Maestricht jusqu’à Lisieux. Cette bande limo¬ neuse, qui traverse l’Europe de l’Oural à la Manche, n’offre pas 292 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. partout les mêmes caractères ; mais il est à remarquer que ces quatre lambeaux forment une zone extérieure à la limite des blocs erra¬ tiques, et que leur formation doit probablement être rapportée au phénomène diluvien. Je devrais ici rappeler les traces que l’action diluvienne a laissées dans chaque contrée , mais je sortirais des bor¬ nes d’une analyse. Je dirai seulement qu’il estaujourd hui démontré à la très grande majorité des géologues que la sulcature, le polis¬ sage et les dislocations que l’on a observés dans les Alpes Scan¬ dinaves doivent être rapportés aux glaciers qui ont autrefois re¬ couvert ces montagnes, que tout démontre que 1 action provenait du sommet des montagnes; que les ôsars doivent être d’immenses moraines remaniées par les eaux, soit lorsque les glaciers ont été fondus, soit lorsque ces terres ont été émergées. Au S. -O. et au S. des Alpes Scandinaves on retrouve les roches granitiques striées et polies, mais toujours dans la direction du IN. au S. ou du N.-E. au S. -O ; dans la Finlande, les plateaux ondulés de ce pays présentent des collines striées, sillonnées par des courants qui n’avaient point une grande profondeur , car quelquefois les som¬ mets escarpés ont été respectés : toutes les parties basses paraissaient avoir été comblées par des dépôts détritiques. En Russie, les blocs erratiques ont été disposés sur une immense surface, mais se pré¬ sentent très souvent en traînées qui paraissent avoir été déposées sous les eaux de la mer ; ils ont été principalement arrêtés sur les montagnes et sur les élévations, et sont moins abondants dans les dépressions. Les matériaux qui composent la masse du dépôt ei- ratique sont en grande partie empruntés aux roches sous-jacentes en Russie , en Pologne et en Allemagne ; et les blocs erratiques sont en grande partie répandus comme s’ils étaient allés en s’irra¬ diant à partir de leurs points originels, les montagnes de la Scan¬ dinavie, de la Laponie et les collines de la Finlande; les plus vo¬ lumineux et les plus frais ont été nécessairement transportés par les glaces flottantes. Enfin tous les géologues qui ont étudié la for¬ mation détritique de la Russie et du Danemark reconnaissent unanimement que ces dépôts ont été formés sous les eaux pendant une longue période de temps. Nous venons d’étudier la partie ex¬ térieure limoneuse, la partie intérieure du dépôt, dans laquelle nous trouvons des formations stratifiées sous les eaux et des blocs évidemment transportes par les eaux. Mais en nous îappiocliant du centre de l’action diluvienne , nous allons trouver des preuves très évidentes du séjour de la mer à une grande élévation. On a découvert un très grand nombre de gisements de coquilles marines modernes en Scandinavie, en Laponie, en Finlande, en Russie SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18/l6. 293 sur les bords de la Dwina, et en Angleterre; ces dépôts d’argiles bleues à coquilles très modernes occupent ainsi une vaste étendue dans la partie centrale des terrains erratiques, et elles indiquent qu’à une époque très peu éloignée les roches qu’elles recouvrent, et qui sont parfois striées, étaient sous les eaux et dans des circon¬ stances qui différaient extrêmement peu de l’état actuel de nos mers. Ajoutons à cela que M. Bravais a démontré qu’en Scandi¬ navie la mer avait occupé sur les montagnes des niveaux très dif¬ férents, et nous aurons, je crois, toutes les preuves matérielles d’une immersion, immersion qui aurait duré un nombre d’années très considérable et qui aurait laissé pour preuve de son existence d’anciens niveaux des eaux sur les montagnes, des dépôts arénacés et erratiques dans les parties basses , des dépôts limoneux à sa li¬ mite extérieure , et enfin des dépôts d’argile remplis de coquilles modernes sur les points qu’elle vient d’abandonner. L’ancienne extension des glaciers est démontrée par l’existence des stries, des moraines , des osais, par la dispersion des blocs erratiques et leur transport par les glaces flottantes. La contemporanéité de l’exten¬ sion des glaciers et de l’immersion des plaines du nord de l’Europe ( de la moitié de l’Europe au moins) peut seule à notre avis rendre compte de l’important problème des phénomènes diluviens. Nous pensons que les choses ont commencé par l’immersion des plaines ; cette immersion a entraîné une grande quantité de dé¬ blais qui ont formé la partie inférieure du dépôt et dans laquelle on ne trouve pas de blocs erratiques. Cette mer, communiq uant lar¬ gement avec la mer du Nord, était recouverte au printemps des glaces flottantes qui nous viennent des zones polaires. Le climat de l’Europe a été alors nécessairement modifié, il est devenu essentiellement insulaire ; la chaîne Scandinave qui formait une île a été couverte de glaciers ; les neiges perpétuelles sont des¬ cendues considérablement dans les Alpes, les Pyrénées, etc. ; car nécessairement alors l’état hygrométrique de l’atmosphère, la quan¬ tité moyenne des pluies et des neiges, et la faible chaleur de l’été, ont été éminemment favorables au développement des glaciers. MM. Agassiz et de Charpentier ont démontré qu’il suffirait d’une série d’années pluvieuses à étés tempérés, comme il en a cité un grand nombre , pour que les glaciers pussent reprendre en Suisse leurs anciennes limites. Les détails que nous avons donnés sur les glaciers et les glaces flottantes rendent maintenant très facile l’explication des divers faits que présentent les lieux qui ont été soumis à la double influence de l’extension des glaciers sur les montagnes, et de 29 h SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1 8 Zl (5 . l’immersion des plaines. Une immense quantité de débris ont été arrachés aux montagnes; une partie de ees débris a été laissée sur place, les autres ont été transportés au loin , soit par les blocs de glace qui se détachaient des glaciers , soit par les plateaux de glace qui se formaient près des cotes. Ces radeaux de glace, poussés par les courants, sont allés échouer dans des directions à peu près constantes, déterminées par la disposition du fond, sur les collines, sur les montagnes qui formaient le rivage de cette mer européenne. Ces radeaux chargés de blocs, en traversant les bas-fonds que formait le sol de la Finlande, ont strié ces collines ondulées, les ont sillonnées latéralement et de bas en haut , par l’action des marées qui faisaient franchir aux glaces les obstacles sur lesquels elles s’étaient échouées. Mais, après une période de temps qui a sans doute été très longue , les terres se sont relevées, non pas par un soulèvement unique, car il est bien évident qu’il y a eu plu¬ sieurs époques , plusieurs périodes dans la formation du dépôt erratique; le climat s’est modifié à la suite de ces soulèvements, les glaciers ont fondu, leurs moraines ont été remaniées, disposées en osais , en traînées linéaires , soit par les eaux qui provenaient des glaciers, soit par les eaux qui se retiraient ; ces courants ont ravivé le sol , ont accumulé , ça et là , des masses linéaires d’allu- vion ; puis peu à peu les mers ont repris leur niveau actuel, peu à peu la constitution climatologique de l’Europe a pris les caractères que nous lui connaissons aujourd’hui. La formation du terrain erratique du détroit de Magellan a été de même déterminée par le soulèvement de la Patagonie. Nous admettons , sans doute, que l’abaissement des montagnes par les ravages produits par les agents atmosphériques a contri¬ bué puissamment à la rétrogression des glaciers ; car on sait , et nous l'avons montré dans une petite table , que les grandes som¬ mités sont éminemment favorables aux glaciers par leur climat essentiellement insulaire ; la température des montagnes élevées, oscillant perpétuellement autour de 0°, est une des causes les plus puissantes du développement des glaces éternelles. Nous croyons que cette théorie, que nous présentons pour expli¬ quer le phénomène erratique , et qui est bien fondée sur les faits observés , rend compte d’une manière très simple de l’ensemble de la plupart des problèmes soulevés par l’étude des stries et des dépôts erratiques. On fera sans doute cette objection : Comment se fait-il que dans des formations marines nous ne trouvions pas un plus grand nombre de débris organisés ? On pourrait interpréter cette absence de coquilles fossiles dans une partie des terrains SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18/l6. 295 erratiques parles conditions défavorables dans lesquelles se seraient trouvés les animaux pour s’établir sur des côtes incessamment troublées par les radeaux de glace et les blocs erratiques qui ve¬ naient y échouer ; il aurait fallu , du reste , un certain temps pour que les mollusques et les crustacés des mers voisines vinssent se fixer sur le nouveau rivage de la mer erratique : dans la dernière époque de l’immersion, il s’est formé un grand nombre de couches d’ar¬ giles bleues qui renferment une quantité considérable de coquilles fossiles modernes et identiques dans ces divers gisements. L’hypothèse d’un glacier européen soulève bien des objections invincibles. 11 faut d’abord invoquer une autre constitution physique et météorologique ; car nulle part dans le monde il n’existe de glaciers dans les grandes plaines. Secondement , com¬ ment un glacier pouvait-il transporter des débris arrachés à des terres très basses sur des collines très élevées ? Il y a eu certaine¬ ment une immense extension des glaciers , mais elle n’a eu lieu que sur les montagnes; les parties basses étaient immergées. D’après M. Constant Prévost, qui a bien voulu m’aider de ses lumières dans ce travail , le phénomène diluvien aurait pu se reproduire, simplement, par la diminution constante et générale des températures du globe : en supposant que l’immersion eût existé pendant l’époque tertiaire , le soulèvement des terres aurait amené la constitution météorologique actuelle , et aurait déter¬ miné les courants qui ont sillonné la surface du sol et modifié les dépôts erratiques. Probablement des observations , des faits nouveaux viendront apporter de nouvelles preuves à cette explication si simple du phénomène diluvien ; quelque intéressante qu’elle puisse paraître à nos yeux, nous croyons qu’un résultat important de ce travail , en ce qu’il est incontestable, est que, dans les conditions physiques de notre globe, et très probablement depuis l’époque où les faunes et les flores ont recouvert la terre d’une immense variété d’espèces, toute révolution géologique a amené nécessairement des modifi¬ cations dans la distribution des espèces organisées , et a entraîné l’extinction d’un certain nombre d’espèces , en déterminant des modifications dans l’état climatologique des terres. Si nous sup¬ posons que le géologue étudie seulement un lambeau de l’écorce du globe , et qu’il compare entre elles les différentes couches qui composent ce sol , il trouvera successivement une série de forma¬ tions lacustres, fluviatiles, marines, puis des formations terrestres dans lesquelles il trouvera des faunes et des flores plus ou moins différentes, et il en conclura que le sol a été habité par des espèces 296 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18^6. successivement créées , pendant qu’en réalité ce lambeau qu’il étudie aura été tantôt la rive d’un fleuve , le rivage d’une mer , tantôt aura appartenu à une île, tantôt aura été le centre d’un continent, c est-à-dire aura passé par une série de phases clima¬ tologiques qui auront déterminé des distributions différentes dans les êtres organisés. Quelle que soit la théorie que l’on adopte pour rendre compte des problèmes que présentent à l’étude la faune et la flore des di- veises formations qui constituent les couches superficielles de notre globe , on devra admettre incontestablement que les modifications climatologiques, produites, par les révolutions qui ont si souvent changé les rapports et le relief des terres , ont déterminé des mo¬ difications analogues dans la composition des faunes et des flores. En sorte qu il est vrai de dire, avec M. Constant Prévost , que les causes actuellement agissantes peuvent donner le secret d’un très grand nombre de phénomènes géologiques , de la plupart des modifications que le sol a subies dans les révolutions qui l’ont agité , et que 1 étude attentive de ces causes est le moyen le plus sûi et probablement le plus puissant que nous possédions pour éclairei 1 histoire des époques antérieures. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. 297 Tables comparatives de la distribution de la chaleur dans les climats insulaires , littoraux et continentaux sous des latitudes semblables. TEMPÉRATURE MOYENNE. CLIMATS. LIEUX. i .A.TITUDE l OWGITUDE. (C « SI < £ 'W « • = c u £ imm “ * ~ £ O Çfl S 3 a ± 1 ir. “ - U ë Q Table n» 1. 1 -lieux situés entr e 63o et 6Co. i 1 O , o , O O O S 0 ] 1 o Jakousk . 52 I N. 126 47 F.. 117 -9.7 -58.9 I7.21 56.1 —40 1 +20 60 Fort Franklin. . 63 12 — 1 25 23 O. 68 — 8.2 _ £7_2 10.2 37.4 ! —50 11 41 Fort Simpson. 62 H - 125 52 O. -3.2 —23.5 15 1158.6! —24 17 41 ( Uteaborg . B5 3 — 25 6 E. 0.7 — 1 1.1 14 3 25.4 —13 16 29 Uméa . 63 30 - 17 56 E. 2.1 — 10 2 14.1 24.3 ; — U 16 27 Herncesand. . . . 62 38 — 15 35 E. 2.3 - 8.1 15.4 21.5! — 8 14 22 Abo . 60 27 — 19 57 E. 4 6 — 5.4 15.1 21.1 — 6 17 25 \ Falun (Suède. . 60 39 — 15 25 E. 121 4 4 - 5 5 20. 1 21.0! — 7 15 22 Eya fiord u r (Islande). 65 40 — 22 0 O. 0.0 — 6.2 7-7< 15.9! - 7 | 8 15 Reikiavig (Islande;. 64 8 — 24 16 O. 4.0 — 1.6 12. 0j 13.6 1 - 2 15 15 T. n° 2. Lieux situés entre 60« et 55o latitude. ('Kazan . 55 48 N. 46 47 19 2,2 — 14.5 17.0 51 — 16.5 18 34 Conti- I Moscou . 55 45 — 55 18 95 3.6 - 10.3 16.8 26 8 —10 17 27 jnental. . | Saint-Pétersbourg. . 59 56 — 27 59 3.5 — 8.4 15.7 24.3 — 10 16 26 (Tilsit . 35 4 — 19 53 6.7 — 5.6 16.7 20.5 — 5 17 22 f Stockholm. 59 21 — 15 43 41 5.6 — 3.6 16.1 19.7 - 4 17 22 remn- < hristiauia. . . 59 54 — 8 25 5.4 — 3 8 15 5 19,1 — 4 16 20 salaire. • | ^ Upsal . 59 52 — 15 18 5.2 — 5.7 15.4 18.8 - 4 16 20 Edimbourg. . 35 57 — 5 52 88 8.6 -|- 5.6 14.4 11.3 — 2 15 17 Stromneis (Orkoeys; 58 57 — 5 49 8.0 4- 4.0 125] 7.5 + 3 3 10 T. no 3. Lieux situés entre 35° et 50» latitude * ( Irkousk . 52 16 N. 101 58 E. 409 —0.2 -17.6 15.9 35.51 — 19 17 36 Tamhow (Russie). . 52 47 — 59 8 — 62 5.1 — 8.7 18.4 27.1 — 12 20 52 1 l Fulda . 50 34 — 7 24 — 273 8.3 _ 2 7 18.7 21.4 - 3 19 22 ) Wilna . 54 41 — 22 58 — 117 6.3 — 4.6 17.6 22.2 - 5 18 25 LiOnti- { Varsovie . 52 13 — 18 42 — 121 7 5 - 2.5 17.5 20.0 — 4 18 22 Ü6ütùl| • j Crucovie . 50 4 — 17 57 - 201 8.0 - 3.3 19.1 22.4 — 5 19 24 1 Berlin . 52 31 — 113 — 39 8.6 - 0.8 17.3 18.1 — 2 18 20 Breslau . 51 6 — 14 42 — 140 8.1 — 1.0 17.3 18.5 — 1 19 20 \ Dresde . 51 3 — 11 24 — 121 8.5 — 0.4 17.2 17 6 - 2 18 20 f Stralsund . . , . 54 19 — 10 45 8.2 — 0.2 16.5 16.7 — 1 17 18 Pénin- \ Praestoe(Dauemark) 55 7 — 9 43 E. 8.0 — 0.3 16.2 16.5 — 1 16 17 sulaire. . j Hambourg. . . . 55 29 — 7 58 8.6 — 0.3 16.7 16.7 — 1 17 18 \ Apeurade . . . . 55 3 — 7 5 8.5 0.6 16.2 16.2 -I- o 16 16 / Manchester. . . . 53 29 — 4 35 O. 47 8.7 2.8 14 8 12.0 + 2 13 l Dublin . 53 23 — 8 41 — 9.5 4.6 15.3 10.7 4 1 6 « 1 4 1 Alderley rectory. . 53 20 — 4 40 — 8.3 2.7 14.0 11.3 2 14 <12 Insulaire 1 Londres . 5! 51 — 2 26 — 10.4 4.2 17.1 12.9 O 17*14 f Port Famine . . . 53 58 S. 73 14 — 5.25 0.60 10.0 9.4 — 0.6 10 H.4 \Iluluk (Am. russe). 53 52 N. 168 45 — 4.1 0.1 10.5 10.6 — 1 12 |15 T. n° 4. Lieux situés entre 50o et 45°. É Montreal . 45 31 — 75 55 O. 6.5 — 8.1 20.6 28.7 — 9 21 28 Littoral < St-Laurence. . . . 44 40 — 77 20 — 121 6.2 — 6.8 18.6 25.4 — 7 20 27 amer. or. ( Halifax . 44 59 — 65 57 — 6.2 — 4.4 17.2 21.6 — 5 19 24 f Vienne . 48 13 — 14 3 — 156 10.1 0.2 20.3 20.1 1.0 20 20 1 Mannheim. . . 49 29 - 6 8- 92 10.3 1.5 19.5 18 0.0 20 20 Conti- \ Carlsrulie . 49 1 — 6 5 E. 113 10.2 1.1 18.9 17.8 o.o 19 19 nental. . < Strasbourg. . . 48 35 - 5 25 - 146 9.8 1.1 18.1 17.0 0 18 18 1 Trêves .... 49 46 — 4 18 — 156 10.0 1.9 17.8 16.9 0 18 Il8 F Paris . 48 50 - 0 0 64 10.8 5.3 18.1 14.8 1 18 17 V Fort Vaucouver . 45 38 - 122 54 O 11.5 4.2 18.2 16 1 19 18 / Padone. . . . 45 24 - 9 32 — 12.5 2.8 21.9 20.9 1 21 1 Fort George. . . 46 18 - 125 20 10.1 3.8 15.5 11.7 2 16 14 Littoral.. \ La Rochelle. . . 46 9 - 3 28 11 6 4.2 19.4 15.2 2 20 18 \ Cherbourg. . . 49 39 - 3 58 11.2 5.2 17.3 12.1 Ô 17 H ( GosDort. . 50 48 - 3 26 41.0 5.0 17.1 12.1 3 17 i14 insulaire pl ' outb . . . 50 22 - - 6 28 H.i 6.9 16.0 9.1 5 IC 11 ' Puizance. . . 50 7 - - 7 35 11.1 6.6 16.5 9.5 5 17 i 1 12 298 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18 46 - - 1- V E « 5 TEMPÉRATURE MOYEN NI CLIMATS LIEUX. latitude. LONGITUDE, S ± si < r X £ c b > ♦-» 9 Z ç Z c L. ± s c/3 î •c S | « Z £ O 2 A. S- ◄ S 1 JZ, c/3 2 X - c/3 ^ = £ a ? — *5 a a a s 1 Table no 10. Lieux entre 20° et 10® latitude • O , N. O . ! o O 1 O O O ( Bombay . 18 56 — 7U 54 E. 26.0 23.2 28.1 4.9 22 29 7 1 Cumana . 10 28 — 66 50 E. 27.4 27.0 28 6 1 .6 2b 29 5 Littoral,. Anjarukandy . 11 40 — 73 20 O. 27.2 26.9 26.1 0.8 25 29 4 Madras . 15 5 — 77 57 E. 27.8 24.8 50.2 5.2 24 31 7 ^Murueaybo. . 1 1 19 — 76 29 O. 29.0 27.0 50.4 54 27 50 5 Jamaïque .... 17 50 — 79 2 — 26.1 24.6 27.0 2.4 24 27 5 Insulaire Torlola (Antilles). . 18 27 — 67 0 — 26.2 25.5 27 0 1.5 24 27 5 St-Barlhélemy (id.). 17 55 — 65 20 — 26.1 26.2 ,27.4 2.5 25 28 3 T. no H. Lieux entre 10» et 0°. ( Paramaribo (Guy.). 5 45 N. 57 53 O. 26.5 25.9 26.9 1.0 25 28 3 Littoral.. Christiausborg. . St-Luis de Marauhao 5 2 24 N. 51 S. 2 10 O. 46 56 O. 27 2 27.1 26.9 27 1 29.0 27.0 2.1 1.0 ' 24 26 29 27 5 1 . Côte de Guinée . . 5 50 N. 2 0 O. 27.4 28.4 28.5 0.1 25 28 5 ' Trincouomale(Ceyl.) 8 54 — 79 2 O. 27.4 25.7 28.9 3.2 i 25 29 4 Insulaire Sinkapour. I 17 N. 101 50 E. 25.9 25.9 27. 1 1.2 1.0» 25 27 2 v Batavia . 6 9 S. 104 55 E. 26.6 26.2 27.2 25 27 2 Tables des températures moyennes de quelques lieux situés à une élévation Table n«> 12. de 2990 à 1 41 3m . LIEUX. LATITUDE. LONGITUDE. HAUTEUR au-dessus du niveau de la mer. tempéra Année. lTURES mü Hiver. TENN ES. Été. Différences. Casino , Et na .... 57 10 N. 12 41 E 2990m — i.ô — 8.6 + 6.6 15.2 St Bernard . 45 50 — 4 45 E. 4843m — 1.0 — 7.8 + 6.1 14.9 St- Gotha rd . 46 23 — 6 14 — 2095 - 0-8 — 7 + 67 14.5 Darjiling . 27 0 - 86 4 — 2124 + 12 + 5.4 4- 1 6.3 10.9 Otacamound . H 55 — 74 50 — 2241 15.9 11.4 16.3 4.9 Santa-Fé de Bogota. 4 36 — 76 34 O. 2031 15 15.1 15.3 0.2 Quito . 0 14 — 81 5 — 2914 15.6 15.4 15.6 0.2 Mexico . 19 26 — 101 26 — 2271 16.6 13.0 19.1 2.5 Moussouri . . (Inde). 30 27 — 75 42 E. 1910 14 5.5 19.8 14.3 Lohughat . . (Inde). 29 23 — 76 56 — 1696 15.2 7.5 21 .2 13.7 Kathmandou . (Inde). 27 42 - 85 20 — 1413 17.3 8.4 24.3 15 9 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. 299 a ! £ w .2 TEMPÉRATURE MüYENNl CLIMATS LIEUX. LATITUDE. LONGITUDE lû -Z b - - i " de Paris. P ’û ■ = o . "O 4) .B « 5 B ! O) soi 'W ï E 1 .2 £ J) *? 1 i- 1 < S S* n j m j- £ C3 a -1 ' o. à, Q ! Table no 5. Lie l i i ux situés entre 43o et 40° latitu le. i i / Fort Howard (Michi- o , O , m O o O o O gan) ...... 44 40 N. 89 22 O. 180 6.6 - 7.3 20.5 27.8 — 7 25 50 Conti- < Councill Bluil's (Et.- nentul, . ] Unis . . . . . . 41 25 0. 98 5 O 325 9.7 — 5.2 1 2’.2 28.4 - 6 23 -29 | Rochester (Et. -Unis) 45 8 — 80 11 O. 156 9.1 — 2.5 20.5 22.8 — 3 22 25 ' ^ Albany (id.), . . 42 59 — 76 5 — 58 9.2 — 5 20.9 23.9 — 3 22 25 Littoral ' Salem . 40 24 — 76 55 — 12.1 2.2 '21.1 18.9 Boston . 42 51 0. 73 14 O. 8.9 — 2.6 20.6 23.2 — 5 21 24 [1II1C1 1L« « ^ Middletown ( id .). . 42 21 0. 73 24 O. 9.5 — 1.6 20.5 22, \ — 3 21 24 1ns. aust. | Hobartown. . 42 45 S. 145 15 O. 11. 3 5.6 17.5 11.7 4 17 15 Constantinople. . 41 0 N. 26 59 E. 13.7 4.8 25.0 18 Bordeaux . 44 50 — 2 55 O 13.9 6.1 21.7 15.6 5 22 17 Florence . 45 47 — 8 55 E. 64 15.2 6.8 24.0 17.2 5 25 20 Littoral. ^ Per pigtian . . . . 42 42 — 0 54 O. 55 15.5 7.2 23.9 16.7 5 25 20 Marseille . 45 18 — 5 2 E. 45 14.1 6.9 21.4 14 5 5 22. 17 Toulon . 45 7 — 5 56 E. 15.1 8.6 22 .3 13.7 7 25 16 Nice . 45 42 — 4 57 E 15.6 9.3 22.5 13.2 8 25 15 Pénin- ( Rome . 41 54 — 10 8 — 55 15.4 8.1 22.9 14.8 7 25 16 sulaire. . ( Naples . 40 51 — 11 55 — 16.4 9.8 23.8 14 9 24 15 T . n» 6. Lieux entre 40o et 35» latitude. Conti¬ nental. . ' Marietta . 59 25 N. 83 50 O. 195? 11.6 0.8 21.9 21.1 0 22 22 Cincinnati. 5lt 6 — 86 47 — 162 12. 2 0.5 22.8 22.3 — 1 25 24 k St-Louis (Missouri). 58 56 — 91 56 — 170 13.0 0.7 22.4 21.7 — 1 25 26 Littoral i Baltimore .... 1 Chapel-Hill. . . . 59 17 — 78 58 O. 11.6 0.4 23.1 22, 7 -6.0 24 24 amer. . . 55 54 — 81 19 O. 15.7 5.4 25.2 19.8 2 25 23 ( Constantine. . 56 20 — 4 14 E. 17.2 10.2 26.6 16.4 Littoral. 1 Tunis . 56 48 7 51 — 20.3 13.2 28.3 15.1 11 50 19 1 Smyrne . 38 26 — 21 48 — 18.2 1 1.1 26.0 14.9 \Alger. . . . . . 36 47 0 45 — 17.8 12.4 25.6 11.2 14 24 to Pénin- 1 Gibraltar .... 56 7 — 7 41 O. 17.9 13.8 22.7 8.9 15 25 10 sulaire. . i Lisbonne . 58 42 — 11 29 O. 72 1 6.4 11.5 21.7 10.4 ii 22 11 1 f Cagliari . 59 13 4 6 E. 1 6.3 10.2 22.4 12.2 8 23 15 Insulaire Palerme. .... 58 7 — 11 1 E. 101 17.0 11.4 25.5 12.1 10 24 14 Messiue . 58 11 13 14 E. i 53 18.8 12.8 25.1 12.5 12 26 14 T. no 7. Lieux entre 35» et 30°. Abbeville (Caroline) 54 10 N. 84 46 O. 17.5 8.3 2 ,.7 18.4 Smithville. 34 N. 80 25 O 19.3 14.1 25.2 15,2 15 26 15 Littoral. Montevideo. . 34 54 S. 58 53 O. 19.3 j 14.1 25.2 Il 1 13 26 13 1 Cap de Bonne Espér. 35 55 — 16 8 E. 19.1 14.8 23.4 8 6 14 24 10 ^Paramatta, N. Holl.. 53 50 S. 148 50 E. 18.1 12.5 25.3 10.8 11 24 13 Insulaire St-Geurge (Bermud.) 32 20 N. 67 10 O. 19.7 15.1 24.0 8.9 14 24 10 Funchal (Madère). . 32 28 N. 19 15 O. 18.7 ! 16.3 21.1 4.8 15 22 7 T. no 8. Lieux entre 30° et 23 A Pénin- ' St-August. (Floride). 29 48 N. 83 55 O. 22.3 15.3 28.2 S 12. 9 sulaire. , 1 Fort King (Floride). 29 03 — 84 30 — 22.0 16.5 28.1 1 1.9 Insulaire Las Palmas (Can.ir ) Ste Croix (Teneriffe) 28 0 — 28 28 — 17 51 O. 18 3J o* . 21.8 21.9 15.0 18.1 23.8 24.9 9.8 | 6.8 17 17 29 26 12 9 T n» 9. Lieux entre 30» et 20» latitude. ( Canton . 23 8 N. 110 56 E. 21.0 12.7 27.8 15.1 11 28 17 Macao . 22 H N 111 14 E. 22.5 16.4 28.2 11.8 14 28 14 Littoral. < Rio-Janeiro. . 22 55 S. 45 56 O. 48 23.1 20.5 26 1 6.0, 19 26 7 Ava (Asie). . . 21 40 N. 115 40 E. 87 25.7 20.4 28.7 8.3 18 50 12 1 Calcutta . 22 33 N. 86 O. 25.8 19.9 28.1 8.2 18 29 H \ „ Key-West. 24 34 84 15 — 24.7 21.5 28.1 6.6 21 28 7 ' Honorourou(Sand w.) 21 19 N. 160 21 O. 23 7 21.6 25.5 3.9 21 25 4 Insulaire Lu Havane (Cuba). St-Denis (Bourbon). 25 9 N. 20 52 N. 84 43 O. 53 10 — 22 25.0 /25.0 22.6 22.6 27.4 26.7 4.8 4.1 21 22 27 27 ? ^Malanzas (Cuba). 23 2 N. 83 58 - 23.5 22.5 27.6 5.1 21 27. 6 Tableau comparatif des hauteurs de la limite des neiges perpétuelles dans les deux hémisphères , dans les climats insulaires Table no 13. péninsulaires, littoraux et continentaux sous les mêmes latitudes . 300 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18/l6. 301 M. Yirlet fait observer que les filons striés signalés par M. Du- rocher à l’île de Skarholm ( Bull ., 2e sér., t. III, p. 68, et fig. 8 et 9 de la pl. I) ne sont pas particuliers aux côtes de la Suède ; et quoique la Méditerranée n’ait pas de marées très sensibles, néan¬ moins, sur un grand nombre de points de son littoral, de ceux qui sont plus particulièrement exposés à la fureur des flots, on ob¬ serve des sillons ou canaux tout-à-fait analogues. Ces sillons, souvent très profonds, prennent naissance au niveau de la mer, c’est-à-dire vers le côté choqué , présentent des inclinaisons plus ou moins grandes, selon la forme de la côte, et diminuent gra¬ duellement de profondeur à mesure qu’ils s’éloignent du niveau de la mer ou atteignent la limite de la zone du flot , dont l’éten¬ due varie avec les localités et suivant que l’action des courants se trouve accrue par l’action des vents régnants. Le fameux cap Tœnare (Matapan) , qui forme la pointe la plus méridionale de la Morée, présente , particulièrement sur sa côte occidentale, de ces -sillons caverneux qui en rendent l’abord très difficile. Quand la mer vient à déferler , la lame se précipite dans ces canaux très souvent ramifiés en plusieurs branches , les remonte avec violence , et va parfois ressortir par des issues qu’elle s’est creusées à travers les bancs qui font saillie. Le cap Grosso , situé à quelque distance au N.-O., n’est pas moins remarquable que le précédent, par suite de l’action érosive des eaux, et il est très probable qu’il devait son nom ancien de Thyrides (fenê¬ tres, ouvertures) à ses nombreux sillons. On ne pourrait quel¬ quefois mieux définir les masses calcaires ainsi profondément sulcaturées qu’en les comparant aux branches ramuleuses d’un immense polypier. La zone du flot, ajoute M. Yirlet, qui s’élève quelquefois à sept ou huit mètres de hauteur verticale, et qui se distingue ordinairement par sa grande blancheur, se termine par une autre zone noire, formée par des concrétions de calcaire ma¬ melonné d’un brun noirâtre , qui recouvrent les parties des rochers. Ces concrétions curieuses, à cassure cireuse, translu¬ cide , et à structure rayonnée, n’ont que quelques lignes d’épaisseur, et présentent plus de dureté que le calcaire ordi¬ naire. L’analyse y a fait reconnaître 87 p. 100 de carbonate de chaux, et 13 d’alumine, d’oxyde de fer et de matières orga- 302 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. niques servant d’agent colorant : elles sont journellement for¬ mées par les eaux de la mer, et peuvent être considérées comme le dernier résultat de la vague expirante. {F'oy. fig. 2, pl. IX de la 2e série de 1 Atlas du grand ouvrage de la commission de Morée.) M. Marlins ne croit pas qu’il y ait de règles générales relati¬ vement à la densité de la neige : au Mont-Blanc, elle varie sui¬ vant les saisons et même les semaines; elle n’est dure que lors¬ qu’elle a subi des fusions superficielles répétées. Il ajoute que les glaciers ne descendent dans la mer que lorsque sa tempéra¬ ture est au-dessous de 0°. On lit le Mémoire suivant de M. Coquand. Notice sur un gisement de Gypse au promontoire Argentario , par H. Coquand. Le mont Argentario forme vers les confins de la Toscane , à l’O. d’Orbetello, une presqu’île attachée au continent par deux langues de sable très étroites et par une digue qui , poussée à travers l’étang même d’Orbetello , met directement cette ville en communication avec le port de San-Stefano. Les roches qui composent cette contrée remarquable par son admirable situation ressemblent d’une manière si frappante à celles du Capo-Corvo, à l’E. du golfe de la Spezzia, que la descrip¬ tion d’une de ces régions peut s’appliquer presque littéralement à 1 autie. On obscive cependant au cap Argentario quelques parti¬ cularités que la nature a refusées au cap Corvo, et sur lesquelles la Société me permettra d’appeler un instant son attention. La route d’Orbetello à San-Stefano, ouverte d’abord dans une petite plaine d’alluvion due aux relais de l’étang, atteint après un biel paicouis un calcaire noirâtre dispose en grandes couches encroûtées de cargneules , et que l’on retrouve dans toute la por¬ tion orientale de la presqu île. Sa cassure est conchoïde, avec une tendance vers la texture saccharoïde : de plus, il est traversé par des veines spathiques dont la blancheur fait ressortir vivement le ton foncé de la niasse. Dans les parties supérieures , du moins dans celles que j’ai visitées , il n’admet aucune couche subordonnée, telle que marnes ou argiles , ainsi qu’on l’observe fréquemment dans les grandes formations calcaires. La dolomie même , bien qu’elle s’y montre en grande abondance , n’y constitue jamais des 303 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18&6. bancs stratifiés : elle y existe à l’état de concrétions cariées , d’en- croutements bréchiformes , véritables cargneules , au milieu des¬ quelles sont englobés des fragments anguleux de calcaire noirâtre ; elles s’accrochent à la superficie des couches, ou bien elles s’infiltrent dans les joints de séparation, sans jamais pénétrer dans l’intérieur même des masses : on dirait une transsudation de carbonate de magnésie à travers les interstices de la roche. La facilité avec laquelle cette substance spongieuse laisse passer les eaux donne lieu à une précipitation assez abondante de carbonate de chaux stalacti tique, qui obstrue les cavités ou tapisse leurs parois de cristaux rhomboédriques. Depuis l’extrémité de la digue jusqu’à la hauteur de la tour Trenatale, le terrain ne présente aucun autre accident; mais dans le voisinage de cette vigie, on voit les calcaires alterner dans leurs parties inférieures avec des marnes bariolées , des phyllades sati¬ nées violettes et des conglomérats quartzeux en couches épaisses et irrégulières : ces alternances se continuent avec constance jus¬ qu’à l’hôtel de la Santé de San-Stefano , et elles démontrent la plus rigoureuse concordance entre les calcaires noirs et le système des marnes et des conglomérats La composition de ces derniers n’offre guère de variations que dans le volume des éléments constitutifs : ce sont des anaginites avec cailloux de quarz rubi¬ gineux et de lydienne retenus par un ciment siliceux cristallin, ou bien des quartzites grenus avec les mêmes cailloux, mais réduits, par la trituration, à une forme granulaire. Les marnes, dont la couleur dominante tire au violet ou au rouge liématôïde , passent par toutes les gradations imaginables à des phyllades plissées , à des schistes luisants coticulaires et à des schistes grossiers. Elles sont traversées, ainsi que les conglomérats, par des filons de quartz amorphe que je n’ai jamais vus s’introduire jusque dans les cal¬ caires noirâtres superposés. Comme roches subordonnées , je dois mentionner dans le système inférieur des bancs d’un calcaire feuilleté, passant volontiers au calschiste ou au cipolin et revêtant ordinairement la livrée des marnes encaissantes. Dans la profon¬ deur, les conglomérats disparaissent pour faire place à un ensemble de schistes argileux et de stéascliistes , dont on peut mesurer la puissance en l’étudiant dans les falaises voisines de la tour Livi- donia. Mais l’espace compris entre la tour Calamoresea et la tour Ca- lapiatti renferme des sujets d’étude bien autrement intéressants. On peut s’y rendre en suivant le chemin du littoral ; mais il est mieux de donner la préférence au sentier de montagne, qui, tracé 304 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. en écharpe sur les deux versants des arêtes culminantes , recoupe toutes les couches de la presqu’île et permet d’en saisir les rapports. Jusqu’en face de l’antique tour Argentaria on n’abandonne point les calcaires noirâtres que nous avons déjà mentionnés: seulement, vers les lignes de la séparation des eaux, les marnes violettes com¬ mencent à pointer , et en face de Calagrande , elles envahissent avec les conglomérats toute la portion occidentale du mont Ar- gentario, de sorte que le calcaire se trouve rejeté dans les régions orientales. Entre Calagrande et Calamoresca , le sentier est barré par un fdon d’euphotide d’un mètre environ de puissance, qui se dirige vers Calagrande en s’insinuant au milieu des marnes bariolées sous forme de filon-couche. Cette euphotide, qui , par sa composition, rappelle certaines ophites des Pyrénées , principalement celles d’Eup (vallée de la Garonne), n’a aucune ressemblance avec les autres produits ophiolitiques de la Toscane, dont le gisement pa¬ raît subordonné presque constamment à la formation de l’albérèse. Le fond de la roche est une saussurite verdâtre, compacte, colorée en vert, à cassure esquilleuse, parsemée de quelques lames courtes d’un diallage vert-foncé et de quelques cristaux d’une substance feuilletée qui m’a paru être de l’amphibole. Cette roche magné¬ sienne reparaît à Y Orto di Surdini , au-dessus de Calagrande, et plus au sud vers la tour Calapiatti, où elle semble limiter la formation gypseuse. Elle constitue plutôt des dykes ramifiés que des masses puissantes et indépendantes , ainsi qu’on le remarque pour les dé¬ pôts serpentineux du continent. L intervalle compris entre les lignes occupées par les filons d’eu¬ photide renferme un gisement très curieux de gypse dont le tor¬ rent de Calamoresca présente une très belle coupe. En effet, le lit de ce ruisseau, que les eaux ont creusé très profond, permet d’en etudiei tous les accidents avec la plus grande facilité. Depuis le chemin de montagne jusqu’au bord de la mer, on constate des alternances plusieurs fois répétées de calschistes , de marnes boueuses , de gypses , de conglomérats quartzeux et de phyllades. Ce sont, comme on le pense bien, les bancs calcaires qui, par voie d’épigénie, ont donné naissance aux gypses. Rien aussi n’est plus anormal et plus capricieux que la position de cette dernière roche. Quelquefois le calcaire a subi une transformation complète sur une certaine étendue , en ne conservant aucun de ses caractères primitifs; d autres fois, au contraire, l’influence métamorphique, ne s étant exercée que sur des points limités, n’a converti le cal¬ caire en gypse que dans ces points seulement, de sorte qu’une SÉANCE 1)11 1(5 FÉVRIER 18/|6. 305 même couche n a été convertie en sulfate de chaux que dans son centre, les deux extrémités ayant conservé leur acide carbonique. La théorie de ce fait a échappé naturellement aux exploitants qui ont tenté des excavations sérieuses dans cette contrée , et elle a donné lieu à bien des mécomptes. C’est ainsi que toutes les gale¬ ries ouvertes, dès les débuts, dans un banc de gypse de très bonne qualité, après un parcours de quelques mètres, n’ont plus traversé que de la pierre à plâtre tellement mélangée de calcaire qu’il a fallu les discontinuer pour rechercher d’autres points d’attaque qui , à leur tour, ont conduit à un résultat analogue. Aussi, au- jourd hui, bien que le gypse manque entièrement dans la Province inférieure, dans les îles de Giglio et de l’Elbe, et que l’exploitation du gisement de Calamoresca, situé sur les bords de la mer , eût constitué une opération lucrative , on se borne à enlever les blocs qui se détachent , pour ainsi dire, cl’ eux-mêmes , et on recule de¬ vant des travaux de profondeur. J’ai recueilli une série d’échan¬ tillons très curieux et très instructifs, dans lesquels se montrent les passages les mieux ménagés du calcaire compacte au gypse : on peut y constater, pas à pas, les conquêtes progressives que l’acide sulfurique a faites sur le carbonate de chaux ; car les traces ex¬ trêmes de l’invasion sont nettement indiquées par des réticulations gypseuses, qui pénètrent la masse dans tous les sens et emprisonnent des portions calcaires qui n’ont échappé à l’action métamorphique que parce qu’elles se trouvaient un peu trop en dehors de ses atteintes. La couleur du gypse est généralement d’un blanc sale , assez analogue à celle du gypse de Montmartre; son grain est lamellaire, un peu écailleux : cependant les variétés blanches et saecharoïdes n’y sont point une rareté. Au milieu des masses gypseuses sont enclavés des nœuds de karsténite bleuâtre , d’un aspect pierreux, qui , dans les parties exposées au contact de l’air , passent insen¬ siblement à un sulfate hydraté par suite de l’assimilation de l’eau qu’ils ont soustraite à l’atmosphère. Il n’est pas rare de remarquer encore entre les feuillets du gypse un enduit talqueux ou des paillettes de talc argentin que l’on retrouve aussi dans les cal- schistes et dans les cipolins du voisinage qui n’ont pas subi d’al¬ tération. Une autre particularité qui mérite d’être signalée consiste dans la rencontre que j’ai faite, au sein des conglomérats quartzeux qui alternent avec les gypses, de nombreuses mouches de cuivre carbonaté bleu et vert , lesquelles imprègnent profondément cer- Soc. géol. , 2e série, tome T 1 1 . *20 3()fô SÉANCE DU 16 FÉVRIER taines couches. Ces carbonates proviennent par voie de décompo¬ sition de petits nodules de cuivre gris dont je suis parvenu a re¬ cueillir quelques échantillons : c’est la reproduction exacte d un fait analogue qu’offrent les grès bigarrés du cap Garonne , pi es de Toulon, dans lesquels s’est intercalé un banc puissant de con¬ glomérat quartzeux cristallin qui est traversé par des veinules de cuivre gris, auxquelles sont dues pareillement des imprégnations de carbonate vert et bleu. It est inutile d’insister longuement pour prouver que le gypse de Calamoresca constitue un gisement anormal, dont la production par la réaction des vapeurs sulfureuses date d une époque posté¬ rieure à la sédimentation des terrains dont est formé le mont Argentario , mais les circonstances de la présence des dykes de porphyre magnésien traversant les mêmes couches qui ont donné naissance au sulfate de chaux, et limitant presque exactement le dépôt gypseux, méritent d’être signalées à cause de leur importance géologique d’abord, et en second lieu parce quelles concordent avec les circonstances identiques qui, dans la chaîne des Pyienées, rattachent le phénomène de la conversion de certains calcaires en gypse à l’apparition des ophites ; et ce rapprochement me paraît d’autant plus naturel que les calcaires jurassiques , pourtant si abondamment répandus sur le sol toscan , ne présentent que sui ce point et sur un autre décrit par M. Savi les traces d’une pa¬ reille métamorphose, et que dans ces deux localités éloignées l’une de l’autre , mais au cap Argentario spécialement , la nature , pour nous dévoiler les mystères de la transformation, a placé, pour ainsi dire, la cause à côté de l’effet produit. Le gisement décrit par M. Savi (1) offre beaucoup d’analogie avec celui de Calamoresca. Ce savant l’a observé dans les montagnes de Camporaghena ( Alpes Apuennes). Au-dessus du botro dello Spedelaccio , les roches passent à un véritable stéascliiste auquel le dépôt gypseux se lie par l’intermédiaire d’une grande masse de calcaire caverneux, qui à son tour se confond avec le galestro, les marnes rouges et avec le macigno. Ce qu d y a de curieux , c est que le cuivre a ete retrouve dans cette localité à 1 état natif et à celui de carbonate vert et bleu. Lakarsténite y est associée au gypse, et forme , au milieu des calcaires caverneux , un dépôt anormal , dont M. Savi a très bien reconnu l’origine métamorphique, qu’il attribue à l’injection des fdons de fer et de cuivre que l’on remarque dans le voisinage. (\) Nuovo giornale de Letternti , n° 70, page 55. Pise. SÉANCE I)U 16 FÉVRIER 18/|6. 307 Dans mon mémoire sur les terrains stratifiés de la Toscane (1), j’ai accompagné d’une coupe la description du cap Corvo , qui présente la même succession de calcaires, de conglomérats quartzeux , de phyllades , de eipolins et de stéascliistes que le mont Argen- tario. La grosse mer ne me permit pas d’aborder les falaises qui montrent le contact et les relations des calcaires avec les conglo¬ mérats, et j’avais cru reconnaître, du bateau qui rasait la côte , une discordance entre eux. Le contournement et l’état tourmenté des couclies n’aidèrent pas peu à me confirmer dans cette opinion. M. Pilla, qui avait visité le cap à peu près à la même époque, reconnut comme concordants tous les termes des terrains qui com¬ posent cette contrée remarquable. Je suis d’autant plus porté à me ranger à son avis que les études que j’ai faites postérieure¬ ment au mont Argentario, où les accidents du sol se prêtent mieux à l’observation et où se montrent les mêmes couches, ne peuvent laisser place à aucun doute. Examinons en ce moment quel est loge du calcaire noirâtre et des gypses qui lui sont inférieurs et concordants. On a pu voir par le travail de M. de Collegno sur les terrains stratifiés des Alpes Lombardes, par les écrits de MM. Savi , de Zigno , Catullo, et par mon mémoire , combien les opinions des géologues relativement à la classification des terrains stratifiés de l’Italie sont divergentes entre elles. Cette confusion vient de s’ac¬ croître encore par la note que M . de Buch a rédigée dernièrement sur les caractères distinctifs des couches jurassiques supérieures clans le midi de l’Europe (2), et dans laquelle ce célèbre géologue place dans le jurassique supérieur les calcaires rouges que M. de Collegno, à juste titre suivant nous, considère comme basiques. M. Pilla, qui adopte l’opinion de M. de Bucb, a publié tout ré¬ cemment un écrit remarquable (3) dans lequel il discute la posi¬ tion des divers terrains qui composent le sol de la péninsule ita¬ lienne. L’auteur s’est appuyé , pour justifier ses divisions, sur l’indépendance des formations et sur la comparaison des fossiles; mais ce double principe est méconnu dans les questions qui ren¬ ferment les étages de la formation jurassique. Pour ce terme des terrains secondaires, la discordance de stratification et la valeur des caractères paléontologiques fléchissent : aussi la classification (1) Bulletin, 2e série, tome IL (2) Bulletin, 2e série, tome II, page 359. (3) Saggio comparative dei terreni che cotnpongono il suolo d’Jta- lia ( Pise , 1845 ). 308 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. qu’il propose est loin de présenter cette certitude que 1 on était eu droit d’attendre d’un observateur si éclairé. La difficulté de bien distinguer les divers horizons géologiques de l'Italie tient-elle réellement à des causes inhérentes à la constitution du sol , ou bien à une fausse application des lois de distribution des espèces fossiles ? Comme cette question est d’un haut intérêt, nous la discuterons ici en nous étayant des faits reconnus par les géologues qui ont écrit sur l’Italie. Le point de départ pour la division des terrains de cette contrée a été le calcaire rouge à Ammonites ; c’est à M. de Collegno que revient l’honneur de 1 avoir fixe. Depuis, ce meme calcane îouge a été le champ de bataille où se sont agitées toutes les opinions géologiques. Et d’abord M. de Collegno (1) mentionne dans le calcaire rouge des environs du lac de Corne les Ammonites suivantes : Heterophyllus (Sow.), Elegans (Sow.), Fi b u la tus (Sow.), fValcotii (Sow.), Insignis (Zieten), Radians (Schlot.), Scipionianus (d’Orbig.) , Thouarsensis (d’Orbig.), Comensis (de Bach). J’assimile à mon tour le même calcaire rouge de la Spezzia, du Campiglièse, de Gavorrano, de l’île d’Elbe, au calcaire rouge du lac de Corne. Les ammonites qui y ont été trouvées sont les Bucklandi (Sow.), Obtus us (Sow), Serpentin us (Schlot.). M. Pilla (/oc. cit. , page 70 ) signale dans les mêmes calcaires rouges de la Toscane les Ammonites Costatus (Schlot.), | Conybeari (Sow.). Le calcaire analogue de Corfino (Alpes Apuennes) contient, d’a¬ près le même auteur ( loc . cit. , page 72) , les Ammonites Conybeari , Obtusus, Tatricus (Pusch). L’Ammonite Costatus a été retrouvée à Monte-Corno, dans les (1) Bulletin , 2e série, tome I, page 190. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18/l6. 309 Abruzzes, dans un calcaire jurassique , par M. Orsini di Ascoii ( loc . cit. , page 70). Dans les Etats de l’Eglise, à Terni (loc. cit., page 70), M. Pilla cite la découverte d’une Ammonite qu’il possède et qu’il rapporte à la Tortilis (d’Orbig.). 1VI. Paillette a trouvé l’Ammonite Krid/on (Hehl) à Contraa- Fontenilla , près Taornima (Sicile) ; (voyez Paléontologie de d'Or- bigny, terrains jurassiques). M. d’Orbigny (Pal. , terr. jurassiq.) mentionne à laSpezziales Ammonites Catenatus (Sow.), Si s mondas (d’Orbig.), Phillipsii (Sow.), Articulatus (Sow.), Boucaultianus (d’Orbig. ), Enfin M. de Bucli nomme dans les couches supérieures juras¬ siques du midi de l’Europe les Ammonites Tatricus (Pusch), variété de YHe- terophyllus , Polygiratus (Rein.), Kœnigii (Sow.), Corda tus, Flexuosus (Munster), Mutabilis , Bioculatus . En reconnaissant avec les observateurs précités que les calcaires à Ammonites appartiennent toutes à un même horizon géologique et représentent le même étage, nous verrons que les Céphalopodes ci-dessus mentionnés, et qui sont au nombre de 28, se répartissent de la manière suivante : 21 dans le lias : Scipionianus (lias inférieur), Catenatus (id Sismondœ (id.), Phillipsii (id.), Articulatus (id.), Conybeari (id.), Boucaultianus (id.), Buchlandi (id.), Obtusus (id.), Serpen tin us ( i d . ) , Tortilis (id.), 1 dans le coral-rag : Kridion (lias inférieur), Fibulatus (lias moyen), Costatus (id.), Heterophyllus (lias supérieur), Elegans (id.), fValcotii (id.), Insignis (id.), Radians (id.), Thouarsensis (id.), Kœnigii . Flexuosus . SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18Æ6. 31 0 1 dans le jurassique supérieur : Ta tri rus. 5 sans désignation d’étages : Bio( ulatus t ( 'omcnsis . P O ly g ira tus, Mutabilis , Corda tus, En ayant égard, comme on le voit, aux caractères paléontologiques seulement, la position du calcaire rouge ne saurait être douteuse ; elle appartiendrait incontestablement au lias. M. de Collegno le place dans le lias supérieur; je lui assigne au contraire le lias in¬ férieur, parce qu’à la Spezzia j’ai constaté que ce calcaire est sé¬ paré des autres calcaires jurassiques par une couche puissante de schistes à Posidonia liasina , fossile caractéristique des couches su¬ périeures du lias. (Voir ma coupe, Bulletin , 2e série, tomel, et celle conforme de M. Pilla.) Mais n’y regardons pas de si près, ne nous occupons pas si c’est dans la partie supérieure ou inférieure du lias qu’il faut introduire les couches à Ammonites. M. de Bucli s’appuyant, pour tracer son horizon jurassique supérieur, sur des faits peu nombreux de paléontologie, les géologues qui pour le classement du calcaire rouge de l’Italie adopteront la même mé¬ thode arriveront à des résultats tout aussi irréprochables , sur¬ tout s’ils invoquent à l’appui de leur opinion la comparaison d’un nombre plus considérable de fossiles. J’ai alors le droit de m’é¬ tonner de ne point voir figurer dans l’énumération des espèces qu’il cite Y Ammonites IV alcotii et les autres Ammonites reconnues dans les environs du lac de Côine. Quelques géologues de l’Italie septentrionale assuraient avoir recueilli aux environs de Varèse, et dans une même couche, des Fucoides , des Catillus et d’autres espèces crétacées associées avec les Ammonites basiques de la Spezzia et des calcaires rouges de la Toscane. Je disais à cet égard dans mon mémoire que si à Varèse les calcaires rouges offraient véritablement tous les fossiles de la craie que l’on y mentionnait, ce calcaire ne pouvait être le même que celui de la Ligurie et de l’Etrurie ; et mon raisonnement à priori est parfaitement justifié par les observations ultérieures de M. de Collegno, qui reconnaît que dans les contrées à failles des Alpes italiennes , «< il devient souvent difficile de reconnaître exac— « tement la limite des deux formations jurassique et crétacée. » ( Bulletin , 2e série, 2' vol. page 3fi5. ) Ainsi, il explique très bien SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1 8 Z| (5 . 311 comment par le moyen d’une faille, à Varèse meme, la formation crétacée est juxtaposée à la formation jurassique, de manière à pré¬ senter à un même niveau, et pour ainsi dire dans la même ligne, des fossiles particuliers à chacune d’elles, bien qu’en réalité il existe une solution de continuité qui établit une séparation tranchée , sinon apparente. Lors donc que j’étais porté à séparer le calcaire rouge de Varèse de celui de Corne , du Campiglièse et de Montieri , j’étais amené à provoquer cette séparation, bien que je ne connusse point la localité par les inductions paléontologiques , et j’avais raison, car M. de Collegno nous enseigne qu'une faille a déplacé des cal¬ caires rouges crétacés à Fucoides et à Catillus pour les rapprocher de notre calcaire rouge à Ammonites : d’où je conclus que la dis¬ tinction des terrains stratifiés de l’Italie par le secours des fossiles est encore le meilleur guide que l’on puisse suivre. M. de Collegno ajoute, dans la même note, que l’autorité de AI. de Buch a seule pu faire disparaître au congrès de Milan ces confusions qui duraient depuis bien des années, il eut été à désirer que M. de Collegno fût entré à ce sujet dans quelques explications. Si M.. de Buch a eu le mérite de faire rentrer dans leurs limites naturelles les por¬ tions jurassiques du calcaire de Varèse, il le place néanmoins dans le jurassique supérieur; M. de Collegno au contraire, dans son travail sur les Alpes Lombardes, les introduit dans le lias. S’il partage aujourd’hui l’opinion du savant prussien, comment, dans sa dernière note, avance-t-il « n’avoir rien trouvé, dans les ob- » jections qui ont été faites sur sa classification des terrains de » l’Italie, qui lui paraisse devoir porter quelque changement à » cette classification ? » Nous admettons donc, d’après la comparaison des fossiles, que les calcaires rouges de la Spezzia et du Campiglièse appartiennent au lias. Examinons à présent si leur position géologique corres¬ pond à cette première induction. Au golfe de la Spezzia, les cal¬ caires rouges occupent la partie inférieure de la montagne de la Coregna, et supportent toute la série des couches jurassiques (voir notre coupe et celle de M. Pilla). S’ils sont une dépendance réelle du lias , ainsi que nous le pensons, leur position est normale et corrobore la déduction tirée de la détermination des fossiles. A Campiglia , nous avons vu ces mêmes calcaires s’appuyer en dis¬ cordance de stratification sur les marbres blancs, dont ils sont net¬ tement séparés par une masse de conglomérat à fragments roulés de ce même marbre; ce n’est point ici une faille , mais un vrai hiatus , un changement de formation que nous dévoile la coupe naturelle de la Grande-Cave. Si à la Spezzia les calcaires rouges sont 312 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. Basiques, leurs analogues ne le sont pas moins à Campiglia, car ils renferment les Ammonites Buchlaneli , contenus, obtasus , Cony- beem, etc. A la Spezzia, ils supportent la série entière des étages ju¬ rassiques ; à Campiglia, ils sont discordants avec les marbres blancs: donc les uiarbres blancs ne peuvent plus être considérés comme ju¬ rassiques. J ai bien pu dans mon mémoire comparer les schistes cristallins de la Toscane aux schistes primaires des Pyrénées, mais non point les marbres de Carrare a ceux de Saint-Béat, que je reconnais comme jurassiques. Pour répondre à une de ses insinuations, je ferai cette question à M. de Collegno : si les marbres rouges de Cierp, qui cons¬ tituent une masse très puissante dans les terrains de transition et qui sont contigus aux marbres saccharoïdes de Saint-Béat, avaient éprouve la même transformation que les calcaires jurassiques du pic du Car, ce qui pouvait très bien se réaliser, n’aurait-il pas fallu distinguer ce marbre blanc de transition du marbre blanc- jurassique, bien que T un et l’autre eussent existé dans des rela¬ tions très ét oites de voisinage et même de contrée? Pourquoi donc les marbres de Carrare et de Campiglia ne représenteraient-ils pas des calcaires de transition, qui, postérieurement à leur modifica¬ tion , auraient été recouverts par des calcaires jurassiques, ainsi que nous le démontre la Grande-Cave, surtout lorsque ces der- meis nous offrent le terme le plus ancien de la formation jurassi¬ que, se sepaient nettement des marbres blancs par la discordance, par leurs caractères minéralogiques, par leurs fossiles et par l’in¬ terposition d’un conglomérat, lorsque d’un autre côté la décou- vci te de calcan es dduviens dans la 8ardaigne rend encore plus pressant le besoin d’une pareille distinction ? On ne sera pas fâché, je pense, de connaître sur cette importante question l’opinion d’un géologue distingué, de M. A. Burat, qui a lait de la i oscane 1 objet d une etude spéciale, et qui vient de con- signei le îesultat de ses investigations dans un ouvrage étincelant de faits ^ly. Cet obseï vateui pensait d abord que les marbres du Cam— piglièse étaient jurassiques, et il se basait justement sur leur discor¬ dance av te les calcaires rouges, tpi il considérait alors comme créta¬ cés; niais depuis, ayant distingué ces derniers de l’albérèse et du macigno, il a du changer la chronologie des terrains delà Toscane. Dans son ouvrage sur la théorie des filons, il décrit les caractères des diverses formations ignées , du verrucano et tles calcaires sae- charoides des Alpes Apuennes ; mais relativement aux marbres il (I) Théorie (les gîtes nié lui U fer es, Paris, 1845, pages 162 et \ 6 T SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18^6. 313 se demande : Quel est ce terrain? L’analogie l’a-t-elle fait supposer jurassique, parce que c’est en quelque sorte la position la plus in¬ férieure qu’on puisse attribuer à une formation calcaire aussi puis¬ sante et aussi homogène ? Néanmoins nous indiquerons quelques faits qui semblent devoir reculer d’une manière notable l’âge de ces marbres de Carrare. « Au-dessus des marbres de Campiglia se trouvent des calcaires roses et rouges, souvent schisteux, alternant avec des schistes gris, roses et lie de vin auxquels se mêlent quelquefois des couches si¬ liceuses. Ce sont ces calcaires qui, aux environs de Caldana, con¬ tiennent des Ammonites; on les avait d’abord considérés comme appartenant à la partie inférieure des terrains crétacés, mais les fossiles qu’on y a trouvés les ont fait placer dans le lias. Leurs relations avec les marbres ne sont pas cependant telles qu’on puisse les attribuer à la même formation, et le Campiglièse présente sur ce point quelques faits intéressants. Un escarpement dit la Grande- Cave présente la coupe la plus heureuse du contact des deux ter¬ rains. Une ligne très apparente sépare les marbres blancs et mas¬ sifs des calcaires schisteux rosés. Cette discordance de stratification est encore frappante dans plusieurs tranchées faites près de la mine de Tempirino, et en continuant de s’élever suivant une ligne E.-O. on peut voir sur les flancs du Calvi plusieurs points où les schistes viennent se heurter contre les marbres ; les premiers ayant leur pendage au S. , les seconds vers le N. On ne peut donc pas douter que cette ligne ne soit réellement un des anciens rivages de la mer, dans laquelle furent déposés les terrains rouges, schisteux et cal¬ caires, et le changement très prononcé dans la composition du sol se trouve ainsi justifié par une séparation géognostique non moins évidente. « Quel est actuellement l’âge des terrains qui se trouvent de chaque côté de cette ligne? Les calcaires rosés contiennent à Cal¬ dana de petites Ammonites qui ont été reconnues comme apparte¬ nant ordinairement au lias. Ces calcaires sont d’ailleurs recou¬ verts en stratification très discordante par les macignos. On avait d’abord supposé que les calcaires à Ammonites étaient crétacés; les marbres devenaient alors naturellement jurassiques; mais si réellement ces calcaires représentent le lias , à quel terme de l’é¬ chelle géognostique rapporter ces marbres si homogènes et si puis¬ sants qui, au-dessous des terrains jurassiques, constitueront une véritable anomalie? » Cette opinion, que j’avais déjà émise dans mon mémoire sur les terrains stratifiés de la Toscane, a eu tout récemment pour ad lié- 31 h SÉANCE DE 16 FÉVRIER 18/l6. rent M. A. Paillette. Ce géologue, à qui j’ai montré, lors de la vi¬ site qu’il est venu faire à nos filons, les localités que JV1. Burat et moi.nous avions décrites, m’assura qu’il était d’autant plus disposé à adopter nos conclusions qu’il lui était démontré que la plus grande partie des marbres des Pyrénées méridionales, que l’on avait considérés jusqu’ici comme jurassiques, devaient être rapportés au terrain dévonien. M. Pilla , dans son dernier travail , reconnaît ainsi que moi dans le Campiglièse deux formations calcaires, distinctes, discordantes et séparées par un conglomérat : de plus, ses études particulières le portent à distinguer dans les montagnes Pisanes deux forma¬ tions calcaires qui correspondent parfaitement à celles de Cam- piglia. Décrivant ensuite le calcaire rouge de Corfino, dans lequel il cite les Ammonites obtus us , Conybeari et tatricus , il l’assimile aux autres calcaires rouges de l’Italie ; mais il les considère tous comme appartenant à l’étage supérieur du terrain jurassique ; et comme ce calcaire, ajoute ce géologue, se lie avec la grande masse calcaire superposée aux schistes cristallins des Alpes Apuennes, on peut conclure que ces deux dépôts sont du meme âge. Cette conclusion, qui viole les lois de distribution paléontologique, et qui, de plus, ne tient aucun compte des discordances constatées à Campiglia et aux montagnes de Pise entre les calcaires rouges et les marbres blancs, aurait besoin d’être démontrée par des preuves plus décisives, puis¬ qu’elle tendrait à introduire dans la science des faits nouveaux qui heurtent les méthodes reconnues exactes par tous les géolo¬ gues, et employées jusqu’ici pour la division des formations sédi- mentaires (1). (1) Je suis d'autant plus en droit de remarquer que M. Pilla, pour établir ses coupes du terrain jurassique, ne tient aucun compte de la valeur des fossiles, que pour la division des autres terrains de la pé¬ ninsule il emprunte tous ses arguments à la paléontologie. Dans mon mémoire sur les terrains tertiaires de la Toscane, j’avais assimilé la molasse de San-Dalmazio à celle de la Provence, en me fondant sur l’i¬ dentité des fossiles que j’avais recueillis dans ces deux contrées. Je ci¬ tais surtout les Pecten Jacobœus et latissimus . M. de Collegno m’ob¬ jecta avec raison que ces espèces étaient aussi mentionnées dans les marnes subapennines , et que je ne pouvais m’en prévaloir pour in¬ troduire, d’après cette autorité seulement , un étage moyen dans les terrains tertiaires de la Toscane. M. Pilla dans son dernier travail, rebat cet argument, en disant que le Pecten latissimus est caractéris¬ tique de la formation subapennine dans h Calabre , le Siennois et la Pianosa. Depuis l’impression de mon mémoire, ayant eu l’occasion de recueillir une quantité plus considérable de fossiles dans la ijanehma, SÉANCE DU 16 FÉVRIER 18/|6. 315 Le calcaire rouge de la Spezzia, dans la coupe que M. Pilla a donnée de cette contrée, est porté dans la position que je lui ai re¬ connue, c’est-à-dire à la partie la plus inférieure des terrains ju¬ rassiques ; mais cet observateur le place au même niveau que les calcaires rouges du lac de Corne, et il en fait l’étage supérieur de la formation jurassique, en recueillant pareillement comme ju¬ rassique supérieur la majolica qui lui est superposée et qui n’a pas moins de 60 mètres de puissance; mais pour expliquer la position du calcaire rouge à la Spezzia, M. Pilla suppose un renversement et ayant remarqué qu'ils ressemblaient à ceux qui proviennent des en¬ virons d’Aix, j’avoue que je commence à douter que la molasse du midi de la France appartienne réellement à l’étage moyen tertiaire , et qu’elle pourrait bien être subapennine. Je dois ajouter que, relative¬ ment à la coupe que j’ai donnée de la position de San-Dalmazio, le fait de superposition est tellement patent, surtout quand on examine la succession des couches dans le sens de leur inclinaison, que force est de reconnaître que la panchina supporte les marnes subapennines. M. Pilla eût pu s’en convaincre lui-même s’il eut eu le temps de visiter, près de Monte-Castelli, un point où cette superposition est évidente, et que j’avais prié M. Monin, ingénieur de notre Société, et de plus ex¬ cellent géologue, de lui montrer. Je n’avais donc pas besoin de prouver, comme me le demande M. Pilla [loc. cit., pag. 36 et 39), que la mo¬ lasse de San-Dalmazio différait de celle qui, à Yolterra, couronne les marnessubapennines ; c’étaità lui de contester l’exactitude dema coupe, ou bien de reconnaître dans le Yolterrano des alternances entre \espau- chfncse tles marnes bleues : dès lors, l’examen des fossiles seul pouvait décider laquestion, et assigner aux unes et aux autres leur véritable posi¬ tion géologique. Dans tous les cas. j’étais conséquent avec moi-même et avec les opinions professées par tous les géologues qui considèrent la mo¬ lasse du midi de la France comme un étage miocène , en faisant mio¬ cène, à mon tour, un terrain que je rencontrais en Toscane et dans la même position et avec les mêmes fossiles. Je suis d’autant plus en¬ chanté que les savants italiens se servent de la comparaison des fossiles comme moyen de distinguer les étages des terrains tertiaires , que j’a¬ vais d'abord pensé qu’on considérait l’application de ce caractère ou comme difficile, ou comme insuffisante, puisque des géologues distin¬ gués avaient regardé comme terrains houillers les terrains tertiaires à lignite de l’Italie méridionale. Si donc M. Pilla s’arme d'un seul fait paléontologique pour attaquer mon étage tertiaire moyen (et il est bon d’observer que, dans les terrains tertiaires, la distribution des fossiles n’est pas assujettie à des lois aussi rigoureuses que dans les terrains in¬ férieurs), je lui demanderai les raisons qui le portent, contrairement aux principes qu’il invoque, à ranger dans la partie supérieure du ter¬ rain jurassique des couches qui renferment exclusivement des fossiles du lias, et en grand nombre ? 316 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. complet des couches, de manière à rendre inférieur ce qui primi¬ tivement était supérieur. D’après cette idée, les calcaires rouges n occuperaient la place qu’on leur reconnaît aujourd’hui qu’ après avoir décrit un angle de plus de 90°. M. Pilla, qui avoue (/oc. c/7., p. 76) que les couches jura-liasiques de la Spezzia présentent des anomalies qui ne semblent pas s’accorder avec les circonstances ordi¬ naires de leur gisement dans les autres localités de l’Italie, cherche à rendre compte de cette anomalie en considérant le golfe comme le produit d’une faille, et par conséquent comme une charnière autour de laquelle une portion des couches (les montagnes de la Loregna) aurait exécuté un mouvement de rotation qui lui aurait lait dépasser la verticale. Les calcaires gris qui limitent le golfe à 1 O. trouveraient alors leur continuation dans les calcaires de même couleur qui se présentent de l’autre côté à l’E. , et tout se trouverait rétabli dans son ordre naturel. Le calcaire rouge serait jurassique supérieur et le calcaire gris représenterait le lias. Mais en accordant à M Pilla l’existence d’une faille qui aurait produit le dérangement supposé, il est nécessaire de reconnaître aussi au calcaire qui se montre des deux côtés du golfe, et dans lequel se serait ouverte la ligne de fracture , une puissance de plus de 2,500 mètres, en négligeant l’épaisseur du calcaire lui-même. N’est-ce pas chose vraiment extraordinaire que l’accumulation de tant d’efforts pour bien asseoir la position contestée du calcaire rouge ammonitifère ? Pour lui nier sa naissance basique, on est obligé de méconnaître trois lois générales, les seules admises en géologie pour la détermination des terrains : la superposition , la discor¬ dance de stratification, et l’autorité des fossiles. La superposition : en avançant que tout le massif de la Coregna a éprouvé un renversement complet , événement très rare et dont les annales de la science conservent un très petit nombre d’exem¬ ples ; La discordance de stratification : en admettant que la discor¬ dance observée à Campiglia et aux monts Pisans, malgré la pré¬ sence d’un banc intermédiaire de conglomérats, n’est qu’un fait exceptionnel et dont il ne faut tenir aucun compte ; L autorité des fossiles : en attribuant à l’étage supérieur juras¬ sique des Ammonites incontestablement basiques. On voit qu’en admettant à priori que le calcaire rouge est juras¬ sique supérieur, tous les faits à posteriori concourent pour détruire cette opinion. En lui accordant au contraire l’horizon dessiné par les fossiles, ou s appuie non seulement sur un argument de première valeur, mais encore cette classification concorde à merveille avec SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. 31 7 sa position à la base de la formation jurassique, et avec sa discor¬ dance avec d’autres terrains. M . Pilla ne me paraît pas plus heureux dans le choix d’une autre preuve qu’il voudrait attacher à son système, en faisant observer qu’à la Coregna le macigno est en contact avec les couches ju¬ rassiques les plus anciennes , suivant ma classification ( calcaire rouge), au lieu de le voir s’appuyer sur les couches les plus récentes, comme sembleraient le commander les relations naturelles de sa position ( loco citato , page 76). Si le macigno constitue une formation indépendante , ainsi que je l’ai démontré dans mon mémoire sur les terrains stratifiés de la Toscane, y a-t-il lieu d’ètre surpris qu’à la Spezzia il repose trans- gressi veinent sur telle portion du terrain jurassique plutôt que sur telle autre? Ce fait a dépendu simplement du hasard -, c’est-à- dire du relief qu’avait pris le terrain jurassique au moment où la mer déposait le macigno , et des points qu’elle a pu ensevelir. Au surplus la coupe de M. Pilla indique clairement le recouvrement transgressif des calcaires rouges parle macigno. En admettant avec cet observateur le renversement de la montagne de la Coregna, il est nécessaire d’admettre aussi que cet événement s’accomplit après ou avant le dépôt du macigno. Dans cette première hypothèse , comment le grès, par suite du renversement, ne supporte-t-il pas la formation jurassique tout entière, au lieu d’en recouvrir régu¬ lièrement une portion? 11 devait se comporter par rapport aux cou¬ ches oolitiques de la meme manière que chaque étage jurassique se comporte par rapport à celui qui lui est immédiatement superposé ; la charge entière de la montagne doit peser sur la couche la plus récente ; et alors, comment le macigno, qui est la formation la plus moderne, s’est-il assis surles schistes rouges, au lieu de les supporter? Si au contraire le renversement s’est opéré avant le dépôt de ma¬ cigno, j’opposerai à M. Pilla son propre argument, et je lui deman¬ derai : Comment le macigno a-t-il envahi les schistes rouges qui, suivant lui, représentent les parties les plus modernes du terrain jurassique, il est vrai, mais qui, par suite des phénomènes sup¬ posés, auront pris la position des couches les plus anciennes? Cette réfutation m’amène naturellement à citer quelques points de la Toscane ou le macigno vient se heurter directement contre des terrains plus anciens. Sur le revers de Monte-Calvi, entre Sas- setaet Campiglia, en face du val del Giarclino, on voit le macigno, après avoir recouvert en stratification discordante les calcaires et les schistes rouges , butter , sous un angle de 12 à 15°, contre les couches du calcaire saccharoide inclinées de 65 à 70°. Les marbres 318 SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1846. de Gerfalco, du Poggio délia Croce, entre Massa et Monte-Rotondo, sont également entourés d’une ceinture de couches d’albérèse et de macigno, au-dessus desquelles ces deux montagnes s’élèvent ma¬ jestueusement, en obligeant la formation crétacée de ramper pour ainsi dire à leurs pieds. Sous Capoliveri (île d’Elbe), le macigno recouvre transgressivement les schistes cristallins, (’es exemples, que 1 on pourrait multiplier à l’infini , prouvent que le macigno, comme formation indépendante, a usé de son droit, en s’étendant sur toutes les autres formations antérieures. Sa position à la Spezzia ne peut donc être invoquée en faveur d’un renversement contre equel piotestent au contraire les circonstances mêmes de son gisement. Ainsi , la présence de fossiles basiques au sein des calcaires îouges, leui position à la base de toute la série jurassique, leur discordance , et par conséquent leur indépendance par rapport aux marbres blancs , tels sont les faits de première valeur qui nous ont guidé dans la classification des terrains stratifiés de la oscane. Je ne saurais admettre que le caractère paléontologique ait delaut dans la région que nous décrivons; car dans l’ouvrage déjà mentionné de M. Pilla, et dans lequel la position des diverses ormations de 1 Italie est habilement discutée, nous voyons ce géologue se servir de la comparaison des fossiles, pour établir non seulement les divisions générales des terrains, mais encore pour subdiviser les formations en étages. C’est ainsi que, d’après les restes des corps organisés , il divise nettement son terrain tertiaire en tiois étages distincts : la Belemnites mucronatus et le Catillus Cuvieri lui font reconnaître la craie blanche ; les Uippurites, le grès vert ; la Chanta ammonia , le néocomien ; 1 ' Encrinites IHtiformis et la roltz,a brevijoUa, le trias. I. a flore observée dans la Sardaigne et es Sptrifer ainsi que les Onhocèm lui ont dévoilé les terrains carbonifère et silurien. Quand, pour établir des divisions si nom- neuses, auteur a recours à la paléontologie, je ne puis concevoir comment il a ete assez injuste pour refuser à la phalange d’Ammo- ' îetîjSasllaSlqUeS q“ 11 ement très abrupte, où l’on peut reconnaître les formations inférieures à la Grande Oolithe, comme les Lias, les Marnes irisées avec gypses et les grès keupériens qui en forment la base. La vallée formée par cet escarpement ou fracture (2) est bornée à l’O. par le Mon- tabon, montagne toute composée de granité rose , qui me paraît être le résultat de la sur-modification de la bande gneissique qui s’étend de ce point vers le S. -O. jusqu’au-delà du mont Saint- Vincent, et sur laquelle sont venues s’appuyer parallèlement la (1) La circonscription géologique se trouve ici en désaccord avec la circonscription géographique, qui limite le pays de Bresse à la rive gauche de la Saône, tandis que, géologiquement , toute la plaine qui s’étend le long de la rive droite de cette rivière, depuis Chagny et au-delà jusqu’à Tournus, appartient bien évidemment au bassin bressan . (2) Cette fracture semble se rattacher à une grande ligne de direc¬ tion N. 30° E. , qui se développe sur une étendue de plus de 30 my- riamètres (75 lieues), et commence entre Cluny et Charolles, pour aller finir dans la Meurthe, à un myriamètre au-delà de Delme, en passant par Chagny, Dijon et Nancy. Elle s’accuse, comme on peut le vérifier sur la carte géologique de MM. Élie de Beaumont et Du- frénoy, par la ligne d'affleurement ou plutôt de relèvement de la Grande Oolithe et par des abruptes tantôt à droite, tantôt à gauche. Ce système de direction , qui diffère de 20° avec le système de la Côte-d’Or (9; paraîtrait, en raison de sa grande étendue, digne d être étudié dans son ensemble, afin de s assurer s il n’appartiendrait pas à un système de ruptures qui n’aurait pas encore été classé, ou si ce n’est qu’une simple modification du système de la Côte-d’Or. SÉANCE DU 2 MARS 18Z|(5 . „ 325 formation houillère du bassin de Blanzy et celle du grès bigarré qui recouvre en partie cette dernière formation. Si, comme je viens de le dire, les calcaires du bas de Givry ont été peu modifiés , il n’en est pas de même dans la montagne , où ils ont éprouvé des modifications d’autant plus prononcées qu’ils se rapprochent plus de la grande fracture que je viens également de signaler. La structure oolithique y a en partie disparu, pour faire place à une structure compacte et subsaccharoïde. Ils sont devenus secs , très durs , cassants ; sur quelques points , on y observe de petits filons de fer oxydé, d’où partent des zones rubigineuses qui s’étendent plus ou moins dans la roche et lui communiquent des nuances violacées très agréables. En un mot , tous les calcaires de cette montagne présentent, comme ceux de toutes les parties dislo¬ quées des environs, tous les caractères d’un métamorphisme bien prononcé. C’est près de la ville même, et sur la route de Chagny, que le phénomène de la rubéfaction se montre avec un développement considérable. Plusieurs carrières ayant été ouvertes sur les calcai¬ res rouges et lie de vin qui en résultent , on peut y étudier le phénomène dans tous ses détails. On y reconnaît que les pénétra¬ tions ferreuses se sont principalement faites latéralement et suivant le plan des couches ; elles donnent ainsi heu à des zones parallèles, différemment nuancées , c’est-à-dire qu’elles sont plus ou moins pénétrées de fer , circonstance qui paraît coïncider avec leur plus ou moins de porosité originaire. Sur quelques points on remarque des zones qui sont tellement chargées de fer, qu’on les prendrait facilement pour du minerai, tandis qu’ ailleurs, en suivant d’autres zones dans le sens de leur étendue , on voit leur teinte rouge aller parfois en se dégradant jusqu’au point où , le fer ayant cessé de pénétrer, la roche a conservé sa couleur normale Les lignes de fissures stylolithiques sont naturellement aussi plus chargées de fer, ce qui indique qu’elles sont antérieures à sa pénétration. Toutes les parties compactes et spath iques ont plus ou moins échappé à cette pénétration ; il en est de même des oolitlies, que l’on voit entourées , mais non pénétrées par l’oxyde de fer. Cette circonstance est surtout remarquable dans des oolitlies nodulaires provenant de Préty près Tournus, que j’ai eu occasion de voir dans la collection de M. Canat. Ces grosses oolitlies n’étant pas pénétrées , ou l’étant beaucoup moins que la masse enveloppante, communiquent à l’ensemble de la roche une marbrure toute par¬ ticulière qui serait d’un très bel effet au poli. Du reste, tous ces calcaires rouges , qui ne sont exploités que comme simple pierre à 326 SÉANCE DU 2 MARS 18/j6. bâtir , seraient également susceptibles de fournir sur plusieurs points d’assez belles variétés de marbre. Calcaires fleur- de-pêchcr des environs de Dijon. — Une partie des monuments de Dijon , l’église de Sainte-Bénigne entre au¬ tres , sont bâtis avec des calcaires oolithiques également nuancés de belles teintes rouges fleur-de-pêcher , et quoique plusieurs de ces constructions soient fort anciennes, il est aisé de reconnaître que les agents atmosphériques n’ont exercé aucune espèce d’action sur ces rubéfactions , qui n’ont d’ailleurs aucun des caractères de celles signalées par M. Fournet. M. Léon Nodot, conservateur du musée d’histoire naturelle de la ville , auquel je parlais de ces calcaires , me dit qu’il s’était formé à leur égard une opinion analogue à la mienne. Je suis allé voir des calcaires rouges qu’on exploite pour moellons , dans les montagnes au S. -O. du village de Plombières, situé à environ une lieue et demie de Dijon , et j ’y ai observé un autre genre de rubéfaction dont l’origine ou du moins le mode de distribution n est pas très facile a expliquer ; elle consiste en zones concentri¬ ques, portant ou des fissures ou des lignes de sutures stylolithiques et revenant y aboutir , comme si des courants circulaires ou elliptiques avaient entraîné les molécules ferreuses dans leur marche sinueuse et contournée à travers les bancs calcaires. D’autres fois ce sont des zones droites de 1 à 2 centimètres de largeur , en forme de rubans , qui traversent perpendiculaire¬ ment, sans être ni déviées ni interrompues , une série de couches et leurs lignes de stylolitlies, dont quelques unes sont remplies d’hydrate jaune, en sorte que ces zones rubéfiées ne paraissent s’être formées que postérieurement à la pénétration des calcaires par l’hydrate de fer. Les calcaires à couches minces des environs de Chalons, qu on désigné sous le nom de laves panachées ou ruba¬ nées , pi esentent aussi cette rubéfaction à zones concentriques , beaucoup plus ordinaire aux roches qui ont été soumises à l’action dune ties forte chaleur, comme, par exemple, on le remarque dans les aigiles et les grès liouillers rubéfiés et porcelanisés par des incendies souterrains, comme je l’ai observé dans les tra- chytes injectés au milieu des schistes anciens de l’île de Skyros, et aussi d’une manière extrêmement remarquable dans les grès jaspisés, puis transformés en porphyres tracliytiques d’Imbros , l’une des îles de la Thrace. Ainsi l’on voit que , suivant les circonstances , plusieurs causes ont pu concourir à la rubéfaction des roches, qui, du reste, paraît pai fois loi t ancienne , puisque j ai vu dans des carrières voisines 327 SÉANCE DU 2 MARS 18/|6. de la ville de Dijon les parties rubigineuses interrompues et tra¬ versées par des liions spatliiques, évidemment d’une époque posté¬ rieure (1). Calcareo-rosso des Italiens. — Les calcaires rouges d’Italie, sur l’âge desquels les géologues du pays ne sont pas encore bien d’ac¬ cord , les uns voulant qu’ils soient jurassiques , les autres qu’ils appartiennent à la craie , me paraissent bien dus à des accidents de rubéfaction analogues à ceux qui ont affecté une partie des calcaires de la Bourgogne. Ils font voir les graves inconvénients qui peuvent résulter de l’emploi trop exclusif des caractères miné¬ ralogiques dans le classement des roches ; car il est probable que les différences d’opinion sur ces calcaires rouges tiennent à ce que l’on s’es habitué à regarder comme appartenant à une seule et même formation des roches minéralogiquement semblables sans doute , mais probablement très différentes sous le rapport géolo¬ gique. En effet, les calcareo-rosso, ainsi que l’a fort bien fait voir M. de Collegno dans son Mémoire sur les Alpes Lombardes (2) , appartiennent à la fois aux formations jurassique et crayeuse , et nos collègues MM. Michelin, Bourjot , Yiquesnel , de Pinte- ville , etc., qui assistaient en 1844 au congrès de Milan, ont pu constater que les calcaires rouges de Yarèse devaient , d’après leurs fossiles, être rangés dans le terrain de craie. Grès rubigineux. — La bande de grès bigarré qui est désignée dans le département de Saône-et-Loire sous le nom de terrain rouge , et qui s’étend en gisement transgressif sur le terrain houiller depuis Saint-Léger-sur-Dheune jusqu’à Saint-Agnan-sur-Loire , doit aussi sa coloration en rouge à des pénétrations ferreuses posté¬ rieures à son dépôt. En effet , si cette coloration était due à une simple peroxydation anhydre du fer qui aurait pu être originai¬ rement contenu dans ce terrain , en général extrêmement perméa¬ ble , cette rubéfaction inégale , souvent si bizarre , qui lui a valu son nom générique de grès bigarré , devrait être à peu près uni¬ forme dans tous les lieux où il a été soumis aux mêmes influences météoriques , tandis qu’il y a beaucoup de localités où il a com¬ plètement échappé à la rubéfaction. Le fer d’ailleurs a pénétré plus ou moins abondamment sur certains points que sur d’autres , (1 ] J’ai observé près de là , dans la carrière de M. Béraud , à Plante- mère , des stylolithes extrêmement remarquables par leurs dimensions. Elles ont 5 et 6 pouces, et souvent même jusqu’à un pied de hauteur; elles ressemblent à de véritables prismes striés bacillaires. (2) Bull., 2e sér., t. Ier, p. 95 et 99. SÉANCE DU 2 MARS 18A6. 328 et y a peut-être contribué à une modification plus avancée des roches ; c’est ainsi qu’aux environs de Digoin, où elles sont plus ferrugineuses , à Morillon par exemple , elles ont éprouvé une modification tout-à-fait analogue à celle des arkoses cliromifères des Ecouchets, c’est-à-dire qu’elles y sont devenues , comme dans cette localité, très dures, très compactes, et y ont acquis une structure tout-à-fait fragmentaire : aussi y fournissent-elles d’ex¬ cellentes pierres à bâtir , tandis que presque partout ailleurs ce terrain se trouve à peine agrégé. Dans le département de l’Ailier , des colorations rubigineuses analogues se sont développées dans quelques localités et ont affecté plusieurs terrains : tels sont les grès houillers de Liernolles et de <"oulandon , et les grès keupériens de Bourbon-1’ Archambault. Les grès des carrières de Montaret , commune de Coulandon , situées à 7 kilomètres à i’O. de Moulins , qu’elles alimentent en grande partie de pierres de construction , n’ont pas complètement subi , comme ceux de Liernolles , la rubéfaction ferrugineuse ; ils ont conservé dans plusieurs carrières leur couleur normale ; mais dans celle de Al. Bona, également commencée dans les grès non colorés, on les voit prendre des teintes lie de vin de plus en plus intenses, à mesure que les travaux avancent et s’enfoncent à 10. , c’est-à-dire qu’ils se rapprochent des porphyres quartzifères , sur lesquels ils vont s’appuyer non loin de là. Les émanations ferrugineuses parais¬ sent , en effet , avoir pénétré d’abord à travers les fissures du por¬ phyre , qui en a lui-même été un peu rubéfié , et s’être introduites ensuite latéralement à travers les grès et les argiles, où , suivant le degré de perméabilité des zones , il a pénétré plus ou moins avant et de manière à produire une coloration rouge qui se termine dans le terrain par une espèce de ligne brisée en zigzag. Ce phénomène paraît se lier avec l’existence de filons de fer hydraté compacte qui existent près de là au milieu des granités; etM. J. Guillemin, en signalant ces filons, dont la teneur en fer est de AO à 55 pour 100 de fer , avait , en quelque sorte , déjà entrevu cette pénétration latérale à laquelle leur surgissement a donné lieu , quand il dit que ce minerai de fer se trouve comme infiltré en petits amas au milieu du granité (1). Il arrive quelquefois que les grès, comme ceux de la carrière des Brillettes , près Bourbon-1’ Archambault , parfois nuancés de si (l) Notice sur le terrain houiller de Fins, insérée dans le n° t (1827) de la Con espondance des élèves de l’École des mineurs de Saint-Etienne. SÉANCE DU 2 MARS 1846. 329 belles teintes roses , présentent dans lés fissures et dans les cavités des veinules et des amas de fer, et que certaines zones très chargées de fer deviennent un véritable minerai. M. Boulanger, dans sa Statistique géologique et miner ulurgi que , dit qu’en effet on a exploité pendant quelque temps de ces grès ferrugineux, et qu’ils ne conte¬ naient pas moins de 34 pour 100 de fer. Porphyres rouges quartzifères . — Le porphyre rouge qu’on exploite pour moellons et pour l’entretien du macadamisage des routes au Bois-de-Raug et à Lay près Roanne , doit bien certaine¬ ment , comme celui de Montaret, aussi exploité pour les mêmes usages, sa coloration en rouge à des pénétrations ferreuses qui ont laissé un enduit cl’oxyde rouge sur toutes les surfaces des fissures de fendillement. Quoique je n’aie pas eu occasion de pouvoir étu¬ dier le porphyre de Lay en place , il m’a paru offrir tous les carac¬ tères d’un vrai porphyre métamorphique, lia, en effet, tout-à-fait l’aspect des arkoses modifiées du grès bigarré des Ecouchets et de Morillon , et j’y ai reconnu , comme dans celles-ci , des noyaux de differentes roches étrangères encore fort reconnaissables. Terres végétales rubéfiées. — Si je voulais poursuivre plus loin mes investigations, il serait facile de trouver jusque dans les terrains tertiaires des colorations dont l’origine est analogue. Mais , en me bornant à rappeler l’horizon rouge signalé à l’occasion des grès du Grosmont {Bull. , 2e sér. , t. II, pages 689 et 697 ), j’ajouterai seu¬ lement que j’ai depuis longtemps tout lieu de croire que la colora¬ tion en rouge, si remarquable par place, de certaines terres végétales elles-mêmes, particulièrement de celles qui recouvrent les calcaires jurassiques ou crayeux soit en Bourgogne , soit dans le midi , soit dans les Apennins ou en Grèce , etc. , a pour cause des phénomènes très récents tout-à-fait identiques ; car, si cette rubéfaction, parfois si intense , qu’elle passe au brun , était seulement due au fer con¬ tenu originairement dans la terre végétale , elle serait à peu près uniforme partout , tandis que la rubéfaction que je signale ici ne se montre , comme sur les chaumes de Givry, que par place, et. forme , pour ainsi dire , des espèces de taches circonscrites à la surface du sol . En résumé, je crois qu’en partant de ces données, on peut bien admettre , sans trop de témérité , que la coloration des terrains triasiques , permiens et dévoniens, etc., est en général due à des rubéfactions ignées. Je n’ai pas du reste , en admettant cette opi¬ nion , la prétention de la donner comme tout-à-fait neuve , mais j’ai seulement cherché , en l’appuyant sur un certain nombre de faits qui me paraissent assez bien démontrés, à lui donner un p< u 330 SÉANCE DU 2 MARS 18^6. plus de consistance et à la faire sortir du domaine des simples hypo¬ thèses; car M. Boué, en résumant les différentes opinions admises à ce sujet, dit que quelques géologues ont supposé que les colora¬ tions accidentelles sont dues à une imprégnation par infiltration des matières tenues en dissolution ou en suspension dans un liqu ide baignant la roche colorée; que d’autres l’attribuent au voi¬ sinage et à l’action de certaines masses ignées , ou bien encore à des émanations ou sublimations de fer, de manganèse ou de toute autre substance (1). M. d’Omalius d’Halloy, de son côté, a dit quelque part dans son Manuel de géologie que des émanations ferrugineuses avaient eu lieu à différentes époques , mais qu’elles ne paraissaient pas s’être manifestées d’une manière aussi générale qu’à l’époque pénéenne. Enfin M. Gressly, dans ses observations sur le Jura Soleurois (2), admet aussi que les couleurs générales qu’affectent les dépôts argileux et ferrifères composant son terrain sidérolithique ou de minerai de fer en grain ( Bohnerz ) ont ainsi que ce minerai une origine plutonique. Je ne terminerai pas sans signaler un fait qui m’a depuis long¬ temps frappé; je veux parler de l’influence incontestable qu’exerce le phénomène de la coloration des roches sur les goûts et les ha¬ bitudes de certaines localités : ainsi , pendant qu’à Paris et dans ses environs, la couleur habituelle des badigeons est le jaune-paille , couleur ordinaire du calcaire grossier parisien ; qu’aux environs de Digoin et dans une partie du Cliarolais (Saône-et-Loire), et qu’aux environs de Sedan (Ardennes), c’est le jaune d’oc lire foncé qu’on a adopté pour badigeonner les maisons , parce que les cal¬ caires jurassiques de ces coutrées ont cette même teinte ; qu’à Besan¬ çon c’est au contraire les couleurs grisailles qui ont été adoptées à cause de la couleur gris-bleuâtre prédominante de l’Oxford-clay et autres étages jurassiques ; il est curieux de voir qu’aux environs de Dijon , une grande partie des maisons de campagne sont badi¬ geonnées en rouge fleur-de-pêcher , tout-à-fait semblable aux nuances que je signalais précédemment pour les calcaires de la contrée. Je me bornerai aux faits qui précèdent, quoiqu’il me serait facile d’en citer beaucoup d’autres , lesquels m’ont souvent servi à reconnaître à priori la couleur dominante des matériaux de construction de certaines localités. Ces faits, assez simples à expli¬ quer, mais dont probablement les habitants ne se rendent pas (1) Guide du géologue voyageur , t. Ier, p. 483, et t. Il, p. 467. (2) Nouveaux mémoires de la Société helvétique pour 1841. SÉANCE DU 2 MARS 18/[6. 331 compte, sont une preuve de Y influencer incontestable que la confi¬ guration topographique et la nature des matériaux d’un pays exercent certainement sur la constitution , les habitudes , le goût et même le caractère des peuples qui l’habitent. J’ajouterai, pour répondre aux questions qui m’ont été adressées relativement à l’état auquel je suppose que le fer a surgi , que je ne vois aucune difficulté à admettre que le fer ait fait éruption à l’état d’oxyde et d’hydroxyde; les veinules et les filons m’ont généralement paru au même état que le fer colorant les roches avec lesquelles ils sont en rapport; enfin , je suppose que la colo¬ ration en rouge fleur-de-pêcher des calcaires des environs de Dijon et de Lucy-le-Bois , près Avallon , est due à du silicate de fer. Au surplus, il faut bien que les géologues s’habituent à voir dans tous les oxydes, et même dans l’hydroxyde de fer, des substances qui peuvent être tout aussi plutoniques que les carbonates, les sulfures, les hydrosilicates zéolitliiques , que les serpentines elles-mêmes , qui ne sont aussi que des hydrosilicates de magnésie , et dont cepen¬ dant l’origine plutonique n’est aujourd’hui contestée par personne. Sans parler des oxydes de fer anhydres , dont on semble moins vouloir contester la plutonicité, un grand nombre de faits prouvent que si les hydrates de fer ont en général une origine aqueuse , il y en a aussi qui ont évidemment une origine ignée , ce qui semble tout d’abord contraire aux expériences de laboratoire, qui nous font voir avec quelle facilité, sous l’influence d’une chaleur assez faible , les hydrates de fer passent à l’état d’oxyde anhydre ; mais la nature avait, pour produire les hydrates plutoniques, la pression et probablement encore d’autres causes qui nous sont inconnues , et dont nous ne tenons pas assez compte pour pouvoir conclure de nos expériences aux phénomènes géologiques. Comme en pareille matière les faits sont toujours beaucoup plus concluants que les hypothèses, je crois devoir en rappeler ici deux qui m’ont paru tout-à-fait démonstratifs. Le premier se rapporte à des filons très curieux d 'hydrate de fer et de barytine que j’ai observés au sommet du Mavrospilia, petite montagne isolée et en grès de l’île de Mycone , dans l’archipel Grec. Ces filons , où les deux substances constituantes sont tellement enchevêtrées qu’il est impossible de pouvoir leur supposer une origine différente, ont donné lieu à un véritable épanchement , à une coulée d’hydrate , sur les flancs de la montagne, qui se trouve ainsi terminée par une espèce de calotte de fer. Le second fait consiste en amas non moins curieux de fer oxydé hydraté magnétique , offrant inté¬ rieurement la structure oolithique de certains minerais limoneux 332 SÉANCE DU 2 MARS 1846. en grains, et extérieurement la structure prismatique des basaltes. Ces amas singuliers existent au milieu des roches ophiolithiques de l’île de Skyros, Tune des Sporades septentrionales, et leur ori¬ gine platonique ne peut pas plus être contestée que celle des roches qui les renferment avec d’autres amas de fer chromé à structure granuliforme (1). M. d’Archiac fait la communication suivante : Rapport sur les fossiles du poudingue neroien ( tourtia ) , lègues a la Société géologique par M. L éveillé. Le 18 mars 1839, la Société reçut le legs que lui avait fait M. Léveillé cl’une collection de fossiles comprenant 840 échan¬ tillons qui provenaient de diverses parties de la France , et avaient été recueillis dans divers terrains. M. Michelin , en la présentant, indiqua sommairement les principaux genres auxquels ces corps organisés appartenaient (2). Plus tard, M. le marquis de Roy s, chargé comme archiviste de l’arrangement des collections , fut frappé des caractères remarquables et du bel état de conservation de la plupart des espèces trouvées par M Léveillé dans la couche crayeuse qui , sur les frontières de France et de Belgique , repose sans intermédiaire sur les systèmes carbonifère ou plus anciens, et qui est connue des ouvriers mineurs sous le nom de t urtia : aussi, en reprenant, il y a peu de temps, les fonctions d’archiviste par intérim, M. de Roys crut-il devoir appeler l’attention de la Société sur cette partie de la collection de M. Léveillé. A cet effet , il nous pria d étudier cette série de corps organisés, pour déterminer les espèces déjà connues et indiquer celles qui pouvaient être nouvelles dans la science. Cet examen est venu confii mer de tous points les prévisions de M. de Roys, en constatant que plus de la moitié des espèces était, jusqu’à présent, propre à cette couche crayeuse et qu’elles n’avaient encore été ni décrites ni figurées (3). ( I) Expédition scientifique de Marée , partie géologique et miné¬ ralogique , p. 54 et suiv. , et 238. Voir aussi la coupe^ , pl. IX de la 2e série de Y Atlas. (2) Bull., tome X, page 148. (3) Pour rendre un juste hommage au souvenir de notre zélé con¬ frère , le Conseil de la Société a décidé, dans la séance du 16 mars, que la description de ces fossiles ferait l’objet d’une publication particu¬ lière , qui sera insérée dans la 2e partie du tome II de ses Mémoires. SÉANCE DU 2 MARS 1846. 333 Le poudingue appelé tourtia occupe^ dans le Hainaut et une portion de la Flandre française , une surface souterraine repré¬ sentée à peu près par le territoire des anciens Nerviens , peuple de la seconde Belgique sous la domination romaine , ce qui nous fait proposer le nom de poudingue nervi en pour cette petite couche, si remarquable à la fois par son étendue , ses caractères minéralo¬ giques, sa position, et par la faune qui vivait sur ce point lors de sa formation. Déjà nous avons cherché à déterminer l’âge du pou¬ dingue nervien , d’abord en 1839 (1), mais plus particuliérement dans un mémoire dont l’impression vient d’être terminée , et qui a été communiqué à la Société au commencement de 1845. Une nous reste donc qu’à donner ici la liste des espèces , telle qu’un premier examen nous a permis de l’établir , remettant au travail spécial qui sera publié ultérieurement tous les développements que le sujet comporte. Pour rendre cette liste plus complète, nous y avons compris 24 espèces qui ne se trouvent point dans la collection de M. Léveillé, mais qui , provenant aussi de la même couche , ont été offertes à la Société par M. Michelin dans la séance du 16 novembre 1840 ; enfin, nous y avons joint la liste des polypiers que M. Michelin possède dans sa collection et dont il a bien voulu donner les noms. Ainsi composée, notre liste renferme 186 espèces, dont 178 sont déterminées et 8 n’ont pu l’être , à cause du mauvais état des échantillons. Sur ces 178 espèces, 15 se trouvent dans le groupe supérieur de la formation ou groupe de craie blanche , 30 dans celui de la craie tufau , 37 dans celui du grès vert ou du gault, et 21 dans le groupe inférieur, comprenant le lowei green sand et les couches néocomiennes; enfin 99 , ou plus de la moitié, sont nou¬ velles et jusqu’à présent propres au poudingue nervien. Si des 79 espèces déjà connues, et qui se représentent dans les divers groupes de la formation crétacée , on retranche 23 espèces communes à la fois à plusieurs de ces groupes , les 56 qui restent se trouvent réparties de la manière suivante : 9 dans le premier groupe, 21 dans le second, 19 dans le troisième et 12 dans le qua¬ trième ; si enfin on recherche l’importance réelle de ces espèces communes au poudingue nervien et à divers groupes de la forma¬ tion crétacée , on verra que cette faune , dont les chiffres n’ont d’ailleurs ici rien d’absolu , confirme ce que nous avons déduit des considérations géologiques, toujours beaucoup plus précises, savoir, (1) Mém. de la Soe. gcol tome III, page 280. 33/i SÉANCE DU 2 MARS 18Zl6. la non-existence du troisième groupe , et à plus forte raison du quatrième , au-delà de l’axe de l’Artois. Cette faune présente , en outre , les caractères d’une faune locale qui se serait développée , immédiatement après la période du grès vert et du gault , dans l’espace circonscrit dont nous avons cherché ailleurs à déterminer les limites. LISTE DES FOSSILES DU POUDINGUE NERVIEN (1). POLYPIERS. * Turbinolia conulus, Mich. (Ca- ryophyllia , id., Phil.) Astre a agaric/ tes , Gold. ( A. media , Sow., Trans. géol. Soc. Lond., 2e sér., t. III). — Delcrosiana , Mich. * — reticulata , var. niinor , Gold. * — velamentosa , id. Ceriopora cœspitosa , Roem. * — labyrinthica , Mich. * — mamillosa , Roem. * Piistulopora pustulosa , de Blainv. (Ceriopora id., Gold.) Cellepora (indét.) * Thalarnopora siphonioides , Mich. * Chœtetes lobatus, id. * Discopora reticulata, Roem. F lustra (indét.) * A lecto granulata , Mil. Ed. * Spongia boletiformis , Mich. * — peziza , id. ( Manon id., Gold. ) * Ventriculites radia tus , Mant. ? *Indét. * Indét. RADIAIRES. E ch in ode r ni es . Holaster nodulosus , Ag. ( Spa- tctngus id., Gold.) Catopygus columbarius , Ag. Pygurus puhinatus , n. sp. Pyrina Desmoulinsii , n. sp. G alerites subspheroidali s , n. sp. Discoidea subuculus, Ag. ( Gale- rites rotularis , Lam.) Sale ni a rugosa , n. sp. Cocliopsis do ma, A g. (1) Dans cette liste n’ont pas été compris la Pholadomya Esmarkii ( Carclita id., Nils.), des Cucullées, et beaucoup d’autres fossiles de la couche glauconieuse de Cherk et des environs de Tournay, parce qu’il ne nous paraît pas certain que celle-ci soit du même âge que le poudin¬ gue. Peut-être appartiendrait-elle à l’époque des dièves et des marnes crayeuses de Bruxelles, d’Àutreppe, etc. C’est de cet étage que nous semble provenir aussi un fragment roulé d’Hippurite qui a été signalé par M. Michelin. Les espèces précédées d’un *, sont celles dont M. Michelin a remis la liste, et qui ne se trouvent pas dans les collections de la Société. Celles précédées de ** ont au contraire été données par lui à la So¬ ciété SÉANCE DU 2 MARS î8/l(). 335 Stellérides .- Pentacrinites Buchii, Roem. ?? ANNÉLIDES. *Serpula cincta , Gold. — sulcatarici, n. sp. ** — indét. MOLLUSQUES. Cirrhipèdes . Pollicipes maximus, Sow. ? Conchifères dimy aires . Fistulana, indét. ** Panopœa plicata , Sow. Pholcidomya gigas , d’Orb. (P«- chymya id., Sow.) ** Lyonsia carinifera , id. ( Lutra- ria id., Sow.) Crasscitella quadrata , n. sp. — subgibbosula, n. sp — trapezoidalis , Roem. Corbula elegcins, d’Orb. (non Sow.). ** Corbis cordiformis , d’Orb. [Ve¬ nus id., Desh. in Leym.) A s tarte cyprinoides , n. sp. — oblongata, Desh. in Leym. — Koninckii , n. sp. A s tarte incerta , n. sp. Venus Labadyci , n. sp. Cardium hypericum , n. sp. — Michelini , n. sp. — productum. Sow.? [Trans. géol. Soc. Lond ., 2e sér., t. ni). anno/iiensis, n. sp. Isocardia Orbignyana , n.sp. ** Area Carteroni, d’Orb. — Galliennei , id. ** — subdinnensis, id. ** — inscripta , n. sp. Pectunculus subpulvinatus , n. sp. Trigonia sulcataria, Lam. ? Conchifères m onomy aires . Mytilus clathratus , n. sp. — imbricatus. ( Modiola id., Sow. ) — lineatus , d’Orb. ( Modiola id., Sow., Trans. géol. Soc. Lond., 2e sér., t. IV.) — tornacensis , n. sp. Lithodomus pyriformis, n.sp ** Myoc.oncha cretacea , d’Orb.? ** Jnoceranms ? mytiloides , Sow?? ** Lima pennata, n. sp. — rectangularis, n. sp. — Reichenbachii , Gein. ** Lima resecta , n. sp. — subovalis , var. Sow.( Trans. géol. Soc. Lond. 2e sér., t. IV. ** Pecten annoniensis, n. sp. — Brongniarti, n. sp. — cretosus , Al. Brong. (P. nitidus, Sow.?). ** — Puzozii , Math., var.? — quadri costatus , Sow. Gold — s quami fer, Gein. — subdepressiis , n. sp. ** — subi nters tri atus, n. sp. 336 SÉANCE DU 2 MARS 18^6. Spondylus capillatus , n. sp. — duplicatas, Gold. — O malii, n. sp. Ostrea bracteola , n. sp. — carinata , Lam. — diluviana, id. — • vasculum , n. sp. Exogyra haliotoidea , Gold. ** Exogyra recurvata ( Gryphœa , id. , Sow., E. columba , var. mini ma) , un seul échantillon roulé. — sinuata ( Gryphœa , id. , Sow.), un seul échantillon très roulé et à peine recon¬ naissable. Brac/i i opoclcs . Terebratula nerviensis, n. sp. • — id. var. a. — id. var. b. — id. var. c. — id. var. r/, figurée par M. Roemer, pl. 7, fig. 6, sous le nom de T. longi- rostris, var. Nils. — id. var. e. — id. var. /. — Robertoni, n. sp. — Viquesneli , n. sp. — tornacensis , n. sp. , figurée par M. Roemer, pl. 7, fig. 1 5 , sous le nom de T. subundata, Phil. — id. var. a. — id. var. b. — Bouei , n. sp. — - Roemeri, n. sp. — crassa , n. sp. — id. var. — crassijicata , n. sp. — longiscata, n. sp. — Roy si i , n. sp. — id. var. a. — Virleti. — rus tic a , n. sp. — revoluta , n. sp. — biplicata, var. Sow. — cap il lata , n. sp. — id. var. a. — id. var. b. — arenosa , n. sp. — id. var. — subarenosa , n. sp. Terebratula subtrilobata , Desh. in Leym. — gussignisensis , n. sp. — subconcava, n. sp. — Verneuili , n.sp. — Murchisoni , n. sp. — id. var. — Keyserlingi , n. sp. — Tchi/iatcheffii, n. sp. — id. var. — Gravesi , n. sp. — Leveillei , n. sp. — subpectoralis , n. sp. — • elongata, Sow. — p ctrva, n.sp. — • parvula, n. sp. — Deshayesi, n.sp. — gallina, Al. Brong. — di midi ata , Sow. — latissima ( T. lata, Sow., m. c. t. 502, f. 1), var. major. — id. var. transverse. — id. var. déformée. — rostrata , Sow. , var. dif¬ forme. — scaldisensis , n. sp. — triangularis, Nils. — depressa, Sow. — Beaumonti , n.sp. — id. var. — pauci costa, Roem., var. — canaliculata, id.? — parvirostris, Sow. ( Trctns. geol. Soc. Lond., 2e sér., t. IV). SÉANCE DU 2 MARS 18Zl6. Terebratula Des noyers i , n. sp. — nucijormis , Sow. (Roem.), pl. 7, fig. 5 optima. — Dufrenoyi , n. sp. — orthijormis , n. sp. 337 Terbratula Muntelliana , Sow — striatula, Sow. — dubia , n. sp. Thecidea digitata , Sow., gc/?. oj Shell, s (1 ). Gastéropodes, Acmœa subcentralis , n. sp. Emargiriula Guerangeri , d’Orb. Narica cretacea. d’Orb.? Natica ly rata, Sow. ( Transac., 2e sér., t. III, pl. 38 , fig. 1 1 ), non Phil. ** — prœlonga , Leym., var. a or. Delphinula Bonnurdi , n. sp. Solarium Thirrianum , n. sp. Trochus albensis, d’Orb. — Cordieri, n. sp. — Buneli, n. sp. — Huoti, n. sp. — Rozeti, n. sp. — Duperreyi , n. sp. — • solarioides , n. sp. Littorina Roissyi, n. sp. Turbo Angeloti, n. sp. — arenosus , Sow. ( Trans geol. Soc. Lond., 2e sér. t. III, pl. 38, f. 1 4). — Delafossei , n. sp. — Boblayei, n. sp. — Bnissyi , n. sp. — Geslini, n. sp. — Leblancii, n. sp. ** Turbo Mulleti, n. sp. — paludinœjormis , n. sp. — Pintevillei , n. sp. — Raidi ni, n. sp. — Voltzii , n. sp. Pleurotomaria Dumonti , n. sp. — Leveillei, n. sp. — Nystii, n. sp. ** — pcrspectiva, d’Orb. [Cirrus, id . , Sow.). — scarpasensis, n. sp. Phasianella gaultina , d’Orb. — neocotniensis , id.? Avellana cassis, id.? — bidentata, n. sp. Turri tella sub- V ibrayeana , n . sp. Nerinea dubia n sp. — Prevosti , n. sp. Cerithium subspinosum , Desh. in Leym. ** Fus us P . n. sp. Pyrula subcarinata , n. sp. Rostellaria Parkinsoni , Sow. — elongata , Roem. , fig. de Gein. ? Pteroceras doliolum, n. sp. Céphalopodes . Ammonites varians, Sow. Corps inconnu. M. Léveillé dans son Aperçu géologique, etc. ( Mém . de la Soc. géol. , lre sér. , t. II, p. 33), cite encore dans le tourtia les genres Nau- (1) La valve inférieure seule, que nous avons trouvée à Gussignies dans la fente du calcaire ancien, où M. Léveillé a recueilli tant de fossiles. Soc. géol. , 2e série, tome III. 22 338 SÉANCE DU 2 MARS 18/|6. tile, Baculite, Turrilite, Vis, Dentale, Cranie et des crustacées que nous n’avons point trouvés dans sa collection ni dans celle de M. Michelin , et qui n’ont pas du figurer sur cette liste. Le Belem- nites bicanaliculatus (var. actinocamax) , qui était au milieu des fossiles de Tournay, ne nous a point paru provenir de cette localité. M. Michelin dit qu’il a reçu des fossiles du Tourtia et qu’il y a trouvé un fragment d’Hippurite. M. Constant Prévost fait la communication suivante sur San san : Sur le gisement des fossiles de Sansan (Gers) . Tous les géologues connaissent, au moins de nom, la colline de Sansan , que les découvertes paléontologiques de M . Ed. Lartet ont rendue presque aussi célèbre que l’est celle de Montmartre depuis les travaux de Cuvier. C’est dans cette localité que pour la première fois les ossements d’un singe voisin de l’orang-outang ont été trouvés dans les mêmes bancs pierreux avec ceux de paléothérium , d’anoplothérium , de mastodontes, de dynothérium , de rhinocéros et d’un grand nom¬ bre d’autres espèces terrestres et aquatiques qui représentent les débris d’une période géologique évidemment intermédiaire entre celle plus ancienne des terrains parisiens et celle plus récente des collines subapennines , etc. La colline de Sansan , située à environ 13 kilomètres au S. de la ville d’Auch, se lie à celles qui bordent la rive droite du Gers ; comme celles-ci, elle fait partie d’un ancien et vaste plateau de sédiments en couches horizontales de terrains tertiaires moyens, que limite aujourd’hui le cours delà Garonne depuis sa sortie des Pyrénées jusqu’à Agen, et qui a été profondé¬ ment raviné au moment et depuis l’émersion du sol. Les plaines élevées et marécageuses de Launemezansont lebordS. , encore intact , de ce plateau , d’où descendent les nombreuses rivières qui vont , comme le Gers , en irradiant , verser leurs eaux dans la Garonne entre Toulouse et INérac. Au lieu de s’appuyer sur le flanc des Pyrénées, ce plateau en est séparé par la large vallée de la INeste; de telle sorte que les eaux du Gers, comme celles des autres rivières qui lui sont parallèles, ne viennent nullement des hautes montagnes. Cette disposition et les observations auxquelles elle donne lieu 9 «* Jerù’ T. //frPl. Y, Page 33g . Pûf. 1 4- CARTE du C/ acier inferieur delAar ‘ - • Jf. - , /- ' ■ XV •--r' ^ ^ par 3^V Aotedelf Desor. vy-- “ .XII ns lovk XIV Fig. 12 . " £chel/o de jx.ooo *• SUf) . *— f- “♦ //I >.4 Coupe A, B . J Sansan J* 1 _ Carnpanel i . rrn^T^r'TiTjTïïïïri'iiiiiiiiiii il h 1 -o — t — =??rrri i 1 1 1 1 1 1 1 1 m 1 i ITÏÏljjlJjJJtlliJ^^ ‘ •.j Coupe C , D (hrnpane/ levée en .luillrl lo42 par .1. Wll.l) AGASSIZ Fig. 9 Coupe R. T. J.üf. À (tcpp ( // // Paris SÉANCE DU 339 2 MARS 18/|6. font voir que la vallée du Gers , comme celles de la Losse, la Baize, la Katz , la Gimone , la Gesse , la Save, etc. , a été creusée pos¬ térieurement au dépôt des couches fossilifères dont nous allons nous occuper ; que ces rivières ne sont pas hs restes d’anciens cours d’eau qui auraient déposé les sédiments dont sont formées ces cou¬ ches, puisqu’en fait, ces rivières coulent dans les ravi ns que les eaux qui occupaient le golfe submergé ont creusés en se retirant. Ce sont donc les eaux qui descendaient des hautes montagnes par les vallées de Sarancolin et d’Aran qui , en débouchant dans un golfe submergé , ont déposé ces couches comme font tous les fleuves à leur embouchure. Outre les matières pyrénéennes, dont l’origine est évidente, et qui constituent ce que l’on peut appeler le delta de l’antique Garonne , des sédiments d’une nature diffé¬ rente viennent compliquer la composition de ce delta , la faire varier par place et donner lieu à des alternances plus ou moins répétées; il semble que d’autres affluents, venant de l’E. , et même du N.-E. , que des sources calcarifères sourdant du fond, appor¬ taient leur tribut dans le même espace. D’un autre côté, ces matières sédimentaires sont distribuées d’une manière confuse en apparence, mais qui s’explique naturellement lorsque l’on cherche à se ren¬ dre compte des effets qui se produisent dans un bassin de forme irrégulière que traversent des eaux courantes. Sur le trajet de celles-ci, lorsqu’elles marchent avec toute leur vitesse et sans ob¬ stacle, les gros blocs s’arrêtent seuls; puis se déposent des gra¬ viers , des sables, des argiles, des calcaires et des marnes dont l’homogénéité et la finesse plus ou moins grandes indiquent le ra¬ lentissement de la marche des eaux dans les remous , les contre- courants, etc. En faisant l’application de considérations de ce genre aux divers gisements d’animaux fossiles que l’on rencontre dans le sol du bassin de la Garonne, il devient facile de comprendre pourquoi sur certains points les ossements d’animaux terrestres et d’eau douce sont brisés , roulés et mêlés à des débris d’animaux marins, tandis que sur d’autres les squelettes sont presque toujours entiers, isolés ou réunis en grand nombre, décomposés ou parfai¬ tement conservés, etc. ; pourquoi enfin la colline de Sa fis an consti¬ tue u i gisement presque exceptionnel en raison du nombre, de la variété et du bel état de conservation des squelettes d’animaux qui en ont déjà été extraits. En effet, les lieux où des débris d’animaux vertébrés fossiltsont été trouvés dans le bassin de la Garonne sont réellement innom¬ brables; mais presque toujours c’est près de la surface, dans des r.iifrPi. r. /Ja r .% Un//. Je ht Suc. licol . tlcFeum ''«•.selen d.A. CARTE du Clavier inferieur delÀar XotedelF Desor. B*4nilJa Eicherhorti l\\Mn £chM- ,Ir j & Ilote! ,h\r XcucAaldo, . usMn JjuiyHinrf - ' ï: Sanseui mwiil --tiiTimT’II tp, Mitr.ru/t .Voie de J/'. Constant Prévost — jw .Hm.ni/i (Gers) Fio-.tt Coupe O, P. Mediterranée nioiilrtnil ht marche ont pt ti is les di\er$ teuillets. De nouvelles assises mar no-cal— caires déliteseentes, parfois plus épaisses, moins feuilletées, se lu nt a des calcaires coneretionnés à grandes ou petites parties, et aux eoiu lies a lndusies, qui sont tantôt libres, tantôt recouvertes pai d auties couches marneuses, et que surmontent enfin des silex cariés très développés aux environs de Viole-Comte sur la rive droite du bassin. Mais empressons-nous de dire que rien n’est plu> inconstant que la succession et la présence de ces divers systèmes ; à de très petites distances, sur les flancs opposés d’une nu me \ allée, aux deux extrémités d une même colline, il devient soin t nt impossible de reconnaître les mêmes couches, ou même des couches analogues, et ce résultat de l’examen de détail est donné aussi par celui de 1 ensemble: ainsi , certaines collines ne présentent que des assises de calcaire compacte de teinte uniforme; nlU> autu>. quoique voisines, sont essentiellement composées d assises fissiles et marneuses ; ici les Cyrènes et Potamides man¬ quent aux couches inférieures, qui peuvent être moins compactes, plus terreuses et plus puissantes; là, les couches à_ Cypris sont sableuses , ou bien épaisses et très solides, et plus ou moins riches en carapaces de ces crustacés. De petits accidents de lignites ter¬ reux se montrent çà et là dans certaines parties ; des dépôts plusieurs lois superposés, d'un ensemble de plusieurs couches différentes ; des lits de friganes disposés en manteau autour des sommets de collines ou formant des couronnes sur les parties supérieures de nm> flancs, s intercalant entre les couches compactes ou terreuses ou manquant totalement, sont des exemples d’accidents nombreux qui rendent très difficile l’étude détaillée de ce système, et qui, ne permettant pas d’apprécier le niveau supérieur de la formation, î en dent inefficace le nivellement barométrique de leur surface dans la question du relèvement des couches opéré sur une vaste échelle. bette disposition si polymorphe des couches qui composent ce terrain et leurs variations à de si petites distances ne peuvent s expliquer que dans la supposition que les éléments du dépôt étaient fournis par des sources minérales très nombreuses , et qu’ils ne sont nullement le résultat d’un transport par les affluents, qui y auraient certainement amené aussi les éléments de la plupart des roches traversées. 11 existe bien sur certains bords du bassin des aigiles contemporaines de ce dépôt qui nous indiquent la place des petits cours d’eau de cette époque, mais elles sont limitées sur le SÉA3CE Dt 2 MARS J 840. 303 bord même du bassin, et, comme de nos jours, elles s’y sont dé¬ posées k l’endroit même ou les eaux tranquilles ont arrêté le choc des eaux sauvages, et forcé ainsi ces dernières d’abandonner les détritus tenus en suspension. D’une autre part, la prodigieuse alrondance des crustacés , les larves aquatiques, les plantes marécageuses, les vertébrés aquati¬ ques ou de marécages qui sont répandus dans diverses parties de 1 épaisseur totale et qui y ont certainement vécu, démontrent que la profondeur des eaux n était pas aussi considérable que semblerait le faire supposer l’épaisseur des sédiments, car tous ces êtres n au¬ raient pu y vivre ; mais que ces eaux étaient superficielles, et qu elles augmentaient de niveau sans changer beaucoup d’épais¬ seur à mesure que les éléments argile-marneux déversés dans leur sein par les canaux thermaux élevaient le fond de leur lit. Peut- être même une étude plus approfondie et plus minutieuse des carac¬ tères si remarquables de ce svsteme conduirait k 1 opinion émise par 31. JBravard dans sa monographie du (iaïnothérium, qu il n exis¬ tait pas de lac k l'époque de ces sédiments, ruais bien des mares d’eau qui se déplaçaient sans cesse par b élévation rapide de leur fond au-dessus des bords environnants et marécageux Cette hypo¬ thèse , qui nous parait appuvée par des preuves assez nombreuses , rendrait plus facile l'explication de plusieurs phénomènes qui échappent totalement aux conséquences de l’existence d une grande masse d’eau dans toute l’ étendue du bassin de 1 Allier en péné¬ trant dans celui de la Loire supérieure. On conçoit donc qu'il est difficile d apprécier et surtout de faire connaître les différences de développement et les limites des grou¬ pes que nous avons signalés : tout ce qu’on peut dire k cet égard, c'est que les calcaires peu marneux , compactes et sonores soDt plus abondants dans la partie méridionale aux environs d’Jssoire ; que les calcaires et marnes fissiles avec dusodyle sont surtout dé¬ veloppés entre cette ville et Clermont, et que c’est lk que se trouve quelquefois le lignite en couches terreuses de 0m, 1 au plus ; que les calcaires très marneux, délitescents, yrlus ou moins terreux ou rarement fissiles, sont surtout abondants aux environs de Clermont ; que les calcaires granulaires et concrétionnés dominent vers le 3». du bassin, et que les couches tubulaires, dites k indusies , pren¬ nent aussi leur plus grand développement sur ces points où elles sont très riches en fossiles vertébrés et sont excessivement rares au S. de Gergovia et Coumon ; les petits dépôts a rgilo- sableux qui constituent la partie supérieure de la formation sont assez rares et se rapportent à des accidents littoraux : c'est donc sur les bord-- 364 SÉANCE DU 2 MARS 1840. du bassin qu’on les rencontre, et ils y ont été souvent considérés comme des lambeaux de diluvium. Les terrains plus récents appartiennent, comme Ion sait, à deux phénomènes différents : les uns sont des alluvions considérables comblant le fond de quelques vallées ou couvrant des surfaces élevées très étendues ; les autres sont des roches éruptives volca¬ niques, qui ne s’étendent pas au-delà de Combronde vers le N., et dont il existe à peine des traces dans le département de l’Ailier! Nous avons déjà parlé de ces roches, que bien des géologues ont décrites dans la plupart de leurs caractères : nous n’y reviendrons pas aujourd’hui ; mais nous devons parler des alluvions qui s’éten¬ dent vers le IN. dans ce dernier département , et y couvrant la plus grande partie du sol calcaire , donnent à cette partie de la vallée un aspect différent et une stérilité contrastant avec la richesse des parties supérieures. La nature essentiellement quartzeuse de ces grands dépôts de sables leur imprime un caractère tout-à-fait particulier, qui ne permet pas de les confondre avec les alluvions essentiellement composées de détritus volcaniques de l’Auvergne. Elles appartien¬ nent donc à un autre phénomène , dont cependant la partie su¬ périeure de la vallée semble présenter encore des traces, ce qui pourrait faciliter la détermination positive de leur âge. En effet il y existe, sous des basaltes des plus anciens, des dépôts unique- ment composes de quartz roulés d’un volume assez petit, à surface souiüce par 1 oxyde de fer, et qui paraissent antérieurs au moins aux éruptions basaltiques les plus anciennes , appartenant en partie a .a période pliocène. Cette détermination est aussi confirmée par les observations faites dans le département de l’Ailier où les allu vions anciennes sont déposées dans les anfractuosités de ce terrain sableux. Malheureusement les seuls fossiles connus sont des mol¬ lusques marins et échinodermes , qui ont été transportés à l’état fossile , ce qui complique singulièrement la question de leur ori¬ gine ; quelques bois silicifiés paraissent se rapporter au Klœdenia quercoides , Gopp., dont Unger a fait son quercinium sabulosum Des alluvions anciennes, des attérissements semblables à ceux que nous avons fait connaître dans un précédent mémoire des limons déposés dans des cavernes ossifères , sont les dépôts del’é poque géologique la plus récente, et renferment des débris de la dermere génération des animaux fossiles. D’après ces descriptions il est facile de voir que les terrains tertiaires du Bourbonnais soiù es dépendances de ceux de l’Auvergne, et s’y rattachent sans in¬ terruption en offrant toutes les particularités qui distinguent si bien SÉANCE DU 2 MARS 18AG. 365 la formation lacustre de ce dernier pays : aussi la plupart des fossiles sont propres à ces deux contrées. Les accumulations des pièces os¬ seuses des vertébrés y présentent aussi les mêmes caractères qu’en Auvergne, et ne permettent pas de supposer qu’elles aient eu lieu par d’autres causes que celles admises par de nombreux géologues pour les cavernes et les alluvions libres fossilifères , c’est-à-dire qu’elles ont été opérées par les carnassiers qui venaient sur ces points dé¬ vorer leur proie. Nous renvoyons pour de plus amples rensei¬ gnements aux monographies de la Montagne de Perrier et du Cainothérium par M. Bravard, et aux recherches sur les ossements fossiles de MM. Croizet et Jobert. § 2. Indication des genres et espèces fossiles de vertébrés , décou¬ verts dans les terrains tertiaires et de l’époque diluvienne du Bourbonnais . C’est à Cuvier que l’on doit la première indication d’ossements fossiles recueillis dans le département de l’Ailier, et consistant en diverses pièces d’oiseaux et en un fémur de Lophiodon de Gannat, que de nouvelles recherches ont démontré avoir appar¬ tenu à un rhinocéros. Plus récemment M. E. Geoffroy-Saint-H ilaire a décrit le gise¬ ment de Saint-Gérand-le-Puy, où il a trouvé de nombreuses es¬ pèces de pachydermes, ruminants , rongeurs , carnassiers , reptiles et oiseaux, encore inconnus pour la plupart. M. Croizet a signalé, peu après, de nouvelles pièces de la même localité, mais sans les décrire, quelques uns l’ayant été depuis par M. de Blain ville. Plus récemment encore, M. Boulanger, dans sa statistique du dé¬ partement de l’Ailier, a donné une liste très inexacte des genres d’après des renseignements erronés qui lui ont été fournis par M. Feignoux, de Cusset. La belle collection qui m’a été communiquée par M. Poirier m’a offert plusieurs espèces nouvelles et des genres non encore trouvés dans les terrains micacés de la vallée. Je dois aussi à M. Per- cepied, propriétaire dessources incrustantes de Saint-Nectaire , plu¬ sieurs jolies pièces des gîtes de Saint-Gérand exploités déjà par M. Saint-Hilaire, qui me permettront de décrire plus tard avec tous leurs caractères distinct! fs les espèces qui constituaient la faune de cette contrée. Comme je l’ai déjà dit plus haut, je me contenterai d’indiquer ici les principaux caractères de ces animaux pour faire apprécier toute l’importance zoologique des découvertes de mes 36(5 SÉANCE DU 2 MARS 18Zl6. correspondants, que je prie de vouloir agréer mes remerciements pour leurs bienveillantes communications. MAMMIFÈRES. Carnassiers. Amphicyon. Nous possédons un humérus qui paraît 11e pouvoir être attribué qu’à une espèce de ce genre , et peut-être à celle de Digoin , localité assez voisine des gîtes où a été trouvé notre débris, s’il est vrai que la tête décrite sous le nom d 'Amphicyon minor , appartenant d’ailleurs à une espèce différente de celle de Sansans ainsi nommée , soit réellement de ce genre , car il n’existe pas de trace apparente de troisième tuberculeuse supérieure. Canis. Un animal de la même tribu, mais du vrai genre chien, a été aussi trouvé , et déjà anciennement, dans la même contrée, par M. Croizet , qui lui a donné le nom de Canis brivorostris ; cette espèce ne paraît pas avoir eu de seconde tuberculeuse inférieure¬ ment, même sur un jeune sujet où la première n’était pas encore sortie totalement de l’alvéole ; 11e serait-ce pas quelque chose d’a¬ nalogue au Gulo diaphorus de Kaup et une modification inverse de celle du genre précédent au milieu desquels se placerait le genre chien proprement dit ? Viverra. Le Vi verra an tiqua, décrit par M. de Blainville , a été re¬ trouvé dans le Bourbonnais, par une pièce à peu près semblable à la mâchoire inférieure décrite , et également dépourvue de dents. Une seconde espèce un peu plus grande ressemble davantage aux vrais Viverra par la forme uniradiculée de sa tuberculeuse infé¬ rieure ; nous lui donnerons le nom de Viverra prirnœva. Plesictis genetoides. Cette espèce, décrite sous le nom de Mustela par MM. de Laizer et de Parieu, doit constituer un genre faisant passage aux genettes , et différant des martes par les formes de sa tuberculeuse supérieure et de sa carnassière inférieure sans salon interne. Lutra Valetoni E. Geof. St.— Hil. Cette loutre est bien différente de l’espèce vivante de France et de celle fossile de Perrier; mais il ne paraît pas qu’elle puisse constituer un genre comme l’avait fait pressentir M. Saint-Hilaire. Hans l’Ostéograpliie de M. de Blainville, on trouve , suivant nous, figurés sous le nom de lutra clermontensis un radius de cette espèce et une tuberculeuse du L. Bravardi des terrains pliocènes. Meganthereon brevidcns. Les carnassiers de la tribu des félidés , qui portent dans le maxillaire des canines tranchantes, appartien- SÉANCE DU 2 MAKS 18/Ï6. 367 lient bien au grand genre linnéen des F élis ; mais dans les systèmes actuels de zoologie , on ne va pas trop loin en les érigeant en un genre particulier pour lequel les noms ne manqueront pas , puis¬ que ceux de Megan th ereon , Sténo don, Machairoclus et Trepanodon, ont été déjà proposés. On sait cpie les espèces aujourd’hui connues sont au nombre de six , savoir : F élis srnilodon , des cavernes du Brésil , F. cultridens , de celles d’Angleterre ; F. meganthereon , des terrains pliocènes de l’Arno et d’Auvergne ; F. cultridens , des mêmes terrains d’Auvergne; Machairodus , du miocène d’Eppelslieim; F. palmidens , du même âge de Sansan. La septième espèce que nous annonçons se rapproche de cette dernière par plus de briè¬ veté dans la canine , mais le bord postérieur de cette dent est forte¬ ment crénelé, et ses dimensions sont bien plus considérables. Nous avons des raisons pour croire que cette espèce avait aussi un menton formé par une apophyse descendante delà mandibule. Pterodon. Nous plaçons à la suite des carnassiers ce genre ex¬ trêmement curieux , qui pourrait avoir appartenu à la sous-classe des Didelphes, comme l’avait fort bien observé Cuvier, d’après des pièces nouvelles , plus entières que celles qu’il en avait d’abord possédées. La dentition en est en effet tout-à-fait semblable à celles du Dasyure thylacine , dans ses caractères essentiels ; les os des membres que nous en possédons ne viennent nullement infirmer ces rapports ; cependant il y a aussi dans la tête osseuse des diffé¬ rences importantes , qui ne nous permettent pas d’affirmer la posi¬ tion du genre parmi les Marsupiaux. Toutefois on peut encore moins le placer parmi les Monodelphes, avec lesquels il n’a aucune ressemblance même éloignée. Nous choisissons ce nom , parmi les trois qui lui ont été donnés , comme le plus convenable et le plus en rapport avec le caractère essentiel du système dentaire. Le Taxotherium et le Hyœnodon ne soùt en effet que des êtres non seulement de même genre, mais peut-être aussi de même espèce , comme nous le démontrerons aisément au moyen même des pièces antérieurement connues. Rongeurs. Il faudrait ici des figures nombreuses et de trop longues des¬ criptions pour faire connaître les animaux de cet ordre trouvés dans le département de l’Ailier ; je me contenterai donc de citer les noms qui leur ont été donnés. 1° Steneojiber , E. Geof.-St.-Hil. 2° Archœomys , de Lair et de Par. 3° Mus ? ( Quelques os des membres. ) 358 SÉANCE I)ü 2 MARS 1845. Pachyderm es . Dinothérium . Les débris de ce genre remarquable de probosci- diens sont excessivement rares dans la vallée de l’Ailier ; on n’en connaît encore qu’une ou deux molaires qui ne laissent aucun doute sur la dénomination de l’espèce , qui est le D. giganteum , Kaup. Elles ont été trouvées vers les limites des départements du Puy-de-Dôme et de l’Ailier, et font partie de la collection de M. de Laizer. Tapir . Une espèce remarquable de ce genre a été trouvée nou¬ vellement par M. Poirier, et se distingue nettement de tous ses congénères vivants ou fossiles par des formes tout-à-fait particu¬ lières. Les espèces fossiles actuellement connues sont au nombre de trois ; l’une, des terrains miocènes d'Eppelsheim, voisine du Tapir indiens ; 1 autre , plus petite, des terrains pliocènes sous-volca¬ niques d Auvergne, plus semblable au T. américaines ; la troisième, du Yelay, plus petite et plus élancée que la précédente, en est cer¬ tainement distincte. Les deux précédentes, réunies par M. deBlain- ville , different entre elles par de nombreux caractères et surtout par le rapprochement des canines supérieures et des incisives , bien moindre dans le Tapir priscus que dans les vivants, plus fort au contraire dans Y arvernensis que dans tous ceux connus. Une qua¬ trième espece, probablement distincte, a été trouvée dans les sables pliocènes de Montpellier (Voy. de Blain ville, Ostéogr. des Ta¬ pirs) ; enfin , la cinquième, des terrains miocènes du Bourbonnais, indépendamment d’une taille bien plus petite , a ses molaires sin¬ gulièrement étroites transversalement, et des proportions élancées dans ses membres. Nous lui donnerons le nom de Tapir Poirieri . Rhinocéros. Les animaux de ce genre sont nombreux dans les tei lains miocènes de la vallee de 1 Allier, et appartiennent aux deux sous-genres connus. Trois espèces au moins ont été trouvées dans le Bourbonnais : 1 une, se rangeant parmi les Acérothérium , était par conséquent dépourvue de cornes sur le nez ; mais sa taille moindre que celle du Rhinocéros minutus de Moissac et des différences dans les plis d’émail des molaires supérieures, indiquent une espèce nouvelle à peine plus grande que le Tapir des Indes et à membres ties élancés; nous lui donnerons le nom de Rhinocéros tapirinus . Lne autre, dont nous ne possédons que des fragments imparfaits, est connue par une tête entière découverte à Gannat, qui indique de glandes ressemblances avec le Rhinocéros Schleicrmacheri et un animal voisin de la grande race de Sumatra par sa taille, par ses SÉANCE DU 2 MARS IS/itk 369 incisives, et portant également deux cornes sur le nez. La troi^- sièine, plus petite, de la taille de la petite race de Sumatra, appar¬ tient peut-être aussi aux Rhinocéros proprement dits, puisqu’elle parait n avoir eu que trois doigts ; mais elle diffère de la précé¬ dente par des proportions différentes dans les diverses parties de la mandibule. Anthracoiherium . Plusieurs espèces de ce genre éteint ont été trouvées dans le Bourbonnais ou aux environs , et les débris que j’en ai pu étudier sont venus confirmer ce que j’avais dit des affini¬ tés de ce genre dans mon travail sur les collines du Teiller et de la Tour-de-Boulade. Les os des membres et du tronc ont de grandes ressemblances avec ceux des cochons et quelques unes aussi avec ceux des Anoplotherium , qui ont avec eux de grands rapports dans les détails de forme des arrière-molaires supérieures. L’humérus est percé d’un vaste trou dans la cavité olécranienne, et sa troclilée est séparée en deux parties par une arête médiane circulaire. Le calcanéum et l’astragale sont presque tout-à-fait semblables à ceux des cochons , et les métacarpiens et métatarsiens indiquent aussi un pied semblable dans la forme et le nombre des doigts qui le composaient. Je peux signaler une espèce un peu plus petite que le Tapir Poi- rierii connue par des dents et divers os des membres , une autre très élancée connue par un médius, une troisième, enfin, plus grande encore, mais bien plus trapue, caractérisée par un os sem¬ blable ; comme il serait assez difficile de faire connaître leur ca¬ ractéristique d’une manière certaine, je renverrai leur dénomina¬ tion à l’époque de leur description détaillée. L dinothérium ( Oplotheriurn de Laizer). Ce petit genre de pachy¬ dermes , que JVJ . Bravard vient de restituer totalement , lie les Anoplotherium aux Ruminants, bien plus étroitement encore que ne le font les Dicliobunes, avec lesquels il fait famille. On en con¬ naît actuellement cinq ou six espèces qui se retrouvent toutes dans le Bourbonnais et le Puy-de-Dôme en très grande abondance. Une de ces espèces, trouvée par M. Poirier, est venue se joindre aux quatre possédées par M. Bravard, et sera aussi décrite par lui , dans son mémoire réimprimé sur ces animaux , sous le nom de C. leptorhjncum . Ruminants . Am p h i ira gu lus (plusieurs espèces). Nouveau genre de la famille des Chevrotains et des Muscs , déjà cité sous ce dernier nom géné- Soc. géol, 2e série, tome III. 24 370 SÉANCE DU 2 MARS 1846. rique par M. Croizet, et présentant de singulières ressemblances avec les genres précités et les lamas d'un côté , et de l’autre avec les pachydermes de la famille des Anoplotheriurn . Les molaires inférieures sont au nombre de sept, dont quatre fausses : celles-ci, plus semblables aux correspondantes des Chevro- tains , par plus de simplicité dans la dernière , les autres ayant leurs croissants plus indistincts, leurs pointes plus coniques et ob¬ tuses avant la détrition , ce qui leur donne un aspect pachyder- moide. Les supérieures ont les mêmes formes de détail et les mêmes analogies, mais elles reviennent au nombre normal de six, et par contre , la canine est extrêmement développée comme dans le Muscs. La tête n’a jamais eu d’appendices aux frontaux. Les vertèbres cervicales sont dans quelques espèces singulière¬ ment allongées, un peu comme chez les girafes, mais plutôt comme chez les Lamas, et l’omoplate est aussi plus semblable à celle de ces derniers par le prolongement de son acromion en pointe des¬ cendant au niveau de la cavité glénoïde, mais plus plate, élargie et moins oblique sur le plan de l’omoplate. L’humérus est semblable à celui des Chevrotains dans son articulation cubitale et le peu de développement de sa crête deltoïdienne , mais il n’est pas percé dans la cavité olécranienne comme chez ces animaux. Le cubitus, plus robuste, ne semble avoir du se souder au radius que dans un âge assez avancé, et son olécrane est assez court, un peu comme celui des Chevrotains. Le bassin et le fémur ne dif¬ fèrent pas sensiblement de ceux des Muscs et Chevrotains, mais le tibia ressemble davantage à celui des premiers en ce que son pé- ronien ne se soude jamais avec lui; il en résulte aussi dans le cal¬ canéum, poui la facette correspondant à cet os rudimentaire, des analogies semblables. Les doigts des deux pieds dans leurs parties tarsienne et car- pienne ont des formes mixtes qui les caractérisent très bien. Le corps des canons est moins grêle que chez les Muscs, mais plus élancé que dans les Chevrotains , dont ils ne portent pas les doigts latéraux complets de même que ceux des Muscs; mais ils diffèrent sui tout oc ceux-ci en ce cpie les articulations phalangiennes se rapprochent davantage des formes de certains pachydermes par leur tête plus arrondie , à crête médiane circulaire réduite a une petite apophyse de la partie postérieure. Cette analogie s’augmente dans les phalanges , dont le corps porte de même en dessous deux tubercules pour 1 insertion d’un ligament annulaire ; caractère propre au seul genre des Muscs dans 1 ordre des ruminants. Cette esquisse rapide des caractères anatomiques de notre genre SÉANCE DU '2 MA 11 S 18/l6. 371 démontre suffisamment que ces animaux ne ressemblaient à au¬ cun de ceux de notre faune contemporaine. Mais M Kaup a donné le nom de Dorcatherium à des ruminants à sept molaires portant des bois comme le Chevreuil de Montabusard décrit par Cuvier, lesquels ruminants pourraient avoir appartenu à deux genres différents, l’un identique avec les Amphitragules, l’autre avec les Cerfs moscho'ides , qui ont aussi des ressemblances avec les pré¬ cédents par les formes de leurs molaires , mais non par leur nombre de six aux deux mâchoires, et ces derniers devraient seuls conser¬ ver le nom de Dorcatherium indiquant des animaux à bois comme les Cerfs. il existe en outre dans le bassin de F Allier , mais plus spéciale¬ ment dans sa partie supérieure, des ruminants à six molaires, aux¬ quels M. Geoffroy-Saint-Hilaire paraît avoir donné le nom de Dremotherium , qui sont malheureusement trop imparfaitement connus pour que nous puissions en parler ici ; aucune pièce n’a pu nous indiquer s’ils avaient ou non porté des appendices aux frontaux ; ils paraissent aussi avoir des ressemblances avec les Muscs et les Paleorneryx de Herman von Meyer. oiseaux. On sait quelles sont les difficultés qu’ont offertes jusqu’à ce jour les oiseaux aux paléontologistes pour la détermination des grands genres linnéens. On ne peut, dans la plupart des cas , qu’indiquer l’ordre auquel ils ont appartenu , et établir par les dimensions des rapprochements qui sont ordinairement erronés. Ces considérations nous engagent à ne citer ici cette classe que pour mémoire , en di¬ sant que nous avons pu étudier diverses pièces de palmipèdes , échassiers , oiseaux de proie qui ont appartenu à des espèces assez variées , mais indéterminables. REPTILES. Chéloniens. Testudo. Quelques pièces nous ont indiqué l’existence d’une grande Te.ttudn que nous avions déjà découverte , avec M. Bravard, dans la partie supérieure du bassin à Bournoucle-Saint-Pierre , et que ce naturaliste a proposé de nommer T. gigantea. Erfiys. Deux espèces au moins de petite taille existaient dans le Bourbonnais à l’époque tertiaire ; nous les nommerons en les dé¬ crivant. 372 SÉANCE DU 2 MARS 1 8Z|6 . Emy sauras ( Dum. et Bibr.). Une tortue très voisine de la ser¬ pentine , et appartenant au même genre , m’a été envoyée par M. Poirier, et indique une espèce nouvelle parfaitement caracté¬ risée par plus d allongement dans son plastron , et moins d’ouver¬ ture dans 1 échancrure des pièces médianes. Nous proposerons pour elle le nom de Emysaurus Meilheuratiœ . Iryonix , espèce assez imparfaitement connue, que nous espé¬ rons pouvoir décrire d’après de nouvelles pièces , et que nous nommerons alors. Sauriens. Crocodilus . Nous possédons deux âges et de nombreuses écailles d un crocodile voisin du sous-genre de ce nom que nous propo¬ serons de nommer C. Ratelii. Dracœ ans auras , animal voisin de la dragonne par sa dentition, et probablement aussi par la nature osseuse des écailles que nous lui rapportons. Batraciens . Rana. Une ou deux des nombreuses espèces , que nous avons si¬ gnalées à la Tour-de-Boulade aux environs d’Issoire, se sont aussi trouvées dans le Bourbonnais , dans le gîte exploité par M. Poirier. POISSONS. Cyprins? De nombreux pharyngiens, les pièces détachées de toute la tète et des vertèbres récoltés avec les débris précédents (1). Perça. M. Viquesnel, dans sa note sur les environs de Vichy , a cité une empreinte de perche , dont l’espèce n’a pas été déter¬ minée. Les terrai ns meubles du département de l’Ailier, appartenant à l’époque diluvienne , sont peu riches en ossements fossiles ou peut- être n’ont pas encore été assez explorés sous ce rapport; mais il existe quelques grottes dont le limon a déjà présenté des débris de vertébrés , qu’on n’a pas non plus récoltés avec tout le soin né¬ cessaire. I1) M. Agassiz , à qui nous avons montré ces pièces depuis la rédac¬ tion de ce qui précède, a reconnu quelles se rapportaient à des ani¬ maux différents des Cyprins, mais qu’il n’a pas encore déterminés. SÉANCE DU 2 MARS 18Ü6. 373 Parmi ceux qui m’ont été remis par -MM. Poirier et Virlet, j’ai pu déterminer un blaireau , un renard , une marmotte , un che¬ val, un sanglier, un renne , un cerf (C. inter médius) , un mouton, un bœuf (R. primigenius) et divers oiseaux; ces espèces appar¬ tiennent toutes à la faune diluvienne , de même que l’éléphant trouvé dans une caverne aux environs de Diou. 11 y aurait de nombreuses observations à faire sur les ressem¬ blances zoologiques que présentent entre eux les divers gîtes à osse¬ ments fossiles des terrains tertiaires de l’Europe occidentale ; mais l’étendue de ce travail ne nous permet pas d’entrer dans ces dé¬ tails, et nous nous proposons du reste de traiter cette question dans l’ouvrage ostéographique que nous publierons sur les fossiles du Bourbonnais. M. Constant Prévost dit qu’il n’a jamais vu d’exemple in¬ contestable d’un sol découvert, sur lequel des ossements au¬ raient été déposés , et qui ensuite aurait été recouvert par des sédiments réguliers. Dans un cas semblable il devrait y avoir entre les deux dépôts une ligne de séparation bien tranchée qu’il n’a encore observée nulle part. Il croit que le fait cité par M. Pomel n’est qu’une exception qu’il ne faut pas généraliser, le transport des corps organisés et leur dépôt dans les eaux étant le cas ordinaire. M. Pomel dit qu’à Périers en Auvergne il se présente un fait analogue à celui qu’il vient de décrire-, il lui paraît incon¬ testable que les carnassiers y ont apporté les autres animaux et les ont dévorés sur place. Le Secrétaire donne lecture de la note suivante de M. De- lesse, Note sur le talc et la stéa tite , par M. Achille Delesse , ingénieur des mines. Quoique le talc et la stéatite soient des minéraux communs dans la nature , et qui s’y trouvent , sinon toujours en grande masse , du moins dans un assez grand nombre de localités , les minéralogistes ne sont pas d’accord sur leur composition chimique ; quelques uns, comme Haüy, Lewy et de Kobell , les regardent même comme des variétés d’une même espèce minérale. J’ai pensé, d’après cela, 3^4 SÉANCE DU 2 MARS 1840. qu il pouvait y avoir quelque intérêt à en essayer de nouvelles analyses. I ale. Le talc sur lequel on a opéré provient de Rhode- I si and , aux Etats-Unis; il est d’une pureté parfaite, et il se pré¬ sente en grandes, lamelles verdâtres bien transparentes. Place entie deux tourmalines croisées, il fait voir une croix noire dont les branches sont perpendiculaires , et qui traverse un système d anneaux ; mais en inclinant convenablement , on voit paraître les deux branches d’hyperbole , qui montrent que la sub¬ stance a bien deux axes de double réfraction. M. de Kobell avait déjà constaté ce fait pour le talc et pour les minéraux dans les¬ quels les deux axes optiques font entre eux un petit angle. Indépendamment du clivage très facile qu’on observe dans tous les taies, et qui leur donne une structure lamelleuse, cet échantil¬ lon de Rhode-Island présente deux clivages, indiqués par deux systèmes de stries parallèles , suivant lesquelles les lames tendent à se casser ; ils font entre eux un angle de 113° 30' : le système ciistallin du talc paraîtrait donc être le prisme rhomboïdal droit, sans lequel la base formée par le clivage facile serait un rhombe de 113° 30'. Au chalumeau, le talc de Rhode-lsland présente bien avec les divers réactifs les propriétés du talc, telles quelles sont décrites dans les ouvrages de minéralogie. Après calcination , il a une cou¬ leur légèrement brunâtre ; mais il est d’un blanc d’argent mat quand il a été chauffé à l’abri du contact de l’air ; son aspect et ses propriétés physiques sont complètement changés; il s’est exfolié ; sa densité, qui était de 2g,5657, est, après calcination, de 1,64; elle a donc diminué de plus du tiers; sa dureté, qui était d’abord représentée par 1 , est environ de 6 , car il peut alors rayer le verre , quoique difficilement Pour l’analyse, on a opéré sur 2 grammes, qui ont été attaqués par 4 fois ce poids de carbonate de soude , et on a pris toutes les précautions connues employées antérieurement par les chimistes qui se sont occupes d analyses de ce genre. La magnésie a été dosée directement par une attaque à l’acide ffuorhydrique. Des essais particuliers ont appris que la subsanee ne renfermait ni fluor, ni potasse, ni alumine; il est possible que ce qui a été pris pour de 1 alumine dans ces minéraux ne soit autre chose que de l,i magnésie , qui , à une première précipitation par l’ammo¬ niaque, est toujours entraînée avec l’oxyde de fer, ou peut-être SÉANCE DU O lu mars 18/16. 