AAC ÉRLOILE D F fl TRE LEUR } NAT ENS LEA & “ LOL ACTE EE EL uit AAC AE RE (A 4 ï à 5 « k AN AU À AU ACL LAC qe Û Ce ge ne CURRAR NA A ï À MAUR ñ a NA» à je “jS ÇA [LA LA 4 4 4 ù di è AN su | NE mo du D WU An COTE SEC ALORS LEE AD Vi PCR COLTRE TETE OP AL CCR TE APE A ét E abe AC RE QU 4 jan OrTRET EN UE ; Fe LR RU É \ ji 4 A LA DO 1 ! wi 4 0 [RARE { CAE ML ALUACER EEE TEE ET à, £ Meurthe PATATN CAR DR EURE u L'AILE: x! ÿ ACER FLOLN ; L'yt te fo di NT W k bd s OX Let 4 à ERA AE ie = Mt eh f ! À sn «1 (À fl NAT AN à IL AT EL ES È : ÿ nie ° . À Lit, là 1h | act Qt AU TR AE SEA DE ALT ES VE HA HAN MALNEN RD à (ENTRTETE CRRCN ATARONOAUE AR ME ER AA AA EN A UNE PAG REUTS AN NT EP ARR ARC ES fl AA Auf, A the CONTENT CC ue à AE pa AR è nu (à } CE & }» % } CATAOATE Là D Ne 4 PLU tt cn ik. à pd MTL L' nabe Aid en 14 On È AA 0 \ FRA qu be a F à ) LA CRT TN EC A Er el CAE Dr) Lu û a ti CATAT ATEN 'ATAIL fx HUILE DU LAS Î vu a EU AU à EWi DCR: D A AT BND UE BCD] } L'AUALE ARE ROLLER LEUR LCL A EL TA ra te Le NE 8 A OC 4 O Jf { CRUE) ÿ CEA CRM PATES HO PAL NN MDN t'a ROME AE HAN ï fu de OUR 4h LA) URLS EEE) COSTA AELEPT EL EX à 4 (PRET ON VC AT POEL P } CAN 1Fl CAT TE QU EE ACER “Faut LP TE TOC DECO SET Y 1 F ( CAN AD | ï Fe Eu LA AR ADN AD { FLN Ah)! ï ANT "010 si WHO là qA A (RUE R Ÿ FAN CRC AL UE DE EAU, A: A} A 4 Et RMS , NA UT RURALE | PL ADD A AR ACC AU ar à a : 7 #: CELA { DENON et 3 ME Dee PAL At 4 A Hours | (HAE ET ES CADA LATE ln de es ( ! nue L L" 0 en Ra ñ ! î ss ï MAR TPE tt 1 ROLE TDR PLAT AAC DAS? PEUT ‘ D A NU ERNE CRE TES CN RE SN LAC il AUCUNE ee VAI Ur ETC ONE LICE NE ET ER Sr 10 L PAPY CAE FUEL ALT PL PURE A EUR EL LEE AUT ENT ON DA OT D AC OLA PA WK LOTO NOTES £ SL ANTER TEE CAE AN EE AA va Le i jun PALETTE EL D NE CRT AA À LA ACOETET ONE LA ET Re Re A fe PEN TE vo Se AT AE a a He { du Lin not en EE Lit à i (AT LE RARE CO SEUL RE QUES A TN AE EG 4 RE CHR LR EE 1e GE QE WA ur de 4 *; UT pu CR La Me * ; à DATES FX! P'AOTEONT EN { RAC Ë PALAU S FU Net ÿ ï EAN A AT AT û ALTO ALAN ADR 1 AR (22) AN UALEL DL FE G HUE y ; À AE (PLATE DURE Î URI 4 4 ARE EPA AL 4 Î F4 3 QUEUE MUC ANNE PULLS À D DC O RE AAC AL ÉRTE ANS RAR ARE AO Pr A AO RAT : i Las ! $ l se 3 f DTA AN 1 RARE : VRP TUE RE TMC NON PACE PEU 40 NN ab TES FT WurR ULRCIEE OC RUC CA 4 j S \ ï À Ca { à nt F A de L'HACTETAN PR ; 4 PATES A F RAA * | +40 ir ) ! } TM de YE P'acu UN fm * À mA: RUE 4 à } fr 4 Fa Ris AL AURLR AURL pt NE p4 AI ETUI APS Ja &. | PAC TL be F4 dx TANT AN k Ne d "OÙ AA Ds À L'\f(f D (M AA ANT A N NW Û À AA FE M OR PA DA AL f qui fl CALE 4 « sil SAONE DC AL AE NT puit Le ÿ 1 a} 7 En. ” PER pr Es Far « EAU RQ ANT # PAT LUS x (RENE? 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HAE RES 4 ÿ (NET A EL PI VE RER dd: 16 EL AP ANT TN TEN ENT TAF APE f A k win 4 1 (af 14 pts k F HE di Ï Le Ra (A RSR EE dd 1: CPR AT TE] PCR NONCLE do f C'ATATNTEN RUE t ; at A ver di ut Us FA RU q CRTATAECS LORS AL ON TOC DOTE ONT QUE CRAN ACC PE 1 } du dr de tt di 4 he ur, 1+4 h WA q si VAE qe 4 2 RANCE 3 LV El { PAT NET OT TAC AC AC JA HU NE RNA ; CE RAA en Na NOEL ele je - LA (24 1 £. 1 4 si 16 qe QU he ie ROM ACTE du at se ie : M A CE CAE e ARUAL Ed RE x Me " terne A LEILA à \ 1 a 1 CACRCALNNNUX * sir } RE C3 | HA AtS pa # ÿ + Pr A : d, ARMES AA LEO 2 A ! # VA ' gi ALLAN DNA A Li HATA ; NT CACHET S 1RA 4 Ua EU ÉCL ANRL COL EURE ANT LEON Wa, 4 Pa dd TON 4 re AD RAS AR NVE ie EUR UE ' TAN We RTE TOR MT IP AL'IE \ : LACS ACTA & Hit LÉPMLATAUC ART AUCHCEUACE k PCA ALES CENTRE RCA Lu AE, * 4 A ERA AL CRETE AN CU AA 4 } } LUTTE RHONE ET 4 AUS ' ( ATETTETTU L'ART CNT MUR PÉCRE ACTA CALE RENE 0e EL ONT ONE EE ENTER DE RETIET CEPAT O7 Dre Ab # CARE HET E DEA CNT ACT (ri A PORC UN CCE RARE CODOCACETRNCON j: ; LL PE SEUL DS PE » Te CALE RUN $ NUE à 1 4, PATICEE NA + As af Lg a 4 A à 4 CAT LH it A'RCILON MF L'RAUN UN FA ed RO dat 4 AU EN 4 ee ADE, 4,820 de à sb CE AR UE Re CRE OUTRE D CPL CRE QE DEUAE OEE OST CRT COTE OO 2 ANTON CARE DEC REC CAT CROATIE DR DEL AR Ha HU RU Eu Un PROC Mit à EE HEUK HUE à sat 187 di Ur 6 ’ RAT AT { PAU NO ; f | ANR EU RLUTON ! \ CET '2L / BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE (BRUXELLES) Vingt-troisième année Tome XXII -— 1909 BRUXELLES HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE Rue de Louvain, 112 1910 UN PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE DE GLy 1 | AN A LR ARRUXBLHESY 7 dm en PRÉSIDENT D'HONNEUR : EAU S. À. R le Prince ALBERT de Belgique np , / _Procès-Verbal DE LA SÉANCE DU 19 JANVIER 1909 Vingt-troisième année _ nu ne Tome XXII — 1909 Ho Qi L, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE oies 419, rue de Louvain, 142 oil Ï D 1909 de NUL * Ai “A SOTHAN FNST/ $ + Fo { an ÿ V6 De - pr din] PROCÉS-VERBAUX DE LA CIETE BEL DE GÉULOUE, DE PALEONTOLOUE ET D HYDROLOIE BRUXELLES TOME XXIIL — ANNÉE 1909 SÉANCE MENSUELLE DU 19 JANVIER 1909. Présidence de M. CG. Malaise. La séance est ouverte à 20 h. 55 (28 membres sont présents). Décés : Le Bureau a le regret de faire part à nos confrères du décès de M. Isaac-Isaac, administrateur délégué de la Société des Charbonnages Belges, qui avait été d’un puissant secours à la Société dans l’établis- sement de la station sismique de Frameries. Distinctions honorifiques. Notre confrère M. De Schrvver a été promu inspecteur général des Ponts et Chaussées. - M. le capitaine-commandant Mathieu vient d’être nommé second professeur à l'Ecole militaire. Adoption du procès-verbal de la séance de décembre : Erratum. — Dans la communication de M. Leriche, page 381, T° paragraphe, ligne 3, on est prié de lire Tetrapturus au lieu de Tetrapterus. Le Secrétaire général, en s’excusant de cette coquille, eroit utile de signaler à nouveau que la publication mensuelle du Bulletin n’est pos- sible que si les auteurs remettent leur manuscrit en séance et ne font pas de remaniements excessifs ; le moindre retard de la part d’un col- laborateur empêche l’envoi aux intéressés de l'épreuve mise en pages, même lorsque celle-ci est demandée; on ne saurait done trop recom- mander la correction très soignée de la première épreuve. 2 j PROCÉS-VERBAUX. Correspondance : 1. M. A. Rutot, empêché, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. 2. M. E. Lagrange, retenu par des devoirs impérieux, prie le Bureau de reporter à la prochaine séance la communication qu'il avait annoncée. 3. Le Gouverneur du Hainaut nous à fait parvenir le subside de cinq cents francs que le Conseil provincial nous a alloué pour 1908. 4. La section d'Histoire naturelle du Musée du royaume de Bohême fait part de ce qu’à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la mort de Joachim Barrande, elle a fait redorer son glorieux nom inscrit sur les rochers de Kuchelbad. 5. La Société d’Anthropologie de Paris célébrera les 7, 8 et 9 juillet prochains le cinquantenaire de sa fondation. Elle demande à notre Société de déléguer un de ses membres pour prendre part à cette com- mémoration. 6. La Fédération archéologique et historique de Belgique tiendra sa XXIe session à Liége, du samedi 51 juillet au jeudi 5 août. Le Congrès comporte une section de préhistoire et de protohistoire. Cir- culaire à la disposition de nos membres. 7. M.E. Martel adresse aimablemeut à la Société un lot important de ses publications nouvelles. Dons et envois reçus : 1° Périodique nouveau : 5147. Tananarive. Guide annuaire de Madagascar et dépendances. 1903 à 1051908: 2° Extraits des publications de la Société : 9148. de Munck, E. Découverte d'éolithes sous le sable tertiaire (Om) de Rocourt lez-Liége. Procès-verbaux de 1908, 2 pages (2 exem- plaires). 5749. Maillieux, E. Sur quelques fossiles du Givétien et du Frasnien du bord méridional du bassin de Dinant. Procès-verbaux de 1908, 5 pages. Découverte d'une dent de poisson dans les schistes de Frasnes, à Phi- lippeville. Procès-verbaux de 1908, 2 pages. 9190. 9191. 9192. 9193. 9194. 5755. 5756. 5787. 5738. 5759. 8760. 9761. -5162. SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 5) Maillieux, E. Pentamerus Loëi, espèce nouvelle du Couvinien supérieur Cobm. Pracès-verbaux de 1908, 7 pages. Quelques mots sur le récif de marbre rouge de l'Arche, à Frasnes. Procès -verbaux de 1908, 4 pages (2 exemplaires). Mourlon, M. Sur la découverte de l’Elephas antiquus au Kattepoel, à Schaerbeek lez- Bruxelles, dans un dépôt rapporté au Quaternaire moséen. Procès-verbaux de 1908, 7 pages (2 exemplaires). Montessus de Ballore. La Science séismologique. — Les tremblements de terre. (Compte rendu bibliographique, par E. L.) Procès-ver- baux de 1908, 5 pages. (2 exemplaires.) van den Broeck, E. Les rivières souterraines filtrées. Notions hydrolo- giques nouvelles fournies par les assises tournaisiennes des chenaux synclinaux calcaires du Condroz. Procès-verbaux de 1908, 4 pages. (2 exemplaires.) 3° De la part des auteurs : Catalogue général. Ages de la pierre, du bronze, du fer. (Comptoir d'Archéologie préhistorique.) Paris, 1908. Volume in-12 de 123 pages et 12 planches. Abbott, C. C. Archacologia Nova Caesarea. N° III. Trenton, 1908. Volume de 94 pages et 12 figures. Agamennone, G. L'eau, cause indirecte des tremblements de terre. Buda- pest, 1908. Extrait in-4° de 11 pages. Altolaguirre (Angel de). Relaciones geograficas de la Gobernacion de Venezuela( 1767-1768). Madrid, 1909. Volumein-8° de 399 pages. Degens, P. N. Legeeringen van Tin en Lood. Dordrecht, 1908. Volume in-8° de 77 pages et 31 figures. Dienert, F. Sur deux causes d'erreur dans les expériences à lu fluor- escéine. Extrait des COMPTES RENDUS DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES, Paris, 1908, 2 pages. Dienert, F., Guillerd, À., et Marrec. De l’emploi de l’acoustèle de Daguin pour la recherche des bruits souterrains. Extrait des ComPprTES REN- DUS DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. Paris 1908, 2 pages. Martel, E. A. Le profil en long du Grand Canon du Verdon. Extrait des ANNALES DE GÉOGRAPHIE. Paris, 1908, XVII, pp. 395-403, 3 planches. Martel, E. A. La marche à la Lune. Extrait du CoMPTE RENDU des séances du premier Congrès de l’Arbre et de l'Eau, à Limoges. Limoges, juin 1907, 5° livraison, 15 pages et 1 planche. 9706. 9761. 5168. 5709. 0710. 9111. PROCÈS-VERBAUX. . Martel, E. A. Étude complémentaire sur la source de Fontaine-V Éve- que (Var), en 1906. Extrait des ANNALES DU MINISTÈRE DE L’AGRI- CULTURE. Paris, 1906. 8 pages, 2 plans et 8 figures. . Martel, E. A. La Côle d'Azur russe (Riviera du Caucase). Paris, 1909 (?). Volume in-4° de 358 pages, 495 illustrations et 1 carte en couleurs. . Martel, E. A.,et Henry-Thierry (D'). Captage et protection hygiénique des eaux d'alimentation. Extrait des ANNALES DU MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE. Paris, 1907. 21 pages, 21 planches et 33 figures (2 exemplaires). Martel, E. A., et Le Couppey de la Forest. Étude sur la source de Fon- taine-l Évêque (Var). Extrait des ANNALES DU MINISTÈRE DE L’AGRI- CULTURE. Paris, 1905. 66 pages, 4 plans et 1 carte. Molard (commandant). Les grottes de Sabart-Niaux et ses dessins pré historiques (Ariège). Extrait de SPELUNCA. Paris, 1908. N° 53. 17 pages, 3 plans et 4 figures. Martel, E. A. Appendice : Les peintures et dessins préhistoriques les cavernes. 6 pages. Gallois. L. Régions naturelles et noms de pays. Etude sur la région parisienne. Paris, 1908. Volume in-8° de 356 pages et 8 planches. (Don de léditeur A. Colin, de Paris.) Fritsch, A. Ueber problematica Silurica. Extrait des SITZUNGSB. DER KGL. BôHu. GESELL. DER WIssENscH. Prague, 1908. T pages. Leclercq, J. La Terre des Merveilles. Extrait de la REVUE GÉNÉRALE. Bruxelles, 1909. 9 pages. Tesch, P. Der Niederländische Boden und die Ablagerungen des theines und der Maas aus der Jüngeren Terliär- und der Alteren Diluvialzeit. Amsterdam, 1908. Brochure in-8° de 74 pages et 1 carte. Élection de nouveaux membres effectifs. Sont élus par le vote unanime de l’Assemblée : MM. V. Gicson, docteur en sciences, professeur à l’Athénée royal, 59, rue de Varsovie, à Ostende, présenté par MM. Rutot et Dollo. le capitaine adjoint d'État-major écuyer A. De CaLLATAY, profes- seur à l'École militaire, 5, rue Archimède, à Bruxelles, pré- senté par MM. Mathieu et Rabozée. SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 0) Communications des membres : A. RuTOT. — Quelques observations à propos de la dis- cussion relative aux silex crétacés du Hohe-Venn prussien. M. A. Rutot a pris connaissance de la discussion qui s’est produite au sujet des appréciations émises par MM. E. de Munck et A. Renier, sur l’état dans lequel se trouvent les amas de silex des Hohe-Venn de l’Ardenne. Il est aisé de voir que l'opinion de M. le professeur Holzapfel est basée sur des observations peu claires et incomplètes, alors que la solution du problème se trouve tout entière à Boncelles. Là, sous un peu d'argile de la Campine, s'étend le cailloutis de quartz blanc et de roches de l’Ardenne décolorées (Kiesel Oolithe), que je considère comme d'âge poederlien. En dessous se développe l’épaisse masse des sables aquitaniens, puis à la base on observe le cailloutis de silex, qui à pour origine première la dissolution complète de la craie à silex, dissolution qui s’est produite sur place. Mais, à Boncelles même, lorsque le cailloutis de silex présente une certaine épaisseur, de 4 à 2 mètres, on remarque facilement que, avant l'invasion de la mer aquitlanienne, il à été plus ou moins remanié par des courants d'eaux sauvages qui y ont apporté et mélangé des galets bien roulés de silex noirs. Ces galets sont parfois assez abondants et répartis irrégulièrement dans la masse, tandis que les silex du cail- loutis sont restés soit intacts, ou bien montrent une légère usure des arêtes. Si nous nous reportons maintenant sur les grandes altitudes où, probablement, les sables aquitaniens se sont déposés en couche moins épaisse et où ces sables, surmontés du lit de cailloux blanes, ont dû subir depuis très longtemps un délavage énergique, nous y trouvons donc, à cause de la disparition du sable, le gravier de cailloux de quartz blanc reposant directement sur le gros cailloutis de silex in situ, ou quelque peu remanié sur place par des courants d’eau douce qui y ont apporté des galets de silex noir. 6 PROCÈS-VERBAUX. Et alors, nous nous trouverons en présence du cailloutis de silex, résidu de la dissolution de la craie, pétri, vers le haut, de galets blanes et, dans sa masse, de galets noirs. Le cailloutis pur, primitif, est donc représenté actuellement par un complexe dont la formation est due à des causes différentes accu- mulées, mais dans ce complexe, il n’en reste pas moins vrai que l’élé- ment principal est le cailloutis de silex resté in situ, auquel ont pu se mélanger accidentellement, à des époques très différentes, des galets, les uns noirs, les autres blancs. Les amas de silex observés par M. E. de Munck et par M. le professeur Holzapfel, sur les Hohe-Venn prussiens, peuvent présenter les carae- tères mixtes qui viennent d'être signalés et, à mon avis, avec la réserve des perturbations qui se sont produites à deux reprises, M. de Munck est en droit de considérer le cailloutis de silex, pris en gros, comme un amas résultant de la dissolution sur place de la craie à silex, ou Eluvium, au lieu de le rapporter à un dépôt de transport. En réalité, le cailloutis de silex est un ÆEluvium plus ou moins remanié par des actions secondaires, qui y ont introduit accidentelle- ment des matériaux de transport. Prof: C. Mazaise. — Modifications de l’échelle stratigraphique du Silurien de Belgique. La stratigraphie du système silurien de Belgique et son synchro- nisme avec les divisions du Pays de Galles ont été fixés pour la plupart de ses divisions. Depuis 1900, j'ai signalé la présence du Llandeïlo dans le Brabant, dans des couches inférieures à l’assise de Gembloux et caractérisées par Primilia simplex et Illænus giganteus, mais il restait encore à fixer l’équivalence des quartzophyllades de Villers et des roches noires de Mousty. J'ai présenté à la séance du 9 janvier 1909 de l’Académie royale des Sciences de Belgique, une note : «Sur la position de l’assise de Mousty», dans laquelle j'établis leur âge géologique. La position de ces roches noires, fixée d’une façon que Je crois bien: être l'expression de la vérité, m'a suggéré une idée nouvelle sur l’âge probable des quarizophyllades de Villers. Je considère les roches noires de Mousty : schistes et quartzites noi- râtres, schistes graphiteux, noirâtres, pyriteux, avec rognons et amas SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. fi de phtanite noir compact, et amas de calcaire noir, anthraciteux, à ostracodes, comme l’équivalent des schistes alunifères de Suëède. Ceux-ci sont divisés en schistes alunifères supérieurs à Dictyonema et à Olenus — Lingula Flags et en schistes alunifères à Paradoxides — Menevien. J'ai trouvé dans les calcaires noirs de Franquenies (Mousty), à la surface de cassures, de petits ostracodes, appartenant au genre Primitia, et dans les coupes minces du même calcaire, l'examen microscopique m'a montré des sections de Primitia que je rapporte à l'espèce observée à la surface : Primitia Solvensis R. J. J'ai reconnu dans les mêmes plaques Primitia punctatissima KR. J. _ (Pr. buprestis Salt.). Ces deux espèces du Lower Lingula Flags de Saimt-David, et la dernière, en outre, de Port Solva, se trouvant dans le Pays de Galles, dans des roches qui occupent le même niveau que les schistes aluni- fères de Suède, nous pouvons en conclure que nous avons à Mousty une formation géologique du même âge. Il y a donc lieu de chercher dans les roches noires, avec chance de les y rencontrer, l’assise à Olenus et l’assise à Paradoxides. La découverte de la position géologique de lassise de Mousty m'amène à concevoir que les quartzophyllades de Villers sont d'âge plus ancien que les couches de l’Arenig, auxquelles je les avais jadis rapportées, avec beaucoup de doute. Je les considère actuellement comme l’équivalent, dans le Brabant, des quartzophyllades du Salmien inférieur, étage qu’ils représentent ICI. Je considère également les couches de Mousty comme représentant le Revinien de l’Ardenne. Le Revinien de l’Ardenne repose sur le Devillien et est recouvert par le Salmien. Dans le Brabant, les quartzophyllades de Villers reposent sur les roches noires de Mousty, lesquelles recouvrent les roches de l’assise de Tubize avec roches bigarrées à leur partie supérieure. Les faits précédents, découverte du Llandeilo et de l’âge de l’assise de Mousty, dans le massif du Brabant, m'ont amené à compléter l’échelle stratigraphique du système silurien de la Belgique, de la manière dont Je l’expose dans le tableau suivant, telle que je la conçois actuellement pour les massifs de l’Ardenne et du Brabant, et dans la bande de Sambre et Meuse, et leurs équivalents dans le Pays de Galles. PROCÉS-VERBAUX. BJI987) ‘BATOS "UPIAQUOII *INOHIQUI SSe]A E[NSULT *mouodns sÿe]4 ensurT ‘J0PEUOU I, *SLUDIY ofrpuel'T ‘EU 19 20pe4IE") (CMTIQUL OI ‘JUOTUULIY 2P 9SISSE ‘DJS | -[A9() NO 9p osisse ‘DJS (-mouodns ua] ‘OZIQUL 9P 981888 ‘g/7$ | -IA9()'2IA9( 9p 9SISSE ‘q/]S (‘uaru “onbuerf *ÂjSnOJX op ostsse ‘27 | -1AOY) ‘UIA9Y D osisse ‘2/]S (‘IMOTIFUL Uoru "SJOITIA 9P 9SISSE ‘p]S | -TES)"TUIESIOIA 9P 9SISSE ‘P/]S (‘norodns uortwues) ‘9A19$40 UOU ‘9/76 | ‘NCAJEUIUITES 9p 9S1SS2 ‘2/]S ‘ÂnH 9p os1sSe ‘2g1S *"9AI9S{0 UOU ‘2g1S ‘auX0,P 9s1S5b ‘981$ "JQU9ST] 9P osISSE ‘48/S “onbuert *9SSOH 9P 9SISSE ‘287 ‘XNO[QU99N 9p 9SISSE ‘237$ | ‘USTIQUE") ‘U9IPU®BIUI0L) UOIOIAOPIO *ÂJ9AOPuR/'T ‘XNOY 9p os1SSe ‘Y£JS | ‘[IUPN-DUEIr) 9P 9SISSE ‘DLJS | *JIOTU9M ‘QUUIUBN 9P 9S1ISSP ‘49)S *ÂOIIO") 9p osISSe ‘781S “onbueli ‘MOIPWT ‘MESUJUIUL 2P 9SISSE ‘2L7S ‘XN9JJSUOTL 9P 9SISSE 287S ‘SATIVA) AA SAV "ASAAI] LA AUANVS "LNVAVU ._ ‘ANNAGUY SAOVLI AHANOIONMHA HA NHIHNIIS HANWNALSXS SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. à) Escène Maizcieux. — Note sur quelques brachiopodes du Frasnien belge. Si considérables que soient les travaux auxquels à donné lieu la faune dévonienne, bien des recherches sont encore nécessaires pour arriver à sa parfaite connaissance : chaque jour amène des découvertes nouvelles. Souvent, des espèces, représentées par des échantillons défectueux, sont confondues avec d’autres, dont cependant elles diffèrent; mais 1l arrive un temps où des spécimens mieux conservés permettent de fixer les formes dont il s'agit et de leur assigner une place définitive dans la nomenclature des êtres fossiles. Sans doute, il importe de ne pas surcharger cette dernière outre mesure, et des travaux de révision des espèces, comme ceux dont ont pris linitiative plusieurs savants, entre autres M. J. Gosselet (1), puis F. Béclard (?), sont hautement désirables ; mais 1l n’en reste pas moins vrai que l'étude approfondie des mutations d’une même forme peut, comme l'ont montré Îles recherches de M. Rigaux dans le Boulonnais, apporter une aide puis- sante aux études stratigraphiques, surtout pour des terrains présentant un complexe embrouillé comme notre Frasnien. Dans un récent travail que, plusieurs fois déjà, J'ai eu l’occasion de citer, M. E. Rigaux (5) met en valeur les caractères différentiels qui séparent des formes longtemps confondues sous le même nom. notam- ment en fe qui concerne plusieurs espèces des genres Cyrtina et Athyris. Mes recherches dans le Dévonien des environs de Couvin, dont une partie des résultats ont été publiés déjà, m'ont permis de retrouver, en Ardenne, bon nombre des formes nouvelles mentionnées et décrites par notre savant collègue de Boulogne. Le but de cette note est d'ajouter, aux espèces précédemment signalées, cinq brachiopodes nouveaux pour la faune du Frasnien de Belgique, que j'ai rencontrés (1) J. GosseLET, Étude sur les variations du Spirifer Verneuil. Lille, 1894. () F. BécLanD, Les Spirifères du Coblenzien belge. Bruxelles, 1895. — Catalogue sSynonymique et critique des Spirifères du Dévonien inférieur. Bruxelles, 1895. (5) E. RicaAux, Le Dévonien de Ferques et ses Brachiopodes. Boulogne, 1908. 10 PROCÈS-VERBAUX. récemment dans les gîtes si intéressants des environs de Couvin, ou dont la présence m’y a été indiquée. Ces fossiles sont : Cyrtina Douvillei Rig. — Rigauxi nov. sp. Athyris Bayeti Rig. Skenidium Lemeslii Rig. Rhynchonella (Pugnax) Lemeslii Rig. Cyrtina Douvillei Rig. (1). Presque toutes les Cyrtina que J'ai rencontrées dans notre Dévonien moyen et supérieur, diffèrent beaucoup de la Cyrtina heteroclyta Defrance, que citent presque exclusivement les listes des auteurs belges Je dois dire que je n’ai encore recueilli, jusqu’iei, Fespèce de Defrance bien caractérisée que dans le Dévonien inférieur, ainsi que dans les schistes et calcaire à Calcéoles (Cob n, m). La Cyrtina la plus commune dans les dépôts frasniens des environs de Couvin, et notamment dans les schistes à Spirifer pachyrhynchus, est caractérisée par son bourrelet très anguleux et fortement saillant, ainsi que par le nombre (10 à 14) et la disposition de ses côtes rayon- nantes. Ces caractères ne permettent pas de la séparer de la Cyrtina Douvillei, créée récemment par M. E. Rigaux pour une forme qui existe, dans le Boulonnais, depuis le niveau du Spirifer Belliloci jusque dans le calcaire de Ferques. Loc LITÉ. — Cyrtina Douvillei est surtout abondante dans les schistes à Sp. pachyrhynchus de la carrière du cimetière, à Boussu-en- Fagne. Cyrtina Rigauxi nov. sp. Descriprion. -— Coquille de taille relativement assez forte, plus large que longue, atteignant sa plus grande largeur au bord cardinal. Ailes se terminant légèrement en éperons. Petite valve convexe, à contour trapézoidal; bourrelet plat, peu saillant, offrant, près du front, un léger sillon médian ou encoche, et séparé des ailes par deux petites dépressions plus accentuées au bord frontal. Ailes portant chacune trois ou quatre côtes rayonnantes (1) E. RiGaux, Loc. cit., p 20, pl. I fig. 9. SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 11 aplaties, rudimentaires et fort peu visibles, à profil arrondi, et ne paraissant exister que dans la moitié marginale. Surface de la valve entièrement ornée, sur le bourrelet comme sur les ailes, de très fins plis rayonnants, arrondis, en nombre considérable, s’accroissant vers le front tant par bifurcation que par intercalation. Bord cardinal droit. Grande valve pyramidale, très élevée; sinus anguleux, très net depuis le crochet, quoique peu profond, et portant, au milieu, un sillon peu marqué correspondant, au front, à l’encoche du bourrelet de la petite valve. Ailes portant le même nombre de côtes que la valve opposée, disposées de même, et ornées également de très nombreuses et très fines stries radiaires s’accroissant par dichotomie et par inter- calation. Area élevée, triangulaire, un peu concave, ornée de fines stries normales au bord cardinal, et portant un pseudodeltinum convexe dont l’usure ne permet pas de voir la perforation. Crochet légèrement tordu. Les deux valves portent des siries d’accroissement concentriques très peu nombreuses et à peine perceptibles à la loupe. Dimensions. — Longueur : 0"009; largeur : 0"O14: hauteur 0"010. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette espèce diffère de toutes les Cyrtina dévoniennes que je connais, par sa conformation générale, la disposition de ses plis, son ornementation, qui rappelle celle du Spirifer transiens Barrande, et enfin, per le sillon qui divise son sinus et la parte postérieure de son bourrelet. Elle appartient à une espèce nouvelle, que je dédie à notre savant confrère, M. E. Rigaux, de Bou- logne. GISEMENT ET LOCALITÉ. — Cyriina Rigauxi se rencontre à Boussu- en-Fagne, dans les schistes à Spirifer pachyrhynchus de la carrière du cimetière, où elle est très rare. Cyrtinu Rigauxi, nov. sp. a. Petite valve, grandeur réelle. b. Le même individu, vu du côté de l’area. c. Le même vu du côté de la grande valve. 12 PROCÉS-VERBAUX. Athyris Bayeti Rigaux (1). J'hésitais, jusqu’à présent, à assimiler à cette forme plusieurs coquilles trop déformées pour être déterminées avec certitude, mais que leurs caractères encore visibles semblaient rapporter à l'espèce du calcaire de Ferques. Quelques exemplaires en bon état m'ont permis, depuis peu, de constater la concordance des caractères de mes échan- üillons avec la diagnose de M. Rigaux, qui donne comme caractères distinctifs : le sinus visible dès le crochet, mais ne se prolongeant pas en languette; les lamelles concentriques d’accroissement plus fortes, moins nombreuses que celles de l’A. concentrica Murch., mais plus abondantes que chez l'A. rugosa Davids.; enfin, le foramen plus déve- loppé que celui de cette dernière espèce. = LOCALITÉ ET GISEMENT. — Schistes à Sp. pachyrhynchus de la carrière du cimetière, à Boussu-en-Fagne. Skenidium Lemeslii Rig. (2). M. Rigaux à bien voulu m'écrire récemment qu'il a rencontré autrefois, dans les schistes du chemin de la carrière du Lion, à Frasnes, un Skenidium qu'il dénomme S. Lemeslii. Je n'ai pas retrouvé encore cette espèce. Le gîte signalé par M. Rigaux appartient, par sa position, à la zone à S. pachyrhynchus, mais les quelques fossiles que j'y ai recueillis n’offrent rien de caractéristique. Rhynchonella (Pugnax) Lemeslii Rigaux (3). Deux niveaux du Frasnien m'ont procuré quelques coquilles carac- térisées par leur taille plus petite, leur forme plus globuleuse que celle de la Pugnax Kaiseri, ainsi que par leur sinus peu profond, ce qui les rapporte à la Pugnax Lemeslü. L'un de ces deux niveaux semble être synchronique de la zone à Sp. Belliloci du Boulonnais, à laquelle est circonserite la P. Lemeslü : il paraît appartenir à la zone à Camarophoria formosa, et est constitué par la bande de schistes noduleux dont le calcaire à Pentamerus brevi- (1) E. RiGaux, Loc. cit., p. 19, pl. I, fig. 1. (2) E. RIGAUX, in litt., 3 décembre 1908. (3) E. RiGaux, Mémoires de la Société acudémique de Boulogne, t. XVI, 1899, p. 105, DIT he. SEANCE DU 19 JANVIER 1909. 43 rostris, à l’Érmitage (Boussu-en-Fagne), forme le substratum. Le second niveau n’est autre que la zone à Sp. pachyrhynchus de la carrière du cimetière, également à Boussu-en-Fagne. Pugnax Lemeslii paraît assez rare dans les deux zones. A. Doyen. — Contribution à l’étude des minéraux belges. Oxyde de titane (ANATASE). Plus on approfondit l’étude des roches anciennes, plus on est convaincu de la grande diffusion des minéraux titanifères. C’est ainsi qu'au hameau de Fodiaux, des habitants, en creusant un puits sur les bords du chemin d’Autre-Eglise, ont mis à découvert le quartzite silurien. | Ayant prélevé un échantillon de cette roche ainsi qu'une certaine quantité d’une matière arénacée blanche que Je considère comme étant un produit d'altération de la roche primaire, je les ai soumis aux essais SUIVANIS : Au microscope, le quartzite s’est montré fortement altéré et cer- tains granules de quartz semblent être pseudomorphosés (en kaolin?) ; de plus, on remarque quelques nodules de fimonite paraissant de la pyrite pseudomorphosée. La matière terreuse a été soumise à une lévigation méthodique : le courant entraîne de nombreuses paillettes micacées blanches et de la limonite en poudre tellement impalpable, qu'elle reste plusieurs heures en suspension dans l’eau avant de se déposer. Finalement, on retrouve une petite masse de minéraux non entraînés, composée surtout de limonite, pyrite et quelques fragments de roches; de plus, en examinant avec soin ce dépôt, on remarque de petits octaèdres “noirs, brillants, et divers débris minéraux noirs, lustrés et très denses. Les petits octaèdres quadratiques d’aspect métallique sont, en réalité, de l’anatase ayant de 4 à 2 millimètres de long et ressem- blant à s’y méprendre à l’anatase de Nil-Saint-Vincent, dont les cristaux ont été étudiés par MM. Cesàro, de Koninck et Prinz. Ne possédant pas de goniomètre suffisamment précis pour mesurer des cristaux d’aussi petites dimensions, j’ai demandé à M. Cosyns de vouloir bien se charger de leur mesure et voici les chiffres qu’il à trouvés : Angle calculé Angle mesuré 4 La bipyramide (144) : (411) — 8209 8207/ 14 PROCÈS-VERBAUX. 2° Une bipyramide (111) combinée à une autre pyramide très diffi- cile à déterminer, vu la rareté des échantillons que j'ai pu recueillir, mais semblant se rapprocher plutôt de la bipyramide (5-5-11) décrite par Rosenbusch que de la bipyramide (449) qu’a trouvée M. Prinz. En effet, les mesures sont : (XX) : (xxy) — 97040’ et 9705’ (Tu) OLD) 18055 et 190 | Je ferai néanmoins observer que le mauvais état des cristaux et le peu d'éclat des faces n'ont pas permis une plus grande approxima- ton. Les cristaux, attaqués et désagrégés par le bisulfate potassique, donnent une solution se troublant par l'hydrogène sulfuré, ce qui semble indiquer la présence d’étain. En outre de l'anatase, quelques prismes noirs, opaques et brisés suivant la base, montrent les cannelures caractéristiques de la tour- maline. En résumé, les roches anciennes de cette région semblent devoir donner les mêmes minéraux que celles de Nil-Saint-Vincent, et j'ai cru utile d’atüurer l'attention des minéralogistes à ce sujet, pour le cas où des travaux plus importants y seraient exécutés. C. Van ne Wiee. — L’évolution tectonique de la péninsule italienne depuis le Pliocène et ses rapports avec le sisme du détroit de Messine. De toutes les régions de l’Europe, l'Italie est certainement la plus récente. Son sol est presque entièrement constitué par des roches qui se sont formées depuis le Crétacé supérieur. On sait l’importance du Pliocène marin dans la géologie de l'Italie et l'intensité du travail tectonique qu’il a subi. Ce n’est qu’au Nord et au Sud que l’on rencontre des roches plus anciennes que le Mésozoïque. En Ligurie, le prolon- gement des Alpes maritimes nous offre, depuis le Col de Tende jusqu’à Savona, où la chaîne disparaît sous la mer, une bande de terrains dont l’âge va du Carbonifère jusqu’au Jurassique. Au Sud, la Calabre est formée par un groupe de massifs granitiques, recouverts par un manteau de roches cristallines anciennes dont l’âge n’a pas encore pu SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 45 être fixé d’une façon définitive. Ce sont ces massifs qui sont le siège des sismes que nous voyons se succéder depuis plusieurs années. Le massif le plus septentrional, celui de la Sila, qui se trouve aujourd’hui à l’état de repos, est séparé du massif du Monte Pecoraro par un isthme étroit, qui s'étend du golfe de Santa Eufemia au golfe de Squillace ; ces deux golfes communiquaient au Pliocène. Ce dernier massif se rattache à celui de l’Aspromonte, qui paraît subir un travail de dislocation. Au Pliocène, le petit massif de Monteleone s'en trouvait séparé par un canal marin étroit, aujourd'hui comblé grâce au soulèvement. A la pointe méridionale de l’Aspromonte, on rencontre un autre fragment du massif, les Monts Péloritains de la Sicile, qui en sont séparés aujourd'hui par le détroit de Messine. Celui-ci, formé par une fosse tectonique profonde de 1 000 mètres jus- qu’à la hauteur de Reggio, va rapidement en se relevant au Nord, jusqu’au voisinage de l’écueil de Charybde, où le détroit ne présente plus que 100 mètres de profondeur et une largeur de 3 kilomètres. La formation de cette fracture ne paraît pas remonter bien loin dans le Pliocène, car on ne retrouve sur les bords du détroit que des dépôts peu importants de Pliocène et de Quaternaire marins; il est vrai qu’ils ont subi un mouvement de soulèvement très prononcé, comme nous le verrons plus tard. Abandonnons pour un moment l'Italie méridionale et essayons de donner un aperçu de la disposition géologique du centre et du nord de la péninsule. On y rencontre deux zones tectoniques, l’une formée par la chaîne des Apennins du côté de l’Adriatique, l’autre située sur le versant tyrrhénien et constituée par des régions basses, où s’accu- mulent les formations volcaniques de la Toscane, du Latium et de la Campanie. ll nous suffira d'exposer les changements subis par ces deux zones à partir du Pliocène, pour montrer l’intensité et la rapidité de l’évolu- tion tectonique de la péninsule italienne. Au début du Pliocène, la mer occupait le bassin du Pô jusque tout contre le bord actuel des Alpes; seules, les collines de la Soperga, près de Turin, émergeaient au-dessus de la mer. Il n’est pas probable que ce prolongement de l’Adriatique communiquait avec la mer de Ligurie, : malgré la faible distance qui la sépare actuellement des plaines du P6, entre Gênes et Serravalle. La mer qui oceupait le bassin du fleuve était plus profonde que l’Adriatique actuelle, car des sondages exécutés en Lombardie n’ont pas atteint le Pliocène à 180 mètres au-dessous du niveau marin, 16 PROCÉS-VERBAUX. tandis que le fond de la mer Adriatique ne commence à atteindre la profondeur de 400 mètres que sur une ligne qui relie Zara de la côte dalmate au Gran Sasso d'Italia. Nous verrons plus tard combien ce chiffre est peu important en comparaison de celui des soulèvements des dépôts marins pliocènes et surtout éocènes, qui forment les Apen- nins. Les gîtes de Pliocène marin qui ont permis d'établir l'existence de la mer préquaternaire du Pô, se trouvent sur la lisière des Alpes, parfois à une hauteur de 100 mètres, soulèvement qui pourrait d’ail- leurs correspondre à un affaissement du centre du bassin. La mer pliocène occupait le bord externe actuel des Apennins, elle s'étendait depuis le bassin supérieur du Pô, en passant par Turin, Alessandria, Tortona, Voghera et Ancôna. De cette ville jusqu’au Monte Gargano, la bande se rapproche de la méridienne, mais suit le rivage de la mer actuelle. A partir du Gargano, la bande pliocène passe à l’intérieur des terres, devant les masses tabulaires disloquées formées par des roches mésozoïques constituant le Gargano, et les tables de même constitution du Tavoliere des Pouilles, qui n'ont pas participé au mouvement de soulèvement du reste de la presqu'ile. La mer pliocène formait donc un synclinal à travers l’Apulie et la Basilicate, et l’élargissement de celui-ci correspondait au golfe actuel de Tarente. On retrouve dans ce dernier une fosse longue et étroite, pro- fonde de 1000 mètres, qui s’avance jusque tout près de la ville de Tarente. C’est un vestige qui rappelle l’ancienne communication de la mer Adriatique pliocène avec les profondeurs de la mer lonienne. Le Pliocène marin non soulevé n1 plissé occupe la plus grande partie de la presqu'île de Tarente ; de l’autre côté du golfe, il revêt les hauteurs du versant oriental des massifs granitiques dont nous avons parlé plus haut, mais il pénètre tout à l’entour de chacun d’eux et leur forme une ceinture complète. [l v avait donc au Pliocène trois iles granitiques : la Sila, le Pecoraro et l’Aspromont ; cette dernière peut être rattachée aux Monts Péloritains, car les sédiments marins récents sont peu déve- loppés depuis Reggio jusqu’à Scilla, et font tout à fait défaut depuis Messine jusqu'à Syracuse. La bande de terrains tertiaires éocènes et pliocènes est très large sur le versant oriental de la Calabre ; on la retrouve au delà du golfe de Catane sur l'extrémité Sud-Est de la Sicile, dont elle forme la plaine, et elle paraît se continuer jusqu’à Malte, rattachée à la grande île par un plateau sous-marin à 100 me- tres à peine sous Île niveau de la mer. Celui-ci, de même que l’Apu- lie et la presqu’ile de Tarente, n’a pas participé au mouvement de soulèvement. SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. al On voit done que la bordure de sédiments pliocènes a été soulevée depuis le bassin supérieur du Pô jusqu’à l’Aspromonte, mais le soulè- vement a été surtout prononcé dans le Sud de la péninsule. Les roches pliocènes du bassin du Tanaro n'atteignent guère 400 mètres de hau- teur. Puis elles se relèvent graduellement vers le Sud pour atteindre 4 100 mètres, au Monte dell” Ascensione près d’Ascoli Piceno, au Nord du Gran Sasso. Les hauteurs de 1 000 mètres deviennent plus fréquentes en Calabre, et elles atteignent 1 300 mètres sur l’Aspro- monte au Monte Alto, en face de Reggio. C’est ici également que l’on retrouve, à 700 mètres, le Quaternaire caractérisé par les immigrants marins, venus des mers boréales pendant la période glaciaire. Au delà du détroit et du golfe de Catane, on retrouve le Pliocène occupant surtout la partie Sud-Ouest de la Sicile. Il y forme un golfe ouvert au Sud et dont le sommet se rapproche de l’Etna. Depuis Mar- sala jusqu’au cap Passero, le Pliocène est situé peu au-dessus du niveau de la mer, mais à mesure que les deux bords vont se rejoindre vers Cas- trogiovanni, les couches se relèvent jusqu’au niveau de 900 mètres. On sait que le plan de surface de la Sicile va en se relevant depuis la côte méridionale jusqu’à la côte tyrrhénienne. Cette dernière présente peu de gisements pliocènes, elle est formée par des roches tertiaires plus anciennes, au milieu desquelles s'élèvent des horsts formés de roches triasiques et jurassiques. Ces montagnes, qui se dressent au bord de la mer, paraissent être le résultat de la dislocation d’un sol ancien, etsur les fragments affaissés de celui-ci se sont déposés les sédiments tertiaires anciens. Le mouvement de soulèvement général ayant repris ou s'étant continué en même temps que le mouvement général de l’île, à entraîné la bande des horsts mésozoïques, qui débute à l'Occident par les îles Egades, puis constitue les Monts S. Giuliano, Sparagio, Pellegrino, près de Palerme, le sommet le plus élevé des Madonie, et passe ensuite par le cap Orlando, en face des îles Lipari, pour finir à Taormina au Nord de l'Etna. En même temps, la bordure qui fait face à la mer Tvrrhénienne s’est effritée, comme l'indique la série de baies à courbe rentrante qui échancrent le rivage. Celui-ci constitue une ligne de fracture, car la ligne de profondeur de 4 000 mètres court à une distance moyenne de 25 kilomètres de la côte, et il se trouve séparé des iles volea- niques lipariennes par une fosse qui dépasse la profondeur de 1 000 mètres. Enfin, au delà, l’affaissement du bassin tyrrhénien continue jusqu’à une profondeur de près de 4 000 mètres. Les montagnes mé- sozoïques forment la partie la plus élevée de l’île; elles forment avec 4909. PROC.-VERB. 2 18 PROCÉS-VERBAUX. les monts Péloritains un mur à peu près continu qui, dans les Madonie, atteint presque la hauteur de 2 000 mètres. Pour montrer plus clairement comment la Sicile a été soulevée depuis l’ère tertiaire, servons-nous d’une comparaison. Considérons la surface de la Sicile comme le couvercle d’une boîte dont les charnières passent par la ligne qui joint Marsala au cap Passero. Dès lors, 1l devient évident que le mouvement de soulèvement sera surtout marqué vers l’extrémité Nord-Est de l’île, tandis que sur la côte méridionale 1l sera beaucoup plus graduel. En effet, nous ne rencontrons pas ici de ligne de fracture comme sur la côte tyrrhénienne. Le fond de la mer s’abaisse graduellement jusque 500 mètres, et même :l est occupé par une série de bas-fonds qui s’étendent parallèlement à la côte depuis Pile de Malte dans la direction du Nord-Ouest. S1 nous employons le même procédé que tantôt pour nous représen- ter le soulèvement de la chaîne des Apennins et de son prolongement granitique dans la Calabre, nous trouvons que la ligne des charnières est représentée par une ligne courbe. Celle-ci passe par Alessandria, Piacenza, Bologna, Ancôna, puis devant le mont Gargano, laissant en dehors les tables mésozoïques de l’Apulie, qui n’ont pas par- ücipé au soulèvement. Enfin, elle va aboutir à la fosse de 1 000 mè- tres, que nous avons signalée dans le golfe de Tarente, et suit alors cette ligne bathymétrique jusqu’au cap Spartivento. ei la ligne serre de très près l’Aspromonte et le rivage depuis Messine jusque Syracuse. Sur toute cette étendue, il y a eu depuis le début du Tertiaire un sou- lèvement dont le sommet le plus élevé est situé actuellement à près de 5 000 mètres, au Gran Sasso d'Italia. Nous avons vu que pendant le Pliocène le mouvement à été surtout rapide à la pointe méridionale de la péninsule, donc en face du maximum de soulèvement de la Sicile. Maintenant, si nous tenons compte de la différence dans la direction du mouvement de soulèvement de l’île d’une part, de la péninsule de Calabre de l’autre, nous pouvons parfaitement nous expliquer la formation du détroit de Messine et les catastrophes sismiques que l’on y constate dès les débuts de la période historique. Nous pouvons de plus nous rendre compte des dispositions géologiques de la Calabre et de la dislocation en plusieurs fragments de sa masse granitique. : Encore séparés par la mer pliocène, ils se trouvent aujourd’hui de nouveau réunis par suite de la marche continue du soulèvement. Nous avons vu que celui-ci n’a pas été le même pour toute la pénin- sule. Moins intense au Nord, il y a achevé le plissement des parties septentrionales et centrales des Apennins. Mais dans le Sud, la SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 19 chaîne ne se présente plus comme une chaîne de plissement; les roches mésozoïques apparaissent davantage au milieu des sédiments tertiaires et rappellent les horsts d'âge mésozoique que nous avons signalés sur la côte tyrrhénienne de la Sicile. C'est ainsi que nous voyons apparaître sur le bord du golfe de Policastro la masse triasique du Monte Pellegrino, échancrée également comme les monts siciliens sur leur versant tyrrhénien. Nous sommes ainsi ramenés à la zone d’affaissement du bassin tyrrhénien, à laquelle se rattache la deuxième zone tectonique de la péninsule italienne. La mer pliocène formait sur le versant tyrrhénien un vaste golfe, dont le rivage est indiqué par une ligne passant par Lucques, Florence, le lac ‘Trasimène, Terni, et aboutissant au golfe de Naples. La mer Tyrrhénienne baignait donc la partie correspondante des Apennins pendant son soulèvement. Mais le fond du golfe n’a pas été soulevé comme la chaîne des montagnes; si le soulèvement a eu lieu, 1l n’a pas dépassé de beaucoup le niveau de la mer actuelle, et le golfe s’est surtout comblé par l’alluvionnement, qui se continue du reste encore aujourd'hui le long de la côte de Toscane et du Latium. Si nous tenons _ compte de l’existence de massifs mésozoiques isolés et situés généra- lement à une grande hauteur au-dessus du niveau général de la région, telles les Alpes Apuanes, les montagnes de Lucques, la Montagnola de Sienne, etc., nous serions tenté de considérer la région volcanique de la Toscane, du Latium et de la Campanie comme une zone d’affaisse- ment dont le niveau se trouvait, avant le Crétacé, beaucoup plus haut et réunissait en un tout compact les horsts mésozoiques que l’on y rencontre aujourd hui. D'autre part, la formation du versant tyrrhénien de la péninsule a été accompagnée de phénomènes volcaniques très considérables, que lon ne retrouve pas sur le versant adriatique de la chaîne. Le versant ligurien des Apennins est formé partout par des roches éocènes ; on y rencontre les formations ophiolitiques d'âge crétacé ou éocène, qui paraissent être le produit d’éruptions volcaniques sous-marines. Elles constituent le grand volcan qui s'étend autour de Gênes. On les ren- contre dans la Toscane et dans l’île d’Elbe, où elles vont rejoindre les formations analogues que l’on rencontre au Nord-Est de la Corse. Les manitestations volcaniques recommencèrent vers la fin du Tertiaire, mais leur siège s’est déplacé au Sud, où elles entourent d’un cercle presque complet le bassin tyrrhénien. Sur sa rive occidentale, on trouve en Sardaigne le volcan éteint du Gennargentu; sur la péninsule se présentent du Nord au Sud le district solfatarique de 20 PROCÉS-VERBAUX. Volterra, le Mont Amiata, les districts volcaniques au repos des lacs de Belsène et de Braciano, les Monts Albins et, dans la Campanie, un cirque volcanique complet dont le golfe de Gaëte occupe le fond. Il est formé du côté de la mer par les îles de la Ponce, Ischia, Procida, qui par le cap Misène se rattachent aux Champs Phlégréens et au Vésuve, tandis que la ligne se continue au Nord par la Rocca Monfina vers les monts Albins. De tous ces volcans, le Vésuve seul est encore actif; mais la catastrophe d’Ischia nous montre que le repos n’est qu’ap- parent. À partir du Vésuve, nous rentrons dans la zone d'activité moderne, à laquelle il faut rattacher les volcans desiles Lipari et l’Etna. Si les phénomènes volcaniques n’accompagnent pas chacune des manifestalions tectoniques, les deux ordres de phénomènes n’en relèvent pas moins des mêmes causes, et c’est ainsi que dans la partie sud-orien - tale du bassin tyrrhénien se suivent, sur une échelle beaucoup plus grande que partout ailleurs en Europe, les phénomenss volcaniques et les catastrophes sismiques. Discussion. M. Simoens, qui a pris la parole après M. Van de Wiele, a envoyé au Secrétariat la note suivante : A propos de l'origine des secousses sismiques du détroit de Messine. Depuis le désastre connu de tous, bien des explications ont été fournies, et il n’est pas un journal qui n’ait tenu à avoir sur ce sujet d'actualité l'opinion de personnes plus ou moins compétentes. J'ai lu des versions nombreuses sur l’origine de la catastrophe; les unes. émanaient d’intrépides vulgarisateurs scientifiques, les autres étaient formulées par des savants qui, en d’autres domaines, ont acquis une incontestable notoriété, mais les uns et les autres me paraissent avoir été fascinés par une opinion qui, depuis qu'elle a pa dans quelques traités généraux, semble avoir passé pour tous à l’état de dogme. Il s’agit de la prétendue indépendance qui existerait entre les phéno- mènes sismiques et volcaniques. Le bizarre classement des sismes en tremblements voleaniques, tectoniques et d’effondrements, n’a pas été étranger à cette tendance à vouloir séparer nettement, quant à leur origine, les sismes et les SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 94 phénomènes éruptifs. En maintes circonstances, je me suis élevé contre cette prétention. En février 1907, je disais notamment (") : « À l’occasion de ma note Sur l'âge du volcan de Quenast, je disais : « Il est trois ordres de phénomènes qui, quoique avant été » souvent étudiés séparément les uns des autres, semblent cependant » présenter entre eux des relations de causes à effets : ce sont les phé- » nomènes tectoniques, volcaniques et sismiques. » » Pourtant, dans certains travaux récents, on a semblé laisser croire que celte relation n'existe pas, tout au moins entre les manifes- tations volcaniques et sismiques, et cette opinion résulterait de l'examen des statistiques de tremblements de terre forcément incom- plètes. » En réponse à un illustre mort dont Je partageai rarement les avis et qui propagea surtout celte opinion de la dualité des phénomènes tectoniques et sismiques, j'écrivis ces quelques lignes : « On invoquait, 1l ÿ à peu de temps encore, l’absence momentanée de tremblements de terre à la Martinique, pour appuyer cette idée de l'indépendance des phénomènes volcaniques et sismiques; or, les tremblements de terre tout récents qui ont ravagé l’île et que tous les journaux nous ont signalés, montrent qu'il ne faut jamais trop se hâter de faire état de ces cas particuliers limités à un territoire exigu et que, de plus, il faut toujours, en géologie, compter avec le facteur temps. » Ajoutons que, peu de temps auparavant, l’inexistence constatée jusque-là de tremblements à la Martinique avait été mvoquée par mes adversaires. Or, à la dernière séance de la Société, je rappelais encore que l'absence de tremblements dans une région volcanique en travail ou de phénomènes éruptifs dans une région ébranlée ne prouve rien s’il ne s’est passé un temps suffisant après le premier phénomène. Moins de huit jours se sont écoulés depuis que je prononçai ces paroles, et voici que le télégraphe nous apprend que l’Etna est en pleine éruption. Cela donnera peut-être à réfléchir à ceux qui décident de séparer des phénomènes géologiques connexes en se basant sur des temps que leur indique la faible mesure humaine. Je ne pensais pas intervenir dans ces explications où régnait tant (!) Bull. de la Soc. belge de Géol., t. XXI, 1907, Pr.-verb. 22 PROCÈS-VERBAUX. d'harmonie quant à l’origine et au mode de classement de ces phéno- mènes, et si je me décide à dire quelques mots, c’est parce que je ne puis résister au grand plaisir de féliciter mon savant et excellent confrère M. le D' Van de Wiele de ne pas partager l'avis général et de penser, comme je n'ai cessé de le faire depuis longtemps, qu'il existe une relation étroite entre les sismes et les éruptions volcaniques. Le point me paraît capital, et Je suis on ne peut plus heureux de signaler cette opinion nouvelle de mon savant collègue. Ce n’est du reste pas la première fois que je suis d'accord avec lui, et les diver- gences de vues qui se sont manifestées entre nous n’ont jamais porté, je me hâte de le dire, que sur des questions de détail, ce qui est encore le cas aujourd’hui. En effet, si dans les grandes lignes que j'ai indiquées plus haut je partage l’avis de M. Van de Wiele, il n’en est pas de même sur l’ori- gine immédiate des mouvements ayant affecté le détroit .de Messine. M. Van de Wiele se base surtout sur les cotes de niveau que pré- sentent les sédiments pliocènes depuis le bassin du Pô jusqu’en Calabre et 1l remarque que les cotes ou altitudes vont s’élevant d’une manière assez régulière du Nord au Sud, sauf exception, notamment, le long des rives du golfe de Tarente. Il en conclut que la surélévation du Pliocène indique un soulève- ment continu, et le maximum de ce soulèvement serait précisément dans la région sinistrée; la conclusion qu'il en tire est que le tremble- ment est dû à une recrudescence de ce phénomène de surrection. La catastrophe de Messine serait donc un tremblement de soulè- vement. À cette interprétation nouvelle de grand intérêt, je répondrai d’abord en tenant compte des observations de M. Van de Wiele con- cernant les niveaux du Pliocène; ensuite, en rappelant la relation qui doit exister, en Sicile et en Calabre comme ailleurs, entre la tectonique, les sismes et les volcans. 1° Dans le bassin du Pô, on remarque que le Pliocène se trouve à une altitude assez élevée tout autour de la plaine, où il s’appuie sur. les contreforts de la chaîne alpine. De plus, au milieu de celle-ci, surtout dans la région de Turin, le Pliocène se trouve au sommet des collines; sauf quelques exceptions peut-être, je suis porté à croire que cette situation du Pliocène en Piémont, Lombardie, Vénétie et Émilie n'est pas le résultat d’une surrection continue depuis le niveau actuel de la mer Adriatique. SEANCE DU 19 JANVIER 1909. 23 Comme je l’ai démontré pour la Belgique, je considère le Pliocène de la plaine lombarde et piémontaise en place, sauf les endroits où il s’affaisse profondément et où il me paraît être le résultat d’un tasse- ment vertical; donc, loin de supposer que le Pliocène du sommet des collines de la région de Turin ait été porté depuis le niveau de la mer ou plus bas jusqu’à ces hauteurs, je crois que le contraire est vrai et que le Pliocène, là où il se trouve à une cote inférieure, est descendu. M. Van de Wiele pense que le Pliocène se trouve à une grande pro- fondeur dans la plaine du Pô. Je pense, pour ma part, que dans la majeure partie de cette plaine. les sédiments pliocènes n'existent plus et qu’ils ont été balayés lors de la grande fusion des glaces et peu après leur dépôt, absolument comme cela semble s'être passé chez nous. Je ne pense donc pas que le Pliocène a été surélevé dans tout le bassin du Pô y compris la bordure à des altitudes de 200 à 400 mètres; mais que les sédiments se sont déposés à ces altitudes, que certains paquets sont descendus et que la majeure partie a été déblayée lors de la formation du bassin hydrographique du Nord de l'Italie. Aïlleurs, il y a eu soulèvement du Pliocène, mais, encore une fois, au golfe de Tarente, loin de croire que ces roches sont en place, je pense qu’elles sont descendues et ;’en veis la preuve dans la fosse de 4 00 mètres du golfe lui-même, que M. Van de Wiele considère avec raison comme étant le prolongement des bas niveaux du Pliocène. Si le prolonge- ment du Pliocène a pu s’effondrer à 1 000 mètres sous la surface de la mer, pourquoi son prolongement au-dessus de la nappe liquide n’aurait-il pu s'effondrer aussi? Je l’ai dit déjà à maintes reprises au cours de mes écrits : la tectonique restera paralysée dans ses progrès aussi longtemps qu'on ne cessera de rapporter les mouvements d’affaissement et de soulèvement au niveau de la mer actuelle. 2 J'ai essayé d'établir dans mes travaux antérieurs l’absolue dépendance des phénomènes tectoniques, volcaniques et sismiques. De plus, j'ai rappelé, ce qui me parait accepté par tous les géo- logues ou du moins par la majorité de ceux-ci, que les phénomènes éruptifs sont consécutifs à la formation des montagnes, ils sont les résultats des mouvements du sol. Ceci étant admis, les phénomènes volcaniques paraissent dus aux effondrements qui se manifestent dans les chaînes plissées après la formation de celles-ci. De plus, la position des évents volcaniques semble indiquer qu’ils se localisent non au hasard, mais suivant des cassures qui paraissent bien dues à des effondre- ments et non à des soulèvements. Du reste, si le soulèvement était le mouvement réel lié au phénomène volcanique, il faudrait voir dans 24 PROCÉS-VERBAUX. ce dernier l’origine des phénomènes tectoniques, et c’est le contraire qui paraît admis aujourd’hui. | Les volcans sont greffés sur des cassures dues aux mouvements, on ne peut comprendre l’émission des laves que par un phénomène de descente et d’écrasement vers la profondeur des voussoirs de l'écorce … terrestre. Or il me parait imcontestable que si le phénomène volcanique est le résultat de la descente de certains claveaux du sous-sol, les tremblements de terre ne sont autres que la propagation vers la surface du sol des vibrations occasionnées par ce tassement. En outre, il paraît admis que les cirques qui se voient le long de la côte italienne du côté de la mer Tyrrhénienne ne sont que des effondrements circulaires de certaines portions de la chaîne des Apennins. | Or il existe vers le Sud de cette côte, un grand cirque qui doit surtout son importance à ce fait que la chaine y constitue une courbe. | Quand des roches s’incurvent, elles finissent par se fissurer dans une direction perpendiculaire à celle de la courbure. Il paraît incon- testable que c’est la courbe même de ia chaîne en Calabre et en Sicile qui à déterminé des cassures se dirigeant vers un centre qui à présenté des phénomènes éruptifs et d’affaissement particulièrement intenses et dont les iles Lipari sont les vestiges. Quand un fragment de chaine s’effondre, on remarque que les phé- nomènes non seulement volcanique mais sismiques s’écartent de la chaine et perpendiculairement à la direction de celle-ci se dirigent comme les cassures vers le bassin d’effondrement. Or en Sicile, la courbure de la chaîne permet de croire que des failles existent perpen- diculairement à l’accident longitudinal et que ces cassures se dirigent vers le centre effondré. | Je pense donc que les tremblements de terre de Sicile et de Calabre sont des phénomènes tectoniques dus à l’accentuation des cassures radiales de la région dont certaines passent probablement par Reggio et Messine et de là vers le centre du bassin marin. Tous les géologues sont d'accord depuis longtemps pour reconnaître que les tremblements sont fonctions de la structure du sol et pourtant il faut des catastrophes de ce genre pour attirer lPattention sur cette vérité que j'ai essayé timidement de mettre en évidence dans ma note : La sismologie et la tectonique, présentée à la dernière Conférence sismologique de La Haye. SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 25 E. Purzeys. — Parallèle entre les eaux sortant des calcaires et les eaux élaborées dans les terrains à mailles fines. (Réponse à MM. d'Andrimont et van den Broeck, à propos des réfle- æions de l’auteur sur les eaux de la ville de Marche.) - C’est avec un très vif intérêt que j'ai lu les communications de MM. d’Andrimont et van den Broeck, provoquées par mes réflexions sur les eaux alimentaires de la ville de Marche. Quoique le travail de M. d’Andrimont ait été publié après la note de M. van den Broeck, il se présente le premier en ordre utile, puis- qu'il forme la suite immédiate de mon étude. Vous avez pu constater, Messieurs, que les recherches de M. d’Andri- mont ne font que confirmer mon exposé, en l’appuyant d’une série d'expériences de coloration par la fluorescéime qui m’avaient paru imu- tiles, étant donné le point de vue exclusivement hygiénique où je me plaçais et étant donné que les faits que j'ai dénoncés sont flagrants. Mais ces expériences, qui ont été faites avec un soin minutieux, étaient indispensables pour fournir aux tribunaux les éléments d'appréciation nécessaires pour juger un procès pendant entre la ville de Marche et un usinier. Il y à lieu de remarquer, en effet, que la dérivation dont Je vous ai entretenus aurait, paraît-il, réduit la puissance d’un coup d’eau utilisé par un industriel de Marche, d’où action en justice. Je ne sais si ce procès, qui dure depuis de longues années, qui a passé par une série de juridictions, a pris fin aujourd’hui. Bornons-nous à dire que de son issue ne pourra résulter qu’une chose, c’est que l’on saura si les habitants de la ville de Marche ont, oui ou non, de par la loi, le droit de s’empoisonner à leur guise. Pour en terminer avec les eaux alimentaires de la ville de Marche, Je dois rectifier une erreur. Il paraîtrait, d’après ce qui m'a été rap- porté, que j'ai fait confusion’en vous disant que le village de Champlon, dont les eaux résiduaires doivent forcément se mélanger aux eaux ali- mentaires de la ville de Marche, serait le Champlon où les colonies Scolaires de Liége se rendent pendant les vacances. Vous vous souviendrez peut-être, Messieurs, que Champlon avait été signalé par la Commission médicale du Luxembourg comme un foyer permanent de typhoïde et qu’à la suite de la visite d’un médecin délégué par le 26 PROCES-VERBAUX. : comité scolaire, ordre avait été donné à la colonie de réintégrer la ville de Liége. IT s'agirait d’un autre Champlon. S’il en est effectivement ainsi, on peut en tirer cette seule conelu- sion, c’est que, dominée par un village où la fièvre typhoïde n'existe pas à l’état endémique, la ville de Marche à néanmoins été terrible- ment frappée par cette maladie. Cette conclusion n’est pas consolante. M. d’Andrimont est, comme Jje le suis moi-même, Liégeois de vieille souche; je ne pense pas m'aventurer en disant qu’il doit admirable- ment connaître les vallées de l’Ourthe, de l’Amblève et de leurs affluents où, certes, les calcaires carbonifères ne font pas défaut. Me permet- tra-t-1l d’exciper du double titre de concitoyen et de confrère de la Société de Géologie, pour le prier de bien vouloir m'indiquer, dans ce vaste champ d'exploration, quelques-unes des sources sortant du eal- caire carbonifère qu'il estime offrir la sécurité voulue pour qu’on les dérive sans appréhension en vue de l'alimentation d’une agglomération humaine ? S'il veut bien consentir à répondre à la question que Je me permets de lui poser, aura-t-il l’obligeance de dire si ces sources sont ou ne sont pas commandées par un vallon sec et si aucun vallon sec n’existe dans le périmètre de leur bassin d’alimentation probable? Je me vois obligé d'ajouter le mot « probable », car on sait combien sont fréquents les phénomènes de capture en terrains calcaires. À défaut de sources importantes, M. d’Andrimont pourrait peut-être signaler de petites sources se trouvant dans les conditions dites plus haut. Ce renseignement étant fourni, je pourrai utilement répondre à son affirmation en ce qui touche au bassin considéré, que je connais bien, je crois. Je passe au communiqué fait par M. van den Broeck en séance du 48 novembre, à la suite de mon travail. M. van den Broeck nous dit : « Déjà est assez suggestif à lui seul — s'inscrivant en faux contre une trop catégorique proscription — le cas de l’agglomération bruxelloise, dont les plus importants faubourgs, représentant près de 300,000 habi- tants, sont depuis neuf ans, et sans aucun inconvénient, alimentés par de nombreuses sources émergeant du calcaire carboniférien de la région du Bocq moyen. » Je dois vous faire observer que l'argumentation sur laquelle il s'appuie n’est pas d'ordre scientifique, qu’elle est d’un empirisme bien fait SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 97 pour surprendre de la part d’un géologue aussi expérimenté. La science n’est évidemment que le résultat synthétique de l'expérience ; c’est par l'expérience qu'elle s’est formée peu à peu, car c’est malheureuse- ment la multiplicité des accidents survenus à la suite de l’usage des eaux sortant des calcaires, qui à provoqué la méfiance légitime dont elles sont aujourd'hui l’objet de la part des hygiénistes. Que, pour le gros publie, la sécurité soit représentée par l’absence d'accident, soit, mais dans une assemblée d'hommes de science l’argu- mentation n’est pas acceptable. Je ne vois pas en quoi l’exemple posé par M. van den Broeck est suggestif; disons plutôt qu'il est suggestion- nant pour certains. Un exemple récent appuiera ma manière de voir. Vous savez, Messieurs, qu’au début de ma communication sur les eaux de la ville de Marche, je vous disais que cette communication avait été retardée par suite de l’éclosion, dans l’agglomération bruxel- loise, d’un certain nombre de cas de fièvre typhoide qui, frappant principalement la classe aisée, avait provoqué un certain émoi. J’ajou- tais que, pour ne pas faire de tort aux marchands d’huitres, 1l était convenable d'attendre les conclusions de l’enquête ouverte par le Gou- vernement. Aujourd'hui, l'enquête étant terminée, les résultats étant connus, Je ne suis plus retenu par le même serupule. La preuve est faite que ce sont bien les huîtres qui étaient les coupables. Des accidents analogues s'étaient déjà produits à l'étranger; en Angleterre et en France notamment, on avait, à plusieurs reprises, signalé, non pas des épidémies, car il ne s’agit pas dans l’espèce d’épi- démie, mais des cas nombreux de typhoïde dus à l’ingestion d’huiîtres. Ces faits se passant à l'étranger, nous laissaient naturellement fort indifférents et nous persistions à avaler le délicieux mollusque sans appréhension La preuve était cependant faite depuis longtemps que l'huître peut provoquer la typhoïde en certaines circonstances aujourd'hui bien connues. Adoptant les termes de la proposition de M. van den Broeck, on aurait pu dire : Déjà est assez suggestif à lui seul, s'inscrivant en faux contre une trop catégorique proscription, le cas de l’agglomération bruxelloise, représentant près de 700,000 habitants, qui, depuis bien plus de neuf ans et sans aucun inconvénient, avalent et digèrent des quantités énormes d’huîtres. L'argumentation de M. van den Broeck n’est pas recevable, on le voit. Il n’est pas nécessaire que la fièvre typhoïde et le choléra se déchaînent sur une ville pour donner la preuve du danger que présente 28 PROCÈS-VERBAUX. son système d'alimentation. A supposer que la ville de Marche n'ait pas été frappée comme elle l’a été, l'étude du terrain permettrait d’affr- mer que les eaux qui l’alimentent sont détestables ; c’est sur la science géologique et non sur l'expérience qu'on doit étayer le raisonnement au sein de notre Société. Dans les termes mêmes du raisonnement de M. van den Broeck, on trouve la preuve de la faiblesse de son argumentation. Il nous dit que certains faubourgs de Bruxelles sont, depuis neuf ans et sans inconvé- nient, alimentés par des sources émergeant du calcaire carboniférien. J'ai dit précédemment que la distribution d'eau de la ville de Marche date de 1895 Pendant onze ans, donc pendant deux années de plus que la période envisagée par notre savant collègue, tout a bien marché. En 1906, date désormais funèbre pour la population marchoise, une épidémie violente de fièvre typhoïde se déclarait; si je regrette d’avoir été bon prophète en 1898 lorsque j'exprimais mes appréhensions, je regrette non moins que mon cri d'alarme n’ait pas été entendu. Lorsqu’en 1882 — il y a de cela près de vingt-sept ans — la ville de Verviers me fit l'honneur de me confier la direction de son Service des travaux publies et de son Service des eaux, j’eus pour la première fois l’occasion d’assister à la disparition d’un cours d’eau dans les cal- caires. Le phénomène, sur lequel mon attention fut attirée par le vétéran du service, feu M. Britte, chef fontainier de la ville, avait pour théâtre le ruisseau dit de « Mangombroux ». C’est sous la conduite de M. Britte que je visitai tous les cours d’eau des environs qui régulièrement mettaient une réelle obstination à disparaître aussitôt que, quittant les zones imperméables, ils abordaient les calcaires. Feu Britte, très observateur par tempérament et quelque peu am du merveilleux, me montra ensuite les « trous de sottais » (trous de nuttons) et m’inspira les premiers sentiments de doute qui se glissèrent dans mon esprit au sujet des eaux de roche, considérées jusque-là comme le prototype des eaux alimentaires de bonne qualité. Quelques années plus tard, en 1888, ayant projeté le barrage du ruisseau dit « le Helevy », affluent de la Hoigne, je m’adressai aux lumières de mes savants collègues MM. Rutot et van den Broeck, à l'effet de savoir si l'emplacement proposé pour l'ouvrage pouvait donner tous apaisements. Ici encore Je trouvais, en effet, à la limite du Jac artificiel qui devait être créé, une bande calcaire où disparaissait un des bras du petit cours d’eau à barrer. SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. | 29 En 1889, à peine installé à Bruxelles, J’eus à examiner les propo- sitions faites à la ville par le propriétaire des sources du Hoyoux. Après ce que j'avais vu à Verviers, mon esprit était nécessairement mis en éveil, quoique cependant, parmi les documents à l'appui du projet, se trouvât un exposé fait par deux de nos confrères, MM. Rutot et van den Broeck, dont les conclusions étaient fort optimistes. Je suis certain que l’un des auteurs de cette note, M. Rutot, ne la signerait plus aujourd’hui sans de très sérieuses restrictions, s'il entre- prenait une nouvelle étude de la question. Je suis dans l'ignorance du sentiment de M. van den Broeck à ce sujet. En ce qui me concerne, J'ai soumis, ên janvier 1894, à la Société, une étude sur les sources des vallées de l'Ourthe, du Hoyoux et du Bocq qui est encore le reflet exact de mon opinion à l’heure présente. Si j'ai varié, c'est plutôt dans le sens pessimiste, attendu que les faits relevés depuis par moi, l'étude magistrale de M. Dupont présentée à la Société de Géologie en mal 1894, les travaux et les découvertes de M. Martel publiés, en 1894 également, sous le titre : Les Abîimes, n’ont fait qu’accentuer ce qu'un spirituel Journaliste à qualifié de calcarophobie. Le mot est par- faitement juste. Lorsqu'il s’est agi de la dérivation des sources du Hoyoux, on m'a opposé la science de Belgrand, qui a tracé le programme de l’alimen- tation de Paris et dont la réputation n’a pas à souffrir de l’erreur qu’il a commise en proposant la dérivation d'eaux que la science bactério- logique, non encore née, devait plus tard déclarer douteuses. Quand il s’est agi de capter les sources du Bocq, on m'a donné comme exemple les travaux de dérivation de l’Avre, qui venaient d’être décidés. Cette argumentation devait paraître d’autant plus impressionnante que ie Service de l’Intercommunale annonçait qu’il mettrait à profit le système adopté par les services de la ville de Paris, grâce auquel tout danger pouvait être considéré comme écarté. Personne aujourd’hui, dans le monde des ingénieurs, des hydro- logues, des géologues et des hygiénistes, ne peut plus mettre en doute que les sources alimentant Paris ne répondent pas aux exigences de l’hygiène et qu’elles sont une menace permanente pour la santé publique. S'il est encore des incrédules, je ne puis que livrer à leurs médi- tations les travaux de la Commission de l'Observatoire de Montsouris sur les eaux alimentant Paris. Disons encore que M. Schlosing, en terminant sa savante étude : Les nitrates dans les eaux potables, publiée en 1896, disait : « Et s’il 30 PROCÉS-VERBAUX. m'était permis d’avoir un avis sur le degré relatif de pureté des eaux conduites à Paris, je l’exprimerais en disant que je continuerai à boire de l’eau de la Vanne et celle de la Dhuis sans aucune inquiétude, telles qu'elles sont distribuées, et que je ne voudrais maintenant boire de l’eau de l’Avre qu'après son passage dans un bon filtre. » Quelques années plus tard, on reconnaissait que l’eau de la Vanne et l’eau de la Dhuis sont également compromises. Rappelons encore que la question suivante avait été posée au Congrès d'hygiène qui à tenu ses assises à Bruxelles, en 1905 : Établir, au point de vue des exigences de l'hygiène, les conditions que doivent remplir les eaux issues des terrains calcaires. Voici les réponses faites par M. E.-M. Martel, auditeur près le Comité consultatif d'hygiène de France, dans le rapport qu’il a pré- senté comme suite au questionnaire détaillé dressé par les soins de M. van den Broeck, qui nous annonce l'apparition prochaine d’un important travail sur les cavernes et rivières dans une publication faite avec la collaboration de MM. Martel et Rahir. Quel est le mécanisme de formation des sources sortant des roches calcaires ? R. — En général, les eaux sortant du calcaire ne doivent pas être considérées comme des sources, mais bien comme des réapparitions, des résurgences d'eaux, englouties à des distances plus où moins grandes et, bien entendu, à un niveau supérieur, par les fissures des calcaires. Ce mécanisme est-il d'une nature telle qu'il puisse assurer en tout temps une épuration parfaite des eaux, et peut-il étre mis en échec? La réponse est aussi brève que formelle : R. — Non, l’épuration des eaux du calcaire, loin d’être en tout temps parfaite, est au contraire en tout temps à peu près impossible. L’extrême fissuration du calcaire, l'extension des cavernes qui en résultent, l'absence à peu près générale de dépôts filtrants dans ces cavernes, trois faits empiriquement et absolument constatés SOUS TERRE, empêchent en principe et radicalement la purification, le filtrage des eaux qui arrivent contaminées aux points d'absorption. Le calcaire n’est pas un filtre, ni mème une éponge, c’est un crible, un tamis aux mailles des plus irrégulières, mais jamais assez menues pour permettre l’épuration que réalisent seuls les sables fins, à moins que ces mailles ne se trouvent exceptionnellement et complètement colmatées par des sables ou argiles de remplissage. Certaines dispositions des massifs calcaires ou bien certains types de calcaires sont-ils plus aptes que d'autres à fournir de bonnes eaux ? Ou SÉANCE DU 19 JANVIER 1909.1 31 bien tous les calcaires, quelle que soit leur disposition géologique et à quelque type qu’ils appartiennent, sont-ils, par essence, dangereux, quand on les considère comme lieu de provenance d'eau destinée à l'alimentation ? Pourquoi ? R. Aussi formellement qu’à la précédente question et pour les mêmes raisons, il n’y à point à distinguer entre les divers types de calcaires. Compact en lui-même et perméable uniquement par fissuration (sous réserve de la négligeable eau de carrière), tout calcaire, dès qu’il est aquifère, est nécessairement crevassé et ce crevassement est exclusifde tout filtrage proprement dit. Ÿ a-t-il lieu de faire, en matière d'utilisation hydrologique, certaines distinctions entre les calcaires anciens rocheux et les calcaires tendres ou crayeux, et lesquelles ? Autre réponse négative. Est-il parfois des sources sortant des calcaires que l'on puisse conseiller ou tout au moins autoriser, sans trop de restrictions, pour l'alimentation ? Non, jamais sans les plus sérieuses restrictions, à moins que tout le bassin d'alimentation puisse étre déterminé avec précision et qu'il se trouve en entier inhabité et inculte, ou recouvert de forêts, ou revêtu de dépôts meubles suffisamment épais pour être filtrants. Ou encore, à moins que, par des dispositions assez exceptionnelles, tout le réseau des fissures du calcaire où tout au moins celles de la résurgence soient aveuglées par un dépôt meuble que l’eau traverse en s’y filtrant plus ou moins bien. Que doivent donc étre les zones ‘le protection des sources issues des cal- caires? Comment peut-on les déterminer? fn quoi ces zones se d'fféren- cient elles des zones de protection des sources sortant d'autres terrains meubles ou rocheux ? Les zones de protection des résurgences devraient, théoriquement, comprendre tout leur bassin d'alimentation ; pratiquement, cela équi- vaut à une impossibilité, soit à cause de l’étendue de ces bassins, soit à cause de la difficulté absolue de les déterminer. A-t-on beaucoup d'exemples de villes alimentées en eau de sources issues des calcaires qui on' eu à s’en repentir? l'ourquoi? Oui : ces exemples fourmillent; 1ls donneraient lieu à une trop longue énumération et surtout ils évoqueraient sans doute trop de questions personnelles ou locales pour qu’il soit permis de citer aucun nom de ville à ce sujet. Quant aux raisons pour lesquelles l’alimenta- tion par les eaux issues des calcaires est condamnable, elles ressortent amplement de ce qui a été dit ci-dessus. 39 PROCÉS-VERBAUX. Comment a-t-on remédié au mal? Et la sécurité d'avenir peut-elle étre considérée comme assurée ? Le remède formel à ce mal n’est pas encore trouvé. Dans quelles conditions peut-on, sans trop d'appréhensions, alimenter les villes en eau sortant des calcaires ? « En résumé, la conclusion formelle est, répétons-le, que les eaux issues des calcaires sont la plupart du temps dangereuses, toujours sus- pectes. » Quant aux conclusions de M. van den Broeck, elles ont été moins précises et ont réclamé de ma part une rectification sur laquelle je reviendrai tantôt. On conçoit qu'une foi aussi profondément ébranlée en ce qui tou- che à la valeur des « eaux de roche » devait, pour être ressaisie, y être incitée par des faits prouvant que mon opinion était mal établie. Tout au contraire, à mesure que mes explorations se multipliaient, il m'était donné de reconnaître que toutes les sources explorées étaient frappées de tares ; je me hâte d’ajouter que presque chaque fois on m'a répondu : « C’est une exception. » Cependant, lorsqu'on relit avec toute l’atten- tion qu’il mérite le beau mémoire de Éd. Dupont : Les phénomènes généraux des cavernes en terrains calcareux et la circulation souter- raine des eaux dans la région Han-Rochefort (1), on est bien obligé de reconnaître que les phénomènes d'ordre physique et chimique dont il nous entretient sont applicables à tous les calcaires quels qu'ils soient. Depuis le commencement de la période secondaire, nos calcaires se sont trouvés maintes fois dans les mêmes conditions géologiques qu'aujourd'hui. Ces calcaires, comprimés et relevés dans l’état où ils se présentent à nous, ont été appelés à subir l’action des eaux superficielles durant la longue période continentale qui a précédé la transgression du Crétacé supérieur dans nos régions; 1ls ont vu un régime fluvial les traverser à nouveau à l’époque des régressions landenienne et aquitanienne. S’il subsiste une grande incertitude sur la couverture de terrain qui a pu recouvrir depuis lors le Condroz jusqu’à l’époque de la régression diestienne, il n’en reste pas moins acquis que, pendant un énorme espace de temps et à plusieurs reprises, ces roches ont subi la même (4) Bull. de la Soc. belge de Géologie, t. VIT, 4893, Mém. SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 33 action vigoureuse des eaux acidulées, qui s'infiltrent dans leurs diaclases, en dissolvent les parois, les corrodent sur leur trajet, aussi bien que les blocaux divers remplissant leurs fentes, et leur action cor- rosive s'exerce avec plus ou moins d’étendue suivant probablement le plus ou moins grand découpage des roches. Notre savant collègue M. Cosyns a montré, dans son beau travail (1) que l’altération du calcaire est un phénomène fort complexe résultant de sa dissolution : 4° Par l’acide carbonique qui se trouve en minime quantité dans les eaux météoriques, mais qui se forme en notable quantité par l’oxy- dation des matières charbonneuses des roches sous l'influence cataly- tique des composés de fer, ainsi que par l’action des sulfates d’alumine et de fer sur les carbonates; 20 Par les eaux minéralisées sortant des roches pvriteuses ou alté- rables. Les données primordiales étant rappelées, supposons que l’eau sor- tant des calcaires ait 28°; c’est là un chiffre normal; admettons que cette eau, avant de rencontrer la roche, accuse le titre de 3°. Dans son passage en sous-sol, elle aura donc vu son titre augmenter de 25°. À un degré hydrotimétrique correspond nécessairement par litre d’eau 0501 de carbonate de chaux dissous; pour 25° cela nous donne 0525 par litre, soit par mètre cube 250 grammes. On nous a dit qu’en région calcaire le rendement des sources s'élève à 6 mètres cubes par hectare et par Jour; réduisons même ce chiffre à 5 mètres cubes pour ne pas forcer la note. A chaque jour de l’année correspondra done une ablation de roche représentée par À kil. 250; après un an, cela représentera 450 kilo- grammes. Le mètre cube de petit granit pesant en moyenne 2,400 kilo- grammes, on peut en déduire que, en admettant même une action absolument égale dans toutes les fissures de la roche sous-jacente à la surface de l’hectare considéré, tous les six ans un vide représenté par 1 mètre cube se sera produit. Puisque le phénomène s’accomplit depuis la fin de l’époque secondaire, on peut juger par là de ce que doivent être les vides, quel que soit le type de calcaire considéré. Dans un travail publié en 1881 par notre ami van den Broeck, ce savant géologue à montré que les dépôts superficiels sont décalcifiés (4) G. Cosyns, Essai d'interprétation chimique de l’altération des schistes et cal- caires. BULL. DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE, t. XXI, 1907, Mém., p. 345.) 1909. PROC.-VERB. 5 34 PROCÈS-VERBAUX. par l'infiltration des eaux météoriques. Ce n’est donc pas au résidu meuble et filtrant qui colmate les fentes et les fissures (nous dit-il), mais bien à la roche sous-jacente que l’eau emprunte le carbonate de chaux que, chaque jour, elle entraîne avec elle. I s’ensuit enfin que, en admettant même une homogénéité idéale, de massive qu’elle était primitivement, la roche comporte des couloirs. M. van den Broeck a insisté, en effet, « sur la propriété encore non mise en lumière jusqu'ici, dit il, qu’offrent certains niveaux des calcaires à crinoïdes (vulgairement petit granit) de fournir, d’une manière géné- rale, à de très rares exceptions près, par le fait même de l’attaque et de la corrosion des parois de leurs diaclases et joints, un résidu meuble et filtrant, colmatant les fentes et fissures. C’est grâce à ce résidu, analogue à celui qui s’observe très nettement dans les carrières de Spontin, qu'est obtenue si généralement, au sein des calcaires tour- naisiens, l’eau élaborée alimentant Îles réserves souterraines, surtout localisées dans certains des niveaux (T{c, T2b) des deux assises de l'étage tournaisien ». Cette question de résidu pourrait être aisément et promptement résolue par un chimiste qui nous dirait en même temps si les quantités de roche dissoute et de résidu sont à ce point comparables comme volume, que l’on puisse admettre que les cavités créées peuvent effecti- vement être comblées par le résidu. Sans rien vouloir nier a priori, Je me permets d'élever un doute à ce sujet; je crois que le résidu ne représente qu'une infime partie de la roche dissoute. Quoi qu'il en soit, Je dois faire remarquer que l'observation n’a pas le caractère de nouveauté que lui attribue M. van den Broeck; elle constitue même l'argument principal qu'ont invoqué les promoteurs de la dérivation des eaux du Bocq et qu’invoquent encore leurs succes- seurs, aujourd'hui, pour prouver la pureté des eaux dérivées. Il suffit, pour s’en convaincre, de relire la belle conférence que nous a faite ici même M. Walin (!) et d'ouvrir, à la page 30, l’ouvrage de notre collègue M. Deblon, qui, pour rendre la comparaison plus aisée, a suivi, de point en point, le programme de mon étude sur les eaux de Bruxelles. Je ne trouve donc pas, dans le fait signalé par M. van den Broeck, un argument nouveau qui puisse modifier ma manière de voir. (4) WALIN, Étude sur le régime hydrologique, sur l'importance et la nature des eaux dans les terrains calcaires du Condroz et de l’'Entre-Sambre-et- Meuse. (BULLETIN DE LA Soc. BELGE DE GÉOL., t. VIIT, 1894, Pr.-verb.) SEANCE DU 19 JANVIER 1909. 39 J'avais cru jusqu'ici que le résidu de dissolution des calcaires par l’eau chargée d'acide carbonique est principalement formé d'argile imperméable, et ce n’est certes pas sur l'argile qu’on peut compter pour filtrer l’eau. Quant à la présence d’autres éléments, ne résulte- t-elle pas d’une absorption par les crevasses? N’est-elle pas, en réalité, le témoin d’un entraînement, à telle enseigne qu'on trouve souvent aux débouchés des sources des sables provenant des plateaux ? Mieux vaudrait, pour être rassuré sur la provenance des eaux sortant des calcaires, apprendre que dans telle ou telle région 1l a été reconnu que dans les vallons, dans les chavées, dans les « sècheval », je n’ose pas dire les « sèchevaulx », la roche calcaire est à ce point chargée d’un manteau d’argile que les eaux de ruissellement ne peu- vent pénétrer dans les crevasses du calcaire. Ainsi se trouverait accom- pli par la nature le comblement des bétoires que plusieurs ingénieurs ont proposé, mais n’ont jamais réalisé d’une façon satisfaisante. Il im- porte peu de savoir si la goutte d’eau qui tombe du ciel trouve ou ne trouve pas, dès son contact avec la terre, un manteau filtrant; le danger n’est pas là ; l’égouttage, à travers la roche fissurée, donnerait, je suis tenté de le croire, une eau parfaite. Ce qu’il importe de connaître, c’est s’il existe des régions où nulle part elle ne s’engouffre en masse dans les fissures existantes dans le bassin hydrographique appelé à fournir l’eau que lon se propose de capter. J'ignore si une telle région existe dans notre pays, où Je vois nos calcaires bordés par des roches imperméables qui, fatalement, y adres- sent leurs eaux de ruissellement, et où, non moins fatalement, les lignes de contact constituent des lieux d'absorption parce qu’elles sont le siège des dislocations les plus profondes. Je connais des plissements de contact entièrement comblés par des sables, du détritique et de l'argile, capables de fournir une eau parfaite; mais dans ces cas exceptionnels, ce n’est pas l’eau sortant des calcaires que l’on doit capter, mais bien l’eau filtrée dans les terrains super- posés à la roche. De ces exceptions fort rares, on peut conclure qu’en région calcaire on peut recueillir, à la surface de la roche, de bonnes eaux en petite quantité ; précisément parce qu'il s’agit d’exceptions, on doit en conclure que de larges dérivations ne sont pas possibles. Est-ce à dire qu'AU SEIN MÊME DES CALCAIRES On ne puisse rencontrer des eaux parfaites? IT serait puéril de le nier. Ces eaux existent. A telle enseigne que, en temps normal, beaucoup d’eaux sortant des calcaires sont irréprochables. Leur grave, leur nnique défaut, pourrait-on dire, 36 PROCES-VERBAUX. c’est l’inconstance de pureté à la sortie, dont aucun géologne ne se porterait garant en toutes circonstances. Si les travaux de captage pouvaient avec certitude être exécutés de façon à éliminer les eaux d’engouffrement, ou si encore on me donnait la preuve que certains calcaires ne comportent pas de couloirs, que l’égouttage de l’eau s’y produit partout également par de simples fissures, je m'estimerais trop heureux d’assister à pareille découverte, démontrant, une fois de plus, la fécondité de la science géologique. J’y applaudirais des deux mains et je moditierais du jour au lendemain ma manière de voir, fort systé- matique, j'en conviens. | Mais dans l’état actuel de nos connaissances, y a-t-1l un homme assez confiant dans le hasard pour oser affirmer que ce hasard, auquel il est obligé de se fier, le servira à tel point que, creusant dans la roche cal- caire une galerie de 2 kilomètres, par exemple, il ne rencontrera pas, soit un couloir à see, soit une venue brusque, couloir dont il ignorera à tout jamais les méandres, venue d’eau dont il pourra, à ses dépens, apprendre un Jour le danger? Jirai encore plus loin : au lieu d’une galerie de 2,000 mètres, j'en suppose une de 10 mètres. Quel est le géologue qui oserait affirmer que je ne rencontrerai pas les mêmes accidents? Voilà ce que je ne cesse de dire depuis dix-sept ans, et à cette question qui donne le critérium de la valeur des eaux sortant des calcaires, a-t-11 jamais été opposé un argument valable ? Je dois encore ajouter quelques mots au Sujet du remplissage des crevasses superticielles des calcaires. Ce remplissage peut se trouver réalisé par de la blocaille, du limon, du sable ou de l'argile. Au point de vue de la filtration, la situation la plus favorable se rencontre évidemment lorsque du sable remplit les crevasses. Or, vous vous souviendrez, Messieurs, qu'une série de communiqués, que des notes et des brochures ont insisté, comme vient du reste de le faire encore M. van den Broeck, sur l’importance de ce remplissage en ce qui touche à l’élaboration de l’eau. M. Deblon, dans son beau travail intitulé : Les eaux alimentaires de l’agglomération bruxelloise, rédigé à l’occasion du Congrès d'hygiène de 4905, a tenté de démontrer que l’eau sortant des calcaires de la région du Bocq est supérieure comme qualité à l’eau issue des sables tertiaires; plus récemment enfin, en 1907, un tableau à été répandu à profusion dont la tendance était de prouver que, grâce à la supé- riorilé des eaux de lintercommunale sur celles de la ville, la fièvre typhoide avait fait moins de victimes dans les faubourgs, alimentés SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 31 en eau du Bocq, que dans Bruxelles et les communes desservies par la ville. J'ai fait, en son temps, bonne justice de ces affirmations extrême- ment basardées, d'autant plus hasardées que l’on comprend difficile- ment le raisonnement qui voudrait prouver que l’eau pénétrant dans les crevasses, après son passage à travers une mince couche de sable tertiaire, puisse être plus satisfaisante que l’eau qui traverse 30, 40 ou 50 mètres de ces mêmes sables. Lorsqu'on invoque l’existence de len- ülles sableuses dans des crevasses, pour prouver la filtration parfaite de l’eau, on est évidemment mal inspiré d'en arriver à cette con- clusion paradoxale, que st l’épaisseur de ces sables devient imposante, l’eau est moins bonne. On peut donc dire que les personnes qui ont essayé de démontrer que les eaux sortant des calcaires de la vallée du Bocq offrent plus de sécurité que celles sortant des sables tertiaires, n'ont pas péché par excès de logique. A moins que notre savant collègue n'ait trouvé le moyen de procéder au levé des nappes aquifères des calcaires que, jusqu'ici, lui et moi avions considéré comme impossible parce qu'en fait ces nappes sont discontinues, je ne saisis pas, je l'avoue, la signification que peut avoir la phrase suivante extraite de sa communication : « l’eau élaborée alimentant les réserves souterraines surtout loca- lisées dans certains des niveaux (T4c, T2b) des deux assises de l'étage tournaisien forme, par contraste avec les rivières souterraines cou- rantes, à circulation rapide, de la plupart des autres assises et étages de nos calcaires carbonifériens et surtout dévoniens, des rivières à cir- culation lente. » Je me suis permis de souder deux phrases du texte, pour mieux faire saisir la portée de ce qui va suivre ; je me plais à eroire que, ce faisant, Je n’ai en rien modifié la pensée de leur auteur. Pour apprécier la lenteur de circulation de Peau, dans le Jacis des fentes du calcaire, non seulement le levé est nécessaire, quoique impos- Sible, mais encore l'homogénéité des couches est indispensable. Les faits nouveaux recueillis par notre collègue lui permettent-ils d’aflirmer que ces données sont, ou bien acquises, ou encore inutiles? Je lui ferai remarquer, d'autre part, que ses paroles ont dû trahir sa pensée lors- qu'il a dit que les rivières filtrées, qu’il envisage, alimentent ou méme constituent de vastes réservoirs. Les deux termes, rivière et réservoir, me paraissent peu conciliables. Admettons pour un instant que cette incompatibilité n'existe pas. 38 PROCES-VERBAUX. Que la rivière soit à circulation lente ou à circulation rapide, ce n’en est pas moins une rivière dont la découverte implique nécessairement la preuve de l'existence de canaux souterrains. Le débit est fonction de la pente, de la largeur et de la profondeur du cours d’eau. Plus la pente sera forte, plus la vitesse de l’eau sera grande, plus la section du canal d'évacuation sera réduite, le débit restant le même Inversement, le débit restant le même, plus la vitesse de l’eau souterraine, dont nous à entretenus M. van den Broeck, sera faible, plus grande devra nécessairement être la section du canal d'évacuation. On en arrive à conclure que des calcaires où, suivant lui, les circon- stances se présentent comme étant les plus favorables à l’élaboration des eaux, renferment des canaux de faible pente et largement ouverts. Dans le même ordre d'idées, la présence d’une chute intermédiaire, sur le parcours d’un pareil canal, en déterminant une accélération de vitesse, provoquerait un doute sur la qualité de l’eau, alors que, venue d’amont avec lenteur, elle peut cependant reprendre, après sa chute, sa lenteur primitive. Telle ne peut être évidemment la manière de voir de M. van den Broeck qui sait, comme moi, que c’est le hasard et non la théorie qui est, jusqu'ici, notre seul guide lorsque nous tentons de découvrir des canaux souterrains dans le calcaire; il sait que ce hasard peut nous conduire à découvrir une chute, un rapide ou un écoulement lent des eaux de drainage de ce terrain. Dans les trois cas, chute, rapide ou écoulement lent, ce sera la même eau qui surgira devant nous. Je ne vois pas dès lors la portée de la phrase qui établit une liaison entre la vitesse et là pureté, en région calcaire, bien entendu. Dans sa note, M. van den Broeck fait observer « qu’en parlant d'eaux élaborées et utilisables comme eaux potables fournies par nos calcaires carbonitériens, 1l ne conseille nullement de se départir de la règle géné- rale de prudence et de surveillance spéciale (1) dont doivent, sans exception aucune, rester l’objet, toutes les sources émergeant du cal- caire. Mais l'étude pratique des éléments du problème actuellement posé montrera que l’on se trouve ici en présence d’un minimum absolu d’éventualité de contamination d’origine. Le facteur éventuel du mélange de ces eaux souterraines élaborées avec les eaux superficielles voisines des émergences ou du captage par puits et galeries, réclamera, comme toujours, la très vigilante attention des intéressés ». (1) Le mot spéciale n’est pas souligné dans le texte de M. van den Broeck. SEANCE DU 19 JANVIER 1909. 39 Je constate, tout d’abord, que la note optimiste représentée par les mots minimum absolu détonne singulièrement avec la nécessité d’une très vigilante attention des intéressés. Notre savant collègue reconnaîtra, je pense, que ce qu'il nomme minimum absolu est plutôt un minimum relatif, le minimum absolu étant représenté par les sables, puisqu'on ne connaît pas mieux comme appareil d'élaboration de l’eau. J'ai rappelé plus haut les déclarations de M. Martel en sa qualité de rapporteur au Congrès d'hygiène de 1905 et j'ai dit que je reviendrais ultérieurement sur le travail présenté, au même Congrès, sur la même question, par M. van den Broeck. | Parlant de la surveillance des bassins sourciers, M. van den Broeck avait exposé sa manière de voir dans des termes qui donnaient lieu à une confusion regrettable. J'avais même cru devoir, dans l'intérêt de la science, le lui faire observer, en séance de la Société de Géologie du 15 décembre de la même année. Je me permettrai, Messieurs, de vous rappeler le fait. M. van den Broeck avait dit dans ses conclusions : « En présence des lourdes responsabilités qu'implique l’action néfaste, sur la santé publique, de l’utilisation d'eaux alimentaires de sécurilé douteuse ou variable, on peut se demander si l’action directe de l’État ou de la Province, représenté par un service technique spé- cial, essentiellement géologique dans certains de ses éléments, ne serait pas un objectif des plus hautement désirables. Un tel service d’intérêt publie, absolument indépendant de toute société ou administration de travaux d’eau, et qui serait chargé aussi bien de fournir des éclaireisse- ments pendant la phase d’études préalables des projets que d'organiser la surveillance ultérieure continue de toute distribution d’eau, qu'elles émanent du calcaire lissuré ou des sables filtrants, pourrait rendre les services les plus signalés et prévenir soit de regrettables fausses recherches ou de lamentables et coûteux échecs en matière d’entre- prises d'eaux alimentaires, soit de graves atteintes à la santé des popu- lations desservies. » Je répondis que rien n'était plus différent, au point de vue de la nécessité d’une surveillance continue, ultérieure à la création d’une distribution d’eau, que le calcaire et les sables filtrants, et que dire que les mêmes précautions doivent entourer les eaux alimentaires dans ces deux cas opposés, est une hérésie. J'ai fait observer que l’eau prélevée dans les terrains sableux, dans une zone de protection peu étendue, est nécessairement stérile quand, 40 PROCÉS-VERBAUX. entre la nappe aquifère et la surface du sol, on trouve un manteau pro- tecteur de quelques mètres, et qu’il n’en est pas de même dans les régions calcaires. Dans les terrains calcaires, alors même que la zone de protection immédiate de la source est efficacement ei en tout temps mise à l'abri de toute cause de pollution, du jour au lendemain cette source peut être irrémédiablement contaminée par des causes éloignées; ce qui ne peut arriver en terrains sableux. Ce qui différencie d’une façon radicale les deux types, c’est que pour le premier — terrains sableux — on peut aisément et à peu de frais réaliser des zones de protection efficaces, tandis que pour le second — terrains calcaires — la zone de protection naturelle, pour répondre dans les mêmes conditions au même résultat, devrait comprendre non seulement le bassin ealcaire tout entier, mais encore la parte du bassin hydrographique capable d’y amener des eaux de ruissellement. A la suite de mon observation, M. le Président donna lecture d’un passage d’une lettre de M. van den Broeck, qui, absent du pays, avait pris avant son départ connaissance de ma note. M. van den Broeck y disait qu'il s’inserivait pour faire ultérieure- ment quelques mots de réponse rencontrant mes critiques et mettant les choses mieux au point que dans mon exposé : « Il n’est jamais entré dans ma pensée, disait M. van den Broeck, de mettre les eaux de cal- caires sur un pied d'égalité comme sécurité avec les eaux des terrains meubles et je ne puis que regretter toute tournure de phrase de mon exposé qui pourrait, à aucuns, faire croire le contraire. » Comme je le disais plus haut, c'est done avec infiniment de raison que je crois que M. van den Broeck a voulu dire que les captages d’eau dans les calcaires, entrevus par lui, ne seront sujets qu’à un minimum relatif d'éventualité de contamination d’origine. : M'est-1l permis de demander à mon savant collègue de bien vouloir nous dire comment 1l comprend l'exercice de la très vigilante atten- tion des intéressés et ce que doit être, dans sa pensée, le programme à remplir pour rendre cette surveillance eflicace? Parmi les espérances qu'implique la découverte que nous annonce M. van den Broeck, il semble, dit-il, « que l’on puisse signaler comme importante application éventuelle de ses constatations, la possibilité .de trouver par un système de drainage approprié, et qu'il sera aisé de concevoir pratiquement, aussitôt que sera fait l'exposé complet de la question, une sérieuse base d'alimentation en eau potable, d’origine souterraine, pour les futures agglomérations qu'implique la création SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 4 de centres miniers et industriels dans les plaines basses de la Bel- gique ». Comme aujourd’hui même, trois de vos confrères, le Prof" Putzeys, M. Rutot et moi, nous présentons une nouvelle étude sur l’alimenta- tion en eau potable de la Basse-Belgique et du bassin houïiler de la Campine, je me permettrai de poser cette simple question : Scrait-1l logique de dériver à grands frais de la province de Namur vers les futurs bassins houillers une eau qui réclamera, suivant M. van den Broeck lui-même, la très vigilante attention des intéressés et qui, par conséquent, est d’origine suspecte, alors que sur place on trouve une eau parfaite qui est, par la nature elle-méme, mise à l'abri de tout soupçon ? Dussé-je répondre par un lieu commun, je dirai : Poser la question, c'est la résoudre. | Après avoir montré que les arguments présentés par mon savant collègue M. van den Broeck n’autorisent pas l’adoption de toutes ses conclusions relativement optimistes au sujet de la valeur de certaines eaux sortant des caleaires, j'ai hâte d'ajouter que le fait de ne pas accepter ses conclusions ne signifie pas que Je rejette la possibilité, je vais plus loin, la probabilité d’une classification que des recherches nouvelles permettront sans doute d'établir un jour. J'ai trop de confiance dans l'avenir de la science et dans la puissance de la volonté humaine, lorsqu'elle prétend découvrir la vérité, pour penser qu'il puisse en être autrement. La classification que j'entrevois ne peut être improvisée. L'esprit d'analyse nous avertit qu’elle existe en fait dans la nature ; en effet, si les phénomènes généraux, à l’interprétation desquels nous devons forcément nous limiter, faute de connaissances plus étendues, sont les mêmes pour tous les calcaires, chaque type de calcaire jouit, par contre, de propriétés spéciales, subordonnées elles-mêmes à des accidents géologiques de natures variables. Il me suffira de rappeler les recherches de M. Cosyns, dont il a été question plus haut, pour mon- trer par ce seul exemple qu’il en est bien ainsi. Nous sommes donc obligés d'admettre a priori que l'élaboration de l’eau dans les masses calcaires ne peut donner un résultat identique en chacun des points et à toutes les profondeurs, pour un bassin con- sidéré, puisque le laboratoire n’est pas partout le même. Ce que nous ignorons jusqu'ici, c’est la succession et l’exacte portée des événements dont l’eau est l'objet, entre le moment où elle pénètre dans le sol calcaire sous forme de pluie et le moment où elle en sort 42 PROCÈS-VERBAUX. sous forme de source. C’est le motif pour lequel nous ne pouvons, en aucune circonstance, avec le mince bagage scientifique que représen- tent nos connaissances en matière d'hydrologie des calcaires, formuler une seule conclusion ferme, alors que pour les terrains meubles, la circulation des eaux et leur processus d'élaboration sont suffisamment bien connus pour autoriser des conclusions formelles. Mais rien ne dit qu’une étude patiente et attentive des lieux et des circonstances dans lesquels s’accomplit l'élaboration de l’eau, tout en fournissant pour un bassin complet le résultat final que nous connais- sons, — savoir l'insécurité, — ne nous démontrera pas qu’il est possi- ble, par une détermination bien raisonnée des travaux de captage, d'obtenir localement, au sein des masses calcaires, des eaux parfaites en tout temps. Pour que pareils travaux puissent se justifier et puissent _ être acceptés au même titre que ceux exécutés dans les terrains meubles, il faut nécessairement que le domaine des sciences géologi- que, hydrologique et chimique ne reste pas dans les limites étroites où il est actuellement confiné. L'esprit de l'homme est ainsi fait qu'il s’irrite lorsqu'il se trouve en présence d'un problème dont il ne possède pas la elef; c’est ce senti- ment, joint à l'esprit d'analyse, qui a provoqué toutes les découvertes dont l'humanité bénéficie. Comme jusqu’ie1 nous n’en sommes qu'au prélude, on peut prévoir qu'un jour viendra où nous pourrons traduire ce qui se passe dans les entrailles de la terre, comme le médecin sait, depuis quelques années, traduire par la photographie ce qui se passe dans le squelette humain, en cas de fracture par exemple. Réunissons patiemment tous les éléments d'étude en nous disant qu'aucun d'eux n’est inutile, puisque nous savons que les découvertes les plus merveilleuses à nos yeux ont toujours eu comme point de départ une simple observation. D'ici au moment où nous en saurons suffisamment pour äller de l'avant avec la certitude d’un plein succès, nous n’avons pas encore le droit de conseiller des essais dont les résultats peuvent être désas- ireux. Discussion. M. E. van DEN BRoEcKk, désireux de répondre immédiatement à M. Putzeys, bien que ce dernier n’ait que résumé sa communication, a envoyé au Secrétariat l’exposé ci-dessous développant son inter- vention dans le débat. SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 43 ERNEST VAN DEN BrRo€ck. — La défense des « rivières souter- raines filtrées ». — Réplique à M. E. Putzeys. En présence du volumineux réquisitoire que, sous la rubrique de « réponse » à MM. d’Andrimont et van den Broeck, vient de dresser contre les eaux des terrains caleaires en général, notre confrère M. E. Putzeys, il est matériellement impossible à M. van den Broeck de répliquer aux multiples points paraissant intéresser sa communica- tion dans cette « réponse » qui n’est que tangente au champ de la discussion, du moins en ce qui concerne la thèse défendue par M. van den Broeck. Ce dernier se réserve de rencontrer en détail la communication de son estimé confrère, après avoir pris connaissance du contenu des nombreux feuillets dont quelques-uns seulement viennent d’être com- mentés où résumés oralement par M. Putzeys. Tout en se défendant de faire à la forme des communications de son confrère une critique qui puisse être taxée de procès de tendance, M. van den Broeck tient à relever que la communication orale de M. Putzeys est — comme d'habitude — très systématiquement agrémentée d’ornements oraloires du style ironiste mais absolument étrangers aux matières traitées ; cependant 1l est de notoriété publique — ce que contirment, d’ailleurs, les travaux et les écrits de M. Putzeys — que la connaissance détaillée des propriétés très spéciales des calcaires tournaisiens du bassin de Dinant et de leur hydrologie ne lui est pas encore familière, celle-ci n'ayant jamais fait l’objet d'observations ou de recherches détaillées ou suivies de la part de cet adversaire des résurgences dévoniennes et même viséennes. Cette circonstance — indépendamment de toute considération d'ordre personnel — eùt pu, à bon droit, inspirer à notre estimé confrère le scrupule de laisser filtrer dans sa « réponse » très élaborée, il en conviendra, la réserve que nous regrettons de n’y rencontrer qu'à l'état très dilué. Une fois de plus, M. Putzeys, entrainé par le suecès, d’ailleurs jus- üfié, de ses vigoureuses campagnes contre les eaux fournies par les calcaires dévoniens, ou même carbonifères viséens, étend inopportuné- ment ses attaques, d’ailleurs toutes basées sur des faits anciens et déjà 44 PROCES-VERBAUX. connus, à toutes les eaux sortant du calcaire. Sans vérifier s’il n'y a pas, dans l’hydrologie des calcaires belges, des faits diamétralement opposés. comme l’annonce M. van den Broeck, à ceux qu'il à étudiés et Justement stigmatisés de sa verve cinglante, sans tenir compte de la . diversité n1 de l'influence — cependant si grande au point de vue de la pureté des eaux du calcaire — des conditions fournies par les importants facteurs de la tectonique, de la donnée ou spécialisation stratigraphique ni surtout de la nature lithologique et des propriétés de certains niveaux el roches calcaires n1 d’autres éléments encore, dont le rôle aurait pu lui échapper, M. Putzeys, qui avoue n'être pas géologue (1), répudie. systématiquement toute venue d’eau fournie par le calcaire. Que n'a-t-1l attendu quelque peu avant de risquer ainsi de compro- mettre le prestige que lui valent les belles et bonnes campagnes où il prenait à partie les eaux des calcaires dévoniens ? La situation se présente ainsi : Le premier et très sommaire énoncé d’une these toute nouvelle, élaborée sur des faits concordants et positifs, confirmée d'autre part par des vérifications de diverse nature, vient d’être tout récemment formulé par M. van den Broeck. Cette thèse s'applique à certains niveaux lithologiques et stratigraphiques, corré- lativement à certaines dispositions tectoniques et orographiques de calcaires aquifères belges, et les représente comme aptes à l’élaboration d'eaux polables. Ce sont surtout les horizons bien définis TAc et T2b des calcaires crinoïdiques tournaisiens qui fournissent le laboratoire essentiellement souterrain de cette épuration et de cette filtration, très générales, des eaux circulant dans les synelinaux carbonifériens du bassin de Dinant. En présence de cet énoncé, sommaire, mais gros de conséquences éventuelles, 11 convenait, ou bien d’attendre l’exposé détaillé annoncé par l’auteur de ces observations nouvelles, ou bien de lui répondre dans des limites appropriées à leur objet et, par conséquent, à l’aide d'observations et de constatations faites relativement aux sorties d’eau du CALCAIRE TOURNAISIEN CONSIDÉRÉ. Que fait M. Putzeys? Avant de connaître sous toutes ses faces et avec les preuves annoncées la thèse nouvelle, si étrangère au champ ordi- (1) Cette suggestive déclaration a été faite en séance par M. Putzeys, mais comme au cours de son exposé il dit que « c'est sur la science géologique » et non sur l'expérience qu’on doit étayer le raisonnement au sein de notre Société, 1l lui eût été difficile de maintenir lui-même une déclaration peu propre à rehausser la valeur de ses arguments. SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 45 naire de ses études, notre estimé collègue juge bon, à grand renfort de documentation et de souvenirs pittoresques, mais d'ordre personnel, n'ayant aucune espèce de rapport avec les constatations et faits nou- veaux signalés, de rompre, avec la vigueur et l'opportunité du héros de Cervantes, une nouvelle et formidable lance contre les eaux des calcaires. Pour y arriver sans se mettre en peine d'arguments lopiques, M. Putzeys nous fait assister aux diverses étapes de sa carrière d'hydro- logue. à la succession navrante de ses constatations personnelles... relatives, sans exception pour ainsi dire, aux eaux de calcaires tout autres que ceux, très spécialisés, représentés par M. van den Broeck comme appelés très généralement à fournir des eaux potables. De ce que M. Putzeys, dans sa carrière personnelle, n'a guère eu affaire qu’à des calcaires dévoniens ou viséens et à des eaux peu ou point recommandables, — parce que sortant de tels dépôts précisé- ment, — il conclut que l’ancienne thèse d'il y à quinze à vingt ans, condamnant systématiquement toutes les eaux du calcaire, reste encore vraie et constitue la formule de l’état actuel de la science. Il faut espérer qu'il reviendra d’une erreur aussi manifeste. Lorsqu'il s’attaquait, avec raison, comme récemment encore, dans le cas de Marche, aux eaux sortant du calcaire dévonien, M. Putzeys était dans la bonne voie, et 1l ne sera pas surpris de savoir que les 786 pages du texte constituant le tome I‘ de l’ouvrage qui doit paraitre bientôt sous le titre : Les cavernes ei les rivières souterraines de la Belgique, par MM. van den Broeck, Martel et Rahir, pages exclusive- ment consacrées aux calcaires dévoniens du bassin de Dinant, se termi- nent par l’énoncé d’une formelle proscription des sorties d’eau fournies par les calcaires dévoniens. Si dans l’exposé du tome IT, en voie d'achèvement, du même ouvrage, tome consacré au calcaire carbonifère du bassin de Dinant, les auteurs sont arrivés à établir, avec faits et preuves à l'appui, des conclusions plus optimistes et ont pu, grâce spécialement aux recher- ches et constatations personnelles de M. van den Broeck, déterminer les régions, Sites, dispositions et facteurs divers favorables à l’élabo- ration d'eaux potables au sein de certains niveaux du calcaire tour- naïsien, nul ne demandera à M. Putzeys d’être dès aujourd’hui, sur le simple vu dela note préliminaire de M. van den Broeck, au courant de cet important progrès dans nos connaissances sur l’hydrologie des caleaires de la Belgique. Mais une certaine réserve eüt été de mise pour aborder — en adversaire — ce sujet dont les éléments d'appréciation échap- pent encore à ceux qui, comme M. Putzeys, croient pouvoir continuer 46 PROCÉS-VERBAUX. à mettre l’hydrologie des calcaires tournaisiens du bassin de Dinant - sur le pied de la proscription générale atteignant, à juste titre, toutes ou presque toutes les eaux émergeant des calcaires dévoniens. Et ce n’est pas seulement dans les eaux fournies par ces derniers que M. Putzeys puise ses arguments. Il appelle à la rescousse l’hydrologie des calcaires crétacés du bassin de Paris et d’autres éléments analogues sans rapport aucun avec la question et sur lesquels d’ailleurs, en Belgique au moins, tout le monde est parfaitement d'accord. Dans son arsenal d'arguments connus et essentiellement rétrospec- tifs, — étrangers au champ actuel du débat, — M. Putzeys recueille complaisamment des déclarations de notre collègue Martel, par les- quelles il croit justifier sa phobie des eaux du calcaire. Qu'il veuille donc bien apprendre que Martel, lui aussi, a évolué et que, après avoir, comme nous tous, prêéché la formelle proscription des eaux du calcaire, 1l est arrivé, de son côté, à en admettre l’emploi lorsqu'un ensemble de facteurs spéciaux les lui font considérer comme acceptables. C’est précisément l'existence régionale et très générale de tels facteurs spéciaux qui constitue la base de la thèse actuelle de M. van den Broeck et c’est ce que paraît ne pas vouloir comprendre M. Putzeys. Celui-ci, d’ailleurs, voudra bien se rappeler que le savant spéléologue et hydro- logue parisien, membre du Conseil supérieur d'hygiène, est, dans l'ouvrage précité, signataire responsable avec M. van den Broeck de la thèse nouvelle sur l’hydrologie des calcaires crinoïdiques tournaisiens, fournissant des eaux généralement élaborées et potables..., ce qui fait de ses déclarations de 1905, à Bruxelles, un document marquant plutôt une étape de nos connaissances qu’un élément d'appréciation à utiliser, comme argument ne varietur, dans l’état actuel du progrès scientifique (1). | Lorsqu’en faveur de l’innocuité des eaux fournies par certaines roches et dispositions des calcaires crinoidiques tournaisiens, M. van den () On peut se demander si M. Putzeys a lu avec assez d'attention, avant de les reproduire, les réponses ci-dessous, fournies par M. Martel, au Congrès d'hygiène de Bruxelles, à la deuxième et à la cinquième questions, ainsi conçues : Ce mécanisme (celui de la circulation de l’eau dans les calcaires) est-il d’une nature telle qu'il puisse assurer en tout temps une épuration parfaite des eaux, et peut-il être mis en échec? Après une réponse négative, M. Martel fait sagement la réserve suivante, permet- tant d'admettre parfois, au sein des calcaires, la même épuration que celle réalisée par les sables fins : à moins que ces mailles (du calcaire) ne se trouvent SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 4T Broeck cite l’exemple favorable de l’agglomération bruxelloise, qui depuis neuf ans les utilise « sans inconvénients », M. Putzevs, relevant à sa manière spéciale cette constatation, — dont il lui serait d’ailleurs difficile de contester la réalité, — cherche à faire croire que c’est uni- quement dans les résultats de l'expérience du consommateur que M. van den Broeck puise ses arguments. [l s'étend complaisamment sur le prétendu grief qu'il crée ainsi de toutes pièces, accuse son con- frère d'empirisme, lui reproche d'employer une argumentation non scientifique et déclare celle-ci non acceptable n1 recevable! Or, M. Putzeys aura sans doute été le seul à interpréter ainsi, pour les besoins de sa cause, l’argumentation de M. van den Broeck, qui se base non pas seulement sur le fait de l'absence, pendant neuf ans, d’épi- * exceptionnellement et complètement colmatées par des sables ou argiles de remplissage. Est-il parfois des sources sortant des calcaires que l’on puisse conseiller, ou tout au moins autoriser sans trop de restrictions pour l'alimentation ? La réponse de M. Martel fut : « Non, jamais sans les plus sérieuses restrictions, à moins que tout le bassin d'alimentation puisse être déterminé avec précision et qu’il se trouve inhabité et inculte, ou recouvert de forêts, ou revêtu de dépôts meubles suffi- samment épais pour être filtrants. Ou encore à moins que par des dispositions assez exceptionnelles, tout le réseau des fissures du calcaire ou tout au moins celles de la résurgence soient aveuglées par ur dépôt meuble que l'eau traverse en s’y filtrant plus ou moins bien ». Dans les passages qui viennent d’être soulignés. Martel a donc judicieusement prévu le eas offert par le réseau des diaclases colmatées de nos calcaires erinoïdiques tour- naisiens, fournisseurs de leur filtre interne, de même qu’en mentionnant les dépôts meubles externes formant, régionalement, comme dans de vastes régions carbonifé- riennes du bassin de Dinant et spécialement sur les plateaux bordant le Hoyoux dans la région de Modave, un filtre superficiel, 11 a aussi prévu l'existence d’un autre facteur contribuant à l’épuration des eaux en massifs calcaires. Par ces diverses et sages réserves, dont l’avenir s’est chargé à bref délai de montrer le bien-fondé, Martel décline complètement, dès 1903, le rôle de coadjuteur que voudrait lui faire jouer M. Putzeys, au bénéfice de ses vues toutes personnelles et si iniransigeantes sur l’hydrologie des calcaires. Au sujet de l’opinion de Martel, depuis 1903, il convient encore de signaler un fait très suggestif, qui paraît avoir échappé à M. Putzeys. C’est que dans son étude hydrologique intitulée L'Eau, qui, publiée en 1906, constitue le fascicule IT du beau Trailé d'Hygiène de Brouardel et Mosny, le savant spéléologue et hydrologue français aujourd’hui membre du Conseil supérieur d'hygiène de France, rappelant les travaux du Congrès d'hygiène à Bruxelles, en 1903, laisse complètement de côté ses réponses, personnelles et reproduit tout au long, dans son étude, le texte de la synthèse et des conclusions du rapport de M. E. van den Broeck, ajoutant « qu’il importe de les repro- duire ». Il est à noter que ceci est antérieur aux importantes constatations nouvelles de M. van den Broeck sur la potabilité de certaines eaux du calcaire carboniférien. 48 PROCÈS-VERBAUX. démies typhoiïdiques chez les consommateurs d’eau des faubourgs de Bruxelles, mais surtout sur les résultats statistiques et scientifiques, concordants et remarquablement constants, des analyses chimiques et bactériologiques de ces eaux (') soumises d'ailleurs à une surveillance constante, ainsi qu'il convient lorsqu'il s’agit d'eaux du calcaire, si parfaites qu’elles puissent être. C’est cependant avec de tels errements que l’on transforme la dis- cussion scientifique en polémiques ou en joutes oratoires. M. Putzeys reproche à M. van den Broeck de présenter comme nou- veaux des faits connus, tels que le remplissage des diaclases du Tour- naisien, à Spontin et ailleurs. Cette chicane, qui dénote une tendance à déprécier l'intérêt des faits nouveaux signalés par M. van den Broeck, doit comme telle être relevée. Certes, le fait de ce remplissage, qui crève les yeux, n’est pas une notion nouvelle, il s’en faut. Mais ce qui n'avait jamais été fait, c'était de déterminer — preuves chimiques et micrographiques à l’appui — de processus, l'origine et la matière constitutive de ce colmatage filtrant, formé in situ dans les profondeurs de la roche, et surtout d'établir la généralité du phénomène d’'autoformation d’un filtre au sein des assises crinoidiques du Tournaisien. Il semble vraiment exister chez M. Putzeys une tendance, incon- sciente bien certainement, à considérer toutes choses par le gros bout de la lorgnette et à rapetisser ainsi tout élément nouveau appelé à nous éclairer sur les progrès que peut encore faire l’hydrologie des calcaires. Notre estimé confrère, parlant du résidu spécial rocheux attribué par M. van den Broeck aux diaclases du Tournaisien, qui fait de celles-ci des laboratoires filtrants, ajoute que de telles affirmations auraient besoin d’être vérifiées et confirmées par un chimiste. Or, à cela M. van den Broeck s’empresse de répliquer que c’est chose faite, deux chimistes, à sa demande, s’étant occupés de la question, et il prie à ce sujet l’un d’eux, présent à la séance, M. Cosyns, de bien vouloir fournir quelques indications préliminaires, résumant les résul- (4) Voir notamment le dernier paru (1907) des Rapports du Conseil d’administra- tion et du Collège des commissaires de la Compagnie intercommunale des Eaux de l’agglomération bruxelloise; lire spécialement, pages 14-21, le chapitre intitulé : Situation sanitaire. Laboratoire d'analyses. Il est peu probable que M. Putzeys mette en doute l'exactitude des données et conclusions scientifiques de ces Rapports, dont le caractère sommaire de la communi- cation de M. van den Broeck ne comportait nullement le rappel détaillé. SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 49 tats de l’intéressante note qu’il vient précisément de remettre à M. van den Broeck, sur les premiers et remarquables résultats de ses recherches. Celles-ci, comme on le verra en détail plus tard, après achèvement de l'enquête en cours, constituent une précieuse el irréfutable ;reuve du bien-fondé de la thèse défendue par M. van den Broeck. Le contenu des diaclases et des joints colmatés de divers types de calcaires dévo- niens et carbonifères est d’ailleurs, en ce moment même, soumis à l'examen de plusieurs spécialistes et, déjà, l’on peut affirmer que l'étude chimique et micrographique conelura dans le même sens. M. Putzeys croit pouvoir faire état du titre hydrotimétrique élevé des eaux sortant des terrains calcaires carbonitériens pour baser sur cette donnée le calcul des vides — élément fâcheux pour l’hydrologie des eaux potables — qui, d’après lui, existeraient dans ‘les régions sourcières alimentées par les eaux sortant du petit granit. Tabler sur cette donnée hydrotimétrique pour conclure ainsi, c’est se récuser comme chimiste avec le même à-propos que se récuser comme géologue, ainsi que M. Putzeys vient de le aire en séance. L'attaque des massifs calcaires par les eaux superficielles et d'infil- _tration, estivales principalement, s'opère, en effet, dès la rencontre des roches que dissout l'acide carbonique de ces eaux, et M. Putzeys paraît perdre de vue que ce sont surtout les régions supérieures et d'affleure- ment, où dominent souvent les roches viséennes, plus pures et aisément solubles, qui constituent le principal laboratoire de dissolution des eaux souterraines. Se trouvant généralement assez éloignés des parages inférieurs à sources tournaisiennes, ces laboratoires subissent les premiers et plus intenses assauts du processus de dissolution. et trans- mellent ensuite au substratum synclinal formé de calcaire tournaisien des eaux appauvries en acide carbonique et dejà fortement chargées de calcaire, au point même que, de dissolvantes, elles deviennent sou- vent, aux émergences, incrustantes, témoin Îles formations tufacées d'un bon nombre de sources carbonifériennes. D'ailleurs la proportion relativement faible de calcaire pur et aisément soluble de la roche _crinoidique tournaisienne s oppose à ce que l’on puisse y voir un labo- ratoire d'intense dissolution, analogue à celui des roches viséennes surincombantes et qu'atteignent les eaux moins froides et fortement chargées d’acide carbonique de la surface. EL précisément encore ce facteur, si important, de la température dans-le degré d activité de la dissolution du caleaire, est perdu totale- _ ment de vue par M. Putzeys. | M. van den Broeck reviendra en détail sur tous ces points et 1909. PROC.-VERB. ° 4 50 PROCÉS-VERBAUX. montrera combien peu est topique l'argumentation de son contradicteur. M. Putzeys reproche à M. van den Broeck, comme une hérésiescien- üfique, la différence de vitesse attribuée par ce dernier aux rivières sou- ! terraines filtrées en comparaison de celle des rivières souterraines cou- rantes. Ceci montre qu'il n’a pas compris l'argument et croit sans doute pouvoir rapporter aux régions d’émergence ou de sortie des eaux ce que M. van den Broeck attribue au cours souterrain que retarde le colmatage des diaclases. Ou bien M. Putzeys prétendrait-il, par hasard, que des eaux non décantées ni filtrées sur leur route, circulant librement dans les canaux largement ouverts du calcaire girétien par exemple (siège des typiques rivières souterraines courantes), ne cireulent pas considérablement plus vite que les eaux s’infiltrant au sein des diaclases et Joints colmalés du calcaire crinoïdique tournaisien? Poser une telle question, c’est la résoudre et montrer qu'ici encore l'honorable M. Putzeys raisonne à côté de la thèse, qu'il n’a d’ailleurs, en aucun point, avec aucun fait ni argument probant abordée de front et dont il n’a pas même effleuré la véritable discussion scientifique. De même M. Putzeys épilogue à plaisir sur les termes « réservoir » et « rivière filtrée » qu’il voudrait faire considérer comme incompa- tibles. IT perd de vue qu’un réservoir aquifère peut être représenté par tout autre chose que la cavité d’une caverne ou le réseau de grands canaux communiquants. Une masse perméable aux eaux d'infiltration, telle qu'un calcaire très fissuré et à leptoclases colmatées, comme l’est précisément la roche crinoïde tournaisienne, constitue, au même titre qu'une éponge à tissu serré, absorbante et ruisselante, un RÉSERVOIR pouvant contenir, puis laisser s’écouler, sous forme de « rivières souterraines », de notables quantités d’eau. Toutefois, au contraire de l'éponge ordinaire, le réservoir crinoïdique tournaisien est filtrant dans ses régions internes. M. Putzeys s’en est trop exclusivement tenu à la lettre plutôt qu'à l'esprit des éléments en discussion et s’est refusé à tenir compte de la portée spéciale que, faute d'autre expression mieux appropriée, M. van den Broeck s'est vu obligé d'accorder aux mots « réservoir » et « rivière » en parlant des réserves et courants filtrés de certains types rocheux calcaires. Sur un point toutefois il y a accord parfait entre MM. Putzeys et van den Broeck, c’est sur ce principe que le véritable minimum absolu d'éventualité de contamination d’origine des eaux potables est.incon- testablement représenté par le cas du réservoir sableux, et que dans les calcaires on ne pourra jamais trouver, par rapport à ce dernier, qu'un minimum relatif. SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 54 Cependant il existe des cas, d’après M. van den Broeck, où ce minimum relatif paraît être plus proche du minimum absolu fourni par les réservoirs sableux que ne semble le croire M. Putzeys. Ceci n'empêche d’ailleurs pas M. van den Broeck de déclarer très nettement, comme :l l’a toujours fait, quoi qu’en pense son collègue, que chaqüe fois qu’on pourra trouver de bonnes eaux potables dans un réservoir sableux, il ne peut être question de s'adresser au terrain calcaire. Mais encore faut-il s'entendre sur ce que l’on peut appeler : bonnes eaux potables, qualification que M. van den Broeck n’est nullement disposé à accorder à des eaux qui, même bactériologiquement pures, auraient la tare originelle de faire partie de la catégorie assez louche des eaux soit ferrugineuses, soit manganésifères. La bonne déferrisation de l’eau constitue un problème très complexe et variable, encore non parfaitement résolu, quoi qu’en puissent penser certains, et les solutions vraiment efficaces, et dont le résultat soit assuré d’avance, restent encore à trouver. L'exemple, bien connu, des ennuis et essais successifs occasionnés par la nature ferrugineuse de l’eau fournie par la distri- bution de Turnhout, en Campine, établie par M. Putzeys, est suggestif à suflisance (!). Ceci répond à la question formulée (p. 41) par M. Putzeys et amenée par l'annonce de son projet. (1) J.-B ANDRÉ, Enquête sur les eaux alimentaires de la Belgique, t. IH, 1906. Voir, au sujet des diverses phases par lesquelles a passé, jusqu’en 1908 encore, la distribu- tion d’eau de Turnhout, les pages 133, 184, 440 et 449 de cet important ouvrage, publié par le Ministère de l’Agriculture. Voir aussi, au sujet des modifications, tentatives et innovations qu’il a fallu apporter successivement aux procédés de déferrisation proposés pour Turnhout, l’intéressant exposé par MM F.et E. Putzeys, publié sous le titre : Alimentation urbaine en eau potable, et formant le fascicule XIV du beau TRAITÉ D'HYGIÈNE de Brouardel, Chante- messe et Mosny (19)8). On v trouvera, pages 195 et 198, la reconnaissance faite par M. Putzeys lui-même, au cours de l’année dernière, que le procédé physique de déferrisation, dit de Piefke, _primitivement proposé et employé par lui à Turnhout, « ne faisait obtenir qu'une déferrisation incomplète et insuffisante », vu qu'il restait encore, après l’opération, «3 milligrammes de fer par litre » dans l’eau de la distribution. Quant au procédé chi- mique buyk. essayé ensuite pendant un mois et n’ayant porté que sur trente mètres Cubes par jour, il n’a fourni de résultat assez satisfaisant que lorsqu'on est très strictement astreint à employer exactement la dose de chlorure de chaux proposée. Il résulte de ces essais successifs et tâtonnements en divers sens — qui ont aussi eu lieu très souvent à l'étranger pour des cas analogues — que, malgré « la mode régnant parmi les hygiénistes théoriciens en Allemagne », comme le disait, à notre Séance du 19 juin 1906, M. Ad. Kemna (Sur le fer et le manganèse dans les eaux o2 PROCÉS-VERBAUX. Comme suite à sa communication préliminaire du 45 mars 1904 à notre Société, dans laquelle il annonçait le projet élaboré par lui et deux confrères, d'une alimentation en eau potable de la Basse-Bel- gique par des eaux existant en nappe puissante (mais dont alors il ne signalait pas la teneur parfois élevée en fer) dans les sables de la Cam- pine, M. Putzeys nous annonce aujourd'hui l'apparition du rapport détaillé élaboré sur ce projet, et 1l demande si l’utilisation de cette eau de réservoir sableux sous-jacent à la région n’est pas préférable de beau- coup à l’amenée d’eau lointaine provenant des calcaires. Or, 1l est de notoriété publique — et l'exemple de Turnhout ne le prouve que trop — que les eaux souterraines des sables de la Campine, x certes bactériologiquement pures, sont fâcheusement ferrugineuses et. parfois inutilisables sans une ÉLABORATION SPÉCIALE, souvent aléatoire dans ses résultats. Les eaux souterraines de la Campine ne sont done \ nullement des eaux parfaites, comme l’affirme à tort M. Putzeys, et l’état actuel de l’importante question d’une efficace déferrisation, garantie d'avance, des eaux de cette catégorie ne permet nullement (témoin la diversité et les variantes des multiples systèmes essayés ou employés en Allemagne et ailleurs) à M. Putzeys et à ses confrères, coauteurs du projet, de nous imposer, dès aujourd’hui, la conviction ou même l’espérance fondée que ce projet sans être géologiquement et hydrologiquement parfait, sera aussi pratiquement et aisément réalisable, au point de vue chimique, que le pensent ses auteurs. Cette sérieuse éventualité d’insuccès autorise donc chacun à con- courir à la solution de l'alimentation en eau potable des territoires de la Campine. M. van den Broeck, en se bornant à signaler simplement, sans s'occuper d'aucun projet y relatif, l'existence insoupconnée jusqu'ici, de Breslau, Buzz. Soc. DE GÉOL., t. XX, Pr.-verb., pp. 138-139), et malgré les votes de divers Congrès récents. la question de la déferrisation pratique et assurée des eaux souterraines n’est pas encore définitivement résolue. Certes, dans de nombreux cas, locaux et corrélatifs à des études chimiques, très spéciales. très élaborées, de l’état et de la nature des sels de fer contenus dans l’eau de régions déterminées, des résultats favorables ont déjà été obtenus. parfois cependant après bien des tâtonnements et modifications de procédés. Mais le redoutable problème de la déferrisation assurée et garantie d'avance des vastes étendues aquifères à sous-sol lithologiquement variable de la Campine réclame, avant l'emploi général de ces eaux souterraines, à compositions diverses et variables, des solutions pratiques qui probablement seront quelque jour obtenues, mais qui manquent encore et qui cependant représentent l’un des ÉLÉMENTS ESSEN- TIELS du problème. SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. D3 dans le Condroz, d'importantes réserves en eau potable inutilisées (sauf en leurs sources de trop-plein, comme au Triffoy et à Crupet), croit avoir rendu service tant aux intéressés qu'aux techniciens appelés à l'élaboration des divers projets pouvant être mis en présence. Certes, s'il pouvait être démontré, contrairement à ce que, avec bien d’autres, en pense M. van den Broeck, que le problème de la déferri- sation efficace des eaux peut être considéré comme résolu dans tous les cas, spécialement dans celui en vue, alors ce serait vraiment folie que de conseiller de chercher au loin, spécialement dans les calcaires, ce qu'il serait possible de trouver sur place après épuration assurée de ces eaux régionales du réservoir sableux. Mais il ne semble guère que nous en soyons là dans la pratique en matière de déferrisation. La preuve probable du contraire serait intéressante à obtenir et on est en droit de la réclamer. Que les eaux potables disponibles dont M. van den Broeck signale l'existence dans certains synelinaux calcaires filtrants de la région condrusienne puissent être utilisées en Campine, en Hesbaye ou dans la région mosane, qu'elles viennent s'ajouter soit aux ressources actuelles de l’agglomération bruxelloise, soit à celles de Modave que l’on se propose d'amener en Flandre et au littoral, peu importe à M. van den Broeck, qui ne patronne, ne propose ni n’élabore aucun projet, d'autant moins que, suivant son habitude, il ne cherche nullement à sortir du domaine de la science pure et du progrès de nos connaissances. S'il abandonne volontiers et gratuitement, aux techniciens comme aux intéressés, des éléments nouveaux d'observations et de découvertes personnelles, permettant de faire de la science appliquée, c’est tout profit pour ceux-ci; quant à lui, il tient à honneur à n’abdiquer jamais le principe de complet désintéressement dont 1l s’est toujours inspiré dans sa carrière scientifique. Il convie donc M. Putzeys et, en général, ceux de ses collègues qui seraient désireux d'étudier avec lui la belle question nouvelle d'hydro- logie scientifique dont il à offert la primeur à la Société, à la discuter exclusivement dans le domaine des faits adéquats à la question et avec des méthodes exclusivement scientifiques. La séance est levée à 22 h. 40. ANNEXE AU PROCÉS-VERBAL. COMPTE RENDU BIBLIOGRAPHIQUE Le problème de 1a récurrence des phases glaciaires au Congrès de Mexico. ( Compte rendu de la X° session du Congrès géologique international. Mexico, 1906. 2 fasc.) Les découvertes plus ou moins récentes de manifestations glaciaires plus anciennes que celles de la période quaternaire se multiplient dans tous les continents et surtout dans ceux de lhémisphère Sud. Les conclusions qu’elles suggèrent, sont d’une portée si considérable, qu'il ne paraîtra pas hors de propos d'en donner un exposé d’après les nombreux travaux relatifs à la question qui ont été communiqués au Congrès de Mexico. Nous nous baserons surtout sur le mémoire de T.-W. Edgeworth David (1), qui nous fournit les renseignements les plus complets sur la série de glaciations constatées en Australie, aussi bien que sur celles des autres continents. Nous y joignons quelques vues d'ensemble sur l’origine et les caractères généraux des différentes périodes glaciaires. On sait que pour la phase permo-carbonifère, aussi bien que pour la phase pléistocène, on tend à admettre que c’est grâce à un refroi- dissement général de l'atmosphère terrestre, que dans certaines régions se sont produites de grandes accumulations de glaces. On avait, en outre, depuis assez longtemps et de différents côtés, signalé, dans des terrains (#) lo Conditions of climate at difjerent geological epochs with special reference to glacial epochs. (G. R. DE LA Xe SESSION DU CONGRÈS GÉOL DE MEXICO) 20 Les conditions du climat aux époques géologiques. Bip.) SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. Lo) encore plus anciens, des manifestations glaciaires très caractérisées, de sorte que l’on se trouve amené à la conclusion d’une récurrence plus ou. moins régulière des climats glaciaires au cours de l’évolution géologique du globe. Nous présentons ici, comme une esquisse pro- visoire, le tableau que donne le Prof David de ces périodes glaciaires successives : 4. Glaciation précambrienne. . . . . . . probable. 2. Glaciation cambrienne inférieure. . . . . démonirée. 3. Glaciation dévonienne. . . . . . . . démontrée. 4. Glaciation permo-carbonifère. . . . . . démontrée. 9. Glaciation crétacée supérieure. . . . . . douteuse. 6. Glaciation pleistocène. . . . . . . . démontrée. Si on parvient à nous prouver d’une façon satisfaisante la succession des périodes glaciaires à des intervalles assez régulièrement espacés, la signification de ces phases glaciaires devient, par suite de leur répé- tilion, beaucoup plus importante. Nous ne pouvons plus les considérer comme des phénomènes isolés dans Je temps ni dans l’espace, :l faudra bien admettre qu’elles ont été provoquées successivement par les mêmes causes agissant à des intervalles réguliers. De cette façon nous apparaît plus clairement l’importance du rôle que celles-ei ont joué dans l’évolution du globe, non seulement par le dépôt des forma- tions glaciaires, le plus souvent très épaisses et d’une grande exten- sion géographique, mais aussi par l’influence qu'elles ont exercée sur le développement de la faune et de la flore des mers et des continents qui se sont succédé à la surface du globe. La phase glaciaire précambrienne aurait, d’après les Prof J.-W. Gre- gory et Garwood, laissé des traces au Spitzberg; et d’après W. Rogers, directeur du Service géologique de la Colonie du Cap, on les retrouve dans l'Afrique du Sud. Seulement on ne constate jusqu'ici dans ces régions que la présence d’un conglomérat de blocs glaciaires (1). On à aussi signalé la présence de ces conglomérats d'âge cambrien dans le Labrador et dans la Sibérie orientale à l'embouchure de la Lena (?). La glaciation cambrienne inférieure a laissé des formations incon- (t) On tend aujourd’hui à désigner ce conglomérat sous le nom de tillite, d’après le mot anglais till, qui est le nom donné au mélange de boue et de blocs glaciaires. (2) J.-W. GREGORY, Climatic variations, their extent and causes. (G. R. DE LA Xe SESSION DU CONGRÈS INTERNATIONAL DE MEXICO, 1906, 2e fase.) 10) ANNEXE A LA testables dans l'Australie du Sud, dans le bassin du Yang-tse, dans les Blaini beds de l'Himalaya du Punjab et aussi dans le Varanger-fjord en Norwège. | Sauf pour les couches de Blaini de l’Inde, on rencontre dans toutes ces régions, outre la tillite, une striation très marquée à la surface des _ blocaux et aussi sur le plancher raboté par les glaciers. C’est au Prof . W. Howchin (1), de l’Université d’Adélaïde, que l’on doit la description la plus complète des terrains glaciaires cambriens du Sud et du centre de l’Australie. Dans l'Afrique du Sud, une communication de A.-W. Rogers annonce une glaciation d'âge cambrien marquée par la présence de tillite, de blocs glaciaires striés et d’une plate-forme striée et mou- tonnée. On verra plus tard que l’analogie de climat dans les deux continents austraux se retrouve, pour la période permo-carbonitère, lors de la formation de la tillite de Dwyka, et cela ne doit pas nous étonner, si nous nous rappelons la situation des deux continents en face du pôle antarctique, qui à probablement constitué un centre de refroidissement aux différentes époques glaciaires. Dans l'hémisphère boréal, le D' Reusch a signalé en Norwège l'existence d’une plate-forme striée recouverte par une üllite épaisse, mais, chose difficile à expliquer, il existe une concordance parfaite entre la plate-forme et la uüllite. L’âre cambrien de ces couches de Gaisa est reconnu par la plupart des auteurs; cependant le Prof" Tschernjchew les attribue au système dévonien. S'il était permis de parler de contemporanéité dans un recul de temps aussi lointain, on pourrait admettre une glaciation bipolaire à l’époque cambrienne, mais la distribution géographique de la glaciation permo-carbonifère nous montrera combien il faut être réservé dans ce genre d'explication, malgré toute l'importance que pourraient présenter des conclusions définitives au point de vue de l'étude des causes de la récurrence des périodes glaciaires. FE C'est dans des régions beaucoup plus rapprochées de l’équateur que nous rencontrons la tillite cambrienne qui constitue les Blaini beds : elles sont situées dans la bordure extérieure de l'Himalaya, non loin de Simla. Le D' Holland, directeur du Service géologique de l'Inde, au lieu de les rattacher à la glaciation permo-carbonifère, comme on le (REY W. HowcCHiN, Glacial beds of Cambrian age in South Australia. (QuarT.Jour. GEoOL. Soc., may 1908.) SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 07 faisait jusqu'ici, leur attribue l’âge cambrien, à cause de la ressem- blance lithologique du groupe stratigraphique avec celui du Purana, qui fait partie de la plate-forme ancienne de la péninsule indienne, et dont l'âge cambrien est prouvé par la présence de fossiles. Dans ces régions, on pourrait done constater une glaciation cambrienne suivie de la glaciation permo-carbonifère, et plus tard, de la glacia- tion pléistocène, qui dure encore aujourd'hui sur les cimes de l'Himalaya. La glaciation dévonienne a été reconnue, dans le Sud-Ouest de l'Afrique, dans la série du Table Mountain sandstone, grâce à la présence d’une tillite à blocaux facettés et striés. Passons maintenant à la glaciation permo-carbonifère, qui a pu être beaucoup mieux étudiée, el permet par conséquent des conclusions beaucoup plus importantes. On la retrouve dans l'Inde, dans l'Afrique du Sud, dans l’Australie, dans le Nord de la République Argentine et dans le Sud du Brésil. En Tasmanie, à l'Ouest et au centre, en Australie, au Sud, à PEst et à l'Ouest, jusqu’au parallèle de 25° latitude Sud, toutes les roches d'âge permo-carbonifère présentent des manifestations glaciaires, sous la forme de plates-formes striées, de roches moutonnées et d’épaisses couches de tillite, séparées par des lits de sable ou de conglomérats, ou par des schistes ardoisiers, qui ont subi des déformations au moment de leur dépôt, mais ont gardé depuis lors un repos presque complet, qui contraste nettement avec les plissements plus anciens subis par les schistes glaciaires cambriens. Des blocs erratiques de volume parfois considérable sont disséminés dans la üllite, que l’on désigne sous le nom de üillite de Bacchus Marsh, depuis le paral- lèle 44° jusqu’au 56°, mais diminuent de volume vers le Nord. Lorsque la tillite tend à se confondre avec des couches de sédimentation marine plus au Nord encore, des blocs très volumineux réappa- raissent. | Il paraît très probable qu'il y a eu plusieurs stades glacraires, comme l'indique la stratification signalée ci-dessus. Entre deux séries de couches sédimentaires marines, on exploite les Greta Coal Measures interstratifiées avec l'argile glaciaire. Il paraît donc prouvé que, dans la période permo-carbonifère, il y avait à la fois des glaciers et des courants de glaces flottantes, dirigés du Sud au Nord. On retrouve les formations glaciaires marines sur les côtes Est et Ouest de l’Australie, ce qui tendrait à faire admettre une disposition géographique analogue à celle d'aujourd'hui. Le centre duquel partaient les transports D8 ANNEXE A LA glaciaires paraissait se trouver sur une partie du continent qui à disparu sous la mer et était située au Sud-Est d’Adélaïde et au Sud- Ouest de la Tasmanie. Les glaciers descendus d’un plateau peu élevé ont rencontré dans leur marche des vallées dirigées Est-Ouest, dont les deux versants ont été rabotés et striés. Plus au Nord, les glaces ont rencontré la mer à Fusulines dont les dépôts ont été constatés dans les iles de Timor et de Roti. Si l’on parvient, par de nouvelles découvertes, à rattacher l’un à l’autre les dépôts marins glaciaires de la rivière Bowen de la côte Est à ceux de la rivière Gascoyne sur la côte Ouest, de part et d'autre dans le voisinage du 24° latitude Sud, on se trouve- rait devant une disposition analogue à celle de l’immense front de glace qui a été signalé dans l'Antarctique par l'expédition anglaise de la Discovery. Cette glaciation paraît avoir déterminé des modifications remar- quables dans la faune marine correspondante ; les coraux cessent de former des récifs, des types nouveaux apparaissent, parmi lesquels on signale surtout de grands exemplaires d’Aviculopecten. C'est à l’époque de glaciation permo-carbonifère que nous voyons disparaître l’ancienne flore paléozoique, pour faire place à une flore nouvelle, surtout caractérisée par les types Glossopteris et Gangamo- pteris, auxquels se joignent des conifères, dont les restes fossiles sont connus sous le nom d’Araucarioxylon et Dadoxylon, et des Équisé- tinées d’un type plus voisin de celui des familles actuelles désignés sous le nom de Phyllotheca et Asterophyllites. On verra plus loin que la flore ancienne à persisté dans certains districts situés au Nord de la zone de glaciation, et qu'ailleurs on à pu constater le mélange des deux flores. La flore paléozoïque à persisté pendant quelque temps dans les régions où le refroidissement du climat ne s’est fait sentir que par l’augmentation de la quantité des eaux plu- viales. Mais elle à fini néanmoins par disparaitre, et elle fut remplacée par la flore nouvelle, mieux adaptée au climat nouveau, car on a retrouvé la flore et la faune du Karoo jusque dans le Nord de la Russie, dans les terrains permiens du bassin de la Petschora. Le professeur Tschernjchew déclare même avoir rencontré un horizon à conglomérat glaciaire dans le Permo-carbonifère du Sud de la Russie. Les modifications de la faune terrestre sont tout aussi profondes, et c’est surtout dans le district du Karoo africain qu'on a pu les étudier. Les reptiles prennent alors un développement extraordinaire. Les types nouveaux semblent s'adapter de plus en plus à la vie terrestre, alors que la section des Amphibiens ne paraît pas avoir accéléré son SÉANCE DU 19 JANVIER 1909 99 évolution. C’est au Permo-Carbonifère qu'apparaissent les Théro- morphes qui, au cours des temps mésozoïques, établissent la transi- tion vers les Mammifères. Celte faune doit avoir présenté une puissance d'adaptation et d'expansion considérable, puisqu'on la retrouve, dès le Permo-Carbonifère, dans les districts boréaux de la Petschora. On voit donc que la révolution dans la série des êtres orga- nisés à été complète. À la fin de l’ère paléozoique, nous retrouvons la glaciation dans l'Afrique australe, où elle aurait déjà apparu au Cambrien inférieur et au Dévonien. Les formations glaciaires permo-carbonifères occupent toute la région connue sous le nom de Karoo, ‘et s'étendent au Nord jusqu’à la ligne qui rejoint Prétoria à Delagoa-Bay, et même jusqu’à la jonction de la rivière Eland avec l’affluent du Zambèse, la rivière Olifant. La tillite avec les blocs striés repose sur une plate-forme rabotée : c’est la fameuse uüllite du Dwyka, épaisse surtout dans la Colonie du Cap, et s’amincissant au Nord, de façon à ne plus former qu’une couche de 9 mètres environ d'épaisseur. On peut délimiter le champ d'extension de la üllite par les parallèles 25° latitude Sud et 32 latitude Sud, et par les longitudes Est 25° et 52. Les différentes directions de la striation glaciaire montrent que le centre de radiation des glaces occupait un plateau, situé aujourd'hui à une altitude de 1500 mètres, et comprenant l’ancienne République d'Orange, le Trans- vaal et le Sud de la Rhodésia. Les roches qui constituent les blocs viennent du Nord et sont souvent d’origine locale, ce qui tendrait à établir que la circulation des glaces n'avait pas une grande extension horizontale. [ci également on rencontre une couche de houille, qui provient de la flore à Gangamopteris. Comme elle recouvre simplement les conglo- mérats, on ne peut pas parler 101 d’une suite de stades interglaciaires. En outre, on ne rencontre pas de formations marines associées à la ullite du Dwyka; si elles ont existé, elles devaient se trouver à l'Est, et elles ont disparu sous la mer, qui recouvrail, pendant la période crétacée, le Nord du Natal et la Colonie portugaise. Enfin, nulle part on n’a retrouvé de traces glaciaires à l’Ouest de la jonction du Vaal et du fleuve Orange. Done, contrairement aux glaciations cambrienne et dévonienne, celle du Permo-Carbonifère aurait occupé surtout la partie orientale de l’Afrique australe. Ce continent était alors plus large- ment relié à celui de l'Inde péninsulaire, el aussi plus rapproché du continent australien, mais nous avons vu que la mer de l’océan Indien existait déjà alors. Il est probable qu’elle n’occupait que la partie méri- 60 ANNEXE A LA dionale de la mer actuelle, et se trouvait par conséquent beaucoup plus soumise aux influences venant du pôle antarctique. IL est permis de croire que la glaciation permo-carbonifère s’étendait sur le pourtour du pôle Sud, car on vient de constater la présence d'une phase glaciaire ancienne dans le Sud du Brésil, à Minas, dans la province de Santa-Catarina, et celle-ci se caractérise également par la présence d'une flore permo-carbonifère. Le massif continental brési- lien, qui probablement s’étendait beaucoup plus au Sud qu’actuelle- ment, complétait donc, à la fin du Paléozoïque, le cercle glaciaire antarctique, et la glaciation paléozoïque du pôle Sud paraît probable. La tillite d'Orléans du continent brésilien correspond exactement à la tillite du Dwyka, à celle de Bacchus Marsh et aussi à celle de. Talchir que nous signalerons tantôt, mais elle s’en distingue par sa flore, qui est composée à la fois par les types nouveaux de la flore à Glossopteris et par ceux de l’ancienne flore carboniférienne. D'un autre côté, l’on a rencontré dans la Rhodesia, sur les rives du Zambèze, des gisements de houtlle carboniférienne qui nous prouvent que l’ancienne flore occupait encore à ce moment les districts septentrionaux voisins de la région glaciaire permo-carbonifère. Mais cette phase glaciaire n’est pas restée limitée à l'hémisphère Sud, elle occupait également une grande partie de l'Inde. On en retrouve les traces dans les régions qui s'étendent, d’un côté, depuis le fleuve Godavery et le fleuve Mahanadi, à l'Ouest de Calcutta, et de l’autre côté, jusqu’à Jaisalmer, dans le désert de Rajputana, et enfin, au Nord, jusqu'à la Salt Range, chaîne de montagnes qui occupe l’angle formé actuellement par la chaîne de Soliman sur la rive droite de l’Indus, et par l'Himalaya du Punjab. Il est probable que les formations glaciaires, séparées aujourd’hui par de si grandes étendues, ne sont que les frag- ments, conservés jusqu’à nos jours, d’une surface glaciaire recouverte par la tillite de Talchir, contemporaine des formations glaciaires antarctiques. On voit donc que la glaciation permo-carbonifère a régné aussi bien au Nord qu’au Sud de l'équateur; elle s’en rapprochait, d'un côté, jusqu’au 24° latitude Sud, et de l’autre, jusqu’au 18" latitude Nord. Les glaces qui, par leur transport, ont produit la tillite ainsi que la striation des blocs et de la plate-forme glaciaire, se dirigeatent du Sud- Sud-Ouest au Nord-Nord-Est, dans le district de Chanda situé sur un affluent du Godavery. C’est grâce à des modifications d'ordre tectonique que la tillite nous à été conservée. On la retrouve sous des dépôts houillers que l’on exploite aujourd’hui au fond de fosses plus ou moins étroites et allongées, comme on les observe souvent à la surface SÉANCE DU 19 JANVIER 1909 61 d'anciennes masses continentales, qui émergent depuis une durée géolo- siquement assez prolongée. C'est dans la houille de l'ancien continent du Gondwana que l’on à trouvé en premier lieu les fossiles végétaux qui ont servi à reconstituer la flore à Glossopteris ; on y retrouve aussi les types de reptiles si abondants dans les couches du Karoo africain. Dans le district de Jaisalmer, situé dans la partie du désert de Rajputana qui confine à l'Indus, on retrouve les mêmes formations glaciaires reposant sur une surface de roches moutonnées. La direction des stries et la nature des roches qui constituent les blocs striés indi- quent que les glaciers descendaient du Sud au Nord, vers une mer dont les sédiments constituent aujourd'hui les montagnes du Salt Range, et qui par ses fossiles montre qu’elle faisait partie de la mer à Fusulines dont nous avons déjà signalé les traces à Timor et à Roti, au Nord de l'Australie. Les dépôts glaciaires sont interstratifiés avec les couclies marines, ou reposent directement sur les roches anciennes, et dans ce cas ils sont simplement recouverts par les sédiments marins. De même que sur la limite septentrionale de la formation glaciaire australienne, nous rencontrons ici des blocs erratiques qui peuvent atteindre le volume de plusieurs mètres cubes. Les glaces descendues du continent de Gondwana atteignaient, sur la ligne du Salt Range, la mer méditerranéenne permo-carbonifère, plus connue sous le nom de mer à Fusulines; celle-ci occupait les régions constituées aujourd'hui par les chaînes parallèles s'étendant depuis l'Himalaya jusqu'au Kuen-Lun, et communiquait par la voie du Japon, de l’Indo-Chine et de l'Océanie avec l'océan par excellence, qui parait avoir persisté à travers tous les temps géologiques, l’océan Pacilique. Nous avons déjà signalé les Fusulines de Timor et de Roti, ainsi que la présence de la mer à cette époque sur la côte orientale de l'Australie. Nous savons, d'autre part, que la faune marine qui accompagne les Fusulines se retrouve en Espagne, en Sicile, dans les Alpes Orien- tales, en Russie, et dans les couches anciennes qui forment l’immense plateau de l'Iran. Nous pouvons ainsi reconstituer une des phases géo- logiques par lesquelles la Méditerranée est parvenue jusqu’à nos temps. Il semble que, déjà alors, elle communique avec l'océan Pacitique aussi bien par les régions de l'Amérique que par celles de l'Asie, puisque les dépôts à Fusulines se retrouvent aujourd'hui au Sud et au Nord de la Méditerranée des Antilles. SI nous avons insisté sur la présence d'une mer très étendue au Nord du continent du Gondwana, c’est que nous croyons pouvoir ainsi . trouver une indication des conditions qui ont présidé à la genèse de la 62 ANNEXE A LA glaciation de ce continent. Il s’étendait depuis le Sud de l’Afrique jus- qu'aux régions himalayennes, en passant par Madagascar, où peut-être on découvrira un jour les formations glaciaires intermédiaires. IL se trouvait séparé de l'Australie par une mer relativement étroite. Celle-ci, esquisse première de l'océan Indien actuel, présentait une température relativement basse, puisque les continents qu’elle baignaïit passaient tous par la même phase glaciaire. Peut-être la mer n’atteignait- elle pas l’équateur et ne constituait-elle qu'un golfe plus ou moins large d’une mer périantaretique. Nous savons, par l’état des Andes et des volcans neigeux le Kenya et le Kilimandjaro, que les vapeurs peuvent se déposer sous l'équateur à l’état de neiges et former des glaciers, dès que l'altitude est suffisante IT est dès lors facile d'admettre que les neiges aient traversé l'équateur pour se déposer sur le versant Nord du plateau du Gondwana. D'un autre côté, l'état de glaciation extrême du Groenland actuel, situé entre deux mers froides, nous permet de supposer que, de son côté, la mer qui baignait au Nord le continent du Gondwana, contribuait à sa glaciation, et que les vapeurs d’eau lui étaient amenées à l’état de neiges, successivement du Nord et du Sud, selon les saisons et la direction des vents alizés. L'énorme étendue des régions soumises à la glaciation nous permet d’entrevoir que les conditions qui ont provoqué cet état de choses ont régné pendant une durée de temps considérable, pendant laquelle à pu se produire une évolution complète des organismes vivant à cette époque. Les animaux et les végétaux ont été détruits dans les régions gla- ciaires, et on voit apparaitre au pourtour de celles-ci, peut-être même jusque dans le voisinage des centres de radiation glaciaire durant les stades interglaciaires, des organismes nouveaux pouvant offrir une résistance plus grande au froid, et remplacer peu à peu la flore et la faune anciennes. Dans certaines parties de celles-ci, isolées par des mers et par les régions de glaciation, ces organismes nouveaux ont pu se reproduire, et grâce à leur isolement, consolider suffisamment leur évolution nouvelle pour envahir plus tard le reste du globe et y sou- tenir victorieusement la lutte pour la vie contre les organismes anciens. En tout cas, nous pouvons conclure que la phase glaciaire permo-carbonifère, que nous qualifierons de positive pour indiquer qu'il n’est pas impossible qu'un minimum de glaciation ou phase négalive ait continué à persister dans certaines parties du globe depuis les temps les plus reculés, que cette phase glaciaire positive donc a été très intense et très longue, qu'elle a exercé sur les organismes contem- Re , SÉANCE DU 19 JANVIER 1909 63 porains une influence qui dépasse en importance tout ce que nous avons pu constater aux autres époques glaciaires, et qu’elle constitue par conséquent un des principaux événements de l’histoire géologique du globe. La phase glaciaire cambrienne inférieure présente une certaine ana- logie avec la phase permo-carbonilère, mais à cause des temps infini- ment longs qui la séparent de nous, elle ne nous fournit par des con- clusions aussi instruelives ; et c’est plutôt par l’histoire mieux connue de la période de la fin du Paléozoique que nous pouvons nous faire une idée de celle de la phase ancienne. D'un autre côté, comparée aux phases plus récentes et surtout à la phase pléistocène, la glaciation permo-carbonifère continue à nous apparaître comme de loin la plus importante, à cause du rôle considérable qu’elle a joué dans l’évolution du monde organique. Il est vrai que la phase pléistocène paraît avoir présenté une extension géographique beaucoup plus considérable, puisque nous la retrouvons dans les deux hémisphères, et que même sous l'équateur, aux hautes altitudes, on retrouve les traces d’oscilla- tions de la limite inférieure des glaciers, rendant probable l'existence de stades interglaciaires plus ou moins longs. Mais nous savons que son influence sur l’évolution organique a été relativement faible, sur- tout dans les régions intertropicales. Peut-être la durée de la dernière phase glaciaire positive a-t-elle été relativement courte. Il se peut aussi que la disposition géographique des régions atteintes explique le retour d’une grande partie des organismes anciens dans les régions qui venaient d’être soumises à la glaciation. Par contre, pendant la phase permo-carbonifère, la glaciation a peu sévi dans l'hémisphère Nord, et peut-être faut-il attribuer à des modifications dans le climat, provoquant des conditions désertiques des régions sep- tentrionales, d’ailleurs encore peu étudiées, la disparition des orga- nismes anciens et la rapide occupation de l'hémisphère septentrional par la flore et la faune nouvelles. Les formations géologiques de l’ère mésozoïque ne présentent dans aucune contrée du globe des traces indiseutables de climats glaciaires. L'évolution continue et régulière de la faune marine et des organismes terrestres rend peu probable un refroidissement marqué de l'atmo- sphère. On avait cru qu’une formation géologique qui recouvre une grande partie du centre de l'Australie, le Désert Sandstone, indiquait une époque glaciaire d'âge crétacé supérieur, parce que ce grès du désert australien renferme une masse de blocs plus ou moins arrondis, provenant de roches cristallines primaires de provenance lointaine. 64 ANNEXE A LA Mais les géologues australiens les considèrent plutôt comme des blocs remaniés provenant des tillites cambrienne et permo-carbonifère du centre du continent australien. Si cependant la glaciation crétacée de l'Australie paraît peu pro- bable, il convient de rappeler ici que dans l'hémisphère septentrional on voit apparaître dans la faune et dans la flore des indications de différences de climat d’après les latitudes. C'est ainsi que la faune à Hippurites des régions méditerranéennes n’est guère représentée dans le Nord, où elle est remplacée par une faune assez différente. Il paraît en être de même pour l'Amérique, et sans aucun doute des découvertes nouvelles permettront plus tard de délimiter encore plus nettement les zones climatériques du globe à la fin de l’ère mésozoïque. Nous devons cependant mentionner que le Prof J.-W. Gregory con- sidère les blocaux accompagnant la Craie en Angleterre, comme des erratiques glaciaires, et le Proff Garwood aurait trouvé un galet strié dans un conglomérat du même âge, qu’il à examiné au Spitzherg. Le professeur de l'Université de Glascow veut réagir contre la tendance actuelle à exagérer la variation des climats au cours des temps géolo- giques. Il est porté à admettre que la distribution géographique des climats est loujours restée analogue à celle d'aujourd'hui, avec des varialions relativement faibles dans l’ensemble des conditions météoro- logiques. S'il faut admettre que des causes d'ordre général et d’origine extraterrestre ont présidé à l'apparition des différentes phases gla- claires, 1} ne faut pas oublier que des variations dans la distribution relative des terres et des mers peuvent avoir empêché ou favorisé leur apparition dans certaines parties du globe, de même qu'elles ont dirigé le sens de l’évolution de chacune d'entre elles. Ce n’est que vers la fin du Tertiaire que l’on peut constater un nou- veau refroidissement de l'atmosphère, qui aboutit à une nouvelle phase glaciaire positive, et celle-ci à atteint dans les deux hémisphères toutes les régions suffisamment rapprochées des pôles ainsi que les chaînes de montagnes suflisamment élevées pour rencontrer le niveau de persis- lance des neiges à celle époque. L'histoire de la glaciation pléistocène dans l'Europe et dans l’Amé- rique septentrionale est trop connue pour que nous nous y arrêtions ici. Il nous suflira, pour nous permettre de mieux apprécier la genèse de cette révolution climatérique, de donner quelques détails sur les manifestations glaciaires qui se sont produites alors dans l'hémisphère austral. Les expédilions polaires antarctiques de ces dernières années nous SÉANCE DU 19 JANVIER 1909 65 montrent toutes que la calotte glaciaire qui recouvre ce continent, à été autrefois beaucoup plus considérable qu’elle ne l’est actuellement, mais jusqu'ici il n’est pas possible de fixer exactement l’âge géologique précis de ce stade glaciaire. Il paraît cependant tout à fait probable qu'il correspond à l’évolution que nous constatons en Nouvelle- Zélande, en Australie, dans l'Amérique méridionale, ainsi que dans les iles océaniques australes. Dans l'Afrique du Sud, la glaciation pléistocène n’a pas laissé de traces, probablement parce que cette région ne se trouve pas assez rap- prochée du pôle; d’ailleurs, elle paraît avoir subi, de même que la partie de l’Afrique située sous l’équateur et au delà, les effets d’une période pluviale correspondante. En outre, les volcans situés dans ces latitudes, tels le Kenva et le Kilimandjaro, nous présentent des traces de variation de la ligne de persistance des neiges, ayant déter- miné autrefois un développement plus considérable des glaciers. La Tasmanie et la Nouvelle-Zélande ont été affectées à un plus haut degré que dans l’état actuel. Dans la Nouvelle-Zélande méridionale, la surface recouverte par les glaces était beaucoup plus étendue que de nos jours. Le grand glacier, le Tasman, qui mesure aujourd’hui 25.6 kilomètres de longueur, atteignait alors 48 kilomètres. Les fjords de la côte occidentale étaient remplis par de la glace qui descendait vers la mer. Toutefois,. Hutton ne parle que d’une extension des glaciers, alors que les autres géologues qui ont étudié la question sont d’accord pour admettre l'existence d’un stade glaciaire positif. En Tasmanie, les glaces ont recouvert le centre et l’Ouest de l’île. Enfin, de même qu’à la fin de la période cambrienne ainsi qu'à la fin de la période paléozoïque, la glaciation pléistocène atteint le Sud de l’Australie ; mais cette fois le continent a été moins affecté que les îles voisines. Le _mont Kosciusko, situé à l'angle formé par la chaîne des Alpes austra- liennes, et qui se trouve aujourd’hui en dessous de la ligne des neiges, nous présente toutes les manifestations d’une glacialion, dans laquelle on peut même établir l'existence de deux stades glaciaires successifs, et que les géologues croient pouvoir rattacher à Ja fin du Tertiaire. Mais c’est surtout dans l'Amérique du Sud que les manifestations de la dernière époque glaciaire se retrouvent sur de vastes étendues. Ce continent, grâce à la direction méridienne des Andes et au prolon- gement de son extrémité australe dans la direction du pôle, a été le siège de manifestations glaciaires beaucoup plus marquées et plus éten- dues que celles des autres continents austraux. D'un autre côté, la phase 4909. PROC.-VERB. | 6) 66 ANNEXE A LA ancienne glaciaire qu’il a traversée a été beaucoup plus imtense que celle d'aujourd'hui. Le professeur Steinmann (!), qui a étudié sur place les manifestations glaciaires des Andes, les considère comme contem- poraines de la phase glaciaire positive de l'hémisphère boréal. Non seulement les glaciers des Andes étaient alors en plus grand nombre, et descendaient beaucoup plus bas que ceux d'aujourd'hui, mais ils ont enterré la chaine dans un vaste manteau de dépôts gla- ciaires. La ligne de persistance des neiges descendait de plus en plus bas dans la direction des pôles, de sorte que les Andes patagoniennes ont été entièrement recouvertes par le manteau de glaces; même celui-ci descendait dans les Pampas de la Patagonie, où 1l se trouvait limité par une ligne oblique depuis le 40° de latitude Sud jusqu’au détroit de Magellan. Du côté de l’océan Pacifique, les neiges atteignaient jusqu’au delà de l’île Chiloë, et elles ont contribué au creusement des fjords, qui se retrouvent ici comme dans la Nouvelle- Zélande, sur la côte occidentale. D'après les conclusions du D' Moreno (?), un immense manteau de glaces recouvrait la partie méridionale du continent; il descendait principalement vers l'Est, et s’étendait jusqu'au delà du rivage actuel de l'Atlantique pendant une première époque glaciaire, celle qui fut la plus marquée. Puis, après un premier retrait des glaces, elles ont de nouveau poussé leurs moraines jusqu’à 50 milles au Sud-Est de la crête actuelle de la chaine patagonienne, en y creusant les lacs glaciaires amsi que Îles vallées fluvrales qui s’y rattachent, et dans lesquelles les rivières ont étendu un vaste manteau de gravier provenant des roches transportées par les glaciers. La glaciation pléistocène à également affecté toutes les iles océani- ques qui entourent l’extrémité méridionale de l'Afrique, mais elle ne s'est pas étendue jusqu'aux latitudes occupées par ce continent. Elle n’a pu atteindre que les pics volcaniques équatoriaux, qui grâce à leur altitude, se trouvaient dans la limite des neiges persistantes. Les parties basses du continent paraissent cependant avoir été soumises à une période pluviale, dont on retrouve les traces jusqu’en Égypte. D'une façon générale, nous pouvons dire que la distribution géogra- phique des districts glaciaires pléistocènes n’est qu’une reproduction exagérée des formations glaciaires actuelles. Nous pouvons en con- (1) Diluvium in Sud A merika. (LEITSCHR. DEUTSCH. GEOL. GESELLSCH., 1906.) (2) Geog. Journal, 1899, nos 3 et 4. SÉANCE DU 19 JANVIER 1909 67 clure que la situation relative des mers et des terres était à peu près la même que celle d'aujourd'hui, et surtout, que le climat actuel pris dans son ensemble se présente avec les mêmes conditions météorologiques que celui de la phase glaciaire pléistocène. La seule différence dont il faut tenir compte, c’est que la température moyenne de l’atmosphère paraît avoir été plus basse de quelques degrés, et par conséquent que le niveau de persistance des neiges était descendu beaucoup plus bas dans les régions polaires surtout, et à un degré moindre dans les régions inter- tropicales. | Les savants se sont donné beaucoup de peine pour établir la genèse des phases glaciaires, mais la solution du problème reste toujours hvpo- thétique. Celle-e1, en effet, ne dépend pas seulement des observations des géologues; plusieurs autres sciences doivent y contribuer, et, parmi celles-ci, nous attendons toujours les indications fournies par la météorologie, qui doit nous renseigner sur la circulation atmosphé- rique et ses variations, et, d'un autre côté, les données océanographiques ne sont pas suffisantes pour déterminer la circulation des eaux froides à la surface des mers et au fond des océans. Jusqu'iet on à vu varier la nature des hypothèses invoquées pour expliquer l’abaissement de tem- pérature de l’atmosphère terrestre, cause prépondérante des phases glaciaires, selon que les auteurs partent de données géologiques ou qu'ils ont recours à l'action des lois de l'astronomie ou de la physique cosmique. D’autres, pour expliquer les phases glacraires anciennes, ont cru pouvoir invoquer un déplacement suffisant des pôles terrestres pour provoquer des modifications dans la situation géographique des conti- nents, et la transformation complète de la circulation atmosphérique. Les auteurs de cette théorie ne paraissent pas se douter des formidables catastrophes tectoniques qu'un changement quelque peu considérable de l’axe de rotation de la Terre devrait provoquer. Il semble que l'écorce si peu épaisse sur laquelle nous vivons, ne pourrait résister aux tensions nouvelles, et la dislocation complète de notre astre en serait nécessairement la conséquence. Aussi la plupart des géologues sont-ils d'accord pour admettre une constance relative dans les conditions de l’évolution géologique de la Terre. Depuis que l’aplatissement des pôles a commencé, c’est-à-dire depuis la cessation des temps où l'écorce terrestre conservait encore un degré notable de plasticité, la période des catastrophes a pris fin, et la régularité a régné dans l’évolution. Les variations qui ont encore pu se produire, ont suivi un rythme cyclique dont les oscillations se sont succédé plus ou moins régu- lièrement. 68 ANNEXE A LA C'est ce que nous avons essayé de faire ressortir, en exposant la marche des phases glaciaires connues jusqu'ici et en insistant surtout sur les ressemblances frappantes dans la distribution géographique des manifestations glaciaires au cours des phases les mieux connues. Nous avons même relevé les indices assez vagues, il est vrai, de la persis- tance des continents et des océans à travers les temps géologiques. C'est dans ie même sens que conclut le Prof J.-W. Gregory dans le travail qu’il à communiqué au Congrès de Mexico. Il réagit contre l’idée généralement reçue d’une diminution régulière et con- stante de la température du climat terrestre depuis l’ère cambrienne jusqu’à nos jours. De même il n’admet pas l'existence d’un climat chaud dans les régions polaires boréales à une époque relativement aussi récente que le Miocène. Les déterminations de fossiles végétaux du Prof Heer, aujourd’hui reconnues fautives, ne peuvent plus fournir une base suffisamment solide pour cette hypothèse. Il faudrait plutôt admettre que la température est restée sensiblement constante pour tous les climats géologiques, ou plutôt qu’ils n’ont varié que dans des proportions assez réduites mais suffisantes pour produire la série des phases glaciaires; celles-ci d’ailleurs ont été probablement facilitées par des dispositions géographiques spéciales. Nous avons essayé de faire ressortir, dans la description des diffé- rentes phases glaciaires, que ce fut surtout autour des pôles que le refroidissement s’est le plus manifesté, pour s'étendre parfois jusque dans les régions plus ou moins voisines de l'équateur. 11 nous paraît prouvé par là que le froid a rayonné, soit simultanément, soit succes- sivement, des deux extrémités de l’axe de rotation. Les courants froids supposent des courants plus chauds dirigés en sens contraire de l’équa- teur vers les pôles, et de cette façon se trouverait constitué le cercle d’une circulation complète. Cette notion de la circulation de la chaleur et du froid à l’aide des courants atmosphériques et des courants océaniques se perfectionne aujourd’hui rapidement, grâce aux découvertes qui s'accumulent par les progrès de l’océanographie et de la météorologie. Quand cette cireula- tion sera mieux connue pour les temps actuels, nous pourrons nous faire une idée un peu plus précise des conditions de circulation atmosphérique et océañique qui ont présidé à la genèse des phases glaciaires. On commence à entrevoir, grâce à M. Teisserenc de Bort, que l’atmosphère ne continue pas à se refroidir dans les couches de plus en plus élevées. À partir d’une certaine hauteur, la température se relève légèrement, et la limite de ce changement peut se fixer SÉANCE DU 19 JANVIER 1909 69 approximalivement, pour les régions équatoriales, entre 8 et 15 kilo- mètres, par contre, cette limite est beaucoup plus basse dans les régions polaires. Sans insister outre mesure sur l'importance de ces découvertes toutes récentes, 1l paraît cependant permis d'y voir la promesse d'in- dications plus précises sur la variation de la température atmosphé- rique de l’équateur vers les pôles el sur les limites qui lui sont fitées par les conditions actuelles du climat. D'un autre côté, les travaux de M. O. Pettersson (!) nous renseignent sur l'importance du rôle joué par la fusion des glaces dans la cireula- tion océanique. Elles déterminent des courants dirigés du pôle vers l'équateur, alors que les courants océaniques chauds sont dirigés d’une façon générale en sens contraire. Nous voyons ainsi apparaître gra- duellement les traits généraux d’une esquisse de la circulation des fluides de l'atmosphère et de l’océan, qui tient sous sa dépendance la distribution des zones froides et des zones chaudes à la surface de la terre. Si ces courants ne suffisent pas pour expliquer la récurrence et l’évolution des phases glaciaires, et s’il faut admettre des causes d'ordre général, qui refroidissent l’ensemble de l'atmosphère, il n’en resle pas moins évident que ce n’est que par l’intermédiaire de cette double cireulation, atmosphérique et océanique, que la cause générale pourra agir, et que, lorsque la circulation sera mieux connue, nous nous trouverons avoir franchi une nouvelle étape dans l'étude de la genèse des phases glaciaires. Les études océanographiques de M. O. Pettersson nous ont montré la transformation de la chaleur des eaux équatoriales au contact des glaces polaires en forces mécaniques qui entretiennent l’ensemble de la circulation océanique, et nous savons que celle-ci, à son tour, réagit sur la circulation atmosphérique. On croyait généralement que les grands courants océaniques suivaient presque exclusivement la direction des vents et étaient en relation avec les marées, mais les expériences basées sur la fusion des blocs de glace, nageant dans «le grands bassins remplis d’un liquide de composition analogue à celle de l’eau de mer, ont montré au savant suédois la formation de courants, les uns superficiels, les autres ayant une tendance à descendre au fond du bassin. La profondeur du bassin de fusion aura done une grande influence sur l'établissement d'une circulation tendant à ramener à la même composition chimique et à la même température toute l'eau (1) On the influence of ice melting upon oceanic circulation. (GEoGR Jourx., XXX, no 3, 1907.) 10 ANNEXE A LA contenue dans le bassin. En outre, la circulation sera d'autant plus intense et la fusion de la glace par conséquent d'autant plus rapide, que le bassin sera plus profond. Si nous appliquons ces données expé- rimentales aux conditions géographiques, la fusion des glaces sera plus rapide au-dessus des profondeurs de l’océan que dans les mers peu profondes situées au voisinage des continents. Celles-ci deviendront le siège de grandes accumulations de glaces, et ne tarderont pas à provoquer le refroidissement complet des terres voisines, en même temps que leur recouvrement par des chutes de neige fréquentes et considérables. | Les études expérimentales de M. Pettersson semblent indiquer A aux géologues le chemin à suivre pour s'attaquer à la question des climats glaciaires. Ils devront chercher à déterminer les conditions géographiques qui ont pu influer sur la circulation océanique, et pro- voquer ainsi le refroidissement de certaines régions du globe. Leur meilleur point de départ restera toujours la situation glaciaire actuelle. C'est ainsi que le Groenland nous présente aujourd hui la meilleure image d'un pays complètement glacié. Cette île, à moins que, la réunissant à l’archipel situé au Nord du Canada, on ne tende à la considérer comme un continent arctique, se trouve sur le trajet d’un vaste transport de glaces venant de la Sibérie et du pôle Nord. Celles-ci, grâce aux mers qui l’entourent de tous les côtés, forment autour de la grande ile une ceinture complète, pendant la plus grande partie de l’année, et la recouvrent de neiges dont la chute entretient le grand manteau glaciaire que l’on a désigné du nom d’inlandsis. Le rôle de la circulation des glaces marines devient évident si nous com- parons l’état du Groenland à celui de la Sibérie, qui ne présente pas plus de traces de la glaciation pléistocène, qu’elle ne nous offre des glaciers à notre époque. Un travail très intéressant du D' A. von Bunge [!) nous indique que la marche des phénomènes glaciaires a été tout autre au Nord du grand continent asiatique. Les chutes de neige paraissent y avoir été beaucoup moins abondantes qu’en Europe et dans l’Amérique du Nord. Aujourd'hui encore, malgré le froid extrême de la Sibérie, la glace ne recouvre nulle part la surface du sol de façon permanente. Par contre, la gelée envahit celui-ci jusqu’à une profondeur dont la limite infé- rieure n’a pas encore pu être établie. Un froid intense ne suffit donc pas pour provoquer la persistance des glaces sous forme de glaciers. II (4) Einige Worte zur Bodeneisfrage. (Verx. Russ.MIiNERAL. GESELLSCH., 4909, I. Lief.) ref SÉANCE DU 19 JANVIER 1909. 71 faut la circulation de courants atmosphériques humides refroidis, et se répétant assez régulièrement, surtout pendant l'été, pour entretenir la formation des glaciers Le D' von Bunge a observé, à l'embouchure de la Lena, la fusion de la neige et des couches de glace superficielles par les chaleurs de l’été. L’eau formant des mares peu profondes peut atteindre des températures relativement élevées, qu'il à vues monter jusque 17° C. Cette eau de fusion pénètre dans le sol gelé, qui se rétracte et se fendille, surtout aux premiers froids de l’automne. C’est alors que la production de ces fentes s'accompagne d’un bruit qui res- semble à une canonnade lointaine; de sorte que la chaleur de lPété contribue à entretenir la gelée profonde du sol, et que l'absence de neiges pendant l’été, due à une circulation atmosphérique continentale, fournit pour la Sibérie une évolution glaciaire tout autre que celle du Groenland, enterré sous un épais manteau de glace. Il en à été proba- blement ainsi depuis la fin du Tertiaire. En suivant ce même ordre d'idées, il ÿ aurait lieu de rechercher jusqu'à quel point la glaciation de la Grande-Bretagne d’abord, et ensuite celle de la péninsule scandinave et du Nord de la Russie, ont été provoquées par la formation de la mer de Norvège vers la fin du Miocène, ainsi que par l'établissement de larges communications entre celle-ci et locéan Arctique. Cette mer, encore séparée au- jourd’hui de locéan Atlantique par un relèvement du fond qui s'étend depuis l'Islande jasqu'à l'Écosse, s’est trouvée encombrée par les montagnes de glace venues du Nord; et celles-ci ont formé, autour de l'Angleterre d’abord, et de la Norvège ensuite, une ceinture de glace analogue à celle qui entoure aujourd’hui le Groenland. Il se peut en outre que la mer Baltique ait communiqué avec la mer Blanche par l'intermédiaire du golfe de Finlande vers la fin du Tertiaire. De même la glaciation de l'Amérique du Nord peut se rattacher à des moditfica- tons tectoniques suivies de transgression marine, qui se sont produites dans les passages étroits qui séparent les îles joignant le Canada au Groenland Nous avons insisté sur l'importance qu'il faut attacher aux forma- tions glaciaires marines du Permo-Carbonifère dans l'Australie et dans la Salt Range, parce qu’elles nous permettent de soupçonner le trans- port de glaces antarctiques vers l’équateur, sur une mer moins large que l’océan Indien actuel, el autour de laquelle la glaciation a sévi sur tous les continents qu’elle baignait. De plus, au lieu d'admettre une révolution complète du globe pour expliquer la glaciation du Gondwana et de la Salt Range, nous avons fait ressortir que le 72 ANNEXE A LA plateau indien était baigné par la mer à la fois au Nord et au Sud. Il se trouvait ainsi soumis à un régime de vents qui, selon les saisons, lui amenaient, tantôt de l’une, tantôt de l’autre direction, les vapeurs d’eau transformées en neige. Dans ces conditions, il ne fallait pas un très grand abaissement de la température de l’atmosphère pour provo- quer la glaciation d’un plateau situé à une altitude un peu plus élevée que celle d'aujourd'hui. On à cherché à expliquer cet abaissement de la température de diffé- rentes façons. La théorie astronomique de Croll suppose des phases glaciaires plus fréquentes et d’une durée moindre que celles des récurrences établies par les observations géologiques. Luigi de Marchi a eru trouver l'explication des phases glaciaires dans l'augmentation de la quantité de vapeur d’eau dans l'atmosphère, qui aurait déterminé des chutes de neige plus fréquentes et plus abondantes. Svante Arrhenius admet une variation dans la teneur de l'atmosphère en acide carbonique. Ce gaz s’opposant à l'émission vers l’extérieur des rayons de basse température provenant des couches inférieures de l'atmosphère et de la surface de la terre, la chaleur de l’atmosphère augmenterait ou diminuerait d’après l'augmentation ou la diminuuon de la proportion de ce gaz. Partant de cette théorie, le Prof Frech cherche à nous montrer que chaque période glaciaire à été précédée par des éruptions volcaniques considérables. Celles-ci auraient déter- miné l’accumulation de l’acide carbonique dans l’atmosphère, et favo- risé ainsi une végélalion abondante, origine des dépôts de houille qui auraient précédé chaque phase glaciaire. Le Prof" Dubois, s’inspi- rant des découvertes récentes de la physique, croit avoir trouvé la cause des glaciations dans l’ionisation de l’atmosphère, laquelle four- nirait une infinité de centres de condensation pour lhumidité de l'atmosphère. Mais ce sont là toutes explications qui demandent elles- mêmes une explication, avant qu'elles ne puissent contribuer à la solution du problème de la récurrence des phases glaciaires. Peut-être les géologues devront-ils se contenter encore longtemps d’hypothèses pour chercher à expliquer l’abaissement de la tempé- rature de l’atmosphère aux différentes phases glaciaires. Celles qui ont recours à des modifications des conditions terrestres nous paraissent insuffisantes ; il faudra toujours, en fin de compte, recourir à l’action de l’astre central de notre système planétaire. L'étude du Soleil fait chaque jour de nouveaux progrès, et plus elle avance, plus on se rend compte de la marche cyclique des phénomènes dont l’atmosphère SÉANCE DU 19 JANVIER 1909 73 solaire est le siège. D'un autre côté, ces phénomènes se déroulent sur une échelle d'espace et de temps incomparablement plus vaste que celle des phénomènes terrestres. Nous nous étions habitués à consi- dérer comme constant le rayonnement calorifique du Soleil; les études modernes montrent que celui-ci subit des variations périodiques, et la récurrence des phases glaciaires suggère l’idée que ces périodes ont pu prendre, à certains intervalles dans les temps géologiques, une ampli- tude beaucoup plus considérable. C’est alors que ces oscillations se seraient traduites par les phases glaciaires. L'humanité, encore dans l'enfance, a pu résister à une de ces périodes de refroidissement de la surface du globe solaire, mais si jamais, au cours des temps à venir, elle est appelée à traverser une nouvelle phase de refroidissement aboutissant à une période glaciaire, 11 ne paraît pas probable que notre civilisation si avancée, mais si compliquée, puisse lui survivre. D' C. Van DE WIELE. Régions naturelles et noms de pays. — Étude sur la région parisienne, pat L. GaLLois, professeur adjoint à la Faculté des lettres de l’Université de Paris. Un volume in-8° de 556 pages et 8 planches hors texte. Librairie Armand Colin. Il pourrait sembler que ce livre n’intéresse pas les sciences géolo- giques, et cependant 1l en est beaucoup plus rapproché qu’on ne pour- rait croire. L'ouvrage cherche à élucider une question délicate : Quand des géographes ont emprunté un nom vulgaire pour définir une région naturelle, l’ont-ils fait à bon escient? Nous ajouterons que ces géo- graphes étaient généralement des géologues:; ceux-ci ont toujours le plus grand intérêt à connaître les régions naturelles d’un pays, régions qui sont basées directement sur la géologie. André Dumont, en divisant le condrusien quartzo-schisteux (Dévonien supérieur actuel pro parte) en schistes de la Famenne et psammites du Condroz, n’a-t-il pas pris deux noms de pays pour spécifier des étages stratigraphiques ? - Or, si dans une aire délimitée les caractères géologiques et morpho- logiques du sol déterminent des régions naturelles, est-il exact qu’on puisse leur appliquer rigoureusement ces noms de pays, usités dans le langage populaire, aux limites flottantes et imprécises. « Est-il vrai, 14 ANNEXE A LA comme on l’a dit, qu'il suffirait de recueillir avec soin les noms de pays pour retrouver du même coup les divisions rationnelles du sol, que l’instinet populaire, devançant la science, aurait depuis longtemps aperçues ? » = L'auteur à donc voulu étudier ce problème, et 1l à trouvé rationnel de vérifier expérimentalement dans le bassin tertiaire parisien la correspondance entre les régions naturelles, si variées, grâce à lalter- nance des couches de la série tertiaire de ce bassin, et le pays de ce terroir si riche en noms locaux. Le terrain d'expérience est heureusement choisi; l'allure de plaine de toute cette région, malgré quelques traits fortement accusés, grâce aux calcaires compacts, y à rendu les communications aisées de tous temps. Qu’une région encadrée de forêts se soit individualisée dans son isolement d'autrefois, elle aura reçu un nom; comme les forêts conti- nues sont souvent le propre des terrasses sèches ou des terrains siliceux, 11 y a aussi beaucoup de chances pour que la région agricole située entre ces formations corresponde également à une assise géolo- gique, en tous cas c’est une région naturelle; donc 1l y a énormément de présomptions d'accord. De même, en pays de montagnes, les vallées s'isolent d’une vie par- üculière et forment de petites régions fermées; là le trait hypsomé- trique l’emporte sur tous les autres; le problème est résolu d’avance. Mais en région ouverte ? L'historique, très étudié par l’auteur, de la naissance de l’idée de région naturelle, montre que c’est une concep- tion de géologue, qui à eu quelque peine à se dégager. Quant aux noms de pays, ils répondent à un besoin naturel et prennent naissance dans le langage populaire, pour suppléer aux divi- sions administratives. Nous ne suivrons pas l’auteur dans son enquête sur les divers noms de pays de la région parisienne; elle montre une diversité extra- ordinaire d’origine, la plus grande variété dans la précision des limites et aussi, Ce qui est bien morfondant, que beaucoup de noms dits de pays sont totalement ignorés des habitants! Bien souvent aussi, les géologues-géographes ont dénaturé un nom de pays pour l'appliquer à une région définie géologiquement. Ainsi Belgrand a défini Champagne humide la zone des affleure- ments de marnes et sables glauconieux du Crétacé inférieur du bassin parisien; or, le nom de Champagne évoque la plaine crayeuse, assoifiée et déserte ; donc la définition est malheureuse; de plus, cette zone % SÉANCE DU 19 JANVIER 1909 75 couverte de forêts marécageuses est interrompue deux fois par les placages limoneux, quaternaires et agricoles des plaines de Troyes et de Saint-Dizier ; elle ne constitue donc pas un pays unique. La plus grande prudence s'impose, par conséquent, dans l’emploi des noms de pays pour définir des régions naturelles. Beau coup d’assi- milations un peu hâtives ont besoin de revisions; quant aux régions distinguées par les géologues, mieux vaut créer une appellation nouvelle que de déformer le nom d’origine historique ou populaire, LG. Ce er-- À MELGE DE GÉOLOUE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE : (BRUXELLES) pari TR © PRÉSIDENT D'HONNEUR : S. À. R. le Prince ALBERT de Belgique | fai î “) __ Procès-Verbal Lire D DE LA SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1909 1 | + \ - ; n! à _Vingt-troisième année os Tome XXIII — 1909 BRUXELLES du HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 12 | 419, rue de Louvain, 112 1 Z = 4909 A Nes SÉANCE MENSUELLE DU 16 FÉVRIER 1909. Présidence de M. Willems, délégué du Conseil. La séance est ouverte à 20 h. 35 (54 membres sont présents). Décès. Le Bureau a le regret de faire part à nos membres de la perte que la science vient de faire par le décès de M. Junius Massau, professeur à l'Université de Gand, Ingénieur principal des Ponts et Chaussées, membre correspondant de l’Académie royale des Sciences, membre effectif de notre Société. Distinctions honorifiques. Notre éminent confrère et membre du Conseil, M. L. Dollo, conser- vateur du Musée royal d'Histoire naturelle et professeur à l’Université libre, a été l’objet d’une distinction des plus flatteuses en souvenir du centenaire de la naissance de Charles Darwin. Sur la proposition du professeur Spengel, un des premiers zoologistes de notre temps, l’Université de Giessen lui a décerné, le 12 février, Jour de cet anniversaire mémorable, le diplôme de docteur en philoso- phie honoris causa, pour l’ensemble de ses travaux zoologiques et paléontologiques sur la théorie de l’Évolution. Rectifications au procès-verbal de la séance de janvier. M. E. van DEN BRoECk présente les observations suivantes : 1° Page 25. — Le sous-titre de la communication de M. Putzeys : Réponse à MM. d’Andrimont et van den Broeck, à propos des réflexions de l’auteur sur les eaux de la ville de Marche, peut faire croire que 1909. PROC.-VERB. 18 PROCÈS-VERBAUX. M. van den Broeck est en désaccord avec M. Putzeys au sujet de la - valeur des sources de Marche. Ce serait contraire à la réalité, car M. van den Broeck n’accepte aucune eau de nos calcaires dévoniens comme eau alimentaire. Le sous-titre aurait donc dû, en ce qui con- cerne M. van den Broeck, ne pas mentionner les eaux de la ville de Marche. 2 Sauf les premiers alinéas de la page 41 des Procés-verbaux, les conclusions des deux pages finales de l’exposé de M. Putzeys n'ont pas élé développées en séance, mais ajoutées après communication de la réponse de M. van den Broeck. Elles eussent donc dû, logiquement, être placées après celle-ci. 3° Page 52. — Vers la fin du deuxième paragraphe de cette page, il y a, dans la phrase de M. van den Broeck parlant du projet de captage des eaux de la Campine par MM. Putzeys et Rutot, une erreur de correction, qui fait dire à M. van den Broeck le contraire de sa pensée. Au lieu de : « ce projet, sans être géologiquement et hydrologi- ment parfait », l’auteur avait écrit : « ce projet, sans doute géologique- ment et hydrologiquement parfait », et c'est ainsi que sa phrase doit être recüfiée, tout à l'avantage de l’œuvre élaborée par les estimés collègues de M. van den Broeck, qui ne fait de réserves que sur cer- taines éventualités d'ordre strictement chimique. M. Purzeys dit que le titre de sa communication, auquel il n’attache pas d'importance spéciale, provient de ce que M. van den Broeck a pris la parole à la suite de l'exposé qu'il avait fait lui-même au sujet des eaux de Marche. Quant au second point soulevé par M. van den Broeck, 1l déclare que l'addition faite à son texte primitif n’a pas été provoquée par la réplique de son savant confrère; ces conclusions sont le développe- ment d’un passage du travail sur : L'alimentation en eau potable de la Basse-Belgique, écrit 11 v a quatre mois et dont il donne lecture : « Qu'il soit possible de rencontrer, dans les régions calcaires, des localisations capables de fournir, en petite quantité, une eau parfaite, nous le pensons, mais si de larges dérivations étaient projetées dans les mêmes terrains, où des localisations admises comme favorables auront été rencontrées, comme elles constituent l'exception dans une roche où la circulation par canaux est la règle, nous sommes certain que leur réalisation mettrait la santé publique en danger. » C'est donc une erreur de M. van den Broeck de penser que la finale de la communication de M. Putzeys est due à son argumentation. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1909. 19 Correspondance. Le directeur scientifique du Service météorologique de l'Observatoire royal communique à la Société une curieuse lettre du secrétaire com- munal de Wasseiges relative à une prétendue corrélation entre les tremblements de terre et le trouble des eaux d’un puits dans cette commune. M. A. Ruror accepte de représenter la Société belge de Géologie au cinquantenaire de la Société d’Anthropologie de Paris. L'Académie des Sciences de New-York a invité notre Société à célé- brer avec elle le centenaire de la naissance de Charles Darwin et le _ cinquantième anniversaire de la publication de l’Origine des espèces. Par suite du décès de M. Delobe à Tournai, la collection qu'il avait réunie depuis cinquante ans est à vendre. Elle comprend d’abord environ 420 cartons de fossiles du Carboni- fère; sur chaque carton sont collés un nombre variable d'échantillons, 4, 5, 8, 10 ou plus. | Les échantillons sont très bien conservés et beaucoup de spécimens sont remarquables. _ La classe des Nautiles renferme de nombreux échantillons, parmi lesquels un Nautilus Atlantoïdeus mesurant 0"42 de diamètre Les genres suivants sont très bien représentés : Chomatodus, Gyro- ceras, Édraceras, Gomphoceras, Orthoceras, Gonialites, Naticopsis, Stro- beus, Macrochilina, Loxonema, Polyphæmopsis, Platychisma, Euomphalus, Phymatifer, Phanerotinus, Gossetia, Ptychomphalus, Bellerophon, Buca- mia, Capulus, Helminthochiton, Entalis, Edmondia, Scaldia, Conocar- dium, Solemya, Parallelodon, Modiola, Entolium, Dielasma, Rhynchonella, Athyris, Relzia, Spiriferina, Spirifer, Orthis, Orthotetes, Productus, Crania, Discina. Échantillons très remarquables dans la classe des Crinoïdes. Id. id. dans la classe des Phillipsia. Bryozoaires, Polypiers, Zaphrentis, Amplexus, Favosites, Spon- giaires, etc. Tourria de Tournai (Cénomanien). —: La collection renferme envi- ron 140 cartons. Chaque carton contient aussi un nombre variable d'échantillons, trés beaux et très bien conservés. LaNDENIEN. — Renferme une centaine de spécimens choisis et bien conservés. | : S’adresser à la pharmacie Delobe, à Tournai. 80 PROCÉS-VERBAUX. M. A. Ruror, en son nom et au nom de MM. Putzeys, offre à la Société leur travail commun : Alimentation en eau potable de la Basse- Belgique et du bassin houiller de la Campine, dont il a bien voulu rédiger un résumé pour le compte rendu bibliographique. Dons et envois reçus : 1° Périodique nouveau : 57172. Hobart. Report of the Secretary for Mines (Tasmania). 1904-1907. 20 De la part des auteurs : 5713. Choffat, P. Notice nécrologique sur J.-F. Nery Delgado (1835-1908). Lisbonne, 1908. Extrait du JORNAL DE SC. MATH., PHYS. E NAT., t. VIT, 2e série, n° XXVIII, 14 pages et 3 portraits. | 5714. Choffat, P. Contribution à la connaissance du Lias et du Dogger de la région de Thomar. Lisbonne, 1908. Extrait des Com. Du SERY. GÉOL. DU PorTuGaL, tome VIT, pages 140-167. 5715. Costa y Laurent, F. Resena historica de los Ferrocarriles del Peru. Lima, 1908. Volume grand in-8 de 279 pages, 14 planches, 200 figures et 2 cartes. 5716. Ells, R. W. The Geology and mineral Resources of New Brunswick. Ottawa, 1907. Extrait du RAPP. ANN. DU SERVICE GÉOL. DU CANADA, n° 983, 135 pages et 1 carte. 5711. Fletcher, H. Summary Report on Explorations in Nova Scotia, 1907. - Ottawa, 1908. Extrait du RApr. ANN. DU SERVICE GÉOL. DU CANADA, n° 1021, 15 pages. 9118. Fontana, V., e Chionio, F. Osservazioni meteorologiche fatte nell’ anno 4907 all Osservatorio della R. Universita di Torino. Turin, 1908. Extrait de la REAL AccaD. DELLE Sc. Anno 1907-1908. Vol. XLHHE, 99 pages. 0719. Gladden, W. (Rev.) The State University. What it stands for. — An address delivered at the weekly Convocation of the Ohio State University. November, 18th. 1903. 9180. Hasse, G. La vie à Anvers pendant la fin du Néolithique et l'âge du bronze. Bruxelles, 1908. Extrait du BuLL. DE LA Soc. D'ANTHROPOL. Séance du 28 septembre 1908, 8 pages et 2 planches. 9181. Hasse, G. Les patins antiques de la région d'Anvers. Bruxelles, 1908. Extrait du Buzz. bE LA Soc. p’AnrRoroz. Séance du 27 pt 1908, 7 pages et 2 planches. 9782. 0183. 5184. 9192. 9193. : 9690. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1909. 81 Hasse, G. La vie à Anvers pendant la fin du Néolithique et l’âge du bronze (addenda). 1 page. L'âge du fer à Anvers, 1 page. Les vestiges de la période franque à Anvers, 3 pages et 1 planche, Bruxelles, 1908. Extraits du BuLL. DE LA Soc. D'ANTHROPOL, Séance du 30 novembre 1908. Jones, E. A. The Place of a College of Education in a State System of Schools (Read before tlie Central Ohio Schoolmaster’s Club december 26, 1906), 14 pages. Lacroix, A. La montagne Pelée après ses éruptions, avec observations sur les éruptions du Vésuve en 79 et en 1906. Paris, 1908. Ouvrage publié par l’Académie des Sciences. 136 pages, 83 figures. . Mansuy, H. Contribution à la carte géologique de l’Indo-Chine. Paléon- tologie. Hanoï Haïphong, 1908. Volume grand in-8° de 73 pages et 18 planches. . Matthew, G. F. Ostracoda of the Basal Cambrian Rocks in Cap Breton. St John (Canada), 1902. Extrait du CANADtAN RECORD or Sc. Vo- lume VILLE, n° 7, 32 pages et 2 planches. . Montgomery, À. Report on the Kanowna Mines. Perth, 1908. Bro- chure in-12 de 73 pages, 3 planches et À carte. . Montgomery, A. Report on the Northampton Mineral Field. Perth,1908. Brochure in-12 de 41 pages. . Montgomery, A. Report on the Mines of the Yilgarn Goldfield. Perth, 1908. Brochure in-12 de 64 pages. . Mourlon, M. Notre Service géologique. Bruxelles, 1908. Extrait de SCIENCE ET NATURE, n° 22, 2 pages. . Mourlon, M. Rapport sur l’Union internationale pour la protection des œuvres littéraires et artistiques. Bruxelles, 1908. Extrait du BuLL. DE L'ACAD. ROYALE DE BELGIQUE, n° 8, 2 pages. Mourlon, M. La question du Quaternaire moséen résolue pour les envi- rons de Bruxelles par la découverte « in situ » de l « Elephas antiquus ». Bruxelles, 1908. Extrait du BuLL. DE L’ACAD. ROYALE DE BELGIQUE, n° 11, 5 pages. Putzeys, F., Putzeys, E., et Rutot, À. Alimentation en eau potable de la Basse-Belgique et du bassin houiller de la Campine.Bruxelles, 1909. Brochure in-4° de 36 pages et 7 planches (2 exemplaires). Zapalowicza, H. Conspectus Floræ Galiciæ criticus. Volumen IT. Cra- covie, 1908. Volume in-8° de 311 pages. . 82 PROCÈS-VERBAUX. Présentation et élection de nouveaux membres. Sont élus par le vote unanime de l’Assemblée : En qualité de membres effectifs : MM. Juces DeLEcoURT- WiINCoz fils, ingénieur, 31, rue Bréderode, à Bruxelles, présenté par MM. J. Delecourt-Wincqz et Greindl. GEORGES HENROZ, administrateur délégué de la Société anonyme de Merbes-le-Château, 64, rue de Bellevue, à Bruxelles, pré- : senté par MM. Rutot et Greindi. JuLes M:rscH, docteur ès sciences, 74, avenue Ducpétiaux, à Bruxelles, présenté par MM. Cosyns et van den Broeck. F. RonENBURG, ingénieur, de la firme J. de Boer & C° (sondages), 1, Zuiderplein, à Leeuwarden, présenté par MM. Devaivre et Greindl. En qualité de membres associés régnicoles : MM. Emce Moyaerts, ingénieur, 92, avenue du Roi, à Saint-Gilles, présenté par MM. Deblon et Van Meenen. Henri Scawers, 14, rue de Pitteurs, à Liége, présenté par MM. F. et E. Putzeys. Communications des membres. M. E. Lagrange, empêché de faire sa communication, a envoyé un travail intitulé : Quelques notes au sujet du mégasisme de Messine et Reggio. Celui-ci paraitra aux Mémoires. E. van DEN BROECK. — La défense des rivières souterraines filtrées (suite). Bien que je n’aie pas l'intention de poursuivre pour Île moment — ainsi que Je le signalerai dans la déclaration ci-après — la polémique, . prématurée, à mon sens, entamée au sujet des Rivières souterraines SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1909. 83 fltrées, je crois indispensable de faire remarquer, dès à présent, qu’une erreur s’est glissée dans la communication que M. Putzeys nous a faite à la précédente séance. Aux deux premiers paragraphes de la page 29 du procès-verbal du 19 janvier 1909, il est dit par lui que parmi les documents à l'appui du projet de Modave se trouve un exposé fait par MM. Ruatot et van den Broeck, exposé à tendances fort optimistes. M. Putzeys ajoutait : « Je suis certain que l’un des auteurs de cette note, M. Rutot, ne la signe- rait plus aujourd’hui sans de très sérieuses restrictions, s’il entrepre- nait une nouvelle étude de la question. » Or, en premier lieu, c’est moi seul qui ai élaboré et signé l'exposé, visé par M. Putzeys, intitulé : Les sources de Modave et le projet du Hoyoux considéré au point de vue géologique et hydrologique (1). M. Rutot n’y a pris aucune part et s’est contenté d'approuver ma thèse, témoin cette phrase du procès-verbal de la séance du 45 juil- let 1890, qui dit, page 191, à la suite de cet exposé el de sa discus- sion : « MM. Dupont et Ruror déclarent d’ailleurs être entièrement de l'avis de M. van den Broeck pour ce qui concerne la question des sources de Modave. M. van den Broeck a étudié la question sur le terrain, en géologue au courant des méthodes et principes admis, et son avis à une portée scientifique considérable. » Ensuite, pour ce qui concerne la soi-disant évolution des idées de M. Rutot au sujet de la valeur des sources de Modave, comme j'ai con- tinué et approfondi mes études, tout récemment encore, dans la région et que je crois savoir que, depuis 1890, M. Rutot ne s’est plus occupé de ces parages, J'étais en droit de douter de la réalité d’une telle évolution de la part de mon collègue. Lui ayant écrit à ce sujet pour bien préciser l’objet du débat, j'ai reçu de M. Rutot la réponse que voici et d’où il résulte que M. Rutot « n’est nullement l’ennemi des calcaires et admet même que dans l’avenir on n'aura sans doute pas de trop de toutes les eaux existantes disponibles ». Pour ce qui concerne les eaux de calcaire, si M. Rutot les considère en général, avec raison, comme suspectes, il admet, par contre, « qu'il y a lieu de séparer les bonnes des mauvaises ». C’est donc reconnaitre qu'il en existe de bonnes. Quant à Modave, M. Rutot reconnaît n'avoir plus rien étudié de ce côté depuis longtemps. Il ne prend nullement position dans le débat (2) Bull. de la Soc. belge de Géol., etc., t. IV, 1890, PR.-vER8., pp. 180-194. 84 PROCÉS-VERBAUX. et « réserve son avis simplement, sans songer un instant à seporteren adversaire ». Je passe maintenant à la « déclaration » annoncée ci-dessus : E. van DEN BRoEcKk. — Déclaration préalable au sujet de l'inopportunité actuelle de toute polémique visant l'exposé préliminaire sur les rivières souterraines filtrées. Une communication de notre Secrétaire général, datée du 41 février, m’annonce que « M. Putzeys s'est inscrit pour me répondre le 16 courant ». Cette communication, confirmée d’ailleurs par le texte de l’ordre du jour de cette séance, m’oblige à formuler une déclaration personnelle préalable. Je suis, en effet, obligé de rappeler à l’auteur du Parallèle que nous allons entendre tantôt « entre les eaux de diverses origines » les rétroactes de la discussion inopportune engagée par lui en ce qui me concerne. Je dis « inopportune », car mon estimé contradicteur semble avoir perdu de vue les circonstances dans lesquelles j’ai saisi la Société de Notions hydrologiques nourelles, sous la dénomination de Rivieres souterraines filtrées. En effet, à la séance du 18 novembre dernier, j'avais l'honneur de communiquer sommairement à mes collègues le résultat de mes études et découvertes sur l’existence d'eaux potables dans certains des massifs de calcaire tournaisien du bassin de Dinant. Cette communication n’avait pour objet, à raison du caractère d'intérêt public s’attachant à une thèse nouvelle concernant l’hydrologie des calcaires, que de signaler l'existence de cette thèse aux spécialistes de la Société. Dans ma pensée, aucun doute n'existait que mon intention « d'exposer sous peu à la Société la synthèse détaillée et justifiée » de mes études impliquait nécessairement qu’il n'y aurait eu discussion de la thèse simplement annoncée que lorsqu'elle aurait été effectivement exposée complètement par son auteur. Les termes explicites de cette communication lui attribuaient manifestement pour portée d’être une prise de date, suggérée d’ailleurs par le caractère d’actualité des ques- tions d'hydrologie. Que M. Putzeys ne partage point l’optimisme que reflète ma com- munication au sujet des résultats pratiques éventuels de la thèse annoncée, cela est naturellement fort admissible. Mais mon estimé SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1909. (oh) confrère a dépassé la mesure du zèle scientifique, lorsqu'il s’est autorisé de mon intention de présenter ultérieurement, avec justifica- tion à l’appui, l'exposé de ma thèse, pour entamer de plano sur celle-ci une discussion approfondie, alors que, par communication en séance, je me réservais d’y revenir « avec tout le détail nécessaire, pour que la discussion de la thèse puisse utilement s'engager sans retard ». M. Putzeys n’a pu se résoudre à attendre que j'aie développé ma thèse et fourni mes preuves : il a contredit l’une et écarté les autres, alors même que celles-ci n'étaient pas encore produites. Le respect de la vérité scientifique actuelle ne me permettait pas de laisser sans réplique la « réponse » faite par M. Putzeys à ma commu- nication. Mais je n'entends nullement poursuivre davantage avec lui, non plus qu'avec d'autres éventuellement, une discussion absolument prématurée. Note de M. Rutot. M. A. Ruror, désireux de préciser sa pensée, dit qu’en écrivant « qu'il réserve son avis sans songer un instant à se porter en adver- saire », 1l à entendu déclarer qu’il ne compte pas intervenir dans la discussion des questions pratiques, ni dans celle des faits accomplis. Quant à la manière dont il envisage actuellement la question de l’eau des calcaires, elle se trouve nettement indiquée au sixième alinéa de la page 26 du travail relatif aux eaux de la Campine, fait en colla- boration avec MM. F. et E. Putzeys, alinéa dont son collaborateur à donné lecture (voir page 78). E. Purzeys. — Parallèle entre les eaux sortant des calcaires et les eaux élaborées dans les terrains à mailles fines (suite). — Réponse à M. van den Broeck. Je dois, Messieurs, débuter par un mea culpa. Comme M. van den Broeck le fait remarquer, je commettais une erreur en attribuant à M. Rutot et à lui-même l’exposé qui nous avait été fait : Les sources de Modave et le projet du Hoyoux. M. van den Broeck avait fait seul cet exposé auquel M. Rutot avait donné son entière adhésion en séance du 15 juillet 4890. Il est presque inutile d’ajouter que je ne me serais pas permis de citer le nôm de M. Rutot sans Son assentiment et que c’est après lui avoir soumis mon texte que 86 PROCÉÈS-VERBAUX. le manuscrit a été livré à l'impression; 1l y a donc eu erreur des deux côtés. Au lieu de : « A l’appui du projet de dérivation des eaux du Hoyoux » se trouvait un exposé fait par deux de nos confrères, MM. Rutot et » van den Broeck, dont les conclusions étaient fort optimistes. Je » suis certain que l’un des auteurs de cette note, M. Rutot, ne la signe- » rait plus sans de très sérieuses restrictions », vous voudrez bien lire : « A l’appui du projet de dérivation des eaux du Hoyoux se trouvait un exposé fait par un de nos confrères, M. van den Broeck, dont les con- clusions fort optimistes avaient reçu l'entière approbation de M. Rutot. Je suis certain que M. Rutot n'approuverait plus cet exposé sans de très sérieuses restrictions. » Notre travail : Alimentation en eau potable de la Basse-Belgique et du Bassin houiller de la Campine montre que M. Rutot et moi professons la même manière de voir. Ce point qui semble, assez légitimement j'en conviens, avoir préoc- cupé M. van den Broeck, élant élucidé, et mon mea culpa étant fait, je puis aborder sans remords la question qui semble nous diviser. Mon excellent ami M. van den Broeck, pour appuyer son argumen- tation, à insisté sur la déclaration que J'ai faite et que je renouvelle de n'être point géologue. Düt-il, dans les termes si mesurés dont il s’est servi, m’accu- ser encore d’ironie, ironie qui est bien loin de ma pensée, je ne puis cependant me dispenser de lui faire remarquer, en premier lieu, que ce n’est pas en qualité de géologue mais bien d’hygiéniste que j'ai, le premier en Belgique, atüré l'attention des pouvoirs publics sur les dangers que présentent les eaux sortant des calcaires. Le danger que les géologues n'avaient pas vu, l’hygiéniste l’a dévoilé ; mon savant confrère concèdera volontiers qu'en matière d'hygiène on me reconnaît géné- ralement une certaine compétence. Et en second lieu, que ne voulant point, spontanément, prétendre à pareille compétence en géologie, je devais nécessairement attendre le jugement des spécialistes en la matière, lorsqu'il s’est agi de travaux que je présentais comme une simple contribution à l'avancement de la science géologique, mais en même temps comme un sérieux avertis- sement. C’est avec satisfaction que j'ai pu lire, sept ans après l’apparition de mon travail : Les sources des vallées de l’Ourthe, du Hoyoux et du Bocq, l'appréciation suivante : « Cet exposé, que signeraient volontiers tous » les géologques compétents en matière d’hydrologie des calcaires, est SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1909. 87 » absolument conforme à ce que nous enseignent la science et l’expé- » rience des spécialistes (1), » Cette appréciation émise par mon estimé confrère van den Broeck dans son travail : /e dossier hydrologique du régime aquifère en terrains calcaires ne serait-elle plus vraie aujourd’hui et mon expérience aurait- elle diminué avec l'âge ? J'espère qu'il n’en est pas ainsi et que ce n’est pas en vain que J'ai vu, que J'ai lu et que jai médité. Je ne puis lui promettre que ses affirmations fort hasardées quant à la déferrisation des'eaux recevront, de la part des ingénieurs qui sont à la tête des services des distributions renseignées dans notre travail : Alimentation en eau potable de la Basse-Belgique et du bassin houiller de la Campine, l'appréciation si élogieuse qu'il à formulée sur mon travail, à moins que, contrairement à ce que Je pensais Jusqu'ici, M. van den Broeck ne possède des connaissances toutes spéciales en chimie. M. van den Broeck, commentant le rappel que j'ai fait de l'exposé de M. Martel au Congrès d'hygiène de 1905, semble croire qu’en laissant dans l'oubli certaines réserves du rapporteur, je lui attribue « un rôle de coadjuteur au bénéfice de mes vues toutes personnelles et » Si intransigeantes sur l'hydrologie des calcaires ». Tout d’abord, mes vues ne sont pas si personnelles ni si intransi- geantes que mon estimé confrère veut bien le dire, car elles sont _ partagées par la plupart des hygiénistes et je ne demande que la pro- duction de preuves pour modifier ma manière de voir. Mes déclara- tions antérieures le montrent à l'évidence. Ensuite, il m'avait paru inutile de reproduire in extenso les réponses de M. Martel, certain que J'étais d'exprimer sa pensée par l'extrait que j'en donnais. Voici, formulé par M. Martel lui-même, dans son bel ouvrage : La Spéléologie au XX° siècle (?), le résumé de sa thèse, plus condensé que celui reproduit dans son beau travail : Le sol et l’eau, invoqué par M. van den Broeck et qui fait partie du traité d'hygiène de Brouardel et Mosny, auquel j'ai moi-même collaboré et qu'il est, par conséquent, difficile d'admettre que j'ignore. Voiei textuellement ce que dit M. Martel : « En 1905 a eu lieu, à Bruxelles, le XI Congrès d'Hygiène (4) Page 457, les mots tous les géologues compétents sont soulignés dans le texte de M. van den Broeck. (Le dossier hydrologique du régime aquifère en terrains calcaires, BULL. DE LA SOC. BELGE DE GÉOL., etc.. t. XI.) (2) La Spéléologie au XXe siècle. Paris, Société de Spéléologie, 34, rue de Lille. Paris, 1905-1906. 88 PROCÉS-VERBAUX. » publique de Bruxelles. Sur la troisième question du programme de … » la troisième section, j'ai développé cette thèse que, en principe, » les eaux issues des terrains calcaires sont la plupart du temps dange- » reuses, toujours suspectes. (Voir mon rapport au Congrès, 12 pages » 1n-8”.) Je me basais sur de nouvelles et formelles constatations » énumérées dans ma note à l’Académie des Sciences, du 23 dé- » cembre 1901. Cela a provoqué les contestations de MM. Bechmann, » Kemna, Janet, Marboutin, van DEN BRoEck, Pagliano, Launay, » Struelens, Monaco; au contraire, MM. Purzeys, Henriot, Navarre » étaient de mon avis et finalement les conclusions suivantes ont été » adoptées : « Les alimentations au moyen d'eaux issues des terrains caleaires » doivent être l’objet d’une attention particulière en raison des imper- » fections possibles du filtrage dans les terrains fissurés. » Une enquête minutieuse, au double point de vue hydro-géologique » el chimico-biologique, s'impose donc avant tout captage. » Une fois la distribution d’eau établie, il convient de surveiller » tant les eaux captées que le bassin d'alimentation. » » Je me rallie volontiers à ces formules, à condition qu’au premier » paragraphe on ajoute toujours devant le mot possibles. » J'étais donc dans le vrai, vous pouvez le constater, Messieurs, lorsque j’attribuais à M. Martel une manière de voir se rapprochant de la mienne, plus que de celle de mon estimé confrère van den Broeck ; le texte que je viens de rappeler en fournit le témoignage indiscu- table. Quoi qu'il en soit, je constate que M. van den Broeck n’a pas bien saisi la portée des arguments que j'ai invoqués à l'appui de ma pro- fession de foi au sujet des eaux sortant des calcaires. En effet, dans mon rapide exposé rétrospectif, j'ai passé en revue le résultat de mes constalalions personnelles dans le calcaire déronien et dans le calcaire carbonifére, et j'ai rappelé ce que les grands travaux d’adduc- tion des eaux de la ville de Paris nous ont appris au sujet du Crétacé. J'ai pu dire comme résumé de cet exposé : qu’il s'agisse de calcaire dévonien, de calcaire carbonifère ou de Crétacé, la conclusion est la méme : eau suspecle. C'est donc involontairement, mais à tort, que mon savant confrère a dit que seul le calcaire dévonien a été l’objet de mes études. S'il est exact que c’est à la suite de notre excursion de 1894, au cours de laquelle j'ai eu le plaisir d’être votre guide, que M. van den Broeck, enchanté de notre visite et saisissant la portée des faits sur SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1909. 89 lesquels j’attirais votre attention, a poussé plus à fond une étude que. j'avais déjà faite, il ne doit pas en conclure que seul le calcaire dévo- nien avait été l’objet de mes recherches. Ses souvenirs se sont mal précisés. Car, abstraction faite de mes reconnaissances dans les bassins carbonifères de l’Ourthe, du Hoyoux et du Bocq, ainsi que de mes nombreuses communications à la Société de Géologie, mon estimé collègue à perdu de vue un travail du plus haut intérêt que nous avons fait en collaboration. Il ya quelques années, nous avons eu l’occasion, dans un procès pendant depuis trente-cinq ans (!), de faire triompher notre manière de voir, malgré l'intervention d'un savant géologue qui s'occupe égale- ment de la question des caleaires carbonifères. M. van den Broeck se rappellera que pour rendre notre argumentation plus probante, alors cependant qu’il s'agissait de faits relevés en région de carbonifère tournaisien, il a invoqué lui-même, à l’appui de cette thèse, les phé- nomènes relevés par M. Rahir et par lui, à Furfooz. Nous étions d'accord pour dire : « La variation de trajet des eaux est un fait généralement constaté » partout dans l’hydrologie des calcaires, dont le réseau de canaux » aquifères ne présente aucune constance, amorce et désamorce par » siphonnements dus aux fluctuations des eaux, certains réservoirs » souterrains, amenant ainsi des débits anormaux temporaires et » variables ou enfin remodifiés capricieusement par suite de facteurs » parfois bien éloignés de la région observée en expérimentation. » Ce serait folie que de vouloir, dans les calcaires, comme c’est » l’usage pour les nappes des terrains meubles, prévoir et calculer les » effets régionaux de toute modification, le rôle apporté au régime » des eaux : creusement, approfondissement, pompage d’exhaure, ete. » Le fait dominant qui résulte du système d’imprégnation localisée » et de circulation exclusivement par voies de fentes et de canaux » propres aux massifs calcaires s'y oppose au premier chef. » Nous ajoutions : « Il est à peine nécessaire de faire remarquer com- » bien le cas des calcaires de Furfooz s’identifie avec celui de la région » éalcaire litigieuse. » | Je puis en conclure qu’en collaboration nous avons étudié, à l’occa- sion d’une question grosse de conséquences, le carbonifère et que, en complet accord, nous avons admis que le Tournaisien n'échappe pas à la loi commune. Comme notre travail a été déposé en 1902, mon estimé collaborateur reconnaitra, J'en suis convaincu, que c’est par erreur qu'il à pu dire que je me confine dans des théories anciennes 90 PROCÈS-VERBAUX. . remontant à une quinzaine d'années; quatre années seraient un grand maximum, puisque c’est en 1905 que nos études ont provoqué la transaction qui mit fin à un procès qui durait depuis 1867. Il sufit, d'autre part, d'ouvrir page 2 Île travail publié en juin 1908 (1) par le Ministère de l'Agriculture de France : Captage et pro- tection hygiénique des eaux d'alimentation, par MM. Martel et Thiéry, pour y lire : « Bref, il est établi maintenant que les terrains ne filtrent l’eau que » lorsqu'ils sont sablonneux ou tout au moins très fragmentaires; en » général, les terrains compacts, où l'écoulement intérieur ne se fait, » avant d'aboutir aux émergences, que par les crevasses des roches » (calcaires, crétacées, volcaniques, parfois granitiques), ne sont pas » filtrants et ne donnent pas de vraies sources. Il en est ainsi parce _» que les crevasses sont trop larges pour retenir les pollutions par » l’adhérence ou capillarité, ce qui se produit au contraire dans les » menus Interstices des sables. » Notre savant confrère, qui sait, mieux que personne, que M. Martel est constamment sur Ja brèche, au premier rang, concèdera volontiers que sa manière de voir et la mienne avaient encore, quatre mois avant ma communication sur les eaux de Marche, un caractère d'identité qui ne permet pas de concevoir que M. Martel soit un progressiste, alors qüe Je serais doctrinaire. En quatre mois, la science peut progresser, mais il serait excessif que je doive marquer mon accord sur des faits annoncés, mais non démontrés, sous peine d’être accusé de me con- finer dans une thèse remontant à quinze ou vingt ans! M. van den Broeck se méprend, du reste, sur la portée à donner au rappel de ses conclusions lorsqu'il dit que dans son ouvrage : Le sol et l'eau, résumant les travaux du Congrès de 1903, M. Martel « laisse » complètement de côté ses réponses personnelles et reproduit tout au » long, dans sa belle étude, le texte de la synthèse et des conclusions » du rapport de M. van den Broeck, ajoutant qu'il importe de les » reproduire ». | Cela ne signifie pas que l’auteur les adopte, comme on peut en juger par la conclusion finale que M. van den Broeck à omis de citer : « J’approuve aussi, dit M. Martel, l’insistance de M. van den » Broeck à éviter les solutions extrêmes et je me range à ses conclu- (t) Date de l'impression figurant en fin de texte. (°ID14079409S ND 9J0N) "XNBUOUÂS S9P 911099 9[ SUEP SONJIS SJUAWIINOJE XNE fA UONBJOU EI 21JJAWUO 1IBJ B I[NO uf] 211810dtuo} jUeuauUuUoIrpIUOT P SI09 OINÔ1y quouvuzod juoueuuorpouor » S10901N01 0001107 0948 OUT 1% © 9.11IBLOQUI9) JU9ULOJJISSINA UE A91pN99 PC NCO D 91240 v 295.8 quo o]P.IpU? D doMjeY] OS Oo or 994706 & 9997 PY99S88 NPSSINT TT oouoDin SOI Lun JutC?SU0)2 SAn09 NBI9S SIN oo es CS GS 2[[9U9 a LA 2 0064 0001 00c HIS ci 0 UOIUUOUEY S07S1Y2Q = 2EY EEE CE SES I NE SR RE SERRE SERRE OS I ET TT LD. A U2ISIPUINOZ 2418978) = LL ‘ZL 92 PROCÈS-VERBAUX. » sions, tout en persistant à croire que les vraies sources et les vraies » nappes dans les calcaires sont l’exception plus rare qu'il ne le » pense. On remarquera d'ailleurs qu'il ne parle des sources, en ces » terrains, qu'abstraction faite de leur valeur alimentaire ; cette réserve » est hautement prudente et corrobore ma propre définition qui » n’accorde le nom de source qu’aux émergences filtrées et saines des » vraies nappes d’interstices. » Je relèverai encore une affirmation de M. van den Broeck qui déclare fort gratuitement qu’il est de « notoriété publique (? » que les cal- caires de Dinant n’ont jamais été l’objet de reconnaissance de ma part. C'est une grosse erreur. Sans pouvoir me flatter de les connaitre aussi bien que lui, comme je les ai explorés à maintes reprises depuis dix- sept ans, j'aurais pu, si je n’avais cru cette intervention intempestive, dévoiler à l'administration communale de Dinant le danger que pré- sentait sa prise d’eau lorsqu'elle était en voie d’établissement. Comme à celte époque la question des eaux des calcaires destinées à l’agglo- mération bruxelloise chargeait considérablement nos ordres du Jour, Je m'abstins d’en parler. D'ailleurs, M. van den Broeck devait lui-même aider à la confusion qu'il me reproche de commettre, à supposer que cette confusion existe; les renseignements qu’il a bien voulu me donner sur le vallon sec de Corbion-Conjoux-Celles confirment pleinement ce que j'avan- çais au sujet de l'identité des phénomènes d’engouffrement dans les calcaires de divers âges. Je mets sous vos yeux, Messieurs, la carte schématisée de ce vallon, reproduite d’après ses propres données (voir croquis, p. 91). On y voit dans les étages tournaisiens T{ et T2, caleaire à crinoïdes, les aiguigeois qu’il a relevés. C’est ce calcaire qui jouirait des proprié- tés qu’il a décrites dans sa communication du 16 novembre 1908, et dont il dit dans sa réponse du 19 janvier : « La proportion relativement faible de calcaire pur et aisément » soluble de la roche crinoïdique tournaisienne s’oppose à ce que l’on » puisse y voir un laboratoire d’intense dissolution, analogue à celui » des roches viséennes surincombantes et qu’atteignent les eaux » moins froides et fortement chargées d’acide carbonique de la sur- » face. » Je laisse de côté, pour y revenir ultérieurement, l’erreur contenue dans les deux dernières lignes et je me borne, pour l’instant, à deman- der à mon savant confrère comment il peut savoir que ce qui se passe à la surface ne se passe pas en profondeur, alors qu'il SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1909. 93 me disait que le massif viséen qui s'étend entre la Fontaine Saint- Hadelin et la région des aiguigeois multiples a son uniformité rom- pue par un relèvement anticlinal, où existe un très petit affleurement sur lequel se localise la grotte abime du Trou-Mairiat. I en concluait judicieusement que cette constatation curieuse, jointe à la situation des autres aiguigeois si nombreux à Celles et dans le Grand Vallon, faisait supposer que, dans cette région, le Tournaisien se prête mieux que le Viséen inférieur à l’engouffrement aisé et à la cireulation des eaux souterraines. Comment enfin concilier le « minimum relatif de contammation _» d’origine », que M. van den Broeck à bien voulu, à la suite de mon observation, substituer à « son minimum absolu » primitif, comment, dis-je, concilier l'opinion récemment émise par le savant géologue avec la conclusion suivante qu'il dégage de l’étude du vallon de Celles”? Il n’y à aucune différence entre les phénomènes constatés dans le calcaire dévonien et ceux constatés dans le calcaire carboniférien de la région de Celles; les points de perte des eaux, soit vives, soit simple- ment ruisselantes, sont aussi nombreux; ils amènent de même des cours d'eaux souterrains, qui trouvent leur issue aux points bas du massif; enfin, toute cause de trouble des eaux, pluie d'orage ou fonte des neiges, qui se produit en amont, réagit fatalement et rapidement sur les fausses sources d’aval. Quel enseignement encore que celui de cette source dont il me parlait, 11 y à quelques mois, source où trente années ont suffi pour modifier complètement le débit et la valeur des eaux. Mon savant confrère y voyait la démonstration frappante que même une longue période de circonstances favorables, toujours persistantes, ne peut assurer la garantie du lendemain et la continuation de ce régime fortuné. Cette déclaration de M. van den Broeck est symptomatique d’un état d'esprit entièrement différent, il v a quelques mois, de ce qu’il semble être aujourd'hui. Ce qui montre une fois encore que c’est injustement qu'il m’accuse de doctrinarisme, sans confesser qu'il était lui-même doctrinaire tout récemment encore. N'’étions-nous pas d'accord, puisque j’acceptais alors tout ce que je viens de vous rappeler et dont mon savant collègue voudra bien, je n'en doute pas, confirmer l'exactitude? Je puis en conclure légitime- ment que notre manière de voir était identique jusqu’en ces derniers Jours. Je sais que la science est changeante, que ce qui est une vérité 1909. PROC.-VERB. 7 94. PROCÈS-VERBAUX. aujourd'hui peut être une contre-vérité demain. Toutelois, pareille évolution, de la part d’un savant qui n’a, il nous l’a déclaré à maintes reprises, que la science pour objectif, est trop déconcertaute pour le praticien qui doit appliquer cette science, et surtout pour la population qui doit servir de champ d'expérience, pour que l’un et l’autre con- sentent à accepter sans discussion, et surtout sans démonstration, les données nouvelles. Je m'étais permis de demander à M. van den Broeck ce qu'il enten- dait par rivière souterraine d’eau filtrée dans les calcaires. Ces rivières, disais-Je, ne peuvent être reconnues et Jaugées que si elles se présentent à la vue dans des canaux dont l'ampleur dépend nécessaire- ment de leur débit et de leur vitesse, ou encore lorsqu'il est possible de procéder au levé de la nappe aquifère et de déterminer la section totale offerte à l'écoulement des eaux dans les cassures de la roche. M. van den Broeck me répond : « Une masse perméable aux eaux d'infiltration, telle qu'un calcaire » très fissuré et à lithoclases colmatées, comme l’est précisément la » roche crinoidique tournaisienne, constitue au même titre qu’une » éponge à tissu serré, absorbante et ruisselante, un réservoir » pouvant contenir, puis laisser s’écouler sous forme de « rivières » souterraines », de notables quantités d’eau. Toutefois, au contraire » de l'éponge ordinaire, le réservoir crinoidique tournaisien est filtrant » dans ses régions internes. » J'en puis conclure qu'il a pu procéder à un levé de nappe, à une dé- termination de section d'écoulement souterrain que Jusqu’iei J'avais cru impossibles en zone calcaire. L'avenir nous dira peut-être ce qui en est exactement. Je me borne à constater que la réponse de notre collègue est évasive, tout aussi éva- sive que Sa réponse en ce qui touche aux zones de protection des eaux. « [l existe des cas, dit M. van den Broeck, où le minimum d’éven- » tualité de contamination d'origine (des eaux calcaires considérées par » lui) paraît être plus proche du minimum absolu représenté par » les réservoirs sableux que ne semble croire M. Putzeys. » Comme il est question, dans la note de M. van den Broeck, de « champs de drainage correspondant à 400 000 hectares de surface ré- » ceptrice et d'alimentation », c'est non sans raison, on le voit, que je puis me permettre de lui faire observer que ses réponses sont loin d’être satisfaisantes. Si jai cru, Messieurs, devoir protester amicalement contre l'opinion que s’est faite erronément M. van den Broeck de ma manière de voir SÉANCE DU 16 FEVRIER 1909. 95 qu'il a pu croire un peu arriérée, c’est pour éviter que, de votre côté, vous puissiez penser que je suis rebelle aux idées nouvelles. Je m’estimerais au contraire heureux de pouvoir applaudir des deux mains à une découverte dont l'honneur rejaillirait nécessairement sur la Société belge de Géologie, dont l’auteur est un membre si actif. Mais qu’il veuille bien ne pas perdre de vue que son contradicteur est un ingénieur doublé d’un hygiéniste. Que le premier, par esprit d’ana- lyse, se refuse à admettre qu’une situation exceptionnelle puisse se rencontrer sur 400 000 hectares dans la même zone sur laquelle notre savant collègue attire notre attention, et que le second ne peut se décla- rer satisfait en présence de l’énoncé de cette restriction qu'en parlant d’eau élaborée utilisée comme eau potable, fournie par nos calcaires carbo- nifériens, leur protagoniste conseille de ne pas se départir de la règle géné- rale de prudence et de surveillance speciale dont doivent, sans exception aucune, rester l’objet toutes les sources émergeant des calcaires. C'est pour ces motifs que je me suis permis d’insister et que J’insiste encore pour que M. van den Broeck, d'accord avec MM. Martel et Rahir, veuille bien nous dire comment 11 comprend la surveillance spéciale que lui-même estime nécessaire et ce que doit être dans sa pensée l'étendue des zones de protection. Car sa découverte, on ne doit pas l’oublier, est, au point de vue de l'application, essentiellement subordonnée à une question de sécurité. Si la sécurité fait défaut, la découverte est sans portée au point de vue de l’alimentation en eau potable. La dérivation de 100 000 mètres cubes par exemple, soit la cinquième partie de ce que pourraient fournir les 100 000 hectares annoncés, permettant de desservir un million d'habitants, on comprend que la toute première préoccupation des hygiénistes doive être de connaître le risque à courir. Ce n’est pas en vain, j'en ai l’intime conviction, que j'adresse un appel pressant à notre savant collègue pour qu'il nous fixe sur cette donnée primordiale. Aussitôt ce point résolu, 1l verra, Je n'en doute pas un instant, la Société belge de Géologie tout entière lui demander, après qu'il aura développé les données scientifiques sur lesquelles 1l appuie sa manière de voir, d'organiser une excursion qui la mette à même d'apprécier, sans retard, comme il la demandé en séance du 18 novembre, l'importance de sa thèse nouvelle. Trois mois se sont déjà écoulés depuis. Ses déclarations en séance du 18 novembre montrent qu'il s’est préoccupé de la question sécurité et qu'il en sait la solution; pour 96 PROCÉS-VERBAUX. l'exposer, quelques mots peuvent suffire, étant donné la compétence de ses auditeurs; s’il fallait même y consacrer une heure, ce temps ne pourrait être mieux employé, puisqu il s’agit de la santé de l’homme, son bien le plus précieux. Ce n’est pas en vain, il le constatera avec plaisir, qu’il m’a convié à étudier la question d’hydrologie qu'il à soulevée, puisque je le prie, en restant dans le domaine exclusif des faits, comme il l’a demandé, de préciser, par un exemple à l'appui, ce que doit être, dans l’exemple qu'il aura choisi, la zone de protection des eaux fournies par le Calcaire crinoidique tournaisien formant substratum du Calcaire viséen. Puisque son ouvrage : Les cavernes et rivières souterraines de Belgique, publié avec la collaboration de MM. Martel et Rahir, doit paraître à la lin du présent trimestre et qu'il à bien voulu nous réserver la primeur de sa découverte, Je suis certain de ne pas être indiscret en insistant comme Je le fais. En terminant, M..van den Broeck dit aujourd’hui qu’il abandonne gratuitement aux techniciens le résultat d'observations “ol demandent, du reste, à être contrôlées. En ajoutant à ce trait généreux que, quant à lui, 1l tient à honneur de n’abdiquer jamais le sentiment de complet désintéressement dont il s’est toujours inspiré dans sa carrière scientifique, il a employé un tour de phrase malheureux, parce qu’il semble mettre en doute, en s'exprimant ainsi, non seulement la probité scientifique des techniciens avec lesquels il est souvent en relations et des géologues aux lumières desquels l’industrie privée, les sociétés et les administrations publiques s'adressent journellement, mais encore la valeur de l’argumentation qu’en collaboration nous avons produite, non gratuitement, dans une question industrielle. M. van den Broeck ne peut nous laisser sous cette pénible impres- sion. Il sera le premier à regretter, je n’en doute pas, ce passage de sa réponse. Discussion. M. van den Broeck déclare que, si l'exposé oral fait par M. Putzeys au sujet du vallon de Celles rapporte fidèlement les faits qu’il a per- sonnellement observés et les conclusions régionales qu’il en à tirées dans les entretiens qu’il à eus avec son savant collègue, 11 se voit obligé cependant de faire — indépendamment de toute discussion sur SEANCE DU 16 FÉVRIER 1909. Of le fond remise à plus tard, suivant sa « déclaration » de tantôt — d’indispensables rectifications de fait. 1° Le schema de M. Putzeys, basé sur un croquis synthétique d’excursion communiqué par M. van den Broeck, omet complètement, par un très fàcheux oubli, de désigner, par leurs notations caractéris- tiques, les importants massifs centraux viséens qui précisément sont le siège des seules sorties d'eau, en l'occurrence, toutes résurgences avérées qu’alimentent les aiguigeois viséens et tournaisiens représentés sur le dessin. Or cet oubli est fort grave en ce sens que, grâce à lui, le lecteur pourrait croire que l’on à ici affaire à des sources tournai- siennes, ce qui n’est nullement le cas; le lecteur voudra donc bien compléter le croquis en ce sens (1); 2% L'existence d’aiguigeois dans le Tournaisien, dont fait 1e1 grand élat M. Putzeys, constatation qui peut se faire en bien d’autres régions encore, n’a aucun rapport avec la récente thèse annoncée par M. van den Broeck et qu'il lui reste à exposer avec toute l'ampleur documen- taire nécessaire. C’est donc bien à tort que M. Putzeys croit y trouver un argument à opposer à cette thèse. | Celle-ci n’a en vue que les sources périphériques de bas niveau de certains synclinaux du bassin de Dinant : cas non représenté dans l’hydrologie de Celles. Dans la vallée de ce nom, il existe, spéciale- ment dans la partie centrale viséenne, des résurgences n'ayant rien de commun avec les sources tournaisiennes du type précité, les seules englobées dans la thèse de M. van den Broeck. 3° Une recüfication de même ordre s'applique au passage de la com- munication de M. Putzeys concernant un procès relatif au calcaire tournaisien appartenant au bassin de Namur. M. van den Broeck, dans sa thèse nouvelle, n’a visé (voir le texte de la note préliminaire du mois de novembre) que les seules réserves et sources tournaisiennes de certains des synelinaux calcaires du bassin de Dinant. L'hydrologie des calcaires du bassin de Namur est restée comple- tement en dehors des questions qu’il est à même de traiter et d'exposer actuellement, et l’argument du Tournaisien du bassin de Namur n’est donc pas recevable dans la discusion de sa thèse. M. van den Broeck, s’en référant à sa déclaration, réserve les autres rectifications qu'il aurait à faire, plus spécialement relatives au fond du débat, pour le jour où il pourra exposer sa thèse. (:) La planche porte un renvoi du Secrétariat, qui tient compte de cette observation. 98 PROCÉS-VERBAUX. M. Duyx. — Description d’un procédé d’épuration, de sté- rilisation et de déferrisation de l’eau destinée à l’ali- mentation. On sait que le facteur essentiel de l’épuration naturelle de l’eau est l'oxygène. Celui-ci, rendu actif sous l'influence catalytique de sub- stances diverses, organiques ou minérales, que contiennent les eaux contaminées, réagit sur elles, transformant les unes en molécules plus simples, dont les termes ultimes sont l’azote et l’anhydride carbonique, les autres en composés insolubles qui tendent à se déposer. Les phénomènes sont favorisés et par la lumière et par l'agitation du liquide. On sait le rôle important de la lumière mis en évidence par les beaux travaux de P. Frankland, Buchner et d’autres, relative- ment à son action réelle sur la flore microbienne des eaux courantes, qu'elle détruit peu à peu. Quant à l’agitation, elle favorise le contact intime de l'oxygène de l'air avec les particules aqueuses. On à perdu un peu de vue ce dernier phénomène dans la méthode actuelle de fil- tation par le sable. Celle-ci implique le repos relatif de l’eau au sein des couches filtrantes, et une diminution graduelle de la teneur pre- mière de l’eau en oxygène, occasionnant le développement de fermen- tations anaérobies, grâce auxquelles se maintiennent dans le liquide des matières que l’on cherchait à écarter, et qui lui communiquent cet aspect peu appélissant, cette saveur souvent douteuse, dont se plai- gnent les consommateurs. Ces inconvénients n'existent guëre dans les méthodes basées sur l’égouttage sur matériel filtrant non submergé, plus logiques que la précédente. Quoi qu’on fasse cependant, l’action de l’oxygène dans ces milieux est toujours lente; dans les conditions habituelles du traitement, elle n’est pas suffisante pour assurer la disparition de toute substance nuisible ; dans un grand nombre de cas, elle est incomplète, surtout vis-à-vis de. cette matière colloidale, substratum de nombreuses colonies micro- biennes, suspendue au sein des eaux les plus claires en apparence. Tout autrement rapide et efficace est l’action de produits artificiels contenant une grande quantité d'énergie disponible, tel l’ozone ou oxygène condensé, dont l'application n'est malheureusement pas tou- SÉANCE DU 16 FEVRIER 1909. 99 jours aisée et dont l'emploi est, nul ne l’ignore, dans certains eas fort onéreux ; tels aussi certains produits fournis par l’industrie, détenteurs d'oxygène actif, comme les permanganates, et surtout les hypochlorites, préconisés par les hygiénistes les plus éminents (1). Les hypochlorites ont servi à différents auteurs (2) pour leurs expé- riences de stérilisation des eaux contaminées, expériences non suivies de sanction pratique, à cause de la manière irrationnelle dont elles furent appliquées. Le système d'épuration de l’eau que j'ai voulu vulgariser est, au contraire, logique; 1! est basé sur la mise en liberté préalable des éléments réellement actifs des hypochlorites producteurs d'oxygène, sous l’influence du peroxyde de fer, dont l’action doit être comparée à celle des corps catalytiques dont je disais un mot tout à l'heure (5). PRINCIPE DE LA MÉTHODE. — Un mélange très oxydant — résultant de Ja réaction qui s'établit entre un hypochlorite (chlorure de chaux du commerce) en solution et un sel de fer au maximum (4) — est introduit dans l’eau qu'il s’agit d’épurer. Le produit de la réaction, oxyde de chlore et hydroxyde ferrique, fournit alors, au contact de la matière oxydable, tant organisée (colonies microbiennes, infusoires, ete.) que purement organique (substances humiques, azotées) et inorga- nique (sels de fer et de manganèse au minimum), de l’oxygène actif, qui les brûle en les décomposant. MopE OPÉRATOIRE. — Le mode opératoire, qui comporte l'addition à l’eau telle qu’elle se présente, c’est-à-dire sans qu’il soit besoin de faire subir à celle-ci un traitement préalable (dégrossissage, filtration) et assure le contact intime des éléments entrant en jeu avec toutes les (1) Une Commission composée de savants tels que MM. les Profrs GARTNER, Dr DiE- NERT et Dr HOUSTON a, entre autres, préconisé l’emploi des hypochlorites en vue de rendre potables les eaux du Nil. (Supplément au Journal officiel du Caire, 30 dé- cembre 1907.) (2) TRAUBE, BASSENGE, LAUDE, HUNERMANN, etc. (Apoth Zeit., 1899; Deutsche medic. Wochenschrift, 1907.) (5) L'influence du fer sur l’hvpochlorite de soude a été établie par MM. PrATH et SMITH (Journ. of the Society of chemical industry, 1898, p. 1902, et 1899, p. 210). Ces auteurs attribuent à l’action catalytique de petites quantités de fer qui s’y trouveraità Pétat de ferrate, la décomposition spontanée des solutions d’hypochlorite de soude du commerce. | (4) Je rappellerai ici la formule de cette réaction que j'ai été le premier à signaler en 1902 : Fe?Cl6 + 3Ca(C10)2 — Fe?205 + 3CaCl2 + 20120. (Voir Annales de chimie analytique.) 100 PROCÈS-VERBAUX. molécules de l’eau, donne au procédé un caractère de simplicité qui en à assuré le succès. De ce côté, il est totalement différent de celui de l'ozone; Flair ozoné, préparé par l’action de leffluve électrique en dehors de la masse aqueuse à épurer, est mélangé avec celle-er par des artifices qui n’assurent que d’une manière aléatoire l’accomplissement du phénomène et qui, en tout cas, constituent une complication. Ayant agi de la sorte sur les éléments nocifs de l’eau, le mélange oxydant se détruit par le fait, se résolvant en combinaisons salines inertes que l’on retrouve d’ailleurs dans la plupart des eaux naturelles | potables. Le procédé s’accommode d'eaux de toute nature, peu ou point char- gées, ferrugineuses, charriant du limon, de la matière organique, et toujours il parvient à éliminer dans son entièreté tout élément qui les trouble. On sait que, vis-à-vis d'eaux très chargées, l’ozone dans les condi- uons actuelles de son application demeure inopérant, à moins que l’on ne fasse intervenir des très grandes quantités de ce corps, ce qui. rend son emploi antiéconomique. Ceci à été prouvé une fois de plus lors des expériences en grand entreprises à l’occasion du concours organisé par la Ville de Paris en 1907. On verra plus loin quelques- uns des résultats obtenus à ce concours et par les méthodes à l’ozone et par la méthode au ferrochlore, seules admises à y participer, résultats consignés dans le rapport officiel de la Commission d’études et d'examen. La presque instantanéité de l’action du mélange oxydant sur les élé- ments douteux ou suspects contenus dans les eaux, implique une filtrauon rapide de la masse en vue de séparer les produits de la réaction. L'opération s'effectue par l’intermédiaire de filtres à débit extra-rapide, dont le matériel consiste en une couche, épaisse d’en- viron 80 centimètres, de silex concassé menu, à la partie supérieure de laquelle vient se déposer le magma calcaire alumino-ferrugineux qui s’est produit, sous l’influence du réactif, au sein de l’eau traitée; la couche feutrée qui se forme ainsi constitue une sorte de plankton arülficiel, dont l’effet clarifiant est extraordinaire, eu égard à la rapidité de la filtration, environ quarante fois plus grande que celle des filtres à sable les mieux desservis. DosEs ET DÉBIT DES RÉACTIFS. — Les réactifs, hypochlorite de chaux … et chlorure ferrique ou sulfate d’alumine, sont préalablement dissous dans l’eau à la proportion de 2 °/,. Contenus dans des bacs séparés, ils sont réunis, par l’entremise de tuyaux d'écoulement, sous une vitesse SÉANCE DU 16 FEVRIER 1909. 101 uniforme, dans un appareil mélangeur où s'effectue la production du ferrochlore. Cet appareil est mis en relation avec l’eau, qui reçoit ainsi une quantité toujours constante, calculée par avance, de l’agent épura- teur. Sachant que l’hypochlorite de chaux du commerce contient ordinairement le tiers de son poids de chlore actif susceptible de mettre en liberté, au contact de la matière réduetrice, une proportion équivalente d'oxygène à l’état naissant, il est facile, connaissant le degré d’oxydabilité de l’eau mise en expérience, de se rendre compte du poids d’hypochlorite qu'il faudra faire intervenir. Cette proportion est, du reste, toujours relativement fort restreinte; c’est amsi qu'à Paris un gramme a sulli pour provoquer la stérilisation d’un métre cube d’eau issue des calcaires {!), laquelle est, comme on sait, tres pauvre en matière organique, sinon toujours exempte de germes d'origine suspecte. S'agit-il d'eaux fortement chargées, et en matières en suspension et en composés organiques dissous, comme c’est le cas à Middelkerke où, depuis 1902, l’on traite suivant le procédé l’eau parfois tres polluée du canal de Nieuport (l’eau de ce canal est souvent mélangée d’eau de mer et reçoit des résidus d'industries riveraines), le poids d'hypochlorite n'excède actuellement pas 16 grammes par metre cube. Bref, la quantité de ce produit oscille d'ordinaire autour de 6 grammes, chiffre moyen représentant, en chiffre rond, 2 grammes de chlore actif, ce qui correspond à l’introduction de deux millionièmes de ce corps dans l’eau, quantité qui, considérée en soi, semblera insignifiante. En pratique, on s'arrange de manière à laisser subsister dans l’eau traitée un léger excès du composé chloré. Cel excès ne nuit pas, car, en raison du dispositif adopté — bac de contact — pour en régler l’action, 1l ne tarde pas à disparaître, soit en se fixant sur le magma organique précipité, soit en réagissant, par l’intermédiaire des éléments de l’eau sur les alcalinoterreux présents, pour les transformer en peroxydes instables dont l’oxygène, mis en liberté dans la suite, ce qui ne contribue pas peu à assurer l'assainissement du liquide. La consta- tation dans l’eau traitée, avant sa disparition, d’un excès de composé chloré — ce dont il est facile de s'assurer au moyen du réactif si sensible 4) Rapport de MM. OciEr ct BONIEAN au Comité consultatif d'hvgiène de France, 1 février 1904. — Rapport de MM. MIQueL et LEVY, mars-juin 1904. 102 PROCES-VERBAUX. A Elle permet, en effet, de se rendre compte, à coup sûr et sur-le- champ, de la réussite de l'opération. On sait combien illusoire est l’examen bactériologique d’une eau suspecte par les procédés ordinaires d’ensemencement en milieux nutritifs, lesquels ne révèlent la présence du microbe suspect qu'au bout de quelques jours, alors que les ravages causés par l'emploi de ladite eau ont déià fait leur œuvre. Avec le procédé d'épuration que je préconise, aucun aléa semblable n'est à craindre, car le seul fait de l'apparition de Ja coloration bleue sous l’influence du réactif dans une prise d'essai, acidifiée ou non, est l'indice certain de l’anéantissement des espèces microbiennes. Comme je lai déjà dit, les dernières traces de composés chlorés disparaissent peu à peu, en sorte que, à l'issue des appareils, il n’est plus possible de les déceler (?). MODE D'ACTION ET RÉSULTATS DU PROCÉDÉ. — L'action du mélange oxydant qui entre en jeu dans le traitement de l’eau est particulière- ment intéressante ; elle se manifeste par la mort du protoplasme cellulaire des infiniment petits sous l'influence de l'oxygène ionisé développé au contact de la matière organique aux dépens des éléments de l’eau. Les phénomènes ont lieu suivant les équations bien COnnues : de Trommsdorf (!) — offre un avantage aussi important qu'inattendu. 202 +2 H20 =4HCI 02, En ce qui concerne le ferrochlore : CRO PROS O P2UEE Si l’on admet que loxygène issu de ces réactions jouit d’affinités particulières, comparables à celles de l’ozone, on ne sera pas étonné de voir se produire la stérilisation moyennant l’entrée en jeu de doses extraordinairement minimes de ferrochlore. 4) Le réactif de Trommsdorf, chloro-iodure de zinc amidonné, ajouté à de l’eau contenant un composé chloré, donne à celle-ci une coloration bleue plus ou moins intense, suivant la proportion de chlore libre en présence. La coloration bleue est visible nettement lorsque l’on ajoute à un litre d’eau du chlorure de chaux contenant 0,000.000.2 de chlore actif. (OGIER et BONJEAN, Loc cit.) @) Voir rapport OGIER et BONJEAN (loc. cit.) et le rapport de la Commission officielle du concours de la ville de Paris 1907. Voir aussi les rapports des experts chargés par le Ministère de l'Agriculture de contrôler les expériences en grand à Hasselt et à Turnhout, 1907, parus dans les Publications du Service de santé et de l'hygiène. SÉANCE DU 16 FEVRIER 1909. 105 En même temps que les colonies microbiennes, détruites comme 1l vient d’être dit, sont annihilées les toxines et les zymases sécrétées par celles-ci, ainsi que je l’ai déjà montré dans ma note préliminaire relative au procédé (1). Quant à la matière organique proprement dite, elle est, en même temps que cesdernières, partiellement brülée et par loxygène disponible résultant des réactions précédentes et par l’hydrate d'oxyde de fer, partie intégrante du ferrochlore, le reste formant avec ce composé un précipité insoluble, sorte de laque retenue par le matériel filtrant. Quelques personnes ont voulu émettre un doute quant à l’action, telle que je viens de l’exposer, du composé oxychloré lui-même sur la vie microbienne; pour elles, c’est le procédé de filtration lui-même qui détermine l'élimination du microbe, celui-ci étant simplement retenu dans les mailles du magma ferrugineux ; il n’est pas possible, avancent- elles, que des quantités aussi minimes d’hypochlorite que celles qui entrent en jeu puissent produire la stérilisation réelle de liquides infectés. Les faits répondent d'eux-mêmes et mettent à néant ces sup- positions toutes gratuites et, pour le moins, hasardées (?). Est-ce à dire que je nie l’action purement mécanique d’un précipité de fer ou d’alu- mine? Nullement. L’on sait depuis longtemps que le traitement d’une eau au moyen de l’un ou de l’autre de ces composés, diminue dans des proportions souvent considérables la teneur première de leau en germes microbiens (5); mais jamais, dans ce cas, la réduction n’est telle que l’on puisse considérer l’eau au sortir des filtres comme pratique- (1) Nouveau procédé d'assainissement des eaux. : ANNALES DE CHIMIE ANALYTIQUE, Paris, 1903. - BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE PHARMACIE DE BRUXELLES, 1909.) (2) En dehors de la pratique courante, deux expériences bien simples corroborent ma manière de voir : 1) De l’eau, bactériologiquement chargée est traitée par le mé- lange ferrochlore. Une prise d’essai est filtrée immédiatement pour retenir le précipité et l’on ensemence sur-le-champ en milieu nutritif le liquide parfaitement limpide. Au bout de peu de temps s'établit une prolifération abondante de colonies diverses, preuve que la vie du microbe n’a point encore été atteinte par l’agent stérilisateur en solution. Au contraire, si l’on ensemence à l’aide du même liquide, laissé quelques heures à lui-même, les milieux nutritifs demeurent indemnes. 2) Si l’on traite une eau contaminée par le liquide filtré, contenant une quantité normale de composé chloroxygéné, résultant de la réaction d’un hypochlorite et d’un sel ferrique, on obtient facilement la stérilisation intégrale du liquide. (5) Dr KARL SCHREIBER, Bericht über Versuche an einer Versuchsanlage der Jewell Exportfiltercompagnie. (MiTTEIL. D. KGL. PRÜFUNGANSTALT Für WASSERVERS. UND ABWASSERBESEIT. Berlin, 1906.) 104 PROCÉS-VERBAUX. ment stérile ; toujours on trouve dans les prises d'essai, au milieu de germes banaux, des espèces suspectes, ce qui n’a jamais lieu lors de l’emploi concomitant d’un composé chloroxygéné. Le haut pouvoir bactéricide du ferrochlore a été mis en évidence par de nombreux essais en grand, et le succès invariablement obtenu dans ces conditions à été sanctionné par l'établissement d'installations dont plusieurs fonctionnent industriellement depuis plusieurs années. Voici, par ordre chronologique, quelques-uns parmi les nombreux essais effectués. En 1902, des expériences sont entreprises à Middelkerke, à l’usine de dégrossissage de l’eau du canal de Nieuport, nécessaire aux services publics de la commune. Le nombre des germes variés contenus dans cette eau est réduit de 6 500 à quelques unités (1). En 19053, on traite à Paris l’eau de la Vanne à raison de 100 mètres cubes par Jour; résultat : disparition constante des 200 germes (en moyenne); de même, on traite l’eau de la Seine prise à la hauteur du pont d’Austerlitz; la teneur de l’eau tombe de 1 869 germes par centi- mêtre cube dans l’eau brute, à quelques unités (?). En 1907, à Lyon, sous le contrôle du professeur Courmont, des essais Sont institués avec l’eau du Rhône, chargée artificiellement de » cultures suspectes. Les plaques ensemencées au moven d’eau brute indiquaient 24 650 colonies par centimètre cube dont la presque tota- lité coli-bacille; la même eau, après traitement, ne contenait plus que $ microbes, dont 1 staph. orangé, 4 coceichromogènes, 3 subtüilis (5). Après ces résultats si concluants, on n’hésita pas à monter une 1nstal- lation à Larbresles, commune des environs, où régnait une épidémie d’une intensité exceplionnelle : 300 cas de typhoïde sur 4 800 habitants. Aussitôt le fléau disparut, en même temps que l’on put constater la présence de 2 germes banaux seulement par centimètre cube et l'absence du coli-bacille dans 25 centimètres cubes (f). = Entretemps, une installation expérimentale fonctionne à l'Usine de S'-Maur (Joinville-le-Pont). On y traite, à raison de 380 mètres eubes par jour, l’eau de la Marne, puis l’eau de Marne filtrée au sable, telle (t) Voir La Technologie sanitaire. 2) OGIER et l'ONJEAN, Rapport au Comité consultatif d'hygiène de France. (6, Dr CourMonNT et LACOMME, Bulletin du Laboratoire d'hygiène de Lyon, à septem- bre 1907. | (4) BONJEAN, Procédé Duyk au ferrochlore. (REVUE PRATIQUE D'HYGIÈNE MUNICIPALE, n° 11, novembre 1908.) Bull. de la Soc. belge de Géologie. T. XXIII, 1908. PI. A. » ” + , # »5 x SR tasse ee Appareil pour l’épuration et la stérilisation des eaux, ayant fonctionné au concours organisé par la Ville de Paris, à l’Usine de St-Maur (Joinville-le-Pont), en 1907. Débit journalier : 380 mètres cubes. A SÉANCE DU 16 FEVRIER 1909. | 105 quelle ou mélangée avec des proportions variables de la première. Con- eurremment fonctionnèrent plusieurs procédés à base d'ozone. Les résultats furent très satisfaisants de part et d'autre, mais tout à l’avan- tage du procédé Duvk lorsqu'il y eut lieu de traiter l’eau de Marne brute. Celle-ci contenait 64 630 espèces par centimètre cube et 3 000 coli dans 400 centimètres cubes. En ce qui concerne ce dernier mi- crobe, l’eau ozonisée à la dose énorme de 2867 d'ozone par mètre cube en contenait encore 5.5 dans 400 centimètres cubes, tandis que l’eau ferrochlorée (6 grammes d’hypochlorite de chaux par mètre cube) n'en contenait plus que 2? dans plus de 5 litres. Ce succès si brillant fit dire à la Commission chargée de contrôler les résultats du concours, dans son rapport sous la signature de D' Miquel, l’éminent chef du service bactériologique de lObservatoire de Montsouris « qu'aucun des appareils soumis à la Commission d'examen n'a pu don- » ner des résultats aussi salisfaisants que le procédé Duyk, au point de vue » de la disparition du bacille du côlon dans l’eau de Marne brute (1) ». À Lectoure (département du Gers), on traite depuis plusieurs années journellement 400 mètres cubes d’eau du Gers, très polluée et limoneuse; l’eau de ce cours d’eau contient couramment 21 000 germes; l’eau distribuée aux habitants en renferme une vingtaine (?). En Belgique, c’est à Hasselt qu'une Commission mixte, de l’État et de la commune, put constater les excellents résultats d'expérience d’une durée de plusieurs semaines [20 000 germes réduits à 2 colonies banales par centimètre cube (5)| et qui amenèrent l'Administration de cette ville à adopter un projet d'usine pour l’épuration de l’eau du Stiemer, petite rivière qui se jette dans le vieux Démer, et dont la consommalion avait toujours donné lieu aux plaintes les plus vives. Récemment, des expériences intéressantes furent instituées à Port- Louis (Morbihan), dont l'alimentation en eau potable est désormais assurée. L’étang de Coët-Rivas, auquel, faute de mieux, il faut recourir a cette fin, fournit, après stérilisation, une eau parfaitement épurée dont la flore microbienne tombe de 53 000 espèces, avec un grand nombre de coli-bacilles, à quelques espèces banales. Les filtres fournissent une eau absolument limpide, incolore. (t) Texte du rapport de la Commission au préfet de la Seine, 1907. (2) Rapport de M. Francou. ingénieur de cette localité. (5) Dr HENSEvAI,, La stérilisation des eaux potables par le procédé dit & au ferro- chlore », 1907. Ministère de l'Agriculture. Administration du Service de santé et d'hygiène. — STRAETMANS (Profr), Rapport au Conseil communal, 1907. 106 PROCÈS-VERBAUX. | Dans la plupart des cas, la clarification est telle qu'on peut considérer le liquide comme étant optiquement vide, suivant l'expression imagée M du Proft Spring, c’est-à-dire ne renfermant plus trace de matières, à l’état colloïdal ou autre, en suspension. On sait qu’une eau répon- dant à ce desideratum, vue sous une épaisseur de 2 mètres à 2"50, présente une coloration nettement bleue, laquelle est précisément celle de l’eau traitée par le ferrochlore. Remarquons, à propos des expériences du concours organisé par la Ville de Paris, que le procédé. Duyk est le seul qui, pendant toute la période d'expérience où l'on traita l’eau brute, ait donné de l’eau parfaitement claire (1). 34 Le goût de l'eau traitée s'améliore dans un grand nombre de cas, et ce fait n’a rien qui doive étonner si l’on admet que, d'une part, une grande partie de la matière organique ou plus simplement des substan- ces réductrices qui communiquent aux eaux de surface leur saveur peu agréable est éliminée, et d’autre part à l’oxygénation du liquide sous l'influence du mélange oxydant. Évidemment il ne peut un seul instant ètre question d'apporter une amélioration au goût originairement fade d’une eau contenant certaines substances salines en dissolution, — telle l’eau du canal de Nieuport, dont il est question plus haut, qui renferme parfois plus de 500 milligrammes de chlorure de sodium dans un litre, — mais il est certain que toute saveur ou odeur, due à [a matière organique, est anéantie. La réduction de la matière organique, que peut révéler un essai au permanganate, est d’ailleurs constante et souvent considérable. Le taux de cette réduction, peu appréciable s’il s’agit d’eaux pures par elles-mêmes, atteint parfois 60 ‘/, dans le cas d’eaux polluées. lei encore, en recourant au concours de la Ville de Paris, on peut établir un parallèle entre l'ozone et le ferrochlore, tout à l'avantage de ce dernier. La réduction moyenne de [a matière organique à varié de 40 à 20 °/, dans le traitement par l’ozone pour des eaux préalable- ment filtrées au sable, mais elle à été nulle en ce qui concerne le traitement de l’eau de Marne brute. Dans le cas du procédé Duyk, cette réduction à varié de 10 à 28 ‘},, et sur l’eau de Marne brute elle a été de 15 °/, (2) Lors des essais effectués à Hasselt, sur l’eau très polluée et légèrement ferrugineuse du Stiemer, le taux de réduction s’est élevé couramment à environ 70 °/, (5); même les ammoniaques, (!) Citation textuelle du rapport de la Commission officielle. (2) Rapport de la Commission officielle, loc. cit. (5) Dr HENSEVAL, loc. cit. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1909. 107 tant salin qu’albuminoiïde, lesquels en soi n'ont rien de nocif, ont vu _ leurs proportions primitives notablement réduites. L'eau contient-el'e du fer en dissolution, le procédé parvient à l'en débarrasser intégralement, quelles que soient les combinaisons dans lesquelles se trouve ce métal. Les expériences en grand que j'ai eu l’occasion d’instituer, à la demande de l’État, à Turnhout, sont, à ce point de vue, tout à fait péremptoires. En 1907, on à épuré indiffé- remment l’eau sulfurée ferrugineuse, telle que la fournit le puits d’exhaure, et cette même eau partiellement déferrisée par un passage à travers d'immenses tours à coke. La première contient jusqu’à 14 milligrammes de fer par litre, associé à la matière organique; elle est verdàtre, limpide; son odeur est désagréable, rappelant celle des eaux sulfureuses, avec un Je ne sais quoi d'aromatique. Agilée au contact de l'air, elle perd son odeur première, abandonne la majeure partie de son fer; c’est dans cet état que, à l'époque de mes expé- riences, l'eau était distribuée en ville. Son aspeet louche, sa saveur d'encre n'étaient point de nature à lui conquérir la faveur du consom- mateur. Un simple traitement au ferrochlore suffit pour la trans- former en une eau incolore, absolument limpide, de goût irrépro- chable, ne donnant à l’analvse aucune trace de fer. Depuis, s'inspirant sans doute des essais précédents, l'Administration de la ville de Turnhout se contente de faire subir à Peau, d’abord aérée par son passage sur le coke, un traitement au sulfate d’alumine et à la chaux, suivi d’une filtration. L'eau obtenue ainst est très acceptable, mais elle contient encore une trace de fer. Ce qui donne aux expériences de Turnhout leur caractère d’im- portance, c’est incontestablement les brillants résultats fournis par le traitement de leau brute, laquelle constitue certainement un type d’eau fortement chargée. A la vérité, les quantités de réactifs employées pour obtenir une déferrisation absolue du liquide sont un peu élevées (40 grammes d’hypochlorite de chaux et 60 grammes de sulfate d’alu- mine par mètre cube), mais ces quantités sont loin d’être prohibitives parce que, d’ane part, il est démontré (1!) que ni l’alumine ni le chlore ne subsistent dans l’eau traitée; au contraire, l’introduction du sulfate d’alumine, loin d'augmenter la teneur première de l’eau en éléments dissous, occasionne plutôt une diminution sensible de ces (1) F. DAELS, La déferrisation des eaux potables par le ferrochlore, 1907. Ministère de l’Agriculture. Administration du Service de santé et d'hygiène. 108 PROCÈS-VERBAUX. derniers (1); et, d’autre part, le prix de revient du traitement n’est pas « tellement clevé qu'il ne puisse constituer un facteur économique permettant de se passer désormais du procédé Piefke, encombrant et non dépourvu de chances de contamination par l’air ambiant (). Les faits relatifs à la déferrisation de l’eau de Turnhout ont été reconnus par la Commission chargée officiellement de suivre les expé- riences et notés dans un rapport dont la conclusion première portait sur l'efficacité du procédé à l'égard d'eaux ferrugineuses, notamment de celles qui renferment de notables quantités de composés organiques (5). La dureté de l’eau traitée n’a jamais sensiblement augmenté ; l’acerois- sement du degré hydrotimétrique est en général de 4° ou 2, ce qui est insignifiant. Quelquefois on constate même une diminution notable, surtout dans les eaux fortement calcaires. De ce côté done, emploi du procédé n’exerce aucune Influence fâcheuse sur l’eau dans le cas où celle-ci doit servir à des usages industriels. Point DE VUE ÉCONOMIQUE. — Décrire un procédé d'épuration sans, en même temps, fournir quelques renseignements au sujet de la possi- bilité d'application, tant au point de vue économique que purement technique, c’est, à mon avis, être incomplet. En cela, je pense être d'accord avec la partie la plus directement intéressée, c'est-à-dire avec les administrations publiques qui veulent, avec raison, nonobstant les considérations sentimentales, envisager plus spécialement le côté financier de l’importante question de la dis- tribution au consommateur d’une eau potable et saine. En ce qui con- cerne la possibilité d'application, elle est, dès à présent, admise par tout esprit non systématiquement prévenu; les installations qui marchent actuellement, à la satisfaction générale, tant en France qu’en Belgique, sont là qui sont une preuve tangible de ce que j’avance. Je sais bien que quelques grincheux, coupeurs de cheveux en quatre, ont été enchan- tés de pouvoir découvrir, à l'installation telle qu’elle fonctionne depuis plusieurs années à Middelkerke, certaines imperfections — facilement réparables d’ailleurs moyennant quelques modifications aux filtres -— de manière à pouvoir proclamer la faillite du procédé. Des gens plus raisonnables comprendront qu'il ne saurait en être autrement, s'ils (t, F. DAELS, loc cit. Voir tableaux analytiques annexés au mémoire. (2) Le chlorure de chaux coûte en moyenne 15 francs les 100 kilos. Le sulfate d’alu- mine 8 franes les 400 kilos. Le prix de revient de la déferrisation de l’eau brute de Turnhout ne dépasserait done pas 1 centime par mètre cube. (5) F. DAELS, loc. cit. fe y SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1909. 109 considèrent d’abord que la qualité de la matière première (l’eau du canal de Nieuport) est des plus médiocres et que, d'autre part, les appareils, qui fonctionnent actuellement, étaient ceux qui existaient à l’époque où j'entrepris mes premières expériences et dont il m'a fallu tirer parti; ils sont loin de représenter l'installation modèle telle qu’elle fonctionnera à Hasselt vers la fin de cette année et d’où toute chance d’aléa est exclue. C’est justement cette installation type de Hasselt que je prendrai comme exemple du prix de revient. Les frais se répartiront approxi- mativement de la manière suivante : 94 000 francs pour les appareils d'épuration, comportant quatre filtres avec leurs appareils distributeurs ; 40 000 franes pour les moteurs, 50 000 francs pour les bâtiments et annexes, soit ensemble 184 000 francs. L'installation sera capable de fournir, au début, journellement 3 000 mètres cubes d’eau parfaitement assainie, moyennant une dépense d'environ 22 francs se décomposant comme suit : salaires de deux ouvriers, 8 francs; charbon, huile de graissage, 2 francs; réactifs, 12 francs (soit 4 millimes au mètre cube). ConcLusions. — Les faits, tels que je viens de les relater, montrent que le procédé d'assainissement de l’eau dont je me suis fait le vulgari- sateur est désormais entré dans la pratique courante. Il est simple; il comporte des installations peu encombrantes, des appareils robustes, pouvant fournir en très grande quantité une eau extrêmement bien clarifiée, dénuée de tous germes morbides. Par cela, il semble appelé à remplacer la méthode surannée du filtrage au sable; au point de vue bactéricide, il lutte avec succès contre l'ozone. En outre, il est très économique. Ainsi que le dit le D' Bonjean dans une très intéressante étude parue -dans la Revue d'hygiène municipale (1) : « le procédé à reçu la » consécralion officielle, puisqu'il a été approuvé par le Conseil supé- » rieur d'Hygiène publique de France. Il est scientifique et pratique. » [1 a sa place particulièrement indiquée là où d’autres méthodes » pourraient échouer lorsqu'il s’agit de traiter des eaux très polluées, » troubles, chargées de matières organiques et de fer, et lorsqu'il s’agit » de juguler une épidémie d’origine hydrique par une installation » immédiate de stérilisation. » | Dans notre pays, d’aucuns se demanderont, en présence des décla- (1) Revue d'hygiène municipale, février 1909. 1909. PROC.-VERB. 8 110 PROCÉS-VERBAUX. rations qui sont faites en ce moment par plusieurs de mes éminents collègues de la Société belge de Géologie et d'Hydrologie, relatives à la découverte d'immenses réserves d’eau pure, dont la Belgique serait désormais assurée, si le procédé au ferrochlore est appelé à y prendre une très grande extension. A ceux-là je répondrai qu'on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. En présence des doutes qui s'élèvent de part et d’autre au sujet de la qualité de l’eau issue des calcaires et de la quasi-certitude de devoir faire subir une déferrisation préalable aux eaux que certains auteurs de projets proposent de capter au sein des sables campinois, il y a lieu d'attendre les événements. Peut-être que, à un moment donné, l'on reconnaitra que l’emploi du système d’épuration que Je préconise est à même de rendre de très grands services, à titre d’auxiliaire, pour stéri- liser l’eau de consommation, faire disparaitre en même temps toute crainte, fondée ou non, de la part du public intéressé. Au demeurant, l’application d’un procédé pratique de stérilisation devient une nécessité dans certains cas, surtout lors de calamités publiques. Supposons, par exemple, notre pays envahi, Anvers assiégée par une armée ennemie, la fièvre typhoide décimant la population et la garnison par suite de l’usage d’eau malsaine, — éventualités, qu à Dieu ne plaise, je ne désire voir se réaliser, — le procédé au ferrochlore vient arrêter sûrement toute cause de trouble dont les conséquences sont incalculables ! . Discussion. M. van DEN BroEck demande si le procédé Duyk permet de ne pas modifier la quantité de réactif quand la teneur des eaux en fer faisant partie de combinaisons organiques varie considérablement. M. Duvx répond qu’on peut à volonté modifier les quantités des réactifs, suivant l’état de pollution de l’eau; pour des modifications peu importantes, telles qu’elles se présentent ordinairement, cela n’est pas nécessaire si l’on à soin de maintenir toujours dans les bacs de contact un léger excès de composé chloré, lequel disparaît d’ailleurs dans la suite. M. van DEN BRoECk demande si, pour des résurgences sourcières qui, de temps à autre, se chargent d'éléments limoneux et de bactéries pathogènes, le procédé Duyk est plus économique que le filtrage au sable. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1909. 111 M. Duyx est certain que son procédé est plus économique que ce dernier. M. van pen Broeck dit que dans ces conditions, le procédé serait appelé à rendre certains services lors d'installations locales d’un service de distribution d’eau. | M. Rutor. — On à beaucoup parlé ce soir de l’eau de Turnhout, mais je tiens à dire que l’eau de la Campine, que nous projetons de capter, n’y ressemblera pas. C'est une eau qui ne contient aucun produit organique. La séance est levée à 23 heures. ——— eee ——— ANNEXE AU PROCÉS-VERBAL. COMPTE RENDU BIBLIOGRAPHIQUE Alimentation en eau potable de la Basse-Belgique et du bassin houiller de la Gampine, par MM. E. et F. Purzeys et À. Rutor (résumé par A. Ruror). J'ai eu l’honneur, il v a quelques mois, de faire don, à la biblio- thèque de la Société, d’un exemplaire de mon mémoire à l’Académie sur l'âge des couches de la Campine (!). Dans ce mémoire, J'ai fourni notamment des conclusions au sujet de la nature du sable blanc de Moll, de son allure, de sa position strati- graphique et de son âge. Ces données avaient pu être surtout obtenues sràce à un premier. réseau de grands sondages exécutés, en collaboration avec MM. le D" Félix Putzeys et E. Putzeys, au moven d’un subside qu'avait bien: voulu nous accorder M. le Ministre de l'Agriculture. Pendant l'exécution de ces sondages et du levé des affleurements et" des sablières, nous avions pu reconnaître que les prévisions que nous avions déjà émises 11 y à quatre ans (?), au sujet du volume énorme (t) A. RuToT, Sur l’âge des dépôts connus sous le nom de sables de Moll, d'argile de la Campine, de cailloux de quartz blanc, d'argile d'Andenne et de sable à facies marin noté Om dans la légende de la Carte géologique de la Belgique au 40,000*. (MÉM. Acap. Roy. DE BELGIQUE, coll. in-4s, t. Il, 1908.) (2) E. Purzeys, Alimentation en eau potable de la Basse-Belgique, et A. RuTOT, Sur les ressources en eau potable de la Campine anversoise. (BULL. SOC. BELGE DE GÉOL., etc., t. XVIII, 1904.) ae SÉANCE DU 16 FEVRIER 1909. 1143 d'eau naturellement filtrée renfermé dans le sable blanc de Moll et dans son enveloppe de Poederlien marin, à peu près dépourvue de glauconie, se réalisaient entièrement; aussi fut-il décidé que nous nous livrerions à une première enquête ayant pour but l’évaluation approxi- mative du volume d’eau disponible, la nature réelle de ces eaux et les moyens de les capter. En même temps, nous cherchions à nous rendre un compte à peu près exact de la situation du pays entier au point de vue des eaux potables dont il peut disposer, et nous reconnaissions que, en réalité, plus d’un tiers du royaume, surtout représenté par la « Basse-Belgi- que », était entièrement dépourvu d’eau alimentaire. Évaluant, d’une part, les volumes considérables disponibles en Campine et, d’autre part, l’étendue des régions privées d’eau potable, il était tout naturel de chercher quels étaient les besoins de la partie sans eau et de voir si ces besoins pouvaient être satisfaits au moyen des eaux disponibles dans la Campine sableuse. Ce sont les réponses données aux diverses questions pratiques que nous venons d'exposer qui constituent le sujet du mémoire que MM. Putzeys et moi avons l'honneur de présenter à la Société. Nos conclusions sont les suivantes : fo La masse sableuse exploitable (sable blanc de Moll et son enve- loppe peu glauconifère) représente au minimum une surface de 65 000 hectares sur une épaisseur moyenne de 20 mètres ; 2 L’eau puisée dans les sables de Moll s’est montrée entièrement satisfaisante à l’analyse chimique ; elle renferme un peu de chaux et de 5 à » dixièmes de milligramme de fer ; 3° Lors du captage en grand, des eaux provenant de la partie des sables poederliens glauconifères du rivage Sud pouvant être entraïnées, il est probable que la quantité de fer pourrait augmenter quelque peu ou même sensiblement. Dans le cas où le fer, qui ici ne pourrait être en combinaison organique, se trouverait dans l’eau en quantité capable d'en altérer la qualité, les procédés de déferrisation, actuellement mis en usage avec succès dans de nombreuses villes d'Allemagne et de Hollande, seraient tout indiqués pour supprimer l’inconvénient. Il est à remarquer, en effet, que la déferrisation des eaux chargées de bicarbonate de fer s'exécute simplement par aération de la masse liquide, sans intervention d'aucun produit chimique: d’où innocuité complète et prix de revient très minime; 4 D'après les données oflicielles, l’augmentation continue de la 114 ANNEXE A LA population de la Belgique est telle que, si elle suit la même progres- sion, les deux Flandres et la province d'Anvers auront, dans vingt-cinq ans, une population de 4 millions d'habitants; 5° À raison de 60 litres par tête d’habitant, cette population nécessitera done un apport journalier de 240 000 mètres cubes; 6° En admettant que, sur les trois millions actuels d'habitants de la province d’\nvers et des deux Flandres, 4 700 000 résident dans des agglomérations assez importantes pour qu'une distribution d’eau soit nécessaire, il faudrait done, dès maintenant, disposer d’un mini- mum Journalier de 400 000 mètres cubes d’eau; 7° La région productive pratiquement exploitable de la Campine A ayant été évaluée à 65 000 hectares, un soutirage modéré, effectué dans la masse disponible à raison de 4 mètres cubes par hectare, four- nirait done, avec sécurité, 260 000 mètres cubes par jour, ce qui assure largement l’adduction prévue des 240 000 mètres cubes néces- silés, pour la population des trois provinces citées, dans vingt-cinq ans; 8° Ainsi qu'on le voit, les besoins, d’une part, les ressources, de l’autre, non seulement s’équilibrent largement, mais encore les dispo- nibilités sont notablement supérieures aux nécessités; 9 Enfin, le travail de captage pourrait s'effectuer rapidement, économiquement, en toute sécurité et sans aléa, au moyen d’un système de puits filtrants reliés à des colonnes d'aspiration et d’adduction communes; 10° En supposant que l’on veuille entrer immédiatement dans la réalisation de cet avant-projet en assurant d’abord un débit de 50 000 mètres cubes par jour, les prévisions sont qu'il suflirait d'établir, autour d’une installation de pompes, 40 batteries de 20 puits du plus petit modèle, chacun n’ayant à débiter que 63 mètres cubes en vingt-quatre heures. Il suflirait alors en périodes de sécheresse, pendant lesquelles des volumes plus considérables sont nécessaires, de déprimer un peu plus le niveau d’aspiration, pour obtenir de tous ces puits un rendement total notablement supérieur, le tout pouvant être prévu et calculé d'avance. | Telles sont les principales conclusions que nous présentons, pour le moment, à la Société; il va sans dire que nous ne nous en tiendrons pas à ces données encore quelque peu théoriques. En effet, des expériences pratiques de lancements de puits filtrants entourés de tubes piézométriques, avec pompages continus pendant deux mois, vont être exécutées, afin de connaître les débits et les rabat- SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1909. 119 tements vrais, ainsi que la mobilité de la nappe liquide. En même temps de nombreuses analyses quantitatives seront effectuées pendant toute la période de pompage, afin de pouvoir se faire une idée des variations possibles de la teneur en fer. Tous les résultats de ces expériences et analyses seront réunis dans un troisième mémoire, en cours de préparation, que nous aurons l'honneur de présenter également à la Société dès son apparition. jhf (BRUXELLES) PRÉSIDENT D'HONNEUR : S. A. R. le Prince ALBERT de Belgique ï _ Procés-Verbal 3 DE LA SÉANCE DU 17 MARS 1909 v \ Fe _ Vingt-troisième année Le Tome XXII — 1909 ra BRUXELLES | «à \ HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE | j ; a 412. rue de Louvain, 112 | 1909 SÉANCE MENSUELLE DU 17 MARS 1909. Présidence de M. À. Rutot, président. La séance est ouverte à 16 h. 50 (26 membres sont présents). Décès. Le Bureau à le regret de faire part à nos membres du décès de M. Guillaume Lambert, professeur honoraire d’exploitation des mines de l’Université de Louvain, qui fut le premier dès 1876 à affirmer l'existence d’un bassin houiller dans le Nord de la Belgique, membre effectif de notre Société depuis sa fondation. Tous nous admirions en M. Lambert l'ingénieur éminent, l’homme d'action qui finit par faire triompher ses idées grâce à son énergie. Nous prions son fils d’agréer les vives condoléances de la Société. Distinction honorifique. La Société géologique du Nord a décerné le prix Gosselet à notre savant confrère M. J. Cornet, professeur à l'École des Mines et Faculté polytechnique du Hainaut. Communications du Bureau. Dans le but de conserver aux débats de la Société une portée stric- tement scientifique et d'éviter des discussions incomplètes nécessitant des redites, le Bureau invite les membres de la Société à attendre l'impression des travaux, présentés à une séance, pour ouvrir un débat ; souvent l'exposé oral en séance ne comporte qu’une partie des arguments de l’auteur : il ya donc avantage à réserver la discussion. 1909. PROC.-VERB. 9 118 PROCÈS-VERBAUX. D’ailleurs,en bornant leur intervention en séance à de brèves demandes « d'explications, ou à de courtes observations, nos membres faciliteront la rapide impression du Procès-verbal qui pourra leur parvenir environ une semaine avant la séance suivante. Il est entendu qu'à chaque séance mensuelle il y aura un droit de priorité pour la discussion éventuelle des thèses présentées aux séances précédentes. Le prix du mémoire in-4°, dû à M. W°. Prinz, sur les cristallisations des grottes de Belgique, a étéfixé à fr. 7.50. Rectification au procès-verbal de la séance de février 1909. M. Kemna a appris, par une citation dans la dernière communication de M. Putzeys, que M. Martel le range parmi les partisans des eaux du calcaire et comme ayant,au Congrès d'Hygiène de Bruxelles de 1905, protesté contre les réserves formulées par M. Martel au sujet de la sécu- rité hygiénique de ces eaux. À ce Congrès, M. Kemna s’est borné à rap- peler que, dans les couches de sable, la mobilité des éléments assure un tassement automatique et leur linesse, des espaces de percolation capil- laire, alors que dans une roche cohérente lissurée, ces conditions essen- elles d’un bon filtrage ne sont pas assurées. M. Martel lui attribue donc erronément des opinions qu'il ne professe pas. | | Rectification au fascicule II des Mémoires de 1908. M. G. Cosyns, assistant au laboratoire de chimie de l’Université, dans son récent mémoire : Contribution à l'étude de la roche de Quenast, remercie M. le professeur W'. Prinz pour les conseils qu'il n’a cessé de lui prodiguer et pour les matériaux qu'il a obligeamment mis à sa » disposition. M. Prinz croit utile de préciser le degré de sa collaboration; pendant le séjour de M. Cosvns à son laboratoire, 1l à engagé ce dernier à entreprendre l'étude de la roche de Quenast et lui a communiqué une dissertation manuserie d’un ancien élève, avec les préparations et échantillons s’y rapportant. | Pour le surplus, M. Cosyns à poursuivi son travail hors du labo- ratoire de M. Prinz, en toute liberté et selon ses vues person- nelles. SÉANCE DU 17 MARS 1909. 119 Correspondance. M. L. Dollo remercie des félicitations qui lui ont été adressées et promet une nouvelle collaboration active dés qu'il pourra reprendre ses publications paléontologiques. MM. Cuvelier, Kemna, Malaise, Schmitz, Gilbert et Paquet remer- cient du choix que la Société à bien voulu faire d’eux pour diverses fonctions au Conseil et dans les Comités. MM. Moÿaerts et Schwers remercient de leur admission dans la Société. | M. W. Prinz prie la Société d'accepter la démission des fonctions de délégué du Conseil, qui lui avaient été confiées à l’Assemblée géné- rale dernière. M. Johuston-Lavis à publié, sous les auspices de la Société royale de Dublin, un bel ouvrage sur léruption du Vésuve d'avril 1906: il fait hommage d’un exemplaire de ce travail à la Société; des tirés à part, qui sont en nombre limité, sont vendus au prix de 45 francs. MM. A. Rutot et Aretowski font hommage de quelques-unes de leurs publications récentes. Le secrétaire communal de Wasseiges à bien voulu se charger de fare une enquête supplémentaire relative au puits de M. Warnant. L'Institut royal géologique hongrois adresse à la Société la lettre suivante : Quelques membres de linstitut géologique royal hongrois ont fait à plusieurs reprises des voyages d’études agrogéologiques avec des confrères de Roumanie et de Russie dans leurs pays respectifs. On a reconnu pendant ces voyages que, pour la compréhension géné- rale des résultats des études agrogéologiques qui ont été faites jusqu'ici dans les différents pays, une conférence fondée sur l'analyse des échan- tillons du sol serait d’une grande nécessité. Pendant ces voyages d'études, on a trouvé que la classification, la nomenclature des sortes de sol ne diffèrent pas seulement selon les ditié- rents pays, mais dans le même pays. En outre, les méthodes de travail sur le terrain et dans les laboratoires sont très différentes dans chaque pays. Les résultats des recherches et les reproductions cartographiques du sol sont difficilement ou même quel- quefois pas du tout comparables entre eux. 120 PROCES-VERBAUX. En un mot, les accords internationaux qui existent depuis longtemps 1 dans tout le reste de la géologie manquent encore entièrement dans l’agrogéologie. Cette malheureuse circonstance justifie la méfiance que le public peut nourrir contre le service agrogéologique fort coûteux qui a cependant pour but presque exclusif de servir les intérêts de l’agriculture. En vue d’aplanir toutes ces difficultés ou du moins pour tenter luniti- cation des travaux agrogéologiques, la direction de l’Institut géologique hongrois prend la liberté de proposer la réunion d’une Conférence agro- yéologique à Budapest, du 11 au 24 avril 1909. * # Nous prions les Instituts géologiques et nos confrères de bien vouloir nous faire l’honneur de répondre à notre invitation et de se faire repré- senter à la conférence. Nous croyons que la Hongrie est le pays de l’Europe le plus propre à une réunion de ce genre parce qu'on y trouve toutes les sortes de sol. La conférence sera suivie d’excursions dans la grande plaine de l'Alfôld et les collines environnantes. Plusieurs de nos confrères agrogéologiques ont proposé pour la confé- rence les thèses suivantes : À. Discussions générales sur l’agrogéologie : Genèse du sol, qualités caractéristiques des différents types du sol. Les rapports de l'agrogéologie avec les autres partie de la géologie et avec les sciences naturelles. 2. Revue comparée des différents types de sol de chaque pays fondée sur les échantillons rapportés, leur analyse chimique, ainsi qu’une des- cription verbale. La nomenclature générale. 3. Projets d'une classification générale du sol. 4. Méthodes de recherches sur le terrain et dans les laboratoires. 9. Propositions. L'Institut géologique hongrois a été fondé par décret royal le 18 juin 1869. + YU Cette année sera donc son quarantième anniversaire. Au lieu de le célébrer par des fêtes jubilaires, nous désirons le com- mémorer par des travaux utiles exécutés en collaboration avec nos con- frères étrangers. La Fédération archéologique et historique de Belgique invite la Société à se faire représenter par un délégué à une réunion, dont l’objet est précisément celui dont compte nous entretenir M. de Munck. SÉANCE DU 17 MARS 1909. 19 1£ ES Dons et envois reçus : 9799. 9800. 5801. 2802. 9903. 9804. 1° Périodiques nouveaux : . BrRuxELLEs. Jnstilut cartographique militaire. Carte topographique à l’échelle du 100 000®°, en 26 feuilles : Feuilles 13 à 26. . BERKELEY. University of California. Memoirs. Vol. 1, n° 1 (1908). 20 De la part des auteurs : . Agamennone, G. Le Variazioni di Latitudine ed i Terremoti. Turin, 1908. Extr. de RivisTA Di ASTRONOMIA E SCIENZE AFFINI, 18 pages. . Bustamante, M. Critica y Teorias nuevas sobre el Periodo carbonifero. Mexico, 1909. Brochure in-8° de 59 pages. . Bustamante, M. Climas de los Tiempos geologicos y la Division en Eras. Mexico, 1906. Extrait de la Soc. géol. du Mexique. 28 pages. | Hasse, G. Le cimetière de l'ancienne église de Sainte-Walburge à Anvers. Bruxelles, 1909. Extr. du BULL. DE LA Soc. D'ANTHROPOL., t. XXVII, 1905, 9 pages et 2 planches. Johnston-Lavis, H.-3. The Eruption of Vesuvius in April 1906. Dublin, 1909. Extr. de ScieNTiFIC TRANSACTIONS oF THE Royaz DüBLIx SociETY. Vol. IX, part. 8, janv. 1909. pages 139-200, 21 planches et ? cartes. Kaiser, E. Die Entstehung des Rheintals. Leipzig, 1909. Extr. de GESELL. DEUTSCHER NAT. UNN AERZTE. VERHANDL., 1908, 20 pages et 1 figures. Schardt, H. La pierre des Marmettes et la grande Moraine de Blocs de Monthey (Valais). Lausanne, 1908. Extr. des EGLOGŒ GE0LOGICu HeLvETIiŒ. Vol. X, n° 4, pages 555-566 et 7 planches. Schardt, H. L'évolution tectonique des nappes de recouvrement des Alpes. Les causes du plissement et des chevauchements dans le Jura. Lausanne, 1908. Extr. des EcLocæ crococicŒœ HELVETIE, t. X, n° 4, pages 484-188. Reid, El. On a Method of Disintegrating Peat and other Deposits containing fossil Seeds. Londres, 1909. Extr. de LINNEAN SOcIETY’s JourxaL-Boraxy. Vol, XXXVIIE, February, 4 pages. 9806. 07. QE 808. 810. o811. 5812. 813. PROCÈS-VERBAUX. Arctowski, H. Les variations séculaires du climat de Varsovie. Bruxelles, 1908. Extr. du BuLL. DE LA SOC. BELGE D'ASTRONOMIE, n° 9-10, 30 pages et 6 figures. Arctowski, H. Sur les variations des climats. Paris, 1908. Extr. des COMPTES RENDUS DE L'ACAD. DES SCIENCES, t. CXLVII, 3 pages. Arctowski, H. Physique du globe. Sur les variations de la répartition de la pression atmosphérique à la surface «lu globe. Paris. Extr. des COMPTES RENDUS DE L’ACAD. DES SCIENCES, t. CXLVIIT, 5 pages et 1 figures. Rutot, A. Extension de l'Université libre de Bruxelles. Cours de préhistoire. Bruxeiles, 1997. Brochure in-12 de 24 pages. Rutot, À. Annexe au syllabus du cours de préhistoire. Essai sur les origines de l'humanité. Bruxelles, 1909. Brochure in-12 de 14 pages. Rutot, A. Une industrie éolithique antérieure à l’'Oligocène supérieur ou Aquitanien (15 pages). Une industrie éolithique contemporaine d'une industrie du Paléoli- thique supérieur (5 pages). Qu'est-ce qu'un éolithe ? (13 pages) Sxtension en France, en Belgique, en Angleterre et en Allemagne e l'industrie flénusienne (T pages). Le Mans, 1909. Extraits du CONGRÈS PRÉHISTORIQUE DE FRANCE, IVe session, Chambéry, 1908. Rutot, A. La poterie à l’époque troglodytique (2° communication). Le Mans, 1908. Extr. du BuLL. DE LA SOC. PRÉHIST. DE FRANCE. Séance du 26 novembre 1908. 10 pages. Rutot, A. Essai de comparaison entre le Néolithique de Belgique et celui de la Scandinavie Cologne, 1907. Extr. du BERICHT ÜBER DIE PRAHISTORIKER VERSAMMNLUNG AM 93 Bis 81 Juzr 1907 Zur EROFFNUNG DES ANTHROPOLOGISCHEN MusEUMS, 8 pages. Rutot, À. Voyage à Bruxelles et Courses à l'Exploitation Helin et à Hornu- Wasmes. Cologne, 1907. Extr. du BERICHT UBER DIE PRAHISTORIKER VERSAMMLUNG AM 23 Bis 31 Juzt 1907 zur EROFFNUNG DES ANTHROPOLOGISCHEN MusEuus, 7 pages et à figures. Rutot, À. La fin de la question des éolithes {suivi d’une traduction en allemand par le D H. Hauxe). Cologne, 1907. Extr. du BERICHT ÜBER DIE PRAHISTORIKER VERSAMMLUNG AM 23 BIS 91 Jui 1907 zur EROFFNUNG DES ANTHROPOLOGISCHEN MUSEUMS, 16 pages. ne nn SÉANCE DU 17 MARS 1909. 193 Élection de nouveaux membres. Sont élus par le vote unanime de l’Assemblée : En qualité de membres effectifs : MM. Louis B4Es, ingénieur, chargé de cours à l'Université libre, 44, avenue Ducpétiaux, à Saint-Gilles, présenté par MM. Co- syns et Greindi; CHarLes CHarGois, docteur en sciences mathématiques, chargé de cours à l’Université libre, 11, rue de l'Orme, à Ixelles, présenté par les mêmes ; W. A: J. M. van WATERSCHOOT VAN DEN GRACHT, directeur des explorations minières de l’État néerlandais, 6, Cremerweg, à La Haye, présenté par MM. Lorié et Greindl. Communications des membres. Æ. ne MuUNCK. — Proposition à ia Société belge de Géologie. de Paléontologie et d’Hydrologie en vue de l'institution d’une Commission chargée d’examiner les meilleures mesures à prendre pour la sauvegarde des sites et des objets offrant un intérêt scientifique. Depuis longlemps, la Fédération archéologique et historique de Belgique ayant mis à l’étude un avant-projet de loi relative à la conser- vation des monuments et des objets offrant un intérêt historique où archéologique, j’eus l’occasion, au cours des ses congrès, depuis 1886, et tout dernièrement au sein de la Commission instiluée en vue de l'élahoration de cet avant-projet de loi, de réclamer pour les objets pouvant intéresser les sciences naturelles (!) un ensemble de mesures protectrices. | J'avais fait ressortir, notamment, que l’article 27 du Cahier général ‘es charges, clauses et conditions imposées aux entrepreneurs de tra- vaux pour le compte de l’État reste lettre morte. (*) E. DE Muncx, Avant-projet de loi sur la conservation des monuments et des objets inobiliers historiques ou artistiques. (Etat de la question en ce qui concerne les fouilles.) (ANN. DE LA FÉD. ARCH. ET HIST. DE BELGIQUE. Mons, 1904.) 124 PROCÈS-VERBAUX. Cet article ordonne la remise à l’État de « tous les objets d’antiquité, = . d'histoire naturelle ou de numismatique trouvés dans les fouilles » ; or, nous savons que, en général, les dits entrepreneurs ne tiennent aucun compte de cette prescription, au plus grand détriment des collections de nos musées. Comme il ne s'était jamais élevé une seule voix au sein de la Fédé- ration archéologique et historique de Belgique pour me désapprouver, j'avais espéré, tout au moins, faire admettre que, dans l’avant-projet de loi, la géologie, la paléontologie, l'anthropologie et l’ethnographie préhistorique seraient mises sur le même pied que l'histoire et l'archéo- logie dont ces sciences sont sœurs. Îl n’y aurait eu que quelques mots à ajouter à la rédaction pour que nos richesses scientifiques (objets découverts au cours de travaux publics, gisements et sites offrant un intérêt au point de vue des sciences naturelles) fussent protégés aussi bien que les monuments historiques (1). Mais il s’est fait que, le 10 février 1909, la Commission instituée (1) Les textes que j'avais proposés à la Commission instituée par la Fédération archéologique et historique de Belgique ont été rejetés par six voix contre quatre; ils: étaient ainsi CONÇUS : « DES IMMEUBLES : » La Commission rovale des Monuments, ainsi que les directions du Musée royal d'Histoire naturelle, du Service géologique, du Jardin botanique de l’État et de l’Obser- vatoire royal dresseront, pour chaque province, une liste descriptive des immeubles par nature ou par destination. dont la conservation totale ou partielle est de nature: à intéresser l’histoire, l’art, l'archéologie, les sciences naturelles ou le pitto- resque, etc: » « DES FOUILLES : » Lorsque, par suite de fouilles, de travaux ou d’un fait quelconque, on aura décou- vert des monuments, substructions, inscriptions ou des ohjets pouvant intéresser l'histoire, l'archéologie, l’art ou les sciences naturelles sur un terrain ou dans un immeuble appartenant à l’État, à une province, à une commune, à une fabrique d'église ou autre établissement publie, il en sera immédiatement donné avis par les membres correspondants de la Commission royale des Monuments ainsi que par les ingénieurs. architectes et entrepreneurs chargés de la direction et de l’exécution des travaux. simultanément au gouverneur de la province, au Service des fouilles établr aux Musées royaux des Arts décoratifs et industriels ainsi qu'aux directions du Musée: royal d'Histoire naturelle, du Service géologique, du Jardin botanique de l'État et de … l'Observatoire roval. » Des agents de ce Service des fouilles et de ces directions se rendront immédiate- ment sur place et prendront les mesures les si urgentes afin d’assurer la conser- vation provisoire des objets découverts. » Le Ministre des Sciences et des Arts statuera sur la destination à donner à ces objets et sur les autres mesures définitives à prendre. » SÉANCE DU 17 MARS 1909. 195 par la dite Fédération en vue de l'élaboration de l’avant-projet de loi en question émit le vœu suivant : « La Commission chargée d'élaborer un avant-projet de loi relative à la conservation des monuments et des objets offrant un intérêt histo- rique, archéologique, artistique ou pittoresque, en terminant ses Lra vaux ; » Considérant qu’une loi spéciale serait utile au point de vue de la conservation des immeubles et objets offrant un intérêt scientifique ; » Considérant que la mission qui lui à été donnée par la Fédération archéologique et historique de Belgique ne lui permet pas d'aborder celle matière, Émet le vœu de voir un autre organisme, émanant des Sociétés scientifiques de Belgique, s'occuper de cet objet et décide d'en faire part à ces sociétés. » A la suite de mes instances au sein des Congrès de la Fédération archéologique et historique de Belgique, et, plus récemment, de celles de M. Buls (1), la Commission instituée par cette Fédération adopta le texte suivant : PROPOSITION DE RÉDACTION NOUVELLE DE L'ARTICLE 27 DU CAHIER GÉNÉRAL DES CHARGES DES TRAVAUX PUBLICS DE L'ETAT. Tous les monuments, substructions, sculptures, inscriptions ou objets pouvant intéresser l’histoire, les sciences naturelles ou la numismatique, sont la propriété de l'Etat. Aussitôt après la découverte, l'entrepreneur soussigné est tenu, sous sa responsabilité personnelle envers l'État, d'en donner avis, de suite, aux directeurs des Musées royaux du Cinquantenaire et du Musée royal d'Histoire naturelle à Bruxelles, ainsi qu'à l’ingénieur ou à l'architecte dirigeant les travaux qui, de son côté, en préviendra immédiatement le Ministre compétent. » L’entrepreneur est tenu de laisser les agents des services de l’État se rendre sur les travaux et prendre les mesures les plus urgentes afin d'assurer la conservation des monuments ou objets découverts. » Si, de ce chef, l'exécution des travaux souffre un retard, le délai d'exécution sera prolongé de la durée de ce retard. () M. Ch. Buls, en voyage à l'étranger, regrettant vivement de ne pouvoir venir défendre la cause de nos richesses scientifiques au sein de la Commission instituée par la Fédération, formula ses vœux à ce sujet dans une lettre adressée à M. E. de Munck et dont lecture fut faite, le 10 février 1909, en séance de cette Commission. 1926 PROCÈS-VERBAUX. » ][ peut, en plus, être accordé de ce chef par le Département des Sciences et des Arts une gratification proportionnée à l'intérêt des monuments ou objets découverts. » | M. Buls et moi aurions voulu que ce projet d'article du Cahier général des charges contint une sanction assez sévère, afin d’assurer, le plus entièrement possible, l'exécution des obligations qu’il impose aux entrepreneurs. Il me semble donc indiqué que la chose soit remise à l'étude. Quoi qu’il en soit, Messieurs et chers collègues, nous nous trouvons en présence d’un ensemble de principes déjà formulés et, en somme, il n’y a plus qu'à prendre l’initiative d’un mouvement en vue de l’insti- tution d’une Commission dont la mission sera d'élaborer un avant- projet de loi sur la matière. Celur-c1, J'ai des raisons de l’espérer, serait fort bien accueilli par nos Chambres et le Gouvernement (!). La Fédération archéologique et historique de Belgique invite done les Sociétés savantes à se faire représenter à une réunion, à l'effet de constituer la Commission chargée d'élaborer un avant-projet de loi relative à la conservation des immeubles et des objets mobiliers offrant un intérêt scientifique. (!) À la suite d’une question posée par feu M. Malempré, à la séance d'ouverture de la Chambre des Représentants (10 novembre 1908), M. le Ministre des Sciences et des Arts a montré le désir qu’il a d'assurer la conservation de nos sites offrant un intérêt scientifique en mettant à l'étude un projet de réserve de quelques hectares à créer sur le haut plateau de la Baraque Michel. La question posée par M. le député Malempré était ainsi conçue : « La savante brochure üe M. Léon Fredericq : La faune et la flore glaciaires du plateau de la Baraque Michel nous apprend que, sur les plateaux dénudés de notre Haute Bel- gique, évolue tout un monde d'insectes qu’on trouve seulement dans l’Europe du Nord, sur les pics des Alpes, des Pyrénées, des Vosges et dans les solitudes cireumpolaires, que, dans les marécages et tourbières des environs de la Baraque Michel, on peut admirer toute une foule de plantes subalpines dont la liste figure dans la susdite bro- chure. » Ne pourrait-on, dans le but d'assurer la conservation de cette faune et de cette flore si intéressantes, créer dans les Hautes-Fagnes, par exemple à l'endroit nommé « Broche-Pierre », une réserve de quelques hectares de terrain où l'Etat, avec l’aide de nos savants naturalistes, s’efforcerait de faire garder à ce sol son caractère parti- culier et son économie toute spéciale ? » La création de cette réserve s'impose d'autant plus, à mon sens, que d’après l’éminent préhistorien, M. de Munek, le sous-sol de Broche-Pierre, sans recéler toute- fois autant de vestiges de l'industrie rudimentaire des temps éolithiques que les hau- teurs voisines du Noir-Flohay, ne se trouve pas moins régulièrement et classiquement surmonté par les formations tourbeuses des temps néolithiques et historiques, forma- tions intéressantes, elles aussi, à étudier à plus d’un titre. » SÉANCE DU 17 MARS 1909. 197 Je pense qu’il est de la plus grande importance que nous soyons représentés à cette Commission qui, par la suite, pourraits’adjoindre des sénateurs, des députés et des personnes qui se sont déjà montrées sympathiques à l’œuvre entreprise. À ce dernier point de vue, je crois pouvoir me permettre de vous signaler les noms de M. le sénateur Houzeau de Lehaie, de MM. les députés Carton de Wiart, Destrée, de Limburg- Stirum, Hymans, Meysmans et Wauwermans ainsi que ceux de MM. Buls, A. Bonjean, L. de Buggenoms, L. Frederieq, E. Haverland, E. Hublard, G. Ruhl et J.-B. Sibenaler. Ces Messieurs ont déjà promis ou prêté leur concours à la Commis- sion de la Fédération archéologique et historique de Belgique, et 1ls n'hésiteraient pas, j'ose l’espérer, s'ils y étaient invités par nous, à se consacrer également à une œuvre qui intéresse non seulement toutes nos institutions scientifiques, mais aussi Ceux qui ont à cœur la protec- tion de nos sites (1). Discussion. M. LE PrésmenT. -— L'Académie des Sciences de Paris à été saisie d’une proposition analogue, mais draconitenne; on aurait voulu nommer une commission qui seule aurait eu linitiative des fouilles. Cette idée n’a heureusement pas eu grand succès; ear il faut recon- (1) Il est évident que si l’on instituait dans notre pays, comme en Suisse par exemple, une commission pour la protection des monuments naturels et préhisto- riques (Naturschutz), le pittoresque ne ferait qu'y gagner. Et nous n’aurions certes plus autant à déplorer ce vandalisme dont se plaignait, tout dernièrement encore, notre Roi à l’un des défenseurs les plus déterminés de nos sites nationaux. (Voir dans la Chronique du 15 mars 1909 l’article signé JEAN D’ARDENNE et intitulé : La Chronique errante.) En Allemagne, il y a une Staatliche Naturdenkmalpflege qui assure la protection des sites, et il serait utile d'examiner jusqu'à quel point une institution de ce genre pourrait fonctionner en Belgique. Quant à la France, elle sera, sans doute, sous peu, dotée d’une commission pour la sauvegarde des gisements offrant un intérêt au point de vue préhistorique. En effet, à la suite de la sensationnel!le découverte, à Chapelle-aux-Saints, de squelettes humains de l’époque moustérienne, M. Edmond Perrier s’est élevé, au sein de l’Aca- démie, contre l’absence de toute disposition légale de nature à empêcher la dispersion des richesses scientifiques de la France. « Les monuments préhistoriques méritent, a-t-1l dit, d’être protégés par les pouvoirs publics aussi bien que les monuments histo- riques. » L'Académie, tout entière de cet avis, procéda alors immédiatement à la nomination d'une commission chargte de lui présenter un projet d'action. - 198 PROCÉS-VERBAUX. naître que les recherches privées, si elles causent parfois des dégâts, sont la principale origine des découvertes archéologiques et préhisto- riques. M. De Munck fait remarquer que l’organe nécessaire à la surveillance des travaux publics existe déjà au point de vue archéologique : ce sont les membres correspondants de la Commission royale des Monuments; il suffirait de leur donner des pouvoirs; malheureusement, nul organe semblable n'existe pour les Soctétés scientifiques. M. Kewna, tout en approuvant fortement l’idée de sauvegarder les sites et objets d'intérêt scientifique, craint une ingérence fâcheuse dans le domaine privé. M. DE Muxcx répond qu'il ne s’agit pas tant de ce dernier, mais surtout du domaine public fl eite un exemple tvpique des lacunes de notre législation à cet égard : durant toute la période des travaux du canal du Centre, de nombreux objets furent découverts; or, malgré le cahier des charges, aucun d’eux ne parvint aux Musées. M. LÉON GÉRARD croit que la voie la meilleure pour aboutr rapide- ment est d'adresser un vœu aux ministres compétents, afin que tous les cahiers des charges soient rédigés de telle sorte que les entrepre- neurs remettent les objets découverts, ou les signalent en temps utile aux services intéressés. De plus, 1l ne faudrait pas négliger la stipula- tion d’une prime aux agents inférieurs. M. LE PRÉSIDENT croit que la discussion actuelle sera plus utile devant l’ensemble des délégués des Sociétés scientifiques. A. Posxin. — Captage des sources minérales en terrain primaire ardennais. Inséré aux Mémoires. Discussion. M. Arcrowski demande si l’on à mesuré la température des sources de Spa et leurs variations. M. Pos répond que la température d’une source de Spa n'a jamais été étudiée d’une façon systématique. Cette température varie généralement peu; elle oscille entre 96 et 10°8, de sorte que la température de l’eau minérale se rapproche de la température moyenne de la localité. On a suggéré l’idée que l’eau minérale, plus chaude en profondeur, se refroidirait en arrivant à la surface par suite de la décompression de l'acide carbonique. ce cm SÉANCE DU 17 MARS 1909. 1929 M. Larmoyeux demande s’il y a des modifications de composition dans l’eau minérale suivant la pression à laquelle on la recueille. M. Posxin dit que cela n’est pas douteux; lorsque les eaux viennent trop facilement, elles ne contiennent pas autant de fer et d'acide car- bonique, leur passage trop rapide dans les fissures d’amenée ne leur laisse done pas le temps de se minéraliser. W. Privz. — Les micas des filons granitoïdes de Bastogne Par leurs travaux, les maitres Dumont, Gosselet et Renard nous ont donné un croquis d'ensemble de la partie métamorphique du pays, ainsi que des renseignements généraux relatifs à la composition miné- ralogique des roches qu'on y rencontre. Ce croquis demande des compléments. | Le travail de haute portée dont M. Stainier vient d'enrichir la Hitté- rature géologique de la région de Bastogne, les remarques impor- tantes faites par M. Cornet lors de la dernière excursion des deux Sociétés, montrent qu'il n’y à pas que des glanures à recueillir sur Île champ défriché par nos prédécesseurs (!). Nos savants confrères ayant bien voulu me confier l'examen des échantillons recueillis par eux, J'aurai bientôt l’occasion de faire connaître les résultats auxquels leur libéralité m'a permis d'arriver. Mais il m'a paru utile d'ajouter, dès maintenant, quelques renseigne- ments aux observations que l’on possède déjà sur la bastonite de Dumont, l’un des minéraux caractéristiques des filons quarizeux si abondants’ dans cette partie de l’Ardenne. La position de ce minéral dans le groupe des micas a son impor- tance. Il est probable qu’on eût été moins étonné de l'assimilation, faite par M. Cornet, des filons, qui en contiennent les lamelles, à des émissions granitiques, si l’on avait été habitué à considérer la bastonite comme une biotite franche, c'est-à-dire comme un mica essentelle- ment granitique et éruplif. On sait que les paillettes de bastonite ont jusque 1 centimètre de diamètre et n'offrent pas de contours cristallographiques précis. Leur (4 X. STAINIER, Sur le mode de jisement et l'origine des roches métamorphiques de la région de Bastogne. (M£M. ACAD. ROY. SG. BELGIQUE, 1907.) — J. CORNET, Su l’origine granitique de certains filons quartzeux de la région métamorphique de Bastogne. (Buzz. DE LA SOC. BELGE DE GEOL. Procès-verbal, séance d'octobre 1908, t. XXII.) 130 PROCÉS-VERBAUX. manque d’élasticité indique une altération marquée et ce défaut s'oppose à la réussite de figures de percussion utilisables. Se basant sur ces caractères ainsi que sur le faible écart des axes optiques, puis sur l’analyse chimique, Renard assimile ce mica aux phlogopites du Canada, à la jefferisite de Pensylvanie. La forte teneur en fer (Fe205 — 20.01; FeO = 3.73) éloigne plutôt notre minéral des phlogopites pour le rapprocher des biotites; toutefois, 11 y a lieu de tenir compte de l’altération qui est certaine- ment intervenue. Le fluor, souvent caractéristique des phlogopites, manque dans l'analyse faite par Klement, Enfin, si l’on écarte la question de gisement, encore discutée, tl reste surtout l'angle minime des axes optiques. Ayant revu, à l’occasion du travail entrepris, les matériaux que je possédais, J'ai fait les observations suivantes, que l'examen des échantillons de M. Cornet vient confirmer. Toutes les valeurs d'ouverture des axes optiques s'entendent de l'angle apparent (2Æ). L'angle des axes optiques de la bastonite est généralement très faible; bien des lamelles sont monoaxes. On constate aussi que l’écartement varie d’un point à l’autre d’une même paillette, ce qui est fréquent chez les biotites. Mais j'ai isolé des lamelles vertes, ou brun-rouge, à contours hexagonaux reconnaissables, dont les 2£ donnent des valeurs telles que : 90 à 260. 300. 320 à 330. 300 fréquent. 390 isolé. Elles appartiennent toutes à un mica du deuxième genre, donc du groupe des biotites (fig. ci-après, a et b). A ces lamelles sont associés des cristaux nets, quoique petits, de 4 millimètre au maximum, qui sont plus importants pour la détermina- tion. Ce sont des paillettes brun-jaune, brun-rouge, brun foncé et même opaques, ayant des contours rectangulaires, ou encore des formes hexagonales très allongées. Souvent elles ont les apparences d’un pentagone, avec trois angles de 90°, tandis que les deux autres ont 120° et 450° (Hig. i). Lorsque ces dernières sont transparentes, elles permettent de constater qu'il s’agit de macles suivant la loi habi- tuelle : plan de macle, une face normale à la base (001) et voisine de (110). Les deux individus sont très Inégalement développés, ainsi qu'il SÉANCE DU 17 MARS 1909. 131 arrive pour les cristaux macroscopiques des micas; les faces conservées sont reconnaissables sur les dessins ci-après. CRISTAUX ISOLÉS DE BIOTITE DE BASTOGKNE (x 90 env.). Pour les figures a et b, 2E — 35°; pour les autres, 53° à 57°. Les longs côtés des rectangles sont les bases latérales (010), et j'ai admis, avec Mügge, que les petits côtés appartiennent à un hémidôme transversal indéterminable (m01). Il y à aussi de ces lamelles rectangulaires qui sont géniculées sous des angles de 120” ou de 60°. On serait tenté de les confondre avec du rutile si l’on ne s’arrangeait pas de façon à percevoir les phénomènes d'interférence, ce qui n’est pas toujours facile (voir fig. k). Toutes ces lamelles ont des 2£ considérables, quoique n’atteignant pas les valeurs les plus exceptionnelles (72250) signalées pour la biotite. J'ai mesuré : 490 à 500. o3° assez fréquent. 970 à 91030 très fréquent. Le plan des axes est toujours dans le plan de symétrie, conformément aux dessins. La dispersion p < y est assez difficile à reconnaitre ; il est à peine besoin d’ajouter que le signe est négalif. Tous ces caractères sont ceux des biotites proprement dites. Il est remarquable de constater que ces formes rectangulaires, ces grands angles des axes optiques, n’ont été rencontrés, jusqu'ici, que chez les biotites des roches franchement éruptives : andésites, trachytes, rhyolites, etc. 132 PRUCÉS-VERBAUX. Dans les échanüllons de M. Cornet, ces paillettes sont associées au feldspath, au quartz, à l’anatase en tablettes, au rutile (rare), à la tour- maline et à d’autres minéraux sur lesquels je reviendrar. Elles sont associées encore à du mica blanc, plus rare. Quelques lamelles de celui-ci sont hexagonales et appartiennent également à un mica du deuxième genre. L’écartement des axes est modéré : 30° environ. Si l’on ajoute à ces caractères, opposés à ceux de la musco- vite, le fait que ces pailleltes incolores portent des traces rouges ou vertes, qu’elles contiennent des microlithes de rutle secondaire, qu’elles adhèrent encore à la bastonite, on n'y verra qu’une forme d’altération, de blanchiment, des micas dont il vient d’être question et que l’on appelle, de façon générale, de Ja bastonite. L'identité de la bastonite et de la biotite, soupçonnée par Gosselet, ne peut être mise en doute après les observations qui précèdent. La désignation de bastonite n’a plus de raison d'être. Si on l’emploie, il est utile de rappeler qu’elle est synonyme de biotite altérée, comme M. Cornet l’a fait dans ses Judicieuses observations sur les filons de Bastogne. À.-L. Marcaapier et H. GuiINAUDEAU. — Sur quelques erreurs gravement préjudiciables à la vulgarisation du filtre de Simpson. Inséré aux Mémoires. A. Poskis. — La Rabdomancie ou l’art de découvrir les mines et les sources au moyen de la baguette divi- natoire. Faute de temps disponible, M. le D' Poskin n’a pu que résumer très brièvement eette communication destinée aux Mémoires. La séance est levée à 18 heures 45. £ ANNEXE AU PROCÉS-VERBAL. COMPTE RENDU BIBLIOGRAPHIQUE ÉmiLe Hauc. — Traité de Géologie. Deuxième partie : Les périodes géologiques. Depuis les périodes antécam- briennes jusque la période triasique inclusivement (Librairie Armand Colin.) L’exposé de la géologie stratigraphique par le Profr Haug constitue un réel progrès dans l’enseignement de la science. L'auteur s'est basé sur ce que l’on pourrait appeler la méthode géographique: ainsi qu'il le dit lui-même, la notion des géosynclinaux et des aires continentales constitue une des idées directrices de l'ouvrage, et c’est par cela que le livre est supérieur aux traités qui l’ont précédé. Mais 1 se distingue surtout par l’incomparable maîtrise avec laquelle les données stratigraphiques \ sont exposées. | Après nous avoir laissé entrevoir les notions encore confuses qui se dégagent peu à peu de l'étude des formations antécambriennes, cambriennes et siluriennes, l’auteur expose l’évolution géologique depuis la période dévonienne jusqu’à la fin de l’ère paléozoïque. Nous nous bornerons à appeler l’attention sur une seule des nombreuses et excellentes innovations qui abondent dans le nouveau Traité de Géologie. L'apparition nettement caractérisée des Ammonoiïidés dès le début de la période dévonienne et leur persistance jusqu’à la fin de l'ère mésozoique constituent non seulement un fait paléontologique des plus importants, mais elles fournissent une excellente méthode stra- tigraphique pour la classification des dépôts océaniques ou de mers profondes, ainsi que pour la corrélation des terrains du même àge dans les différentes régions du globe. Se basant, entre autres, sur des tra- 134 ANNEXE A LA vaux personnels, l’auteur cherche à établir la phylogénie des quatre embranchements dévoniens et leur évolution dans les périodes sueces- sives. Au lieu de l’énumération, fastidieuse pour les non-initiés, des longues listes de céphalopodes, nous trouvons un exposé bref mais clair de la méthode qui conduit à leur identification. C'est aux formations bathyales caractérisées surtout par ces orga- nismes, que le professeur s'adresse de préférence pour caractériser l’évolution de chaque période et tracer son histoire dans les différentes régions du globe accessibles à lexamen géologique. C’est ainsi qu’il peut nous montrer d’une façon très satisfaisante le passage régulier de la période dévonienne vers la période carbonifère, de même que cette dernière, malgré l'importance prépondérante de ses formations conti- nentales, se continue régulièrement jusqu'à la période mésozoique, à travers le Permien. C’est cette marche uniforme de l’évolution qui a amené l’auteur à réunir les deux dernières périodes de l'ère paléo- zoïque en une seule, qu'il caractérise du nom d’Anthracolithique. Autant pour la conception de l’unité de l’évolution géologique du olobe qu’au point de vue de la clarté de lPexposition stratigraphique, c’est là un grand progrès: Personne, après avoir étudié ce chapitre du livre, ne pourra dire qu’il ne se rend pas mieux compte de la marche des événements géologiques de cette époque, et qu'il ne lui sera pas plus facile de se faire un. tableau, plus ou moins complet, de l’ensemble des formations carbonifères et permiennes, qui, gràce à leur importance industrielle, ont été et sont encore l’objet d’études dont l'étendue et la complication sembleraient devoir rester rebelles à tout essai de synthèse. | L'auteur n’a pas négligé de nous donner un aperçu très complet de la formation continentale du Gondwana et de faire ressortir toute son importance au point de vue de l’évolution des êtres organisés et des indications qu’elle nous fournit sur la géographie du globe, vers la fin de l’ère paléozoïque. L'exposé de la classification des terrains triasiques repose égale- ment sur les indications fournies par les formations marines de la région méditerranéenne, c'est-à-dire sur le trias alpin, et les conclu- sions qu'elles fournissent neuvent s'étendre aux formations triasiques de tout le reste du globe, grâce à deux horizons interrégionaux, la zone à Ceralites trinodosus, au sommet du Virglorien du Trias moyen, et la zone à Tropites subbullatus, au sommet du Carnien du Trias supé- rieur. Enfin, la période se termine, au moins pour ce qui regarde la zone de l'océan Pacifique et la zone boréale, par l’apparition de Î . SÉANCE DU 17 MARS 1909. 135 Pseudomonotis ochotica, qui n'a pas, jusqu'ici, été retrouvé dans la région méditerranéenne de l'Europe et de l'Est de l'Asie. L'auteur nous dit que ce môllusque lamellibranche occupait le séosynelhinal qui entoure l'océan Pacilique, tel qu'il nous le représente sur les trois cartes qui schématisent la géographie des périodes dévo- nienne, anthracolithique et triasique. La conception de la zone plus ou moins étroite de sédimentation autour du continent, qui autrefois aurait occupé l'emplacement de l’océan Pacifique, nous parait arbitraire, etelle est due probablement à l'importance, selon nous exagérée, que l’auteur attribue à la fonction stratigraphique des géosynclinaux. Il nous parait tout aussi simple, et plus en conformité avec ec que nous savons des continents et des océans actuels, de dire que Îles restes d'organismes marins que l’on rencontre dans les terrains qui entourent l'océan Pacifique, ont vécu autrefois sur le rivage ou mieux sur la plateforme continentale de cet océan, que le plissement en chaine de montagnes de son bord à ramenés au niveau occupé maintenant par les fossiles. Cette manière de voir implique, 1l est vrai, une très antique perma- nence de la partie centrale de cet océan, de même que de l'océan Arctique et de la zone méditerranéenne, mais celle-ci nous est démontrée par la distribution stratigraphique «es faunes marines successives, et l’auteur lui-même a spécialement insisté, tant dans ses conclusions stratigraphiques que dans ses cartes paléogéogra- phiques, sur la persistance de ces deux zones océaniques. « Au Norien, dit-il, nous voyons se dessiner avec la plus grande netteté la province arctico-pacifique, car les couches à Psenwlomonotis, caractérisées par Ps. ochotica ou par une de ses formes représentatives, sont connues dans tout le géosynclinal qui entoure le Pacifique. » Il nous semble qu'il faudrait ajouter : et dans le géosvnclinal arctique, et on devrait ainsi réduire les deux océans de cette époque à des géosynclinaux qui ne repré- sentent, après tout, que des conceptions tectoniques nées de considé- rations Stratigraphiques. Ne vaudrait-il pas mieux admettre que, alors comme de nos jours, il y avait à la surface du globe des aires conti- nentales séparées par des océans, sur le pourtour desquelles on pouvait rencontrer des mers épicontinentales, qui établissaient alors, comme maintenant, la transition entre la plateforme continentale et les profondeurs de l’océan? Sur cette plateforme se sont déposées. pendant les différentes phases de l’évolution, des formations bathyales se suivant souvent en une longue concordance. Mais dans les grandes profondeurs, au loin des rivages, les dépôts sont beaucoup plus réduits, et d'après les études hydrographiques modernes, revêtent des carac- 136 ANNEXE A LA tères spéciaux qui les distinguent absolument des dépôts côtiers. Ce sont ces formations abyssales qui échappent presque complètement à notre examen, parce que la presque totalité en est restée au fond des océans et aussi parce que les géologues ne les reconnaissent pas toujours lorsqu'ils les rencontrent. On ne peut donc Ss’autoriser de ce défaut de constatation pour nier l’existence des zones océaniques anciennes ni pour confondre leurs dépôts avec ceux des géosynclinaux qui en diffèrent complètement tant au point de vue tectonique qu’au point de vue géographique ; d'autant plus que la confusion des deux ne peut que conduire à des conclusions erronées au sujet de l’évolution stratigra- phique et de l’histoire géographique du globe. L'exposé de la répartition géographique des principaux types du Trias, malgré l'énorme complication du sujet, peut se lire sans fatigue, et jusqu'au bout on sent que l’auteur est resté maître de son sujet. Le tableau est complet, compliqué 1l est vrai, mais on ne peut y trouver ni obseurité ni confusion. La difficulté était d'autant plus grande que l’auteur n’a pas cramt de traiter, dans l’exposé du Trias des Alpes orientales, la question des nappes de recouvrement. Il faut le féliciter d’avoir eu le courage d'aborder ce difficile problème, que l’on avait ignoré jusqu'ici dans les traités même les plus récents. Les chevauchements, on ne peut plus le nier, règnent sur une vaste échelle, et un traité de géologie bien fait doit au lecteur de lui enseigner ce que l’on sait déjà sur cette question difficile. Les travaux des géologues enthoustastes se suivent sans cesse. On nous a montré les chevauchements dans notre bassin dévono-carbo- nifère, dans les Alpes, dans la chaîne calédonienne, dans la Provence ; on les retrouve dans les Pyrénées, dans l'Allemagne du Nord, et si les autres chaînes de montagnes du globe étaient mieux fouillées, elles fourniraient sans aucun doute de nouveaux arguments au débat. On s'était habitué dans l'étude des terrains à ne tenir compte que des forces à direction verticale, soit centripète, soit centrifuge. On n'y a plus guère recours depuis que l’on à constaté l'existence des chevauchements plus ou moins horizontaux, et c’est par des forces de même direction que l’on cherche à expliquer les dispositions tecto- niques. Ces vues nouvelles ont déterminé un essor prodigieux de l'étude stratigraphique des terrains alpins; les facies des terrains, leurs faunes paléontologiques sont serutés minutieusement pour fournir des arguments en faveur de l'origine identique de terrains séparés aujourd’hui par des distances parfois considérables et pour les ramener ensuile à une source commune que l’on appelle leur pays de racines. SEANCE DU 17 MARS 1909. 137 Les plis couchés, les nappes enfouies mais non constatées, les fenêtres d'un côté, et de l’autre les klippes erratiques, restes de nappes presque entièrement détruites par l’érosion, sont invoqués par les par- tisans de la synthèse tectonique, mais, 1l faut bien le dire, aucune explication rationnelle des plis couchés n’est tentée par aucun des partisans des théories nouvelles. Bien plus, la tentation de relier les nappes disloquées par l'érosion ou le travail tectonique, à ce que l’on appelle leurs racines ou leur pays d’origine, aboutit parfois à des diflicultés comme celle que nous allons citer d’après la description des nappes constituées par le Trias des Alpes orientales. M. Haug y distingue, de bas en haut, trois nappes : celle de Bavière, celle de Hallstatt et celle du Dachstein. La nappe moyenne, celle de Hallstatt, se prolonge vers l'Est jusqu'à la ceinture interne des Carpathes; elle se retrouve dans les Alpes de Transylvanie, dans la Bukovine et même dans la Dobrogéa sur la mer Noire. La périphérie de cette vaste expansion décrit plus de la moitié d’une circonférence, et la plus grande partie, celle qui s'étend depuis les racines jusque tout près du bord, serait enterrée sous les dépôts super- ficiels plus récents des plaines de la Hongrie et du bassin inférieur du Danube. M. Haug croit retrouver les racines de cette nappe le long du bord méridional des Alpes carniques au sud de la vallée du Gail, et dans leur prolongement indiqué par des montagnes à moitié enfouies sous les dépôts des vallées de la Drave et de la Save. Nous devons nous représenter le système des nappes alpines, carpathiques et tran- sylvaniennes, comme un arbre au tronc aplatu, qui jaillit du sol le long des Alpes carniques, et dont les différents étages de branches recouvrent les Alpes orientales, la Hongrie, les Carpathes, la Transylvanie et la Roumanie. Nous n'avons pas besoin de dire combien il est difficile d'accepter la conception d’un pareil édifice tectonique. On peut dire que la théorie des nappes alpines, du moins telle qu'elle est proposée jusqu'ici, ne pourra amener vers elle la majorité des non-initiés qu'après de longues études impartiales, où l’on n’aura pas négligé de tenir compte de toutes les données du problème. C’est ainsi que l’auteur appelle notre attention sur les deux géosynelinaux où s’est accumulé le calcaire de Hallstatt : le géosynclinal earnique dirigé de l'Est à l'Ouest et le géosynclinal dinarique dirigé du Nord- Ouest au Sud-Est. Peut-être parviendra-t-on un jour à démontrer l’existence d’un troisième synclinal, celui du flysch et des terrains crétacés supérieurs, situé de l’autre côté de la zone cristalline ou cen- 135 SÉANCE DU 17 MARS 1909. trale, occupant l'emplacement des Alpes de Salzbourg et du Salzkam- mergut, mais dont l’état de dislocation extrême empêche jusqu'ici de reconnaitre la constitution. L’effort du Prof Haug n’en constitue pas moins un service rendu à la science el à ceux qui auront étudié son livre. Les théories mises à l’ordre du jour par MM. Suess, Schardt et Bertrand jettent un. Jour nouveau sur l’évolution de lécorce terrestre. Malgré la critique sérieuse à laquelle elles restent encore soumises, elles provoquent, d'autre part, des recherches ardues et sans cesse répétées, qui ne peuvent manquer de conduire à des vérités non encore entrevues jusqu'ici. LPS CE | c I T ‘ A el xl | . DE GEDEUGIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE RS ur, (BRUXELLES) © PRÉSIDENT D'HONNEUR : = . Procès-Verb al & = E LA SÉANCE DU 27 AVRIL 1909 Vingt-troisième _ année Tome XXII — 1909 0 BRUXEELES _ HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 412, rue de Louvain, 142 SÉANCE MENSUELLE DU 27 AVRIL 1909. Présidence de M. À. Rutot, président. La séance est ouverte à 20 h. 35 (25 membres sont présents). Décès. M. le Président annonce la mort du baron van Erthorn, survenue il y a quelques jours. Notre estimé collègue avait publié énormément de travaux sur le Quaternaire et le Tertiaire supérieur; bien que ses opi- nions fussent parfois très discutées, 1l avait beaucoup contribué à en éclaireir les problèmes difficiles. Son souvenir restera durable dans notre mémoire, et c’est un regrel pour nous tous que personne n'ait été prévenu de ses funérailles. M. Valère Mabille, le grand industriel, avait bien voulu nous faire l'honneur de figurer sur nos listes, nous accordant un libéral soutien. La Société sera unanime dans ses regrets vis-à-vis de cet homme d'énergie et de générosité. La Direction de la « Senckenbergische Naturforschende Gesellschaft » fait part du décès du Directeur de son Musée, le Prof D' Fritz Rômer. Approbation du procès-verbal de la séance de mars. Ce procès-verbal est adopté sans observations. Correspondance. M. le Prof ALEXANDRE PAvLow remercie de son élection au Utre de membre honoraire et envoie pour la Bibliothèque plusieurs impor- tantes publications. M. E. ne Muxex accepte la délégation de la Société à la réunion des Sociétés savantes convoquée par la Fédération archéologique et histo- rique de Belgique. La Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut invite notre Président à représenter la Société à la journée jubilaire qu’elle organise pour célébrer ses soixante-quinze années d'existence. 1909. PROC.-VERB. 10 140 PROCÈS-VERBAUX. Dons et envois reçus : 81. 9816. 1° Périodiques nouveaux : Varsovie. Société des Sciences (Sprawozdania) Rok I 1908 Zeszyt 1 à 8; Rok IL 1909 Zeszyt 1 et 2. Lansixé. Michigan Academy of sciences. Report 1907, 1908. 20 De la part des auteurs : . Helgers, Ed. Die Lohnerkette. Eine geotektonische Skizze. Berne, 1909. Brochure in-8° de 20 pages et 2 cartes. . Holland, T.-H. Sketch of the Mineral Resources of India. Calcutta, 1908. Brochure in-4° de 97 pages et 3 cartes. . Lamparelli, M. Sulla Idrografia sotterranea della provincia di Bari e « su una possibile alimentazione idrica della regione. Turin. 1909. Brochure in-5° de 88 pages. )820. Pavlow, A.-P. Comparaison du Portlandien de Russie avec celui du 0827. D8928. Boulonnais. (2 pages.) De quelques moyens qui pourraient contribuer à l'élaboration de la classification génélique des fossiles. Paris, 1901. Extrait du Compte rendu du VITE Congrès géolog. intern. 1900, 5 pages. . Pavlow, A.-P. Les éboulements de la région «e la Volga. Saint-Péters - bourg (?), 1903. Brochure in-8° de 69 pages et 29 planches. . Pavlow, A.-P. Les volcans de la terre et les phénomènes volcaniques dans l'univers. Saint-Pétersbourg, 1899. Brochure in-8° de 64 pages, 37 figures et 1 planche en couleurs. . Sacco, F. Le Zone luminose della Luna. Turin, 1908. Extr. de Riv. ni ASTR. E SC. AFFINI, 8 pages. . Sacco, F. Cenni geologici sulle Alpi Marittime. Turin, 1908. Extr. de GUIDA DELLE ALPI MARITTINE, 6 pages. . Sacco, F. Giovanni Plana. Cenni Biografici. Turin, 1908. Extr. de Riv. D1 ASTR. E SC. AFFINI, mars 1903, 4 pages et 1 photographie. . Sacco, F. Un Allarme di geologia applicata alle Direttissime Bologna- Firenze e Genova-Milano. Pérouse, 1908. Extr. de GioRN. DI GE0- LOG. PRATICA; VI, fasc. VI, 10 pages. Sacco, F. Ædiliza Sismologica. Norme generali e bibliografia. Pérouse. 1908. Extr. in-8° de 32 pages. | Sacco, F. Glacialismo ed Erosioni nella Majella. Pavie, 1909. Extr. des ATTI DELLA SOC. ITAL. DI SC. NAT., VO. XLVII, pp. 269-279 et 1 planche. | | SÉANCE DU 27 AVRIL 1909. AAA 5829. Sacco, F. /! Molise. Schema geologico. Rome, 1909. Extr. du Buzz. DE LA Soc. GEOL. ITAL., VOl. XXVII, 1908, fasc. 4, pp. 491-538, 1 carte et 1 planche. 9890. Sacco, F. 1! Gruppo della Majella. Studio geologico. Turin, 1909. Extr. de Men. DELLA R. Accan. DELLE Sc., série [, t. LX, 39 pages et 1 carte. 5931. Sacco, F. La Terra è Viva! Extr. de Pro Sicizia et CaLaBrta. Turin, 1909. 8 pages, 19 photographies et 2 cartes. 5832. Thieullen, A. Le Diluvium. (12 pages.) Raymond, P. La question des pierres-fiqures, contribution à l'étude de la sculpture aux temps quaternaires. (21 pages.) Hervé, G. Des pierres-fiqures au point de vue ethnographique (12 pages). Dharvent, J. Le criterium des pierres-fiqures (à pages). — Paris, 1909. Broch. in-8° de 48 pages, 4 planches et 2 figures. Élection d’un nouveau membre. Est élu membre effectif à l'unanimité : L'Institut provincial d'hygiène et de bactériologie du Hainaut, à Mons (délégué : M. le docteur HERMAN, directeur), présenté par MM. Herman et Greimdi. Communications des membres. F. DiéÉnerT. — Des matières fluorescentes contenues dans les eaux Pour faire cette étude, nous avons employé un disposiuf établi sur les indications et les conseils de M. A. Cotton, qui permet d'examiner facilement les substances fluorescentes que contiennent les eaux naturelles. Ce dispositif simple comprend en À un arc électrique placé au foyer d’une lentille convergente Z. Les rayons parallèles partant de cette lentille sont reçus par une deuxième lentille € de 10 centimètres de foyer qui concentre les rayons en F. C’est en ce point qu’on place le récipient contenant l’eau dont on veut examiner la fluorescence. Comme l’eau renferme toujours des substances en suspension qui diffusent la lumière et viennent masquer plus ou moins la fluorescence, 142 PROCES-VERBAUX. on place en D, à 20 centimètres au moins de F et perpendiculairement à la direction du rayon lumineux, un prisme biréfringent (Rochon). À travers ce prisme on voit deux images du foyer F. L'une, l’image ordinaire, est un mélange des rayons de lumière diffusée par les parti- cules et des rayons émis par la substance fluorescente; l'autre, l’image extraordinaire, est en majeure partie formée par les rayons fluorescents, car la lumière diffusée par les particules est en majeure partie polarisée et est, par conséquent, arrêtée par le prisme. | B C RP —, — —, —" LE = Z ur T = re US de mr di HAL OT PONT DE TONNES TT É | ?/10: 6/40 1/10 °/105 10 Cet échantillon d’eau du Petit-Morin avec de l’eau distillée. Pour comparer entre elles les eaux peu fluorescentes, nous avons employé le dispositif suivant : 7P En 4 est l'arc électrique placé au foyer de la lentille convergente B. En C, une autre lentille convergente, de 0"10 de foyer, concentre à son foyer F Le faisceau lumineux qu'elle reçoit. En P, un prisme biré- fringent (Rochon). En {4 est le vert rouge violet. On place en « le flacon à examiner (flacon de 45 centimètres cubes en verre blanc) et en & un des témoins donnant la même intensité de fluorescence que l’eau du flacon à (!). Différents essais, faits en plaçant en z et £ des eaux du Petit-Morin, diluées à un titre connu, et en faisant varier les dilutions, nous ont donné les résultats suivants : | On peut done admettre qu’en pratique « — 0.80 £ (?). (1) Les eaux des flacons « et B doivent être suffisamment claires et reposées pour éviter le déplacement, très gênant pendant l’examen, des bulles d’air et des substances en suspension. (2) Comme le flacon à arrête une partie des rayons actifs, et comme les substances fluorescentes de l’eau à comparer avec les témoins peuvent n'être pas les mêmes, le coefficient 0.80 doit être pris comme chiffre de comparaison et nullement comme chiffre absolu. Enfin, dans toutes ces mesures, l’eau en « doit être hien claire pour ne pas arrêter une partie des rayons lumineux arrivant en £. 146 PROCÈS-VERBAUX. Ces différents essais nous montrent que, malgré la délicatesse de ces mesures qui demandent une grande habitude des examens des sub- stances fluorescentes, on arrive à une approximation suffisante de 40 °/, au maximum. Pour les eaux très fluorescentes, on emploie le dispositif suivant : Entre les deux lentilles B et C, on place une glace en verre platiné qui, très sensiblement, laisse passer la moitié de la lumière de l'arc et réfléchit l’autre moitié. En H, on intercale le verre rouge violacé. Ce dernier pourrait, dans le cas de la fluorescéine, être remplacé par une euve plate contenant une solution de bleu céleste. PA En Æ, on reçoit la lumière réfléchie par D sur un miroir plan en glace peu épaisse qui renvoie la lumière sur une lentille C’, proche de C, mais plus rapprochée du miroir £ que C n’est rapproché de D. Aux foyers des deux lentilles on place les deux flacons à comparer et on observe comme précédemment la fluorescence à travers un prisme biréfringent (Rochon). Le flacon témoin F’ est changé jusqu’au moment où on obtient la même fluorescence que F. Ce résultat atteint, on remplace le flacon F, contenant l’eau à examiner, par un témoin don- nant la même fluorescence que F’. La fluorescence de F est donc la même que celle du flacon qui l’a remplacé au foyer de la lentille C. Comme avec ce dernier dispositif on seinde le faisceau lumineux en deux, ce qui diminue l’intensité de la lumière en F et F’ comparée à celle du premier dispositif, on ne peut l'utiliser pour l’examen des eaux peu fluorescentes. F. DiéÉnerTr. — Emploi de l’esculine pour les recherches hydrologiques. Dans une note à l’Académie des Sciences de Paris (1908), nous avons montré qu'il était souvent nécessaire d'employer une deuxième substance fluorescente dans les recherches hydrologiques, quand on SÉANCE DU 27 AVRIL 1908. 447 opère sur un périmètre d'alimentation de sources à la suite d'une ou plusieurs expériences négatives à la fluorescéime. | Nous avons préconisé l’esculine, substance fluorescente bleue qu'on retire de l’écorce des marronniers d'Inde ou du châtaignier. Nous avons pu nous procurer, dans les différents jardins et pares de la ville de Paris, environ 1 500 kilogrammes d’écorce de marronnier d'Inde, mais l'hiver peu humide de 1908-1909 ne nous à permis de tenter avec cette écorce qu’une seule expérience aux sources du Sourdon, près d'Épernay. Les sources du Sourdon sortent du caleaire de Saint-Ouen surmonté du travertin de Champigny, très peu épais, et d’un manteau trés hétérogène des marnes à meulières de la Brie. Un certain nombre de bétoires sillonnent ce périmètre et permettent aux eaux superficielles d'arriver à la nappe souterraine. Près de la ferme des Meulières se trouve un bétoire qui fonctionne à peu près toute l’année et est situé à 1 500 mètres des sources. Le 31 décembre 1908, nous fimes, avec M. Thévenot, couper en petits morceaux 200 kilogrammes d’écorce sèche de marronnier. Nous aspergeàmes celle-ci avec 20 kilogrammes d’ammoniaque, puis nous fimes tremper le tout dans environ 500 litres d'eau pendant vingt-quatre heures. Le lendemain, cette eau était colorée en bleu foncé par l’esculine, accompagnée de matières végé- tales de couleur foncée. _ Cette décoction d’esculine fut jetée en une heure dans le bétoire en expérience, puis l’écorce fut répandue au fond du gouffre, de façon à être complètement lavée et débarrassée de l’esculine qu'elle contenait. On évalue à 3°/, la quantité de substance fluorescente contenue dans l'écorce de marronnier. Le lendemain, douze heures après, l’eau de deux sources était colorée en bleu, à l'œil nu. La nuit, car cette substance était apparue à 2 heures du matin, l’esculine est visible. Elle le serait encore davan- tage à la lumière du magnésium comme la fluorescéine. On peut examiner ces eaux au fluorescope ordinaire, comme pour les expé- riences à la fluorescéime. Pour cela, on n’emplit le tube de verre que sur 0"60 à 0"70 de hauteur, et on laisse libres ainsi 0"40 à 030 à la partie supérieure du fluorescope. On saisit chaque fluorescope à pleine main à Sa partie Supérieure, el on constate, dans l’eau contenant l’escu- line, une fluorescence bleue très nette, surtout sur les parois du tube près de la surface de l’eau. On peut facilement apprécier ainsi la dilution du 100 000 000°. Quand on a un mélange d’esculine et de fluorescéine, on peut 1909. PROC.-VERB. 10° 145 PROCÈS-VERBAUX. déceler l’une et l’autre de ces matières fluorescentes de la façon sui- vante : On se sert du dispositif que nous avons indiqué pour reconnaître la fluorescence des eaux et on intercale entre les deux lentilles une cuve parallélipipédique contenant une solution au 1 000000: de fluorescéine, s’il s’agit de faire disparaître la fluorescence de cette dermière et ne laisser que la fluorescence de l’esculine, ou une solution au 50 000° d’esculine, pour ne laisser subsister que la fluorescence de la fluores- céine et éliminer celle de l’esculine. Derrière cette cuve, on met un verre violet pour mieux voir l’esculine. L'esculine est plus altérable à la lumière que la fluorescéine. En solution étendue, elle se décompose lentement en esculitine, substance bien moins fluorescente que l’esculine. Elle ne peut donc servir que pour des expériences de durée inférieure à trois semaines, par exem- ple pour contrôler une expérience de communication rapide par bétoire, faite dans une région à la suite d’une expérience négative à la fluorescéine. Il peut être utile, quand les eaux sont troubles, de filtrer sur collodion ces eaux contenant de l’esculine. Celle-ci apparaît mieux à la lumière violette (4). Les substances fluorescentes bleu verdàtre peuvent gêner égale- ment l’examen à la lumière violette. On doit, dans ce cas, contrôler les résultats en laissant un flacon à l'obscurité et un autre à la lumière pendant vingt-quatre heures et en examinant comparativement ces deux flacons à l’arc électrique. Là où il y a de l’esculine, léclat de Ha fluorescence à la lumière violette sera nettement plus fort avec l’échan- üllon laissé à l’obscurité qu'avec celui placé vingt-quatre heures à la lumière solaire. F. Diénerr. — De l’emploi de l’acoustèle en hydrologie. Dans les terrains calcaires ou gréseux, l’eau circule à travers des canaux souterrains plus ou moins larges, avec des radiers et des voûtes plus ou moins réguliers. Lorsque Île courant d’eau arrive en un point où le radier du canal (1) Quelquelois une simple filtration à travers un filtre portatif et à pression de Berkeïeld (modèle de voyage) nous a permis d'obtenir des eaux claires sans filtra- tion sur collodion. Ces mêmes filtres nous servent couramment pour nos prises d'échantillons dans nos expériences à la fluorescéine. SÉANCE DU 27 AVRIL 1909. 149 souterrain a une solution de continuité, l’eau tombe et forme cataracte. Dans leur chute, les molécules d’eau donnent naissance à un bruit qu’on peut percevoir, en certaines circonstances, à la surface du sol. Le bruit souterrain sera d'autant plus perceptible que la chute d’eau sera plus importante, soit par la hauteur de chute, soit par le débit d'eau tombé. Il sera encore amplifié si la chute se produit dans une caverne qui constitue une chambre de résonnance. Les conditions ci-dessus énoncées pour percevoir un bruit souter- rain montrent dès maintenant que l’ahsence de ces bruits n’est pas un indice d'absence de courant. Ce dernier peut très bien exister et ne pas donner naissance à des bruits souterrains s’il n’y à sur son par- cours aucune chute d’eau, ou encore si cette chute à lieu sous pression à travers un trou creusé dans Île radier du canal souterrain. Nous avons eu l’occasion d’écouter le bruit formé par l’engouffrement d’eau à travers un bétoire et nous avons constaté que le bruit perçu était faible quand ce bétoire était complètement noyé et non formé d’un conduit suffisamment vaste pour permettre une chute d’eau à l'air libre. Le procédé qui consiste à rechercher les courants souterrains au moyen des bruits dont ils sont quelquefois le siège n’est donc pas un moyen infaillible pour déceler ces courants. C’est un procédé qui peut donner des résultats utiles, mais est d’un emploi limité. La recherche des bruits souterrains, lorsque ces derniers existent, présente quelques difficultés. Le son produit ressemble beaucoup au bruit que fait le vent lorsqu'il souîlle contre un obstacle. IT faut alors chercher soit à discerner ces deux bruits, celui de l'air et celui de la chute souterraine, soit à éliminer définitivement le premier de façon à n’entendre aucun bruit dans l'appareil quand il n’y à aucun bruit souterrain. Ce dernier moyen est le plus facile à réaliser et c’est celui que nous avons adopté. Le choix de l'appareil destiné à écouter les bruits souterrains fut assez laborieux. Nous espérions pouvoir nous servir des microphones et obtenir ainsi des résultats intéressants et très certains. On fit, en effet, il y à un an, grand bruit de l'emploi des téléphones et microphones pour la recherche des sources en Piémont. Malheureusement, nos essais ne furent pas couronnés de succès et nous nous aperçümes rapidement que l'oreille, appliquée sur le sol, était bien plus sensible que tous les microphones les plus sensibles actuellement connus. Ce résultat s'explique assez facilement. Le micro- phone est une plaque vibrante qui, en se plaçant sous l'influence des vibrations sonores, fait varier l’état électromagnétique d’un système électrique. Mais encore faut-il que cette plaque vibre suffisamment 150 PROCES-VERBAUX. pour permettre un changement capable de faire résonner le téléphone. Quiconque à employé la méthode de Kohlrausch pour la mesure de la conductibilité électrique des liquides sait que, pour les très petites intensités de courant, le téléphone ne résonne pas. Les bruits souter- sains produisent sur les microphones de trop petits déplacements pour être perçus au léléphone. Ceci n’empêche pas les inventeurs de breveter des appareils employant les microphones pour la recherche des sources souterraines (brevet Cartigny du 6 mai 1908), qui n’ont été établis que sur le papier très probablement et nullement utilisables. La marine, pour ses signaux sous-marins, n’a Jamais pu remplacer l'oreille par un microphone sensible. Et cependant, ces signaux produisent des sons plus intenses. | Nous basant sur cette remarque que l'oreille est l’instrament le plus sensible pour déceler les bruits souterrains, nous avons songé à employer un cornet acoustique très sensible. Placer l'oreille sur le sol est un procédé peu pratique : on salit son oreille et la position est très incommode sur le terrain. Au contraire, le cornet acoustique, embras- sant une large surface, condense à l'embouchure toutes les vibrations que lui transmet le sol dans son intérieur. Le cornet acoustique n’est guère qu’une oreille auxiliaire dont le pavillon est plus développé qu'une oreille ordinaire. Le cornet acoustique le plus sensible est l’acoustèle Daguin. Cet instrument se compose d’un cornet a en zine. Dans son intérieur se trouve un cône en zinc b, creux dans son intérieur, la pointe dirigée vers le pavillon du cornet acoustique. On applique l'oreille en c pour écouter les bruits recueillis par l'instrument. On élimine tous les bruits extérieurs, provenant du vent par exem- SÉANCE DU 27 AVRIL 1909. 151 ple, en entourant l’acoustèle Daguin d’une boîte conique en bois rem- plie de coton ou de feutre. Quand on est très près d’une ville ou d’une route fréquentée, l’acoustèle Daguin ne peut être employé que la nuit. Tous les bruits parasites produits par les piétons ou les voitures viennent troubler l'audition et empêchent de percevoir les bruits sou- terrains. Pour se servir de l’acoustèle, on creuse dans le sol un trou de 010 dans lequel on enfonce la base de l'instrument. On tasse bien la terre autour et on écoute en c. Il faut une certaine habitude pour percevoir ces bruits lorsqu'ils sont assez légers. On déplace l’instrument et on se reporte à 25 mètres du point examiné jusqu’au moment où on entend un bruit. Quand on perçoit quelque chose, on se déplace à droite ou à gauche du point d’où on commence à percevoir le son jusqu'au moment où on se trouve à l'endroit du maximum du bruit. C’est en ce point que la chute d’eau existe. La chute peut se produire dans une diaclase non complètement remplie d’eau sur une certaine longueur. En déplaçant l’acoustèle, on trace la direction d’une zone le long de laquelle on perçoit le mieux le bruit souterrain. On entend d’autant mieux le bruit de la chute souterraine qu'on dis- pose l’acoustéèle sur le terrain en place. La terre arable amortit consi- dérablement le son. Nous connaissons le cas d’une recherche de direc- tion d’aqueduc dans un terrain sablonneux. La conduite d’eau était à 40 mètres souterrainement dans les sables de Fontainebleau. La terre arable et le sable ne sont donc pas des obstacles insurmontables, mais ils empêchent la perception des bruits souterrains peu importants. Les courants d’air souterrains produisent également des bruits qui peuvent être confondus avec ceux d’une chute d’eau souterraine. Dans les terrains où nous avons employé l’acoustèle, on ne connait pas de courants d’air souterrains. Le premier essai avee l’acoustèle fut fait en 1907 dans le départe- ment de l'Yonne, au puits Bottin. Tout contre la cuvette du puits d’une ferme de ce hameau, la ferme Préau, passe un courant souterrain qui ne fut pas retrouvé dans les autres puits voisins. L'eau se trouve à 18 mètres de profondeur dans le sol. M. Le Couppey de La Forest, qui fit en 4901 l'exploration de ce puits, à signalé une chute d’eau, de débit égal à 5 litres environ à la seconde, dans une caverne de 2 mètres de haut, 4"50 de large et 3 mètres de long, close et dont l’eau s’échap- pait par une petite diaclase. Le 15 janvier 1908, on refit les essais en se plaçant aux trois points 192 PROCÈS-VERBAUX. reconnus les plus sonores. Deux points se trouvaient à 2 mètres du puits, le troisième en était éloigné de 12 metres. PuIEs @)pFe RS \ OU, harmea | 3 DID En ces trois points, on entend distinctement le courant souterrain, mais on entend plus distinetement en 5 qu’en 2 et en 2 qu’en {. On déplaça dans le puits un seau métallique. Ce déplacement est perçu très distinctement dans l’acoustèle, surtout en 5. Ces essais montrent qu'il y a en 5 une chute souterraine se produisant dans une caverne plus importante que près du puits Préau. Il Y a tout lieu de penser qu’une partie de l’eau passant à ce puits circule sous le point 3, car, en l'absence de communication de la caverne du puits Préau avec la caverne du point 5 par l’air, comme M. Le Couppey de La Forest l’a constaté, le bruit du seau ne peut guère se propager que par l’eau (t). La direction d’une parte du courant parait donc être celle de 2 — 3. Et comme les parties habitées de ce hameau sont situées en dehors du sens de la propagation du courant, on s'explique ainsi fort bien pourquoi celui-e1 n’a pas été rencontré à nouveau lors de la construc- tion des puits. Cet essai du 15 janvier, exécuté en période sèche, fut répété le 29 janvier en période humide. Cette fois, on n'entend plus rien au point 5, tandis que les points { et2 furent sonores. Il semble qu’à cette époque la cavité située sous le point 5 était remplie d’eau et que Îa chute souterraine ne produisait plus un bruit suffisant pour être perçu à l’acoustèle. En juin suivant, une troisième série d’essais nous permit de constater à nouveau la grande sonorité du point 3. Ces expériences montrent done qu’il faut opérer à différentes saisons si on veul déceler les chutes souterraines au moyen de l’acoustèle. Certaines chutes seront perceptibles en hiver, au moment de la surélé- () Des expériences complémentaires en cours nous permettront, l’an prochain, de développer plus longuement cette conclusion tirée surtout des propriétés physiques des vibrations sonores. SÉANCE DU 27 AVRIL 1909. 153 vation des eaux souterraines, d’autres, au contraire, ne seront décela- bles qu’en saison sèche. Un autre essai à l’acoustèle fut fait au voisinage d’une galerie de recherche, à Noë, qui rencontre un courant souterrain. Grèce aux travaux exécutés, ce dernier se déversait en chute de la galerie et pro- duisait un bruit souterrain. Avec l’acoustèle on entendait très distinctement le bruit de cette chute jusqu’à 50 mêtres de part et d’autre de la galerie. Aux sources de l’Avre, sur la rive gauche de la rivière d’Avre, se trouve le village de Gournay-le-Guérin. Au château de cet endroit, on a découvert un courant souterrain dont la direction d'écoulement est inconnue. Nous nous proposions de la déterminer au moyen de l’acoustèle. Tandis que les essais précédents furent faits avee laide de nos collaborateurs, MM. Guillerd et Marrec, l’essai à Gournay fut fait par M. Etrillard. En opérant comme il à été dit précédemment, M. Etrillard put repérer un certain nombre de points permettant de tracer la zone de perception facile du bruit souterrain. Cette zone est parallèle à la vallée de Gournay se dirigeant vers l’Avre. La direction du courant souter- rain est donc celle de la vallée, et comme une expérience à la fluores- céine fatte 11 y à quelques années nous à montré que les eaux au voi- simage de ce village ayant cette direction ressortent aux sources de 154 PROCÈS-VERBAUX. l’Avre, nous avons tout lieu de penser qu’il en est de même pour l'eau du courant du château de Gournay. Nos essais se poursuivent actuellement en vue d'utiliser un autre acoustèle, inventé tout dernièrement par M. Abraham, professeur de physique à l’Université de Paris, en vue de percevoir plus facilement à l'oreille les signaux sous-marins. Certaines de nos expériences actuel- lement en cours nous font espérer que nous pourrons peut-être étendre un peu notre champ d'exploration avec lacoustèle. Nous nous propo- sons de revenir sur ces essais dans quelques mois. AÂcH. GRÉGOIRE. — Sur une cause possible de la glaciation du globe terrestre. Dès que l’on eut reconnu que toute une série de phénomènes géolo- giques récents doit être attribuée à une glaciation locale intense de la surface du globe terrestre, la recherche des causes de cette glaciation exerça activement la sagacité des hommes de science et de nombreuses théories pour expliquer le phénomène furent émises. Cette question à encore gagné en intérêt par suite des dernières découvertes géolo- giques, qui ont montré, sans aucun doute possible, que les phénomènes de glaciation ne sont pas particuliers aux âges les plus récents de l’histoire de la Terre, àges que l’on considérait comme étant carac- térisés par un climat assez semblable au climat actuel. Au contraire, on à retrouvé des traces évidentes de glaciation aux temps géolo- giques les plus anciens, alors qu'il semblait démontré que le elimat des époques reculées était beaucoup plus chaud que le climat actuel, ce qui implique une perturbation climatérique plus consi- dérable. Une des dernières théories glaciaires émises est celle du célèbre chimiste suédois Arrhénies, qui attribue la glaciation à une 2ugmen- tation de la teneur de l'atmosphère en acide carbonique. Cette théorie se heurte à différentes objections, dont les principales sont le rôle régulateur des océans sur la teneur de l’atmosphère en acide carbo- nique et la localisation des phénomènes glaciaires à la surface du globe. Bien que la science géologique soit assez loin de mes préoccupa- ions habituelles et qu'il puisse être présomptueux de ma part de m'inspirer de l'exemple d’Arrhénius pour intervenir dans la question, je crois qu'il n’est pas inutile de formuler une théorie nouvelle et purement physique du phénomène glaciaire que m'a suggérée la SÉANCE DU 27 AVRIL 1909. 159 lecture du magistral traité de Haug (!) et que l’excellent résumé publié iei même par M. Van de Wiele (?) m'a amené à examiner de plus près. Cette théorie se base sur la perturbation apportée dans la distribu- tion de la chaleur dans l’écorce terrestre par les grands mouvements orogéniques. Après une période de calme suffisamment longue, on peut considérer que la distribution de la chaleur dans la lithosphère à atteint, entre les limites qui constituent la température du noyau central, d'une part, et celle du milieu cosmique, d'autre part, un équilibre plus ou moins parfait. Cet état d'équilibre est nettement caractérisé par deux points : 1. La surface des continents est à une température moyenne dépas- sant notablement 0°C.; cet excès va en augmentant au fur et à mesure qu’on se rapproche de léquateur ; 2. Le fond des mers, en communication avec les pôles, est à environ 0"C., quelle que soit la latitude. | Si la composition de la lithosphère est la même dans les deux régions, et il est impossible d'admettre le contraire, du moins pour les régions qui sont à envisager 101, 1l s'ensuit que ces différences de tem- pérature à la surface se continuent dans la profondeur en s’atténuant lentement pour disparaître aux confins de la croûte solide. Les com- partüiments de la lithosphère formant les continents renferment done un excès de calorique comparativement aux compartiments recouverts par les eaux océaniques. Quel peut être cet excès? Pour l’évaluer par unité de volume, :l est nécessaire de connaître la chaleur spécifique des roches et leur densité. Voiei quelques chiffres à cet égard : Chaleur spécifique (5) Densité (4) RAS Ale me lieu Den 0e 0.20 — 0.96 9,49 ROULE ANNE PUR DIM 0.19 — 0.96 9.71 (GIEDS R LEMA HINRS AL ETRSRR PES ART PRES CNET 0.99 9,90 Calcaire 0:99 9.00 Argile . 0.92 — (1) Em. HauG, Traité de Géologie. A. Collin, Paris, 4907. (2) Le problème de la récurrence des phases glaciaires au Congrès de Mexico (Compte rendu d’après les travaux de la Xe SESSION DU CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL, Mexico, 1906, 2% fasc.) (5) LANDOLT, BÜRNSTEIN et MEYERHOFFER, Physikalisch-Chemische Tabellen, 388. (4) A. HALLER, Memento du chimiste. 1909. PROC.-VERB. 1077 156 PROCES-VERBAUX. On peut donc prendre comme valeur moyenne 0.20 pour la chaleur spécifique et 2.5 pour la densité. Une différence de température de de 1°C. correspond ainsi à 0.2 X 2.5 X 1 — 0.5 calorie par décimètre cube. Par kilomètre cube, unité à peine suffisante pour évaluer les masses déplacées par les grands mouvements orogéniques, cette quantité de chaleur correspond à 500 000 000 000 calories. Si la température moyenne du sol est de 25°C., il faut multiplier de nou- veau cette valeur par 25. Ensuite, on vient de voir que l'excès de température doit se poursuivre sur une épaisseur très considérable de la Hithosphère. [l'est inutile d’insister sur la grandeur de cette valeur. Si, dans ces conditions, il se produit un mouvement de bascule exondant des compartiments marins et immergeant des compartiments continentaux de lécorce terrestre, l'équilibre thermique sera complè- tement rompu. Comme, dans ce mouvement, il y a interversion, la perturbation sera égale, par unité de volume, au double de la valeur indiquée ci-dessus. Le nouveau fond marin sera trop chaud et la nouvelle surface continentale sera trop froide. Il faut ajouter, en ce qui concerne cette dernière, que le déficit est encore aggravé fortement par les phéno- mènes de plissement et de charriage qui prennent une part si consi- dérable dans la genèse des montagnes, car ils ont pour résultat un empilement de couches trop froides. Certes, ces mouvements de bascule se font avec lenteur, et cette lenteur est favorable au rétablissement permanent de l'équilibre thermique. Par contre, il faut tenir compte des énormes quantités de chaleur à échanger, de la mauvaise conductibilité des roches et aussi de ce fait que le réchauffement des nouveaux continents doit se faire Surtout par conducubilité à partir de la surface interne de la lithosphère et que le refroidissement des fonds marins nou- veaux n’a lieu que par la surface supérieure, alors que les quantités de chaleur à échanger sont proportionnelles au cube des terrains. D’après ceci, le sol des continents récemment exondés serait trop froid. Quelle sera la conséquence de ce fait? Évidemment, une condensation plus abondante de l’eau atmosphérique, un ciel plus brumeux, peu favorable à l’action réchauffante des rayons du soleil. Que cette action puisse être considérable, deux faits le démontrent. Tout le monde sait que les massifs boisés agissent d’une façon très marquée sur la température de l’air et sur l’importance des précipita- SÉANCE DU 27 AVRIL 1909. 197 tions météoriques. Cependant, en l’occurrence, 1l n'intervient qu’une mince couche de litière et un couvert de quelques mètres d'épaisseur. Les sylviculteurs savent également que les formations fangeuses ont une action profonde sur le climat local et qu’elles ont une tendance à s'étendre par leur périphérie pour peu que Île sol leur soit favorable. [l faut reconnaître cependant que ces deux phénomènes sont bien peu de chose comparativement au vaste bouleversement thermique qui accompagne Îles grands mouvements orogéniques. Néanmoins, ce qui se passe en Sibérie, où le sol, congelé profondé- ment, se réchauffe à la surface, grâce à la pureté de l’atmosphère, suffisamment pour permettre le développement de la végétation, doit nous engager à ne pas exagérer le rôle réfrigérant du sol nouvellement exondé. Il est certain que le rôle réfrigérant d’un sol trop froid par rapport à la situation qu’il occupe à la superficie de la terre ne peut s'exercer à la surface que quand l’action réchauffante du soleil est entravée; mais dès que cette condition est réalisée, il s'exerce pleine- ment. En second lieu, il faut reconnaître également que le simple refroidissement ne pourrait suflire pour amener une augmentation considérable des précipitations atmosphériques, celles-ei étant fonction de l’apport de vapeurs d’eau provenant des surfaces marines. Aussi faut-il attribuer, semble-t-il, plus d'importance à l’excès de chaleur des terrains immergés. Cet excès est de nature à augmenter la température des eaux et conséquemment l’évaporation. La tension de la vapeur d’eau croît, en effet, rapidement avec la température, comme l’indiquent les chiffres suivants de Broch (1). Température. Tension de la vapeur d’eau. 40 | 4.97 100 st 20° 17.4 300 31.9 400 04.9 Il suffit d’une très faible élévation de température des eaux pour produire une augmentation considérable de l’évaporation. L'atmosphère doit donc être rendue plus humide d’une façon absolue aussi bien que relative. Il faut, au surplus, noter qu'ici la lenteur du mouvement d'immersion n’est pas défavorable à l’action (?) A. HALLER et CH. GirarD. Memento du chimiste, p. 26. 158 ; PROCÈS-VERBAUX. qui vient d'être indiquée, que la chaleur soit cédée directement à la surface qui évapore ou à l’eau glacée du fond qui remonte ensuite à la surface pour former les courants chauds après nouvel échauffement. Il est évident que ce phénomène du réchauffement des mers venant occuper un compartiment immergé sera surtout considérable dans la région méridionale, où l’excès thermique du sol continental est consi- dérable. Il faut toutefois remarquer que, par suite des mouvements de convection qui se passent dans l’atmosphère, la région équatoriale doit être envisagée à part, car, dans cette région, les produits de l’éva- poration sont saisis par le courant de convection vertical et retombent en majeure partie sur place. L'effet de l'augmentation de l’évaporation marine doit donc être maximum lorsqu'elle se produit dans la région tempérée avoisinant les tropiques. La vapeur d’eau déversée dans l’atmosphère dans ces régions est enlevée par le courant de convection horizontal et entrainée par ce courant vers les régions septentrio- nales. L'examen des phénomènes orogéniques au point de vue thermique nous amène à admettre, comme conséquence de ces phénomènes, un climat plus humide coïncidant avec un sol trop froid à certains endroits. Ces conditions sont éminemment favorables à la formation de glaciers fortement alimentés dans les régions élevées et dans les régions septentrionales exposées directement aux courants aériens venant de la mer. En fait, ces contrées doivent accumuler peu à peu, sous forme de neige, une forte partie de l’excès d’eau évaporée à la surface de l’océan. Par suite, ces glaciers doivent grandir par leur périphérie et recouvrir petit à petit des contrées où ils ne pourraient se développer d’une façon autochtone. Il a d’ailleurs fallu une accu- mulation énorme de glace en Suède et en Finlande pour « forcer » la moraine de fond jusque dans l’Allemagne du Nord et dans la Russie centrale. D'après ce qui précède, l'établissement du régime glaciaire ne serait qu'une conséquence directe des mouvements orogéniques. Il faut toutefois remarquer une conséquence du processus indiqué précédemment. La glaciation doit se produire avec un retard considé- rable comparativement aux mouvements de l’écorce terrestre, cause du phénomène. On retrouve donc ici le retard de la réaction sur l’action, règle bien connue, mais trop souvent oubliée, bien qu’elle soit d'application très générale. D’après ceci, les grands mouvements orogéniques affectant les SÉANCE DU 27 AVRIL 1909. 159 régions tempérées ont chance d’être suivis d’une période glaciaire plus ou moins importante, frappant la même région ou les régions voisines qui en dépendent elimatériquement. [l semble, à première vue, qu'il en est bien ainsi, du moins pour les périodes pléistocène et permo- carbonifère. Et ne doit-on pas mentionner à ce sujet le contraste, si bien mis en lumière par Suess, entre les contours de l’océan Pacifique et ceux des autres océans (!)? Dans l’Atlantique, la chaîne alpine est coupée par l’océan, bien qu’elle soit en relation avec la chaine américame. Un géosynelinal existe en travers de l’océan, et ce géosynelinal à dû être, comme les autres géosynelinaux, le siège de mouvements considéra- bles. On peut ajouter que son emplacement, à proximité de l'équateur, remplit les conditions qui viennent d’être indiquées pour la produc- tion de leffet maximum sur l’évaporation marine due à l’immersion de territoires continentaux. D'où la glaciation pléistocène qui à frappé précisément les territoires dépendant climatériquement de cette zone. Les conditions sont les mêmes dans l'océan Indien, et la glaciation permo-carbonifère s'expliquerait tout aussi facilement que la glaciation pléistocène, par un processus analogue. Il est nécessaire de mentionner un dernier argument en faveur de la théorie qui vient d’être émise. Le pendule, abandonné à lui-même en dehors de sa position d'équilibre, ne revient à cette position qu'après un certain nombre d’oscillations. [l en est de même dans tous les phénomènes qu’étudie la physique du globe; chaque rupture d’équi- libre n’est effacée qu'après un certain nombre d’oscillations. Il ne peut évidemment en être autrement en ce qui concerne le retrait du globe terrestre et le comblement des géosynclinaux, et le nouvel équilibre ne peut être atteint qu'après quelques oscillations. Ainsi s'explique sim- plement la répétition, coup sur coup peut-on dire, de la glaciation pendant la période pléistocène (Cette répétition des phénomenes glaciaires pendant cette période est bien démontrée; elle devrait égale- ment exister pour les anciennes glacrations. À première vue, la théorie esquissée ci-dessus n’est pas en désaccord avec les données géologiques. Je n’ai malheureusement pas les movens de l’étudier plus profondément, c’est-à-dire de soumettre le problème physique qu’elle comporte à une analyse complète et de poursuivre (4) SuEss, La face de la Terre. Collin et Cie, Paris. 160 PROCÉS-VERBAUX. ensuite l'examen entier des faits géologiques qui $’y rapportent. Je dois done me borner à l’énoncé qui précède dont je soumets l’idée à la discussion des spécialistes. À. RurorT. — Sur un tronc de palmier silicifié avec entailles paraissant artificielles. J'ai rencontré, parmi les collections préhistoriques de l'étranger conservées au Musée royal d'Histoire naturelle, deux objets provenant de l'ile de Java et trouvés à plusieurs mètres de profondeur, mais dans des conditions inconnues, près du village de Baros, province de Tegal. Ces deux objets sont : l’un un tronçon de jeune palmier entièrement pétrifié, l’autre une molette à broyer, en pierre. Le fragment de tronc de palmier est intéressant parce qu’il porte en son milieu, et sur tout son pourtour, une profonde dépression qui répond absolument à l’idée que l'arbre aurait été entamé à coups de hache. La rainure est plus ou moins déchiquetée et montre des entailles horizontales juxtaposées, donnant l’impression d’une tentative d’aba- tage de l’arbre, de son vivant. La molette à une forme spéciale, elle semble être en grès et peut dériver d’un rognon possédant déjà la forme voulue, mais améliorée par le polissage. Les deux objets ont-ils entre eux une relation étroite? je l’ignore ; ils sont donnés comme ayant été trouvés ensemble, à plusieurs mètres de profondeur. La moletie paraît indiquer l’âge de la pierre, probablement le Néoli- thique; dans ce cas, l'arbre aurait pu être entamé à coups de hache de pierre, telles qu’il en existe à Java; mais alors, comme conséquence, il faudrait que le fragment de tronc ait pu se silicifier complètement depuis lors. Cela est-1l possible? | Je ne suis certainement pas à même de résoudre la question, mais je la pose, dans le cas où l’un ou l’autre de nos confrères pourrait nous donner la solution. Dans son traité Le Prehistorique, G. de Mortillet parle, à propos de l'Homme tertiaire, de bois silicifiés avec entailles. Il rapporte qu'en 1873 M. Charnaux a présenté à la Société d’Anthropologie de Paris un gros fragment de bois silicifié portant SÉANCE DU 27 AVRIL 1909. 161 une entaille assez profonde et provenant du département de l'Allier. Ce bois silicifié se trouvait dans un gravier quaternaire ayant remanié des couches tertiaires. | M. Leguay, présent à la séance, à démontré, après l'examen de l’entaille, qu’elle n’a pu être faite par un instrument de pierre et qu’elle est due à un retrait opéré dans le bois en décomposition, avant la silicification. D'autre part, M. G. de Mortillet fait encore mention d’un cas ana- logue, signalé par M. Marchesetti. Il serait question d’une forêt pétri- fiée, d'âge crétacé, trouvée dans l'Inde sous une coulée de basalte. M. Marchesetti prétendait remarquer, sur certains troncs, des traces de travail humain. Cette manière de voir n’a, naturellement, pas prévalu et, depuis longtemps, la question des bois silicifiés travaillés par Phomme, avant la siicification, ne s'était plus représentée devant la science. Voici qu'elle réapparait à l’occasion du fragment de tronc de pal- mier de Java, mais avec cette différence qu'ici les entailles, multiples au même point, ne paraissent pas être dues à une cause naturelle et, d'autre part, que l’âge de ces entailles ne semble pas fort ancien. Nous pouvons raisonnablement attribuer au broyeur en grès quelques milliers d'années ; la question serait de savoir st ce laps de temps suffi- rait pour permettre la sihicification complète du bois. Quant aux entailles, elles paraissent véritablement imtentionnelles et faites au moyen d’un outil analogue à la hache. Pour terminer, je rappellerai que notre ancien collègue M. Purves, dans une étude sur des bois et des coquilles d’eau douce silicitiées, d'âge miocène et provenant de l’île d’Antigoa (Antilles) (!), a conclu que ces organismes, étant en rapport direct avec des produits volca- niques aisément décomposables par les infiltrations d'eaux de pluie, ont pu être rapidement silicifiés, et la preuve en est que des coquilles d’eau douce silicifiées montrent encore visiblement, à l’intérieur, des traces, également silicifiées, de l’animal. Certaines cendres volcaniques auraient done la propriété de provo- quer, par les infiltrations d’eau, une silicification rapide des orga- nismes animaux et végétaux qu'elles recouvrent, et comme Java est une région volcanique par excellence, si — ce que j'ignore — les deux (4) J.-C. PURVES, Esquisse géologique de l’île d’Antigoa. (Burx. pu Mus. RoY. D’Hisr. NAT. DE BELG., t. III, 1884-1885.) 162 PROCES-VERBAUX. objets dont il est ici question furent recouverts de cendres voleaniques: le problème de la rencontre d’un tronc de palmier avec entailles inten- tionnelles pourrait sans doute être ainsi considéré comme résolu. P. CHorFAT. — Note sur les filons de phosphorite de Logrosan dans la province de Caceres. Inséré aux Mémoires. H. Scawers. — L'état actuel de la question de la déferri- sation des eaux potables. Nul n'ignore que l'alimentation en eau potable par l’eau souterraine de terrains meubles, à laquelle les hygiénistes actuels accordent toute confiance au point de vue bactérislogique, est intimement liée à la déferrisation des eaux. On sait, en effet, que les eaux souterraines donnent fréquemment des dépôts ferrugineux qui doivent être éliminés avant que l’eau puisse servir à la consommation, que de telles eaux sont fréquentes dans la Basse-Belgique, spécialement dans la Campine, et que tout projet d'utilisation des eaux doit envisager la déferrisation. C’est ce que M. van den Broeck faisait ressortir dans sa communica- ton (1), où il était question de l’alimentation de la Basse-Belgique en eau souterraine prise dans la Campine anversoise et où M. van den Broeck disait que, si le problème de la déferrisation efficace pouvait être considéré comme résolu dans tous les cas, ce serait folie de conseiller de rechercher au loin, spécialement dans les calcaires, ce qu'il est possible de trouver sur place. | | Seulement, M. van den Broeck a été, en ce qui concerne la déferri- sation, d’un scepticisme injustifié que Je ne puis partager, et qui m'a amené à faire la présente communication à la Société. | Il ne peut pas être question d'exposer ici dans tous ses détails le problème de la déferrisation, et je dois me borner à signaler les faits principaux destinés à montrer aux hydrologues qu'ils peuvent, en toute confiance, compter sur la déferrisation des eaux. Vous connaissez les inconvénients des eaux ferrugineuses : leur trouble, leur mauvais goût, leur odeur désagréable, bref, un ensemble de caractères qui les rendent peu appétissantes et suscitent la défiance (1) E. vAN DEN BROECK, La défense des rivières souterraines (Réplique à M. E. Put- xeys). (BULL. Soc. BELGE DE GÉOL., t. XXII, Proc.-verb., pp. 51-53.) SÉANCE DU 27 AVRIL 1909. 163 du public qui les considère comme contaminées alors qu'elles sont stériles. Vous savez aussi que, utilisées telles quelles, elles produisent des dépôts très génants dans les canalisations et peuvent, dans certains cas, attaquer les conduites en plomb. Mais ces eaux, qui de prime abord paraissent inutilisables, deviennent parfaitement potables par la déferrisation. Il suffit d’enlever le fer, ainsi que les petites quantités de manganèse et de matières humiques qui laccompagnent ordinaire- ment, dont la présence est la seule cause des inconvénients qui viennent d’être signalés. Je n’entrerai pas dans la description des méthodes de déferrisation : leur exposé seul prendrait une séance. Je rappellerai seulement que tous les dispositifs mettent en usage l’aération et la filtration, et y ajoutent, dans certains cas, la décantation et la coagulation préalables à la filtration, et que l’on emploie l’un ou l’autre de ces procédés sui- vant là nature des eaux à traiter. Je suis forcé de renvoyer, pour les détails, à mes travaux sur la question : « Le fer dans les eaux sou- terraines » et « La déferrisation des eaux potables en Allemagne et aux Pays-Bas », tous deux publiés par la Revue d'hygiène et de police sanitaire (de Paris), en 1908. La déferrisation, qui élimine de l’eau non seulement le fer, mais aussi les petites quantités de manganèse et de matières humiques qui lui sont associées, constitue une opération facile, peu coùteuse, qui réussit dans tous les cas, et c’est ce qui explique son succès dans tous les pays qui y ont eu recours. La déferrisation est actuellement employée couramment en Alle- magne, en Autriche, en Hollande, au Danemark, en Angleterre et aux Etats-Unis; en Belgique, les premières installations ont donné de bril- lants résultats (distribution de Turnhout, Bains anversois, Hôpital civil de Gand, etc.). Il en est de même en Italie et dans la principauté de Monaco. Mais c’est dans la plaine allemande que le traitement des eaux ferrugineuses à pris une extension particulièrement remarquable; il y fournit la preuve du succès de la déferrisation. Près de cent villes ont une distribution d’eau communale utilisant l’eau souterraine déferrisée ; l’agglomération berlinoise, à elle seule, déferrise près de 500 000 mètres cubes par jour, et on peut évaluer à près de 4 million de mètres cubes la quantité d’eau potable journellement déferrisée en Allemagne. La plupart des villes du Nord abandonnent peu à peu l’eau superficielle pour l’eau souterraine même ferrugineuse, et bon nombre de villes du Sud, telles que Nuremberg, Trèves, Wiesbaden, Hombourg v. d. H., Worms, ete., préfèrent l’eau souterraine, même ferrugineuse, des 164 PROCES-VERBAUX. alluvions à l’eau de surface et à l’eau suspecte de terrains fissurés. Tout aussi remarquable est la multiplication des petites usines de déferrisa- tion d’eau potable, tant officielles que privées, pour les établissements et habitations qui ne peuvent se raccorder à une distribution générale à cause de leur éloignement ou ne veulent pas le faire pour des raisons d'économie. C’est ainsi qu’ont été établies des installations de déferri- sation pour châteaux, fermes, fontaines publiques, bains, écoles, crèches, colonies agricoles, colonies de vacances, hôpitaux, sanatoriums, asiles d’aliénés, maisons de correcuüon, gares, bureaux de douane, forteresses, camps militaires, parcs aérostatiques, etc. En outre, les installations industrielles ne se comptent plus. On veut empêcher les dépôts dans les chaudières, éviter les taches de rouille dans les teintureries, les blanchisseries, les fabriques de papier, les usines travaillant la soie naturelle et artificielle, le coton. Enfin, il existe de nombreuses fabriques qui déferrisent l’eau destinée au travail des produits alimentaires, bière, eau minérale, malt, amidon, fécule de pomme de terre, fromage, margarine, biscuits. En présence de ce magnifique développement de la déferrisation, on ne peut mer qu'elle soit entrée dans la pratique courante, appli- cable dans tous les cas et assurée d’avance malgré deux incidents de son histoire sur lesquels il est bon d’être renseigné. Parmi les centaines d'installations existantes, 1l en est deux, en effet, où l’on a eu des difficultés sérieuses résultant de la présence, à côté du fer, d’une part, d’une grande quantité de manganèse, d'autre part, d’une forte teneur en matières humiques : je veux parler des installations de Breslau et de Turnhout. En ce qui concerne la pre- mière ville, il faut savoir que les recherches hydrologiques ont démontré que l’arrivée dans l’eau de Breslau de grandes quantités de fer et de manganèse a été déterminée par un pompage trop intensif, et que la faute ne peut en être attribuée à l’hygiéniste Fluegge, qui a proposé de remplacer l’eau de surface par l’eau souterraine, mais bien aux hydrologues chargés de l’exécution du projet; que la déferrisation a été obtenue alors même que l’eau contenait une centaine de milli- grammes de fer par litre (mgr Fe/L) et que seul le manganèse n’était que partiellement retenu ; que jamais l'usine n’a complètement cessé de fonctionner, mais qu’on à continué à traiter avec succès 12 000- 16 Q00 mètres cubes par jour; que les puits les plus manganésifères n’ont été mis que provisoirement hors d'usage et qu’une petite instal- lation d’essai a montré qu’on pouvait démanganiser à peu de frais l’eau de Breslau, en la traitant par un lait de chaux et en la filtrant SÉANCE DU 27 AVRIL 1909. 165 sur les zéolithes de Harm. Voilà l’histoire de ce qui s'est passé à Breslau, rapportée par quelqu'un qui à été sur place et qui à vu; j'espère qu’elle détruira la légende et les exagérations que se plaisent à entretenir ceux qui préconisent le trattement coûteux et aléatoire des eaux de surface et l’usage des eaux des terrains fissurés, qui leur sont assimilables. Pour ce qui concerne la distribution de Turnhout, au début de l'exploitation le système Piefke n’a donné qu'une déferrisation incom- plète, mais la situation originelle s’est complètement modifiée depuis. un an et demi. En juillet 4907, des expériences ont démontré que si l'eau de Turnhout résistait au traitement physique ordinaire, c'était à cause de la présence, en quantité anormale, de matières humiques et de leur combinaison au fer, et qu’il suflisait d'ajouter un peu de coagulant avant filtration pour s’en débarrasser. C’est ce qui fut fait, et, dès novembre 1907, le chimiste Daels put s'assurer que la déferri- sation élait devenue parfaite et le déclara dans un rapport au Ministère de l'Agriculture, qui fut publié en janvier 1908. Depuis lors, l’installa- tion a été l’objet d’un contrôle régulier qui à fait constater l'excellence des résultats obtenus. On ne peut donc plus tabler sur Breslau et Turnhout pour mettre en doute l'efficacité de la déferrisation; au contraire, ces deux cas resteront un titre de gloire pour la chimie appliquée aux eaux pota- bles; on peut dire que la déferrisation à réussi dans les cas particuliers les plus difficiles et qu'il n’y à plus de raison pour douter d'elle à l'avenir. | D’autres événements aussi récents que ceux de Breslau et de Turnhout viennent encore confirmer la possibilité d'enlever des eaux le manganèse et les matières humiques au même titre que le fer. En 1906, la ville de Stettin à vu brusquement apparaître le manganèse dans l’eau souterraine qu'elle utilisait à l’état brut; il a suffi d’aérer et de filtrer sur sable pour supprimer complètement les boues noires manganésifères; ce beau résultat s’est maintenu depuis près de trois ans. Plus récemment encore, les recherches de l’Institut d’hy- giène de Posen ont montré quel parti on pouvait tirer des eaux humiques que la ville venait de découvrir par un forage dans le Tertiaire ; il à suffi d'y mélanger de l’eau ferrugineuse des alluvions pour préci- piter la matière brune et le fer, et d'enlever par filtrage au sable le précipité formé. Telles sont les bases du traitement des eaux humiques qui vient d’être appliqué en grand à Posen, suivant les vues du professeur Wernicke. 166 PROCÉS-VERBAUNX. En résumé, si l’on prend en considération toutes les éventualités qui peuvent se présenter, on doit reconnaître que l’emploi des eaux souterraines pour l’alimentation ne rencontre pas un seul obstacle attribuable à la présence du fer ou du manganèse et des matières humiques. En ce qui concerne particulièrement les eaux de la Campine, les nombreuses analyses d’un des puits, surtout celles qui ont été faites par l’Institut de bactériologie de la province d'Anvers, ainsi que les nombreux points où l’on a observé des dépôts ferrugimeux naturels (ocres) à l'émergence de la nappe souterraine, montrent à l’évidence combien les eaux ferrugineuses se rencontrent fréquemment dans celte région, mais on avouera que les conditions exceptionnelles que je signalais tout à l'heure, c’est-à-dire la présence de beaucoup de manganèse et de beaucoup de matières humiques, n’ont guère de chance de se réaliser. Le manganèse est surtout caractéristique dans certaines eaux d’alluvions. L'eau des plaines sablonneuses allemandes n’en renferme que des traces ; de même les eaux des trente installations de déferrisation de Hollande n’en ont éprouvé aucun inconvénient. On peut espérer qu’il en sera de même en Belgique, surtout que la recherche du manganèse dans un grand nombre d’eaux belges n’a rien fait découvrir d’inquiétant, au contraire : le manganèse est absent (exem- ples : Overpelt et Moll), ou existe en quantité minime, ainsi dans les eaux ferrugineuses de Middelkerke, Gand, Esschen, Turnhout, Anvers, Diest, Diepenbeek, Tongres, Cheratte, Fexhe-Slins, Liége, Seraing, Stavelot, My, Athus; je n’en ai jamais observé de fortes quan- tités. On peut donc dire que la situation est, en Belgique, la même qu’en Allemagne et en Hollande : les eaux manganésifères sont l’excep- üon. Qui plus est, les eaux provenant de vastes bancs sablonneux de Moil contiennent des quantités de fer tellement faibles qu'on peut même espérer se passer de la déferrisation. En ce qui concerne les matières humiques, elles n’existent qu’exceptionnellement en quantité suffisante pour qu'il soit nécessaire, comme à Turnhout, de recourir aux coagulants. Voyez toutes les installations allemandes qui se passent de procédés chimiques. En Belgique même, j'ai pu étudier des eaux ferrugineuses des provenances les plus différentes, de Middel- kerke, Hevst, Gand, Anvers, Esschen, Moll, Diest, Tongres, Rosoux, Waremme, Cheratte, Liége, Seraing, Kinkempois, la Rochette, Olne, Stavelot, My, Athus, etc., et j'ai pu constater qu'aucune d'elles ne se rattache au type de l’eau de la distribution de Turnhout. En résumé, les eaux souterraines de la Campine seront souvent SÉANCE DU 27 AVRIL 1909. 