375 même un peu de silice restée en suspension dans la liqueur après l’attaque par le carbonate alcalin. Voici les résultats qui ont été obtenus : Talc de Rhode-Island . Oxygène. Silice . 61,75 — 32,079 Magnésie. .... 31,68 — 12,260 Protoxyde de fer. 1,70 — 0,387 Pau. ... . . 4,83 — 4,294 99,96 Jusqu’à présent , les diverses analyses de talc qu’on a faites dif¬ fèrent surtout par la teneur en eau ; on pourrait penser d’après cela que cette substance est fortement hygrométrique ; mais il est tacile de reconnaître qu’il n’en est rien; car, en laissant dessécher le talc de Rhode-Island à 100°, ou dans le vide sous la machine pneumatique , on n’a observé que des pertes insignifiantes , et seulement de quelques millièmes , comme cela a lieu pour tous les minéraux. Déplus, après l’avoir calciné, on l’a mis pendant plusieurs jours dans de l’eau , qu’on a même fait bouillir, et , l’ayant laissé sécher pendant quelque temps par une simple évaporation à l’air libre , on a trouvé dans cette expérience qu’il n’avait pas absorbé la plus légère quantité d’eau , et que son poids n’avait pas varié. Il est donc bien certain , d’après ce qui précède , que l’eau qui entre dans la composition du talc est de l’eau de combinaison. Si maintenant les analyses présentent des différences notables dans les quantités d’eau , cela tient probablement à ce que la cal¬ cination n’a pas été assez forte , car il est facile de constater que le talc supporte une chaleur rouge , même prolongée , et ne perd que quelques millièmes de son eau ; de même que les hydrosili¬ cates de magnésie , qu’on trouve dans la nature , il la retient avec beaucoup de force , et il ne m’a pas été possible de la chasser com¬ plètement à la chaleur de la lampe à alcool ; il était nécessaire d’avoir recours à un bon feu de charbon dans un fourneau de cal¬ cination. En le chauffant à la lampe d’émailleur, dans un tube de yerre fort , on s’est , du reste , assuré qu’il ne se dégage que de l’eau , et que cette eau n’exerce pas de réaction acide. Quelques expériences , ayant pour but de rechercher quelle est la perte du talc au feu , ont donné, pour le talc lamelleux vert et argenté de Zillerthel , à, 700, pour un schiste talqueux vert de 37(3 séance du 2 MARS 184(5. Greiner (Tyrol), 5,700 ; ce dernier, il est vrai , n’était pas pur, et, après calcination , on pouvait y observer de petits points verts, qui paraissaient appartenir à de la chlorite ; il résulte donc des ex¬ périences qui précèdent que le talc contient 4,5 p. 100 d’eau de tombinaison. Si on cherche à représenter par une formule la composition chimique du talc de Rhode-lsland , qui , sauf la teneur en eau, paraît être identiqucavec tous les talcs dont les analyses sont données 4 . a dans les traités de minéralogie, on trouve que la forme 2 Si mg, + 3 mg fl donne des résultats assez approchés; car on a : 8 at. silice — 63,439, 9 at. mg — 31,928, 3 at. S =4,633. Le talc aurait donc pour expression générale : Si2 ( mg S ) 3 * , l’oxygène de la silice serait double de l’oxygène des bases; c’est la formule proposée par M. Berthier, et généralement adoptée pour sa composition. Mais cependant on trouve dans les analyses, et surtout dans celle du talc de Rhode-rlsland, que la quantité d oxygène des bases dans les analyses est constamment plus grande que celle donnée par cette formule ; il est possible que cela tienne à des erreurs sur le poids atomique de la magnésie , et que la formule précédente soit la véritable ; mais, provisoirement, il nous semble convenable .. D d’adopter la suivante : Si /"g6-f- 2 R, quoiqu’elle soit moins simple; car elle résulte immédiatement de la comparaison des rapports d’oxygène , et elle s’accorde parfaitement avec les résultats de l’expérience; le calcul donne en effet : 3 Si. . . 61,939 \ 6 mg . . 33,346 \ 100,00 2 R. . . 4,825 ) Le talc serait, par conséquent, un hydrosilicate de magnésie, ayant pour formule S/5 mg 6 -J- 2 R , ou 3 Si mg-\- Si2 mg*- f- 2 R. M. de Kobell , qui pensait que le talc est un minéral anhydre , avait déjà proposé pour sa formule , S/5 /t/g6. S te a ti te. • — J’ai fait en même temps une analyse comparative du minéral désigné sous le nom de stéatite par M. Beudant, et qui est le speckstein de la minéralogie allemande; on sait qu’il diffère seulement du talc par la propriété qu'il a d’être plus pesant et de SÉANCE DU 2 MARS 18/l6. 377 contenir un peu plus d’eau , et d’avoir, en général , une couleur blanche: aussi quelques minéralogistes le regardaient - ils comme une variété de talc compacte. Celui qui a été examiné provenait de Nyntscli , en Hongrie : sa structure est légèrement schisteuse, et s i couleur est le blanc de lait très pur ; par son aspect et par toutes ses propriétés, il ressemble à ce qu’on appelle vulgairement la craie de Briançon. Sa densité est 2,7671 ; après calcination, elle augmente, elle est de 2,7860 ; nous avons vu que dans le talc l’inverse avait lieu , et qu’elle diminuait du tiers : or, si la stéatite était un talc com¬ pacte , elle devrait diminuer aussi , et par conséquent cette pro¬ priété seule de l'augmentation de densité suffit pour démontrer que le talc et la stéatite ne sauraient appartenir à la même espèce mi¬ nérale. Ap rès calcination , la stéatite de Nyntsch devient légèrement jaunâtre , et en l’observant à la lampe , on remarque qu’elle pré¬ sente une composition parfaitement homogène ; sa dureté a aug¬ menté , elle est plus grande que celle du talc calciné, et elle est à peu près égale à 6 , car la stéatite peut alors rayer le verre avec facilité. Au chalumeau, le speckstein de Nyntsch se gonfle et s’exfolie; il devient d’un blanc plus mat, et il est moins doux au toucher, puis il se frite légèrement sur les bords minces , comme cela a lieu pour le talc; avec le nitrate de cobalt , il donne une couleur rose- lilas , sale sur la partie extérieure de la pièce d’essai qui reçoit di¬ rectement l’action de la flamme , tandis que cette couleur est très pure à r intérieur. Il n'est pas attaqué par l’acide hydrochlorique , mais il est dé¬ composé cependant par une longue ébullition avec l’acide sul¬ furique. 11 me semble que cette propriété du speckstein de n’être pas at¬ taqué par l’acide hydrochlorique ne permet pas de supposer , comme l’a fait M. Lychnell, qu’il est formé de silicate neutre de magnésie, Si />a‘-)*es argiles ferrugineuses de l’Entre-deux- ( Mers. Reste la question du synchronisme avec les autres bassins tertiaires. Sans vouloir pousser les rapprochements au point de chercher dans les terrains de la Gironde toutes les couches qui constituent communs appartenant au calcaire à Astéries des localités que nous avons décrites. Cette liste comprend : 5 espèces de radiaires, I anné- l 'de > 11 conchiferes , ]] mollusques, \ foraminifère , \ crustacé A poissons, t reptile, 1 cétacé SÉANCE DU 6 AVRIL 1846. 409 Les terrains de Paris , la comparaison en grand des deux bassins va nous fournir des analogies dignes d'un intérêt tout particulier. Nous avons déjà vu que le calcaire à Orbitolites est identique avec le calcaire grossier de Paris. La molasse contient des ossements d’animaux appartenant à des genres dont les débris se trouvent dans les gypses de Montmartre. Le calcaire d’eau douce renferme deux coquilles abondamment répandues dans le calcaire siliceux de Saint-Ouen : Limnea longi- scata , Brong. , et Planorbis rotundatus , Brong. La formation lacustre du bassin du S. -O. de la France nous paraît donc correspondre exactement à la formation inférieure du gypse et du calcaire siliceux de Paris. Ce rappochement est appuyé par les caractères zoologiques ( Palœotherium , Limnea longiscata , Planorbis rotundatus , etc.), par les caractères minéralogiques [g)Psei calcaire siliceux , meulières , etc.) , et par les caractères géo- logiques ( superposition au calcaire grossier ). Le calcaire à Astéries offre une analogie moins directe avec les couches du bassin de Paris. Le calcaire d’eau douce étant parallèle au gypse et au calcaire siliceux , il ne reste plus dans l’étage infé¬ rieur que les marnes marines supérieures au gypse. Sur 17 espèces citées par M. Brongniart dans ces marnes, 10 se retrouvent dans le calcaire à Astéries. La ressemblance est surtout frappante dans les molasses à petites Huîtres des environs de Blaye ; elles renfer¬ ment , comme les marnes de Paris , des rognons de gypse et de strontiane sulfatée. Et si nous joignons tous ces caractères à ceux que nous avons mentionnés dans le cours de cet extrait , nous au¬ rons de grands motifs de probabilité , si ce n’est de certitude , pour assimiler le calcaire à Astéries aux marnes marines supérieures au gypse des environs de Paris. Séance du 6 avril 1846. PRÉSIDENCE DE M. DE VERNEUIL. M. Le Blanc, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance , dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, le Président proclame membre de la Société : M. Chauveau (Mathurin-Blaise) , avocat, à Paris, rue du Cherche-Midi , 21, présenté par MM. Cordier et Raulin. 410 SÉANCE DU 6 AVRIL 18 46. Le Président annonce ensuite une présentation. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : Le la part de M. le ministre de la justice, Journal des Savants mars 1846. De la part de M. Victor Simon, Notes géologiques (extrait des Mémoires delà Société d’hist. nat . de Metz) • in-8° 15 n 1 pi. Metz, 1846. ’ De la part de M. leD** Teissier Rolland, Études sur les eaux de Aunes et sur V aqueduc romain du Gard ; t. II, seconde partie, in-8«, 320 p. Nîmes, 1845-1846. De la part de M. E. Desor, Notice sur les Crinoïdes suisses (extrait du Bulletin de la Sociélé des sciences nat. de Neu¬ châtel) • in-8°, 14 p. Neuchâtel, 1845. De la part de M. W.-D. Saull , Notifia Britanniœ , or ™ ^ - quuj, etc. (Notice sur la Grande-Bretagne, ou Recherches sur les localités, les coutumes, la condition et la civilisation pro¬ gressive des aborigènes de la Bretagne); in-8o? 64 p. Londres De la part deM. Paul Savi , Consul erazioni geo lo gische, etc. (Considérations géologiques sur l’Apennino Pistoiese'): in-8» 32 p. Florence, 1845. ? Comptes-rendus des séances de l’Académie des sciences ■ 1846, 1er semestre, t. XXII, n°» 11 à 13 , et table du 2e sem’ 1 845. Bulletin de la Société de géographie , 3e série, t. Y n° 26 • février 1846. s Bulletin delà Société industrielle de Mulhouse; n° 92. Discours prononcé à la Société industrie d'Angers et du département de Maine-et-Loire, dans la séance du 2 mars 1846, par M. Guillory aîné , président ; in-8° , 22 p. Angers' Précis analytique des travaux de l’Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen pendant l’année 1845. emoires de la Société d'agriculture , sciences et arts de ? de Valenciennes. - Topographie historique SÉANCE DU 6 AVRIL 1846. 4 11 et. médicale de Valenciennes , par' Abel Siiévenart-, in- 8°, 855 p. Valenciennes, 1846. Société cV agriculture , sciences et arts de V arrondissement de Valenciennes . — Programme des encouragements à décer¬ ner en 1846 et 1847 ; in-8°, 14 p. Valenciennes, 1846. V Institut , 1846, nos 637 à 639. L' Echo du monde savant , 1846, 1er semestre, nos 22 à 27. Le Mémorial encyclopédique ; février 1846. Supplément ci la Bibliothèque universelle de Genève. Ar¬ chives des sciences physiques et naturelles ; n° 2, mars 1846, in-8°. The Athenœum , 1846, nos 960 à 962. The Mining Journal , 1846, nos 552 à 554. N eues Jahrbuch , etc. (Nouvelles annales pour la minéralo¬ gie, la géologie, etc.), publiées par Leonhard et Bronn-, an¬ née 1845. ► Neues Jahrbuch , etc. (Nouvelles annales pour la minéralo¬ gie, la géologie, etc.), publiées par Leonhard et Bronn, 1846, 1er cahier. Ars-Berattelse , etc. (Rapport sur les travaux et décou¬ vertes botaniques depuis le 31 mars 1839 , et pendant les an¬ nées 1840, 1841 et 1842, présenté à l’Académie royale des sciences de Stockholm), par Joh. Em. Wikstrom-, in-8°, 823 p. Stockholm, 1844. Ars-Berattelse , etc. (Rapport sur les progrès de la zoologie dans les années 1840-1842 , présenté à l’Académie royale des sciences de Stockholm), par G. -J. Sundevall} in-8°, 322 p. Stockholm, 1844. Ars-Berattelse , etc. (Rapport sur les progrès de la zoologie dans les années 1843 , 1844 , présenté à l’Académie royale des sciences de Stockholm), par G. -H. Boheman-, in-8°, 224 p. Stockholm , 1845. Kongl. Vetenskaps , etc. (Mémoires de l’Académie royale des sciences de Stockholm , pour l’année 1843) ^ in-8°, 432 p. Stockholm, 1844. Ofversigt , etc. (Comptes-rendus des travaux de l’Académie; royale des sciences de Stockholm) , 1844 , nos 8 à 10 -, 1845 , nos 1 à 7. Al2 SÉANCE DU 6 AVRIL 1846. Ars-Berattelse , etc. (Rapport sur les progrès de la chimie et de la minéralogie jusqu’au 31 mars 1845 , présenté à l’Aca- dénne royale des sciences de Stockholm), par Jac. Berzelius; in-8o, 708 p. Stockholm, 1845. M. de Verneuil donne lecture d’une lettre d’invitation au congres de Southampton, adressée à tous les membres de la Société géologique de France par sir Roderick Impey Murchison president de l’Association Britannique pour l’avancement des sciences, M. Edward Sabine, secrétaire général, et M. John n ips, secrétaire adjoint. Le jour de l’ouverture du congrès ost fixé au 10 septembre. « Nous sommes chargés de vous informer, disent en termi¬ nant les signataires de la lettre, que Southampton n’est qu’à quelques heures de Londres; et si vous faisiez à l’Association Britannique pour l’avancement des sciences l’honneur d’accepter sa pressante invitation , nous nous chargerions de prendre tous les arrangements nécessaires pour votre réception. » M. Murchison ajoute : qui a «é levée au 1/1000». La position primi¬ tive de ces pieux correspond à un espace remarquable du glacier, choisi pour ces observations à cause des accidents du terrain qui présente des arrêts dans les berges de la vallée, et par suite des crevasses dans la glace. Les fig. 10 et 11 indiquent tous les détails de la marche des pieux. Ces observations se continueront, pendant mon absence d Europe, par les soins de M. Dollfus, et fourniront des maté¬ riaux qui ramèneront les discussions à des faits incontestables. L inspection de la figure 12 montre que la moraine médiane s élargit en descendant, tandis que l’observation de la position successive des blocs établit que la marche du glacier va en se ralentissant dans la partie inférieure. Dans la partie supérieure elle est d environ 80 mélres dans l’année, et cela d’une manière assez constante. Elle est de 60 mètres aux trois quarts de son cours et se réduit à 28 mètres à l’extrémité inférieure- et cependant la pente de la surface du glacier, qui n’est dans le haut que de 3 à 4», passe à 7» dans le bas. La vallée elle- mi me va en se rétrécissant, et malgré cela le mouvement se (t) La planche dont parle M. Agassiz n’est pas encore publiée- on en ve une réduction à la page 502 de l’intéressant ouvrage de M ’ Desor Z" P°7 « Séj°“r d“"s '« Aciers “2 Neuchatér ItzN K ASa^«tde ses compagnons de voyage. gustin 29 urT"8;, et ?,ans : chez L- Maison , quai des Au- ®, y ’ ° réduction que nous avons reproduite SÉANCE DU G AVRIL LS/jG. 417 ralentit, ce qui ne s’accorde guère avec l'hypothèse qui suppose qu un glacier est une masse fluide, plastique, qui coule par l’action de la pesanteur. La quantité de blocs qui se trouvent sur une coupe transversale d’une largeur déterminée à la surface du glacier, dans sa partie su¬ périeure, occupe à son extrémité inférieure un espace plus grand que celui qu’ils occupaient au commencement, ou, en d’autres termes, les moraines vont en s’élargissant d’amont en aval , ce qui tient au ralentissement de la marche du glacier. En effet , comme dans la partie supérieure les moraines amènent cons¬ tamment une quantité assez égale de blocs qui sont transportés avec une vitesse toujours moindre , les moraines doivent ga¬ gner en largeur à mesure que la marche du glacier diminue ; c’est surtout distinct sur les moraines médianes qui ne s’en¬ foncent pas sous le glacier, comme certaines moraines laté¬ rales. Celles-ci ne se mélangent pas avec la moraine médiane. L’hypothèse de de Saussure , qui expliquait par les affluents latéraux la formation de la moraine médiane, est fausse. Les petites moraines latérales se confondent toutes plus ou moins , mais elles restent séparées de la moraine médiane. Chaque ac¬ cumulation isolée de blocs, identiques par leurs caractères minéralogiques , indique autant de chutes périodiques ou ac¬ cidentelles de roches qui ont été transportées ensemble sans se disperser. On retrouve des accumulations pareilles, dans des rapports semblables, parmi les blocs erratiques. Sur les glaciers , les blocs des deux flancs de la montagne ne se mêlent jamais entre eux, ni avec ceux des moraines mé¬ dianes; tout au plus, à force de s’élargir, finissent-elles par se toucher par leurs bords. Cette absence de mélange de traînées parallèles de blocs, comme aussi la présence d’accumulations sur un point de nombreux blocs de même nature, sera donc un caractère qui permettra de reconnaître et de distinguer les transports par glaciers des transports par les eaux. Les blocs qui sont à la surface sur les bords des glaciers sont anguleux; ceux du fond sont arrondis, striés, etc. : tout cela se conçoit. Le glacier se mouvant sur le galet du fond , et le fixant comme une pierre précieuse dans sa monture , l’use et Soc. géol 2e série, tome III. 27 /lis SÉANCE DU 0 AVRIL 18/|0. le raie, tandis que ceux qui sont à la surface restent anguleux foute d’un pareil frottement. Les galets burinés par le glacier et entraînés par les torrents perdent leurs stries pendant leur transport par les eaux , à une petite distance, à un quart d’heure de marche par exemple- d’où l’on doit conclure que les galets striés sont encore en place et n’ont été à aucune époque le jouet des eaux. Les matériaux des moraines coupées par des torrents, qui sont entraînés par les eaux , perdent très promptement leurs caractères glaciaires. On doit insister sur ces faits, car ils sont importants, et il semble que les géologues n’ont pas fait assez attention à ces différences, car nulle part on ne trouve d’indication précise sur l’aspect des surfaces des galets des terrains caillouteux. On trouve également dans le terrain erratique des blocs anguleux sur des galets rayés 5 cela s’explique aussi par un transport analogue, puisque les glaciers auraient porté les blocs anguleux, qu’ils auraient abandonnés sur les galets du fond, et -c’est encore là un trait qui doit être admis comme caractérisant le passage des glaciers. Avec ces caractères > on pourra voir jusqu’où les glaciers se sont étendus > 'èt on sera forcé d’admettre leur extension aussi loin que les phénomènes qui viennent d’être signalés se présen¬ teront,. Les géologues doivent rechercher à en constater la pré¬ sence dans le plus grand nombre de lieux possible -, c’est par là qu on pourra faire 1 histoire complète du phénomène. Isolément, chacun des caractères mentionnés est déjà important ; mais c’est leur réunion qui donne la démonstration complète de l’ancien séjour des glaciers dans une localité. Les glaciers sont stratifies j ce point a été nié par beaucoup d’observateurs, dont je dois excepter M. Martins. Les couches dont ils sont formés sont parfaitement distinctes dans la partie supérieure-, on les voit encore également bien, lorsqu’on a appris à les distinguer, dans la partie inférieure (pi. Y, fig. 12). Le plan général du glacier (fig. 15 et 14) montre la trace des couches à sa surface. M. Dufrenoy demande si les stries des galets sont un caractère aussi spécifique, aussi unique que semble l’indiquer M. Agassiz. Il croit que des stries peuvent avoir été produites par d’autres SÉANCE DU (5 AVRIL 1 8/fG . 419 causes que le mouvement des glaciers } d’un autre côté, des galets striés, appartenant aux glaciers , peuvent avoir été trans¬ portés à de certaines distances sans que les traces de leur ori¬ gine aient été effacées-, l’on voit, par exemple, dans le terrain de crag des fossiles jurassiques et crétacés ayant conservé leurs stries • ils ont cependant éprouvé des transports assez longs. On voit encore dans le terrain tertiaire, aussi très récent, de Châtellerault , que les fossiles qui appartiennent à l’étage cré¬ tacé ont conservé leurs stries et toutes les autres traces d’or¬ ganisme. Sur l’observation deM. Desliayes, que les fossiles, à raison de leurlégéreté, pouvaient subir un transport sans altérations aussi notables que des galets, M. Dufrénoy répond que les fossiles crétacés de Châtellerault avaient été convertis en silex, et ne conservaient rien d’organique. M. de Roys ajoute qu’on pourrait joindre à la citation deClùt- tellerault celle des poudingues de Nemours, où un grand nombre de fossiles de la craie, convertis en silex, ont été transportés par un courant de même nature que les courants diluviens, et ont conservé les caractères organiques. J’ai remis, il y a dix ans, à M. Élie de Beaumont, un Inoceramus concentrions , converti en silex-, j’y ai trouvé souvent des fragments d’Ananchytes -, les stries et les joints des plaques , les ambulacres étaient encore très visibles. Je crois, à la vérité, qu’on ne peut nullement as¬ similer le transport par un courant diluvien, où l’eau doit être chargée d’une telle quantité de limon , que les matières trans¬ portées ne peuvent en quelque sorte frotter l’une contre l’autre, avec le transport des galets par un torrent où l’eau n’est jamais bien chargée de matières étrangères. C’est, je crois, une étude qui est encore à faire. M. Agassiz , ne connaissant pas le mode de transport des fossiles dont il est question , ne voit pas comment l’on pour¬ rait le comparer au transport des galets dans les courants des fleuves ou sur les bords de la mer. Dans tous les cas, l’étude de ce phénomène est à faire, car il ne se reproduit pas dans tous les terrains, et c’est à ceux qui s’en occupent à voir s’il a quelque analogie avec le mode d’accumulation des galets gla¬ ciaires. *20 SÉANCE DU 6 AVRIL 18/l6. M. Deshayes fait observer qu'il y a une grande différence entre les stries de coquilles d’un corps organique et celles d’un galet : les premières peuvent rester bien plus longtemps visibles, quand elles ne seraient pas plus grandes les unes que les autres, parce quelles se reproduisent dans l’organisation môme de la coquille. M. Dufrénoy répond que ce qu’il a dit s’applique à des moules. N ajoute que les glaciers sont, pour ainsi dire , de notre monde $ ds sont postérieurs à un terrain tertiaire. La terre était habitée à peu prés comme elle l est actuellement, et cependant nous arrivons à des grandeurs de glaciers qui paraissent extraordi¬ naires et peu compatibles avec ces faits. M. Agassiz fait remarquer que les stries des roches en place et des galels sont un caractère très important, surtout parce qu’il est facile à observer, mais que ce n’est pas le seul. Il faut les trouver avec des blocs anguleux séparés de place et d’origine, et c est à cette réunion , qui ne peut s’expliquer par un courant, c’est à la coïncidence de tous les caractères qui constituent le passage d un glacier qu il faut attacher de l’importance ^ et , quant à la hauteur du phénomène , on peut toujours la mesurer en examinant la limite des polis et des aiguilles anguleuses qui les dominent. Je crois, ajoute-t-il, que tout le monde est déjà d’accord sur le fait des oscillations des glaciers dans des limites restreintes, comme quelques kilomètres. Il n’y a donc plus à discuter que les grandes extensions : or, une fois qu’on s’étend dans les vallées alpines, on ne peut plus s’arrêter qu’au Jura, et là tous les caractères du séjour des glaciers sont réunis. Si on a observé les caractères de proche en proche, à partir des glaciers actuels jusqu’à cette chaîne, on est entraîné par les faits, on ne peut [dus se reluser à 1 évidence. Je n’ai pu croire d’abord aux con¬ séquences que tirait M. de Charpentier de ses observations la première fois qu’il m’en a fait part. J’ai observé pour les com¬ battre, et j’ai été converti à sa manière de voir. La forme de la surface du glacier et son niveau sur ses bords dépendent de son orientation : le flanc N. est toujours plus bas que le flanc S. (Foy. la coupe suivante C. D., fig. il, p|. V) ; C(qto différence est toujours très sensible quand le glacier est dans une SÉANCE DU 6 AVRIL l8/j6. A 2i vallée E.-O., et cesse quand la vallée estN.-S.j la hauteur des moraines et des roches moutonnées présente le môme phéno¬ mène. C’est la plus forte objection qu’on puisse faire contre l'hypothèse des courants (1). M. Leblanc avait annoncé à la réunion des savants italiens, à Milan, qu’il avait observé ce phénomène pour les moraines an¬ ciennes, dans la vallée d’Aoste , quand elle était dirigée de l’E. à 10., et qu’il avait cru remarquer aussi qu’il cessait dès qu’elle était dirigée du N. au S. Le petit nombre de ses observations l’avait empêché d’en entretenir la Société ; il avait conclu aussi que c’était une objection bien forte contre l’hypothèse des courants -, car on ne peut pas concevoir que, selon l’exposition, ils s’élèvent plus ou moins sur les flancs des vallées. M. Constant Prévost admet que les stries des galets sont ra¬ pidement enlevées dans les torrents ; mais il demande cependant combien de temps cette opération peut exiger. M. Agassiz répond que M. Favre a observé sur les bords de l’Arve, en amont de Genève, une moraine calcaire, à galets rayés, que la rivière ronge. Il a pu examiner les galets trans¬ portés de cette manière après chaque saison de crue, et n’en a pas retrouvé un seul , à cinq quarts de lieue, qui ne fût entiè¬ rement dépoli. M. Martins rappelle l’expérience de M. Collomb, qui a mis dans un tonneau roulant sur son axe de l’eau et des galets , et qui a rapidement effacé ces stries, tandis qu’il a vainement offert une récompense à celui de ses ouvriers qui lui rapporterait un galet de torrent strié, et portant les traces terreuses de fond de glacier. M. Constant Prévost demande s’il ne serait pas dangereux d’isoler un caractère et de s’en rapporter uniquement à lui. M. Agassiz répond que cela est évident que ce qui compose les phénomènes glaciaires, c’est la réunion de tous les ca¬ ractères qu’il a signalés-, ce qui ne diminue en rien la valeur des caractères isolés , lorsqu’ils sont bien étudiés. M. de Verneuil dit que dans la Scandinavie, on trouve les (Y) Desor, 1842-1843 , Léonhard et Bronn, coupe longitudinale. 422 SÉANCE DU 6 AVRIL 1846. blocs sur des galets; mais que là on ne trouve pas de galets slriés; sur les osars, il y a un mélange complet de plusieurs roches. M. Àgassiz répond qu il n a pas vu la Scandinavie, mais qu’il a visité l’Écosse et l’Irlande, et qu’il y a trouvé le galet strié en abondance, ce qui n avait pas été observé avant lui. M. Dufrénoy lait à l’hypothèse de l’extension des glaciers cette objection, qu’avec une faune très semblable à celle que nous avons aujourd’hui, on ait eu une extension des glaciers qui devrait faire supposer une température de beaucoup infé¬ rieure à celle actuelle. M. Grange répond que par des modifications climatolo¬ giques portant sur i hygrométricité de l’atmosphère et sur les températures moyennes extrêmes de l’été et de l’hiver, on peut arriver à des modifications qui, sans changer ou en changeant très peu la température annuelle , peuvent entraîner une grande extension des glaciers. M. Agassiz ajoute : Je me suis procuré des centaines de co¬ quilles du Groenland, et j’ai pu constater leur identité parfaile avec celles du loera des environs de Glascow , auxquelles M. Smith avait déjà assigné un caractère arctique. La même chose se retrouve dans le loem de la vallée du Rhin , d’après M. Brunet ; dans celui de la vallée du Danube, d’après des co¬ quilles remises à M. Brun par M. Leblanc. Dans les cavernes à ossements, Cuvier cite des ossements de rennes , etc. lous ces faits paraissent concourir à faire reconnaître une faune arctique dans la zone tempérée, correspondant avec la grande extension des glaciers, qui a produit le phénomène erra¬ tique. M. de Roy s, à 1 appui des observations précédentes, rappelle que l’étage supérieur du crag, que M. Lyell a nommé crag de Aorwich , a présenté 92 espèces de mollusques, dont 48 encore vivantes. Une partie de ces dernières se trouve aujourd’hui dans la mer du Nord ; mais le plus grand nombre n’a été rencontré que dans les mers de Norvège, d’Islande et du Groenland. Le froid était donc beaucoup plus intense à l’époque de ce dépôt vers cette latitude, qu’il ne l’est maintenant. M. Pomel fait observer que le Renne trouvé à l’état fossile a SÉANCE DU 6 AVRIL 18Z|<5. h 23 été considéré comme une espèce différente du Ceivus tarandus par M. de Christol y et comme les Gerfs habitent toutes les Jatisr tudes, la seule analogie avec une espèce arctique du genre ne serait qu’un fait de bien faible importance à invoquer en faveur de la théorie des glaciers. Mais comme il a reconnu que le fos¬ sile ne pouvait pas être différencié du vivant, ainsi qu’il l’a dit dans un Mémoire communiqué récemment il la Société, et comme l’avait antérieurement annoncé M. Puel, on ne peut pas trouver de preuve plus patente de l’existence, jusque dans les parties les plus méridionales de l’Europe, de températures ana¬ logues avec celles de la zone boréale } et de plus, comme cette es¬ pèce se trouve presque dans tous les terrains qu’on nomme diluviens, on ne peut pas admettre que ce fait soit dû à des cir¬ constances locales. 11 fait aussi remarquer qu’on peut citer beaucoup d’autres espèces dont l’habitat de nos jours est identique avec celui du Renne, et qui cependant l’accompagnent dans les mêmes gise¬ ments. Les Arctomys , les Ci t il lus , les Lagomys , le Glouton, sont dans ce cas • la prodigieuse abondance des Ours à la même époque ne s’observe aujourd’hui que dans les contrées boréales. Les genres d’aspect tropical, Eléphant, Rhinocéros, Hyènes, K élis , ne présentent que des espèces perdues, dont on ne peut préjuger les mœurs -, et , du reste , les deux espèces des premiers genres viennent même nous apprendre qu’elles ont été créées pour des climats rigoureux, dont devait les garantir la toison épaisse qu’on leur a reconnue. M. de Yerneuil ajoute à ses observations précédentes que si, dans le sud de la Suède et dans les plaines de Russie, les blocs erratiques offrent un mélange de roches très différentes , ce mé¬ lange diminue à mesure que l’on s’avance vers le Nord , et que dans la Dalécarlie, et surtout vers les lacs Siljan et Venjan, le diluvium est tout local et la surface du sol couverte de nom¬ breux blocs anguleux, appartenant aux roches sous-jacentes. M. Fauverge croit qu’un pareil abaissement de température dans ces parties de notre zone a dû nécessairement avoir lieu (Mi hiver, lorsque cette saison régnait dans l’hémisphère septen¬ trional, pendant que la chaleur des étés , durant cette longue 424 SÉANCE I)U 6 AVRIL 1846. période, y était aussi plus intense, mais quelle n’a pas dû empêcher les glaciers d’occuper beaucoup plus d’étendue qu’ils n’en occupent aujourd’hui. M. Dollfus Ausset décrit un procédé qu’il a vu pratiquer dans les \osges pour fendre un bloc en deux ; il le croit assez peu connu et assez utile aux géologues pour mériîer une descrip¬ tion. On sait, dit-il , que pour rompre les granités on se sert de la force expansive du bois sec, qu’on introduit dans les fentes qu on a pratiquées et qu’on mouille ensuite. L opération que nous avons vu exécuter est fondée sur un autre principe : c est pour ainsi dire une forte presse hydrau¬ lique qu on parvient à se procurer immédiatement, et avec la¬ quelle on fait éclater la pierre. On pej ce un trou dans le bloc, on y verse de l eau, on met dessus un tampon de toile, on pose par-dessus le fleuret qui a servi à faire le *rou , on applique quelques coups de marteau sur sa tête-, la pression, le choc exercé sur la tête du fleuret se répartit sur les parois, et la pierre se fend. Plusieurs trous pa¬ reils peuvent être faits, et déterminer la fente dans le sens qu’on le désire, en réglant convenablement les coups. M. Le Blanc fait observer que pour expliquer comment on ob¬ tient le même effet , quant à la fente des pierres , soit avec de la poudre pure, soit avec un mélange de poudre et de sciure de bois, soit avec un noyau solide placé au milieu de la charge, tandis qu’on ne l’obtient plus, quant à la projection des débris dans les mines pratiquées sous la terre, il avait comparé l’effet initial de la poudre, celui qui fait fendre les pierres, à une presse hydraulique, dont l’effort est très grand tant qu’il n’y a pas augmentation de la capacité qui contient l’eau , et qui cesse ensuite presque aussitôt si ce volume augmente. (Mémorial de V officier du génie , t. VII.) Les expériences de M. Dollfus viennent réaliser cette hypo thèse théorique. M. Virlet communique la note suivante ; SÉANCE DU 6 AVRIL J 8/[<> . llTô Sur le gisement du titane rutile de G ourdou ( Saône-et-Loire ) et les noyaux de quartz qui C enclavent , par M. Virlet d’Aoust. L’étude des filons de quartz et autres matières éruptives qui tra¬ versent et injectent dans tous les sens les roches stratifiées d’une partie de la chaîne du Forez et des montagnes d’entre Saône et Loire , m’a fait reconnaître que les nombreux noyaux lenticulaires de quartz enclavés de différentes manières au milieu de ces roches sont, depuis les plus petits jusqu’aux plus volumineux, non, comme le pensent encore quelques géologues, le résultat d’une segrégation , mais bien d’injections qui se lient à celle des filons proprement dits. Depuis que j’ai énoncé d’une manière générale cette opinion (1), M. Fournet, par une série de détails curieux, est aussi venu , de son côté (2) , éclairer cette question , non moins intéressante pour la minéralogie que pour la géologie. En effet, ces masses injectées ont souvent donné lieu à une mi¬ néralisation toute particulière , soit par la simple cristallisation des substances souvent très variées qui les accompagnent , soit en favo¬ risant celle des matières qui composaient primitivement les roches ambiantes, soit enfin en déterminant entre les éléments originaires de celles-ci et ceux qui venaient s’y ajouter la formation d’espèces minérales nouvelles, Le titane rutile appartient à cette minéralisation d’injection. Déjà, en 1829, j’avais reconnu que dans l’île de Syra cette sub¬ stance minérale se trouvait enclavée dans les filons de quartz (3). Depuis, j’ai eu occasion de la rencontrer également à Villeneuve - en- Montagne, mais toujours détachée de sa gangue; et comme , d’un autre côté , j’avais remarqué que tous les échantillons prove¬ nant de Gourdori se trouvaient aussi constamment isolés, j’ai voulu reconnaître à quoi tenait cette particularité , et vérifier en même temps si Y habitus y était le même qu’en Grèce. Le Champ-Dubos , où les amateurs vont rechercher le titane oxydé qu’on trouve à la surface du sol, surtout après une dénu¬ dation pluviale , dépend du hameau de Montbretange , commune de Gourdon ; il est situé au N. magnétique de l’église , au milieu (1) Sur les filons en général , etc. Bull, de la Soc. géol. , t. 1*' , 2® série, p. 833. (2) Sur l'étude d'une certaine classe de filons , etc. Ann. de la Soc. d'agr. de Lyon (1845). (.3) Géol. etMin.de la Marée et des (les de V Archipel , p. 65. A20 SÉANCE DU (3 AVRIL 1840. d’une bande schisteuse gneissique dont la direction est S. -O. N.-E., et sur laquelle se trouve également le village de Villeneuve. Les couleurs dominantes des roches de cette bande, souvent injectée de nombreux noyaux et filons de quartz et de pegmatite , sont le gris bleuâtre et le gris argentai ; mais dans la partie supérieure du champ a titane , le mica de ces roches prend, dans la direction du JN. vrai et sur une étendue de plusieurs centaines de mètres, une couleur jaune dorée qui se communique au sol , et que j’ai natu¬ rellement été porté à regarder comme le résultat d’influences tita- liifères. Ce n’est pas sans peine que je suis parvenu à bien constater le véri¬ table gisement de titane de Gourdon , et à reconnaître que c’était aussi le quartz qui lui servait de gangue ; la cause de son isolement habituel dans cette localité tient à ce qu’en surgissant le quartz s’est mélangé avec une partie des éléments micacés du sol, qui y déterminent une multitude de faux joints: or, comme les noyaux de titane se sont précisément formés vers les points où le uiica était le plus abondant , celui-ci , toujours doré comme dans, la paytie du terrain qui vient d’être signalée , forme des espèces d’enveloppes qui isolent le titane du quartz : un simple choc du marteau ou de la charrue suffit pour diviser la masse, et c’est alors que le minéral s en détache. Ce titane est quelquefois tellement lié au mica, que les lames de l’un semblent n’etre que la prolongation et la transformation de celles de l’autre : aussi n’offre-t-il que très rare¬ ment des formes prismatiques bien arretées, et se présente-t-il presque toujours en niasse amorphe. C’est peut-être à des circonstances de cristallisations analogues <[ue sont en partie dues les variations de densité des différents ti- t mes oxydés, qui tiendraient ainsi plutôt à des mélanges acciden¬ tels qu’à des différences de composition ; c’est du moins ce que l’on pourrait induire des différentes pesées faites par le jeune et savant chimiste de la manufacture royale de porcelaine de Sèvres, M. Alpli. Salvétat ; car un cristal prismatique de rutile de Villeneuve, pesant 6yr,411, a offert , à la température de là0 centigrades . une pesan¬ teur spécifique de 42,3.52 , tandis que brisé en deux, l’un des frag¬ ments a donné une pesanteur spécifique de 42,371, et l’autre de 42,455. 11 est évident que c’est ce dernier chiffre qui doit le plus s’approcher de la pesanteur spécifique absolue de ce minéral. Un fragment de titane de Gourdon , débarrassé du mica qui y était adhérent, par sa fusion opérée dans le grand four à porcelaine, a donné à 2,41 4 pour pesanteur spécifique. Voici le résultat des analyses de ces titanes , faites par M. Salvé- SÉANCE DU (3 AVRIL 18/j(). 427 tat, d’après le procédé employé par *31. Saint-Yrieix : Damour pour celui de Gourdon. Villeneuve. Acide titanique. . . . 0,9796 0,9847 Oxyde ferrique .... 0,0196 0,0072 Perte de manipulation. 0,0008 0,0081 1,0000 1,0000 Le Secrétaire lit des observations de M. A ch. de Zigno sur les terrains crétacés des Alpes vénitiennes ; mais ce Mémoire ayant déjà été publié en italien dans le tome VI des Nouveaux Mé¬ moires de V Académie de Padoue, les conclusions peuvent seules être reproduites ici. « Ayant ainsi taché de démontrer, dit 31. Zigno, comment le marna.) nwjolica représente chez nous le terrain néocomien et se rallie par les fossiles avec celui du bassin de la Provence, j’aurai par cela précisé dans quel groupe de la formation crétacée il doit avoir sa place , et facilité l’étude des autres bancs crétacés ; car les observations et les faits que je viens d’exposer tendent à démontrer : » 1° Que la scaglia marneuse rouge n’a aucun rapport avec le calcaire rouge ammonitique couché sous le Biancone ; » 2° Qu’entre la première et le Bianconc il y a une scaglia grise avec fucoïdes et le calcaire nummulitique crétacé, dont la place se¬ rait ainsi fixée immédiatement au-dessus du marmo mctjolica (1) ; » 3° Que le Biancone forme l’étagei inférieur de notre système crétacé, et renferme une faune qui l’égale au terrain néocomien de la Provence et du Dauphiné ; » A0 Qu’enfm le Biancone , ou marmo ma joli en , étant assez bien développé en Lombardie et dans les provinces vénitiennes, on peut établir par là un point étendu de comparaison et un horizon bien marqué pour l’étude des dépôts qui l’accompagnent. » Le Secrétaire donne lecture de la note suivante de M. Delesse. Notice sur quelques produits de décomposition des minerais de cuivre , parM. Achille Delesse, ingénieur des mines. La plupart des mines de cuivre qui sont exploitées depuis un certain nombre d’années présentent divers produits de décom- ( I) M. de Collegno vient aussi d’établir pour la Lombardie cette même succession de couches. A 28 SÉANCE DU 6 AVRIL 18/fG, position contenant du cuivre , et dont la formation se continue tous les jours ; ils se déposent le plus ordinairement autour des puits et des galeries d’exploitation , comme le font les stalactites , ou Bien quelquefois ils sont entraînés et tenus en suspension à l’état gélatineux dans les eaux qui sortent des mines. Ayant reçu de MAI. 13 ura t (1), Descloizeaux et Bertrand de Lom , une collection de ces divers produits cuprifères , provenant des mines de Tem¬ pe 11 no en .Toscane et de Saint— Marcel en Piémont , j’ai pensé que quelques recherches sur leur composition chimique ne seraient pas dénuées d’intérêt. Quand on vient à examiner les produits stalactiformcs , on re¬ connaît qu ils sont formés de couches concentriques très minces. Lue même couche est en général homogène; mais les couches suc¬ cessives ont des couleurs diverses, et à ces différences de couleurs i oi respondent des différences dans la composition chimique. Sous le rapport de la couleur, aussi bien que delà composition, on peut établir deux catégories dans les produits qu’on rencontre le plus oïdinaireinent dans les mines que nous avons mentionnées ci-dessus : la première comprend les produits dont la nuance varie du blanc bleuâtre au bleu de ciel , au bleu verdâtre et au vert; la seconde comprend ceux qui sont noirs ou bruns-noirs. Un même morceau peut du reste présenter la réunion de toutes ces variétés Première catégorie. — On a d’abord fait l’analyse chimique ^ 1 2 * , j » Matière organique . » 0,6 )) » Si l’on fait abstraction du cai bonate et du sullate de chaux ainsi ue des diverses substanc “es acci dentelles q li sont mélangées, on SÉANCE DU 6 AVRIL 1 846. A 31 voit par ce tableau que pour les deux mines dont nous avons parlé, les produits modernes de décomposition , dont la couleur varie du blanc bleuâtre au bleu et au vert , sont tous des h ydrosi lira tes d\v- • */ lamine et iX oxyde de cuivre . L’examen de ces substances, surtout de celle désignée sous le n° 3, montre bien que l’oxyde de cuivre y entre à l’état de combi¬ naison, et c’est ce qui résulte, du reste, de la calcination, de l’ébul¬ lition dans l’eau, et de la séparation delà silice, ainsi cpie de l’a¬ lumine à l’état demi-gélatineux quand on fait digérer la substance avec du carbonate d’ammoniaque. Mais il y a en outre de la si lie e et même de l’alumine qui peu¬ vent accompagner l bydrosilicate à l’état de mélange : lorsque la couleur de la substance est pâle , d’après les analyses qui précè¬ dent, elle contient plus de silice et moins d’oxyde de cuivre. Ces mélanges de substances, qu’il est impossible de séparer du composé , à cause de son instabilité , et parce qu’il est immédiate¬ ment décomposé par la potasse , rendent très difficile la détermi¬ nation de la formule de l’hydrosilicate d’alumine et de cuivre qui se forme dans ces circonstances : cependant on peut essayer d’y arriver d’après l’analyse III qui a été faite sur une substance un peu transparente , et qui ne paraissait pas présenter de mé¬ lange. Si l’on retranche le carbonate de cliaux , et si l’on suppose qu’une partie de la silice peut remplacer l’alumine dans le rôle d’acide qu’elle joue par rapport à l’oxyde de cuivre , ou plutôt qu’elle est en excès à l’état de mélange dans le minéral, on trouve que les résultats de l’analyse III ne seraient pas très éloignés de la for¬ mule Si Cu -f Al Ca -f 10 H. Le calcul de cette formule, mis en regard des résultats de l’ana¬ lyse III, donne , en effet : E*pC'rienre. Rapports Calcul. Silice .... 21,08 1,9 U soit 3 17,31 Alumine . 17,83 1,556 3 19,26 Oxyde de cuivre. 28,37 1 ,000 2 29,72 Eau . 32,72 5,023 10 33,71 1 00,00 1 00,00 On pourrait alors admettre que tous ces produits de décompo- SÉANCE Dli 6 AVRIL J 8/| G. /i32 sition sont principalement formés par un silico-aluminate de cuivre hydraté ayant pour formule S / Cm — j — A / Cm -f- 10 If , et qu’ils peuvent être mélangés de diverses proportions d’eau hy¬ grométrique de silice, et peut-être même d’alumine. Deuxième catégorie. — Il reste maintenant à parler d’une deuxième catégorie de produits de décomposition des mines de cuivre; ce sont ceux qui sont noirs ou bruns-noirs. Il y en a qui sont noirs compactes et qui ont un éclat gras ré- sinoide ; pulvérisés, ils donnent une poudre brune; tantôt ils pré¬ sentent des couches parallèles , semblables à celles des stalactites, et tantôt, au contraire , ils forment de petites taches isolées, dis¬ posées d’une manière très irrégulière au milieu des produits pré¬ cédents. On n’a pas fait une analyse de cette dernière variété ; mais on a reconnu, à l’aide du chalumeau, qu’elle fond avec facilité, et qu’elle ne contient ni chlorure ni soufre ; elle se dissout dans le sel de phosphore, en laissant cependant un squelette de silice ; avec le carbonate de soude, elle fait effervescence, et on a un squelette qui nage dans la perle ; dans le borax , la dissolution se fait d’une ma¬ nière facile. Avec tous les réactifs fqui précèdent on a d’ailleurs des phénomènes de coloration qui indiquent la présence d’une grande quantité de cuivre. Ainsi la substance contient encore de la silice , de l'alumine, de I oxyde de cuivre; mais il est possible qu’ici les matières ne soient plus à l’état de combinaison , et qu’elles se trouvent seulement à l état de mélange ; c’est ce que semblerait indiquer leur couleur noire , qui doit être attribuée sans doute à de l’oxyde de cuivre libre et anhydre. On a encore examiné une variété du produit précédent, qui forme des couches spongieuses , pulvérulentes , tachant fortement les doigts, et ayant une couleur brune foncée; elle était recou¬ verte , même complètement entourée par des couches d’un vert bleuâtre , qui devaient être d’une origine postérieure. La substance ne paraît pas présenter une grande homogénéité ; car, au milieu des parties pulvérulentes, on aperçoit des parties moins compactes, à éclat résineux , et qui appartiennent à la pre¬ mière variété dont nous venons de parler. Ses propriétés , au cha¬ lumeau , sont identiques avec celles déjà décrites antérieurement, bile donne une coloration bleue quand on la met en digestion SÉANCE DU 6 AVRIL 1846. £33 avec le carbonate d’ammoniaque ; ellé est attaquée àyec vivacité par les acides, et , avec l’acide liydrochlorique , on a un abondant dégagement de chlore ; la silice gélatineuse qui reste conserve la forme concrétionnée qu’avait la substance. L’examen de !a dis¬ solution fait voir quelle contient une très grande proportion de manganèse. Une analyse quantitative , exécutée sur de la matière préalable¬ ment desséchée , a donné : Silice . 85,33 Oxyde de cuivre. . 6 ,66 Oxyde de manganèse.) -, Alumine et fer . .} 64 >96 Carbonate de chaux. . 2 ,51 Magnésie et soude. . . 0 ,14 Eau . 17,40 On n’a pas dosé l’oxyde de manganèse; mais , en le séparant , on a reconnu qu’il formait plus des trois quarts du précipité ; l’autre quart était de l’alumine , et il n’y avait que des traces de fer. Un deuxième essai , exécuté sur de la matière prise sur la même couche de stalactite, a donné pour la quantité de silice 7,49; elle ne paraît pas être constante , ainsi que cela a déjà été observé pour les substances précédentes. En résumé, on voit, d’après ces essais, que les produits de la deuxième catégorie , qui se trouvent plus particulièrement dans l’intérieur des stalactites, sont formés d’oxyde de cuivre anhvdre ou d’oxyde de manganèse hydraté , suivant qu’ils sont noirs ou biuns; ces oxydes sont mélangés en diverses proportions avec de la silice et de l’alumine. La présence de la magnésie et de la soude qui accompagnent l’oxyde de manganèse , fait voir que le mode actuel de formation doit avoir de l’analogie avec celui qui a produit l’oxyde de man¬ ganèse qu’on trouve dans la nature , lequel est presque toujours accompagné de bases, comme la baryte et la potasse. Les hydrosilicates de cuivre des divers terrains sont des produits de décomposition. — L’examen des échantillons d’hydrosilicate de cuivre qui se trouvent dans les divers terrains et dans les mines en exploitation , aussi bien que dans les principales collections de minéralogie de Paris , et en particulier dans celles du Jardin du Roi et de l’Ecole des mines , m’a fait voir qu’ils présentent tous la plus grande ressemblance avec les produits de décomposition Soc. géol. , 2e série, tome III. 28 h 3/i SÉANCE DU 6 AVRIL 1 8/|(5 . ont nécessairement la même origine; car, quand on examine les hyd rosilieates qui se trouvent dans les liions, ils ne se présentent pas dans des druses ou des géodes , à la manière , par exemple , des zéolithes dans les roches basaltiques: en sorte que, même en taisant intervenir la pression, il ne serait guère possible de conci¬ lier leur formation avec la théorie ignée des filons ; mais on peut en quelque sorte avoir des preuves directes de leur mode de for¬ mation. En effet , il est facile de reconnaître , sur un grand nombre d’entre eux , les ondulations et la forme extérieure des stalactites ; ils ont aussi une cassure cireuse et grasse ; ils présentent des enduits et des mamelons déposés sur des roches d’origine plus ancienne. Quelquefois même on peut y observer nettement des parties testa- céesetdes couches concentriques qui se distinguent très bien par des différences dans la couleur. De même que dans les stalactites cuprifères modernes, les par¬ ties intérieures sont souvent pulvérulentes, farineuses et beaucoup plus friables que les parties extérieures, qui sont ondulées et ré¬ sistantes. fl y en a qui paraissent cariées comme la meulière : c’est ce qui a lieu, par exemple, pour la sommervillite , comme l’indique M. Berthier, et aussi pour quelques échantillons du Chili : or, ce résultat doit se produire dans les stalactites, lorsqu’au milieu des parties compactes sont intercalées des parties pulvérulentes qui disparaissent ensuite ; on peut observer, en effet , cette structure cariée sur quelques échantillons de la mine de Teinpérino. On voit donc , par ce qui précède, que la structure montre une analogie complète entre les produits modernes des mines de cuivre et les hydrosilicates de cuivre qu’on trouve dans les fdons ou dans les différentes formations stratifiées; et c’est ce qui résulte aussi de la couleur ; car, de même que les produits modernes, ils pré¬ sentent toutes les nuances depuis le blanc légèrement bleuâtre jus¬ qu’au vert , leur couleur tirant , toutes choses égales , d’autant plus sur le vert qu’ils sont plus desséchés et renferment une moindre proportion d’eau. Î1 y en a, comme la sommervillite (1) , qui jouissent d’une propriété analogue à celle de l’hydrophane, et deviennent transparents dans l’eau : or, on a constaté que la variété moderne de Teinpérino, analysée sous le n° 111, présente cette pro¬ priété comme la sommervillite. (0 Berthier, t. Il , p. 449. / SÉANCE DU 6 AVRIL 18 Enfin , sur un grand nombre d’échantillons , on peut observer des parties noires ou brunes , ayant un éclat gras , une cassure ré¬ sineuse, et se trouvant surtout à l’intérieur des échantillons où elles sont recouvertes par des parties bleues ou vertes, comme nous l’avons observé dans les stalactites cuprifères modernes. Ces parties résineuses et ternes , qui sont quelquefois accompagnées de den- drites de manganèse , sont disposées , soit par taches , soit par couches, dans les hydrosilicates bleus ou verts; elles sont identi¬ ques , pour l’aspect , pour les propriétés physiques et pour la com¬ position chimique , avec les produits modernes de la deuxième catégorie, que nous avons examinée précédemment, et, comme eux , elles 11e présentent pas d’homogénéité. On retrouve donc les deux catégories de produits que nous avons distinguées dans les substances qui se forment encore de nos jours par décomposition dans les mines de cuivre. Par conséquent , d’après ce qui précède, la structure et la composition démontrent que l’origine est la même. Du reste, n’est-ce pas ce qui semblerait indiquer aussi la diver¬ sité des résultats obtenus dans les analyses des hydrosilicates de cuivre? car si l’on fait exception pour la dioptose , pour le cuivre hydrosiliceux de Haüy (1), qui est cristallisé, et aussi pour le à iesel m alach i te et la sommervillite , dans l’analyse desquels M. Berthier (2) a pris soin d’enlever la silice en excès par une dis¬ solution de potasse, et n’a opéré que sur la portion qui parait avoir résité à l’action de l’alcali, chaque analyse nouvelle d’un hydrosilicate de cuivre crée un minéral nouveau. On pourrait multiplier en quelque sorte indéfiniment les espèces, en faisant l’analyse d’hydrosilicates qui , à cause de leur uniformité de cou¬ leurs, semblent homogènes, et qui présentent toutes les nuances depuis le blanc bleuâtre jusqu’au vert. D’après cela , il semble donc assez naturel d’admettre qu’il y a mélange d’un hydrosilicate de cuivre avec diverses proportions de silice ou d’alumine , ou avec des argiles , ainsi que cela a lieu pour les produits modernes qui prennent naissance actuellement par décomposition dans les mines de cuivre , et par conséquent le mode de formation a dû être le même. (1) Haüy, Minéralogie, III , p. 471 Prisme rhomhundal droit dont les angles sont 103° 20';et 76” 40'. Peut-être même y a-t-il eu er¬ reur dans sa détermination, car cette espèce minérale n’est pas repro¬ duite dans des ouvrages de minéralogie postérieurs. (2 ) .Ann. de chimie , t. LI, p. 402. A3Ô SÉANCE DU 6 AVRIL 18/lG. Cette coud nsi on s’accorde aussi avec le mode de gisement des. hydrosilicates de cuivre; car quoiqu’on les trouve dans les filons , l’observation a appris qu’ils sont accompagnés de pyrite et de sul¬ fure de cuivre, de cuivre gris, et qu’ils sont surtout abondants dans les parties les plus rapprochées de la surface ; avec eux il y a de plus du carbonate de cuivre, qui a dû se former par l’action de l’acide carbonique de l’air sur l’oxyde de cuivre provenant de la décomposition des pyrites, tandis que l’hydrosilicate de cuivre prenait naissance par la combinaison de cet oxyde avec la silice. Du reste , la structure conerétionnée et testacée que présente dans un grand nombre de cas le carbonate de cuivre, et surtout la ma¬ lachite , qui est employée dans la bijouterie, démontre que c’est à des effets de décomposition qu’on doit attribuer son origine. On rencontre bien aussi les hydrosilicates de cuivre dans les terrains stratifiés, principalement dans les grès, dans les grès rouges , dans la weisliegende , à sa partie supérieure et immédiate¬ ment au-dessous du kupferschieffer, qui contient surtout des py¬ rites de cuivre , et enfin dans le grè bigarré ; mais dans tous ces gisements, l’hydrosilicate est accompagné de minéraux dans les¬ quels le cuivre est combiné avec le soufre , et comme il ne peut s être formé par voie de sublimation , il résulte évidemment de leur décomposition et d’infiltrations produites par les eaux ; en meme temps , il est toujours accompagné de carbonate de cuivre , qui s est formé par l’action de l’acide carbonique de l’air. Mais on a une preuve plus concluante de ce qui vient d’être dit ci-dessus en examinant les substances qui accompagnent ordinai¬ rement les hydrosilicates de cuivre. Quelles sont, en effet, ces substances, qui tantôt sont intimement mêlées à l’hydrosilicate , et tantôt sont séparées à l’état cristallin? Ce sont , comme l’examen d un très grand nombre d’échantillons nous l’a appris , les carbo¬ nates de chaux et de cuivre , les arséniates et les phosphates de cuivre , les sulfate de chaux et de plomb , l’oxyde noir de cuivre , les oxydes de fer et de manganèse , mais surtout la silice. Or, nous avons vu que presque toutes ces substances accompagnent aussi les produits modernes de décomposition qui se forment dans les mines de cuivre , et que de plus elles se trouvent absolument au même état. En effet , la silice se présente presque toujours avec les hydro¬ silicates de cuivre. Quelquefois elle est en état de calcédoine bo- tryoïde , comme cela s’observe sur des échantillons du Chili , ou bien à 1 état de quartz ; mais le plus souvent elle est intimement mêlée dans la masse de 1 hydrosilicate , à l’état de silice immédia- SÉANCE DU 6 AVRIL 1846. h 3? fcement soluble dans la potasse : c’est çe qui a été constaté pour plusieurs hydrosilicates , et principalement pour diverses variétés de kieselmalachite , ainsi que l’a fait observer M. Berthier. L’oxyde de fer accompagne comme gangue un très grand nombre d’échantillons; il paraît même pouvoir former des com¬ binaisons avec la silice et l’oxyde de cuivre, comme dans l’ hy¬ drosilicate brun de Sibérie qui a été décrit et analysé par M. Da- mour (1); c’est lui aussi qui, en combinaison avec les mêmes substances, forme la variété rare connue par les mineurs et les mi¬ néralogistes sous le nom de cuivre hydraté résinite. L’cxyde noir de cuivre et l’oxyde de manganèse se rencontrent aussi très fréquemment, ainsi que nous l’avons déjà signalé. Tls forment des taches noires irrégulières , de petits amas friables et pulvérulents , ou bien encore des couches noires ou brunes con¬ centriques aux couches bleues. Ces oxydes sont le plus souvent ac¬ compagnés de silice intimement mélangée avec eux , et qui pré¬ sente l’aspect corné qu elle prend quand, étant à l’état gélatineux, elle a été desséchée lentement sur un filtre; c’est elle qui leur donne un éclat résineux. Le carbonate de cuivre est souvent cris¬ tallisé, et l’on conçoit qu’il a dù se former par l’action de l’acide carbonique de l’air; sa structure concrétionnée démontre d’ailleurs qu’il est produit à la manière des stalactites. Le carbonate de chaux entre à l’état de mélange dans un grand nombre d’hydro¬ silicates , comme le démontrent les diverses analyses qui en ont été faites, et qui sont rapportées dans le Manuel de minéralogie de Rammelsberg (p. 3à0). Il forme quelquefois aussi des cristaux sur l’échantillon. Le sulfate de chaux qui se trouve dans les produits modernes a été signalé dans des analyses de chrysocolle faites par John (2); et certains échantillons présentent du sulfate de chaux et du sulfate de plomb cristallisés, ainsi que des arséniates et des phosphates de cuivre. Ainsi les substances qui accompagnent ordinairement les hydro¬ silicates de cuivre sont celles qu’on retrouve dans les produits modernes de décomposition des mines ds cuivre de Tempérino et de Saint-Marcel. 11 ne faut pas même en excepter l’alumine; car bien que le cui¬ vre hydrosilicaté proprement dit n’en contienne que quelques centièmes , on la retrouve avec abondance dans les allophanes eu- fl) Annales des mines de 1 837. (2) Beudant , t. II , p. 1 93. v 438 SÉANCE DU 6 AVRIL 1846. pr itères, qui ne sont évidemment qu’un cas particulier du phéno¬ mène de décomposition qui donne naissance aux produits dont nous nous occupons en ce moment. L allophane s attaque toujours avec gelée par les acides comme les pioduits cuprifères modernes, et elle contient ordinairement du cuivie qui parait être a 1 état d’hydrosilicate ; du reste , les ré¬ sultats très divergents obtenus dans les analyses de ce minéral , loisqu il contient du cuivre , sembleraient indiquer qu’il est mé¬ langé de silice et peut-être d alumine dans diverses proportions. L allopliane est egalement accompagnée de carbonate et de sulfate de chaux, de carbonate de cuivre, d oxyde de fer et de manganèse, ainsi que cela résulte de 1 examen que nous avons fait de quelques échantillons , et des descriptions des chimistes qui l’ont analysée. En résumant ce qui précède , on voit qu’il serait peut-être op¬ portun de ne pas regarder comme autant d’espèces différentes les nombi euses variétés d hydrosilicate de cuivre adoptées jusqu’ici ; cai leui nombre peut, pour ainsi dire, s’accroître indéfiniment. Vauquelin pensait déjà que c étaient des mélanges d’oxyde de cui¬ vie hydiaté avec la silice (1) ; mais il résulte de ce qui a été dit précédemment qu il y a incontestablement combinaison de la silice avec l’oxyde de cuivre et l’eau : seulement, les variétés que les hydrosilicates présentent dans la couleur tiennent à des pro¬ posions variables de silice mélangée , comme cela a été observé dans les produits modernes, et à la quantité d’eau ; car en les des¬ séchant , on peut les faire passer du bleu au vert. Il convient, par la même raison, de ne pas créer davantage des espèces minérales nouvelles pour désigner les parties noires ou biunes qui accompagnent l’hydrosilicate vert ; car ce sont des mélanges d’oxyde de cuivre , d’oxyde de manganèse et de fer avec de la silice , ou même de l'alumine avec de l’hvdrosilicate vert. J On voit aussi que les hydrosilicates de cuivre doivent être rangés, par rapport aux minéraux antimoniés et sulfurés de cui¬ vie, dans la classe de ceux que M. Haidinger appelle minéraux parasites (2). font porte même à croire que dans un grand nom¬ bre de cas , comme par exemple pour les terrains stratifiés , cela doit être étendu aussi aux substances que nous avons reconnu les accompagner d’une manière à peu près constante i et qui sont surtout l’oxyde noir, ainsi que les carbonates de cuivre. (1) Ann. de chimie , t. LXXXVI, p. 256. (2) Ann. des mines de \ 828. — 2« livraison. SÉANCE DU 6 AVRIL 18A6. h 39 Mode de formation. — Pour se rendre compte de la manière dont l’hydrosilicate de cuivre a pu se former dans la nature , on peut observer que , dans la plupart de ses gisements , le cuivre se trouve à l’etat de minerai sulfuré et surtout de cuivre pyriteux ; par l’action de l’air atmosphérique , les pyrites se décomposent, et le produit de cette décomposition est du sulfate de cuivre , qui , comme on le sait , sort en abondance des anciennes galeries , ainsi que cela a lieu dans les mines de Hongrie. Mais souvent aussi il arrive que ce sulfate, qui exerce des réactions acides, décompose les roches formant la gangue du minerai, à travers lesquellesil s’in¬ filtre ; il entraîne alors avec lui , ou même il dissout beaucoup mieux que ne le ferait de l’eau pure, la silice , l’alumine , les oxydes de fer, de manganèse, et les alcalis qui entrent dans la composition des roches qui ont été attaquées. Quand il rencontre du carbonate de chaux , il doit nécessaire¬ ment se produire un phénomène de double décomposition : du sulfate de chaux se précipite , et en même temps de l’hydrate d’oxyde de cuivre est déposé ; mais la silice et l’alumine qui étaient tenues en dissolution à l’aide du sulfate de cuivre , ne tardent pas à être déposées; la silice à l'état naissant se porte sur l’hydrate de cuivre, pour lequel elle a beaucoup d’affinité ; car on sait que, dans l’analyse d’un silicate de cuivre , il est très difficile de séparer les dernières parties d’oxyde de cuivre de la silice. On conçoit donc d’après cela la formation de l’hydrosilicate d’alumine et de cuivre ; on conçoit aussi la présence du carbonate de cuivre , celle du car¬ bonate et du sulfate de chaux , celle du sulfate de plomb et des oxydes de fer et de manganèse. Il peut encore se former des produits de décomposition conte¬ nant de l’hydrosilicate de cuivre avec du sulfate , comme cela ré¬ sulte d’une analyse faite par M. Bertliier sur un échantillon du Chili (1). 11 est du reste facile d’expliquer la formation desarsé» niâtes et même des phosphates de cuivre , par des phénomènes de double décomposition ou par des réactions analogues à celles qui on tété signalées récemment par M. Damour pour les arséniates (2). Souvent aussi on trouve du cuivre natif et du cuivre oxydulé, qui accompagnent des morceaux contenant de l’hydrosilicate : or, on pourrait se rendre compte de leur formation , en admettant qu’elle est due à la réduction de l’oxyde de cuivre par des matières orga- (1) Ann. des mines , 3e série, XIX, p. 698. :2) Ann. de chimie et de physique. 440 SÉANCE DU 6 AVRIL 1846. niques a I aide de la chaleur développée par la transformation des pyrites. Ou reste, la forme conerétionnée qu’affectent presque toutes ces substances est une preuve nouvelle de leur origine , et démontre qu elles sont des produits analogues aux stalactites , et quelles proviennent de la décomposition des pyrites de cuivre ; cette forme peut surtout s’observer très bien sur la malachite verte de Sibérie, qui sert aux objets d’ornements, et sur les oxydes de manganèse! bes parties brunes et noires se formeront quand l’oxyde de cui¬ vre déposé n’aura pas rencontré de silice ou ne sera pas combiné avec elle , et l’on conçoit qu’il pourra alors passer à l’état d’oxyde noir. D après les analyses qui précèdent , la liqueur qui produit es infiltrations doit dans ce cas contenir des bases en excès qui sont les oxydes de fer et de manganèse , lesquels sont mélangés avec la silice et 1 oxyde de cuivre; le mode de dépôt de l’oxyde de fer et de 1 oxyde de manganèse est du reste le même que dans le phéno¬ mène général de décomposition des roches dont M. Ebelmen (1 ) a entrepris l’étude, et dont le phénomène qui nous occupe n’est qu un cas particulier. M. le Vice-Secrétaire donne lecture de la lettre suivante de M. Toschi. Monsieur le Président , Permettez que je m’adresse à vous pour présenter à la Société que vous présidez si dignement, et à laquelle j’ai l’honneur d’ap¬ partenir, un catalogue de quelques débris fossiles d’animaux dé¬ couverts à différentes reprises dans le terrain subapennin des nvn o ns d Imola en Romagne, et cela dans le seul but d’augmenter e nombre des matériaux propres à servir aux savants qui s’occu¬ pent des sciences naturelles d’une manière complète et générale Vous me permettrez en même temps de saisir cette occasion de faire remarquer que ce catalogue; rédigé tout dernièrement pai M. Scarabelli , possesseur d’une partie de ces fossiles, et oui uneCdif! T T*! ^ 13 • ë0l0g‘e ^ S°n PayS ’ C*te entre au,les une defense d éléphant qui par son gisement , son état , et même pal ses dimensions, se trouve dans des conditions tout- à -fait analogues a une défense citée par M. Prémorel dans le Bull. ,1e. . fl) Ann. des mines de 1 8 45. SÉANCE DU 6 AVRIL 1846. 441 la Suc. géul. , année 1839-40 , page 165., et qu’il dit avoir décou¬ verte à Differdange. Le même terrain ensevelit à la fois tous ces différents fossiles , qui d’ailleurs sont disséminés par couches à différents étages ; ce terrain, par sa composition, qu’on trouve désignée dans le catalogue même , et par son étonnante concordance de stratification avec les marnes suhapennines , sur lesquelles il repose, ainsi que la pré¬ sence des coquilles marines d’espèces caractéristiques qui accom¬ pagnent toujours les ossements , ne laissent pas douter qu’il f-ne doive être considéré, sous lepointde vue de son époque géologique, comme un prolongement du terrain pliocène , qui , en avançant, va se cacher sous le diluvium dont on commence déjà à aperce¬ voir quelques blocs erratiques. L’étendue du pays dans lequel ces ossements se trouvent ense¬ velis n’est pas très grande , si on veut la comparer à ce qu’on entend ordinairement par le mot environs d’une ville , puisqu’on ne rencontre de pareils fossiles que du côté sud de la ville même, au-delà duSanterno, fleuve qui limite dans cette localité les der¬ niers prolongements des collines qui descendent par degrés de l’Apennin jusqu’à la grande plaine de la Romagne. C’est dans ce fleuve Santerno que vont aboutir les quatre ruisseaux le long des¬ quels on a déterré une partie de ces ossements , comme on peut le voir dans le catalogue , et c’est peut-être pour cela qu’un frag¬ ment de corne de cerf a été trouvé dans le fleuve même. Dans l’espoir de donner à la science quelque chose d’un plus grand intérêt , les recherches seront poussées avec plus d’ardeur si la Société veut bien accorder son indulgence à ce petit travail que je vous envoie, monsieur le président, avec les plus vives protes¬ tations d’estime et de respect. Ossements fossiles découverts dans les environs d’Imola , en Romagne. M2 SÉANCE DU 6 AVRIL 18/Ï6 SÉANCE DU 20 AVRIL 1846. 443 M. le Président donne lecture de la lettre suivante de M. Ed. Ruinart de Brimont, trésorier. Monsieur le Président , Des raisons de santé me forçant de quitter Paris , je me trouve dans la nécessité de résigner mes fonctions de trésorier de la So¬ ciété géologique de France. Je vous prie, en conséquence , de vou¬ loir bien accepter ma démission. Veuillez être assez bon , monsieur le président, pour exprimer aux divers membres qui avaient concouru à mon élection tout le regret que j’en éprouve. Agréez , je vous prie, l’assurance de ma considération la plus distinguée. Par suite de cette démission , MM. les membres de la Société seront ultérieurement convoqués pour nommer un nouveau trésorier. 1 Séance du 20 avril 1846. PRÉSIDENCE DE M. DE VERNEÜIL. M. Le Blanc, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance , dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, le Président proclame membre de la Société : M. Kaeppelin , imprimeur-lithographe, quai Voltaire, 15^ à Paris, présenté par MM. Viquesnel et de Verneuil. M. le Président annonce quatre présenta ions. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part de M. Alcide d’Orbigny , Paléontologie française Terrains crétacés y livraisons 109, 110 -, terrains jurassiques , livraison 37. De la part de M. Léopold Pilla, Breve cenno , etc. (Court 444 SÉANCE DU 20 AVRIL 1846. aperçu de la richesse minérale de la Toscane): in-8° 225 n Pise, 1845. J Comptes-rendus des séances de l'Académie des sciences ; 184,6 ? ler semestre , t. XXII , nos 14 et 15. L'Institut; 1846, n«s 640 et 641. L Echo du monde savant : 1846 nos 28 à 31 y» 1 - ' ^ ^ , janvier et février 1846. J he Athenœum ; 1846, n«s 963 et 964. The Mining Journal , 1846 , n° 556. ^letin official de minas de Espaha -, n° 35, 1er octobre 1845. Le Secrétaire pour l’étranger donne lecture de la noie sui- vante : A ote de M. L. Pdta indiquant le contenu de son ouvrage sur la richesse minérale de la Toscane. Le titre de mon ouvrage peut faire croire que son intérêt est pu- lement industriel ; cependant on y traite des questions qui touchent ce ties près aux théories de la science géologique. Dans la première partie j’ai donné la description de toutes les substances minérales utiles de la Toscane, de leurs gisements et des differents accidents qu’elles présentent. J’ai décrit le aisément très remarquable d’une houille assez semblable par sa composi¬ tion au canne! coal des Anglais , mais plus parfaite aussi et plus ri- che en charbon. Elle se trouve dans le terrain tertiaire moyen de Monte-Bamboli , dans la Maremma. J’ai discuté l’origine et la formation de cette substance très singulière , dont j’ai attribué la p t notion aux actions platoniques très récentes, qui ontaccidenté e so de la 1 oscane. J ai laità ce propos une remarque très curieuse, qui me semble de quelque intérêt pour la science, c’est le contraste happant qu il y a entre les terrains anciens de la Russie avec apparences récentes, et les terrains modernes à houille de la Tos¬ cane, qui ont une physionomie ancienne: j’ai aussi indiqué la cause évidente de cette différence , qui nous met à même de juger des forces qui ont fait varier les conditions originaires des dépôts sedimentaires ( Appendice , page 168). Je me suis arrêté principalement sur les riches dépôtsde minerais e ?U °n a découverts ces dernières années dans les fameux gu bon fie Toscane. Cette découverte a été une vraie conquête pour SÉANCE DU 20 AVRIL 18/|6. 4/jÔ la science et pour l’industrie ; la science en a profité beaucoup. En prenant connaissance du gisement très remarquable de ces dé¬ pôts, j’ai trouvé qu’ils forment de vrais filons, mais d’un ordre un peu différent de ceux qui sont connus en Allemagne et dans les autres parties du nord de l’Europe : ils tiennent intimement aux éruptions des roches ophiolitiques , dont ils ont constitué les acci¬ dents particuliers. J’ai tâché surtout d’éclaircir leurs affleurements à la surface des roches dans lesquelles ils sont encaissés. L’industrie a gagné infiniment à cette découverte, à cause de la grande ri¬ chesse de ces dépôts ; elle en tirera un avantage incalculable , si on considère le grand nombre de ces dépôis dont on voit les in¬ dices dans les nombreux ilôts de gabbri qui traversent le terrain hétrurien. Dans les montagnes de Campiglia et de Massa-Maritima le sol est comme criblé d’une infinité de puits et de galeries qui ont été creusés par les anciens pour l’exploitation des mines de cuivre et de plomb ; probablement ces exploitations remontent aux temps des Etrusques. L’étude de ces localités peut être d’un intérêt par¬ ticulier en Europe sous le rapport de Y archéologie des mines. J’ai fait connaître les minerais qui étaient l’objet des travaux anciens , et leurs gisements dans des filons pyroxéniques admirables et dans des roches de quartzites éruptives si surprenantes , qu’en quelques endroits elles ressemblent à des scories et jusqu’à des ponces de volcans. Les gîtes de minerais de mercure dans les Alpes Apuennes sont aussi une découverte toute nouvelle. J’ai donné une description un peu détaillée de ces dépôts , sur lesquels sont tournées les vues de plusieurs compagnies industrielles. 11 y a en Toscane des dépôts de minerais d’antimoine , qui sont exploités avec activité. Les plus intéressants sont ceux de Pereta dans le Massetano , remarquables par les superbes cristaux d’antimoine rouge épigène qu’ils four¬ nissent , et par leur gisement dans une espèce de solfatare , qu’on peut considérer comme un résidu des dernières actions plutoni- quesqui ont affecté le sol de la Maremma. Les marbres de la vallée de Seravezza dans les Alpes Apuennes sont peut-être les plus célèbres qu’on connaisse par leur variété. Ils sont précieux sous le rapport de l’industrie aussi bien que sous celui de la science. J’ai décrit les différentes espèces de ces marbres, les accidents qui les accompagnent , et surtout j’ai tâché de détermi¬ ner leur âge géologique précis. J’ai rattaché leur gisement à celui des marbres de Carrare : les uns comme les autres se rap¬ portent au lias de l’Apennin. Je dois ajouter ici que les marbres ÂA6 SÉANCE DU 50 AVRIL 18Â6. statuaires font partie exclusivement du lias; on ne les rencontré jamais dans la formation jurassique, qui est séparée du lias par des caractères de position et des fossiles bien tranchés; il semble que la première formation ait échappé à l’action métamorphique , qui a modifié la seconde. Je dois appeler aussi l’attention des géologues sur cette circonstance , qu’à partir du marbre statuaire du Monte-Altissimo on passe par des nuances insensibles au bian- coiot clinario , au bardiglio Jiojito , au bardiglio cnniune , jusqu’au marbre non de la vallee de la 1 eccliia et des montagnes d’Asciano dans les monts Pisans , qui par ses fossiles se lie d’un autre côté au mai bi e de Porto venere dans la Spezia; toutes ces variétés sont des suites d une même formation basique. J’attribue toutes ces nuances aux différents degrés de l’action que les causes métamor¬ phiques ont exeicee sur des calcaires imprégnés de matières char¬ bonneuses , il semble que ces matières ont été épargnées dans les calcaires noirs , que dans les bardigli çomuni elles ont été dissi¬ pées en pai tie ; dans les bardigli fioriti elles se sont évanouies en cei tains points plus complètement qn en certains autres; enfin on peut présumer qu elles ont été entièrement soustraites dans les mai bi es statuaires , et qu à cette circonstance on doit attribuer la cause de leur extrême purete. Les chimistes pourront chercher un moyen d expliquer ce transport d’une matière jugée fixe , que 1 inspection des faits rend très évident. Parmi les nombreuses pierres d’ornement de la Toscane, j’ai décrit les gisements des fameux albâtres de Volterra , des calcé- cédoines de Monte-Prufoli , qui fournissent les matières princi¬ pales aux célèbres travaux de mosaïque de Florence. J’ai donné aussi des notices sur les granités de décoration de l’Elbe. Sous la lubrique des substances acides et salines on a fait mention des sources salées ou des Moie de Volterra, qui fournissent tout le sel employé en Toscane ; ces sources jaillissent dans des argiles gyp- seuses miocènes. On a décrit les alunites très connues de Mon- tiom , qui dérivent par une modification incompréhensible des roches du macigno. Je me suis occupé surtout à donner des détails sur , la production de l’acide borique dans les célèbres Lagon i de Toscane. L’extraction de cette substance, qui, après bien des essais infructueux, est exécutée à présent par un procédé simple et ingé¬ nieux , est une pieuve nouvelle de la nécessité des sciences physi¬ ques; pour la prospérité des entreprises industrielles. Il était néces- saiie de faiie connaître les particularités de cette industrie unique en Europe, qui a émancipé les arts du tribut qu’ils payaient au commerce de l’Inde. SÉANCE DU 20 AVRIL 1 8/|6 . khi Les minéraux de curiosité scientifique ne forment pas la dernière branche de la richesse minérale de la Toscane. Les seuls minéraux de l’ile d’Elbe , qu’on a eu soin d’indiquer, figurent dans tous les musées de minéralogie publies et particuliers. La T oscane est un pays très abondant en eaux minérales. J’ai donné une liste des principales connues et de leurs propriétés physico-médicales générales. Il est digne de remarque que leurs sources se trouvent presque toutes dans la portion de ce pays qui a été le plus bouleversée parles actions ignées. J’ai jugé nécessaire de dire quelque cliose sur ‘les circonstances géologiques du sol toscan par rapport au creusement des puits artésiens : on trouvera aussi dans mon travail une notice sur les puits de cette nature qu’on a déjà perforés clans ce pays. Cette espèce de statistique minérale de la Toscane est terminée par un catalogue de tous les minéraux , des roches , des terrains et filons qui se trouvent dans ce pays: ce catalogue pourra toujours être utile à consulter. En dernier lieu j’ai procédé à une recherche tout-à-fait scienti¬ fique , qui ne manque pas d’avoir son application à la partie prati¬ que : c’est-à-dire j’ai examiné les causes géologiques qui ont produit l’accumulation de toutes ces substances minérales en Tos¬ cane. J’ai montré que ces causes peuvent être rapportées à trois sé¬ ries d’actions plutoniques , savoir : 1° Les causes métamorphiques qui ont opéré sur tes roches des Alpes Apuennes , en les modifiant dans de vastes étendues , et en y amassant différentes substances métalliques. A ces actions sont liées les filons plombo-argentilères de la vallée de Seravezza et de Val-di-Castello , les minerais de cinabre du mont de Ripa, les filons de fer oxydulé qu’on voit en différents endroits, enfin la modification des calcaires basiques en marbres statuaires, bar- digli , etc. Il semble que ces phénomènes ont été produits anté¬ rieurement à la période jurassique. 2° Les éruptions ophiolitiques , qui ont donné naissance aux filons cuprifères ; on peut lier aussi à ces éruptions l’origine des calcédoines, des jaspes, des albâtres , et du sel gemme de Toscane. L’âge de ces éruptions , et , par conséquent , de la production des substances qui s’y rattachent, semble bien fixé postérieurement à la formation du macigno , antérieurement au dépôt des terrains tertiaires récents. 3° Les épanchements des roches granitiques , porphyriques et trachy tiques dans les îles et dans la Maremma toscane , auxquels doivent leur origine la plus grande partie des dépôts métallifères U 18 SÉANCE nu 20 AVRIL 18/|6. de 1 Elbe, du Campiglièse et du Massetan. Au même ordre d’ac¬ cidents se rattachent les alunites de Montione , et la conversion des combustibles fossiles de Monte-Bomboli en houille parfaite. Je pense qua la même cause se rapporte la production de l’acide borique dans les Saffioni ; on doit considérer ceux-ci comme des résidus non éteints entièrement ou comme des témoins de ces ac¬ tions passées; j y ai déjà rallié les nombreuses sources thermales, qui jaillissent dans le territoire de la Maremma. Comme tout an¬ nonce que les éruptions dont on parle ont été postérieures aux dépôts subapennins, on voit bien qu’à la même période doit re¬ monter l’origine de la plus grande partie des substances utiles sus¬ mentionnées Les deuxième et troisième parties de mon travail se rappor¬ tent à des matières qui regardent en particulier la Toscane. Je ne saurais terminer cette note sans vous annoncer une nou¬ velle découverte que je viens de faire relativement au terrain hétrurien. Près de la ville de Massa-Maritima dans la Maremma toscane il y a une formation d’un macigno particulier, dont l’àge n’avait pas été bien défini jusqu’à présent : cette formation est su¬ perposée aux couches de calcaire (alberese) , et de schistes ap¬ partenant à la formation du macigno ordinaire. On rapportait vaguement cette roche au terrain tertiaire d’après la considération de ses caractères minéralogiques ; en effet, elle ressemble à certains gièsquon trouve en Toscane dans le terrain miocène; mais sa position me faisait naître des doutes sur cette détermination , d’au¬ tant plus qu’un examen des échantillons de cette roche , fait en passant dans la ville même de Massa-Maritima , m’induisait à la rapporter au terrain hétrurien supérieur. Mais il était nécessaire de confirmer cette opinion par quelque fait positif; c’est ce que j ai îéussi à faire à 1 occasion d’une visite récente dans cette localité, .l’ai eu le bonheur d’y trouver parmi les autres fossiles plusieurs exemplaires de la gryphœa columba. Les paléontologues pourront en juger par la description de ces fossiles et par leurs figures , que je m’occupe de publier dans un travail spécial , dans lequel je vais réunir tout ce que j’ai écrit jusqu’ici sur le terrain hétrurien. Voilà une autre localité d’Italie où se trouve la gryphœa columba dans un terrain jugé tertiaire : ce fossile et la superposi¬ tion au macigno identifient absolument la formation de Toscane à celle du Vicentin : dans l’une comme dans l’autre localité c’est 1 étage supérieur du terrain hétrurien. Du reste , dans la monogra¬ phie que je vais publier on trouvera un grand nombre de faits nouveaux , qui établissent d’une manière incontestable l’indépen- SÉANCE DU 20 AVRIL 18Z|6. âAO dance du terrain hétrurien , et sa division en deux étages bien distincts. M. Frapolli écrit du Hartz, qu’ayant appris les attaques di¬ rigées contre son Mémoire sur la rade de Brest parM. Rivière, il se propose de répondre à ces attaques quand l’impression lui en aura fait connaître la nature. M. Virlet présente un beau fragment poli de psarolithe sili- ciliée, qu’il a recueillie à Mellier, canton de Souvigny (Allier), où on les trouve en assez grande abondance au milieu des champs, mais toujours en fragments détachés , comme aux en¬ virons d’Autun. Dans l’ Allier, ces psarolilhes paraissent bien évidemment appartenir à un grès souvent très siliceux de la formation triasique, dans lequel M. Boulanger avait déjà si¬ gnalé, dans des localités voisines, à Autry-Issard , dans la forêt de Messarges , l’abondance de nombreux végétaux silicifiés , qu’il regarde comme appartenant à la classe des végétaux mo¬ nocotylédons (page 18 h de sa Statistique géologique et miné- ralurgique de lé Allie /•). M. Viquesnel donne lecture d'une lettre de M. Gatullo, dans laquelle le professeur de Padoue s’attache à démontrer, par des faits , que les glaciers ne sont pas les seuls agents capables de polir et de strier les roches. M. Gatullo rappelle l’éboulement, en 1786, du mont Spitz, dans le Bellunais. Les eaux pluviales, en s’infiltrant entre la surface inclinée de la roche argileuse formant la partie inférieure de la montagne et celle du cal¬ caire qui constituait la sommité, ont occasionné le glissement de ces dernières couches. La surface aujourd’hui découverte de la roche argileuse présente des sillons creusés par les eaux plu¬ viales. ( Trattato sopra i terre ni postdiluviani délia provincia Veneta , p. 112, 2€ édition.) La même cause produit encore des surfaces polies sur les socles qui servent de base aux pyramides dolomitiques du mont Antelao , etc. M. Gatullo rappelle encore que le poli et les stries de certaines roches ont été considérés par M*r Rendu comme un eiïet de cristallisation , et par M. Chamousset comme le ré¬ sultat des secousses qui ont fendillé les roches et des mouve¬ ments vibratoires qui ont usé les parois opposées des fentes Soc. géol., 2e série, tome III. 29 tâO SÉANCE DU 20 AVRIL J8/|6. ( Bulletin , Réunion de Chambéry). L’auteur de la lettre attri¬ bue cette croûte mince, luisante et cristalline aux infiltrations pluviales, et appuie son opinion sur des observations qu’il a laites dans la masse de cuivre pyriteux d’Agordo ( Trattato sopra i terreni postdiluviani , édition, p. 433 et suivantes). Enfin il ne voit dans les Alpes Bellunaises aucune surface polie et striée qui n’ait été produite par l’eau. M. de Ver n eu il communique la lettre suivante de M. Paillette. Madrid , 27 mars 1846. Dans mes recherches sur quelques unes des roches des Asturies , recherches publiées par la Société géologique de France , j’ai laissé dans le doute ou dans le vague plusieurs questions dignes d’une étude sérieuse et soutenue. Le premier mémoire avait été presque uniquement rédigé dans le but d’appeler l’attention des savants sur certains faits de la pa¬ léontologie d’une des formations carbonifères les plus intéres¬ santes, et peut-être aussi l’une des plus riches du monde connu. Les notes qui suivent auront pour objet l’examen plus appro¬ fondi de quelques unes des particularités qui caractérisent les localités charbonnières importantes, soit parleur situation géolo¬ gique, soit aussi par les couches de houille qu’on y a reconnues Groupe de Polo de Lena et de Mierès del Garni no. En parlant de ce groupe dans le mémoire précité , j’ai signalé des inflexions du terrain carbonifère autour de grosses îles de cal¬ caire d’une époque antérieure. Dans mon esprit ces îles formaient comme la charpente osseuse autour de laquelle s’étaient réunis di¬ vers membres de la formation carbonifère proprement dite. Là où je voyais parmi ces îles calcaires quelques traces de stra¬ tification assez régulière, là où je reconnaissais quelque vestige de fossiles mal conformés, je supposais, sans pouvoir toutefois of¬ frir l’ombre d’une garantie, que quelques unes d’entre elles se rap¬ prochaient des époques silurienne et dévonienne. Mais cette année j’ai eu occasion de pousser mes investigations jusqu’au centre de ces îlots dont les plus remarquables sont ceux de Tudela et de Monte-Aramo. . Et , ce qui dans l’origine m’avait paru assez simple s’est présenté à mes yeux sous un aspect beau¬ coup plus compliqué. Les plis et les contournements violents des SÉANCE DU 20 À VII IL 1846. 451 couches à charbon (1) , principalement autour du Monte-Aramo , ne me semblent pas facilement explicables, attendu Y absence ab¬ solue jusqu’à ce jour de roches de soulèvement au milieu de ces masses. Après m’être assuré que certains calcaires de leur centre n’of¬ fraient aucune trace de stratification , plus d’une fois je me suis sur¬ pris revenant aux hypothèses de Davy, et me demandant si quelques calcaires d’aujourd’hui n’auraient pas été amenés au jour, dans l’origine de leur formation , à l’état de simples oxydes de calcium ? Plus d’une fois je me suis creusé la tête pour savoir si de pareils redressements n’auraient pas été produits par quelques unes de ces vastes formations ferrifères, qui abondent vers les hautes mon¬ tagnes , et que j’avais crues jusqu’à ce jour des grès ferrugi¬ neux (2). Enfin j’ai cherché à m’expliquer quelques uns des phéno¬ mènes de refoulement de couches sous des angles souvent très aigus : à Lena par l’apparition des sublimations cinabrifères et arsenicales ( orpiment, réalgar) qui, par suite des recherches faites, laissent des traces de leur présence sur une ligne à peu près nord- sud , depuis Castillo de Lena jusqu’au Val-de-Cuna, c’est-à-dire sur plus de deux lieues de longueur ; à Mierès par la brèche ci- nabrifère avec rares fragments de pétrosilex , qu’on reconnaît depuis la Pena jusque non loin deSama, brèche souvent accom¬ pagnée de morceaux de houille fragmentaire. Je vous l’avouerai franchement , monsieur, aucune de mes hy¬ pothèses ne me conduisait à l’une de ces conséquences claires et précises qui donnent du charme et de la valeur à un travail géo¬ logique. Dans la vallée de Lena et Mierès, dont l’orientation générale est du nord au sud (N. 5° à 10° E. ), la rivière paraît avoir suivi un axe parallèle au côté oriental des calcaires massifs del Aramo, parallèle lui-même aux gîtes cinabrifères de la Carolina , la Car- melitana , la Isabel , la Deseada , la Confianza , etc. , gîtes qui , comme je l’ai dit tou t-à- l’heure , laissent des traces de leur con¬ tinuation jusque du côté du Aal-de-Cuna. Sur la rive gauche du Rio-Lena , c’est-à-dire entre la rivière et l’ Aramo , cette filée cina- (1) Je dis exprès terrain à charbon, parce que je crois que nous avons en Asturie plusieurs formations différentes contenant des cou¬ ches de véritable houille. (2) J’ai reconnu dans un de ces minerais de fer des points où ils avaient une composition voisine de celle de l’amphibole. 452 SÉANCE DU 20 AVRIL 1846. brifere est peut-être le seul fait régulier qu’on y observe, l’en trai- teiai plus au long lorsque j aurai terminé le plan de tous les grou¬ pes de mercure des Asturies. Dans cette étendue de terrain du coté de Munon-Cimero et de Munon-Fondero, comme aussi et principalement dans le vallon latéral du Naredo , le géologue ne rencontre pas de directions sui¬ vies tant soit peu étendues. Quant aux pendages, généralement groupés vers l’est , les inflexions auxquelles ils sont sujets sont à la lois des plus nombreuses et des plus variées. le dois dire , pourtant , qu’en dépassant les régions moyennes et en s approchant del Aramo , les directions ne varient plus qu’entre N. 15° E. et N. 20° E. Sui la 1 1 \ e di oite du hio— Lena tout se présente au contraire avec beaucoup plus de régularité. C’est ainsi que les couches de charbon fl), qui , du coté de Colombiello , viennent du S. S -E. un peu S., se dessinent à Saint-Félix par N. 25° à 30° E., pour prendre ensuite sous Carabanzo un orientement N. Zi5° E. C est alors qu’elles coupent l’axe principal de la vallée , passent sur la rive gauche et montent vers Val-de-Cuna. Dans l’avancée de Carabanzo toutes les couches sont parfaite¬ ment brouillées. Cela se comprend facilement; car Carabanzo est justement vers l’extrémité d’un Y très aigu que forment les cou¬ ches carbonifères sur la rive droite du ruisseau d’ Aller, au-dessus de Santa-Cruz. Sans î echei cher plus loin ee que deviennent les couches ainsi divisées, couches dont un des membres s’élève vers le pic de Tu— ron dans la direction du 1N.-E, et dont l’autre suit longtemps 1 un des côtés de la route de Castille à Oviédo jusque tout près de Mierès, examinons les caractères qu’offrent les parties les mieux é tudiées auto ur de Lena. Sur la rive gauche (entre la rivière et l’Aramo) , plissements noinbieux , couches calcaires abondantes , couches de houille dis¬ loquées ou amas de charbon , véritables poches de combustible : gîtes cinabrifères et arsenicaux ; pendages à l’E. ; fossiles qui indi¬ quent une formation carbonifère inférieure. Su* la îi'e dioite, près de Casanueva, couches presque rectili¬ gnes , grès et schistes infiniment plus abondants que les calcaires ; lits de fer carbonate lithoïde , poudingues à galets ellipsoïdaux (1) Sur le mur d’une de ces couches, au Prado del Huerto, on voit beaucoup de Productus aplatis. SÉANCE DU 20 AVRIL 18A6. /f 5 3 de quartzite ou de grès très quartzeux ; inclinaison à l’O, , fos¬ siles plus franchement carbonifères que les précédents. A Mierès, où les fossiles sont beaucoup moins abondants , on re¬ trouve pourtant la couche à Bellérophons avec tous scs caractères. Groupe de Puerto-Sucbe . Après Mierès et Pola de Lena, l’un des groupes qui ont Je plus attiré mon attention a été celui du Puerto-Suebe, dont l’axe fait, comme le Canigou dans les Pyrénées-Orientales, un angle d’environ h 5° avec celui de la grande vallée des Asturies. Pareil au Canigou , Puerto-Suebe se dessine au loin avec des formes particulières et s’élève majestueusement au-dessus de la mer, qui en baigne le pied septentrional. Mais, tout différent au contraire du Canigou , Puerto-Suebe ne contientpas, que je sache, dérochés dites ignées. Sa masse centrale est de calcaire , et pourtant presque partout autour de lui sont relevées des couches carbonifères, voire même des roches plus modernes contenant des nuinmulites (vers las Incas et Flnfiesto). 11 est vrai qu’ici quelques dykes peu épais de roche amphiboli- que peuvent donner lieu à des hypothèses autres que celles qui m’ont vivement préoccupé. Les anthracites de Binon , de Colonga , de Bonnes et de Liber- don seraient-ils des charbons plus gras dans l’origine et devenus plus maigres aujourd’hui? Ce fait est-il le résultat des apparitions de dykes ampli iboli- ques en général beaucoup moins puissants que je ne le croyais il y a un an? Pourrait-on ici faire jouer également un rôle au cina¬ bre de Carabia , lui aussi peu distant de la ligne de séparation des calcaires du Puerto-Suebe et des roches carbonifères? Telles sont les questions que je me suis posées souvent, et que je ne saurais résoudre encore. Vous comprendrez donc avec quelle impatience nous attendons tous ici la carte de notre savant confrère D. Guillermo Schulz , inspecteur général des mines. Peut-être les faits s’éclairciront-ils davantage quand nous connaîtrons mieux le revers méridional de notre cordilière, où les terrains à charbon ont pareillement éprouvé de violentes disloca¬ tions. Là du moins quelques traces de roches éruptives apparais¬ sent de loin en loin ; elles nous fourniront, il faut l’espérer, de précieux documents sur un problème dont la solution me paraît fort difficile. 454 SÉANCE DU 20 AVRIL 1846. Vous comprendre? encore combien nous devons être pressés de savoir votre opinion sur les fossiles que je vous ai expédiés. Si vous croyez, monsieur, que cette lettre, destinée à fixer vos idées sur le gisement de ces mêmes fossiles , mérite l’attention de vos collègues , vous pouvez la lire à la Société géologique. Plus tard je vous communiquerai de nouveaux documents. Je n attends pour cela que quelques instants de liberté qui seront mis à profit , et que j’emploierai à coordonner des faits constatés et rapportés trigonométriquement sur les plans des concessions houil¬ lères. A la suite de cette lecture M. de Verneuil communique la note suivante. L’ensemble des fossiles que M. Paillette nous a envoyés de plu¬ sieurs localités situées autour de Pola de Lena et de Mierès, del Camino (Asturies) , y indique l’existence du véritable système car¬ bonifère, et se distingue d’une manière tranchée des fossiles dé¬ voniens de Ferrones que nous avons décrits précédemment (1) Lest un fait très intéressant, qui, en confirmant à l’égard de 1 Espagne la distinction du groupe carbonifère d’avec les groupes inférieurs , vient accroître l’importance de la limite qui l’en sé¬ pare, limite sur laquelle nous avons déjà, il y a plusieurs années appelé l’attention de la Société (2). Paimi les fossiles de M. Paillette plusieurs sont nouveaux et propres aux localités où il les a recueillis ; d’autres sont déjà connus dans 1 Europe occidentale ; quatre , le Phillipsia Eichtvaldi , les pi^rffr Mosquensis et inci assatus et 1 Orthis eximia ont été trouvés en .Russie ; et enfin une espèce , le Spirijer Condor , paraît être iden¬ tique avec un fossile découvert par M . Aie. d’Orbigny dans les Andes du 1 erou, près du lac de Titicaca. Les espèces les plus communes sont les Productus semireticulatus (P. antiquatus) et lob a tus , les Mo'S(iuensis> tueras s a tus et lineàtus , les Orthis striatula et Micheh ni , la Chcmnitzia rugi fera et la Littorina cia. V Orthis Striatula est, comme on sait, une espèce qui pres¬ que partout se trouve à la fois dans les couches carbonifères et devomennes. Les individus que l’on rencontre si abondamment dans le groupe carbonifère de Pola de Lena sont plus petits et vo|(\\Vpr453to/" “P série , (2) Ibid. , 1rc série, vol. XI (1839-1840), p. 166. SÉANCE DU 20 AVRIL 1846. 455 plus renflés que ceux des calcaires dévoniens de Ferroües qui ac¬ quièrent de très grandes dimensions et se rapprochent de VOrthis resupinata. Les petites Trilobites découvertes par M. Paillette appartiennent, comme dans tous les dépôts carbonifères des autres contrées, au genre Phillipsict (Portlock), le dernier représentant de cette grande famille d’animaux si multipliés et si variés aux épo¬ ques précédentes. Ainsi donc les recherches de M. Paillette con¬ duisent à cet important résultat , savoir : qu’il existe une concor¬ dance complète entre l’Espagne, et les autres parties de l’Europe sous le rapport de la succession des êtres dans les deux grands sys¬ tèmes dévonien et carbonifère. Nous croyons utile de donner ici par localités la liste des fossiles que nous avons reçus. TERRAIN CARBONIFERE DE POLA DE LENA. 1° Casanueva, près Saint-Féljx. Phillipsia Eichwaldi (Asaphus, id . Fisch .) P. Derbyensis, de Kon inck ; Bellerophon hiulcus , Sow. ; B. de c lissât us , Flem.; Litlorina Cia (nova species) (I ) ; Murchisoiiia cibbreviata , de Kon. (2) ; Loxonewa Hennahiana , Phill. (3); Chemnitzia Lefeberei, de Kon. (4) ; C. rugi- jern , de Kon. ; Macrocheilus acutus, Phill. ; Euoniphalus tabulants , Phill. ; E. bijrons P Phill. ; Turbo Hœninghausianus , de Kon. (5); Natica variata , Phill.; N. clliptica , Phill.; Car di uni , voisin du C. ro stratum , de Kon. ( C. elongatum , Sow. ) ; Nucula tumidci , Phill. (6) ; Terebratula pugnus , Sow. ; Sp i rijcr Mosq uens i s . Fisch.; S. lineatus , Sow.; Orthis striatula, Schlot.; O. Michelini , de Kon.; Productus semireticulatus [P. an tiquât us , Sow.) ; P. ton ai s tri a tus. (1) Très jolie espèce de 20 millimètres de longueur environ, entiè¬ rement couverte de tubercules petits et serrés. (2) Les échantillons des Asturies ont une grande ressemblance avec la Turritella fasciata Lamarck, du terrain tertiaire. (3) Cette espèce appartient, en Angleterre, aux couches dévo¬ niennes , et ce n’est qu’avec doute que nous y rapportons les coquilles d’Espagne. On pourrait peut-être les rapprocher aussi de la Chemnitzia scalarioiden de Koninck, espèce carbonifère. (4) Nos échantillons sont un peu plus courts et plus renflés que l’espèce à laquelle nous les réunissons. (5) La coquille à laquelle nous donnons ce nom est très abondante à Casanueva; elle diffère un peu du T . Hœninghausianus par ses moindres dimensions. (6) Nos échantillons sont identiques avec ceux du terrain hcuiller de Glasgow. Û50 SÉANCE DU 20 AVRIL 1 de Yern. ; Platycrinitcs granulatus , Miller* P lœvisï'u\ • r , de Vidantes; Cyathophyllum ; Retepora ’ p, ( - Lejebvrei ; Terehratula Rois sri de Vern • Soirif" Ai’ aPulus (nova species); Eichwald (1); Orthis MichilÛ; t striXj N O ^ >nnfSSat,as > Produc tus sernireticulatus • • .iatu/a» °- arachnoidea ; (le calice est assez compleof^^^^^' MÜ1#r de%aClleM,N DE " UANA DELM0NTE- pres « Lena, au-dessus Avicula (semblable à celle du n° 3)- 7w„/„. , , D . SJosquensis ; Orthis staJa ■ Produt "T* Spi^er butas; Cyathophyllum . W sem'r^ulatus ; P. lo. 1° Penasca de Rozaia, près Saint-Félix Terehratula planosulcata ; Orthis striatula; Productus loba, us. 8 Calladiella, PRÈS Saint-Félix. Orthis crenistria ; O. striatula; O Michel mi • />,v, / a lattis . ’ Michclini x l j oductus semircticu- ('») Ce Spirifcr , orné de 3 plis sur le bourrelet et Hp ! o . . , es c°tes , se distingue du frL**,* l’esoèce il n „« SUr que ses plis sont éeaux réeulifrc , ’ f P 00 la P,us voisine, parce tomes 8 ’ reëuliers? rendis au sommet et non d.cho- SÉANCE DU 20 AVRIL 1846. 457 9" M unon , près Lena. Spirifer Condor, d’Orbigny ; -S', incrassatux. 10° Tabladiello, près Munon Cimero (entre Receonos et Saint- Martin). Terebratula planosulcata ; Spirifer incrassatus ; S . symmetricus ? Phill.; S. Condor , d’Orb. (1); S. Mosquensis , S. Lamarckii , Fisch. (2); S. lineatus ; Spirifer (nouvelle espèce, lisse et très al¬ longée) ; Productus semireticulatus. 11° Reconcos, près Munon Cimero. Spirifer Mosquensis ; S. incrassatus ; Spirifer (lisse, semblable à la nouvelle espèce du n° 10); Orthis striatula ; Produc tus semireticu¬ latus. 12° El ( )ascajo, près Munon Fondero (3). Spirijer Mosquensis ; S. lineatus ; S incrassatus ; S. Condor ; S sym¬ metricus? Spirifer (allongé et lisse , identique avec celui du n° 1 0 ) ; Orthis striatula; Productus semireticulatus ; P. punctatus . Sow. 13° Chemin de la Mora a Carabanzo (Consejo de Lena). Productus s cm ireticulatus . TERRAIN CARBONIFÈRE DE M1ERÈS DEL CAMINO. Bellerophon Naranjo (nova species ) (4) ; Spirifer striatus ; Orthis Michelini ; Productus semireticulatus; P. tenuistriatus ; Orthis eximia , de Vern. (5). M. de Roys, chargé par intérim des fonctions de trésorier , (1) Nos échantillons paraissent être identiques avec ceux que M. d’Orbigny a rapportés des calcaires carbonifères du lac de Titicaca, dans les Andes. (2) Cette espèce , si remarquable en ce qu’elle n’a que 2 ou 3 fortes côtes, ornées de stries très fines, se trouve en Russie, dans la partie moyenne du calcaire carbonifère. L’échantillon envoyé par M. Paillette est mal conservé. (3) Toutes les espèces de cette localité sont les mêmes que celles de Tabladiello , n° 10. (4) Cette espèce, voisine du B . hiulcus , s’en distingue par ses stries plus prononcées, et principalement par sa bande médiane plus élevée, et entourée de chaque côté d’un sillon profond. (5) Cette jolie espèce se trouve en Russie dans l’étage supérieur et moyen du calcaire carbonifère SÉANCE DU 20 AVRIL 18 Z|6. dépose sur le bureau l’état des recettes et dépenses pendant le premier trimestre de l’année 1846. Il restait en caisse au 1er janvier dernier. . 958 fr. 25 c. Les recettes, pendant le 1er trimestre, se sont /i i % élevées à . 4,252 » Total . 5,210 25 Les dépenses, pendant le trimestre, se sont élevées à . 2,721 45 Restait donc en caisse au 31 mars 1 846. . . 2,488 80 M. le Président annonce la démission de M. Raulin , que sa nomination de professeur de géologie à la Faculté des Sciences de Bordeaux oblige à renoncer à ses fonctions de secrétaire. En conséquence, il invite la Société à nommer un secrétaire et un vice-secrétaire , dont les fonctions courront à partir du 1er jan¬ vier 1846. M. Le Blanc ayant réuni la majorité des suffrages est pro¬ clamé secrétaire. M. Bayle ayant également réuni la majorité des suffrages est nommé vice-secrétaire. On procède ensuite au remplacement de M. Ed. Ruinart de Brimont , trésorier , démissionnaire pour raison de santé. M. Damour réunit la majorité des suffrages et est proclamé trésorier. M. Deville donne lecture du Mémoire suivant de M. Daubrée. Mémoire sur la distribution de /’ or dans le gravier du Rhin , et sur l extraction de ce métal, par M. A. Daubrée, ingénieur des mines et professeur à la Faculté des sciences de Strasbourg ( extrait ) . On sait que les paillettes d’or disséminées dans le lit du Rhin sont un objet d’exploitation depuis une époque très reculée, anté- iieuie au \ ne siècle , et aujourd lnii encore , malgré diverses cir¬ constances défavorables, la quantité de ce métal qui s’extrait annuellement entre Raie et Mannheim a une valeur de plus de 45,000 francs. SÉANCE DU 20 AVRIL 1846. 459 mode de distribution des paillettes au milieu des attérissements journellement formés par le fleuve , la teneur en or des diverses variétés de gravier que l’on exploite, et enfin , par approximation, la quantité totale d’or enfoui dans le lit du Rhin. Ces diverses circonstances , tout importantes qu’elles sont , tant pour l’orpail ¬ lage du Rhin que comme terme de comparaison avec les autres exploitations de même nature , n’ont pas été observées; au moins on ne les a signalées dans aucune des descriptions du lavage d’or du Rhin dont les principales sont dues à Réaumur (1), 5 M. Freutlinger (2), et à M. Kachel, directeur de la monnaie de Carlsruhe (3). L’or ne se rencontre jamais dans le Rhin en pépites ou en petits grains; toujours il est sous forme de paillettes très minces, à contours arrondis , dont le diamètre n’excède pas un millimètre , et est ordinairement beaucoup moindre. La surface de ces pail¬ lettes examinée au microscope présente une multitude de petites aspérités assez régulières dont la disposition peut se comparer à celle d’une peau de chagrin ; elles sont si minces , que leur poids moyen varie de 0,045 à 0,057 milligrammes, c’est-à-dire qu’il y en a de 22 à 17,6 dans un milligramme. Tout le lit du Rhin compris entre Bâle et Mannheim est auri¬ fère, à peu d’exceptions près. Voici les positions suivant lesquelles les paillettes sont particulièrement concentrées par suite des re¬ maniements que le fleuve fait journellement subir à son lit. 1° Les bancs le plus ordinairement riches ( Goldgründe ) sont ceux formés à quelque distance à l’aval d’une rive ou d’une île de gravier que le courant corrode ; ces bancs résultent par conséquent d’un transport de gravier, tantôt sur quelques mètres seulement , tantôt sur 1000 ou 1500 mètres de distance. C’est dans une zone étroite qui termine les bancs vers l’amont que se trouvent accu¬ mulées les paillettes , presque toujours au milieu de gros cailloux. Toutefois cette richesse exceptionnelle ne s’étend qu’à une faible profondeur qui ne dépasse guère 15 centimètres. Les bancs de (1 ) Essai sur l’histoire des rivières et des ruisseaux du royaume qui roulent des paillettes d’or ( Mémoires de V Académie des sciences , 1718). (2) De Aurilegio , prœcipuè in Rheno , Argentorate , 776. (3) Die Goldnascherei uni R/iein , Badensche l an cl wirthsch ajs l ic h es H^ochenblatt , 14 et 21 septembre 1838. 460 SÉANCE DU 20 AVRIL 1846. petite dimension peuvent être aurifères aussi bien que les plus étendus. 2° Les digues entre lesquelles coule le Rhin sur une partie de son rouis au-dessus de Keld sont entaillées par des coupures ou pusses qui sont destinées a donner passage aux hautes eaux , afin que celles-ci aillent déposer des ensablements au-delà de ces di¬ gues. La richesse des atterissements ainsi formés derrière les di¬ gues par un courant latéral présente aussi des parties riches au milieu du gros gravier. 3° Les bancs qui se forment au milieu du fleuve , loin de leur point de départ , sont en général peu riches. 4 Dans les lianes les plus pauvres dont on essaie la teneur sur un giand nombie de points, on trouve souvent des zones étroites et allongées de gravier riche , en dehors des positions indiquées plus haut. Ces accumulations restreintes de paillettes métalliques cor¬ respondent ordinairement à de petits remaniements faits pendant et après la formation du banc : aussi il n’est pas rare de rencon- ti ei de ces zones riches au pied des talus terminaux qui limitent un banc à l’aval. 5° L’or ne se trouve pas seulement dans le lit actuel du Rhin ; il est aussi disséminé en faible quantité dans les anciens attérrisse- ments du fleuve , c est-a-dire dans une zone de gravier qui s’étend de Bâle à Mannheim avec une largeur de h à 6 kilomètres! 6° Jamais je n’ai trouvé la moindre trace d’or dans le sable fin pi ivé de cailloux que le Rhin dépose encore journellement dans ses crues. Le limon diluvien connu sous le nom de lœss , qui ce¬ pendant paraît d’origine alpine comme la plus grande partie des cailloux du fleuve, s’est aussi toujours montré stérile. Quelle que soit leur position, les paillettes d’or sont associées à de gios cailloux. Le résidu du lavage du gravier aurifère contient tou¬ jours du quartz rose et du fer titané ; la quantité de cette dernière substance est partout proportionnelle à la quantité d’or; les diverses variétés de gravier renferment de 0,00002 à 0,0002 de fer titané, dont moitié est attirable, moitié non attirableau barreau aimanté. 11 est laie que la richesse du gravier du Rhin dépasse 6 dix-millio¬ nièmes ; et elle est probablement toujours au-dessous de 7 dix- millionièmes. Les bancs de cette teneur ne s’étendent pas ordi¬ nairement sur plus de 200 à 300 mètres carrés; leur épaisseur est de 10 à 20 centimètres; le sable que l’on exploite habituellement a une richesse moyenne de 13 à 15 cent-millionièmes , c’est-à- diie quelle est environ le quart ou le cinquième de la richesse rnaxima. SÉANCE DU 20 AVRIL 1846. 461 Enfin en lavant du gravier pris arbitrairement dans le lit du Rhin, et considéré par les orpailleurs comme stérile, j’ai reconnu que ce gravier a en moyenne une teneur de huit billionièmes. C’est aussi, d’après de nombreux essais, le chiffre qui 111e paraît devoir être admis pour la richesse moyenne du lit du Rhin entre Rhinau et Philippsbourg. Par suite du remaniement que le Rhin fait subir au gravier, la teneur du gravier aurifère s’accroît naturellement sur certains points dans le rapport de 1 à 70. Le nombre de paillettes contenu dans 1 mètre cube de gravier exploité est considérable ; il varie selon la richesse de 4,500 à 36,000 (1). O11 peut avoir une idée du degré jusqu’où l’on pousse le premier et le second lavage , en prenant la densité du sable que l’on ob¬ tient après chaque opération. La densité du sable du Rhin avant le lavage est en moyenne 2,9 ; celle du sable que l’on obtient après le lavage sur la table au bord du fleuve est de 3,19; enfin le sable enrichi par un second lavage à l’augette , et destiné à l’amalga¬ mation , a une densité de 4,46. Quant à l’origine de l’or disséminé dans la plaine du Rhin, il ne peut provenir que de l’une des contrées qui ont fourni les détritus au milieu desquels il est engagé , c’est-à-dire des Alpes, des Vosges , de la Forêt-Noire , du Jura ou du Kaiserstuhl. Les deux dernières régions montagneuses sont complètement dé¬ pourvues d’or; on n’en a trouvé dans les Vosges et dans la Forêt-Noire qu’en un très petit nombre de localités et en quan¬ tité extrêmement faible; c’est donc des Alpes que cet or a été charrié ; c’est ce que montre d’ailleurs aussi la répartition de ce métal, que l’on commence à rencontrer dans les affluents qui descendent de la Suisse. Il paraît , d’après les observations de M. Rengger (2) , que l’or del’Aar, ainsi que celui qui est charrié par d’autres cours d’eau de la Suisse , tels que la Reuss , les deux Emmen, la Lutte rn , provient de la molasse tertiaire; telle peut être aussi l’origine de l’or du Doubs, que Réaumur compte parmi les rivières aurifères de la France; mais, en tout cas, ce n’est pas sans doute cette dernière formation qui forme le gîte pri¬ mitif de ce métal. (1) Il y a en moyenne dans cet or 0,934 d’or, 0,66 d’argent, et, d'après l'analyse de M. Dobereiner, 0,00069 de platine. Le gouverne¬ ment badois l’achète à raison de 3,189 francs le gramme. (2) Verhandlungen der allgemeinen schwcizerischcn Gescllschcijt fur die geramenten Naturwissenschajtcn , I 827. 462 SÉANCE DU 20 AVRIL 1846. Jusqu’à présent on n’a pu rencontrer les lamelles du Rhin en¬ core fixées dans la roclie ; mais il est très probable que cet or, ainsi que 1 annonce sa forme en paillettes très minces, dérive des ter¬ rains schisteux cristallins des Alpes , soit des quartzites micacés , soit des roches schisteuses amphiboliqucs. L’or du Rhône , du Danube , de divers cours d’eau descendant des Alpes , est vrai¬ semblablement aussi d’une origine analogue à celui de l’Eder en Westphalie , qui était disséminé dans le terrain schisteux de transition et sans doute dans le Kieselschiefer (1). Si 1 on compare la richesse du sable du Rhin avec ceux d’autres localités, on est amené aux observations suivantes : 1° Le gravier aurifère du Rhin le cède beaucoup aux sables ha¬ bituellement exploités en Sibérie et au Chili, ('eux de Sibérie (2) rendent en moyenne cinq fois, et ceux du Chili (3) , au moins dix lois plus d orque le gravier le plus productif du Rhin, non débar¬ rassé des gros cailloux. 2° Les richesses moyennes des sables exploités dans ces trois contrées (plaine du Rhin, Sibérie et Chili) sont entre elles comme les nombres 1 : 20 : 74 ; ou , si l’on prend comme terme de comparaison le sable du Rhin débarrassé de cailloux ayant plus de 2 centimètres de diamètre, le rapport devient 1:10:37. En Sibérie, on regarde comme non exploitables des sables renfermant 0,000001 : or, cette teneur est encore 7.5 fois égale à celle des sa¬ bles que lavent habituellement les orpailleurs du Rhin. 3 La teneur moyenne du gravier de chacune de ces trois con- tiées pris en masse , tant pauvre que riche , varie comme les nom¬ bres 1 : 81 : 124. 4° Il y a à peu près identité entre la richesse du gravier du Rhin et celle du sable de l’Eder en Westphalie , que l’on a cher¬ ché à exploiter il y a quelques années. La disproportion entre la richesse des sables de l’Oural , de le Sibérie, du Chili et celle du Rhin, cesse d étonner si l’on examine la différence de forme et de dimension des grains d’or qui se lie à une différence dans le gisement primitif du métal. Au lieu de la¬ melles comme celles du Rhin, si petites , qu’il en faut 17 à 22 pour faire le milligramme , l’or, dans les régions privilégiées qui vien- (1) Noeggerath. Ueber das verkommen des Goldes in der Eder. | Harsten s Archiv fur minéralogie f VII , p. 149.) (2) Annuaire du Journal de mines de Russie , introduction, et année 1835, p. 182. — Humboldt, Asie centrale , t. I , p. 495. (3) Domeyko, Annales des mines , 4e série, t. VI, p. 170. SÉANCE DU 20 AVRIL 18/j6. 4t>3 tient d’ètre mentionnées, est en grains pesant ordinairement plus d’un centigramme , et souvent beaucoup plus lourds. Chaque grain d’or est donc en moyenne 200 à 400 fois et très souvent 1000 fois plus gros qu’une paillette d’or du Kliin et de l’Eder. Aussi nulle part l’or exclusivement en paillettes minces , tel que celui dissé¬ miné dans la plupart des rivières aurifères de l’Europe occiden¬ tale, ne peut donner lieu à une exploitation d’une grande impor¬ tance comme l’or qui résulte du lavage des débris de filons ou de roches éruptives aurifères, ainsi qu’on l’observe le long de l’Oural, au Chili ou dans la Caroline du Nord. Toutefois, cette forme en lamelles a au moins cela d’avan¬ tageux , qu’elle permet d’en simplifier le lavage en faisant passer le sable avec de l’eau sur un plan fortement incliné , muni de longs poils qui retient dans les aspérités de son tissu la presque totalité des paillettes métalliques. Quoique la teneur du gravier du Rhin soit comparativement assez faible , la quantité totale d’or enfouie dans le lit du fleuve est considérable. En effet, d’après la richesse moyenne de 8 billionièmes admise plus haut , un mètre cube de gravier pesant 1,800 kilogr. renferme 06r., 01 46 d’or. Si on suppose à la bande aurifère comprise entre Rliinau et Philippsbourg une largeur de 4 kilomètres et une profondeur de 5 mètres , on voit que cette zone renfermerait 35,916 kilogr., qui à raison de 3,189 fr. le kilogr. représentent une valeur de 114,536,124 fr. Cet or est ainsi réparti : Dans le de'parlement du Bas-Rhin, 13,870 kilog. ayant une valeur de 44,233,430 fr. Dans le pays de Bade . 17,958 id. 56,267,062 Daus la Bavière rhénane. . . . 4,088 id. 13,036,632 En dehors de ces limites il est plus difficile d’évaluer la richesse du gravier du Rhin à cause de l’ irrégularité avec laquelle elle y est distribuée. En supposant une teneur moitié moindre que la précé¬ dente, entre Istein et Rliinau d’une part , et de l’autre entre Phi- lippsbourg et Mannheim, on arrive à 11,826 kilogr. pour la pre¬ mière section, et à 4,380k. pour la seconde. La quantité totale d’or contenu dans le Rhin entre Istein (à 15 kilom. au-dessous de Baie) jusqu’à Mannheim, dans un terrain d’une superficie de 936 kilo¬ mètres carrés et de 5 mètres de profondeur, est donc d’environ 52,000 kilom. Cette quantité d’or, qui , si elle était extraite du sein du sable, représenterait une valeur de 165,828,000 fr., est très considérable, comparée à la faible production de chaque année. Elle estcepen- m SEANCE DU 20 AVRIL 1846. dfint faible , comparée a 1 abondance du même métal sur le revers oriental de l’Oural et dans les basses régions de la Sibérie. En ef- b't , elle est seulement égalé a deux lois et demie la production en or de ces régions de l’Asie boréale en 1843 (1). Une partie de cet or est enfouie , en dehors du lit que le Rhin occupe aujourd’hui ,dans du gravier recouvert de terres cultivées; il constitue un minerai tiop pauvre pour être exploitable dans ces conditions ; c’est seu- lcment dans le ht du fleuve que 1 on peut opérer. Si l’on évalue à 1 ,350 mètres la largeur moyenne du lit du Rhin et des îles com¬ prises entre ses différents bras, on obtiendra la quantité d’or théo- i iqueinent exploitable en divisant par 3 les différents nombres indiqués plus haut. Il faut ajouter que les travaux de rectification entrepris depuis quinze ans restreignent beaucoup l’étendue des attt î issements entie Kelil et IVJannheim , et que la poursuite de ces travaux fera journellement décroître l’industrie de l’orpaillage. Un laveur gagne en moyenne 1 fr. 50 à 2 fr. par jour, etacci- den tellement jusqu à 10 à 15 fr. ; mais on ne doit pas désespérer de voit encore s introduire quelques perfectionnements dans cer¬ taines parties des opérations. Ce qui est surtout fâcheux dans l’état actuel des choses, c’est d’être réduit à faire tout le lavage à force de bras, quand on a sous ses yeux , à quelques pas de soi , un mo¬ teur de la puissance du Rhin. Il ne serait pas difficile d’imaginer une sorte de machine à draguer, mue par le fleuve , qui enlèverait la couche superficielle du gravier que l’on veut exploiter, et qui transporterait ce gravier, ainsi que de l’eau, â la tête de la table à laver Le reste du lavage s’achèverait rapidement et sans beaucoup de fatigue, à peu près suivant le procédé actuel. Mais deux condi¬ tions compliquent la question : d’abord le courant étant très faible sur les rives plates , ce n’est qu’à 6 ou 8 mètres au moins du bord que 1 on trouverait assez de profondeur et de vitesse pour faire mouvoir la roue dont on aurait besoin. En outr , comme ordinai¬ rement la couche superficielle seule est riche, il faudrait que l’appa¬ reil fût non seulement simple et transportable dans une nacelle , mais encore qu’il pût se mouvoir avec facilité à la surface du gravier. •l’ai reconnu que pour les lavages en petit, du genre de ceux qui ont été faits pour ces recherches, il y a un procédé bien plus com¬ mode que celui que l’on emploie plus ordinairement dans les labo- .J.O CeUe production en or de l’Oural et de la basse Sibérie, en 1843 , a etede 129 4 ponds 9302, ou de 20,212 kilosr SÉANCE DU 20 AVRIL 1846. 465 latoires (1). A l’aide d’une augette de "la dimension habituelle, mais qui diffère de celle figurée par M. Berthier, par la forme et surtout par la manière dont on s’en sert, j’ai pu reconnaître la teneur en or du gravier du Rhin , même dans les endroits où il est le plus pauvre , ce qui m’était impossible avec une augette ordinaire. Cette manœuvre peut être par conséquent utilisée par ceux qui s’occupent de la recherche de l’or dans les sables ; elle serait aussi susceptible d’être mise à profit pour les lavages de la¬ boratoire. M. Deville lit ensuite la note suivante : Observations sur Vile de Ténériffe , par M. Deville (entrait) . Dans les pages précédentes , je n’ai pas cherché à présenter une description complète de l’île de Ténériffe; j’ai voulu simplement retracer , dans l’ordre même où elles s’étaient présentées à moi , les impressions que m’a laissées un trop court séjour dans ses montagnes. J’essaierai , en terminant , de jeter un coup d’œil plus général sur ses diverses formations volcaniques , et d’examiner les rapports qui lient cette île aux autres îles du groupe des Canaries. Les roches les plus anciennes que l’on observe à Ténériffe sont, sans contredit , celles qui constituent tout le massif méridional du grand cirque de soulèvement, et dans lesquelles sont ouverts les défilés de Guaxara , de Ucanca et de Tauze. Le Sombrerito en est le point culminant, et de profondes échancrures, comme celles d’où s’échappe la F uente- Agria , permettent d’en étudier la com¬ position intérieure. J’ai déjà dit que ces masses se composaient de couches régulièrement inclinées d’un tracliyte porphyrique pres¬ que granitoïde , à feldspath oligoclase , alternant avec des as¬ sises de conglomérats, d’aspect et de couleurs très variés, de tufs bleuâtres ou verdâtres, à matériaux plus ou moins décomposés, de roches grenues , qui rappellent jusqu’à un certain point des couches d’une plus grande ancienneté, enfin des roches fissiles, dans lesquelles des cristaux extrêmement clivables d’oligoclase , d’un blanc argenté , jouent un rôle analogue à celui du mica dans les schistes gneissiques et cristallins. .Des filons de tracliyte, sou¬ vent presque compacte , traversent la masse , et indiquent parfai¬ tement l’origine des couches cristallines avec lesquelles ils sont en (1) Le mode de lavage de l’augette est décrit avec détail par àl . Berthier , Traité des essais par la raie sèche , 2e partie, p. 19. Soc. gèol. , 2e série , tome 111. 30 SÉANCE DU 20 AVRIL 1846. 466 connexion. Tout cet ensemble, désigné sous les noms de trachytes et de conglomérats trach y tiques, quoiqu’il ne contienne ni calcaire ni traces de fossiles , présente les caractères d’un dépôt formé sous les eaux. Il y a meme quelques couclies où la matière tracliytique semble s’être venue mêler à la roche de sédiment à mesure qu’elle se déposait. Le cratère de Chahorra, la niasse même du Pic, paraissent être des lambeaux soulevés de la même formation. On la retrouve encore dans la chaîne N.-E. de File, où elle forme au-dessus de Taganana des masses considérables et des murs verticaux d’un aspect singulier et pittoresque. Cette roche occupe néanmoins une surface assez restreinte à Ténériffe , si on la compare aux formations basaltiques qui re¬ couvrent la presque totalité de l’île. ACanaria, au contraire, toute la partie centrale , et la plus élevée , est composée de roches tra- chy tiques , et le cratère de soulèvement de Tiraxana en est presque exclusivement formé. On les retrouve même , quoique en très pe¬ tite quantité , dans un point du cratère de Palma, et dans l’île de Fortaventura , où les roches fissiles qui accompagnent le tracliyte paraissent avoir été confondues avec un schiste micacé. Dans toutes ces localités , sans exception , on voit le basalte reposer sur ces couches, mais surtout dans les montagnes de Ta¬ ganana, qui forment la partie N.-E. de Ténériffe. Les pentes ex¬ térieures du cratère de soulèvement , dans cette dernière île , comme à Canaria, sont recouvertes par le basalte, sous lequel le tracliyte disparaît. Il ne peut donc y avoir aucun doute sur l’âge relatif des deux formations. On ne les voit jamais alterner entre elles, et M. de Ruch ne cite qu’un seul gisement, à la grande Ganarie , où cette alternance paraît exister : encore cet habile géo¬ logue pense-t-il que la couche de basalte s’est intercalée posté¬ rieurement. Les roches auxquelles peut s’appliquer le nom de basalte sont assez variées dans le groupe des Canaries. On y observe d’abord le basalte le mieux caractérisé, grenu, à pâte noir foncé, très dense, prismatoïde. Une autre roche d’un gris cendré, d’une densité moindre, est celle qui compose les laves des volcans de Maja, et entre autres celle de los Mayorquines , dont j’ai donné une descrip¬ tion détaillée. Malgré quelque différence dans le faciès, l’analyse chimique la rapproche tout-à-fait des basaltes. Une troisième roche, qui semble d’abord être un intermédiaire entre les basaltes et les trachytes, s’observe au Portillo 'et dans quelques autres localités, particulièrement au sommet du Som- SÉANCE DU 20 AVRIL 1846. 467 brerito. La pâte de cette voclie est extrêmement serrée, quelque¬ fois résinoïde; elle se délite souvent en feuillets plats ou courbes. Elle contient de petits feldspaths , faisant corps avec la pâte , et qu’il est par conséquent très difficile d’en isoler, de nombreuses aiguilles d’amphiboles , plus rarement du pyroxène , et même quelques péridots. Cette roche, déjà signalée par M. de Buch , a reçu de M. Berthelot, tantôt le nom deleucostine, tantôt celui d’eu- rite : ce dernier nom me paraît seul convenable et caractériser suffisamment la roche. Une analyse de la lave du Portillo (que je rapporterai ailleurs) me fait penser que le feldspath qu’elle con¬ tient est de l’oligoclase , et la composition chimique se joint ici au gisement pour rapprocher la roche des trachytes oligoclasiques. 11 faut sans doute rapporter à la même classe la roche qui forme le sommet le plus élevé de la grande Canarie , le Pozo de las Nieves, que M. de Buch appelle un trachyte, et que M. Berthelot range (avec moins de raison, ce semble, d’après les caractères mêmes qu'il en donne) , sous le nom de leucostine, dans la série basal¬ tique. Les roches basaltiques doivent , en effet , au moins dans ces îles, être distinguées des autres roches au moyen de leur feldspath , qui est un labrador au lieu d’être un oligoclase. Le plus souvent , il est vrai, l’état d’agrégation des éléments du basalte ne permet pas d’en isoler le feldspath ; mais l’analyse brute de la roche elle- même suffit presque toujours pour constater à quelle série le feld¬ spath qu’elle contient doit être attribué. Une raison tout-à-fait semblable me fait ranger dans la série basaltique les couches si remarquables dont la décomposition donne, à la L'ruz de Guimar et au-dessus de l’Agua Manza , un mélange de cristaux d’augite , d’amphibole et de feldspath ; car ce dernier, d’après un essai , se rapporte à la composition du labra¬ dor Cette conclusion coïncide d’ailleurs parfaitement avec la po¬ sition de la roche elle-même qui recouvre des assises basaltiques. 11 n'v a donc réellement à examiner dans ces îles que deux types bien distincts , et cette séparation se détermine nettement par la formule du feldspath qui entre dans chaque roche (1). Les produits volcaniques modernes et contemporains 11’échappent pas à cette loi; car les uns, comme ceux du Pic, de Chahorra, des petits cônes de la vallée de l’Orotava, et même la lave du Portillo, (1) Dans une autre partie de ce travail , je rapporterai les analyses de quelques unes de ces roches, et je reviendrai avec quelques déve¬ loppements sur ce sujet. SÉANCE DU 20 AVRIL 18^6. /l68 présentent des cristaux isolables qui se rapportent à l’oligo- clase , ou donnent , par l’analyse brute , une proportion de silice qui concorde avec la composition de ce minéral; les autres, comme la coulée de los Mayorquines et la lave pérido tique de Guimar, se rapportent directement au type basaltique. Pour terminer la nomenclature des roches de ces îles, il ne reste plus qu’à citer le calcaire coquillier à Cardium, Pecten, etc., signalé par MM. de Buch et Berthelot sur plusieurs points des îles de Canaria , Lancerote et Porta ventura , où il atteint une hau¬ teur de plus de 100 mètres, et alterne avec les couches de basalte , et même , suivant M. de Buch , avec le conglomérat tracliy tique. Il ne faut sans doute pas confondre ce calcaire en assises régulières avec les agglomérations de calcaire sans fossiles et tout-à-fait su¬ perficiel , qui paraissent être le résultat d’un transport purement mécanique. Enfin la tosca , tuf de composition extrêmement va¬ riable , recouvre toutes les formations volcaniques anciennes , y compris les basaltes , et disparaît , au contraire , sous les laves mo¬ dernes. Après avoir présenté cette énumération des roches qui consti¬ tuent le groupe des îles Canaries, et établi leur âge relatif, on peut rechercher quelles ont été la nature et la succession des événe¬ ments géologiques qui les ont amenées au jour. La claire et simple notion des cratères de soulèvement , intro¬ duite dans la science précisément par l’étude de ces îles , rend par¬ faitement compte des relations d’un pic volcanique comme celui de Ténériffe avec les escarpements circulaires qui l’entourent. Elle explique aussi très bien les grandes dépressions centrales de Palma et de Canaria. Enfin M. L. de Buch, en observant que certains volcans se rangent suivant des directions qui aiïectent un parallélisme sensible avec quelques unes de grandes lignes de sou¬ lèvement , a complété les notions au moyen desquelles on peut se rendre compte des dispositions des divers systèmes volcaniques du globe. Néanmoins , la seconde de ces deux considérations me pa¬ raît dominer de beaucoup le phénomène. Si l’on compte, en effet, le nombre des volcans centraux signalés par M. de Buch , on verra qu’ils sont fort peu nombreux , et qu’ils font presque tous partie d’un alignement volcanique, qu’ils peuvent au moins toujours se rattacher à quelqu’une des grandes lignes de soulèvement qui ont sillonné la surface du globe. Une troisième considération me semble nécessaire pour appré¬ cier complètement ces phénomènes : c’est celle de la composition minéralogique des massifs volcaniques ou des laves qu’ils rejettent. SÉANCE DE 20 AVRIL 1846. 469 si r on examine , par exemple , les produits de tout âge dont l’a- moncellement constitue l’Etna , depuis les assises inférieures du \al del Bove jusqu’aux laves les plus récentes, le feldspath labra¬ dor , qu’on y retrouve uniformément , établit entre eux une analogie de composition qui permet de les comprendre tous dans un même type doléritique. Sous ce rapport, comme sous d’autres, on peut donc regarder l’Etna comme un volcan simple. 11 n’en est plus de même du Vésuve , dont les laves actuelles, à base de rliyn- colite , contrastent par leur composition , comme l’a parfaitement démontré M. Dufrénoy , avec les roches ampliigéniques et les tufs ponceux de la Somme. Ténériffe, Canaria, me semblent aussi des cratères composés , où deux roches diverses , le trachyte oligocla- sique et le basalte labradorique , jouent un rôle différent. Palma elle-même, malgré son apparente simplicité, trahit en quelques points de son cirque la double nature des deux roches volcaniques, dont l’une y est presque entièrement recouverte par l’autre. Cherchons à appliquer ces notions au petit archipel qui nous occupe , et à en déduire les causes probables et la succession des phénomènes géologiques dont il a été le théâtre. Lorsque du sommet du pic de Teyde on regarde l’extrémité N. du cirque de soulèvement, il est remarquable que toute la partie de ce cirque que l’on a à sa droite et du côté de la grande Canarie , se compose de masses tracliytiques , depuis le col de las Arenas INegras jusques et y compris le cône de Chahorra; il faut descendre, sur ce versant de Vile, jusqu’à 1,800 mètres environ pour retrouver le basalte en grandes assises : à gauche , au con¬ traire , et du côté de Palma, les escarpements sont tous basaltiques. 11 est difficile d’admettre que tout ce massif tracliytique , qui s’é¬ lève ainsi au-dessus du basalte de près de 1,000 mètres, ait été primitivement recouvert par cette dernière roche , puis dénudé par le mouvement de dislocation qui a soulevé le tout sans qu’il soit resté un seul lambeau de basalte. Il me semble , au contraire, plus conforme aux faits et à la vérité de reconnaître dans ces som¬ mités du cirque un îlot tracliytique préexistant, au pied duquel se sont étendues les nappes basaltiques. Cette opinion prendra de la consistance si l’on remarque que les deux points culminants du trachyte , à Ténériffe et à Canaria , le sommet du Sombrerito et le Pozo de las Nieves, sont composés d’une couche analogue d’eu- rite porphyroïde. Il semble donc s’être produit, au point même où existe le pic aujourd’hui , une faille , suivant laquelle les trachytes ont été re¬ dressés. La direction de cette faille est donnée par une ligne orien- 4"0 SÉANCE DU *20 AVRIL J 8/lC5 . tée N. de 25" E., suivant laquelle les basal tes de la Cumbre , après avoir brise les tracliytes , ont lait éruption depuis le sommet d Ysana jusqu a 1 extrémité N.-E. de l’île, recouvrant, sur tout cet espace , la roche ancienne sous des assises dont le nombre est quelquefois prodigieux. Les îles basaltiques de Lancerote et de Fortayentura s alignent aussi dans cette meme direction , parallèle à celle des cotes voisines d Afrique , et particulièrement au rameau del Atlas, qui y termine le Maroc; direction qui coupe le méridien à très peu près sous le même angle que le ferait, dans cette posi¬ tion , le grand cercle de soulèvement des Alpes occidentales (1). Si l’on admettait que ces éruptions basaltiques ont pris naissance à l’origine de ce dernier soulèvement , on considérerait les tra- ehytes anciens de Ténériffe et de Canaria , avec leurs singulières couches de tufs et de conglomérats , comme contemporains des depots de molasses tertiaires. Ces couches auraient été redressées dans la direction de ce soulèvement , principalement vers Canaria , dont la plus grande partie est tracliytique ; car à mesure qu’on s’a- vance vers 1 O., les tracliytes deviennent de moins en moins impor¬ tants, et enfin, à Palma , on ne les retrouve plus qu’au fond même du cirque , et recouverts par plus de 1,200 mètres d’assises basaltiques. Celles-ci se seraient déposées pendant toute la durée de la période subapennine , a laquelle se trouveraient rapportées les couches calcaires qui alternent en quelques points avec elles. Le Pic n existait pas encore , et ne s eleva sur la ligne de liactuie que j ai déjà indiquée , qu après que le soulèvement des giantles Alpes fut venu imprimer à 1 Europe méridionale et au n°id de 1 Aluque un grand relief , trait dominant de ces contrées. N’est- il pas à remarquer, en effet , que la chaîne des montagnes de l’Atlas, qui se dirige le long de la Méditerranée parallèlement au système des grandes Alpes, soit symétriquement terminée, sui¬ vant ringénieuse observation deM. E. Renou , à l’E. par l’Etna , a 1 O. pai le pic de Peneiilfe , deux cônes volcaniques à peu près de même hauteur, et égaux aussi aux principales sommités de la chaîne intérieure? Cette même direction se retrouve aux Canaries , dans la ligne qui joint Ferro et Gomera au pic , et vient raser la côte septentrionale de Lancerote. C’est probablement à cette époque qu’il faut rapporter aussi la destruction de la chaîne cen- i t. , . . (1) Ce grand cercle, d’après M. Élie de Beaumont, fait, avec le méridien de Paris, un angle de 26", et, transporté au milieu des Ca¬ naries , un grand cercle parallèle couperait le méridien du lieu sou^ un angle d’environ 24°. SÉANCE DU 20 AVRIL 18/|0. 471 traie de l’îie , au-dessus de Santa-Cruz, et la formation du plateau de Lagiina. Dans cette manière de considérer l’histoire des volcans , chaque direction de fracture aurait donné naissance à une nature particu¬ lière de roche ; mais les fractures, une fois déterminées, pourraient s’ouvrir à certains intervalles , et produire par les orifices actuels des éruptions de diverse nature. Les volcans centraux seraient précisément les points d’intersection de deux ou plusieurs lignes de fracture ; et ainsi s’expliquerait comment , au pied d’un meme volcan, comme le pic de Ténériffe, peuvent sortir, à de courts intervalles , des coulées fort rapprochées , comme celle de Gara- chico et de Guimar, et minéralogiquement très différentes. On pourrait opposer le peu de probabilité qu’il y a à ce que les lignes de fracture viennent se concentrer ainsi sur un point où les forces volcaniques se seraient déjà fait jour. Cette objection aurait quelque valeur si les phénomènes dont il s’agit étaient complète¬ ment indépendants l’un de l’autre; mais il est clair, au con¬ traire, que ces points ou ces lignes, qui sont des points et des lignes de moindre résistance , seront précisément ceux où les ébranlements se feront sentir avec le plus de violence , et livreront plus facilement un nouveau passage aux niasses fluides intérieures : aussi observe-t-on fort souvent que les volcans modernes se sont établis sur des espaces depuis longtemps envahis par les roches ignées ou éruptives. Je pourrais citer, en dehors des Canaries , le plateau de l’ Auvergne , y compris les monts Dore et le Cantal , les environs de INaples et la chaîne des Antilles. J’ajoute un dernier mot à ces considérations. 11 est difficile de de ne pas remarquer que les trois cratères de soulèvement de Ca- naria , de Ténériffe . de Palma , se trouvent presque exactement situés sur une même ligne orientée environ O. 18’ N. On peut sup¬ poser que de dernières dislocations ont pris naissance à une époque plus récente encore , et ont élevé à son niveau actuel la Tosca , qui se retrouve sur toutes ces îles à des hauteurs variables , et d’au¬ tant plus grandes qu’on les observe plus près du cratère central. Cette ligne , que je n’indique qu’avec hésitation , ne se relie avec aucun des grands accidents du sol connus : cependant cette dernière hypothèse pourrait, jusqu’à un certain point, se lier avec les traditions dont un célèbre philosophe de l’antiquité nous a trans¬ mis le récit. Rien ne prouve , en effet , que dans la série des évé¬ nements qui se continuent jusqu’à nos jours, ces îles n’ont point subi depuis l’apparition de l’homme quelque soulèvement im¬ portant , auquel aurait pu correspondre un affaissement subit 472 SÉANCE DU 20 AV1UL 1846. d’une partie du continent voisin. La côte occidentale d’Afrique a une si faible inclinaison, qu’il n’est pas nécessaire, pour en changer complètement le régime, de supposer une grande intensité au mou¬ vement brusque d’invasion ou de retrait de la mer qui la baigne. Loin de moi 1 idée de renouveler des discussions oiseuses; mais sans chercher inutilement la place de la grande île des prêtres de Sais , on doit avouer que rien ne s’oppose à ce que, si Platon a embelli a tradition et a placé dans l’Atlantide perdue la réalisation de sa république idéale, cette tradition elle-même reposât sur un fait historique vrai, qui aurait pu être défiguré par le temps et les passions de ceux qui l’ont exploité. M. Boubée présente un verre entièrement formé de matières feldspathiques, où les cristaux se sont groupés, sous forme du petites masses sphériques isolées, dans la masse. Il trouve dans cette séparation un argument contre le métamorphisme , qui aurait dû produire des effets analogues dans les roches de sédi¬ ment feldspathique qui ont été formées h l’action du feu. M. Bayle répond à M. Boubée que dans des schistes ardoi- siers des Alpes il y a des Bélemnites schisteuses ; comme la roche qui les enveloppe, elles ont perdu le caractère fibreux qui caractérise leur organisation. Ce fait prouve évidemment le mé¬ tamorphisme qu’a subi la roche qui les contient. M. Bourjot conteste la généralité de cette disposition , puis¬ que dans les schistes de Petit-Cœur, en Tarentaise, les Bélem¬ nites ont conservé leur structure ravonnée. V M. Hébert ajoute que la cristallisation des roches n’exigeait pas leur fusion préalable 5 qu’elle pouvait être produite par bien des causes, par exemple par une chaleur inférieure à celle de fusion, longtemps prolongée, ou bien par des actions électri¬ ques, ou enfin par des actions moléculaires du genre de celles auxquelles est due la cristallisation d’un morceau de fer im¬ planté dans une muraille. M. Boubée revient sur les faits qu’il a rapportés pour prou¬ ver que les Limaçons creusent les roches. Un échantillon a été mis en expérience dans une faille où séjournent un grand nombre de ces Gastéropodes. M. Viquesnel dit avoir vu, en 1844 , dans la collection réunie par les soins de M. Fournet à la Faculté des Sciences de Lyon, SÉANCE DE h MAI 18/j6. h 73 v des échantillons semblables à ceux que présente M. Boubée. La discussion précédente lui fournit l’occasion d’annoncer que cette collection se compose de deux séries : l’une, renfermant des pro¬ duits artificiels ; l’autre, des roches d’origine ignée. M. Fournet a placé en regard ces deux séries , et croit pouvoir expliquer, au moyen de ce rapprochement , la formation directe ou indi¬ recte des roches par voie de métamorphisme, les divers acci¬ dents de cristallisation, de fissuration , etc., etc. M. Fournet met chaque année sous les yeux de ses auditeurs cette collection, dont il a commencé l’organisation à l’époque de ses débuts dans le professorat. Il a fait connaître la majeure partie des faits qu’elle renferme aux nombreux savants qui se sont rendus au congrès scientifique de Lyon , en 1841 , et il se plaît à les communiquer à tous les géologues qui lui rendent visite. Dans le désir d’appeler l’attention des naturalistes sur la question qu’il étudie depuis de nombreuses années , M. Fournet a adressé à l’École des mines de Paris et à l’Université de Hei¬ delberg les doubles des roches métamorphiques les plus impor¬ tantes sous le point de vue théorique. Séance du 4 mai 1846. PRÉSIDENCE DE M. VIQUESNEL , vice-président. M. Martins, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Président proclame membres de la Société : MM. De Fonseca (Ferdinand), à Naples, vico Lammalari, n° 59, présenté par MM. Yiquesnel et de Pintevilîe -, Porta (Léonard), avocat et professeur de droit, à Naples, Strada Tribunali Pietra-Santa , n° 368 , présenté par MM. Yi¬ quesnel et de Pintevilîe $ De Salvi (le comte Jean-Baptiste), propriétaire, membre de l’Académie olympique, à Yicence (Royaume Lombardo- Yénitien) , présenté par MM. Yiquesnel et de Pintevilîe \ 474 SÉANCE DU 4 MAI 1846. Breoanze (Jean-Bap liste), membre de T Académie olympique de Vicence, à Venise, San Mosé , présenté par MM. Viquesnel et de Pinteville. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part de M. le ministre de la justice, Journal des Sa¬ vants; avril 1846. De la part de M. J. Fournet, Suite des Recherches sur la géologie des Alpes comprises entre le Valais et T Oisons (extr. des Ann. delà Société royale d'agrieuft., etc., de Lyon) • in-8° 112 p. Lyon, 1845. De la part de M. Hardouin Michelin, Note sur différentes espèces du genre Vioa (extr. de la Revue zoologique , 9e année février 1846)- in-8o, 7 p., 2 pl. Paris, 1846.C De la part de M. Paul Huot, La vie et Es œuvres de J. J. Huot ; in-8°, 118 p. Versailles, 1846. De la part de 1 État d Indiana \ Report , etc. (Rapport sur une reconnaissance géologique de l’État d’Indiana , faite dans l’année 1837 par D.-D. 0wen);in-8°, 54 p. Indianapolis, 1839. De la part de M. James D. Dana, 1° Notice , etc. (Notice sur le Traité des minéraux métamorphiques du D' Blum • et observations sur le métamorphisme. Extr. du Journal amé¬ ricain des sciences , etc., vol. XLVIII): in-8<\ 30 n. New- Haven, 1845. 2o Structure , etc. (Structure et classification des Zoophytes); in-4°, 132 p. Philadelphia, 1846. Comptes-rendus des séances de R Académie des sciences ■ 1846, 1er semestre, t. XXII, nos le et 17. Annales des mines, 4e série, t. VII, 5e livraison de 1845. L'Institut; 1846, nos 642 et 643. L'Echo du monde savant; 1846, n°s 32 à 35. l e Mémorial encyclopédique , mars 1846. The Athenœurn ; 1846 ; n°® 965 et 966. The Mining Journal; 1846, n°s 557 et 558. Institut des provinces de France; avril 1846, in-8o, 62 p. Supplément à la Bibliothèque universelle de Genève : no 3 15 avril 1846. SÉANCE I)C 4 MAI 1846. 4 75 The quarterly Journal of tke géologie al Society of London , vol. Ier, du 29 novembre 1843 au 30 avril 1845 - 1 vol. in-8°, 583 p., 14 planches et cartes. Londres 1845. T fie quarterly Journal of the geo! ogival Society of London ; n° 5 , février 1846. Corresporidenzblatt , etc. (Feuille de correspondance de la Société royale d’agriculture de Wurtemberg, nouv. série, t. XXVIII, année 1845, IIe vol. , 1er et 2e cahiers). M. Michelin présente une Notice de M. Paul Huot sur son père, avec une traduction de la Description de la terre de Pomponius Mêlas , par M. J. -J. Huot. Des remerciements seront adressés à M. Paul Huot. M. Dufrénoy offre, au nom de M. Émilien Dumas, la pre¬ mière des quatre feuilles qui composeront la carte géologique du département du Gard, arrondissement du Vigan -, 1 feuille colombier, 1844. M. le Président annonce que la 2e partie du tome Ier de la 2e série des Mémoires de la Société géologique est en vente. M. Viquesnel présente sa carte coloriée de la Macédoine, faisant partie de cette 2e partie du tome Ier des Mémoires. M. d’Archiac communique la Description des fossiles re¬ cueillis par M. Thorent aux environs de Bayonne , et résume son travail de la manière suivante : Les résultats auxquels un examen consciencieux des faits a con¬ duit M. Thorent (1) nous semblent trop précis pour être révoqués en doute , lors même que la comparaison des fossiles ne les con¬ firmerait pas entièrement; mais ici , comme dans la plupart des cas , les observations géologiques sont d’accord avec les déductions tirées de l’étude des débris organiques. Nous avons reconnu parmi ces derniers, en y comprenant ceux de la même localité que M. Aie. d’Orbigny a eu l’obligeance de nous communiquer, 106 es¬ pèces réparties dans 56 genres , depuis la classe des polypiers jus¬ qu’à celle des crustacés. Sur ce nombre 17 espèces n’ont pu être ( I) Mérn . sur la constitution géologique des environs de Bayonne ( Mcnr de la Soc. géol ., 2e série, t. 1, p. 181, 1846). 476 SÉANCE DU 4 MAI 1846. qu’imparfaitement déterminées, à cause du mauvais état des échantillons. Cependant nous nous sommes assuré que plusieurs d’entre elles n’avaient pas encore été décrites : aussi les avons- nous comprises dans le chiffre 57, qui représente le nombre total des espèces nouvelles ou non figurées. Dans cette faune de l’époque nummulitique des environs de Bayonne , et plus particulièrement des côtes de Biaritz , dominent surtout les polypiers, dont nous signalons 2â espèces , puis les fora- minifères du genre Numinuline. Les Radiaires échinodermes y sont représentés par 15 espèces ; les Annélidespar 7 espèces de serpules ; les Conclïifères monomyaires etdimyaires par 32 espèces, tandis que les Radiaires crinoïdes et les Mollusques univalves y sont en petit nombre et plus ou moins rares. si r on compare ces résultats à ceux obtenus par l’examen de la faune des dépôts antérieurs , contemporains ou plus récents , on voit d’abord que des 38 espèces déjà connues, 2 appartenant au genre Ostreci ne peuvent être distinguées, au moins quant à pré¬ sent, des O. lateralis et vesicularis de la craie; l’une d’elles, 1 ’O. I citer ali s , Nils., est également citée par M. Leymerie dans les couches à Nummulites du département de l’Aude (1) ; ensuite 7 espèces se trouvent à la fois dans les roches de Biaritz et dans celles des Corbières ou de la montagne Noire. Ainsi sur le nombre 180 , qui représente la totalité des espèces déterminées par AI. Ley¬ merie pour le département de l’Aude , et recueillies à l’O. par AL Thorent dans les couches présumées du même âge , il n’y au¬ rait qu’environ 1/26 d’espèces communes à ces deux régions num- mulitiques , situées sous le même méridien , aux deux extrémités du versant N. de la chaîne des Pyrénées. Cette grande différence dans les espèces de ces deux faunes con¬ temporaines , et si rapprochées dans l’espace , se maintient encore si l’on vient à considérer le développement des genres et même des classes : ainsi les Polypiers , les Nummulines et les Radiaires sont infiniment plus nombreux et plus variés à l’O. qu’à l’E. Parmi (1) Mcm. de la Soc. géol. , 2e sér., t. 1 , 1836. Nous ne pensons pas que l’on puisse regarder la présence de ces deux coquilles dans les couches à Nummulites comme une preuve incontestable de la liaison zoologique entre ces couches et la craie; car, outre que les trois échan¬ tillons que nous avons vus peuvent y avoir été amenés par des causes accidentelles, il n'est pas certain qu’un plus grand nombre d’individus ne la fasse reconnaître plus tard comme réellement distincte des co¬ quilles de la craie. SÉANCE Dü 4 MAI 1846. 477 les bivalves , les Lucines et les Concliacées sont , au contraire , plus abondantes à VE. qu’à l’O. , et les mollusques uni valves , entre autres les Natices, les Turritelles, les Cérites , les Fuseaux, les Volutes et les Tan ières, tendent aussi à y reprendre sur les bivalves la prédominance qu’ils affectent dans la plupart des dépôts posté¬ rieurs à la craie , tandis qu’à 10. nous ne les avons trouvés qu’en petit nombre. 12 espèces de Biaritz se représentent dans les couches à Num- mulites, soit de la Crimée, soit des Alpes orientales ou occiden¬ tales , et parmi elles , nous en avons trouvé 7 dans le système nummulitique des Hautes et des Basses-Alpes , c’est-à-dire autant que dans les Corbières ; mais si l’on remarque que ce nombre se rapporte à des espèces très répandues en même temps sur le ver¬ sant occidental des Alpes et au N. -O. des Pyrénées , et qu’il résulte seulement d’une course rapide que nous avons faite dans la Pro¬ vence et le Dauphiné , tandis que M. Leymerie a étudié avec détail le département de l’Aude , on pourra presque dire que le système nummulitique présente plus de rapports zoologiques entre les en¬ virons de Bayonne et le versant occidental des Alpes qu’aux deux extrémités du même versant des Pyrénées. Dans notre liste, 17 espèces sont communes au terrain tertiaire inférieur du nord de la France et de l’Angleterre , où elles appar¬ tiennent, soit au calcaire grossier, soit aux sables inférieurs ou au plastic-clay. Ces espèces sont en outre peu caractéristiques de ces groupes du N., tandis que dans les 18 que cite M. Leymerie comme se trouvant à la fois dans le système nummulitique des Corbières et les dépôts tertiaires du N. , nous y remarquons précisément les co¬ quilles qui caractérisent le mieux ces derniers , et surtout le groupe des sables inférieurs. Nous avons retrouvé dans les faluns de l’Anjou 3 espèces de Biaritz , qui appartiennent à l’époque tertiaire moyenne , et U qui ont leur analogue dans les dépôts des environs d’Osnabruck et de Dusseldorf. Enfin sur 96 espèces déterminées , provenant des environs de Bayonne , 66 appartiennent exclusivement au système nummuli¬ tique , 2 paraissent se trouver dans la craie , et 28 , ou un peu plus du tiers , ont des représentants dans les divers dépôts tertiaires in¬ férieurs ou moyens de l’Europe occidentale. Quant .à ces chiffres considérés en eux - mêmes , on comprend qu’ils n’ont qu’une valeur purement relative ; ils ne peuvent être, en effet , comme dans toutes les considérations de ce genre, que l’expression de nos connaissances actuelles , très incomplètes en- SÉANCE DU h MAI 18A6. à78 core, et dont les découvertes de chaque jour doivent modifier les conclusions que nous en avons déduites (1). M. Yiquesnel fait; au nom de M. Fournet, la communication suivante : Notice sur nue collection de roches ignées et de produits artificiels réunis à la Faculté des sciences de Lyon, par M. Fournet. Nous avons réuni dans les collections de la Faculté des Sciences de Lyon une série de produits artificiels que nous avons mis en re¬ gard des roches ignées, de manière à en expliquer la formation directe ou indirecte par voie de métamorphisme , ainsi que les di¬ vers accidents de cristallisation, de fissuration, etc., etc. Cette collection comprend ainsi naturellement deux séries. Soit d’abord celle des formations directes ; elle comprend une suite de verres , de scories , de laitiers et de produits de sublima¬ tion , provenant des fourneaux à manche et des hauts-fourneaux. Parmi les sublimés les plus remarquables par leur cristallisa¬ tion , on doit ranger la galène en beaux cristaux cubiques en tré¬ mies , l’oxyde blanc d’arsenic , de forme octaédrique ; l’oxyde de zinc ; l’oxysulfure de zinc fibro-eristallin ; la silice fibreuse, dite as- beste des fourneaux ; le carbone , en sphères rayonnées du centre à la circonférence , des hauts-fourneaux de Niederbronn. La suite des scories , des laitiers des verres et des métaux , pré¬ sente plusieurs phénomènes très importants ; d’abord on doit dis¬ tinguer les produits facilement cristallisables d’avec ceux qui cristallisent difficilement. Fn général, les métaux, les sulfures et arséniures métalliques, les scories chargées de bases métalliques, et notamment d’oxyde de fer ; les oxydes de fer et de plomb; en un mot, tous les corps dont la fluidité approche plus ou moins de celle de l’eau; tous ces corps, dis-je, cristallisent pour ainsi dire instantanément en se solidifiant. Tous les corps qui, par leur viscosité à l’état fondu, se trouvent dans le cas opposé , cristallisent , au contraire , avec une certaine difficulté , et par conséquent le concours du temps devient pour eux un élément indispensable. (1) Ce travail paraîtra prochainement dans la I re partie du tome II des Mémoires de la Société. SÉANCE I)ü /l MAI 18^6. /|79 Les applications de ces notions sont faciles à faire ; elles rendent raison de l’état constamment cristallin des laves pyroxéniques, dans lesquelles le fer prédomine. On conçoit , par contre , qu’il a fallu un certain temps pour que la cristallisation des roches silico- alumineuses ait pu s’effectuer : ainsi les granités , les porphyres, ont du se refroidir lentement pour arriver à leur état habituel , et dans le cas contraire , leur cristallisation a été confuse, d’où les granulites , pétrosilex , etc., etc. Les obsidiennes n’ont conservé leur état vitroide que parce qu’elles rentrent dans la catégorie des corps à fluidité visqueuse. Rien n’empèche d’ailleurs de concevoir que pour les granités, les porphyres, etc. , la cristallisation n’ait commencé pendant que ces masses étaient encore dans le sein de la terre. Par exemple , certains porphyres de l’île d’Elbe , dont on doit la découverte à M. Coquand , présentent des cristaux de feld¬ spath brisés en deux , et des fibres d’étirement relient ensemble les deux parties Ne doit-on pas admettre que ces cristaux étaient formés avant l’injection? Ils se sont ensuite cassés incomplètement, et la disjonction a été accompagnée d’étirements, parce qu’ils étaient encore mous. Du reste , d’autres faits viennent à l’appui de cette circonstance , et l’on peut voir entre autres , à cet égard , ce que nous avons di t relativement à l’étirement et à la cassure des géodes d’agate d’Oberstein. D’après les expériences de M. Gaudin, la silice a une fluidité essentiellement visqueuse ; il n’est donc pas étonnant que ces géodes reproduisent à un haut degré le phéno- * mène du porphyre de l’île d’Elbe. Je possède d’ailleurs des quartz des Alpes qui sont courbés et arrondis , des cristaux de feldspath et d'albite , provenant des géodes du granité de Baveno , qui sont dans le même cas, etc., etc. La même viscosité de la silice et d’un grand nombre de silicates alumineux et calcaires ou magnésiens , mise en opposition avec la fluidité aqueuse des sulfures métalliques , permet aussi de conce¬ voir facilement les effets de la surfusion, sur lesquels j’ai appelé l’attention des géologues. Mais si des silicates visqueux sont hétérogènes, il arrivera encore que dans leur étirement, par suite des injections et des coulées, les diverses parties s’étireront individuellement de la même ma¬ nière que la masse principale , en demeurant toutefois intimement liées ensemble. Les verres de diverses couleurs, les laitiers, si souvent composés de parties de diverse nature , se montrent donc après la coulée formés de lames alternatives , distinctes par leur couleur , et leur cassure trahit une succession plus ou moins régu¬ lière de rubans Si maintenant la cristallisation s’empare de ces 480 SÉANCE DU 4 MAI 1840. parties vitroïdes , on aura nécessairement une masse rubanée , composée alternativement de cristaux de diverse nature , d’où il est facile de tirer des conclusions relativement à la formation de certains granités veinés, de diorites veinées , de certains fiions ru¬ banés, etc., etc. Passons actuellement aux effets du refroidissement graduel des masses à fluidité visqueuse ; il détermine deux ordres de phéno¬ mènes : l’un est la dé vitrification , l’autre est la cristallisation. La dévitrification d un verre quelconque , légèrement ou assez fortement ferrugineux , a lieu d’abord avec un changement re¬ marquable dans les teintes des masses : ainsi du verre de carreau légèrement coloré par l’oxyde de fer , aussi bien que du verre à bouteille coloré en vert intense, commencent par perdre leur teinte veite pour prendre une nuance bleue , dont l’intensité est propor¬ tionnée à l’abondance de l’oxyde colorant. On s’explique ainsi la coloration en bleu de la plupart des laitiers , coloration qui a si fortement intrigué les chimistes , parmi lesquels il en est qui ont voulu attribuer le phénomène au carbone , d’autres au cuivre , d auti ts au titane. Il n y a la qu un simple effet de dichroïsme ; car le verre bleui n’est bleu que par réfraction ; mais il est jau- natie ou jaune- verdâtre par transparence. Cette circonstance ex¬ plique la couleur bleue de certains minerais ferrugineux , tels que le phosphate de fei ; et cela est si vrai , que le phosphate ci— dessus, soumis à la porphyrisation , donne une poussière verdâtre. En continuant 1 application de la haleur à ces verres , ils s’opa¬ cifient, deviennent émaillés j la couleur bleuâtre s efface , la masse blanchit , la peroxydation peut s’emparer de la masse en même temps cpie la cristallisation , et 1 on a de vraies dévitrifications , à structure fibreuse , de couleur plus ou moins roussâtre. Or, la plu¬ part des roches plutoniques étant plus ou moins ferrugineuses , on peut admettre que , dans certains cas , elles ont passé par l’état bleu pendant la succession des phases de leur dévitrification et de leiu ci istallis ition. Ce n est , à la vérité, qu’une conjecture , mais elle est assez motivée par les faits artificiels pour qu’elle mérite de fixer l’attention des géologues , et nous nous proposons d’entrer dans quelques détails à cet égard dans une notice spéciale. Nous avons dit plus haut qu’ indépendamment de la dévitrifica¬ tion, les verres présentaient aussi une cristallisation plus immé¬ diate. En efl'et , une belle suite de verres de diverse nature montre que , dans certains cas, ils sont assimilables en tous points à une dissolution saline. Dans celle-ci, la concentration par évaporation ou par refroidissement détermine une production de cristaux qui SÉANCE DU k MAI 18A6. Ù81 nagent dans l’eau-mère , ou se déposent sur le fond du vase en vertu de la pesanteur, ou bien s’appliquent contre les parois ou contre tout autre corps susceptible de faire l’effet d’un centre d’at¬ traction. Or, dans les verres , tous ces effets se reproduisent. Cer¬ tains éléments s’associent entre eux de manière à produire , soit des sphéroïdes rayonnés du centre à la circonférence , soit des cris¬ taux prismatiques , simples ou groupés par entrecroisement , soit enfin des cristaux capillaires. Le reste de la masse vitreuse devient une vraie eau-mère , conserve sa transparence , et les cristaux y demeurent suspendus , à cause de la viscosité qui contrebalance l’effet de la pesanteur, ou bien encore , à cause de l’égalité des densités respectives ; d’autres gagnent le fond des creusets , où ils déterminent des accumulations ; d’autres enfin se réunissent contre les parois, et forment des enveloppes cristallines, au milieu des¬ quelles la partie vitreuse se maintient encore comme une eau- mère dans un cristallisoir. Mais cette eau-mère vitreuse peut cristalliser à son tour par le re¬ froidissement subséquent, en prenant une texture différente de celle des cristaux précédents. On a ainsi des verres dé vitrifiés contenant des prismes , des sphéroïdes , etc., et l’on arrive ainsi à concevoir la formation des roches porphyroides , des porphyres glandu¬ leux, etc. ; on est amené aussi à penser que les gros cristaux si nets des porphyres se sont développés avant la dévitrification de la pâte , etc. En outre , puisque certains cristaux ont une tendance à se déve¬ lopper contre les aspérités des parois , on s’explique divers cas qui se présentent dans les filons , où la partie voisine des épontes est de nature différente de celle du centre , ce qui constitue encore un cas particulier de rubanement. Un corps quelconque , hérissé d’aspérités , détermine de même une attraction des cristaux ; si donc des fragments de roche étrangère se trouvent inclus dans la pâte des filons , ils attireront autour d’eux les éléments les plus cristallisables , et refouleront plus loin les éléments moins cristal- lisables dans la circonstance donnée. De là cette disposition si re¬ marquable des minerais en anneaux , ou des ringertz des mineurs allemands , disposition annulaire qui se lie intimement au ruba¬ nement particulier dont il vient d’être fait mention. Si l’on considère attentivement les sphéroïdes rayonnés dont il a été fait mention plus haut , on voit qu’indépendamment des rayons , ils se composent de couches concentriques alternative¬ ment grises et blanches , circonstance qui indique des compositions Soc. géol. , 2e série, tome 111. 31 SÉANCE DU 4 MAI 1846. 482 alternativement homogènes et hétérogènes de la masse. Or, rien ne ressemble davantage à cette structure rayonnée et en couches concentriques que la belle diorite globuleuse de la Corse ; cette formation se trouve donc reproduite artificiellement dans les verres de la collection que nous avons rassemblée. Dans le cas où les cristaux sont simplement capillaires , ils se montrent tantôt passablement parallèles entre eux , ou bien enchevêtrés dans tous les sens ; il est encore facile de faire l’appli¬ cation de ces circonstances aux roches amphiboliques , qui sont tantôt schisteuses , tantôt à cassure irrégulière , par suite de la dis¬ position des axes cristallins. Enfin parmi les verres , les scories et les laitiers , il en est dont la structure est devenue complètement pierreuse ; quelques unes ressemblent, à s’y méprendre, à certaines laves. Passons actuellement aux géode s des verres. Quand , après la première cristallisation des gros prismes, l’eau -mère vitreuse s’écoule par une cause quelconque , les cristaux adhérents aux pa¬ rois ou liés entre eux d’une manière plus ou moins intime restent à leur place. On a alors des géodes tapissées de belles cristallisa¬ tions. Ce fait , qui est du reste le même que celui cpii se montre dans la fabrication des géodes de bismuth, reçoit encore quelques applications géologiques , car on peut concevoir une multitude de causes d’écoulement des parties encore liquides des filons par suite desquelles il reste des cavités hérissées de pointements cristallins. Mais il est une autre formation des géodes cristallines qui mérite de fixer l’attention à un plus haut degré , et qui est encore établie par les cristallisations artificielles des corps fondus. Yoici en quoi elle consiste : certains corps cristallisent en formant une saillie au- dessus de la surface générale de la masse liquide ; l’argent fondu , la fonte de fer et même certains laitiers se hérissent ainsi de poin¬ tements cristallins plus ou moins élevés , et si la masse présente des soufflures , ces pointements peuvent hérisser de même la surface de ces cavités. On a donc alors des géodes dans lesquelles les cristaux se sont développés sans être noyés au milieu d’une eau- mère, comme c est le cas ordinaire; ils ont reçu leur accroisse¬ ment par leur base , et cette circonstance explique un grand nom¬ bre de cas remarquables que présentent les cristaux des géodes ; nous nous reservons le soin de les publier prochainement. Cet exposé suffira pour faire connaître quelques uns des produits les plus remarquables de la cristallisation classés systématique¬ ment dans la collection de la Faculté de Lyon; mais il en est d auties qui sont relatifs aux phénomènes chimiques du métamor- I SÉANCE DU II MAI 18 /l 6. /|8o phisme , et ici les faits ne sont pas moins nombreux; nous allons donc les détailler en procédant du simple au composé. La calcination pure et simple ou bien accompagnée d’un effet de grillage détermine la décoloration des roches bitumineuses, le changement de teinte des autres; les produits artificiels sont ici accompagnés de schistes et autres roches pareillement modifiés dans leur couleur par l’action des basaltes ou des porphyres. La calcination détermine fréquemment un retrait , de là des prismatisations ; les grès vosgiens dont on se sert pour la confec¬ tion de la chemise intérieure des hauts-fourneaux se divisent en prismes dont la régularité est incomparable à celle des basaltes ; des prismes analogues ont été trouvés dans la nature au contact des basaltes et des grès. La prismatisation peut , du reste , être régu¬ lière ou irrégulière ; aussi des schistes de Tarare se fendillent au contact des porphyres en prismes dont les parois présentent des surfaces très irrégulières ; ou bien on a des fendillements encore plus irréguliers qui déterminent des masses simplement arti¬ culées. La calcination poussée au point de ramollissement convertit l’ar¬ gile en grais (1), ou bien elle change l’état d’agrégation des roches, en général ; la meme opération effectuée par l’incendie des houil¬ lères donne lieu à la formation des jaspes thermantides; enfin dans la nature on a divers jaspes déterminés par le contact des serpen¬ tines, etc. , etc. ; ici les passages des opérations artificielles aux opérations naturelles sont des plus évidents, et parmi les jaspes de métamorphisme on doit surtout remarquer la belle suite des environs de Tarare. La fusion d’une masse hétérogène peut être incomplète , en ce sens que dans un schiste chloriteux et feldspath ique, par exemple, le chlorite se fondra avant le feldspath ; dans un micaschiste , le mica sera liquéfié avant le quartz ; dans une brique contenant des fragments de quartz, la pâte de la brique sera convertie en masse vitroïde , et le quartz restera intact ou à peu près. On conçoit donc que si la fusion n’a pas été poussée au point de faire couler les masses , et si de plus elles sont rubanées ou schisteuses par suite d’une disposition alternative des éléments minéralogiques , la (1) Les argiles cuites au point d’éprouver un commencement de ramollissement passent à l’état de grès, ou plutôt de grais , suivant une ancienne orthographe, qui devrait être appliquée à ce cas parti¬ culier, afin d’éviter la confusion avec le grès des géologues, qui est un agrégat sableux. m SÉANCE DU h mai 18/jO. texture schisteuse se conservera par suite de la résistance à la fu¬ sion d’une partie de la masse. Ce fait est donc d’une haute impor¬ tance pour la théorie des transformations métamorphiques d’un grand nombre de roches et divers exemples tant naturels qu’artifi¬ ciels sont encore disposés ici les uns à coté des autres. On conçoit encore que les laitiers . les scories qui traversent les fourneaux doivent se combiner d’une manière plus ou moins in¬ time avec la matière des parois de ces mêmes fourneaux et former des magmas hétérogènes très complexes. De là des masses de confusions , ainsi nommées par I\I. Ifronn, et ces masses se présen¬ tent fi equemment au contact des roches plutoniques et sédimen- taires. Due masse fondue, ou mieux encore un liquide quelconque susceptible de mouiller un corps poreux , est absorbée par ce même corps poreux. La coupellation est un exemple pratique très connu; les sulfures de plomb et d’antimoine pénètrent de même dans la pâte des creusets ; la fonte, dans les grès des hauts— four¬ neaux ; le cuivre et le sulfure de cuivre, dans les soles des four¬ neaux a manche , etc. , etc. De la à la métallisation des schistes et autres roches qui constituent les parois des filons , il n?y a qu’un pas , et nous possédons de beaux exemples de ces métallisations des grès anthraxifères de Mâcot , des schistes de Clieny et de Sainbel , etc. Cette imbibition n est pas restreinte aux seuls oxydes et sulfures métalliques; nous avons saturé de même artificiellement des schistes argileux par du chlorure de sodium; on conçoit donc que du quai tz fondu, du feldspath , etc., doivent silicifier et felcl- spathiser des schistes et des grès, et, en effet, une série de schistes montre parfaitement la marche des phénomènes , tels qu’ils se sont produits au contact des quartz et des porphyres des environs de Lyon. Les faits sont d autant plus évidents , que les lames du schiste argileux , par exemple , ont conservé leur teinte grisâtre, tandis que la partie feldspathique rouge se dessine par de longs rubans de même couleur alternant avec des feuillets schisteux. Pour rendre les faits encore plus démonstratifs ; nous avons eu soin de mettre dans la collection les contacts des schistes et des porphyres, en sorte que la dérivation porpliyrique est par¬ faitement saisissable. Mais toute masse ramollie est susceptible de cristalliser par le lefioidisseinent subséquent, s’il a été convenablement ménagé. Aussi les faits abondent et. ce genre ; ils se compliquent d’ailleurs souvent des résultats de la combinaison ou de la confusion .les SÉANCE DU 4 MAI 1846. 485 éléments de la roche platonique et de la roche sédimentaire. Nous nous contenterons donc de citer ici parmi les produits les plus remarquables la conversion des schistes argileux en schistes dits chloriteux , en schistes amphiboliques , en schistes micacés; la conversion des calcaires compactes en calcaires saccliaroïdes ; la formation des idocrases , des épidotes , des grenats , des asbestes , des micas , etc., etc. Nous avons déjà décrit une partie des faits que renferme la col¬ lection de la Faculté de Lyon dans divers Mémoires insérés dans les Comptes-rendus clc l' Académie des Sciences de Paris , dans les Annales île chimie et de physique, dans les Annales de la Société des sciences , agriculture et arts utiles de Lyon ; enfin, comme nous l’avons dit , quelques autres phénomènes seront successivement décrits au fur et à mesure que nos occupations pourront nous le permettre. M. Gastaldi écrit de Turin pour établir que les Pentacrinites indiquées par lui, Bu/l., 2e série, t. II, p. 53, sont réellement tertiaires. Turin , 29 avril 1846. J’ai annoncé , le 17 juillet 1844 ( Bulletin , 2e série , t. II , p. 53), la découverte que je venais de faire de fragments de Pentacrinite dans les terrains miocènes de la colline de Turin. En circonstanciant quelques faits ayant rapport à cette découverte, je concluais qu’on ne pouvait révoquer en doute la présence de ces êtres dans les terrains tertiaires. Dans sa séance du 20 janvier 1845 ( id. p. 198), la Société , avec les dons reçus , voulut bien faire mention des fragments de Pentacrinites que je lui avais envoyés. A cette occasion , M. Rozet a formulé un doute sur leur provenance , et M. d’Archiac lui a fait observer que dans ma lettre d’envoi j’avais préventivement ré¬ pondu à l’émission d’un tel doute. Dans la séance du 16 juin ( id. p. 574) , AI. Viquesnel a lu une note que lui a adressée M. Achille de Zigno , et dans laquelle celui-ci élevait un second doute sur la provenance des fossiles don il était question. La découverte que j’ai faite n’a par elle-même rien de surpre¬ nant ; elle tendrait tout au plus à démontrer que la Pentacrinite vivante n’est point une création nouvelle , mais un représentant éloigné d’une famille jadis riche en. genres et en espèces, et innom- SÉANCE DU !\ MAI 1846. l\ 86 brable en individus , laquelle a peu à peu diminué sans disparaître totalement, et qui maintenant touche peut-être à sa fin. Je n’attache pas à cette découverte plus d’importance qu’elle n’en mérite; mais comme dans ma lettre j’ai assuré que la pré¬ sence des Pentacrinites dans le terrain tertiaire était indubitable , et désirant en outre que pareille assertion ne paraisse ni téméraire ni hasardée , je prends la liberté d’adresser à la Société les obser¬ vations suivantes. 11 n’y a , selon moi , que deux doutes à élever contre mon as¬ sertion . L’un serait formulé contre le fait lui-même , c’est-à-dire si les fossiles en question ont vraiment été trouvés dans des couches ter¬ tiaires, et, lorsque cela serait démontré, on pourrait ensuite de¬ mander si ces couches ne s’étant formées qu’aux dépens d’autres terrains plus anciens , les Pentacrinites n’en auraient pas été arra¬ chées avec d’autres matériaux , et déposées ensuite dans les terrains tertiaires où elles sont maintenant renfermées. En réponse au premier de ces doutes , je dirais que j’ai trouvé ces fragments de Pentacrinites dans une couche épaisse de sable serpentineux de la puissance d’environ 10 mètres , associées à des pointes d’Ecliines, Cidarites; à des Coraux, Isis, Antipates, Celle- pores, Membranipores , Serpules, Thécidées , etc., etc., et à une quantité d’osselets assez semblables à ceux des Astéries ; et , ce qui est le plus important à observer, à des morceaux de bois percés par lesTérédines , noircis et réduits à l’état de lignite- La localité où j’ai trouvé pour la première fois ces fossiles est située entre Superga et le Pino , au versant S.-E. de la colline de Turin. J’en ai trouvé, il y a peu de jours, dans un autre endroit (la vallée des Ceppi) , à 2 kilomètres environ du premier, et dans une couche analogue , des mêmes direction et inclinaison. Là , une assez grande quantité de ces fossiles formait à elle seule une petite couche de la longueur de 0m,15. Ils consistent , ces fossiles, en fragments de tiges de 1, 2, 5, 10 anneaux, et en un grand nombre d’autres articulations qui devaient former peut-être les organes de préhension. Les arêtes des anneaux de la colonne , les rebords et les en¬ tailles des articulations, sont dans un état d’exquise conservation. Pour répondre maintenant au deuxième doute sus-énoncé , il faut observer que la colline de Turin , c’est-à-dire cette chaîne de monticules qui côtoie le Pô depuis Moncalieri jusqu’à Gassino , est exclusivement formée de terrain tertiaire moyen: à preuve, les observations de MM. Élie de Beaumont, Pault, de Collegno , de SÉANCE DU l\ MAI 18/|(5. 487 La Marmora, et surtout les écrits du chevalier Ange Sismonda; Que seulement aux approches de Gassino, et dans quelques autres endroits du Monferrat , se montrent des couches d’un calcaire , ou tertiaire inférieur , ou nummulitique , ou crétacé supérieur, selon les différentes opinions émises à ce sujet , controverse qui a donné lieu à plusieurs travaux et discussions parmi les écrivains que je viens de nommer , Que la distance qui sépare la colline de Turin des Alpes n’est pas moindre de 15 kilomètres , et pas moindre de 70 celle qui la sépare des Apennins. D’après cela , quand même on voudrait supposer que les Pen- tacrinites aient été arrachées aux couches de ces deux chaînes de montagnes , et entraînées où elles gisent maintenant ; à l’époque de la formation des terrains tertiaires , ce transport , soit qu’on le sup¬ pose opéré par les torrents ou par les flots de la mer, ne saurait être en harmonie avec l’état de conservation de ces fossiles. D’ailleurs , pour répondre pins directement à cette supposition , je rappellerai : Que les Pentacrinites n’ont été trouvées jusqu’à présent que dans les deux localités sus-mentionnées , et cela dans d’énormes couches de sable ; Que l’épaisseur et les composants de ces couches marquent un long et paisible dépôt opéré au sein d’une eau limpide et placé à l’abri des fureurs de la mer , ce qui est éminemment en rapport avec l’organisation délicate de ces animaux. Or, si ces fossiles eussent été arrachés à d’autres couches plus anciennes , on devrait maintenant les rencontrer de préférence parmi les cailloux du nagelflue ou dans les bancs de graviers ; en un mot, dans les dépôts qui se forment lorsque , soit par tempête de mer les flots sévissent le plus sur le rivage , ou que les torrents grossis rongent davantage les terrains par où ils passent, appor¬ tant ainsi un plus riche tribut à la mer. Mais, à l’exception des deux localités susnommées , et distinctes sous plusieurs rapports , tous les autres dépôts fossilifères de notre colline , bien qu’ils aient été sondés soigneusement , et examinés avec attention par MM. Brocoli i , Bonelli , Boyon , Géné , frères Sismonda , Michelotti , Bellardi , etc., n’ont jamais offert jusqu’à présent rien d’analogue , et on n’y a découvert aucun fossile qui puisse nous faire supposer sa préexistence dans des terrains plus anciens. Je vais donc conclure encore que les fossiles que j’ai trouvés sont tertiaires, ce qui d’ailleurs n’a rien d’extraordinaire. Cette 488 SÉANCE DU 4 MAI 1846. conclusion semblera peut-être inutile , vu la remarque de M. Aie. d’Orbigny (id., p. 53); mais il m’a cependant paru nécessaire de répondre aux doutes émis à ce sujet. M. d’Archiac a trouvé des espèces analogues dans le terrain de Biaritz. M. Agassiz ajoute que depuis longtemps on a signalé des Pentacrines dans l’argile de Londres. Le Secrétaire communique le passage suivant d’une lettre de M. Ach. de Zigno ; Padoue , 28 avril 1846. J’ai trouvé le terrain jurassique à Ammonites biplex de Sow. , et à Am. tatricus de Puscli , même sur nos collines Euganéennes , et toujours sous le Biancone à Belemnitcs lotus, Am. astierianus , Am. macilentus , Am. gras tamis et crioceras , comme je l’ai indiqué dans mon Mémoire. M. Ach. de Zigno invite les géologues à visiter ses collections à Padoue. M. deRoys propose Alais comme lieu de la prochaine réunion de la Société géologique. M. Stobiecki, au nom de MM. Requien , Dumas, Renaud et Raspail , s’engage à se rendre à cette réunion. M. Royer propose Béfort. MM. Michelin, de Bonnard, Yirlet, votent pour Alais. La Société décide qu’elle se réunira à Alais le 23 août 1846 (1) , M. Agassiz communique à la Société le type d’un genre nou¬ veau de poissons fossiles du terrain dévonien (O/d red satul stone ) , appartenant à la famille des Céphalaspides. Ce genre est surtout remarquable par le développement extraordinaire de la partie inférieure de la ceinture thoracique, qui ressemble au sternum des Tortues, et par une certaine analogie de forme avec les Coffres. Dix autres espèces également nouvelles ap¬ partiennent à des genres déjà connus de différentes familles. Toutes ces espèces proviennent de l’Eifel, et se trouvent dans collection de M. de Yerneuil. (1) Le jour de la réunion a été ultérieurement changé et fixé au dimanche 30 août. SÉANCE DU k MAI 1846. 489 M. Agassiz propose le nom d’Émidichthys pour son genre nouveau. M. Ch. Deville donne quelques détails sur l’île de Fogo , une des îles du cap Vert. Il dépose sur le bureau une esquisse topographique in-4° de cette île, faite par lui en 1846. M. Marcou commence la lecture d’un Mémoire intitulé : Recherches géologiques sur le Jura salinois. M. Rozet, à la suite de cette communication, fait remarquer que les soulèvements, dans le Jura de M. Thurmann , étant fondés sur des affleurements , il suffit d’un cours d’eau pour changer l’ordre de ces soulèvements en enlevant la couche su¬ périeure. M. Agassiz pense queM. Rozet n’a pas parfaitement compris la théorie de M. Thurmann. Nulle part les terrains oxfordiens ne sont mis à découvert que sur leur tranche. Si une partie de la couche oxfordienne est enlevée , il en résultera une excava¬ tion dans une falaise. M. Rozet répond que c’est toujours la couche supérieure qui détermine l’ordre du soulèvement*, supposons que les Romains aient fait une coupe dans la couche supérieure pour tracer une route , la couche superficielle disparaît , et c’est la couche au- dessous qui devient superficielle. M. Agassiz trouve que M. Rozet prête à M. Thurmann une théorie qui n’est pas la sienne. Il prétend seulement que , sui¬ vant que la rupture pénètre jusqu’à l’argile kimméridienne, jus¬ qu’au terrain oxfordien ou jusqu’au lias , etc. , il l’appelle soulè¬ vement de premier, de deuxième, de troisième ordre, etc. *, il n'a jamais prétendu qu’il y eût une série de soulèvements ayant agi de bas en haut à des époques différentes pour produire ces dif¬ férents accidents orographiques. Si le soulèvement a pénétré jusqurau second système de marnes, il dit, en un mot, soulè¬ vement de second ordre. Il les considère tous comme étant de même âge. L’expression est inexacte, si l’on veut; mais elle exprime une chose très nette et définie. M. Agassiz veut que l’on creuse profondément le sens d’un auteur. /|yU SÉANCE DU !\ MAI l8/l6. Aî. Kozel dit que c est un seul soulèvement que I on distingue en trois ou quatre. M. d Omalius d’Halloy regarde l’expression ordre de soulè¬ vement comme très juste ; il la compare aux ordres d’architec¬ ture : c est seulement un mode. AI. d Omalius d Ilalloy fait la communication suivante : Aote sur la succession clés êtres vivants , par AI. d’Omalius d’Halloy» Je conviens que les hypothèses sur les causes qui ont occasionné les différences que l’on remarque entre les êtres organisés qui se sont succédé à la surface de la terre ne peuvent , ainsi que toutes les considérations hypothétiques, en général, être considérées comme de la vraie science , mais la tendance de l’esprit humain à s occuper de ces espèces de romans scientifiques, et les moyens qu ils donnent de coordonner et d’expliquer les observations posi¬ tives , sont cause que le développement de ces hypothèses a jusqu’à un certain point pris place à côté de l’étude des faits, et qu’il a toujours plus ou moins occupé les savants , ce qui me donne l’espoir que la société ne trouvera pas mauvais que je l’entretienne quelques instants de ce sujet. La paléontologie , c est-à-dire l’étude des restes de corps orga¬ nisés qui se trouvent enfouis dans l’écorce du globe, est une science trop nouvelle pour que l’on puisse se flatter d’en obtenir toutes les lumièies qu elle répandra un jour sur l’histoire de la terre , et si elle nous a déjà assez instruits pour nous faire sourire lorsque nous voyons que Voltaire écrivait que les coquilles que l’on trouve sur les montagnes y avaient été déposées par des pèlerins elle nous met encore dans le cas de faire des hypothèses qui peut-être ne paraîtront pas plus raisonnables à nos neveux. Ayant été , en quelque manière , forcé de me prononcer sur le mérite de ces hypothèses , lorsque, en 1831, je publiai des Élé¬ ments de géologie, je donnai la préférence à celle qui suppose que les êtres vivants aujourd’hui descendent, par voie de génération, de ceux des premiers temps, quoique leurs formes présentent di¬ verses modifications successives ; mais les géologistes sont en géné¬ ral contraires à cette manière de voir , et depuis qu’il est reconnu qu aucune des espèces des premiers temps n’existe plus mainte¬ nant et que meme ces premières espèces , ni aucune des espèces actue es , n ont existé dans les temps intermédiaires , la plupart SÉANCE DU II MAI 1840. /|9l d entre eux admettent qu’il y a plusieurs créations précédées de destructions complètes de la nature vivante. Je suis loin de mettre à des opinions aussi hypothétiques plus d’importance qu’elles n’en méritent; j’avoue même, ainsi que je l’ai dit dans les éditions postérieures de l’ouvrage que je viens de citer, que ma confiance dans l’hypothèse des modifications a été ébranlée par la doc¬ trine qui s’était assez généralement répandue parmi les paléonto¬ logistes , que les divers systèmes d’organismes étaient tellement tranchés qu’aucune espèce d’un système ne se retrouvait jamais associée à celle d’un autre système. Mais actuellement que cette manière de voir commence , à son tour, à être ébranlée , et que de nouvelles observations tendent à faire revenir à l’opinion que cette différence complète entre les êtres organisés enfouis dans deux dépôts immédiatement superposés, proviendrait de quelques circonstances accidentelles , telles que des destructions locales ou l absence d’un dépôt intermédiaire, je crois pouvoir me permettre de revenir sur les motifs qui me portent encore à considérer l’hy¬ pothèse que j’ai admise comme celle qui s’accorde le mieux avec la marche ordinaire de la nature. Les principaux motifs que les zoologistes invoquent pour faire rejeter l’hypothèse de la modification des êtres vivants , sont d’abord que les espèces n’ont point éprouvé de changements de¬ puis les temps historiques les plus reculés , et que l’on ne trouve pas d’intermédiaires d’une espèce à une autre. Je conviens que depuis les temps historiques , ou , pour parler le langage des naturalistes, depuis la dernière grande révolution géo¬ logique , il y a dans la nature organique une stabilité telle que les espèces se sont maintenues avec leurs caractères distinctifs ; c’est là un résultat sur lequel l’étude des monuments historiques est d’accord avec celle des monuments géologiques, mais est-ce une raison pour qu’il en ait toujours été ainsi? toutefois , avant de re¬ chercher ce qui a pu se passer dans les temps anciens, il convient d’examiner ce qui se passe maintenant. Or, tout en admettant qu’il y a dans la nature organique actuelle une stabilité qui ne permet pas des changements semblables à la succession de diffé¬ rences que nous révèle l’étude paléontologique du globe , il n’en résulte pas que cette stabilité soit complète. On ne peut disconve¬ nir, en effet , que la plupart des êtres , transportés dans des contrées différentes de celles où leur race est habituée à vivre, n’éprouvent des modifications qui se reproduisent par la génération et devien¬ nent permanentes si les mêmes circonstances continuent à agir. Quel est le cultivateur, par exemple, qui n’a point dit que certaines plantes ou certaines races d’animaux dégénèrent lorsqu’on les 492 SÉANCE DU 4 MAI 1846. transporte dans certaines contrées ? On sait également que les soins de 1 nomme ont fini par faire doubler les fleurs, par rendre les rmts plus succulents et même , comme disent les horticulteurs, par taire gagner de nouvelles espèces. On est également parvenu à rendre es animaux domestiques plus propres aux usages auxquels on les destine, et les effets de cette influence des soins de l’homme sont si généralement reconnus qu’il n’y a pas de zoologiste qui ne convienne que la domesticité modifie les animaux. A la vérité il y a des zoologistes qui rejettent ces derniers résultats de la série des phénomènes naturels , et qui voient un effet de Y art partout où I homme a etendu ses soins, de même que les minéralogistes ap¬ pellent artificiels les cristaux que l'on obtient dans les laboratoires et dans les fabriques ; mais j’ai déjà eu l’occasion de faire remar¬ quer (li que si l’art peut faire une statue, un tableau, un tissu, il ne peut lane ni un cristal , ni un être vivant ; tout ce que l’homme lait a cet egard , c’est de disposer les choses de manière que certaine loi naturelle, dont l’action était paralysée, se trouve dans des circonstances qui en facilitent le développement. Si mainte¬ nant nous recherchons quels sont les moyens nue l’homme emploie pour modifier les êtres vivants, nous verrons que c’est en général en c langeant 1 alimentation et la température. Or, l’étude de la géo¬ logie nous prouve que la température , la nature de l’atmosphère et les productions de la terre ont été dans les temps anciens bien differentes de ce qu elles sont dans la période actuelle, et qu’elles y ont éprouvé beaucoup de variations. h objection tirée de ce qu’il n’y aurait pas de passages entre les especes anciennes et les espèces actuelles , serait d’une grande im¬ portance s. les zoologistes étaient d’accord sur les principes qui dete, minent 1 espece et sur l’application de ces principes; mais on est porte a en prendre une idée différente lorsque l’on voit les grandes variations qui existent à ce sujet. On serait même tenté de ne que la détermination de l’espèce chez les paléontologistes, au heu d etre basee sur des caractères tirés uniquement des corps ob¬ serves , est le résultat d idées théoriques , car nous voyons que les auteurs qu, pensent que chaque période géologique correspond à une population organique complètement indépendante donnent des noms spécifiques différents à des êtres qui , pour d’autres pa¬ léontologistes , ne forment que des variétés d’une même espèce Nous voyons meme plus, c’est-à-dire qu’il arrive quelquefois qu’un auteur nouait que des individus de certaine espèce ont été abu- sivement ranges dans une autre espèce. Du reste , ce n’est pas seu- (1) Précis élémentaire de géologie, p. 198. SÉANCE DU l\ MAI 18Z|6. /j93 lement dans la paléontologie qu’il règne des incertitudes sur l’éta¬ blissement des espèces ; car si nous ouvrons un traité de zoologie , nous y verrons que des êtres vivant actuellement , et dont certains auteurs font plusieurs espèces , sont considérés par d’autres comme de simples variétés. Cette variation , au surplus , ne doit point étonner lorsque l’on fait attention que l’on n’a pas encore pu faire , pour l’espèce organique , une bonne définition basée sur les caractères des êtres que l’on observe , et que celles qui sont le plus généralement admises s’appuient sur l’origine des êtres, c’est-à-dire sur une considération qui échappe ordinairement à l’observation , et qui est plus ou moins hypothétique. Nous n’avons , en effet , aucun moyen positif de nous assurer que des êtres soumis à notre examen descendent exclusivement d’ancêtres cpii présentaient le même ensemble de caractères ; aussi les zoologistes n’ont-ils pas encore pu se mettre d’accord sur l’unité spécifique du groupe d’a¬ nimaux qu’ils sont le mieux à même d’observer, celui des chiens domestiques. D’un autre côté , cette supposition cpie les descen¬ dants doivent toujours présenter les mêmes caractères que leurs ancêtres , est-elle bien en harmonie avec les modifications occa¬ sionnées sous nos yeux par des causes extérieures et avec la faculté qu’ont certains êtres de se reproduire en s’unissant avec des êtres d’espèces différentes? On dit, à la vérité, pour ce qui concerne cette dernière considération , que les croisements n’ont presque jamais lieu dans l’état naturel, et que les hybrides sont générale¬ ment stériles ou tendent à retourner à l’un des types spécifiques originaires. Mais, quelle que soit la répugnance que la nature a pour les croisements et la difficulté que les hybrides ont à se re¬ produire , il suffit que ces phénomènes aient quelquefois lieu pour qu’on puisse les considérer comme entrant dans la série des lois naturelles. On sait, d’ailleurs, qu’il y a des circonstances qui ren¬ dent les êtres vivants pins disposés aux croisements , et ces cir¬ constances sont précisément en rapport avec ce qui avait lieu dans le temps des grandes révolutions géologiques. D’un autre côté , quand nous parlons de la stérilité des hybrides , ou plutôt de cer¬ tains hybrides , ne ressemblons-nous pas à un cornac hindou qui dirait que les éléphants sont stériles parce que l’on n’en a pas encore vu se reproduire en domesticité ? Car, de même que ce résultat est dû à ce que l’éléphant a besoin pour se reproduire de se trouver dans des conditions où l’on n’a pas encore pu le mettre dans l’état de domesticité , il est probable que si les hybrides sté¬ riles ne se reproduisent pas, c’est qu’ils ne se trouvent pas dans les conditions nécessaires pour que leur reproduction ait lieu ; or. m SÉANCE DU h MAI 18Ü6. l’étude de la géologie nous porte à conclure que les temps anciens étaient bien plus favorables à la reproduction des êtres vivants que la période actuelle. Pour ce qui est du prétendu retour des produits des hybrides vers l’un de leurs types , j’ai déjà eu l’occasion de faire remarquer (1) qu’il est loin d’être constaté que ce retour ait lieu lorsqu’il n’est pas déterminé par un nouveau croisement , et qu’il est bien probable que l’on a pris pour un retour de simples oscil¬ lations qui s’exercent , comme toutes les oscillations, dans des limites plus ou moins restreintes (2). (1) Des races humaines , p. 12. (2} Comme je viens de parler du retour à un type primitif, il n’est pas hors de propos d’ajouter que les êtres modifiés par les soins de l’homme, retournant à la forme antérieure de leurs ancêtres lorsqu’on les abandonne à eux-mêmes, on a invoqué ce retour contre la modi¬ fication des espèces; et les zoologistes, qui rejettent cette modification comme une hypothèse trop hasardée, se servent d'un langage tout aussi hypothétique ; car ils disent que , dans ce cas, il y a retour à un type primitif , comme s’ils avaient la preuve que la forme actuelle des êtres vivants à l’état sauvage est celle qu'ont toujours eue les ancêtres de ces êtres. Du reste , cette tendance des êtres modifiés par la domes¬ ticité à reprendre, lorsqu’on les abandonne à eux-mêmes, les formes de ceux restés sauvages, n’est pas, selon moi, une preuve que ces formes leur soient plus naturelles ; elle annonce seulement que ces formes sont celles que leur donnent les conditions dans lesquelles ils se trouvent à l'état sauvage. En effet, lorsque l’homme cesse de mettre ces êtres dans les conditions propres à leur donner et à leur conserver les formes particulières à la domesticité , les causes qui agissent sur les êtres sauvages recommencent à agir sur eux, et tendent, par con¬ séquent, à leur faire reprendre des formes en harmonie avec les nou¬ velles conditions où ils se trouvent. De sorte que ce phénomène , bien loin de prouver que les ancêtres des êtres actuels avaient les mêmes formes que ces derniers, est, au contraire, à mes yeux, un motif pour admettre que, quand l’état du globe était différent de ce qu’il est aujourd’hui , les êtres vivants y avaient des formes différentes de celles qu’ils ont maintenant. Je pourrais encore ajouter que l’hypothèse de la modification des espèces vient de recevoir un nouvel appui par la découverte que l’on a faite, dans ces derniers temps, d’animaux qui ont la faculté de se re¬ produire avant d’avoir pris leur dernière forme ; car on conçoit que s’il survenait une cause générale et permanente qui empêchât ces ani¬ maux d’accomplir leur dernière métamorphose , il s'établirait une nou¬ velle série d’êtres qui formerait une espèce différente de celle de leurs ancêtres, espèce qui pourrait même appartenir à une autre classe que l’espèce originaire, comme dans le cas de ces Polypes que l’on a re¬ connu présenter pendant une certaine période de vie les caractères distinctifs des Acalèphes. Or, on sait qu'une foule de petites circon- SÉANCE I)U h MAI 18/jG. 495 On voit , par ce qui précède , que ", quelle que soit la stabilité actuelle des espèces , les modifications des êtres vivants ne sont pas un phénomène étranger à la nature actuelle , et que , en supposant que ces modifications se sont exercées anciennement dans des li¬ mites beaucoup plus étendues qu’ actuellement , on ne fait qu’ap¬ pliquer à la nature organique les mêmes principes que presque tous les géologues appliquent à la nature inorganique , manière de voir qui paraît d’autant plus rationnelle , que les causes que nous supposons avoir donné plus de force aux phénomènes physiques sont également de nature à donner plus d’énergie aux phénomènes physiologiques. Si nous nous occupons maintenant de l’hypothèse qui admet des créations successives, ne pouvons- nous pas dire qu’elle recourt à des phénomènes tout-à-fait en dehors de la nature actuelle ? On dit, à la vérité , pour justifier cette manière de voir , que , puis¬ qu’il faut supposer une première création, on ne sort pas de l’ordre naturel en admettant qu’il y en ait eu plusieurs; mais je répondrai que cette supposition d’une première création n’est pas même une conséquence de l’observation , et que si le mot création s’est introduit dans le langage du naturaliste, c’est que la religion a fait de ce grand acte de la volonté de Dieu une des expressions or¬ dinaires du langage usuel. Le naturaliste doit avouer que la pre¬ mière cause du mouvement vital ne lui est pas plus connue que celle des mouvements physiques , et que les sciences naturelles doivent s’arrêter devant des recherches qui ne sont plus de leur domaine (1). stances extérieures , telles qu’un changement de température ou de milieu, suffisent pour arrêter l’évolution d’un être vivant, et que l’étude de la géologie nous fait connaître que la température et la na¬ ture des fluides qui entourent la terre ont éprouvé dans la série des temps de grands changements, plus ou moins généraux et plus ou moins permanents. (1 ) J’ai déjà eu l’occasion d’exprimer plusieurs fois que l’on devait éviter de faire intervenir les considérations religieuses dans les discus¬ sions sur les sciences naturelles; mais, comme d’un côté les natura¬ listes ont introduit le dogme de la création dans la question qui nous occupe, et que, d’un autre côté , on a attaqué l’hypothèse de la modi¬ fication des espèces, comme contraire aux croyances religieuses , je me permettrai de faire observer que l’hypothèse de plusieurs créations, précédées de destructions complètes de tous les organismes préexis¬ tants , est bien plus contraire au texte et à l’esprit de nos livres sacrés que celle de certaines modifications dans les formes des êtres vivants. En effet, ces livres ne parlent que d’une seule création , dont le détail 496 SÉANCE DU 4 MAI 1846. D’un autre coté, l’état des diverses populations qui se sont suc¬ cédé à la surface de la terre est-il bien en rapport avec ce qu’il semble devoir être , s’il y avait eu des créations successives précé¬ dées de destructions complètes des organismes précédents? 11 serait au contraire bien étonnant, dans ce cas, que ces créations se soient toujours reproduites sur les mêmes types généraux et que ces types aient chaque fois éprouvé des modifications progressives qui ten¬ dissent à les faire arriver à l’état de l’organisation actuelle (1). Un semblable hasard est tout-à-fait inadmissible, et si l’on objectait que ce résultat n’est point un hasard, mais l’effet d’une loi de la nature , n est- on pas en droit de répondre que les lois de la nature sont toujours les plus simples possibles, et qu’il est bien plus sim¬ ple de supposer que les espèces contiennent en elles-mêmes l’ap¬ titude à éprouver certaines modifications lorsqu’elles sont soumises à l action de certaines causes, que de supposer que pour amener un semblable résultat , la nature a eu recours à des moyens aussi s allie assez bien avec les résultats de la paléontologie, pour ce qui concerne l’apparition successive des principaux types , et loin de con¬ duire à supposer que les premiers types aient été complètement dé¬ truits et remplacés par des créations nouvelles , ils nous entretiennent de la manière dont ces types ont été conservés à travers la dernière grande révolution géologique. Ces livres nous conduisent également , ainsi que je l’ai déjà fait remarquer ailleurs, à admettre des modifica¬ tions dans la succession des êtres qui descendaient d’une même souche, puisqu’ils nous rapportent que l’homme était doué, dans les temps anciens , d’une longévité qui n'est plus en rapport avec son or¬ ganisation actuelle. (1) On a attaqué l’expression de tendance au perfectionnement dont on s’est servi pour désigner la marche progressive de la nature orga¬ nique, par la considération que certaines grandes coupes de la série animale n’avaient éprouvé aucun perfectionnement depuis les premiers temps connus; mais il suffit que ce perfectionnement successif ait eu lieu dans le groupe le plus élevé, celui des animaux vertébrés, pour que 1 expression soit exacte, d autant plus qu il n'y aurait rien de contraire à la doctrine du perfectionnement dans la supposition que certains groupes avaient acquis dès les premiers temps toute la perfection qui , d’après la loi de la subordination des caractères , est compatible avec leur plan d’organisation. D’un autre côté, il est bon de faire remarquer que l’on tomberait dans une erreur grossière si l’on supposait que par le perfectionnement des êtres on entend néces¬ sairement que tous les types proviennent du type le plus simple; car si cette idée a pu venir avant les découvertes de la paléontologie ’ mo¬ derne , (die est maintenant, ainsi que 1 idée de la génération sponta¬ née. en opposition avec l’observation. SÉANCE DU /| 5! AI 1846. 497 compliqués et aussi ext raordinaires que des destructions complètes des organismes et de nouvelles créations ? On a aussi supposé que , au lieu de nouvelles créations précédées de destructions complètes , les formes nouvelles dont la paléonto¬ logie nous révèle l’apparition successive étaient le résultat de créa¬ tions partielles, ou, si l’on veut, le résultat de germes restés sans manifestation extérieure depuis la première création. Cette hypo¬ thèse a saris contredit quelque chose de moins compliqué que la précédente , mais elle n’est justifiée par aucun des faits que nous offre la nature actuelle , tandis que l’on a vu ci-dessus que le plié-1 nomène de la modification des êtres vivants s’exercait encore dans de certaines limites. Je persiste donc à croire que cette dernière hypothèse est bien plus en rapport avec l’état actuel des choses que celles qui supposent que de nouvelles formes ont apparu sur la terre autrement que par la génération des êtres préexistants. M. Àgassiz dit que les paléontologistes qui parlent de créa¬ tions réitérées empruntent leurs arguments aux fossiles seule¬ ment. Les créations réitérées sont indépendantes les unes des autres. Quant à la mutabilité des espèces actuelles, M. Agassiz admet les exemples cités par M. d’Omalius-, mais pour les es¬ pèces de plantes et d’animaux domestiques, c’est, l’homme qui les modifie. Les modifications dans les différentes couches géo¬ logiques sont d’une nature très différente. M. Boubée soutient que l’homme a été créé après beaucoup d’autres êtres organisés qui avaient peuplé la terre avant lui , et qu’on ne saurait le déduire d’aucune souche préexistante. M. d’Omalius répond qu’on doit s’occuper uniquement des êtres vivants comme êtres existants , et changer le mot création. M. Michelin aurait voulu que M. d’Omalius s’expliquât sur un système qui suppose une création de tous les êtres parmi lesquels il y a eu ensuite des extinctions* M. d’Omalius renvoie sa réponse au moment où l’on connaî¬ tra la paléontologie de toute la terre. M. Michelin soutient f absence de fossiles d’un terrain dans un autre terrain , en se fondant sur des espèces de Polypiers* M. Boubée proteste contre l’idée qu’il n’y a pas eu de créa¬ tion , et même plusieurs créations distinctes et successives , lorsque telle est la conclusion la plus formelle et la plus écla- Soc. géol. , 2e série, tome III. 32 /i98 séance du 18 mai I8/16. tante des observations déjà si nombreuses recueillies sur la terre entière. De plus, M. Boubée défend les naturalistes , et il se défend lui-même contre cette imputation deM. d’Omalius , d’avoir fait intervenir les considérations religieuses dans les discussions de la science. Les géologues qui ont fait apercevoir une corres¬ pondance frappante entre la série des faits géologiques et l’ordre des créations consigné dans la Genèse, n’ont nullement invo¬ qué l’autorité des livres sacrés à l’appui de leurs systèmes ou de leurs explications. Ils ont simplement signalé un fait qui reste en dehors de toute théorie scientifique j à savoir, cette re¬ lation qui existe entre le résultat des observations aujourd’hui acquises à la science et le récit de la Genèse. Mais on ne saurait dire que ce soit là faire intervenir les considérations religieuses dans les discussions de la science. M. Rozet fait observer que l’on ne connaît pas assez les ani¬ maux marins pour parler de création. M. le Secrétaire donne une idée d’un Mémoire de M. Rover, sur les moraines d’Olichamp, prés de Remiremont. Il lit les conclusions d’un Mémoire de M. Cornuel sur les fos- A ' siles microscopiques du terrain crétacé inférieur de l’Aube. Séance du 18 mai 18 /i 6. présidence de m. dufrénoy , Dice -président . M. Le Blanc, secrétaire , donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Le Président annonce ensuite deux présentations. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part de M. Leymerie, Statistique géologique et miné¬ ralogique du département de /’ Aube ; in-8°, 676 p., atlas de II pl. Troyes-Paris, 18A6. SÉANCE DU 18 MAI 1846. im De la part de M. Alcide d’Orbigny, 1° Paléontologie des coquilles et mollusques étrangers à la France; lre livraison. 2° Mollusques vivants et fossiles ; 2e et 3e livraisons. De la part de M. Hardouin Michelin , Iconographie zoophy- tologique; 21e livraison. De la part de M. Damour, Analyse du Jade oriental (extr. des Annales de chimie et de physique , 3e part., t. XYI ) ; in-8°, 6 p., Paris, 1846. De la part de M. le Dr E. Robert, Moyens proposés pour préserver les statues et les marbres de toutes sortes , exposés a l'air , des cryptogames , etc. (extr. du Moniteur des Arts du 26 avril 1846)-, in-8°, 8 p. Paris, 1846. De la part de M. Achille de Zigno, Su'l terreno cretaceo , etc. (Observations sur le terrain crétacé de l’Italie septentrionale)*, in-4°, 12 p., 1 pl. Padoue, 1846. De la part du ministre de la Guerre des Etats-Unis, Re¬ ports , etc. (Rapport destiné à l’explication d’une carte du bassin hydrographique du Haut -Mississipi, fait par J. -N. Ni- collet) \ in-8°, 170 p., 1 carte. Washington , 1843. Comptes-rendus des séances de V Académie des sciences , 1846, 1er semestre, nos 18 et 19. Bulletin de la Société de géographie , 3e série, t. Y, n° 27. Annales de P Auvergne; t. XIX, mars et avril 1846. L'Institut , 1846, nos 644 et 645. L'Écho du monde savant , 1846, 1er sem., nos 36 à 38. The Athenœum , 1846, nos 967 et 968. The Mining Journal , 1846, nos 559 et 560. N eues Jahrbuch , etc., par Leonhard et Bronn, 1846, 2e cahier. La Société nomme MM. de La Marmora , Sismonda et Pareto pour ses délégués au congrès scientifique de Gênes. M. Marcou achève la lecture de son Mémoire sur le Jura sali- nois qu’il avait commencée dans la séance précédente. Il offre à la Société une collection de fossiles relative à cette communica¬ tion , dont il donne le résumé suivant : 500 SÉANCE DU 18 MAI 1846. Résumé de mon Mémoire intitulé : Recherches géologiques sur le Jura salinois. Dans les observations préliminaires, je fais l’historique des tra¬ vaux géologiques dont les monts Jura ont été le théâtre , et j’in¬ siste surtout sur les Mémoires de M. Thirria, qui , le premier, a donné une description des terrains jurassiques du continent euro¬ péen; de M. Thurmann , dont la belle théorie des soulèvements jurassiques a fait faire un pas immense à la géologie du Jura; de M. Gressly , qui , en donnant une description aussi savante que concise du Jura soleurois , a abordé et traité les questions les plus difficiles de la géologie, et a tracé aux géologues qui s’occupent du Jura la seule voie qui puisse les conduire à des résultats vrai¬ ment généraux et philosophiques. Enfin les travaux paléontologie ques du savant M. Agassiz ont jeté une vive lumière sur les êtres organisés qui habitent les parages actuellement occupés par les monts Jura , lors delà période jurassique. Le plan que j’ai adopté est celui suivi par M. Thurmann, avec quelques modifications apportées par les progrès de la science. Je divise mon travail en trois parties , tout-à-fait distinctes l’une de l’autre, par suite de la topographie du pays que je décris. La pre¬ mière partie, qui est celle que je présente actuellement , comprend la description pétrographique, géognostique et paléontologique des terrains keupériens et jurassiques ; terrains qui constituent entiè¬ rement la charpente des montagnes du Jura , et dont la disloca¬ tion s’est opérée à la même époque. La seconde partie comprendra la description des terrains néocomiens et du gault , ainsi que des alluvions de la Bresse ; enfin la troisième partie présentera l’oro¬ graphie des chaînes du Jura français, et sera accompagnée d’un grand nombre de coupes et d’aspects géologiques. Le terrain le plus ancien qui affleure dans le Jura salinois est le trias représenté par le keuper ; il longe toute la grande falaise jurassique depuis Salins jusqu’à Lons-le-Saulnier , et présente sur cette étendue un grand nombre de coupes dont voici le résumé. Je divise le keuper en trois étages : l’étage inférieur, composé de deux groupes, comprend dans le premier groupe les sels gemmes et les marnes salifères (1), et dans le second, un banc de dolomie, des gypses marneux, noirâtres, avec nombreux cristaux de sulfate ( l) Voir, pour plus de détails , ma Notice sur In jorrnntion keupé- rienne dans le Jura s 5« Groupe. I Calcaires cloisonnés fétides . ? il 1 % d s 1 Schiste ardoisier et calcaire a Cypric.ar- \ “•Ç < din . [ 2e Groupe. 'W a. J Grès de Boisset Marnes argileuses et calcaires, irisées, avec interposition de couches de do- î 1e»- Groupe, lomie . . . J •= * / / Gypse blanc et grès. . . . . . ) g _ S o u! I a à ( Troisième banc de dolomie . j ‘ uUl” • s ^ « I 1 “E. o = 1 - oj Gypse blanc compacte et amygdaloïde. . \ - “ 2 1 w S | Marnes gypseuses rouge lie de . . 5 1er Groupe. 5 ~ E. } . Second banc de dolomie . ) g i. -v ) « 2 ~ \ . Marnes, erès micacés et houille , . -c Jï 1 •- I Gypse noirâtre et rouge, et cristaux de [ „ „ = - Î / » = l Jrir , ] u ; Gi oupe, a -a 1 1 ï 1 sulfate de chaux f P" s = ! — < Premier banc de dolomie *w «22 ) ï î - .5 f Marnes salifères . ) , _ ^ ^ ^ \ Sels gemmes . j *r G i oupe Je divise le terrain jurassique en quatre étages, qui se présentent dans l’ordre suivant. Le Lias , qui commence au calcaire à Grv- phées arquées , se subdivise en trois groupes principaux; le groupe inférieur renfermant seulement le ea le aire à Gryphites , et dont les fossiles les plus caractéristiques sont : Belenmites acutus Miller; Nanti lus intermedius Sow.; Ammonites Bucklandi Sow. ; Stellaris Sow. ; Conybeari Sow, et Kridion Helil. ; Gryphœa arcuata Lam. ; Pecten textorius Goldf. ; Lima gi gante a Desh. ; Spirifer fV alcotii Sow. ; Pinna Hartmanni Ziet. ; Carclinia çoncinna Agas. ; et secu- rijormis Agas. ; Homomya ventricosa Agas. ; Pleuromya striatula Agas. , et galathca Agas. ; Pentacrinus basaltiformis Miller, etc. Le groupe moyen comprend une grande masse de marnes et cal¬ caires marneux, qui se subdivisent de la manière suivante d’après les fossiles que l’on y rencontre : les marnes et calcaires marneux à Gryphea cymbium , dont les fossiles les plus caractéristiques sont: Belenmites urnbilicatus Blainv., et Fournelianus d’Orb. ; Ammonites planicostata Sow. ; Gryphœa cymbium Lam.; Spirifer rostralits Ziet . ; Terebratula numismalis Bronn ; Pholadomya Voltzii Agas. ; Mactromya gibbosa Agas. , etc. ; le calcaire à Belenmites , pétris du Belenmites urnbilicatus , et dont les autres fossiles les plus caracté¬ ristiques sont : Ammonites Dacœi Sow., et fimbriatus Sow. Les marnes à Ammonites mavgaritatus renferment un grande quantité SÉANCE DU 18 MAI 18Zl6. 508 de corps cylindriques et ovoïdes, connus sous le nom de Septaria ; elles sont très peu riches en fossiles; le plus abondant est Y Am¬ monites margaritatus d’Orb. Enfin les marnes a Plicatules sont caractérisées par le Plicatula spinosa Sow. ; Belemnites Bruguie- rianus d’Orb.; Ammonites spinatus Brug. . et le Pecten œquivalvis Sow. Le groupe supérieur du Lias commence à des marnes très schisteuses , bitumineuses , renfermant une très grande quantité de Posstdonia Bronnii , Goldf. ; puis viennent des marnes bleuâtres très fossilifères, que je désigne sous le nom de marnes à Trochus , parce que le Trochus duplicatas Sow. s’y montre abondamment dans toutes les chaînes des monts Jura. Les autres fossiles les plus caractéristiques sont : Belemnites irregalaris Sclilot. , compressas Blainv. , unisulcatus Blainv. et bretirostris d’Orb.; Ammonites bijrons Brug. , radians Schlot. , prirnordialis Schlot. , Germain/ d’Orb. , mucronatns d’Orb. , Requinia/ius d’Orb. , sternalis de Buch. , insignis Schubler, complanatus Brug. , discoides Ziet. , binas d’Orb., et serpentinas Schlot.; Turritella echinata de Buch.; Pecten paradoxus Münst.; Trigonia pu le lie lia A gas . , Area œquival - vis Goldf. ; Nucula Hammeri Def. , rostralis Lam. ; Cf a thophyl la m mactra Goldf., etc. Enfin le grès superliasique termine l’étage du lias. Les fossiles qui dominent dans tout cet étage appartiennent à la famille des Céphalopodes , ce qui me fait regarder ce membre du terrain jurassique (des monts Jura) comme le règne des Cé¬ phalopodes jurassiques. Les roches dominantes sont des marnes et calcaires marneux , avec quelques couches de grès qui indiquent un dépôt de formation vaseuse , avec courants qui amenaient des sables lors du dépôt des grès. L’étage de l’oolite inférieure commence par des assises de cal¬ caires marneux , imprégnés d’une très grande quantité d’oolite ferrugineuse ; les fossiles les plus caractéristiques sont : Ammonites subradiatus Sow.; Murchisonæ Sow. ; Lima proboscidea Sow.; Te¬ rri»' a t al a perovalis Sow. , Pholadomya / ietenii Agas. ; media Agas. ; Pleuromya tenuistria Agas., Aidai ni Agas. ; Hyboclypus gib- beralas Agas.; Cidaris horridci Mér. , etc. Au-dessus se trouve une grande série d’assises de calcaires compactes , jaunâtres , renfer¬ mant des fossiles triturés et indéterminables , que je désigne sous le nom de calcaire Lœdonien , parce qu’aux environs de Lons-le- Saulnier ce groupe est très développé. Puis vient le calcaire à Polypiers , qui offre un très grand développement de polypiers pierreux , appartenant aux genres Astrea , Agaricia , Pavonia , Meandrina , etc. Aux alentours de ces bancs de polypiers, on ren¬ contre assez abondamment des débris d’Echinides appartenant 4 504 SÉANCE DU 18 MAI 1846. la sous-damille des Cidarides de Al. Agassiz , tandis qu’au contraire les Céphalopodes y sont extrêmement rares. On y trouve aussi un giand nombie de rognons siliceux connus sous le nom de ch aille : cesiognons renferment souvent des plioladomyes ou des térébra- tules îoulées; et leur existence auprès, des bancs polypiers indique pour ces chailles une origine inhérente à ces bancs de Zoopliytes. C nc mince couche de marnes généralement connues sous le nom de Fullersr-earth, et que je désigne sous le nom de marnes eé s ali en nés, parce qu’elles ont été très bien observées par M. Thirria aux en¬ virons de Vesoul , se montre au-dessus du calcaire à polypiers. La l'aune de ces marnes varie beaucoup suivant les localités, et en poursuivant la couche sur une distance de 70 kilomètres j’ai vu changer plusieurs fois l’association des fossiles, et je n’ai rencontré qu une seule térébratule de réellement identique sur toute cette distance. Les fossiles les plus caractéristiques sont : Üstrea Knorrii Voltz ; Üstrea acuminata Soav.; Terebratula concinna Broun ; P ko¬ la dam ya Bucçardium Agas. ; Mactromya œqualis Agas. ; Gresslya latnostiis Agas. ; Dysaster analis Agas. ; Clypeas solodar/nus Agas. ; Pateüa et H agi Agas. ; Discoidea depressa Agas. ; Acrosalenia spinosa Agas, , etc. Au-dessus se trouve une série d’assises de calcaires compactes, oolitiques, généralement connue sous le nom de Grcat- oolite et Fores t-r marb le , et renfermant très peu de fossiles , on n’v rencontre que des térébratules et un nueléolite. Le Cornbrash se montre ensuite , avec quelques fossiles appartenant surtout aux genres Térébratules, Clypeastroides et Cidarides. Ce groupe a été très bien décrit par notre savant confrère M. Parandier, ingénieur des ponts et chaussées , dans le volume du Congrès scientifique de France tenu a Besancon. L étage de l’oolite inférieure indique une formation presque exclusivement calcaire, avec quelques rares accidents de dépôts vaseux qui ne s’étendent pas sur un grand espace. La faune générale de l’étage indique une période de tran¬ sition des Céphalopodes basiques aux Céphalopodes oxfordiens , et présente aussi 1 apparition des Zoophy tes jurassiques, qui prennent un si grand développement lors de l’époque corallienne. Les couches du Cornbrash sont recouvertes par des espèces de placage de fer oxydé, qui se présente ensuite par oolites lenticu- l.iiies mêlées dans une gangue calcaréo-marneuse, dont les assises commencent 1 étage oxfordien. Ce fer oolitique sous -oxford; en a souvent une très faible puissance, surtout dans le Jura suisse; mais comme on le trouve dans toutes les parties des monts Jura, et (ju’il prend un très grand développement dans la Bourgogne’ i ai cru devoir en faire un groupe à part. Les fossiles les plus carac- 505 SÉANCE OU 18 MAI 18/j6. téristiques sont des Térébratules , des Pholadomyes , de grandes Ammonites plates et bombées, des rostellaires et autres Gastéro-^ podes, ainsi que quelques Éehinides. Au-dessus se trouvent les marnes oxfordiennes proprement dites; ees marnes renferment une grande quantité de fossiles à l’état pyriteux ; les plus carac¬ téristiques sont : B cle milites hastatus Blainv.; Ammonites dentatus Rein. , hecticus Rein. , annularis Broun , Homberti Sow. , perai- Sow. ; Terebratala b /plie ata mediojarinsis Thurin. , impressa Broun., Thurmanni Voltz ; Nucula subovalis Sow.; P en terni nus pentagoncdis Goldf. , etc. La distribution géographique de ces fos¬ siles varie, surtout par rapport aux distances des localités, aux ri¬ vages des Yosges et du Schwartzwald ; plus l’on s’éloigne de ces rivages, plus les fossiles diminuent et deviennent rabougris, et plus les marnes elles-unemes décroissent de puissance. Elles sont alors remplacées par des assises de calcaires marneux qui présen¬ tent surtout dans les régions subpélagiques d’immenses dépôts très peu fossilifères ; quelquefois cependant on y rencontre d’immenses nappes de polypiers spongieux qui s’étendent sur des espaces assez vastes. Ces polypiers spongieux se montrent surtout dans l’Argo¬ vie , les départements du Jura et de l’Ain. Comme ils ont été ob^ servés d’abord dans le canton d’Argovie par AI. Gressly, je désigne ce groupe de l’oxfordien sous le nom à’ A rgovi en. Les fossiles les plus caractéristiques sont : Ammonites anceps Rein. ; Gryphœa dilata tu Sow. , gigantea Sow. ; Pecten fibrosus Sow. ; Terebratala globata Sow. , insignis Ziet. ; Trigonia clavellata Sow. , perlata Agas. , parvula Agas.; Gonyomya sulcata Agas.; Pholadomya exal¬ ta ta , parcicostata , cardissoides et arnpla Agas. ; Dysaster propin - g mus Agas.; Scyphia , Tragos et Cnemidium , etc. L’étage oxfordien présente les plus grandes analogies avec le lias , et indique une même série de phénomènes dans le mode de formation et dans les êtres organisés qui habitaient l’océan jurassique lors de ces deux dépôts. Les faunes sont tellement semblables qu’il faut souvent l’œil exercé d’un anatomiste pour distinguer les espèces de ces étages. On remarque que dans i’oxfordien les Céphalopodes dimi¬ nuent beaucoup , quoique cependant ils dominent encore sur les autres fossiles ; de sorte que l’on peut regarder l’oxforclien comme la décadence du règne des Céphalopodes et le règne des Térébra¬ tules jurassiques. L’étage oolitique supérieur commence immédiatement à l’ap¬ parition des Polypiers pierreux, des Eehinides et des Crinoïdes , qui constituent le groupe corallien. Ce groupe présente dans un grand nombre de localités, surtout dans le département de la 506 SÉANCE DU 18 MAI 1846. Haute-Saône , des accidents cliailleux , comme cela arrive ordinai¬ rement aux alentours des grands bancs de Polypiers. La faune co¬ rallienne se compose d’un immense développement de Zoophytes, avec absence presque complète de Céphalopodes. La distribution des espèces varie beaucoup : ainsi , dans certaines localités , vous trouvez d’énormes bancs de Polypiers avec très peu de Crinoides et d Echiuides ; tandis que dans d’autres ce sont ces deux derniers genres de zoophytes qui dominent. Les fossiles les plus caractéris¬ tiques sont : Ostrea eduliformis Ziet. , rostellaris Goldf. ; Diadema subangulare Agas. , Hernicidaris crenularis Agas. ; Cidaris Blumen - bcichii Agas., coronata Goldf., critct fera , pusti li fera , cervicidis Agas.; Echinas perlatus Desmar. ; Glypticus hieroglyphicus Agas. ; yJ pic- cri nus rotundus Miller ; Millericrinus rosaceus d’Orb. ; Pentacrinus scalaris Goldf. ; Astrea clecenn adiata subtubulosa Thurm. ; Agari - cia fait ax , conjasa , concinna et Gresslyi Thurm . ; Anthophyllurn vu- nabi le T hurm. , etc. Au-dessus des dernières assises coralliennes se trouvent des marnes grises, connues sous le nom de marnes à A s tartes . I .e groupe qui constitue les marnes et calcaires à Astartes présente un des phénomènes les plus remarquables de migration de fossiles. Lorsque l’on étudie la partie du Jura comprise entre Salins et Besan¬ çon, on est frappé de rencontrer dans les deux couches des marnes à Astartes et kimméridiennes des fossiles parfaitement identiques , qui semblent venir infirmer ce principe admis par les paléonto¬ logues , que dans une même localité on ne trouve jamais de fos¬ siles identiques dans deux groupes différents. Mais lorsqu’on étudie avec attention l’arrangement de ces fossiles dans les couches res¬ pectives , et qu’on poursuit les groupes jusque dans le Jura bernois et soleurois , on s aperçoit bientôt que ces fossiles , que l’on retrouve dans le kimméridien de Salins et de Besançon, ont été amenés par des charriages des légions environnantes de Porrentruy et de Lanfon , où ils ont vécu pendant l’époque kimméridienne ; tandis que lors du dépôt des Astartes ils n’étaient pas encore arrivés dans ces régions bernoises et soleuroises, où on ne les rencontre pas. De sorte que pour plusieurs espèces, telles que V Ostrea Bruntrutana Thurm. ; Lucina Elsgandiœ Thurm. ; Corymia inflata Agas. ; Tri- gonia supra jurensis Agas. ; Rostellaria Wagneri Thurm. , etc... , une migration s’est opérée de l’époque des Astartes à l’époque kimméridienne; elles ont passé du Jura salinois et bisontin dans le Jura bernois et soleurois , d’où , par suite de charriage (comme on peut 1 observer par l’usure des fossiles et la manière dont ils sont arrangés pèle-mele) , elles ont été ramenées dans les memes régions ou elles avaient vécu une période auparavant. De sorte que s i| SÉANCE DU 18 MAI 1846. 507 est vrai de dire que jamais dans une même localité on 11e trouve de fossiles identiques dans deux groupes différents , 011 voit avec quelle prudence il faut ne pas trop se hâter de généraliser ce prin¬ cipe sur un trop grand espace , puisqu’ ici il ne peut plus se vérifier sur une étendue de 25 lieues. Les Astartes étant un fossile très petit , et qui ne se trouve que dans une seule couche du groupe , il vaut mieux désigner ce groupe sous le nom de séquanien , nom que lui donne depuis plusieurs années M. Thurmann, et que j’adopte d’autant plus volontiers , qu’il rappelle le phénomène de migration qui s’opère précisément dans la partie des monts Jura qui portait jadis le nom de Séquanie Les fossiles caractéristiques du groupe séquanien sont: Melania striata Sow. ; Aatica macro- storna Rom. ; Rostellaria tV agneri Thurm. ; Ostrea soit tari a Sow. ; Ostrea sandalina Goldf. ; Ostrea sequana et Bruntrutana Thurm. ; Mytilus jur en si s Mer. ; Mytilus pretia a tus Sow.; Ceromya injlata Agas. ; Astarte m inim a Pliill. ; Trigonia picta Agas.; Cidaris aspera Agas. ; Diadema pseudo-diadema Agas. , Apiocriaus Menant Desor. ; Lithodendron rauracum et magnum Thurm., etc... La faune sé- quanienne peut être regardée comme faune de transition entre celles du corallien et du portlandien. Le groupe portl indien se compose de deux sous-groupes , qui sont : les marnes et calcaires kimméridiens , et les marnes à Exo- gyres virgules et calcaire portlandien proprement dit. Le kinimé- ridien ne présente dans le Jura salinois que des fossiles roulés et usés ; pour l’étudier avec détail , il faut aller au Bonné , près P01- rentruy, et aux environs de I^anfon ; ces localités sont devenues classiques depuis les excellentes descriptions qu’en ont données MM. Thurmann et Gressly. Les fossiles les plus caractéristiques sont : Pterocerus Oceani Brong. ; Natica hemispherica Rœin.; Ostrea solitaria Sow.; Ceromya excentrica Agas.; Pholadomya Protei , multicostata, truncata et myac'na Agas.; Homomya hortulana Agas.; Arcomya helvetica et gracilis Agas. ; Cnrimya Studcri Agas. ; Avieula Gesneri Thurm. ; Perna plana Thurm. , etc. Les marnes à Exo- gyres virgules ne se rencontrent que très rarement dans le Jura suisse , tandis qu* on les trouve assez développées dans les dépar¬ tements de la Haute-Saône, du Doubs et du Jura; elles ne con¬ tiennent guère que Y Exogyra virgula Def. , et quelques autres Acéphales assez rares. Les calcaires portlancliens qui se trouvent au-dessus ne présentent qu’un énorme développement de Nérinées. Ces gastéropodes se trouvent surtout très répandus dans les dépar¬ tements du Jura et de l’Ain; les plus caractéristiques sont: Neri- nea trinodosa Yoltz ; N. sali ne nsi s Thurm.; N. grandis Yoltz ; ',U0 SÉANCE DU 18 MAI 1846. N. suprajuycrtxis Volts, etc... De sorte que l’on peut regarder le groupe kimméridien comme le règne des Acéphales juras¬ siques des monts Jura, et le groupe portlandien comme celui des asteiopo es. Le tableau suivant présente le résumé des groupes (t sous gioupes des différents étages du terrain jurassique, tels que je les ai observés dans les monts Jura. Je ne prétends pas vou¬ loir etendre aux autres parties de la France ces divisions du ter¬ rain jurassique; n’ayant encore étudié que les chaînes des monts .lura, je borne mes divisions à ces montagnes ; car il est même probable qu’elles ne s’appliquent pas au terrain jurassique des autres parties de l’Europe ; plus tard , je montrerai la corrélation qui existe entre le terrain de ces différentes contrées et celui de notre Jura. Table au de.') différents étages , groupes et sous-groupes qui compose ^ ' teitatn i urassiaue fions !/> Tnm m/ins nt s y • — û "cz o-r * «-S u ar C— en = ‘O C3 « C. | — 'D ’W O jurassique dans le Jura salinois. c des Gastéropodes. Galca ire porllandieii. . \ Marnes à exogvres vir* } Rèsn Groupe portlun-1 gules . ) L**e" . ) Calcaire kimméridien. \ Marnes kimméridien- J Règne des Acéphales, nés . t ) Groupe séqua- ( Calcaires séquaniens. . j Période de transition entre le règne ,,,en . ( Marnes sequamennes . j dr*" - ■ ^ Groupe corul- 1 Oolile corallienne. ^*en . ( Calcaire corallien. desZoophytes et celui des Acéphales. Règne des Zoophytes. C w »! 3 Cî •5 3 «O ^ G- i 'U P (Grès superliasique . Marnes à T roc h us . Schiste bitumineux. Marnes à Plicatules. Marnes à Am. Marga Lias moyen. ritatus , . . Calcaire à Bélemniles Marnes à Cymbites . a e* U Règne des Ammonites de\ petite taille et des Acé- \ phales liasiques. ..... I Règne des Bélcmuites et ap¬ parition des Ammonites de petite taille .... i-./... . . » „ . C Commencement du rèene L,as inferieur, ou calcaire a Gryphitcs . J des Tentaculifères Sde x { grande taille . J M. Boubée demande si M. Marcou s’est fait une idée sur la SÉANCE DU \ 8 MAI 1 B Zj G - 509 cause qui a fait changer les fossiles en passant d'une couche à l’autre dans la même formation* Il croit voir dans ce fait une confirmation de ce qu’il a déjà établi dans son Tableau figuratif de la structure minérale du globe , dés 1839 , « que dans chaque groupe ou étage géolo¬ gique des terrains de sédiment il y a eu très souvent formation simultanée de plusieurs couches très différentes, et en parfaite stratification et superposition \ » Que les alluvions sans cesse charriées à la mer, qui tendent toujours à la combler, et qui , en effet, en reculent sans cesse le rivage, sont distribuées par le mouvement des eaux à des ni¬ veaux différents , selon leur nature , et forment ainsi à la fois plusieurs couches très différentes, qui se superposent naturel¬ lement en continuant à s’étendre peu à peu* chacune à son niveau respectif, et qui sont toutes évidemment contempo¬ raines ^ » Qu’à chacun de ces étages, ce que savent très bien les ha¬ bitants des côtes, vivent des espèces toutes différentes, préci¬ sément en raison de la nature différente du sol et des conditions différentes de pression, de lumière, etc. , selon la profondeur ; » Qu’ainsi la plupart des couches stratifiées se forment et se con¬ tinuent en devenant de plus en plus étendues horizontalement, et non de plus en plus épaisses en hauteur, comme on le pensait, et que, dans beaucoup de cas, plusieurs couches parfaitement stratifiées et superposées n’en sont pas moins contemporaines, et qu’alors les couches supérieures sont tout aussi anciennes que les couches inférieures • » Et qu’ainsi les fossiles ne doivent pas être les mêmes dans toutes ces couches, quoiqu’elles soient contemporaines, mais qu’ils doivent varier, au contraire, de l’une à l’autre, en rai¬ son de la nature minérale de chaque couche et de la profondeur à laquelle elle se formait dans la mer, et sans que l’on puisse de là conclure aucune différence d âge. )> M. Boubée fait remarquer que tout le Mémoire de M. Marcou semble une confirmation de sa théorie, tout comme cette théo¬ rie est la seule qui lui paraisse pouvoir expliquer les circon¬ stances si curieuses relevées avec tant de soin dans le Jura sa- linois. 510 SÉANCE DU 18 MAI 18/|(5. M. Élie de Beaumont demande si, à Flanchebouehe, la grande Nérinée et la Gryphée virgule existent ensemble, si les Gryphées virgules ne se trouvent jamais dans les hautes cimes. M. Marcou répond affirmativement. M. Le Blanc présente les considérations suivantes : La communication de M. d’Omalius d’Halloy sur l’article de M. Ëlie de Beaumont, relatif aux lidi de Venise , dans ses Leçons de géologie pratique , m’a fait étudier de nouveau le sol de Venise, en vue d’examiner les chances de réussite, dans cette ville, d’un puits artésien entrepris par M. Degousée , notre collègue. Quand on examine un cône de déjection de torrent se rendant dans un lac, on voit que , pour la partie hors de l’eau , les galets entraînés par les eaux du torrent se roulent par couches , dont la pente est de 1/10 au plus, tandis que dans le lac, où la vitesse de l’eau a été arrêtée subitement , la pente passe immédiatement à 35°. Si l’on se représente les causes du diluvium coulant dans la vallée du Pô , et remplissant la mer, prolongement de l’Adria¬ tique , qui se trouvait entre les Alpes et l’Apennin , on conclura que les cailloux roulés doivent affecter, à l’extrémité de la vallée du Pô , la pente roide de 35°. Si cette pente commence à l’ouest d’Adria et de Ravenne ancienne limite de la lagune , il sera peu Probable qu elle s etende jusque sous Venise ; effectivement , il y a des tious de 150 pieds dans la lagune ou 1 on ne rencontre pas de cailloux roulés. Il résulte de là que la lagune est remblayée en sable et en vase , qu on n a pas de chance de trouver les galets , et par conséquent peu de chance de trouver l’eau abondante au- dessus des terrains tertiaires , et que ce n’est que dans ce terrain qu’on peut espérer de le faire. M. Boubee monlte des concrétions déposées depuis trente- cinq ans sur les tuyaux en plomb des conduites d’eau du quar¬ tier du Luxembourg. Il fait observer la cristallisation de plus en plus confuse à mesure que le dépôt s’éloigne du tuyau, et il voit là quelque chose d analogue à ce qui a dû se passer sur la terre dans les dépôts successifs, ce qui peut servir à expli¬ quer leur structure. M. Delbos fait la communication suivante : Les phénomènes du monde externe qui s’offrent à l’homme at- SÉANCE DU 18 MAI 18/lÔ. 51 1 tirent son attention , soit parce qu’ils compromettent sa sécurité, soit parce qu’ils intéressent son bien-être, soit enfin parce qu’ils éveillent en lui cette ardeur de savoir, qui semble une condition essentielle de sa nature. C’est sous l’influence de ces trois causes qu'il est conduit à l'observation des faits. Ces faits , il les étudie donc pour prévenir le danger, pour se procurer les choses qui lui sont utiles , ou enfin pour satisfaire ce besoin inné qui le porte sans cesse à diriger ses pensées vers les causes premières de son existence et de celle de tous les êtres qui l’environnent. Ainsi l'homme , spectateur de l’univers , est conduit à l’observer. Lorsqu’il a recueilli un certain nombre de faits , lorsqu’il les a en¬ visagés sous leurs points de vue divers , il les rapproche les uns des autres , les compare , et saisit les rapports qui les unissent ou les différences qui les distinguent. 11 les groupe au moyen des si¬ militudes qu’il remarque entre eux , et les coordonne d’après la corrélation de leurs caractères. Quand, par ce moyen de pre¬ mière classification, il est parvenu à jeter quelque lumière sur le vaste ensemble qu’ils constituent, sa raison le porte à recher¬ cher leurs causes, à remonter à leur origine, but vers lequel l’homme intellectuel est providentiellement appelé à diriger tous ses efforts. Ici naissent les sciences. Elles sont peu nombreuses dans l’ori¬ gine. L’esprit, n’envisageant les faits qu’en masse , ne s’attache premièrement qu’à leurs rapports les plus généraux. Il n’a pas encore poussé l’analyse assez loin pour apercevoir les différences, quelquefois difficiles à saisir, qui les rangent en familles très dis¬ tinctes. 11 croit pouvoir les rapporter tous à quelques spéculations formées prématurément , à quelques principes dont il s’imagine les faire sous-dériver. Plus tard, cependant, en cherchant à les ren¬ fermer dans le plus petit nombre de classes possible , il s’aperçoit qu’il a rapproché des faits qui se trouvaient réellement éloignés les uns des autres. Il est obligé de pousser plus loin la division , et de se borner à un cadre plus restreint : c’est ainsi qu’au moyen des différences qu’il découvre à mesure qu’il acquiert des notions plus exactes et plus variées, il subdivise les sciences primitives et resserre le cercle de ses études pour arriver à une connaissance plus parfaite de la classe à laquelle il s’attache. C’est en suivant cette marche que les sciences tendent à se subdiviser à mesure qu’elles parviennent à un plus haut degré de perfection. Ainsi c’est de l’étude de la nature que sont parties toutes les sciences. De cette communauté d’origine résulte leur fusion pri- 512 . SÉANCE DU 18 MAI 18/l6. mitive , de même que les relations qui les unissent, quel que soit le nombre des ramifications dans lesquelles on les subdivise. E11 efiet , les êtres qui peuplent l’univers se lient entre eux par des nuances si délicates , qu’elles échappent en grande partie à nos sens. Ces êtres forment un ensemble dans lequel il n’y a rien de brusque , rien de tranché, Tout y est fondu par gradations insen- sibles , tout nous y révèle les deux grands caractères des œuvres 1 e a nature : unité sans uniformité , liaison intime sans confusion. Les sciences, qui n’ont d’autre but que la connaissance des pro¬ duits de la nature et des rapports qui les unissent , doivent donc 0 , un toutausSl intimement lié que ces produits. Elles sont at¬ tachées les unes aux autres par des nœuds indissolubles. Isolées e es ne sauraient exister; car elles se prêtent un mutuel appui ! et c est de cet appui que résulte leur plus grande certitude. Mais 1 ensemble qu’elles forment maintenant ne ressemble en rien a leur confusion primitive. Elles n’en constituent pas moins un tout , elles 11 en sont pas moins unies entre elles. Si elles se subdivisent ce n’est que pour mieux approfondir les objets divers de leurs études. Entre toutes les sciences physiques, il en est qui se dévelop¬ pèrent d abord avec une grande rapidité , à cause de l’importance de leurs résultats et de la grandeur des problèmes qu’elles sem- daient appelées a résoudre. Je veux parler de l’astronomie et de la géologie. J eûtes deux présentaient des phénomènes qui devaient fixer 1 attention des hommes par leur grandeur. Toutes deux pa¬ raissaient pouvoir fournir les notions nécessaires pour expliciter es grandes questions de l’origine, de l’ordre et de la durée de 1 univers : ausst 1 activité intellectuelle des hommes se porta-t-elle principalement vers leur étude. Toutes les nations eurent leurs systèmes astronomiques et géologiques ; toutes eurent leurs théories cosmologiques et cosmogoniques. L astronomie et la géologie se développèrent d’abord avec une vitesse égalé; mais bientôt la première science laissa loin derrière elle la seconde. A chaque instant , de nouvelles découvertes ve¬ naient agrandir le champ de ses études, de nouvelles preuves ve liaient confirmer les conclusions déjà tirées. Si elle ne parvint pas a un plus haut degré de perfection que celui auquel elle atteigni £' t p ' »«« « D’où provient donc cette inégalité? Le premier obstacle qui vint arrêter les progrès de la géologie SÉANCE DU 18 MAI 18/{6. Ôlf) fut la" superstition. Les découvertes faites précédemment furent considérées comme des inspirations divines , et l’on regarda comme une impiété de chercher à les approfondir. Ces découvertes, réu¬ nies en faisceaux , formèrent la base des livres sacrés des anciens peuples de l’Orient ; elles furent pour eux le terme de la science , et elles se transmirent aux générations suivantes sans qu’aucune tentative fut faite pour agrandir le cercle quelles embrassaient. Cet obstacle au progrès se retrouve chez presque tous les anciens peuples de l’Orient , et en général dans toutes les nations chez, les¬ quelles des castes privilégiées , possédant à elles seules le monopole des sciences , étouffèrent chez le peuple toute recherche tendant à répandre les connaissances au moyen desquelles ces castes pré¬ tendaient le dominer. L’influence de cette cause s’étendit jusque sur l’astronomie, principalement sur sa partie théorique. Néanmoins, cette science continua à se développer, à cause de ses nombreuses applications aux usages de la vie , telles que la division du temps , les indica¬ tions nécessaires à l’agriculture, à la navigation. Mais elle n’eut qu’une faible influence chez quelques nations anciennes, notamment chez les Grecs, les Romains et la plupart des Etats du moyen-âge. Ici , le peu de progrès de la géologie est dû à des circonstances d’un ordre tout différent. C’est d’abord une généralisation trop prompte. La plupart des anciens philosophes, voulant arriver trop tôt aux vérités générales, ne s’appuyèrent, pour fonder leurs systèmes , que 6ur des expé¬ riences tout- à-fait exclusives. C’est ainsi que Thaïes regarda l’eau comme l’élément générateur. Cet élément fut l’eau pour Anaxi- mène ; le feu pour Héraclite , etc. Viennent ensuite les erreurs accréditées, les erreurs d’école. On voulut tout expliquer à priori , en s’appuyant sur les principes admis, sur les observations déjà faites, sans chercher d’abord à prouver la certitude des propositions dont on se servait comme point de départ. C’est l’histoire des écoles philosophiques de la Grèce. Mais lorsque la géologie vint à être étudiée séparément et re¬ tranchée du vaste corps de la philosophie naturelle , on crut qu’elle pouvait se passer de l’appui des autres sciences , qu’elle devait renfermer ses preuves en elle-même. Cette marche était vicieuse. Personne , a dit Bacon , ne recherche avec succès la nature de la chose dans la chose même ; mais les recherches doivent s’étendre à des objets plus généraux. Le xvme siècle nous offre des exemples nombreux de cette vérité dans ies systèmes de Burnu , Demaillet, Patrin et beaucoup d’autres. Soc. yéol., 2e série, tome III. 33 514 SÉANCE 1)U 18 MAI 1846. Cependant , malgré les obstacles qui entravèrent la marche des sciences chez les anciens , nous sommes surpris de rencontrer chez eux des théories lumineuses , des résultats qui semblent prouver des recherches profondes et consciencieuses, et qui annoncent tout un corps de doctrines scientifiques arrivées à un haut degré de perfection. Prenons pour exemple l’Orient , point de départ de la civilisa¬ tion , berceau de toutes les connaissances humaines. Parmi les na¬ tions qui habitent ces vastes et fertiles contrées, les Hindous viennent se placer au premier rang. Ils semblent avoir formé le point central d’où émanèrent toutes les doctrines des anciens peu¬ ples, et leur immobilité nous autorise à chercher chez eux les premières notions de la philosophie naturelle, notions qui devaient se trouver, dans l’origine , étroitement liées avec la nature du pays qu’ils habitaient, mais dont les déductions théoriques seules nous ont été conservées dans les livres sacrés. « La théologie des Hindous consacre les destructions successives que la surface du globe a éprouvées. » L’Eternel crée les quatre corps élémentaires , le feu, l’air, l’eau et la terre. Il sépare ces éléments mêlés ensemble , et forme la voûte du firmament en soufflant sur les eaux. De la terre et de l’humidité que les eaux laissent en forme de sédiment , il forme le globe terrestre , qu’il place au centre du firmament. Puis il couvre la terre de plantes , et enfin envoie Mun , l’intelligence , qui la peuple de plantes et d’animaux. L’homme est créé en dernier lieu. Le globe subit quatre grandes révolutions. Le premier jug , ou âge , nomme Kurlayn, fut terminé par une irruption des eaux de la mer ; le deuxième , Desaper, par une tempête; le troisième, Tetraju, par un tremblement de terre ; enfin le quatrième , Koli , qui dure encore , sera terminé par le feu et par la dissolution des éléments, qui retourneront dans leur premier chaos. Ces quatre jug forment une durée de 4,320,000 ans. D’après le Shaster Bedang, cette dissolution des éléments par le feu sera causée par une comète. La matière sera alors anéantie, et Dieu existera seul. D’après le Néadiroen Shaster, le monde est éternel. Il est sujet à des dissolutions successives ou à des renouvellements à clés époques déterminées. Chaque jug sera terminé par une dissolution. Après mille de ces dissolutions, arrivera un Mapperly , ou dissolution gé¬ nérale , après laquelle une nouvelle création viendra remplacer la première. Est-il nécessaire de faire remarquer ici l’analogie de quelques 515 SÉANCE DU 18 MAI 1 8 /| <3 . unes de ces idées avec les principes reconnus par la géologie mo¬ derne? La confusion des éléments, admise dans la théorie des nébuleuses de Laplace ; la création des végétaux précédant celle des animaux , et cette dernière celle de l'homme ; l’intervention d’une comète , idée admise par Buffon et Laplace , et renouvelée der¬ nièrement dans un ouvrage d’une haute portée ; cette succession de périodes de calme terminées par de grands cataclysmes ; le rôle que joue le feu dans la rénovation des périodes, base de la théorie qui réunit aujourd’hui le plus de partisans , ce chiffre de plus de quatre millions d’années doit-il nous effrayer auprès de l’immen¬ sité des durées que nous révèle l’étude des terrains? Enfin ne se¬ rait-il pas trop hardi de remarquer la conformité de la division en quatre époques avec la classification des terrains établie par Werner ? Si nous passons maintenant aux Persans , dont l’antiquité semble venir se ranger après celle des Hindous , nous trouvons dans les livres de Zoroastre une plus large part accordée à l’action du feu : c’est qu’ ici le voisinage des volcans avait fait connaître la puis¬ sante influence du feu dans les modifications de la surface du globe. En général, nous voyons une relation remarquable entre le plus ou moins grand éloignement des volcans ou de la mer , et la prédominance accordée dans les cosmogonies de l’Orient aux phénomènes ignés ou aux phénomènes aqueux. Selon le Zend-Avesta , l’Eternel , Zervane , a donné naissance à Ormuzel , le bon principe; à Mithras, le grand médiateur, et à Ahriman, le mauvais principe. C’est Mithras qui organise la ma¬ tière. La lutte d’ Ormuzel et de Mithras contre Ahriman doit du¬ rer 12,000 années, après lesquelles finira le monde. Ces 12,000 ans sont divisés en douze périodes bien distinctes. Ce nombre de 12,000 années offre une particularité bien remar¬ quable : c’est que , multiplié par 360 , nombre des divisions du zodiaque le plus ancien, il donne 4,320,000 ans, période des Hindous. Cela nous atteste une communauté de point de départ qui cessera de nous étonner si nous considérons ces durées comme des périodes astronomiques formées par la coïncidence de certains cycles , tels que les cycles lunaires et ceux de la précession des équinoxes. La cosmogonie des Persans paraît donc être partie des mêmes bases que celle des Hindous , mais elle se trouva modifiée par la nature du pays où elle se développa. La division du temps en un plus grand nombre d’années semble même y indiquer plus de précision et une étude plus approfondie de la nature. La Chine fut peuplée par des colonies hindoues avant d’être 516 SÉANCE DU 18 MAI 18A6. conquise par les Tartares : ainsi nous devons y retrouver des points de rapport nombreux avec la religion des Brahmes , quoiqu’ils se soient effacés en partie sous l’influence des conquérants mongols. Nous y retrouvons un sous-multiple de la période hindoue dans la durée du règne des premiers hommes , A 32 ,000 ans. L’air, Tai-ki , a produit , par la succession du mouvement et du repos, les cinq éléments, l’eau , le feu, le bois, le métal et la terre. Tai-ki a engendré deux images, Y Yang et Y Yn , opposées l’une à l’autre , qui représentent le ciel et la terre, le principe mâle et le principe femelle. La durée de l’organisation de la ma¬ tière comprendra onze périodes, chacune de 129,600 ans. Ilouze de ces périodes forment une révolution. La douzième sera em¬ ployée à un nouveau débrouillement du chaos , après quoi une nouvelle révolution commencera. L’homme, Pan-kou , fut créé à la troisième période. Telles sont les bases de la cosmogonie chinoise. Tay-ki, l'air primitif, est le mélange de tous les éléments. C’est le chaos d’où le mouvement a fait sortir les cinq principes. Voilà le système de la raréfaction originaire des corps , de nos jours si savamment déve¬ loppé parLaplace. L’Yang et l’Yn, les deux forces opposées, sym¬ bolisent la matière et la force d’organisation. Les douze périodes successives représentent une division du temps analogue à celle admise par le Zend-Àvesta. Enfin , un autre fait se trouve d’accord avec l’observation , c’est la création de l’homme à la troisième période seulement. Ne demandons pas aux Chinois les hautes théories de la philo¬ sophie hindoue. Leur religion n’est qu’une morale politique qui éloigne leur activité intellectuelle de toute recherche sur l’origine des choses, pour la reporter sur le temps présent. Ainsi, ce peuple 11e considéra pas les éléments comme la représentation des divers états du corps ; il les prit pour des corps-principes qui , par leur arrangement varié , produisirent tous les objets du monde. Le mé¬ tal ne fut plus seulement un corps solide , ce fut une substance différente de la terre. Le bois représenta la matière organisée , et quant à la création des êtres , ce sujet semble resté étranger à toute leur cosmogonie. Si nous nous transportons de la Chine à l’autre extrémité de l’Asie, nous trouvons l’industrieuse Phénicie, un des peuples les plus florissants de l’ancien monde ; la nation qui l’habite , resserrée par les montagnes et les déserts d’un coté, a pris la mer pour partage. Ses flottes et ses caravanes parcourent la plus grande partie du monde connu. Elle a puisé ses connaissances ailleurs que dans le SÉANCE DU 18 MAI 18Z|t). 517 pays où elle s’est établie , et nous devons en trouver les preuves dans sa cosmogonie, i n effet, ses philosophes , purement matéria¬ listes, attribuent dans la création un rôle à peu près égal à chaque élément , et nous devons en rapporter les motifs à la multiplicité des observations faites sur la plupart des phénomènes physiques que présente le monde. L’air, est comme pour les Chinois , leur matière principe. Cet air, obscur et ténébreux , renfermait en lui les principes de toutes choses. L’amour, ou l’attraction , se développa par la suite des siècles , entre les éléments , et il en résulta un limon , mot dans lequel se formèrent les germes de tous les êtres , en même temps que tous les astres parurent dans le ciel. Puis l’air s’embrasa tout entier, et de l’incendie de la terre et des eaux, résultèrent les vents, les nuages, les pluies, la foudre. Ce fut alors que ces germes déposés par le limon primitif , réchauffés par la chaleur, excités par rébranlement de l’univers , commencèrent à se déve- , lopper. Tout le reste n’est plus que l’histoire des premiers pas de l’humanité sur la terre. Je ne reviendrai pas sur la doctrine de 1 air primitif. Cependant je ferai remarquer le rôle attribué aux affinités entre les divers principes, la commune origine de tous les corps célestes ; l’embrase¬ ment de la terre , la première apparition des êtres longtemps après la formation du monde. Voilà des principes encore admis de nos jours. Cependant, si quelques parties de ce système nous présen¬ tent des théories d’un ordre élevé , d autres nous attestent des in¬ ductions moins rigoureuses que celles des systèmes que nous avons déjà examinés : telle est la naissance des êtres organisés immédia¬ tement après l’incandescence de l’univers , leur développement simultané , l’absence de divisions dans le temps. Les Egyptiens croyaient à un chaos primitif , à une organisa¬ tion successive de la matière. C’est ce qu’ils représentaient par la descendance des dieux : ils plaçaient à leur tête un dieu sans nom et sans figure , principe de toutes choses. Après lui venaient Keuf, le créateur; la matière , le chaos; Pilla, l’organisateur; Pan, Biris, le soleil , et J sis , la lune. Cette liste nous offre une progression telle que nous la compre¬ nons dans la création. La position topographique du pays qu’ha¬ bitaient les Egyptiens nous dit qu’ ils durent rapporter à l’eau l’o¬ rigine du monde et la cause des événements qui y apportent des modifications. C’est , en effet , ce qui nous prouve leur croyance aux eaux supérieures (Abym), à la création des germes par l’hu¬ midité , etc. 513 SÉANCE DU 18 MAI 1846. Telles sont les doctrines fondamentales des principales cosmogo¬ nies des anciens peuples de l’Orient. L’histoire de la science nous représente les peuples travaillant en corps , s'instruisant en corps, mettant de côté toute individualité pour obéir en quelque sorte à une loi de progrès. En Occident , au contraire , les sciences ne durent leur avancement qu’aux recherches d hommes spé¬ ciaux, ayant leurs systèmes à part, chefs d’écoles souvent rivales, s’instruisant par la discussion. Nous avons de 1 Orient les opinions des peuples , de l’Occident celles des individus. La Grèce surtout nous offre des travaux dans lesquels sont con¬ signées des vérités que l’on n’a malheureusement que trop ou¬ bliées. C’est que l’antiquité est trop négligée sous le rapport de ces connaissances scientifiques. Elle ne renferme pas de systèmes plus extravagants que ceux des géologues du xvui* siècle ; or, en revan¬ che , elle contient des notions dignes d’être placées à côté des sé¬ vères généralisations de la science moderne. Maintenant , depuis que Bacon et Descartes ont ramené la vraie méthode, la science ne s’appuie plus que sur des données positives. Saussure et Werner ont posé les fondements de la géologie positive. Cuvier l’a fait parvenir tout-à-coup à une hauteur étonnante en lui appliquant l’étude de la zoologie ; et maintenant , les beaux travaux de nos géologues modernes la font marcher avec une rapi¬ dité dont l’histoire d’aucune science ne nous offrit jamais le spec¬ tacle. Le Secrétaire donne lecture de la lettre suivante de M. Ley- merie. Monsieur le Président , Je me conforme à un usage établi en vous adressant pour le Bulletin la note ci-jointe. J’ai cherché à y donner d’une manière extrêmement succincte une idée générale de ma Statistique géolo¬ gique et minéralogique de l’Aube , dont j’ai l’honneur de vous adresser un exemplaire pour la bibliothèque de la Société géo¬ logique. Cet ouvrage se compose d’un volume de texte et d’un atlas. Le texte se divise lui-même en trois parties , savoir : Introduc¬ tion , Statistique générale , Statistique locale. L’ Introduction est destinée à vulgariser dans le département de l’Aube les principes fondamentaux de la géologie , et à rendre notre ouvrage facilement intelligible pour toute personne ayant reçu simplement l’instruction ordinaire. SÉANCE DU 18 MAI 1846. 519 La Statistique générale offre deux ordres de généralités , savoir : lu Un coup d’œil d’ensemble sur le département ; 2° La description des cinq genres de terrains qui le composent. Et chacune de ces deux divisions présente , outre la partie pure¬ ment géognostique , toutes les notions qui peuvent dépendre de la nature du sol , notions qui se rapportent à la topographie , à la considération des eaux superficielles ou des eaux souterraines , aux exploitations et à Y industrie minérale , à la nature des matières em¬ ployées pour les constructions et pour Y entretien des chemins , enfui à Y agriculture. Nous nous bornerons à analyser d’une manière très rapide la partie géognostique. A. Terrains de ï époque actuelle. Terre végétale, détritus, allu- vions , tourbe. B. Terrains diluviens. Ils occupent trois gisements principaux, qui paraissent actuellement bien distincts et qui correspondent à trois vallées , celle de la Seine , de Y Aube et de Y Armance. Les caractères diluviens ne commencent à se montrer d’une ma¬ nière prononcée , lorsqu’on suit ces vallées en partant de leur ori¬ gine , qu’à une distance assez considérable , et en des points cor¬ respondant à de grands élargissements ou bassins ( bassin de Troyes, plaine de Brienne , plaine d’Ervy). En ces points, le diluvium offre lui - même une grande extension dans le sens horizontal (maximum U lieues) et aussi dans le sens vertical (maximum 60 mètres au-dessus du niveau ordinaire des eaux des vallées), extension qui dépasse considérablement celle que pourraient prendre les rivières actuelles , en supposant même des crues tout- à-fait extraordinaires. Ces terrains diluviens sont tous trois com¬ posés de gravier principalement jurassique , associé ou mêlé à une terre limoneuse jaunâtre ou rougeâtre , argilo-calcaire , et un peu ferrugineuse , comparable au lehm de l’Alsace , laquelle , dans les points où elle est bien développée , occupe ordinairement la partie supérieure. La puissance moyenne de ce dépôt est entre 10 et 15 mètres. On trouve des coquilles terrestres et d’eau douce dans la partie limo¬ neuse , et des dents d’Eléphants , des bois de Cerfs, etc. , dans le gravier. La difficulté de séparer sur la carte les alluvions anciennes des alluvions modernes nous a déterminé à les représenter les unes et les autres par la même couleur, le bistre clair. C. Terrains tertiaires. Le plateau de la Brie est limité du côté de l’E par un escarpement ou falaise qui permet d’étudier facile- 520 SÉANCE DU 18 MAI 1846. ment les couches dont il est composé dans cette partie. Cette limite entame légèrement, au N. , le département de l’Aube, qui con¬ tient par conséquent un segment du plateau , circonstance qui nous oblige à nous en occuper La falaise dont nous venons de parler montre là quatre élé¬ ments principaux , savoir: a la base , une assise qu’il faut rappor¬ ter à 1 argile plastique parisienne (teinte vermillon sur la carte) , et qui offre des argiles souvent ferrugineuses, associées à des sables quartzeux et à des grès durs , le tout reposant , en certains points, sur un dépôt de galets ovoïdes, de couleur sombre à la surface. Au-dessus vient un calcaire d’eau douce , blanc , dont certaines couches, moins compactes que les autres, sont pétries de Ly muées, de Planorbes, de Paluclines et d 'Hélices. L’assise qui parait au-dessus de la precedente consiste en un limon rouge fer¬ rugineux , contenant des blocs de meulières compactes, sans fos¬ siles. Le calcaire et le limon à meulières sont représentés sur la carte par une seule couleur, le bien clair verdâtre . ils correspon¬ dent, le premier au calcaire de Saint-Ouen, qui appartient à la formation gypseuse, et le second aux meulières de la Ferté-sous- Jouarre. Les terrains dont il vient d’ètre question constituent, dans l’Aube , l’étage inférieur du groupe tertiaire de MM. Élie de Beaumont et Dufrénoy. Au-dessus, vient se montrer, en un seul point, à Cour Lion , où il forme une petite protubérance allongée, un grès blanc quartzeux , assez tendre (teinte du calcaire précé¬ dent, pointillée de rouge), qui se rapporte sans aucune difficulté au grès de Fontainebleau. Ii parait que le terrain tertiaire de la Brie s’étendait autrefois bien plus loin vers l’E. qu’il ne le fait maintenant; car on trouve sur le sommet de nos collines crayeuses les plus élevées des lam¬ beaux d argile et de sable , qui dépendent évidemment de la for¬ mation de 1 argile plastique , et, de plus, les flancs de ces mêmes collines sont jonchés, dans l’ouest du département , de nombreux blocs de grès saurage , qui offre tous les caractères de celui que nous avons pu étudier en place sous le calcaire lacustre. Ces lam¬ beaux de sable et d argile se montrent rarement à nu. Ils sont ordinairement recouverts d’un manteau de limon rouge , à silex non roulés , offrant assez fréquemment la forme intérieure d’Our- sins et d autres fossiles de la craie , qui de là vient s’étendre sur la partie occidentale la plus elevée du plateau crayeux , où il consti¬ tue notamment le sol de la forêt d Othe. Nous considérons ce dépôt comme tertiaire , et nous lui avons aflecté sur notre carte une cou- SÉANCE DU 18 MAI 18Z|0 . 521 leur spéciale, le gris violacé. MM. Élie de Beaumont et Dufrénoy le rapportent à l’étage moyen. Les couches du terrain tertiaire de l’Aube sont horizontales. Leur puissance totale peut être évaluée à 60 mètres. D. Terrain crétacé. Notre Mémoire sur le terrain crétacé de l’Aube, et notre notice publiée dans le Bulletin (t. IX, pag. 381), nous dispensent d’analyser ici le chapitre de statistique relative à ce terrain ; partie que nous considérons cependant comme la plus importante de l’ouvrage. Nous nous contenterons de rappeler qu’il se divise tout naturellement en trois étages , savoir : en pro¬ cédant de haut en bas : 1° la craie proprement dite (teinte jaune claire ), dont nous avons distingué sur la carte la partie inférieure à ammonites , turrilites, etc..., par un pointillé vert; 2° le gree/i- sand (teinte verte) , qui se compose d’argile téguline (gault) et de sables avec grès souvent de couleur verte , offrant à sa base une mince assise (lower greensand), caractérisée principalement par Y Exogyra si /mata ; 3° le terrain néocomien , qui se trouve divisé sur notre carte en deux assises, l’une supérieure, principalement argi¬ leuse, indiquée par la couleur rose , et l’autre inférieure, principa¬ lement calcaire. Celle-ci, qui offre une assez faible puissance, est très riche en fossiles, dont les plus caractéristiques sont Y Exogyra subsinuata , et le Spatangus retusus. La carte la représente sous la forme d’un ruban étroit de couleur orange. L’assise argileuse offre elle-même une subdivision assez naturelle que nous avons fait ressortir dans notre texte. La partie supérieure, ou partie sableuse, est bariolée de couleurs vives et variées ( argile bigarrée ), et offre comme accident remarquable la présence d’un lit oolite ferrugi¬ neuse exploitée ; tandis que la partie inférieure se compose d’une argile de couleur claire et uniforme {argile ostréenne), avec dalles de lumachelles pétries de fossiles ( Ostrea Leymerii , Exogyra subpli- rata. ..) Ces trois étages correspondent presque exactement à la craie, au greensand et au terrain wealdien d’Angleterre. Leur puissance est de 350 mètres environ pour la craie, et de 150 mètres pour l’en¬ semble des deux autres étages. E. Terrain jurassique. Nous n’avons dans l’Aube que l’étage supérieur du groupe jurassique et la partie corallienne du second. Les couches qui constituent ces étages sont presque exclusivement calcaires. On n’y rencontre ni sable ni grès , et les argiles y sont réduites à quelques minces assises , dont la plus importante se trouve généralement placée à la base du premier étage. L’étage supérieur peut être subdivisé en deux assises, dont la plus récente 522 SÉANCE DU 18 MAI 1846. est représentée par le calcaire compacte portlandien avec luma- chelles et oolites subordonnées; c’est un terrain de haute mer, pauvre en fossiles. L’assise inférieure est constituée par les cal¬ caires blancs - jaunâtres , Kimméricliens à Pholadomya donacina elongata , Pholadomya acuticosta , etc., et par les argiles ou marnes Kimméridiennes à Exogyra virgula , Terebratula sella. On trouve dans cette assise beaucoup de fossiles , identiques , pour la plu¬ part , à ceux du Kimmeridge-clay d’Angleterre. Une seule couleur, le bleu clair , est affectée à cet étage sur notre carte. Nos calcaires coralliens comprennent : 1° le calcaire à as tartes de M. Tbirria , compacte et subcompacte partout , excepté dans sa partie supé¬ rieure, où il devient rocailleux et même bréchoïde. Les fossiles les plus habituels de cette partie sont deux petites térébratules lisses ( Terebratula subsella , T. carinata ). Ceux de la masse de l’assise sont 1 ' A star te minium et la Trigonia subcostata. { Teinte violet clair sur la carte). 2° Le calcaire blanc noduleux ( coral rag propre¬ ment dit), riche en polypiers et caractérisé d’ailleurs par la Nerinea Prunstrutana , la Terebratula corallina , la Puma Saus- surii , etc. 3° Au-dessous viennent des calcaires compactes ordi¬ nairement blanchâtres, riches en térébratules, Terebratula coral - lina , T . curvata , associées à d’autres fossiles dont les plus importants sont : Pholadomya parvula , Pholadomya parcicosta , Apiocrinites Royssii. Les accidents principaux de cette dernière assise sont : un calcaire à entroques ( gloire Dieu ) , et une lumachelle grossière (vannage), et des calcaires léviques exploités aux Riceys. Ces deux dernières assises sont teintées de bleu foncé sur la carte. Puissance totale du terrain jurassique , 370 mètres. Ces divers terrains n’occupent pas , à beaucoup près , la même étendue à la surface du département. Nous avons vu que le terrain tertiaire y jouait un rôle tout-à-fait accessoire. La craie, en re¬ vanche , s’y montre dans presque toute la moitié N. -O. Elle se ti ouve limitée, du cote des terrains plus anciens qui se développent au S.-E., par une falaise passant à peu près par le centre du dé¬ partement et dirigée du N.-E. au S. -O. A partir de cette ligne , les étages plus anciens viennent successivement affleurer sous forme de bandes parallèles à cette même direction, dans leur ordre d’ancienneté et à niveaux croissants . Le terrain crétacé , moyen et inférieur, d’une part, et le terrain jurassique , de l’autre, se par¬ tagent à peu près également la surface laissée disponible parla craie proprement dite. La sti atil'ication des terrains de 1 Aube paraît horizontale lorS“ qu on n en considère qu’une petite étendue; mais en les voyant un SÉANCE DU 18 MAI 1846. 523 peu en grand , on reconnaît de suite que ces couches plongent au N.-O. vers le centre du bassin parisien. Cette inclinaison , presque nulle pour le terrain tertiaire et la craie , devient de plus en plus sensible à mesure que l’on marche au S.-E. vers les couches les plus anciennes, où elle finit par s’élever à 1° environ. La Statistique locale consiste dans la description des vingt-six cantons en lesquels se divise le département; et chaque descrip¬ tion cantonale se compose elle-même, d’abord de généralités relatives à tout le canton , et ensuite de la description particulière de toutes les communes qui en dépendent. Ces descriptions , soit cantonales, soit communales, sont tout aussi complètes, relati¬ vement à l’ordre et à la nature des matières traitées , que celles qui constituent la statistique générale. La principale pièce de l’ Atlas est la carte géologique du département réduite à l’échelle de foVoo'ô d’après la grande carte publiée par le dépôt de la guerre , avec un relief approprié Les côtes d’altitude des points un peu remarquables s’y trouvent tracés, et tous les établissements d’in¬ dustrie minérale y sont représentés par des signes conventionnels , ainsi que les lieux d’exploitation ayant quelque importance. Après la carte , viennent dix planches dont trois de coupes générales et particulières , et sept représentant les fossiles habituels et caracté¬ ristiques des terrains. Cette partie graphique de l’Atlas est précé¬ dée de trois tableaux. Dans le premier, se trouvent classés, et dis¬ posés de manière à être vus dans leur ensemble au premier coup d’œil, les principaux types des terrains sédimentaires du N. de l’Europe. Le second offre, sous une forme analogue, l’ensemble des terrains du département. Le troisième tableau se compose des noms des fossiles du département classés géologiquement et rap¬ portés chacun à l’étage et à l’assise qui le renferment. Le soin parfois minutieux que j’avais apporté à la rédaction et à la disposition de l’ouvrage, ainsi que dans les tracés qui l’ac¬ compagnent, me donnait droit à une exécution matérielle également soignée. Mais cette exécution ne dépendait pas de moi seul, et si je l'ai obtenue, je la dois d’abord à la libéralité du conseil général de l’Aube, et ensuite au loyal et généreux concours de M. Laloy , édi¬ teur, et au talent des artistes chargés du texte (M. Cardon , im¬ primeur à Troyes), des tracés (M. Schwaerzlé ) et des dessins. Ces derniers surtout sont exécutés avec une perfection qui n’étonnera personne, si j’ajoute ici qu’ils sont de M. T/iiolat. M. le Président annonce la démission de M. de Wegmann , secrétaire pour l’étranger , et son remplacement dans la 524 SÉANCE DU 1er JUm première séance. Les membres résidant à Paris seront à domicile. avertis Séance du 1" juin 1846. PRÉSIDENCE DE M. DUFRÉNOY. M. Le Blanc, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance , dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance le 1 rcsident proclame membres de la Société : E»b Cossignv, ingénieur civil des mines, rue de Mirornesnil la, à Pans, présenté par MM. Le Blanc et Dufrénov De Reume (Auguste-Joseph), capitaine d’artillerie’, rue du Lanon, 5, à Bruxelles, présenté par MM. Galeotti etViquesnel. dons faits a la société. La Société reçoit ; De la part de M le D- T. Puel , K» Note sur PArenaria Goufjeia Chaubard (extr. de la 10* livraison de la Revue bo¬ tanique) , m-8°, h p. Paris, 1846; 2° Suite du Catalogue des plantes du département du Lot; m-8°, p. 41-88. Paris, 1846. De la part de M le baron d’Hombres-Firmas, Rapport fait à l Academie royale du Gard et à la Société pliilotechniaiie de Paris sur le congrès de Naples en 1845 (extr. de Mélanges t. VI); in-8°, p. 25-52. Nîmes, 1846. ’ De/!a Pa‘'' (le M. le Dr Haguette, 1° Almanach national pour l an 1845 ; m-4°, 54 p. Lausanne, 1845. JLtmQ.Ch HatWnalp0Ur l’an 5 in'4°. à8 p. Lau- De la part de M. Sismonda, Nolizie, etc. (Notes et éclair- cissements sur ia constitution des Alpes piémontaises) (extr. J T IX; 2? St;r- d“ Mwoires de R Acad, royale des sciences de Turin) ; m-4°, 123 p., 3 pl. Turin. Comptes-rendus des séances de l’Academie des sciences 1846, Le> Sem-J ( XXII , n°* 20 et 21. SÉANCE DU 1er JUIN 1 8 Zi 6 . 525 Jaunies des mines , lie série, t. VIII, 6e liyr. de 1845. Bulletin de In Société de géographie , 3e série, 1. V, n° 28. Mémoires de In Société d' n griculture , des sciences , nrts et belles-lettres du département de V Aube , n° 97. Bulletin de lu Société industrielle de Mulhouse , n° 93. L’Institut, 1846, nos 646 et 647. L’Echo du monde savant, nos 39 à 42. Supplément à la Bibliothèque universelle de Genève . — Ar¬ chives des sciences physiques et naturelles ; n° 4, 5 mai 1846. The Athenœum , 1846 , nos 969 et 970. The Mining Journal , 1846 , nos 561 et 562. Cor respondenzblatt , etc. (Journal de correspondance de la Société royale d'agriculture de Wurtemberg) $ année 1846 , Ier vol., 1er cahier, et IIe vol., 3e cahier. M. Puel fait la communication suivante : J’ai l’honneur de présenter à la Société la deuxième partie du catalogue des plantes du Lot , dont j’ai entrepris la publication : qu’on me permette de saisir cette occasion pour faire connaître quelques détails intéressants sur la géographie botanique de ce département. Je me bornerai aujourd’hui à attirer l’attention de la Société sur un petit nombre de faits particuliers , parce que je me propose de traiter plus tard la même question dans un mé¬ moire spécial. Le département du Lot touche d’une part aux régions froides de l’Auvergne, et quelques unes de ses montagnes ont près de 800 mètres d’élévation , tandis que ses collines méridionales , entourées de vallées larges et profondes , s’avancent vers le dépar¬ tement de Tarn-et-Garonne jusqu’aux limites du Languedoc. Cette position géographique suffit pour expliquer le mélange de plantes sous-alpines et de plantes méridionales que présente la Flore de cette région. 11 n’en est pas moins très remarquable de rencontrer dans le même département des plantes telles que le Pyro/a secunda L., le Geutn montanum L., le Gentiana acaulis L., le Linum campcumlatum L., le Cistus laurij olius L. et le Biscuti lia cichoriifolia Lois. : en effet , les trois premières plantes appartien¬ nent presque à la région alpine , et les trois autres sont presque méditerranéennes. Mais dès qu’on observe ce bizarre assemblage de plantes, non seulement dans le même département , mais dans le même arron- 526 SÉANCE DU 1er juin 184(5. dissement et jusque dans le même canton, il est évident qu’il ne sullit pas d’invoquer des considérations purement géographiques pour arriver à une explication satisfaisante. On se trouve ainsi naturellement amené à étudier l’influence de la nature géologique du sol sui la végétation , et on ne tarde pas à remarquer en effet que là se trouve la cause réelle du phénomène observé. Ainsi , par exemple , aux environs de Figeac.et dans les seules imites de ce canton , on peut récolter les espèces suivantes : Plan- tagoalpma L., Crucianellci angustifolia L. , Lychnis coronaria Lam., B uni as crucago L., Géranium nodosum L., Coriaria myrti folia L., Luzula maxima D. C., Psoralea bituminosa L., Scdum anacampsc- ros L. et Sedum altissimum L. Dans les rues mêmes et sur les murs des faubourgs de la ville, on trouve le Centranthus calcitrapa Dufr. et le Sisymbrium polyce- ratium L. Enfin , à 2 kilomètres de Figeac , sur la rive gauche du Celé , entre cette rivière et le ruisseau qui descend du village de Seiri- gnac , se trouve une colline dont l’élévation au-dessus du niveau de la mer ne dépasse pas 300 mètres , et sur laquelle on peut récolter les espèces suivantes : d’une part et à l’exposition du N., le Lilium martagon L. et X Erythr onium dens-canis L., qui appar¬ tiennent l’une et l’autre à la flore du mont Dore ; d’une autre part, sur le versant opposé , X A Ilium suaveolens Jacquin et Je Cis- tus suivi foli us L., qui font partie de la flore méridionale. De même que le botaniste peut récolter les végétaux les plus divers , aux environs de F îgeac , pour ainsi dire dans une même herborisation , le géologue peut observer de son côté , dans une course de quelques heures , presque toute la série des terrains compris entre les roches primitives ou granitiques et les limites supérieures du terrain jurassique. Ainsi , l’un des faubourgs de la ville repose sur les porphyres du terrain houiller qui touchent au granité vers le N.-E., et le faubourg opposé s’appuie sur les aigiles du lias, tandis que la ville elle-même est bâtie sur un grès dont la position n’est pas exactement déterminée , mais qui occupe la place du grès bigarré. Il est facile de comprendre que des terrains si variés doivent donner au sol , pour ainsi dire à chaque pas , un aspect nouveau, d le terrain siliceux est sillonné de ruisseaux frais et ombragés , là il présente des eaux stagnantes et des prairies marécageuses ; le terrain calcaire offre au contraire de vastes surfaces arides , rocail¬ leuses et complètement dénuées de cours d’eau. Les montagnes granitiques , déchirées par des gorges profondes , sont cependant SÉANCE DU 1er JUIN 18 46. 527 remarquables par des pentes douces et des croupes arrondies , tan¬ dis que le calcaire jurassique offre toujours le contraste singulier de plateaux uniformément élevés et d’escarpements abrupts sem¬ blables à d’immenses murailles dont quelques unes ont 50 , 60 et même 100 mètres d’élévation au-dessus du niveau des rivières qui baignent leur pied. Ces rivières sont au nombre de cinq dans le seul arrondissement de Figeac , en y comprenant le Lot et la Dor¬ dogne , qui forment les limites extrêmes : elles sont toutes traver¬ sées par une zone argileuse appartenant à la formation du lias et s’étendant, sur une largeur moyenne d’une lieue, depuis le dépar¬ tement de la Corrèze jusqu’à celui de l’Aveyron : le lit de ces rivières , étroitement encaissé tant qu’elles coulent sur le terrain granitique , s’élargit brusquement au contact du lias , et leurs alluvions fertilisent de riches vallées. En un mot , terrains d’alluvion , argileux , sablonneux , cal¬ caires , argilo-calcaires , porpliyriques , schisteux et granitiques , tout cela , j’ose le dire* se trouve accumulé dans un petit espace. Si l’on considère maintenant combien d’expositions diverses doivent produire ces differents accidents de terrain , quelle tempé¬ rature variable doivent occasionner d’une part sur le sol grani¬ tique le voisinage des montagnes de l’Auvergne, et d’autre part la réverbération du soleil contre des rochers à pic dans les vallées du terrain jurassique , il est facile de comprendre que le même can¬ ton produise à la fois des plantes sous-alpines et des plantes méri¬ dionales. M. Dufrénoy donne lecture de l’extrait suivant d’une lettre que lui a adressée M. Marrot, ingénieur en chef des mines à Périgueux. 