167 ferrugineuses, exceptionnellement manganésifères et humiques, et dans tous les cas on pourra les épurer complètement, même si l’on rencontre des cas aussi exceptionnels que ceux qui se sont produits à Stettin et à Breslau, à Posen et à Turnhout. Le problème de la déferrisation, de la démanganisation et de la déshumification, spécialement des eaux de la Campine, est donc résolu d'avance. Ce n’est pas la présence du fer, du manganèse et de matières humiques qui empêchera dutuliser des eaux souter- raines partout où elles se présenteront en quantité suffisante. Il nous reste encore à faire tomber quelques objections formulées par certains contre la déferrisation. On à affirmé que la grande variabilité des eaux souterraines suscitera des difficultés. Or, en Allemagne, en Hollande, en Belgique, 11 n° à pas deux installations qui traitent la même eau. Qui plus est, dans une même installation, la teneur en fer (et en électrolytes : manga- nèse, matières humiques, chaux, etc.) varie d’un puits à l’autre et d'un jour à l’autre pour un même puits. Cette variabilité de la teneur en fer, un des caractères essentiels des eaux ferrugineuses, n’entraine aucun inconvénient. [l suflira de signaler qu'à Braunschweig (Bruns- wick), où le taux du fer varie actuellement d’un puits à l’autre dans le rapport de 4 à 200 (0.3 à 60 mgr. Fe/L) et où la teneur moyenne en fer de l’eau brute à varié en six ans dans le rapport de 1 à 22 (0.2 à 4.5 mgr. Fe/L), la même installation à toujours réalisé la déferrisation complète de 12000 mètres cubes par Jour. J’ajouterai que dans cette installation les variations ont atteint les électrolvtes autres que le fer, et que la déferrisation ne s’en est pas ressentie. [ n'y a donc pas de difficulté de ce côté-là. On a vu aussi dans la multiplicité des procédés de déferrisation une preuve de leur imefficacité. Celui qui s’est occupé de la déferrisation y voit une preuve des perfectionnements progressifs apportés à l’appli- cation des principes fondamentaux de la déferrisation : aération et filtration, décantalion et coagulation. On a cru encore que toutes les installations de déferrisation nécessitent de laborieux travaux scientifiques, très spéciaux el très élaborés. Mais nous avons en Belgique un exemple qui détruit la portée générale de cette affirmation. Aux Bains anversois, le directeur, M. le D' Descamps, a établi lui-même sur les principes allemands, sans recherches spéciales préa- lables, il y a déjà huit ans, une installation de déferrisation pour 100 mètres cubes par jour qui a enlevé par aération et filtration plus 168 PROCES-VERBAUX. de 99 ‘4 du taux du fer. Je dois signaler, d'autre part, qu'en Alle- magne et en Hollande nombre de petites installations remplissant parfaitement leur but ont été créées en dehors de toute intervention d’une institution scientifique. D'ailleurs, quel mal y aurait-il, surtout pour les grandes installations, à consulter les hygiénistes sur les moyens les plus pratiques et les plus économiques applicables à la déferrisa- tion d’une eau déterminée? Les hygiénistes ne restent-ils pas dans leur rôle quand ils donnent des conseils pratiques basés non pas seulement sur lexpérience acquise par d’autres, mais sur des recherches personnelles portant sur les eaux qu’il s’agit de traiter? On se demande aussi quel argument contre la déferrisation on veut tirer des tàtonnements par lesquels elle a passé. Mais quel est donc l’édi- fice scientifique qui s’est élevé du jour au lendemain? Quelle est donc la branche de l’activité humaine qui prétend pouvoir se passer de perfectionnements incessants? Puis, au point de vue pratique, ce qui importe, ce n’est pas le passé, c’est le présent : aujourd’hui on n’hésite plus. Moi-même, j'ai revéeu dans le laboratoire toute l’histoire de la déferrisation. Au début, j'ai tâtonné, mais actuellement je suis orienté; je sais qu'il suffit d'établir la courbe de la déferrisation naturelle, de faire un essai de filtrage du sable et, éventuellement, un essai aux coagulants pour pouvoir résoudre n'importe quel problème de déferrisation. En somme, je ne puis pas, avec M. van den Broeck, me rallier à une expression de M. Kempna et croire avec lui que la déferrisation est «une mode régnant parmi les hygiénistes théoriciens allemands » (1). La mode, c’est quelque chose qui passe, et l’on viendrait appliquer ce mot à ia délerrisation qui se développe depuis quarante ans en Alle- magne! Depuis vingt ans, tous les hygiénistes allemands indistincte- ment ont basé sur elle la campagne qu'ils mènent contre les eaux de surface et celles qui leur sont assimilables, et, à moins que les mots n'aient changé de sens, on serait bien mal venu d'appeler théoriciens des hygiénistes comme Île professeur Dunbar, de Hambourg, qui, en 1892, combattit le choléra en cette ville en créant quinze installations de déferrisation et qui, dans les années suivantes, fit placer par dizaines, aux frais de l’Institut d'hygiène de Hambourg, des appareils de déferri- sation dans les maisons de campagne où l’on ne pouvait disposer que (‘) AD. KEMNA, Sur le fer et le manganèse dans les eaux de Breslau. (BULL. Soc. DE GÉOL., t. XX, Pr.-verb., pp. 138-139.) SÉANCE DU 97 AVRIL 1909. 169 d’eau ferrugineuse et qui, depuis plusieurs années, à préconisé et réalisé en partie le remplacement des eaux de rivière filtrées de Ham- bourg par les eaux souterraines ferrugineuses. Théoriciens, les hygié- nistes comme le professeur Fischer qui fit construire, en 1901, l’instal- lation de déferrisation de Kiel, un modèle; comme le professeur Hoffmann, sur les conseils duquel on alla, dès 1880, à l’eau souter- vaine pour la distribution de Leipzig, où l’on établit, en 1897, une installation de déferrisation pour 50 000 mètres cubes par jour: comme le professeur Proskauer, de Berlin, dont les travaux des vingt dernières années contribuèrent pour une large part à faire entrer la déferrisation dans la pratique courante ! Théoriciens, les ingénieurs municipaux ou privés, tels que Salbach, qui déferrisait à Halle dès 1868; tel que Anklam, qui proposait la déferrisation pour Berlin dès 1888, et qui se trouve aujourd’hui à la tête de l'installation de Muegglesee où l’on déferrise 450 000 mètres cubes par jour ; tels que Thiem dont les installations allemandes ne se comptent plus et dont le projet d'alimentation en eau souterraine ferrugineuse de l’agglomération de Prague (120 000 mètres eubes par jour) vient d’être admis en entier, en dépit des incidents de Breslau exploités par ceux qui voulaient filtrer l’eau de la Moldau, malgré l'opposition que les Tehèques fanatiques firent au projet présenté par un Allemand ! Théoriciens, les Oesten, les Piefke et tant d’autres qui ont établi des installations par dizaines ! Non, Messieurs, la déferrisation ce n’est pas de la théorie, €’est de la pratique de tous les jours, non seulement pour l'Allemagne, mais pour l’Europe, et non seulement pour l’ancien, mais aussi pour le nouveau monde. Non, Messieurs, la déferrisation ce n’est pas un rêve qui se réalisera peut-être un Jour, c’est la réalité d'aujourd'hui, et ceux qui ne le reconnaissent pas, Ce Sont ceux qui ignorent ou qui veulent ignorer. L'auteur avait apporté à l’appui de sa communication les matériaux de démonstration ci-dessous : Eaux ferrugineuses. BELGIQUE. 4. Distribution de Turnhout. . . Eau brute: eau aérée; eau filtrée: sable du filtre; incrustation de chaudière. 2. Puits des Bains anversois. . . Eau brute; eau filtrée. 3 Puits de l'Hôpital civil, à Gand . Eau brute; eau filtrée; coke de l’aéra- teur : sable et boue du filtre. 170 PROCÉS-VERBAUX. + = 4, Puits Monard, à Cheratte . . . Eau brute. 3 Source Sauvenière, à Spa . + Eau brute. 6. Distribution de Diest 012. Dépôt d'une citerne. 1. Distribution de Seraing . . . Boue du filtre. | ALLEMAGNE. 8. Distribution de Breslau . . . Eau brute; eau filtrée; sable et boue du filtre. 9. Distribution de Lueneburg . . Dépôt des conduites. 10. Distribution de M. Gladbach. . Gravier du filtre, 14. Distribution de Trèves . . . Gravier et lave des filtres. 12. Distribution de Hanovre . . . Boue des filtres. Eaux manganésifères. ALLEMAGNE. 13. Distribution de Stettin . . . Eau filtrée ; gravier et boue des filtres. BOHÈME. 14 Distribution de Smichov . . . Eau brute; boue de la canalisation: incrustations des chaudières. Discussion. M. van DEN BRoECKk remercie M. Schwers d'avoir contribué à l’éclairer sur le problème complexe de la déferrisation, qu’il n’avait d’ailleurs soulevé que de façon incidente. Néanmoins, il n’a pas tous ses apaisements, quant au traitement des eaux contenant du fer en combinaisons humiques, surtout quand celles-ci se présentent en quantité variable. Plusieurs membres, dont MM. Schwers, Gérard, etc., prennent part à la discussion, mais le Secrétaire général rappelle qu’il est préfé- rable de la différer à la prochaine séance, se conformant à la récente décision du Bureau. La séance est levée à 25 h. 55. ANNEXE AU PROCÉES-VERBAL. COMPTE RENDU BIBLIOGRAPHIQUE F. DIÉNERT. — Hydrologie agricole. Ce livre, qui a paru dans le courant de 1907, fait parte de la collec- tion de lEncyclopédie agricole française. Comme le dit le D' Paul Regnard, dans une introduction à ce livre, l’idée directrice de l’œuvre de l'encyclopédie agricole a été d'extraire de l’enseignement supérieur agricole la partie immédiatement utilisable pour lexploitation du domaine rural et faire connaître du même coup les données scienti- fiques définitivement acquises sur lesquelles la pratique actuelle est basée. L'auteur divise son travail en cinq parties. La première partie traite de l’origine et de la circulation des eaux souterraines. Dans les deux premiers chapitres, l’auteur commence par donner quelques généralités sur l’utilité de l’eau, sur le sol au point de vue géologique et sur la manière de lire et de tirer parti de la Carte géologique française. Le troisième chapitre est consacré à l’origine des eaux souterraines; lau- teur y étudie successivement les causes de la pluie, la répartition des eaux de pluie dans un sol sableux ou sur différents sols, l'alimentation des nappes souterraines par les eaux de condensation de Pair atmo- sphérique et les eaux d’origine géologique. Il termine ce chapitre en concluant qu’il est suffisamment prouvé que la pluie est le facteur le plus important de l'alimentation des nappes. Dans son quatrième chapitre, 1l traite de la crreulation des eaux souterraines, il définit la composition des couches imperméables et perméables et explique la cireulation des eaux dans les terrains per- méables en petit, en s’aidant de plusieurs schémas très instructifs. Parmi-ces schémas, nous avons remarqué à la page 64 une coupe ver- 172 ANNEXE A LA ticale dans la forêt de Soignes; l’auteur, dans son texte page 63, nous dit que, dans cette forêt, on trouve des lentilles argileuses au milieu des sables bruxelliens, et qui retiennent les eaux. Nous ne connaissons aucun phénomène semblable dans les sables de cet étage, mais cette disposition se présente dans les sables yprésiens en beaucoup d’endroits, notamment sous la ville de Bruxelles. Nous pensons que l’auteur a dû confondre ces deux étages. D'autre part, dans ce même chapitre, l’auteur donne une classifica- üon des sables par degré de finesse en commençant par les plus fins : sables de Fontainebleau, sables landeniens, sables yprésiens, etc. Nous faisons observer qu’en Belgique les sables vprésiens sont beau- coup plus fins que les sables landeniens et doivent les précéder dans ce tableau. Nous ne connaissons pas de sable plus fin que le sable ypré- sien (Yd de la légende de la Carte géologique belge). L'auteur continue par l’examen des sols perméables en grand ; ce sujet est illustré de diverses vues et schémas très intéressants représen- tant l’allure des eaux dans les terrains fissurés, calcaires, grottes, etc. Dans le chapitre V, l’auteur parle de la formation des sources dans les terrains perméables en grand; il explique également le fonctionne- ment des sources intermittentes. Le chapitre VI traite des nappes; après avoir examiné les nappes artésiennes, l’auteur passe en revue quelques types de nappes aquifères dans les différents terrains géologiques ; pour les terrains quaternaires, il examine les nappes de l’Allemagne du Nord; pour les terrains ter- taires et secondaires supérieurs, les nappes du Nord de la France; pour les terrains secondaires, les nappes du département de Meurthe-et- Moselle et, pour les terrains primaires, les nappes de l’Ardenne. Dans la deuxième partie de son ouvrage, l’auteur traite de l’hydro- logie spéciale. La quantité d’eau qu’une source ou un puits peut don- ner dépend beaucoup de l'étendue du bassin d'alimentation; aussi l’auteur commence par examiner le moyen de déterminer le périmètre d'alimentation dans les terrains perméables en petit et en grand. Il accorde un chapitre spécial à la détermination du périmètre d’alimen- tation par l’emploi des matières solubles et en suspension; en quelques pages, il donne la manière pratique de se servir de diverses solutions préconisées. C’est un des rares livres qui traitent pratiquement de ce sujet qui joue cependant de nos jours un rôle très grand dans Part hydrologique. La température et le débit des sources peuvent également déterminer un périmètre d'alimentation ; aussi l’auteur s’étend-il assez longuement sur ces deux derniers éléments. SÉANCE DU 27 AVRIL 1909. 173 Dans cette deuxième partie, l’auteur consacre son sixième chapitre aux recherches d'eaux. Il examine d’abord les signes extérieurs, tels que les bruits et bruis- sements, fonte plus rapide des neiges, les buées matinales, végétation des terrains humides, formes des couches souterraines voisines de la surface du sol, l'aspect de la flore des terrains perméables et imper- méables qui permettent de connaitre les endroits où se produisent les affleurements. Le chapitre VIT est un des plus importants de la deuxième partie; il traite, en effet, du rôle des caractères géologiques dans les recherches d’eau ; l’auteur envisage huit cas différents dans la disposition des terrains géologiques, 1l étudie chacun de ces cas en particulier et montre, avec des exemples à l'appui, la manière pratique de recher- cher l’eau dans chacun d'eux. Nous rencontrons un passage très captivant dans ce livre et qui devrait être noté par tous les agriculteurs : l’auteur nous dit que toutes les méthodes exposées par lui dans ce chapitre ne sont qu’approxima- tives, elles sont surtout basées sur les résultats des études hydrolo- oiques et sur les idées que nous nous faisons sur la circulation souter- raine. Elles sont plus naturelles et scientifiques que les plus belles promesses de certains empiriques qui promettent beaucoup d'eau, se font payer très cher et disparaissent avant que leurs dupes se soient aperçues de l’abus de confiance dont elles venaient d’être victimes. Quand un de ces prétendus hydrologues vient affirmer qu’en un point déterminé et très restreint on trouvera un courant souterrain, on peut être convaineu qu’il avance des conclusions incertaines. Nous avons eu l’occasion, dit l’auteur, de constater les effets de telles consultations; 1l est bon de mettre en garde les agriculteurs contre de pareils fléaux. L'auteur examine aussi longuement l'influence des forêts sur la nappe aquifère. Passons maintenant à la troisième partie de l’ouvrage, qui traite de la qualité des eaux, un des points les plus essentiels pour l’hygiène des hommes et des animaux. L'auteur examine dans cette partie les propriétés physiques d’une eau, la manière d'estimer la nature des eaux qu’on peut trouver dans différents terrains, la recherche des contaminations pouvant atteindre les eaux qu’on se propose de capter et celles déjà captées, les procédés pour rendre la potabilité à l’eau d’un puits. Il s'étend longuement sur l’épuration naturelle des eaux par Îles 174 ANNEXE A LA SÉANCE DU 27 AVRIL 1909. actions physiques (filtration, action solaire, la radio-activité, la décan- L lation, l’agitation), les actions chimiques (oxygène et ozone) et l’action « biologique. Dans la quatrième partie de son ouvrage, l’auteur traite du captage des eaux; il examine d’abord celui des eaux superficielles par des citernes et réservoirs, il donne d’utiles indications pour le calcul des dimensions à donner aux citernes et pour l’épuration des eaux qui y coulent. Il examine ensuite les différents moyens de capter les eaux souter- raines ainsi que le renforcement des débits dans le cas d’insuffisance de l'eau. Dans la cinquième et dernière partie de son ouvrage, il traite de la stérilisation et de l’amélioration des eaux potables, :l fait une étude intéressante de divers systèmes de filtrage, de purification chimique et d'amélioration des qualités physiques d’une eau. Il termine son ouvrage en donnant un aperçu de quelques moyens pratiques pour effectuer l’épuration des eaux usées. À la lecture de ce livre, nous avons pu nous rendre compte qu’il envisage d’une façon détaillée les différents problèmes qui se pré- sentent dans la science hydrologique, et nous ne doutons pas qu'il sera d’une grande utilité pour tous ceux qui pratiquent l’agriculture et lhy- drologie ; 11 a l’avantage de réunir sous un petit volume toutes les don- nées essentielles que doit posséder tout hydrologue. Nous pourrons ajouter que l’auteur a comblé d’une façon heureuse et inespérée une grande lacune des bibliothèques agricoles et hydrologiques. Nous ne voulons point terminer ce compte rendu sommaire sans : faire remarquer que la publication d’un erratum s’imposait, nous avons pu relever un grand nombre d’incorrections, surtout en ce qui concerne les chiffres et les noms de diverses personnes et localités. C’est une lacune regrettable surtout quand le livre est destiné, comme celui-ci, à être mis entre les mains d'étudiants. F. HaLer. NE À USED LG DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE = (BRUXELLES) ee PRÉSIDENT D'HONNEUR : Lee = S.A. R. le Prince ALBERT de Belgique. __ Procès-Verbal DE LA SÉANCE DU 18 MAI 1909 _ us Vingt-troisième année Tome XXII — 1909 ee UAUXÉLLES HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE es 419, rue de Louvain, 112 ee | 4909 SÉANCE MENSUELLE DU 18 MAI 1909. Présidence de M. À. Rutot, président. La séance est ouverte à 20 h. 34 (22 membres sont présents). Décès. M. le Président à le douloureux devoir de faire part à ses collègues de la perte qu’a éprouvée la Société belge de Géologie par la mort de M. De Schryver, inspecteur général des ponts et chaussées, un de ses plus anciens membres. Directeur des travaux de Bruxelles-Maritime, M. De Schryver enrichit nos collections nationales de tout ce que rapportaient les fouilles; c'était un véritable ami de la science, et sa fin prématurée nous à douloureusement émus. Approbation du procès-verbal de la séance d'avril. Adopté sans observations. Micnez MourLon. — Observations à propos du discours prési- dentiel annuel de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d' Hydrologie. _ Je crois devoir, à propos du procès-verbal de l'assemblée générale de clôture de l’exercice 1908 qui vient de paraître, appeler l'attention de nos collègues sur l'interprétation qu'il conviendrait de donner, par la suite, à l’article 66 des statuts de notre Société pour ce qui con- cerne le Rapport du président Sur les travaux de l’année. Jusque dans ces derniers temps, ce rapport n’était, le plus souvent, qu’une table des matières dont les éléments, st pas la rédaction même, étaient fournis par le Secrétariat. | M. le chanoine de Dorlodot a, en quelque sorte, inauguré une nou- velle manière qui consiste à donner son appréciation personnelle sur chacune des communications présentées pendant l’année et quelle que soit la diversité de celles-ci. J’ajouterai qu’il l’a fait avec un dévelop- 1909. PROC.-VERB. 11 176 PROCÈS-VERBAUX. pement et dans un esprit qui pourraient, à mon avis, devenir préjudi- ciables aux intérêts de la Société. | Un discours présidentiel étendu aurait eu peut-être sa raison d’être à l’origine de nos sociétés scientifiques, lorsqu'il pouvait parer, dans une certaine mesure, à l'insuflisance des communications originales, mais, bien heureusement, ce n’est certes plus le cas à présent. Le dernier discours présidentiel n’a pas moins de soixante-deux pages de texte, ce qui entraîne pour nos finances, déjà fort réduites, un sacri- fice qui pourrait mieux s'appliquer, semble-t-il, à l'impression de certains travaux que leurs auteurs hésitent ou renoncent même à pré- senter à cause des frais qu’ils doivent entrainer. Mais il est un écueil plus grand encore que présente le discours présidentiel en question : C’est celui qui consiste pour son auteur à devoir se prononcer, ex cathedra, et quel que soit le degré de sa com- pétence, sur tous les sujets traités par chacun de nos spécialistes. Cela ne peut manquer d’exciter la susceptibilité bien légitime de ces derniers et de nous exposer à rentrer dans cette phase, que l’on pouvait espérer à jamais abandonnée et qui consistait surtout à donner un caractère presque exclusivement personnel à nos débats scientifiques. On pourrait même se demander s’il y a lieu de provoquer la polé- mique dans Île rapport annuel, étant donné qu'il a été décidé que les discussions sur une communication devaient, autant que possible, se produire, après sa publication, à la séance suivante. Or, pour ne parler que de ce qui me concerne personnellement, parmi les nombreuses communications que mes collègues m'ont fait l'honneur d'insérer dans notre dernier Bulletin, il en est une, celle sur le calcaire carbonifère des environs de Tournai, qui à fait plus particulièrement l’objet de la critique du chanoine de Dorlodot. Elle a été présentée à la séance du 17 mars 1908, et l’on peut s'étonner que notre collègue ait attendu près d’une année pour produire, à son sujet, une critique absolument dénuée de fondement et dont je ne relèverai, pour le moment, que cette assertion toute gratuite, à savoir : « qu'il est vivement regrettable que notre Carte géologique nationale indique comme viséens les gisements fossilifères d’où proviennent beaucoup des principaux types de là faune tournaisienne et qui ont fourni aux musées du monde entier une bonne partie de leurs collections de la faune typique de Tournai ». Il est à remarquer que M. de Dorlodot se déclare d’accord avec moi pour rapporter au Viséen la partie supérieure des calcaires noirs de Tournai, et, quant à l’autre partie, il en fait du Tournaisien et l’assi- SÉANCE DU 18 MAI 1909. 177 mile au calcaire violacé que M. Dupont rangeait, avec raison, d’après feu Soreil et d’autres géologues, dans le Viséen. Et le motif principal pour lequel il en agit ainsi, c’est que la faune du calcaire violacé lui paraît plutôt tournaisienne, comme cela résulte, d’après lui, des travaux de M. Destinez. Or, il se trouve que c’est pré- cisément ce paléontologue qui range maintenant dans le Viséen cer- taines couches fossilifères des environs de Tournai sur l’âge relatif desquelles je n’ai pas cru pouvoir émettre un avis définitif. Tout en attribuant, sur la Carte, la teinte du Tournaisien à la plus grande partie des carrières classiques du Cornet et de Pont-à-Rieux (Saint-Maur), je n’en ai rapporté au Viséen que les banes tout à fait supérieurs, et encore sous les plus expresses réserves, comme en témoigne la description des coupes de ces carrières (pp. 99-100 de ma note de 1908, incriminée par M. de Dorlodot). Si donc la critique de ce dernier était fondée, elle atteindrait plutôt lautorité paléontologique sur laquelle 1l s’est précédemment appuyé que l’auteur de la Carte géologique de la région tournaisienne, qui n’a jamais considéré comme appartenant au Viséen les couches fossilifères classiques des environs de Tournai, contraire- ment à ce qu'avance M. de Dorlodot. Voici, en effet, comment s'exprime M. Destinez, à la séance du 21 avril 1907 de la Société géologique de Belgique (t. XXXIV, p. 97), en faisant connaître une faune du calcaire carbonifère des environs de Tournai : « Cette faune, dit-il, provient vraisemblablement des envi- rons de Pont-à-Rieux, hameau dépendant de cette commune (Saint- Maur), où il existe un affleurement de calcaire carbonifère en exploi- tation. Elle appartient au calcaire noir V4a. » Et, plus loin, il ajoute : « Nous avons cru utile de signaler cette faune, qui, comme nous le supposons, à souvent été confondue avec linférieure, dite tournai- sienne. » On ne saurait être plus explicite. Après les considérations qui précèdent, on estimera, sans doute, qu’il n’est pas nécessaire de les étendre davantage pour faire ressortir l'inconvénient d'introduire la polémique dans le rapport présidentiel annuel, étant donné surtout que le procès-verbal de l’assemblée géné- rale, qui le renferme, est distribué aux associés régnicoles, qui ne reçoivent pas le reste de nos publications et se trouvent, par consé- quent, ainsi privés des communications faisant l’objet des critiques présidentielles. M. ze PRÉSIDENT. — Je tiens à faire remarquer que la manière d’agir de M. de Dorlodot provenait surtout de son désir de montrer combien 178 PROCÈS-VERBAUX. il s'intéressait aux travaux de la Société. Son état de santé ne lui per- mettant pas de présider nos séances autant qu'il l’eût désiré, il avait cependant à cœur de suivre de près les travaux de la Société et l’a montré par l'analyse si complète de ceux-c1. Correspondance. Le Comité international en l'honneur de Amedeo Avogadro fait appel à tous les chimistes et physiciens dans l’espoir qu'ils voudront bien contribuer à la publication, en un volume, de ses travaux les plus importants et à l’érection, à Turin, d’un monument digne de lui. Les souscriptions doivent être adressées au Trésorier de l’Académie des Sciences (3, Via Maria-Vittoria, Turin). Dons et envois reçus : 1° Extraits des publications de la Société : 5833. d'Andrimont, R. Les eaux émergeant des calcaires aux environs de Marche. Mémoires de 1908, pp. 91-102, 5 figures et 1 carte (2 exemplaires). 5834. Bourdariat, A., et Johnston-Lavis. Vote sur le remarquable volcan de Tritriva au centre de l’île de Madagascar, avec des observations sur l'origine du quartz dans les basaltes et autres roches basiques. Mémoires de 1908, pp. 103-115, 3 figures et 1 carte (2 exem- plaires). 5835. Briquet, À. La vallée de la Meuse en aval de Sittard. Procès-verbaux de 1908, pp. 366-378, et 1 carte (2 exemplaires). 9836. Cosyns, G. Contribution à l'étude de la roche de Quenast. Mémoires de 1908, pp. 171-219, 4 planches et 32 figures (2 exemplaires). 5837. Doyen, A. Contribution à l'étude des minéraux belges. Oxyde de titane, (Anatase.) Procès-verbaux de 1909, pp. 13-14 (2 exemplaires). 5838. Duyk, M. Description d'un procédé d'épuration, de stérilisation et de. déferrisation de l’eau destinée à l’alimentation. Procès-verbaux de 1909, pp. 98-110, 1 planche (2 exemplaires). | 5839. Gallois, L. Régions naturelles et noms de pays. Étude sur la région parisienne. (Compte rendu par L. G.) Procès-verbaux de mu pp. 73-75 (2 exemplaires). 340. 0847. SÉANCE DU 18 MAI 1909. 179 Haug, E. Traité de Géologie, 2° partie : Les périodes géologiques. Depuis les périodes antécambriennes jusque la période triasique inclusivement. (Compte rendu par V. d. W.) Procès-verbaux de ‘1909, pp. 133-138 (4 exemplaires). . Leriche, M. Note préliminaire sur des poissons nouveaux de l’Oligo- cène belge. Procès-verbaux de 1908, pp. 378-384 (2 exemplaires). . Maillieux, E. Note sur quelques brachiopodes du Frasnien belge. Pro- cès-verbaux de 1909, pp. 9-13, et 3 figures (2 exemplaires). . Malaise, C. Modifications de l'échelle stratigraphique du Silurien de Belgique. Procès-verbaux de 1909, pp. 6-8 (2 exemplaires). . Prinz, W. Les micas des filons granitoïdes de Bastogne. Procès-ver- baux de 1909, pp. 129-132, et 12 figures (2 exemplaires). . Abraham, À. Descriplion dun cristal de calcite de la grotte de Tilff. Bruxelles, 1909. Extrait du Mémoire in-4° : W. Prinz, Les cris- tallisations des grottes de Belgique, pp. 76-77 (2 exemplaires). . Putzeys, E. Parallèle entre les eaux sortant des calcaires et les eaux élaborées dans les terrains à mailles fines (réponse à MM. d’Andri- * mont et Van den Broeck à propos des réflexions de l'auteur sur les eaux de la ville de Marche). Procès-verbaux de 1909, pp. 25-42 (2 exemplaires). | Putzeys, E., Putzeys, F., et Rutot, À. Alimentation en eau potable de la Basse-Belgique et du bassin houiller de la Campine (résumé par M. A. Rutot). Procès-verbaux de 1909, pp. 112-115 (2 exem- plaires). . Le problème de la récurrence des phases glaciaires au Congrès de Mexico. (Compte rendu de la X° Session du Congrès géologique international de Mexico, en 1906.) (Résumé par C. Van de Wiele.) Procès-verbaux de 1909, pp. 54-73 (2 exemplaires). . Simoens, G. À propos de l'origine des secousses sismiques du détroit de Messine. Procès-verbaux de 1909, pp. 20-24 (2 exemplaires). . Van den Broeck, E. Les rivières souterraines filtrées. Notions hydrolo- giques nouvelles sur les sources périphériques tournaisiennes des synclinaux calcaires du Condroz. Note préliminaire. Procès-ver- baux de 1908, pp. 335-338. La défense des rivières souterraines filtrées. Réplique à M. E. Put- zeys. Procès-verbaux de 1909, pp. 43-53, 77-78, 82 85 et 96-97 (2 exemplaires). : Van de Wiele, C. L'évolution tectonique de la péninsule italienne depuis le Pliocène et ses rapports avec le sisme du détroit de Messine. Pro- - cès-verbaux de 1909, pp. 14-20 (2 exemplaires). | 180 PROCÈS-VERBAUX. 20 De la part des auteurs : 5852. Agamennone, G. Brevi cenni sull’ organizzazione del servizio sismico in ltalia. Laibach, 1902. Extrait de ERDBEBENWARTE, n% 1 et 4, o pages. 5853. …. A List of Maps, Plans and Publications published up to Decem- ber 51, 1908. Ministry of Finance, Egypt. Survey Department. Le Caire, 1909. Brochure in-8° de 41 pages et 15 planches. 9854. Greindl (Baron L.). L'aspect géologique des tremblements de terre. Bruxelles, 1909. Extrait de la Revue générale du 1°" avril, 17 pages (2 exemplaires). 5855. Krug, E. Die Ribeira von Iquape. Sao Paulo, 1908. Brochure in-4° de 31 pages et 17 photographies. 9896. Schwers, H. La déferrisation des eaux potables en Allemagne et aux Pays-Bas. Paris, 1908. Extrait de la Revue d'Hygiène et de Police sanitaire. t. XXX, n° 8, 9, 10, pp. 643-756-846. 4702. Carez, L. Mémoires pour servir à l'explication de la Carte géologique détaillée de la France. La géologie des Pyrénées françaises. Fasci- cule V, Feuilles de Prades, Quillan et Carcassonne. Paris, 1908. Volume in-4° de 697 pages et 9 planches. M. Scawers. — L'état actuel de la question de la déferrisation des eaux potables. DISCUSSION. Le Secrétaire général donne lecture de la rectification suivante de M. Kemna : À la page 168 des Procès-verbaux, je suis cité comme ayant dit que Îla déferrisation est une mode régnant parmi les hygiénistes théoriciens allemands. Cette citation n’est pas exacte. Jai traité de « mode » le remplasement des eaux de rivière par l’eau du sous-sol déferrisée; je n’ai Jamais rien dit contre le caractère > pratique et les avantages de procédé de déferrisation. M. Scawers. — L'observation doit être reportée à M. van den Broeck, dont J'ai repris la citation en note du procès-verbal de la séance de janvier 1909, page 51. Du reste, le remplacement des eaux de rivière filtrées par des eaux souterraines déferrisées n’est pas plus « une mode régnant parmi les hygiénistes théoriciens allemands » que la déferrisation elle-même. La possibilité d’une déferrisation pratique a SÉANCE DU 18 MAI 1909. 181 pour corollaire ce remplacement : les travaux des hygiénistes alle- mands des vingt dernières années, l’histoire de la déferrisation en Allemagne, les statistiques des distributions d’eau allemandes sont là pour le prouver. M. van DEN BroEck estime que l'on pouvait surtout comprendre la phrase de M. Kemna dans le sens qu’il lui a donnée; il faut donc croire que l'expression de notre savant confrère a trahi sa pensée. M. Scawers. — En réponse à la question faite par M. van den Broeck à la dernière séance, j’apporte quelques chiffres monirant les variations de la teneur en matières humiques des eaux souterraines ferrugineuses et manganésiféres traitées par des installations d’Allema- gne et de Hollande. {ls sont de nature à rassurer ceux qui craindraient un effet fâcheux de cette variabilité. En Hollande, dix-neuf distributions d’eau souterraine déferrisée ont les teneurs suivantes en Mgr K? Mn? OS/L. ERAAAROUE) . … . . .. 10.4 Hengeloo. . . . . . . . 6.9 Amsterdam-Zandvoorde . . . 9.3 ’s Hertogenbosch -. . . . 2.3 OU" 5.0 bPeldens en. ..776,3 HER TONI Middelburg. . . . . : . 45.8 Enschedé . et) 25 Rogrmond . . …« .. - … (0: Be LAHoMen 0. 000 0. , 40.1 Missmsenese 0," 0 10958 MAS. ee à ., .6.5 VMOORDALE A RCE 1 9 ADEME DR 2 sn 7 9.4 LANTA ER UE Re EC NS BemHelder. .+e . . , . . 7.6 Julien eee 2e 60.5 MélleVoetsluis . . . . + . 8.0 La teneur en matières organiques varie done de 0.3 à 15.8 Mgr K? Mn? OS/L. En Allemagne, six distributions d’eau souterraine déferrisée ont de 0.6 à 20.7 Mgr K? Mn? O/L : M. Gladbach. SAC RC CE 0.6 Stade en en LU LT El Larasr AQU Hannover . . . . . . . 44 Kiel-Schuelensee . . . . . 7.9 bremen-Abattoir . . . . . 920.7 Berlin.Mueggel . . . . . 3.) Dans une même distribution, la teneur en Mgr K? Mn? O8/L varie d’un puits à un autre (tout comme le fer). À Delitzsch, quatre puits renseignent : | 47.8 7.9 T4 2.4 Mgr K2 Mn? Of/L 7.9 1.6 1.3 traces Mgr Fe/L 206 PROCÈS-VERBAUX. Dans une même installation, il y à aussi des variations périodiques de la teneur en matières organiques pour l’ensemble de l’eau pompée ; à Braunschweig (Brunswick), la teneur en matières organiques de l’eau qu'on traite varie entre 15 et 33 Mgr K? Mn? OS/L suivant les moments de l’année; on a observé que, lorsque le niveau de la nappe est abaissé, la quantité de matières organiques est la plus faible ; lorsque le niveau se relève, au printemps, la quantité de matières organiques est la plus forte. En somme, la teneur en matières humiques des eaux souterraines (tout comme la teneur en fer) varie dans l’espace et dans le temps; comme le succès des installations de déferrisation ne s’est pas ressenti de cette variabilité, on n’a pas de craintes à concevoir de ce côté-là. M. Le PRÉSIDENT. — M. Schwers pourrait-il nous dire si l’on connaît la cause de l’arrivée des matières humiques dans certaines des installa- tions d’eau qu'il a citées? En ce qui concerne Turnhout, l’origine de ces matières est bien connue; le fond du puits est enfoncé de 3 mètres dans une couche de lignite. M. Scawers. — Je ne pourrais répondre à la question de M. Rutot; mais Je sais que beaucoup d'installations puisent leurs eaux dans des terrains où se trouvent des couches de lignite plus ou moins puis- santes. M. van DEN BROECK. — Je ne puis songer à discuter la question de la déferrisation ; de multinles et absorbantes occupations m’empé- chent, comme je l’ai déclaré, de participer même à la discussion de mes propres thèses. Cependant, je me félicite de ce que ma petite note à amené les intéressantes communications de M. Schwers ; celles-ci ont eu pour résultat d’éclaircir beaucoup de points obscurs pour d’autres encore que moi. Nul doute que nos collègues se montreront très satisfaits d’avoir été si complètement mis au courant de l’état actuel de cette importante question. GEoRGEs Cosyxs. — Résidu de dissolution de quelques calcaires belges. Quand on soumet les divers calcaires à l’action des acides éten- dus, on observe que la dissolution se fait très irrégulièrement. Les fossiles recouverts d’une légère pellicule de calcédoine sont très lents à se dissoudre ainsi que les parties plus dolomitiques, plus compactes ou plus siliceuses. SÉANCE DU 18 MAI 1909. 183 Si on poursuit complètement l'attaque, on obtient un résidu ultime insoluble. L'étude microscopique montre que ce dépôt est formé de cristaux bien nets et caractéristiques qui, à défaut de fossiles, pourraient peut-être contribuer à identifier un horizon stratigraphique. Nodules calcaires des terrains houillers (1). Ces formations compactes, qui contiennent des nodules de matière charbonneuse pseudomorphisant parfois des goniatites, abandonnent, par dissolution des cristaux de quartz bipyramidés libres, de curieuses formations de marcassite en rosette, quelques rares cristaux de pirite et de petits groupements très caractéristiques de barytine crêtée, sou- vent associés à la flnorine. En outre, on observe de petites masses pyri- formes de matière charbonneuse tout à fait identique à celle décrite dans le calcaire viséen. Calcaire noir de Dinant. Il existe entre les bancs de marbre noir de la Molignée, particulière- ment dans les environs de Denée et de Warnant, des intercalations plus siliceuses qui, attaquées par les acides, se hérissent d’une infinité de cristaux de quartz dont les plus grands atteignent jusqu’à 4 centi- mètres de long. Ce minéral est distribué tantôt au hasard de la roche, tantôt suivant des veines et veinules. Le filon proprement dit est constitué de quartz grenu, cimenté par un peu de calcaire et de calcédoine, sur lequel s’implantent, presque perpendiculairement à sa surface, de longs prismes de quartz. Les cristaux ont dû subir de très fortes pressions, car ils sont presque tous brisés, et les divers tronçons ont chevauché les uns sur les autres en restant parallèles à eux-mêmes (fig. 1) ou en s’inclinant fortement les uns par rapport aux autres; beaucoup de cristaux ont l'aspect tordu ou courbé, mais présentent une série de crevasses à la partie convexe. Parfois, le cristal ainsi fragmenté continue à croître et s’entoure d’une enveloppe saine. On peut donc voir dans un cristal à contour régulier un autre inclus à contour brisé. On déduira de ce fait que, durant la période pendant laquelle s’éla- boraient et s’édifiaient les premiers cristaux, la roche se trouvait dans un état de repos relatif et qu'aucun mouvement ne venait entraver l’édi- ——— (1) Composition chimique des enclaves charbonneuses des terrains houillers et car- ” bonifères. (Soc. GÉOL. DE BELGIQUE, 16 avril 1909.) 1909. PROC.-VERB. di 184 © PROCÉS-VERBAUX. fication cristalline ; après ce stade de repos, il s’est produit une période de bouleversement orogénique dont les efforts déterminèrent la rupture des éléments de la roche. Après ces perturbations, le calme a permis une nouvelle édification de quartz et de calcédoine qui est venue combler les crevasses et entourer les éléments tronçonnés d’une enveloppe siliceuse. On remarque que ce quartz secondaire est plus pur et contient moins d’inclusions que celui de première formation. Le croquis ci-contre montre trois prismes de quartz tron- çonnés (fig. 1, 2, 3) et trois _coupes au travers de ces _ cristaux mettant en évidence l'importance des inclusions (fig. 4 et »). La figure 6 montre un cristal de quartz dissolvant et re- ” poussant la caleite dont on peut voir la désorientation ” des clivages. La figure 7 représente un cristal de calcite comprimé “avec intercalation de quartz dans les fissures de clivages. Les plus grands individus sont plutôt des squelettes de cristaux, tant le volume et le nombre d’inclusions est considérable (voir fig. 5). Il est intéressant de constater que certaines plages assez étendues montrent. une grande quantité de cristaux qui éteignent en même temps la lumière polarisée. Ces divers individus ont donc leur axe de même élasticité rigoureusement parallèle. Ce phénomène d'orientation explique comment, par la concrescence, plusieurs individus peuvent former un grand cristal. SÉANCE DU 18 MAI 1909. 185 Certains cristaux de calcite ont été partiellement pincés entre deux individus quartzeux ; la partie comprimée du carbonate de chaux a diminué d’un tiers, comme Île montre la figure 7; cette pression a déterminé la formation de la macle mécanique de Baumhauer et l’entre- bâillement des lamelles de clivage. Ces vides ont été comblés par du quartz pur et homogène, imdiquant qu'aucune perturbation orogénique n’est venue détruire la seconde formation cristalline. Si l’on attaque longuement ces assemblages par les acides, on obtient finalement une petite masse siliceuse ayant la forme de la caleite disparue et formée d’une infinité de loges rhomboïdiques. La figure 6 montre un prisme de quartz qui doit lutter, au cours de son édification, avec un grand cristal de caleite; celui-ci est partielle- ment dissous, mais, d'autre part, 1l est comprimé et refoulé, avec chiffonnement des lamelles de clivage, aux points de contact. V1b. Calcaire viséen à Productus Cora d’Engis. Ce calcaire carbonifère laisse un important résidu de quartz bipyra- midés, formé de cristaux absolument nets, d'une limpidité parfaite. Les cristaux sont rarement maclés, mais présentent des faces de pla- gièdres divers, de nombreux cristaux de pyrite et des cubes de fluorine. Calcaire viséen de Richelle et Argenteau. Ici, les quartz sont également purs, n’ont pas d’enclaves calcaires ni charbonneuses, mais présentent de nombreuses inelusions liquides ou gazeuses. Les cristaux sont souvent maclés, ou plutôt groupés pour former des assemblages parallèles d'individus accolés suivant la face du prisme. On ne rencontre Jamais de macles en cœur. Certaines parties de la roche renferment de petites sphérules en forme de larmes bataviques de matières charbonneuses considérées autrefois comme anthracite. Ces formations globulaires sont identiques à celles rencontrées dans les nodules calcaires des terrains houillers. En outre, on trouve une très grande quantité de cubes et d’octaèdres de pyrite, des cristaux de marcassile, de chalcopyrite. Petit granit”de Fleurus. Cette roche contient des quartz très limpides présentant souvent la macle en cœur, des cristaux de fluorine, barytine et galène. 186 PROCÈS-VERBAUX. Calcaire dolomitique de Marche-les- Dames. Cette formation, qui contient de nombreux cristaux d’ankérite, abandonne par dissolution une grande quantité de macles en cœur de. quartz, mais sans autres minéraux. Calcaire noir de Tournai (1). L’assise crinoïdique donne un résidu ultime formé de rares cristaux de quartz squelettiques, bourrés d’inelusions calcaires et charbonneuses. - Ils rappellent les quartz de la Molignée. De plus, on rencontre de. la pyrite et des masses de barytine pénétrées de fluorine. Discussion. M. Le PRÉSIDENT. — La communication que nous fait M. Cosyns ajoutera probablement un caractère nouveau très utile aux divers moyens de distinguer nos calcaires. M. van DEN BroEcx. — Les observations de M. Cosyns ont assuré- ment une très haute importance stratigraphique, et je crois utile de signaler qu’elles peuvent même avoir une grande portée paléontolo- gique. Dans nos musées se trouvent de nombreux éléments fossiles rares ou uniques d’origine inconnue; peut-être le niveau stratigra- phique de plusieurs d’entre eux pourrait-il être identifié par ces aspects minéralogiques. Mais il convient d'examiner si ces caractères ne peuvent avoir une valeur stratigraphique et géographique plus générale; il ne suffit point de se contenter de quelques gisements; les caractères minéralogiques sont-ils constants dans un horizon? Je mets à la disposition de notre savant confrère les nombreux matériaux que j'ai été amené à récolter dans ces derniers temps, afin qu’il puisse étendre ses conclusions par une étude générale et systématique; je lui demanderai dès maintenant si ses observations ont porté sur le bassin de Dinant et celui de Namur. M. Cosys. — Je n’ai surtout étudié, à ce point de vue, que quelques échantillons provenant principalement des environs de Liége et de Dinant. M. Le Présinenr. — Nous engageons vivement M. Cosyns à continuer ses travaux dans cette voie, qui paraît devoir être féconde. (?) Je tiens à remercier M. Piret pour les matériaux qu’il a bien voulu mettre à ma disposition pendant le cours de mes recherches. SÉANCE DU 18 MAI 1909. 187 E. MarzLiEux. — Coup d’œil sur la tranchée du chemin de fer vicinal d Olloy à Oignies (en construction). La Société nationale des Chemins de fer vicinaux belges est occupée en ce moment à faire construire, entre Olloy et Oignies, une ligne ferrée à voie étroite qui permettra sans doute de remettre en activité, dans un prochain avenir, l'exploitation des gisements d’ardoises d’Oi- gnies, dont les grandes difficultés de transport ont été l’une des causes d'abandon. Ajoutons qu'il existe également, paraît-il, aux environs d'Oignies, des gîtes de kaolin assez riches, dont l'exploitation contri- buera aussi, dans une certaine mesure, à donner à la pittoresque cité ardennaise un regain d'activité et de vie, dès qu’elle cessera d’être isolée de toute communication par voie ferrée. Le tracé du vicinal, depuis la gare d’Olloy, suit à mi-côte le flanc : oriental de la colline à gauche du ruisseau de Noye, puis, à environ 1 200 mètres au Sud-Ouest du village, traverse l’étroit vallon, passe sur la rive droite du ruisseau, qu'il n’abandonne plus, et emprunte, toujours à peu près à mi-côte, le flanc occidental de la grande colline qui s'étend entre Ollov et Oignies, et dont les hauts sommets atteignent des altitudes de 310 à 561 mètres. Ce tracé suit un parcours réellement enchanteur, offrant aux veux du touriste des points de vue dignes des Vosges; et le géologue y ren- contre, dans de nombreuses tranchées, de multiples sujets d’observa- tion et des gîtes fossilifères peu nombreux, il est vrai, mais neufs et très riches. On traverse, en effet, à peu près normalement à leur direction, toute une série de couches partant du Couvinien inférieur (Coa) et des- cendant jusqu'aux schistes d’Oignies (Ge). Toutefois, jusqu’à présent, les tranchées ne dépassent guère le Hundsrückien (Cb2), le reste de la ligne jusque Oignies n’étant encore qu'ébauché; mais c’est précisément, de cette région tourmentée, la partie la plus intéressante que les tran- chées ont mise à découvert, en y offrant des coupes superbes qui confir- ment les vues de notre savant confrère et ami, M. Louis Bayet, l’auteur de cette partie compliquée de la Carte géologique officielle. Nous n'aurons guère à signaler, en passant, que quelques minimes erreurs de détail que les difficuités du levé, dans cette région, rendaient inévi- tables. Le désaccord qui règne sur la valeur de certains termes de la nomenclature stratigraphique de lInfradévonien m'engage, avant d'aller plus loin, à exposer, en quelques mots, ma manière de voir à ce sujet. 188 _ PROCÈS-VERBAUX. On sait que la Commission de la Carte géologique officielle de Bel- . gique a fait entrer dans le Dévonien moyen, sous le nom d’étage cou- vinien, assise de Bure (Coa), les deux zones de la grauwacke de Hierges de M. Gosselet et qu'elle a également retranché de l’étage coblencien, pour en faire un étage disunct, les roches rouges de Winenne (Pou- dingue de Burnot), ne laissant subsister, sous le nom de (oblencien, que les trois termes inférieurs de ce système tel que l’entendait M. Gosselet (grès de Vireux = Cb5, grauwacke d’Houffalize — Cb2 et grès d'Anor — Cbl). I y a bien des restrictions à opposer aux conclu- sions adoptées par cette Commission, et M. de Dorlodot, notamment, a déjà publié, à cet égard, sa manière de voir, que j’ai rappelée dans une note précédente d’après une lettre détaillée qu'il avait eu la gra- cieuseté de m'écrire (1). Rationnellement, il conviendrait de ne ranger dans l'étage couvi- nien que la zone à Spirifer cultrijugatus de la grauwacke de Hierges ou de Bure, el de comprendre dans l’étage coblencien, en lui donnant un autre nom pour éviter toute équivoque, la partie inférieure de la grau- wacke de Hierges où de Bure (zone à Spirifer arduennensis), les roches rouges de Winenne et les grès de Vireux, dont l’ensemble compose la Coblenzstufe du bassin de Coblence, les deux termes inférieurs de l’étage coblencien de la Carte géologique officielle (grauwacke d’Houfja- lize et grès d’Anor) correspondant, d'autre part, à la Siegenerstufe des géologues d'Outre-Rhin. Les couches qui se succèdent au Sud d’Oignies se diviseraient donc comme suit : | Système dévonien. DÉVONIEN MOYEN. 9, Cob n, m. — Assise calcaro-schisteuse à CALCEOLA SANDA- LINA. 4, Étage couvinien (?) (Cob n, m de la Carte. — Étage couvinien de M. Gosselet.) ou eifelien. 4. Coa. — Grauwacke à SP. CULTRIJUGATUS. (Coa pro parte de la Carte. — Partie supérieure de la grauwacke d’'Hierges de M. Gosselet.) (t) Bull. Soc. belge de Géol., t. XXII, 1908, Proc.-verb., pp. 215 à 9221. Voir H. DE DorLopor, in Bull. Soc. belge de Géol., t. XIV, 1900, Mém., pp. 157 à 160. — Ann. Soc. géol. du Nord, t. XXXII, 1903, pp. 226 à 934, et sbid., t. XXXIIT, 1904, pp. 8 à 2% et pp. 172 à 200. (2) Ce n’est que provisoirement que j’annote comme assise la grauwacke à Sp. cultrijugalus qui, vu sa puissance relativement peu importante, ne peut guère être considérée, en réalité, que comme une zone ou sous-assise de base de l'étage couvinien. SEANCE DU 18 MAI 1909. 189 DÉVONIEN INFÉRIEUR. de . Em.2 b. — Grauwacke à SP. ARDUENNENSIS. (Coa pro parte de la Carte. — Partie inférieure | p.92 | de la grauwacke d'Hierges de M. Gosselet. | — Obere Coblenzschichten des Allemands.) \ ne NS 1. Em.2 a. — Roches rouges de Winenne. se (Bt de la Carte. — Poudingue de Burnot de 3. Étage emsien (1) M. Gosselet. — Coblentquarzit des Alle- ou Coblenzstufe. | mands.) 1. Em.1,ou Daunien. — Grès de Vireux. (Cb3 de la Carte. — Grès de Vireux de M. Gosselet, — Untere Coblenzschichien des Allemands.) | 2. Sg.2. — Grauwacke d'Houfjalite. (Cb2 de la Carte. — Grauwacke de Montigny de M. Gosselet, — Hunsrückschiefer des Allemands.) 1 D: 1. — Grès d'Anor. ( Cb1 de la Carte. — Grès d’Anor de M. Gosselet. — Tau- nusquarzit des Allemands.) 2. Étage siegenien (! ou + 52 l Gd. — Schistes de Saint-Hubert. , # ne Ge. — Schistes d'Oignies. ù ien. se Gb. — Schistes de Mondrepuits. Ga. — Poudingue et arkose de Fepin. Système cambrien. Étage devillien (Dv2). ÉTUDE DE LA TRANCHÉE D'OLLOY A OIGNIES. La coupe mise au jour par les tranchées et que, à première vue, on pourrait prendre pour une suite de couches fortement inclinées, est composée, en réalité, de deux anticlinaux à allure isoclinale, affectant la région septentrionale de la coupe et succédant aux séries redressées et régulièrement juxtaposées du Gedinnien, du Siegenien et des grès de Vireux de la région méridionale. Un chemin qui, du premier passage à niveau traversant, dans Olloy même, la voie ferrée de Mariembourg à Vireux, se dirige vers le Sud et oblique ensuite vers l'Ouest, conduit directement sur les travaux. La tranchée entame d’abord, à environ 60 mètres au Nord de ce chemin, des bancs de grauwacke et de schistes grossiers que l’on ne (?) Ces divisions sont celles admises par M. DE DorLoborT. Voir notamment Ann. Soc. géol. du Nord, t. XXXIHII, 1904, p. 202. 190 PROCÈS-VERBAUX. peut séparer de la grauwacke de Bure (ou de Hierges), ce qui amène à reculer de cette distance vers le Nord la limite séparative des assises de Bure à Sp. cultrijugatus et de Couvin à Calceola sandalina que M. Bayet indique, en cet endroit, comme longeant à peu près la partie | du chemin précité qui oblique vers l’Ouest. [1 ES o ets FiG. 4. — Extrait de la Carte topographique au 1/45 000, feuille de Beauraing n° 58. CASE St 51% ) e Légende : V------ V': Tracé du chemin de fer vicinal d’Olloy à Oignies. : Limite des terrains. N. B. — J'ai conservé, sur cette Carte, les abréviations usitées par la Commission géologique de Belgique pour indiquer les subdivisions stratigraphiques de la Carte géologique officielle. Il suffit de se reporter au tableau pages 188, 189 pour les termes équivalents. SÉANCE DU 18 MAI 1909. 191 Les couches inclinées de 50 à 60° vers le Sud-Est contiennent de nombreuses veines de fer (oligiste et limonite) et sont fossilifères en un point indiqué sur la carte ci-annexée (voir f. 4). J’y ai observé les espèces suivantes : Homalonotus sp. (joue et lobe palpébral). Chonetes sarcinulata. Spirifer subcuspidatus. Spirifer hystericus. Rhynchonella cf. Orbignyana (moules internes). Ces bancs ne sont visibles que sur une distance de 40 à 50 mètres, . Ja tranchée cessant ensuite d'atteindre la roche sur un parcours d’en- viron 200 mètres. Ils appartiennent indubitablement à la partie supé- rieure de l’assise de Bure (zone à Sp. cultrijugatus), bien que je n’y aie pas encore rencontré le Spirifer caractéristique, et 1ls constituent, par conséquent, l’assise inférieure du Couvinien. Les couches qui leur succèdent conservent la même inclinaison, mais sont composées d’une sorte de phyllade bleu violacé, avec bancs de psammite et de grauwacke. Elles sont très fossilifères et renferment, au point indiqué par M. Bayet (voir f 2 de la carte ci-annexée) : Cryphaeus sp. (!). Chonetes sarcinulata. Tentaculites scalaris. Chonetes sp. Capulus sp. Leptaena depressa. Spirifer arduennensis. — Sp. — paradoaus. Orthis circularis. — hystericus. — vulvaria. — subcuspidatus. Streptorhynchus umbraculum. Cyrtina heteroclyta. Anoplotheca venusta. . Athyris undalta. Avicula lamellosa. — Sp. Pterinea striato-costata. Atrypa reticularis. — costala. Rhynchonella daleidensis. — concenirica. — pila. Fenesitella sp. Pentamerus Oehlerti. Pleurodyctium sp. Megantheris Archiaci. Acanthocrinus longispina. (?) Espèce probablement nouvelle, dont les plèvres du thorax, de même que les segments latéraux du pygidium, se prolongent en épines plus longues et plus minces que celles qui ornent le C. laciniatus, notamment au thorax. 1909. PROC.-VERB. 11” 192 PROCÉS-VERBAUX. Les schistes phylladeux avec banes de grauwacke passent ensuite à la grauwacke avec bancs de grès. Ces roches appartiennent à la zone à Spirifer arduennensis (Coa pro parte) et forment le sommet de l'Emsien supérieur (Em2b), correspondant aux: Obere Coblenzschichten du bassin de Coblence. Le contact de la grauwacke à Sp. arduennensis avec les roches rouges de Winenne (!) qui suivent n’est pas très nettement visible : ces der- nières débutent, en effet, par des grès fragmentés de teinte rouge et d'aspect détritique, visibles sur une vingtaine de mètres. Ils commen- cent à environ 80 mètres au Nord de la limite septentrionale du Burnotien, telle que l'indique la Carte géologique officielle, et à peine à 20 ou 50 mètres au Sud du point où M. Bayet a placé en cet endroit la dernière annotation du Coa. Leur limite méridionale doit également être déplacée d'environ 70 mètres vers le Sud, car cette première bande Æm?a (Bt de la Carte) est mise à découvert sur un parcours d'environ 350 mètres au lieu des 200 mètres qu'indique à peine la Carte géologique officielle. Les couches ont un pendage de 55° environ vers le Sud-Est, à peu près constant dans toutela bande, que la tranchée traverse normalement à sa direction. Vers le milieu de cette bande burnotienne, la tranchée entame, sur une distance d’une trentaine de mètres, des roches différentes d’aspect (voir À de la carte) : schistes et grès noirâtres, que l’on ne peut séparer de l’assise des grès de Vireux Em1{ (Cb3 de la Carte géolo- gique). La présence et la disposition de ces roches au sein des roches de Winenne sur lesquelles elles tranchent violemment, ainsi que la dispo- sition des schistes et grès rouges, indiquent que nous sommes en présence d'une voûte anticlinale à laquelle la constance de la direction du pendage des roches rouges dans les deux branches du pli donne des allures isoclinales. | La coupe de cette partie dela tranchée est particulièrement intéres- sante, et 1l me paraît utle de la reproduire ci-contre. On observe d’abord, au Sud, les roches rouges de Winenne avec leur pendage de 55 à 60° vers le Sud-Est, puis les roches noires de Vireux ayant la même pente et venant buter contre une faille FF (:) Bt de la Carte géologique au !/,5 000 = Em2a ou FEU inférieure de l’Emsien : supérieur — Coblenxquarzit. SÉANCE DU 18 MAI 1909. 193 inclinée de 84 vers le Sud. Les couches qui suivent, appartenant toujours à la même assise de Vireux, se présentent successivement avec des pendages de 84° à 88° vers le Sud-Est, puis de 70° vers le Nord- Ouest. Vers l'extrémité septentrionale de cette formation, les couches butent de nouveau contre une seconde faille, inclinée, celle-ci, de 38° vers le Nord. Au Nord de cette faille, on voit encore quelques mètres de grès noirs avec schistes ayant une tendance de plus en plus prononcée à se redresser, puis enfin réapparaissent les roches rouges de Winenne, reprenant presque aussitôt leur pendage de 50° à 60° vers le Sud-Est. —> Fia. 2. — Coupe en A de Ia carte. | Légende : FF, FF’ — failles. a — grès noirâtres avec bandes de schistes noirâtres intercalées (Em), b — grès et schistes rouges (Em2a). Les têtes de bancs des grès de Vireux sont légèrement incurvées en arrière. Cela s'explique, sans doute, de même que les deux failles, par la violente compression subie par cette partie des couches lors de la poussée formidable ayant formé ce ridement, alors que des séries considérables de couches, aujourd’hui disparues, s’étageaient au-dessus des roches rouges de Winenne. Comme on l’a vu précédemment, la branche burnotienne méridio- nale de l’anticlinal plonge vers le Sud-Est sous un angle d'environ 55". Les roches rouges font place ensuite à des grès brunâtres avec grains de kaolin. Ces grès, qui appartiennent à la base de la grauwacke à Sp. arduennensis Em2b (Coa pro parte) rencontrée déjà précédemment, ont été, autrefois, activement exploités pour la fabrication des pavés, car on observe, dans cette région, plusieurs carrières où 194 PROCÉS-VERBAUX. l’extraction ne se fait plus, actuellement, que d’une façon très peu suivie. KES Les grès Em2b ne sont que fort peu entamés par la tranchée, mais ils le sont suffisamment pour permettre de constater leur présence sur un parcours d'environ 280 mètres, après lequel réapparaît une série de schistes rouges de Winenne Em2a que la tranchée découvre par intermittence sur environ 100 mètres de distance, sans que les dispo- sitions déconcertantes de leur clivage m’aient permis de déterminer exactement leur allure aux points où 1ls sont visibles. On parcourt ensuite plusieurs centaines de mètres pendant lesquels la tranchée n’attaque presque plus la roche; mais on peut constater que le sous-sol y est d’abord formé de grès brunâtres analogues à ceux rencontrés précédemment et appartenant comme eux à l’assise à Sp. arduennensis (Em2b), puis, que l’on traverse une nouvelle et troisième bande assez étroite de roches rouges de Winenne (Em2a). Les seules déductions qu’il soit permis d'en tirer, c’est que les grès Em2b forment un double pli en fond de bateau (synelinal) dont la partie inférieure seule a résisté à l’arasion des sommets et au milieu desquels émerge une voûte anticlinale constituée par les roches rouges de Winenne. Cette voûte forme ici une sorte d’ilot non indiqué sur la Carte géologique officielle et situé dans le prolongement occidental de la bande burnotienne que figure M. Bayet à 1 200 mètres à l'Est de ce point. Les roches rouges plongent ensuite, au Sud, sous les grès de la zone à Sp. arduennensis en dessinant un synelinal dont la branche méridio- nale redressée s’épaule sur les dépôts antérieurs dont nous allons suivre les séries disposées régulièrement. À partir de l’endroit où la tranchée entame de nouveau la roche jusqu’au point où les travaux sont parvenus jusqu’à présent, on ren- contre des couches appartenant à trois niveaux différents, mais incli- nées assez régulièrement vers le Nord magnétique sous un angle de 20 à 25°. Ce sont d’abord, sur un parcours d'environ 600 à 650 mètres, des grès et schistes noirs composant l’assise de Vireux Em (Cb5 de la Carte géologique) que nous avons vus déjà émerger au sein du premier anticlinal des roches rouges de Winenne (en À de la carte). Les fossiles n'y sont pas très communs, et je n’y ai relevé qu’un seul point fossi- lifère indiqué sur la carte par le signe f5. On y rencontre : Cryphaeus laciniatus. Capulus priscus. Homalonotus crassicauda. Bellerophon sp. Tentaculites scalaris. Spirifer paradoxrs. SÉANCE DU 18 MAI 1909. 195 Spirifer aff. arduennensis. Chonetes sarcinulata. — hystericus. Leptaena depressa. — subcuspidalus. : Modiomorpha sp. Megantheris Archiaci. Pterinea striato-costata. Athyris undata. — costala, Streptorhynchus umbraculum. — Sp. Rhynchonella daleidensis. Avicula lamellosa. Rensselcæria. Pleurodyctium problematicum. Aux roches de Vireux succèdent ensuite des schistes, psammites, grès et grauwacke, constituant l’assise d'Houffalize — Sg2 (Cb2 de la Carte géologique — Hunsrückschiefer des Allemands) et dont la lar- geur d’affleurement occupe environ 1 120 mètres. Ici non plus, je n'ai rencontré encore qu’un seul gite fossilifère, mais il est intéressant parce qu'il confirme des constatations que j'avais eu l’occasion de faire précédemment aux environs de Couvin. Ce gisement, auquel on parvient aussitôt après avoir traversé un petit vallon sec dirigé de l'Est vers l'Ouest, est situé à environ 180 mètres au Sud de la limite séparative, d’après M. Bayet, du grès de Vireux et de la grauwacke d’Houffalize. Il est donc relativement bien près du sommet de l’assise d'Houffalize (Sg2). Les couches fossilifères débutent d’abord, du haut en bas, par une bande mince de grauwacke pétrie de brachiopodes, où abondent sur- tout les Chonetes sarcinulata et plebeia, surmontant 1"50 à 2 mètres de roches sans fossiles reposant elles-mêmes sur une bande fossilifère beaucoup plus considérable que la première. Les espèces les plus communes Sont : Capulus priscus. Leptaena depressa. Tentaculites scalaris. — Murchisoni. Spirifer paradoxus. — SP. — aff, arduennensis. Chonetes sarcinulata. — hystericus. — plebeia. Athyris undata. Avicula lamellosa. — Sp. Pterinea costata. Atrypa reticularis. — striato-costata. Rhynchonella daleidensis. Zaphrentis primævus. Megantheris Archiact. Pleurodyctium problematicum. Je signalerai aussi tout spécialement une grande coquille de lamellibranche (Aviculopecten ?) mesurant 0"095 de longueur et 196 PROCÉS-VERBAUX. portant des traces très nettes d’un polypier du genre Aulopora non encore signalé, si je ne me trompe, dans les couches siegeniennes belges (voir à la fin de cette note). Deux faits sont à noter : 1° La position du gisement près du sommet de l’assise et sa manière d’être 2° La présence des espèces suivantes : Spirifer paradoxus. Spirifer aff. arduennensis. Megantheris Archiact. Or, dans les environs de Couvin, j'ai observé, toujours près du sommet de la même assise, une zone fossilifère se comportant de même et où abondent les mêmes espèces [notamment à Couvin (Platinerie) et surtout à Couvin (Pernelle), où, dans la tranchée du chemin de fer vicinal de Rocroi, un banc est pétri de gros Mesontiess et contient également des Spirifer paradoxus|. Il y aurait donc là un fait constant, qui semblerait indiquer l’exis- tence d’un niveau spécial au sommet du {/unsrückien, que l’on doit retrouver un peu partout au même horizon dans la bande siegenienne de la bordure méridionale du bassin de Dinant et caractérisé par une faune ayant conservé, en partie, un facies emsien assez accentué. Les 180 mètres qui, à Olloy, séparent les couches fossilifères du sommet de l’assise n’ont rien d’exagéré et ne peuvent donner matière à objection au point de vue de ce qui précède, car, en puissance, étant donné l’angle du pendage, ils représentent à peine 75 à 80 mètres, el il en est à peu près de même pour les gisements analogues des environs de Couvin, mentionnés plus haut. La tranchée n’a pas encore atteint, pour ainsi dire, les grès d'Anor — Sgt (Cb1 de la Carte géologique — Taunusquarzil) que l’on ren- contre à environ À kilomètre au Sud du gite f4; mais quelques travaux ébauchés le long du tracé m'ont permis de constater l'allure des couches, qui est sensiblement la même que celle des deux termes pré- cédents. Quant aux fossiles, des blocs de surface, près du sommet de l’assise, m'ont procuré : Spirifer primævus. — hystericus, var. Gosseleti. — daleidensis. Athyris undate. Rensselæria. a — SÉANCE DU 18 MAI 1909. 497 Les travaux y mettront vraisemblablement à découvert un gite qu’il sera intéressant d'explorer lorsque la tranchée, ayant atteint son point extrême, aura permis également l’étude des couches gedinniennes tra- versées. Ajoutons une dernière remarque : partout où existent des schistes, ils montrent des dispositions de clivage hautement intéressantes qui, à elles seules, mériteraient une étude spéciale que je me propose d'entreprendre dès que la tranchée sera achevée. Je donne ci-après la coupe d'ensemble montrant l'allure tourmentée des couches traversées par le tracé du vicinal. = Nord É An Ée LA GAS can rue. | (Gi CRE o AN Des RP ex Ÿ ‘* *% \ (a ROLE Ÿ Fe An eu. 7% MA Ce S. a S ° ce s, +1 ee | os ue AVE C2 na LE ca An ce CG ho KP Le) “ eo S sg se CNT © | we 75 ee 2 IT AC voa Ÿ A a ÿ CN \ ce © ec & AN 2, Fe @ ® 7 FIG. 3. — Coupe générale suivant VV’ de la Carte. Légende : VAE Tranchée du chemin de fer vicinal d'Olloy à Oignies. Cob n m : Schistes et calcaire à Calcéoles. 5e | À Étage couvinien. Coa : Grauwacke à Sp. cultrijugatus. = Em2b : Grauwacke à Sp. arduennensis. Em2a : Roches rouges de Winenne. Étage emsien. Emi : Grès de Vireux. Sg2 : Grauwacke d’Houffalize. | Pen Sg1 : Grès d’Anor. 195 PROCÈS-VERBAUX. Le polypier AULOPORIDE du Siegenien supérieur d’Olloy. Milne-Edwards et Jules Haime donnent la diagnose suivante du genre Aulopora Goldf. 1829 (1) : « Polypier fixé, rampant, se multipliant par gemmation latérale, composé de polypiérites cylindroiïdes ou en cornet, plus ou moins libres entre eux latéralement, et recouverts d’une épithèque complète. Les stries cloisonnaires souvent indistinctes. Leur cavité viscérale communique avec celle de leur parent. » Le genre voisin Cladochonus MCoy, 1847, — Pyrgia M. Edw. et J. Haime, 1851, se distingue du précédent par sa forme simple, libre, sa forte épithèque, son calice très profond. Il existe également d’autres genres, parmi lesquels le genre Aulo- cystis Schlüter, 1885, basé sur l'existence de planchers infundibuli- formes. | Pour autant que son état de conservation bien précaire permette d'en juger, l'échantillon que j'ai recueilli à Olloy et que je mentionne page 196 se rattache plutôt au genre Aulopora. Il est, en effet, fixé, rampant, composé de polypiérites de forme turbinée, peu élevés, formant réseau peu serré et se multipliant par gemmation latérale irrégulière prenant naissance près du calice. Ce dernier paraît avoir un diamètre moins large que celui des polypiérites et atteignant 4 ‘/o à 2 millimètres. La longueur des polypiérites varie entre 5 et 7 millimètres. Cet Aulopora paraît offrir certaines affinités avec l’A. repens Goldf., dont il se sépare cependant par ses réseaux moins serrés, la taille plus forte de ses polypiérites et le diamètre plus grand de ses calices, ce qui le rapprocherait de l’A. cucullina Mich. s’il ne paraissait s’en écarter par son aspect moins turbiné. Il est, du reste, impossible de baser une diagnose certaine sur un échantillon relativement défectueux que l’on ne peut fixer qu'avec doute, puisqu'il ne consiste qu’en une empreinte en creux. De plus, la comparaison est d'autant plus malaisée que l’on n’a encore signalé, à ma connaissance du moins, aucun Auloporide dans les couches belges inférieures à l’assise à Calcéoles. Il n’en est pas de même dans les contrées voisines, où divers auteurs (t) Monographie des Polypiers fossiles des terrains paléozoïiques. Paris, 1851, p. 311. 4 ont fait connaître, dès le Silurien, des polypiers ‘des genres Aulopora Goldf. et Reptella Rolle. M. Ch. Barrois a signalé également à Hont- de-Ver, dans des couches qu’il range entre le Silurien E et le Spiriferen- Sandstein, un Cladochonus (C. striatus Gieb. sp.) que Giebel et Kayser avaient fait connaître dans le Hercynien du Harz sous le nom d’Aulo- pora striata Giebel. SÉANCE DU 18 MAI 1909. 199 FiG. 4. — Moulage artificiel de l'empreinte d’une portion d'n grand Aviculopecten ? sur la valve duquel est fixé un polvpier du genre Aulopora (un peu réduit). Dans leur grande Monographie des polypiers fossiles des terrains paléo- zoïques, Milne-Edwards et J. Haime citent à Néhou (Manche) et à Viré (Sarthe), Aulopora repens Goldf., Aulopora cucullina Mich. et Aulopora spicata Goldf., espèces dont les deux premières se rencontrent jusque dans le Frasnien. Or, les couches de Néhou, transgressives sur le Silurien supérieur, appartiennent au Coblencien inférieur, et le calcaire de Viré repré- 200 . PROCES-VERBAUX. sente un horizon synchronique, ou à peu près, du calcaire de Néhou. II n’y aurait donc rien d’impossible à ce que l'espèce siegenienne d’Olloy soit une forme ancestrale fort voisine des À. repens et À. cucul- lina. E. MAILLiEux. — Étude comparative de la répartition des espèces fossiles dans le Frasnien inférieur du bord méridional du bassin de Dinant et dans les niveaux synchroniques du Bou- lonnais. Cet important iravail, ainsi que son annexe : « Note sur les Streplo- rhynchus de la zone à Sp. orbelianus du Frasnien de lArdenne », est résumé par le Secrétaire général. [l sera inséré aux Mémoires. M. Le PRÉésinenT charge le Secrétaire de transmettre à M. Maillieux les très vifs remerciements de la Société pour son importante et active collaboration paléontologique. M. van DEN BroEck signale que notre confrère M. Piret s’est offert à fournir des listes d’espèces nouvelles du Calcaire carbonifère, que le Musée n’a pu acquérir et qui se trouvent à l’étranger. - M. Le PrésibenT. On parle souvent de la récente création de la Société des Amis des musées. Ce groupement ne pourrait-il se souvenir qu'il existe d’autres musées que ceux des Beaux-Arts? Le Musée d'Histoire naturelle, par exemple, privé depuis trois ans de ses crédits d'achat pendant toute la période d'installation des nouvelles galeries, a vu lui échapper de nombreuses trouvailles nationales; cependant, ses besoins sont bien modestes. Alors qu'on paie cinquante mille francs pour une œuvre d'art parfois contestable, avec deux ou trois mille francs on pourrait faire d'importantes recherches ou de rombreux achats de fossiles; c’est ainsi que, par convention avec M. Piret, celui-ci cédait au Musée chaque nouveauté au prix de vingt-cinq francs ; il est bien regrettable que l’on n’ait pu continuer ce contrat, faute de ressources. M. Léon GERARD. — Sur les progrès dans la production de l'ozone et le prix de revient de la stérilisation des eaux potables par l'ozone. Un rapport de M. le D' Roux, directeur de l’Institut Pasteur de Paris, communiqué au Conseil d'hygiène publique et de salubrité du dépar- tement de la Seine, le 5 mars 1909, conclut, au sujet des moyens SÉANCE DU 18 MAI 1909. 201 proposés pour la stérilisation des eaux d'alimentation de Paris, puisées à la Marne, à Saint-Maur, à l'adoption de l'ozone. Ce rapport est formel quant à l'efficacité de ce procédé au point de vue bactériologique et approuve le projet de M. Colmet d’Aage, ingé- nieur en chef de la Ville de Paris, dont le devis s'élève à 5 millions 300,000 francs. C’est un fait marquant dans l’histoire des procédés de stérilisation des eaux potables que les sommités scientifiques les plus autorisées et les autorités techniques les plus expérimentées n'hésitent pas à con- seilier à la Ville de Paris, d’immobiliser une somme aussi grande dans des installations basées sur l'emploi d’un produit réputé Jusqu'iet trop cher pour permettre des applications industrielles. C’est aussi la preuve éclatante que la découverte des propriétés bactéricides de l'ozone, faite par Frôlich en 1886, était d'ordre pratique, et la confir- mation des recherches du Prof Van Ermengem, de Gand (1), celles des bactériologistes allemands Ohlmüller et Proskauer, et de l’école fran- çaise de Roux et Calmette, qui ont établi que l'ozone préparé électri- quement était un agent de destruction radicale des bactéries pathogènes dans les eaux potables, enfin que les eaux ainsi traitées étaient claires, appétissantes et parfaites au point de vue sanitaire. Malheureusement, le prix de revient des procédés électriques restait trop élevé pour permettre de songer à les faire entrer dans la pratique courante, malgré les excellents résultats bactériologiques obtenus. Tel était l’état de la question lorsque j'ai décrit à un autre public, en 1906, l'installation d'épuration électrique des eaux à Ginneken (Bréda) (2), dont le prix de revient au mètre eube était de fr. 0.05 pour la stérilisation seule. Des perfectionnements successifs dans les moyens de production de l'ozone, l’abaissement des prix de vente de l’électricité ont peu à peu modilié le côté économique de la question. Les progrès réalisés ont eu pour premier effet d'améliorer le rende- ment en ozone produit par kilowatt-heure. De 8 à 10 grammes, je suis parvenu à porter le rendement au delà de 100 grammes. (!) Rapport rédigé à la demande du Gouvernement belge par MM. les professeurs VAN ERMENGEM, de l’Université de Gand, et LÉON GERARD, de l’Université de Bru- xelles, sur les installations d'épuration par l’ozone, système Tendal (Exposition de Bruxelles 1897). (2) LÉON GERARD, Installation d'épuration électrique des eaux à Ginneken (Bréda). (BuLL. SOC. BELGE D'ÉLECTRICIENS, t. XXII, 1905, p. 516.) 202 PROCÉS-VERBAUX. Le produit actif O5 est toujours existant à l’état de dilution dans l’air. En 1896, on considérait une teneur (concentration) de 4 à 2 milli- grammes par litre comme très élevée. Je produis industriellement des concentrations de 25 ou 50. La plupart des appareils anciens nécessitaient l'emploi de courants de haute fréquence que les circuits des centrales ne produisent pas normalement. Mes appareils fonctionnent aux fréquences commer- ciales de 40 à 60 périodes. Leur alimentation ne nécessite plus la création d'usines génératrices spéciales, le branchement d’un simple transformateur sur la ligne suffit à alimenter les appareils. Enfin la robustesse des appareils, leur rusticité exclut les risques de bris, permet le maniement des appareils par des gens non initiés et, chose capitale, réduit de beaucoup le prix de revient des installations. Les prix coûtants constatés à Paris, en tenant compte des frais directs seuls, au cours des essais de Saint-Maur (1905-1908), ont démontré des résultats très favorables (0217 à 4 centime par mètre cube). Il eût été intéressant de connaître aussi la part très importante dans le prix de revient de toute installation hydrologique à attribuer aux intérêts des capilaux engagés et des amortissements el frais de renouvellement des installations. Malheureusement, 1l n’a pas été possible aux rapporteurs, faute de renseignements suflisants donnés par les concurrents, de faire entrer en ligne de compte, dans leurs recherches sur les prix de revient, les dépenses de premier établissement, l'amortissement des capitaux engagés el les dépenses de renouvellement, non fournies par les concurrents. D'autre part, parallèlement aux expériences faites en Europe, on a appliqué industriellement, en Amérique, des procédés d'épuration basés sur l’usage de mes appareils d'ozone (1). Enfin, une installation municipale de stérilisation par l'ozone a été faite récemment à Chartres et fournit des données intéressantes de prix de revient, en dépit de conditions locales spéciales (?). C’est en tenant compte de ces divers éléments d'expérience, fournis par ces trois sources : Saint Maur, Pittsburg et Chartres, que j'établis les chiffres du tableau ci-dessous. Les essais ont porté sur des appareils stérilisant 100 mètres cubes (t) Voir description par G.-M. Dyorr, Electrical World, New-York, 29 août 1908, p. 440. (2) Voir description Bulletin des Ingénieurs civils de France, déc. 1908, p. 1045. SÉANCE DU 18 MAI 1909. 203 d’eau à l'heure. Le coût du courant électrique fourni était, par kilowatt- heure, de fr. 0.11. Le rapporteur à calculé ce que seraient les prix de la stérilisation dans une installation de 300 mètres cubes à l'heure avec le prix du courant de fr. 0.055. Dépenses d'exploitation pour la stérilisation d’eau filtrée de la Marne. Concours de la Ville de Paris. — Moyennes par mètre cube. (Sans intérêt ni amortissement.) PRIX PRIX CALCULÉ SYSTÈMES dans les essais pour à 1400 m5 de débit 300 m5 de débit courant électrique à 0,11 courant électrique à 0,055 Procédés par l’ozone: Sanudor (Tindall-Schneller). . . 0,0410 0,0114 Compagnie générale de l’Ozone oue Marmier et Abraham) . . . 0,0239 0,0096 Siemens-Defrise (Siemens-Tindall). 0,0184 0,0072 Procédés chimiques : Docédé Duyck. . . . . 0,0490 0,0090 Procédé Des Rumeaux . . . . 0,0130 non calculé Si l’on avait appliqué les mêmes modes d’expérimentation et de calcul pour le procédé Léon Gerard, actuellement employé à Pitisburg, toutes choses égales d’ailleurs, à l’expérience de Saint-Maur et pour 300 mètres cubes d’eau à l'heure, le coût eût été de fr. 0.0062. Si l’on compare ces prix aux coûts de la filtration sur le sable, que l’on estime être à [vry de fr. 0.017 et qui varient de 10 à 25 mil- limes par mètre cube dans divers cas, on doit reconnaître que l’ozone a cessé d’être un moyen de luxe. J'ajoute que les moyens de production de l’ozone ont fait des progrès sérieux, très récents, au point de vue industriel, mais que, question de prix à part, toutes les installations existant depuis plus ou moins longtemps à Ginneken, en Hollande (1905), à Nice (1906), à Wiesbaden (1906), à Paderborn (1904), à Cosnes (1907) et à Chartres (1908), quel que soit le système de production d’ozone, ont donné les résultats les plus satisfaisants au point de vue hygiène. Ces localités ont vu dispa- raitre les affections d’origine hydrique. 204 PROCÉS-VERBAUX. La question qui domine à présent est done de produire le plus d'ozone possible pour une quantité donnée d'électricité, de la produire sous la forme la plus concentrée, et cela à l’aide d’appareils robustes et simples. | Comparativement et d’après les essais de Paris, les divers systèmes essayés en Europe et en Amérique fournissent l'ozone dans des condi- tions de rendement et de concentration figurées ci-dessous. WATTS-HEURE CONCENTRATIONS pour | grammes par m° SYSTÈMES. 1 gramme d’ozone | Grammes d’ozone produits moyennes. | extrêmes. | moyennes. | extrêmes. par kw.-h. moyennes. Société Sanudor (Tindall- Schneider) . . | 1900! 8400 | 5900 100,00! 1,07 | 0,90 | 1,33 Société générale de l’Ozone | (Otto Marmier-Abraham). | 37,00 | 98,56 | 23.80 | 32,80] 4,00 | 3,06 | 6,00 Siemens-Defrise (Siemens- Tindall). + . .. : | 58,60! 147,05 | 13,50! 95 T0 486 Gerard Ozone Process(Léon | Gerard), à Pittsburg. . | 70,00! 1430 | 8,80 | 28,00! 8,00 6,00 | 24,00 | Pour apprécier la valeur de ces chiffres, 1l faut se remémorer que l’ozone est un gaz produit à l’état de dilution dans l’air et que, par conséquent, la force nécessaire à le convoyer dans les appareils de stérilisation, le volume et le prix de ces appareils à rendements égaux sont d'autant plus réduits que la concentration d’ozone est plus grande. Il y a donc intérêt à produire l’ozone, non seulement en grandes quantités pondérales, mais encore sous une forme très concentrée. Au reste, l'application de l’ozone à faible concentration (moindre que 5 grammes par mètre cube) à des eaux de rivière paraît critiqua- ble, d’après les recherches des bactériologistes français. De l'opinion du docteur Roux et du professeur Duclaux, la concen- tration de 5 grammes est la limite pratique inférieure et, d’après eux, les quantités pondérales d'ozone doivent être suffisantes et telles qu’on puisse les faire varier dans des limites plus ou moins étendues. Ce sont les données qui ont été adoptées pour l’installation de Chartres. La SÉANCE DU 18 MAI 1909. 205 concentration est de 3 à 6 et la quantité pondérale d’ozone 2 grammes par mètre cube. L'une des faces intéressantes du problème est que l’applieation de l'ozone coûte d'autant moins que les eaux à traiter sont moins souillées ; par conséquent, le procédé est applicable à très peu de frais à des eaux de source claires et d'apparence limpides, quoique exposées à des contaminations par de lointaines infiltrations. Il peut aussi s'appliquer à des eaux de sable très bonnes, mais chargées de sels de fer, qu’il faut éliminer pour permettre les usages domestiques, tels que le lavage du linge, ou les usages industriels, tels que la brasserie ou la teinturerie. Le traitement de telles eaux coûte très peu de chose. En variant le degré de concentration et la quantité d'ozone, on peut clarifier des eaux de rivière ou d’étang fort colorées, et, s’il y a lieu parfois de combiner l'emploi de l’ozone avec une décantation sommaire préalable, il est alors fait usage de filtres rapides secs ou immergés dont le prix d'acquisition est très faible. Certains de ces filtres coûtent cinq fois moins que les filtres à sable ordinaires. Toutefois, dans beaucoup de cas, lemploi d’une dose suffisante d'ozone, lorsqu'on dispose d'ozone à grande concentration, suffit à stériliser et à clarifier en même temps et parfaitement les eaux les plus contaminées sans aucune préfiltration. La quantité pondérale d’ozone par mètre cube d’eau, c’est-à-dire le dosage, dépend essentiellement de la nature des eaux et de la quantité de matière organique à détruire en concomitance avec la stérilisation proprement dite : à côté de l'opération bactériologique de destruction des bactéries, 1l faut obtenir la décoloration par oxydation des matières colorantes et des produits humiques, opérations qui absorbent égale- ment de l'ozone. La décoloration des eaux tourbeuses s'opère merveilleusement par l’ozone, et le goût fade et douceâtre de ces eaux est remplacé par une saveur fraiche et pétillante. La question du prix de revient est donc intimement liée à la compo- sition des eaux à traiter. | Les essais de Paris ont été faits en vue de la stérilisation d’une eau de rivière filtrée demandant peu d’ozone. L'installation de Chartres a été faite en employant plus libéralement l'ozone, comme je l'ai dit. Les applications du système Léon Gerard, à Pittsburg, ont été faites en usant plus libéralement encore d’ozone en vue de parer au caractère très variable de la contamination de l’Alleghany River. On use norma- lement de 2 1/, à 6 grammes d’ozone par mètre cube. La concentration 206 PROCÈS-VERBAUX. normale est 8, et dans les essais on a fait varier la concentration de 6 à 24. Les installations du service sanitaire du port de New-York (Quaran- laine), qui font également usage des appareils Léon Gerard, produisent des concentrations allant jusque 50. Les installations de la Fairbanks Cotton oil Mfg, à Chicago, usent de la concentration 10. Ozone CONCENTRATIONS SYSTÈMES. part als d’eau. | moyennes.| minima. | maxima. | Sanudor (Saint-Maur). . . . . |. 0.83 1.07 0.90 1.33 Siemens-Defrise (Saint-Maur) . . 0.84 1 86 1271 9.47 Compagnie Otto Marmier-Abraham (SAntEMAuT 0 US RREREERS 179 4.00 3.06 5.30 Compagnie Otto Marmier-Abraham (Ghartres)hit TRACTEUR 2 00 5.50 4.00 6.00 C’est la variabilité des conditions d'emploi qui entraîne la variation la plus sérieuse des prix de revient qui est constatée dans ces diverses installations. Aussi faut-il rapporter toujours les prix de revient à des données d'emploi identiques. Une des conséquences les plus intéressantes de l'essai comparatif et prolongé de Paris, où les procédés de coagulation ou procédés chi- miques sont entrés en compétition, est l'abandon des procédés chi- miques par la Commission. Le rapport de M. le D' Roux montre que ces derniers systèmes, qui ont été essayés dans les mêmes conditions que les procédés à l'ozone, ne peuvent se réclamer d’une supériorité provenant de leur prix de revient moindre ou de leur perfection relative. Au reste, à supposer toutes autres conditions égales, le consomma- teur donnera toujours la préférence à des systèmes écartant la manu- tention d'ingrédients et de produits chimiques nocifs qu’une erreur de dosage dans la manipulation peut rendre, suivant les cas, simplement désagréables ou parfois hautement dommageables, d'autant plus que les procédés chimiques sont sans contrôle et les opérations livrées à des ouvriers. L'expérience a suffisamment prononcé par l’abandon successif des SÉANCE DU 18 MAI 1909. 207 nombreux procédés chimiques où le chlore, les acides hypochloreux, la chaux, le sulfate d’alumine, les alcalis et les permanganates ont, lour à tour, Joué le rôle de coagulant, de précipitant ou d’oxydant en combinaison avec des systèmes plus ou moins ingénieux de filtration rapide. En fait, 1l n’y a pas de comparaison possible avec les procédés élec- triques dont tout le contrôle est obtenu automatiquement et dont tous les éléments sont graphiquement enregistrés el sans cesse contrôlables. C’est là une des nombreuses raisons qui font que le prix de revient de la stérilisation par l’ozone ne devrait pas être comparé au prix de revient des eaux filtrées ou droguées. Les dernières contiennent inévitablement des acides ou des traces des réactifs. Les premières contiennent invariablement un certain pourcentage des bactéries contenues dans l’eau à l’origine, et aucune sélection ne se fait au cours de la filtration quant à la nocivité de celles des bactéries échappant au filtre. Le risque d'infection par les bacilles intestinaux : coli, typhi, cho- léra, etc., est simplement diminué dans le rapport de la réduction du nombre total des colonies, mais la probabilité de la présence de ces bactéries parmi les échappés reste fort grande. Il n’en est pas de même dans les eaux stérilisées par l'ozone : 1l y à destruction des espèces pathogènes, et celles des bactéries qui résistent le moins bien à l’action de l’ozone sont précisément les espèces les plus nocives. Les espèces résistantes ou celles disparaissant sous des doses d'ozone plus massives sont les espèces communes et inoffensives qui sont largement répandues dans la nature. On ne devrait pas, au sens hygiénique, comparer le prix d’une eau pure et de caractère bactériologique certain avec celui d’une eau pré- sentant des risques d'empoisonnement chimique ou bactérien. La com- paraison entre les trois systèmes ozone, chimie ou filtre devrait être plus équitablement faite en mettant en balance la valeur hygiénique. Ces considérations tendent à perdre de leur importance au moment où les progrès de l’électrotechnique ont réduit le prix de l'ozone dans une si large mesure. Néanmoins, nous comparerons les prix d'établissement des filtres à sable à vitesse normale (m. €. 2.40) avec les prix d'établissement de la stérilisation par l’ozone et avec la comhinaison des deux systèmes et les prix d'exploitation des divers procédés. Ces prix comprendront les frais des capitaux, intérêts, amortisse- ment et renouvellement. 208 | PROCÈS-VERBAUX. PRIX UNITAIRES DE LA FILTRATION SUR SABLE. Les filtres à sable employés presque exclusivement pour lépuration des eaux de rivière coûtent, en Europe, de 37 à 60 francs par mètre carré et fournissent de 2 à 3 mètres cubes d’eau en vingt-quatre heures. (Prix du filtre sans machines élévatoires et sans terrain.) En général, les prix des installations par filtration varient entre 575 et 1,500 francs par mètre cube horaire. Le prix de premier: établissement le plus ordinaire est 500 francs (filtres non couverts) par mètre cube horaire. En Amérique, les prix vont de 50 à 100 francs par mètre carré de filtre; à Paris, 58 francs ; à Hambourg, fr. 41.95. D'après MM. Débañies et Imbeaux, les dépenses d'exploitation, ne comprenant ni frais d'amortissement ni intéréts, varient de 1 !} à 4 mil- limes. D'après les chiffres des Compagnies privées françaises, on obtient les prix suivants : Dépenses directes d'exploitation . . . . 0.0043 à 0.0015 Dépenses de dorce mor RP 0.0020 à 0.0002 Intéréts:et amortissement PO, 0e 0.0047 à 0.0043 TOTAUX. . . . . . _ ©0110 à:0-006 En Amérique, on compte de fr. 0.004 à fr. 0.012 pour les frais directs d'exploitation sans aucun intérêt ni amortissement. En Europe, dans les installations municipales, on constate que les prix d'exploitation, toutes dépenses comprises, varient de fr. 0.01 à fr. 0.025 le mètre cube filtré délivré à l’origine des conduites. La Ville de Paris compte que l’eau filtrée coûte fr. 0.017. Ces données peuvent servir d'éléments de comparaison avec les prix de la stérilisation par l’ozone employée seule ou employée après une clarification préalable sur des filtres rapides de prix très réduits et de fonctionnement simple. OZONE. — PRIX DE PREMIER ÉTABLISSEMENT. Le prix d'établissement des installations par l’ozone est influencé par des conditions locales, par la quantité d’ozone à fournir, la proxi- mité de centrales électriques de distribution, la nécessité d’établir ou la possibilité de ne pas employer de clarification sommaire préalable. SÉANCE DU 18 MAI 1909. 209 Ce prix doit aussi être étudié dans le cas spécial des eaux ferrugineuses. Pour ne pas compliquer l'examen de la question, nous prendrons trois Cas Lypiques : A. Eaux claires provenant de roches fissurées ou eaux à protéger contre les dangers de contamination nuisible par infiltration de matières organiques et pour lesquelles il suffit d’un demi-gramme d'ozone par mètre cube à haute concentration (8 gr.), en raison de la faible teneur en matières organiques oxydables dans ces eaux. Ce cas est à rapprocher de celui des eaux ferrugineuses provenant de puits ou de galeries creu- sées dans le sable, eaux que l’on protège de tout danger de contamina- tion par l'ozone à même dose que les précédentes tout en amenant une énergique séparation des éléments ferreux sous forme ferrique. Une filtration sommaire finale enlève le fer précipité; B. Eaux de rivière contaminées, plus ou moins troubles, contenant une quantité moyenne de malières organiques exigeant 2 grammes d'ozone à concentration 40 sans filtration. Nous chiffrerons le prix additionnel d’une clarification préalable qui peut, dans certains cas, être trouvée nécessaire ; C. Eaux de rivière extraordinairement contaminées, fortement colo- rées, contenant une quantité très élevée de matières organiques exigeant 5 grammes d'ozone à la concentration 12, sans préfiltration ou avec préfiltration. Les calculs seront établis en supposant que l’usine de stérilisation soit reliée à une distribution d'électricité sous forme alternative, à 90 périodes. Le système de production d'ozone que je préconise per- met le branchement direct. Un transformateur statique ordinaire suflit à l'utilisation du courant de la ligne de distribution de courant alter- natif de 40 à 60 périodes pour la production de l'ozone. Les appareils à ozone destinés à traiter des eaux claires À coûteront 62,000 franes, y compris 10 °/ d'imprévus, et nécessiteront un bran- chement électrique de 25.5 kilowatts. Pour les eaux de rivière B, le prix sera de 120,000 francs et le branchement de 52 !/, kilowatts. Le troisième type correspondant à des cas extrêmes C coûtera 260,000 francs et nécessitera une puissance de 131 kilowatts. Ces chiffres représentent des valeurs d’immobilisations respectives de 62, 125 ou 260 francs par mètre cube horaire pour les appareils de Stérilisation et les appareils cireulatoires. Si la nature des eaux nécessite un dégrossissement ou une elarifica- tion préalable, la valeur d'installation des clarificateurs ne dépasse pas, 210 PROCÉS-VERBAUX... en général, 100 francs par mètre cube de puissance horaire, et les prix de premier établissement deviennent pour le système combiné respectivement 162, 225 et 360 francs au lieu de 500, dépense de premier établissement correspondant à des filtres à sable dont le résultat est forcément incomplet. Le prix théorique de 500 francs est, du reste, souvent dépassé, comme nous l’avons vu. En résumé, l'emploi de producteurs d'ozone à haute concentration alimentés à périodicité normale par un réseau urbain de distribution électrique coûte, dans des conditions normales et pour de grandes installations, de 62 à 560 francs pour les appareils stérilisant 14 mètre cube par heure; les prix varient suivant que les eaux nécessitent l’emploi de plus où moins d'ozone et qu'il faut procéder ou non à une préfiltration. | Les systèmes d'ozone nécessitant une centrale électrique génératrice spéciale coûtent 480 francs, préfiltration non comprise, machines élévatoires comprises. Les filtres à sable ordinaires coûtent 500 francs pour les filtres seuls, et, en y comprenant des machines élévatoires et des préfiltres, leurs prix atteignent jusqu’à 1,500 francs. L'emploi des moyens électriques de stérilisation présente, dans presque tous les cas, une réduction considérable des frais d’établisse- ment et a toujours une supériorité incontestable au point de vue bactériologique, puisqu'il assure absolument la destruction des patho- gènes. OZONE. — PRIX D'EXPLOITATION. Bases. Prix du courant. — Le rapport de la Ville de Paris fait entrer en compte un prix d'électricité de fr. 0.055 le kilowatt-heure, offert à la Ville à titre exceptionnel, pour le service de la stérilisation, par la Compagnie de l’Est-Parisien. Pour tenir compte de circon- stances ordinaires, j’admets en compte un chiffre de fr. 0.07. Service financier. — L'intérêt des capitaux engagés, leur amortisse- ment et la constitution d’un fonds de réserve pour les renouvelle- ments à prévoir justifient la nécessité de porter en compte de dépenses 12 c/, du capital de premier établissement. Personnel. — Un directeur d’usine au courant des opérations bacté riologiques, deux électriciens et deux manœuvres suffisent à la sur- veillance d’une usine de 1,000 mètres de puissance horaire dans les cas B et C. | | | SÉANCE DU 18 MAI 1909. 211 Coùt d'exploitation par mètre cube pour une production annuelle de 8,760,000 m3. Courant électrique coûtant fr. 0.07 le kilowatt-heure, soit pour le kilowatt-an 614 francs en chiffres ronds. 5 a |Z a à . s 2 | 'El£SÉéS >< = ne = = 5 SNS — a ce 2 = ei a COURANT < É ENTIER < ho = $ = SAS ER = = SIMS, DS Se ES Ë 2 3 — A SON = = = = ES à s A. 25.5 kw X 614 — 15,697 2,000 8,000 7,640 | 33,297 | 0.00380 B. 02.0 kw X 614 — 39,935 3,000 | 11,000 | 14,400 | 60,635 | 0.00692 C. 131 kw X 614 — 80 434 5,000 | 11,000 | 31,200 | 127,634 | 6.01457 Donc, s’il n’y a pas de préfiltrations, on obtient : A. Pour des eaux claires (eaux de roches sujettes à contamination par chantoirs ou eaux d’origine souterraine contaminables par accidents), un prix en CHIMEESRONdS des ee. Le de Se, +0, 059 sfr. 0.00400 BAPour des eaux de rivière ordinaires . … . . , . . . . . (0.00700 C. Pour des eaux de rivière très chargées de matières organiques . . 0.0145 S1 les eaux sont chargées de dépôts alumineux, sableux ou marneux, il y à lieu à une clarification préalable ou à préfiltration. L’addition de clarificateurs préalable à filtration rapide ou de scrub- bers claircisseurs pour enlever les dépôts ferrugineux, peut majorer ces prix dans la mesure suivante : Pour la main-d'œuvre, par mètre cube . . . . fr. 0.00200 Pour amortissement et intérêt des frais additionnels de RARES 19 premier établissement 8760 — 0.00137 FOTAL ee - fr. 10: 00331 Il en résulte que les prix de l’ozonisation combinée avec la clarifica- tion (nécessitée seulement dans des cas spéciaux) seraient : A. Pour des eaux d'origine géologique, claires, mais douteuses au point de vue bactérien, ou pour des eaux géologiques que l’on désire à la fois stériliser et purifier de sels ferreux et ferriques : CICLUICES CONS ASPIRE NET nent; fre 0 007 B. Pour des eaux de rivière de contamination movenne. 0 010 C. Pour des eaux de rivière très polluées . . . . . 0 018 212 PROCES-VERBAUX. Conclusions. — Suivant les cas, les prix d'exploitation varient, toutes dépenses incluses, intérêts, amortissement et fonds de renouvellement, de 4 à 18 millimes par mètre cube, et le coût moyen du mètre cube stérilisé est notablement inférieur à celui des eaux filtrées mais non stérilisées, servant à l’alimentation de bien des villes (40 à 25 millimes, moyenne 0.0175). La comparaison des prix d'établissement donne nettement, comme nous l'avons vu, la supériorité aux procédés électriques. Une autre considération importante milile encore en faveur des procédés électriques : c’est le petit espace nécessité par les installations et le fait que tout le traitement s’accomplit sous toit et à l’abri de la poussière et de la gelée. Un filtre de 1 000 mètres cubes occupe 4 hectare de terrain pour à filtre seul ; il faut y ajouter les emplacements pour la manipulation des … sables, les voies et les bâtiments de machines. | Une installation d'ozone de cette puissance peut être logée dans 500 m° L'importance relative des dépenses d'achat de terrain augmente encore les avantages des systèmes d'épuration par l'ozone. Il n'entre pas dans mon esprit la pensée de prétendre que la stérilisation par l’ozone doive, dès ce jour, remplacer tous les autres systèmes d'épuration. Les solutions uniques n'existent pas en pratique. A chaque cas correspondent souvent des solutions équivalentes par des moyens différents. Mais il est un fait qui se dégage nettement. Il n’y à plus lieu de rejeter à priori pour l’alimentation les eaux de surface ou certaines eaux de source exposées à de rares intervalles à une temporaire contamination, parce que la sûreté bactériologique la plus grande est donnée à peu de frais par l'emploi de l’ozone. Le procédé électrique est essentiellement contrôlable. L’excès d'ozone n’a aucun effet nocif sur l’eau; il donne la sécurité et n’aug- mente que l’aération des eaux, qualité essentielle à l’eau potable. Au point de vue de l + des eaux d’origine souterraine, l'usage de l’ozone n’a pas seulement un caractère scientifique, il a des consé- quences économiques heureuses en permettant l’utilisation sur place de réserves aquifères énormes actuellement négligées. Au point de vue public, il permet à peu de frais, là où des centrales électriques préexistent, de parer en quelques jours aux dangers de la contamination fortuite des prises d’eau existantes. SÉANCE DU 18 MAI 1909. 213 Je pense qu'il était intéressant pour notre Société, qui à mis au premier rang de ses discussions l'examen des conditions d’établisse- ment des distributions publiques d’eau potable, de connaitre les progrès vraiment étonnants que l’emploi de l'électricité a apportés en cette matière. M. LE PRÉSIDENT félicite vivement M. Gerard de sa communication qui présente un grand intérêt. Ajoutée aux communications précédentes de M. Kemna, de M. Duyck, de M. le D' Schwers, etc., elle donne à la question de la diffusion de l’eau potable des solutions toujours plus aisées et plus économiquement réalisables. 11 semble qu'à l'avenir il ne sera plus indispensable d’aller chercher au loin l’eau potable pour la distribuer aux populations qüi en sont dépourvues. Désormais, toute agglomé- ration possédant une quantité d’eau quelconque suffisante pourra songer utilement à l’épurer sur place et à la livrer ainsi, sans danger, à la consommation. La séance est levée à 22 h. 40. he HA x 1 Fi M M ME ; ? Rte $ RU 15) PAPA DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE FA RTC CE de x | LA 28: NOR 072. (BRUXELLES à dl éu 4 . ARTE HER MAC JE D in PRÉSIDENT D'HONNEUR : on HE “ ï SA R. le Prince ALBERT de Belgique. ._. Procès-Verbal DE LA SÉANCE DU 16 JUIN 1909 é ER Vingt-troisième année ii on : Tome XXIII — 1909 | ue BRUXELLES ne : HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 112, rue de Louvain, 112 | FC : Û 3 + ÿ = rc LS Ms, INA TO) he x. Lu ‘1 ( # * ) “a 4 Ÿ. + # FU fé L 7 4r à ” b 4 7 { Y * d 4 À H _ % + = ÿ * + \ À : À SÉANCE MENSUELLE DU 16 JUIN 1909. Présidence de M. À. Rutot, président. La séance est ouverte à 16 h. 40 (14 membres sont présents). Approbation du procès-verbal de la séance de mai. Adopté sans observations. Correspondance et communications. M. E. van den Broeck annonce qu'il a été chargé par le Départe- ment des Sciences d'organiser, à l'Exposition de 1910, une section nouvelle : « Étude scientifique des eaux potables ». M. A. Hankar-Urban, empêché, demande à remettre sa communica- tion, annoncée pour aujourd'hui, à la prochaine séance. Le Comité du Congrès international de Géologie appliquée, de Dusseldorf (1910), demande l'insertion du communiqué ci-dessous : INTERNATIONALER KONGRESS FÜR BERGBAU, HÜTTENWESEN, ANGEWANDTE MECHANIK UND PRAKTISCHE GEOLOGIE, Düssezporr 1910. Der während der Lütticher Ausstellung abgehaltene Internationale Kongress für Bergbau, Hüttenwesen, angewandte Mechanik und prak- tische Geologie hatte in seiner Schlusssitzung am 1. Juli 1905 beschlossen, der Einladung der rheinisch-westfälischen Montanindustrie Folge zu leisten und den nächsten Kongress in Rheinland-Westfalen abzuhalten. Auf Grund dieses Beschlusses wird der Kongress gegen Ende J'uni 1910 nach Düsseldorf einberufen werden. Die umfangreichen Vorbereitun- gen zu dieser Veranstaltung, die auf etwa eine Woche berechnet ist und die in den vier Abteilungen fur Bergbau, Hüttenwesen, angewandte Mechanik und praktische Geologie eine ÉErôrterung der wichtigsten 1909. PROC.-VERB. 42 216 PROCES-VERBAUX. Fragen aus den genannten Gebieten umfassen wird, sind bereits in Angriff genommen worden. Besuche wissenschaftlicher Anstalten und industrieller Anlagen sowie Exkursionen in geologisch interessante Gebiete sollen zur Erganzung der Vorträge dienen und einen umfassen- den Einblick in die industriellen und sonstigen Verhältnisse des Bezirks gewähren. Nähere Mitteilungen über das Programm des Kongresses sowie über: den genauen Zeitpunkt werden folgen. \nfragen usw. sowie Anmeldungen von Vorträgen sind an den Arbeitsausschuss des Internationalen Kongresses Düsseldorf 1910 nach Düsseldorf 15, Jacobistrasse 3/5, zu richten. La Société belge d’Électriciens invite le Bureau de notre Société à assister à une conférence de M. Louis Wodon, docteur en droit, pro- fesseur à l’Université de Bruxelles, sur « Le régime légal des associations scientifiques ». Dons et envois reçus Le Secrétaire général, à la demande de l’auteur, attire l’attention des membres sur La pénéplaine du Nord de la France, travail de M. A. Briquet. Dans cette brochure, notre savant confrère développe: les raisous qui lui font croire à un cycle d’érosion qui aurait transformé le Nord de la France et la Belgique en pénéplaine, cycle qui se serait achevé à l’époque du Pliocène supérieur. Le Secrétaire général signale également : Géographie de la Belgique et du Congo à l'usage de l’enseignement moyen et normal, par F. Kraentzel, docteur en géographie, et l'abbé P. Mahy, professeur de géographie à l’Institut de La Louvière. Cet excellent petit ouvrage est conçu suivant un plan rationnel et contient les aperçus indispensables de géologie, pour pouvoir baser sur cette science les connaissances séographiques; l'étude des diverses parties de notre pays est aussi classée suivant les régions naturelles, ce qui constitue un progrès indé- niable sur l’étude par provinces. Enfin, ies auteurs se sont bien gardés de l'abus des chiffres et des nomenclatures fastidieuses, M. J. Cornet, professeur à l’École des Mines et Faculté polytechnique du Hainaut, adresse à la Société le tome [°* de son ouvrage : Géologie, qu'édite la librairie Leich-Putsage, à Mons. Prix : 6 francs. 1° Périodique nouveau : 5857. BRuxELLEs. Société royale de Botanique de Belgique. Bulletin : 1906, 1907 et 1908. D00 4. _ 5866. D007. 5908. 2009. SÉANCE DU 16 JUIN 1909. | 247 20 De la part des auteurs : . Abel, 0. Fossile Flugfische. Berlin, 1905. Extr. de VEernaxpr. D. DEUTSCI. ZOOL. GESELLSCH., pp. 47-48. . Abel, 0. Der Anpassungstypus von Metriorhynchus. Stuttgart, 1907. Extr. de CENTRALBLATT FÜR MINER., GEOL. UND PALAEONT., n° 8, pp. 225-235 et 2 figures. . Abel, 0. Bau und Lebensweise der Flugsaurier. Vienne, 1907. Extr. de VERUANDL. DER K. K. Z00L.-BOTrAN. GESELLSCH., pp. 253-254. . Abel, 0. Die Aufgaben und Ziele der Paläozoologie. Vienne, 1907. Extr. de VERHANDL. DER K. K. Z00L -BOTAN. GESELLSCH., pp. 67-78. . Abel, 0. Die Lebensweise der allpaläozoischen Fische. Vienne, 1907. Extr. de VERUANDL. DER K. K. Z00L.-BOTAN. GESELLSCH., pp. 158- 168 et 1 figure. . Abel, 0. Ein neuer Reptilientypus aus der Triasformation Ungarns. Vienne, 1907. Extr. de VERHANDL. DER K. K. Z00L.-BOTAN. GESELLSCH , pp. 246-250. Abel, 0. Vorlage des rekonstruierten Skelettes eines fossilen Riesenhal- baffen aus Madagaskar. Vienne, 1908. Extr. de VERHANDL. DER K. K. Z00L.-BOTAN. GESELLSCH., pp. 34-38. | o. Abel, 0. Ucber ein Endglied des Ichthyosaurierstammes aus der Krei- deformation. Vienne, 1908. Extr. de VERHANDL. DER K. K. z001.- BOTAN. GESELLSCH , pp. 38-47 et À figure. Abel, O0. Angriffswaffen und Verteidigungsmittel fossiler Wirbeltiere. Vienne, 1908. Extr. de VERHANDL. DER K. K. Z00L.-BoTAN. GESELLSCH., pp. 207-217 et 4 figures. Abel, O0. Die Anwendung der Rôüntgenstrahlen in der Paläontologie. Vienne, 1908. Extr. de VERHANDL. Der K. K. Z00L.-BOTAN. GESELLSCH., pp. 232-934. Abel, 0. Die Anpassungsformen der Wirbelliere an das Meeresleben. Vienne, 1905. Extr. de VEREINES ZUR VERBREITUNG NATURW. KENNTNISSE, 48° année, Heft 14, 28 pages et 6 figures. Abel, 0. Cetaceenstudien. L. Milteilung : Das Skelett von Eurhinodel- phis Cocheteuxi aus dem Obermiozän von Antwerpen. Vienne, 1909. Extr. de Sirzuxcsp. DER K. AkaD. DER WISsENsCH. MATu.- NAT. KLacse, Bd CXVIII, Abteil. 1, März, pp. 241-953 et 4 planche. 218 PROCÉS-VERBAUX. 9010. Abel, 0. Cetaceenstudien. 11. Mitteilung : Der Schädel von Saurodel- | phis argentinus aus dem Pliozän Argentiniens. Vienne, 1909. Extr. de SirzuncsB. Der K. AKkAD. DER WISSENSCH. MATH.-NAT. KzLasse, Bd CXVIIT, Abteil. 1, März, pp. 255-272, 1 planche et 1 figure. | 5871. Abel, 0. Charles Darwin. Festvortrag gehalten anlässlich der Feier der hundertjährigen Wiederkehr von Darwins Geburtstag am 10. Fe- bruar 1909. Vienne, 1909. Extr. de Mirreic. DES NAT. VEREINES AN DER Univ., VIL. Jabhrg., 1909, Nr. 4, pp. 129-148. 5872. Briquet, A. Le Silurien près de Licques. Lille, 1907. Extr. des ANN. DE LA SOC, GÉOL. DU NoRp, t. XXXVI, pp. 366-367. 9813. Briquet, A. Sambre-et-Oise : Une capture. Lille, 1908. Extr. des ANN. DE LA Soc. GÉOL. DU NorD, t. XXXVII, pp. 14-22 et 3 figures. 5814. Briquet, À. Sur une excursion dans le Pléistocène du Nord de la France en compagnie de M. le Prof" Frank Leverett. Lille, 1908. Extr. des ANN. DE LA Soc. GÉOL. pu Norp, t. XXXVI[, pp. 295- 296. 5875. Briquet, À. Réponse à quelques critiques de M. Marcelin Boule. Lille, 1908. Extr. des ANN. DE LA Soc. GÉOL. Du Norp, t. XXXVIF, pp. 197-205. 5876. Briquet, A. La Pénéplaine du Nord de la France. Paris, 1908. Extr. _ des ANN. DE GÉOGRAPHIE, t. XVII, n° 93, pp. 205-293 et 5 figures. 5817. Dollo, L. Les poissons voiliers. Jena, 1909. Extr. de Zoo. JAHRBÜ- CHERN, pp. 419-438 et 2 figures. 5878. Dollo, L. « Cynomacrurus Piriei », poisson abyssal nouveau recueilli par l’'Expédition antarctique nationale écossaise. Note préliminaire. Édimbourg, 1909. Extr. de Proc. or Tue Roy. Soc, vol. XXIX, part IV, n° 18, pp. 316-326. 5879. Fletcher, L. An introduction to the study of meleorites, with a list of the meleorites represented in the collection of British Museum (Natural History). Londres, 1908. Volume in-8° de 120 pages (tenth edition). 5880. Fletcher, L. An introduction to the study of rocks and guide to the British Museum collection. Londres, 1909. Volume in-8° de 155 pages (fourth edition). 5881. Glangeaud, Ph. Les volcans d'Auvergne. Leurs caractères, leur genèse, leur évolution. Paris, 1909. Extrait de la REVUE SCIENTIFIQUE des 16 janvier et 6 mars 1909, 62 pages et 25 figures. 2802. 2803. 2004. 0889. 2880. 0871. D980. 2009. 0890, 0891. SÉANCE DU 16 JUIN 1909. 219 Hartogs, F. Ueber die elementare Herleitung des Weierstrass’schen « Vorbereitungssatzes ». Munich, 1909. Extr. de SITZUNGSB. DER K. BAYER. AKAD,. DER WISSENSCH. MATH.-PHYS. KLASSE. 3. Abhandl., 12 pages. Lambe, L. M. Contributions to Canadian Palacontology. Vol. III . (quarto) : part IV. The Vertebrata of the Oligocene of the Cypress Hills, Saskatchewan. Ottawa, 1909. Extr. du SERVICE GÉOL. DU CANADA, 64 pages et 8 planches. Lyons, H. G. The Rains of the Nile basin and the Nile flood of 1907. Le Caire, 1909. Extr. du Survey DEPARTMN. Paper, n° 9 ; 60 pages et 8 planches. Massart, J. Essai de géographie botanique des districts littoraux et alluviaux de la Belgique. Bruxelles, 1908. Extr. du BULL. DE LA Soc. ROY. BE BOTANIQUE DE BELG., t. XLIV, 121 pages, 82 photo- graphies, 4 diagrammes et 4 cartes. Mourlon, M. Découverte d’un dépôt quaternaire campinien avec faune du Mammoulh et débris végétaux dans les profonds déblais d'Hof- stade, à l'Est de Sempst {Brabant belge). Bruxelles, 1909. Extr. des BULL. DE L’AGaD. ROY. DES SC. DE BELG., n° 4, pp. 427-431 et 1 figure. Newell Arber, E. À. Catalogue of the fossil plants of the Glossopteris . flora in the Department of Geology, British Museum (Natural History). Londres, 1905. Volume in-8° de 255 pages, 8 planches et 1 figures. Penhallow, D. P. Report on tertiary plants of British Columbia collected by Lawrence M. Lambe in 1906 together with a discus- sion of previously recorded tertiary floras. Ottawa, 1908. Extr. du SERVICE GÉOL. DU CANADA, 167 pages et 32 figures. Schulz-Briesen, B. Geologische Bilder und Ausblicke. Kattowitz, 1908. Extr. de BERG- UND HÜTTENMANNISCHEN RunpscHau, 28 pages et 1 carte. Sommerfeld, A. Ueber die Ausbreitung der Wellen in der drahtlosen Telegraphie. Munich, 1909. Extr. de SirzuncsB. DER K. BAYER. AKAD. DER WISSENSCH. MATH.-PHYSIK. KLASSE. 2. Abhandi,., 19 pages. Vogel, E. Ueber die Temperaturveränderunyen von Luft beim Strômen durch eine Drosselstelle. Munich, 1909. Extr. de SiTzuxcss. DER K. BAYER. AKkaD. DER VWissENSCI. MATH.-PHysik. KLassx. 1. Abhandl., 11 pages. 2920 PROCES-VERBAUX. Présentation et élection d’un nouveau membre. Est élu membre effectif à l'unanimité : M. Pauz QuEesTiENXE, ingénieur en chef, directeur du Service tech- nique provincial, 15, rue Sohet, à Liége, présenté par MM. Fourmarier et Greindi. Discussion des thèses présentées à la séance de mai. H. pe DorLopoT. — A propos du rapport présidentiel pour 1908 et de la limite entre le Tournaisien et le Viséen. M. Mourlon m'a reproché, à la dernière séance (1), la méthode que j'ai adoptée pour mon rapport présidentiel. [l semble regretter que je ne me sois pas borné à donner une simple table de matières, dont les éléments, si pas la rédaction même, auraient été fournis par le Secré- larat (?). Ai-je besoin de faire ressortir que pareille table de matières existe et qu'à ce compte, le rapport du Président serait parfaitement imutile? Mais je rappellerai que, lan dernier, à la séance du Conseil prépa- ratoire à l’Assemblée générale, séance à laquelle assistait M. Mourlon, j'ai reçu les approbations les plus chaleureuses de plusieurs membres au sujet de la méthode cerilique que j'avais adoptée; et pas plus M. Mourlon qu'aucun autre de nos collègues du Conseil n’a cru devoir v contredire. Celte année encore, des félicitations m'ont été prodiguées; elles compensent largement pour moi les appréciations de M. Mourlon. Pour ma part, j'esuüme qu'un examen critique des travaux de l’année est nécessaire, pour obvier en partie à l'inconvénient que présente l'esprit ultra-libéral qui a présidé à la rédaction de nos statuts. Con- trarement à ce qui se passe dans la plupart des autres sociétés du même genre, les travaux des membres sont publiés chez nous sans aucun contrôle sur leur valeur scientifique. Il en résulte que, à côté d'œuvres fort belles et quelquefois remarquables, nous sommes tenus, (D) 2Pr0C 0070 MD ME" (2) Sic, ibid. SÉANCE DU 16 JUIN 1909. 994 ss de par notre règlement, à publier parfois des travaux contenant des erreurs manifestes ou d’une grande médiocrité. Cela à un double inconvénient. D'abord, si personne ne se croit tenu ex ofjicio à faire le métier peu agréable de censeur, ceux de nos lecteurs qui ne sont pas spécialistes seront induits en erreur; de plus, je sais que certains tra- vaux publiés chez nous, par le fait que les erreurs ou Îles vices de logique qu’ils contiennent n’ont pas été relevés dans notre Bulletin, ont causé le plus grand tort à la réputation scientifique de la Société. Le cas particulier qui motive la réclamation de M. Mourlon est un exemple qui fait ressortir d'une manière évidente lutilité de ce qu’il nomme la « nouvelle méthode ». M. Mourlon, pour s'être imprudem- ment éloigné des conclusions que j’at publiées 11 y à quatorze ans et dont toutes ses observalions tendatent cependant à établir le bien- fondé, s’est vu déjà critiquer sévèrement, lors de l’excursion de la Société géologique du Nord à Tournai. Je sais, d’ailleurs, qu’un géo- logue prépare un important travail dans lequel il fera ressortir à quel point est insoutenable la limite que M. Mourlon trace, dans le Tour- naisis, entre le Tournaisien et le Viséen, limite qui a été imposée par le Conseil de direction aux autres collaborateurs dans le reste de la même bande. M. Mourlon pense-t-il que, par déférence pour lui, nous devions laisser croire à l'étranger qu'aucun géologue belge, qu’aueun membre de notre Société n’est capable de relever les erreurs les plus évidentes qui se rencontrent, soit sur notre Carte géologique officielle, soit dans les écrits qu'il publie dans notre Bullelin ? Dans sa nouvelle note, M. Mourlon prétend que la raison principale pour laquelle je considère comme tournaisienne la partie inférieure des calcaires noirs du Tournaisis, c’est que la faune du calcaire violacé me paraît plutôt tournaisienne, comme cela résulterait, d’après moi, des travaux de M. Destinez (1). Je serais fort heureux que M. Mourlon voulût bien me faire connaître où j'ai dit chose pareille. La raison pour laquelle je range dans le Tournaisien les calcaires du Tournaisis à faune tournaisienne, est tout simplement que leur faune est tournai- sienne; et ce n’est pas M. Destinez qui me l’a appris. M. Mourlon a été fort malheureux en choisissant pour me lopposer une note présentée par M. Destinez à la Société géologique de Bel- gique le 42 mai 1907. Dans cette note, M. Destinez donne la liste (4) Loc. cit. 299 PROCÉS-VERBAUX. d’une faune de provenance douteuse, mais qu'il croit venir vraisem- blablement des environs de Pont-à-Rieux. D’après la roche, qui est fort altérée, cette faune doit provenir du « calcaire noir Via », c’est- à-dire — le contexte n’admet aucune autre interprétation — des cal- caires noirs notés V/a sur la Carte géologique. M. Destinez croit utile de signaler cette faune, qu’il suppose avoir été souvent confondue avec l’inférieure dite tournaisienne. Or, il suffit de jeter un coup d’œil sur la liste des espèces, pour voir que la faune en question a encore un cachet tout à fait tournaisien. Les espèces les plus caractéristiques du Tournaisien y figurent et c’est à peine si, à côté d’autres espèces com- munes à tout le Dinantien, on voit poindre par-ei par-là une espèce viséenne (1). Du reste, ayons un peu de patience : la pleine lumière ne tardera pas à se faire. Et M. Mourlon regrettera alors d’avoir insisté encore aujourd'hui sur un point de vue qu’il aurait dû abandonner depuis quatorze ans. Quant au calcaire violacé, M. Mourlon, dans son travail de l'an dernier, avait commis de telles confusions à son sujet et au sujet des marbres noirs, qu'il était évident que les premiers éléments de la ques- on lui échappaient. d'estime que, comme président, j'avais le devoir de faire disparaître ces équivoques et je l'ai fait en termes extrême- ment modérés. Ce devoir m'incombait lors de mon rapport annuel. C’est pour cela que j'ai attendu cette échéance, estimant inutile de répéter deux fois la même chose. Dans sa nouvelle note, M. Mourlon cherche de nou- veau à m'opposer l'autorité de Soreil en même temps que celle de M. Dupont, au sujet du « calcaire violacé que M. Dupont rangeait, dit-il, avec raison, d’après feu Soreil et d’autres géologues, dans le Viséen ». Il y a là de nouveau plusieurs confusions. Lorsque Soreil prétendait qu'il était probable que le calcaire violacé, noté V/a par (1) Ce sont : Athyris ambigua Sow.; A. planosulcata Phill. (que De Koninck avait signalé en 1843, « dans les argiles carbonifères de Tournai », à cause de la grande ressemblance d’une espèce d'Athyris qui y est commune, avec l’A. planosulcata, lorsqu'il est privé de ses ornements extérieurs, ornements qui sont d’ailleurs très rarement conservés dans les échantillons provenant du Viséen); Dielasma attenuatum De Kon. (forme bien difficile à distinguer du D. tenerum De Kon. du Tournaisien); Amplexus Henslowi M. Edw. et'Haime (que ces auteurs citent à Visé ; mais De Koninck déclare ne l'y avoir jamais observé). En outre Lithostration irregulare ?, que M. Destinez cite comme douteux. SÉANCE DU 16 JUIN 1909. 293 M. Dupont, devait être rangé dans le Viséen, il ne prétendait rien autre chose, sinon qu'il y avait des raisons de penser que le caleaire violacé de la région dinantaise est de même âge que les calcaires noirs de l’Ourthe et du Hoyoux. Son opinion était précisément opposée à celle de M. Dupont, d’après lequel ces calcaires noirs étaient de même âge que les marbres noirs de Dinant, notés par lui V#b. Mes études stratigraphiques m'ont amené à abandonner sur ce point la manière de voir de M. Dupont, pour me ranger à celle de Soreil; en même temps que les recherches paléontologiques de M. Destinez sur les calcaires noirs de. la région orientale accentuaient de plus en plus le caractère tournaisien de ces calcaires noirs. Dès lors, Soreil ne fit plus aucune difficulté à admettre que la limite supérieure du Tournaisien doit être tracée au-dessous du calcaire violacé; il avait d’ailleurs senti lui-même la nécessité pratique d'admettre cette imite. S'il exista encore quelque divergence de vues entre nous, elle ne porta plus que sur l’âge de quelques « récifs » waulsortiens. Encore ne s’agissait-il que d’une nuance, car nous reconnaissions l'un et l'autre que la question n'était pas claire et demandait de nouvelles études. Mais, sur ce point aussi, Soreil s’éloignait, plus que je ne le fais moi-même, de la manière de voir de M. Dupont. M. Dupont rangeait le calcaire violacé dans le Viséen, parce qu’il le considérait comme supérieur au Waulsortien, dont il faisait un étage autonome. Or, l’opinion de Soreil consistait à admettre que le Waulsortien, aujourd'hui universellement considéré comme un simple facies, peut s'élever, non seulement au niveau du calcaire violacé, mais qu'il lui arrive, en outre, de monter jusqu’au niveau du marbre noir de Dinant. Discussion. M. MourLon fait remarquer que si quelques doutes pouvaient encore subsister dans l'esprit de certains de nos collègues au sujet des écueils qu'il a cru devoir signaler à la dernière séance, comme devant résulter de l'esprit de polémique introduit par M. de Dorlodot dans son discours présidentiel annuel, la note qui vient de nous être lue par ce dernier suffirait à les lever. Au lieu de chercher à jeter le discrédit sur les travaux de ses col- lègues qui ne sont pas entièrement conformes à ses vues, il eût mieux fait, semble-t-il, ajoute M. Mourlon, de rechercher quelle pouvait être 1909. PROC.-VERB. 12° 224 PROCÉS-VERBAUX. la cause de ces divergences de vues. Et, pour ce qui concerne la ques- tion du calcaire carbonifère des environs de Tournai, il se fût peut- être convaincu, comme c’est le cas pour M. Destinez comme pour M. Mourlon lui-même, et probablement aussi pour tous ceux qui se sont trouvés en situation d'étudier la paléontologie stratigraphique de ce terrain, qu’elles ne peuvent manquer de trouver leur explication dans le fait que la Faune du calcaire carbonifère de Belgique, si magistra- lement décrite par feu notre 1llustre et bien regretté De Konimck, réclame une revision complète en tant que paléontologie stratigra- phique. Aussi doit-on faire des vœux pour que celle-ci soit reprise par un jeune paléontologiste s'inspirant des données de là stratigraphie. On sait que De Koninck était persuadé qu'il n’y avait que du Viséen à Visé et du Tournaisien à Tournai, alors que ceux qui ont effectué la monographie d’un terrain, comme c’est le cas de M. Mourlon pour le Dévonien supérieur famennien, ont pu se convaincre combien, dans une étude détaillée, la donnée paléontologique doit être subordonnée à la position stratigraphique. On peut citer comme preuve à l'appui de cette assertion, dit M. Mourlon, qu'après avoir cru pouvoir établir que la faune à Cucullées était caractéristique de son assise de Monfort, du Famennien supérieur, il n’a pas tardé à reconnaître que, sur la grande épaisseur du Famen- nien, la même faune se retrouvait également — avec de certaines nuances, bien entendu — dans son assise d’Evieux, et l’on sait que M. Gosselet en a signalé aussi l'existence dans le facies gréseux de son assise d'Esneux du Famennien inférieur dans les carrières du Nord de la France, à Wattissart près de Jeumont. M. Le PRÉSIDENT. — J’estime toujours très regrettable la tendance qu'ont parfois les auteurs de recourir aux personnalités; montrons une grande tolérance dans les travaux scientifiques et cherchons à leur enlever tout ce qu’ils pourraient avoir de blessant pour la personnalité des confrères dont nous combattons les idées. Il est probable que, d'ici quelque temps, la revision de la collection du calcaire carbonifère qui se trouve au Musée pourra être entreprise. M. H. pe DorLopor estime qu’il en a dit assez pour qu’on puisse se rendre compte de la cause des confusions où est tombé M. Mourlon : De Koninck n’y est pour rien. Mais, comme il ne lui convient pas de quitter le terrain purement objectif où il s’est cantonné, pour se laisser entrainer dans la voie des personnalités, il n’en dira pas davantage sur ce point. SÉANCE DU 16 JUIN 1909. 295 Son expérience personnelle l’a d’ailleurs convaincu de la nécessité de reviser la faune du calcaire carbonifère de la Belgique, au point de vue non seulement de la paléontologie stratigraphique, mais encore de la paléontologie pure. Il n’en est pas moins vrai qu'il existe bon nombre de formes faciles à reconnaître, et bien caractéristiques, les unes du Tournaisien, les autres du Viséen. C’est sur ces formes-là qu’il convient de se baser : elles sont tout à fait démonstratives pour établir l’âge tournaisien des couches en litige. A. PoskiIN. — La Rabdomancie. La publication du mémoire du D' A. Poskin, présenté à la séance de mars, à valu à notre président, de la part de M. le Prof von Koenen, la lettre ci-dessous : « Les anciens Romains employaient déjà la « virga divinatoria » et on prétend même que Moise s'en est servi dans le désert pour abreuver les Hébreux. C’est donc une institution bien plus vénérable que M. Poskin ne le pense. » Depuis de nombreuses années je me suis occupé de cette question, qui a trouvé des partisans chez nous comme chez vous, et j'ai recueilli toute une série de faits pour lesquels J'ai toutes les preuves et nombre de témoins, de manière que Je puis avancer avec toute certitude ce qui suit : » Le mouvement de la baguette divinatoire se fait par des mouve- ments à peu près imperceptibles, même pour des observateurs très attentifs, soit des bras, qui font s'approcher ou s'éloigner un peu les mains, soit seulement des poignets, qui s’écartent ou s’approchent lun de l’autre. » Ceux qui font usage de la baguette ne manquent pas d'observer les conditions du terrain, de la surface ou de la végétation, des arbres, etc., de manière qu'ils sont sujets à une espèce d’autosug- gestion qui leur fait faire les mouvements en question, à moins que ceux-c1 ne soient causés par la difficulté ou même l'impossibilité de tenir les mains ou les poignets exactement dans la même position pendant un certain temps. » Outre ces gens, qui sont parfaitement de bonne foi et bien con- vaincus de leur affaire, il y en a d’autres qui font usage de la baguette uniquement pour duper le monde, par exemple, qui étudient soigneu- sement les cartes géologiques avant de faire jouer la baguette, qui ont 296 PROCÈS-VERBAUX. done eux-mêmes plus de confiance dans la géologie que dans las, baguette dont ils pourraient se passer. » Tous ont l'habitude de demander, quand à la profondeur pré- dite il n’y a pas d’eau, que l’on fore plus bas dans l'espoir qu'on trouvera enfin du sable ou des couches perméables contenant de l’eau jaillissante ou non jaillissante. : » S'il y a des gens susceptibles de percevoir de faibles courants d'électricité dans un courant d’eau, le courant doit se trouver sans doute à une très faible profondeur, n’excédant point quelques mètres et, dans ce cas, bien rarement le courant d’eau se trouvera sur une ligne étroite, à moins que ce ne soit une conduite d'eau, ce qu'un psychiatre distingué croit possible. » H. ScuHarpT. — Les nappes de charriage et le mécanisme de leur développement. Notre savant confrère étranger avait bien voulu, pour cette commu nication à faire de sa part, envoyer à la Société une série de profils à grande échelle. Ce travail, avec la reproduction de quelques-uns de ces profils, paraîtra aux Mémoires. E. MAiLLiEux. — Note sur les Pentamères frasniens de 1a bordure méridionale du bassin dinantais. Les dépôts du Frasnien inférieur du bassin de Dinant (bord Sud) renferment, à différents degrés de rareté, quatre formes bien nettes de Pentamerus, dont deux sont nouvelles. Il convient, je pense, de faire abstraction du Pentamerus galeatus, signalé, en 1868, par G. Dewalque (1) et, en 1879, par M. C. Malaise (?), mais que Je n’ai Jamais rencontré à ces niveaux. M. Gosselet (5) mentionne le P. globus = brevirostris : c’est, en ellet, la forme qu’on rencontre le plus communément, à partir du calcaire gris de l’Ermitage qu’elle caractérise par son abondance, jusqu’au sommet (schistes à Sp. pachyrhynchus) où elle est beaucoup plus rare. Maïs c’esi une erreur, à mon sens, de réunir, comme le () Prodrome d'une description géologique de la Belgique. Bruxelles-Liége, 1868. @) Description de gîtes fossilifères dévoniens, etc. Bruxelles, 1879. (5) L’Ardenne. Paris, 1888. this | | SEANCE DU 16 JUIN 1909. 297 faisait du reste l’illustre Davidson, l’espèce de Bronn (P. globus) au P. brevirostris Phill. et de les considérer comme absolument syno- nymes : c’est un point que je discuterai plus loin. En étudiant les nombreux spécimens recueillis dans les différents niveaux, si riches en fossiles, du Frasnien inférieur des environs de Couvin, j'ai été amené à constater la présence de quatre formes bien spécialisées, que je décris ci-après, et qui sont : Pentamerus brevirostris Phill. — globus Bronn. — Greindli nov. sp. — Broecki nov. sp. Les caractères constants de ces espèces me paraissent suflisants, quelque polymorphes que soient ordinairement les Pentamères, pour justifier et même pour rendre indispensable leur séparation d’avec le Pentamerus brevirostris, car bien des noms d'espèces sont basés sur des différences beaucoup moins saillantes; et si, dans tous les cas, toutes ces formes ne sont pas maintenues comme espèces autonomes, elles n’en constitueront pas moins des variétés nettement distinctes. PENTAMERUS BREVIROSTRIS Phill. (Fig. da, 1b, 1c.) Espèce bien connue, facilement reconnaissable à sa forme globu- leuse, presque toujours plus large que longue (diamètre transversal atteignant sa longueur maxima au tiers de la coquille, vers le bord cardinal). Surface lisse présentant, au bord frontal, des stries d’accrois- sement très faibles et peu visibles. Commissure frontale horizontale jusqu’au bourrelet, où elle présente un pli subcarré assez accentué. Bord cardinal courbe. Grande valve très bombée, dont le crochet est fortement renflé et recourbé. Bourrelet peu saillant, portant 4 à 8 côtes arrondies plus ou moins marquées et s'étendant, comme le bourrelet, du milieu au front de la coquille. Petite valve moins convexe que l’autre, également lisse, à sinus relevé un peu en languette et orné, comme le bourrelet de la grande valve, de côtes faibles et se comportant de même. 298 PROCÈS-VERBAUX. Certains spécimens portent 2 ou 3 côtes rudimentaires et toujours très courtes sur les côtés latéraux, contre le bourrelet et le sinus. L Le rapport des dimensions varie, comme on pourra s’en rendre compte par l’examen du tableau ci-après : certains individus sont beaucoup plus larges que longs, alors que chez d’autres la longueur et la largeur se rapprochent de plus en plus pour, enfin, finir par s’égaler; mais ce dernier cas se présente très rarement. Les rapports proportionnels des dimensions des individus mesurés figurant au tableau ci-après sont respectivement : Largeur —= 1 08; 1-10: 1.00::1:90; 148: 1098 ATOME Longueur Hauteur — 0.67; 0:78; 0:71: 0:61 070: 0/59 OS NIUE Longueur Sinus — 0.54; 0 405 0.40:10.46; 0 55: 0 55; 0741:10"507 Largeur MESURES pu P. brevirostris : DIMENSIONS EN MILLIMÈTRES. DÉSIGNATION DES INDIVIDUS MESURÉS. Largeur Hauteur du Longue ur.| Largeur. ou sinus | épaisseur. No 1. Calcaire gris de l’Ermitage. Boussu. NA 1 36 1/; 39 1/9 | 261/; Non es e 13 28 x | 9 No 3. — — —- 13 321}, 321}, 23 N° 4. Récif de l'Arche. Frasnes . . . 171/, 31 STE no No 5. =. — A ee AT 1}; 96 1} 31 1/; 191/; N° 6. — —. He 141) 20 1}, 261/, 491}, N° 7. Schist. à Sp. pachyrhynchus Boussu. 5) 11 12 11/9 No 8. — — — 14 28 98 20 \ Gisements. Cette espèce apparaît dans la zone à Receptaculites MNeptuni, où elle est très rare; elle est plus commune dans le Récif de l'Arche, et elle obtient son plus grand développement dans le calcaire gris de l'Ermitage, où son abondance la rend caractéristique. On la retrouve, mais à un degré infiniment plus rare, dans le calcaire à SÉANCE DU 16 JUIN 1909. 999 Pachystroma, puis elle paraît reprendre une certaine extension dans la zone à Sp. pachyrhynchus, où elle s'éteint. PENTAMERUS GLOBUS Bronn. (Fig. 2a, 2b, 2c.) Forme globuleuse, ventrue, arrondie, à surface lisse, à peine ornée, à l’extrême bord frontal, de fines stries d’accroissement peu percep- tibles. Bord cardinal courbe. Bord frontal horizontal jusqu’au bour- relet, devant lequel il dessine un pli plus ou moins faible et très régulièrement semi-circulaire, occupant un peu moins du tiers du diamètre transversal. Grande valve fort convexe, à crochet un peu moins fort que chez P. globus type, mais fortement recourbé. Bourrelet à peine marqué, n’occupant guère que le quart de la longueur de la valve, laquelle ne porte aucune côte rayonnante. Petite valve moins convexe, à surface également lisse et privée de plis. Sinus lisse, assez peu prononcé, régulièrement arrondi et dépourvu de plis. | On ne peut guère séparer cette forme de l’espèce créée par Bronn, dont elle ne paraît s’écarter que par son crochet un peu moins fort et moins renflé. Elle diffère, dans tous les cas, du P. brevirostris Phil]. par l’absence complète de côtes et par la forme arrondie du sinus à la commissure frontale (subearrée chez P. brevirostris). Certains individus très jeunes du P. brevirostris présentent de grandes affinités avec le P. globus adulte, dont il n’est pas toujours aisé de les distinguer, mais les formes adultes sont, comme 1l est dit plus haut, nettement différentes d'aspect. M. Rigaux (!) maintient, comme terme autonome, le nom du P. globus Schnur pour une forme spéciale au sommet des schistes de Beaulieu (Boulonnais), peu différente du P. brevirostris et portant vers le front, dans le sinus et sur le bourrelet, des plis très rudimentaires. La forme que je signale iei sous le nom de P. globus Bronn n’a rien de commun avec celle qu’indique M. Rigaux au milieu du Frasnien de Boulogne et se rencontre du reste à des niveaux différents : près de la (1) Le Dévonien de Ferques et ses brachiopodes. Boulogne, 1908. 230 PROCÈS-VERBAUX. base, dans le récif de l'Arche, et au sommet, dans les schistes à Spirifer pachyrhynchus. Dimensions. — Longueur : 16""50; largeur : 19 millimètres ; épais- seur : 12 millimètres ; largeur du sinus : 7""25, largeur ER - longueur largeur Rapports : longueur PENTAMERUS GREINDLI NO0. sp. (fig. 3a, 3b, 3c.) Coquille de taille moyenne, ventrue, épaisse, de forme subpenta- gone, à test lisse. Périmètre frontal présentant, devant le sinus, un pli profond, à profil trapézoïdal, à angles arrondis atteignant, en largeur, un peu plus de la moitié du diamètre transversal et interrompu, au milieu, par un pli plus petit qui relève la languette du sinus en angle aigu à sommet très légèrement arrondi, atteignant à peu près le sixième (1/;) de la hauteur et, à sa base, le tiers (t/;) de la largeur du premier pli. Bord cardinal courbe, dont l’arête se raccorde aux com- missures latérales par un angle très obtus. Diamètre transversal attei- gnant son maximum vers le milieu de la coquille. Grande valve convexe. Crochet fort et très recourbé. Bourrelet très accentué au front, s'étendant jusqu’au tiers à peu près de la valve, où il s'éteint insensiblement, et partout un sillon subarrondi dont la pro- tondeur n’atteint guère au front plus du sixième de la hauteur du bourrelet. Petite valve de moitié moins convexe que l’autre. Sinus prenant naissance vers le milieu de la valve, où il est très faible, s’accroissant graduellement en profondeur jusqu’au front où 1l se relève en languette, et portant un pli médian subarrondi, d’abord peu prononcé et très accentué au bord frontal. Dimensions. Le rapport des dimensions est assez variable. [I est à noter, néanmoins, que la longueur et la largeur ont une forte et con- stante tendance à s’égaler et que, généralement, l’épaisseur est relati- vement plus forte que chez P. brevirostris. SÉANCE DU 16 JUIN 1909. 231 MESURES pu P, Greindii : DIMENSIONS EN MILLIMÈTRES. DÉSIGNATION DES INDIVIDUS MESURÉS. Largeur Epaisseur du Longueur. | Largeur. cu sinus. hauteur. No1.Zone à Receptaculites Neptuni Boussu ) 10 121/9 8 No 9. Récif de l'Arche. Frasnes . . .| 14 9314 | 934, | 1614 NDS. — — 7 13 25 92 15 1/9 No 4. — — EI 14 19 1/9 20 1/9 14 1/9 No 5. Schist. à Sp. pachyrhynchus. Boussu. 9 15 15 11 N° 6. — — — 8 124 13 9 Rapports proportionnels des dimensions : JEUN — 4.99; 4 00; 0 95; 1.05; 1 00: 1 08 :ongueur RU (80: 0-70; 0,67: 0 74: 0 13: 0 75 Longueur OU = 0.64; 0 60; 0 59; 0.70; 0.60; 0 61. al pgeur Rapports et différences. Le Pentamerus qui vient d’être décrit s’écarte du P. brevirostris Phill. par sa forme souvent moins large, sa surface plus lisse, son sinus relativement plus profond et un tant soit peu plus large, par la forme de ce sinus et par la côte unique qui l’orne ; enfin, par son bourreiet, que divise un sillon médian, et par la position de son plus grand diamètre transversal, caractères qui l’éloignent également du P. globus type et de sa variété biplicatus dont le sinus, d’ailleurs, n'atteint en largeur que le quart du diamètre transversal. Je dédie cette forme, que je considère comme nouvelle, à notre dévoué secrétaire général, M. le baron L. Greindl. Gisements. Pentamerus Greindii naît dans les schistes à Receptaculites Neptuni, où 1l n’atteint généralement qu’une taille assez réduite et où il est très rare. Il paraît acquérir sa plus grande extension, tant au point de vue du nombre que de la taille, dans le récif de l’Arche, et s'éteint dans la zone à Sp. puchyrhynchus, où il ne semble être repré- senté que par des individus de taille relativement naine. 232 PROCÈS-VERBAUX. PENTAMERUS BROECKI O0. Sp. (fig. 4a, 4b, 4c.) Coquille de petite taille, de forme subpentagone très bombée, à peine plus longue que large, lisse jusqu’au front, où elle porte quelques rares stries d’accroissement concentriques à peine visibles. Commissure frontale horizontale, mais très sinueuse, présentant quatre plis aigus fort accentués. Bord cardinal courbe, se rattachant aux commissures latérales sous un angle très obtus. Le plus grand diamètre transversal est situé vers le milieu de la coquille. Grande valve convexe, à crochet puissant, fortement bombé et recourbé, ornée de quatre plis aigus et d’inégale hauteur. Les deux plis médians sont très forts et visibles sur près de la moitié de la longueur de la valve à parür du front : ils constituent le bourrelet. Un sillon aigu de même hauteur les sépare, et ils sont latéralement accotés d’un pli également aigu, mais visible seulement sur un tiers de la valve, et égal à peu près aux deux tiers des côtes médianes en hauteur. Petite valve fort bombée, quoique moins que l’autre, ornée de trois côtes saillantes d’égale hauteur, à sommet aigu, bordées par quatre sillons à profil également aigu, dont les deux extrêmes sont légère- ment moins profonds que les deux sillons médians. Ces côtes ne dépassent pas le tiers de la longueur de la valve. En d’autres termes, le sinus, qui atteint en largeur à peu près la moitié du diamètre trans- “versal, est limité par deux côtes très, fortes, séparées des côtés latéraux par un sillon aigu, un peu moins profond que le sinus, lequel porte, au milieu, une côte de même forme et de même puissance que les deux côtes qui le limitent. Dimensions. Longueur : 10 millimètres; largeur : 9250; épaisseur : 7%"25; largeur du sinus : 5 millimètres. larg. long | épaiss. de sinus — 0.95 ; = = 0.75; _ — 0.53. Ë 0. Rapports des mesures : Rapports et différences. Ce Pentamerus diffère trop d’aspect des P. brevirostris et P. globus jeunes et adultes pour devoir leur être com- paré. Il aurait bien quelque tendance à se rapprocher du P. Greindli par son sinus orné d’une côte médiane, mais le sinus de cette dernière espèce, qui, d’abord, n’est pas bordé de deux côtes latérales, est beau- coup plus profond et sa côte médiane considérablement moins élevée. SÉANCE DU 16 JUIN 1909. 933 P. Broecki s’en éloigne de plus par la forme aiguë et le nombre de ses plis, par le crochet de sa grande valve beaucoup plus fort et plus renflé, par la convexité relativement plus prononcée de sa petite valve, et constitue une forme nouvelle dont j'offre la dédicace à notre excellent collègue et ami M. Ernest van den Broeck. Gisement. Pentamerus Broecki paraît se limiter au calcaire à Pachy- stroma, où 1l est très rare. TABLEAU INDIQUANT LA RÉPARTITION DES QUATRE PENTAMERUS SIGNALÉS (*). CE 1 le Genre, espèce, auteur. 1 it ANR OnINO 2a | 2b | Ta | Tb | Ba | 5b | Pentamerus brevirostris Phil. | — | — 4 RANCE CEE IRRNI OR ATEN R — globus Bronn. . . |—|—|—|[—|R|—-|—|—-|—|R|— — Greindli nov. sp. | —|—|—-|R|[C|[—-|R|—-|—1|AR|— — Broecki nov. sp. . [—|—|—|—|—|—|—|— | R|—|— (*) Signification des chiffres placés en tête des colonnes : 1. Caleaire à Aviculopecten Neptuni. | 9a Calcaire argileux (facies normal). 2. Zone à Sp. Orbelianus a 5 . _ | 2%. Schistes des Abannets (facies néritique). 3. Schistes à Receptaculites Neptuni. 4. Calcaire rouge (récif de l'Arche). 9. Calcaire gris de l’Ermitage, à Pentamerus brevirostris. 6. Schistes à C. formosa. ‘ue ( 7a. Schistes. 7. Zone à C. megistana | COR 7b. Calcaire à Pachystroma. Sa. Schistes. 8. Zone à Sp. pachyrhynchus j : 8b. Calcaire rouge à Stromatactis. En terminant, je tiens à exprimer ici mes plus vifs remerciements à mon excellent ami M. Vanhove, professeur à l'Ecole normale de Cou- vin, au talent duquel sont dus les dessins qui illustrent cette note. 234 PROCES-VERBAUX. À À FiG. 1. — Pentamerus brevirostris Phil. (n° 8), zone à Sp. pachyrhynchus. Aa. Coquille vue du côté du front. 1. — de profil. lc: — du côté de la petite valve. LAC FiG. 2. — Pentamerus globus Bronn., récif de l’Arche (no 2). 2a. Coquille vue du côté du front. 2b. — de profil. 26: — du côté de la petite valve. FiG. 3. — Pentamerus Greindli nobis, récif de l’Arche n° 4). 3a. Coquille vue du côté du front. 30 — de profil. 3C. — du côté de la petite valve. Fic. 4. — Pentamerus Broecki nobis (n° 3) du calcaire à Pachystroma. 4a. Coquille vue du côté du front. 4b. — de profil. Ac. — du côté de la petite valve. Grandeur naturelle. SÉANCE DU 16 JUIN 1909. 239 A. RUTOT. — Note préliminaire sur la coupe des terrains quaternaires à Hofstade. Conformément à un projet établi par nos confrères MM. Van Bogaert et Kemna, l'Administration des Chemins de fer de l’État fait exécuter à Hofstade, à 4 kilomètres au Sud de Malines, entre la route de Malines à Tervueren et la Dyle, de vastes terrassements en vue du creusement d’un lac dont les eaux serviraient à l’alimentation des locomotives dans de nombreuses gares de la Basse-Belgique. Le creusement s'effectue en deux fois. Un premier enlèvement de terres sur 3 à 4 mètres de profondeur a été effectué en grande partie à la main; l’approfondissement jusqu’à la cote zéro se fait au moyen d’un excavateur et est commencé depuis le mois de février de cette année. Cette vaste entreprise à été confiée à M. Wuytack, de Gand, que nous tenons à remercier 1€1 pour sa grande amabilité et l’empresse- ment qu’il met à faciliter, aux agents du Musée royal d'Histoire natu- relle de Bruxelles, la récolte des nombreux ossements que l’excavateur fait découvrir. * *k _%X En juin 1909, les travaux se présentent sous forme d’une profonde tranchée d’une vingtaine de mètres de largeur, d'environ 800 mètres de longueur et de 8 mètres de hauteur. Cette tranchée met à nu une magnifique coupe de terrains à allure générale assez régulière et horizontale, dont l'étude est toutefois compliquée et difficile. En effet, la paroi de la tranchée faite par l’excavateur est peu accessible à l’observation à cause de la raideur de sa pente et aussi parce qu’elle est constamment voilée par les terres qui retombent des godets. D'autre part, la paroi opposée est plus facilement accessible, mais elle s’éboule par gros paquets, de sorte qu’on ne peut presque jamais savoir dans quel niveau l’on se trouve. Îl m'a donc fallu un grand nombre de visites pour essayer de voir clair dans ce chaos, mais, actuellement, je crois être à même de 236 PROCÈS-VERBAUX. fournir une coupe sullisamment exacte des couches visibles dans l’ensemble des travaux. Tout d’abord, lorsqu'on étudie la grande tranchée dirigée approxi- mativement de l'Est à l’Ouest, il faut bien se pénétrer de ce que la coupe qu'elle montre n’est pas complète, puisque les 3 à 4 mètres supérieurs ont déjà été enlevés. Il faut donc étudier en premier lieu la tranchée supérieure, de manière à bien se rendre compte de ce qui manque à la tranchée inférieure et, alors, on peut marcher de l’avant avec sécurité. En envisageant ainsi la coupe sur sa hauteur totale, on peut y reconnaître trois types principaux de composition, selon qu’on la considère à son extrémité Ouest, ensuite vers les deux tiers de sa longueur, puis à l'extrémité Est, sur la paroi Sud. Nous commencerons par l’extrémité Ouest. C’est là que la coupe offre sa plus grande simplicité. La voici telle que j'ai pu la relever, en partant du haut : Mètres. 1. Sable jaune, plus ou moins ferrugineux, avec da fin à la ‘base VERVINONS TEE NON ERERRE "er Rte 1.20 9. Alternances de limon brun ou grisâtre et de sable, le tout très stratifié. 1e UE CN HN M ENNEMI EE 3. Couche de sable meuble, assez gros, à stratification oblique, à base ravinante, avec petits cailloux de silex, de grès bruxellien, etc., répartis surtout vers le sommet et vers lebas 4 00 FR EE EE CE IRA . Couche épaisse de sable assez gros, très stratifié, le plus souvent avec régularité, parfois obliquement, surtout vers le bas. À l’état humide la masse paraît gris foncé, sèche; elle est gris verdâtre clair, avec lignes horizontales plus foncées, plus épaisses vers le bas. . . . . . . . 8.00 à 4.00 > 5. Lit de gravier composé de nombreux galets de silex, avec galets de roches primaires diverses et gros blocs très peu usés de phyllades, de quartzites et de quartz. Reposant sur ce gravier, se rencontrent de nombreux ossements d’ani- maux de la faune du Mammouth . . . 404008 MODES 6. Argile glauconifère, vert foncé, stratifiée, visible sur environ 9.00 Mon interprétation est la suivante : 1. Sable flandrien avec fin gravier à la base. 2 et 3. Facies sableux du limon hesbayen avec lit de sable meuble et zone graveleuse à la base. 4. Sable campinien très stratifié avec ossements de la faune du Mam- mouth à la base. 9. Gravier représentant le Moséen. 6. Argile glauconifère asschienne (Éocène le plus supérieur). SÉANCE DU 16 JUIN 1909. 937 La même coupe se montre sur plusieurs centaines de mètres de long, sauf en un point où existe un ravinement de la base du Campinien qui descend jusqu’au fond de la tranchée en supprimant localement l'argile asschienne. | À environ 500 mètres de l’extrémité Ouest, sans que, de loin, la coupe paraisse changer, elle se modifie vers le bas par l’adjonction de termes nouveaux : Mètres. 1. Sable flandrien avec fin gravier à la base . . . . . . 1.20 2. Alternances de limon et de sable représentant le limon hes- NE SL NT 5 ei 1 tr 9-00 à73:00 3. Zone de sable obliquement stratifié, avec petits cailloux épars et base caillouteuse ravinante, partie inférieure du DESERT Sn M re Us, 1.00 4. Masse du sable campinien, très stratifiée, avec traces de glaise gris-bleu foncé vers le haut. . . . . . . +. 3.00 à 4.00 ». Lit de gravier sur lequel reposent de nombreux ossements déla faune du Mammouth . + . … . . . : . 0.15 6. Glaise gris foncé, stratifiée avec des veinules de sable gris 0.30 à 0.50 7. Sable noir très grossier, plus où moins graveleux. avec nombreux débris végétaux, troncs d'arbres, fruits, se- mences, etc., et ossements rares . . . . . . . 0.30 8. Gravier composé principalement de galets de silex, avec filets SALUE ÉSURERS EC 2 en 5 UN he. 0.30 Shrriulelauconière asschienne.:. «© … . . . . . . 1.00 Nous constatons donc ici, sous la série de couches déjà observée dans la première section de la coupe, c’est-à-dire sous le Campinien, l’in- troduction de la glaise et du sable grossier à végétaux moséens, enca- drés entre deux graviers, l’un supérieur, l’autre inférieur, descendant obliquement vers l'Est et ravinant l’argile asschienne. Enfin, vers l'extrémité Est, la coupe semble se compliquer rapide- ment à cause de grandes ondulations du gravier supérieur du Moséen qui permettent l'apparition de pitons de glaise moséenne et, plus haut, d’autres ondulations de la base du sable hesbayen qui provoquent la conservation de paquets de glaise campinienne. La coupe se présente alors comme suit : Mètres. 1. Sable flandrien avec gravier fin à la base . . . . , . 1.20 2? Alternances de limon et de sable représentant le limon hes- Ne a ess 0 +. © 9:00 à3.00 3. Zone de sable meuble, caïllouteux, très irrégulièrement stra- MIE pasciondulantens. 2 M UE, 110.1 :0:30:à 1.00 238 PROCÉS-VERBAUX. 4. Localement, là où la base du sable 8 se relève, on voit : Glaise gris-bleu foncé, dont le sommet est noir, tourbeux, rempli de matières végétales, entrecoupée de lits sableux OTIS. 0 à one ne à e à LP NelS dei 0 RE EEE 1.00 ». Masse sableuse du Campinien, stratifiée, en lits alternative- ment clairs et foncés. … . . ..1 212 SONO ntit 6. Lit de gravier de roches diverses, à allure très ondulée, avec gros blocs de phyllade, sur lequel reposent des ossements de la faune du Mammouth . . . . 5 0 CUS 0.15 71 Glaise moséenne constituée, au sommet, par des alternances de glaise gris-bleu foncé avec lits noirs tourbeux et de lits de sable gris foncé et, au bas, par une couche de glaise compacte, stratifiée +. 2. . "NS D DD 8. Sable noir, très grossier, plus ou moins graveleux, avec frag- ments de bois plus rares, mais avec un lit de tourbe brune à filaments feutrés, OrganiqUes MN 0.50 9 Gravier principalernent composé de cailloux de silex roulés, avec filets de sable grossier: = "EEE 0.30 lei, l’argile glauconifère asschienne n’est plus visible, le gravier de base du Moséen se trouvant au niveau du fond de la tranchée. Cette lroisième coupe est intéressante en ce qu’elle montre le sommet du Campinien, représenté par la glaise, avec, à la partie supérieure, les traces d’un ancien sol formé de matières noires, tourbeuses, traversées par une infinité de radicelles. De plus, elle fournit aussi une coupe complète du Moséen, avec des traces d’un ancien sol au sommet (1). Nous donnons page 259 la coupe générale de la grande tranchée de Hofstade. | La détermination des couches quaternaires en Flandrien, Hesbayen, Campinien et Moséen est assez aisée, surtout pour ce qui concerne le Flandrien, le Campinien et le Moséen. Pour ce qui à rapport au Hesbayen, 1l ne serait pas facile de le reconnaître sous son facies très sableux d’Hofstade, si l’on n’avait suivi préalablement ses modifications depuis Bruxelles jusque Vilvorde, où le facies sableux apparaît déjà très distinctement, sur une forte épais- seur, à proximité du pont du canal. Ce qui est plus délicat, c’est d'attribuer au Hesbayen la zone de (1) Ce point est toutefois encore obeeur. car il se pourrait qu’il y eût contact direct, par affaissement en masse, de la glaise campinienne sur la glaiée moséenne, avec foirage du sable campinien. Il m'a été impossible, jusqu'ici, d’arriver à une solution précise de la question. 239 SÉANCE DU 16 JUIN 1909. ‘JHBUHAJEN() np 9aJo[du09 94009 [ JIUINOF BR DIJIULUI 9P 99N)JS91 979 L [OS NP 998JINS LI op ajied & ‘ogaoquo efop onued e] onb npuoua 0419 J0p [|] — ‘JON ‘JUUDIUISSE JIQFIUOINE[S [SI NHIHISSY ‘Y ‘SONOI XO[IS op oried oinoleu uo asodtuos ‘oseq 9p 191AP49) ‘NHASON ‘7 | ‘sjuatuasso sonbroub 19 ‘219 ‘SOUS SJINIF ‘SOIQICP SOUOI : XNPJ9G9A OP SOJSOI XNOIGUIOU 90AP ITOU ‘XNO[OAPID ‘IOISSOUS SQI] O[CS ‘NASON ‘I ‘SO[RI9694 SOIONPUL 0P SEUIP S1194 9948 JOUUOS Of SIDA XNO[(RS ‘OUUIISOU OSIL[S E[ OP 9X9[dU07 ‘NIISON *SAITEUULI( S990I 9P So[NOI UOU S90]( SOS 9P 9 SOYIDAIP S9HJ01 9PD SIO[LE 9PD ‘SOINOI XO[IS 9p 950409 “INOHYUNS JOTAPI9 NHISON ‘J x ‘ose P[ UINOUIUEPI] np OUnvJ E[ 9P SJUOUISSO XNOIQUIOU 9948 OIRIIOU NO JIDA-SHIS ‘OUAIS JUOUIOIQINMEOI SUIOUL NO Snd 9[{RS *NHINIANV) : *[0OS U9IDUB UN,P 9981] ‘JOUUOS NE SO[P]9HDA SOITOU SOIQTEUL 9p JI[ 9048 ‘9OUOI SIIS OSIE[9 *NAHINIANV') * "JJUBUIABI 9SP4 L 39 DIQI[NSQIUIT UONPIHILIJS L O[{UOU [RS 9P 949007 ‘NIAVISIH *SOIPUEIA S9P 19 PION NP XN9[{PS-OUOUIT S919PJ "NAAVAISAI, * ‘2SE4 PI L JOIAPIS UT 994 9[QUS "NHIUONV'I Horse ‘GOGT NIN£ NA ‘HAVESAOIIA AAHONVYHL AANVU9 V'I AA HdA0!) É RE SRE Ro | | | il Dh il | ll | DU TILL LTILTTE = AS | dSANO 240 PROCES-VERBAUX. sable meuble, à stratification oblique, à base onduleuse et ravinante, accentuée par de nombreux petits cailloux. Je me suis décidé à adopter cette assimilation parce que, en somme, la coupe d'Hofstade reproduit, dans sa composition stratigra- phique, ia célèbre coupe, maintenant si connue, de l’ancienne exploi- tation Hélin, à Spiennes. Là, en effet, à la suite du recul continu de la coupe vers la rivière la Trouille, causé par les nombreuses et importantes fouilles que le Musée royal d'Histoire naturelle v pratique depuis dix ans, est apparu, d’abord très mince, puis de plus en plus épais, entre le sommet noirci de la glaise campinienne (traces de l’ancien sol Acheuléen Î) et le limon hesbayen normal, un lit de sable meuble, irrégulièrement caillouteux, à base ondulée, dont la zone sableuse de Hofstade est l’exacte reproduction et l’équivalent un peu amplifié. À la coupe Hélin, Je me suis décidé à rattacher ce sable au Hes- bayen dont il constitue la base, parce qu'il repose sur les traces de l’ancien sol, asséché et occupé par les Acheuléens. Ce lit sableux inférieur se relie donc ainsi au Hesbayen et il repré- sente vraisemblablement le dépôt correspondant au premier afflux des eaux provenant de la fonte des glaciers du Rissien en recul, après leur extension maximum Correspondant à l'occupation acheuléenne. Ces eaux, venant des hauteurs, avaient d’abord une certaine vitesse, mais bientôt cette vilesse a décru et l'énorme crue hesbayenne s’est produite par manque de débouché des eaux fluviales vers la mer, à la suite de la persistance du front de la calotte de glace septentrionale. A l'exploitation Hélin, comme à Hofstade, la coupe est donc : 4. FLANDRIEN. Facies ergeron et terre à briques chez Hélin, facies marin à Hofstade. 2. HESBAYEN. Facies normal, argileux, chez Hélin, avec lit sableux et cailloutis à la base; facies limono-sableux à Hofstade, avec lit sableux et cailloutis à la base. 3. CAMPINIEN, constitué chez flélin par : a. Glaise à surface noircie (trace d’ancien sol); b. Sables fluviaux avec ossements de Mammouth à la base. À Hofstade par : a. Glaise à surface noircie (trace d’ancien sol); b. Sables fluvianx avec nombreux ossements de Mammouth à la base. 4. MoséEN, constitué chez Hélin par : a. Cailloutis de silex à industrie mesvinienne. b. Glaise vert-noir, stratifiée, avec lits caïillouteux; c. Cailloutis de silex à industrie mafflienne. SÉANCE DU 16 JUIN 1909. 241 et à HofStade par : a. Caïlloutis de silex et de roches ardennaises, avec gros blocs à bords usés de phvilade, de quartzite et de quartz. b. Complexe de lits de gros sable et de glaise gris-noir, plastique (1). b'. Sable très grossier, plus ou moins graveleux, avec nombreux débris végétaux et très rares ossements. c. Cailloutis de silex roulés. Comme on peut s’en convaincre, la ressembiance est parfaite. Pour avoir la coupe complète du Quaternaire de la Belgique, 1 suffirait que chez Hélin, comme à Hofstade, vint s’'introduire, entre le Flandrien et le Hesbayen, le limon éolien brabantien. * * * Disons, pour terminer, quelques mots de la Paléontologie. Elle se divise nettement en deux parties : la Paléontologie animale el la Paléontologie végétale. Pour ce qui concerne la Paléontologie animale, nous avons dit ci-dessus que des ossements avaient élé trouvés à deux niveaux : 1° Sur le cailloutis, sommet du Moséen, c’est-à-dire à la base du Campinien ; 2° Dans le gros sable moséen à végétaux. Le premier de ces niveaux à fourni de nombreux ossements d’ani- maux de la faune du Mammouth qui, actuellement, couvrent 50 mètres courants de tables dans les ateliers du Musée roval d'Histoire natu- relle. La tranchée exécutée à ce jour représentant à peine la 80° partie du travail total, on peut donc s'attendre à recueillir 80 fois plus d'ossements que ce qui à été trouvé, soit 2,400 mètres courants de tables. Le but du Musée, en recueillant tous ces ossements, est de reconsti- tuer des animaux entiers. Il y à actuellement une douzaine de formes représentées, parmi lesquelles on reconnaît le Mammouth (2) et le Rhinoceros tichorhinus (très abondants), le Cheval, le Renne, le Cerf d'Irlande, le Bœuf, etc. Pour le moment, on se borne à nettoyer, à solidifier et à recoller (1) C’est dans ce complexe qu’il peut y avoir, au point considéré, juxtaposition des deux glaises par foirage des sables campiniens. (@) 1 ne serait pas impossible que l'Ele; has antiquus et V'Elephas intermedius fussent également représentés. 249 PROCÉS-VERBAUX. les fragments. Les déterminations seront faites plus tard par des spécialistes. Le deuxième niveau, concordant avec celui des nombreux végétaux qui se trouvent reposant sur le gravier base du Moséen, n’a fourni Jusqu'iei qu’une demi-douzaine de gros ossements sans caractères spé- cifiques tranchés. Ils devront, pour savoir à quelles formes ils appar- Uuennent, être soumis à une détermination très soignée. Rappelons, comme fait intéressant, que le niveau inférieur à végé- taux de Hofstade concorde exactement avec celui dans lequel à été trouvée la mâchoire de l’Homo Heidelbergensis, à Mauer. Pour ce qui concerne la Paléontologie végétale, j’ai reconnu l’exis- tence de deux niveaux principaux qui sont : 1° Le sommet de la glaise campinienne ; 2° Le bas du sable grossier moséen surmontant le gravier de base. Ces niveaux sont tous deux d'un haut intérêt, car le premier est synchronique de l'apogée du glaciaire rissien, tandis que le second correspond exactement au commencement de l’interglaciaire Mindel- Riss, attendu que nous devons considérer la grande crue moséenne comme la résultante de la fusion des glaciers du Mindélien. Les caractères généraux de la flore semblent — en attendant l'étude que va en faire notre confrère M. Ch. Bommer — confirmer cette manière de voir. En effet, au niveau supérieur, on ne distingue pas de restes de grands végétaux, il existe simplement les traces d’une végétation herbacée, probablement de steppes. Au niveau inférieur, au contraire, M. Bommer a bien voulu me dire qu'il rencontre une magnifique flore forestière dans laquelle le Pin sylvestre, le Chêne, le Bouleau et le Noisetier sont directement recon- naissables, soit par leurs troncs et leurs branches, soit surtont par leurs fruits. Il existe également, au même niveau, des semences d’une importante flore aquatique. | D'après notre confrère, cette belle flore serait incompatible avec la présence du Mammouth. Il doit être bien entendu que tous ces débris végétaux ont été apportés par les eaux venant du Sud et pris par des tourbillons où ils se sont accumulés avant de gagner le fond. Ces forêts devaient se trouver à la latitude de Bruxelles et crois- saient sur les collines séparant les cours de la Senne et de ses affluents. Il en est de même des animaux dont les cadavres ont d’abord flotté, SÉANCE DU 16 JUIN 1909. 243 puis dont les différentes parties se sont détachées en cours de route. Les ossements ne se trouvent pas en connexion anatomique. Des traces végétales ont également été signalées ci-dessus, sous réserve, au sommet de la glaise moséenne. * *X _% Étant donné les modifications dans l'allure et dans la composition des couches actuellement visibles dans la coupe d’Hofstade, il n’est pas douteux que d’autres variations se montreront encore au cours de l'exécution des travaux. Nous comptons suivre ceux-ci avec grande attention, de manière à pouvoir signaler, dans la suite, le détail des transformations et des découvertes que nous pourrions constater. Discussion. M. MourLon croit devoir rappeler dans quelles conditions il fut amené à publier, il y à un peu plus de deux mois, les premiers résul- tats scientifiques fournis par les profonds déblais d'Hofstade pratiqués sur la planchette de Sempst, levée par lui, il y a plus de quinze ans, et publiée en 1894. Aussitôt qu'il fut prévenu de la découverte, en ce point, d’une défense de Mammouth, il se rendit immédiatement sur les lieux pour en étudier le gisement. Mais quelle ne fut pas sa surprise de constater l'existence d'une profonde tranchée avant 800 mètres de longueur et d'apprendre que les travaux de déblais, qui avaient précédé ceux de la tranchée, remontaient à cinq ans, sans que le Service géologique en soupçonnât même l'existence. C'est ce qui le décida à profiter de la première occasion qui S'offrirait à lui pour appeler immédiatement l'attention des naturalistes sur cette source précieuse de documents et d'observations, et cette occasion lui fut fournie à la séance du 5 avril 1909 de la Classe des Sciences de l’Académie (1). Comme vient de le faire si bien remarquer M. Rutot dans sa com- munication sur les dépôts quaternaires d'Hofstade, leur interprétation est des plus difliciles, on pourrait même dire « troublante », selon l’ex- (1) M. MourLoN, Découverte d’un dépôt quaternaire campinien, avec faune du Mam- mouth et débris végétaux, dans les profonds déblais d'Hofstade, à l'Est de Sempst (Brabant belge). (BULL. DE LA CLASSE DES SCIENCES DE L’ACAD. ROY. DE BELGIQUE, 1909, n° 4, pp. 427-434.) 244 PROCÈS-VERBAUX. À pression de M. Mourlon, qui se félicite d'autant plus de se trouver — d'accord avec son savant collègue sur leur interprétation. Ce n’est pas cependant que le dernier mot soit dit sur cette inter- prétation : l'étude des déblais s’effectuant dans des conditions si excep- tionnellement favorables, devant se continuer durant plusieurs années, ne manquera pas de fournir encore quelques surprises par la suite. On peut en trouver, dès à présent, un indice certain dans ce fait que M. Rutot croit pouvoir attribuer au Quaternaire moséen un petit lambeau d'argile à végétaux, dont 1l à reconnu l'existence à l’extrémité S.-E. de la coupe d'Hofstade, entre la couche graveleuse campinienne et l'argile tertiaire, ce qu'il à l'espoir de voir confirmer par l’étude des végétaux dont un premicr examen semble devoir écarter leur contemporanéité avec le Mammouth. C'est un point important qui reste à élucider, étant donné que la présence du Moséen n’a point encore été mentionnée à ce niveau, sous le Campinien, dans la Basse- Belgique. M. Macaise. — A quel niveau M. Rutot place-t-il les roches cam- briennes ? M. RuroT. — A la base du Campinien. Prof C. MALAISE. — Sur les roches cambriennes rencontrées à Hofstade. J'ai visité les travaux exécutés à Hofstade. Ce qui m'a surtout intéressé, c'est la présence et la nature des roches cambriennes que l’on v à rencontrées à la base du Cambpi- nien. | [ résulte de l’examen que j'ai fait, tant des roches que j'y aï recueil- lies que de celles que m'a montrées mon confrère M. Mourlon, qu’elles se rapportent au Devillien. J'ai constaté la présence : 1° de quartzites blanchâtres, du Devillien inférieur (Doi), semblables à ceux que lon observe au Nord de Hal, vers Buysinghen; 2° de quartzites verdâtres, dont un exemplaire avec pyrite triglyphe, et des arkoses verdâtres pailletées, du Devillien supé- rieur (Dv2), telles qu'on en voit à Rodenem, au Sud de Hal. On trouve également du quartz blanchâtre ou hyalin, provenant de filons qui existent également dans le Cambrien inférieur et dans le Cambrien supérieur. Je n’en conclus toutefois pas que ces roches proviennent des envi- SÉANCE DU 16 JUIN 1909. 249 rons de Hal : elles viennent du Sud. Elles pourraient tout aussi bien provenir de la vallée de la Dyle ou de ses ‘affluents, puisque l’on ren- contre des roches analogues entre Wavre et Chastre, et à des distances sensiblement les mêmes que celles qui séparent Hofstade de Hal. Ces roches sont en grandes plaques, à arêtes arrondies. J’opine qu’elles ont dû être charriées par des glaces, et que le polissage et arrondissement sont dus à des courants sableux ou limoneux. La séance est levée à 18 h. 45. | (BRUXELLES) .e PRÉSIDENT D'HONNEUR: < : —. S.A R. le Prince ALBERT de Belgique. _. Procès-Verbal | DE LA SÉANCE DU 20 JUILLET 1909 \ 1 pare ans. À G e 2, té pare. "7 = : de | FRonian inst: ss ___ Vingt-troisième année (< . __ Tome XXII — 1909 Ce : 2 , Le Mas ñ ; \ GR : A. ee ; es = N-Tonal Riu es ea ! 2 BAUXELLES | HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 112, rue de Louvain, 112 A SÉANCE MENSUELLE DU 20 JUILLET 1909. Présidence de M. À. Rutot, président. La séance est ouverte à 20 h. 35 (14 membres sont présents). Distinction honorifique. Notre éminent confrère M. L. Dollo, conservateur du Musée royal d'Histoire naturelle, est nommé professeur de Paléontologie à l’Uni- versité de Bruxelles. En annonçant cette nouvelle, M. le Président est heureux de pouvoir faire connaître que M. Dollo invitera les membres de la Société à sa première leçon. Il prie M. Dollo, au nom de l'Assemblée, de recevoir les vives félicitations de tous ses confrères. Correspondance. M. P. Janson, membre de la Chambre des Représentants, adresse à la Société un exemplaire de la proposition de loi organisant le droit d'association, présentée par lui le 3 février 1909. A la séance d'octobre, un projet de pétition aux Chambres sera présenté par le Bureau, afin que ce projet, qui permettrait à la Société d'acquérir la personnification civile. soit discuté promptement. Le Secrétaire général du Congrès international de Stockholm _ adresse à la Société la lettre suivante, dont le sujet sera discuté à la séance d'octobre : Le Comité exécutif du XIe Congrès géologique international, à Stock- holm, en 1910, a décidé de discuter — entre autres choses — la question des changements du climat après le maximum de la dernière glaciation. Comme préparation préliminaire à cette discussion, trois savants suédois ont publié chacun un article ayant pour sujet l’évidence fournie en Suède sur cette question. Les titres de ces ouvrages sont : G. DE GEER, On laie Quaternary time and climate. (Geo. FÔREN. FORrHANDL., 1908, pp. 459-164.) R. SERNANDER, On the evidence of Postglacial changes of elimute furnished by the peat-mosses of Northern Europe. ({mib., pp. 465-473.) G. ANDERSSON, The climate of Sweden îin the late Quaternary period. (SVERIGES GEOLOGISKA UNDERSÜKNINGS ARSBoKk, 1909, n° 4.) 4909. PROC.-VERB. 15 248 PROCÉS-VERBAUX. J'ai l’honneur de vous envoyer, au nom du Comité exécutif, ces trois. ouvrages, en vous demandant, en même temps, votre précieux Concours dans la préparation suivante dudit sujet. Selon nous, le développement de cette question doit être poursuivi de sorte que de tels rapports soient faits dans d’autres pays, ainsi que chez nous. J'ose donc vous demander de nous favoriser de l’envoi d’un résumé, fait soit par vous, soit par un membre de votre Société, sur les change ments de climat de votre pays pendant la partie post-glaciaire de l’époque pléistocène. Nous allons publier ces résumés de divers États en un ouvrage indé- pendant, qui sera achevé quelque temps avant le Congrès, afin de pouvoir former la base de la discussion qui aura lieu à cette occasion. Ainsi, Je vous prie de vouloir bien m'envoyer ledit résumé avant le 4er janvier 1910. Il serait à désirer que chaque résumé n'occupât tout au plus que seize pages in-8. Si quelque auteur désirait disposer d’un plus grand espace, je lui serais très reconnaissant de vouloir bien m’avertir, le plus tôt possible. Nous nous permettons d'espérer que vous allez accueillir avec sym- pathie le projet présenté dans cette lettre, et que nous pourrons compter sur votre concours éminent dans la réalisation de nos vœux. L’iavitation et les publications ci-jointes ont été envoyées en Belgique aux institutions géologiques et aux sociétés suivantes. Désireux de n’avoir qu'un seul rapport pour chaque pays, nous prenons la liberté de demander à l’une ou l’autre de ces institutions ou sociétés de vouloir bien se charger de l’organisation centrale pour la Belgique, en se mettant en relation avec les spécialistes en ces matières et en organisant la rédaction du rapport que nous vous prions de nous faire parvenir. Société géologique de Belgique. Société belge de Géologie, de Paléontologie et d'Hydrologie. Commission géologique de Belgique. Dans l'attente de votre réponse estimée, veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les plus distingués. Au nom du Comité exécutif : J. G. ANDERSSON, Secrétaire général du XIe Congrès géologique international, Directeur du Service géologique de Suède. Adresse : Stockholm, 3. SÉANCE DU 20 JUILLET 1909. 249 Dons et envois reçus : 1° De la part des auteurs : 5892. Augustin, E. Beitrage zur Naturgeschichte Ostasiens : Ueber Japanische 5893. 5894. 0895. 0896. 5897. 0898. 0899. 0900. 5901. 9902. Seewalzen. Munich, 1908. Extr. des ABHANDL. D. MATH.-PHYS. Kiasse DER K. Bayer. AkaD. D. Wissenscu. IT. Suppl. Bd. I. Abhandl. 44 pages, 2 planches et 26 figures. Andersson, G. The Climate of Sweden in the late-quaternary Period. Stockholm, 1909. Extr. de SVERIGES GEOL. UNDERSÜKN. ARSBOK, 3 (1909) n° 4. 88 pages, 11 fig. et 2 pl. Collins, W.-H. Preliminary report on Gowganda mining Division, District of Nipissing, Ontario. Ottawa, 1909. Extr. du SERY. GÉOL. DU CANADA. 53 pages, 7 figures ei 1 carte. Cornet, J. Géologie (tome I). Mons, 1409. Volume in-8° de 284 pages et 64 figures. Coste, E. Canadian Mining Institute. Petroleums and Coals compared in their Nature, Mode of Occurrence and Origin. Montreal, 1909. Extr. de CanaDIAN Minine Insrirure. Volume XII, 29 pages. Gebhard, H. [I[. Den Odlade Jordarealen och dess Fürdelning. Hel- singtors, 1908. Extr. de la Soc. de Géogr. de Finlande. 507 pages et À atlas in-plano de 55 cartes. De Geer, G., and Sernander, R. On the Evidences of late quaternary changes of Climate in Scandinavia. Stockholm, 1909. Extr. de GEOLOG. FoREN. FORHANDL. Bd 30, H. 6 nov. 1908. 2 pages. d'Andrimont, R. Quelques observations sur le levé géologique de la région traversée par la faille eifélienne entre Chokier et Hermalle-sous-Huy. Liége, 1905. Extr. des ANN. DE LA SOC. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XXXII, Mém., pages 199-204, planche VII. Gilbert, G.-K. The Convexity of Hilliops. Chicago, 1909. Extr. du Journ. of Geology. Volume XVIT, n° 4, may-june, pages 344-350, o figures. Paviow, A.-P. Einiye neue Daten zur Tektonik des der Timankette anhiegenden Teiles des Petschoragebietes. 10 pages et 1 planche. Tschernow, A.-A. Ueber die geologischen Lagerungsverhältnisse des Erdôles im Peischoragebiel. 4 pages. Saint-Pétersbourg. Extraits de l’ANNUAIRE GÉOL. ET MINÉRAL. Volume XI, livres 1-3. Schmidt, R.-R. Das Aurignacien in Deutschland. Vergleichende Straii- grapie des älieren Jungpalaolihikum. Wurzburg (?), 1909. Extr. de « MANNUS » ZEITSCHRIFT F. VORGESCHICHTE, Heft 1, pages 97-118, planches XVI-XVIIE. 250 PROCES-VERBAUX. 5903. Versluys, JL. Over het debiet van artesische putten. La Haye, 1909. Extr. de De Ingenieur, 12 juillet, n° 24, 14 pages et 2 figures. 5904. White, 1.-C. Relatorio final apresentado a S. Exc. O Sr. Dr Lauro Severiano Müller, Ministro da Industria, Viaçao e Obras publicas. (Traduction anglaise par C. Moreira.) Rio de Janeiro, 1906. Volume grand in-4° de 617 pages, 14 planches et 4 cartes. 5905. Poskin, A. Topographie médicale du Royaume de Belgique élaborée en vertu de l'arrêté royal dn 20 juillet 1889 par la Société royale de | Médecine publique et de Topographie médicale. Zone XI. — Des ARDENNES. SECTIONS 1-7. Liége, 1909. Volume in-8° de 504 pages, 44 figures et 2 cartes. Présentation et élection d’un nouveau membre. M. J. Masseaux, actuellement membre associé regnicole, est élu membre effectif. Discussion des thèses présentées aux séances précédentes. A. voN KOENEN. — Des cas négatifs de rhabdomancie. J'avais trouvé dans les journaux, 1l y a deux ans, la nouvelle que M. B... avait découvert, par la baguette divinatoire, des sources souter- raines auprès de quatre grands villages, dans les environs de Muhl= hausen (en Thuringe, au Sud du Harz), qui depuis longtemps man- quaient d’eau. Je me suis rendu sur les lieux, je me suis fait indiquer les endroits précis et les avis de M. B..., et à mon tour j'ai fait une | expertise, où prognose, que J'ai remise au service de la Carte géolo= | gique de la Prusse. J’y ai dit qu'il était tout à fait incroyable qu’on trouverait de l’eau en quantité un peu considérable dans trois des places indiquées, que dans la quatrième on pourrait bien en trouver un peu, mais mêlée aux effluves du fumier et des immon- dices du village. Toutefois, Je demandais de faire faire d’abord deux des puits proposés d'environ 20 mètres de profondeur, pour démontrer | qui, de la baguette divinatoire ou du géologue, aurait bien avisé. Un. | des puits (près de Büttstedt, dans le Muschelkalk supérieur) fut fait, mais. | à 20 mètres, point d’eau. M. B... demanda qu’on le continuât jusqu’à 50 mètres. On fora un trou de 30 centimètres de diamètre jusqu’à 30 mètres, mais rien. Il demanda encore qu’on fit descendre le puits même jusqu’à 50 mètres, et il y a eu de l’eau (au mois de jan= | vier 4908), mais celle-et donnait d’abord 12 litres par minute et plus. | | | | SÉANCE DU 90 JUILLET 1909. 251 A9 | tard seulement 5 litres, à peu près 3 mètres cubes par jour, et il en | fallait plus de 80! L'été passé, M. B... à de nouveau « mesuré » long- | temps avec sa baguette et à déclaré enfin qu'il fallait creuser jusqu’à 60 mètres. J’ai fait savoir alors que peut-être on trouverait déjà à cette profondeur sous le Muschelkalk moyen (argileux) le Calcaire crevassé inférieur, où il y aurait bien de l’eau, mais de grandes diffi- cultés d’en puiser en quantité suffisante. Comme on avait déjà dépensé environ 10,000 francs, on proposa à M. B... de faire faire l’essai à ses risques; on lui rembourserait les frais s’il trouvait de l’eau en qualité et quantité suffisantes. Il fit forer un trou de 4 mètre de diamètre, qui rencontra le Calcaire à 67 mètres et fut continué jusqu’à 85 mètres. Cependant on n’a pu puiser par les pompes que 20 mètres cubes par jour, pas même le quart de ce qu’il fallait pour le village. Tout près de l’endroit où la baguette divinatoire avait imdiqué de l’eau, il y a quelques grands saules! À Soden-Allendorf, sur la route de Gôttingen à Bebra-Franefort, la baguette de M. B... s’est trompée également, et tout géologue l'aurait prédit, parce que c'était en haut d'une montagne dans le Permien inchiné fortement, qui de là descend jusqu’à la vallée des deux côtés. Tout récemment M. B... a eu un autre échec complet auprès du village de Krofdorf, non loin de Wetzlar. M. le D' Poskin regrette de ne pouvoir assister à la séance; ïl s'occupe de réunir de nouveaux documents sur les sourciers et demande que la Société désigne une commission devant laquelle opérerait le baccillogire dont il nous a entretenus. M le Président dit que la Société accepte volontiers la proposition du D' Poskin, à laquelle il sera donné suite après les vacances. W. PRINZ. — Rectifications à apporter aux recherches de M. G. Cosyns sur la roche de Quenast. J'ai déjà protesté dans le Æulletin de mars dernier contre l’introduc- tion de mon nom dans ce travail. À cette époque je n’en avais feuilleté que quelques pages au hasard. Ayant été amené récemment à le lire en entier, je crois de mon devoir de relever quelques-unes des erreurs qu’il contient. Une bonne partie de la recherche de l’auteur repose sur l’emploi de liqueurs lourdes sur la nature et la mise en œuvre desquelles on ne nous donne aucun détail. 252 PROCES-VERBAUX. | Sans cesse aussi l’auteur s'appuie sur des prises de densité, tantôt à | trois décimales, tantôt à deux, sans qu'il en dise la raison. Pas un mot | ne nous apprend quelles sont les méthodes suivies. À la page 174, on dit avoir confondu de l’apatite avec de l'épidote, | mais on donne, figure 4, un dessin qui rend cette confusion absurde. À partir de là, l’apatite, qui se trouve dans la roche comme l’on sait, disparaît du texte. La page suivante parle de la figure de pression de la biotite, alors que ce minéral à passé par les mâchoires d’un concasseur, et l’on rejette la possibilité d’inclusions cristallines, alors que la présence de celles-ci est évidente La même erreur est faite page 205 On mesure des 2 E entre 0° et 2, et on en sépare des variétés brunes ayant 3°. Peut-être faut-il lire 20° et 30°? Page 176, on détermine des muscovites, mais on dessine, figure 6, un mica du deuxième genre, donc une biotite. On parle de « polarisa- tion onduleuse » et la photographie (pl. VIE, fig. 4) renseigne « l’extine- uon balayante des nodules fibro-ravonnés ». Page 177, l’auteur analyse une fraction de la poudre du concasseur, il la dit composée : « 4° de feldspaths alourdis par épidotisations 2° d’un minéral vert semi-fibreux, sali par une imprégnation d’hydrate ferrique ». Plusieurs (combien?) analyses donnent une moyenne, exprimée en chiffres entiers; le total, non renseigné, est de 108. Cet ensemble de données vagues ne laisse aucune arrière-pensée à l’auteur, qui conclut en trois lignes : « Cette composition permet de considérer ce minéral vert, que l’on confond généralement (qui?) avec la chlorite, comme étant une variété de séladonite ou glauconite des roches érup- tives. » L’orthographe allemande me fait penser à de simpies compas raisons de chiffres avec l’un ou l’autre Handbuch. Page 178, l’analyse du microcine diffère de celle que l’on commu: nique page 216; 11 n’y a pas d'explications. Page 179, il est question d’un « ciment de calcédoine et d’opale» entre les grains de quartz, sans que rien ne vienne corroborer cette affirmation. À quelques pages de distance, les chiffres de M. Cosyns sont soumish A à des remaniements destinés à rétablir des totaux arrondis. C'esth ainsi qu’il résume page 180, avec des variantes, la composition“ moyenne de la roche, au lieu de s’en tenir aux chiffres que la sépara=\ SÉANCE DU 20 JUILLET 1909. 253 tion mécanique lui donne dans les paragraphes 1 à 10. Faisant la comparaison entre les deux on à : Paragraphes À à 10, Tablesu p. 180. $$ 4. Minerais 0. "9 2ENVITON. 3.2 environ. DMÉDIdote … .L : . 5.4 5.4 HeiDuralite?. :. …, . 3.0 3 0 AebBiotite + . ,. "5.0 3.6 5. Chlorite ferrifère 5.6 6.5 ER nr 0) è j ? } suiv. photogr. 6. Muscovite . . 4 2.1 (Biotite suiv. dessin.) 7. Chlorite . 160 6.0 8. Feldsp. épidote et matière verte . &.1 3.0 (Lei céladonite.) Oligoclase AS UN 44.0 43.0 Vo — 5 00) | Albite . . Don. 1e | Orthose. . 120 | | Quartz libre j | 10. j | ‘ Pas évalués. Kaolin et divers | 2 100.0 À quoi von des décimales quand on modifie les unités? Le doute qui plane sur tout cela s’accentue lorsqu'on compare le pourcentage admissible de l’un des corps chimiquement importants, l’alumine par exemple, avec celui des analyses. Ci-dessus on nous dit que la poudre des concasseurs renferme environ 62 ‘/, de feldspath, minéral conte- nant un cinquième de Al2053; puis 5.4 °/, d’épidote contenant un quart de Al205 ; enfin 27 °/, de micas, kaolin et divers qui en contiennent encore. Soit un total qu’on peut évaluer à 18 ou 19 °/, d’alumine. Pourtant, l’analyse A de cette même poudre, placée en tête du tableau page 193, porte 9.75 Al205! Ce tableau de la page 193 montre, du reste, un déficit constant de l’alumine, qui se met en évidence toutes les fois que l’auteur indique une évaluation des éléments de la roche. Page 197, il parle d’une roche rougeûtre à oligoclase et chlorite bien représentées, donc riche en alumine; l’analyse D renseigne : 15.75 Al205. Cette roche ren- ferme une bande blanche, que l’on estime formée de 82 °/ de feldspath, 14°}, d’épidote et 3°, de magnétite, soit 96 °/, de minéraux contenant un cinquième et un quart d’alumine; l’analyse DB (et non BB) donne 24 254 PROCÈS-VERBAUX. 16.74 °}, AI205, soit 4 °/, de plus, seulement, que la roche rougeâtre - elle-même. C’est le chiffre maximum obtenu par M. Cosyns dans ses nombreuses analyses, et encore s’agit-il d’une inclusion feldspathique. Renard admettait 18.5 °, Al205 pour les diorites du type de la roche de Quenast, et Rosenbusch la classe parmi ses « Dioritporphyriten » con- tenant jusque 20 °/, d'alumine. Le tableau, de son côté, nous renseigne entre autres : A1205 Analyse B : roche gris-blanc très feldspathique . 12.020 — C:roche normale assez feldspathique . 14.50 — M: roche grise teldspathique RE Je Pour en finir avec ce tableau, disons que les pourcentages sont, le plus souvent, exprimés à deux décimales, mais les totaux, non ren- seignés, donnent d'ordinaire des nombres entiers, volontiers 100.00. Rien ne nous dit comment ces chiffres furent obtenus. J'ai fini par | trouver, en note, page 201, que C est une « analyse » et que CNB. | ainsi que CNT sont des « moyennes d'analyses ». Notons encore que l'analyse de Renard est attribuée à Delesse et revenons au texte. | Page 180, on décrit un cristal de molybdénite de 3 centimètres de diamètre, « d'aspect tordu... comme s’il avait été soumis à des pres- sions orogéniques », sans qu'il soit fait allusion à la possibilité d’un accident résultant de l'extraction d’un minéral aussi plastique. Page 185, l’auteur admet que la roche éclate par la croissance d’un cube de pyrite de 27 millimètres de côté, alors qu'il invoque con- stamment les « pressions orogéniques » ailleurs. Page 185, on détermine des cristaux, entre autres le scalénoëèdre (5582), sans fournir aucune mesure. Page 188, il est dit que des cristaux de tourmaline furent observés « dans la pâte méme de la roche ». Puis on continue : « C’est dans une grande enclave noire, riche en feldspath alcalin, que j'ai rencontré ce. minéral. » Page 196, l’auteur détermine les « constantes physiques » des inclusions de la roche ainsi que de la roche elle-même, et pour … : atténuer les causes d’erreur dues à l’altération de la masse, il pense - « qu'il est nécessaire de fondre les échantillons au préalable et de SÉANCE DU 90 JUILLET 1909. Dhh leur donner la forme de petites larmes balaviques ayant toutes les mêmes dimensions ». En quoi cette opération « atténue » les causes d'erreur dues aux hétérogénéités de la roche, l’auteur ne le dit pas; comment il a calibré les petites larmes bataviques, 1l ne le dit pas davantage; je passe donc ce qui suit. Page 200 se trouve une comparaison forcée entre les petites poches de matière plus fusible admises par l’auteur, donc les inclusions sombres de la roche et les foyers périphériques de Stübel, alors que ce dernier les a créés par le déversement externe sur une écorce déjà solidifiée. Puis l’auteur tente d'expliquer le contour arrêté et anguleux des « poches de concentration » par l’extrême lenteur avec laquelle les silicates perdent leur chaleur. Les vacuoles s’accroitraient de faibles couches de matière solidifiée Jusqu'au moment où le silicate resté fluide posséderait une composition définie, lui permettant de fournir une masse homogène. Si lon se remémore l'aspect fragmentaire de beaucoup de ces inclusions, on ne saisit pas le rapport entre le fait et lexplication. Page 201, l’auteur, qui à, pour se guider, le mémorable travail de Renard (non cité dans une liste de soixante-dix ouvrages « consultés »), s'étend longuement pour expliquer que le minéral qu'il prenait au début pour de l’ilménite n’en est pas. Il dit lavoir isolé par les liqueurs lourdes et n’avoir pas su, à son étonnement, y caractériser le ütane. Le minéral problématique est alors rapporté à de la chlorite transformée en magnétite. Sur cette détermination, qui revient bien souvent, M. Cosyns base des considérations diverses dans lesquelles il est inutile de le suivre. L'étonnement de l’auteur, qui est chimiste, sera certes partagé par le lecteur lorsqu'il se reportera aux photographies auxquelles on le renvoie, car il s’agit bien d’ilménite (FeG.T10?, à 52 °,, Ti02). De plus, ce qui est décrit comme magnétite est souvent un minéral riche en titane, tel que la titanomagnétite par exemple (jusque 25 ©}, Ti0?). Je ne l’ai pas examiné de plus près. Les deux, en tout cas, sont trans- formés en leucoxène blanc verdâtre, en titanite (CaO. Si0?2. Ti0? à 40 °/, de Ti0?) parfaitement caractérisée par ses propriétés optiques ; de la chlorite, de la biotite, de l’apatite les accompagnent. De sorte que le titane, dont le symbole n’apparaît pas une fois dans les analyses, entre, en réalité, largement dans la formule de plusieurs des minéraux qui frappent immédiatement les yeux de l’observateur. 256 PROCÉS-VERBAUX. Page 205, l’auteur rappelle qu’il ne sait déterminer du rutile; mais il conclut deux phrases plus loin que, malgré son extrême petitesse, ce minéral se laisse facilement reconnaître! Les photographies soulignent des erreurs du même genre, par exemple planche VIT, figure 5 (dont je possède la lame mince), où l’on dit qu’un grand feldspath est partiellement transformé en chlorite ne polarisant pas et se montrant en noir. Or, cette séricite et chlorite « polarise » très bien, comme le montre la photographie elle-même, mal- gré le mauvais tirage, car ce qui y est noir, c’est le feldspath en position d'extinction !.… Je passe sur les fautes de toute nature :.« la schistosité » d’une paillette de chlorite; le grenat « ellicitique », les inclusions qui deviennent des « intrusions », etc., pour conclure que je m'’associe formellement aux remarques de notre ancien président, M. de Dorlo- dot, lorsqu'il insiste sur la nécessité de contrôler la valeur scienti- fique des travaux présentés à notre Société (séance du 16 juin dernier). La mesure s'impose, si l’on veut éviter l'impression de travaux hâtfs et manifestement erronés en bien des points. Communications des membres. Euc. MAiLLiEux. — Note sur les Cyrtina dévoniennées du bord Sud du bassin de Dinant. Le genre Cyrtina, Davidson, si abondamment représenté dans le Silurien supérieur de Bohême et d'Amérique, ne paraît avoir fait son apparition en Belgique qu'après la fin de la période gedinnienne. Ce n'est guère, en eflet, qu’à partir des grès d’Anor qu’on le signale sous forme d’une espèce unique (C. heteroclyta, Defr. sp.), à laquelle M. Gosselet, dans son admirable ouvrage L’Ardenne, assigne une extension considérable en durée à travers le Dévonien, où il la cite depuis le Taunusien jusque dans le Famennien. Toutefois, il convient de remarquer que la dénomination spécifi- que de Defrance ainsi comprise s'applique à un certain nombre de formes qui s’écartent de l’espèce type, sur le polymorphisme de laquelle MM. Ch. Barrois (1) et D. OEhlert (?) ont déjà attiré l’atten- üon : le premier, pour les variétés qui se rencontrent dans les (1) Recherches sur les terrains anciens des Asturies et de la Galicie, 1889, p. 260. (2) Ann. des Sc. géol., 1887, t. XIX, pp. 40 à 43, pl. IT, fig. 21 à 41. SÉANCE DU 90 JUILLET 1909. | 257 terrains des Asturies, le second, pour celles que renferme le Dévonien de l’Ouest de la France. M. E. Rigaux (1), de son côté, à récemment démontré que les formes givétiennes et frasniennes du Boulonnais constituent des espèces distinctes qui doivent être séparées de la C. heteroclyta. Dans nos dépôts dévoniens de la bordure méridionale du bassin dinantais, C. heteroclyta type paraît s’être éteinte dans l’assise à Calcéoles, après avoir vécu dans nos mers siegeniennes et emsiennes. Les dépôts couviniens ont vu apparaître conjointement deux autres variétés dont une y a disparu, tandis que l’autre à perduré à travers le Givétien, après avoir sùbi une très légère modification (forme aiguë du sinus). Enfin, les mers frasniennes, de leur côté, ont vu naître et s'éteindre deux formes spéciales. Quant à la Cyrtina famennienne signalée par M. Gosselet, j'avoue ne pas la connaître, ayant fort peu exploré ces formations. Devant cette grande variété de formes de nos Cyrtina dévoniennes, toutes étroitement unies entre elles et se groupant assez intimement autour de la C. heteroclyta type, bien qu’elles en diffèrent par des carac- ières très nets, on peut dire que rien n’est plus propre à confirmer les mémorables paroles prononcées naguère par l’illustre Davidson à la Société géologique de France : « Parmi les brachiopodes, disait le savant paléontologiste anglais (?), les passages de formes sont si nom- breux et si insensibles, que pour peu que l’on opère sur un nombre consi- dérable d'individus, on se trouve sans cesse dans l'embarras de savoir où tracer des lignes de démarcation entre une espèce et une autre, et l’on se perd dans le labyrinthe où on a eu le malheur de pénétrer. » CYRTINA HETEROCLYTA, Defrance sp. (TYPE). Calceola heteroclyta Defrance. (Dicr. Sc. NAT., t. LIT, 1898, p. 156, pl. 80, fig. 3.) Cyrtina : Davidson. (MonoG. DEVON. BrAcH., p. 48, pl. 9, fig. 1 à 14.) — — Barrande. (SysT. SIL. Box., p. 124, pl. 8.) mn — OEhlert. (ANN. Sc. GÉOL., 1887, t. XIX, p. 40, pl. 3 fig. 21 à 23.) Cette espèce est caractérisée par ses côtes fortes et anguleuses, au nombre de deux ou trois au maximum sur chacune des ailes, et recou- vertes de stries concentriques squameuses. Son area, très élevée, est faiblement recourbée au sommet. (1!) Le Dévonien de Ferques et ses Brachiopodes, 1908, pp. 20 et 21, pl. I, fig. 8 et 9. (2) Bull Soc. géol. de France, 1854, %e sér., t. XI, p. 173. 258 PROCES-VERBAUX. On la rencontre dans notre Dévonien inférieur, à partir des dépôts qui ont succédé aux formations gedinniennes : elle paraît très rare dans les grès d’Anor et un peu plus commune dans la grauwacke d'Houffalize, le grès de Vireux et la grauwacke d’Hierges à Sp. arduen- nensis. Elle s’est beaucoup plus développée dans la mer couvinienne : toutefois, on dirait qu’elle n’a atteint ce développement qu’au prix d'un effort suprême qui, s’il lui a permis en outre de donner nais- sance à deux autres formes que nous examinerons plus loin, semble avoir tari en elle les sources vitales, car l’espèce type s'est éteinte vers le milieu de l’époque que caractérise la Calceola sandalina. CYRTINA HETEROCLYTA Var. INTERMEDJA, OEhlert. C. heteroclyta var. intermedia OEhlert. (ANN. Sc. GÉOL., 1887, t. XIX, p. 49, pl III, fig. 29 à 34.) — — OEhlert. (BULL. Soc. GÉOL. DE FRANCE, t. I, 4e sér., 1901. p. 239, pl. VI, fig. 17 à 34.) Forme caractérisée par le nombre de ses côtes rayonnantes (4 à 7 sur chacune des ailes) et leur forme arrondie, ainsi que la conforma- uon légèrement aplatie du hourrelet. L’area, parfois un peu arquée, est quelquefois complètement plane. M. OEhlert, qui considère cette variété comme constituant une forme de passage entre C. heteroclyta type et des formes à côtes plus nombreuses, à constaté sa présence dans le calcaire de la Bacon- nière, etc., et l’a décrite également du Dévonien de Santa-Lucia. Plusieurs coquilles des schistes et calcaires à l’alcéoles ne peuvent être séparées de la C. intermedia, à laquelle elles appartiennent par le nombre et la forme arrondie de leurs côtes et le méplat du bourrelet. CYRTINA HETEROCLYTA Confer var. INTERMEDIA, OEbhlert. On trouve dans le Givétien inférieur des Abannets, à Nismes, une Cyrtina assez proche voisine de la C. intermedia, dont elle ne semble différer que par la forme plus anguleuse de son sinus, alors qu’elle s’en rapproche considérablement par le méplat de son bourrelet, le nombre et la forme arrondie de ses côtes et les stries d’accroissement ornant la coquille. La forme givétienne belge diffère, dans tous les cas, de la forme SEANCE DU 90 JUILLET 1909. 259 givétienne du Boulonnais, figurée et décrite par M. E. Rigaux (1!) sous le nom de C. Sauvagei, par la forme plus transverse de sa petite valve, la largeur moins grande et l’acuité de son sinus. CYRTINA HETEROCLYTA COnfer Var. PAUCIPLICATA, OEhlert. A J'ai recueilli dans les schistes à Calcéoles, vers le milieu de cette assise, quelques rares spécimens d’une forme très intéressante, que ses caractères paraissent rapprocher de la variété créée par notre savant confrère de Laval (?) pour une forme de Brûlon. Le sinus de la grande valve est, en effet, bordé de chaque côté par un pli unique peu accusé; l’area, très élevée, est nettement recourbée au sommet ; le bourrelet de la petite valve est saillant, subarrondi, et chaque aile de cette valve porte un petit pli s’atlénuant vers le front. Mais le sinus, moins arrondi que celui de la C. pauciplicata, parait plutôt subanguleux; de plus, les côtes latérales rudimentaires de la petite valve semblent un peu plus prononcées que celles de l’espèce de Brülon; quant aux stries d’accroissement, l’état de conservation de mes échantillons ne m'a pas permis d'observer bien nettement leur disposition. J’estime que cette forme pourrait appartenir à une variété nouvelle, mais qu’il ne sera possible de fixer qu'après la découverte de meilleurs échantillons. CyrTINA Douvizer, Rigaux. Cyrtina Douvillei Rigaux. (LE DÉVONIEN DE FERQUES ET SES BRACHIOPODES, 1908, p- 20, pl. I, fig. 9.) — — E. Maillieux. (BuLL. Soc. BELGE DE GÉOL., t. XXIII, 1909, Proc.- UE 0, p. 10?) Coquille spéciale au Frasnien inférieur et particulièrement abon- dante dans la zone à Sp. pachyrhynchus. Elle est caractérisée par son bourrelet anguleux et fortement saillant, son sinus anguleux et ses côtes rayonnantes, au nombre de 5 à 7 sur chacune des ailes. En comparant cette forme avec les C heteroclyta (type) et €. inter- media du Couvinien, ainsi qu'avec la C. cf. intermedia du Givétien, il est très aisé de saisir les liens étroits qui les unissent entre elles. L'espèce type, en effet, voit d’abord ses côtes latérales se multiplier et (4) Le Dévonien de Ferques et ses Brachiopodes. Boulogne, 1908, p. 20, pl. I, fig. 8. (2) Ann. des Sciences géol., 1887, t. XIX, p. 43, pl. IL, fig. 24 à 98. 