25 mai 1 846. « En travaillant une vigne , on a brisé en deux d’un coup de pic une géode d’hydrate de fer qui , en se partageant , a montré environ 200 pièces de monnaie d’argent du xve ou xvie siècle , je crois. Elles sont incrustées en partie dans le dépôt d’hématite qui les enveloppe. Je n’ai d’ailleurs pu voir qu’un seul instant l’une des moitiés de la géode. J’ai cherché à déterminer le possesseur à vous l’envoyer; je ne renonce pas à la réussite. » M. Boubée demande si c’est bien de l’hématite fibreuse. M. Dufrénoy répond qu’il le croit. Il ajoute que M. Marrot a aussi trouvé un magnifique fragment d’Ammonite inédite 528 SÉANCE DU 1er JUIN 1 8 A 0 . de la partie supérieure des calcaires jaunes de M. d’Archiac. M. Virlet fait observer que le fait extrêmement intéressant signalé par M. Marrot vient complètement confirmer l’opinion qu’il a émise, que les différents minerais de fer d’alluvion sont d’une formation postérieure à celle des terrains qui les renfer¬ ment, et qu’ils peuvent continuer à s’y former tous les jours par suite d un transport moléculaire (voyez Bulletin , 2e série , t. II, p. 200, et t. III , p. 152) , ainsi que cela a eu nécessairement lieu pour la géode toute récente d’hématite dont il s’agit -, quant à son état cristallin , il ne lui paraît pas plus difficile à admettre que la transformation journalière de certaines pyrites en fer oxydé résinoïde, quelquefois à cassure grenue, ce qui annonce aussi un commencement de cristallisation. On procède à la nomination, au scrutin secret, d’un secré¬ taire pour l’étranger. M. Martins, ayant réuni la majorité des suffrages , est proclamé secrétaire pour l’étranger. On procède ensuite à la nomination d’un vice-secrétaire en remplacement de M. Martins, nommé secrétaire. M. Hugard, ayant réuni la majorité des suffrages, est proclamé vice -secré¬ taire pour l’étranger. V La durée des fonctions de MM. Martins et Hugard comptera à partir du 1er janvier 18A6. M. Desor fait la communication suivante sur la structure des glaciers (pl. Y). Lorsqu on examine un glacier d’un point de vue élevé, on dé¬ couvre à sa surface, outre les crevasses et les moraines, un certain nombre de lignes parallèles qui décrivent des ares plus ou moins allongés ayant leur sommet constamment dirigé vers l’issue du glacier, et ordinairement perpendiculaires à la direction des cre¬ vasses (1). Les opinions sont aujourd’hui très partagées sur la signification de ces lignes : les uns y voient des déchirures occa¬ sionnées par la marche accélérée des parties centrales du glacier (1) Ces lignes ont été mesurées rigoureusement au glacier de l’Aar, et inscrites sur une carte, à 1 échelle de 1/10000*’, qui fait partie de 1 Atlas de M. Agassiz, et dont la figure ci-jointe n’est qu’une copie très réduite. 529 SÉANCE DU 1er JUIN 18A6. relativement aux parties riveraines ; Tes autres , au contraire , pen¬ sent que ce sont les couches primitives du glacier, dont les tranches viennent affleurer à la surface sous des angles divers et présentent des contours en rapport avec le mouvement du glacier. Cette divergence d’opinions ne concerne cependant que les régions ter¬ minales des glaciers , à partir du point où les moraines commen¬ cent à se montrer à la surface. Plus haut, la stratification est trop évidente pour que personne ait songé à la contester. La question en litige est par conséquent de savoir si cette stratification dispa¬ raît ii la limite de la glace compacte , comme le pensent MM. de Charpentier et Forbes, ou bien si elle se maintient ultérieurement, comme c’est l’opinion de MM. Agassiz et Desor. Yoici l’expérience sur laquelle M. Desor se fonde pour établir que les lignes arquées qui se voient à la surface sont bien des affleurements de couches : il y a sur la branche gauche du glacier de l’Aar, non loin de l’en¬ droit où le Finster-Aar et le Lauter-Aar confluent au pied du promontoire de l’Abschwurg , une région où se trouvent une quantité de puits dont plusieurs sont vides pendant une partie de l’année. En 1842 , M. Agassiz se fit descendre dans l’un de ces puits jusqu’à la profondeur de 50 pieds. Il a examiné attenti¬ vement les parois , sur lesquelles il trouva les mêmes superposi¬ tions de couches que sur les parois des crevasses du névé. Il re¬ marqua en outre dans les interstices des assises des accumulations de gravier et de sable ; enfin l’inclinaison des strates était telle que leur prolongement correspondait exactement aux affleurements de la surface qui se succèdent comme autant de gradins superposés. (Yoy la coupe de la fig. 13.) L’angle que les plans des couches forment avec l’horizon n’est pas partout le même ; il varie consi¬ dérablement suivant les régions du glacier ; dans le puits cité il est de 30°, mais il diminue à mesure qu’on remonte vers l’origine du glacier , et , à quelques cents mètres au-dessus de l’Abschwurg , il n’est plus guère que de 5 à 10°. Il augmente , en revanche , du coté opposé , où les couches arrivent presque à la verticale en face de l’Esherhorn pour se fléchir de nouveau à mesure qu’elles ap¬ prochent de l’extrémité du glacier, ainsi que le montre le dessin de la fig. là , qui représente une coupe longitudinale du glacier de l’Aar. M. Desor conclut de cette disposition que les couches primitives du glacier ne s’effacent pas, mais qu’elles se maintien¬ nent à travers toute la longueur du glacier. Il en voit la preuve : 1° dans le fait qu’elles vont en se redressant d’une manière in¬ sensible à partir du névé pour se fléchir de nouveau d’une ma¬ nière tout aussi graduelle vers l’extrémité du glacier ; 2n dans cet Soc. géol. . 2e série , tome III. 34 530 SÉANCE DU 1er JUIN 18£6. autre fait que les interstices des couches contiennent du sable et du gravier, ce qui démontre qu’elles ont été à une certaine époque à la surface du glacier , par conséquent qu’elles ne sont pas des déchirures survenues dans l’intérieur de la masse. On a objecté que ces lignes ne pouvaient être des plans de cou¬ ches , puisqu’elles disparaissent dans certaines parties escarpées des glaciers , pour reparaître plus loin lorsque la pente redevient plus uniforme. M. Desor pense que cette disparition n’est qu’appa¬ rente, attendu que la stratification se retrouve au milieu de la chute du glacier du Rhône , dans les parties les plus bouleversées du glacier de Finster-Aar, qui descend entre le Mittelgrat et le pic Agassiz , enfin au milieu des crevasses et des aiguilles du glacier de Grindelwald. Quant à la théorie qui veut voir dans les affleurements des cou¬ ches des brisures occasionnées par l’inégalité de vitesse du centre et des bords, elle n’est pas soutenable. On pourrait au besoin ex¬ pliquer par l’effet du mouvement accéléré du centre le clivage longitudinal ( les côtés des arcs ) , qui est si développé à l’extrémité de tous les grands glaciers ; mais on ne rend nullement compte des clivages transverses, c’est-à-dire du sommet des arcs, surtout là où la vitesse générale va en se ralentissant. Or, quoi qu’en dise M. Forbes , ce clivage transversal est tout aussi évident que le cli¬ vage longitudinal y et il ne saurait en être autrement, attendu qu’il constitue le sommet des mêmes arcs dont le clivage longitudinal représente les côtés. En second lieu , de pareilles brisures devraient nécessairement être verticales au moment de leur formation, et l’on ne concevrait pas qu’il pût s’en former d’horizontales ou d’obliques ; par consé¬ quent le phénomène devrait commencer au point où les couches sont verticales. Or, nous avons vu qu’en amont de ce point les af¬ fleurements sont tout aussi évidents et qu’ils s’élèvent graduelle¬ ment depuis l’horizontale jusqu’à la verticale. Enfin le fait même que ces lignes seraient des brisures est contraire à la théorie de la semi-fluidité dont M. Forbes s’est fait le défenseur. Les corps semi-fluides ne se comportent pas de la sorte sous l’empire d’une tension inégale , ils s’étirent et ne se brisent pas. Passant ensuite aux crevasses , M. Desor fait la remarque que ce phénomène , qui a si souvent attiré l’attention des voyageurs , est cependant très mal connu dans son essence , par la raison que l’on ne s’est guère occupé que des crevasses qui se trouvent à l’extrémité des glaciers, et que les autres ont été d’ordinaire né¬ gligées. Ainsi , pour ne citer qu’un exemple, de ce que les endroits SÈANCK DU Ier JUIN 18/l6. 531 les plus crevassés correspondent cT ordinaire à de fortes pentes , on en a conclu que la présence de crevasses sur un point quel¬ conque indiquait une accélération de toute la masse. M. Desor distingue au moins six espèces de crevasses. 1° Les crevasses marginales. — Elles n’existent que le long des bords , ordinairement par groupes ou faisceaux qui se rattachent à quelque promontoire ou rocher du rivage. Leur direction est oblique en amont, ce qui a fait supposer à MM. de Charpentier et Agassiz que les bords du glacier marchaient plus vite que le centre , opinion que les expériences ultérieures n’ont pas con¬ firmée. La cause déterminante de ces crevasses, ce sont les iné¬ galités des bords , qui , en retenant une portion de la glace pri¬ sonnière , provoquent une tension , laquelle finit par être vaincue. Il en résulte alors des déchirures perpendiculairement à la chute du glacier. Or, comme la masse des bords est sollicitée par deux forces , l’une qui la porte dans le sens de l’axe du glacier, l’autre vers le fond de la vallée , il s’ensuit que la brisure doit être per¬ pendiculaire à la résultante de ces deux forces, c’est-à-dire oblique en amont. 2° Crevasses médianes. — Ce sont de longues fêlures transver¬ sales très étroites qui traversent souvent le glacier de part en part. Elles ne se trouvent que là où la surface du glacier est unie; elles naissent spontanément et avec forte détonation , ordinaire¬ ment à la suite de journées chaudes. 4 3° Crevasses d'escarpement . — Ce sont celles qui donnent nais¬ sance au phénomène si remarquable des aiguilles. Elles n’existent que sur les fortes pentes. Le glacier, en arrivant au bord d’un escarpement , prend un mouvement accéléré qui occasionne des déchirures transversales. Celles-ci se multiplient et s’élargissent sur l’escarpement lui-même , et il en résulte à la fin un boule¬ versement général. La présence de pareilles crevasses est toujours un indice que le mouvement est momentanément accéléré. C’est en faisant allusion à ces crevasses que M. Cuyot a pu poser en principe « que les crevasses se forment partout où la vitesse de marche devient relativement trop grande et cesse d’être en pro¬ portion avec leur plasticité. » tx° Crevasses longitudinales. — Elles n’existent que dans les grands glaciers , et particulièrement dans ceux dont l’extrémité s’étale dans une large vallée à fond plat. L’exemple le plus remar¬ quable qu’on puisse citer est celui du glacier du Rhône. Il est probable qu’en se déversant ainsi latéralement, le glacier éprouve 532 SÉANCE DU 1er JLIN 1840. une tension clans toute sa niasse qui provoque des décliirures per¬ pendiculairement à cette tension , c’est-à-dire* dans le sens de l’axe du glacier. Comme les strates indiquent d’ordinaire la direction de la foi ce propulsive, et que celles-ci sont concentriques, il en résulte que les crevasses devront être rayonnantes , c’est-à-dire en éventail. a Caveaux . Ce sont de vastes ouvertures ellipsoïdes qui ne se tiouvent qu à 1 origine des glaciers, dans l’intérieur des cirques, entre 3,000 et 3,o00 mètres d’élévation, ordinairement dans les endroits où la pente augmente. Leur longueur est quelquefois de 300 métrés , leur largeur de 20 métrés , leur profondeur de 100 meties. Elles ont cela de particulier, que leur section n’est pas en forme de cône renversé comme celle des crevasses ordinaires , mais, au contraire , ovoïde. Quelquefois elles se referment com¬ plètement dans le haut , et c’est alors quelles offrent un danger réel pour le voyageur qui est appelé à parcourir les solitudes des hautes régions. Lorsqu’elles s’entre-croisent et se multiplient, elles donnent lieu au phénomène des séracs . 6° Rirnagcs. — M. Desor appelle ainsi les crevasses qui se voient à l’origine de toutes les grandes pentes de neige et que les monta¬ gnards de l’Oberland bernois désignent sous le nom de Bcrgschrund (crevasse de montagne). Elles n’indiquent pas précisément le point où les masses entrent en mouvement (puisqu’il y en a sou¬ vent plusieurs de* superposées), mais probablement une accélé¬ ration déterminée par une plus grande épaisseur de la masse de neige , c’est pourquoi elles se maintiennent toujours à une certaine distance de l’origine des. pentes de neige. Toutes les crevasses, quelles qu’elles soient, se referment au bout d’un certain temps. Ce qui le prouve , c’est qu’ elles sont toujours à la même place , et pourtant le glacier marche conti¬ nuellement. Souvent les espaces qui précèdent et suivent immé¬ diatement les cievasses sont des plus unis : témoin les environs du Pavillon au glacier de 1 Aar, en amont et en aval des crevasses marginales. Aussi bien , si les crevasses ne se refermaient pas , tous les glaciers sans exception seraient tellement bouleversés qu’ils deviendraient complètement inaccessibles. Lorsque les crevasses ne se referment pas immédiatement, comme cela a lieu dans les régions supérieures , où elles persistent quelquefois plusieurs années, on peut en quelque sorte inférer leui âge de leur direction , surtout si ce sont des crevasses mar¬ ginales. Ceci est une conséquence du mode de progression du SÉANCE DU 1er JUIN 18^6. 533 placier. Le glacier, en effet , se meut avec des vitesses variables dans ses différentes parties (1). C’est ainsi en particulier cpie le centre marche au moins dix fois plus vite que le bord. Supposons qu’une crevasse s’étende du bord au centre , si le déplacement du bord est de 10 mètres, celui du centre sera de 100. La position de la crevasse relativement aux cimes environnantes ne sera donc plus la même , et c’est ainsi qu’une crevasse qui dans l’origine était transversale pourra devenir insensiblement longitudinale. M. Desor résume ses observations de la manière suivante : 1° Le phénomène de la stratification n’existe pas seulement dans les régions supérieures du névé; il se poursuit jusqu’à l’ex¬ trémité des glaciers. 2° La preuve que le clivage superficiel des glaciers est une stra¬ tification primitive se tire du passage insensible des couches du glacier à celles du névé , de la concordance des plans de couches dans l’intérieur des puits avec les affleurements de la surface , et enfin de la présence de petits dépôts de sable et de gravier entre les assises. 3° Les crevasses sont l’effet d’une tension vaincue; elles sont toutes perpendiculaires au plan de tension , c’est-à-dire à la direc¬ tion des couches. U° Toutes les crevasses se referment. M. Boubée demande si on est bien sûr que les glaciers aillent plus vite au milieu que sur les bords. (1) Quand on veut juger de la vitesse relative d’une région , il faut avoir soin de prendre pour terme de comparaison le maximum de vi¬ tesse. Au glacier de l’Aar, le mouvement va en se ralentissant depuis l’Abschwung jusqu’à la sortie de la rivière. M. Forbes est arrivé à des résultats différents ; il a trouvé que la partie moyenne marchait moins vite que la partie supérieure ot la partie terminale. Mais peut-être ses mesures ne méritent-elles pas une entière confiance, précisément parce qu’au lieu de mesurer à toutes les stations le maximum de vi¬ tesse , il a pris pour terme de comparaison un point du bord (250 pieds du rivage). Il suffit de comparer les courbes du mouvement annuel dans la figure qui accompagne la notice de M . Agassiz ( pl. Y, fig. 10), pour avoir une idée de l’inégalité de mouvement qui peut exister entre deux points situés à la même distance du bord , et par conséquent des causes d’erreur que leur mesure, prise pour base d’une théorie, peut entraîner à sa suite. C’est ainsi que dans la première courbe (de 1 843), le point 1 0 du côté du S. a avancé en un an de 22 mètres , tandis que le point 6 du côté du N. , qui se trouve à la même distance du bord , a progressé de 39 mètres, par conséquent de près du double. 534 SÉANCE DU 1er JUIN 1846. M. Agassiz répond que si on a dit dans l’origine que les bords allaient plus vite que le milieu, c’est qu’on avait conclu cela de la forme des courbes de stratification -, mais les mesures pré¬ cises, citées dans la communication qu’il a faite à la dernière séance, ne laissent aucun doute à ce sujet (voir pl. Y, fig. 10). M. Boubée ne comprend pas que cela puisse avoir lieu sans un fendillement général du glacier. M. Agassiz répond que M. Forbes a proposé une théorie sur l’explication de ce phénomène. Lui-même il la croit fausse, et il ne croit pas qu’il y ait lieu maintenant à entrer dans l’explica¬ tion de ce phénomène-, mais le fait est tout-à-fait constant, et il faut s’arrêter là actuellement. M. Clément Mullet, archiviste, annonce à M. le Président que ses nombreuses occupations le forcent à donner sa démis¬ sion. La lettre de M. Clément Mullet sera renvoyée au conseil. M. le marquis de Roys transmet une lettre de M. le maire de la ville d’AIais, qui offre la salle de l’Hôtel-de-Ville pour les réunions delà Société. M. Dufrénoy annonce que M. Calon , ingénieur des mines, directeur de l’Écble des ouvriers mineurs , a également proposé le local de l’établissement qu’il dirige pour les réunions de la Société. Il s’empressera de donner aux membres les moyens de visiter les mines de la Grande Combe. M. le vicomte Benoît, l’un des administrateurs des usines d’AIais , a également offert à M. Dufrénoy la maison qu’il habite aux forges pour les réunions de la Société hors de la ville ; il aura également un grand plaisir à fournir aux membres l’occa¬ sion de visiter les belles usines d’AIais. M. Martins donne lecture, de la part de M. Collomb, des deux lettres suivantes : Wesserling, le 29 mai 1846. Des galets rayés dont l’ origine n’est pas erratique . Les discussions qui ont eu lieu dernièrement à la Société rela¬ tivement aux galets striés m’engagent à lui communiquer un fait SÉANCE DU 1er JUIN 1846. 535 d’observation sur des galets rayés que j’ai trouvés dans les Vosges, niais dont l’origine n’est point erratique. Voici le fait qui a donné lieu à cette observation. Le 26 janvier 1846, à la suite de plusieurs jours de pluies abon¬ dantes , un éboulement de terrain eut lieu sur une des pentes des montagnes de la rive droite de la vallée de Saint-A marin , en face de l’église du village d’Odern. L’éboulement prit naissance à 250 mètres environ au-dessus du niveau de la vallée , dans une dépression du sol, qu’on qualifie dans les pays de montagnes du nom de couloir. Ce couloir a la forme d’un triangle isocèle , dont le sommet est au point où l’ éboulement a commencé et la base au niveau delà vallée. La pente moyenne du couloir est de 28 à 30°; elle est un peu plus rapide au sommet qu’à la base. Un petit filet d’eau , dans les temps de pluie seulement , donne lieu à de petites cascades le long du couloir. Les matériaux entraînés par l’ éboulement se composaient d’une grande quantité de blocs de granité , dont aucun n’arrivait à 1 mètre cube , puis d’une masse considérable de blocs moyens et de galets de granité et de grauwacke à pâte fine, matériaux d’ail¬ leurs de même nature que ceux qui forment la montagne même; puis ces blocs et ces galets étaient accompagnés d’une masse épaisse de boue plus ou moins fine. Ces éléments se sont détachés de la partie supérieure sous forme d’une masse pâteuse ; au dire des habitants du village qui ont pu suivre les phases du phénomène , elle est descendue de la montagne avec une certaine lenteur. Les personnes qui se trouvaient dans une chaumière sur le bord du trajet parcouru , ont eu le temps de commencer un déménagement avant de fuir. Deux jours après l’événement, je me rendis sur les lieux pour en examiner le résultat. Dans les méplats du terrain , la boue n’a¬ vait pas encore pris de consistance , on y enfonçait comme dans la vase d’un marais. En examinant les différents matériaux répandus sur le sol , je reconnus que les galets de schiste argileux bleu étaient en grand nombre rayés sur toutes leurs faces ; mais à la différence des galets d’origine glaciale , ils étaient plutôt raclés que striés ; ils étaient couverts d’une infinité de raclures courtes , grossières, fort différentes des stries fines, délicates et croisées qui caractérisent les galets erratiques. Deux galets de même espèce de roche , dont l’un d’origine d’éboulements et l’autre d’origine glaciale , mis en présence , se distinguent à la première vue par la différence du dessin et de la gravure. 536 SÉANCE DU 1er JUIN 1846. Ce fait est très simple ; cependant il n’est pas inutile de le signa¬ ler a 1 attention des observateurs. Beaucoup de personnes ne con¬ naissent pas encore les véritables galets striés; les observateurs du JVoid n en font pas mention , et les galets rayés par un éboulement pounaient donner lieu a une erreur Wesserling, te 29 mai 1846. Sur les glaciers temporaires des Vosges. Il y a un an que j’envoyais à M. Élie de Beaumont quelques notes sur des observations relatives à la stratification et au mou- vement que j’avais remarqués dans les masses de neige qui existent encore sur uos montagnes dans les mois de mai et de juin. M. Élie ( e Beaumont eut la bonté de communiquer ces notes à l’Acadé¬ mie (1). Mon intention était de continuer cette année, à pareille époque, des observations et des expériences sur le même sujet parce quelles me paraissaient avoir un caractère de nouveauté et un intérêt se rattachant plus ou moins directement à la théorie C CS Srands glaciers. Je voulais poursuivre des expériences ripou- reuses, comparées entre elles sur le mouvement de ces petits gla¬ ciers, soit à forte pente, soit à pente faible , afin de décider d’une manière positive quel rôle joue l’inclinaison du sol dans le phé¬ nomène du mouvement; puis encore quelle était l’ablation de la surface dans un temps donné. J’ai dû borner pour le moment mes observations à quelques faits relatifs à la stratification du névé • cette année la matière a manqué. Dans les mois de janvier et de ievner, il n est presque pas tombé de neige ; le mois de mars qui nous en apporte d’ordinaire des quantités considérables chassées par le vent d O. , a été excessivement calme. Dès le 5 mars , époque habituelle des grandes neiges , nous avons pu parcourir les sommets des Vosges avec MM. Agassiz Desor et Dollfus , sans en rencontrer de grands amas , sauf sur lé revers oriental du Rotlienbach , et, à cette époque de l’année , le mouvement ne se manifestait pas encore ; toutefois les couches’de neige étaient déjà stratifiées et passées à l’état de névé ; mais la pai tie de ce névé reposant immédiatement sur le sol n’avait pas encore été convertie en glace. Les alternatives de chaud et de iroid, dans le milieu ambiant, n’étaient pas suffisamment pro- o ) < ’omptes-rendus de V Institut , tome XX , p. 1 308 ; tome XXI • p. <3.27 • * SÉANCE DU 1er JUIN 18A6. 537 noncées au mois de mars pour que le névé inférieur se soit trouvé dans des circonstances favorables à sa transformation en glace. Il y avait de minces couches de glace intercalées ; mais elles ne touchaient pas le soi. Les coupures que nous avons pratiquées dans la masse nous ont donné les couches successives suivantes : Névé. Glace. Névé. Glace. * Névé. La couche de glace intercalée entre le névé était fort compacte , serrée, presque glace-miroir, de 5 à 10 millimètres d’épaisseur. Cette couche correspond sans doute à une époque de chute de neige suivie de verglas. Voici comment je comprends la théorie de ce phénomène : une couche superficielle excessivement mince de verglas étant formée , une nouvelle chute de neige arrive , puis ensuite cette neige fond en partie pour se transformer en névé ; mais pendant cette opération le verglas ne fait pas filtre ; il arrête, au contraire , les eaux d’infiltration ; elles se congèlent , et forment ensuite une couche de glace d’une épaisseur de 5 à 1 0 millimè¬ tres. Serait-ce là l’origine des veines bleues et blanches des grands glaciers? Deux mois plus tard , le 10 mai , le Drumont avait encore près de son sommet une série de taches de neige de quelques mètres d’épaisseur, adossées contre une pente de 30 à 35°. Ces neiges étaient en mouvement ; le fait était clair ; elles avaient exercé une pression considérable sur des arbres placés sur leur trajet. La stratification de ces neiges était fort avancée ; la partie reposant immédiatement sur le sol était complètement transformée en glace. En coupant des tranches dans la masse , on remarquait les couches suivantes : Névé. Glace de névé. Glace bulleuse. Sur d’autres points , les veines de glace-miroir que nous avions remarquées au Rothenbach deux mois auparavant existaient en¬ core ; les couches se succédaient dans l’ordre suivant : Névé. Veine de glace miroir. Glace de névé. Glace bulleuse. 538 SÉANCE DU 1er JUIN 1846. La glace bulleuse , reposant sur un sol gazonné , était couverte à sa partie inférieure de longues cannelures, de stries qui corres¬ pondaient aux brins d herbes sèches , qu’elle avait comprimées et entraînées dans son mouvement, et dont elle avait pris l’em¬ preinte; beaucoup de brins se trouvaient encore collés à la glace. Sur quelques points, cette glace bulleuse était passée à l’état compacte. Ces amas de névé étaient tous , à différents degrés de profon¬ deur, à la température de 0°. L’air ambiant, à l’ombre , à midi , avec un ciel sans nuages, était ce jour-là à 15,5. La température du sol , à 10 centimètres de profondeur sous le névé, était à quel¬ ques degrés au-dessus de zéro ; cependant le sol lui-même , le gazon , n était point mouillé par la glace , il était légèrement hu¬ mide , presque sec. Le 24 mai tous ces amas avaient disparu Dans toutes les masses de néve en mouvement que j’ai observées 1 année dernière et cette année , je n’ai pas remarqué que la pente du terrain jouât un rôle important dans le phénomène ; mais comme je n ai point fait d’expériences directes à ce sujet , ce n’est que par approximation que je puis juger du fait : il faut attendre 1 année prochaine avant de se prononcer définitivement. Cepen¬ dant j’ai pu remarquer que dans des forêts situées entre la vallée d Uibes et la vkllee de Schlifïels, qui sont à faible pente , le mou¬ vement des petits glaciers avait exercé de grands ravages l’année dernière : il avait cassé , brisé une grande quantité d’arbres ; ce mouvement était là tout aussi prononcé que sur les pentes de 45“ du revers oriental du Hoheneck. J’ai parcouru souvent nos mon¬ tagnes au milieu de l’hiver ; je n’ai jamais vu le mouvement lent des neiges se manifester dans cette saison , quel que soit le degré d’inclinaison des pentes. M. Bayle, vice-secrétaire, après avoir donné lecture des conclusions d’un Mémoire de M. Durocher, sur les phénomènes métamorphiques (v. p. 546), dit que : En Suède, le terrain silurien , dont les couches les plus an¬ ciennes ne présentent pas d’altération due à des phénomènes mé¬ tamorphiques , repose sur une formation très épaisse de gneiss. M. Elie de Beaumont , dans une de ses remarquables leçons au Collège de fiance, a montré que cette formation était d’origine sédimentaire , et qu’elle ne devait son état actuel qu’à une grande action de métamorphisme. SÉANCE DU 1er JUIN 18&6. 539 Ces couches de gneiss ont été très improprement nommées for- * mation azoique ; elles ne sont azoïques que par suite de l’action métamorphique qui a fait disparaître les débris d’êtres inconnus qu’elles devaient renfermer; on trouve en effet, en plusieurs points de ces gneiss , des vestiges qui indiquent la présence de fos¬ siles dans ces couches. M. Boubée demande s’il y a dans les mêmes échantillons des cristaux et des fossiles. M. Dufrénoy répond que des macles d’assez gros volume con¬ tenaient des schistes analogues à ceux qui les enveloppaient, et qu’on a trouvé des fossiles dans la roche qui contenait les macles. Il comprend davantage le métamorphisme normal que le mé¬ tamorphisme accidentel. M. Desor ajoute qu’il a recueilli au sommet de la Nufenen des Bélemnites avec des grenats , du mica , du feldspath , dans les mêmes échantillons. M. Dufrénoy attire l’attention des géologues suisses sur un sulfo-arséniure de plomb qui donne une poussière brune, qui est nans les mêmes veines avec le réalgar, et qui se trouve sur le Saint-Gothard ; mais on n’en connaît pas d’échantillons dans les collections. Le conseil de la Société géologique de France a l’honneur de prévenir MM. les membres de cette Société que son agent est chargé de recevoir les souscriptions qu’ils voudraient adresser pour concourir à l’érection d’une statue de Buffon , que la ville de Montbard se propose d’élever dans ses murs à la mémoire du grand naturaliste français. Un appel a été fait à toutes les Sociétés savantes de France. Les membres de la commission de Paris sont : MM. Nau de Ghamplouis, pair de France 5 Muteau , député -, Vatout, député-, Flourens, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences ; Nadault de Buffon, ingénieur en chef; Brurard , membre du conseil d’arrondissement de Saumur. dW SÉANCE DU 15 JUIN 1846. Séance du 15 juin 18/iG. ['résidence de m. dufrénoy, vice-président, M. Le Blanc, secrétaire, donne lecture du procès-verbal tc la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le President proclame membres de la Société : MM. Rochet d’Héricourt, rue Saint-Germain-des-Prés 8 à Paris , présenté par MM. Élic de Beaumont et Virlet ; ’ ’ Lory , professeur de physique au Collège de Poitiers , pré¬ sente par MM. Delafosse et Hébert ; Pictet (F.-J.), professeur de zoologie et d’anatomie com- paree à I Académie de Genève, présenté par MM. Dufrénov et Lue de Beaumont • J Felipe Naranjo y Garza, secrétaire de l’École des mines, à Madrid, présenté par MM. Le Blanc et Martins; Coppier, bibliothécaire de la ville, à Annecy (Sayoie) présenté par MM. le chanoine Chamousset et Genin DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : DelapartdeM. leMinistrede la justice, Journal des savants • mai 1846. DelapartdeM. F.-J. Pictet, Traité élémentaire de paléon¬ tologie; l. IV, in-8», 458 p., 20 pl. Paris, 1846. Comptes-rendus des séances de T Académie des sciences; IbZlO, 1er semestre, nos 22 et 23. V Institut; 1846, n°« 648 et 649. L'Echo du monde savant; 1846, n°s 43 ct 44. The Athenœum ; 1846, n° 972. The Mining Journal , 1846, n°* 563 et 564. M. Boubée demande, comme errata à la page 130 du Bulle- Un, séance du 15 décembre 1845 , qu’au lieu de : « les traces 'is glacier s anciens lui paraissent aussi bien établies dans les yienecs que les fossiles qu’il y a constatés avec la dernière SÉANCE DU 15 JUIN 18A6. 541 évidence, » on lise : « les moraines anciennes et les roches polies et striées , fort éloignées des glaciers actuels qu’il a reconnus dans les Pyrénées, constatent, pour lui, l’existence d’anciens glaciers, tout aussi parfaitement que les fossiles constatent l’existence des anciens ét^cs organisés. » M. Rochet d’Héricourt fait la communication suivante : Observations géologiques recueillies en Égypte, sur la mer Rouge , le golfe iV Aden , le pays (V A dcl et le royaume de Choa , par M. Rochet d’Héricourt. En sortant du Caire, à une demi-lieue à l’E. , on voit s’élever un monticule nommé Djebel Hacmar (montagne rouge); ce npm lui a été donné par les Arabes à cause des grès rouges , compactes , à l’état amorphe , et à cassures vitreuses qui en forment le prin¬ cipal élément ; ce monticule est un phénomène d’éruption ; on y. remarque des traces d’origine volcanique ; on observe au centre une soufflure de terrain assez semblable à une cheminée de haut¬ fourneau et enveloppée d’une lave ferrugineuse. En suivant la di¬ rection du N. au S.-E. , on voit au milieu des sables, de distance en distance, un assez grand nombre de monticules semblables, qui sont le résultat de productions volcaniques. Ce travail pluto- nien se continue dans la même direction , et à moitié chemin de Suez au Caire, en suivant la route dite du bas, on observe une montagne d’origine volcanique. A 2 lieues et demie à l’E.-S.-E. du Caire on remarque dans le désert une vaste forêt pétrifiée ; elle est varice de plusieurs espèces d’arbres; il y en a dont les troncs atteignent jusqu’à 18 mètres de longueur ; d’ailleurs ils sont tous si bien conservés , que l’on peut reconnaître les diverses espèces auxquelles ils appartiennent. Plusieurs hypothèses ont été émises sur cette forêt. Voici celle qui me paraît conforme à la vérité : le sol sur lequel reposent ces curieuses pétrifications est un terrain de soulèvement de produc¬ tions éminemment volcaniques ; la violente commotion qu’a dû éprouver ce terrain en s’exhaussant, a sans doute renversé les arbres de la forêt; couchés sur le sol , ils se sont trouvés en contact avec la cause immédiate du phénomène qui s’est opéré en eux. Les terres égyptiennes contiennent en effet une grande quantité do nitrate de potasse; ce nitrate de potasse, uni au silex qui était sur Jes lieux, a formé , par le dégagement de la chaleur du sol , un silicate de potasse qui a été l’élément actif de la pétrification. 542 ' SÉANCE DU 15 JUIN 1846. Quant à l’opinion qui prétend que ces arbres ont été pétrifiés avant d’avoir été renversés , leur disposition actuelle me paraît suf¬ fire à la démentir. Si cette opinion était vraie, la secousse volca¬ nique aurait infailliblement brisé les pétrifications ; on ne verrait aujourd’hui que des fragments dispersés au hasard. Au contraire, l’on voit des troncs d’arbres encore entiers et d’une longueur remarquable. La montagne du Mokkatam , qui suit le cours du Nil à l’E. , forme une chaîne irrégulière dont la direction est du N. au S. ; elle est généralement composée de calcaire grossier, de calcaire coquillier et de calcaire crayeux. Près du Caire , on trouve sur le revers du Mokkatam des fossiles de plusieurs espèces et de plu¬ sieurs variétés , surtout des Nummulites et des Lenticulites. De Rosette jusqu’à Siout , capitale de la Haute-Egypte, le Nil coule sur un terrain de transport , puis il se promène sur un terrain crayeux jusqu’aux environs d’Edfou. • De Keneh à Kosseir, en se dirigeant vers l’E. et après avoir tra¬ versé la chaîne calcaire qui fait suite au Mokkatam, on arrive à une nouvelle chaîne qui sépare la vallée du Nil de la Mer-Rouge ; ces premiers mamelons sont le résultat d’un soulèvement volca¬ nique et sont formés de basalte et de trachyte ; on observe aussi ces roches sur les sommets les plus élevés. On perd insensiblement ces roches plutoniennes pour rentrer dans les roches de granité , de porphyre, de syénite, de gneiss de toutes nuances, qui se prolongent jusqu’à l’embouchure de la vallée de Kosseir, où l’on rencontre le calcaire crayeux et le calcaire grossier. Les roches volcaniques se représentent de nouveau sur les bords de la mer, et forment une série de petits cônes qui bordent la côte sur une assez grande longueur. Sur la côte orientale du golfe Arabique , de Suez à Aden , on observe entre la chaîne des montagnes et la mer un terrain d’allu- vion généralement bas et dont la largeur varie : en quelques en¬ droits (de Ras-Mohamet, à moitié hauteur du golfe de l’Akabah, dans le voisinage du port de l’Oiedje , aux environs de Yambo) , on remarque des collines calcaires de formations nouvelles , et dans lesquelles on trouve des corps organisés fossiles de même espèce que ceux que l’on rencontre aujourd’hui dans la Mer-Rouge. Le golfe arabique offre pour la géologie un phénomène plein d’intérêt ; il peut se diviser en deux parties : le nord , de Suez à Djedda , est , sur ces deux rives , bordé de récifs de madrépores qui , en certains endroits, obstruent la mer jusqu’à une assez grande distance du rivage ; dans la partie méridionale les récifs deviennent SÉANCE DU 15 JUIN 1846. 543 moins fréquents et sont remplacés par des bancs de sable, des îlots, des îles dont le plus grand nombre sont des volcans éteints. Je citerai principalement les îles de Djebel-Tar ou Djebel-Cabret (montagne de soufre) , à 20 lieues à 10. de Loliéïa; l’île Nora , à 4 lieues au N. de Dalack; l’île de Zébayer, à 18 lieues à l’O.-N.-O de Hodéïda ; les volcans qui bordent le port de Rayéta sur la rive africaine , au parallèle de Moka ; le grand Sian , volcan qui forme un cône assez élevé sur la rive occidentale , à l’entrée du détroit; six volcans sur une ligne parallèle qui obstruent le dé¬ troit de ce côté , et dont un porte le nom de petit Sian , deux celui d’Hamra , et les suivants , ceux de Sababo et Sababé ; enfin l’île de Périm , à l’entrée du détroit, sur la rive orientale. De Confouda jusque près de Djézan , la côte est bordée de vol¬ cans éteints, et à quelques lieues au S. de Moka jusqu’à Aden , qui est circonscrite de volcans éteints , le même travail souterrain se reproduit. En sortant de la Mer-Rouge et en face de la côte d’Aden on retrouve des phénomènes analogues. Les environs de Toujourra , village situé sur la rive africaine au parallèle d’Aden , sont aussi de productions volcaniques ; le basalte et le trachyte s’y font re¬ marquer ; à vingt minutes derrière ce village , dans la direction N. -O. , en se dirigeant vers une chaîne de montagnes, on ren¬ contre une roche peu élevée au-dessus de la mer ; elle suit un plan presque horizontal ; elle renferme des fossiles de plusieurs variétés et fort intéressants. La contrée que l’on traverse en allant de Tou¬ jourra au royaume de Choa , et le Choa lui-même , se font re¬ marquer parleur constitution plutonienne. A 24 lieues à l’O.-S.-O. de Toujourra il y a un lac qui est circonscrit de volcans éteints , et qui n’est séparé du golfe de Toujourra que de 4 à 5 lieues ; d’après mes observations barométriques sa dépression n’est pas moins de 217 mètres. Dans le pays d’Adel on observe un nombre infini de volcans éteints; plusieurs ont jeté sur le sol des quantités de laves prodigieuses, notamment ceux qui s’élèvent en face de Coummi, au milieu du désert, et ceux de Dabita, près de l’Aouache. Dans plusieurs des vallées du désert on rencontre des fossiles du genre Mélanie et d’une espèce inconnue ; je donnerai à cette espèce le nom de Beaumont-Dufrénoy. Le sol du royaume de Choa se compose généralement de gra¬ nité , de porphyre , de syénite et de roches cristallines qui leur sont associées ; tandis que des éruptions de basalte et de trachyte , qui se sont fait jour de distance à autre , ont superposé leurs cônes. 5 M SÉANCE DU 15 JUIN 1846. sur les terrains anciens; quelquefois ces cônes atteiVnpm „ grande hauteur et embrassent une vaste étendue ° "C ia cap;taie du choa> « ment; le tracljte en 7Ze tZse e] ’Jba^îtf pentes Angolola, seconde capitale du Choa, est l'â'lie'sln' C ” AlU îieuï kIq ÏiniaîaaltdCa ‘ P^ éI“‘ ^ Méda, Moros et de Marébété r 6S provinces.de Choa- qui n’a pas moins de 1,254 mètres '(kprofondeui *^ «Tuf enteSqT ir Iiui e ; a ce pays sa configuration et son exhaussement , le plateau s’e-t L Uans un lieu nommé Got, situé nu niprt i plateau. carier «Xr;;;XX'i'XX'*‘Ax- géant au N.-cT 8////.A SÉANCE DU 15 JUIN 18/|6. L’acide carbonique nous offre un fait de cémentation d’un autre genre, qui consiste dans l’endurcissement des mortiers employés dans les constructions. On sait qu’il faut plusieurs siècles pour que les mortiers de chaux grasse qui relient les assises de pierres attei¬ gnent leur maximum de dureté, c’est-à-dire pour que toute la chaux de ces mortiers se transforme en carbonate. La carbonifica¬ tion, et par suite l’endurcissement, ont lieu d’abord à la surface, puis ils se propagent dé proche en proche , mais d’une manière excessivement lente ; le phénomène exige , pour être complet, un laps de temps séculaire. Mouvements moléculaires opérés a la température ordinaire , sans i intervention d’aucun corps étranger. Certains phénomènes de métamorphisme ont lieu à la tempé¬ rature ordinaire et sans le concours d’un cément ; il en est qui se produisent sous 1 influence d une traction ou d’un mouvement vibratoire auquel sont soumis les corps : tel est le métamorphisme qu’éprouvent le fer, les essieux de locomotive , par exemple , dont la structure a tout-à-fait changé au bout d’un certain nombre d’années , variable suivant la nature du fer et l’intensité des efforts qu’il subit. D’autres exemples de métamorphisme nous sont offerts par des corps qui ont subi une espèce de trempe : ainsi le soufre , après avoir été coulé dans l’eau , reste mou et flexible pendant quelques jours , puis il reprend peu à peu son état ordinaire. La contraction qu éprouvé dans un laps de trois ou quatre ans le verre avec lequel on a soufflé la boule des thermomètres, les ruptures spontanées des cristaux ou des verres qui n’ont pas été suffisamment recuits , nous offrent de nouveaux exemples des mouvements moléculaires qui peux ent se laire a 1 intérieur des corps , même à la température ordinaire. M. Keilhau, géologue d’un mérite éminent, très bon et très consciencieux observateur, avec lequel je suis tout-à-fait d’accord en considérant les phénomènes de métamorphisme comme le ré¬ sultat d’actions lentes, M. Keilhau me paraît avoir trop élargi le champ des altérations que peuvent éprouver les corps à la tempé¬ rature ordinaire , quand il considère comme le produit d’un mé¬ tamorphisme à froid '(1), non seulement les roches stratifiées et cristallines , mais encore les roches massives que la plupart des (1) Gea Norvégien , par Keilhau , pag *218 et suiv. SÉANCE DU 15 JUIN 18/l(5. 5(35 géologues actuels regardent comme s’étant injectées à l’état de fusion et à une haute température. L’étude de la chimie nous montre qu’un très grand nombre de réactions, de combinaisons entre les corps , ne peuvent se faire qu’à l’aide d’une élévation de température, et les faits de cémentation, de mouvements molécu¬ laires paraissent être développés, sinon exclusivement, du moins avec une puissance beaucoup plus grande sous l’action de la cha¬ leur. Quelle que soit la manière de l’expliquer, il est incontestable que réchauffement amène les particules des corps solides à un état qui facilite leur mouvement, qui agrandit leur faculté d’associa¬ tion et de combinaison. On se prive donc d’une intervention puis¬ sante dans les phénomènes de transmutation des roches , si l’on restreint l’amplitude de ces phénomènes en les considérant comme s’étant produits toujours à la température ordinaire , d’autant plus que les actions plutoniques, telles que les conçoivent la plupart des géologues, réalisent les conditions d’une élévation de température, non pas subite , instantanée , mais graduelle et longtemps pro¬ longée , par suite du flux de chaleur auquel a donné lieu pendant des siècles le refroidissement des masses ignées un peu considé¬ rables. Mouvements moléculaires opérés à la température ordinaire dans l'écorce terrestre. Nous avons vu quelques cas de métamorphisme qu’éprouvent les corps sous nos yeux et sans l’action de la chaleur : les terrains qui composent l’écorce terrestre nous offrent aussi de nombreux exemples de ces mouvements moléculaires qui se font à la teinpé-' rature ordinaire : ainsi je regarde la plupart des rognons ou masses tuberculeuses contenues dans les terrains stratifiés comme résultant de mouvements particulaires qui ont duré pendant plusieurs années et qui ne se sont pas faits seulement à l’époque où le dépôt sédimentaire se formait , mais encore après qu’il avait commencé à se tasser et à se consolider. Telle me paraît être l’origine des rognons ou tubercules siliceux , calcaires , marneux, ferrugineux et arénacés auxquels on a donné les divers noms de silex , ehert , chailles , sep tari a , etc. L’intéressant mémoire qu’a publié M. Virlet ( Bulletin de la Société géologique , séance du 20 janvier 1 8à5 ) sur la formation de ces rognons me dispense d’entrer dans des détails circonstanciés sur ce sujet ; j’ai la même manière de voir relati¬ vement aux principaux faits qu’a cités ce géologue : je considère ccs tubercules comme résultant d’une concentration de matière 566 SÉANCE DU 15 JUIN 18/j6. siliceuse , calcaire , etc. , qui s’est faite autour de centres d’attrac¬ tion de tei mines soit par des corps organises , soit par des noyaux de nature minérale. La présence de ces tubercules n’est pas propre seulement aux terrains tertiaires ou secondaires, mais souvent aussi on en rencontre abondamment dans les terrains de transi¬ tion. Je me bornerai à joindre aux laits observés depuis longtemps quelques autres qui sont moins connus, et cela m’amènera à des considérations relatives aux circonstances où se sont produits ces phénomènes. Tubercules et lentilles calcaires dans le terrain silurien de la Norvège L étage inféiieui du terrain silurien de la Norvège présente une succession de couches argileuses et marneuses, formant des assises très épaisses et mélangées de quelques bancs calcaires; elles renferment une grande quantité de rognons ou tubercules aplatis, de forme lenticulaire, ayant de quelques centimètres à 1 mètre au plus de longueur. Ces rognons ne se trouvent pas uniformément lé parti s dans tous les bancs, il y en a beaucoup dans certaines cou- c les ; d autres , au contraire , n’en renferment pas ; ils sont couchés parallèlement au plan de stratification , et affectent ordinairement la disposition en chapelet (voir fig. 5). Souvent ils forment une série de lentilles minces (fig. 6), ayant de 5 à 20 centirn. d’épaisseur sur une étendue en longueur de quelques mètres ; d’ailleurs ces grandes plaques lenticulaires passent insensiblement à l’état de couches Ces rognons et ces lentilles sont formés d’un mélange de calcaire et d argile en proportions diverses ; leur couleur est ordinairement moins foncée que celle de la roche adjacente , et par leur teinte d un gris blanchâtre, ilsse détachent nettement des couches argi¬ leuses, qui sont d’un gris très foncé. Les tubercules les plus riches en matière calcaire sont quelquefois corrodés par les eaux , et alors les couches prennent un aspect caverneux. Les bancs qui contien¬ nent ces rognons sont formés en majeure partie de détritus argi¬ leux ou argilo-quartzeux; leur schistosité est souvent peu pronon¬ cée , et on leur donne alors le nom de thons tein , ou roches d’argile. Quelquefois ces couches offrent plusieurs plans de fissilité ; mais le sens dans lequel sont, couchés les rognons aplatis fait toujours con¬ naître le véritable plan de stratification. La disposition que présentent ces rognons et lentilles me semble résulter, de meme que celle des septaria de l’argile de Londres, d un phénomène de concentration des particules calcaires qui ont €te dePosees avec les détritus argileux et quarizenx, et d’une ma- 567 SÉANCE DU 15 JUIN 18/Ï6. nière très inégale , en quantité très minime dans certaines couches et abondamment dans les couches voisines. Les tubercules d’un même banc, qui sont pour ainsi dire alignés dans un même plan, proviennent de la matière calcaire qui s’y trouvait disséminée , et qui s’est condensée pour ainsi dire autour de certaines zones d’at¬ traction , de manière à former tantôt des rognons réguliers , tantôt de grandes lentilles aplaties. Ces tubercules calcaires ou marneux sont ordinairement plus durs que les couches où ils se trouvent ; ils sont grenus , à petits grains , mais non cristallins, à moins qu’ils ne se trouvent dans le voisinage de masses granitiques qui , en dé¬ veloppant l’état cristallin dans les tubercules, ont en même temps endurci la matière encaissante. La disposition des silex de la craie est analogue à celle des ro¬ gnons que nous venons de décrire ; ils forment aussi des bandes parallèles au plan de stratification ; mais il y a cette différence de nature , que les silex étant ordinairement formés de silice presque pure , en même temps que la silice se concentrait , elle a du éli¬ miner la matière calcaire au milieu de laquelle elle se trouvait noyée ; il s’est fait là une espèce d’épuration , tandis que le calcaire qui forme les tubercules du territoire de Christiania est rarement pur ; il est plus ou moins mélangé de détritus argileux et quart- zeux ; la tendance à la concentration devait être moins forte que celle de la silice. Tubercules dans les couches de grauwacke de la Bretagne. J’ai observé en plusieurs endroits, dans le terrain de transition de la Bretagne, des tubercules particuliers qui montrent que la faculté de s’attirer, de s’agréger en rognons , n’appartient pas seu¬ lement à la silice , au carbonate de chaux, au carbonate de fer, etc. , mais encore à des détritus pulvérulents, argileux et quartzeux. Souvent, en effet, on observe dans la grauwacke à petits grains de gros cailloux de forme tuberculeuse , amincis et renflés (voir fig. 7), ayant de 1 à 2 décimètres de longueur; quelques uns sont ovoïdes, et pourraient être confondus avec des cailloux roulés; ils sont habituellement durs et tenaces, d’une couleur grise et d’un gris verdâtre , formés de détritus pulvérulents , les mêmes détri¬ tus qui composent la grauwacke adjacente, et ordinairement sans apparence de schistosité. La partie centrale de quelques uns de ces tubercules est occupée par une concrétion de peroxyde de fer , et quelquefois à leur surface se trouve une croûte ferrugineuse de 1 millimètre d’épaisseur; beaucoup sont recouverts d’une enve- 558 SÉANCE DU 15 JUIN l8/i(5. teXnCssïr: °“ a“ * «ii«£‘ s,- “ ï JL “ r st,; ,°t™ s ~r l 'r qui parait avoir ete un centre d’attraction ’ les contiennent étaient «out-à-fait con^olidls 0u tn! tissent éprouvé un tassement complet ; cependant il semble qu’en verts* d’une 'e ’ ^1 qUelqUf?ls Ies 10Sn0ns eux-mêmes sont recou- veus d une enveloppe schisteuse où l’on voit briller ,1e Tnï'S :et:; ~Tdé’- une, mu“ “ gnons de fer carbonaté du terra n ÙZTsZ’ Étie *“ Observations sur les P h ta ni tes . Parmi les phénomènes d’agrégation moléculaire opérés à la température ordinaire ou à des températures peu différentes doit laprotCti°n deSPhtanites ou des quartz corn ac es jaspes, du terrain de transition. Il y a des iasnes rmi J » ’ Mm «Bceux, mm. ... ««rr r,,i',:sr mais ceux dont je veux parler maintenant ne paraissent être en ppoit avec aucune roche plutonique, et ne résultent point de 1a silicification des schistes; ils forment çà et là des masses "e„ficu nés qu. semblent interstratifiées au milieu du terrain de transi tien , on en trouve une grande quantité dans toute la zone palæo e tenain antlnaxifere. hiles sont formées de quartz compacte à - assure inégale , quelquefois un peu schisteuse , offrant une dispo- SÉANCE DU 15 JUIN 18/j(). 569 sition rubanée , et présentant une alternance de zones diversement colorées: les unes opaques, noirâtres, d’un gris foncé; les autres d’un gris clair ou blanchâtre et plus ou moins translucides. Ces plitanites forment habituellement des lentilles entremêlées de lits schisteux , ainsi que le montre la figure 8, prise auprès du bourg de Riaillé (Loire-Inférieure). Ces lentilles ont de 5 à 20 centimè¬ tres d’épaisseur, et tendent souvent à se diviser en plaques concen¬ triques ; les lits schisteux qui les séparent sont feuilletés , d’un gris brunâtre, et ^e délitent promptement au contact de l’air. Quelquefois le phtanite a lui-même une structure schisteuse bien pi ononcée; il se divise en plaques ondulées bifurquées, dont la disposition est représentée par la coupe ( fig. 9) que j’ai dessinée pr ès du bourg de Beliigné , lors d’une excursion, faite avec MM. Vi- quesnel et Audibert. Quelques personnes pourraient considérer les plitanites comme étant le produit de matières siliceuses introduites de bas en haut entre les roches de transition ; mais les caractères de leur gise¬ ment et le passage remarquable qui a lieu quelquefois chez les plitanites de l’état compacte à la structure grenue, du quartz com¬ pacte au quartzite , ainsi qu’on le voit sur les buttes de Pannecé , montrent que la silice des plitanites résulte, comme celle des silex, d’un mouvement d’agrégation qui n’a pas donné lieu à la forme en rognons , mais à la forme lenticulaire ; d’ailleurs les masses de phtanite , si l’on examine leur contour, ne sont pas autre chose cpie d’énormes tubercules lenticulaires, qui ont quelquefois près de 100 mètres d’épaisseur, et qui, à la manière du silex, mais beaucoup plus en grand , se montrent distribués de distance en distance suivant un même plan de stratification. Cet état d’agréga¬ tion de la silice en masses compactes paraît s’être produit avant que la schistosité de la roche se fut développée , car les lentilles de phtanite sont souvent un peu schisteuses, et contiennent des lits de schiste intercalés ; elles se rencontrent dans des roches très différentes , dans les schistes argileux , dans les grauwackes à pe¬ tits grains et dans les quartzites ; c’est alors qu’il y a un passage du phtanite au quartzite. Malgré l’état compacte du phtanite , il est facile de reconnaître que très souvent il est traversé par une multitude de veines et filets ramifiés de quartz blanc , fortement translucide ou hyalin. Les schistes qui contiennent les masses de phtanite sont quelquefois modifiés, feuilletés, et la cause qui a produit cette modification peut avoir contribué à augmenter la compacité du phtanite ou à en modifier la structure ; mais le mouvement d’agrégation moléculaire qui a constitué ces lentilles °70 SÉANCE DU 15 JUIN J 8^(1. me paraît en être indépendant et analogue 5 celui qui a produi les silex. D ailleurs, aux plitanites viennent se rattacher les bancs de quartz compacte que l’on trouve quelquefois interposés au mi¬ lieu des couches palæozoïques : ainsi , près de Juigné , aux envi¬ rons de Sablé , j’ai remarqué dans les assises calcaires associées au terrain anthrax ifère , plusieurs bancs d’une espèce de quartz compacte , d un gris clair et d’un gris rougeâtre , tenant par sa cassure et son faciès le milieu entre les phtanites ordinaires et les silex ; ces bancs sont un peu ondulés ; ils ont une épaisseur de 0U105, à 1 mètre , et partagent la stratification des couches cal¬ caires où ils sont placés. Développement de la fissili té propre aux ardoises. Parmi les phénomènes de métamorphisme qui paraissent être susceptibles de se produire sans l’intervention d’une forte chaleur, je citerai celui qui a développé la fissilité propre aux ardoises. A 1 époque ou il s’est produit, les roches schisteuses pouvaient possé¬ der une température plus élevée que celle qui existe actuellement a la surface de la terre; mais du moins c’était une température generale pour toutes les roches stratifiées des terrains palæozoï- ques qui n’était point particulière aux couches ardoisières, et qui n a point été déterminée par la proximité de masses pyrogènes visibles à la surface. En effet, les observations que j’ai faites dans 1 ouest de la France m’ont démontré que le développement de ce genre de fissilité n’affecte aucunement le voisinage des roches piutomques. Les gisements d’ardoises appartiennent à des bandes plus ou moins continues , dont quelques unes ont de 15 à 20 lieues de longueur, et qui sont disposées dans le sens de la stratification des couches; elles ne sont en rapport ni avec le granité, ni avec les porphyres quartzifères, ni avec les diorites; il s’en trouve dans e voisinage de ces roches, mais alors c’est une circonstance ac¬ cidentelle; car dans le bassin schisteux de plus de 30 lieues de laigeur qui, sous les méridiens de Nantes et de Rennes, sépare les deux bandes granitiques du nord et du midi de la Bretagne , j ai reconnu l’existence de cinq grandes bandes ardoisières diver¬ sement espacées , et il y en a aussi bien au milieu du bassin que sur les bords. ^ Différences entre le plan de fissilité et le plan de stratification. Le développement de la fissilité ardoisine s’est fait habituelle- i SÉANCE I)U 15 JUIN I8/|(5. 571 ment suivant la direction des couches , à peu près E.-O. (méri¬ dien astronomique) , ou O. quelques degrés N. ; mais le plan de lissilité diffère souvent du plan de stratification sous le rapport du pendage, il est différemment incliné à l’horizon; cela se recon¬ naît très bien par la présence de couches quartzeuses ou de couches de grauwaeke intercalées au milieu des schistes , et qui montrent quel est le sens de la véritable stratification. D’ailleurs cette dis¬ cordance entre le plan de stratification et le plan principal de clivage (car il y en a fréquemment plusieurs) 11e se montre pas seulement dans les schistes ardoisiers , je l’ai observée dans toutes les roches stratifiées des terrains palæozoïques de l’ouest de la France , dans les grauwaekes , dans les schistes divers ou phyllades , dans les calcaires et dans les quartzites : les exemples sont beau¬ coup moins fréquents dans les quartzites et les calcaires que dans les grauwaekes ou les schistes, et je n’en ai jamais remarqué là où les calcaires et les quartzites sont parfaitement purs , mais seule¬ ment quand ces roches sont mélangées d’un peu de matière schis¬ teuse ou argileuse, comme si le développement de la fissilité oblique n’avait pu se faire qu’à l’aide de cette matière. Conditions nécessaires à la formation ries ardoises. Le plan de clivage des ardoises coïncide souvent avec le véri¬ table plan de stratification, non seulement en direction, mais aussi en inclinaison , comme le montrent les trilobites aplatis qui sont alors couchés dans le plan de fissilité. Néanmoins la fissilité pro¬ pre aux ardoises n’est qu’un cas particulier de celle qui s’est pro¬ duite dans les autres roches de transition, et la qualité ardoisière paraît tenir principalement au degré de finesse ,-et à la manière dont se trouvaient agrégées les particules du schiste argileux, avant qu’il fut soumis à l’action fissilisante. 11 faut que la roche ar¬ doisière présente d’abord un plan de clivage de beaucoup prédo¬ minant , puis une certaine dureté , une cohésion et une ténacité assez grandes pour se laisser fendre suivant des plaques larges et minces tout à la fois : or, ces conditions n’ont pu se réaliser que dans les couches où les particules étaient très fines , homogènes et fortement agrégées. La disposition des ardoises en bandes al¬ longées parallèlement à la stratification provient surtout de ce que ces bandes sont composées d’un ensemble de couches qui par leur nature offraient les conditions les plus favorables au moment où se sont développées les forces de fissilisation. D’ailleurs les ar- 572 SÉANCE DU 15 juin 18Æ6. doisieics cjui sont situées sur une même zone ne forment pas une ligne tout-à-fait continue , mais une espèce de chapelet ; c’est-à- dire qu’entre deux groupes d’exploitations il y a des intervalles stériles où^ le schiste ardoisier existe cependant, mais sans- pré¬ senter les caractères nécessaires pour fournir de bonne ardoise. Disposition remarquable du gisement des ardoises. Dans plusieurs carrières situées sur un même groupe, et qui paraissent ouvertes sur un même plan de stratification , le banc qui est exploité comme donnant la meilleure ardoise semble quelquefois passer d’une couche à une autre : ainsi dans les impor¬ tantes carrières des environs de Cliâteaulin (Finistère) , on a re¬ connu qu au milieu d un ensemble de couches ardoisières, la veine de bonne ardoise est souvent disposée dans un sens oblique rela¬ tivement à la stratification et au plan de clivage , et alors les ex¬ ploitations ne sont pas approfondies dans le sens même du plan de clivage , mais obliquement. Ainsi, malgré la disposition allongée des bandes ardoisières suivant la direction du terrain , les forces qui se sont développées sur un ensemble de couches, présentant à peu près les mêmes conditions de composition, de finesse de grain et de texture, ont agi très inégalement d’un point à un autre; et si ces forces étaient de nature électrique, on pourrait les conce¬ voir comme ayant formé des courants qui se sont propagés en gé- neial dans le sens de la direction des couches , mais en suivant des lignes sinueuses et en variant d’intensité d’un point à un autre. Probablement aussi l’influence de la pression a contribué à faire naitie le genre de fissili té propre aux schistes ardoisiers. Remarques sur les épi génies . Avant de terminer ce qui concerne les phénomènes de méta¬ morphisme produits à des températures peu différentes de la tem¬ pérature ordinaire, ajoutons quelques mots sur les épigénies, c est-à-dire sur les métamorphoses résultant de la substitution d un corps à un autre : elles ont lieu par suite de mouvements moléculaires fort difficiles à expliquer ou même à concevoir, mais elles ne paraissent pas avoir toujours été déterminées par le pas¬ sage des corps à l’état liquide ou à 1 état gazeux. Dans la minéra¬ lisation des végétaux, des substances de natures très diverses se sont substituées à la matière organique : dans certains cas de la SÉANCE DU 15 juin 18/i(5. 5P“> A /3 silice est venue remplacer molécule à molécule le tissu des végé¬ taux , et alors les détails les plus délicats de leur structure ont été conservés; on peut concevoir la silice comme s’étant pré¬ cipitée d’un liquide , ou comme ayant pénétré à l’état gélatineux, et ayant donné lieu à une élimination graduelle de la matière organique; mais déjà cette expulsion ne peut être expliquée par les réactions ordinaires de nos laboratoires. Les végétaux ont aussi été remplacés par des détritus arénacés , quartzeux , argi¬ leux , et même par des détritus de nature porpliyrique ( dans la pierre carrée des bords de la Loire). Ici les particules n’étaient pas dans un état de ténuité suffisant pour que le tissu intérieur se soit conservé , mais elles se sont moulées à l’intérieur du végétal , et ont pris l’empreinte de la couche extérieure. Ce moulage doit être le résultat d’une substitution lente et graduelle , et non pas d’une simple compression ou d’un refoulement, car alors la forme extérieure de la tige végétale aurait été détruite. Le grès cristallisé de Fontainebleau nous ofïre aussi un singu¬ lier exemple d’agrégation de détritus arénacés ; ce sont des grains de sable qui ont été agglutinés par un ciment de chaux carbonatée et qui se sont agglomérés de manière à prendre la forme de rhom¬ boèdres. Si on casse l’intérieur d’un de ces cristaux , on reconnaît qu’il présente les trois clivages du spath calcaire plus ou moins nettement marqués ; mais c’est du à l’existence du ciment calcaire qui donne à l’agrégat dés grains quartzeux une apparence porphy- rique ; on voit, dans la cassure, une foule de petits grains de quartz gris , ternes , entourés de chaux carbonatée blanche , brillante et possédant des clivages très prononcés ; mais si on met les cristaux en contact avec un acide , la chaux carbonatée se dissout , les cli¬ vages s’effacent peu à peu , toute la masse se désagrège et ne forme plus qu’un sable très fin. Exemples de métamorphisme produit artificiellement sous la seule action de la chaleur . Maintenant nous allons examiner la seconde classe des phéno¬ mènes de métamorphisme ; nous allons voir quelles transmuta¬ tions peuvent éprouver les substances minérales à l’aide d’une élévation de température , tantôt sans l’intervention d’un cément , tantôt avec le concours de corps étrangers. Jetons d’abord un coup d’œil sur les métamorphismes qui se produisent sous la seule ac¬ tion tle la chaleur. Je ne m’étendrai pas sur le cas où les masses minérales sont amenées à l’état de fusion; on sait que l’on fait 574 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. cristalliser artificiellement du pyroxène et du péridot (1), de l’ido- crase du grenat (2) et du rubis (3) ; que des scories de fourneaux métallurgiques ont offert accidentellement des cristaux de feldspath et du mica (4) ; on sait aussi que le zinc , le bismuth et la plupart des métaux peuvent cristalliser ou changer de structure suivant es en constances ou s’opère leur refroidissement. Bans les roches métamorphiques qui ont éprouvé une demi-fusion , les minéraux ont pu cristalliser d’une manière analogue ; mais , comme nous l’a¬ vons vu , beaucoup de roches modifiées ont pu donner naissance à des cristallisations sans être cependant ramollies. Citons quelques exemples artificiels qui prouvent que les substances peuvent cris¬ talliser sans éprouver de fusion. Si l’on expose une substance mé- dlique , telle que de l’acier ou du fer, à une température insuffi¬ sante pour en déterminer le ramollissement, il pourra se produire des changements dans sa structure, soit pendant qu’elle est échauf¬ fée, soit pendant qu’elle se refroidit. Je pourrais invoquer ici une expenence faite au Creusot et déjà citée par M. Élie de beau- mont (a) : une verge de fer était tenue pendant quelque temps plongée par une de ses extrémités dans un bain de fonte , puis on la laissait se refroidir; dans la partie chauffée au rouge, elle était c evenue cassante, largement cristalline et à grandes facettes, tandis que dans 1 autre partie elle avait conservé sa ténacité et sa texture fibieuse. Tout le monde sait combien la texture du fer et de l’acier est modifiée par le forgeage et le laminage , c’est-à-dire par des operations ou on soumet ces corps à une forte pression pour rap¬ procher les molécules, après qu’ils ont été portés à la température ou le mouvement moléculaire peut s’effectuer. Le soudaee du fer sur le fer consiste dans la réunion, l’agrégation des particules ll"e barre av\c. cell<* d’une autre barre à une température dé- teiimnee, mais bien inférieure à celle de la fusion du fer Je puis rappeler ici cette expérience que , si l’on chauffe de l’ara- gomte a une faible chaleur rouge , elle se gonfle , tombe en pous- sieie et se change en chaux carbonatée rhomboédrique, c’est-à-dire en un corps dont la forme moléculaire est tout-à-fait différente En outre , les expenences de M, Mitscherlich (6) sur le sulfate de (fj Mitscherlich , Annales de Poggendorf vol XXXIII n a/n . xi.vTm" “ ™ J, il. (3| Gaudin, Comptes-rendus de V Académie, t. IV n 999 (i, Annales de Poggendorf \ 1845, vol. XXXIII , p P337 w AnnaPs des mines , 3e série , t. V, p. 61. ( ' Annales de Poggendorf } vol. XI, p. 328. SÉANCE DU 15 JUIN 1 8 Z| (3 . 575 chaux et d’autres substances minérales "ont montré que les molé¬ cules intérieures d’un corps solide peuvent , sous l’action de la chaleur, prendre des arrangements différents , sans que la forme extérieure soit modifiée. D’ailleurs les phénomènes cle décrépita¬ tion que l’on observe quand on chauffe certains minéraux au chalumeau sont probablement aussi le résultat d’un changement dans le mode d’agrégation des particules. Citons enfin une expérience devenue classique , mais à laquelle on a donné une interprétation qui ne paraît pas être tout-à-fait exacte : c’est celle de la cristallisation de la craie dans un canon de fusil que l’on soumet à une chaleur rouge. On l’explique ha¬ bituellement par une fusion ou un ramollissement de la masse : cependant cette condition n’est pas nécessaire. J’ai remarqué sur des fours à chaux des fragments calcaires dont l’intérieur avait échappé à la décomposition , et qui avaient commencé à prendre une texture cristalline sans qu’il y ait eu fusion. Les débris orga¬ nisés que l’on rencontre quelquefois dans les calcaires cristallins montrent qu’ils n’ont pas été fondus , autrement ces empreintes seraient très oblitérées ou même tout-à-fait détruites. Les nombreux exemples que nous avons cités nous autorisent donc à regarder comme s’étant développées, sous l’influence d’une élévation de température plus ou moins grande et longtemps pro¬ longée , la structure grenue , saecharoïde ou lamelleuse des cal¬ caires , la structure feuilletée des schistes et la cristallisation de certains minéraux dont les éléments proviennent de la roche stra¬ tifiée , tels que le mica, la staurotide , le disthène , etc. Si l’on ne peut reproduire qu’avec difficulté et dans un petit nombre de cas l’aspect cristallin et les minéraux métamorphiques des terrains modifiés , très probablement cela ne dépend pas de ce que nous ne pouvons réaliser une élévation de température suffisante , mais de ce que nous ne pouvons maintenir les roches exposées assez long¬ temps à l’action de la chaleur en réunissant les circonstances de pression , de refroidissement lent et les actions développées au contact de corps de natures différentes ; de même que si , par voie de fusion , on ne peut faire cristalliser qu’un petit nombre des minéraux contenus dans les roches ignées , c’est que , après avoir fondu ces roches , on ne peut les maintenir dans des conditions où leur refroidissement soit séculaire comme celui des masses plutoniques. 576 SÉANCE DU 15 JUIN 18 46. Exemples de métamorphisme artificiel exigeant une élévation de température et le concours d’un cément. Le métamorphisme qui exige une élévation de température et la présence d un corps jouant le rôle de cément est appuyé sur beaucoup de faits et d’expériences artificielles .l’ai déjà cité la cémentation du fer; décrivons maintenant les phénomènes curieux que piesente 1 oxydation des sulfures de fer et de cuivre. Certaines pyrites de fer se décomposent d’elles-mêmes à l’air, en absorbant ^ oxygcne ; mais il n en est pas ainsi de la pyrite de cuivre , elle ne se décompose qu a 1 aide de la chaleur. Dans le grillage des mineiais de cuivre et des mattes , il se produit un phénomène moléculaire fort remarquable qui sert de base à un procédé mé¬ tallurgique employé depuis de longues années aux mines de cuivre île Lôiaas , les plus importantes de la Norvège. Le minerai de cuivie des deux gîtes de Ko n gens et de Foldal consiste en pyrite de Ici massive et presque sans gangue, contenant environ 2 p. 100 de cuivie, mais mélangé d une maniéré si intime, que ni à l’œil ni à la loupe on ne peut découvrir la presence du cuivre pyriteux au milieu de la pyrite de fer. Le minerai , cassé en fragments de la grosseur du poing , est grille en tas sur un lit de bois. Pendant le grillage , qui duie env iron deux mois , 1 oxydation s’effectue graduellement de la circonférence vers le centre , mais l’oxygène se porte de pré¬ férence sur le sulfure de fer ; le sulfure de cuivre y échappe pour la majeure partie ; à mesure que l’opération avance, il se fait une espèce de liquation , le sulfure de cuivre se sépare de l’oxyde de Ici qui reste à 1 état solide , et il vient se réunir à la partie cen- tiale du fragment, en formant un noyau composé de soufre, de cuivre et de fer, ne renfermant pas du tout d’oxyde, et qui est d’autant plus riche en cuivre que le grillage a été poussé plus loin et que le noyau a un volume plus petit. Le procédé métallur¬ gique , très simple d’ailleurs , consiste à briser et à séparer à la mam la zone extérieure d’oxyde de fer (oxydulé mélangé de per¬ oxyde) qui retient toujours un peu de cuivre, et où il y en a quelquefois à l’état métallique. Métamorphisme naturel produit sous l’action de la chaleur et avec intervention d’un corps étranger. Ia‘s transformations qui ont eu lieu dans la nature à l’aide de a chaleur et d’un corps étranger sont de deux espèces : souvent la SÉANCE DU 15 JUIN 18A(5. 577 roche est devenue cristalline sans que ses éléments essentiels aient changé de composition , seulement les particules qui ont pénétré dedans y ont fait naître des minéraux particuliers qui ont cristal¬ lisé çà et là : ainsi des calcaires sont devenus cristallins ; il s’y est développé de l’apatite , de la chaux fluatée , de la tourmaline, etc. Dans le second cas , l’élément étranger qui a pénétré à l’intérieur de la roche l’a transformée complètement; suivant sa nature, il a déplacé l’acide ou la base : ainsi , dans les gypses métamorphiques, l’acide carbonique a été déplacé par de l’acide sulfurique ; dans la production des dolomies, c’est une partie seulement de la chaux qui a été éliminée et remplacée par de la magnésie. Un savant distingué , M. Fournet , a contesté dernièrement les phénomènes de dolomitisation décrits depuis longtemps par M. de Buch , et qui , illustrés par le célèbre géologue , avaient ouvert la voie à une série d’observations destinées à agrandir la théorie du métamorphisme. N’ayant pas visité le Tyrol, qui fait l’objet des discussions de JM. Fournet , je me borne à maintenir , d’après les faits que j’ai observés , que le calcaire a été fréquemment trans¬ formé en dolomie dans le voisinage de roches plutoniques. Les masses de dolomie que j’ai vues dans les Alpes me paraissent avoir cette origine , et j’en ai cité plusieurs exemples dans les Py¬ rénées (1) sur lesquels je ne puis avoir le moindre doute. Le corps etranger qui a servi de cément peut provenir de deux sources. L’élément étranger qui a donné lieu à la formation de nouvelles combinaisons minérales dans les roches , à l’expulsion de leur acide ou de leur base , peut provenir de deux sources ; il peut être émané de la roche pyrogène elle-même , à l’époque où elle s’est injectée à l’état de magma , et pendant tout le temps qu’a duré son refroi¬ dissement : ainsi on conçoit aisément que les masses feldspathi- ques aient joué , relativement aux dépôts stratifiés environnants, le rôle de cément siliceux et alcalifère , qu elles les aient silicifiés et y aient fait cristalliser des silicates d’alumine, de chaux, de potasse et de soude. Néanmoins l’agent de la cémentation a pu ne pas émaner directement de la roche plutonique elle-même , mais sortir, comme elle , du laboratoire souterrain , et profiter des issues qu’elle lui ouvrait. Ainsi je ne pense pas que la magnésie, qui a transformé les calcaires en dolomies, même dans les régions à (1) Ann. des mines , 4e livraison de 1844, p. 82. Soc. géol. , 2e série, tome ÏIÏ. 37 578 SÉANCE DU 15 JUIN 184(5. inélaphyre , puisse provenir de ces roclies elles - mêmes , bien qu’elles en renferment une petite quantité; car les dolomies ne se i attachent pas seulement à des roches qui contiennent quelques centièmes de cette base , comme les mélaphyres et les roches am- phiboliques , mais elles sont aussi en connexion avec des granités où la quantité de magnésie n’atteint pas 1 p. 100, et qui évidem¬ ment n ont pu dolomitiser de grandes masses calcaires : c’est encore plus évident pour le cas de la transformation des calcaires en sul¬ fate , les roches plutoniques ne renfermant pas d’acide sulfurique , ne possédant du soufre qu’à l’état de sulfure , de pyrite de fer prin¬ cipalement , et en quantité beaucoup trop minime pour expliquer la formation des masses considérables de gypses métamorphiques que l’on trouve dans les Pyrénées et dans les Alpes. Rôle des roches pyrogènes dons la production des dolomies et des gypses. Les roches ignées n’ont donc pas toujours servi de cément ; mais, pai leui contact, elles ont donné lieu à une élévation de tempéra¬ ture dans les terrains environnants , les ont ainsi amenés à un état favorable aux mouvements moléculaires et aux combinaisons chi¬ miques; par le fait de leur injection, elles ont déchiré l’écorce terrestre et ouvert une issue aux émanations sulfureuses et map né- sænnes , qui ont joué le rôle de cément , en arrivant au contact des roches stratifiées. La production des dolomies et des gypses dans le voisinage des roches pyrogènes est liée aux mêmes causes qui déterminent le dépôt des substances métalliques dans des circon¬ stances de gisement analogues ; mais on conçoit que , dans la pro¬ duction de ces phénomènes, les roches massives n’ayant pas joué elles-mêmes le rôle de cément , les zones magnésifiées ou sulfati- sees, de même que les gîtes métallifères, ne doivent pas former autour des masses ignées des bandes concentriques comme celle* des schistes modifiés ; elles ont une allure moins subordonnnée à tes masses , bien quelles se trouvent aussi dans leur voisinage. Les dolomies se trouvent dans des terrains d'âges très différents. La production des dolomies donne lieu à d’autres remarques- elles se trouvent dans des terrains d’âges très différents, et en con¬ nexion avec des roches plutoniques de natures diverses : ainsi, dans e noi < e 1 Europe , beaucoup de masses calcaires associées au gneiss, au seluste micacé ou amphibolique, et situées dans le voi- 579 SÉANCE DU 15 JUIN 18Z|(5 . sinagn du granité , offrent la composition de la dolomie ou de calcaires dolomitiques : or, tout cet ensemble de roches est certai¬ nement antérieur à la période silurienne. Les Pyrénées nous offrent des dolomies dans des calcaires appartenant à toutes les formations géologiques de cette chaîne de montagnes ; on en voit au port de Yénasque, sur le massif de la Maladetta, dans la vallée d’Ossau, etc. , au milieu des calcaires de transition ; sur les montagnes qui sé¬ parent la vallée de Yicdessos de celle d’Aulus, dans le calcaire basique , et en beaucoup d’endroits dans du calcaire crétacé et tertiaire. M. Dufrénoy a décrit des dolomies en contact avec les opliites ; j’en ai aussi remarqué dans cette position, et aussi en contact avec de la lerzolite. Les plus grandes masses dolomitiques que j’ai observées se trouvent au voisinage des granités, et il y a probablement des granités d’âges différents. Dans les Alpes , les mélaphyres , les serpentines , les vario- lites , etc. , paraissent avoir concouru à produire les dolomies , et peut-être aussi les roches granitiques. Enfin les basaltes qui tra¬ versent les calcaires tertiaires de l’Auvergne et du midi de la France les ont souvent changés en dolomie près de leur contact. Ainsi la magnésification ou transformation des calcaires en do¬ lomie s’est produite à des époques différentes et au contact de loches pyrogènes très variées, granitiques, amphiboliques , py- roxéniques , serpentineuses , etc. 11 semble que les émanations magnésifères se soient produites dès les anciens âges , et jusqu’aux époques les plus modernes. Sur la manière dont s’est effectuée la dolomitisation. D ailleurs, pour que le phénomène de la dolomitisation se soit produit , il n’est pas nécessaire que les niasses calcaires soient en¬ trées en fusion, et il est même probable que généralement ce n’est pas arrivé ainsi, à en juger d’après les polypiers des dolomies de l’Eifel, qui se sont bien conservés , quoique ayant subi eux-mêmes la ma¬ gnésification. Je n’insiste pas sur la manière d’expliquer le méta¬ morphisme dolomitique ; cela me paraît être un cas particulier des phénomènes de cémentation ou d’épigénie , produit sur une très grande échelle ; et si l’on est forcé d’admettre les épigénies dans le cas de simples cristaux , dans le cas de la silicification des végé¬ taux , bien qu’on ne puisse aucunement les expliquer, rien n’em¬ pêche de les admettre pour des masses d’une grande épaisseur , lorsque le fait nous est démontré par l’observation ; d’ailleurs nous verrons plus loin des exemples de silicification produits aussi sur 580 SÉANCE DU 15 JUIN 18Z|(3. une très grande échelle. La question de savoir à quel état la ma¬ gnésie a été amenée en contact avec les masses calcaires est pour moi une question secondaire ; car l’expérience nous apprend que la cémentation peut s’effectuer au contact de céments solides et gazeux. L’ingénieuse hypothèse de l’introduction de la magnésie en vapeur à travers les fissures de la roche n’a donc d’autre avan¬ tage que de rendre plus rapide la transformation sur de grandes masses; elle expliquerait le phénomène, s’il y avait eu simplement addition de magnésie à la chaux; mais il y a eu action molécu¬ laire et véritable épigénie ; car chaque molécule de magnésie a donné lieu à l’élimination d’une molécule de chaux ; et cette hase a disparu de même que les corps remplacés par épigénie, c’est-à- dire par un mouvement moléculaire que nous sommes obligés d’admettre , mais que nous ne pouvons pas expliquer. Sur la production des gypses. La production des gypses, comme celle des dolomies, n’est pas liée d’une manière absolue à la présence d’une seule roche pluto- nique ; en effet, elle a eu lieu, dans les Alpes, au contact des ro¬ ches serpentineuses etpyroxéniques, des variolites, des spilites,etc. ; dans les Pyrénées, c’est au contact des ophitesou roches ainphi- boliques. Mais il est des gîtes de chaux sulfatée dans le voisinage desquels on ne voit affleurer que du granité ; cette roche peut aussi avoir contribué, indirectement peut-être, à la formation des gypses. Il est probable que, dans ce phénomène, les roches ignées ont joué à peu près le même rôle que dans celui de la dolomiti¬ sation , qu’elles ont échauffé les roches avoisinantes, et par les déchirures qu’a produites leur éruption , elles ont ouvert des is¬ sues par où les substances sulfureuses sont arrivées en contact avec les calcaires. Comme l’acide sulfurique est volatil et l’acide carbonique ga¬ zeux , le phénomène de sulfatisation des calcaires semble plus facile à concevoir, et soulève moins d’objections que celui de la magnésification. Cependant les réactions n’ont probablement pas été aussi simples qu’ elles le paraissent , et il a du y avoir inter¬ vention d une très forte pression ou développement d’actions mo¬ léculaires ; car 1 aspect cristallin et l’état d’agrégation des gypses métamorphiques ne ressemblent aucunement à ce que l’on pour¬ rait produire en mettant en présence de l’acide sulfurique libre et du calcaire. SÉANCE DU 15 JUIN 18/Ï6. 581 Phénomènes de sulfatisation actuels. La nature nous offre des phénomènes de sulfatisation qui se passent encore aujourd’hui , mais par des réactions compliquées ; en effet , les gaz qui se dégagent à travers les formations tracliy- tiques de l’Italie, et qui décomposent le feldspath pour donner lieu à une combinaison de la potasse avec l’acide sulfurique, ne contiennent cependant pas cet acide tout formé; ils sont composés de vapeur d’eau mélangée d’acide sulfliydrique , et c’est par suite de réactions opérées avec le concours de l’oxigène de l’air que l’acide sulfurique prend naissance. L’acide sulfliydrique , en se décomposant au contact de l’air, donne lieu à un dépôt de soufre qui est exploité à la solfatare de Pouzzoles; mais une partie du soufre entre en combinaison avec de l’oxygène, et donne lieu en définitive à de l’acide sulfurique qui décompose la matière feld- spathique du trachyte. On ne peut savoir quel serait l’état d’a¬ grégation de la roche, si le phénomène se produisait à de grandes profondeurs et sous une forte pression ; mais, à la surface, la roche tracliytique qui a subi ces réactions est devenue tout-à-fait fria¬ ble, et se désagrège très facilement. Sur l’origine des cargnieules associées aux gypses. L’origine des alunites de l’Italie nous montre que les gypses métamorphiques peuvent bien ne pas avoir été produits par l’ac¬ tion directe d’acide sulfurique en vapeur sur le calcaire , et que peut-être ils résultent de réactions plus complexes. Quant à la présence de ces masses cariées et caverneuses , habituellement dolomitiques et désignées sous le nom de cargnieules , que l’on trouve mélangées avec les masses de gypses , elle peut provenir de ce que la dolomie se décompose plus lentement que le carbonate de chaux pur, sous l’action des acides ; si donc on suppose un mé¬ lange de masses calcaires et dolomitiques, ou plus simplement une masse calcaire renfermant dans ses diverses parties des pro¬ portions inégales de magnésie , cette masse étant exposée à des réactions qui tendent à transformer les carbonates en sulfates , leur effet se fera d’abord sentir sur le calcaire le plus pur, et si les réactions ne durent qu’un temps limité, il pourra rester des masses dolomitiques interposées au milieu des gîtes de chaux sulfatée. 582 SÉANCE DU 15 JUIN 18i6. Observations sur le gisement des minéraux du splnelle bleu.de la paren- ■ ’ du Sl>1,ene ’ et une autre substance silicalée appelée rosi te I OUS ces minéraux son, répandus au milieu du calcaire f le sphTne 585 SÉANCE DU 15 JUIN 18/l(5. la paranthine, la rosite y sont en petite quantité ; niais l’amphi- bole , le mica , la condrodite et le spinelle bleu y sont très abon¬ dants. La serpentine s’y trouve disposée de deux manières diffé- rentes : on en voit des veines intercalées entre les bancs calcaires ou les traversant ; mais elle se montre principalement sous forme de nodules dont l’épaisseur varie de la grosseur d’un pois à celle d’une noix. Ils sont séparés les uns des autres, mais situés sur une même ligne et disposés en forme de chapelet; ils constituent un grand nombre de bandes disposées dans le sens de la stratifica¬ tion. Ces nodules sont de couleurs très diverses, d’un jaune clair, d’un vert d’herbe , d’un vert foncé , quelquefois bruns ; ils ont souvent un aspect un peu cristallin ; ils ne sont pas formés de ser¬ pentine pure, car il s’y trouve une assez grande quantité d’alu¬ mine. D’ailleurs, dans d’autres masses calcaires, telles que celles de Tunaberg, des environs de Stafsjô, il y a des noyaux semblables, aussi disposés par bandes , qui tantôt sont compactes , tantôt sont formées à l’intérieur de feuillets de mica et de lamelles ampli ibo- liques mélangés ensemble et souvent recouverts d’une enveloppe de matière serpentineuse compacte. La condrodite et le spinelle présentent la même disposition que les nodules serpentineux ; ces deux minéraux sont habituellement réunis ensemble et concentrés en grande quantité dans certains bancs calcaires où ils forment des bandes chapeletées. Ce calcaire est dolomitique , renferme 20 p. 100 de carbonate de magnésie; il est bordé du côté méri' dional par de la pegmatite à gros éléments contenant de grands cristaux d’orthose rouge de chair et aussi de grandes lames d’oli- goelase ; cette variété de granité forme également plusieurs filons qui se sont injectés au milieu du calcaire ; elle s’y montre aussi quelquefois sous forme de nids ou veinules discontinues. Association de divers minéraux silicates. L’île de Pargas nous offre un autre gîte remarquable par l’é¬ norme quantité de minéraux , presque tous silicatés , à base de chaux ou de magnésie , qui sont répandus au milieu du calcaire ; on y trouve du pyroxène , de l’amphibole trémolite et actinote , du mica, des grenats, de la parenthine , de la wollastonite ou bi-silicate de chaux , de la pyrallolite ou silicate magnésien , de l’apatite ; et l’on y observe , comme à Aker, de la condrodite , du spinelle et du sphène. J’ai remarqué en beaucoup d’endroits de la Suderinanie l’association constante de la trémolite, de la serpen¬ tine, de la condrodite et du spinelle. Près de Christiansand , vers 586 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. l’extrémité méridionale ensemble la condrodite de la Norvège , on trouve aussi réunis et le spinelle dans du calcaire associé aux schistes cnstallins , et la il y a en outre de l’idocrase. Aux États- Unis d Amérique, c’est aussi dans des calcaires cristallins et dans des conditions de gisement analogues que se trouve la condrodite 11 est donc impossible de méconnaître qu’il existe une connexion intime entre la nature des dépôts stratifiés , leur position géolo¬ gique et les minéraux qui s y sont formés ; c’est un même concours de circonstances qui a fait naître les mêmes minéraux en des points tiès éloignés de la surface terrestre. Cependant plusieurs minéraux se sont formés au milieu de roches dont l âge ou l’origine première n étaient pas les mêmes , mais qui ont présenté à différentes époques les circonstances necessaires à la cristallisation. Dc.s minéraux qui ont cristallise dans les terrains stratifiés . Si 1 on étudie le gisement des minéraux silicatés , on reconnaît que sur un nombre de plus de 200 , observés dans des positions tiès diverses , il en est seulement 35 à 40 que l’on trouve au milieu des dépôts stratifiés et que l’on peut considérer comme ayant été produits par des phénomènes de métamorphisme. (Je n’y com- pi ends pas cei tains minéraux silicates qui se rencontrent dans des filons ou associés à des gîtes métallifères.) Mais le nombre des silicates qui n’ont été trouvés que dans les terrains stratifiés , et que 1 on peut considérer comme n ayant été formés que par voie métamorphique , est beaucoup plus petit. Je ne connais que deux minéraux silicatés qui, jusqu’à présent, aient été observés seulement dans des schistes, la staurotide et Van- tophyllite. Le premier est un silicate d’alumine sans autre base ; dans le second , il se trouve , avec l’alumine , de l’oxyde de fer et un peu de magnésie. Le nombre des minéraux trouvés exclusivement dans des roches calcaires ou dolomitiques est de 7 ou 8, savoir: la couzéranite, la gelilénite , la scolexerose ou vernérite blanche , la condrodite, la rosite, la wollastonite et la chaux tri-silicatée. La couzéranite n est connue que dans les Pyrénées; elle se montre constamment au voisinage du granité et dans des calcaires d’âges différents , dans le calcaire du lias (aux environs de Vicdessos et d’Aulus) et dans le calcaire crétacé (aux environs d’Estagel , Pyrénées- Orientales). La gelilénite n’a été remarquée que dans les calcaires ciistallins du I yrol. La scolexérose ou vernérite blanche n’a en¬ core été trouvée qu’à Pargas, en Finlande, et la rosite à Afeer, en 587 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. Suède. La condrodite se montre fréquemment associée au spi- nelle, dans les calcaires de la Suède, Norvège et Finlande, et aux Etats-Unis. La wollastonite et la chaux tri-silicatée ont été obser¬ vées dans la Scandinavie et dans le I3anat. Le caractère principal de ces minéraux , c’est que dans tous la chaux ou la magnésie entrent comme bases essentielles ; cela rend très probable qu’ils se sont formés , en partie du moins , aux dépens de la roche qui les contient. Deux de ces minéraux sont des silicates de chaux ; la wollastonite est un bi-silicate, et le mi¬ néral d’Edelfors est un tri-silicate. La gehlénite et la vernérite blanche sont des silicates doubles de chaux et d’alumine ; la cou- zéranite est un silicate multiple de chaux , d’alumine et d’alcalis ; la condrodite est un fluc-silicate de magnésie , et il est à remar¬ quer que les calcaires où elle se trouve contiennent beaucoup de magnésie. On pourrait ajouter aux minéraux des roches calcaires l’amphi¬ bole trémolite : c’est un silicate double de chaux et de magnésie qui ne se trouve habituellement que dans des calcaires. Le nombre de ces minéraux serait encore plus grand, si l’on y joignait ceux qui sont propres aux blocs dolomitiques de la Somma; ces blocs constituent , en effet , un des gisements de minéraux les plus re¬ marquables; on y trouve du mica , de l’amphibole , du pyroxène, de l’idocrase . de l’ampliigène , de l’anorthite , de la sodalite , de la méionite, de la népliéline et de l’hauyne. Parmi ces minéraux, les uns contiennent de la chaux ou de la magnésie , les autres n’en renferment pas. L’origine de ces blocs , disposés au milieu des tufs , est très mystérieuse ; mais il est probable qu’ils ont été arra¬ chés aux roches calcaires sur lesquelles s’appuie le terrain volca¬ nique des environs de Naples. Ces masses détachées ont dû être soumises pendant longtemps aux actions métamorphisantes de cette région volcanique , et elles semblent avoir emprunté aux pro¬ duits volcaniques quelques uns des minéraux qui les caractérisent, tels que l’anortliite , rampliigène , la sodalite , etc., minéraux qui n’offrent d’ailleurs aucune liaison de composition avec la roche calcaire où ils se trouvent. Plusieurs substances ont été trouvées à la fois dans des schistes et des calcaires, mais non dans des roches massives ; ce sont l’ido- crase , le dipyre et les macles ( si toutefois ce dernier minéral n’est pas considéré comme identique avec l’andalousite )„. Il est remar¬ quable que ces trois minéraux sont des silicates doubles d’alumine et de chaux. Le dipyre n’a encore été observé que dans les Pyré¬ nées, au milieu de couches calcaires et de schistes feuilletés d’ap- 588 SÉANCE EU 15 JUIN 18^6. parence talqueuse; clans eus montagnes , les macles se montrent aussi à la fois clans des couches schisteuses et des couches calcaires ; partout ailleurs , c’est seulement dans les schistes qu’on les ren¬ contre (1). Lu résumé , on voit qu’il y a une douzaine de minéraux exclu¬ sivement propres aux roches schisteuses et calcaires , et que , sous le rapport de leur composition , ils présentent une connexion évi¬ dente avec la roche qui leur sert de gangue. Examinons mainte¬ nant les minéraux qui se trouvent à la fois clans des roches strati¬ fiées et clans des roches massives. 1° On trouve tantôt clans les schistes cristallins et tantôt dans les granités , mais pas dans les caleaires , la dichroïte , l’anda- lousite , l’émeraucle , la topaze , la pinite et le spliène. A l’excep¬ tion du spliène , tous ces minéraux sont des silicates doubles , où l’alumine entre comme base principale. 2° La paranthine est un silicate double de chaux et d’alumine , que 1 on trouve habituellement clans les roches calcaires , mais qui se montre aussi clans les amas amphiboliques ou les gîtes de fer oxydulé de la Scandinavie ; on ne la rencontre pas dans les schistes. 3° Il est une dizaine de minéraux que l’on trouve tantôt dans les schistes , tantôt clans les calcaires et tantôt clans les roches mas¬ sives ou plutoniques : citons d’abord le disthène, ou silicate simple ci alumine , que I on rencontre en Bretagne , au Saint-Gotharcl et en Norvège dans les schistes feuilletés ou cristallins, aux États- Unis clans du calcaire grenu , au Simplon dans la dolomie , et en Allemagne dans des roches granitiques. Les grenats , c’est-à-dire des silicates doubles , à base cl alumine et de peroxyde de fer , dune paît, et d autre part a base de chaux, de magnésie, de piotoxydes de 1er, de manganèse , se montrent, en beaucoup de pays, dans des roches granitiques et amphiboliques, clans des gneiss, des schistes micacés et amphiboliques ou des schistes feuil¬ letés , et enfin dans les calcaires cristallins et les dolomies; mais c’est à ces dernières roches qu’appartient surtout le gisement îles grenats à base de chaux et de magnésie , des grenats grossulaire et allocliroïte. L’épidote , silicate multiple d’alumine , de chaux et de protoxyde de fer, affecte des gisements très variés ; elle se trouve (l) <>n pourrait encore joindre ici comme minéral métamorphique piopie aux schistes et aux calcaires, bien que n’étant pas silicaté, le giaphite, qui parait résulter de la modification d une matière char¬ bonneuse. 589 SÉANCE DU 15 JUIN 18Zt6. dans les roches granitiques et amphiboiiques , au milieu des gîtes de fer oxydulé, dans les schistes cristallins et les calcaires. La tourmaline , qui est un boro-silicate d’alumine, chaux et alcali , se rencontre dans les granités , les gneiss , les schistes micacés et tal- queux , dans les calcaires et les dolomies. Ti ois espèces feldspath iques , l’orthose , Falbite et Foligoclase (silicates doubles d’alumine et d’alcalis, habituellement accompa¬ gnés de quartz), se rencontrent tantôt dans les roches granitiques, tantôt dans les gneiss , les schistes micacés ou amphiboiiques , quelquefois , mais plus rarement , dans les calcaires. Le gisement du mica , du talc, de la chlorite (silicates alu¬ mineux et alcalins) dans les roches granitiques, les schistes cristallins et les calcaires est trop connu pour que je m’y arrête. Il en est de même de l’amphibole et du pyroxène, les seuls sili¬ cates , parmi ceux que nous passons en revue , qui ne contiennent pas, ou du moins fort peu d’alumine ; mais ajoutons que les va¬ riétés de pyroxène et d’amphibole qui se trouvent dans les cal¬ caires sont habituellement à base de chaux et de magnésie. L’amphibole trémolite des calcaires doit avoir cristallisé par voie de transformation , car elle ne se trouve pas dans les roches plutoniques environnantes ; mais souvent l’amphibole actinote ou hornblende, le mica, le talc, la chlorite que l’on remarque dans les calcaires modifiés semblent résulter d’une pénétration de minéraux tout formés , qui auraient passé , par voie de cémentation , de la roche massive dans la roche stratifiée : ainsi j ’ai remarqué souvent que les calcaires contiennent de l’amphibole hornblende au contact des roches amphiboiiques, du mica, du talc ou de la chlorite, au voi¬ sinage des roches micacées, talqueuses ou cliloritées; M. Coquand a fait aussi la même observation (1). Bientôt nous aurons l’occa¬ sion de démontrer plus amplement ce fait , qui doit former un des principes de la théorie du métamorphisme ; mais il ne faut pas trop le généraliser , car beaucoup de minéraux contenus dans les calcaires ou les schistes, tels que le dipyre, le conzéranite, etc., ne peuvent pas provenir de la roche massive. On peut réunir aux silicates énumérés plus haut des minéraux à bases terreuses , qui se rattachent aussi aux phénomènes méta¬ morphiques, et qui appartiennent à la fois à des roches massives et à des roches stratifiées; ce sont: le corindon (alumine pure), le spinelle (aiuminate de magnésie), le titane oxydé, la chaux phosphatée, fluatée et carbonatée. Tous ces minéraux se rencon- (1) Bull, de la Soc. géol., t. XTI , p. 328. 590 séance de 15 juin 1846. tient dans des gisements très divers , dans les schistes cristallins, les calcaires et les dolomies, dans les roches granitiques , amphi- hohques et pyroxémques , et dans les gîtes de fer oxydulé. Carnctère général des minéraux qui sont enchâssés dans les forains stratifiés. , En, ^su,,lé’ on voit y a de 35 à 40 minéraux qui se ratta- nt dnecteinent aux phénomènes métamorphiques, et qui se montrent enchâssés au milieu des dépôts stratifiés ; la plupart sont formes essentiellement de silice , d’alumine et de chaux , et pres¬ que tous ceux qui se trouvent dans les calcaires renferment en combmarson une forte proportion de chaux, ou de chaux associée a la magnes, e , et ceux qui sont dans les schistes contiennent beau- up de silicate d alumine, quelquefois seul, mais ordinairement combine avec un silicate de base terreuse ou alcaline. Ces miné- .anx , considérés dans leur ensemble et sons le rapport de leur Position , affectent un caractère général d’analogie qui est en connexion avec leur gisement. Néanmoins nous avons vu nue panm les minéraux contenus dans les schistes ou les calcaires il en est, tels que la condrodite, le spliène, l’émeraude la to¬ paze, etc. qui renferment des proportions considérables de certains Si':,:; 1 P‘1S da“ l£S ^sédimentaires non n i¬ difies, d faut donc conclure que la cristallisation de ces minéraux s est effectuée par suite de l’introduction de particules émanées soit d une roche plutomque adjacente, soit du laboratoire souterrain e qu, se sont transportées à travers des roches tantôt solide/ t 2 Plus ou moins fortement ramollies. Ce déplacement des molécules a du exiger un très long laps de temps, si l’on considère la mande • paissem t es masses à travers lesquelles il a dû s’effectue/’ Dans c i ains cas, les coips étrangers qui sont intervenus dans la cristalli sation ont pu émaner à l’état gazeux , et s’introduire à uZTles i suies des loches; cette circonstance aura facilité et accéléré h cementation, en multipliant les surfaces de contact et din Zi, les di^ces a parcouru, mais elle n’est pas rigoureusement b.dit J’ajouterai une remarque relative aux phénomènes de cristalli sation : c est que souvent des composés chimiques ont pu s’isoler « îistalhseï, bien qu ils se trouvassent eu faible quantité dans la SÉANCE DU 15 JUIN 18/16. 591 pour donner lieu à des combinaisons définies, si un corps tel cpie F alumine n’est pas susceptible d’entrer en combinaison dans le composé qui a le plus de propension à se former, le pyroxène , par exemple , on conçoit que cette base puisse s’isoler et cristalliser séparément , surtout lorsqu’elle a elle-même beaucoup de tendance à la cristallisation ; on comprend ainsi pourquoi le fer oxydulé , le fer oligiste et le fer titané se montrent souvent en beaux cris¬ taux au milieu de roches granitiques, qui cependant renferment peu d’oxyde de fer. Relations clés phénomènes de métamorphisme avec les roches p lu tonie/ lies . Nous avons examiné la manière d’être , les caractères du gise¬ ment et la composition chimique des minéraux qui se sont formés dans les terrains stratifiés; maintenant nous allons étudier les phé¬ nomènes de métamorphisme dans leurs relations avec les roches plutoniques dont ils dépendent. Nous allons voir combien est iné¬ gale l’aptitude des différentes roches à faire naître la cristallisation dans les dépôts stratifiés, et combien sont variables les effets qu’elles peuvent produire : il a dû y avoir combinaison de plu¬ sieurs causes différentes , d’une élévation de la température , de la durée du temps pendant lequel s’est fait le flux de chaleur, d’un refroidissement plus ou moins lent , des émanations de substances diverses qui ont accompagné ou suivi les éruptions, et qui ont donné lieu à des cémentations ou à des mouvements moléculaires ; et probablement aussi il a dû se développer de ces actions de con¬ tact que les chimistes ont appelées catalytiques y peut-être est-ce à des actions de ce genre que l’on doit attribuer en partie la diver¬ sité des effets qu’ont produits les roches ignées de natures diffé¬ rentes. Néanmoins beaucoup de phénomènes de transmutation ont pu s’effectuer au contact de roches diverses ; car nous avons vu que la magnésification des calcaires a eu lieu sous l’infliience des gra¬ nités , des porphyres , des serpentines , des roches amphiboliques et pyroxéniques. De même le développement de la texture feuil¬ letée et luisante dans les schistes , de la structure grenue , sacclia- roïde ou lamelleuse dans les calcaires , s’est produit dans le voisi¬ nage des roches plutoniques d’espèces différentes. Mais c’est la présence des grandes masses granitiques cpii me paraît avoir dé¬ terminé ces effets avec le plus d’énergie et sur la plus vaste échelle : ainsi le métamorphisme qui a fait naître dans les Pyré- 592 SÉANCE DU 15 JUIN 18^6. nées les schistes cristallins, micacés, et les calcaires saccaroïcles ou lamelleux qui fournissent de si beaux marbres , est presque tou¬ jours en relation avec les granités ; l’action des ophites ne s’est étendue en général qu’à de petites distances. C’est encore le granité qui me paraît avoir joué un des principaux rôles dans le méta¬ morphisme de ces terrains stratifiés des Alpes , que l’on avait d’a¬ bord regardés comme très anciens, et que la présence des bé- lemnites a fait rattacher à la formation jurassique. Métamorphisme développé par les roches amphibolicjues. C est par les roches ampliiboliques que nous allons commencer 1 examen des effets métamorphiques propres aux différentes es¬ pèces de roches ignées : nous savons déjà qu’elles ont développé dans les calcaires la structure cristalline et la magnésification ; quelquefois elles y ont fait naître des cristaux d’amphibole non seulement de tréinolite, mais aussi d’hornblende , et elles ont formé ces roches mixtes que l’on a nommées héinitrènes. Quelquefois les schistes ont pris l’aspect siliceux au voisinage des diontes , a, ns, que je l’ai remarqué le long du rivage de la mer, entre Pléneuf et Erquy , dans le département des Côtes-du-Nord • les couches sclnsteuses situées au pied de la falaise dioritique qui forme comme une digue le long du rivage sont dures et compactes • il y a des bancs qui ressemblent à des hornstein , d’autres ont un aspect jaspé. Cette zoue modifiée a 5 à 6 kilomètres de longueur, et s’étend jusqu’à 150 et 200 mètres de distance du monte. Un des effets les plus remarquables des roches ampliiboliques consiste dans les phénomènes d’ampliibolisation qu’elles parais¬ sent avoir développés en certains endroits autour d’elles : dans les contrées ou les diontes se sont fait jour au milieu de schistes cristallins , ams, dans le midi de la Bretagne et dans la Vendée , on n marque une association fréquente des schistes ampliiboliques avec les masses de diorite. Comme le diorite lui-même est souvent devenu schisteux il est dillicile de le distinguer des véritables schistes ampliiboliques. 11 semble qu’il y ait eu diffusion de l’am- plubole dans les schistes adjacents , et qu’en s’y introduisant elle ait affecte une disposition parallèle à la stratification Leske, -santons qui se rattachent aux diorites, mais dans les¬ quels la plus grande partie de l’amphibole est remplacée par du mica, ont quelquefois micacifié les roches schisteuses avec les¬ quelles ils sont arrives en contact • j’ai observé ce fait sur la côte SÉANCE DU 15 JUIN 18/|6. 593 occidentale du Finistère, à Rozan, aux environs de Crozon. Là s’étend sur le rivage de la mer une zone de grauwacke traversée par de nombreuses masses de kersanton : à l’approche de l’une de ces niasses on voit se développer dans la grauwacke des feuil¬ lets de mica qui deviennent de plus en plus abondants -, et la ro¬ che finit par passer à un véritable kersanton ; néanmoins ce pas¬ sage est accidentel et ne forme pas une règle générale. Dans la grauwacke de Rozan, certaines couches sont amygdaloïdes et offrent un aspect brécliiforme très singulier : les fragments enchâssés de¬ dans sont criblés de petites cavités bulli formes qui leur donnent une certaine ressemblance avec la pierre ponce. La nature sédi- mentaire de cette grauwacke n’est pas douteuse ; car en explorant ces lieux avec M. Bourassin , naturaliste distingué de Quimper, j’y ai trouvé des empreintes de fossiles. C’est une des localités où le métamorphisme produit par le kersanton sur les roches adja¬ centes s’est manifesté de la manière la plus saillante. Outre la structure amygdaloïde et le développement accidentel du mica , la grauwacke y présente encore , à la jonction de l’îlot avec la terre ferme , un mode de division en boules à la manière des diorites: ce sont des spliéroides aplatis, ayant jusqu’à 2 pieds de diamètre et se séparant en couches concentriques. Certains bancs de grau¬ wacke offrent ce mode de division , tandis qu’il n’est pas visible dans les bancs situés tout auprès. La même structure se voit en un autre point, dans les couches de grauwacke amygdaloïde en¬ caissant la masse calcaire que l’on exploite pour faire de la chaux : là on remarque une grande quantité de fossiles, d’encrines , spi— rifères, orthis, etc., dans des couches amygdaloïdes; d’autres bancs sont compactes , à cassure pseudo-rhomboïdale et ressemblant à un argilophyre. Cette localité est très remarquable en ce qu’elle offre les caractères de structure les plus singuliers dans des roches dont l’origine sédimentaire est attestée par la présence de nom¬ breux fossiles : avec les couches calcaires se trouve associée une roche curieuse , d’un noir verdâtre, luisante dans sa cassure , of¬ frant un mélange de parties vertes et de parties calcaires , dispo¬ sées sous forme de nodules et de petites lames ; elle a quelque analogie avec les spilites du Dauphiné. Le calcaire que l’on ex¬ ploite ici est gris et gris-bleuâtre , à grains fins ; il a l’aspect un peu cristallin , mais pas beaucoup plus que les autres calcaires de transition de la Bretagne. Aux environs de Sablé, on remarque des exemples de métamor¬ phisme analogue produit sous Faction des diorites : ainsi , près de la mine du Tertre , sur le bord de la Sarthe , on voit des couches Soc. géol., 2e série, tome III. 38 594 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. de grauwacke qui sont devenues compactes, ont pris i’aspect d’un argilophyre, et tendent même à passer au diorite ; d’autres cou¬ ches sont devenues amygdaloïdes et présentent beaucoup de géodes, les unes vides , les autres remplies d’une substance blanche ou verdâtre. On voit que les roches amphiboliques ont exercé sur les ter¬ rains stratifiés plusieurs genres d’effets , la magnésification et sul¬ fatisation des calcaires, l’ampliibolisation des calcaires et des schistes ; qu’elles ont développé la structure amygdaloïde et la division sphénoïdale dans les grauwackes , sans y faire disparaître les fossiles. Il faut ajouter que les différentes couches de grau¬ wacke dont l’ensemble est exposé à une même action métamor¬ phique , n’éprouvent pas la même modification , que les unes deviennent amygdaloïdes, tandis que les autres deviennent com¬ pactes ou prennent un aspect cristallin Métamorphisme produit parles roches serpenti rieuses , dial logiques , hypersthéniques et pyroxéniques . Je m’étendrai peu sur le métamorphisme produit par les ser¬ pentines , les roches diallagiques, hypersthéniques et pyroxéni¬ ques ; toutes ces roches ont développé à leur voisinage la structure cristalline dans les calcaires ; souvent elles ont déterminé leur transformation en dolomie ou en gypse. La pénétration de la ser¬ pentine au milieu des calcaires , l’enchevêtement de ces deux ro¬ ches ont été observés depuis très longtemps. Non seulement la serpentine forme des veines ramifiées dans le calcaire , mais sou¬ vent aussi elle y présente des nodules aplatis , des espèces de feuil¬ lets répandus çà et là au milieu de la roche , comme on le voit sur les plaques de marbre vert . Au contact de la serpentine les schistes sont en général devenus luisants et feuilletés ; quelquefois ils ont pris un aspect talqueux ou sféatiteux ; ils sont onctueux au toucher. D’autres fois la ser¬ pentine et aussi l’euphotide ont fait subir aux schistes une transfor¬ mation qui leur a donné un aspect jaspé ou la physionomie des schistes siliceux , comme le montre le gahro rosso des Italiens. M. G. Rose a aussi observé dans l’Oural des jaspes formés sous 1 influence des roches amphiboliques, augitiques et hypersthé¬ niques (1). J ajouterai , relativement aux basaltes et aux trapps , que dans (!) G. Ilose , Voyage dans l’Oural , vol. II, p. 169 et 187. SÉANCE DU 15 JUIN 18Z|G. 595 les contrées où ils forment de vastes coulées qui se sont épanchées au-dessus des couches de tuf, comme on le voit aux îles Férô , il y a ordinairement à la séparation une couche de matière com¬ pacte , verdâtre , formant un argilophyre qui paraît provenir de réchauffement qu’a exercé le trapp sur les couches du tuf. Métamorphisme produit par les porphyres quartzifères . J’arrive maintenant au métamorphisme des roches granitiques, et je commence par celui des porphyres quartzifères et des eurites qui forment une des branches de ces roches; je m’occuperai en¬ suite des granités proprement dits. Au contact des porphyres feld- spatliiques et quartzifères, les grauwaekes sont ordinairement com¬ pactes et endurcies ; elles ont pris un aspect analogue à celui des porphyres ; et ce qui rend la ressemblance plus complète , c’est que souvent dans ces grauwaekes endurcies il s’est développé de petits cristaux feldspathiques ; il est alors très difficile de tracer la limite précise de ces deux roches. La distance à laquelle s’est pro¬ duite cette modification varie en raison des dimensions des masses porphyriques ; il est rare qu’elle s’étende au-delà de 100 ou 200 mètres, à moins que le porphyre n’ait une grande étendue. Grès devenus porphyriques . Souvent ces roches pyrogènes ont produit sur les grès le même effet métamorphique que sur les grauwaekes ; elles leur ont com¬ muniqué un aspect, un faciès porphyrique. Cette modification est très développée dans le midi de la Norvège , où des masses por¬ phyriques très étendues se voient en recouvrement au-dessus d’assises de grès qui paraissent appartenir au terrain dévonien , ainsi que l’ont fait voir MM. Murchison et de Yerneuil. Ces grès diffèrent tout-à-fait par leur aspect des quartzites, et se rappro¬ chent plutôt des grès secondaires; ils sont formés de grains de quartz distincts, mélangés de beaucoup de paillettes de mica, et quel¬ quefois de petits grains feldspathiques. Dans le voisinage des grandes masses porphyriques, telles que celle du Ringerige , le grès éprouve un changement d’aspect évident , il devient peu à peu compacte , porphyrique , les éléments deviennent indiscernables et se chan¬ gent en une espèce de pâte dans laquelle on voit briller de petites lames feldspathiques ; le passage du grès au porphyre est graduel et insensible , de façon qu’il est très difficile de dire là où finit le grès et où commence le porphyre. 596 SÉANCE DU 15 JUIN 18ZÏ6. Il est impossible de révoquer en doute l’influence qu’a exercée le porphyre, ici, sur les grès, et, précédemment, sur les grauwackes, pour leur communiquer l’aspect, la structure, la physionomie qui les caractérisent. Mais il n’a pas toujours produit le même effet ; souvent il a développé dans les schistes et les grauwackes schisteuses la structure amygdaloïde, de la même manière que les roches ampliiboliques : on en voit de nombreux exemples en Bre¬ tagne, et M. Dufrénoy en a cité plusieurs (1) ; celui de la butte porphyrique de Saint-Clément de la Leu , sur la rive d. oite de la Loire , atteste d’une manière évidente l’action métamorphique du porphyre, car la roche amygdaloïde forme une espèce d’auréole autour de lui. Dans d’autres localités, ainsi près de Paimpol ( Cotes-du-Nord ) , le développement de la structure amygdaloïde est lié au porphyre d’une manière moins évidente ; la grauwacke modifiée qui présente ce caractère n’est pas circonscrite autour des masses porphyriques situées dans le voisinage , elle s’étend à plus de 2 kilomètres de distance. Large zone de schistes talqueux . Dans les faits suivants , nous allons voir un autre exemple de la complication et des singularités que peuvent offrir les phénomènes de métamorphisme : le terrain antliraxifère de la Basse-Loire se trouve placé à une distance de plusieurs lieues des roches grani¬ tiques ; mais dans le voisinage de ce terrain ont fait éruption de nombreuses masses de porphyres quartzifères qui passent quelque¬ fois au granité par le développement de la cristallisation. En gé¬ néral , autour de ces masses , les grauwackes sont devenues com¬ pactes , porphyriques , quelquefois amygdalines ; les schistes sont luisants, souvent feuilletés. Au midi du terrain antliraxifère, où le porphyre forme les masses les plus considérables ( il y en a qui ont plus de 3 kilométrés d’étendue), on trouve rarement des schistes qui offrent 1 aspect talqueux , mais la région qui s’étend au nord du terrain à combustible est formée en majeure partie de schistes feuilletés blancs , jaunâtres et violacés , luisants et onc¬ tueux au toucher, qui présentent tout-à-fait l’aspect des schistes talqueux et stéatiteux ; sur cette zone sont disséminés beaucoup de typhons ou boutons porphyriques , mais moins étendus que ceux situés au midi de la bande antliraxifère ; non seulement les schistes talqueux ne sont pas circonscrits autour de ces petits îlots (1) Expi. de la carte géol. de France , p. 234 et235. 597 SÉANCE DU 15 JUIN 18/l6. platoniques , mais ils forment une zone continue , parallèle à la direction des couches, qui a de 6 à 7 kilomètres de largeur, et élans laquelle sont intercalées des bandes de quartzite et des masses de plitanite. En plusieurs endroits , à ces schistes talqueux sont subordonnés des bancs de grauwacke schisteuse qui n’est pas très sensiblement modifiée ; à Langui n , le terrain à combustible est entouré complètement par ces schistes, et à la Bourgonnière , ils forment une bande talqueuse qui est interposée au milieu, dans le sens de la stratification. Les porphyres quartzifères ont fait érup¬ tion au milieu de ces schistes, mais rien ne prouve qu’ils aient été la cause directe de leur métamorphisme , car ils ne leur sont pas subordonnés. D’un autre côté , il est inadmissible que ces schistes talqueux soient le produit d’une injection ; la régularité de leur stratification s’y oppose ; d’ailleurs on ne peut guère pré¬ tendre qu’ils aient été déposés avec l’aspect talqueux et feuilleté qu’ils présentent maintenant. Le métamorphisme qui s’est déve¬ loppé là est probablement en relation, non avec les masses porphy- riques elles-mêmes , mais avec les actions souterraines par suite desquelles ces masses ont été amenées jusqu’au jour. D’ailleurs on trouve dans d’autres parties de la Bretagne] des zones talqueuses dans des positions analogues , et dont l’origine est aussi difficile à expliquer ; ainsi je citerai celle qui se trouve à 3 lieues au N.-E. de la ville de Rennes , et sur laquelle est une grande partie de la forêt de Rennes : à peu de distance , on voit une masse euritique un peu étendue ( celle de Coesmes ) . On peut rattacher le développement des schistes talqueux au voisinage de ce porphyre , qui est analogue à ceux des bords de la Loire ; mais la connexion n’est pas évidente , car la zone talqueuse n’est pas subordonnée au porphyre. Le métamorphisme des schistes talqueux du Dauphiné, qui sont associés à un terrain antliraxifère, comme dans la Loire-Inférieure, est aussi fort difficile à expliquer, si on veut le rattacher à la pré¬ sence de roches pyrogènes : cette manière d’être particulière des schistes s’est développée dans des conditions qui jusqu’à présent n’ont pas été suffisamment éclaircies. Métamorphisme développé par les granités , pegmatitcs , syénitcs , etc. Je vais décrire maintenant les actions métamorphiques qu’ont développées autour d’eux les granités proprement dits , les pegma- tites, hyalomites , syénites, etc. Ces roches ont été les agents mé- 598 SÉANCE DU 15 JUIN 18^6. tamorpliiques les plus puissants , et leur influence s’est propagée jusqu a des distant es de quelques kilométrés r les roclies amphibo¬ les, serpentineuses , ont quelquefois déterminé la formation de dolomies et de gypses sur une assez grande étendue ; mais alors le contour des roches modifiées n’est pas circonscrit autour des roches métamorpliisantes Les zones de schistes, de grauwaekes ou calcaires modifiés que 1 on voit subordonnées aux masses dioritiques ou porphyriques ont rarement plus de 100 ou 200 mè- ties de largeur, tandis qu autour des grandes masses de granité, nous allons en voir qui ont jusqu’à 3,000 mètres. La plus grande partie des minéraux qui ont cristallisé dans les terrains stratifiés est due à l’influence des granités ; le métamorphisme produit par ces roches mérite donc une étude détaillée , et peut nous conduire à apprécier la puissance des causes qui ont été en jeu. Métamorphisme de silicification . En examinant les divers genres de modifications qu’ont produits les granités , nous allons reconnaître une grande variété d’effets que 1 on peut chercher à expliquer par des conjectures, mais dont les véritables causes sont fort obscures. Exposons d’abord le genre de métamorphisme qui constitue la silicification : il ne s’est déve¬ loppé sur une grande échelle que dans certaines contrées. Il y a bien des schistes siliceux dans presque tous les terrains de transi¬ tion ; mais très souvent ils ne se rattachent ni au granité ni à au¬ cune roche pyrogène. En Bretagne , nous en avons cité un exemple au voisinage d’une masse dioritique ; mais, dans cette contrée , je n’ai pas observé de schistes siliceux bien caractérisés qui aient été pioduits par 1 influence du granité ; nous verrons que cette roche a exercé des modifications d’une espèce très différente. De même dans les Pyrénées , où les schistes siliceux sont plus abondants qu en Bretagne , il est rare qu’ils soient en connexion directe avec le granité ; l’état siliceux tient à la nature de ces schistes , se montre spécialement dans certaines couches, et non suivant des zones subordonnées aux roches granitiques. Mais il est des contrées où les schistes siliceux sont évidemment le îésultat dune modification, d’une silicification qui s’est déve¬ loppée autour des granités : ainsi dans le Harz et en Norvège , ils ne forment pas des assises régulières, distribuées à différents niveLux dans le terrain de transition , mais ils ne se montrent qu’en zones circonscrites aux masses granitiques. Je vais entrer dans quelques details sur la disposition des schistes siliceux de la Norvège que 509 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. fai étudiés lors de mon dernier voyage dans le Nord, et que M. Keilhau a déjà fait connaître dans son Gca Norvégien (1) par une description dont j’ai pu apprécier la précision et l’exactitude. Schistes siliceux (le la Norvège. En Norvège , les schistes siliceux ne se montrent qu’au tour de cette espèce de granité que l’on peut appeler post-silurien , car il a lait éruption postérieurement à la formation silurienne ; il est par¬ faitement distinct par sa nature , ses caractères généraux et les minéraux constituants des granités associés aux gneiss de la Scan¬ dinavie ; la syénite zirconienne et le porphyre rliombique en sont des dérivations et s’y rattachent de la manière la plus évidente. La carte fidèle que M. Keilhau a tracée des environs de Christiania montre que la zone des schistes siliceux est assez régulièrement concentrique à la limite du granité. Ces schistes sont la prolonga¬ tion des schistes argileux ordinaires du terrain silurien , qui auprès sont tendres et friables. Le métamorphisme s’est développé non seulement autour du granité proprement dit et de la syénite , mais aussi au contact du porphyre rliombique. Il se manifeste d’abord par un endurcissement , les schistes perdent une partie de leur fis- silité, mais ils se divisent encore en plaques plus ou moins épaisses Ils offrent une série de lits alternatifs diversement colorés, blan¬ châtres, d’un gris clair, d’un gris foncé, ou noirâtres ; ils présen¬ tent une cassure conchoïde , ressemblent à du feldspath compacte, à du hornstein ou à des jaspes; souvent la plus grande partie de la masse paraît composée de quartz très reconnaissable. L’aspect siliceux devient de plus en plus prononcé , à mesure que l’on ap¬ proche du granité , et il semble que les schistes aient été pénétrés de silice en quantité d’autant plus grande qu’ils sont plus voisins du granité. J’ai remarqué aussi que souvent ces schistes siliceux renferment beaucoup de petits cubes de pyrite de fer disséminés au milieu de la masse, surtout à une petite distance du granité. M. Keilhau a observé une circonstance importante , c’est que dans certains endroits où la formation gneissique affleure à peu de distance , les schistes argileux n’ont pas pris l’aspect siliceux au contact du granité post-silurien , comme si la présence du gneiss avait empêché ce genre de métamorphisme de se dévelop¬ per ; mais souvent alors se sont formés des cristaux de macles dans les schistes argileux. M. Keilhau m’a dit n’en avoir rencontré que (1) Gca Norvégien , p. 10 et suivantes 600 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. dans cette position , c’est-à-dire près du granité et à peu de dis¬ tance du gneiss : il semble que le gneiss ait exercé là une action de contact , qu en s opposant au développement de la silicification il ait favoiisé la cristallisation maclifère. Si ce fait n’est pas isolé, s il peut acquérir de la généralité par des observations du même geme relatives à d autres pays, il montrera que certaines roches peuvent avoir exercé de l’influence sur le métamorphisme de loches plus îecentes , sinon une influence directe, du moins une influence de contact ; elles auront favorisé le mouvement molécu¬ laire qui a donné naissance à des minéraux particuliers , de même que la mousse de platine, par son seul contact, détermine des combinaisons chimiques. Modification du calcaire qui accompagne les schistes m é ta ni orphiques. Le calcaire , que nous avons vu former des tubercules aplatis , des plaques et des bancs intercalés au milieu des schistes argileux' a été modifié en même temps que le schistes, mais il a subi divers genres de modifications ; en beaucoup d’endroits il est devenu cristallin , grenu ou à petites lames ; quelquefois il s’y est formé des minéraux particuliers ; ainsi dans la célèbre localité de Gielle- bœck , où l’on trouve de la trémolite, des grenats , de l’épidote et de la chaux fluatée. Mais bien souvent le calcaire, au lieu de de¬ venu ciistallin , a été modifié de la même manière que les schistes et s’est endurci par un effet de silicification ; il est alors compacte, à cassure inégale ; quelquefois il semble avoir perdu tous les carac¬ tères du calcaire , il fait feu au briquet , ne dégage point d’acide carbonique lorsqu’il est mis en contact avec les acides; alors il est changé en une masse composée de silice , de chaux et d’alumine , formant une combinaison analogue aux grenats ; mais fort souvent la silice n est point entrée en combinaison avec la chaux , et s’est mélangée simplement avec le calcaire. J’ai remarqué en divers endroits, principalement aux environs de Brévig, qu’à la surface de cette roche les parties calcaires ont été dissoutes par les eaux pluviales, et les parties siliceuses sont restées en saillie formant comme un tissu réticulé. Le calcaire cristallin et le calcaire siliceux se trouvent souvent réunis ensemble; le calcaire siliceux forme des masses plus ou moins épaisses , tantôt au milieu des schistes endurcis , tantôt au milieu du calcaire-marbre ; il semble qu’il y concentration de la silice dans certaines couches. D’ailleurs les différences dans la dureté et dans la texture montrent que les SÉANCE DU 15 JUIN 18Ù6. 601 calcaires endurcis renferment des quantités très inégales de silice , et il y a pour ainsi dire un passage du calcaire pur à celui où l’a¬ cide carbonique a été remplacé par de la silice. Ce métamorphisme exercé par le granité post-silurien de la Norvège me paraît remarquable en ce qu’il a donné lieu à un simple endurcissement ou silicification des schistes sans les rendre cristallins , et qu’il a agi sur les calcaires qui leur sont associés , tantôt de manière à les endurcir ou les silicifier comme les schistes, tantôt de façon à les rendre cristallins et même à y faire cristalliser des minéraux particuliers. On trouve quelquefois des restes d’êtres organisés dans les schistes endurcis , dans les calcaires siliceux ou cristallins , mais ils y sont plus rares que dans les schistes et les calcaires non modifiés. Distance à laquelle s’est fait sentir le métamorphisme . Le métamorphisme des schistes et calcaires siluriens de la Nor¬ vège s’est étendu habituellement jusqu’à une distance du granité qui varie de 1,000 à 1,500 mètres; mais il est une circonstance importante et que j’ai aussi observée depuis longtemps en Bre¬ tagne , c’est que dans les angles rentrants formés par le contour des masses granitiques ou dans l’espace qui sépare deux de ces masses, le métamorphisme s’est étendu beaucoup plus loin que sur le bord des angles saillants , et alors l’épaisseur de la zone modifiée est souvent presque double de ce qu’elle est ailleurs : ainsi , quand j’ai visité les mines de Conerud et d’ Aaserud , situées aux environs de Drammen , j’ai observé que toute la bande schisteuse et calcaire qui existe entre les deux masses granitiques du lac à'Eger et du Dramsfiord a été métamorpliisée : or, l’épaisseur de cette bande est de à à 5 kilomètres ; cela donne une largeur de 2 à 2 1/2 ki¬ lomètres pour la zone qui a été modifiée autour de chacune des deux masses granitiques. La même observation peut être faite dans la région qui sépare le Holsfiord du Drams-Elven. On peut se rendre compte de cette circonstance en supposant qu’il existe souterrainement une liaison entre les deux masses granitiques qui à la surface sont voisines l’une de l’autre , ou bien en considérant que les flux ou courants métamorphiques partant des deux masses ignées allaient en convergeant et par suite que leur action a dû s’étendre beaucoup plus loin 602 SÉANCE DU 15 JUIN 18/|6. Remarques generales sur la production des schistes siliceux . Les schistes et les calcaires siliceux de la Norvège paraissent avoir éprouvé, au moins en partie, une véritable silicification ; on ne peut guère supposer que les calcaires qui ont passé en cer¬ taines parties à 1 état de silicate renfermaient, antérieurement au métamorphisme , toute la quantité de silice qu’ils contiennent maintenant , et qui s est substituée à l’acide carbonique. Mais beaucoup de schistes siliceux, de jaspes d’autres contrées, n’ont piobablement subi qu’un simple changement d’aspect, un endur¬ cissement , sans que leur teneur en silice ait beaucoup augmenté : il est remarquable que l’apparence siliceuse est développée non seulement par des granités et des porphyres quartzifères , c’est-à- dire par des roches qui contiennent de la silice libre et où tous les minéraux sont saturés de silice , mais encore par des roches qui ne contiennent pas, ou seulement une très minime quantité de silice libre , telles que la serpentine ou les diorites : alors l’in¬ fluence de la roche plutonique paraît avoir consisté à déterminer un mouvement moléculaire dans les détritus quartzeux , pulvéru¬ lents , qui sont répandus dans un état de très grande finesse au mi¬ lieu des schistes , et qui s’y trouvent en proportion plus ou moins considérable. Ces particules quartzeuses , qui auparavant étaient noyées au milieu de la substance argileuse , se trouvant soumises à 1 influence de roches plutoniques , ont été pour ainsi dire mises on évidence , et alors la masse est devenue compacte et très dure. Production des schistes petto- siliceuse. t ^ fl 11 en Bretagne les granités n’ont pas développé autour d eux la formation de schistes siliceux, mais souvent leur influence 1 donné naissance à des schistes pétro-siliceux ou même à des pétro-silex schisteux ; cela se voit en beaucoup de localités : par exemple , la masse granitique qui affleure sur les bords de la Vi¬ laine , près de la Roche-Bernard, est bordée d’une zone de schistes pétro-siliceux qui ont conservé leur stratification et une partie de lem schistosité ; des schistes semblables se voient en plusieurs endroits dans les parties voisines du Morbihan et de la Loire- Inférieure. Autour du petit terrain carbonifère de Cléden , qui est encaissé au milieu de roches granitiques, il y a aussi une zone de schistes pétro-siliceux bien prononcés le long de la lisière du gra¬ nité. 603 SÉANCE DU 15 JUIN 18^6. Les schistes siluriens du midi de la Norvège , modifiés par le granité , ont pris quelquefois aussi l’aspect pétro-siliceux ; mais la schistosité y est ordinairement beaucoup moins prononcée que dans ceux de la Bretagne. Là et dans les Pyrénées, où j’ai aussi remarqué des schistes analogues , le développement de cet aspect pétro-siliceux ne s’est pas fait seulement au voisinage des granités proprement dits, mais aussi à l’approche des porphyres feldspa- thiques ou quartzifères et des pétro-silex éruptifs. Transformation des grès en quartzites. Les grès ont subi plusieurs genres de modifications sous l’in¬ fluence des roches granitiques : il est une modification très géné¬ rale qui s’est développée, non sur un point particulier, sur une zone limitée, mais sur toute l’étendue d’une contrée, sur une formation tout entière : c’est la modification qui a produit les quartzites. Ainsi , dans les Pyrénées , tous les grès des terrains pa- læozoïques sont des quartzites ; de même en Bretagne toutes les bandes de grès sont à l’état de quartzite , aussi bien celles qui se trouvent à plus de 20 lieues du granité que celles situées auprès. Cependant les quartzites ne se trouvent que dans les pays où il y a de grandes masses granitiques ou dans ceux qui , comme les Ardennes , ont été soumis à des dislocations dépendant de causes plutoniques souterraines , et il en est de même du schiste ardoi- sier ; mais en Russie , où les couches des terrains palæozoïques sont restées horizontales et n ont été ni modifiées ni disloquées, les grès n’ont point passé à l’état de quartzites. Néanmoins on doit considérer la production des quartzites comme le résultat d’une modification qui s’est développée à peu près uniformément sur d’immenses surfaces , et qui n’est point subordonnée à la ligne «de contact des roches plutoniques. Les quartzites nous présentent le premier degré du métamorphisme des grès , le passage du quartz arénacé au quartz compacte ; l’origine arénacée y est encore reconnaissable , soit par la présence de grains distincts de paillettes de mica , soit par le mélange de parties opaques et de parties translucides ou hyalines. En outre , les grains quartzeux sont souvent mélangés de parties argileuses , et l’on trouve même en Bretagne des bancs d’argile interposés entre les couches de quartzite. Cette argile ne paraît pas avoir été modifiée : ainsi la cause qui a produit le métamorphisme des quartzites n’a pas transformé l’argile qui les accompagnait ; d’ailleurs on trouve souvent des fossiles très bien conservés dans les quartzites. Il paraît 604 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. que , si le métamorphisme qui a produit ces roches s’est développé sous l’action de la chaleur, l’élévation de la température a été très peu considérable. Ce sont probablement des causes analogues qui ont produit cette altération dans les grès et qui ont fait naître la fissilité ardoisine dans les couches argileuses qui leur sont asso¬ ciées. Cependant les causes métamorphiques ont été quelquefois plus intenses, et alors la matière argileuse qui est mélangée avec les grains de quartz dans les grès , ou qui forme des lits séparés , a été changée en feuillets luisants, chloriteux. Ce caractère se voit rare¬ ment en Bretagne, plus souvent dans les Pyrénées, où les quart- zites se montrent en beaucoup d’endroits associés à des schistes feuilletés, modifiés ; mais c’est en Norvège, dans le Guldbrandsdal, qu’il m’a paru être le plus développé; on y voit sur plus de 15 lieues d étendue , entre Lauergaard et Lôsnœs , une succession de puissantes assises de quartzite et de couches feuilletées, verdâtres, chloriteuses Le quartzite gris clair et translucide un peu schisteux est mélangé de feuillets de chlorite verte, et passe lui-même au schiste chloriteux. C’est la même cause qui a modifié sur de très vastes surfaces ces roches de quartz , et qui a rendu feuilletés et chloriteux les schistes dont elles sont accompagnées. Grès changes en quartz tout-à-j dit compactes. Les grès quartzeux présentent quelquefois une manière d’être fort remarquable, déjà observée par MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont (1) , et due à des actions métamorphiques qui ont pres¬ que rendu méconnaissable l’origine de ces roches; la structure grenue a tout-à-fait disparu ; ce sont des masses compactes , à cas¬ sure inégale ou conchoïde , translucides , ne différant des quartz compactes des liions que par un mode de division particulier et par le mélange de parties opaques et de parties hyalines , mais quelquefois tellement fondues les unes dans les autres qu’il est dif¬ ficile de les discerner. Les quartz compactes sont d’un gris clair, blanchâtres, souvent rouges ou rosés; un caractère essentiel qui les distingue des quartzites ordinaires et des quartz de filon , c’est leur mode de division : le plan de stratification n’y est plus reconnais¬ sable , des plans de clivage se sont formés , non à angle droit , mais sous un angle d’environ 60° ; c’est la structure pseudo-rhom- boidale qui s’est développée. D’ailleurs ces quartz sont quelquefois f'I) Explication de la carte géologique de France, p. 77, 605 SÉANCE DU 15 JUIN 18Z|6. d’une excessive fragilité, et se réduisent en une multitude de petits fragments sous le clioc du marteau. Dans les quartzites ordi¬ naires le caractère de la stratification s’est conservé , et donne lieu à un plan de division dans le sens des couches ; ils ont de la ten¬ dance à se diviser dans deux autres sens , de sorte qu’on peut les débiter en blocs rectangulaires de la même manière que les grès de Fontainebleau : aussi sont-ils employés pour le pavage des villes dans l’ouest de la France. Tous les endroits où j’ai vu des masses de quartz devenu com¬ pacte sont situés dans le voisinage du granité , et cette modification s’est produite jusqu'à une distance d’environ 1,000 mètres de la ligne de contact , ainsi au bourg de Saint-Rémy, au midi de Sens, dans l’I Ile-et-Vilaine : au-delà , ces caractères deviennent de moins en moins prononcés et finissent par s’effacer. D’ailleurs l’état compacte et la cassure pseudo-rliomboïdale ne se sont pas développés également dans tous les points où les quartzites sont en contact avec le granité ; souvent ce genre de métamorphisme est faiblement marqué; et même, en général , au contact du granité les quartzites n’ont pas été aussi fortement modifiés que les schistes , les grauwackes ou les calcaires. S Pénétration remarquable cle la silice dans les grès. Je vais décrire ici une manière d’être propre aux quartzites, que j’ai observée principalement en Bretagne ; elle s’est produite dans le voisinage des granités , mais elle se manifeste à des distances de plusieurs kilomètres de ces roches : c’est la pénétration des quart¬ zites par de la silice qui semble avoir imbibé toute la masse du grès, avoir imprégné les grains de quartz dont elle est composée; elle s’en distingue par un aspect uniformément translucide , lai¬ teux ou presque hyalin et par l’absence de structure grenue ; elle forme comme le ciment des grains de quartz. D’ailleurs elle pré¬ sente une foule de veinules ou de petits filets ramifiés dans tous les sens et formant comme un réseau; en certaines parties elle s’est concentrée sous forme de filons branchus très irréguliers. Ces grès imprégnés de silice résistent beaucoup mieux aux influences désa¬ grégeantes des agents atmosphériques , et donnent lieu à des acci¬ dents du sol très pittoresques; ils ont des formes variées, celle d’une muraille ébréchée, d’une tour, d’une pyramide ou de monu¬ ments en ruines : je puis citer comme des lieux intéressants, soit pour les caractères de pénétration de la silice dans les grès, soit pour leur disposition pittoresque , les rochers de Gosné et de Châ- 606 SÉANCE DU 15 JUIN 18A6. tillon en Vendelais, dans l’HLe— et— Vilaine , la partie de la chaîne d’Arrez où se trouve le mont Saint-Michel , dans le Finistère , et les escarpements en forme de muraille dentelée qui longent , sur presque toute son étendue , la rive gauche de la rivière de Landerneau, jusqu’à son embouchure dans la rade de Brest. Les zones schisteuses qui entourent les granités de la Bretagne ne pré¬ sentent pas de disposition de ce genre ; on y rencontre des fdons, des veines ramifiées et des amas de quartz , mais ce minéral ne s’est pas répandu au milieu de la pâte des schistes , tandis que dans certaines régions , les grès ressemblent à une éponge qui se serait imprégénée de silice Caractères (la métamorphisme maclijère. Examinons maintenant les caractères du métamorphisme ma- clifère qui s’est développé en des contrées fort éloignées les unes des autres, et sous l’influence du granité; je ne connais pas un seul gisement de macles qui ne soit en relation avec cette roche pyrogène. Le long de la limite des roches granitiques , les terrains de transition de la Bretagne , cambrien et silurien , renferment très fréquemment des macles; je n’en ai pas remarqué dans les grès , mais seulement dans les schistes et les grauwackes schisteuses : il est important de remarquer que ce ne sont pas les couches les plus voisines du granité qui renferment les macles les mieux cris¬ tallisées et les plus pures ; ainsi les macles des Salles qui se trou¬ vent dans des schistes siluriens en sont éloignées d’au moins 3 ki¬ lomètres ; la cause qui a déterminé la formation épigénique des macles hyalines est inhérente au voisinage, mais non au contact même du granité. D’ailleurs les quartzites qui sont associés aux couches macliferes de cette localité ne sont pas plus modifiés qu’ailleurs ; bien loin d’être devenus durs et compactes , ils sont caractérisés par la texture grenue et l’absence de compacité qui rendent le grès des Salles si précieux pour la construction des ou¬ vrages des hauts-fourneaux. Dans les montagnes d’Arrez, les mêmes couches de schistes cambriens qui sont exploitées pour ardoises contiennent souvent des macles bien caractérisées ; leur présence est due à la proximité de deux masses granitiques , et principalement de celle qui longe le pied septentrional des montagnes d’Arrez. Ici les macles se trouvent à une distance d’environ 1,500 mètres du granité ; mais soit du cote nord , soit du côté sud , elles en sont séparées par SÉANCE DU 15 JUIN 18A6. 607 une bande de quartzite dont la largeur minimum est de 7 à 800 mètres. Aux environs de Rochefort et de Redon ( partie sud de la Bre¬ tagne), la bande schisteuse silurienne qui est interposée entre deux sillons granitiques, et cpii est exploitée pour ardoises , con¬ tient d’assez belles macles ; les couches où elles se trouvent ne sont pas assez fissiles pour fournir de l’ardoise, mais les bancs adja¬ cents du côté nord forment une zone ardoisière sur laquelle on a ouvert un grand nombre d’exploitations. Les schistes maclifères de cette contrée sont un peu différents de ceux des Salles ; ils ont un faciès particulier, surtout aux environs de Rochefort ; ils sont lisses, satinés et plissés; on y voit miroiter une foule de paillettes brillantes ; ils offrent une série alternative de petites bandes ru¬ banées de moins d’un demi-millimètre d’épaisseur ; c’est dans la cassure transversale qu’on les voit se dessiner d’une manière nette, les unes brillantes et d’un gris clair, les autres ternes et cl’un gris noir. Le plissement du schiste cpii a donné lieu à ces bandes ru¬ banées paraît s’être fait après la cristallisation des macles , car les plis ou rides que présentent les plans de séparation se courbent légèrement autour des cristaux macleux. Dans cette région le mé¬ tamorphisme maclifêre s’est étendu jusqu’à une distance d’environ 3 kilomètres du granité , à Aucfer, près Redon. Dans les parties de la Bretagne où le granité ne s’est pas fait jour à travers des schistes argileux, mais au milieu de grauwackes à petits grains , comme dans le nord de l’Ille-et-Vilaine , et dans la Manche , on ne trouve pas habituellement de cristaux de macle hyaline , mais une énorme quantité de noyaux noirs et opaques dont#la formation se rattache à celle des macles , car ces deux substances se trouvent associées dans les schistes métamorphiques, et quelquefois il semble y avoir un passage de l’une à l’autre (1). On pourrait considérer ces noyaux noirs comme des cristaux impar¬ faits , n’ayant pas subi la transformation épigénique par suite de laquelle les macles ont été changées plus ou moins complètement en andalousites. La matière qui les constitue est en effet très diffé- (l) L’origine des gîtes de minerai de fer du Ras-Vallon, dans la forêt de Lorges et de Sainte -Brigitte , près les Salles de Rohan, mi¬ nerai qui consiste en un mélange d’alumino-silicate de fer, d’oxydule de fer et de grenats ferrugineux , paraît être en relation avec les causes métamorphiques qui ont fait naître ces noyaux noirs, car on en voit une grande quantité dans les couches de schistes modifiés noirâtres, où sont interposés ces gîtes; il y a aussi de véritables macles dans le voisinage. 603 SÉANCE DU 15 JUIN 18Z|6 . rente de la substance hyaline des vraies macles ; elle se laisse rayer par une pointe d’acier et fond assez facilement au chalu¬ meau. Ces noyaux prismatiques noirs, que je désignerai sous le nom de fausses macles , sont ordinairement arrondis sur les angles et ont u ne forme lenticulaire ; ils ont 3 à 4 millimètres de longueur sur 1 à 2 de largeur ; ils sont tellement abondants que la roche en est criblée , et dans un fragment de la grosseur du poing, il y en a plus d’un mille. Dans les grauwackes modifiées, ces cristaux imparfaits sont presque toujours accompagnés d’une multitude de feuillets de mica gris qui ont un éclat métallique , sont disséminés dans toute la masse , même au milieu des noyaux noirs , et sont orientés dans divers sens, au lieu d’être couchés parallèlement comme dans les micaschistes ou les gneiss. Le mica et les fausses macles ( noyaux noirs ) sont entourés d’une matière grenue , grise ou d un gris verdâtre , consistant en détritus quartzeux et argi¬ leux ; c’est la matière qui constitue la plupart des grauwackes à petits grains , mais elle est ici principalement quartzeuse. Il est évident, quand on examine la nature de cette roche et que l’on voit le métamorphisme s’y développer graduellement, qu’elle était dans l’origine une grauwacke ordinaire ; il s’y est fait un mouvement moléculaire qui a donné naissance aux noyaux noirs que nous avons décrits , aux feuillets de mica, et les parties quart- zeuses sont restées comme ciment. Ces cristaux rudimentaires for¬ ment un élément essentiel des grauwackes modifiées de la Breta¬ gne , et se montrent sur d’immenses étendues sans aucune inter¬ ruption de continuité : ainsi sur la zone métamorphique qui longe la limite septentrionale des granités de Ilédé , Saint-Brice , Louvigné, etc., et qui a plus de 20 lieues de longueur sur 2,000 mètres de largeur moyenne , on trouverait bien peu d’endroits où la roche ne soit criblée de ces noyaux. Cette espèce de grauwacke métamorphique forme des zones tout-à-fait continues que l’on voit suivre les sinuosités des masses granitiques, et qui ont une largeur de 1,500 à 2,000 mètres ; mais il y a des variations ana¬ logues à celles déjà citées en Norvège, c’est-à-dire qu’il y a ac¬ croissement en largeur dans les points où deux masses granitiques se rapprochent 1 une de l’autre , ou bien lorsque la limite exté¬ rieure du granité présente des concavités en forme de golfe ; alors l’épaisseur de la zone métamorphique est souvent presque dou¬ blée. Dans ces grauwackes, le développement des fausses macles et celui du mica sont presque inséparables ; ces minéraux se sont formés simultanément et sur une échelle immense; ils deviennent moins abondants sur les bords des zones modifiées , de sorte qu’il SÉANCE DU 15 JUIN 18Æ6> 609 y a décroissement dans l’intensité du -métamorphisme à mesure que l’on s’éloigne du granité , mais ce décroissement ne devient bien sensible qu’à une distance de 12 à 1,500 mètres. Cristallisation des staurotidcs en Bretagne. La cristallisation des staurotides en Bretagne est un phénomène local , et qui n’a pas le même caractère de généralité que le mé¬ tamorphisme maclifère : les staurotides se trouvent en plusieurs endroits dans une zone de schistes feuilletés , passant au schiste micacé , situé le long de la masse granitique qui s’étend des en¬ virons du Fat net à Locronan ; leur gisement principal est aux en¬ virons de Coray, à une distance de 3 à à kilomètres de cette bande de granité ; mais elles ne forment pas une zone continue , et sont disséminées dans les schistes. Le peu d’affleurements qu’il y a dans cette région ne permet pas de reconnaître si le granité affleure à une distance moins éloignée. Gisement des macles dans les Pyrénées J’ai déjà fait connaître ce qui concerne le gisement des macks en Norvège; je vais ajouter quelques détails sur les macles des Pyrénées que M. de Charpentier a très bien décrites dans son ou¬ vrage sur les Pyrénées (1) : elles offrent à peu près les mêmes va¬ riétés que celles de la Bretagne; il y en a de blanches et vitreuses présentant habituellement une bande noirâtre centrale , tantôt seule , tantôt accompagnée de quatre bandes noires situées sur les arêtes , et de filets passant par des plans diagonaux ; il y a aussi des prismes macleux dont l’intérieur est entièrement formé de matière noire, et qui sont seulement recouverts d’une pellicule blanche. Dans les Pyrénées on trouve quelquefois les macles de même qu’en Bretagne , au milieu de schistes argileux qui ne sont pas très sensiblement modifiés , et c’est aussi dans des schistes ar¬ gileux noirâtres ou d’un gris foncé , colorés par des matières char¬ bonneuses : telles sont les couches où on les trouve dans la vallée de Luchon , près du hameau de P radm cl , dans la vallée de ïléas , et dans la vallée de V Essera , entre cette ville et le torrent de Ma- livierna : néanmoins c’est le plus souvent dans des schistes feuil¬ letés plus ou moins modifiés et passant au schiste micacé que se (1) Essai sur la constitution géognos tique des Pyrénées , par J. de Charpentier, p 193. Soc. géol. , 2e série, tome III. 39 610 SÉANCE DU 15 JUIN 18Zl6. trouvent les inacles des Pyrénées. M. de Chapentier en cite (1) dans du calcaire gris presque compacte, au nord de Portet (vallée de Castillon) ; cela fait voir que la cristallisation des macles n’est pas exclusivement propre aux schistes et aux grauwackes , qu’elle peut aussi se développer, mais plus rarement, dans les calcaires. Les macles des Pyrénées se montrent çà et là disséminées dans les schistes, et souvent à des distances de 1,500 à 2,000 mètres du granité : ainsi dans la vallée de Larboust , dans celle de Baréges , aux environs de Bagnères , et au port de Lapez , qui conduit dans la vallée de Gistain ; les belles macles de cette dernière localité montrent qu’ici , comme en Bretagne , ce n’est pas dans les points les plus voisins du granité que se sont développées les circonstances les plus favorables à la cristallisation. D’ailleurs les schistes modi¬ fiés et les schistes cristallins des Pyrénées renferment peu de mi¬ néraux particuliers ; outre les macles et le dipyre , on y trouve de l’amphibole, des grenats et du graphite , mais on n’y voit ni stau- rotide ni distliène. Dans les Alpes il y a autour des roches granitiques des zones de schistes métamorphiques , et il s’y trouve en plusieurs endroits des minéraux particuliers , mais les macles qui se développent généra¬ lement dans la zone de contact des schistes et des granités paraissent manquer tout-à-fait dans les Alpes. On y trouve, au Saint-Gothard, la staurotide et le distliène dans des schistes feuilletés , d’appa¬ rence talqueuse, voisins du granité. On y voit encore, dans des schistes feuilletés ou cristallins, de l’amphibole, dupyroxène, des grenats, de l’idocrase, du sphène, de l’apatite, de beaux cristaux de feldspath. Les schistes micacés sont le produit d' un métamorphisme . Maintenant nous allons examiner le métamorphisme qui a lonné naissance aux schistes micacés et aux gneiss : quand on étudie les changements graduels qu’éprouvent les schistes argileux et les grauwackes à petits grains à l’approche desgrandes masses de granité , quand on voit le schiste devenir d’abord luisant, prendre une texture feuilletée qui devient de plus en plus prononcée, jus¬ qu’à ce que les feuillets offrent tous les caractères du mica, du talc ou de la clilorite , quand on voit cette transformation s’opérer d’une manière insensible , sans qu’il y ait de changement dans la (1) Essai sur la constitution géognvsique des Pyrénées t par J. de Charpentier, p. 226. SÉANCE DU 15 JUIN 1846. 61 1 stratification , on est conduit à reconnaître que les schistes cris¬ tallins dérivent des terrains sédimentaires , et que très probable¬ ment ils résultent d’un phénomène de transmutation. D’ailleurs la comparaison avec d’autres roches peut nous convaincre que la présence du feldspath et du mica dans les schistes cristallins peut très bien résulter d’actions métamorphiques ; n’avons-nous pas vu en effet que souvent dans les grauwackes et les grès il se développe du feldspath , qu’il y a de petits cristaux d’albite dans des couches calcaires , ainsi au col du Bonhomme ; et tout-à-1’ heure , dans les grauwackes maclifères de l’I Ile-et-Vilaine, sur l’origine desquelles il ne peut y avoir le plus léger doute , n’avons-nous pas vu qu’il y a une grande quantité de feuillets de mica, aussi nettement formés que ceux des micaschistes ? Les gneiss ont aussi une origine métamorphique. Le passage insensible du schiste micacé au gneiss , leurs fré¬ quentes alternances , montrent que ces deux roches ont la même origine; dans un Mémoire sur la Finlande , présenté à l’Académie des sciences , j’ai fait voir que les caractère de la stratification , que la succession de couches régulières formées, les unes de grains de quartz et de feldspath , les autres de feuillets de mica , succession qui donne quelquefois à la roche l’aspect d’un grès , que la pré¬ sence de bancs calcaires , d’assises de quartz ite et de couches de graphite , rendent très probable l’origine sédimentaire et méta¬ morphique des gneiss et des micaschistes de cette contrée. Les mêmes caractères se manifestent plus ou moins marqués dans les gneiss d’autres pays : ainsi j’ai cité des couches calcaires dans les gneiss des Pyrénées (1) ; j’en ai aussi observé dans des couches de schiste micacé sur la rive gauche de la Loire , près d’Ancenis ; j’ai remarqué des couches de quartzite dans les micaschistes des Pyrénées , dans ceux du Maine-et-Loire , au midi de Montjean , dans les gneiss des environs de Quimper. M. Dufrénoy a cité des bancs calcaires dans les gneiss du massif cential de la Fiance (2) , M. Élie de Beaumont en a décrit de très beaux exemples dans les gneiss des Vosges (3) , et il y a fait connaître aussi la présence de couches d’anthracite. Dans le département de la Loire-Inférieure, j’ai aussi observé des gisements d’anthracite , sur lesquels on a fait (1) Annales des mines , 4e série , vol. VI, p. 80. (2) Texte de la carte géologique de France , vol. Ie1 , p. 119. (3) Idem , pages 312 et 314. 012 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. des recherches approfondies , près de Fieillevigne et de Saint-Mars , et qui sont interposés au milieu de la formation gneissique. L’en¬ semble de ces faits démontre qu’au moins une partie des roches de gneiss résulte de la transformation de terrains de sédiment : néanmoins je suis loin de prétendre que toutes les roches aux¬ quelles a été donné le nom de gneiss doivent leur état cristallin à un métamorphisme; car il y a beaucoup de roches schistoïdes, de granités, syénites, diorites, etc.., qui me paraissent devoir leur structure schisteuse plus ou moins prononcée, non à un dépôt, mais à des causes de natures diverses , soit à une action de com¬ pression , soit à des causes physiques , thermo - électriques ou autres, qui ont agi sur ces roches pendant leur refroidissement , et ont imprimé aux particules de mica , et quelquefois aussi aux par¬ ticules feldspatliiques , un alignement dans un certain sens. Eh général , dans les granités schistoïdes , les feuillets de mica , au lieu d’être exactement couchés suivant un même plan , sont orientés parallèlement à une direction déterminée , et jamais ces roches ne présentent le caractère d’une succession alternative de lits formés d’éléments différents, les uns quartzeux, les autres micacés : or, c’est ce caractère qui constitue la stratification des véritables gneiss, et non la schistosité , qui peut être disposée dans un sens différent de la stratification. La distinction des vrais gneiss et des granités schisteux peut présenter des difficultés sur des échantillons iso¬ lés ; mais elle me paraît facile à faire sur des formations un peu étendues. Sur l’origine des gneiss et des micaschistes qui constituent des formations indépendan tes . Le micaschiste et le gneiss se montrent généralement subordon¬ nés à des masses granitiques; mais quelquefois, dans le nord de l’Europe par exemple , ces roches semblent constituer des forma¬ tions indépendantes qui sont en connexion avec le granité ; car celui-ci s’y montre en une foule d’endroits sous forme de masses irrégulières, de filons ou de veines ramifiées; néanmoins il est souvent impossible d’attribuer le métamorphisme de ces grandes masses de gneiss aux îlots granitiques qui s’y montrent disséminés çà et là , vu qu’ils sont trop peu étendus , et que leur action aurait dû s’exercer à de trop grandes distances. On peut supposer alors que ces vastes formations de gneiss et de micaschiste ont été sou¬ mises à l’action métamorphique d’un bain de granité situé à une profondeur plus ou moins considérable au-dessous de la surface. SÉANCE DU 15 JUIN \Sll6. 615 et qui a lancé en divers endroits des injections à travers la croûte de gneiss qui le recouvrait. On peut aussi assimiler la production de ces gneiss à l’influence de causes ignées analogues à celles qui réagissent aujourd’hui à l’intérieur des massifs volcaniques des Andes, et qui doivent produire des effets métamorphiques d’une grande énergie sur les terrains adjacents , quoique aucune coulée de lave ne s’épanche actuellement de ces grands soupiraux vol¬ caniques. Actions métamorphiques développées de bas en haut et latéralement. En général , il me paraît nécessaire de distinguer en deux genres les actions qui ont modifié les terrains stratifiés : 1° celles qui se sont développées de bas en haut, et dont les effets sont en connexion avec les roches plutoniques qui affleurent à la surface , sans leur être cependant subordonnés ; 2° les actions qui se sont développées latéralement dans un sens horizontal ou oblique , et qui , émanant des masses plutoniques visibles à la surface, ont fait naître autour de ces masses des zones modifiées qui leur sont concentriques, telles que les zones maclifères de la Bretagne , les zones de schistes et de calcaires siliceux de la Norvège. Des circonstances diverses , qu’il est difficile d’apprécier, ont dû influer sur la formation des gneiss et des micaschistes : ainsi , dans les Pyre*nées, où le granité forme des masses nombreuses et d’une grande étendue , où il y a des granités de diverses espèces , à petits grains , à gros grains et porphyroïdes , le gneiss est peu développé et ne se trouve qu’en niasses peu considérables ; il se montre tou¬ jours subordonné au granité , quelquefois intercalé au milieu , mais plus souvent sur les flancs mêmes des grandes masses graniti¬ ques que dans leur partie centrale. C’est un fait remarqué par tous les observateurs que, dans les Pyrénées, le centre des protubé¬ rances granitiques est formé de granité pur , et ne présente habi¬ tuellement ni micaschiste ni gneiss. Transformation des schistes argileux en micaschistes dans les Pyrénées. Le contact du granité et des terrains palæozoïques des Pyrénées a donné lieu d’abord à des schistes luisants , feuilletés , puis à des schistes micacés au contact immédiat. Quand on explore les lignes de jonction du granité et des schistes, il est presque impossihle de ne pas reconnaître que les schistes micacés qui entourent les gra- 614 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. nites sont le résultat d’un métamorphisme des terrains de transi¬ tion ; car on voit une même série de couches entièrement à l’état de schistes argileux dans une vallée , et à letat de schiste feuilleté et de micaschiste dans la vallée voisine , ou elle se trouve plus rapprochée du granité. Ce fait a été remarqué, il y a déjà fort long¬ temps, par M. de Charpentier, qui est bien connu par l’exactitude de ses observations. A une époque où les idées de métamorphisme n avaient pas pris rang dans les sciences , il disait, sans songer au¬ cunement à ces idées : « Le schiste micacé que l’on trouve près des » villages de Lasbordes et de Bénous , dans la vallée à' dira n , de- » vient du schiste argileux dans la vallée de Ludion , au-dessus de » Çastelviel. » (Ouvrage déjà cité , p. 187.) La cause qui a changé les schistes argileux des Pyrénées en micaschistes a aussi généra¬ lement rendu cristallins les calcaires qui les accompagnent , tantôt grenus ou sacc haro ides, tantôt lamelleux , et quelquefois à très grandes lames. Cependant , au milieu même des schistes mica¬ cés , on voit souvent intercalés des schistes luisants argilo-calcaires, à cassure esquilleuse , appelés calcschistes ; quelquefois même , ainsi au col d’ Andorre , qui conduit de la vallée de Vicdessos dans celle d’Andorre, on voit des schistes fissiles, ardoisiers, alterner avec des couches de schiste micacé. On voit aussi , au milieu des schistes leuilletes et des micaschistes, des couches de schistes siliceux et de quartzite , qui est habituellement un peu schisteux. Dans les Pyrénées , l’influence métamorphique du granité sur les terrains de transition commence a se faire sentir généralement à une distance de 3 à U kilomètres : c’est alors que les schistes commencent à etre luisants et a devenir feuilletés; mais ils ne de¬ viennent véritablement micacés qu’à une distance moyenne de 1,500 métrés , et encore , a partir de la , voit-on de frequentes al¬ ternances de couches qui ne sont que feuilletées avec celles qui sont tout-à-fait micacées. Je n’ai point observé, dans cette chaîne, de montagnes de formation de micaschiste indépendante du granité ; toutes les zones que j’ai remarquées sont subordonnées à des masses granitiques, et en suivent à peu près le contour. Les deux zones puncipales sont indiquées sur la carte géologique de France; l’une s’étend de la vallée d’Arran à celle de Larboust, en passant par Bagnères-de-Luchon ; 1 autre entoure la masse granitique deNéou- vielle ; elle constitue les environs de Baréges et le haut de la vallée de Campan ; mais ces deux zones , et surtout la dernière , sont bien loin d’être entièrement formées de schiste micacé. On re¬ marque dans la zone modifiée de Baréges un ensemble de couches de schistes modifiés, plus ou moins feuilletés, de schiste argilo- SÉANCE DU 15 JUIN J 8/|<3 . 615 calcaire , de schiste siliceux en assises très épaisses , et de calcaire cristallin ; cette zone a de U à 5 et jusqu’à 6 kilomètres d’épaisseur; mais on y voit interposés çà et là quelques petits îlots granitiques, qui ont exercé une action métamorphique autour d’eux , et qui , par suite , ont dû élargir la zone modifiée. En général , il est presque impossible , dans les Pyrénées , de tracer une limite pré¬ cise entre les micaschistes et les schistes modifiés , feuilletés , vu leur mélange et leurs alternances ; néanmoins ce sont les couches les plus voisines du granité qui sont ordinairement formées de micaschiste proprement dit. Micaschistes et gneiss de la Bretagne subordonnes à deux grandes bandes granitiques . En Bretagne , il y a deux grandes bandes granitiques allongées de l’E. à l’O., qui forment le littoral N. et le littoral S. de la Pé¬ ninsule, et dans l’intervalle qui les sépare s’étendent les terrains palæozoïques sur une largeur variable qui est d’environ 150 kilo¬ mètres sur le méridien de Rennes, (/est autour de ces deux bandes de granité que s’est développé le métamorphisme qui a produit les gneiss et les micaschistes ; mais nulle part il n’y a passage immédiat des schistes argileux au gneiss : les schistes modifiés , feuilletés ,*et les schistes micacés , forment toujours une zone inter¬ médiaire d’une épaisseur plus ou moins grande. On trouve d’abord, si l’on s’avance vers le granité , des schistes modifiés , luisants , feuilletés , qui contiennent souvent des macles , quelquefois de la staurotide ou du disthène ; ensuite vient une zone de micaschiste qui est pénétrée çà et là de veines et typhons de granité , puis vient la formation de schistes cristallins et de granité , qui offre des mélanges et des alternances de granité , de gneiss et de mica¬ schiste. Il y a donc trois manières d’être successives des roches schisteuses : les schistes feuilletés , les schistes micacés et les gneiss L’ordre dans lequel se développent ces trois états différents montre quelle devait être l’intensité relative du métamorphisme qui a produit chacun d’eux. Je ferai observer que c’est principalement dans la zone occupée par les micaschistes et les gneiss qu’on trouve ces minéraux cristallisés qui ont enrichi les musées de JN antes et de Vannes , savoir : la tourmaline , l’apatite , l’andalousite , l’ido- crase , l’épidote , l’émeraude , le feldspath , l’amphibole , le py- roxène, les grenats et le sphène. Pour montrer comment s’effectue le passage des terrains pa¬ læozoïques au gneiss, je vais citer deux exemples relatifs, l’un à 616 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. la bande granitique du N. de la Bretagne , l’autre à celle du midi. La lisière des marais de Dol , entre Cbâteauneuf et Saint-Méloir, est bordée par une zone de schistes modifiés , feuilletés , sans macles , qui succède aux schistes argileux et aux grauwackes du terrain de transition inférieur ; elle a plus de U kilomètres d’épais¬ seur , mais dedans sont intercalés çà et là de petits îlots grani¬ tiques. Un peu plus au N. -O., de Cancale à Saint-Siilicic , s’étend une zone de schiste micacé qui a un peu plus de 1 kilomètre d’é¬ paisseur; puis vient une alternance et un mélange de schistes micacés , de grauwackes micacées et de gneiss qui s’étend sur plu¬ sieurs kilomètres de largeur, et au milieu on voit affleurer de petites masses de granité ; puis, en approchant de Saint-Malo , on voit dominer le gneiss accompagné de granité qui offre souvent une texture schistoïde. Disposition des terrains métamorphiques dans ta partie méridionale de la Bretagne. Dans la partie méridionale de la Bretagne , la contrée qui s’étend sur la rive droite de la Loire offre en premier lieu , au N. du ter¬ rain anthraxifère , une zone de schistes talqueux et stéatiteux déjà décrite page 333, d’environ 7,000 mètres d’épaisseur; puis, en allant vers le midi , on trouve le terrain anthraxifère, auquel suc¬ cède une zone de grauwacke et de poudingue qui est resserrée entre les couches à combustible et le terrain cristallin , et qui est disposée en forme de lentille dont la largeur maximum , dans la partie centrale, est d’environ 8,000 mètres; cette grauwacke ne parait pas être sensiblement modifiée , si ce n’est autour des îlots porphyriques de cette région. Mais au-delà , vers le midi , com¬ mence une zone de schistes modifiés très luisants et feuilletés qui deviennent de plus en plus cristallins à mesure que l’on s’avance vers le midi. Cette bande , dont la largeur moyenne est d’environ 1,500 mètres , est suivie d’une zone de micaschiste proprement dit de 1,500 à 2,000 mètres d’épaisseur, et alors commence une vaste formation gneissique qui a de 16 à 17 kilomètres de largeur, de¬ puis la zone de micaschiste jusqu’à la grande masse granitique de Clisson et de Chollet ; elle n’est pas entièrement formée de gneiss pur ; on y voit intercalées des assises de micaschiste , et le granité s y est introduit en beaucoup d’endroits sous forme de typhons , de filons branchus et de masses qui ont en général peu d’ étendue. Il est à remarquer que cette vaste formation de gneiss conserve presque partout la même stratification que celle des couches de SÉANCE DU 15 juin 1846. 617 schistes micacés et de schistes feuilletés situés plus au N., c’est-à- dire la stratification de la formation silurienne et dévonienne , caractérisée par la direction O. -N. -O. , E.-S.-E. , relativement au méridien magnétique. A l’O. et au S. -O. des granités de (dis¬ son , et au S. de ceux des environs de Nantes , se continue la même formation gneissique ; mais , outre les assises de schiste micacé et talqueux qu’elle renferme , on y voit encore en beau¬ coup d’endroits des schistes feuilletés qui sont évidemment des schistes argileux modifiés et aussi des couches de grès , de pou¬ dingue et d’anthracite (près de Vieille-Vigne et sur les bords du lac de Grand-Lieu) , qui ne forment pas des lambeaux d’un ter¬ rain palæozoique superposé au gneiss , mais qui sont interstratifiés dans la formation gneissique elle-même et qui accusent son origine première ; néanmoins je ne pense pas que l’on doive assimiler aux gneiss certaines variétés de granité de cette contrée , où la struc¬ ture schistoïde est très développée. Remarques sur les actions métamorphiques développées dans le midi de la Bretagne. On ne saurait attribuer le métamorphisme qui a produit cette vaste formation gneissique ni aux îlots de granité qui affleurent çà et là , ni même à la grande masse granitique de Clisson et de Chollet ; car il est difficile d’admettre que l’infiuence de cette masse se soit fait sentir jusqu’à une distance de plus de à lieues et ait été assez intense pour développer la cristallisation des gneiss sur des masses dont la superficie est de plusieurs myriamètres carrés , et qui s’étendent probablement à une grande profondeur ; il paraît indispensable d’admettre, comme nous l’avons déjà indi¬ qué , une action métamorphique souterraine qui s’est développée , non pas latéralement , mais de bas en haut , et qui se rattache aux causes ignées dont les épanchements granitiques sont la manifes¬ tation. Le métamorphisme gneissique s’est développé sous cette puissante influence sur une zone dirigée à peu près de l’O.-N.-O. à l’E.-S.-E. , parallèlement à la côte méridionale de la Bretagne , et à peu près suivant la direction moyenne du terrain silurien : il y a donc une connexion entre le phénomène de soulèvement qui a produit les principaux traits du relief de la Bretagne et les causes qui ont déterminé la cristallisation des gneiss. Ces actions méta¬ morphiques, auxquelles se rattache la formation des gneiss et micaschistes du Maine-et-Loire , de la Vendée, de la Loire-Infé¬ rieure , du Morbihan et du Finistère , se sont développées depuis 618 SÉANCE DU 15 JUIN 18^6. le Poitou jusqu’à la pointe du Raz , à l’extrémité occidentale de la Bretagne, le long de la côte S. : ainsi s’est formée une zone de près de 400 kilomètres de longueur occupée par le granité , le gneiss et le micaschiste , mais au milieu de laquelle se montrent quelquefois les schistes argileux modifiés , feuilletés. La largeur de cette zone ne peut être appréciée à son extrémité occidentale, vu la présence de la mer ; mais du côté oriental , son étendue en largeur est de près de 100 kilomètres depuis Chalonnes jusqu’à Fontenay et depuis Nort jusqu’aux Sables d’Olonne. Actions métamorphiques développées dans le nord de la Bretagne. Des actions métamorphiques semblables se sont développées le long du littoral JV. de la Bretagne, depuis les environs de Saint- Malo et de Caneale jusqu’à l’île d’Ouessant; elles ont produit aussi des micaschistes et clés gneiss associés au granité, et formant une zone moins étendue que celle du midi de la Bretagne , car elle n’a pas beaucoup plus de 200 kilomètres de longueur. La présence de la mer ne permet pas de juger de son étendue en largeur; mais si l’on considère que toutes les îles qui avoisinent le littoral, depuis Cherbourg jusqu’à Brest, Aurigny, Guernesey , Jersey, Oues- sant, etc., sont formées de roches granitiques, on concevra que les causes qui ont fait surgir toutes ces masses de granité parsemées sur une aussi vaste étendue et se rattachant à une formation gra¬ nitique cachée sous les flots , ont du exercer un métamorphisme très intense sur les dépôts stratifiés. Outre les deux grandes bandes de granité et de schistes cris¬ tallins qui dessinent d’une manière très nette le contour de la Bretagne et qui forment comme des digues le long de ses rivages, au milieu de la formation palæozoïque qui occupe la partie cen¬ trale de la Péninsule , il y a plusieurs sillons ou rides granitiques séparés les uns des autres, du moins à la surface, et ayant une épaisseur qui varie depuis 2 jusqu’à 7 ou 8 kilomètres. Sur le mé¬ ridien de Rennes , où les terrains palæozbiques ont le plus d’étendue en largeur, il y a dans le département d’Ille-et-Vilaine quatre de ces sillons , trois dans la partie nord et un dans la partie sud : au¬ tour d’eux on ne trouve habituellement pas de micaschiste . ni de véritable gneiss ; ils ont développé à leur voisinage , dans les ro¬ ches sédimentaires environnantes, des schistes luisants , feuilletés , des grauwackes micacées et chargées de noyaux noirs (fausses macles) , mais privées de cristaux de feldspath L’un de ces sillons , qui s étend d Antrain à Jugon, a produit des grauwackes formées 619 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. de mica et de noyaux noirs dans la partie orientale , tandis que dans sa partie oecidentale , aux environs de Dinan et de Jugon , où il se relie à la bande granitique du nord de la Bretagne , il a fait naître des micaschistes passant au gneiss. Dans le département de la Manche, où le granité ne se montre que sous forme de sillons intercalés au milieu des terrains de transition , il ne s’est pas produit de gneiss, mais seulement des grauwaekes et des schistes micacés contenant des noyaux noirs et des macles. Ai nsi le gneiss ne s’est formé que dans les bandes granitiques d’une grande étendue en largeur, qui constituent les régions litto¬ rales de la Bretagne , là où les actions métamorphiques se sont développées sur de très vastes surfaces. Leur influence se manifeste graduellement; et sur la limite où commencent à se montrer les gneiss et les micaschistes , on voit habituellement alterner avec ces roches des schistes ou des grauwaekes schisteuses , plus ou moins fortement modifiées, mais dont l’origine est facilement re¬ connaissable ; de sorte que les causes qui ont déterminé la cris¬ tallisation des roches schisteuses n’ont pas agi uniformément sur toutes les couches; elles o;it complètement transformé les unes en laissant aux autres le cachet de leur ancienne origine. Formation gneissique (le la Scandinavie. Nous allons jeter un coup d’œil rapide sur la formation gneis¬ sique de la Scandinavie , la plus remarquable de toutes celles du continent européen , à cause de son étendue et de son antiquité : elle constitue presque toute la Finlande , la plus grande partie de la Laponie , de la Suède et de la Norvège ; dans ces deux derniers pays , elle est recouverte en plusieurs endroits par des lambeaux de terrain silurien. C’est très probablement la formation schisteuse la plus ancienne du globe ; elle a été déposée et a pris son aspect cristallin avant le commencement de la période palæozoique , et les granités associés à ces gneiss sont antérieurs aux terrains stra¬ tifiés dans lesquels on a trouvé les restes organiques les plus an¬ ciens. C’est dans la Scandinavie , formée des roches de la plus haute antiquité , que l’on pourrait espérer de rencontrer le granité vraiment primitif, celui qui a dû former la première écorce de notre planète , lorsqu’elle a commencé à se solidifier à la surface ; mais nulle part on ne voit le gneiss reposer sur des roches granitiques que l’on puisse considérer comme étant plus anciennes. Probable¬ ment les gneiss de la Scandinavie nous représentent les premiers produits de la sédimentation , provenant des détritus sableux ai- 620 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. raehés à la pellicule qui venait de se solidifier , mais vu la petite épaisseur et le peu de cohésion de cette enveloppe , dès les pre¬ miers efforts qu’elle a éprouvés, elle a dû se rompre et s’affaisser dans le bain de matière liquide qu’elle recouvrait : alors les cou¬ ches de gneiss se sont brisées, ont été plissées et redressées; le gianite s y est injecté de tous cotés. Néanmoins, dans une classifi¬ cation des terrains qui composent l’écorce terrestre, on peut placer avec ceiti tude la formation gneissique de la Scandinavie à la base de tous les dépôts stratifiés , les granités qui leur sont associés à la base des roches granitiques, et les diorites Scandinaves à la base des roches amphiboliques : bien plus, parmi les granités du N. de 1 Europe qui sont antérieurs aux terrains fossilifères les plus anciens , j’en ai distingué deux espèces d’âges différents séparés 1 un de 1 autre par la première apparition des diorites , et je re¬ garde même comme fort probable qu’il y a eu plus de deux épo¬ ques d’éruptions granitiques avant la période de transition ; mais les granités de divers âges ne présentent pas toujours des carac¬ tères minéralogiques assez positifs et assez constants pour que leur distinction puisse se faire avec facilité. Dans la Scandinavie , il n’y a de passage d’aucune espèce entre la formation gneissique et la formation silurienne située au-des¬ sus ; elles se distinguent l’une de l’autre de la manière la plus tranchée, tant par les caractères pétrographiques que par une incontestable discordance de stratification : cependant le terrain silurien a aussi été modifié par des granités ; mais nous avons vu que ce métamorphisme a consisté dans un effet de silicification, et que les schistes n ont point acquis une structure cristalline qui les rapprochât des gneiss. Formation intermédiaire entre le terrain de gneiss et le terrain silurien . \ Mais il y a en Norvège une formation antérieure au terrain silurien dans laquelle on ne trouve pas de fossiles , mais qui pré¬ sente de nombreux caractères d’analogie , d’un côté avec le ter¬ rain silurien , de l’autre avec la formation gneissique ; elle me paraît correspondre à cet ensemble de couches inférieures au terrain silurien que 1 on avait désigné en Angleterre sous le nom de terrain cambrien, que M. Dufrénoy a reconnu dans l’O. de la France, et dont j’ai signalé l’existence dans les Pyrénées. Cette formation , qui est très développée en Norvège , renferme des assises de schiste argileux et de schistes cristallins , de grauwacke 621 SÉANCE DU 15 JUIN 18/|6. et de poudingue , de quartzite et de calcaire tantôt cristallin , tan¬ tôt à grains fins et presque compacte , ressemblant alors tout-à-fait aux calcaires siluriens. Les schistes de ce terrain ont été remarqués depuis très longtemps par les savants qui ont étudié la géologie de la Norvège, MM. de Bucli , Esmarck, Keilliau, Nauman, etc., et ont été désignés sous le nom d’ a rth a n s ch i efer ou schiste argileux piimitij , à cause de l’absence d’êtres organisés. En divers endroits on voit les couches de ce terrain reposer à stratification discordante au-dessus de la formation gneissique proprement dite , qui est encore plus ancienne et qui me paraît bien mériter le titre d’«r- gneiss ou gneiss primitif; mais quelquefois il semble y avoir un passage entre les deux terrains , sous le rapport de la stratification et sous celui de la composition ; en effet , la formation d ’urthon- schiefer renferme souvent des couches de micaschiste , de schiste amphibolique et même de gneiss ; d’un autre côté , la formation d ’urgneiss présente quelquefois des couches de schiste argileux bien reconnaissable , et qui , en devenant peu à peu feuilleté , passe au micaschiste ; on y voit aussi des couches de quartzite , et souvent en Finlande j’ai eu l’occasion d’observer que le gneiss offre l’as¬ pect d’un grès micacé très nettement stratifié ; il n’y a donc pas , sous le point de vue pétrographique , de séparation absolue entre la formation de gneiss , même la plus ancienne de l’Europe , et la formation sédimentaire qui lui succède immédiatement , et sur l’origine de laquelle il ne peut y avoir de contestation : c’est un nouvel argument à ajouter à ceux que nous avons déjà émis en faveur de l’origine sédimentaire et métamorphique des gneiss. La différence de composition qui distingue la formation d ' ur- thonschiefer de celle à' ur gneiss peut s’expliquer par cette considé¬ ration que les gneiss étant le premier dépôt formé aux dépens du granité , le feldspath et le mica ont été déposés sans avoir subi de décomposition , et souvent même sans avoir été réduits en détritus très ténus ; ils ont du former des grès analogues aux arkoses de la France centrale , et alors la production des gneiss a dû consister en un simple effet d’agrégation. Au contraire , dans le dépôt dW- thonschiefer formé à une époque plus moderne , les détritus étant maintenus plus longtemps en suspension dans l’eau et dans des eaux plus profondes, ils ont dû éprouver une décomposition et un triage plus avancés : alors ont dû se former des schistes argileux , des grauwaekes , des quartzites , etc., qui, plus tard, étant soumis aux influences métamorphiques du granité, ont dû se transformer plus difficilement en gneiss ; d’ailleurs le granité se montre plus rarement et moins intimement associé à la formation d’urthon- G22 SÉANCE DU 15 JUIN 18Z|6. schiefer qu a celle de gneiss. 11 est à remarquer qu’il y a des masses calcaires assez nombreuses dans la formation gneissique comme dans celle d urthonscliiefer , et s’il était reconnu que les calcaii es ne peuvent se former que dans les mers où se trouvent des animaux marins , il en résulterait alors que dès cette époque primitive le globe était habité; la présence du graphite et même de 1 anthracite semblerait indiquer aussi que déjà les végétaux commençaient à croître à sa surface. En Suède et en Finlande , il est rare que l’on voie le gneiss s étendre sur plusieurs lieues de longueur sans être interrompu ou mélangé de masses granitiques, et certaines parties de ces con¬ trées sont presque entièrement formées de granité. On se ferait une idée très inexacte de la constitution géologique de la Suède si on se la représentait, ainsi que l’indique la carte géologique de M H i singer, comme consistant en une immense formation de gneiss paisemee de très petits dots granitiques : au contraire, en Suède et en Finlande, les granités occupent une étendue plus considérable que les gneiss ; mais il est rare de ne pas y voir interposées çà et là quelques lits ou feuillets de cette roche schis¬ teuse. L’état cristallin des gneiss de la Finlande et de la Suède peut être attribué aux roches granitiques qui semblent avoir baigné la forma¬ tion gneissique , et s’y être injectées dans tous les sens. Mais en Nor¬ vège et dans la région montagneuse qui existe à la séparation de la Norvège et de la Suède le gneiss forme .des zones continues et très épaisses qui couvrent d’immenses surfaces , et s’élèvent jusqu’au sommet des plus hautes montagnes; l’on n’y voit affleurer le granité que rarement , et en masses peu considérables : alors le métamorphisme qui a développé la structure cristalline de ces gneiss ne peut être attribué qu’à l’influence de causes souterraines , qui , agissant de bas en haut, ont produit les mêmes effets sur les roches schisteuses dans les lieux où le granité a fait éruption , et dans ceux ou il n’a pu traverser la formation gneissique pour venir s epancher à la surface; d’ailleurs ces gneiss, ayant été formés par le depot de détritus granitiques peu altérés, il aura suffi d’actions métamorphiques d’une faible intensité pour leur donner l’aspect cristallin. r Les gneiss et les micaschistes du nord de l’Europe sont très riches en cristallisations minérales; mais les minéraux qui s’y trouvent ne dépendent pas toujours du gneiss; beaucoup d’entre eux ne paia.ssent pas résulter d’actions métamorphiques, et sont hes aux veines granitiques ou amphiboliqnes qui se sont intro- SÉANCE DU 15 JUIN 18/|6. 023 duites au milieu des schistes cristallins. Les principaux minéraux que contiennent ces schistes , et qui paraissent être en relation avec les phénomènes de métamorphisme, sont , outre les éléments constituant du gneiss : l’amphibole , le pyroxène , les grenats , l’épidote , le disthène, l’antophyllite, la dichroïte , la tourmaline , l’émeraude, la topaze , l’apatite , le sphène , le titane rutile et le graphite. Je ne cite pas la gadolinite , l'orthite , etc., qui évidem¬ ment ne dépendent pas du gneiss , mais des veines et filons de gra¬ nité à gros grains que l’on y voit interposés. Remarques sur la formation des gneiss. La formation des gneiss est un des phénomènes de métamor¬ phisme les plus complexes ; les micaschistes et les gneiss se ratta¬ chent tous deux au granité , mais à des degrés différents ; car nous avons vu que le gneiss se trouve placé , soit au milieu , soit au bord même des formations granitiques , tandis que généralement le micaschiste s’en trouve un peu plus éloigné , et forme , pour ainsi dire , la transition du gneiss aux schistes modifiés et simplement feuilletés. La production du gneiss est le résultat d’actions méta¬ morphiques plus intenses, et qui se sont développées sur une grande étendue de terrain ; il est rare d’en voir autour des petites masses qui ont déchiré les dépôts sédimentaires. Peut-être ont-ils exigé pour se former une température plus élevée, et à voir les contournements bizarres , l’aspect rubané de ces roches , il semble que souvent elles aient du être ramollies. Néanmoins la composition et la texture de la roche me paraissent avoir exercé une grande influence sur le développement du métamorphisme gneissique : beaucoup de roches ont été , avant d’être soumises aux actions métamorphiques , des grès semblables aux arkoses , mais dont les éléments étaient distribués par lits ou par strates présentant une succession de zones micacées et de zones formées de grains de quartz et de feldspath. Ce mode de division des éléments est facile à con¬ cevoir si l’on réfléchit que le mica , étant feuilleté, reste plus fa¬ cilement en suspension dans les eaux que le quartz et le feldspath ; d’ailleurs les dépôts d’atterrissement nous en offrent des exemples : j’en ai vu en divers endroits, en Laponie , en Norvège et en Suède , sur les bords des fleuves qui charrient des détritus granitiques. J’ai aussi remarqué sur les plages granitiques de la Bretagne des sédiments analogues , qui me paraissent éclaircir 1 origine d une circonstance particulière au gneiss : on sait que les lits de mica qui s’y trouvent ne forment pas des couches régulières et continues , 02 li SÉANCE DU 15 JUIN 1846. mais des bandes plus ou moins étendues, variables en épaisseur, et offrant un aspect rubané. Or, à la surface des plages où les dé¬ tritus granitiques, livrés aux eaux de la mer, viennent former des dépôts d’atterrissement , on voit des bandes rubanées de mica dont le contour est ondulé, et qui sont allongées parallèlement au litto¬ ral ; le mica est soulevé par les eaux du flux , puis déposé en forme de larges rubans , dont l’épaisseur varie d’un point à un autre. Si 1 on supposeque des dépôtsde cette nature soient soumis à l’influence modifiante du granité, ils seront changés facilement en gneiss; car il suffira que le feldspath , le quartz et le mica dont ils sont com¬ posés s’agrègent, de manière à prendre une texture cristalline (1). Beaucoup de gneiss provenant de la sédimentation de détritus ar¬ rachés au granité , leur liaison avec cette roche est facile à conce¬ voir ; on comprend aussi pourquoi les gneiss se montrent en strates inclinées, au lieu de reposer horizontalement sur le granité. Dans les contrées où le granité est très développé , il a fait habituellement plusieurs éruptions, et alors les gneiss déposés sur le littoral, autour des premières masses, auront été redressés par de nouveaux soulè¬ vements ou pénétrés par de nouvelles injections de granité. On peut les assimiler aux assises de tuf que l’on trouve au milieu des for¬ mations trappéennes ou volcaniques, et qui ont été formées par voie sédimentaire dans l’intervalle de deux éruptions. Cependant les éléments de certains gneiss ne paraissent pas avoir préexisté dans la roche au moment de son dépôt; et alors, pour se constituer, ces gneiss auront du former de nouvelles combinaisons , et souvent emprunter quelque chose au granité : alors se seront produits ces phénomènes de contact , ces actions de cément , propres en général aux roches pyrogènes , et dont la conséquence est de faire naître , dans la partie environnante des terrains stratifiés, des minéraux semblables a ceux dont elles sont composées. Si l’on considère que le feldspath et le mica ont de la tendance à se décomposer sous 1 influence des agents atmosphériques, et que , après avoir été al¬ térés, ils renferment moins d’alcalis que les minéraux intacts, on comprend alors que très souvent , dans la formation du gneiss , (l) J ai souvent observé , en étudiant des dépôts arénacés, que les grains de feldspath conservent assez bien leur forme cristalline dans le transport et dans 1 acte de la sédimentation ; ils s’arrondissent moins facilement que les grains de quartz : aussi des roches sédimentaires , formées d éléments feldspathiques, comme la pierre carrée des bords de la Loire, peuvent être, en raison de leur aspect cristallin, facilement confondues avec des roches ignées, lorsque l’on n’a pas égard à leur disposition stratifiée et à la présence de débris d’êtres organisés. SÉANCE DU 15 JUIN 1846. 625 l’influence du granité ne se sera pas bornée à un échauffement de la roche, mais aussi qu’il aura dû céder la matière alcaline néces¬ saire à la régénération du feldspath. Les granités ont donc pu produire le métamorphisme gneissique de deux manières , soit en agrégeant et faisant cristalliser les élé¬ ments contenus dans la roche stratifiée , soit en y faisant naître de nouvelles combinaisons , et ajoutant les corps qui s’y trouvaient en trop faible quantité : ainsi l’on comprend pourquoi , dans cer¬ tains cas , la présence du granité , même en masses peu considéra¬ bles , a pu facilement produire des gneiss , tandis que dans d’autres cas les actions métamorphiques auront dû se développer avec plus d’intensité ou avec des caractères différents. Les changements ap¬ portés par les phénomènes de métamorphisme dans la structure , la composition et l’état cristallin des dépôts sédimentaires , ont dû être variables et se produire de manières très inégales , eu égard aux énormes variations que présente la composition de roches qui paraissent être aussi uniformes et aussi homogènes que les schistes argileux ; en effet , d’après les analyses qui en ont été faites , ils renferment de 48 à 80 p. 100 de silice, de 10 à 25 d’alumine , de 1 à 5 d’alcali , de 1 à 6 de chaux et de magnésie , et de 6 à 12 d’oxyde de fer. La composition élémentaire de ces roches varie donc plus que du simple au double , bien que leur aspect extérieur soit à peu près le même. Les grauwackes ont des compositions en¬ core plus variables ; car elles sont formées des mêmes matières que les schistes argileux, mais dans un moindre état de ténuité ; ordi¬ nairement elles sont plus mélangées de grains de quartz , et offrent toutes les variétés de composition et de texture , depuis les schistes argileux jusqu’au grès quartzeux et aux poudingues. L’intéressant Mémoire que vient de publier M. Saurage dans la 3* livraison des Annales clés mines de 1845 (1) montre que dans les différentes variétés des schistes de transition , qu’ils soient à l’état de schiste argileux ordinaire ou de schiste ardoisier , les sub¬ stances élémentaires , les bases et la silice se trouvent à plusieurs états de combinaison différents; il y a reconnu: 1° une matière cliloritée formant un silicate multiple , pauvre en silice et en alca¬ lis , soluble dans l’acide chlorhydrique ; 2° un second silicate , plus riche en silice et en alcalis, soluble dans l’acide sulfurique, et dont la composition me paraît se rapprocher beaucoup de la (1) Recherches sur la composition des roches du terrain de tran¬ sition. Soc. géoL , 2e série, tome III. iO 026 SÉANCE DU 15 JUIN 18Z|G. composition moyenne des micas; 3° des détritus quartzeux , sou¬ vent mélangés de détritus feldspathiques insolubles dans les acides. Il est à remarquer que les parties quartzeuses et celles qui sont solubles dans l’acide sulfurique , mais pas dans l’acide muriatique, forment habituellement les l\j 5 ou plus du schiste argileux, et que la matière chloritée s’y trouve comparativement en petite quantité, Si l’on conçoit le mélange de ces trois espèces de sub¬ stances exposé à l’influence métamorphisante du granité , il se for¬ mera facilement des feuillets de chlorite et de mica, puisque deux des éléments de la roche présentent des compositions analogues à celle de ces minéraux. Si le quartz que contient le dépôt sédiinen- taire est mélangé de détritus feldspathiques pulvérulents , ceux-ci pourront s’agréger sous l’influence de la force attractive qui se développe dans le métamorphisme , et il se formera des cristaux de feldspath. Mais souvent les détritus feldspathiques manquent dans les schistes , et ils ne s’y trouvent ordinairement qu’en petite quantité : alors la transformation en schiste micacé ou chloriteux s’effectuera beaucoup plus facilement que celle en gneiss; pour que celle-ci ait lieu , il faudra que les éléments contenus dans le dépôt donnent naissance à de nouvelles combinaisons et empruntent , si c’est nécessaire , des alcalis ou de la substance feldspathique aux masses de granités environnantes. Ce développement de nouvelhs combinaisons n’est pas impossible , puisque la staurotide , les ma- cles , etc. , qui ne peuvent exister dans le dépôt de sédiment , nous en offrent des exemples incontestables ; mais les circonstances né¬ cessaires pour cela se trouvent réalisées d’une manière moins générale. La connexion qui existe entre le granité et le gneiss est plus in¬ time qu’entre le granité et le micaschiste ; la cristallisation du feldspath dans les terrains stratifiés paraît donc avoir exigé des conditions plus spéciales que celle du mica ; c’est d’ailleurs ce que montre l’étude générale des terrains métamorphiques: dans les schistes, les graivwackcs et les calcaires modifiés, les feuillets de mica ou de chlorite se monte nt plus fréquemment que les cristaux de feldspath. Nous avons vu que, dans les pays où le micaschiste et le gneiss forment des zones massives autour des bandes grani¬ tiques, comme cela a lieu en Bretagne , la zone de gneiss se trouve plus près du granité que celle de micaschiste. Si le gneiss a pris naissance par l’introduction d’un corps étranger jouant le rôle de cément , on conçoit que la cémentation se soit arrêtée à une cer¬ taine distance de la roche pyrogène , et qu’au-delà ait encore pu se développer à l’intérieur de la roche schisteuse un mouve- séance du 15 juin 1846. 627 ment moléculaire qui aura donné naissance à des feuillets de mica sans addition de substance étrangère. Des considérations analogues peuvent rendre compte d’une cir¬ constance bizarre en apparence , savoir, que dans les formations de schistes cristallins, et ordinairement dans les endroits où a lieu le passage des gneiss aux micaschistes ou des micaschistes aux schistes feuilletés , on voit quelquefois associées au gneiss ou au micaschiste des couches beaucoup moins cristallines et qui por¬ tent encore l’empreinte de leur origine sédimentaire : ainsi en Bretagne , entre Dinan , Châteauneuf et Saint-Malo , on voit en plusieurs endroits des grauwaekes modifiées , micacées , plus ou moins schisteuses , mélangées avec des couches de gneiss et de micaschiste , à la séparation de ces deux roches , c’est-à-dire en des points où l’action métamorphique du granité avait trop dimi¬ nué d’intensité pour former facilement du gneiss ; à cette limite, il aura suffi d’une différence assez minime soit dans la composi¬ tion des couches successives , soit dans le degré de ténuité et la texture de leurs éléments , pour que les unes soient transformées en gneiss et que les autres prennent un état cristallin moins avancé. La transmutation des roches étant le résultat de mouve¬ ments moléculaires opérés dans des conditions diverses et qui ne dépendent pas seulement de la température , mais aussi de la nature des couches sédim entai res et d’autres circonstances qui peuvent nous être inconnues , on conçoit que , dans des couches où l’état cristallin est très développé , il puisse y avoir des cou¬ ches de schiste et de grauWacke beaucoup moins modifiées et sur lesquelles la cause métamorphique ait eu pour ainsi dire moins de prise. On peut rapprocher cela d’un fait bien connu des fabri¬ cants d’acier : si des barres de fer d’origines différentes sont sou¬ mises en même temps à la cémentation et exactement dans les mêmes circonstances , elles seront cémentées d’une manière très inégale , bien qu’elles soient en présence d’un même cément , expo¬ sées à la même température et qu’elles présentent des différences très minimes dans leur composition. Des effets du même genre ne doivent-ils pas avoir lieu , lorsqu’un ensemble de couches ro¬ cheuses qui diffèrent souvent beaucoup les unes des autres soit par la composition , soit par la grosseur et le mode d’agrégation de leurs éléments , est soumis à l’influence de causes métamorphiques tendant à y produire un mouvement moléculaire , à y développer la structure cristalline et même à y faire naître de nouveaux com¬ posés chimiques? Le peu d’altération qu’ont subi certaines couches ne tient probablement pas, connue l’ont supposé divers géologues, SÉANCE DU 15 JUIN 1846. 628 à une moindre fusibilité, car ce ne sont pas les couches les moins réfractaires qui sont le plus modifiées ; et nous avons vu que la transformation des roches ne peut être assimilée à une demi- fusion. D’ailleurs il est naturel que, dans le développement progressif du métamorphisme des roches schisteuses , la structure feuilletée se soit développée par suite d’actions beaucoup moins énergiques que celles qui ont produit les feuillets de mica bien caractérisé : en effet, cette structure feuilletée a pu se manifester sans qu’il en résulte aucun changement dans la nature des éléments consti¬ tuants de la roche. C’est un genre de fissilité poussée à l’ex¬ trême , c’est le premier symptôme de métamorphisme, qui an¬ nonce le voisinage des roches plutoniques : il ne dépend pas , comme la formation du gneiss , d’une action de contact propre au granité , il résulte d’influences métamorphiques communes à beaucoup de roches différentes. De la diversité des effets métamorphiques développés par le granité. Néanmoins, dans les modifications qu’a produites le granité sur les terrains stratifiés de différentes contrées , il y a une diversité d’effets dont la cause est mystérieuse : pourquoi, par exemple, en Norvège, le granité post-silurien a-t-il produit une silicification sur les dépôts sédimentaires adjacents? Pourquoi s’est-il opéré un transport de silice à travers les schistes? Pourquoi, au contraire, en Bretagne , le granité , postérieur aussi au terrain silurien , au lieu d’endurcir les schistes et de les silicifier, y a-t-il fait naître des macles , du mica , etc. ? Dans les Pyrénées , nous observons à peu près les mêmes effets qu’en Bretagne , mais les roches macli- fères et les gneiss y sont moins développés ; dans les Alpes, il y a des gneiss , des schistes micacés et des schistes talqueux en masses très étendues , mais il ne s’est pas produit de métamorphisme maelifère ni silicifère autour du granité. 11 est à remarquer que le granité post-silurien de la Norvège , autour duquel les schistes sont chargés de silice et font feu au briquet , tandis qu’ailleurs ils sont tendres et friables, ce granité et la syénite zirconienne qui s’y rat¬ tache renferment une quantité peu considérable de silice compa¬ rativement aux autres roches granitiques ; il s’y trouve au con¬ traire beaucoup d’orthose en grands cristaux. On peut, il est vrai, considérer la faible teneur en quartz de ce granité comme prove¬ nant de ce que la silice aurait passé du granité dans les schistes ; mais il semble qu’ alors les granités devraient être beaucoup moins SÉANCE DU 15 JUIN 1S/|(5. G2<> quartzeux au voisinage des schistes que dans les portions qui en sont plus éloignées : cependant on n’observe pas de différence bien sensible. Les autres roches plutoniques nous ont aussi offert des variations dans la nature des effets qu’elles ont produits sur les terrains stratifiés environnants , mais aucune ne nous présente des exemples aussi frappants que le granité. C’est encore à l’influence des roches granitiques que se rattache la cristallisation de la plupart des minéraux que nous avons cités comme ayant été produits dans les schistes ou les calcaires par voie métamorphique , savoir : la staurotide , le disthène , les macles , la couzéranite , etc. C’est ordinairement au voisinage du granité que se trouvent ces minéraux ; et ceux qui par leur nature diffèrent le plus de la composition des schistes ou qui renferment des éléments étrangers à la matière «des schistes , tels que l’éme¬ raude , la topaze , la tourmaline, etc., se trouvent habituellement dans des schistes micacés ou des gneiss , c’est-à-dire dans les roches modifiées qui paraissent avoir subi l’action la plus intense du métamorphisme. Quelques minéraux paraissent être le résultat d’un métamor¬ phisme ou d’une cémentation inhérente à des roches autres que le granité : ainsi l’épidote et le pyroxène se montrent dans les schistes cristallins et les calcaires , au voisinage de roches amphi- tboliques ou pyroxéniques et des amas de fer oxydulé de la Scan¬ dinavie qui ont joué un rôle métamorphique analogue. Le mica , le talc , la chlorite , l’amphibole , les grenats , ont été développés sous l’influence métamorphique des roches granitiques et d’autres roches pyrogènes , telles que diorites , trapps , serpen¬ tine. Néanmoins c’est le granité qui a eu le plus de puissance pour développer dans les dépôts stratifiés la cristallisation de minéraux particuliers, dont les uns se rencontrent dans le granité lui-même, et dont les autres n’ont encore été observés que dans les roches modifiées. Remarques sur la structure cristalline des roches calcaires. Les causes qui ont produit la cristallisation des roches calcaires ne peuvent pas être définies avec autant de précision que celles qui ont développé l’état cristallin dans les schistes ; c’est que la struc¬ ture cristalline , lamelleuse des calcaires paraît être susceptible de se former dans des circonstances très diverses : ainsi il n’est pas rare de voir des calcaires du Jura ou d’autres calcaires secondaires présenter un aspect cristallin et une structure lamelleuse , bien 6.Î0 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. qu ils ii aient été soumis à aucune action métamorphique ; c’est dû probablement aux circonstances dans lesquelles s’est opéré leur dépôt. De même, beaucoup de marbres des terrains de transition par exemple des Pyrénées et de la Bretagne, ont une structure grenue et subiamelleuse , bien que l’on y trouve un grand nombre ce fossiles et qu’il n’y ait dans le voisinage aucune roche à laquelle on puisse attribuer une action d’écliauiFement. Nous avons vu au contraire que parfois des minéraux ont été produits par voie de métamorphisme dans des calcaires qui sont restés compactes : ainsi le dipyre des environs d 'Angoumert. Vu les nombreuses variétés d aspect que présentent les calcaires , et qui sont dues soit à une structure originaire , soit à une modification postérieure , il est quelquefois difficile de préciser les conditions qui ont rendu ce* roc les cristallines. Je suis porté à croire quelles ont pu devenir telles sans être échauffées; mais on peut attribuer leur structure cristalline au métamorphisme , dans l’un des trois cas suivants : 0 lorsqu elles changent graduellement d’aspect pour passer de état compacte a 1 état cristallin ; 2° lorsque leur texture est véri¬ tablement saccharoide , semblable à celle des marbres statuaires; 3 lorsqu elles renferment des cristaux de divers silicates , tels que es grenats, la trémolite , etc. La texture cristalline des calcaires de meme que la texture feuilletée des schistes , est un de ces effets du métamorphisme qui n’appartient pas à l’influence exclusive d Une fU e r1oclie \ mais flLli s’est développé au voisinage de beau- ’ coup de roches différentes, des granités, des diorites , des por- p lyres, des basaltes, etc.; et lorsque ces roches forment des masses un peu considérables, leur action s’est fait sentir jusqu’à, mie distance de deux kilomètres. Cependant le granité me paraît encore avoir joué un des principaux rôles dans ce phénomène , et avoir ete 1 agent le plus énergique de la cristallisation des cal- canes; c est sous son influence qu’ont été produits la plupart de ces marbres magnifiques qui se trouvent en masses si considéra¬ bles dans la chaîne des Pyrénées. Dans les Alpes, l’influence des roches granitiques est moins exclusive ; les serpentines et les diffé¬ rentes variétés de roches pyroxéniques et diallagiques ont aussi contribue au métamorphisme des calcaires. Il est à remarquer que e granité est habituellement désagrégé dans les points où il est en contact avec le calcaire , surtout lorsqu’il y pénètre sous forme e veines , ainsi que je l’ai déjà fait remarquer dans mon Mémoire sur les Pyrénées , page 76 ; mais le calcaire est dur et cristallin. . efïet eSt moins Prononcé lorsque le granité pénètre dans les sc listes : très souvent alors il a conservé sa solidité. SÉANCE DU 15 JUIN 1846. 631 Les contrées de 1 Europe où les calcaires métamorphiques con¬ tiennent le plus grand nombre de minéraux cristallisés sont les Jes , les Pyrénées et les régions Scandinaves, on pourrait encore y ajouter les environs de Naples , à cause des blocs dolomitiques de la Somma. La Bretagne ne nous offre pas de calcaires cristallins et enrichis de minéraux ; la pierre à chaux n’y forme que des len - tilles peu nombreuses et trop éloignées des centres de métamor¬ phisme granitique pour que la cristallisation s’y soit développée. Minéraux contenus dans les calcaires et dolomies des Alpes. Dans les Alpes , les régions où les calcaires sont le plus riches en minéraux , telles que la vallée de Passa , le Saint-Gothard , le Simplon, etc., sont aussi les régions* où s’est développé le phé¬ nomène de la dolomitisation , et souvent les mêmes minéraux se trouvent tantôt dans les dolomies , tantôt dans les calcaires cris¬ tallins. Les principaux minéraux qui ont été observés dans ces roches sont : l’albite , la trémolite, le pyroxène , le mica , les grenats , le disthène , l’épidote , la tourmaline , la gehlénite , la méionite , le corindon , le spinelle et le graphite. Minéraux contenus dans les calcaires des Pyrénées Les minéraux contenus dans les calcaires modifiés des Pyrénées sont irn peu différents de ceux qui se trouvent dans les Alpes ; mais il y a plusieurs espèces de communes. On les rencontre presque tous dans les calcaires et non dans les dolomies ; ce sont : l’albite, le mica, le talc , la stéatite, l’amphibole trémolite et hornblende , le grenat, l’épidote, la macle, la couzéranite, le dipyre, l’idocrase et le graphite : deux de ces minéraux, la couzéranite et le dipyre, n’ont encore été trouvés que dans les Pyrénées. La cristallisation de presque toutes ces substances , à l’exception de l’amphibole hornblende et de l’épidote , paraît se rattacher aux actions méta¬ morphiques qu’a fait naître le granité ; et la distance la plus grande qui les sépare de cette roche pyrogène est de 1 ,500 à 2,000 mètres : ainsi la couzéranite se rencontre sur presque toute l’étendue de la bande de calcaire liassique qui s’étend depuis la vallée de Vic- dessos jusqu’à l’O. de Seix ; c’est une zone à couzéranite presque continue ; la cristallisation de ce minéral s’est produite à une dis¬ tance de 1,200 à 1,500 mètres du granité. On trouve quelquefois aussi ce minéral dans du calcaire crétacé modifié à l’approche du granité, ainsi dans la vallée de l’Agly ( Pyrénées-Orientales). 632 SÉANCE DU 15 JUIN 18^6. Mi unaux- contenus dans les calcaires du N. de V Europe Dans le N. de 1 Europe, les calcaires associés aux gneiss sont très riches en minéraux ; ils sont souvent saccharoïdes ou grenus; mais en général leur structure est lamelleuse et quelquefois à très grandes lames , caractère qui leur est commun à eux et à certains marbres des Pyrénées associés à des schistes feuilletés et micacés. Les mineiaux que Ion trouve dans les calcaires cristallins de la Scandinavie sont : le mica, le talc, l’amphibole trémolite et horn¬ blende , le pyroxène , l’orthose et l’oligoclase , les grenats , l’ido- crase , la wollastonite , la chaux tri-silicatée , la pyrallolite , la paranthine, la scolexérose ou vernérite blanche, la rosi te, la condrodite , le spliène , le spinelle , la chaux fluatée, phosphatée, et le graphite. Le granité se montre presque toujours en masses Plus ou moins considérables , soit au milieu des couches de gneiss qui enclavent ces calcaires , soit sur les parois mêmes des gîtes , et quelquefois même il s’y injecte ; on ne peut donc douter que le granité n’ait joué un grand rôle dans la cristallisation de ces divers minéraux. On a contesté l’origine métamorphique des masses calcaires associées à la formation gneissique du N. de l’Europe ; on a voulu les considérer comme ayant été produites par voie d’éruption ; mais les motifs allégués ne me paraissent pas concluants. Ces masses, calcaires n ont pas toujours la forme de grandes plaques allongées et régulièrement stratifiées au milieu du terrain schis¬ teux : elles ont souvent la forme de très grosses lentilles qui ont un peu de ressemblance avec des amas. Mais la même disposition se montre fréquemment dans les calcaires des terrains palæo- zoïques : ainsi le gîte calcaire de Coupchoux , près les mines de charbon de Mouzeil , dans la Loire-Inférieure , considéré dans son contour, a tout-à-lait la forme d’un amas, bien qu’on ne puisse contester son origine sédimentaire , vu les empreintes de coquilles qui s’y trouvent. Cette disposition des calcaires en grosses lentilles qui se montrent à différentes distances et à peu près suivant un même plan de stratification est assez générale dans les dépôts sédi- mentaires des anciens âges du globe , elle se remarque même dans les masses calcaires du terrain dévonien. Les calcaires de la Scan¬ dinavie sont divisés par bancs ou assises , et sont souvent stratifiés régulièrement au milieu du gneiss ; mais quelquefois les couches se contournent , s’amincissent et offrent un aspect veiné. On peut se rendre compte de cette disposition sinueuse et ondulée, si on se SÉANCE DU 15 JUIN 18/|6. 633 représente les couches de gneiss et de calcaire comme ayant été ramollies et soumises à une forte pression ; le granité qui les enlace et qui s’y est injecté en beaucoup d’endroits a dû leur faire subir une grande élévation de température. Une autre objection contre l’origine métamorphique de ces calcaires est déduite de la présence d’un si grand nombre de minéraux ; mais il faut remarquer que deux ou trois seulement de ces minéraux , tels que la condrodite , la scolexérose , n’ont été trouvés que dans des calcaires sur l’ori¬ gine desquels il peut y avoir discussion ; l’ amphibole, les grenats, le spinelle , la parantliine , etc., ont été observés, soit en Scandi¬ navie, soit ailleurs , dans des calcaires qui sont évidemment mé¬ tamorphiques. Les calcaires riches en miné) aux 'Sont souvent dolom 1 tiques . Les calcaires qui contiennent beaucoup de minéraux , soit dans le N. de l’Europe, soit dans les Alpes, renferment habituellement une proportion notable de magnésie , et quelquefois ce sont de o véritables dolomies : ainsi le calcaire d’Aker, en Sudermanie, qui est très riche en minéraux , renferme environ 20 p. 100 de carbo¬ nate de magnésie. On sait d’ailleurs que les dolomies des Alpes contiennent de la tourmaline , du disthène , de la trémolite , de l’idocrase , du corindon , du spinelle , de la méionite , etc. ; mais comme la plupart de ces substances se montrent aussi dans des calcaires non dolomitisés , on ne peut pas dire qu’il y ait une dé¬ pendance absolue entre les causes qui ont magnésifié les calcaires et celles qui ont déterminé la cristallisation de ces différents mi¬ néraux. L’influence du granité pour déterminer des phénomènes de cris¬ tallisation dans les roches calcaires a dû varier notablement d’une contrée à une autre, car on rencontre dans certains pays des miné¬ raux qu’on ne retrouve pas ailleurs : ainsi la couzéranite et le dipyre dans les Pyrénées , la gehlénite dans les Alpes , la rosite et la scolexérose en Scandinavie , la condrodite et la parantliine en Scandinavie et dans l’Amérique du Nord. Ces différences dans la nature des minéraux qu’ont fait cristalliser les granités ou les roches pyrogènes en général , paraissent tenir moins à des varia¬ tions dans la composition ou la texture des calcaires qu’à des cir¬ constances essentiellement propres aux roches pyrogènes ; car dans une même contrée , les Pyrénées , par exemple, et dans un même lieu , le granité a fait cristalliser tel minéral , la maele ou le 63/i SÉANCE DU 15 JUIN 18/|0. dipyre à la fois dans des schistes , dans des calcaires argileux et dans des calcaires à peu près purs. Relation des phénomènes de métamorphisme arec certaines manières d’être des gîtes métallifères. Je vais ajouter ici quelques détails pour faire voir que le point de vue sous lequel j’ai envisagé les phénomènes de métamor¬ phisme peut aussi s appliquer à certaines manières d’ètre que pré¬ sentent les gîtes métallifères , et nous allons y reconnaître des faits remarquables qui me semblent très propres à éclaircir l’origine des substances minérales qui ont cristallisé dans les terrains strati¬ fiés. La métallisation des parois encaissantes des filons , qui souvent s’est faite jusqu’à d’assez grandes distances, paraît être le résultat d un phénomène de cémentation , de transport moléculaire à tra¬ vers la roche adjacente, quelle que soit d’ailleurs la manière dont les filons ont été remplis, quel qu’ait été l’état physique des sub¬ stances métalliques et pierreuses qui sont venues s’y déposer, et qui , au contact des épontes , ont fréquemment joué le rôle d’un cément. Caractère général des gîtes de sulfures et arsén io-sulfures métalliques dans le Nord de l’Europe. Cette disposition de la matière métallique, qui est peu déve¬ loppée et pour ainsi dire exceptionnelle dans les gîtes de l’Europe centrale , est au contraire la manière d’ètre générale des gîtes des régions Scandinaves, de la Suède, de la Norvège et de la Finlande, comme je l’ai reconnu dans les deux voyages que j’y ai faits. Dans la plupart des dépôts de métaux sulfurés et arsénio-sulfurés de la Scandinavie , de cuivre , de cobalt , de plomb , ces métaux ne s’y trouvent point dans des filons ni même dans des fissures ou des vides quelconques , mais la plus grande partie se trouve répandue et disséminée au milieu de roches habituellement stratifiées et quelquefois massives. Les célèbres falbandes de Kongsberg , ces couches de gneiss, de schiste ampliibolique et micacé qui sont im¬ prégnées de pyrite de fer, de cuivre et de blende, et qui ont joué un rôle si important dans le dépôt de l’argent natif, ne forment point une manière d être exceptionnelle des sulfures métalliques. J ai reconnu, en effet, que la plupart des gîtes de la Scandinavie sont des gîtes en falbande : quelques uns', tels que Sala, Falilun , etc. , 635 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. sont divisés par des fissures ou des fentes plus ou moins irrégulières ; mais on leur a donné à tort le nom de filons, car, même dans le gîte de Sala, qui a presque toujours été décrit comme se compo¬ sant d’un certain nombre de filons , les fissures ont seulement quelques centimètres de largeur et très peu d’étendue en longueur, et la majeure partie du minerai ne se trouve pas dans ces fissures, mais dans la roche adjacente : ce sont des falbandes calcaires entrecoupées de fissures et imprégnées de plomb sulfuré argenti¬ fère. A Fahlun, on a une énorme masse quartzeuse imprégnée de minerai de cuivre qui est concentré plus abondamment autour de lentes remplies d’une substance chloritée et appelées skôlars; mais on a reconnu que jusqu’à une assez grande distance des points où est établie l’exploitation actuelle , la roclie de quartz est imprégnée de cuivre pyriteux. Il est naturel de supposer que les fentes que l’on voit traver¬ ser les roches ont servi de canaux par où s’est introduite la substance métallique , et qu’elles ont joué un rôle analogue à celui des vrais filons, sinon comme réceptacles, du moins comme voies d’introduction. Mais ce qui rend l’origine de ces dépôts de minerais encore plus obscure , c’est qu’il y a des gîtes en falbandes dans lesquels on n’aperçoit ni fentes ni fissures , tels que les gîtes cuivreux du Dovre, de la contrée de Rôraas, etc. : ce sont des couches de schiste chloriteux et micacé , tout-à-fait analogues aux falbandes de Kongsberg , imprégnées de pyrites de fer et de cuivre, mais ne présentant aucune fente par où la matière aurait pu s’in¬ troduire. Les gîtes de cobalt de Skutterud ont été signalés, il y a déjà plusieurs années, par MM. Keilliau et Bœbert (1), puis par M. Daubrée (2) , comme ressemblant aux falbandes de Kongsberg , et formant des falbandes cobaltifères ; mais j’ai reconnu que cette manière d’être , qui n’avait été observée que dans les gîtes de Kongsberg et de Skutterud , est propre à la plupart des gîtes Scandi¬ naves : aussi ces gîtes présentent une physionomie tout-à-fait diffé¬ rente des dépôts métallifères du reste de l’Europe, où le minerai se trouve concentré dans des fentes , tandis qu’ici il est disséminé au milieu de la roche. Or, c’est un problème très difficile de déter¬ miner la manière dont le cuivre , le cobalt , le plomb , etc. , se sont déposés dans ces gîtes ; il semble que l’on éviterait des difficultés (1) Nft magazin for Naturvideskaberne , tome ÏIl , p. 201 , 203.,, et aussi t. V , p. 3. (2) Annales des mines , 4e série, t. IV, p. 248. SÉANCE DU 15 JUIN 18/t(5. 63(5 en regardant le minerai comme étant contemporain du terrain qui le renferme , comme s’étant formé à l’époque où la sédimentation s’opérait. Mais cette hypothèse serait loin d’expliquer les circon¬ stances diverses que présente la disposition de la substance métal¬ lique ; car, si l’on étudie ces gîtes , on reconnaît qu’ils ne sont pas entièrement subordonnés à la stratification des couches , bien qu’ils s’y trouvent disséminés, et que fort souvent ils ont une al¬ lure indépendante. Le gîte deTunaberg , par exemple, ressemble à une colonne aplatie ou une espèce de cheminée disposée oblique¬ ment à la stratification du calcaire , ayant 3 à k toises d’épaisseur et de 15 à 20 toises de largeur, présentant une inclinaison variable, mais inférieure à 35°. Or, ce gîte n’offre aucun des caractères de fente remplie ; on n’y voit point les gangues des filons; le minerai de cuivre pyriteux et de cobalt gris est disséminé au milieu de la roche calcaire , qui n’est ni fragmentée ni bréchiforme. Sans que j’entre dans des détails de description que je ferai connaître plus tard, il est clair que dans ces gîtes en falbandes , la disposition du minerai sous forme de nodules, de veinules étroites et discontinues, de mouches , de grains, etc., se rattache à des phénomènes molé¬ culaires, et résulte d’un mouvement de particules analogue à celui qui se fait dans la cémentation ; les substances métalliques ont cheminé à travers les roches , sans que celles-ci aient eu besoin d’entrer en fusion. Disposition (les gîtes de minerai de fer de la Scandinavie. Les gîtes de minerai de fer de la Suède se présentent avec des ca¬ ractères autres que ceux des métaux sulfurés et arsénio-sulfurés ; ils n’affectent pas le caractère de dissémination des falbandes, mais ils forment des masses lenticulaires qui ont quelquefois plus de 50 mètres d’épaisseur et qui sont interposées entre des roches de natures diverses. Les masses de fer oxydulé sont souvent associées à des roches amphiboliques ; mais souvent elles jouent le rôle de véritables roches pyrogènes , qui toutes sont formées de fer oxy¬ dulé presque pur , tantôt d’un mélange de minerai de fer oxydulé ou oligiste , et de silicates divers , amphibole , pyroxène , grenats , épidote , etc. Les gîtes ont aussi exercé des phénomènes de méta¬ morphisme sur les terrains adjacents, et sont quelquefois des centres de cristallisations diverses : ainsi les mines d’Arendal ont une réputation fort ancienne et bien méritée comme gisement de minéraux dont la dépendance avec les masses ferrugineuses ne saurait être contestée. SÉANCE DU 15 JUIN 18/iO 657 Association intime du fer oligiste acre des schistes < (uartzeux . Parmi les caractères remarquables de ces gîtes , je ne mention¬ nerai ici que deux circonstances qui ont été peu remarquées , et qui cependant me paraissent avoir une très grande importance pour la théorie du métamorphisme. Les gîtes de Suède et de Norvège ne sont pas formés seulement de fer oxydulé , mais beaucoup sont composés d’un mélange de fer oxydulé et d’ oligiste , où ce dernier est quelquefois de beaucoup prédominant : ainsi le gîte d’Uto , si célèbre par la présence des minéraux à lithine ( triphane, pétalite, lépidolite), renferme beaucoup plus de fer oligiste que d’ oxydulé, et il en est de même pour une grande partie des gîtes de la paroisse de Norberg , dont le nombre est très considérable. Dans beaucoup de ces gîtes , l’oligiste a éprouvé une espèce de diffusion entre les lits quartzeux et micacés qui encaissent le gîte ; comme il est écail¬ leux et feuilleté , il s’est couché dans le sens de la schistosité des bancs quartzeux v et il est associé intimement avec la matière quartzeuse , particule à particule ; de sorte que la roche présente alors une succession de lits ou bandes très minces , alernativement quartzeuses ou ferrugineuses; beaucoup de ces bandes sont com¬ posées d’un mélange de particules de quartz et de particules de fer oligiste , aussi intime que s’il était le résultat d’un dépôt simul¬ tané; souvent même le quartz , noyé au milieu des feuillets d’oli- giste, est presque indiscernable. Fréquemment les écailles de fer oligiste ont remplacé le mica en s’associant avec les couches de micaschiste , et l’on a une roche de quartz et d’oligiste qui corres¬ pond tout-à-fait à l’itabirite du Brésil. Il est impossible de se rendre compte de cette union singulière du quartz et de l’oligiste, d’après les idées généralement reçues , à moins de supposer que les deux substances résultent d’un dépôt simultané, hypothèse qui est incompatible avec les autres circonstances du gisement de ces énormes amas ; mais c’est le résultat d’une espèce d’imbibition , d’un phénomène de transfusion ou transsudation qui est propre au fer oligiste ; il s’est répandu dans la roche quartzeuse , et il y a pris la structure feuilletée. Le fer oxydulé , lorsqu’il n’est pas mélangé d’oligiste , ne se montre pas ainsi associé intimement avec les lits quartzeux ; il forme souvent des veinules ou petites bandes inter¬ calées dans le micachiste : mais ces bandes ont une épaisseur ap¬ préciable , le mélange n’a pas lieu particule à particule ; tan¬ dis que , peut - être en vertu de son mode de cristallisation feuilletée , l’oligiste a pu se fondre , pour ainsi dire , au milieu des (533 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. couches quartzeuses , en prenant l’aspect et la place du mica. Lorsque cette diffusion est poussée très loin, et que l’oligiste se trouve en moindre quantité que les parties quartzeuses, les gîtes prennent alors une certaine ressemblance avec les falbandes (schistes cristallins imprégnés de sulfure) : c’est ce qui a lieu aux mines de fer de llassel (environs de Drammen). Association intime du jer oxydulé avec des roches calcaires. Le fer oxydulé présente un caractère de diffusion d'un genre analogue , mais dans une roche différente , dans la pierre calcaire; le ter ohgiste, au contraire, ne se répand pas habituellement i ans cette roche, lors même qu’il se trouve en contact avec elle, comme s il y avait des attractions moléculaires entre certaines roches et certains minéraux. Les mines si renommées de Dané- mora nous offrent un exemple de cette diffusion du fer oxydulé au milieu du calcaire où sont situés ces gîtes; elle est si intime, que bien souvent la présence du calcaire ne se reconnaît pas à la simple vue, mais par un essai chimique. Cette circonstance con¬ tribue a 1 excellente qualité des fers de Danémora ; car elle permet e traiter les minerais sans y ajouter aucun fondant. On pourrait chercher à expliquer l’association du fer oxydulé et du calcaire qui a heu a Danémora, dans la paroisse de Norberg et plusieurs autres mines, en supposant que le calcaire a été introduit de meme que le minerai , par voie d’injection et dans un état de fu¬ sion; mais les mines d ’Aaserud, situées aux environs de Drammen nous fournissent un exemple qui rend inadmissible cette manière de voir. Elles sont situées dans des couches de calcaire silurien au contact de ces couches et de masses dioritiques ayant la forme de filous i, -réguliers ; lune des épontes du gîte principal est du tlioi ite , 1 autre est du calcaire. La zone centrale est la plus riche en minerai; mais le fer oxv- dule se tiouve disséminé intimement, d’un côté au milieu du dio- iite, de 1 autre au milieu du calcaire, qui est ici cristallin et grenu Dans beaucoup d échantillons à grains fins, ayant le même aspect que le minerai de Danémora, l’effervescence avec les acides in¬ dique la presence du calcaire; le mélange des deux substances se reconnaît souvent aussi très bien à l’œil nu, et quelquefois au mi- leu i u calcaire on voit disséminés çà et là des grains isolés de fer oxy u e octaédrique. La diffusion du fer oxydulé au milieu de deux roches de natures si différentes que le diorite et le calcaire et que 1 on ne peut considérer comme contemporaines, d’ailleurs SÉANCE DU 15 JUIN i 8Z|0 . 630 la disposition du gîte de minerai, qui est oblique relativement à la stratification , montrent combien il faut être circonspect dans les conclusions que l’on serait tenté de tirer relativement à la cou- temporanéite d’un minerai et d’une roche , des caractères d’union ou de mélange intime qu’ils peuvent présenter. Caractères de transfusion des éléments des roches massives dans les terrains stratifiés environnants . Les minéraux silicatés qui accompagnent les gîtes de fer oxy- dulé se sont souvent répandus dans les couches de gneiss adja¬ centes sans faire disparaître la stratification de ces couches , et même en s’y subordonnant ; c’est ce qui est arrivé, par exemple, pour les grenats, l’épidote , le pyroxène , l’amphibole, aux mines d’Arendal. Ces silicates , qui se trouvent en grande abondance dans plusieurs des mines, et qui forment la gangue du fer oxydulé, semblent avoir imbibé le gneiss dont sont formées les parois des gîtes et avoir donné naissance à des couches grenatifères , épido- tifères, etc., qui forment, ainsi que l’ont déjà remarqué MM. Dau - hrée (1) et Scheerer (2), une espèce de soudure entre les gîtes et la roche encaissante. Ces faits remarquables complètent et rendent évidente la dé¬ monstration d’un phénomène dont nous avons déjà cité plusieurs exemples. C’est le phénomène de diffusion ou de transfusion des éléments d’une masse qui, en général, paraît avoir formé un magma pâteux , dans les roches adjacentes, bien que ces roches aient pu rester à l’état solide ou être faiblement ramollies. C’est par un effet de cémentation, par un déplacement moléculaire, que s’est effectuée cette pénétration, et il n’est point nécessaire de sup¬ poser, comme l’ont fait plusieurs géologues , une volatilisation des substances qui ont pénétré à travers les roches : ainsi le fer oligiste, oxydulé, les grenats, etc. , n’ont point eu besoin de prendre l’état gazeux pour cémenter les couches environnantes. On ne doit donc pas refuser d’admettre les faits que nous avons exposés plus haut et qui dérivent de ce principe général , qu’au contact d’une roche massive ou pyrogène et d’une roche stratifiée , quelques uns des éléments de la première ont pu s’introduire dans la seconde. Non seulement quelques uns des principes chimiques , alcalins ou sili¬ ceux , mais aussi des substances minérales toutes formées ont pu (If Ann. des mines , 4e série, t. IY, p. 214. (2j Jahrbuch von Leonhard and Broun , année 1843 , p. 648. SÉANCE DE 15 JCIN 1846. 640 subir cette transsudation et venir cristalliser au milieu du depot stratifié, souvent même en se subordonnant aux caractères de la stratification. L’exemple du fer oligiste qui est venu se substituer au mica est un fait du même genre que le passage de l’amphibole, du mica , du talc, du feldspath , qui ont pénétré des roches mas¬ sives dont ils faisaient partie dans les terrains stratifiés situés au¬ tour. De plus, les faits que nous avons exposés au sujet des oxydes de fer, relatifs à la tendance de l’oxydule à pénétrer dans le cal¬ caire et de l’oligiste dans les schistes quartzeux, présentent un autre caractère fort important , c’est que parmi les éléments d’une roche massive ou d’un magma pâteux, il y a une espèce d’affinité moléculaire ou une tendance de certains minéraux à s’injecter dans telle ou telle nature de terrain , de façon que les deux ou trois élé¬ ments de la roche n’ont pas une égale aptitude à suhir cette trans¬ fusion. Si, par exemple , au contact du granité et des roches schis¬ teuses , le mica pénètre dans les schistes plus facilement que le feldspath ou le quartz, cela ne tient pas à ce qu’il est plus volatil, mais à ce qu’il a une tendance à la transfusion plus forte que les autres éléments (1). Nous pouvons ainsi comprendre pourquoi la serpentine, qui est une roche simple , se montre si souvent enche¬ vêtrée au milieu du calcaire et mélangée intimement avec lui, sans même que l’on voie affleurer à coté une masse de serpentine pure, tandis qu’on ne la voit pas disposée de la même manière au mi¬ lieu des roches quartzeuses ; c’est que la serpentine avait beaucoup de tendance et de facilité à pénétrer dans le calcaire et à s’asso¬ cier avec cette roche. il est probable que certains gneiss situés au contact du granité résultent d’une transfusion de la matière feldspathique à travers des roches schisteuses ; et comme celles-ci présentent des textures et des compositions très diverses, on conçoit que le feldspath ait pu pénétrer facilement dans les unes , et difficilement dans les autres. La topaze, 1 emeraude , la tourmaline et d’autres minéraux que l’on trouve souvent en nids dans des schistes , mais qui appartien¬ nent plus essentiellement aux roches granitiques , peuvent , au moins dans quelques cas, résulter d’un phénomène de transfusion; (1) Quelquefois cependant toute la masse du magma granitique s’est introduite dans la roche de manière à y former des nodules dis¬ continus. J’ai signalé une pénétration de ce genre du granité dans le calcaire; voir mon mémoire sur les Pyrénées, Annales des mines , i* 1' livraison de \ 844 , p. 76. SÉANCE DU 15 JUIN 18/|6. 6 /il ■sous r influence de forces attractives, les éléments se seront groupés et auront cristallisé ensemble. Ces minéraux ne forment point de liions ; mais ils sont enchâssés dans les schistes , ils remplissent des druses ou espèces clc chambres entièrement fermées, et leur intro¬ duction paraît être plutôt le résultat d’un transport moléculaire que d’une injection. L' émanation des sources thermales se rattache aux phénomènes de contact. INous allons terminer ce mémoire en rappelant un ordre de phé¬ nomènes qui paraissent se rattacher aux mêmes causes que les faits du métamorphisme, et cela nous montrera que les phéno¬ mènes développés au contact des roches ignées ne cessent pas en¬ tièrement à l’époque où ces roches sont refroidies à leur surface , mais qu’ils peuvent encore se continuer dans les profondeurs de la terre et se manifester à l’extérieur par des effets d’une autre nature. Sur le versant septentrional des Pyrénées, on connaît une vingtaine de gisements d’eaux thermales sulfureuses que j’ai étu¬ diés pendant mon séjour dans cette chaîne de montagnes, et, dans quelques uns de ces gisements, il y a un nombre de sources fort considérable. Celui d’Ax , par exemple , en comprend plus de cin¬ quante. Or, tous ces gisements sont placés, soit clans le granité, soit dans les roches de transition, et presque toujours le point d’émergence des sources est situé près de la séparation du granité et des roches palæozoïques (comme je l’ai fait voir dans le mé¬ moire sur les Pyrénées déjà cité , page lQù). Il est évident que la distribution de tous les affleurements d’eaux thermales sulfureuses suivant une même position géologique ne peut être que le résultat de causes naturelles , bien que nous ne puissions pas les définir d’une manière précise , d’autant moins que dans la même chaîne de montagnes il y a d’autres sources thermales, salines et acidulés, mais dans une situation tout-à-fait différente, car elles sourdent de terrains secondaires ou tertiaires au voisinage du granité ou des ophites. Le caractère de thermal/ té paraît dépendre des causes plu- toniques générales auxquelles se rattachent les roches pyrogènes ; mais la propriété sulfureuse est inhérente aux roches palæozoï¬ ques et au granité. J’ai montré clans le mémoire déjà cité (page 107 ) que la ther- malité des sources semble s’éteindre avec le temps ; car les contrées qui n’ont été soulevées qu’à des époques anciennes , telles que l’ouest et le nord de la France, la Scandinavie, etc., sont complé- Soc. géol 2" série, tome 111. l\ 64! SÉANCE DU 15 JUIN 1840. tement privées d’eaux thermales. La présence de ces sources 11’est- elle pas la dernière manifestation des phénomènes qui sont propres à la zone de jonction des roches ignées et des dépôts sédimentaires, et qui se sont produits dans l’ordre suivant : 1° injection des roches ignées à travers les terrains stratifiés; 2° cémentation et transformation opérées sur ces terrains dans la zone environnante; 3° dépôt des gîtes métalliques, qui ordinairement paraît être con¬ temporain des phénomènes métamorphiques ; 4° émanation des sources thermales. R és il m é gén éra l . Résumons actuellement les principaux faits exposés dans ce mé¬ moire et 1rs conclusions que nous en avons tirées. Nous avons com¬ mencé par démontrer que le métamorphisme a pu produire un grand nombre de combinaisons minérales dans des terrains stra¬ tifiés sans faire disparaître les restes d’êtres organisés qui en attes¬ tent l origine sédimentaire : ainsi nous avons allégué la présence des macles, du mica , du talc, du dipyre, de la eouzéranite, de la paranthine, des grenats, de la trémolite, de l’épidote et de la do¬ lomie dans des couches schisteuses ou calcaires contenant elles- mêmes des fossiles ou intimement associées à des couches qui en renferment. La conservation des fossiles dans des couches forte¬ ment modifiées, et même remplies de minéraux métamorphiques, de eouzéranite par exemple, et la grande distance à laquelle s’est étendue la transformation des roches , nous ont paru peu compa¬ tibles avec la supposition d’une vive incandescence ou d’une cha¬ leur excessive, avec l’assimilation du métamorphisme à une demi- fusion. La description détaillée des cristaux de macles des Salles de Rohan, à l’intérieur desquels nous avons vu des bandes de matière schisteuse , noire , conservant leur schistosité dans le même sens que celle de la roche environnante, l’absence de toutes traces de dérangement, de courbure, ou de refoulement dans la disposition des lits schisteux qui entourent ces cristaux , nous ont démontré que la cristallisation s’est effectuée sans qu’il y eut demi-fusion ou ramollissement de la roche. D’ailleurs, les effets du métamor¬ phisme ne présentent point un caractère d’uniformité absolue; son action ne s’est pas fait sentir également sur toutes les couches; elle a varié d une roche a une autre, d’un lieu à un autre. Ainsi l’on voit assez souvent des couches qui ont peu changé d’aspect mé¬ langées avec des couches fortement modifiées , des phyllades et des grauwdckes encore bien reconnaissables, associées avec des couches SÉANCE I)U 15 JUIN 18/l6. 6/l3 tic gneiss, de scliiste micacé ou talqueux. En outre, le métamor¬ phisme a quelquefois déterminé la cristallisation de minéraux dans des couches sédimentaires qui ont conservé leur texture et leur physionomie habituelles: ainsi des macles, delà topaze, de F éme¬ raude , du dipyre , de l’albite, de la paranthine dans des couches de schiste argileux et de calcaire compacte. Tous ces faits nous ont amené à conclure que les phénomènes de métamorphisme sont le résultat d’un mouvement des particules développé à l’intérieur des roches , sans qu’elles aient eu besoin d’ètre ramollies ; néanmoins la relation évidente des terrains modi¬ fiés avec les roches pyrogènes , leur disposition fréquente sous forme de zones concentriques à ces roches , l’analogie avec certains effets qui se produisent sous nos yeux , montrent que la plupart de ces phénomènes se sont opérés soifs l’action de la chaleur , mais d’une chaleur qui , en général, n’a pas été excessive, et avec le concours de la pression , de forces électriques ou autres forces phy¬ siques qui prennent naissance lorsque des corps de natures diffé¬ rentes sont en contact et soumis à l’action de la chaleur longtemps prolongée. A l’idée d’une demi-fusion nous substituons celle d’un travail moléculaire analogue à celui qui a lieu dans la cémenta¬ tion du fer, susceptible de s’effectuer dans des corps solide s , de même que dans des corps liquides , mous ou pâteux ; ce travail a duré pendant une longue suite d’années , et a produit des effets différents, suivant les circonstances de température , de refroidis¬ sement. , de pression , de composition , de texture , de conductibi¬ lité et autres propriétés des roches qui étaient en contact. A une chaleur excessive et instantanée nous substituons un flux de cha¬ leur séculaire , émanant, soit du laboratoire souterrain , soit dis masses ignées ou des centres d’action plutonique , qui a entretenu dans les terrains stratifiés une température d’abord croissante , puis décroissant d’une manière très lente , et qui , sur les limites des zones métamorphiques , a pu faire cristalliser des minéraux parti¬ culiers , du mica ou des macles , à une température qui probable¬ ment n’a pas dépassé ni peut-être même atteint le rouge sombre. Considérée sous ce point de vue , la modification des roches a pu s’effectuer de préférence dans certaines couches qui , en raison de leur composition , de leur texture , etc. , présentaient les conditions les plus favorables , et d’autres couches qui leur étaient associées ont pu être faiblement altérées, bien qu’étant exposées à la même température. Nous avons distingué en deux genres les phénomènes de méta¬ morphisme : ceux qui résultent d’un mouvement propre des par- SÉANCE DU 15 JUIN 18Z|(). ticules des terrains stratifiés, sans apport de matière extérieure ; et ceux qui se produisent avec le concours d’un corps étranger, jouant le rôle de cément , et pénétrant à l’intérieur des roches, de même que le carbone à l’intérieur du fer. Nous avons cité des exemples de métamorphisme qui ont lieu à la température ordinaire, les uns sous nos yeux, les autres en de¬ dans de l ecoice tenestre ; a ceux que nous offrent les terrains se- condaiies et teitiaires, nous en avons ajouté d’autres, choisis dans les tei 1 ai ns palæozoiques. Mais des faits incontestables, empruntés à la chimie et à la métallurgie , nous ont montré que l’élévation de la tempe îatuie dans les corps peut donner heu à des mouve¬ ments moléculaires, à des effets métamorphiques qui ne se produi¬ sent pas à la température ordinaire. Nous avons reconnu que les corps qui ont joué le rôle de cément proviennent de deux sources , les uns des roches pyrogènes elles- mêmes , les autres du laboratoire souterrain : c’est à cette seconde source qu’ont été empruntées la magnésie et les émanations sulfu¬ reuses qui ont donné lieu à la dolomitisation et à la sulfatisation des calcaires. La production des dolomies et des gypses n’est pas seulement le résultat d une simple réaction chimique occasionnée par la pénétration mécanique de vapeurs à travers les fissures des masses calcaires : c’est, comme presque tous les effets du métamor¬ phisme, un phénomène épigénique, le produit de réactions opé¬ rées , non en masses , mais molécule à molécule. La substitution de la magnésie à une partie de la chaux est un problème chimique , une énigme, ni plus ni moins ditïicile à résoudre que la substitu¬ tion molecidane de la silice a la substance organique des végétaux de la pyrite de fer au test des coquilles fossiles, et que la plupart des épigénies. Nous devons accepter tous ces faits, bien que nous n( puissions pas nous représenter clairement la manière dont ils se sont passés. hn examinant la disposition des minéraux qui ont cristallisé par voie métamorphique dans les schistes et les calcaires, nous avons reconnu que souvent ils affectent une disposition zonaire ou ruba¬ née , parallèle à la stratification ; que quand une roche schisteuse a été translormée en un agrégat de minéraux, ses éléments sont restés subordonnés à la stratification ou à la schistosité; mais que les cristaux qui ont pris naissance isolément çà et là sont fréquem¬ ment orientes dans un sens oblique , ou même perpendiculaire au plan de schistosité. LJn coup d’œil jeté sur les minéraux qui ont cristallisé dans les schistes et dans les calcaires nous a fait remarquer qu’il y a, sous SÉANCE DU 15 JUIN l8/|f>. 6/|5 le rapport de la composition chimique , une liaison générale entre ces minéraux et la roche où ils se trouvent ; que la plupart des si¬ licates contenus dans les roches calcaires renferment une forte proportion de chaux et souvent de magnésie , et que les silicates propres aux schistes contiennent beaucoup de silicate d’alumine , quelquefois seul , mais ordinairement associé à des silicates d’au¬ tres bases : ainsi les minéraux qui ont cristallisé dans les schistes et dans les calcaires paraissent avoir emprunté à la roche^qui' les encaisse au moins une partie de leur substance élémentaire. Nous avons reconnu deux dispositions différentes dans les zones métamorphiques : ou elles sont subordonnées , circonscrites aux masses plutoniques , ou elles ont une allure propre, bien qu’étant en connexion avec des roches pyrogènes. Dans le premier cas , le métamorphisme a dû se développer latéralement en rayonnant, à partir des masses plutoniques ; dans le second cas , il s’est déve¬ loppé verticalement, de bas en haut, et se rattache aux causes ignées qui agissent à l’intérieur du laboratoire souterrain. L’examen des phénomènes métamorphiques développés autour des principales roches plutoniques , en divers pays , nous a montré qu’il y a des effets propres à certaines espèces de roches ; mais que beaucoup d’effets sont communs à plusieurs espèces : ainsi la ma- gnésification et la cristallisation des calcaires, l’endurcissement, le développement de la structure compacte et de la structure feuilletée dans les schistes et les grauwackes , on été produits par des roches granitiques, amphiboliques, pyroxéniques etserpenti- neuses ; un autre caractère général consiste dans la tendance des roches pyrogènes à communiquer aux couches adjacentes un faciès analogue au leur, à y faire naître des minéraux semblables à ceux dont elles sont composées. Nous avons cité des exemples où la structure amygdaloïde a été développée par des roches dioritiques et euritiques , où les grau¬ wackes ont pris un mode de division sphéroîdal au voisinage des kersantons ; des schistes sont devenus onctueux au toucher et tal- queux sous l’influence de roches serpentineuses et feldspathiques ; des grès et des grauwackes sont devenus porphyriques , et il s’y est même formé de petits cristaux de feldspath au voisinage des por¬ phyres quartzifères. Nous avons décrit les caractères des schistes en¬ durcis et imprégnés de silice, qui environnent le granité postérieur au terrain silurien dans le midi de la Norvège. Tantôt le calcaire qui accompagne ces schistes a été endurci et silieifié , tantôt il est devenu cristallin, et a donné naissance à des grenats, à de l’am- 6/|(> SÉANCE DU 15 JUIN 185(3. phi fiole : ainsi s’est formée une zone de schistes siliceux , de cab» caires siliceux et de calcaires cristallins concentriques au granité , et ayant une largeur moyenne de 1,200 mètres. Nous avons examiné les divers degrés d’altération des grès quai tzeux , les circonstances qui caractérisent la formation des quartzites ordinaires , des quartzites avec feuillets chloriteux et mi¬ cacés , des quartz devenus compactes , avec cassure pse u do-rho m- boidale , et de certains grès qui ont été imprégnés cle silice à la manière d’une éponge. Autour des masses granitiques , dans l’O. de la France, nous avons reconnu des zones de grauwackes et de schistes contenant en raison de la différence d’habitat séance T) u 15 juin I8/16. 655 que les deux sols offraient aux animaux'de cette époque. Les végé¬ taux sont aussi ceux du lias inférieur, Clathropteris meniscioldes , Odontopteris Cyeadea et autres espèces nouvelles , Moreauyci im- hricatn , Zamites He/mochii , Zamiolcpis dis sec ta , Tœniophyllum Terquemii . Ce dépôt ne peut pas être élevé au-dessus du lias inférieur, parce qu’il est immédiatement recouvert par les couches les plus inférieures du lias moyen, celles à gryphées cymbales qui reposent sur le bleu lias partout où manquent les dépôts sableux dits de Luxembourg. La succession des dépôts basiques se continue de bas en haut par la série suivante : Marnes bleues fissiles à Belcmnites paxillosus , sans nodules fer¬ rugineux ni calcaires à la base, mais renfermant à leur partie supérieure , considérablement développée , des ovoïdes ferrugi¬ neux , parfois si nombreux qu’ils simulent un poudingue à grandes parties , dans lequel les marnes fissiles contournées servent de ciment. Les fossiles n’y sont pas très répandus. Calcaires plus ou moins sableux , micacés et passant au maci- gno, ferrugineux ou argileux , caractérisés surtout par l’abondance des Plicatules, qui y forment parfois des Lumachelles avec d’au¬ tres fossiles très répandus. Marnes argileuses bleues plus ou moins fissiles , renfermant des lits ou des couches rares de calcaires bleus ou jaune d’ocre très compactes, qui présentent des ammonites ou des fucoïdes. Enfin les grès ferrugineux et les fers oolitiques , qui se subor¬ donnent mutuellement et passent aux oolites ferrugineuses qui les recouvrent. Entre le dépôt du calcaire à gryphées cymbales et celui des marnes fissiles , il s’est opéré une faille N. -S. qui a formé les es¬ carpements de la rive droite de la Moselle, près de Metz , contre lesquels viennent butter les marnes qui devraient les recouvrir dans leur position normale, ou en être séparées par de nombreuses couches. Ce mouvement a fait presque affleurer le Keuper au même niveau et à peu de distance des marnes à ovoïdes ferrugineux. Les végétaux fossiles du lias supérieur de la Moselle (lias moyen et supérieur ) sont le Fucoides granulatus et trois espèces voisines trouvées aussi à Boll (Wurtemberg), deux espèces voisines et nouvelles des calcaires ferrugineux de la partie supérieure , et un Zamites Simonii des mêmes couches. On voit qu’il existe quatorze espèces connues de végétaux fos- 65À SÉANCE DU 15 JUIN 18A6. siles dans le lias de la Moselle , et que ce 11e sont que des Algues -, des Cycadées et des Conifères, comme dans tous les gîtes connus du lias noimal. Nous ne parlons pas du Mctntellia cylindrica qui avait été signalé dans ces terrains , car nous n’avons rien vu qui lui ressemble. Le 1 1 ias est encore plus pauvre en débris de plantes fossiles ; 011 11 * 11 ti ouve que dans le grès bigarré , et bien rarement encore , le plus souvent dans un mauvais état de conservation. Un échan¬ tillon du Paleoxyris regularis m’a paru être plutôt un Verticille en développement des feuilles du Schizoncara qu’un épi de Xyridée , et ses impressions rhomboïdales résulter du croisement des lignes de suture de chaque feuille, les unes antérieures en saillie, les autres postérieures en creux , opinion corroborée par la forme tordue des deux appendices de ce corps singulier. Le terrain houdler de Schœneck , faisant partie du bassin de Saarbruck , est, au contraire, très riche en végétaux fossiles. L’espace me manque dans ce simple résumé pour indiquer toutes les espèces recueillies par M. Lambry, directeur des travaux, ou par moi-même à la mine voisine de Geislautern. Je me bornerai à signaler les faits suivants : H existe dans ces couches un poisson du genre Holopticus , différent de celui des mines d’Angleterre , décrit comme un Po- lyporite , et que je proposerai de nommer H. Agassizii; il diffère du précédent par les granulations plus fines de sa surface. L Arti.ua est un tronc à cicatrices de feuilles embrassantes et à feuilles engainantes , et non un axe vasculaire articulé de l’inté¬ rieur d un végétal arborescent. Les SphenophUlum ont des fruits spiciformes , terminaux , dis¬ posés en vert ici lies rapprochés de l\ graines lenticulaires à dia¬ mètre vertical , tà surface chagrinée , et ressemblant assez aux fruits des Astérophyllites. L Equisétum înfundibuliforme n’est qu’un épifructifère de ce dernier genre, et devra être nommé Asteroph. ou Wolk mania in fund/bul ijo y ni i s . Les Fougères m’ont offert trois types très remarquables , dont 1 un générique que je caractériserai ainsi : Loxopteris Pom Fions tripinnata, pinnulis adnatis vel sub- adnatis, integris, vel profundè lobatis, nervo infernè marginali nei vulis secundis simplicibus , furcatis , pinnatisve. ^ s • Fionde bipinnatâ , pinnis patentissimis , lmeai'ibus , pnmulis adnatis oblongis , subrhoinbeis , margine in- lenore integris. superiore terminalique profundè lobatis, lobis 055 SÉANCE DU 15 JUIN 1846. oblongis contiguis obtusis , integris emarginatisve nervulis bis furcatis, longiore pinnato, ramulis simplicibus singulo in quoque lobo. 2° L. Lambryana. Fronde bipinnatâ , pinnis flexuosis paten- tibus, pinnulis adnatis , basi dilatatâ conatis, oblongis, obtusis, infernè decurrentibus, supernè sinuato-lobatis , vel obscure den- tatis, retrorsùm falcatis nervulis simplicibus vel furcatis. Enfin je crois devoir établir le genre Neozamia pour le Flabellaria borassi folia de Sternberg , que je caractériserai de la sorte : Foliis pinnatis , pinnis late linearibus acuminatis, vel obtusis, basi sub¬ contracta incrassataque racliidis appendiculo complanato dilatato insertis , nervis simplicibus parallelis , contiguis æqualibus ; rachi canaliculato , transversum stria to. ( N. Jaubertiana , Pom., Fla- bellaria borassi folia , Sternb.). * M. Yiquesnel présente, au nom de M. Damour, trésorier, l’état de la caisse , arrêté au 31 mai dernier. * Il restait en caisse au 31 décembre 1845. . 958 fr. 25 c. La recette, depuis le 1er janvier 1846, s’élève à . . . 10,410 35 Total de la recette . 11,368 60 La dépense, pendant les cinq mois écoulés, monte à . 7,364 » Il reste en caisse au 31 mai 1 846 . 4,004 60 M. le Secrétaire commence la lecture d’un Mémoire île M. Durocher sur les Phénomènes erratiques de la Scandinavie . Le Secrétaire croit devoir annoncer, comme présentant un intérêt géologique, l’ouvrage de M. Collin, ingénieur des ponts et chaussées , intitulé : Recherches expérimentales sur les glis¬ sements spontanés des terrains argileux , accompagnées de considérations sur quelques principes de la mécanique terrestre . Carilian-Gœury, quai des Augustins, 39; Paris, 1846. Il cite les titres du chap. Il : Relation entre la ligue de glisse¬ ment cy cloïdale et le profil des flancs des montagnes argileuses , et du chap. XII : Exemples de diverses formes de talus natu¬ rels de marnes et argiles. , M. Fauverge rappelle l’inégalité de la marche des glaciers SÉANCE DU 15 JUIN 1840. dont a parlé M. Desor dans la dernière séance, et pense qu’elle a sa cause dans la forme du glacier, dont la plus grande partie de la surface extérieure , celle de dessus, est sans doute courbe , plus basse au milieu , et relevée sur ses bords ; il dit que, dans ces conditions, le glacier doit s’avancer davan¬ tage vers le milieu-, car c’est là que pénètre la plus grande quan¬ tité de 1 eau produite par la température atmosphérique* et qui, en se congelant , le fait marcher. IVi. Ch. Deville communique les observations suivantes sur bile de F ogo (cap Vert), dont il a présenté à la Société une carte topographique, dans la séance du 4 mai dernier (voyez p. 489). Le séjour que j ai fait à Fogo , en octobre 1842 , a été si court, que je ne me serais pas décidé à en présenter le récit , si je n’avais su combien sont peu nombreuses et insuffisantes les notions que nous possédons sur ces îles, si peu connues , quoique aussi voisines de nous. Si l on en excepte , en effet, un petit nombre de lignes du célèbre et infortuné botaniste Smith, et quelques observations intéressantes dues à M. Charles Darwin , qui tous deux ont fait une courte relâche a Santiago , je n’ai connaissance d’aucun do¬ cument véritablement scientifique sur ces îles. Débarqué au petit fort de la Luz , j’ai employé trois jours dans une excursion au pic de Fogo , dont 1 aspect en mer étonne par sa hardiesse et son élévation. D’après une mesure barométrique, il atteindrait, en effet, une hauteur d’environ 2,790 mètres, ce qui est très considérable pour une montagne dont la base toucheau ni¬ veau de la mer. Le vaste cratère de soulèvement , entièrement ba¬ saltique, dont il occupe le centre, rappelle beaucoup la forme générale du Vésuve. Comme ce dernier volcan , une crête demi- circulaire l’enveloppe d’un côté ; de l’autre, le rempart est détruit, et de très nombreux cônes de scories, dont les plus récents datent des éruptions de 1785 à 1799, ont couvert tout ce flanc de l’île de laves et de produits volcaniques de tout genre. Les laves ont atteint presque partout la mer, et ont entouré cette partie de l’île «le récifs et de brisants. Lorsqu on est dans 1 Atrio ou la plaine qui constitue le fond du cratère de soulèvement , on est dominé d’un côté par les murs verticaux de ce grand cirque , tout composé de masses basaltiques, alternant avec des assises de conglomérats, et traversés en tous SÉANCE DU 15 JUIN 18/Ï6. (357 sens par de très nombreux filons de la même roche ; de l’autre, par la masse énorme du pic , qui, sur une pente de 35 à A0° , a plus de 1,000 mètres au-dessus du niveau de l’Atrio. Le point culminant du cirque lui-même n’est pas de beaucoup inférieur au sommet du pic , et cette disposition rappelle encore , mais dans de plus grandes proportions , celle de la Somma et du Vésuve. Le côté O. forme une pointe allongée, à l’extrémité de laquelle se trouve la ville de la Luz. Les pentes extérieures, qui , des fa¬ laises escarpées dont l’île est environnée , s’élèvent jusqu’aux sommités du cirque , contrastent par leur douceur avec les mu¬ railles coupées à pic qui entourent circulairement le cratère du côté intérieur. Ces pentes extérieures, sillonnées de ravins parfaitement sem¬ blables aux barancos basaltiques de T^enériffe , sont aussi acciden¬ tées que des cônes de scories modernes , et on y rencontre surtout des laves considérables , qui , d’après les relations de deux té¬ moins oculaires , doivent être attribuées aux éruptions de 1769 et de 1799. Tels sont , en résumé , les principaux caractères de cette île basaltique qui présente un nouvel exemple de cratère de soulève¬ ment, et dont l’étude aurait exigé , pour être complète , plus de temps que je n’en pouvais consacrer. J’ai essayé d’en reproduire les traits principaux dans Y Esquisse topographique que j’ai soumise à la Société. Cette petite carte n’est et ne peut être qu’un simple croquis; mais elle coïncide avec les observations que j’ai faites sur les lieux et avec les dessins que j’en ai rapportés. Soc. géol.t 2'' série, tome III 12 V \ J J ‘ À I* . . ' REUNION EXTRAORDINAIRE A AL AIS (gard) , Du 30 août au 6 septembre 1846. Séance du 30 août 1846. Les membres de la Société qui ont assisté à la réunion sont : MM. MM. Aube r y , Bertrand Geslin (baron), Chamousset (l’abbé), Doublier , Dumas ( Émilien ) , Ewald (Jules ) . Fonscolombe (de), Hombres Firmas (baron d’ ) , Jeanjean , Mai.bos (Jules DE ) , Rénaux , Reydellet (de) , Rouville ( Paul de ) , Roys ( marquis de ) , Saporta ( de ) , ; Stobiecki , Teissier ( Jules ) , Toschi. Un grand nombre d’habitants de la ville , ainsi que quel¬ ques étrangers , ont assisté aux séances de la Société et suivi ses courses. Nous devons citer d’abord l’illustre et vénérable baron de Buch. Ce noble vétéran de la science a supporté avec le courage et la gaieté d’un jeune homme la fatigue des courses et les orages qui deux fois sont ensuite : MM. Blanc , BoRELLt , Bouisse ( l’abbé ) , Boyer de Peyreleau ( le général baron) , Callon , ingénieur des mines ; Cartillon , notaire ; Coste (l’abbé) , professeur au sémi¬ naire de Beaucaire; Soc. géol . , 2e série, tome III. venus les arrêter. Nous citerons MM. Cryszkowski (Constantin), ingé¬ nieur des mines polonais; Feny (le Dr) , chirurgien en chef des hospices; Gairaud (l’abbé), professeur à l’institution de l’Assomption à Nîmes ; Guiraudet ( Émile de ) , maire d’A- lais ; 43 560 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , MM. I MM. ! Hombres (baron Charles d’ ) , Peres, Hombres ( Maximin d’ ) , Polge ( l’abbé) , Ladevèze (de), procureur du roi; Retz (comte Kmile de), Larcy (baron de), membre du Rousseau, ingénieur civil , direc- Conseil général; j teur de la fonderie; Morette , Roux, principal du collège; Pagès (docteur Henri), ^Serre (le docteur), Pelou , substitut du procureur du Vallée , ingénieur civil, roi ; La séance est ouverte à une heure. 1VL le maire d’Alais a bien voulu installer la Société. On procède, pour la session, à l’organisation du bureau, qui a été ainsi composé : Président : M. le baron d’Hombres Firmas; Vice-Président : M. l’abbé Chamousset ; r Secrétaires : MM. Emilien Dumas, marquis de Roys. M. le baron d’Hombres Firmas a adressé quelques remer¬ ciements à la Société, et a proposé pour ses courses un itinéraire qui a été adopté. Il annonce ensuite quatre présentations. M. Teissier lit un Mémoire sur les moyens d’amener des eaux abondantes et de créer plusieurs fontaines dans la ville d’Alais. M. de Malbos lit une notice sur le singulier végétal fossile à odeur de truffes, de l’étage du grès vert. Entre le confluent de l’Ardèche et la ville du St-Esprit, le Rhône a miné sa rive droite, formée d’assises de sables vaseux, de marnes sableuses et de grés qui se décomposent facilement, plongeant au N.-O. sous une inclinaison de h à 6°. Au-dessus de la couche inférieure d’un sable fin, micacé, où il a trouvé un Spatangue et une Ammonite, est une roche tendre , où M. de Malbos a trouvé de nombreux débris de truf- fites. Ce sont quelquefois des tiges isolées, mais plus ordinai¬ rement des espèces de cylindres composés de nombreuses tiges appliquées les unes contre les autres , offrant au premier aspect une faible ressemblance avec Y Hippnrites organisons . Un mor¬ ceau de 30 centimètres de long, et dont les diamètres sont de DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 1846. {£01 20 et 10 à 12 centimètres, en contient plus de AO. Toutes ne sont pas droites • il y en a de tortueuses et même repliées sur elles-mêmes. Les plus grandes ont 15 à 20 millimètres de dia¬ mètre, les plus petites, A à 5. Elles sont généralement creuses, entourées d une sorte d’écorce de carbonate de chaux à cristal¬ lisation radiée comme celle des Bélemnites, remplies du sable de l assise, et terminées par une calotte demi-sphérique. Ces tiges sont séparées par des feuille t s minces d’un charbon léger, fendillé, qui ne dégage aucune odeur de truffe au frottement, et très légère quand on le brûle au chalumeau ; on y trouve de très petits cristaux de pyrite-, la surface, examinée à une forte loupe, paraît criblée de petits pores très réguliers. Les tiges dont l’intérieur est cristallisé font mieux apprécier la structure intérieure du végétal qui était creux. Le vide est rempli de chaux carbonatée , radiée, presque limpide, entourée de trois ou quatre enveloppes de calcaire compactes, très denses, minces et espacées d’environ un demi-millimètre, l’intervalle rempli également de petits cristaux de chaux carbonatée radiée. Ces tiges ne portent aucune trace de compression. Elles sont assez ordinairement dans la direction de la stratification j peut-être ne sont-ce que des racines. M. de Malbos possède un échan¬ tillon du grés vert de St-Paul-Trois-Châteaux (Drôme) * de 11 centimètres de circonférence, dont l’écorce est également formée de cristaux radiés de carbonate de chaux , de 1 à 6 mil¬ limètres d’épaisseur. Des parties renflées partent des faisceaux de tiges horizontales, exactement pareilles à celles du St-Esprit. Ces racines ne semblent pas faire corps avec la tige, mais y être plantées perpendiculairement comme des chevilles dans des frous coniques , comme le prouvent quelques racines détachées. Les plus fortes racines de ce fragment ne sont guère que le tiers des grosses racines du St-Esprit. Ainsi , ce végétal devait contenir au centre une moelle se dé¬ composant facilement, entourée de A ou 5 enveloppes ligneuses concentriques, séparées par un mince tissu cellulaire, le tout enveloppé d’une écorce de 1 à 6 millimètres d’épaisseur, sans doute encore d’une nature ligneuse , aujourd’hui convertie en cristaux radiés dé carbonate de chaux enfumé , dans lesquels 5(52 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALA1S, réside exclusivement ce parfum si remarquable-, enfin, d’une véritable écorce, aujourd’hui changée en lignite. Ces cristaux odorants décrépitent au chalumeau, et offrent une saveur un peu styptique sur la langue. Dans les marnes de l’oxford-clay on trouve des géodes calcaires avec des cristaux enfumés sem¬ blables, mais à odeur de bitume. Il est très probable, par con¬ séquent, que dans la partie ligneuse de ce végétal devait cir¬ culer une résine odorante, qui s’est trouvée fixée dans les cristaux enfumés de carbonate de chaux d’une manière iden¬ tique au bitume que présentent des cristaux analogues dans tous les terrains. Séance (lu M août. M. le vicomte d’Àrchiac écrit à M. le Président pour relever une faute d’impression qui rend inintelligible toute sa note ( Bulletin , 2e série, t. III , p. 27V)) , par la substitution du mot Londonien au mot Landenien qu’il avait écrit. M. le Baron d’IIombres Firmas fait hommage à la Société de ses Mémoires, en 5 volumes, sur l’histoire naturelle, l’agriculture , la physique, etc. 11 proclame membres de la Société , d’après les présentations faites dans la séance précédente : MM. Ewald (Jules), naturaliste, à Berlin (Prusse) ; Jeanjean (Adrien), avocat, à St-Hippolyte-le-Fort-, De Reydellet, ingénieur civil des mines, h Izernause (Ain); De Rouville (Paul), à Alais -, Présentés par MM. Émilien Dumas et le baron d’Hombres. Il annonce une présentation. » M. Emilien Dumas rend compte de la course faite le matin. La Société, sortie d’ A lais par le vieux pont, s’est dirigée sur la rive droite du Gardon. Après avoir dépassé deux mamelons DU 30 AOUT AU (5 SEPTEMBRE I8/|(5. 5(53 appartenant au terrain d’eau douce, taisant partie delà grande formation lacustre tertiaire qu’elle doit étudier plus tard, elle a examiné d’abord la montagne St-Germain , divisée en deux pitons. Celui de droite appartient au lias, dont les dolomies, qui en forment l’étage supérieur, contrastent par leur teinte noirâtre avec le terrain oxfordien du piton de gauche. La ligne de séparation des deux étages aboutit au sommet à l’abside de l’église ruinée de l’ancien couvent de St-Germain. Quittant la route départementale qui suit le fond du vallon entre la mon¬ tagne de St-Germain et celle de l’Hermitage, elle a reconnu que cette dernière appartenait tout entière à l’étage oxfordien. La partie supérieure est blanchâtre et ‘fournit de la chaux grasse. La partie moyenne offre un calcaire bleu , coupé de nombreuses veines de spath calcaire, dont les assises sont séparées généra¬ lement par de très petits lits de marne feuilletée. Dans la car¬ rière de l’Ermitage, exploitée pour les constructions de la ville d’Alais, la Société a trouvé un Aptychus , des Belemnites hastatus , quelques débris d’ Ammonites biplex , fossiles carac¬ téristiques de cet étage, et une tige fossile entièrement convertie en pyrite, que M. le baron de Buch , à ses stries et aux petites pointes qui la garnissent, a reconnue être probablement une pointe de Cidaris. M. Dumas a fait remarquer des points d’une teinte plus foncée que le reste de la pierre , surtout sur les surfaces qui ont été quelque temps exposées â l’air, et qui sont très caractéristiques de ce terrain dans cette partie des Cévennes. En descendant de ce terrain au ruisseau qui coule au fond de la gorge , la Société a reconnu que le terrain oxfordien ve¬ nait buter vers sa partie inférieure en stratification tout-à-fait contrastante contre des grès et des arkoses appartenant à un terrain décrit par M. Leymerie , dans son Mémoire sur le Mont- d’Or lyonnais, sous le nom de grès inférieur, et qu’il rapporte au keuper. Sur ce point les strates des deux terrains sont presque perpendiculaires les unes à celles de l’autre. Il n’a pu rester dans l’esprit des membres présents le moindre doute sur l’indépendance des deux formations. Il est donc difficile de pla¬ cer ce terrain dans le lias, comme l’ont fait MM. Dufrénoy et 564 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , Elie de Beaumont, dans la carte du bassin houiller d’Alais , insé¬ rée dans le texte de la carte de France. M. Dumas, à l’exemple de M. Fournct, le rapporte au trias. Dans un point où un petit lambeau de ce terrain couvre des schistes et des grés houillers , MM. l’abbé Chamousset, Bertrand Geslin et de Roys ont re¬ connu que leur stratification était transgressive. M. Dumas pense que ce n’est là qu’un accident, mais qui, sur d’autres points que la Société pourra examiner plus tard, se reproduit sur une grande échelle. Le lambeau de terrain houiller affleu¬ rant au bas du vallon, prés le pont Gisquet, n’offre aucun in¬ térêt industriel. C’est de ce terrain que sort la fontaine Daniel, vue par la Société , et dont les eaux contiennent du sulfate de soude. En revenant dans la direction d’Alais , la Société a vu dans le fond du ruisseau un calcaire subordonné au keuper, que sa teinte bleue, les fissures remplies de chaux carbonatée , au¬ raient pu faire confondre avec l’oxfordien -, mais son grain bien plus serré et sa texture presque grenue l’en distinguent com¬ plètement. Plus loin, M. le baron d’Hombres a fait observer à la Société un minerai de fer magnésifère pisiforme qui se trouve dans des fissures du calcaire oxfordien , en partie libre , en partie engagé dans un calcaire blanc évidemment concrétionné. M. de Roys pense qu’il appartient à cette grande formation de fer hydraté pisolitique qui fournit la plus grande partie du minerai exploité en France, dont la position n’est point encore parfaitement déterminée, qui se trouve au-dessus de presque tous les ter¬ rains, même des tertiaires inférieurs et peut-être moyens. C’est le Bohnerz des Allemands. La Société s’est ensuite rendue à la verrerie de Rochebelle où M. le baron d’Hombres lui a fait remarquer de belles den- drites en manganèse; puis elle a visité les mines de houille de Rochebelle et celle de Cendras. M. l’abbé Chamousset fait remarquer l’identité presque par¬ faite du terrain oxfordien, qu’il a visité le matin, avec celui de la Savoie: même coloration, mêmes veines de calcaire spathique. La ressemblance est complète dans toutes ses divisions : seule¬ ment il existe en Savoie une division inférieure qui n’est pas 565 I)U 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 1846. reproduite à Alais. 11 rappelle que, par des observations qui lui sont propres, il a ramené à cet étage le terrain de la porte de France, que MM. Elie de Beaumont et Duîrénoy rapportaient à l’étage jurassique tout-à-fait supérieur, de même qu’ils avaient rapporté au lias celui d’Alais, erreur qu’ils ont ensuite reconnue. M. le baron d’Hombres fait remarquer que l’abbé Sauvage avait décrit cette diversité de terrain dés l’an 1703. M. l’abbé Ghamousset fait ressortir les différences qui existent entre le calcaire oxfordien des Gévennes, tout-à-fait semblable à celui qui est immédiatement adossé aux Apes, et celui que l’on rencontre dans l’espace qui sépare les Alpes des Cévennes. Celui d’Alais a été disloqué : on en trouve la preuve évidente dans les veines si nombreuses de spath calcaire. M. Dumas pense que l’émission des granités de Mayelles , très rapprochés des points visités, est antérieure à cette dislocation. M. Cha- mousset trouve une preuve de cette dislocation dans les dolo¬ mies. M. de Roys fait observer que beaucoup de ces dolomies sont immédiatement superposées à des calcaires normaux, qu’ainsi le métamorphisme par émission de gaz après le dépôt n’a pu avoir eu lieu. Il cite à l’appui de cette observation le Mémoire lu par M. Dumas au Congrès de Nîmes en 1844. M. Chamousset fait observer que peut-être n’avait-on pas ob¬ servé le point d’émission des gaz chargés de magnésie, que dans les gypses métamorphisés tout n’est pas également atteint par les gaz sulfureux , puisqu’on trouve des blocs intercalés de carbonate de chaux intacts. M. de Roys répond que dans les gypses métamorphiques le point d’émission des gaz est ordi¬ nairement déterminé ; il reproduit les calculs de M. Elie de Beaumont sur l’augmentation de volume des gypses transfor¬ més, augmentation qui leur donne une forme hémisphérique. Le métamorphisme n’est bien complet qu’au centre, et va or¬ dinairement tout autour à mesure qu’on s’en éloigne : on en voit plusieurs exemples remarquables dans la formation tria- sique en Lorraine. Il n’y a rien de pareil dans les dolomies im¬ médiatement superposées à des calcaires normaux, qui se poursuivent ainsi régulièrement sur d’assez grands espaces. M. Dumas pense que s’il y a eu métamorphisme pour ces 566 RÉINION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , couches , il est contemporain du dépôt, et que, pendant que le calcaire était encore à l’état pâteux, des sources chargées de sels magnésiens se répandaient dans les eaux où le dépôt venait de se former, et lui apportaient ainsi, uniformément répandu, l’élément magnésien transformateur. Il ajoute qu’au reste il existe un grand nombre de dolomies évidemment métamor¬ phiques. M. Teissier fait observer que la dolomie métamorphisée prend un volume moindre que le calcaire qu’elle remplace * qu’ainsi, au lieu des soulèvements cratériformes décrits par M. de Roys , il y a dépression et affaissement, ce qui pourrait fauc déterminer le point d émission des gaz. Il fait observer au surplus que les gypses des Cévennes, même saccharoïdes, ne paraissent point métamorphisés par une action semblable à cjlle des gypses de Lorraine et de Souabe. Cette observation est confirmée par M. Dumas. lM. Doublier communique à la Société un Encrinites liliifor- mis trouvé pour la première fois entier dans le muschelkalk du Var. Il communique également une dent que M. Teissier pense être une dent de cheval , et quelques échantillons d’un calcaire lacustre qu il a observé près de Draguignan. M. Lnnlien Dumas lit le Mémoire suivant sur les terrains anciens houillers, triasique et jurassique des Cévennes. JSotice sur la constitution géologique de la région supérieure ou Cèvennique du département du Gard , par M. Émilien Dumas. Messieurs , Etudiant depuis plusieurs années la constitution géognos tique du département du Gard, dont j’ai déjà dressé en grande partie la carte géologique , je viens vous prier de vouloir bien me per¬ mettre, avant de commencer nos explorations, de vous donner un aperçu aussi rapide que possible de la géologie générale de cette contrée , et notamment de la partie qui comprend les montagnes des Cévennes, qui sera bientôt l’objet de vos investigations. .1 ai cru devoir aussi, afin de vous familiarisera l’avance avec le lacics le plus habituel de nos terrains, mettre sous les yeux de la Société une suite des roches et des fossiles les plus caractéristiques DU 30 AOUT AU 0 SEPTEMBRE 18/|G. 507 delà contrée que nous allons explorer, et qui y jouent le rôle le plus important. Le département du Gard , considéré dans son ensemble , peut se diviser topographiquement en trois grandes parties ou régions na¬ turelles distinctes : 1° La région supérieure ou Cévennique , qui comprend la totalité de l’arrondissement du Vigan et la partie occidentale de celui d’Alais , peut être limitée par une ligne à peu près droite passant par Gn nges , Anduze, Alais, Saint-Ambroix et les Vans. 2 * La région moyenne , composée de la partie orientale de l'ar¬ rondissement d’Alais et de la totalité de celui d’Uzès. 3° La région basse ou maritime , formée en entier par l’arron¬ dissement de Nîmes. Chacune de ces trois régions offre un aspect particulier, évidem¬ ment dû à la composition géologique du sol. La région supérieure. que nous nommons cévennique parce qu’elle comprend la plus grande partie des montagnes des Cévennes , et qui se subdivise or¬ dinairement en hautes et basses Cévennes , est formée dans les par¬ ties les plus élevées par les terraius les plus anciens , le terrain tal- (picux et le terrain granitique ; tand is que les basses Cévennes sont constituées par le terrain boni lier , le trias , le lias , et les étages inférieurs et moyens du système oolitique. La région moyenne est constituée presque en entier par la for¬ mation néocomienne , par les argiles aptiennes , le gault ou grès vert inférieur et la craie chloritée ; terrains qui sont recouverts sur quel¬ ques points par la formation lacustre et par quelques lambeaux du terrain marin tertiaire. Enfin la région basse ou maritime est caractérisée parla formation néocomienne , la formation lacustre , le terrain marin tertiaire , et par les alluvions anciennes et modernes. Bien que notre but ne soit que de décrire ici les terrains qui composent la région supérieure du Gard , nous serons cependant obligé, afin de rendre nos descriptions plus complètes, de les éten¬ dre aux portions des départements de l’Aveyron , de la Lozère et de l’Ardèclie , appartenant aux montagnes des Cévennes , qui sont trop intimement liées à cette région du Gard pour pouvoir en être séparées. Alais avant de décrire géologiquement cette contrée , nous croyons utile d’indiquer l’étymologie de ce mot de Cévennes , de donner une idée de l’étendue et de la configuration générale de cette chaîne de montagnes , et de déterminer la portion de pays comprise aujourd’hui le plus généralement sous cette dénomination. 568 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS, Le nom de Cévennes , dérivé de l’hébreu Giben ou du celtique Keben , signifie, dans ces deux langues, montagne. Cette double étymologie , souche commune de toutes les appellations grecques et latines , a vraisemblablement sa racine primitive dans les anti¬ ques idiomes de l’Inde. Strabon dans son Traité de géographie, qui est l’ouvrage de cette nature le plus complet et un des plus an¬ ciens qui nous restent, nous apprend que le mont Cemmenus prend naissance aux Pyrénées par une ligne perpendiculaire , traverse le milieu des Gaules et se termine près de Lyon, après avoir par¬ couru un espace fie 2000 stades, c’est-à-dire 104 lieues environ. Cette même chaîne de montagnes est nommée par Jules César Cebenna , par Pomponius Mêla et Pline Gebennci ou plutôt Ce- bennci , dénomination qui se rapproche davantage du mot Cévennes, dont on se sert aujourd’hui. On voit que les anciens géographes désignaient sous ce nom une étendue de pays très considérable , et qu’ils l’appliquaient aux montagnes de l’Albigeois , du bas Rouergue , du bas Gévaudan et du bas \ ivarais. Mais de nos jours, cette dénomination assez vague de C évennes se donne à une portion de pays beaucoup plus res¬ treinte ; elle semble réservée à indiquer d’une manière plus spé¬ ciale les montagnes qui s’étendent principalement sur la partie occidentale du département du Gard, et sur les parties limitrophes des départements de l’Ardèche , de la Lozère , de l’Hérault et de l’Aveyron. De sorte que le pays compris aujourd’hui sous ce nom peut être assez bien circonscrit, au N. -O. , par une ligne brisée partant de Lodève ( Hérault) , passant par JVant ( Aveyron) , par Florae et Villefort (Lozere) ; tandis qu’au S.-E. cette limite serait à son tour assez bien tracée par une autre ligne à peu près droite, tirée de Lodève à l’Argentière (Ardèche) , et passant par Ganges , Quillac , Anduze , Alais et Saint-Ambroix. Terrain ancien. — Le terrain ancien des Cévennes est composé en grande partie par des schistes talqueux ou cristallins , au milieu desquels on observe de grandes masses granitiques , des filons de porphyre , et d’une roche nouvelle encore peu connue , désignée sous le nom de Fraidronite. Terrain talqueux. — On remarque que les schistes anciens, le plus ordinairement talqueux dans la partie supérieure, se chargent dans le bas , notamment au contact des masses granitiques ou des filons métallifères , de nombreux filets de quartz et de feldspath , et pas¬ sent ainsi au gneiss. D autres lois , ces schistes , au contact du gra¬ nité , éprouvent une simple altération dans leur couleur et dans leur ténacité; ils deviennent très durs, souvent blanchâtres, et DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18 40. 