260 PROCES-VERBAUX. s’arrondir; le sinus s’arrondit également et le bourrelet s’aplatit légè- rement : la forme ainsi modifiée n’est autre que la C. intermedia. En passant au Givétien, celle-ci conserve les mêmes caractères quant au nombre et la forme des côtes latérales et à la forme aplatie du bour- relet, mais son sinus devient aigu (C. confer intermedia). Enfin, les caractères primordiaux de l’espèce type tendent à reprendre une cer- taine influence sur la €. Douvillei du Frasnien, qui voit son bourrelet devenir saillant et anguleux et ses côtes latérales devenir également anguleuses tout en restant, quant au nombre, sous l’influence des C. intermedia et C. confer intermedia, et tout en conservant et même en augmentant l’acuité du sinus de cette dernière forme. CyrTINA Riçauxi, Maillieux. Cyrtina Rigauxi E. Maillieux. (BULL. Soc. BELGE DE GÉOL., t. XXIII, 1909, Proc.- verb., pp. 10-11, fig.) Espèce spéciale, comme la précédente, au Frasnien, mais beaucoup plus rare, et se rencontrant dans les zones à ('amaraphoria formosa et à Sp. pachyrhynchus. Elle se distingue très aisément des autres Cyrtina par sa forme générale (ailes se terminant légèrement en éperons), par son bourrelet plat, peu saillant, bordé par deux petites dépressions latérales et portant au front une légère encoche; par son sinus angu- leux peu profond et divisé au milieu par un mince sillon formé à la rencontre des deux faces du sinus; et surtout par ses côtes latérales rudimentaires et son ornementation consistant en fines stries rayon- nantes très nombreuses, s’accroissant au front par bifureation et par intercalation. À. HANKAR-URBAN. — Troisième note sur les autociases ou ruptures spontanées de roches dans les mines, les carrières, etc. Depuis que j'ai l'honneur d'entretenir la Société de [a question des ruptures spontanées de roches (1) que l’on a parfois l’occasion de con- stater dans l’exploitation des carrières et des mines, dans le creusement des tunnels, etc., différentes observations de ce genre de phénomènes () Note sur les mouvements spontanés des roches dans les carrières. (T. XIX, 1905, Méim., p. 927.) — Deuxième note sur les mouvements spontanés des roches dans les mines, les carrières, etc. (T. XXI, 1907, Mém., p. 21.) SÉANCE DU 20 JUILLET 1909. 261 ont encore été faites aux carrières de porphyre de Quenast. Voici les plus caractéristiques : 4. Le 7 mai 1906, à 10 1/3 heures du matin, au point E (1) du croquis figure 4, cote 2%, un banc de porphyre de 3"50 X 1"00 X 0"50, libre à l’une de ses extrémités, se souleva légèrement avec un craque- ment. Une mine avait été faite en cet endroit une quinzaine de jours auparavant qui avait assez fortement fissuré la roche. 2, Le méme jour, une heure plus tard, au même étage, point F du croquis, à 80 mètres environ du point A, les ouvriers ont entendu plusieurs craquements et constaté qu'un fragment de 1 kilogramme environ se détachait de la roche. 3. Le 50 juin 1906, à 11 heures du matin, point G, cote 9, forte déto- nation provenant de la rupture d’un bendon sans projection de pierre, mais les ouvriers ont vu tomber de la poussière du banc de pierre sur une longueur de 8 mètres. Une mine avait sauté trois heures auparavant à cet endroit. 4. Le 2 août 1906, à 5 heures du soir, au point H, cote 12, rupture d'un bendon de 1 mètre de long sur 0"10 à 0"17 d'épaisseur avec forte détonation et chute de deux morceaux de pierre d’environ 4 kilo- gramme chacun environ. 5. Le lendemain, à 3"40 du soir, à peu près au même endroit, à la suite du sautage d’une mine, plusieurs détonations successives el rup- ture d’un bendon situé à 4 mètres de hauteur. L'une des détonations a fait au machiniste de l’épuisement voisin et au personnel de surveil- lance l'effet d’une mine qui soulevait un banc de roche sur 10 mètres de longueur en même temps que des pierres étaient projetées au loin de la roche à plus de 9 mètres du bendon. Un contremaître a vu à ce moment le banc de porphyre se soulever. 6. Le même jour, vers 5 heures du soir, notre collègue M. G. Tous- saint, allant au-dessus de la roche du point H avec un des contre- maîtres pour se rendre compte de ce qui s'était passé à 35"40 et étant placé sur le bord de la roche, s’est senti tout à coup soulevé ainsi que son compagnon par la flexion de la roche qui s’est brisée avec un faible bruit. Il évalue à 40 à 20 centimètres la hauteur à laquelle la pierre s’est soulevée. (1) Les points A à D sont ceux où se sont produits les bendons cités dans ma première noté et figurés au croquis y annexé. 262 PROCES-VERBAUX. 7. Le 19 juillet 1907, à 7"10 du soir, au point F, cote 42, deux déto- 4 nations |égères et successives suivies d’une troisième beaucoup plus violente ont accompagné la rupture d’un bendon de 7 mètres de lon- gueur sur 0"75 de largeur et 0"50 d'épaisseur avec projection dans toutes les directions d’une soixantaine d’éclats dont le poids variait de 0015 à 30 kilogrammes. On n'avait plus travaillé à cet endroit depuis trente ans. = Bloquiau CARRIÈRES DE QUENAST : Echelle Le ja SERRES RES LE EN LOFT E ENN S ESE SRE | 8. Le 5 avril 1909, à 10 heures du matin, au point J, cote 22, rupture d’un bendon de 250 x 040 à 050 X 0"03 à 0"10 situé à 4 mètres environ du plancher de l’étage. Une grande plaque mince est ainsi détachée de la roche et quelques fragments peu importants tombent au pied de celle-ci. L’ouvrier qui travaillait au pied de la roche à cet endroit compare le bruit entendu par lui à celui de la déchirure d’une éloffe suivi d’un coup de revolver. 9. Le même jour, à 5 1/3 heures de l'après-midi, au point K, à 20 mètres du point J, à la même hauteur, rupture d’un autre bendon du même genre que le précédent; quelques fragments de pierres déta- chés de la roche sans projection. On remarquera cette circonstance de la production de deux ou plu- sieurs bendons en peu de temps en des endroits voisins l’un de l’autre, suivie de périodes de tranquillité. Afin de réunir dans les publications de la Société un résumé des SÉANCE DU 20 JUILLET 1909. 263 données existantes sur la question des mouvements et ruptures spon- tanées de roches, « bergschläge », etc., et pour compléter la biblio- graphie du sujet telle qu’elle résulte de mes deux notes antérieures et du travail si intéressant de M. Rzehak (Bergschläge und verwandte Erscheinungen | Zeirscar. Fr. PRAKT. GEOL., XIV, 1906, p. 545]) dont une traduction à été donnée 1c1 par M. le Capitaine E. Mathieu (1), je demanderai la permission de rappeler quelques travaux anciens sur la question, qui n’ont pas été cités dans nos publications. Dans deux communications faites par Cramer Frank dans l'American Journal of Sciences (2), cet auteur relate et analyse des flexions et rup- tures de roches qui se sont produites dans la région d’Appleton (Wis- consin). Ces phénomènes se sont manifestés dans les calcaires du Galena Limestone et sur une région assez étendue (2 milles). L’enlèvement de quelques mètres de terrain recouvrant a été, à plusieurs reprises, suivi de la flexion des bancs de calcaires sous-jacents, flexion s’exerçant sur des bancs de 2 1} pieds d'épaisseur et dont la flèche atteignit jusque 40 centimètres. Des fractures ont aussi été constatées ainsi que l'esquillement en plaques minces de la partie superficielle de la roche calcaire, parfois l'écrasement de celle-ci ou la projection de frag- ments. M. Cramer Frank croit qu'il s’agit, dans l’espèce, d'une pression qui s'exerce dans toutes les directions; 1l ne donne pas de cette pres- sion une explication personnelle. Il semble admettre, mais sous . réserves, l'hypothèse proposée par M. Gilbert (5), qui rapporte les petits anticlinaux post-glaciaires signalés par lui dans le Calcaire horizontal de Jefferson et dans les schistes de Dunkirk, par lexpansion des bancs superficiels résultant de la disparition de la calotte glaciaire. Parmi les travaux récents, 1l faut citer : C. ScauwinT, Untersuchungen über die Standfestigkeit der Gesteine in Simplon-Tunnel. Gutachten abgegeben an die Generaldirektion der Schwei- zerischen Bundesbahnen. Bern, 1907. Travail très important dans lequel (1) Bergschläge et phénomènes analogues. (T. XXI. 1907, Proc.-verb., p 95.) (2) CRAMER FRaANKk, On a recent rock flexure. (AMER. JOURN. OF SCIENCES, 3e sér., | vol. XXXIX, 1890, pp. 220-295.) — LE MÈME, On the rock fracture at the combined locks mall, Appleton, Wisconsin. (AMER. JOURN. OF SCIENCES, 3e sér., vol. XLI, 1891, pp. 432-434.) (5) GizBERT, Recent geological anticlinals. (AMER. JOURN. oF SCIENCES, vol. XXXII, 1886.) 1909. PROC.-VERB. 14 264 PROCÈS-VERBAUX. l’auteur consacre un chapitre à l’exposé détaillé des nombreux phéno= mènes d’explosions spontanées rencontrés dans le percement du tunnel. du Simplon et rappelle ceux du tunnel du Gothard décrits par F. M. Stapff (Berichte des Schweizer Bundesrates) ainsi que d’autres cas analogues observés dans un certain nombre de travaux du même genre, et dans les mines et les carrières. Dans le cas du Gothard, il attribue une influence prépondérante à la pression due aux masses surincombantes, mais rejette l’origine des explosions cherchée par plusieurs auteurs dans les mouvements tecto- niques. A. Rzeuaxk, Neue Beiträge zur Kenninis der Bergschläge (1). Travail dans lequel le savant professeur de Brünn discute en détail celui de M. Schmidt dont il est question ci-dessus, aux conclusions duquel il refuse de se rallier. FERNAND DELHAYE, Les bruits de montagne aux carrières de marbre de la région de Carrare (=). Travail dans lequel l'auteur donne une descrip- tion des nombreux bergschläge que l’on observe dans cette région et. qui y conslituent souvent une gêne très sérieuse pour l'exploitation. I rapporte l’état de compression que l’on constate pour certains marbres aux mouvements orogéniques miocènes. M. F. Delhaye a ajouté après sa communication (5) que, dans les carrières de marbre rouge de l’Entre-Sambre-et-Meuse, on pouvait constater des mouvements spontanés de la roche analogues à ceux | observés dans les carrières de Carrare, quoique beaucoup moins carac: | térisés. Enfin, suivant un renseignement qu’a bien voulu me communiquer | M. Delhaye, d’après le dire d’un contremaître, — renseignement qui devrait être contrôlé, — le resserrement du premier trait de scie serait plus accentué dans les coupes ouvertes dans la direction Est-Ouest que pour celles ouvertes dans la direction Nord-Sud. M. Jules Cornet, dans un intéressant travail récemment paru (?) | propose pour les ruptures spontanées des roches le nom suggestif et | très heureux d’autoclases et. en ce faisant, on peut dire qu’il a comblé fort élégamment une lacune gênante de la nomenclature scientifique: (4) Zeitschr. für prakt. Geologie, septembre 1907, p. 285. (2) Ann. de la Soc. géol. de Belgique, t. XXXV, 1907, p. B33. (5) Ibid., p. B36. (4) J. CoRNET, Sur une cause d’autoclases (« Bergschläge », etc.). (ANN. DE LA SOC: | GÉOL. DE BELG., t. XXXV, Bull , pp. 278-284.) SÉANCE DU 920 JUILLET 4909. 265 Le savant professeur de Mons « voit la cause des tendances à l’expan- sion propres aux masses rocheuses et indépendantes des compressions par des forces extérieures dans certains phénomènes d’altération qui se passent dans ce qu’on appelle la zone de cimentation ». Il rappelle, d’après Van Hise (1), que les altérations pétrographiques que les roches, et en particulier les roches silicatées, subissent dans la zone de cimentation (oxydation, hydratation, carbonatation, etc., des minéraux constituants), se font généralement avec une augmentation de volume qui, pour certains éléments habituels des roches, peut atteindre par exemple 20 à 46°, pour les plagioclases par la zéolitisation, 15.45 °, pour l’augite lorsqu'elle se décompose en chlorite, épidote, quartz, hématite et magnélite, etc. « Ces altérations pétrographiques », dit M. Cornet, dans son article dont je demande la permission de reproduire la partie essentielle, « sont généralement atiribuées à l'influence des eaux d’imbibition pro- venant soit de la surface, soit de la profondeur. On les considère le plus souvent comme étant de même nature, quant à leur cause, que les altérations superficielles. Certains pétrographes cependant, notam- ment M. Weinschenk (?), y voient des effets pneumatolytiques ou hydrothermaux dus à des émanations des magmas et les rangent dans la catégorie des phénomènes post-volcaniques. » Quoi qu'il en soit, les phénomènes d’altération pétrographique se passent dans la zone intermédiaire entre la région profonde d’anamor- phisme et la zone superficielle d’altération météorique, c’est-à-dire dans ia partie de la lithosphère que l'on appelle aujourd’hui, avec M. Van Hise, la zone de cimentation. » La zone de cimentation est située entre le niveau hydrostatique (imite intérieure de la zone d’altération météorique) et la frontière de la région d’anamorphisme ou de mélamorphisme sensu stricto, frontière qui se place, d’après M. Van Hise, vers la profondeur de 10,000 mètres. _ » Dans l’ensemble formé par la zone d’altération météorique et la zone de cimentation, c'est-à-dire dans la zone des réactions catamor- phiques, les minéraux subissent, sous l'influence de l’eau, de l’acide carbonique et de l’oxygène, des modifications qui ont pour effet de les suroxyder, de les hydrater, de les carbonater et de les transformer en | (4) C.-R. VAN Hise, À treatise on metamorphism. (MONOGRAPHS OF THE U. S. GEOL. | Surv., vol. XLVII, 1904.) | (2) Grundzüge der Gesteinskunde, Istes Teil, p. 116, etc. : minéraux occupant un plus grand volume et moins denses. Dans la région d'anamorphisme, ou de métamorphisme dans le sens ordinaire du mot, les minéraux subissent des réactions de sens inverse, ayant des effets opposés (1). » Les phénomènes qui se passent dans la zone de cimentation ne diffèrent pas, quant à leur essence, de ceux de la zone d’altération météorique, si ce n’est par une plus grande intensité dans cette der- nière. Mais dans la zone d’altération météorique, les phénomènes de dissolution acquièrent une importance prédominante et ont pour con- séquence une diminution du volume des roches attaquées. Dans la zone de eimentation, l'enlèvement de matière est négligeable ou nuk et les phénomènes d’hydratation, etc., amènent une augmentation du volume des éléments des roches » D'après M. Van Hise, si l’on suppose que tous les produits des réactions qui se passent dans la zone de cimentation restent en place à l’état solide, l'augmentation moyenne du volume qui en résulte est de 15 à 50 °/, et davantage. » Pour les roches qui pénètrent dans la zone de cimentation en venant de la zone d’altération (par suite d’un affaissement du sol ou d’un relèvement du niveau hydrostatique) et pour les roches sédimensr taires fraîchement formées, l'augmentation de volume est employée à remplir les vides. Il peut cependant y avoir un excédent, comme par exemple dans la transformation de l’anhydrite en gypse (augmentation de volume : 60 °}) ou de l’aragonite en calcite (‘augmentation de volume : 8.55 °). » Pour les roches qui entrent dans la zone de cimentation en venant de la zone d’anamorphisme (— de métamorphisme), c’est-à-dire avec un volume minimum, tout l’accroissement de volume qu’elles subissent CSLENAEXCES! » Dans le premier comme dans le second cas, l'excédent de volume doit mettre les roches dans un étai de tension d’où résulte une ten- dance à l'expansion. Si, par la nature même de la roche et par la faible résistance des masses où elle est enclavée, ces tensions peuvent se résoudre graduellement, il se passe des phénomènes dont l’intumes- cence des anhydrites gypsifiées et le gonflement des roches formées d'olivine dominante et de gisement peu profond qui subissent la ser-| pentinisation, sont des exemples poussés à l'extrême. Mais si la rocher 266 PROCÉS-VERBAUX. (t) VAN HISE, Op. cit. SÉANCE DU 20 JUILLET 1909. 267 dont certains éléments augmentent de volume est très cohérente, très résistante (et nous avons vu que l’altération pétrographique accroît précisément cette résistance), si C'est, par exemple, une porphyrite comme celle de Quenast, dont les éléments susceptibles de s'étendre par altération ou déjà altérés sont inclus dans une masse inaltérable ou encore intacte, l'expansion individuelle des éléments altérés n’amè- nera pas d’intumescence en masse, mais produira des tensions internes irrégulièrement réparties, suivant le degré d’altération des diverses régions de la roche, et qui pourront, dans des conditions favorables, vaincre l’adhérence de la roche pour elle-même et amener la sépara- tion brusque des parties mises à nu, c’est-à-dire dont l'équilibre a été dérangé. » L’intensité des phénomènes d’altération pétrographique dans la zone de cimentation doit être, a priori, en raison directe de leur proxi- mité de la surface. Elle augmente dans les massifs que la dénudation rapproche graduellement de cette surface. Ces réactions sont d’une extrême lenteur. Les tensions que l’on constate dans les roches y existent depuis des périodes très reculées; il n’en est pas moins vrai qu'elles continuent de s’y développer à l’époque actuelle dans la limite des profondeurs atteintes par les travaux humains. » Il est peut-être utile de faire remarquer que les vues de notre savant collègue sur les relations entre l’altération des roches et les tensions intérieures de celles-ci, bien qu'inspirées par les travaux de Van Hise, sont cependant un peu différentes de celles de ce dernier qui voit dans les tensions des roches plutôt une cause favorisant leur altération qu’une conséquence de celle-ci. Voici, en effet, ce que dit le savant améri- ea (') après avoir rappelé les observations, que j'ai citées également ici même, de Niles, de Cramer et de Gilbert sur les ruptures spontanées, les flexions de roches constatées aux États-Unis : « Ît therefore appears probable that à high state of strain is the common condition for the great mass of the rocks constituting the belt of cementation. It has been explained on pages 95-98 that in pro- portion as mineral particles are in a state of strain, they are likelv to be acted upon chemically by the ground solutions. Therefore the very general and marked state of strain in the rocks of the belt of cemen- tation 1s probably à very important factor in their alteration. (1) Van HisE, À treatise on metamorphism. (MoNOGRAPHS OF THE U. S. GEO1. SURVEY, vol. XLVIT, 1904, p. 599.) 268 PROCÉS-VERBAUX. This is specially true of metasomatism. By that process, as explained | on pages 690-692, the rocks may be released from strain, the mechanical energy producing the strain being utilized in promoting recrystallisation. It is difficult or impossible to prove to the importance of state of strain in metasomatism except by general reasoning, based upon the experimental facts referred to in Chapters IT and VIT. But it is my confident belief that the general state of strain 1s one of the most important of the meiting causes of alteration. » Mais, quoi qu'il en soit, en général, des relations existant entre l’altération des roches et les tensions intérieures que l’on constate dans celles-ei, il n’est pas douteux que l'altération produise souvent une augmentation considérable du volume de certaines roches, laquelle peut se traduire par des intumescences, le chiffonnement des couches, une tendance à la rupture, etc. Je rappellerar, du reste, que l'importance de l’altération à ce point de vue n'avait pas échappé aux auteurs anciens : c’est ainsi que déjà en 1866 le comte de la Hire constatait (!) que le volume des diorites du Brésil s'accroît d’un dixième par suite de laltération, et il en con- cluait que la hauteur des montagnes de ce pays avait augmenté en conséquence. Sans aller aussi loin que cet auteur, on peut cependant admettre avec M. Cornet que l’altération pétrographique des roches peut être une cause locale de tension des roches et, le cas échéant, d’autoclases. Mais cette cause ne suflira pas toujours, ni même généralement Je pense, à donner l'explication de ces phénomènes. Il me paraît, en effet, assez délicat de l’invoquer lorsqu'il s’agit d'expliquer les autoclases des roches calcaires, qui comptent parmi les plus fréquentes. On les à, en effet, signalées dans des calcaires de tout genre : calcaires quartzeux du Simplon, marbres divers, calcaires dolo- mitiques du tunnel du Wocheimer, ete. On pourra, il est vrai, objecter que la transformation en calcite de l’aragonite constituant le test de certaines espèces se fail avec un accroissement de volume de 8%, mais il faudrait une proportion de test d’aragonite suflisante pour compenser les vides préexistants et les pertes de matière ou de volume résultant de la dissolution, de la cristallisation des parties amorphes de la roche et, en outre, des calcaires de filon et d’autres n’ônt proba- blement jamais contenu d’aragonite. (1) COMTE DE LA HIRE in JoHN C. BRANNER, Decomposition of rocks in Brazil. (Buzz. OF THE GEOL. SOC. OF AMERICA, vol. VII, pp. 255-314, février 1896.) SÉANCE DU 20 JUILLET 1909. 269 La cause d’autoclases proposée par M. Cornet ne peut pas non plus, en général, s'appliquer aux ruptures, aux flexions des grès, n1 peut-être aux phénomènes du même genre observés dans les couches de boghead, les lignites, etc. Je ne parlerai pas des autoclases des filons de quartz, parce que les mêmes phénomènes se montrent d'ordinaire à leur voisinage dans les roches encaissantes et que, dès lors, 1ls ont, je pense, les uns et les autres une origine commune. Celle-ci pourrait, il est vrai, être cherchée dans l’altération des roches encaissantes. Enfin, 1l y a une classe d’autoclases qui ne pourraient pas être rappor- tées à cette cause : celles qui manifestent l'existence d’une direction privilégiée, à moins, bien entendu, que cette direction soit en relation avec une distribution correspondante des éléments les plus altérables de la roche ou plutôt de ceux des éléments dont laltération comporte l'augmentation de volume le plus considérable. Tel est le cas notamment pour les ruptures et les flexions de roches signalées par M. Niles et qui se produisaient toujours suivant une direction constamment la même pour toute une région fort étendue des États-Unis, quelle que fût la nature de la roche : gneiss, calcaire, grès, conglomérat, elc. C’est l'existence ou l’absence d’une direction privilégiée qu'il s'agira dans tous les cas de mettre en évidence. On peut y arriver parfois assez aisément, dans les carrières de pierre de taille par exemple, où l'intérêt même de l'exploitation devrait engager les techniciens à observer ces phénomènes de près; mais, dans bien des cas, les observations sont difficiles et la conclusion fort délicate. Pour ce qui concerne l'application de lhypothèse de M, Cornet au cas particulier des autoclases de la porphyrite de Quenast, par exemple, Je dois reconnaître qu'il m'est difficile de donner des raisons probantes d'opposition. Il me semble pourtant qu'un accroissement lent et continu de la tension de la roche par suite de son altération devrait se manifester d’une façon moins intermittente et irrégulière que ne le font les bendons de Quenast. Nous n’y avons constaté ces auloclases que sur des faces orientées approximativement Est-Sud-Est—Ouest-Nord-Ouest ou dans des cas qui S’expliqueraient bien par une pression s’exerçant suivant cette direction, mais il est possible que cela résulte de la direction même donnée à nos travaux. Dans une partie des carrières où les bendons s’observent le plus souvent, 1l semble que leur forme très allongée horizontalement et L # 270 PROCÈS-VERBAUX. nn — suivant une direction assez constante suggère l’existence d’une pression horizontale d’origine extérieure plutôt qu’une tension intérieure et radiale ‘de la roche, mais j’admets que lindice est assez faible ; aussi est-ce surêles observations faites par Niles, et ses conclusions justifiées, je pense, pour sa région, que Je me suis basé pour rapporter aux pres- sions orogéniques la formation des bendons de Quenast plutôt que sur les constatations peu nettes faites dans nos carrières. En somme, la question reste ouverte. X. STAINIER. — Un gisement de troncs d'arbres-debout dans le Landenien supérieur. La remarquable carrière à pavés d'Overlaer, située entre Tirlemont et Hougaerde, est bien connue par la belle coupe de terrains tertiaires qu’on peut y observer. On sait depuis longtemps que cette carrière, de même que les autres carrières à pavés landeniens de la région d'Hup- paye-Tirlemont, est extrêmement riche en débris de troncs d'arbres silicifiés d’une conservation souvent admirable. | Ayant eu l’occasion, dans ces derniers temps, d'examiner plusieurs fois cette carrière, en compagnie de mes élèves, j'ai pu constater qu’elle présente un fait du plus vif intérêt. À chacune de mes visites, j'ai pu voir que l’on y rencontre abondamment des troncs d’arbres- debout silicifiés de dimensions considérables. D’après les renseigne- ments qui m'ont été fournis par les ouvriers de la carrière, on en à rencontré plus de trente sur une longueur d’une cinquantaine de mètres, dans l’angle Nord-Est actuel de la carrière. À chacune des deux visites que j'ai faites à la carrière dans Île courant de cette année, j'ai pu observer un de ces curieux débris das les meilleures conditions. L'intérêt que j'attache à la question des troncs-debout du terrain houiller, le doute qui plane encore sur leur véritable nature m'engagent à publier les observations que m'’a fournies la carrière d’Overlaer, car je pense qu’elles sont de nature à fournir quelque lumière dans le débat. Le fait, en effet, que ces troncs se trouvent dans des roches meubles que l’on peut déblayer à l’aise permet de dégager les troncs et cela à la pleine lumière du jour et non dans des antres obscurs. Les conditions d'observation sont donc autrement favorables que dans le terrain houiller. Je rappellerai d’abord que nos connaissances sur la carrière d'Over- laer et sur les bois fossiles qu’elle renferme sont dues à M. A. Rutot. | 971 SEANCE DU 90 JUILLET 1909. DA Dès 1887, M. A. Rutot (!) a donné des carrières d'Overlaer une -aouessind 9p a1JQUt F UOHAUD P ‘ayrodxo s91$ op oueq un osèq | V *SOHUSIT 10 SOITIS SAIQIBP SAUOI 9048 9[QRS 19 o[BAIV ‘Anontodns uJIuapurT 6 *S91]P98N0I XN9[qUS SI 2048 ‘OSLIS AUUIISIITA OTIEIV *# :$09SL01001JU9 SUONLOYIJEAS & ÉXNO[OABIS DIQJIUOONEIS SQ4} QOUOF HOA UIT[OXNIG O[EUS EL “IMOLQQUI UDLIBUOL, S9VIBNOI SJI[ 2948 9IPPIIA XNOIISIE O[AES ‘°& "O[LÈIC, D 19 oçqes op orçduoi ofrerang op19an9 opueié oun ‘osuq ES & “OIQIIILO ET 9p JSH-PION o[our,[ suep ‘Juejuosaid uaÂeqso UOUFT ‘/ a “FSU “ . . LA "2 Er ES = É Er: E s 7 = \ 77 À —— . DIT ITS PTIT TPE TL É PILE LIT TI TT EE EEE TS . : Q Dre . 2 = à “a É CE tes ET à Se 5 5 iris 171-1 ., PP: (1) A. RuTorT, Bull. Soc. belge de Géol., t. I, 1887, Proc.-verb 272 PROCES-VERBAUX. excellente description sur laquelle nous aurons à revenir, et, en 1888 (1), 1l décrivait à nouveau et il figurait la coupe de cette carrière. Grâce à ces descriptions, faites avec la précision et le détail que sait mettre dans ses travaux notre savant Président, on peut se faire une excellente idée de ce qu'était la carrière d’Qverlaer à cette époque et la comparer avec ce qu’elle est de nos jours, plus de vingt ans après. Tout d’abord, les deux carrières existant alors se sont fusionnées et n’en forment plus qu’une seule, dont les fronts de taille, toujours par- faitement tenus au net par une extraction ininterrompue, constituent la plus grande et en même temps, sans conteste, la plus belle coupe tertiaire que l’on puisse voir aujourd’hui dans notre pays. Pour permettre d'en juger et en même temps comme comparaison avec la coupe ancienne, je donne ci-dessus la coupe des fronts de taille Nord et Est de la carrière, rabattus sur un même plan. En comparant cette coupe avec celle de M. Rutot, on voit quelles sont jes modifications que l’avancement du front de taille vers le Nord a amenées dans les terrains. Les deux principales modifications consistent dans l'apparition de l'énorme cuvette fluviale quaternaire ravinant presque complètement le Tongrien et dans la disparition presque complète du Bruxellien, remplacé par une épaisseur corres- pondante d'argile Yprésienne. Comme on le voit d’après la coupe, on se trouve, dans la partie Nord-Est de la carrière, sur l'extrême limite du golfe bruxellien, comme l’indiquaient d’ailleurs le caractère tout à fait particulier et les stratifications entrecroisées des sédiments bruxel- liens de toute la région de Hougaerde et des environs. Nous allons aborder maintenant ce qui fait l’objet de ce travail, c’est-à-dire l'étude du Landenien supérieur et du gisement de troncs d'arbres qu’il renferme. M. Rutot avait déjà signalé l'importance de ce gisement et la bonne conservation des restes qu’on y rencontre, et, depuis lors, cette impor- tance n’a nullement diminué. Je figure la coupe détaillée que j'ai pu lever en avril dernier. Tout récemment, nous avons pu déblayer dans une autre partie de la carrière un autre tronc d'arbre présentant exactement les mêmes conditions de gisement, semblablement enveloppé dans la couche d'argile et recouvert tout autour d’une couche de 0"02 à 0"05 d'argile très plastique noir intense, luisante et polie au contact de l'arbre. Le (4) A. RurorT, Bull. Soc. belge de Géol., 1. Il, 1888, Mém., p. 204. second tronc était de dimension plus grêle, mais plus long que le précédent (010 X 080), tandis que Île premier avait 0"40 de SEANCE DU 90 JUILLET 1909. longueur. ©7 Le second tronc était légèrement incliné à l'Est et le premier assez Fig. 2 YPRÉSIEN : . Argile. LANDENIEN SUPÉRIEUR : Marie miolacées 4 0 à à 5 ti 4 un ne 20 1e + 030 . Sable jaune très argileux, avec minces lits feuilletés foncés avec débris de feuilles disposés à plat. = à: © , — … 015 . Argile plastique jaunâtre avec lits lenticulaires d’argile très noire ligniteuse au voisinage de l'arbre. Une couche ligniteuse sous le ONCE RE MEET O0 0 Ut es 0: 0592020035 . Sable blanc violacé avec rares lits noirs ligniteux . . . . . (040 . Banc de grès exploité, à surface mamelonnée . . . . . . 100 fortement incliné au Sud-Ouest. En déblayant le second, j'ai constaté qu’il avait 0"60 de long et qu’il s'étendait presque jusqu’au contact de l’argile yprésienne. Les deux troncs avaient leurs sections terminales en haut et en bas identiques, toutes festonnées sur les bords et déchiquetées et comme eflilochées à la surface. Dans l’ensemble, ces sections terminales étaient à peu près planes. Un petit lit de lignite argileux s’étendait 274 PROCÈS-VERBAUX. sous le premier tronc. Une mince couche d'argile plastique noire charbonneuse enveloppait si parfaitement le second trone qu’elle donnait absolument l'impression d’une écorce charbonneuse. Les deux troncs étaient complètement silicitiés et identiques. Comme je l'ai dit plus haut, sur une cinquantaine de mètres, on a rencontré, au dire des ouvriers, plus de trente troncs d'arbres dans cette partie de la carrière. Presque tous étaient dressés, quelques-uns seulement étaient couchés en long. Ceux qui étaient dressés étaient presque tous, d’après les ouvriers, un peu penchés, mais ils n’ont pu se rappeler si l’inclinaison se faisait ou non toujours dans la même direction. Après avoir décrit les conditions de gisement de ces troncs, il nous reste à voir quelle est leur origine. Dans un des deux travaux pré- cités, M. Rutot considère les troncs silicifiés d’Overlaer, les lits de lignite, les radicelles traversant le banc de grès, comme les restes d’une forêt en place qui aurait grandi dans les terrains marécageux formés par l’émersion des roches du Landenien supérieur. Je pense, quant à moi, qu'il n’est pas possible d'admettre que les arbres dont nous venons d'étudier le gisement, soient en place à l'endroit où ils ont vécu. Si M. Rutot n’est pas arrivé à cette conclusion, c’est que l'étude de ces arbres ne constituant pas le but de ses explora- tions ni de son travail, il n’a pas observé tous les faits de détail qui rendent impossible à admettre l'hypothèse d’une forêt fossile in situ. Généralement d’ailleurs, surtout dans le Houiller, la plupart de ceux qui ont admis l’existence de forêts fossiles se sont contentés, comme démonstration de l'existence de ces forêts, de signaler la position debout des troncs d'arbres, la présence de racines, etc. Or, ce sont là des preuves tout à fait insuffisantes. Une forêt en place présente encore nombre d’autres caractères importants dont l’absence suffit pour faire rejeter l’existence même de la forêt. Tout d’abord le fait pour un tronc d'arbre de se trouver debout n’est. nullement une preuve absolue qu’il est en place. Il y a déjà bien long- temps que H. de la Bèche (1) à avancé que l’on peut rencontrer des arbres charriés et arrachés de leur sol natal et ayant cependant con- servé la station verticale. 11 rappelle à ce propos les arbres entraînés (t) H. DE LA BÈCHE, Manuel géologique, p. 366, 2 édition (1832), publiée par Brochant de Villiers. Bruxelles, 1837. Méline, Cans et Cie, in 8°, 506 pages. SÉANCE DU 20 JUILLET 1909. 275 par le Mississipi et les troncs qu'une débâcle de la vallée de Bagnes avait entraînés et abandonnés en position verticale à Martigny. Ce sont là des faits que l’on à reconnus bien des fois depuis lors. On n'ignore pas que, fréquemment, la navigation est rendue dangereuse, sur le Congo, pour les bateaux remontant le courant. De nombreux troncs d'arbres descendent en eflet entre deux eaux, plus ou moins dressés, mais toujours la pointe dirigée vers l'aval par suite de la vitesse plus grande du courant au voisinage de la surface. Un homme placé à l’avant du bateau, muni d’une longue perche, explore le fleuve pour signaler l’approche de ces « snags », comme on les appelle, sur lesquels la coque risquerait de venir s’empaler. Or on sait, et c’est à M. Rutot que nous devons de le savoir, que les sédiments du Landenien supérieur représentent le remplissage fluvia- tile d’un énorme cours d’eau. Rien d'étonnant done, à priori, d'y ren- contrer à l’état flottant des troncs d'arbres, comme dans les grands cours d’eau modernes. Mais ce n’est pas tout. La position verticale n’est pas le seul carac- tère que présentent des arbres in situ. Is doivent aussi montrer, en place, tout le puissant système souterrain de racines et de radicelles qui assure la nourriture et la stabilité de la plante. On comprend très bien que des cyclones, des débâcles ou des inondations puissent arracher, briser même au ras du sol et emporter au loin les troncs aériens d’un arbre, tout en laissant en place la souche; mais le contraire serait tout à fait inadmissible. Il serait, en effet, impossible de citer un genre de catastrophe naturelle capable d'enlever à un arbre ses racines, tout en laissant en place le tronc lui-même. Tel devrait cependant être le cas à Overlaer, si l’on admettait que les troncs y sont en place. En effet, et malgré que notre attention ait été spécialement attirée là-dessus, nous n'avons pas pu découvrir de racines aux troncs que nous ÿ avons étudiés. Ceux-ci, en eflet, ne montrent que des moignons infimes, déchiquetés, montrant bien que la plante à possédé des racines, mais que celles-ci ont été violemment arrachées et séparées du tronc. Done, si une telle rupture a bien eu lieu, on ne peut pas dire que les troncs sont restés en place et que les souches ont été entraînées au loin : c’est le contraire qui est vrai. Les souches sont restées quelque part en place, et ce que nous avons sous les yeux, ce sont les parties entraînées au loin. J’insiste sur ce fait que la bonne conservation des troncs silicifiés, et les facilités d'observation que présentent des dépôts meubles que l’on peut à l’aise et au grand jour déblayer petit à petit, ne laissent 276 PROCES-VERBAUX. pas le moindre doute sur l’absence de racines et de radicelles, doute qui existe bien souvent pour les trones-debout que l’on découvre dans le Houiller. Nous ajouterons aussi que l’on ne saurait non plus faire appel ici, comme pour le Houiller, à des cassures ou glissements qui auraient séparé le tronc de sa souche. Pour des troncs de cette importance, on ne saurait considérer comme un appareil radiculaire suffisant les traces rares et isolées, douteuses d’ailleurs, de racines que l’on observe dans le banc de grès. M. Rutot avait déjà signalé leur existence jadis et leur allure verticale, sous forme de fistules creuses, minces et allongées. Nous n’en avons d’ail- leurs vu aucune trace sous les deux troncs que nous avons étudiés et au surplus, ces racines, lorsque l’on en rencontre, ne sortent pas du banc de grès et sont toujours séparées de la couche à trones d'arbres par la couche de sable n° 5 de la figure 2, couche dans laquelle on ne les voit pas se prolonger. L'examen des coupes données par M. Rutot montre que l'absence de racines constatée par nous s’ohserve aussi pour les troncs que M. Rutot figure dans sa coupe. Au dire des ouvriers, le même fait s’observait sur les nombreux troncs de la partie Nord-Est actuelle de la carrière. Peut-être serait-on tenté de croire que l’absence de tout l'appareil radiculaire est due à une décomposition ultérieure qui aurait fait disparaître les racines, tout en respectant le tronc. Je répondrais à cela que, pour admettre semblable hypothèse, 1l faudrait en donner des preuves formelles, car, à priori, elle est improbable. Si l’on suppose, en effet, que, d’un côté le tronc, de l’autre la souche d’un même arbre viendraient à être enfouis dans des sédiments, ce n’est certainement pas la souche qui pourrirait la première et dispa- raîtrait. La souche, dont la place normale est d’être enfouie sous le sol, a été nécessairement douée, par la nature, d’une putrescibilité bien moins grande que celle du tronc, sans cela elle serait bien peu apte à remplir son rôle souterrain. S1 les troncs d’Overlaer venaient se terminer inférieurement juste à la limite de la couche d'argile (n° 4, fig. 2) avec la couche de sable (n° 5, fig. 2), on pourrait encore soutenir que la partie de l’arbre pro- tégée par l'argile à mieux résisté que la partie plongée dans le sable. Mais il n’en était rien pour les deux troncs que nous avons examinés et sous lesquels on observait une couche d’argile de 0"02 à 0"12, aussi plastique, sinon plus, que celle qui enveloppait les troncs. Un des deux troncs, celui que nous avons figuré, présentait même sous lui une mince couche d’argile ligniteuse, dont la parfaite continuité et l'absence SÉANCE DU 920 JUILLET 1909. 271 complète de toute perforation due à des racines montrent bien que la disparition des racines n’est point due à une altération postérieure. Nous pouvons donc conclure que les troncs d’Overlaer, dépourvus de toute trace d’une chose aussi indispensable à un arbre que ses racines, ne sauraient être considérés comme en place. Nous voudrions aussi maintenant dire quelques mots d’un sujet intéressant que présentent ces troncs : c'est qu'il semble y avoir une liaison entre la forme de ces troncs et leur position couchée ou verti- cale, chose qui semble vraie aussi pour les troncs-debout du Houiller. Dans la coupe que M. Rutot a figurée, on voit représentés des troncs cylindriques et d’autres troncs coniques à base étalée. Or, ces derniers sont représentés verticaux, tandis que les premiers sont couchés en long. Nous avons fait la même observation. Depuis de nombreuses années que nous visitons cette carrière avec nos élèves, tous les troncs cylindriques que nous avons vus étaient couchés. Les trois seuls qui étaient à base étalée, au nombre de trois, étaient dressés. C'étaient les deux que nous venons de décrire et un autre vu il y à cinq ans, mais qui, malheureusement, était dégagé complètement des sédiments qui l'enveloppaient par le travail de déblai de la carrière. Ce fait, on l’a déjà dit depuis longtemps, n’a rien que de logique. Un arbre tronc-conique, à base étalée, a son centre de gravité placé plus bas que son centre de figure et doit nécessairement flotter vertica- lement dans l’eau, et a donc bien des chances de rester vertical lors de l’'enlisement final. Beaucoup de points que nous avons touchés dans ce travail auraient une force probante bien plus grande, si les faits décrits étaient plus nombreux. Aussi, vu les facilités spéciales d'étude que présente la carrière d'Overlaer, nous comptons y faire de fréquentes visites pour voir si les observations nouvelles que nous ferons viendront confirmer ou infirmer nos déductions. Dans l’un comme dans l’autre cas, nous aurons soin d’en informer la Société. Nous dirons maintenant quelques mots d'un autre point intéressant que présentent les troncs d’Overlaer. On peut se demander d’où provient la silicification des débris végé- taux si abondants dans tout notre Landenien supérieur, spécialement dans la région qui nous occupe, et à quelle époque cette transforma- lion à bien pu se produire. Le fait indiqué déjà par M. Rutot et encore visible aujourd'hui, que l’on trouve ces débris silicifiés remaniés à la base des sables bruxel- liens, prouve à toute évidence que la silicification a dû se produire . antérieurement à l’arrivée de la mer bruxellienne dans ces parages. « Si l’on tient compte même du fait que la mer yprésienne est venue « recouvrir les sédiments du Landenien supérieur d’une couche épaisse d'argile, celle-ci, par son imperméabilité, a dû être peu favorable à toute circulation d'eaux chargées de silice (!), soit que ces eaux vins-- sent de la profondeur, soit qu’elles vinssent de la surface. Si l’on tient compte de ce fait, on en arrive à conclure que la transformation a dû. se produire soit pendant la courte période qui s’est écoulée entre le dépôt du Landenien supérieur et l'invasion de la mer yprésienne, soit: même pendant le dépôt du Landenien supérieur. Il nous semble en tous cas qu’il y à une liaison très étroite entre cette silicification des débris végétaux et la formation des bancs de grès blanc du Landenien supé- rieur, grès qui ne sont autre chose, 1l est facile de le voir, que le résultat de l’agglutination du sable blanc par des solutions siliceuses. Si l’on recherche dans la nature actuelle des traces de phénomènes semblables, on ne peut manquer d’être frappé de la fréquence de gisements de bois silicifiés dans les déserts. Il suffira de rappeler à ce propos la célèbre forêt pétrifiée de l’Arizona, les bois silicifiés du Sahara, du désert du Libye, etc. Quelques voyages que j'ai eu locca- sion de faire dans des déserts, au Colorado, au Sahara, m'ont montré que sous l'influence de conditions climatériques spéciales, les déserts sont le théâtre de phénomènes de dissolution, d’évaporation, de cimen- tation, de vernissage, etc., du plus haut intérêt pour l’explication de la _ formation de roches anciennes dont bien souvent l’origine reste mys- térieuse, comme l’a si bien montré récemment M. Cayeux, dans un travail magistral (?). Il y aura matière à une œuvre de tout premier ordre pour celui qui réunira et utlisera les matériaux que pourront fournir les diverses régions désertiques de notre globe. Je n’ai nulle prétention de tenter cette synthèse, car mes données sont par trop rudimentaires. Je me contenterai de dire que dans les déserts, sous l'influence de la séche- resse du climat et de la rareté des précipitations pluviales, l’eau au lieu de circuler dans le sol de haut en bas, sous l’action de la pesanteur, circule, au contraire, de bas en haut sous l’action de l'attraction capil- laire combinée avec l’évaporation superficielle. Sans cesse, de l’eau 278 PROCÈS-VERBAUX. (1) M. L. Cayeux a émis les mêmes considérations au sujet de la formation des grès de Fontainebleau. (Voir plus loin, Op. cit., p. 116.) () L. Cayeux, Structure et origine des grès du Tertiaire parisien. (MINISTÈRE DES TRAVAUX PUBLICS. ÉTUDES DES GÎTES MINÉRAUX DE LA FRANCE.) Paris, 1906. SÉANCE DU 90 JUILLET 1909. 979 plus ou moins chargée de substances diverses, dissoutes en profondeur, arrive au voisinage de la surface du sol et, cn s’évaporant, dépose, suivant les modalités les plus diverses, les corps tenus en dissolution. Telle est l’origine des dépôts de matières salines, des nitrates, des borates, du gypse, etc., que l’on trouve en si grande abondance à la surface du sol ou dans les eaux superficielles des déserts. Il en est de même de beaucoup de dépôts calcaires ou siliceux. Nous pensons que c'est par un processus analogue que beaucoup de bancs de grès ou de calcaire se sont formés dans le passé, et ainsi s’expliquerait tout natu- rellement la position de ces roches au sommet des formations sableuses ({). Dans l'espèce, la formation du banc de grès et la silicification des troncs d’arbres du Landenien supérieur de la région de Tirlemont seraient donc dues à une ascension d’eaux siliceuses provenant de la masse des sables sous-jacents et venant s’évaporer à la surface. Cette ascension aurait été provoquée par l’existence d’un climat sec et désertique régnant dans la région où se développait le cours d’eau landenien. L'existence du banc de grès au voisinage du sommet, mais pas absolument au sommet du Landenien, semble indiquer que ces phénomènes se sont produits même pendant la période landenienne supérieure. L'existence d’un cours d’eau charriant des troncs d'arbres et des sédiments argileux et sableux n’a rien d’incompatible avec un climat désertique. Au printemps de 1899, j'ai eu l’occasion de voir, au Sahara, le lit de l’Oued-Djedi, près de son embouchure dans le Chott Melrir. Pen- dant des années, ce lit est complètement à sec. Or, cette année, à la suite d'une quinzaine de jours de pluies torrentielles dans l’Atlas, ce lit était rempli d’un courant fougueux de plusieurs centaines de mètres de large, charriant des eaux boueuses et des bois flottés de palmiers. La même chose a bien pu se passer sur les plaines sableuses où le cours d’eau landenien entraiînait aussi sporadiquement des troncs d'arbres et des débris de Flabellaria. S1 l’on me demande maintenant pourquoi dans la couche argilo- sableuse d’Overlaer seuls les troncs d'arbres ont été silicifiés, Je répondrai que je n’en sais rien, pas plus que je ne sais pourquoi tant de substances, pyrite, phosphate de chaux, calcaire, silex, etc., vont se déposer autour de corps organiques en voie de décomposition ou vont | (4) Cf. L. CayEux, Op. cit., p. 117, au bas de la page. | 1909. PROC.-VERB, 15 | 280 PROCÉS-VERBAUX remplacer dans les tissus organisés la matière organique tout en res- pectant les sédiments environnants. Il y a là un chapitre de la dyna- mique chimique encore tout à fait inexploré. Discussion. M. Rutot, à la suite de cette communication, fait remarquer que, dans cette même carrière, il à remarqué à plusieurs reprises l’exis- tence de troncs d'arbres paraissant debout, mais il s'était assuré qu'il n'existait aucune relation entre ces troncs et les couches sous-jacentes, attendu que ces couches reposaient directement sur une couche de lignite superposée elle-même à du sable blanc dans lequel n’entrait aucune racine. En revanche, dans les grès blancs situés sensiblement plus bas, on trouve beaucoup de traces de racines silicifiées. X. STAINIER. — Un gisement de caicite à Barvaux. Au cours d'une excursion géologique avec un de mes élèves, le D' A. Schoep, nous avons découvert dans les environs de Barvaux un gisement de cristaux de calcite remarquable non seulement par la beauté de ses formes cristallines, mais aussi par ses curieuses allures, dignes d’être décrites. Lorsque l’on prend la grand’route de la gare de Barvaux à Hevd, cette route, après avoir longé la voie ferrée pendant environ 380 mètres, abandonne la vallée de l’Ourthe et pénètre dans un vallon latéral vers le Sud-Est. A environ 200 mètres de l’origine de ce vallon et sur le bord méridional de la route, on observe une carrière assez importante mais généralement abandonnée, ouverte dans des bancs de calcaire frasnien inclinés au Sud-Est de 80° à 85°. À une douzaine de mètres de hauteur el au voisinage de la surface, les têtes des bancs se montrent profondément altérées et, au milieu de la carrière, on Y voit même se développer une remarquable poche remplie de produits d’altération du caleaire et au sein de laquelle se trouvent les cristaux en question. La coupe de cette poche, que nous figurons ci-contre, en donnera une idée plus complète que n’importe quelle description. Comme on le voit d’après cette coupe, les bancs du Frasnien sont très altérés au voisinage de l’affleurement et reprennent petit à petit leur fraicheur en s’éloignant de la surface. Certains bancs ont mieux résisté que d’autres aux altérations météoriques qui ont dissous leurs voisins” SÉANCE DU 90 JUILLET 1909. 281 Ces bancs sont restés en saillie, voire même en surplomb au-dessus NORD 3 ”-60 SUD 289 PROCÉS-VERBAUX, L| ou à côté de poches que l’altération a créées au détriment des bancs les plus altérables. Les poches sont remplies de matières meubles assez variées qui sont QO) O7 1. Calcaire très altéré devenant jaune et terreux au voisinage de la poche. . Argile irès sèche, feuilletée, brun grisâtre, montrant de minces feuillets lenticulaires d'environ 005 de long, d'un beau noir luisant, et des lits ou bandes minces colorés de rouge ou de noir-brun. Vers le haut cette argile devient moins feuilletée, plus sableuse, intimement mélangée d’un sable brunâtre qui s’isole parfois en lits assez purs et qui paraît être un sable dolomitique. Sable cristallin formé d’une sorte de grenaille de petits cristaux de caleite mélangés, par places, d’un peu d’argile schistoïde qui devient de plus en plus abondante en s’approchant de la couche d’argile n° 1. Ce sable eng'obe de très nombreux cristaux plus ou moins volumineux de cal- cite. Au voisinage du calcaire, les cristaux sont très abondants et le plus souvent ternis ou rubigineux à la surface. Ils deviennent de plus en plus rares au fur et à mesure que la proportion d'argile augmente, mais en même temps ils deviennent plus purs, plus transparents et plus beaux. En même temps que les cristaux de calcite on trouve assez bien de petits nodules de galène cristallisée, altérée, ternie et noircie à la surface. Dans le sable cristallin et au voisinage du calcaire, on observe des plaques ou croûtes cristallines formées de petits cristaux agglomérés de calcite, croûtes libres, mais paraissant avoir adhéré à quelque chose lors de leur formation. Une seule de ces eroûtes a été trouvée adhérant à une paroi de calcaire. 4. Blocs arrondis de calcaire très altéré et friable. L’affleurement de la grande poche est garni de semblables blocs probablement éboulés, quoiqu'ils aient l’air d'avoir conservé l'allure des bancs environnants. SÉANCE DU 90 JUILLET 1909. 283 évidemment des résidus insolubles de la dissolution des bancs calcaires. C’est vers la base de ces poches et surtout de la principale d’entre elles que se rencontrent les cristaux qui font l’objet de cette note. Pour donner une meilleure idée du remplissage de ces poches, nous figurons une coupe agrandie prise au point À de la grande poche. Les cristaux de calcite présentent les particularités suivantes. Ils étaient très nombreux au fond de la grande poche et très rares au fond des poches étroites et profondes situées au Nord. Nous en avons recueilli plusieurs kilogrammes. Tous ceux qui étaient libres présentaient le fait d’être bipointus, constitués par des scalénoèdres présentant de nom- breuses facettes de modifications. À peu près la moitié des cristaux présentent une macle très nette. Certains imdividus avaient jusque 008 de long. Le plus grand nombre ne présentait aucune trace d'usure ni de cassure, sauf les petits individus paraissant provenir de la désagrégation des croûtes cristailines précitées, croûtes d’ailleurs très fragiles. | | Les cristaux plongés dans l’argile présentaient souvent cette légère teinte noirâtre qui paraît due à de fines inclusions de pyrite. Il nous reste à dire quelques mots, maintenant, de l’origine et de la formation de ces cristaux. En voyant les cristaux se présenter libres au sein de dépôts meubles, avec les deux pointes parfaitement développées, on serait tenté de prime abord de considérer ces cristaux comme s'étant formés libres au sein de l’argile, comme les cristaux de quartz bipyramides des poches d'argile de Brilon (Westphalie). Il n’en est rien. Avec un peu d’atten- tion, on voit immédiatement que tous les cristaux indistinctement montrent sur le côté, au point le plus renflé du cristal, une surface par laquelle ils ont dû adhérer primitivement à quelque chose. Parfois même, on voit que la surface d’aecolement porte une petite croûte cristalline avec surface d’adhérence. La grenaille cristalline se montre comme formée de débris parfois même bien reconnaissables de croûtes eristallines qui auraient jadis tapissé des surfaces rocheuses quelconques. Ces croûtes étaient d’ailleurs identiques à celle que nous avons trouvée encore adhérant à une surface de calcaire. La conclusion s’impose donc que tous les cristaux ne sont pas en place à l'endroit où ils se sont formés. Suivant toute vraisemblance, ils se sont développés ailleurs, accolés aux parois d’une grande géode de calcaire tapissée d’une croûte cristalline du sein de laquelle émergeaient les gros cristaux couchés à plat et adhérant à la croûte. 284 PROCES-VERBAUX. L'absence de traces d'usure, la netteté des arêtes et des pointes cependant bien fragiles de la calcite, prouvent que le chemin parcouru par les cristaux n’a pas été long. Tout indique qu’ils ont grandi sur les parois de la poche où nous les retrouvons aujourd’hui accumulés. Deux hypothèses peuvent être émises pour expliquer comment les cristaux disséminés sur les parois se sont accumulés au fond de la poche. La poche se montre comme manifestement remplie de dépôts meubles, résidus de l’altération chimique des parois. Le calcaire encais- sant est très riche en schisie et en argile qui à fourni la matière du remplissage argileux. Le calcaire encaissant paraît être dolomitique. C’est d’ailleurs ce niveau de calcaire frasnien qui, aux alentours et à peu de distance, se transforme latéralement en masses très pures de dolomie massive. Si l’on admet, ce qui est fort possible, que la poche actuelle n’est que le cul-de-sac terminal d’une poche jadis beaucoup plus étendue, on peut aussi supposer que les parois de cette grande géode du calcaire ont d’abord commencé par se revêtir de cristaux et de croûtes cristallines. Ultérieurement, la géode ou poche se sera remplie de dépôts meubles provenant de parties plus superficielles de la poche. Ces dépôts meubles, en pénétrant dans la poche, auraient arraché des parois et entassé dans le fond les cristaux en saillie et même les croûtes cristal- lines, par une lente et irrésistible pression. L’arrachement aurait été favorisé par l’altération des parois devenues friables et perdant ainsi toute faculté d’adhérence avec les cristaux. Dans une seconde hypothèse, on pourrait admettre que l’accumula- tion des cristaux au fond de la poche est dû à un classement qui se serait produit, après coup, au sein des matériaux remplissant la poche. Des deux hypothèses, nous préférons la première. Certes, on sait que des matériaux de volume ou de densité différents peuvent se classer, à la longue, sans qu'il soit nécessaire de faire intervenir des mouve- ments ou des secousses violents. L’imperceptible mouvement produit par le tassement suffit pour cela, comme on le voit dans la formation de poches de phosphate de chaux et de conglomérat à silex produites, comme la nôtre, par voie d’altération chimique. Mais c’est justement l'exemple de ces poches de phosphate et de conglomérat qui nous fait penser que la poche de Barvaux ne s’est pas exactement formée comme elles. En effet, dans ces poches, le mouve- ment de tassement a suffi pour amener à la base le phosphate beau- coup plus dense et, au sommet, l’argile plus légère avec les silex volu- SÉANCE DU 20 JUILLET 1909. 289 mineux, de la même façon que, dans un panier rempli, des secousses finissent par amener à la surface les morceaux les plus volumineux. De même ici, où aucune différence notable de densité ne peut être invo- quée et où seule la question de volume a dû intervenir, 1 nous semble que si un classement s'était produit, il aurait inévitablement amené les eristaux non au fond, mais à la surface du dépêt. Nous croyons donc que l’accumulation des cristaux au fond est due à une intrusion de dépôts meubles arrachant et poussant lentement devant eux les cris- taux. Pour terminer, nous ajouterons que M. le Prof G. Cesàro a bien voulu se charger de l’étude cristallographique de ces cristaux. C’est assez dire qu’ils sont en bonnes mains. X. STAINIER. — Note sur le terrain triasique de Marbehan. Il y à déjà quelques années, un ancien exploitant de mineraï de fer, nommé Debatty, de Gembloux, m'avait remis un échantillon de char- bon comme ayant été trouvé dans une tranchée du chemin de fer du Luxembourg, lors de sa construction, près de la gare de Marbehan. La rencontre du charbon dans le terrain triasique n'aurait, a priori, rien d'impossible, puisque l’on exploite du charbon en plusieurs con- trées dans ce terrain, et, de plus, l’échantillon qui m'avait été remis était léger, brillant, sans clivages et très riche en matières volatiles, ce qui correspond bien aux caractères des charbons de cet ge. Néanmoins, je n’attachai pas, alors, grande importance à ce rensei- gnement. Mais ce fait me revint en mémoire à l’occasion du sondage de Longwy et de la possibilité qu’il y avait de rencontrer là du charbon dans les étages secondaires ou primaires. Profitant d’une occasion, je me suis rendu sur place, l’an passé, et j'ai étudié les tranchées les plus rapprochées de la gare de Marbehan, car M. Debatty ne se rappelait pas exactement où la trouvaille avait été faite ; il savait seulement que c'était dans la première tranchée près de la gare. Je reconnus immé- diatement qu'il ne pouvait être question des tranchées à l'Ouest de Marbehan, qui sont dans le Dévonien inférieur, mais, par contre, la deuxième tranchée à l'Est, au kilomètre 178 et fort près de la gare, présente une fort belle coupe de triasique. L'étude de la tranchée me donna la conviction qu'aucun gisement de combustible n'avait pu être rencontré là, car lorsque du charbon se 286 PROCÈS-VERBAUX. trouve en place dans un terrain, il est extrêmement rare que les roches au voisinage ne présentent pas une teinte plus ou moins voisine du noir. Or, dans la tranchée, comme nous le montrerons plus loin, on n’observe aucune roche ayant de loin ou de près une teinte noire charbonneuse. | Mais comme la coupe de la tranchée est assez intéressante et qu’elle venait justement d’être rafraichie à la suite d'éboulements, je crois utile de la figurer, étant donné qu’elle n’a jamais été décrite et que les renseignements que nous possédons sur Île triasique du Luxembourg sont, somme toute, encore assez limités. : Le trias de cette tranchée présente, comme on Île voit, l'aspect clas- sique du Keupérien de certaines régions allemandes. La présence de l'étage rhétien (sables de Mortinsart) était bien manifeste dans la tranchée. La carte géologique de la région ne men- tionne cependant pas sa présence en ce point. Ce lambeau de Rhétien doit cependant avoir une certaine extension, car on a exploité le sable dans une excavation aujourd'hui abandonnée, mais encore visible, au Sud de la tranchée, le long de la route conduisant au village de Les Rulles. C’est dans cette excavation qu'a été découverte la vertèbre de Plesiosaurus dont j'ai signalé jadis la rencontre (1). Comme on peut le voir par la coupe de la tranchée, il y a bien peu de probabilité que l’on ait trouvé du charbon en cet endroit. Tout au plus pourrait-on y avoir rencontré des cailloux roulés de charbon ou du lignite flotté dans les cailloutis triasiques. Est-ce à dire qu'il n’y ait pas de charbon dans le triasique du Luxembourg? On n'oserait l’affirmer. Dans son mémoire sur les terrains triasique et jurassique du Luxembourg (?), A. Dumont ren- seigne qu'il a observé aux environs d’Orsinfaing, donc non loin de Marbehan, la coupe suivante : | | Argile noire schistoïde. SYSTÈME MOYEN. | Marne bigarrée et calcaire. La présence de cette argile noire schisteuse rend l'existence du charbon possible dans le terrain triasique des environs. Il se pourrait donc que du charbon ait été réellement trouvé dans une tranchée du chemin de fer du Luxembourg plus à l’Est que celles que j'ai explorées: (1) X. STAINIER, Les Sauriens du Jurassique belge. (BuLL. Soc. BELGE DE GÉOL, t. VIT. 1893, Proc.-verb., p. 201.) (2) Cf. Nouveaux Mémoires de l’Académie royale de Belgique, t. XV, 1849, p. 11. 287 SEANCE DU 920 JUILLET 1909. Le peu de précision des souvenirs de M. Debatty rend la chose pos- “onsutpnod 9p SUUIE SOI U9 DIUOUUTO 159 JOIABIS 99 sovetd deg ‘ouepioa ouzenb op oued aimofeut uo souu07 ‘snejde no sosuorre “QLI AULANOTIX AG LSHJI V Ad NN ‘GAS 1OUVA ‘NVHASUVE HA HUVO Vi HA LSA'I V AAHONVUL ANAIXAAG V'I AA T'IVINAIUO JLINHULXAT AA HdNO) 19 SIOUWI9S EJ 9p WNIANIP np xn9o onb sod suçd sopnor xnofpies op gpnuenb 0948 ‘oggeunel no JTE[9 JI9A ‘XNO[OARIS [US 9 (Sur SBUU9PIE S9[NOI XnOf(B9 sonbjonb so48 ‘sooeçd ed aju919y09-1w98 “998TOTA 95001 NO JI9A ‘osna[qes (;) oUIEN ‘£ CÇu() RU RER DT RE CE ; uq ù : 99.418814 NO 91Runel 216.194 ‘9118980041 ‘9Ib[9 IN9NO9 9P ‘UY S94) UIPIS E ‘HPIOAUO9 nad un 91ns$e9 re ‘aJ9edw09 91204 ‘ayjouTeu no 9J9edu109 eur 7 OLut USSR PIE NS D ER, ‘ 91PN9]q 1194 NEIG UND SIT 9948 ‘9IQUIOS 99PTOIA 98001 9[SIV ‘£ : NAINAdN AY (80 ‘ JOTABIS IU SIJNOI[IR9 SUES SIBUI 9JJOU U9IE UO1EAIBUYP AUN JUEUHOF A[RJUOZITOU QUI] UN JE JUEAINS up 9418d9s 159 [I 9$84 UT V ‘JUAWOUTABI 9P 99[NpUO ou$i| oun 4ëd juopaogid our np 94ed9s sIoweu)9 aunel a[qes neog ‘& : NALLAHY] “o1geunel no 21795004 asno[qes o[1Je oun sup ‘Sanbiser1] NO SSIPUUYPIE S9H901 9P ‘XNAUTUINIOA stopied ‘Sapnoi XNOTfIR) *SIOUI9S EI 9P UAIDUL SIMNOITIE) : NATAN'IIG AHIVNHALVN() HN ELL T <—«K SALE ae PR 0 | 2 PEAR NERO PR PONTTE 1S7NO 197 : 288 PROCÈS-VERBAUX. sible. Vu l’état actuel de ces tranchées, il ne m'a pas été permis de les étudier. La question de l'existence du charbon dans le trias de la région reste donc douteuse. Comme le montre la coupe précitée d'Orsinfaing, Dumont considérait, les roches que nous venons de décrire comme se rapportant à son système moyen, c’est-à-dire au Muschelkalk. 11 est probable que le calcaire dont il parle est le petit banc calcareux n° 4 de la coupe. Sur la Carte géologique au 40 000, on à rattaché, avec raison je pense, ces roches au système supérieur ou Keupérien. En effet, l’étage du Muschelkalk va continuellement en diminuant de puissance de l'Est vers l'Ouest, au point qu'à son entrée dans notre pays cet élage n’est plus représenté que par un mince banc dolomitique que Dormal a rapporté au Muschelkalk, et encore la chose n’est pas certaine (1). Il est possible que le banc calcareux n° 4 de notre coupe soit le représentant encore plus atténué de ce banc. On ne saurait ni le nier ni l’affirmer. Quant au reste de la coupe et surtout aux marnes bigarrées si sem- blables à celles du Keuper allemand, ce serait un non-sens de les ranger dans le Muschelkalk. D’après M. Dormal, les argiles noires schistoides appartiendraient à l’étage rhétien du Jurassique et je pense qu’il a raison. Dans ce cas, le charbon qui aurait été rencontré dans les tranchées du chemin de fer serait jurassique et non triasique (?). Au cours de ce travail, page 106, M. Dormal signale la présence d'argile noire schistoide dans la tranchée de Hachy du chemin de fer du Luxembourg. Peut-être est-ce dans cette tranchée que le charbon a été rencontré. G. SCHMITZ, S. d., et X. STAINIER. — La géologie de la Campine avant les puits des charbonnages. INTRODUCTION. On peut distinguer dans les recherches houillères dont la Campine a été Jusque maintenant le théâtre, deux grandes phases. Dans la pre- mière phase, que l’on pourrait qualifier d’héroïque, on ne s’est pas toujours préoccupé du côté géologique ou technique de la question. (4, CF. JÉROME, Compte rendu de l’excursion de la Société belge de Géologie dans le Luxembourg. (Buzz. Soc. BELGE DE GÉOL., t. XVIII, 1904, Proc.-verb , p. 330.) () Cf. Buil. Soc. belge de Géol., t. VIT, 1894, Mém., p. 199. — SÉANCE DU 20 JUILLET 1909. 289 Trop souvent les sondages n’ont consisté qu’en des courses de vitesse pour arriver à l'obtention de concessions. EL cependant, comme on Île sait, ces recherches ont déjà donné lieu à une littérature très touflue. Aujourd’hui, nous sommes dans une deuxième phase, les conces- sions ont été octroyées et leurs propriétaires se trouvent devant le grave problème de leur mise en valeur. Conscients de la grandeur des intérêts en cause et de la difficulté de la question, une deuxième série de sondages commençant avec le sondage n° 66 a été mise en train. Dans celle-ci, la question de vitesse est considérée comme secondaire et tous les efforts tendent à faire donner aux sondages le plus de ren- seignements possible, tant au point de vue scientifique qu’au point de vue technique, deux points de vue dont nulle part l'union ne ressort plus nécessaire qu’en Campine. Dans cette voie, trois grands progrès ont été acquis dans la pratique des sondages. Ces progrès sont : 4° Le perfectionnement considérable et rapide des méthodes de sondage en vue du prélèvement des échantllons ou témoins, de façon à livrer ces échantillons autant que possible dans l’état où ils se trouvent dans le sol, et non plus triturés, malaxés, lavés, triés ou souillés, rendus méconnaissables, comme ils ne l’étaient que trop souvent auparavant; 2 Surveillance étroite exercée sur toutes les opérations de sondage, étiquetage et repérage rigoureux des témoins, de façon à fournir des séries aussi fidèles que possible ; 3° Latitude complète laissée aux personnes chargées de l'étude des sondages, de débiter à fond tous les échantillons recueillis, afin de permettre l'étude aussi complète que possible de tous les renseigne- ments qu’ils peuvent fournir au point de vue de l’art de l'ingénieur et du géologue. Les échantillons ne sont plus, comme jadis, soustraits à tous les regards ou, d’autres fois, considérés comme des objets de grand luxe que leur prix coûtant rend sacrés. On sait maintenant que, puis- que les sondages coûtent cher, il faut d’iutant plus leur faire donner leur maximum de rendement. Le plus grand nombre des concessionnaires de la Campine nous ayant fait l'honneur de nous confier l’étude de leurs gisements, cela nous à mis à même de recueillir sur la région une somme énorme de renseignements. Nous avons en effel à notre disposition non seule- ment les beaux nouveaux sondages, mais encore un très grand nombre des anciens, dont plusieurs n'avaient jamais été étudiés et dont d’autres ne l'avaient été que sommairement. : 211) PROCÉS-VERBAUX. Nous avons pensé qu’il y avait lieu de réunir tous ces documents pour en faire une synthèse, représentant l’état de nos connaissances sur la Campine, déduite de l’étude des sondages seuls et avant le creuse- ment des puits. 4 Mais comme la période des sondages est loin d’être close et durera peut-être encore des années, le travail d'ensemble se fera naturelle- ment attendre assez longtemps. Nous avons jugé que, dans l’occurrence, il y avait intérêt à publier dès maintenant tous les faits intéressants que nous rencontrerions au cours de nos études. Cette publication se ferait sous forme de notes successives, et elle aurait l’avantage, d’un côlé, d'appeler sur ces faits nouveaux l'attention de tous ceux qui s'intéressent à la Campine et, de l’autre côté, d'appeler les observa- tions et la discussion sur ces faits, ce qui ne peut qu'être utile à notre futur travail d'ensemble. Nous commençons aujourd’hui la série de ces notes. PREMIÈRE NOTE PRÉLIMINAIRE. L’'assise d’Aix-la-Chapelle en Campine. Au cours des études dont nous à chargés la Société anonyme des charbonnages Limbourg-Meuse, 1l nous à été donné de faire d’impor- tantes observations touchant la base du Crétacique en Campine. Nous avons été fort surpris, en reprenant l'examen du sondage n° 46, de voir que les échantillons décrits par Forir (!) comme Houiller | He) altéré, présentaient un aspect tout à fait particulier (2). Ce sont des argiles gris pâle plus ou moins violacées, avec des pas- sages d’un brun terreux, pétris de végétaux et contenant des concré: tions pyrileuses à structure rayonnée. (4) Ann. de la Soc. géol. de Belgique, 1906, t. XXX, p M367. (2) Depuis la présentation de cette note nous avons repris l'étude des anciens sondages n° 42 Leuth, Roeteweide) et n° 52 (Stockheim). Dans tous deux nous avons aussi relevé la présence de l’assise d’Aix-la-Chapelle, avec les mêmes caractères que décrit notre présente note A Leuth, cette formation atteint probablement 17 mètres de puissance (de 373 mètres à 30 mètres, renseignés comme He par Forir : Ibid p. M319:; à Stockheim, elle ne mesure qu’une dizaine de mêtres (de 366 mètres à 3176 mètres, renseignés comme Cp2b et [ce par Forir : Ibid., p. M3261. Ce n’est pas que Forir n’ait point admis la possibilité de rencontrer ces dépôts en Campine Il les signale dans quatre sondages hollandais (Dorp, Hoeve Vrusschehueske et Westenrode) et aussi en Belgique au sondage n° 50 :Dilsen), où il leur attribue plus de 30 mètres d'épaisseur (349 mètres à 382m30). SÉANCE DU 90 JUILLET 1909. 291 En poussant plus loin le débitage des échantillons, nos soupçons furent confirmés par la découverte de branches de conifères du type Sequoia. Il n'y à donc plus de doute possible : à certaines places, une forma- tion plus ancienne que l’assise de Herve recouvre la tête du Houiller. A en juger par l'aspect, on pourrait être tenté de rapporter les échantillons au Wealdien. Mais l'aspect seul d’un sédiment est un faible motif pour conclure à l'extension aussi importante d’un horizon. Les fossiles d’ailleurs sont jusqu'ici trop peu nombreux et trop mal caractérisés pour trancher la question en ce sens. D'autre part, il est aisé de voir que les échantillons recueillis ont également une ressemblance frappante avec les roches de lPassise p’Aix-La-CHapeLce. De là au Limbourg, la distance est minime, et 1l nous paraît plausible de dater les argiles de Lanklaer de cet âge. Ajoutons que depuis cette découverte, le sondage n° 76 d’Eysden a recoupé sur la tête du Houiller du vrai lignite et des sables ligniteux associés à des argiles gris violacé, avec rognons de pyrite. Mais la portée de cette découverte dépasse les limites d’une simple constatation de fait. Elle remet en question l’âge de la base du Créta- cique en Campine et tend à modifier nos conceptions sur la répartition des terres et des mers à cette époque géologique. On sait que l’assise d’Aix-la-Chapelle se compose d’un terme sableux marin reposant sur une autre formation, poldérienne. C’est celle-ci que nous avons trouvée à Lanklaer et à Eysden. Et l’autre, la formation marine, n’existerait-elle pas dans la Campine? Ne faudra-t-1l pas lui attribuer ces dépôts sableux rencontrés sur la tête du Houiller dans certains sondages — par exemple au n° 66 d’Asch (1) — et les détacher de l’assise de Herve? Et quant à la répartition de ces deux termes, nous les voyons auréoler pour ainsi dire le massif du Limbourg hollandais, la formation ligniteuse continentale s'appuyant à l'Est et à l'Ouest contre le massif même, tandis que la formation sableuse marine s’étend au large de part et d'autre. Il serait imprudent, avec les seuls matériaux que nous possédons actuellement, de présenter ceci comme une conclusion définitive, mais cest une hypothèse assez sérieuse pour mériter l'examen. (1) G. Scumirz, S. J., Bull. Soc. belge de Géol., 1. XXII, Proc.-verb., pp. 137 et 199. 292 PROCÉS-VERBAUX. DEUXIÈME NOTE PRÉLIMINAIRE. Le Landenien, le Heersien et le Montien de la Campine. Les sondages anciens et même les premiers (!) qui suivirent l'octroi des concessions fournirent pour la plupart un échantillonnage des plus imparfaits Aussitôt qu'on atteignait le Rupelien, on ne recueillait plus qu’une boue dont l’excessive uniformité avait souvent un cachet déso- rientant. Tantôt, lorsqu'on prélevait les témoins au trépan, on n’obtenait qu’une argile qui n’était, en somme, que le résidu du long malaxage des argiles recoupées mêlées à celle que nécessitait l'injection : alors toute l’épaisseur des terrains traversés paraissait être de l'argile. La chose fut frappante aux sondages n° 66, 67 et 69. Tantôt, lorsqu'on prélevait les témoins au tamis, on n’obtenait que des sables, eux aussi d’une uniformité souvent désespérante. En ce cas, le malaxage du trépan avait réduit en boue impalpable tous les éléments argileux, quelle que fût leur provenance, et ceux-e1 s’en allaient avec l’eau se déposer dans le bassin de décantation, tandis que les éléments sableux, intimement mêlés, étaient seuls retenus par le tamis. De là des sondages où tout n’était que sables, où largile rupelienne elle- même — qui normalement mesure une centaine de mètres en Campine — se trouvait uniquement représentée, parmi les échantillons, par des sables quartzeux meubles! | Les problèmes dont la solution précise était aussi infailliblement masquée par le procédé même des travaux de recherche, étaient condamnés à rester posés. Heureusement que, sur l’initiative éclairée de la Société anonvme des charbonnages de Ressaix, Leval, Péronnes, Sainte-Aldegonde et Genck, la Société anonyme belge d'entreprises de forage et de fonçage (Foraky) fut incitée à apporter à son système de sérieux perfectionne- ments. Sans complications techniques, le sondeur allait nous fournir des témoins en carottes dans les morts-terrains quelconques et jusque dans les sables. Ceci nous mit à même de faire des observations nouvelles et déci- (1) Annales des Mines de Belgique, t. XHI, pp. 369 et 983 ; t. XIV, p. 339, SÉANCE DU 20 JUILLET 1909. 293 sives sur la base du Tertiaire en Campine. Nous nous empressons d’en exposer sommairement les résultats principaux. D'abord le LANDENIEN est largement représenté dans toute l'étendue explorée du Limbourg belge par des roches marneuses, souvent schistoides et quelquefois psammitiques, généralement d’un beau gris uniforme. Les nombreux foraminifères (!) recueillis ne laissent plus aucun doute à ce sujet. Dans les anciens sondages, on a souvent remarqué — surtout dès la rencontre du Crétacique -- la présence dans les échantillons de très nombreuses lamelles schistoides grises : C'était la trace laissée par le Landenien. Au passage inexorable du trépan, la roche s’était délitée en boue fine et passait inaperçue parmi les vases argileuses de la remonte. Mais après, dès que l’outil avait percé le sommet du Maestrichtien, la nappe d’eau ascendante venait laver énergiquement les parois non tubées du sondage, où la marne landenienne avait dû foisonner, et ramenait par son courant les débris de la roche en lamelles plus ou moins roulées (?). À Ja base du Landenien, des carottes continues nous ont montré que cet étage passe tout à fait insensiblement aux marnes blanches de Gelinden du HeersieN (Hsc). Le Landenien pâlit si graduellement qu'on ne saurait indiquer le point de passage d’une formation à l'autre (5). Les marnes heersiennes contiennent de nombreuses Cyprina Morrisi Sow., beaucoup de foraminifères, et quelques traces végétales. [ei tout est classique. (4) M. l'abbé Salée, de l’Institut géologique de l’Université de Louvain, a fait un premier examen de nos récoltes. Il s'est obligeamment offert pour mener à bonne fin cette étucle spéciale. (2) Peut-être que dans certains cas, le courant de l’eau d’injeetion suthit à produire le phénomène. ) Ce passage graduel pourrait paraître un argument à faire valoir en faveur de lopinion de ceux qui proposent la réunion du Landenien et du Heersien en se basant sur la grande analogie de leur faune. Nous ne pensons pas qu’il en soit ainsi. La distribution géographique de ces deux étages est si différente qu'il a dû y avoir entre ces deux époques un grand mouve- ment du sol, mouvement qui a amené la grande transgression marine du Landenien. Dans la plupart des pays de l’Europe occidentale, cette transgression marque le plus souvent le commencement de l’ère tertiaire. Si la faune des deux étages est fort sem- blable, cela provient de ce que, contrairement à ce qui s’est passé pour d'autres étages, cette transgression n’a pas été précédée d’une émersion complète. Le passage graduel de la Campine le montre, la mer n’a pas quitté cette région après le Heersien, mais un grand mouvement du sol a porté la mer vers le Nord-Ouest, 294 PROCÉS-VERBAUX. Il semble que cette formation à la même extension en Campine que le Landenien qu’elle supporte. D'autre part, elle passe, elle aussi, tout à fait insensiblement au Heersien inférieur, les sables glauconieux d'Orp-le-Grand (//sb). Plusieurs sondages — en particulier le n° 68 (Waterschey) de la Société anonyme des charbonnages André Dumont- sous-\sch — nous ont fourni des carottes où se montrent d’abord quelques taches de sable glauconieux, taches qui grandissent et se fusionnent graduellement jusqu'à la disparition totale de la pâte crayeuse. | Les sables heersiens, quelquefois argileux ou au moins cohérents par passes, ont partout leur aspect habituel et normal. À certains endroits, nous avons observé l'existence indiscutable du gravier de base (Hsa), facilement reconnaissable au cailloutis pisaire de quartz, accompagné de bois pyritisé roulé et de fossiles corrodés par des lithophages. Nulle part ce caractère littoral n’a été mieux: accusé que dans le sondage d’Asch n° 66 (1). | Mais le fait le plus nouveau que nous ayons à signaler 1ci est, sans conteste, la présence en Campine du MonNTIEN sous son facies conti- nental, ou Montien supérieur (Mno) (?). En dessous de la base des formations heersiennes et au-dessus de la tête du Maestrichtien, l’un de nous recueillit, pour la première fois au sondage n° 68 de Waterschey, des argiles très plastiques de couleur sombre, bariolées de vert intense et de rouge hématite, contenant dans un banc de nombreuses traces végétales qui lui donnaient à sy méprendre l’aspect de mur, bien connu dans le Houiller. Nous rele- vàmes le même fait au sondage n° 78 de Waterschey. La chose était pour surprendre, et notre première idée fut de sup- poser que la sonde avait rencontré une poche où le sommet du Créta- cique avait été décomposé. Mais l'hypothèse ne supportait point un examen sérieux. L’argile était trop homogène, et tout élément siliceux faisait tellement défaut qu'il était impossible d’y voir en aucune manière l'équivalent de l’Argile à silex. La position stratigraphique de cette formation nous conduisit donc (t) L'ensemble de ces faits vient confirmer, dans leurs grandes lignes, les prévisions de M. Halet. (Bull. Soc. belge de Géol., t. XXII, p. 139.) (2) A. Ruror, Montien et Macestrichtien. (BuLL. Soc. BELGE DE GÉOL., t. VIII, Mém., p. 187.) — Sur la découverte d'une flore fossile dans le Montien du Hainaut. (I, t. XV, Proc.-verb., p. 605.) -— M. J. Cornet a de plus signalé dans plusieurs notes l'extension souterraine du Montien dans la vallée de la Haine. SÉANCE DU 20 JUILLET 1909. 295 tout naturellement à la rapporter au Paléocène , et les nombreux points de ressemblance qu’elle présente avec l'argile de Leval ne firent qu’appuyer celte manière de voir. Par un curieux retour des choses, notre découverte vient même confirmer l’âge paléocène des argiles du Hainaut, puisqu’en Campine sa situation dans l’échelle des terrains est évidente et exclut toute assi- milation avec le Heersien. | Les argiles montiennes n’ont pas à travers le Limbourg le carac- tère de continuité uniforme des dépôts supérieurs. Leur épaisseur varie sensiblement d’un point à l’autre, et plusieurs fois l’échantillonnage ne nous à pas permis de constater leur présence. En relevant les points observés, on voit qu’ils se groupent dans la moitié Est du Limbourg. Dans certains sondages, — par exemple à Op-Grimby n° 49, — la teinte du sédiment pâlit jusqu’à devenir grise veinée de rouge. On peut supposer que le Paléocène a eu autrefois en Campine une plus grande extension, mais que la transgression éocène du gravier de la base du Heersien l’a érodé (1). Discussion. M. van DEN Broeck demande si M. Stainier n’a jamais remarqué dans les sondages de la Campine les couches rapportées par van Ertborn à l’Infraheersien dans le sondage de Mont-Saint-Jean. M. STainiER répond qu'il n’a jamais rencontré de couches sem- blables ; il s’est d’ailleurs souvent demandé ce que le baron van Ertborn à bien voulu indiquer par ces couches. M. Hacer demande si M. Stainier a rencontré les termes lande- mien Lid et heersien Hsd de la Légende géologique. M. STAINIER répond que ces termes ne sont point représentés dans les sondages qu’il à pu examiner. M. Hacer fait remarquer qu’il a également éprouvé des difficultés à séparer le Landenien du Heersien dans les sondages qu’il a examinés ; (?) En examinant le rapport pour l’année 1907 des opérations du Service officiel de prospections minières hollandais par M. Van Waterschoot van den G racht, on constate l'existence dans les coupes des sondages houillers du Peel, d’une argile occupant exactement la même position géologique que celle de la Campine. M. Van Water- schoot, à qui nous ayons eu l’occasion de montrer nos échantillons, nous à confirmé l'identité de ces formations dont l’extension serait ainsi très grande. 4909, PROC.-VERB. A5a 296 PROCÈS-VERBAUX. il s’est surtout basé pour la séparation sur la différence de teneur en ! calcaire des argiles landeniennes et heersiennes; ces dernières sont | toujours beaucoup plus riches en caleaire. M. Sramnier dit que cette teneur en calcaire dépend surtout de la richesse en foraminifères des couches, et ne pense pas que ce carac- tère puisse permettre une séparation exacte des étages. La séance est levée à 22 h. 45. ANNEXE AU PROCÉS-VERBAL. COMPTE RENDU BIBLIOGRAPHIQUE Géologie, par J. Cornet, professeur à l’École des Mines et Faculté polytechnique du Hainaut, à Mons. Tome [*# (1" partie). Mons, Librairie générale Leich-Putsage, 1909. L'ouvrage que publie notre confrère M. J. Cornet n’est autre que la rédaction, un peu développée par places, du cours qu'il fait, depuis 1897, à l’École des Mines du Hainaut, à Mons. Il comprend deux par- es bien distinctes. La première, qui vient de paraître, constitue un essai didactique des plus intéressants : abandonnant la méthode d’en- seignement synthétique habituellement suivie, l’auteur commence par exposer des faits, qu’il analyse ensuite pour en déduire les principes et les théories servant de fondement à la science. S’adressant à des élèves qui n’ont encore aucune notion de géologie, il les conduit donc, dès la première leçon, dans la vallée de la Haine, où ils peuvent prendre sur le fait la formation du limon alluvial; il leur montre ensuite, aux environs, les couches du Pléistocène servant de substratum à ce limon; puis, descendant pas à pas la série des formations géologiques, il étudie successivement, au cours d’excursions dont la plupart se font aux envi- rons de Mons, la composition et l'allure des différentes assises du Ter- taire, du Secondaire et du Primaire de notre pays. Quelques courses rapides à l'étranger permettent de combler les « lacunes » que présente chez nous l’échelle stxatigraphique. Chemin faisant, l’auteur profite des occasions qui s'offrent à chaque pas pour tirer, de cet enseignement sur le terrain, des conclusions de portée générale. De cette façon, quand les élèves aborderont l'étude de la seconde partie de l’ouvrage, — qui constituera un cours systématique et complet de géologie, — ils seront familiarisés déjà, grâce aux exemples concrets qu'ils ont eus 298 ANNEXE A LA sous les yeux, avec les théories qui y sont exposées, et ils en compren. dront nettement la portée et la signification. Cette méthode a l’inappréciable avantage d'apprendre aux élèves que! la géologie est une science d'observation et que les faits sont à la base de toute hypothèse. C’est, sans aucun doute, la méthode la plus attrayante et la plus féconde en résultats; c’est malheureusement aussi la plus longue. Le livre de M. Cornet n’a pas seulement de grands mérites au point de vue de l’enseignement; il est aussi destiné, malgré son caractère élémentaire, à rendre service au publie scientifique. Il constitue, en effet, sinon une description méthodique et complète du sol belge, tout au moins un excellent résumé, succinet et clair, de nos connaissances actuelles sur la géologie de notre pays. Il convient d’äjouter que ce manuel n’a aucunement le caractère d’un travail de compilation : toute la partie descriptive est rédigée d’après les observations de l’auteur, et l’abondante documentation qu’on y trouve est presque tout entière de première main. L'ouvrage, écrit en un style précis et sobre, est assez abondamment illustré. Son apparition marque une date dans notre littérature géolo= gique. B. C.-W. Hayes, Pu. D. — Handbook for Field Geologists. M. C.-W. Hayes, géologue en chef du Service géologique des États- Unis, vient de faire paraître un petit manuel destiné aux géologues qui font des levés sur le terrain. Ce petit livre rappelle beaucoup l'ouvrage publié en 1900 par Sir A. Geikie, Ouilines of Field Geology. Ce dernier livre se rapporte surs tout aux levés géologiques à effectuer dans les pays européens, tandis que le manuel de M. Hayes semble se rapporter spécialement aux levés dans les pays à civilisation plus récente, où le géologue n’a point toujours à sa disposition des cartes topographiques exactes et à grande échelle, où les carrières et les travaux de recherches minières sont peu abondants et où souvent les moyens de communication sont fort rares et parfois font absolument défaut. Le livre de M. Hayes est un livre essentiellement technique et pra= tique, et à chaque page on peut reconnaitre que l’auteur a eu surtout en vue de montrer les bases sur lesquelles les levés géologiques doivent SÉANCE DU 90 JUILLET 1909. 299 se faire et les méthodes à suivre afin que la géologie puisse rendre de réels services et être une science vraiment économique. Ce petit livre sera un guide précieux pour tous ceux qui s'occupent de levés de cartes géologiques, de recherches hydrologiques et minières; il semble qu’il sera aussi utile aux débutants qu'aux géologues qui ont déjà pratiqué depuis de nombreuses années sur le terrain, car, comme le dit bien l’auteur, dans le travail de levés géologiques, comme dans la plupart des autres choses, il y a des méthodes de procédure que _ l'expérience a reconnues meilleures que d’autres; des méthodes médiocres ou mauvaises occasionnent toujours une perte de temps, et les résultats obtenus sont souvent incomplets. Un grand nombre d'observations et conseils qui sont donnés dans ce livre paraîtront absolument élémentaires et se rapportent à des sujets pour lesquels il semble inutile de donner des instructions; mais l’auteur fait remarquer qu'il a reconnu par expérience que les erreurs faites dans des choses aussi simples sont loin d’être imputables seules à des commençants. Nous avons essayé, dans les quelques lignes qui suivent, de faire res- sortir les points les plus importants de ce livre. L'auteur a partagé son ouvrage en deux parties : la première contient les instructions générales et la seconde contient les instructions con- cernant les recherches spéciales. Ce livre étant destiné tout spécialement aux levés géologiques à effectuer en Amérique ou dans les pays semblables, où le géologue a à surmonter une quantité de difficultés matérielles, absence de moyens de communication, etc., l’auteur commence par examiner les qualités physiques et mentales que le géologue doit posséder pour réussir sur le terrain. Il passe ensuite à l’étude des levés, qu’il divise en levés géologiques officiels, effectués pour le Gouvernement, et en levés pour les particu- liers, missions et prospections minières. Il consacre quelques pages à la préparation du travail de levé; il envisage l’organisation, le but du travail, les travaux préliminaires au bureau avant le départ. Un paragraphe spécial est consacré à l'équipement, comprenant les instruments nécessaires au géologue dans les conditions ordinaires, les effets d’habillement et les ustensiles de ménage, les approvisionne- ments à emporter dans les expéditions en pays dépourvus de moyens de communication. Un paragraphe spécial est réservé aux observations sur le terrain: 300 ANNEXE A LA l’auteur fait ressortir la nécessité qu’il y a pour le géologue de ne pas perdre de vue qu’il ne reverra probablement plus jamais l'endroit particulier qu’il étudie, et qu’il doit donc faire ses observations assez exactement pour ne plus devoir y retourner; il est nécessaire de pointer sur la carte bien soigneusement le point observé et d’en faire- une description immédiate par écrit. L'auteur donne également quelques procédés pour l’estimation des distances à vue, ainsi que les moyens pratiques pour arriver à mesurer les distances horizontales, les angles d’inclinaison, etc. Nous devons attirer l'attention toute spéciale sur trois paragraphes qui traitent de la détermination des couches, de leur épaisseur, de leur profondeur et de la direction des failles. Dans ces paragraphes, l’auteur donne des exemples pratiques de la résolution des principaux problèmes stratigraphiques qui se présentent au géologue sur le terrain; ces problèmes sont résolus par les méthodes mathématiques ou graphiques. Ces paragraphes sont suivis de quelques formules de résolution de triangles et de tables trigonométriques. Suivent quelques indications très utiles sur la prise des notes dans le carnet, le repérage des points d'observation sur la carte, le levé et le dessin des coupes et croquis et sur la manière de prendre les photo- graphies ; ies éléments et méthodes pratiques de topographie à l'usage des géologues dans les pays où la carte topographique fait défaut ou doit être corrigée. L'auteur donne ensuite quelques détails techniques concernant le levé géologique d’une mine. Un paragraphe spécial est consacré au prélèvement des collections, à la façon de tailler les spé- cimens, de prendre les dimensions et à l’étiquetage; l’auteur examine en détail la façon de prélever les spécimens de roches, de minéraux, de minerais, les fossiles et les charbons dans les bassins houillers. La deuxième partie de l'ouvrage comprend les instructions relatives aux recherches spéciales. Cette partie de l’ouvrage est entièrement consacrée à ce que l’auteur appelle les Schedule, c’est-à-dire une série de tableaux résumant les principaux points sur lesquels le géologue doit porter son attention dans l’étude d’un certain nombre de terrains différents. Ces tableaux ont été élaborés dans le but de rendre plus systéma- tiques et plus complètes les observations des géologues sur le terrain. Comme le dit l’auteur, ces tableaux sont plutôt un guide et viendront en aide au spécialiste qui est obligé de travailler des sujets en dehors SÉANCE DU 920 JUILLET 1909. 301 A de sa spécialité. Ces tableaux ont été faits pour obvier à quelques-uns des désavantages de la trop grande spécialisation. Ces tableaux ou questionnaires sont au nombre de quatorze et se rapportent aux matériaux et aux dépôts les plus importants que Îles géologues auraient l’occasion de rencontrer sur le terrain. Pour la géologie proprement dite, l’auteur dresse quatre tableaux intitulés comme suit : 4. Description et interprétation des formes du terrain; 2. Pétrogra- phie; 3. Structure; 4. Les glaciers et les dépôts glacraires. Pour la géologie appliquée, l’auteur à formé dix tableaux intitulés comme Sull : 1. Les minéraux précieux et semi-précieux ; 2. Les dépôts de placers ; 3. Les minerais de fer, de manganèse et de bauxite; 4. Les pavés (roches sédimentaires et roches ignées) ; 5. Matériaux pour la fabrica- tion du ciment et de la chaux ; 6. Matériaux de construction pour routes (roche, gravier); 7. L’argile et les schistes; 8. Sable et graviers: 9. Le charbon; 10. Pétrole et gaz. L'auteur termine son ouvrage par une liste des levés officiels elfec- tués jusqu’en 1909 dans l’Amérique du Nord. Ce petit manuel, d’un format de poche, est en vente chez les éditeurs John Wiley and Sons à New-York, ou à Londres chez Chapman et Hall, au prix d’un dollar et demi. | F. HaLer. die —— * BLUE À DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE : 2. — (BRUXÉLLES © PRÉSIDENT D'HONNEUR se ee _ =: Vingt-troisième année Le . . | D Tone SX 1009 LE Ouiaion de BROXELLES ee — HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE . =: Fe 19, rue de Louvain, 4 + | * 1909 SÉANCE MENSUELLE DU 20 OCTOBRE 1909. Présidence de M. À. Rutot, président. La séance est ouverte à 16 h. 34 (25 membres sont présents). 7 Décès. M. le Président à le regret d'annoncer plusieurs morts survenues pendant les vacances. M. Maurice Van Meenen, bourgmestre de Saint-Gilles, délégué auprès de notre Société de l’Intercommunale des Eaux, dont il était le président du Conseil d'administration, était un homme de haut savoir, de vaste instruction, que nous nous honorions de compter dans nos rangs. Le géologue et professeur à l’Université de Sofia, Georges Zlatarsky, ancienne connaissance de beaucoup de nos membres, est décédé subi- tement le { août, alors que son âge permettait d'espérer une longue suite à ses beaux et intéressants travaux de géologie générale et à ses études monographiques sur la région des Balkans. C'est encore en pleine maturité et terrassé en quelques jours, que disparaît le géographe Jean Bertrand, d’une érudition remarquable et rompu aux méthodes sévères de la diseipline géographique. Il a publié dans notre Lulletin, en 1902, des études au sujet de l’action glaciaire sur le relief de la Russie; en 1905, une biographie de F. von Richthofen. Distinctions honorifiques. Notre éminent membre honoraire et précieux collaborateur E. Martel vient d’être récompensé de ses travaux sur le Caucase, par la Comman- derie de l'Ordre de Saint-Stanislas. Le Gouvernement français l’a promu officier de la Légion d'honneur, nommé membre du Conseil supérieur d'Hygiène publique de France et, enfin, profite de sa com- pétence en le chargeant d’une mission d'inspection des eaux issues des calcaires dans la France entière. 1909. PROC.-VERB. 16 304 PROCES-VERBAUX. L'Assemblée, sur la proposition du Président, envoie ses félicitations chaleureuses à M. Martel pour cette série de distinctions. M. le Président signale la présence à la séance de M. le docteur Grôber, qui s’est signalé récémment par l'exploration du Calcaire carbonifère au Thibet; le docteur Grôber revise les collections du Calcaire carbonifère du Musée royal d'Histoire naturelle. M. E. Maillieux, chargé de la même mission en ce qui concerne les fossiles du terrain dévonien, est aussi présent à la séance et ses nom- breuses et intéressantes communications paléontologiques pourront dorénavant être exposées par lui-même. Communications du Bureau. Le Service géologique de Belgique vient de faire paraître les cartes géologiques au 40 000 : N° 90. — Lubbeek-Glabbeek-Suerbempde. — Levés et tracés par M. van den Broeck. N° 453. — Tamines-Fosse. — Levés et tracés par M. X. Stainier, avec la collaboration de M. C. Malaise pour le Silurien, et de M. H. de Dorlodot pour le Dévonien (et le Calcaire carbonifère de la planchette de Tamines), y compris le Tertiaire qui repose sur ces terrains. N° 163. — Biesme-Mettet. — Levés et tracés par MM. L. Bayet (Biesme), H. de Dorlodot (partie Nord de Mettet), G. Soreil (partie Sud de Mettet), M. Mourlon avec la collaboration de G. Simoens (Famennien) et C. Malaise (Silurien). Ces cartes se distinguent par leur fini d'exécution qui fait le plus grand honneur à l’Institut cartographique. Les exemplaires de ce procès-verbal destinés aux membres de la Société contiennent en annexe la circulaire de convocation du premier Congrès d’Entomologie, qui se tiendra à Bruxelles en 1910. Congrès géologique international. (Extraits de la première circulaire.) COMITÉ EXECUTIF. Président : G. DE GER, professeur à l'Université de Stockholm. Secrélaire général : 4.-G. ANDERSSON, professeur, directeur du Service géologique de Suède. Trésorier : H. BacksTrôn, professeur à l'Université de Stockholm. SEANCE DU 20 OCTOBRE 1909. | 305 SESSION. L'ouverture du Congrès aura lieu à Stockholm vers le 18 août 1910 et la séance de clôture se tiendra huit jours après. Le programme du Congrès comprendra des discussions concernant des questions proposées par le Comité exécutif, et des conférences libres, annoncées par des membres du Congrès. Les questions suivantes seront soumises à la discussion : 1. La géologie du terrain archéen. Cette question sera traitée sous les titres suivants : a. Les épreuves d'un mélamorphisme de profondeur dans les schistes cristallins archéens et b. Les principes d’une classification du terrain archéen. Une invitation a été envoyée à plusieurs éminents spécialistes des formations archéennes de divers pays, afin qu'ils présentent au Congrès des conférences introductives sur ce sujet. 2. Les changements du climat après le maximum de la dernière glaciation. | 3. La grandeur et la distribution des gisements de fer du monde. (Les personnes s'intéressant spécialement à cette question sont priées d'étudier Zeitschrift für praktische Geologie, 1909, pp. 75-77, où se trouve un exposé plus détaillé de ce sujet.) 4. La géologie des régions polaires. ‘En plus des dits quatre sujets en discussion, il est probable qu’un cinquième sera proposé dans le domaine de la paléontologie. Cependant, cette question n’est encore que peu préparée. EXCURSIONS. Les excursions en Suède, projetées en rapport avec le Congrès, seront étendues de la côte australe de Skâne jusqu’à l'extrémité Nord de Torneträsk, distance de plus de 13° de latitude. De plus, une excursion sera faite à l’Isfjord au Spitzberg (78°5 N.). Vu les conditions du climat, il est nécessaire d'organiser toutes les excursions vers le Nord avant la session; à ce groupe il faut aussi joindre l'excursion aux tourbières de Närke, pour éviter une coïncidence avec d’autres excursions qui soccupent aussi des tourbières. Pendant la session, quelques petites excursions seront faites. Après la session, un groupe d’excursions sera organisé dans la Suède méridionale; elles seront suivies par des excur- 306 PROCÉS-VERBAUX sions en Skâne. Les premières excursions (Spitzberg, la Suède septen- trionale) commenceront environ le 95 juillet et les excursions en Skâne finiront vers le 16 septembre. Des renseignements détaillés sur les dates, les itinéraires, frais d’excur- sions, etc., seront donnés prochainement dans une seconde circulaire. (Circulaire complète à la disposition des Membres au Secrétariat.) Congrès international des mines, de la métallurgie, de la mécanique et de la géologie appliquées. Dusseldorf, 1910. 1. Le Comité d'organisation du Congrès a pour présidents le Bergrat KLEINE, président du Verein für die bergbaulichen Interessen im Oberberg- amtsbezirk Dormund et le Kommerzienrat SPRINGORUN, directeur général des Usines et Aciéries Hoesch, président du Verein Deuischer Eisen- hütltenleute, et pour secrétaires généraux le D' ingénieur h. c. SCHRÔDTER, directeur du Verein Deutscher Eisenhüttenleute, et le Bergassessor von u. zu LoEWENSTEIN, directeur du Verein für die bergbaulichen Interessen im Oberbergamtsbezirk Dormund. 2, Sont membres du Congrès : a) Les membres d'honneur ; b) Les membres donateurs, dont la cotisation sera d’au moins 100 marks (195 francs); c) Les membres adhérents qui déclarent faire partie d’une des quatre sections et dont la cotisation s’élèvera pour une section à 20 marks (25 francs), plus une majoration de 5 marks (fr. 6.25) par chaque section nouvelle dont ils voudront faire partie. Les membres de la catégorie C devront avoir été actifs au point de vue scientifique ou pratique dans l’une des quatre spécialités du Congrès. 3. Les membres d'honneur du Congrès et les donateurs recevront tous les rapports imprimés du Congrès. Les adhérents ne recevront que ceux des sections pour lesquelles ils sont inscrits. Ils pourront toutefois acquérir le droit de s'inscrire ultérieurement pour plusieurs ou toutes les sections et de recevoir les autres publications, moyennant un supplément de cotisation de 5 marks (fr. 6.25) par chaque section nouvelle dans laquelle ils seront inscrits. Les travaux du Congrès s’effectueront : 1. En séances plénières, comportant plusieurs rapports d’un intérêt plus général ; 2. En séances de sections, comportant des délibérations sur des questions importantes d’exploitation des mines, de métallurgie, de mécanique et de géologie appliquées ; SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1909. 307 3. Visites d'établissements scientifiques et industriels ainsi qu’excursions dans des districts présentant un intérêt géologique. Les adhésions doivent être adressées avant le 1er mars 1910, en indi- quant la section dont on désire faire partie, au : Arbeitsausschuss des Internationalen Kongresses, Düsseldorf 1910, Düsseldorf, Jacobistrasse 3/5. La cotisation devra être adressée en même temps à l'adresse : Stahl- werksverband À.-G. à Düsseldorf, avec la mention Congress 1910. PROGRAMMES SCIENTIFIQUES PROVISOIRES DES SECTIONS. Section 1! : Mines. 1. Fonçage des puits, en particulier : procédés par cimentation, par congélation et cuvelages à de grandes profondeurs, revêtements en béton et béton armé. 2. Extraction, procédés d'exploitation, soutènements, remblayage hydraulique, emploi du béton armé, conservation des boisages, éclairage. 3. Extraction par puits et roulage, câbles, transport dans les galeries de roulage et au front de tailie. 4. Épuisement. 9. Danger du grisou, de la poussière de charbon et d'incendies en général et mesures préventives. 6. Préparation mécanique du charbon et des minerais, fabrication des briquettes et utilisation des produits secondaires et déchets (charbons de moindre qualité). 1. Géométrie souterraine. 8. Statistique minière officielle. 9. Installations sanitaires et de secours. Section 11 : Métallurgie. A. Fabrication de la fonte. 1. Usines à coke. a) Fours. b) Installations mécaniques. c) Récupération des sous-produits. 2. Minerais. a) Nouveaux gîtes. b) Développement et avenir des procédés de briquetage de minerais 3. Métallurgie du haut fourneau. a) Influence des corps étrangers. b) Composition des laitiers. ‘308 PROCÈS-VERBAUX. 4. Marche des hauts fourneaux. a) Transport, emmagasinage et chargement. b) Épuration des gaz et clarification des eaux. c) Dessiccation du vent. d) Machines à couler et mélangeurs. 5. Utilisation des sous-produits. a) Gaz b) Poussières du gueulard. c) Laitiers (pour remblayage, ciments, pierres, béton). B. Fabrication du fer malléable. 1. Progrès dans la fabrication du fer et de l’acier tant au point de vue métallurgique qu’au point de vue de la construction. a) Procédés en cornues Bessemer et Thomas. b) Procédé sur sole. c) Electro-métallurgie de l'acier. 2. Fabrication et traitement des aciers spéciaux et des alliages d’acier. C. Élaboration du fer et de l'acier. 1. Progrès de la fonderie de fer et d’acier. . Parachèvement du fer maliéable. a) Forgeage au marteau et à la presse. b) Laminage. c) Ajustage. d) Développement des procédés de soudage. 3. Les moteurs de laminoirs au point de vue technique et économique (vapeur, gaz, électricité). to D. Essais du fer et autres métaux. 1. Essais chimiques. 2. Epreuves mécaniques. 3. Métallographie et métallomicroscopie. E. Questions économiques de l'industrie du fer. 1. Statistiques. 9, Questions ouvrières et sociales. 3. Questions de brevets. F. Progrès dans la métallurgie des métaux autres que le fer. Section II : Mécanique appliquée. 1. Histoire des machines utilisées dans les mines et en métallurgie. 2. Production de la vapeur. SÉANCE DU 90 OCTOBRE 1909. 309 3. Centrales électriques a) Machines à pistons (à vapeur, à gaz). b) Turbines. 4. Condensation centrale. 5. Machines d'extraction. a) À vapeur. b) Électriques. c) Appareils de sûreté et signaux indicateurs. 6. Épuisement. 1. Ventilateurs et compresseurs. 8. Souffleries pour hauts fourneaux et aciéries. a) Souffleries à piston. b) Turbo-compresseurs. 9. Moteurs pour laminoirs. > 10. Laminoirs et leurs accessoires. 11. Appareils de transport pour les mines et la métallurgie. a) Pour matières premières (minerais, charbon, coke. b) Grues spéciales et chariots de coulée. c) Appareils de chargement et de déchargement. Section IV : Géologie appliquée. 1. importance de la géologie appliquée pour la science et l’économie politique. 2. Tectonique et genèse des gisements utilisables, évaluation des quan- tités exploitables et richesse absolue des gisements. 3. Étude des tremblements de terre. Magnétisme et chaleur terrestre. 4. Questions d’hydrologie. 9. Utilisation des forces hydrauliques. Barrages. Correspondance. L'établissement géographique Justus Perthes envoie un spécimen de la nouvelle publication Geographischer Monatsbericht, qui renseigne les lecteurs sur les personnalités scientifiques, les découvertes les plus récentes et la bibliographie des travaux parus dans le mois. — Le Conseil municipal de Palma (iles Baléares) adresse tardive- ment le programme d’un concours ouvert à tous les hydrologues pour doter la ville d’eau potable. (Renseignements au Bureau.) — M. A. Cels fait hommage de son ouvrage : L'évolution géologique de la Terre et l'ancienneté de l'homme. — L'« Expansion belge » fait hommage du travail d’un de nos membres : À travers le Congo belge, œuvre excellente de vulgarisation, 310 PROCÈS-VERBAUX. en même temps fort précise et abondamment illustrée, que son prix modeste (2 francs) met à la portée de tous. — La deuxième livraison de Leit fossilien de Georges Gürich, com- prenant les fossiles dévoniens, paraît ce mois-ci (14 marks). Librairie Borntraeger (Berlin). Dons et envois reçus : 9906. 0907. 9908. 9909. 9910. 5911. 0912. 0913. 9914. 9915. 1° De la part des auteurs : … Le Service géologique du Portugal, de 1907 à juin 1909. Lis- bonne, 1909. Extr. des Com. Du SERVICE GÉOLOGIQUE bu Por- TUGAL, t. VII, pp. 28-38. ) Hobbs, W. H. Publications of Wülliam Herbert Hobbs, 1886-1908. AN. ARB., 1909. Broch. in-8° de 8 pages. Hobbs, W. H. À Sfudy of the damage to bridges during earthquakes. Chicago, 1908. Extr. du JourNaz or GEoLoey, vol. XVI, n° 7, octobre-novembre, pp. 636-653 et 8 figures. Hobbs, W. H. Apparatus for instruction in geography and structural . geology. Edimbourg, 1908. Extr. de Scottish GEOGRAPHICAL Ma-. GAZINE, décembre, pp. 644-652, 8 figures. Hobbs, W. H. Apparatus for instruction in geography and structural geology : IL. The interpretation of geologic maps. Extr. de _ SCHOOL SCIENCE AND MaTRENATICS, 1909, vol. IX, pp. 644-653, 6 figures. Hobbs, W. H. Construction in earthquake countries. New-York- Londres, 1909. Extr. de THE ENGINEERING MAGAZINE, vol. XXXVIL, n° 6, septembre, pp. 929-947 et 6 figures. Hobbs, W. H. The Messina earthquake, Extr. de AMERICAN GEOGRA- PHICAL SOCIETY, 1909, vol. LXI, juillet, pp. 409-422 et 4 figures. Hobbs, W. H. The evolulion and the outlook of seismic geology. Philadelphie, 1909. Extr. des Proc. oF THE AMER. Puicos. Soc., vol. XLVILL, n° 199, 44 pages, 2 planches et 8 figures. Ameghino, F. Le litige des scories et des terres cuites anthropiques des formations néogènes de la République Argentine. Buenos-Ayres, 1909. Brochure in-8° de 12 pages. Arctowski, H. L’enchainement des variations climatiques. Bruxelles, : 1909. Extr. du BuLL. DE LA Soc. BELGE D'ASTRON., 135 pages et 62 figures. 5916. 5917. 5918. 0919. 0920. 0921. 5922. 5923. SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1909. 311 Choffat, P. Bibliographie géologique du Portugal et de ses colonies, &-série, 1906-1907, et Addenda pour 1908. Lisbonne, 1909. Extr. des CoMM. DU SERVICE GÉOL. DU PorRTuGaAL, pp. 187-221. Choffat, P. Notice nécrologique sur Perceval de Loriol. Lisbonne, 1909. Extr. des Comm. DU SERVICE GÉOL. DU PorTuGaAL, t. VII, pp. 23-27 et À portrait. Delgado, J. F. N. Relatorios sobre a reorganizaçào dos Serviços geolo- gicos apresentados ao Ministro das publicas en 1899 (publicaçao posthuma). Lisbonne, 1909. Extr. des ComM. DU SERVICE GÉOL. DU PorTucaL, t. VII, pp. 168-186. Doudou, E. La merveilleuse grotte d'Engihoul. Seraing, 1909 (?. Extr. de l’Eveiz, pp. 69-84 et 10 figures. Dowson, E. M. Measurement of the volumes discharged by the Nile during 1905 and 1906, with a Note on rating formulae for current-meters, by J. IL. Craig. Le Caire, 1909. Extr. du SURVEY DEPARTMENT 0F EGyPT. Parers, n° 11, 82 pages, 6 planches. Dubreucq, R. À travers le Congo belge. Bruxelles, 1909. Brochure in-4° de 83 pages, 185 figures et 1 carte. Geikie, J. Trailé pratique de géologie. (Traduit et adapté de l’ouvrage anglais Structural and field geology, par M. Paul Lemoine, avec une préface de Michel Lévy). Paris, 1909. Volume grand in 8° de 489 pages, 64 planches et 187 figures. Grosch, P. Phylogenetische Korallenstudien (Die Axophylliden). Inau- gural Dissertation zur Erlangung der Doktorwürde genehmight von der philosophischen Fakultät der Rheinischen Friedrich- Wilhelms Universität zu Bonn. Berlin, 1908. Extr. de ZEITscHR. D. DEUTSCH. GEOL. GES., 38 pages, 1 planche et 11 figures. . Henglein, M. Ueber Kristallformen des Anatas. (Inaugural-Disser- tation.) Heidelberg, 1909. Brochure de 49 pages, 3 planches et 1 figure. . Labat, A. La fin du monde. Périgueux, 1909 (?). Brochure in-12 de 6 pages. . Mieg, M., et Stehlin, H. G. La mer helvétienne dans le bassin du Haut- Rhin. Nancy, 1909 (?). Extr. du BULL. DE LA Soc. DES SCIENCES, 2 pages. . Reuter, L. Die Ausbildung des Oberen Braunen Jura im nôrdlichen Teile der fränkischen Alb. (Ein Beitrag zur Kenntniss der frän- kischen Jurameeres). (Inaugural Dissertation.) Munich, 1908. Volume in-8° de 119 pages, 7 planches et figures. 4909. PROC.-VERB. 16° . 9928. Schwers, H. Quelle eau boiront les mineurs de la Campine? Seconde notice. Bruxelles, 1909. Extr. du BuLL. DE LA Soc. Roy. DE MÉDEC. PUBL. ET DE TOPOGR. MÉDIC. DE BELGIQUE, t. XXVII, Âre partie, 4 pages. 312 PROCÈS-VERBAUX. 0929. Steinmann, G. Ueber die neuerdings in alt- und vorquartären Schichten gefundenen Menschenspuren. Marburg (Lahn), 1908 (?). Extr. de NIEDERR. GEOLOGISCHER VEREIN, 30 novembre, pp. 56-58. 5930. Steinmann, G. Das Alter der Schieferformation im Feuerlande. Leip- zig, 1908. Extr. de CENTRALBLATT FÜR Min., n° 7, pp. 193-194. 9981. Steinmann, G. Die Entstehung des Nephrits im Ligurien und die Schwellungsmetamorphose. Bonn, 1908. Extr. des SITZUNGSB. DER NiepeRR. GES. FÜR NAT. UND HEILK., 13 pages et 4 figures. 5932. Steinmann, G. Probleme der Ammoniten-Phylogenie (Gattung « Hetero: tissotia »). Bonn, 1909. Extr. des Sirzuncs8. D. NIEDERR. GES. FÜR NAT. UND HEILK., 16 pages et 9 figures. 5933. Steinmann, G. Rassenpersistenz bei Ammoniten. Eine Erwiderung: Stuttgart, 1909. Extr. de CENTRALBLATT FÜR MINER., n° 8, pp. 193-203 et 225-239, et 14 figures. 5934. Steinmann, G. Zur Abstammung der Süuger. Berlin, 1909. Extr. de ZEITSCHR. FÜR INDUKTIVE ABSTAMM.- UND VERERBUNGSLEHRE, ll, Heft 2, pp. 65-90 et 18 figures. 4866. Don Guillermo Yunge. Estadistica minera de Chile en 1906 à 1907, | t. III. Santiago de Chile, 1909. Volume gr. in-8° de 518 pages, 40 planches et 18 figures. 5659. Burrard, S. G. (Colonel), and Hayden, H. H. À sketch of the geograply and geology of the Himalaya mountains and Tibet. Part. I The geology of the Himalaya. Calcutta, 1908. Volume 1in-4° de 102 pages, 12 planches et 1 carte. R Présentation et élection de nouveaux membres. Sont élus par le vote unanime de l’Assemblée : En qualité de membres effectifs : MM. Curis, conducteur de travaux, rue des Coteaux, à Bruxelles, pré" senté par MM. Halet et Greindi. | | E. Dugois, ingénieur civil des mines, 73, rue du Centre, à Ver-\ viers, présenté par MM. Halet et Mourlon. | | NorgerT Enscx, docteur en médecine, chef du service d'hygiène et de médecine préventive de Schaerbeek, 38, rue Henri Bergé,à Bruxelles, présenté par MM. Cosyns et Greindl. SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1909. 313 Henri HomBLé, ingénieur agronome, professeur de sciences natu- relles à l’Institut agricole de Koueï-lin (province de Kouang-Si), 10, rue Edelinck, à Anvers, présenté par MM. Grégoire et Greindl. Rapzirzky D'Osrrowicx (baron Ivan de), 6, rue Paul Devaux, à Liége, présenté par MM. van den Broeck et Cosyns. SIMONET, bourgmestre d’Oisquercq, présenté par MM. Halet et Greindl. AMARO VAN EMELEN, recteur du gymnase de Sao Bento de Rio de Janeiro, présenté par MM. Mourlon et Halet. Discussion des thèses présentées à des séances précé- dentes. H. Scaxwers. — L'état actuel de la déferrisation des eaux potables. À propos de la communication que M. le docteur Schwers avait faite à la Société en avril dernier (!), une personnalité tchèque autorisée de l’agglomération de Prague lui à fait remarquer que l'opposition faite au projet d'alimentation en eau potable présenté par Thiem n’était pas avant tout une question politique, mais se justifiait suffisamment par impossibilité de trouver la quantité d’eau nécessaire à toute l’agglo- mération dans la région dont on se proposait d'exploiter l’eau souter- raine. Il était difficile à M. Schwers de caractériser en deux lignes une situation compliquée, se présentant sous plusieurs faces; s’il s’en est tenu à deux moufs d'opposition au projet de Thiem, c’est qu'ils lui avaient été renseignés à Prague même, par des Tehèques, comme d’une importance capitale dans la question. Il croit bien faire en transmettant ces déclarations à ses confrères. Docteur PosxiN. — La Rabdomancie. M. le professeur von Koenen a eu la gracieuseté d'adresser au Secré- tariat un articulet de journal relatant un nouvel échec de la baguette magique. M. le docteur Poskin fait remarquer qu’il réunit un important dossier (1) Bull. de la Soc. belge de Géol., t. XXHI, Pr -verb., p. 162. (Le passage visé dans la rectification est à la page 169, alinéa 2.) 314 .._ - PROCÈS-VERBAUX. de recherches des eaux par la baguette divinatoire, que les résultats soient positifs ou négatifs. | É Il compte les résumer impartialement pour les Mémoires, et demande que la Société diffère actuellement toute discussion à ce sujet. Il con- viendrait aussi d'attendre cette publication pour nommer une commis- sion chargée de vérifier les travaux de l’expérimentateur de bonne foi dont 1l a parlé dans sa communication. Le Bureau décide de joindre le cas cité par le professeur von Koenen au dossier du docteur Poskin et accepte ses propositions. Communications des membres. H. DE DoRLODOT. — Les faunes du Dinantien et leur signification stratigraphique. H. DE DorLopor. — Description succincte des assises du Calcaire carbonifère de la Belgique et de leurs principaux facies litho- logiques. Ces deux travaux, imprimés en épreuve préalable, ont été distribués à tous les membres participant à la session extraordinaire. Ils paraîtront aux Mémoires. EUGÈNE MAILLIEUX. — Sur une cause fréquente d'erreurs dans la détermination de certains Brachiopodes de l'Infradévonien. On sait que beaucoup d’espèces de Brachiopodes du Dévonien infé- rieur ont leur diagnose basée uniquement sur les caractères du moule interne de la coquille, ce dernier étant, la plupart du temps, seul connu. De là une source d’erreurs sur lesquelles je me propose d'attirer l'attention. Si certains des caractères du moule interne ont une importance essentielle (impressions musculaires, incisions des supports dentaires et du septum, trace du processus cardinal), il en est d’autres que leur extrême variabilité fait changer à chaque stade de croissance : notam= | ment les côtes qui ornent les formes plissées, l’ornementation du, moule et sa forme générale. Les caractères essentiels eux-mêmes ne sont pas absolument immuables, mais sont plus constants dans leurs | grandes lignes. La coquille de la plupart des Brachiopodes du Dévonien inférieur « est presque toujours très mince, surtout dans la partie frontale. Chez SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1909 319 les très jeunes individus, cette ténuité est nécessairement plus àccentuée encore, et il n’est dès lors pas étonnant que, généralement (entre autres chez les Spirifères), l’intérieur de la coquille épouse, en gros, les reliefs de la surface externe (l’ornementation lamelleuse exceptée) et en reproduise le nombre et la forme des plis. Le moule interne est alors, en partie, une image plus ou moins fidèle, à part certains détails, de l’extérieur de la coquille. Mais que, avec l’âge, certaines parties du test s’épaississent, ce qui na rien que de très naturel, notamment dans la région du crochet et de la charnière, il en résulte alors que certains des caractères internes correspondant aux caractères externes, visibles dans le jeune âge, s’atténuent, finissent par se modifier et même par disparaitre. Il est évident que le moule interne d’un individu jeune et celui d’un individu adulte offriront ainsi cer- taines dissemblances; et il en est résulté souvent une regrettable confusion dont l’un des inconvénients, et non le moindre, a été d'amener les naturalistes à créer des espèces différentes pour des formes représentant tout simplement des stades divers de croissance d'un même animal. Le cas se présente, par exemple, pour le Spirifer primæœvus Steininger, dont la forme jeune a été décrite par Maurer (!) comme espèce autonome sous le nom de Sp. prohystericus, avec la diagnose suivante : « Forme très voisine du Sp. hystericus, avec la ligne cardi- nale plus longue, à angles latéraux pointus, grand nombre de plis et impression des supports dentaires peu divergents. » Scupin (2) à consi- déré le Sp. prohystericus Maurer (— Sp. subhystericus Seupin) comme une forme de passage entre les Sp. hystericus et primævus, et 1l énumère les différences suivantes entre les deux formes primævus et prohystericus : cette dernière (il s’agit des moules internes) a les plis plus fortement aigus et atteignant Jusque près de la charnière; la première est plus fortement bombée, a la protubérance musculaire beaucoup plus saillante, et les plis latéraux du moule de la grande valve, très prononcés au front, s’effacent graduellement et disparaissent vers la moitié du moule. C’est avec raison que M. Drevermann (5) a établi qu'il ne s’agit là que de simples différences dues à l’âge. On comprendra sans peine que l’épaississement de la coquille au (4) Die Fauna der rechtsrheinischen Unterdevon, 1886, p. 19. (2) Spiriferen Deutschlands, pp. 16 et 85 (1900). (3) Die Fauna der Siegener Schichten von Seifen (1903-1904), p. 247. 316 PROCÉS-VERBAUX. voisinage du crochet, outre qu’il a atténué fortement la profondeur des sillons latéraux internes du test correspondant aux plis latéraux externes, a modifié notablement l’aspect de la face interne dont le moule paraît moins transverse et recouvert d’un nombre moindre de plis, ceux-ci n’atteignant plus la charnière. Comme la coquille est restée relative- ment plus mince au front, les plis du moule y sont naturellement restés plus prononcés. Rien d’étonnant non plus à ce que la protubérance musculaire de l’animal se soit développée avec l’âge et ait accentué notablement ce caractère saïllant que l’on voit, du reste, se manifester déjà sur les moules des grandes valves du stade prohystericus. Après avoir examiné les admirables séries du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique, dont j'ai entrepris l’étude et parmi lesquelles J'ai trouvé des . formes montrant le passage insensible, par des stades successifs dus uniquement à l’âge, du Sp. prohystericus au Sp. primævus, je ne puis conserver aucun doute sur l'identité des deux espèces. Les données stratigraphiques confirment cette manière de voir, car ces formes sont intimement associées dans lies mêmes gisements et sont limitées toutes deux au Siegenien [Coblencien pro parte de la Carte géologique officielle, Taunusien (— grès d'Anor — Taunusquarzit) et Hunsruckien (= grauwacke d’'Houffalize — Siegener Schichten — Hunsrückschiefer)]. Quant au nombre moindre des plis du moule de la grande valve du Sp. primœvus, je possède, du Taunusien de Petigny, deux grandes valves de cette espèce, dont le test, très bien conservé, montre clairement que si la face interne a moins de plis, c’est uniquement parce que l’épaississement de la coquille les a, avec l’âge, atténués à l’intérieur, tout en les laissant subsister en nombre normalement supérieur sur la face externe. | J'aurais d’autres exemples à citer, notamment parmi les Spirifères et les Athyris, mais ce serait prématuré, et, de plus, le cadre de cette simple note s'oppose à un développement plus considérable. Je n'ai du reste voulu qu'attirer l’attention sur un point délicat, dont on ne tient pas toujours compte au risque de surcharger la synonymie déjà si embrouillée de la nomenclature paléontologique; et j'estime que si l'étude du moule interne des Brachiopodes est indispensable parce qu’elle nous fait connaître les appareils internes de la coquille, les caractères de ce moule sont souvent insuffisants pour justifier [a diagnose d’espèces nouvelles, que l’on ne peut guère établir avec toutes garanties de certitude si l’on n’a pas sous les yeux un certain nombre d'individus offrant, conjointement avec le moule interne, l'empreinte de l’extérieur de la coquille. SÉANCE DU 920 OCTOBRE 1909. 917 G. Cosyxs. — Curieux cas de dissolution de calcaire. Dans le chantoir connu sous le nom de « Trou d’Haquin », qui fait l’objet d’une étude détaillée de la part de MM. van den Broeck et Rahir (!), on peut voir de nombreux et curieux exemples de dissolution. Entre autres, on observe, non loin de l'entrée, de gros bancs calcaires partiellement effondrés. La structure et la composition de la | roche ne sont pas homogènes; la partie supérieure compacte est assez pure, mais peu à peu quelques nodosités de calcaire plus argileux viennent en altérer l’homogénéité. Ces nodules hétérogènes deviennent de plus en plus nombreux; finalement le calcaire acquiert une véritable stratification formée par une alternance de couches de calcaire pur et de calcaire argileux. L’eau qui ruisselle à la surface de ces bancs détermine, dans la partie homogène de la roche, des figures de corrosion quelconques, mais dès (2) VAN DEN BROECK, MARTEL et RaAHIR, Cavernes et rivières souterraines de Belgique. Bruxelles, 1909. 318 PROCÈS-VERBAUX. que l’eau attaque le calcaire impur, chaque nodosité de calcaire | argileux plus tendre mais moins soluble fait saillie. L’eau coule à droite et à gauche de ces petites proéminences en creu- sant des sillons profonds formés d’une chaîne de godets bien alignés. Au point où la roche se stratifie, chaque intercalation de calcaire argileux peu soluble fait fortement saillie en recoupant le ruissellement de l’eau par une série de barrages. Entre chacune de ces intercalations proéminentes, l’eau, dans un mouvement de retour, approfondit le calcaire et y creuse des espèces de petites vasques dans lesquelles elle peut séjourner. La photographie ci-dessus montre les chaînes de godets alignés verticalement recoupées par les couches de calcaire impur, qui se pré- sente ici obliquement. Le banc rocheux ainsi corrodé a été fortement dérangé; sa stratification horizontale, en suivant les mouvements de la roche, se présente sous divers angles; or, quelle que soit la position de la roche, sa structure interne est mise en relief avec la même ampleur. Ce cas particulier de dissolution montre toute l'importance que l’on doit attacher 4° au pouvoir dissolvant de l’eau, 2° à la nature plus ou moins soluble de la roche, pour expliquer le creusement des cavernes et l'allure du relief dans les terrains calcareux. G. HASSE. — Les Morses du Pliocène à Anvers. Inséré aux Mémoires. A. RutoT. — Sur la découverte de nouveaux squelettes humains dans les abris-sous-roche de la vallée de la Vezère (Dordogne). Inséré aux Mémoires. La séance est levée à 18 heures. ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL. COMPTE RENDU BIBLIOGRAPHIQUE D' Posxi. — Topographie médicale du Royaume de Bel- gique. Zone XI. Des Ardennes. Sections 1-7. Un volume in-8° de 498 pages. _ Cet important travail forme une documentation des plus étendues sur toutes les communes du haut massif ardennais. Il débute par une description géographique et géologique de la région, l’histoire générale et l’origine des populations, des indications sur l’occupation du sol et le mouvement de la population. La plus grande partie de l’ouvrage est consacrée à la monographie de chaque commune, entrant dans des détails en rapport avec son importance, en observant toujours le plan suivant : aperçu historique; statistique des boisements, déboisements et terrains incultes, accroissement de la population, géologie, indi- cation du mode d'alimentation en eaux, conditions hygiéniques de l'habitat, morbidité et mortalité. Les études générales les plus intéressantes pour les géologues et les hydrologues forment le chapitre relatif aux eaux, d’une importance capitale, puisque cette section comprend la majeure partie de nos eaux minérales. Le chapitre de la climatologie de la région est aussi très documenté. Enfin, au sujet de l'habitat, l’auteur expose la situation actuelle et les améliorations dont elle est susceptible. Les conclusions de l’auteur sont des plus intéressantes : elles montrent qu'avec des ressources hydrologiques plus que suftisantes cette portion de l’Ardenne n’a pas toujours de l’eau potable de bonne qualité; elles tendent aussi à demander qu’on fasse l'éducation de l’Ardennais au point de vue de l’hygiène. Des conférences à ce sujet, 320 ANNEXE A LA données par les médecins de village, pourraient produire des résultats très efficaces. Tous ceux qui aiment la beauté sauvage de l’Ardenne, le caractère rustique, loyal et franc de ses habitants, ressentiront un vif plaisir en lisant ce travail, car ils pourront se dire qu’à leur prochain séjour dans ces régions agrestes, ils communieront davantage avec le pays, grâce à la connaissance nouvelle qu’ils en auront acquise. Nous remer- A cions l’auteur du labeur excessif qu’il a consenti à accumuler, pour mieux faire connaître le territoire de Spa et de ses environs ardennais, et le félicitons sincèrement de la grande médaille d’or que lui a décernée la Société royale de Médecine publique, à l'occasion de la publication de cette monographie. L. G. E. Hozzaprez. — Sur les nouvelles observations faites dans les régions métamorphiques des Ardennes. (/Veues Jahrb. für Min., Geol. und Pal., t. 1, 1909.) L’attention a été attirée récemment sur nos mystérieuses roches métamorphiques de Bastogne par le remarquable mémoire que notre collègue, M. X. Stainier, leur a consacré. La publication du compte rendu de l’excursion faite peu après par les deux sociétés géologiques du pays, a mis nos confrères à même de se rendre compte des difficultés d'interprétation que présente ce territoire. Par cette dernière publi- cation et par les notes de MM. Dannenberg et Holzapfel y annexées, chacun est mis en possession des principales données de l’attachant problème. Comme un nouveau travail de M. Holzapfel vient de paraître, il m’a paru utile de le joindre aux autres traductions. Mais l’impression ayant été retardée par des circonstances indépendantes de la volonté de l’auteur, il se fait que certains passages font double emploi avec le compte rendu de l’exeursion, et aussi que l’auteur n’a pu tenir compte des remarques faites plus tard. Dans ces conditions, j’ai cru devoir limiter le résumé du travail de M. Holzapfel à ce qui est nouveau pour nous et à ce qui est plus développé que dans d’autres notes. Les passages textuels sont entre guillemets. Les indications (CG. R.) renvoient au compte rendu de l’excursion publié dans notre tome XXII, page 453. Les quelques remarques que je me suis permises sont ajoutées en note, au bas des pages. IW. PRINZ. Après avoir rappelé dans les premières pages la géologie générale de la région de Bastogne et les deux théories qui tentent d'expliquer l'origine du métamorphisme qu’elle présente, l’auteur énumère, avec MM. Gosselet et Stainier, les divers types de roches qu’on y ren- SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1909. 321 \ contre (2). Puis il décrit les filons de quartz avec leur tendance à la localisation dans les bancs quartzitiques, où ils sont souvent ployés en S (2). En parlant de la faible action de contact que M. Stainier attribue à la petitesse des apophyses de la roche éruptive que l’on admet exister en profondeur, M. Holzapfel ajoute aux exemples observés dans la vallée de la Hell (C. R., p. 459) les schistes transformés en cornéenne au contact de la « porphyroide » de Mairus (Meuse). La discussion relative aux deux théories métamorphiques donne lieu aux remarques suivantes, dont la première concerne le métamor- phisme dynamique en rapport avec la formation de vastes plis et un relèvement des isogéothermes. Cette conception fait appel, on le sait, à un anticlinal de 12 kilomètres de hauteur environ, déterminé par les coupes de M. Fourmarier. _ « Pour l’Ardenne, on peut opposer à cette manière de voir que les 10 000 mètres de roches dévoniennes ne peuvent pourtant pas avoir reposé uniquement sur l’espace si restreint qui constitue la zone de Bastogne (‘), on doit admettre une couverture analogue sur des régions plus étendues et pourtant on n’v trouve pas de trace de métamor- phisme. Déjà à une petite distance au Nord de Bastogne, le Gedinnien et le Taunusien ne sont pas métamorphiques. » En outre, si la température de 300°, qui correspond à une profon- deur de 10 000 mètres, jointe à la pression, était capable d'expliquer la métamorphose, il devrait être possible de reproduire, dans le labo- ratoire, le grenat, la hornblende, etc., comme ils apparaissent dans les auréoles de contact et dans la zone de Bastogne. Cela n’a pas réussi Jusqu'ici, comme l’on sait, quoiqu’on ait réalisé certaines transforma- (a) J'établirai bientôt que beaucoup de ces roches grenatifères, amphibolifères et autres sont faiblement feldspathiques. (?) Les filons en S de la figure 1 du C. R. (p. 474) me rappellent de très près les crevassemeñts que J'ai obtenus par glissement. _Stapff en explique très bien le mécanisme. En complétant la figure 1 précitée par deux flèches, l’une en haut du croquis et ayant sa pointe vers le Sud-Est, l’autre en bas et avec la pointe vers le Nord-Ouest, la forme des fissures s’explique d’elle- même. (c) En remarquant (Bull., juillet 1904) qu'il était inutile « d’entasser Pélion sur Ossa pour faire de l’Ardenne une rivale des Alpes », je me basais sur l’allure de ses plisse- ments. Je ne crois pas que cette allure autorise la construction d’un antielinal ayant les proportions de 12 kilomètres de haut sur 60 kilomètres seulement de base (Theux- Dasbourg). 322 ANNEXE A LA tons, telles que celle du calcaire compact ou de la poudre calcaire en calcaire grenu (d). » Les adhérents du métamorphisme de contact doivent, il est vrai, | admettre des venues répétées de magma granitique, car, outre le granit postdévonien inférieur supposé, il y a, dans les Ardennes, des indices. de l’existence de grandes quantités de roches feldspathiques antédévo- niennes. Depuis longtemps, on à considéré comme de tels indices les arkoses à feldspath ou kaolin du Dévonien le plus inférieur (arkoses de. Haybes, Weismes, etc.) et des couches de Siegen. On ignore d’où ces roches tirèrent leur feldspath. Renard l’attribuait à un massif gneissique étendu, qui aurait été détruit par érosion. » Les arkoses sont encore fréquentes dans le Dévonien inférieur plus récent de la région ardennaise, notamment dans les roches rouges. d’Aix-la-Chapelle dont il est question dans les additions du Compte rendu (p. 530). « Dans le Dévonien moyen et dans le Dévonien supérieur, ainsi ! que dans le Carbonifère inférieur, les roches clastiques à feldspath manquent; 1l n’y a donc pas d'indication que des roches granitiques ou analogues aient affleuré sur des espaces considérables. » Les grès kaolineux ne reparaissent que dans les parties profondes du Carbonifère supérieur. En admettant que les anciennes roches éruptives antédévoniennes, dont proviennent les arkoses du Dévonien inférieur, aient eu leur gisement dans les Ardennes, elles sont couvertes par les sédiments dévoniens. Donc les roches kaolineuses du Carbo- nifère ne permettent pas de conclure à la venue d’une roche éruptive feldspathique, mais, puisqu'il s’agit d’une roche profonde granitique, de dire qu’une semblable roche fut mise à nu au début du Carbonifère supérieur, puis érodée. L’âge et le lieu de son intrusion sont inconnus. De toute manière, ce ne sont pas ces roches qui amenèrent la méta- morphose des sédiments -cambriens et infradévoniens, en admettant que celle-ci soit attribuable à des actions éruptives, car, jusqu'ici, on ne les à pas mises au jour. » Il ne resterait donc à considérer que les granites de Lamersdorf et de la Hell, dont parlent les annexes du Compte rendu (p. 513). Puis (d) S'il n’a pas été possible, en effet, de créer artificiellement les minéraux men- tionnés, dans les conditions qu'ils affectent dans les contacts, il n’en est pas moins vrai que les grenats, et particulièrement la spessartine, ont été obtenus synthéti- quement (Gorgeu), la hornblende également (Chrustschoff), tous deux par voie hydrothermale. SÉANCE DU 920 OCTOBRE 1909. 323 M. Holzapfel en arrive aux filons qui traversent les roches transformées et auxquels il accorde « la plus haute importance ». « Les minéraux qu’ils contiennent les distinguent de filons quartzeux ordinaires. Beaucoup d’entre eux, n'ayant même que 1 centimètre . de large, contiennent du feldspath, souvent abondamment ; c’est de l’orthose, d'ordinaire kaolinisée, parfois assez fraîche et avec faces cristallines. [I s’y associe à la biotite (bastonite) en masses feuilletées volumineuses. Ces filons ont, dès lors, une composition granitique _(pegmatitique). Les filons quartzeux de l’arkose de Remagne se distinguent par une teneur en tourmaline, localement considérable. De gros blocs d’une roche filonienne, qui gisent en quantité près du moulin de Remagne. ont une nature aplitique (°). » Jusqu'ici, les observateurs ont expliqué ces filons suivant l'ancienne manière de voir, par une sécrétion latérale, et M. Stainier est aussi de cet avis. Aujourd’hui, on incline à penser que les nombreux et parfois puissants filons des schistes et grès paléozoïques ne sauraient s'expliquer par sécrétion latérale, mais rentrent dans le groupe des formations pegmatitiques. La conception de l’origine de filons quart- zeux métallifères par sécrétion latérale peut être considérée comme abandonnée. Et de fait, 1l n’est pas compréhensible que, par exemple, les extraordinaires masses de quartz des filons métallifères, si serrés, de l’Oberharz proviendraient de la roche encaissante composée pour la majeure partie de calcaire. Ce qui est vrai des filons quartzeux puis- sants, analogues à ceux qui sont si répandus dans le Dévonien inférieur rhénan, doit l’être, partiellement tout au moins, pour les filonnets et les veines, d'autant plus qu'ils ne sont pas accompagnés d’une lixi- viation de la roche encaissante (/). On observe même, au contraire, une large imprégnation quartzeuse des épontes, qui les silicifie com- plètement. » Si, déjà, les filons presque exclusivement quartzeux sont en majo- rité à considérer comme des produits Juvéniles (’), la genèse, par (e) C'est ce que j'ai donné à entendre par le titre même des quelques mots consacrés à la biotite de ces filons (Bull., 17 mars 1909). M. Weinschenk, qui fait autorité en ces matières, n'a pas hésité à reconnaître la nature aplitique des échantillons de M. Cornet. (f, Argument important. dont j'aurai aussi à me servir plus tard; d'ordinaire, on constate des traces de dissolution sur les éléments de la roche lorsqu'ils fournissent les matériaux remplissant des filons. (2) Dans le sens de Suess, donc d’origine interne. Le : — sécrétion latérale, de filons à feldspath, biotite et tourmaline, devient tout à fait incompréhensible. » Par une étrange coïncidence, la roche encaissante des filons tour- malinifères contient de nombreux petits cailloux roulés du même minéral. Aussi, lorsque ces questions furent soulevées, M. Lohest a-t-il défendu la thèse que la tourmaline avait été extraite de la roche par dissolution et redéposée dans les crevasses, de la même manière que les fissures d’un calcaire se remplissent de calcite par l’action des eaux d'infiltration. L'hypothèse que la tourmaline est soluble à la façon du calcaire ne semble guère probable. La roche contient encore la tour- maline, et pour autant que nous soyons renseignés jusqu'ici, ses débris ne montrent pas trace de dissolution (*). Au contraire, la tourmaline de l’arkose la plus transformée n’accuse aucune altération. La tourma= line semble plutôt être particulièrement résistante, ce qui est d’ailleurs naturel chez un minéral du métamorphisme de contact. Il faudrait alors admettre que la tourmaline des filons est venue de couches superposées, actuellement disparues, une supposition qui n’est pas admissible, puisque l’arkose n’a qu’une faible épaisseur et un pendage peu accentué, en sorte que la verticalité des filons les ferait passer, si on les prolon- geait à une faible hauteur au-dessus de l’affleurement actuel, dans des roches schisteuses plus jeunes. » Selon l’auteur, il semble à peine possible d'admettre une sécrétion latérale de la tourmaline, même en supposant, avec M. Lohest, 10 000 mètres de roches sur les arkoses et une température de 300°; surtout qu’il est fort douteux qu'il y ait encore à 10 000 mètres de profondeur une circulation d’eau quelque peu intense. L'exploitation des mines apprend qu’à faible profondeur déjà la circulation ne se fait que dans des crevasses. Une mise en mouvement de l’eau, dans les grandes profondeurs, ne se produira guère qu’en cas de rupture d'équilibre, par des exploitations par exemple. « Ce que l’on vient de dire de la tourmaline s'applique, mutatis mutandis, au mica, quoique la biotite soit loin d’être aussi résistante que la tourmaline. Aussi, les constatations générales nous apprennent qu'elle n’est pas dissoute comme telle, mais décomposée. Le fait que précisément la biotite (füût-ce sous forme de bastonite) apparaît dans 324 ANNEXE À LA (*) I] faut éviter de confondre avec des débris de cristaux corrodés de ce minéral, les tronçons de prismes mal terminés, fibreux, cariés, fréquents dans certaines roches de Bastogne. SÉANCE DU 90 OCTOBRE 1909. 329 les filons, est un argument précis contre la sécrétion latérale (:). » L’explication de la présence de l’orthose par sécrétion latérale est encore plus difficile, si possible. Ce minéral devrait s'être régénéré grâce à l’alumine des schistes ou du ciment des grès traversés par les filons. Dans ce cas, on ne voit pas d’où viendrait l’alcali, si ce n’est du mica des grès. Or, le mica potassique est pour ainsi dire indécom- posable (). » On est aussi en droit de demander pourquoi les éléments du gra- nite seraient seuls extraits de la roche encaissante pour se reprécipiter dans les filons, à l’exclusion des autres minéraux si abondants et si répandus dans les roches transformées : grenat, ilménite, horn- blende, etc. Bref, la supposition qu’une roche appartenant lithologi- quement à la pegmatite se soit formée par sécrétion latérale ne paraît admissible en aucune manière. Les filons de Bastogne ne sont pas des filons de minéraux, mais des filons rocheux (#). » (t) J'ai démontré que la bastonite n’est qu’une biotite (notee). Le fait de la présence d'innombrables paillettes de biotite fraiche, à structure criblée, dans les débris de roches encastrés dans les filons, est aussi un argument contre la sécrétion latérale. @) M. Holzapfel touche, dans ces passages, aux questions délicates de la géochimie. Beaucoup de minéraux sont solubles dans l’eau chaude et beaucoup d’entre eux, même anhydres, sont susceptibles de se régénérer hors d’une solution, ainsi que le remarque exactement M. Lohest (C. R., p. 506, au 4°). La chose est établie pour le quartz, le feldspath, etc.; je l’admets également pour la tourmaline et, pour certains minéraux, l’eau froide suffit. Seulement, de là à construire, par des équa- tions mises au service de vues théoriques, des échanges et des recristallisations variées, comme on tente de le faire actuellement, il y a loin, M. Weinschenk a insisté nettement, et avec raison, sur les vices de cette application exagérée de principes exacts en eux-mêmes. Dans le cas de Bastogne, il ne suffit pas de faire appel à la pression de 12 kilomètres de dépôts et aux conditions géothermiques résultantes, il faut aussi considérer ce qui arrive lorsque cette charge et cette température disparaissent. En fin de compte, les roches passeraient par tant de transformations, que toute tentative de reconstituer leur composition primitive serait vaine. Ce sont là des suppositions extrêmes que contredisent certains échantillons, très communs, tirés de nos phyllades coblenciens entre autres. Les fossiles (Cyatophyllum) y sont laminés, couverts de cristaux microscopiques de caleite, constellés de minus- cules cubes de pyrite fraiche. La roche contient les éléments habituëls, avec rutile et aiguilles de tourmaline, et rien n’indique que les minéraux secondaires, dont l’en- clave organique a provoqué la formation (calcite, pyrite), aient eu à souffrir d’une circulation aqueuse ultérieure, depuis le temps immensurable de leur consolidation. (Voir aussi fin note 0.) (*) Les arguments de ce paragraphe seraient difficiles à combattre. Sous l’empire d'idées « neptunistes », j'ai cherché dans mes nombreuses préparations de roches de Bastogne des traces d’une régénération des minéraux particuliers qui y abondent, le grenai ou la hornblende entre autres, mais j'ai échoué. Par contre, j'ai constaté une imprégnation par le quartz et une néoformation de feldspath, . 326 ANNEXE A LA M. Holzapfel mentionne ensuite l'attribution, faite sur place par M. Cornet, de ces veines à des filons de pegmatite et d’aplite, ce qui n’est pas à comprendre dans le sens qu’ils auraient directement amené la métamorphose. Ils n’ont pas davantage les aspects d’une injection de magma granitique dans des fentes, car ils sont localisés dans les grès. « Ainsi qu’on le fait pour beaucoup d’autres pegmatites, il faut plutôt y voir des formations pneumatolitiques accompagnant un pro- cessus éruptif, des phénomènes auxiliaires du métamorphisme. Cer- taines veines, surtout les tourmalinifères, rappellent aussi les filons des formations stannifères du Cornwall. » La nature de ces filons indique de façon précise l'existence d'une masse granitique en profondeur (!). {est elle qui amena la transfor- mation des sédiments. La cause étant locale, le métamorphisme l'est aussi. La présence d’un massif granitique en profondeur explique aussi, sans difficulté, la faible intensité des plissements, comparativement à ce que l’on constate dans les régions cambriennes et dévoniennes infé- rieures des Ardennes et de l’Eifel. « En l’absence de recherches chimiques et lithologiques, les obser- vations sur le terrain confirment cependant les vues de M. Stainier, et cela par d’autres raisons encore que celles que ce savant a invoquées. » M. Holzapfel aborde ensuite les faits relatifs à la zone métamor- phique de Salm-Château, observés sous la direction de M. Lohest. Ici ce sont les couches à Dictyonema (Salmien), surtout les supérieures, qui ont subi une transformation étendue. Ce sont les phyllades à coti- cule bien connu. « Le grenat qui constitue un des éléments principaux de ces roches laisse nettement reconnaître leur métamorphose et amène à les rappro- cher des roches de Bastogne (*). L’ilménite — qui nécessiterait une (t, Opinion exprimée aussi par d’autres lithologistes qui ont vu des échantillons de ces filons. (2) L'observation amenée par ce passage découle de ce qui à été dit à la note 7, et l’on peut se demander si le grenat est toujours un minéral éruptif ou de contact. Dans l’affirmative, la question du métamorphisme serait tranchée pour Bastogne et pour Salm. Pourtant, Morozewicz admet que le grenat peut avoir pour origine l'action des agents atmosphériques (t. XXI, p 430), et Sauer le considère comme authigène dans les marnes keupériennes, deux manières de voir qui ouvrent la porte à des hypothèses bien différentes de celles que nous agitons! L’extraordinaire régularité des intercalations de coticule, leur mode de déformation vont, à mon sens, à l’encontre d’une action de contact sur une roche tout à fait soli- SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1909. 397 étude approfondie — est remplacée, suivant Renard, par l’oligiste qui manque dans les coticules. Selon l'opinion très probante de M. Lohest, les coticules étaient autrefois des roches calcareuses (7). » difiée. Quoi qu’il en soit, ces particularités sont certainement opposées à la théorie qui attribue la genèse du grenat à un phénomène concomitant de la pression plissant ces couches. J'ai établi (t. XIX, pp. 468 et suiv.) que le coticule, avec ses grenats, était constitué avant que des plissements ne s’y soient produits; cela n’a pas été contesté que je sache. Dans certains cas, les couches jaunes se sont déformées à la manière d’une strate plus dure, intercalée dans une matière plus molle (le phyllade violet); dans d’autres cas, les couches jaunes se montrèrent aussi déformables que le phyllade lui-même. Il ne peut y avoir de doute au sujet du sens à donner à mes observations, mes dessins et leur explication n’ayant aucune ambiguïté. L'interprétation de ces faits est plus délicate; mais Je puis répéter que les expé- riences réalisées jusqu'ici ne permettent pas les conclusions arrêtées que l’on veut en tirer. La dureté et la composition du coticule sont très voisines de celles du phyllade qui l’englobe ; aussi est-il compréhensible que l’on trouve des pièces déformées éta- blissant que les deux matières se comportèrent de même {deuxième cas cité plus haut); elles ont coulé comme une substance plastique. Il ne faudrait pas en conclure immédiatement qu’elles ont flué sous forte charge, flué de la même façon que ces métaux qui s’écoulent par les interstices des compres- seurs dont M. Spring et ses continuateurs se servent. Cela n’est pas établi, parce que dans le premier cas rappelé tout à l'heure, la couche de coticule un peu plus dure ne îlue pas, elle se brise, même dans les parties ployées apparemment sans ruptures. Bref, j’ai comparé les effets que l'on constate sur le coticule dur, à ceux que M. Bailey Willis a obtenus expérimentalement sous faible charge, — 5 livres par pouce carré, — done insignifiante par rapport aux pressions orogéniques supposées. Du reste, pourquoi se mettre en quête de preuves d’une pression énorme, lorsqu'on admet le remplissage de crevasses par du feldspath, biotite, etc., issus d’une sécrétion latérale ? S'il y a des fissures ouvertes dans la roche, la pression se réduit à peu de chose et l’on n’a plus affaire qu’à de l’eau de circulation, phénomènes osmotiques, ete., à des actions superficielles en un mot, ou à des phénomènes d’intrusion et de contact. (*) La teneur en chaux devait être bien faible à en juger d’après les analyses don- nées par Renard et qui ne renseignent pas 1 °/, de CaO, tant dans le coticule que dans le phyllade. Voici, en chiffres arrondis, le pourcentage des éléments entrant en discussion ici : : Vielsalm. ANALYSES CHIMIQUES. RÉPARTITIONS MINÉRALOGIQUES. Phyllade, Coticule. Phyllade. Coticule. SIDE. OO . J4 47 Spessartine . . à) 41 MODE. . . . 16 94 MICAS RC UE 46 3) HE 0: … . . 18 1 Quartz. . . . 31 18 MU .: . . 2 17 ONSISE CN. 18 1 LAURSSSSSS 0.2 0.8 Rutile. . . . 0.1 1 M. Rosenbusch compare ces roches aux vases manganésifères des grands fonds marins actuels, sauf que le manganèse ne s’y serait pas concrétionné en nodules comme dans le red clay. I ne faudrait pas s’exagérer ces quantités de manganèse, les analyses établissant que 398 ANNEXE A LA Les couches du Salmien supérieur, divisées en trois zones part M. Gosselet — schistes de Lierneux, schistes violets de Salm-Château! et schistes à ottrélile — ne sont pas connues à l’état non métamorphique, ni en Belgique, n1 dans la région allemande voisine. Aussi la littérature française et belge considère-t-elle les schistes à oligiste et à grenat comme étant la formation normale du Salmien supérieur. Les roches non modifiées ne se trouvent qu'à une certaine distance au Nord-Est dans le Hochwald, vers le Thônbachtal, au Nord de Kleinhau (planchette de Lendersdorf). Ce sont des schistes rouge vif, à grossière fissilité, des roches verles rugueuses très micacées, se débitant en plaques, qui sont à ranger dans le Salmien supérieur, puisqu'elles sont au toit du Salmien inférieur normal. Il est vrai qu'on n’observe pas d’intercalations calcareuses. Dans le Wesertal, au delà du pont de Bellesfurt, il paraîty avoir aussi du Salmien supérieur non modifié ; les schistes rouges, très ferrugineux, sont parfois semblaïles aux schistes rouges du Gedinnien: Gosselet rappelle (L’Ardenne, p. 153) que les schistes violets de Salmë ce corps s’est surtout concentré dans le coticule, et finalement dans le grenat. Le même phénomène s’est produit à Bastogne, dont le grenat n’est cependant plus une spessartine proprement dite à cause de sa forte teneur en chaux. La roche est également voisine de celles de Salm, puisqu'on a en chiffres ronds, suivant Renard : ROCHE GRENATIF. (GRENAT. SPESSARTINE. (Bastogne.) (Bastogne.) (Salm.) SIUS SRE IDR o6 37 36 ADO ENE RRE 19 20 20 Fe 0h rene 1 3 9 FeD EME M ENERRe n 15 n MAO 2e sn ee ane 0,6 14 38 Ca SENS ARE LE 8 10 — Si les éléments de nos roches se déplacèrent. en marchant vers une cristallisation finale, il est incompréhensible qu’il n’y ait pas de gros grenats, de la hornblende, de la zoïsite, ete., à Salm comme à Bastogne. Ces roches devraient se ressembler. Dans certains coticules, j'ai trouvé des millions de particules de grenat par millimètre cube, ce qui est certes plus extraordinaire que la concentration en cristaux volumineux qu’on observe à Bastogne. S'il y avait un dépôt favorable à la genèse de cristaux énormes, c'était bien celui-là, plutôt que celui de Bastogne. La différence dans la grosseur initiale des éléments des deux roches ne serait pas à invoquer dans l'hypothèse dynamométamorphique, puisque tout entre en mouvement: Pour autant qu’on en puisse juger par les renseignements publiés, la présence de la spessartine est liée, dans nos phyllades, à une teneur de quelques pour cent de Mn0. A Bastogne, on a plutôt un grenat aluminoferrifère riche en MnO, d’après l’analyse ci-dessus. SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1909. 329 Château peuvent par décomposition ressembler aux schistes de Gedinne ; mais au Hochwald il ne s’agit absolument pas de schistes décomposés. | C’est de ces schistes rouges que sont issus les schistes à oligiste de Salm-Château, tandis que les verts, qui se séparent nettement des pre- miers, fournirent, par métamorphose, les schistes à ottrélite. Les phyllites quartzitiques du Salmien inférieur sont également métamorphiques près de Salm-Château. M. Holzapfel ignore quels sont les minéraux qui s’y formèrent, mais 11 connait des roches macrosco- piquement semblables dans le Salmien inférieur des environs de Lamersdorf, jusqu'où la zone métamorphique de Salm-Château se continue avec des intensités variables. Arrivantaux filons de quartz, dont certains sont puissants, M. Holzapfel remarque la différence qu’ils présentent avec ceux de Basiogne. fls ne contiennent ni feldspath ni mica, mais un minéral chloriteux, de la pyrophyllite et de l’oligiste. Les deux derniers minéraux sont parfois assez abondants pour presque remplir le filon. L'auteur admet, de façon générale, la manière de voir de M. Lohest et reconnait une certaine analogie entre les phénomènes visibles à Bastogne et ceux de Salm- Château ; mais dans les détails 1! y à des divergences. Telles sont la béoformation de grenat et d'ottrélite en masse, et la transformation des composés ferrugineux en oligiste ou 1Iménite cristallisés. I n’y à pas eu d'apport de substance dans la zone de Salm, ainsi que cela est de règle dans le métamorphisme de contact. Des recherches ultérieures établhiront s’il en est de même pour la zone de Bastogne, si, par exemple, 1l faut rapporter la teneur en titane de l’ilménite, qui y abonde, à la présence du rutile primitivement contenu dans les roches du Dévonien inférieur. Lorsqu'on suit l'hypothèse d’une origine pneumatolitique de filons, on en arrive bientôt à considérer aussi limprégnation de la roche -encaissante. Les filons de Salm sont différents. S'ils contiennent des minéraux qu'on ne saurait guère attribner à la lixiviation des roches (hématite, andalousite), ils en renferment d’autres qui sont des produits de décomposition, la chlorite notamment, dont l’origine se rattache à l’altération de la biotite, de l’augite, de la hornblende et autres silicates de fer. Or, on ne voit pas trace de semblables minéraux. Les mêmes remarques s'appliquent à la phillipsite, pyrophyilite, ete. Donc les filons de Salm, quoique différents de ceux de Bastogne, nesemblent pas davan- tage s expliquer par sécrétion latérale. D'autre part, les minéraux qui les constituent, étant des produits typiques de décomposition, ne permettent pas d’en faire des dépôts thermiques juvéniles, du moins 330 ANNEXE A LA sous leur aspect actuel. On les prendra plutôt pour des produits de transformation, respectivement d’altération de ces derniers. La zone métamorphique de Salm étant localisée comme celle de Bastogne, les causes doivent également être locales. Puis M. Holzapfel examine la zone de Lamersdorf où le métamor- phisme intéresse non seulement les arkoses du Gedinnien inférieur, mais encore les schistes supérieurs, les roches schisteuses du Salmien et duRevinien, et, localement, les rochesgréseuses de Siegen (Taunusien). Les schistes reviniens ne présentent pas de bons affleurements. Mais en plusieurs points, entre autres au Sud du Jâgerhaus, on trouve des débris de schistes noduleux, caractéristiques des contacts. Les quartzites cambriens ne présentent pas grande altération. Par contre, les schistes du Salmien inférieur ressemblent tout à fait à ceux de Salm-Château (route de Rollesbroich et Wehetal supérieur). Certaines arkoses du Gedinnien inférieur, près de Lamersdorf et de Bickerath, ressemblent entièrement à celles de Remagne. v. Lasaulx a établi le caractère métamorphique de ces roches, mais en le rattachant à des actions dyna= miques, son interprétation l’amenant à méconnaître l'influence du granit: Son attention se porta surtout sur les modifications mécaniques des éléments. Dans une variété il signala une grande quantité de magnétite, qui est précisément un minéral caractéristique des contacts (°). Les schistes du Gedinnien supérieur (de Marteau; Gosselet) sont, dans la vallée de Kallbach, transformés en phyllites soyeuses, violet foncé, et les arkoses de Siegen, en quartzites parfois vitreux. Vers l'endroit où le () C’est une opinion à discuter, la magnétite étant aussi de ces minéraux dont l’origine n’est pas nécessairement liée à des phénomènes thermiques (Bull., t. XXI, p.450). Dans les phyllades devilliens, ce minéral abonde, en compagnie de tourmaline, de rutile, d’apatite, etc. J’établirai ailleurs que la tourmaline est venue dans ces roches avant la magnétite, et que cette dernière s’est encore accrue par de très minimes apports, après les mouvements provoquant la schistosité. Celle-ci paraît s'être développée en plusieurs temps et non de façon continue. Une revision rigoureuse de la structure de ces phyllades ne m’a pas permis de trouver en défaut les excellentes descriptions de Renard, desquelles il ressort que les octaèdres de magnétite existaient certainement avant l’étirement de la roche; par contre, l'allongement des petits cristaux n’a pas eu lieu Bull, t. XIX, p. 456). Quant à la genèse de ces roches, l’une des notes du savant lithologiste annonçait une discussion s’y rapportant mais elle n’a pas été publiée. Dans ces dépôts si anciens, les indices d’un remaniement intense par la circulation d'eaux chaudes ou froides font défaut; des minéraux tels que la pyrite et la magnétite en montreraient des traces plusfortes que celles, bien curieuses pourtant, qu’ils laissent reconnaitre. . SEANCE DU 20 OCTOBRE 1909. 391 chemin de Rollesbroich au Jägerhaus croise la vallée, les roches de |Siegen prennent un aspect normal; les roches gedinniennes restent |phylliteuses. Ce n’est que dans la partie supérieure du Wehetal que leur | caractère cristallin diminue, celui des couches salmiennes de même, et Jon n’observe plus de schistes noduleux dans les schistes de Revin. | Le conglomérat dévonien du sommet du Peterberg est métamor- | phique; l’arkose de Gedinne et le schiste saimien le sont également et très fortement. | Poursuivant la zone des schistes de Gedinne vers le Nord-Est, on les | voit passer à des schistes argileux rouge vif (Hürtgen, Kleinhau), et | dans le Tônbachtal et le Wehetal inférieur, le métamorphisme disparaît | tant dans le Salmien que dans le Gedinnien. | Les renseignements qui suivent sont relatifs aux roches altérées, |minette ou vogésite, et ont été donnés dans le Compte rendu (p. 327). IIS sont done passés 1e1 pour en arriver à la conclusion qui est que « la Lzone de Lamersdorf se laisse dès lors poursuivre, avec des intensités variables, par Contzen, Mützenich, les vallées de la Warche et de la | Warchenne, jusqu'aux environs de Malmédy, en sorte qu’elle se rattache là la zone de Salm-Château. Celle-ci doit donc appartenir à la même \auréole de contact. | » Par conséquent, les conclusions admises par M. Stainier pour la \z0ne de Bastogne se confirment pour les régions discutées en dernier | lieu. » en SX = CE } PRÉSIDENT D'HONNEUR :. S. A. R. le Prince ALBERT de Belgique on LP Proces-Verbal ; : 1 DELA SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1909 | nee | Vingt-troisième année Rate RTE Tome XXII — 1909 | BRUXELLES © | HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE | pe 119, rue de Louvain, 112 À d ] \ : [ 1909 SÉANCE MENSUELLE DU 16 NOVEMBRE 1909. Présidence de M. À. Rutot, président. La séance est ouverte à 20 h. 40 (20 membres sont présents). Décès. %. - M. le Président annonce le décès de M. Léon Janet, ingénieur en puei au Corps des mines de France, membre effectif de la Société. Biortion du procès-verbal de la séance d'octobre. Le procès-verbal est adopté sans observations. ! Le È # “Correspondance. M. E.-A. Martel remercie des félicitations que le Bureau lui à “adressées au nom de la Société. M. Pourbaix, ingénieur hydrologue à Mons, annonce une communi- cation prochaine au sujet de la découverte, faite sur ses indications, d'une source abondante d’eau potable dans la Plaine maritime à l’'Ecluse. M. Thierry, ingénieur des mines à Buenos-Aires, engage notre Société à se faire représenter par l’un ou l’autre de ses membres au XVII Congrès international des Américanistes. Les sociétés scientiliques d'Italie, d'Espagne, de France, d'Allemagne, d'Angleterre, des États-Unis annoncent l'envoi de délégués à ce Congrès, qui comportera une section de géologie. Le Congrès se lient en deux sessions, en mai à Buenos-Aires et en Septembre à Mexico ; on se propose d'organiser un voyage à travers la (909. PROC.-VERB. 17 334 PROCÈS-VERBAUX. République Argentine, la Bolivie et le Pérou, visitant de nombre sites archéologiques pour s'embarquer à Callao vers le Mexique. (Cire laire et renseignements à la disposition des membres au Secrétariat Un groupe de savants, sous la présidence de M. Léon Gerard, for de MM. André, d’Andrimont, Deblon, Dienert, Poskin et van de Broeck, à été chargé, par le Département des Sciences et des Art d'organiser une section hydrologique à l'Exposition internationale € Bruxelles (4910). Ce comité organise une exposition des procéd d'étude scientifique des eaux potables et des eaux minérales. Il f2 appel aux techniciens qui croiraient avoir des méthodes intéressan ou nouvelles à lui soumettre, l'exposition se faisant en dehors question d'application. Il prie la Société de vouloir bié n insérer programme provisoire ci-dessous de la section : Ê L'exposition comprendra de nouvelles méthodes d’inve réserves aquifères, surtout de celles que, malgré des suspicior paraissant exagérées, l'on peut espérer trouver dans certains calcaires de la Belgique. Les résultats des recherches hydro les méthodes caractéristiques de captage, d’adduction et d des eaux potables et minérales, méthodes qui évoluent en ce des voies nouvelles, spécialement en ce qui concerne ce der important pour l’hygiène des populations ; les grandes méth cation des eaux potables ou appelées à devenir utilisable purification (filtration, précipitation, déferrisation, ozonis en œuvre dans l'important groupe de l’étude scientifique des et minérales. + Plus de dix à quinze conférences avec démonstrations et € tance capitale pourraient être prévues sur ce seul objet dont scientifique ne le cède pas à l'importance économique. Si leur programme est bien coordonné, il n’est pas de suje donner plus de résultats au point de vue scientifique et au po public, parce qu'ici les considérations théoriques, géologiqu et bactériologiques sont doublées d’un puissant intérêt public. La recherche et l’étude des eaux potables sont questions d’ordre général, éveillant l’intérêt non seulement mais encore des industriels et des pouvoirs publics. La section des Sciences à laquelle se rattache cette expositi on Un local de conférences outillé pour projections et grand ak laboratoires pour démonstrations et expériences publiques; € obscurs pour exhibilions permanentes de diapositives; lo: ar SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1909. 335 Un : : onférences cinématographiques à sujets scientifiques; l’exhibition de projections de photographies en couleur servant à la documentation scientifique. Îl y sera organisé des promenades scientifiques. Dons et envois reçus. Le D:' Paul Grôber fait hommage de ses publications relatives à l'exploration qu’il a faite du caleaire carbonifère de la chaîne du Tian- Schan. La librairie Armand Colin fait hommage de la Géographie physique de E. de Martonne; il en sera publié un compte rendu bibliographique. M. E. van den Broeck remet, en son nom et de la part de ses colla- “borateurs MM. Martel et Rahir, le premier volume de leur grand ouvrage : Les cavernes et les rivières souterraines de Belgique. Il compte déposer le tome II à la prochaine séance. Ce volume traite des calcaires dévoniens du bassin de Dinant et aboutit à la proscription absolue de leurs Tessources hydrologiques. M. van den Broeck espère, prochainement ‘dans une séance spéciale, présenter à la Société les thèses scientifiques nouvelles étudiées dans ce second volume. Il sera publié un compte rendu bibliographique de l’œuvre complète. 1° Périodiques nouveaux : 5935. HoBartT. Geological Survey of Tasmania. Bulletins 4 à 6 (1907- 1909). 9930. VIENNE. Akademie der Wissenschaften (Erdbeben-Kommission) : Bericht und Chronik ; I-III (1904-1906). 0937. Paris. Revue d'hygiène et de police sanitaire, XXXI, 1909, 7-10. 0938. WasHINGTON. Smithsonian Institution. Contributions from the United States National Herbarium. Vol. XIT, 1908-1909, 4-9. 2° De la part des auteurs : 5939. Cels, A. Évolution géologique de la terre et ancienneté de l'homme. Bruxelles, 1909. Vol. in-8° de 247 pages. 5940. Delaite, J. La pollution de nos rivières. Rapport sur l’épuration des eaux résiduaires industrielles avant leur déversement dans nos cours d'eau. Bruxelles, 1909. Extr. du Buzz. DE LA Soc. ROY. DE MÉDEC. PUBL. ET DE ToPOGR. MÉDIC. DE BELGIQUE, XX VII, première partie, 14 pages. 336 PROCÈS-VERBAUX. 9941. De Martonne, E. Traité de géographie physique (climat, hydrographie, | relief du sol, biogéographie). Paris, 1909. Vol. in-8 de 908 pages,* | 90 planches et 396 figures. (Don de la librairie A. Colin.) 0942. Goblet d’Alviella (Comte). L'Université de Bruxelles pendant son troi | sième quart de siècle (1884-1909). Bruxelles, 1909. Vol. in-8 de 316 pages et 6 portraits. 43. Greindl (Baron L.). L'évolution de la géotectonique et le problème des Préalpes. Louvain, 1909. Extr. de la REVUE DES QUESTIONS SCIEN- TIFIQUES, Octobre, 42 pages et 12 figures (2 exemplaires). 5944. Hasse, G. La pêche dans la région d'Anvers de la période Robenhau- sienne au Moyen âge. Bruxelles, 1909. Extr. du BuLz. DE 14 Soc. D'ANTHROPOLOGIE, 27 janvier 1908, 15 pages, 12 planches et 10 figures. 5945. Hasse, G. Les fers à cheval de la fin du XVIe siècle trouvés à Anvers. | Bruxelles, 1909. Extr. du BuLL. DE LA Soc. D’ANTHROPOLOGIE, 29 mars, 6 pages et 17 figures. 5946. Hasse, G. Les crânes néolithiques robenhausiens d'Anvers. Bruxelles, 1909. Extr. du BuLL. DE LA Soc. D'ANTHROPOLOGIE, séance du Âe juin, 41 pages et 1 planche. | 5947. Hasse, G. Les Chiens et les Loups primitifs de la région d'Anvers. Bruxelles, 1909. Extr. des ANN. DE LA SOC. ROY. ZOOL. ET MALAC. DE BELGIQUE, t. XLIV, pp. 63-74, 2 planches. 5948. Hasse, G. Un Marsupial dans largile de Boom. Bruxelles, 1909: Extr. des ANN. DE LA SOC. ROY. ZOOL. ET MALAC. DE BELGIQUE, t. XLIV, pp 77-82. 5949. Killian, W. Sur le gisement bajocien de Villard-d’Arène (Hautes Alpes). (10 pages et 1 figure.) Lambert, J. Note sur un Échinide du massif du Pelvoux. (9 pages et 1 figure.) Grenoble, 1909. Brochure in-8°. 5950. Killian, W., et Reboul, P. Sur une faune néocrétacée des régions antarc-w tiques. Paris, 1908. Extr. des COMPTES RENDUS DE L'ASSOC. FRANG: | POUR L'AVANC. DES SCIENCES. — Congrès de Clermont-Ferrand, pp. 440-458. | 5951 Rizzo, G. B. Osservazioni meteorologiche faite nell anno 18% all Osservatorio della R. Universila di Torino, Turin, 1896. , Extr. de MEM. DELLA R. ACCAD. DELLE Sc., d3 pages. SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1909. 397 5952. Schardt, H. Coup d'œil sur la géologie et la. tectonique des Alpes du canton du Valais. Sion, 1909. Extr. du Buzz. DE LA Soc. Muri- THIENNE DES SCIENCES NATUR. DU VALAIS, t. XXXV, 1908, pp. 246- 304, 7 planches. 5953. Schardt, H. Géologie et tectonique du groupe du Wildhorn (Hautes- Alpes calcaires des cantons de Vaud, Berne et Valais). (Précédé d’une notice orographique par le D" E. André.) Neuchâtel, 1909. Extr. du DICTIONNAIRE GÉOGRAPHIQUE DE LA SUISSE, 8 pages, 11 figures et 1 carte. 5954. Schardt, H. Géologie de la Suisse. Neuchâtel, 1908. Extr. de La SUISSE, 9 pages, 82 cartes et figures. 5905. Grôber, P. Ueber die Faunen des untercarbonischen Transgressions- meeres des zentralen Tian-Schan, die in der Umgebung des Sart- dschol Passes gefunden worden sind. Stuttgart, 1908. Extr. de NEUEN JANRBUCH FÜR MINERAL., GEOL. UND PaLAoNToL., XXVI, pp. 213-248, pl. XXV-XXX. 9956. Grüber, P. Carbon und Carbonfossilien des nôrdlichen und zentralen Tian-Schan. Munich, 1909. Extr. de ABHANDL. D. K. BAYER. AKAD. DER Wiss., Il KL; XXIV Band, Il Abt. pp. 341-383 ; 3 planches et 9 figures. 5957. van den Broeck, E., Martel, E.-A., et Rahir, E. Les cavernes et les rivières souterraines de la Belgique, t. 1. Bruxelles, 1910. Vol. grand in-8° de 786 et xL pages, 10 planches et 222 figures. Présentation et élection de nouveaux membres. Sont élus membres effectifs pour 1910 par le vote unanime de l’assemblée : MM. Franrowsky, ingénieur, rue Léopold de Wael, à Anvers, pré- senté par MM. Hasse et Greindl ; GRÔBER, PAuL, docteur en sciences, 30, Pfarrgasse, à Strassburg- Ruprechtsau, présenté par MM. Rutot et Maillieux ; Van DER VAEREN, JULIEN, ingénieur agricole, docteur en sciences naturelles, inspecteur de l’agriculture, 220, chaussée d’Alsem- berg, présenté par MM. le chanoine de Dorlodot et F. Kaisin. 338 PROCÈS-VERBAUX. Communications des membres. A. RuToOT. — Nouvelles observations dans les couches quaternaires à Hofstade. | Dans une première note intitulée : Note préliminaire sur la coupe des terrains quaternaires à Hofstade, présentée à la séance de juin de cette année, J'ai exposé les conclusions de mes premières observations effectuées le long de l’énorme coupe de terrains mise à découvert par les terrassements d'Hofstade. | Dans cette note, j'ai considéré certains faits comme paraissant bien établis, mais j'en ai signalé d’autres avec doute et c’est suë ces derniers que j'ai porté principalement mon second groupe d’obser= vations. Actuellement, en novembre 1909, des changements assez impors tants se sont produits dans les travaux; c’est ainsi que la tranchée, qui primitivement avait une vingtaine de mètres de large, en a maintenant 40 à 60, et, de plus, l’excavateur à été déplacé et transporté de l’autre côté de l’excavation, de sorte que la paroi qui, autrefois, était irrégulièrement éboulée et facilement accessible, n'existe plus et a été reportée notablement plus au Sud par le travail de la machine. Nous nous trouvons done en présence de deux parois lisses, l’ancienne qui reste fixe et la nouvelle qui se déplace constamment vers le Sud. Lorsqu'on travaillait le long de la paroi Nord, celle-ci était fortement salie et rendue inobservable par l'accumulation des terres tombant des godets de l’excavateur, tandis que la paroi Sud, éboulée, était d’une étude difficile et déconcertante. | Aujourd’hui, les conditions d'observation se sont améliorées et l’on peut explorer plus ou moins bien les deux parois de la tranchée. | D'abord, les pluies abondantes ont fortement délavé le recouvrement boueux du versant Nord, de sorte que la coupe commence à être très bien visible d’un bout à l’autre, tant de loin que de près, et, d'autre part, des banquettes longitudinales, dues aux déplacements successifs de lPexcavateur, émergent des eaux du fond, permettant d'observer d’assez près la paroi Sud attaquée par l'appareil. SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1909. | 339 En somme, les conditions d’observation se sont notablement améliorées et ne laissent actuellement plus guère de place aux erreurs matérielles. Enfin, l'examen attentif de bon nombre de coupes rafraîchies à la bêche nous à permis de faire d’intéressantes remarques de détail, telles que la découverte de coquilles et de débris végétaux à certains niveaux bien définis. Nous nous étions d’abord décidé à relever la coupe de 10 en 10 mètres, mais nous avons bientôt reconnu que c'était là un travail rebutant qui ne présenterait aucune utilité pratique à cause des petites irrégularités venant constamment troubler l’allure des couches et, de plus, dès que la grande paroi sera complètement délavée par les pluies, une série de bonnes photographies remplacera avec avantage la besogne de longue haleine que je m'étais proposée. Pratiquement, et surtout pour commencer, l'intérêt doit se porter principalement sur l’allure générale des couches, sur leurs divisions et leur détermination. Des nombreuses visites que j'ai faites à la coupe, j'ai pu définitive- ment conclure que les divisions : Flandrien, Hesbayen, Campinien et Moséen du Quaternaire étaient bonnes et réelles, et qu’elles suivent bien l'allure générale tracée sur la coupe publiée dans ma première note, à l'exception de la partie Est, où les irrégularités et l’épaississe- ment du Moséen n'existent pas. C’est bien l’affaissement d’un paquet de couches qui avait conduit à la conclusion erronée. En réalité, 1l y à partout moins de Moséen que Je ne l'avais pensé, car il a été raviné énergiquement par le Campinien, ou plutôt, lors des premières observations, le Moséen était spécialement bien visible, ainsi que le montrent encore d'anciennes banquettes émergeant du fond inondé. Actuellement, dans la paroi Sud en recul, le Moséen devient de moins en moins apparent et il tend à se réduire à quelques fonds de ravinements creusés dans l’argile asschienne, facilement reconnaissables à l’épais gravier de base et aux gros sables noirs qui le surmontent et qui sont encombrés de volumineux fragments de troncs d’arbres, de cônes de pins et d’autres débris végétaux. Enfin, le Moséen n’est visible que vers l’extrémité Est de la tranchée, le long du dernier tiers de la longueur de l’excavation. Du reste, plus la paroi Sud recule, plus l'argile glauconifère 340 PROCÉS-VERBAUX. asschienne monte dans le talus, au point d’atteindre de 3 à 4 mètres de hauteur. En résumé, la coupe se montre sous trois facies différents, dont deux peuvent se présenter dans les divers points des tranchées et dont le. troisième ne se voit que le long du tiers Est. Les deux premiers facies sont l’un à prépondérance sableuse, l’autre à prépondérance glaiseuse ; le troisième peut présenter chacun de ces deux facies avec, en plus, le Moséen. Voici un exemple pris dans la région Ouest où le facies à prépondé- rance sableuse est le plus généralement représenté (1) : SR Fig. 1. — COUPE MONTRANT LE FACIES SIMPLE A PRÉPONDÉRANCE SABLEUSE. (1) Il doit être entendu que chaque lcoupe donnée est celle visible dans la paroi creusée par l’excavateur, surmontée par la partie manquante précédemment enlevée, de manière à fournir chaque fois la coupe complète depuis la surface du sol. SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1909. 341 Mètres. A. Sable jaune, demi-fin, plus ou moins ferrugineux. Flandrien. 1.90 B. Sable grossier, ferrugineux, avec quelques petits cailloux épars : silex et petits fragments de grès bruxellien; base HHHANUT ENT eee, EU Oe . 0 ., * v 0:05 à. 0:10 C. Alternances de sable jaunâtre et de zones grises limoneuses. HESDANENERS CREER A TR PSS De. 4:40 HSable in, panaché de rouge... + … . ..... . . = 0 30 E. Zone formée de veinules de sable et de limon, très stratifiées. 0 90 Be Sabletin, meuble, très stratifié . . .:. :. « «+ : , 4.30 MN ble orsatre, linoneux: . : : . . . … .: . 0 60 H. Zone graveleuse avec petits cailloux de silex et de grès bruxellien. 1. Sable stratifié, avec des linéoles limoneuses . . . . . 1 60 J. Zone grise, limoneuse, avec nombreuses linéoles brunes de HINSATÉ DES NÉ DE AUX Les A , 5 «© 0, 0:80 K. Sable blanc pur, meuble, avec coquilles terrestres et d’eau douce et gros débris végétaux. . . ee CUOU L. Zone sablo-limoneuse, avec rares linéoles de débris végé- LÉ RE A A nent ee . O.C0 RS ADIE DANCE DUT, 2e 9 0. 27 0 2, .! ne, es . 0.95 N. Zone sablo-limoneuse avec débris végétaux . . . . 0.25 Ciiidessable blanc, pur 4." . .,. . … . . 0:10 P. Zone sabio-limoneuse avec débris végétaux . . . 0.25 Q. Gros sable blanc, pur, avec une linéole de débris végétaux. 1.30 R. Gravier de cailloux roulés de silex, avec de nombreux frag- ments d’un grès rouge à éléments grossiers, ferrugineux, DoraisSantprovennr du Diestien : . . . 5... 0 10 S. Argile glauconifère asschienne, vert foncé . . . . . . 2.00 J'interprète cette coupe de la manière suivante : Mètres A nOTien Dee Ur, Ste sr «1:30 DRE, G. Hesbayen.® . 29 +... 0 . . + . 4 50 D RL, M, N, O0, P,Q,R.Campinien + . — . . . 5.45 MAC asSehiENNe Le. LT Nu, 4) à 2, «+ 2! 9.00 Une coupe de ce genre peut s’observer sur quelques centaines de mètres vers l'extrémité Ouest de la tranchée, mais, parfois, la régu- 1909. PROC.-VERB. 17" 342 PROCÉS-VERBAUX. = larité est rompue par des allures ravinantes du sable F, et l’on voit alors se présenter des coupes telles que la suivante : Fig. 2. — VARIANTE DU FACIES SIMPLE A PRÉPONDÉRANCE SABLEUSE. Mètres. A. Sable fin, jaune... .# 5: B. Sable grossier, ferrugineux, avec gros grains de quartz. +. 0 10 C. Alternances de sable'et de limon re D. Sable limoneux stratifié =": à 2 MIO IRON E. Sable grossier, meuble, obliquement stratifié, à allure ravinante . « "us 440 ON EENSRSr F. Zone légèrement graveleuse. . Sable stratifié, peu limoneux. : 24200 IE IE . Sable blanchâtre, grossier, obliquement stratifié. . . . 41.50 . Sable très stratifié avec nombreuses lentilles limoneuses . 2.00 . Sable blanc, meuble + , + UP . Lone de sable limoneux avec petits lits de débris végétaux. 0.80 Pr RD 02 SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1909. 343 Mètres. Ba ble blanc, meuble . : . : , . .° . . . 4.00 M. Gravier de cailloux roulés de silex, de fragments de grès diestiens, avec gros blocs épars, à arêtes vives, de roches quarizeuses, Cambriennes et siluriennes. . .. . . -* 0.10 Dale slauconière assehienne +. : . … , :. . . 2 (0 Mon interprétation est la suivante : Mètres. À et B. Flandrien . : 1 30 MAD Hesbayen.: 51, , : . . . … . .. , . ... 3.60 JU R, LM, Campinien … :. .!. … … . : . 6-80 2.00 N. Argile asschienne . Pour ce qui concerne le facies principalement glaiseux, une coupe toute récente, prise pendant le travail de l’excavateur sur la paroi Sud, en montre parfaitement la composition. Voiei cette coupe : LL LMD DD JFK e ” es le. n Fa : La Fig. 3. — COUPE MONTRANT LE FACIES SIMPLE A PRÉPONDÉRANCE GLAISEUSE. 344 PROCÈS-VERBAUX. A *Sableflanqrien 22 EP EC ARSRE . Sable grossier avec grains de gravier, base du Flandrien. C. Alternances de limon et de sable jaune, obliquement stratifié vers le bas (Hesbayen) . D. Glaise plastique, grise, avec linéoles noires, tourbeuses, sur- tout à la partie supérieure . E. Lit de sable meuble, blanchâtre. . . . F. Glaise grise avec petits amas tourbeux . G. Lit de sable meuble blanchâtre . H: Glaise grise MS PE CNE PRE 1. Lit de sable meuble, blanchâtre. . . . K. Masse sableuse, avec linéoles limoneuses et tourbeuses, parfois irrégulièrement stratifiée "te PR L: Gravier de silex M CRE M. Argile glauconifère asschienne =" OO J'interprète cette coupe de la manière suivante : À et B. Flandrien #25 GC. Hesbayen. 45 450 SSSR D, E, F,G,H,1,K, L. Campinien . . ". Enfin, 1l nous reste à considérer le type des coupes n’existant guère Argile glauconifère assChienne, . , mr Mètres. 1.40 0 10 4.00 1.00 0.30 0.60 0.40 0.50 0.50 oo 0 10 3.00 1.90 4 00 ».80 3.00 que dans le tiers Est et comprenant des lambeaux de Moséen. Ces coupes sont de composition très variable, selon que le Campinien a plus ou moins raviné le Moséen; de plus, lorsque les deux assises. sont superposées, il y a généralement peu de cailloux au contact, le principal cailloutis passant à la base du Moséen. Voici une coupe pouvant donner une idée de quelques dispositions que l’on peut observer : SEANCE DU 16 NOVEMBRE 1909. AL ET P ENTRER SERRE Tr Ê Cp ES g. 4. — COUPE MONTRANT UNE SUPERPOSITION DU CAMPINIEN SUR LE MOSÉEN. Mètres. A Flandrien avec fin gravier de base . . . . . . . . 1.50 B. Zones alternantes de sable et de limon. . . . . . . 3.00 C. Ravinements remplis de sable meuble à stratification oblique, avec zone caillouteuse, parfois en haut et en bas . . . 1.50 D. Glaise gris-bleu, avec lit tourbeux vers le haut . . . . 0.60 ESable meuble, blanchâtre. . : . . . . . . . . (0.30 F. Glaise grise, sableuse. avec minces lits de matières végétales. 0.50 G. Alternances de sable blanc et de zones noirâtres plus ou moins limoneuses, à points noirs tourbeux . . . . . 4.00 H. Caïlloux de silex peu nombreux, parfois mélangés de galets plus ou moins gros de glaise gris-bleu foncé . . . . 005 I. Glaise gris-bleu foncé avec lits tourbeux . . . . . . 0.50 J. Sable noir, très grossier, avec de très nombreux débris végétaux, troncs d’arbres. branches, fruits, ete. . . . 0.30 Prier de silexiroulés 4.8 2 haliautes en, le 21: 0:15 Are slauconifère asschienne: 114: 4 1) 24; + + 0.50 345 346 PROCÈS-VERBAUX. cu) Vtéesagé Mon interprétation est la suivante : Mètres A. Flandrien avec fin gravier à la base. 2. AE) B, G. Hesbayen. :. + + 2: 4 +10 00 OO OO D,E,F,G, H. Campinien :. 1,7, K. Moséen … . 0 7, OS L. Argile asséhienné ... "4 202 COR UD Ce type de coupe peut varier beaucoup d’aspect, selon la profondeur du ravinement de la base du Campinien, selon la composition du Moséen et aussi le degré d'humidité ou de sécheresse du gros sable à végétaux; c'est ainsi que ce gros sable, noir lorsqu'il est humide, blanchit fortement à l’état sec. Enfin, Je ne crois pas douteux que là où le Moséen u’existe pas, le A ENE de base du Campinien est surtout formé aux dépens du déla=« vage du gravier base du Moséen, qui est le plus important. | Là où le Moséen existe, le gravier base du Campinien est peu fourni, et parfois 1l est remplacé par des galets plus ou moins volumineux de glaise moséenne et parfois de blocs déplacés de cette glaise. Toutefois, les gros blocs de roches siliceuses, à arêtes peu usées, n’apparaissents qu’au niveau campinien, | Dans notre premier travail, nous avons signalé la grande quantité d’ossements de mammifères rencontrés à la base du Campinien. Des découvertes semblables ont continué à se produire dans les mêmes proportions que précédemment; aussi l'énorme atelier de paléontologie du Musée commence-t-il à être encombré de matériaux. Déjà un triage a permis d'enlever et de mettre en magasin toutes les pièces brisées que l’on n’a guère d'espoir de pouvoir compléter, et ce qui reste de bons éléments est considérable. | Toutefois, malgré ces accroissements incessants, la liste des espèces” n’augmente guère, Car nous n'avons pu y ajouter que le Bison, le Renard, le Lièvre et la Chèvre, ces deux derniers représentés chacun par une vertébre. C’est toujours le Rhinoceros tichorhinus qui est l'animal le plus abon- dant; il y en a des débris de toutes les grandeurs parmi lesquels plusieurs belles têtes munies des dents. Ensuite vient le Mammouth dont nous avons encore recueilli une belle tête d’adulte avec ses défenses. SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1909. 347 Après le Mammouth vient le Cheval, qui pourrait présenter quelques variétés, puis le Bison, puis le grand Bœuf, puis le Renne, le Cerf d'Irlande et l'Ours brun. Le Renard, le Lièvre et la Chèvre sont à peine représentés. Parmi les très nombreuses mâchoires inférieures et molaires d'Éléphant, il se montre des variantes qui se rattacheront probablement à l’Elephas intermedius. Il doit être bien entendu que cette faune de Hofstade se trouve à l’extrême base du Campinien reposant sur le Moséen et qu’elle est, par conséquent, beaucoup plus ancienne que la faune rencontrée dans les cavernes, attendu que celles-ci sont d'âge quaternaire supérieur (Brabantien et Flandrien), et bien que les principaux éléments des deux faunes soient sensiblement les mêmes. En Belgique, la faune du Mammouth, apparue avec le commence- ment du Quaternaire moyen, a donc vécu très longtemps sans modifi- cation. Quant au Moséen, il continue à fournir des troncs d’arbres, des branches, des fruits, toutefois en quantité sensiblement moindre, vu qu'il se réduit de plus en plus. Aucun nouvel ossement n'y a été signalé, de sorte que les quelques os qui avaient été indiqués comme provenant de la couche à végétaux — et qui sont, du reste, sans caractères — pourraient simplement provenir de points où le Moséen avait été raviné par le Campinien jusque près de sa base où sont les végétaux. Les seules nouveautés intéressantes résident dans la récolte, à divers niveaux du Campinien, soit dans la glaise, soit dans le sable blanc, de débris végétaux à étudier (1!) et, dans le sable blanc, meuble À de la coupe figure 1, de coquilles d’eau douce et de coquilles terrestres, parmi lesquelles nous avons reconnu des Cyclas, Helix hispida et Succinea oblonga. Ces coquilles sont rares et fragiles. Nous continuerons à suivre les travaux avec attention et nous aurons soin de tenir les membres de la Société au courant de tous les faits intéressants qui pourront se présenter dans la suite. (*) Dans une lentille assez épaisse, composée de débris végétaux, intercalée vers le bas du sable blanc base du Campinien, nous avons remarqué quelques élytres d'insectes 348 PROCES-VERBAUX. Euc. MAILLIEUx. — Quelques observations sur la Kochia capuliformis Koch. sp., du Dévonien inférieur. La forme bizarrement étrange de sa coquille capricieusement contournée fait de la Kochia capuliformis un des plus intéressants mollusques Pélécypodes que je connaisse. Une conformation aussi peu ordinaire ne pouvait manquer de faire naître des interprétations différentes : Je crois utile de donner un court aperçu de celles dont l’espèce à été l’objet, en les signalant comme un nouvel exemple de la confusion qui ne s’introduit que trop souvent dans la nomenclature paléontologique. SYNONYMIE. 1865. ? Naticopsis sp. F. Rœmer, ZEITSCHR. DER DEUTSCH, GEOL. GESELLSCH., XVIII, p:0092 plate, 1880. Lamellibranche indéterminé Gosselet, Esquisse GÉOL. Du NORD DE LA FRANCE, fase. I, pl. 4, fig. 24. 1881. Avicula ? nov. sp. Kayser, JAHRB. DER KÔNIGL. PREUSS. GEOL. LANDESANST. für 1880, p. 262. 1881. Ræmeria capuliformis G. Koch, ibid., p. 204. 1853. Avicula capuliformis (CG. Koch sp.) Kayser, JAHRB. DER KÔNIGL. PREUSS. GEOL, LANDESANST. für 1889, p. 121, pl. IV, fig. 3 et 4. (N. Beiträge zur Kenniniss der Fauna des rhein. Taunusquarzits.) 1885-1886. Avicula capuliformis Gosselet, ANN. Soc. GÉoL. pu Nomp, t. XII, p. 307. (Tableau de la faune coblenzienne.) 1888. Avicula capuliformis Gosselet, L'ARDENNE, pp. 227 et 339, 1888. Kochia capuliformis Frech, ZEITSCHR. DER DEUTSCH. GEOL. GESELLSCH., XL, p. 362. 4889. Onychia capuliformis (Koch sp.) F. Sandberger, ENTWICKELUNG DER UNTER. ABTHEIL. DER DEVON. SYST. IN NASSAU, p. 11. 1891. Kochia capulhformis (Koch sp.) Frech, ABHANDL. ZUR GEOL. SPECIALKARTE V. PREUSS. UND DER THÜRING. STATEN, Bd IV, Heft 3, pp. 72-75, pl. VI, fig. 6 a-f. (Die devon. Aviculiden Deutsch.) 1897. Kochia capuliformis Frech, LETHAEA GEOGNOSTICA, ODER BESCHREIB. UND ABBILD. FÜR DIE GEBIRGS-FORMATIONEN BEZEICHN. VERSTEINERUNGEN, Bd Il, Liefer. I, pp. 443, 144, 147, 148, pl. 24 a, fig. 14 a, b. (Lethaea palaeoxoïca.) 1907. Kochia capuliformis Schmidt, JAHRB. DER KÔNIGL. PREUSS. GEOL. LANDESANST. UND BERGAKAD., Bd XXVIII, Heft 3, pp. 434, 439, 450. (Die Fauna der * Siegener Schichten des Siegerlandes.) SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1909. 349 Cette forme, qui a été généralement citée comme ‘eitfossil du quart- zite taunusien et dont on ne rencontre guère que la valve gauche, offre, pour me servir des termes de Barrande, « des apparences inso- lites et énigmatiques ». Cela justifie la grande perplexité des auteurs qui l'ont recueillie lorsqu'il s’est agi de trouver sa place dans la systé- matique. Ferdinand Rœmer, qui l’a signalée dès 1865, en a fait un Gastéro- pode et l’a rangée avec doute parmi les Naticopsis. M. Gosselet eut, le premier, le mérite de reconnaître, en 1880, la classe d'animaux à laquelle elle appartient. Mais 1l s’abstint de lui donner un nom, tout en en publiant une très bonne figure avec la mention : « Lamellibranche. Espèce caractéristique du Taunusien. » La même année, M. Kayser, dans Beiträge zur Kenniniss der Fauna des Taunusquarzits, signala ce même fossile sous la dénomination de Avicula nov. sp., en la rapprochant d’Avicula dispar Sandberger, du Nassau, et d’Avicula eximia de Verneuil, de Russie. M. C. Koch, également en 1880, en attirant l'attention sur la forme des Capulides qu’'affecite le moule de cet étrange bivalve, le rangea entre les Ambonychia et les Megalodon sous le nom de Rœmeria capuliformis. En 1881, Barrande, à propos de son genre Zdimir, rappela les relations de l’unique spécimen de Zdimir solus du Silurien de Bohême avec d’autres formes, et notamment avec le Lamellibranche du Dévo- mien inférieur figuré par M. Gosselet (Esquisse, pl. 1, fig. 24), qui en diffère, dit-il, par la courbure beaucoup plus exagérée de la valve gauche chez ce dernier. En outre, l'espèce de Bohême est ornée de côtes qui divergent à partir du crochet jusqu’au bord palléal. Dans sa Neue Beiträge zur Kenntniss der Fauna des Taunusquarzits, en 1885, M. Kayser maintint cette forme dans le genre Avicula en y ajou- tant le nom spécifique capuliformis créé par Koch en 1881. Cette manière de voir fut partagée par M. Gosselet qui, en 1886, puis en 1888, signala l’espèce sous le nom d’Avicula capuliformis Koch, dans les grès d’Anor (Taunusien) du littoral Sud du bassin de Dinant et dans les grès de Mormont, qu’il place au sommet de la Grauwacke de Montigny du littoral oriental du bassin de Dinant : je reviendrai un peu plus loin sur ce point. En 1888, M. Frech créa le nouveau genre Kochia, dont il prit pour type l’Avicula capuliformis. Il considéra dès lors ce genre Kochia comme formant, parmi les Aviculides, un nouveau groupe qu'il dénomma Kochiidæ. | 300 PROCÈS-VERBAUX. F. Sandberger, en signalant, en 1889, l’existence de ce fossile dans“ son Onychien Quarzit,fit la remarque que ce très intéressant mollusques dont la valve gauche affecte tout à fait la forme d’une griffe (Klaue),… ne saurait être maintenu dans le genre Avicula tel qu'on l'a fixé actuellement. Il déclara toutefois ne pouvoir admettre le nouveau nom générique Ræœmeria donné par Koch, en 1881, pour la raison que ce nom a déjà été utilisé par Milne-Edwards et Haime pour un polypier du Dévonien rhénan (1). De même, il rejeta le nom de Kochia employé par Frech, parce que ce nom désigne depuis longtemps une plante (2} et que, de plus, selon lui, l'intention de M. Frech de dédier cette forme au souvenir de C. Koch pouvait d'autant moins se réaliser de la sorte, qu'il existe encore beaucoup de naturalistes du même nom! Il adopta conséquemment le nom de Onychia rappelant la forme de la coquille. Dans son mémoire sur les Aviculides dévoniennes d'Allemagne, en 1891, M. Frech, en établissant la diagnose de son genre Kochia qu'il maintient, classa dans la synonymie les genres Ræmeria C. Koch (non Milne-Edwards et Haime) et Onychia Sandberger. Après avoir rappelé les considérations consignées plus avant, il admet les rapprochements ou plutôt les comparaisons de Kochia capuliformis avec Avicula dispañ Sandberger, et A. eximia Verneuil ; mais l’état de conservation du seul exemplaire original connu de cette dernière est si imparfait, qu'il est impossible de distinguer avec certitude si A. eximia appartient réelle= ment au genre. Kochia avec lequel elle a de réelles affinités. Le Zdimir solus Barrande n’a rien à faire ici. C’est un Brachiopode rangé d’abord parmi les Uncites et dont une préparation de la région cardinale a fait reconnaître qu’on était en présence d’un Pentamére (5): Examinant ensuite les deux raisons données par F. Sandberger pour justifier la création du nom générique Onychia, M. Frech montre combien elles sont peu sérieuses et sans valeur. Une confusion entre la plante vivante et la coquille dévonienne est, en effet, à peine à craindre; et le double emploi d’un nom pour des choses qui ne sauraient être confondues ne contrevient nullement aux principes admis pour la nomenclature. De même, la possibilité d’une confusion avec un autre Koch est à peine admissible, car il est clair que chaque géologue qui (1) Polypiers fossiles des terrains paléoxoïiques, p. 253. | (@) Kochia Roth, plante de la famille des Chénopodiacées. (Genera plantarum, de BENTHAM et HOOKER, vol III.) 3) FRECH, Die Aviculiden Deutschlands, 189, p. 73, renvoi 1. SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1909. 