569 contiennent quelquefois de petits cristaux d’une substance assez semblable à la macle. Le mica est fort rare dans le terrain tal- queux des Cévennes , et nous ferons remarquer que le schiste n’y passe jamais au micaschiste proprement dit. Calcaire hypogène ou métamorphique. — Le terrain schisteux an¬ cien contient, notamment dans la vallée du Yigan et dans celle de Yalleraugues , des couches calcaires subordonnées , qui dans cer¬ tains points offrent une très grande épaisseur ; et l’on observe que ces assises calcaires sont distribuées à diverses hauteurs dans la masse schisteuse. Dans la vallée de Yalleraugues , un peu au-dessous du sommet de l’Aigual, à l’Hort-de-Dieu, et tout-à-fait au pied de cette mon¬ tagne , aux fours à chaux de Malet, il existe des bandes calcaires d’environ 50 mètres de puissance , et qui sont recouvertes par une épaisseur de plus de 7 à 800 mètres de schiste talqueux. Dans la vallée du Yigan , ce calcaire se trouve également inter¬ calé dans le schiste, comme à Montdardier, Alzon , Lspériès et au pont de l’Hérault. D’autres fois il lui est superpos ; mais il se lie toujours avec lui, au point de contact, d’une manière intime. Nous citerons comme exemple de calcaires évidemment superposés aux schistes ceux sur lesquels le Yigan se trouve bâti , et ceux que l’on observe au sud de cette ville dans les communes de Pommiers, de Roquedur et cleSaint-Bresson. Nous ferons remarquer que les caractères minéralogiques de ces calcaires sont très variable ; ils sont le plus ordinairement com¬ pactes et très durs , d’un gris bleuâtre, quelquefois blanchâtres et cristallins; souvent aussi ils sont jaunâtres et doiomitiques , comme à Pommiers et à Coularou près le Yigan. J’ai hésité longtemps sur la véritable classification géognostique de ces calcaires, dans lesquels j’ai cherché vainement des débris organiques ; mais leur liaison intime avec les schistes talqueux, dont ils partagent tous les accidents de stratification, nous fait pen¬ ser aujourd’hui qu’on doit les considérer comme faisant partie du même groupe géognostique. Cette roche correspondrait donc au calcaire appelé vulgairement primitif et désigné par M. Lyell sous le nom de calcaire hypogène ou métamorphique. Le terrain talqueux , tel que nous venons de le décrire, paraît avoir une puissance très considérable, et nous pensons qu’on peut lui assigner 3 ou âOOO mètres au moins d’épaisseur. Ce terrain renferme plusieurs filons d’antimoine sulfuré , qui se dirigent généralement de FE. à l’0. ils forment des gîtes assez im¬ portants, exploités au Collet-de-Dèze (Lozère), à Malbos dans l’Ar- 570 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , dèclie , et dans le Gard à Bordezac , à Cessous près Portes , à Cour- coulouse près Saint-Florent , à Loubemorte , commune de Saint- Paul-Lacoste , et près du hameau de Falguière , dans la commune de Saint-.Tean-du-Gard. C’est aussi dans ce terrain qu’existent, dans la Lozère, les filons de plomb sulfuré argentifère des mines de Vialas , et les beaux filons de cuivre sulfuré des Combelles près Saint-Sauveur-des- Pourcils et du Fraissinet près Villefort. Terrain granitique. — Le terrain granitique compose le noyau in¬ térieur de la chaîne des Cévennes: il y apparaît au jour sur trois points principaux , constituant des massifs isolés , assez réguliers , de forme allongée , placés parallèlement , et espacés de manière à laisser entre eux une distance de 25 à 30 kilomètres. Le massii granitique le plus septentrional est situé dans le dé¬ partement de 1 Ardèche , ou il forme la chaîne du T a nargue. Le second massif , ou celui du centre , constitue la montagne de la Lozère, qui a environ 2à kilomètres de longueur, et qui s’étend de Saint-Etienne-de-Valdonès , auS.-E. de Mende , jusqu’auprès de Genolhac dans le departement du Gard. Le point le plus culmi¬ nant de ce massif granitique , dit le Crucinas , atteint une altitude de 1718 mètres. Enfin le troisième massif , qui est placé au midi des deux autres et que nous désignerons sous le nom de massif méi idional , est situé presque en entier dans le département du Gard. 11 est formé par les crêtes des montagnes du Saint-Guiral , du Lengas, du Lirou et de Brion, et s’étend des limites de l’Avey¬ ron, près de Saint- Jean-du-Bruel , jusqu’à Saint-Jean-du-Gard , sui une longueur de plus de 40 kilomètres; sa largeur moyenne en a de 8 a 10 , et il comprend 33,917 hectares de superficie. Sa plus grande altitude est, à la montagne de l’Aigual, de 1568 mè¬ tres. Ces trois masses granitiques sont de forme allongée et disposées a peu pies parallèlement à leur grand axe , elles sont alignées de IL. a 10., ou mieux encore N. 80" E., coupant obliquement la direction générale de la chaîne des Cévennes qui court N. 40° E.; de telle sorte qu’il est à supposer que l’apparition de ces trois mas¬ sifs est de beaucoup antérieure au soulèvement qui est venu re- diesseï plus tard les terrains jurassiques placés sur le versant occi¬ dental et oriental de cette chaîne de montagnes. Ces masses de granité sont très remarquables ; elles percent le terrain talqueux qui les entoure de toutes parts, et dont on voit les couches se relever sur leurs flancs. Le granité des Cévennes pré¬ sente tous les caractères d’une roche d’éruption. Il est composé 2^\iVrù‘, T. III, H. VU, P.u/e .5>/. Police sur la coushtohou (jeolocjujuc supérieur ■ <> xeon JTi'Irc.f Les < /a /près uulù/ticiil les a/liludes ou hauteurs' itm/cssus t/i/ niveau r/e la A fer. Fi o’. 5 o. E. o 401 le la 1 c’* 2 '* é'on/tc de la partie nirridiorutlr »///, v //or/ t/e Dieu 1320 \oiuj I îilla\uu/nc Cou /te de la par lie méridionale du fiaxvin Zio/ni/er d’A/ai. Colt/e lu "''/'Zutn,/ /„ //mite de h' /' ''"twet/.r lit système :e>.; t ( harin/t •/uu.\ S'"-*' ''//f terne moi/ en •nioctni t/u Cardon d'Altiis Niocau t/e lu Aie ‘ram .... Hou Hier 2‘™‘, Série. T. III. H. VU. /! Ont ne /nu- /tir / . - » uni ■ lilhJûuyi/it /in Parie Notice sur /u constitution i/coloijijuc supérieure ou (cucnnijite du J)cj>n élément du Oued , fnir.il l'.milini Dumas. SI t) DU 30 AOUT AU (5 SEPTEMBRE 184^. 571 d’un mélange, intime de feldspath blanc-jaunâtre , [lamellaire et grenu, de quartz gris amorphe et de mica noir. Il contient de gros cristaux de feldspath disséminés dans la masse, qui lui donnent un aspect porphyroi le. Il est très altérable , et son feldspath est sou¬ vent passé à l’état de kaolin. Au point de contact du schiste tal- queux et du granité , on n’observe jamais de passages insensibles entre ces deux roches ; elles sont toujours très distinctes l’une de l’autre , et l’on peut même voir quelquefois que le granité enve¬ loppe des fragments de schistes talqueux plus ou moins volumineux , qui ont du être arrachés lors de cette grande éruption granitique. Un autre fait, qui tend également à démontrer que le granité, au moment de son éjection , devait être à l’état pâteux , s’observe sur la montagne de l’Àigual : là, cette roche paraît avoir pour ainsi dire coulé sur les couches schisteuses qu’elle recouvre en partie, et qui sont fortement redressées, plongeant au N. sous un angle d’en¬ viron 60°. La coupe pi. YII (fig. 1) donnera une idée exacte de cette disposition. Sur le massif granitique du Mont-Lozère, au N. -O. de Génol- liac , près le roc IVIalpertus , où est situé un des signaux qui ont servi à la grande triangulation de la nouvelle carte du royaume, on observe que le soulèvement granitique a porté une langue très étroite de schiste talqueux à une très grande élévation. Cette bande schisteuse forme sur ce plateau entièrement granitique trois som¬ mités remarquables : les deux premières , c’est-à-dire celles qui sont le plus rapprochées du signal , ont une altitude de 1621 et de 1594 mètres; elles sont connues sous le nom de la Téte-de-Bœuf , et la troisième , qui s’élève seulement à 1576 mètres, est désignée sous le nom de Bois-des-Arm es . Il résulte de toutes ces observations que le granité porphyroïde paraît avoir été éjecté à l’état pâteux, et qu’il n'est arrivé au jour que postérieurement au dépôt de schiste talqueux, dont il a plissé, soulevé et brisé les couches, au moment de son apparition. C’est probablement aussi à cette même époque et sous l’influence de cette roche ignée, qu’on doit rapporter les phénomènes métamor¬ phiques qui sont venus altérer les calcaires et les schistes primor¬ diaux , et leur donner l’aspect sous lequel ces roches se présentent aujourd’hui. Pour compléter la description du terrain granitique des Céven- nes , nous dirons que cette roche éruptive contient très fréquem¬ ment des filons ou plutôt des amas subordonnés de pegmatite, roche qui passe sur un grand nombre de points au leptynite ( Weisstein des Allemands) , par le simple effet d’une diminution 572 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A A LAIS dans la grosseur de ses éléments constitutifs. A Sai nt- J ean-d u -Gard , nous avons observé une assez grande masse de pegmatite décom¬ posée, leduite a 1 état de kaolin. La pegmatite et le leptymte con¬ tiennent souvent , comme substances minérales disséminées , du cuivre pyreux et des cristaux d’amphibole, ainsi qu’on peut le voir aux environs de Lasalle et de Saint-Teau-du-Gard. Porphyre gratiitoide. — C’est encore à la même éruption grani¬ tique que nous rapportons les filons de porphyre granitoïde, qu’on observe sur quelques points des Cévennes, injectés dans le terrain talqueux , notamment dans la vallée du Yigan , entre cette ville et la commune de Mandagout , et près d’Alais , du coté de Soustelle , de Peries, de Malataverne et du château de Sauvage. Nous nous sommes assuré que ces filons porphyroïdes se liaient toujours, dans leur partie inférieure , avec les masses granitiques ; que ce por¬ phyre n’était réellement que du vrai granité injecté sous forme de veines ou petits filons, qui, se trouvant refroidi dans des circon¬ stances particulières, offrait un aspect minéralogique différent. Le grain de ce granité est en général plus fin que celui de la masse d où ces filons émanent, et l’on observe que ces veines sont sou¬ vent dépourvues de mica. Dans certaines variétés le quartz et les cristaux de feldspath disparaissent , et le filon n’est alors composé que de feldspath compacte, et quelquefois granulaire. Dans quel¬ ques filons le mode de refroidissement paraît avoir surtout influé d’une manière particulière sur la cristallisation du feldspath et du quartz; la première de ces substances s’y présente ordinairement sous la forme de prismes obliques , plus ou moins surchargés de facettes à leur sommet , et la seconde sous l’aspect de petits dodé¬ caèdres bipyramidaux , formes cristallines que nous n’avons jamais rencontrées dans le granité porphyroïde proprement dit , dont les ciistaux de feldspath se rapportent toujours à la variété héliotrope, et où le quartz présente en général une cristallisation confuse. Fraidronite. — Nous dirons aussi quelques mots d’une roche, encore peu connue, qui paraît particulière aux montagnes des Cé¬ vennes, où elle est très abondante : c’est le fraidronite, roche érup¬ tive assez semblable au trapp, mais qui s’en distingue par l’absence du pyroxene et de 1 amphibole. L apparition de cette roche a eu lieu posterieurement a celle du terrain granitique, puisque les filons qu elle forme pénétrent indistinctement dans le granité et dans le schiste talqueux. Ne 1 ayant jamais vue injectée dans des terrains plus recents, nous pensons qu’on peut d’une manière assez vraisemblable fixer son apparition à une épocpie antérieure à la période houillère. J’ai étudié avec soin la direction d’un grand / BU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 1846. 573 nombre défilons de fraidronite, et j’ai reconnu qu’ils se dirigeaient presque tous le plus ordinairement du N. au S., ou du N. 23° E. au S. 23° O. (1). Calcaire éruptif. — Enfin , pour terminer cette description des terrains anciens des Cévennes, nous signalerons un fait géologique qui nous paraît trop intéressant pour le passer sous silence : c’est 1 existence d’un calcaire éruptif , formant de véritables filons au milieu du terrain granitique. Ce calcaire ordinairement magnésien est d’un beau blanc , à structure cristalline , et nous ferons remarquer qu’indépendam- ment de son gisement, ce qui doit encore conduire à le considérer comme ayant une origine ignée, c’est sa fréquente association avec des substances minérales qui ont évidemment elles-mêmes une origine plutonique incontestable. C’est ainsi que dans le grand filon de calcaire éruptif cpii s’étend de Fons à Cabrillac (Lozère) , sur une longueur d’environ 2 kilomètres , nous avons rencontré du quartz , de la blende , du plomb sulfuré etcarbonaté. Dans le Yallatde Rieufrais, près Cabrillac, nous avons observé que ce même filon présentait la particularité remarquable d’offrir, dans sa partie supérieure , une véritable stratification distincte et régulière, comme si le calcaire, en se sublimant dans cette fissure granitique, y avait formé de haut en bas une série de couches successives, à peu près semblables à celles d’un dépôt qui se serait opéré par la voie neptunienne. Et certes, l’on ne peut pas supposer ici que ce filon ait été rempli par la partie supérieure , puisque sa crête est encore recouverte par le granité, et qu’il n’a été mis à nu que par les torrents qui, descendant des montagnes de lAigual, sont venus creuser dans cette roche décomposée les ravins dans lesquels on le voit à découvert. Je rappellerai à ce sujet qu’un exem¬ ple semblable de stratification s’observe dans le filon de quartz aurifère de La Gardette , phénomène que la Société géologique a (1) Le fraidronite a été retrouvé par M. Yiquesnel dans les environs de Vichy. Depuis la session d’Alais, nous avons constaté son existence près de la Chaise-Dieu , dans un granité porphyroïde exactement sem¬ blable à celui qui forme les trois massifs décrits par M. Dumas.. Ce granité nous a paru former une chaîne continue, au moins de la Bas¬ tide, entre Villefort et Langogne , jusqu’à Vichy, en suivant la direc¬ tion qui relierait les trois masses observées par M. Dumas. Entre la Chaise-Dieu et Arlene . il a soulevé le gneiss. Après avoir coupé cette chaîne près d’Ambert, on en coupe une seconde à St--Amand , de gra¬ nité à petit grain, qui se perd sous les terrains tertiaires de la Limagne. ( Note de M. de Roys. j 57 h RÉUNION EXTRAORDINAIRE A A LAIS , été à même de constater lors de la session tenue à Grenoble en 1 840 . Ces filons de calcaire éruptif sont presque verticaux, et ils offrent une épaisseur variable de 2 à 10 mètres; leur direction oscille entre le N. 62° E., et le N. 98° E. J’ai désigné cette roche , sur la légende de la carte géologique du Gard, sous le nom de calcaire cristallin ; les filons qu’elle forme sont peu répandus , et indépendamment de celui que nous avons signalé dans le département de la Lozère , nous n’en avons rencontré que cinq ou six autres , qui se trouvent dans l’arrondis¬ sement du Vigan , sur le territoire des communes de Mandagout, de Yalleraugues , de Saint-Martial et de Saint-André-de-Majen- coules. Terrain houiller. — Le terrain liouiller se montre à découvert sur le versant oriental de la chaîne des Cévennes , où il forme une succession de bassins plus ou moins considérables. On observe que ce dépôt s’est opéré dans les dépressions du terrain talqueux , déjà disloqué par l’effet des soulèvements antérieurs; de telle sorte que la formation houillère repose sur ce terrain , en stratification discordante et presque toujours transgressive. Dans le département du Gard , le terrain houiller se divise naturellement en deux bassins , formant des groupes distincts et séparés : le bassin du Vigan et le bassin d’Alais. Bassin du Vigan. — Le bassin du Vigan est peu important; il consiste principalement en deux lambeaux de terrain houiller. Le premier , situé dans la plaine de Cavaillac , près le Vigan , renferme seulement deux couches de combustible ; sa surface est d’environ un kilomètre carré. Le second point houiller est encore plus restreint; il existe dans la commune de Sumène , au hameau de Sounalou , et ne contient qu’une seule couche de houille. Ces deux dépôts reposent en partie sur le schiste talqueux et eu partie sur le calcaire liypogène qui lui est subordonné, et ils sont recouverts par le trias en stratification légèrement discor¬ dante. Nous ne nous étendrons pas davantage sur la description du bassin du Vigan , et nous passerons immédiatement à celle du bassin d Alais , qui présente un beaucoup plus grand intérêt. Bassin d' Alais. — Entre la ville d’Alais et celle des Vans ( Ardèche ) , le terrain houiller affleure au jour sur une longueur de 28 à 30 kilomètres et sur une largeur de 13 kilomètres environ, entre la commune de Sainte-Cécile d’Andorge et celle de Saint- Ambroix . L'ensemble de ce bassin offre la forme d’un vaste qua- DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18/t6. 575 drilatère assez régulier, qui peut être compris clans une série de lignes brisées partant d’Alais et passant par Saint-Àmbroix , les Y ans, Chamborigaud , Sainte-Cécile-d’Andorge , Saint-J ean-du- Pin et Alais , point de départ. Mais sur toute cette superficie , le terrain houiller est loin d’être partout à découvert ; il ne se montre que sur quelques points for¬ mant autant de bassins plus ou moins étendus, distincts et nette¬ ment séparés les uns des autres. Quelques uns de ces bassins ne sont que de véritables lambeaux de terrain houiller, isolés , reposant sur le terrain talqueux qui les entoure de toutes parts; tels sont : k il. 1° Le bassin d’Olympie. . . surface 0,561 2° Celui entre Bellepoële et le Yern (com¬ mune de Chamborigaud) . — 0,0125 3° Celui du Vern [idem.) . — 0,225 4° Celui de Tarabias (commune de Cham- bon) . . — 0,007 D’autres reposent sur le terrain talqueux , et sont recouverts , d’un coté seulement , par des formations plus modernes , le trias et le terrain jurassique. Ce sont: kil. 1° Le grand bassin du Gardon et de la Cèze. surface 77,46075 2° Le bassin du Mas-Dieu . — 0,5054 3° — de Malataverne . — 1,0825 4° — de St-Jean-du-Pin . — 0,340 5» — du vallat de la Coste, près Bordezac . — 0,01 D’autres enfin sortent au jour au milieu des terrains triasiqucs et jurassiques , et quelquefois même au contact des terrains ter¬ tiaires ; tels sont : kil. 4° Le bassin de Rochebelle,Cendras et St-Martin, surface 1,905 2» — deSt-Jean-de-Yaleriscle . — 2,072 30 — des Brousses et Molières . — 0,945 40 — de St- Paul -le- Jeune (vallat de Champvalz , Ardèche) . — 0,012 50 — ) les deux points houillers du vallat f — 0,01 6° _ j de Mont-Gros (Ardèche). . — 0,0002 70 _ du vallat de Lacombe , près Banne (Ardèche) . — 0,09 go _ le petit point houiller de la Côte-de- Long , près Bordezac . — 0,0004 Soc. gêol., 2e série, tome III. 44 57(3 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , Ainsi , il y aurait en tout , dans le bassin d’Alais , dix-sept points grands ou petits où le terrain houiller serait à découvert ; ce qui constituerait autant (le bassins partiels plus ou moins considéra¬ bles , mais faisant tous partie de la même formation houillère de la contrée. De tous ces divers bassins le plus important est celui qui s’é¬ tend du Gardon d’Alais jusqu’au-delà des limites du département du Gard , et qui se termine dans celui de l’Ardèclie , sur le terri¬ toire des communes de Banne et Braliie , à 3 kilomètres au S. de la ville des Vans. Le terrain houiller y est à découvert du N. au S. sur une longueur de 20 kilomètres et sur 8 de largeur moyenne. La surface totale de ce bassin est 7,7ù6 hectares. On voit qu’il est très étendu , et qu’à lui seul il représente les neuf dixièmes de la partie visible du terrain houiller d’Alais ; aussi est-ce là que réside la principale richesse minérale , tous les autres bassins , à l’exception de ceux de Rochebelle et de Saint-Jean-de-Valeriscle , où il existe des exploitations régulières et importantes , n’étant pour ainsi dire que des témoins attestant la présence du terrain houiller caché sous le terrain secondaire. Ce bassin est coupé transversalement du N. -N. -O. au S.-S.-E. par une bande de schiste talqueux , qui se rattache du côté de Pierremale au terrain ancien des Cévennes , et qui s’avance au S.-S.-E. sous forme de presqu’île ou promontoire élevé. Cette arête schisteuse est très remarquable ; elle a 10 kilomètres de long sur 2 de largeur moyenne , et forme une saillie élevée qui domine de tous côtés la formation houillère. Le point le plus avance au S.-S.-E. de cette chaîne atteint une altitude de 698 mètres ; on la désigne sous le nom de Rouergue. 11 1 ( suite de cette disposition particulière que ce bassin se trouve subdivisé en deux parties distinctes : nous désignerons celle du S. sous le nom de bassin méridional ou du Gardon , et celle du N sous celui de bassin septentrional ou de la Cèze. Mais nous ferons observer que cette séparation n’est pas complète , et que ces deux bassins sont réellement liés entre eux, du côté du hameau de Mer- coiral, par une bande de terrain houiller de 3 à 400 mètres de large , qui affleure au jour et qui contourne l’extrémité de la presqu’île de terrain ancien dont nous venons de parler. Puissance , division et nature du terrain houiller. — Le terrain houiller du bassin d’Alais a une puissance très considérable , qui peut être évaluée à 1,000 mètres environ, il se divise en trois systèmes , distincts par la nature des roches qui les constituent par le nombre , la puissance et la qualité des couches de corn- 577 DU 80 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18^6. bustible , comme aussi par les espèces de végétaux fossiles qu’ on y rencontre. Mais nous ferons observer que chacun de ces systèmes se subdivise naturellement en deux étages, dont l’un char¬ bonneux et l’autre stérile ; de sorte qu’il en résulte que la totalité du terrain houiller se trouve composée d’une succession d’étages charbonneux et d’étages stériles , alternant ensemble et de manière que la série commence dans le bas par un étage non charbon¬ neux. Le tableau suivant donne une idée de cette disposition et fait connaître la puissance de ces divers étages , leur composition , le nombre des couches de houille , et la position des divers centres d’exploitations qui se trouvent situés dans ce bassin. 579 DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18/|6. 1° Système inférieur.' — Étage inférieur. — L’étage inférieur, qui constitue la hase du terrain houiller , est composé d’un pou¬ dingue ou conglomérat à gros éléments , formant des bancs épais confusément stratifiés, et séparés de temps en temps par des schis¬ tes gris foncés, contenant des rognons de sidérose. Ce poudingue est formé de fragments anguleux de schistes talqueux, qui se croi¬ sent en tous sens , et de cailloux de quartz blanc provenant du même terrain , liés par un ciment argileux d’un jaune rougeâtre. Ces fragments , dans les assises inférieures, sont souvent beaucoup plus gros que la tête ; mais on observe que leur dimension va gé¬ néralement en diminuant, à mesure qu’on s’élève vers les assises supérieures ; ils n’ont jamais leurs angles très arrondis, ce qui dé¬ note une origine peu éloignée , et l’on peut dire que l’étage infé¬ rieur du terrain liouiller est en quelque sorte composé des débris du vase qui le contient. Cet étage inférieur règne sans exception sur toute la lisière occi¬ dentale du bassin houiller d’Alais , au contact des roches primi¬ tives; il forme aussi les petits îlots d’Olympie, du Vern et de Tarabias. Sa puissance dans le bassin de laCèze peut être évaluée, sans exagération , à 300 mètres environ; mais du côté de Portes et de la Levade , dans le bassin méridional, cette épaisseur serait un peu moins considérable. Cet étage est essentiellement stérile sous le rapport du combus¬ tible ; la bouille ne s’y montre qu’à l’état d’anthracite , en rognons ou en couches excessivement minces (l’Hôpital près Bordezac , et Martrimas, Ardèche ) , à l’exception de la couche exploitée dans la concession d’Olympie , qui a presque 1 mètre d’épaisseur. C’est à la base de cet étage qu’on rencontre aux Drouillèdes , près Bessège , à Gournier , à Abaud et sous Sallefermouse ( Ardè¬ che ) , plusieurs couches d’un schiste rouge , ferrugineux , argilo- talqueux. Des essais faits à l’usine de Bessège lui ont reconnu une richesse en fer de 9 à 12 p. 100 ; la fonte en est grise et très douce. Nous signalerons aussi le conglomérat inférieur du terrain houiller, comme étant le gîte principal des paillettes d’or que rou¬ lent le Gardon d’Alais, la Cèze et surtout la rivière de Gagnières. On suit que depuis longtemps les orpailleurs se livrent à la re¬ cherche de cette précieuse substance en lavant les sables de ces trois rivières ; mais on ignorait quel était le gisement primitif de ce métal. Nous nous sommes assuré par des lavages faits sur les lieux , notamment à la montagne des Chamades , sous le village de Malbos (Ardèche), que le conglomérat houiller est lui-même très aurifère , et que c’est là le véritable point de départ des pail- 580 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALA1S , lettes d’or. Et en effet, les personnes qui exercent l’industrie d’or¬ pailleur affirment que le Gardon d’Alais n’est plus aurifère au- dessus de la Levade , la Cèze au-dessus des Drouillèdes, et que Gagnieres cesse également de l’être au-dessus du village de Mal- bos; ce qui est très vrai, puisque la formation houillère s’arrête à ces divers points , et qu’en amont de ces trois localités les cours d eau que nous venons d’indiquer ne roulent plus que sur le ter¬ rain talqueux. Étage supérieur. — La partie supérieure du système inférieur est très charbonneuse. C’est dans cet étage que sont ouverts, dans le bassin méridional, les centres d’exploitation si importants de la Levade et de la Grand’ Baume , où l’on observe six couches de houille donnant une épaisseur moyenne d’environ 17 mètres. — - Les six couches ont reçu des noms différents dans ces deux mines, pai ce qu elles montrent des variations assez notables dans leur épais¬ seur , circonstance qui n’a pas permis de reconnaître leur identité. Le tableau suivant indique le rapport qui existe entre ces cou¬ ches , et fait connaître les différences de puissance qu’elles éprou¬ vent, ainsi que celles des grès et des schistes qui les séparent. Couche de la 1)U 30 AOUT AU O SEPTEMBRE 18/[6. 581 Tableau (le l'étage supérieur ou charbonneux du système inférieur dans le bassin méridional ou du Gardon. EXPLOITATION DE LA LEVADE ET DE LA TROUCHE. La Minette. Houille . . . Grès ou schiste . Les Cinq-Pans. Houille . Grès ou schiste . mètr. 0,50 15,00 1,75 2,00 i „• /Houille . »... o SI l Schiste . ^ P < Houille . \ 2,00 Ü'w c* ^ I « u J Schiste. Jg \ Houille. Grès fin et schisteux . mèt. 6,00 Poudingue à noyaux de quartz et schiste . . . . . 5,00 Grès micacé fiu et schisteux . 5,00 14,00 u JS o a o U H !S «J "O 43 JS (J s o U Houille sale et schisteuse. . . 0,23 Schiste compacte. . . . A . 0,06 | Houille . 0, 17 1 : Schiste B 0,06 1 1,50 Houille . 0,47 Schiste . . C 0,04 Houille . . 0,16 Schiste . D 0,04 ^Houille . 0,25/ Grès schisteux . • . . . . 1,00 \ douille . 0,04 Grès schisteux . 1,60 J -O 43 S- fl a 'O j Houille assez pure. Grès schisteux . . ^,60 Houille . ®,04 Grès micacé fiu et schisteux. .... 2o,00 2,54 0 50 24,54 / Houille alternant avec schiste inexploitée . 2,00 Schiste . 2,00 Houille impure, dite ci- \ saille . 0,40 \ Houille, assez bon coke. 0,40 f 2 QO Schiste, nerf. . . Houille, assez bon coke 3 1 Schiste . 0,20 Houille . °»10 \ 03 • a o î. 0,40 I . 0,02 k j. 1,20 J 6,30 Épaisseur totale . . • contenant 12m, 5b de combustible. 70,63 EXPLOITATION DE LA GRÀND’BAUME ET DE LA FORÊT D’ABYLy Couche inexploitée ^Houille . Grès ou schiste. . . . « \ 43 - J ■s® ( = CU i Houille .... rP X i U 43 \ Grès ou schiste. . . . Houille Gi èsplus ou moinsschisteux. mèt, 15,00 Grès dur et compacte . 2,00 Grès fin et schisteux . 5,00 o A -b « a U s Q O V T3 B a L, O i Houille . 0,41' Schiste . 0,09 Houille et schiste . 0,13 Schiste compacte. . . A . 0,25 Houille . 0,50 Schiste » . 0,03, I Houille . 0,45 I Schiste . 0,04 1 Houille . . . 0,10 i Schiste . B . 0,09 j Houille . 0,40 1 Schiste . 0 04 Houille . 0,53 Schiste . C . 0,17 Houille . 0,56 3,98 Schiste . D 0.07 .Houille . 0,32/ Grès J ! Houille . 0.58 03 O 5 ° 0.02 43 Huuille . 0.20 \ Schiste . . . 0,06 v Houille . 0,42; Grès schisteux . 24,45 'i Houille . - • 0,25 Grès micacé schisteux très dense. 0,30 ) 4,00 1,08 25,00 co /Houille (banc supérieur). . 2,10\ j Schiste . 2,00 ( Houille (1er petit banc). . . 1,00 Schiste . 0,50 Houille (2e petit banc). . . 1,08 Schiste . 0,50 Houille peu collante. 1 ,10 \ Banc Houille trcs pure. . .0,20 > 2,50 Houille peu collante. 1 ,20 ) moyen Schiste . 0,10 Houille . 1,60 Schiste . 0,60 Houille médiocre, iuexploi- , tée . 0,50/ 1 1 ,80 Épaisseur totale ...•••••••• contenant 20m ,56 de combustible. 113.56? Les lettre? A , B, C , D indiquent les lits de schistes correspondants. m* 2,40 20, 0,9ô 20,00 0,80 20.00 5 582 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A A LAI S , A ce même étage se rapportent probablement , dans le bassin de la Cèze , les couches inférieures des mines de Bessège et de Lalle , jusqu à la couche Saint-Christophe inclusivement , ainsi que les plus basses couches exploitées, clans l’Ardèclie, à Pigère et dans la concession de Sallefermouse ( Yallat de Combe-Longue). Voici les noms et la puissance des couches de houille de l’étage charbonneux du système inférieur, aux mines de Bessège; comme dans le bassin méridional elles sont au nombre de six. inc! iis. Couche de houille dite St-Christophc . \ 50 Grès fin micacé et schiste . 30 00 Couche de houille dite la Minette ou St-Auguste. . 1 ,10 Grès fin micacé . 1 I 00 i Grès à grains moyens avec petits frag- ' 15,00 ments de schiste talqueux . 4n,.00 \ Couche de houille dite Sainte-Barbe . [ 4,50 Grès et schiste . 20 00? Couche de houille inexploitée . 2 00 Grès et schiste . 20 00? Couche de houille inexploitée . 1 00 ^rès, . . 20,00? Couche de houille inexploitée . » » Épaisseur totale à Bessège et à Lalle de l’étage charbonneux du système inférieur . 11210? Quant aux rognons de sidérose ou fer carbonaté lithoïde , ils sont en général trop peu abondants pour donner lieu à des exploi¬ tations avantageuses. Cependant au S. de Portes, à Palme-Salade, 11 existe dans cet étage deux couches de fer carbonaté exploitées avantageusement depuis quelques années par la Compagnie des forges d Alais. La couche supérieure consiste en schiste argileux et en filets de houille, contenant des rognons nombreux de fer car¬ bonaté et quelques petits nids de blende ; sa puissance est de 12 mètres. La seconde couche, qui est séparée de la première par une épaisseur de o0 mètres d un poudingue à gros éléments quart- zeux , a 15 mètres de puissance; comme la première, elle est formée de schistes plus ou moins pénétrés de rognons de sidérose; mais au contact du poudingue , cette couche donne 3 mètres de minerai pur. 2° Système moyen. — Étage inférieur. — Au-dessus de l’étage precedent viennent des grès plus ou moins fuis , en général d’un blanc jaunâtre , très compactes et donnant des pierres de taille assez estimées. Les bancs de schistes argileux y sont très rares, et DU 30 AOUT AU (3 SEPTEMBRE 18^(5. 583 ou n y observe que quatre ou cinq couches de houille d’une faible épaisseur , dont celle de Saint-André à Bessège et la couche infé¬ rieure de Champclauson sont seules exploitables Cet étage est donc presque tout aussi stérile que le conglomérat inférieur ; sa puissance dans la partie méridionale du bassin atteint à la mon¬ tagne de Champclauson environ 148 mètres; dans le bassin sep¬ tentrional, à Bessège et à Lalle, entre les couches de Saint-Chris¬ tophe et de Sainte-lllide, elle est de 155 mètres. htdgc supérieur. — L’étage supérieur du système moyen est très riche en couches de combustible. On y compte, dans le bassin méridional , quatorze couches de houille, qui existent principale¬ ment dans la montagne de la Grand’Combe , où elles sont presque toutes exploitées. La somme réunie de ces diverses couches donne , pour cet étage , une épaisseur de 21m,95 de combustible. La couche de Champclauson constitue , dans le bassin du Gar¬ don, la base de cet étage charbonneux ; elle a 4 mètres de puis¬ sance et forme sur la montagne de ce nom le centre d’une exploi¬ tation importante. Il est très probable que cette couche a sa continuation sous la montagne de la Grand’Combe , où elle est connue sous le nom de couche sans nom. On la voit affleurer au col Malpertus ; de là elle passe dans les concessions de l’Affenadou, de Comberedonde , et se retrouve encore dans celles de Portes et Sé- néchas avec les mêmes caractères. La coupe ( fig. 2 ) rend parfaitement compte de cette disposi¬ tion ; on voit que cette dénivellation a été produite par l’effet d’un grand plissement, qui a affecté dans ce point le terrain liouiller. Il résulte aussi de là que les six couches reconnues aux mines de Champclauson , au-dessus de la couche de ce nom , ne sont que la continuation de celles qui s’observent à la Grand’Combe, au-dessus de la couche sans nom. Quant aux autres couches, qui existent au- dessus, si elles ne se retrouvent pas sur le sommet de la montagne de Champclauson , c’est qu’elles ont probablement disparu par l’effet d’une dénudation postérieure au soulèvement du terrain liouiller. On a ponctué dans la coupe les parties de couches qu’on suppose avoir été enlevées. C’est au même étage charbonneux que paraissent correspondre, dans le bassin de la Cèze , les treize ou quatorze couches exploitées ou reconnues dans les concessions de Bessège ou de Lalle , à partir de la couche Sainte-lllide inclusivement, jusqu’à l’étage supérieur schisteux qui recouvre dans le ruisseau du Castellas la dernière couche de Lalle. Dans le N. du bassin de la Cèze, le système moyen charbonneux 584 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , paraît manquer tout-à-coup , de sorte que l’étage stérile du sys¬ tème supérieur repose directement sur l’étage houiller du système inférieur. Nous ferons connaître plus tard l’explication qui a été dernièrement proposée sur cette singulière anomalie. Voici les noms et les puissances des diverses couches qui existent dans les trois centres d’exploitation que nous avons indiqués, ainsi que la correspondance qu’on peut supposer entre elles , dans l’état de nos connaissances sur le bassin houiller d’Alais. 585 DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18/l6. Tableau de V étage supérieur ou charbonneux du système moyen . BASSIN MÉRIDIONAL ou DU GARDON. GRAND’COMBE. CHAMPCLAUSON. G C G Partie dénudeè C G de la montagne de L G C Champdau-iOn. C C C t C Grès et schiste . » C Affleurement de houille. . » ( » Affleurement de houille. . » 1 Grès et schiste ...... » Affleurement de houille. . » Grès et schiste . » Affleurement de houille. . » Grès et schiste . » Affleurement de houille. . » Grès et schiste . 25,00 l Couche de houille inex- 0,50 ploitée . Grès et schiste . 20,00 I Couche de Champclauson. 4,00 BASSIN SEPTENTRIONAL ou DE LA CÈZE. BESSÈGE ET LÀLLE. Grès et schiste. ...... 25,00 ploile'e . 0,80 Grès et schiste ...... 15,00 Couche Stè-Barbe . 2,00 Grès schisteux . 20.00 Les2couéhes des Bosquets. 3.80 Grès compacte ...... 22,00 \ Couche du Plomb . 1,40 -ès compacte. . . 10,00# -es très schisteux. 5,00^ Grès schisteux. . 3,00 Couche Portail inferieur. 1.25 Grès très schisteux, mi¬ cacé . 6,00 Couche de la Minette. . . 0,50 Cës touches n’ont été reconnues que par leurs affleurements dans la concession de La 11c. très micacé . 12,00 Couche de la Baraque. . 1,20 et fin (quartz et mica\ .... 18,00 20,30 m. Grès . 20,00 Couche du Velours 2,00 Couche de houille inex¬ ploitée . i . • « . 1)00 Grès schisteux. . . 4,50 Grès fin . 1,50 6,00 Grès à gros éléments quart- zeux. . . • . 15,00 Couche Cantelade . 0,70 j Couche St-Frangois. 2,00 Grès schisteux. 8,00 Grès . . . 20,00 Couche de l’Airolle. 1,20 Couche de hoüille inex¬ ploitée . • • • 0,80 25,00 | Grès . 20,00 ! Grès à grains moyens. . . 20,00 Couche du Pin . 1,70 ; Couche dé houille inex¬ ploitée 1,00 Grès . 10,00 \ j Schiste avec sidé- > 20,00 Schiste gtis très rose . 10,00 ) _ j . dur. 40,00 Couche sans nom , inex¬ ploitée . de <"> à 4,00 , Couché Stë-lllide . 2,00 Épaisseur totale . 216,25 contenant 21m, 95 de combustible. 586 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALA1S , Quant aux grès de cet étage , nous ferons observer qu’à la base ils sont en général assez grossiers, et que certaines assises con¬ tiennent des cailloux de quartz , souvent assez gros ( Champclau- son et au-dessus de la couche Saint-François , à Bessège ) ; mais ils deviennent beaucoup plus fins vers la partie supérieure ; à la Grand’Combe ils sont schisteux et très minces. 3° Système supérieur. — Etage inferieur. — Au-dessus du sys¬ tème moyen on observe un étage composé de schiste gris- verclàtre , pâle , micacé . se délitant facilement en feuillets excessivement minces. Ces schistes ne contiennent pas de couche de combustible et sont très pauvres en empreintes végétales Les grès y sont rares ; et quand on y en rencontre , ils sont fins, mica¬ cés, peu consistants et se décomposant à l’air en masses sphéroïda- les , comme à la montée des Salles de Gagnières à Pierremorte. Cet etage schisteux stérile , inconnu, ainsi que le suivant, dans la partie méridionale du bassin, est très développé dans la partie N. , ou sa puissance est d’environ 200 mètres ; on l’observe entre Bessège et le Mazel , sur tout le pourtour oriental de la région houillère , où il disparaît sous la formation triasique. Etage supérieur. — Comme dans les systèmes précédents, cet étage stérile est surmonté par sa couronne charbonneuse ; les cinq couches exploitées au Mazel et dans le Vallat de Lacombe ( com¬ mune de Banne, Ardèche) appartiennent à cet étage , ainsi que les couches anciennement exploitées au contact du trias , en face du village des Salles , au-dessus du hameau de Boniol, sur la rive droite de la rivière de Gagnières. Il en est de même du petit bassin des Brousses - et- M obères , situé à l’O. de Saint-Ambroix , et peut-être aussi des couches supérieures du bassin de Saint-Jean- de-Valeriscle. Nous donnons ci-dessous la coupe de cet étage charbonneux , prise à l’exploitation du Mazel : mètres. 3. Couche de houille inexploitable . 0/25 Schiste . o ,00 4. Couche de houille dite mine de la Paro. . . 1,25 Grès . . 22,00 3. Couche de houille dite la Minette . 1,20 Grès . 14,00 2. Couche de houille inexploitable . o,25 Schiste . 21 ' 40 1. Couche de houille dite la Grand couche . . . 1,30 Épaisseur totale au Mazel de l’étage charbon¬ neux du système supérieur . 66, 6o 587 DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 1846. On voit que ces cinq couches de houille , dont la seconde et la supérieure sont inexploitables, ne donnent qu’une épaisseur de 4 mètres 25 cent, de combustible. Nous ferons remarquer que l’étage charbonneux supérieur n’est point continu, comme les couches des systèmes précédents. Les couches de houille du Mazel se relèvent de tous côtés et forment un petit bassin isolé de très peu d’étendue ; elles ne se lient point à celles anciennement exploitées près de Boniol , ni à celles du petit bassin des Brousses-et-Molières , soit qu’elles aient été en partie enlevées par l’effet d’une dénudation antérieure au dépôt du trias qui recouvre tout ce système , soit plutôt que le comble¬ ment à peu près complet et inégal de la grande concavité dans laquelle le terrain houiller se déposait ait déterminé vers la fin de la période houillère , dans des dépressions séparées , la forma¬ tion de petits dépôts partiels de combustibles non continus. Cette solution de continuité dans les couches supérieures de combustible du terrain houiller explique comment un premier sondage de 40 mètres , exécuté en 1838 sous le hameau du Fri- goulet , dans le lit de Douloby , et un second sondage pratiqué deux ans plus tard sur le petit affleurement de Saint-Paul-le- Jeune (Yallat de Champvalz ) , et poussé jusqu’à 53 mètres de profondeur , n’ont pu rencontrer les couches supérieures liouil- lèi •es. C’est que ces deux forages avaient été tentés dans l’étage schisteux stérile, que nous avons vu avoir près de 200 mètres d’é¬ paisseur. Il en est de même de la galerie ouverte en 1845 dans le Yallat de Laeombe par les concessionnaires de Montgros , dans le but de retrouver les couches du Mazel ; ces travaux doivent rester sans résultat , vu qu’ils ne pénètrent encore ici que dans l’étage inférieur non charbonneux. Nous avons dit que le fer carbonate lithoïde disparaissait dans les assises supérieures du système moyen ; dans celui-ci , on n’en retrouve plus de traces. Aussi , l’absence ou la présence de cette substance minérale nous semble-t-elle un caractère excellent pour aider à déterminer les divers étages de la formation houillère. Allure générale des couches , failles et plissements . — Les trois systèmes que nous venons de décrire sont placés à niveaux décrois¬ sants les uns au-dessous des autres , c’est-à-dire disposés de ma¬ nière que l’étage inférieur occupe la position la plus élevée de la région houillère , et le supérieur la plus basse. Aussi le bassin houiller cl’Alais , pris dans son ensemble , n’est-il , à pro¬ prement parler , qu’un immense affleurement , dont les couches, modelées sur le terrain schisteux ancien , courent dans une direc- 588 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS, tion à peu près N. -S. , et plongent sous une pente moyenne et générale de 30 à 40 degrés vers l’E. , où elles disparaissent sous le terrain triasique qui les recouvre eq stratification discordante. .lusqu à présent ce bassin a joui d’une réputation de régularité qui semble disparaître de jour en jour devant une étude plus approfondie. On y observe en efïet des failles et des plissements assez nombreux qui viennent souvent interrompre cette apparente régularité et rendre la connaissance de ce bassin plus difficile qu’on ne le croit communément. Ces accidents de dislocations ou de fractures sont de deux sortes: les premiers et les plus anciens courent à peu près du N. au S. ; les seconds et les plus modernes se dirigent environ de l’E.-S.-E. à io.-n.-o. Nous avons déjà vu que , dans le yallon de la Grand’Combe , il existe un immense pli , en forme de selle, qui a rejeté vers l’E. , à un niveau très inférieur , la couche sans nom , que nous avons dit n’ètre autre que la continuation de la couche de Champclau- son, qui appartient au système moyen. Aux mines de Saint-Martin on observe encore un plissement remarquable courant dans le même sens , et formant une selle ré¬ gulière à deux pendages, dont la partie supérieure ou le dos d’âne se trouve tronquée en partie , notamment du côté du vallon de Fontane. Cette première nature de dislocation paraît de préférence avoir affecté le système inférieur et moyen avant leur complète solidification , et semble aussi, dans certains points, avoir eu lieu antérieurement au dépôt du système houiller supérieur. Ce plissement N. -S. nous paraît être en grande partie le résul¬ tat du soulèvement général du bassin , qui a eu lieu de manière à porter toute la lisière occidentale à un niveau infiniment plus élevé que 1 orientale ; en effet, cette première bande atteint à la montagne de la Pignède-de-Por tes jusqu’à une altitude de 747 mètres, tandis que celle de 1 E. ne s’élève guère qu’à une altitude moyenne de 300 mètres. 11 en est résulté que les couches, se trou¬ vant naturellement arc-boutées vers l’E. , par l’effet de leur posi¬ tion inclinée, ont du glisser de ce cote et se replier sur elles— memes au moment du soulèvement , de manière à foriner le grand pli qui s’observe notamment dans le centre du bassin mé¬ ridional. Enfin, dans ces derniers temps , M. Constantin Czyszkowski , ingénieur garde-mine à Alais, qui a bien voulu être souvent notre compagnon de voyage, pour expliquer l’absence du système moyen charbonneux vers l’extrémité N. du bassin de la Cèze , DU 30 AOUT AU 6 septembre 1846. 589 suppose que le même plissement qui existe dans la vallée de la Grand’Combe se reproduit probablement encore dans la partie septentrionale du bassin ; de telle sorte que l’étage charbonneux du système moyen se trouverait encore ici , par l’effet d’une faille, rejeté à l’E. à un niveau très inférieur, où il serait recouvert par le système schisteux. Cette théorie ingénieuse nous paraîtrait en ce moment la seule propre à expliquer d’une manière naturelle la disparition subite du système moyen dans cette partie du bassin ; mais nous croyons cependant qu’elle a besoin , pour être défini¬ tivement adoptée , de se voir appuyée par de nouvelles obser¬ vations. La seconde nature de dislocation qui a affecté le terrain houiller se trouve dans une direction oblique à la première ; elle paraît être d’une époque beaucoup plus récente , évidemment postérieure au dépôt du trias et du terrain jurassique , puisque ces terrains ont été contournés et disloqués en beaucoup de points ; nous citerons comme exemple la faille du vallat de la Roncière , entre Roche- belle et Cendras , qui court de l’E.-S.-E. à l’O.-N.-O. Le relè¬ vement du terrain houiller, formant dans le lit de la rivière au Moulinet , près les Salles de Gagnières , une selle dont la direc¬ tion est N. 123° E. , et la faille du Mazel , qui est au contact du terrain jurassique , et qui court à peu près dans la même direc¬ tion , appartiennent également à cette même série de dislocations. Distribution des végétaux fossiles. — Nous avons vu précédem¬ ment que chacun des trois systèmes houillers est composé de deux étages , un inférieur stérile et un supérieur charbonneux , d’où il résulte qu’il doit y avoir eu , pendant la période houillère , une espèce d’intermittence dans la production des végétaux qui ont donné naissance , par leur accumulation , aux couches de com¬ bustible , et que chacune de ces périodes de repos , représentée par les étages stériles, semble avoir, pour ainsi dire, préludé à un développement plus intense dans la végétation , et avoir servi d’intermédiaire entre l’anéantissement et l’apparition de certaines espèces végétales. En effet , l’étude comparée de la flore des di¬ verses couches du terrain houiller d’Alais nous a démontré que ces couches pouvaient êtres caractérisées par la présence, l’absence ou l’extrême rareté de certaines espèces végétales , et que les trois systèmes que nous venons de décrire présentaient chacun un en¬ semble de végétaux particuliers. Système inférieur. — C’est ainsi que dans le conglomérat qui sert de base au système inférieur on n’observe qu’un très petit nombre d’espèces; à cette époque; la végétation, à son début, 590 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , était très peu variée; aussi les couches de combustible y sont-elles très rares , ordinairement très minces et antliraciteuses , par cette raison très peu exploitées, et par conséquent les fossiles moins bien connus. Cet étage ne nous a encore offert que quelques tiges de Sigillaires , indéterminables à cause de leur peu de conservation. L’étage charbonneux du système inférieur est déjà très riche en fossiles; on y rencontre surtout très abondamment ces grandes tiges, qui annoncent une végétation arborescente très puissante. Nous y avons rencontré les végétaux suivants : E q uisétacées . Calamites cannœformis (Ad. Brong.) . Couche Abylon, bassin mérid. Fougères. Ncvroptcris cordata (Ad. Brong ). . . Pecopteris polymorphe (Ad. Brong.). — Grandini (Ad. Brong.) . — cyanthœa (Ad. Brong.) . — arhorescens (Ad. Brong.). . . . — cristata (Ad. Brong.) . Sigillaria ( I) tessellata , var. Y. (Ad. Brong.) . — Candollini (Ad. Brong.). . , . . — elliptica , var. B. (Ad. Brong.). . — reniformis (Ad. Brong.) . . . . Stygmaria . Syringodendron (Stern . ) . — St-Àuguste à Bessège. — St-Auguste, Ste- Barbe et St-Christophe à Bessège. — St-Auguste, Abylon. — St-Auguste, Grand’Baume. — St-Auguste. — St-Auguste. — Ste-Barbe. — Grand’Baume. — Ste-Barbe. — Ste-Barbe. — A la Blachère, près Portes. — Ste-Barbe. Végétaux dont la classe est incer¬ taine. A sterophylli tes rigide (Ad. Brong.). — St-Auguste, Abylon. Gros troncs à épiderme finement strié. — Ste-Barbe. On trouve aussi dans cet étage de très grandes feuilles spatuli- (1) M. Adolphe Brongniart considère aujourd’hui les Sigillaria et les Stygmaria comme constituant une famille spéciale entièrement dé¬ truite , appartenant probablement à la grande division des Dicotylé¬ dones gymnospermes, voisine des Cycadées, mais dont on ne connaît encore ni les feuilles ni les fruits. Les Caulopteris ou Sigillaires de la 1 re section de son Histoire des végétaux fossiles restent les seuls représentants des tiges de fougères arborescentes. ( Observations sur la structure intérieure du Sigillaria elegans. — Archives du Muséum d’histoire naturelle. 1839.) TH; 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18/|6. 591 formes, striées dans le sens de leur longueur, dont M. Sternberg a fait son genre Nœggerathia , qu’il a classé parmi les palmiers , mais qui, d’après l’opinion de M. Adolplie Brongniart, devrait être rapporté de préférence aux cycadées ou du moins à un genre très voisin. Ces feuilles, qu’on rencontre très communément dans le toit de la couche de la Grand’Baume et à Bessège dans celui de la couche Saint-Auguste , existent également encore à la base de l’é¬ tage charbonneux du système moyen ; le toit de la couche Cliamp- clauson est presque entièrement formé par les empreintes de ce végé¬ tal , mais dans les couches supérieures nous n’en avons plus retrouvé de traces. La houille elle-même de quelques-unes de ces couches, surtout celle de Champclauson , présente , quand on la casse dans le sens de la stratification , des stries parallèles qui , par leur dis¬ position et par leur forme, semblent analogues à celles des feuilles de Nœggerathia. A Bessège (couche Saint-Auguste) ces feuilles sont accompagnées de fruits de forme ovale allongée , qui pour¬ raient bien , d’après l’opinion du savant auteur de l’histoire des végétaux fossiles, appartenir à ce même végétal. Enfin , nous signalerons dans ce système des empreintes très remarquables trouvées dans cette même couche par M. Clialme- ton , directeur des mines de Bessège ; ce sont des tiges , dont les extrémités contournées sur elles-mêmes, offrent assez bien l’aspect d’un bouquet de plumes. M. Adolphe Brongniart, à qui nous avons communiqué ces singuliers végétaux, croit qu’ils pourraient bien être des tiges de lycopodiacées , à l’état de bourgeon , ou peut-être des bractées analogues à celles qui se développent chez les cy¬ cadées. Système moyen.— Le système moyen est aussi très abondant en empreintes végétales ; nous y avons rencontre : Equisàtncêes. Calamites Suckowii( Ad. Brong.). Couche Ste-Illide et St-André à Bes¬ sège, Velours, Grand’Combe, Fougères. Cyclopteris trichomanoides (Ad. Bron g ) . — Champclauson, puits Lavernède aux Salles de Gagnières. Ncvro p teris gi gantes a (Stern.) . — Puits Lavernede. Pecopteris Ca/idolliana ( Ad. Brong) . — Velours. — Biotii (Ad. Brong.) .... — Minette à la Grand’Combe. Soc. géol ., V série, tome TH ^ 592 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , Pecopteris oreoptericles [ Stern.). Couche Minette, lesBosquets, Grand’ Combe, St-Martin près Alais. — polymorpha (Ad. Brong.). — St-André , les Bosquets , Velours, St-Martin. — aquilina (Ad. Brong ). . . — Champclauson. — chœrophylloides ( Ad. Brong.) . — Cantelade , Grand’Combe. Caulopteris peltigera (Ad. Brong ) . — St-ïllide. — espèce inédite , à disques d’insertion ovales très allongés . — St— Tllide Si gi II aria orbicularis ( Ad. Brong.) . — Grand’Combe. — Defrancii (Ad. Brong. ). . . — • Bessège. — Mcnardii (Ad. Brong.). . . — St-André. — oblicpici (Ad. Brong.). ... — Velours. Marsilliacécs . Sphenophyllum quadrifidum . . — Bosquets , Velours , Cendras couche inférieure. Végétaux dont la classe est incertaine. Annularici minuta . — Velours. — brevifolia . — St-Illide, Velours, puits Laver- nède , St-Martin. — longijolia . — LesBosquets, Velours, Minette, Champclauson, St-Martin. Volkmannia erosa . — Puits Lavernède aux Salles. Nœggerathia joliosa (Stern). . — Champclauson , Rochebelle. Système supérieur. — Le système supérieur renferme des espèces variées, dont la majeure partie se rapporte à des plantes herbacées ou à des arbres voisins de nos conifères. On y trouve les espèces suivantes : Fougères. Sphenopteris . Couche Bassin des Brousses etMolières. Nevropteris flexuosa (Stern.) . — Mazel. Pecopteris oreopterides (Ad. Brong.). . . . — Brousses. — ilentata (Ad. Brong.) ... — Mazel. Sigillaria e legaux, var. ex a go n a (Ad. Brong.) . — Mazel, Brousses. — Sillimanii , var. intermedia (Ad. Brong.) . — Mazel. DU 30 AOUT AU 0 SEPTEMBRE 1846. 593 Lrcopodiacées. Lcpidodentlron ( plusieurs es¬ pèces) . Couche Mazel , Brousses. Lcpidustrobus ou écailles de cô¬ nes du Lepidudcndron. . — Mazel. Marsilliacêes . Sphcnophyllum quadrifidum (Sauv.) . — Mazel , Brousses. Rien que la liste des végétaux fossiles de nos divers systèmes houillers soit encore trop incomplète pour qu’on puisse en déduire des conséquences générales et rigoureuses, on voit déjà cependant que les sigillaires ont persisté dans toute la série houillère, et que les espèces de ce genre sont très variables d’une couche à l’autre. Ces végétaux, rares d’abord à la base du terrain houiller, ensuite très communs dans les systèmes charbonneux inférieurs et moyens, deviennent de nouveau peu abondants dans le système supérieur, où nous n’avons rencontré que le Sigillaria elegans et le S. Silli- manii ; ils semblent y être remplacés par le genre lepidodendron qui caractérise surtout l’étage supérieur de la formation houillère. On voit aussi que les Caulopteris ou vraies tiges de fougères arbo¬ rescentes ne se montrent qu’à la base de l’étage charbonneux du système moyen (couche Saint-lllide à Ressège). On remarque encore que les feuilles de Nœggerathia , très abondantes dans l’é¬ tage charbonneux du système inférieur et dans les couches de houille les plus basses du système moyen , paraissent avoir com¬ plètement disparu dans la partie supérieure du terrain houiller. Enfin , nous ferons observer que nous n’avons rencontré que dans le système inférieur le genre Stigniarici , plante que M. Rrongniart considère comme n’étant qu’une racine de sigillaire D’après ces données, la puissance des couches de houille et leur qualité semblent varier en quelque sorte , avec leur ancienneté et la nature des végétaux qu’on y rencontre. Aussi ne doutons-nous pas que dans la suite, lorsque l’étude des végétaux fossiles, appli¬ quée aux diverses couches d’un bassin, sera plus avancée , elle ne serve à jeter souvent un très grand jour sur la nature d’une exploi¬ tation naissante , en aidant à déterminer à quel étage de la série houillère appartient telle ou telle couche de combustible , dont on vient d’entreprendre l’exploitation. Nous ne saurions donc trop engager MM. les ingénieurs ou directeurs d’exploitations à re¬ cueillir, avec le plus grand soin, dans l’ intérêt de la science, 594 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , comme aussi clans l’intérêt industriel, les empreintes végétales qui se trouvent dans les diverses couches de houille ; car elles pour¬ ront aider un jour à établir, par leur comparaison, les véritables relations qui existent entre les diverses couches du vaste bassin d’Àlais. Richesse du bassin cl’ Alais. — Nous terminerons ces notes par quelques réflexions sur la richesse en combustible de ce bassin. Examinons jusqu’à quel point il mérite l’épitliète d’inépuisable qu’on lui donne journellement. Nous prendrons d’abord pour but de nos recherches le bassin méridional , parce que cette partie est évidemment la plus riche en combustible ; elle est aussi la mieux connue , parce que c’est là que se trouvent les centres d’exploitation les plus importants : la Grand’Baume, la Grand’Combe , Champclauson et la Levade. On connaît dans ce bassin vingt couches de houille , qui presque toutes sont en exploitation ou susceptibles d’être exploitées ; les sommes réunies de leur épaisseur moyenne donnent environ 40 mè¬ tres ; mais nous ferons observer cpic cette puissance de combustible est bien loin de s’étendre régulièrement sur toute la surface du bassin. D’après des appréciations faites sur les lieux, afin de tenir compte de la manière dont ces couches sont distribuées et des surfaces qu’elles occupent , nous pensons que le chiffre de 40 mè¬ tres peut être réduit en moyenne tout au plus à 10 mètres, repré¬ sentant l’épaisseur réelle de la houille qui est censée recouvrir toute la superficie du bassin méridional. La partie visible du terrain houiller y étant de 36 kilomètres carrés , fixant à 10 mètres l’épaisseur moyenne du combustible, on trouve qu’il contiendrait en volume 360,000,000 mètres cubes de houille. Le mètre cube de houille pesant 890 kilogrammes, on aurait en poids 320,400,000,000 kilogrammes, ou 320,400,000 tonnes. Aujourd’hui , la Compagnie des mines de la Grand’Combe et chemins de fer du Gard extrait 1000 tonnes de houille par jour • il en résulte qu’il faudrait 320,400 jours ou 877 ans 295 jours pour extraire tout le combustible compris dans cette partie du bassin d’ Alais. Et si nous supposons que d’ici à quelques années le chiffre de l’exploitation vienne simplement à doubler , ce qui certes est dans toutes les probabilités , cet espace de temps se trou¬ verait encore diminué de moitié, c’est-à-dire réduit à 438 ans 330 jours. Voici une autre donnée sur la richesse en combustible du terrain houiller prise à Bessège où est située la partie la plus riche du DU 30 AOUT AU 0 SEPTEMBRE 1.846 . 595 Jjassiii de la Cèze. Ces mines sont le centre d’une exploitation im¬ portante; elles alimentent une forge et deux liauts-lburneaux , et on y extrait annuellement 60,000 tonnes de combustible. La somme totale de la puissance des douze couches qui se trouvent dans cette concession s’élève à 16m,10; mais la partie visible du terrain houillern’y occupe qu’une surface de 191 hectares 97 cen¬ tiares, ce qui nous donne un volume de houille de 30,907,170 mè¬ tres cubes, et en poids de 27, 507f381, 300 kilogrammes , soit 27,507,381 tonnes 3/10; de telle sorte qu’il faudrait 458 ans 1/2 pour extraire complètement toute la houille qui existe dans cette concession, en supposant que l’extraction annuelle restât toujours la même. Et maintenant , si l’on considère que la marche croissante de notre industrie, dans le midi de la France, que les grandes lignes de chemins de fer qu’on y exécute, que l’essor de notre naviga¬ tion a vapeur dans la Méditerranée et celui de notre commerce dans le Levant , sont intimement liés à l’aménagement du bassin d Alais , l’on se demande , en présence de tels besoins , quel sera , dans quelques années, le chiffre de la consommation annuelle de ce combustible , et l’on reste pour ainsi dire effrayé du peu de durée que présentent en général tous les dépôts houillers, et du sort réservé à l’industrie , si elle était tout à coup privée d’un moteur aussi précieux. Mais d’un autre côté, l’on se rassure à la pensée de l’infatigable activité de l’esprit humain , qui , dans sa marche progressive , prépare à l’avenir de nouvelles découvertes et les moyens de satisfaire à ses besoins nouveaux. TERRAIN TRIASIQUE ( keiipCl' ? ) . Au-dessus du terrain houiller reposent , en stratification discor¬ dante et souvent même transgressive , des grès qui jusqu’ici ont été considérés assez généralement comme faisant partie de la for¬ mation basique ; c’est sous le nom de grès inferieur du lias qu’ils ont été désignés par MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont dans la carte géologique de France (1). (1) Dans une note insérée au Bulletin nous avons émis l'opinion que, d’après les caractères pétrographiques , l’existence du minerai de cuivre à Chessy et St-Bel, surtout les schistes à Palæothrissum de Muse près Autun , ce terrain devait être rapporté au zechstein. Si on veut absolument le rapporter au trias , il nous semble impossible de ne pas le considérer comme l’équivalent de la formation semblable, en Provence, que son infériorité bien constatée au muscbelkalk a fait rapporter au grès bigarré. ( Note de M. de Roys.) 596 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , Mais , si l’on étudie attentivement les diverses assises de ce système , on ne tarde pas à reconnaître qu’il doit être placé de préférence dans le terrain triasique ; sa composition et son indé¬ pendance ne laissent bientôt plus de doute à cet égard. Aussi , est-ce au trias que nous l’avons depuis longtemps rapporté , tout en restant dans une assez grande incertitude sur l’étage de ce ter¬ rain , auquel il doit appartenir. Nous ferons même remarquer qu’il est possible que ce système soit un composé , à lui seul , de keuper et de grès bigarré réunis , l’étage moyen ou musclielkalk manquant dans la contrée. Quelle que soit 1 opinion qui plus tard sera définitivement adoptée à ce sujet, nous avons cru devoir provisoirement désigner cette formation sous le nom de keuper , dans la carte géologique du Gard ; et c’est ainsi que nous continuerons à l’appeler. La puissance ordinaire du keuper est d’environ 80 mètres; mais elle se réduit quelquefois à 7 ou 8 mètres. Ce terrain repose indistinctement sur le schiste talqueux , sur le granit ou sur les couches du terrain houiller, antérieurement disloquées. On l’observe tout autour du terrain ancien des Cé- vennes, où il forme une bande presque continue et souvent fort étroite , affleurant au-dessous du terrain jurassique; et onde re¬ trouve encore dans le centre de cette chaîne de montagnes , où il recouvre des surfaces assez étendues. C’est ainsi que sur le massif granitique méridional , aux environs de Lasalle , du côté de Sou- dorgues, de Clarou et de Saint-Bonnet, on observe des calottes isolées de trias , reposant sur le terrain granitique , situées à une altitude de 5 à 600 mètres. Et vers l’extrémité occidentale du même massif granitique, sur le sommet de la montagne du Souquet, on peut voir des lambeaux de trias qui ont été soulevés jusqu’à 1,300 mètres au-dessus du niveau de la mer. Enfin , dans le départe¬ ment de l’Ardèclie, près de Saint-Paul-le- Jeune , et au N. des Vans, on observe des surfaces très considérables de ce terrain, qui ne sont recouvertes par aucune autre formation. d ous ces faits semblent évidemment déjà dénoter entre le svs- tème que nous décrivons et le terrain jurassique une certaine in¬ dépendance encore mieux indiquée dans quelques localités par la discordance de stratification qui existe entre ces deux dépôts. C’est ainsi que près d’Alais , entre le Mas-Dieu et le hameau du Piadel , pics la leuheie, on voit les assises inferieures du lias venir s appuyer, en stratification legerement discordante , sur les grès triasiques qui recouvrent dans ce point le terrain houiller. Aux environs de Saint-Hyppolite-le-Fort , entre Cros et Mono- DU 30 AOUT AU (5 SEPTEMBRE J 8Z|<3 . 597 blet , aux mines de gypse de la Balme , sur la route de Lasalle , on observe les marnes supra-liasiques qui viennent buter directe¬ ment sur les grès triasiques disloqués , soulevés et plissés en forme de selle ( fig. 3 ). A l’E. de ce point, vers le Cayla , aux mines de gypse du Puech , on retrouve encore la même disposition. Enfin, à Pierre-Morte , près Saint-Ambroix , on observe le trias directe¬ ment recouvert par les marnes oxfordiennes et le lias venant buter en stratification discordante contre ce terrain. La coupe (fig. lx ) fait voir la disposition de ces divers étages jurassiques, et démontre d’une manière évidente l’indépendance du trias. Ce terrain est assez variable dans sa composition : il est formé de couches alternantes de conglomérats , de poudingues , de cal* caires compactes et magnésiens , de grès , de sables et de marnes argileuses ; il renferme aussi du gypse et du fer hydraté , en amas ou en couches subordonnées. Nous allons décrire successivement ses différentes parties constituantes : Le conglomérat est formé des éléments désagrégés du terrain granitique ; il occupe toujours la base du système ( hameau de Vidourle et Saint-Bonnet , près Lasalle). Les poudingues sont formés de cailloux de quartz blanc , quelquefois d’un volume considérable , mais le plus ordinaire¬ ment de la grosseur d’un œuf ou du poing ; ces cailloux sont réunis par un ciment très cohérent qui paraît être argileux ou feldspathique. Leur surface est le plus souvent colorée , ainsi que le ciment , en rouge ou en brun, par l’oxyde de fer ( montagne de Pallières). L’épaisseur de cette assise est en général de 3 à h mètres ; elle forme un très bon horizon géognostique , et se re¬ trouve presque partout à la base de ce terrain. Ce poudingue contient, à Carnoulés , près Alais , du plomb sulfuré argentifère , qui est venu se sublimer dans les interstices de ses éléments quartzeux. C’est la même couche qui , plus au S. , à Pallières , près Anduze , se trouve injectée de fer sulfuré , dont s’alimente la fabrique de couperose de MM. Mirial père et fils , qui s’est soutenue jusqu’à aujourd’hui par F intelligence de ces ha¬ biles industriels. Dans ces deux localités , quand on examine avec soin les cailloux de quartz, quelques Uns paraissent avoir évidem¬ ment été fondus et soudés par l’effet de la température élevée où ils ont du être portés à l’époque de l’émission de ces diverses substances métalliques. Le calcaire , qui est quelquefois magnésien , se trouve placé à différents niveaux dans ce terrain , mais principalement dans la partie moyenne , où il se présente ordinairement avec une puis- RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , sance de 20 à 30 mètres. Il est grisâtre ou jaunâtre , très compacte et très dur, et présente souvent un accident assez remarquable ( Saint- Jean-du-Garcl , Saint-Bonnet) : c’est d’être criblé de pe¬ tites cavités quelquefois vides et géodiques , mais le plus ordinai¬ rement remplies de spath calcaire; il est alors d’un gris foncé , moucheté de blanc , d un très bel effet et pourrait être exploité comme marbre ( vallon de Beaux-Abris , près Saint-Jean-du- Gard). Enfin, nous ferons remarquer que les calcaires du trias contiennent plus ou moins abondamment des grains de quartz , lorsqu’ils sont dans le voisinage des couches de grès. Les sont essentiellement quartzeux , avec feldspath dé¬ composé plus ou moins abondant, à ciment calcaire ou argileux; ils sont blancs , jaunâtres ou rougeâtres , à grains plus ou moins lins , et on y distingue souvent des fragments de marne rougeâtre ou verdâtre. Ces petits points marneux venant à être détruits sur les surfaces exposées aux agents atmosphériques, il en résulte pour ces grès l’aspect carié qu’on y observe assez souvent. Les sables sont quartzeux, jaunâtres, à grains fins, en général argileux , et contiennent souvent de très petites paillettes de mica blanc ( Saint-.Tean-du-Gard , Castellas près Bessège , etc. ). Us marnes , associées au trias , sont en général argileuses , peu effervescentes , peu schisteuses , et se brisent en petits fragments anguleux. Elles offrent des nuances en général vives et variées , qui se rapportent au jaune , au violet, au vert et au rou e lie de vin. Nous ferons remarquer qu’il est assez difficile d’établir dans ce terrain de bonnes coupes naturelles , attendu que les diverses as¬ sises qui le constituent acquièrent , suivant les diverses localités des développements très différents , et que de plus, dans certains points , quelques unes de ces assises viennent même à être complè¬ tement supprimées. Cependant on peut établir, en règle générale, que la base de ce système est presque toujours formée par le con¬ glomérat granitique , surtout lorsque celui-ci repose sur le granit; que le poudingue quartzeux lui succède ; que celui-ci est en général surmonté par quelques assises de grès ou de sables , à grains moyens très quartzeux et feldspatliiques ; que les dolomies et les calcaires viennent ensuite, occupant la partie moyenne du dépôt, et qu’au-dessus on trouve généralement une alternance de mai ne ? de sables et de grès ; et qu’enfin cette série de couches est termi¬ née , dans quelques points seulement , par des schistes gris , très fins , micacés et très onctueux ( Anduze ). Les fossiles sont très rares dans ce terrain , car, malgré des re- DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 184(5. 599 cherches minutieuses , je n’y ai trouvé jusqu’à présent que quel¬ ques débris de tiges végétales , indéterminables à cause de leur peu de conservation, et quelques impressions de petites bivalves , très mal caractérisées (les Vans). Quant aux calcaires, il ne nous ont jamais présenté la plus petite trace de débris organiques. A un quart de lieue du Pompidou (Lozère), sur le versant orien¬ tal du Causle-de-Lacan-de-l’Hospitalet , ce terrain renferme une couche de lignite d’environ 0m,30 d’épaisseur, intercalée entre deux couches de grès. Ce charbon présente une texture ligneuse ; il est compacte et très luisant comme le jayet. C’est le seul point des Cévennes ou je connaisse , dans le trias, des traces de com¬ bustible. Ce terrain renferme très souvent , dans la partie moyenne , des amas de gypse plus ou moins puissants ; il est intercalé quelque¬ fois entre deux bancs de calcaire , d’autres fois il est contenu en¬ tre des couches de marnes ou de grès. Ce gypse est grisâtre , pres¬ que toujours argileux et d’une apparence terreuse, avec des veines de gypse blanc fibreux ; quelquefois, comme à Paliès ( commune de Monoblet) , il se présente à l’état saccliaroïde , étant alors d’une couleur blanchâtre ou rosée. Il contient fréquemment de petits cristaux de quartz prismatiques , terminés des deux cotés ; ils sont opaques , et les plus gros ont jusqu’à un centimètre de longueur. Dans les carrières de Saint-Bonnet , on rencontre dans la masse de gypse blanc de petites couches non continues de karsténite blan¬ che , à très petites lamelles ; les ouvriers le désignent sous le nom de lamelou. Quant à ces amas de gypse, il est assez difficile d’expli¬ quer leur origine d’une manière bien satisfaisante ; cependant rien n’indique que ces gypses proviennent d’une modification ignée , sur place, des calcaires , au moyen de Faction directe de l’acide sulfurique et des vapeurs hydro-sulfureuses ; l’inspection de ces divers dépôts prouve que ces gypses sont le plus souvent inter¬ calés entre des calcaires normaux ; ce qui tend à faire présumer que ces sulfates ont été amenés par des sources minérales ou par des vapeurs ignées qui sortaient de l’intérieur du globe pendant que le trias était en voie de formation. On trouve le gypse triasique dans un grand nombre de points du département du Gard , surtout dans la bande de trias qui borde le massif granitique méridional des Cévennes. 11 est exploité dans l’arrondissement du Vigan , notamment dans les communes d’Arigas , de Molières, de Saint-Bonnet , de Vabres , de Mono¬ blet et de Saint-Félix-de-Pallières. Dans l’arrondissement cl’Alais, on le trouve à Saint-Jean-du-Gard , et près d’Anduze , à la porte 600 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALA1S , du Pas et dans le vallon des Gypières , ainsi que dans la com¬ mune des Salles-du-Gardon , à la Terisse , à Corbessas , et à Molières près Saint- Ambroix. Fer hydrate de Bessège. — Enfin on observe dans ce terrain , principalement dans 1 arrondissement d’Alais , des couches sub¬ ordonnées de fer hydraté. C’est ce minerai qui sert ci alimenter, en grande partie, les belles fonderies de Bessège ; il s’exploite principalement à la montagne du Travers , où il forme deux cou¬ ches séparées par une épaisseur de grès de 10 mètres. La couche supérieure a de lm,50 à 2 mètres d’épaisseur; l’inférieure, comm posée de fer hydraté très quartzeux , dit minerai rade , ne présente qu une puissance de 0n,,50 à 0m,60. Ces couches inclinent vers l’O. sous une pente de 35 à 40° , et se retrouvent, près de là , dans le vallon de Malagra, environ à 150 mètres au-dessous de l’ex¬ ploitation précédente. Près de Bordezac , sur le petit plateau de trias qui s’avance sous forme de promontoire vers l’E. de ce village , au milieu du ter- îain houiller et près du Mas de la Côte-de-Long , on exploite trois couches de minerai. La première, ou la supérieure, varie dans son épaisseur de 2 jusqu’à 10 mètres ; elle est superficielle et n’est connue que dans cette localité. La seconde a un lm, 50 ; c’est pro¬ bablement la même que celle qui est exploitée à la montagne du 1 îaveis et dans le vallon de Malagra. Cette couche est également reconnue, au N. de Bordezac, sous le Mas de la Minière et au- dessus de la maison Castauier. La troisième couche ou l’inférieure, composée de minerai rude ou très siliceux , correspond à la cou¬ che inférieure du Travers et de Malagra. Dans la plaine des Champs, à coté de Bordezac, on retrouve cette même couche qui repose dans cette localité presque sur le terrain houiller. Près de là , dans le vallon des Mourèdes , on la rencontre encore ; mais dans ce point , comme le terrain houiller vient à manquer, l’on observe que cette couche repose presque directement sur le schiste talqueux. Le minerai du Travers et celui de la Côte-de-Long , réunis dans une proportion de 1 /4 Côte-de-Long , produisent aux fonderies de Bessège 41,50 p. 100. Enfin , nous citerons encore , comme exemple de gîte de fer hydraté dans le trias, la couche, peu importante à la vérité, qu’on observe près de la Grand’Combe sur la rive droite du Gardon , vis-à-vis la Levade, ainsi que le gisement de Saint-Jean-du-Pin , de Cendras et du vallon de Fontane ; ces deux derniers ont été exploités pendant quelque temps par les fonderies d’Alais. Nous ferons observer que ce n’est point à des causes purement 601 DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18&6. neptuniennes que l’on doit rapporter ces dépôts ferrugineux ; car, en les examinant dans leur ensemble , il est permis de conclure , de la répétition constante de ces minerais de fer à une hauteur donnée et sur des points assez éloignés les uns des autres, que, du¬ rant la période triasique , il a dû surgir des sources ou des va¬ peurs minérales , dont les produits se déposaient régulièrement dans le fonds des mers , au milieu de la marche de la sédimenta¬ tion générale de ce terrain. Le trias contient très fréquemment de petits filons de substances métalliques. C’est ainsi que dans le vallon de Beaux-Abris , près Saint-Jean-du-Gard , nous avons rencontré, dans les calcaires de ce terrain, de petits filets de zinc sulfuré qui se croisent en tous sens. Au Vigan , aux mines de houille de Cavaillac , en creusant le puits Hamond , on a trouvé dans un grès marneux jaunâtre de petites cavités tapissées par des aiguilles très fines et très blanches de zinc carbonaté. Les anciennes mines de plomb sulfuré argentifère de Laval , près le Mas-Dieu , sont également situées dans les calcaires du Trias. 11 paraîtrait , par les immenses déblais qui les entourent , que ces travaux ont été considérables. La tradition populaire rap¬ porte que ces mines ont été exploitées par les Anglais. Et , en effet , les savants auteurs de l’Histoire du Languedoc , dom Yeyssette et Claude de Yic , nous apprennent qu’elles furent découvertes en 13â3 , époque à laquelle la Guienne , qui s’étendait jusqu’aux Cévennes , était assujettie à l’Angleterre. JNous avons vu précédemment que le poudingue inférieur conte¬ nait, à Carnoulès , près Alais, du plomb sulfuré argentifère. Dans un essai fait à l’usine de Yialas , 86 tonnes de ce minerai n’ont produit que 1,800 kil. de plomb et 7 kil. 2 liect. d’argent. Enfin , nous indiquerons que le manganèse oxydé se trouve aussi quelquefois sublimé dans les fissures des grès triasiques , notam¬ ment à Camprieu , commune de Saint-Sauveur-des-Pourcils , et aux environs de Meyrueis. Dans cette commune , au quartier de Caban al s , nous avons rencontré des fragments assez volumineux de cette substance ; gisement qui nous paraîtrait susceptible d’exploitation. Les marnes triasiques renferment, près d’Alzon (arrondisse¬ ment de Yigan ), des géodes de quartz agate calcédoine , ordinai¬ rement blanchâtre , mais dont la couleur participe en général de celle des couches qui les contiennent. Ces géodes , dont le volume varie depuis la grosseur du poing jusqu’à celle de la tête , sont 602 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A A LAI S mamelonnées à la surface ; leur cavité , généralement petite , est tapissée de cristaux de quartz liyalin prismés et de chaux carbo- natée. A Seyres , près les Vans, on trouve aussi des concrétions semblables , mais dont l’intérieur se trouve rempli ; elles con¬ tiennent parfois dans le centre un noyau de zinc sulfuré. TERRAIN JURASSIQUE. Le terrain jurassique forme une vaste ceinture tout autour des tenams anciens des Cevennes , sans doute déjà émergés et qui faisaient piobablement une saillie assez elevée au-dessus des mers, pendant la période de ce dépôt. Ce terrain se compose d’une longue série de calcaires , de dolo¬ mies , de marnes et de schistes argilo-ealcaires , alternant ensem¬ ble et formant un tout tellement lié qu’il est souvent très difficile d’y établir de bonnes coupes naturelles. Ce système est très puis¬ sant ; son épaisseur totale peut être évaluée environ à 980 mètres. 11 correspond à deux des grandes divisions du terrain jurassi¬ que ; savoir, au système oolitique et à celui du iias. Sj s tente du lias. Le lias se divise dans les Cévennes en quatre étages , distincts par leurs caractères minéralogiques et par les débris organiques qu'ils renferment. Voici leurs noms et leurs puissances , en commençant par l’étage supérieur : Marnes supra-basiques. Calcaire à Gryphées . . Dolomie infra-basique . Infra-bas . Puissance totale du bas. Puissance. 100 300 100 20 520 Infra-lias. — Les assises inférieures du lias , qui reposent im¬ médiatement snrle trias , sont très remarquables ; elles forment un étage particulier qui , déjà en 1839 , a été signalé sous le nom d 'infra-lias par M. Leymerie , dans sa description du système secondaire du Lyonnais (1). Dans ce mémoire, ce savant géologue lait ressortir les caractères minéralogiques et paléontologiques par¬ ticuliers qui distinguent les assises désignées aux environs de Lyon sous le nom de choin-batard ; il y démontre que cette série de couches est parallèle a la lumachelle de la Bourgogne , au calcaire (1) Mémoires de la Société géologique de France , 1re série , t. III. 603 IHJ 30 AOUT Àü () SEPTEMBRE 1846. de V alognes et d’Osmanville en Normandie , au calcaire à gry- pliites inférieur de l’albe du Wurtemberg (1) , et au lias blanc des géologues anglais. D’où il conclut que le lias , pris dans son ensemble, semble devoir former trois étages distincts, savoir: b infra-lias , le calcaire a grjrphées et le calcaire a bèlemnites. Depuis lors , une nouvelle opinion a été récemment émise à ce sujet par M. Fournet , dans un mémoire publié en 1845 dans les Annales (le la Société d’agriculture et d’histoire naturelle de Lyon. Ce géologue , frappé par les caractères minéralogiques des cal¬ caires qu’il a observés dans le département de l’Aveyron , à la base du lias , pense qu’on doit les séparer du terrain jurassique et les considérer comme les représentants du muschelkalk , dans le midi de la France. Cette opinion qui m’avait été communiquée verbalement par ce savant , deux ans avant la publication de son mémoire , a du naturellement me faire diriger mes études sur cette importante question , et me faire rechercher ce qu’elle pou¬ vait avoir de fondé. Mais j’avoue que, jusqu’à présent, je n’ai trouvé aucun fait bien concluant en faveur de cette nouvelle hypo¬ thèse, et qu’au contraire l’absence dans ce calcaire de tout fossile qu’on puisse regarder avec certitude comme caractéristique du muschelkalk, et sa liaison intime avec le lias, nous engagent à con¬ tinuer de le regarder comme faisant partie du terrain jurassique, dont il formera peut-être un jour un membre nouveau. Cet étage atteint dans les Cévennes une épaisseur de 15 à 20 mètres; il est formé , à la partie supérieure, par un calcaire com¬ pacte , en général d’un gris mat cendré , quelquefois d’un gris de fumée assez foncé , à cassure conchoïdale et qu’on distingue faci¬ lement , avec un peu d’habitude , du calcaire à gryphées ; ce cal¬ caire forme de petites couches nettement stratifiées de 10 à 15 centimètres d’épaisseur. Dans la partie inférieure , l’ infra-lias de¬ vient très marneux et contient beaucoup de coquilles fossiles , la plupart nouvelles et distinctes de celles du lias. Malheureusement le plus grand nombre n’est pas très déterminable , parce qu’elles sont souvent à l’état de moules. Les Peignes y forment les fossiles dominants ; ils nous ont paru se rapporter au P ce ton Lugclunensis et au Pecten Valoniensis , et à trois ou quatre autres espèces inédites. Nous y avons rencontré un Mytiius qui nous a semblé offrir quelque analogie avec le Mytilus (I) Mémoire de M. le comte F. de Mandelslohe. Mém. de la Soc . d’hist. nat. de Strasbourg , t. II. 604 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , socialis du muschelkalk, le Diadema seriale (Agassiz) qui, comme on sait, est très caractéristique du choin-bâtard au Mont-d’Or lyonnais , un petit Plagiostome strié, très commun dans cet étage, et qui nous paraît constituer une espèce nouvelle. Nous y avons recueilli très abondamment une petite Ostrea que nous présumons être celle de 1 infra-lias lyonnais et que M. Leymerie rapporte à la gr y pliée arquée , jeune âge ; cette espèce rappelle effectivement giypbee arquée par sa forme générale , mais s’en distingue par 1 absence du crochet proéminent et recourbé , et par l’existence d un point d attache constamment placé au sommet de la valve inférieure. Nous avons également rencontré dans cet étage Y Am¬ monites Ta rus , que M. Ale. d Orbigny cite [Paléontologie /ran- cuise, lerrain jurassique , t. I , p. 213 ) comme caractérisant avec la Gryphcea arcuata les grès inférieurs du lias à Yalognes ( Man¬ che ) et à Zinsweiller ( Bas-Rhin ) ; et de plus , une autre petite espèce d Ammonite , lisse et très aplatie , à lobes également den¬ telés , caractère qui , comme on sait , ne se retrouve pas dans les Ammonites du muschelkalk, qui se rapportent toutes à la famille des Goniatites de M. Léopold de Bucli. Près des A ans , M. Jules de Malbos a trouvé dans ce calcaire une empieinte de poisson a ecadles carrées, qui n’a pu être en¬ core déterminée. Un autre poisson de même nature , de 10 centi¬ mètres de longueur , avait été trouvé quelques années auparavant dans la même commune , près Pallieres ; il fait dans ce moment paitie de la collection publique de la ville d Aunonay. Nous y avons recueilli aussi quelques articles de Crinoïdes, dis¬ tincts de ceux de 1 Encrimtes niolinijormis du muschelkalk et de ceux du 1 entacrinites basaltiformis de notre calcaire à grypliées. Enfin , nous ferons remarquer que nous n’avons pas encore ren¬ contré dans cet étage la plus petite trace de Bélemnites , qui sont si abondantes dans le calcaire à grypliées, mais inconnues, comme on le sait , dans le muschelkalk. On observe aussi quelquefois , à la partie supérieure de l’infra- lias , des calcaires qui se divisent en petites plaques minces , sim lesquelles on trouve une grande abondance de coquilles turriculées ( lurritelles et Mélanies? ). Cette roche offre dans quelques points ainsi que les coquilles qui la recouvrent , des surfaces comme usées ; circonstance qu’on observe également sur le choin-bâtard du Mont-d’Or lyonnais; ce qui semblerait indiquer qu’il s’est écoulé un assez long intervalle de temps entre ce dépôt et celui du lias proprement dit. 605 DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18/l6. Nous ferons encore remarquer qu’on ne retrouve nulle part , au-dessus de l’inlra-lias des Cévennes , l’assise arénacée désignée par M. Leymerie sous le nom de Macigno , qui existe au Mont- d’Or, entre le choin-bâtard et le calcaire à gryphées ; couche qui contient encore, mais en petite quantité , les fossiles de ce dernier calcaire , et qui paraît représenter dans cette contrée le véritable grès inférieur du lias. L’infra-lias se rencontre dans les Cévennes , presque partout où existe le trias , sur lequel il nous a paru reposer d’une manière concordante. Les points principaux où nous l’avons observé sont: dans la vallée de la Cèze, Gammal près Robiac, etClet, au-dessous de l’église de Meyrannes ( fig. k ) , dans la vallée du Gardon d’Alais , les Salles et le Pradel , près la Grand’ Combe. On le re¬ trouve également au Pradinas et à Majencoule , près Mialet. Dans quelques points très circonscrits, cet étage n’est recouvert par aucun autre terrain ; les petits contreforts de trias qui s’a¬ dossent à la montagne schisteuse de la Tune , entre Bordezac et Aujac , se trouvent couronnés au Chaylard et au Collet par une ca¬ lotte d’infra-lias. Dans le creux des Yans ( Ardèche ), l’infra-lias est immédiate¬ ment recouvert par les marnes supra-liasiques ; et , un peu plus loin , vers Joyeuse , nous l’avons vu recouvert directement par les marnes oxfordiennnes. Tous ces faits sembleraient indiquer une certaine indépendance dans ce système. Yoici la liste de l’ensemble des divers débris organiques de l’in- fra-lias : Ammonites Torus (d'Orb., pl. LUI). Clet, près Meyrannes. — petite espèce lisse , à cloisons persillées. Le Pradel , près la Grand' Combe. Pecten Lugduncnsis ? (Mich.). [Mém. Soc. géol. de France , 1re série, t. III, pl. XXIV, fig. 5.) Chaylard, près Bordezac. — Valoniensis ? (Defr.). [Mém. Soc. géol. de France , 1re série, t. III, pl. XXIV, fig. 6.) Le Pradel. — deux ou trois autres espèces, dont une à côtes épineuses. Chay¬ lard. Plagiostoma (espèce striée). Majencoule, Pradinas, Salindres. etc. — espèce de la même grandeur, mais lisse. Clet. Av i cule , deux ou trois espèces, dont une voisine de Y Avicula socialis (Desh. coq. car. des terrains, pl. XIV, fig. 5). Salindres et Pradinas, près Anduze; Gammal, près Robiac ; Chaylard, etc. Ostrea (nouvelle espèce). Le Pradel, Chaylard, Bildoire, près Banne. Plicatula , assez grande espèce, épineuse sur la valve supérieure. Chaylard. (306 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , Modiolci (moules) , deux espèces. PJioladomia (moules), deux ou trois espèces. Majencoule, près Mialet. Puma , fracturé, assez grande espèce. Le Pradel. U nia (moules). Majencoule. Venus (moules). Salindres. Trochus (moules). Majencoule , le Pradel. Turri telles (moules). Chaylard. Amphidesma ? (moules). Majencoule. Litton nés ? (moules). Bildoire , Clet. Melanies? (moules). Bildoire. D i adem a seriale (Agassiz). (. Méni . Soc. gêol. de France , 1,e série, t. III, pl. XXIV, fig. I.) Pradinas, le Fesc, près la Grand’Combe Pentacrinites (quelques articles seulement). Chaylard, le Pradel Clet Zoopliytc du genre Cyathophyllum . Le Pradel , “Chaylard , Clet.’ Ichthyolithe . Les Vans. Fucoïdes. Mentaresle , près Banne (Ardèche). Dolomie infra -li a si que. Immédiatement au-dessus de l’infra-lias proprement dit , et en stratification concordante , on trouve une série d’assises de calcaire plus ou moins magnésien, formant des couches de 0m,50 à 1 mètre d épaisseur , nettement stratifiées, régulières et bien continues. Cette dolomie est toujours compacte, solide, à grains fins et serrés, pesante , et se désagrégé assez difficilement par l’effet des agents atmosphériques. La puissance de cet étage dolomitique est con¬ sidérable ; nous l’estimons moyennement à 100 mètres. Nous n’y avons pas observé la plus petite trace de débris organiques fossiles. 1 1 Ce puissant dépôt de dolomie étant d’une part intimement lié a 1 mfra- bas , avec lequel il alterne même quelquefois au point de contact (Bildoire, près Banne, Ardèclie) , et d’une autre à l’étage du calcaire à gryphées avec lequel il se lie d’une manière insensible , nous avons cru devoir le considérer comme un étage particulier de la formation du lias , et le désigner sous le nom de Dolomie i n fra-l i as i q il c . C est dans cette dolomie que sont ouvertes la plupart des cavernes .les environs de Mialet , près d’Anduze , et la belle grotte du cap de Rieusset , près Alais. La dolomie infra-basique étant intercalée entre deux étages de calcaires non magnésiens , il est probable qu’elle a une origine sédimentaire, et qu’elle est due à des émanations ou à des sources magnésiennes qui ont surgi au fond des mers pendant la période de ce dépôt. 1)U 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE J8/|6. 607 Cet etage dolomitique se retrouve partout dans lesCévennes , à la base du calcaire à gryphées. Il est surtout très développé aux environs de Saint-Jiippolyte-le-Fort , notamment sur le revers N. de la montagne de la Fage , ainsi que dans la vallée du Gardon de Mialet , et dans celle de la Cèze , au-dessus de Saint- Ambroix. La couleur de cette dolomie , dans ces diverses localités , est, en général , d’un gris assez foncé ; mais vers 10. du département du Gard , du côté du Yigan, elle éprouve un changement de couleur très remarquable ; elle devient d’un blanc jaunâtre très clair, ainsi que les calcaires cpii lui sont subordonnés. Cet étage nous paraît avoir les plus grands rapports avec les assises désignées en Angle¬ terre sous le nom de lias blanc. La partie moyenne de la montagne de Tessonne et du pic d’Es- paron , près le Yigan , est composée de ces dolomies et de ces cal¬ caires blanchâtres , et on observe qu’ils y sont immédiatement recouverts par l’oolite inférieure , le calcaire à gryphées venant à manquer dans cet endroit. On y exploite, à Molières, des pierres de taille très estimées , employées au Yigan pour les constructions. Le lias blanc se retrouve encore dans le département de l’Aveyron, entre Naut et Saint-Jean -du-Bruel ; la partie moyenne du Causle- de-Lacan-de-l’Hospitalet ( Lozère ) en est également composée sur une épaisseur d’environ 100 mètres; il y est recouvert par quelques mètres seulement de calcaire à gryphées. C’est dans la dolomie infra-liasique que se trouve le filon de zinc sulfuré de Clairac , près Saint- Ambroix , dont on retrouve des traces de l’autre côté de la Cèze , près de Robiac et au hameau de Péret. C’est également dans cet étage que se trouvent en partie les liions de plomb sulfuré laminaire de Durfort et de Saint-Félix- de-Pallières , associé à de la blende , à de la chaux carbonatée nacrée et à du spath fluor. On observe, dans ces deux locali¬ tés , que ces filons remontent jusque dans l’étage du calcaire à gryphées. Calcaire a gryphées. Nous avons vu précédemment que la dolomie infra-liasique ou lias blanc se liait dans le haut, d’une manière insensible , au cal¬ caire à gryphées. Ce calcaire, aux environs d’ A lais , est compacte et d’un gris très foncé , à cassure esquilleuse , et présente ordinai¬ rement, dans les cassures fraîches, de très petits points brillants et miroitants; mais dans l’O. du département du Gard il offre une Soc. géol.j 21e série, tome III. 46 603 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS différence assez notable dans sa couleur : il devient d’un gris jau¬ nâtre , surtout aux environs de Trêves et de Lanuéjols , ainsi que du coté de Nant (Aveyron). Dans la Lozère , sur le revers du Causle-Méjan , entre Meyrueis et Fraissinet-de-Fourques , et sur le Causle-de-Lacan-de-l’Hospitalet , au-dessus de Montaigu , ce calcaire offre aussi un aspect jaunâtre. L’épaisseur moyenne du calcaire à grypliées est au moins de 300 mètres. Cette grande puissance s’observe surtout dans la vallée du Gardon de Mialet et dans celle de la Cèze , où les montagnes du Fal , de la Sube , du Dourquier et de Banassa atteignent une hauteur de plus de 500 mètres au-dessus de la mer et de 300 mè¬ tres au-dessus du sol de la vallée ( fig. 4 ). Dans ces diverses localités , et principalement aux environs de Sumène , Monoblet , Durfort , Mialet et Saint-Ambroix , le lias paraît former un étage indépendant ; il y constitue , en effet, des surfaces très étendues et très élevées , qui ne sont recouvertes par aucune autre formation. Les fiions de plomb argentifère de Saint- Sauveur-des- Poureils, arrondissement du Yigan , sont situés en partie dans le calcaire du lias; au quartier de Terre-Rouge , on trouve, au contact d’un de ces filons, des bélemnites dont la substance calcaire a été complè¬ tement remplacée par du quartz hyalin et par du plomb sulfuré. Enfin , c’est dans ce même étage que se trouve situé le filon de calamine de la Croix-de-Paliières , près d’Anduze , qui fait dans ce moment l’objet d’une demande en concession. On trouve assez souvent , dans le calcaire à grypliées des no¬ dules de silex; ils y sont quelquefois si abondants , que les couches paraissent en être entièrement formées. Le lias présente alors un faciès tout-à-fait particulier : ces silex , en se décomposant , lui donnent un aspect rougeâtre ainsi qu’à la terre végétale qui le re¬ couvre ; on le reconnaît de loin à sa couleur rubigineuse et à la végétation qui ne consiste qu’en châtaigniers. Lorsque le calcaire à grypliées présente cet aspect particulier , il faut prendre garde de le confondre avec les calcaires silicifères de l’oolite inférieure , qui , vus à une certaine distance , offrent absolument la même apparence. La silicification du calcaire à grypliées paraît être due à des sources d’eau chaude , chargées de silice , qui surgissaient succes¬ sivement pendant la période de ce dépôt. Les calcaires silicifiés for¬ mait assez généralement deux bandes dans cet étage ; l’une , placée à la partie moyenne , et Fautre à la partie supérieure ( ML de la Sube ) ( fig. 4). DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 1846. 609 Il résulte de cette abondance de silice que les débris organiques lossiles qu on rencontre dans les calcaires à gryphées sont presque tous passés a 1 état siliceux. Et il est assez naturel de penser que les éruptions de cette substance ont contribué à la destruction instantanée de tous les animaux qui vivaient à cette époque. Voici la liste des lossiles les plus caractéristiques qu’on ren¬ contre dans cet étage : Belemnites Bru gai eri anus (d’Orb., Pal. jr. , pi. VII, fig. 1 — 5). Fressac. — acutus (Miller). (Pal.fr., pl. IX, fig. 8 — 14.) Sube , mont, près Courry. Ammonites fimbriatus (Sow.). (d’Orb., Pal. jr., pl. XCVIII.) Valz, Fressac. — bisulcatus (Brug.). (d’Orb., Pal. fr ., pl. XLIII). Mialet, Durfort. — Becheii (Sow.). (D’Orb., Pal. fr., pl. LXXXII.) Valz. — Davœi (Sow.). (D’Orb., Pal. fr ., pl. LXXXI.) Valz. — Birc/iii (Sow.). (D’Orb ..Pal. fr., pl. LXXXVI.) Valz, Fressac. — radians (Schlot.). (Pal. fr., pl. LIX.) Fressac. Spirifer JValcotii (Sow., pl. CCCLXXVII, fig. 2). Mém. Léop. de Buch , pl. X, fig. 28. Mialet, Durfort. ■ — vostratus (Schl.). (Mém. L. de Buch, Soc. géol. de Fr., pl. X, fig. 24.) — tumidus (Mém. L. de Buch, pl. X, fig. 29). Mialet, le Puech , près Banne. Terebratiïla acuta (Sow.). (Mém. L. de Buch, pl. XIV, fig. 11.) Bleymard (Lozère). — bidens (Phil., pl. XIII, fig. 24). Lacan-de-l‘Hospitalet (Lozère). — triplicata (Phil.). (Mém. L. de Buch , pl. XIV, fig. 9.) Bleymard. — numismalis (Lamk.). Mém. L. de Buch, pl. XVII, fig. 4.) Mialet, Lacan-de-l’Hospitalet. — - vicinalis (Schl.) (espèce voisine du digona). Mialet, Bleymard; Sube ML — ornithocephala? (Sow., pl. CI, fig. 1 à 4). Mont, la Fage , près Sumène. Gryphœa areuala (Incurva Sow., pl. CXII, fig. 1). Mialet, ML la Fage , Robiac , etc. Pecten œquivalvis (Sow., pl. CXXXVI , fig. 1). ML la Fage, Bley¬ mard. Marnes supra-liasiques . Le dépôt que nous venons de décrire est surmonté , dans un grand nombre de points , par les marnes supérieures du lias. Cet étage se divise , dans les endroits où il a acquis un grand déve¬ loppement , en deux assises distinctes. L’inférieure est composée de marnes noires bitumineuses, très 610 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , solides , schisteuses et consistantes ; quelques variétés sont telle¬ ment tenaces , qu’on peut les diviser, comme l’ardoise , en feuillets excessivement minces. On voit fréquemment , entre les feuillets de la marne bitumineuse , du fer sulfuré et des portions de bois bitumineux ou lignite , en plaquettes peu étendues. Ce lignite donne en brûlant une fumée noire et épaisse ; on pourrait en tirer parti comme combustible s’il existait en assez grande quantité pour être exploité avec avantage ; mais des recherches faites près Monoblet , en 1829 , au Bancal et sous le Cayla , à Générargues près Anduze, à Saint-André-de-Buéjes ( Hérault), et en beaucoup d’autres lieux, n’ont donné aucun indice de gîtes utilement exploi¬ tables. On y trouve encore des masses arrondies ( septaria ) de calcaire marno-compacte , qui contiennent souvent , dans l’intérieur , des Ammonites ou des Bélemnites. Ces rognons , exposés à l’air, per¬ dent peu à peu leur couleur noire qu’ils doivent au bitume , de sorte qu’ils sont alors, à leur surface , d’un gris jaunâtre. Quel¬ ques uns d’entre eux contiennent , en mélange intime , une assez forte proportion de carbonate de fer ; ils ressemblent au fer car- bonaté lithoïde du terrain houiller , et pourraient être exploités comme minerai de fer, s’ils étaient assez abondants ( la A igné , près Saint-Sébastien , Bariel , Yals, près Anduze , etc. ). Les marnes de l’assise supérieure sont d’un gris clair , souvent un peu jaunâtre , friables , et contiennent quelques couches de calcaire grisâtre plus ou moins schisteux. Ces strates calcaires de¬ viennent surtout abondantes dans le haut , et établissent ainsi un passage insensible entre les marnes du lias et les calcaires de l’oolite inférieure ; aussi l’on peut dire que dans les Cévennes la liaison des marnes supra-liasiques avec ce dernier étage est infini¬ ment plus intime qu’avec celui du calcaire à grypliées, qui, dans un grand nombre de lieux , affecte , comme nous l’avons fait observer précédemment , une allure tout-à-lait indépendante. Cette séparation distincte des marnes et du calcaire à Grypliées, qui est également très marquée dans d’autres parties de la France, notamment en Normandie , motive la proposition faite par divers géologues , entre autres par M. Dufrénoy, de séparer les marnes supra-liasiques du lias proprement dit , et de les ranger dans l’étage inférieur de la série oolitique ; ce qui aurait le grand avan¬ tage de faire commencer chaque étage du système oolitique par une assise argileuse. Les marnes du lias sont assez variables dans leur épaisseur ; elles forment dans le département du Gard , entre Sumène et Alais, DU 80 AOUT AU 0 SEPTEMBRE 18/|(3. 611 une bande continue de 28 à 30 kilomètres de longueur, affleurant au-dessous de l’oolite inférieure. Cette bande marneuse , qui ne présente d’abord que quelques mètres de puissance à son extré¬ mité occidentale , atteint dans le vallon de Fressac, près Durfort, son maximum d’épaisseur, qui est de 100 mètres ; à partir de là, elle va de nouveau en s’amincissant jusqu’à Alais , où cet étage se perd près de Saint-Jean-du-Pin et au pied de la montagne de Saint-Germain. De sorte qu’entre Alais et Saint-Ambroix, l’oolite inférieure, ou l’étage oxfordien, repose directement sur le cal¬ caire à grypliées. A l’O. de cette dernière ville , sur la route de Bessège, on retrouve encore dans le Yallat de la Vigne, près Plau- zolle , quelques traces des marnes supra-liasiques , et un peu plus au N. elles sont représentées , sur le revers septentrional de la montagne de la Sube , près le village de Courry, par une couche calcaire de 1 mètre à lm,50 d’épaisseur, contenant des nodules de fer hydraté et plusieurs fossiles caractéristiques du même étage ( A ). Au N.-E. de ce point, sur la route des Vans, près du hameau des Avelas ( Ardèche ) , on rencontre cette même assise , mais beaucoup plus puissante , plus ferrugineuse et contenant un très grand nombre de fossiles ( Ammonites fValcotii , A. s erpen ti- nus , etc. ). Cette assise serait , comme on le voit , identique avec les gîtes de minerai de fer oolitique de Villebois , de la Yerpillière et du Mont-d’Or, près Lyon, qui occupent la partie supérieur du lias. Le minerai de fer des Avelas , qui fait dans ce moment l’objet d’une demande en concession , est assez pauvre ; son rendement à la fonte n’est guère que de 10 à 12 p. 100. Ce qu’il y a de remar¬ quable dans cette couche , c’est quelle n’est presque pas visible à l’extérieur ; pour y arriver, on a été obligé de foncer un puits dans les marnes oxfordiennes qui recouvrent directement cette assise ferrugineuse. En descendant dans le creux des Vans , on trouve un banc de 2 mètres d’épaisseur de marne grise , qui appartient au même étage , dans la partie supérieure duquel on observe également quelques nodules ferrugineux , sur une épaisseur de 0m,20. Cette assise argileuse et ferrugineuse s’étend tout autour du bassin des Vans ; on la suit jusqu’au-delà de Naves , et elle repose sur l’in- fra-lias. Vers l’O. du département du Gard, les marnes se montrent de nouveau; on les observe à Trêves et au hameau de Monjardin , près Lanuéjols. De là on les suit jusqu’à Meyrueis, où elles for- 612 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALA1S , ment une partie de rescarpemement du Causse -Méj an. Dans l’Aveyron , au-dessus de Saint-.Tean-du-Bruel et à Nant , elles acquièrent un assez grand développement. Les marnes supra-liasiques sont très fossilifères, partout où elles se présentent. On observe que les Ammonites y sont presque toutes passées à 1 état de 1er hydraté. Voici la liste des principaux débris organiques que nous y avons rencontrés : Belemnites elongatus (Mill.) (Pal. fr., pl. VIII , fig. 6—1 1 .) Fressac. * acutus (Mill.). (Pal. fr., pi. VIII , fig. 8.) Pied-Pounchu près Meyrueis (Lozère), Fressac, Sivelou. cxilis (d Orb., Pal. jr. , pl. XI, fig. 6 — 12). Fressac, Lacanau , Perjuret près Meyrueis (Lozère). — Fournelianus (d’Orb., Pal.fi., pl. X , fig. 7 — I 4). Pied-Pounchu, Fressac. — tricanaliculatus (Hartmann). (D’Orb , Pal.jr., pl. XI , fig. 1—5.) Nant (Aveyron). acuarius (Schl.). (Pal.fr., pl. Y.) Valz, près Ànduze; Fressac. irregularis ( Schl.). (Pal. jr., pl. IV.) Yalz , Fressac. Bruguierianus (d’Orb., pl. VII , fig. 1 — 5). Fressac, Nant. compressas (Blainv.). (Pal. jr., pl. 6.) Nant, Pied-Pounchu. irons (Brug.) (fValeotii Sow.). (Pal. fr., pl. LVI.) Fressac, Lacanau, etc. Calypso (dOrb., pl. CX , fig. 1 — 3). Fressac, Lacanau. — variabilis (d’Orb., pl. CXIII). St-Jean-du-Bruel , Nant , Lacanau. heterophyllus (Sow.). (Pal.fr., pl. CIX.) Fressac. — Raquianus (d’Orb., pl. CVI). Fressac, St-Jean-du-Bruel , Nant. — mucronatus (d’Orb., pl. CIV, fig. 4—8). Fressac, St-Jean-du- Bruel, Nant. Tethys (d Orb., pl. LIII, fig. 7 — 9). Fressac, Bariel , Lacanau près Anduze. — cornueopia (Young). {Pal.fr., pl. XCIX.) Fressac. — fimbriatus (Sow.). [Pal.fr., pl. XCV1II.) Ribas , près Anduze. serpentinus (Schl.). (Pal. fr., pl. LV.) Cruveliers , près St-Hip- polyte-le-Fort. — costatus (Rein.) . Fressac. sternalis (de Buch). (Pal. fr., pl. CXI.) Fressac, Nant — Dcsplacii (d’Orb., pl. CVII). Fressac. — margaritatus (d’Orb., pl. LXVII et LXVIII). Fressac, Durfort. — annulatus( Sow.). (Pal.fr., pl. LXXVI , fig. 1—2). Cruveliers. — cornplanatus (Brug.). (Pal.jr., pl. CXIV.) Fressac. Na tira (moules). Fressac. Pleurotomaria. Fressac. J î oc/ms duplicatas (bow., pl. CLXXXI, fig. 5). Fressac. Pectcn œquivalvis (Sow., pl. CXXXVI , fig. 1). Trêves, pic de St- Loup (Hérault). Possidonia Bronnii (Gold.). Fressac. 613 DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18/16. Nucula claviformis (Sow., pl. CCCCLXXVI , fig. 3). Pic de St-Loup, St-André-de-Buéjes. — omm (Sow., pl. CCCCLXXVI, fig. 1—2). St-Loup. système oolitique. — Le système oolitique forme dans les Cé- vennes trois groupes distincts que nous rapportons aux groupes corallien , oxfordien et à celui de Yoolite inférieure. Groupe de l' oolite inférieure. ( ïnferior oolite des Anglais ). — Ce groupe correspond évidemment au système désigné par M. de Bonnard sous le nom de calcaire h Entroques dans sa description géologique de FAuxois ( Annales des mines , t, X, année 1825) , partie de la Bourgogne qui s’appuie sur les terrains primordiaux du Morvan ; cette assise paraît correspondre assez exactement , d’après les observations de M. Elie de Beaumont, à Yinferior oolite des Anglais. Ce groupe se divise, dans les Cévennes , en deux sous-groupes particuliers : (b) Le supérieur , auquel nous conserverons le nom consacré de calcaire a Entroques . . Puissance moyenne. 50 (a) L’inférieur, que nous désignerons sous le nom de calcaires et marnes a Fucoïdes. . . Puissance moyenne. 40 Puissance totale de l’oolite inférieure. . 90 (a) Sous-groupe inférieur ( Calcaires et marnes à Fucoïdes). — Au-dessus des marnes supra-liasiques s’élève , en alternant d'a¬ bord avec elles au point de contact , une série de bancs calcaires de 25 à 30 centimètres d’épaisseur , parfaitement stratifiés et con¬ tenant presque toujours des nodules de quartz lydien. Ce calcaire est d’un gris plus ou moins foncé , et il est assez facile de le con¬ fondre avec le calcaire à gryphées , dont il ne se distingue souvent que par sa position géologique et par les débris organiques qu’il contient. Ces calcaires alternent quelquefois , comme à Blateiras près Anduze , aux Mages , à Larnac , à la montée de Saint-Ambroix dite la Vivarèze et aux environs de Saint-Brès , avec des marnes argileuses grisâtres , scbistoïdes et très friables , renfermant assez ordinairement de très petites paillettes de mica argentin ; carac¬ tère qui les distingue des marnes supra-liasiques. On observe très communément , sur la surface des bancs de ce calcaire et quelquefois même entre les feuillets des marnes , des 61 A RÉUNION EXTRAORDINAIRE A A LAIS , empreintes de Fucoïdes. M. Adolphe Brongniart , à qui nous les avons montrées , pense qu’elles ont quelque analogie avec le Fa- coides Huotii (1). C’est dans cet étage que se trouvent , aux environs de Trêves , a S ai n t- S u Ip j ce et au moulin des Gardies , au-dessous de Révens, non loin des limites des départements du Gard et de l’Aveyron , des dépôts de combustible assez considérables pour être exploités avec avantage. 13 après M. Dufrenoy , ils paraîtraient à peu près du même âge que ceux de Whitby, dans le Yorksliire , qui se ti ouvc nt au milieu des marnes rapportées généralement au cou— cbes supeiieures du bas (2). Ce charbon minéral a la plus grande analogie, par ses caractères extérieurs, avec la véritable bouille ; quelquefois même il possède comme elle la propriété de coller en brûlant et de donner du coke. Ce combustible a été appelé stipite Par M. Brongniart , parce que les débris de végétaux qui l’accom¬ pagnent sont généralement composés de Cycadées. Les noyaux siliceux qui s’observent dans ce calcaire sont quel¬ quefois si abondants, qu ils finissent par le remplacer complète¬ ment. Près de la Vigne, commune de Saint-Sébastien-d’Aigrefeuille (arrondissement d’Alais), on rencontre surtout de ces bancs à nodules quartzeux dont la croûte jaunâtre est très légère, nectique et assez semblable au tripoli. Bans les Cevennes ce terrain quartzeux est lacile à reconnaître de très loin ; il constitue des collines arides , d’un rouge jaunâtre , dépourvues de pelouse, et qui ne sont couvertes que de quelques rares châtaigniers. Il est surtout très abondant entre Durfort et Adint-Martin-de-Sossenac, et plus loin à Taupussargues et au AJas du Los. Il s’observe également au N. d’Anduze , à Monteirargues, a Blatiès et a Blateiras. Enfin , près de Saint-Ambroix , au-dessus de Plauzolle , il existe aussi plusieurs montagnes appartenant au même terrain. 11 faut prendre garde de confondre cet étage de 1 oolite inférieure avec les calcaires à gryphées siliceux qui, vus de loin, présentent le même aspect. Ce sous-groupe n’est pas également développé ; sous le château de Fressac il a environ 30 à 35 mètres de puissance ; â Saint- brès il atteindrait environ 50 mètres d’épaisseur. Les débris organiques fossiles ne sont pas très communs dans ce calcaire ; nous y avons trouvé entre autres une Bélemnite très re- (l) \ °faSe dans la Rassie méridionale , par M. le comte Demidoff. t j l)0lü scf (7r ** unc description géologique cle la France , (515 DU 30 AOUT AU (5 SEPTEMBRE 184(5. marquable par sa forme, le Beleninites Blainvillei , qui 11e s’observe jamais dans les marnes du lias , et qui apparaît pour la première fois dans cet étage. Cette belle espèce, d’après M. Alcide d’Orbigny, caractérise l’oolite intérieure ; elle a été recueillie aux Moûtiers et à Saint- Vigor ( Calvados ), et à Fontenay ( Vendée. ). Voici la liste des divers fossiles que nous y avons reconnus : Beleninites Blainvillei (Yolz). ( Pal.fr . , pl. XII, fig. 9 — 16.) Tercbratul a ornithocephala (Sow., pl. CI, fig. 1,2, 4). Le Bos près Anduze , les Vans. — oblonga? (Sow.). (Mém. L. de Bach, pl. XVI, fig. 2.) Le Bos. — concinna (Sow.). (Mém. L. de Buch , pl. XIV, fig. 1 4.) Le Bos. — spinosa (Mém. L. de Bach, pl. XVI , fig. 4). Madières, près le Vigan. Plagiostome (strié).. .... Madières et Cazevieille, près Alzon. Echinides (des épines) . Cazevieille. Encrinites Briareus (Mill.). (Gold., tab. LI , fig. 3.) (Très rares dans cet étage.) Fucoïdcs . Fressac, Blateiras, Alzon, etc. [b) Sous-groupe supérieur ( Calcaire a Entroques ). — Au-dessus du sous-groupe précédent s’observent les assises qui paraissent correspondre d’une manière plus particulière au calcaire à En¬ troques de l’Auxois , et qui sont également remarquables par la grande agglomération de débris de Crinoïdes , qui lui don¬ nent un aspect lamellaire. Sa couleur la plus habituelle est le gris foncé , passant au rougeâtre et au jaunâtre dans quelques lo¬ calités. 11 a été confondu , jusqu’à ce jour, aux environs d’Alais , avec les calcaires à Enclines, qui forment quelquefois des couches subordonnées dans le calcaire à Gryphées ; mais nous ferons obser¬ ver que les espèces cl’Encrines qui caractérisent ces deux roches sont bien distinctes. Le calcaire à Entroques est formé, en totalité, par des débris de Y Encrinites Briareus ( Miller) ; tandis que le cal¬ caire à gryphées 11e contient que le Pentacrinites basaltiformis ( Miller ). J .es autres débris organiques sont aussi très communs dans le calcaire à Entroques ; à l’Arbousset , près Anduze , nous y avons recueilli le Beleninites Blainvillei à l’état siliceux , de très petites Térébratules , des épines de Cidarite , un Plagiosto/ne strié et plusieurs petits Polypiers. A Larnac , près Saint- Ambroix , sur le bord de la route , on y trouve le Beleninites sulcatus (Miller), et à Blateiras , près Anduze , le Ter ebratula tetracdra et des dents de Squales. Nous n’y avons pas observé d’ Ammonites. Ce calcaire est surtout très développé à Saint-Brès et au S. de Saint-Ambroix , où il présente une épaisseur d’environ 50 mètres, 616 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , et où il est exploité comme pierre de taille et comme marbre. Au N. d’Alais , aux mines de Saint-Julien et à la Font-du-Roure , on retrouve encore deux petits lambeaux de ce calcaire. Calcaire a Entroques dolomitique . — Mais plus au S. , aux portes d’Alais, au pied de la montagne de Saint-Julien, ce calcaire com¬ mence à éprouver une modification qui ne permet pas de le re¬ connaître au premier abord ; il devient dolomitique. Près d’An- duze , à l’Arbousset et aux Martines , on peut voir l’endroit où commence la transformation de ce calcaire. La dolomie , provenant de la modification du calcaire à Entro¬ ques , est bien distincte , quant à ses caractères minéralogiques , de la dolomie infra-liasique ; elle est à gros grains , friable , se désagrège entre les doigts avec facilité , et présente des facettes na¬ crées et cristallines ; elle est aussi percée d’un grand nombre de petites cavités dans lesquelles on aperçoit quelquefois des cristaux rhomboidaux. Elle est fétide par la percussion , comme le calcaire à Entroques , et contient souvent des nodules assez gros de chaux carbonatee spathique et des nodules de silex blanchâtres, évidem¬ ment altérés. Cette dolomie constitue une épaisseur régulière de 50 mètres, et n offre aucune trace de stratification. Un échantillon de cette roche, pris a bigaret , près Saint-Hippolyte-le-Fort , a donné à M. Dufrénoy (1) : Carbonate de chaux. . . . 50,60 Carbonate de magnésie. . 47,20 Résidu insoluble . 1,60 Perte et bitume . 0,60 100,00 Le calcaire à Entroques dolomitique existe surtout dans l’ar- londissement du igan et dans les parties limitrophes , où il forme un horizon géologique très remarquable. On le voit couronner constamment le sommet des grands escarpements jurassiques qui s’observent tout autour des terrains anciens des Cévennes , dans les départements du Gard , de la Lozère et de l’Aveyron , et principa¬ lement dans les profondes lignes de fracture où coulent l’Hérault , l’Arre, le Trévezel , la Dourbie , la Joute et l’Aveyron. Dans toutes les localités que nous venons de citer on observe que cette assise dolomitique est horizontale outrés peu inclinée, quelle estrecou- (l) Mem. pour servir a t. I , p. 223. une description géologique clc la France , DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18A6. 617 verte par les calcaires du groupe oxfordien , et qu’elle repose sur les calcaires à Fucoides parfaitement normaux , c’est-à-dire nulle¬ ment altérés ou modifiés. Cette dolomie présente les mêmes débris organiques que le cal¬ caire à Entroques ; et il n’est pas rare d’en rencontrer faisant saillie sur les parois de cette roche qui ont été longtemps expo¬ sées aux influences atmosphériques. Nous signalerons surtout la dolomie des environs de Figaret , près Saint* Hippolyte-le-Fort , celle du sommet de la montagne de Fressac, comme présentant assez souvent des fossiles, mais en général fort altérés. D’après ce qui précède on voit que le calcaire magnésien pré¬ sente tous les caractères d’une dolomie formée par la voie du mé¬ tamorphisme ; mais son éloignement de toute masse ignée , et surtout sa position entre des calcaires normaux , nous font penser que la transformation du calcaire à Entroques doit avoir eu lieu d’une tout autre manière qu’on ne l’entend ordinaire¬ ment. Ce calcaire aurait été métamorpliisé dans le fond des mers , au moment même de son dépôt ou pendant qu’il était encore a l'état pâteux ; et cela par l’effet de vapeurs magnésiennes ou de sources chargées de carbonate magnésien, qui se seraient élevées du sein du globe à travers les fissures survenues dans les roches in¬ férieures. Nous étendons cette explication à toutes les assises do- lomitiques qu’on trouve intercalées dans le terrain jurassique des Cévennes. Groupe oxfordien. — Le groupe oolitique inférieur est immé¬ diatement surmonté par des assises d’abord argileuses et ensuite calcaires, qui, par leurs caractères paléontologiques , correspon¬ dent évidemment aux marnes de l’oxford-clay. D’après cela l’on voit que le groupe de la grande oolite manque complètement dans la partie de la chaîne des Cévennes qui fait l’objet de cette description. Le groupe oxfordien s’y divise en quatre sous-groupes ou assises distinctes , qui sont , en commençant par la partie supérieure : (4) Bancs calcaires, d’un gris clair, plus ou moins jaunâtre, passant quelquefois à la dolomie. . . Puissance. 50 3) Calcaire gris bleuâtre compacte . . . Puissance. 100 2) Calcaire plus ou moins marneux, se divisant en nodules polyédriques irréguliers et alternant avec des marnes grises argileuses. . Puissance. 30 d) Marnes grises feuilletées . Puissance. 40 Puissance totale du groupe oxfordien. 220 618 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALA1S , Premier sous-groupe. — Le sous-groupe inférieur se compose de marnes d’un gris cendré , argileuses , feuilletées , se décomposant à 1 air, et très effervescentes avec les acides ; elles reposent immédia¬ tement sur le calcaire à Entroques ou sur les dolomies qui provien¬ nent de sa modification, et quelquefois même sur le lias, quand 1 oolite inférieure vient à manquer, et même sur le terrain tria- sique , comme à Lourry et à Pierremorte, près Saint- Ambroix. Ces marnes ont une épaisseur très variable , et souvent elles viennent à manquer tout-à-fait. C’est ainsi qu’à la montagne de la 1 essonne , près le Vigan , on observe que les calcaires gris qui composent le troisième sous-groupe oxfordien reposent directement sur la dolomie de l’oolite inférieure ; il en est de même sur les Causses de Campestre et Bégon , et, dans la Lozère , sur le Causse Méjan et de Lacan-de-l’Hospitalet. Dans la partie occidentale du département du Gard , les marnes oxfordiennes ne commencent guère à se montrer qu’aux environs de Saint-Hippolyte-le-Fort, dans le vallon de Valatoujès, où elles sont exploitées pour faire des tuiles. On les retrouve aussi entre Anduze et Alais, où elles consti¬ tuent toute la plaine de Plos; à Blatiès elles forment aussi de beaux escarpements. Mais c’est surtout à la montée de Vinçonnet, près Saint-Ambroix , dans le vallon de Courry et aux environs de la ville des Vans, qu’elles acquièrent leur plus grand développe¬ ment. Près de cette dernière localité , à Naves , elles présentent une épaisseur d’environ 40 mètres. Les débris organiques sont assez communs dans ces marnes , et les Ammonites qu’on observe dans la partie inférieure sont presque toujours passées à l’état de fer hydraté; nous y avons recueilli les fossiles suivants : B clemnite s hastatus (Blainv.). (Pal. fr., pl. XVIII et XIX.) Naves (Ardèche). — Sauvanausus (d’Orb., Pal. fr., pl. XXI , fig 1 — 10). Naves, Courry. Ammonites cri s ta tus (Defr.). (Sow., pl. CCCCXXI , fig. 3.) Naves. — interruptus (Schl.). Naves. — quatre ou cinq petites espèces indéterminées. Naves. Toxoceras ou Hamites (des fragments). Naves. Apiocrinites rotunclus (Miller). Valatoujès, Naves. Deuxième sous-groupe. — Ce sous-groupe est formé de marnes argileuses, grises, sebistoïdes , alternant avec des calcaires mar- neux , gris , peu solides , d’un aspect terreux , se délitant à l’air et se divisant en boules ou nodules polyèdriques irréguliers. Ce DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18 AO. 619 sous-groupe , dont l’épaisseur moyenne est de 25 à 30 mètres, sert pour ainsi dire de passage ou d’intermédiaire entre les marnes et le sous-groupe suivant. Il est surtout bien caractérisé dans le vallon de Vallatoujès , près Saint-Hippolyte-le-Fort, à Cazalet , près Durfort , aux Martines , près Anduze , et à Naves, près les Yans. AuN.-E. de cette ville, le sommet de la butte des Assions appartient notamment à cet étage. Il est excessivement riche en fossiles organiques ; on y trouve : Belcrnnites hastatus (Blainv.). ( Pal.fr ., pl. XVIII et XIX.) Cazalet, Pierremorte , Naves , etc. — Sauvanausus (d’Orb., pl. XXI, fig. 1 — 10). Cazalet. - — Coquandus (d’Orb., pl. XXI, fig. 11 — 18). Cazalet. Nautilus aganiticus (Schl.). Pic de St -Loup (Hérault). Ammonites canaliculatus (Munst.). Pierremorte, Cazalet, Naves. — cristatus (Defr.). (Sow. , pl. CCCCXXI, fig. 3.) Naves. — cordntus (Sow., pl. XVII). Cazalet. — quadratus (Sow., pl. XVII, fig. 3). Cazalet. — perarmatus (Sow., pl. CCCLII). Cazalet, Naves. — biplex (Sow., pl. CCXCIII, fig. 1 — 2). Cazalet , les Martines , Pierremorte, Naves, etc. — //c7wy(Sow., pl. CXCV). Cazalet. — tortisulcatus (d’Orb., par erreur, Ter. crét., pl. LI , fig. 4 — 6). Cazalet, Pierremorte, Naves, etc. Seaphite , nouvelle espèce. Les Martines , pic de St-Loup. Aptychus , de la famille des cornei , imbricati et cellulosi (Coquand) Cazalet , pic de St-Loup. Ryncolithes . Pic de St-Loup. Mines de fer de Pierremorte. — C’est dans ce sous-groupe que sont intercalées les couches de fer oxydé rouge de Pierremorte et de la Coste-de-Comeiras, dans l’arrondissement d’Alais. Nous ferons remarquer que, bien que ce fait soit local et de peu d’étendue, il n’en constitue pas moins un accident très remarquable au milieu du groupe oxfordien , à cause de l’identité de position qui existe entre ce minerai et ceux de la Voulte, de Privas, de Saint-Ram- bert en Bugey, ou du Mont-du-Cliat , que plusieurs géologues s’accordent à considérer comme un équivalent du kclloway. C’est encore dans la même position géologique que se retrouve le mi¬ nerai d’Ardon , dans les Alpes du Valais, que M. Berthier a fait connaître sous le nom de chamoisite , et qui présente la singulière combinaison de silice , d alumine et de Ici . A Pierremorte on observe deux couches de minerai i la supé¬ rieure a une puissance de 0m,80 , et l inférieure de 2 mètres; elles 020 réunion extraordinaire a alais, ne sont séparées que par une épaisseur de A à 5 mètres de calcaire plus ou moins argileux, La couche inférieure est la seule exploitée; elle sert, conjointement avec le minerai triasique du Travers et de la Cote-de-Long , a alimenter les fonderies de llessège ; le centre c e cette couche est composé de peroxyde de fer agatisé ronce , dont 1 épaisseur est de 0", 50 ; au-dessus et au-dessous, le minerai ce vi eut schisteux et se loncl peu à peu dans la masse encaissante, de manière à ne plus présenter que des calcaires et des schistes co¬ lores , ou simplement maculés par l’oxyde de fer. MM. Delvaux et Wellekens , membres de la Société des sciences naturelles de Juége, ont trouvé ce minerai composé de la manière suivante : Peroxyde de fer . Silice . Alumine . Eau . Potasse . Traces de manganèse. . . 88,57 7.28 2,18 1.28 0,61 0,08 I 'MJ, OU Si l on en juge d’après les affleurements , le gisement de Pierre- morte paraît s’affaiblir rapidement vers l’E. , où il se termine en forme de coin; de telle sorte qu’il y a apparence que ce dépôt, pris dans son ensemble, doit former un amas lenticulaire au milieu des assises du groupe que nous décrivons (fig. 4j, Aussi , loin de voir dans ce dépôt ferrugineux une formation effectuée par une voie purement neptunienne , adoptant les idées t îeoriques de M. Fournet sur les minerais de l’Ardèclie (1) , nous conclurons de la répétition constante de ces minerais à une hauteur ( onnee et sur des points très éloignés les uns de autres, qu’il a dû surgir pendant la période oxfordienne , des sources et des vapeurs minérales, dont les produits se déposaient autour de leur orifice sans interrompre la marche de la sédimentation générale , et dont la concentration s’affaiblissait à mesure qu’elles s’étalaient sur de p us grandes surfaces , ou qu’elles se mélangeaient davantage avec les eaux marines. Mines de fer de Saint-Julien-de-Falgalgues. — Nous dirons ici un mot du minerai de fer hydraté de Saint-Julien-de-Valgalgues , pies ( 1 uis, afin de faire connaître la différence qui existe entre ce gisement et celui que nous venons de décrire. Ce gîte consiste en (1 ) Études sur les minerais de fer de V Ardèche. — Annales de la Soc. d agriculture et d'Aist. natur. de Lyon. 1813. 621 DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 1846. un immense dyke formant une montagne assez élevée; au N. -O. on observe qu’il est en contact avec le calcaire à gryphées et semble au premier abord contemporain de ce terrain ; mais , au S.-E. , on voit qu’il a aussi relevé les couclies oxfordiennes , et qu’il a aussi injecté les marnes de cet étage. Près de l’ancienne usine de couperose il existe une galerie ouverte dans les marnes mêmes de l’oxlord-clay , d’où l’on extrayait le sulfure de fer. Près du Mas de la Roque on rencontre également un lambeau, de calcaire à En- troques, qui est encore pénétré de petits fdons de fer hydraté. Il nous paraît donc évident que l’apparition de cet immense dyke doit être placée vers la fin de la période jurassique , et qu’elle coïncide probablement avec l’époque du soulèvement de la chaîne des Cévennes. Nous ajouterons que ce filon nous paraît aussi avoir été éjecté en grande partie a l’état de fer sulfuré et sa surface seule avoir passé à l’état d’hydrate par l’effet d’une épigénie postérieure à son apparition. Troisième sous-groupe. — Ce sous-groupe est formé d’un calcaire compacte d’un gris bleuâtre, à cassure conchoïdale , et d’une pâte extrêmement fine. Il forme des bancs très réguliers, variant de üm,30 à 0m,50 d’épaisseur, et très nettement stratifiés. Lorsque ces bancs forment des escarpements, ils imitent assez bien, par leur régularité, un ouvrage de maçonnerie ou de grandes marches d’escalier. Cet étage se confond , dans le bas , avec le précédent. Sa puissance moyenne peut être évaluée à 100 mètres. Nous citerons comme un bel exemple de cet étage l’escarpement des rochers de Pierremale et de Saint-Julien, au milieu desquels la ville d’An- duze est bâtie , et qui offrent des plissements et des contournements si remarquables dans leurs stratifications. Dans l’E. du département , près le Yigan , ainsi que nous l’avons fait observer précédemment , sur les causses de Montdardier , Rogues, Campestre, et sur le causse Noir, cet étage repose directe¬ ment sur les dolomies de l’oolite inférieure , les deux sous-groupes inférieurs venant à manquer ; il en est de même dans la Lozère , sur les causses de Aléjan et de Lacan-de-1 lîospitalet. La pierre qui compose cet étage résiste à l’air, et bien qu’elle soit très vive , se cassant avec facilité , elle est cependant suscep¬ tible de fournir de bons matériaux pour les constructions ; on l’ex¬ ploite pour cet usage à la Madeleine , près d’Anduze , à Ganges , à la montagne de l’Ermitage et à Savagnac , près Alais. Elle donne toujours une chaux excessivement grasse. Sur la causse de Mont¬ dardier ce calcaire se divise en dalles assez grandes , dont les ha¬ bitants se servent pour recouvrir et pour paver leurs maisons. Ce 022 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS, calcaire fournit aussi , dans le même endroit , les belles pierres lithographiques qui , depuis quelques années , sont exploitées avec beaucoup d’avantages à la Falguière, à Naves et au Pouget. Cette pierre a le grain plus serré que celles d’Allemagne , absorbe moins d eau et résiste facilement à l’acidulation , ce qui facilite beaucoup le tirage. Cette découverte a doté la France d’un produit qui ac¬ quiert chaque année un accroissement considérable. Les débris organiques sont beaucoup plus rares dans ces calcaires que dans les sous-groupes précédents; j’y ai cependant trouvé le Belemnites hastatus (Blainv. ), 1 ' Ammonites biplex ( Sow. ) , poly— gj ratas (Hein.), polyplocus (Rein.), canaliculatus (Munst.) et tortisulcatus (d Orb.) , le Terebratulci bi pli enta (L. deBuch),et des Aptychus de la famille des cornai et callulosi ( Coquand). Quatrième sous-groupe. — Aux bancs calcaires , bleus , minces , qui précèdent , succèdent assez brusquement de puissantes assises d’un calcaire compacte, généralement gris clair, plus ou moins jaunâtre , et qui est entièrement dépourvu de débris organiques fossiles. Toutefois , nous ferons remarquer que cette dernière assise du terrain oxfordien des Cévennes pourrait bien appartenir au coral- rag, qu’elle supporte dans quelques points, et auquel elle se lie d’une manière intime ; mais nous avons cru devoir la rattacher au gioupe oxfordien , par suite de 1 absence de tous débris organiques, et surtout par la difficulté que nous aurions éprouvée à tracer sur la carte géologique du Gard une limite bien précise entre cette assise et les calcaires bleus qui la supportent et auxquels elle se lie souvent par une transition insensible. Ce sous-groupe s observe sur un grand nombre de points des basses Cevennes, couronnant presque toutes les sommités oxfor- diennes. Dans 1 arrondissement du Vigan , nous citerons , comme exemples de lieux où on peut l’observer, le point le plus élevé du causse de Tessonne, dit le Serre-de- Falguière , le sommet de la montagne du Cengle, près Saint-Hippolyte-le-Fort, et la crête de rochers qui s’étend de là jusqu’à Sumène; il forme aussi le sommet de la montagne de Coutach , près Sauve , et la partie supérieure de la montagne de Pierremale à Anduze. Au pied de la montagne de l’Ermitage , près d’Alais , on l’exploite au bout du pont du marché pour faire de la chaux. Dans le département de l’Hérault , cette assise se trouve aussi très développée à la partie moyenne' de la montagne de la Séranne. On la retrouve aussi , en descendant de Saint-Mai tin-de-Londres au Frouzet; elle est recouverte dans ces deux localité par le coral-rag. 628 DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18Zj6. La puissance de cette assise est assez variable ; elle atteint jusqu’à 50 mètres d’épaisseur. Près de Bérias (Ardèche) les calcaires du bois de Païolive, qui s étendent jusqu’à Saint- Alban et au-delà de Ruoms, appartiennent aussi à cet étage ; ils présentent la particularité remarquable d’être coupés par de grandes fissures verticales qui les divisent en grandes masses cubiques irrégulières , circonstance qui donne aux roches oxfordiennes de cette contrée un aspect si pittoresque et si varié. Ces fissures ou lignes de retrait sont de deux sortes : les pre¬ mières courent du N. au S. , en déviant de quelques degrés à l’E. ; ce sont les plus régulières; elles présentent une largeur moyenne de Zj. mètres environ. Les secondes coupent les premières dans la direction du S.-E. au N. -O. ; elles sont à peu près de la même largeur que les précédentes , mais offrent en général moins de régularité. Cette disposition s’observe encore dans beaucoup d’autres loca¬ lités, mais d’une manière moins remarquable. Dolomies oxfordiennes. — Le calcaire qui constitue cet étage est souvent magnésien. Cette dolomie est d’un blanc jaunâtre, assez compacte et à grains fins et serrés ; on n’y aperçoit aucune trace de stratification. Elle constitue des massifs isolés , couronnant souvent de la manière la plus pittoresque les montagnes oxfordiennes. Sur les causses de Campestre, Blandas et Montdardier, près le Yigan, on en trouve de fréquents exemples ; nous citerons entre autres , comme type de dolomie oxfordienne , les crêtes de rochers décou¬ pés d’une manière si bizarre du pic d’Angeau, de la Maline et de la Tude. Groupe corallien. — L’assise de calcaire que nous venons de dé¬ crire comme terminant la partie supérieure du groupe oxfordien est recouverte à son tour, dans quelques points seulement , par une puissante assise d’un calcaire que nous rapportons au coral-rag , à cause de ses caractères minéralogiques et paléontologiques. Ce calcaire , en effet, est d’un blanc légèrement jaunâtre , compacte , et présente aussi assez souvent un aspect crétacé; il contient quel¬ quefois une infinité de petites parties brillantes et spath iques dues à des débris organiques , et qui lui donnent alors un aspect cristal¬ lin. Il forme des couches puissantes et, en général, confusément stratifiées. Près de Ganges , à la montagne de la Séranne , cet étage peut être évalué au moins à 150 mètres d’épaisseur , et il ne. nous a été possible d’y établir , malgré cette grande puissance , aucune subdivision. Soc. géol.} 2e série, tome III. 47 62/i RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , Les débris organiques qu’on y rencontre , quoique nombreux , sont cependant difficiles à obtenir intacts à cause de leur connexion intime avec la roche. Mais c’est surtout à la surface des couches et sur les parties qui ont été longtemps exposées aux influences atmosphériques , que les fossiles sont à nu et parfaitement dégagés, parce qu’ils ont résisté à la décomposition plus facilement que la roche qui les enveloppe. Ce calcaire est surtout caractérisé par la présence d’un grand nombre de Polypiers appartenant aux genres Astre a , Siphonia , Cyathophyllum et Columnaria. Les Dicérates caractérisent aussi ce groupe d’une manière intime ; elles y sont assez abondantes sur la montagne de la Séranne et de Saint-Mar- tin-de-Londres ; mais on ne distingue le plus souvent cette coquille que par les fragments de test contournés , empâtés dans le calcaire Ces Dicérates sont en général beaucoup plus petites et diffèrent d’une manière notable des coquilles voisines de ce genre qu’on trouve dans l’étage supérieur de la formation néocomienne , et qui ont reçu de Goldfus le nom de Chaîna ammonia , et de M. Alcide d’Orbigny celui de Caprotina. Elles nous ont paru se rapporter au Diceras' arietina de Lamarck. Le groupe du coral-rag offre en résumé les fossiles suivants : Diceras arietina (Lamk.). Montagne de la Séranne. Terehratula lacunosci? (Schl.). Séranne. Pecten. Séranne. Plicatule. Séranne. Lima. Séranne. Nerinea. Séranne. Apiocrinites rotundus (Miller). Séranne. Cidarite (des épines). Séranne. Columnaria sulcata (Gold., Tab. XXIV, fig. 9 } a, b y c). Ferrières. Siphonia (Gold.). Séranne. Astrea. Séranne. Cyathophyllum. Séranne. Les calcaires coralliens ne se rencontrent pas sur le territoire du département du Gard; mais ils recouvrent, au S. de l’arrondisse¬ ment du Vigan, dans l’Hérault, une étendue de terrain assez considérable. La partie supérieure de la chaîne de montagnes de la Séranne appartient à cet étage , ainsi que le massif moins élevé , mais parallèle à cette même chaîne, qui commence à Pompignan et s étend , dans la direction de la rivière de l’Hérault , jusqu’au- dela de Saint-Martin- de-Londres. Ici se termine , dans les Cévennes , la série oolitique , et nous n avons rencontré , au-dessus du coral-rag , aucune assise qu’on 625 DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18^6. puisse assimiler aux groupes kimméridien et portlandien. De plus , on observe que les couches oxfordiennes et coralliennes , lorsqu’elles sont en contact avec celles de la formation néoco¬ mienne , ce qui arrive dans un grand nombre de points , sont toujours recouvertes par ce dernier terrain en stratification très discordante ; circonstance qui ne permet pas d’établir le moindre rapprochement entre la base de cette formation et le terrain jurassique , comme quelques géologues du Midi ont cherché à le faire. Nous terminerons ici cette description de la région supérieure ou cévennique du Gard , nous réservant de faire connaître à la Société géologique les divers terrains qui constituent la région moyenne et inférieure de cette contrée , lorsque nous aurons complété l’en¬ semble des explorations relatives au tracé géologique de la carte du département. Séance du 1er septembre. M. le Président proclame membre de la Société M. Joseph Scarabelli d’Imola (États de l’Église), présenté par MM. Toschi et de Roy s. M. Teissier, qui a bien voulu se charger de rendre compte de la course de la matinée, à la Grand’Gombe, au col deMalper- tuis et à la mine de Palme-Salade qui est au pied , où la So¬ ciété a visité les mines exploitées de 1er carbonaté lithoïde, fait en peu de mots la description des lieux parcourus le matin, n ayant rien à ajouter aux détails donnés par le Mémoire de M. Dumas sur les terrains houillers de l’arrondissement, dont il achève la lecture. Séance du 3 septembre. M. de Reydellet rend compte, en ces termes, delà course faite, le 2, dans la partie septentrionale du bassin houiller d’Àlais : L’excursion d’hier de la Société géologique de h rance, dont je viens vous rendre compte, a eu, comme la précédente, pour but d’étudier le bassin houiller d’Alais. 626 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , Conduits par M. l’ingénieur Callon, directeur des établisse¬ ments de la Grand’Combe, qui a bien voulu mettre à leur dis¬ position son expérience et sa connaissance de la localité, MM. les membres de la Société ont pu vérifier l’exactitude du tableau présenté, dans la séance d’avant-hier, par M. Dumas, sur les différents systèmes de ce terrain houiller. P' De la Levade , leur point de départ, remontant sur un déve¬ loppement de 3,000 mètres les ingénieux plans inclinés qui amènent à la Levade les houilles des mines de Champclauson , ils ont vu dans toute sa hauteur l’étage charbonneux du sys¬ tème inférieur, les affleurements de ses couches. La puissance totale de cet étage serait de 80 mètres environ, dont 9 à 10 mètres de combustible exploitable. Les couches principales de cet étage sont : La Levade . 4,75 Le Lard . 0,70 La Trouche . 4,50 Les Trois-Mâchoires . . . 4,00 Cinq-Pans . 4,25 La Minette . 0,50 C’est à partir de cette petite couche que commence la partie stérile du système moyen , qu’on observe sur une hauteur de 150 mètres environ. Arrivés à l’extrémité des plans inclinés et de l’étage stérile du système moyen, MM. les membres de la Société ont com¬ mencé à étudier l’étage charbonneux qui couronne ce système. Après avoir admiré l’ensemble de la belle exploitation de Champclauson , ils ont visité avec beaucoup d’intérêt les tra¬ vaux de la mine dite Trou-du-Mulet, qui en fait partie. Partis de la Levade , 5 200 mètres au-dessus du niveau de la mer, arrivés à Champclauson, à une hauteur d’environ 400 mètres, MM. les membres de la Société ont encore voulu gravir le sommet au-dessus de la Crouzette, afin de parcourir, dans toute son étendue , le dernier faisceau charbonneux qui s observe à la Grand’Combe, c’est-à-dire, pour nous reporter au tableau de M. Dumas , l’étage charbonneux du système moyen. Je rappellerai, avec cet habile géologue , que le troisième et 627 DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18/Ï6. dernier système ne se trouve que dans le bassin septentrional. Les couches observées entre Champclauson et le sommet de la Crouzette, d’une altitude de 600 mètres environ, sont au nombre de huit : Celle de Champclauson . 4,50 Quatre couches, à différentes hauteurs, d’une puis¬ sance ne dépassant pas . 0.50 Trois couches échelonnées à partir de 500 mètres environ , sur la hauteur comprise jusqu’au som¬ met, d’une puissance comprise entre. . . 0,80 et 1,00 Quelques unes de ces couches viennent d’être dernièrement explorées , et deux d’entre elles ont au mur ou au toit des couches de fer carbonaté qui pourront en rendre l’exploitation plus avantageuse. En descendant de la Crouzette, on retrouve les affleurements de la couche de Champclauson , 25 à 30 mètres plus bas , la seule couche exploitable de l’étage stérile. En continuant à descendre, MM. les membres de la Société ont traversé la même série de grès stériles qu’ils avaient par¬ courue en montant à Champclauson par les plans inclinés. Ils ont cru reconnaître, 5 la hauteur des Luminiéres, les traces des affleurements des couches de l’étage charbonneux du système inférieur, et enfin ils ont observé le conglomérat , base de tout le terrain houiller, et les schistes talqueux sur lesquels ils s’adossent. Arrivés à la rencontre du ravin des Luminiéres et du Gardon, en face du Mas de la Levade, MM. les membres de la Société ont constaté un très bel exemple de stratification transgressive, entre le terrain houiller qui se termine en ce point et les grés du keuper qui le recouvrent. M. Dumas nous a fait observer au même point des traces d’exploitation d’hématite brune , qui sont dans une position géologique identique à celle des mines du Travers, qui alimen¬ tent les hauts-fourneaux de Bessége , et qui sont caractéristi¬ ques de cette partie du trias. Un orage vint mal à propos s’opposer aux observations de MM. les membres de la Société et terminer leur course, 628 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS, J’achèverai par une observation personnelle relative au bassin houiller du Yigan. Le souvenir du rapport de M. Dumas, l’inspection des ter¬ rains parcourus, la comparaison des fossiles, me font croire que le bassin houiller du Yigan , que j’ai eu occasion d’étudier pendant trois ans, correspond au système inférieur de la clas¬ sification de ce géologue. Ainsi, la présence dans le terrain houiller du Yigan d’a¬ bondantes Nœ g gercit hia concorde parfaitement avec les ob¬ servations qui classent ce végétal fossile comme caractéris¬ tique de son système inférieur. M. l’abbé Ghamousset rend ensuite compte des explorations faites dans la course de la matinée. La Société , en sortant d’Alais , au midi , par la route royale n° 106 , a observé un poudingue à très gros nodules provenant de roches plus an¬ ciennes , dans lesquelles on observe quelques fossiles brisés et roulés. Le ciment est argilo-calcaire \ sur quelques points il de¬ vient un peu siliceux. En quittant la route royale pour suivre la route départementale d’Uzés, les premières collines qu’elle a eu à franchir étaient presque entièrement composées de marnes ar¬ gileuses. Près de Méjane, elle a vu les assises de calcaire lacustre exploitées : les bancs les plus épais , comme pierre d’appareil ; les bancs de 15 à 20 centimètres de puissance fournissent des pavés ; il y en a de moins épais , qui ne servent qu’à l’entre¬ tien de la route. En se rapprochant de Monteil, on trouve une exploitation d’un calcaire assez marneux, en bancs assez minces, dont la surface est naturellement assez unie pour être employée en dalles auxquelles on peut donner les plus grandes dimen¬ sions. M. le baron d’Hombres nous a appris que ces dalles se conservaient assez bien dans les lieux couverts , mais que lors¬ qu’elles étaient exposées aux intempéries de l’air, elles se déli¬ taient , par la gelée , en feuillets d’un centimètre à moins d’un millimètre d’épaisseur. Cette carrière est séparée de Saint- Hippolyte de Caton par une colline qui offre , de l’autre côté , un calcaire marneux à peu près à la même hauteur, dans lequel on trouve de nombreuses empreintes de poissons, d’insectes, de plantes, de Paludines, Lymnées, Cyclades, parmi les- DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 1846. 629 quelles se remarquent les Cyclas Coquandi et ciquensis , carac¬ téristiques des terrains gypseux d’Aix-, il ne peut donc rester de doute sur l’identité de cet étage avec celui des gypses d’Àix, et les mammifères identiques â ceux des terrains gypseux de Montmartre , trouvés dans le département de Vaucluse , ne peuvent laisser de doute sur le parallélisme de l’étage gyp¬ seux du bassin parisien avec celui de Provence et du bassin tertiaire d’Alais. La découverte, dans les marnes à insectes de Saint-Hippolyte de Caton , de rognons calcaires un peu sili¬ ceux, mais dont la forme rappelle exactement les Ménilites , a paru à M. de Roys une preuve de plus de l’analogie parfaite de ces terrains. Il pense donc qu’on ne peut douter non plus du parallélisme de la puissante formation lacustre inférieure à ces marnes , qui présente , vers Saint-Chaptes , une puissance d’au moins h à 500 mètres, avec le calcaire siliceux (travertin infé¬ rieur ou n° 1), qui, au midi de Villejuif, forme à lui seul toute l’épaisseur du terrain tertiaire inférieur, dans le bassin de Paris. Au-dessous de ces marnes , on trouve un grès â ciment calcaire avec conglomérat et des marnes rouges reposant sur le terrain néocomien. La Société s’est ensuite rendue au château de Saint-Hippo¬ lyte de Caton , où M. le baron d’Hombres , son président , lui a offert, avec la plus franche cordialité, un repas dont les hon¬ neurs ont été faits , avec autant de grâce que de bienveillance , par madame Ch. d’Hombres, sa belle-fille. M. Teissier, se ren¬ dant l’interprète de toute la Société, a porté un toast vivement applaudi au Président de la session , qui en a porté un à M. le baron de Buch, et M. Dumas à nos collègues absents. La Société , quittant le bassin tertiaire , dont M. l’abbé Cha- mousset constate la ressemblance avec celui de Chambéry, quoi¬ que bien moins puissant, entre dans la combe des neiges, for¬ mée de roches néocomiennes. C’est l’étage à Spcitangus refusas , inférieur â l’étage à Chaîna ammohia. On y a trouvé un Crio- céras, une Bélemnite plate, une Exogyre, et beaucoup de Spatangues. Ce terrain ressemble encore à celui de Chambéry, où l’on trouve cependant , entre l’étage à Chaîna et l’étage à Spatangues , des couches de marnes et de grès jaunâtres , et , au-dessous du dernier, un système siliceux à Nérinées natices 630 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS et rognons quartzeux. Dans l’étage à Spatcmgus re/t/sus on trouve des géodes de calcédoine avec quartz ou améthystes à l’intérieur. M. de Saporta trouve également les plus grands rapports entre les terrains lacustre et néocomien d’Aix et ceux d’Alais et de Chambéry. M. d’Hombres annonce qu’il y a une centaine d’années la première Hippurite fut trouvée par l’abbé de Sauvage, classée et décrite par lui dans les Mémoires de L'Académie des Sciences. M. Rénaux fait observer certaines différences entre le cal¬ caire néocomien d’Alais et celui d’Orgon, où, excepté les Exo- gjres, les fossiles sont différents, et où les couches dures ne sont pas séparées par des couches marneuses. M. Dumas ré¬ pond qu’à Alais les marnes se réduisent ou manquent dans le haut de 1 étage , tandis qu on les trouve dans le bas. Il faudrait chercher à Orgon les couches identiques. M. Chamousset con¬ firme cette observation. Il ajoute que les couches blanches du terrain néocomien vont en augmentant des montagnes jusqu’à la mer. La masse augmente et les marnes intercalées diminuent. Aux environs de Grenoble, d’après M. Dumas, les marnes à Bélemnites plates sont peu développées. Si on observe de grands espaces, les grands caractères de composition et les fos¬ siles sont en général les mêmes. M. de Malbos dit que les fossiles sont très nombreux dans les montagnes de 1 Ardèche , et vont en diminuant à mesure que l’on s’approche du Rhône. La partie visitée aujourd’hui est la base du système à Spa- tangus refusas, qui repose sur le système à Bélemnites plates. Il existe un étage inférieur encore à ce dernier. C’est un cal¬ caire compacte qui n’a pas encore été signalé à Alais, mais que l’on observe sur la lisière des départements du Gard et de l’Ar¬ dèche, où il repose sur le lias. M. de Malbos signale plusieurs Térébratules qui se trouvent dans cet étage. Voici, d’après M. Dumas, quelle est la division, de haut en bas, du terrain néocomien dans cette contrée : 1er étage. Calcaire à C/iama armnonia. ~e — Etage à Spatdngus retusus. Marnes argileuses à Bélemnites plates. 4e — Calcaire compacte à Terebratula diphya , Bélemnites latus encore et Honoratii . DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 1840. 631 L’Astérie ou Étoile de mer se trouve vers le point de con¬ tact des troisième et quatrième étages. Le terrain néocomien repose en général sur les terrains ju¬ rassiques en stratification quelquefois concordante , mais en général et naturellement transgressive. M. Dumas en cite plu¬ sieurs exemples. MM. Rénaux et de Malbos disent que la Terebralida diphya remonte jusque dans le 3e étage. M. de Malbos lit un Mémoire sur les formations géologiques du Vivarais. Observations sur les formations géologiques du Vivarais , par M. de Malbos. Les montagnes cristallines forment une grande partie du bassin du Vivarais, depuis Malbos jusqu’à Tournon ; les gneiss et mica¬ schistes, à couches très inclinées, souvent presque perpendicu¬ laires, courant de l’O. -S. -O. à FE.-N.-E. , couvrent la contrée de Malbos à Rodes et des Salelles à Saint-Laurent ; des granités ont surgi à Thines , au Petit-Paris, et les grandes chaînes du Mézenc et du Tanargue en sont entièrement composées. Les ramifications du Mézenc s’étendent jusqu’à Àndance et Tournon. Les gneiss et micaschistes , dont les couches sont quelquefois presque perpendiculaires , ont des formes abruptes et présentent des anfractuosités , des précipices effrayants ; les granités forment des plateaux dont les flancs , contre lesquels s’appuient les roches précédentes , sont profondément ravinés. Vers la Lozère, sur les bords du Chassezac, on trouve fréquem¬ ment le granité porpliyrique avec de grands cristaux de feldspath liémitrope blanchâtre , bleuâtre , rose ; le granité ordinaire y est à grains assez grands, jaunâtre ou rougeâtre , contenant beaucoup de feldspath se décomposant facilement. On y voit aussi de grands filons d’un feldspath rose , de granité plus blanc et de trapp. Il en est aussi qui est formé en grande partie de quartz et de mica noir très dur. Le granité du Tanargue est plus homogène, blanchâtre , conte¬ nant souvent de grandes lames de mica blanc. Celui du Mézenc est à petits grains , avec des mouchetures d’un mica verdâtre. On en voit de très fortes masses sphériques déta¬ chées à Châteauneuf-Randon , au Petit-Paris. Au-dessous de Lagarde , à Valgorge , surtout à Bornes , il y a des 632 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , massifs énormes affectant des formes prismatiques et s’élevant à 2 ou 300 pieds de hauteur. On voit des filons de quartz grenu , hyalin , quelquefois jas- poïde , ayant plus d’une lieue de longueur et dont l’épaisseur est quelquefois de 2 mètres. Leur direction est ordinairement S. -N., ou du S. -S. -E. à l’O.-N.-O.; il en est à Saint-Laurent, Mayre, etc. On y trouve aussi de l’amphibole et des grenats, vers Prades et Montpezat, de chaux fluatée et de baryte. Le gneiss est riche en filons métallifères ; antimoine à Malbos ; plomb sulfuré argentifère au Vialat , à Gravières , Thines , Sainte- Marguerite , etc. Terrain ) touiller . — Le terrain de sédiment le plus ancien du Vivarais est la formation houillère. La partie inférieure est en conglomérat qui s’appuie sur les gneiss de Malbos, et qui est composé des débris des roches environnantes. C’est de ces massifs que le torrent de Ganières enlève les paillettes d’or que l’on trouve dans la Cèze. Des veines de cailloux de quartz blanc , de sable et d’argile , de géodes ferrugineuses, de baryte, recouvrent ces gros blocs ; bientôt succèdent les grès , les schistes , avec des couches de houille et de fer carbonaté. Le bassin de Panne ne renferme que trois couches de houille dont la plus forte n’a qu’un mètre d’épaisseur. ' Empreintes magnifiques de Calamites , Sigillaria , Lcpidoden- dron, Nœggerathia , etc. Après l’époque delà formation houillère, il y a eu de forts soulèvements et une forte compression dans le sens de la longueur du bassin, de sorte que les couches schisteuses sont fort tourmentées sur les bords et beaucoup moins vers le centre. Il est un autre bassin houiller à Prades , à 2 lieues d’Aubenas ; mais la houille ressemble à de l’anthracite et contient quantité de pyrites. Grès bigarré. — Cette formation se voit à Banne , reparaît aux Vans et forme une lisière plus ou moins large , qui se dirige vers Joyeuse , Largentière , Aubenas , l’Escrinet , et va se perdre sous le calcaire à une lieue au-delà de Privas. Ce terrain forme des collines arrondies , bien plus abruptes aux environs de Privas, et s’appuie en stratification discordante sur la formation houillère, sur les gneiss et le granité. Ce grès varie beaucoup dans ses parties constituantes , sa dureté , sa couleur. Il est très quartzeux et forme même un conglomérat , où j’ai vu DU 30 AOUT AU (5 SEPTEMBRE 1846. 633 des micaschistes de près d’un mètre de longueur dans le lit pro¬ fond du Chassezac aux Salelles. A Montréal, au N. de Largentière seulement, ses couches infé¬ rieures sont formées d’un sable micacé rouge très ferrugineux , rempli de tiges de Fucoïdes. On y trouve des traces de houille qui ont occasionné à Privas des recherches très coûteuses et qui n’ont eu aucun résultat. Un peu au-dessus de ces couches est un calcaire dolomitique grisâtre , le plus souvent comme bulleux , un peu cristallin ; il est ordinairement entre des couches très sinueuses d’un schiste noir, luisant , qui ont quelquefois plusieurs mètres de puissance , et cou¬ vertes d’efflorescences de sulfate de magnésie. C’est dans ces couches dolomitiques et dans quelques strates des grès qui les recouvrent que se trouvent les filons de plomb argen¬ tifère autrefois exploités à Largentière. Ce calcaire n’est à découvert que dans le lit profond de nos rivières , dans Chassezac , sous l’église des Salelles , dans Baume à la Crotte , dans la ligne aux ponts de Montréal et de Largentière ; dans l’Ardèche, à Ussel et à Platares, au-delà de l’Escrinet. Les couches de grès, moyennes et supérieures , alternent souvent avec des argiles sablonneuses , vertes , rougeâtres , violettes. Une des couches les plus supérieures est un grès blanc quartzeux , à grains très fins et homogènes, qui fait une belle pierre de taille ; j’y ai trouvé quelques empreintes un peu confuses d’une bivalve. Ce grès se trouve à Banne, aux Vans, à Chambonas , La Blachère , Aubenas et Ussel. Un autre calcaire se voit à la jonction avec les terrains primitifs aux Salelles, Saint-Pierre et Senilhac ; il est tantôt grisâtre, tantôt rougeâtre , zoné , cristallin , quoique terne , et répand pen¬ dant longtemps , par le frottement , une odeur fortement phospho- rique. Sur ce calcaire est un schiste argileux blanc où l’on trouve quan¬ tité de quartz mamelonné , géodique , passant à la calcédoine ; l’intérieur est tapissé de cristaux et contient du kaolin où de l’oxyde noir de maganèse. Enfin , ce grès bigarré se termine par des rognons ou des cou¬ ches épaisses d’une roche jaune , très pesante , qui ne paraît com¬ posée que d’argiles dendritiques , souvent à cellules quadrangu- lai res fermées par de minces cloisons spathiques. Dolomie. — La couche la plus ancienne de nos terrains secon¬ daires , et qui s’appuie en stratification concordante avec le grès bigarré , est une dolomie d’un brun rougeâtre un peu cristallin , à 6^4 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , couches épaisses, caverneuses et à grands retraits; cette roche ne se ti ouve clans le Vivarais qu’à la Bildoire, et entre Vinezac et Laigentière. J ai trouve a la Bildoire le filon de zinc et de plomb que 1 on a exploité à Robiac ; cette dolomie ne renferme aucun fossile. Injra-Uas. L’infra-lias est en général composé de couches assez minces d’un calcaire gris sombre, quelquefois blanchâtre, ayant souvent un aspect cristallin ; les couches inférieures ne sont point fossilifères et ont une puissance d’environ 150 pieds à Pri¬ vas, sur la route du Pouzin; les couches supérieures contiennent plus de fossiles qu’aucune formation du Vivarais ; on y trouve plu¬ sieurs Polypiers , des Encrinites , une belle Pinne-marine , des Pectens, des Plioladomies , Moclioles , Vénus , Troclius , trois Pla- giostomes (le Gigantcus ), deux Ostreci, deux Oursins, une superbe Encrine à dix rayons , etc., une Ammonite et une Térébratule. L’infra-lias est à découvert à Labarese , Veyras , Aubenas, et de la Chapelle à la croisée de Largentière ; on peut en observer deux faibles lambeaux à Bouchard , près de Joyeuse , et à la Bildoire commune de Banne. Une couche d’environ deux pouces d’épaisseur est couverte de fossiles et se retrouve exactement la même sur des points très éloignés ; le calcaire de quelques couches qui lui sont supérieures est en petites boules, comme si c’était des cailloux roulés. Le lias recouvre cette formation ; les couches inférieures ne contiennent d autres fossiles que la Grypliœa arcuata ; ce calcaire est fort dur , très pesant , bleuâtre , cristallin , et renferme beau¬ coup de silex en plaques , en rognons. Le lias inférieur se trouve à Privas , à Aubenas , à la Croisée de Largentière , près d’un four à chaux , et l’on en voit deux placages , 1 un à Banne et 1 autre fort près , aux A vêlas. Le bas supérieur est très cristallin, surtout quelques couches qui sont un marbre tout composé d’Entroques et d’Encrinites , coloré en rouge par le fer à Laurac , à Banne, et noirâtre entre Saint- Ambroix et Alais : on y trouve six Térébratules , plusieurs Ammo¬ nites , deux Nautiles ; c’est dans ces couches que l’on voit les pre¬ mières Bélemnites; quelquefois ce calcaire devient si ferrugineux qu’on peut l’exploiter, comme on peut le voir aux Avelas. J’aurais du mentionner au-dessous de ce calcaire cristallin une couche d’un calcaire à pâte fine , un peu argileuse , marbrée de gris et bleu brunâtre , qui renferme quelquefois des poissons fossiles. Aux Avelas , au-dessus de la couche cristalline à Enlroques , est un calcaire à zones brunes et noires, extrêmement bitumineux , DU 30 AOUT AU (5 SEPTEMBRE 1846. 635 qui forme un marbre ressemblant beaucoup à du bois pétrifié et renfermant de l’huile de pétrole dans des cavités d’ Ammonites et de Térébratules. Sur ces couches cristallines s’est moulée une roche légère , composée d’argile et d’un sable ferrugineux qui passe au grès sili¬ ceux ; on y voit souvent les creux de Bélemnites qui ont été en¬ tièrement dissoutes , fait à remarquer , parce que M. Deshayes dit que jamais il n’a été observé. Les couches des calcaires dont je viens de parler ne forment , là où elles sont à découvert , qu’une zone étroite entre le grès bigarré et les marnes de l’oxford-clay dont je vais m’occuper : elle a deux ou trois cents pas à Banne , et une demi-lieue à Chassiers et à Aubenas. Oxforcl-clay . — La formation du lias est recouverte par les marnes grises feuilletées de l’oxford-clay , qui ont une puissance d’environ 60 pieds; dans les couches inférieures, on trouve quatre Ammonites pyriteuses , un Nautile , un Hamite , une Nucule et trois Bélemnites. A ces marnes feuilletées succède une marne plus compacte avec de grandes Ammonites. Au-dessus , il y a une alternance de calcaire plus ou moins mar¬ neux , avec des marnes grises très feuilletées ; ces couches renfer¬ ment un grand nombre d’Ammonites , A. armcitci , A . biplex , etc. ; deux Oursins , deux Térébratules très rares, une Entroque, une Bélemnite , etc. C’est dans ce calcaire marneux que se trouve le fer oligiste exploité à La Voûte et à Peyre-Morte. Ces marnes et cal¬ caires marneux ont environ 130 pieds de puissance. Je divise en trois étages le calcaire compacte de l’oxforcl-clay qui recouvre ces calcaires marneux. Le calcaire gris inférieur a une stratification très régulière d’en¬ viron une centaine de couches de 1 pied à 18 pouces , et son épais¬ seur est d’environ 120 pieds; vers la partie supérieure , trois Am¬ monites, deux A p ty chus , deux Polypiers très rares. Il est recouvert par un calcaire blanc très pur , puisqu’il con¬ tient 96 centièmes de chaux carbonatée ; ce calcaire est très caver¬ neux , à retraits fort considérables , ce qui , joint à la dégradation causée par les influences atmosphériques pendant des milliers de siècles , lui donne l’aspect de ruines magnifiques. Il a une puissance d’environ 90 pieds. C’est dans ce calcaire qu’est l’admirable forêt de Païolive. Presque point de fossiles ; sur un seul petit point trois Ammonites 636 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , et deux Térébratules , entre autres une diphya d’un terrain bien inférieur. Cette formation recouvre ce que j’appelle le calcaire gris supé¬ rieur, ressemblant beaucoup à l’inférieur par sa couleur et sa cons¬ titution minéralogique \ mais il n’est pas stratifié si régulièrement : on y trouve quelques Bélemnites et Térébratules dont la surface est siliceuse. La puissance de ce calcaire est d’environ 60 pieds. Les chaînes de ces calcaires courent de l’O.-S.-O. à l’E.-N.-E. Terrain néocomien. — Dans la partie inférieure du calcaire gris dont je viens de parler sont des couches très régulières, dont quinze environ sont exploitées comme pierres de taille magnifiques. Ces couches paraissent la base du calcaire précédent , mais elles renferment grand nombre de fossiles qui doivent les faire com¬ prendre dans le terrain néocomien. L’on y trouve la Citlaris coronata , deux Spatangues , un Pecten , un Aptychus, un Plagiostome , cinq ou six Ammonites , quatre Bé¬ lemnites, l’ extinctorius . Blainvillii , Honoratianus , etc. ; sept Téré¬ bratules , dont les plus caractéristiques sont la diphya , la con¬ tracta ; des dents de poissons cornées, des Rhyncolitlies , etc. Des marnes grises feuilletées , ressemblant beaucoup à celles de l’ox- Jtord-ciay , sont superposées à ce calcaire ; les couches les plus inférieures contiennent quelques uns des fossiles dont je viens de faire mention , mais on n’en trouve plus dans les nombreuses couches qui leur sont superposées ; deux ou trois couches isolées et très minces d’un calcaire dur offrent beaucoup d’empreintes de plantes : j ’y ai trouvé une superbe Astérie ; elles ont environ 160 pieds d’épaisseur. Au-dessus de ces marnes feuilletées sont, comme dans l’oxford- clay , des marnes plus compactes où l’on voit aussi de grandes Ammonites. Elles sont surmontées par plus de 200 strates d’un calcaire mar¬ neux affectant la forme sphérique , bleuâtre vers le centre , ayant plus d un pied d’épaisseur , ce calcaire fait une bonne chaux hy¬ draulique, et contient beaucoup de f ossiles dans la partie supérieure. On y trouve le Spatangue rctusus, la Gryphœa aquila , deux belles Tholadomyes , une grande Pinne-marine striée , deux Gervi- lies, trois Ammonites, etc., etc. Le calcaire à Chaîna ammonia recouvre cette formation vers les montagnes de Barjac ; vers Cruas , sur les bords du Rhône , c’est le calcaire à Nizoa , le même que celui de Nîmes. 637 DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18/|6. A Cruas, je n’ai trouvé, dans les marnes supérieures, qu’une Gryphœa aquila , aucune des bivalves de la Serre , et les Nizoa n’ont pas le quart de la grandeur de ceux de Nîmes ; on ne trouve avec les Nizoa que deux Ammonites et un Nautile excessivement rares , ce qui me semble prouver que ces marnes et les couches supérieures se déposaient dans une mer très profonde. Il n’en est pas ainsi pour les calcaires de la Serre. Ce calcaire est grenu , sac- charoïde , très oolitique , et forme un marin e brocatelle blanc , jaune de miel, rouge pointillé; les grains oolitiques varient de grosseur depuis celle d’un grain de millet à celle d’une amande. Vus à la loupe sur un échantillon poli, ils paraissent ronds, ovales , ou un peu aplatis , et souvent à couches concentriques ; tantôt l’intérieur est blanc et translucide , tantôt d’une couleur foncée. On distingue dans ce calcaire une variété innombrable de ma¬ drépores rouges , blancs , jaunes , de coquilles microscopiques ou fragments de coquilles et autres corps marins indéterminables. Dans certaines couches on observe de très petits morceaux de quartz hyalin qui paraissent avoir été roulés. Ce calcaire renferme une Ostrea , des Nérinées , des Chaîna ammonia , etc. Il peut avoir de puissance environ 60 pieds. Grès vert. • — Il n’y a dans le Vivarais que de faibles lambeaux du grès vert , formant des collines isolées à Meisse , Rochemaure , Viviers, le bourg Saint- Andéol , Salaras et Vagnas. C’est dans ce dernier lieu que l’on peut en faire l’étude la plus intéressante. Dans les plus basses couches marneuses , un grand Nautile ; dans les marnes un peu au-dessus , la Bélemnite semi-striatus, des Plicatules ; dans des marnes noirâtres supérieures , une Gryphée , de grandes Ammonites et un Nautile ; vers la partie moyenne , à sables et grès colorés, une grande Ostrea . des lignites; vers le sommet , de vastes bancs d’IIippurites , de Madrépores et de Poly¬ piers. Calcaire (Veau douce. — Le calcaire d’eau douce de l’époque miocène , qui occupe une grande partie des dépressions du Gard , de l’Hérault , de Vaucluse , du Var, des Bouches-du-Rhônes , ne se trouve, dans l’Ardèche , qu’à Brujas, Vagnas et Saint-Sauveur. Les couches de ce terrain sont un conglomérat alternant avec des grès terreux et de fortes couches d’argiles sablonneuses ; ce conglomérat est entièrement composé de fragments roulés de roches néocomiennes , et les bancs argileux sont des marnes néoco¬ miennes remaniées : aussi y trouve-t-on tous les fossiles roulés de 638 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS cette formation. Le calcaire superposé à ce conglomérat forme des couches de 1 à 2 pieds d épaisseur ; la roche est grenue , blanche , tendre , et se taille si parfaitement que l’on en fait de très belles constructions. Quelques unes de ces couches sont très bitumineuses et ooliti- ques i les grains sont très petits , à peu près égaux , faiblement agglutines , et la roche en est entièrement composée. Quelques couches contiennent beaucoup de silex pyromaque quelquefois résmite , en rognons , et dans quelques localités il forme des couches d’environ 2 pouces d’épaisseur; les coquilles fluviatiles et terrestres y sont parfaitement conservées. Certaines strates sont remplies de tubulures, surtout dans leur moitié inferieure. Terrain lacustre , nouveau pliocène . — Un lac ou plusieurs petits lacs existaient sur les plateaux calcaires du Coiron lors de l’érup¬ tion des volcans qui les ont recouverts de cendres , de laves et de basakes. J’ai observé cette formation sur les flancs des montagnes de Roche-Sauve, du mont Charay, de Porchères et de Creisseilles • des couches de pouzzolane , de tripoli , de scories très légères ’ comblèrent successivement ce lac. Iln est presque pas de feuilles minces de ce tripoli qui n’offrent 1 empreinte de végétaux qui croissent encore sur ces montagnes et souvent de beaux poissons ; on peut y reconnaître des feuilles de châtaignier , de peuplier , de saule , de persicaire, etc. Ces couches sont recouvertes par les basaltes qui couronnent le Coiron , et les lambeaux que l’on remarque sur les pentes rapides , ainsi que les couches de cailloux , de granité , prouvent les dénu¬ dations immenses qu’ont éprouvées ces montagnes. Terrains volcaniques. —Us volcans du Vivarais ont été si sou¬ vent étudiés par les géologues les plus distingués, que je crois mufle , surtout dans le court résumé que je fais de toutes nos loi mations, de trop m’étendre sur tout ce que l’on y observe d intéressant. On a souvent décrit les petits et nombreux cônes isoles du plateau du Mézenc et des énormes fissures où coulent : . c ieJ laVolane, les rivières de Jaujac, Montpezat et Burzet ainsi que les trois cratères si bien conservés de Jaujac , la Gravène ’ Antraigues , et ces curieuses masses basaltiques couvrant toutes les sommités des montagnes qui entourent Privas 11 serait cependant à désirer que l’on eût fait une étude suivie te ces filons, de 1 ai mètres d’épaisseur, si réguliers et loues souvent de plus d’une lieue, qui forment des dykes très curieux en 1 usiem s endroits: on en compte quatre de Vaisseaux au col de 639 DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18/|6. l’Escrinet ; un très remarquable qui coupe les anciens produits volcaniques du mont Charay, et se prolonge dans les marnes de l’oxford-clay de Saint-Priest ; plusieurs à Roche-Sauve , Saint- Pierre-la-Roche , à Saint-Vincent-de-Barès ;.un de ceux-ci a coulé dans une de ces longues cavernes qui servent de lit à des rivières souterraines , et on peut l’étudier à sa sortie , à une demi-lieue de Cruas, sur les bords du Rhône. Je ne sache pas que l’on ait aussi remarqué que ces produits volcaniques avaient traversé toutes les formations du Vivarais; peut-être sur aucun point du globe on ne trouverait , dans un rayon de quelques lieues seulement, des volcans qui aient surgi dans des terrains si différents : ainsi, les volcans du Mézenc se sont fait jour à travers le granité ; les deux petits cônes volcaniques de Loubaresse , les seuls au midi du Tanargue et ignorés des touristes , s’élèvent au milieu des micaschistes ; la coupe de Jaujac sort du terrain houiller ; à l’Escrinet surtout , à Porchères , à Creisseilles , les volcans ont traversé le grès bigarré ; à Mirabel , à Freycinet , ils ont surgi des roches de l’oxford-clay ; les volcans de Roche-Sauve , Saint-Pierre-la-Roche , Saint-Vincent-de-Barès , ont traversé les marnes néocomiennes ; à Rocliemaure les basaltes sortent du grès vert; et enfin sur plusieurs points du Coiron , Roche-Sauve, le mont Charay , Porchères , les produits volcaniques se sont fait jour à travers les couches d’un terrain lacustre , nouveau pliocène. Dépôts diluviens. — Les bornes étroites que je me suis imposées dans cet exposé de nos formations géologiques ne me permettent pas de rapporter les observations contenues dans un Mémoire que M. Elie de Beaumont a présenté à l’Académie des sciences. Je signalerai seulement les faits les plus remarquables. Les dépôts diluviens sont composés des mêmes roches que les rivières actuelles entraînent dans les vallées , et sont des débris des seules montagnes de la Lozère , du Tanargue et du Mézenc qui entourent le bassin du Vivarais. Chacun de ces courants a laissé pour ainsi dire sa traînée de dépôts , non seulement dans les val¬ lées mais encore sur les plateaux des montagnes. L’irruption a été brusque , puisque sur les trois points de Chas- sezac des masses énormes, de AO à 50 pieds de hauteur , ont été enlevées et déposées à 100 ou 150 toises des plateaux d’où elles furent arrachées. Il n’y a point d’autres blocs erratiques. Un fait bien remarquable , c’est que ces dépôts diluviens ne renferment aucun fragment calcaire , quoique tous ces débris aient traversé des formations calcaires de plusieurs lieues d’étendue . serait-ce parce que les premières masses d’eau balayèrent tous les Soc. géol., 2e série, tome III. 48 040 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , fragments calcaires , et que les roches cristallines ne formèrent ces dépôts que lorsque le courant devenait moins fort ? Je pense qu’il y a eu plusieurs cataclysmes clans le Vivarais ; dans plus de cinquante grottes j’ai observé des cailloux de quartz roulés, amenés là par un cataclysme , et plus tard brisés et amon¬ celés par un autre. La profondeur où j’ai trouvé des fragments de poterie et des fragments de charbon sous des stalagmites \ l’inspection de stalag¬ mites formées sur des dépôts diluviens , et qui , renversées par les hommes, avaient un nouveau cône sur leur base ; l’épaisseur, sui¬ des roches nues, de débris calcaires arrachés par les racines des végétaux et par les influences atmosphériques , me portent à croire que le dernier cataclysme ne s’éloigne guère d’une époque de sept à huit cents ans. C’est sans doute à un déversement des eaux de lacs et de marais à l’époque d’un soulèvement que l’on doit attribuer les dépôts di¬ luviens du Vivarais. Je n’ai pu , malgré l’examen le plus minutieux , trouver aucun débris d’êtres organisés dans ces dépôts Allumons . — Je ne ferai qu’une seule observation sur les terrains d’alluvion du Vivarais : les grands dépôts d’alluvions se forment là où une rivière est coupée à angle droit par une rivière plus considérable , comme au confluent de Chassezac dans l’Ardèche ; soit dans les larges vallées où les montagnes, en se rappocliant brusquement , forment un rétrécissement considérable , comme à Rivière-de-Térargues , sur les bords de la Cèze. A l’inspection des troncs de vieux arbres recouverts par le limon, je me suis convaincu que les dépôts modernes étaient beaucoup plus considérables que les précédents ; les excoriations du sol dans bien des vallees ont été aussi plus fortes dans ces dernier temps : je pense que la cause de ces changements et la diminution des sources doivent être attribuées aux défrichements qui , dénudant le sol , rendent les inondations plus désastreuses. Observations. — Le grès bigarré , l’infra-lias , le lias , l’oxford- clay et la formation néocomienne sont en stratification concor¬ dante ; l’inclinaison de cet ensemble de formations est de k à 6° vers le S.-E. Dans tout le bassin du Vivarais et même dans celui de la Lozère on voit quelques perturbations locales qu’il est facile d’expliquer. Au S. de la plaine de Bérias , sur l’axe même de la chaîne néocomienne de la Serre , un soulèvement survenu après la forma¬ tion lacustre a produit une inclinaison en sens contraire , vers le DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 1846. 64 1 N.-O. , d’ environ 20°; mais cette inclinaison n’est plus si régulière que la précédente , comme on peut l’observer des montagnes de la Serre jusqu’à Nîmes La mer était peu profonde dans le bassin du Vivarais quand l’infra-lias se déposait; on n’y trouve qu’une Ammonite et une Térébratule excessivement rares ; les nombreux fossiles de cette formation sont tous des coquilles de rivage et des Polypiers. J’ai fait une remarque qui vient à l’appui de ce que j’avance sur le peu de profondeur de la mer à cette époque : sur quelques couches du lias inférieur à découvert , dans des ravins , la surface est tout ondulée , et l’on reconnaît parfaitement les rides produites par le clapotage des eaux. Un abaissement lent , lors du dépôt des couches supérieures du lias , lit disparaître une grande partie des coquilles de rivage , et plusieurs Ammonites et Térébratules les remplacèrent. Les bancs d’une mer encore plus profonde formèrent les marnes et calcaires marneux de Foxford-elay, où l’on ne trouve plus que des Ammonites et des Nautiles ; des Térébratules y sont excessi¬ vement rares. Presque point de fossiles dans les calcaires compactes de Foxford- elay ; deux ou trois Ammonites fort rares. La mer était-elle plus profonde, ou plutôt y avait-il plus d’acide carbonique , de chaux carbonatée , et précipitation plus accélérée de ces dépôts, qui s’opposaient à la production d’êtres organisés? Lors du dépôt des couches néocomiennes inférieures, mer assez profonde , où cependant quelques bivalves sont associés à un grand nombre d’ Ammonites , de Béleinnites et surtout de Téré¬ bratules. La mer devint si profonde lors du dépôt des boues qui ont formé les marnes néocomiennes , que dans leur partie moyenne, qui a une grande puissance , on ne trouve aucun lossile. Dans la partie supérieure , grand nombre de Nautiles et d’ Am¬ monites. Dans le calcaire marneux qui recouvre ces marnes , les Cory¬ phées , les Gervilies , les Pholadomyes , mêlées à des Térébratules et à quelques rares Ammonites, annoncent que déjà la mer a moins de profondeur. Bientôt les Ammonites , Nautiles , Bélemnites disparaissent en¬ tièrement dans le calcaire compacte , et sont remplacés par des Foraminiferes , des Huîtres r des Nérinées , qui prouvent un soulè¬ vement assez prompt. Enfin les couches supérieures sont composées presque en entier B42 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , de Madrépores et de Polypiers qui devaient vivre à la surface des mers. f' Les boues qui ont formé les marnes du gault , partie inférieure du grès vert , annoncent de nouveau une mer assez profonde , où vivaient beaucoup d’Ammonites et de Nautiles. Bientôt des Ostren , des lignites , annoncent que la formation s exhaussait, et les couches supérieures , composées d’Hippurites , de Madrépores et de Polypiers , se multiplièrent à la surface des mers. Ce soulèvement graduel et peut-être subit, vers la fin de cette période , éloigna les mers de nos contrées , et des lacs remplirent toutes les dépressions, jusqu’à ce que de nouvelles perturbations, de nouveaux abaissements firent refluer les mers qui déposèrent les dépôts tertiaires marins à une certaine distance des rivages ac¬ tuels dans le Midi de l’Europe , dans l’Asie-Mineure et sur la côte septentrionale de l’Afrique. 5 *^e ferai observer , à l’appui de ce que j’ai avancé , que beaucoup d Ammonites, la Gijpliœa aquila , etc., vont en augmentant de grandeur vers les couches supérieures; quand ces fossiles ont reçu pendant un assez long période d une formation la lumière plus intense, les influences atmosphériques n’ont pu que donner plus de développement aux êtres organisés qui y furent exposés. Il est quelques faits que je vais seulement indiquer, et sur les¬ quels je voudrais attirer l’attention des géologues. Comment se Paît— il que des dépôts calcaires se soient formés sur des détritus de 1 oches , sur des argiles , sans qu’il y ait le moindre mélange avec ces débris? Je puis citer des couches de l’oxford-clay reposant sur des détritus du gneiss de la montagne de Barri , près des Vans ; pas le moindre débris n’est mélangé avec la pâte calcaire qui vient s y déposer. L’affinité chimique peut-elle seule résoudre cette dif¬ ficulté ? I oui quoi des chaînes de montagnes calcaires présentent-elles des escarpements d’où l’on ne voit pas que des blocs aient roulé dans les vallées qu elles dominent , vallées fermées de toute part ? Je pense que des courants maritimes ou des courants d’eau douce enlevaient sur les formations inférieures la pâte calcaire avant quelle fut consolidée; et ce qui le ferait présumer, c’est que je connais des caps avancés de montagnes primitives où deux cou¬ rants devaient former un remous où des dépôts de l’oxford-clay sont venus s’appuyer, recouvrant les formations antérieures Dans un mémoire aussi succint je ne puis que parler rapidement des lignes de retrait que j’ai observées, dans sept formations , dans DU 30 AOUT AU 0 SEPTEMBRE 1846. 643 un espace de deux à trois lieues de longueur ; ces lignes de retrait , plus ou moins larges , plus ou moins régulières , forment plus sou¬ vent des rhomboïdes parfaits et ressemblant à un pavé très régu¬ lier. Je ferai surtout remarquer que ces rhomboïdes ne se fendent facilement que dans le sens de leur longueur , à peu près de l’E. à ro. Le gneiss n’est pas coupé par des lignes de retrait faciles à ob¬ server; cependant j’en ai trouvé d’une grande régularité; ces lignes courent du S. au N. avec un angle de 3 à 4° vers l’O. , et sont traversées par d’autres qui se dirigent du S. -O. au N.-E. Dans le terrain houiller, des lignes de l’E. à 10. sont coupées par d’autres qui vont du S. -S. -O. au N. -N.-E. Dans le grès bigarré , des fentes parallèles courent du S. au N. 4° vers l’O.; les lignes qui les coupent s’observent rarement; cependant j’ai vu de véritables rhomboïdes à Joyeuse et à Ussel. Le calcaire du lias est traversé par des fentes de l’E. à l’O. et par d’autres qui se dirigent du S.-S.-O. au N. -N.-E. Le calcaire de l’oxford-clay et celui du néocomien inférieur ont leurs fentes du S. au N. avec un très petit angle vers l’E. , et elles sont coupées par des lignes allant de l’O. -N. -O. à l’E.-S.-E. Le calcaire néocomie' t à Chaîna ammonia est fendillé dans tous les sens et n’a pas de strates très régulières ; cependant on y distin¬ gue quelques grandes fentes parallèles de FO. -S. -O. à l’E.-N.-E., mais on trouve cette direction très marquée dans le calcaire mar¬ neux qu’il recouvre et qui appartient à la même formation. Ces fentes, très visibles de l’0. -S. -O. à l’E.-N.-E., sont coupées, dans certaines couches, par d’autres allant du S. au N. avec un angle faible vers FO. Les lignes de retrait du calcaire lacustre de Yagnas et de Barjac se dirigent du S.-E. au N. -O. et du S. au N. Les oscillations du courant magnétique vers l’E. et vers l’0. ne rendraient-elles pas raison de la différence de direction des *- t . *■ retraits / t . .. * Le Président annonce trois présentations. Séance du samedi 5 septembre. Le Président proclame membres de la Société : MM. J . V - • 4 • ' V* • ■ • * • J V* u Massin (Albin) , professeur au collège de Romans (Drôme)-, Glill RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , Gaffard, pharmacien , à Aurillac (Gantai)*, Le Baron de Serres de Monteil, à Saint-Paul-Trois- Châteaux ( Drôme ); Présentés par MM. Aubéry et Doublier. Les journées du h et du 5 septembre ont été employées à une course à Saint- Ambroix et à Bessége , dont il ne sera pos¬ sible de rendre compte que dans la séance suivante. Le Secrétaire lit l’extrait suivant d’une note deM. Gœppert : Sur la question de savoir si les houilles sont le produit de ' végétaux ayant péri sur place , ou de 'végétaux transportés dy ailleurs . Jusqu’à présent on n’avait trouvé çà et là dans la houille que des plantes fort mal conservées , et on ne pouvait faire quelques conjectures sur l’origine de la houille que par l’inspection des plantes conservées dans les schistes 5 mais' M. Gœppert a trouvé dans des couches mêmes de houille, en Silésie, de nombreux exemples où des Sigillaires, des Calamites, des Nœggerathia, des Lycopodiacèes, sont si bien conservées , qu’il était facile d’en discerner les espèces à l’œil nu. Les tiges s’y trouvent comprimées les unes sur les autres. Il n’y a point ordinairement de parenchyme , quoique quelquefois il soit pos¬ sible de distinguer au microscope les cellules parenchymateuses dans le parenchyme converti en charbon. Dans l’anthracite fi¬ breux, ou charbon de bois minéral , on trouve des tiges compri¬ mées , longues d’un pied et plus , où on reconnaît la texture des Araucaria } M. Gœppert les a nommées Araucarites carbonarius . Il a reconnu du charbon de Sigillaires , d’ Araucaria , de Lépi- dodendrons, ce dernier rare. Il pense que les Sigillaires, les Stygmaria , les Lycopodiacèes , dont le parenchyme est mou, commençaient à se dissoudre lorsque les Araucaria , plus durs , par conséquent moins désagrégés , furent empâtés en fragments dans la masse charbonneuse -, et à la loupe on y retrouve la structure ligneuse et les rayons médullaires. M. Gœppert a reconnu, dans les diverses houillères de Silésie, quatre-vingts espèces de plantes dans la houille même, et il y a toujours une certaine conformité dans la manière dont elles sont groupées. Cette distribution toujours régulière sur des DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 1846. 645 espaces de plusieurs myriamètres , les troncs encore droits, prouvent un mode de formation tranquille. La végétation la plus luxuriante, dans un plaine de même étendue , n’aurait pu suffire à la formation de couches qui atteignent 10 et même 20 mètres. M. Gœppert partage donc l’opinion de MM. de Luc, Stéphens et Elie de Beaumont sur l’analogie du mode de forma- mation des houillères et celle des tourbières actuelles par la voie humide. M. Gœppert conserve d’autant moins de dou e , qu’en faisant bouillir pendant plusieurs mois des végétaux , ils se changent d’abord en lignite, puis noircissent et prennent une consistance tout-à-fait semblable à celle du charbon de terre , si on y a ajouté un centième de leur poids de sulfate de fer. M. Gœppert termine en disant qu’il pense que le mode de formation des sphérosidérites ( sidéroses ) est analogue à celui des limonites actuelles. Il ajoute enfin qu’il pourrait fournir des échantillons aux personnes qui en désireraient. M. de Roys lit la note suivante sur les terrains tertiaires du département du Gard : Note sur la comparaison des bassins tertiaires du Midi avec celui de Paris . Dans son Mémoire sur les terrains tertiaires du midi de la France , M. Dufrénoy a constaté T identité du calcaire grossier de Bordeaux avec celui de Paris. Il a observé ensuite la grande formation la¬ custre qui s’étend dans tous les bassins du Midi ; elle recouvre en partie le calcaire grossier de Bordeaux , et plonge à Sommières sous le calcaire marin , connu sous le nom générique de molasse , que M. Dufrénoy considère comme l’équivalent de l’étage des sables et grès marins de Fontainebleau. Il nous paraît d’après cela qu’il aurait dû conclure que cette formation lacustre était l’équi¬ valent de celle que M. Brongniart avait nommée calcaire siliceux , le travertin inférieur de MM. Cordier et Constant Prévost. Elle re¬ couvre, en effet, à Paris, le calcaire grossier, et est recouverte par le gypse et le grès de Fontainebleau, partout où ces terrains exis¬ tent. Malgré cette similitude de position , M. Dufrénoy a cru de¬ voir rapporter la formation lacustre du Midi , de même que la marne, à l’étage miocène. Cette conclusion nous semble erronée, et 6/f6 Réunion extraordinaire a alais, la course à Saint-Hippolyte-de-Caton nous paraît offrir une preuve décisive , en établissant un horizon géognostique très sur par l’identité de l’étage gypseux dans le nord et le midi de la France. Les marnes à Cyclades de Montmartre rappellent cette multitude de Cyclades réunies à des Ménilites dont nous avons trouvé les moules à Saint-Ilippolyte , avec des poissons , des insectes , des plantes analogues à ceux d’Aix et de Vaucluse, où l’on trouve des mammifères identiques à ceux de Montmartre. Ainsi , toutes les inductions possibles se réunissent pour constater le parallélisme complet de ce terrain dans le nord et le midi de la France. Dès lois il ne pourra rester de doute sur la position de la grande for¬ mation lacustre qui lui est inférieure , et sur sa correspondance avec le travertin inférieur du bassin de Paris, qui , dans toute la partie méridionale de ce bassin , forme à lui seul tout l’étage éocene. Peut-être même devrons-nous voir, dans le conglomérat à gros nodules de la partie inférieure du bassin d’Alais, un représen¬ tant de la véritable argile plastique de Paris , celle de la partie méridionale , dont les dernières exploitations au nord sont à Vau- gu ard, et qui est un terrain de transport violent composé d’une assise arénacée (les poudingues de Nemours) et d’une assise argi¬ leuse. Ce terrain, auquel on a donné à tort ce nom dans la partie septentrionale, est un dépôt opéré tranquillement, ayant des fos¬ siles propres, ordinairement d’embouchure, quelquefois marins, quelquefois fluviatiles , et qui , malgré ces alternances , peut être regardé comme formant avec le calcaire pisolitique le membre le plus inférieur de la grande formation marine si remarquable dans la partie septentrionale du bassin parisien. Ce calcaire pisolitique près de Montereau , est supérieur à l’argile plastique véritable’ M. Charles d’Orbigny, en affirmant le contraire, a été trompé par 1 existence , au-dessus de ce calcaire , d’une assise argileuse rouge, renfermant un assez grand nombre de silex roulés et de rognons de fer hydraté. Cette assise est un véritable loss, qui recouvre à quelque distance cet amas de sable et gravier bien stratifié cpie nous avons déjà signalé dans ce Bulletin comme un représentant de l’étage pliocène. L’argile exploitée pour les tuileries de Viltet est au con- ti aire inférieure au calcaire pisolitique. Comme nous venons de le due, 1 argile plastique exploitée à Vaugirard nous paraît à peu près la limite de cette formation clysmienne : le terrain de sédi¬ ment lent auquel on a donné à tort, trompé par sa nature miné¬ ralogique , le nom d’argile plastique , est représenté à Vaugirard par les sables supérieurs à la véritable argile plastique, et par l’assise argileuse désignée par les ouvriers sous le nom de fausses DU 30 AOUT AU 0 SEPTEMBRE 1846. 647 glaises , remplie de cristaux de gypse , et offrant , comme l’a con¬ staté M. Charles d’ O rbigny, des traces de lignite. C’est à ce der¬ nier terrain qu’appartient le conglomérat de Meudon , qu’il a dé¬ crit et qui est presque entièrement formé de débris de mammifères. Nous pensons que les cailloux confondus avec les grès de l’argile plastique , répandus en rognons assez minces, paraissant toujours roulés , et qui sont réellement plutôt des marnolites que de véri¬ tables grès , dont un échantillon, jusqu’à présent unique , remis par nous au Muséum à Paris , offre deux coquilles de la Lynmœa longiscata , appartiennent , ainsi que le calcaire à grosses pisolites de \illecerf, dont les rognons sont séparés par une argile rouge, à cet étage sédimentaire , la partie la plus inférieure des terrains éocènes. Nous n’hésiterons donc point à assimiler la grande forma¬ tion lacustre qui forme la base des terrains tertiaires du midi de la France avec cette grande assise de calcaire également lacustre qui , dans la partie méridionale du bassin parisien, forme à elle seule la totalité de l’étage éocène , et qui , à Paris même , recou¬ vre la formation marine et supporte les terrains gypseux . Les grès et conglomérats qui, à Saint-Hippolyte-de-Caton et sur quelques autres point , couronnent cette formation lacustre inférieure , ne seraient-ils point les représentants de l’assise désignée assez ordi¬ nairement sous le nom de marnes vertes dans le bassin parisien , qui , ayant succédé à la dénudation de l’étage tertiaire inférieur dont elle est peut-être le résultat , le recouvre dans toutes les on¬ dulations opérés par cette dénudation ? Si M. Dufrénoy nous paraît avoir erré dans la conclusion qu’il tire de la position parfaitement observée par lui de la formation lacustre inférieure du midi de la France , nous croyons que c’est avec toute raison qu’il a rapporté à l’étage tertiaire moyen la for¬ mation marine désignée vulgairement sous le nom de molasse. Nous pensons , avec M. Michelin , que l’identité des caractères pétrographiques , peut-être celle de plusieurs fossiles , ont pu faire confondre deux étages différents et dans lesquels la propor¬ tion des fossiles encore vivants est très inégale. Ces deux étages peuvent s’observer à Beaucaire. L’inférieur est la véritable mo¬ lasse , le supérieur est le calcaire moellon de M. Marcel de Serres, qui appartient incontestablement à l’étage pliocène. M. Matlieron, dans son excellent Catalogue raisonné et descriptif des fossiles de Provence , divise la molasse en deux étages , mais dont la sépa¬ ration n’est pas partout bien tranchée. Nous n’oserions pas affirmer qu’il n’ait point confondu quelquefois des lambeaux de calcaire moellon avec la vraie molasse. Ainsi , il nous a paru que le très 648 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , petit lambeau qui , clans les Alpines , supporte la chapelle de Notre- Dame-du-Château , commune de Tarascon , qui est pour ainsi dire jeté au sommet de la chaîne néocomienne et qui a con¬ servé l’horizontalité de ses assises, appartient au calcaire moellon : tandis que les collines de calcaire marin à couches très inclinées qui s’élèvent au N. d’une combe étroite , dirigée E. 15° N. à O. 15° S. de Fontchâteau à Saint-Remy , appartiendraient à la vraie mo¬ lasse. Cette question sera sans doute résolue par notre collègue M. Emilien Dumas , qui y apportera toute la lucidité de son esprit et la patiente sagacité de ses observations. Mais en admettant comme appartenant à la molasse tous les fossiles qui lui sont attri¬ bués dans le beau travail de M. Matheron , il en résulte que sur 110 à 120 espèces, 30 à 40 lui sont propres ; un nombre à peu près égal se retrouve dans les marnes subappennines du Piémont , 15 dans la formation éocène de Paris, dont 10 à la partie la plus in¬ férieure , le londo/i plastic clay , et une vingtaine en outre dans le calcaire grossier de Bordeaux. Ainsi , quoiqu’il ne s’y trouve que 8 à 10 espèces communes avec l’étage des sables et grès de Fon¬ tainebleau , nous pensons qu’il résulte évidemment de la compa¬ raison de ces nombres , que c’est avec raison que M. Dufrénoy a assimilé la molasse à ce terrain. Outre les deux étages reconnus par M. Matheron , ce terrain en offre un troisième inférieur aux deux autres dans le département du Gard. C’est une assise d’un calcaire très marneux , d’un bleu assez foncé , renfermant une assez grande quantité de pyrites. Il se délite très promptement à l’air. Il forme un niveau d’eau qui peut offrir une certaine impor¬ tance sur quelques points. Il ne nous a pas été possible d’y trou¬ ver un seul fossile, ni à Beaucaire où on l’observe, dans la tranchée du chemin de fer avant Saint-Sixte , ni à Barbantane , où il est très développé. Dans cette dernière localité il est moins marneux , et ne se délite pas, si ce n’est dans la partie tout-à-fait inférieure. Il y fournit une très belle pierre d’appareil qui , employée extérieu¬ rement , aurait peu de durée , mais qui s’emploie avec beaucoup d’avantage dans les intérieurs. On peut distinguer à Beaucaire les deux étages supérieurs observés par M. Matheron en Provence. L’inférieur est moins solide, et n’offre , à l’exception de quelques polypiers , que des fossiles assez mal conservés. Ils le sont beau¬ coup mieux dans la partie supérieure, dont la pierre dure, sonore, offre une très belle pierre d’appareil exploitée de temps immé¬ morial , et exportée fort au loin. A la sortie du tunnel du chemin de fer de Beaucaire à Nîmes , on voit les couches de la molasse , inclinées de 18 à 20° , plonger à l’O. sous l’assise argileuse , équi- DU 30 AOUT AU (5 SEPTEMBRE 18 A6. 6^9 valant dans le Gard aux marnes subapennines. La discordance de stratification est incontestable. A un demi-kilomètre du point où il disparaît sous les marnes, au lieu dit Pauvre-Ménage, lors de la construction du viaduc , on a fait un sondage pour chercher l’eau qui manquait. A 25 mètres de profondeur , dans les argiles , on a retrouvé la molasse. La sonde s’est cassée à 15 mètres plus bas creusés dans la molasse , et on a fait de vains efforts pour la re¬ tirer , mais l’eau s’est élevée dans le trou de sonde à environ 2 mètres au-dessous du sol. Les assises de molasse se prolongent donc au-dessous des marnes subapennines, en conservant leur inclinaison, quoique moins forte. Il nous paraît certain que la nappe d’eau ainsi reconnue est due à la molasse bleue , et ce fait donne une grande probabilité à l’opinion vulgaire qui établit une relation entre l’étang de Jonquières , formé dans une espèce d’entonnoir dans les marnes subapennines , et la fontaine de Pecou, près les carrières de molasse de Beaucaire. Cette fontaine ne coule que lorsque les eaux de l’étang de Jonquières , ayant atteint un certain niveau , se perdent dans un puits naturel connu dans le pays sous le nom de Trou-de-l’Orgue. Une compagnie s’est organisée pour dessécher l’étang ée Jonquières , et, d’après cette observation , nous lui avons fait suggérer l’idée d’opérer ce dessèchement au moyen d’un puits d’absorption , procédé qui a si complètement réussi pour les marais de Larchant près Fontai¬ nebleau. La différence si remarquable de stratification entre la molasse et les marnes subapennines à Beaucaire prouve l’erreur de quel¬ ques géologues qui ont rapporté la molasse à cet étage , qui lui est supérieur, trompés peut-être par ce calcaire très marneux , d’un bleu si prononcé , qui sert de base à la molasse. On n’observe point dans le Midi la formation lacustre qui , dans le bassin parisien , sert de base et de couronnement aux grès de Fontainebleau ; mais le calcaire marin de Neauphle, Saint-Ange, Larchant, Buteau, etc., représenté à Montmartre et à Ville-d’Avray par des marnes marines, qui , près de Château-Landon , a du prendre un assez grand déve¬ loppement pour fournir les pierres d’appareil qui ont servi à con¬ struire le portail de son église et les murs de l’abbaye de Saint- Séverin ; ce calcaire, réuni pour la première fois par M d’Archiac, en 1839 , aux grès de Fontainebleau , nous paraît être complète¬ ment l’équivalent de notre molasse , dont l’étage supérieur est peut-être représenté dans le bassin parisien par l’étage des faluns. L’étage tertiaire supérieur ou pliocène , qui , dans le bassin pa¬ risien , n’offre que bien peu de traces , n’existe point dans l’arron- 650 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALAIS , dissement d’Alais , non plus que l’étage moyen ; mais il est très développé dans la partie orientale de l’arrondissement de Nîmes. Tout le vaste plateau qui s’étend de Nîmes à la vallée du Rhône , au midi du massif néocomien , et qui est bordé au midi par la falaise qui s’étend de Beaucaire à Aiguemortes, dominant le vaste delta du Rlione , est formé par les marnes subapennines , exploitées sur un grand nombre de points pour la tuilerie et la poteiie grossière. Les fossiles y sont généralement très rares. On en a remis quelques uns à M . Dumas , entre autres un Pecten la- ti cos ta tus, Nous avons vu des côtes de cétacés. Sur quelques points , et notamment à Tliésiers , de petits monticules sablonneux offrent un très grand nombre de fossiles marins déjà connus pour appar¬ tenir à cet étage. A Nîmes même , vers le Grand-Cours, près du lieu où ces marnes viennent buter contre l’étage moyen du terrain néocomien, à la profondeur de 10 à 12 mètres, on trouve en quantité des tioncs d arbres couches, noircis, mais à peine car¬ bonisés , dont le bois offre quelques rapports avec celui de l’olivier. Cette assise est généralement couverte par le diluvium alpin. Vers la paitie oiientale s elève un massif de terrain néocomien , formant un tiiangle a peu près rectangle entre Jonquières, Comps et Beau¬ caire. On y a trouvé le Nautilus Requienanus , Ammonites As liera - nus , Belemnites bipartitus , et quelques autres fossiles rarement bien conserves. Deux massifs de molasse viennent s’y adosser à sti atification discordante, 1 un dans une gorge profonde où passe la route de Lyon à Beaucaire , l’autre de Roquepartide , fente où passait la voie romaine , au tunnel du chemin de fer. Les sommi¬ tés néocomiennes s’élèvent de ÙO à 50 mètres au-dessus du plateau, ou de 110 a 120 métrés au-dessus du Rhône, qui longe le plus g1 and cote du tiiangle. Ce massif est surmonté par cinq pitons très î emai quables , tous à la partie septentrionale. Le calcaire néoco¬ mien est coupé , vers ce point , de manière à offrir à sa partie su- peneuie la foi me d un fond de bateau. Il est immédiatement recouvert par une argile panachée de rouge , jaune et blanc , dont 1 epaisseui est de 8 à 10 métrés, surmontée par un calcaire ooli- tique bien stiatifié , et dont les plans de stratification sont paral¬ lèles au fond de ce petit bassin , dont il serait possible de recon¬ naître à peu près par là la forme et peut-être les dimensions. Ce calcaire , dont le grain est très fin , présente plusieurs assises assez épaisses , remplacées quelquefois par un assez grand nombre de lits très minces , parmi lesquels quelques uns , d’un calcaire très compacte , sont pétris de Lyinnées , Paludines , Bulimes. Dans le calcaiie oolitique les fossiles sont assez rares; cependant DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 1846. 651 sur quelques points on remarque un assez grand nombre de Lym- nées , Cyclostomes , Paludines , et des Cyclades. Ce calcaire est tendre et se taille avec la plus grande facilité , cependant il ne s’al¬ tère point à l’air. 11 a été assez employé autrefois, et l’on voit à Beaucaire une très belle cheminée de la renaissance dans l’ancien hôtel de Montmorency et des sculptures provenant de l’église des Dominicains exécutées avec cette pierre , qui durcit peu à l’air, mais est bien moins susceptible d’altération que la molasse. Au-dessus de ce calcaire évidemment lacustre , dont la puissance est d’environ 15 à 20 mètres , on remarque quelques lambeaux de calcaire marin qui notamment forment les sommets des cinq pitons dont nous avons parlé. Ces lambeaux s’élèvent abruptes, et à quelque distance on croirait voir de véritables dykes ; mais , en approchant , on voit une roche bien stratifiée , pétrie de frag¬ ments de coquilles et de Polypiers. Au pic de l’Eguille , le plus élevé de tous , et sur quelques autres points , on peut observer la superposition du calcaire marin sur le calcaire d’eau douce. A la partie tout-à-fait inférieure du premier , on trouve un très grand nombre de galets du calcaire lacustre , qui paraissent avoir été roulés avant d’avoir été empâtés par le calcaire marin. Les fossiles les plus reconnaissables sont des Peignes , dont une petite espèce nous a paru jusqu’à présent particulière à cet étage, qui, pour nous , est évidemment le calcaire moellon , et doit être distingué de la molasse. Nous pensons que tandis que les marnes subapen- nines se déposaient au N. et à l’O. de ce massif néocomien , il n’était point séparé de celui de Barbantane , vulgairement nommé la Montagnette , peut-être même d’une partie des Alpines. Il nous serait difficile d’expliquer sans cela comment un lac dont le dia¬ mètre doit avoir été de 1 à 2 kilomètres, alimenté par des sources très calcarifères , pourrait avoir existé dans un îlot aussi peu consi¬ dérable. Ce qui nous paraît confirmer cette opinion est l’absence des marnes subapennines et du diluvium alpin entre ces trois massifs. Le diluvium alpin s’est répandu sur le plateau des marnes sub¬ apennines par le col qui va de Comps à Serinhac , à peu près dans la direction de la vallée de la Durance, ce qui explique très bien comment un espace d’environ h kilomètres de long, contigu à la bordure occidentale du massif néocomien, sur près de 1 kilo¬ mètre de large , a pu ne recevoir aucun des nouveaux débris qu’entraînait le torrent diluvien. La partie la plus profonde de l’espace ainsi réservé forme le marais de Jonquières, alimenté par 652 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A A LAIS , les sources nombreuses qui s’échappent de dessous l’assise de cail¬ loux alpins. Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons déjà dit sur cette dernière assise. Pour compléter ce que nous avons à dire sur ces terrains tertiaires, nous ajouterons seulement que les lits infé¬ rieurs de la molasse exploitée à Beaucaire produisent, même dans des lieux assez aérés, d’abondantes efflorescences de salpêtre, ce qui indique l’existence dans cette pierre de substances ani¬ males. M. Dumas nous a parlé d’une grotte, près de Sommières, pratiquée dans cette assise , où on récoltait ce salpêtre à intervalles peu éloignés. Nous pensons avoir ajouté quelques preuves au parallélisme du terrain gypseux de Paris avec ceux du Midi , déjà établi par MM. Coquand, Matheron et les autres géologues de Provence. Ainsi le département du Gard présente les trois étages tertiaires. L’arrondissement d’Alais ne présente que l’étage éocène. Celui de Ni mes présente les deux étages supérieurs. Séance du dimanche 6 septembre. M. Jules Teissier rend compte comme il suit de la course des h , 5 et 6 septembre : Après avoir visité le riche bassin houiller d’Alais , la Société géologique , pour compléter ses investigations sur un sujet de cette importance, avait besoin d’étudier celui deBessége. Deux orages consécutifs , endurés en plein dans nos deux courses précédentes , avaient un peu clairci nos rangs -, ce¬ pendant, malgré des menaces de pluie nouvelle, un certain nombre se décida à partir vendredi matin. D Alais à Bessége on rencontre un grand nombre de forma¬ tions; nous pûmes observer aux portes de la ville les conglo¬ mérats qui font partie de la formation lacustre et qui en constituent l’étage le plus supérieur. A partir du pont de Briége on suit la formation néocomienne jusqu’au village des Mages ; elle forme à droite de la route une suite de collines ; à gauche on voit se dégager de dessous le néocomien les calcaires oxfordiens et le lias , qui constituent les montagnes les plus éloignées et les plus élevées. 653 DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18 A 6. En divers points, notamment sous l’ancien château de Rous- son , on peut observer les quatre étages ou assises qui consti¬ tuent le terrain néocomien. 1° L’étage inférieur, qui a tout au plus 8 à 10 mètres d’épaisseur, est composé d’un calcaire très compacte, d’un blanc jaunâtre , à pâte très fine, formant des bancs nettement stratifiés de 25 à 30 centimètres d’épaisseur. Quelques membres de la Société étaient tentés de rapporter encore cette assise au groupe oxfordien à cause des caractères minéralogiques de la roche j mais M. E. Dumas a fait observer que ce calcaire reposait en stratification discordante sur l’oxford-clay , et qu’il contenait des fossiles propres au néoco¬ mien, entre autre le Belemnites Icitus et Y Ammonites cripto- ceras ( d’Orb. ). C’est dans cet étage que l’on trouve, à Bérias (Ardèche) et à Gigondas (Vaucluse), la Terebratula diphya. Le deuxième étage est composé de marnes grises dans les¬ quelles on trouve les Belemnites lotus , di/atatus, extinctorius et Urbignyanus , qui sont surtout si abondantes à Mons et à Bérias. Le troisième étage est constitué par un calcaire jaunâtre, le plus souvent bleuâtre et marneux , contenant comme fossiles les plus caractéristiques le Spatangus refusas et YExogyra subsinuata ( Leymerie ). Enfin , le quatrième étage ou le supérieur est formé par un calcaire blanc jaunâtre , présentant souvent un aspect crétacé et contenant des Chôma ammonia. C’est ce calcaire qui con¬ stitue le néocomien de la montagne où se trouvent les ruiqes du château de Rousson (fig. 5). Aux Mages , une lieue avant Saint-Ambroix , on rencontre sur la route le calcaire à Entroques, roche à facettes brillantes dues à Y Encrinites Bria reris. Nous y avons recueilli le Belem¬ nites suie at us et deux Térébratules, dont l’une encore inédite, et l’autre qui paraît se rapprocher, d’après M. de Buch, de la digona ou de la vicinalis. Au-delà de Saint-Ambroix , le calcaire à Entroques s’étend encore sur le territoire de la commune de Saint-Brés, où on l’exploite comme pierre de taille et comme marbre. Un peu plus loin , à Plauzolle , on rencontre une bande très 65 h RÉUNION EXTRAORDINAIRE A ALA1S , mince de marne supra-liasique , et immédiatement après le calcaire à Gryphées qui forme, sur les deux rives de la Gèze , le sommet des montagnes 5 au-dessous on voit la dolomie infra- liasique \ au-dessous encore, mais sur un seul point, presque au niveau de la rivière et un peu au-delà du village de Mey- îannes , on observe 1 infra-lias, dans lequel nous avons recueilli un grand nombre de fossiles caractéristiques de cet étage. Vis-à-vis , sur la rive gauche de la Gèze , au-dessous du lias, le keuper se montre à la base du château de Montalet et prés du hameau de Molières $ dans ce dernier point il contient une masse de gypse et recouvre en partie un petit îlot de terrain houiller. A Clairac, la dolomie de l’infra— lias renferme un filon de zinc sulfuré, contenant quelques traces de calamine et de plomb sulfuré. On vient d’en commencer l’exploitation. A Bessége, le calcaire à Gryphées fournit la castine, qui sert de fondant au minerai de fer hydraté qu’on trouve intercalé , au Travers et à Bordezac, dans les couches du keuper. Ainsi, chaque forma¬ tion , chaque couche a ses produits. Mais une richesse bien plus grande que toutes les autres ensemble, c’est le terrain houiller de la vallée de la Gèze , qui fournit du charbon d’excellente qualité , et dont les mines dé¬ bouchent , pour ainsi dire, sur les gueulards des hauts-four¬ neaux. On peut admirer 1 usine de Bessége, même après avoir vu celle d’Alais. La Société reçut le plus agréable accueil de M. Wilmar, directeur des forges , et de M. Ghalmeton, directeur de l’exploi¬ tation minière. A côté des puissants laminoirs, des pesants marteaux de l’ate¬ lier, à côté des cisailles et des scies qui coupent un essieu ou un rail comme nos ciseaux ordinaires une feuille de papier , la Société admira des tenailles de pression pour comprimer le fer incandescent et en faire sortir toutes les impuretés. Ges mâchoi¬ res de fer armées de dents ressemblent assez bien à celles d’un monstrueux crocodile, et, comme celui-ci rejette l’eau en écume en triturant sa proie , les nôtres , en comprimant le fer comme une éponge, en poussent au dehors toutes les substances nuisibles. DU 30 AOUT AU 6 SEPTEMBRE 18/|0. (355 Le lendemain, la Société s’arrêta longtemps à la recherche des végétaux fossiles bien plus nombreux ici qu’à la Grand’ Combe et Champclauson. La couche Sainte-Barbe est surtout remarquable par l’abon¬ dance des troncs de grands végétaux arborescents. On voit dans cette mine une tige de Sigillaire ( Sigil. reniformis , A. Brong. ) de 10 mètres de longueur. Tous ces troncs ont la pointe en bas et occupent, en général, une position inclinée comme la couche qui plonge à l’E. de 30 à 35°. La couche Saint-Auguste, qui se trouve placée immédiate¬ ment au-dessus de celle de Sainte-Barbe, fait également partie du système inférieur houiller; elle ne contient plus de Sigil- laires, mais elle est caractérisée par d’autres végétaux très va¬ riés. Nous avons recueilli des feuilles de Nœggerathia , les Pe- copteris arborescent et Grandini , et des fruits de forme ovale , dont quelques uns étaient attenants à leur tige. La Société s’est convaincue , en étudiant ces différentes couches , qu’elles offraient une flore particulière , etc. La Société , partie de Bessège à trois heures de l’après-midi, arriva à Alais sans autre encombre qu’un troisième orage -, il était trop tard pour la séance publique. Aujourd’hui dimanche , nous tenions à compléter l’étude des environs d’Alais par celle des bords de l’ancien lac , du côté du Serre-de-la-J ustice , de Saint-Alban et de Mazac. La Société a d’abord constaté que le terrain lacustre s’est déposé sur la formation néocomienne, soit sur l’étage à Chama ammonia , soit sur celui du calcaire à Spatangus retusus. Ces roches en place , avec leurs fossiles caractéristiques , forment une ceinture de collines au N.-O. de la plaine que la montagne de Bouquet termine du côté opposé. Puis vient le rivage pro¬ prement dit du grand lac d’eau douce. Là, la roche néoco¬ mienne, battue par la vague, brisée par le roulis, a laissé des brèches et des poudingues formés par les roches voisines et empâtant quelquefois des fossiles néocomiens comme témoins de l’effet des eaux. Cette falaise, qui règne depuis Alais jusqu’au-delà de Saint- Ambroix , formée des débris de roches préexistantes et du Soc. géol 2e série, tome III. • 49 656 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A A LAIS , ETC. ciment que déposaient les eaux douces , est très importante à étudier. La Société est arrivée avec intérêt sur le beau gîte de chaux carbonatée cristallisée (spath d’Islande) du ruisseau deMazac. Ce spath est très limpide et présente le phénomène de la dou¬ ble réfraction. Le gisement de ce filon, situé dans une roche aussi récente que le conglomérat lacustre, est très remarquable; il a fixé pendant assez longtemps l’attention de la Société. Après cet exposé M. d’Hombres-Firmas prend la parole : « Messieurs , » Au moment de nous séparer, je sens le besoin de vous » exprimer de nouveau toute ma reconnaissance pour l’honneur » que vous m’avez fait en me nommant votre président. » Mes concitoyens, M. le maire vous l’a dit, sont très flattés » de la réunion de tant d’hommes distingués au milieu d’eux, » et je me plais à croire que le choix d’un Alésien pour diriger » vos recherches ne peut que leur être agréable. » Vos savantes explorations et vos discussions intéressantes » nous feront mieux connaître notre richesse minérale , et se- » ront utiles au progrès de la géologie par la comparaison que » vous établirez entre les formations de nos terrains et celles » des autres contrées. Vous contribuerez, messieurs, à répan- » dre le goût d’une science pleine d’attraits surtout dans un » pays montagneux ; science dont nous apprécions l’avantage » pour notre industrie et notre agriculture. » Je dois, en terminant, remercier, au nom de la Société » géologique de France, l’administration municipale pour son )> accueil bienveillant , et les amateurs qui ont pris part 4 la » session extraordinaire de 1846. » M. Chamousset adresse des remercîments , au nom de la Société, à M. le Président et à MM. Jules Teissier et Dumas, qui ont bien voulu servir de guides à la Société dans ses excursions. LISTE BIBLIOGRAPHIQUE PAH ORDRE DE MATIÈRES DES OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES PUBLIÉS EN 1845 ET 1846, «UIVI* P’UNB TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS, Par Oh. MARTINS et J. HUGARD Secrétaires pour l’Étranger. J. TRAITÉS ET MÉMOIRES GÉNÉRAUX. J. HUMBOLDT (A. de). — Kosmos , Entwurf einer physischen fVeltbeschrei- bung. Kosmos , ou Essai d’un tableau physique de l’univers; 1er volume in- 8 , 493 pages. Traduit en français par M. Faye. — 1845. PHILLIPS (J. ). — A treatise on Geology. Traité de géologie; 2 vol. in-8, avec planches. 8. — PETZIIOLDT (A.). — Géologie. Géologie; 2* édition, in-8, 645 page* avec 68 figures. — 1845. 4. — LYELL ( Ch.). — Principes de géologie, ou illustrations de celte science empruntées aux changements modernes que la terre et ses habitants ont subis. Traduits de 1 anglais sur la 6e édition , et sous les auspices de M. Arago, par madame Tullia Meullien; in-12, 575 pages, avec de nombreuses planches et figures. — 2e partie. 1845, et 3e partie, 1846. 5. — BEAUMONT ( Élie de ). — Leçons de géologie pratique professées au Collège de France pendant Tannée scholaire 1843-1844; 1 vol. in-8 de 555 pages , avec 9 planches. — 1845. 6. — VOGT (C.) — Lehrbuch der Geolo gie und Petrefaclcnhundc , theilweise nach Elie de Beaumonts Vorlesungen, Eléments de géologie et de pa¬ léontologie , rédigés en partie d’après les leçons de M. Elie de Beau¬ mont; in-8, 208 pages, avec de nombreuses figures en bois (non ter¬ miné). — 1846. 7. — HOLGER — Elementc der Geognosio nach sireng wissenschaftlichcr Con¬ séquent. Éléments de géognosie scientifique; lre partie, Pétrographie. In-8, 175 pages. — 1846. 8. — COTTA (B. ) — Grundriss der Gcognosie und Géologie , als zweito Au - flage der Anleitung zum Studium derselben. Éléments de géognosie et de géologie ; 2* édition de son Introduction à la géologie , 2e livraison avec 76 planches sur bois. — 1846. 9. — WALCHNER ( F. -A. ) — Handbuch der Géognosie mit besondçrer Beriick- Soc. qéol., V- série, tome III. 50 758 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES sichtigung der geognostischen Verhaeltnisse des Grossherzogthums Baden. Manuel de géognosie conçu principalement en vue de la constitution géologique du grand-duché de Bade ; in-8, 160 pages. 2* édition, avec planches en bois. — 1846. 4 0. — WAGNER ( A. ). — Gesehichte der (Jrwelt mit besonderer Beriick- sichtigung der Mensclienrassen und des Mosaischtn Schoepfungs Bericlites . Histoire du mon^e primitif en ayant égard aux races humaines et à la Genèse de Moïse ; in-8 , 578 pages. — 1845. 44» BURMEIS1 ER (H.). — (ieschichte der Schoepfung , etne Darstellung des Enlwickclungganges der Erde und ihrer Bewohner. Histoire de la création , ou tableau de 1 évolution de la terre et de ses habitants; 2e édition , 1 vol. in-8. — 1845. 42. — ANSTED (D. T. ). — Geology introduetory , descriptive and practical. Géologie élémentaire, descriptive et pratique ; 2 vol. in-8, avec de nom¬ breuses figures. — 1845. 13* ANSTED ( D. T. ). I ho geologist’s teæt-book. Livre de poche du géologue ; 143 pages. — 1845. 14. — ANSTED ( D. T. ). — Geology as a branch of éducation. La géologie , une des branches de l’éducation ; 143 pages. — 1845. 43. ZIPPE ( F. X. ). — Anleitung zur Gestein und Bodenkunde oder das wichtigste aus der Minéralogie und Geognosie fur gebildete Leser aller Staende, insbesondro fur Landwirthe , Forstmaenner und Bauteclmiher. In¬ troduction à l’étude de la géognosie et de la géologie , ou ce qu’il y a de plus important dans ces sciences pour le public éclairé, et en particulier pour de* agronome*, de* forestiers et des architectes ; 1 vol. in-8 de 396 pages. — 1846. 16. — LEONHARD (G. G.). — Taschenbuch fur Freunde der Géologie. Ma¬ nuel des amis de la géologie; 2 vol. in-8, 248 pages, 3 pl. —1846. 17. — BISCHOF (G.). - Lehrbuch der chemischen und physikalischen Géologie. Manuel de géologie physique et chimique; Ie* volume, in-8, 352 pages, avec 2 planches lithographiées et 22 bois. — 1846. 18. — JOHNSTON (Prof. ). — Eléments of agricultural chemistry and geo - logy. Eléments de chimie et de géologie agricoles; 3e édit. 49. ANONYME. T estiges of the natural liistory of création. Vestiges de l’histoire naturelle de la création; 1 vol., 423 pages, 5« édit. — Exp lanations, a sequel to Vestiges of the natural liistory of création. Ex¬ plications ; suites aux Vestiges de l’histoire naturelle de la création. 20. — CREDNER (E. F.). — Ueber den Bau der Erde. De la structure de la terre. Leçon faite le 26 février 1846. 21. — MACKENSIE (G.). — On the cause wich has produced the présent fort» and condition of the earlh’s surface. Sur la cause qui a produit la forme et les conditions actuelles de la surface' de la terre. (Edinburgh r.ew phdosophical Journal , t. XXXVIII, p. 369. _ 1845. ) 22. — HENNESSY (H.). — Researches upon the connexion between the rotation ofthe earth and the geological changes of its surface. Recherches sur la connexion entre la rotation de la terre et les changements géologiques de surface; 4 pages. ( Philosophical magazine , tom. XXVII , p. 376 — 1845.) p 23‘ ~PRÉV0ST (G oust.). - Formation; 3 pages. ( Dictionnaire universel d histoire naturelle , publié par M. Ch. d'Orbigny, t. V, p. 677. — 1845). publiés en 1845 et 1846. 759 PRÉVOST (Const.). — Sur la chronologie des terrains et le synchro¬ nisme des formations; 6 pages. {Bulletin de la Société géologique de France , 2e série, t. II, p. 366; et Comptes rendus de l' Académie des sciences de Paris; tom. XX, p. 1062. — 14 avril 1845.) FITTON (W. H.). — On the arrangement and nomenclature ofthe sub - cretaceous strata. Sur l’arrangement et la nomenclature de quelques unes des couches sous-crétacées. {Athenœum, 1846, p. 967.) 26. BOUCHEPORN (F . de). — Réclamation de priorité relative à une note de M. Pissis sur les lois qui président à la direction des chaînes de montagnes; 3 pages. ( Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, t. XX , p. 176. — 1845. ) 27. — DANA (J.). — Report on nomenclature in natural history to theAs- sociation of american geologists and naturalists. Rapport fait à l’Associa¬ tion des géologues et naturalistes américains, en mai 1845, sur la no¬ menclature en hiitoire naturelle; 5 pages. ( Edinburgh new phitosophical journal, t. XL, p. 301. — 1846.) 28. — MURCHISON (R. 1.). — Adresse prononcée à l’Association britanique pour l’avancement des sciences , seizième réunion tenue à Southamp- ton , en septembre 1846 ; 15 colonnes. {Athenœum , 1846 , p. 933. ) 29. — - HORNER. — Anniversary adress to the geological Society of London . Adresse anniversaire à la Société géologique de Londres ( en février 1846); 76 pages. {Quarlerly Journal of geology ; t. II, p.145. — 1846.) 30. — HOMBRES -FIRMAS (d!). Rapport fait à l’Académie du Gard et à la Société philotechniqifé de Paris sur le congrès de Naples de 1845; 57 pages, in-8. — 1846. 31. — ROZET. — Mémoire sur la Sélénolcgie ; 4 pages. [Bulletin de la Soc. géologique de France, 2e série, t. III, p. 262, et Comptes rendus de l'Acad. des sciences de Paris, t. XXII, p. 470, — 16 mars 1846.) 32. — - MICHAELIS (E. H.). — Essai d’une méthode mixte d’expression topo¬ graphique du relief du sol. ( Bulletin de la Société de géographie de Paris ; 3* série, t. III, p. 368. — 1845.) 33 _ JOMARD. — Des cartes en relief. {Bulletin de la Société de géographie de Paris; 3e série, t. III, p. 357. 1845.) 3^ _ DESPORTES. — Nouvelle note relative au coloriage des cartes au moyen de la lithographie ; 2 pages et demie. ( Comptes rendus de l’A¬ cadémie des sciences de Pans, t. XX, p. 42 1845.) 35> R AU LIN (V.). — Note relative au coloriage des cartes par impres¬ sion lithographique ; 4 pages et demie. [Comptes rendus de l’ Académie des sciences de Paris , t. XX, p. 44. 1845. ) 36. _ WHISHAW (F.). — On a method of exhibiting , al one view, the re- sults of a given geological survey. Sur un moyen de montrer en un seul coup d’œil tous les résultats de l’étude géologique d’un pays. {Athe¬ nœum, 1845 , p. 724.) 27 _ COMBES (Ch.). — Traité de l’exploitation des mines; 3 vol. in-8, avec atlas de 60 pl. in-folio». 38 — BURAT (A.). — Études sur les mines. Théorie des gîtes métalli¬ fères, appuyée sur la description des principaux types du Harz, de la Saxe, des provinces rhénanes, de la Toscane, etc.; in-8, 358 pages. _ 1845. Supplément contenant la description de quelques gîtes mé- 760 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES tallifères de l’Algérie, de l’Andalousie, du Taunus et du Westmore- land, 163 pag. — 1846. 39. — BUDGE. — 1 lie practical miner’ s guide. Guide pratique du mineur; in-8 , nouvelle édition. — 1845 ; II. PHYSIQUE DU GLOBE. 1° SUJETS DIVERS. 40. — LECOCQ (H.). — Résumé d’un mémoire intitulé : Des climats solaires et des causes atmosphériques en géologie. Recherches sur les forces diluviennes indépendantes de la chaleur centrale , et sur les phéno¬ mènes glaciaires et erratiques ; 10 pages. ( Bulletin de la Société géolo¬ gique de France ; 2e série, t. III , p. 390. — 1846.) 41. — FORRY (S.). — Researches in élucidation of tlie distribution of heat over the globe, and espeeially oflhe climatic features peculiar to the région of the United States. Recherches sur la distribution de la chaleur sur le globe, et spécialement des caractères climatologiques propres à la ré¬ gion des États-Unis; 56 pages, avec carte et planche. ( Edinburgli new pliilosopliicat Journal; t. XXXIX, p. 68. — 1845.) 42. TA1LOR. — On tlie température of the earth and sea. Sur la tempéra¬ ture de la teire et de la mer. ( Athenœum , n° 957. — 1846.) ho. BEA N IN G S EN - FOERDER. — Note sur les lois numériques auxquelles semble etie soumise la distribution des vallées, des sources, des cou¬ lants d eau, des villages et des hameaux dans les formations sédimen- taires; in-8, huit pages. ( S upplément à la Bibliothèque universelle de Genève; t. II , p. 17. — 1846. ) 44. HOPKINS (W.). On certain déviations of plumb-line from ils mean direction , as observed in the ncighbourliood of Slianklin Doivn, in the isle ofTVight, during the progress of the ordnance Survey. Sur de certaines déviations de la ligne à plomb de sa direction moyenne , observées dans le voisinage de Shanklin-Down , île de Wight, pendant le cours delà triangulation. ( Athenœum , 1846, p. 968.) 45. — JOMARD. — Rapport sur le relief du Mont-Blanc, exécuté par M. Séné; 9 pages. (B ulletin de la Société de géographie de Paris; 3e série, t. IV, p. 105. — 1845.) 46. HARRIS (E.). On the différence of level betxveen the ivaters of the gulf of Mexico and those of the Atlantic océan. Sur la différence de ni¬ veau qui existe entre les eaux du golfe du Mexique et celles de l’océan Atlantique; 1 page. ( Proccedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia; t. III, p. 34. — 1846.) 4;* REDFIELD (W .). — On the drift ice and currents of the north Atlan¬ tic, witli a chart sliowing the obstxvcd positions of the ice at various times. Sut la glace de transport et les courants de l’Atlantique septentrional , avec une carte montrant les positions observées de la glace à diffé¬ rentes époques; 16 pag. ( Silliman’s american Journal; t. XLVIII, p. 373, et Biblioth. univ. de Genève, t. 60, p. 165. — 1845.) 48* DAVY (J.). On the température of the sea at the surface, and spécifie gravity of the surface ivaier. Sur la température de la mer et PUBLIÉS EN 18A5 ET 1846. 761 la pesanteur spécifique de ses eaux à sa surface; 3 pages. ( Edinburgh ncw philosophical Journal , t. XL, p. 45. — 1846.) 49. FORCIIHAMMER. — Apiandling om Sœvandets Sammensàtning. Dis¬ set talion sur la composition de l’eau de mer; in-8, lrc partie, 10 psg» ( Ovcrsigt over dut Kongl. danske Vidcrshabcrncs Selshabs Forhandlinger i Aurel, 1845 , p. 24; et en extrait, Athenœum , 1846, p. 1003.) ^0* MACLAREN (Gli.). — liemarhs on anclent b caches near Stirling; Ile- marques sur d anciens rivages de la mer, près de Stirling; in-8, 12 pages. {Edinburgh ncw philosophical Journal. — Oclober 1846.) 51. — EVEREST (R.). — liemarhs on the level of lhe Pirœus liarbour ncar Allions and of llie counlry adjacent. Remarques sur le niveau du port du Pirée, près d’Athènes, et des contrées adjacentes. ( Quarterly Journal of geology ; t. 11 , p. 32. — 1846. ) 52. — SMITH (James). — On the subsidence of the land at Puzzuoli. Sur l’af¬ faissement du sol à Pouzzoles. [The Athenœum, 1845, p. 724.) 55. — VIRLET (T.). — Note sur une dépression probable de l’Afrique septentrionale , celle du lac Melgbigh ; 7 pages. {Bulletin de la Société géologique de France ; 2e série, t. Il, p. 34 9, et en extrait, Comptes rendus de B Académie des sciences de Paris ; t. XXI , p. 51. — 1845.) 54. — ANGELOT (V. F.). — Note sur la dépression au-dessous du niveau de la mer de certaines parties de l’Afrique septentrionale et plus parti¬ culièrement de l’oasis de Syouali ou d’Ain ni on ; 12 pages. ( Bulletin de la Société géologique de France ; 2e série, t. II , p. 416. — 1845. ) 55. — COLLIN (A.). — Recherches expérimentales sur les glissements spontanés des terrains argilleux , accompagnées de considérations sur quelques principes de mécanique terrestre ; 1 vol. in-4» — 1846. 56. — ANONYME. — Account of a torrent ofmud in the plain of Lagunilla, New - Grenada. Description d’un torrent de boue dans la plaine de La¬ gunilla , Nouvelle-Grenade; 2 pages. {Edinburgh ncw philosophical Journal , t. XL, p. 199. — 1846.) 57. — PAPIUS (K.). — Die Lchre vom Torf. Traité de la tourbe ; in 8 , 72 pages. — 1845. 58. — LESQUEREUX (L.). — Quelques recherches sur les marais tourbeux en général; in-4, 138 pages. {Mémoires de la Société des sciences natu¬ relles de Neuchâtel ; t. III, p. 1. — 1846.) 59. — LORTET (M. P.). — Rapport sur les travaux de la Commission hydro¬ métrique de Lyon , en 1844; in-8, 16 pages et 2 tabl. — 1845. 60. — FOX (IL). — Abstract of a paper relative to springs of water. Extrait d’un mémoire relatif aux sources d’eau; 6 pages, avec planche. {Edin¬ burgh new philosophical Journal; t. XXXVIII , p. 66. — 1845.) 61. — LEGROS-DEVOT. — Des divers projets conçus ou exécutés pour don¬ ner à la ville de Calais une eau saine et potable; in-8, 20 pages, 1 pl. — 1845» 62. _ KEELE. — On the arlesian well on the Southampton common. Sur le puits artésien pratiqué à Southampton. ( Athenœum , 1846, p. 966.) 63. _ DÉGOUSÉE. — Eaux jaillissantes provenant d’une formation infé¬ rieure au calcaire jurassique, obtenues dans un forage artésien près de Donchery ; 1 page. ( Comptes rendus de l’ Académie des sciences de Paris, t. XX, p. 60. — 1845.) 762 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 64. - BUCKLAND (W.). - On the applicabilily ofFauvelle’s mode of bonne artesian we/ls to the well at Southampton and to other vvelts, and lu a a 'Z™1* $aU and 0tl'er mineraL beds- Sur l’application de la mé¬ thode de Fauvelle pour forer les puits artésiens au puits de Southamp- on et a d autres puits, et pour la recherche de la houille, du sel et _ minérales* ( -dthentçum , 1846. p. 1003. ) Fl !/° ^Capt‘^' ~ 0n the température of the springs, wetls and nversof India andEgypt , and of the sea and table-lands within the tro- riTi’V "l ? le“Perature des sources , puits et rivières de l’Inde et celle (FF fyP.e’ de H mCr et des lJ,ateaux entre les tropiques; 14 pages. 66 ^BllcHOFn(r^ hll0t^l/0urna^ XL, p. 99.- 1846.) , ‘ .. ~~ EimSe Bemerhungen iiber die Entstehung der Mine- ralq u ellen. Remarques sur l’origine des sources thermales ; in-8°, 8 pag. ( Leonhard s neues Jahrbuch fur Géologie, 1845, p 419 ) 67. - DESCLOISEAUX et BUNSEN Dt . ’ P . ISIJJ1SI1.N. Observations sur la température geysers dis ande; in -4", 4 pages. ( Comptes rendus de l’Académie «8 _n ^ '• XX111’ P' 934- ~16 "ovembre 1846.) ■ . t Observation sur la haute température observée tUus ou puits tore a^oireut Wurtemberg); in-4 . 2 pages. (Cornas n us de l Academie des sciences de Paris; t XXI n 1335 I8'.5 \ 69. A11DDENDORFF (de). - Observations de' tempériL^aiteTd»^ 7b “ Jak''l,lsL (l’InM'ul, 1845 , p. 155.) . HOliZEAU. _ Observations de température laites dans les mine, de Fl en u , Belgique. ( L’Institut , 1845, p. 147.) ü,®"™ “ V,TS*,X- N°le SUr de «*“• remplie de q, r 9>i'lm,es uns des phénomènes que présentent la con¬ gelai, on de 1 eau et la fusion de la glace dans des vases de petites di¬ mensions; 8 pages, avec flgures. (Bulletin de la Société géologique de France; 2® série, t. II, p. 327. — 1845.) ” ~A L,EU®E ^ mU“nS deS Sur la formation I l r , e, *1 >n ’ *n ^ Pa&es- ( Wurtembergische naturwissenscliaft- liclie Jahreshefte ; 2e année, p. 165. _ 1846.) 73. - LECLERCQ. - Sur la formation de la glace an fond des eaux. (L’In- slitut, 1845, p. 169.) v 74. PERSIGNY (de). — De la destination et de l’utilité permanente des pyramides d Egypte et de Nubie contre les irruptions sablonneuses du desert ; m-8, 256 pages , 6 pl. — 1845. SILLIMAN (B.). ISohceofa massof meteoric iron found at Cambria near Loch port, in the state of New-York ; 4 pages, avec figures. Notice sur uue masse de 1er météorique trouvée à Cambria, près de Lockport , a 388 ° at184 ^eVy"^0|k‘ ( Silliman’s american Journal; t. XLYIII , 76‘77R/OOSTnG } “ DeSCriPtion °f a mass meteoric I on wich fell near ' ChZ 1 l‘hSOn C0"nt*> Tenness“> 1845. Description d’une masse de fer meleonque , tombée près Charlotte, comté de Dickson, Ten¬ nessee , en 1845 ; 26 pages avec les figures de ce. météorites. (Sil/iman’s american Journal ; t. XLIX , p. 336. — 1845.) PUBLIÉS EN 1845 ET 1846. 763 2° VOLCANS ET TREMBLEMENTS DE TERRE. GIRARD (H.). Ueber Erdbeben und Vulhane. Sur les tremblements de terre et les volcans; in-8 , 32 pages, avec planche. — 1845. PRÉVOST ( Gonst. ). — Volcan. ( Encyclopédie des gens du monde; in-8 , 7 pages, t. XXI, 2* partie, p. 660.) FORCHHAMMER. — Ausbruch des Hecla. Eruption de l’Hécla ; in-8, 2 pages. {Poggendorff's Annalen der Physik ; 3e série , t. VI , p. 458. — 1845.) 80. — HAAGE1Y VON MATHIESEN. — Ueber die Entstehung des Monte- ISuovo und die neueste Hekta-Eruption. Sur l’origine du Monte - Nuovo et la dernière éruption de FHécla;in-8, 9 pag. {Leonhard's neues Jahr- buch fùr Geognosie, 1846, p. 586.) 8^* ' PEREY (A.). • — Mémoire sur les tremblements de terre ressentis en t rance , en Belgique et en Hollande , depuis le ivc siècle de l’ère chré¬ tienne jusqu’à nos jours (1843 inclusiv. ) ; in-4, 114 pages , avec deux planches de courbes, représentant la fréquence de ces commotions. ( Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers , publiés par l'Aca¬ démie des sciences de Bruxelles ; t. XVIII. — 1844-1845.) 82. — PEREY (A.). — Sur les tremblements de terre de la péninsule scandi nave ; in-8 , 62 pages. (, Voyage en Scandinavie , au Spitzberg et aux Feroà de la corvette la Recherche. Géographie physique , t. I, p. 409. — 1845.) 83. — PEREY (A.). Mémoire sur les tremblements de terre ressentis dans le bassin du Rhône; in-8, 81 pages, avec une planche. ( Annales de la So¬ ciété d’agriculture de Lyon ; t. VIII , p. 265. — 1845.) 84. — FOURNET (J.). — Notes additionnelles aux recherches sur les trem¬ blements de terre du bassin du Rhône de M. A. Perey ; in-8, 24 pages. {Annales de la Société d'agriculture de Lyon ; t. VIII , p. 347. — 1845.) 85. — PEREY (A.). — Mémoire sur les tremblements de terre dans le bassin du Danube ; in-8 , 82 pages. {Annales de ta Société d'agriculture de Lyon ; t. IX. — 1846. ) 86. — PILLA (L.). — Extrait d’une lettre à M. Arago sur le tremblement de terre qui vient de bouleverser une partie de la Toscane ; in-4 , 9 pages. {Comptes rendus de t' Acad, des sciences de Paris; t. XXII , p. 468. — 1846.) 87. — PILLA (L.). — Phénomènes volcaniques récents dans un des points de la mer qui baigne les côtes de Sicile; in-4, 3 pages. {Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris; t. XXIII , p. 988. — • 1846.) 88. — NELSON. — Notice of an earthquahe and a probable subsidence of land in the district o f Cutch, near the mouth of the Koree , weastern brandi of the Indus , in June 1843, une page. Notice sur un tremblement de terre et un affaissement probable du sol dans le district deCutch, près de l’embou¬ chure du Korée , ou branche orientale de l’Indus , en juin 1845 ; une demi-page. ( Quar ter ly Journal of geology ; t. II, p. 103. — 1846.) 89. — DARWIN (Ch.). — An account of the fine dust wicli often faits on vessets in the Atlantic océan. Note sur la poussière fine qui tombe sou¬ vent sur les vaisseaux dans l’océan Atlantique; 4 pages. ( Quarterly Journal of geology ; t. II , p. 26. — 1846.) OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 7(54 3° GLACIERS. 92. 93. 0. ,R NGL (J.). — Analyse d’un mémoire intitulé : Recherches sur les glaces flouantes et les dépôts erratiqueset sur l’influence des climats sur la distribution géographique et la limite inférieure des neiges perpé- , "i r; 2!rgtS- de ,a Soc!M géologique de France; 2" série, t. ni , p. 280. — 1846. ) 91‘ ~'^RI!F;S P- D-).-ï'r«re/S tl, rougi, the Alps of Savoy and other paris of I nn me r/mm, with observations on the plie,, on, ena of glaciers. Voyages dans les Alpes de Savoie et autres parties de la chaîne pennine, avec des observations sur les phénomènes des glaciers; 2- édition, in- 8, avec une carte de la mer de glace de Chainonix. — 1845. T DES0R (E0- - Nouvelles excursions et séjours dans les Alpes et les hautes régions des Alpes de M. Agassi* et de ses compagnons de voyage, accompagnées d une notice sur les glaciers delà Lez blanche et du val dé'M Si t’ 8aST,’ C‘ d ’"n ape,'îu sur la structure géologique des Alpes _ St,lderl '"-12 • 265 Pagcs . avec deux planches. — 1845 hoc r , (L.). - Observations sur les glaciers ; 4 pages. (Bulletin de la 94. i dÉsOr’/F t r“: 2° SériC’ '• IU> P' 415‘ - 1846.) / n u . • j „ .Sur 3 strllctme des g^ciers ; 5 pages, avec 2 plans. [bulletin de la Société gcol. de France; 2e série, t III n 32R iq »5--LAdAME(H., Observations sur lep^^n^i^ cati K,&e g'eiJue’.ct de ce,Ie'cl a la glace compacte, suivies d’appli- ons a la theone des glaciers; 16 pages. ( Supplément à la Viblio- theque universelle tic Genève, t. III, p. 120. — 1846 \ 9b' Tl'cWsK1/W 7W’);“/m "le m0l,0n 0fglacim- Sm k mouvement des 593 a COt!!! 184s!7 '• XVI> p,8e,1> 1W> 237’328’ SM . 97. FORBES (J. D.). — licply to M. Hopkins on tlie motion of glaciers nuth reasons for avmding further a controversy. Réponse à M. Hopkins sur le mouvement des glaciers , et motif pour cesser cette controverse ; 98 - WnEVVEiL',w7 ’n '' ?Iagazin°’ •• XXVI , p. 404. - 1845.) ' »'! !„ cmarhs 0n M- I!°Pkins lteP>y ■ Remarques sur la p 431 - ms. ) P * ' 3 PagCS' ( nUos°Phical Magasine ; t. XXVI , 9 J. — FORBES (J. D.). _ Aiat/i tell cr on glaciers , addressed to professer Ja- 7!nZ :hk?ab d°"\ Tu °^naUon‘ »" glacier of the Aar ( li), h direction of M. Agassis. Neuvième lettre sur les "Liciers ai ressee au professeur Jameson : remarques sur les observations récen¬ tes faites sur le glacer de l'Aa, (en 1844), sous la direction de M. Agas- TyvyvuÏ aïC° f‘SUrCS' f-mnburSh '«"> phitosophieat Journal, t. XXXYJII, p. 332. - 1845.) 1°°. - MARTINS (Ch.) - Nouvelles observations sur le glacier du Faulhorn; 26 pages, avec une planche. (Bulletin de la Soc. géol. do France, 2" sé- ne > t. II , p. 223; et Bibl. univ. de Genève, t. LYI n 323 1#1- ^ «rAïi v • ; • JSass^ adoption ofthe plastic theory. — Reply to M. Mar- "'*• D,a‘eme lettre sur les glaciers, adressée à M. le professeur Jante- son. - Adoption par M. Agassiz de la théorie de la plasticité. - Réponse PUBLIÉS EN 1845 ET 18A6. 765 à M. Martins; 8 pages. ( Edinburgh new philosophicat Journal , t. XL, p. 154, et Bibl. univ. de Genève, t. 58, p. 142. — 1845.) 102. — FORBES (J. D.). — OnzièmG lettre sur les glaciers, adressée au pro¬ fesseur Jameson ; in-8, 8 pages, avec une planche. ( Supplément à la Bibliothèque universelle de Genève, t. 1 1 1 , p. 107. — 1846. 103. — DARWIN and FORBES. — Exiract from lelters on the anatogy of the structure of somc volcanic rocks with that of glaciers, by Darwin , with observations on the saine subjcct made by professor J.-D. Forbes. Ex¬ traits de lettres sur l’analogie de structure de quelques roches volcani¬ ques avec celle des glaciers, par Darwin; avec observations sur le même sujet, par le professeur Forbes ; 1 page et demie. ( Edinburgh new phi - losophical Journal , t. XXX^ III , p. 370. — 1845.) 104. — GORDON (L.). — On the subject of the viscous theory of glaciers. Au sujet de la théorie de la viscosité des glaciers. ( Edinburgh new phitoso • phical Journal, t. XXXVIII, p. 372. — 1845.) 105. — GORDON (J.). — Account of an experiment on Stockholm pitcli , con- firming the viscous theory of glaciers. Description d’une expérience sur de la poix de Stockholm , confirmant la théorie de la viscosité de* glaciers; 2 pages. {Philosophicat Magazine ; t. XXVI, p. 206. — 1845.) 106. — SUTCLIFFE (W.). — S uggeslions relative to the theory of the mowo- ment of glaciers. Suggestions relatives à la théorie du mouvement de* glaciers; 3 pages. {Philosophicat Magazine, t. XXVI , p. 495, 1845.) 107. — MxALLET (R.). — On the briltleness and non-plasticily of glacier ice. Sur la fragilité et la non-plasticité de la glace des glaciers; 7 pages. {Philosophicat Magazine , t. XXVI, p. 586. — 1845.) 108. — FORBES (J.-D. ). — Illustrations of lhe viscous theory of glaciers motion. Eclaircissements sur la théorie de la viscosité appliquée aux mouvements des glaciers; in-4, 66 pages, avec 8 planches. {Philo- sopliical Transactions of the royal society of London, 1846, part. II, p. 143. ) 109. — MARTINS (Ch.). — De quelques résultats obtenus cet été sur le gla¬ cier de l’Aar ; in 4, 4 pages. {Comptes rendus de l'Academie des sciences de Paris; t. XXIII, p. 823. — 26 octobre 1846.) 110. — COLLOMB (E.). — Sur les effets des grands froids de l'hiver de 1845 dans les Vosges; 3 pages. {Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. II, p. 394. — 1845.) 111. — COLLOMB (E.). — Sur certains mouvements observés dans les neiges des Vosges avant leur complète fusion ; in-4 , 4 pages. {Comptes rendus de l' Académie des sciences de Paris; t. XXI, p. 327. — 4 août 1845.) 112. — STOTTER (M.). — Die Gletscher des Vernagt Thaïes in Tyrol und ilire Geschichte. Les glaciers de la vallée de Vernagt en Tyrol et leur his¬ toire ; in-l’ol. , 75 pages , avec une carte du Rosenlhal. — 1845. 115. — KOLENATI. Die Gletscher des Kasbck. Les glaciers du Kasbek dan* le Caucase; in-8, 25 pages. {Bulletin de l’ Académie des sciences de St~ Pctersbourg, t. IV, p. 168 ; Poggendorff’s Annalcn der Physik, 3e série, t. Vf, p. 553. — 1845; et Erman's Archiv fur wisscnschaftliche Kundc von liussland , t. V, p. 248 , avec une carte et une vue. — 1846.) 706 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 4° PHÉNOMÈNE ERRATIQUE. 114. BRUCHHAUSEN (W. v.). Die periodisch wiederkehrendcn Eis-Zeiten und Siindfluthen , und dio wichtigsten Folgerungen ans diêsen wechsei- den Ueberschwemmungen der sUdlichen und der nordlichen Continente. Du retour périodique des époques glaciaire* et des déluges, et des conséquences de ces irruptions aqueuses sur les deux hémisphères ; m-8 , 172 pages. — 1845. 115. KLEE (F.). — Le déluge, considérations géologiques et histori¬ ques sur les derniers cataclysmes du globe; in 12, 336 pag. — 1846. 116. -OMALIUS d’HALLOY (J. J.). - Observations sur les barres dilu¬ viennes ; (. Bulletin de la Société géologique de France, 2* série, t. III, p. 244. - 1846.) 117. ROZET. Sur la cause de l’existence d’anciens glaciers dans les contrées où il n’en existe plus et où il ne peut en exister aujourd’hui ; 2 pages. ( Bulletin de ta Société géologique de France , 2e série, t. II, p. 661 , et YInstitut , p. 453. — 1845.) 118. — HOPKINS (W.). — On the transport oferratic blochs. Sur le transport des blocs erratiques; 4 pages. ( Philosophical Magazine, t. XXVII, 1845, p. 56.) COLLEGNO (H. de). — Note sur le terrain erratique du revers méridional des Alpes; 19 pages. ( Bulletin delà Société géologique de France, 2e série , p. 284. - 1845. ) 120 AGASSIZ (L.). — Sur quelques roches striées de la Suisse; 3 page* et demie. ( Bulletin de la Société géologique de France, 2* série , t. II, p. 273.- 1845.) 121. — GAL. — Sur les stries et les moraines de la vallée d’Aoste ; 9 pages. {Bulletin de ta Société gèol. de France , 2e série, t. II , p. 728. — 1845.) CHARPENTIER (J. de). — Sur l’hypothèse qui attribue les phéno¬ mènes erratiques des Pyrénées à une fonte subite des glaciers; in-8, 15 pages. ( Bibliothèque universelle de Genève, t. LVI, p. 126; et Bul¬ letin de la Société géologique de France, 2e série, t. II, p. 405. — 1845.) H0GARD (L.). — Note sur les traces d’anciens glaciers dans les i sges ; 6 pages , avec figures. ( Bulletin de ta Société gèologiq ne de France, 2e série, t. II, p. 249. — 1845.) 124. COLLOMB (E.). — Note sur les traces du phénomène erratique dans les Vosges; 4 pages, une planche. ( Bulletin de la Société géolo¬ gique de France, 2e série , t. II , p. 506. — 1845. ) 125. COLLOMB (E.). — Lettre sur les galets rayés dont l’origine n’est pas erratique, et sur les glaciers temporaires des Vosges; 4 pages. ( Bulletin de la Soc. gèol. de France , 2e série , t. III , p. 534. — 1846. ) 126. — - COLLOMB (E.). — Lettre sur quelques vallées à moraines et le ter- iain erratique des Vosges; 17 pages, avec deux caries. ( Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. III , p. 180. — 1846.) 127. — COLLOMB (E.). — Nouvelles observations sur le terrain erratique de* Vosge* ; seconde lettre adressée à M. Charpentier; in-8, 6 pages. {fyipplément à la Biblioth. univers . de Genève, t. I , p. 259. — 1846.) 128. COLLOMB (E.). — Observations relatives au phénomène erratique PUBLIÉS EN 1845 et 1846. 767 des Vosges; in-4 , 4 pages. ( Comptes rendus de l’ Académie des sciences de Paris, t. XXII, p. 172. — 26 janvier 1846.) 429. COLLOMB (E.). — Preuves de l’existence d’anciens glaciers dan» les vallées des Vosges ; du terrain erratique de cette contrée; 1 vol. in-8 de 246 pages et 4 planches. — 1846. 430. VIRLET (T.). — Sur les traces d’un ancien glacier aux environ» de Lure (Haute-Saône); in-4, 2 pages (Comptes rendus de /’ Académie des sciences de Paris, t. XXIII , p. 1041. — 30 novembre 1846.) 431. FR1GNET (E.). — Du phénomène erratique en Tyrol et principale¬ ment dans la vallée de l’Inn. Thèse de géologie présentée à la Faculté des sciences de Strasbourg; in-8, 126 pa^es et une carte. — 1846. 432. E1NBRODT (P.) — Ueber das Vorkommen von Granitblœcken in den S ula-Gegenden. Sur la présence de blocs de granité dans les environs de Sula ; in-8, 10 pages. (Bulletin de la Société des naturalistes de Mos¬ cou, 1845, p. 517.) 135. — MACLAREN (Ch.). — On the existcne of glaciers and icebergs in Scott- land at an ancient period. Sur l’existence de glaciers et glaces flottantes en Ecosse à une epoque ancienne ; 19 pages , avec planches. (Edinburgh new philosophical Journal , t. XL, p. 125. - 1846) 134. — MAGLAREN (Ch.). — Further évidences of the existence of glaciers in Scotlland in ancient times. Nouvelles preuves de l’existence d’anciens glaciers en Ecosse ; in-fol. , 4 pages. ( The Scottman. 1846.) 435. MACINTOSH (A. F.). — On the supposed évidences of the former exis¬ tence of glaciers in North-Wales. Sur la prétendue évidence de l’exis¬ tence d’anciens glaciers dans la Galles du Nord ; 7 pages. (Quarterly Journal of the geologicat Society, t. 1 , p. 460. — 1845.) 136. — DAVY (John). « — Observations chifly meteorological made at Ambleside , CC estmoreland , in 1843, 1844, 1845. Observations, principalement mé¬ téorologiques, faites à Ambleside, Westmoreland, en 1843,1844, 1845; 19 pages. Un article spécial traite de l’existence d’anciens glacier* dans le Cumberland. (Edinburgh new philosophical Journal, t. XXXIX, p. 1. — 1845. ) 137. — SMITH (James). — On the scratched boulders and rocks ofthecoal- field of Scott land. Sur les blocs de transports et roches striées du bas¬ sin houiller de l’Éçosse; 4 pages. (Quarterly Journal of the geologicat Society, t. II , p. 33. — 1846.) 138. — • FORBES (J. D.). — Notes on the topography and geology ofthe Cuchul - lin hills in Shye, and on the traces of ancient glaciers wicli they présent. • Note sur la topographie et la géologie des collines Cuchullin dans l’île Skye, et sur les traces d’anciens glaciers qu’elles présentent. (Edinburgh new philosophical Journal , t. XL, p. 76. — 4846.) 139. — SCHEERER (T.) — Beitraege zur Kenntniss des Seftrœm’ schen Fric¬ tions -P heenom en . Matériaux pour servir à l’histoire du phénomène des stries décrit par Seftstrœm ; in-8, 21 pages, avec une planche. ( Pog - gendor/f's Annalen der Physik , 3e série, t. VI , p. 269. — 1845.) 140. — DUROCHER (J.). — Sur quelques laits pour servir à l’histoire des phénomènes erratiques de la Scandinavie ; 21 pages , avec une planche de 20 figures. (Bulletin de la Société géologique de France , 2e série, t. III, p. 65 , 1845 ; et en extrait : Comptes rendus de /’ Académie des sciences de Paris , t. XXI, p, 1158. — 24 novembre 1845.') 768 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 141. — AGASSIZ (L.). — Remarques sur les observations de M. Durocher , relatives aux phénomènes erratiques delà Scandinavie ; in-4 , 3 pages,’ (Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, t. XXI p. 1331. _ 15 décembre 1845.) ’ 142. — ROBERT (E.). — Remarques sur une communication de M. Duro¬ cher , relative au phénomène erratique en Scandinavie; in-4, 2 pages. ( Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris , t. XXI p. 1333. — i5 décembre 1845.) ’ 143. — SCHIMPER (P.). _ Sur quelques faits dépendant du phénomène er¬ ratique de la Scandinavie ; in-4, 3 pages. ( Comptes rendus de l’Académie des saences de Paris, t. XXII, p. 43. — 5 janvier 1846.) 144- — MARTINS (Ch0* ~ Rt‘Ponse aux objections de M. Durocher contre ancienne extension des glaciers de la Scandinavie ; 25 pages, avec une planche de 6 figures. (. Bulletin de la Société géologique de France , 2*série, t- III, p. 102, 1845 ; traduit en allemand dans Erman’s Archiv fur wisscnschaftliche Kundcvon liuss/and , t. V, p. 396. _ 1846.) !45. — DUROCHER (J.). — Note sur les phénomènes erratiques de laScan- dinavie, en réponse aux remarques de M. Martins ; 5 pages. ( Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. III , p. 250.) 146. —MARTINS (Ch.).— Observations sur la réplique de M. Durocher; 7 pages. ( Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. III , p. 255. — 1846.) 147. — COLLOMB (E.) — Lettre à M. Martins sur les Karrenfcldcr des osges; 2 pages. ( Bulletin de la Société géologique de France 9c série t. III, p. 412. — 1846.) 148. — ESCIIER de la LINTH (A.). - Sur quelques phénomènes des gla¬ ciers en Suisse ; 7 pages, avec une planche de 7 figures. ( Bulletin de la Société géologique de France , 2* série , t. III , p. 231. — 1846.) Ia9. — DUROCHER (.1.). _ Etudes sur les phénomènes erratiques de la Scandinavie; 50 pages, avec une planche. ( Bulletin de ta Société geoto - gtque de France, 2* série, t. IY, p. 29 ; et en extrait, Comptes rendus de l Academie des sciences de Paris, t. XXII, p. 206. — 27 juillet 1846.) 100. — MARTINS (Ch.). — Remarques sur le mémoire de M. Durocher, intitule : « Etudes sur les phénomènes erratiques de la Scandinavie. » 18 pages. [Bulletin de la Société géologique de France, 2* série, t. IV. p. 89. — 1846.) 101. — DUROCHER (J.). — Note en réponse aux remarques de M. Martins sur le mémoire précédent; 12 pages. ( Bulletin de la Société géologique de France, 2e série , t. IY, p. 107. — 1846.) 102. — MURCHISON (R. J.) — On tlie super ficial détritus ofSiveden and on tlie probable causes wieh bave affected the surface ofthe rocks in tlie central and Southern portions ofthat kingdom. Sur le détritus superficiel de la Suède et les causes qui ont agi à la surface des roches dans les parties cen¬ trales et méridionales de ce royaume ; in-8 , 32 pages. (Quarterly Jour¬ nal ofthe geological Society, t. II , p. 355. — 1846.) 15o. — DESOR (E.) — Notice sur le phénomène erratique du Nord com¬ pare à celui des Alpes ; 24 pages avec 1 planche. (. Bulletin de la Société géologique de France , 2e série, t. IV, p. 182. — 1846.) loi. — HITCHCOCK (E.). _ Description of tingular case of the dispersion ofblochs ofstone connecte d with irift , in Berkshire ceunty, Massachus. PUBLIÉS EN 1845 ET 18/l6. 760 setis. Description d’un cas singulier de dispersion de blocs qui se lie au terrain transport dans le comté du Berkshire, Massachussetts; 9 pages, avec planche et coupe. ( Sillitnan’s american Journal, t. XLIX, p. 258. — 1845.) 155. — JACKSON (C. T.).— Sur certaines cavités naturelles de la nature de celles appelées marmites de géants, observées dans le New-Hampshire ; 2 pag. ( Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. II, p. 319. — 1845.) 156. — MARTINS. (Ch.) — Note sur une marmite de géant dans le lit de l’Arve , à l’entrée de la vallée de Chamonix ; une page et demie. (Bul¬ letin de la Société géologique de France, 2e série , t. II , p. 321. — 1845.) III. OHYCTOGNOSIE. 157. — CLAUSSEN (P.). — Essai d’une nomenclature et classification des roches d’après leurs caractères chimiques, minéralogiques et géolo¬ giques ; in-8, 35 pages. — 1845. 158. — RHIND (W.). — Considérations sur la formation des roches et l’état actuel de l’océan, suivant la profondeur. (L’Institut , 1845, p. 104.) 159. — FOURNET (J.). — Notice sur une collection de roches ignées et de produits artificiels remis à la Faculté des sciences de Lyon; 7 pages. (Bulletin de la Soc. gèol. de France, 2e série, t. III , p. 878. — 1846.) 160. — DUROCHER (J.) — Note sut les variations de nature que présentent les roches pyrogènes ; in-4,2 pages. (Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris , t. XXIII , p. 978. — 23 novembre 1846. ) 161. — DEVILLE (Ch.). — Essai de classification des lèldspaths et des mi¬ néraux analogues ; 5 pages. (Comptes rendus de t’ Académie des sciences de Paris , t. XX, p. 179. — 1845.) 162. — BAUR. — Ueber die Lagerung der Dachschiefer , iiber TUctzschiefer und iiber die von der Schichtung abxveichende S chie fer un g der Tltonschie - fer. Sur le gissement des ardoises, sur le schiste coticule et sur une schistosité des schistes argilleux différente de leur stratification ; in-8, 52 pages. (Karsten’s und Declien’s Archiv fur Minéralogie , tom. XX, p. 352. — 1846.) 163. — PRATT (S. P.). — Geological position oftlie bitumen used in asphalte pavements. Position géologique du bitume employé aux pavés asphal¬ tiques; 2 pages. (Quarterly Journal of tlie geological Society, t. II , p. 80. — 1846. ) 164. — SCIIAFHÆUTL. — Sur le Thons tein des géologues. (L’Institut, 1845, p. 134.) 165. — SCHAFHÆUTL. — Sur le Salzthon ou argile salée. (L’Institut , 1845, p. 135. 166. — FRAAS. — Die Thon* des untern Lias. Les argiles du Lias inférieur; in-8 , 10 pages. — (TViirtembergische naturxvissenscha filichc Jahrcshefte, 2e année, p. 202. — 1846.) 467. — PILLA (L.). — Der Epidosit, eine ncue Felsart ans dem Gabbrogcs- chlechte. L’épidosite, nouvelle roche du genre euphotite ; in-8, 3 pages. (Leonliard’s neues Archiv fur Geognosie , 1845, p. 63.) 468. — HAUSMANN (J. F. L.). — Ueber das Vtrh 'à Itniss zwischen Karstcnit und 770 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES Oyps zwischen wasserfreiem und wasserlialtendem schwefelsaurem Kalk S,u lcs rapports qui existent entre la Karsténite et le gypse et entre lé sonate de chaux anhydre et hydraté. (Nacbrichten von der Universitaet 169 - DEIEsTpm r" G:ellSChafl ^ « GœUingen.) 169. ELESSE (A.) - Notice sur le talc et le stéatite; 7 pages. (Bulle- tin de ta Société géologique de France, 2e série , t. III , p. 373 _ 18/l6 a Sur ,e rnite- {A,h— • 171. A U V AGE. — Recherches sur la composition des roches du terrain — m7\ " ’ 51 pag' s" t-Anna'es des mine‘> A' séri« . >• VII , p. JH. 172. - NORTON (J. PA. - On the composition of siale rocks and the soi!, formed from them. Sfnr la composition des roches schisteuses et des sols qui en proviennent. ( Athenæum , 1845, p. 746.) 173. — EBELMEN(J.)_ Recherches sur les produits de la décomposition des espèces minérales de la famille des silicates; 63 pages. ( Annote, des mines , 4e série, t. VII , p. 3. _ 4345 a v 17A. — KERSTEN (C.). - üeber die chemische Zusammcnselxung der Feld- spathe m den Graniten Marienbads. so voie mehreren andern daselbst vor hommenden Mmeratien und Gebirgsarten. Analyse chimique du feld¬ spath des granités, et de quelques autres minéraux et roches de . arienbad ; m-8, U pages. ( Leonhard’s neues Jahrbuch fur Geognosie, 1845 , p. 646. ) 10» 175. - SILLIMAN (B.). - On the Chemical composition of calcareous corats. Sur la composition chimique des coraux calcaires; U pages, ( SU U- man s american Journal, 2« série, t. I, p. 189. — 1846.) 176. - DAMOUR. - Analyse du jade oriental ; 6 pages. ( Annales de chi¬ mie et de physique, 3e série, t. XVI, p. 469. — 1846 ) 177. — SULLIVAN (W.). - On the présence of plwsphoric acide in rocks and minerais. Sur la présence de l’acide phosphorique dans les roches et minéraux; 5 p. ( Plulosophical Magazine, t. XXVII, p. 161 et 229. — 1 845. ) 178. - KERSTES (C.). — Pliosphoric acide foundin almost ail rocks. Acide phosphorique trouvé dans presque toutes les roches. ( Plulosophical Ma - gazine, t. XX\ II , pages 155 et 310. — 1845. ) 179. — FOURNET (J.)._Sur ]a rubéfaction et la rouille des minerais et des l ocies, inQ ’ 28 Pa£es* ( -Annales de ta Société royale d’agriculture de Lyon. — 1845.) 0 480. — VIRLET (T.) - Note sur la coloration de certaines roches en rouge, 8 pages. ( Bulletin de la Société géologique de France , 2* série t. III, p. 323. — 1846.) * 181. - PRÉVOST (Gonst ). - Sur la «coloration des grès des environs de Paris; 2 pages. {Bulletin de la Société géologique de France, 2' série t. II, p. 386. — 1845.) ’ 482‘l~ ^ILUPS (R,)' “ °n ^ StaU °f ir°n in SOlls * Sur 1>é‘at du fer dans es différents sols; 5 p. ( Philosophical Magazine, t. XXVI n 7,37 — 1845.) ’P’ 183. — DAUBRÉE (A.). — Observations sur le minerai de fer qui se forme journellement dans les marais et dans les lacs; 5 pages. (Annales des nuncs, 4. Série, t. X p. 37, et Bulletin de la Société géologie de France , 2* sérié, t. III, p. 145. _ 1846.) PUBLIES EN 1845 ET 1846. 771 184. - DAUBRÉE (A.). - Note sur la présence de nombreux débris de bois ferrugineux fossiles dans le minerai de fer pisolitique et sur la structure de ce bois; in-4, 2 pages. ( Comptes rendus de l’ Académie des sciences de Paris, t. XXI, p. 330. — 4 août 1845.) 185. — GOEPPERT (H. R.). — Sur la question de savoir si les bouilles sont le produit de végétaux ayant péri sur place ou de végétaux transportés d’ailleurs; 1 page. [Bulletin de la Société géologique de France , 2* série, t. III, p. 644. — 1846.) 186. — DAUBRÉE (A.). — Examen des charbons produits par voie ignée à l’époque houillère et à l’époque basique; 4 pages. ( Bulletin de la So¬ ciété géologique de France , 2e série, t. III, p. 153. — 1846.) 187. — BROCKEDON (W.). — On a method of for min g the dust of graphite into a solid mass. Méthode pour réduire la poudre de graphite en masse solide; 1 p. ( Quarterly journal of the geological Society , t. II, p. 31. — 1846.) 188. — DUROCHER (J.). — Essai sur le métamorphisme des roches, 101 pages avec une planche de neuf figures. [Bulletin de la Société géologique de France , 2e série , t. III, p. 546. — 1846.) 189. — LAVALLE. — Sur le calorique considéré comme agent de métamor¬ phisme dans les roches. Thèse in-4, 19 pages. — 1845. 190. — VIRLET (T.). ■ — Note sur les phénomènes de déplacements molé¬ culaires qui se sont opérés dans les roches , particulièrement à leur dépôt ; in 8 , 24 pages, 1 planche. ( Bulletin de la Société géologique de France , 2e série , t. Il , p. 198. — 1845.) 191. — JAMESON (R.). — On the supposed stratification of primitive rocks and their alleged mechanical origin. Sur la stratification supposée des roches primitives et leur prétendue origine métamorphique. [Edinburgh new philosophical journal , t. XXXVIII , p. 374. — 1845.) 192. — BOUÉ (A). Sur la structure feuilletée des roches métamorphiques, 2 pages. [Bulletin de la Société géologique de France', 2e série, t. III, p. 139. — 1846.) 193. — DANA (J.). — Origin of the constituent and adventitious minerais of trap and the allied rocks. Origine des minéraux constituants et adventifs du trap et des roches analogues ; 7 pages. [Silliman’s american journal , t. XLIX , p. 49. — 1845.) 194. — FOURNET (J.). — Simplification de l’étude d’une certaine classe de filons; in-8 , 107 pages, 4 planches. [Annales de la Société d'agriculture de Lyon. — 1845.) 195. — FOURNET (J.). — Die Erzgaenge und ihreBeziehungen zudenEruption- gcsteinen nachgevoiesen im Departement des Aveiron : fret ueberselzl und mit vergleichenden Bemerkungen ueber die Saechsischen Erzgaenge ver - sehen von B. Cotta. Les filons métalliques et leursrelations avec les roches éruptives dans le département de l’Aveyron : traduit librement et augmenté d’une comparaison avec les filons métalliques de la Saxe, par B. Cotta; in-8 , 96 pages et 5 planches. 196. — FREIESLEBEN. — Ueber sporadische Gangformationcn. Sur les filons sporadiques; in-8, 10 pages. [Karsten’s und Dechen’s Archiv fur Miné¬ ralogie , t. XIX, p. 691. — 1845.) 197. — BISCHOF (G.). — On the origin ofquarz and metalliferous veins. Sur l’origine du quarz et des veines métallifères; 19 pages. [Edinburgh new philosophical Journal , t. XXXIX, p. 125 et 220. — 1845.) 772 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 198. — NOEGGERATH (J.). — Ueber die sogenannten natiirlichen Schueclite oder geologischen Orgeln in verscliiedenen Kalkstein-Bildungen. Sur les puits naturels ou orgues géologiques dans les formations calcaires ; in-8 , 23 pages. ( Leonliard’s ncues Jahrbuch fiir Geognosie , 1845, p. 513.) 199. — MUELLER (J.). _ Die Entsteliung der Feuersteine. De l’origine de» silex pyromaques; in-8, 7 pages, avec une planche. (, Sachse’s , Allgemeine deutsche naturhistorisclie Zeitung , 1846, p. 216.) 200. — BLUM (R.) — Die Pseudomorphosen des Mineralreiches. Sur les mi¬ néraux pseudomorphes; in-8, 1845 ; et en extrait, ( Edinburgh new phi¬ losophent Journal, t. XXXIX, p. 241. — 1845.) 201. — DANA (J.). — Notice of D* Blum’ s treatise on pseudomorphous mine¬ rais and observations on pseudomorphism. Notice sur le traité des miné¬ raux pseudomorphes du docteur Blum , et observations sur le pseudo¬ morphisme ; m 8 , 30 pages. ( SiUiman’s american Journal , t. XLVIII p. 66. —1845.) 202. — STEIN (W.). — Ueber die Entsteliung der Pseudomorpliosen im Mine- ral-Reiche. De l’origine des pseudomorphoscs dans le règne minéral; in-8 , 16 pages. ( Leonliard’s neues Jahrbuch fiir Geognosie, 1845 , p. 395.) 203. HAIDINGER (W.). — Ueber die Pseudomorphosen undihreanogene und hatogcne Bildung. Sur les pseudomorphoses et leur formation anogène et catogène; in-4, 25 pages. (Abhandlungen der kœniglichen bœhmischen Gesellschaft der JVissenschaflen ; 5* série , t. III , p. 231. — 1845. ) 204. — NOEGGERATH (J.). _ hregularc Steinsalz Krystalte und Pseudomor¬ phosen nach solchen. Des cristaux irréguliers de sel gemme et de leurs pseudomorphoses; in-8, 10 pages. ( Lconhards neue Jahrbuch fiir Geog¬ nosie , p. 307. — 1846.) 205. — DELANOUE (J.). — Sur le marnage des terres par la dolomie. (L'Institut, 1845, p. 168.) IV. GÉOLOGIE DESCRIPTIVE. EUROPE. France. 206. — LEYMERIE (A.). — Tableau chronologique des terrains sédimen- taires, tel qu’il résulte des observations faites dans l’Europe septen- tiionale. (Bulletin de la Société géologique de France , 2e série t II p. 359. — 1845.) ’ ’ 207. - GRAFF.- Notice sur les alluvions aurifères en général et sur celles de la France en particulier. (Annales delà Société d’agriculture de Lyon. t. VIII. — 1845.) J ' 208. - POMEL (A.). Note sur le lias de la Moselle et sur quelques gise¬ ments de végétaux fossiles, 3 pages. (Bulletin de la Société géologique de brance , 2e série , t. III , p. 652. — 1846.) 209. — POMEL (A.). - Note sur quelques phénomènes géologiques de la vallee de la Brems , près Saarlouis , 8 pages. (Bulletin de la Société géo¬ logique de France , 2* série; t. III, p. 49. _ 1845.) 2i °* 7 **0GARD («O- — Aperçu de la constitution minérale et géologique du departement des Vosges; in 8 , 130 pages. (Extrait de la statistique de ce département , publiée par MM. Lepage et Charton. - 1845 ) publiés en 18Z|5 et 1846. 775 211. — HOGARD (II.). — Carie géologique des Vosges; en quatre feuille* grand-aigle. — 1845. 212. — IIOGAllI) (H.). — Esquisse géologique du val d’Àjol; 40 pages et coupes. (Annales de ta Société d'émulation des Vosges , 1845, p. 661.) 213. — DAUBRÉE (A.). — Notice sur une zone d’amas ferrugineux placés le long des failles, à la jonction du grès des Vosges et du Muschelkalk , dans le Bas Rhin; 5 pages. ( Bulletin de la Société géologique de France , 2e série , t. III , p. 169. — 1846.) 214. — DAUBRÉE (A.). — Mémoire sur la distribution de l’or dans le lit du Rhin et sur l’extraction de ce métal; 7 pages. ( Bulletin de la Société géo¬ logique de France, 2e série, t. III, p. 458, 1846 ; et Comptes-rendus de l’ Académie des sciences de Paris, t. XXII, p. 639. — 13 avril 1846.) 215. — DAUBRÉE (A.). — Sur le gisement primitif de l’or du Rhin ; in-4, 2 pages. ( Comptes-rendus de /’ Académie des sciences de Paris, t. XXII, p. 480. Rapport sur ce mémoire, par M. Becquerel, ibid., t. XXII, p. 94. — 1846.) 216. — RENAUD-COMTE. — Sur les vallées d’érosion, dans le département du Doubs; in-8 avec trois planches. [Mémoires de la Société libre d'émula¬ tion du département du Doubs , t. II. — 1846.) 217. — MARCOU (J.). — Résumé d’un Mémoire intitulé : Recherches sur le Jura salinois ; 9 pages. ( Bulletin de la Société géologique de France , 2e série, t. III, p. 500. — 1846.) 213. — MARCOU (J.). — Notice sur la formation keupérienne du Jura sali¬ nois ; in-4, 10 pages. — 1846. 219. _ MARCOU (J.). — Sur les différentes formations des terrains juras¬ siques dans le Jura occidental; in-4, 22 pages. ( Mémoires de la Société des sciences naturelles de Neuchâtel , t. III , p- 380; et Bulletin de la Soc . gèol. de France, 2e série, t. I V , p. 135. — 1846.) 220. _ GUEYMARD (E.). — Carte géologique du département de l’Isère, réduite et dessinée par G. Bernard ; 1 f. grand aigle. 221. _ STUDER (B.). — Mittheilung an Herrn von Leonliard. Lettre à M. de Leonhard sur la géologie des Alpes françaises ; in-8, 12 pages. [Leonliard' s tieues Jahrbucli fur Geognosie, 1846, p. 195; et Bibliothèque universelle de Genève , 4e série, t. III, p. 248. 1846.) 222. _ FOURNET. — Sur l’état actuel des connaissances touchant les ro¬ ches éruptives des environs de Lyon , 12 pages. [Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. II, p. 495. — 1845.) 223. _ MEUGY. — Notice géologique sur le bassin houiller de Rive-de- Giers; 18 pages avec planches. [Annales des mines, 4e série, t. VII , p. 6 / . — 1845.) 92 4. _ MANËS (W.). — Carte géologique du département de Saône-et- Loire; 0m,60 de longueur sur 0m,50 de largeur. — 1846. 925, _ VIRLET (T.). — Sur le gisement du titane rutile de Gourdon (Saône-et-Loire) et les noyaux de quartz qui l’enclavent; 3 pages. [Bul¬ letin de la Société gèol . de France , 2e série, t. III, p. 425; et Comptes- rendus de l' Acad, des Sciences de Paris, t. XXII , p. 505. 1846.) 226. — CHARMASSE (DESPLACES de). — Sur la non-association de. la houille avec les porphyres dans le bassin d’Autun , et 1 âge des por¬ phyres du Morvan ; 6 pages. [Bulletin de la Société géologique de France , 2e série, t. II , p. 747. 1845.) Soc. tjéol, , 2e série, tome III. - 77 A OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 227. — VICAT (L. F.). — Note sur la découverte d’une pouzzolane non vol¬ canique dans le département des Ardennes, 3 pages. ( Annales des mines, 4e série, t. VIII, p. 527. — 1845. 228. — ROVER (E.). — Notes sur les terrains jurassiques de la Haute-Marne et de l’Yonne et sur les grottes d’Arcy-sur-Cure , 16 pages. (. Bulletin de la Société géologique de France , 2e série , t. II , p. 705. — 1845.) 229. — LEYMERIE (A.). — Statistique géologique et minéralogique du département de l’Aube , avec atlas de 11 cartes , coupes , planches , etc. in-8, 676 pages; 1846. (Analyse dans le Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. III , p. 518. — 1846.) 230. — LE T. DE L. — Terrains crétacés inférieurs compris entre l’Yonne et l’Armance comparés à leurs équivalents géologiques de la rive gauche de l’Yonne; in-8, 8 pages. — • 1845. 231. — LONGUEMAR (de). — Notes géologiques sur les terrains compris entre l’Yonne et l’Armance ; 3 pages. ( Bulletin de la Société géologique, 2e série , t. II , p. 345. — 1845.) 232. — ARCHIAC (d’) et de VERNEUIL. — Note sur une coupe du mont Pagnotte, à Greil , prolongée en suivant le chemin de fer du Nord jus¬ qu’à Tartigny (Oise); 10 pages avec coupes. {Bulletin delà Société géo¬ logique de France , 2e série, t. II , p. 334. — 1845.) 233. — ROBERT (E.). — Rapprochement entre les atterrissements de la Loire, à Orléans, et ceux de rivières coulant dans des contrées bien différentes et très éloignées les unes des autres ; une page et demie. ( Bulletin de la Soc. géol. de France, 2e série , t. II , p. 282. — 1845.) 234* — HOPKINS (W .J. — On the geological structure of the PF ealden district and ofthe bas boulonnais ; 50 pages , 1 carte. Sur la structure géologique du distiict wealdien et du bas Boulonnais; 48 p. ( 'lrans a et ions of tlie geological society of London, t. VII, p. 1. _ 1845.) 235. AUSTEN fA. G. J. — On the coal beds of lower Normandy, Sur les couches de houille de la basse Normandie, 5 pages. ( Quarterly journal ofthe geological society, t. Il , p. 1. _ 1846.) 236. CACARRIÉ. Description géologique du département de Maine- et-Loire; in-8, 148 pages et une carte. — 1845. 23/. I KAPOLLI (L.). Mémoire sur la disposition du terrain silurien dans le Finistère , et spécialement dans la rade de Brest ; 52 pages et 2 planches. ( Bulletin cle la Société géologique de France , 2e série, t. II, p. 517. — 1845.) 238. — AUDIBERT. — Notice sur le gîte d’étain oxydé de Maupas (Morbi¬ han). [Annales des mines, 4e série, t. VII, p. 181. — 1845.) 239. — VIRLET (T.). — Notice sur l’origine métamorphique présumée du granité des environs de Vire (Calvados ) ; iu-4, 3 pages. ( Comptes-rendus de l’Académie des sciences de Paris, t. XXI , p. 1222. _ 1845.) 240. — ARCHIAC (A. d’j. — Etudes sur la formation crétacée des versants sud ouest, nord et nord-ouest du plateau central de la France ; 2e partie, loO pages, in-4. ( Mémoires de la Société géologique de France , 2e série, t. II , p. 1 , 1846 , et en extrait, bulletin de la Société géologique de France, 12 pages, 2e série, t. II. p. 142 ; et Comptes-rendus de l’Aca¬ démie des sciences de Paris, t. XX p. 307. — 1845.) 241. BOULANGER (C.). — Statistique géologique et minéralogique du département de l’Ailier ; in-8 , 496 pages. — 1845. ) 775 . PUBLIÉS EN 18/|5 ET 1840. 242. — BOULANGER (G.). — Carte géologique, minéralogique et topogra¬ phique du département de l’Ailier ; une feuille in-folio , avec 7 planches ou cartes. — 1845. 243. — POMEL (A.). — Mémoire pour servira la géologie paléontologique des terrains tertiaires du département de l’Ailier; 20 pages. ( Bulletin du la Société géologique de France, 2e série, t. III , p. 353. — 1846.) 244. — POIRIER. — Notice géologique sur la région du terrain tertiaire la¬ custre , traversée par le chemin de fer de Bert (Allier); 8 pages. (Bul¬ letin de la Soc. géol. de France, 2e série, t. III, p. 346. — 1846.) 245. — LYELL (Ch.). — On tlie âge of the newest lava carrent of Auvergne , with remarks on sonie tertiary fossits of that country. Sur l’âge des cou¬ rants de lave les plus récents de l’Auvergne , et remarques sur quelques fossiles tertiaires de ce pays; 5 pages et coupe. ( Quarterly journal of the geological Society, t. II , p. 75. — 1846.) 246. — VIQUESNEL (A.). — Description des filons de basalte injectés entre les couches de peperino du Puy-de-Montandon, en Auvergne; 3 pages. (Bulletin de la Soc. géol. de France , 2e série, t. III, p. 15. — 1846.) 247. — ROYS (de). — Note sur la comparaison des bassins tertiaires du Midi avec celui de Paris ; 7 pages. (Bulletin de la Société géologique de France , 2e série, t. III, p. 645. — 1846.) 248. — GRUNER. — Mémoire sur le gisement et la nature de quelques mi¬ nerais de fer des environs de Privas et de la Voulte (Ardèche) , 41 pages. (Annales des mines, 4e série , t. VII , p. 4.73. — 1845.) 249. — FAUVERGE. • — Note sur quelques roches et fossiles du continent de l'Ardèche et du Rhône; 2 pages. (Bulletin de la Société géologique de France , 2e série, t. III, p. 11. — 1845.) 250. — MALBOS (de). — Observations sur les formations géologiques du Vivarais; 13 pages. (Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. III, p. 731. — 1846.) 251. — DUMAS (E.). — Compte-rendu d’une excursion géologique faite aux environs d’Alais (Gard) par les membres de la Société géologique com¬ posant la réunion d’Alais en 1846; 4 pages. (Bulletin de la Société géo¬ logique de France, 2e série, t. III, p. 662. — 1846.) 252. — TEISSIER (J.). — ^Compte-rendu d’une excursion géologique faite aux environs d’Alais (Gard) par les membres de la Société géologique de France composant la réunion de 1846; 4 pages. (Bulletin de la So¬ ciété géologique de France, 2e série, t. III, p. 752. — 1846.) 253. — REYDELLET (de). — Compte rendu d’une excursion faite dans les environs d'Alais (Gard), dans le but d’en étudier le bassin houiller, par les membres de la Société géologique composant la réunion d’Alais en 1846; 5 pages. (Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. III, p. 725.— 1846.) 254. — DUMAS (E.). — Notice sur la constitution géologique de la région supérieure ou cévennique du département du Gard; 54 pages, 1 planche (Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. III, p. 666. — 1846.) 255. — SERRES (Marcel de). — Notice géologique sur le département de l’Aveyron ; in-4, 95 pages, avec une planche offrant quatre coupes géo¬ logiques. (Mémoires couronnés et Mèm. des savants étrangers , publiés par l'Académie des sciences de Bruxelles, t, XVI II, — 1844 et 1845.) F-' ?*s / /(> OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 256. — BOISSE. — Note sur les dépôts gypseux des environs de Saint-Af- frique (Aveyron) ; 30 pages avec carte et coupes. ( Annales des mines 4e série, t. VIII, p. 3. — 1845.) 257. PEDRONI (fils).— Catalogue minéralogique de la Gironde; 18 pao-es. (Jetés de ta Société linnèenne de Bordeaux , t. XIII, p. 173. -_J845.)° 2o8. — PEDRONI (fils). — Description de quelques ossements fossiles trou¬ vés à Léognan (Gironde); 6 pages. (Actes de la Société linnèenne de Bor¬ deaux, t. XIII, p. 149. — 1845.) 259. - PEDRONI et DELBOS. - Rapport sur une excursion géologique laite aux environs de Blaye; 5 pages. (Actes de la Société linnèenne de Bordeaux, t. XIII, p. 162. — 1845.) 260. — PEDRONI (fils). — Notice sur les calcaires nitrifères de la Gironde et sur leur emploi utile; 3 pages. (Actes de la Société linnèenne de Bor¬ deaux, t. XIII, p. 167. — 1845.) 261. — DELBOS (J.). - Recherches sur l’âge de la formation d’eau douce e la partie orientale de la Gironde; 6 pages. ( Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. III , p. 402. — 1846.) 262. LEYMERIE (A.). Exposition d’un plan pour la carte et la descrip¬ tion géologique du département de la Haute-Garonne; 13 pages. (Mémoires de l’Académie des sciences de Toulouse , 3e série t I 1845.) - 263. - LEYMERIE (A.). - Coupe de collines comprises entre Mancioux et 1 Escalere, au sud de Saint-Martoury, comprenant une grande par¬ tie du système crétacé des basses montagnes de la haute Garonne; in-8 , 15 pages avec deux coupes. (Mémoires de l’Académie des sciences de 1 oulouse , 3e série , t. II , p. 289. — 1846.) 264. LEYMERIE (À.). Note sur le terrain à nummulites des Corbières; 3 p. (Bulletin de la Société géologique de France, 2e série , t. II, p. 270 • 1845. Rapport sur ce mémoire, par M. Dufrénoy. Comptes-rendus de l Academie des sciences de Paris, t. XXI , p. 921. — 1845.) 265. — LEYMERIE (A.). — Rapport sur le concours ouvert par l’Académie royale de la Société de Toulouse sur la description géologique de la parue du departement du Gers comprise dans le bassin sous-pyrénéen. (Mémoires de l‘ Académie des sciences de Toulouse, 3e série * ll r> 9e; o — 1846.) * ’ P* 268 - LARTET. - Considérations géologiques et paléontolgiqnes sur le epôt acustrc de Sansan et sur les autres gisements de fossiles apparte¬ nant a la même formation, dans le département do Gers, 4 pages (Go,,, - pu, -rendu, de I Académie de, science, de Paris, t. XX. n 316 _ IMS l 207 PREVOST (Cons,.). - Sur le gisement des Jües de Sansan (Gers , 8 pages avec 1 planche de 3 cartes et 5 coupes (. Bulletin de la Soaete géologique de France, 2» série , t. III , p. 338. Compte, -rendus de ‘ Acadenue des science, de Paris , ,. XXII, p. 673. Rapport par M. Dufrénoy, ibid., t. XXII , p. 698. — 1846.) 268. — PRATT ( S^P. ). _ Sur la géologie des environs de Bayonne; 3 pages in-4. (Mémoires de la Société géologique de France , 2* série t. H , p. 185. — 1846.) 269'^rAMCThAC e isle of Wight. Modèles et coupes de diverses parties de l’île de Wight. (Athenceum , 1846, p. 968.) 277. — MANTELL (G. -A.). — Notes onthe wealden strata ofthe isle ofTVight , svith an account ofthe bones of Iguanodon and other reptiles discovered at Brook Point and Sandown Bay. Notes sur les couches wealdiennes de l’île de Wight , et description des os de l’Iguanodon et autres reptiles découverts à Brook-Point et Sandown-Bay , 5 pages et demie. (Quar- ter ly journal ofthe geological Society , t. II, p. 91. • — 1846.) 278. — PRESTWICH (J.). — On the terliary or supracretaceous formations ofthe isle of Wight as exhibited in the sections at Alum Bay and White Cliff Bay. Sur les formations tertiaires ou supra-crétacées de Pile de Wight, telles qu’elles sont mises à découvert dans les coupes d’Alum- Bay et de White Cliff-Bay ; 36 pages et coupes coloriées. (Quarterly journal of the geological Society , t. II , p. 223. — 1846.) 279. — PRESTYVICII (J.). — On the occurence ofCypris in a part of tertiary fresliwater strata o f the isle of Wight. Sur la présence de Cypris dans une partie des couches de formation tertiaire de l’île de Wight. (Athe- nœum , 1846, p. 968.) 280. — BÊCHE (II. de la). — Report on the gcology of Cornwalf Devon and west - Somerset , published by order of the Lords commissicners of H. M. Treasury. Rapport sur la géologie du Cornouailles, du Devon et du Somerset occidental, publié par ordre des lords commissionnaires de la Trésorerie ; in-8 avec cartes , coupes et 12 grandes planches. 2S1. — BROWN (J.). — On certain conditions and appearanees of the strata on tlic coast of Esscc c, near Wallon. Sur certaines particularités et appa¬ rences des couches sur la côte d’Essex , près de Wallon; 1 page. (Quarterly journal of th$ geological Society , t. I , p. 341. — 1845.) ' ° OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 282‘ ~ PRESTWICH and MORRIS. — On the wealden strata exposed by thc Tunbridge TVells railway . Sur les couches vvealdiennes mises à décou- vert par le chemin de fer de Tunbridge-Wells ; 8 pages et demie et plusieurs coupes. ( Quarterly journal of the géologie al Society , t II p. 397. - 1846.) ** ’ 283. — RENNIE (G.). — Notice accompanying a specimen of a calcareous band tn the plastic clay from the bed of the Thames. Notice accompa- gnant un échantillon d’une bande calcaire dans l’argile plastique du lit de la Tamise; demi-page. (Quarterly journal ofthe gcological Society , t. II, p. 260. — 1846.) 284. — SEDGWICK (A.). — On the geology of theneighbourhood of Cambridge , including the formations between the chalk escarpement and the great Bed¬ ford level. Sur la géologie des environs de Cambridge, comprenant les formations entre l’escarpement de la craie et le grand niveau de Bed¬ ford. ( Athenœum , 1845, p. 642.) 285. — SANDERS (W.). —Sections made on the line ofthe Great-TTestern-rail- way > between Bristol and Taunton. Coupes obtenues sur la ligne du Great-W estern-railway, entre Bristol et Taunton. (Athenœum. 1846 p. 1025.) * 286. — IBBETSON. — Sections ofthe great oolite , fuller’s eartli and inferior oohte, as seen tn the Great- TV estern-railway cuttings and tunnels , ncar A a p per ton in Gloucestershire. Coupes de la grande oolite, du Fuller’s earth et de 1 oolite inférieure, telles qu’elles sont mises à nu dans les tranchées et les tunnels du chemin de fer de Great-Westem-railwa) , près de Sapperton , dans le Gloucestershire. (Athenœum , 1846, p. 968.) 