391 aura affaire à la forme fondamentale saura indubitablement ce qu'il manipule! De plus, le nom Onychia est fort mal choisi : abstraction faite, même, que la ressemblance avec une griffe (Klaue) est très aléatoire, cette dénomination se rapporte bien davantage à un Cépha- lopode fossile portant des crochets et désigné sous le nom de Onychites par Quenstedt (1). Dans ses Lethaea palaeozoïca, en 1897, M. Frech signale la présence de Kochia cupuliformis dans la Siegenergrauwacke, dans le Taunus- quarzit et dans le niveau de base des Untere Coblenzschichten {— unteren Grenzschichten de l’étage du Spirifer Hercyniae), niveau qu'il indique comme équivalent des grès de Mormont. Les figures qu'il donne 1e (pl. 24a, fig. 14a, b) sont simplement reproduites de la planche VI de Die devon. Avicul. Deutschl. Dix ans plus tard, M. Schmidt, dans son travail sur Die Fauna der Siegener Schichten des Siegerlandes, mentionne également l’existence de cette espèce dans trois de ses horizons du Siegenien : 1. Midflaserige Grauwackenschiefer (horizon n° 3); 2. Rauhflaserige Grauwackenschiefer (horizon n° 5a); 3. Herdorfer Schichten (horizon n° 6). En Belgique, on rencontre assez fréquemment cette espèce dans les grès d'Anor (— Taunusien — T'aunusquarzit — Cb1). J'en ai recueilli d'assez nombreux individus dans le gîte si intéressant du Moulin-des- Bois, à Petigny, et j'ai pu en admirer une fort belle série de même provenance dans les collections du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique, dont les spécimens sont étiquetés de la main autorisée de Beushausen. Le Musée en possède également des grès blancs de Mor- mont, mais, dans cette dernière formation, l'espèce parait beaucoup plus rare. Une petite digression dans le domaine stratigraphique me paraît ici nécessaire, afin de bien préciser l’aire de dispersion de l'espèce. On sait, en effet, que si la position des grès de Mormont est connue (chacun sait qu'ils se trouvent entre la grauwacke de Montigny et le grès de Vireux), on n’est pas absolument d'accord au sujet de l’assise dans laquelle on doit les ranger, et ce détail a bien quelque importance. Dumont, sans indiquer les motifs qui lui faisaient adopter cette manière de voir, les plaçait dans son système Ahrien. (*) Handbuch der Petrefakt , 1885. p. 519. | 302 PROCÉS-VERBAUX. M. Gosselet, qui d'abord, à cause de leur faune, les avait considérés comme représentant les grès d’Anor dans le littoral oriental du bassin de Dinant (côte Sud-Ouest de l’île de Stavelot), reconnut ensuite leur véritable position vers le milieu de son étage coblenzien, entre la grauwacke de Montigny et les grès de Vireux (!); il les rangea dès lors au sommet de son assise de Montigny (= Hunsrückien — Siegener- Schichten — Hunsrückschiefer). Il motive longuement son opinion dans L’Ardenne (?) en ajoutant que « le grès de Mormont pourrait tout aussi bien être placé à la base de l’assise de Vireux qu’au sommet de celle de Montigny », mais en faisant observer qu’il croit préférable de restreindre la première assise aux couches qui montrent nettement le caractère du grès de Vireux. La façon de voir de M. Gosselet ne paraît pas avoir été adoptée : M. Frech, en 1898, dans ses Lethaea palaeozoïca (p. 156), place les grès de Mormont à la base de l'étage du Spirifer Hercyniæ (— grès de Vireux = Ahrien — untere Coblenzschichten) et les indique comme synchroniques des untere Grenzschichten. C’est également l’avis de M. Stainier, qui, en 1902, dans la feuille de Mormont-Durbuy de la Carte géologique officielle, place le grès blanc de Mormont à la base des grès de Vireux sous la désignation Cb3g. | Malgré le fait acquis de la place des grès de Mormont entre l’Huns« rückien et l’Ahrien, leur attribution au sommet de la première assise ou à la base de la seconde reste une question assez peu aisée à trancher, vu le facies tout particulier de la faune de ces grès, que M. Gosselet dénomme « facies anoreux », et 1} est difficile et délicat d’y faire état de la présence ou de l'absence de certaines espèces dites caractéris- tiques. Toutefois, Je serais néanmoins porté à considérer plutôt ces“. dépôts comme Ahriens à cause de l’absence compiète du Spirifer. primævus si caractéristique des formations siegeniennes (Taunusien et Hunsrückien). Bien que M. Frech ait signalé la Kochia capuliformis dans la Siegener Grauwacke, cette espèce paraît, chez nous, être limitée aux grès d’Anor et aux grès de Mormont et n'avoir vécu que sur des fonds de sable” pur. Les courants hunsrückiens, chargés de sédiments vaseux, n'étant” pas favorables à son existence, elle aura, suivant l’heureuse expression. de M. Gosselet (5), accompagné les colonies anoreuses des grès. (‘) Annales de la Société géologique du Nord, t. XIII, 1885-1886, p. 307. (2) L’Araenne, 1888, pp. 339-342. (5, L’Ardenne, p. 342. SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1909. D9 Taunusiens dans leur émigration vers des régions où elles trouvèrent des conditions agréables d'habitat, et c’est ainsi que nous la retrou- vons à Mormont après qu’elle a résisté pendant toute une période séologique à l’action chronique du temps. Elle n’a pas toutefois dépassé le grès de Mormont. En ce qui concerne la description de cette espèce, je n’ai rien à ajouter à ce qu’en ont dit MM. Kayser et Frech, dont on peut résumer comme suit les diagnoses : Coquille très inéquivalve; valve gauche extrêmement bombée, avec le crochet recourbé. Ailes très petites. Dos très étroit, recouvert de stries d’accroissement visibles plus - nettement au bord paliéal. Sous le crochet se trouve une sorte d’area présentant une surface triangulaire courte, haute et concave (surface ligamentaire). Cette surface est netiement striée. Dents généralement absentes, par suite de l’état de conservation. Valve droite rarement conservée. Elle représente un opercule plat, recourbé de travers. La coquille est, dans les deux valves, fort épaisse au crochet. Les individus jeunes ont une forme plus aviculoide que les adultes. Quant au genre ÆKochia lui-même, il se distingue aisément des autres Aviculides par la délimitation indécise des ailes, la hauteur de la surface ligamentaire et surtout l’anormale « inéquivalvité ». G. HASSE. — Les sables noirs dits miocènes holdériens, à Anvers. Le territoire de la ville d'Anvers, qui a déjà livré tant de documents paléontologiques qui ont aidé aux progrès de la science zoologique, présente encore de nombreuses énigmes au point de vue géologique. Les sables noirs dits miocènes ou mio-pliocènes boldériens aftleurent sur un tiers de la superficie d’Anvers-Sud, et cependant leur étude ne put Jamais être faite d’une façon approfondie. … Nombreux sont ceux qui, il y a une vingtaine d'années, cherchèrent à élucider le problème stratigraphique des sables noirs d'Anvers, rangés par Dumont dans le Pliocène, dans le Mio-pliocène par MM. Mourlon et. van den Broeck, dans le Miocène par MM. Nyst, de Wael, Dewalque, Cogels, Van Erthorn; toujours subsista un doute quant à la place exacte de ces sables dans l’échelle géologique. MM. Nyst, Cogels, van den Broeck étudièrent les affleurements de la 304 PROCÈS-VERBAUX. zone la plus inférieure au contact de l'argile de Boom, à Edeghem et. au Kiel, et la dénommèrent : couche à Panopaea Menardi. MM. Cogels, van den Broeck et Mourion étudièrent les affleurements de la zone la plus supérieure et l’appelèrent sur le territoire d'Anvers: couche à Pectunculus pilosus. | Au début, l'opinion qui prévalut fit de ces deux couches des horizons absolument distincts ; plus tard, on fut d'accord pour admettre encore deux horizons distincts, mais superposés directement. Au cours de ces dernières années, J'avais eu l’occasion d'observer en plusieurs points des coupes dans les sables noirs dits miocènes boldé- riens; mais ce n’est que dernièrement, dans de très nombreuses descentes sous l’Escaut dans les caissons à air comprimé au quais Saint-Michel, que j’eus la bonne fortune de pouvoir étudier les sables“. noirs sur cinq mètres d'épaisseur; l’étude que J'y ai faite m'a amené à les envisager sous un jour que je crois nouveau. Voici d’abord les coupes que J'ai eu l’occasion de relever : | À. — COUPE PRISE A L'ANCIEN FORTIN DE BERCHEM. NOUVEL ARSENAL LONGUE RUE D’ARGILE, A ANVERS. Cotes. Épaisseur. lerre-vésétale Le. 0 OR CO RE PTE COR L 140 002 Flandrien jaunâtre avec gravier de base. . + 7 40 à + 6 30 1.10 Sable noir avec ossements de cétacés, mol- lusques dissous: + à . 0.1. NE 67300 O0 Sable noir avec banc de Pectunculus pilosus. +. 5.90 à + 5.10 O0 80 Sable noir, dents et vertèbres de squales. . + 5.10 à + 5.00 0.10 : 2. —— COUPE PRISE RUE DU CHARIOT, COIN DE LA RUE DE LA PETITE ÜOURSE, ANVERS-ZURENBORG. . Flandrien jaunâtre avec gravier noir à labase + 5.35 à + 5.00 0.35 Sable noir avec banc de Pectunculus pilosus. + 5.00 à + 4.85 0 65 3. — COUPE PRISE DEVANT LA STATION DU CHEMIN DE FER A BERCHEM-ANVERS. Flandrien sable jaunâtre . . . : . . + 17.66 à = 7.500 40:36 Sables noirsfluides, extrêémementfossilifères, quelques pétoncles 2.1, 4 0 0. 24 SUN 4, — COUPE PRISE BOULEVARD LÉOPOLD, ENTRE LA RUE MERCATOR ET LA RUE DES NERVIENS, A L'ANCIENNE ÉCURIE DES TRAMWAYS. Flandrien sable jaunâtre avec gravier de base + 5.50 à + 5.00 0.50 Sable noir, banc de Pectunculus pilosus . . + 5 00 à + 3.90 1.10 SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1909. 353 5. — COUPE PRISE AVENUE DE LA CHAPELLE, AU COIN DE L’AVENUE LE GRELLE, A BERCHEM-ANVERS. Cotes. Épaisseur. lenrevésétale . . . en TD TO a E-0:-00! F20%85 Flandrien jaunâtre vers le haut, vert vers le DAS A ER una ut 0004 ET. 10 2.80 Sables noirs dits miocènes . . . . . + 7.10 — 6. — PARTIE SUPÉRIEURE DU SONDAGE FAIT PLACE ST-ANDRÉ, PRÈS DU QUAI ST-MICHEL, PAR MM. COGELS ET VAN ERTBORN. Les cotes de niveau sont mises ici au lieu des simples cotes de profondeur de sondage. Terrains rapportés . . . . . . . . + 8.32 à + 5.80 2 52 Flandrien ou Quaternaire . . . . . …. + 5.80 à + 0 45 Don Argile verte sableuse . Un ot 10:45 a — 1,45, 1:90 Sables noirs à Pectunculus. . . . . . — 1.45 à — 9.35 0.90 Sable noir mouvant . D …. — 2.35 à — 605 3.70 Sable noir argileux . . . ._ + «+ «+ — 6.05 à —17.85 11 80 le de Boom. … .. . . . : _ . — 411.00 an 1. — COUPE RECONSTITUÉE D'APRÈS LES OBSERVATIONS FAITES AU QUAI SAINT-MICHEL. A ANVERS, DANS LES CAISSONS A AIR COMPRIMÉ. Sable noir mouvant. . + + . . . . … —10 00 à —12 00 _ Sable noir avec nombreuses grandes Cyprina MARIE a 0 à oO! à = . .. —149.00 à —- 12.50 — Sable noir souvent très argileux, fossilifère . — 12.50 à — 13 50 4 Banc d’Isocardia lunulata et Tellina Benedeni —13 50 à — 13 80 — Sable noir très fossilifère . . . . . . —13 80 à — 14.50 —— Pectunculus souvent bivaives . . + «4 —14.50 à — 14.60 — Sables noirs souvent argileux, extrêmement lussiliières, . . . . . . . … . 14 60 à — 15.00 — Septaria de l'argile de Boom surmontées par un gravier de base noir abondant mais petit — 15.00 à — 15.15 — Argile de Boom olhgocène . . . . . . — 15.15 — 8. — COUPE PRISE RUE DE LA PROVINCE SUD PRÈS DE LA RUE MERCATOR AUX ENTREPÔTS BRUNER. MEN OO W 2 à °° +6.10 à + 5.00 — Banc de Pectunculus et sables noirs . . . + 5.00 à + 4.00 — MAMIE noirs .… . . . ,. _. . , . .- +400 à + 3.00 — Sables avec dents et débris d’ossements. . + 9,80 — 306 PROCÈS-VERBAUX. ! 4 * us —. Fossiles recueillis : A) au fortin de Berchem, B) au quai Saint-Michel, et constituant des espèces nouvelles (e) pour la faune de cet horizon ou rencontrées en grande abondance et signalées comme rares jadis (ee). VERTÉBRÉS SUPÉRIEURS. Phoca sp. une canine, une vertèbre dorsale. Trichecus Antwerpiensis G. Hasse, 1909, une phalange een en re VERTÉBRÉS. Balenoptera rostratella Van Ben... Balenoptera borgistina Van Ben. . Balenotus insignis Van Ben. ZIPRIUS IS DEN USE ICE PAR Plesiocetus dubius Van Ben Plesiocetus Sp. 7: Plesiocetus Brialmonti Van Ben. . Heterocelus SD FERRER ROC Amphicetus affinis Van Ben. DEIDRINUS SDS RON Delphinus Waasii Van Ben. POISSONS. Trigloïides sp. Carcharodon megalodon Ag. Carcharolon Sp AMAR EE LITE Notidanus primigenius Ag.. . . . Oxhyrina hastalis Ag. “De Oxhyrina crassa Ag. Oxhyrina Wilsoni Gibbes . Oxhyrina trigonodon Ag. Lamma elegans Ag. . Lamma denticulata Ag. GHIEOCCRAOE OS Otodus sp : MULOB ESSOR EME > pp EL > > Er > L'E> L/'> > >> >>> > EE > à MOLLUSQUES LAMELLIBRANCHES. Pholas crispa WNoodi 40 SOLEN SUUNTO RE Culitellus tenuis Phil. 6 © © ee © + ® © © © © & © € 8 © + © € ee SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1909 Panopaea Menardi Desh. . :.:.".".". Mya truncata L. . Tellina Benedeni Nyst Tellina subfragilis Brocc. . Donaæpolila Pol. .--. . Saxicava arctica L. . Saxicava fragilis. . PES GHSINE Li SR 0 M ons à e Lepton deltoideum Wood . . Cyprina islandica L Cyprina rustica J. Low. Cyprinu rotundata Cardium decorticatum . +. Cardium nodosuin Mont Isocardia lunulata Nyst. Astarte Basteroti La]. Leda semistriata . Arca diluvii LKk. . Pectunculus glycimiris L. . Pectunculus pilosus L. . Mactra striata Nob . Psaminobia Dumonti Nob. . Pecten sublaevigatus Nob. .: . Pecten radians Nvyst Pecten tigerinus Mull. Ostrea cochlear Broch. . Ostrea edulis L MOLLUSQUES GASTROPODES. Trophon antiquum L. Ficula reticulata . Purpura lapillus L. . Cassidaria bicarenata J. Low. . Voluta Lamberti J. Low. Natica millepunctata Lk. Chenopus pespelicani L. . Ringicula buccinea Brocc. . Teredo pliocena G. Hasse, 1909. Typhis horridus Broch.. . . . > > > pp D L D D D > > D > > D > D» > = D > D > > > » > Pr à 0 0 9 0 0 23 6 6 0 0 8 9 0 0 © © © 0 © 8 © © © ee © 308 PROCÈS-VERBAUX. Nassa pulchella Ond? ; Pleurotoma Udekemi Nyst . . . . Pleurotema porrecta Wood. . . . . . Columbella subulata Brocc . Borsonia uniplicaia Nyst. Trochus occidentalis M. et Ad. Cylichna umbilicata Mont. . D ie Dim jp ee. 0 0e Turbonillia similis Forbes . BRACHIOPODES. Eingula DLMOTUer NRC A B ® Dans la partie de sables noirs étudiée au quai Saint-Michel à Anvers, Lucina borealis s’est montrée très abondante, grande et bivalve presque toujours ; Panopaea Menardi à toujours été trouvée, droite en position perpendiculaire, comme on la retrouve vivante; Tellina Benedeni était toujours bivalve et abondante; Nucula Deshayesi était dispersée à tous les niveaux et le plus souvent bivalve; Cyprina islandica était extrêmes ment abondante, horizontale dans le banc, et sa taille moyenne était de 10 centimètres; /socardia lunulata, abondante, retrouvée seulement deux fois bivalve, le plus souvent seule la valve droite subsistait. L'ensemble des sables examinés était extrêmement fossilifère, mais l'infiltration des eaux de l’Escaut avait ramolli beaucoup de fossiles. Quelques bois flottés, perforés par Teredo pliocena, ont été retrouvés. Près du contact oligocène, deux vertèbres caudales de Balenoptera ont été rencontrées. Il est certain que le banc de Septaria du contact est un bane appar= tenant à l’argile de Boom, mais dénudé et perforé postérieurement par Pholas, Saxicava, Mouiola. Si l’on envisage l’ensemble des espèces nouvelles et la disposition et l'abondance de certaines espèces de mers plutôt froides, on est tenté de ranger les sables noirs d'Anvers, non plus dans le Miocène ou le Mio- pliocène, mais dans le Pliocène inférieur, et on peut espérer que, d’après ces nouvelles données, on finira par réaliser un accord à ce sujet; quant à moi, je considère que la mer pliocène inférieure (sables noirs) a précédé sans lacunes la mer pliocène moyenne, mer dans laquelle, à diverses reprises, il y eut des alternatives de réchauffement et de refroidissement. Les nouvelles espèces communes aux sables dénommés à Panopées SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1909. 309 et à Pétoncles ont augmenté encore, et il semble que plus une raison ne subsiste pour diviser les sables comme précédemment, et la série de sables noirs à Anvers se divisera donc en . Zone sableuse sans fossiles. . Lone sableuse noire à ossements. . Lone sableuse avec Pectunculus. . Lone sableuse. . Lone sableuse à mollusques et restes de poissons. . Lone sableuse avec nombreux fossiles. . Zone à Cyprina islandica. . Zone sablo-argileuse. LOMME SMAOT ME MCOMRONE . Lone à 1socardia et Tellina. 10. Bande détritique. 11. Contact oligocène graviers-septaria. l'épaisseur des sables noirs à Anvers étant en moyenne d’une dizaine de mètres. Sur 700 mètres environ de longueur, les cotes du contact des sables noirs avec l'argile de Boom furent, en commençant au Bassin de batelage : On D 0 0. 7 — 13.80 Caisson 8 . |. .: . — 48:00 — DRM 0e 1 —:43.065 — De. 417 — 124 — 3 — 13 55: + A0 4 05. : /: — 13:80 Mer. 4 —_ 13.35 CRT NE ER TE 5 — 13.90 Ie ee /12.65 — 6 — 13.15 19. 0.0." "2 45.85 — 7 — 13.10 Ponton de la station de Waes : SON 10. . .. — 15 45 Caisson 10m mn a. 15185 —. 9 — 49.15 0 AU Le 1%. 45:65 — 746 — 15.45 — A2... . . . — 15.00 — À — 15.85 — 143 . . . . — 15 30 = 1000) — 16.05 — 14... . — 15.10 == MA — 15 85 mr lite 002 +, (4540 20 | — 15.85 — 16 . . . . — 415.00 =) — 15.95 LUE LA, 45700 mi: 9 — 15.90 UN dOLn rerLhi 2409:00 300 PROCES-VERBAUX. Le fond marin, base des sables noirs, montre une variation assez con- sidérable en certains endroits, mais, chose curieuse, le cordon littoral de graviers ne disparaît pas quand l’argile remonte, mais disparaît deux fois dans des dépressions, caisson 13 (2° série) et caisson 5 (2° série). Le pendage des couches à une inclinaison Nord-Ouest qui, à un endroit donné, vers le Canal au Sucre à Anvers, doit être assez brusque. On voit, d’après l’ensemble de ces quelques renseignements, combien mamelonné était le premier dépôt des sables noirs, et il faut espérer que l'avenir nous permettra de connaître encore mieux la topographie souterraine, Je tiens, en terminant, à remercier chaleureusement l’éminent ingé- nieur M. Frankowski de l’aide si précieuse qu'il m'a prêtée, pour me permettre de poursuivre mes études géologiques dans les caissons à Anvers, et les entrepreneurs, MM. Cousin et Coisieau pour leur accueil cordial sur leurs travaux. BIBLIOGRAPHIE 1877. COGELS, PAUL, Considérations nouvelles sur les systèmes boldérien et diestien. (Ann. Soc. malacolog. de Belgique, 1877, t. XII.) 1880. CoGELs, P. et vAN ERTBORN, Texte explicatif du levé géologique des planchettes de Hoboken-Contich-Boom-Anvers-Lierre. (Publicat. de la Carte géolog. de Belgique, Bruxelles, 1880, 3 vol. in-4°.) 1850. Dumonr, Rapport sur la Carte géologique du Royaume. (Bull. Acad. roy. de Belgique, 1850, t. XVI, 2% partie, p 391.) 1853. DE WAEL, N., Observations sur les formations tertiaires des environs d'Anvers. (Bull. Acad. roy. de Belgique, 2e sér., t. XX, n° 1, p. 1.) 4874. DEWALQUE, FR., Communication sur les terrains d'Anvers. (Soc. malacol. de Belgique, 1874, t. IX, p. XXIv.) 1875. DEWALQUE, FR., Note sur la glauconie d’Anvers. (Ann. Soc. géolog. de Belgique, 1875, t. Il, p. 35.) 1876. DEWALQUE, FR., Sur le dépôt sealdisien des environs d’'Hérenthals. (Ann. Soc. géolog. de Belgique, 1876, t. II, pp. 7-11.) 1876. DEWALQUE, FR., Sur quelques localités pliocènes de la rive gauche de l’Escaut. (Ann. Soc. géolog. de Belgique, 1810, t. IL, p. 20.) 1863. GEzRAERTS, Le Bolderberg et sa faune fossile. (Bull. Sect. littér. Soc. des Mélophiles de Hasselt, 1865, t. IL, p. 53.) 1876. GossELET, Relations des sables d'Anvers avec les systèmes diestien et boldérien. (Ann. Soc. géolog. du Nord, 1876, t. IV, p. 1.) 1865. LANKESTER, Ray, The Crags of Suffolk and Antwerp. (Geolog. Magazine, vol. IX, 1865, pp. 103 et 149.) 1852. LyeLr, Sir CH., On the tertiary strata of Belgium and french Flanders. (Geolog. Society, 1852, vol. IIT, p. 11, n° 31, août.) SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1909. 361 1864. LveLr, Sir CH., Éléments de géologie. (Paris-Zool., in-8°, 1864.) 1873. MourLon, M., La zone des sables d’Edeghem. (Ann. Soc. malacol. de Belgique, t. VII, p. LXXVII.) 1876. MourLon. M. Sur les dépôts qui séparent le Miocène du Scaldisien à Anvers. (Bull. Acad. roy. de Belgique, 1870, t. XLIL, pp. 666 et 760.) 1880 MourLon, M, Géologie de la Belgique, t. I, pp. 263-266; t. IT, p. 204. Hayez, Bruxelles, 1880, 2 vol. A86L. Nysr, Notice sur un nouveau gite de fossiles à Edeghem près d'Anvers. (Bull. Acad. roy. de Belgique, 1861, 2 sér., t. XII, pp 29-53.) 1843-1844. Nysr, Coquilles et polypiers fossiles tertiaires d'Anvers. (Mém. cour. Acad. roy. de Belgique, 1843, t. XVII, in-4°.) 4871. PREsTWICH, J., On the structure of the Crag beds of Norfolk and Suffolk. (Quar- terly Journal Geol. Soc., 1871, vol. XXVIT, pp. 115-325 et 452.) 1880. VAN DEN BROECK, E., Sur les sables diestiens et boldériens. (Ann. Soc. malacol. de Belgique, 1880, p. cv.) VAN DEN BROECK, E., Esquisse géologique d'Anvers. 1867. von KoENEN, Dr, Note on the tertiary strata of Belgium. (Geolog. Magax., 1867, vol. IV, no 11.) Discussion. M. Le PRrésinenT félicite M. G. Hasse de ses recherches qui remettent en question un problème si fréquemment soulevé déjà. Il semble bien que la faune d'Edeghem ne représente pas la véritable faune typique de cette assise; à Edeghem on trouve la réunion d'espèces qui tendent vers un aspect ancien et incitent à considérer les sables noirs comme miocènes, tandis que le prolongement incontestable de ces mêmes couches présente le mélange à celles-ci d’un certain nombre d’espèces des mers froides qui se prolongent dans le Pliocène diestien. M. van DEN Broëck. — A l’époque déjà lointaine où à paru l’Esquisse géologique des terrains pliocènes des environs d'Anvers, j'avais tenté de réagir contre la détermination générale de l’âge de ces couches en leur donnant la dénomination de mio-pliocènes; on se souviendra, d'ailleurs, que j'avais réparti leurs fossiles en trois subdivisions super- posées. Ce que je n'ai jamais publié sur ce sujet, ce sont les études que j'avais entreprises sur les foraminifères; dans les couches les plus anciennes d’\nvers se trouvent les foraminifères du « coral- lin-rag » anglais, dont l’âge pliocène est incontesté, avec quelques espèces des mers chaudes qui se rattachent au bassin de Vienne. On à réellement trop voulu identifier les sables noirs d'Anvers aux couches du Bolderberg avec leurs faunes de mers chaudes. 3062 = PROCÉS-VERBAUX. M. Harmer, par contre, a toujours assimilé la faune de ces sables celle des couches de Lenham. M. LE PRÉSIDENT. — Il est probable que, dans un avenir peu éloigné, les progrès des travaux de M. Hasse nous obligeront à supprimer défini-* tivement le Miocène de la légende de la Carte, car les fossiles du Bolderberg silicifiés pourraient être des coquillages remaniés et amenés de loin. | M. MourLon. — Les hésitations que nous exprimons ici ont tou- jours existé; certes, les études de M. Hasse nous feront faire un progrès. Cependant les explorations que j'ai eu l’occasion de faire avec M. le professeur Abel dans le bassin miocène de Vienne conseillent à la plus grande prudence avant de décider cette question. | La séance est levée à 22 h. 40. _p Ü] c ne “ à E ee U D 1 f Jù SI êl eut 4 e 4 Fe Le Se = - es Le A ire Sr ASS gs Fa se ve. EH RE ‘ ne RE ARR : PR RTE es Se F à t ï EE EU = # EE D mou ni . ti ‘ rs NE À - ne % = & 2 DE LA ES (BRUXELLES) . DE LA SÉANCE MENSUELLE DU 2 DECEMBRE = IT DE L’ASSEMBLÉE GÉNERALE ANNUELLE DE CLOTURE x Re de 7? DT L'EXERCICE 1909. : ni Vingt-troisième année Tome XXII — 1909 | BRUXELLES IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 4192, rue de Louvain, 112 4 HU 7 Se Le. C SÉANCE MENSUELLE DU 21 DÉCEMBRE 1909. Présidence de M. A. Rutot, président. La séance est ouverte à 8 h. 40 (25 membres sont présents). Rectifications au procès-verbal de la séance de novembre. M. van den Broeck désire voir recüfier et compléter comme suit les lignes de début de la note qui, page 554, annonçait la création, à PExposition internationale de Bruxelles (1910), d’une Section spéciale de l'étude scientifique des eaux potables et des eaux minérales, et en for- mulait le programme provisoire : « M. Ernest van den Broeck a été chargé par le Département des Sciences et des Arts d'organiser, à l'Exposition internationale de Bruxelles (1910), une Section d’hydrologie scientifique. Il à été auto- risé à s’adjoindre comme collaborateurs quelques collègues spécialistes eltechniciens dont il Jugeait le concours indispensable pour assurer la bonne et complète organisation de ce groupe, conçu sur un plan tout nouveau et visant exclusivement les procédés, les méthodes et les instruments pour l'étude scientifique des eaux potables et minérales et les moyens de les purifier. » Le Comité, qui actuellement se compose de MM. J.-B. André, RP d'Andrimont, A. Deblon, F.-V. Dienert, L. Gerard, A. Poskin et E° van den Broeck, vient, dans une première séance, tenue sous les auspices de la Direction générale des Sciences, de formuler son pro- gramme et de constituer son Bureau. La présidence a été dévolue à M: L. Gerard et le secrétariat à M. E. van den Broeck. » Îlest à noter que le programme, très spécialisé, de cette Section d'ydrologie scientifique est distinct du programme de la Section d'hygiène, conçu dans un autre ordre d'idées, tout en complétant celui-ci. 1909. PROC.-VERB. 18 364 PROCÈS-VERBAUX. Le Comité, en faisant appel aux savants et aux techniciens qui auraient des méthodes intéressantes ou nouvelles à lui signaler, croit devoir leur rappeler que l’exposition de ce groupe d’hydrologie scienti- fique ne comprendra pas de projet d'eaux alimentaires et restera étranger à toute application ayant un objectif régional ou local déterminé. » Cette Section d’hydrologie scientifique sera rendue aussi vivante et ns animée que possible par la très fréquente mise en marche L et par l’expérimentation publique des appareils, par des démonstrations réservées aux spécialistes et par le concours dévoué de He belyes et étrangers, qui seront appelés tour à tour à y exposer et à y commenter. soit leurs découvertes récentes, soit les progrès des méthodes d’inves= tigation scientifique se rattachant à l'étude des eaux potables et à celle. des eaux minérales. » Pour les grandes lignes du programme, l’on est prié de se référer au texte antérieur des pages 334-556 (séance du 16 novembre), dont. l'énoncé provisoire à été définitivement adopté. Dans la discussion relative à la communication de M. Hasse, il s’est glissé, pour ce qui concerne Îles remarques émises par M. van den Broeck, quelques inexactitudes, dont notre collègue demande la recti fication. Ce n’est pas dans les couches les plus anciennes d’Anvers que se trouvent les foraminifères du Coralline Crag anglais (qu’une inadver- tance typographique appelle le « corallin-rag »), mais bien dans les couches les plus anciennes du Diestien (sables à Bryozoaires, etc.} Toutefois, la faune rhizopodique de cet horizon, nettement pliocène, présente d’étroites affinités avec celle des sables à Pétoncles et des sables à Panopées sous-jacents, et, peut-être, ceux-ci ont-ils été trop étroitement rattachés aux dépôts miocènes du bassin de Vienne. La phrase incorrecte et même incompréhensible constituée par les deux dernières lignes de la page 361 doit être supprimée et rems placée par celle-ci : « On a sans doute eu tort d'identifier en un même horizon géologique miocène les dépôts ayant contenu la faune du Bolderberg —- caractéristique des mers chaudes miocènes — et les dépôts inférieurs de la région d'Anvers à Pétoncles et à Panopées. » Correspondance. Son Altesse Royale Monseigneur le Prince Albert de Belgique, | Président d'honneur de notre Société, a fait remercier le Conseil et | les membres de la Société au sujet des condoléances qui lui ont été | adressées. SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1909. 369 Le Recteur de l’Université libre de Bruxelles remercie des vœux que le Bureau lui à adréssés à l’occasion du jubilé de l'Université. M. Amaro van Emelen remercie de son admission au sein de la Société. Un Comité, sous la présidence de M. A. Beernaert, ministre d'État, a fait parvenir le manifeste de protestation contre les attaques injustifiées auxquelles est en butte le Gouvernement de notre colonie du Congo. Notre Société y souscrit de tout cœur. La Société belge des ingénieurs et industriels, qui a pris l'initiative d’une pétition aux Chambres afin d'obtenir la personnification civile pour les Associations scientifiques, à demandé à notre Société de s'associer à elle dans ce but. Le Bureau, déférant à ce vœu, a fait parvenir des pétitions à la Chambre des Représentants et au Sénat pour réclamer cette liberté. _ M.E. Bijl-Montigny, qui demande son admission comme membre effectif, annonce à ses confrères son départ pour le Brésil. Il est nommé astronome à l'Observatoire de Porto-Alegre (Rio Grande do Sul). Avant son départ, notre confrère à chargé le Bureau de remercier ses collègues qui, par leurs excursions et conférences, l’ont initié à la géologie, et particulièrement MM. Cornet, Dollo, Mourlon et Rutot. La date de session du Congrès international des mines, de la métallurgie, de la mécanique et de la géologie appliquées, de Düssel- dorf, est fixée du 20 au 23 juin 1910. L'Institut cartographique militaire envoie [a deuxième livraison (48 cartes) de la Carte topographique en couleurs à l'échelle du 40,000°. La Société des chercheurs de la Wallonie signale l'apparition de son troisième bulletin annuel; ce recueil de spéléologie, de préhistoire et de vulgarisation scientifique se vend au prix modeste de fr. 3.50. (Librairie Brimbois, 18, passage Lemonnier, Liége.) Dons et envois reçus. 1 Extraits des publications de la Société : 0938. Choffat, P. Note sur les filons de phosphorite de Logrosan dans la province de Caceres. Mémoires de 1909, pp. 97-144, pl. IL. (2 exemplaires.) 0959. Cosyns, G. Résidu de dissolution de quelques calcaires belges. Procès- verbaux de 1909, pp. 182-186, 7 figures. (2 exemplaires.) 366 5960. 9961. 0962. 0963. 5964. 9965. 0966. 9967. 5968. 5969. 9970. 9971. 9972. .0973. PROCÈS-VERBAUX. de Dorlodot, H. À propos du rapport présidentiel pour 1908 et de la limite entre le Tournaisien et le Viséen. Procès-verbaux de 1909, pp. 220-2923. (2 exemplaires.) de Dorlodot, H. Les faunes du Dinantien et leur signification stratigra- fique. Mémoires de 1909, 22 pages. (2 exemplaires.) | de Dorlodot, H. Description succincte des assises du Calcaire carbonifère cle la Belgique et de leurs principaux faciès lithologiques. Mémoires de 1909, 19 pages. (2 exemplaires.) Gerard, L. Sur les progrès dans la production de l'ozone et le prix de revient de la stérilisation des eaux potables par l'ozone. Procès verbaux de 1909, pp. 200-213. (2 exemplaires.) Hankar-Urban, A. Troisième note sur les autoclases ou ruptures spon- tanées de roches dans les mines, les carrières, etc. Procès verbaux de 14909, pp. 260-270 et 1 figure. (2 exemplaires.) Hayes, ©. W. Handbook for Field Geologists. (Compte-rendu biblio- graphique, par F. Halet.) Procès-verbaux de 1909, pp. 298-3014 (2 exemplaires.) Holzapfel, E. Sur les nouvelles observations faites dans les régions méta= morphiques des Ardennes. (Compte rendu bibliographique, pan. W. Prinz.) Procès-verbaux de 1909, pp. 320-331. (2 exemplaires.) von Koenen, À. Des cas négatifs de rabdomancie. Procès-verbaux de 1909, pp. 250-251. (2 exemplaires.) Lagrange, E. Quelques notes au sujet du mégasisme de Messine et Reggio. Mémoires de 1909, pp. 3-14. (2 exemplaires.) Maillieux, E. Coup-d’œil sur la tranchée du chemin de fer vicinal d’Olloy -à Oignies (en construction). Procès-verbaux de 1909, pp. 187-200 et 4 figures. (2 exemplaires.) Maillieux, E. Note sur les « Pentamères » frasniens de la bordure méri= dionale du bassin dinantais. Procès-verbaux de 1909, pp. 226-234 et 12 figures. (3 exemplaires.) Maillieux, E. Vote sur les « Cyrtina » dévoniennes du bord Sud du bassin de Dinant. Procès-verbaux de 1909, pp. 256-260. (2 exem= plaires.) | Maillieux, E. Sur une cause fréquente d'erreurs dans la détermination de certains brachiopodes de l’infradévonien. Procès-verbaux de 1909, pp. 314-318 et 1 figure. (2 exemplaires). Maillieux, E. Étude comparative de la répartition des espèces fossiles dans le Frasnien inférieur du bord méridional du bassin dinantais, et dans les niveaux synchroniques du Boulonnais. Mémoires de 1909, pp. 115-151 et 1 planche. (2 exemplaires.) 5976. 5977. 0978. 5979. 9980. 5981. 5982. 0983. 0984. 0985. 9957, 0986. 5987. SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1909. 307 . Malaise, C. Sur les roches cambriennes rencontrées à Hofstade. Procès- verbaux de 1909, pp. 244-245. (2 exemplaires.) . Marchadier, A.-L., et Guinaudeau, H. Sur quelques erreurs gravement préjudiciables à la vulgarisation du filtre de Simpson. Mémoires de 1909, pp. 15-25, 1 planche et 2 figures. (2 exemplaires.) Mourlon, M. Observations à propos du discours présidentiel annuel de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d'Hydrologie. Procès-verbaux de 1909, pp. 175-177. (2 exemplaires.) Poskin, A. La Rabdomancie ou l’art de découvrir les mines et les sources au moyen de la baguette divinatoire. Étude rétrospective et actuelle. Mémoires de 1909, pp. 27-58 et 5 figures. (4exemplaires.) Poskin, À. Captage des sources minérales en terrain primaire arden- nais. Mémoires de 1909, pp. 59-95 et 14 figures. (3 exemplaires.) Prinz, W. Rectifications à apporter aux recherches de M. G. Cosyns sur la roche de Quenast. Procès-verbaux de 1909, pp. 251-256. (2 exemplaires.) Rutot, À. Note préliminaire sur la coupe des terrains quaternaires à Hofstade. Procès-verbaux de 1909, pp. 235-243 et 1 figure. (2 exemplaires.) Schmitz, G., et Stainier, X. La yéologie de la Campine avant les puits des charbonnages. Procès-verbaux de 1909, pp. 288-295. (4 exem- plaires.) Stainier, X. Un yisement de troncs d’arbres-debout dans le Landenien supérieur. Procès-verbaux de 1909, pp. 270-280 et 2 figures. (2? exemplaires.) | Stainier, X. Un gisement de calcite à Barvaux. Procès-verbaux de 1909, pp. 280-285 et 2? figures. (2 exemplaires.) Stainier, X. Note sur le terrain triasique de Marbehan. Procès-verbaux de 1909, pp. 285-288 et 1 figure. (2 exemplaires.) Schwers, H. L’élat uctuel de la question de la déferrisation des eaux potables. Procès-verbaux de 1909, pp. 180-182. (2 exemplaires.) 20 De la part des auteurs : van den Broeck, E., Martel, E-A., et Rahir, E. Les cavernes et les rivières souterraines de la Belgique. Tome IT. Bruxelles, 1910. Volume grand in-8° de 965 pages, 17 planches et 212 figures. Hayes, C.-W. Handbook for Field Geologists. New York, 1909. Vo- lume in-12 de 159 pages et 16 figures. Hume, W.-F. The Distribution of Iron Ores in Egypt. Le Caire, 1909. Brochure grand in-8° de 16 pages et 1 carte. | 368 5988. 5989. 9990. 9991. 5992. 9993. 5994. 2995. 0996. 9997. 5998. PROCES-VERBAUX. Johnston-Lavis, H.-1. The Mechanism of Volcanic Action. Londres, 1909. Extrait de GEoLoGicaL MacazinE, Decade V, vol. VI, pp. 483-443, 2 planches et 1 figure. Jousseaume, F. Réflexions sur les volcans et les tremblements de terre. Paris, 1909. Volume in 8° de 182 pages et 4 planches. Leriche, M. Note sur les poissons paléocènes et éocènes des environs de Reims. Lille, 4908. Extrait des ANNALES DE LA Soc. GÉOL. DU NorD, t. XXXVII, pp. 229-265, pl. II-VI et 1 figure. Leriche, M. Première note sur les poissons carbonifères du Nord de la France, pp. 266-281, pl. VII-VIIL, fig. 1-4 Sur quelques plaques dentaires de Cochliodontidés des terrains carbo- nifères de la Belgique, pp. 281-286, pl. VIT, fig. 5-6. Lille, 1908: Extraits des ANNALES DE LA Soc. GÉOL. bu Norp, t. XXXVIT. Leriche, M. Sur la présence dans le Sud du Cambrésis d’une formation tertiaire, post-lutécienne. Lille, 1909. Extrait des ANNALES DE LA Soc. GÉOL. DU Norp, t. XXXVIILI, pp. 74-79 et 2 figures. Leriche, M. Observalions hydrographiques dans la haute vallée de l'Escaut et dans les vallées affluentes. Lille, 1909. Extrait des ANNALES DE LA SOC. uÉOL. Du NorD, t. XXXVIII, pp. 19-85, pl. IV-V. Leriche, M. Sur la limite entre le Turonien et le Sénonien dans le Cam= brésis et sur quelques fossiles de la craie grise. Lille, 1909 Extrait des ANNALES DE LA Soc. GÉOL. bu Nonp, t. XXXVIIE, pp. 93-73, pl. III, 1 figure. Leriche, M. Observations sur les syuales néogènes de la Californie, t. XXXVIT, 1908, pp. 302-306. Observations sur les poissons du Tertiaire supérieur de Madagascar, tu. XXXVII, pp. 5-6. Lille, 1909. Extraits des ANNALES DE LA SOC. GÉOL, DU NoRD. Leriche, M. Sur les fossiles de la craie phosphatée de la Picardie à « Actinocamax quadratus ». Paris, 1909. Extrait des Comptes RENDUS DE L’ASSOC, FRANÇ. POUR L'AVANCEMENT DES SC., pp. 494-503 et 3 figures. Leriche, M. Artois : Feuille de Saint-Omer. Paris, 1908. Extrait du BULL. DE LA CARTE GÉOL. DE FRANCE, n° 119, t. XVIII, 5 pages et À figure. Leriche, M. Artois : Révision de la feuille de Saint-Omer. Paris, 1909: Extrait du BUuLL. LE LA CARTE GÉOL. DE FRANCE, n° 122, t. XIX,“ o pages. SEANCE DU 921 DÉCEMBRE 1909. 369 5999. Leriche, M. Les terrains tertiaires dans le département du Nord. Lille, 1909. Extrait de l'ouvrage : LiLLE ET LA RÉGION Du NorD, EN 1909, t. Il, 21 pages, à figures et 1 carte. 6000. Lotti, B. Rilevamento geologico nell'alta Valnerina durante la cam- pagna 1908. Rome, 1909. Extrait du BoLL. DEL R. COMIT. GEOL., fasc. 1, 25 pages et 12 figures. 6001. Lotti, B. Sulla posizione stratigrafica dei calcari cavernosi della Tos- cana. Rome, 1909. Extrait du BoLz. DEL R. ComiT. GEoL., fasc. 1, 1 pages. 6002. Lotti, B. Contributo allo studio dei Mistpoeffers. Rome, 1908. Extrait du BozL. DEL R. Couir. 6EoL , fasc. 4, 10 pages. 6003. Lyons, H.-G. The Rains of the Nile Basin and the Nile Flood of 1908. Le Caire, 1909. Brochure in-8° de 69 pages et 8 planches. 6004. Motta, A. Relaiorio de 1907 e 1908 (Repartiçao de Aguas e Esgotos de S. Paulo). Sao Paulo, 1909. Volume in-8° de 257 pages et 22 photographies. 9483. Beyrich, Hauchecorne et Beyschlag. Carte géologique de l'Europe. Livrai- son VI, feuilles 12, 13 et 20. Berlin, 1909. Présentation et élection de nouveaux membres. Sont élus membres effecufs pour 1910, à l'unanimité des suffrages : MM. E. Buz-Monrieny, astronome à l'Observatoire de Porto Alegre (Rio Grande do Sul, Brazil), présenté par MM. Rutot et Greindl. | Davreux, lieutenant d'artillerie adjoint d'état-major, 57, rue François-Roffiaen, présenté par les mêmes. H. pe GREEr, S. J., professeur à la Faculté des sciences du Col- lège Notre-Dame de la Paix à Namur, présenté par les mêmes. Aimé van WazsBerGe, ingénieur, directeur de l’École de bien- faisance de l'État à Saint-Hubert, présenté par MM. Grégoire et Greindl. Discussion des thèses présentées antérieurement, G. Cosyxs. — Contribution à l'étude de la roche de Quenast. (Réponse à la note critique de M. Prinz) Dans le travail concernant la porphyrite de Quenast, paru dans les Mémoires de la Société (t. XXII, pp. 171 à 219), je m'étais efforcé d'être aussi bref que possible, afin de ne pas donner à cette étude une 370 = PROCÈS-VERBAUX. ampleur exagérée. Cette concision, ayant restreint la documentation, a provoqué de la part de M. Prinz la publication d’une note critique. dans laquelle l’auteur formule, entre autres, des demandes de détails complémentaires et des demandes d'explications auxquelles je me crois obligé de répondre. Page 251, alinéa 3. — M. Prinz demande la description des méthodes employées pour déterminer les densités et pour effectuer les séparations par liqueurs lourdes. Pour prendre les densités, j’ai employé tantôt la méthode du flacon, tantôt la méthode qui consiste à faire flotter les minéraux dans une liqueur lourde de densité variable et dont il est facile de déterminer le poids spécifique. Ces méthodes étant courantes, Je n’ai pas cru devoir les préciser (1). S1 parfois j'ai donné trois décimales, parfois deux, pour les densités, cela provient de ce que tantôt j'opérais sur une quantité de matière importante et bien purifiable ou se prêtant bien à la détermination; tantôt sur une quantité plus minime de minéraux moins facilement purifiable et pour laquelle la troisième décimale n’aurait eu aucune rigueur. Pour ce qui concerne les liqueurs lourdes, j'ai employé : 1° La liqueur de Thoulet : c’est une solution d’iodure mercurique dans l’iodure de potassium (Hgl, + 2KI) de densité voisine de 3.16; 2° La liqueur de Klein ou borotungstate de cadmium D — 3.28; 5° La liqueur de Rohrbach, qui est une solution d’iodure mercurique dans l’iodure de baryum D = 3.58. Les méthodes de séparation sont basées sur l'emploi d’entonnoirs à un où deux robinets : on en trouvera un exposé complet dans le traité de H. Rosenbusch et E. A. Wulfing, pages 415-429. Page 252, alinéa 2. — Le texte signale que l’on confond aisément l’épidote avec l’apatite dans les plaques minces, mais qu'il n’y a aucune confusion possible quand on examine les minéraux isolés extraits de la poudre du concasseur. Ils se présentent alors (fig. 4) avec de nom- breuses faces cristallines que l’on peut même déterminer sous de forts grossissements. Mais dans le cas des plaques minces, le minéral se montre sous (1) On les trouvera particulièrement bien exposées dans le traité de H. ROSENBUSCH et E. A. WuLFiNG, Mikroskopische Physiographie, Stuttgart, 1904, pp. 32 à 50. | | | | SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1909. 371 forme de sections de bâtonnets allongés et tronçonnés; ces bâtonnets ressemblent à de l’apatite, s'éteignent suivant leur longueur qui est _ négative. Ils sont, en réalité, formés de cristaux d’épidote allongés comme d'ordinaire suivant l’axe binaire, ce qui explique pourquoi l'extinction se fait en longueur et pourquoi ces pseudo-prismes portent des cassures parallèles au plan de symétrie g! (010). Page 252, alinéa 5. — a) La biotite montre des figures de pression avec la même netteté, tant sur les paillettes provenant des concasseurs que sur celles observées dans les plaques minces ou extraites à la main des grandes géodes qui les contiennent; b) Il n’est pas question de rejeter d’une manière générale la pré- sence d'inclusions cristallines qui sont représentées figure 5, page 175; figure 50, page 205; figure 31, page 204. Le texte montre que Phypothèse d’inclusion cristalline n'est rejetée que relativement à la sagénite. Page 252, alinéa 4. — La figure 6, page 175, représente les petites paillettes hexagonales telles qu’on les voit au microscope. La bissectrice aigue est normale au plan de clivage. Le plan des axes optiques est perpendiculaire au plan de symétrie; ce fait est mis en évidence par la figure de percussion. C’est donc parmi les muscovites qu’il faut les ranger. Page 252, alinéa 5. — Le texte souligne la difficulté d'obtenir un produit bien purifié et c’est pourquoi les décimales sont intentionnel- lement arrondies pour exprimer les résultats d'analyses en chiffres entiers. Voici les chiffres des trois analyses faites et la valeur extraite : 1 p2 3 Valeur adoptée. SARA CAT A r :, D0.3 06.2 29.8 10) HÉROS SUN 14.1 1149 16.4 16 MD tte à à 18 9 47-41 17.7: 18 A. on 9.1 2.8 9.7 3 ADR PR Antec 0.6 0.4 OP EDR Sen 0 0 7 0.6 0.4 1 DR noie 2 49.2 19 4 12.5 : 13 Ces résultats sont approximatifs comme la plupart des analyses faites dans des conditions difficiles; de plus, si les totaux dépassent légère- 312 PROCÉS-VERBAUX. ment 400 °,, cela provient aussi de ce que dans les analyses on pèse”. le fer à l’état d'oxyde ferrique, tandis que dans la roche 1l existe à l’état ferreux. À divers endroits, le texte insiste sur ce que les chiffres des analyses faites dans ces conditions peu favorables ne sauraient être qu’approxi- matfs. IIS seraient insuffisants pour distinguer des minéraux voisins ne différant que par de faibles pourcentages, mais ils suffisent pleine- ment pour éloigner la chlorite qui est constituée par des quantités : De silice comprises entre 20 et 50 °,; D’alumine variant de 20 à 50°; De magnésie pouvant atteindre jusque 15 °c. Page 252, aliméa 6. — L'analyse du microcline donnée page 178 concerne celle faite sur une série de cristaux de 5 à 10 millimètres de long se trouvant dans une grande enclave noire tourmalinifère. (Voir p. 488.) L'analyse du microcline donnée page 216 a été faite sur des débris d’un grand cristal de plusieurs centimètres de long déterminé par M. Cesàro. Page 252, alinéa 7. — Les différences de chiffres existant entre les paragraphes 1 à 10 et le tableau de la page 180 s'expliquent aisément: en effet, pour ce qui concerne la chlorite ferrifère, on voit d’une part 5.6, d'autre pert 6.5; il est clair qu'il s’agit ici d’une inversion de chiffres produite à l'impression. Suivent, à la page 180, les chiffres : 3 pour la céladonite, 43 pour le feldspath calcique, 19 pour le feldspath alcalin. Comme on a pu le lire, ces chiffres sont des évaluations précédées du terme environ, et s'ils sont plus faibles que les chiffres cités aux paragraphes 1 à 10, c’est qu'ils sont déduits par estimation aussi approchée que possible de la quantité d’impureté entraînée ; de plus, on peut observer que ces chiffres n’ont pas de décimales. En comparant les diverses analyses, j'avais été frappé depuis long- temps de la faible teneur en alumine. D’autre part, les résultats d’ana- lyses obtenus en traitant la roche massive ou en opérant sur les résidus des concasseurs diffèrent notablement. J'ai donné les résultats tels que je les ai obtenus et sans modifications d’aucune espèce. Quant à la conclusion à en tirer, on peut admettre : 1° Que dans certains cas le sesquioxyde de fer remplace l’alumine; 2° Que lors du concassage et du tamisage des produits pulvérulents SÉANCE DU 921 DÉCEMBRE 1909. 313 \iba pu se produire un enrichissement en matières lourdes générale- | ment pauvres en alumine. | D'autre part, je possède des analyses montrant une teneur en alu- | mine plus élevée ; mais comme celles-ei sont en minorité, je les ai | considérées comme exceptionnelles et n'ai pas cru devoir les men- tionner ; | 5° Enfin, si l’on discute méthodiquement les chiffres d'analyse, on | peut envisager de diverses façons le déficit apparent en alumine : les 500 grammes de poudre traitée par liqueurs lourdes ont bien donné une fraction feldspathique de 62 °/,, c’est-à-dire plus de 300 grammes ; mais, comme Je le fais remarquer dans le texte, ces grains ne sont pas | purs, beaucoup sont enrobés d'oxyde de fer, d’autres contiennent des inclusions quartzeuses et des impuretés de toutes natures dont 1l est impossible de se débarrasser. Pour faire l'analyse des feldspaths, je n'ai pas pris la masse brute; je me suis efforcé de trier à la loupe les débris les plus purs, c'est-à-dire de petits solides de clivage ne présentant pas de traces d’altération ni d’imprégnation ferrique. J'ai donc obtenu des résultats se rapprochant autant que possible de la composition des feldspaths purs. Et l’on comprend que si le feldspath pur contient un cinquième d’alumine, la fraction totale doit nécessairement en conte- mir moins. En outre, les analyses ont été effectuées sur les minéraux de grande taille qui ont permis le triage, et il est probable, si pas certain, que les feldspaths micro-cristallins, dont le temps de eristallt- sation est différent, ont une composition chimique également diffé- rente. On sait que la teneur en alumine de certains feldspaths peut descendre jusque 114.4 ‘} (voir traité de Hintze, p. 1409) et 14.2 °,, pour l’oligoclase (p. 1491). On voit done que si l’on admettait pour les feldspaths de Quenast les minimums cités par Carl Hintze, le pourcentage en alumine descen- drait encore au-dessous des chiffres cités. Pour ce qui concerne l’épidote, il n’est pas nécessaire d'admettre comme limite inférieure un quart d’alumine : on sait que ce minéral peut, dans certains cas, ne contenir que 16 et 17°}, d’alumine (voir Hintze). Page 254, alinéa 5. — Le cristal de molybdénite présente un aspect tordu, et ce gauchissement ne provient pas de l’extraction du minéral, attendu qu'il est resté en place dans la roche sans qu’on ait fait la moindre tentative pour l’en extraire. 314 PROCES-VERBAUX. Page 254, alinéa 4. — L’éclatement de la roche suivant les trois arêtes du cube représenté figure 12, page 184, pourrait se produire | aussi bien dans le cas où une pression uniforme et en tous sens de la matière homogène extérieure agirait sur la pyrite que dans le cas où le cristal de pyrite tendrait à se développer en exerçant une pression sur le milieu extérieur. Le cube de pyrite s'étant formé après refroidissement de la roche et les figures 9, 10, 11 montrant que les plans d’accroissement du cristal n’ont pas subi de déformation, tandis que les minéraux empri= sonnés dans ce cristal (chlorite, mica) sont souvent ployés, 1l semble donc qu’on soit autorisé à admettre que la pression est due à la crois: sance du eristal. Page 254, alinéa 6. — Les cristaux de tourmaline ont été ren: contrés : 1° Dans les quartz des filons et des géodes ; 2° Dans les parties sombres de la roche considérées dans le texte comme des modifications de la pâte même de la roche. Page 254, alinéa 7. — On sait que toutes les roches se modifient au cours des temps sous l’iInfluence des divers agents naturels ; la roche de Quenast étant considérée comme éruptive, on en conclut qu'a moment de sa solidification et de sa cristallisation les minéraux formés étaient anhydres, mais peu à peu, à la suite des infiltrations superfi= cielles, ces minéraux anhydres se sont hydratés et des modifications cristallines se sont produites. Il est certain que des minéraux hydratés et ayant recristallisé doivent avoir des constantes physiques autres que les minéraux primiufs anhydres ; j'ai pensé que, en soumettant la roche à la fusion, on se rapprocherait autant que possible de la pâte primi= tive anhydre. D'autre part, 1l n'est d'aucune utilité de calibrer rigoureusement les petites masses de matière fondue pour en prendre le point de fusion et la densité, il importe peu que leurs poids diffèrent, l'essentiel est. d’avoir de petites masses à surface lisse, pour éviter l’adhérence de bulle d’air, et de grandeur comparable pour faciliter les mesures. Page 256, alinéa 1%. — Les quelques cristaux de rutile que j'ai observés sont très petits, et il est extrêmement difficile de les déterminer quand ils sont noyés dans la roche, mais si on traite la préparation SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1909. 319 par l'acide fluorhydrique, seul le rutile résiste et, étant ainsi isolé, il est facile de le déterminer. x * + Étant donné le caractère spécial de la question et ne voulant abuser ni de la patience du lecteur, ni de l’hospitalité du Bulletin de la Société, je me borne à donner ici les quelques renseignements complé- mentaires concernant divers points soulevés. Maïs je tiens à signaler que je mets à la disposition des membres que la chose pourrait intéresser les matériaux, plaques minces, échantillons, observations, etc., pou- . vant éclairer les divers points de mon travail qui paraîtraient insufi- samment démontrés. Avant de terminer cette note, je crois intéressant de signaler que, M. Hankar-Urban m'ayant remis les produits de ses dernières recher- ches, j'ai pu étudier une série de nouveaux matériaux qui méritent un examen plus approfondi : j'ai observé, dans une traînée de roche claire traversant une enclave sombre, de beaux cristaux de pyro- xène assez bien conservé. J’ai également obtenu de fort beaux échan- illons montrant le contact de la roche avec le schiste ; on voit, d’une part, des lambeaux de schiste qui ont pénétré dans la roche éruptive en formant des enclaves énallogènes métamorphisées, d'autre part, la porphyrite a injecté le schiste en y produisant des modifications profondes. Communications des membres. | E. van DEN Brorcx. — Présentation du tome II des « Cavernes et rivières souterraines de la Belgique ». A la séance du 16 novembre dernier, au nom de mes collaborateurs MM. E.-A. Martel et E. Rahir et au mien, j'ai eu l'honneur de pré- senter à la Société le tome Le" des Cavernes et rivières souterraines de la Belgique, spécialement consacré à l’étude hydro-spéléologique des calcaires dévoniens du bassin de Dinant et concluant à la proscription générale et pour ainsi dire absolue de Patilisation de leurs eaux pour usages alimentaires. | Aujourd’hui je présente de même à la Société le tome Il de cet Ouvrage, terminé après une période d'élaboration et d’extensions SuCCessives ayant substitué au volume de 400 pages primitivement 376 PROCÈS-VERBAUX. projeté deux livres formant ensemble 1,850 pages, illustrés de 435 figures | et de 26 planches hors texte. h | Si les résultats importants et nouveaux dont l’exposé et la démonstra® | tion détaillés ont amené pareil développement et ont mis la patience | de nos souscripteurs à l’épreuve, ils tendent aussi à rendre peu com: | modes la recherche par chaque catégorie de lecteurs des points pouvant principalement les intéresser parmi ces 1,850 pages traitant de matières variées. Aussi des dispositions spéciales ont-elles été priés à ce sujet et je crois utile d'en dire un mot. Je me permets de signaler surtout, dans cet ordre d'idées, les tables idéologiques très détaillées résumant le texte figurant sous chacune des: rubriques, même les moins importantes, de l'ouvrage et qui sont au nombre de trois cent quarante. Grâce à ces tables spéciales, annexées aux tables ordinaires, toute la matière de chacun des tomes se trouve synthétisée respectivement en seize et en dix-neuf pages. Leur lecture préalable assurera une orientation pratique et rapide dans le contenu complexe et touffu de l’ouvrage, ainsi éclairé tant dans ses lignes principales que dans ses parties secondaires. | Une table alphabétique générale des localités fournit la détermination; répartie graphiquement en quatre groupes et sous treize points de vue différents, de la nature spéciale des matières indiquées à chaque page mentionnant le lieu désigné. Enfin, en vue de rendre l'ouvrage acces- sible, même dans ses parties techniques, aux lecteurs non spécialistes et même aux profanes en général, les éléments pratiques qui précèdent ont élé complétés par un lexique-commentaire de plus de cent vingt mots techniques spéciaux ou peu connus, employés au cours de nos exposés. | Grâce à cette triple annexe documentaire, jointe aux tables ordi" naires du texte et des figures, l’ouvrage échappera sans doute aux cri tiques qu'il pourrait encourir au sujet de l’exagération de son dévelop: pement matériel considérable et de la spécialisation technique de certains de ses points de vue. Quel est maintenant le résultat synthétique et quelle est la portéen pratique des exposés du tome [F, consacré spécialement à létude spéléo-hydrologique des calcaires carbonïifériens du bassin de Dinant et que complète une Annexe rentermant une rapide mais très substan- cielle incursion spéléologique dans le domaine du bassin de Namur? Ces résultats, que signalait dans ses grandes lignes l’exposé prélimi- naire que j'ai personnellement fait à la Société belge de Géologie, ! en sa séance du 18 novembre 1908, et qui énonçait nettement ma | SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1909. 311 thèse sur les « rivières souterraines filtrées » (!), peuvent être formulés comme suit : Si les calcaires de tout âge donnent, dans la majorité des cas, des eaux suspecles, il est, par contre, certains d’entre eux, peu nombreux, de types et d’âges très divers, maïs neltement définis et souvent tres développés, qui présentent, par leur composition et par leurs dispositions géologiques, des éléments assurant, parfois en de vastes régions, comme dans le (Condroz, la parfaite constance d'élaboration et de filtration de leurs eaux. Les émergences aquifères de ces roches ainsi favorisées dont le calcaire crinoidique lournaisien du bassin de Dinant constitue le type par excel- lence ne comprennent pas de résurgences ou fausses sources, & moins d'accidents tectoniques aisément reconnaissables ; elles sont constituées par de véritables sources pouvant, pour les usages alimentaires publics et privés, rivaliser avec celles émises par les réservoirs sableux, sans prétendre toutefois les égaler ni étre dispensées d'une surveillance appropriée. Leur débit peut étre très généralement augmenté, sans craintes, par un captage à l'aide de galeries filtrantes judicieusement et prudemment établies el surveillees. Le bien-fondé de ces conclusions sera exposé sous peu, avec preuves à l’appui, à nos confrères de la Société belge de Géologie et en d’autres milieux encore. Quant aux lecteurs conseiencieux et impar- tiaux de l’ouvrage, ils trouveront dès aujourd'hui dans les développe- ments de celui-ci tous leurs apaisements, ainsi qu'une triple démonstra- tion du progrès scientifique et pratique que vient de faire l’hydrologie des terrains calcaires, ou tout au moins de certains d’entre eux répo n- dant aux conditions indiquées. Il reste maintenant aux auteurs un très agréable devoir à remplir : c'est d'exprimer les sentiments de reconnaissance et de profonde gratitude dont ils sont animés envers tous ceux, très nombreux, qui les ont moralement, scientifiquement et matériellement aidés et soutenus dans leur laborieuse et difficile entreprise. Ces remerciements vont tout d’abord, avec un élan de respectueuse gratitude, au Président d'honneur de la Société, qui hier encore s'appelait S. A. R. le PRINCE ALBERT DE BELGIQUE et qui, à l'heure où s’imprimeront ces lignes, sera devenu notre bien-aimé Souverain. Si le Prince a très gracieusement aulorisé les auteurs à présenter leur (t) E. VAN DEN BROECK, Les rivières souterraines filtrées. Notions hydrologiques nou- velles sur les sources périphériques tournaisiennes des synclinaux calcaires du Condroz. (Procès-verbal de la séance du 18 novembre 1908.) 378 PROCÈS-VERBAUX. 4 œuvre au monde savant et au public sous Son haut patronage, le Roi. Albert se souviendra certainement de la sollicitude éclairée que Son Auguste Prédécesseur témoignait de longue date à l’importante question: des eaux alimentaires. { Nos remerciements se portent ensuite naturellement vers les nom: breux Mécènes cités dans la dédicace de l’ouvrage et sans le concours desquels l’œuvre n’aurait Jamais pu voir le jour. Personne ne s’éton:- nera de voir en tête de nos généreux donateurs l’éminent membres protecteur de la Société, M. ERNEST SoLvay, qu'aucun progrès scien- ufique et utilitaire ne saurait laisser indifférent et qui, spontanément, a pris l'initiative des actes de mécénat qui ont successivement honoré l’œuvre et favorisé les diverses phases de son élaboration. | D'autre part, M. Auguste Beernaert, Ministre d'État, dès qu'il a ét l’occasion de se rendre compte du but et de la portée de l’ouvrage,«a bien voulu favoriser les auteurs de son précieux concours, succédani à d’autres encouragements dont, on s’en souvient, il a honoré des œuvres de science et d'intérêt publie conçues et élaborées au sein de la Société. L’Avant-Propos des CAVERNES, rédigé et signé personnellement par notre éminent collaborateur Martel, — qui, le premier, à eu l’idée de cel ouvrage et à qui revenait l'honneur de le présenter au public, = expose la part spéciale prise par chacun des auteurs dans l’élaboration de l’ouvrage et dans ses résultats. Mais il est encore d’autres collaboz rateurs dont le nom réclame un rappel reconnaissant, par lequel je tiens à clôturer cette présentation. Et il m'est doux de constater que la plupart de ces noms sont ceux de collègues et amis de la Société belge de Géologie. | Parmi ceux qui nous ont communiqué de précieux renseignements et détails régionaux, qui nous ont guidés dans nos explorations, docus mentés et aidés de toutes manières, citons avec reconnaissance MM. A. Bayet, J. Delvaux, J. Doudou, J. Dufief, A. Ghequiere, L. Gerard, L. Greindl, F. Halet, P. Jacques, A. Lemonnier, P. Maré: chal, V. Martin, Em. Mathieu, M. Rahir, W. Prinz, X. Stainier et J. Willems. | Une mention toute spéciale est due au chanoine H. de Dorlodot, qui a bien voulu offrir à cet ouvrage la précieuse primeur de sa classificaæ ton détaillée du Calcaire carboniférien du bassin de Dinant et qui nous à communiqué d’utiles données complémentaires et rectificatives à au sujet de la légende géologique des calcaires dévoniens des mêmes parages. | SÉANCE DU 91 DÉCEMBRE 1909. 319 Comme c’est surtout dans le domaine géologique que pénètrent les racines du progrès que vient de faire l’hydrologie des calcaires, on peut apprécier la valeur des données ainsi mises à notre disposition par le savant professeur de géologie de l'Université de Louvain. Yimportantes et précieuses vérifications chimiques du bien-fondé de la thèse nouvelle exposée dans le tome IT ont été effectuées par MM. Ch. Camerman, L. Pirsch et tout spécialement par M. G. Cosyns qui, avec une inlassable obligeance et une grande conscience, à bien voulu effectuer de nombreuses expérimentations relatives aux phéno- mènes de dissolution des calcaires. De plus, M. Cosyns a enrichi les exposés de notre texte d’une arlistique et superbe documentation ico- nographique, tirée de ses beaux clichés dont certains, pris au sein d'obseures grottes de nos calcaires, peuvent rivaliser avec ceux de M. Ed. Rahir, éloge qui n’a certes rien de banal. Je ne puis m’empé- cher d'ajouter que, tout récemment, M. Cosyns, en compagnie de MM. L. Baes et A. Ghequiere, s'est, avec eux, exposé à de réels dangers afin d’être à même, dans les délais voulus, d'enrichir précieu- sement les dernières pages du second tome de nos Cavernes de l'exposé de la découverte de régions encore inconnues de la grotte la plus profonde du pays (!). Sans le dévouement et sans le complet désin- téressement scientifique de ces hardis explorateurs, notre ouvrage aurait été fâcheusement privé de ce remarquable couronnement spéléologique. Grâce à M. Cosyns et à ses amis, il nous à été possible d'offrir à nos lecteurs l'hommage de cette intéressante primeur. L'expression cordiale de notre très vive gratitude est due à M. le D° Th. Gilbert qui, inlassablement et par tous les temps, s’est très obligeamment attaché tout spécialement, pendant la longue élaboration du tome IT, à documenter nos exposés d’un nombre considérable de beaux clichés pris au cours d’explorations en commun. Quant à l’exposé du tome [ relatif à la captivante région des « Abannets », de Nismes, et à celle où se localisent les phénomènes hydro-spéléologiques de l’Eau-Blanche et de l'Eau-Noire, s’il a été possible aux auteurs de lui donner tout le développement qu'il méritait et de l’appuyer d’une riche documentation scientifique et historique, c’est au très précieux concours, à l’obligeance inlassable et aux lumières de notre collègue M. Eugène Mailleux, de Couvin, que nous le devons. (4) Le Chantoir-Abime du « Trou des Nutons » dans le vallon de Lesves, près Namur; | profondeur 80 mètres sous le plateau. | 1969. PROC.-VERB. 19 | 380 PROCÈS-VERBAUX. J'oublie certainement encore plusieurs concours précieux qui nous. | furent, avec tant d’empressement, accordés pendant les douze années | d'élaboration de nos études hydro-spéléologiques, visant spécialement la réalisation de l’ouvrage actuellement achevé. Au nom de mes collaborateurs et au mien, je remercie non moins cordialement ces collaborateurs anonymes que ceux précédemment rappelés. Mais pour être plus juste encore, j'aurais à remercier la Société belge de Géologie tout entière, car la liste de nos souscripteurs s’identifie, pour ainsi dire, avec celle de ses membres belges et étran- gers. C’est assurément pour les auteurs une précieuse récompense de leur labeur et de leurs efforts que de pouvoir aujourd'hui constater l'accueil si sympathique, si flatteur, fait à leur œuvre avant même que l’on püt être en mesure de l’apprécier. W. PRINZ. — Les cristallisations des grottes de Belgique. (Supplément. Cette ajoute à mon mémoire portant le titre ci-dessus (1) est motivée par deux aimables envois qui me parviennent en même temps : l’un, de M. le Prof H. Schardt, consiste en pellicules cristallines formées dans une galerie d'aqueduc; l’autre, de M. A. Vandebosch, comprend des pellicules semblables recueillies dans la grotte de Clermont (Huy): Les conditions de formation de ces feuillets de calcite étant très bien exposées dans une note que M. Schardt a publiée (?), Je lui laisse la parole, après avoir rappelé que, selon les explications qu’il veut bien me donner, les pellicules se forment sur des eaux stagnantes d’infils tration, qui se réunissent dans une galerie creusée dans le rocher, pour le passage de l’aqueduc de Sonzier (Montreux) : « Ces échantillons montrent la rapidité avec laquelle des cristaux de calcite peuvent se former, bien que ce minéral soit fort peu soluble. Mais ici 1l s’agit d’une dissolution acide dans de l’eau conte= nant une certaine proportion d'acide carbonique. Certains cristaux, mesurant plusieurs millimètres, datent de moins de dix ans, à preuve qu'ils se sont formés sur des pièces de fer et des canaux en ciment faits postérieurement à cette date. » Mais la formation la plus remarquable est celle de radeaux de |! calcite, qui recouvrent la surface de l’eau comme une mince couche de (1) Nouv. mém. de la Soc. belge de Géol., de Paléontol. et d’'Hydrol., 1908. : (2) Archives des sc. phys. et nat. de Genève, 15 mars, 1909. SÉANCE DU 921 DÉCEMBRE 1909. 381 glace. La surface supérieure en est presque lisse, tandis que l’infé- rieure est hérissée de fines pointes cristallines. Tantôt ces radeaux recouvrent toute la surface de la nappe stagnante; d’autres fois, ils sont isolés et surnagent. Ils prennent alors une forme concave sem- blable aux radeaux qui flottent à la surface de l’eau lorsqu'elle se congèle en cours d’agitation. Ils sont reconnaissables encore à ce que leurs bords sont hérissés de pointes de cristaux. Mais le poids de ce radeau fait que le moment vient où, devenu trop lourd, il coule au fond. Il y a, en effet, sur le fond des flaques d’eau de la dite galerie, un vrai entassement de ces plaques. Cette formation explique l’origine d'une variété de tuf feuilleté, composé de lames cristallines séparées par des vides, qui ressemble par sa strueture à la pâte feuilletée des pâtissiers. Ce tuf doit prendre naissance, dans des flaques d’eau à l'intérieur des cavernes, par l'accumulation de radeaux allant succes- sivement s’échouer sur le fond. » | A ces excellentes remarques de M. Schardt, j'ajouterai quelques observations minéralogiques. Elles sont rendues difficiles par la peti- tesse des cristaux, leur enchevêtrement, leur structure dendritique. D’après ce que J'ai pu observer ailleurs, les membranes de calcite débutent par des cristaux de quelques centièmes de millimètre, à peine soudés les uns aux autres. Plus tard, les vides se comblent et la surface supérieure devient lisse, conformément à ce que M. Schardt a constaté. L'épaisseur est alors de 01 à 0""15. Chaque membrane ayant un contour vaguement circulaire ou déchiqueté, il reste, lors- quelles se joignent les unes aux autres, des espaces plus lents à se combler. Comme à ce moment le petit radeau à déjà un certain poids, il tend à s’enfoncer. La cristallisation se continue pendant ce mouvement de descente et borde la pellicule de cristaux dendritiques assez grands (1 à 2 millim.), légèrement relevés vers le haut. Il en est de même dans les vides de la plaque, en sorte que celle-ci se trouve couverte de petites surélévations formées des mêmes dendrites. Certains des feuillets de la galerie de Sonzier montrent nettement, Par la disposition de ce remplissage dendritique, qu’il cicatrise des 382 PROCES-VERBAUX., déchirures par traction dans la membrane de calcite, alors qu'elle était assez épaisse déjà. Dans les grottes, ces pellicules s’attachent volontiers aux parois du réservoir qui les contient, elles acquièrent de la résistance, et les. cristaux qui les bordent, ceux dont leur surface inférieure est garnie, Fig. 2. peuvent se développer considérablement (Mémoire, $ 52). Les mouvez ments de l’eau, la chute de débris des voûtes finissent cependant par les briser et en couler des fragments. Les pointements qui recouvrent la face inférieure des lamelles de la galerie de Sonzier présentent la combinaison du rhomboëdre p, SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1909. 382 avec un inverse courbe (fig. 1). De temps en temps, on voit des troncatures supplémentaires indéterminables. Les cristaux formés sur les objets immergés, quoique plus grands (4 à 2 millim.), sont trop peu nets pour qu'on puisse y reconnaître autre chose qu’un rhomboèdre inverse, courbe et terne, probable- ment el, constitué de sous-individus parallèles, avec des troncatures p brillantes; lorsque ces dernières faces sont plus largement dévelop- pées, elles ont un dessin semblable à celui qui est représenté figure 142 (au milieu) de mon Memoire. A ces pellicules de calcite, M. Schardt a joint des débris de stalactites fragiles, recueillies dans la même galerie. Elles sont de trois espèces. Les premières ont 3""5 de diamètre et sont constituées de lamelles dendritiques, transparentes, dont les minuscules facettes p, très bril- lantes, miroitent à l'unisson sur une longueur de 1 centimètre parfois. Ces dendrites sont à peine soudés les uns aux autres, en sorte que l'accroissement terminal du bâtonnet se fait par imprégnation. La figure 2 représente un de ces dendrites sous un grossissement suffisant pour qu’on puisse reconnaître que par son aspect et son mode de croissanceil est conforme au schéma placé au-dessous. C’est un dièdre dont l’arête est constituée par une file de rhomboèdres très nets et plus grands que ceux qui s’alignent dans la direction de deux de leurs arêtes culminantes. L'ensemble prend la forme d’une petite feuille aux nervures régulières, dont la direction d’allongement est à peu près parallèle à l’axe de la baguette stalactitique dont elle fait partie. Le schéma établit que l’axe cristallographique ce est normal au papier; il est donc aussi approximativement perpendiculaire à l'axe de la stalactite. Cette orientation se vérifie par la figure d’interférence. Les stalactites de la seconde espèce, à faible coloration jaunâtre, ont un diamètre plus fort que les précédentes, soit 5 millimètres environ. 384 PROCÈS-VERBAUX. Elles possèdent un canal tout à fait excentrique, de plus de 2 milli=… mètres d'ouverture, servant au passage du liquide incrustant (fig. 5)... La section est donc analogue à celle que présentent souvent les baguettes cristallines de nos grottes (loc. cit., fig. 6). Mais il y a une différence capitale entre les deux espèces de stalactites, puisque celles de Sonzier ne sont pas le résultat d’empilements de rhomboëèdres: parallèlement orientés, constituant un tube lisse et résistant. Leur surface est granuleuse et l’intérieur consiste en petits rameaux dendri- üques, à rapprocher des précédents, mais moins parfaits et moins longs," qui rayonnent plus ou moins vers le vide excentrique, sans se souder (fig. 5). Aussi est-il facile d’écraser ces petits tubes entre les doigts. Les stalactites de la troisième espèce sont minces (3 à 4 millim.), grenues, d'aspect scoriacé, ou composées d’ar- ücles irrégulièrement globuleux, parfois munis de petites épines (fig. 4). Quoique pleines, elles sont également très fragiles et tombent en poussière sous une faible pression. Elles sont constituées de peuts rhomboèdres p à structure en trémie, ainsi que de granules irréguliers composés d'ag- glomérations de rhomboèdres microscopiques. | Les articles de ces bâtonnets ont une tendance à se séparer ies uns des autres suivant une surface sphérique, lisse, sauf dans la partie centrale où se fait la soudure. L’accroissement doit avoir lieu par imbibition. | J'en arrive aux échantillons que je dois aux soins de M. A. Vandebosch, de Seraing. Ceux de la grotte de Clermont se composent de pellicules cristallines, dont l’origine et le mode de formation se trouvent élucidés par ce qui précède. Les pointements eristallins, reconnaissables au bord Fig. 9. libre et à la surface inférieure des lames, sont ici des bacilles vaguement triangulaires et fibreux de calcite (fig. 5 ; bord d’une pellicule). De la même excavation proviennent de petites houppes divergentes, SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1909. 389 jaunâtres, d’aragonite, en aiguilles de quelques millimètres de long, sans faces nettes. Ces aiguilles sont curieuses parce que leurs sections, quoique n’excédant pas 0""2, montrent une structure compliquée et des lamelles maclées d’une grande finesse, au nombre de trois, quatre et davantage, par cristal. L’angle des axes optiques, si constant chez l’aragonite, NAS est toujours en dessous de cette valeur pour la variété de Clermont. En effet, la mesure de l’angle apparent est de 27° à 28, de sorte que si l’on adopte 27°30/ et un indice moyen de 1.6816, on obtient : QY — 1612 environ. A Clermont, on trouve aussi des concrétions de calcite fibreuse, couvertes de petites excroissances cylindriques, en massue, tubercu- leuses, de quelques millimètres de long, fibrorayonnées, teintées par des particules argileuses. Elles sont à rapprocher des concrétions glo- bulaires que j'ai déjà décrites et figurées (loc. cit.,N 42, fig. 123). Quant à la matière blanche, crayeuse, que M. Vandebosch a recueillie dans la grotte d’Aisne (Bomal-sur-l’Ourthe) et qu’il veut bien me frans- ns | mettre, c’est un amas d’aiguilles extrêmement fines (0""05), d’une longueur de Omm1 à O""2, simples, ou accolées à deux ou trois. Les extinctions varient. On en trouve de coudées à angle droit, en bayon- 386 PROCES-VERBAUX. nette et en Y; dans ces cas, quel que soit l’angle, elles s’éteignent en | une fois (fig. 6). | Ces aiguilles sont mélangées à des paillettes et débris de paillettes également très petites (0""053 et moins), allongées, à bords dentelés et fortement striées obliquement. Les stries sont droites ou volontiers incurvées en S allongé (fig. 6). L’angle qu’elles font avec le grand axe des paillettes varie, et, comme les extinctions leur sont à peu près parallèles, ces dernières varient également. Il est très rare de constater des contours hexagonaux voisins de 120°; plus exceptionnelles encore sont les paillettes ramifiées (fig. 6). De temps en temps, la figure d’interférence uniaxe négative se laisse observer. On trouve dans un même échantillon, des parties plus riches en aiguilles et d’autres où les paillettes dominent. | M. A. Vandebosch signale la même matière dans la grotte de Fond: de-Forêt où elle forme, dit-1l, « des bourrelets, ayant jusque 20 centi: mètres de diamètre, le long des multiples fentes de la voûte ». Les échantillons qu'il m'en communique ont des parties dures et d’autres très tendres. Les premières ne présentent que des paillettes informes, jaunâtres. Les secondes sont des masses grumeleuses desquelles se laissent extraire des bâtonnets de quelques centièmes de millimètre de largeur, ayant des aspérités marquées, barbelés, réfringents, un peu colorés, dont les plus régulièrement striés ont une parenté évidente avec les formes de la figure 6. D’autres bâtonnets, granuleux, bifurqués, avec un axe central plus sombre, de légers renflements grumeleux, font songer à un végétal inférieur incrusté de carbonate de calcium. Sous l’action de l'acide acétique étendu, beaucoup des corpuscules des dépôts d’Aisne et de Fond-de-Forêt ne bullent que faiblement; d’autres se dissolvent avec lenteur, sans dégagement gazeux. Ceux d'apparence organique disparaissent aussi, sans laisser aucun résidu venant à l'appui de la supposition que leur aspect faisait naïtre. Cette façon de se comporter vis-à-vis du dissolvant semble indiquer la présence d’une certaine quantité de dolomie. La même hypothèse peut être faite pour le dépôt si particulier de la grotte d’Engihoul : (loc. cit., $$ 46 et suiv.), les formes courbes et irrégulières qu’on y trouve ! rappelant plutôt le carbonate double que la calcite. | Afin de pouvoir exprimer une certitude à ce sujet, J'ai prié mon savant collègue, M. A. Van Engelen, de bien vouloir trancher la question pour les matières calcaires d’Aisne et d’Engihoul. M. Van SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1909. 387 Engelen a constaté que les deux substances ne contenaient que du carbonate de calcium, sans magnésie. C’est d’ailleurs la composition habituelle de la Bergmilch, à laquelle toutes ces matières crayeuses sont à rapporter. E. MAILLIEUx. — Contribution à l'étude de la faune dévonienne de Belgique. — Les Spiriférides. Inséré aux Mémoires. A. RUTOT. — Note préliminaire sur les fouilles au fort de Kessel. Depuis quelques mois, le génie militaire a entrepris la construction d’un certain nombre de forts à grande distance à l'Est d'Anvers, et en ces divers points des coupes plus ou moins intéressantes sont visibles. L'autorité militaire ayant très gracieusement permis au personnel du Musée royal d'Histoire naturelle l'accès des travaux, avec l’auto- risation d'entreprendre des fouilles si des découvertes d’ossements ou de coquilles fossiles s’effectuaient, l’occasion de mettre à protit ces bonnes dispositions s’est présentée, en octobre 1909, dans les tra- vaux du fort de Kessel. Ce fort est situé à 4 kilomètres à l'Est de la ville de Lierre, protégée elle-même par un fort déjà existant et à proximité de la gare de Kessel. Nous avons, en son temps, eu l’occasion, M. E. van den Broeck et moi, d'étudier ia coupe des terrains dans les travaux du fort de Lierre, et là se sont montrées des coupes intéressant plus spécialement Îles terrains quaternaires et modernes. Au nouveau fort de Kessel, les choses se passent tout différemment, et la section des terrains montre une composition très simple et uniforme. Au point le plus intéressant, l’on peut noter la coupe suivante, en partant du haut : A. Couche de sable argileux de couleur panachée de jaune, de vert et de rouge, dont la base est onduleuse, les parties concordant avec les points bas des ondulations étant remplies de sable grossier, blanchâtre. La ligne de base est légèrement graveleuse, et dans la masse argilo- sableuse il s’est formé des concrétions ferrugineuses plus ou moins dures d’alios. Épaisseur : de 4 à 450, 1 388 : PROCÈS-VERBAUX. Je considère la couche supérieure comme représentant le Quaternaire. supérieur ou Flandrien, facies marin. B. Sable meuble, vert-noir, très Ur parfois moins coloré au sommet et montrant alors des stratifications obliques. Vers 1 mètre sous la surface de la couche, se remarque un niveau à ossements de 10 à 15 centimètres d’épaisseur, puis vient encore du sable noir sur 50 à 60 centimètres et alors apparaît le lit à Pétoneles, épais de 15 à 30 centimètres, mais dont le test a complètement dis- paru. Grâce à un léger durcissement du sable par un peu de fer et d'argile, les empreintes des coquilles sont très bien conservées, et l’on remarque que la couche à Pétoncles renferme, disséminés, quelques galets de silex dont l’un avait le volume d’un œuf de poule. Sous la couche de Pétoncles, le sable noir continue en profondeur, visible sur environ 50 centimètres. La couche de sable noir se rapporte au « Sable noir d'Anvers » appelé aussi « Sable à Pectunculus pilosus », et, dans la légende de la Carte géologique à l'échelle de 1/46 000: CE sable figure comme Miocène supérieur ou Boldérien. À la suite des nouvelles recherches de M. Hasse, il y aura probablement lieu de rajeunir la couche en la plaçant à la base du Pliocène. | Le lit à ossements est très riche et presque continu; malheureu- sement les restes osseux sont assez fortement altérés, de sorte qu’ils se fendillent et tombent en petits fragments dès qu’on veut les recueillir. | Aussi est-il nécessaire, pour enlever les pièces, qui se composent de grandes têtes et de séries de vertèbres et de côtes, de les englober dans du plâtre, d’après le procédé imaginé pour retirer les Iguanodons de Bernissart. Les animaux dont on rencontre les débris à Kessel sont surtout des baleines de petite taille, des cachalots, des dauphins et des squales, y compris des chimères. En attendant l’étude de ces restes par un spécialiste, probablement M. le professeur Othon Abel, de Vienne, qui a si brillamment entamé la revision des cétacés fossiles du Tertiaire supérieur de la Belgique, je ne puis naturellement en dire plus long, d'autant plus que la Direc- tion du Musée royal d'Histoire naturelle a l’intention de Foret les fouilles aussi longtemps qu’on le pourra. Avant de terminer cette note préliminaire, J'exprime 1ci tous nos SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1909. 309 remerciements à l'autorité militaire et plus spécialement à M. le lieu- tenant Grégoire, qui surveille les travaux de construction, pour l’aide qu'il veut bien nous accorder dans l'exécution de nos fouilles. D'autre part, MM. Bolsée, entrepreneurs des travaux, ont égale- ment droit à notre gratitude. E. MariEu. — Présentation d’échantillons. M. Mathieu présente quelques-uns des échantillons qu'il à eu l'occasion de recueillir en compagnie de M. Malaise dans les carrières de Quenast. Les travaux y ont mis à découvert sur une étendue importante un contact d’une netteté remarquable entre la roche cristallisée et le schiste encaissant. L’étude microscopique de ce contact sera entamée incessamment. ANNEXE AU PROCÉÈS-VERBAL. COMPTE RENDU BIBLIOGRAPHIQUE Traité pratique de géologie (d’après Structural and Field geology, de JAMES GEIKIE), traduction de M. Pau Lemoine. Librairie scientifique A. Hermann et fils, Paris, 1910. Les personnes désireuses d'acquérir quelques notions pratiques de k géologie trouveront dans ce livre tous les renseignements nécessaires au ! sujet des roches et des minéraux que celles-ci renferment. Elles pourront s’instruire également sur leur mode de formation et sur les méthodes A scientifiques qui sont de nature à leur en faciliter la détermination. Le | mode de gisement des roches est étudié avec le plus grand soin. Le » mode de disposition des terrains, tels qu'ils se présentent dans la nature, est clairement exposé grâce à des figures schématiques et à de nombreuses et très belles photographies. Le livre se termine par un ï exposé très soigné des principales applications industrielles qui se M rattachent à l'étude sur place des terrains géologiques. Le traducteur, | tout en conservant la forme du traité anglais, à multiplié les figures # explicatives de manière à faciliter encore davantage au débutant les | notions indispensables de la géologie pratique. GC. V. DE We E. ne Marrone. — Traité de géographie physique. — Climat, | hydrographie, relief du sol, biogéographie. Un volume | in-8° de x-908 pages avec 396 figures et cartes dans le texte, 48 planches de reproductions photographiques hors texte et 2 cartes + en couleur. Librairie Armand Colin (22 francs). ee | L'important traité de géographie physique que M. de Martonne vient de publier recevra un accueil chaleureux du public instruit de langue française, qui était privé d’un manuel complet relatif à cette science, au e a = z Y SÉANCE DU 91 DÉCEMBRE 1909. 391 L'auteur à réussi à condenser de façon claire les diverses parties de la géographie physique, telle qu'il la comprend et la délimite. On l’a dit souvent : une des grandes difficultés de cette science est de trouver son domaine propre; on s'en aperçoit ici même, car M. de Martonne à quelque peine à se limiter aux confins de la cosmographie, de la météorologie, de la topographie et de la géologie. Peut-être même irions-nous jusqu’à lui reprocher de nous donner un résumé de ces sciences, avant de s’en servir pour les études géographiques. N'est-il pas vraisemblable que le lecteur «un gros traité de géographie physique possède une connaissance au moins élémentaire des sciences connexes, el ne pouvait-on alléger l'ouvrage d'autant? Nous ferons une seconde chicane à l’auteur relativement à l'abus de termes forgés du grec, soit pour désigner une qualité : « pliante tropophyle » par exemple; soit pour créer des classitications. Le lecteur qui consulte le livre ne trouve pas toujours la définition de ces termes dans le passage qu'il lit; C’est embarrassant. Il y a pour le moment dans la science géographique française une tendance à remettre le grec en honneur ; or, il s’oublie partout de plus en plus et ne s’apprend même guère, de sorte que cette mode tend à obseurcir la science; cependant l'exposé de M. de Martonne l’éclaircit à tel point que nous aurions mauvaise grâce d’insister. Un index alphabétique des matières, répertoire précieux, atténue d’ailleurs ce léger défaut. Le savant géo- graphe enlève aussi tout caractère indigeste aux matières qu'il traite, car son ouvrage, volumineux certes, contient tant de matières et aborde des sujets si divers que nul n’est exposé de façon surabon- dante. Pour les spécialistes de l’une ou l’autre branche, il sera inté- ressant de connaître les progrès des branches connexes; les professeurs y compléteront leur bibliographie et seront incités à lire quelque mémoire original qui leur aurait échappé; pour notre compte, nous y avons trouvé énormément à glaner; rarement lecture nous fut plus agréablement instructive. Puisque nous nous adressons à des géologues, nous ajouterons qu'il nous semble que, à leur point de vue, le grand profit qu’ils peuvent tirer de cet ouvrage est la meilleure connaissance des rapports entre la Structure du sol et le relief; ils y trouveront de nombreuses lumières pour l'interprétation des coupes, la conception des climats anté- rieurs, etc. On ne saurait assez louer M. de Martonne du soin qu'il a pris de tra- duire en planisphères un grand nombre de faits géographiques et d'avoir, pour ce faire, renoncé à l’odieuse projection de Mercator; 392 - ANNEXE A LA nous disons « odieuse », parce que, au point de vue de Ja répartition. | régionale des phénomènes, cette projection fausse tellement les dimen: sions des zones arctiques qu’elle nous trompe complètement; la pro: jection de Mollweide, employée par l’auteur, échappe à ce reproche. | Nous ne prétendons pas résumer ce traité; la lecture, dans un pro- spectus, de sa table des matières constitue le meilleur sommaire que l’on en puisse trouver; mais nous livrerons au lecteur nos réflexions sur quelques points qui nous ont particulièrement frappés en le parcourant. Dans l'historique de l’évolution de la géographie, par lequel débute la première partie : « Notions générales », le brillant professeur met ses confrères en garde contre l’abus des tendances explicatives; c'est sou: vent un leurre que de vouloir expliquer les faits géographiques ; d’abord on les fait dériver souvent d’une simple hypothèse scientifique; puis, l'occupation de la terre est soumise à tant de facteurs, qu'il est fré- quemment malaisé de dégager l'influence de chacun; combien danges= reux n'est-il pas de considérer un seul comme agissant? M. de Martonne, en maint passage, nous signale aussi l’influence de l’homme; nous eussions aimé à voir développer cette idée; nous croyons que l’homme peut se rendre maître d’un grand nombre d'événements naturels, mais à condition de chercher à aider la nature et non à la violenter. A ce point de vue, les ingénieurs des ponts et chaussées ont avantage à connaître la géographie physique; elle les éclairera singulièrement sur la manière dont doivent être conduits les travaux dits de correction: En contrariant les forces naturelles, on prépare une catastrophe; en aidant les facteurs propices à leurs desseins, les ingénieurs peuvent asservir et canaliser les forces physiques externes. Les notions de cosmographie, de cartographie et de projections constituent un exposé trop résumé. Il n'existe pas de bon traité de construction de cartes de langue française, et nous avons regretté de ne pas trouver dans ce chapitre les formules nécessaires au calcul des projections les plus employées. Il est vrai que ces formules relèvent de la géodésie, mais elles sont très abordables pour les mathématiciens ordinaires. Les éléments de la géographie physique constituent comme le pro: gramme complet du livre; c'est un véritable tour de force que d’avom condensé ce chapitre en vingt pages, en vue de montrer la liaison de ses diverses parties. Néanmoins, il nous semble qu'ici l’auteur à péché contre ses propres principes; était-il bien nécessaire, pour donner une notion générale de la forme de la terre, d'introduire l’hypothèse SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1909. 393 de la déformation tétraédrique? Cette idée n’a que de bien faibles bases géologiques, et nous sommes étonné qu’elle persiste malgré son peu de valeur. Aucune hypothèse cosmogonique n'existe, pour le moment, apte à la remplacer, mais l’aveu d’impuissance paraît préférable à l'exposé de théories sans fondement, quelques réserves que l’on puisse faire; M. de Martonne n'y manque d’ailleurs pas. Pour nous, nous considérons les idées de Green comme tendancieuses et dangereuses par leur caractère théorique incertain. L'étude de la climatologie fait des emprunts considérables à la phy- sique du globe et à la météorologie. La carte de l’état de la connais- sance météorologique du globe, d’après Bartholomew, y est très suggestive ; elle montre que, si de vastes espaces restent encore privés de stations d'observation serrées, 11 y à cependant des stations isolées pour relier les zones bien étudiées; on manque, entre autres, d’un réseau serré dans la zone équatoriale continentale. Cependant, la com- plication du problème semble telle, que sans série d'observations régu- lières et suflisamment réparties sur tout le globe le cycle des événements météorologiques échappera à notre compréhension. Les beaux aperçus sur les compensations entre saisons et régions révélés celte année même à l’Académie des Sciences de Paris font espérer cependant l'aurore de temps nouveaux succédant à l’empirisme dans les prédictions à longue période. La troisième partie traite de l’hydrographie (sensu largo). On y lira avec intérêt le résumé des études relatives à la salinité des mers, dont importance a été révélée par Nansen. En ce qui concerne le régime des eaux continentales, nous eussions préféré qu’il ne fût pas séparé de la morphologie, car il est réduit à s’accommoder du relief qu’il modèle d'autre part. Relief et réseau des thalwegs ; altération de la surface et régime des eaux superficielles, sont donc deux facteurs indissoluble- ment liés ; 1l y a comme un déchirement à les étudier séparément. C'est sans doute ce qui a engagé l’auteur à faire suivre immédiate- ment par la quatrième partie Le relief du sol. [ei encore nous trouvons un chapitre superfétatoire, à notre avis, exposant les principes des levés topographiques ; l’art topographique ne manque pas de manuels. Ce léger défaut est compensé par l’ampleur magistrale donnée à l'étude du relief par l’auteur, qui a visiblement des préférences pour la morphologie terrestre. Le savant professeur doit recourir à quelques connaissances géologiques pour pousser cette étude à fond ; il le fait avec une grande sobriété, sans cependant nuire à la clarté. Nous nous permettons de différer d'avis avee M. de Martonne sur 394 ANNEXE A LA quelques points secondaires ; ainsi le schéma qu’il donne de la forma uon des dépressions subséquentes et des côtes dans les régions à Stratification faiblement inclinée, à l'exemple de ce qu’avaient admis MM. de la Noë et Margerie, part de l'hypothèse que les couches diverses ont été rabotées en biseau ; cette démonstration n’est pas rigoureuse, Car ce sont précisément les eaux qui doivent se charger de ce travail de décapement du terrain, qui marche de pair avec la forma- tion des côtes et des terrasses ; or, nous avons eu l’occasion de constater que, en analysant le phénomène dans sa complexité, la théorie se rapproche beaucoup plus de la réalité topographique ; on saisit, entre autres faits, pourquoi les terrasses de roche dure conservent en grande partie une pellicule de terre meuble. Traitant un exemple concret, l’auteur analyse les bassins du Neckar et du Main, dont la grande particularité est que les collecteurs prinei- paux sont anaclinaux. [Il en déduit qu'ils sont postérieurs au système; pour nous, la zone de drainage de cette région faillée a toujours été constituée par la fosse rhénane ; les couches sont donc inclinées dans un sens opposé à la descente vers le rivage ; 1l en résulte que le réseau secondaire sur la terrasse des grès du Keuper est dirigé en sens opposé de l'écoulement du Main. Le tracé zigzaguant de cette rivière formée de bras subséquents et d’autres de Jonction d’une dépression à la suivante, prouve que chaque dépression s’est naturellement procuré un déversoir vers la suivante à l'Ouest. Il y a donc une différence essen- uelle avec les pays à côtes régulières, et le problème mérite d’être traité séparément. Un chapitre qui intéressera particulièrement nos confrères est celui de la paléogéographie ; avouons qu’il empiète un peu sur le domaine de la géologie propre, mais nous faisons cette constatation sans regret, car l’auteur analyse avec beaucoup de sagesse la valeur des cartes paléogéographiques et 1l montre aussi l’importance de certaines notions géologiques pour la compréhension de la topographie présente. Débar- rassées de tout leur appareil démonstratif si complexe, les conclusions de MM. Ed. Suess et Haug prennent un caractère de grandiose sim: plicité. Les glaciers et la topographie glaciaire, les actions éoliennes et les reliefs désertiques sont examinés avec l’importance que justifie lam= pleur de leur action sur le globe. Généralement on ne les traite qu'en annexe du travail hydrographique; cependant des régions entières sont soumises à leur action prépondérante. Enfin, l’étude du relief da sol se termine par la topographie littorale. SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1909. 395 Nous nous sentons bien peu compétent pour apprécier la cinquième partie, La Biogéographie, comme l’a traitée M. de Martonne. Lui-même a compris que la mayorité de ses lecteurs ne serait pas composée de zoologistes et de botanistes ; aussi les exposés préliminaires indispen- sables occupent-ils la majeure partie de cette section ; encore ne nous préparent-ils qu'à une déception. Les études ne sont pas assez avancées pour se prêter à une classification géographique des faunes soit terrestre, soit marine. La répartition des flores est mieux connue ; peut-être est-ce dû à ce que, plus sensibles aux climats divers, les flores se cantonnent plus par régions. L’essai de l’auteur est louable; il faut espérer qu'il incitera les naturalistes à fouiller les problèmes qu’il esquisse. D’excellents clichés photographiques extrêmement nombreux, répandus dans tout le volume, illustrent les phénomènes dont l’auteur nous parle ; celui-ci a soin d’ailleurs de schématiser par des dessins ceux qui ne seralent pas aisés à comprendre ; des perspectives cava- lières limitées par des coupes sont fréquemment employées ; en un mot, la librairie Colin a mis à présenter au public l'ouvrage de M. de Martonne le même soin qu’elle a déjà dépensé dans ses autres belles publications géologiques et géographiques. Nous souhaitons que de nombreux disciples se forment à l’enseigne- ment du savant professeur à l’Université de Lyon. Ses leçons pro- mettent à la science géographique française une ère brillante et féconde. L. G. 1909. PROC.-VERB. 20 ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 21 DÉCEMBRE 1909. Présidence de M. À. Rutot, président. Discours du Président. MESSIEURS, Nos membres étaient conviés à la séance de ce jour lorsque nous avons élé douloureusement frappés par la mort de Léopold ff, notre Roi bien-aimé, qui à tant fait pour le développement et la prospérité de la patrie. Je crois être l'interprète de la Société en vous proposant, Messieurs, d'adresser à notre Président d'honneur, hier Monseigneur le Prince Albert, aujourd’hui S. M. le Roi Albert, l'expression de tous nos plus sincères regrets, de nos respectueuses condoléances, auxquelles nous djouterons l'espoir de lui voir continuer, comme Chef de l’État, la bienveillance et l'appui qu’il a daigné accorder Jusqu'ier à notre Société. Il en est des présidents comme de beaucoup d’autres choses, 1ls se suivent mais ne se ressemblent pas. Ceci dit au sujet des très remarquables discours présidentiels pro- noncés par le dernier président sortant, M. le chanoine de Dorlodot. À propos du second de ces discours, des opinions diverses ont été formulées et l’une d'elles consiste à dire qu’il pourrait servir de modèle à imiter, par les autres présidents, à l'avenir. L'idée est peut-être juste et d'application désirable, mais il ne faut pas oublier que, parmi les présidents nommés par l’assemblée, il en est beaucoup qui suivent des voies très diverses. En effet, les uns sont professeurs, d’autres praticiens, explorateurs, paléontologues, hydrologues, spécialistes, ete., et il est certain qu'il nest pas possible d'attendre de chacun d’eux un jugement personnel valable sur l’ensemble des communications, d'ordres si divers, qui nous sont présentées en séance. Certes, d’'éminents professeurs, dont l’érudition s'étend à peu près 398 PROCÉS-VERBAUX. sur tous les sujets qui sont traités devant nous, peuvent se sentir l'autorité et les capacités nécessaires pour aborder une étude critique sérieuse et approfondie de toutes les communications de l’année, mais les personnes qui se sont spécialisées dans des branches, parfois peu étendues, ne se sentent pas à même d'entreprendre un travail sem- blable à celui que M. de Dorlodot a si courageusement réalisé lan dernier, et je vous avoue que, comme spécialiste, je me range, sans fausse honte, dans la catégorie de ceux dont l'avis, sur quantité de questions importantes, serait absolument sans valeur et dénué d'intérêt. Parmi les personnes s’occupant de science, il en est bon nombre qui se montrent partisans de la discussion orale et qui voudraient la voir se développer, sous le prétexte que c’est du choc des idées que jaillit la lumière. Il est possible que dans certaines manifestations de l'esprit humain, comme la philosophie ou la politique, là où les idées sont tout et les faits ne sont rien, le procédé du choc à pu mener à quelque résultat profitable, à des étincelles que, dans la chaleur de la discussion, on a pu prendre pour de la lumière et même pour la vérité ; mais 1l m'a semblé que ces lumières étaient souvent fort relatives et qu’elles s’éteignaient assez rapidement une fois l’ère des frictions passée. Mon expérience des choses — qui commence à compter — me les fait voir bien différemment, pour ce qui concerne la science. Comme nous nous basons sur les faits et que la connaissance de ces faits n’est pas d’extension rapide et demande des vérifications, il m'a semblé qué le véritable avancement des sciences s’effectue principale- ment par l'exposé des faits, avec l’interprétation que l’observateur peut en fournir, et comme ces faits, ne s'imposant pas par eux-mêmes, demandent des observations nouvelles, parfois contradictoires, il en résulte que la science avance tranquillement, sans qu’il soit besoin de discussions brillantes et étendues. Ma conception du vrai travail scientifique consiste dans la présentation de notes exposant des faits observés et vérifiés, avec l’interprétation la plus rationnelle que peut en donner l’auteur, et, alors, c'est sur ce canevas de mémoires publiés que travaillent les spécialistes du même sujet, qui apportent à leur tour des faits concordants ou contradic- toires, avec l'expression de leur interprétation propre. Grâce à ces publications successives, qui devraient toujours être faites sans esprit de critique personnelle, mais avec le but d’ajouter de nouvelles connaissances à celles que nous possédons déjà, chaque ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’EXERCICE 1909. 399 personne s'intéressant à un sujet spécial se trouve toujours au courant des opinions motivées des divers spécialistes qui le traitent et peut se faire ainsi sa propre opinion personnelle. _ Comme la vérité finit toujours par s'imposer, 1l arrive un moment où il se forme, par simple agglutination, sans conciliabules, sans discussions orales, toujours improvisées, une majorité sérieuse qui adopte l'opinion la plus claire et la mieux prouvée. Ainsi la science avance sans éclats, mais avec sécurité et avec dignité, surtout si ses adeptes ont soin de faire toujours une distinction très nette entre les conclusions des auteurs et leur personnalité. Telle est la manière de voir actuelle d’un vieux lutteur qui, en son temps, à eu l’occasion de tâter de la valeur des deux méthodes. Il va sans dire, du reste, que, comme en toutes choses, chacun inter- prétera ce préambule comme il l’entendra. Conformément au programme, jetons maintenant un coup d’œæil rapide sur les travaux de l’année. Si nous nous plaçons au point de vue de la minéralogie, de la cristal- lographie et de la lithologie, nous remarquons des travaux sur les miné- raux belges de MM. Doyen, Prinz et Stainier, plus un mémoire sur les filons de phosphorite du Portugal, dû à notre contrère M. Choffat, de Lisbonne. À côté de ces travaux faisant avancer directement la science, j'en signalerai encore deux, de MM. Prinz et Cosyns, où la discussion me semble prendre une place prépondérante, mode de travail que je ne préconise pas, ainsi que Je viens de le dire 11 y à un instant. La géologie générale à été traitée de manière plus large et, m’a-t-il paru, plus instructive En effet, nous avons vu aborder les questions les plus élevées de la géologie par MM. Schardt, Lagrange et Van de Wiele, qui ont exposé leurs vues sur le grandiose phénomène tectonique de la formation des montagnes et de ses diverses conséquences, telles que les sismes qui ont désolé la région méditerranéenne. D'autre part, M. Hankar nous a fait connaître des faits intéressant es modifications de tension interne des roches éruptives exploitées, tandis que M. Grégoire nous exposait ses idées sur l’une des causes possibles ayant provoqué l'apparition de grandes périodes glaciaires. Enfin M. Cosvns nous a montré, en fait, les résultats de son étude Sur les phénomènes de dissolution des roches caleaires. Les études de géologie régionale nous ont valu également nombre de bons et utiles travaux. 400 PROCÉS-VERBAUX. En suivant l’ordre chronologique des terrains, nous rencontrons d’abord une note de M. Malaise sur des modifications à apporter à l'échelle stratigraphique du Silurien ; puis viennent deux bonnes études de notre zélé confrère M. Maillieux sur le Dévonien de Belgique. En poursuivant, nous rencontrons deux mémoires importants du chanoine de Dorlodot, dont l’un renferme la description succincte des assises du Calcaire carbonifère de notre pays, l’autre traitant de la signification stratigraphique des faunes du Dinantien. Ajoutons que ces deux mémoires ont servi de fil conducteur et de base des discussions sur le terrain, lors de l’excursion dans la vallée de la Meuse que comportait la session extraordinaire de cette année, dont il sera fait mention plus loin. M. Stainier nous à ensuite parlé d'observations qu'il à faites dans le Triasique de Marbehan et aussi dans les carrières de grès à pavés du Landenien supérieur d'Overlaer, où la position des arbres silicifiés avait attiré son attention. Le même auteur et l'abbé Schmitz nous ont fait également connaître les résultats de l'examen approfondi des échantillons de roches recueils dans les sondages houillers de la Campine. Pour ce qui concerne l’époque teruaire, signalons la note très intéressante de M. Hasse sur la nature, la disposition et la faune des sables boldériens aux environs d'Anvers. | Enfin, pour ce qui est du Quaternaire et du Moderne, M. Hasse et moi avons continué nos recherches en vue de mettre les connais- sances relatives à ces époques en rapport avec celles acquises sur les“ terrains plus anciens. La paléontologie à eu une part assez brillante parmi les travaux de nos membres. Je crois que comme ampleur et comme portée, la palme revient à notre savant confrère M. Dollo pour sa magistrale communication intitulée : « La paléontologie éthologique », que chacun de nous ra avec grand profit. Des mentions des plus honorables doivent aussi être décernées à - nos confrères Maillieux, qui s’est révélé comme excellent spécialiste en conchyliologie du Dévonien, et Hasse, pour sa belle étude sur les Morses du Pliocène d'Anvers. | Pour terminer ce qui à rapport à nos publications, abordons. | l'examen rapide des travaux de géologie appliquée et plus spécialement" | de l’hydrologie. | Ces travaux peuvent se subdiviser en trois groupes : 4° circulation ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’EXERCICE 1909. 401 des eaux dans les calcaires ; 2 captage et épuration des eaux; 3° divers. La première de ces questions nous a valu des communications de MM. E. van den Broeck et E. Putzeys, où chacun a exposé sa manière de voir, mais Je crois qu’il y à lieu de signaler ici, en raison de son impor- tance et bien que la publication soit indépendante de l’action de la Société, l'apparition du volumineux ouvrage intitulé : Les cavernes et les rivières souterraines de la Belgique, étudiées spécialement dans leurs rapports avec l’hydrologie des calcaires et la question des eaux potables, dû à la collaboration de MM. E. van den Broeck, Martel et Rahir, tous trois membres de la Société. Les deux volumes, largement illustrés, composant l’ouvrage, consti- tuent le plus important recueil, paru sur la Belgique, étudiant et décrivant le cycle, parfois compliqué et difficile à observer dans ses détails, de la circulation des eaux dans les masses calcaires, depuis les points d'absorption jusqu'aux exutoires. De plus, dans une partie spéciale, M. van den Broeck décrit les recherches qu’il à particulièrement dirigées dans le sens de la cireula- ion des eaux dans les masses tournaisiennes et il croit pouvoir en déduire que ces eaux s’y élaborent et s’y purifient d’une manière beau- coup plus constante et complète, au point de vue pratique, que celles traversant les calcaires dévoniens et viséens. De toutes façons, le beau livre édité par nos confrères représente une énorme somme de labeur de toutes espèces, et nous serons tous d'accord pour les féliciter chaleureusement de son apparition. Quant à ce qui concerne le second groupe de travaux relatifs à l’hydro- logie, nous devons faire mention des communications de MM. Duyk, Gerard et D' Schwers sur des procédés d'épuration, ainsi que du D' Poskin sur le captage des eaux minérales de Spa, en n'oubliant pas MM. Dienert, Marchadier et Guinaudeau et aussi le D' Poskin pour son travail sur la Rabdomancie qui appartient certes aux « divers ». Mais avec le chapitre des communications, nous ne clôturons pas ce qui à rapport à nos publications. Notre Bulletin renferme, en effet, des comptes rendus bibliogra- _phiques d’une réelle valeur, dont quelques-uns présentent un puissant intérêt. En tête de nos vaillants collaborateurs, nous trouvons toujours le D' Van de Wiele que ne rebute aucune analyse, si longue et si difficile qu'elle soit; qu’il reçoive ici l'expression sincère et très justifiée de nos plus vifs remerciements. A02 PROCÈS-VERBAUX. Citons particulièrement M. Prinz, à qui nous devons un magnifique commentaire des nouvelles observations faites dans les régions méta- morphiques de l’Ardenne par M. Holzapfel. Ensuite, nous rencontrons, toujours prêts à payer de leur personne, notre honorable et zélé secrétaire général, le baron L. Greindl, et M. Halet qui a résumé le Handbook de M. C.-W. Hayes Tous deux ont droit aussi à notre reconnaissance. Mais nous n’avons pas encore épuisé la revue des diverses manifesta- tions de notre activité, car il nous reste à parler des conférences et des eXCUrSIOns. arr ers 7 Trois de nos membres ont bien voulu nous donner des conférences qui toutes nous ont fait grand plaisir; ce sont : d’abord notre secré- taire général, qui nous à décrit ses impressions de voyage du Doubs au Rhône à l’occasion d’une course faite, sous la direction de M. Schardt, en compagnie de notre sympathique confrère le D" Gil- bert, qui à pris, pendant l’excursion, quantité de belles photographies que le baron Greindi nous a expliquées. Puis M. d’Andrimont nous à donné un compte rendu de ses obser- vations faites en Calabre et en Sicile, peu de temps après le terrible tremblement de terre de Messine. Enfin, récemment, notre savant collègue M. Dollo nous a exposé ses vues, de si haute portée, sur la paléontologie éthologique. Ces orateurs ont droit à nos félicitations et à nos remerciements. Quant aux excursions, elles ont été très bien suivies, mais moins nombreuses que d'habitude. M. Mourlon nous à fait visiter les travaux du chemin de fer effectués entre Schaerbeek et Etterbeek. M. J. Cornet nous à menés dans la région d’Hautrage et de Sirault qu'il connaît si bien. M. A. Renier nous a fait traverser le bassin houiller d’Anhée et, enfin, M. Hasse nous a conduits dans les immenses tranchées creusées au Nord d'Anvers, où le Pliocène est si bien visible. Après ces excursions d’un jour, mentionnons celle, de la durée d’une semaine, qui était l’objet de la session extraordinaire à Dinant et qui devait être conduite par MM. de Dorlodot et Kaisin. Par suite d’un douloureux deuil de famille, M. de Dorlodot n’a pu, malheureusement, se mettre à la tête des excursionnistes, très nom- breux, parmi lesquels se trouvaient beaucoup de nos excellents confrères de Liége, ainsi que plusieurs savants étrangers très estimés ; de sorte que toute la charge s’est reportée surles épaules de M. Kaisin, ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’EXERCICE 1909. 403 qui a supporté vaillamment la responsabilité et les fatigues de la direc- tion et a atteint brillamment le but. Tous ceux qui ont suivi l’excursion dans le calcaire carbonifère de la vallée de la Meuse se rappelleront toujours avec plaisir et reconnaissance les magnifiques courses préparées et si bien conduites par M. Kaisin. Tout ce qui vient d’être dit semble indiquer une vitalité remarquable, signe habituel d’ane bonne situation morale. Certes, il en est bien ainsi, mais si la situation morale est bonne, la situation normale n’est pas absolument satisfaisante, attendu que nous ne voyons pas progresser le nombre de nos membres d’une manière continue. C'est, en effet, plutôt une légère régression que nous avons à constater. | Il est vrai que les circonstances nous ont été, cette année, défavo- rables. C’est ainsi que nous avons la douleur et le regret de signaler le décès de neuf personnages importants : MM. J. Massau, l’éminent mathématicien; Nikitin, membre honoraire, directeur du Service géo- logique de Russie; Guillaume Lambert, ancien professeur et ingénieur de grand mérite, l’un des principaux initiateurs des recherches de bouille dans la Campine; Valère Mabille, le grand industriel philan- thrope; G. Zlatarski, notre sympathique confrère de Sofia; Jean Bertrand, bien connu dans le monde des géographes; de Schryver, le zélé directeur des Installations maritimes de Bruxelles; Van Meenen, bourgmestre de Saint-Gilles et administrateur de la Société intercom- munale pour la distribution des eaux du Bocq, et Léon Janet, ingénieur et hydrologue distingué; enfin, à ces pertes si sensibles, il faut encore ajouter celle toute récente de M. De Mot, le regretté bourgmestre de Bruxelles, membre protecteur de la Société. D'autre part, — est-ce un des effets de la crise financière? — nous avons enregistré la démission de plusieurs membres, tant effectifs qu’associés, ce qui fait que, malgré l'admission de vingt et un mem- bres effectifs et de deux associés, si le nombre total de nos membres effectifs ne se trouve pas modifié, nous avons perdu de nombreux associés. Nous espérons que la propagande de nos confrères, ajoutée au renom scientifique de la Société, nous fera reprendre sous peu une marche ascendante. 404 PROCÉS-VERBAUX. Sans revenir sur le cas de chacun d’entre eux, nous félicitons à nouveau nos nombreux confrères et amis qui ont été l’objet de dis- tinctions flatteuses mais méritées, de promotions, etc., dans le cou- rant de l’année. Remarquons que notre zélé secrétaire général, qui à si bien établi chez nous l’admirable régularité de nos publications et qui est toujours aux aguets pour réduire les dépenses, voire faire des économies sans nuire à la bonne marche des affaires, nous prépare chaque année une situation financière des plus satisfaisantes. Grâce à ces sages mesures et à l’activité du trésorier, l’ère des déficits peut être considérée comme close. Par son activité et son dévouement à la Société, le baron Greindl a droit à nos sincères félicitations et à notre profonde gratitude. Enfin, pour terminer, je reviendrai un moment sur le chapitre des excursions. Celles-ci ont été moins nombreuses que d'habitude. Ilest vrai que le temps s’est souvent montré détestable et peu enga- geant, mais il faut bien considérer que nos courses géologiques sont un des principaux attraits que la Société offre à ses membres et qu’il serait imprudent de les négliger. Il y a surtout urgente nécessité à ne plus laisser passer aucun grand travail d'utilité publique, occasionnant des travaux de terrassements, sans que nos membres soient conviés à en étudier les coupes. | J'entends souvent dire — trop tard — qu'il existait de magnifiques coupes à observer dans telle ou telle tranchée ; or, pendant l’exécution des travaux, aucun de nos confrères géologues n’avait été prévenu, de sorte qu'une superbe occasion d'augmenter nos connaissances nous avait encore échappé. Évidemment, on ne peut pas tout demander aux seuls professionnels de la géologie; 1l serait hautement désirable que les ingénieurs ou direc- teurs de travaux voulussent bien attirer, en temps opportun, l’atten- üon des spécialistes, afin que nos géologues, tant de Bruxelles que de Liége et de Mons, se livrent à l’étude préalable dun terrain, puis invitent leurs confrères à observer et à discuter, s’il y a lieu, leurs conclusions. Nous faisons des vœux pour arriver à la réalisation du désir que nous venons d'exprimer ci-dessus. (Applaudissements.) Compte rendu de la session extraordinaire. De graves préoccupations de famille ont empêché M. le profes- seur Kaisin de s'occuper jusque maintenant du Compte rendu de la ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’EXERCICE 1909. 405 session extraordinaire. [1 n’est donc pas certain que sa publication puisse figurer dans les Mémoires de cette année, dont le dernier fasci- cule est en cours d'impression. Le Bureau fera parvenir aux membres associés régnicoles ce compte rendu en tiré à part. Il sera accompagné des deux travaux sur le Calcaire carbonifère de M. le chanoine de Dorlodot, qui avaient été distribués aux excursionnistes. Exposé de la situation financière. Les membres de la Société pourront constater, par l’examen des comptes ci-dessous, que l'exercice 1908 ne s’est pas terminé aussi favo- rablement que l’espérait le Bureau au 17 février 1909. Le prix élevé du fascicule in-4° et l’importance du Compte rendu de la session extraordinaire n’ont permis d’amortir le déficit que de sept cents francs environ. Les comptes de 1909 ne paraissent pas devoir présenter de dépenses anormales ; nous espérons, comme l’a dit le Président, rentrer dans l'ère de l'équilibre. Néanmoins, il ne faut pas oublier que cet équilibre nest qu'apparent. L’emprunt qui à été fait autrefois au capital des garanties (1,800 francs) en faveur des études sismiques reste à récupé- rer ; de plus, aucune somme n’est réservée pour les travaux acceptés que leurs auteurs ont différé de faire imprimer. Situation financière de l'exercice 1908 (clôturé). Recettes. M Honsetentrées. . . . . . . …. . . . . . . fr. 5,891 » M Diera perpétuité . . . . . . . . . , . . . . . . 400 Ministère du Travail (Bibliothèque, . . . . . . . . . . . . 300 » subside du Gouvernement . . . . . . . . . . . . . . 1,000 » En de la province de Brabant . . . . . . . . . . . . 4,000 » << — HS HAINAUL AT ONE, 0 Le PE 900 Mn dla villé d'Anvers . ._. . . . . A 2e CPE 900 » Intérêts des garanties et du compte courant . . . . . . . . . 578 T0 Abonnements et ventes de publications. , . . . . . Are 626 36 2 OO À 2 : 59 15 Fr 10,335 91 Déficit à reporter à l'exercice 1909 . . . . . . . . . . . . 718 59 TOTAL. (041,053 60 406 PROCÈS-VERBAUX. Dépenses. Bulletin ét'Mémoire in:4% 552 207-102 DEEE Photogravures, dessins, clichés . Affranchissement et distribution Convocations aux séances et excursions Frais de bureau Fe Traitements et indemnités. . Abonnement RE Frais des stations géophysiques . Divers ; PR le Versement au capital des garanties . Solde débiteur de l’exereice 1907 (reporté) TOTALE fr. Situation financière de l'exercice 1909 (non clôturé). Recettes. Cotisations et entrées." 2 L Membre à vie . ITEMS ARE Ministère du Travail (Bibliothèque) Subside de la province de Brabant Subside de la province de Hainaut . Subside de la ville d'Anvers . ; Intérêts des garanties et du compte courant Abonnements et ventes des publications TOTAL Su Dépenses. Bullétin (Pr.-verb. 1 à 9 et Mém. fase" II, TI) PS CN Photogravures, dessins et clichés Affranchissement des publications Convocations aux séances. Frais de bureau. Traitements et indemnités VAS Bibliothèque (reliure et abonnements) . Versement au compte des garanties . Déficit de 1908 (reporté) Reste en caisse . TOTAL ÉGAL. . 04e D,411 » 1,524 39 816 13 339 31 186 61 193 » 10 17 62 70 99 10 400 » . 9,651 34 1,402 46 11,053 80 5,094 90 200 » 300 » 1,000 » 500 » 500 » 586 20 555 20 8,136 30 9,600 61 437 99 363 46 186 27 593 78 119 0 194 65 200 » 718 59 9,131 95 8,736 30 BTE EURE ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’EXERCICE 1909. 107 Budget pour 1910. Le Conseil propose le budget ci-dessous : Recettes Cotisations etentrées . . . . . . . . . . . . . . .tr. 5,500 » Intérêts des garanties et du compte courant . . . . . . . . . 600 » de divers... . . . .. , . . ., . .. . . . . . . 8,300 » Abonnements et ventes de publications. . . . . . . . . | 900 » ToTan . . .tr. 9,900 » Dépenses, A RL nr nc, fr. 25,800: 5 Dessins, clichés, impression des planches . . . . . . . . . . 1,500 » Distribution du Bulletin, convocations aux séances . . . . . . . 1,000 » ME délbureau, correspondance. + . . . . . + . =. … : 300 » Traitement et indemnités d'employés . . . . . . . . . . . 800 » Béliures à la Bibliothèques .. . . … . . . . , . . . .. . 100 » Réconstitution des garanties . . . . . . . . . . . . . . 400 » TOTAL ÉGAL . . .fr. 9,900 » Programme d’excursions diverses. Suivant les décisions prises au début de 1908, le choix et l’organi- sation de la session extraordinaire incombent, en 1910, à la Société géologique de Belgique. Nous espérons, en 1910, faire plus d’excursions que nous n’en avons organisées en 1909 et nous pouvons déjà annoncer les suivantes : M. LE PRÉSIDENT nous conduira visiter la coupe d'Hofstade. M. van DEN BROECK nous permettra d'utiliser la planchette récem- ment parue de Lubbeek-Glabbeek ; de plus, en compagnie de M. Degon, il dirigera la course, déjà annoncée l’an dernier, aux tra- vaux de captage du Hoyoux (deux journées). Nous pouvons retourner aux bords de la Meuse grâce à M. Dur, qui à demandé à la Société des terres plastiques de Lustin de nous faire visiter ses exploitations. M. SimoEns se propose de nous faire étudier le Primaire du bord Nord du bassin de Namur, en allant voir, à une semaine d’intervalle, les coupes de la Sennette et de la Méhaigne. 408 PROCÈS-VERBAUX. Le Conseil pense également qu'il y aura lieu d'organiser quelques promenades géologiques et hydrologiques à l'Exposition. Sous peu, enfin, les membres de la Société recevront une convoca- tion pour visiter, sous la haute direction de notre Président, M. Rutot, la salle de Préhistoire mondiale. Élections. De nombreux membres effectifs ont répondu à l'initiative prise par le Conseil et, s’excusant de ne pouvoir assister à l’Assemblée générale, ont tenu à transmettre leur vote. Avant la proclamation des résultats, M. le Président demande à l’Assemblée si personne n’a d'observations à présenter au sujet du scrutin. M. Paul Jacques, au nom de son père, M. le docteur Victor Jacques, décline le mandat de vice-président, pour lequel le Conseil avait porté le docteur Jacques. Membre du Conseil depuis la fondation de la Société, notre confrère préfère laisser place dans le Conseil à de nou- veaux venus. M. Simoens n'aurait pas voulu qu’on le mit en compétition avec le docteur Gilbert, dont il estime les services rendus à la Société supérieurs à ceux que lui-même a pu rendre. Il n'entend pas se mettre en parallèle avec le docteur Gilbert et prie les membres présents de reporter leurs suffrages sur celui-cr. M. le Président fait observer que le Conseil, en proposant un nom- bre de candidatures supérieur au nombre de places à conférer, n’a point voulu établir de comparaisons, mais simplement amener les membres à exprimer leurs préférences au lieu de se borner à entériner les propositions du Conseil. M. van den Broeck, tout en se félicitant du progrès acquis par le bulletin de vote, demande s’il n’y aurait pas lieu d'augmenter encore l'initiative accordée aux membres de la Société en leur permettant de faire des propositions de candidatures. Il estime qu’il serait avantageux d'admettre que, outre les propositions du Conseil, fussent inscrits les candidats proposés par un groupe de dix membres au moins. Le Secrétaire général pense que cette initiative ne devrait s'exercer que pour l'entrée au Conseil, en laissant au Bureau ou au Conseil le soin de faire les propositions pour les vice-présidences. L'Assemblée accepte cette manière de voir et il est décidé que : « Sera porté candidat au Conseil tout membre effectif proposé par ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L’EXERCICE 1909. 409 un groupe de dix membres effectifs au moins, dans un délai expirant quinze Jours avant l'assemblée générale. » De plus, les candidats seront pressentis, afin de savoir s'ils acceptent de figurer sur les bulletins de vote. Le Secrétaire général donne les résultats du vote. Le vote pour la nomination de quatre vice-présidents a donné les résultats suivants : M: Mourlon, 44 voix; M. Hankar-Urban, 41 voix ; M. Maillieux, 32 voix ; M. Rabozée, 28 voix ; M. le docteur Jacques (qui se désiste), 27 voix ; M. E. Putzeys, 25 voix ; MM. Cornet, Stainier et van den Broeck, chacun 1 voix. Les quatre premiers sont élus. M. le docteur Gilbert est élu délégué du Conseil en remplacement de M. Prinz. | Le vote pour la nomination de trois membres du Conseil à donné : M. d’Andrimont, 27 voix; M. L. Gerard, 24 voix; M. Putzeys, 22 voix ; M. Cosyns, 21 voix ; M. Hankar-Urban, 21 voix ; M. Mail- lieux, 20 voix ; M. Kaisin, 13 voix. Les trois premiers cités sont élus pour le terme 1910-1911. En conséquence, le Conseil est constitué comme il est indiqué au tableau ci-après pour l'exercice 1910. Composition du Bureau, du Conseil et des Comités pour 1910. Président : M. AIMÉ RUTOT (1909-1910), Ingénieur honoraire des Mines, Géologue, Conservateur du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique, Membre correspondant de l’Académie royale des Sciences. Vice-Présidents : MM. A. HANKAR-URBAN (1910), Directeur général de la Société anonyme des Carrières de porphyre de Quenast. E. MAILLIEUX (1910), Paléontologiste. M. MOURLON (1910), Membre de l’Académie royale des Sciences, Directeur du Service géologique de Belgique. H. RABOZÉE (1910), Capitaine commandant du Génie, Professeur à l’École militaire. Secrétaire général honoraire : M. ERNEST VAN DEN BROECK, Conservateur du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. 410 PROCÈS-VERBAUX. Secrétaire général : Professeur à l’École de Guerre. M. le Baron LÉéoN GREINDL (1907-1910), Capitaine commandant d'État-Major, Secrétaire : M. C. VAN DE WIELE (1909-1910), Docteur en médecine. Délégués du Conseil : MM. Louis DOLLO 1908-1911), Professeur à l’Université libre, Conservateur du Musée royal d'Histoire naturelle. TH. GILBERT (1910-1919), Docteur en médecine. le R. P. Gaspar SCHMITZ S. 3. (1909-1912), Professeur de géologie, Directeur du Musée géologique des bassins houillers belges. J. WILLEMS (1907-1910), Major du Génie. MM R. Membres du Conseil : D'ANDRIMONT (1910-1911), Ingénieur géologue, Ingénieur des Mines, Professeur à l’Institut agricole de Gembloux. . CORNET (1909-1910), Professeur à l’École des Mines et Faculté polytech- nique du Hainaut. . GERARD (1910-1911), Ingénieur électricien, ancien Professeur à l’Université libre. . LAGRANGE (1909-1910), Docteur en sciences physiques et mathématiques, Professeur émérite à l'Ecole militaire. . PUTZEYS (1910-1911), Ingénieur en chef des Travaux de la ville de Bruxelles. . STAINIER (1909-1910), Professeur à l’Université de Gand. Trésorier : M. F. HALET (19091919, Attaché au Service géologique. Biblicthécaire : M. L. DEVAIVRE (1907-1910), Secrétaire du Service géologique. Comité de publication : MM. E. CUVELIER (1907-1910), Major du Génie. \# A. JACQUES (1907-1910), Docteur en médecine. KEMNA (1907-1910), Directeur de la Société anonyme des Travaux d’eau à Anvers. Comité de vérification des comptes : MM. L. BAUWENS (1909-1910). TH. GILBERT (1909-1910). G. PAQUET (1909-1910). ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L'EXERCICE 1909. AN Nomination d’un comité exécutif chargé de poursuivre les études sismiques. Le Secrétaire général : « Depuis de nombreuses années, notre Société a entrepris l’étude de la sismicité sur Île territoire de la Belgique et elle doit des remerciements spéciaux à l’initiateur de cette œuvre, M. van den Broeck, ainsi qu'à M. Lagrange qui, avec un inlassable dévouement, s'est préoccupé d'installer et de faire fonctionner nos stations. » Cependant le labeur dont est chargé M. Lagrange ne lui permet pas d'entreprendre l'étude des observations recueillies ; de plus, nous ne réussissons pas à mettre en ordre de marche normale la station du charbonnage de l’Agrappe. » Nous proposons à l’Assemblée générale de chercher à donner une autre orientation à nos travaux sismiques, en les dirigeant vers un but plus géologique, et de charger un comité de trois membres de tracer un programme à soumettre à la Société pour l'emploi des trois appareils qui sont notre propriété. Dans ce comité, le Conseil propose de nom- mer comme président M. Lagrange et de lui adjoindre M. Simoens, pour la partie géologique, et M. de Béthune, pour la partie mathéma- tique. » M. Léon Gerard espère qu’il sera donné suite au désir si fréquem- ment exprimé de fonder une station sismique sur le littoral. L'Assemblée générale accepte les propositions du Conseil. Proposition de prendre l'initiative d’une fédération des sociétés savantes en vue de soutenir les intérêts scien- tifiques. Le Secrétaire général : « La grande espérance qu’a fait naître dans le monde scientifique la création d’un Ministère des Sciences a fait surgir quelques propositions collectives pour lesquelles les sociétés savantes ont éprouvé le besoin de se grouper. C’est ainsi qu'un mouvement se dessine pour aboutir à la sauvegarde de nos trésors artistiques el scien- üfiques ; de même, cette année, la Société belge des ingénieurs et des industriels a pris l'initiative d'organiser les pétitions aux Chambres législatives pour que les sociétés savantes puissent jouir de la person- nification civile, du droit de posséder et de recevoir ; notre Société Sy est associée. Le Conseil de la Société belge de Géologie a pensé qu'il 419 PROCÉS-VERBAUX. y aurait lieu de créer un organisme fédératif pour soutenir les intérêts « scientifiques. Cette fédération s’interdirait l’immixtion dans le domaine” particulier des sociétés, mais servirait leurs intérêts communs ; elle pourrait éventuellement être chargée de la préparation de Congrès. » Le Conseil propose que notre Société prenne l'initiative d’une réunion à laquelle chacune des sociétés savantes pourrait se faire représenter par deux membres au plus ; dans cette assemblée on étu- dierait la forme à donner à cette fédération et chercherait à définir le but qu'elle pourrait poursuivre. Ce programme élaboré en commun serait soumis à l’examen des bureaux des diverses sociétés savantes. » Le Bureau vous propose aussi de désigner, comme délégués de notre Société, M. Rutot, notre président, et M. van den Broeck, notre secrétaire général honoraire. » Ces propositions sont acceptées. La séance est levée à 10 h. 50. II f (BRUXELLES) { 2 PRÉSIDENT D'HONNEUR : S. A. R. le Prince ALBERT de Belgique Vingt-troisième année HE Tome XXII — 1909 — Fascicule 1 TA RER AS ; 1 ï ra T1 7 - ÿ a x A BRUXELLES de re LAN E A) ?, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 2 Li YA MIS 412, rue de Louvain, 112 1909 DU ones. { À 4 | l & ” 4 we Q / ù W it { « ÿ BULLETIN DE LA | OCIÈTÉ BELGE DB GÉOLOGIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE (BRUXELLES) PRESIDENT D'HONNEUR : S. À. R. le Prince ALBERT de Belgique Mémoires _Vingt-troisième année Tome XXIII — 41909 - | BRUXELLES HAYEZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE 154 Rue de Louvain, 112 Des ds. = 1909 DE RE LA : _ LA) + QUELQUES NOTES AU SUJET DU MÉGASISME DE MESSINE ET REGGIO PAR E. LAGRANGE Docteur en sciences physiques et mathématiques Professeur émérite de l'École militaire. Le mégasisme qui, le 28 décembre, vers 4 heures du matin, à détruit les villes de Messine et de Reggio de Calabre, écrasant sous les ruines de leurs habitations plus de 150 000 victimes, se rangera pour l'humanité future à côté de ces grandes convulsions du globe, sismiques ou volcaniques, que rappellent les noms de Pompéi, d'Herculanum, de Lisbonne, de Saint-Pierre de la Martinique. L'étude scientifique qu'en feront sur les lieux mêmes les sismologues, Îles géologues et les géophysiciens est à peine commencée et nul ne peut, à l'heure actuelle, prétendre avoir établi encore les processus du phéno- mène et relié, comme la science actuelle cherche à le faire, le phénomène sismique à la géologie et à la géogénie. Pour l’instant, l’ensemble des renseignements généraux que nous ont apporté les publications scientifiques, ajouté à la connaissance du régime sismique de la région étudié par les sismologues italiens, peut permettre seu- lement quelques réflexions que l'avenir infirmera ou confirmera. Les notes qui suivent s’inspirent de ce point de vue. Nous y exami- nerons successivément le phénomène sismique en lui-même et ses 4 E. LAGRANGE. — QUELQUES NOTES liens avec la géologie, puis nous parlerons de phénomènes secondaires = qui l'ont caractérisé, comme la « vague sismique » qui à complété le désastre et les « bruits sismiques » qui l’ont accompagné. L. Si l’on considère l’ensemble du phénomène sismique, on peut dire qu'il s’est manifesté comme une suite de secousses, de violence variable, dont les directions ne pourront être déterminées qu'après l'étude complète et détaillée des sismogrammes qui ont été recueillis dans la région ébranlée. De toutes les stations sismologiques de la Sicile et de la Calabre, les indications que pouvait fournir celle de Messine, dirigée par M. Rizzo, installée dans les locaux de l’Université, étaient évidemment les plus précieuses pour l'étude du phénomène. Deux jours après le terrible phénomène, le Prof Oddone, de l’Institut central météorologique de Rome, est parvenu à en recueillir les sismogrammes, les instruments situés dans des locaux souterrains avant échappé à la destruction. L'Observatoire de Mileto, en Calabre, à pu également, avant sa destruction, enregistrer vingt-huit secousses, et ses sismogrammes ont été recuerllis. Enfin, pour s’en tenir à la région même où le cataclysme s’est pro- duit, l'Observatoire de Catane ou plutôt l’Institut géophysique de l’Université, que dirige le Prof A. Riccd, a fourni également des sismogrammes précieux et plus complets que les précédents. On a compté, à Catane même, plus de cinquante secousses. Les principaux observatoires sismiques du globe ont naturellement enregistré avec leurs différents instruments les ondes microsismiques que les mouvements engendrés dans la région éprouvée ont créées et qui se sont propagées dans le monde entier. Il s’agit en effet ici d’un de ces phénomènes sismiques grandioses corrélatifs d’une transforma- ton réelle du sol, qui a modifié la forme de la surface terrestre d’une manière sensible; il s'agit d’une phase de ces phénomènes géogéniques qui, dans la suite des siècles, ont plissé et ridé, par la création des soulèvements montagneux, la surface de la Terre, soulèvements dont la cause la plus probable semble être, non pas une action directe des forces d'expansion intérieure, dirigée en sens inverse de la pesanteur, mais bien des actions horizontales ou à peu près, nées de la conirac- Uon éprouvée par la croûte terrestre sous l'influence du refroidissement progressif du sphéroiïde. Nous dirons à ce propos que nous sommes EE AU SUJET DU MÉGASISME DE MESSINE ET REGGIO. 5 cependant ici encore à l'heure actuelle dans le champ des hypothèses, et Je ne sais Si on à Jamais songé que, dans cette manière de voir, les régions polaires du globe devraient nécessairement se présenter comme des régions de sismicité maxima et qu’en réalité elles sont toutes deux littéralement asismiques. Quoi qu'il en soit, voici quelques sismogrammes que nous avons pu recueillir et qui ont été enregistrés à Grenade, à Tiflis, à Gôttingen, à Kew, à Quenast, à la station sismique qu’y à installée la Société belge de Géologie. C’est le seul sismogramme relatif à la Belgique. Je me hâte d'ajouter que ces sismogrammes ne peuvent rendre nul service scientifique au point de vue de l’étude du sisme en lui-même: ils ne serviront qu'à fournir des documents nouveaux pour l'étude physique de la propagation des ondes sismiques et de la constitution interne du globe. En ce qui concerne l’aire affectée par le phénomène sismique qui nous occupe, on peut déjà, d’une manière approchée, en retracer les limites si l’on ne considère que la région où les effets sismiques ont été destructeurs, et notre autorité est 1e1 celle du Prof Riccd, de Catane, qui à été chargé par le Gouvernement italien de l’étude scientifique du phénomène. Tout d’abord, dans la région la plus éprouvée, se trouvent les dus villes de Messine et de Reggio. C’est cette dernière qui à le plus souffert; toute la partie de la ville située directement sur la côte et reposant sur les couches inclinées des terrains les plus récents, à été littéralement rasée, et 1l semble que le sous-sol tout entier ait subi une sorte de mouvement de torsion auquel bien peu de constructions auraient pu résister. [Il est à remarquer cependant que toutes Îles habitations construites depuis le désastre de 1905, suivant les indica- ions rationnelles indiquées par la Commission officielle nommée par le Gouvernement italien et situées, il est vrai, non dans la partie basse de la ville, mais dans la partie haute et sises sur les terrains compacts anciens, et qui ont en outre une hauteur relativement faible, on! admirablement résisté. Le maximum d’action mécanique du tremble- ment de terre paraît s’être exercé vers Messine au Nord de la Sicile et à la pointe extrême de la Calabre, où la roche célèbre de Scylla a, paraît-il, disparu, disparition qui modifie notablement l'aspect de l'entrée du détroit. La région ruinée s’étend donc de Castroreale, en Sicile, à Palmi, en Calabre, d’une part, et de Messine à Reggio, de l’autre; ces deux distances sont d'environ 80 kilomètres chacune. Naturelle- ment, de simples dommages aux habitations, sans conséquences graves, 6 E. LAGRANGE. — QUELQUES NOTES se sont produits sur une aire beaucoup plus étendue, que l’on peut « estimer, entre Riposto et Patti, en Sicile, et Pizzo, en Calabre, à 86 kilomètres, et enfin celle où l’on a ressenti simplement et faible- ment le choc part de Marsala et de Trapani, à l'Occident de la Sicile, comprend toute la Calabre et ne s'arrête qu’à Naples, et s'étend sur environ 700 kilomètres. La grandeur de laire ébranlée lors d’un tremblement de terre peut évidemment servir à en mesurer l’intensité; dans le cas présent, en y comprenant, bien entendu, la surface des mers, en assimilant grosso modo cette aire à un cercle de quelque 700 kilomètres de diamètre, sa surface est d'environ 95 000 X 4 = 580 000 mètres carrés; dans le cas du tremblement de terre de San-Francisco (1906), cette sur- face a été de 4 409 000 kilomètres carrés, et enfin, lors du tremblement de terre de l’Inde (4897), de plus de 6 millions de kilomètres carrés. On voit donc que, à ce point de vue, le tremblement de terre de Messine a eu relativement peu d'importance. Comme dans tous les tremblements de terre importants, les phéno- mènes du 28 décembre ont été suivis par une série de chocs con- sécutifs, d’after-shocks, comme disent les sismologues anglais, qui paraissent correspondre au rétablissement progressif de l’équilibre brusquement détruit. Parmi ces after-shocks, quelques-uns ont été assez intenses pour provoquer la chute et compléter la destruction d’éditices déjà ébranlés ou à demi ruinés. Le premier d’entre eux s’est produit à 7 h. 24 m. du soir, le 25 janvier, et à, si la chose était pos- sible, complété la destruction de Reggio. On le décrit comme ayant eu la même violence que celui du 28 décembre. Cependant, 1l faut se pénétrer de cette pensée que, après un cataclysme aussi effrayant par ses résultats que celui du 28 décembre, les esprits étaient tout disposés à ressentir les after-shocks avec plus de sensibilité qu’ils ne l’auraient fait en temps normal : la meilleure preuve semble en être que son aire a été infiniment plus restreinte que celle du sisme du 28. Ajoutons enfin que ces after-shocks continuent encore à se répéter actuellement, comme en témoigne, d’après les journaux quotidiens, celui, assez sévère, qui vient d’être ressenti à Messine et dans le Nord-Est de la Sicile, le samedi 45 février. En même temps que ces chocs consécutifs, divers sismes assez impor- tants se sont produits en différentes parties du globe : nous citerons notamment un tremblement de terre dans la Colombie britannique, le 11 janvier 1909, qui s’est fait sentir à Victoria, à Vancouver et dans tout l'État de Washington; il est qualifié d’ « assez important », AU SUJET DU MÉGASISME DE MESSINE ET REGGIO. 7 quoiqu'il n’ait produit que peu de dommages. Le 13 janvier, au Nord de l'Italie s'est produit, dans une aire s'étendant de Trieste à Gênes, un tremblement de terre non destructeur, mais on ne voit pas com- ment on pourrait le rattacher à un des after-shocks dont nous avons parlé. Un second sisme s’est produit, le 19 janvier, en Asie Mineure, qui, paraît-il, a détruit 679 maisons à Phocée et a tué 4 personnes. On ne dit pas ce que sont ces habitations, mais 1l semble bien que ce nouveau sisme eûl passé inaperçu, n’eût été le cataclysme de Messine. Nous ne pourrions en dire autant d’un sisme important qui doit s'être produit dans les régions désertes du Nord de la Perse, le 25 janvier, et qui æ été enregistré par les sismographes dans le monde entier. Depuis le phénomène du 28 décembre, c'est le premier sisme mondial qui se fasse sentir. Nous disions plus haut qu'il n’est pas possible, à l'heure actuelle, d'estimer encore d’une manière scientifique le processus du sisme de Messine, ni d'en préciser les conditions géologiques et géogéniques. Les études sur place que vont entreprendre des hommes de science, comme le Prof Riccô et le Proff Omori, que leurs Gouvernements respectifs viennent de charger de missions officielles, aidées de celles des géologues, ne nous éclaireront que plus tard sur ces graves questions. He Un phénomène secondaire qui n’a pas peu contribué à accroître le désastre, le long des côtes du détroit et notamment à Reggio et sur le littoral de la Calabre, c’est le raz de marée ou plutôt la vague sismique qui à accompagné le tremblement de terre, phénomène qui fournit un argument assez probant à ceux qui pensent que l’origine première du sisme doit se chercher, sous le fond de la mer Tyrrhénienne, dans les régions qui regardent la côte septentrionale de la pointe occidentale de la Calabre. Au moment du choc le plus violent, qui en un instant fit crouler les maisons de Messine, la mer, au dire des témoins oculaires, se retira brusquement du rivage sicilien vers le rivage calabrais, gonflant les eaux du détroit, pour revenir ensuite avec fureur sur elle-même et se ruer sur les quais de Messine en y fracassant les barques et les vais- seaux qu’elle entrainait avec elle. Au dire d’un survivant au désastre qui était sur le point de s’embarquer à cette heure matinale sur le 8 E. LAGRANGE. — QUELQUES NOTES ferry-boat qui fait le service entre Messine et Reggio, le retrait et . l’abaissement brusque du niveau de ia mer furent assez rapides et assez sérieux pour que le ferry-boat touchât un instant le fond des eaux, pour se lancer immédiatement ensuite avec violence sur le ponton d'embarquement, qui fut pulvérisé avec lui. A Reggio, et sur toute la côte de Calabre, la puissance et la hauteur de la vague sismique furent infiniment plus grandes que sur la côte sicilienne. Contrairement à ee que l’on avait cru tout d’abord, la vague sismique à Messine a peu contribué à augmenter le désastre, n’ayant que peu dépassé les quais, qui présentent, d’ailleurs, au-dessus du niveau moyen de la mer, une hauteur de 4 à 5 mètres. À Reggio, la dénivellation marine fut de plus de 10 mètres et les eaux envahirent avec furie toute la partie basse de la ville déjà détruite, entrainant avec elles débris, victimes déjà frap- pées et êtres humains cherchant leur salut vers la partie haute de la cité. Cette première vague fut suivie de plusieurs autres de moindre amplitude pour l’étude desquelles, malheureusement, les données - maréographiques manqueront totalement, au moins à l’intérieur du détroit ; il est probable que ces mouvements auront, d’ailleurs, été observés à Ischia et à Naples, car les journaux ont annoncé que la vague sismique à même été enregistrée à Malte. Quelle est l’origine de ces vagues sismiques accompagnant les trem- blements de terre? On peut les expliquer de deux manières différentes : ou bien par un affaissement brusque du fond de la mer, ou bien simplement par la transmission des chocs propagés par le sol ferme aux eaux. Il est bien certain que les phénomènes d'inertie, eu égard à la mobilité du fluide, permettent d'expliquer aisément la formation d'une vague marine, le retrait des eaux dans un sens déterminé et la propagation du mouvement avec aggravation des effets dans une diret- üon donnée. Dans le cas qui nous occupe, le mouvement général des eaux Correspondrait à un ou plusieurs chocs ayant agi dans une direc- üon plus ou moins normale à celle de l’axe du détroit. C’est ce que les données sismographiques permettront sans doute de mettre en évidence. Les vagues sismiques concomitantes des tremblements de terre ou de mer sont un phénomène bien connu, notamment sur les côtes occidentales de l'Amérique du Sud, au Chili et au Pérou notamment, ou sur les côtes orientales du Japon, où leurs ravages ont été souvent infiniment plus terribles que ceux causés par le sisme lui-même. Leur hauteur peut atteindre plusieurs dizaines de mètres et leur vitesse est souvent notablement supérieure à celle des vagues les plus rapides. I AU SUJET DU MÉGASISME DE MESSINE ET REGGIO. o ne faut pas oublier que, dans le cas de ces vagues sismiques, il ne s’agit pas d’un simple phénomène superficiel, mais de la transmission d’un ébranlement mécanique dans la masse entière de la mer; les conditions de propagation sont donc essentiellement différentes. On conçoit les ravages que doivent produire de pareïlles masses liquides se mouvant avec de semblables vitesses et se ruant sur une côte habitée. Chacun se rappelle avoir lu, à ce sujet, les récits de la destruction de Lima et de Valparaiso par une vague sismique qui transporta de grands navires de la baie sur le flanc des montagnes au delà de la cité détruite et les y laissa. Les vagues sismiques sont bien connues sur la côte orientale du Japon sous le nom de fsunamis. Elles y sont dues aux nombreux tremblements de terre sous-marins, dont la profonde fosse du Tuscarora vers laquelle plonge dans le Pacifique cette côte orientale, est le siège. Je ne ferai que citer le tsunami du 15 juin 1896, qui fit 50 000 victimes sur les côtes du Nippon; la vague s'était élancée sur 700 milles de longueur et les pêcheurs en haute mer ne s'étaient pas même aperçus de son passage. La mention des vagues sismiques nous amène à dire quelques mots de travaux récents des sismologues japonais, notamment du Prof Omori, et de ceux du Prof italien Oddone dont j'ai déjà cité le nom, travaux qui se rattachent à cette question. Les observations de marée ont établi depuis longtemps que dans certaines stations, situées le plus souvent dans des baies ou des indentations de la côte, la courbe simple de la hauteur de la marée est compliquée d’oscillations du niveau souvent très amples et de périodes bien constantes. A première vue, rien ne paraît plus éloigné de l'étude des tremblements de terre que celle de ces oscillations : cependant le _Prof' Omori a trouvé que les vagues marines produites par les tremble- ments de terre avaient des périodes variables avec les lieux et que ces périodes sont précisément celles qui caractérisent les oscillations secondaires dont nous parlons. Il à été ainsi conduit à entreprendre une étude comparée de ce phénomène et les résultats en ont été publiés par le Prof” Nagaoka dans les Publications of the Earthquake Investigation Committee (1). (1) An Investigation on the Secondary Undulations of Oceanic Tides, carried out by the Order of the Earthquake Investigation Committee, during 1905-1906. By Drs. K. Honda, Terada, Yoshida and Iditani. Preface by Profr Nagaoka Tokyo, 1908. 10 E. LAGRANGE. — QUELQUES NOTES Après avoir décrit un type de maréographe transportable inventé spécialement pour cette étude, les auteurs nous donnent les résultats graphiques des observations faites dans cinquante et une stations japo- naises. [ls montrent que, sur les côtes « pacifiques » libres ou situées dans des baies de grande surface communiquant avec l'océan par un étroit goulet, la courbe de marée a un caractère simple, les oscillations secondaires étant faibles et irrégulières ; au contraire, dans les baies plus ouvertes, dont la largeur n’est pas trop grande par rapport à la profondeur, les oscillations secondaires sont nettes, et souvent très régulières comme période; la phase de l’oscillation aux différents endroits d’une même baie est normalement la même; enfin à l’entrée même de la baie elle existe encore avec la même phase, mais une plus faible amplitude. Ti en résulte que toute la masse d’eau d’une baie parait être en oscillation simultanée, comme l'air dans un tuyau d'orgue ouvert, et que chaque baie choisit, parmi toutes les oscillations que lui amène l'océan, celle qui est en rapport avec ses dimensions et à l’égard de laquelle elle agit comme un résonateur. Les savants Japonais n’ont pas manqué de chercher à véritier expéri- mentalement ces intéressants phénomènes. Ils ont fait exécuter une reproduction, à échelle réduite, de la forme des baies, avec leur profondeur et leurs accès à l'océan. Puis ils se sont efforcés de repro- duire, dans une masse d’eau baignant ces baies et représentant l'océan, des mouvements oscillatoires de périodes connues, à l’aide de pendules simples ou de pendules horizontaux plongeant dans le liquide. Par exemple, une sphère suspendue à la üge d’un pendule simple oscillait dans le liquide suivant la loi donnée par le pendule lui-même et l’on observait dans la baie voisine ies mouvements du fluide. Si l’on produit, par exemple, dans cet océan artificiel un mouvement oscillatoire donné et si les eaux de la baie sont en résonance avec ce mouvement lui-même, on doit observer, en ce qui concerne les mouvements verticaux du liquide, un nœud à l'embouchure et un ventre au fond de la baie; le contraire aura lieu en ce qui concerne les mouvements horizontaux. En saupoudrant le liquide de poudre légère d'aluminium, les savants japonais sont même parvenus à photographier les « lignes de courant » suivant lesquelles le niveau tend sans cesse à se rétablir. Pour chacune des baies où les observations ont été faites, les périodes oscillatoires calculées et observées s'accordent bien, ce qui est encore une preuve de l’exactitude des prémisses. Il résulte de ces travaux que les si hautes marées observées couramment dans certaines baies (comme celle de Fundy, au Nord-Est des États-Unis, où la différence entre les mers haute et basse atteint de 17 à 25 mètres) peuvent s'expliquer par des effets de résonance particulièrement énergiques. D'une manière tout à fait indépendante des sismologues japonais, le Prof: E. Oddone, bien connu par ses travaux sismologiques si personnels (nous citerons notamment sa vasca sismica où vase sismique, ses études sur les tremblements de terre provoqués par les ondes sismiques réflé- chies, etc.), a étudié le problème de ces oscillatiôns dans le Bolletino della Società sismologica italiana (!). Son mémoire est antérieur à la publication japonaise. Il établit que les oscillations secondaires, qu'il soit question de baies, de golfes ou de lacs (seiches), ne peuvent s'établir que si leur période concorde avec celle qui correspond à leur bassin ; cependant 1l faut remarquer qu'un autre facteur doit entrer en jeu, sinon on rencontrerait des oscillations de toute durée, ce qui n'est pas le cas. Après avoir fait le relevé de toutes les périodes observées, 11 - arrive à cette conclusion qu’elles se groupent autour de 66 minutes et des harmoniques de cette période. Or, il se fait que 66 minutes est précisément la durée de la vibration de la Terre considérée dans son ensemble et se déformant sous l’action de causes mécaniques, externes ou internes. Cette donnée fondamentale repose sur l’étude de la propa- sation des ondes sismiques. Les ondes secondaires qui se superposent à la marée proviendraient donc de cette cause première. On voit tout lintérêt soulevé par cette ingénieuse suggestion. AU SUJET DU MÉGASISME DE MESSINE ET REGGIO. 41 HE Nous dirons encore quelques mots d’un second phénomène acces- soire qui caractérise souvent, mais pas toujours, les tremblements de terre et qui à accompagné une partie de la durée de celui que nous étudions 1c1. Nous voulons parler des « bruits sismiques ». Dans la plupart des chocs faibles, on ne perçoit aucune manifestation acous- tique ; d’autres fois, on ne perçoit qu'un bruit sans que l’on ressente de choc effectif; enfin, cependant, lorsque le tremblement de terre est destructeur, il est toujours accompagné d’un bruit qui tantôt précède le choc proprement dit et tantôt le suit; d’autres fois, enfin, il ya simultanéité complète entre les deux phénomènes. On voit que toutes les circonstances de relativité dans le temps des deux phénomènes (1) Tome XII, no 11. 19 E, LAGRANGE. — QUELQUES NOTES doivent pouvoir s'expliquer par les motifs qui seront invoqués pour - justifier la production du son lui-même. Il est d’ailleurs bien évident que, quelque théorie que l’on adopte, l’audibilité de ces bruits sismiques doit dépendre de la réceptivité de l’auditeur lui-même et des circonstances dans lesquelles il se trouve placé; c'est ainsi que, s’il se produit au milieu de la nuit, il pourra frapper nettement une oreille qui n'aurait rien entendu le jour; si l'observateur se trouve placé dans une ville, au milieu du mouvement d’une vie sociale intense, et entouré de mille bruits divers, il peut ne rien percevoir de bruits qui n'auront pas échappé à un campagnard. C’est là une chose fort naturelle dont nous avons récemment nous- — même pu nous rendre compte en faisant une petite enquête person-… nelle sur le léger tremblement de terre qui, dans les premiers Jours de novembre dernier, a émotionné les habitants de la région comprise entre la Vesdre et lAmblève. Quant à la nature du 5ruit que l’on entend généralement, on ne peut mieux le comparer qu’au roulement plus ou moins fort ou plus ou moins lointain de chariots sur un pavé Imégal. Mais quelle est l’origine de ces bruits et comment les expliquer? La difficulté n’est pas grande. On sait que le son est produit par une succession de compressions et de dilatations de l'air, de caractère pério- dique et dont le nombre doit monter au minimum de quarante par seconde. En deçà de ce nombre la vibration de l’air existe bien, mais il n'y a aucune sensation produite sur l’oreille humaine. L'onde sonore est dite onde de condensation ou onde longitudinale et les dilatation et compression se font dans la direction de propagation, dans la direction de ce que l’on appelle le rayon sonore. Quel que puisse être le caractère originel de la perturbation méca- nique qui s’est produite au sein de la terre, il n’en est pas moins vrai que le son exige la production d’une onde de compression; or cette onde de compression aérienne ne peut devoir sa production à des mou- vements horizontaux du sol; il faut donc que le mouvement oscillatoire élastique dans l’onde sismique qui cherche à s’émettre extérieurement ait une composante verticale. En outre, dans quelque direction que l’onde sismique aborde le sol, comme la vitesse de propagation de l’onde aérienne est toujours très petite par rapport à celles des ondes élastiques dans le milieu solide terrestre, en vertu de la relation bien connue qui, dans la théorie mécanique d’un mouvement vibratoire, relie les indices de réfraction et les vitesses de propagation, la direc- tion de propagation de l’onde aérienne sera toujours rapprochée de la AU SUJET DU MÉGASISME DE MESSINE ET REGGI0. 13 verticale et le son paraîtra se former directement sous Îles pieds de l’observateur. Or c’est précisément ce que révéle lobservation courante. Dans les cas où le son est entendu avant que le choc ne soit ressentr, l’origine du mouvement sismique se trouve vraisemblablement à une distance du lieu d'observation suffisante pour que la séparation des ondes de périodes très rapides d'avec celles de périodes plus lentes, auxquelles correspondent les vrais chocs, puisse avoir lieu. Lorsqu'il ne se produit pas de son, c’est que les vibrations des ondes de rapidité convenable ont été éteintes par l’inertie des masses terrestres; la nature du sol intervient ici nécessairement, et un sol rocheux, par exemple, est bien plus favorable à la production du son qu'un sol d’alluvion non compact. Il est bien évident aussi que l'intensité du phénomène sismique est une condition favorable à l’audition des bruits; car, toutes choses égales d’ailleurs, si les chocs sont violents, il y a d’autant plus de chances pour que l’amplitude, donc l’intensité de la vibration sonore, soit plus grande. Davison à étudié à ce point de vue 8 255 tremblements de terre japonais et a trouvé que le nombre de ces phénomènes accom- pagnés de bruits augmente avec la surface ébranlée; en passant de 100 à 10 000 milles carrés, ce nombre passe de 12 à 70 °/,. Davison trouve que cette augmentation ne répond pas encore suffisamment à ce qu'elle devrait être et il en conclut que « les Japonais doivent avoir l’oreille dure pour les sons graves ». Dans le cas du tremblement de terre de Messine, les secousses ont été accompagnées d’un bruit sourd très intense, de cette sorte de roule- ment grave dont le caractère mystérieux concourt encore à augmenter l’effroi et l’épouvante. Tout semble faire prévoir que l’origine du mouvement sismique à dû être relativement peu éloignée et, comme nous l’avons dit tantôt, elle paraît être située sous les flots tvrrhéniens ; c’est de cette région, de l’aire sismique de Scylla, que, comme en 1785, a procédé le terrible phénomène. IV. On peut se demander si un cataclysme sismique de celte puissance est encore à redouter pour Messine et Reggio, si l'avenir réservera a ces malheureuses cités le repos dont elles ont besoin pour revivre. La réponse est difficile. Cependant, les événements antérieurs per- Li mettent d’entrevoir une solution. Quelle que soit la cause profonde qui engendre les tremblements de terre, 1l est certain qu’un phéno- mène de rupture brusque et grave, comme celui qui fait naître des phénomènes semblables à celui que nous venons d’analyser, est précédé d’une période de tension continue dans les couches terrestres. Lorsque” se produisit le terrible événement de 1783, la région, qui avait été pendant un siècle environ, comme aujourd’hui, relativement tranquille, souffrit coup sur coup deux tremblements de terre destructeurs, qui furent suivis du dernier, de terrible mémoire. Il en a été de même depuis 4785 jusqu'à nos jours : en 1905 et en 1907, deux secousses relativement graves, la première surtout, ont ébranlé la région. Elles se sont terminées par le cataclysme que nous savons. On peut done espérer une période de détente dans les actions internes, sans cepen- dant y croire d’une manière absolue. 14 NOTES SUR LE MÉGASISME DE MESSINE ET REGGIO. SNS <= SUR QUELQUES ERREURS GRAVEMENT PRÉJUDICIABLES A LA VULGARISATON DU FILTRE DE SENPSIX PAR A.-L. MARCHADIER et H. GUINAUDEAU 1 Depuis sa découverte par Simpson, le filtre à sable submergé et à srande surface à passé, au point de vue de l’interprétation de son fonctionnement, par deux phases bien distinctes : Une première où, comme l’a dit spirituellement notre confrère Kemna, on se contentait de verser de l’eau sur un tas de sable et de la soutirer ensuite par le bas : c'était l’époque où, seule, la rétention mécanique par le sable, des matières en suspension dans l’eau, était envisagée. | Une deuxième, pendant laquelle le rôle de la couche filtrante fut établi et où des règles furent ébauchées pour le filtrage. Il y eut, à ce moment, un véritable engouement pour cette couche filtrante. Chacun voulut apporter son tribut à la théorie nouvelle, et lon vit signaler comme suspectes toutes les causes même simplement soupçonnées d'occasionner un préjudice douteux aux éléments encore peu connus de cette membrane biochimique. Dans cet enthousiasme de la pre- mière heure, certains « filtreurs en chambre » émirent des hypothèses — jamais vérifiées — mais qui n’en furent pas moins propagées, devinrent de notoriété publique et sont, aujourd’hui encore, consi- (1) Mémoire présenté à la séance du 17 mars 1909. 16 A.-L. MARCHADIER ET H. GUINAUDEAU. — QUELQUES ERREURS dérées comme des axiomes par des hygiénistes dont la bonne foi a été surprise ou dont l’excuse est de ne Jamais avoir vu de filtres. | N’est-il pas généralement admis, par exemple, que les filtres à sable submergé sont des appareils à pression constante et que la constance de la charge est un facteur indispensable pour obtenir une bonne fil- tration ? Ou encore que la vitesse de filtration peut être réglée par la hauteur d’eau au-dessus du sable ? | Or, nous allons montrer que dans la pratique courante du filtrage : A. — La pression dont il s’agit ne peut pas être constante ; — Que cette pression n’a aucun rapport sensible avec les résultats de la filtration ; — Nous dirons ensuite pourquoi la vitesse de filtration ne peut être réglée par la hauteur d’eau au-dessus du sable. Pour cela, considérons un filtre à sable submergé tel qu'il se pré- sente dans la pratique : le filtre F, par exemple, avec son alimenta- tion À ; et, pour simplifier la démonstration, supposons un tuyau F’ branché sur ce filtre. (Voir schéma, fig. 1.) FIG 4 a. — Lorsque le filtre F vient d’être rempli et se trouve au repos, — c’est-à-dire lorsque le robinet R de l’échappement E est fermé, — le plan supérieur de la couche du sable N supporte deux pressions de sens inverse : P, d’une part; P’, de l’autre, dont la résultante x est donnée par l'équation æ—P—P°e A ce moment, les niveaux de l’eau dans F et F’ — qui représentent deux vases communicants — sont sur un même plan horizontal. En conséquence : et, par suite, La résultante des pressions exercées sur N est donc nulle. PRÉJUDICIABLES A LA VULGARISATION DU FILTRE DE SIMPSON. 17 Mais dès que le robinet R est ouvert, l’eau s'écoule en E, détermi- nant dans le réservoir d’eau filtrée un vide partiel qui s’accuse en F’ par un abaissement immédiat de l’eau. De ce fait P’ diminue. Or, comme dans l'égalité LP P est constante, x augmente d’une quantité égale à celle dont P’ diminue. La nouvelle valeur de x est enregistrée aussitôt par lappareil indicateur (!) : elle représente, nous lavons dit, la résultante des pressions exercées sur N. Si l’on supposait l’influence unique d’un débit maintenu constant, la … résultante x pourrait être aussi considérée comme constante. En réa- lité, il n’en est pas ainsi, et il ne peut pas en être ainsi, Car x est fonction de la couche filtrante qui se constitue graduellement sur N et dont l’eau, incessamment, augmente l’épaisseur au fur et à mesure de son passage. Or, cette augmentation d'épaisseur ne se produit pas impunément : elle à sa répercussion en F”, où elle se traduit par un abaissement du niveau de l’eau, abaissement qui implique lui-même une diminution de P’ et une augmentation de x puisque GA REA 10 Ce renforcement de la couche filtrante se continuant, au moment où le niveau de l’eau dans F’ arrive sur le même plan que cette couche, c'est-à-dire au moment où RU l'équation devient æ à donc atteint l'apogée de sa puissance. La résistance de la couche filtrante poursuivant encore son accrois- sement et x étant parvenue à son maximum, le débit du filtre, main- tenu constant jusqu'alors par l’augmentation de x, ne peut plus lêtre et tend vers O, qu’il atteint au moment précis où l’imperméabilité de la couche filtrante devient absolue. On peut donc dire que dans un filtre à sable submergé : d’une part, la pression supportée par la couche filtrante est directement proportion- (1) Cet appareil est aujourd’hui partie constitutive du filtre à sable submergé. Il marque à tous instants la pression exercée sur la couche filtrante. Il est communé- ment et improprement appelé «indicateur de perte de charge ». 1909. MÉM. 2 15 A.-L. MARCHADIER ET H. GUINAUDEAU. — QUELQUES ERREURS nelle à la résistance de cette dernière; d’autre part, le débit du filtre est inversement proportionnel à la résistance de la couche filtrante. Or, la résistance de la couche filtrante étant, comme on vient de le voir, un facteur essentiellement variable (!) dont le filtreur peut con- stater les écarts sans pouvoir jamais les modilier ou les prévoir, il se trouve par cela même établi que, dans un filtre à sable submergé, la pression sur la couche filtrante n’est pas constante el ne peut pas étre constante. C'est le premier point que nous nous étions proposé de démontrer. ‘3759 B. — Pour établir le deuxième point, à savoir que la pression exercée sur la couche filtrante, dans les conditions habituelles de la filtration, n’a aucune influence sensible sur le rendement de cette dernière, nous exposons ci-dessous : D'une part, les moyennes des résultats bactériologiques obtenus : a. avec des filtres marchant sous une faible pression, de 2 centimètres (minimum) à 5 centimètres; b. avec les mêmes filtres marchant sous une forte pression, de 60 à 120 centimètres (maximum) ; D'autre part, les courbes des pressions successives subies par des filtres en marche normale avec les résultats bactériologiques corres- pondants (planche L) : 1907 CE NUMÉROS Pression de 2 cm. à à cm. Pression de 60 em. à 120 cm. a b DES É : EN Temps passé Moyenne des germes Temps passé Moyenne des germes FILTRES. - sous cette pression. par cms d’eau. sous cette pression. par emÿ d’eau. AR I NE EP 9 50 jours. 34 7 jours. 38 4 90 — 32 12 — 34 5 90 — 6 15 — 38 6 29 — 35 10 — 39 (4) La constitution de la couche filtrante dépend, en effet, non seulement du volume d’eau qui s'écoule, mais encore de la nature (minéralisation, flore, faune) de cette der- nière, de la composition du sable sous-jacent et aussi et surtout des conditions météorologiques ambiantes. PRÉJUDICIABLES A LA VULGARISATION DU FILTRE DE SIMPSON. 19) 1908 A EP EE PE 7 TE PE ONDES APTE IE CEE SE ne 00 . sl à, 19 : NUMÉROS Pression de 2 em. à o cm Pression de 60 cm. à 120 em a b DES Temps passé Nombre de germes Temps passé Nombre de germes FILTRES. sous cette pression. par emÿ d’eau. sous cette pression. par em° d’eau, il 92 jours. 64 16 jours. 49 n es _68 EE 18 6 60 — 66 D — 32 te) 31 — 55 AIRE Fe Ces tableaux et ces courbes — constitués à l’aide des documents officiels — permettent de constater qu’il n'existe aucun rapport sensible entre la pression exercée sur la couche filtrante et les résultats de la filtration. Contrairement à ce qu'on croit habituellement, ces derniers ont même très souvent une tendance à l'amélioration, précisément au moment où cette pression croit vers Son maximum, et ceci était à prévoir, car, en somme, la pression dont il s’agit n'est que la consé- quence du renforcement de la couche filtrante, et cette dernière, on le conçoit, filtre d'autant mieux que son feutrage forme un rideau plus compact et plus serré. €. — Abordons maintenant le troisième point et montrons qu’il n'est pas possible de régler le débit d’un filtre par la hauteur d’eau au-dessus du sable. Supposons, pour cela, notre filtre F prêt à fonctionner et ouvrons R. La section de E est tellement réduite par rapport à la section totale des espaces lacunaires de la couche de sable que, dans la limite des débits ordinaires [comprise entre le minimum de 1"550 par vingt-quatre heures (Hambourg) et le maximum de 5"°60 (Philadelphie)|, la résis- tance des grains de cette couche est presque nulle. Nous avons calculé, en effet, qu'un filtre de 1,000 mètres carrés de surface, chargé d’un sable homogène dont le coefficient de grosseur moyenne, en milli- mètres, est l’unité, offre une section lacunaire totale de 400 mètres carrés(soit les ?/; de sa surface). Si l’on compare à cette énorme sec- tion de passage (et cela même en tenant compte dans la plus large 20 A.-L: MARCHADIER ET H. GUINAUDEAU. — QUELQUES ERREURS mesure de l’étranglement des veines liquides au moment de leur écou- lement à travers les espaces lacunaires) la faible section des tuyaux employés dans l’usage courant, section qui, dans Île filtre pris comme exemple, est de 706 centimètres carrés au maximum, on voit qu'on peut et même qu’on doit considérer comme nulle la résistance du sable. I faut bien admettre alors (toujours dans la limite des débits ordi- naires) qu'aucune lame d’eau ne pourra se maintenir au-dessus du sable. Le réglage du débit par ce moyen apparaît donc comme impos- sible, et l’est en réalité (1). %k *X *X De tout ce qui précède, il résulte que, dans les conditions habituelles de la filtration, la hauteur d’eau au-dessus du sable n’a aucun rapport direct avec la pression sur la couche filtrante, les résultats de la filtra- ion et le débit. Or, comme il était admis que cette pression sur la couche filtrante était toujours égale à la hauteur d'eau au-dessus du sable, il s'ensuit qu’une erreur à été commise chaque fois que cette. hauteur à été calculée et établie en vue de cette pression. En France, dans la plupart des stations filtrantes, cette hauteur oscille de 090 à 140 et, d’une façon générale, les commissions chargées de l’élabora- tion des projets de filtres prescrivent avec précision une lame d’eau déterminée, en s’abstenant toutefois d’en expliquer la nécessité par des considérations quelconques. L'examen attentif auquel depuis bientôt trois ans nous soumettons les courbes de pression de chaque liltre, nous permet aujourd’hui de dire qu’il existe cependant une hauteur d'eau normale de laquelle on ne peut s’écarter si l’on veut, avec le minimum de dépenses, obtenir le maximum d'effets. Nous avons vu que la pression maximum que la couche filtrante peut avoir à supporter est exactement égale à l'épaisseur de la lame d'eau au-dessus du sable et que, à partir du moment où celte pression est atteinte, le filtre doit étre arrété et nettoyé, non parce qu'il épure (1) A ce sujet, nous ajouterons que, dans un filtre à sable submergé, le débit ne peut être réglé que par un seul moyen : en agissant sur la section de E. Ce débii étant, d'autre part, fonction de la résistance de la couche filtrante, et cette dernière croissant sans cesse, il s'ensuit qu’il est nécessaire d’agir à chaque instant sur la section de E. En d’autres termes, un réglage permanent de la section de E est indis- pensable et seul un appareil à fonctionnement automatique peut permettre de l’obteni rigoureusement. | PRÉJUDICIABLES A LA VULGARISATION DU FILTRE DE SIMPSON. 21 moins bien, mais parce que son débit faiblit et tend vers 0. Voyons donc par quelles phases à passé la pression pour attemdre ce maximum qui, dans les cas envisagés, était de 120 centimètres. . Tout d’abord, nous remarquons un premier temps plus ou moins long (quarante à cinquante Jours en moyenne) pendant lequel la pres- sion passe de 2 centimètres (minimum) à 5 centimètres. Dans un deuxième temps, au moins égal comme durée au précédent, la pression passe graduellement de 5 à 50 centimètres. Enfin, dans une dernière période, de huit jours en moyenne, cette pression monte brusquement à son maximum. Il résulte de la constatation de ces faits qu'une augmentation, même très forte, de l'épaisseur de la lame d’eau pour permettre de reculer le moment où la pression devient maximum, aurait pour effet de pro- longer de quelques heures seulement la durée du filtre. En somme, à partir de l’instant où la pression sur la couche filtrante atteint 30 cen- timètres, le filtre touche à sa fin et le temps pendant lequel 1! s'achève ne représente Jamais plus de {/,;; de la durée totale de sa vie. Si ce filtre avait fonctionné avec une lame d’eau de 50 centimètres seulement, sa façon de se comporter aurait done été la même jusqu’au moment où la pression de 50 centimètres aurait été atteinte, et ainsi son exis- tence aurait été abrégée dans une mesure insignifiante. Nous nous garderons d'affirmer que ces résultats sont identiques dans toutes les installations, car dans certaines les filtres durent un mois et dans d’autres près d’un an, mais les renseignements que nous nous sommes procurés (!) permettent d'affirmer que, dans tous les cas, ils sont comparables et que, du moment où la pression qui affecte la couche filtrante à atteint 530 centimètres, la durée ultérieure des filtres est infime par rapport à leur durée antérieure. Nous pouvons donc dire que, dans un filtre à sable submergé, la hauteur d'eau normale au-dessus du sable est de 50 centimètres. Il est bien évident que, d’après notre démonstration même, celte réduction de la hauteur d’eau n’amènera aucun changement dans les résultats de la filtration ; mais, de toute évidence aussi, la diminution moyenne de 70 centimètres qui s’ensuivra dans la hauteur des murs des filtres, déchargeant d’un poids notable fondations et radier, aura (: Nous remercions vivement M. L. Marcotte, chargé de la surveillance des eaux d’alïmentation de Paris à la station filtrante d’Ivry-sur-Seine, ainsi que M. le Directeur du Service des eaux de Nantes, qui ont bien voulu nous faire part de ces renseigne- ments intéressants. 29 A.-L. MARCHADIER ET H. GUINAUDEAU. — QUELQUES ERREURS pour résultat une diminution considérable dans le prix de revient tout. en donnant des résultats en rapport avec la dépense effectuée; tandis que dans les installations actuelles, les résultats obtenus par cette augmentation de la lame d’eau sont tout à fait disproportionnés avec le surcroît de dépenses qu’elle occasionne. De même qu’il existe une lame d’eau normale, 1l existe une nappe de sable normale, et l'intérêt qui s'attache à sa détermination est au moins aussi grand et aussi général que celui qui nous a conduits à déterminer d’une façon précise la hauteur d’eau au-dessus du sable. Disons tout d’abord que le sable employé ne doit être n1 trop gros ni trop ténu. Son coefficient de grosseur moyenne, évalué en milli- mètres, doit être égal à l'unité. Sur un sable grossier, en effet, la couche filtrante s’infléchit entre les grains; par la suite, sa résistance se trouve diminuée et une rupture peut être à craindre. Dans le cas d’un sable trop fin, des tassements rapides se produisent, rompant en certains points l’homogénéité de la masse et rendant possibles de graves déchi- rures dans la membrane biochimique inégalement soutenue. Nous n’ignorons pas que, dans certaines stations filtrantes d’Amé- rique, il existe des filtres à sable submergé dont la couche siliceuse est composée, sur 1"50, de grains de sable dont le coefticient de grosseur oscille entre 10/,59 et 14/1659 de millimètre, mais 1l ne nous est pas possible d'approuver un tel « chargement », et cela pour deux r'AISONS : D'abord parce que nous avons toujours remarqué que, dans le filtre à sable submergé, la couche filtrante est le seul « élément stérilisa- teur » du filtre, et si nous reconnaissons que le sable qui lui sert de support joue indéniablement le rôle précieux d'un élément clarificateur, nous devons reconnaître également qu’il ne nous a jamais été permis de constater que le même sable agit aussi comme un dément épurateur. Ensuite, parce que, même en supposant que certaines espèces de sables jouissent de cette propriété épuratrice, nous envisageons comme presque insurmontable dans la pratique la difficulté en présence de laquelle on se trouve imfailliblement lorsqu'il s’agit de soumettre à un nettoyage rigoureux une pareille masse de sable contaminé. En opérant avec un sable dont le coeflicient de grosseur moyenne est de 1 millimètre et en réduisant graduellement, après chaque net- toyage, l’épaisseur de la nappe de sable de 90 à 30 centimètres, nous PRÉJUDICIABLES A LA VULGARISATION DU FILTRE DE SIMPSON. 23 avons constaté, invariablement, que les résultats bacteriologiques restent les mémes, et si nous ne sommes pas descendus au-dessous de 50 cen- timètres, c’est uniquement pour éviter le danger de caleification du sable, précédemment étudié et déerit par l’un de nous (1). Nous pouvons donc affirmer qu’une nappe de sable de 50 centimètres d'épaisseur est suffisante pour les besoins de la filtration, qu'elle con- situe la nappe normale dans le filtre à sable submergé. Cette réduction des deux tiers de l’épaisseur de la couche de sable entraîne des conséquences économiques et hygiéniques considérables. En effet, si la hauteur du sable est réduite des deux tiers, le volume du sable (produit cher, tant par lui-même que par les lavages et les triages auxquels il doit être soumis) sera réduit d'autant. À une réduc- ion des deux tiers dans la hauteur du sable correspondra donc une économie des deux tiers dans l’achat de ce sable. En outre, la hauteur des murs subira une diminution proportionnelle et, là aussi, une éco- nomie, et non la moindre, sera réalisée. Au point de vue de l’hygiène, les avantages ne sont pas moins grands : Lorsqu'on filtre avec une couche de sable de 0"90 à 140 d’épais- seur, on se borne, en temps voulu, au nettoyage en surface de cette grande masse, nettoyage qui est, en effet, le seul possible dans la pra- tique. De telle sorte que les dépôts qui, fatalement, se produisent dans l’intérieur de la couche de sable, arrivent à avoir une certaine impor- tance et, dans des cas nombreux, constituent des foyers d'infection et de contamination pour l’eau qui passe. Seul, le nettoyage complet du filtre peut alors venir au secours du filtreur, mais, en raison de la dépense énorme que ce nettoyage entraîne, on peut dire qu'on v renonce presque toujours. Avec une épaisseur de sable de 30 centimè- tres, cet inconvénient financier disparait, le nettoyage en surface étant remplacé sans plus de frais par le nettoyage en profondeur. Bien mieux, en raison de la faible épaisseur du sable, le nettoyage à main d'homme, long, coûteux, imparfait et souvent dangereux, fait place au nettoyage mécanique sur place et sans appareil spécial, nettoyage non seulement plus régulier et plus efficace, mais encore plus rapide et meilleur mar- ché. Nous comprenons, en effet, ce nettoyage par la violente et rapide pulvérisation d'un mélange d’eau et d’air sous pression, en utilisant comme intermédiaire une batterie de tubes perforés placés sous le (1) Bull. Soc. belge de Géol., t. XXII (1908). PRoC.-VERB., pp. 301-305. 24 A.-E. MARCHADIER ET H. GUINAUDEAU. — QUELQUES ERREURS sable et destinés à servir, en temps ordinaire, de collecteurs à l'eau filtrée (1). * LS * On conçoit que ces modifications dans le nettoyage et le drainage du filtre à sable sabmergé, ajoutées à celles précédemment décrites, font de ce filtre un appareil autrement simple et accessible dans toutes ses parties, autrement bon marché et pratique que le filtre actuel. D’ail- leurs, pour mieux fixer les idées à ce sujet (sans toutefois entrer dans des détails de construction ou des exposés de devis que cette étude ne comporte pas), nous dirons que le filtre à sable submergé actuel en maçonnerie de 1 000 mètres carrés de surface, pour un débit moyen de 1 750 mètres cubes d’eau filtrée par Jour, coûte la somme énorme de 45 000 francs, alors que ce filtre, également en maçonnerie mais modifié dans son établissement ainsi que nous lavons dit, revient au prix beaucoup plus modeste et plus abordable de 24 000 francs, et cela SL SEINS filtre ackiel Filtre normal FIG. 2. en tenant compte simplement de la diminution des nappes d’eau et de sable, sans même faire intervenir les modifications au drainage et au nettoyage. L'expérience nous apprend en outre que, pour cette somme énorme de 45 000 francs, nous avons un filtre qui, en temps ordinaire, nous donne, :l est vrai, une eau contenant seulement vingt-cinq (!) Ge double et avantageux emploi des tubes de fond perforés a été appliqué pour la première fois, à notre connaissance, par M. Desgorces, directeur des travaux de la ville de Chartres (France), pour le drainage et le nettoyage des clarificateurs en usage dans le service d’eau de cette ville. PRÉJUDICIABLES A LA VULGARISATION DU FILTRE DE SIMPSON. 25 sermes par centimètre cube, mais qui, en revanche, en temps de crues, nous donne une eau en contenant trois cents et toujours trouble dès que la transparence de l’eau d'alimentation descend au-dessous de 15 centimètres. Sans nul doute, notre filtre modifié (que nous appelle- rons normal pour le distinguer du précédent, voir fig. 2) ne nous don- nera pas des résultats bien sensiblement meilleurs, mais l’économie considérable qu’il nous fera réaliser nous permettra de le faire précé- der d’un système de clarification suffisamment parfait (!) pour obliger ce filtre à nous fournir, en tout temps, une eau limpide et à peu près stérile. Nous avons remarqué, en effet, qu’un pareil filtre, alimenté exclusivement par une eau dont la transparence ne descend pas au-des- sous de 4 mètre, ne laisse jamais échapper cette eau avec plus de trente germes par centimètre cube. C’est là un résultat qui montre tout le parti qu’on peut tirer du filtre à sable submergé, lorsque ce dernier est conçu, édifié et alimenté comme il doit l'être, c’est-à-dire ration- nellement. : (1) Cette clarification préalable est indispensable. On peut l’obtenir en faisant subir à l’eau : d’abord une décantation de quarante-huit heures ; ensuite, un dégrossissage ; enfin, le cas échéant, une préfiltration sur un filtre à sable submergé normal en maturation. Ces trois opérations doivent foujours avoir lieu successivement. Nous les jugeons rigoureusement nécessuires dans nos pays où la cherté des terrains rend impossible l’acquisition de grands espaces de décantation comme il en existe, par exemple, en Angleterre et au Japon. L’eau de la plupart de nos rivières est, en effet, très difficile à clarifier en temps de crue même légère, et l’un ou l’autre de ces modes de clarification, employé seul, échouerait certainement. D'ailleurs, ces trois modes, dans l’ensemble, sont peu coûteux : la décantation est presque toujours possible dans un canal simplement creusé en pleine terre et non maçonné. La préfil- tration ne demande aucun organe spécial, attendu qu’elle est seulement nécessaire en temps de crues et qu’à ces époques, la consommation diminuant notablement, on peut toujours employer comme préfiltres les filtres dont le fonctionnement apparaît à ce moment comme le moins satisfaisant. En somme, la seule dépense appréciable est celle nécessitée par l'établissement du dégrossissage, mais l’économie réalisée par les modifications au filtre permettra, dans tous les cas, d’y faire face très largement. ——— rx gi ee — 130 40 138 55 58 34 39 19 17 12 24 18 #20 } la S0C: belge de Géol. de Paleont et Hydrologie T. XXIL- 1209 PLI Courbes des pressions successives 2 mere D 720) 4 ———— 110 > == 100 9 /00) e o . dE du filtre n°5 ; ; du Filtre n°6 “il en fonction du 18 rovembre 1906 au 9 METS 1907 F en Fonction du 11 janvier au 137721 7900 . : £ À — 70 = Ù V & 4 & Vo 50 t#— - 40 = ù | 5 ak = 30 116 jours L) Ü NE 20 NN 10 70, (ds en es es RS SE) NES ES | (1)... ie | L [ee L | S(..de 46 2 2 dd 26 32 ds 1 de 23 10 17 16 18 18 13 17 2% 1 (2).....edo 10 ne 72 32 64 49 77 6e 6 S2 55 28 63 126 160 (3) 130 40 138 55 58 04 39 w LEE = > = 720 = j du filtre n°2 } du filtre n°7 en fonction du 1 juin au 27 octobre 7907 ES er Fonckion du 2 octobre 108 au 8janvier 1909 >= _ = = + ___138 jours 2 à Re mm + ! 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Henri Mager, sur les Radiations des corps minéraux, — (sous-titre : Recherche des mines et des sources par leurs radiations (voir Bibliographie), — nous engage à résumer pour les membres de la Société tout ce qui a été écrit sur un art déjà ancien, la Rabdomancie, c’est-à-dire sur un sujet analogue à celui traité par le susdit auteur. Ce sujet paraît, d’ailleurs, intéresser actuellement quelques savants qui l’ont exposé devant certaines sociétés scientifiques bien connues, et nous avons cru qu’il vous inté- resserait aussi en raison du but que notre Société s’est assigné. DÉFINITION. La Rabdomancie (de 32600ç, baguette, et xavtétæ, divination) est l’art des devins qui se servent de la baguette divinatoire. La baguette divinatoire est un rameau d’aulne, de hêtre, de pommier, Mais surtout de coudrier avant la propriété de faire découvrir les (1) Mémoire présenté à la séance du 17 mars 1909. 28 A. POSKIN. — ÉTUDE % sources, les mines, les trésors cachés et même les voleurs et les meurtriers fugitifs. Ce n’est que dans ces derniers temps que la baguette divinatoire en bois a été couramment remplacée aux mains de quelques sourciers par une baguette métallique. HISTORIQUE. La rabdomancie est un art qui remonte à plusieurs siècles ; on usait de la baguette au XV° et au XVI siècle, et en 1651 les propriétés de la baguette ne semblaient pas étranges au père jésuite Kirscher, qui les expliquait par le Jeu des attractions et des répulsions. En 1636-1642, Martine de Bertereau avait découvert, en France, plus de cent cinquante mines par le moyen de la baguette, ce qui la fit accuser de sorcellerie et jeter à la Bastille, elle et son mari. En 1692, la baguette eut une recrudescence de vogue gràce à un paysan du Dauphiné, Jacques Aymar, qui « découvrit par son moyen l’assassin d’un aubergiste et de sa femme ». Cet événement fit grand bruit. Il ne fut plus question que de Jacques Avmar. « Les Flandres, la Bohême, la Suède, la Hongrie, l'Angleterre, l’Italie et l'Espagne s’'adonnèrent à la rabdomancie (1). » Malgré ses insuccès ultérieurs, Aymar eut des partisans fanatiques, parmi lesquels nous citerons de Corniers. Quantité de physiciens et de théologiens se mirent à étudier et à discuter les phénomènes de la baguette. Nous avons dit plus haut en quoi consiste la baguette divinatoire. C’est le plus souvent une branche de coudrier, d'environ 2 pieds de longueur et courbée légèrement et horizontalement en demi-cercle par les deux index des mains appuyant sur les deux extrémités de la baguette. Suivant la pression plus ou moins forte des deux index se rapprochant, on imprimait à celle-ci un mouvement de rotation qui la faisait monter ou descendre. Pour augmenter le poids de la baguette et la rendre, par conséquent, plus propre à tourner sur elle-même, on y adaptait trois viroles de métal, une au milieu, les deux autres à chaque extrémité. On conçoit que, dans ces conditions d’expérimen- tation, la dextérité manuelle de l’opérateur était pour beaucoup dans le mouvement de rotation de la baguette, et tout l’art consistait à remuer les index si faiblement que la baguette semblait tourner (4) L. LauNAY, Grande Encyclopédie. SUR LA BAGUETTE DIVINATOIRE. 20 d'elle-même et obéir à une impulsion surnaturelle. Ceci bien entendu s'il s'agissait de simulateur ou de prestidigitateur. La baguette divinatoire devait être une pousse de l’année et être coupée le premier mercredi de la lune, entre 11 heures et minuit, en prononçant certaines paroles. Il restait à la bénir suivant le formulaire magique (!). Cependant nous trouvons déjà au début une autre forme de baguette, la baguette en fourche, et même en 1674 les tourneurs de baguette réussissaient leurs expériences avec des baguettes de corne, d'ivoire, d’or, d'argent, etc. Le savant encyclopédiste Formey à essayé de ramener Îles phéno- mènes observés aux principes de la physique, après avoir eu, dit-il, des preuves irréfutables de la vertu de la baguette. Après avoir rappelé les lois de l’aimantation, il continue : « Il n’en est pas autrement de Ïa baguette. Les particules aqueuses, les vapeurs qui s’exhalent de la terre et qui s'élèvent, trouvent un libre accès dans la tige et la branche . fourchue, s’y réunissent, l’appesantissent, repoussent l'air ou la matière du milieu (moelle du bois). La matière chassée revient sur la tige appesantie, lui donne la direction des vapeurs et la fait pencher sur la terre pour nous avertir qu'il v a sous nos pieds une source d’eau vive. Cet effet vient peut-être de la même cause qui fait incliner les branches des arbres plantés le long des eaux. L'eau leur envoie des particules aqueuses, qui chassent l’air, pénètrent les branches, les chargent, les affaissent, joignent leur propre pesanteur au fond de l'air supérieur et les rendent enfin, autant qu’il se peut, parallèles aux petites colonnes de vapeur qui s'élèvent. » P. Lebrun (1693) explique que le mouvement de la baguette est indépendant de la présence de toute substance matérielle. Les D': Chauvin et Garnier et l’abbé de Vallemont (1695) soutiennent qu’il n’y à rien de surnaturel dans ce mouvement. De Vallemont aflirme « que tous les phénomènes de la baguette correspondent à ceux du magnétisme et de l'électricité. Les corpuscules se détachent des corps qui agissent sur la baguette par une sorte de transpiration. [ls montent verticalement dans l'air et, en imprégnant la baguette, ils la déter- minent à se baisser pour la rendre parallèle aux lignes verticales qu'ils décrivent en s’élevant. » Ne croirait-on pas lire un chapitre du D' Gustave Lebon sur l’Evo- (1) Dictionnaire Larousse, 1. Il, p. 52, et Grande Encyclopédie, t. IV, p. 1164, 30 A. POSKIN. — ETUDE lution de la matière? Ces corpuscules qui se détachent des corps repré- senteraient la dissociation de la matière et, lancés dans l’espace, ils constitueraient l’émanation. En 1694, le Père Menestrier combat la théorie des corpuseules. Il admet le mouvement de la baguette, mais 1l affirme que c’est une invention diabolique. Malebranche (1), de Rancé, Pirot sont du même AVIS. Au XVII siècle, le D' Thouvenel montre les rapports évidents entre les phénomènes de la baguette divinatoire, du magnétisme et de l’électricité. La cause initiale des mouvements de la baguette serait les effluves électriques qui se dégagent de la terre par les filons et les cours d’eau souterrains. | En 1826, le comte de Tristan estime que la cause du mouvement provient des effluves du sol qui sont transmis à la haguette par le corps humain. Ce sourcier se servait de préférence de baguettes fourchues en coudrier ; mais il utilisait aussi celles de charme, d'érable, de cor- nouillier sanguin, de frêne, d’aubépine, de troëne, de cytise. Suivant de Tristan, le chêne, le châtaignier, l’orme, le poirier, le pommier, le prunier, la ronce et le fusain sont moins faciles à mettre en mouvement ; et l’on doit rejeter le tilleul, le genêt d'Espagne et le marronnier d'Inde. Il avait aussi reconnu que le fil de fer ordinaire, même oxydé, donne les mêmes résultats que la baguette de bois. Le baron de Morogues, élève et neveu du comte de Tristan (1854), se servait aussi de la fourche de coudrier, ou d’un bois quelconque, ou bien de la baguette de 50 centimètres de longueur tenue par un bout dans chaque main et légèrement arquée par le rapprochement des avant-bras. Nous exposons plus loin la théorie de ce sourcier qui nous semble avoir le plus servi à édifier celle de M. Jansé exposée par M. Mager. De nos jours, l’Académie des Sciences de Paris s’occupa de la baguette divinatoire dans sa séance du 21 mars 1855 et nomma une commission composée de MM. Chevreul, Boussingault et Babinet, pour faire rapport sur un mémoire de Riondet (du Var). Rapporteur : M. Chevreul (!). Un an après, M. Chevreul, dans un livre très curieux, admettait « une classe particulière de mouvements musculaires que nous exécu- (4) Voir Bibliographie. SUR LA BAGUETTE DIVINATOIRE. 51 tons sans en avoir conscience et qui expliqueraient les mouvements de la baguette divinatoire, ceux du pendule explorateur et des tables tournantes ». | L'abbé Paramelle est accusé faussement (1) d’avoir eu recours à la baguette divinatoire pour découvrir les sources. Le Dictionnaire Larousse s'exprime comme suit : « .… Mais qui ignore que le savant abbé était un des fervents de cette science? S'il se servait dans ses opérations et dans ses recherches d’une baguette de coudrier, il ne faut voir dans ce fait qu’une faiblesse et peut-être un acte de prudence... Alors qu'y a-t-il d'étonnant à ce que Paramelle ait capitulé avec la croyance populaire qui attribue des propriétés mystérieuses à une baguette?... » Et l'Encyclopédie : « L'abbé Paramelle, qui possédait des notions très étendues en géologie et en hydrologie, prétendit que la baguette divinatoire lui servait pour ses découvertes. La vérité est que Paramelle, qui connaissait bien son époque, flattait la superstition des gens dont il réclamait le concours; ils le lui eussent refusé s’il eût parlé simplement au nom de !a science. » Or, voici comment l’abbé Paramelle s'exprime dans son livre (?) sur l'Art de découvrir les sources : « Le moven de découvrir les sources qui a été le plus en vogue, celui qui a obtenu le plus de crédit parmi les ignorants et même chez quelques personnes instruites, c’est la baguette divinatoire. Quoique j'aie opéré bien des fois avec toutes les précautions prescrites et que Je sois passé et repassé sur des cours d’eau souterrains dont le conduit m'était bien connu, Je n’ai jamais remarqué que la baguette ait fait d'elle-même le moindre mouvement dans mes mains. J'ai [u sur ce sujet plusieurs traités assez étendus et J'ai fait opérer sous mes yeux plusieurs douzaines de baccillogires, les plus renommés que j'ai rencontrés dans mes voyages, afin de m'assurer si cet instrument tourne sur les cours d’eau souterrains ou non. De tout ée que j'ai lu et observé à cet égard, 1l me reste la croyance : 1° que cette baguette tourne spontanément entre les mains de certains indi- vidus doués d’un tempérament propre à produire cet effet ; 2° que ce mouvement est déterminé par des fluides qui ne peuvent tomber sous nos sens, tels que l'électricité, le magnétisme, etc.; 5° qu'elle tourne indifféremment sur les endroits où il n’y a pas le moindre filet d’eau Souterrain, comme sur ceux où il y en à, et que, par conséquent, elle (4) Larousse et Grañde Encyclopédie. (2) Préface de la re édition, p. 3, Paris, 1856, reproduite dans la seconde édition, 1859. (Dalmont et Dunod, éditeurs.) 