287. WILLIAMS (I).). — On the circumstances and phœnomena presented by the granits of Lundy island , and of Hestcr combe in the Quantock hills , compared with ihose whicli characierise the granités ofDevon and Corn- >'■«//. Sur les circonstances et phénomènes que présente le granité de 1 île de Lundy, et de Hestercombe, dans les collines Quantock, com¬ pares avec ceux qui caractérisent les granités du Devon et du Cor¬ nouailles; 2 pages. (Quarterly journal ofthe gcological Society , t II p. 68. —1846.) 288. — MURCHISON (R. -J.) _ Outline of the geology of the neighbourhood of Cheltenham ; a new édition augmented and rewised by J. Buckman and IL Strichland. Esquisse géologique des environs de Cheltenham, nou¬ velle édition revue et augmentée par .T. Buckman et H. Strickland- in-8 , 169 pages. — 1845.) 289. — DICKINSON (J.). — On the strata called Jackslones at Merthyr Tyd- vit. Sur les couches appelées Jackstoncs à Merthyr-Tyd vil (Glamor^an- shire) ; 1 page. (Quarterly journal ofthe gcological Society , t. II p 131 — 1846.) 290. — BUCKMAN. (J.). — On the âge of the silurian limestone of Hay head, near Barr Beacon, in Staffordshire. Sur l’âge du calcaire silurien de Hay head près de Barr Beacon dans le Staffordshire. (Athenœum 1846 p. 968.) ' 291. IIALL (E.). — Notice ofthe toadstones of Derbyshire. Notice sur les toadslones du Derbyshire. ( Athenœum , 1845, p. 747.) 292. — DAVIS ^ J.-E. ). — On the geology of neighbourhood of Tremadoc , Caernarvonshire. Sur la géologie des environs de Tremadoc, Caernar- PUBLIÉS EN 1845 ET 1840. 779 vonshire ; 5 pages et coupe, ( Quarterly journal of tlie geological So¬ ciety, tom. II , p. 70. — 1846.) 293. — OSMEROD (G.-W.). — On ihc Northwich solt-ficld. Sur le bassin salifère de Northwich. (Athenœum , 1846, p. 967.) 294. BINNEY (E.-W.) — On tlie relation of the new red sandstone io the carboni ferons strata in Lancashire and Cheshire. Sur les relations du nou¬ veau grés rouge avec les couches carbonifères dans le Lancashire et le Cheshire ; 15 pages, avec de nombreuses coupes. (Quarterly journal of the geological Society, t. II , p. 12. — 1846. ) 295. — SHARPE (D.). — Contributions to the geology of North-JYales. Con¬ tributions à la géologie de la Galles du Nord; 32 pages, avec coupes et carte. ( Quarterly journal of the geological Society , t.* II , p. 283. — 1846.) 296. — RANSAY (A.-C.). — On the dénudation of South- féales and the adja¬ cent counties. Sur la dénudation de la Galles du Sud et des contrées adjacentes. ( Athenœum , 1845 , p. 676.) 297. — HAÏR, — Sketches of the coal mines in Northumbcrland and Dur¬ ham, etc. Esquisses des mines de houille du Northumberland et de Durham, renfermant une série de plans et de vues prises dans ces mi¬ nes, avec un essai préliminaire sur la houille et son commerce; 54 p. et 42 pl. in-fol. 298. — SEDGWICK (A.). — On the comparative classification of the fossiti- ferous strata of North-JYales , voit h the corresponding deposits of Cumber¬ land , IV estmoreland and Lancashire. Sur la classification comparée des couches fossilifères de la Galles du Nord et des dépôts correspondants du Cumberland , du Westmoreland et du Lancashire ; 8 pages. (Quar¬ terly journal of the geological Society , t. I , p. 442. — 1845.) 299. — SEDGWICK (A). — • On the classification of the fossili ferons slates of Cumberland , JY estmoreland and Lancashire. Sur la classification des schistes fossilifères du Cumberland, du Westmoreland et duLancashire ; 24 pages et denombreuses coupes. (Quarterly journal of the geological Society, t. II, p. 106 et 122. — 1846. ) 300. — CUMMING (J. -G.). — On Posidonian schist amidst trappœan beds , and on traces ofdrift-ice in the south of the islc of Man. Sur un schiste à Posidonies intercalé entre des couches de trapp, et sur les traces d’un transport glaciaire dans le sud de Pile de Man. ( Athenœum , 1845, p. 724.) 301. — CUMMING (J. -G.). — On the geology oftlie isle of Man. Sur la géolo¬ gie de l’île de Man; 32 pages, carte et coupes coloriées. (Quarterly journal of the geological Society, t. II, p. 317. — 1846.) 302. — NICOL (J.). — Guide to the geology of Scotlland. Guide du géologue en Ecosse; 1 vol., avec carte coloriée, 272 pages. 303. — FORSYTH (Ch.). — On the mines, minerais and geology of JY i est-Lo- thian. Sur les mines, minéraux et la géologie du Lothian occidental, avec carte géologique coloriée. 304. — BALD. — On the Muschet Land, commonly called the Black Band ironstone of the coal field of S cottl and . Sur la Bande noire ferrugineuse, du bassin houiller de l’Ecosse. (Athenœum, 1846, p. 1026.) 305. — STEVENSON (W.). — On the geology of Corchburn law and iis neigh - bourhood. Sur la géologie de Corck burn-law, ( Berwickshire) et de ses 780 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES entrons; « pag.^av'c carte et coupes. (Transactiomofthereyal Society ofEdçnburgh; f- OI’ P- 33> « « «trait. Edinhlrgh new ph l phtcat journal , t. XXXVIII, p. 367. _ 1845.) -V,. ''v,GKINSOJI. — Prachcat geology and ancien! architecture oflretand. Gcoiogre pratique et ancienne architecture de l’Irlande; avec p. 348 pages , in-8. — 1845. 1 ’ S07. - PORTLOCK. _ Déport on the geology of the County of London- derry, and „f paru of Tyrone and Fermanagh. Itapport sur la géologie ’nd0nderry Ct d'une parlie dc «« Oc Tyro„eget f!“ c'urert dt f /“S'' ?‘iCe SUr "n dépÔ‘ tertiaire Gemment dé- ouvert dans le voisinage de Belfast; 3 pages. (Philosophical Magazine, 309 /a^lJ^KL^1VD ~ °U th° 0ccurencc °f nodules callcd pétri fied po- tatoe, f d on ofLoug_Nmgh -n Irelmd' Sur Pes lniPes (appelés pommes de terre fossiles) trouvés sur la côte de Loug-Neah cietv T tV Une Ademi'page‘ (Quarterlï journal of the géological 5o- aety, t. II, p. 104. — 1846.) Suisse et Savoie . 31°. ~ WISER (K). — Beitracge zut topographischen Minéralogie desSchwcit- ur-Landes .Matériaux pour servir à la topographie minéralogique de la p ‘ m'8’ 9 faocs- ( Leonhard’, noues Jahrbuch fur Geognosie, 1846, 311^Srr°--^ de ,a StrUCtUre Séul°Sique des Alpes, 2- ed. , in-8, 34 pages, 1 planche. — 1845. 312. — r.OZET (C. A.). _ Observations sur la constitution géologique des Alpes. (L’Institut, 1845, p. 71.) 0 , 6 C!> 313. FOURNET (J.). - Suite des recherches sur la géologie de la partie des Alpes comprise entre le Valais et l'Oisans. Coupe géologique de Martigny à Evionnar; 8, 112 pages. (Annales de la Société d’agricut- tare de Lyon. — 1845.) 0 3U’lé^ da UDf R (B'); ~ tLe‘,“e 4 M‘ Mar‘inS SUf C°inS Calcaires «*«■«. les dans les gneiss des hautes Alpes bernoises. (Bulletin de la Société géologique de France , 2e série, t. IV, p. 208. — 1846.) 315. — MOUSSON (A.). - Bermerkungen ueber die naüirliclxen Vcrhae Unisse der Thermen von Aiccm Savoyen. Observations sur les rapports naturels es i ermes Ait, en Savoie ; in 4, 48 pages, avec une carte et 2 plan¬ ches de coupes. {Nouveaux Mémoires de la Société helvétique des sciences naturelles , t. VIII. — 1846.) 316. - GRESSLY (A.). - üebersicht der Géologie de nordwest lichen Aargau Coup d œil sur la géologie du nord-ouest de l’Argovie; in-8, H pages.' ( Leonard s neues Jahrbuch fur Geognosie , 1845, p. 153 ) Sn.-ElsCHER von der L1NTH (A.). - Cebirgshunde deslianton’s Clam, Geologie du canton de Glarus ; in-12, 41 pages, avec une carte coloriée et une planche offrant quatre coupes. — 1846.) 318. - OSTERVALD (J. F. d ). _ Tableau des hauteurs au-dessus de la 781 i’LKLlÉS EN 18/|Ô EX 1846. mer des principaux points du canton de Neuchâtel, 30 pages. {Mémoires de la Société des sciences naturelles de Neuchâtel , t. III , p. 210. — 1846.) GUYOT (A.). — Notice sur la carte du fond des lacs de Neuchâtel et de Morat ; in-4 avec une carte. ( Mémoire de la Société des sciences na¬ turelles de Neuchâtel , t. III , p. 249. — 1846.) Allemagne . 520. — D OMALIUS D’HALLOY (J. J.). — Sur les grès du Luxembourg. C L’Institut , 1845, p. 147.) 521. — SEDGWICK und MURCHISON. — Geognostisclie Kart 0 dtr Rhein- lande. Carte géologique des provinces rhénanes , éditée par G. Léonhard : in-fol. —1845.) 522. — GUEMBEL (E.-W.). — Geognostischc Bemerhungen ueberden Donners - berg. Remarques géologiques sur le mont Tonnerre; in-8, 25 pages, avec pl. {Léonhard’ s ncues Jahrbuch fur Géologie , p. 542. — 1846.) 523. — LEONHARD (v.). — Die Eisenstein-Gaenge ben Schleitenbach und Ber g- zabern in Rheinbaiern. Les filons de minerai de fer près de Schletten- bach et de Bergzabern, dans la Bavière rhénane ; in 8, 15 pages. (Léo* nhard’s ncues Jahrbuch für Geognosie, 1845, p. 2.) 524- — SANDBERGER. — Ueber die Mineralien des Laacher see’s. Sur les minéraux du lac deLaach; in-8, 8 pages. {Leonhard’s ncues Jahrbuch (itr Gcognosie, 1845, p.140.) 325. — ROEMER (F.). — Ueber die zur Kr eide- Formation gehærigen Ges- teinc in der Gegend von Aachen. Sur les roches appartenant à la forma¬ tion crétacée dansles environs d’Aix-la-Chapelle; in-8, 19 pages. {Leo¬ nhard’s neues Jahrbuch fur Geognosie, 1845, p. 385.) 326. — LEONHARD (G.). — Geologische Shizze des Grossherzogthums Baden. Esquisse géologique du grand-duché de Bade; in-8, 18 pages. {Leo¬ nhard’s neues Jahrbuch für Geognosie, 1846, p. 26.) 327. — ROMINGER. — Vergleichung des Schweitzer Jura’s mit der LV ur- tembergischcn Alb. Parallèle entre le Jura suisse et l’Albe wurtember- geoise ; in-8, 13 pages. [Léonhard’ s Jahrbuch für Geognosie, 1846, p. 293.) 328. — HEIIL. — Gcognostisclie Beschreibung des Oberamts Esslingcn. Des¬ cription géologique du districh d’Esslingen ; in-8, 12 pages. — 1845.) 329. — GUTBERLET (C. J.). — Ueber die Phonoliihe und Trachyto der Rhoen- Berge. Sur les phonolithes et les trachytes des montagnes de Rhoen ; in-8, 10 pages. {Léonhard’ s neues Jahrbuch für Geognosie , 1845, p. 129.) 330. — GUTBERLET (C. J.). — Beilraege zur mineralogischcn Topographie von Kurhcssen. Matériaux pour servir à la topographie minéralogique de la Hesse électorale; in-8, 13 pages. {Leonhard’s neues Jahrbuch für Geognosie, 1846, p. 15.) 331. — GRANDJEAN. — Der Lahn-Tunnet be y Weilburg.ht tunnel de la Lahn, près de Weilburg; in-8, 9 pages. {Leonhard’s neues Jahrbuch für Geognosie , 1846, p, 448.) 332. — DECHEN (v.). — Vorhommen des Scliwerspaths als Gebirgsschicht bey Mcggen an der Lenne. De l’existence d’une couche de baryte près de Meggen, sur les bords de la Lenne ; in-8, 6 pages. {Karstens und De- chen’s, Archiv für Minéralogie, t, XIX. p. 748. — 1845.) 782 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 333. DECHEN (v.). Die Feldspath Porphyre in dcn Lenne Gegenden. Les porphyres feldspathiques des environs de Lenné ; in-8, 96 pages, avec une carte et 6 profils. (Karsten’s and Dechen’s , Archiv fur Minéralogie t. XIX, p. 367. - 1845.) 334. -SCHMID (E.)und SCIILEIDEN (J.). — Die geognoslischen Verhaeltnisse ces Saal Thaïs bey Icna. Les rapports géologiques de la vallée de la Saal, près d’Iéna, 76 pages, avec une carte et 4 planches. — 1846. 3o5. — BREDERLOW. — Dcr Harz zur Bclehrung und (Jnterhaltung fur arzreisende. Le Harz, pour l’instruction et l’agrément des voyageurs qui le parcourent; in-12. Géologie. — 1845. ,3o6. — ZENCKER. Systematische Uebersicht dcr Gacnge und Lager des arzes welche metallfùhrend sind. Tableau systématique des filons et gîtes métallifères du Harz ; in-4, 13 pages. ( Nova acta Academiæ naturce curiosorum , t. XXI, p. 699. — 1845.) OO/. — 1< RAPPOLI (L.). — Lagerung dcr sccundacren Floelze im Norden des 11 arzes nebst cinigcn Betrachtungen iiber die Bitdung dcr Erdrinde und den Grsprung der Gypse, Dolomite und Sleinsalze. Rapports de position des couches secondaires dans le nord du Harz, avec quelques observations sur la formation de la croûte terrestre et l’origine des gypses, des dolo- imes et des sels gemmes; ; in-8, 24 pages. ( Poggendorff’s Annalen der Pbysth, t. LXIX, p. 481. - 1846.) (E*)* Geognosie dcr c/eutschen Ost seelaender zivischcn F'ider “”d Oder. Géognosie des provinces allemandes de la Baltique, entre ; et sur Page relatif de ces couches sédimentaircs ; in-8, 17 p. 36/ _Tï«p r£Sncucs Jahrbuchfir Geognosie , 1846, p. 171) S PER. —Dus Phœnomen von Nagg-Olaszy in Ungarn , hein Schlamm Y™'1? phenomène de Nagg-Olaszy, en Hongrie, n’est point un oican deboue; in-8, 2 pages. ( Leonhard’s neues Jarhbuch fur Geogno- 1846, p. 696.) 365- -- DUFRE1VOY (A.). Rapport sur un travail de M. A. Burat intitulé : Etudes sur les gîtes métallifères de l’Allemagne; 10 pages. (Compte s- icrn/us de l Academie des sciences de Paris , t. XX, p. 1327. — 1845.) Scandinavie. °66 //? ~~ Sur le terrain danien, nouvel étage de la craie. 1846 ) 0eiéU Sé0l°^u6d6 France > 2e série , t. IV, P. 179. - 367. — VIBE (A. ). On the heights ofmountains , in Norway. Sur les hauteurs e monUgms, etc., en Norvège, d’après diverses sources; 7 pages. 368 -t inxZr Y\V phil°J°Phical i°u''nal> XXXVIII, p. 232. - 1845. f r ^ . The Se°logy of Norway as connected with the absence °l a fondai nobihly,and the 1 vaut of gréai public building. La Géologie de la Norvège , dans ses rapports avec l’absence d’une noblesse féodale c le manque de grands édifices publics; 2 pages et demie. Extrait e ouviage e M. Lamg intitulé: « Sea liings of Norway. » ( Edin - bUrgh nCW Pln,0s°P,,icalj0l,rnal> L XL, p. 388. — 1846.) EICHWALD (E.). — Einige vergleichende Bemcrhungen zur Geo*- nosic Scandinavicns and der vest lichen Provinzen Russtands. Remarques comparatives sur la géognosie de la Scandinavie et des provinces oc¬ cidentales de la Russie; in-8, 154 pages .(Bulletin de ta Société imp é- nale des naturalistes de Moscou, 1846, p. 3.) 785 PUBLIÉS EN 4 B/| 5 ET '1 8 /| G . 370. - MURCHISON (R.-I.). — On ihe palœozoic deposils of Scandinavia and the Ballic provinces cf R ussia , and thcir relations io azoic or more ancient crytallins rocks , wilh an account of some great features of dislo¬ cation and metamorphism along tlwn northern frontiers. Sur les dépôts paléozoïques de Scandinavie et des provinces baltiques de la Russie, et leurs relations avec les roches azoïques ou cristallines plus anciennes ; avec un précis sur les principaux points de dislocation et de métamor¬ phisme le long de leurs frontières septentrionales; 28 pages et coupes. ( Quarterty journal of ihe geological Society , t. I , p. 467. — 1845.) 371. — FORCHHAMMER. — Foredrag over en Udviklings suite of Ofvergans- formationen i Skaane. Sur le développement du terrain de transition en Skanie ; in 8, 6 pages. ( Oversigt over det Kongl danshc Vider skabernes Selskabs Forhandlinger , 1845, p. 78.) 372. — BRAVAIS et MARTINS. — Voyage en Laponie, de la mer Glaciale au golfe de Bothnie, contenant un nivellement barométrique d’une mer à l’autre , 42 pages. ( Voyage en Scandinavie de la corvette la Recherche. Géographie physique, t. II, p. 08; Bibliothèque universelle de Genève , t. LVIII , p. 147. — 1845; et Nouvelles annales des voyages , 5e série, t. I , p. 209. — 1846.) 373. — DESC LOIZE AUX (A.). — Note sur la hauteur de l’Hécla et sur l’érup¬ tion qui a eu lieu en septembre 1845; in-4, 2 pages. ( Comptes-rendus de R Académie des sciences de Paris , t. XXIII, p. 771. — 1846.) Russie, Turquie d’Europe et Grèce. 374. — MURCHISON, VERNEUIL (de) et KEYSERLING (de). — The Gco- logy of Russia inEurope and the Oural mountains. Géologie de la Russie d’Europe et des montagnes de l’Oural ; 2 vol. in-4. — 1845. — Tome l (texte anglais), géologie, 700 pages, nombreuses coupes et carte colo¬ riée ; t. II (texte français), paléontologie , 512 pages , 50 planches de fossiles. (Extraits dans le Bulletin de la Société géologique de France , 2e série, t. II, p. 568, 1845; et t. III, p. 382,1846 ; et les Comptes rendus de R Académie des sciences de Paris, t. XXI, p.1166. — 1845.) 375. — AUERBACH et FREARS. — Notice sur quelques passages de l’ou¬ vrage de MM. Murchison, deVerneuilet Keyserling, intitulé : Géologie de la Russie d’Europe et des montagnes de l’Oural ; in-8, 14 pages et 4 planches. [Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, 1846, p. 486.) 376. — BLOEDE (G.). — Versuch einer Darstellung der G ebirgs formation’ s System im Europaeischen Russland. Essai d’une exposition des formations de la Russie d’Europe ; in-8, avec une carte et une coupe. [Bulletin de la Société des Naturalistes de Moscou, 1845, p. 128.) 377. __ MURCHISON (R. J.). — On the gold produce of Siberia. Sur les pro¬ duits aurifères de Sibérie ; 4 pages. [Edinburgh nexv philosophical Jour¬ nal, t. XL, 1846 , p. 340.) 378. — SJEMASZKO. — Vorlaeufige Nacliricht iiber anstehende devonischc Schicliten im Gouvernement Saint-Pétersburg. Indication des couches devoniennes dans le gouvernement de Saint-Pétersbourg ; in-8 , 13 pages. [Erman’s Archiv fur wissenschaftliche Kunde von Russland, t, IV, p. 340. — *■ 1845.) ^86 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 379. — OLIVIERI. — Geognostische Bcobachtungen in dcn Gouvernements von Tula, Moshau, Rjasan uncf Nijneinowgorod. Observations géognostiques dans les gouvernements de Tula, Moscou , Rjasan et Nijninovogorod ; m-8, 24 pages. {Erman’s Archiv fur wissenschaftliche Kunde vonRussland t. IV, p. 435. — 1845.) 380. — ANONYME. — Die Karte der Oha im Moshawer und in den angraen- zendcU' Gouvernements zur Beschreibung der Kolilen und Jura Forma - tionen in denselben. Carte de l’Oka,dansle gouvernement de Moscou et les gouvernements voisins, pour servir à la description des formations carbonifères et jurassiques de ce pays; in-4. (. Erman’s Archiv fur wis- senschaftliclie Kunde von llussland, t. Y, p. 561. _ 1846.) 381. — ROUILLER et FREARS. Coupe géologique des environs de Mos¬ cou; xn-8, 11 pages. {Bulletin de la Société des Naturalistes de Moscou 1845, p. 553.) ' 382. - ROUÏLLER (C.). - Explication de la coupe géologique des environs de Moscou. {Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou- in 8, 42 pages, 1846, p. 444.) 383. - OSERSKJI. - Berner k un gen ueber geognostische Verhaeltnisse und geotogischeEreigms.se in Esthland . Observations sur la géognosie et des phénomènes géologiques en Esthonie; in-8, 9 pages. {Erman’s Archiv fur wissenschaftliche Kunde von Russlancft. IV, p. 487. _ 1845 ) 384. —LAPIE et VIQUESNEL. — Carte géologique coloriée de la Macé- dome, d une partie de l’Albanie, de l’Épire et de la Thessalie, d’après les renseignements recueillis en 1838 par M. Viquesnel • 1 f _ a q/.Ï 385 - HAÜSMA™ - Documents' pour servir à Voryctégraphie de Vile de Syra. {L Institut , 1845, p. 125.) 386. - SAUVAGE. - Description géologique de Elle de Milo , 32 pa-es avec carte et coupes. {Annales des mines , 4e série ,t.X, p. 69. — 184°6 ) 387. - SAUVAGE. Observations snr la géologie d'une partie de la Grèce eo„, mentale et de l'ile d'Eubée, 56 pages avec carte et coupe. Annales des mines , 4e série, t. X, p. 101. — 1846.) Italie. S88‘ 7„P,ILLt (U)' ~ SaSS‘° comParalU'° — SHERWOOD (J.) — Some observations upon the valley of the Jordan andthedeadsea. Observations sur la vallée du Jourdain et la mer Morte ; 17 pages. {Sitliman’s amcrican journal , t. XVIII , p. 1. — 1845.) Soc. géol. , 2e série, tome III. 52 790 OUYRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 43/i. — ANSTED (D.-T.). — Notice ofthecoal of India, bcing an analysis of a report communicated to the Indian government on this subject. Notice sur la houille de l’Inde; analyse d’un rapport communiqué au gouver¬ nement de l’Inde à ce sujet. ( Athenœum , 1846 , p. 1025.) AFRIQUE. 435. — RUSSEGGER (J.). — Reisen in Europa , Asien und Afriha. Voyages en Europe , en Asie et en Afrique ; in 8 , t. II , 2e partie , contenant la géologie du Soudan oriental; et 3e partie, contenant la géologie du Kordofan , de la Nubie, et des pays le long du Bacher-el- Ahbrak et du Tumat. — 1846.) 436. — FOUR1XEL (H.). — Mémoire sur les gisements de muriate de soude en Algérie , 45 p. {Annales des mines , 4e série , t. IX, p. 541. — 1846.) 437. — FIGARI (A.) et HUSSON (A.) — Journal d’un voyage géologique à Gebel-Zeyt et dans le désert compris entre le Nil et la mer Rouge, de¬ puis le parallèle du Caire jusqu’à Korousko , en Nubie, exécuté en 1844. {Bulletin de la Société de géographie, 3e série, t. V, p. 32, 1845; et t. VI , p. 3 , 238 , 248. — 1846. ) 438. — ROCHET D’HÉRICOURT. — Observations géologiques recueillies en Egypte, sur la mer Rouge, le golfe d’Aden , le pays d’Adel et le royaume de Choa; 5 pages. {Bulletin de la Société géologique de France, 2* série , t. III , p. 541. — 1846.) 439. — GAILLARDOT. — Coup-d’œil sur les calcaires crétacés des environs du Caire; 13 pages et coupes. {Annales de la Société d’émulation des Vosges , t. V, p. 703. — 1845.) 440. — MÉRIAN (iJ.). — Géologie de la côte d’Or d’Afrique, d’après une collection d’échantillons minéralogiques apportés de ce pays par un missionnaire russe. {Bericht liber die V erhandlungen der naturforsclien- den Gesellschaft in Basel.) 441. — DEVILLE (Ch.). — Observations sur l’île de Tenériffe ; 7 pages. {Bulletin de la Société géologique do France , 2e série, t. III , p. 465; et l’Institut , 1846, p. 156.) 442. — DEVILLE (Ch.). — Esquisse topographique de l’île de Fogo ; 16 pages in-4. — 1846. 443. — BEAUMONT (Élie de). — Rapport sur les observations géologiques auxquelles M. Charles-Deville s’est livré durant son voyage aux An¬ tilles, à Ténériffe et aux îles du Cap-Vert; in-4, 18 pages. {Comptes- rendus de l’Académie des sciences de Paris , t. XXII, p. 1117. _ 1846 ) 444. — HUNT (T.-C.). — On the geoiogy of the Island of Saint Mary’ s , one of the Azores. Sur la géologie de l’île de Sainte-Marie, l’une des Açores ; 1 page. {Q u art erly journal of the geological Society, t II p. 39. — 1846.) ' * AMÉRIQUE. LAELL(Ch.). lravels in north America in the years 1841 _ 1842. Voyages dans 1 Amérique du Nord exécutés pendant les années 1841 à 1842 , et observations géologiques faites dans les États-Unis, le Canada PUBLIÉS EN 1845 ET 18/|6. 791 et la Nouvelle-Écosse. ; 2 vol. in-18 5-1845. Extrait dans Silliman’s amé¬ ricain journal , t. XL1X , p. 368. — 1845.) 446. — FREMONT (J. -G.). — Report ofihe cxploring expédition to the Rocky mountains in the year 1842 , and to Oregon and north California in tlie years 1843-44. Rapport sur l’expédition scientifique aux montagnes Rocheuses entreprise en l’année 1842, et à l’Orégon et à la Californie du nord , en 1843-44. — 1845.) 447. — CONRAD (T. -À.). — Observations on the cocene formations of United States with descriptions of specics of shells occuring in it. Observations sur les formations éocènes des Etats-Unis, avec descriptions des es¬ pèces de coquilles que l’on y rencontre ; 10 pages, 2 planches. (Silli- man’s american journal , 2e série , t. 1 , p. 395 — 1846.) 448. — OWEN (D.) — On the geology of the western states of north Ame¬ rica. Sur la géologie des Etats nord de l’Amérique septentrionale, 14 pages et demie et carte coloriée. (Quarterly journal of the geological Society, t. Il , p. 433. — 1846.) 449. — MATHER (W.) — On the pliysical geology of the United States east of the Rochy mountains , and ou sortie ofihe causes affecting tlie sedimentary formations of tlie earth. Sur la géologie physique des États-Unis, à l’est des montagnes Rocheuses, et sur quelques-unes des causes qui affectent les formations sédimenlaires de la terre; 20 pages .(Silliman’s american journal , t. XLIX,p. 1 et 284. — 1845.) 450. — RUGGLES (D.). — Considérations respecting the copper mines of lake Superior. Considérations sur les mines de cuivre du lac Supé¬ rieur ; 16 pages. (Sitliman’s american journal , XLI\ , p. 64. — 1845.) 451. — JACESON (C.-T.). — ■ O/i the copper and sitver of Kewenan Point , lake Superior. Sur le cuivre et l’argent de Kevenan-Point , lac Supé¬ rieur; 2 pages. (Silliman’s american journal , t. XLXi, p. 81, et Bul¬ letin de la Société géologique de France , 2e série , t. il , p. 317. — 1845.) 452. _ BAYF1ELD ^Capt.).' — On the junctiun of the transition und primary rocks o f Canada and Labrador. Sur la jonction des roches de transition et des roches primaires du Canada et du Labrador; 9 pages. (Quar- terly journal ofihe geological Society , t. I , p. 450.' — 1845.) 455. _ LOYAN (W. E.). — On the paching of the ice in the river Saint-Law¬ rence ; the occurence oflandstips in the modem deposits of its valley; and the existence of marine shells in them and on tlie mountain of Montreal. Sur l’accumulation des glaces dans la rivière Saint-Laurent, sur de» glissements de terrains que l’on observe dans les dépôts modernes de la vallée du même nom, et sur l’existence de coquilles marines dan* ces dépôts et sur la montagne de Montreal; il pages. ( Quarterly jour¬ nal of the geological Society , l. Il , p. 422. 1846.) 454. _ DAWSON (J.). — On tlie nevoer coal formation of the eastern part of Nova Scotia. Sur la formation houillère plus récente de la partie orientale de la Nouvelle-Écosse; 8 pages avec carte et coupes. ( Quarterly journal of the geological Society , t. I , p. 322. -—1845.) 455. _ BOUVÉ (T. ). — Review ofDr C.-T. Jackson’ s final report on the geology and rnitieralogy ofihe State o f New Hampshire. Revue du dernier rapport de M. C.-T. Jackson sur la géologie et la minéralogie de l’État de New-Hampshire ; 7 pages. (Silliman’s american journal , t. XL1X, p.27. — 4 845.) 792 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 456. — ROGERS (H. ctW.). — On tltc geological âge of the ivithe mountains. Sur l'Age géologique des montagnes Blanches, dans l'Amérique sep¬ tentrionale; 10 pages. ( Silliman’s américain journal , 2* série, t. I, p. 411. —1846.) 457. — ADAMS (G. -B.). — First annital report on the geology of Vermont , United States. Premier rapport annuel sur la géologie de l’état de Vermont , Etats-Unis. — 1845.) 458. — OWEjV (D.). — Revie iv of New-York geological reports. Revue des rap¬ ports géologiques sur l’Etat de New-York; 20 pages avec figures nom¬ breuses de fossiles; continué du volume XLVII, p. 354. — 1844. {Silliman's american journal , t. XLVIII , p. 290. — 1845.) 459. — HITCHCOCK (E.). — Final report on the gcology of Massachussets. Dernier rapport sur la géologie du Massachussets; in-4, 431 pages, 56 planches. — 1845.) 460. — LOOMIS (L.-N.). — An account on the geology of Harpeth ridge, Da¬ vidson county , Tennessee. Essai sur la géologie de Harpeth-Ridge , comté de Davidson , Tennessée, aux Etats Unis; 5 pages. ( Silliman's american journal , 2e série, t. I, p. 222. — 1846.) 461. — OWEN ( D. ). — Report of a geolog ical exploration of part of Yowa , fl isconsin and Illinois made under instructions from the secretary ofthrea - sury of the United States in 1839. Rapport sur une exploration géolo¬ gique d’une partie de l'Yovva, du Wisconsin et de l'Illinois, entreprise d’après les instructions du secrétaire du Trésor des États-Unis, en 1839; 192 pages avec vues, coupes et nombreuses figures. — 1845. 462. — LA ELI. (Ch.). — Coal field of Tuscaloosa , Alabama. Bassin houiller de Tuscaloosa (Alabama) , aux Etats-Unis; 6 pages avec coupe. (Silli¬ man’s american journal , 2e série , t. I , p. 371. — 1846.) 463. LYELL (Ch.). — Notice of the coal-fields of Alabama. Notice sur les dépôts houillers d’Alabama; 3 pages. (Quarterly journal of the geologi¬ cal Society , t. II , p. 279. — 1846.) 464. — LTELL (Ch.).— On the newer deposits ofihe Southern States of norlh America. Sur les dépôts modernes des Etals méridionaux de l’Amé¬ rique du Nord; 4 pages, 1 coupe. ( Quarierly journal of the geological Society , t. II , p. 405. — 1846.) 465. — LYELL(Ch.). — On the miccene terliary strata of Maryland, Virginia and of north and south Carolina. Sur les couches tertiaires miocènes du Maryland, de la Virginie, et des Carolines du Nord et du Sud; 16 pages avec figures de fossiles. (Quarierly journal of the geological Society, 1. 1, p. 413. —1845.) 466. — I.YELL (Ch.). — Observations on the wliitc limestone and other eocene or older tertiary formations of Virginia , south Carolina , and Geor- gia. Observations sur le calcaire blanc et autres formations éocènes ou tertiaires plus anciennes de la Virginie, de la Caroline du Sud et de la Géorgie; 14 pages avec figures de fossiles et coupe. ( Quarterly journal of the geogical Society , t. I , p. 429. — 1845.) 467. — NICOLLET. — Missouri and Mississipi valleys. Vallées du Missouri et du Mississipi. (Extrait d’un rapport sur la carte du bassin hydrogra¬ phique du haut Mississipi); 1 page et demie. ( Silliman's american journal , 2e série, t. I , p. 270. — 1846.) 468. — LYELL (Ch.). — On the delta and alluvial deposits of the Mississipi 793 PUBLIÉS EN 18/15 ET 1846. and other points in Ihc geology of north America observed in lhe ycart 1845-1846. Sur le delta et les alluvions du Mississipi, et autres points de la géologie de l’Amérique du Nord. (. Alhenœum , \ 846, p. 992.) 4^. - SCIIOMBURGk ( II, ). — On ihe [n^c Parima , lhe El Dorado of sir // aller Raleigli , and llie geography of Guiana. Sur le lac Parima, I El Dorado de sir Walter Raleigh, et sur la géographie de la Guiane. {Atlienœum , 1845, p. 723.) 470. DOïUEYkO (J.). — Mémoire sur la constitution géologique du Gliili; 133 pages avec une carte, des coupes et des ligures. ( Annales des mines , 4fi série, t. IX, p. 489. — 1846. Et en extrait, Comptes- rendus de R Académie des sciences de Paris , t. XXI , p. 1423. — 1845.) 471. 1A1LOR (H.-C.). — Memoir on llie character and prospects oftlie copper région of G ibara , and a sketch oftlie geology oftlie nortli-east part oftlie island of Cuba. Mémoire sur le caractère et l’aspect de la région cuprifère de Gibara, et esquisse de la géologie de la partie nord-est de 1 ile de Cuba; 15 pages. ( Transactions ofthe american philosophical Society , t. 1^, part. 2 , p. 204.) 472. — LAVALLÉE (F.). — Questions géologiques sur l’origine des Antilles, les végétaux et les habitants de ces îles à l’époque de leur découverte; II p. ( Bulletin de la Société de géographie , 3e série, t.VI,p. 366. — 1846.) 473. — WISSE (de). — Sur une exploration du cratère de Rucu-Pichincha (république de l’Equateur); 6 pages. ( Bulletin de la Société géologique de France , 2e série, t. II, p. 511, et Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris , t. XXII, p. 26. — 1846.) 474. — DARWIN (Ch.) — On lhe geology of tlie Falkland islands. Sur la géo¬ logie des îles Falkland; 7 pages et nombreuses coupes dans le texte. (Quarterly journal of lhe geological Society , t. II, p. 267. — 1846.) OCÉANIE. 475. — WILKES (C.). — Narration of the United States cxploring expédition during the years 1838-1842. Récit des travaux de l’expédition scien¬ tifique des Etats-Unis exécutée pendant les années 1838 à 1842; 5 volumes avec atlas ; 1845. Analysé dans la Bibliothèque universelle de Genève , t. LV, p. 293 , et t. LVI , p. 277. — 1845.) 476. — DARWIN (Ch.). — Journal of researclies in natural history and geology of the région visited during the voyage of Beagle round the world under the command of capt. Fitz -Roy. Journal de recherches en histoire naturelle et géologie des contrées visitées pendant le voyage du Beagle autour du monde, sous le commandement du capitaine Fitz-Roy; 2e édition, 519 pages. — 1845. 477. — BUKES(J.-B.). — Sketch of the geological structure ofAustraUa. Es¬ quisse delà structure géologique de l’Australie. {Athenæum, 1846, p. 1004.) 478. — STRZELECkI (P. -B. de). — Tlie pliysical description of New South IFalcs and Fan üieman’s land ; accompanied witli a geological map , sec¬ tions and diagrams , and figures of tlie organic romains. Description phy¬ sique de la Nouvelle-Galles du sud et de la terre de Van-Diémen ; in 8 avec carte géologique, coupes, profils et planches des fossiles. 79k OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 479. — DIEFFENBACII (Dr). — On the geology ofJVew-Zealand. Sur la géo¬ logie de la Nouvelle-Zélande. (Athenœum , 1845, p. 677.) 480. — CLARKE (W.-B.). — On dykes of marble and quartz in connection willi pluionic rock on the upper TVollondilly in Argy le county, JSew south TJ aies. Sur des dykes de marbre et quartz en rapport avec les roches plutoniques dans le Wollondilly supérieur, comté d’Argyle, Nouvelle- Galles du Sud; 2 pages et demie. [Q uarterly journal of the geological Society, t. I , p. 243. — 1845; et Edinburgh new philosopliical journal , p. 201. — 1846. ) 481. — JUKES (J. -B.). — Notice of sonie lertiary rocks in lhe islands stret- eliing from Java ta Timor. Notice sur quelques roches tertiaires des iles comprises entre Java et Timor. (Alhenteum , 1846, p. 1004.) 482. — SCHURIG (F. -A.). — Geologische Notizen ueber die Battù-Inseln. Notice géologique sur les îles Battu; in-8, 3 pages. ( Sachse’s algemeine deutsclie Zeitung fur Naturwissenschaft , t. I , p. 17. — 1846.) IV. PALÉONTOLOGIE. I. TRAITÉS ET MÉMOIRES GÉNÉRAUX. 483. — PICTET. — Traité élémentaire de paléontologie , in-8 . t. II et III, ' 1845; t. IV, 458 pages, 20 planches. — 1846. 484- GEJNITZ (H. -B.). — Grundriss der Fersteinerurigshunde. Eléments de paléontologie; in-8, 216 pages et 26 planches. — 1845 485. — ANONYME. — Grundriss der Pelrefaktenkunde odcr Uebersicht der die Erdschichte charakterisirenden fossilen thierischen Reste , zootogisch geordnet. Eléments de paléontologie ou Revue des fossiles caractéris¬ tiques rangés zoologiquement ; 64 pages. 486. — GIEBEL (G.). — Palaeozoologie , Entwurf eïner systematisclien Dar- stellung der Fauna der Forwelt. Palaezoologie ou Exposé systématique de la Faune du monde antédiluvien ; 160 pages. — 1846. 487. — MUNSTER (v.). — Beytraege zur Petrefaktenkunde. Matériaux pa- léontologiques ; 7e livraison, in-4, 50 pages et 9 planches, publiée après la mort de l’auteur par le docteur Duncker. — 1846. 488. - DUNKER (W.) und MEYER (H. von). - Paloeontographica. Bey- trtage zur Naturgescliichte der Forwelt. Matériaux pour servir h 1 histoire naturelle du monde éteint; l«r vol., lre livraison, avec 6 planches. — 1846. 489. — OWEN (R.). — Descriptive and illustred catalogue ofilie fossil organic remains of mammalia and ares contained in the muséum of tlie royal college of surgeons of London. Description et catalogue illustré des débris fossiles de mammifères et oiseaux du muséum du collège royal des chi¬ rurgiens de Londres ; 1 vol. in-4 avec 10 pl. — 1845. 490. GOEPPE1*! (H. -R.). — On amber and on lhe organic remains found in it. Sur l’ambre et les restes organiques que l’on rencontre dans son intérieur; 1 page. (Quarterly journal of the geological Society , t. II, p. 102. — ■ 1846.) 491. — DANA (J.-D.) — General views on the classification of animais. Vues générales sur la classification des animaux ; 2 pages et demie. (Silli- man’s amer ican journal , 2» série , 1. 1, p. 286. — 1846.) 795 PUBLIÉS EN 1845 ET 1846. 492. > — FORBES(E. ). — Notices of natural history ; observations made sine « last meeting bearing upon geology. Notice sur des observations d’his¬ toire naturelle relatives à la géologie. ( J thème um , 1846, p. 1003.) 493. OMALIUS D’HALLOY (J. -J. d’). — Note sur la succession des êtres vivants ; 7 pages. ( Bulletin de la Société géologique de France, 2® série , t. III , p. 490. — 1846.) 494. — PREVOST (Const.).- Article Fossile ; 3 pages. ( Dictionnaire universel d'histoire naturelle , publié par M. Ch. d'Orbigny, t.V, p. 682. —1845.) II. PALÉONTOLOGIE DE TERRAINS. 495. — ROUAULT (M.';. — Sur des Fossiles recueillis dans les terrains de transition des environs de Rennes. ( L'Institut , 1846, p. 68.) 496. — SALTER (J.-W.), — Notice of some important additions to the fossits ofthe silurian rochs. Notice sur quelques additions importantes à Faire aux Fossiles des roches siluriennes. (Atlienœum , 1845, p. 747.) 497. — GERMAR (E.-F.). — Die Versteinerungen des Steinkohlen Gebirget van F et tin und Loebejuen im Saalkreise. Les pétrifications des Forma¬ tions houillières de Vettin et Loebejuen, dans le district de la Saale; in-Folio , 2e livraison , de 72 pages et 5 planches. — 1845. 498- — DAWSON (J.-W. ). — Notices of some fossils found in the coal for¬ mation of Nova Scotia. Notices sur quelques fossiles trouvés dans la For¬ mation houillère de la Nouvelle-Ecosse; 4 pages et coupe. (Quarterly journal ofthe geological Society , t. II , p. 132. — 1846.) 499. — FORBES (E.). — Catalogue of lower greensand fossils in the mu¬ séum ofthe geological Society of London , witli notices ofspecies new to Britainycontained in other collections. Catalogue des Fossiles du grès vert inférieur qui existent dans le musée de la Société géologique de Lon¬ dres, et notice sur les espèces nouvelles pour l’Angleterre, que con¬ tiennent d’autres collections; 24 pages, 5 planches. ( Quarterly journal of the geological Society , t. I , p. 237 et 345. — 1845.) 500. — DUNKER ( W.). — Monographie der norddeutschen TVealdenbildung ein Beitrag zur Geognosie und Naturgeschichte der Vorwelt nebst einer Abhandlung ueber die in dieser Gebirgsbildung bis jetz gefundenen Rep¬ tilien von, Hermann von Meyer. Monographie de la Formation wealdienne en Allemagne , matériaux pour servir à la géognosie et à l’histoire na¬ turelle du monde antédiluvien , avec une dissertation sur les reptiles fossiles de ce terrain , par H. de Meyer ; in-4 , 83 pages avec 20 plan¬ ches de Fossiles et 1 planche de coupes. — 1846. 501. — REUSS (A.-E.). — Die Versteinerungen der Bœhmischen Kreidefor- motion. Les Fossiles du terrain crétacé de la Bohême, avec les figures des espèces inconnues ou mal connues ; in-4 » 148 pages et 51 planches de fossiles. — 1846. 502. — ARCHIAC (A. d’). — Description des fossiles recueillis par M. T ho rent dans les couches à nummulites des environs de Bayonne ; 28 pages in-4. ( Mémoires de la Société géologique de France , 2® série , t. II , p. 189. — 1846.) 503. — MEYER (H. von). — Zur Faundjder Vorwelt. Fossile Sœugethiere , V ce gel and Reptilien ans dem Molasse Mergtl von Oenigen. Matériaux 796 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES pour ia faune antédiluvienne. Mammifères, oiseaux et reptiles fossiles trouvés dans la marne molassique d’Oeningen ; in-folio avec 12 pl — 1845.) 504. — PHILIPPI. — V èrzeiclmiss der in der Gegcnd von Magdeburg bcy Osterwedingen und PFestcrregcln vorhommendenTertiaer-Fcrsteinerungen. Liste des fossiles tertiaires des environs de Magdebourg à Osterwedin¬ gen et Westerregeln ; in-8, 5 pages. (Leonhard's noues Jahrbuch fur Geognosie , 1845 , p. 447.) FOREES ( L. ) and SPRATT. — On a rcmarhable pbœnomcnon pre- scntcd by ihe fossils in the frcshwater tertiary of thc hland of Cos. Sur un phénomène remarquable présenté par les fossiles dans les formations tertiaires d’eau douce de Pile de Cos. ( Athenœum , 1845, p. 724.) 506. PICTET (J. -F.). — Mémoire sur des ossements trouvés dans les gra¬ viers stratiGés des environs de Mattegnin (canton de Genève). (Mémoires do la Société de physique et d’histoire naturelle de Genève , vol. XI , lre partie , p. 85. — 1845.) 507. — DESNOYERS (J.). — Recherches géologiques et historiques sur les cavernes, particulièrement sur les cavernes à ossements de mammifères fossiles ; in-8, 83 pag. ( Dictionnaire universel d’histoire naturelle , art. Grotte , 64 pages, t. VI , p. 343. — 1845.) III. PALÉONTOLOGIE GÉOGRAPHIQUE. 508. - OYVEN (IL). On the geographicat distribution ofextinct mammalia . Sur la distribution géographique des mammifères éteints. ( Aimais and magazine ofnalurat history, t. XVI, p. 197. _ 1846.) 509. — BRAVARD (A.). — - Considération sur la distribution des mammi- fèies terrestres fossiles dans le département du Puv-de-Dùme • in-8 40 pag. — 1845. 510. — BRAVARD (A.). — Sur les animaux fossiles de l’Auvergne; 2 pag. (Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. III , p. 197 — 1846. ) ^ OMEL (A.). Quelques nouvelles considérations sur la paléonto¬ logie de l’Auvergne ; 22 pag. (Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. III, p. 198. — 1846.) 512. — GERVAIS (P.). — Observations sur diverses espèces de mammifères fossiles du midi de la France; in-8 , 18 pag. (Annales des sciences 7iatu- relles. — Zoologie, 3e série, l. IV, p. 248. — 1846. ) 513. GERVAIS et SERRES (Marcel de). — Observations sur les mam¬ mifères dont on a trouvé les restes fossiles dans le département de l’Hé¬ rault ; m-4°, 3 pag. (Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris , t. XXII, p. 295, 16 février 1846. — Et Annales des sciences naturelles. — Zoologie, 3e série, t. IV, p. 266. — 1846.) 514. — SERRES (Marcel de). — Sur les fossiles du bassin d’Aix. (Annales des sciences naturelles. — Zoologie, 3e série , t. IV , p. 249. - 1845. ) 515. — COQUAND (II.). — Sur quelques fossiles remarquables des plâtrières d Aix ; 3 pages. (Bulletin de la Société géologique, 2® série t II p. 383. — 1845. 516. — PREVOST (Const.). — Rapport adressé à M. le ministre de Fin- 797 PUBLIÉS EN 1845 ET 18 46. struction publique sur les gisements d’animaux fossiles découverts dans le bassin delà Garonne; in-4, 7 ]>ag. — Paris, 1 8 /» 5 . — (Comptes rendus de r Académie des sciences de Paris , t XX, p. 1829. — 1845 . 517. — ZIGAO ( Ach. de). — Sopra due fossili invenuti nella calcarea dei monti padovani. Mémoire sur deux fossiles découverts dans lecalcaiie des monts Padouans ; in -4, 8 pag., 1 pl. — 1845. 518. — TOSCHI. — Ossements fossiles découverts dans les environs d’I- mola en Romagne; 2 pag. (Bulletin de la Société géologique de France , 2» série, t. III, p. 440. — 1846.) 519- — KOAIIXGK (de). Description des animaux fossiles de la Belgique; in-4 , 13e et 14e (dernière) livraison, 472 pag. et 9 pl. — 1845. 520. — PHIL1PPS (Prof.). — Fig ures and description of lhe palœozoic fossils of Cormvallj Devon and PF est Somerset. Figures et descriptions des fos¬ siles palæozoïques du Cornouailles, du Devon et du Somerset occi¬ dental. 521. — MEIER (L. von). — Der P'Virbellhier Gclialt der diluvial Spall und Hochlcn Ausfullungcn un untern Lahnlal. Les vertébrés trouvés dans les tentes et les cavernes du diluvium de la vallée de Lahn ; in-8 , 30 p. (Lconhard’s noues Jahrbucli fur Geognosie, 1846, p. 513.) 522. — AOEGGERATH (J.). — Ueber einige Knochen fûhrendc Hoehlen in dan grossen rheinisch West phielischem Kalkzugc. De quelques cavernes à osse¬ ments dans la grande formation calcaire rhéno-westphalienne ; in-8 , 24 p., avec une planche de plans et de coupes. (Karstens und Dechen’s , Archiv fur Minéralogie, t. XX, p. 328. — 1846.) 523. — SAADBERGER (F.). Kurze Bemerhungcn zti der Schrift von F. A. Riemer : « die T^ersteinerungen des Harz-Gebirgcs. » Quelques remarques êur l’ouvrage de F. -A. Itcemer, intitulé : les Pétrifications du Harz; in-8, 15 pag. (Leonard’s noues Jalxrbuch fur Geognosie , 1845, p. 427.) 524. — EICHWALD. — Die Urwelt Russlands durch Abbildungeti erlaeulcrt. La paléontologie de la Russie illustrée par des figures; in-4, 3e cahier, 136 pages et 2 planches. — 1846. 525. — ORBIGAY (A. d’). — Paléontologie des terrains secondaires et ter¬ tiaires de la Géologie de la Russie d’Europe et des montagnes de l’Oural, de MM. Murchison, de Yerneuil et de Keyserling ; 79 pages et 16 plan¬ ches in-4. — 1845. 526. — ORBIGAY (A. d’). — Paléontologie du voyage de M. Hommaire de Hell dans les steppes de la mer Caspienne, le Caucase, la Crimée et la Russie méridionale ; in-4, 78 pages in-8 et 6 planches in-fol. — 1845. 527. — FALCOAER (H.). — On tome new additions among lhe mammalia to tlie fossil fauna of India, from Perim island , in the gulf of Cambay. Sur quelques nouvelles additions à faire aux mammifères de la faune fossile de l’Inde , d’après des échantillons provenant de Pile de Perim , dans le golfe de Cambay. (Aihenœum , 1845, p. 724 ) 528. — FALCOAER (H.) and CAÜTLEY (P.). — Fauna antiqua sivalensit being the fossil Zoology of the sewalik hills in the norih of India. Zoolo¬ gie fossile des collines sévalliennes, dans le nord del’Inde; lre partie, Probo6cidiens ; in 8, 64 p. , avec un atlas in-fol. de 12 pl. — 1846. 529. — CARPEATER (W.). — Remarks on sonie fossil bones recent ly brought to New Orléans from Tencssee and from Texas. Remarques sur quelques 798 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES ossements fossiles récemment apportés à la Nouvelle-Orléans du Té- nessée et du Texas; 6 pages avec figures. ( Silliman's american journal , 2e série, t. I, p. 244.— 1846.) OWEN (R.). Notices of sortie fossil mammalia of south America wich l\ad corne undcr liis observations since the p ublication of txis descriptions of the fossil mammalia collected by M. Darwin. Notices sur quelques mammifères fossiles de 1 Amérique du Sud , dont il a eu connaissance depuis la publication de ses descriptions des mammifères fossiles recueillis par M. Darwin. (Athenœum , 1846, p. 1026.) 531. LUND. — Blik paa Brasiliens Dyreverden for sidste Jordomvœltning , 5 8 al handling. Coup d œil sur la zoologie du Brésil avant la dernière révolution de la terre; 5e mémoire, contenant le genre Canis ; in-6, 82 Pa£jes} a' ec 6 planches. ( Det kongelige Danske videnskabernes selskabs, naturvidenskabelige og mathematiske Afhandlinger. t. XI, p. 1. — 1845.) 532. ORBIGNY (A. d ). — Paléontologie du voyage de l’Astrolabe ; 6 planches grand in fol., contenant des coquilles fossiles des terrains cietacés de Pondichéry et du Chili, ainsi que quelques coquilles fos¬ siles des terrains palæozoïques. — 1846. OWEIV (R.). An address on the extinct mammals of Australia. Rappoi tsur les espèces détruites de mammifères de l’Australie et sur la distribution géographique, en général, des mammifères de la période pliocène et post-pliocène ; in-8. - 1845. 584. OWEIV (R.). Second report on the extinct mammals of Australia , with additional observations on the genus Dinormit of New-Zealand. Second rapport sur les mammifères éteints de l’Australie, avec des observations additionnelles sur le genre Dinormis de la Nouvelle- Zélande. ( Athenœum , 1845, p. 746.) IV. ANIMAUX FOSSILES. 1° Vertébrés. 535. — BLAI1VV1LLE (D. de). — Ostéographie, ou description iconogra¬ phique comparée du squelette et du système dentaire det cinq classes d’animaux vertébrés récents et fossiles, pom servir de base a la zoolo¬ gie et à la géologie; in-4, 527 pages, comprenant la description des genres Hyrao s, Tapir us, Rhinocéros , Patœotherium , Lophiodon , Anthra- cotherium et Chæropotame , avec 39 planches in-folio dessinées par Werner. — 1845 et 1846. 536. — OWEIV (R.). — Odontography , or a treatise ofthe comparative anatomy oftho teeths their physiological relations , mode of developemenl and micros¬ copie structure in the vertebrate animais. Odontographie, ou Traité sur l’anatomie comparée de, dent,, leurs rapports physiologiques, leur mode de développement et leur structure microscopique dans les ani- maux vertébrés; 2 vol. in-8. — 1840 è 1845. 537. . OWEIV (R.). — Sur fa classification et les analogies des dents mo- airet des carnivores. (. Annales des sciences naturelles. Zoologie, 38 série t. III, p. ne. — 4845.) 538. — GIBBES (R.-W.). — Description of the teeth of a new fossil animal found in the green sand of south Carolina. Description de la dent d’un 790 ruBLiÉs en 1845 et 1846. nouvel animal fossile trouvé dans le grès vert de la Caroline du Sud. ( Proceedings of the Academy of nat ural sciences of Philadelphia; t. Il, p. 254. - 1845.) 539. — MIDDLETON (J.). — On fluorine in recent and fossil bones and the sources from i vhence it is derived. Sur le fluor dan* les os récents et fos¬ siles, et les sources d’où il dérive; 2 pages et demie. (. Edinburgli rieiv philosophical Journal , t. XXXVIII, p. H6. — 1845.) 540. — OWEN (R.). — Notice sur la découverte faite eu Angleterre des restes fossiles d’un quadrumane du genre macaque, dan6 une formation d’eau douce appartenant au genre pliocène ; in-4 , 2 pages. ( Comptes- rendus de P Académie des sciences de Paris, t. XXI, p. 573. — 1845.) 541. — FALCONER (H.). — Description of some fossil remains of Dinothé¬ rium , Girafe , and otlier mammalia , from the gulf of Cambay , western coast of India, chiefly from the collection presented by capl. Fulljames , of the Bombay engineers , to thejnuseum ofthe geological Society of London. Description de quelques débris fossiles de Dinothérium , Girafe et au¬ tres mammifères du golfe de Cambay, côte occidentale de l’Inde, principalement d’après des échantillons de la collection présentée par le capt. Fulljames des ingénieurs de Bombay au muséum delà Société géologique de Londres; 15 pages et carte de la localité. ( Quarierly journal ofthe geological Society , t. I , p. 356. — 1845.) 542. — EICHWALD (E.). — Ueber den Riesenhirsch. Sur le cerf gigantesque ( Cervus euryceros Aldr. , C. megaceros Hart., C. giganteus Gold.); in-8, 17 pages. ( Erman’s Archiv fur wissenscliaftliche Kunde von Russland , t. 4 , p. 158. — 1846.) 543. — BETTINGTON (A.). — On certain fossil» proeured on the island ofPe- rim, in the gulf of Cambay , more particulary on a giganiic ruminant , having some affinities to the Sivaiherium and the Girafe. Sur certains fossiles recueillis dans l’île de Perim, dans le golfe de Cambay, et plus particulièrement sur un ruminant gigantesque ayant quelques affinités avec le Sivathérium et la Girafe; 2 pages. (Annal s and magazine ofna - tural history , t. XVI, p. 137. — 1845.) 544» — MURCHISON (R.-I.). — Habitation and destruction of tlie mammoths. H abitation et destruction des Mammouths; 17 pages. (Extrait de l’ou¬ vrage : Russia and the Ural mountains. — Edinburgli nexv philosophical Journal , t. XL, p. 344. — 1846.) 545. • — WARREN (J.-C.). — On the osieology and dentition of some nortli american mastodons. Sur l’ostéologie et la dentition de quelques masto¬ dontes du nord de l’Amérique ; in-8, 5 pages. ( Annals and magazine of natural history , t. XVII , p. 145. — 1846.) 546. — MAXWELL ( J. - B. ). — Remarquable discovery of mastodon bones in New Jersey, Découverte remarquable d’os de Mastodonte dans le New- Jersey ; 3 pages. ( Philosophical magazine , t. XXVI , p. 453. — 1845.) 547. — CHARLTON (W.-J.). — Notice of the discovery of the tusk ofan élé¬ phant in the gravel near Rochester. ÎSotice sur la découverte d’une dent d’éléphant dans le gravier, près de Rochester, ( Quarterly journal ofthe geological Society , t. II , p. 32. - — 1846.) 548. — OWEN (R.) — Description o f an upper molar lootli of Dichobune cer- vinum from the eocene mari al Binstead , isle ofLVight . Description d’une 800 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES molaira supérieure du Dichobune eervinum de la marne cocène de Bin- stead , île de Wight ; 1 page et figures. ( Ouarterly journal of the geolo- gical Society , t. II , p. 420. — 1846.) 549. — OWEN (R). _ Account of varions portions oftlie Glyplocton , an ex- tmet quadruped allicd lo the Armadillo, rcccntly obtained /rom the tertiary deposits in the neiglibourhood of Buenos Ayrcs. Description de diverses portions du Glyptodon, quadrupède éteint voisin des Tatous, ré¬ cemment découvert dans les dépôts tertiaires du voisinage de Buenos- Ayres; 6 pages. ( Quarterly journal of the gcological Society, t. I, p. 257. — 1845.) 550. — ROSE (C.-B.). — On the occurence of a fossil petro tympanic bone ofa iv h ale from the crag near Ipswich. Sur la découverte d’un os pétro-tym- panique fossile de baleine dans le crag, près d’ Ipswich ; 1 page. (Quar- terly journal of the gcological Society , t. II , p. 32. — 1846.) 551. — M AMTELL (G.-A.). — On the fossil remains of birds in the ivealden strata of the soutli east ofEngland. Sur les débris fossiles d’oiseaux dans les couches wealdiennes du sud-est de l'Angleterre ; 2 pages et figures. ( Quartcrly journal of the gcological Society, t. II , p. 104. - 1846.) 552. — OWEN (R.). — On the supposcd fossil boncs of birds from the weal- den. Sur les os présumés fossiles d’oiseaux duwealdien; 5 pages et fi- guies. (Quartcrly journal of the gcological Society , t. II, p. 96. _ 1846.) 553. — BONOMI (J.). — On a gigantic bird sculplured on the tomb ofan officer of the household of Pharaoh. Sur un oiseau gigantesque sculpté sur le tombeau d’un officier de la maison du roi Pharaon. (Athéna. um 1845, p. 643.) 554. — OWEN (R.). - OnDinormis an extinct genus of tridactyle strutious birds, xvitli descriptions of portions of the squeletons of six species with former ly existed in ISeiv-Zealand. Sur le Dinormis, genre éteint d’oi¬ seaux géants tridaclyles, avec descriptions de portions de squelettes de six espèces qui ont primitivement existé dans la Nouvelle-Zélande avec des observations par Silliman; 7 pages. (Silliman’s ameriean jour- n«/, t. XL , p. 194- — 1845.) 555. — STRICKLAND. — Preuves de l’existence ancienne d’oiseaux du genre Autruche, distincts du Dodo , dans les îles voisines de Pile Mau¬ rice. (L'Institut , 1845, p. 73.) 556. — TREVELYAN (W.-C.). — On llie discovcry of guano in the Faroe is- lands. Sur la découverte du guano dans les îles Feroe. — (Athcnœum 1845, p. 700.) 5o7. — WARINGTON. — On a curions change in the composition of boncs tahen from the guano. Sur un changement curieux dans la composition d’os provenant du guano ; 3 pages. (Philo sophical magazine, t XXVI p. 195. — 1845.) 558. MEIER (H. von). System der fossilen Sauricr. Système des Sau¬ riens fossiles ; in 8 , 7 pages. (Leonhard’s neucs Jahrbuch fur Geoanosic 1845, p. 278.) 6 559. - DESLONGCIIAMPS (E.). - Sur les Crocodiles fossiles du genre Teleosaurus. (L'Institut, 1845, p. 323.) 560. - DESLONGCHAMPS (E.). _ Sur un Crocodile fossile trouve à San- nerville. ( L'Institut , 1845, p. 53.) PUBLIÉS EN 1845 ET 1846. 801 561. — MORTON (S. -G.) — Description oftlie liead a fossil Crocodile' from the cretaceous strata of i\ew Jersey. Description de la tête d’un Crocodile fossile des couches crétacées de New-Jersey; 3 pages. [S illiman $ ame- rican journal, t. XLVMI , p. 265. — 1845.) 562. — W AN G EN H EIM VON QUALEN. — Ueber eine im Kup fersandsteine derwesturalisclien Formation enldcckten Saurier Kopf zusammen in einem Stueckc mit dem VF edel einer kryplogamischcn fossilen Pflanze. Sur une tête de Saurien trouvée dans le grès cuivreux du système permien, et fixée à la fronde d’une plante fossile cryptogame; in-8, 28 pages. (■ Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou , 1845, p. 389.) 563. — FISCHER VON WALDHEIM. — Beytrag zur naelteren Beslimmung des von Herrcn TVangenheim abgebildcten und bcschriebcnen Saurier Scliae- del. Détermination plus précise du crâne de Saurien décrit et figuré par M. Wangenheim ; in-8 , 4 pages. ( Bulletin de la Société des natura¬ listes de Moscou , 1846, p. 540.) 564. — BAIN (A. -G.). — On the discovery of fossil remains of bidental and other reptiles in souili Africa. Sur la découverte de débris fossiles de reptiles bidentés dans l’Afrique méridionale ; 6 pages in-4 et une carte. (' Transactions of the geological Society of London , t. VII, p. 53. — 1845 ; Edinburgh new philosophical journal, t. XXXIX, p. 333, 1845; et Ouar- terly journal o f the geological Society y t. I , p. 317. — 1846.) 565. — OWEN (R.). — Description of certain fossil crania discovered by A. G. Bain, csq. , in sandstone rocks ut the soutli-eastern extremily of Africa, rcferable to different species of an extinct gênas of reptilia ( Di - cynodon ), and indicative of a new tribe or sub-order ofsauria. Descrip¬ tion de quelques crânes fossiles trouvés par M. Bain dans une couche de grès à l’extrémité sud-est de l'Afrique, constituant un genre éteint de reptiles (le Dicynodon), et indiquant une nouvelle tribu ou sous- ordre de Sauriens; 13 pages, 4 planches. [Transactions of the geological Society of London , t. VII , p. 59. — 1845. Quarterly journal of the geo¬ logical Society , t. î, p. 318, 1845; et Edinburgh new philosophical jour¬ nal, t. XXXIX, p. 339. — 1845. Extrait dans les Annales des sciences naturelles , zoologie, t. V, 3e série. — 1846.) 566. — KOCII (A). — Ilydrarclius, a gigantic fossil reptile of Alabama. L’IIy- drarchus, reptile fossile gigantesque d’Alabama. — 1845. 567. — CIIANING (J.) — Notice what appears to be the embryo of an Ichthyo- saurus in the pelvic cavity oflchthyosaurus commuais. Notice sur les traces d’un embryon d’Ichlhyosaure dans le bassin de \Tchthyosaurus com¬ munis ; in-8, 2 pages. [Annals and magasine of natural history,t. XYII, p. 44. - 1846.) 568. — CARTER. — Notice of the Jaws of an Ichthyosaurus from the chatk in the neighbourhood of Cambridge. Notice sur les mâchoires d’unlchthyo- saure de la craie du voisinage de Cambridge. [Athcnœum , 1845, p. 724.) 569. — STUTCHBURY (S.). — Description of a new species of Plesiosaurus in the muséum ofthe Bristol Institution. Description d’une nouvelle espèce de Plésiosaure du musée de l’Institution de Bristol; 6 p. avec une pl. ( Quarterly journal of the geological Society , t. II, p. 411. — 1846.) 570. — - BRONN (H. -G.). — Sur les Mystriosaurus et Teleosaurus. ( L’Instilut , 1845, p. 228.) 802 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 571. — BRONN (If. -G.). — Sur deux nouveaux squelettes fossiles deMy.trio- saurus provenant du lias du Wurtemberg. (L’Institut , 1845, p. 196.1 572. — G H ARLESWORTII (E.). On ihe occurence of the Mosasaurus in ihe Lssex clial K and the discovéry offlint within the pulp cavities ofits teeth. Sur la decouverte du Mosasaurus dans la craie d’Essex , et de silex dans les cavités pulpaires de ses dents. ( Athenœum , 1845, p. 724.) 573. — GOLDFUSS (A.). — Dcr Schaedel des Mosasaurus durch Beschreibung einer neuen Art erlœutert . Le crâne du Mosasaurus expliqué par la description d’une nouvelle espèce; in-4, 28 pages et trois planches. (Nova acta Academiœ naturce curiosorum, t. XXI, Impartie p 173 - 1845. ) * < * 574. - FISCHER von WALDHEIM. - Notice sur le Spondylosauras , genre de saunen fossile de l’oolite de Moscou; in-8 , 11 pages, 2 planches. (Bulletin de ta Société impériale des naturalistes de Moscou, 1845, p. 443.) 575. - FISCHER von WALDHEIM. - üeber Rhopalodon Murchisoni and Spondilosaurus Frearsii. Sur le Rhopalodon de Murchison et le Spondy- losaurus de Frears ; in-8, 7 pages , avec une planche. (Erman’s Archiv fur wissenschaftliclie Kunde von Bussland , t. V, p. 326. ~ 1846.) 576. — FITZINGER (L.). — Bemerkungen ueber Prangners Enneodon Un- gen aus der tertiœr Formation von Steiermarh. Observation sur Y Enneo¬ don Ungeri, Prangner, du terrain tertiaire de la Styrie; in-8, 4 pages. (Leonhard s neues Jahrbucli fur Geognogie , 1846, p. 188.) 577. — BOWERBANK (J. -S.). — On a ne w species of pterodactyl formed , m the upper chalk of Kent. Sur une nouvelle espèce de ptérodactyle trouvée dans la craie supérieure de Kent; 2 pages, avec planche. (Quarterly journal of the geological Society, t. Il , p. 7. _ 1846> n 578. — EALCONER and CAUTLEY. — Caractères ostéologiques et histoire paléontologique, du Colossoehelys atlas, tortue fossile gigantesque de. monts Sevalik (Indes orientales). (. U Institut , 1845, p. 71.) 579. — FALCONER and CAUTLEY. — On the gigantic fossil tortoise , Con¬ clusion. Sur la tortue foss.le gigantesque, fin; 4 pages. (Armais and magazine ofnatural history, t. XV, p. 55. - 1845.) 580. — BUCKLAND (W.). — On the mechanical action of animais on hard and soft substances during the progress of stratification. Sur l’action mécanique de certains animaux sur les substances dure» ou molles, pendant lacté de la stratification. (Athenœum , 1845, p. 724.) 581* KING (A.). Description of fossil foot-prints. Description d’empreintes fossiles. (Annals and magazine ofnatural history, t. XVII n. A51 ) 582. — HITCHCOCK and OVVEN. — Extract of a letter from professor Hitchcock embrassing miscellanous remarks upon foot marks, and a letter from professor Owen on the grcal bird’s of New Holland. Ex¬ trait d’une lettre du professeur Hitchcock, contenant diverses re¬ marques relatives aux empreintes fossiles de pas d’animaux, et d une lettre du professeur Owen sur les grands nids d’oiseaux de la Nouvelle-Hollande; 5 pages. (Silliman’s american journal t. XLYII p. 61. — 1845. ) 583. — DEANE (J.). — Fossil foot-marks and rain-drops. Empreintes fossiles de pas d’animaux el de gouttes de pluie; 3 pages, avec planche. (Si L liman’s american journal, t. XLIX, p. 213. _ 1845.) 584. CUNNINGHAM (J.). On some footmarks and other impressions publiés EN 1845 ET 1846. 803 observed in the new red sandstone quarries of Storton, near Liverpool. Sur quelques traces fossiles de pas d’animaux et autres empreintes qui existent dans le nouveau grès rouge des carrières de Storton , près de Liverpool; une demi-page. ( Quarterly journal of tiw geologi- cal Society , t. II, p. 410. — 1846.) 585. BLACK (J.). Observations on a slab of new red sandstone from the quarries al U eston, near Runeorn , Cheshire , containing the im¬ pressions of footsteps and otlier markings. Observations sur une plaque de nouveau grès rouge des carrières de Weslon près de Runeorn, Cheshire, contenant des empreintes de pas d’animaux et autres traces fossiles; 2 pages et demie et une planche. (Quarterly journal oftlie geo- logical Society, t. II , p. 65. — 1846. ) 586. KING (A.). — Description of fossil footmarhs found in carboni ferous sériés in JV estmoreland counly , Pensylvania. Description d’empreintes fossiles de pas d’animaux, trouvées dans les couches carbonifères du comté de Westmoreland , Pensylvanie; 9 pages , avec figures. ( Silli - man’s american journal , t. XLVI1I, p. 345. — 1845.) 587. — LYELL (Ch.). — On foot-marhs discovered in the coal-measures ofPenn - sytvania. Sur des traces fossiles de pas d’animaux, découvertes dans les couches du terrain houiller de Pennsylvanie, 2 pages. ( Quarterly jour¬ nal of the geological Society, p. 417. — 1846. ) 588. — DEANE (J.). — Description of fossil foot- priais in the new red sandstone o[ Connecticut walley. Description d’empreintes fossiles de pas d’animaux dans le nouveau grès rouge de la vallée de Connec¬ ticut; 1 page et 1 planche, (Silliman’s american journal, t. XLVIII, p. 158. — 1845.) 589. — STRICKLAND (H.-E.). — Notice and drawings of the foot-prints of varions animais on the new red sandstone of Corncochle Muir. Notice sur les empreintes de pas fossiles de divers animaux sur le nouveau grès rouge de Corncockle-Muir , et représentations de ces empreintes. • ( Athenceum , 1845, p. 724.) 590. - MANTELL (G. A.). — Description of foot -marchs and other imprints on a slab of new red sandstone from Turner’s faits , Massachussetts, collected b y Dr James Deane of Greenfeld. Description d’empreintes fossiles de pas d’animaux et autres empreintes sur une dalle du nou¬ veau grès rouge de Turner’s Falls, Massachussetts, recueillies par le Dr James Deane de Greenlield; i page. (Quarterly journal of the geological Society , t. II, p. 38. — 1846.) 591. — HOPKINS. — Extract of a lettcr respecting traces resembling orni- iichniies. Extrait d’une lettre relative à des traces ressemblant à des ornitichnites. (Athenceum , 1845, p. 724.) 592. — TAGART (Ed.). — On markings in the Hastings sand beds near IJas- tings , supposed to be the foot-prints oj birds. Sur des empreintes dans les couches des sables de Hastings, près de Hastings. présumées être des empreintes de pas d’oiseaux; un quart de page. (Quarterly journal ofthe geological Society, l. II, p. 267. — 1846.) 593. — GIRARD (H.). — Ueber die Fœhrien vorweltlicher Thiere im Sand - stein, insbesondere von Chirotherium. Sur des traces d’animaux anté¬ diluviens, et particulièrement du Chirotherium , dans le grès; in-8 , 80/i OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 22 pages, avec une gravure sur bois. ( Leonhard's Jieues Jahrbuch fur Geognosie, 184G , p. 1.) 594. — DEANE (J.). — Notice of a new species of batrachian footmarks. Notice Ê3 sur une nouvelle espèce d’empreintes de pas de batraciens. ( Silliman’s américain Journal, t XLIX,p. 79. — 1845.) 595. — HENSLOW. — On nodules , apparently coprolitic, from the red crag, London clay and greensand. Sur des nodules d’apparence coprolitique, du crag rouge, du London-clay et du greensand. ( Atlienæum , 1845 , p. 724.) 596. — DANA (L.). — Anal > 'sis of coprolites from the new rcd sandstone for¬ mation of New England , ivitli rcmarhs, by prof. Hitchcock. Analyse de coprolites du nouveau grès rouge de la Nouvelle- Angleterre , avec des remarques du prof. Hitchcock; 15 pages. ( Silliman’s american Jour - nal, t.XLVIII, p. 461. — 1845.) 597. — MUELLER (J.). — Ueber den Bau und die Grenzen der Ganoïden und uber das natùrliche System des Fischc. Sur la structure et les limites de la famille des Ganoïdes , et sur la classification naturelle des poissons ; 50 pages. {Erichson’s Archiu fur Nalurgeschichtc , t. XXI, p. 91; et Annales des sciences naturelles. Zoologie, t. IV, 3e série, p. 5. — 1845.) 598. — VOGT (Ch.). — Quelques observations sur les caractères qui servent à la classification des poissons ganoïdes. ( Annales des sciences naturelles , Zoologie, t. IV, 3e série, p. 53. — 1845.) 599. CHARLESW OR'l’II ( E. ). — On the fossil bodies regarded by Agassiz as the ieetli of a fish , and upon which lie lias foundcd his suppo- sed genus Sphenonchus. Sur les corps fossiles regardés par M. Agassiz comme les dents d un poisson, et sur lesquels il a fondé son prétendu genr c Sphenonchus. ( Athenceum , p. 747. — 1845.) 600. — AGASSIZ (L.). — Monographie des poissons fossiles du vieux grès rouge ou système devonien ( old rcd sandstone) ; in 4 , 170 pages, avec 33 planches in-folio. — 1844 à 1845. 601. — EICI1WALD (E. ). — Ueber fossile Fischc des de vonischcn Systems in der U mge g end von Powlowsk bev Saint-Petersburg. Sur des poissons fossiles du système devonien des environs de Powlowsk, près Saint-Pétersbourg; in-8, 14 pages. (Erman’s Archiv fur ivisscnschafiliche Kundcvon Hussland, p. 461. 1845. — Karslen’s und Dechen’s Archiv fur Minéralogie , t. XIX, p. 667. — 1845.) 602. — AGASSIZ (L.). — Observations sur les poissons des terrains palæo- zoïques. ( U Institut , 1846, p. 163.) 603. — GIBBES (R.-W.). — On the fossil S qualidee of the United States. Sur les Squales fossiles des États-Unis; 3 pages. ( Proceed . of the Acad, of nat. scienc. of Philadelphia, vol. III, p. 41. — 1846.) 604. — AGASSIZ (L.). — Mémoire sur les poissons fossiles de l'argile de Londres. ( Annales des sciences naturelles , Zoologie, t. III, p. 21, 1845. Atlienæum, 1846 , p. 1025. — Edinburgh new pliilosophical Journal , t. XL, p. 121. — 1846.) 605. PEDRONI (fils). — Mémoire sur les poissons fossiles du départe¬ ment de la Gironde; in-8, 25 pages, 2 planches. ( Actes de la Société linnéinne de Bordeaux, t. XIII, p. 277. — 1845.) PUBLIÉS EN 18/l5 ET 18/|(5. 805 600. — SISMONDA (F.). — Descrizione dei pcsci c dei croslacei fossiti net Pie- monte. Description des poissons et des crustacés fossiles du Piémont ; in-4, 88 pages et figures. — 1846. 607. — FLEMING (A.). — On tlie constitution of ichthyolithes of Stromnes. Sur la composition des ichthyolites de Stromnes; 6 pages. ( Edinburgh ne xv philosophical journal, t. XXXVIII, p. 280. — 1845.) 608. — NORWOOD (J. -G.) et OWEN (D.). — Description ofa new fossil fis h fromtlic pulæozoic rocks of Indiana. Description d’un poisson fossile nou¬ veau des roches palæozoïques d’Indiana; 4 pages avec figures. ( Silti * man’s american journal, 2e série, t. I, p. 367. — 1846.) 2° Mollusques. 609. — ORBIGNY (A. d’). — Paléontologie universelle des coquilles et des mollusques, avec un allas représentant toutes les espèces de coquilles fossiles connues; 2 livraisons contenant 160 pages et 40 planches in 8. — 1845. 610. — ORBIGNY (A. d’). — Mollusques vivants et fossiles, ou Description de toutes les espèces de coquilles et de mollusques, classées suivant leur distribution géologique et géographique , avec un atlas représen¬ tant les types des animaux et des coquilles de tous les genres, ainsi que les espèces les plus caractéristiques des differents terrains; livrai¬ sons 1 à 6, de 480 pages, contenant les monographies complètes de 28 genres de céphalopodes et 30 planches coloriées. — 1845. 611. — CHENU (J. G.). — Illustrations conchyliologiques , ou Description et figures de toutes les coquilles connues, vivantes et fossiles, suivant le système de Lamarck; in-folio avec planches; non terminé. — 1845 et 1846. 612. — CHENU (J.-C.). — Bibliothèque conchyliologique ; in 8. Cinq vo¬ lumes ont déjà paru; ils contiennent les Traités de T. Martyn, Dono- van, Montague, Leach, Conrad, Say, Rafiuesque, avec leurs figures et la partie conchyliologique des Transactions de la Société linnéenne de Londres, de 1791 à 1835. — 1845 et 1846. 613. _ ORB1GNY (A. d’). — Paléontologie française. — Description zoolo¬ gique et géologique de tous les animaux mollusques et rayonnés fos¬ siles de France. Terrains crétacés, livraisons 93 à 118, contenant 300 pages et 106 planches sur les mollusques acéphales. Terrains jurassi¬ ques, livraisons 29 à 41, contenant 119 pages et 52 planches. 6i/j, _ ORBIGNY (A. d’). — Paléontologie des coquilles et des mollusques étrangers à la France , contenant un atlas représentant toutes les espè¬ ces de coquilles fossiles connues étrangères à la France et le texte com¬ plet de la paléontologie universelle; lre livraison, contenant 80 pages et 20 planches. — 1846. ( Ouvrage destiné à compléter la paléonto¬ logie française, avec laquelle il forme la paléontologie universelle, sans qu’il y ait double emploi de planches.) 6^5. _ AGASS1Z (L.). — Études critiques sur les mollusques fossiles; in-4, 4« livraison, contenant les Myes du Jura et de la ci aie suisse, 21 plan¬ ches. Mémoire terminant la monographie des Myes. — 1846. 616. —ORBIGNY (A. d’). — Recherches sur les lois qui président à la dis¬ tribution géographique des mollusques côtiers. ( Annales des sciences naturelles, Zoologie, 3e série, t. III, p. 193. — 1845.) Soc. géol. , V série, tome III. o3 806 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 61 7. — FORBES (E.). — Observation sur la distribution topographique des mollusques marins; 11 pages. {Annales des sciences naturelles, Zoologie, 3' série, t. IV, p. 117. — 1845.) 618. — PIIILIPPI (D.-A.). — Remarks on the molluscous animais of souih Italy in référencé to ihe geographicat extension of the motlusca, and to ihe motlusca of the tertiary period. Remarques sur les animaux mollus¬ ques de l’Italie méridionale, sous le rapport de leur extension géogra¬ phique et comparativement aux mollusques de la période tertiaire; 15 pages. ( Quarterty journal of the geological Society , t. I, p. 95, 1845, et 16 pages dans le t. II, p. 63. — 1846.) 619. — PIIILIPPI CD -A.). — Comparative remarks on the recent and fossil mollusca of thesoutli of Italy , and more parliculary ofSicily. Remarques comparatives sur les mollusques vivants et fossiles du sud de l’Italie, et plus particulièrement de la Sicile; 11 pages et demie. {Edinburgh new philosophical Journal, t. XLVIII, p. 202. — 1845.) 620. — IIOOKEPi (J.-D.). — Note on some marine animais , brought up by deep-sea dredging , during the antarclic voyage of captain sir James Ross. Note sur quelques animaux marins tirés par draguages profonds de la la mer, pendant le voyage antarctique du capitaine James Ross; 2 pages. {Annals and magazine of nat ural history , t. XVI, p. 238- — 1845.) 621. — LANDSBOROUGH (D.). — Account on dredging excursion. Récit d’une excursion de draguage; 4 pages. {Annals and magazine of no¬ tera/ history , t. XV, p. 251. — 1845.) 622. — SERRES (Marcel de) et L. FIGUIER. — Observations sur la pé¬ trification des coquilles dans la Méditerranée ; in-4, 3 pages. {Comptes- rendus de /’ Académie des sciences de Paris, tome XXII , p. 1050. — 22 juin 1846. ) 623. — AGASSIZ (L.). — Iconographie des coquilles tertiaires réputées iden¬ tiques avec les espèces vivantes , ou dans différents terrains de l’e- poque tertiaire , accompagnée de la description des espèces nouvel¬ les; in-4, 64 pages et 5 planches. {Nouveaux mémoires de la Société helvétique des sciences naturelles , t. VII. — 1845.) 624. — T ROSCIIEL ( F.- H. ). — Bericht ïtber die Leistungen in der Naturgc- schichte der Mollushen des Jahres 1844. Rapport sur les progrès de 1 lus luire naturelle des mollusques, pendant l’année 1844, 32 pages. ( Eric-h son* s Archiv fur Naturgeschichte , 11 année, t. I , p. 296. — 1845. ) 625. — PIGTET (h. -J.). — Observations sur les méthodes paléontolugiques, au sujet d’un mémoire de M. Agassiz , intitulé : Iconographie des co¬ quilles tertiaires; in 8 , 9 pages. {Supplément d ta Bibliothèque univer¬ selle dé Genève , t. 1, p. Cl. — 1846.) 626. — SERRES (Marcel de). — Note sur cette question : Y a-t-il identité entre les espèces des terrains secondaires et tertiaires et celles qui ap¬ partiennent aux générations actuelles ; 12 pages. {Supplément à ta Ri- thèque universelle de Genève, t. Il, p. 241. — 1846.) 627. - SOYVERBY (J.). — Conchyliologie minéralogique de la Grande-Bre tagne , traduite de 1 anglais par E. Desor , revue , augmentée et corrigée par L. Agassiz ; in-8, 13e a 20e et dernière livraison, ouvrage de 500 pa ges et autant de figures. — 1845. 807 PUBLIÉS EN I8/l5 ET 18/l6. 628. — ARCI1IAC (A. d’). — Rapport sur les fossiles du poudingue nervien (tourtia), légués à la Société géologique par M. Léveillé ; 6 pages. ( Bulletin de la Société géologique de France , 2e série, t. III, p. 332. — 1846.) 629. — CAILLAUD. — Lettre à M. Michelin sur des lithophages décou¬ verts aux carrières de Lessines, Belgique. ( Bulletin de la Société géolo¬ gique de France , 2e série , t. III , p. 25. — 1845.) 630. — CANAT (J.) — Discussion d’un fait exposé par M. Virlet, la décou¬ verte de fossiles marins de l’époque actuelle dans un terrain prés de Tournus, considéré jusqu’à présent comme appartenant à une forma¬ tion d’eau douce; in 4, 2 pages. ( Compte s rendus de l’Académie des sciences de Paris, t. XXII, p. 75, et Bulletin de la Société géolo¬ gique de France, 2e série , t. III, p. 271. — 1846.) 631. — AOLLET. — Mémoire sur quelques coquilles fossiles nouvelles découvertes dans la région aquitanique du bâssin sous-pyrénéen ; in 8 , 15 pages, avec 5 planches représentant une Melania et huit Unio nou¬ veaux. ( Mémoires de l’ Académie de Toulouse, 3e série, t. II, p. 225. — 1846. ) 632. — GRATELOLP. — Conchyliologie fossile des terrains tertiaires du bassin de l’Adour (environs de Dax) ; atlas grand in-4 , t. I, univalves , 45 planches avec texte explicatif. — 1840 à 1846. 633. — BUCH ( L. v.). — Ueber einige merchwiirdige Muschelreste des obe- ren Italiens. Sur quelques coquilles fossiles remarquables de la haute Italie , savoir : Trigonia PVhatleyce et Encrinus gracilis ; in-8,4 pages. ( Bericht der Academie dér IVissenschaften tu Berlin , février 1845 , et en extrait dans L’Institut , p. 243. — 1845.) 634. — STR1CRLAAD (H.-E.). — On two species of microscopie shetls found in thelias. Sur deux espèces de coquilles microscopiques trouvées dans le lias; 1 page et figures. ( Quarterly journal of the geological Society, t. II , p. 30. — 1846.) 635. _ LEA (C. ). — Description of some new fossil sltells from the tertiary of Petcrsburg , Virginia . Description de quelques nouvelles coquilles fos¬ siles du terrain tertiaire de Pétersburg, États-Unis ; 46 pages, 4 planches. ( Transactions of the american philosophical Society, t. IX , part. 2, p. 229.) 636. _ HALL (J.). — Description of some microscopie shells from the decompo- sing marie of Cincinnati. Description de quelques coquilles microsco¬ piques des marnes en décomposition de Cincinnati; 3 pages. ( Silli - man’s american journal , t. XL1 III , p. 292. 184<><) g37# _ ORBIGAY (A. d’). — Recherches sur les Ammonites; in-4* — 1846. _ AAUMAAA (C.-F.). — Ueber die voahre Spiral der Ammoniten. Sur la vraie spirale des Ammonites; in-8 , 5 pages. ( PoggendorfJ’s Annalen der Physih , 3e série, t. Il , p. 538. 1845.) _ OIVEA (R.). — A description of certain Belemnites , preserved , with a great proportion of their soft parts , in the Oxford Clay, at Christian Mal for d, TYilts. Description de quelques Bélemnites conservées avec une grande portion de leurs parties molles, dans l’Oxford-Clay, à Clxris- tian-Malford, Wilts; 6 pages. [Quarterly journal of the geological Society, t. I , p. 119. — 1845.) $40. _ MORRIS (J.). -- Description of some new species of the gênas ancylo- 808 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES ceras. Description de quelques nouvelles espèces du genre Ancyloceras; 3 pages. ( Armais and magazine of natural history, t. XV, p. 39. — 1845. ) 641. — DEFRANCE. — Notice sur une coquille d’Orthocératite ; in-4, 2 pages. {Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris , t. XXI, p. 4 075, 10 novembre 1845 , et Bulletin de la Société géologique de France , 2* sé¬ rie , t. III , p. 131. — 1845. ) 642. — KEYSERLING (A. de). — Beschrcibung einiger von Dr A. Th. v. Mid • dendorff mit gebrachlen Ceratiten des arct isclien S ibiriens . Description de quelques cératites rapportées du nord de la Sibérie par le docteur A. -Th. de MiddendorfF; 18 pages in-8 , avec 3 planches représentant 4 espèces nouvelles. {Bulletin physico-mathématique de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg , t. V, n° 11. — 1845.) 643. — SALTER. (J.-W.). — On the structure and relations of cornulites and other silurian fossils. Sur la structure et les affinités des Cornulites et autres fossiles siluriens. {Philosophical magazine , t, XXVII , p. 158. — 1845. Et Athenœum , 1845, p. 643.) 644. — SCORTEGAGNA (Th.). — Sur les Nummulites, Lettre à M. d’Orbi- gny, in-8 , 5 pages. — 1846. 645. MORRIS (J.). — Description of eight species of brachiopodous shells from the palœozoic rocks of the Falkland islands. Description de huit es¬ pèces de brachiopodes fossiles des roches palæozoïques des îles Falk¬ land ; 4 pages et 2 planches de fossiles. {Quarterly journal of the geo- logical Society, t. II , p. 274. — 1846.) 646. — BL’CH (L. v.). — Note sur les Spirifer et les Térébratules ; in-4 , 4 p. {Bericht der Academie der PFissenschaften zu Berlin , 1846, p. 107.) 647. BUCII (L. v.). — Ueber das Spirifer Keilhavii a ber dessen Fundort und Verhœl tniss zu aehnlichen Formen. Sur le Spirifer de Keilhau, son gisement et ses rapports avec des formes analogues; in-8, 3 pages. {Bericht der Academie der Wissenchaflen zu Berlin, p. 145. — Mai 1846.) 648. — MORRIS (J.). — On the subdivision of the genus ierebratula. Sur la subdivision du genre Térébratule; 8 pages et plusieurs figures de fossiles. {Quarterly journal of the geologicat Society , t. II, p. 382. — 4 846.) 649. — JOHN (J. -F.). — Bemerhungen ueber eine Bivalve des Muschelhalhs wctche faelschlich Avicula genannt wird. Observations sur une coquille bivalve du Muschelkalk qui est connue faussement sous le nom d’ Avi¬ cula’, in-8, 5 pages avec une figure. {Leonhard’s neues Jahrbuch fi'ir Geognosie, 1845, p. 442.) 650. — RYCKOLT (de). — Sur les espèce-s fossiles du genre Chilon. {L’Insti¬ tut, page 86. — 1846.) 651. — SERRES (Marcel de). — Monographie du genre Cloisonnaire {Sep- taria, Lam.) vivant et fossile. {Actes de la Société agricole et scientifique des Pyrénées orientales , t. VI. — 1845.) 652. — MORRIS (J.). — On the occurence oftlic genus Pollicipes in the Oxford Clay. Sur la présence du genre Pollicipes dans l’Oxford-Clay ; 1 page. {Antials and magazine of natural history , t. XV, p. 30. — 1845.) 653* CARPENTER (W. B.). — Report on the microscopie structure of shells. Rapport sur la structure microscopique des coquilles [Athe- meum , 1845, p. 675.) 809- PUBLIÉS EN 1845 ET 1840. 654. — BUCKLAND (W.) — On the agency of Innd snalls in forming holcs and trackways in compact l intest one. Sur la production de trous et traces sur les calcaires compactes par des coquilles terrestres. [Athenœum , 1845, p. 675.) 3° Articulés. 655. — EMMRICH. — Ueber die Trilobiien. Sur les Trilobites; in-8, 44 pa¬ ges» avec une planche contenant 13 ligures. [Leonliard’s noues Jahrbuch fur Geognosic, 1845, p. 18.) 656. — BEYRICH (E.). — Ueber einige Boelimisclie Trilobiien. Sur quelques Trilobites de la Bohême; in-4°, avec une planche. — 1848. 657. — ROUAULT (M.). — Sur les Trilobites des schistes de la Bretagne; in- 4, 1 page. [Comptes-rendus de /’ Académie des sciences de Paris, t. XXIII, p. 1150. — 1846.) 658. — PICTET (F. -J.). — Considérations organiques sur les débris organi¬ ques qui ont été trouvés dans l’ambre , et en particulier sur les insectes ; in-8, 12 pages. [Supplément à ta Bibliothèque universelle , t. II, p. 5- — 1846. ) 059. ■ — BRODIE (P. -B.). — A history of fossil insects in the secondary rocks of England, accompanied by a particular account of the strata in with they occur, and tlic eircumstances connected with tlieir préservation. Histoire des insectes fossiles des roches secondaires de l’Angleterre , accompagnée d’une description spéciale des couches dans lesquelles on les rencontre et les circonstances liées à leur conservation ; 130 pages in-8 et 11 planches. 660. — QUATREFAGES (A. de). — Némertes fossiles, [L’Institut , p. 154. — 1846.) 4° Zoophytcs. 661. — AGASSIZ (L.). — Résumé d’un travail d’ensemble sur l’organisation-, la classification et le développement progressif des Echinodermes dans la série des terrains; in-4, 20 pages. [Comptes-rendus de l’Académie des sciences de Paris, t. XXIII, p. 276. — 1846.) 662. — MORTON (S. -G.). — Description oftwo new species of fossil echino- dermata from the eocene of the United States . Description de deux nou¬ velles espèces d’échinodermes fossiles du terrain éocène des Etats-Unis ; 1 page. [Proceedings of the Academy of nalural sciences of Philadelphia , t. III, p. 51* — 1846.) 663. — LOCKE. — On an asterias from ilie blue limestone of Cincinnati. Sur une Astérie du calcaire bleu de Cincinnati ; 1 page avec figure. [Procee¬ dings oftlie Academy ofnatural sciences of Pliiladel phia, t. III, p. 32. — 1846.) 664. — GRAHAM (G.) , ANTHONY (G.) et JAMES (W.). — Two species of fossil asterias in the blue limestone of Cincinnati. Deux espèces d Astéries fossiles dans le calcaire bleu de Cincinnati; 1 page avec figure. [Sitli- man’ s amer ican Journal, 2e série, t. I, p. 441. — * 1846 ) 665. — AUSTIN (Th.) and AUSTIN (Th.) junior.— Amonagraphy . Monogra¬ phie des crinoïdes récents et fossiles, avec des figures et des descriptions 810 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES de quelques genres voisins récents et fossiles; in 4, i" et 2» livrais — 1845. ti66. DESOR (E.). Notice sur les Crinoïdes suisses; 14 pages. (. Bulletin de la Société des sciences naturelles de Neuchâtel, 1845 , p. 211.) 667. — BUCH (L. von). - Ueber Cystideen , eingeleitet durch die Enlwickelung der Eigen th ii m lich heiten von Caryocrinus ornatus. Des Cystidées à l’occa¬ sion des particularités du Caryocrinus ornatus Say. {Abhandlungen der hæmg lichen Academie der Wissenchaften zu Berlin, 1845, p. 89. En extrait dans Quarterly Journal of the geological Society, t. II, p. H. _ 1846.) 668. — BUCKMAN (J.). — On a neiv species of hypanthocrinite. Sur une nou¬ velle espèce d’Hypantocrinite. ( Athenœuin , 1846, p. 1026.) 669. — BEYRICH. — Ueber Agetacrinites in Boehmen. Sur les Agelacrinites delà Bohême; in 8, 3 pages, avec une planche. (Leonhard’s ncues Jahr- buch fur Geognosie, p. 192. — 1846.) 670. ORBIGNY (Aie. d’). — Foraminîfères fossiles du bassin tertiaire de Vienne (Autriche), découverts par M. deHauer; en français et en alle¬ mand ; 349 pages et 21 planches in-4. — 1846. 671. — BAILLY (J. W.). — Notice ofsome neiv local ilies ofinfusoria fossil and recent. Notice sur quelques nouvelles localités d’infusoires fossiles et vivantes; 22 pages. (Silliman’s american Journal , t. XLV'III, n 391 — 1845.) 1 * 672. 673. 674. — MANTELL (G. -A.). — Thougts on the animalcules , or a glimpse at the invisible ivorld revealed by the microscope. Pensées sur les animalcu¬ les, ou coup d œil sur le monde invisible à l’aide du microscope, avec planches coloriées et coupes, d’après les dessins de l’auteur. — EHRENBERG. — Sur les animaux microscopiques de divers terrains (L'Institut, p. 218. — 1845.) — EHRENBERG. — Neue üntersuchungen ueber das hleinste Leben ats geologisches Moment. Nouvelles recherches sur le rôle des infusoires dans les formations géologiques ; in-8», 33 pages. (Bericht der Academie der Wissenschaften zu Berlin, p. 53, 1845, et en extrait dans l’Institut, 1845, p. 244.) 675. — EHRENBERG. — Forlaeufige ziveite Mittheilung ueber die weilere Erkcnn Iniss der Beziehungen des hleinsten organischen Lcbens zu den vul- hamschen Massen der Erde. Seconde communication sur les rapports des infusoires avec les masses volcaniques; in 8, 25pages. (Bericht der Aca¬ demie der IVissensch a fl en zu Berlin , p. 133 , 1845 , et en extrait dans l’In¬ stitut, 1845, p. 307.) 676. EHRENBERG. — TJebcr die Beziehungen der hleinsten organischen Lcbens zu den Auswurfsstollen des Imbaburu Vulcans in Quito , nebst Zuzaetzen zu scinen Mittheilungen iiber die vulcanischen Phytolitaricn der Insel Ascension. Sur les infusoires contenus dans les éjections du volcan Ibaburn dans la province de Quito, et additions aux Phytoli- tharies de File d’Ascension; in-8, 13 pages. (Bericht der Academie der Wissenschaften zu Berlin , 1846, p. 189.) 677. — EHRENBERG. — Üntersuchungen des am 2. September dieses Jalires auf und bel den Orkney-Inscln gefallenen Meteorstaubes so wie der am gleichen Tageaufhland ausgeworfencn vulcanischen Producle und der en Bsimischung von microscopisclien Organismen. Recherches sur la poussière météorique tombée le 2 septembre 1845 aux îles Orkney , les cendre» 811 rUKLIÉS en 1 8 /i 5 et ÎS/iO. volcaniques rejetées en Islande et les organismes microscopiques qui les accompagnent; in-8 , 6 pages. ( Bericht der Academie der IVisscn- scha/ten zu Berlin, 1845, p. 398.) 078. EHRENBERG. — Ueber die Auswurfs Asclien des Ileclas in (liesem Jahre. Sur les cendres rejetées celte année par le mont Hécla; in S, à pages. ( Bericht der Academie der TVisSenschaften zu Berlin, 1840, p. 145.) 679. EHRENBERG. — TVcilere Untersuchungen des microscopischen orga- nischen f erliaelttiisses zu den vulcanischen Ab/agerungen beim Laacher- See atn Rliein, dritler Vortrag *, und u ber den Schlamm-Vulcan der Insel Scheduba in Indien. Troisième mémoire sur la relation qui existe entre les organismes microscopiques et les dépôts volcaniques du lac de Laach , sur les bords du Rhin, et stir le volcan boueux de l’île de Scheduba, dans l’Inde; in-8, 15 pages. ( Bericht der Academie der JVissen- schaftcn zu Berlin, 1846, p. 158.) 080. — EHRENBERG. — De l’influence manifeste des petits êtres organiques microscopiques , sous forme de masse siliceuse volcanique frittée sur la formation des masses de ponce, conglomérats volcaniques, et sur la gangue de la maréhanite du nord de l’Asie. (L’Institut , 1845, p. 91.) 681. — MANTELL (G. A.). — Notes of a rnicroscopical examination of the chalk and flint of ihe South-East of En gland , with remarks on tlie ani- malculites of certain tertiary and modem deposits. Notes sur l’examen microscopique de la craie et des silex du sud-est de l’Angleterre* avec remarques sur les animalcules de certains dépôts tertiaires et mo¬ dernes ; 15 pages. ( Annals and magazine of nat tirai liistory, t. XVI, p. 73 , — 1845 ; et Quarterly journal of tlie gcological Society, t. Il, p. 6. — 1846.) 682. — MICHELIN (H.). — Iconographie zoophy tologique ; in-4 , huit li¬ vraisons contenant les descriptions et les figures de 270 espèces. — 1845 et 1846. 683. — DANA (J.). — Structure and classification of zoopliyles. Structure et classification des Zoophytes , 132 pages, in-4. — 1846. 684. — DANA (J.). — Généra of fossil corals of the famity Cyatophyllidm. Genres de coraux fossiles de la famille des Cyathophyllidées ; extrait de l’ouvrage de M. Dana sur les zoophytes , faisant partie des volumes publiés par l’expédition scientifique américaine du capitaine Wilkes ; 11 pages. (N illimanys ameriean journal, 2* série, t. I , p. 178. — 1846.) 685. — CONRAD. — Description ofnew species of fossil and recent shells and corals . Description de nouvelles espèces de coraux et coquilles récentes et fossiles ; 8 pages , avec planche. ( Proceedings of the Academy of na- tural sciences of Philadelphia, t. III, p. 19. t — 1846.) 686. — LONSDALE (W.). — Report on the corals from the tertiary formations of Nortli- America , eoltected by M. Lyell and describcd bv TV. Lonsdale. Rapport sur les coraux des formations tertiaires de l’Amérique du Nord, recueillis par M. Lyell et décrits par M. Lonsdale; 40 pages et figures nombreuses de fossiles. ( Quarterly journal of the gcological Society, t. I, p. 495. —1845.) 687. — LEIBOLD (F.). — Polypcnbildungen und Korallenbcenke ; Reiscbilder von Cubas und Mcxicos Kiisten . Les polypiers et les bancs de coraux. Esquisses de voyage des côtes du Mexique et de Cuba ; in-8, 6 pages. 812 OUVRAGES ET MÉMOIRES GÉOLOGIQUES 1846*7 S allé>'emeine deulsche naturkistorisehe Zeitung, t. I, 263 — V. VÉGÉTAUX FOSSILES. cm. — WVGER (F.). - Synopsis planton, m fossilium. Synopsis des végétaux fossiles, in-8 , 328 pages. — 1845. • ° 689. — GOEPPERr (H. R.). — Ueber clen gegenwacrtigen Zusiand der Kennt- mss fossile r Pflanzcn. De l’état actuel de nos connaissances sur le. vé»é- aux fossiles ; .n-8, 16 pages. (Leonhard’s neues Jahrbuch fur Geognosle, 184o , p. 405 et en extrait , Bulletin de la Société géologique de France, 2 sene, t. II, p. 362, et Alhenœum, 1845, p. 642.) 690. — CORDA (A. J.). - Beilraege sur Flora der Forwdt. Matériaux pour servir a la Flore fossile; in folio, 272 pages, avec 60 figures. — 1845 69!. - BEREXDT „nd GOEPPERT. _ Die L Bernstein ïefindUchen 'ga- ni a ch cii Reste der Forwelt , V" B and, 1 Abth. Der Bernstein and die in •hm be/indliclien Ppanzenre.de der Formel t. Les débris organiques fos¬ siles contenus dans le succin ; vol. I, Impartie. Débris végétaux fossiles contenus dans le succin; in-4, 125 pages, 7 planches. — 1845. 692' M îîU3iBÜRY ^C- J- F‘) “ Noles on the fissil plants communicated by M. D™son from Nova Scotia. Notes sur les végétaux fossiles recueillis par M. Dawson dans la Nouvelle-Écosse ; 3 pages 1/2 et planche. IQuar- terty journal, of thc geological Society, t. II, p. 136. — 1846.) 6J3\ursrBRAÜ]V ^ D‘e Tertl(Dr'Flora von Oeningen. La Flore tertiaire Œmngen ; in-8, 11 pages. ( Leonhard’s neues Jahrbuch fur Geognosie, 1845 , p. 164. 694. - G°EPPERT (H. R.). - Ueber die fossile Flora des million Jura -, in Ober-Schlesien. Sur la Flore fossile du Jura moyen dans la Haute-Silé- sie; in -8, 3 pages. {Leonhard’s neues Jahrbuch fur Geognosie , 1846, p* 709.) 695. — SHEDDEN (P.). On ihe fossil vegetabts ofthe sandstone of Ayrshire illustrative of a séries of them as a donation for tlie sociely’s muséum. Sur les végétaux fossiles du grès de Ayrshire; note explicative à l’appui une série de ces fossiles donnée au musée de la société. ( EdinburAi new philosophical journal, t. XXXV1I1, p. 356. — 1845. ) 696. - rOMEL (A.). - Note sur des végétaux fossiles nouveaux découverts ans le calcaire grossier des environs de Paris; 10 pages. ( Bulletin de la Société géologique de France , 2* série, t. II, p. 307. — 1845.) 697. — QUENSTEDT. - Ueber die Kohlen formation. Sur la formation houil¬ lère; in-8, 11 pag. {JV ùrllcmbcr gische naturwisscnschaftliche Jahreshefte 2« année, p. 173. — 1846.) 098. —BROWN (IL). - On a group oferect fossil trees in thc Sydney coalfield o cape Breton. Sur un groupe d’arbres fossiles en position^verticale danS le bassin houiller de Sydney, au cap Breton; 1 page, 3 figures. [yuarterly Journal ofthe geological Society , t. II, p. 393. — 1846 ) 699.- BINNEY (E.-W.) and HARKNESS (R.). _ Account on. thc fossil trees /oinu al Sainl-IIclen ’s. Noie sur les arbres fossiles trouvés à Sainte-Hé¬ lène ; 12 pages, 2 planches. ( Philosophical magazins , t. XXVII, p. 241. — 1845.) * * /00. BINNEï (E.-W.). — Remarks on fossil trees at Saint- Helcn’s, Lanca- Slure> Wtch exlubit stigmariee as their roots. Remarques sur les arbres fos- 813 PUBLIÉS EN 1845 ET 1846. siles de Sainte-Hélène, Lancashire, qui ont des Stigmariées pour racines. [Athenceum , 1845, p. 724.) 701. — DAWES (J. S.). — Observations upon sternbergite. Observations sur les Sternbergiées ; demi-page. (Quarterly journal of tlie geological So¬ ciety, p. 139. — 1846.) 702. — BRONGNIART (Ad.). — Mémoire sur les relations du genre Neegge- rathia avec les plantes vivantes; in-8, 11 pages. ( Annales des sciences na¬ turelles botaniques , 3e série, t. Y, p. 50, 1846. — Traduit dans les An - nais ancl magazine of natural liistory, t. XVII, p. 100. — 1846.) 703. — K.ING (W.). — Contributions towards eslabl isliing Ihe general cha- racterof tlie fossil plants ofthe genus sigiltaria. Notes pour servir à éta¬ blir le caractère général des végétaux fossiles du genre Sigiltaria ; 16 p. avec 2 pl.. (Edinburgh new philosophical journal , t. XXXVIII , p. 119. — 1845.) 704. — BUNBURY (C. J.). — On some remarhabte fossil ferns from Frostb urg , Maryland , cotleclcd by M. Lyell. Sur quelques fougères fossiles remar¬ quables de Frostburg, Maryland, recueillies par M. Lyell; 9 pages et demie et 2 planches. ( Quarterly journal of tlie geological Society, t. II, p. 82. — 1846.) 705. — TAYLOR (R.). — Notice on fossil arborescent ferns ofthe family of sigillariœ , and otlier coal plants , exhibited in tlie roof and floor of a coal seam, in Dauphin county, Pensylvania. Notice sur des fougères arbores¬ centes fossiles de la famille des Sigillariées et autres plantes du terrain houiller mises à découvert dans une couche de houille, dans le comté de Dauphin , Pensylvanie; 10 pages. ( Transactions of tlie american phi¬ losophical Society , t. IX , part. 2 , p. 219. — 1845.) 706. — BIWEY (E.-W.). - Description ofthe Dukinfield sigiltaria. Descrip¬ tion de la Sigillaire de Dukinfield ; 3 pages, 1 figure. [Quarterly journal ofthe geological Society of London , t. II , p. 390. — 1846.) 707. — BAILEY (J.-W.). — On tlie détection of spirally dotted , or scalary- form duels and oiher vegetable iissues in anthracit coal. Sur la décou¬ verte de vaisseaux spiraux ponctués ou scalariformes et autres tissus végétaux dans l’anthracite; 4 pages avec figures. [Silliman’s american journal , 2* série , t. I , p. 407. — 1846.) 708. — MALBOS (de). — Notice sur le singulier végétal fossile à odeur de truffes, de l’étage du grès vert; 2 pages. ( Bulletin de la Société géolo¬ gique de France, 2e série, t. III, p. 560. — 1846.) L’astérisque qui devait être placé devant le titre des ouvrages offerts a la Société pour indiquer qu’ils se trouvent dans sa bibliothèque aye-ut été omis, les numéros ci-dessous, qui correspondent à ceux delà UMe bibliographique , p. 657 cl suivantes , sont destinés à réparer cet oubli N. B. Ne sont pas compris dans cette liste les ouvrages offerts a . a Société en 1 845 et publiés en 1844. 20, 24, 3o, 53, 61, 78, 84, 122, 176, 189, 190, i93, 194, 201, 206, 210, 218, 219, 229, 232, 241, 3i3, 017, 346, 354, 37 , 38. , 3q4, 395, 396, 398, 4oo, 4io, 4i5, 422, 426, 459» 483, 494, 5i6, 5 1 7, 542, 574, 610, 6 1 4 , 623, 665, 666, 682, 683. TABLE A L P H A B É T I Q (J E DES AUTEURS. INoia. Les nombres placés à la suite de chaque 110m correspondent aux numéros de la liste bibliographique. Adams, <457. Agassiz, 93, 120, 141, 000, 002, 604, 615, 623, 661. Amadio, 414. Amar de la Torre, 420. Angelot, 54. Anonyme, 19, 56, 347, 380, 485. Ansted, 12, 13, 14, 434. Anthony, Graham et James, 664. Archiac (d’), 240, 269, 502, 628. Archiac (d’) et de Verneuil, 232, 416. Audibert, 238. Auerbach et Frears, 375. Austen, 235. Austin et Anstin (Jun.), 665. Bailey, 671, 707. Bain, 564. Bald, 304. Barrande, 359. Baur, 162. Bayfield, 452. Beaumont (Élie de), 5, 427, 443. Bêche (de la), 280. Benningsen-Fœrder, 43. Berendtet Gœppert, 691. Bettington, 543. Beyrich, 656, 669. Binney, 294, 700, 706. Binney et Harkness, 699. Bischof, 17, 66, 197. Black, 585. Blainville (de), 535. Bloede, 376. Blum, 200. Boisse, 256. Boll, 338. Bonomi, 553. Bouchacourt, 422. Boucheporn (de), 26. Boué, 192. Boulanger, 241, 242. Bouvé, 455. Bowerbank, 577. Braun, 693. Bravais et Martîns, 372. Bravard, 509, 510. Brederlow, 335. Brockedon, 187. Brodie, 659. Brongniart (Ad.), 702. Bronn, 470, 571. Brown, 281, 698. Bruchhausen, 114. Bryce, 308. Buch (de), 389, 392, 633, 646, 647, 667. Bukes, 477. Buckland, 64, 309, 580, 654. Buckman, 290, 668. Budge, 39. Bunbury, 692, 704. Bunsen et Descloiscaux, 67. B ura t , 38, 421. 815 TABLE ALPHABÉTIQUE DÉS AUTEURS. Burmeister, 11. Gacarrié, 236. Caillaud, 629. Canat, 630. Candia (de) et de la Marmora, 395. Cangiano, 407. Carpenter, 529, 653. Carter, 568, Cautley et Falconer, 528, 578, 579. Cbaning, 567. Charlesworth, 572, 599. Charmasse (Desplaces de), 226. Charpentier (de), 122. Charton, 547. Chenu, 611, 612. Clarke, 480. Claussen, 157. Collegno (de), 119. Collin, 55. Co'lomb, 110, 111, 124, 125, 126, 127, 128, 129, 147. Combes, 37. Conrad, 447, 685. Coquand, 390, 397, 399, 515. Corda, 690. Cotta, 8. Credner, 20, 349. Cumming, 300, 301. Cunningham, 584. Damour, 176. Dana, 27, 193, 201, 491, 596, 683, 684. Danger et Viquesnel, 71. Darwin, 89, 474, 476. Darwin et J. D. Forbes, 103. Daubrée, 68, 183, 184, 186, 213, 214, 215. Dawes, 701. Dawson, 454, 498. Davis, 292. Davy, 48, 136. Deane, 583, 588, 594. Dechen, 332, 333. Defrance, 641. Degousée, 63. Delanoue, 205. Delbos, 261. Delboset Pedroni, 259. Delesse, 169. Dcscloiseaux, 373. Descloiseaux et Bunsen, 67. Desor, 92, 94, 153, 366, 666. Deslongchamps, 559, 560. Desnoyers, 507. Desportes, 34. Deville, 161, 441, 442. Dickinson, 289. Dieffenbach, 479. Domeyko, 470. Dufrénoy, 365, 401. Dumas, 251, 254. Dunker, 500. Dunker et Hermann de Meyer, 488. Durocher, 140, 145, 149, 151, 160, 188. Ebelmen, 173. Ehrenberg, 673, 674, 675, 676, 677, 678, 679, 680. Eichwald, 369, 524, 542, 601. Einbrodt, 132. Emmricb, 655. Escher de la Linth (A.), 148, 317, 352, 356. Everest, 51. Ezquerra del Bagno, 413, 418. Falconer, 527, 541* Falconer et Cautley, 528, 578,579. Fallou, 348. Fauverge, 249. Favre, 273. Figari et Husson, 437. Fitzinger, 576. Fischer de Waldheim, 474, 475, 563. Fitton, 25. Fleming, 607. Forbes (J. D.), 91, 97, 99, 101, 102, 108, 138. Forbes (E.), 274, 492, 499, 617. Forbes (E.) et Spratt, 432, 505. Forchhammer, 49, 79, 371. Forry, 41. Forsyth, 303. Fournel, 436. Fournet, 84, 159, 179, 194, 19S» 222, 313, 355. Fox, 60. Fraas, 166. Frapolli, 237, 337. Frears et Rouiller, 381- 816 TABLE ALTHABÉTIQUE DES AUTEURS. Freiesleben, 196,346. Fremont, 446. Frignet, 131. Gaillardot, 439. Gai, 121. Geinitz, 484. Germar, 497. Gervais, 512. Gervais et Marcel de Serres, 513. Gueymard, 220. Gibbes, 538, 603. Giebel, 486. Girard, 77, 393, 593. Goeppert, 185, 342, 490, 689, 694. Goeppert et Berendt, 691. Goessel, 345. Goldfuss, 573. Gordon, 104, 105. Graff, 207. Graham, Anthony et James, 664. Grandjean, 331. Grange, 90. Grateloup, 632. Gressly, 316. Gruner, 248. Guembel, 322. Gumprecht, 339, 341. Gutberlet, 329, 330. Gnyot, 319. Ilaagen von Mathiesen, 80, 409. Haidinger, 203. Hair, 297. Hall, 291, 636. Harris, 46. Hausmann, 168, 385. Hehl, 328. Helmersen, 424, 428. Hennessy, 22. Henslow, 595. Hitchcock, 154, 459. Hitchcock et Owen, 582. Hogard, 123, 210, 211, 212. Holger, 7. Hombres-Firmas (d’), 30, 402. Ilooker, 620. Hopkins, 44, 96, 118, 234, 291. Horner, 29. Ilouzeau, 70. Humboldt, l. H imt, 444. Husson et Figari, 437. Ibbetson, 286. Ibbetson et Forbes, 276. Jackson, 155, 451. James, Graham et Anthony, 664. Jameson, 191. Jobert, 170. John, 649. Johnston, 18. Jomard, 33, 45. Jukes, 481. Keel, 62. Kersten, 174, 178. Keyserling (de), 642. King, 581, 586, 703. Klee, 115. Klipstein, 354. Koch, 566. Kolenati, 113. Koninck (de), 519. Ladame, 95. Laing, 368. Landsborough, 621. Lapie et Aiquesnel, 384. Lartet, 266. Lavalle, 189. Lavallée, 472. Lea, 635. Leclercq, 73. Lecoq, 40. Legros-Devot, 61. Leibold, 687. Leonhard, 16, 323, 326. Lesquerenx, 58. Le T. de L., 230. Lenbe, 72. Leymerie, 206, 229, 262, 263, 264, 265. Lock, 663. Loesche, 358. Longuemar (de), 231. Lonsdale, 686. Loomis, 460. Lortet, 59. Loyan, 453. Lund, 531. Lyell, 4, 245, 445, 462, 463, 464, 465, 466, 468, 487. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 817 Macintosh, 135. Mackensie, 21. Maclaren, 50, 133, 134. Malbos (de), 250, 708. Mallet, 107. Manès, 224. Mantell, 275, 277, 551, 590, 672, 681. Marcou, 217, 218, 219. Marmora (de la) et de Candia, 395. Martins, 100, 109, 144, 146, 150, 156. Martins et Bravais, 372. Mather, 449. Maxwell, 546. Mérian, 440. Meugy, 223. Meyer (H. de), 503, 558. Meyer (II. de), et Dunker, 488. Meyer (L. von), 521. Miehaelis, 32. Michelin, 682. Middendorf (de), 69, 425. Middleton, 539. Morris, 640, 645, 648, 652. Morton, 561, 662. Mousson, 315. Mueller (H.), 361. Mueller (J.), 199, 597. Munster, 487. Murchison, 28, 152, 288, 370, 377, 544. Murchison, de Verneuil et de Key- serling, 374. Murchison et Sedgwick, 321. Naumann, 344, 638, Nelson, 88. Newbold, 65. Nicol, 302. Nicollet, 467. Noeggerath, 198, 204, 522. Norton, 172. Norwood et D. Owen, 608. Noulet, 631. Olivieri, 379. Oxnalius d’IIalloy (d’), 116, 320, 493. Orbigny (Ah. d’), 525, 526, 532, 609, 610, 613, 614, 616, 637, 670. Orsini et Spada Lavini, 405. Oserskji, 383. Osmerod, 293. Osterwald, 318. Oswald, 343. Owen (R.), 489, 508, 530, 533, 534, 536, 537, 540. 548, 549, 552, 554, 565, 639. Owen (D.), 448, 458, 461. Owen (D.) et Hitchcock, 582. Owen (D.) et Norwood, 608. Paillette, 419. Papius, 57. Pédroni, 257, 258, 260, 605. Pédroni et Delbos, 259. Pellico, 423. Perey, 81, 82, 83, 85. Persigny (de), 74. Petzlioldt, 3, 353. Phillips, 2, 182, 520. Philippi, 504, 618, 619. Pictet, 483, 506, 625, 658. Pilla, 86, 87, 167, 388, 391, 400, 403, 404, 408. Poirier, 244. Pomel, 208, 209, 243, 511, 696. Portlock, 307. Pratt, 163, 268, 417. Prestwich, 278, 279. Prestwich et Morris, 282. Prévost (Constant), 23, 24, 78, 181, 267, 410, 494, 516. Pusch, 357. Quatrefages (de), 660. Quenstedt, 697. Ransay, 296. Raulin, 35. Redfield, 47. Renaud-Comte, 216. Rennie, 283. Reuss, 501. Reydellet, 253. Rhind, 158. Robert, 142, 233. Rochet-d’Héricourt, 438. Roemer, 325. Rogers (H. et W,), 456. Rominger, 327. Rose (C.), 550. Rouault, 495, 657. 818 TABLE ALPHABÉTIQUE 1)ES AUTEURS. Rouiller, 382. Rouiller et Frears, 381. Royer, 228. Roys (de), 247, 272. Rozet, 31, H7, 312. Ruggles, 450. Russegger, 406, 435. Ryckolt (de), 650. Salter, 496, 643. Sandberger, 324, 523. Sanders, 285. Sauvage, 171, 386, 387. Savi, 398. Schafhaeutl, 164, 165, 350, 351. Scheerer, 139. Schimper, 143. Schleiden et Schmid, 334. Schmid et Schleiden, 334. Schomburgh, 469. Schulz, 415. Schurig, 482. Scortegagua, 644. Sedgwick, 284, 298, 299. Sedgwick et Murchison, 321. Serres (Marcel de), 255, 270, 271, 514, 622, 626, 651. Sharpe, 295. Skedden, 695. Sherwood, 433. Silliman, 75, 175. Sismonda (A.), 396. Sismonda (E.), 606. Sjemasko, 378. Smith, 52, 137. Smyth, 429. Sowerby, 627. Spada Lavini et Orsini, 403. Spratt et E. Forbes, 432. Stein, 202. Stevenson, 305. Stotter, 112. Strickland, 555, 589, 634. Strzelecki (de), 478. Studer, 221, 311, 314. Stutchbury, 569. Sullivan, 177. Sutcliffe, 106. Tagart, 592. Taylor, 42, 471, 705. TchihatchefF (de), 426. Teissier, 252. Toschi, 518. Trevelyan, 556. Troost, 76. Troschel, 624. Unger, 688. Verneuil (de) et d’Archiac, 232, 416. Verneuil (de), Murchison et de Key- serling, 374. Vibe, 367. Vicat, 227. Tikary, 431. Aiquesnel, 246. Viquesnel et Lapie, 384. Virlet, 53, 130, 180, 190, 225, 239. Vogt, 6, 598. Wagner, 10. W alkner, 9. Waltershausen (S. de), 411, 412. Wangenheim von Qualen, 562. Warington, 557. Warnsdorff, 360. Warren, 545. Whewell, 98. Whishaw, 36. Wickinson, 306. Wilkes, 475. Williams, 287. Wiser, 310. Wisse (de), 473. Woskoboinikow, 430. Zencker, 336. Zeuschner, 340, 363. Zigno (de), 394, 517. Zincken, 362. Zippe, 15. Zisper, 364. TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. Fauvkrge. — Sur quelques roches et fossiles du bassin confluent du Rhône et de P Ardèche . 11 1 iquksnel. — Des filons de basalte injectés entre les couches de pépé- rino du Puy de Montaudou . 15 André del Rio. — Découverte d’un manganate nouveau de cuivre et de zinc, près de Mazapil (Amérique septentrionale). . . 24 Caillaud. — Traces d’animaux perforants dans un porphyre-roche protogynique , en Belgique . 26 Fournbt (J.). — Notes sur les résultats sommaires d’une exploration géologique du Tyrol méridional et de quelques parties des régions subalpines de l’Italie. . . 27 Df. Rovs. — 1° Notice sur les terrains houillers de Toulon . 43 2° Note sur les grès inférieurs au lias dans les Cévennes et le Lyonnais . 44 Pomel (A.). — Note sur quelques phénomènes géologiques de la vallée de la Brems , près Saarlouis . . 49 Leymerie (A.). — Tableau chronologique des terrains sédimentaires. . 58 De Charpentier. — Lettre à l’occasion du Mémoire deM. deCollegno sur le terrain erratique du revers méridional des Alpes (séance du 17 février 1845) . 61 Zeitzner (Louis). — Lettre sur les pétrifications de la chaîne de Sta- nowa Hrebeta ( Sibérie ). . . . 62 Élib de Beaumont (L.). — Fait hommage à la Société du 1er volume de ses Leçons de géologie pratique . 62 Durocher (J.). — Sur quelques faits pour servir à l’histoiie des phé¬ nomènes erratiques de la Scandinavie (pf. I) . 65 Divbrs. — Discussions relatives au Mémoire précédent de M. Duro¬ cher . 85 et suiv. Virlbt d’Aoust. — Note sur l’origine métamorphique du granité des environs de Vire (Calvados) . 94 Martins (Ch.). — Réponse aux objections de M. Durocher contre l’an¬ cienne extension des glaciers de la Scandinavie (pl. II). 102 Defrance. — Notice sur une coquille d’Orthocératite . 130 La société. — Élections pour 1846 . 135 De V er n eu i l, — Découverte des terrains paléozoïques en Arménie par M. Abich . 138 Roué. - Sur la structure feuilletée des roches métamorphiques. . . 139 table générale des articles. Bouii. Essai d’un tableau de la production minérale et métallur¬ gique annuelle de la monarchie autrichienne. ... 1/H Bernard. — Observations diverses sur le procès-verbal de Chambéry 144 Daubrke. - Observations sur le minerai de fer qui se forme journelle¬ ment dans les marais et dans les lacs . \.[\6 Daubbée. — Examen de charbons produits par voie ignée à l’époque houillère et à l’époque basique . . Lk trésorier. — Comptes des recettes et des dépenses de 1845. . . 160 La commission. — Rapport sur la gestion du Trésorier pendant l’an¬ née 1845 . .~. p. c 163 Dacbrée. - Sur une zone d'amas ferrugineux placés à la jonction du grès des Vosges et du muschelkalk dans le Bas-Rhin. . 169 Delesse (A.). - Sur un nouvel hydrosilicate d’alumine (Damourite). 174 Collomb (Ed.).— Deux lettres sur les traces d’anciens glaciers dans les Vosges (pl. III et IV) . . Pomel (A.). — Quelques nouvelles considérations sur la paléontologie de l’Auvergne . jg8 Escher de la Linth. - Lettres sur quelques phénomènes dès glaciers en Suisse . De Roys. — Rapport sur la gestion de l’Archiviste pendant les an¬ nées 1844 et 1845 . D'Omalius d’Halloy. — Observations sur les barres diluviennes. ! 244 Durocher. — Note sur les phénomènes erratiques de la Scandinavie. 250 Martins (Ch.). — Observations sur la note ci-dessus de M. Durocher* 255 Rozet. — Extrait d’un Mémoire sur la sélénologie . 262 Le trésorier. — Présentation du budget pour l’année 1846. *. 1 * 270 Canat (J.). — Deux notes sur les prétendus fossiles marins de Belnay, près Tournus (Saône-et-Loire) . 271 et 274 Divers. — Discussion sur l’existence de cailloux roulés dans le granité. 276 Grange. — Etudes sur le phénomène erratique du Nord . 280 Coqeand. — Notice sur un gisement de gypse au promontoire Argen* tario . . Virlkt d’Aoust. — Notes sur la coloration de certaines roches en rouge. 323 D’Archiac. — B apport sur les fossiles du tourtia légués par M. Lé- voillé . . . . . 332 Constant Prévost. — Sur le gisement des fossiles de Sansan (Gers) (pl* . . • . . Poirier. — Notice géologique sur la région du terrain tertiaire lacustre traveisé par le chemin de fer des mines de Bert (Allier) 346 Pomel (A.). — Mémoire sur la géologie paléontologique du département de l’Ailier . Delesse (A.). — Note sur le talc et la stéatite . * Dr Vkrneui l. — Géologie de la Russie d’Europe et des montagnes de l’Oural (analyse) . . Lkcoq. — Des climats solaires et des causes atmosphériques en géo¬ logie . Rivière. — Observations sur le mémoire précédent de M. Lecoq. .* 400 Delbos (J.). — Recherches sur l’âge de la formation d’eau douce de là * partie orientale du bassin de la Gironde (extrait). . . 402 Collomb (Ed.). INote sur les Karrenfelder des A osges, . ^12 Table générale des articles. 821 àgassiz. — Sur les glaciers . 445 \ iri.et d Aoijst. Sur le gisement du' titane rutile de Gourdon (Saône-et-Loire) . . 425 Delesse (A.). Notice sur quelques produits de décomposition des minerais de cuivre . 427 Toschi. — Ossements fossiles découverts à Imola (Homagne). . . . 440 Pilla (L.). — Analyse de son ouvrage sur la Richesse minérale de la Toscane . 5 Paillette (A.). — Observations sur les localités charbonnières impor¬ tantes des Asturies . 450 De Verneuil. — Note sur les fossiles des localités ci dessus. . . . 454 Daubrée (A.). «—Mémoire sur la distribution de l’or dans le gravier du Rhin . . Deville (Ch.). — Observations sur l’île de Ténérilfe. ...... 465 D’Archiac. — Description des fossiles recueillis par M, Thorent aux environs de Bayonne (extrait) . 475 Fournet (J.). — Notice sur une collection de roches ignées et de pro¬ duits artificiels . 478 Gastaldi. — Sur des fragments de Pentacrinites des terrains miocènes de la colline de Turin . 485 D’Omalius d’Halloy. — Note sur la succession des êtres vivants. . . 490 M arcou (Jules). Recherches géologiques sur le Jura Salinois (extrait). 500 Delbos (J.). — Sur l’origine des idées géologiques chez les Orientaux. 5i0 Leymerie (A.). — Statistique géologique et minéralogique du dépar¬ tement de l’Aube (extrait) . . 518 Puel (T.). — Sur la Flore du département du Lot . 525 D esor. — Sur la structure des glaciers (pl. V ) . 528 Collomb (Ed.). — 1° Des galets rayés dont l’origine n’est pas erratique. 534 2° Sur les glaciers temporaires des Vosges . 536 Rochet d’Héricourt. — Observations géologiques recueillies en Egypte, sur la mer Rouge, le golfe d'Aden , le pays d’Adel et le royaume de Choa . 541 Dcrocher (J. ). — Etudes sur le métamorphisme des roches (pl. VI). 546 Pellico ( D. Ramon). — Extrait d’un Mémoire sur les gîtes argentifères de Hiendelaencia ( Espagne) . 648 Desor. — Considérations sur la limite supérieure des roches polies. . 650 Pomel (A.). — Note sur le lias de la Moselle et sur quelques gisements de végétaux fossiles (extrait) . 652 Le trésorier. — Etat de la caisse . 655 Deville (Ch.). — Observations sur l’île de Fogo (Cap-Vert). , . . 655 FIA DE LA TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES. Soc. géol 2e série, tome III. 54 - , J v • i • « • . r C ■ -s/ • " t ’ K - I BULLETIN DK LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE. TABLE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS POUR LE TROISIÈME VOLUME. (deuxième SÉRIE. ) Année 1845 à 1846. A Abyssinie. Nature du sol dans le Choa , p. 543. Agassiz. Observations sur les glaciers de la Suisse, p. 4i5. — Nouveau genre de poissons fossiles , p. 4^8. — Discussions diverses, p. 419» 4 20 > 4ai, 422, 488, 489, 497> 534. Ain. Dolomies, p. 1 44- Allier. Coloration en rouge des grès bigarrés, p. 328. — Sur le terrain tertiaire des environs de Bert, p. 346. — Mémoire pour servir à la géo¬ logie paléontologique de ses terrains tertiaires, p. 353. — Psarolite près de Souvigny, p. 449* André del Rio. Nouveau manganate du Mexique , p. 24. Alpes. Phénomènes des glaciers, p. io4* — Faits relatifs au métamorphisme des roches, p. 54j > 55' , 556 , 6 xo , 63 1. Alpes vénitiennes . Conclusions d un mé¬ moire sur les terrains crétacés, p. 4 2-. — Roches polies par glissement, p. 449. — Calcaire jurassique , p. 488. — Chances de réussite d’un puits artésien à Venise, p. 5 10. Archiac (d). Opinion sur quelques ter¬ rains tertiaires de la Belgique, p. 279. — Sur les fossiles du poudingue nervien (tourlia) du Hainaut, p. 332, — Sur les fossiles du terrain à Num- mulites des environs de Bayonne , p. 473. — Discussions diverses, p. 14. 24. 488. Archives. Rapport sur leur état en i§44 et i845, p. a4i. Ardèche. Note sur la disposition des terrains de ce département , p. 11. — Végétal fossile à odeur de truffe, p. 66 o. — Sur les formations géolo¬ giques du Vivarais, p. 731. Ardoises. Leur mode deformation, p. 57o. Arménie. Terrains de transition à fos¬ siles, p. *38. Arsènio - sulfures métalliques. Carac¬ tères de leurs gîtes en Scandinavie, p. 634. Aube. Analyse de la statistique géolo¬ gique de ce département , p. 5 18. Autriche. Puits naturel près de Vienne, p. 128 — (monarchie d5). Tableau de sa production minérale et métal¬ lurgique annuelle, p. 142. B Posai te en filons dans des pépérinos dans le département du Puy-de- Dôme, p. < 5. Bavière rhénane. Sur le terrain houiller et h s porphyres de la vallée de la Brems près Saarlouis, p. 49* — TABLE DES MATIERES 82 II Charbon produit par voie ignée à l'époque houillère dans le bassin de Sarrebrück. p. i53. Bayle. Observations diverses, p. A72, 538. Beaumont (Elie de). Note sur ses le¬ çons de géologie pratique, p. 62. — Sur les barres diluviennes, p. ?48- — Discussions diverses, p. 93, 261, 5io. Belgique. Porphyre à perforations, p. 26. — Division des terrains ter¬ tiaires, p. 279. — Fossiles du pou¬ dingue nervien (fourlia) du Hainaut, p. 352. Bernard Rapports entre la nature du sol et la végétation, p. 144. — Sur les dolomies de l’Ain, p. 144. Bibliographie, p, 5, 46, 60. 98, i33, i3j, 159 238, 2 (>7, 5a!, 38o, 4 10. 44 3, 4j4, 498, 524, 54o, 655, — gé¬ nérale pour i845 et 1846 , p. 757. Boubée. Sur des calcaires perforés par des Hélices, p. 38 9. — Formation simultanée de couches de nature dif¬ férente, p. 509. — Discussions di¬ verses, p. i3o, i3g, 1 58. 277, 472, 497, 5io, 54o. Boué. Puits naturel près de Vienne (Autriche), p. 128. — Structure feuilletée des roches métamorphi¬ ques, p. 159. — Tableau de la pro¬ duction minérale et métallurgique annuelle de la monarchie autri¬ chienne , p. 142. Bodbjot. Observation , p. 472. Bravard. Faunes différentes des ter¬ rains meubles de l'Auvergne, p. 197, Budget pour 1846, p 270. Cailliaud. Sur des trous semblables à ceux des coquilles perforantes, dans un porphyre de Belgique, p. 25, Calvados. Origine métamorphique du granité de Vire , p. 94. Canaries ( îles ). Sur file de Ténériffe, p 465. Canat. Sur les prétendus fossiles ma¬ rins de Belnay (Saône-et-Loire), p. 271. Cup-P ert ( lies du). Sur l’île de Fogo , p. 656. Cargneules. Leur origine , p. 58i. Catullo. Roches polies par glissement, p. 449. Chamousset. Observation, p. 564- Charbon produit par voie ignée aux ^ époques houillère et basique, p. i53. Charpentier (de). Opinion sur le phé¬ nomène erratique des Pyrénées, p. 61. Clémekt-Mullet. Rapport sur la ges¬ tion du Trésorier pendant l’année i845, p. 1 63. Climats continentaux, littoraux, pé¬ ninsulaires et insulaires, p. 286 et 297* Climats solaires. Leur influence sur les phénomènes géologiques, p. 390. c Collomb. Sur quelques vallées à mo¬ raines des Vosges, p. 180. — Sur le terrain erratique des Vosges, p. 187. — Sur des karren dans les Vos¬ ges, p. 4 la. — Sur des galets rayés non erratiques dans les Vosges, p. 534. — Sur les glaciers temporaires des Vosges, p. 536. Coloration en rouge de diverses roches, p. 323. Comptes du Trésorier , p. 1 i, 160, 458, 655. — Mécanisme de la comptabi¬ lité de la Société, p. i32. — Rapport sur les comptes, p. 1 63. Coqüand. Sur un gisement de gypse au promontoire Argentario en Toscane, p. 3o2; et sur l'âge des terrains à Ammonites d’Italie, p. 307. Coqmlles marines prétendues fossiles à Belnay (Saône-et-Loire), p. 271. Côte-d Or. Coloration en rose d'un cal¬ caire jurassique p. 326. Côtes-du-Nord. Faits relatifs au méta¬ morphisme, p. 592, 61 5, 61S. Criocèras dans les Alpes vénitiennes, p. 269. Cussy (de) offre ses services aux mem¬ bres de la Société, p. 101 et 209. Cycadées fossiles prétendues, p. 5y. D Damourite . Nouvel hydrosilicale d’alu- I Daubrée. Sur le minerai de fer qui se mine et de potasse , p. 174. J forme journellement dans les marais KT DES AUI EU K S. 825 et les lacs, j>. i45. — Charbons pro- tiu.ts par voie, ignée aux époques houillère et basique , p. i55. — Sur une zone d’amas ferrugineux placés le long de failles à la jonction du grès des Vosges et du muschelkalk dans le Bas-Rhin , p. 169. — Sur la distribution île l’or dans le gravier du Rhin, p. 458. Davidson. Terrain jurassique supé¬ rieur du Pas-de-Calais , p. 101. Defrancb. Sur une très grande Ortho- cère, p. i3i. Dklanoue. Sur des dolomies de la Spezzia , p. 42* — Formation des oxydes de manganèse, p. et 100. — Discussions diverses, p. 20, 48. De lbos. Age de la formation d’eau douce de la partie orientale du bassin de la Gironde, p. 4°2. — Note sur l’origine des idées géologiques chez les Orientaux , p. 5io. Delesse. Sur un nouvel hydrosili¬ cate d’alumine et de potasse, Da- mourile, p. 174. — Sur le talc et la stéatite, p. 370. — Sur quelques pro¬ duits de décomposition des minerais de cuivre, p. 427. Dbshaves. Sur des calcaires prétendus perforés par des Hélices, p. 3yo. — Discussions diverses, p. 4^2, 4 1 9 ? 420. Desnoyers. Erosions à la surface des ro¬ ches , p. 85. Dfsor. Sur la structure des glaciers en Suisse, p. 528. — Limite supérieure des roches polies dans la vallée de l’Aar (Suisse) , p. 65o. — Observa¬ tions , p, 559. Deville. Sur l’île de Ténériff", p. 465. — Sur l’Ile de Fogo (Cap-Vert), p. 656. Dolleds Aussbt. Procédé pour fendre les gros blocs de roches, p. 4*4* Dolomies du Tyrol , p 27. — de la Spezzia , p. 42. Dolomies. Mode de formation, p. 578. — Mi néraux qu’elles renferment, p. 63 1. Dordogne. Terrains tertiaires, p. 4oa. Doublier. Sur quelques fossiles du Var, p. 566. Düfrénoy. Discussions diverses, p. 4 >8, 420, 422, 539. Dumas (Ernilien). Sur la constitution de la région supérieure ou cévenni- que du Gard, p. 666. (terrains an¬ ciens, p. 668; terrain houiller, p. 674; trias, p. 6o5; terrain jurassi¬ que , [». 702.) Dukociikb. Faits pour servir à l’histoire des phénomènes erratiques de la Scandinavie, p. 65. — Note sur les phénomènes erratiques de la Scandi¬ navie, en réponse aux remarques de M. Martins, p. 25o. — Eludes sur le métamorphisme des roches, p. 546. — Discussions diverses, p. 85, 88, 9*» 97- Eifel. Faits relatifs au métamorphisme des roches , p. 548. Egypte. Sur les environs du Caire et de Kosseir, p. 54 1. Elections . Commissions, bureau et con¬ seil, p. 1 3 5 . — d’un trésorier, p. 240. — d’un secrétaire , d’un vice- secrétaire et d’un trésorier, p. 458. d’un secrétaire et d’un vice-secré¬ taire, p. 528. — Bureau de la réu¬ nion extraordinaire à Alais, p. 66 o. Fauvbrgb. Note sur la disposition des terrains de l’Ardèche, p. 11. — Dis¬ cussions diverses , p. 420, 655. Fer hydroxydé. Sur sa formation jour¬ nalière dans les marais et les lacs , p. Eschbr de la Linth. Sur quelques phé¬ nomènes des glaciers en Suisse , p. 23 1. Espagne. Sur plusieurs dépôts houillers des Asturies, p. 45o. — Sur des gîtes argentifères de la province de Guadalaxara, p. 648. Etats romains. Mammifères fossiles d’imola , p. 44o. Êtres vivants. Leur succession , p. 490, i45. — en amas le long de failles à la jonction du grès des Vosges et du muschelkalk, dans le Bas-Rhin, p. 169. — formant une géode contenant des monnaies d’argent , p. 527. 54. 826 TABLE DES MATIERES î'crs oxydés. Leur gisement en Scandi¬ navie , p. 637. Finistère. Faits relatifs au métamor¬ phisme des roches, p. 556, 593, 609. Fou k N kt . Formation des filons, de gra- Gard. Grès inférieurs au lias, p. 44. — Réunion extraordinaire de la Société à Alais, p. 659. — Sur la constitu¬ tion de la région supérieure ou cé- vennique, p. 666. —Excursions aux environs d'Alais, p. 662, 725, y5i. Gastaldi. Sur la présence d’une Pen- tacrinite dans ie terrain miocène de Turin , p. 485. Gers. Gisement des fossiles de Sansan . p. 338. Gironde. Terrains tertiaires de la partie septentrionale , p. 4o5. Glaces flottantes des régions polaires, p. 284. Glaciers. Leur ancienne extension en Scandinavie, p. 102, 255. — Cause de leur ancienne extension, p. 128. — Influence des climats solaires sur Hanovre. Age du Hilsthon , p. a3. Hhbebt. Observation, p. 472. Hilsthon du Hanovre, p. 23. Hombbbs-F ikm as (d’). Discours de clô- nite, p. ai. — Notes sur le T) roi méridional et en particulier sur ses dolomies et ses porphyres, p. 27. — Sur une collection de roches ignées et de produits artificiels, p. 478. leur ancienne extension , p. 3yo. Gneiss Leur origine métamorphique, p. 61 1, 6a3. — en Bretagne, p. 61 5. — en Scandinavie, p. 619. Gokpprbt. Sur le mode de formation de la houille , p. 644. Gbakgb. Recherches sur les glaciers , les glaces flottantes et les dépôts er¬ ratiques , sur l’influence des climats , sur la distribution géographique et la limite inférieure des neiges perpé¬ tuelles, p. 280. — Discussions di¬ verses, p. 262, 422. Granité métamorphique, p. 18. — (d. du Calvados, p. 94 et 277. — For¬ mation de ses filons , p. 21. Gypses. Mode de formation , p. 58o. Gypse au promontoire Argentario en Toscane , p. 3o2. ture de la réunion d’Alais, p. 756. Hydrosilicates de cuivre. Produits de décomposition des minerais de cuivre, p. 427. Idées géologiques. Leur origine chez les Orientaux, p. 5 10. 1 Ile-et-Vilaine. Faits relatifs au méta¬ morphisme des roches, p. 567, 570, 697, 602, 6o3, 6o5, 618, 627. Italie \ Age des terrains à Ammonites, p. 307. J dura. Résumé sur le Jura salinois, p. 5uo. L Lb Blanc, Chances de réussite d’un puits artésien à Venise, p. 5io. — Discussions diverses, p. 57. 61, i3o, Oi,4>4. Lecoq. Des climats solaires et des causes atmosphériques en géologie. Recherches sur les forces diluviennes indépendantes de la chaleur centrale ET DES AUTEURS. 827 et sur les phénomènes glaciaire et erratique, p. 3do. — Observation, p. 4Q2. Levallols. Catalogue de roches à l’ap¬ pui d'un Mémoire, p. 4i5. Lkymerie. Tableau chronologique des terrains sédimentaires, p. 58. — Analyse de sa statistique géologique de l'Aube, p. 5i8. — Discussions diverses , p. 1 1 , 20 . 4». Ligurie. Dolomies de la Spezzia, p. 4a. — Ossements des lignites de Cadi- bona , p. 56. — Calcaire néocornien à Nice, p. a4o. Loire-Inférieure. Faits relatifs au méta¬ morphisme des roches, p. 547, 563, 568, 573, 696, 616, 632. Lot. \ egélation et uature du sol, p. 525. Lune. Sur les phénomènes qui s’y sont passés , p. 262. Mâcle. Cristallisation postérieure au dépôt des schistes qui la renferment , p. 552. — Son gisement en Bretagne, p. 606. — Dans les Pyrénées , p. 609. Malbos (de). Végétal fossile à odeur de truffe , de l’Ardèche , p. 56o. — Sur les formations géologiques du Viva- rais , p. 63 1. Mammifères fossiles de Cadibona, p. 56. — en Auvergne, p. 197 et 198. — des terrains tertiaires de l’Ailier, p.366. — û/.d’Imola (Etals romains), p. 440. Manganèse. Formation des oxydes, p. 47. Manganate nouveau de cuivre et de zinc au Mexique, p. 24. M abcou. Résumé de ses recherches sur le Jura salinois, p. 5oo. M arrot. Géode d'hydrate de fer conte¬ nant des monnaies d’argent, p. 527. Martins. Réponse aux objections de M. Duroeher contre l’ancienne ex¬ tension des glaciers de la Scandina¬ vie, p. 102, — Observations sur la réplique de M. Duroeher, p. 255. — Discussions diverses, p. 238, 4l4> 421. Mauddyt. Demande relative aux che¬ mins de fer, p. 160. Membres nouveaux , p. 46, 60, 97, 1 33, i56, 238, 267, 320, 3So, 4oy> 44^. 473, 524, 54o, 662, 725, 743. Métamorphisme. Études sur celui des roches , p. 546. Mexique. Nouveau manganate, p. 24. Micaschistes. Leur origine métamor¬ phique, p. 610. . — Dans les Pyré¬ nées, p. 6i3. — En Bretagne, p. 6r 5. Michelin. Observations diverses, p. 323, 538, 497. Midi de la France. Comparaison de ses bassins tertiaires avec celui de Paris, p. 745. Minéraux. Gisement de ceux qui ont cristallisé dans les roches, p. 582. — Contenus dans les calcaires et do¬ lomies des Alpes, des Pyrénées, etc., p. 63 1 . Morbihan. Nouvel hydro-silicate d’alu¬ mine et de potasse à Pontivy, p. 174. — Faits relatifs au métamor¬ phisme des roches , p. 547, 552, 606. Morée. Action de la mer sur ses côtes, p. 3oi. Moselle. Végétaux fossiles du lias et du terrain houiller, p. 652. Mcjrchison. Invite les membres de la Société à assister à la réunion de Soutampton , p. 4*2. — Discussions diverses, p. 87, 88. N Neiges perpétuelles. Influences des climats sur leur distribution , p. 286 et3oo. O Oaialius d’Halloy ( d’ ). Observations sur les barrés diluviennes, :i\\. — Sur la succession des êtres vivants , p. 490. — Observations diverses, p. 828 TABLE DES MATIERES • 58, 249, 266, 402, 490, 497* Or. Sa distribution dans" le gravier du Rhin et son extraction, p. 458. Paillette. Notes sur plusieurs dépôts houillers des Asturies, p. 45o. Paris ( Bassin de). Comparaison de ses terrains tertiaires avec ceux du midi de la France, p. 74s. Pas-de-Calais. Terrain jurassique su¬ périeur, p. 101. Pbllico. Sur des gîtes argentifères de ia province de Guadalaxara (Espa¬ gne), p. 648. Pentacrinites dans le terrain miocène de Turin , p. 485. Perforations prétendues des calcaires par des Hélices, p. 389. Phénomènes des glaciers dans les Alpes, p. 104. — en Suisse , p. 23i,4i5. — dans les régions polaires, p. 282. — Structure des glaciers en Suisse, p. 528 — Glaciers temporaires des Vosges, p. 536. Phénomènes erratiques de Scandinavie, p. 65 et a5o. — Vallées à moraines et terrain erratique des Vosges, p. 180 et 187. — Dans le nord de l’Eu¬ rope , p. 291. Phlanite. Mode de formation de ceux de la Loire-Inférieure, p, 568. Piémont. Pentaerinite dans le terrain miocène de Turin , p. 485. Pilla. Note sur un ouvrage sur la ri¬ chesse minérale de la Toscane, p. 444- Planches du Bulletin. I , p. 65; II , p. io3; III et IV, p. 180; V, p. 35q ; VI , 546; VII, p. 671. Pomma. Sur le terrain tertiaire des environs de Bert (Allier), p. 346. Poissons fossiles. Nouveau genre, p. 488. Pomkl. Sur les terrains houillers et les porphyres de la vallée de la Brems près Saarlouis (Bavière-Rhénane) , Orbigny (Alcide o’). Sur le Hilsthon du Hanovre, p. 20. Orlhocère de très grande dimension , p. 1 3 1 . V p, 49- — Ossements des liguites de Cadibona, Ligurie, p. 56. — Sur de prétendues Cycadées fossiles , p. 5ÿ. — N’admet pas le diluvium en Au¬ vergne, p. 139. — Sur les charbons produits par voie ignée à l’époque houillère, p. 157. — Nouvelles con¬ sidérations sur la paléontologie de l* Auvergne, p. 198. — Mémoire pour servir à la géologie paléontologique des terrains tertiaires de l’Ailier, p. 353. — Présence du Renne dans les terrains diluviens, p. 422. — Sur le lias de la Moselle et des végétaux fossiles du terrain houilier de Saar- bruck, p. 652. — Discussions di¬ verses , p. 276, 370. Porphyres du Tyrol , p. 32 — de Saar- louis, p. 49- Prévost (C.). Sur le gisement des fos¬ siles de Sansan (Gers), p. 338. — Discussions diverses, p. 48, 277, 373. 4ai. Produits ignés artificiels comparés aux roches ignées, p. 478. Publ. Indication de la végétation et de la nature du sol du Lot , p. 525. Puy-de-Dôme. Filons de basalte dans les pépérinos du puy de Montaudou , p. i5. — Indication de trois faunes dans les terrains meubles, p. 197. — Considérations sur les mammifères fossiles, p. 198. — Trois époques volcaniques , p. 219. Pyrénées. Faits relatifs au métamor¬ phisme des roches , p. 548, 55o, 557, 579, 6o3, 6o4, 609, 6i3, 63o, 63 1, 64 r. Pyrénées (Basses ). Fossiles du terrain à N umfnnlites desenvironsde Bayonne, P 4 75. Q Quartzites. Leur production, p. 6o3. R Beptiles fossiles des terrains tertiaires de l’Ailier, p. 371. Rhin. Distribution de l’or dans le gra¬ vier de ce fleuve, p, 458. ET DES AUTEURS. 829 Rhin (Haut-). Vallées à moraines et terrain erratique, p. 180 et 187. — Galets rayés non erratiques, p. 534. — Glaciers temporaires des Vosges, p. 536. Rhin ( Bas -). Zone d'amas ferrugineux placés le long de failles à la jonction du grès des Vosges et du muschelkalk. p. 169. Rivière. Objections au Mémoire de M. Lecoq sur les climats solaires , p. 4co. — • Discussions diverses, p. 85. 86, 88, 97, 277, 546. Roches mètamorphiq ues . Leur structure feuilletée, p. 139. — id. diverses, p. 472. Roches polies par glissement, p. 449* Roches polies . Leur limite supérieure dans la vallée de l’Aar en Suisse , p. 65o. Roches sillonnées à Fontainebleau, p. 253. — Galets ra^és non erratiques des Vosges , p. 534. Rochkt d’H éHicouRx. Notes sur diver¬ ses parties de l’Egypte et de l’Abys¬ sinie , p. 54i. Roys (de). Sur le terrain houiller de Toulon , p. 43. — Sur un grès infé¬ rieur au lias dans le Gard , p. 44* — Fossiles dans les silex des poudingues de Nemours, p. 419. — Transforma¬ tion descalcaires en gypse etdolomie, p. 565. — Comparaison des bassins tertiaires du Midi avec celui de Pa¬ ris, p. 745. — Rapport sur la gestion de l’archiviste en 1844 et i845, p. 241. — Observation, p. 422. Rozet. Cause de l’ancienne extension des glaciers, p. 128. — Extrait d’un Mémoire sur la sélénologie, p. 262. — Discussions diverses, p. 158,267, 276, 489. Ruinart de Brimont. Donne sa démis¬ sion des fonctions de trésorier, p. 443. S Saône (Haute-). Gouffres, p. 37. Saône-et-Loire. Coquilles marines ré¬ centes près deTournus, p. 271. — - Coloration en rouge des calcaires ju¬ rassiques, p. 3a5. — id. du grès bi¬ garré, p. 327. — Gisement du titane rutile de Gourdon, p. 4a5. Sarthe. Faits relatifs au métamorphisme des roches, p. 5g3. Scandinavie. Phénomènes erratiques, p. 65. — id., p. 2.5o. — Ancienne extension des glaciers, p. 102 — id., p. 255. — Charbons produits par voie ignée è l’époque basique en Sca- nie, p. (56. — Faits relatifs au mé¬ tamorphisme des roches, p. 548, 55o, 55i, 566, 584, ^95, 599, 604.619, 622, 632, 634- Schistes siliceux de la Norvège, p. 599. Talc. Nouvelle analyse, p. 373. Terrain carbonifère dans les Asturies, p. 45o. Terrain houiller à Toulon , p. 43. — à Saarlouis , p. 49. — du Gard , p. 666. — id ., p. 725. — Mode de formation de la houille , p. 744- Terrains jurassiques de l’Italie, p. 3o/ Seine-et-Marne. Sillons à la surface des roches à Fontainebleau , p. 253. — Fossiles des silex des poudingues de Nemours, p. 4*9» — Cristallisation du grès de Fontainebleau, p. 573. Sibérie. Fossiles de transition près du lac Baikal . p. 62. Sismonoa. Quelques faits aux environs de Nice, p. 240. Sources thermales , p. 641. Stèatite. Nouvelle analyse, p. 376. Suisse. Sur quelques phénomènes des glaciers, p. a3 1 , 4*5. — Structure des glaciers, p. 528. — Limite supé¬ rieure des roches polies dans la val¬ lée de l’Aar, p. 65o. Sulfures métalliques. Caractères de leurs gîtes en Scandinavie , p. 634. — du Jura salinois, p. 5o2. — du Gard, p. 702. Terrain à Nummulites (épicrétacé) , p. i4. — Ses fossiles aux environs de Bayonne , p. 4/3. Terrains primitifs du Gard, p. 668. Terrain tertiaire de Sansan (Gers) , p. 338. — des environs de Beit (Allier), 830 TABLE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS. p. 346. — Mémoire pour servir à la géologie paléonlologique de celui de l’Ailier, p. 353. — Terrain tertiaire d eau douce de la partie orientale du bassin de la Gironde, p. 402. — id. du Gard , p. 728. — Comparaison des bassins tertiaires du midi de la France avec celui de Paris, p. 745, Terrains de transition en Arménie . n. 1 ôS. Terrain triasique (keuper) du Jura sa- linois , p. 5o2. — du Gard, p. 6p5. J errains volcaniques. Appartiennent, à trois époques en Auvergne, n. 210. — de l’île de Ténériffe, p. 4 65. 1 ilane rutile de Gourdon (Saône-et- Loire), p. 425. Toscane. Gisement de gypse au promon¬ toire Argentario, p. 3o2. — Note sur sa richesse minérale, p. 444. Ioschi Catalogue des mammifères fos¬ siles du terrain pliocène d’Jmola (Etats romains), p. 440. T-yrol. Sur ses dolomies et ses porphyres, P- 27 Tar. Terrain houiller à Toulon , p. 43. — Indication de quelques fossiles, p. 666. y égéiaiion Ses rapports avec la nature du sol , p. 144. Végétaux fossiles du lias et du terrain houiller de la Moselle, p. 652. — à odeur de truffe, de l’Ardèche, p. 660. — du terrain houiller du Gard, p. 689. Vernkuil (db). Sur les phénomènes er¬ ratiques dans le nord de l’Europe , p. 88. — Terrain de transition en Arménie, p. i38. — Note sur la géologie de la Russie d’Europe et des montagnes de l’Oural, p. 38a. — Liste des fossiles du terrain carboni¬ fère des Asturies , p. 454 — Discus¬ sions diverses, p. 24, 87, 93, i5p, 421, 423. V iqcjbsjvel. Sur des falons de basalte dans les pépérinos au puy de Mon- Wbgmann (de). Observation, p. 128. Zkitznkh. Fossiles de transition du lac Baikal en Sibérie, p. 62. Zigno (db). Criocéras dans les Alpes vénitiennes, p. 269. — Calcaire ju- taudou (Puy-de-Dôme), p. i5 et i45. — Mécanisme de la comptabilité de la Société, p. i32. — Observa¬ tion , p. 472. Vibcet. Formation par injection des noyaux de quartz dans les gneiss, etc., et sur le métamorphisme du granité, p. 18. — Sur les dolomies , p. 4». — Origine métamorphique du granité du Calvados , p. 94 et 277. — For¬ mation contemporaine du fer hy- droxydé, p. i5o. — Action de la mer sur les côtes de Morée, p. 3oi. — Sur la coloration de certaines roches en rouge, p. 323. - Gisement du titane rutile de Gourdon (Saône-et- Loire), p. 4a5. — Psaroîithe de Sou- vigny (Allier), p. 44p- — Discussions diverses, p. 20, 42. 48, 87, 1 58, 275, 528. Vosges. Sur des karrenfelder, p. 4i3. rassique id., p. 488. - Conclusions d un mémoire sur les terrains créta¬ cés des Alpes vénitiennes, p. 427. FIN DE LA TABLE. ERRA TA. Pages. Lignes. b, 5, en remontant , au lieu de : Visa (Nardo), Usez : Vioa (Nardo). 12, 19 et 20, au lieu de : schistes, et sur lesquelles, Usez ; schistes sur lesquels. 18, Reportez p. 23 après le passage du mémoire de M. Fournet les observations de MM. Virlet, Delanoue et Leymerie. 21, 3, au lieu de : par suite de cette discussion M. Viquesnel donne lecture. Usez: M. Viquesnel donne ensuite lecture. 25, 20, au lieu de: Sonne-Schtnidt, lisez: Sonnenschmidt. 67, 22, au lieu c/e : I .apidofloyées, lisez : Lepidofloyées. 87, 1, au lieu de: Nœgaret, lisez : Nœggerath. ioi.; 25, par erreur le nom de M. de Cussy , consul général de France à Palerme , a été omis à la suite de sa lettre. 128, 3, au lieu de: eaux naturelles, lisez: eaux actuelles. * 54 » 2, au lieu de: parties altérables, lisez : parties altirables. 157, i'2,au lieu de : pignadoo, lisez: pignada. 178, dernière ligne, au lieu de : Ronunelsberg, lisez : Ranunelsberg. 276, 21, au lieu de: Augustonometum, lisez: Augustoneinetum. 279, 21 et 54. au lieu de: Londonien, lisez: Landénien. 3og, 7» au Lieu de: Taornitna, lisez: Taormina. 519, 26, au lieu de : anaginites, lisez: anagéniles. 557, 24, (m lieu de: bleu-lias, lisez: blue-lias. 374, 27, au lieu de: lisez: 2,565j. 3j5, dernière ligne , au lieu de : Zillerlhel, lisez: Zillerthal. 38i, 8, au lieu de: Salins, lisez : Neuchâtel. 4e 3, 17, au lieu de: rive gauche, lisez: rive droite. 4o3, 27, au lieu de: Pouillac, lisez: Pauillac. 4o5, 7, au lieu de : au dessous, lisez: au dessus. 4o5, 19, au lieu de: presque, lisez : jusque. 4oG, 12, au lieu de:Brongn. non id. Lyell, lisez: Brongn. non Lyell. 407, 35, effacez Crania abnorrnis, Brong. 409, 1 1, effacez inférieure. 423, 36, au lieu de: lorsque, lisez: à l’époque où. 420. dernière ligne, au lieu de: pendant ejue , lisez: lorsque la terre passait à son aphélie. 423 et suivantes (L'opinion deM. Fauverge doit être placée immédiate¬ ment après les observations de M. Pomel ). 435, 20, au lieu de : dioptose, lisez: dioplase. 475, il, au lieu de : Poœponius Mêlas, lisez : Pomponius Mêla. 469, 8 et 9, au lieu de : Bhincolite, lisez : Uhyacolite. Lignes 484, 22, au Lieu de: Cheny. Usez Ghcssy. 486, ligne dernière , au lieu de : Pault , lisez : Parelo. 487, 36. au lieu de : Boyon , lisez : Borson. 504, 5, au lieu de : îles bancs polypiers , lisez : des bancs de polypiers. 505, 7, au lieu de: Homberti, lisez : Laraberli. 506, 35, au lieu de : Corymia, lisez : Ceromya. 507, 25 au lieu de: Bonne, lisez: Banné. 507, 26, au lieu de : Lanfon, lisez: Laufon. 5i 1, 8, au lieu de : les causes, lisez: la cause. 5n, 29, au lieu de: sous-dériver , lisez: tous dériver. 5i3, 27, au lieu de: l’eau, lisez: l’air. 5i3, 4 1 , au lieu de : Burnu, lisez : Burnet. 5.4, 28, au lieu de: Desaper, lisez : Duaper. 5 1 4 » 56, au lieu de : Néadirocn , lisez : Néadirsen. 5 1 5 , 25 el 27, au lieu de: Ormuzel, lisez : Ormuzd. 5i5, 4 o , au lieu de : d’années, lisez : de périodes. 5 16, 3i, au lieu de : du corps , lisez : des corps. 517, 10, au lieu de: un limon , mol dans lequel . , lisez: un limon . mot, dans lequel.... ( Mot était le nom du limon primitif). 5 17, i4, au lieu de: ces germes, lisez : les germes. 517, i5, au lieu de: par le limon, lisez : dans le limon. 517, 33, au lieu de : Keuf, lisez : Knef. 517, 34, au lieu de : Phla , lisez : Phta. 5 17, 34, au lieu de: Biris , lisez: Osiris. 517, 4°j au ^eu de •' ce clul nous prouve, lisez : ce que nous prouve. 5 18, 3, au lieu de : les peuples, lisez : ces peuples. 5i8, 12, au lieu de: de ces connaissances, lisez: de ses connaissances. 56o, 5, au lieu de: Morelle, lisez Marelte. 564, 20, au lieu de: magtiésifère, lisez : manganésifère. 565, 32 et 33, au lieu de: ordinairement, lisez: en diminuant. 573, dans la note, au lieu de: Arlene. lisez: Arlenc. 612, 26, au lieu de: Raquianus , lisez: Raquinianus. 619, 28 , au lieu de : Ryncolilhes , lisez : Rhyncolytcs. 632, 10, au lieu de : en , lisez : un. 635, 23, au lieu de : A. armata, lisez : perarmatus. 656. 17, au lieu de : falbandes , lisez salbandes. 64o, 36, au lieu de : est de, lisez : est incliné de. 646, 22, au lieu de : ce, lisez: le. 65q, Par erreur la réunion extraordinaire à Alais est paginée de 5 5 9 à 656, au lieu de 669 d 766. Les véritables numéros ont été rétablis dans la table des matières. . ' • - l . . / • . • ■ 1 ■ ■ . ' , • K Ax