32 A. POSKIN. — ÉTUDE $ 4 ne peut servir de rien dans l'indication des sources. C'est aussi Ie" sentiment de M. de Tristan, éminent baccillogire, qui, en 1826, publia sur cette fameuse baguette un long traité qu’il conclut par ces mots : Je suis bien loin d'engager à se fier aux expériences baccillogires pour la recherche des eaux souterraines. Sur plus de dix mille sources que j'a indiquées, 1l ne m'est arrivé que deux fois de tomber précisément sur les points que l’on me dit avoir été choisis par des joueurs de baguette. Je dis choisis, car leurs indications, qu’on m’a montrées peut-être en mille endroits, étaient toutes placées précisément sur le point qui pouvait le mieux convenir au propriétaire (ce qui n’était pas difficile à deviner) ; aussi, toutes ces prétendues indications échouent complète- ment et le petit nombre de réussites qui leur arrivent, ne sont dues qu'au pur effet du hasard. » En 1863, l’abbé Carrié constate que certaines tiges métalliques sont influencées de la même manière par les eaux souterraines et par les aimants ; mais 1} faut avoir en soi le fluide électromagnétique néces- saire pour se mettre en rapport avec les eaux et les métaux, et 1l faut électriser l’instrument par le contact des mains. SOURCIERS ACTUELS. Est-ce que, comme le dit Louis Launay dans l’Encyclopédie, « aujourd’hui la baguette divinatoire est à peu près reléguée au fond de la Bretagne ou de la Basse-Normandie, où les prétendus sourciers l'emploient encore » ?. Nullement, et c'est ce qui nous à engagé à revenir sur la question; à apporter certains faits, à faire connaître certaine méthode et à exposer certaine théorie des sourciers de nos jours. ‘ Sourciers à la baguette. Il existe encore dans nos pays des hommes qui disent avoir le don de découvrir les eaux souterraines au moyen de la baguette. Nous disons « le don » parce que tout le monde n’est pas doué et parce que ce privilège d’être sourcier à la baguette est relativement rare. Peut-être est-il Si rare parce que, ignorant la méthode ou plutôt le rite suivant lequel on doit opérer, on ne recherche pas si l’on a le don ou si on ne l’a pas. C’est ce qui nous à engagé à publier cette étude. SUR LA BAGUETTE DIVINATOIRE. 39 Est-1l possible de reconnaître sûrement la présence d’une nappe souter- _ raine ? Il y a eu, il y à encore des savants qui, par leurs connaissances géologiques et hydrologiques, et par des études approfondies de la - configuration extérieure d’une région, de la flore qui y croit et s’y maintient en permanence, et de la constitution du sol et du sous-sol, peuvent indiquer avec une quasi-certitude l’emplacement d’une nappe souterraine, la profondeur à laquelle elle se trouve et, par comparaison avec les sources voisines émergeant de terrains géologiques semblables, son débit approximatif. Certains constructeurs ont même tenté de combiner un appareil scientifique capable de révéler la présence d’une nappe souterraine. Est-il possible de reconnaître sûrement la présence d’une nappe souter- raine au moyen de la baguette ? Il est certain que les faits observés de très près sont loin de consui- tuer partout une coïncidence et qu'il ne faut pas rejeter a priori les résultats positifs obtenus, ni les qualifier de résultats de hasard ou de supercherie. Ces résultats positifs sont, en effet, trop nombreux pour être le fait d’une supercherie et parfois trop en désaccord avec les données scientifiques pour être l’elfet du hasard. C’est en faisant ces réflexions que des géologues allemands ont, en ces derniers temps, étudié de nouveau la possibilité de découvrir les sources au moyen d’une simple baguette. IT faut aussi que certains faits observés et contrôlés soient troublants pour que des savants comme Chevreul, Boussingault et Babinet s’en soient occupés sérieu- sement (voir plus haut). Sans doute, ces savants, sans nier les mouve- ments de la baguette, ont admis que ceux-ci sont déterminés par des actions musculaires inconscientes provoquées par l'imagination. C'est déjà reconnaitre la bonne foi de certains sourciers. Le D' Heim partage cet avis et, à la Société des Sciences de Zurich, il déclarait naguère que le succès des recherches dépend, non de l'instrument, mais de l’opérateur. Nous trouvons dans un journal de date récente un résumé de sa communication que nous transerivons ci-dessous : « Le savant allemand à remarqué qu'entre les mains des sourciers de son pays, la baguette s’abaisse à l’approche de l'eau, tandis qu’elle se relève quand elle est tenue par des sourciers français. Il croit pouvoir expliquer cette différence par l'éducation donnée aux opéra- teurs. » D'autre part, il a observé des cas d'indications très exactes fournies 1909. MÉN. 3 34 A. POSKIN. — ÉTUDE par des sourciers absolument ignorants et inexpérimentés, et il en conclut à l’existence, chez certains individus, d’une impressionnabilité paruculière, analogue à celle que l’on remarque chez les chevaux des steppes qui éventent l’eau à plusieurs kilomètres de distance. Cette interprétation se rapproche de celle de M. Franzius, conseiller d’ami- raulé, qui admet la possibilité d’une action physiologique exercée par l’eau en vertu d’une sorte de radioactivité. » Enfin, le D' Heim ne saurait rien affirmer sur l’aputude des sour- ciers à indiquer le degré de profondeur de la nappe rencontrée. Par contre, après avoir longtemps cru que ces spécialistes peuvent sentir seulement l’eau courante, 1l à constaté qu'ils devinent aussi la présence de l’eau dormante, à condition d’être amenés brusquement au-dessus de la nappe. » Ces observations sembleraient confirmer que [a proximité d’une nappe souterraine peut s’annoncer par des phénomènes perceptibles; c’est la seule contribution qu’elles apportent à l’étude d’un problème Curieux. » Contrairement à ce que dit le D' Heim, ce n’est pas l’éducation donnée aux opérateurs qui fait que la baguette s’abaisse à l'approche de l’eau entre les mains des sourciers allemands tandis qu’elle s’élève entre celles des sourciers français. On peut, à volonté, la faire s’abaisser ou se relever; il suffit de tenir la baguette dans un plan hori- zontal, la pointe baissée ou relevée légèrement, pour que le mouvement se produise dans un sens ou dans l’autre. Dans la position géométrique- ment horizontale, elle s’abaisse ou elle s'élève indifféremment. L’abais- sement ou le relèvement légers de la baguette, au début de l'expérience, commandent inilialement la direction du mouvement ultérieur. Nous : verrons plus tard qu'on peut donner encore une autre explication. [l y a bientôt deux ans, au cours de l’été, nous avons été en rapport avec un sourcier qui utilise la baguette pour découvrir les sources. Il nous a exposé sa méthode en détail avec une conviction profonde et, devant quelques assistants et devant nous qui étions incrédule et peut- ètre de parti pris, en à fait une application pratique tout à fait décon- certante dans une région et sur un terrain absolument inconnus de lui. Ce sourcier, non professionnel d’ailleurs, est un pharmacien ‘établi dans le Hainaut qui se trouvait en visite à Spa. Il s’agit donc d’un homme sérieux, honorable, d’une instruction et d’une éducation supé- rieures, de la bonne foi duquel nous ne pouvons absolument pas douter. Le propriétaire de la jolie villa de Warfaaz (Spa), pour qui nous SUR LA BAGUETTE DIVINATOIRE. 39 capüons, à celte époque, la source minérale ferrugineuse bicacbonatée Duc de Wellington, à proximité de la source Marie-Henriette, était à la recherche d’une source d’eau douce pour les besoins de sa villa. Les anciens du pays lui avaient signalé qu'il v avait autrefois dans la prairie occupée par la villa une source abondante qui s'était perdue et dont ils ne pouvaient même approximativement indiquer l'emplacement à cause des remaniements de terrain nécessités par la création d’une habi- tation de plaisance. Rien à la surface du sol ne donnait d'indice de la présence d'une source. Notre sourcier, muni de sa baguette, parcourut la propriété en tous sens jusqu'au moment où la baguette se releva, indiquant selon lui l’emplacement d’une source abondante; puis il détermina la profondeur (4 mètres) à laquelle on la trouverait. Nous étions incrédules, d'autant plus que l'emplacement désigné se trouvait non au thalweg de la petite vallée, mais sur les flancs d’un talus élevé. | Le propriétaire, convaincu par les affirmations du sourcier, fit creuser immédiatement un puits à l’endroit désigné, et, à 4 mètres de profondeur, il eut la satisfaction de trouver une source abondante * d’une eau très pure, réalisant ce qu’il cherchait pour sa villa. Est-ce qu'un tel fait n’est pas troublant? Nous avons conduit notre sourcier sur l’emplacement de sources minérales voisines, et, chaque fois, il a pu nous indiquer non seulement la profondeur, mais encore le trajet souterrain de la source. Ce sourcier ne fait d’ailleurs aucun mystère de sa méthode; elle n’est pas secrète et 11 nous l’a transerite immédiatement en détail, sachant bien que nous la publierions. Avant de la transcrire, nous croyons devoir signaler certaines parti- cularités de cette méthode. Contrairement à ce que disent certains sourciers, la baguette divina- toire ne doit pas être exclusivement en un bois choisi (coudrier, aulne, etc.;. N'importe quel bois, à l'exception du châtaignier, peut servir pour confectionner la baguette. Inutile d'ajouter qu'il n’est pas nécessaire qu'elle soit coupée par l’opérateur, à certains jours de la lune, à certaines heures de ia nuit, en prononçant des paroles magiques, m1 qu’elle soit bénie suivant un formulaire consacré. Notre sourcier la coupe à n'importe quel buisson de la route, ou même la reçoit toute coupée des mains d’une personne étrangère. [l n’y a donc aucune préparation préalable pour rendre la baguette plus sensible à un mou- vement transmis. Si le coudrier est préférable, ce n’est pas parce que « c'est l’arbre chéri de la bergère Phyllis et qu’il l’emporte aux yeux 30 A. POSKIN. — ÉTUDE de Corydon sur le myrte et le laurier », mais parce que le bois en est tendre, souple et qu'il se laisse bien plier sans se rompre. La manière de tenir la baguette est aussi intéressante : elle est soli- dement tenue en main par l'opérateur, la pulpe des pouces appuyant fortement sur les extrémités pliées de la baguette, et, au besoin, la pression sur celle-ci peut être renforcée par les mains d’une personne étrangère qui serre fortement les poings du sourcier pour empêcher n'importe quel mouvement transmis, soit volontaire, soit involontaire, de celui-ci. Dans ces conditions d’expérimentation, la baguette, pour se meltre en mouvement, doit être fortement sollicitée pour se relever malgré les efforts contraires, et c’est pourtant ce qu’elle fait une fois que le mouvement est commencé. Dans la manière des autres sourciers de tenir la baguette, horizon- talement ou à peu près, entre la pulpe des index rapprochés jusqu’à ce qu’elle soit courbée en demi-cerele, 11 y à matière à suspicion, et chacun peut se convaincre que la pression la plus imperceptible augmentant la courbure de la baguette peut faire abaisser ou relever celle-ci au gré de l’opérateur. Il s'établit ainsi un équilibre très instable, que l’on peut encore mieux mettre en évidence en ajoutant au pôle du demi-cercle une virole de métal qui augmente le poids de la baguette en ce point seulement. Il n’est pas possible de faire le même reproche à notre sourcier. Il ne s'explique pas pourquoi le seul bois de châtaignier ne peut servir à faire une baguette divinatoire. C’est un fait qu’il a vérifié à diverses reprises, et il est pour lui incompréhensible. Il affirme que beaucoup de personnes possèdent, sans le savoir, la sensibilité nécessaire pour se servir de la baguette divinatoire et décou- vrir les sources. Cette sensibilité serait sous l’influence des rayons émis par les sources, et chaque individu, ayant une sensibilité plus ou moins exquise, est influencé plus ou moins par eux. Après l’expér'ence ci-dessus relatée, le sourcier a vérifié la sensi- bilité à ces influences de toutes les personnes présentes. Il leur a fait, à tour de rôle, tenir la baguette coupée au hasard du buisson. L’expé- rience a réussi, et le plus incrédule, l’auteur de la présente note, possé- derait, suivant notre sourcier, la sensibilité nécessaire pour manier la baguette divinatoire et découvrir les sources. Est-ce de la suggestion ? Pourquoi alors n’a-t-elle pas eu d'influence sur les autres personnes présentes? C’est, en tout cas, très curieux et très troublant, et nous nous proposons prochainement d’essayer seul l'usage d’un don que nous ne nous soupçonnions pas. Chi lo sa? SUR LA BAGUETTE DIVINATOIRE. 37 Voici textuellement la note que nous a remise le soureier. Ajoutons qu'il se tient à la disposition des savants qui voudraient le mettre en présence d’un problème de source à résoudre. | « Au sujet de la baguette divinatoire. » J'emploierai parfois des termes scientifiques, non pour faire montre de science, mais pour me faire comprendre. » Bien que l’on traite de fumisterie le procédé qui consiste à rechercher les eaux souterraines au moyen d’une baguette, je puis affirmer que ceux à qui j'ai indiqué des courants d’eau souterraine par ce moyen et qui ont fait les fouilles nécessaires, ont obtenu plein succès. S'il y eut jadis des personnes qui furent trompées, cela n’enlève rien à la valeur du procédé. Des farceurs et des gens à conscience peu serupuleuse, il y en a toujours et, hélas! il v en aura toujours dans toutes les professions. » Est-ce un fluide magnétique qui influence les personnes pouvant ainsi découvrir les eaux souterraines? Je ne sais. On peut d'autant mieux l’admettre que l’on a fait des découvertes déconcertantes de nos jours en physique sur des rayons de toute sorte, etc. » Quoi qu'il en soit, voici comment on opère avec la baguette, puis avec le pendule. » On marche lentement en tenant horizontalement dans les mains une baguette en forme de fourche, de façon que chaque bout de branche soit bien serré dans la paume de la main, la baguette étant ainsi pliée; la pulpe de chaque pouce appuyant contre l’extrémité de la branche, les paumes tournées vers le haut, les pouces en dehors et la pointe de la baguette étant légèrement relevée vers le haut (tig. 1). FiG. 1. » Quand on passe sur une source et qu’on est doué du fluide en question, la baguette se relève vers la poitrine de l’opérateur. A » Pour connaître ensuite la profondeur à laquelle se trouve la 38 A. POSKIN. — ÉTUDE source, voici comment on procède : On se sert d’un pendule quel- conque (une montre pendue à sa chaîne). On part de la source et on se dirige perpendiculairement à son cours. Le pendule oscille tant qu'il est dans le rayon influencé par la source et s'arrête de lui-même quand il est au bout de celui-er. » [l faut ici de lhabitude; car, en marchant, le pendule oscille; mais on remarque que la plus grande des oscillations se dirige vers la source dont on s'éloigne. Les oscillations deviennent égales quand on met le pendule en mouvement au bout de ce rayon. On mesure ia distance de ce point mort à la source, et cette distance fait connaître la profondeur à laquelle :1l faut creuser. On peut admettre que la source émettant des rayons dans toutes les directions, les rayons verti- caux seront de même longueur que les horizontaux. » Si l’on tient bien en repos un pendule au-dessus d’une source, il ne tarde pas à se mettre en mouvement de lui-même, oscille sur le trajet de la source, et sa plus grande oscillation se fait dans le sens du courant. » [l arrive que l’on rencontre, surtout en plaine, des sources qui se croisent. C’est un point excellent pour creuser des puits. Alors le pendule, sollicité par deux sources superposées, au lieu de n’indiquer qu’un seul courant et d’osciller dans un seul sens, se met à tourner. » J'ai fait plus d’une fois l'expérience que voici : Ayant déterminé géologiquement le trajet d’une source el l’ayant marqué, Je me suis avancé, les yeux fermés et tenant la baguette. Au point marqué, la baguette m’indiquait la source. J'ai fait de même pour la profondeur. On peut rire tant qu’on veut de mes affirmations, mais je m'engage à répéter devant n'importe qui l'expérience dont je viens de parler. » Pour ce qui est du débit de la source, il faut, au moins au début, des connaissances scientifiques pour lindiquer. Au bout d’un certain temps et par comparaison, on peut très approximativement, selon la force avec laquelle la baguette tourne, indiquer quel sera le débit d’eau. » Je répète que j'ai dit : fluide, rayons émis par la source, sollici- tations du pendule, etc., parce que ces termes font assez bien com- prendre la chose; mais j'ai prononcé ces termes sans cependant avoir le moins du monde la prétention de faire de la science. » L. B..., pharmacien. » Nous avons cru utile de signaler ces faits à la Société pour con- vaincre nos collègues que, sans croire le moins du monde à la (ve SUR LA BAGUETTE DIVINATOIRE. 39 sorcellerie, il est encore beaucoup de faits troublants, inexplicables actuellement par la science et qu'il ne faut pas rejeter malgré leur bizarrerie et leur faux air de surnaturel. | « Nous sommes, disait, il y a quelque temps, Charles Richet à Jules Blois, et nous devons être assez audacieux et assez sages pour nous tenir également éloignés aussi bien de la crédulité aveugle, qui admet sans hésitation et sans contrôle tous les phénomènes mystérieux, même les plus absurdes, que de l’incrédulité, plus aveugle encore. Notre devise est : Rigoureux dans l'examen, audacieux dans l'hypothèse. » Sourciers à la baguette par procédés scientifiques. En ces derniers temps, des chercheurs ont refait les expériences avec la baguette, voulant savoir le pourquoi des mouvements de celle-er, ce pourquoi sur lequel on n'avait émis Jusqu'ici que des hypothèses. Nous avons déjà parlé du D' Heim, professeur à l'Université de Zurich, qui, récemment, à fait sur ce sujet une communication à la Société des Sciences de cette ville. Voici maintenant, sur le même sujet, des faits plus précis qui nous sont apportés par M. Henri: Mager, rédacteur scientifique à la Vie [llustrée, dans un travail ayant pour titre : Les Radiations des corps miné- raux, et comme sous-titre : Recherche des mines el des sources par leurs radiations (1). * Ce travail très intéressant est accompagné de notes documentaires avec soixante-six photogravures exécutées d’après des photographies instantanées. {1 à eu, dès son apparition, un gros succès, et l’exemplaire que nous avons sous les yeux est déjà du troisième mille. Pour un ouvrage scientifique, c'est plutôt rare. | M. Henri Mager, après un historique assez complet de la baguette divinatoire à travers les siècles, expose une série de faits de découvertes de sources et de mines par un procédé que nous allons résumer. Ce procédé n’est pas de lui, mais « du seul chercheur qui, à sa con- naissance, soit parvenu à tirer des conclusions pratiques de l'étude de la baguette, M. Émile Jansé. » « M. Jansé est un homme persévérant, un ancien marin, qui passa douze ans de sa vie sur les navires de l’État, dont six années comme () Voir Bibliographie. L 40 A. POSKIN. — ÉTUDE timonier breveté... Partant de ee fait que la présence du fer et du ferro-nickel peut être décelée par un instrument, 1l pensa qu'il devait être possible d'imaginer un instrument qui serait susceptible d’être influencé par le cuivre, le zine, le plomb, l’argent et différents autres métaux où minéraux. » Il chercha pendant plus de trente ans... ». Il aboutit à créer des instruments qui lui permettent de résoudre la question. Son procédé consiste essentiellement dans l'emploi de quatre appa- rells : un révélateur négatif, un révélateur positif, un multiplicateur et un radiométre, et dans l’usage du pendule explorateur. Les révélateurs sont des baguettes divinatoires en métal. RÉVÉLATEURS. Le révélateur négatif (fig. 2) est constitué par un fil métallique, de fer ou de nickel, en forme de U renversé, dont les deux branches laté- rales sont recourbées en dehors à leur partie inférieure pour former poignée. La poignée droite s'engage dans un tube de bois qui à pour fonction de l’isoler, de sorte que quand l'instrument est tenu par deux mains, il n’est cependant en contact qu'avec la main gauche. Le révélateur positif (fig. 3) est de même forme et de même agence- ment que le révélateur négatif, mais il est constitué par un fil de HG FIG. 3: cuivre, de zinc ou d’argent. On fait seulement varier le sommet courbe pour permettre, à première vue, de distinguer les révélateurs l’un de l’autre. Cette forme en ñn des révélateurs n’est pas obligatoire. M. Jansé se sert aussi de révélateurs en forme de L dont la branche montante lui permet de vérifier avec précision la ligne d’attraction formant limite de certains champs de rayonnement, tout en déroulant en même SUR LA BAGUETTE DIVINATOIRE. 41 temps la chaîne d’arpenteur ou la bobine de fil métallique. (Voir plus loin.) Le révélateur négatif tenu par un homme polarisé est attiré par les corps chargés d'électricité positive, et le révélateur positif, par les corps chargés d'électricité négative. RADIOMÈTRE. Le radiomètre est un bloc métallique formé par l'union de deux corps minéraux possédant des densités différentes, comme des forces de radiation différentes. Le modèle de 1908 de M. Jansé est formé par un alliage de trois minéraux qui communique d’un côté avec le pôle négatif, de l’autre avec le pôle positif de deux piles sèches, d’une force de 5 volts. Il a une puissance de rayonnement de 5324 metres dans un sens et de 400 mètres dans l’autre. [l couvre ainsi de ses radia- tions un champ de 120 600 mètres carrés. MULTIPLICATEUR. Le multiplicateur est un instrument qui permet, selon les forces qui lui sont données et qui doivent être appliquées à chacun des deux pôles de l’homme polarisé, de doubler, de tripler, de décupler les forces fluidiques d’un opérateur. Le multiplicateur de M. Jansé lui donne une puissance fluidique égale à celle de vingt-six hommes. Les indications trop sobres que le livre nous fournit, ne nous per- mettent pas de décrire en détail ce multiplicateur, mais comme 1l nous renvoie aux charges du baron de Morogues, nous pouvons donner une idée de sa composition. « Le B° de Morogues pense que les corps organiques et imorganiques sont, pour la plupart, enveloppés de sphères électriques susceptibles d'exercer sans cesse une action les unes sur les autres; si le corps humain jouit d’une force suffisante pour rompre l’équilibre électrique dans une sphère voisine, l’homme et la baguette constituant un ensemble organo-électrique, s'emparent de celui des deux fluides de la Sphère voisine, positif ou négatif, pour lequel ils ont le plus d’affinité (1854). | _ » Il existe, sans exception, dans tous les êtres organiques, un fluide organo-électrique, plus électrique chez les uns, plus magnétique chez les autres, qui les tient sous sa puissance ; mais il est inégalement réparti chez tous les êtres animés et ses effets sont pour eux plus ou moins 49 A. POSKIN. — ÉTUDE appréciables. Les corps organiques ont aussi des propriétés électriques | positives ou négatives qui peuvent devenir appréciables chez les indi- vidus bien doués au point de vue fluidique, et les baguettes et les pendules explorateurs deviennent entre leurs mains des électromètres extrèmement sensibles qui peuvent servir à découvrir les courants d’eau souterrains et les gisements métalliques. » Ce fluide organo-électrique, plus ou moins abondant suivant les personnes, circule à la surface du corps. On peut augmenter ce fluide naturel au moyen de charges, au point de faire tourner la baguette entre les mains de personnes qui, normalement, sont dépourvues d’une quantité suffisante de force fluidique. Pour constituer ces charges, on pulvérise certains corps, du cuivre, de l'argent, de l’amadou ou toute autre substance active, et an les renferme dans des étuis de substances neutres, telles que du bois; s’il s’agit de liquides où de mercure, on emploie des vases en corne grasse ou en terre. On passe à la partie supérieure de ces étuis ou de ces vases, une corde à boyau qui sert de conducteur pour charger l’une des mains. » Quand on parle ici des deux pôles de l’homme polarisé, il s’agit des deux mains à travers lesquelles le fluide circule et influence les radia=. tions extérieures, si elles sont de nom contraire et suivant les qualités positive ou négative du révélateur tenu à la main. Il y a deux fluides de sens opposé qui circulent en hélice autour de la baguette. Le posiuf vient de la main droite et le négatif de la main gauche. PENDULE EXPLORATEUR. Le pendule explorateur est chargé de contrôler, pour chaque corps, la nature électrique annoncée par les révélateurs. Il se compose d'une chaîne à l'extrémité de laquelle est fixée une petite masse métallique: La chaîne et la masse sont ordinairement en cuivre, mais pourraient être en un corps bon conducteur quelconque, sous condition qu'il soit positif (anneau, petite ou grande sphère, cube, cylindre à crochet): Le fil à plomb d'architecte, en cuivre, constitue un excellent pendule explorateur. Il se tient de la main gauche, entre le pouce et l'index, et est présenté au-dessus du corps à explorer par la main droite gantée, c’est-à-dire isolée. Il est bon que l’opérateur ne conserve sur lui aucun corps métallique (montre, couteau, monnaie), qu’aueun corps métallique anguleux ne se trouve proche et que le pendule demeure isolé de tout contact. SUR LA BAGUETTE DIVINATOIRE. 4; Go Propriétés des instruments. RÉVÉLATEURS. Supposons l'opérateur en contact avec son multiplicateur. Tenanit verticalement dans ses deux mains son révélateur négatif (fer, nickel ou ferro-nickel), s’il marche vers le pôle Nord ou positif d’un puissant barreau aimanté, on verra, à un moment donné, son instrument s'incliner vers le pôle Nord de l’aimant, et, s’il n'est maintenu, frapper vigoureusement le métal. Aucune attraction ne se manifeste si l'opérateur avance avec son révélateur vers le pôle Sud ou négatif. C’est en vertu de cette propriété bien constatée que le révélateur en question à été dénommé révélateur négatif. Les phénomènes se présentent dans un ordre inverse si l'opérateur porte un révéiateur en cuivre, zinc ou argent. Ce révélateur attirable seulement par le pôle Sud de l’aimant est dénommé révélateur positif. Chaque révélateur, baptisé magnétiquement, va maintenant servir à déterminer les corps positifs, négatifs et neutres, et permettre, ensuite de ces révélations, de déterminer la nature des produits qui, de la profondeur du sol, influencent les baguettes divinatoires. En agissant sur divers métaux au moyen de ces révélateurs comme vis-à-vis de l’aimant, M. Jansé à pu ainsi classer les corps au point de vue de leurs attractions envers les révélateurs. Sont positifs : Sont négatifs : Platine. Aniimoine. Fer. Ardoise. Or. Mercure. Fonte. Phosphates. Argent. Sulfate de cuivre. Acier. Caoutchouc. Cuivre. Soufre. Nickel. Verre. Zinc. Charbon de bois. Aluminium. Cristal. Étain. lode. Charbon de terre. Diamant faux. Plomb. Lignes telluriques. Coke. : Eaux ferrugineuses. PENDULE EXPLORATEUR. Afin de contrôler, pour chaque corps, par le pendule explorateur, la nature électrique annoncée par les révélateurs, voici comment on procède : Si on place le pendule au-dessus d’un corps, il commence, après une minute, à décrire de petites oscillations elliptiques; puis, son mouvement devient régulier et nettement circulaire; il augmente 44 A. POSKIN. — ÉTUDE rapidement.de vitesse et d’étendue jusqu’au moment où il atteint son maximum. Au-dessus du pôle Nord ou positif d’un barreau aimanté, sa rotation s'effectue dans le sens de la marche des aiguilles d’une montre; au-dessus du pôle Sud ou négatif de ce même barreau, le sens de la rotation est inverse. Posons à terre une masse de cuivre, un poids d’un kilogramme par exemple. Le pendule, tenu en main, reste immobile tant qu'il n’est pas placé verticalement au-dessus du corps métallique; dès qu’il se trouve verticalement au-dessus, il entre en rotation dans le sens de la marche des aiguiiles d’une montre. Cette rotation sera observée par un homme polarisé, avec un pen- dule en cuivre, au-dessus du platine, de l'or, de l'argent, du cuivre et des métaux positifs. Rotation en sens inverse au-dessus du fer, du nickel et des métaux négatifs. Si le pendule était composé d’un métal négatif, comme le fer ou le nickel, les effets seraient inverses. Au-dessus des corps neutres, le pendule demeure inerte. Sont neutres : la terre arable, la pierre, les schistes, les calcaires, les granits, les marnes et les argiles ou glaises, lorsque ces terres ne sont pas en contact avec des sources; sont également neutres les eaux stagnantes, le bois mort, le fil, le coton travaillé, le papier, la porce- lame. RADIOMÈTRE. Les propriétés du radiomètre sont basées sur l'observation suivante : Si, à un corps positif quelconque, un poids en cuivre ou une pièce d’or de 20 francs, placés sur le sol et non sur une table qui les isolerait, sont reliés deux fils de cuivre et si ces fils sont dirigés sensiblement l’un vers le Nord, l’autre vers le Sud, les révélateurs montreront que le fil tourné vers le Nord est positif et que le fil tourné vers le Sud est négatif. (A noter, une fois pour toutes, que toutes les expériences qui précèdent et celles qui suivront sont réalisées, l'opérateur ÉTANT MUNI DE SON MULTIPLICATEUR..) Sur cette constatation est basé le radiomètre, bloc métallique formé par l’union de corps minéraux possédant des densités différentes, des intensités radiantes différentes et relié d’un côté avec le pôle négatif, SUR LA BAGUETTE DIVINATOIRE. 45 de l’autre avec le pôle positif de deux piles sèches, d’une force de 3 volts. Attachons deux fils au radiomètre : les fils vont se charger, l’un positivement, celui qui est dirigé vers le Nord, l’autre négativement, celui qui est dirigé vers le Sud. Si le fil Nord du radiomètre est incliné vers le Nord-Est ou le Nord-Ouest, à 45° de déviation, 1l conserve sa nature positive. Si les deux fils sont tendus dans la direction Est-Ouest, l’un et Pautre sont négatifs. Mêmes propriétés pour le fil Sud. Lois. Avec les instruments ainsi définis, grâce à sa force fluidique et aux propriétés de son multiplicateur un peu mystérieux, M. Jansé à pu réaliser un certain nombre d'expériences du plus haut intérêt pour l'étude des attractions exercées par des corps mis en présence. Il a constaté que : 1° Deux masses métalliques de même nature qui se touchent, agissent comme une seule masse sur les révélateurs ; elles les attirent. 2% Les radiations de deux masses métalliques de même matière et de même poids qui ne sont pas en contact et ne sont pas éloignées de plus d'un mètre, s’équilibrent, se détruisent et n’attirent pas le révéla- teur; dans ces mêmes conditions, dès qu’une petite masse est mise en contact avec l’une des masses métalliques, l'équilibre est rompu et la masse renforcée attire le révélateur. 3° Si deux masses métalliques, de même poids et de même nature, écartées de moins d’un mètre (90 centimètres), s’équilibrant et n’atti- rant pas le révélateur, sont réunies par un fil métallique, elles agissent comme une seule masse ou comme si elles étaient en contact; chacune d'elles attirera le révélateur. Elles continuent à l’attirer, même si la jonction des deux masses se fait par un fil et par l'intermédiaire de l’eau... 4 Les radiations de deux masses métalliques, de même matière et de même poids, qui sont éloignées de plus d’un mètre, ne se détruisent pas ; elles exercent chacune son action propre sur le révélateur. Si ces mêmes masses sont unies par un fil, elles ne forment qu’une masse, comme si elles se touchaient, et chacune d’elles attire le révélateur. Si elles sont de poids inégaux, leur puissance d'attraction se partage par moitié. | 46 | A. POSKIN. — ÉTUDE ° Si deux masses métalliques, de matière différente et de poids | quelconque, distantes de plus ou de moins d’un mètre, sont unies par un fil, leurs forces attractives se partagent par moitié. Chaque masse conserve ses particularités : la masse positive attire le révélateur négatif et la masse négative, le révélateur positif. | 6° Deux masses métalliques, de matière différente, qui ne sont pas distantes de plus d’un mètre, s’équilibrent, non pas si elles ont le même poids, mais si elles ont la même intensité radiante ; c’est ainsi qu’on a pu par tâtonnements et en prenant 1 kilogräamme de cuivre comme étalon, déterminer quel poids d’un corps doit être mis en sa présence pour obtenir équilibre. Ont une intensité radiante équivalant à l'intensité radiante de 1 kilo- gramme de cuivre : 250 kg. de charbon de terre. 100 kg. d'acier. 0ks050 de nickel. Oks010 d'argent. 0ks00571 de platine. 0k:00087 d’or. On peut donc par cette méthode peser les radiations de tous les corps solides. On peut aussi par la même méthode peser les radiations calo- riques. Voici, à ce sujet, quelques résultats d'expériences : a) L'eau froide qui ne circule pas à l’intérieur du sol, n’attire pas le révélateur. Elle ne rayonne pas ; elle est neutre. b) L'eau chaude attire le révélateur positif. Elle émet donc des radia- tions négatives. Elles peuvent être pesées par équivalence avec les poids de cuivre, comme les radiations émises par une piété d’argent ou d’or. c) Les radiations positives et négatives de corps en contact ne se | détruisent pas, elles s’additionnent. L'eau bouillante dans laquelle on jette 1 gramme de sulfate de quinine s’équilibre avec 58450: de cuivre“ Eau chaude — 3k8700, radiations négatives. Quinine — 1ksToÙ, — positives. ToTaL. 5ks450, radiations négatives. Les radiations positives de la quinine subissent la loi du plus fort ét L s’'additionnent aux radiations négatives de l’eau chaude pour rayonner * SUR LA BAGUETTE DIVINATOIRE. 47 avec une intensité totale négative. Si on laisse refroidir l’eau, la quinine seule continue à rayonner avec son Intensité propre de nature positive. | Des expériences au radiomitre, il résulte que : 7° Si deux fils de cuivre sont attachés à un corps quelconque ou au radiomètre, le fil tourné au Nord se chargera positivement et attirera le révélateur négatif; le fil tourné au Sud se chargera négativement et attirera le révélateur positif (voir plus haut). & Si l’un des fils attaché au radiomètre vient à être lié à un COrps radiant, sur le fil opposé naïîtra un point de répulsion, et la distance séparant le radiomètre du corps radiant sera égale à la distance entre le radiomètre et le point de répulsion observé sur le fil opposé. Cette distance est la même qu'il s'agisse d’un corps placé au même niveau, à un niveau supérieur où à un niveau Inférieur. 9g Un corps positif, tel le cuivre, rayonne sur un champ en forme de quadrilatère. Ce champ est plus étendu dans la direction Nord-Sud que dans la direction Est-Ouest; c’est donc un parallélogramme. La distance du centre (point où est posé le corps) à la limite Nord est légèrement plus grande que la distance du centre à la limite Sud. Les distances du centre aux limites Est et Ouest sont égales. La différence sera dans la proportion de 6"70 pour la ligne Nord et 6"40 pour la ligne Sud pour un champ de 15"40 Nord-Sud déterminé par une masse donnée de puivre. 10° Pour des poids égaux, l'étendue du champ de rayonnement dépend de la nature du corps; pour un même corps, elle est propor- uonnelle à la masse. 41° Le rayonnement vertical est égal au rayonnement horizontal. Les corps placés à fleur de terre rayonnent en dessous d'eux, et leur zone de rayonnement affecte cette forme géométrique en carène que Fresnel attribuait à l'onde lumineuse; les corps placés dans la profon- deur du sol rayonnent en éventail au-dessus d’eux. 12° Les corps négatifs rayonnent en croix et attirent le révélateur positif sur leurs quatre lignes de rayonnement, jusqu'à la limite de celui-ci. Les angles qui s'ouvrent entre les branches de la croix demeu- rent neutres. La ligne de rayonnement Nord-Sud est plus étendue que là ligne Est-Ouest. 15° Lorsque deux corps radiants sont superposés dans une même ligne verticale, les radiations du corps placé en dessous détruisent les radiations du corps placé au-dessus, quelle que soit l'importance des masses. Le corps supérieur n’attire plus le révélateur. LA Fr: À 41 48 À. POSKIN. — ÉTUDE Applications. Voyons maintenant comment M. Jansé se sert de ses appareils, commentil applique ses principes et comment il en tire des certitudes. Il commence par nous dire que des obstacles rendent parfois les recherches assez difficiles. Le principal est la présence d’une ligne tellu- rique au voisinage du corps cherché. Les lignes telluriques sont des cou- rants d'attraction permanente positive, commandés par une source profonde. Dans ce cas, si le corps enfoui est coupé par une ligne tellu- rique, le point de répulsion donné par le radiomètre n'indique que le quart de la profondeur réelle. Nous ne nous arrêterons pas aux applications Ru concernant la recherche des trésors et nous abordons directement les applications qui se rattachent à la recherche des mines. RECHERCHE DES MINES. Les filons, gisements, poches et lenülles lancent des radiations au- dessus d’eux, à travers les couches géologiques neutres qui les recou- vrent. Ces radiations s’écartent en éventail sur les côtés, ce qui donne au champ de rayonnement au niveau du sol une largeur plus grande ou un diamètre plus étendu que la largeur du filon. (Loi 41.) L'ensemble des radiations verticales constitue la zone intérieure; l’ensemble des radiations obliques, la zone extérieure du champ de rayonnement. Prenons un exemple : supposons un champ dans le sol duquel se trouve un gisement métallique. Le prospecteur, en rapport avec son multiplicateur, et muni d’un de ses révélateurs, s'approche. Tour à tour 1l essaie le révélateur positif et le révélateur négatif. C’est le révélateur positif qui subit une attrac- tion et s'incline à la limite de la zone extérieure de rayonnement. Le prospecteur en conclut immédiatement que le gisement est négatif, c’est-à-dire que les minéraux sous-jacents sont négatifs pour le révéla= teur baptisé magnétiquement. Quelle est la largeur exacte du filon ou du gisement situé en profon- deur? Ici interviennent le radiomètre et l'application de la loi 15. Le radiomètre est positif et il exerce son action attractive sur le révélateur négatif. Plaçons le radiomètre au point de la zone extérieure où le révélateur positif avait décelé le gisement négatif. Comme nous SUR LA BAGUETTE DIVINATOIRE, 49 savons que les radiations perçues par le révélateur sont les radiations obliques du rayonnement en éventail et, par conséquent, les plus exté- rieures, nous savons que le radiomètre placé au-dessus d'elles n’est pas perpendiculaire au gisement. En conséquence (loi 15), le radiomètre conserve, lui corps positif, son action attractive sur le révélateur négatif. Avançons le radiomètre jusqu’à ce qu'il n’ait plus d'action attractive sur le révélateur négatif et marquons ce point. C’est un point de la zone intérieure immédiatement au-dessous de laquelle se trouve le gisement ou le filon. On pourra ainsi délimiter la largeur exacte du gisement. À quelle profondeur se troure le filon ou le gisement? (Voir loi 8.) — Le prospecteur qui à reconnu la largeur du filon, plante à son centre une fiche d'acier qu'il rattache à l’une des bornes du radiomèitre. L'autre borne est reliée à une chaîne d’arpenteur en acier. Armé du révélateur qu'il tient verticalement élevé au-dessus de la chaîne (révélateur en L), il s'éloigne à petits pas jusqu’à ce qu’il sente une répulsion. À ce moment, il est à une distance du radiomètre égale à la distance du radiomètre au filon. Lorsqu'il s’agit de gisements étendus et profonds, au lieu d’une chaîne d’arpenteur, on peut se servir de bobines de fil métallique de 50 à 500 mètres de longueur. Dans le cas où il se présenterait au voisinage une ligne tellurique (attraction positive), il faut multiplier par 4 le chiffre exprimant la distance entre le radiomètre et le point de répulsion. (Voir plus haut, ligne tellurique.) Quelle est la nature du filon ou du gisement ? Nous avons dit plus haut que, suivant que les radiations du gise- ment impressionnent les révélateurs, nous pouvons conclure, selon la qualité du révélateur, qu’il s’agit de corps positifs ou négatifs. Nous pouvons donc, a priori, éliminer un certain nombre de minéraux. On pourra procéder à l'élimination d’un certain nombre d’autres miné- raux de la série qui a été révélée, en examinant la largeur du champ radiant. On sait scientifiquement que les métaux se présentent sous divers aspects, les uns constituant des filons étroits, d’autres des masses compactes. Pour compléter ces données assez vagues, M. Jansé s’aide de consi- dérations géologiques connues, celles de la région sur laquelle il opère et qui lui permettent d'éliminer encore un certain nombre de minéraux, et ainsi, par exclusion, il arrive plus ou moins à déterminer la nature du gisement. 1909. MEN. 4 DÙ A. POSKIN. - ÉTUDE RECHERCHE DES SOURCES. Un mot d’abord, en passant, à propos de la baguette de coudrier. | Soumise à l’action des révélateurs de M. Jansé, la baguette des sour- | ciers en bois vert s’accuse négative, en attirant le révélateur positif. Quand on s’en sert pour rechercher une source, nous verrons la baguette s’incliner, attirée par chacun des points des quatre lignes de rayonnement aboutissant à la source et par les perpendiculaires à ces lignes, c’est-à-dire par les parallèles qui sont positives, et subir une répulsion au-dessus de la source elle-même, qui est négative. Nous attirons l'attention sur ce point qui pourrait expliquer, jusqu’à un certain degré, les mouvements contraires de la baguette aux mains des sourciers français et allemands, sans qu’on puisse ineriminer autre chose que l'ignorance des lois magnétiques subies par la baguette et non une différence d'éducation. M. Jansé part de ce principe constaté par lui que les vraies sources émettent des radiations, à la différence des nappes d'infiltration qui n’en émeltent point. Cette distinction est au moins étrange. Qu’entend M. Jansé par source, s’il élimine celles qui proviennent de nappes d'infiltration? Les eaux artésiennes sont-elles des sources? Elles proviennent pourtant des nappes d'infiltration. N’insistons pas autrement. Les vraies sources, suivant M. Jansé, exercent une influence sur les révélateurs métalliques, les nappes d'infiltration ne produisent aucune attraction. Les vraies sources de M. Jansé sont les eaux minérales, chaudes et froides, et les eaux potables venant de grandes profondeurs et sortant des couches imperméables. Voici comment on détermine leur emplacement. Il faut d’abord localiser les points d'investigation par l’examen des lignes de nivellement, des thalweg et de l’aspect du terram qui donnent déjà des indications sur la situation probable de la source. On recherche par le révélateur négatif si, sur un point de ce péri= À mètre, se centralisent quatre lignes de rayonnement agissant par À attraction. Ces lignes se coupent en croix au-dessus du point d’où l’eau À laisse échapper des effluves. Les quatre branches de la croix formant des rayons d’attraction positive, sont sensiblement dirigées sur les quatre points cardinaux. Elles se prolongent jusqu’à des lignes d’attracs SUR LA BAGUETTE DIVINATOIRE. o1 tion positive qui leur sont perpendiculaires, et ces lignes perpendicu- laires prolongées se coupent pour former un quadrilatère au centre duquel se trouve le centre des effluves. Chaque source est ainsi encadrée, non pas d’un quadrilatère seule- ment se révélant par des attractions, mais en réalité par une série de lignes d’eflluves constituant des enceintes quadrangulaires concen- triques distantes de 5, 10, 15, 20 mètres ou plus l’une de l’autre, que l’auteur appelle parallèles. Les sources secondaires ou griffons se marquent sur ces parallèles, par une forte répulsion du révélateur. OPÉRATIONS. Armé du révélateur négatif, comme nous le disions plus haut, l’opé- rateur vient de sentir une ligne d’attraction; 1l la suit. Elle sera limitée par deux points de répulsion à ses deux extrémités. Il cherche ensuite la ligne d’attraction qui doit couper la première en eroix ; il en détermine les deux extrémités par les points de répul- sion. Le point de croisement des deux lignes marque la source cher- chée. On détermine le premier quadrilatère ou première parallèle, en menant des perpendiculaires à l'extrémité des lignes d'attraction. Pour chercher la deuxième parallèle, l’opérateur part de l'extrémité d'une ligne d’attraction dont il suit le prolongement en descendant. En s’éloignant de la source, il traverse un champ neutre; puis, après avoir franchi quelques mètres, une attraction se manifeste ; 1l enfonce dans le sol une nouvelle fiche qui marque un point de la deuxième parallèle. [1 détermine, par le même moyen, les points des autres côtés du quadrilatère et il trace ainsi sa deuxième parallèle. On déter- mine de la même manière une troisième, une quatrième parallèle, 52 A. POSKIN. — ÉTUDE jusqu’à la ligne d’affaissement du sol ou plutôt jusqu’au point où il ne” | se manifeste plus d’attraction. Revenons à la première parallèle. Partant de l’extrémité de la ligne d'attraction, marquée d’un point de répulsion jalonné, l'opérateur descend dans le champ neutre qui s'étend de la première à la deuxième parallèle. Du milieu de ce champ neutre, l’opérateur s'éloigne vers + 3narallèle FIG. ». une des extrémités, sur la gauche par exemple. Des appels vont se produire sur le révélateur; on en comptera le nombre; puis on répé- tera la même opération à droite. Le nombre d'appels doit être égal à droite et à gauche. On connaîtra ainsi le nombre de triangles dont les sommets s'appuient sur la première parallèle et les bases sur la deu- xième parallèle. On descendra vers la deuxième parallèle; on se pla- cera un peu en deçà, à quelques centimètres, et l’on comptera combien de fois le révélateur est attiré dans l’aire d’un triangle. Il sera constam- ment attiré trois, six, neuf ou douze fois. On procède de même pour établir les autres triangles des autres parallèles. PROFONDEUR DE LA SOURCE. Ces constatations faites, il y a deux méthodes pour calculer la profondeur de la source ou d’un griffon : la méthode du radiomètre et la méthode des triangles. A) Radiomètre. — On place l'appareil au croisement de la ligne de rayonnement et de la première parallèle. On joint d’un côté le pôle positif du radiomètre à un piquet métallique enfoncé dans le sol; de l’autre, le pôle négatif à des bobines de 20, 40 ou 60 mètres, ete.,. que complète un double décamètre en acier. Ainsi placé, le radiomètre . SUR ELA BAGUETTE DIVINATOIRE. 93 annihile l’action de la première parallèle ou ligne tellurique, non pas dans toute son étendue, mais dans une fraction plus ou moins large ; les triangles qui s'appuient sur la partie annihilée seront dits triangles de division et les triangles qui s'étendent au delà seront dits triangles de force. L'opérateur, muni du révélateur positif, suit le til du décamètre et, lorsqu'une répulsion rejettera en arrière le révélateur évoluant au- dessus du double décamètre, la distance du point de répulsion au radiomètre sera égale à la distance du radiomètre au niveau profond des effluves, c’est-à-dire de la source (loi 8). B) Triangles. — Quand, au moyen du radiomètre, on à trouvé le nombre des triangles divisionnaires et le nombre des triangles de force entre la première et la deuxième parallèle, on multiplie le nombre de triangles divisionnaires par le chiffre exprimant la hauteur relevée en mètres et centimètres entre les deux premières parallèles. Supposons cinq triangles divisionnaires entre les deux premières parallèles de chaque côté de la ligne de rayonnement, soit dix triangles, et la distance entre les deux parallèles de 7°20 : la profondeur de la source est de 72 mètres. Les deux méthodes se contrôlent et donnent des résultats identi- ques. DÉBIT, PRESSION ET NATURE DES EAUX. Nous n’irons pas au delà de cet exposé et nous renvoyons à l'ouvrage ÿ pour savoir par quel procédé l’auteur détermine le débit et la pression, de même que la nature des eaux ; cela nous entrainerait trop loin. Critiques. Nous avons tenu à donner une analyse assez étendue du travail de M. H. Mager exposant les expériences de M. Jansé. Il est assez difficile de se prononcer sur la valeur de ce travail et sur la sincérité des expériences. Ce n’est pas parce que ces expériences sont habillées scientifiquement que nous devons les accepter sans autre contrôle, pas plus que les hypothèses qui servent à les étayer. Et d’abord, le titre : Les Radiations des corps minéraux, n’est pas adéquat à la matière traitée dans l’œuvre. Radiations aurait pour signification matière radiante, c’est-à-dire un état spécial de la matière tenant le milieu entre l’état pondérable et l’état impondérable, comme D4 A. POSKIN. — ÉTUDE l’émanation. Or, dans tout le travail, il ne s’agit que d’état magnétique ou électromagnétique, grâce auquel un homme, rendu plus sensible au moyen d’un instrument nommé vaguement multiplicateur, et par l’intermédiaire d’un révélateur, perçoit ce fluide électrique ou magné- tique émis par les corps minéraux. Malgré la longueur du travail et le souci de l’auteur de laisser supposer qu'il à tout dit et tout exposé sans réticences, 1l nous reste des doutes. Ceux-ci ne pourraient se dissiper que par la vérification des expériences, faite en présence de gens sur la sincérité et la com- pétence desquels il ne pourrait y avoir le moindre doute. Si ce travail n'a pas d’autre but que la science et son avancement, s’il ne s’agit que d'y mettre en lumière des propriétés magnétiques ou électriques des corps, ou des propriétés radiantes des minéraux, végétaux et animaux soupçonnées depuis longtemps, mais jusqu’iei incomplètement expli- quées, pourquoi ne pas mettre en mesure de répéter les expériences et d’en tirer des déductions, les savants qui voudraient le faire et qui, par l’autorité de leur nom et de leur science, ne manqueraient pas d'apporter une confirmation éclatante des théories et des expériences, si celles-ci sont sincères? On nous objecte que ces savants pourraient ne pas posséder le fluide nécessaire. Mais puisque M. Jansé, par son multiplicateur, peut faire tourner la baguette ou le révélateur entre les mains de personnes qui, normalement, sont dépourvues de force fluidique et qu'il peut à volonté augmenter la sienne jusqu’à égaler celle de vingt-six hommes, il ne doit pas lui être difficile de multiplier cette force chez un savant médiocrement pourvu (il doit s’en trouver) au point qu’il puisse refaire les expériences. Si la méthode de M. Jansé n’est pas secrète, « s’il n’est pas un seul tourneur de baguette susceptible, à notre époque, d'interpréter les attractions et les répulsions éprouvées par la baguette », pourquoi craindrait-1l de soumettre ses instruments à l’examen des savants et de répéter devant eux ses expériences sur un champ, de lui inconnu, et qui lui serait imposé comme champ d'expériences? Si sa méthode est un secret, qu'il veuille l’exploiter et en tirer profit, K nous n’avons rien à dire; c’est son droit, mais alors la méthode n’a ! plus rien de scientifique qui puisse nous intéresser; elle passe sur le champ de foire et à la quatrième page des journaux, entre l’électro- vigueur et les pastilles G..…., avec cette restriction qu’elle n’est brevetée ni avec ni S. G. D. G. Qu'est-ce au juste que son radiomèétre et son multiplicateur ? SUR LA BAGUETTE DIVINATOIRE. se 212) Nous en sommes réduits, pour les apprécier, aux conjectures. Et pourtant, ces deux instruments sont les outils primordiaux sans lesquels il ne pourrait opérer. C’est le multiplicateur qui donne la sensibilité à ses baguettes et c’est le radiomètre qui, « sensible aux résistances électriques les plus infimes, lai permet de connaître l'éloignement des corps radiants et, par suite, la profondeur des eaux, des filons et des gisements miniers ». Il y à d’ailleurs à toutes les pages du travail des réticences qui autorisent la suspicion ; il y à des déductions qui sont hasardées et des théories empiriques. Nous ne voulons pas allonger outre mesure ce chapitre des critiques. Citons, à ütre d'exemple de théorie empirique, celle sur laquelle lau- teur s'appuie pour déterminer la profondeur, le débit et la pression des sources profondes. [1 s’agit de la méthode des triangles, triangles de forces, triangles de division, de leur nombre sur chaque ligne paral- lèle, de la distance entre chaque parallèle, qui fournissent à M. Jansé les éléments du caleul à faire pour trouver les solutions des problèmes cherchés. On pensera, comme nous, que ces éléments de calcul sont hypothé- tiques et qu'on aurait tout aussi vraisemblablement pris pour résoudre les mêmes problèmes, des données comme celles de l’âge de M. Jansé, multiplié par la mesure de la taille de M. Mager et divisé par la hau- teur du baromètre au jour de l’expérience. On nous objecte des résultats positifs et vérifiés. Nous ne les nions pas; mais nous ne les avons pas vus. Est-ce à dire que nous repoussons en bloc toutes les théories de l’auteur ? Nullement. I y a dans son travail quantité de faits intéressants qu’on pourrait vérifier, qu'il ne faudra pas perdre de vue et qui serviront peut-être un jour à édifier une méthode vraiment scientifique de se servir de la baguette divinatoire, revenue au simple rang d’instrument de physique n’ayant absolument plus rien de mystérieux, même aux pays les plus ignorants. Tel le fait de la rotation du pendule qui fut démontré il y a plus d’un siècle et qui, malgré cette démonstration, fut officiellement condamné comme pendule explorateur. Et pourtant, dirons-nous avec Galilée : Æ pur si muove!….. il tourne, entre d’autres mains que celles de M. Jansé armé de son mulüplicateur. Et nous nous proposons bien de vérifier. 56 A. POSKIN. — ETUDE SUR LA BAGUETTE DIVINATOIRE. CONCLUSIONS. Si la rabdomancie est un art qui a servi parfois à étayer des super- cheries, il n’est pourtant pas possible de répudier tous les faits qu'elle a mis en évidence. On ne peut pas nier des faits et leurs conséquences quand même on n’a que des hypothèses pour les expliquer. Or, il est incontestable que, tenues par certaines mains, les baguettes végétales ou métalliques ont la propriété de se mouvoir lorsqu'elles sont portées au-dessus de sources, de filons et de gisements miniers. C’est là le fait capital. [l est affirmé par quantité de savants des siècles passés; 1l à été constaté par des savants de nos jours. Doit-on attribuer ces mouvements répulsifs ou attracufs à des contractions involontaires el inconscientes des mains de l'opérateur? Doit-on les attribuer à des effluves, émanations attractives ou répul- sives de la matière —- source d’eau, filon métallique, ete. — qui, s’élevant des profondeurs du soif, viennent influencer l’homme chargé de fluide contraire ou semblable, en déterminant dans la baguette des attractions ou des répulsions, causes de ces mouvements? Est-ce, comme semblent le croire MM. Jansé et Mager, un simple effet électrique où magnétique dont le courant (fluide) est, dans un certain rayon, Intercepté par une baguette métallique dont la sensibilité est renforcée par un mulliplicateur au point d’agir vis-à-vis de la matière minérale sous-jacente du sol, comme l'aiguille aimantée vis-à-vis du bloc de fer qu’on lui présente de loin? S1 les faits de M. Jansé pouvaient être reconnus exacts, la solution du problème ne serait pas malaisée à trouver. Car, en rejetant même comme fantaisistes certains calculs de l’auteur concernant la profon- deur, le débit et la pression des sources profondes, il reste dans son travail beaucoup de faits qui, faciles à vérifier quand on possède le radiomètre et le multiplicateur, seraient de nature à entraîner une conviction complète, s’ils étaient vérifiés, sous la direction de M. Jansé, par des gens compétents et impartiaux. Jusqu'à ce moment, 1! faut se méfier. BIBLIOGRAPHIE 152. — Dragon rouge (Le véritable). Où il est traité de l’art de commander les infernaux aériens et terrestres, faire apparaitre les morts, lire dans les astres, découvrir les trésors, sources, ruines, etc., plus la Poule noire, édition augmentée des Secrets de la reine Cléopâtre, secrets pour se rendre invisible, secrets d’artéphires, etc. S. G. (Sur l’édition de 1524), in-12. 1631. — P. ARTH. KIRSCHER, De la Baguette employée pour la recherche des mines et des eaux. 1636-1649. — MARTINE DE BERTEREAU, La Restituiion de Pluton. 1659. — P. GASPARD SCHOTT. 1693. — P. PIERRE LEBRUN, D's CHAUVIN et GARNIER. 1693. — L’abbé DE VALLEMONT, Physique occulte, in-19. (Edit. 1709, 1799 1758, Paris ; 1696, Amsterdam ; 1722, La Haye.) 1694. — Père MENESTRIER, Des indications de la Baguette pour découvrir les sources d'eau, les métaux cachés, etc. 1694. — OEuvres du P. MALEBRANCHE, de l’abbé DE RANCÉ, de l'abbé PrRor, etc. 1699. — MALEBRANCHE, Lois générales de la communication des mouvements, de édi- tion, 1699. 4741-1797. — ForMEy, Dictionnaire des Merveilles de la Nature. 1781. — Dr THOUVENEL, Mémoire physique et médicinal. 1826. — De TrRisTan (Cte), Étude sur la Baguette et les Effluves terrestres. 4853. — RionperT (du Var), Mémoire sur la Baguette divinatoire employée à la recherche des eaux souterraines. (Comptes rendus de l’Acad. des Sciences de Paris, 91 mars 1853.) IBm., Rapport par M. Chevreul au nom d’une Commission composée de MM. Chevreul, Boussingault et Babinet. 4853. — L'abbé CHEVALIER, La Baguette divinatoire justifiée scientifiquement. 1854. — CHEVREUL, De la Baguette divinatoire, du Pendule dit explorateur et des Tables tournantes. 1854. — DE MoroGuEs (Bon), Observations sur les mouvements des Baguettes. 1856. — L'abbé PARAMELLE, L'Art de découvrir les sources. (2° édit., 1859.) 1863. — L'abbé CaRrié, L'Art de découvrir les sources par l’électro-magnétisme. Saintes, 1863. 1909. — H. MaAGER, Les Radiations des corps minéraux. Recherche des mines et des sources par leurs radiations. Paris, H. Dunod et E. Pinat, éditeurs. GRANDE ENCYCLOPÉDIE, t. IV, p. 1165, art. Baguette divinatoire. DICTIONNAIRE P. LAROUSSE, t. II, p. 59, art. Baguette. Dr SurBLED, Le Secret des Sourciers. Paris, Maloine. Bréviaire (Le) du Devin et du Sorcier contenant le Traité de la Baguette divinatoire, le Dragon rouge, les Merveilleux secrets du Petit Albert, l'Enchiridion du pape Léon III, et autres formulaires magiques, pour guérir tous les maux, commander aux démons, conjurer leurs maléfices, découvrir les sources, les trésors cachés et même les voleurs et les assassins; suivis de curiosités infernales et occultes. Paris, s. d., br. in-19, TABLE DES MATIÈRES Pages Définition. . ©. 2.0 2 00 0 en à CON 97 Historique 98 Sourciers actuels... 12 ME D MNNENNNNMENNANENREN 39 SOURCIERS À LA BAGUETTE . Lee 00.00. NS SONO NS 32 SOURCIERS A LA BAGUETTE PAR PROCÉDÉS SCIENTIFIQUES . . . . . . 39 “Instruments à 20, 504 DER NT MONET ER RE 40 Révélateurs : .' . .. =, 2 NS NN 40 Radiomèétre "2 «ut 60e ie I SN JA Multiplicateur 4,4 048 Ne PEN RER 15 Pendule explorateur. : . :. CORNE 42 Propriétés des instruments Révélateurs . | Pendule.explorateur 4,1% ,8124804 02 MEN ANNE 4 Radiomètré: 14004) UN St NE A4 Lois. eu es LS ne Le CNRS Applications: . =... 1,400 0 Vie NS PREMIERE Rechérche dés mines 2.1 227.000 NE 48 Recherche des sources 4. 040,020, CORRE d0 Opérations 44 5000 ul ere UN AT ENORME JL Profondeur de la source. - "LU CO CT OO ME INRP RES 29 Débit, pression.et naïure des ‘eaux. M. 007 INC PMANMENNEMNENRSE 93 Critiques... 0 San 0 A MONA OENNNSRESE RS Conclusions Pure 0. Ut ONE ReUN te Bibliographie... . 0. 1 0 TS ON CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS PAR le D' A. POSKIN (!) Médecin consultant aux Eaux de Spa. Les sources minérales sont nombreuses en Ardenne; toutes ou presque toutes sont froides, ferrugineuses bicarbonatées et gazeuses naturelles. Beaucoup de ces Pouhons, — c’est le terme générique des sources de l’Ardenne, — comme des trésors ignorés, sont honteusement délaissés qui, captés même sommairement, pourraient fournir des ressources thérapeutiques et hygiéniques aux habitants de toute une région. Il y à vingt ans que Je signalais le fait (?) en disant que « les eaux minérales de la Belgique forment actuellement une partie improduc- tive de la richesse nationale que nos voisins, les Français et les Alle- mands, n'auraient garde de négliger comme nous l'avons fait, surtout en raison de l’importance locale que les stations balnéaires, même la simple exportation, la seule vente des liquides minéralisés, ajoute- raient à la prospérité des villages ». Depuis cette époque et sous la pression de la vogue si rapide des eaux minérales, quelques sources ont été captées et de louables tenta- tives ont été faites pour substituer nos eaux naturelles, au moins dans notre pays, à des eaux minérales étrangères qui ne les valent pas, ou (1) Mémoire présenté à la séance du 17 mars 1909. (?) Les sources minérales de la Belgique. (Burx. Soc. BELGE DE GÉOL., ETC., t. [, 1858, Mém., pp. 348-389.) même à des eaux qui n’ont de minérales que le nom, simples liquides gazéifiés, on sait par quels procédés, ou même à des eaux minérales économiques étiquetées franchement artificielles et donnant à volonté au buveur suggestionné l'illusion qu'il boit des eaux minérales identi- ques aux eaux naturelles de même nom. Pourquoi se donner tant de peines pour s’illusionner ou boire de travers des eaux étrangères, quand nous pouvons patriotiquement boire des eaux belges gazeuses naturelles qui ne coûtent que la peine de les recueillir aux sources nombreuses et abondantes qui jailissent de notre sol ? | Capter une source n’est pas un travail bien difficile et bien coùû- teux (!). Il consiste, en résumé, à fournir à une venue d’eau minérale déterminée un chemin présentant le maximum de facilité, en isolant cette venue des eaux étrangères et sauvages. Capter en pays ardennais est facile puisque le travail se fait dans les roches dures à peu de. distance du sol, que ce soit en terrain cambrien : Devillien, Revinien ou Salmien, ou en terrain dévonien inférieur : Gedinnien, Coblen- cien ou Burnotien. Et c’est précisément parce que le travail est facile et peu coûteux que je vous soumets cette étude comparée des différents captages opérés en Ardenne, afin que sa lecture incite les propriétaires de sources à entreprendre ces travaux et à ne plus laisser se perdre les sources qu'ils possèdent. 60 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES Anciens captages. Les anciens captages d'eaux minérales qu'on retrouve encore autour de sources depuis longtemps connues, sont très primitifs. On trouvait d’ailleurs l’eau minérale sortant directement du rocher, et on se bor- nait alors à l’isoler tant bien que mal, au moyen d’un encadrement de bois de chêne ou de fer, entouré d’une maçonnerie. On peut encore voir cet ancien mode de captage à la Sauvenière, à Spa (Pouhons de la Sauvenière et du Groesbeck). Le fond de cette vasque primitive est simplement le rocher en place, entre les fissures duquel on voit l’eau (1) Ce n’est pas l'avis de certain conseil communal qui, dernièrement, proclamait qu'il n’y avait en Belgique aucun spécialiste capable de capter une source minérale et qu'il fallait aller outre-Rhin, ou outre-Quiévrain, chercher ces spécialistes. Comme si n'importe quel ingénieur des mines belge n’aurait pu entreprendre pareil travail et le mener à bonne fin ! Nul n’est prophète en son pays. EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. Gi minérale et le gaz carbonique se faire jour. On a retrouvé ce même encadrement aux Pouhons de Hornay (Géronstère), de Watrooz et de Warfaaz (ancienne source du Bricolet). Parfois, il n’y avait pas même d’encadrement, ainsi au Tonnelet avant son captage. Pour séparer l’eau minérale du terrain voisin, on avait coiffé le griffon d’un tonneau dont on avait supprimé les deux fonds. C’est même à cette particularité que le Tonnelet doit son nom. Ces captages, même mis à l’abri par des monuments, exposaient l’eau minérale à être polluée par l'extérieur (poussières, puisemeni, négligence ou malveillance) et à être affaiblie par lapport d'eaux douces qui avaient toute facilité pour s’intiltrer. Pour Spa, on ne s'explique la négligence des autorités communales qui ont toléré jusqu’aujourd’'hui ces lamentables captages, que par cette opinion bien ancrée dans l’esprit des neuf dixièmes des Spadois, que les sources minérales ne sont que les prétextes, et les jeux, les vraies sources de la prospérité de la station balnéaire. En dépit de tout ce qui rend de plus en plus aléatoire l'exploitation des jeux, qui dit le contraire est un ennemi de Spa. Principales sources de l’Ardenne. Comme je le disais plus haut, les sources minérales de l’Ardenne portent toutes la dénomination de pouhon qui, dans ce cas, devient le terme générique d’eau minérale ferrugineuse gazeuse naturelle, comme le terme Spa, dans les pays de langue anglaise, est synonyme d’eau minérale sans distinction d’élément caractéristique. Voici les prinei- pales sources de l’Ardenne : SPA (12 sources captées) : Beaucoup d’autres abandonnées ou perdues. SART LEZ-SPA (5 sources) : Le Pouhon Marie-Henriette, le Pouhon Due de Wellington et le Pouhon de Warfaaz (ancien Bricolet). LA REID (4 source, : Le trou du Pouhon. FERRIÈRES (2 souTces) : Le Pouhon de Wésomont; Le Pouhon de St-Roch. LORCÉ (2 sources) : Les deux Pouhons de Lorcé. 62 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES ERNONHEID (2? sources) + Le Pouhon d’Ernonheiïd; Le Pouhon de Berleur. HARZÉ (2 sources) : Le Pouhon d’en Haut; Le Pouhon d’en Bas (de Bernardfagne). WERBOMONT (2 sources) : Le Pouhon de Werbomont; Le Pouhon de Bosson. STAVELOT (5 sources) : Les Pouhons de Blanchimont (2 sources); Le Pouhon du Rivage (source Marie-Élise) ; Les Pouhons de Challes (2 sources). WANNE (4 source) : Le Pouhon de Wanne. CHEVRON (2 sources) : Le Pouhon de Petit-Bru (source de Chevron); Un autre Pouhon non dénommé. LA GLEIZE (2 sources) : Les Pouhons de Ruy. FOSSE-SUR-SALM (2 sources) : Le Pouhon d’Henri-Moulin; Le Pouhon de Coo (perdu). GRAND-MENIL (2 sources) : Le Pouhon de Bergister ; Le Pouhon de Bois du Pays. HARRE (4 source) : Le Pouhon de Harre. MORMONT (2 sources) : Les Pouhons de Laidloiseau (1 perdu). GRAND-HALLEUX (41 source) : Le Pouhon de Hourt. Roy (1 source) : Le Pouhon de Lignières. MARCOUR (4 source) : Le Pouhon de Marcour ou de Grand-Bru. La plupart de ces sources minérales sont anciennement connues: Elles sont déjà citées en 1559, dans le Recueil des fontaines minérales des endroits de la Forét d’ Ardenne de Lymborch. | À { } % * | i EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. 63 Situation. Un fait qui ne souffre pas d’exception en Ardenne, c’est que toutes les sources minérales sont situées le long des ruisseaux ou des rivières, au bord de ceux-ci et parfois même au milieu de leur lit. On peut s’en convaincre si l’on consulte la carte des sources minérales de l’Ar- denne (!). Cette disposition n’a rien que de très normal. En effet, les cours d'eau marquent le thalweg des vallées, c'est-à-dire pour des sources le point de moindre résistance pour arriver au jour. Lorsqu'il s’agit de vallées d’effondrement, c’est aussi le point favorable, puisque les roches ont subi une rupture jusqu'à une grande profondeur et que les griflons peuvent arriver au Jour par les cassures des roches. À titre d'exemple, je citerai les sources minérales de Spa et des environs immédiats, dont la disposition est bien caractéristique et bien connue. Si l’on prend comme point de repère la ligne de faite Vecquée- Porallée : A. Sur le versant Nord, en partant de l'Est, on trouve : 1° Dans la vallée du Wayai : 4) une source minérale englobée dans le lac de Warfaaz ; B) le Pouhon des Blanches Pierres, représenté par le marécage ocreux dans la prairie située derrière le Bassin de nata- tion ; c) le Pouhon Prince de Condé (deux sources) qu’un travail récent de ereusement d’égout m'a fait reconnaître comme appartenant à la vallée du Wayai; D) la Fontaine d'or, près de l’établissement des Bains. Cette vallée principale marque le point le plus déclive de la fracture étendue de Spa à Royompré, marquant le contact des étages salmien et revinien ; 2 Dans la vallée secondaire du Ruisseau de Soyereux, qui vient confluer dans le Wayai, sous le lac de Warfaaz, on trouve : 4) en haut, les sources naturelles d'acide carbonique (Trous au mauvais air); 8) le Pouhon Duc de Wellington, récemment capté; c) le Pouhon de War- faaz ; ») le Pouhon Marie-Henriette ; €) le Pouhon du Tonnelet qui semble dépendre de la même vallée ; 3° Dans la vallée secondaire où coule le Ruisseau d'Orléans, on trouve : 4) en haut, les Pouhons de la Sauvenière et du Groesbeck ; (!) Topographie médicale du Royaume de Belgique. 57e Monographie. Dr A. Posxix, 1909, Liége; Vaillant-Carmanne. Publié par la Société royale de Médecine publique de Belgique. 64 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES B) plus bas, le Pouhon de Watrooz, aujourd’hui remblayé et peut-être. perdu ; | 4 Dans la vallée secondaire de la Picherotte, on trouve : À) le Pouhon Delcor ; 8) le Pouhon des Vers ou des Artistes; c) au confluent de Ja Picherotte avec le Wayaiï, le Pouhon Pierre le Grand ; 5° Dans la vallée secondaire, où coule le Ruy du Pendu, on trouve le Pouhon Pia ; 6° Dans celle où coule le Ruisseau de Meverbeer, on trouve : 4) en haut, les deux Pouhons de la Géronstère (vieille source et Hornay) ; B) plus bas, le Pouhon de Barisart ; c) au milieu du ruisseau, vis-à-vis _ de la ferme Lelognard, un pouhon abondant sortant de la roche et non capté ; 7° Dans la vallée de l’Eau-Rouge, venant de Heure-Gilson, on trouve : À) tout en haut, deux pouhons non dénommés, à côté l’un de l’autre, au milieu du bois ; B) le Pouhon de Vechterre, dans une prairie à droite de la route qui descend de Winamplanche à Marteau; c) en baut de la petite vallée occupée par un affluent de l’Eau-Rouge, à Fagne-Marron (Desnié), le Trou du Pouhon. B. Sur le versant Sud de la Vecquée-Porallée, en venant de l’Est : 1° On trouve dans la petite vallée du Ruisseau de Beversé (Allema- gne), le Pouhon de Beversé ; 2° Dans la vallée de l’Eau-Rouge, affluent de l’Amblève, on trouve : A) les deux Pouhons de Blanchimont; 8) le Pouhon de Rivage (source Marie-Élise) ; c) les deux Pouhons de Challes, au confluent de l’Amblève et de l’Eau-Rouge ; | : 3° Dans la vallée du Roannay, affluent de l’Amblève, on trouve les deux Pouhons de Ruy (La Gleize). On pourrait répéter la même chose pour toutes les autres sources de l’Ardenne. Nature des terrains. Toutes les sources dont nous avons donné la nomenclature (voir plus haut) sortent du terrain primaire. 1 Pouhon émerge du Devillien. 15 Pouhons émergent du Revinien. } Cambrien. 41 Pouhons émergent du Salmien. 10 Pouhons émergent du Gedinnien. 7 Pouhons émergent du Coblencien. 1 Pouhon émerge du Burnotien. 1 Pouhon émerge du Couvinien. 46 EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. 65 On trouve les sources minérales à des profondeurs à peu près con- stantes. Comme elles jaillissent au fond des vallées et près des cours d’eau, la couverture au-dessus de la roche en place est plus ou moins épaisse. Outre la terre végétale qui parfois manque, on trouve des épaisseurs variables d'ocre déposé par la source, de la tourbe et de l'argile plastique (1), du gravier indiquant les anciens lits ou les débor- dements de rivière; des argiles jaunâtres ou rougeâtres, très fortement colorées parfois par l’eau minérale, avec des blocs plus ou moins volu- mineux de quartzites, des roches très altérées par l’eau minérale, gar- dant la coloration de la roche dure (gris bleuâtre souvent) et la dispo- sition stratigraphique de celle-ci, et enfin la roche dure en place. Suivant la plus ou moins grande épaisseur de la couverture, on trouve la roche dure à une profondeur variant de 5 à 10 mètres; c’est cette roche dure qu'il faut atteindre pour capter la source, l’isoler eflicace- ment et lui assurer le maximum de composition et de débit. Presque partout, une source d’eau douce accompagne le pouhon et augmente les difficultés du captage. Cette source d’eau douce se ren- contre dans les parties perméables de la couverture à des profondeurs ne dépassant guère 4 mètres. En général, ces sources superficielles donnent une eau de bonne qualité et peuvent être utilisées si, dans un certain rayon voisin, Il n’y à n1 prairie, n1 terrain cultivé, ni maison d'habitation pouvant donner lieu à des contaminations. Ces eaux ont la même composition chimique que celles des puits, fontaines, sources et rivières des environs. Circulation des eaux minérales. Les eaux minérales ne forment pas de nappes continues faisant communiquer les sources entre elles. Les pouhons sont localisés — seuls ou en groupes — à des points d'échappement d'acide carbonique _{moffettes) que l’on reconnaît, lorsqu'elles sourdent dans des prairies, à des taches roussâtres disséminées, où lherbe ne croît plus. C’est ainsi qu'on peut rencontrer deux sources minérales à très peu de distance l’une de l’autre et dont l'indépendance hydrostatique et la composition chimique différente attestent la filiation d’une nappe différente. On à (1) Ces deux composants vont presque toujours de pair. L’argile plastique n’est, en effet, que l'argile jaune sous-jacente, lavée par les acides humique, ulmique, crénique et apocrénique de la tourbe. 4909. MÉM. 5 66 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES pu ainsi capter certaines sources à des distances très petites l’une de. | Pautre, sans troubler ni diminuer leur débit réciproque. Les eaux minérales ont un trajet ascendant. Elles circulent entre les strates des roches redressées, mais comme les interstices entre les feuillets des strates sont très réduits, le débit au sommet de celles-ci serait très faible et s’étalerait en une nappe d'importance négligeable qu'il serait difficile de collecter à la surface. Pour qu’une source minérale arrive à la surface du sol et révèle sa présence, 1l faut que le débit soit suflisant et produise un dépôt d’ocre plus ou moins impor- tant. [l faut donc que les eaux minérales circulant entre des séries de strates, puissent, à travers elles, communiquer, se réunir en une col- lection suffisante et monter à la surface. C’est, en effet, ce qui se passe dans la profondeur du sol et jusqu’au sommet des roches dures. Voiei ce qui se présente le plus souvent. Dans les couches cambriennes du terrain ardennais, le soulèvement de la chaîne calédonienne affectant les roches sédimentaires, à déter- miné de nombreuses cassures depuis le niveau du sol jusqu'à une pro- fondeur inconnue; dans les couches dévoniennes, e’est le plissement hercynien qui à déterminé dans les roches sédimentaires des cassures plus ou moins importantes. Les roches disloquées peuvent d’ailleurs être restées tout à fait en place, ou bien avoir été notablement déplacées par glissement de ter- rain au point de constituer une faille; le résultat est le même au point de vue de la collection de l’eau minérale. Dans l’un et l’autre cas, cette collection se fait comme si l’on avait pratiqué, en profondeur, un sondage pour recouper les strates des roches et créer pour l’eau un point de moindre résistance, un véritable appel d’eau minérale, avec cette circonstance éminemment favorable qu'ici, outre le recoupage en profondeur, il ÿ a recoupage en longueur sur une étendue plus ou moins grande. Ces cassures ou ces failles peuvent être ouvertes; mais l’on constate le plus souvent que des fissures ont été remplies postérieurement par des silicates en solution qui ont ensuite cristallisé, formant ces veines de quartz qui traversent l'épaisseur des strates sur une grande pro- fondeur. Ces quartz sont parfois compacts, parfois en aiguilles à forme géométrique plus ou moins parfaite dans des espèces de géodes, parfois en blocs irréguliers laissant entre eux des espaces d’étendue variable et communiquant entre eux. Ces blocs, plus ou moins cuboïdes et plus ou moins gros, sont non adhérents ou peu adhérents aux parois de la cassure. C’est surtout quand les solutions de silicates qui ont EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. À 67 formé le filon de quartz sont mélangées à des sels ferreux qu’on voit cette formation en blocs. Sur une profondeur parfois considérable, les strates des roches primaires sont recoupées par des coulées de quartz qui occupent une cassure, formant une espèce de canal et faisant l'office d'un forage à grande profondeur. C’est le cas pour beaucoup de sources ferrugineuses. Origine. Ce n’est pas le moment d'entamer aujourd'hui ni de renouveler la discussion de jadis à propos de l’origine des sources minérales de lArdenne. Depuis 1888, de nouveaux arguments pour les deux thèses ont été publiés et ont été acquis sans être publiés. Je me propose de les exposer à la Société dans un travail spécial, atin qu’on puisse les discuter et en tirer des conclusions plus 6u moins définitives. Le moment est propice, puisque la Législature est saisie de nouveau d’un projet de périmètre de protection des sources minérales. Captage. — Procédés. Si l’on veut capter une source minérale, il faut, outre les notions sénérales que je viens d'exposer, connaître aussi quelques précautions à prendre pour que le travail marche sans accrocs et sans trop de risques. Je me propose de les résumer à la fin de mon étude et comme con- elusions de l'exposé des différents procédés employés. Les procédés employés pour capter les pouhons sont peu variés. Cependant certains captages ont des avantages sur d’autres, et c’est pour ce motif que Je me propose de vous mettre les plans sous les yeux. 1868. — Captage du Pouhon Marie-Henriette (Nivezé). C'est le plus ancien captage scientifique opéré en Ardenne et cest l’œuvre de M. Jules François, inspecteur du Corps des mines de France. C’est des travaux éminents et des principes de cet tilustre ingénieur que se sont inspirés tous ceux qui ont capté, en France ou ailleurs, des sources minérales. De 1838 à 1865, on a capté ou enchambré en France trois cent trente-trois sources anciennes et on en à découvert et capté deux cent trente-quatre nouvelles. 68 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES L'idée fondamentale dont Jules François a été l’initiateur, idée. suivant laquelle on doit procéder à tout captage d’eau minérale, est la suivante : fournir à l’eau minérale un passage pour ainsi dire forcé, en raison de la résistance minima qu'elle doit y rencontrer ; atlaquer franchement la roche vive pour arriver au gisement, le saisir et lui imposer un écoulement à l'abri des causes étrangères d’altéra- tion. Ce sont ces principes que l’éminent hydrologue appliqua au captage de la source Marie-Henriette. Au milieu de terrains marécageux où se montraient de nombreux naissants d’eau minérale, on pratiqua une tranchée à ciel ouvert pour déblayer les terrains meubles qui recouvraient la roche en place. ù La roche dure fut rencontrée à 9 mètres de profondeur et ces 9 mètrés enlevés par la fouille se composaient de : | Mètres. Terre arable.-Alluvions} 2 MR AT TSEREE 0.30 Tourbe herbacée avec fragments de bois OSSLIEUEP SES AIRES S 4e SUP Argile avec débris de phyllades, de quartzo- phyilades et de gros blocs de quartzite | bleuâtre veiné de quartz blanc . . . . 8.90 ————————— TOTALE UE RHESNIE 9.00 Pour provoquer la collection complète des sources, on entreprit un sondage à grande section constituant un drain vertical à travers la roche dure. Le trou de sonde a traversé : | Mètres. Psammite: "00 OR 2.61 SChiste gris ‘2,006 en EN RE Psammite Quartieux CN ONE RS 2.64 Phyllade gris bleuâtre d’une dureté moyenne . 12.71 TOTAL. er NE 20.70 Toutes ces roches appartiennent à l’étage salmien (Smf). La profondeur totale à été de : Mètres. Foulle sr AT TT CELA ee 9.00 Frou'de sonde." 0 PR AS 0070 TOTAL RM SUO AT À ) Pouhon Marie-Henriette, à Spa. | | Sol RATE ROLE DES || = £ ou 7 JERECRESI Coupe suivant CD 5 / li Zn ‘À A “ : A | | Galerie de 8170 è | Fee = LE | | É >. LL TTL IMM IE in TE Île cm IB NÉ RC AE On Et IN étre ve Ra RE A : n PE el FD Coupe t AB Ne ne D s Z SOS ES Se 5 LÀ D KE? Aile : _ SS 2 D À 2 «8 1] Diam -035 Ps 00 N 1 = (Plan à la hauteur de la salle de captage a Coupe suivant, EF À. L | 9 L LS Ce Z / & Z > SAS mm LL RES Profondeur 2970 CS GE ÉCHELLE (1 7 3 4 £s metres Captage exécuté en 1868 sous la direction de M. J. François, inspecteur du Corps des mines de France, avec la collaboration de M. J. Van Scherpenzeel-Thym, ingénieur principal du Corps des mines de Belgique. 1: Phyllades gris bleuâtre (1271). 2. Psammites quartzeux (2"64 . . Tube en tôle. . Tube en fer fenêtré (diamètre : 0m35). T à 3. Schistes gris (274). c. Rocaille. 4. Psammites (2m61). d. Sable. 9. Argile d’altération avee débris de e. Ciment Portland. phyllades (8"20). f. Béton. 6. Tourbe herbacée (050). g. Maçonnerie. 1. Terre végétale (0"30). h. Cheminée d'aérage. 70 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES Les roches présentent une straüfication régulière du Nord-Est au Sud-Ouest 270°, avec une inclinaison Sud-Est de 80 à 85°. Le débit de l’eau (y compris la venue d’eau douce) à augmenté progressivement jusqu’à la profondeur totale de 22"70, pour atteindre 500 mètres cubes en vingt-quatre heures. Dans le trou de sonde, on a engagé un tube de tôle de 0"35 de diamètre, fenestré sur une hauteur de 10 mètres correspondant à la zone aquifère. À 10 mètres de profondeur, c’est-à-dire à 1 mètre de profondeur dans le psammite et sur 12 mètres de diamètre, on a creusé la roche. autour du tube émergeant en forme de cône vers le centre et l’on y à creusé des rigoles pour relier directement les naissants d’eau mis à découvert sur la surface ainsi excavée (!) à une rigole circulaire, de 0250 à 0"60 de profondeur, creusée autour du tube. On recouvrit ces rigoles de dalles de psammite et on remplit la rigole circulaire de pierrailles -quartzeuses. La roche dure à été dressée au pie autour du tube émergeant et le trou conique à été rempli d’un lit de rocailles de quartzite pour consti- tuer une assise perméable de 010 à 0"15 de hauteur. Une légère couche de gravier siliceux fin et bien lavé recouvre cette assise et sert d’intermédiaire entre la roche en place et la semelle de captage qui recouvre tout l’espace ainsi affouillé. Sur la fouille ainsi préparée, on coula une couche de ciment Portland de 0"50 d'épaisseur, puis sur celle-ci une couche de béton de 2"20 d'épaisseur. La partie du tubage engagée dans le béton n’est pas fenestrée. Elle à 0"47 de dia- mètre et dépasse la semelle de captage de 0"87. Le niveau hydrostatique de l’eau minérale à été établi à 6 mètres sous le niveau du sol. Autour de la chambre circulaire construite sur la semelle de béton, on à créé pour les eaux douces un drain de 0"80 de largeur sur 285 de hauteur. Les eaux douces s’y rendent de l'extérieur par des barba- canes ménagées dans la maçonnerie extérieure et, de là, elles viennent déboucher aux deux angles de la chambre carrée par des tuyaux placés un peu au-dessus du sol. Ces tuyaux sont terminés par un tube articulé. qui sert à régler la hauteur de l’eau dans le drain, selon la pression hydrostatique que l’on veut exercer sur la nappe d’eau minérale. Cette pression a été déterminée expérimentalement par rapport au niveau (4) Vingt-trois gritions ont été ainsi captés. EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. 71 d'écoulement de l’eau minérale. La hauteur se lit sur léchelle cireu- laire que parcourt le coursier du tube articulé et sur une échelle spé- ciale placée contre le montant d'une porte pratiquée dans le mur de la chambre circulaire, en face du réduit. Elle à été calculée de manière que l’eau douce ne puisse jamais pénétrer sous la semelle de béton et se mélanger à l’eau minérale. Cette ingénieuse disposition -- que remplace avantageusement le bac de pression du Prof’ A. Firket (voir plus loin) — n’a d’ailleurs fonc- tionné qu'aux premiers temps qui ont suivi le captage. Peu à peu, on a laissé se boucher les barbacanes, et le drain circulaire n’a jamais servi qu'à l'écoulement du peu d’eau douce qui filtre des terrains avoisinants et non au réglage de la pression hydrostatique sur la nappe minérale. Celle-ci, à la longue, a attaqué la semelle de ciment et de béton dont elle a dissous la chaux; des crevasses s’y sont produites par affais- sement du terrain, et l’eau minérale s’est fait jour en dehors du tube de captage à travers la semelle. On peut en voir jaillir de gros bouillons dans le drain circulaire par le trou d'homme qui y donne accès. Ce captage a été très bien fait; mais il a l'inconvénient de coûter très cher; c’est pourquoi on aurait dû le mieux entretenir. Actuelle- ment, on devrait procéder à une réfection importante : nettoyer le trou de sonde, renouveler le tube fenestré qui, depuis 1868, à eu le temps d'être entièrement dissous; remplacer la semelle de béton par un damage d'argile plastique recouvert de béton; rétablir le drain cireu- laire pour la circulation des eaux douces et la pression hydrostatique. C'est un travail important qui devra se faire tôt ou tard, afin de maintenir à la source un débit suffisant pour alimenter les bains et des qualités chimiques assez marquées pour les besoins thérapeutiques. Composition globale : Fer, caleulé en bicarbonate ferreux (1). . Osr091 COR es rem ts NC 0150 Temperature 0 2, d, ess a 2 +. 907 Kadioactivité (en volts) [aux bains] (2) . . 86.9 (?) A propos du fer des eaux minérales, j'ai dit : Fer, calculé en bicarbonate ferreux. Il semble résulter d'expériences en cours que le fer existerait en solution dans les eaux minérales à l’état d’hydrate ferreux colloïdal. Sous l'influence de loxygène amené par les eaux superficielles, de l'air ou même de la lumière, 1l floculerait sous forme d’hydrate ferrique. D’autres expériences sur le sel de manganèse existant dans nos eaux minérales semblent aussi prouver qu'il est actif surtout à de très faibles doses s’il est à l’état colloïdal. (2) Par heure, par litre. 1 [Se A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES 1872. — Pouhon Pierre le Grand. Ce pouhon a été capté suivant les mêmes principes que le Pouhon Marie-Henriette, et le trou de sonde a atteint la profondeur de 18"45. Le captage est passible des mêmes reproches que ceux exprimés à propos de la source Marie-Henriette. Il devra être réfectionné à bref délai si l’on ne veut pas qu’il perde ses qualités chimiques et théra- peutiques. | Composition sommaire : Fer (calculé en bicarbonate ferreux) . . Osr081 GOT ns LOL AN PNR Température”. VAR ONE 1008 Radioactivité (en:vokts) . 2. M N602 5 1883. — Pouhon du Tonnelet. Le captage du Tonnelet à été exécuté sous la direction de M. J. Van Scherpenzeel-Thym, ingénieur principal à Liége. Il diffère du précé- dent en ce que, au fond de la fouille et au niveau de la roche com- pacte, sur un griffon important, un bout de tube fenestré fut engagé dans la roche à la profondeur de 8"70. Tout autour de l’extrémité inférieure de ce tube et sur la roche dure, on établit un drain au moyen de blocs de quartzites dont la grosseur va en diminuant vers la partie supérieure. Sur ces quartzites on étala une couche épaisse de béton bien relié à la roche compacte pour isoler les griffons de l’eau douce: Roches salmiennes. Débit : 44 mètres cubes en 24 heures. Composition sommaire : Fer (calculé en bicarbonate ferreux) . . . (0s:069 CO au M UE EE 2.889 “fempérature; M0 LrANEUNEERSRnenss 908 Radioactivité (En NOLS) LE Re 88.8. Minéralisation faible, mais très gazeuse. Ne pas oublier que ce pouhon jaillit au voisinage immédiat de moffettes importantes de CO: M. Charles Moureu y a décelé les gaz rares : argon, helium et neon. EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. 13 Pouhon du Tonnelet. Nouveau pavillon. Se RH | n NN sS > D — Ë —— KR sn NN C d'ismètre : 0745 og. ë NN BD ÉCHELLE © 7 DZ 3 4 méêres Losss rs sstisestsssstaoue,s tartes assst sect 1. Roches salmiennes. 9, Béton. 3. Remblai. . Terre arable. . Tube en grès de 0245 de diamètre. 4 A B. Chape en bronze. C. Conduite en grès conduisant à l’ancien pavillon. D . Galerie = _ ne. 74 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES 1885. — Pouhon de Harre. Le captage du Pouhon de Harre fut exécuté en 1885 par M. Ad. Firket, ingénieur des mines, professeur à l'Université de Liége (1). Ce. travail à été fait d’après les mêmes principes que ceux appliqués au Tonnelet. Il en diffère par un dispositif ingénieux que je décrirai plus loiu et qui réalise, au point de vue protection, débit et composition chimique, ce qu’il y a de plus parfait. Le Pouhon de Harre jaillit à l'extrémité Nord-Ouest de la commune de Harre (Luxembourg), dans un étroit prolongement du territoire inséré entre les limites de Ferrières (Liége) et d’Izier (Luxembourg). Il sourd sur la rive gauche du ruisseau du Vieux-Fourneau, à 60 mètres de celui-e1, dans une prairie en pente vers le ruisseau. La fouille ouverte pour le captage formait un carré de 5 mètres de côté. Les terrains traversés appartiennent au Dévonien inférieur, Coblencien (Cbo). wètres. Gazon et terre végétalé. . 22 4 … . OR NUs Tourbe.- 5m 02) MUR ee CRE 0.10 Areile sableuse, 04 me Ne CURE ORNERER 0.75 Détritique composé de petits fragments de roches quartzeuses, schisteuses et argiles d’altération . . 0.25 Bloes et cailloux roulés de quartzites et de grès. . . 0.85 Psammites schistoïdes, grès gris bleuâtre, schistes - psammitiques gris bleuâtre, en bancs alternants . 3 20 TOTAL 5 30 Le grès contient de nombreux grains de kaolin provenant de l’alté- ration d’un feldspath. A la profondeur de la roche dure, soit à 2"10, on voit que l'eau minérale jaillit d'une fracture des roches dévoniennes avec alternance des roches ci-dessus énumérées. Cette fracture, d’après M. Firket, serait très probablement une faille à faible rejet, orientée du Sud- (4) Pror: An. Firker, De quelques précautions à prendre dans le captage des eaux minérales. (Congrès d’Hydrologie. Liége, 1898. Comptes rendus, pp. 316 et suiv.) Pror: An. FiRkeT, L'eau minérale et le captage de Harre. (ANN. DE LA SOC. GÉOL: DE BELGIQUE. Mém., t. XX, 1892-1893.) « | D 2 D Done enmmee EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. 75 Eau minérale de Harre (source de la Rocheblin). LIL [ncen niveau de la Source ë 02510575 à À PRIT CLR TIIE / Z 7 / CIITIE ES CO? 2% > TITIIIIITIII PÉÉRÉE LL LILI LIL III III TILL LL IL LL LL LL V2 CA nl Ai & = C4 LOU 4 LIL DIT LL TTL ELT GÛT LT COUPE DESCRIPTIVE DU CAPTAGE OPÉRÉ SOUS LES ORDRES DE M. FIRKET, INGÉNIEUR PRINCIPAL DES MINES DE LIÉGE. 4. Dévonien inférieur. Ch1 et Cb2. 2. Blocs et cailloux roulés de quartzite et de grès. 3. Petits fragments de roches quartzeuses. ‘4. Argile sableuse de schiste et argile d’altération. ». Tourbe. 6. Gazon (racines et terre végétale). 7. Remblaï. A. Béton. B. Maçonnerie étanche. R. Robinet. 76 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES Ouest au Nord-Est. Sur la hauteur des roches de la fouille, elle est inclinée d'environ 70° vers le Sud-Est, mais cette inclinaison pourrait n'être que locale. | À l’occasion des travaux entrepris pour le captage des sources miné- rales et lorsque le baromètre baisse fortement et subitement, il peut se produire des dégagements importants et subits de gaz carboniques (moffettes), véritables coups de grisou qui mettent en danger la vie des ouvriers. Pour avoir négligé d'approfondir régulièrement et avec une section horizontale assez grande, en rapport avec la profondeur pré- sumée à atteindre, un accident d’asphyxie grave arriva à un ouvrier. C’est afin d'éviter le retour de ces accidents qu’on installa un ventila- teur soufllant portatif, du type en usage pour certains travaux prépa- ratoires dans les mines de houille. La plus grande difficulté après que le captage a été exécuté, c’est d'établir le niveau hydrostatique à donner à la source pour que le débit soit régulier et constant, que l’eau minérale ait son maximum de qua- lités et reste à l’abri du mélange d'eaux superficielles d’origine plus ou moins éloignée, appelées pour ainsi dire vers le captage si le niveau d'écoulement de l'eau minérale est trop surélevé et que, de ce fait, il y a un obstacle à l'émission facile et régulière de l’eau minérale. Cette surélévation du niveau d’une source non seulement en diminue le débit, mais risque de la refouler ailleurs. Voici comment M. Firket décrit l’ingénieux appareil qui lui permet de connaître le niveau hydrostatique le meilleur à donner à la Source : _« Bac de pression. — Le bac de pression, que figure la coupe vertu- cale ci-contre en même temps que la partie supérieure de la colonne ascensionnelle verticale du captage, présente deux compartiments de dimensions différentes. Le petit, de 0"50 de long sur 020 de large, reçoit à sa partie inférieure le tuyau partant de la colonne ascension- nelle, qui est en fonte galvanisée, de 0"53 de diamètre intérieur et de 0055 d'épaisseur (!). Le tuyau adducteur à 0"05 de diamètre et son (#) « Le tronçon supérieur de la colonne ascensionnelle est fermé par une glace: Il porte quatre tubulures : celle que représente le dessin et trois tubulures non figurées, qui ont reçu des tuyaux recourbés vers le bas, munis de robinets. La première de celle-ci est à 0w17 sous la glace de fermeture et permet de débarrasser le haut de la colonne de l’anhydride carbonique en excès qui se dégage de la source; les deux autres sont à Om15 au-dessus de la base de ce tronçon et servent à l’embouteillage de l’eau minérale. La longueur et le diamètre de la branche verticale des tuyaux ajustés sur ces tubulures sont tels qu’ils peuvent pénétrer jusqu’au fond des flacons. » EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. 17 centre est à 0925 en dessous du niveau d'écoulement de la source avani son captage. | Bac de pression du professeur A. Firket. Cx F 19 À M (di és Ÿ NS Ÿ -0,80 R È È N 4 NN Ÿ À (lb NS S N À Ÿ ENT :#/E IN È Ÿ RER Nos; À MINE Re -- 0 53--2RÀ al Nr — NN rer niveau de — == c°e A Ÿ =NER la source N SN R EN ù NN em |, Ÿ NS a. Colonne ascensionnelle de 053 de diamètre et Om035 d'épaisseur. b. Robinet de décharge de l’anhvdride carbonique. Petit compartiment — 0m50 x 0m20. Grand compartiment — 100 X Om50,. » Le grand compartiment, qui mesure horizontalement 1 mètre sur 0"50, est séparé de l’autre par une cloison percée d’orifices, que l’on peut obturer au moyen de bouchons. L’orifice inférieur, ainsi que le tuyau de décharge du grand compartiment, sont à 0"25 au-dessus de l’ancien niveau de la source; lorifice supérieur se trouve à 067 au-dessus de cet ancien niveau. Le bac de pression permet donc de faire varier entre ces deux limites le niveau d'écoulement de la source captée et, par suite, celui de l’eau minérale dans la colonne ascension- nelle du captage. Pour une colonne d’eau de 0m53 de diamètre, dia hauteur du niveau ancien, soit 5"20 du fond de laïoulle lerdébit est de." . . 32 litres par minute. A Om375 au-dessus du niveau ancien, soit à la hauteur totale de 5Mm575, le débit est de 110 — A Om55 au-dessus du niveau ancien, soit à la hauteur totale de 5m75, le débit est de . . . 8,6 = Débit en 24 heures : 21.840 litres. Température. ee OS APP REN. r EUX: 908 Composition sommaire : Fer, calculé comme FeH2(0052 . . . . . . Osr063353 CID, CORP PCTRRRE EE ASREEER . 2.980753 L En: 4 178 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES » Après l’achèvement du captage proprement dit, mais avant | l'installation du bac de pression, l'écoulement de la source s’est fait momentanément à 0"25 en dessous de son ancien niveau. Un jaugeage par empotement, opéré dans ces conditions, a constaté un débit de 52 litres par minute; mais alors l’eau minérale donnait assez rapide- ment un dépôt floconneux d’hydrate ferrique après sa mise en flacons. » Le bac de pression placé, j'ai procédé expérimentalement, le > mai 1886, à la détermination du niveau d'écoulement le plus conve- nable pour assurer la bonne conservation de l’eau embouteillée, sans trop nuire à l'importance du débit de la source. En fixant ce niveau à 03575 au-dessus de l’ancien, J'ai obtenu un débit de 16 litres par minute, et l’eau recueillie dans ces conditions a été conservée pendant plus d’une année dans deux grandes éprouvettes en verre incolore de 5 litres chacune, fermées par des bouchons à l’émeri enduits de vase- line, sans que le plus léger trouble s’y manifestàt. » Cette expérience décisive a fait arrêter définitivement à ce niveau celui de l'écoulement normal de la source. » En relevant le niveau d'écoulement à 0"55 au-dessus du niveau ancien, le débit était réduit à 8'6 par minute, en même temps que Ja surpression, dépassant le but à atteindre, refoulait à l'extérieur du captage une partie de l’eau minérale que l’on voyait très distinctement suinter à la surface, à proximité du captage. » 1903. — Pouhon de Bru (Chevron,. Capté par le colonel Tecqgmenne, du Corps du génie, suivant les principes appliqués au captage des Pouhons du Tonnelet et de Harre, le Pouhon de Bru (Chevron) jaillit du Gedinnien, sur la rive droite du Ri du Pouhon, dans la Heïd du Pouhon, à quelque-distance au Nord- Ouest de Chevron et de Bru(section de Chevron). Altitude : 5370 mètres. Extrait du rapport de M. le colonel Tecqgmenne. « La fouille, convenablement dirigée, a été descendue jusqu’à la roche dure à travers laquelle se fait l'émission de l’eau minérale; cette roche a ensuite été creusée de manière à obtenir une cuve ayant environ 4 mètres de longueur, 3 mètres de largeur et 0"75 de profon- deur, dont le fond se trouve à 0"55 en contre-bas du griffon ; cette cuve est destinée à recueillir toute l’eau minérale. » Trois des parois de la cuve qui ne donnaient aucune émission EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. 19 d’eau minérale, ont été revêtues au moyen d’une maçonnerie faite en liaison avec la roche solide. L'intérieur de la cuve à été garni de trois lits de moellons plats, posés sans mortier et laissant entre eux des vides Pouhon de Bru (Chevron). CE Niveau _ du RE, TÉL: - AE D 4 A 0} FRE 27 TBE TT lee LE 7 mn SR 77 Lane] VC Le” 4 LL LEE TE pre RE Van LE T 2-=bb RESESS SEP 2 . ÉD He, ABIES || 3 7 npmpe pente D — — DRE | EE = LL TILL] =, LS DEN ZI | 17 TE TT = | NL 7, =; = Z —- £ TZ | Ty 2 L — é | _ LE, | RAS LD Pi . Phyllades gedinniens (Gd). - Pierre . Argile d’altération ? . Terre végétale. Remblai. . Bloc de maçonnerie. . Colonne de ciment armé. . Embouteillage. SES S © CO LO | aussi grands que possible, permettant à l’eau minérale de cireuler faci- | lement. On à ensuite élevé sur le tout, et en empiétant des quatre côtés sur la roche vive, un bloc de maçonnerie dans lequel se trouve ménagé 80 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES un puits circulaire ayant 0"50 de diamètre, pour livrer passage à l'eau de la source. Une colonne en ciment armé, formant le prolongement du puits, s'élève au-dessus du pavement du local qui à été construit pour abriter la source. » La roche dure à été rencontrée à 4"50 du niveau du sol. Si on ajoute la pass de la cuve, soit 0"75, la profondeur totale de la fouille est de 5"25 Température de l’eau : 905. Débit : 30,000 litres à l'heure, soit 720 mètres cubes en 24 heures. (Sous réserves.) Composition sommaire : Fer (calculé en bicarbonate ferreux). . . . . . (08:0912 CO. 9 LES) Radioactivité (en volts). 2m NT NN 1904. — Pouhon de Rivage (Stavelot). Nommé par son propriétaire Pouhon de Cheneux, Source Marie-Élise, c'est bien du Pouhon de Rivage, un pouhon très anciennement connu; qu'il s’agit. Capté aussi par le propriétaire, M. Saucy, conducteur principal des Ponts et Chaussées, à Liége, 1l jaillit dans une prairie à 50 mètres de la rive droite de l'Eau-Rouge, à trois quarts d'heure au Nord-Nord-Est de Stavelot, à côté de la route de Francorchamps à Stavelot par le bas: Mêmes procédés de captage que pour les Pouhons du Tonnelet, Harre et Bru (Chevron). La Duue ouverte dans le terrain revinien a rencontré l’eau miné- rale à 5 mètres de profondeur, après avoir traversé : | 1° Une couche végétale peu importante ; 2 Une couche de tourbe ; 3° Un détritique composé d’° Be sableuse avec de très gros blocs de quartzites ; 4° Enfin la roche revinienne d'où sort l’eau minérale. A sa naissance, la source est emprisonnée dans une enveloppe de béton du centre de laquelle s'élève un tube fenestré par le bas, où l’eau monte jusqu’à 0"70 au-dessus du pavement. Ce tube est fermé à sa partie supérieure par une dalle en verre qui permet de voir le bouil- lonnement de l’eau et dont le but est de protéger celle-ci du contact de EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. 51 l'air extérieur et de toute contamination. Des robinets sont placés sur cette colonne centrale pour l’embouteillage. Débit : 45 litres à la minute ou 21,600 litres en 24 heures. Composition sommaire : C0? non dosé. Fer (0.021) calculé en bicarbonate ferreux : 0s'"0615. D’après les renseignements fournis par M. E. Saucy, le débit de 15 litres à la minute « reste le même quelle que soit la saison, par les plus grandes sécheresses comme par les temps pluvieux, alors que la rivière sort de son lit ». Les méthodes de captage que je viens de décrire ont toutes certains défauts : elles n’assurent pas suffisamment ni définitivement la sépara- tion de l’eau minérale et de l’eau douce; elles ne permettent pas de recueillir tous les bons griffons, afin d'assurer à la source son maximum de débit, et d’écarter ceux où l’eau est peu minéralisée, afin d’avoir une eau à composition de teneur moyenne et jouissant de qualités vérita- blement thérapeutiques. Les captages de Marie-Henriette (Spa) et de Harre (Luxembourg) sont ceux qui sont le mieux exécutés, ce dernier surtout, à cause de l’ingénieuse disposition du bac de pression. C’est en raison de mes notions acquises sur la circulation des eaux minérales dans les roches primaires, c’est en reprenant les idées anciennes sur les captages d’eau minérale en roches dures à peu de distance du sol et en m’inspirant des captages des sources de Schwal- bach et d'Ems par l'ingénieur Scherer, que j'ai entrepris de capter une nouvelle source à Nivezé, pour le compte de M. d’Artet-Godin, de Liége. (Voir plus loin.) | En reprenant les idées des anciens sur les captages, dis-je; en effet, M. Laurans, ingénieur au Corps des mines de France, qui s’est occupé de cette question, en 1896, au Congrès d'Hydrologie de Clermont-Fer- rand, disait dans son rapport (1) : « Lorsque l’eau minérale émerge des terrains consistants, au voisinage de la surface du sol, on se trouve dans les conditions que présentent un grand nombre de sources utili- sées par les anciens. Le procédé employé se réduit à coiffer de cloches (4) A. LAURANS, Sur le captage des eaux minérales. (CONGRÈS INTERN. D'HYDROLOGIE, Clermont-Ferrand, 1896. Paris, 0. Doin, pp. 174 et suiv.) 1909, MÉM, 6 82 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES les griffons prineipaux, en les isolant ainsi des venues d’eau sauvage : - | il suffit alors de réunir les débits des différents griffons dans un réser- voir destiné au puisement. Avec un réservoir fermé, cette méthode s'applique avec succès aux eaux gazeuses que l’on peut ainsi tirer sous pression, en évitant la déperdition de gaz tels que l'acide carbo-. nique. » Captage de l’Adelheidbrunnen, à Langenschwalbach, PAR M. L’'INGÉNIEUR SCHERER. aile Ÿ FN / CSA ETES LS GPS TT, L 02 CS A as LT D) DS LA Z 74 LAS 4 LI Aÿ A CELLES GLE D 0 EL LS LIL de 2 / LS LS ANA A CLPÈN A CPR PITIRERE LOLILL// V7 VD Gaga CE NE \ / + NIK ISBUBER AN Se du K / ” 27 bo — ZE a | L'ÈT PS È RES È NN S (ML | al EAN SAN x Î Ne \, NN \ À \ NS N \\ Ne" Z, & ZE £ \ / LA 7 cl RRS ETR R D SRE TEL VE ME dre 4 A RAR Rte TERR . Schistes taunusiens. . Ciment. . Argile. . Terre rapportée avec couche de gravier à la base. . Terrain détritique. . Tuyau d'évacuation de l’eau minérale. . Tuyau d'évacuation des eaux de surface. œ > OU À 0 RO Si l’on veut jeter un coup d’œil sur le captage de l’Adelheidbrunnen de Schwalbach, on verra que le procédé de M. Scherer n’est que la réalisation pratique de ces idées anciennes ci-dessus énoncées. a EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. 83 La seule modification consiste dans la substitution de l’argile au béton pour isoler les griffons des venues d’eau douce. Comme je l'ai dit plus haut, l’eau minérale attaque le ciment et le béton dont elle dissout la chaux, et y détermine à la longue des fissures qui vont S’élargissant et finissent par lui livrer passage à l’extérieur [voir captage du Pouhon Marie-Henriette (Nivezé)|, d’où perte de débit et risque de mélange des eaux douces avec l’eau minérale. L'ingénieur allemand, après avoir recouvert la roche dure d’où sortent les griffons d’une couche de ciment, entasse dans la fouille de l’argile bien damée qui reste toujours imper- méable si même le ciment cède en quelque point. L’ingénieur Scherer recommande aussi, pour éviter la trop grande décompression de l’eau minérale dans un tube de trop grand diamètre, de donner à celui-e1 une forme conique à sommet tronqué supérieur correspondant à la vasque. Par cette disposition, il empêche l’acide carbonique de se dégager à grosses bulles, et même celui-ci, ramené vers le centre du tube, aide à l'ascension de l’eau. La disposition du Prof' Firket, le bac de pression, permet de négliger cette indication de M. Scherer, puisque le gaz qui s'échappe de l’eau s'accumule au-dessus de l’eau minérale et y forme une pression à volonté, à l’abri de tout contact de l’air extérieur. 1907. — Pouhon Duc de Wellington. Ce nouveau venu parmi les pouhons de Spa a été capté d’après mes conseils et sous ma direction, pour le compte de M. d’Artet-Godin, de Liége. Cette source minérale jaillit sur la rive droite et à environ 25 mètres du ruisseau de Soyereux, qui descend de la Fagne, en formant la limite des communes de Spa et de Sart, et vient confluer dans le Wayai immédiatement sous le lac de Warfaaz. Elle est située dans une vallée d’effondrement dont l’un des versants est redressé presque perpendiculairement et taillé à même dans les roches sal- miennes, et dont l’autre, en pente douce, boisé en grande partie, forme un site très pittoresque. Une ligne droite allant du Pouhon du Tonnelet au Pouhon Marie-Henriette, c’est-à-dire à direction Sud-Sud-Ouest- Nord-Nord-Est, passe par le Pouhon Duc de Wellington, également éloigné de l’un et de l’autre (250 mètres environ). Dans la prairie marécageuse, ocreuse par places, on remarquait de grandes taches brunes où l’herbe faisait défaut et qui étaient des points de dégagement d'acide carbonique (moffettes). C’est d’ailleurs une des régions de 54 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES Nivezé où se remarquent le plus de « Trous au mauvais air ». D’après « l'épaisseur du dépôt d’ocre, la source minérale devait être d’un grand débit. Tout à côté jaillissait une source d’eau douce assez importante. Une tranchée à ciel ouvert et de grande dimension fut pratiquée et, dans Pouhon Duc de Wellington. RES RE RP 0 7 7 f A PIN LL 1. Roches salmiennes dures en place. 2. — — très altérées bleuâtres. 3 — — — l'ouge-ocre. 4. Détritique avec blocs de quartzites. ». Argile plastique blanche. 6. Tourbe. 1 00e: 8. Terre végétale. 9. Filon de quartz. le but de se débarrasser de la venue des eaux (minérales et douces) et de n'user que le plus tard possible de la pompe, un fossé profond fut ouvert, à pente vers le ruisseau et à direction vers le point le plus déelive de la prairie, communiquant avec la grande tranchée et appro- fondi en même temps qu’elle. | : La fouille à traversé successivement : Mètres. Terre végétale, ocre, tourbe et argile plastique. . . 1.00 Argile jaune avec blocs de quartzites. . ALI LE 2.30 Détritique de roches salmiennes gardant par place sa disposition en strates et fortement coloré en rouge par l’eau minérale. 2.50 Roches salmiennes bleuâtres très fortement altérées . 9,00 Roches salmiennes dures . . . LEE OO 4.00 TOTAL TU 8.80 * Stratification des roches Nord-Est au Sud-Ouest, 2200. Inclinaison Sud-Est de 26. EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. Captage de la source Duc de Wellington, à Nivezé. D-D..- S Se RAT Ie) RQ «& Œ? Sn NO & À Le SEA .— se T À | VO re de Le R Ve S D D < À Ad \ à NT ses er À Ne de AT, 77 a < Re pre 0 NN 7 27077 ÈS A ÿ a a 7 / / # 1. Sm{. Phyllades salmiens dures. 9. Sm1. Roches salmiennes altérées par l’eau minérale. Terrain détritique coloré par l’ocre déposé par l’eau minérale. 3. 4. Argile et blocs de quartz. 5. Argile plastique blanche. 6. Tourbe. 1. Terre végétale. 8. Couche de ciment Portland. 9. Béton de gravier. 10. Béton de rocaille. 11. Argile plastique. 19. Couche de quartzites drainant les eaux douces. 13. Remblais. 14. Filon de quartz. 89 86 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES Dans la roche dure à l’angle Est-Sud-Est de la tranchée et dans | la paroi de celle-ci, un gros filon de quartz en blocs plus ou moins gros traverse l'épaisseur des strates presque perpendiculai- rement à leur inclinaison. La cassure de la roche que remplit ce filon donne issue à une forte venue d’eau minérale qui sort en. bouillonnant et avec bruit. DISPOSITION DES GRIFFONS. À partir de 4 mètres de profondeur, il fallut installer une pompe à moteur travaillant nuit et jour pour évacuer l’eau douce et l’eau minérale qui venaient en grande abondance. La tranchée fut sou- vent envahie par de gros dégagements subits d'acide carbonique qui forçaient les ouvriers à remonter au plus vite et, en l’absence d’un: ventilateur assez puissant, à interrompre le travail pendant plu- SIeurs jours. EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. 87 À 7%50, les griffons d’eau minérale se localisèrent et, à 8 mètres, on put examiner chacun d’eux au point de vue de la teneur en fer et écar- ter ceux qui ne présentaient pas une teneur moyenne. On en retint ainsi sept d'importance inégale, dont deux au centre même de la fouille et les autres dans la direction Est-Sud-Est de la tranchée. Parmi ces derniers et à 0"65 au-dessus du fond de la tranchée, dans la paroi même de celle-ci, figure le griffon énorme qui sort du filon de quartz celluleux contenu dans la cassure de la roche. DÉTAILS DES CLOCHES. La roche dure fut entamée sur 1 mètre de profondeur environ, puis on procéda au captage des différents griffons. La roche fut entail- lée en rigole circulaire autour des griffons et ceux-ci coiffés d’une cloche d’étain de 0"25 de diamètre intérieur, communiquant à sa par- tie supérieure avec un tube d’étain de 0"0%5 de section, servant à con- duire l’eau minérale dans le tube central. Les tubes d’étain furent placés dans des tuyaux en grès pour les protéger, jusqu'à leur abouche- ment au tube central. Les cloches ont été ensuite noyées dans Île ciment Portland et le béton. La roche dure, sur tout le fond de la tranchée et sur les parois, fut recouverte d’une semelle de béton de 125 d'épaisseur. Le tube central — 0"30 de diamètre et d’une hauteur totale de 5 mètres — fut installé au centre de la fouille sur deux griffons, au milieu d’un cailloutis de quartzites bien lavés, et sa base noyée dans le ciment et le béton. La tranchée a été ensuite comblée avec de l’argile plastique bien damée jusqu’au niveau de la venue d’eau douce, c’est-à-dire jusqu’à 4 mètres de l’orifice de la tranchée. Sur cette argile blanche, on plaça + ; d b 58 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES de gros blocs de quartzites pour former drain et collecter l’eau douce Un tube de 0"20 de diamètre fut placé sur ce drain pour servir en cas” d'utilisation de l’eau douce. Enfin, la tranchée fut comblée jusqu’au niveau hydrostatique de la source, c’est-à-dire à 5 mètres environ du niveau du sol. | Le débit calculé après le captage, par empotement et au niveau le plus bas, est de 129 mètres cubes en vingt-quatre heures; mais, après expérience avec le bac de pression, ce débit fut ramené à 48 litres par minute, soit 695120 en vingt-quatre heures, ce qui est encore consi- dérable. Avec 129 mètres cubes de débit, la teneur en fer calculé en bicarbonate ferreux était de . . 05071 Avec 695190, cette teneur monte à. . . . . 0.092 ce qui est la composition du Pouhon Marie-Henriette. Température: e 56.70 RER CO AE pe Me TE SC L'eau minérale du Pouhon Duc de Wellington possède toutes les propriétés de celles de Spa, avec cette différence que, le niveau hydro- statique de la source ayant été minutieusement établi, l’eau embouteil- lée se conserve avec toutes ses qualités chimiques sans laisser déposer de flocons, même après un an d’embouteillage. J'ai la conviction que si l’on appliquait aux sources de Spa le bac de pression pour en déterminer le niveau hydrostatique utile, l'eau des pouhons de la ville ne subirait plus de floculation et pourrait être exportée sans perdre aucune de ses qualités chimiques. 1909. — Pouhon de Barisart (en cours d'exécution). L'administration communale de Spa fait procéder en ce moment au captage du Pouhon de Barisart, qui était insuffisamment protégé contre les infiltrations d’eau sauvage et dont les qualités chimiques avaient subi, en ces derniers temps, une diminution considérable. Pour les travaux de recherche et de captage des griffons de la source, la ville a fait appel aux lumières de notre collègue M. Max Lohest, professeur de Géologie à l'Université de Liége. Les procédés employés, tout en s'inspirant de ceux de l'ingénieur Scherer, s’en écartent en quelques points. Il est actuellement impossible de juger de linfluence qu'ils auront sur le régime de la source. EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. 89 _Je résume les détails du captage de Barisart d’après l'exposé verbal qui en a été fait à la Commission médicale locale. La fouille ouverte dans le terrain salmien a traversé les couches suivantes : Mètres. Héfre-vesetale, gravier et argile. © 7.4.9 » : 2m50 Détritique d’argile bleuâtre et de blocs de quartzites. 3 00 Schistes salmiens très altérés par l’eau minérale. . 0.80 SCHISTES/DlUS.COMPACISS … 0 2 00 DOIMSIESIAULS NE PNEU 0 ; 1-10 TOTAL O0, ne 10.00 Dans l’angle Nord-Est de la fouille et traversant les strates des roches, on trouve un filon de quartz alvéolé avec de petits cristaux de quartz, d’un diamètre de 0"35 environ, a travers lequel s'échappe un fort griffon d’eau minérale, d’un débit de 5 litres par minute et ütrant 05080 de bicarbonate ferreux par litre. C’est ce griffon, ainsi qu’un autre petit dont le titre ferreux est de 0#04, qui vont être captés. La roche dure au niveau du gros griffon sera creusée en cuve d’un diamètre d'environ 4 mètre pour bien réunir tout le naissant d’eau minérale. Cette cuve sera remplie de blocs de quart- zites bien lavés pour former drain à l’eau minérale, puis recouverte de dalles solides sur lesquelles on damera de l’argile plastique d’Andenne, puis de béton, de façon à former une espèce de grande cloche avec ouverture au sommet pour le passage du tube d’amenée de l’eau à la surface. Ce tube d’amenée en cuivre étamé, encastré par sa partie inférieure dans le sommet de la cloche, sera composé de plusieurs tubes réunis l’un à l’autre, ayant une forme conique tronquée, à base inférieure. Le tube inférieur aura 0"20 de diamètre à la base et 0"16 au sommet : le second aura 0"16 à la base et 0"12 au sommet. Le der- nier, Immédiatement sous la vasque, aura seulement 0"08 au sommet. Il est impossible, avant de connaître le niveau à donner à la source, de savoir quelle hauteur de tube il faudra pour amener l’eau à la vasque. Le second griffon sera coiffé d’une cloche en cuivre étamé et réuni au tube central. | Pour faciliter la surveillance du tube et du captage, un puits de visite en béton du poids de 5,000 kilogrammes (dix tubes de 4 mètre de hauteur et du poids de 500 kilogrammes) et de 4 mètre de diamè- tre intérieur, reposant sur la roche dure, s’élèvera jusqu’au niveau du 90 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES sol. Entre les parois de ce tube et les terrains environnants de la fouille, on tassera de la terre plastique d’Andenne afin d'empêcher toute infiltration d’eau douce où peu minéralisée. | La question de la vasque est réservée. Captage du Pouhon de Barisart. x LS state IL, An, etorare aa 2EW 7272722 eu RO 227 ss 22 277 TX tee prite ou Y & LÉTZZLLILI2ZPS 2227727277 7B27227227227 8077 2222222L08772771/27 877727777122) L2LL LIT ae $ N] S ù N N à N N N N Re Ÿ N N N N N N \ À À NN N N À SI N N N NN Sl N à N NN N N N . Phyllades du Salmien inférieur Smf. . Salmien altéré. . Argile bleuâtre avec blocs de quartz. . Gravier. . Terre rapportée. . Argile plastique d’Andenne. Puits de visite. . Remblai. . Vasque. Hall. Béton. Veine de quartz. TP RS SR OO CR C0 NO On déterminera le niveau à donner à la source par un procédé k analogue à celui employé par le Prof Firket à Harre (voir plus haut): 1 | | || | | | | | Te — EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. 91 Les venues d’eau douce seront captées ou écartées suivant le résultat des expériences à la fluorescéine versée dans l’étang voisin. Ces expé- riences, négatives jusqu’à présent à cause de la nature du terrain, gelé à une forte profondeur, pourraient devenir positives après le dégel. Quoi qu’il en soit, si l’isolement du griffon d’eau minérale est bien fait et surtout si le niveau à donner à la source a été bien déterminé, il n’y à aucun danger à laisser s’imprégner d’eau les terrains voisins de la source. Cette eau formera pression hydrostatique qui ne pourra avoir d'autre influence que d’aider à l’ascension du pouhon et peut-être à relever son niveau. Voilà pourquoi le bac de pression du Profi Firket, installé comme vasque, aurait été utile à Barisart, puisque si cette éven- tualité se produit, — relèvement de niveau, — on pourrait facilement y remédier sans diminuer ni le débit ni la qualité de l’eau minérale. Il eût été peut-être utile aussi de rechercher d’autres griffons ; car ce débit de 5 litres à la minute au fond de la fouille, soit 7,200 litres en vingt-quatre heures, diminuera encore quand on aura amené la source à son niveau hydrostatique et qu’on lui aura donné son maximum de qualités (fer, gaz et conservation). Principes de captage. — Résumé. Un captage bien fait doit donner comme résultat une eau minérale bien gazeuse et minéralisée. Les principes suivant lesquels les captages doivent être opérés en terrain primaire, à peu de distance du sol, se résument comme suit : 1° Ouvrir largement et régulièrement la tranchée, afin d’avoir le plus de chances de rencontrer tous les griffons de la source ; et, pour éviter les accidents résultant d’un dégagement brusque et abondant d'acide carbonique, installer un ventilateur au fond de la fouille. 2° Bien repérer le niveau naturel de la source et établir, dès le début du travail, la galerie suivant laquelle sera conduit le trop-plein de la source. Cette précaution à pour but de retarder le moment où l’on devra employer, nuit et jour, une pompe d’épuisement et de ne pas subir d'interruption de travail. L'eau douce se tient à un niveau de 4 mètres environ de la surface. 5° Creuser jusqu'à la roche dure en place, en suivant la direction des lions d’eau minérale. Isoler sur cette roche les différents griffons. Presque toujours les venues d’eau minérale sortent d’une faille ou 9 ° e . ° d'un filon de quartz recoupant perpendiculairement la direction des Strates. ° Appliquer sur chacun des griffons une cloche d’étain d’une. | dimension suffisante pour recueillir toute l'eau minérale et la conduire par un tuyau d’étain communiquant par le sommet avec la cloche et protégé par un tuyau de grès, jusqu’au tubage central avec lequel on l’abouche. Noyer les cloches et les tuyaux d’amenée dans le ciment. Portland à prise rapide. o° Dresser au milieu de la fouille le tube central à la base duquel sont abouchés tous les tubes d’étain amenant l’eau minérale des cioches. Donner à ce tube une forme conique à sommet tronqué pour empêcher la décompression du gaz carbonique de l’eau minérale et faciliter l’ascension de celle-c1. Calculer la section de ce tube d’après les débits réunis de tous les griffons et leur vitesse d'écoulement au niveau hydrostatique utile. Si le tube central est trop petit, l’eau chargée d'acide carbonique se précipite à l'extérieur en bouillonnant et en perdant beaucoup de son gaz. Noyer la base de ce tube central dans le ciment. 6° Étendre au fond de la fouille et sur les parois de la roche duré du ciment de bonne qualité; puis remplir la tranchée avec de l'argile plastique de bonne qualité et bien damée jusqu’à l’affleurement de la roche dure ; recouvrir cette argile de béton épais. 7° Au besoin, capter l’eau douce ou bien lui laisser reprendre son ancien niveau dans les terrains de la fouille, où elle formera pression hydrostatique (1!) capable de faire monter le niveau de l’eau minérale: 8° Calculer exactement, au moyen du bac de pression, le niveau utile à donner à la source minérale. Celui-ci ne doit pas être trop élevé, parce que le poids de la colonne ascensionnelle pourrait mettre obstacle à l'émission de l’eau minérale; le débit serait diminué et on pourrait même refouler la source ailleurs. Le niveau ne doit pas être trop bas, parce que, en augmentant le débit de l’eau minérale, on diminue ses qualités. 11 ne doit pas être trop inférieur à l’ancien niveau de la source, parce que la moindre résistance à l'écoulement résultant du captage peut provoquer dans celui-@ l’arrivée d'eaux superticielles ou d’eaux minérales non captées et altérées du voisinage. ‘A. Firket.) Ce n’est que par tâtonnement qu'on peut arriver à un résultat parfait. On fait varier le niveau d'écoulement jusqu’à ce que les eaux minérales, placées dans des flacons bien fermés; ne laissent plus déposer de flocons d’hydrate ferrique après un temps 92 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES (1) A cause de la différence de densité, l’eau minérale et l’eau douce n’ont aucune tendance à se mélanger, si aucun obstacle n’est apporté à l'émission de l’eau minérale: EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. 93 assez long (au moins un an), et se conservent avec toutes leurs qualités physiques et chimiques. Quand ce résultat est atteint, on fixe Île niveau d'écoulement définitif. Au bout d’un certain temps, 1l faudra faire de nouvelles expériences et modifier, s’il y a lieu, le niveau d'écoulement. | 9 Ne pas oublier que l’oxygène est l’ennemi des eaux ferrugineuses. Ce gaz peut être apporté par l’air atmosphérique ou par les eaux superficielles qui s’y seraient mélangées à cause d’un défaut de captage. Remarquer que, dans le sol avant le captage, les roches ne sont colorées par l’ocre déposé par l’eau minérale ascendante qu’au contact du détri- tique qui contient l’eau douce, ou des roches qui ont reçu des infiltra- ions d’eau superficielle contenant de l’oxygène. | Le bac de pression imaginé par M. A. Firket me parait aussi la meilleure vasque à adopter pour terminer le captage. Outre ses avan- tages au point de vue de la fixation du niveau utile à donner à la source, il présente encore ceux-ci : a) l’eau minérale est complètement mise à l'abri de l’air extérieur et de toute cause de contamination venant du dehors ; b) l’eau minérale, à son niveau supérieur, est en rapport avec un matelas d'acide carbonique dont on peut faire varier la pression en ouvrant plus ou moins le robinet qui le met en communi- eation avec l’extérieur ou avec un gazomètre destiné à recueillir le gaz pour être utilisé industriellement ; c) les robinets de prise d’eau pour la boisson ou l’embouteillage sont placés en pleine colonne ascension- nelle et donnent l’eau minérale avec son maximum de qualités. Ce sont des avantages très appréciables pour faire préférer ce système. Système Kothny. Pour les sources moins gazeuses, 1l existe aussi un système destiné à augmenter la teneur des sources en gaz naturel sans saturation artiti- cielle. C’est le système imaginé par Kothny, un spécialiste connu déjà par un procédé (procédé cristal) pour la conservation des eaux minérales. Je vais l’exposer brièvement, en m’excusant de ne pouvoir le faire complètement; ce procédé (breveté S. G. D. G.) comporte certain dispositif secret. J’emprunte cette description en partie au Monde ther- mal du 14 juillet 1907. L'invention de Kothny est basée sur le principe que l’excédent du gaz de la source est recueilli séparément au-dessus du niveau de l'eau à l’aide de tuyaux de dégagement, tandis que l’eau minérale 94 A. POSKIN. — CAPTAGE DES SOURCES MINÉRALES monte sans secousses dans le tube central de dimensions spéciales et ne perd, par conséquent, rien de son gaz. Le dessin ci-dessous permet de se rendre compte du principe. Ce: C> s5 RU À | cn nn F ] il f | — 2/ Er _— LL, D LA 7 WZ, LL . 7 Lr | RATON L'eau monte par le tuyau Qu et butte contre la plaque TT, qui la force à faire le détour indiqué par la flèche XK. L’eau recouvre ensuite la plaque, arrive aux orifices Z pour pénétrer tranquillement dans le tuyau d'écoulement S. L’acide carbonique, qui se dégage souvent avec violence, s’accumule dans la cloche XK et monte ensuite dans les tubes de dégagement R1, R?. L'acide carbonique se trouve donc sous la pres- sion de la colonne d’eau S. Des soupapes dont sont munis les tuyaux R! et R? permettent de régler le débit d'acide carbonique. | Dans certains cas, le dégagement d'acide carbonique se fait avec une telle véhémence (explosion) que les tubes Rt et R? ne suffiraient pas à recevoir le gaz. Pour parer à cette éventualité, un dispositif spéeial k L. EN TERRAIN PRIMAIRE ARDENNAIS. 99 | (tenu secret par l'inventeur), adapté à la partie inférieure du tube S, | empêche que ce dernier se remplisse entièrement de gaz et que le | niveau d’eau soit ainsi soumis à des variations trop brusques. L’inven- teur à déterminé par des expériences pratiques, poursuivies pendant plusieurs années à diverses sources, les dimensions exactes à observer pour les constructions en question : lorsque les dimensions respectives des diverses parties du système de captage ne correspondent pas strictement aux données spéciales à chaque source, le résultat reste complètement illusoire. À noter que le dessin ci-contre est purement schématique et ne figure | ici que pour faciliter la compréhension du système. | Outre l’avantage d'augmenter la teneur en gaz naturel des sources, | ce système a encore celui de pouvoir être appliqué sans transforma- | lions fondamentales aux travaux déjà existants, ainsi que de pouvoir | s'adapter aux puits à large diamètre. ———— > MELGE DE GUOLOGI " DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE (BRUXELLES) PRÉSIDENT D'HONNEUR : _ S. A. R. le Prince ALBERT de Belgique > Vingt-troisième année © Tome XXII — 1909 — Fascicule II here smtp tn. i 4909 RS D ©@'L'E SUR LES FILONS DE PHOSPHORITE DE LOGROSAN DANS LA PROVINCE DE CACERES (! PAR Paul CHOFFAT (PLANCHE IL.) Généralités sur les gisements de phosphorite de l’Estramadure. Les phosphates de la province de Caceres sont connus de longue date et ont donné lieu à une abondante littérature entre 1845 et 1878 (°). Il semblerait qu’il n’y à plus rien à ajouter à leur description som- maire, mais ils ont besoin d’une réhabilitation. En effet, ces gisements ont été prônés comme d’une richesse extraordinaire, puis, des circon- stances diverses ayant suspendu les travaux d'exploitation, on est tombé dans l’excès contraire et on a déclaré que leur teneur en phos- phate baissait si rapidement en profondeur que leur exploitation en était rendue onéreuse. Ayant été appelé à examiner les gisements de Logrosan, je me suis convaincu qu'aux profondeurs connues, il n’y a pas de motifs pour admettre cette diminution de la teneur du minerai, et il me semble Y avoir un intérêt scientifique et un intérêt économique à faire () Mémoire présenté à la séance du 27 avril 4909. @) X. Srainier, Bibliographie générale des gisements de phosphate, 2% édition. (ANN. DES MINES DE BELGIQUE, t. VII, Bruxelles, 1902.) 1909. MÉM. ü LL 98 PAUL CHOFFAT. — NOTE SUR LES FILONS connaitre des observations détaillées, d'autant plus que c’est peut-être le plus beau filon de phosphate découvert, en Europe du moins. il est bien connu que la partie méridionale de la province de Caceres contient de nombreux filons de phosphates appartenant à trois caté- sories de gisements. Ce sont : à l'Est, ceux de Logrosan traversant les schistes cambriques ; au milieu, ceux de Caceres formant des amas filoniens dans les calcaires dévoniques, et à l'Ouest, près de la fron- lière portugaise, ceux de Zarza-la-Maior et de Valencia-de-Alcantara, dans le granite. Ces derniers pénètrent en Portugal sur une distance d'environ 410 kilomètres. Logrosan. HISTORIQUE. La phosphorite de Logrosan fut mentionnée, en 1755, par Bowles, comme curiosité minéralogique. En 1834 et 1845, on s’occupait de sa composition chimique, et, en 4855, le Gouvernement espagnol char- geait deux de ses ingénieurs, MM. Naranjo et Lino Penuelas, d'étudier le gisement. Je passerai sous silence la descripüion qu’ils en pablièrent en 1860 (!}, quelque bonne qu’elle soit, par le fait que ces messieurs n’ont pu observer que les affleurements ou quelques fouilles peu profondes, tandis que la description publiée, en 1876 (?), par MM. Egozcue et Lucas Mallada, est basée sur l’observation faite après des excavations importantes. Son examen dispense de celui de tous les écrits qui l'ont précédée, autant par suite de son étendue que par suite de la compé:- tence de ses auteurs. J'aurai en outre à mentionner un ouvrage beaus coup plus récent, le Traité des gîtes minéraux de MM. Fuchs et de Launay (5). Les travaux d'exploitation des filons de Logrosan ont commencé en 1863 et ont été suspendus en 1869. C’est en 187% que M. Egozcue en fit l’étude et fit lever le plan de la région, publié dans l'ouvrage 4 (4) Phosphorite de l'Estramadura (REVISTA MINERA, t. XI, 1860, p. 249) et Sur l& phosphorite de Logrosan (Estramadure) (BuLL. Soc. GÉOL. DE FRANCE, 2e sér., t. XVI 1860, p. 157). 2) Memoria geognostica minera de la provincia de Caceres. (MEMORIAS DE LA COME SION DEL MAPA GEOLOGICO DE ESPANA, 1876.) (5) Traité des gîtes minéraux, t. I, 1893, article : Filons de phosphorite de l'Estramas, | dure,pp. 344 à 348. DE PHOSPHORITE DE LOGROSAN. où précité, à l'échelle de 1/26 600 avec courbes de niveau de 10 en 10 mètres. M. Martel a pu reconnaître que les tranchées Calles et Magdalena ont été approfondies postérieurement aux études de M. Egozcue. Ce gisement fut visité plus tard par M. Fucbs, professeur à l'École des mines de Paris, et ses notes ont été utilisées dans la description du Traité des gîtes minéraux. Le petit plan qu'il en donne présente quelques différences avec celui de M. Egozcue. Les travaux d'exploitation du filon de Costanaza ont été repris, le 18 novembre 1907, par une nouvelle entreprise et ils ont été poussés avec beaucoup plus de vigueur que pendant la période précitée. SITUATION ET ÉNUMÉRATION DES PRINCIPAUX FILONS. La bourgade de Logrosan est située à l’extrémité septentrionale de la colline granitique de San Cristobal, qui traverse un affleurement de schistes cambriques d’une grande extension. Un ou deux petits filons de phosphorite entament le bord septen- trional de la masse granitique ; ils n’ont pas d'importance, tandis qu’ils sont nombreux dans les schistes, les uns ayant des dimensions consi- dérables, tandis que d’autres ne sont que de simples filets. MM. Egozcue et Mallada en mentionnent onze, dont quatre princi- paux. Ils sont plus ou moins orientés du Nord-Est au Sud-Ouest; deux se trouvent au Sud et deux au Nord de la colline granitique. Ce sont du Sud au Nord : Filon del Barrero, affleurant sur le dos d’une colline, sur une longueur | dé 4 kilomètre, mais presque uniquement composé de quartz, à la | surface du moins. En y joignant l’aflleurement de Terrenos colorados, qui est sur son prolongement, on à une longueur de 4 600 mètres. Filon de la Costanaza. Longueur approximative : 5 700 mètres | (décrit plus loin). Filon del Casillon. Vu la beauté de son minerai, je mentionnerai le . petit filon de Casillon, très mal visible dans la localité de Logrosan. Sa longueur ne semble pas dépasser 100 metres. Filon Canuelo et filon Ginjal. Ces deux filons, d’une longueur totale . de 4 400 mètres, ne sont pas exactement sur le prolongement l’un de l'autre. C’est peut-être le voisinage de la colline granitique qui a causé une déviation de la direction. Filon del Mingote, 1 600 mètres, peut-être 2 800, s’il continue jusqu’à l’'affleurement de Cerro San Blas. 1 | L 100 PAUL CHOFFAT. — NOTE SUR LES FILONS Le filon Ginjal et le filon Costanaza sont les seuls qui aient donné lien à un commencement d'exploitation. Le premier a été attaqué sur deux points d’où on aurait extrait au plus une centaine de tonnes de minerai. Dans une galerie en partie effondrée, on peut constater une largeur de 060 à 080 de minerai mélangé de schiste. Filon de la Costanaza. COMPOSITION DU MINERAI. Il est connu, depuis plus d’un siècle, que la phosphorite de Logrosan est principalement constituée par la variété palmée, formant des masses concrétionnées dans lesquelles des zones de phosphorite alternent avec des zones de quartz, sous forme de jaspe et de quartz cristallisé. La proportion de quartz est extrêmement variable d’un point à un autre. Tantôt on peut extraire des moellons de phospho- rite presque pure, tandis que sur d’autres points le quartz peut devenir assez abondant pour rendre le minerai inutilisable. En plus des deux variétés de quartz susmentionnées, on rencontre un quartzite granuleux, imprégné de phosphate, mais trop pauvre pour être utilisé, et un quartzite compact, à aspect de porcelaine, que l’on prendrait facilement pour du phosphate amorphe. Il n’en contient que peu, quoiqu'il donne les flammes fluorescentes bien connues, lorsqu'on le Jette sur la braise. La phosphorite est généralement blanche, mais elle est parfois teintée en jaune, en rouge, ou même en brun, par des oxydes de fer et de manganèse. Parfois les zones concentriques ont une nuance diffé- rente et elles alternent avec les zones blanches ou bleuâtres du jaspe, ce qui produit un fort bel effet. Enfin, le quartzite forme des filons ou lentilles verticales, soit sur les bords du filon, soit au milieu du minerai. En outre de ces roches stériles, de nature chimique, se trouvent des mélanges d’origine mécanique : ce sont des débris des schistes encais= & sanis. Parfois ces inclusions de schiste sont verticales, par conséquent plus ou moins parallèles aux schistes formant les parois; on a alors | l'impression que le filon s’est formé dans plusieurs fentes traversant le schiste. Très souvent ce sont des blocs de schiste tombés des parois à pendant le remplissage de la crevasse, et se trouvant disposés horizon= à talement, ou obliquement, au milieu du filon. | DE PHOSPHORITE DE LOGROSAN. 401 Malheureusement ce ne sont pas toujours de grandes masses, faciles à séparer du minerai, mais on rencontre par places de nombreux petits fragments noyés dans le minerai, dont ils ne peuvent être séparés. Ces inclusions se trouvent aussi bien dans les cotes basses (tranchée de las Brujas) que dans les cotes élevées. Leur présence ne prouve pas qu'ils doivent forcément se trouver jusqu'à la base de la même tranche, mais ils doivent pourtant être plus abondants dans les sections où la roche encaissante est le plus délitable. Le minerai provenant d’une faible profondeur a subi un commen- cement d’altération qui donne à la phosphorite une couleur laiteuse et fait ressortir la structure lamellaire. Dans ce cas, il est facile de la distinguer des quartzites compacts, mais lapprofondissement des puits a fait connaître une phosphorite compacte, gris bleuâtre, légère- ment translucide et sans structure lamellaire apparente, qu'il est fort difficile de distinguer du quartzite compact. MM. Egozeue et Mallada donnent l'analyse suivante d’un échantillon du filon de Costanaza : Phosphate de chaux tribasique. . . . . . . . . 87.320 ÉmOnUreite CAICIUMN. Le à 4 —… . . . 6.158 AU Le déCNAUX 2 0 1, + , . . , + . . ‘traces. HA REnIque de PO &, à 4 on, in: 1.800 BÉruXyde detmanganèse. . . ., à : . . . . — 0.3°6 UNDER M 0 0. (0 1: UN, 2. Utracés. EC LU up COR LU dr NN 1.800 HÉURENErOSCOpique . + à , , © le à + + 2.300 CESR NET ui NE à ue hu dre tn 0.266 100.000 M. le D' Mastbaum à trouvé 82.88 °/, de phosphate tribasique dans un échantillon compact et 85.01 °} pour un échantillon palmé, sans quartz visible, ayant perdu son éclat. M. Martel a trouvé 91.7 °/, dans du minerai provenant de 84 mètres au Sud du puits Maria. Quant aux analyses d'ensemble, au point de vue industriel, leur teneur en phosphate varie conformément à la proportion de quartz et de schiste. Par le triage fait à la mine, on peut régler jusqu’à un certain point la teneur du minerai marchand, et, lors du prélevage des échantillons 102 PAUL CHOFFAT. — NOTE SUR LES FILONS destinés à être broyés et analysés, on peut inconsciemment obtenir des résultats très différents. Je citerai l'exemple suivant : L'entreprise actuelle avait passé avec la fabrique Hijos de Mirat, à Salamanque, un contrat de vente prévoyant deux qualités de minerai, suivant que le phosphate y serait dans la proportion de 70 à 75 °, ou de 75 à 80 °/.. Sur un premier envoi de 130 tonnes, l’analyse des échantillons remise par le vendeur au D' Masthbaum accusa une teneur de 72 2, tandis qu’à Salamanque l’acheteur lui trouva 76.60 2}. Des envois successifs de 110, 190 et 260 tonnes ont été faits à la maison précitée, qui à prélevé des échantillons et les a envoyés au laboratoire Maret, Delattre et Maris, à Paris, d’où l’on a indiqué les teneurs suivantes : 75.54 °,, 72.61 2}, et 77.50 °,. Des échantillons de la dernière remise, analysés par la maison Chemische Werke vormals H. et E. Albert, à Biebrich, ont donné 76.2 2. D’autres échantillons, envoyés aux Usines de guano et phosphates de Merck, à Nierenburg, ont donné 81.01 °/ et 81.81 ‘/, de phosphate tribasique. Enfin, un wagon de 10 tonnes, vendu à la Société générale de commerce et d'industrie, à Madrid, à été accepté au taux de 79.17 ‘Jo: Ces chiffres prouvent surabondamment la haute teneur du minerai exploitable. Le puits Maria, qui peut être considéré comme la partie la plus riche du filon, donne sur toute sa hauteur un minerai d’une haute teneur. En éliminant les morceaux contenant du quartz, on obtient facilement du minerai pouvant être livré à 80 °j. D’après l'analyse complète précitée, le minerai de Logrosan ne | contient pas de carbonate de chaux. C’est, en effet, le cas pour le | minerai exploité jusqu'ici, mais M. Martel me dit en avoir rencontré | dans les échantillons extraits du puits de la partie méridionale des | travaux (Consuelo). ALLURE DU FILON. — TRAVAUX EXÉCUTÉS. Le filon est vertical, sauf sur un ou deux points dont il sera question plus tard ; il est entièrement dans les schistes cambriques fortement redressés ou verticaux. Sa nature filonienne à été reconnue par tous les géologues qui s’en sont occupés, depuis Naranjo, en 1860, jusqu’à Fuchs, trente années plus tard. oo RE ns _. 0 DE PHOSPHORITE DE LOGROSAN. 103 On peut même le donner comme type de filon dans les sections 1, 3 et 4, tandis qu'il devient moins caractéristique dans la section 5, par suite de sa division. VUE DU FILON DE COSTANAZA À L'ENTRÉE DE LA DESCENDERIE BERTA. | USPROSphOnie Ou Ce AOÛ DeOuAr ten MER RSS in CL (int) | CHPhOsphorie. 0. 507.2 OmAÂ0 dIQuartzite.. A Om Ses parois mises à nu par les travaux effectués il y à trente-huit ans ont, en général, résisté sans qu’il se produise d’éboulements impor- tants. = Îl forme une ligne ondulée, d’une longueur totale dépassant 700 mètres. + Nous distinguerons une partie septentrionale et une partie méri= dionale qui ne sont reconnues que par des fouilles sans importance, et une partie centrale sur laquelle se sont concentrés tous les efforts et que nous examinerons par sections. La partie septentrionale est reconnue par cinq puits et affleurements, depuis le Cerro-Cabrero jusqu’au puits de las Brujas, soit sur une longueur de 2 kilomètres. La partie méridionale, tout aussi mal connue, à à peu près la même longueur; elle se termine par une petite fouille au Sud-Ouest de Loma-Rodrigo, sur le versant méridional du thalweg. La partie médiane entre le puits de las Brujas et les fouilles au Sud de la chapelle de Consuelo à une longueur de 1 707 mètres, d’après le plan de l’entreprise actuelle. La ligne d’affleurement présente des ondulations dans le sens vertical, par suite du modelage par l’érosion postérieurement au rem- plissage du filon. Pour plus de clarté, nous adopterons le zéro de l’entreprise qui se trouve à environ 6 mètres au-dessus du croisement du filon par le ruisseau Ginjal. Il est à environ 400 mètres au-dessus du niveau de la mer. Depuis l’extrémité septentrionale da filon, qui est environ à la cote + 100, le terrain s’abaisse jusqu’au ruisseau Ginjal, puis se relève pour former une première colline (tranchée Calles), atteignant la cote + 36 et séparée de la deuxième par un thalweg, chemin de las Lorreras, ayant la cote + 24.60. Il s'élève ensuite régulièrement jusqu’à la cote + 64.80, puis s’abaisse peu à peu vers le Nord, le dernier affleurement étant à peu près au même niveau que le croisement du ruisseau à la colline de las Brujas. Les anciens travaux consistaient en tranchées à ciel ouvert, en un petit tunnel passant sous la route royale et en puits de reconnaissance, qui sont actuellement plus ou moins comblés. L'entreprise actuelle procède par puits et galeries superposées. On prévoit neuf étages de galeries, dont huit sont en travail sur différents points. Ce sont donc de bonnes conditions d'observation. J'ai visité les travaux en février et en mai 1908, et les ai suivis | ensuite sur les rapports bimensuels de l’ingénieur M. C. Martel. Toutes | les indications relatives à la proportion du minerai utile et à sa teneur | en phosphate sont empruntées à M. Martel, car il faut assister au | triage pour pouvoir se rendre compte de la proportion de minerai à | teneur marchande. | Nous remarquerons que ses estimations sont inférieures à la réalité | 104 PAUL CHOFFAT. — NOTE SUR LES FILONS DE PHOSPHORITE DE LOGROSAN. 105 parce qu'il n'a pris en considération que le minerai à 70 °, el au-dessus, les frais de transport ne permettant pas d'utiliser le minerai moins riche avant la construction d’une voie ferrée ou le montage d’une usine sur place. DESCRIPTION DES CINQ SECTIONS DE LA PARTIE MÉDIANE. Je diviserai la partie médiane, ou partie reconnue utilisable, en cinq sections qui sont, du Nord au Sud : Première section. — Tranchée de las Brujas. L'étude de cette section est importante, parce qu'elle nous donne des renseignements sur l'allure du filon au point le plus bas. Le puits et la tranchée ont une longueur de 115 mètres jusqu’au thalweg, où se trouve le puits Isabel. Cette tranchée à au maximum 6 mètres de profondeur, sa plate-forme est à la cote + 2, celle de la galerie Isabel, qui doit l’attaquer en sous-sol, est à — 4.50. La puissance du filon varie entre 0"30 et 2 mètres. Le minerai est semblable à celui des autres tranchées, plus pur au point où le filon se coude et contenant des débris de schistes dans les parties larges. On y voit du phosphate palmé, alternant avec du quartz, mais ce nest qu'en en extrayant quelques mètres cubes que l’on pourrait se prononcer sur sa teneur au point de vue industriel ; or le propriétaire du terrain s'oppose à l’extraction à ciel ouvert, et la galerie à travers bancs n’a pas encore atteint le filon en sous-sol. Deuxième section. Entre la tranchée de las Brujas et la deuxième tranchée se trouve un terrain recouvert par la végétation sur une longueur de 510 mètres. Cet espace étant compris entre deux tranchées où le filon est bien caractérisé, sa présence ne semble pas devoir être mise en doute; l’entreprise a du reste commencé une galerie à travers bancs pour faire une reconnaissance en profondeur. Troisième section. — Tranchée Calles. Longueur : 237 mètres ; pro- fondeur maxima : 9 mètres (voir le plan et le profil). MM. Egozcue et Mallada signalent une largeur de filon de 3"30 à 3"50 et des masses de 030 à 050 de phosphorite pure. L'entreprise actuelle à fait quelques petites fouilles et deux puits, dont le principal (puits Calles) est situé vers le milieu de la tranchée. II a une profon- deur de 28 mètres ; son fond est donc à la cote + 9. A la cote + 24.25, on à ouvert deux galeries en sens contraire, qui rencontrent le filon 106 PAUL CHOFFAT. — NOTE SUR LES FILONS avec 0"65 de bon minerai du côté Nord et 1 mètre du côté Sud (Martel, janvier 1909). Quatrième section. Du chemin de las Zorreras au point culminant. (Voir le plan et le profil.) Du chemin de las Zorreras, correspondant à un thalweg (cote + 24.60), le terrain monte insensiblement jusqu'au | point culminant (cote + 64.83). C’est dans cette section, qui a une longueur de 527 mètres, que s’est concentrée toute l’activité de l’entre- prise actuelle, les autres sections n'ayant que des travaux de recherche. On y à attaqué cinq étages de galeries et deux puits principaux : l’un, près du chemin de las Zorreras, atteint la cote + 14.50, tandis que l’autre, le puits Maria, correspond à la cote + 46.40 du terrain et atteint en profondeur la cote + 14.07. Il est foncé, à 15 mètres au Sud de la route royale, dans la partie la plus riche du filon et se trouve à une distance de 357 mètres du premier puits. Nous verrons plus loin que la puissance du minerai utile varie de 3"10 à 2%10; sa teneur est très haute, aussi bien vers la surface du terrain qu’à la base du puits. Trois étages de galeries partant du puits Maria se dirigent vers le Nord et vers le Sud. Les premières traversent un minerai riche et abondant, ce qui est aussi le cas pour la galerie Magdalena, qui vient à leur rencontre. La partie nord de la quatrième section est évidemment la meilleure, malgré la pauvreté au puits Magdalena qui se trouve sur un étran- glement, comme il s’en présente du reste sur d’autres points de la section. Les galeries du côté sud montrent une diminution assez rapide de la puissance utile. Dans la première, la puissance moyenne est supé- rieure à 1 mètre jusqu’à 75 mètres du puits; elle tombe ensuite à 0"20 et 0"50, tandis qu’à 30 mètres la deuxième galerie est déjà réduite à 050, pour reprendre immédiatement après. Nous voyons donc que les rétrécissements ne sont pas régulièrement superposés, ce qui tient peut-être à la présence d’une faille coupant obliquement celle qui a été remplie par le filon. Ces rétrécissements ne doivent pas faire supposer que cette partie n’a pas de valeur, car, dans une tranchée au-dessus de ces galeries (110 mètres de la route), le filon avait de 0"60 à 1 mètre d’utile, avec 75 °/, de phosphate de haute teneur. Un échantillon à donné 91.7 de phosphate tribasique (Martel), ce qui est à peu près la teneur maxima de l’apatite. Dans le reste de la section, le filon est moins régulier, 1l présente DE PHOSPHORITE DE LOGROSAN. 407 des intercalations de schistes qui le rendent par places imutilisable, du moins en surface. Elle se termine pourtant avec une puissance utile de 0"80. Cinquième section. Du point culminant à la fin des travaux, 598 mètres. Cette section est presque inconnue sur les premiers 320 mètres. À en juger par la surface du sol, le filon est très divisé par les schistes et ne semble pas avoir une grande valeur, puis commence une série de tranchées anciennes ou modernes, ayant fourni du minerai de 60 à 70 °/, (tranchée Veronica), mais ce n’est plus le filon régulier des sections 5 et 4, les parties riches ne sont pas aussi étendues. Ce n’est qu'après les avoir attaquées en sous-sol que l’on pourra juger de leur valeur. Un bloc de 6 mètres de puissance (tranchée de Consuelo) à été exploité jusqu'à une profondeur de 7 mètres, où il se réduisait à 1 mètre. Malgré sa belle apparence extérieure, il ne contenait que 50 °,, de minerai utile. Par contre, un puits de 13"60, foncé près de cette masse, donnait du minerai mélangé de schiste, qui après triage titrait 55 ,; ce puits a dû être abandonné à cause de l’eau, mais on en fonce un autre qui per- mettra de constater si cet étranglement en profondeur est suivi d’un épanouissement, comme c’est le cas sur d’autres points. DÉVIATIONS ET VARIATIONS. Déviations de la verticale. J’ai dit plus haut que le filon est vertical sur presque tout son parcours, mais 1l à été observé une déviation de la verticale au puits Calles (milieu de la section 5), 1 mètre sur une pro- fondeur de 29 mètres, vers la fin de la section 4 et vers l’extrémité de la section 5, où il incline 70 vers le Nord-Ouest et 100 mètres plus loin 80° Sud-Est. Enfin, dans le puits Loma-Rodrigo, vers l’extré- mité méridionale du filon, la paroi nord-ouest est verticale, tandis que la paroi sud-est plonge sous un angle de 70°. Variations dans le sens horizontal. Le filon présente plusieurs ondulations avec rétrécissements à chaque coude, mais dans ces rétrécissements le minerai est beaucoup plus pur, comme c’est généralement le cas dans les gites minéraux. Je citerai deux exemples pris au hasard. Dans la tranchée de las Brujas, le filon a 0"50 de puissance au coude et passe rapidement à 108 PAUL CHOFFAT. — NOTE SUR LES FILONS 2 mètres, et, dans la galerie Magdalena, le filon avait 0"50 au coude et" 095 à une distance de 5 mètres. | A l'extrémité nord-est de la galerie Magdalena, le filon présentait les alternances suivantes : Phosphorite 2 MR ET SCRISTES an A A NS ES Phosphorite ni ANNEE SCHISIES LIEN A1 eu CMOS Phosphorites 1e, RME teURn Soit 2 mètres de minerai sur une puissance totale de 410. Au puits Maria, situé 250 mètres plus loin, sur une puissance totale de 5"65, 1l n’y à pas de schistes, mais uniquement une intercalation d'un filon de quartzite vertical d’une épaisseur de 055, par consé- quent 510 de minerai d'excellente qualité. I v a par places des renflements subits; tel est celui de 11 mètres de puissance, sur une longueur de 8 mètres, signalé par MM. Egozeue et Mallada au Sud de la route royale. Ils estimaient à 20 °/, le mineraï utile. Dans la section 5, nous avons vu un massif de minerai de 6"20 de puissance. Variations en profondeur. La question des variations en profondeur a une importance capitale. MM. Egozcue et Mallada émettent l'hypothèse que le filon peut être inexploitable à la profondeur de 100 mètres, non pas à cause d’une moindre teneur en phosphate, mais par suite de son amincissement. MM. Fuchs et de Launay admettent pour tous les filons de phos- phate l’augmentation de la proportion de quartz en profondeur et, par suite, la diminution de la teneur du minerai à mesure que l’on s'enfonce au-dessous de la surface du sol. [s s'expriment de la manière suivante au sujet du filon de Logrosan : « Son remplissage présente une structure zonée, alternativement com= posée de lamelles cristailines de phosphorite et de petits cristaux de quartz ; ces derniers vont en augmentant avec la profondeur, si bien qu’à 30 mètres à peine de la surface la teneur moyenne, qui était supé- rieure à 65 °/, aux affleurements, est descendue au-dessous de 50 °, : ce qui rend toute la partie profonde du gite provisoirement inexploi- table. » L'état des anciens travaux ne permet pas de supposer qu'ils attei- DE PHOSPHORITE DE LOGROSAN. 109 gnaient une profondeur supérieure à 15 mètres, sauf dans des puits de recherches qui seraient actuellement comblés. IL y a, il est vrai, un passage du mémoire de MM. Egozcue et Mallada (p. 235) d’après lequel une tranchée aurait eu 25 mètres de profondeur. Au point correspondant se trouve une grande tranchée dont le fond était remblayé lors de ma première visite, mais elle ne semble pas avoir eu plus de 14 mètres de profondeur. Ÿ aurait-il une faute d'impression, 25 au lieu de 15, ou bien a-t-elle été partiellement remblayée avant la formation de l’entreprise actuelle? Voyez sur le profil la « tranchée au Nord de la route », dans laquelle on à figuré en pointillé l’espace où elle peut atteindre la profondeur de 25 mètres. Cet espace doit être traversé par une galerie passant à 17 mètres au-dessous du sol; elle rencontre actuellement le filon en place, avec 2°40 de minerai de première qualité. On ne saura que plus tard s'il a existé une exploitation à 25 mètres de profondeur, mais si c’est exact, ce ne serait que sur une distance restreinte, et 1! n’y aurait rien d'étonnant à ce que sur un point la teneur ait été faible ; on ne pourrait en tirer aucune déduc- tion générale. MM. Egozcue et Mallada disent catégoriquement que l'abandon des travaux par l’ancienne entreprise a été dû à la mésintelligence entre les personnes intéressées. Il est du reste incontestable que la pauvreté du minerai n’est pour rien dans cet abandon, puisqu'il reste de l’excel- lent minerai à exploiter à une faible profondeur. L'examen des galeries m'a fait voir, sur plusieurs points, des augmentations ou des diminu- tions assez rapides sur une hauteur relativement faible, mais il eût été prématuré d’en tirer des conclusions. Le fonçage des puits montre déjà des faits plus positifs; je me référerai à irois d’entre eux pour lesquels J'utilise, avec quelques légères modifications, des graphiques construits par M. Martel (voyez p. 111). Ce sont, du Nord au Sud, les puits Calles, Magdalena et Maria, séparés par des distances de 115 et 357 mètres. Puits Maria. La cote du terrain est de + 46.40 et la profondeur du puits est de 5253; sa cote de fond est donc de + 14.07. Les indications relatives à l’affleurement en ce point ne sont pas très détaillées dans la description de la province. On y dit que la puissance dépasse 5 mètres, dont 60 à 70 °/, de minerai utilisable, d’où M. Martel déduit une puissance utile d'environ 3"25. À partir de 9 mètres, les observations sont plus détaillées; le filon de quartzite intercalé avait 0"55 et il a peu diminué, car il varie entre 0%45 à 050 à la profondeur de 30 mètres. | 1 ï L. 21 La partie utile, qui était de 5"10 à la cote + 37.40, est réduite de 1 mètre à la cote + 27.95 ; c'est le minimum de puissance. Elle oscille ensuite autour de 2"60, pour atteindre 2"80 à la cote + 17.30 et descendre à 2325 à la cote + 14. Au premier abord, on est porté à conclure à une forte diminution, mais en regardant ce qui précède, nous voyons que ce rétrécissement est moins fort que celui de 2"10 à la cote + 27.95, et pourtant la puis- sance a remonté Jusqu'à 2280 ! Nous avons vu que la phosphorite est séparée verticalement par un filon de quartz; or les deux filons de phosphorite se comportent d’une façon différente : celui du Sud augmente en profondeur, tandis que celui du Nord diminue. La qualité du minerai est restée la même du haut en bas; c’est une belle phosphorite palmée, alternant avec des zones de quartz, mais sans mélange de schiste. Sa teneur moyenne en phosphate tribasique est toujours voisine de 70 °. Les données suivantes renseignent sur la teneur marchande vers la base du puits. | Sur 25 tonnes de minerai trié, à teneur moyenne supérieure à 70 °/, extraits de la profondeur de 30 mètres, on a obtenu 10 tonnes de minerai sans quartz, C'est-à-dire à 80 °/.. Les matériaux extraits à 32 mètres (y compris le filon de quartz) ont donné deux tiers de phosphate supérieur à 70 °/, un sixième de phosphate plus fortement mélangé de quartz et un sixième de quartzite. Puits Magdalena. Cote du terrain : + 25 mètres, profondeur du puits : 1050; cote du fond : + 1450. Mauvais au début, il à présenté un renflement de 0"60 à la profon- deur de 4"50, mais il est rapidement tombé à 0"40, puis à 0"30. Il y à donc rétrécissemen.. Puits Calles. Surface du sol : 37 mètres; profondeur de la tranchée : 8250 ; profondeur du puits au-dessous du sol : 28 mètres; cote du fond : -- Jhmetres: On n’a pas de données sur la puissance à la surface du sol, mais, d'après MM. Egozcue et Mallada, le filon aurait eu 3"50 dans Ja tranchée, soit à environ 5 mètres de profondeur, dont un tiers d’utile, ce qui fait 4"45. Nous voyons ensuite la puissance utile osciller entre 0®80 et 1"25, pour se réduire à 0"50 à la profondeur de 14"50, puis elle augmente assez rapidement, tout en subissant quelques peutes oscillations, et se termine avec 2 mètres (Martel). Il y a donc tendance 110 PAUL CHOFFAT. — NOTE SUR LES FILONS DE PHOSPHORITE DE LOGROSAN. dit manifeste à un élargissement, quoique sa cote de fond soit inférieure à celle du puits Maria. Comparaison des trois profils. La puissance du filon et celle du minerai utile diminuent lentement dans le puits Maria. Sur 52 mètres de pro- fondeur, la puissance totale passe de 5 mètres à 2"80, mais la puis- sance utile diminue moins rapidement, puisque de 3"25 elle se réduit à 2"52. Le puits Magdalena, mauvais dès le début, atteint la même cote de fond sans changement notable, tandis que le puits Calles, qui descend 3 mètres plus bas, présente une augmentation incontestable, malgré ses oscillations. À 440 mètres au Nord du puits Calles, nous avons vu des affleure- ments occupant une cote plus profonde, la tranchée de las Brujas, qui atteint la cote < 2. Nous savons déjà que dans cette tranchée le filon atteint 2 mètres de puissance et que le minerai semble de bonne qualité. Conclusions. Pour terminer, J'émettrai les conclusions suivantes : 1° Le filon présente une alternance de rétrécissements et d’élargis- sements, non seulement dans le sens horizontal, mais aussi dans le sens vertical ; 2 Les résultats du fonçage des puits sont contradictoires, suivant que le puits se termine dans un élargissement ou dans un rétrécisse- ment, mais en tout cas la diminution de la puissance du minerai en profondeur est extrêmement lente, si elle existe réellement ; 3° Le mélange de schiste ne semble pas répondre à une règle. Son absence et la haute teneur du filon dans toute la hauteur du puits Maria doivent être considérées comme une exception. Sur d’autres points, le mélange du schiste existe aussi bien dans les points élevés que dans les _ plus profonds (tranchée de las Brujas) ; 4 Sur une même verticale, la qualité du minerai peut se modifier dans l’un ou l’autre sens ; »° La quantité de minerai exploitable dans la partie médiane du filon (1 707 mètres) est assurément très grande, mais l’avancement des puits et des galeries ne permet pas encore d'évaluer la quantité exploitable sans risquer de commettre des erreurs importantes dans l’un ou l’autre sens. C’est surtout le cas pour les espaces qui ne sont connus que par des fouilles superticielles. PUITS DU FILON COSTANAZA. — SECTIONS COMPARÉES. he Tara Eue Doc Eg et M Fate CHE C3 Sol ] Ù 1 û] i Ù } | } | | Ù 1 Î | Ù Ù | Ù | nm = — = — 20 > Hs un = D ee ee ee — = — — C4 1310 (868)! of > a Lai mens — = De cu = mms de mis mme © TEL = mms = em — — Got 5 JA agdalena Ro €. 26 So ts } ' Ce 27,95 | Luo__ | |1846) je Cor.s 245 EL 1e. ; DA CCMA (T ES VV 1(4.5 6 [L0.50) Hi o| £ te (57e) ACCES Cote 15 ME Don Da AE OLA # 280/328) | /2910) / ° DAC DA ne # Casey 1232 1(525) Pond? —? + #00 (0 0 SRI R ES N(£ 80) Les chiffres à gauche des figures indiquent les cotes au-dessus du zéro de l’entre- prise et les chiffres entre parenthèses à droite des figures indiquent les profondeurs des puits. Les nombres à l’intérieur indiquent : les premiers la puissance, en centimètres, de minerai utile (en première qualité), et les deuxièmes, mis entre parenthèses, indiquent la puissance totale du filon. Res NOTE SUR LES FILONS DE PHOSPHORITE DE LOGROSAN.. 1143 Dans leur évaluation de la provision de minerai, MM. Egozcue et Mallada donnent le chiffre hypothétique de 100 mètres comme limite de l’exploitation du filon. L'exploitation des mines de Caceres l’a dépassé et leur abandon n’a pas été occasionné par le manque de minerai, mais par les frais trop considérables de l’épuisement de l’eau. L’ingénieur Jacob, directeur de l’ancienne exploitation, m'a donné des échantillons du puits Esperanza, de 108 mètres de profondeur. Leur teneur varie de 50.5 %, à 81.9 °/,. D'après MM. Fuchs et de Launay, les puits San Salvador et San Eugenio avaient environ 105 mètres. Pour le moment, rien ne fait supposer que le minerai de Costanaza soit trop réduit pour être exploité à une profondeur analogue. Les filons de Mingote, Ginjal et Cassillon sont probablement moins impor- tants, mais les fouilles faites jusqu'à présent sont trop superficielles pour permettre de dire s'ils peuvent donner lieu à une exploitation lucrative. Lisbonne, le 40 février 1909. 1909, MÉN 8 EXPLICATION DE LA PLANCHE Il Fi. 1. — Profil en long des 3e et 4 sections du filon de Costanaza montrant l’ét: at des anciens travaux et l’avancement des nouveaux à la date du 4er février 1909, d’ après l'ingénieur C. Martel. Échelle : 8/4, de millimètre par mètre. FiG. 2. — Plan horizontal du filon de Costanaza, sections 3. 4 et 5, entre le puits Consuelo et l'extrémité Nord de la tranchée Calles. Échelle : 1/; de millimètre pa . À mètre. 2 T. XXII - PL. Il lPelrt puits Zu LL 2 77, À e 24 Pr ci 0,40 . F ANCIENS. r récents. érage Es d 3 7.20. ue À CE e de Géol., de Paleontol.et d'Hydrol. T. XXII - PL. Il . belg Fig. l. Profil des 3%et 4° Sections du Filon Costanaza Q tê à ê ol EU Ÿ & TA Ÿ e $ ÿ = 7 à À È D. Magozlena 4 SQ È TE Fo TE Drm S Pr 14m\0.40 === 7757777777] /2s Zorreras bon Cote O = Point bas du lon en surface S Section v Echelle : 08&mm par m. è Travaux anciens. O 10 20 30 40 50 60 à ÿ [] Faveux récenés. [ATOUT \] À vd v DIT X °Ÿ è à e < Ÿ We Re \ Ë | È SR o ë Ë S S & DL LL TD DLL IL LEE < S | S —— ere Z LE LS à S 222 LD) |. 26 0 IE IS S à RE à S Ÿ * {| il e . L__ Cote o 4° Section Fig. 2. Projection horizontäle du filon Costanaza Le, \ 4 € S ecCtlon Ÿ à Y AG Con . > 3 ,, Word D à: ŸV Le| 7, Ve DS Tranche£ Sr À er, Ee 5 la ge & : Les se S © La Ca NM. © ù Section SSSS ; ei / ri d S Ÿ a Dre cire se) ; Zanchée Ÿ Calles NE; ÿ DS ====="=" S 2 100 EE + ÿ ÉTUDE COMPARATIVE DE LA RÉPARTITION DES ESPÈCES FOSSILES dans le Frasnien inférieur du bord méridional du bassin dinantais et dans les niveaux synchroniques du Boulonnais (1) PAR E. MAILLIEUX Bien que ce soit surtout avec les dépôts frasniens du bassin de Namur et du bord Nord du bassin de Dinant que le Frasnien de Beau- lieu et de Ferques offre le plus d’analogies, 1l m'a paru néanmoins intéressant de comparer, au point de vue de la répartition des espèces fossiles, les couches si complexes du Frasnien de la bordure méri- dionale du bassin dinantais et celles si bien et si minutieusement étudiées par M. E. Rigaux dans le Boulonnais. M. Gosselet à classé comme suit les différents niveaux de la bande méridionale frasnienne de l’Ardenne (?) : . Calcaire à Séromatopora. . Calcaire à Aviculopecten Neptuni. . Calcaire argileux à Sp. Orbelianus (zone des monstres). Æ © RO . Schistes noduleux à Receptasulites Neptuni. . Schistes à Camarophoria formosa. . Schistes à Camarophoria megistana et calcaire gris à Pachystroma. . Schistes à Sp. pachyrhynchus et marbre rouge à Stromatactis. OO J © © . Schistes de Matagne et de Barvaux (Frasnien supérieur). (1) Mémoire présenté à la séance du 18 mai 1909 () L’Ardenne. Paris, 1888, p. 458. 116 E. MAILLIEUX. — ETUDE DE LA RÉPARTITION Ces subdivisions sont basées surtout sur ce que l’on observe dans les belles coupes typiques de Givet, où notre éminent Confrère à trouvé la succession de ces niveaux la plus complète et la plus favorable à l'étude. À Boussu-en-Fagne, le même auteur a signalé une fort belle coupe où il mentionne (1) : = . Calcaire à Stromatopora (?). . Calcaire à Sp. Orbelianus. . Schistes à Receplaculites Neptuni. CO 1O . Caleaire gris clair. . Schistes à nodules. . Caleaire gris clair, exploité à l’entrée du village. . Schistes avec Encrines et Polypiers. . Caleaire rouge. © OO 1 © © . Schistes de Matagne. Cette coupe, pour ainsi dire la plus complète du Frasnien aux environs de Couvin, s'étend de l’'Ermitage au village de Boussu, sur un parcours normal à la direction des couches. On peut, en la complé- tant à l’aide de quelques détails observés aux alentours, la considérer comme type du Frasnien de la bordure méridionale du bassin de Dinant. On sait que la Commission de la Carte géologique officielle de Belgique à séparé du Frasnien, pour en faire l’assise supérieure de l'étage givétien, les deux zones inférieures du Frasnien de M. Gosselet, c'est-à-dire : 1. Le caleaire à Stromatopora. 2. Le calcaire à Auiculopecten Neptuni. En 1880 (5), M. Gosselet ne considérait comme frasniennes que les couches à Aviculopecten et laissait au Givétien le calcaire à Stromato- pores ; huit ans après, en faisant de ces deux zones calcaires la base de son étage frasnien, il ajoutait d’ailleurs, en substance, que les calcaires à Stromatopores et à Aviculopecten, dont la faune est encore dt) Loc. cit., p. 468, tig. 104. (2) J'ai observé, près de l’Ermitage (Boussu), les couches à Aviculopecten non men- tionnées 1C1. (5) Esquisse géologique du Nord de la France et des contrées voisines. Lille, 1880, DOTE DES FOSSILES DU FRASNIEN INFÉRIEUR, 117 peu connue, n’ont pas été suffisamment, jusque-là, distingués du Givé- tien (1). Bien qu’il soit peu aisé de tracer la ligne de démarcation entre deux zones aussi semblables, lithologiquement parlant, le calcaire à Stromatopores et le calcaire à Aviculopecten présentent des caractères fauniques assez différents pour que l’on doive les séparer l’un de l’autre. Si, en effet, le premier de ces calcaires paraît offrir plutôt un facies givétien, on ne saurait perdre de vue que, dans le calcaire à Aviculopecten qui le surmonte, apparaissent les Spirifer Verneuili et Orbelianus, espèces essentiellement frasniennes que je n'ai jamais rencontrées plus bas, bien que G. Dewalque ait signalé la présence du Sp. disjunctus (terme synonyme du Verneuili) dans le Givétien (?). A mon sens, sans me prononcer sur l’âge du calcaire à Stroma- topores, je pense qu’il est difficile de séparer tout au moins le caleaire à Aviculopecten du Frasnien, dont il constitue ainsi la base. Si nous reprenons l'étude de la coupe de Boussu-en-Fagne, dont il a été fait mention précédemment, nous observerons, de la base au sommet : 4. Calcaire à Stromatoporoïdes (Gvb pro parte): 2. Frasnien inférieur : a. Calcaire avec délits schisteux, à Aviculopecten Neptuni (Gvb pro parte). b. Caleaire argileux à Sp. Orbelianus. c. Schistes noduleux, verdatres, à Receptaculites Neptuni. d. Calcaire gris à Pentamerus brevirostris. e. Schistes noduleux à Camarophoria formosa, Metriophyllum Bouchard, f. Schistes gris avec bancs de calcaire intercalés. g. Calcaire gris clair à Pachystromu. h. Schistes à Acervularia, Sp. pachyrhynchus. i. Calcaire rouge, non stratifié, à Sfromatactis. j. Schistes à Sp. pachyrhynchus comme en h, mais avec fossiles beaucoup moins abondants. Frasnien supérieur : O1 Schistes de Matagne à C. palmatum. Les environs de Couvin nous montrent, d'autre part, d’abord à Nismes (Abannets,, un facies spécial (facies néritique) de la base du (4) L’Ardenne, 1888, p. 458. (2) Ann. Soc. géol. de Belgique, t. X, 1874, p. LxH. HSE E. MAILLIEUX. — ÉTUDE DE LA RÉPARTITION Frasnien (1), reposant sur le calcaire à Stromatopores (Gvb pro parte) . et qui doit être synchronique, ou à peu près, des couches à Sp. Orbe- lianus que l’on ne voit pas en cet endroit, où Je n’al pas ee non plus les couches à Aviculopecten. Ensuite, nous trouvons à Frasnes (tienne delle Roche) le récif de marbre rouge de l’Arche (?), caractérisé par l’absence des Acervularia, si communs dans les récifs du sommet, et par sa position entre les schistes à Receptaculites Neptuni et le calcaire gris à Pentamerus brevi- rostris. Enfin, dans la plaine de Mariembourg, émergent tantôt du sein des schistes à pachyrhynchus, tantôt du sein des schistes de Matagne, les récifs bien connus de marbre rouge à Stromatactis et Acervularia. On est donc amené à diviser le Frasnien inférieur des environs de Couvin, choisi comme type, en huit zones caractérisées soit par des espèces spéciales à chacune d’elles, soit par des espèces qui y abondent particulièrement. Nous en donnons ci-après la nomenclature : 1. Calcaire gris très fin, avec délits schisteux (calcaire à Aviculo- pecten Neptuni) : lchtyodorulite. Athyris concentrica Murch. (non de Buch). Atrypa reticularis Linn. (5). Cypridina sp. Cyrtoceras À. Loronemaornatun Nucula corbuliformis Hal]. Euomphalus planorbis ? Rœm. mn: Macrocheilus n. sp. Microdon aff. bellistriatus Conrad. Natica ri. sp. Leptodesma mytihforme. Murchisonia sp. Leiopteria inconspicua Rœm. Bellerophon lineatus ? Goldf. Aviculopecten Neptuni Goldf. Spirifer Verneuili Murch. At lOp OT GrEpE ENS Te Alveolites subaequalis Edw. H. —_ Orbelianus Abich. Favosites cervicornis Mich. Cyathophyllum caespitosum Gold. (4) Bull. Soc belge de Géol., 1. XX, 1906, Proc.-verb., p. 10; t. XXI, 1907, Mém., p. 161; t. XXI, 1907, Proc.-verb., p. 300. (2) Bull. Soc. belge de Géol., t. XXII, 1908, Proc.-verb., p. 346. (5) Certaines Atrypa, que je continue à dénommer 4. reticularis, présentent des caractères différentiels secondaires qui en font des variétés différentes, mais que Je n’ai pu encore étudier suffisamment. DES FOSSILES DU FRASNIEN INFÉRIEUR. 149 2. Calcaire argileux (zone des Monstres, à Sp. Orbelianus) : À. Facies normal : Orthoceras A. Chonetes Douvillei Rig. Euomphalus rotula Goldf. Leptaena Ceduloe Rig. — Goldfussi Arch. — _ latissima? Bouch. — Wahlenbergi Goldf. Productus subaculeatus Murch. Loxonema adpressum Roœm. Strophalosia membranacea Phil. Spirifer Verneuili Murch. Streptorhynchus devonicus Davids. — aperturatus Schloth. — cf. eleyans Bouch. — Orbelianus Abich. — Rahiri nov. sp. Atrypa rehcularis L. Rhynchonella ferquensis Goss. Athyris concentrica Mureh. Cyathophyllum A. Orthis striatula Schloth. B. Facies néritique des Abannets : Cryphaeus arachnoïdeus Goldf. sp. Athyris concentrica Murch. _ nov. Sp. Productus subaculeatus Murch. Cyphaspis A. Strophalosia productoides Murch. Cypridina cf. serrato-striata Sandb. Camarophoria formosa Sehur. Orthoceras B. Spirifer Verneuili Murch. Goniatites sp. — unguiculus SOW. Euomphalus rotula Goldf. Chonetes Douvillei Rig. (var.). Aviculopecten Neptuni Goldf. Metriophyllum Bouchardi Edw. H. Cardium palmatum Goldf. Cladochonus nov. sp. Lingula sp. Retepora antiqua Goldf. Atrypa reticularis L. Bryozoaires et Crinoïdes ind. 5. Schistes verdâtres, noduleux, à Sp. bisinus et Receptaculites Neptuni : : Bronteus flabellifer Goldf. Spirifer bifidus ? Rœm. Goniatites cf. intumescens Beyr. — Malaisi? Goss. Tentaculites sulcatus Roœm. — undiferus Rœm. Capulus sp. — bisinus Le Hon. Nucula sp. Atrypa reticularis L. Chonetes Douvillei Rig. Athyris Oehlerti Rig. Leptaena Ferquensis Rig. ; Pentamerus brevirostris Phill. — latissima ? Bouch. — nov. Sp. À. Rhynchonella pugnus Mart. Orthis striatula Sehloth. — Kayseri Rig. Receptaculites Neptuni Defr. 120 E. MAILLIEUX. — ÉTUDE DE LA RÉPARTITION 4. Récif de marbre rouge de l'Arche : Bronteus flabellifer Goldf. Goniatites Cyrtoceras B. Orthoceras regulare Schl. Gomphoceras A. Bellerophon tuberculatus d'Orb. Natica puligera Sandb. Loxonema ovatum Rœm. Macrocheilus Schlotheimi Vern. Pleurotomaria Sigaretus Sandb. Porcellia primordialis Schloth. Turbo bicingulatus Rœm. Euomphalus planorbis Rœm. — rotula Goldf. Capulus priseus Goldf. — _ trigonus Goldf. Tentaculites sulcatus Rœm. Aviculopecten A. Limoptera ? sp. Avicula Bodana Rœm. Pterinopecten crenicostatus Hall. Pterinea elegans Goldf. Limanomya sp. Lucina sp. Myalina crassa Sandb. Conocardium sp. Cypricardia lamellosa Sand. — elongata Arch. Vern. Spirifer Verneuili Murch. — Winteri Kays. — simplez Phill. 5. Calcaire gris de l’Ermitage (calcaire à Pentamerus brevirostris) : Spirifer Verneuili Murch. — Sauvagei Rig. Rhynchonella Kayseri Rig. == Lemeslu Rig. — Barroisi Rig. — similævis Rœm. Spirifer Sauvagei Rig. — inflatus Sehn. — undiferus Rœm. — deflexus Rœm. Orbicula sp. Crania obsoleta Goldf. Nucleospiru lens Schn. Cyrtina Douvillei Rig. Athyris sp. Atrypa reticularis L. — longispinu Rig. Merista plebeia Sow. Rhynchonella pugnus Mart. — cuboïides Sow. Pentamerus brevirostris Phill. Orthis striatula Schl. — eifeliensis Vern. Leptaena retrorsa Kays. — latissima Bouch. Strophalosia productoïides Murch. Productus subaculeatus Murch. Dielasma elongata Scehl. Fenestella antiqua Goldf. Alveolites subaequalis Edw. H. — suborbicularis Lk. Favosites cervicornis Mich. Cyathophyllum caespitosum Mich. Stromataciis ? Receptaculites rhombifer Rœm. Melocrinus inornatus Fraip. Pentamerus brevirostris Phil. Atrypa reticularis L. Athyris aff. Kaïsini Rig. Orthis striatula Schloth. Productus subaculeatus Murch. Leptaena sp. DES FOSSILES DU FRASNIEN INFÉRIEUR. 191 Alveolites subaequalis Edw. H. Cyathophyllum caespitosum Gold. — suborbicularis Lk. Aulopora repens Goldf. Favosites cervicornis Mich. Receptaculites Neptuni Defr. Chaetetes Goldfussi Edw. H. Crinoïides ind. | 6. Schistes noduleux brun clair (zone à C. formosa) : | | Dent de poisson. Rhynchonella ferquensis Goss. | Ostracode ind. Orthis eifeliensis Schl. | Goniatites intumescens Bevr. Productus subaculeatus Murch. | Spirifer Verneuili Murch. Strophalosia membranacea Phil. | — Sauvagei Rig. Metriophyllum Bouchardi Edw. | — pachyrhynchus M. V. K. Cyathophyllum B. | Cyrtina Rigauxi Maillieux. Chaetetes Goldfussi Edw. H | Atrypa reticularis L. Favosites cervicornis Mich. | Athyris ai. Kaisini Rig. Alveolites subaequalis Edw. | Camarophoria formosa Schn. — suborbicularis Lk. | Rhynchonella Kayseri Rig. Crinoïdes ind. — Le Meslii Rig. 7. Schistes gris avec calcaire interstratifié. Caleaire gris à Pachy- stroma (zone à C. megistana) : A. Schistes gris avec bancs de calcaire interstratifié : | Cyphaspis B. Athyris Ochlerti Rig. | Cryphaeus arachnoïdeus Goldf. sp. — concentrica Mureh. | Cyrtoceras C. Productus subaculeatus Murch. | Orthoceras regulare Schloth. Rhynchonella Kayseri Fig. | Goniatites retrorsus Sandb. Pentamerus brevirostris Phil. | Lingula Amayana de Ryckh. Orthis eifeliensis. Spirifer Verneuili Murch. Camarophoria megistana Le Hon. — pachyrhynchus M. V.K Metriophyllum Bouchardi Edw. etH. B. Calcaire gris à PACHYSTROMA : Bronteus flabellifer Goldf. Spirifer Verneuili Murch. Capulus procumbens Ryck. — cf. undiferus Rœm. Pleurotomaria Sigaretus Sandb. — Sauvagei Rig. Turbo bicingulatus Rœm. Atrypa reticularis L. Tentaculites sp. Nucleospira lens Schnur. Conocardium sp. Pentamerus brevirostris Phil. Cypricardia lamellosa Sandb. — nov. sp. B. 122 E. MAILLIEUX. — ÉTUDE DE LA RÉPARTITION Rhynchonella similaevis Rœm. Leptaena retrorsa Kays. Re — cuboïides Sow. Acervularia sp. Camarophoria megistana Le Hon. Relepora antiqua Goldf. Orthis striatula Schloth. | Pachystroma ? 8. Schistes à Sp. pachyrhynchus et récifs de marbre rouge à Stroma- tactis et Acervularia : A. Schistes à SP. PACHYRHYNCHUS : Ellipsocaris Dewalquii Wood. Rhynchonella cuboïdes Sow. Cryphaeus arachnoïdeus Goldf. sp. — pugnus SOW. Capulus procumbens Ryck. | — Barroisi Rig. Natica piligera Sandb. Leptaena Gosseleti Rig. Evomphalus rotula Goldf. — latissima Bouch. Loxonema Phillipsi Rœm. — retrorsa Kays. Orthoceras regulare Schloth. — Dutertrii Murch. Spirifer acutosinus Bouch. | Productus subaculeatus Murch. — Verneuili Murch. Strophalosia membranacea Phil. — tenticulum Vern. — productoïides Murch. — bifidus ? Rœm. Chonetes armatu Bouch. — Sauvagei Rig. Orthis striatula Schloth. — cf undiferus Rœm. — eifeliensis Schnur. — pachyrhynchus M. V. K. — cf. Dumontiana Vern. Pentamerus brevirostris Phil. Skenidium Deshayesi Bouch. Atrypa reticularis L. Dielasma elongata Schloih. — longispina Bouch. Merista plebeia Sow. ep: Cyathophyllum hexagonum Goldf. Cyrtina Rigauxi Maïllieux. Cyathophyllum caespitosum Mich. — Douvillei Rigaux. (= Marmini Edw. H.) — Sp. Acervularia pentagona Goldf. Athyris concentrica Murch. — Davidsoni Edw. H. — PBayeti Ris. — Goldfussi Edw. H. — Oehlerti Rig. Cyathophyllum Bouchardi Edw. H. —. Davidsoni Rig. Ptychophyllum sp. — aff. Kaïsini Rig. Metriophyllum Bouchardi Edw.H. Nucleospira sp. Aulopora repens Goldf. Camarophoria megistana Le Hon. | Tecostegites Bouchardi Edw. H. Rhynchonella similaevis Rœm. Alveolites subaequalis Edw. H. — boloniensis d’Orb. — suborbicularis Lk. = Kayseri Rig. Favosites cervicornis Mich. — Le Meslii Rig. Chaetetes Goldfussi Edw. H. DES FOSSILES DU FRASNIEN INFÉRIEUR. 193 Melocrinus hyeroglyphicus Goldf. Melocrinus obscurus Fraip. — Konincki Fraip. — Dorlodoti Maillieux. — Benedeni Fraip. Hexacrinus verrucosus Fraip. — globosus Fraip. — minor Fraip. — mespiliformis Fraip. Zeacrinus Beyrichi Fraip. — Chapuisi Fraip. __ — aff. Beyrichi Fraip. = inornatus Fraip. B. Récifs de marbre rouge à STROMATACTIS : Bronteus flabellifer Goldi. Atrypa reticularis L. Goniatites retrorsus Sandb. Spirifer Sanvagei Rig. — intumescens Bevr. Acervularia Goldfussi Edw. H. Orthoceras regulare Schloth. — pentagona Goldf. Rhynchonella similaevis Roœm. Alveolites suborbicularis Lk. — cuboïides Sow. — subaequalis Edw. H. — Kayseri Rig. Favosites cervicornis Mich. Nucleospira lens Sehn. Receptaculites Neptuni Detr. Pentamerus brevirostris Phil. Stromatactis ? Orthis striatula Schloth. Dans cette liste, je sépare peut-être à tort le calcaire à Pentamères de l’Ermitage des schistes noduleux à Receptaculites, car M. Gosselet a signalé, à Baives, un niveau de calcaire gris appartenant à la zone à Receptaculites Neptuni. Néanmoins, le calcaire gris de l’Ermitage, malgré la présence du Receptaculites Neptuni, possède des éléments fauniques quelque peu différents et qui m'ont paru plaider en faveur de la sépa- ration des schistes noduleux et de ce calcaire : d’abord, le Recepta- culites Neptuni, qui foisonne dans les schistes, est très rare dans le calcaire gris. Par contre, le Pentamerus brevirostris caractéristique du caleaire gris n’est représenté dans les schistes noduleux que par de très rares spécimens. De plus, certaines espèces des schistes nodu- leux n'existent pas dans le calcaire qui les surmonte (Sp. bisinus, Sp. Malaisi? Chonetes Douvillei, etc.). De même, Rhynchonella Lemeslii ne commence à apparaître que dans le caleaire gris de lErmitage. Quant au récif de l’Arche, dont je fais provisoirement un niveau spécial, il est assez difficile de déterminer s’il occupe le sommet des schistes à Receptaculites ou la base du calcaire gris de l’Ermitage, bien que la présence du Sp. Sauvagei et l’abondance du Pentamerus brevi- rostris fassent pencher plutôt en faveur de la seconde hypothese. Li 124 E. MAILLIEUX. — ETUDE DE LA RÉPARTITION Dans le Boulonnais, M. E. Rigaux a établi les divisions sui- vantes (1) : Étage frasnien. A. BEAULIEN. 1. Schistes de Cambresèque : à. Niveau à Sp. Dorlodoti ; b. Niveau à Chonetes Douvillei ; c. Niveau à Sp. Malaisi. 2. Dolomie de Noces et calcaire à Pentamères : a. Dolomie des Noces ; b. Schistes verts ; c. Calcaire inférieur à Pentamères. 3. Schistes de Beaulieu : a. Schistes à Sp. Belliloci ; b. Schistes à Strept. elegans ; c. Galcaire supérieur à Pentamères. B. FERQUIEN. . Dolomie de Fiennes. = ». Caleaire et schistes sableux de Ferques. ©: . Schistes rouges. Les schistes de Cambresèque reposent sur une assise calcaire (calcaire Bastien), séparée elle-même du calcaire de Blacourt (Givétien moyen) par une vingtaine de mètres de schistes avec Spirifer undiferus, Sp. cf. Verneuili, Athyris concentrica, Atrypa desquamata. La position stratigraphique de ces couches est contestée, M. Gosselet les rangeant à la base du Frasnien et M. Rigaux les considérant comme composant l’assise supérieure du Givétien. Il ne m'appartient aucunement de trancher cette question, et, en adoptant iei la classification stratigraphique de M. E. Rigaux, je rappel- lerai toutefois que M. Gosselet à signalé, à ce niveau contesté, le Sp. Orbelianus que j'ai également découvert dans la partie supérieure () Pour la faune de chacune des zones du Boulonnais, nous renvoyons aux publi= cations de M. Kigaux. atin de ne pas allonger inutilement cette note par des listes connues et dont les éléments figurent du reste au tableau comparatif joint à notre travail. Voir notamment : Notice géologique sur le Bas-Boulonnais. Boulogne, 1892, et Le Dévonien de Ferques et ses Brachiopodes. Boulogne, 1908. DES FOSSILES DU FRASNIEN INFÉRIEUR. 195 du calcaire à Aviculopecten des environs de Couvin. (Frasnes : La Vau- celle et Petigny : L’Adugeoir.) Je donne plus loin le tableau comparatif de la faune frasnienne tant du lambeau classique de Ferques et de Beaulieu que de la rive méri- dionale du bassin de Dinant. Comme on pourra s’en rendre compte, des formes qui, dans le Boulonnais, paraissent cantonnées dans certains niveaux qu'elles caractérisent, se retrouvent parfois, dans la bordure Sud du bassin dinantais, à des niveaux tantôt plus, tantôt moins élevés el vice versa. C’est ainsi, par exemple, que : Aviculopecten Neptuni, qui, dans le Frasnien des environs de Couvin,: caractérise l'extrême base des dépôts et ne se rencontre que très rare- ment dans la zone qui surmonte cette base, n'existe, dans le Boulon- nais, que vers la partie supérieure (calcaire de Ferques) du même étage. Spirifer tenticulum, voisin de la base dans la région de Ferques, occupe, dans l’Ardenne, le niveau le plus élevé. Atrypa longispina, qui apparaît dans le récif de l’Arche et se retrouve dans la zone la plas supérieure du Frasnien méridional dinantais, n'existe, à Ferques, qu’au sommet de l’étage. | Le cas inverse se présente pour Sp. acutosinus et Cyrtina Douvillei qui, propres à la base du Beaulien, apparaissent chez nous, dans le récit de l'Arche, pour se retrouver, au sommet, dans les schistes à Sp. pachy- rhynchus. Athyris OEhlerti commence plus bas et perdure plus longtemps dans le Frasnien belge que dans le Frasnien du Pas-de-Calais, où il ne se rencontre que dans les schistes à Streptorhynchus elegans et dans le calcaire supérieur à Pentamères. Athyris Davidsoni, au contraire, est visible, dans le Boulonnais, dès le calcaire supérieur à Pentaméres et se retrouve dans le calcaire de Ferques, alors que, dans le Frasnien ardennais, cette espèce semble spéciale aux schistes à Sp. pachyrhynchus. Receptaculites Neptuni, si commun dans les schistes qui surmontent la zone des Monstres de l’Ardenne, n'apparaît, à Boulogne, qu'au sommet du Beaulien. Rhynchonella Le Meslii, limitée aux schistes à Sp. Belliloci du Beau- lien, nait, en Belgique, dès le calcaire gris de l'Ermitage et perdure jusque dans les schistes à Sp. pachyrhynchus, etc. Par contre, certaines espèces occupent des niveaux à peu près Synchroniques : Sp. Verneuili, Sp. bifidus?, Sp. Sauvagei, Sp. Orbe- lianus, Athyris Bayeti, Athyris concentrica, Orthis striatula, etc. | A L 126 E. MAILLIEUX. — FOSSILES DU FRASNIEN INFÉRIEUR. Enfin, beaucoup de formes, spéciales à l’une des deux régions, font ! défaut dans l’autre. Ces faits tendent à prouver que l’on ne doit parfois attribuer qu’une. importance toute locale aux espèces dites caractéristiques, leur présence en apparence anormale dans des niveaux différents suivant les contrées, dépendant très probablement de conditions biologiques dissemblables. Le cas se présente même dans des régions très proches voisines, comme l'indique le facies néritique de base des Abannets, où l’on observe le Cardium palmatum, espèce caractéristique des schistes de Matagne (Frasnien supérieur) et que nous ne retrouvons pas dans les autres niveaux du Frasnien inférieur de la bordure méridionale du bassin dinantais. De AT. D SD he mm tit imt gt CS ie Se a Re cr TABLEAU COMPARATIF DE LA FAUNE DU FRASNIEN DE LA bordure méridionale du Bassin de Dinant ET DU FRASNIEN DU BOULONNAIS L: k b l | | 198 E. MAILLIEUX. — ÉTUDE DE LA RÉPARTITION | TABLEAU COMPARATIF DE LA FAUNE DU FRASNIEN DE LA Nota. — Les espèces dont le nom est indiqué en caractères gras sont celles propres au Bordure méridionale d Lone à & S |Sp. Orbelianus| _& | & £ GENRE, ESPÈCE, AUTEUR. PE TS ER ne £ É | <|S$|Si| à $ 4 un POISSONS. lchivodorulite RER R — — — _ a | Dent. nr ee RER — — — _ = =, CRUSTACÉS. 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MINE È | $ e Ë A | S |ng Poissons. | Ichtyodorulite . VC RTE R — = Æ + |. 24 | le À = = = _ = Dent : PR PTE 2e — _ = æ . | | Del = u: = _ = = CRUSTACÉS. | CYDRISDISENEE — _ R — — | = | mel — 1 = _ — = — B = | = | _A]1N || " = = == _ Cryphaeus arachnoïdeus Goldf. sp. . . _ — C = | = |-= | AINSI … _ _ — — — punctatus NI Re ile — _ — | -|- | NES = = = _ = = nov. Sp. A ET SR — _ AC — | | AIRE _ _ = = _ = Bronteus flabellifer Goldt,. . . . . . | — | — - R | ble =) & | - Et — Ostracode ind.. . . NRC _ — — IR AIR | == LE = — — —= = CSS, ss à à à à à à à [AR = = | E Ll-|- . = Æ _ _ — Cf serrato-striata Sandh, . . | — — R 0 || 5 == = _ = —- = Ellipsocaris Dewalquii Wood. . . . . — _ = ca ARS ni — = _ — — si CÉPHALOPODES. Coas A à 2 à à à à à R — — UE Lil = = . ss ce us = — BE EeR — — = a HT = = — _ — == = æ 6-2 LA = — — Eee : 4 = = _ _ pe s= — Casa so à à à | = | x 1 | , VEUVE = HEAR | ol — | © D'or | - | PS 3 _ | [|&RlR En & regulare Schloth. . . 3 == — = — de. 1909, mx 9 ÉM. 130 E. MAILLIEUX. — ÉTUDE DE LA RÉPARTITION | Û | Bordure méridionale d! Zone à d < [Sp.Orbelianus) g | = £ x à 1C à DIT 4 Ÿ ) -S » Le 4 à GENRE ESPÈCE, AUTEUR. RS re TS < ah a Ÿ D » D à Le & < 1 ° un et CS = Ÿ SS LE nAPEEMRESS 2 | = De A # +“ Le) & SS | 82 | 2E | SE | SÈ S'S 2 an = A S “= SES S s © | = © Ÿ D < CEE pe) Sa Nb] a = OTÉROCENAS SD. RS COPA NONTES PRE Te — — — — — — Gomphoceras sp. AT OUI — — — R — GOnLAILLES AS ARE EURE CES ER — — R = = rs — intumescens Beyrich. .1t. . — - — — — — + CL MNLUMESCENSEIR Ie — — — R — — — réMOrTSUS SANndD de. — — — — — — | te CB ENMA RP RER — — — — R — LAMELLIBRANCHES. Nucula corbuliformis Hall. . . . . . AC — == — — - — n.sp , R — — — — : — Sp 2 = ce R sa “4 Microdon aff. bellistriatus Conrad . . . R — — — — — Leptodesma mytuliforme . . . . . .| AC — — — — _ | Leiopteria inconspicua Rœm. . . . R — — — ne | Aviculopecten Neptuni Goldf. . . . . 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Calcaire Récif de l'Arche 1 À Da fe PTIT en | D nn 7 IE, 1 | l { Let ES) | Schistes des | LE FER ai l UE red \ Ù 1 | U D I Ù à 0 I Un 1 D DU si SRE = UE Ù D D à Œ Dj À 0 à 1j A DA nn A A GRAN ON C7 CRUE PU Au Lo A1 id rfnér dt re 1 1 (l (l (il [l {l 1 ll (l l (l 1 1 ll \ cas ce _— cs | (l (l [ (l [l [ [ [ l | | | 1 \ | \ Schistes. Récifs de i D'anft ST TINTIN EN IN SAT STO SSI Rue NME Es, 1 marbre | i Schistes de A I AIO all, Li ati el 1 Lite QE Qi, as at an EST nn LOI ALL Que di CIQUES 1 li seu Hifi ni OS Schistes à De QE T'ON CO LEE RE OS LOS LS Up 1 CAE LIEN TURE EL | Sp. Belli- Schistes à 1h 1 RSR TINTIN SEE JM IN | D se) de bo Ù OÙ DO MDN IN | [un | Du Es 1 In NN In GDS NAN I TT NT SES Us. 11 Fee di ee. Ten aloN, (ler = NE IE ml je | 71 DS TDR TEE TIRE TR TE k TE RE EN ENT 1 ll (10 CORAIL Re EU . OA MINIER 4 | (PAT LT NT AT LT TOR r TOC T PEU EN ‘|| ges. Dolomie et cale. Calenire à Pachystroma Orthoceras Sp.. + + … NES Re _ = ” | Gomphoceras sp. + + + + + . - : — = “= | Goniatites À. . . . . EM rent _ = BR — intumescens Beyrich. . . . — — cf intumescens CRE — — R — retrorsus Sandb.. . . . . —_ — BE CC CE LAMELLIBRANCHES. Nucula corbuliformis Hall. . . . . . AC SD —= Sp. . Microdon aff. bellistriatus Conrad . . . R Leptodesma mytiiforme . CC OC NN SN ONE nn ) A Leiopteria inconspicua Rœm. Aviculopecten Neptuni Goldf. . . . . G = Sp. . ED D SU nn, à - = = = 1 Avicula Bodana Rœm. Plerinopecten crenicostatus Hall. . - - Pierinea elegans Goldf. . . . : lt) 4 15 Lucina sp. Limanomya sp. > lineolata Bouch.. . . . “ É i k Grayiana Bouch. . ==14||let 1 multicostata Bouch. 132 E. MAILLIEUX. — ÉTUDE DE LA RÉPARTITION Bordure méridionale d ; Lone à Sp. Orbelianus Re — GENRE, ESPÈCE, AUTEUR. Schistes à Receptaculites. Calcaire à D hyonmirnstris. Calcaire à Aviculopecten. Calcaire argileux. Abanneis. Récif de l'Arche. Schistes des Myalina crassa Sandb. — -fimbriata Sandh.. Conocardium sp. . Cypricardia lamellosa Sand. — elongata Arch. Vern. Thyrrhenia sp.. Palaeaneilo sp.. Arca sp. . SCAPHOPODE. Dentalium GASTROPODES. Loxonema ornatum — - adpressum Roœm . ovatum Rœnm. —.< Phillips Rœme à EEE — hennahyana Phil. . . . — — — — — — Euomphalus planorbis ? Rœm. .… .) . . LR 2, — | — | AR | — 1. rotula Golf. ? . .:. . | — | ag | R | = _ Goldfussi Arch. Vern.. . . | — R | — | — = | = Wahlenbergi Goldf . . . | — R | — | LS 2bs 3 Macrocheilus n. 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Dentalium GASTROPODES. Loxonema ornatum Macrocheilus n. Sp. adpressum Rœm . ovatum Rœæm. , Phillipsi Rœm. . hennahyana Phil. rotula Goldf. elongata Arch. Vern. Euomphalus planorbis ? Rœm. . GENRE, ESPÈCE, AUTEUR. Goldfussi Arch. Vern.. Wahlenbergi Goldf Schlotheimi Vern. Natica n. sp. Piligera Sandb. Caleaire à Aviculopecten. AC Zone à | c Sp. Orbelianus| à ne —|"sà A un È 25 | ao | 28 Se | SE | SR S'en | As | AS SN RECE a = BR = £ ARSINRESSS E. MAILLIEUX. — ÉTUDE DE EA RÉPARTITION SE Péridionale 4 ü} S $ 4 Ë A S lo en D) 8 # |S&i ou | ë | à RAS AR | - Œuhe ARULE AR | — ARAIRS RUES c |- NES jt ne = Galeaire à Pachystromu gone à à Sr pachurr un chuis © © : ü DES e A El où [SES 2 [986 8 CEE n |lÀ R = RIRE | DES FOSSILES DU FRASNIEN INFÉRIEUR. Boulonnais. BEAULIEN. FERQUIEN. - | S + |SchistesdeBeaulieu.| & |Cale.de Ferques.| 38 | 8 |- slt | Se SEE on8| 2e | s lus l2s © © = SJ ge 2 Sa | 26 58.28 a2E| 65 | à |2a |z=3 25 | ES SEA SN EME ee SE | Sà S2es| ae 3 |29 2 D'SU|NO;S De o |S a ————— = | = | = NE ES Es | 2 —— = — R _ _— _ — Æ = _ — C — = = = = _ —— _ R = æ = = … — ss = = R _ = = _ _ = _ C — — — = = = AC = SE 134 E. MAILLIEUX. — ÉTUDE DE LA RÉPARTITION Bordure méridionale du | Lone à S | % < |Sp. Orbelianus & = a. GENRE, ESPÈCE, AUTEUR. sl sÈ | E& | À à S À d = = D ss |2x T8 |Ls| * | 28 |'48 | ge | ES | © | Se | Se | 'OSNNER CE CSS Se È S D | 2 = D e 4 Sa | Ss | US à SA F4 Natica sp. RE TE RE dl — — = — 2 MirCRISONIA SD ONE RNA EC AC — = _ æ 2 _ bilineata Arch. Vern. . . — = — En + # Pleurotomaria Sigaretus Sandb. . . . — — — — R — Porcellia primordialis Sehloth . . .| — e = = R 2 | Turbo bicingulatus Rœm. . . . . . — — — — R — Bellerophon lineatus ? Goldf. . 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FOSSILES DU FRASNIEN INFÉRIEUR. DES 135 Boulonnais. BEAULIEN. FERQUIEN. | © 4 | Schistes de Beaulieu. |: Calc.de Ferques. à LAITIS A ÈS a. SA ne ARE 8 à 8% | SES |2S les sl ÈS a 29 | 28 |2SS12S E| 55 25 22 | ES [ESS S|\ SE LE SE | SA Sas SE Alle à Dis 2 AA |A = & — _ R — — R = = = — _ — = C = _ = _ _ — _— C — — — _— — AC — - C — — — = = = = = C = _ = = = = R = = = = = = _ _ = + R = = = = == R == = = = — = + Es — R = _ _ — : x C R R = C C C in C R — = _ = = _ — 136 E. MAILLIEUX. — ÉTUDE DE LA RÉPARTITION Bordure méridionale du EE ———_—_—_—_—_—_—_——aaaaEaEaa PTT Ce Zone à . C2 Ÿ LA S Sp. Orbelianus a = £ GENRE, ESPECE, AUTEUR. PSE ss ë -& à D u2 AS « [«b] al EE . | SÉSMRES = ES "a S D bd me) F2 u1 = © "Se OS RE un Ÿ S SS | Se | LEE Fe SS | SRG ENNMERS = SÈ _ LS MIRE à © 1 PIA -d & — © Chi = SUIVIT UMOULCU US IREM EE PE — — R _ E. —| dus? 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Pentremites 9 sp. : , . . . . .| — — = LES Melocrinus hyeroglyphicus Goldf. ou — | — — — — _— — KoninckiFraip.. . . . .| — 2 = — | = — Benedeni Fraip. : . . . . | — | — = Es = L — _globosus Fraip. .: … =: - nn | 2 2 | L. mespiliformis Fraip. . . . — — | — | — — | = Chapuisi Éraip MO L En 2 — = - | no NAIUS ALAIN UN UT = IE Re 1 nn OPsELTUS rip ee 0e — | — — | — — = Dorlodoti Maillieux . . . [NN | = 6 Hexacrinus verrucosus Eraipi 1, SNS ES ne —Ÿ minor Fraip. : .. . | = | = LR eh Zeacrinus Beyrichi RAID RS DL ee PRE _ ANR # — —!} af Beyrichi. — a — | — 147 DES FOSSILES DU FRASNIEN INTÉRIEUR. Boulonnais. a a *S9$n0J S91SIU9S ‘Xn9[qes S9JSIU9S FERQUIEN. Calc. de Ferques. | "OITR9LR") : *SOUUOI] 9P 2IWO[O0( "Saage}u9q v Anoraodns DITRI[R") suvb -979 ‘JS V SaJSIUIS "190] 11104 ‘dS S9]SI9S Schistes de Beaulieu. BEAULIEN. "SOLJUDIUIq À ‘2189 19 9IWO[0( “onbasaiquer) 9p S9JSIU9S _ ‘95n0i 91{JeU 9P SFD9Y chus. *S9JSIU9S Zone à Sp. pachyrhyn- È [ruourshond P ATIPAaIPn E. MAILLIEUX. — ÉTUDE DE LA RÉPARTITION DES FOSSILES DU FRASNIEN INTÉRIEUR. mir 146 Boulonnais Bordure 3 méridi Pnale du ÿ Zone à Tone à BEAULIEN. FERQUIEN. = |Sp. Orbelianu ON) eo oachurhun- 2 |[Sp. s chu = = 5 à ve Ÿ ge | = 4 Sp. par ANSE |S Beaulieu, Sale. de F a GENRE, ESPÈCE, AUTEUR. | à |: cs. s | 2$ Schistes de Beaulieu 2, [CaledeFerques| à BR A RIRES | = Er | SS | = RE ILE - CAS 4 = A = a £ ; © L © NI ' . G + A SR |S5 | ze les) S LEONA) à Res] 8% | LE las lus DEMO Mann %.S SD | DE NUMSIRNINSNINES | 2 ra a | 2S |88RS|ISS © % del mines PS lam|ss |2S) SON) : 255125 | ES 2882. SENS MESSE CARS D RS 0 25 Rér| SE | à ES SES a s |Sg lu cu 2 MES Él’S18<- 6e & alé 10: PROTOZOAIRES. Receptaculites Neptuni Defr. . . . . — — — C EL _— rhombifer Ræm. . . . — = _ = R BRYOZOAIRES. Espèces indéterminées . . . . . . — — G | = Retepora antiqua Goldf. . . . . . . — — (6, = C CRINOÏDES. Pentremitesi2/SD CNE — — _— = | = Melocrinus hyeroglyphicus Goldf. Le — —_ — = | = — KHonincki Fraip. . . . . . = — = 0) es — Benedeni Fraip. . . . . . — — — as = globosus Fraip. . . . . . — — = 2" || He — mespiliformis Fraip. . . . — — — ete nt ICIUDUIS TETE nt | — inornatus Fraip. . . . . — = Fi AIRE = obseurus Fraip. . . . . — = +] EN — Dorlodoti Maillieux . . . | — — = Hexacrinus verrucosus METEO S oc CE cé CE = RENE e NON = Se jé Zeacrinus Beyrichi Fraip. . . . . .| — = 4e = PEER à à 8 5 5 ol — TT 148 E. MAILLIEUX. — ÉTUDE DE LA RÉPARTITION ANNEXE. Note sur les STrErTOoRHYNCHUS de la zone à SP. ORBELIANUS du Frasnien de l’Ardenne. Ïl me paraît d'autant plus indispensable de consacrer quelques lignes aux trois formes de Streptorhynchus que je viens de signaler dans la zone des Monstres de la bordure Sud du bassin de Dinant que, d’ahord, 1l s’y trouve une espèce non encore décrite, mentionnée sous le nom de Streptorhynchus Rahiri, nov. sp. ; et que, ensuite, ces intéres- sants brachiopodes apparaissent ici à un niveau sensiblement moins élevé que dans le Boulonnais et ne se rencontrent probablement pas, ou sont excessivement rares, dans les zones synchroniques de celles que certains d’entre eux occupent à Beaulieu et à Ferques. STREPTORHYNCHUS RAHIRI, nov. Sp. (Fig. 2a, 2b, 26.) Description. — Coquille peu épaisse, légèrement déprimée, de forme semi-circulaire. Bord cardinal droit, moins long que le diamètre transversal, lequel atteint son maximum de longueur vers le milieu de la coquille. Petite valve subplane, légèrement renflée vers le crochet, assez fortement déprimée des deux côtés de celui-ci au bord cardinal, mais régulièrement convexe au front et n’y présentant pas de trace de dépression médiane. Area linéaire où la base du processus cardinal est visible jusqu’à la bifurcation. - Grande valve régulièrement convexe, à crochet relativement peu élevé et à area triangulaire portant un pseudodeltinum convexe fort saillant. | Test orné de côtes rayonnantes simples, dont 18 partent du crochet et s’accroissent par intercalations successives, de telle sorte DES FOSSILES DU FRASNIEN INFÉRIEUR. 149 qu’on peut en compter 56 au bord frontal. À part dans la région la plus proche du bord cardinal, où elles s’incurvent très légèrement, ces côtes sont droites ; toutes sont anguleuses et inégales. On n'observe ni stries ni zones d’accroissement, ce qui tient peut-être à l’état de conser- vation de la coquille. Dimensions. — Longueur : 0"015; largeur : 0"016; épaisseur : 0003 : longueur du bord cardinal : 0"015. Rapports et différences. — C'est avec le Streptorhynchus Bouchard Rigaux que le Streptorhynchus Rahiri offre le plus d’analogies; mais il en diffère par sa forme plus épaisse et moins déprimée, son bord cardinal plus court relativement au diamètre transversal, sa longueur plus forte comparativement à sa largeur, son bord frontal plus régulière- ment arrondi, sa petite valve moins plane et n’offrant pas la dépres- sion médiane du Bouchardi, enfin, par la légère courbe que dessinent les côtes les plus proches du bord cardinal alors que toutes les côtes du Bouchardi sont droites. Streptorhynchus Rahiri s'éloigne trop des Streptorhynchus devontous et elegans pour devoir leur être comparé. Je dédie cette forme nouvelle à M. Edmond Rahir, l’archéologue et spéléologue bien connu. À côté du Streptorhynchus Rahiri (fig. 2a, 2b, 2c), je figure deux spécimens du Streptorhynchus Bouchardi (fig. 5a, 5b), afin de mieux faire ressortir les différences qui les séparent. Gisement et localités. — Streptorhynchus Rahiri est très rare et se rencontre dans les gîtes de la zone des Monstres à Boussu-en-Fagne (Ermitage), à Petigny (Adugeoir) et à Frasnes (Argoulet). STREPTORHYNCHUS Cf. ELEGANS Bouch. On trouve, aux mêmes gisements, des fragments en mauvais état qui paraissent offrir quelque similitude avec le Streptorhynchus elegans des schistes de Beaulieu, notamment par leurs petites côtes rayonnantes très fines, régulières et incurvées vers le bord cardinal. Malheureu- sement, je n’ai pu jusqu'à présent rencontrer de spécimens assez complets pour pouvoir fixer, d’une manière définitive, l’espèce à laquelle ils appartiennent, bien que ceux que je possède soient suffisamment caractérisés pour pouvoir, dans tous les cas, affirmer qu'il s’agit d’une forme différente du Streptorhynchus Rahiri précédemment décrit et du Streptorhynchus devonicus dont il va être parlé, 4150 E. MAILLIEUX. — ÉTUDE DE LA RÉPARTITION STREPTORHYNCHUS DEVONICUS Davids. (Fig. Aa, 4b, 1c.) La forme que l’on rencontre le plus communément est spécialisée. | par ses deux valves convexes, son area irrégulière, son crochet con- tourné, ses côtes rayonnantes peu accentuées et les zones d’accroisse- ment très prononcées qui rendent la coquille onduleuse. Cette espèce, de taille plus réduite que la forme spéciale au caleaire de Ferques, se rapporte plutôt à la forme rabougrie du Streptorhynchus devonicus que signale M. Rigaux (1) dans les niveaux du Sp. Belliloci et du Streptorhynchus elegans des schistes de Beaulieu, et paraît également voisine du S. umbraculum var. torta OEhl. (?). J'ai rencontré le Streptorhynchus devonicus à l'etigny (Adugeoir), Frasnes (Argoulet), Nismes (Mousty), Boussu-en-Fagne (Ermitage) et Dourbes. | M. Rigaux mentionne cette espèce dans le calcaire de Ferques (vers le sommet du Frasnien), où elle est abondante, et dans les niveaux infé- rieur et moyen des schistes de Beaulieu, où elle est très rare. Il ne Pa pas trouvée plus bas. Or, notre zone à Sp. Orbelianus représente IncOn- testablement l’un des niveaux des schistes de Cambresèque du Boulon- nais, et vraisemblablement le plus inférieur, ou tout au moins le niveau à Chonetes Douvillei, en admettant que les schistes à Sp. Dorlodoti ne soient pas représentés dans la bordure méridionale du bassin de | Dinant. Le Streptorhynchus devonicus a donc pris naissance, dans notre \ région, à une époque sensiblement antérieure à celle où il est apparu | dans le Boulonnais. @) E. Ricaux, Le Frasnien de Ferques et ses Brachiopodes. Boulogne-sur-Mer, 1908; | p. 28. | | | (2) OEHLERT, Annales des sciences géol., t. XIX, 1887, p. 57, pl. IV, fig. 21 à 98. | | DES FOSSILES DU FRASNIEN INFÉRIEUR. 154 _2a. = . STREPTORHYNCHUS DEVONICUS Davids. la. — Individu vu du côté de la grande valve. Petigny. 1b. — Autre individu vu du côté de la petite valve. Petigny. Âc. — Autre individu vu du côté de la petite valve. Frasnes. 2. STREPTORHYNCHUS RAHIRI nov. Sp. 2a. — Individu vu du côté de la petite valve. Petigny. 2b. — Petite valve d’un autre individu, en partie brisée. Petigny. 9c. — Grande valve d’un individu jeune, un peu déformée. Frasnes. 3. STREPTORHYNCHUS BOUCHARDI Rig. 3a. — Petite valve des schistes à Sp. Belliloci. Ferques. 3b. — Grande valve d’un autre individu de même provenance. | N. B. — Toutes ces figures sont réduites. La photographie ne rend pas suffisamment certains détails, notamment : 1° Les dépressions latérales au crochet, limitées à la région cardinale, du Strept. Rahiri (petite valve); 20 La dépression médiane du Strept. Bouchardi. Elle ne fait pas non plus assez ressortir le caractère simple des côtes des trois espèces figurées, où les accroissements des stries radiaires se font par intercalalion et non par dichotomie. MELGE DE GEOLUIE DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE ? { x (BRUXELLES) a Vingt-troisième année = Tome XXII — 1909 — Fascicule HT BRUX ELLES EZ, IMPRIMEUR DES ACADÉMIES ROYALES DE BELGI 1 a 419, rue de Louvain, a 4940 LES FAUNES DU DINANTIEN ET LEUR SIGNIFICATION STRATIGRAPHIQUE PAR ÉÉPbDEt D'OR LODOT Professeur à l’Université catholique. Un incident récent et l’approche des excursions dans le Calcaire carbonifère, dont la Société belge de Géologie a bien voulu nous confier la direction, nous engagent à préciser ce que l’on entend par faune viséenne, faune tournaisienne et faune waulsortienne, et à cher- cher quelle est la signification stratigraphique de ces faunes. On sait que De Koninck, dès ses premiers travaux sur les fossiles du Calcaire carbonifère (1), constata que la faune de Tournai est très diffé- rente de celle de Visé, bien que ‘ces deux faunes contiennent un bon nombre d'espèces communes. [Il remarqua, en même temps, que la distinction entre ces deux faunes ne constitue pas un fait propre à ces deux localités : dans tous les gisements connus de lui, là où l’on ren- contrait les espèces propres de Tournai, les espèces propres de Visé faisaient défaut, et réciproquement. Il s’agit donc bien d’un fait général. Il existe, dans le Calcaire carbonifère de la Belgique, deux faunes qui semblent s’exelure l’une l’autre : la faune tournaisienne et () L. De Koninck, Description des animaux fossiles qui se trouvent dans le terrain carbonifère de Belgique. Liége, 1849-1844. : 1909. MÉM. 11 194 H. DE DORLODOT. — LES FAUNES DU DINANTIEN la faune viséenne. De Koninck s’évertua aussi à montrer que la dis-. ünction de ces deux faunes existe également à l'étranger el qu’on rencontre, en outre, dans certaines régions, une troisième faune marine, qui est celle du Carbonifère supérieur. Le fait constaté par De Koninek, pris dans ses lignes générales, est universellement confirmé à l'heure qu'il est. Sans doute, à l'étranger comme en Belgique, on à trouvé des gisements où l’on rencontre un certain mélange d'espèces tournaisiennes et viséennes \lais ces sortes de gisements à faunes intermédiaires sont aujourd’hui d’une observation trop fréquente, pour qu'ils puissent encore servir à mettre en doute l’autonomie de deux faunes. Sous peine de ne plus admettre aucune faune autonome, il faut considérer comme telles la faune tournaisienne et la faune viséenne. La faune tournaisienne typique, telle que nous la connaissons aujourd’hui, se compose, en premier lieu, des espèces décrites dans les grands travaux de De Koninck comme provenant du Caleaire carbo- nifère du Tournaisis; mais elle comprend, en outre, des espèces que l’on n’a pas signalées dans le Tournaisis et que l’on rencontre, soit en Belgique, soit à l'étranger, dans des gisements dont la faune présente un caractère nellement et exclusivement lournaisien. De même, la faune viséenne typique comprend toutes les espèces décrites dans les grands travaux de De Koninck comme provenant du Caleaire carboni- fère de Visé et, en outre, des espèces non signalées, ni à Visé, ni à Tournai, mais se rencontrant dans des gisements à faune manifeste- ment viséenne de la Belgique ou de l'étranger. C’est à dessein que, dans les définitions ci-dessus, nous employons les termes « espèces décrites dans les grands travaux de De Koninek comme provenant du Calcaire carbonifère du Tournaisis » ou du « Calcaire carbonifère de Visé » et-non les termes plus généraux « espèces provenant ». Les couches carbonifères les plus élevées du Tournaisis, qui se voient vers la limite des communes de Chercq el de Calonne, présentent, en effet, une très grande ressemblance litho- logique avec le marbre noir de Dinant, et, comme elles couronnent une épaisse série de calcaires qui recouvrent le petit-granit, nous avons eru pouvoir les considérer, à l'exclusion des couches sur lesquelles elles reposent et dont la faune est tournaisienne, comme étant de l’âge de ce marbre. Si cette hypothèse se confirme, les fossiles que l’on y ren- contrera seront sans doute viséens. Mais aucun fossile de ce niveau ne figure dans les collections du Tournaisis étudiées par De Koninck. D'autre part, on. a signalé, depuis quelques années, dans le Calcaire ET LEUR SIGNIFICATION STRATIGRAPHIQUE. 155 carbonifère de Visé, certains affleurements de roches dont la faune est tournaisienne. Les fossiles tournaisiens de ces gisements ne figurent pas, du moins en général, dans les listes de De Koninck, et il est bien probable que la pureté de la faune viséenne de Visé, telle que l’a décrite De Koninck, n’a guëre été altérée par les fossiles de cette pro- venance. D'ailleurs, s'il en était autrement, une seule erreur aurait pu résulter de ce chef : c’est que quelques fossiles, en réalité caractéris- tiques de a faune tournaisienne, auraient été considérés à tort comme communs aux deux faunes. L'indépendance des deux faunes serait done simplement un peu plus grande encore qu’on ne le supposait. De ce que nous avons exposé, 1l ressort que l'existence et l’auto- nomie des faunes tournaisienne et viséenne sont des faits absolument indépendants de toute donnée stratigraphique. Par contre, la stratigraphie devra intervenir pour l'interprétation de ces faits. André Dumont, se fondant sur la stratigraphie, considérait les couches où l’on rencontre la faune viséenne en Belgique comme plus récentes que celles où l’on rencontre la faune tournaisienne. Tel ne fut pas d’abord lavis de De Koninek, qui oscilla pendant quelque temps entre deux hypothèses différentes : l'hypothèse de la contemporanéité de ces deux faunes, et l’hypothèse de l’antériorité de la faune viséenne par rapport à la faune tournaisienne. La première de ces deux hypothèses fut énoncée par De Koninck en 1844 (!) et reprise par lui en 1859 (2). Elle fut défendue par Ryckholt en 1854 (5). On était à l’époque où régnait la théorie de l'indépendance absolue des faunes, représentant les « créations succes- sives » d’Alcide d’Orbigny. Les espèces communes aux faunes tour- haisienne et viséenne semblaient trop nombreuses pour que ces deux faunes n’appartinssent pas à une même époque géologique. La raison d’être de leur différence ne pouvant être attribuée au temps, il fallait la demander à l’espace. On supposa donc que les faunes viséenne et tournaisienne élaient contemporaines, mais qu’elles occupaient deux vastes bassins n'ayant entre eux que peu ou point de communications. Pour employer la terminologie moderne, on les (1!) Loc. cit., p. 620. (2) Davinson, Mémoire sur les genres et sous-genres de Brachiopodes munis d'appen- dices spiraux, traduit et augmenté de notes par L. DE KONINGK. (Mém. de la Soc. des Sciences de Liége, 1859.) (5) Mélanjes paléontologiques, % partie. 156 H. DE DORLODOT. — LES FAUNES DU DINANTIEN considéra comme deux faunes à faciès hétérotopiques. Il est évident" aujourd’hui que, même abstraction faite de toute considération strati- graphique, la simple répartition géographique des gisements tournai- siens et viséens est incompatible avec cette hypothèse. Cette réparti | tion géographique n’exclurait cependant pas, par elle-même, l'hypothèse qui en ferait des faciès hétéropiques, c’est-à-dire qui attribuerait la différence des deux faunes, non plus à des barrières qui auraient rendu difficile ou impossible la communication entre elles, mais à des diffé- rences dans les conditions du milieu. L'hypothèse de l'antériorité de la faune viséenne fut soutenue par De Koninck en 1847 (t). Elle était basée sur l'identification erronée de certains Spirifer Lournaisiens avec le Spirifer mosquensis. Les couches à Spirifer mosquensis étant, en Russie, postérieures aux couches qui ren- ferment la faune viséenne, il devait en être de même chez nous et partout ailleurs. Cette opposition apparente entre la paléontologie et la stratigraphie a cessé d'exister aujourd'hui, De Koninck ayant étabh lui-même (?) que c’est à tort qu'il avait identifié certaines espèces tournaisiennes au Spirifer mosquensis du Carbonifère supérieur. . Mais longtemps avant que cette confusion n’eût disparu, l’antériorité de la faune tournaisienne par rapport à la faune viséenne, du moins dans nos régions, était universellement reconnue, à la suite des tras vaux de M. J. Gosselet (5) et de M. Éd. Dupont ({), dont les conclu: (1) L. DE KoniNcx, Monographie des genres Productus et Chonetes. Liége, 1847, pp. 229-931. @) L.-G. DE Koninox, Sur le Spirifer mosquensis et sur ses affinités avec quelques autres du même genre. (BULL. DU MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE, t. II, 1883, p. 371.) (5) J. GossELET, Mémoire sur les terrains primaires de la Belgique, des environs d’Avesnes et du Boulonnais. Paris, 1860, pp. 98 et suivantes. — Esquisse géologique du Nord de la France, 1e fascicule : Terrains primaires, 4880, pp. 129 et suivantes. = L'Ardenne. Paris, 1888, pp. 607 et suivantes. (4) Il ne sera peut-être pas sans intérêt de donner ici la liste des divers mémoires de M. ÉD. DuponrT sur le Calcaire carbonifère : Notice sur les gîtes de fossiles du calcaire des bandes carbonifères de Floréne et de Dinant. (BULL. ACAD. ROY. DE BELGIQUE 9e sér., t. XII, 1861, pp. 293-316.) Sur le calcaire carbonifère de la Belgique et du Hainaut français. (I8in., t. XV, 1863; pp. 86-137.) Notice sur le marbre noir de Bachant (Hainaut français). (Bi., t. XVII, 1864, pp. 181-192.) : | Essai d'une carte géologique des environs de Dinant. (I81n., t. XX, 1865, pp. 616- 653.) | Observations sur la constitution du calcaire nt ee de la Belgique. GED | t. XXXI, 1574, pp. 147-176.) . | ET LEUR SIGNIFICATION STRATIGRAPHIQUE. 1957 sions, Sur ce point, confirmaient celles de Dumont et ont été contirmées, à leur tour, par toutes les observations plus récentes. Il en est de même à l’étranger ; et l’on peut poser aujourd’hui en principe général que, partout où l’on observe à la fois les faunes viséenne et tournaisienne et où l’on à pu établir leur âge relatif par la méthode stratigraphique, on a constaté que les couches à faune viséenne sont toujours d'âge plus récent que les couches à faune tournaisienne. Mais il ya plus. On connaît aujourd hui en Belgique, comme à l'étranger, des couches où l’on rencontre un certain mélange entre les faunes viséenne et tournaisienne. Or, si l’on monte dans la série stratigra- phique, on ne tarde pas à voir les espèces tournaisiennes disparaitre et la faune viséenne se présenter dans toute sa pureté. L’inverse se pro- duit si l’on explore les couches stratigraphiquement inférieures aux couches à faune mixte. C’est bien là le propre des faunes d’àge différent, et nous pouvons en conclure que les faunes tournaisienne et viséenne présentent bien les caractères de faunes de niveau. Ce qui n’exelut pas néanmoins l'hypothèse que certaines formes puissent être des fossiles de faciès, ou même que l'apparition des nouvelles formes dans les mers carbonifères ait pu être influencée par des conditions extérieures, ou que certaines formes aient pu apparaitre plus tôt dans certaines portions du bassin carbonifère que dans d’autres. Sur le calcaire carbonifère entre Tournai et les environs de Namur. (IBin., t. XXXIX, 1875, pp. 264-311.) Rapport sur lesmémoire de M. RENARD, intitulé : Recherches lithologiques sur les phtanites du calcaire carbonifèrce de la Belgique. Bin... t. XLVI, 1878, pp. 323-327.) Notice bibliographique sur la première partie de la Faune du calcaire carbonifère de la Belgique par L.-G. DE KonINCK. (IB1D., pp. 582-584.) Sur les origines du calcaire curbonifère de la Belgique. (Bin., 3e série, t. V, 1885, pp. 211-299.) | Explication de la feuille de Ciney. Service de la Carte géologique du Royaume, 1882. Explication de la feuille de Dinant. Ibid., 1888. Explication de la feuille dè Natoye. Ibid., 1883. Explication de la feuille de Clavier. Ibid., 1883. Explication de la feuille de Modave. 1bid., 1884. Les parties de ces Explications relatives au calcaire carbonifère ont pour auteur M. Dupont, qui a également exécuté le levé et le tracé du calcaire carbonifère des feuilles correspondantes de la Carte géologique au 20 000e. Il en est de même pour la feuille d'Hastière,qui a été imprimée sans texte explicatif. La dernière expression de la pensée de M. Dupont sur les questions relatives au Calcaire carbonifère de la Belgique, se trouve, si nous ne nous trompons, dans : CUVELIER, Compte rendu d’uue excursion dans le calcaire carbonifère à Pierre Pétru près d’'Hastière et aux Fossés sur la Lesse. (BuLL. Soc. BELGE DE GÉOL., t. VI, 1899, Proc.-verb., p. 192.) 158 H. DE DORLODOT. — LES FAUNES DU DINANTIEN La stratigraphie a établi lantériorité de la faune tournaisienne ;… c’est également la stratigraphie qui devra nous révéler dans quelles conditions s’est faite la substitution de la faune viséenne à celle qui l'avait précédée. Toutefois, du moment où l’on admet un étage tournaisien, on ne peut en exclure, sous peine de tomber dans l'arbitraire, aucune des couches qui, à Tournai, présentent une faune nettement tournaisienne. I ne sera donc pas inutile, avant d'aller plus loin, de rappeler brièvement quelles sont ces couches (1). Les plus anciennes couches carbonifères exploitées dans la région se voient au Nord d’une grande faille qui paraît traverser, de l'Ouest à l'Est, tout le Calcaire carbonifère du Tournaisis. Deux puits ont montré que ces couches reposent sur des schistes noirs avec lentilles de calcaire noir. Les calcaires exploités, qui reposent sur ces schistes, consistent en bancs, généralement peu épais, de calcaire plus ou moins argileux : à la base environ 5 mètres de calcaire à crinoides donnant une chaux maigre, puis une alternance de calcaires donnant une chaux hydrau- lique connue sous le nom de chaux hydraulique d’Allain, avec du calcaire crinoïdique à chaux maigre analogue à celui de la base. Sous les 5 derniers mètres de calcaire à chaux hydraulique apparaissent les premiers cherts, et des calcaires foncés subgrenus avec cherts noirs couronnent le tout. Nous ne croyons pas nous être trompé en considé- rant cet ensemble, auquel nous donnerons le nom de Calcaire d’ Allain, avec les schistes à lentilles de calcaire noir sur lesquels il repose, comme correspondant à l’assise d'Hastière; les couches-à cherts noirs qui lui suécèdent au sommet représentant la base du Calcaire d’Yvoir, dont elles offrent tous les caractères. Au Sud, le Caleaire d’Allain vient buter, par l'intermédiaire de la grande faille connue sous le nom de la Dondaine, contre du calcaire très crinoidique à bancs épais, parfois exploité comme pierre de taille et donnant une chaux grasse de bonne qualité..Pas plus que M. Velge (1) Voir à ce sujet : Max LoHesr et G. VELGE, Sur le niveau géologique du calcaire des Écaussines. (ANN. SOC. GÉOL. DE BELG., t. XXI, Mém., p 181.) H. DE DorLopor, Le calcaire carbonifère de la Belgique et ses relations stratigra- phiques avec celui du Hainaut français. (ANN. Soc. GÉOL. pu Norp, t. XXII, 1895, pp. 201-313. Spécialement : pp.294-995 et 264-966.) G. VELGE, Le calcaire carbonifère de Tournai. (Compte rendu de l’excursion du mercredi 26 septembre 1894.) (ANN. Soc. GÉOL. DE BELG., t. XXIV, 1896-1897, Proc.- verb., Pp. CXLII-CXLVIIL.) ET LEUR SIGNIFICATION STRATIGRAPHIQUE. 159 et que M. Lohest, nous n'avons hésité à y reconnaître le « petit-granit ». Certaines carrières sont descendues assez bas pour montrer que ces couches reposent sur des calcaires subgrenus à cherts noirs qui ne peuvent être que du Calcaire d'Yvoir. Le petit-granit, lorsqu'il est complet, se voit sur une puissance de 21 à 22 mètres. Au-dessus reposent des bancs de calcaire subgrenu extraordinairement riches en cherts noirs. Ces couches inclinent vers le Sud, et on voit leur succéder, dans les carrières situées plus au Sud, une épaisse série de calcaire dont beaucoup de bancs sont argileux, de texture subgrenue ou sub- compacte, à stratification parfois un peu irrégulière, contenant encore des cherts, mais beaucoup moins que les couches qui forment la base de celte série, et au milieu desquels reparaissent des bancs générale- ment assez peu épais, mais dont la texture rappelle celle du peut-granit et qui contiennent le gros Spirifer des Écaussines (Sp. Konincki Dew. — Sp. cinctus De Kon. non Keyserling). Cette série, à laquelle nous pouvons donner le nom de Calcaire de Vaulx, a encore une faune nettement tournaisienne. M. Velge lui attribue une épaisseur d’au moins 40 mètres, et, d’après nos souvenirs, 1| n’exagère pas. Nulle part, à notre connaissance, on n’a atteint, au Sud de la Don- daine, des couches inférieures au Caleaire d’Yvoir. Nulle part nous n'avons vu non plus, sur la rive droite de l’Escaut, de couches supé- rieures au calcaire à faune tournaisienne de Vaulx. Les différentes assises amenées par le jeu des failles entre le niveau d’arasement post- hereynien et le niveau jusqu'où a pénétré l'exploitation, appartiennent, soit au Caleaire de Vaulx, soit au petit-granit, soit (au fond de certaines carrières) au Calcaire d’Yvoir. Il en est de même sur la rive gauche, à l’exception des bancs supé- rieurs de quelques carrières situées à proximité de la limite entre les communes de Chercq et de Calonne, où l’on exploite un ealcaire noir trés compact, présentant réellement les caractères lithologiques du marbre noir de Dinant et ayant servi aux mêmes usages. Ce sont ces couches seules que nous avons considérées, en 1895,comme étant de l’âge da marbre noir de Dinant. Peut-être jugera-t-on que le caractère litho- logique ne suffit pas à trancher la question. Mettons qu'il n’y ait là qu'une probabilité. Mais ce que nous croyons pouvoir affirmer, c’est que, parmi les couches connues dans le Tournaisis, il n’en est aucune autre qu’on puisse ranger avec quelque probabilité dans le Viséen. Les autres couches que la Carte géologique range dans cet étage sont, soit du même âge, soit, le plus souvent, d’un âge plus ancien que les couches des carrières de Vaulx que la Carte géologique range avec raison dans 160 H. DE DORLODOT. — LES FAUNES DU DINANTIEN le Tournaisien. C'est à tort néanmoins, comme cela ressort de ce que nous avons dit plus haut, que la Carte géologique range certaines de ces dernières couches dans le Tournaisien inférieur; aucune n est plu ancienne que le Caleaire d’Yvoir. D’après ce que nous venons d'exposer, l'échelle stratigraphique du Calcaire carbonifère du Tournaisis peut s'établir de la manière sui- vante : 6. Marbre de Calonne. 5, Calcaire de Vaulx. . . . . . . +. Au moins 40 mètres. 4. Petit-granit . . . . . . . . : 22 mètres (peut-étreldavantes à Crèvecœur). 8. Calcaire d’Yvoir. . . . . . . . Puissanceanconnue. 9; Galcaire d'Alain mm OT AR imelness 4. Schistes à lentilles calcaires de l'Orient. Forés sur environ 8 mètres. Ce sont les assises 2, 3, 4 et 5 qui ont fourni les fossiles de la faune tournaisienne de Tournai. Il ne semble pas que la faune diffère consi- dérablement suivant les différents niveaux. Il est probable cependant qu’une étude attentive permettrait de distinguer des zones fossilifères, comparables à celles que l’on a observées en Angleterre ; mais cela n’a pas été fait Jusqu'ici. Ce qu'il importe de remarquer, c’est la présence, au-dessus du petit granit, d’une épaisse assise de calcaire stratifié contenant encore la faune tournaisienne typique. Ce n’est pas là un fait isolé. Il s’observe dans toute la bande carbonifère des Écaussines, continuation vers l'Est du Calcaire carbonifère du Tournaisis. C’est là un fait connu depuis toujours et qu'ont confirmé les observations de tous les géologues qui ont procédé au levé géologique de la région. [l est hautement regret- table que le Conseil de direction de la Commission géologique ait imposé de noter comme viséenne cette puissante formation à faune tournaisienne. Sur le bord Sud du bassin de Namur, et sur le bord Nord au delà de Ligny, le petit-granit et les couches qui le recouvrent sont générale- ment dolomitisés, ce qui rend plus diflicile leur étude stratigraphique et paléontologique. Mais le Calcaire carbonifère du bassin de Dinant, avec la variation de faciès qu’on y observe, a révélé des faits du plus haut intérêt au sujet de la question qui nous occupe. Pour mettre quelque ordre dans la matière, nous nous occuperons d’abord de ce NT ET LEUR SIGNIFICATION STRATIGRAPHIQUE. 161 qu'on est convenu d'appeler les faciès normaux, par opposition aux faciès waulsortiens, dont nous traiterons ensuite. La plus ancienne faune franchement viséenne que l’on connaisse dans le bassin de Dinant, et même en Belgique, est la faune du marbre noir de Dinant (1). C’est aussi à ce niveau que l’on voit apparaître pour la première fois le Productus giganteus (?) etle Chonetes papilionacea, fossiles si essentiellement caractéristiques du Viséen. Dans le Hainaut français, la faune exclusivement viséenne apparaît dans les couches supérieures du Calcaire de Bachant (5), couches qui présentent parfois une grande ressemblance lithologique avec le marbre noir de Dinant : c’est là aussi qu'apparaissent les premiers Productus giganteus. Sur le plateau central de la France, les schistes avec lentilles de marbre noir de Régny (4), qui, les premiers, contiennent une faune exclusivement viséenne dont À. Julien a fait ressortir l’analogie avec celle du marbre aotr de Dinant, contiennent aussi les premiers Productus giganteus et Chonetes papilio- nacea. Nous croyons important de remarquer, dès maintenant, que Îles vrais marbres noirs de Dinant et de Denée, où l’on a trouvé cette faune, sont dépourvus de cherts ou, du moins, qu’ils n’en contiennent que dans leurs tout premiers bancs, qui reposent, par l’intermédiaire de quelques couches de transition, sur un calcaire gris pâle à nuance légèrement violacée, souvent riche en cherts blonds mais devenant parfois noirs vers le sommet. Comme nous le verrons plus loin, il arrive, notam- ment lorsqu'on s’avance vers le Nord ou vers le Nord-Est, que des bancs de teinte plus foncée, quelquefois même de teinte noire, remplacent en partie les banes gris violacés. On avait pris l'habitude de désigner ce terme stratigraphique sous le nom de « calcaire violacé », même lorsqu'il présente une teinte foncée dans la plus grande partie de son épaisseur. Cette expression abusive ayant donné lieu à des réclama- lions et à des malentendus, nous avons proposé, en 1895, de lui sub- (1) Une liste de fossiles recueillis dans ce niveau, à Denée, a été publiée par G. SOREIL, Note sur la faune du marbre noir de Denée. (ANN. Soc. GÉOL. DE BELG., t. XXII, Proc.- verb., pp. LXXVII-LXXXI.) (?) La forme qui se voit à ce niveau n’est pas encore cependant le Pr. giganteus iype, mais plutôt une forme intermédiaire entre celui-ci et le Pr. corrugatus. Il en est de même à l'étranger, pensons-nous. — Le Pr. giganteus type ne se trouve guère que dans les couches supérieures de l’Assise d'Anhée. (5) d. GosseLer, L’Ardenne, p. 645. — H. DE DorLopor, Loc. cit., pp. 302-303. (@) À. JULIEN, Le terrain carbonifère marin de la France centrale. Paris, 1896, pp. 191496. 162 H. DE DORLODOT. — LES FAUNES DU DINANTIEN stituer le nom de Calcaire de Lefle et de réserver le nom de calcaire violacé aux variétés de ce calcaire qui ont réellement une teinte gris violacé. Là où cette teinte domine dans toute l'épaisseur du Caleaire de Lelfe, et lorsque les relations entre les couches de la série normale ne sont pas troublées par la présence des facies waulsortiens, ce caleaire violacé passe directement, par transition rapide, mais sans interposition du facies « pelit-granit », au Calcaire d'Yvoir à crinoides sporadiques dans une pâte foncée subgrenue à subcompacte avec cherts noirs plus ou moins abondants. Le Caleaire d’Yvoir reposant sur les calschistes du sommet du Tournaisien inférieur, on voit que, dans ce cas, le Tournaisien supé- rieur ne se compose que de deux termes : ('alcaire d'Yroir à la base, Calcaire de Leffe, généralement sous son facies de calcaire violacé, au sommet. Un exemple de ce fait se voit nettement dans la coupe de la Meuse, au Nord et tout près de l’entrée des Fonds de Leffe. Mais les choses changent d'aspect lorsqu'on s’avance vers le Nord : entre le calcaire violacé et le Calcaire d’Yvoir s’intercale un terme intermédiaire : c’est un calcaire très crinoïdique à gros banes et sans cherts qui présente tous les caractères du « petit-granit ». En même temps, la puissance du calcaire à teinte violacée qui recouvre le petit- granit diminue considérablement, et il paraît en être de même du Cal- caire d'Yvoir, sur lequel il repose. Nous avons donné le nom de zone d’Yvoir à la zone géographique où l’on voit à la fois du petit-granit et du calcaire violacé. Ch. de la Vallée Poussin (1), qui a, le premier, attiré l'attention sur ces faits et montré en même temps que le mode de passage du ealeaire crinoidique au calcaire violacé exclut l’hypothèse d’une lacune, consi- dérait les calcaires noirs à cherts noirs qui reposent sur cette assise peu épaisse de calcaire violacé comme correspondant au marbre noir de Dinant. Nos études nous ont amené à reconnaître qu'il n’en est rien. Dans la région où existe le vrai marbre noir, les cherts, parfois très développés plus bas, s'arrêtent aux premiers bancs de ce marbre, pour reparaître Sseulernent au-dessus des couches à grain très fin, exploitées comme marbre. De plus, nous avons reconnu, dans la région dinantaise, (4) Compte rendu de la session extraordinaire de la Société géologique de Belyique, tenue à Dinant les 1er, 2, 5 et 4 septembre 1888 (ANN. Soc. GÉOL. DE BELG., t. XVI, Bull., pp. cur-cuvn), pp. cxv, cxvI [pp. 15 et 16 du tiré à part]. ET LEUR SIGNIFICATION STRATIGRAPHIQUE. 163 sous la base de marbre noir, l’existence d’une série peu développée de couches de transition, dont quelques-unes, notamment certains bancs de calcaire lamellaire et ce que nous avons nommé la dolomie bréchi- forme, sont très caractéristiques. Or, dans la zone d’Yvoir, au sommet des couches foncées que lon avait prises pour le correspondant du marbre noir et au sein desquelles on observe, à plusieurs niveaux, des cherts noirs, on voit reparaitre du calcaire violacé, suivi bientôt par une série présentant tous les carac- tères des couches de transition. Au-dessus de ce complexe, on observe, soit de la dolomie grenue ressemblant à celle qui, plus au Sud, rem- place parfois le marbre noir, soit des calcaires foncés, qui, bien que ne présentant pas ordinairement les qualités qui font la valeur du marbre noir, sont cependant, comme lui, dépourvus de cherts. Ce der- hier caractère est si constant, que, lorsque la dolomitisation des couches rend difficile le tracé des limites, on obtient cependant une limite concentrique à celle des autres assises en prenant comme base du marbre noir l'horizon où l’on voit disparaitre les cherts. Ajoutons que nous n'avons Jamais rencontré le Productus giganteus dans les couches inférieures aux couches de transition ; tandis que nous avons trouvé ce Productus, ou, pour mieux dire, la forme eitée sous ce nom dans le marbre de Dinant, dès la partie supérieure des couches de passage, dans la zone d’Yvoir. La succession des couches dans la zone d’Yvoir est done la suivante de haut en bas : d. Niveau du marbre noir de Dinant. — Calcaire noir ordinairement compact, sans cherts. | y. Couches de transition reposant sur du calcaire vio- lacé, souvent avec cherts noirs. 5. Couches foncées, avee cherts noirs à certains c. Calcaire de Leffe. en «. Galcaire violacé, avec cherts souvent noirs au som- | met et blonds à la partie inférieure. b. Calcaire petit-granit, sans cherts. a. Calcaire d’Yvoir, souvent à cherts noirs. En synchronisant les couches c f à la partie movenne du Calcaire violacé de Leffle et non au marbre noir de Dinant, nous sommes d'accord avec M. Éd. Dupont (1), qui a reconnu, comme nous l'avons (4) Explication de la feuille de Ciney, pp. 98 et suiv. ; Explication de la feuille de Natoye, p. 18. 164 H. DE DORLODOT. — LES FAUNES DU DINANTIEN fait nous-même, que, s’il existe dans cette série certains bancs qui présentent une grande analogie avec le marbre noir de Dinant, cepen- dant, dans leur ensemble, ces couches ont une texture moins fine que celle du marbre noir et même plus grossière que les calcaires qui, dans la même région, recouvrent les couches supérieures de calcaire violacé. Toutefois, 1l est arrivé parfois à M. Dupont de prendre des couches de ce niveau pour le véritable marbre noir, comme cela nous est arrivé à nous-même, avant que nous eussions reconnu l'importance du carac- tère tré de la présence ou de l’absence de cherts. La zone d’Yvoir occupe les bandes septentrionales de l’Entre-Sambre- et-Meuse et se poursuit, en direction, jusqu’à la région centrale du Condroz. Mais, quand on arrive dans la région du Hoyoux et de l’Ourthe, le faciès « calcaire violacé » a disparu, et l’on observe (abstrac- üon faite de la dolomitisation locale des couches) la succession sui- vante : . Calcaire à crinoïdes et à faune viséenne. . Calcaire noir compact et subcompaet, sans cherts. e d c. Calcaire noir compact ou subeompact, avec bandes de cherts noirs. b. Calcaire petit-granit. sans cherts. a . Calcaire d’Yvoir, avec cherts noirs La ressemblance lithologique que présentent certains bancs des cal- caires noirs c et d avec le marbre noir de Dinant avait porté M. Dupont à synchroniser à ce dernier l’ensemble de ces deux formations. Nous ne doutions pas, pour notre part, de l'exactitude de cette assi= milation et nous avions été heureux de voir nos vues à cet égard acceptées par tous les géologues qui prirent part à la session extraor- dinaire de la Société géologique de Belgique, en septembre 1892 (1}: Cette conclusion paraissait d’ailleurs confirmée par le fait que M. Dupont n'avait signalé dans ces calcaires noirs de la région de l'Ourthe et du Hoyoux que des fossiles viséens. Il faut ajouter que nous n'avions pas fait encore, à cette époque, l’étude détaillée de la zone d'Yvoir, que l’on croyait que le calcaire du Tournaisis appartenait tout entier au Tournaisien inférieur et que le petit-granit des Écaus- sines était inférieur à la majeure partie du calcaire du Tournaisis, et de l’âge du calcaire de Landelies. é Ce ne fut donc pas sans quelque surprise que l’on apprit, par les (:) Ann. Soc. géol. de Belg., t. XXII, Proc.-verb., pp. LXXXVH-CXL. k 4 ET LEUR SIGNIFICATION STRATIGRAPHIQUE. 165 recherches de M. Destinez (!)}, que la faune des calcaires noirs à cherts qui, dans l'Est du Condroz, reposent sur le petit-granit de Chanxhe, contiennent une faune qui, à côté d'espèces viséennes, pré- sente une forte proportion d'espèces tournaisiennes. Dès lors, des doutes s’élevèrent au sujet de leur synchronisme avec le marbre noir de Dinant. En 1895, notre conviction n'était pas encore faite, bien que les relations entre ces couches et les calcaires de Vaulx, que nous venions d'étudier, eussent fortement ébranlé notre conviction anté- rieure. Mais, depuis lors, les recherches de M. Destinez n’ont fait qu’accen- tuer la prédominance des espèces tournaisiennes dans le calcaire noir à cherts de l'Est du Condroz. Puis, en continuant l’étude de la zone d'Yvoir, nous arrivions à conclure, du moins avec une grande proba- bilité, que ce n’est pas le marbre noir de Dinant qui passe latérale- ment aux calcaires noirs qui reposent sur le petit-granit du Hoyoux, mais bien le calcaire de Leffe de la zone d’Yvoir. (1) Voici la liste des différentes publications relatives à ce sujet : G. DEWALQUE, Sur le calcaire carbonifère de la carrière de Paire (Clavier). (ANN. SOC. GÉOL. DE BELG., t. XX, Proc.-verb., p. LXxIn) G. DEWALQUE, Sur quelques fossiles carbonifères du niveau Vb à Sprimont. (IBm., p. XCV.) P. DESTINEZ, Nouveaux fussiles des carrières de Paire (Clavier). ({B1n., t. XXI, Mém., p- 287.) P. DESTINEZ, Recherches sur les fossiles du marbre noir viséen b de Petit-Modave. B1p., t. XXIT, Proc -verb., p. LxIv.) P. DESTINEZ, Sur les fossiles du calcaire à paléchinides de Poulseur. ({B1., p. L.) P. DESTINEZ, Quelques nouveaux fossiles du calcaire carbonifère de Paire (Clavier). (EBin., t. XXIII, Proc.-verb., p. XxxxI1.) P. DESTINEZ, Quelques fossiles de Paire (Clavier). (Ygin., t. XXII, Proc.-verb., p. XXXVIIL.) P. DEsTINEZz, Troisième note sur les fossiles du marbre noir de Pair (Clavier). (T8. t. XXV, Proc.-verb.. p. 34.) P. DESTINEZ, Quatrième note sur les fossiles du calcaire noir / V1a) de Pair (Clavier). (Ip. t. XXVI, Proc.-verb., p. Lvni.) P. DESTINEZ, Deuxième note sur les fossiles du calcaire noir de (V1a) de Petit- Modave. ({B1D., p. LIX.) P. DESTINEZ, Quelques gîtes fossilifères du Carboniférien et du Famennien du: Condroz: ({Bin., t. XXVIII, Mém., p. 19.) P. DesTinez, Nouvelles découvertes paléontologiques dans le Carboniférien et le Famennien du Condroz. (Bm., t. XXXI, Mém., p. 143.) P. DESTINEZ, Faune du marbre noir (V1a) de Petit-Modave. ({Bip., t. XXXII, Bull., p. 97.) P. DESTINEZ, Quatrième note sur la faune du calcaire noir (Via) de Petit-Modave. Rene, 1. XXXIV, Bull. D: 02.) 166 H. DE DORLODOT. — LES FAUNES DU DINANTIEN La partie moyenne de ce dernier présente, en effet, une ressem- blance frappante avec les calcaires qui reposent sur le petit-granit, par exemple au Sud de Pont de Bonne. I suffit done que la transfor- mation qui à affecté la partie moyenne de l’assise dans la zone. d’Yvoir se soit étendue aux couches, parfois bien peu puissantes, de la base et du sommet, qui avaient conservé plus à l'Ouest la teinte violacée. Nous n'avons pas eu le loisir, jusqu'ici, de suivre pas à pas cette transformation, Ce qui ne nous permet pas d'en fournir une démons- tration stratigraphique absolument rigoureuse; mais les faits que nous connaissons sont suffisants pour nous en donner une conviction bien voisine de la certitude. Il résulte de là qu’au-dessus du petit-granit, il existe partout une puissante série de couches qui, correspondant stratigraphiquement au calcaire de Leffe, sont inférieures au marbre noir, c’est-à-dire aux couches les plus inférieures où l’on rencontre une faune viséenne pure. Dans le Tournaisis, et sans doute aussi dans le reste de la bande des Écaussines, cette série a une faune franchement tournaisienne ; dans le Condroz, la faune est mixte; mais la proportion des espèces carac- téristiques du Tournaisien égale au moins les deux tiers des espèces viséennes. Faut-il admettre néanmoins que ces couches correspondent exactement au Calcaire de Vaulx et que des espèces viséennes auraient apparu plus tôt dans le Condroz que dans le Hainaut; ou bien, met- tant en regard la différence de puissance du pett-granit avec la diffé- rence des faunes, faut-il conclure que le petit-granit de l'Est du Con- droz, plus puissant que celui du Hainaut, empiète en partie sur le niveau des calcaires de Vaulx ? Il nous paraît difficile de résoudre avec certitude ce doute dans l’état actuel de la science. À première vue cependant, cette seconde hypothèse semble plus probable. En tout cas, il ne paraît pas possible d'expliquer la différence des faunes par une différence dans les condi- tions du milieu : la grande ressemblance lithologique du Caleaire de Vaulx et des calcaires correspondants de l'Est du Condroz s’y oppose. Et, d’ailleurs, les faits observés dans l'Est du Condroz montrent bien que la présence des fossiles viséens ou tournaisiens ne dépend pas du milieu, mais de l’âge des couches. En effet, on y voit deux calcaires à crinoïides, à faciès lithologique presque identique, séparés par des calcaires noirs compacts ou subcompacts. Or, des deux caleaires à crinoides, l’un est à faune tournaisienne, l’autre est à faune viséenne, et, tandis que la partie inférieure des calcaires noirs a encore une mt) pers ET LEUR *IGNIFICATION STRATIGRAPHIQUE. 167 faune en majeure partie tournaisienne, on à constaté la présence des espèces les plus caractéristiques du Viséen dans la partie supérieure des calcaires noirs qui ne diffèrent des précédents que par ce qu’on n'yrencontre plus de cherts. Quant au Calcaire de Lelle, sous sa variété violacée, 1! est extrême- ment pauvre en fossiles. Pour notre part, nous n°v avons jamais trouvé aucun fossile déterminable. M. Dupont n'a pas été beaucoup plus heureux que nous : il y signale seulement deux espèces : Spirifer bisulcatus et Goniatiles platylobus : ces espèces sont réputées viséennes. Les gisements fossilifères ne paraissent pas abonder non plus dans là partie moyenne, à teinte foncée, du calcaire de Leffe de la zone d'Yvoir. Il en existe cependant quelques-uns, qui, explorés méthodi- quement, pourraient peut-être donner (les résultats intéressants ; mais ce travail n’est pas fait jusqu'ici. Disons cependant que M. Dupont déclare que « les fossiles qu'il finit par découvrir dans ces calcaires près de Ciney et que M. De Koninck examina avec une grande obli- geance démontrèrent que ces derniers faisaient sans aucun doute partie de l'étage de Visé (1) ». Mais cette indication vague peut d'autant moins suffire, que M. Dupont affirme également que la faune des calcaires noirs qui recouvrent le petit-granit dans l'Est du Con- droz est viséenne. Or, nous savons aujourd’hui à quoi nous en tenir à ce sujet. Venons-en maintenant au facies waulsortien. Les roches qui consti- tuent la formation waulsortienne existent surtout dans la région Sud du Calcaire carbonifère du bassin de Dinant, là où le petit-granit à disparu. Mais on les rencontre aussi, du moins sporadiquement, dans la zone d’Yvoir et même, par exception, à Lez-Fontaine, dans la région où les faciès normaux se présentent suivant le tvpe de l'Est du Condroz (1). On sait que les roches qui constituent ce que nous nommons aujourd'hui les faciès waulsortiens furent distinguées, en 1865-1865, par M. Éd. Dupont, qui y signala une faune spéciale et à certains égards intermédiaire entre la faune tournaisienne et la faune viséenne. M. Dupont, et De Koninek à sa suite, considérèrent cette formation comme constituant un étage intermédiaire entre le Tournaisien et le Viséen. M. Dupont varia d’ailleurs beaucoup sur la position stratigraphique (f) Explication de la feuille de Ciney, p. 26. 168 H. DE DORLODOT. — LES FAUNES DU DINANTIEN à assigner à cette formation. D'abord, il la plaça au-dessus du marbre” noir de Dinant; mais, en dernier lieu, il lui assigna une situation strati- graphique intermédiaire entre le petit-granit de Chanxhe, qui consti- tuait pour lui le sommet de lassise de Chanxhe ou tournaisienne supé- rieure, et le calcaire violacé, qu'il considéra, pour cette raison, comme occupant la base de l'étage viséen. | Il faut avouer que la composition de la faune waulsortienne favori- sait singulièrement l'hypothèse qui faisait des formations waulsor- tiennes un élage intermédiaire entre le Tournaisien et le Viséen. Mais celte concepluion était incompatible avec les données manifestes de la stratigraphie, qui montrent à l’évidence que les roches waulsortiennes sont contemporaines, tantôt du Calcaire d’Yvoir ou du petit-granit, tantôt du Caleaire de Leffe. Du moins tel est le cas de la plupart d’entre elles; car on a soutenu que certaines roches waulsortiennes occupent une situation plus élevée; mais aucun des exemples signalés ne nous parait démonstratif. En tout cas, aucune roche waulsortienne n'a jamais été observée en dessous du Calcaire d’Yvoir, et il est admis par tout le monde aujourd’hui que tout au moins la plupart d’entre elles ont bien l’âge que nous leur assignons. On sait que parmi les roches waulsortiennes les unes sont massives, les autres sont stratitiées. Les premières se présentent sous forme de grandes lentilles beau-« coup plus étenduëés, quoi qu’en ait cru M. Dupont, dans le sens de la stralification que dans le sens perpendiculaire à celle-ci. Ces lentilles sont donc couchées au sein des dépôts stratifiés. Elles sont généralement en continuité avec les couches stratifiées. Il est de toute évidence que le développement de la roche massive et des" couches stratifiées qui la flanquent a marché de pair, contrairement à l'opinion de M. Dupont, qui pensait que les roches stratifiées waulsor- liennes sont postérieures aux calcaires massifs, méme quand elles leur paraissent stratigraphiquement inférieures. Parmi les roches waulsortiennes stratifiées, les unes sont riches en crinoides : ce sont les diverses variétés du calcaire Wp de M. Dupont” et les variétés dolomitiques correspondantes. Les autres : calcaire« subgrenu ou subcompact blanchâtre Wn, ou dolomies gris de perle Wo stratifiées, contiennent beaucoup moins d’articles de crinoïdes, et," quand elles en contiennent, ces articles sont généralement plus frag= (!) Ep. DuponT, Explication de la feuille de Natoye, pp. 24 et suivantes. ET LEUR SIGNIFICATION STRATIGRAPHIQUE. 169 mentaires. [ nous à paru que les roches erinoïdiques abondent princi- palement à la partie inférieure de l’assise, où elles peuvent passer latéralement au calcaire d’Yvoir et alterner avec lui, tandis que les types grenus ou subcompaets présentent les mêmes relations avec le calcaire violacé Nous avons donc considéré les premiers comme corres- pondant stratigraphiquement au calcaire d’Yvoir de la série normale, les autres comme correspondant, de même, au calcaire violacé. Les relations de ces roches stratifiées avec les roches massives semblent indiquer que c'est le voisinage de celles-ci qui a fait dévier de leurs types normaux les roches stratifiées waulsortiennes. Les roches massives doivent donc être considérées comme les constituants les plus essentiels du « Waulsortien » dont elles sont d’ailleurs aussi les éléments les plus caractéristiques. Ces roches massives peuvent être calcaires ou dolomitiques. Souvent le calcaire et la dolomie sont répartis dans leur sein de la façon la plus irrégulière. La dolomie peut être gris de perle ou bigarrée. De même que pour les autres variétés de dolomie de notre calcaire earbonifère, il semble bien que cette dolomie provient de l'enrichissement du calcaire en magnésie, enrichissement que nous croyons s'être produit déjà au cours de la sédimentation. Lorsqu’elles sont restées à l’état de calcaire, les roches massives du Waulsortien sont souvent parsemées de veines bleues, soit simplement ondulées, soit fortement et irrégu- | Hièrement contournées, et elles sont alors très riches en Fenestella. À la suite de M. Dupont et d'accord, pensons-nous, avec tous les géologues belges, nous avions admis que ces calcaires à veines bleues sont des calcaires à stromaloporoïdes, dont la fine structure à été fortement modifiée par des phénomènes diagénétiques. Mais, depuis un bon nom- bre d'années, de nombreuses observations sur le terrain d’abord, puis Pétude de plaques minces, nous ont convaincu que ces calcaires ne | présentent aucune trace de stromatoporoïdes. M. Gurich (1), à qui | nous avions communiqué nos résultats, est venu, depuis lors, étudier ces calcaires au Musée royal d'Histoire naturelle de Bruxelles et il est arrivé à la même conclusion que nous — La présence des veines bleues et même l’abondance de Fenestella n’est d’ailleurs pas essentielle aux calcaires massifs du Waulsortien. Parfois sur de grandes étendues la texture de ce calcaire ne diffère en rien du calcaire stratifié blanchâtre () Guricx, Les spongiostromides du Viséen de la province de Namur. (MÉM. Du MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE, t. III.) 1909. MÉM. 12 170 H. DE DORLODOT. — LES FAUNES DU DINANTIEN subcompact ou subgrenu (Wn de M. Dupont) auquel il passe, tout sim= plement par l'apparition de Joints de stratification, qui augmentent rapidement en nombre à mesure que l’on s'éloigne du calcaire massif. Nous citerons notamment une grande carrière à proximité du village de Furfooz, où ce phénomène se voit avec netteté. En dehors des Fenestelles, qui, comme nous l’avons dit, ne sont même pas un élément constant des calcaires massifs waulsortiens, on ne voit guère, dans leur sein, de restes d'organismes constructeurs. La substance qui sépare les Fenestelles, lorsque celles-ei sont rapprochées les unes des autres, est souvent constituée, en bonne partie, par des cristaux aciculaires implantés perpendiculairement sur la surface de ces organismes ; le reste paraît constitué par une boue calcaire à éléments très fins, au milieu de laquelle on voit, par-ci par-là, quelque reste, souvent fragmentaire, de Foraminifère. Cependant, l'allure de ces masses au milieu des couches stratifiées est fort analogue à celles que l’on observe, non, il est vrai, dans les « récifs coralliaires proprement dits », mais dans certaines formations auxquelles on à donné par extension la dénomination de récifs ou de caleaires construits et pour lesquelles on a créé plus récemment le nom de calcaires zoogènes, en entendant par là des calcaires qui ont pour origine l’abondance d'organismes inférieurs ayant vécu sur place. Aussi est-il difficile de ne pas attribuer une origine analogue aux roches massives du W aulsortien: On sait d’ailleurs qu’il n’est pas rare de constater la disparition plus ou moins complète de la texture organique, dans certaines portions des caleaires d’origine zoogène. Ce qui tend à confirmer l’origine attribuée aux roches massives du Waulsortien, c’est l'accroissement parfois énorme de la puissance de l’assise tournaisienne supérieure, là où se rencontrent ces roches, ou même dans leur voisinage (1). Une pareille accumulation d'éléments calcaires ainsi localisée ne se comprendrait pas, si elle n’était due à l’activité d'organismes ayant vécu sur place. Les fossiles déterminables ne sont pas précisément communs dans « les calcaires stratifiés du Waulsortien. Dans les calcaires massifs, leur répartition est très irrégulière. On peut explorer parfois de notables portions de calcaire à veines bleues sans ÿ rencontrer autre chose que () Voir un exemple frappant que nous avons donné de ce fait. (Op. cit., pp. 242-243 | Cfr. aussi H. pe DonLopor, Le Calcaire carbonifère des Fonds de Tahaux et desla, W vallée de la Lesse (ANN. 500. GÉOL. DE BELGIQUE, t. XXVII, Mém. pp. 144-958), p. 289 | ET LEUR SIGNIFICATION STRATIGRAPHIQUE. 174 des Fenestelles; mais certaines portions de ces calcaires sont littérale- ment criblées de fossiles. Ce sont ces gisements très riches, rencontrés au sein du calcaire massif waulsortien, ou plus rarement dans des cal- eaires pâles à grands articles de crinoïdes voisins de ces calcaires massifs, qui ont fourni les fossiles décrits par De Koninck comme fossiles waulsortiens (ou, dans des travaux plus anciens, comme appartenant aux étages FT et LV). Et, comme les gisements qui ont fait l’objet des études de De Ko- ninck proviennent tous de niveaux stratigraphiques inférieurs au marbre noir et supérieurs aux calschistes qui forment le sommet du Tournaisien inférieur (quoi qu'il en soit de la question de savoir s’il existe des roches waulsortiennes à un niveau plus élevé), il en résulte que la faune waulsortienne, telle qu’elle a élé décrite par De Koninck, n’est autre chose que la faune des formations du Tournaisien supérieur qui se présentent sous forme de calcaire massif waulsortien. Cette spécialisation de la faune se présente parfois dans des condi- tions réellement étonnantes. On a observé, en effet, que la faune tournaisienne et la faune waulsortienne peuvent exister côte à côte dans des dépôts contemporains et tout à fait voisins (1), Il semble done que la différence des faunes ne provient pas d’une différence de profondeur de la mer, de distance des côtes, etc., mais plutôt de conditions d’asso- cations analogues à celles qui donnent aux formations coralliennes une faune spéciale. Cette conclusion paraitrait logique. Cependant, si lon examine en détail la faune waulsortienne et si on la compare aux faunes tournai- sienne et viséenne, on est frappé de ne pas y constater de différences du genre de celles qui s’observent généralement entre la faune des formations récifales et des autres formations contemporaines. Ce n’est pas, en général, par des Lypes très spécialisés que la faune waulsortienne est caractérisée : la plupart des formes propres au waulsortien ont des congénères dans les faunes tournaisienne et viséenne. Au point de vue des espèces, 1l semble bien qu’un grand nombre d'espèces sont caractéristiques de la faune waulsortienne et que (?) CH. DE LA VALLÉE Poussin, Note sur les rapports des étages tournaisien et viséen de M. E. Dupont avec son étage waulsortien. (ANN. Soc. GÉOL. DE BELG., t. XVIII, Mém., p. 3.) — Cfr. Inem, La coupe de la Chapelle à Hastière. ({81n., t. XIX, Mém., p. 309.) — H. »E DorLonor, Résultats d’une excursion à la Chapelle (Hastière) et aux Fossés (Anseremme). (Igin., p. 317.) — InEm, Un dernier mot sur la coupe de Pierre Pétru. (ein. t. XXI, Mém., p. 25.) 172 H. DE DORLODOT. — LES FAUNES DU DINANTIEN celte faune jouit ainsi d’une véritable autonomie. Cela a sauté aux yeux dès la première découverte des gisements waulsortiens par M. Dupont. Néanmoins, on admettait alors qu’à côté d'espèces propres, ces gisements contiennent des espèces tournaisiennes et des espèces viséennes. Dans ses travaux les plus récents, De Koninek s’est évertué à exagérer l’autonomie des trois faunes de notre Caleaire carbonifère, établissant de nouvelles coupes spécifiques pour la moindre différence qu'il constatait entre les échantillons qu'il avait en mains, du moment où ces échantillons provenaient de gisements différant entre eux par l’ensemble de leur faune. Nous avons été plusieurs fois à même de constater que certains de ces caractères ne sont pas constants et que des échantillons provenant, par exemple, de Visé, présentent plus de ressemblance avec un type décrit comme waulsortien qu'avec le type viséen correspondant. C’est principalement pour cela que nous avons exprimé l'avis, dans une circonstance récente (1), qu’une revision de Ja faune de notre Calcaire carbonifère s'impose, au point de vue, non seu lement de la paléontologie stratigraphique, mais aussi de la paléonto-= logie pure. Mais, parmi les fossiles tournaisiens ou viséens qui ont été signalés depuis quelques années dans les gisements waulsortiens, il en est aussi qui ne sont pas voisins de formes décrites comme waulsor= tiennes. D’après le peu qu'on en sait jusqu’ier, 11 y aurait lieu de croire que la proportion des espèces viséennes est plus grande dans les gisez ments waulsortiens situés à un niveau stratigraphique plus élevé: L'examen des échantillons recueillis dans les gisements explorés par M. Dupont serait fort intéressant à cet égard : il est, en effet, possible, du moins pour la plupart de ces gisements, de dire s'ils sont de l'âge du Calcaire d’Yvoir ou de l’âge du Caleaire de Leffe. La comparaison des échantillons de ces gisements, spécialement de ceux qui provien: nent du niveau du Calcaire de Leffe, avec ceux des calcaires noirs de l'Est du Condroz (Calcaire de Paire), serait aussi du plus haut intérêt Nous avions insisté jadis sur le fait que, d’après une communication que nous avait faite G. Soreil, le récif du four à chaux de Maredsous; qui repose immédiatement sur les calschistes du sommet du Tournaisien k inférieur, contient déjà des fossiles viséens. En revoyant la liste que k nous avait remise notre regretté confrère, nous nous demandons cependant si nous ne nous sommes pas exagéré la portée de ce fat Presque tons les fossiles déterminés comme appartenant certainement à (1) Bull. Soc. belge de Géol., t. XXII, Proc.-verb., p. 295. ET LEUR SIGNIFICATION STRATIGRAPHIQUE. 173 des espèces réputées viséennes sont des Productus. Or, on sait que De Koninck n'a pas repris l'étude monographique des Productus depuis la découverte de la faune waulsortienne et, d'autre part, M. Destinez a signalé dans le peut granit deux Productus réputés viséens parmi lesquels se trouve le Pr. Keyserlingianus, qui se rencontre également au four à chaux de Maredsous. Le faciès waulsortien est bien connu à l’étranger, notamment dans le Hainaut français, dans la région centrale de la France et en Irlande. Dans le Hainaut français, 1l se trouve au niveau inférieur du Calcaire de Bachant, correspondant à notre Caleaire de Leffe et dont la faune, d'ailleurs peu abondante, contient elle-même plusieurs espèces waulsortiennes. Dans la France centrale, le facies waulsortien est fort bien carac- térisé et se rencontre sous la base du Viséen. En Irlande, 1l repose sur des couches à faune tournaisienne et il est recouvert par des couches à faune viséenne. Il semble donc que, tout au moins en gros, 1l occupe le même niveau que chez nous. Et il . se rapproche également du nôtre par ses caractères lithologiques et par sa faune. Conclusions. Des faits que nous venons d'exposer se dégagent les conclusions générales suivantes : [. La faune tournaisienne et la faune viséenne constituent des faunes | de niveau dont la première est partout antérieure à la seconde. I. La substitution de la faune viséenne à la faune tournaisienne ne s'est pas faite brusquement. On connaît notamment dans l'Est du Condroz, des couches à faune mixte, dont les fossiles sont en grande majorité tournaisiens, bien qu’on y rencontre déjà une notable pro- portion d'espèces viséennes. On peut discuter si ces couches sont contemporaines ou non de l’épaisse série de dépôts bien stratifiés qui recouvrent le petit-granit dans le Hainaut, et dont la faune à un Caractère plus exclusivement tournaisien. IT. Dans certaines régions, au-dessus d’une série à faune exclusive- ment tournaisienne (Tournaisien inférieur) et en dessous des couches à faune viséenne, on rencontre des roches à faciès très spécial qui abritent une faune fort bien caractérisée et connue sous le nom de faune waulsortienne. Cette faune, sans présenter de types très diffé- : 174 H. DE DORLODOT. — LES FAUNES DU DINANTIEN renciés dénotant une adaptation bien spéciale, renferme cependant beaucoup d'espèces qui lui sont propres, à côté d’un certain nombre d'espèces tournaisiennes et d'espèces viséennes, et aussi d'espèces communes à tout le Dinantien. Il semble que la proportion des espèces viséennes y augmente à mesure qu'on monte dans la série des couches. IV. En ce qui concerne la classification, 1l ne faut pas oublier que, dans toute classification, intervient un certain élément arbitraire. C’est pourquoi on pourrait diviser le Dinantien soit en deux, soit en trois étages. Si on le divise en trois, l'étage inférieur ne doit comprendre que les niveaux qui partout présentent une faune exclusivement tournaisienne. L’étage moyen comprendra l'ensemble des niveaux au sein desquels on constate de grandes variations des faunes suivant les régions et les faciès : 1l comprend, chez nous, toutes les couches qui se trouvent entre les calschistes de Maredsous (7/4 de M. Dupont — Tifch de la légende officielle) et le vrai marbre noir de Dinant exclusivement. Enfin, l'étage supérieur, à faune purement viséenne, commence avec le niveau de ce marbre noir. C’est, abstraction faite de certaines modifications de détail imposées par le progrès de nos connaissances, la classification que nous avions proposée jadis. Seulement, si les noms de Viséen et de Chanxhien peuvent être conservés pour les deux étages supérieurs, 1l n’en serait pas de même du terme Tournaisien pour lélage inférieur, puisqu'on sail maintenant que la majeure partie des couches à faune tournais sienne du Tournaisis appartiennent au niveau du Chanxhien. Cette classification, pratique pour la Belgique, à d’ailleurs l’inconvénient de n'être pas d’une application universelle. Quant à la division en deux étages, pour laquelle les noms de Tournaisien et de Viséen conviennent et sont généralement admis, 4l est clair, comme nous l'avons dit déjà, qu’elle n’est admissible qu'à condition qu'on fasse rentrer dans le Tournaisien toutes les couches dont la faune est complètement ou principalement tournaisienne. Hl est d’ailleurs commode de diviser le Tournaisien en deux assises, dont la supérieure comprend les dépôts à facies waulsortien, du moins tous ceux qui sont d'âge tournaisien, et notamment tous les gisements fossilifères qui ont servi à établir la faune waulsortienne. DESCRIPTION SUCCINCTE DES ANGES DU CALCAIRE CARBONIFÈRE DE LA BELUIQUE ET DE LEURS PRINCIPAUX FACIES LITHOLOGIQUES PAR H. de DORLODOT Professeur à l’Université catholique de Louvain. Nous croyons rendre service à nos confrères en leur mettant sous les yeux, à la veille des excursions qu’ils nous ont chargé de diriger dans le Calcaire carbonifère, un tableau de la succession des couches de notre Dinantien, suivi d'une courte description des assises et des principaux faciès lithologiques qui les constituent. Nous n'avons pas cru devoir nous borner aux faciès de la région que visitera la Société. L’exposé de nos vues actuelles sur le synchronisme des faciès que l’on rencontre dans les différentes régions nous dispensera de digressions inuüles, au cours de l’excursion, et évitera les malentendus qui pour- raient se produire. Désirant être bref, nous nous sommes abstenu, le plus souvent, d’énoncer les motifs qui légitiment notre manière de voir, jugeant surtout préférable de ne pas répéter les preuves que nous avons développées dans des travaux antérieurs Enfin, nous avons laissé presque toujours dans l’ombre le côté paléontologique, dont nous nous sommes occupé dans un travail paru immédiatement avant celui-ci (1). (2) Les faunes du Dinantien et leur signification stratigraphique. (BuLL. Soc. BELGE DE GÉOL., t. XXIII, 1909, Mém.) 176 H. DE DORLODOT. — DESCRIPTION SUCCINCTE DES ASSISES Tableau de la succession des couches. ÉTAGE VISÉEN (V\. Assise d'Anhée (V2). Caicaires en bancs bien stratifiés, séparés en deux niveaux par un épais massif de brèche non stratifiée. | V2c. Couches supérieures d’Anhée. V2b. Grande brèche. V2a. Couches inférieures d’Anhée. Vrax. Faciès « petite brèche ». Assise de Dinant (V1). Calcaire oolithique et calcaire subcompact à points cristallins. Dolomie lamellaire et grenue. Calcaire noir compact. — N. B. Les divers termes ei-dessous, bien que rangés dans l’ordre où ils se succèdent le plus souvent dans une région donnée, ne constituent pas des assises dans le sens propre du mot, leurs limites ne correspondant pas à des niveaux isochrones. Vic. Caleaire de Neffe. Vib. Dolomie de Namur. Via. Marbre noir de Dinant. Viaz. « Petit granit viséen » (faciès local). ÉTAGE TOURNAISIEN (T'). Assise de Chanxhe et de Waulsort (T2). À la partie supérieure, calcaire subcompact pâle ou foncé, parfois avec banes argilo- calcareux. Calcaire crinoïdique, à la partie inférieure. — Localement : Grandes len: tilles de roches massives (calcaire ou dolomie), dites « récifs waulsortiens ». T2c. Calcaire de Vaulx et Caleaire de Paire. Calcaire de Leffe. — Couches waulsortiennes supérieures (T2cn et T£co). T2b. Calcaire « pelit-granit » de Chanxhe et des Écaussines (manque sans lacune dans la région Sud). T2a. Calcaire d’Yvoir. — Couches waulsortiennes inférieures (T2ap et T2apy). : « Récifs waulsortiens » (T2 w) : T2m. Calcaire massif, à veines bleues ; Ten. Calcaire pàle massif, sans veines bleues ; T20o. Dolomie massive, gris de perle ou bigarrée. Assise d'Hastière (T1). Calcaire généralement crinoïdique, avec couches schisteuses ou argilo-calcareuses à certains niveaux. Tid. Calschistes de Maredsous. Tic. Calcaire de la Pierre-Pétru et de Landelies. T1b. Schistes dits « à octoplicatus ». T1a. Schistes et calcaires d’Hastière. DU CALCAIRE CARBONIFÈRE DE LA BELGIQUE. 177 ['ACIÈS CALCAIRES ET FACIÈS DOLOMITIQUES. Avant d'entreprendre la description des différents termes de ce tableau, nous croyons utile de dire un mot des faciès calcaires et des faciès dolomitiques de notre Dinantien. À peu près tous les faciès calcaires peuvent être remplacés locale- ment par un faciès dolomitique. L’assise d'Anhée est celle qui est le plus rarement dolomitisée : la dolomitisation n’y est jamais, pensons- nous, que très locale et très incomplète. Puis vient l’assise d'Hastière. La dolomitisation est plus fréquente au sein de l’assise de Chanxhe et de Waulsort, et surtout au sein de l’assise de Dinant. Si nous avons pris, Comme type du terme moyen de l’assise de Dinant, le faciès dolomitique plutôt que le faciès calcaire, ce n’est pas que le niveau en question ne soit jamais représenté, en tout ou en partie, par du calcaire. Mais, comme il est extrêmement rare qu'il n'y ait pas de dolomie à ce niveau, nous n’aurions pu, sans faire violence aux faits, considérer le faciès calcaire, qu’on y observe accidentelle- ment, comme représentant son faciès normal. La présence presque constante de dolomie à la partie moyenne de notre Calcaire carbonifère avait frappé déjà les premiers observateurs. On sait que Dumont le divisait en : Calcaire à crinoïdes; Dolomie, et Calcaire à Productus. Mais cette portion moyenne dolomitique peut acquérir une extension verticale variable. Elle empiète souvent, vers le haut, sur une portion plus ou moins grande du niveau ordinaire du Calcaire de Neffe. Vers le bas, elle envahit fréquemment le niveau du marbre noir de Dinant. Elle peut descendre plus bas encore et englober les niveaux supérieurs, et même la plus grande parte, du Tournaisien supérieur : sur de vastes espaces, la dolomie de la partie moyenne du Caleaire carbonifère s'étend, tout d’une venue, depuis les couches inférieures du Calcaire de Neffe jusqu'aux couches supérieures du Calcaire d’Yvoir. Il arrive même que la dolomitisation descend jusqu'a la base du Calcaire carbonifère. On croyait autrefois, dans ce cas, que l’assise inférieure à crinoides faisait défaut par lacune Straligraphique. Le terme Dolomie de Namur, créé par M. J. Gosselet, a été appliqué matériellement, non seulement à la dolomie de la partie moyenne «e notre assise de Dinant, mais à toute la dolomie qui fait corps avec celle-ci. Elle comprenait ainsi en fait des niveaux tournaisiens. Néan- 178 H. DE DORLODOT. — DESCRIPTION SUCCINCTE DES ASSISES moins, on la croyait complètement viséenne, et c’est pourquoi les termes « Dolomie de Namur » et « Dolomie viséenne » étaient considérés comme synonymes, Nous croyons devoir conserver au terme Dolomie de Namur ce sens formel : la Dolomie de Namur est donc, pour nous, la dolomie de l’assise de Dinant. Par contre, le terme grande dolomie peut être employé utilement pour désigner toute l'extension du faciès dolomitique faisant corps avec la dolomie de Namur. En dehors de la grande dolomie ainsi comprise, on observe souvent, dans notre Calcaire carbonifère, des portions dolomitiques appartenant à des niveaux variables, et séparées de la grande dolomie par des dépôts restés à l’état de calcaire. Ces formations dolomitiques, bien que pouvant parfois acquérir une certaine importance, comme c’est le cas notamment pour les dolomies waulsortiennes, sont cependant acei- dentelles, dans ce sens qu’en général elles passent latéralement et souvent de la façon la plus irrégulière aux faciès calcareux corres- pondants. Si l’on entend par dolomitisation l'enrichissement en magnésie de dépôts à éléments calcareux, il ne paraît pas douteux que nos dolomies carbonifères ne soient le résultat d’une dolomitisation. Néanmoins nous ne pensons pas qu’on puisse les considérer comme des faciès d'altération, ni même, à parler strictement, comme des faciès diagéné- tiques. Nous croyons, en effet, que l'enrichissement en carbonate de magnésie s’est produit aux dépens des sels magnésiens de l’eau marine qui baignait les dépôts en voie de formation et des carbonates alcalins et surtout ammoniacaux provenant de la putréfaction des matières organiques. La précipitation d’une partie de la magnésie de l’eau marine dans les boues du fond de la mer, remplies de cadavres d’ani- maux en voie de décomposition, à été constatée au golfe de Naples, et des faits de rapide dolomitisation de coquilles ou de polypiers dans les récifs coralliens sont bien connus. Mais la précipitation du earbo- nate de magnésie en milieu ammoniacal suppose des conditions très spéciales, conditions que réalise, sans doute, la présence de produits spéciaux de décomposition dus à l’influence de certaines bactéries. S'il en est ainsi, la dolomitisation, telle qu’elle s’est produite dans notre Calcaire carbonifère, suppose deux conditions : en premier lieu, l’abon- dance de matières organiques en voie de décomposition dans le dépôt en formation; en second lieu, la présence, dans ce dépôt, de certains microorganismes spéciaux comme agents de cette décomposition. On pourrait peut-être expliquer ainsi la fréquence moins grande de dolomie. DU CALCAIRE CARBONIFEÈRE DE LA BELGIQUE. 179 dans l’assise d’Anhée, où les calcaires d’origine détritique sont plus abondants, ainsi que les relations, qui ont frappé plus d’un observa- teur, entre les calcaires oolithiques et la dolomie, et dont notre assise de Dinant présente des exemples remarquables. Les observations de M. Joh. Walther et les expériences de laboratoire de M. Linck semblent établir, en effet, que les calcaires oolithiques d'origine marine sont . également le résultat d'un double échange entre les carbonates alealins et ammoniacaux provenant des matières organiques en putréfaction et les sels calcaires en solution dans l’eau de mer. Enfin, l'hypothèse qui attribue la dolomitisation à une influence microbienne rend bien compte de la répartition des facies caleareux et dolomitiques dans des formations qui semblent avoir même origine. Cette répartition est des plus irrégulières, st on s'arrête aux détails ; mais, au milieu de cette irrégularilé, on voit se dégager certaines règles, ou plutôt certaines tendances plus où moins prononcées, qui permettraient de dire qu'à certains niveaux et dans des régions par- fois étendues, la dolomitisation sévil — à la façon d’une maladie épidémique — avec une plus ou moins grande intensité. On voit, d’après ce que nous venons de dire, que, même au point de vue théorique, la répartition des faciès dolomitiques et calcaires n'est nullement dépourvue d'intérêt. Description des assises. ÉTAGE TOURNAISIEN (T). Assise d'Iastiere (T1 ). Cette assise présente, dans toute l'étendue de notre Calcaire carbo- mifère, les caractères généraux que nous avons indiqués dans le tableau de la succession des couches : « Calcaire généralement crinoïdique, avec couches schisteuses ou argilo-calcareuses à certains niveaux. » — Mais les subdivisions qui figurent dans ce tableau ne se distinguent pas également partout. Après avoir décrit succinctement ces subdivisions, nous passerons rapidement en revue la constitution de l’assise, là où toutes ces subdivisions ne soat pas nettement reconnaissables. Tia (Ta de la légende officielle et de M. Dupont). Schistes et cal- caires d'Hastière. — F'’assise de Comblain-au-Pont, considérée en 180 H. DE DORLODOT. — DESCRIPTION SUCCINCTE DES ASSISES Belgique (!) comme terminant le Devonien, passe à l’assise d'Hastière par la disparition des psammites; puis les bancs calcaires qui alternent avec les schistes deviennent plus abondants; ils finissent par constituer un niveau exclusivement où à peu près exclusivement calcareux, dont l’épaisseur, généralement faible dans la région du Nord, peut atteindre, au Sud du massif de Falmignoul, une puissance de 20 mètres. Plus haut, le calcaire recommence à alterner avec des schistes, et l’on arrive ainsi au niveau purement schisteux T1b. On est convenu de tracer la base de l’assise d'Hastière, là où les Pilipsia remplacent les Phacops. Les calcaires d'Hastière ne contiennent pas de cherts. T1b (71b de la légende officielle et de M. Dupont). Schistes dits «à ocloplicatus ». — Schistes fissiles, parfois noirâtres, le plus souvent d’un vert plus ou moins sombre, ou jaunâtres par altération. Ils sont souvent très fossilifères. On y rencontre abondamment une petite Spi- riferina, confondue jadis avec la Sp. octoplicata, mais que De Koninek en a distinguée sous le nom de Spiriferina peracuta Tic (T1c de la légende officielle et de M Dupont (?)). Culcaire de la Pierre-Pétru on de Landelies. — Le passage du niveau précédent à celui-ci se fait parfois brusquement; mais, le plus souvent, on observe, à la base de ce niveau, une alternance de couches schisteuses avec les premiers bancs calcareux. La série exclusivement calcareuse, qui fait suite à ces couches de transition, est constituée par du calcaire plus ou moins riche en erinoiïdes et sans cherts. Ce calcaire est tantôt en bancs relativement peu épais et régulièrement stratifiés, tantôt en bancs énormes ou en masse à stralification confuse. Il n’est pas rare de voir la partie inférieure en bancs bien stratifiés, surmontée d’une masse à stratification confuse. Parfois Ja stratification redevient plus distinete à la partie supé- rieure. T1d (T/ch de la légende officielle, T{d de M. Dupont (5)). Calschistes (!) A l'étranger, notamment en Allemagne et en Angleterre, on tend plutôt à ranger déjà dans le Garbonifère cette assise à faune mixte. Nous pensons que la solution à laquelle s’est arrêtée la légende officielle s’imposait chez nous, pour des raisons pratiques, plutôt que pour des raisons théoriques. (@) M. Dupont rangeait aussi à ce niveau le Caleaire petit-granit de la bande des Écaussines, qui appartient en réalité au même niveau que celui de Chanxhe et doit être rangé dans le Tournaisien supérieur. (6) M. Dupont rangeait aussi dans ce niveau le Calcaire de Vaulx et son prolonge- ment dans la bande des Écaussines. Ces couches doivent prendre place au sommet du Tournaisien supérieur. DU CALCAIRE CARBONIFÈRE DE LA BELGIQUE. 181 de Maredsous. — Schistes souvent à grands feuillets et ealschistes très fossilifères, alternant avec du calcaire noir argileux peu ou point crinoidique et reconnaissable au son creux qu'il rend sous le choc du marteau. La liste des fossiles recueillis à ce niveau, à Maredsous, par G. Soreil a été publiée par G. Dewalque. M. Dupont avait donné à ce niveau le nom de Calschistes de Tournai, qui ne peut être conservé : ce niveau n'est pas distinct, à Tournai, du niveau précédent et n’y est pas représenté par de véritables calschistes. L’assise d'Hastière atteint son maximum de développement au Sud du massif de Falmignoul. Mais les subdivisions, que nous venons d’in- diquer et qui ont été établies par M. Dupont, sont nettement recon- naissables dans la plus grande partie du bassin de Dinant, et aussi au Sud du bassin de Namur, tout au moins à l'Ouest de la Meuse. La constitution détaillée de l’assise se moditie vers l'Est du Condroz. Sur le Hoyoux, les ealschistes T1d n'ont plus que 2 à 5 mètres de puis- sance et ils sont séparés du Calcaire de Landelies sans cherts par une quinzaine de mètres de Calcaire ressemblant beaucoup an Calcaire d'Yvoir et contenant des cherts noirs comme ce dernier. Plus loin, vers l'Est, on rencontre des coupes où les calschistes semblent n'être plus distincts. Au Sud du bassin de Namur, la constitution de l’assise est tout à fait normale, bien que sa puissance soit très réduite, depuis Landelies jusqu'à Malonne. À Malonne cependant, une partie du Calcaire de Landelies (Tic) est déjà dolomitisée. — Au delà de la Meuse jusqu'à Huy, la grande dolomie s'étend jusqu’à la base de l’assise. M. Lohest à reconnu l'existence des schistes à octoplicatus à Huv, et G. Dewalque plus loin vers l'Est, dans la région dite bassin de la Vesdre; mais les calschistes de Maredsous semblent ne pas y avoir été distingués jusqu'ier. Au Nord du bassin de Namur, dans la bande des Écaussines et dans le Tournaisis, l’assise, tout en restant parfaitement reconnaissable dans son ensemble, ne peut plus être divisée en quatre niveaux. Elle présente une alternance, variable suivant les localités, de couches cal- careuses et argilo-calcareuses, au sommet desquelles apparaissent les premières couches à cherts qui commencent l’assise suivante. 182 H. DE DORLODOT. — DESCRIPTION SUCCINCTE DES ASSISES Assise de Chanxhe et de W aulsort (T2). Le nom d'Assise des Écaussines, attribué par la légende officielle au Tournaisien supérieur, doit être absolument rejeté, ce nom ayant servi pendant longtemps, par suite d’une erreur de M. Dupont, à désigner le Tournaisien inférieur. Par contre, le nom d’assise de Chanxhe, créé par M. Dupont pour dénommer une assise dont le calcaire petit-granit de Chanxhe était l'élément le plus important, peut être admis sans inconvénient, bien qu'il soit nécessaire aujourd'hui de donner à cette assise des limites très différentes de celles que lui assignait ce savant. Mais il en est de même de l’assise de Dinant, dont personne ne pro- pose de changer le nom pour cela. | Le Waulsortien, dont M. Dupont faisait un étage intermédiaire entre le Tournaisien et le Viséen, est, en réalité, un faciès contempo- rain des couches que nous rangeons dans l’assise de Chanxhe. A l'épo- que où l’équivoque était encore possible, nous avions regretté que l’on donnât le nom de Waulsort à une assise. Mais aujourd’hui personne ne conteste plus que le Waulsortien soit un faciès contemporain des couches de la série normale : il semble, dès lors, qu'il n’y à plus d’inconvénient à adjoindre au nom de Chanxhe le nom de Waulsort: Dans nos travaux antérieurs, nous avons désigné cette assise, soit sous le nom d’EÉtage Chanxhien, soit sous celui d'Assise de Celles. Il ya lieu de distinguer, dans cette assise, ce qu’on est convenu de nommer les faciès normaux, des faciès waulsortiens. Faciès normaux. T2a (f2a de la légende officielle ; Te pars de M. Dupont). Cal caire d’Yvoir. — Calcaire à crinoïdes sporadiques dans une pâte sub- grenue ou subcompacte, de teinte foncée lorsqu'il n’est pas altéré, à cherts noirs en proporton variable. T2b (120 de la légende officielle; T2 + Tle pars + Tic pars de M. Dupont). Calcaire « petit-granit ». — Calcaire en bancs généralement très épais, à articles de erinoïdes très abondants et, en général, peu brisés, de teinte bleu foncé, sans cherts, généralement riche en poly- piers, brachiopodes et autres fossiles. Ce faciès atteint son maximum de développement dans le Nord-Est du Condroz. Dans le Sud-Ouest DU CALCAIRE CARBONIFÈRE DE LA BELGIQUE. 183 du Condroz et dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, 1! est souvent peu déve- loppé et il disparaît complètement quand on avance vers le Sud : le Ualcaire d’Yvoir passe alors directement, par transition ménagée quoique rapide, au Caleaire de Lelffe (faciès calcaire violacé), lorsqu'on ne rencontre pas de faciès waulsortien à ce niveau. Au Nord du bassin de Namur, le « petit-granit » se rencontre sous son faciès calcareux dans la bande des Écaussines, depuis Tournai jusqu’à Ligny (1). Ailleurs il est dolomitisé. T2c (7120 + Via pars de la légende officielle; Via + V1b pars + T1d pars de M. Dupont). — Calcaire de Vaulx et Calcaire de Paire. — Calcaire de teinte généralement foncée, subcompact, peu ermoïdique, souvent argileux, à cherts noirs. Dans la bande des Éeaussines {(Calcaire de Vaulx), la faune est tournaisienne. Dans le Nord-Est du Condroz (Calcaire de Paire), elle est en majeure partie tournaisienne, mais ren- ferme déjà une notable proportion d'espèces viséennes. Calcaire de Leffe. — Dans le Sud-Ouest du Condroz et dans le Sud de l’Entre-Sambre-et-Meuse, le Caleaire d'Yvoir passe directement, vers Le haut, à un calcaire gris pâle à nuance légèrement violacée et ordinairement à cherts pâles. C’est le Caleaire de Leffe typique, com- munément connu sous le nom de Calcaire violacé. Dans le Nord de l'Entre-Sambre-et Meuse et dans la parue Nord de Ouest et du centre du !’ondroz (zone d’Yvoir), le Calcaire de Lelle est généralement séparé du Calcaire d’Yvoir par une épaisseur variable de caleaire petit-granit, et la partie moyenne du Caleaire de Lelfe est occupée, au moins en partie, par des couches plus foncées, dont quelques-unes sont noires. Le Calcaire de Leffe de la zone d’Yvoir fait ainsi transition entre le Calcaire de Leffe typique, constitué entièrement par du calcaire violacé, et le calcaire foncé de Paire (?). Déjà dans le bassin de Dinant, on voit parfois de la dolomie à cri- noides ou de la dolomie grenue et à cherts remplacer localement le Calcaire de Faire ou de Leffe, ou le calcaire petit-granit, plus rare- ment le Calcaire d’Yvoir. Nous ne nous souvenons pas cependant d’y avoir vu aucune coupe où l’un de ces termes fût complètement dolo- mitisé, sauf pour le petit-granit, dans la zone d’Yvoir, là où il est peu (1) Toutefois, au Sud de Brugelette, le petit-granit est dolomitisé. (2) Voir, à ce sujet, H. pE DorLopor, Les faunes du Dinantien et leur signification Stratigraphique. L. c., pp. 11-44. 184 H. DE DORLODOT. — DESCRIPTION SUCCINCTE DES ASSISES puissant. Mais dans le Sud du bassin de Namur et au Nord de ce bassin à l’Est de Ligny, la grande dolomie envahit généralement le niveau du Caleaire de Vaulx ou de Paire et celui du petit-granit, et empiète même bien souvent sur le Calcaire d’Yvoir. C’est pour cela que, dans le bassin de Namur, on ne rencontre pas le calcaire petit-granit en dehors de la bande des Écaussines. Faciès waulsortiens. Parmi les faciès waulsortiens, 1l faut distinguer les roches massives, dites « récifs waulsortiens », et les roches stratifiées. T2w. Les roches massives se présentent sous l'aspect de grandes lentilles de forme plus où moins irrégulière, mais en général beau- coup plus étendues dans le sens de la stratification que dans le sens perpendiculaire à celle-ci. La roche qui les constitue appartient à trois types principaux, qui peuvent entrer simultanément dans la constitution d’une même lentille ou « réeif », et passent alors de l’une à l’autre de la façon la plus irrégulière. Ces trois types de roches sont : T2m. (72m de la légende officielle; Wm de M. Dupont.) Cal- caire pâle, à veines bleues ondulées ou contournées et nombreuses Fenestella. T2n. (Wn pars de M. Dupont.) Calcaire pâle massif, subgrenu ou subcompact, sans veines bleues. | T20. (720 de la légende officielle ; Wo pars de M. Dupont.) Dolo- mie massive, gris de perle ou bigarrée. Les « récifs waulsortiens » contiennent, par places, des amas d’abon- dants articles de crinoides, généralement de grande taille; à tel point qu’on pourrait dire que certaines portions de ces récifs sont constituées par du calcaire pâle à erinoides non stratifié. Certaines portions sont pétries de fossiles, qui font généralement défaut, ou sont du moins beaucoup plus rares, dans le reste de la masse. Les « récifs waulsortiens » peuvent se rencontrer à tous les niveaux de l’assise de Chanxhe, telle que nous la limitons; quel que soit leur niveau, ils présentent les mêmes caractères. On n’en à jamais ren- contré plus bas; mais on à soutenu qu’il en existe à un niveau plus élevé. 11 est possible qu’il en soit ainsi, mais la chose ne nous paraît DU CALCAIRE CARBONIFÈRE DE LA BELGIQUE. 185 pas démontrée jusqu'ici, du moins par des arguments d'ordre strati- graphique (1). À l'encontre des roches massives, les roches waulsortiennes strati- fiées présentent des caractères différents suivant les niveaux. l Les faciès T£ap et T2apy correspondent au niveau inférieur : ils peuvent passer latéralement au calcaire d'Yvoir ou alterner avec lui. T2ap (T2p de la légende officielle; Wp pars de M. Dupont) diffère du Calcaire d’Yvoir par une teinte plus pâle, une plus grande abon- dance d’articles de crinoïdes, souvent de grande taille, et par la couleur pâle des cherts qui, dans certaines variétés, sont extrêmement abon- dants (2). Ces cherts présentent souvent des cavités provenant de la dissolution d'articles ou de portions de tige de cerinoïdes. T2apy (Æ2py de la légende officielle; Wp pars de M. Dupont) n’est autre chose que le faciès dolomitique correspondant au faciès caleaire T2ap. Les faciès T£cn et T2co ne se rencontrent généralement (5) qu’au niveau supérieur de l’assise : 1ls peuvent passer latéralement au calcaire violacé ou alterner avec lui. T£cn (T2n de la légende officielle; Wn pars de M. Dupont) est identique comme roche au type massif T2n; mais 1l en diffère par ce qu'il se montre clairement stratifié, soit que des joints de stratification (t) Nous faisons cette réserve, parce que la faune du récif de Sosoye contient une telle proportion d'espèces viséennes qu’on serait tenté de la ranger dans le Viséen inférieur. La Vallée Poussin croyait ce récif intercalé dans le calcaire violacé, et il nous avait paru qu'il avait raison. Mais, d’après Soreil, un examen attentif de la question doit lui faire attribuer un âge plus récent. (Conf. Carte géologique de la Bel- gique au 40 000€, feuille Bioulx-Yvoir). Nous pensons donc qu'il y aurait lieu de reprendre l'étude de cette question. Remarquons, en passant, que le gisement de Sosoye ne figure pas au nombre de ceux qui ont servi à établir la faune waulsor- tienne typique. (2) Il existe, en outre, üans la région waulsortienne et au niveau du Galcaire d'Yvoir, | une variété de calcaire qui diffère de ce dernier, seulement par une plus grande | abondance et l’état moins brisé des articles de crinoïdes. Cette variété ressemblerait | beaucoup au petit-granit, n’étaient les cherts noirs qu’on y trouve en plus ou moins EEE grande abondance. Les ouvriers l’estiment aussi plus dure à travailler que le petit- granit, et les fossiles autres que les crinoïdes y paraissent plus rares. La question de savoir s’1l faut qualifier cette variété de « waulsortienne » serait aujourd’hui une question byzantine. (5) Nous disons généralement, parce qu’il peut se faire qu’on rencontre un ou deux bancs appartenant à l’un de ces types au milieu des couches du niveau inférieur. Uomme partout ailleurs, on doit juger, non d’après un bane isolé, mais d’après l’en- semble des couches. 4909. MÉM. 13 . 186 H. DE DORLODOT. — DESCRIPTION SUCCINCTE DES ASSISES le divisent en bancs plus ou moins épais, soit que des bancs de cherts pales, généralement non crinoïdiques, alternent avec les bancs calcaires. Tandis que le type massif T2n peut se rencontrer aussi bien au niveau du Calcaire d’Yvoir qu’au niveau du Caleaire de Leffe, au contraire le type stratifié T2cn ne se rencontre, en général, comme nous l’avons dit, qu’au niveau de ce dernier. T2co (Wo pars de M. Dupont) présente, avec la variété gris de perle du type massif T20, les mêmes rapports que le type T2£en avec le type massif T2n. Les relations stratigraphiques des types T£cn et T2co avec les roches massives de la partie supérieure de l’assise sont les mêmes que celles des types TZap et T2apy avec les roches massives du niveau inférieur, à cette différence près qu’au niveau supérieur, les roches massives et les roches stratifiées sont de même nature et que le passage des unes aux autres peut se faire par l’apparition de joints de stratifi- cation, très éloignés les uns des autres à proximité de ia roche massive, et devenant de plus en plus rapprochés à mesure qu’on s’en éloigne; de sorte que, en un point donné, on peut se demander si l’on doit donner à la roche la qualification de massive ou de stratifiée. C’est, sans doute, pour cela que les notations de M. Dupont ne distinguent pas entre les variétés massives et stratifiées de ses types Wn et Wo. La légende officielle est beaucoup moins heureuse, lorsqu'elle semble ignorer l'existence du calcaire massif sans veines bleues, ou de dolomie waulsortienne stratifiée. Le centre par excellence du facies waulsortien est le massif de Fal- mignoul et le prolongement de la portion Sud de ce massif dans la bande d’Anthée. Les « récifs waulsortiens » y abondent, et la plus grande partie des roches stratifiées de l’assise appartiennent à des types waul- sortiens. Néanmoins, il est rare de rencontrer une coupe complète à travers l’assise, dans laquelle n'apparaissent pas, à l’un ou lPautre niveau, des couches du type normal. A mesure que l’on s'éloigne de ce centre, les roches stratifiées tendent à reprendre les types normaux du Calcaire d’Yvoir et du Cal- gaire de Lelle, en même temps que les roches massives deviennent moins fréquentes. On rencontre cependant encore ces dernières à l’état isolé dans la zone d’Yvoir, et même exceptionnellement dans les parties limitrophes de la région où le type calcaire violacé a complète- ment disparu et où la succession des couches normales se fait selon le type de l'Est du Condroz. C’est le cas pour le gisement fossilifère waul- sortien de Lez-Fontaine. DU CALCAIRE CARBONIFÈRE DE LA BELGIQUE. 187 ÉTAGE VISÉEN (WE: Assise de Dinant (V1). Les limites que nous donnons aujourd'hui à cette assise différent de celles que nous lui avions assignées en 1895, en ce sens que nous rangeons aujourd'hui au sommet du Tournaisien les calcaires à faune mixte de Paire, tandis qu'en 1895 nous étions plutôt porté à les placer à la base de lassise de Dinant. Quant à la limite supérieure, nous maintenons celle que nous avions proposée et qui, seule, est pra- tiquement possible. Ces limites sont très différentes de celles qu'assignent à l’assise de Dinant, tant M. Duponi, que la légende officielle. En ce qui concerne la limite inférieure, comme M. Dupont et contrairement à la Carte géologique au 40 000°, nous laissons dans le Tournaisien les calcaires et calcaires argileux de Vaulx, à faune tournaisienne, qui, dans le Lournaisis et dans le reste de la bande des Écaussines, recouvrent le petit-granit du Hainaut (1). Contrairement à M. Dupont, nous rangeons le Calcaire de Leffe au sommet du Tournaisien et nous commençons le Viséen à la base du marbre noir de Dinant. Enfin, contrairement à . M. Dupont, à la légende officielle et aussi à l'opinion que nous avions tenue nous-même comme probable, nous faisons commencer le Viséen, dans l'Est du Condroz, au-dessus des calcaires noirs à faune mixte et à cherts (Calcaire de Paire) qui recouvrent le petit-granit de Chanxhe. Quant à la limite supérieure de l’assise de Dinant, après avoir reconnu l'impossibilité d'étendre raisonnablement à tout notre Carbo- nifère la limite entre le « calcaire à points cristallins » et le « calcaire oolithique », et montré, d’autre part, que la limite inférieure de ce dernier ne constitue pas un niveau stratigraphique constant, nous avons proposé de tracer la limite entre le Viséen inférieur et le Viséen , supérieur au-dessus du complexe formé par ces roches. La décision contraire à laquelle s’est arrêté le Conseil de la Commission géologi- que n'a pas été heureuse. Nous doutons qu'aucun des collaborateurs … ait trouvé moyen de la mettre en exécution dans toute l'étendue de ses | | | [{ | | | | (!) Cette série constituait, pour M. Dupont, les Calschistes de Tournai de la bande des Écaussines. M. Dupont avait tort de l’assimiler aux calschistes du Tournaisien | inférieur T1d. l 188 H. DE DORLODOT. — DESCRIPTION SUCCINCTE DES ASSISES levés. Aussi doit-on considérer, en général, la limite entre les deux assises du Viséen, telle qu’elle est tracée sur la Carte géologique, comme fort arbitraire. Quant à nous, les nouvelles observations que nous avons eu l’occasion de faire depuis quatorze ans nous ont montré, mieux encore que par le passé, combien est insoutenable la limite décrétée par la légende officielle. Nous avons constaté, en effet, que le terme V2a, tel qu'il est défini par la légende officielle (calcaire à grains eristallins; calcaire oolithique ou compact), peut descendre même jusqu'au niveau de la base de l’assise de Dinant. En appliquant la légende, on en arriverait ainsi à la suppression complète de cette assise en certains points, tandis qu’en des points voisins, elle conser- verait un développement notable. Un tracé exécuté d’après ces prin- cipes représenterait un ravinement énergique des couches antérieures au calcaire oolithique, suivi du comblement des ravins par ce dernier, comblement si complet, qu’à la fin du dépôt des couches V2a de la légende officielle, la surface aurait été parfaitement égalisée. Mais cette hypothèse, que personne d'ailleurs n’a Jamais soutenue, est inconciliable avec l’étude détaillée des faits, qui montre que le calcaire oolithique et à points cristallins (Calcaire de Neffe), la dolomie lamel- laire ou grenue (Dolomie de Namur) et les calcaires noirs compacts ou subecompacts (Marbre noir de Dinant) forment un complexe d’une si grande unité, que les distinctions entre ces trois groupes de roches ne peuvent être considérées, d’une manière constante, comme caractérisant des subdivisions stratigraphiques de l’assise. Si nous avons employé néanmoins les premières lettres de l'alphabet pour la notation de ces couches, c’est qu'on ne les rencontre pas indifféremment à tous les niveaux : le Calcaire de Neffe se rencontre loujours au sommet de l’assise, et, lorsque le vrai marbre noir de Dinant est représenté, 1l en constitue toujours le niveau inférieur; enfin la dolomie, bien que pouvant exister à tous les niveaux, ne fait presque jamais défaut à la partie moyenne de l’assise de Dinant. Cette réserve faite, nous pouvons aborder la description de ces différents termes. Via (Via pars de la légende officielle; V41b pars de M. Dupont). Le marbre noir de Dinant typique est un calcaire très noir, très com- pact, en bancs, les uns de puissance moyenne, les autres plus minces ou se divisant en feuillets par altération. Il rend généralement un son métallique lorsque ses fragments tombent sur d’autres débris rocheux: Il est dépourvu de cherts, sauf à sa partie tout à fait inférieure. Il arrive que de gros bancs plus pâles alternent de loin en loin aveclesbanes noirs: L'espace où le calcaire noir de Dinant présente les qualités qui en on DU CALCAIRE CARBONIFÈRE DE LA BELGIQUE. 189 fait l’un des marbres les plus réputés du pays est d’ailleurs assez limité. Même là où il n’est pas remplacé par de la dolomie, il arrive qu’il possède une texture moins fine ou une teinte moins foncée, qui l’empêchent d’être exploité avantageusement comme marbre. Au niveau sans cherts occupé par le marbre noir de Dinant, fait suite un niveau avec cherts noirs, presque toujours occupé par la dolo- mie de Namur. Il arrive cependant, par exception, que la dolomie y fait défaut ou n’est représentée que par des bancs intercalés entre des bancs calcaires. Ces derniers lorsqu'ils sont noirs sont moins compacts que le marbre noir de Dinant ; ils ont une tendance à devenir moins foncés vers leur partie supérieure. En haut. 1ls passent au grisûtre, et l’on arrive ainsi à quelques bancs de teinte gris pâle légèrement violacé, ressemblant à la roche type du Calcaire de Leffe, qui se trouvent souvent à la base du Caleaire de Neffe, lorsque celui-ci ne descend pas plus bas que ses limites ordinaires. Dans le Nord-Est du Condroz, au-dessus du Calcaire de Paire, à cherts noirs et à faune encore principalement tournaisienne, viennent souvent des calcaires noirs sans cherts. On y à trouvé des fossiles viséens. [ls correspondent, sans doute, à une portion des véritables marbres noirs de Dinant. Nous disons une portion, car ils font bientôt place au faciès dont nous allons parler. Viaz (V1b de la légende officielle; Vie + Vid de M. Dupont). « l'etit-granit viséen ». — Calcaire bleu ou noir à crinoïdes et à Chonetes papilionacea. Il peut être remplacé, en tout où en parte, par de la dolomie à crinoides. Ce faciès, localisé au Nord et au Nord-Est du Condroz, a été pris, on ne sait pourquoi, par la légende officielle comme type du niveau supérieur de l’assise de Dinant. I appartient, en réalité, au niveau inférieur de cette assise, puisqu'il se rencontre au milieu des calcaires noirs sans cherts qui représentent, dans la région, Île marbre noir de Dinant, ou des dolomies qui les remplacent. Il peut se faire néanmoins qu'il monte parfois plus haut que le sommet du niveau des vrais marbres noirs; mais, à notre connaissance, il est toujours séparé de la base du Calcaire de Neffe (V2a de la légende officielle) par une épaisseur notable de couches de dolomie grenue. Vib (Vlby de la légende officielle; Vie + V1f de M. Dupont). Dolomie de Namur. — Le niveau qui suit immédiatement le marbre noir, et où reparaissent généralement des cherts noirs, est celui où la dolomie se présente avec le plus de constance. Elle y est généralement à grain fin et de teinte foncée; mais on y rencontre parfois aussi de la dolomie à teinte plus pâle et même gris de perle. C’est une erreur de 190 H. DE DORLODOT. — DESCRIPTION SUCCINCTE DES ASSISES considérer cette teinte comme absolument caractéristique de la dolo- mie waulsortienne. Il arrive souvent que la dolomitisation descend plus bas, et le niveau du marbre noir est fréquemment occupé, en tout ou en partie, par de la dolomie grenue. Dans ce cas, on rencontre parfois, de loin en loin, dans la dolomie grenue, des banes de calcaire gris pâle qui paraissent représenter les bancs du même genre que nous avons signalés dans le marbre noir de Dinant. Parfois la dolomitisation ne monte pas jusqu’à la base du Caleaire de Neffe. Il arrive alors qu'on voit reparaître, au-dessus de la dolomie de Namur, des bancs foncés qu’on à parfois cherché à exploiter comme marbre noir, mais sans grand succès. Ces couches, d’ailleurs peu déve- loppées, passent, vers le haut, à des couches grises ou gris violacé sur lesquelles repose le Calcaire de Neffe. Mais 11 arrive plus souvent que la base de cette dernière assise est dolomitisée. Elle se présente alors sous forme de dolomie à gros grains ou lamellaire (c’est, croyons-nous, le terme V/f de M. Dupont), qui passe vers le haut, par alternance ou autrement, à du calcaire ooli- thique souvent encore très magnésien. Vic (V2a de la légende officielle; Pig + V1h + V2a de M. Dupont). Calcaire de Neffe. — Calcaire oolithique, ou subcompact et à grains cristallins, de teinte gris pâle ou blanchâtre, généralement en bancs épais et se brisant suivant plusieurs systèmes de plans obliques à la straufication. Ils peuvent alterner à divers niveaux avec des bancs peu épais de calcaire compact ou subcompact, ou de dolomie à grains fins. Certains banes sont très riches en gros Productus corrugatus, d'autres en Chonetes papilionacea. On y rencontre parfois aussi, surtout vers la partie inférieure, des couches bréchiformes (calcaire grumeleux, contemporaneous breccia). Quand il ne descend pas en dessous de son niveau normal, il ne contient pas de cherts, et lorsqu'il est calcareux jusqu’à la base, il commence souvent, comme nous l’avons dit plus haut, par quelques bancs de calcaire gris violacé ressemblant au Calcaire de Leffe type. Mais il peut descendre plus bas. On voit alors, ou bien du calcaire oolithique alterner avec des couches, les unes de dolomie, les autres de calcaire assez compact gris pâle, bleu foncé ou noir et souvent avec cherts. Ou bien, dans certaines régions où le marbre noir de Dinant est dolomitisé jusqu’à la base, on voit, au milieu de ce faciès dolomitique, du calcaire, très semblable au Calcaire de Neffe et impossible à distin- guer de ce dernier, former, au milieu de cette dolomie, de grandes DU CALCAIRE CARBONIFÈRE DE LA BELGIQUE, 192 lentilles, parfois très serrées et pouvant ainsi faire descendre le faciès « Calcaire de Neffe », parfois d’une façon presque continue, jusqu’à la base de l’assise de Dinant. La bande d’Anthée, à l'Ouest d'Hastière, est particulièrement intéressante à étudier sous ce rapport. Assise d'Anhée (V2). Nous avons dit plus haut les raisons qui nous ont amené, 1l y a quinze ans, à réunir au Viséen inférieur les couches dont M. Dupont faisait la base du Viséen supérieur, et comment la légende officielle, en refusant de nous suivre sur ce point, en est arrivée à exagérer sin- gulièrement le mal, au lieu de le diminuer. Les observations que nous avons faites depuis lors nous ont montré que la limite proposée par nous est, en général, d’une application facile. Sans doute, 1l arrive parfois qu'entre le Calcaire de Neffe bien caractérisé et le Calcaire inférieur d’Anhée, on rencontre, sur quelques mètres, des couches à caractère Intermédiaire ou, plus souvent encore, quelques alternances entre les couches des deux types. Mais il en est ainsi pour la plupart des bonnes limites, et il ne pouvait en résulter aucun imconvénieni pour le tracé d’une carte au 40 000°. Nous tenons toutefois à répéter, comme nous l’avons dit ailleurs, que notre division du Viséen en deux assises à surtout un caractère pratique, le changement de la nature des roches nous semblant correspondre ici à un niveau stratigraphique constant. Mais nous ne pouvons assurer qu’à ce niveau corresponde une variation notable de la faune. Nous devons même dire que la variété de Productus corrugatus, si abondante dans certains banes du Calcaire de Neffe, se retrouve, parfois abondamment aussi, dans les couches inférieures d’Anhée. Les couches régulièrement stratitiées de l’assise d’Anhée sont sépa- rées en une série inférieure et une série supérieure par une brèche massive, qui occupe un niveau d’une constance remarquable dans tout le pays : on lui à donné le nom de grande brèche. I y a lieu de distin- guer : 1° les Couches inférieures d’Anhée, avec un faciès qu’elles présentent localement et qui à reçu le nom de petite brèche; 2° la Grande brèche; 3° les Couches supérieures d’Anhée. V2a (F2b de M. Dupont et de la légende officielle). Couches infé- rieures d’Anhée. — Ces couches se composent principalement de banes bien réguliers de calcaire noirâtre ou gris pâle extrêmement compact et de calcaire bleu grenu ou subgrenu. On y rencontre parfois aussi du 192 H. DE DORLODOT. — DESCRIPTION SUCCINCTE DES ASSISES calcaire blanc compact et quelques autres variétés de calcaire, notam- ment la variété que nous décrivons plus loin sous le nom de calcaire zonaire, mais qui est plus commune dans les couches supérieures. Certains bancs sont pétris de Lithostrotion. Les bancs inférieurs con- tiennent souvent encore, comme nous l’avons dit plus haut, une grosse variété de Productus corrugatus. On rencontre parfois des cherts dans ces couches, mais ils y sont moins communs que dans les couches supérieures de l’assise. | V2ax. Faciès « pelile brèche ». — Il n’est pas rare de rencontrer des bancs de brèche au sein du niveau V2a. Dans certaines régions, celte brèche est particulièrement abondante, parfois dès la base de l’assise. Elle y est alors assez souvent à pâte rouge. M Dupont l’a confondue parfois avec la grande brèche. Outre les couches normales du niveau V2Za, on trouve parfois associées à celte brèche des couches de teinte variée et parfois diversement bigarrées. G. Soreil a proposé le nom de faciès « petite brèche » pour ce faciès spécial. V2b (V2c de M. Dupont; V2cx de la légende officielle). Grande brèche. — Brèche massive (non stratifiée) à blocaux d’origine carboni- fère, à pâte calcareuse ou argilo-calcareuse grise ou rouge. La note que nous avons publiée l’an dernier (!) au sujet de cette formation nous dispense d'entrer dans plus de détails sur sa constitution, son origine et les mouvements tectoniques dont la grande brèche nous paraît être le témoin. Rappelons seulement que, quand la pâte n’est pas rouge, il arrive que les blocaux lui sont si intimement unis, que le caractère brèche de la roche n'apparaît pas nettement, lorsqu'elle n’a pas subi un commencement d’'altération. V2c (V2d de M. Dupont; V2c de la légende officielle). Couches supérieures d’Anhée. — Au-dessus de la grande brèche reparaissent des bancs réguliers ressemblant beaucoup à ceux des couches inférieures à la grande brèche. Toutelois, on y trouve, en plus grande abondance, des bancs d’une variété de calcaire que M. Bayet a nommé « calcaire zonaire». Les bancs de cette variété sont composés d’une succession de lits minces se distinguant entre eux par une différence de teinte et d'aspect. Lorsque la tranche de ces bancs a été exposée pendant quel- que temps à l’action des agents d’altération, on reconnaît aisément A) Sur l’origine de la Grande brèrhe viséenne cet sa signification tectonique. (BuLu. SOC. BELGE DE GÉOLOGIE, t. AXII, Mém., p. 29, seq. DU CALCAIRE CARBONIFÈRE DE LA BELGIQUE. 193 que ces fines strates diffèrent entre elles par la nature de leurs élé- ments : les unes étant composées surtout d'éléments détritiques, de calibre variable suivant les strates, les autres, de foraminifères, d’oali- thes calcaires, etc. Mais les différents lits d’un même banc sont si intimement unis entre eux, que souvent, même un état avancé d’alté- ration ne détermine pas entre eux de Joints de stratification. Des cherts se rencontrent assez souvent dans cette série : ils nous ont paru, en général, plus fréquents à ce niveau que dans les couches inférieures d’Anhée. Vers le sommet de l’assise, on rencontre, dans certaines localités, quelques bancs de calcaire à crinoïdes. Plus haut encore, à peu de distance sous les schistes siliceux et phtanites de la base du Houiller, il existe quelques couches d’anthracite ou de schistes charbonneux, parfois riches en fossiles marins. Enfin, entre le dernier bane de calcaire et la base des schistes siliceux et phtanites stratoides de la base du Houiller, on observe parfois un horizon généralement peu épais de chert, souvent bréchiforme, d’autres fois riche en polypiers et autres fossiles marins. Ce chert paraît régulièrement interstratifié entre les couches caleaires et les couches de la base du Houiller. I est des cas où 1l provient manifestement de l’épigénie du caleaire, et nous croyons pouvoir lui attribuer toujours cette origine. Toutefois, il y a une importante distinction à établir entre ces bancs cherteux régulièrement stratifiés et les masses cherteuses que lon rencontre seulement sur les plateaux vers la limite supérieure, et aussi vers la limite inférieure des affleurements du Calcaire carbonifère. Il est à remarquer que l’assise inférieure du Caleaire carbonifère étant dépourvue d'éléments siliceux, la silice des masses cherteuses des plateaux est nécessairement d’origine étrangère. Nous pensons qu’elle provient des dépôts sableux qui ont recouvert jadis tous les plateaux du Condroz et de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Ces masses sont donc de la meulière, dans le sens que M. Cayeux à donné à ce terme. IT doit en être de même des masses cherteuses de la limite supérieure du Calcaire carbonifère, lorsqu'elles constituent une formation de plateau. Mais pour les cherts régulièrement stratifiés du sommet de l’assise d’Anhée, si, comme nous sommes tenté de le croire, leur silice est d’origine étrangère, nous pensons qu’elle doit provenir des dépôts très siliceux de la base du Houiller et que la silicification du dépôt calcaire a pu se produire vers l’époque où se sont formés les premiers dépôts houillers. 1. ete ÉTUDE GÉOLOGIQUE FAITE EN CALABRE ET EN SICILE APRÈS LE TREMBLEMENT DE TERRE DU 28 DÉCEMBRE 1908 PAR René d'ANDRIMONT Ingénieur des mines, Ingénieur-géologue (A. I. Lg.), Professeur de géologie à l'Institut agricole de l'État à Gembloux (1). Dès le lendemain de la catastrophe du 28 décembre 1908, mon ancien professeur et ami M. Lohest, professeur de géologie à l’Uni- versité de Liége, et moi, eûmes l’idée de nous rendre en Sicile et en Calabre pour étudier la structure géologique de la région et pour y observer les effets du tremblement de terre. Par suite de diverses circonstances, mais surtout à cause des difi- cultés du voyage dans le pays dévasté, nous ne pûmes nous mettre en route que vers la mi-février. M. Lohest, accompagné d’un de ses élèves de nationalité italienne, M. Raffo, avait déjà étudié les environs de Pizzo lorsque je vins le rejoindre. Nous fimes des observations en commun à Pizzo, à Palmi, à Bagnara, à Favazzina et sur la côte calabraise jusqu’à Reggio, puis Je continuai mon étude aux environs de Messine, tandis que M. Lohest rentrait en Belgique après avoir passé quelques heures seulement sur le territoire sicilien. + (1) Mémoire présenté en séance spéciale le 26 mars 1909. 196 RENÉ D’ANDRIMONT. — ÉTUDE GÉOLOGIQUE M. Lohest a déjà donné communication à la Société géologique de Belgique, le 21 mars dernier, des observations qu’il à faites. Il en tire surtout des conclusions quant à la tectonique de la Calabre et de la Sicile, et sur les relations entre les mouvements de l’écorce, anciens et récents, et les phénomènes sismiques (1). Le présent travail envisage la question à un point de vue plus général : je parlerai plus longuement des observations faites alors que je n'étais plus accompagné de M. Lohest et je développerai spéciale- ment les points que M. Lohest n’a que peu ou point touchés dans son exposé. Je donnerai d’abord une notion de la géologie de la Calabre et de la Sicile d’après les travaux des géologues italiens, puis je me risquérai à émettre les quelques idées personnelles que m'ont suggérées les observations que j'ai faites sur le terrain. Je dirai notamment quelques mots de l’idée que l’on peut se faire de ces mouvements brusques de l’écorce et des effets qui se manifestent à la surface. Je parlerai également de l’action des tremblements de terre comme agents d’érosion, puis des dégâts occasionnés aux bâti- ments et ouvrages d'art établis sur des terrains de consistance et d'âge différents et sur les conclusions qu’on peut en tirer quant à l'intensité et à la direction du mouvement sismique. Enfin je parlerai des principes qu'il faut suivre pour construire en pays instable et de l’espoir que l’on peut avoir de s’établir à nouveau dans le pays dévasté. I. — Notions générales sur la géologie de la Calabre et de la Sicile. Ce n’est pas en quelques jours de voyage que l’on peut avoir la pré- tention de connaître complètement la nature géologique des terrains et la structure d’une région aussi vaste; aussi est-ce en faisant un large emprunt aux travaux des géologues italiens et notamment à ceux de M. E. Cortese que je décrirai, au point de vue géologique, la contrée dévastée. L’axe de la chaîne calabraise et sicilienne est constitué par des (1) Le tremblement de terre du 28 décembre 1908 en Sicile et en Calabre et ses rapports avec la tectonique de la région. (ANN. DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE BEl= GIQUE, t. XXXVI.) EN CALABRE ET EN SICILE. | HO terrains cristallins d'âge indéterminé : ce sont principalement des gneiss et des schistes eristallins proprement dits. Cet axe est brusquement interrompu une première fois à la latitude du golfe de Sainte-Euphémie, puis une seconde fois entre Nicotera et Gioia, puis encore au détroit de Messine. Au delà de cette dépression naturelle, la chaîne est rejetée vers le Nord, parallèlement à eile-même. Divers terrains plus récents reposent sur le terrain cristallin. Ta res CVATICAN = CGOLFE DE CIOJA Pre = y” ee | | ar QUATERNAIRE. SECONDAIRE er QD rentre. | | (TERRAINS | S sauin | FIG. 1. Sur le versant de la mer lonienne, ce sont des terrains permo-car- bonifères et triasiques recouverts eux-mêmes par du Miocène, du Pliocène et du Quaternaire. 198 | RENÉ D’ANDRIMONT. — ÉTUDE GÉOLOGIQUE Sur le versant de la mer Tyrrhénienne, les terrains antétertiaires font défaut et le Miocène repose directement en discordance de strati- fication sur le cristallin. On peut en déduire immédiatement l’existence d’une ère continentale antétertiaire La carte reproduite ci-dessus (fig. 4) du travail de M. Lohest donne des indications très suffisantes sur la répartition des terrains. Il est utile de faire remarquer cependant qu'il fait rentrer le Primaire sous la rubrique « terrains eristallins ». II. — Observations faites sur le terrain. Nous ne parlerons que du versant tyrrhénien de la Calabre entre le golfe de Sainte-Euphémie et Reggio, et de la Sicile aux environs immédiats de Messine, qui sont les seules régions que nous ayons personnellement étudiées. Nous ne nous sommes pas occupé de la détermination exacte de l’âge des terrains, mais seulement de la tectonique de la région. Nous avons surtout recherché les failles qui découpent le massif de la Calabre, nous avons cherché à déterminer leur allure, leur âge relatif, car nous partions de cette idée, qui s’est d’ailleurs pleinement vérifiée dans la suite, qu'il existait une relation étroite entre les régions sujettes aux sismes et celles qui sont affectées par des décrochements horizon- taux et des failles normales ou d’effondrement. M. Lohest donne, dans le travail qu’il a publié, une coupe depuis les Carpathes jusqu'à l'Atlas qui représente, selon lui, la structure transversale de toute la chaîne alpine. Il considère les régions actuelle- ment sujettes à des tremblements de terre, comme des anticlinaux effondrés. La Calabre et la Sicile se trouveraient sur le bord de l’anti- clinal effondré de la mer Tyrrhénienne. Cette région de l’écorce serait une zone faible jalonnée par des volcans actifs et sujette à des mouve- ments brusques. Nous ne pouvons qu'adopter cette manière de voir ainsi exposée dans ses grandes lignes. MOUVEMENTS TECTONIQUES AFFECTANT LES TERRAINS CRISTALLINS. Avant d'entrer dans le détail des observations, nous insistons sur ce fait que nous attachons surtout de l’importance aux accidents tecto- niques observés dans les terrains tertiaires. EN CALABRE ET EN SICILE. 199 Quant aux accidents qui affectent les schistes cristallins, nous ne pouvons rien en déduire, car ces terrains ont été tellement chiffonnés, plissés et faillés à diverses époques géologiques, qu’on ne peut retrouver dans ce chaos la trace d’un mouvement déterminé. Dans un même bloc de terrain et à quelques mètres de distance, on observe quelque- fois plusieurs surfaces de glissement striées. L'orientation des surfaces et des stries varie d’un point à un autre. Divers blocs voisins semblent avoir Joué les uns par rapport aux autres dans des directions différentes. | Tout ce qu'on peut dire, c’est que la plupart de ces stries de glisse- ment sont obliques, ce qui exclut l’idée trop simpliste de mouvements verticaux qu’on est tenté d'adopter pour les affaissements de l'écorce. Fi. 2. Selon nous, ces mouvements, dus à des effondrements, subissent toujours plus ou moins l’action d’une force tangentielle. Il en résulte, pour une partie déterminée de l’écorce, un mouvement compliqué, non seulement oblique, mais encore souvent accompagné d’un mouve- ment de bascule. Une horizontale prendra, par exemple, après un mouvement de l’écorce, la position 4 B après avoir subi une rotation d’un angle « (fig. 2). FAILLES AFFECTANT LES TERRAINS TERTIAIRES. Nous attacherons, au contraire, une grande importance aux failles affectant les terrains tertiaires, parce qu’elles sont l’indice d’un mouve- ment dû à des dislocations assez récentes. Les failles sont relativement faciles à observer, parce que les ter- rains tertiaires et quaternaires sont restés plus ou moins horizontaux. La seule région où ces terrains ondulent est celle de Reggio; nous y reviendrons d’une façon spéciale dans la suite. FAILLES ET TERRASSES MARINES. Ceux qui ne connaissent pas la Calabre et la Sicile trouveront peut- être surprenant de nous entendre dire que nous ne considérons pas les 200 RENÉ D’ANDRIMONT. — ÉTUDE GÉOLOGIQUE failles normales affectant des terrains horizontaux, découpés par l’éro- sion, comme faciles à observer. Certes, 1l se présente des cas, comme nous le verrons dans la suite, où la présence d’une faille normale saute aux yeux, mais il en est d’autres où il ne faut pas trop se hâter de conclure. Il existe, en effet, tout le long de la côte calabraise des traces incon- testables de terrasses marines. Lorsque ces accidents sont vus à dis- tance, ils donnent bien l’impression d’une série d’effondrements vers la dépression de la mer Tyrrhénienne. Ce n’est que par des observations consciencieuses que l’on peut débrouiller chaque cas particulier. Lorsque, comme nous le verrons à Reggio, ce sont des calcaires tertiaires qui sont rejetés en escaliers, 1l s’agit de failles incontes- tables; mais lorsque l’on se trouve devant des terrains recouverts de cailloutis et disposés parallèlement aux limites d’un promontoire, comme celui du cap Vaticano, la discussion reste ouverte, du moins tant qu’on s’est borné à inspecter la carte topographique et que l'on n’a pas observé la trace de mouvements ayant affecté des terrains n'ayant pas, comme des cailloutis, une allure nettement littorale. Jusqu'à preuve du contraire, nous considérerons que ces terrasses du promontoire de Vaticano sont d'anciennes plages soulevées et nous expliquerons leur irrégularité relative par des érosions et peut-être même par des mouvements de bascule du continent, postérieurement à leur formation. FAILLES ET GLISSEMENTS DE TERRAINS SUPERFICIELS. Ce qui rend encore plus compliquée l’observation des failles, ce sont les glissements superficiels dus à des poussées au vide que l’on observe surtout aux environs de Reggio. Le soulèvement étant récent, Ét600: le relief est accentué, les cours d’eau ont une allure torrentielle et découpent profondément la chaîne perpendiculairement à la côte. Les escarpements sont alors dans un équilibre instable, et des paquets EN CALABRE ET EN SICILE. 201 entiers de terrains, sous l’action d’une poussée au vide, peuvent être mis en mouvement par des tremblements de terre. Ils glissent d’une pièce vers les dépressions. Ces paquets ayant quelquefois des dimen- sions considérables et la stratification y étant conservée (fig. 3), on conçoit aisément que la surface de glissement observée au point À, où l’on voit en contact des terrains de nature et d’inclinaison diffé- rentes, puisse être prise pour une faille. Il faut avoir contourné et isolé par des observations le massif glissé pour conclure. OBSERVATIONS FAITES AUX ENVIRONS DE REGGI10. Je ne m'étendrai pas longuement sur cette région, que M. Lohest à étudiée plus en détail que moi et qu’il décrit complètement dans son travail. [1 donne également des coupes et des croquis extrêmement intéressants. La côte est nettement en gradins, mais ici, incontestablement, ce profil est dû à des failles. Nous avons, en effet, observé en plusieurs endroits, non pas seule- ment des cailloutis quaternaires venant buter contre des gneiss, allure que donneraient également des terrasses marines, mais aussi des cal- caires miocènes. Ces calcaires miocènes se retrouvent à divers niveaux el, en un endroit même, il semble que l’on ait affaire à un véritable voussoir affaissé, entouré de toutes parts par des failles mettant le Tertiaire en contact avec du gneiss. Les stries de glissement montrent que l'on se trouve devant des décrochements obliques. Nous conclurons donc en disant qu'il existe toute une série de failles plus ou moins parallèles à la côte ; Qu'il existe également des failles dans d’autres directions et que ces failles sont plutôt perpendiculaires à la côte; Que ces failles perpendiculaires n’interrompent que légèrement les failles parallèles; Enfin, que les failles parallèles à la côte sont relativement récentes, puisque leur esearpement est conservé. LE cap VATICANO. Les terrasses de Reggio se prolongent jusque Monteleone, où elles se perdent. Au cap Vaticano, on en retrouve d’autres, mais, comme 1909. MEN. 14 202 RENÉ D’ANDRIMONT. — ÉTUDE GÉOLOGIQUE nous l'avons montré précédemment, il faudrait des observations de détail, que nous n’avons pas eu le temps de faire, pour exclure l'hypo- thèse de terrasses marines que nous admettrons, jusqu’à preuve du contraire, Comme nous paraissant la plus vraisemblable. ENTRE NICOTERA ET Giola. Lorsqu'on à dépassé le cap Vaticano, on est frappé de voir entre Nicotera et Gioia une vaste plaine qui rappelle celle qui se trouve vis-à-vis du golfe de Sainte-Euphémie. Cette plaine, comblée de cail- loutis et de sables quaternaires, est limitée au Nord-Est et au Sud-Ouest par des escarpements. Nous ne nous sommes pas arrêlé pour faire des observations, mais on a bien nettement l'impression que l’on se trouve devant une région effondrée entre deux failles. Cette plaine se trouve, d’ailleurs, dans le prolongement de l’alignement des îles Lipari qui jalonnent certaine- ment une direction de moindre résistance de l’écorce. OBSERVATIONS FAITES AUX ENVIRONS DE PALMI. Tandis que la région comprise entre Pizzo et Nicotera a été forte- ment éprouvée par le sisme de 1905, c’est celle au Sud de cette plaine qui à été éprouvée en 1908. sa Sel ol, detritique 7} — Terrain strali difie = sa == = (âge. > indélerrminé) à Cailloux T roues de ès de le quart in PCR EN PRES Les dégâts importants ne commencent qu’à Gioia, qui est à la limite même de l’escarpement longeant la plaine au Sud-Ouest. Nous pou- vons parler brièvement des observations que nous avons faites, parce que M. Lohest les décrit longuement dans son travail. EN CALABRE ET EN SICILE. 203 Ici, comme à P1zz0, on observe des terrasses formant des gradins descendant vers la mer. Ces terrasses sont dues à des failles, car ce sont les calcaires du Miocène qui sont mis en contact avec du granite. On peut observer nettement quatre terrasses, mais à côté de ces failles à rejet appréciable on trouve toute une succession de failles parallèles de moindre importance. Descendant sur la plage vis-à-vis du kilomètre 356 de la voie de chemin de fer, nous fimes une observation des plus intéressantes, sur laquelle nous nous étendrons davantage parce que M. Lohest, ne nous y ayant pas accompagné, n’en parle pas dans son mémoire. La falaise, haute d’une vingtaine de mètres, montre la coupe ci- dessus, où une faille est visible (fig. 4). La direction de cette faille est N.-W.; elle est donc approxima- tivement perpendiculaire au rivage et aux autres failles. Le rejet est impossible à mesurer parce que l'érosion a enlevé la lèvre de droite, mais une vallée également perpendiculaire au rivage jalonne le passage de cet accident et permet d'observer sur le versant droit (par consé- quent du côté de la lèvre relevée) que les calcaires miocènes, appar- tenant à une terrasse, se trouvent nettement à un niveau plus élevé que sur le versant gauche. On peut conclure de cette observation que, ici comme à P1z20, il existe des failles perpendiculaires aux failles qui donnent naissance aux terrasses et que l’une d’elles tout au moins a Joué postérieure- ment à celles-là. OBSERVATIONS FAITES ENTRE PALMI ET SCILLA. Entre Palmi et Bagnara, la voie du chemin de fer traverse un tunnel d’une très grande longueur. Fait intéressant et que nous rapprocherons d’autres faits du même genre pour en tirer une conclusion générale, ce tunnel à parfaitement résisté aux secousses, à tel point que les trains pouvaient y circuler au lendemain de la catastrophe. À Bagnara, nous fûmes forcés de descendre du train, la voie étant détruite. Nous fimes à pied, le long de la grève, le trajet qui sépare Bagnara de Favazzina, ce qui nous donna l’occasion de faire des observations intéressantes. La plage est relativement étroite et limitée par des montagnes de gnelss très escarpées. La roche est à nu à certaines places et, à 204 RENÉ D’ANDRIMONT. — ÉTUDE GÉOLOGIQUE d’autres, elle est recouverte par une certaine épaisseur de terrain détritique. L’ébranlement du sol produit par le tremblement de terre a détaché de la montagne tout ce qui n'y était pas solidement fixé: de véritables avalanches de blocs de rochers, de pierrailles entrainant avec elles ce qu’elles supportent de végétation sont venues s’abattre sur la voie et la route qui longent l’escarpement. Tous ces éléments sont tombés pêle- mêle sous l’action de la pesanteur. Il ressort de cette observation que, dans certaines conditions, les sismes doivent être considérés comme de puissants moyens de dénu- dation et pourraient peut-être expliquer certains phénomènes de destruction et de transport à la surface dans des régions actuellement stables, mais qui peuvent avoir été soumises à des sismes à une époque antérieure (1). Ici, des tunnels ont été détruits, mais 1l s’agit d'ouvrages d'art traversant des talus escarpés de terrains détritiques, et ils ont été entraînés avec la masse de ceux-ci. En certains endroits où l’épaisseur des terrains était assez considé- rable, le glissement s’est fait d’une manière différente. Le décollement s'est produit entre les terrains meubles et le roc. Des plaques d’une certaine épaisseur se sont détachées et ont glissé d’une pièce, sans mouvement d’une partie par rapport à l’autre. La végétation et parfois certains murs de soutènement en pierres sèches sont alors restés intacts sur le bloc transporté. Nous avons fait d’autres observations encore, mais 1l est inutile de les reproduire dans ce travail, parce qu’elles ont été rapportées par M. Lohest. | OBSERVATIONS FAITES A SCILLA ET SAGARELLA AU NORD DE VILLA SAN GIOVANNI. Nous avons observé, dans une vallée torrentielle perpendiculaire au rivage, une faille affectant la roche cristalline, mais non des caiïlloutis quaternaires appartenant à une terrasse. Dans le terrain cristallin, nous avons observé des stries de glissement obliques. Cette faille, (4) Ceei nous rappelle une observation que nous avons faite dans une grotte creusée dans le calcaire du Dévonien moyen à Tilff (Belgique). On y voit des stalagmites renversés, qui font penser à des ébranlements brusques de l’écorce. EN CALABRE ET EN SICILE. 205 plus ou moins parallèle au rivage, est donc antérieure au cailloutis de terrasse. Nous ne dirons pas grand’chose du rocher de Scailla, où nous n’avons pas eu le temps de faire des observations. Nous ferons simple- ment remarquer que sa curieuse position de rocher s’avançant dans la mer peut s'expliquer par la présence d’une faille passant entre lui et le continent. OBSERVATIONS FAITES DANS LES ENVIRONS DE REGGI0. Aussitôt que l’on dépasse Scilla et que l’on arrive au détroit de Messine, l’aspect de la côte calabraise diffère totalement des régions étudiées précédemment. Lorsqu'on observe de plus près, on se rend compte qu'il en est de même de la structure géologique. On aperçoit encore assez nettement, lorsqu'on regarde de Messine la côte calabraise, une apparence de terrasses; mais lorsqu'on fait des observations sur Île terrain, on ne trouve aucune trace de failles. D'autre part, on trouve de grandes épaisseurs de terrains tertiaires meubles et de cailloutis quaternaires. On rencontre du Quaternaire jusqu'à une altitude qui dépasse 1 000 mètres, ce qui est l'indice d’un soulèvement récent et rapide. Le relief du sol confirme cette manière de voir. Des torrents ont creusé des vallées profondes à parois abruptes, rappelant les canons du Colorado. Les terrains tertiaires et quaternaires ne sont plus horizontaux, ils ondulent légèrement, mais on n’observe pas de plissements paral- lèles. Comme le dit M. Lohest, la région s’est soulevée en se gauchissant sous l’action d’une poussée horizontale. Selon nous, la mer s’est retirée par à-coups en abandonnant des terrasses successives, mais ces à-coups n’ont pas été assez brusques pour que les terrasses soient très marquées. Les terrasses sont également moins apparentes, parce que les terrains sont meubles et que les escarpements ne sont pas conservés. Les torrents ont creusé leur lit avec violence, suivant la mer dans son retrait et s'imposant de préférence aux points faibles. Ces points faibles peuvent être ceux où le gauchissement des terrains se marque par de véritables lignes anticlinales, comme nous l’avons observé dans la vallée de l’Annunziata à Sainte-Catherine. Ce mouvement de retrait de la mer ne s’est pas fait régulièrement, 206 RENÉ D’ANDRIMONT. — ÉTUDE GÉOLOGIQUE les terrasses sont là pour le montrer. Mais ce qui le prouve encore, c'est la variété des assises que l’on rencontre. Dans la même coupe, on trouve plusieurs fois des alternances de eailloutis, de sables, d’argiles et quelquefois même des discordances de stratification et des dépôts fluviatiles. Mais en aucun endroit, nous le répétons, nous n'avons observé de failles. GLISSEMENTS SUPERFICIELS AUX ENVIRONS DE REGGI0. Par contre, nous avons observé de nombreux glissements de terrains soit récents et s'étant produits pendant le dernier sisme ou quelque temps après, soit anciens et semblant s'être produits à la suite de sismes antérieurs. Il n’est pas étonnant que des glissements se soient produits dans une région à vallées encaissées. Des massifs quelquefois très impor- tants sont descendus d'un bloc, obéissant à la poussée au vide et limités par une surface de glissement concave qui se rapproche de la forme du talus naturel. M. Lohest décrit ces glissements qui, à première vue, pourraient être pris, par des non-initiés à la géologie, pour des failles. Nous avons également observé, dans une vallée secondaire au Nord- Est de Reggio, une grotte dont le plafond non surchargé s'était éboulé à la suite du tremblement de terre. OBSERVATIONS FAITES EN SICILE DANS LES ENVIRONS DE MESSINE. Toute la région comprise entre Messine et le cap Faro à le même aspect que la côte calabraise aux environs de Reggio, et ce que nous avons dit de l’une s'applique à l’autre; mais il n’en est pas de même aux environs de Messine même. Notamment lorsque, quittant Messine, on s’avance vers l’intérieur, on s'élève graduellement et, après avoir quitté la ville, bâtie sur du Quaternaire, on atteint un escarpement de terrains cristallins surmontés de cailloutis quaternaire (fig. 5). Lorsqu'on à contourné cette colline, on trouve brusquement en contact avec le massif cristallin, des terrains tertiaires surmontés, eux aussi, de cailloutis quaternaires. | Lorsqu'on s’avance davantage vers l’intérieur, on atteint la chaîne montagneuse proprement dite, constituée par des terrains cristallins contre lesquels le Tertiaire vient buter. L'hypothèse la plus rationnelle pour expliquer cette allure est EN CALABRE ET EN SICILE. 207 celle de trois failles rejetant le Tertiaire, mais probablement antéqua- ternaires, puisque le Quaternaire semble pouvoir se raccorder d’un endroit à l’autre. Ces failles auraient une direction Nord-Est, elles seraient parallèles à la côte sicilienne et au détroit de Messine, par lequel les géologues italiens, et notamment M. Cortese, font passer une des fractures princi- pales de la région. pernairé Que Queisrraire Quaternairs pe F1G. 5. Considérant la colline perpendiculairement à la coupe (fig. 5), on pouvait encore faire une observation intéressante. Une crevasse s'était formée à la partie supérieure de la colline qui se trouvait ainsi fendue sur une hauteur de plus de 20 mètres. Cette crevasse était restée ouverte et ses parois étaient écartées de plusieurs centimètres. L'orientation de la cassure était Sud-Est. Elle était donc perpendi- culaire à la côte et aux failles. Nous verrons dans la suite quelles sont les conclusions que nous pourrons tirer de toute une série d’observations du même genre. OBSERVATIONS DE DÉGATS PRODUITS A DES OUVRAGES D'ART ET À DES MONUMENTS A MESSINE ET AUX ENVIRONS. Nous parlerons, dans la suite de ce travail, des causes inhérentes aux constructions elles-mêmes qui ont amené leur ruine et nous dirons comment, selon nous, il faudra les établir dans la suite, pour qu’elles résistent aux mouvements brusques de l’écorce. Nous n’envisagerons en ce moment les constructions de divers genres que comme des témoins, dont la manière d’être détruits ou de résister nous renseigne sur la façon dont se sont produites les 208 RENE D’ANDRIMONT. — ÉTUDE GÉOLOGIQUE secousses. Nous classerons, à ce point de vue, les constructions en trois groupes : 4° Les constructions inégalement résistantes dans leurs diverses parties. Ces constructions s’écroulent dans la direction de la partie la moins résistante. On doit donc les considérer comme donnant des indications fausses a priori. : C’est, d’après nous, pour une cause analogue que les glissements de terrains, dus aux poussées au vide, doivent être éliminés du nombre des observations à retenir quant à la direction du mouvement. 2° Les constructions également résistantes dans toutes les directions mais peu résistantes dans leur ensemble. Ces édifices ne donnent aucune indication, ear ils s’écroulent en tous sens comme des chà- teaux de cartes. Beaucoup de maisons d'habitation sont dans ce cas. 3° Enfin, les seules constructions qui donnent des indications sont celles qui sont également résistantes en tous sens et qui, dans leur ensemble, sont assez massives pour ne pas être renversées. Elles se fendent simplement, et certaines de leurs parties se déplacent par rapport à d’autres. Nous avons pu faire trois observations de ce genre. La première, sur l’ancien bastion qui supportait le vieux phare à l'extrémité du cap Faro. Ce vieux bastion a plus de 15 mètres de dia- mètre et les murs ont une épaisseur de plus de 2 mètres. L'édifice est debout et une fissure le traverse de part en part. Le plan de cette fissure est N.-N.-W., par conséquent plus ou moins perpendiculaire au détroit de Messine. Ce décollement doit s'être produit dans un sens perpendiculaire à l'accélération maxima due au tremblement de terre. Nous avons fait une deuxième observation sur le nouveau phare qui se dresse au cap Faro, et dont nous avons fait l’ascension jusqu’au sommet. Cette construction mesure environ 45 mètres de hauteur; les murs ont 2 mètres d'épaisseur à la base et ont un profil décroissant. L'ensemble forme done à peu près un solide d’égale résistance au ren- versement. Le phare s’est fendu suivant des joints horizontaux à 16"60, à 22 mètres et à 28"60 du sol. Le bloc compris entre 22 mètres et 28"60 s’est déplacé horizonta- lement de 5 millimètres entre les parties supérieures et inférieures, qui paraissent ne pas avoir bougé. Le déplacement s’est fait dans la direction N.-N.-E. Ici encore, on peut en déduire que la direction de l'accélération maxima a été N.-N.-E. EN CALABRE ET EN SICILE. 209 La coupole en fer contenant les appareils de projection s’est en partie écroulée dans une direction qui concorde, à une vingtaine de degrés près, avec la précédente, mais nous n'accordons aucune impor- tance à celte observation parce qu’on peut considérer que cette cou- pole, reposant sur un mur en briques peu épais, peut être rangée dans la catégorie des constructions peu résistantes qui s’écroulent comme un château de cartes et qui ne peuvent donner aucune indication. Entin nous avons fait une troisième observation du même genre sur le bastion qui se trouve au bout de la jetée qui protège le port de Messine, du côté de la mer. Une fissure importante s’y est formée. Sa direction est également perpendiculaire à celle du détroit. Pour terminer, nous rappellerons l’observation faite, d'une cassure affectant une colline aux environs de Messine, cassure également orientée perpendiculairement au détroit. Nous pouvons donc conclure de ces quatre observations absolument concordantes, que l'accélération maxima due au tremblement de terre s’est produite dans une direction N.-N.-E., c’est-à-dire perpendiculai- rement au détroit et, comme nous le verrons, perpendiculairement à une ligne de fracture jalonnée par des failles normales. III. — Essai de coordination des observations faites. Au cours de plusieurs voyages d’études entrepris en Europe et dans le Nord de l’Afrique, nous avons été amené à nous faire une idée qui n'a pas la prétention d’être neuve ou personnelle au sujet des phéno- mèênes qui se succèdent aux endroits de moindre résistance de l’écorce, où se forment les chaînes de montagnes. Nous nous permettrons d'exposer succinctement ici la façon dont nous concevons la succession de ces phénomènes, atin de pouvoir montrer combien elle est vraie pour la région calabraise. Nous admettrons que l’histoire d’une chaîne débute par l’existence d'un géosynclinal où la sédimentation peut se continuer grâce à l’enfoncement graduel d’une portion de lécorce. Déjà, à ce moment, cette cuvette peut être considérée comme un point faible. Puis interviennent des pressions tangentielles qui font se rappro- cher les voussoirs voisins. Les couches de la cuvette se plissent et la chaine surgit, symétrique si les deux voussoirs se meuvent avec une 910 RENÉ D’ANDRIMONT. — ÉTUDE GÉOLOGIQUE égale vitesse, déversée dans un sens si elle est refoulée par un voussoir dont le mouvement est plus rapide que l'autre. Comme l'a très bien montré M. Lohest dans ses expériences de tectonique, c’est en profondeur et sous pression que les couches se chiffonnent, tandis qu’à la surface les couches se ploient librement en de larges ondulations. Nous pouvons observer ce qui s'est passé en profondeur lorsque l'érosion à entamé profondément une chaîne, et nous pourrons nous faire une idée de ce qui se passe à la surface en observant le profil du fond des océans, là où nous pouvons surprendre les effets des forces tangentielles, alors que l'écorce est à l’abri des érosions. L'histoire géologique de l’Europe nous montre que les points faibles de l’écorce ne se sont pas toujours trouvés aux mêmes endroits. Les zones faibles ont toujours été reloulées vers le Sud : après la consoli- dation de la chaîne calédonienne surgit là chaîne ardennaise ; après la consolidation de celle-ci, la chaine alpine (1). Et il semble que celle-ci n’ait pas encore acquis, de nos Jours, une stabilité suffisante. Si nous reprenons ensuite l’histoire d’une même zone faible, d’une même chaine qui la Jalonne, nous verrons que, après une première période de soulèvement, la chaîne semble avoir dépassé, dans son plissement, ce que léquilibre permanent exige. La chaîne cesse de croître et elle décroit, non seulement par l’érosion, mais aussi parce qu'elle s’est affaissée par suite de la formation d’un ou plusieurs réseaux de failles normales qui se développent de préférence dans sa périphérie. C’est alors que surgissent les voleans qui jalonnent ces cassures et que se produisent des mouvements brusques de l'écorce, mouvements brusques dont l'intensité et la fréquence peuvent être augmentées par l’éjection de matières internes. Cette période d’'affaissement perdurant un temps suffisant et l'érosion aidant, la mer peut faire un retour sur le continent et y déposer de nouveaux sédiments. Puis le tassement s'étant produit, les forces hori- zontales peuvent l'emporter de nouveau et faire surgir la chaîne. Ces phénomènes peuvent se succéder plusieurs fois jusqu'au moment où la chaîne est suffisamment consolidée pour être plus résistante qu’une autre zone où se concentrent alors les efforts. (4) Nous ne voulons pas dire par là que les chaines calédonienne et ardennaise soient en repos absolu. Elles sont en repos relatif par rapport à la chaîne alpine. EN CALABRE ET EN SICILE. 241 Exposée comme nous venons de le faire, pour être mieux saisi, la succession des phénomènes est trop simple. En réalité, les choses sont plus compliquées. Des affaissements normaux peuvent se produire pendant une période de plissement, de même que des plissements peuvent se produire en certains endroits pendant une période d’affaissement. On est donc amené à dire qu'à certaines époques il y a simplement prédominance de l’un ou de l’autre genre de phénomènes. Il existe notamment un troisième genre d'accidents tectoniques dont nous n'avons pas parlé : les décrochements. Si l’on se borne à une con- ception théorique, un décrochement est un mouvement horizontal d’un paquet de terrains par rapport à un autre. Mais cette conception théo- rique ne répond qu'à un cas particulier très rare dans la nature. Le plus souvent on rencontre des décrochements obliques qui nous sont révélés, comme l'a très bien fait remarquer M. Lohest dans son travail, par des stries de glissement qui ne sont dirigées ni suivant des lignes de niveau, ni suivant les lignes de plus grande pente des couches. Or, pour expliquer un mouvement de descente qui ne suit pas la verticale, il faut nécessairement faire intervenir une force horizontale, ce qui nous amène à constater la coexistence des deux efforts : pesan- teur et force tangentielle. Si nous recherchons alors quelles sontles époques où se produisirent le plus fréquemment des décrochements horizontaux, nous sommes amenés à penser que ce furent les époques de transition : soit Île début d’une période de plissement, soit le moment où les affaisse- ments commencent. Quoi qu'il en soit, nous avons à retenir, en ce qui concerne les trem- blements de terre, que ceux-ci se produiront spécialement pendant Îles époques d’affaissement et au voisinage des portions de l'écorce qui peuvent fléchir brusquement ou bien se fracturer par affaissements nor- maux ou obliques. Voyons maintenant plus en détail comment on doit encore conce- voir ces mouvements brusques de l'écorce. Nous ne parlerons ni des mouvements de descente suivant la verti- cale, ni des chevauchements suivant l'horizontale que nous considérerons comme des cas particuliers, mais uniquement des mouvements obliques sur la verticale. Remarquons d’abord qu’il ne peut se produire aucun mouvement oblique sans que la composante horizontale de ce mouvement ne pro- 2192 RENÉ D'ANDRIMONT. — ÉTUDE GÉOLOGIQUE duise une compression ou un plissement soit dans le voussoir en mou- vement, soit dans les portions voisines de l'écorce. Or, il ne peut y avoir de compression par suite d’un mouvement brusque, sans qu’il y ait réaction élastique. Et il en est bien ainsi en réalité. Nous avons eu la chance de ressentir deux secousses relativement importantes à Palmi, dans la nuit du 27 février, et 1l nous en est resté l'impression bien nette d’un mouvement oscillatoire élastique. On eût dit que l’accélération dans un sens et dans l’autre ne cessait pas brus- quementet que l'écorce se comportait comme une matière compressible, rendant le choc. Nous concevons donc un tremblement de terre comme un mouvement réel d’une portion de l’écorce, mais mouvement amplifié par l’élasticité qui donne des vibrations en sens inverse. À RENE Re Coupe AB ue RE 0 Ê FiG. 6. Les secousses paraissent horizontales ou verticales (sussultoires) sui- vant que le mouvement de la composante verticale ou horizontale est plus perceptible. La première idée qui vient à l'esprit, lorsque l’on parle d’une portion de l’écorce qui se meut par rapport à ses voisines, est de concevoir celle-ci comme limitée de toutes parts par des cassures. _ Sans vouloir nier que ce fait puisse se produire, nous ferons remar- quer cependant qu’en faisant intervenir des compressions élastiques ou EN CALABRE ET EN SICILE. 213 le plissement de certaines parties de l’écorce, on peut concevoir d’autres genres de déplacements. On peut imaginer une flexion d’une portion de l'écorce et un mou- vement le long d’un seul plan de failles (fig. 6), cette flexion pouvant se produire des deux côtés du plan de faille et pouvant également être, non pas une simple flexion suivant la verticale, mais une flexion combinée avec un mouvement de torsion (fig. 6, coupe AB). Cette disposition explique : 4° la raison pour laquelle les zones d’égal ébran- lement sont souvent allongées suivant une direction qui est celle de la cassure. L’amplitude du mouvementest d'autant plus forte que l’on se rapproche du plan de faille. 2% La raison pour laquelle l’ébranlement cesse presque brusquement à partir d’une ligne donnée, celle du plan de faille, lorsque la flexion ne se produit que d’un côté seulement. 3° La raison pour laquelle certaines régions, le long du même plan de faille, sont plus éprouvées que d’autres. Ce sont celles qui, situées comme le point a (coupe AB), sont le plus affectées par le mouvement de bascule. On peut également imaginer qu'un mouvement brusque de l'écorce peut se produire par simple flexion, sans cassure, et engendrer une suite d’oscillations élastiques (fig. 7). HISTOIRE GÉOLOGIQUE DU LITTORAL DE LA CALABRE ET DES ENVIRONS DE MESSINE. Terrains cristallins. — Nous avons vu que ces terrains sont entière- ment plissés, que l’on y observe des failles inverses et des failles nor- males qui n’affectent pas les terrains plus récents, et que l’on y observe des stries de glissement obliques. Nous en déduirons que, postérieurement au dépôt de ces terrains, la Calabre s’est trouvée être une zone faillée de l’écorce ; que les terrains se sont plissés, puis, que des affaissements se sont produits permettant un nouvel envahissement de la mer. Plusieurs périodes d’affaissement ont pu ainsi succéder à des périodes de soulèvement avant l'ère tertiaire, l'érosion pendant les périodes de soulèvement étant suffisante pour enlever les sédiments déposés au cours de la période d’affaissement précédente ; nous ne pouvons rien dire de précis à cet égard. Tout ce que l’on peut affirmer, c’est qu’une période d'affaissement à précédé 214 RENÉ D’ANDRIMONT. — ÉTUDE GÉOLOGIQUE l'époque tertiaire, puisque les sédiments de cette époque reposent en discordance de stratification sur les terrains cristallins. C’est antérieurement au dépôt du Tertiaire que se sont probablement amorcées les grandes lignes de cassure dont on peut observer les traces et qui jouent peut-être encore de nos jours. anorumeus °weem® L_LR KL ! Ù Rs \ 2 _ DA e IS ef A SA " Ï CA G.e e SA? sd 4 ILES "LI PARI p Jane co ne e DRDUX à Z, , . C2 Z Z, F1 de. Fi. 8. Cet affaissement à dû être brusque, car nous ne trouvons à la base des terrains tertiaires qu'une très faible épaisseur de sédiments litto- raux (sables) auxquels succèdent rapidement des argiles calcareuses et des calcaires. EN CALABRE ET EN SICILE. 215 A cette période de sédimentation tertiaire succède une période de soulèvement. Peut-être ce plissemert du terrain cristallin s'est-il accentué en profondeur, mais le terrain tertiaire insuffisamment sur- chargé s’est ployé en de larges ondulations à peine perceptübles et il est resté presque horizontal. À celte période de soulèvement succède une nouvelle période d’affaissement; ceux-ci se localisent de nouveau le long des lignes de fractures anciennes. C’est ainsi que nous avons suivi pas à pas la prin- cipale d’entre elles par nos observations (fig. 8). Nous avons vu une succession de failles normales ou de décroche- ment obliques semblant partr de l’Etna, mettre en contact le cris- tallin et le Tertiaire à Messine, à Palmi, à Pizzo. Nous avons vu cette même ligne de cassures séparer le massif du Vatican de l’Aspromonte par une zone affaissée, et amorcer la formation du détroit de Messine et de la plaine de Samte-Euphémie. Chose remarquable et qui vient appuyer une opinion que nous avons émise précédemment, les failles normales réellement observées à Messine, à Palmi et à Reggio Jalonnent cette ligne (fig. 8); mais la région où, selon nous, les gradins observés le long des côtes sont dus à des terrasses marines s’en éloignent (massif du Vatican et environs de Reggio). Dès nos premières observations aux environs de Messine, nous avions été frappé, comme M. Lohest, de voir l’analogie de composition et de structure entre l’Aspromonte en Calabre et les monts Péloritains en Sicile, et nous avions eu l’idée d’un décrochement ayant ramené les monts Péloritains vers le Nord parallèlement à eux-mêmes. Lorsque nous eûmes suivi et observé cette ligne de failles jusque dans les environs de Messine, cette hypothèse nous parut encore plus vraisemblable. M. Cortese, dans des travaux qui viennent de paraître (1), figure d’autres lignes de fractures dont il à trouvé les traces. Mais nous ne figurerons que celles dont nous avons observé les directions par des failles transversales à Palmi et à Pizzo, et qui ont vraisemblablement provoqué la formation des plaines de Nicotera et de Sainte- Euphémie. (4) Lo Fratture geologiche della reggione Calabro-Sicila. (ANNALES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DES INGÉNIEURS ET ARCHITECTES ITALIENS, mars 1909.) 20 Sollevamenti di Spragge e di laste e loro cause 1909. 216 RENÉ D’ANDRIMONT. — ÉTUDE GÉOLOGIQUE Ces failles sont post-tertiaires, parce que nous avons vu par nos observation qu’elles rejettent le Tertiaire. Elles sont généralement antéquaternaires, parce que nous avons fait plusieurs observations qui montrent que le rejet n’atteint pas le Quaternaire. Cependant MM. Cortese et Lohest rapportent, dans leurs travaux, plusieurs observations de rejets de terrains quaternaires. De plus, le Quaternaire s’est déposé dans les plaines de Nicotera et de Sainte-Euphémie alors que celles-e1 étaient déjà formées. Ces affaissements post-tertiaires furent suffisamment importants pour permettre à la mer quaternaire pléistocène de déposer des cailloutis sur presque toute la Calabre. Ces cailloutis reposent sur le Tertiaire lorsque celui-ci à été respecté par l’érosion, ou sur le terrain cristallin lorsque le Tertiaire à disparu par l'érosion. Enfin la chaîne calabraise a encore subi un mouvement important depuis le dépôt du Quaternaire ou plutôt au cours du Quaternaire, puisque nous retrouvons celui-ci à des altitudes dépassant 1 000 mètres. La mer s’est donc retirée depuis l’époque actuelle par à-coups suc- cessifs, laissant derrière elle des terrasses, et au fur et à mesure qu’elle se retirait se formaient les dépôts continentaux de cailloux remaniés qui viennent compliquer l’étude géologique des formations récentes dans cette région. Les plaines de Sainte-Euphémie et de Nicotera sont restées immer- gées plus longtemps que le reste du continent. On y retrouve, en effet, des cordons littoraux de Quaternaire supérieur laissés par la mer qui se relirait. Ce soulèvement quaternaire a été extraordinairement rapide, comme le montrent le relief à pentes abruptes et le régime torrentiel des cours d’eau. | C'est ce qui explique pourquoi la chaine calabraise est encore en mouvement et pourquoi elle n’a pas encore acquis une grande stabilité. CAUSE DU TREMBLEMENT DE TERRE DU 28 DÉCEMBRE 1908 Nous sommes ainsi amené à analyser les phénomènes qui se passent à l’époque actuelle. Le soulèvement actuel de la Calabre a commencé à l’époque qua- ternaire. Ce continent a été soumis à une sorte de gauchissement, puisque, EN CALABRE ET EN SICILE, 217 même en faisant abstraction des glissements superficiels, nous trouvons les couches quaternaires ondulant légèrement à Reggio. Mais nous n'avons observé aucune faille, aucun décrochement ayant affecté le Quaternaire. M. Lohest à cependant observé une faille rejetant des cailloutis quaternaires dans les environs de P1zz0. Par conséquent, nous sommes à une époque où les forces horizon- tales dominent encore, tout au moins dans les environs du détroit de Messine. D'autre part, nous avons vu que la grande ligne de fractures qui passe par le détroit de Messine a déplacé la chaîne montagneuse de Îa Sicile, les monts Péloritains, vers le Nord. Cette ligne de fractures peut donc jouer sous l’action d’une force tangentielle à la façon d’un décrochement. D'autre part, les observations des dégradations à la surface montrent qu'en Sicile la direction dans laquelle s’est produite l'accélération maxima est N.-N.-E. C’est done une accélération qui correspond à un mouvement de la Sicile par rapport à la Calabre, le long de l’accident du détroit. Enfin, M. Cortese, dans son récent travail, signale un fait qui a son importance parce qu’il montre que le mouvement se continue lente- ment de nos jours. Entre Taormina et Messine, on observe sur la falaise des traces de mollusques lithophages qui, primitivement horizontales, inclinent actuellement vers Messine. D'autre part, la pointe du cap Faro s'enfonce graduellement dans la mer. [ y à une vingtaine d’années, le vieux phare se trouvait à une certaine distance de la mer; actuellement, la mer en baigne presque le pied. Ces observations montrent que la Sicile est affectée par un mouve- ment de bascule, lequel s'allie d’ailleurs parfaitement à l’idée d'un décrochement dont nous avons parlé plus haut. M. Cortese parle également d'observations faites sur la côte cala- braise, notamment de l’enfoncement graduel de la plage de Reggio, qui démontrent que la Calabre est affectée par un mouvement de bascule en sens inverse de la Sicile. Toutes les observations faites concordent done et nous amènent à penser que le tremblement de terre du 28 décembre est dû à une accentuation brusque du décrochement vers le N.-N.-E. de la Sicile par rapport à la Calabre. La Calabre ayant été aussi atteinte que la Sicile, il est probable que 4909. MÉM. 15 218 RENÉ D’ANDRIMONT. — ÉTUDE GÉOLOGIQUE le mouvement s’est produit en sens inverse des deux côtés de la ligne de fractures. Nous disons : ligne de fractures parce que, selon nous, plusieurs fractures parallèles peuvent avoir Joué en même temps. Les zones d’égal ébranlement sont allongées suivant le sens de ces fractures et ne s’écartent pas à une grande distance transversale. Puisqu'il y a mouvement de bascule, 1l y a une composante du mouvement suivant la verticale. Le sisme est done dû à l’action de forces tangentielles combinées avec un mouvement d’affaissement. L'ébranlement a été arrêté à la plaine Nicotera par la rencontre de la faille transversale venant des iles Liparti. Les secousses se sont succédé à quelques secondes d'intervalle, les instants de repos relatifs correspondant à des vibrations élastiques pendant des accrochages. Il nous reste à expliquer pourquoi on n’a observé aucune accentua- üon notable d’un accident géologique ayant produit un déplacement ou une dénivellation à la surface du sol ou au fond du détroit, où l’on a également exécuté des sondages. Selon nous, aucune accentuation notable ne s’est produite parce que le phénomène est d’une insignifiance absolue au point de vue géologique. Les effets terribles du sisme sont dus, comme nous le verrons dans la dernière partie de ce travail, à la densité de la population, au choix peu judicieux des endroits bâtis et à la mauvaise qualité des matériaux employés aux constructions. Nous dirons, enfin, qu'un décrochement horizontal laisse moins de traces à la surface qu'un affaissement normal et que, enfin, une déni- vellation verticale ou un mouvement horizontal de quelques dizaines de centimètres peut avoir été suffisant pour provoquer la catastrophe, et que s’il s’est produit au fond du détroit, les traces d’un tel mouve- ment ne peuvent guère être perceptibles. Il faut qu'une longue série de mouvements analogues et insignifiants, chacun en particulier, se succèdent le long d’une ligne de fractures, pour donner lieu aux rejets importants que nous observons des deux côtés d’un plan de failles. Pour terminer, nous émettrons une dernière opinion quant à l'avenir des régions sinistrées. Nous croyons qu'après une secousse relativement importante, comme celle du 28 décembre, à laquelle succèdent encore des répliques, la Calabre et la Sicile, se tassant, prennent peu à peu une à | EN CALABRE ET EN SICILE. 219 posiion d'équilibre qui les met pour quelque temps à labri d’un mouvement important. Mais si l’on nous demandait de prédire Javenir géologique et, par conséquent, assez lointain, nous dirions que, à la période de soulèvement post-quaternaire dont nous obser- vons les traces indiscutables, doit succéder une période d’affaissement et que nous ne sommes, en Calabre et en Sicile, qu’à l'aurore d’une époque géologique de tassements, de mouvements brusques de l'écorce. IV. — Effets des tremblements de terre sur les constructions. Règles à suivre pour la réédification. Comme nous l’avons vu, les mouvements sont très rarement des affaissements suivant la verticale : ce sont, le plus souvent, des mouve- ments obliques accompagnés d’un mouvement de bascule. Ce ne sont pas des mouvements réguliers et continus. Le glissement dure plusieurs secondes ou plusieurs minutes, avec des périodes de repos relatif correspondant à des accrochages. La composante hori- zontale du mouvement donne lieu à un eflet de renversement, et la composante verticale à des efforts de décollement et d’écrasement (mouvements sussultoires). L'écorce se comportant comme une masse compressibie et élastique, il s'ensuit que chaque point de la surface est soumis à des mouve- ments alternatifs, déterminant des ruptures et des renversements perpendiculairement au sens du mouvement. Les deux quantités importantes qui définissent la force destructive d’un tremblement de terre sont : la période et l’amplitude du mou- vement. L'intensité d’un tremblement de terre est mesurée par l’accéléra- tion maxima à la seconde qui a été observée. _ Il ressort de ces considérations qu’il serait intéressant de savoir dans quel sens se produit le mouvement ou tout autant dans quelle direction se produit l’accélération maxima. Nous avons, par une suite de raisonnements et par l'observation de cassures affectant des constructions spécialement résistantes «au renver- sement, déterminé cette direction pour la ville de Messine. L’accélé- ration maxima s’est produite vers le N.-N.-E., c’est-à-dire parallèlement au détroit de Messine. Cependant, si la structure géologique permet de dire qu’il est pro- 990 RENÉ D’ANDRIMONT. — ETUDE GÉOLOGIQUE bable que les secousses futures se produiront encore dans cette direc- tion, il ne peut exister aucune certitude à ce sujet. Par conséquent, il est prudent de calculer des constructions quelconques comme si elles devaient résister à l’accélération maxima dans toutes les directions. CHOIX DES TERRAINS GÉOLOGIQUES SUR LESQUELS IL FAUT BATIR. Les observations que nous avons faites montrent que les construc- tions résistent d'autant mieux qu'elles sont établies sur un terrain plus ancien et, par conséquent, plus résistant. On rencontre dans la région sinistrée les terrains ci-après, que nous classons comme suit quant à la résistance des constructions qui y sont établies : 1° Granites, gneiss, schistes cristallins (roches résistantes); 2 Terrains tertiaires (roches relativement tendres); 3° Terrains quaternaires (roches meubles); 4° Sables aquifères. Les terrains rocheux oscillent généralement d’une pièce, sans qu’une portion se déplace par rapport à une autre. Dans les terrains meubles (cailloutis, alluvions, terrains détritiques), il se produit de véritables ondes, des déplacements relatifs, et tout est renversé. Pour les sables aquifères, 1l ÿ a une remarque intéressante à faire. Lorsque ces sables peuvent trouver une issue et s’écouler par suite des secousses, tout s’affaisse et s'écroule à la surface (tel est le cas des quais du port de Messine et des maisons avoisinantes qui se sont affaissées vers le creux du port). Lorsque, au contraire, ces sables sont emprisonnés et ne peuvent fluer, ils se comportent comme une matière qui amortit le choc, et les bâtiments résistent. ; C’est ainsi que l’on peut expliquer que certaines bicoques situées au bord de la mer, à Canitello (Calabre) et au cap Faro (Sicile), aient rela- tivement bien résisté. Il faut également éviter de construire sur les pentes où les terrains peuvent s’ébouler par suite de secousses. De même, il faut s’écarter à une certaine distance de massifs montagneux d’où peuvent descendre, comme des avalanches, des paquets de terrains et des quartiers de roches. EN CALABRE ET EN SICILE. 221 EXEMPLES DE CONSTRUCTIONS AYANT RELATIVEMENT BIEN RÉSISTÉ. 1° Les murs très épais par rapport à leur hauteur ; 2% Les constructions massives (le vieux phare) ; 3° Les murs circulaires (les murs du gazomètre sont à peine cre- vassés) ; 4 Les voûtes surchargées (les tunnels) : 5° Le phare du cap Faro (1) et les cheminées rondes dont les profils se rapprochent de celui d’un solide d’égale résistance au renverse- ment ; 6° Les maisons construites en briques très plates ou de petites dimensions; celles construites en bois et en béton armé. Ce sont des constructions en matériaux homogènes bien assemblés. EXEMPLES DE CONSTRUCTIONS DÉTRUITES. Il n’est presque aucune construction de la région réellement ébran- lée qui puisse être réutilisée ; les quelques rares édifices qui ne sont pas écroulés, sont crevassés du haut en bas et devront être abattus. Cependant, pour certaines constructions, la destruction est plus totale que pour d’autres. Ce sont : 1° La cathédrale de Messine (entièrement détruite); les murs et la voûte étaient épais, mais la voûte n’était pas surchargée; 2° Les maisons construites avec des cailloux roulés assemblés par du mortier ; 3° Les maisons construites avec des éléments volumineux mal reliés ; 4 Les constructions faites avec des matériaux mal assemblés (pou- tres insuffisamment encastrées). Certaines maisons semblent intactes de l'extérieur, mais tout s’est écroulé à l’intérieur : il ne reste que les quatre murs; o° Les constructions à éléments hétérogènes trop bien reliés (pou- trelles reliées à la maçonnerie des murs). Dans les débris de certaines maisons, on retrouve des poutrelles entièrement tordues. Lorsqu'un pan de mur s'écroule, une poutrelle peut entrainer la ruine de l'édifice. (4) Hauteur 45 mètres, épaisseur des murs 2 mètres. 299 RENÉ D’ANDRIMONT. — ÉTUDE GÉOLOGIQUE RÈGLES QUI POURRAIENT ÊTRE ADOPTÉES POUR BATIR DANS LES RÉGIONS INSTABLES. Nous donnons ci-après, d’une manière résumée, les règles qui, selon nous, devraient être suivies, mais nous n’avons nullement la préten- üon d'imposer notre opinion, basée surtout sur des impressions person- nelles. Les constructions n'auront pas plus d’un étage, sauf pour des ouvrages destinés à des usages spéciaux (phare), etc. Dans ce cas, ils seront calculés d’une façon particulière. Exemple : la tour Eiffel résisterait probablement. On devra adopter, pour toutes les constructions, la charpente métallique, le béton armé ou le bois, de façon que l’ensemble soit indéformable. Le bois sera proserit dans les agglomérations à cause du danger d'incendie. Fondations. Lorsqu'on s'établit sur une roche résistante indéfor- mable, 1l faut y encastrer l’édifice. Lorsqu'on s'établit sur un terrain meuble, il faut édifier artificielle- ment une assise indéformable (béton, béton armé, pilots reliés entre eux, voûtes épaisses, etc.). | Murs principaux ou ossature métallique. {ls devront être calculés non seulement pour résister au poids de l’édifice, mais encore pour résister . au renversement et à des efforts alternatifs horizontaux et verticaux. On calculera, par exemple, un montant pour résister non seulement au poids P qu'il supportera, mais encore pour résister à une poussée horizontale P uniformément répartie sur sa longueur (rez-de-chaussée), ou à une poussée à partir du premier étage. Les planches, les fermes et toitures seront également calculées avec une surcharge égale à = Murs et cloisons. Ils seront légers et bien reliés à l’ossature. Ils seront en bois, en béton armé, en briques légères et creuses, etc. Toit. Le toit reposera directement sur les montants. Couvertures. La couverture sera en matériaux légers; elle pèsera tout au plus 40 à 45 kilogrammes au mètre carré. Escaliers. LS seront reliés à l’ossature. On proscrira l’emploi de la fonte, les balustrades, les balcons, les Si ornements extérieurs en matériaux lourds et non reliés à l’ossature principale. EN CALABRE ET EN SICILE. 293 En résumé, on édifiera des constructions indéformables pouvant se mouvoir d'une pièce, sans qu'aucune partie accessoire puisse se détacher. V. — Messine et Reggio seront-elles reconstruites ? Le Gouvernement italien est décidé à faire tous les sacrifices néces- saires pour réédifier les agglomérations. Trop de souvenirs sont attachés à cette région pittoresque et fertile. Les ports ne sont pas détruits, une partie des quais seulement est à réédifier. Le port de Messine sera toujours fréquenté : 1l se trouve sur le détroit qui raccoureit le chemin de l'Orient et du Canal de Suez. Messine et Reggio sont les entrepôts naturels de la Sicile et de la Calabre. Ces villes sont situées sur le plus court chemin de lune à l’autre. Enfin, Messine et Reggio sont des places militaires : les mon- tagnes, des deux côtés du détroit, sont hérissées de fortifications. Toutes ces raisons font que Messine et Reggio seront, lentement peut-être, mais certainement reconstruites. Les habitants s’installeront dans des constructions provisoires aux environs de la ville, en attendant la réédification. SRE ï ï so ; fl ! 1 Sos COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES PRÉCÉDÉ D'UNE NOTE SUR I. L'âge probable du crâne d'Engis, II. La présence de l’Acheuléen II en Belgique, III. La position réelle des squelettes de Spy, IV. L'âge probable du squelette de Galley-Hill (!), PAR A. RUTOT Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle, à Bruxelles. Depuis longtemps, l'étude des matériaux retirés des fouilles effectuées par M. Éd. Dupont dans les cavernes de la Belgique et déposés au Musée roval d'Histoire naturelle de Bruxelles, me faisait désirer de revoir, à la lueur des connaissances nouvelles, les éléments provenant des fouilles exécutées par M. le Prof J, Fraipont et le D' Tihon dans la vallée de la Méhaigne et conservés dans les collections de l’Univer- sité de Liége. De plus, je désirais aussi vivement être remis en présence des prin- Cipaux matériaux recueillis lors de la fouille de la terrasse précédant l’entrée de la caverne de Spy, effectuée en 1885 par MM. M. de Puydt (1) Mémoire présenté à la séance du 20 octobre 1909 226 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE et Lohest, afin de me rendre compte des motifs d’une certaine discor- dance qui paraissait exister entre ce que j'ai écrit récemment au sujet de l’âge des deux squelettes et ce qu’en ont dit, dans leurs travaux, leurs heureux découvreurs. Ce sont les apprêts du Congrès de la Fédération des sociétés d’archéo- logie qui s’est tenu cette année à Liége, qui m'ont donné l’occasion de réaliser mes désirs. J'ai eu le grand plaisir d’être reçu à l’Université par MM. les Profi* J. Fraipont et M. Lohest, et j'ai ainsi pu visiter et examiner en détail les précieuses collections placées sous la direction de M. Fraipont. I. — Sur l’âge probable du crâne d'Engis. Un premier point à éclaireir était lappréciauon de la vraie valeur des restes humains retirés de la caverne d’Engis par le D' Schmerling, et notamment du « crâne d’'Engis ». On sait que la caverne d’Engis a donné à Schmerling une faune quaternaire (Mammouth, Rhinoceros tichorhinus, Renne, etc.) très développée, accompagnée d’une industrie se rapportant surtout à l’Aurignacien inférieur et, dès lors, il était du plus haut intérêt de savoir si le crane humain retiré de la caverne est de l’âge indiqué par la faune et par l’industrie, ou doit être considéré comme plus récent. On ne sait, au sujet de la découverte du eràne, que ce qu’en dit le D' Schmerling dans son mémoire, c’est-à-dire qu'il a été trouvé à proximité d'une paroi rocheuse; aussi existe-t-1l depuis longtemps un doute sérieux sur l’âge à attribuer à ce document qui, généralement, n’est plus pris en considération par les anthropologues. Vu l'expérience acquise par les découvertes plus récentes, n’y avait-il pas lieu de tenter un nouvel effort, d'examiner les particularités de la pièce, sa couleur, son poids, son degré de conservation, afin d’essayer d’en tirer une déduction pour ou contre son authenticité comme débris humain quaternaire ? C'est ce qu'avec M. le Prof' Fraipont nous avons fait, malheureuse- ment sans résultat. | En vain nous avons regardé, comparé : rien n’est venu soutenir, avec succès, la thèse d’une origine quaternaire du crâne d’Engis, et, avec le savant professeur de l’Université de Liége, j'estime que les présomp- tions en faveur d’un âge néolithique sont prépondérantes, attendu que SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 297 la plupart des petites cavernes environnantes ont décelé des restes de sépultures néolithiques (1). Toutes les vraisemblances sont donc en faveur de l’âge néolithique, et, bien à regret, J’abandonne l'espoir que j'avais eu de trouver, dans le crâne d’Engis, des caractères matériels permettant de le considérer comme quaternaire aurignacien ; c’est dire que je me rallie entièrement à l’opinion de M. le Prof Fraipont, consistant à déclarer que cette pièce ne peut entrer, à aucun titre, dans la liste des documents authen- tiques à utiliser pour l’établissement de la chronologie de l’évolution humaine. 11, — Sur la présence de l’Acheuléen II en Belgique. Après cette première constatation, nous avons abordé la question de l’âge des matériaux recueillis lors des fouilles des cavernes de la Méhaigne, qui se trouvaient dans le massif calcaire exploité entre Moha et Huccorgne. Il y a longtemps, — à une époque à laquelle je n'étais pas à même d'apprécier exactement l’âge de ces matériaux, — J'avais été frappé de l'abondance relative des instruments amvygdaloïdes dans certains gise- ments, et ce fail, en apparence anormal, m'avait toujours paru un peu mystérieux: aussi, dans mes publications ayant rapport aux cavernes de la Belgique, n’en avait-il jamais été question. Le moment était venu de les revoir en compagnie de M. Fraipont, afin de décider, de commun accord, de l’âge qu’il y avait lieu de leur attribuer. Nous avons ainsi examiné successivement les matériaux sortis des deux cavernes principales du massif calcaire : la Grotte du Docteur et la Grotte de la carrière de l’Hermitage. Commençons par l’examen du contenu de la Grotte du Docteur (?). (4) Sile crâne d’Engis était, malgré les apparences contraires, de l’âge du milieu dans lequel le Dr Sehmerling dit l’avoir recueilli, il daterait de l’Aurignacien inférieur et, par ses caractères morphologiques, il se rangerait à côté des erânes de Galley-Hill, de Brünn et de Combe-Capelle (dont il sera fait mention ci-après). Ce serait donc l’un des chaînons, si intéressants et encore si peu connus, reliant la race neanderthaloïde à celle de Cro-Magnon et dont, jusqu'ici, les crânes de Brünn et de Combe-Capelle seraient les deux seuls authentiques représentants. (2) Profr J. FRaïponr et Dr F. TiHoN, Explorations scientifiques des cavernes de la vallée de la Méhaigne, 1'e partie. (MÉM. COUR. ET AUTRES MÉM. PUBLIÉS PAR L’ACAD. ROY. DE BELG., t. XLIII, 1889.) 228 A. RUTOT. — COUP D’OEIL SYNTHÉTIQUE Rappelons que cette caverne se trouve dans une petite vallée qui débouche dans celle de la Méhaigne, à peu de distance de la gare de Huccorgne. L'entrée est à 17 mètres au-dessus du fond de la vallée et à 25 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux de la Méhaigne. La caverne était précédée d’une terrasse importante; l’ouverture avait 5 mètres de haut sur 8 mètres de large et donnait accès à une salle haute de 5 mètres, profonde de 12"50 et large de 8250, d’où partaient diverses ramifications formant annexes latérales. La terrasse et les principales salles ont montré une grande uniformité de remplissage; celui-ci comprend quatre couches superposées qui sont, en commençant par le haut : 1. Terre noire avec éboulis et terre végétale à la surface. 2, Terre jaune avec blocaux calcaires anguleux, contenant de rares cailloux roulés, peu de débris animaux et peu de silex taillés. — Premier niveau ossifère. 3. Terre brune avec blocaux anguleux de calcaire et cailloux roulés, nombreux débris d'animaux et silex taillés. — Deuxième niveau ossifère. 4. Lit de cailloux avec blocs de silex brut et d’autres anguleux de calcaire, cimentés par un limon peu abondant. La caverne ne renferme donc que deux niveaux ossifères directement superposés, les n°‘ 2 et 3 de la coupe. PREMIER NIVEAU OSSIFÈRE. — Ce premier niveau, ou niveau supérieur, a pour faune : Equus caballus ; Ursus spelæus ; Cervus elaphus ; Meles taxus ; Cervus tarandus ; Canis vulpes ; Capra hircus ; Hyæna spelæa ; Bos primigenius ; Felis spelæa ; Bison europæus ; Felis cattus. C’est donc une faune où manquent le Mammouth et le Rhinoceros tichorhinus, et caractérisée par la présence du Renne et de l’Ours des cavernes, c’est-à-dire celle à laquelle on donne, en Belgique, le nom de Faune du Renne et qui indique l'extrême fin du Quaternaire. C'est la faune des trous de Furfooz et de Chaleux, sur la Lesse, qui concorde avec l’industrie spéciale à ces cavernes et se classe comme Magdalénien moyen. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 299 Or, la petite série de silex recueillie dans le premier niveau ossifère de la Grotte du Docteur est en tout semblable à l’ensemble industriel rencontré à Furfooz et à Chaleux : ce sont les mêmes lames, les mêmes grattoirs sur lame, les mêmes burins, montrant le même aspect que les instruments trouvés dans les cavernes des bords de la Lesse. Malgré l'absence d'outils en os ou en bois de Renne dans la Grotte du Docteur, l'identification n’est pas douteuse ; 11 y a simplement eu occu- pation passagère de la caverne par une petite famille de la fin du Magdalénien, à industrie de Furtooz et de Chaleux. DEUXIÈME NIVEAU OSSIFÈRE. — Îci, dans la couche inférieure, nous nous trouvons en pleine faune du Mammouth. En eflet, la liste des espèces recueillies est la suivante : Rhinoceros tichorhinus ; Elephas primigenius ; Equus caballus ; Castor fiber ; Cervus elaphus ; Ursus ferox ? Cervus Canadensis ; Meles taxus ; Megaceros hibernicus ; Canis lupus ; Cervus tarandus ; Canis vulpes ; Antilope rupricapra ; Sus scropha ; Ursus spelœus ; Hyæna spelæa ; Bison priscus ? Felis spelæu. Bos primigentus ; Le Mammouth et le Rhinoceros tichorhinus sont abondants et parfaite- ment caractérisés. C’est la faune commune à nos trois niveaux aurignaciens : à Hastière, à Montaigle et au Trou Magrite, et qui persiste à Goyet dans Île Magdalénien inférieur. Les silex recueillis sont nombreux, toutefois certains instruments sont en phtanite noir cambrien ou en grès lustré ; les silex sont d’origine locale. | L'industrie de pierre est composée principalement de racloirs avec des pointes à facies moustérien, de poinçons ou perçoirs, de disques et de nucléi. C’est l’industrie de la Quina, d’Hastière, d'Engis, du niveau inférieur de la caverne de Fond-de-Forêt, etc. C’est l’Aurignacien inférieur. Avec l’industrie de pierre se rencontrent des instruments en os tout à fait rudimentaires : des fragments d’os longs avec des séries de stries 230 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE grossières aux deux extrémités, comme à la Quina, à Hastière, au Fond- de-Forêt, plus de vagues lissoirs et de primitifs perçoirs. | L'industrie de l’os confirme donc entièrement l'interprétation de l'industrie de la pierre. De l’examen des matériaux tirés de la Grotte du Docteur, il résulte donc que : 1° Le niveau ossifère supérieur est de l’âge de Furfooz et de Chaleux, c’est-à-dire Magdalénien moyen ; 2° Le niveau ossifère inférieur est de l’âge de la Quina (Charente), d'Hastière, de Fond-de-Forêt, c’est-à-dire Aurignacien inférieur. * x x Après l’étude des matériaux de la Grotte du Docteur, nous avons abordé celle dite Grotte de la carrière de l Hermitage. Cette caverne s’ouvrait dans une carrière de calcaire carbonifère, à 25 mètres au-dessus du niveau moyen de la Méhaigne ; elle avait deux entrées dirigées l’une vers l'Ouest, l’autre vers le Nord-Ouest. Au moment de l'exploration, les carriers avaient déjà détruit 6 mètres de terrasse et de couloir; ce qui restait, consistait en une salle très surbaissée, de 6"50 large, de 135 de haut et 5 mètres de profondeur. Les matériaux de remplissage ne provenaient pas, comme ailleurs, d'infiltrations du plateau amenant, par des fissures, des sables et des cailloux roulés; la caverne était presque comblée jusqu’à la voûte par une terre argileuse avec blocaux de calcaire vers le haut, le tout dérivant de l’altération de la voûte et des parois. La coupe du remplissage montrait deux niveaux de nuances brunes différentes, l’une claire en bas, l’autre foncée, mais qui ne constituaient que deux stades d’altération du même dépôt; la faune et l’industrie étaient réparlies dans la masse, mais surtout vers le bas. La faune comprend : Rhinoceros tichorhinus ; Elephas primigenius ; Equus caballus ; Ursus spelœus ; Cervus megaceros ; Hyæna spelæa. Bos primigentus ; Tous ces animaux étaient surtout représentés par de nombreuses dents. | L'industrie est uniquement à base de pierre : le silex; plus de 2 000 pièces ont été recueillies, et leur inventaire est d’un haut intérêt. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 231 En eflet, MM. Fraipont et Tihon y ont reconnu : 63 instruments amygdaloïdes de type acheuléen ; 48 racloirs doubles dits « pointes moustériennes » ; 466 racloirs simples de diverses grandeurs, les uns arrondis, les autres allongés: 14 lames-racloirs ; 64 lames; 22 disques, que je considère comme des nucléi de débitage; 1 600 fragments et éclats divers utilisés ou non. Sans être tout à fait d'accord sur la classification des outils adoptée par MM. Fraipont et Tihon, et qui date, du reste, d’une douzaine d'années, il n’en est pas moins vrai que nous sommes unanimes à recon- naître, aussi bien dans les instruments amygdaloides que dans le reste de l’industrie, un facies acheuléen. Mais l’Acheuléen comprend deux niveaux, un inférieur, ou Acheuléen F, situé stratigraphiquement à la base du limon hesbayen, et un supérieur, ou Acheuléen Il, dont la position stratigraphique précise est la base de la couche de limon fendillé qui constitue le sommet de l’ensemble que nous comprenons sous le nom de Limon hesbayen (1). Auquel des deux niveaux de l’Acheuléen y a-t-il lieu de rapporter l'industrie de la caverne de l'Hermitage? En considérant l'outillage en bloc, il est difficile de conclure, mais en examinant les instruments amygdaloïdes, on en reconnaît un certain nombre, de forme régulière, délicatement taillés, tels qu’il n’en existe pas dans l’Acheuléer f. Les figures 2 et 5 de la planche VI du travail de MM. Fraipont et Tihon (?) sont caractéristiques à cet égard. Ces pièces entraînent la conviction que tout l’ensemble de l’industrie, dont l'aspect est uniforme comme matière et patine, se rapporte à l’Acheuléen ET. Certes, les auteurs de la fouille, se basant sur la classification simpliste de G. de Mortillet, avaient déjà reconnu que la caverne de l’Hermitage était la seule, en Europe, qui ait donné « une industrie aussi ancienne dans son ensemble et aussi homogène, au point de vue (1) M. V. Commont vient de constater la persistance de l’Acheuléen II dans le limon noirâtre qui constitue la partie supérieure du limon fendillé. (2) Profr J. FraïponrT et Dr F. TIHON, Explorations scientifiques des cavernes de la vallée de la Méhaigne, 2% partie. (MÉM. COURONNÉS ET AUTRES MÉM. PUBLIÉS PAR L'ACAD. ROY. DE BELG., t. LIV, 1896.) 232 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE de la taille du silex » ; certes, ils avaient assimilé cette industrie à celle des « stations à ciel ouvert d’Abbeville et de Saint-Acheul »; mais, depuis, on sait que l’instrument amygdaloïde de type acheuléen a per- sisté — avec décadence plus ou moins manifeste — au travers du Mous- térien et de l’Aurignacien inférieur et moyen; aussi, pour ce qui me concerne, m'étais-Je toujours tenu, jusqu'ici, dans une prudente réserve, attendant, pour en sorür, le moment où j'aurais pu effectuer un examen sérieux des pièces. Aujourd’hui cet examen est fait, et je me range absolument à l'avis de MM. Fraipont et Tihon, avec la détermination du niveau acheuléen en plus. Donc, à mon avis, il est maintenant certain que quelques familles, possédant la belle industrie acheuléenne supérieure, rencontrée en de nombreux points du Nord de la France, en position stratigraphique précise (base du limon fendillé), se sont aventurées en Belgique, à cette époque, jusque dans la vallée de la Méhaigne. Le fait, tel qu'il se révèle ainsi, acquiert la portée d’une nouveauté de premier ordre, au moins pour la préhistoire de notre pays. C’est, en effet, un niveau, non reconnu Jusqu'ici, qui vient s'ajouter à la nomenclature des industries paléolithiques en Belgique. Je dis « niveau non reconnu jusqu’iei », et cependant intérieurement je me doutais, depuis longtemps, que des Acheuléens If avaient pu pénétrer en Belgique pendant le retrait momentané des eaux de la grande crue hesbayenne causée par la fusion des glaces du Rissien, retrait nettement marqué, au moins dans le Nord de la France, par la présence d’une industrie entre le limon argileux imférieur et le limon fendillé supérieur. Cette croyance date du moment où J'ai eu à classer les pièces découvertes par le regretté F.-L. Cornet, puis par M. l'ingénieur Alf. Lemonnier, à Mesvin, près Mons, dans ce qu’on appelait alors le « fond de rivière de Mesvin (1!) ». Le long du chemin conduisant de Belian à Nouvelles, de grandes exploitations de phosphate de chaux avaient été ouvertes des deux côtés de la route, et ces importantes excavations montraient un profond ravi- nement de l’Ergeron, creusé, au travers de l’Eocène inférieur landenien, jusque dans la craie phosphatée sous-jacente. Au point le plus bas du ravinement, des ossements bien caractérisés (t) E. DELvVAUx, Compte rendu de l’excursion de la Société d'Anthropologie de Bruxelles à Mesvin et à Spiennes. (BuLL. Soc. D'ANTHROP. DE BRUXELLES, t. IV, 1865.) SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 233 de Mammouth, de KRhinoceros tichorhinus et d’autres animaux quater- naires avaient été rencontrés, et, avec ces ossements, une quinzaine de magnifiques instruments, à patine blanche porcelanée, de pur type Acheuléen Il, avaient été recueillis. Ossements et silex font actuellement partie des collections du Musée royal d'Histoire naturelle, grâce à la générosité de M. l'ingénieur Lemonnier. Malgré leur aspect caractéristique de l’Acheuléen IF, je n’avais pu me décider, jusqu'ici, à les considérer autrement que comme Acheuléen inférieur, parce qu’au sommet du monticule, à partir duquel le chemin descend vers Nouvelles, d’autres exploitations de craie phosphatée avaient permis de voir l’Ergeron reposant horizontalement sur ie limon hesbayen, puis celui-ci sur le Landenien inférieur. Or, à la base du Hesbayen on avait également trouvé des osse- ments de Mammouth, de Rhinocéros, ete., associés à de véritables instruments de l’Acheuléen F, et il me semblait naturel et vraisemblable d'admettre que les instruments amygdaloïdes trouvés, avec les osse- ments, au fond du ravinement, étaient simplement des pièces dont le véritable niveau était la base du Hesbayen et qui avaient été déplacées de leur gisement naturel, c’est-à-dire du niveau acheuléen I, pour être remaniées et déposées au fond du lit creusé par l’Ergeron au travers du limon hesbayen et du Landenien sous-jacents. La différence très notable de patine constatée entre les instruments du niveau acheuléen et ceux du « fond de rivière » ne me semblait pas suffisante pour conclure à l’âge acheuléen IT des seconds, malgré leur facies caractéristique. Maintenant que la présence, dans notre pays, des Acheuléens IT est rendue certaine par les découvertes faites dans la caverne de la carrière de l’'Hermitage, plus rien ne s'oppose à admettre leur existence dans le Hainaut, c’est-à-dire aux points où ils ont dû passer pour venir du Bassin de Paris vers la vallée de la Méhaigne, et ainsi s’expliquent aussi d’autres découvertes sporadiques faites en différents points des environs de Mons et de Binche, à Baudour et aussi aux environs de Liége (1). (?) L'un de ces points se trouvait, à Spiennes, dans les exploitations de phosphate de M. E. Solvay, un autre se rencontre dans une petite briqueterie ouverte le long de la route de Binche à Anderlues, près de la ferme Wautier, où l’Acheuléen I se trouve à la base du limon hesbayen et l’Acheuléen IT plus haut, sous le limon fendillé. Pour ce qui concerne la province de Liége, c’est M. de Puydt qui a signalé la trouvaille de quelques pièces isolées, mais de forme caractéristique. 1909. MÉM. 16 234 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE Il est donc maintenant prouvé que l'interruption de la crue hes- bayenne — qui, dans les coupes, paraît à peine sensible — intervenue entre le dépôt du limon gris argileux et du limon rouge fendillé, a été suffisamment longue pour permettre aux Acheuléens [l, partis de la crête de partage de la Loire et de la Seine, non seulement de couvrir de stations le Bassin de Paris (Villejuif, Le Havre, Rouen, Beauvais, Hargicourt, etc.), mais de s’aventurer, par le Hainaut, jusqu'au con- fluent de la Méhaigne et de la Meuse. C'est alors que la crue, reprenant son intensité, a recouvert à nouveau tout le territoire momentanément évacué, en submergeant, sans doute, toutes les malheureuses familles acheuléennes qui‘s’étaient imprudemment avancées vers le Nord. C’est là un fait important, non seulement au point de vue préhisto- rique, mais aussi qui comporte un enseignement au point de vue de la chronologie géologique. En effet, les géologues, en constatant la présence, dans des coupes de quelques mètres d’épaisseur, de limons montrant simplement quelques facies superposés, sont toujours tentés de voir, dans l’en- semble, un seul dépôt abandonné par la même crue, pendant une seule époque assurément de courte durée. Or, on reconnaît — ainsi que je l’ai déjà fait remarquer (1) — combien les apparences sont trompeuses. À l'examen de la superposition du limon fendillé sur le limon gris argileux, d'aspect si insignifiant, qui aurait pu s’imaginer qu’un long intervalle s’est écoulé entre le dépôt des deux facies limoneux du Hesbayen, ayant permis à des familles paléolithiques de s’avancer lentement, à la surface du limon gris desséché, depuis la crête de partage entre la Loire et la Seine. — de Chartres, par exemple, — jusqu’au confluent de la Méhaigne et de la Meuse (près de Huy) ? Or, voilà un fait indéniable, et des auteurs français, MM. Dubus et Commont, entre autres, nous montrent, à présent, de semblables solutions de continuité dans la masse de l’Ergeron et entre celui-ci et la terre à briques. On voit, dès lors, combien sont vains les efforts des quelques personnes qui veulent nous faire croire que tout le Paléolithique supérieur s’est écoulé en quelque mille ans à peine. Plus on avance, plus on voit, au contraire, que nos divisions se subdivisent à leur tour et se distendent par l’introduction de longues (1) A. RuTOT, Géologie et Préhistoire. (Buzz. Soc. BELGE DE GÉoL., t. XX, 1906, Mém.) SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 230 périodes sans dépôts, qui sont aussi des périodes d'occupation de territoires par des populations à industries parfaitement caractérisées et dont la succession est actuellement très bien connue. Au lieu de restreindre les évaluations de durée des temps quater- naires, nous devons donc les allonger, et c’est la préhistoire seule qui nous indique l'erreur dans laquelle on verserait imfailliblement si l’on avait pour seule base d'appréciation l’observation pure et simple des coupes géologiques et l’avis des géologues non préhisioriens. III. — Sur la position réelle des squelettes de Spy. Le dernier point à régler devant MM. les Prof Fraipont et Lohest, ainsi que devant M. Marcel de Puydt, résidait dans la question de la position réelle des deux squelettes de Spy, trouvés dans les dépôts de la terrasse s'étendant devant la caverne. Dans quelques publications récentes, écrites depuis mon retour du Congrès de Monaco, retour suivi d’une visite aux fouilles entreprises par la direction des Musées royaux des Arts décoratifs de Bruxelles dans quelques lambeaux restés intacts des dépôts de la terrasse, j'avais émis l’avis que les deux squelettes avaient été rencontrés au niveau d'un lit d’oligiste broyé et de fragments d'ivoire travaillé, encore visible, et se trouvant exactement entre les couches dont l’industrie se rapporte, l’une à l’Aurignacien moyen, l’autre à l’Aurignacien supérieur. Je suppose avoir été frappé par la découverte des nombreux sque- lettes humains dans les célèbres cavernes de Menton, que j'avais visitées, et par leur concordance avec les niveaux rouges à oligiste qui y avaient été constalés. Sans consulter à nouveau les textes, j'ai cru que la même concordance devait exister à Spy. MM. Fraipont, Lohest et de Puydt, en présence des nombreux docu- ments conservés à l’Université de Liége, n’ont pas eu de peine à me faire reconnaitre mon erreur. Ils m'ont montré, pièces en mains, que les deux célèbres squelettes avaient été rencontrés dans le niveau inférieur à industrie de la Quina et d'Hastière et, par conséquent, dans l’Aurignacien inférieur, notable- ment en dessous du lit IE d'oligiste. Cela étant, je n’avais qu’à reconnaitre mes torts. La coupe de la terrasse située devant l'entrée de la caverne de SPY; 24 236 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE d’après les documents matériels conservés et d’après le mémoire de MM. Marcel de Puydt et Max Lohest (1), est la suivante, en partant du haut : Épaisseurs. 4. Éboulis de blocs de calcaire avec ciment argileux brun . 2.90 2. Tuf jaune argileux, avec fragments anguleux de calcaire. — Premier niveau ossifère. "nu MN EE AE 3. Zone rouge, constituée par un tuf assez dur, empâtant de nombreux fragments d’oligiste, d'ivoire. de charbon de bois, de silex taillés, d’ossements d’animaux et de frag- ments de calcaire. — Deuxième niveau ossifère . 0.10 4. Argile jaune avec blocs de calcaire et, à la base, un lit mince de charbon de bois, sur lequel reposaient les deux squelettes humains décrits par M. le Profr J. Fraipont. — Troisième niveau ossifère. . . . . 0.15 5. Argile brune très foncée, parfois noirâtre, contenant des cailloux peu volumineux de calcaire et constituant le résidu d’altération du calcaire en place, immédia- tement sous-jacent. Ainsi, 1l est donc bien entendu, contrairement à ce que j'ai dit récemment dans diverses publications, que les squelettes de Spy repo- saient au milieu des restes d’un foyer étendu sur l'argile d’altération superficielle du calcaire dans lequel la caverne est creusée et, par consé- quent, à la base de tous les dépôts de remplissage de la caverne. Le premier acte de l'occupation de la caverne avait donc été l'abandon, sur la terrasse, des deux cadavres des individus de la race de Neanderthal qui v ont été rencontrés lors des fouilles. Au-dessus des squelettes s’étendaient une quinzaine de centimètres d'argile plus ou moins foncée, avec blocs de calcaire renfermant des ossements d'animaux et des silex. La faune, déterminée par M. le Profï J. Fraipont, est la suivante : Rhinoceros tichorhinus ; | Elephas primigentus ; Equus caballus ; Ursus spelœus ; Cervus elaphus ; Meles taxus ; Cervus tarandus ; Hyæna spelæa. Bos primigenius ; () L'Homme contemporain du Mammouth à Spy (province de Namur, Belgique). Crûnes et ossements humains de la race de Neanderthal. L'industrie des hommes de cette race; l’industrie aux époques suivantes de l’âge du Mammouth; avec 10 planches. Congrès archéologique de Namur, 1887. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 237 Le Rhinocéros, le Cheval, le Mammouth et la Hyène étaient, surtout, abondants. Cette faune est celle des niveaux inférieurs des cavernes de la Belgique. Quelle est l’industrie accompagnant cette faune et les squelettes humains? Cette industrie, peu abondante, mais représentée par de très bons matériaux, bien caractérisés et typiques, est celle de la Quina et du Petit Puymoyen (Charente) et d’'Hastière (Belgique); c’est, pour nous, celle de l’Aurignacien inférieur dont certains auteurs français font du Moustérien supérieur, à tort croyons-nous. | Les outils étaient des racloirs simples et des racloirs doubles dits « pointes moustériennes », associés à de nombreux éclats de débi- tage, peu ou pas utilisés. Une esquille d’os usée est la seule trace de l'emploi de l'os, ce qui confirme encore le caractère général de l’industrie. La conclusion à trer de ces faits, nettement confirmés par MM. Fraipont, Lohest et de Puydt, et entièrement acceptés par moi, est que les squelettes de Spy datent du commencement de l'occupation de nos cavernes par les descendants directs des Moustériens émigrés du Périgord, Moustériens devenus Aurignaciens inférieurs par l’adjonction, à leur outillage de pierre, des premiers rudiments de l’utilisation de l’os. Des lors, les squelettes de Spy seraient à peu prés de méme äge que celui découvert dans la caverne de la Chapelle-aux-Saints (Corrèze) par les abbés Bardon et louyssonie, et décrit par M. le Prof M. Boule (1). L'inventaire du matériel recueilli, à Spy, dans les couches situées au-dessus du niveau ossifère inférieur vient, en effet, confirmer entièrement nos déductions. Décrivant le deuxième niveau ossifère avec foyers, reposant directe- ment sur le premier, épais d’une dizaine de centimètres et coloré en rouge par de la poussière et de nombreux fragments d’oligiste, -— celui où, précédemment, je croyais, à tort, que se trouvaient les deux squelettes, — M. Fraipont nous apprend que la faune, assez riche (4) Note ajoutée pendant l'impression. — Ces débris humains seraient également de même âge que le squelette découvert, en septembre 1909, par M. 0. Hauser à Combe- Capelle et qui se trouvait au niveau aurignacien inférieur D’après MM. le Dr H. Klaatsch et Hauser, — et les excellentes photographies en font foi, — le crâne de ce squelette ne serait pas du type de Neanderthal et se rapprocherait de ceux de Galley-Hill et de Brünn. 238 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE (19 espèces), était spécialement représentée par d’abondants restes de Rhinoceros tichorhinus, de Cheval, de Mammouth et de Hyène, c’est-à- dire les mêmes que dans le niveau inférieur. Quant à l’industrie, d’une admirable richesse, elle prend immédiate- ment le caractère de l’Aurignacien moyen typique d’Aurignac, de Cro- Magnon, de Gorge d’Enfer et de la Ferrassie, en France, et de Montaigle, en Belgique, avec couteaux, beaux racloirs simples ou doubles (dits pointes moustériennes), burins, lames retouchées, grattoirs ou perçoirs. Mais ce qui vient compléter la signification, déjà si nette, de l’industrie de pierre, c’est la présence de la pointe losan- giforme en ivoire, à base fendue, dite pointe d’Aurignac, trouvée à Spy en plusieurs excellents exemplaires. On se rappellera, de plus, que les objets d'ivoire travaillés et les déchets de ce travail étaient très abondants dans le deuxième niveau ossifère, qui à fourni, en outre, des os délicatement gravés, des lissoirs, des perçoirs, des dents perforées, celles-ci destinées à être associées à de nombreuses perles d'ivoire pour la formation de colliers. Quant au premier niveau ossifère, le supérieur, sa faune peu abondante à montré l’existence du Mammouth, d’un Cerf et d’un Ours, mais, en revanche, l’industrie de silex est on ne peut mieux caractérisée comme Aurignacien supérieur par l’ensemble des instru- ments recueillis et surtout par la présence d’au moins une demi- douzaine de pointes de flèches à pédoncule (1) du type de la Font-Robert et du Trou Magrite, dont l'importance à été si bien mise en lumière par les travaux des abbés Bardon et Bouyssonie. Conformément à ce que J'ai dit dans mes précédents travaux, la caverne de Spy présente donc, admirablement caractérisés et en superposition directe, les trois niveaux de l’Aurignacien reconnus d’abord en Belgi- que par M. Éd. Dupont, puis admis par MM. Cartailhac et l'abbé Breuil à la suite de leurs études dans les cavernes françaises. [l est, de plus, confirmé que cette évolution complète de l’industrie aurignacienne s’est passée pendant que vivait en Belgique une faune (1) Parmi les matériaux recueillis dans les fouilles récentes de la terrasse de ja caverne de Spy, M. le baron A. de Loë vient de me montrer une magnifique pointe de flèche à pédoncule rencontrée dans le niveau supérieur ou Aurignacien supérieur. Par ses dimensions et sa forme parfaitement définie, il n’y a pas le moindre doute qu’on ne soit en présence d’une pointe de flèche. On sait en effet que, pour certaines pièces du même niveau, l’on peut douter qu’elles se rapportent à des pointes de flèches, car elles peuvent aussi s’interpréter comme perçoirs. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 239 homogène dont les principaux animaux sont le Mammouth, le Rhinoce- ros tichorhinus, le Cheval, la Hyène, l’Ours des cavernes, le Renne, le Cerf élaphe, le Cerf géant d'Irlande, etc. On se rappellera qu’en Belgique le Solutréen n’est pas représenté et qu’au-dessus de l’Aurignacien supérieur se montre le « niveau de Goyet », qui semble être l'équivalent du facies magdalénien le plus inférieur, caractérisé encore, chez nous, par la pleine faune du Mam- mouth. On sait que celle-e1 cesse brusquement, immédiatement après, au point de ne laisser subsister que le Renne, comme animal actuelle- ment émigré, dans le niveau magdalénien moyen ou niveau de Chaleux et de Furfooz. IV. — Sur l’âge probable du squelette de Galley-Hill. En 1904, j'ai publié, dans les Mémoires de la Société d’ Anthropologie de Bruxelles (t. XXIIT), une note intitulée : À propos du squelette humain de Galley-Hill (Kent); j'y concluais que, si la pièce était authentique, elle devait être de l’âge de la couche géologique qui la renfermait, c’est-à-dire Quaternaire inférieur ou Hoséen. J’ajoutais que le crâne, par ses caractères, ne semblait guère concorder avec une telle antiquité, et, depuis lors, la découverte — très authentique — de la mâchoire de Mauer, qui est réellement d'âge moséen et dont les caractères sont très primitifs, est venue confirmer ma défiance. Je considérais, en conséquence, la valeur scientifique du squelette de Galley-Hill comme très compromise, et le silence s’était effectivement étendu sur lui. Toutefois, l’attention à été de nouveau attirée, 11 y a peu de temps, sur ces débris, lors de la célébration du eimquantenaire de la Société d'anthropologie de Paris, devant laquelle la pièce a été présentée en nature, pour être soumise à la discussion. Certes, si le crâne ne présente pas de caractères primitifs, il en montre cependant quelques-uns qui permettent de lui accorder un âge ancien; c'est ce que vient confirmer sa ressemblance avec un crâne d'âge quaternaire, bien connu sous le nom de crâne de Brünn. En présence des incertitudes qui s'élèvent de divers côtés, je me suis demandé s’il ne serait pas possible, soit de voir plus clair dans la question, soit de formuler une hypothèse qui rendrait mieux compte des faits en présence. 240 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE. En somme, que sait-on relativement au squelette de Galley-Hill ? Voici ce que l’enquête nous apprend : | 4° Le squelette a été découvert, fin septembre 1888, dans les couches quaternaires surmontant la craie blanche, dans une carrière à Galley- Hill, située près de Northfleet, à l'Est de Londres, dans la vallée de la Tamise ; 2 Le squelette a été découvert par les ouvriers de la carrière, qui sont allés aussitôt prévenir M. M.-H. Heys, maitre d'école, alors que les ossements étaient encore en place ; 5° M. Heys, s'étant rendu compte de la trouvaille, se rendit chez lu pour prendre un appareil photographique, afin d’obtenir un document authentique ; 4 Aussitôt après le départ de M. Heys, les ouvriers se mirent à enlever le crâne. Sur ces entrefaites survint M. Robert Elliott, qui vit encore quelques ossements en place et acheta le tout; »° La découverte faite en 1888 ne fut pas ébruitée, et ce n'est qu'en 4894 qu'il en fut question auprès des géologues. En 1895, les pièces furent présentées à la Société géologique de Londres (séance du 22 mai), par M. E.-T. Newton, qui déposa également une note intitulée : On a human skull and limb-bones found in the Paleolithic terrace-gravel at Galley Hill, Kent; 6° La présentation fut suivie d’une discussion d’où il résulte que la plupart des préhistoriens mirent en doute, pour des motifs divers, mais nullement probants, l’authenticité du squelette, en ce sens qu'ils le considéraient comme non en place, sa présence étant probablement due à l'existence d’une sépulture plus ou moins ancienne ; 7° Les géologues qui avaient été visiter, en 1894, l'emplacement de la découverte déclarèrent, assez unanimement, qu’ils n'avaient con- staté aucune trace de dérangements des couches à l'endroit qui leur avait été indiqué, ce point étant resté sensiblement stationnaire, attendu que, au moment de la trouvaille, la paroi de la carrière avait atteint le bord d’un chemin bordé d’un mur, qui arrêtait définitive- ment l’exploitation de ce côté En somme, les géologues admettent généralement la possibilité de l'authenticité du squelette, c’est-à-dire qu’ils croient qu’il peut être considéré comme rencontré dans les couches in situ non remaniées et, dès lors, qu'il est de l’âge de ces couches. Si l’on admet qu’il en est ainsi, voici dans quelles conditions précises se trouvaient les ossements. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 241 S\ La coupe des terrains à l'emplacement de la découverte était la suivante, en partant du haut : A. Couche de gravier à stratifications horizontales, avec len- tilles de sable et de sable graveleux . . . . . 8 pieds. B. Alternances de sable fin et d’argile sableuse avec quel- ques cailloux disséminés . . . . . . . . .2à3 — C. Masse épaisse de la craie blanche exploitée, avec poches d’altérations à la partie supérieure. Les ossements ont été rencontrés à deux pieds au-dessus de la sur- face de la craie et à huit pieds sous la surface du sol, c’est-à-dire au sommet de la couche B de la coupe, très près de la base du gravier A. Ils se trouvaient dans une strate sableuse recouverte d’un mince lit argileux. Dans mon travail de 1904, je crois avoir établi que le gravier A et la couche argilo-sableuse B sont silués sur la moyenne terrasse de la vallée de la Tamise (30 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux du fleuve), les mots « moyenne terrasse » ayant la signification habituelle que je leur donne en parlant des vallées de la Belgique et du Nord de la France. Je suis en cela en désaccord avec sir J. Prestwich, qui donne au gravier de Galley-Hill le nom de High level river drift; toutelois, J'ajouterai que, si l'accord n'existe pas, c’est parce que nous comptons les terrasses différemment. A Galley-Hill, les dépôts quaternaires sont donc ceux déposés sur la moyenne terrasse; ils sont constitués par un gravier supérieur À, que Je considère comme Quaternaire moyen ou Caimpinien, et d’une couche argilo-sableuse B, que je crois pouvoir rapporter au Quaternaire infé- rieur ou Moséen. ù Ce serait l'équivalent de la « glaise moséenne ». Or, les ossements humains auraient été trouvés dans la couche considérée comme moséenne ; donc il était logique de conelure qu'ils sont eux-mêmes moséens. Mais ce qui est logique n’est pas forcément vrai, et il reste encore large place pour la discussion. D'abord, il ne semble pas que la couche moséenne ait renfermé autre chose que le squelette humain; il n’y est signalé ni ossements d'animaux, ni instruments, silex travaillés ou autres. Il n'existe donc pas d’éclaircissements à avoir de ce côté. Mais le contenu du gravier A est intéressant à détailler. 249 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE D'abord, au point de vue stratigraphique, nous avons vu qu'il se présente sous la forme d’une masse de cailloux plus ou moins usés, stratifiée horizontalement et traversée de lits sableux et de sable graveleux. Au point de vue paléontologique, il n’a fourni, à Galley-Hill même, aucun ossement, mais en des points voisins on a recueilli quelques restes rapportés au Mammouth, au Rhinocéros, au Bœuf, au Cheval, au Cerf, plus des coquilles d’eau douce, parmi lesquelles Cyrena fluminalis. Cet ensemble faunique peut se rapporter au Quater- naire moyen. Au point de vue préhistorique, les matériaux sont plus abondants et de bonne valeur ; nous y rencontrons : 1° Des éolithes généralement rares et de formes primitives; 2° Des instruments amygdaloides rudimentaires rapportables au Strépyien ; 5° Des instruments amygdaloïdes taillés à grands éclats sur les deux faces, de type chelléen; 4 Des instruments amygdaloïdes taillés à petits éclats sur les deux faces et à bord rectiligne, de type acheuléen. Tous ces éléments d’âges différents sont intimement mélangés au gravier et s’y rencontrent à toutes hauteurs. Une telle association ne peut résulter que de remaniements de cou- ches en place et de brassages. Un autre point important réside en ce que les pièces ont leurs arêtes d'autant plus usées et arrondies, et présentent une patine plus forte et plus colorée, qu’elles se rattachent à un facies industriel plus ancien. Les éolithes et les instruments à taille intentionnelle rudimentaire sont les plus usés et les plus patinés; les pièces à aspect chelléen le sont moins et celles de forme acheuléenne sont généralement à peu près intactes, à arêtes tranchantes. Que signifie, en réalité, cette disposition? Elle indique nettement que les phénomènes se sont passés sur la terrasse de Galley-Hill comme ils se sont passés dans la vallée de la Somme ou en Belgique, c’est-à-dire que, d’abord, les divers faits, crues et industries, se sont enregistrés selon la chronologie, puis que, à la fin, tout à été brouillé et bouleversé par la dernière crue post-acheu- léenne. Si nous reprenons les phénomènes en détail, nous voyons que, après la formation et l’assèchement de la terrasse de craie, le manque de SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 943 matière première à sa surface a causé l'absence d'occupation éoli- thique d’âge reutélien. | Ensuite une crue d’eau tranquille s’est produite, qui à couvert la terrasse de strates de sable fin plus ou moins argileux, dans lesquelles se trouvaient disséminés quelques cailloux. Ces sédiments paraissent théoriquement se rapporter au Quaternaire inférieur ou à la crue moséenne, mais il n’est pas impossible, vu leur faible épaisseur, qu’ils appartiennent en réalité au commencement du Quaternaire moyen, ou Campinien, et qu’ils représentent simplement la mince couche de sable qui, à l'exploitation Helin, à Spiennes, sépare le niveau mesvinien du niveau strépyien. S'il en était ainsi, les Strépyiens seraient venus occuper la terrasse en marchant sur la couche argilo-sableuse campinienne déjà déposée et y auraient abandonné les instruments de leur industrie. Dès lors, les premiers Strépyiens auraient cireulé à la surface de l'argile sableuse molle et le cadavre de l’un d’eux à pu s’enfoncer légèrement dans ce dépôt. Mais, plus tard, une crue à recouvert la terrasse, a usé et quelque peu roulé les instruments strépyiens abandonnés et à pu amener avec elle des éléments étrangers tels que cailloux et éolithes de la haute terrasse de la vallée. La crue abandonna de nouveaux sédiments qui recouvrirent l’indus- trie strépyienne, puis elle cessa. Ce fut le tour des Chelléens d'occuper la terrasse, puis, comme en Belgique et à Saint-Acheul, une nouvelle crue se produisit, occasion- nant déjà un premier remaniement qui mélangea les deux niveaux : strépyien et chelléen, primitivement superposés. La crue cessa encore, et, au-dessus de l’ensemble des dépôts de la terrasse, les Acheuléens viennent s'installer, répandant à la surface du sol les restes de leur magnifique industrie. Mais on sait que, en France comme en Belgique, c’est après l’Acheu- léen I que se produisit la grande crue hesbayenne. Cette crue se fit évidemment sentir également dans les vallées de la Tamise et de ses affluents, et c’est tout au commencement de celle-ci qu'eut lieu le grand remaniement, le brassage final, qui mélangeaà les trois niveaux à industries du Paléolithique inférieur : Strépyien, Chel- léen et Acheuléen [, avec des graviers apportés des hauts niveaux et les éolithes qu’ils pouvaient contenir. Ainsi se sont formés le gravier de Galley-Hill et ceux que l’on ren- contre au même niveau, renfermant les mêmes industries, en beaucoup 244 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE d’autres localités voisines et notamment à Milton-Street, où le gise- ment était d’une admirable richesse. Il n’est pas douteux pour moi que, primitivement, le gravier de la moyenne terrasse a été recouvert des sédiments de la grande crue hes- bayenne, mais souvent, en Angleterre, ces dépôts sont plus sableux qu'en Belgique et en France, et ils se délavent facilement par les grandes pluies. Il n’en reste, en conséquence, que des lambeaux isolés. D'après notre nouvelle manière de voir, le squelette de Galley-Hill pourrait donc très bien avoir appartenu à un Strépyien. Cette hypothèse est-elle possible ou vraisemblable? Oui, car si j'ai pu déclarer précédemment que le crâne ne semblait pas d’accord avec l’hypothèse de l’âge éolithique mafflien (Quaternaire inférieur), je puis actuellement certifier qu’il concorde complètement avec celle de l’âge strépyien (commencement du Quaternaire moyen). En effet, le crâne de Galley-Hill, d’après tous ceux qui l'ont étudié, présente des caractères intermédiaires entre le type primitif, impulsif et inconscient, dont Mauer et Neanderthal sont des représentants, et le type intelligent et conscient de Cro-Magnon; il a précisément tout ce qu'il faut pour constituer une sorte de transition entre les races éoli- thiques à mentalité stagnante et les races à mentalité évolutive et pro- gressive, dont le facies de Cro-Magnon représente un stade intéressant déjà bien fixé et qui n'est, certes, pas le premier représentant de l'humanité consciente. Ainsi que je l’ai dit depuis longtemps, l'apparition assez subite, au commencement du Quaternaire moyen, du nouveau mode de travail basé sur la «taille intentionnelle », qui permet de réaliser un instru- ment de forme préconçue, adaptée à un usage déterminé d'avance, a dû correspondre à une modification cranienne importante intéressant le siège de l'intelligence, c’est-à-dire la partie antérieure du cerveau, dont le développement à exigé une élévation de la voûte cranienne avec formation d’un front. En même temps, le reste de la face devenait moins bestial par diminution du prognathisme et formation d’un menton. Ces modifications nécessaires ont été suffisantes pour transformer un être impulsif et inconscient en un être évolutif conscient, et les autres caractères n’ont pas été forcés de changer, au moins dès l’abord. C’est ainsi que la dolichocéphalie des néanderthaloïdes a pu être conservée jusqu'au stade de Cro-Magnon, sans inconvénient pour l’évo- lution cérébrale. | | Li SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 245 Effectivement, le crâne de Galley-Hill est très dolichocéphale, et présente un front assez bien accusé, ainsi qu'un menton assez déve- loppé; en revanche, sa dentition est encore d'aspect primitif, car Îles dents sont grandes, surtout la troisième molaire. Quant aux arcades sourcilières, elles sont encore proéminentes, mais beaucoup moins que sur les crânes néanderthaloïdes. D'autre part, d’après son ossature conservée, l'Homme de Galley-Hill n'avait nullement la haute stature de Cro-Magnon, sa taille ne dépas- sait guère celle des néanderthaloïdes. Tous les auteurs s'accordent pour signaler la ressemblance existant entre le crâne de Galley-Hill et celui trouvé, en 1891, par Makowsky dans le Lôss de Brünn; mais bien que cette ressemblance soit cer- taine, le premier a tous ses caractères moins élevés que ceux du crâne de Brünn et notamment l'élévation de la calotte cranienne. Le crâne de Galley-Hill est bien un stade ancestral de celui de Brünn, comme celui-ci paraît être lui-même un stade ancestral de Cro-Magnon; toutefois, en fait 1l n’en est pas ainsi, car les crânes types de Cro-Magnon, qui sont d'âge aurignacien moyen, sont plus anciens que celui de Brünn, qui est aurignacien supérieur. Mais ces irrégularités n’en sont pas en réalité, attendu que l’appa- rition d’un stade évolué ne détruit forcément pas tous les individus des stades précédents; il y à survivance de représentants des stades anciens, et Je suis d’avis que le crâne de Brünn est un survivant, pendant l’Aurignacien supérieur, d'un stade antérieur à l'apparition des vrais Cro-Magnon dans l’Aurignacien moyen. D’après les anthropologistes, les cranes de Galley-Hill et de Brünn auraient aussi une grande analogie avec le crâne de Gibraltar, dont je ne connais pas l’âge exact. Mais, de toutes façons, une comparaison qui s'impose et qui est d’un très grand intérêt est celle des crânes de Galley-Hill et de Brünn, avec le crâne du nouveau squelette humain que M. Ô. Hauser vient de rencon- trer à Combe-Capelle (Dordogne), dans l’Aurignacien inférieur. Ces restes, de même âge que ceux de la Chapelle-aux-Saints, de Spy et de Krapina qui sont néanderthaloïdes, indiquent un individu qui n’appartiendrait pas à cette race; 1l possède un front analogue à celui du erâne de Brünn, survivance du prédécesseur du type de Cro- Magnon, et, dès lors, 1l serait le représentant authentique de l’homme de l’Aurignacien inférieur, alors que les individus de la race de Nean- derthal contemporains, trouvés au même niveau, ne seraient que des survivants évolués de la race primitive ou éolithique, sans grande 246 COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. valeur chronologique au point de vue du développement général du genre humain. Enfin, le crâne de Galley-Hill, au lieu d’être une quantité négli- geable, deviendrait, au contraire, l’un des jalons capitaux de l’histoire de l'humanité, il serait le premier représentant connu du plus ancien stade de l’humanité consciente, à sa sortie de la mentalité stagnante éolithique ; il serait le crâne de l’inventeur de la «taille intention- nelle » réalisée encore d’une manière rudimentaire, l’auteur de l’in- dustrie strépyienne, si intéressante à tant de titres; en un mot, ce serait une pièce de tout premier ordre. %k * *X La connaissance de l'existence de l’Acheuléen IT en Belgique, le changement qu'amène la rectification faite au sujet de la position pré- cise des squelettes de Spy et, enfin, les notions nouvelles qu'intro- duisent dans la science les importantes découvertes de squelettes humains effectuées dans la Dordogne, constituant des faits capitaux pour l’histoire de l’époque des cavernes, nous croyons utile de résu- mer ci-après ce que nous savons actuellement de cette si intéressante période. | | COUP D'ŒIL SYNTAÉTIQUE SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES DE L'EUROPE CENTRALE Beaucoup de personnes, peu au courant des études géologiques et spéléologiques, croient que les cavernes que nous observons de nos Jours, ont existé de tous temps À première vue, la chose paraît parfaitement vraisemblable, et cepen- dant l’idée n’est pas exacte, l’ouverture des cavernes et la formation des abris sous roche actuels étant, en réalité, un phénomène relative- ment peu ancien, attendu qu'il concorde avec la dernière phase du creusement des vallées. On est généralement trop enclin à oublier que les cavernes, telles que nous les voyons actuellement, ne s'ouvrent que dans les terrains calcaires dureis et que leur formation exige tout un processus, très long et compliqué, qu'il est indispensable de connaître lorsqu'on veut étu- dier ces galeries souterraines. Les cavernes proprement dites, c’est-à-dire celles qui ont assez sou- vent servi de demeure à l'Homme quaternaire et de sépulture aux Néolithiques, résultent du sectionnement, par le fait du creusement des vallées, du réseau très irrégulier des galeries de circulation des eaux au sein des masses calcaires fissurées. On sait que les grandes masses de calcaire, le plus souvent dislo- quées, plissées et inclinées, sont parcourues par de très nombreux groupes de fissures ou diaclases qui s'ouvrent à la surface du sol. L'eau de pluie qui tombe sur cette surface, trouvant ces fissures 248 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE béantes, s’y infiltre et disparaît dans la profondeur ; mais cette eau étant naturellement chargée d’acide carbonique et ayant ainsi acquis la propriété de dissoudre le calcaire, 1l se fait que l’infiltration des eaux de pluie dans les fissures élargit celles-ci par corrosion. Il se produit ainsi, dans la masse du calcaire, au hasard des fentes ou diaclases, un réseau extrêmement irrégulier de canaux de toutes dimensions, dans lequel circulent les eaux qui s’engouffrent à la surface en des points spécialement élargis par corrosion, souvent situés au fond de dépressions et qui ont reçu des noms très divers selon les régions où on les observe. Les noms les plus connus sont ceux de bétoire, aiguigeois, agolinas, abîime, etc. Si, dans la masse calcaire fissurée, il existe un ou plusieurs points bas où aboutissent des fentes ouvertes, l’eau qui circule dans les canaux s'y dirige et s'écoule à l'extérieur sous forme de sources, parfois très volumineuses, dites vauclusiennes. Dans le cas d'écoulement à l’extérieur des eaux d'infiltration, la cir- culation devient très active dans les canaux souterrains, et ceux-ci, grâce à la puissance corrosive de l’acide carbonique, tendent à s’agran- dir de plus en plus. Très probablement, après le soulèvement post-houiller ou hercy- nien, alors qu'une longue chaîne de montagnes, pouvant atteindre 5,000 mètres de hauteur, traversait tout notre pays, le phénomène de la formation des canaux de circulation et des sorties de sources vauclu- siennes à facies de cavernes a dû se produire énergiquement; mais peu à peu le nivellement des cimes et l’ablation continentale ont réduit l'intensité du phénomène, et les grandes masses calcaires à cavernes se sont elles-mêmes écroulées et détruites, de manière que, vers le milieu de l’époque secondaire, il n’en devait guère rester de traces. Une première époque des cavernes a donc parfaitement pu exister, en Belgique, depuis la fin du Houiller jusque vers le Wealdiea; mais, après le Wealdien, l’ablation de la chaîne montagneuse étant opérée, le sol de notre pays ne pouvait guère constituer qu’une vaste plaine, sans reliefs sensibles, parcourue par de larges cours d’eau sans pro- fondeur, n'ayant jamais creusé de vallées encaissées. Aucun phénomène tectonique important ne s’étant plus produit dans cette plaine, de nouveaux reliefs ne se sont pas formés, de sorte que les grands massifs calcaires fissurés, à surface arasée, n’ont plus guère présenté de points bas; aussi la corrosion continue des diaclases n’a pu s'opérer à grande échelle. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 249 Il s'ensuit que, pendant la seconde moitié du Crétacé et pendant à peu près tout le Tertiaire, le phénomène de la formation des cavernes n’a pu s'effectuer sensiblement. Il est admissible que, pendant la première époque des cavernes, des animaux, probablement des reptiles, les ont occupées; mais il ne peut, dans tous les cas, être question ni de l'Homme, ni d’un précurseur, de sorte que cette première époque, qui n’a, sans doute, pas laissé de trace, n’a aucun rapport avec celle des cavernes actuellement existantes. Toutes les galeries souterraines que nous pouvons observer de nos jours appartiennent donc à la deuxième époque des cavernes, qui n’a pu prendre naissance que vers la fin des temps tertiaires. En effet, pour que les canaux souterrains se creusent et s’élargissent en galeries et en salles, 1l faut que la circulation soit très active, et, pour qu'il en soit ainsi, il faut des pluies abondantes et l’existence de points bas d’où puissent jaillir les sources vauclusiennes. Mais nous avons vu que, depuis le Wealdien, notre pays ne formait guère qu'une vaste plaine sans reliefs importants et, par conséquent, sans points bas; or, comme aucun phénomène tectonique capable de créer des points bas ne s’est effectué depuis lors, 1l a fallu, pour créer le réseau de cavernes existantes, qu'il se soit produit un autre phéno- mène, d'ordre non strictement tectonique, capable de créer de nom- breux points bas, et ce phénomène, c’est le creusement des vallées. Pour ce qui concerne la Belgique, ce creusement n a pu commencer à se produire qu'après le Pliocène inférieur ou Diestien, attendu que cette époque concorde avec une large invasion marine qui à détruit, ou fait disparaître, les ébauches de vallées que les cours d’eau du Miocène supérieur avaient pu dessiner. Entre la fin du Pliocène inférieur et la fin du Quaternaire supérieur, il n’y à plus eu d’importante invasion marine, de sorte que les cours d’eau sauvages qui suivaient le retrait, vers le Nord, de la mer dies- üenne, ont pu continuer à se creuser et à s’approfondir en proportion directe des phénomènes géologiques qui provoquaient ce profond creu- sement. L'étude spéciale des vallées de la Belgique, que j'ai faite, m’a permis de montrer que, à la fin du Pliocène moyen, le niveau des eaux dans les vallées en creusement devait s'établir à un peu moins de 100 mètres au-dessus du niveau actuel des mêmes cours d’eau, l’éro- sion s'étant produite, en profondeur, sur environ 50 mètres, mais en largeur, sur une grande étendue, qui est celle occupée par la haute terrasse de 100 à 150 mètres. 4909. MÉM. 17 290 A. RUTOT. — COUP: D'OEIL SYNTHÉTIQUE Pendant le Pliocène supérieur, l'érosion en profondeur à été très active, car elle a permis l’abaissement du niveau des eaux de 100 mètres au-dessus de l’étiage actuel à 50 mètres au-dessus du même étiage, soit près de 70 mètres du creusement maximum. L'érosion, tout d’abord, a été rapide entre 100 et 65 mètres au- dessus de l'étage, et c’est à cette époque que se sont formées les pentes raides qui relient la movenne terrasse (de 30 à 65 mètres) à la haute terrasse de 100 mètres. Dès 65 mètres au-dessus de l’étiage, l'érosion a été moins rapide, et c’est alors que la vaste plaine inclinée, qui constitue actuellement la moyenne terrasse, s’est formée. Le creusement en pente douce des 50 mètres de haute terrasse n’a guère pu occasionner que la formation de nombreux ruissellements sortant du réseau serré des fissures superficielles ; aussi l’ouverture de larges canaux de circulation a-t-elle dû être à peu près nulle, d'autant plus que des crues importantes ont eu lieu, qui maintinrent à certains moments, et notamment lors de la fonte des glaces du Glaciaire guen- zZien, de hautes eaux dans les vallées. Le creusement rapide et en profondeur qui caractérise le Pliocène supérieur à été beaucoup plus favorable à l’ouverture, dans les points bas, de canaux servant d’exutoire à des sources vauclusiennes; aussi, c'est de ce moment que date une première période d'activité dans l'élargissement des diaclases, préparant l’ébauche d’un réseau élevé de circulation dans les masses calcaires. Il est peu probable que, à cette époque, il ait pu exister, le long des versants rapides, des ouvertures de cavernes suffisamment grandes et asséchées pour tenter nos primitifs ancêtres; ainsi s'explique l’absence de cavernes occupées à des niveaux supérieurs à celui de la moyenne terrasse des vallées. L'ère quaternaire s'ouvre avec l’avancement des glaces du Mindelien dans la région soumise à la glaciation. Cette avancée des glaces concorde avec un minimum d'amplitude des cours d’eau, et c’est ce moment que choisissent les Reutéliens pour s'installer sur le fond caillouteux d'alors, actuellement la moyenne terrasse ; mais C’est aussi le moment où la vitesse des eaux est maxi- mum, de sorte que, pendant les premiers temps du Quaternaire infé- rieur, une érosion rapide à lieu dans les dépressions du fond où les eaux circulent, et ainsi se façonne la pente rapide qui réunit la basse terrasse de nos vallées à la movenne terrasse. Mais le creusement s'arrête provisoirement au niveau de l’étiage pce ns 5 re RP SR one SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 201 actuel, et le fond, constitué de nos jours par la basse terrasse, est occupé par les tribus maffliennes. Cet approfondissement des vallées, d'environ 50 mètres, a donc porté à 100 mètres l'amplitude du creusement; aussi les conditions les plus exceptionnellement favorables à la mise en marche du processus de la formation des cavernes se produisent. Depuis longtemps, les réseaux élevés ont cessé de fonctionner et se sont asséchés, mais ces réseaux, serrés, n’admettent pas de larges cavités formant cavernes, et leur présence n’incite pas les populations éolithiques à y chercher un refuge, du reste trop élevé au-dessus de l’eau cireulant à l'air libre au fond de la vallée (1). Mais plus on descend dans la masse calcaire, plus le nombre des fissures diminue. En effet, celles-ci s’espacent de plus en plus et celles existantes, devant servir à {la circulation d’un volume d’eau donné, s’élargissent. En réalité, ce n’est que sous le niveau de la moyenne terrasse, c’est-à-dire sous 30 mètres au-dessus du fond actuel, que s'ouvrent les canaux assez larges pouvant, par le desséchement dû à la mise en action des sources vauclusiennes au plus bas niveau, devenir véritable- ment des cavernes. Ce n’est pas là, en effet, une simple déduction théorique; c’est une constatation facile à faire en examinant le relevé de la hauteur des ouvertures des cavernes de Belgique au-dessus du niveau actuel des cours d’eau coulant dans les vallées; la plupart de ces entrées sont comprises entre 10 et 25 mètres, et les plus nombreuses sont situées entre 10 et 20 mètres au-dessus du fond des vallées. C'est donc seulement à parur du moment où le creusement des vallées a atteint l'altitude correspondant au niveau actuel des cours d’eau que, d’une part, le processus d’élargissement rapide des canaux a véritablement pris toute son extension et, d'autre part, les canaux larges coupés par le creusement, situés entre 10 et 25 mètres au-dessus du fond, ont commencé à ne plus fonctionner comme exutoires de manière permanente et, par conséquent, à s'assécher, de manière à pouvoir, éventuellement, donner abri à des animaux cavernicoles, tels que les Ours, ou servir de repaires à des carnassiers tels que les Hyènes. (4) On sait, de plus, que la présence, sur place, de la matière première, c’est-à-dire un tapis de fragments naturels de silex, était indispensable pour attirer les populations éolithiques ; or, comme les régions calcaires à cavernes de la Belgique sont générale- ment sans silex, il v a là une autre cause directe de la non-occupation des cavernes aux temps éolithiques. 2592 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE pi Malgré sa possibilité, l'occupation des cavernes à orifice élevé, par des animaux contemporains de la fin du Quaternaire inférieur, ne semble pas s'être produite, au moins en Belgique. La Géologie nous apprend, du reste, que pendant l’occupation de la basse terrasse par les Mafïliens (1), l'extension maximum de la glacia- tion mindélienne a pris fin et a été suivie d’une énorme crue de 65 mètres de hauteur, qu! a envahi nos vallées jusqu’à couvrir entière- ment la moyenne terrasse, par suite de la fusion et du recul des glaces. Nous appelons cette invasion d’eau douce : la crue moséenne. On sait qu'elle à causé l'énorme dépôt, tant sur la basse que sur la moyenne terrasse, — et sur la pente qui les réunit, — des sables et de la glaise moséens. Or, cette crue considérable à naturellement pénétré dans les canaux souterrains et dans les cavernes ouvertes sur les versants rocheux des vallées, et a totalement empêché leur occupation. Pendant le recreusement des vallées au travers de l'accumulation des dépôts moséens, tous les canaux élevés ont repris successivement leur fonctionnement comme exutoires, et ce n’est qu'à l'extrême fin du Quaternaire inférieur, lorsque les Mesviniens vinrent habiter le fond des vallées et s'établir à la surface de la glaise moséenne, que les cavernes élevées recommencèrent à présenter des conditions moins défavorables au point de vue du refuge qu’elles pouvaient offrir. C'est seulement alors que s’opéra le creusement maximum de nos vallées, qui, pour certaines d’entre elles, — la Lys, l’Escaut et la Senne, notamment, — put atteindre de 20 à 30 mètres au-dessous du niveau actuel des eaux. Mais l’interglaciaire Mindel-Riss touchait à sa fin, et les glaces du Rissien commencèrent à avancer peu à peu. Le Prof' Penck ne paraît pas avoir remarqué, dans la progression des glaces, des oscillations susceptibles d’être indiquées par des varia- tions des moraines du Rissien, mais il n’est pas douteux, pour nous, qu’il y a eu de ces oscillations, car, en Belgique et en France notam- ment, l’existence de régressions limitées, avec fontes partielles, est nettement indiquée par des crues sensibles dans les vallées. (t) Grâce à la découverte de la mâchoire de Mauer par le Dr Schoetensack, on sait à présent que les Maffliens, dont l’industrie est nettement éolithique, étaient de type crânien primitif, à mâchoire plus fuyante encore que celle de la race de Neanderthal, et, très vraisemblablement, constituaient un des ancêtres directs de cette race, peu distincte certainement des stades morphologiques ancestraux. E——— = etes Da ti SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 250 En effet, après une assez longue occupation de la basse terrasse par les Mesviniens et alors que les vallées s'étaient creusées au maximum, plaçant parfois ce que nous dénommons la basse terrasse à 50 mètres au-dessus du véritable fond, les eaux, ayant largement sédimenté dans leur lit qu’elles comblèrent de cailloux roulés et de sable, élevèrent encore leur niveau jusqu'à celui qu'elles occupent actuellement. C’est alors qu’eut lieu la première oscillation sensible des glaces du Rissien, c’est-à-dire un recul momentané avec fusion, qui eut pour conséquence une crue dans nos vallées, pouvant atteindre — comme on peut le constater dans la vallée de la Trouille, entre Mesvin et Spiennes — une hauteur d'au moins 15 mètres. Il en résulta le recouvrement complet de la basse terrasse et l’exode des populations mesviniennes qui l’occupaient. Mais cette crue, sans être très considérable, eut à son tour une réper- éussion sur le réseau de cireulation souterraine des eaux en terrain calcaire. Les sources vauclusiennes des points bas furent submergées, et les galeries élevées, déjà en grande partie asséchées, furent de nouveau mises en fonctionnement comme exutoires et rendues, par le fait, absolument impropres à toute occupation animale ou humaine. Cette même crue recouvrit, à son tour, la basse terrasse, d’un dépôt sableux constituant la première strate du Campinien des géologues belges ou assise inférieure du Quaternaire moyen. Mais la crue se calma et, sur le sable déposé sur les rives, s’instal- lèrent les premières populations paléolithiques utilisant la « taille intentionnelle » — encore rudimentaire — du silex, c’est-à-dire les Strépyiens. Plus tard, l’oscillation glaciaire se répéta, et, de nouveau, les eaux envahirent la basse terrasse des vallées, recouvrant celle-ci de sédi- ments sableux analogues aux précédents. La crue ayant cessé et les eaux étant rentrées dans leur lit, les Chelléens vinrent occuper les rives. Pendant la crue, les sources vauclusiennes de bas niveau cessèrent encore de fonctionner et ce furent les anciens exutoires, plus élevés, qui rentrèrent en service, rendant ces souterrains de nouveau inhabi- tables. À l’époque chelléenne, nous approchons du maximum de la glacia- tion rissienne, et à ce moment une troisième oscillation s’est produite. Les eaux de fonte provenant de cette oscillation ont encore occa- sionné une crue, laquelle, comme les précédentes, a envahi la basse terrasse seulement. 24 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE Au lieu de déposer des sables, cette crue a, cette fois, recouvert les rives d’un sable argileux ou glaise. Lorsque les eaux se retirèrent dans leur lit, cette glaise s’assécha et une végétation herbacée la couvrit, en même temps que des tribus de l’Acheuléen 1 s’y établissaient. Par suite de cette crue, des perturbations se produisirent encore dans le régime circulatoire des calcaires, les orifices supérieurs reprirent plus ou moins leurs fonctions d’exutoires, et ainsi les cavernes continuèrent à demeurer inhabitables. On se rappellera qu'avec l'occupation acheuléenne concorde l’apogée de la glaciation rissienne et que les quelques familles qui s’établirent en Belgique ne purent persister dans leur occupation à cause de l’âpreté du climat, du rabougrissement de la végétation et du départ de la faune. J'ai dit à maintes reprises que le désarroi qui s’empara des familles acheuléennes est nettement marqué par la dispersion des stations et l’abandon d'instruments isolés en diverses régions du pays. Jusqu'à ce moment les tribus tant éolithiques que paléolithiques n'avaient jamais quitté les vallées où abonde Île silex, pour errer à l'aventure dans des parties du pays qui en sont dépourvues (1). Peut-être, pendant l'occupation acheuléenne inférieure, les cavernes situées à plus de 10 mètres au-dessus du niveau des eaux dans les vallées étaient-elles prêtes à servir d'habitation ou d’abri; peut-être aussi quelque famille acheuléenne a-t-elle pu y chercher momentané- ment un refuge ; mais les populations du Paléolithique inférieur étaient trop attachées aux coutumes primitives qui confinaient leur habitat sur les rives des vallées largement ouvertes, pourvues de silex en abon- dance, pour que l’idée leur vint de s’aventurer trop loin dans des régions inconnues. D'autre part, la retraite du gibier, causée par le climat glaciaire, leur rendait la vie intenable; aussi émigrèrent-elles vers le Midi, après quelques hésitations compréhensibles. (1) Malgré tout l'attrait que pouvaient avoir, pendant le commencement du Quater- naire moyen, les splendides vallées de la Meuse, de l’Escaut, de la Lys, de la Senne, de la Dyle, etc., aucune véritable station strépyienne ni chelléenne n’a été découverte dans leurs alluvions. On n’y a rencontré que de très rares instruments acheuléens épars, signes du désarroi de ces populations lorsque le climat glaciaire de l’apogée du Rissien les a forcées à fuir nos régions et à chercher des conditions vitales plus favo- rables. L'absence de matière première : le silex, est la seule cause de l’absence totale d'occupation de nos admirables vallées, alors que la présence du silex en abondance explique l'occupation si active des insignifiantes petites vallées de la Haine et de la Trouille. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 299 Bien leur en prit, du reste, car un changement de climat survenant, les glaces du Rissien cessèrent leur progression et aussitôt elles se mirent à fondre. On sait que c’est cette fusion rapide qui amena, dans toutes les vallées de l'Europe centrale, des afflux d’eaux extraordinaires. Les vallées qui débouchaient directement dans l'Océan, comme la Dordogne et la Loire, en furent quittes pour une crue d’une certaine ampleur; mais celles qui, comme l’Escaut, la Meuse, le Rhin, la Tamise, se réunissaient pour conduire leurs eaux vers l’Oeéan arctique, se trouvant complètement barrées par le front de la calotte de glace septentrionale, furent envahies par une crue formidable qui, en Belgique, s’éleva jusque 150 mètres de hauteur (). Pour pouvoir subsister, les quelques familles acheuléennes établies en Belgique émigrèrent vers la France centrale, reculant toujours devant la crue qui s’étendait menaçante; c’est ainsi qu’elles atteignirent enfin la crête de partage entre les bassins de la Seine et de la Loire, où elles se trouvèrent en sécurité et où elles prirent contact avec les populations de même industrie occupant la France centrale. Il va sans dire que pendant l’énorme crue que j'appelle crue hesbayenne, car c'est alors que le limon gris, argileux, hesbayen se déposa, la circulation des eaux dans les masses calcaires fut soumise à une profonde perturbation, ou plutôt fut arrêtée, attendu que tous les canaux de décharge, tant sources vauclusiennes que cavernes plus ou moins asséchées, se trouvèrent envahis par les eaux de la crue. C’est pendant l'immersion maximum du Bassin de Paris par les eaux douces, que les peuplades acheuléennes, immobilisées dans la France centrale, perfectionnèrent encore la technique de leur magni- tique industrie, et elles passèrent ainsi du type acheuléen inférieur ou acheuléen I au type supérieur ou acheuléen Il, qui représente l’apogée de la taille du silex pendant le Paléolithique. On sait que, à un moment donné, la crue hesbayenne parut cesser, car les eaux se retirèrent et le pays inondé s’assécha (?). (4) A. RUTOT. Essai de comparaison entre la série glaciaire du Prof A. Penck et les divisions du Tertiaire supérieur et du Quaternaire de la Belgique et du Nord de la France (Buzz. Soc. BELGE DE GÉOL.. t. XX, 1906, Mém.); et aussi : A. RuToT, Les deux grandes provinces quaternaires de la France (BULL. SOC. PRÉHISTORIQUE DE FRANCE, 1908). (?) Cet arrêt momentané de la grande crue hesbayenne, avec retrait des eaux, doit encore vraisemblablement concorder avec une oscillation du front des glaciers rissiens en recul. 256 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE Aussitôt les familles à industrie Acheuléen IT se mirent en mouve- ment vers le Nord et le Nord-Est, et nous les voyons, en de nombreux points du Bassin de Paris, établir des stations Partout où existent des gisements de silex, c’est-à-dire à Paris (Villejuif), au Havre, à Rouen, à Beauvais, à Abbeville, à Amiens, en plus de quinze localités de la Somme et de l’Aisne, où de magnifiques matériaux ont été recueillis grâce à l’ouverture d'exploitations de craie phosphatée, nous trouvons des emplacements à ciel ouvert, avec ateliers de taille, occupés par les Acheuléens If, et une enquête poussée jusqu'en Angleterre m'a permis de constater que les mêmes tribus avaient pénétré dans le bassin de la Tamise, à Farnham par exemple. Cependant, malgré quelques indices, Je m'étais toujours refusé à croire que les Acheuléens IF avaient pu pénétrer en Belgique, vu que vraisemblablement ils n’en avaient pas eu le temps. Or, les découvertes de MM. Fraipont et Tihon dans la vallée de la Méhaigne, actuellement précisées, démontrent péremptoirement que les Acheuléens IL ont non seulement pénétré dans notre pays, mais qu’ils ont pu atteindre la Meuse près de Huy et, de toutes façons, qu'ils ont occupé le plateau entre Huccorgne et Moha, non loin du confluent de la Méhaigne et de la Meuse, et qu’ils ont cherché un refuge dans une caverne, dite « Grotte de la carrière de l’'Hermitage ». Cette constatation, due à nos deux compatriotes, est des plus impor- tantes, car elle nous met en présence de la plus ancienne occupation humaine de caverne connue (1). Étant donnée la constatation du fait, l'occupation de nos cavernes était-elle réellement possible ? Oui, car la cessation momentanée de la crue hesbayenne avait permis au régime des eaux de reprendre son cours normal dans les vallées. Les fleuves et les rivières n’avaient eu aucune peine à recreuser leur (2) Note ajoutée pendant l'impression. — Cette conclusion, qui paraissait exacte il y à quelques mois, ne paraît plus l’être actuellement. En effet, de plusieurs côtés m'arrive l’annonce de la découverte, dans des abris sous roche de la Dordogne, de niveaux inférieurs, non fouillés jusqu’iei, et qui sembleraient renfermer des industries paléolithiques pouvant aller jusque l’Acheuléen inférieur. En réalité, cela n’a absolu- ment rien d’impossible, attendu que les abris sous roche de la vallée de la Vezère et de ses affluents ont été formés par l'érosion mécanique directe des eaux de la rivière et n’ont rien de commun avec la formation lente et chimique des cavernes. Un abri sous roche érodé se trouve asséché dès que le niveau du cours d’eau a suffisamment baissé. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 291 lit au travers de la masse de limon déposée et, au moins, quelques cavernes à orifice assez élevé avaient pu s’assécher. Ainsi que nous l’avons déjà dit ci-dessus, la démonstration de la pénétration des Acheuléens [IT jusque près de la vallée de la Meuse entraîne la reconnaissance de leur passage dans le Hainaut et notam- ment près de Pinche et autour de Mons (Mesvin, Spiennes, Bau- dour, etc.), où des découvertes d'instruments à belle patine blanche et à facies de l’Acheuléen IT avaient été faites. L’occupation des cavernes, en Belgique, a donc pu commencer avec la fin du Paléolithique inférieur, avec l’Acheuléen 11, alors que jusqu'à présent, en l'absence de preuves, nous n'admettions cette occupation que comme concordant avec l’Aurignacien inférieur. Mais la stratigraphie nous apprend qu'en réalité, la grande erue hesbayenne n’était qu'interrompue, et, alors que les Acheuléens I vivaient confiants en Belgique, dans le Bassin de la Tamise et dans celui de Paris, il se fit un retour offensif des eaux qui récupérèrent tout le territoire qu’elles avaient précédemment perdu. Ce fait, tout étonnant qu'il soit, peut-il s'expliquer ? Nous le croyons, mais l'explication de la cessation de la crue, suivie de sa reprise, ne peut être fournie que par une oscillation de la calotte de glace septentrionale pendant son retrait. En elfet, Le front du glacier rissien reculant vers le Nord par suite de sa fusion continue, il arriva un moment où l’embouchure de l'énorme fleuve formé par la réunion üe l’Escaut, de la Meuse, de la Tamise, du Rhin, de l’Elbe, etc., et se jetant dans l'Océan arctique, le long de la côte scandinave, se débloqua. Aussitôt l'énorme volume d’eau douce amassé sur le continent et retenu vers le Nord par la barrière de glace trouva son exutoire et il se précipila vers la mer libre. L'immense lac hesbayen se vida done avec rapidité, et c'est cette retraite des eaux qui trompa les Acheuléens IF et les incita à se répandre sur le territoire récupéré. Malheureusement pour eux, des conditions favorables à une reprise momentanée de la glaciation se produisirent, le barrage se reforma et le vaste lac hesbayen se reconstitua avec une rapidité égale à celle de l’assèchement. La reprise de la fusion des glaces par retrait s’accentua, et ilest, dès lors, hautement probable que la plupart des familles acheuléennes qui occupaient le Sud-Est de l’Angleterre, la Belgique et le Nord de la France périrent victimes du désastre. Ainsi furent tristement frappées les plus intéressantes populations 258 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE de l’apogée de l’Acheuléen, celles qui avaient poussé le plus loin la technique industrielle et qui commençaient à montrer un goût prononcé pour la beauté, la régularité et la symétrie des formes, et la perfection de la taille de leurs instruments. Telle est aussi la portée des trouvailles faites dans la vallée de la Méhaigne par MM. Fraipont et Tihon. La géologie nous apprend que les eaux de la deuxième crue hesbayenne déposèrent jusque de hautes altitudes, au-dessus du limon gris, argileux, à points noirs ligniteux de la première extension hesbayenne, un limon rougeâtre spécial, désigné par M. Ladrière sous le nom de limon fendillé, à cause de la faculté qu’il a de se diviser en une quantité de fines plaquettes parallèles lorsqu'on le prend à la bêche. C’est donc ce limon fendillé qui recouvre partout la belle industrie de l’Acheuléen IT, puis, les conditions climatériques ayant mis fin à l’'oscillation glaciaire, les eaux du tac hesbayen, n'étant plus retenues par la barrière des glaces septentrionales, s’écoulèrent définitivement vers l'Océan arctique. Il ne semble pas, cette fois, que les eaux se retirèrent com plèlé- ment, ou tout au moins que la surface du sol s’assécha aussi rapi- dement que lors de la fin de la première crue hesbayenne, car, au-dessus du limon fendillé, il s’étendit, pendant un certain temps, de vastes dépressions marécageuses dans lesquelles se déposa, à son tour, un limon gris, très chargé de matières tourbeuses et même parfois de tourbe, et que M. Ladrière a appelé « limon gris cendré à Suecinées (1). » Le désastre qui avait frappé les malheureuses familles acheuléennes établies dans le Nord semble avoir eu une répercussion intense parmi les tribus établies au Sud de la Loire; peut-être une crue anormale des fleuves de la France centrale et méridionale, concordant avec nos grandes crues hesbavennes, effraya-t-elle les Acheuléens de cette région en amenant dans leur esprit un certain découragement ; peut-être même y eut-il des victimes plus ou moins nombreuses. Toujours est-il que nous voyons s’introduire, à partir de ce moment, dans l’industrie des Paléolithiques, une régression profonde. (t) La surface du limon fendillé, bientôt couverte de végétation, présente parfois elle-même une teinte foncée, indice certain d’un ancien sol. Dans la Flandre occiden- tale, le sommet du Hesbayen est souvent surmonté de tourbe dont il ne reste que des traces, à cause de la dénudation effectuée par l'invasion des eaux de la mer flan- drienne. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 259 Cette régression commence à s'affirmer à La Micoque, station actuel- lement bien connue et située dans la vallée de la Vezère. Les rares instruments en os signalés par M. Hauser dans ses fouilles de l'abri sous roche effondré de La Micoque ne me paraissant pas suffisamment caractérisés, je persiste à croire, avec la majorité des préhistoriens, que cet intéressant gisement, avec ses relativement nombreux instruments amygdaloïdes de style acheuléen, en décadence assez marquée comme technique et comme volume, constitue la transi- tion naturelle entre le bel Acheuléen IT et le triste Moustérien. Il est, du reste, aisé de reconnaitre que, d’une manière générale, l’industrie de La Micoque indique une tendance auretour vers l’industrie de type éolithique par l'emploi plus intense des outils primitifs : percuteurs, couteaux, racloirs, grattoirs et perçoirs, qui étaient plus ou moins tombés en désuétude pendant le Paléolithique inférieur. Leur utilité, en des temps difficiles, apparaissait sans doute plus nécessaire qu'aux temps où la fabrication des armes offensives était plus active, et le développement de l’outillage s’ensuivit. Il semble, de plus, certain, à la suite des fouilles de M. Hauser, que l'hypothèse de M. Cartailhac, d’après laquelle La Micoque formait un abri sous roche, s’est vérifiée. La station se présente, en effet, maintenant, comme un de ces abris, depuis effondré, et, jusque dans ces derniers temps, l'occupation de cet abri paraissait constituer, pour la France, le fait le plus ancien de ce genre. Nous avons dit ci-dessus que de récentes découvertes tendent à reculer encore, en France, l’époque de la première occupation des abris et des cavernes. Chronologiquement, La Micoque semble done devoir s’introduire entre l’Acheuléen IT et le Moustérien et, stratigraphiquement, cette station se placerait théoriquement vers la fin de la deuxième crue hesbajenne, par exemple à la limite du limon fendillé et du limon tour- beux à Succinées de M. Ladrière, peut-être même dans ce dernier limon. Un point qu’il me semble aussi important de constater, c’est l'extrême raréfaction des populations à cette époque. Alors que nous voyons encore l'Acheuléen IT réparti en d'assez nom- breuses stations de la France, nous remarquons que celles du type de La Micoque sont très rares et à peu près confinées dans la France cen- trale ; cela indique, à mon avis, une réduction très notable, pour ne pas dire plus, du nombre des tribus paléolithiques vers la fin du Hes- baven et la preuve de leur dissémination. 260 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE Il pourrait se contirmer ainsi que la seconde crue hesbayenne ait été fatale aux populations de l'Europe centrale. C’est maintenant que va s'ouvrir l’époque moustérienne. Des dernières fouilles faites au Moustier, surtout dans les abris de ia moyenne terrasse (1), 1l résulte que le Moustérien peut se diviser en trois assises que l’on peut dénommer : inférieure, moyenne et supérieure. Le Moustérien typique proprement dit correspond à l’assise moyenne ; l’inférieure est caractérisée par une abondance relative de coups-de-poing de type acheuléen parfois encore assez pur; la supérieure marque la décadence à peu près complète du coup-de-poing et le commencement de sa disparition, concordant avec l'apparition de formes aurignaciennes, le tout sans trace d’os utilisés à quelque usage que ce soit. L'industrie moustérienne est incontestablement en régression sur celle de La Micoque; le coup-de-poing y est plus rare et tout l’outillage se borne presque exclusivement aux diverses variétés des racloirs. On y trouve quelques lames assez grossières ayant servi de couteaux, puis les racloirs deviennent légion et constituent certainement les neuf dixièmes de l'outillage. Contrairement à ce que disent les traités classiques et beaucoup d’autres travaux, les racloirs du Moustérien type du Moustier ne pré- sentent aucune forme caractéristique n1 or'ginale. D'abord, ils affectent les formes les plus variées, et ce que les traités figurent — en se copiant les uns les autres — comme racloir moustérien classique est non seulement une forme assez rare ici, mais encore absolu- ment banale, que l’on rencontre à toutes les époques, tant avant le Moustérien qu après, et principalement dans le Néolithique. Quant à la fameuse « pointe moustérienne » que les traités nous donnent comme le remplaçant allégé du « coup-de-poing », J'ai démontré, par l’observation et par l’expérience, que ce n’est qu'un racloir double à deux arêtes convergentes, successivement utilisées et relouchées, sans aucune relation avec l'instrument amygdaloide. Il suflit, en effet, d’étaler une série nombreuse de soi-disant « pointes (1) Il est à remarquer qu'ici les mots « movenne terrasse » n'ont nullement le sens que nous leur attribuons lorsqu'il est question des grandes terrasses formées lors du creusement des vallées. La falaise du Moustier est divisée naturellement en trois étages d’abris creusés par érosion et ayant servi d'occupation, à la même époque, aux populations moustér'ennes. Ce sont les _deux rangées inférieures d’abris qui ont été les plus occupées. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 261 moustériennes » pour voir à l’évidence qu’elles dérivent d’un simple éclat de débitage de forme subtriangulaire, à base portant le bulbe de percussion, à pointe naturelle opposée et présentant deux arêtes latérales tranchantes. Parmi ces éclats, on en rencontre où l’une des arêtes à simplement été utilisée pour le raclage, sans retouche ultérieure; d’autres où les deux arêtes ont été utilisées; d’autres où, les deux arêtes ayant été utilisées, une seule a reçu la retouche d’avivage. Enfin, on en distingue qui ont eu les deux arêtes utilisées et retou- chées, et alors ces racloiïrs doubles constituent la « vraie » pointe moustérienue. On trouve donc, en étudiant attentivement une bonne série de maté- riaux bruts n'ayant subi au préalable aucun « savant » triage, tous les stades imaginables de la transformation de l'éclat simple à la pointe dite moustérienne, et tous ces stades appartiennent au type racloir. Puisque, ainsi considérée, la « pointe moustérienne » devient un racloir double ayant subi sur chaque arête plusieurs retouches d’avivage successives, il s'ensuit que, beaucoup de ces outils ayant été abandonnés avant de parvenir au stade final, la pointe moustérienne « classique » doit être un objet assez rare, et c’est ce que montre effectivement l'étude des matériaux bruts. Sur cent pièces tirées de quelque niveau que ce soit du Moustier, on trouve à peine une bonne pointe moustérienne (1). Enfin, Je répéterai que non seulement la pointe moustérienne classique n’est qu’un vulgaire racloir double, mais encore que cette forme ne caractérise en rien le Moustérien; avant comme après, à peu près toutes les industries, même les éolithiques, renferment des « pointes » semblables qui, certes, n’ont rien de moustérien. Malgré l’observation directe, si facile à réaliser, on rencontre encore à chaque instant des auteurs qui, trouvant dans un gisement en position Stratigraphique nettement et purement chelléen ou acheuléen, des racloirs doubles pointus de même âge que les coups-de-poing caracté- ristiques, déclarent que ce gisement renferme, à la fois, des instruments (t) Il doit être entendu que je ne nie pas qu’un racloir double, dont les retouches successives d'avivage ont renforcé les arêtes et acéré la pointe, ait pu parfois être emmanché au bout d’un bâton pour confectionner une lance; mais c’est là une simple supposition, peut-être réalisée, mais nullement prouvée. Ce que je soutiens, c'est que les pointes dites moustériennes n’ont pas été fabriquées intentionnellement pour servir de pointe de lance ou pour remplacer le coup-de-poing; ce sont, avant tout, des racloirs doubles. 262 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE chelléens et des pointes d’äâge moustérien, d’où le vocable si précis et si scientifique de « chelléo-moustérien », dont l’apparition a toujours pour effet de me procurer une douce gaîté, en me donnant en même temps l’occasion de juger du degré de netteté et de précision des idées de celui qui l’emploie. Quoi qu'il en soit, si l’on ajoute aux couteaux et aux innombrables racloirs qui constituent l'unique fonds de l’industrie moustérienne quelques grattoirs et quelques perçoirs de facture souvent médiocre; ou en arrive à avoir épuisé l'inventaire du Moustérien. Il est vrai que beaucoup d'auteurs paraissent aussi faire grand cas des « disques » qui accompagnent l'outillage; or, ces disques ne sont que des nucléi de débitage, parfois un peu retouchés pour servir de pierres de jet, et 1ls existent, identiques, dans les industries basées sur le débitage intentionnel : mesvinienne, strépyienne, chelléenne, acheu- léenne, puis aurignacienne. En résumé, la seule définition que l’on puisse donner du Moustérien du Moustier consiste à dire que c’est une industrie de type acheuléen en décadence, caractérisée par la rareté des coups-de-poing, par l'extrême abondance des racloirs de tous modèles et par l’absence totale de l’utilisation de los. | Ces points préliminaires fixés, quelle est l'extension du Moustérien et sa position stratigraphique dans l’échelle du Quaternaire ? D'abord, disons que le Moustérien, en général, comprend deux facies : celui de la région à cavernes ou à abris sous roche et celui des régions Sans cavernes. Il semble bien établi que là où les Moustériens ont rencontré des cavernes ou des abris, ils les ont occupés, et l’on peut dire qu'avec le Moustérien commence l'occupation systématique des cavernes. Mais il n’existe pas de cavernes partout, et 1l est maintenant certain que les descendants des Acheuléens TT de la France centrale, et notam- ment du Bassin de la Loire, qui n'avaient à leur disposition ni abris ni cavernes, ont aussi rétrogradé vers le stade industriel moustérien, sans cependant atteindre au degré de décadence que nous constatons dans le Périgord. De plus, voyant le pays s’assécher vers le Nord à la suite du retrait définitif des eaux de la grande crue hesbayenne, les Moustériens ont suivi ce besoin qu’a l’humanité de se répandre sur les terres inhabitées et ils ont recommencé — sans danger cette fois — les incursions qui avaient si mal réussi aux Acheuléens IT. Ces populations à industrie qui rappelle plus sensiblement celle de leurs ancêtres immédiats que celle des autochtones des bords de la SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 263 Vezère, nous les trouvons autour de Paris (Villeiuif,, dans la vallée de la Somme (Abbeville, Amiens), dans la vallée de la Seine inférieure (Rouen, Le Havre), dans la vallée de l'Oise et de ses affluents, jusque Busigny, mais, semble-t-1l, pas plus loin n1 vers le Nord, ni vers le Nord-Est. En conséquence, elles n'auraient pas atteint la Belgique. Sur quel sol ont marché ces Moustériens dans le Bassin de Paris? Évidemment sur les derniers dépôts de la crue hesbayenne, c’est- à-dire soit sur le limon fendillé, soit sur le limon tourbeux à Succinées, lorsque la superposition existe (1). C’est ce que nous constatons effectivement, car le facies alluvial du Moustérien se rencontre toujours, lorsque les superpositions sont normales, au sommet du dernier dépôt de la crue hesbavenne et à la base de l’Ergeron. Après avoir exposé l’état de nos connaissances sur l’industrie mousté- rienne et sur sa position stratigraphique, il nous parait utile de jeter un coup d'œil en arrière, afin de nous rendre compte de ce que nous savons sur l'Homme (?) et sur la faune du Paléolithique inférieur. Pour ce qui concerne l'Homme, nous nous trouvons simplement devant une énorme lacune de nos connaissances. Jusque dans ces derniers temps, il en était exactement de même pour l'Éolithique, mais heureusement un premier jalon vient d’être posé, pour ce qui concerne la période primitive, par la découverte de la mâchoire de Mauer (Homo Heidelbergensis Schoetensack). En effet, j'ai pu prévoir, par la position stratigraphique de ce précieux fossile, à la base des dépôts quaternaires de la basse terrasse de la vallée de l’Elsenz (5), que cet être à mâchoire de type bestial était d’àâge correspondant à l'utilisation de l’industrie éolithique mafflienne. Or, les faits viennent de se charger de confirmer mes prévisions. M. le D' Schoetensack, ayant continué ses recherches dans la vallée du Rhin, est parvenu à rencontrer un point où le Muschelkalk renferme des bancs de phtanite semblables à ceux dont on trouve des fragments (1) Je suis d’avis que ce limon tourbeux, trace d’un ancien sol végétal, a été beaucoup plus étendu qu'il ne le parait actuellement, car e’est lui qui a subi le plus directement les effets de l’érosion très sensible des eaux de la crue qui, plus tard, a déposé le limon supérieur dit « Érgeron ». (2) 11 n’est, bien entendu, question ici que de l'Homme lui-même, c’est-à-dire de ses restes squelettiques et nullement de ses restes industriels qui sont, au contraire, déjà parfaitement connus. (5) A. Rutor, Note sur l’âge de la mâchoire humaine de Mauer, suivie d'un Essai sur les origines de l'humanité. (Bui1,. Soc. BELGE DE GÉOL., t. XXII, 1908, Mém.) 264 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE plus ou moins roulés à Mauer; et sur un petit amas de fragments naturels de ces phtanites, il a recueilli des éclats à bords utilisés, entièrement semblables à ceux que j'ai découverts en Belgique au niveau mafllien. On peut donc conclure, dès maintenant, que l'Homme éolithique malilien appartenait à une forme primitive qui a donné naissance, par évolution, au type de Neanderthal ou Homo primigenius, dans lequel semblent aussi rentrer les trois crânes australiens du D" Klaatsch, accompagnant une industrie assurément très rudimentaire. Ce type a pour principaux caractères la dolichocéphalie avec prognathisme très sensible de la face, vivement accentué par l’absence de front et de menton, et par le développement des arcades sourcilières. Passé ce premier repère, tout redevient obsecurité complète, car, jusqu’à présent, nousne connaissons aucun reste authentique de l'Homme mesvinien, strépyien, chelléen, n1 acheuléen (!). C’est, heureusement, avec le Moustérien que reparaît la lumière et c’est la station type du Moustier qui a fourni, en 1908, les premiers documents. M. O. Hauser a en eflet trouvé, dans la célèbre station, au sein de l’amas de remplissage de l'abri inférieur, très peu élevé au-dessus des eaux actuelles de la Vezère, un squelette humain qui a déjà fait l’objet de nombreuses descriptions et dont 1l existe un excellent moulage exécuté sous la direction du D' Klaatsch. Le crâne de ce squelette indique un jeune homme de moins de 20 ans et 1l présente tous les caractères de la race de Neanderthal. (1) Cette absence de documents provient principalement de ce que l'Homme de ces périodes vivait en plein air, au bord des cours d’eau. Dans ces conditions, les restes disparaissent rapidement et, dans la suite, d'autant plus sûrement que les alluvions ossifères sont situées au-dessus du niveau d’eau et traversées par les infiltrations d’eau de pluie. Dans les cavernes, ces actions dissolvantes ne se produisent guère, et c’est grâce à cette circonstance qu'elles nous ont conservé les débris qui y ont été accumulés. J’ajouterai cependant que, depuis peu, je suis tenté d'admettre que le squelette de Galley-Hill constitue le premier reste connu, datant du commencement du Paléolithique, et qu'il serait ainsi d'âge strépyien.J’ai fourni ci-dessus les raisons qui me font penser ainsi. De plus, d’après une nouvelle étude de M. M. Boule sur le crâne de Denise (Auvergne), cette pièce pourrait probablement se classer dans l’Acheuléen. Enfin, il serait également utile de faire une nouvelle enquête sur le squelette de Tilburv et sur le crâne de Bury-St-Edmunds, en Angleterre, qui mé paraissent bien avoir été trouvés dans des alluvions anciennes de vallées et pourraient être des repré- sentants sérieux des hommes du Paléolithique inférieur. La présence d’un front et d’un menton sur ces spécimens ne serait certainement pas un obstacle à leur ancien- neté. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 265 D'autre part, M. E. Rivière signale, fort tardivement, la découverte au Moustier, dans la même situation que celle des restes trouvés par M. Hauser, d’un squelette de femme dont le type ne serait pas néander- thaloïde. Malheureusement, si les restes exhumés par M. Hauser sont à l’abri de toute contestation, 1l n’en est pas de même pour ceux recueillis par M. Rivière, et, en présence des avis contradictoires émis, sans que je puisse savoir qui à tort ou raison, Je me vois forcé de m'absienir (!). L'industrie trouvée avec le squelette du Moustier recueilli par M. Hauser est, déclare ce dernier, le facies inférieur du Moustérien, caractérisé par une proporlion d'instruments amygdaloides plus grande que celle renfermée dans lassise moyenne. Il y a donc lieu de considérer le squelette du Moustier comme Moustérien inférieur; dans ce cas, le gisement serait un peu moins ancien que La Micoque qui, pour moi, clôturele Paléolithique inférieur. Je suis, en effet, d'avis que le Moustérien, lorsqu'on le rencontre, comme dans le Nord de la France, en position stratigraphique, repose sur la couche la plus récente du Quaternaire moyen et qu’il commence, par conséquent, le Paléolithique supérieur. D’après ce qui à été publié, 1l convient encore de rattacher au Moustérien le plus supérieur, là où commencent à apparaître des formes aurignaciennes (?), le squelette découvert par les abbés Bardon et Bouyssonie dans la caverne de la Chapelle-aux-Saints (Corrèze) et étudié par M. M. Boule. Le crâne de ce squelette est également de pur type néanderthaloïde, et ses caractères spéciaux montrent qu'il à appartenu à un vieillard. Il suit des faits qui viennent d’être relatés, que les deux assises, infé- rieure et supérieure, du Moustérien à facies des cavernes, ont fourni d'importants el authentiques restes humains, tous deux de race de Neanderthal. {) Note ajoutée pendant l'impression. — Au commencement d'octobre, les Jour- naux ont annoncé la découverte, faite par M. Peyrony, à la Ferrassie, vers la base du Moustérien, d’un nouveau squelette humain. D’après les renseignements que J'ai reçus de l’heureux chercheur, le squelette, au crâne écrasé, appartiendrait également au type de Neanderthal. Dans la même communication, M. Peyrony m’apprend également la découverte d’un crâne d'enfant, en mauvais état, au Pech de l’Azé, près de Sarlat, Ce crâne paraît aussi appartenir à la race de Neanderthal. (2) La tendance de beaucoup d'auteurs français est de rattacher au Moustérien les couches à industrie de transition; je suis plutôt porté à en faire de l’Aurignacien inférieur. 1909. MÉM. 18 266 A. RUTOT. — COUP D’OEIL SYNTHÉTIQUE De ces deux observations précises, beaucoup d'auteurs concluent, sans hésitation, que les populations à industrie moustérienne étaient composées d'individus du type primitif de Neanderthal. Pour ce qui me concerne, Je repousse absolument cette manière de voir, Car je considère précisément le type de Neanderthal comme une survivance, pendant le Paléolithique supérieur, des primitifs à industrie éolithique et à mentalité stagnante, c’est-à-dire de la race rencontrée en position stratigraphique à Mauer et utilisant l’industrie purement éolithique mafflienne. Les deux hommes du Moustérien français, tout en étant certainement d'âge moustérien, ne sont pas des individus à industrie moustérienne; ce sont des gens à industrie éolithique revenus en contact avec les Paléolithiques, et ceux-ci, après les désastres subis par les Acheuléens, étaient devenus autrement moins redoutables que le furent les Strépyiens et les Chelléens. | Il existe du reste, au Moustier même, la trace de la présence de populations éolithiques. En effet, lors des fouilles du lieutenant Bourlon dans les abris de la moyenne terrasse, Ce préhistorien à rencontré sIX niveaux superposés dont le supérieur appartient à l’Aurignacien moyen, mais dont les infé- rieurs sont nettement moustériens. Or, entre deux niveaux moustériens s'est montrée une singulière anomalie, mise surtout en lumière par le D' Capitan. Elle consiste dans la présence d’un mince niveau de pièces à arêles usées, comme roulées, qui, étudiées, s'imposent comme ressemblant étonnamment à des éolithes. : Il y a done eu à un moment donné, probablement fort court, oceu- pation de la terrasse moyenne du Moustier par une famille à industrie éolithique pendant une interruption de l’occupation moustérienne. L'étude des faits semble montrer qu'une crue rapide de la Vezère a menacé les Moustériens qui se sont retirés. Ceux-ci ont été remplacés par une famille éolithique, mais, la crue ayant atteint la terrasse, les Éolithiques ont dû fuir précipitamment, abandonnant leur outillage sur le sol. ‘ Les eaux de crue assez rapides et chargées de sable ont alors usé, par leur passage, les outils éolithiques sur lesquels elles coulaient, puis, la rivière ayant repris son cours normal, de nouvelles tribus mousté- riennes sont revenues occuper les terrasses el elles ont été suivies ensuite par les Aurignaciens. Sans avoir la prétention d'en imposer à qui que ce soit, je persiste SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 267 done dans mon opinion, à savoir que les individus à type deNeanderthal du Moustier et de la Chapelle-aux-Saints sont des Éolithiques contem- porains des populations à industrie moustérienne et qui représentent simplement des captures destinées soit à être mangées, soit à être traitées comme esclaves. Un contact momentané des vrais Moustériens et des Éolithiques me paraît, dans tous les cas, certain au Moustier. Vers la fin de l’époque moustérienne, il semble que nous nous trouvions en présence de deux faits : 4° La diminution sensible des populations moustériennes du Nord, installées à l'air libre, la région ayant une tendance à redevenir déserte : 2° Le développement considérable des populations moustériennes abritées du Périgord, nécessitant l’émigration. J'ai traité cette dernière question de l’émigration dans mon travail intitulé : Moustérien et Aurignacien (1); aussi ne m’étendrai-je pas ici sur ce sujet. Ce qui est certain, c'est que nous allons rencontrer désormais en Belgique et en d’autres pays (Suisse, Autriche, ete.) les types industriels du Périgord (2). En effet, dans ma note ci-dessus rappelée, j’ai montré que, vers la fin de l’époque moustérienne, le trop-plein des populations de la vallée de la Vezère à dû se décider à l’émigration, probable- ment à cause de leur trop grand développement sur un territoire trop restreint. En effet, des essaims quittent la France centrale en prenant diverses directions, et nous pouvons les suivre vers la Charente, puis vers la Belgique; vers la Suisse, puis vers la vallée du Danube; vers la Méditer- ranée, puis vers la Sicile et la Tunisie, enfin vers les Pyrénées et l'Espagne. J'ai ensuite fait remarquer que les familles émigrantes sont parties, sans esprit de retour, en utilisant l’industrie telle qu’elle était au Moustier au moment de leur départ; toutefois la vie errante, différant notablement de celle qu’elles menaient sur place, a bientôt amené quelques modifications qui sesont transformées en une évolution propre, (1) A. RuTOT, Moustérien et Auriynacien. (BULL. DE L’ACAD. ROY. DE BELGIQUE, 1908.) (2) D’après les dernières recherches de M. V. Commont, le bassin de la Somme aurait conservé, pendant la fin du Moustérien et pendant l’Aurignacien, une certaine autonomie avec évolution locale de l’industrie. (est ce que montrent nettement les facies industriels rencontrés par M. Commont dans les divers niveaux de l'Ergeron. 268 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE caractérisée par des disposilions spéciales de l’outillage, l'utilisation rudimentaire de los et l'invention de la poterie. Sauf l’usage de la poterie, le facies d’émigration se trouve déjà typi- quement réalisé dans la Charente, aux importantes stations de la Quina et du Petit-Puymoyen. C’est lui — accompagné de la poterie — qui pénètre en Belgique et que nous rencontrons dans les cavernes d’'Hastière, de Spy, à la Grotte du Docteur, dans les cavernes de Fond-de-Forêt et d'Engis. Étant donné, d’une part, qu’il a fallu du temps pour franchir la distance séparant le Périgord de la Belgique et, d'autre part, que la nouvelle industrie importée renferme des éléments qui ne se ren- contrent pas dans le Moustérien proprement dit, je suis d’avis, ainsi que je l'ai déjà exprimé à plusieurs reprises, que le facies d’émigration du Moustérien, c’est-à-dire de la Quina et d’Hastière, ne peut plus être classé dans cette même industrie, mais qu'il doit entrer dans une autre division et constituer la partie inférieure de l’Aurignacien. Le facies d’émigration, étant moins ancien que le Moustérien typique, devient contemporain de l’Aurignacien inférieur du Péri- gord, tel que labbé Breuil l'a fait connaître et qui représente le résultat de l’évolution sur place du Moustérien, effectuée à l’insa des émigrés. Cet Aurignacien inférieur de l’abbé Breuil, caractérisé par le cou- teau à dos abattu, avec troncature vers l'extrémité, qui a reçu le nom de « pointe de Chatelperron » (1) et que l’on a découvert en plusieurs points de la vallée de la Vezère, notamment à l'abri Audi et au Rocher Mal Pas, constitue donc un facies local de faible étendue relative, tandis que le facies d’émigration se trouve jusqu'en Belgique, en Suisse (Wildkirchli)}, dans la vallée de l’Ilm (Taubach), en Croatie (Krapina), ete. (2). | Possédons-nous des restes humains de cette époque? Oui et de très importants, surtout depuis la découverte toute récente de M. Hauser à Combe-Capelle (Dordogne). Parmi les plus précieux se trouvent les deux squelettes à crâne (1) Dans un travail tout récent, l’abbé Breuil déclare trouver peu exact le nom de «pointe de Chatelperron » qu'il avait proposé pour dénommer le couteau à dos abattu de l’Aurignacien inférieur ; 1l préfère lui-voir donner désormais le nom de pointe de l'abri Audi. @) A. Ruror, Taubach et Krapina. (BULL. DE LA SOC. BELGE D’ANTHROPOLOGIE DE BRUXELLES, t. XXV, 1906.) RES SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 269 néanderthaloïde, trouvés dans les dépôts inférieurs de la terrasse pré- cédant la caverne de Spy, décrits par M. le Prof J. Fraipont et conservés à l’Université de Liége. J'ai dit, dans la première partie du présent travail, qu'il ne pouvait plus y avoir maintenant aucun doute au sujet de la position des squelettes : 1ls reposaient sur l'argile d’altération du calcaire et étaient recouverts par le plus ancien dépôl quaternaire de la caverne, à faune du Mammouth et à industrie de la Quina et d'Hastière, c’est-à-dire Aurignacien inférieur. | Leur présence sur la terrasse de la caverne est donc antérieure à l'occupation par les premiers Aurignaciens, et, dès lors, leur âge doit différer de bien peu de celui du squelette de la Chapelle-aux-Saints (Corrèze). Nous essayerons plus loin de donner une explication de la présence de ces squelettes et de leur signification. Ainsi que nous l'avons rappelé dans notre Essai sur les origines de l'humanité, la caverne d’Hastière a fourni, dans ses deuxième et troi- sième niveaux, des débris humains offrant une signification sérieuse. Rappelons que la caverne d’'Hastière a montré l'existence de trois niveaux ossifères, bien cerlainement successifs, mais tous d’âge aurignacien inférieur. Le troisième niveau, le plus ancien, a fournit une mâchoire infé- rieure, des molaires non usées, un radius, un eubitus et une phalange d'individu adulte, la mâchoire ayant un menton bien accusé. Le deuxième niveau à également offert un demi-maxillaire inférieur pourvu de menton. Enfin, le célèbre abri sous roche de Krapina (Croatie) à permis de recueillir des fragments de nombreux crânes humains, intentionnelle- ment brisés, paraissant avoir appartenu à des individus du type de Neanderthal plus ou moins bien caractérisés. Certes, de ces documents nous pourrions déjà tirer des conclusions intéressantes, mais celles-ci se trouvent singulièrement renforcées par la découverte toute récente (12 septembre 1909) faite par M. O. Hauser dans l’abri de Combe-Capelle (Montferrand, Périgord). Cette très précieuse trouvaille est celle, dans le niveau aurignacien inférieur, d’un squelette humain complet, bien conservé, dont le crâne dolichocéphale montre clairement qu’il n'appartient pas à la race de Neanderthal (1). (1) M. O0. Hauser a donné au squelette le nom de Homo Aurignacensis. 270 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE Ce crâne, magnifique, pourvu de toutes ses dents, et dont M. Hauser a bien voulu nous transmettre d'excellentes photographies de face et de profil, présente un front sensiblement développé et une mâchoire infc- rieure forte mais non fuyante, offrant même un menton rudimentaire. Les arcades sourcilières sont encore assez proéminentes; enfin les dents sont fortement usées. | En réalité, ce crâne, que le D" Klaatsch rapproche de ceux de Galley-Hill et de Brünn, montre tous les caractères que l’on imagine- rait pour constituer la transition entre le type de Neanderthal et celui de Cro-Magnon. Voilà donc une découverte faite en France, qui concorde parfaite- ment avec celles des restes, malheureusement très incomplets, recueillis à deux niveaux de la caverne d'Hastière par M. Éd. Dupont, qui indiquent l'existence, pendant l’Aurignacien inférieur, à facies de la Quina, d’un type humain à caractères non primitifs, possédant à des degrés variables un front et un menton. Ces restes, à caractères sensiblement plus élevés que ceux de la race de Neanderthal, appartiennent, cette fois, à de vrais Aurignaciens, c’est-à-dire à des individus possédant l’industrie aurignacienne, alors que ceux à type de Neanderthal rencontrés à Spy sont, à mon avis, de faux Aurignaciens, car, quoique contemporains des Aurignaciens, ils ne représentent en réalité que des survivants attardés de la race pri- milive ou éolithique, à mentalité stagnante, et qui avaient conservé, à l’époque aurignacienne, leur industrie éolithique. De ces trouvailles il résulte, en conséquence, que pendant l’Aurigna- cien Inférieur ont vécu en contemporains : 1° des individus pourvus d’un front et d’un menton, et appartenant vraisemblablement au type ancestral évoluant vers celui de Cro-Magnon; 2% des individus plus ou moins purs de la race de Neanderthal. C'est de cette constatation que part l'opinion que j'ai émise dans mon Essai sur les origines de l'humanité, d’après laquelle les indi- vidus à crâne de Neanderthal ne seraient pas des êtres à industrie paléolithique, mais bien les descendants directs des Éolithiques, jadis chassés par les Chelléens, mais revenus dans leur ancien habitat à cause de la puissance défaillante des Paléolithiques. Le terme « type de Neanderthal plus ou moins pur » que j'ai employé ci-dessus présente, à mes yeux, une signification importante En effet, les individus à crâne néanderthaloïide bien caractérisé, étant toujours nettement distincts de ceux possédant un front et un menton, peuvent être, à Juste titre, considérés comme d'espèce dis- SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 271 tincte ; toutefois, lorsque l’on considère certains fragments de Krapina et surtout le crâne n° 2 de Spy, pourvu de front et sensiblement moins dolichocéphale que le n° 4, on en arrive à admettre que, s’il a existé pendant le Paléolithique deux espèces humaines, la différence de men- talité, l’une éolithique stagnante, l’autre paléolithique évolutive, n’a cependant pu empêcher le croisement des deux races, croisement qui aurait produit des individus de type mixte dont le Spy n° 2 offre un si frappant exemple (1). Des données bien intéressantes sur la doIihoee halle et sur la brachycéphalie pourraient peut-être ressortir de l'étude du Spy n° 2, car 1l ne semble pas que cet individu puisse provenir du croisement de deux autres, l’un éolithique nettement dolichocéphale, l’autre Cro- Magnon, également dolichocéphale. On serait plutôt tenté d'admettre un croisement de dolichocéphale éolithique avec brachycéphale paléoli- thique, et dès lors l’existence, au commencement de l’Aurignacien, de deux types paléolithiques, l’un dolichocéphale (Cro-Magnon), l’autre brachycéphale (Grenelle?), deviendrait vraisemblable. J’ajouterai que dans mon Essai sur les origines de l'humanité, j'ai signalé comme probable la transformation, par évolution simple, d'individus dolichocéphales du type de Cro-Magnon en brachycéphales du type de Grenelle (?); cette transformation lente aurait pu se passer vers l’Acheuléen ou le Moustérien, etal ne serait pas impossible que les deux types à front et menton aient existé conjointement dès Île commencement de l’Aurignacien, ainsi que Spy ff, métis supposé de Neanderthal et de Grenelle, semble l'indiquer. De toutes façons, laissant pour le moment les dernières hypothèses émises, 11 devient de plus en plus vraisemblable, comme je l’ai déjà prévu, que Île facies humain sans front ni menton, qui caractérise l'humanité primitive ‘et dont la race de Neanderthal représente lun des derniers types d'évolution, a seul régné sur terre, au moins sur l'ensemble des continents : Europe-Asie-Afrique, pendant les temps tertiaires et pendant tout le Quaternaire inférieur ; puis que, à l'aurore du (4) Ces métis, tels que le Spy n° 2, ne semblent pas s’être perpétués, leur race inter- médiaire n'ayant pu se fixer par descendance directe. La production de ces individus métissés devait être sans doute accidentelle et fort restreinte; ils restaient auprès de leur mère représentant d'habitude l'élément éolithique et étaient probablement traités, par les Paléolithiques, avec mépris. () Il doit être bien entendu que « type de Grenelle » a une signification simplement morphologique, attendu que les crànes de Grenelle ne sont nullement datés par la stratigraphie. 972 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE Quaternaire moyen, une modification s’est produite dans le cerveau de quelques individus qui, munis d’un organe plus développé, permettant plus d'intelligence, ont vu leur front se bomber et leur mentalité passer du stade de stagnation au stade évoluuf. De ce stade transitoire, précurseur de la race de Cro-Magnon, nous possédons donc, jusqu’à présent, trois crànes : 1° Celui de Galley-Hill, dont une nouvelle étude du gisement m'a conduit à le considérer comme un Strépyien. Ce crâne daterait alors du commencement du Paléolithique inférieur et il correspondrait précisé- ment à l'aurore de la mentalité évolutive. Si son authenticité était admise, le crane de Galley-Hill serait donc l’un des plus hautement intéressants qui existent actuellement; ce serait le seul reste connu du Paléolithique inférieur et le plus impor- tant, car 1l nous laisse surprendre, sur le vif, le mécanisme de la transformation cérébrale qui a permis à quelques individus privilé- giés de passer du stade à mentalité stagnante au stade évolutif; 2% Le crâne trouvé dans le Lôss, à Brünn, en milieu industriel qui peut se rattacher à l’Aurignacien supérieur. Le crâne de Brünp serait donc considérablement moins ancien que celui de Galley-Hill, mais aussi il présente des caractères déjà évolués dans le sens céréhral, avec acheminement plus marqué vers les Cro- Magnon (!); . 5° Le crâne de Combe-Capelle, récemment découvert par M. Hauser dans l’Aurignacien inférieur, d'âge plus ancien que celui de Brünn et qui paraît posséder des caractères analogues à ce dernier débris. À ces vestiges, 1l convient d'ajouter les restes humains et notam- ment les mâchoires avec menton découvertes par M. Éd. Dupont dans les niveaux de l’Aurignacien inférieur de la caverne d'UHastière (?), plus, probablement, plusieurs des vingt squelettes découverts par M. Maska à Predmost (Moravie), dans le Lôss éolien, mélangés (1) Il est très important de remarquer que le crâne de Brünn est moins ancien que ceux de Cro-Magnon. Le premier ne serait done qu’une survivance du stade de tran- sition marqué par le squelette de Combe-Capelle, une branche de ce stade ayant déjà atteint l’état « Cro-Magnon » pendant l’Aurignacien moyen, alors que des survivants moins évolués vivaientencore pendant l’Aurignacien supérieur. Le fait peut s'expliquer par ce que les individus de Brünn sont des émigrés qui ne sont pas restés en relations avec les populations établies dans le Périgord et qui ont évolué plus rapidement. (2) À Goyet, M. Ed. Dupont a trouvé, dans un niveau sans industrie, inférieur à l’Aurignacien moyen, une mâchoire supérieure d’adulte avec grosses molaires non usées. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 273 à une industrie qui semble se rapporter à l’Aurignacien supérieur. De tout ce qui vient d’être dit, il suit donc qu’à l’époque de l’Aurignacien infériêur il existait, cantonnées dans des régions voi- sines el en contact en certains points : 4° Des populations de la race de Neanderthal, à caractères primi- tifs (Spy, notamment), à considérer comme simple survivance du type primitif peu à peu évolué corporellement mais non mentalement, el dont nous trouvons des chainons isolés à Mauer (Homo Heidelbergensis Schoet., vrai Éolithique mafflien), au Moustier (Moustérien inférieur, trouvaille de M. Hauser) et à la Ferrassie (Moustérien, trouvaille récente de M. Peyrony), conduisant aux erànes de la Chapelle-aux-Saints el de Spy (!); 2 Des populations d’une race de transition, avec front et menton sensiblement développés, apparaissant à Galley-Hill, au niveau le plus inférieur du Paléolithique (Strépyien), puis dont nous constatons la survivance un peu évoluée à Combe-Capelle (Aurignacien inférieur), puis à Brünn (Aurignacien supérieur . Ces derniers restes représentent seuls les populations véritablement paléolithiques, auxquelles on doit l'invention de la « taille intention- nelle du silex » et auxquelles ont appartenu successivement les Stré- pyiens, les Chelléens, les Acheuléens, les Moustériens et les Aurigna- ciens inférieurs, alors que les premiers (de race de Neanderthal), tout en étant contemporains des seconds, n'avaient en aucune façon la mentalité paléolithique, mais avaient conservé leur mentalité stagnante avec l’industrie éolithique pure. Le fait est maintenant prouvé par la découverte que j'ai faite dans la caverne de Fond-de-Forèt (province de Liége), où, dans le niveau aurignacien inférieur à industrie de la Quina, j'ai rencontré une industrie éolithique parfaitement caractérisée, qui à dû appartenir certainement à des tribus de la race de Neanderthal dont des crànes ont été découverts dans la caverne de Spy. : Quelques autres cavernes de Belgique, et notamment celle d’Engis, ont également fourni des instruments éolithiques associés à une industrie aurignacienne inférieure, et, malgré les dénégations et les tentatives d'explications que quelques préhistoriens ont cru pouvoir fournir au Congrès de Liége de 1909, je reste convaincu, avant les (*) À ces documents certains s'ajoutent : la calotte cranienne de Neanderthal, la mâchoire de la Naulette et la majeure partie des restes humains de Krapina. 974 A. RUTOT. — COUP D’OEIL SYNTHÉTIQUE preuves en mains, qu’au Moustérien, dans la vallée de la Vezère, il y a eu, en pleine période moustérienne, une véritable intrusion éolithique à un niveau parfaitement déterminé, reconnaissable à l’aspect usé des arêtes des instruments, ce qui contraste avec la parfaite conservation des instruments existant aux autres niveaux véritablement mousté- riens (1). Nous en sommes maintenant arrivés à l’Aurignacien moyen. Là les documents deviennent un peu plus nombreux et nous per- mettent de constater : 1° La disparition des représentants de la race de Neanderthal; 2 L'apparition de la race de Cro-Magnon proprement dite, ou typique ; 3° La présence d'une troisième race prognathe, appelée « Négroide » par le D' Verneau; 4° La survivance du type Gene ENS de Combe-Capelle. Pour appuyer ces conclusions, nous avons à notre disposition les matériaux suivants : | A. Dans l'abri de Cro-Magnon, à industrie de l’Aurignacien moyen, trois crânes humains ont été rencontrés : celui d’un vieillard à peu près complet; celui d’un adulte, avec important fragment de la mâchoire inférieure; enfin celui d’une femme, avec grave blessure au front, dépourvu de mâchoire. Tous ces crânes ont le front bombé et élevé; les deux mandibules sont pourvues d’un menton très net, même très accentué chez le vieillard. Ces crânes constituent les types de la race de Cro-Magnon. En somme, si l’on s’en lient aux caractères principaux, aisément discernables sans mesures ni indices, on reconnaît que les erànes de (1) Au Congrès des sociétés archéologiques tenu à Liége en 1909, j’ai présenté un travail sur les résultats des fouilles, effectuées par les soins du Musée royal d'Histoire naturelle, à la caverne de Fond-de-Forêt. J'y ai signalé la présence, au niveau aurignacien inférieur, d’une industrie nettement éolithique, qui aurait été abandonnée dans la caverne, pendant une absence des Aurignaciens, par une famille de la race de Neanderthal. Cette manière de voir m’a attiré des dénégations, avec essai d'expliquer le fait positif constaté en disant que ce que je considère comme des éolithes ne sont que des rebuts, des déchets de fabrication. Comme je crois connaître mieux l’industrie éolithique que mes contradicteurs et comme je connais aussi bien qu'eux la nature de l’industrie courante des cavernes avec ses éclats de débitage et ses déchets, je leur laisse simplement pour compte leurs hypothèses non justifiées, en maintenant strictement toutes mes conclusions. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 279 Cro-Magnon peuvent très bien provenir d’une évolution progressive du type de transition de Combe-Capelle en voie de perfectionnement dans le sens de l'intelligence; B. Dans les diverses cavernes de Grimaldi, près Menton ('),, plusieurs squelettes humains des deux sexes, de pure race de Cro- : Magnon, ont été rencontrés ; l’un des mieux datés est celui rencontré dans la « Grotte des Enfants »,un peu au-dessus des deux « Négroides ». Il est bien conservé et il figure au Musée préhistorique de Monaco; C. Dans la Caverne des Enfants, à Grimaldi, une sépulture renfer- mant deux squelettes, l’un de jeune homme, l’autre de vieille femme, à crânes avec front et menton bien accusés, mais avec fort prognathisme, a été découverte dans le niveau aurignacien moyen. C’est à certaines particularités propres à la race noire, signalées par M. le D' Verneau chez les squelettes de la Caverne des Enfants, que ceux-ci ont été rapportés à des Négroides. Je dois à la vérité de dire que l’avis de M. le D' Verneau ne semble pas adopté par tous les anthropologues, mais je n'ai pas qualité pour prendre position dans le débat; mon seul but était de jusufier mes conclusions, annonçant l’apparition d'une race à caractères assez distinets de ceux des races humaines précédemment rencontrées. À ce sujet, à la suite de l'inspection des photographies envoyées par M. Hauser, il paraît que le crâne de l'Homme de Combe-Capelle présente aussi plusieurs des caractères des Négroides de M. le D" Verneau et notamment le fort prognathisme facial. L'étude des précieux matériaux de Combe-Capelle amènera vraisem- blablement à des conclusions intéressantes ; D. Dans la caverne de Goyet, au troisième niveau caractérisé comme Aurignacien moyen, M. Éd. Dupont a recueilli six fragments de crânes et un fragment de mâchoire inférieure avec menton à peine accusé ; E. J'ai annoncé, parmi les résultats de l’examen des documents provenant de l’Aurignacien moyen, la disparition de la race de Neanderthal. (4) A. RuTor, Sur l'âge des cavernes de Grimaldi, dites Grottes de Menton. (BULL. DE LA SOC. BELGE DE GÉOL., t. XXI, 1907, Mém.) Dans cette note se trouve ia discussion, point par point, des conclusions de M. le Profr M. Boule, qui vieillit considérablement l’âge de grand nombre de niveaux sous prétexte qu’ils renferment l'Elephas antiquus. Dans le Midi, Elephas antiquus a persisté beaucoup plus longtemps que dans le Nord, et, dans ce cas, ce sont les facies industriels qui prennent la prépondérance pour la détermination de l’âge des couches. . 276 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE Il convient de ne pas prendre cette conclusion trop à la lettre, car - elle dérive plutôt de la pauvreté des matériaux que d’un fait constaté. Je crois simplement que les tribus de lAurignacien moyen ont écarté, chassé en dehors de nos régions, les populations éolithiques du type Neanderthal qui avaient fait, vers le Moustérien, une assez sérieuse réapparition, peut-être dangereuse pour les Paléolithiques, fort mal armés à cette époque ; F. Enfin, j'ai conclu à la survivance des tribus à type de transition de Combe-Capelle, non pas parce que l’on en a retrouvé dans l’Auri- gnacien moyen, mais parce que nous les retrouvons à Brünn dans l’Aurignacien supérieur. A l’époque aurignacienne supérieure, les matériaux osseux humains font défaut en France et à peu près en Belgique, où le Trou-Magrite a fourni des restes d’un adulte et d’un enfant, parmi lesquels une mâchoire supérieure, qui serait à étudier, et quelques dents isolées. Cependant, dans la Caverne de Goyet, le deuxième niveau, à industrie analogue à celle du Trou-Magrite, à fourni deux mâchoires inférieures dont une à menton bien prononcé et l’autre à caractères mixtes. En Moravie, au contraire, c’est l’Aurignacien supérieur à faune du Mammouth, à industrie de pierre assez bien caractérisée, mais avec sculptures sur ivoire grossières concordant avec celles de Menton et de Brassempouy, qui à fourni les plus précieux matériaux. | À Brünn, M. Makowsky a trouvé, en 1891, à 450 de profondeur dans le Lôss, un crâne dolichocéphale avec front du type de Galley- Hill, qui montre la survivance de ce type malgré l'apparition, dans l’Aurignacien moyen, des vrais Cro-Magnons (1). À Predmost, M. Maska a rencontré une sépulture renfermant quatorze squelettes humains complets, plus les restes de dix autres individus. Or, selon que l’on consulte l’un ou l’autre anthropologue, les crànes de ces squelettes seraient du type de Neanderthal pour les uns, du type de Cro-Magnon pour les autres. Gageons que la vérité est, ici comme en beaucoup d’autres cas, dans le juste milieu, d’où l’on pourrait conclure que la majeure partie des 4) Aux environs de Brünn, au Rotenberg, on a également recueilli un crâne humain qui n’est généralement pas pris en considération par les préhistoriens. Il se pourrait qu’on eût tort, car ce crâne, très dolichocéphale, présente de très grandes ressem= | blances avec ceux de Galley-Hill et de la rue François-Joseph à Brünn. | SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 277 squelettes de Predmost appartiendrait à la race de transition qui à commencé à Galley-Hill avec le Strépyien et qui avait déjà atteint son apogée, en France, sous la forme de Cro-Magnon, dès l’Aurignacien moyen. Il semble done que l'Est de l’Europe serait resté quelque peu en arrière sur l’Ouest et que, malgré le développement du type de Cro- Magnon dans le centre et le Midi de la France, la survivance d’un facies de transition aurait persisté plus longtemps vers l'Orient. Pour ce qui concerne le Solutréen, je ne connais nulle part de docu- ment authentique. | De toutes façons, il est certain que les Solutréens se sont vus obligés de se concentrer vers la France centrale et de s’armer sérieuse- ment pour combattre un danger d’invasion. Quels pouvaient bien être les envahisseurs? Mon avis est que ce pourraient bien être des populations éolithiques à crâne de Neanderthal, qui auraient fait une nouvelle poussée, sans pouvoir entamer les Solutréens qui s'étaient formidablement armés pour les recevoir. Enfin, nous voici parvenus au Magdalénien. Là, sans être nulle part abondants, nous trouvons cependant des matériaux isolés dans le Périgord et dans les cavernes de Menton, tous avec front et menton bien marqués, la majeure partie appartenant à la race de Cro-Magnon. | En Belgique, le premier niveau à industrie magdalénienne ancienne | de la caverne de Goyet a fourni à M. Dupont deux mâchoires infé- | rieures humaines, dont l’une à menton bien prononcé; enfin, le Trou du Frontal, à Furfooz, à permis de recueillir les débris de dix-huit personnes autour d’une sépulture d'âge magdalénien moyen. On se rappellera que la sépulture était précédée d’un amas considérable d’ossements d'animaux de l’âge du Renne, restes d’un plantureux repas funéraire, et parmi lesquels se trouvaient les débris de seize personnes, la plupart des femmes et des enfants, dont les crânes et les ossements avaient été brisés à coup de percuteurs et quelques-uns brûlés. | Ce sont les crânes ayant pu être reconstruits qui ont servi à con- Stituer le « type de Ha race de Furfooz », bien près d'atteindre la brachycéphalie. Comme on le voit, tous les crânes connus à partir de la fin de l’Aurignacien sont du type supérieur, à mentalité évolutive et progres- sive, avec front et menton généralement bien développés. 278 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE Toutefois, rien ne nous affirme que des survivants de larace de Neanderthal n’ont pas continué à subsister en Europe centrale, et, pour ce qui me concerne, la découverte de l’industrie flénusienne à facies éolithique pur est un sûr garant de leur persistance en Europe (surtout en France, dans le Sud de Angleterre, en Belgique et soie diquement dans l’Allemagne du Nord), à l'époque néolithique, jusqu’au moment où l'influence puissante des populations scandinaves à industrie des Kjôkkenmôdinger, ou campignyienne, soit venue anéantir à jamais leur survivance et les remplacer dans les pays de ils avaient envahis Deux l'époque tardenoisienne. Ainsi qu'on peut s'en convaincre à la lecture de ce qui précède, la véritable époque des cavernes, c’est-à-dire celle de l'habitation sûre et permanente, n’a commencé qu'avec le. Quaternaire supérieur, pour prendre fin avec là même période géologique. Je fais, en effet, cesser le Quaternaire moyen avec le dernier dépôt de la crue hesbayenne, c’est-à-dire avec le terme supérieur (limon gris à Succinées) de la grande série des limons moyens de M. La- drière. C’est à la surface de ce limon qu'ont pu cireuler les Moustériens et c’est à ce même moment que les Moustériens du Périgord s'installent dans les abris sous roche. Ensuite commence pour lEurope centrale cette longue période sèche pendant laquelle les phénomènes éoliens ont accumulé, en Bel- gique et sur une grande partie de l'Allemagne et de l'Autriche, le limon éolien dit Lôss. | | C’est pendant le dépôt de ce Lôss que les Moustériens du Périgord envoient des essaims d’émigrants dans la Charente, puis jusqu’en Belgique; en Suisse, avec continuation sur les bords du Danube jusqu’en Russie ; vers le Midi, dans les grottes de Menton, les cavernes de Sicile et de l'Afrique du Nord. C’est dans les strates du Lôss que se rencontrent les niveaux de l’Aurignacien à Aggsbach, Willendorf, Taubach, Krapina, Krems, Brünn, Predmost, jusque Kiew. Pendant cette durée, les Moustériens du Périgord {ont leur évolution, d’abord par les facies de labri Audi, Combe-Capelle, Mal-Pas, Ja Quina, Hastière, Spy inférieur, ete., ensuite par l’industrie d’Aurignac, de Cro-Magnon, de Gorge d'Enfer, de la Ferrassie, de Montaigle, de Spy moyen, puis ensuile par les facies de la Gravette, de la Font- Robert, du Trou-Magrite, de Spy supérieur, etc. Ce qui caractérise industriellement l’Aurignacien moyen, c’est la SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 219 pointe en os à base fendue, dite « pointe d’Aurignac », le développe- ment de l'os, de l’ivoire et du bois de Renne, la tendance de l’industrie de silex à passer de lutilisation généralisée de l'éclat à celle de la lame, enfin, l'emploi du grattoir nucléiforme, dit « graltoir Tarté ». L’Aurignacien supérieur ne semble guère différer, à première vue, de l’Aurignacien moyen ; cependant il existe des modifications notables. D'abord ce sont ces populations qui ont réalisé les premières œuvres artistiques de gravure et de sculpture, tant sur os, sur ivoire, sur bois de Renne que sur paroi de caverne. Les sculptures féminines de Brassempouy et de Menton, celle du Trou-Magrite, l’ivoire sculpté de Brünn sont certainement remar- quables, parfois par l’art qu’elles révèlent, toujours par la nouveauté de ce côté de la mentalité humaine (1). A côté de ces essais artistiques, nous constatons, de plus, la nécessité de s’armer qu'ont les populations, ear nous les voyons réinventer la pointe de flèche en silex, abandonnée depuis l’Acheuléen. Cette nécessité de s’armer, que nous constatons à la fois en Belgi- que (Trou Magrite et caverne de Spy, où de magnifiques flèches en silex ont été recueillies) et en France (la Font-Robert, etc.), provient sans doute des dangers d’une invasion de peuplades qui ne pourraient guère être autres que des survivants d’Éolithiques. Enfin, le développement, lant en France qu’en Belgique, des grandes lames à dos soigneusement abattu (lame de la Gravette) est encore un bon caractère de l’Aurignacien supérieur. Pour ce qui concerne le Solutréen, nous constatons une véritable retraite avec concentration des populations vers le centre de la France, et, peut-être, un pelit ilot subsistant dans le Wuürtemberg. En Belgique, il n’y à pas de traces de Solutréen. Les tribus de l’époque se retranchèrent d’abord derrière la Saône, le Rhône, la Loire et les Pyrénées, et semblent, dans la suite, perdre encore du terrain. En effet, le Solutréen à pu être divisé en deux assises superposées, une inférieure dont Solutré est le type, une supérieure qui semble concentrée dans le Périgord. (4) Parmi l’outillage en os des Aurignaciens supérieurs il convient également de signaler l'apparition de la véritable aiguille à coudre, avec chas percé. L’aiguille remplace ainsi la « pointe d’Aurignac » de l’Aurignacien moyen, qui est considérée actuellement comme une sorte de « passe-fil », prototype de l'aiguille. Ce fait parait indiquer une amélioration sérieuse dans la confection des vêtements. 280 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE Pendant le Solutréen inférieur, l'armement prend subitement une importance considérable. On fabrique activement des pointes en feuille de laurier, finement et délicatement travaillées, et dont la longueur varie de deux à près de quarante centimètres. | Évidemment, ces « pointes » ne sont autre chose qu’une succession croissante d'armes, allant de la pointe de flèche, par la pointe de javelot et de lance, jusqu'au poignard et au glaive, ces derniers étant certainement emmanchés. | La nécessité de combattre, les difficultés et les dangers du moment agissent immédiatement sur le goût artistique. Ce genre de produc- ions diminue dans des proportions considérables, et l’on ne connaît guère, comme œuvre d'art des Solutréens, que les deux Cervidés sculptés sur pierre de Solutré. Mais bientôt le danger grandit encore, la station de Solutré paraît abandonnée à son tour, et les populations n’occupent plus guère que la région comprise entre la Dordogne et les Pyrénées, Laugerie-Haute paraissant le centre principal de la résistance. C’est alors que le besoin de créer des armes, de manière plus rapide eten plus grand nombre que par le passé, fait abandonner partielle- ment la jolie taille en feuille de laurier de l’assise inférieure; les pointes de flèches et de javelots dérivent simplement de lames que l’on appointe et que l’on garnit à l’autre extrémité d’une encoche unilatérale, ce qui constitue la pointe à cran, caractéristique du Solutréen supérieur. En mêmé temps, l’art disparaît et se réduit à quelques pièces fusi- formes en os, à ornementation particulière. Ici la formule « la guerre chasse l’art » trouve son entière justifica- üion. Mais, finalement, le courage joint à l’armement supérieur des Solutréens à dû avoir raison des agresseurs ; ceux-ci sont repoussés au loin et aussitôt s'ouvre une ère nouvelle : le Magdalénien, qui constitue la période paisible et artistique par excellence. D'un coup, toutes les armes en pierre qui caractérisent si bien le Solutréen disparaissent, et nous assistons, dès la première phase du Magdalénien, à une floraison artistique vraiment extraordinaire et trop connue, depuis les beaux travaux de l’abbé Breuil, de M. Cartailhae et du D' Capitan, pour que nous nous y arrêtions. pe Malheureusement, ce bel essor s'arrête bientôt; une sorte de. torpeur envahit l'esprit des populations magdaléniennes, qui s'étaient SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 281 de nouveau très largement répandues en Europe, jusqu'en Russie, comme l’ont montré les belles recherches de M. Volkov. De l’art vrai on passe assez rapidement à une ornementation de plus en plus stylisée, qui finalement se simplifie et s’atténue au point de devenir indéchiffrable, puis cesse bientôt à peu près complètement. C’est dans la progression de cette profonde décadence que se passent les deux derniers stades du Magdalénien. En résumé, c’est le Magdalénien inférieur qui attire le plus puissant intérêt par le développement des arts de la sculpture, de la gravure et de la peinture, puis par l’usage intensif de l'aiguille à coudre en os et du harpon barbelé. Ce dernier instrument subit lui-même la décadence générale, et tout à la fin de l’époque des cavernes, à la transition entre la grande période paléolithique et l’époque néolithique qui suit, nous le voyons réduit à des formes barbares et naïves. | Un fait important à signaler réside en ce que partout, dans la région des abris sous roche et des cavernes, par suite de conditions climaté- riques connexes avec les oscillations de la dernière glacration (Wur- mien du Prof Penck), 1l s’est produit une fissuration et une désagré- gation intenses de toutes les parois rocheuses. Partout les falaises et les plafonds des cavernes s’effondrent, des éboulements se produisent, qui rendent les abris et les cavernes inhabitables. Sauf quelques souterrains du Sud de la France (Mas d’Azil, la Tourasse, etc.), tous les autres, et notamment ceux de la Belgique, furent évacués et définitivement délaissés par les quelques malheu- reuses familles de l’extrême fin du Magdalénien qui les occupaient. Dans nos régions, ces quelques familles en étaient peu à peu réduites à une industrie de pierre minuscule, avec utilisation d'os rudimentaire, les outils dérivant de lames débitées de tout petits nucléi. Ces outils provenant de petites lames à bords parallèles, brisées en travers, finement retouchées, prennent ainsi des contours assez réguliers en forme de triangles, de trapèzes, de rectangles, de crois- sants, et c'est la régularité de ces figures qui a fait donner aux instruments la qualification de « géométriques ». La petitesse de cet outillage des derniers Magdaléniens fait penser à des populations naines ou à des pygmées. Nous n’en connaissons du reste pas d’ossements, sauf, peut-être, ceux trouvés dans une caverne des environs de Schaffhausen (Schweizersbild). 1909. MÉM. 19 282 A. RUTOT. — COUP D’OEIL SYNTHÉTIQUE Ce sont ces minimes tribus, derniers descendants, dans nos régions, des fiers et puissants Paléolithiques, qui ont dû quitter les cavernes où elles se réfugiaient, à cause de la chute de gros blocs détachés du plafond et de l’écroulement des façades rocheuses. Cet exode s’est produit précisément au moment où, le climat s’étant radoueci, le Renne a émigré vers le Nord, ce qui a amené la constitution du facies animal que nous appelons la faune des temps modernes. Les tribus à industrie dite « géométrique », en abandonnant leurs abris et en s’établissant en plein air le long de la vallée de la Meuse, d’abord entre Hastière et Namur, ont encore, semble-t-il, réduit le volume de leurs instruments au minimum; elles ont reçu le nom de « Tardenoisiens ». Depuis peu de temps, les recherches faites en Campine ont montré l'existence, dans les dunes s’élevant près de l’emplacement de vastes étangs, actuellement en grande partie desséchés, de stations à petite industrie, que l’on à généralement confondue avec le vrai Tarde- noisien. Un examen attentif de cet outillage à montré que ce n’est pas au Tardenoisien du commencement du Néolithique qu'il faut le rattacher, mais qu'il convient d’y voir des stations contemporaines de la dernière occupation des cavernes par les Magdaléniens pré-tardenoisiens qui ont vu disparaître le Renne de nos contrées. On conçoit facilement que, en présence d’une occupation de la Belgique, du Nord de la France et du Sud de l’Angleterre par une population si faible, si mal armée et si disséminée, un retour des Éolithiques, chassés jadis par les Solutréens, a pu s’opérer sans difficultés. Il est probable que c’est simplement par prolifération que les sur- vivants des Éolithiques, non traqués comme précédemment, ont peu à peu envahi nos régions, causant, par concurrence vitale, la disparition des Tardenoisiens. Ce qui est certain, c’est que l'invasion de populations à imdustrie purement éolithique a eu lieu, et ce sont ces nouveaux venus auxquels j'ai proposé de donner le nom de « Flénusiens ». Après une occupation de quelque durée et de densité remarquable, les stations flénusiennes étant abondantes et étendues tant en France qu’en Belgique, l'influence scandinave, restée en dehors de l'invasion flénusienne, a fait sentir ses effets, et les derniers survivants des popu- lations primitives à industrie éolithique de l’Europe ont disparu pour toujours. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 283 * *X _* Pour nous résumer, disons donc, pour ce qui concerne l'histoire des cavernes : 1° Qu’une première époque de formation et d’extension de cavernes a pu exister pendant plus de la première moitié des temps secondaires, après le soulèvement hereynien. L’arasement des cimes a lentement détruit les massifs calcaires sou- levés, dans lesquels les cavernes avaient pu se former ; 20 La deuxième époque des cavernes comprend trois stades successifs : a) Un premier stade de formation lente, par circulation des eaux de surface s’infiltrant dans les fissures ou diaclases des masses calcaires, puis s’écoulant par des points bas. D'une manière générale, cette première phase n’a guère pu prendre naissance avant la fin du Miocène; en Belgique, elle n’a pu com- mencer à s’esquisser qu'après le retrait de la mer du Pliocène inférieur ou diestienne, et le processus véritablement actif et continu n’a pu s'établir sérieusement qu'à partir du moment où le grand et important phénomène du creusement des vallées était déjà largement entamé. Il doit être entendu qu’il existe une très sensible différence entre le moment où les gouffres de surface (Abanets, grands aiguigeois de pla- teaux, etc.), c’est-à-dire les entonnoirs d'absorption, se sont ouverts et celui où se sont élargis, par processus de dissolution, les canaux de cir- culation plus ou moins horizontaux servant d’exutoire aux eaux d’infil- tration, c’est-à-dire de déversoir, vers le fond des vallées. . Les gouffres d'absorption se sont donc formés d’abord vers la fin du Tertiaire, et, enfin, les canaux des plus bas niveaux se sont élargis les derniers, en concordance avec la fin du creusement des vallées. Ce creusement maximum $’est produit tout au commencement du Quaternaire moyen, de sorte que, aux premiers temps du Paléoli- thique, les cavernes à orifice situé à plus d’une dizaine de mètres au-dessus du niveau moyen du cours d’eau coulant au fond des vallées ont commencé à s’assécher et à pouvoir servir d'habitation. Il en est de même des grands abris sous roche d’érosion, comme ceux de la vallée de la Vezère, creusés de manière que leur plancher se trouve à faible hauteur au-dessus du niveau moyen du cours d’eau. | Toutefois, pendant le Strépyien, le Chelléen et l’Acheuléen, des crues, dont la géologie détaillée nous montre l'existence certaine, ont rendu l’occupation des souterrains très précaire. 284 A. RUTOT. — COUP D’OEIL SYNTHÉTIQUE C'est pour cette raison que ni les Strépyiens ni les Chelléens ne semblent avoir occupé des cavernes ni des abris sous roche. Des découvertes récentes faites dans la vallée de la Vézère et dans celles de ses affluents semblent montrer qu’il y a eu habitation momen- tanée à l’époque acheuléenne, mais Je n’ai pas encore pu savoir exac- tement s’il est question de l’Acheuléen I ou de l’Acheuléen IT; b) C’est donc vers l’Acheuléen inférieur qu’a été inauguré le stade intermédiaire d'occupation précaire. Peut-être, dans le Périgord, quelques familles de l’Acheuléen infé- rieur se sont-elles réfugiées sous des abris sous roche, mais comme nous savons que la fusion des glaces du troisième glaciaire ou Rissien est survenue pendant l’Acheuléen inférieur et a donné naissance à la formidable crue hesbayenne, — et à une crue beaucoup moins impor- tante dans les vallées du Midi, à partir de la Loire, — il en résulte que tous les abris de bas niveau ont dû être abandonnés. Cependant, à un moment donné de la retraite des glaces, la grande crue à rapidement cessé et les rivières ont provisoirement repris un cours normal. Dans la Dordogne, les Acheuléens Il, puis les gens de La Micoque, s'installent sous des abris sous roche, tandis que les populations de même industrie, établies sur la crête de partage des bassins de la Loire et de la Seine, se sont aventurées sur tout le Nord de la France et même jusqu’en Belgique : environs de Binche, de Mons et grotte de la carrière de l’Hermitage (vallée de la Méhaigne), y compris le plateau supérieur ; mais, peu’ après celte émigration, une oscillation positive du front du glacier septentrional à causé une reprise de la grande crue hesbayenne et a amené la perte des si intéressantes populations qui, confiantes, s'étaient aventurées jusque dans nos régions; c) Après le retrait définitif des eaux de la crue hesbayenne com- mence enfin le troisième stade, le plus important, concordant avec l’asséchement définitif des cavernes situées à plus de 5 mètres au-dessus du niveau actuel des rivières et avec leur occupation effective, plus ou moins continue et prolongée jusqu’à la fin du Quaternaire. | Cette véritable époque des cavernes prend donc naissance avec le Quaternaire supérieur (Lôss éolien, limon brabantien) et se perpétue sans interruption jusqu'à l’issue des temps quaternaires. Au point de vue humain, la véritable époque des cavernes comprend donc les divers niveaux du Moustérien, les trois assises de l’Aurignacien, les deux niveaux du Solutréen et les trois assises du Magdalénien. Tout à la fin du Quaternaire, alors que le Mammouth et le Rhino- SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 285 ceros tichorhinus avaient complètement disparu et que la faune dite « froide » n’était plus représentée que par le Renne, sont survenues des conditions climatériques, en concordance avec les oscillations de la der- nière glaciation wurmienne, qui ont donné naissance à ce que j'appelle l’époque du grand détritique. | Sous cette influence défavorable, façades et plafonds des cavernes se sont effondrés, chassant désormais leurs habitants pré-tardenoisiens et les forçant à s'établir en plein air. Pendant un temps assez long, les cavernes ont été complètement désertées, puis enfin, à l’époque de la pierre polie, nos ancêtres s’en sont presque uniquement servis pour y inhumer leurs morts. D'autre part, pour ce qui concerne l’évolution de l’humanité propre- ment dite, nous pouvons exposer comme suit le résumé des connais- sances acquises à ce jour ou sur le point de l'être : 4° Depuis l’Oligocène moyen jusqu’à la fin du Quaternaire inférieur, il semble qu’il n’ait existé, au moins dans l’ancien monde, qu’une seule famille de précurseurs, sorte d'humanité rudimentaire à instinet ou à intelligence pratique supérieure de beaucoup à celle des animaux, mais à mentalité bornée et stagnante, ce qui est prouvé péremptoirement par la succession des industries dites « éolithiques » de ces peuplades, toujours identiques à elles-mêmes, à toutes les époques. De toutes ces populations qui ont traversé la moitié du Tertiaire et tout le Quaternaire inférieur en évoluant sans doute physiquement, mais nullement mentalement, nous ne connaissons jusqu’à présent qu’un seul débris : c’est la mâchoire inférieure recueillie à Mauer, à 24 mètres de profondeur, à la base des dépôts quaternaires de la basse terrasse de l’Elsenz. M. le D" Schoetensack, qui a décrit ce précieux débris, lui à donné le nom de Homo Heidelbergensis. Comme niveau géologique, cette mâchoire se trouvait vers le milieu du Moséen des géologues belges, niveau caractérisé par la présence de l’industrie de pur type éolithique dite mafflienne (1). Cette mâchoire appartenant au Quaternaire inférieur, il s'ensuit (4) Il est utile de rappeler ici que le Quaternaire inférieur, ou Moséen du Bassin franco-anglo-belge, renferme trois niveaux à industries éolithiques semblables. La plus ancienne, appelée Reutélien, est située tout à la base; le Mafflien occupe la partie moyenne et le Mesvinien occupe le sommet. C’est à l’époque mesvinienne qu’apparais- sent les indices d’un changement, et, en effet, le Strépyten, qui suit, constitue la véritable transition de l’Éolithique au Paléolithique. 286 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE que, dans l’ancien monde, nous ne possédons jusqu'ici aucun reste osseux de l'humanité tertiaire (1). Comme caractères, la mâchoire de Mauer, à contour fuyant, massive, épaisse, à branches montantes énormes, à un aspect bestial; seules, les dents, de type humain, montrent qu’elle appartient à un précurseur de l'humanité. Cette mâchoire porte donc bien les caractères qu’il faut pour repré- senter une humanité primitive, et, par induction, on peut s’imaginer aisément les formes du crâne auquel elle appartenait, car beaucoup plus tard nous voyons apparaître, sous le nom de race de Neanderthal, des restes humains, des crânes complets possédant, à un degré un peu moins développé qu’à Mauer, une mâchoire inférieure fuyante et, de plus, un front fuyant et déprimé surmontant des arcades sourcilières énormes. Ces crânes accusent une dolichocéphalie prononcée. Pour en déduire l’aspect que devait avoir le crâne des Maffliens de Mauer, il suflirait « d’animaliser » le crâne de Neanderthal d’une ma- nière proportionnelle aux différences existant entre les mâchoires inférieures de la race de Neanderthal, d’une part, et celle de Mauer, de l’autre, ce qui se réduirait, en somme, à peu de chose. Une reconstitution du stade pré-humain tertiaire pourrait égale- ment être esquissée, et la découverte ultérieure d’un crâne tertiaire européen montrerait vraisemblablement combien les prévisions auraient déjà pu être précisées; 2° À partir du commencement du Quaternaire moyen, un change- ment capital dans la mentalité humaine peut être constaté positive- ment, grâce à la connaissance des industries. La mise en pratique, pour l’obtention de certains instruments de type préconçu, du procédé spécial dit faille intentionnelle et les progrès rapides qui suivent la réalisation et la systématisation de ce nouveau mode de travail, montrent à l’évidence que, dans nos régions, la men- (1) D’après M. FI. Ameghino, il n’en serait pas de même en Amérique du Sud, où des débris osseux de précurseurs de l'Homme ont été recueillis dans des couches datées comme Miocène et Pliocène. Cet auteur vient encore de publier un beau mémoire sur une très intéressante découverte faite à Buenos-Aires. D'un autre côté, le célèbre Pithecanthropus de Trinil (Java), que des explorateurs avaient tenté de rajeunir sérieusement en le plaçant dans le Quaternaire, soit infé- rieur, soit moyen, vient d’être énergiquement défendu par le Dr E. Dubois, et il paraît hautement probable que cette pièce si intéressante reprendra bientôt définiti- vement sa place parmi les restes humains du Pliocène. SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 287 talité humaine s’est transformée, passant enfin de l’interminable période de stagnation à la phase d'évolution et de progrès. Avec le commencement du Quaternaire moyen, l’humanité vraie, consciente, possédant en germe tous ses progrès, est donc apparue; l'humanité passe du type Homo primigenius au type Homo sapiens. Il jest intéressant de remarquer que cette transformation a eu lieu sur place, probablement dans le Bassin franco-anglo-belge qui était, du reste, continu, car elle se fait peu à peu, progressivement, sans trace de brusquerie ni apport d'éléments ou de matériaux étrangers. Dans nos régions, la transformation s'effectue en trois étapes : a) L'étape mesvinienne où, en pleine industrie éolithique, on voit, d’une part, se développer le débitage intentionnel des rognons de silex pour en obtenir des éclats tranchants destinés à être utilisés et, d’autre part, apparaître l’idée d’une arme offensive sous la forme d’un perçoir considérablement agrandi; b) L'étape de transition proprement dite, que j'ai pu étudier nette- ment à l’exploitation Helin, à Spiennes, et dans les gisements si inté- ressants explorés par M. Aug. Conil dans la vallée de la Dordogne et de quelques-uns de ses affluents ; c) L'étape strépyienne où décidément la « taille intentionnelle » se développe, se systématise, puis se généralise, en même temps que l’on délaisse le mode de retouche des instruments tranchants au retouchoir. pour adopter un autre procédé donnant des résultats meilleurs et plus réguliers. On se rappellera que l’étape strépyienne conduit directe- ment, par amélioration de la technique, à l’étape chelléenne, franche- ment paléolithique. Pour qu’une aussi importante modification ait eu lieu, transformant la mentalité humaine, il faut nécessairement que quelque chose se soit passé dans le cerveau. Non seulement son organisation et sa substance ont dû s’affiner, mais aussi son volume a dû croître et cette croissance a nécessité un certain changement dans la calotte crânienne, où le front s'est élevé. D'autre part, 1l a dû également se passer quelque chose du côté de l’alimentation, qui est devenue moins grossière; dès lors, le volume de la mâchoire inférieure s’est peu à peu réduit; elle s’est rétrécie, les dernières molaires sont devenues plus petites, et ainsi la mâchoire s’est « débestialisée » et a acquis peu à peu un menton. Nous pouvons donc aisément nous faire une idée juste du nouveau type d'Homme doué d'intelligence et de conscience, en « désanimali- sant » le type primitif déjà en partie connu. 288 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE En soulevant et en bombant le front fuyant, en réduisant le relief des arcades sourcilières, ainsi que la distance du nez à la bouche, enfin, en rétrécissant la mâchoire inférieure et en y faisant apparaître un menton, nous aplatirons la face, nous en atténuerons considérablement le prognathisme et nous obtiendrons ainsi la réalisation, hautement vraisemblable, de l'Homme paléolithique inférieur à industries sueces- sives et toujours perfectionnées : strépyienne, chelléenne et acheu- léenne. Naturellement, une très petite partie des Éolithiques couvrant l’an- cien monde a seulement acquis la précieuse mentalité évolutive, mais la nouvelle race, gràce aux avantages que lui procurait son intelligence accompagnée du raisonnement, a dû se développer rapidement. Bientôt, en vertu de sa force physique et de son armement, elle a voulu opprimer les descendants non transformés de la race primitive, et ceux-c1 ont reculé Jusque dans les régions difficilement accessibles où 1ls ont continué à vivre en raison de leur étonnante résistance vitale et de leurs besoins modestes. Théoriquement, pendant l’époque paléolithique inférieure, 1l a donc dû exister, d’une part, des descendants des Éolithiques ayant gardé leur type primitif et leur industrie rudimentaire ; d’autre part, surtout dans nos régions, les descendants du type nouveau, avec front et menton en voie de développement, à industrie paléolithique en progrès constant. Maintenant 11 devient important de savoir si ces idées théoriques sont confirmées par une première apparence de preuve. | Je crois que oui, depuis que j'ai pu établir, par une nouvelle étude, que, si le crâne de Galley-Hill est authentique, il y a de grandes chances qu'il soit d'âge strépyien. La démonstration a été fournie ci-dessus. Dès lors, si le crâne de Galley-Hill est strépyien, nous pouvons constater, en l’examinant, qu’il répond en tous points à l’esquisse de l'Homme paléolithique inférieur que nous avons détaillée e1- dessus. Tout y est, jusque la grande dolichocéphalie qui caractérise elle-même le crâue des primitifs Éolithiques et que rien ne tendait à changer. Quant à un exemplaire de la survivance du type primitif, contem- porain de la race paléolithique inférieure, il n’en a pas encore été découvert. Cela n’a rien d'étonnant, les alluvions anciennes d’àge quaternaire moyen se trouvant presque toujours au-dessus du niveau actuel de la SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 289 nappe aquifère, ne conservent que très exceptionnellement les osse- ments et, à plus forte raison, les fragiles ossements humains. Sans la découverte du cràne de Galley-Hill, nous n’aurions pas pu dire un mot de l'Homme du Paléolithique inférieur (1) ; 5° À partir du Paléolithique supérieur, les documents positifs com- mencent à arriver, nombreux, grâce à ce que nous entrons dans l’épo- que des cavernes pendant laquelle, à cause d’une protection plus efficace des ossements, ceux-ci nous sont presque toujours conservés, plus ou moins intacts. Nous avons vu ci-dessus que la période d'occupation précaire des cavernes et des abris sous roche semble avoir commencé avec la fin du Paléolithique inférieur, peut-être avec l’Acheuléen {, mais certaine- ment avec l’Acheuléen If, suivi du stade ultime de La Micoque. Malheureusement, aucune découverte d’ossements humains n’a encore été faite à ces niveaux. | Immédiatement après l’époque de La Micoque s'ouvre la véritable époque d'occupation permanente des cavernes, qui commence avec le Moustérien, et aussitôt des matériaux importants apparaissent. Depuis que l’on a étudié les terrasses de la station classique du Moustier avec plus de soin et de détail, il a été reconnu que l’on pouvait subdiviser la masse du remplissage en trois assises : une inférieure, une moyenne, une supérieure. Le Moustérien inférieur est caractérisé par une assez forte proportion d'instruments amygdaloïdes, associée aux instruments ordinaires du Moustérien. Or, nous avons actuellement connaissance de deux squelettes humains de ce niveau, découverts très récemment, c’est-à-dire dans le courant des années 1908 et 1909. Le plus ancien en date est le squelette découvert par M. OÔ. Hauser et qui à été étudié par le Prof D' Klaatsch. Ce squelette est celui d’un jeune homme du type de Neanderthal, à facies vraiment bestial. La seconde découverte, toute récente, consiste dans le squelette découvert par M. Peyrony à la Ferrassie. D’après une communication obligeamment faite par l’auteur de la trouvaille, le squelette reposait (1) Peut-être pourra-t-on en dire plus si l’on parvient à faire prendre en sérieuse considération les restes de Denise, de Tilbury et de Bury-St-Edmunds, et surtout si l’on arrive à prouver qu'ils sont d’âge paléolithique inférieur. 290 A. RUTOT. — COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE sur le niveau acheuléen et, pour autant qu’on puisse en juger avant la restauration du crâne, qui était écrasé, il appartient également à la race de Neanderthal, attendu que le front et le menton sont fuyants, les arcades sourcilières proéminentes, etc. Le Moustérien moyen, qui représente surtout le facies industriel typique, n’a pas fourni, Jusqu'à présent, de restes humains; mais pour ce qui concerne le Moustérien supérieur, nous y rencontrons d’abord le squelette de la Chapelle-aux-Saints, découvert par les abbés Bardon et Bouyssonie, puis le crâne d'enfant trouvé le 13 août dernier par M. Peyrony au « Pech de l’Azé », près de Sarlat. On sait, par les communications de M. Boule, que le squelette de la Chapelle-aux-Saints appartient à un vieillard de la race de Neanderthal ; quant au crâne d'enfant du Pech de l’Azé, son mauvais état n’a pu permettre de voir autre chose que la courbe fuyante du menton. Il suit donc que les quatre débris humains de l’époque moustérienne appartiennent à la race de Neanderthal. Cependant, je n’en suis pas moins convaincu que tous ces restes, d'âge moustérien, ne se rapportent nullement à des populations à industrie moustérienne : ce sont des survivants du type primitif, à men- talité stagnante, qui étaient peu à peu revenus en contact avec les Paléolithiques et qui avaient été capturés par ces derniers. On se rappellera, du reste, que j'ai signalé, au Moustier même, l'existence d’un niveau industriel à facies éolithique (niveau des instru- ments roulés), intercalé entre deux niveaux moustériens ; 4° L’Aurignacien, qui suit le Moustérien, à fourni un nombre impor- tant de précieux documents. D'abord dans l’Aurignacien inférieur, nous trouvons : a) Les deux squelettes de Spy, dont l’un à type de Neanderthal très pur, tandis que l’autre pourrait être un métis de race de Neanderthal croisée à un type pourvu de front et tendant vers la brachycéphalie ; b) Le squelette de Combe-Capelle, découvert par M. Hauser, dont le crène présente un front et un menton, ce qui permettrait de le rapporter à une race intelligente. Il serait analogue, d’une part, avec le crane de Galley-Hill — beaucoup plus ancien — et avec le crâne de Brünn, un peu plus récent ; c) Les débris humains de Krapina, trop fragmentés pour qu'ils aceu- sent des types bien marqués, bien que, toutefois, les caractères prinei- paux soient néanderthaloïdes. Il serait donc question, à Krapina (Croatie), d’un groupe d’Éolithiques capturés et mangés par des Aurignaciens ; ER SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. 291 d) Les débris humains de la caverne d’Hastière (Belgique), qui présentent des fragments de mâchoires pourvues de menton ; e) Les fragments de mâchoires du Petit-Puymoyen (Charente), dont, malheureusement, les caractères sont insuflisants pour qu'on puisse se faire une idée exacte du type humain auquel ils appartiennent ; f) La calotte cranienne de Neanderthal ; g) La mâchoire de la Naulette. Il suit de là l’existence, pendant l’Aurignacien inférieur, de deux races, l’une intelligente, avec front et menton, qui constituerait les vrais Aurignaciens, l’autre à type primitif ou de Neanderthal, qui serait la survivance des populations éolithiques primitives. S1 nous passons à l’Aurignacien moyen, nous rencontrons : a) Les trois crânes de l’abri sous roche de Cro-Magnon, à facies homo- gène, avec front et menton bien développés, et qui semblent être l’abou- tissement de l’évolution du type de Galley-Hill et de Combe-Capelle. Ces trois crânes sont considérés comme constituant les types de la « race de Cro-Magnon » ; b) La majeure partie des squelettes rencontrés dans les diverses cavernes situées au bord de la Méditerranée, près de Menton, et notamment celui trouvé dans la « Grotte des Enfants », qui appar- tiennent à la race de Cro-Magnon ; c) Les deux squelettes à face prognathe, également recueillis dans la « Grotte des Enfants », mais avec front et menton, rapportés par M. le D' Verneau à la race « négroide » ; d) Un fragment de mâchoire avec menton peu accusé provenant de la caverne de Goyet (Belgique). Dans l’Aurignacien moyen français, ce sont donc les populations de la race de Cro-Magnon qui ont laissé le plus de traces; dans le Sud, il s’y mêlerait des individus d’une race quelque peu différente (Négroïdes du D' Verneau), avec indice, en Belgique, de survivance d’un stade précédent. Les restes d'individus de la race de Neanderthal sont absents, ce qui ne signifie point qu'ils aient disparu complètement ; ils se sont probable- ment retirés de la région habitée par les Aurignaciens. Pour ce qui concerne l’Aurignacien supérieur, rien ne semble connu en France. En Belgique, nous comptons une mâchoire supérieure humaine sans caractères décisifs au Trou Magrite et deux mâchoires inférieures dans la caverne de Goyet, dont une à menton bien aceusé, tandis que l’autre a ce caractère sensiblement moins prononcé. 292 COUP D'OEIL SYNTHÉTIQUE SUR L'ÉPOQUE DES CAVERNES. C'est en Moravie qu’il faut aller pour trouver des restes plus impor- tants; nous y voyons d’abord le crâne de Brünn, d’une part, puis les quatorze squelettes de Predmost, si diversement appréciés par les anthropologues et qui semblent tous, avec leurs caractères transitoires, n'être qu'une survivance d’un stade ancien compris entre Galley-Hill et Cro-Magnon, et montrant que l’évolution progressive avait marché plus vite en France qu’en Moravie, car en France les vrais Cro-Magnons existaient déjà largement pendant l’Aurignacien moyen, alors que, pendant l’Aurignacien supérieur, la Moravie n’en est encore qu’à la persistance d’un type intermédiaire que nous constatons exister en France dans l’Aurignacien inférieur de Combe-Capelle. Le Solutréen n’a fourni aucun reste humain authentique et, enfin, le Magdalénien ne présente plus que des restes appartenant à la race de Cro-Magnon, avec apparition en Belgique d'individus assez nombreux tendant à la brachycéphalie. Pour terminer, ajoutons qu’une infiltration lente de tribus à crâne brachycéphale, non autochtones et venant peut-être d'Asie, à pu se produire à partir de la fin du Moustérien, ainsi que le crâne Spy n° 2 semble l'indiquer; mais, pour le moment, la question de la brachycé- phalie reste toujours entourée de mystère. Note ajoutée pendant l'impression. — En passant en revue les squelettes du Paléoli- thique supérieur actuellement connus, on constate que presque tous les individus de iype élevé, à front et menton, tant à facies de transition que Négroïdes et Cro: Magnons, sont inhumés et sont accompagnés d’ornements de tête composés surtout de coquilles. Le nouveau squelette du type de transition découvert à Combe-Capelle, avec sa couronne de coquilles, rentre donc dans la règle générale. Au contraire, jusqu’à présent, aucun squelette néanderthaloïde ne montre trace d’ornements ou de parure, bien que contemporains des premiers, ce qui paraît être un signe d’infériorité due, sans doute, à leur état d’esclavage. Ce EN EUROPE. QUATE D RACE. OBSERVATIONS. | L'EU] Cro-Magnon. Cro-Magnon. Cro-Magnon. Foyers du Renne. Cro-Magnon. : Sous-brachycéphales. non Magdalénien moyen. Pygmées. Pré-tardenoisien ? (1) Le terme : vi TABLEAU RÉSUMANT LA CHRONOLOGIE DES DÉBRIS HUMAINS DE L'ÉPOQUE QUATERNAIRE EN EUROPE. QUATERNAIRE DE L'EUROPE. GLACIATION DE GUENZ. INTERGLACIAIRE RE GLACIATION DE RISS. INTERGLACIAIRE Il QUATERNAIRE | DE BELGIQUE. Û Reutélien L 8 Mafflien # Mesvinien INDUSTRIE. NATURE DES PIÈCES. Mâchoire de Mauer (Schoctensack). RACE. Néanderthaloïde. OBSERVATIONS HESBAYEN, érieur. Baléolithiq Strépyien Chelléen Acheuléen inférieur. Acheuléen supérieur. La Micoque Squelette de Galley-lill Crâne de Denise, Auvergne Squelette de Tilbury. Crâne de Bury Saint-Edmunds. Transition (!) Transition? Néanderthaloïde Authenticité discutée. Niveau stratigraphique non précisé. BUABANTIEN. GLACIATION AVEC OSCILLATIONS DE WURM. EE EE _— FLANDRIEN. supérieur ou troglodytique. Paléolithique (0) Te 9 ) Le terme » transition signifie : formes de transition entre les races de Neanderthal et de Cro-Magnon. inférieur. Moustérien moyen. supérieur, Squelette du Moustier (0. Hauser) Squelette féminin du Moustier (E. Rivière). Squelette de la Ferrassie (Peyrony). Squelette de la Chapelle-aux-Saïnts. Neanderthal Transition ? Neanderthal Neanderthal Authenticité discutée: inférieur. Aurignacien moyen supérieur. | Squelette de Combe-Capelle (0. Hauser). Squelettes de Spy (J. Fraipont). Négroïdes de Menton (Dr Verneau). Restes humains d'Ilastière (Ed. Dupont). Restes humains de Krapina (G. Kramberger). Môchoire de la Grotte des Fées (de Vibraye). Müchoire de Malarnaud (F. Régnault) Mächoire de la Naulette (Ed. Dupont) Calotte type de Neanderthal. Squelettes de Cro-Magnon (Ed. Lartet). Squelettes de Menton (Rivière, Verneau, etc.). Squelette de Brünn (Makowsky) Crâne de Brünn-Rotenberg. Squelettes de Predmost (Maska) Restes humains du Trou Magrite (Ed. Dupont). Machoires de Goyet (Ed. Dupont) Transition. Neanderthal Négroïde. Transition. Néanderthaloïdes Transition? Transition? Neanderthal. Neanderthal Cro-Magnon. Gro-Magnon Transition. Transition. Transition ? Gro-Magnon? Pas d'industrie. Pas d'industrie. Niveau non précisé. Authenticité diseutée. Races mélangées? Non étudiés. inférieur. Solutréen supérieur. Subdivision en {rois assises } Magdalénien actuellement impossible. Squelette de Laugerie-Basse. Squelette de Chancelade. Squelette de la Grotte Duruthy, Sorde. Cro-Magnon. Cro-Magnon. Cro-Magnon. Crâne du Placard. Squelettes de Solutré (Arcelin). Squelette de la grotte des Hoteaux, Ain. Crânes et ossements de Furfooz (Ed. Dupont). Restes de pygmées du Scheizersbild (Naesch). Gro-Magnon. üro-Magnon. Gro-Magnon: Furfooz. Pygmées. Î Foyers du Renne. Sous-brachycéphales. Magdalénien moyen. Pré-tardenoisien? P} LES MORSES PLIOCENE POEDERLIEN A ANVERS PAR GEORGES HASSE (1) ns I. — Introduction. Les grands travaux effectués à Anvers pendant les années 1902, 1903, 1904 et 1905 pour le creusement et la construction de nouveaux fossés et de nouveaux bassins au Nord d'Anvers, dans le polder de Steenborgerweert, ont permis à mon excellent collaborateur l’avocat Bernays et à moi-même de refaire une étude approfondie des terrains pliocènes à Anvers; les fouilles s’étendaient sur plus de 50 hectares. Malgré l'emploi de l’excavateur pour une grande partie du travail, il semble que, par un hasard vraiment providentiel, on ait été obligé de déblayer et de creuser à la bêche les parties les plus intéressantes et les plus riches; c’est ainsi que furent trouvés les restes des mammifères supérieurs dans une butte qui avait 170 mètres sur 300 mètres et qui était située à la Jonction des deux bassins vers le musoir et vers le bassin Lefèvre (fig. 1, point F, et fig. 3, 4 et 5). Le Pliocène poederlien livra, parmi de nombreux ossements de cétacés et de delphinides, les restes de mammifères supérieurs : Elephas ; Rhinoceros ; Bos ; Trichecus ; Cervus ; Phoca. Désireux de faire une étude sérieuse de ces ossements, J'eus recours à l'intervention du savant et dévoué Prof' Lameere, pour me présenter au Musée royal d'Histoire naturelle, où M. le directeur Dupont me reçut fort bien et me remit aux bons soins de M. le conservateur Dollo. (1) Mémoire présenté à la séance du 20 octobre 1909. 294 GEORGES HASSE. — LES MORSES M. Dollo, avec une courtoisie exquise, mit à mon service sa science éprouvée ainsi que tous les livres et tous les ossements dont il put disposer. Je tiens à remercier bien vivement ces Messieurs, et particu- lièrement M. Dollo, aux bons et savants avis duquel j’eus si souvent recours; aussi, comme témoignage tangible de reconnaissance, j'ai offert au Musée royal d'Histoire naturelle de Bruxelles tous les osse- ments de Morse qui feront l’objet de cette étude. Il. — Gisement,. lolder de Steenb orgerweert Échelle 5 1/29 000 Fig. 1. — PLAN DES NOUVEAUX FOSSÉS ET NOUVEAUX BASSINS D’ANVERS. A, B. Nouveaux bassins dits intercalaires. | C. Bassin Lefèvre (ancien). | D. Nouveaux fossés. E. Ancienne enceinte. | | | î È : | | | | Ï | sr 4! | Fe ; L Re 3 | 1 i : ; | / 4 È | | ‘ | Ad { | . st L | - 4 | a \ ë . | * | | | L — + | ; = g | | : à Ÿ AY | | | | | | < , : | | | x | È | ) È | | | i % @ | | | | F à 4 | | | | E | | | ; \ | \ : | | = \ le El Il | = E É | f #. L Ë : | ; . | = FR € | * : = | | | ; F | 0 + ” L | : ; | | : | : | i 300 GEORGES HASSE. — LES MORSES Longueur . Largeur aux bulles tempo- rales, a Do Hauteur près du temporal . Longueur de la voûte du MAS 605600 ip 6 Largeur de la voûte prise au collet des canines . Largeur de la voûte aux mo- laires. . , 5 one à Distance entre la dernière molaire et les ptérygoïdes. Longueur des rangées de dents molaires Longueur du diastème entre ietpm.. oo Diamètre des incisives Diamètre des canines. , Diamètre des molaires Hauteur du trou occipital . Largeur du trou occipital . Crânes appartenant à . Fossile poederlien jeune. 24? 95 l Fossile poederlien adulte. 2 12 41 Ed 45 9 X 1.516.5 X 10 2X15 6.5 Fossile de Breskens. 39,5 318 23 5.4 43 à ü .S2 Université ä io TS) Al SE « NE Es LE d'in M SES Gand. ES 282 L- de Br < 3 ” El Ren |— salt 2 3 | 4 3050 à 38 36 | 39 | 3 | % J 302 | 26 | 322 | 295| y» | | 29 158] 935 | 205| 46! qi 90.5 | 21 | 25] %x| ri | 8 40 | 40 | o À y 6,8 || 40 108 | 8 65| 1] | | 40 10 | 405| 14 | 9 "| 8 8s| 79| 6 | 5 | 4! | | 0 0 o |o|© | 15 | = | AS MMIEXt) NS | ax as |sxsrrxs| 45H ' | mul 2X2| 2 31e | | | al 1] NU) 0) € sl À — BEEN 4 a direct ogr 2° 100. (M 991 149 46 [A 38 244 |! DU PLIOCÈNE POEDERLIEN A ANVERS. crânes appartenant à : 301 Musée d'Histoire naturelle Natura artis Magistra Ainsterdam de Leïde. Bibliogr., ns 100. Bibliogr’. n° 400. pwlisluwlis 1617 118)19/20 121,222) 25 | > ms (soal se |a22|— |a7 |05 315 166 163 04 la01 lis 168 | 004 ns [ol 348] 2431076 | 305215 285 66/9136 |1121980 059 0, | 403 0 lasol 239! 1468/4184 | 10,3/145 |19:7 166 116. l20 4 lao4 [15,7 l168 | 224 | a | ne 34! 441 541 441 = À 291461401361 30l 34142145) 5 | 48 38) 38) 54! 41] = | 43 46la6/3ol4s|a7| 89/4115 | 42 302 GEORGES HASSE. — LES MORSES VI. — Les Morses du Pliocène poederlien d'Anvers (1). Trichecus Rosmarus L. VIVANTS. Alachtherium Antwerpiensis G. H, FOSSILES. 4. — CRANE. Dentition. Fig 0,7:18, 91 19 119 Trichecus Rosmarus jeune L. 1 m 0” 1 4 CD Trichecus Rosmarus adulte L. 1! c+pi me. Alachtherium Antwerpiensis jeune 1 * CPE Alachtherium Antwerpiensis adulte 1° CprmT. Alachtherium Cretsii adulte Du Bus 1; Ci Del Trichecus Huxleyi adulte R. Lank., it — Ci p— m—. Incisives. Jeune ?. Adulte =. Il y a une tendance à la réduction en nombre et en longueur des incisives, la table dentaire a une usure horizontale ; les incisives se reportent en arrière vers les dents molaires, sur le côté interne des canines, et la partie anté- rieure des intermaxillaires reste libre. Leur racine est courte et pointue. Fig. 6. — MoRsE FOSSILE JEUNE. Fig. 7. — MORSE VIVANT JEUNE. Jeune 5. Adulte ?. Incisives longues à section ovale, augmentant de diamètre de 11 à 43 comme chez Otaria jubata (88); les racines sont longues, incurvées légère- ment en arrière; elles sont placées dans l’espace intermaxillaire en avant des. canines dont elles sont nettement sépa- rées. La table dentaire a une usure oblique. z? 13 Fig. 8. — Morse FOSSILE ADULTE. VIVANT ADULTE. (1) Bibliographie, nos 3, 5, 8, 19, 13, 16, 23, 99bis, 37, 38, 44, 46, 190. DU PLIOCÈNE POEDERLIEN A ANVERS. * Trichecus Rosmarus L. 303 Alachtherium Antwerpiensis G. H. Canines,. [Fig. 10.] ‘Les canines grandissent avec l’âge, Incurvation faible. légères cannelures dans l’alvéole dentaire, racine largement ouverte, fond de l’alvéole plan : l’alvéole n'empiète pas sur la voûte palatine, se dirige presque perpendiculairement au crâne et est très courte. Diamètres pour vingt-huit paires men- surées de 2em( X 4em() à 3em0 x 5m, Canines fort incurvées chez le jeune et chez l’adulte, cannelures dans l’al- véole et sur la dent. Racine longue et large, mais pas trop ouverte, fond de l’alvéole rugueux ; l’al- véole empiète fortement sur la voûte palatine et se dirige obliquement en avant. Diamèêtres antéro-postérieur et trans- verse : Jeune 1em5 x 92cm, Adulte 6em5 X 10cm0, Les canines de Trichecus Huxleyi ont 68 X Jem9 et offrent une incurvation identique à celle du type d'Anvers, mais les cannelures sont plus accusées (fig. 10). Asymétrie bilatérale, la canine gauche toujours plus forte. Wection de /2 canine gauche ve Fig. 10. Section de /2 canine droite ' 1 l À 4 Û ! ! ! ! Section de la canine ! de frichecus Huxleyi d'après Ray Lankester 1/, grandeur naturelle, Prémolaires. (Fig. 6, 7, 8, 9] Jeune +. Adulte ‘- Sont courtes, à racine pointue, atro- Jeune *. Adulte #. Allongées, de section ovalaire, table phiée, tendance à disparition de ps. Sont situées près de la canine et des incisives. Alvéoles perpendiculaires; table dentaire presque plane. dentaire à usure oblique, racines lon- gues, s’atrophiant très peu avec l’âge. Sont situées en arrière des canines, un diastème entre elles et les canines. Alvéoles obliques en arrière. 304 . GEORGES HASSE. — LES MORSES Trichecus Rosmarus L. Alachtherium Antwerpiensis G. H. Molaires. Jeune +. Adulte *. Une seule molaire chez le jeune, déjà petite, atrophiée, table dentaire plane, racine très courte; alvéole réduite; n'existe plus chez l’adulte. Jeune +. Adulte +. Persiste chez l’adulte, est plus petite que la première prémolaire; dent nor- male, racine longue et incurvée vers l’intérieur; table dentaire oblique ; alvéole longue, ovale et oblique. Occipital. [Planche II : fig. 4, 2, 8, 4, 5. — Planche IV: fig. 1,2, ?, 4,5. Il y a une protubérance occipitale externe et une crête occipitale étroite et petite. Trou occipital sensiblement rond. Condyles occipitaux peu étendus et séparés par un sillon; plusieurs orifices à leur face interne pour le canal de l’hypoglosse. Échanerures intercondyliennes bien marquées. Apophyse basilaire courte et sans crête médiane accusée. Pas de protubérance occipitale ex- terne, surface plane; la crête occipitale est haute et large, et fortement reportée en avant. Trou occipital ovale et très grand. Condyles occipitaux larges et longs, réunis inférieurement par une surface lisse et étroite; un seul trou pour l’hypo- glosse, large. L’échancrure intercondylienne supé- rieure seule est marquée. Apophyse basilaire longue, avec une crête médiane bien marquée. Sphénoïde. (Planche IT : fig. 4, 2. — Planche IV : fig. 1,2. Corps étroit. Le trou déchiré a un contour irrégu- lier divisé par des lamelles cartilagi- neuses. Corps large. Le trou déchiré est divisé en deux trous à contour osseux, accolés au trou condylien. Temporaux, [Planche IT : fig. 4, 2, 3. — Planche IV : fig. 4,9, 3, 5.] Les bulles temporales sont peu éle- vées, obliques en bas et en dehors. La face externe est bombée et ru- gueuse. Le canal auditif externe est court et oblique, le trou auditif petit. Les bulles temporales sont très gran- des, hautes et larges, perpendiculaires. La face externe est plane et lisse. Canal auditif externe droit et long, trou auditif grand. Chez le jeune, les bulles temporales sont aussi hautes que larges. | ST ————— DU PLIOCÈNE POEDERLIEN A ANVERS. 305 Trichecus Rosmarus L. Apophyse zygomatique étroite; l’arti- eulation synarthrodiale.avec le zygoma- tique se fait par deux surfaces obliques de haut en bas et d’avant en arrière (fig. 11 a et b). (#2 b Fig. 11. La cavité glénoïde de l'articulation temporo-maxillaire a une crête qui la borde vers l'extérieur et les empreintes de fixation cartilagineuse sont peu mar- quées. Alachtherium Antwerpiensis G.H. Apophyse zygomatique large; l’articu- lation synarthrodiale avec le zygoma- tique se fait par deux surfaces obliques transversalement et d’avant en arrière (fig. 12 a et b). (#4 b Fig. 12. La eavité glénoïde de l'articulation temporo-maxillaire est large, avec une crête qui la borde intérieurement et de profondes empreintes de fixation carti- lagineuse; chez le jeune, le diamètre antéro-postérieur de cette cavité égale presque le diamètre transversal. Ptérygoïdiens. [Planche IT: fig. 1,2] Étroits à apophyses hautes. Plus larges à apophyses courtes. Pariétaux. [Planche IV : fig. 1, 2, 3, 4,5. Sont faiblement bombés et réunis sur la ligne médiane du eràne par un bour- relet osseux. Faces externes rugueuses. Sont fortement bombés et réunis par une large gouttière sur la ligne médiane. Faces externes lisses. Sus-maxillaire. [Planche IIL : fig. 1,2, 3. — Planche IV: fig. 4, 9, 8, 4, 5.] Largeur variable chez l'adulte. Les alvéoles dentaires sont atrophiées, courtes, droites, toutes sensiblement égales. Quatre alvéoles : jeune. Trois alvéoles : adulte. Face inférieure palatine fort concave et lisse chez le jeune et chez l’adulte. Trou incisif large. Larges chez le jeune et l’adulte. Les alvéoles dentaires sont longues, obliques d’arrière en avant et de dedans en dehors, de diamètres égaux, sauf pour pa etre Cinq alvéoles : jeune. Cinq alvéoles : adulte. Face inférieure palatine concave, moins chez le jeune que chez l'adulte; empreintes profondes pour abriter les vaisseaux, accentuées avec l’âge. Trou incisif peu marqué. 306 GEORGES HASSE. — LES MORSES Trichecus Rosmarus L. Alachtherium Antwerpiensis G. 4. Intermaxillaires ou os incisifs. [Planche 11 : fig. 4, 2, 3. — Planche IV : fig. 4, 5.] Réduits. Les branches sont courtes. Alvéoles incisives, courtes et droites. Jeune : deux alvéoles; adulte : une alvéole. La suture avec le sus-maxillaire dis- paraît très tôt. Le bord antérieur est droit. Normaux et larges. Les branches sont longues. Alvéoles bien placées dans l’espace incisif en avant des canines, sont dé- croissantes de longueur et de diamètre de i! a 1°. Jeune: trois alvéoles; adulte : deux alvéoles. La suture incisive sus-maxillaire reste visible même chez l’adulte. Le bord antérieur est oblique et pro- éminent. 2. — RÉGION CERVICALE. Atlas. [Planche VI : fig. 3 (2), fig. 6 (2), fig. 7 (1)] Apophyses transverses ur peu obli- ques. Canal médullaire ovale. Corps vertébral moyen, un peu grêle. Apophyse épineuse petite. Facettes articulaires pour l’occipital non confluentes. —— — Fig. 13. Surface articulaire pour l’axis creusée dans le corps vertébral fig. 13) et sépa- rée des surfaces articulaires latérales concaves. [Planche VI : fig. 3 (4), 6 (1), 8(4)] Apophyses transverses très larges, droites. Canal médullaire rond. Corps vertébral très robuste. Apophyse épineuse nulle. Facettes articulaires pour l’occipital confluentes et très larges. Fig. 14. Surface articulaire de l’axis, simple facette de glissement réunie aux surfaces articulaires latérales presque planes (fig. 14). AXIS, [Planche VI: fig. 3 (2), fig. 6 (4), fig. 7 (2). Corps vertébral petit avec une apo- physe odontoïde pédiculée. Apophyses transverses nulles. [Planche VI : fig. 3 (3), fig. 6 (3), fig. 8 (2’)] Corps vertébral robuste et large avec une apophyse odontoïde non pédiculée, mais formant un cône articulaire en continuité avee les surfaces articulaires latérales très développées; donc mou- vements plus étendus que chez Le Morse actuel. , Il y a de petitesapophysestransverses. DU PLIOCÈNE POEDERLIEN A ANVERS. 307 Trichecus Rosmarus L. Alachtherium Antwerpiensis G. H. Troisième, quatrième, cinquième, sixième et septième vertèbres cervicales. [Planche VI : fig. T (3, 4, 5, 6, 7). Corps vertébral grêle. Apophyses transverses toutes égales. Canal médullaire ovale pour toutes les vertèbres cervicales ; toutes les sur- faces d'insertion ligamenteuses et mus- culaires sont tubéreuses. [Planche VI : fig. 8 (3, 4’, 5’, 6’). Corps vertébral très robuste. Apophyses transverses croissantes et obliques en avant. Canal médullaire rond, surfaces d’in- sertion ligamenteuses et musculaires très larges, mais lisses pour toutes les vertèbres cervicales. 3. — RÉGION DORSALE. Quatorze vertèbres. Corps vertébral grêle. Apophyses transverses étroites. Facettes articulaires costales étroites et allongées. Surfaces d'insertion musculaires et ligamenteuses tubéreuses. Pas de déviation de la symétrie bilaté- rale. 4, — RÉGION Six vertèbres. Corps vertébral grêle. Apophyses épineuses larges. Apophyses transverses obliques. Pas d’asymétrie bilatérale. Quatorze vertèbres. Corps vertébral très robuste. Apophyses transverses fortes et larges. Apophyses épineuses très hautes, larges et robustes. Facettes articulaires costales grandes et arrondies ; avec l’âge, une des facettes, soit la gauche, soit la droite, diminue. Surfaces d'insertion musculaires et ligamenteuses lisses, mais très larges. Déviation de la symétrie bilatérale à gauche ou à droite; les apophyses trans- verses sont un peu plus courtes, et même pour une vertèbre, la quatorzième, 1l n’y a plus qu’une seule apophyse transverse et une seule facette articulaire costale : la gauche. La conformation générale des vertèbres cervicales ressemble sinon beaucoup à celle de Trichecus Rosmarus vivant. LOMBAIRE. Six vertèbres. Corps vertébral très robuste. Apophyses épineuses larges. Apophyses transverses droites. Légère asymétrie marquée dans la longueur des apophyses transverses. 308 GEORGES HASSE, — LES MORSES Trichecus Rosmarus L, Alachtherium Antwerpiensis G. H. 5. — RÉGION SACRÉE. [Planche VIT: fig. 4 (2), fig. 5 (4,.] Corps vertébral petit, les facettes arti- culaires pour la dernière vertèbre lom- baire sont obliques. Apophyses transverses courtes, peu élevées. La surface articulaire synarthrodiale de l’ilium est petite et tubéreuse. [Planche VI : fig. 4 (3), fig. 5 (31. Corps vertébral large, les facettes articulaires lombaires sont droites. Apophyses transverses courtes mais hautes. La surface articulaire synarthrodiale de l’ilium est large et lisse. G. — RÉGION CAUDALE. Vertèbres petites, sans apophyses transverses. Vertèbres plus grosses, avec des apo- physes transverses encore visibles, non réduites. 7. — RÉGION STERNALE. Corps vertébral petit, très tubéreux, faces rugueuses. 8 Corps vertébral robuste, lisse, faces lisses. 8. — CÔTES. Tête costale peu détachée de la côte et allongée. Tête articulaire ronde et bien pédi- culée. Côtes plus robustes. 9. — MEMBRES ANTÉRIEURS. Trois membres antérieurs gauches. Trois membres antérieurs droits. Un scapulum droit. Quatre humérus : gauche. Un radius gauche, trois phalanges. trois droits et un Scapulum. [Planche VI : fig. 2 (8).] Épine acromienne tranchante, peu élevée et recourbée vers la fosse sous- épineuse, tubérosité de l’épine peu mar- quée, pointe coracoïde recourbée en avant. [Planche VI : fig. 2 (7). Épine acromienne lisse, arrondie, mais épaisse (insertion large du trapèze), pas de tubérosité, done pas de tendon dans le trapèze; forte apophyse cora- coïde se détachant à angle droit de l’épine. | DU PLIOCÈNE POEDERLIEN A ANVERS. 309 Trichecus Rosmarus L. Cavité glénoïde avec tubérosité petite, mais tubéreuse. Fosses sous et sus-scapulaire lisses. Os mince. Alachtherium Antwerpiensis G. H. Grande et profonde cavité glénoïde avec tubérosité large, étalée, donc grande insertion du court abducteur du bras et peu de parties tendineuses dans le muscle. Fosses sus-scapulaire lisse, sous-sca- pulaire rugueuse. Os très épais. Humérus. [Planche V: fig. 4, 2, 3 (nos 4, 6). — Planche VI: fig. 1 (nos 4, 6).] Face antérieure presque lisse, limitée par une petite crête peu tranchante de la gouttière de torsion (fig. 15). [Planche VI : fig. À (n9s 1, 2, 8, 5).— Planche V: fig. 4, 2, 3 (nos 1, 2, 8, 5). Face antérieure lisse, limitée par une crête chez le jeune, mais plus chez l’adulte; la crête postérieure est fort élargie et montre une surface d’inser- tion confluente du deltoïde et de l’omo- brachial; chez le jeune, la crête se ter- mine en pointe; chez l’adulte, par une surface rugueuse (fig. 17). EXTRÉMITÉ SUPÉRIEURE : (Fig. 45-16.] Tête articulaire avec collet et recour- bée en bas et en avant, très convexe, séparée du trochiter par un sillon. Trochiter étroit, libre, avec la crête oblique vers la face interne. . Coulisse bicipitale anfractueuse. (Fig. 17-48.] Tête articulaire avec collet peu mar- qué, redressée sur le corps de l'os, peu convexe et en continuité presque avec le trochiter. Trochiter large, réuni à la tête arti- culaire, avec la crête droite. Coulisse bicipitale large, profonde, lisse. EXTRÉMITÉ INFÉRIEURE : (Fig. 48-16] Épitrochlée à facettes proéminentes convexes. Épicondyle formant une éminence triangulaire vers la face externe de l'os. Trochlées articulaires aussi longues que larges. Fossette coronoïdienne bordée par une lèvre rugueuse. Faces rugueuses. L’humérus a une tendance à s’incur- ver. (Fig. 17-18.] Épitrochlée à facettes larges et planes. Épicondyle énorme formant une émi- nence rectangulaire, perpendiculaire à la face externe de l'os. Trochlées articulaires plus longues que larges, dans le sens antéro-posté- rieur. Fossette coronoïdienne large et peu profonde, non bordée. Faces lisses ou peu rugueuses, même chez l'adulte. L’humérus est redressé même chez l'adulte. | 310 Fig. 15. FACE EXTERNE. Fig. 16. FACE INTERNE. GEORGES HASSE. — LES MORSES Trichecus Rosmarus L. Alachtherium Antwerpiensis G. H. Fig. 17. FACE EXTERNE. HÆ Fig. 18. FACE INTERNE. ADULTE. JEUNE. ADULTE. JEUNE. & ÇO OT LÉGENDE : . Trochlée. . Tête articulaire. . Surface d'insertion de l’omo-brachial et empreinte deltoïdienne. : . Crête postérieure de la gouttière de torsion. . Fossette coronoïdienne. . Crête antérieure de la gouttière de torsion. DU PLIOCÈNE POEDERLIEN A ANVERS. 311 Trichecus Rosmarus L. Alachiherium Antwerpiensis G. H. Radius, [Planche VT : fig. 2, n° 6.] Face postérieure : rugosités pour le ligament interosseux cubito-radial. Extrémités : un peu convexes, petites cavités glénoïdes articulaires. [Planche VI : n° 5.] Proportions de l'os plus régulières, il n’y a pas tendance à réduction de la diaphyse supérieurement. Face postérieure : une facette pour l'insertion du ligament interosseux cu- bito radial. Extrémités : larges surfaces articu- laires, grandes cavités glénoïdes ; donc mobilité plus grande. Phalanges, Os rugueux. Os lisses à facettes articulaires bien délimitées. Ilium. [Planche VI : tig, 2, n° 1.] Étroit, ressemble plus à celui des Otaries. Surface articulaire sur la face infé- rieure rugueuse, irrégulière. Cavité cotyloïde ronde, large, échan- crée, avec tubérosité interne ronde. Empreintes d'insertion du droit anté- rieur : simples rugosités. | [Planche VI: fig. 2, n° 2. Un peu plus large, comme chez les Phoques. La surface articulaire sur la face infé- rieure est bien limitée par une lèvre rugueuse et un talon vers le bord interne, done attache nette et grande pour les ligaments ilio-sacrés, courts. Cavité cotyloïde ronde, très large et échancrée, avec tubérosité interne allongée. Empreintes d'insertion du droit anté- rieur de la cuisse sont sur une petite crête. 410. — MEMBRE POSTÉRIEUR. Fémur. [Planche VI : fig. 9, n° 4.] Étranglé vers la tête articulaire supé- rieure. Tête articulaire avec long pédicule étroit. [Planche VI : fig. 2, n° 3.] Non étranglé vers la tête articulaire. Tête articulaire large avec très court et très large pédicule. Trochanter très développé dans le sens antéro-postérieur. 312 : GEORGES HASSE. — LES MORSES Trichecus Rosmarus L. Alachtherium Antwerpiensis G. H. Surfaces articulaires de l'extrémité Surfaces articulaires de l’extrémité inférieure courtes, un peu obliques. inférieure longues et reportées en avant et droites, donc mouvements très éten- dus. À la face postérieure, sous le trochan- À la face postérieure, sous le trochan- ter, la tubérosité d'insertion du long ter directement : tubérosité large pour vaste est reportée sur le côté interne. l'insertion du long vaste. Rotule. (Planche V : fig. 4, 5, no 4] Surface articulaire fémorale aussi large que haute et droite. [Planche V : fig. 4, 5, n° 3.] Surface articulaire fémorale étroite, allongée et oblique. Astragale. [Planche IIT : fig. Ga.] Facettes articulaires droites et mieux définies. Jeu articulaire plus étendu. (Planche IL : fig, 6b.] VII. — Diagnose. A. Caractères qui différencient les Morses pliocènes poederliens d'Anvers de Trichecus Rosmarus L. 4° La formule dentaire : celle du jeune vivant est semblable à celle de l’adulte fossile. Trichecus Rosmarus. Morses pliocènes poederliens. 0 2 4 . Jeune ec Dm Jeune: 17 cOpeme + 4 0 0 Adulte. . .15c:p5ms Adulte, 320 2p°7me 20 La disposition, la longueur des dents; ° La forme et les proportions du crâne; 4° Toutes les particularités différentielles relevées sur les squelettes comparés. B. Étant donné ces caractères des Morses pliocènes poederliens, de quel type fossile se rapprochent-ils ? 4° Alachtherium Cretsii Du Bus, dont seul le maxillaire inférieur droit existe, donne la formule dentaire V2 C1P>3M Ge Cette formule dentaire se rapproche de celle des Morses pliocènes poederliens adultes; les dents sont semblables de forme aussi. Les caractères différentiels sont : a) La surface articulaire pour le temporal est oblique en dehors DU PLIOCÈNE POEDERLIEN A ANVERS. 313 chez Alachtherium Cretsii ; droite, perpendiculaire au crâne chez le Morse poederlien. b) La longueur du maxillaire inférieur est plus grande et appartient à un individu ayant un crâne encore plus long que celui des Morses poederliens. c) Alachtherium Cretsii est d'âge pliocène scaldisien. 2 Trichecodon Huxleyi R. Lank. Les canines ont une incurvation comparable à celle de Trichecodon Huxleyi; mais les canines sont les seuls restes de cette espèce. Les canines sont plus fortement cannelées que celles des Morses poederliens. C. Étant donné ces deux seules espèces fossiles qui puissent être prises en considération et que la formule dentaire, la disposition des dents et leur forme rapprochent le plus de Alachtherium ;Cretsüi, nous pouvons rattacher les Morses poederliens au genre Alachthe- rium, les canines de Trichecodon étant des éléments insuffisants dans ce Cas-C1. Nous nommerons notre nouveau type fossile du Pliocène poeder- lien : Alachtherium Antwerpiensis. Et nous aurons ainsi l’ordre des Trichéchidés bien définis (1) : : 4, Fissipèdes Otariidés : Otaria. E Alachtherium Cretsii Du Bus. A Trichéchidés Aooh © LEO RES achtherium Antwerpiensis =: 2. Pinnipèdes { bien définis : Trichecus L. G. Hasse, 1909. S Trichecus Rosmarus L. Phocidés. 3. Créodontes VIIT. — Caractères de ALACHTHERIUM ANTWERPIENSIS intéressant la philogénie. A. Caractères primitifs : 1° La dentition est complète et semblable à celle des Phocidés : Leptonix Weddeli: Lobodon Carcinophage. La disposition des dents est primitive ; 2° La longueur du crâne le rapproche des Otaries ; (?) Bibliographie, LAMEERE, DoLLo, CLAUS, GROBBEN, HOWER. 1909. MÉM. 21 314 | GEORGES HASSE. — LES MORSES 5° Les apophyses transverses des vertèbres sont larges, les surfaces d'insertion musculaire lisses ; 4° Tous les os sont peu tubéreux, même chez l'adulte, donc les muscles renfermaient peu de parties tendineuses; le muscle trapèze avait deux parties charnues, comme on le voit chez l’Otarie {épine acromienne basse et lisse); tout le squelette est très robuste: 9° [l n’y a pas de crête occipitale postérieure et le trou déchiré est arrondi, avec un contour osseux net : caractères d’Otarie. B. Caractères secondaires, évolulifs : 1° Canines énormes, l’une toujours beaucoup plus forte que l’autre ; 2° Squelette court mais robuste (vivant : court mais grêle) ; 5° Déviation de la symétrie bilatérale visible dans le crâne et la colonne vertébrale, soit à gauche, soit à droite. (Voir Bibliographie, n° 1, 16, 37, Dollo, 50.) C. Caractères particuliers : 4° Dans les canines ; 20 Dans l’atlas, l’axis, le sacrum et l’humérus. Le type Alachtherium Antwerpiensis est donc un individu qui allie de très nombreux et beaux caractères primitifs à des caractères secon- daires très évoluufs; c’est un animal bien constitué, adapté pour certaines nécessités et réalisant un sujet très évolué, mais dont aucun descendant direct n’a vécu Jusque maintenant. IX. — Particularités relevées dans le gisement du Morse, permettant d'émettre des idées au sujet de son alimentation. Les conditions de vie dans la mer pliocène devaient se présenter presque comme celles des haut-fonds sous-marins voisins de l'Islande ; d’ailleurs beaucoup de mollusques ayant vécu dans la mer pliocène vivent encore dans les mers du Nord. Les nombreuses autopsies de Morses faites dans le but de connaître leur alimentation ont montré des restes de Pecten, de Mya, de Saxi- cava, des Vers, de petits Crustacés ; les canines servent pour arracher les Mollusques (Brown, Flower, Lydekker). Le Morse broie les () Bibliographie, nos 1, 16, 37. DoLLo, ne 58. DU PLIOCÈNE POEDERLIEN A ANVERS.. 919 Mollusques et même avale des pierres arrondies pour achever leur destruction dans l’estomac. (Voir Bibliographie, n° 2, 5, 5bis, 26, 31, 09, 15, 19, 99.) Or, le haut-fond de la mer pliocène poederlienne comprenait de nombreux Pecten, Mya, Ostrea, des Crustacés, et il est donc permis de supposer par comparaison que le Morse fossile Alachtherium Antwer- piensis se nourrissait aussi de cette façon. Six pierres arrondies ont été retrouvées dans le gisement, à côté des ossements, et l’on peutse demander si ce ne sont pas celles que renfer- mait leur estomac; ce sont: > . Du grès rouge belge . Un silex du Crétacé. OT . Un silex du Crétacé. 4. Un silex scaldisien. 5. Un silex miocène. 6. Un petit granit belge. Fic. 43. Les ossements de Phoca trouvés à côté ne permettent pas de croire que la chair des Phoques ait servi d’aliment aux Morses, comme on l’observe parfois encore actuellement. X BIBLIOGRAPHIE 4. — ABEL, 0., Sur les causes de l’asymétrie des crânes des odontocètes. (Mém. du Mus. roy. Hist. nat., Bruxelles, t. II, 1902.) 2. — ABBOT, G.-C., On the seals of the Falkland Islands communicated with notes by Sclater. (Proceed. Zool. Soc. London, pp. 189-1992, 1868.) 3. — AGASSIZ, The pinnipeds-phoca. (Proc. Amer. Assoc. f. the Adv. of Sc. pp. 252-348, 1851.) 4. — ALLAN, J.-A., On the cared seals, with an account of the northern fur seals by Capt. Bryant. (Bull. Mus. of Zool. 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Région sacrée. . . . . + : + OR NN NN 7 6. Région caudale "22100 ei el AU CAEN ETES 1. Résionsternale. 0 : LTÉE TE CAS 8. Côtes 4 4 we A mm LE a RER PRR 9. Membre antériéur. : ..: -: "5 47 CHR 10: Membre postérreur. 2 0124 SN OPEN VIH. Dingnose +. . 4 à 3 + 4 + 4 (UE DOSSIER VIII. Caractères intéressant la philogénie . . : à RC | IX. Particularités relevées dans le gisement et permettant d'envisager l’ali- | mentation du Morse poederlien. . . . . . . . . - . … . 5 X-#BibNOSrAphIe. NERO RE 316 Bull. de la Soc. belge de Lome XXII, pl. IL. LE ADULTE. >ure. {LE JEUNE. Crâne, fafure- Bull. de la Soc. belge de Céologie, etc. Tome XXII, Pl. LIL Fig, 1. — MonsE VIVANT ADULTE. Crane, face latérale droite (longueur : 38 centimètres). Fig. 4. — MonsE FOSSiLE ADULTE, Crâne, face supérieure. l'ig. 2. — Morse TOSSILE ADULTE. Crûne, face latérale gauche (longueur : 45 centimètres). Fig. 5. — MORSE FOSSILE JEUNE. Crâne, face supérieure. Fig. 3. — MoRSE FOSSILE JEUNE. Crâne, face latérale droite (longueur : 31 centimètres). U SE Bull. de la Soc. belge de Géoloc Tome XXHI, pl. IV, Fig. 3. — MORSE FOSSILE JEUNE. Crâne, face inféricure (longueur : 31 centimètres). Fig. 6. — ASTRAGALE. a. Morse fossile adulte. — b. Morse vivant adulte. Crâne, face posté guil, de la Soc. belge de Géologie, etc. Tome XXII, pl. IV. Fig. 1. — MORSE VIVANT ADULTE. Fig. 2. — MOonsE FOSSILE ADULTE Fig. 3. — MORSE FOSSILE JEUNE. Crâne, face inférieure (longueur : 38 centimètres). Crâne, face inférieure (longueur : 45 centimètres). Crâne, face inféricure (longueur : 31 centimètres). Fig. 4. — MORSE vivaNT Fig. 5. — MORSE FOSSILE ADULTE. Fig. 6. — ASTRAGALE. g. 4. s à AS A ir] -9 i P ni ss] ñ Crâne, face postérieure (hauteur 16m5). Crâne, face postérieure (hauteur : 24 centimètres). a. Morse fossile adulte. — b. Morse vivant adulte. ==. NES Bull. de la Soge XXII, pl. V. \CE POSTÉRIEURE. iles jeunes. e adulte. | ( CE POSTÉRIEURE. ts adultes. adulte. Fe Bull. de la Soc. belge de Géologie, etc. Tome XXII, pl. V. 1 © 5] 4 Ü (2 1 2 5 Fig. 1. - SIUMÉRUS, FACE EXTERNE Fig. 3. — HUMÉRUS, FACE POSTÉRIEURE. 1,2 Morses fossiles jeunes. 4, 2, Morses tossiles jeunes. 5, à. Morses fossiles adultes. 5. Morse fossile adulte. 4, 6. Morse vivant adulte. 5 4 5 6 ñ ÿ 8 Fig. 2. — HUMÉRUS, FACE INTERNE. Fig. 4 — HUMÉRUS, FACE PUSTÉRIEURE. 1,2 Morses fossiles jeunes. 4, 6. Morses vivants adultes. à à d 5, 5. Morses fossiles adultes. SiMMorse fossildadulte. 4, 6. Morse vivant adulte. LS Lio mrbem einen a he PR EC CCC Pr] eme pa RSS fe » PSP RS EEE EE Échelle ue Fe à { 1 je ri TR Bull de la Soc. belge de Géolagie, etc. Tome XXII, pl. VI. 1 2 5 4 Fig. 4. — RoTULE ET sAcRuM (face supérieure). 1,15. Morse fossile. — 2, 4. Morse vivant. S : ; fiia Ts €. w . < os. j 2 5 ñ 5 6 À n'a +, , . 7 o ze $ 4 Fig. 1. — HuuËres (face antérieure:. À nu "À ca ; ; À NA + L” ur 1, 2. Morse fossiles jeunes. — 5, 5. Morses fossiles adultes. — 4, 6. Morse vivant adulte. Ce Le L 1 9 5 a es - Rotule. Sicium. Fig. 9. — ROTULE ET sacRUuN (face inférieure). 4,5. Morse fossile. — ?, 4. Morse vivant. l 2 À À = — a Atlas. Anis, Fig. 6. — ATLAS ET AXIS (vue latérale). 1,5. Morse fossile. — 2, 4. Morse vivant. “ 2 5 4 5 6 7 8 = ——— = — Le ne EE [liuns, Fémurs. Radius, Scapulums. Fig. 2. 1, 4, 6, 8. Morse vivant adulte. — 2, 5, 5, 7. Morse fossile adulte. 1 2 ÿ 4 ÿ 6 7 Fig. 7. — MORSE VIVANT. VERTÈBRES CERVICALES. Fig. 3.— Arras Er AxIS (vue de face). f' 2 CH 4 5" 6" Fig. 8. — MOoRsE FOssiLe. VERTÈBRES CERVICALES. 4, 5. Morse fossile, — 2, 4. Morse vivant. Échelle : !/, D (a PO TE) DU À d LAPS ILE: | Fee Mere vire FVRETERER DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE (BRUXELLES) - . . Mémoires on ve ea | Vingt-itroisième année Tome XXIIT — 1909 — Fascicule 1V et dernier. : { et {nt à | : | DL A LCS< à ÿ rs | Fe Se _ Era) Muse 7 BRUXELLES prnnospant 1 HAYEZ, IMPRIMEUR Que ACADÉMIES ROYALES DE BELGIQUE au) ENS, Tue de Louvain, ia D 1910 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA FAUNE DU DÉVONIEN DE BELGIQUE PREMIÈRE NOTE SUR LES SPIRIFÈRES (! PAR EE. MAILLIEUX Invité par la Direction du Musée royal d'Histoire naturelle de Bel- gique à faire l'étude, tant au point de vue stratigraphique que paléon- tologique, des riches et nombreuses séries de fossiles dévoniens faisant partie des collections nationales, je me propose de procéder par groupes et de publier d’abord le résultat de mes observations en une suite de notes préliminaires destinées à attirer la discussion des vues que j'y exposerai, afin de rendre aussi parfait que possible le travail d'ensemble définitif. Celui-ci constituera un catalogue synonymique et critique de la faune dévonique belge. Notre regretté confrère Béclard, trop tôt arraché à son œuvre par une mort prématurée, avait déjà commencé la délicate et lourde tâche que j'ai entreprise. On se rappelle les travaux qu’il à publiés dans les Bulletins de la Société et dont le plus important, mtitulé : Les Spiri- féres du Coblenzien belge (?), fut suivi à peu d'intervalle d’un Catalogue Synonymique et critique des Spirifères du Dévonien inférieur (5). (1) Mémoire présenté à la séance du 21 décembre 1909. (2) Bull. Soc. belge de Géol., t. IX, 1895, Mémm., pp. 199 et suiv. (5) Loc. cit , pp. 260 et suiv. 4909 MÉN. 22 324 E. MAILLIEUX. — LES SPIRIFÈRES Tout en rendant un juste hommage à l'érudition et à l'esprit de synthèse qui règnent dans les travaux de Béclard, ainsi qu’au but infi- niment louable de simplification de la nomenclature paléontologique qu'il a poursuivi, et tout en m'inclinant devant la valeur de la plupart de ses observations, je ne saurais toutefois partager entièrement les conclusions qu’il à adoptées en rangeant parfois dans la synonymie de certaines espèces, des formes différentes dont l’assimilation ne se justifie pas toujours. Cela m'a engagé à commencer mon travail par l'étude de ce groupe si important des Spiriférides dévoniens. Cette première note préliminaire comprendra conséquemment l'exposé de mes observations sur le genre Spirifer tel qu’il existe, en Belgique, à travers le Dévonien inférieur jusque la base du Dévonien moyen incluse (zone à Spirifer cultrijugatus). Bien que j'aie indiqué à plusieurs reprises déjà, dans les publica- tions de la Société, la manière dont je comprends les divisions strati- graphiques de notre Dévonien (1), il me paraît toutefois utile d’en dire de nouveau quelques mots. Tout en acceptant pour le Gedinnien la nomenclature indiquée par la Commission de la Carte géologique oflicielle de Belgique, qui est également celle du créateur de la stratigraphie de l’Ardenne, M. Gosselet, je partage entièrement, pour les séries qui succèdent à cet étage, les vues exposées par M. H. de Dorlodot, qui a fait ressortir les inconvénients offerts par la nomenclature stratigraphique de la Carte ; celle-ci est, en effet, un obstacle à la généralisation des termes usités pour les étages géologiques. J’estime, avec M. de Dorlodot, que la gloire et les droits acquis par nos prédécesseurs n’ont rien à perdre parce que nous appliquerions à notre pays les divisions principales que lon observe à l'étranger quand elles ÿ sont bien typiques, et que, pour simplifier la nomenclature et la généraliser, on userait conséquem- ment, chez nous, de dénominations stratigraphiques en rapport avec celles employées dans les contrées où ces divisions sont développées de manière à pouvoir être observées avec le plus de fruit. En un mot, la stratigraphie ne doit connaître d’autres frontières que celles que la nature lui à imposées, et il est clair qu’on ne peut, comme le fait la Carte géologique officielle, continuer à attribuer à certaines for= mations le nom de Coblencien, le sommet seul du Coblencien au () Bull. Soc. belge de Géol., t. XXII. 1908, Pr.-verb., p. 245; t. XXII, 4909, | Pr.-verb., p. 188. | | | DU DÉVONIEN DE BELGIQUE. 329 sens de la Carte étant représenté dans les Coblenzschichten de nos con- frères d’outre-Rhin et les deux autres termes Cb4{ et Cb2 n'ayant rien de commun avec ce qu’on pourrait appeler Coblencien en Allemagne. La région rhénane est une source abondante à laquelle nous pouvons largement puiser des termes de comparaison pour notre Coblencien au sens de M. Gosselet, dont là nomenclature, en somme beaucoup plus logique que celle de la Carte, pourrait être adoptée sans grand incon- vénient. Toutefois, celle préconisée par M. de Dorlodot est bien plus en rapport avec la logique des choses et doit être préférée, à mon avis, parce qu'elle constitue un grand pas vers la généralisation des grandes subdivisions stratigraphiques. Il me paraît aussi indispensable de faire ici quelques observations préliminaires au sujet de la limite entre les assises de Montigny (ou de Houffalize) — Hunsrückien — Cb2, et de Vireux — Ahrien — 605. Au cours de mes recherches dans les nombreux affleurements de ces assises aux environs de Couvin, où elles sont très développées, j'ai, comme je l’ai signalé déjà (1), constaté l'existence d’un niveau spécial à faune com- prenant un mélange de formes ahriennes et hunsrückiennes, que je pla- çais, faute de mieux, au sommet du Hunsrückien. Or, ayant consulté récemment M. de Dorlodot, notre savant confrère, dont on connait la haute compétence, a bien voulu, en me confirmant ce qu'il m’écrivait à ce sujet le 26 mai 1908 (?), me dire que, selon lui, les gîtes en question doivent être rangés non pas au sommet du Hunsrückien, mais à la base de l’Ahrien. C’est d'autant plus mon sentiment personnel, que j'ai découvert récemment, dans plusieurs de ces gites (5), dont l'empla- cement sur la Carte géologique officielle est indiqué partout comme Cb2, des éléments fauniques de nature à confirmer cette manière de voir. D’abondants Spirifer paradoxus varietas Hercyniae, mtimement associés à de non moins nombreux Zropidoleptus carinatus, qui sont des fossiles nettement ahriens, m'ont en effet convaincu de la prédo- minance incontestable des formes des Untere Coblenzschichten, à la base desquels on doit logiquement placer les gites précités. Il y aurait pro- (4, Bull. Soc. belge de Géol., t. XAHIT, 1909, Pr.-verb , p. 196. (2) Bull Soc. beige de Géol., t. XXI, 1108, Pr.-verh., p. 290. (5) L'un de ces gites, abondamment représenié dans les séries du Musée (Feuille de Couvin, n° 8697), a été rangé par M. Dupont dans son Erezéen qui, si Je ne me trompe, constitue le somnet de l’assise de Vireux. Dans ce cas, l’annotation stratigraphique ne serait pas tout à fait exacte, ce gite appartenant à la base de l’assise. [Je l'indique sous le n° 10— Hunsrückien, dans ma note sur Les gîtes fossilifères de la bande dite Coblen- cienne, etc. (BULL. DE LA SOC. BELGE DE GÉOL., t. XXII, 1908, p. 224.)] 326 E. MAILLIEUX. — LES SPIRIFÈRES bablement certains rapprochements à faire entre ce niveau et les … untere Grenzschichten de M. Frech (!), notamment avec la Grauwacke de Bensdorf, etc. Toutefois, ce sujet comporte un développement beaucoup plus étendu, et je me propose, après avoir terminé l’explora- tion commencée et l’étude des matériaux recueillis, d’en faire l’objet d’un travail spécial. Ceci posé, je donne ci-après le tableau des divisions stratigraphiques de notre Dévonien inférieur et moyen telles que je les comprends et pour autant qu’elles concernent les matériaux étudiés jusqu'ict (?). A. Dévonien inférieur. 1. Ga. Poudirgueetarkose de Fepin. 9. Gb. Schistesde Mondre- puits. Stufe des Sp. Mercurii und ältere Étage gedinnien. à LUE Taunusschiefer. 3. Gc. Schistes d’Oignies. . Gd Schistes de Saint- Hubert. ds Re — "0 CS git —= Cbia. b. Facies d’Alle et facies de Mir- wart = Cb1b. Grauwacke d’Houffalize — Sie- generschichten — Huns- rückschiefer — Cb2. ; À : 9. Sg1 (Taunusien). Etage siegenien. Stufe des Sp. primœvus. | | a. Grès d’Anor == Taunusquar- 6. Sg2 (Hunsrückien). | | | | | a. Niveau de base, à faune offrant un mélange d’espèces Sg2 et Emi (Untere Grenz- 7. Emi (Abrien ou Dau- | nien) — ÜUntere | Coblenzschich — Te schichten). ten — Stufe des “a Sp.Hercyniae — | b. Niveau supérieur — Érezéen Étage emsien. Cb3. de M. Dupont (— zone des (Coblenzstufe.) | Sp. Hercyniae s. str.). a. Roches rouges de Winenne 8. Em2 — Stufe des Sp. — Coblenzquarzit — Bt. paradoxus. b. Grauwacke à Sp. arduennen- sis — obere Coblenzschich- ten = Coa (ex parte). (1) Lethaea palaeoxoïca, p. 146. (2) Je complète toutefois, pour ne plus y revenir plus tard, la nomenclature strati- graphique du Dévonien moyen, bien que cette étude ne comporte rien des matériaux du Couvinien à Calcéoles ni du Givetien. DU DÉVONIEN DE BELGIQUE. 327 B. Dévonien moyen. Schistes calcareux à Sp. cultri- jugatus —grauwacke supé- rieure d'Hierges = Kifeler cultrijugatus Stufe = Coa (ex parte). PE 9. Cof (assise de Bure). Étage couvinien. — Untere Mittelde- von, plus le Cri- | | A Schistes et calcaire de Couvin à noidenschicht. . D Moaaecce de Cons Calceola sandalina — Cal- HU nc OU ceolaschichten + Crinoiden- schicht — Cobn, m. 4 Zone à Sp. mediotextus et , , Stringocephalus. 11. Gva (calcaire à Strin- : AL à 9. Zone à Cyath.quadrigeminum gocéphales). É Étage givétien. ; — Mittlere und obere Strin- — Obere Mittelde- | gocephalenschichten. ét noms le Cri: Calcaire à Stromatoporoïdes denschicht ou Fier | (couches à Limanomya 19 ? Gub. / Grayiana (‘) et à Phacello- | phyllum caespitosum ex- clusae) — Gub (pro parte). M. Dupont considérait toutes les couches comprises depuis la base des roches de Winenne jusqu’au sommet de la zone à Spirifer cultriju- gatus comme appartenant à son étage burnotien, dans lequel il distin- guait de nombreux niveaux ou facies, dont le dernier (Bt) correspond aux Schistes calcareux à Spirifer cultrijugatus — Col, les autres se répartissant dans les niveaux à Spirifer arduennensis et les roches rouges de Winenne. Ayant trouvé, dans les séries que j'ai étudiées jusqu’à présent, quelques formes de Spirifères spéciales à certains niveaux de M. Dupont, je rappelle ci-après, pour plus de clarté, la nomenclature stratigraphique du Burnotien de cet auteur (?) : \ 1. Btm.— Schistes rouges. Em2a. 2. Bin.—Schistes verts grossiers et psammites vert pâle dans les schistes précédents. 3. Bto. — Psammites, grès et schistes vert sombre (Pte- rinea costata, Sp. arduennensis, Sp. subcus- pidatus, ete ). nb 4. Bip. — Grès verts et grès blanes. ds 9. Btq. — Poudingue milliaire. 6. Btr. — Poudingue de Wéris à gros éléments. 1. Bts. — Schistes grossiers très fossilifères (nombreux Sp. arduennensis). 8. Btt. — Schistes grossiers gris verdâtre avec parties Cot. calcareuses. Sp. cultrijugatns et Rh. Orbi- gnyana. (1) Pélécypode indiqué dans les listes des auteurs comme Aviculopecten Neptun, avec lequel on l’a confondu jusqu’à présent. (2) Extrait de la légende de la feuille de Marche de M. Dupont. 326 E. MAILLIEUX. — LES SPIRIFÈRES Avant de terminer cet exposé